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avancée thérapeutique Le Nobel de médecine 2007 aux trois pères des souris transgéniques

e prix Nobel de médecine et de ment. La Fondation Nobel souligne que gement œuvré pour atteindre cet objec- physiologie 2007 d’un montant de chez la souris, le rôle de près de 10 000 tif», précise-t-on auprès de la Fondation L 1,08 million d’euros a, le lundi 8 gènes (soit le tiers du génome murin) a Nobel. octobre, été attribué à trois biologistes, pu être élucidé. Et la poursuite des efforts Les premiers types de cellules sur les- deux Américains et un Britannique, pour internationaux dans ce domaine laisse quelles ont travaillé ces deux chercheurs l’ensemble de leurs travaux qui ont per- espérer que l’ensemble de ce génome n’autorisaient toutefois pas la pleine réa- mis depuis un quart de siècle la création aura livré ses mystères moléculaires. On lisation des expériences de et l’étude de milliers de lignées de souris compte d’autre part aujourd’hui plus de qui réclamait la transmission héréditaire au patrimoine génétique modifié. On sait 500 lignées de souris transgéniques cons- des mutations obtenues. que ces animaux constituent désormais tituant autant de modèles expérimentaux C’est là que se situe l’apport majeur de un modèle expérimental indispensable à d’affections humaines concernant des qui travaillait dans les an- la recherche fondamentale et appliquée domaines aussi divers que le cardiovas- nées 1970 sur les cellules embryonnaires concernant de nombreuses maladies hu- culaire, le diabète, de carcinomes (EC) maines. Pour la Fondation Nobel, les tra- les affections neuro- «… On compte aujourd’hui de souris dont on sait vaux, menés de manière parallèle et in- dégénératives ou en- plus de 500 lignées de souris qu’elles ont certaines dépendante par , Oliver core la cancérologie. transgéniques constituant des propriétés des Smithies et Martin Evans, ont d’ores et Les travaux de cellules souches em- déjà trouvé un champ d’application qui Mario Capecchi et autant de modèles expéri- bryonnaires norma- concerne «quasiment tous les domaines ont mentaux d’affections les (ES) qui font au- de la biomédecine». Les trois chercheurs pour une large part humaines …» jourd’hui l’objet de avaient déjà été récompensés pour l’en- porté sur la recom- grands espoirs thé- semble de leur œuvre en recevant, il y a binaison homologue de ce phénomène rapeutiques ainsi que d’une intense mé- six ans, le prix Lasker de médecine. bien conservé dans l’évolution et qui voit diatisation. «Martin Evans a eu la vision Au-delà des souris transgéniques, les la réalisation d’échanges de séquences que l’on pourrait utiliser les cellules EC trois biologistes sont récompensés pour d’ADN et permet une augmentation de la comme des vecteurs permettant d’intro- les découvertes majeures dans le domai- variation génétique au sein des popula- duire du matériel génétique au sein des ne de la recombinaison de l’ADN chez tions ; un phénomène découvert chez la lignées germinales, explique la Fondation les mammifères et des cellules souches bactérie il y a plus d’un demi-siècle par Nobel. Ses premières tentatives furent embryonnaires. La technique dite du gene , prix Nobel de méde- infructueuses à cause des anomalies chro- targeting avec knockout est souvent uti- cine et de physiologie 1958. «Mario Ca- mosomiques des cellules EC. Cherchant lisée pour inactiver un gène spécifique et pecchi et Oliver Smithies ont eu tous les des alternatives, Evans découvrit l’exis- a permis d’élucider la fonction de nom- deux la vision que la recombinaison auto- tence des ES». Il ouvrait ainsi la voie à un breux gènes dans le champ du dévelop- logue pourrait être utilisée pour modifier Eldorado moderne tout en complétant pement embryonnaire, de la physiologie de manière spécifique les gènes au sein d’utile manière les travaux de ses deux adulte et les mécanismes du vieillisse- des cellules de mammifères et ils ont lar- collègues d’outre-Atlantique. A une époque où la polémique sur les OGM végétaux fait le bruit que l’on sait, Les lauréats on ajoutera que les travaux importants qui sont aujourd’hui justement couronnés ont Mario R. Capecchi. Citoyen américain, est né le 6 octobre 1937 à Vérone (Italie). commencé à être mis en œuvre à la fin Sa mère ayant été déportée comme prisonnière dans le camp de Dachau alors des années 1970, soit à une époque où qu’il avait trois ans et demi, il passe plusieurs années, livré à lui-même, dans le la communauté des biologistes était pro- sud de l’Italie. Sa mère le retrouve à l’âge de neuf ans et l’emmène aux Etats- fondément divisée quant aux risques des Unis. Après des études de biophysique à l’université d’Harvard, où il travaille premières «manipulations génétiques» du avec le célèbre généticien , il rejoint l’Université de l’Utah, où il est patrimoine héréditaire de certains orga- nommé professeur de génétique humaine et de biologie. nismes. Les lauréats du Nobel 2007 ont quant à eux estimé que les génomes des Sir Martin J. Evans. Il est né le 1er janvier 1941 à Stroud, dans le sud-ouest de organismes animaux et humains n’avaient l’Angleterre. Il se spécialise dans le domaine de la génétique à l’Université de rien de sacré ou de diabolique et qu’ils Cambridge, où il obtient une licence en 1963. Il rejoint ensuite le Département pouvaient constituer des outils d’étude d’embryologie et d’anatomie de l’University College de Londres. Au début des pour la compréhension du vivant et, le années 1980, il isole des cellules souches embryonnaires de souris. En 1999, il cas échéant, à sa correction par la main part à l’Université de Cardiff, où il est nommé directeur de l’école des biosciences. de l’homme.

Oliver Smithies. Il est né le 23 juillet 1925 à Halifax (Grande-Bretagne). Il suit des Jean-Yves Nau études de physiologie humaine et animale, puis de chimie, à l’Université d’Oxford, où il obtient également un doctorat de biochimie. Il gagne ensuite les Etats-Unis et l’Université du Wisconsin. Faute de visa, il s’installe ensuite au Canada pen- dant sept ans et se spécialise en génétique. De retour aux Etats-Unis, il est recruté par la faculté de génétique de l’Université du Wisconsin puis par l’Université de Caroline du Nord. Il a obtenu la nationalité américaine.

00 Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 5 janvier 2007 Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 17 octobre 2007 2369