Journal des débats

Le mardi 14 mars 1989 Vol. 30 - No 87 Table des matières

Affaires courantes Dépôt de documents Crédits supplémentaires no 3,1988-1989 4711 Renvoi à la commission plénière 4711 Rapports annuels du ministère des Affaires culturelles, de la Société du Grand Théâtre de Québec et de la Régie du cinéma 4711 Rapport annuel du Conseil des collèges 4711 Décret concernant l'approbation du plan quinquennal d'investissements universitaires 1988-1993 4711 Rapport sur la mise en oeuvre de la Loi sur la fonction publique 4711

Dépôt de rapports de commissions Vérification des engagements financiers 4711 Consultation générale sur l'énoncé de politique sur les services de garde à l'enfance 4712 Vérification des engagements financiers 4712 Examen des orientations, des activités et de la gestion de la Société de la Place des Arts 4712 Vérification des engagements financiers 4712 Étude du rapport d'activités 1987-1988 de la Commission d'accès à l'information 4712 Vérification des engagements financiers 4712 Étude trimestrielle de la politique budgétaire du gouvernement et de l'évolution des finances publiques 4712 Examen du rapport annuel du Vérificateur général 4712 Consultation générale sur l'opportunité de maintenir en vigueur et de modifier la Loi sur les valeurs mobilières et examen de l'avant-projet de loi sur les valeurs mobilières 4713 Étude détaillée du projet de loi 104 - Loi électorale 4713 Consultations particulières sur les volets "réseau routier" et "transport collectif du plan d'action 1988-1998 - "Le transport dans la région de Montréal" 4713

Intervention portant sur une question de fait personnel 4713 M. Denis Perron demande de siéger à titre de député indépendant 4713

Questions et réponses orales 4713 Retrait de la loi 178 et retour à la loi 101 4713 Restaurer la loi 101 afin qu'elle corresponde à son objectif principal du début 4718 Panne d'électricité et augmentation des tarifs d'Hydro-Québec 4720

Avis touchant les travaux des commissions 4723

Motions sans préavis Remplacement des parrains de certains projets de loi 4723 Remplacement de membres de certaines commissions 4723 Motion proposant que le Québec adhère aux objectifs de la Décennie mondiale du développement culturel 4724 Mme 4724 M. Gérald Godin 4725

Avis touchant les travaux des commissions 4726

Motions sans préavis Souligner la Journée internationale des femmes 4726 Mme Monique Gagnon-Tremblay 4726 Mme Louise Harel 4727 Mme Violette Trépanier 4728 Mme Cécile Vermette 4729 Mme France Dionne 4730 Mme Jeanne L. Blackburn 4731 M. François Gendron 4732 Mme Carmen Juneau 4734 M. Gérard Latulippe 4735 Mme Monique Gagnon-Tremblay (réplique) 4736

Souligner l'Année de l'entraîneur 4736 M. 4736 Mme Carmen Juneau 4737 Table des matières (suite)

Renseignements sur les travaux de l'Assemblée 4737

Affaires du jour Projet de loi 108 - Loi sur les espèces menacées ou vulnérables et modifiant la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune Adoption du principe 4737 Mme Lise Bacon 4738

Projet de loi 82 - Loi modifiant le Code de procédure civile Adoption du principe 4742 M. Gil Rémillard 4742 M. Claude Filion 4743

Commission plénière 4745 Étude détaillée 4745 Remarques préliminaires 4745 M. Gil Rémillard 4745 M. Claude Filion 4745 Adoption des articles 4746

Ajournement 4747

Annexe: Membres de l'Assemblée nationale du Québec 4748 Membres du Conseil des ministres 4750 4711

(Quatorze heures quinze minutes) déposer le rapport annuel 1987-1988 du ministère des Affaires culturelles, le rapport annuel 1987- Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! 1988 de la Société du Grand Théâtre de Québec Un moment de recueillement. et le rapport annuel 1987-1988 de la Régie du Veuillez vous asseoir. cinéma. À l'ordre, s'il vous plaît! Nous allons procéder aux affaires courantes. Le Président: Mme la vice-première minis- Déclarations ministérielles. tre, vos documents sont maintenant tous Présentation de projets de loi. déposés. Dépôt de documents. M. le ministre des M. le ministre de l'Éducation et responsable Finances. de l'application de la Charte de la langue française. M. Levesque: M. le Président, un message de Son Honneur le lieutenant-gouverneur du M. Ryan: Et ministre de l'Enseignement Québec, signé de sa main. supérieur et de la Science.

Le Président: Que tous et chacun veuillent Le Président: Vous avez raison, M. le bien se lever, s'il vous plaît! ministre.

Crédits supplémentaires no 3,1988-1989 Rapport annuel du Conseil des collèges

L'honorable lieutenant-gouverneur de la M. Ryan: C'est à ce dernier titre, M. le province de Québec transmet à l'Assemblée Président, que je veux déposer deux documents. nationale les crédits supplémentaires no 3 pour Tout d'abord, le rapport du Conseil des collèges, l'année financière se terminant le 30 mars 1989, son neuvième rapport annuel pour l'année 1987- conformément aux dispositions de l'article 54 de 1988. la Loi constitutionnelle de 1867 et il recommande ces crédits à la considération de l'Assemblée. Décret concernant l'approbation Veuillez vous asseoir! du plan quinquennal d'investissements M. le ministre des Finances. universitaires 1988-1993

M. Levesque: M. le Président, qu'il me soit Et, ensuite, le décret 115-89 concernant permis de déposer les crédits supplémentaires no l'approbation du plan quinquennal d'investisse- 3 pour l'année financière se terminant le 31 ments universitaires pour la période du 1er juin mars 1989. 1988 au 31 mai 1993, ainsi qu'un cadre de référence qui servira à l'utilisation du do- Le Président: M. le ministre des Finances, cument. votre document est maintenant déposé. M. le leader du gouvernement. Le Président: M. le ministre de l'Enseigne- ment supérieur et de la Science, vos documents Renvoi à la commission plénière sont maintenant déposés. M. le président du Conseil du trésor. M. Gratton: M. le Président, je voudrais faire motion pour que lesdits crédits supplémen- Rapport sur la mise en oeuvre de la Loi taires soient déférés à la commission plénière sur la fonction publique pour étude. M. Johnson: Oui, M. le Président. J'ai Le Président: Est-ce que cette motion de l'honneur de déposer le rapport sur la mise en renvoi est adoptée? oeuvre de la Loi sur la fonction publique.

