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vol. 44, septembre 1968 dix cents BUREAU CONFâOÈmL V/t^iTDEM/im^ TOUS LB^ MEM->

Feu le premier ministre John- gouvernement d'avoir ainsi dé- Négation absolue du principe son a admis, lors de la confé- cidé d'imposer unilatéralement de la négociation. rence de presse qu'il a tenue la une politique salariale. veille de sa mort, que sa poli- Politique salariale imposée tique salariale a été imposée uni- Et il nous a annoncé qu'il aux petits salariés comme aux latéralement, par son gouverne- avait l'intention de négocier sa professionnels qui gagnent $10.- ment, aux employés de la Régie politique salariale en 1971, lors 000 et plus. Donc, écart de plus des alcools. du renouvellement des conven- eh plus grand entre les défa- tions collectives. Dans trois ans, vorisés et les classes supérieures On sait ce que veut dire le il devait corriger l'erreur com- du fonctionnarisme. mot " imposer ", tout ce qu i] mise par son gouvernement en implique de contrainte, d'abso- 1968. Ma conclusion est que la no- lutisme despotique. mination d'im conciliateur im- Or, il me semble évident qu'il partial .s'im|x>se, et ce, dans le L'imposition imilatérale d'une y a de plus en plus de raisons plus bref délai possible, afin de politique de salaire, c'est l'anti- qui militent en faveur de la mettre un terme à la situation thèse même de la négociation nomination d'un conciliateur ou intolérable dans laquelle se de bonne foi, prévue par nos d'un médiateur impartial dans trouvent actuellement les négo- lois. l'affaire de la Régie des alcools. ciations. M. Johnson a dit que c'est • Politique salariale décidée une faiblesse de la part de son unilatéralement, sans discussion. Marcel Pépin

le travail Organe officiel de la Confédération dei Syndicats Nationaux (CSN) "Le Travail" paraît tous les mois. — Directeur : RICHARD DAIGNAULT. Bureaux ; 1001, St-Denis, Montréal. Tél. : 842-3181. Com- GO posé et imprimé par les Editions du t Richelieu, St-Jean de Québec. Le Minis- tère des Postes à Ottawa, a autorisé 111 l'affranchissement en numéraire et te l'envol comme objet de deuxième classe de la présente publication.^ 92 Important (S "Labour" - the English-lan- % guage edition of" Le Travail" t« - is available. Members of unions affiliated to theCNTU and who prefer the English- language edition may obtain Lorsqu'il est arrivé au studio de Radio-Canada pour y donner sa dei^ it on request, free of charge, nière conférence de presse, le 25 septembre, le premier ministre Daniel es by writing to : Johnson a été accueilli par un groupe de 800 grévistes de la Régie des "Labour", 1001 St-Denis, alcools qui lui ont rappelé qu'ils étaient dans la rue depuis trois mois s> à cause du refus de son gouvernement de négocier sa politique salariale. £ Montreal, Que. BRES DELA DT BOYCOTTER L%MT DE MHM EN> Les Québécois le travail contre l'absolutisme du gouvernement 44t Mptsmbr* itM %

Les grévistes de la R.A.Q. ont la société québécoise n'admet grosses entreprises comme la obtenu l'appui de toute la popu- plus que ses travailleurs reçoi- Régie font $100 millions de pro- lation qu'ils ont rencontrée lors vent un salaire de famine de fits par année. d'assemblées régionales tenues $69 par semaine, alors que de jusqu'ici à Aima, Rimouski, Sher- brooke, Sorel, Shawinigan, Hull, Saint-Jean et Montréal. En 1968,

Un* secrétair* d* 22 ont, au bu- raau de la CSN à Joliette, Su- zanne Lapierre, dirige la grève dans cette région. Elle insuffle à ses gars un dynamisme à tou- te épreuve. Elle est de toutes les assemblées, de toutes les mani- festations. PROVmNCE. Dm CWFORNk.'îpRmÎLLEURh QUÉBÈCds. mÙWlm^ /l/NSi L'ACTÎON ÙES viôNERONb CALiroRNÎENS Qui r GREVE Des dizaines de milliers de citoyens et des centaines de DE LA dirigeants politiques et religieux demandent un médiateur impartial RAQ V y

Les maires et échevîns Entre autres, ceux de de plus de 100 villes. St-Joseph de Sorel Québec Shawinigan-Sud Rimouski Trois-Rivières-Ouest Chicoutimi — Le parti libéral ayant à sa — Le RIN et son chef, M. Pierre tête M. Jean Lesage et 28 de ses Bourgault. Rivière-du-Moulin députés : MM. Paul Gérin-Lajoie, Hull Pierre Laporte, Claude Wagner, Grandes-Bergeronnes Alcide Courcy, Jean-Paul Lefebvre, — Le député Jacques-Cartier Bernard Pinard, Gaston Binette, de St-Maurice, le Dr Philippe De- Mme Claire Kirkiand-Casgrain, le mers. Dr , MM. Richard Shawinigan Hyde, , Gérald Harvey, Oswald Parent, Aimé Bris- — Un député fédéral, M. Mar- Asbestos son, Yves Michaud, Maurice Tes- cel Prud'homme, de St-Denis. sier, Jean-Noël Lavoie, Jérôme Amos Choquette, Louis-Philippe Lacroix, Georges Vaillancourt, Léo Pearson, — Jusqu'ici, près de 60,000 ci- Les grévistes ont reçu Jean Bienvenue, Glen Brown, le Sorei toyens dont, par exemple, tous les Dr Zoël Saindon, Roy Fournier, curés du diocèse de Hull, de nom- plusieurs mille dollars Georges Tremblay, Pierre Maltais, breux présidents de commissions Roberval Fernand Picard. de secours de la popu- scolaires, personnalités artistiques, M. Gilles Lamontogne, maire de professeurs d'université, dont le Québec. Port-Alfred lation. Syndicat des professeurs de l'uni- — Le MSA et son chef, M. René versité de Montréal, la revue Main- M. Jmii iMOfl», dwf du Lévesqup. tenant, des comités de citoyens, etc. libéral du Québec. Magog

Kénogami

Baie-Comeau I Chapais

Tracy

Shipshaw ei St-Césaire I! d Beaupré Les Saules

' Me Maurice Tessier, président de St-Ferréol Un des généreux donateurs, Mgr ^^ l'Union des municipalités du M. Pierr* Bourgault, chcf du RIN. Paul Grégoire, archevêque de M. Rané tévMqu», fondateur du U Dr Hiilipp* Domors, député Québec, maire de Rimouski et Ste-Marthe Montréal. A- s> MSA. Union nationale de Si-Maurice. £ député provincial de Rimouski. >SONT EN 6RÈVE DEPU/b "SANS PARCE QUE LEURS mPLOYEURS* ^00 gr^istbsont manifesté le 25 septembre

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I ÇUILES EXPLOITENT DEPUIS 7WJcm% NE VEULBLITM^ Ltun chez Crête â Grand'Mêre Appuyés par la population, les grévistes tiennent toujours bon après sept mois