M. Gendron: Adopté. Le Président: M. le président du Conseil du trésor, votre document est maintenant dé- Le Président: Adopté. posé. Toujours à l'étape du dépôt de docu- Rapports de commissions. ments, Mme la ministre des Affaires cul- M. le président de la commission de l'agri- turelles. culture, des pêcheries et de l'alimentation et député de Nicolet. Rapports annuels du ministère des Affaires culturelles, de la Vérification des engagements financiers Société du Grand Théâtre de Québec et de la Régie du cinéma M. Richard: M. le Président, je dépose le rapport de la commission de l'agriculture, des Mme Bacon: M. le Président, j'aimerais pêcheries et de l'alimentation qui a siégé le 8 4712

mars 1989 afin de procéder à la vérification des siégé le même jour, le 28 février 1989, afin de engagements financiers du ministère de l'Agricul- procéder à la vérification des engagements ture, des Pêcheries et de l'Alimentation, à financiers du ministère des Affaires culturelles l'exclusion du volet pêcheries pour les mois de pour les mois d'août à décembre 1988. juillet à décembre 1988. Étude du rapport d'activités 1987-1988 Le Président: M. le député de Nicoiet, votre de la Commission d'accès à l'information rapport est maintenant déposé. M. le président de la commission des Enfin, j'ai l'honneur de déposer le rapport affaires sociales et député de Laval-des- de la commission de la culture qui a siégé le 8 Rapides. mars 1989 afin d'étudier le rapport d'activités 1987-1988 de la Commission d'accès à l'informa- Consultation générale sur l'énoncé tion, conformément à l'article 119.1 de la Loi sur de politique sur les services l'accès aux documents des organismes publics et de garde à l'enfance sur la protection des renseignements per- sonnels. M. Bélanger: M. le Président, j'ai l'honneur de déposer le rapport de la commission des Le Président: Vos trois rapports sont affaires sociales qui a siégé les 7, 8, 9, 14, 15, maintenant déposés, M. le député de Bourget. 16 et 28 février ainsi que les 1, 2 et 7 mars M. le président de la commission de l'édu- 1989 afin de procéder à une consultation géné- cation et député de Sauvé. rale et de tenir des auditions publiques afin d'étudier l'énoncé de politique sur les services de Vérification des engagements financiers garde à l'enfance déposé à l'Assemblée nationale le 24 novembre 1988. M. Parent (Sauvé): M. le Président, j'ai aussi l'honneur de déposer le rapport de la Vérification des engagements financiers commission de l'éducation qui a siégé le 7 février dernier afin de procéder à la vérification des M. le Président, j'ai aussi l'honneur de engagements Financiers du ministère de l'Éduca- déposer le rapport de la commission des affaires tion pour les mois de janvier à novembre 1988 et sociales qui a siégé les 2 et 28 février 1989 afin ceux du ministère de l'Enseignement supérieur et de procéder à la vérification des engagements de la Science pour les mois de février à décem- financiers du ministère de la Main-d'Oeuvre et bre 1988. de la Sécurité du revenu pour les mois de juillet 1987 à novembre 1988, et du ministère de la Le Président: M. le député de Sauvé, vos Santé et des Services sociaux pour les mois deux rapports sont maintenant déposés. d'août 1988 à novembre 1988 et certains engage- M. le président de la commission du budget ments du mois de Juin 1988, et ceux, entre et de l'administration et député de Vanier. M. le autres, de l'Office des personnes handicapées du vice-président. Québec pour les mois de mars 1988 à décembre 1988. M. Després: M. le Président, au nom du président de la commission, J'ai l'honneur de Le Président: Vos documents sont main- déposer trois rapports de la commission du tenant déposés, M. le député de Laval-des- budget et de l'administration. Rapides. M. le président de la commisison de la Étude trimestrielle de la politique culture et député de Bourget. budgétaire du gouvernement et de révolution des finances publiques Examen des orientations, des activités et de la gestion de la Société Premièrement, le rapport de la commission de la Place des Arts qui a siégé le 28 février 1989, afin de procéder à l'étude trimestrielle de la politique budgétaire M. Trudel: M. le Président, j'ai l'honneur de du gouvernement et de l'évolution des finances déposer le rapport de la commission de la culture publiques. qui a siégé le 28 février 1989 afin de procéder à l'examen des orientations, des activités et de la Examen du rapport annuel gestion de la Société de la Place des Arts de du Vérificateur général Montréal en vertu de l'article 294 du rè- glement. Deuxièmement, le rapport de la commission qui a siégé le 1er mars afin d'entendre le Vérification des engagements financiers Vérificateur général dans le cadre de l'examen de son rapport annuel pour l'année financière J'ai également l'honneur de déposer le terminée le 31 mars 1988. rapport de la commission de la culture qui a 4713

Consultation générale sur l'opportunité part. de maintenir en vigueur et de modifier "Je désire, par la présente, vous informer la Loi sur les valeurs mobilières qu'avec votre permission j'aimerais soulever, lors et examen de l'avant-projet de loi de la période des affaires courantes de cet sur les valeurs mobilières après-midi, en vertu de l'article 71 de nos règles de procédure, une question de fait personnel Troisièmement, le rapport de la commission concernant mon appartenance au groupe par- qui a siégé les 7 et 8 mars 1989 afin de procéder lementaire de l'Opposition officielle. Je vous à une consultation générale afin d'étudier remercie de votre attention et je vous prie l'opportunité de maintenir en vigueur et, le cas d'accepter, M. le Président, l'expression de mes échéant, de modifier la Loi sur les valeurs meilleurs sentiments." Et c'est signé par M. le mobilières conformément à l'article 352 de ladite député de Duplessis. loi et, concurremment, d'examiner l'avant-projet Cette motion est faite en vertu de l'article de loi sur les valeurs mobilières. 71 de notre règlement. Après vérification du règlement, cette motion est recevable. J'attirerais Le Président: M. le député de Limoilou, vos simplement l'attention de M. le député de rapports sont maintenant déposés. Duplessis en lui demandant d'être bref et de ne M. le président de la commission des pas susciter de discussion. institutions et député de Taillon. M. le député de Duplessis, vous avez la parole. Étude détaillée du projet de loi 104 M. Denis Perron demande de siéger M. Filion: M. le Président, je dépose le à titre de député indépendant rapport de la commission des institutions qui a siégé les 24 et 31 janvier et les 1er et 2 février M. Perron: M. le Président, le 6 mars 1989 afin de procéder à l'étude détaillée du dernier, certaines accusations ont été portées projet de loi 104, Loi électorale. contre moi. M'estimant innocent des actes qu'on me reproche, j'ai plaidé non coupable à toutes Le Président: M. le député de Taillon, votre ces accusations. Au cours des prochaines semai- rapport est maintenant déposé. nes, dans le cadre du processus judiciaire M. le président de la commission de l'amé- entourant ces accusations, j'aurai l'occasion de nagement et des équipements et député de démontrer les raisons qui font qu'à mon avis, Bertrand. celles-ci étant non fondées, je devrais en être libéré ou acquitté. Consultations particulières sur les volets Cependant, d'ici à ce que ces procédures se "réseau routier" et "transport collectif terminent, j'aimerais vous informer que j'ai du plan d'action 1988-1998 - "Le décidé de mon propre chef de quitter le groupe transport dans la région de Montréal" parlementaire des députés du Parti québécois et de siéger à titre de député indépendant pour le M. Parent (Bertrand): M. le Président, j'ai comté de Dupiessis. Je demeure néanmoins l'honneur de déposer le rapport de la commission membre et militant actif du Parti québécois. Je de l'aménagement et des équipements qui a siégé tiens à assurer mes concitoyens et concitoyennes les 24, 25, 26 et 27 janvier et le 8 février 1989 qu'à ce titre je continuerai à travailler inlas- afin de procéder à des consultations particulières sablement avec fierté, intégrité et honnêteté, et de tenir des auditions publiques dans le comme je l'ai toujours fait depuis maintenant cadre de l'examen des volets "développement du douze ans. Je tiens à remercier mes collègues de réseau auto routier" et "projets de développement l'Opposition officielle du Parti québécois pour du réseau de transport collectif du plan d'action leur amabilité et leur compréhension à mon 1988-1998, intitulé "Le transport dans la région endroit. Merci, M. le Président. de Montréal". Le Président: Merci, M. le député de Le Président: M. le député de Bertrand, Duplessis. votre rapport de commission est maintenant déposé. Y a-t-il d'autres rapports de commis- QUESTIONS ET RÉPONSES ORALES sions? Dépôt de pétitions. Nous allons maintenant procéder à la période de questions et de réponses orales. Je Intervention portant sur une question reconnais en première principale M. le chef de de fait personnel l'Opposition.