Reportage de Jean-Claude Scraire

Depuis le 29 février dernier, les vendeurs, employés de production et inspecteurs à l'emploi de la Cré- merie Crête de Grand'Mêre sont en grève. POURQUOI? ÙRoiT DE SE SVNùiQUBR.&BS ^00,œo OumiER^ - La cx)nvention (collective de tra- Pour toute personne qui a un UN BOYCOTTAGE QUI FAIT vail s'est terminée le 31 décembre peu de "coeur au ventre'', la ré- 1967. Et voila que les "Crête" re- ponse est évidente. MAL A LA COMPAGNIE fusent de négocier avec le syndicat pour les livrevu-s de lait qui en font Mais il y a un autre fait impor- Les 27 syndiqués à l'emploi de partie. La crémerie veut simer des tant. Les grévistes ne sont pas tous la crémerie Crête sont en grève contrats avec chaque vendeur sé- des vendeurs, il y a aussi les em- depuis 7 mois. Comment peuvent- parément et l'obliger à acheter "son ployés de la production et les ins- ils encore tenir le coup et être camion" et "sa route de lait";et pecteurs. Eux aussi, ils ont eu à convaincus d'avoir la force pour fi- cela aux conditions qu'elle seule choisir entre appuyer les vendeurs nalement faire respecter leurs fixera. Inutile de dire que ces con- ou s'occuper de leur "petite affai- droits? ditions, aucun employé n'a pu en re". .. être informé à cette époque: il fal- Quand un groupe de travailleucrs C'est grâce au boycottage sys- lait qu'ils signent ime "option' a lutté ensemble pendant quelques tématique des produits de la cré- pour avoir droit de connaître en- années la solidarité est plus forte merie Crête et de sa filiale la Cré- suite les termes du contrat à venir. que l'intérêt égoiste: povu- eux aus- merie Union, de Trois-Rivières grâ- Tout ça, pour aider la rentabilité si la réponse était claire et nette. ce à l'appui d'un grand nombre de de l'entreprise... Il fallait aider leurs confrères à citoyens de la région, grâce à leur faire respecter leurs droits, et par travail incessant et à la grande Quelles sont les pertes qu'au- le fait même protéger leurs propres collaboration de leurs épouses, de raient subies les vendeurs s'ils a- droits. nombreuses organisations, et de nombreux sympathisants. vaient accepté de traiter séparé- Dans le fonds, le conflit de la ment avec la compagnie? crémerie Crête est simple. Le Dès le début de la grève, le Co- En premier lieu, la perte princi- noeud du problème est simple: la mité féminin du conseil central de pale: le droit de négocier collecti- compagnie refuse de négocier avec Shawinigan obtint des grévistes la vement. Ce qui aurait laissé cha- le syndicat de ses employés. La so^ liste de leurs clients. En moins de cun des vendeurs à la merci de la lution est aussi simple: il faut que quatre jours, 5,000 appels télépho- compagnie. les "Crête" changent leiu fusil d'é- niques furents faits pour expliquer )aule et acceptent de négocier col- la situation aux clients et pour lan- En deuxième lieu, les vendeurs fectivement. Il n'y a pas de com- cer le mot d'ordre: "N'achetez pas auraient perdu tous les droits ac- )romis possible sur ce principe les produits de la compagnie Crête \ quis par leur convention collective {ondamental. pendant la grève". Lv de travail, tels que: droit de repré- sentation, protection, ancienneté, vacances, procédiu-e de règlement des griefs, jours fériés et congés spéciaux payés, régime d'assurance collective, paiement de l'uniforme en partie par l'employeur, salaire minimum garanti, possibilité de né- gocier le zonage des routes, aide des inspecteurs et des substituts. De plus ils auraient cessé de jouir de la protection de certaine lois telles que l'assurance-chômage et celle des accidents de travail.

S Autrement dit: PERTE DE 2 TOUTE SECURITE.

Les vendeurs se sont alors dit: "Il y a au moins une chose qu'on ne nous enlèvera pas: c'est de pou- voir négocier tous ensemble. Nous sommes prêts à discuter de n'im- •M porte quoi, n'importe où, n'impor- (S te quand avec la compagnie mais i; nous voulons négocier tous ensem- u ble. Et ça, nous n'en démordons pas.. Après tout, dans une société, il faut faire un choix; qu'est-ce qui est plus important: la rentabilité Les femmes sont sur la ligne de feu autant que les grévistes. Ci-dessus, d'une entreprise (le signe de $) ou des membres du comité féminin du Conseil central de Shawinigan. As- la sécurité de 146 persormes (27 sises, dans l'ordre habituel, A/imes Pauline Lafontaine et Raymonde Caron. O)0 grévistes, 26 épouses, 1 mère, 1 Debout : Mmes Clémence Demontigny, Béatrice Ferland, Jeannette Laver- a soeur, et 91 enfants)? gne et Yvette Lavergne. méR/CmS CI^UPiSSENT Oàm OâS CONDIT/ONS ù£ vis Misé-

Dès ce moment aussi, les grévis- En fait, les grévistes et leurs é- La famille Crête qui contrôle tes, leurs épouses et de nombreuj pouses n'arrêtent pas: piquetage la compagnie en question porte sympathisants commencèrent à devant la crémerie, porte à porte, de très lourdes responsabilités: faire du porte à porte, rencontrant distribution de circiilaires d'infor- les clients particuliers et les mar- mation, piquetage avec pancartets chands pour expliquer les faits et devant les magasins de quelques • elle a provoqué cette grève en leur demander de ne pas acheter ni marchands qui refusaient leur coo- refusant de négocier avec les syn- vendre les produits Crête distri- pération (comme Normandin et diqués et en révisant de reconnaî- bués par les briseurs de grève em- Bourque), annonces à la radio et tre leur droit d'association; bauchés par la compagnie. dans les journaux, rencontres de di- • elle a engagé des briseurs de verses organisations sociales qui grève en violation flagrante des Les effets de cette campagne voulaient être informées des faits. droits des travailleurs; n'ont pas tardé à se faire sentir: l'appui aux grévistes de la part des Le boycottage prend de l'am- • elle a eu recours à diverses for- clients habituels, particuliers et pleur et les ventes de la compagnie mes de chantage pour forcer les marchands, fut imposant. D'um ont baissé de 75% à 80% selon les travailleurs à accepter l'inaccepta- coup, les ventes de la compagnie vérifications faites chaque jour. ble (menace de faire perdre l'em- baissèrent d'environ 65% dans les Maintenant les marchands qui ven- ploi de Vépouse d'un employé qui routes en grève. Dès le 1er avril, dent les produits Crête sont rares, travaillait ailleurs; procédures ju- soit un moins après le début de la les particuliers ont dans une très diciaires multiples; avant la grève, grève, la compagnie déclarait dans forte proportion interrompu leurs plusieurs menaces de congédie- une procédure judiciaire que: "la achats des briseurs de grève, mê- ments; etc.) requérante a soiiffert une baisse de me dans les écoles et au Séminai- plus de 50% dans la vente de ses re Sainte-Marie de Shavràiigan les • elle s'est servie dun prêtre, produits". produits Crête sont boycottés (mais membre de la famille, pour tenter pas totalement au niveau primaire de mieux faire accepter ses plans; Les appuis continuèrent d'arriver car Claude Crête de la compagnie, aux grévistes: syndicats de la ré- • elle a provoqué la prolongation est aussi commissaire de la com- de ce conflit en refusant pendant gion, affiliés ou non à la C.S.N. mission scolaire de Grand'Mère). divers syndicats d'autres centres longtemps de rencontrer les syn- du Québec, mouvement des Coo- diqués et même le conciliateur du pératrices. Des appuis vinrent aus- gouvernement du Québec; si des étudiants, des professeurs, POUR LES CRETE, LES $$ A- • elle a choisi de faire passer la des personnalités politiques de la VANT LA SECURITE DES TRA- rentabilité (le signe de $) avant la région, de divers organismes so- VAILLEURS sécurité de ses employés: elle dé- ciaux. fend égoïstement ses intérêts éco- nomiques sans se préoccuper des conséquences pour les travailleurs qui l'ont fait vivre jusqu'à main- tenant; • après avoir essayé d'exploiter les cultivateurs qui fournissent du lait (en ne leur payant pas un prix raisonnable), elle essaie cette fois de faire ses profits sur le dos des vendeurs; • en somme, pour elle, un droit de gérance, ça veut dire: "Mets ta tête sous la hache, je vais te la couper!", autrement dit: "Sors du syndicat, mon poisson, je vais te •1 passer un sapin..."; &> • continuellement elle a essayé de faire croire aux clients que le £ conflit était réglé et qu'ils pou- vaient rriaintenant acheter... «/t

Les patrons de la crémerie Crête ont bien préparé et bien mérité la ï défaite qu'ils subiront finalement S Quand des hommes et des femmes se tiennent droit et luttent pour »

Reportage de Guy Ferland

Le 20 août, les 1,200 grévistes ont tenu une assemblée enthou- siaste à Sherbrooke, lis sont ve- nus avec leurs femmes. Ils étaient 1,600 pour entendre kurs dirigeants syndicaux. C'est I* genre de réunion qui fait du bien au moral.