Interventions portant sur une violation de Retrait de la loi 178 droit ou de privilège ou sur une question de fait et retour à la loi 101 personnel. J'ai reçu une lettre dont je dois vous faire M. Chevrette: Merci, M. le Président. 4714

Dimanche dernier, se tenait à Montréal une responsabilité de faire en sorte que la réalité manifestation que je qualifierai de magistrale, de rattrape la perception - c'est un fait que la loi peu comparable; on en a rarement, sinon Jamais, 178 renforce la loi 101. vu de pareille ou de semblable. Cette manifesta- (14 h 30) tion aura permis à tous les groupes structurés La Président: À l'ordre! A l'ordre! de faire adopter à l'unanimité un message clair, limpide, sans équivoque, qui est à peu près le M. Bourassa: Premièrement, M. le Président, suivant, M. le Président: on demande au gouver- à l'intérieur des commerces, alors qu'on parlait nement du Québec de retirer sa loi 178 qui d'équivalence de l'anglais et du français, nous permet le bilinguisme à l'intérieur des commer- remplaçons cela par "nette prédominance". Il me ces. On n'en veut pas. Non, merci. semble que la nette prédominance est un concept On demande également au gouvernement du plus fort que l'équivalence, pour ceux qui veulent Québec, dans un deuxième temps, de restaurer la bien comprendre. Premier aspect. loi 101, loi qui est, d'ailleurs, désirée par une Deuxième aspect. A l'article 60 de la lot large portion de la population, M. le Président. 101, comme l'a signalé le ministre de l'Éducation Et ça, c'est sans équivoque dans tous les sonda- depuis quelques jours, il y avait au moins une ges que se plaît, d'ailleurs, à citer de temps à ambiguïté sur l'affichage extérieur. L'article 60 autre le premier ministre du Québec. De plus, un disait "dans les établissements". Il y avait donc troisième message était clair: on voulait que seul une ambiguïté qui faisait que certains pouvaient le gouvernement du Québec puisse légiférer en penser à afficher en anglais à l'extérieur. Nous matière linguistique et il se devait, à ce moment- avons corrigé cette ambiguïté. Maintenant, la là, d'en être le plus ardent des défenseurs face à règle absolue à l'extérieur, c'est le français. l'empiétement du gouvernement fédéral, je veux Deuxième renforcement. parler, entre autres, de la loi C-72. Et troisième aspect, M. le Président, qui se Donc, M. le Président, plus de 60 % de la trouve à renforcer la loi 101 nous avons Invoqué population sont contre la loi 178. On n'en veut la clause "nonobstant", nous avons suspendu les d'aucune façon. Majoritairement, les citoyens du libertés fondamentales. Ce n'est jamais arrivé Québec, avec plus de 100 000 personnes dans les dans l'histoire du Québec qu'un gouvernement rues de Montréal, ont dit: On veut la loi 101. suspende les libertés fondamentales pour protéger Est-ce qu'aujourd'hui le premier ministre du la culture et la langue françaises C'est un fait. Québec peut dire à la population: Oui, j'accepte En invoquant la clause "nonobstant" à l'encontre de retirer la loi 178 et oui, j'accepte de res- de l'article 2, la loi du pays nous permet de taurer la loi 101 et même de l'améliorer? dire que, maintenant, nous pouvons afficher en français d'une façon unilingue. Alors, je donne Le Président: M. le premier ministre. trois exemples bien précis...

M. Bourassa: M. le Président, j'ai eu Le Président: M. le premier ministre. l'occasion, lorsqu'il y a eu le débat sur la loi 178, de donner les raisons qui motivaient cette M. Bourassa: ...que j'ai donnés tantôt aux loi. Le chef de l'Opposition s'en souvient. Il n'y dirigeants du Mouvement Québec français. Je aurait pas eu de loi 178 si le gouvernement veux les féliciter pour la manifestation de auquel il a appartenu en 1984, après la défaite dimanche. Je crois que, dans la mesure où cette de son gouvernement devant la Cour supérieure, manifestation se trouve à faire valoir la sen- avait invoqué la clause "nonobstant". Je crois sibilisation des francophones à la cause du qu'il y a un problème juridique qui peut être français, c'est très positif. D'autant plus que cela complexe. Je ne blâme pas, évidemment, l'en- s'est fait d'une façon ordonnée. Je veux les semble de la population de ne pas être au fait de féliciter pour la façon dont la manifestion a été tous les dédales ou de tous les aspects juridi- organisée. ques, mais... Si le député de Taillon veut me poser des Le Président: En conclusion, M. le premier questions, je serai très heureux de lui répondre. ministre. Ce que je veux dire au chef de l'Oppo- sition, c'est que la loi 178 était nécessaire parce M. Bourassa: En terminant, M. le Président, que son gouvernement n'a pas voulu imposer la quant à la demande pour abolir ou retirer la loi clause "nonobstant" après le Jugement de la Cour 178, je ne peux quand même pas permettre supérieure. Il a décidé d'aller en Cour d'appel. l'unilinguisme anglais au Québec en retirant la Donc, nous avons été obligés, pour empêcher que loi. Pourquoi retirer une loi qui renforce la loi les sections de la loi 101 touchant l'affichage ne 101 de trois façons, M. le Président? s'appliquent plus, permettant ainsi à l'unilin- guisme anglais d'avoir force de loi au Québec, Le Président: M. le chef de l'Opposition, en d'adopter la loi 178. additionnelle. M. le chef de l'Opposition. Quelle que soit la perception, M. le Prési- dent, qu'on peut avoir de la loi 178 peut-être M. Chevrette: M. le Président, est-ce chez plusieurs francophones - et c'est notre renforcer le français au Québec que de permettre 4715

le bilinguisme dans l'affichage à l'intérieur? l'avez distribuée dans tous les foyers en novem- bre 1983. Si on regarde l'article 3 de la charte Le Président: À l'ordre! À l'ordre! du Québec, il y est mentionné la liberté d'expression. Vous le savez fort bien, cela fait M. Chevrette: M. le Président, est-ce que partie de votre programme. M. Parizeau le disait c'est renforcer la langue? à l'occasion du dernier congrès ou lorsqu'il a été élu H y a un an comme chef du Parti québécois Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! À et qu'il a, à ce moment-là, refusé cette offre l'ordre, s'il vous plaît! M. le chef de l'Opposi- bienveillante de ma part de siéger à l'Assemblée tion, vous avez la parole. nationale. Je crois qu'on peut signaler son absence, M. le Président, et la regretter. M. Chevrette: M. le Président, si le premier Ce que je voudrais dire au chef de l'Op- ministre veut s'amuser à reprendre les autres, on position, c'est que vous avez distribué cette va s'amuser à deux. charte, vous avez pris l'engagement d'inscrire dans la constitution d'une république québécoise, Le Président: Je pense que le premier la Charte des droits et libertés du Québec. Vous ministre a eu toute la latitude pour répondre et avez pris l'engagement de faire ça, de même que personne ne l'a interrompu. M. le chef de la Charte de la langue française. Donc, si nous l'Opposition, je vous reconnais. retirons la loi 178, à ce moment-là, c'est évident que la charte s'applique et la charte qui parle M. Chevrette: Même plus que la latitude, M. de liberté d'expression. Donc, la loi était néces- le Président. Je lui demanderais, d'ailleurs, s'il saire à la suite du jugement de la Cour suprême. est d'accord avec le ministre de l'Éducation et On peut évidemment diversement apprécier les actuel ministre responsable de la langue, à savoir conclusions du jugement de la Cour suprême, que tous ceux qui ont déambulé dans les rues de mais il confirme les jugements de la Cour Montréal en fin de semaine sont des gens mal d'appel, il confirme le jugement de la Cour informés qui ne comprennent rien. Est-ce que les supérieure. Huit juges francophones - ce n'est Louis Laberge, les Lorraine Page, les Turgeon, pas uniquement un pouvoir de l'étranger qui s'est les Proulx, les Daoust, ce sont des gens qui ne prononcé - ont conclu que les articles 58 et 60 comprennent pas que la loi 178, M. le Président, violaient la charte du Québec que vous avez vient affaiblir le français au Québec? Est-ce que distribuée dans tous les foyers. ce sont des cons? M. le Président, il ne faut pas se surpren- Le Président: En conclusion, M. le premier dre de tels propos, parce que, lors du référen- ministre. dum, les gens du Saguenay-Lac-Saint-Jean étaient des gens qui ne savaient ni lire ni écrire, M. Bourassa: Vous n'avez même pas fait qui étaient mal informés. Ce sont toujours là les cela avec la loi 101, vous l'avez fait avec la propos du ministre délégué à la langue, M. le charte du Québec. Alors, ce que je veux dire, M. Président. Et là ce serait la population en le Président... général du Québec qui est mal informée. Le Président: En conclusion. Le Président: S'il vous plaît! M. Bourassa: ...c'est que la loi 178 comporte M. Chevrette: C'est le seul à avoir le pas; trois éléments qui renforcent la loi 101. H a déjà commencé à pontifier sur le plan linguistique, M. le Président. Une voix: Faux!

Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! M. Bourassa: C'est vrai, M. le Président...

M. Chevrette: Cela dit, M. le Président, ma Une voix: Faux! question est claire. Si le premier ministre du Québec prétend que, si on avait utilisé la clause Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! À "nonobstant" en 1984, cela aurait réglé tous les l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre, s'il vous plaît! problèmes, est-ce à dire qu'il était d'accord avec À l'ordre, s'H vous plaît! En conclusion, M. le l'unilinguisme dans l'affichage à l'intérieur? premier ministre. En conclusion.

Le Président: M. le premier ministre. M. Bourassa: Je pense que j'ai donné l'article 10, l'article 58, 4e alinéa. Je pourrais M. Bourassa: Je dois répéter au chef de donner les articles et demander à mon ami, le l'Opposition ce qui a été dit dans le débat. Ce député de Terrebonne, qu'on a manqué durant que je lui dis, c'est qu'il y a dans la loi 178... l'intersession, de lire attentivement la loi 178. Ce D'ailleurs, elle est nécessaire parce que, si elle que je veux dire au chef de l'Opposition, c'est n'existe pas, les chartes existent, vous le savez. que c'est vrai qu'il y a trois éléments qui La charte du Québec, je vous l'ai déjà dit, vous renforcent la loi. Il y a un assouplissement pour 4716

une certaine catégorie de commerces qui ne sont (14 h 40) pas des chaînes, des bannières ou des grandes M. le Président, au-delà du Juridisme, les surfaces, des magasins à rayons qui, eux, ont citoyens du Québec ne veulent pas savoir ce que toutes sortes de moyens pour communiquer avec dit tel article ou tel article, les citoyens du leurs clients. Ils peuvent communiquer avec des Québec ont voulu dire au premier ministre... circulaires, avec des catalogues, avec des dé- pliants. Donc, à ce moment-là, on sait que la loi Le Président: S'il vous plaît! 101 s'applique et continue de s'appliquer mais, pour cette catégorie de commerces, ces entrepri- M. Chevrette: ...d'une façon non équivoque, ses individuelles, on permet à un commerçant, à M. le Président: On veut vivre en français, on l'intérieur de sa maison ou de son commerce, veut communiquer en français, on veut travailler d'utiliser sa langue... en français et on veut que l'affichage, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur, soit en français. Ils Le Président: En conclusion, M. le premier ont compris ça, M. le Président. Et, dans les ministre. sondages, c'est plus de 60 % de la population du Québec qui dit: On veut l'affichage en français M. Bourassa: Vous qui avez distribué la tant à l'intérieur qu'à l'extérieur. Au-delà de charte, vous devez comprendre ça qu'on permette 60 000 personnes - c'était beaucoup plus près de à un commerçant d'afficher dans sa langue si le 100 000, j'en suis convaincu - ont déambulé dans français est obligatoire et prédominant. les rues de Montréal, M. le Président, pour dire au gouvernement du Québec... Le Président: M. le premier ministre en conclusion. La Président: À l'ordre, s'i vous plaît!

M. Bourassa: On lui dit, et c'est ma der- M. Chevrette: ...nous voulons que vous nière phrase, M. le Président: Vous ne serez pas retiriez la loi 178. M. le Président, la question poursuivi comme un malfaiteur devant les tribu- est fort simple: Accepte-t-il de la retirer, oui ou naux si, dans votre maison ou dans votre com- non? Sinon, combien en faudra-t-il dans les rues merce, vous utilisez votre langue. C'est cela de Montréal ou de Québec pour le convaincre qu'on fait avec la loi 178. Je suis convaincu que que la population du Québec veut vivre en lorsque les Québécois sauront, connaîtront le français, veut garder son identité française? contenu, c'est possible qu'il y en ait un certain nombre... Le Président: M. le premier ministre.

M. Garon: Les non-instruits! M. Bourassa: M. le Président, vous me permettrez de répondre en précisant certains M. Bourassa: ...qui ont peut-être été détails. Alors que c'est une période de questions, influencés par la démagogie du député de Lévis, le chef de l'Opposition - et je ne vous blâme c'est possible qu'il y en ait un certain nombre... pas de ne pas l'avoir interrompu - s'est lancé dans de grandes envolées. Qu'on me permette Le Président: M. le premier ministre. En quand même de lui répondre. conclusion, M. le premier ministre. Je tiens, d'abord, à exprimer mon étonne- ment. Que la population ne soit pas intéressée au M. Bourassa: Je dis que lorsque la loi 178, contenu de la loi, c'est une évaluation très quand la réalité aura rattrapé la perception, vous encourageante, très stimulante. Le chef de n'aurez plus rien à dire. l'Opposition dit que ce que contient ta loi n'intéresse pas la population. C'est ce que dit le La Président: M. le chef de l'Opposition en chef de l'Opposition? additionnelle. Le Président: À l'ordre, s'i vous plaît! M. Chevrette: M. le Président, on a là un bel exemple d'une tentative de vouloir mêler tout M. Bourassa: C'est ce que vous souhaite- le monde. En décembre dernier, M. le Président... riez?

Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! M. le chef de l'Opposition. M. Chevrette: ...nous avons proposé au premier ministre du Québec un large débat sur le M. Chevrette: M. le Président, question de plan linguistique plutôt que de s'aligner dans une privilège. loi 178 que le monde rejetait de prime abord. Il a refusé ce débat, I a même imposé le bâillon à Le Président: Question de règlement. cette Chambre et maintenant, 1 a le culot de dire que la population est mal informée. C'est M. Chevrette: Question de règlement. Vous cela les propos du premier ministre. comprendrez bien ce que j'ai dit. Ce ne sont pas 4717

les détails juridiques que la population veut Le Président: En conclusion, M. le premier savoir. La population veut savoir clairement si, ministre. oui ou non, le premier ministre permettait ('affichage unilingue français ou le bilinguisme à M. Bourassa: M. le Président, je ne blâme l'intérieur. C'est ça qu'elle veut savoir. Quand pas... bien même il essaierait, dans ses réponses... Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! M. le chef de l'Opposition. M. Bourassa: ...le Parti québécois de cette volte-face sur la loi 142, mais c'est toute une M. Chevrette: Quand bien même le Choeur volte-face. Il y a deux ans, M. le Président, on de l'Armée rouge s'agiterait, M. le Président, je disait que cette loi assassinait la langue fran- vais prendre tout le temps voulu. C'est clair? çaise, et maintenant on est d'accord avec cette loi. Alors, M. le Président, ce que je dis au chef Le Président: C'est une question de règle- de l'Opposition, c'est qu'à mesure que la loi sera ment. perçue comme elle existe... Déjà l'appui, si je prends celui des francophones, a augmenté de M. Chevrette: Tout le temps voulu. façon remarquable depuis deux mois. Alors que 30 % appuyaient la loi 178, selon les études Le Président: M. le chef de l'Opposition, d'opinion, il y en a maintenant près de 50 %. Ce c'est une question de règlement. sont des études d'opinion qui ont été rendues publiques il y a quelques jours. M. Chevrette: Donc, je voudrais que le Alors, ce que je dis, M. le Président, c'est premier ministre ait au moins l'honnêteté intel- que, dans la mesure où la loi 178 sera perçue lectuelle, s'H est mal informé, d'interpréter les telle qu'elle est, que les Québécois se rendront propos correctement. compte du courage dont on a fait preuve en appliquant la clause "nonobstant", courage que Le Président: M. le premier ministre. vous n'avez pas eu en 1984, dans la mesure où la loi sera connue telle qu'elle est, je suis convain- M. Bourassa: M. le Président, je pense que cu qu'on aura finalement un appui très net de la le chef de l'Opposition a été très clair, il a dit: population du Québec. La population ne s'intéresse pas aux articles de la loi. Elle veut l'affichage intérieur en français Le Président: M. le chef de l'Opposition, en et l'affichage extérieur en français. Mais, additionnelle. qu'est-ce que vous faites de l'article 60 que vous avez adopté vous-mêmes? Qu'est-ce que M. Chevrette: M. le Président, je prends vous faites de l'article qui permet... donc acte que le premier ministre refuse de retirer la loi 178. Je prends donc acte aussi, au Le Président: À l'ordre, à l'ordre, à l'ordre! nom des citoyens du Québec, que le premier ministre refuse de restaurer la loi 101 et même M. Bourassa: ...à près de 70 % des commer- de l'améliorer, alors que, lors d'un discours du ces d'afficher en anglais à l'intérieur? trône, par la bouche du lieutenant-gouverneur en conseil, y demandait de restaurer la loi 101 en Des voix: Bravo, bravo! ce qui regarde la langue de travail, lis n'ont rien fait depuis. On va donner une chance au premier M. Bourassa: Qu'est-ce que la population ministre de montrer qu'il a peut-être fait un pense de ça, M. le Président? Le chef de l'Op- petit quelque chose. Qu'a-t-M fait pour défendre position n'est pas sérieux. Il a eu plusieurs mois les intérêts des francophones québécois face à la pour se préparer, mais H arrive en faisant des loi C-72, puisque votre ministre de la Justice affirmations complètement ridicules. Je dis, M. le nous avait dit: Nous nous en occupons toutes les Président, et je ne blâme pas la population de ne minutes, tous les jours, toutes les semaines? Le pas être informée du contenu des lois, en ministre pancanadien nous disait qu'il avait un totalité, qu'on n'a pas pris des fonds publics rapport à nous faire. comme ils le faisaient pour faire connaître le Pourriez-vous nous faire un rapport détaillé contenu de la loi. Nous avons décidé d'expliquer et nous dire où vous en êtes dans la défense des la loi à toutes les occasions. droits linguistiques des francophones en ce qui J'ai rencontré tantôt le Mouvement Québec regarde la loi C-72? français pour expliquer la loi, j'ai donné les trois exemples de renforcement. On m'a répondu en me Le Président: M. le premier ministre. pariant de la loi 140, qui a été retirée, de la loi 142, qui est maintenant acceptée par le Parti M. Bourassa: M. le Président, comment se québécois, mais, à ma connaissance... M. le fait-il que vous demandez le retrait de la loi 178 Président, dans la loi 191 du député de Taillon, qui modifie la loi 101 et que vous ne le faites on ne mentionne plus l'abolition de la loi 142. pas pour la loi 57 que vous avez adoptée et qui 4718

la modifiait autrement plus profondément? M. le permettez, si vous me permettez! J'ai toujours Président, je pense que, quand on veut comparer accordé une plus grande latitude à M. le chef de ceux qui ont touché à la loi 101, il faut regarder l'Opposition et à M. le premier ministre, mais le contenu de la loi 57, qui a été proposée par quant à tous les autres membres de cette le député de Mercier. Elle contenait des amende- Assemblée - et je m'adresse autant aux ministres ments majeurs. Et il n'y avait pas eu de juge- qu'à ceux qui interpellent les ministres, peu ment qui suspendait la loi 101, qui annulait la loi importe la formation politique - je demande 101, comme celui qu'on a eu le 15 décembre votre collaboration pour respecter le règlement. 1988. Pourtant, votre gouvernement, dont faisait Vous avez amplement épuisé le temps qui vous partie le chef de l'Opposition, a amendé radi- était accordé pour votre préambule. Votre calement la lof 101. Et vous demandez qu'on question, s'il vous plaît. retire la loi 178, alors que vous approuvez la loi (14 h 50) 57? Vous n'êtes pas sérieux, M. le Président! M. Filion: Je vous remercie, M. le Prési- dent, mais c'est difficile de se taire devant les Des voix: Bravo! Bravo! propos du premier ministre.

Le Président: Je vais accorder la deuxième Des voix: Ha, ha, ha! principale, cet après-midi, à M. le député de Taillon. Le Président: Votre question.

M. Filion: Merci, M. le Président. Je pense M. Filion: Oui. Ma question est simple et qu'il faut prendre note que le premier ministre s'adresse au troisième ministre responsable de la du Québec invite au retrait de la loi 57 et invite loi 101 qui a sûrement... à l'étude du projet de loi 191 s'il contient le retrait de la loi 142. Incroyables mais vrais, tels Le Président: S'il vous plaît! sont les propos du premier ministre, les propos démagogiques du premier ministre, M. le Prési- M. Filion: Ma question s'adresse au troisiè- dent. me ministre responsable de la loi 101. Alors qu'il est déjà surchargé de travail, le premier ministre Le Président: Votre question. lui a confié une mission impossible.