Les 1,200 employés des moulins il a été suivi partout, y compris La manoeuvre classique: à papier de la compagnie Domtar dans quatre moulins Domtar. le chantage de la fermeture à Windsor et East Angiis sont en grève depuis le 18 juillet. Ils veu- L'explication la plus plausible, Tous les travailleurs des pâtes et lent obtenir les mêmes conditions c'est que Domtar veut ralentir l'ac- papiers, quelle que soit la compa- que celles qui ont été accordées croissement des salaires dans toute gnie pour laquelle ils travaillent, dans les autres moulins à papier de l'industrie des pâtes et papiers, en connaissent bien le chantage de la la province, tant par la compagnie profitant du monopole de l'emploi fermetvu-e des moulins qui revient Domtar que par les autres fabri- qu'elle exerce sur les petites villes. à chaque négociation. Actuellement cants de papier. Après avoir réussi à briser le pat- c'est le tour des employés des tern au moulin de Beauhamois, où moulins de Windsor et d'East An- Pendant longtemps, les employés l'augmentation a été de 25 cents, gus. des moulins de Windsor et d'East Domtar a voulu le baisser encore La compagnie Domtar a com- Angus ont travaillé à des salaires davantage en offrant 18 cents aux mencé par dire qu'elle ne pouvait inférieurs à ceux des autres mou- moulins de Windsor et d'East An- accorder aucune augmentation par- CO lins à papier. Aux dernières négo- gus, qui négocient conjointement. ce qu'elle serait obligé de fermer s ciations, ils se sont passablement les moulins, et elle a proposé de rapprochés de la moyenne. Et cette Si la compagnie réussit, les pro- prolonger la convention d'un an oc année, Domtar veut leur faire per- chaines négociations dans toute sans changement et sans augmenta- CD dre ce qu'ils ont gagné en leur of- l'industrie des pâtes et papier s'ali- S tion de salaire. Ensuite, elle a of- »lu- frant 18 cents sur deux ans, alors gneront sur 18 cents au lieu de 35 fert 18 cents, en disant sur tous a. que dans la plupart des autres mou- cents. Et du point de vue de Dom- les tons que c'était le plus loin m lins à papier, une augmentation de tar, cela vaut bien une grève de qu'elle pouvait aller parce qu'elle •«« 35 cents à été accordée, sans qu'il quelques mois. serait alors obligée de fermer les soit nécessaire de recourir à la grè- (8 moulins. ve. C'est ce que les employés ont Ce fut la grève. Et la compagnie i; compris, et c'est pour cela qu'ils continue la même chanson, tantôt u Les employés se demandent avec ont fait la grève, forts de l'appui de à pleine voix quand elle oublie raison pourquoi Domtar leur refuse tous les membres de la Fédération que les employés ne la prennent les mêmes conditions qu'ailleurs, des pâtes et papiers, qui contri- pas au sérieux, tantôt en sourdine alors que traditionnellement dans buent chacun $1 par semaine au quand elle réalise qu'elle ne fait le papier, le premier moulin qui fonds de secours des grévistes. Car pas sérieux. négocie établit un pattern qui est pour les travailleurs des pâtes et Car ce n'est pas sérieux en ef- suivi par toute l'industrie. Cette papiers, préserver les avantages fet. Domtar fermerait ses portes année, le pattern a été établi à 35 qu'ils ont obtenus par de longues « pour sauver un demi million en sa- a cents d'augmentation sur deux ans, années de luttes syndicales vaut laire à Windsor et East Angus ? [\ o par la compagnie Eddy à Hull, et aussi une grève de quelques mois, C'est un peu comme im marchand 1/ f faisant $10,000 de profits nets par commission d'enquête sur les ef- Depuis ce temps, le moulin est année qui parlerait de fermer ses fets d'un programme de conversion non seulement rentable, mais les portes parce qu'une année il a fait industrielle entraînant 165 mises à employers bénéficient de la meil- $200 de moins. En effet, un demi pied, le maire de Windsor, qui est leure convention collective dans million sur des profits nets de $24 lui-même gréviste et employé de la l'industrie des pâtes et papiers au millions (en 1966), c'est dans la compagnie, déclarait que la ville Canada, tant du point de vue sa- même proportion, compterait 25,000 habitants au lieu laire que du point de vue condi- de 7,000 n'eut été le contrôle exer- tions de travail. (Voir Le Travail Domtar est probablement inté- cé par la Domtar et la compagnie de décembre 1967) ressé à sauver un demi million, qui l'a précédée, avec la complici- mais pas au prix de fermer les té de quelques notables de la place. Tout cela a été possible malgré moulins de Windsor et d'East An- Et que si la ville s'était développée que la maison Kruger n'ait pas de gus qui, l'an dernier, ont produit ainsi, les 165 employés mis à pied concessions forestières, contraire- pour $43 millions, et dans lesquels auraient pu être absorbés sans dif- ment à Domtar, ce qui veut dire elle vient d'investir une quinzaine ficulté dans d'autres secteurs d'acti- que le bois lui coûte plus cher par- de millions pour moderniser l'ou- vité, ce qui est encore impossible ce qu'elle est obligée de tout ache- tillage. Domtar est intéressé à sau- aujourd'hui parce que Domtar exer- ter. Malgré aussi qu'elle soit obli- ver un demi million, mais sur le ce le monopole de l'emploi sur la gée d'acheter la pâte chimique qui dos de ses employés. ville. sert à la fabrication du papier, contrairement à Domtar qui pro- Comme le disait le maire de duit sa propre pâte chimique. Windsor, M. Lewis Craig, lors d'u- Une bonne histoire H ne assemblée de grève : " Des Le salaire de base au moulin de Brompton est de $2.90 et il sera compagnies qui ont fait des béné- En 1950, la compagnie St. Law- % fices extraordinaires pendant des de $2.95 au mois d'octobre. Aux S) rence Corporation, qui s'est vendue moulins de Windsor et d'East An- années ont laissé la machinerie se à Domtar en 1961, fermait le mou- détériorer, et aujourd'hui elles vien- gus, le salaire de base est de $2.47. lin à papier de Brompton sous pré- Les grévistes ne demandent pas le w> nent dire qu'il faut réinvestir sur texte qu'il n'était pas rentable. El- le dos des travailleurs. On ne peut salaire de Brompton; ils deman- le récupérait toute la bonne machi- dent simplement la même augmen- indéfiniment demander aux ou- nerie, ne laissant sur place qu'une vriers de se sacrifier pour que les tation de 35 cents sur deux ans qui CB vieille machine supposément inuti- a été accordée dans la plupart des actionnaires continuent à retirer lisable. des bénéfices accrus". moulins à papier de la province La ville de Sherbrooke achète le cette année, ce qui porterait leur En effet, les $15 millions que moulin, qui reste fermé jusqu'à ce salaire de base à $2.82 l'an pro- S Domtar vient d'investir aux mou- que la maison Kruger l'achète à son chain. lins de Windsor et d'East Angus tour, pour $50,000. Le nouveau ? propriétaire commence à produire Le moulin de Brompton est situé (Q auraient dû être investis depuis 9 bien longtemps. En 1965, dans un du papier avec la vieille machine à huit milles seulement de Windsor mémoire qu'il présentait à une et une nouvelle qu'il ajoute. et à 20 milles d'East Angus^ S/>T/0NM5 micULTEORS miFORNl'm Oh\T ÉTÉ VOUÉEh I'^CHEC 4 J>E LA REPRESSION DES EMPL0^EUR5 ET DE > S SI vous recevez m coup de point,

endez-vous" L'atmosphère était tendue de- puis déjà quelques jours par suite de la présence menaçante à Baie- Comeau d'un certain nombre de membres de la pègre montréalai- se. Mais aucun incident^ne s'était encore produit. A peine quelques échanges de propos injurieux. Les " boeufs " — c'est ainsi que la po- pulation de la Côte Nord avait baptisé les fier-à-bras de Montréal qui séjournaient à Baie-Comeau — se contentaient d'assurer la sécuri- té des dirigeants des unions inter- nationales.