M. Filion: M. le Président, le sombre bilan Des voix: La question! du gouvernement libéral en matière linguistique parle de lui-même. Il est déjà connu, mais je Restaurer la loi 101 afin pense que ça vaut la peine d'en rappeler quel- qu'elle corresponde à son ques éléments. Amnistie des élèves illégaux; objectif principal du début c'était la loi 57 dont il parlait. La loi 142 qui compromet les efforts d'intégration des immi- M. Filion: Ma question est simple et grants. L'abandon et le laxisme dans les pour- s'adresse au ministre responsable. Peut-il s'enga- suites contre les contrevenants en matière ger aujourd'hui à prendre toutes les mesures, y d'affichage. Le financement des avocats d'Al- compris une loi, qui permettront de restaurer la liance Québec dans leur poursuite judiciaire loi 101 afin que cette loi 101 réponde à son contre la loi 101. Quel triste épisode! Les objectif principal du départ, c'est-à-dire de faire coupures dans les budgets alloués aux syndicats du français la langue normale et habituelle au pour la francisation des entreprises, les tenta- Québec? tives de muselage des organismes issus de la loi 101. Et, maintenant, quoi qu'en dise le premier Le Président: M. le ministre de l'Éducation, ministre, l'introduction formelle du bilinguisme de l'Enseignement supérieur et de la Science et dans l'affichage intérieur des commerces. Bref, responsable de l'application de la Charte de la ce qu'on a vu, c'est une absence complète de langue française. volonté politique et de mesures concrètes pour la défense et la promotion du français au M. Ryan: M. le Président, je remarque que Québec. le député de Taillon, dans le bilan qu'il a tracé de l'action du gouvernement, a soigneusement Le Président: Votre question. évité de parler de l'état lamentable dans lequel nous avons trouvé la langue française dans nos M. Filion: Oui, j'y arrive, M. le Président. écoles, nos collèges et nos universités après neuf Pour nous faire oublier ce triste bilan, nous nous années de gouvernement péquiste. retrouvons maintenant en face d'un troisième ministre responsable de la loi 101, à qui le Des voix: Bravo! Bravo! Bravo! premier ministre a confié la tâche... Le Président: M. le ministre de l'Éducation. Le Président: M. le député de Taillon, j'accorde une certaine latitude... Si vous me M. Ryan: II a également omis, et cela est 4719

de bonne guerre, de dire le moindre mot de que je ne pense pas que le ministre y ait l'action considérable que nous avons entreprise répondu. afin de renforcer le français à tous les niveaux de notre système d'enseignement. Comme nous Une voix: II n'a pas compris. avons des représentants du Mouvement Québec français dans les tribunes, je voudrais signaler M. Filion: Est-ce que le ministre... aussi que je ne me souviens d'aucune déclaration qui ait été faite par ce mouvement pour appuyer Une voix: II est mal informé. le travail considérable qui s'accomplit actuelle- ment dans presque toutes les écoles du Québec, M. Filion: Devant la détérioration de la d'un bout à l'autre du territoire. situation du fait français - je pense qu'à peu près tous les analystes sont d'accord - est-ce Des voix: Bravo! Bravo! que le ministre n'est pas convaincu qu'il y a lieu actuellement, entre autres, de prendre des M. Ryan: Ce travail d'éducation en profon- mesures législatives efficaces pour restaurer la deur, je veux en souligner l'importance et la loi 101 dans ses grands chapitres et pour faire primauté dans mon esprit à l'occasion de ma en sorte que cette loi 101 à laquelle tiennent première intervention dans cette Chambre sur la tant tous les Québécois et toutes les Québécoises question de la langue. Je continuerai d'accorder puisse recevoir pleine application dans le cadre la primauté au travail d'éducation et je veux le de son objectif qui est de faire qu'au Québec, dire avec toute la force et toute la conviction cela se passe en français? dont je suis capable. En ce qui touche la loi 101 dont fait Le Président: M. le ministre de l'Éducation désormais partie la loi 178, pour votre informa- et responsable de l'application de la Charte de la tion... langue française.

Des voix: Ha, ha, ha! M. Ryan: M. le Président, dans la loi 178 en particulier, il y a trois points qui présentent un M. Ryan: ...je m'engage... intérêt spécial. Tout d'abord, la loi 178 maintient l'obligation de l'affichage unilingue extérieur Des voix: Ha, ha, ha! Bravo! dans tous les commerces du Québec. Vous le savez, mais quand vous avez quitté le gouverne- Le Président: En conclusion, M. le ministre. ment, il y avait encore peut-être 20 % des commerces qui n'avaient pas l'affichage unilingue M. Ryan: Je m'engage à veiller soigneuse- français. ment, avec toute la vigilance que parfois l'on me reproche du côté de l'Opposition, à son applica- Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! tion efficace, humaine, intelligente et judicieuse. Mais j'ai mis le mot "efficace" en premier et M. Ryan: Je me souviens d'avoir fait moi- c'est à dessein. Cela s'applique à toute la loi même des vérifications à l'époque. Je pense que 101. Et si je devais constater, dans l'exercice de c'est un processus qui doit continuer. Nous allons ma charge, que certains articles de la loi 101 ne employer toute l'application dont nous sommes se prêtent pas à une application efficace, capables pour faire en sorte que cette partie de intelligente, humaine et judicieuse, je devrai la loi s'applique de plus en plus intégralement et revenir devant la Chambre pour lui en faire ce sera un immense progrès. Encore une fois, reproche; je n'aurai pas d'autorité là-dessus. j'assure la Chambre de ma vigilance et de mon C'est l'esprit dans lequel j'ai déjà entrepris le dévouement à cette fin. travail qui s'impose. Deuxièmement, la loi 178 prévoit que dans M. le Président, je voudrais signaler que tous les commerces ayant plus de 50 employés, j'ai la conviction que je recevrai une collabora- l'affichage intérieur doit être uniquement en tion très active des organismes qui ont été français. Nous verrons à ce que cette disposition constitués par le législateur pour assister le de la loi 178, qui est très importante, s'applique ministre et agir au nom du gouvernement dans ce également; il n'y a pas d'exception qui est secteur extrêmement vital pour notre présent et prévue pour l'instant. L'article dit que le gouver- notre avenir. nement pourrait édicter un règlement, mais si jamais le gouvernement le fait - nous repar- Des voix: Bravo! lerons prochainement de ça - H devra déposer son règlement, il devra le prépublier à ta Gazette Le Président: M. le député de Taillon, en officielle du Québec, comme le prescrit la Loi additionnelle. M. le député de Taillon, en sur les règlements. Il n'y aura pas d'entour- additionnelle. loupettes là-dessus. Troisièmement... M. Filion: Oui, une question additionnelle. En fait, je reprends ma question principale parce Le Président: En conclusion, M. le ministre. 4720