Mais un certain lundi de juillet, tout changea. Ils passèrent à l'ac- tion un travailleur d'un certain âge fut frappé d'un coup de ma- drier derrière la tête. Un peu plus tard, un représentant des unions internationales brisait le poignet d'un travailleur, partisan de la CS N, d'un coup de garcette. Devant de tels événements, et craignant le pire, Arsène Henry, organisateur de la CSN sur la Cô- te-Nord, demanda aux travailleurs de la construction de faire preuve de patience et d'éviter tout affron- tement. " Ne provoquez pas de ba- taille : restez calme ! Mais si vous recevez un coup de poing dans la figure, défendez-vous ! "

Tout alla bien durant quelques jours. Puis, un contremaître de la Canadian Bechtel, cotisant des u- S nions internationales, M. Bertrand Gagnon, décida d'en finir une fois pour toute avec les gars de la m CSN : " Je vais en écraser une di- !8 zaine et les autres vont sacrer le camp ", dit-il aux gardiens de la barrière du chantier avant d'em- brayer et de foncer à toute vitesse avec son camion sur le groupe de travailleurs rassemblé près de là. 09 Ceux-ci n'eurent que le temps de crier à leurs camarades de se re- tirer pour ne pas être happés par A ? le camion. 0.1 *LmfFÉREhn m moRni% PouTiQUts.^mFois-djis

Pourquoi ce conflit ?

Ce climat de violence n'est pas artificiel. Il n'a pas été créé de tou- tes pièces. Il provient d'une situa- tion que les autorités concernées hésitaient à corriger, laissaient pourrir. D'une situation que les tra- vailleurs de la Côte-Nord ont déci- dé de combattre.

Tout avait commencé quelques mois plus tôt. La Canadian British Aluminium possède une aluminerie à Baie-Comeau depuis une dizaine d'années. Elle décide de l'agrandir pour augmenter sa production. Le contrat de construction d'une va- leur de $42 millions de dollars est donné à la Canadian Bechtel, une compagnie spécialisée dans les grands travaux. Cette compagnie signa une entente avec des unions internationales de divers métiers de la construction alors même que le chantier n'était pas encore com- mencé. Par cette entente la compa- gnie choisissait les unions interna- tionales pour représenter ses em- ployés et s'engageait à obliger les travaileurs de la construction de la Côte-Nord qui désiraient travail- ler sur le chantier à adhérer à ces unions, même s'ils étaient déjà membres du Syndicat national de la construction de Houterive et Baie-Comeau. De plus, cette enten- te se caractérisait par le fait qu'el- le instituait une discrimination en- tre les travailleurs de la Côte-Nord Henri Leblanc, porte-parole des travailleurs sur le chantier de la Cana- qui désiraient travailler sur le chan- dian Bechtel. Décidé et énergique, il a grandement contribué à la victoire tier et ceux qui pourraient provenir éclatante remportée par les travailleurs de la construction de la Côte- de Montréal, accordant à ces der- Nord.

to niers de plus forts salaires. Enfin, t cette entente permettait à l'em- ployeur de congédier ou mettre à pied ses employés au moment où S cela lui plaît.

nions internationales, formaient u- Lorsque les premiers travailleurs permet aux représentants de " l'in- ne section du Syndicat national de arrivèrent sur le chantier, l'em- ternationale " de se promener sur la Construction de Hauterive et de- ployeur exigea d'eux qu'ils adhè- le chantier alors que les dirigeants •M mandaient à leur tour à la CRT de rent aux unions internationales a- du Syndicat national de la cons- (S les accréditer. %van t de leur permettre de travail- truction n'y sont pas tolérés. De- ler. C'est en s'appuyant sur vant la ferme résistance des tra- vailleurs aux manoeuvres d'intimi- u ces adhésions 'volontaires" (au Pendant ce temps, les choses se dation dont ils étaient victimes, et nombre de six) que les unions in- gâtent sur le chantier. Prévoyant la la fidélité de la plupart d'entre ternationales devaient demander à tenue d'un vote par la CRT afin de eux au Syndicat national de la la Commission des Relations du déterminer quel est le syndicat qui construction, les adversaires de la Travail du Québec de les accrédi- doit représenter les travailleurs de CSN firent appel à une vingtaine ter pour représenter les travailleurs la Canadian Bechtel, les représen- de fiers-à-bras. du chantier. Mais les travailleurs tants des unions internationales « n'avaient pas encore dit leur der- poursuivent une campagne d'inti- Ceux-ci arrivèrent à Baie-Comeau . a nier mot : le même jour les 6 tra- midation acharnée contre les par- armés de matraques, de révolvers y i vailleurs démissionnaient des u- tisans de la CSN. La compagnie et même d'une mitraillette. V RtOSSÏRONT S/'NCH^ BOKOrrCX\)S rooi mc L£%SVhlDlQUéS^

Pierre Marien, président du Syndicat Marcel Bélanger, secrétaire-général du Syndicat national de la de la construction de Baie-Comeau - construction de Hauterive et Baie-Comeau : " Enfin les travailleurs Hauterive. ont pu s'exprimer librement. . . "

rage et la patience de ne pas ré- et remplacés par d'autres travail- pondre aux provocations multiples leurs, les grévistes décidaient de Comment écraser la CSN dont ils étaient l'objet. Il est à re- mettre fin à leur grève. Ils se pré- marquer que malgré le nombre Im- sentèrent donc à la barrière du et les gars de la Côte pressionnant de procédures judi- chantier afin de reprendre le tra- ciaires intentées contre la CSN, le vail. Ils y furent accueillis par deux Syndicat national de la construc- représentants des unions interna- La stratégie des unions interna- tion de Hauterive et Baie-Comeau, tionales, MM. Gilles Garon et Yvon tionales est simple : il faut forcer et des travailleurs, jamais ces or- Leclerc, lesquels décidèrent, au la CSN à faire des erreurs afin de ganismes ou ces personnes ne fu- nom des employeurs qui pouvait pouvoir l'écraser plus facilement. rent encore condamnées. C'est, di- ou non travailler sur le chantier. Le Les avocats des unions internatio- re à quel point ces procédures é- contremaître de la compagnie nales commencèrent par bloquer taient peu fondées et visaient da- Beaver Underground, un sous-con- la CRT en obtenant contre elle un vantage à nuire à la réputation de tracteur, eut beau protester contre bref de prohibition. Ensuite, les ceux qui luttaient pour que les le fait qu'on le privait de ses meil- fiers-à-bras s'attaquèrent, comme travailleurs du chantier de la Can- leurs hommes, il n'eut pas raison. nous l'avons vu au début de cet adian Bechtel puissent choisir dé- L'union internationale décidait qui article, à deux ouvriers afin d'e- mocratiquement leur syndicat. pouvait ou non travailler sur le xqspérer leurs camarades de tra- Malgré ces événements, grâce sur- chantier et les employeurs n'a- vail. Les travailleurs ne tardèrent tout au sang-froid des dirigeants vaient qu'à se soumettre à sa dé- A d'ailleurs pas à réagir : Ils se mi- syndicaux, des travailleurs de la cision. C'est ainsi que des travail- f4 rent en grève afin de protester construction et du bureau régional leurs à qui une injonction ordon- contre une situation qu'ils ju- de la Côte-Nord de la CSN, Baie- nait de retourner au travail, ne pu- geaient inacceptable. Les fiers-à- Comeau connut en ces joj's de rent le faire parce qu'on leur re- 5 bras ne réussissant pas à briser la tension un calme relatif. fusait l'accès au chantier. La po- S) •M ligne de piquetage, M. Roger Per- lice provinciale, croyant obéir à m rault, représentant des unions In- des représentants de la compa- ternationales et grand responsable gnie, fit "expulser sur-le-champ m 3 de toute cette lutte, demanda con- La longue bataille tous les travailleurs congédiés par m jointement avec la Canadian Bech- les unions internationales. " L'in- S 03 tel, une injonction interdisant le pour la démocratie ternationale " faisait désormais la piquetage et ordonnant aux gré- loi sur le chantier. . . >o vistes de retourner au travail. Pour Os la faire respecter on dépêcha à Rester en grève c'était faire le Dès le lendemain, trente plaintes 00 Baie-Comeau un contingent de 125 jeu de l'adversaire. Le 25 juillet, a- criminelles furent portées contre policiers provinciaux. près avoir pris connaissance de Garon et Leclerc pour avoir congé- ta? dié " Injustement et sans raison lé- Multipliant les procédures judi- l'injonction leur ordonnant de re- 9 gitime trente employés de Can- ciaires (sommations, brefs et In- tourner au travail et des télégram- adian Bechtel et Beaver Under- M jonctions), les unions Internotiona- mes par lesquels la Canadian ground parce que ceux-ci étaient les tentèrent de pousser les travail- Bechtel les prévenait que s'ils ne membres d'un syndicat ouvrier lé- leurs de la Côte-Nord à la violen- se présentaient au travail avant le lendemain. Ils seraient congédiés gitime ". De tels agissements sont ce. Ceux-ci eurent toutefois le cou- > *MtRic{iiN5. LEÔ msm C/)l/WMm Qui NOUS PmiiNNFNTv

interdits par l'article 367 du Code les. C'est le principe mêrne du Co- dre ses responsabilités et d'ordon- criminel. Des plaintes senriblables de du travail qui est violé par des ner la tenue d'un vote sur le chan- furent aussi portées contre les em- compagnies étrangères, lesquelles tier de la Canadian Bechtel afin ployeurs concernés. viennent travailler dans le Québec que les travaileurs puissent choisir tout en imposant à leurs employés démocratiquement le syndicat C'est au cours de cet épisode de des contrats pré-signés, et ceci à qu'ils désirent". la longue bataille menée par le cause du silence complice du Code Syndicat national de la construc- du travail ". Deux bonnes nouvelles devaient tion que l'on constata l'existence couronner, dès ce jour, les efforts d'un profond différent entre Can- Le 29 juillet, le conflit faillit des militants et la patience des adian Bechtel et Beaver Under- prendre une tournure tragique. travailleurs. La CRT décidait, en ground, le sous-contracteur chargé Alors qu'il se rendait au domicile effet, d'ordonner la tenue d'un vo- de creuser l'excavation. Beaver, du secrétaire-général du syndicat te, pour le 5 août, pour tous les une compagnie montréalaise, ac- national de la construction, Arsène salariés à l'emploi de Beaver Un- ceptait de négocier avec la CSN et Henry, organisateur de la CSN derground. entretenait d'excellentes relations sur la Côte-Nord, fut victime d'un avec les travailleurs. Elle s'est mê- attentat : une balle de gros calibre Les travailleurs comprirent par me plaint de l'attitude arrogante traversa sa voiture, le ratant de là que la CRT désirait leur per- des représentants des unions in- peu. De tels incidents sont tou- mettre de s'exprimer dans une sor- ternationales qui l'empêche d'em- jours à craindre. ployer des hommes compétents te de test afin de savoir si elle de- tout simplement parce qu'ils sont vait ou non donner suite aux de- membres de la CSN. Au contraire, mandes pressantes des travailleurs Canadian Bechtel, une filiale de et de la population de la Côte- Bechtel Corporation, de San Fran- Nord, l'enjoignant de décréter un cisco, essentiellement formée de Remonter la côte,.. vote pour les employés de Can- capitaux américains, n'hésite pas, adian Bechtel. Enfin, deuxième à plusieurs reprises, à afficher sa nouvelle réjouissante, la Cour Su- périeure du Québec décidait d'an- nette préférence pour les unions a- Entre temps, les travailleurs du nuler le bref de prohibition pris méricaines. Son refus de la réalité chantier poursuivaient leur campa- par les unions internationales afin québécoise se caractérise par son gne d'information auprès de leurs d'empêcher la CRT de tenir une attitude méprisante à l'égard de la confrères de la région. Le 31 juil- audience en vue de décider si elle langue française et des traditions let, plus de 350 travailleurs se ré- doit ou non décréter un vote parmi syndicales en vigueur sur la Cô- unissaient à Manic-5 afin d'étudier les travailleurs du Canadian Bech- te-Nord. Bechtel refuse de s'adap- les moyens à prendre pour ap- tel. ter, de " se civiliser ", et préfère puyer les gars de Bechtel. ils dé- imposer aux travailleurs d'ici sa cidèrent alors d'envoyer un télé- conception du syndicalisme, celle gramme au ministre du Travail, des unions américaines. l'enjoignant " de prendre ses res- ponsabilités et d'ordonner la tenue Une telle situation ne pouvait d'un vote qui permette aux tra- Une première victoire laisser indifférente la population vailleurs de choisir démocratique- de la Côte-Nord. Dès qu'elle fut ment le syndicat qu'ils désirent". suffisamment informée de la situa- L'assemblée adoptait également u- Le 3 août, le juge Pierre Letarte, tion, grâce à une campagne de pu- ne résolution exigeant que les au- de la Cour Supérieure du Québec, blicité amorcée par le bureau ré- torités municipales de Baie-Co- refusait d'émettre un bref de prohi- gional de la CSN, elle commença meau expulsent les membres de la bition demandé par l'International 00 à manifester sa solidarité aux pègre de Montréal qui séjournent >o Union Operating Engeneers afin o> gars qui travaillaient sur le chan- dans cette ville depuis le début du d'empêcher la tenue du vote or- tier de la Bechtel. conflit. tc donné par la CRT parmi les em- CD ployés de Beaver Underground. Le Dès le 26 juillet, l'Association Le même jour, le Dr Roland Mar- s vote sera donc tenu malgré le re- des chômeurs de Hauterive et Baie- tel, maire de Hauterive, déplorait fus des unions américaines de se Comeau, qui compte plus de cinq les incidents des jours derniers et soumettre à la volonté démocra- cents membres — ce qui est à la affirmait "qu'il était évident que tique des ouvriers. fois heureux et malheureux —, dé- l'employeur n'a pas un mot à dire (8 nonçait l'obligation qui était faite dans le choix du syndicat de ses Plus d'un millier de travailleurs aux travailleurs désireux d'être employés ". A cet qppui du maire des chantiers d'Outardes-3 et i; embauchés sur le chantier d'adhé- de Hauterive devait s'ajouter celui d'Outardes-4 se réunirent et déci- u rer aux unions internationales a- de centaines de travailleurs de la dèrent, en plus, d'adopter des réso- M vant d'être engagés. Le même jour, Côte qui signèrent la pétition qui lutions d'appui aux travailleurs de 0» le député du comté à l'Assemblée commençait alors à circuler. Le Beaver et Bechtel, de se cotiser législative du Québec, M. Pierre texte de cette dernière constitue afin de'venir en aide aux 41 tra- Maltais, déclarait .que " la popula- une prise de position sans équivo- vailleurs congédiés entre le 25 et tion de la région est inquiète par que en faveur de la reconnaissan- le 29 juillet sur le chantier de la suite de la situation qui existe au ce d'un droit fondamental, la liber- Bechtel. C'est avec une satisfaction chantier de la Canadian Bechtel où « té d'association : " Nous, citoyens évidente que des vieux " lutteurs o> les droits des travailleurs sont ba- de la Côte-Nord, demandons au o foués par les unions internationa- gouvernement du Québec de pren- (Suite à la page 18) c> ( H I