M. Ryan: Oui. dans les municipalités et hôpitaux, comme langue de communication, comme langue de technologie? Le Président: En conclusion. Vous allez Est-ce que vous êtes prêt à étudier aujourd'hui avoir plusieurs autres questions additionnelles, M. des mesures concrètes comme celles-là pour le le ministre. français au Québec, des mesures qui sont con- tenues dans le projet de loi 191 que l'Opposition M. Ryan: J'ai bien des choses à communi- officielle a déposé? quer, l'information est incomplète, M. le Prési- dent. Le Président: M. le ministre de l'Éducation, de l'Enseignement supérieur et de la Science et Le Président: Brièvement, M. le ministre. responsable de l'application de la Charte de la langue française. M. Ryan: Troisièmement, en ce qui concerne les commerces de 50 employés et moins, il y a M. Ryan: M. le Président, sauf pour la un problème qui se pose. Est-ce qu'il faut toute dernière partie de la question, sur laquelle définir, par voie réglementaire ou autrement, le nous n'avons pas de directives à recevoir de concept de nette prédominance qui est au coeur l'Opposition, évidemment, ma réponse est oui, de cette partie de la loi 178? J'ai dit à la parce que ce sont tous des objectifs qui sont télévision, hier soir, que je travaille le sujet compris dans les objectifs de la loi 101 et j'y actuellement, que j'en parlerais avec mes col- souscris entièrement. lègues du cabinet ces jours prochains et que nous aurons prochainement une communication à Le Président: En troisième principale, cet faire à nos concitoyens à ce sujet. Une fois que après-midi, M. le député d'Ungava. ces choses seront clairement établies, je pense que nous progresserons beaucoup plus, tous Panne d'électricité et augmentation ensemble, en nous appliquant à faire en sorte des tarifs d'Hydro-Québec que la loi soit respectée, qu'en mettant en question continuellement une volonté qui a été M. Claveau: M. le Président... légitimement exprimée par l'Assemblée nationale démocratiquement élue par la population du Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! Québec. M. Claveau: ...hier matin, toute la popula- Le Président: M. le député de Taillon, en tion du Québec se réveillait sans électricité. Pour additionnelle. reprendre une expression chère au premier ministre du Québec... M. Filion: M. le Président, le ministre de l'Éducation nous annonce que les règlements sont Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! pour les calendes grecques, si je comprends bien, mais ce n'était pas ma question, M. le ministre M. Claveau: ...dans ce cas-ci, la réalité a de l'Éducation. rejoint la perception qu'ont les Québécois du réseau d'Hydro-Québec. Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! (15 heures) Des voix: Ha, ha, ha! M. Filion: Ce n'était pas ma question. Des voix: Bravo! Le Président: M. le député de Taillon. À l'ordre, s'il vous plaît! M. le député de Taillon, Le Président: M. le député d'Ungava, votre vous avez la parole. question s'il vous plaît.

M. Filion: Oui, c'est ça que je disais, M. le M. Claveau: M. le Président, troisième Président. C'étaient des règlements qui étaient panne générale en moins de onze mois et, cette prévus, au départ, en même temps que la loi, fois-ci, les causes sont tout à fait obscures, tout après ça pour le mois de mars et maintenant aussi obscures que l'état d'entretien du réseau pour les calendes grecques, on en a pris bonne d'Hydro-Québec. Malgré une baisse évidente du note, mais ce n'était pas ma question. service offert par Hydro-Québec à la population Ma question, M. le ministre de l'Éducation, du Québec - et on peut voir cela éloquemment est la suivante: Est-ce que vous êtes prêt à exprimé en page 50 du plan de développement vous engager, aujourd'hui, à étudier les mesures déposé cette année où on a un graphique ma- concrètes et positives pour la défense et la gnifique nous identifiant les courbes du nombre promotion du français, notamment pour faire du croissant de pannes d'électricité au Québec et de français la langue de travail, pour amener et leur longueur de plus en plus importante - le inciter la francisation des entreprises, pour gouvernement du Québec s'apprête à approuver améliorer le français comme langue de l'ad- une nouvelle augmentation des tarifs d'électricité. ministration, comme langue des services publics M. le Président, est-ce que le premier ministre 4721

du Québec, grand expert en questions énergé- contrats qui ont été signés en 1985, en 1984 et tiques, écrivain bien connu dans le domaine, peut qui supposent des exportations d'électricité. Mais nous faire - dans un premier temps - le point de toute manière, il n'y a pas de lien. Que les sur la panne d'hier, rassurer les Québécois quant contrats aient été signés par le Parti québécois à la situation qu'ils ont vécue hier et quant à ce ou le Parti libéral, il n'y a pas de lien entre des qui se présente pour l'avenir? Et, pourrait-il, exportations d'électricité et une diminution de la dans un deuxième temps, nous dire s'il a vérita- qualité du réseau de transport et de distribution. blement l'intention d'approuver les augmentations M. le Président, vous me permettrez, étant de tarifs de l'ordre de 4,5 % qui ont été annon- donné que c'est une question d'actualité, de cées par son ministre de l'Énergie et des Res- répondre le plus complètement possible. Donc, sources du Québec? pour ce qui a trait à la rencontre d'hier, nous aurons mensuellement un rapport - c'est la Le Président: M. le premier ministre. première fois que ça se fait qu'un gouvernement demande à une société d'État de se rapporter M. Bourassa: M. le Président, je vais mensuellement sur un point de fonctionne- d'abord répondre à la deuxième question sur ment - de la société d'État sur l'amélioration du l'augmentation des tarifs. Le ministre de l'Éner- réseau de transport et de distribution. gie et des Ressources va soumettre prochaine- ment cette augmentation au Conseil des minis- Le Président: M. le chef de l'Opposition, en tres. Mais je signale au député, pour son infor- additionnelle. mation, que son propre chef, dans une interview qu'il a donnée à La Presse samedi, était tout à M. Chevrette: En additionnelle. M. le fait d'accord avec une augmentation de tarif Président, je pense bien que ce n'est pas un correspondant à l'inflation. Alors, M. le Pré- petit rapport entre le président d'Hydro-Québec sident... Oui. Je réfère le député à la page B1, et le premier ministre du Québec que les Québé- dernière colonne, dernier paragraphe et il va cois veulent avoir. Ce sont des actionnaires et voir que M. Parizeau admet que c'est raisonnable ils veulent savoir ce qui s'est passé pour d'augmenter les tarifs au taux de l'inflation. occasionner la panne d'électricité. Ils veulent D'ailleurs, ce n'est pas une révélation que fait le savoir ce qui se passe, ce qui se produit. Sont-ils chef du Parti québécois. C'est évident que si en danger perpétuel? Est-ce que ça commande Hydro-Québec donne des salaires qui tiennent des coûts prohibitifs? lis veulent savoir ça au compte de l'inflation, je ne suis pas étonné que grand jour, et je vous demande si vous êtes prêt le chef du Parti québécois qui a été ministre des à accorder une commission parlementaire qui Finances dise que les tarifs peuvent augmenter nous permettrait de convoquer les experts pour au taux de l'inflation. D'ailleurs si on regarde les connaître les vraies raisons de ces pannes qui augmentations de tarifs que vous avez imposées, ont connu une pointe magistrale, au dire de M. qui allaient jusqu'à 18 % - le député n'était pas Boivin. Jamais nous n'avions vécu une telle élu, à ce moment-là - vous avez un petit culot, pointe. Ce n'est qu'en 1986... On va jusqu'à si on peut dire, de contredire votre propre chef. 46 000 pannes dans le réseau, M. le Président. Pour ce qui a trait à la première partie de Êtes-vous prêt à convoquer une commission la question... parlementaire pour permettre aux experts d'Hy- dro-Québec de venir nous expliquer ce qui se Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! passe avec notre réseau de distribution?