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Les gara ont gagné une longue bataille, mais la lutte continue. Il leur faut maintenant négocier une convenHon .collective qui les protège de l'arbitraire patronal et de l'insécurité. Ils y parviendront. s00

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(Suite de la page 16) — des gars qui ont 20 ou 30 ans de syndicalisme derrière eux, des travailleurs qui ont connu la ri- Beaver: un vote décisif gueur des chantiers avant l'arrivée de la CSN et du syndicalisme sur la Côte-Nord — se présentèrent au Le 5 août, les travailleurs de bureau du syndicat pour y porter Beaver Underground Structures un " p'tit deux " ou un " cinq bien Ltd. votèrent dans une proportion placé ". de 75% en faveur du Syndicati na- tional de la construction. Quoran- Le conflit de Baie-Comeau atti- te-neuf noms apparaissent sur la rait maintenant l'attention de tout liste électorale officielle, mais cinq le Québec : de Montréal, la Société d'entre eux n'ont pas voté par sui- nationale populaire du Québec, te de leur départ volontaire. Des un organisme social et patriotique, quarante-quatre bulletins déposés se déclarait scandalisée par la si- et acceptés, trente-trois favorisent tuation et l'irresponsabilité du gou- le Syndicat national de la construc- vernement québécois. De plus, la tion de Hauterive et Baie-Comeau SNP dénonça " l'attitude méprisan- et onze l'Internationale Union of te des unions internationales en- Operating Engeneers. Le test dé- vers les travailleurs de la Côte- montrait clairement la représenta- Nord. Il est, en effet, inadmissible tivité de la CSN. La CRT ne pouvait que les travailleurs soient non seu- plus reculer. Il fallait maintenant lement incapables d'obtenir une permettre aux gars de Bechtel de copie de leur convention collective, choisir démocratiquement, par un mais qu'en plus celle-ci ne soit ré- vote, leur syndicat. digée qu'en anglais. Cette situation est tellement ridicule que c'est la CSN qui, à la demande des travail- Le même jour, dans un télé- leurs du chantier de la Canadian gramme qu'il faisait parvenir à Bechtel, fut forcée de traduire, im- Pierre Marien, président du Syndi- primer et de distribuer aux ou- cat national de la construction de vriers du chantier la convention Hauterive et Baie-Comeau, le chan- collective que les unions américai- sonnier Gilles Vigneault se décla- nes leur imposent mais dont ils rait solidaire de la lutte menée par n'avaient jamais eu connaissance les travailleurs et souhaitait que auparavant ". "face aux forces de toutes sortes que notre société crée et nourrit Le président général de la CSN, pour l'asservissement de l'homme Marcel Pépin, a suivi de près cha- par l'homme, le travailleur doit cune dei étapes de la lutte menée vaincre sa propre peur " pour s'af- par les travailleurs de la Côte- firmer. Nord. Le 3 août, constatant que le conflit risquait de s'éterniser à Entre temps, afin de mieux in- cause des nombreuses procédures former la population des dévelop- judiciaires dont usait la FTQ et les pements qui surviennent dans le >00 unions internationales, il affirmait conflit de la Canadian Bechtel, le (h que le conflit de Baie-Comeou ne bureau régional de la CSN déci- se réglerait pas à coup de procé- dait de réaliser une émission de ec dures judiciaires et qu'il importait radio sur les ondes du poste local, m S maintenant que le ministre du Tra- CHLC. La population avait en effet vai. Monsieur Maurice Bellema- le droit de savoir ce qui se passe re, intervienne directement et et la CSN se devait de faire sa part " qu'il doive, au nom du bien com- pour qu'elle soit suffisamment in- mun, demander à la compagnie formée. (Q Canadian Bechtel et au syndicat > américain avec qui elle s'est en- Dès le lendemain, soit le 6 août, (B tendue au-dessus de la tête des les employés de Beaver Under- U ouvriers, de se soumettre aux lois ground se réunissaient afin de que respectent normalement les préparer leur projet de convention employeurs responsables du Qué- collective et d'élire leur exécutif bec ". syndical, soit Henri Leblanc, à la présidence et Gaétan Fournier Le Dr Roland Martel, maire de comme secrétaire. Les deux princi- Hauterive : " Il n'appartient pas pales revendications formulées par à l'employeur de choisir le syn- les travailleurs sont significatives : . & la parité de salaires avec les tra- a dicat de ses employés..." a. vailleurs de la construction de 'y t MI^TION DFRM/NS ENWÉRIÇUE. DU NORP APRÉ% TEUTOE''

Montréal et l'ancienneté qui appor- prendre parti dans le conflit oppo- C'est après avoir considéré le tera aux travailleurs un minimum sant la CSN à la FTQ, la déléga- peu de valeur des arguments invo- de sécurité d'emploi. tion désirait que les travailleurs qués par la Fraternité-Unie des puissent choisir leur syndicat par Charpentiers et Menuisiers d'Amé- Le même soir, le Conseil central un vote démocratique comme ce- rique contre la requête en accrédi- de la Côte-Nord, lequel groupe lui qui a été tenu lundi dernier tation déposée le 21 mai dernier plus de 8,000 membres répartis pour un sous-controcteur. par le Syndicat national de la dans 27 syndicats, expédiai ui|i té- construction, le climat d'intimida- légramme au ministre du Travail, La délégation était composée de tion qui règne à Baie-Comeau et demandant " sa prompte interven- MM. Pierre Maltais, député du les mesures judiciaires prises par tion afin de régler le conflit qui comté de Saguenay à l'Assemblée les unions internationales pour re- dure depuis trop longtemps à la législative du Québec; Barthélémy tarder le travail de la CRT, que le Canadian Bechtel ". Enfin, les tra- Côté, échevin de Baie-Comeau; juge Chassé a décidé d'ordonner vailleurs de la Canadian British Paul Otis, échevin de Hauterive; la tenue d'un vote pour les tra- Aluminium, réunis en assemblée Lionel Gendron, maire de Pointe- vailleurs engagés comme journa- générale, décidaient d'appuyer Lebel; Fernond' Girard, maire de liers, camionneurs, menuisiers, leurs confrères, les ouvriers du Pointes-aux-Outardes, Fernand Tru- maçons et " operating engeneers ". chantier. deau, de la Chambre de commer- ce; et Lucien Fortin, échevin de Chute-aux-Outardes. La décision du juge Chassé a Le 7 août, une pétition signée été accueillie avec satisfaction, au- par 2,500 citoyens de la région tant à Baie-Comeau qu'à Hauteri- de Baie-Comeau et Hauterive o ve, par l'ensemble de la popula- été remise, par une imptïftante dé- tion, si on en juge d'après les dé- légation au premier ministre par clarations faites par les représen- intérim, M. Jean-Jacques Bertrand, tants des divers secteurs économi- et au chef de l'opposition, M. Jean ques, administratifs et sociaux. Lesage. La pétition demandait que le gouvernement prenne ses res- M. Viateur Lévesque, échevin de ponsabilités et ordonne " la tenue la ville de Hauterive, industriel et d'un vote afin que les travailleurs président de la Caisse d'Entre-aide puissent choisir démocratiquement économique de cette municipalité, le syndicat qu'ils désirent". croit, pour sa part, qu'une telle dé- cision est de nature à ramener ra- Après avoir pris connaissance pidement la paix industrielle né- du texte de la pétition, M. Jean- cessaire au bon fonctionnement de Jacques Bertrand a déclaré que l'économie de la région. " si la Commission des relations de travail n'a pas encore entendu la cause de Canadian Bechtel, c'est Le maire de la ville de Hauteri- que des procédures judiciaires a- ve, le docteur Roland Martel, nous vaient été prises contre elle. Celles- a affirmé qu'il était heureux que ci étant maintenant tombées, la C la CRT ait décidé de tenter de trou- RT tiendra donc une audition le 8 ver un règlement à ce problème août". M. Bertrand ajoute que lui- Pierre Maltais, député : " Les litigieux en permettant aux travail- même, comme tous les citoyens et droits des travailleurs sont ba- leurs de choisir eux-même le syn- les syndiqués du Québec, croit que foués par les unions internatio- dicat qui doit les représenter. les travailleurs doivent pouvoir nales ". t choisir démocratiquement leur syn- Quant à M. Fernand Trudel, de dicat. I la Chambre de commerce de Baie- S» Comeau et Hauterive, il s'est dé- m* Quant à M. Lesage, chef du par- claré rassuré et heureux de la dé- ti libéral, il a reçu les membres de

Ci-dessous, Claude Larivière et Arsène Henry, représentant de la CSN.

Enfin, le porte-parole des tra- juge Chassé de malhonnêteté et la vailleurs sur le chantier, Henri Le- CRT de complicité avec la CSN. blanc, affirme que " la CRT a choi- Le choix des gars : la CSN si de prendre ses responsabilités et Le président de la CSN, Marcel de permettre aux travailleurs de Pépin, sans vouloir défendre la 00 CRI ou la magistrature, s'éleva Le matin du 16 août, les travail- »«o s'exprimer librement, sans con- leurs commencent à voter dès huit trainte ni intimidation, sur le syn- contre les propos déplacés du pré- heures. A dix heures trente, une dicat qu'ils désirent. Il est regretta- sident de la FTQ et déclara trouver centaine d'entre eux s'étaient pré- ble que le président de la FTQ, " extraordinaire le fait que M. La- a valus de leur droit de vote : la con- M. Louis Laberge, puisse s'opposer berge dit que npus avons reçu un signe lancée par le président de la à ce que les travailleurs choisissent cadeau chaque fois que nous ga- FTQ invitant les travailleurs à boy- démocratiquement, par l'intermédi- gnons le droit élémentaire de te- cotter le vote n'était pas suivie. aire d'un vote secret, le syndicat nir un vote. Lorsque nous avons qui doit les représenter. Les travail- obtenu le droit de tenir un vote chez les fonctionnaires de la pro- (B leurs de la Côte-Nord croient en- A midi trente, 150 bulletins é- core au syndicalisme démocratique vince, il a dit que le gouvernement taient déposés dans l'urne. Qua- % et ils espèrent que le président de nous avait donné le syndicat sur rante minutes plus tard le résultat U la FTQ respectera l'expression de un plateau d'argent; lorsque nous était connu : les gars avaient voté leur volonté, soit le vote de ven- avons, après une très longue lutte, dans une proportion de 87% en dredi ". obtenu le vote chez les journalistes faveur du Syndicat national de la de Radio-Canada, on a dit que c'é- construction de Hauterive et Baie- tait un cadeau, et aujourd'hui en- Comeau. core on dit qu'on nous fait un ca- La décision du juge Chassé, on deau en ordonnant un vote à Baie- le sait, devait soulever la colère de Des cent cinquante-neuf noms Comeau. " Pour M. Laberge, quand M. Laberge qui s'empressa de apparaissant sur la liste de la CRT, on permet aux ouvriers de choisir, » faire des déclarations intempesti- 157 se sont prévalus de leur droit o c'est un cadeau à la CSN '. ves dans lesquelles il accusait le de vote. Des 157 bulletins déposés FERMÉS DE MÊME QUE CEUX DE BOSTON ET PÉ7RO/T.

et acceptés, 132 favorisent le Syn- possibilité de tenir un congrès spé- Si la justice a triomphé de la dicat national de la construction de cial de la FTQ, voire de déclencher force, les travailleurs du chantier Hauterive et Baie-Comeau et 20 la une grève générale de tous les le doivent en grande partie au Fraternité-Unie des Charpentiers et membres de la FTQ. Décidément, soutien continu qui leur fut accor- menuisiers d'Amérique. Cinq furent la grenouille se prenait pour un ' dé de toute part. Pierre Marien, annulés. boeuf I président du Syndicat national de la construction l'a lui-même souli- Le secrétaire-général du syndi- La veille de l'arrêt de travail dé- gné : "Sans l'appui des autorités cat victorieux, Marcel Bélanger, clenché par les unions internatio- municipales des principales villes s'est empressé d'affirmer qu'enfin nales, à Montréal, le juge Johnson, de la Côte-Nord, sans les déclara- " les travailleurs avaient pu s'ex- de la Cour supérieure, décidait de tions sincères du député Pierre primer librement et démocratique- rejeter le bref de prohibition émis Maltais et sans l'appui incondition- ment. Le vote est une trouée qui à la demande des unions interna- nel qui nous fut constamment ap- fera mal aux unions américaines tionales pour empêcher la CRT d'é- porté par l'ensemble des travail- parce qu'il crée une heureuse juris- mettre un certificat d'accréditation leurs et des citoyens de la Côte- prudence. Le petit jeu des ententes au Syndicat national de la cons- Nord, il aurait été sans doute im- signées avec les compagnies é- truction de Hauterive et Baie-Co- possible de vaincre les obstacles trongères sur le dos des travail- meau. sans nombre soulevés depuis six leurs du Québec est mis en échec. mois par les unions internationa- Grâce à la solidarité de la popula- Pendant ce temps ,sur le chan- les et l'employeur, la Canadian tion et des travailleurs de la Côte- tier de la Bechtel, deux officiers Bechtel, afin d'empêcher les tra- Nord, la CSN a réussi une trouée des unions internationales, MM. vailleurs de la construction de dans l'empire des unions améri- Gilles Garon et Yvon Leclerc, effec- choisir démocratiquement leur syn- caines. C'est une première victoire, tuaient des pressions sur les tra- dicat. Nous espérons que cet effort mais ce n'est pas la dernière, car vailleurs pour qu'ils se mettent en extraordinaire saura toucher le nous savons que les unions inter- grève le lendemain. Les gars se gouvernement du Québec, lequel nationales de la construction con- fâchèrent et les deux permanents est responsable de cette situation tinueront d'agir comme elles le fi- des unions américaines furent obli- déplorable en permettant que des rent à Aima, Gentilly et Baie-Co- gés de quitter le chantier. Le 6 compagnies américaines puissent meau ". septembre devait marquer la fin signer des ententes avec des syn- du conflit : pendant qu'à Montréal dicats internationaux pour ensuite Le détachement de policiers pro- les unions internationales paraly- les imposer aux travailleurs du vinciaux chargé d'assurer l'ordre saient les gros chantiers de cons- Québec ". sur le chantier de la Canadian truction et organisaient un défilé à travers le centre de la ville, à Les gars de la Côte-Nord ont te- Bechtel a quitté Baie-Comeau peu nu bon. Ils ont gagné. C'est une après que le résultat du vote tenu Québec, la Commission des Rela- tions du Travail décidait d'accrédi- victoire d'hommes solidaires. Des par la CRT fut connu. Depuis lors, travailleurs opposés à toute forme aucun incident n'a été signalé. ter le Syndicat national de la cons- truction. Arsène Henry, un des d'exploitation et prêts à lutter pour grands artisans de cette victoire, travailler et vivre. Leur victoire a se réjouissant de cette décision, dé- fait mal aux unions internationales clara que " la CRT a compris qu'el- et a forcé Canadian Bechtel a te- La victoire le ne pouvait se permettre de lais- nir compte du contexte québécois. ser les travailleurs de la Canadian Ils ont gagné et la lutte continue. de toute une population Bechtel sans protection syndicale, 11 leur faut négocier une conven- même si les unions internationales tion collective qui les protège de continuent de contester le vote dé- l'arbitraire patronal et de l'insécu- crété par le juge Chassé ". rité. Ils y parviendront(^ Le choix des travailleurs ne plut pas aux unions internationales qui (t décidèrent de contester devant les r* tribunaux le fait qu'on eut permis aux gars de voter alors que ceux de certains métiers n'eurent pas ce Si droit. Ses avocats obtinrent donc un bref de prohibition qui mettait en cause le jugement Chassé, la tn CRT et le vote. Le bref interdisait m•o même à la CRT de dévoiler le ré- sultat du scrutin, S Of A ces mesures judiciaires, la FTQ ajouta la menace d'une grève générale qui paralyserait tous les S chantiers de construction du Qué- 00 bec. Le lendemain, il ne s'agissait Bechtel : un employeur améri- cain à qui les travailleurs qué- fi plus que des chantiers de la région (Q de Montréal. La menace n'étant bécois ont donné une leçon. « plus aussi grande, on y ajouta la K> ^(§£SR 4 NOTRE ROOR DE DONNER NOTRE LOUPD'É-* Un arbitrage impoilant sur la liberté d'expression Gerald Laforest avait le droit de dénoncer le patronage â la voirie de Joliette

" Je ne peux pas accepter travail, ni dans la convention d'accorder gain de cause au le principe qu'un syndiqué n'a collective, ni dans la Loi de la président de la section des ou- pas le droit de faire part au fonction publique, ni dans au- vriers de Joliette, Gérald Lafo- public, par la voix des jour- cune loi, qui interdise à un rest, qui avait été suspendu naux ou autrement, de la non- syndiqué de faire part au pu- pour 15 jours en 1967, par le application de la convention blic de ses doléances, même directeur des services du per- collective par le gouvernement lorsqu'il s'agit de l'application sonnel du ministère de la voi- ou encore du fait qu'il a un d'une convention collective par rie, M. Jean-Paul Ménard, grief à porter contre le gou- laquelle il est lié ". pour avoir fait, au nom de sa vernement à ce sujet. En effet, C'est par ces mots que le section, des déclarations dans A il n'y a rien dans le Code du juge Jean-Louis Péloquin vient le Joliette-Journal, soulevant ly/

— Prtelané h meitteai bebiemadaiie de l'année en I9S5 —

VOt. XIX — No 47 JOLIETTE, MERCREDI, 26 OCTOBRE 1966 DIX CENTS LE NUMERO

Selon le président du syndicat (Joliette et Berthler): Des "puissances occultes" entravent rapplication du contrat de travail

S cliez les ouvriers du Gouvernement o> a S m aI-. Ill (/I - Proclamé le meilleur hebdomadaire de l'aiiaée en 1965 - OIX CENTS LE NUMERO JOLinTE, MERCREDI. 10 MAI 1967 VOL. XX - No 2Î (9 Poiij^jgsjymtpg rip Jnliette et Berthier S CIGARETTES h EXPORTA" Cas flagrants de patronage à la Voirie selon le syndicat Le chef divisionnaire affirme (|ue lal M « (convention de travail a été res|Jectée| a> ac9 Syn- VIoUUw d« U •'"•«ion IM de» mii»!'»^ a U lyndicil de U (oneUcn PAULZ . S/A/OOS VOULONS ACHETER DU raisin^ des cas de patronage à la voi- de la liberté d'expression, lors- lective n'était pas en soi un rie de Joliette. qu'il déclare : moyen de règlement des griefs, mais simplement l'e- " Il n'y a rien qui puisse xercice d'un droit, en démocra- Le gouvernement a préten- me permettre de conclure tie, d'exprimer librement son du, devant le juge que puis- qu'en signant une convention opinion sur une attitude du qu'il y avait dans la conven- collective au nom d'un groupe gouvernement qui est, au sur- tion collective du SFPQ une d'employés, le président ou la plus, le principal corps publi- procédure de griefs permet- personne autorisée à signer que de la province. tant aux fonctionnaires de fai- pour les employés ladite con- re valoir leurs droits, il ne leur vention collective renonce im- " L'employé assujetti à une était pas permis d'avoir re- plicitement, au nom de tous convention collective ne renon- cours aux journaux ou à la ra- ces employés, à leur droit de ce pas, par le fait même, à dio pour étaler sur la place se plaindre publiquement de son droit à la liberté d'expres- publique leurs griefs à l'encon- la non-application de la con- sion qui est l'un des fonde- tre du gouvernement ou du di- vention collective ". ments de notre démocratie visionnaire de la voirie. " D'ailleurs, la publication En conséquence, le juge a C'est contre cette prétention dans le Journal de Joliette de ordonné au gouvernement de que s'est élevé éloquemment certains articles concernant la rembourser à Gérold Laforest le juge Péloquin dans son ju- non-application par le gouver- le salaire perdu durant les 15 gement, au nom du principe nement de la convention col- jours de sa susp

ANNONCE Message du ministre à Toccasion de la fête du Travail Tous les ans, le mois de septem- Pour gouverner avec sagesse, un bre romène une fête commune à gouvernement doit se baser sur des tous les Canadiens : la Fête du Tra- opinions de première main. La vail. C'est pourquoi je suis heureux communication constante, de per- de profiter de l'occasion qui m'est sonne à personne, s'impose. offerte, la première fois depuis Nous avons déjà mis en branle mon accession au poste de ministre ce processus en rencontrant indi- du Travail, de vous exposer cer- viduellement les représentants les taines de mes idées sur les problè- plus importants des syndicats et de mes que nous avons à affronter à la direction des entreprises rele- l'heure actuelle. vant de l'autorité fédérale; mais ce n'est qu'un début. Il nous faut amé- J'ai passé douze ans au sein du liorer et répandre ce dialogue de mouvement syndical, et je suis très façon que tous nous finissions par conscient de vos aspirations, de vos comprendre clairement les préoc- craintes et de vos préoccupations. cupations des uns des autres. Ce Les transformations techniques n'est qu'à ce moment-là que nous nous entourent de toutes parts. Il pourrons trouver des solutions é- nous appartient d'y faire face d'u- lutions équitables, doivent y être quitables aux nombreux problème» ne façon à la fois pratique et hu- apportées. très complexes et interdépendants maine. qui se posent à nous. Nous n'y arriverons pas, cepen- Ce dialogue, cette communica- Les disparités économiques sont dant, tant que les syndicats et la tion, non seulement feront voir la % source de misère et de désespoir. direction des entreprises n'auront communauté des intérêts, mais per- » Il nous faut assurer l'équité. pas compris qu'ils sont, de fait, à mettront aussi de découvrir les mé- la poursuite d'un même objectif : thodes qu'il faut suivre pour attein- Il nous faut développer l'unité un partage juste de notre richesse dre les objectifs de plein emploi, de nationale et les syndicats ont un •n économique. Les méthodes em- sécurité de l'emploi et de stabilité rôle important à jouer dans ce do- ployées peuvent différer, mais le des prix, qui sont si essentiels au maine. La tendance à la division but demeure le même. bien-être de tous les Canadiens. doit être conquise par la fierté commune d'être d'abord des Cana- C'est pourquoi, en tant que nrti- Ce n'est que lorsque nous aurons diens. nistre du Travail, je m'intéress» accompli cette tâche que nous pour- S énormément à la mise au point rons dire que nous vivons vrainrient Les rivalités intersyndicales me- d'un réseau de communication ef- dans une société juste. nacent de porter atteinte à l'essen- ficace entre les syndicats, le patro- Bryce Mackasey,

Victoire du SGGT â Radio-Cc^

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Le Syndicat général du cinéma et de la télévision a remporté, le 6 septembre, le vote de repré- sentation décrété par le Conseil canadien des relations ouvriè- res chez les journalistes de Ra- dio-Canada à Montréal et Qué- bec. Le syndicat affilié à la CSN a obtenu l'appui de 60 journa- listes et l'American Newspaper Guild celui de 31 autres. On voit ici une photo de la salle de ré- daction de Montréal. On aper- çoit au premier plan le président du SGCT, Michel Bourdon.