M. Bourassa: ...je veux dire au député, Le Président: M. le premier ministre. critique de l'énergie, que j'ai rencontré hier les dirigeants d'Hydro-Québec, M. Boivin et M. M. Bourassa: M. le Président, régulièrement, Drouin et que je leur ai demandé, étant donné la l'Opposition, devant des problèmes difficiles, détérioration de la situation... La panne d'hier? suggère toujours la convocation de commissions Toutes sortes d'explications sont à être confir- parlementaires. Je ne veux pas la blâmer. Dans mées. Mais étant donné la détérioration de la ce cas-là, la demande mérite d'être étudiée. Je situation qui tient à des coupures ou des réduc- dis au chef de l'Opposition, que, pour l'instant, tions de budget, le critique de l'énergie mention- en attendant qu'on connaisse les causes - on nait des contrats d'exportation qui ont été nous a dit que cela prendrait quelques jours signés. Il liait cela à la question des pannes avant de les connaître, d'autant plus qu'on a d'électricité. Il devrait savoir que les exporta- tenu deux jours de commission parlementaire la tions qui se font actuellement sont liées à des semaine dernière - sa demande sur cette ques- contrats signés par l'ancien gouvernement. Les tion est prématurée, étant donné qu'il y a eu contrats qui ont été signés visent, dans la une commission parlementaire et qu'on ne presque totalité des cas, une livraison à compter connaît pas encore les causes. Je lui demande- de 1995. On ne peut quand même pas rendre rais... Pardon? responsables des pannes les contrats signés par mon gouvernement qui, pour la grande totalité, M. Gendron: J'ai dit qu'il n'y a pas eu de livreront à compter de 1995. Il y a eu des commission... Je vais en informer le premier 4722

ministre. Ce n'est pas une commission parlemen- zeau qui est d'accord avec le ministre de l'Éner- taire qu'il y a eu, c'est un "show" et, hier, c'est gie pour que la hausse soit équivalente au taux un "fret" qu'il y a eu. d'inflation. Je ne blâme certainement pas M. Parizeau de faire preuve du sens des respon- Le Président: M. le leader de l'Opposition. sabilités. D'ailleurs, je pense bien que, si le Parti M. le leader de l'Opposition, je peux vous québécois est sorti de l'ambulance depuis quel- accorder toutes les additionnelles si vous voulez, ques mois, c'est certainement dû au sens des mais on ne peut pas intervenir. Ce n'est pas un responsabilités de votre chef, et je vous deman- débat actuellement. derais d'essayer de l'imiter quelque peu. Cela permettrait, M. le Président, d'augmenter la M. Bourassa: Le leader de l'Opposition... qualité des débats de l'Assemblée nationale. Cela dit, c'est une question importante. Le Le Président: M. le premier ministre. chef du Parti québécois disait, encore samedi, qu'on ne doit pas discuter cette question sur une M. Bourassa: Le leader de l'Opposition base partisane - c'est un conseil indirect au manque de respect pour notre processus démo- député critique de l'énergie - et je dis au chef cratique. Il y a eu des commissions parlemen- de l'Opposition que nous allons attendre le taires... rapport à ce sujet et qu'il pourra poser sa question dans les prochains jours. Pour une fois, Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! sa question a du sens, mais elle est prématurée. M. le premier ministre. Le Président: M. le député d'Ungava, en M. Bourassa: II peut parfois arriver qu'un additionnelle. élément de spectacle s'introduise subrepticement (15 h 10) dans les commissions parlementaires, mais je M. Claveau: M. le Président, dans sa crois que le Parti québécois y contribue quelque première réponse, enfin dans tout ce qu'on a pu peu. Alors, ce que je veux dire au chef de comprendre de son flot de paroles, le premier l'Opposition, c'est que sa question est prématurée ministre a fait allusion à l'argent qu'on devait dans la mesure où, premièrement, nous sortons ramasser ou au coût lié au devancement des d'une commission parlementaire, quelle que soit travaux et que nous disons, nous, affecter la l'évaluation subjective qu'en fait le Parti québé- question des exportations. Nous disons, nous cois, et où, deuxièmement, nous attendons d'ici maintenons que les exportations obligent Hydro- quelques jours le rapport sur la dernière panne Québec à se ramasser de l'argent. Ce n'est pas survenue. Je lui suggère de me poser la question lié aux contrats qui ont été signés avant 1985 la semaine prochaine. comme le premier ministre veut le faire paraître à la population. C'est lié au devancement des M. Chevrette: M. le Président. travaux qui font partie de son fameux rêve des 12 000 mégawatts. Le Président: Une question en additionnelle. M. le Président, dans la mesure où le premier ministre du Québec a sûrement eu M. Chevrette: Le Conseil des ministres l'opportunité aujourd'hui d'apprendre, comme tous s'apprête à exiger des citoyens québécois 4,5 % les autres citoyens du Québec, que le contrat d'augmentation, le tout basé sur l'inflation avec Central Maine Power de 400 mégawatts canadienne. M. le Président, à partir de là, est- était définitivement mis sur la glace, est-ce que ce que le premier ministre ne convient pas que le premier ministre du Québec entend modifier les citoyens du Québec sont en droit de savoir son grand rêve, oublier même son grand rêve ce qui se passe dans leur réseau? Pas à une d'exporter de l'électricité aux Américains et, une commission parlementaire. La semaine dernière, fois pour toutes, se donner ou donner ses pour votre information, M. le premier ministre, priorités au problème de transport de fournitures on a dit qu'avec le réseau actuel, une panne et de qualité du service donné aux Québécois qui majeure par cinq ans serait possible, mais sont les véritables propriétaires d'Hydro-Québec. possiblement évitable. En touchant au réseau, une panne majeure par dix ans. Six jours après, Le Président: M. le premier ministre. une panne majeure de sept heures dans tout le Québec. Ne sommes-nous pas en droit, comme M. Bourassa: M. le Président, je ne vols pas principaux actionnaires et comme citoyens du pourquoi le député me reprend. J'ai dit exacte- Québec, avant de nous voir imposer une augmen- ment ce qu'il a dit, que les pannes sont liées aux tation de tarifs, de connaître toutes les condi- contrats qui ont été signés avant 1985. tions du réseau de distribution d'hydroélectricité? Quant à l'étude - là, il aborde une tout autre question - d'un universitaire qui dirait que Le Président: M. le premier ministre. le taux de rendement est de 13 % plutôt que de 9 %, Hydro-Québec prétend que c'est 22 % le M. Bourassa: Le chef de l'Opposition se taux de rendement, le taux de profitabilité. réfère à la hausse. J'ai la citation de M. Pari- L'étude dit 9 %, le contrat parlait de 13 %. On 4723

va faire la moyenne. De toute façon, on peut consentement unanime pour donner l'avis en ce avoir un débat là-dessus. Et le ministre de qui a trait aux projets de loi privés seulement. l'Énergie, M. le Président, le ministre de l'Éner- gie... Le Président: M. le leader de l'Opposition.

Le Président: À l'ordre! M. Gendron: Consentement.

M. Bourassa: ...a répondu avec toute une Le Président: Consentement. M. le leader du série de chiffres là-dessus. Je n'ai aucune gouvernement, vous avez la parole. objection à ce que, le moment venu, on puisse discuter de ces contrats. J'ai toujours dit qu'il M. Gratton: M. le Président, j'avise l'As- était inacceptable pour une société québécoise semblée qu'aujourd'hui, immédiatement et ce qui a 10 % de chômeurs, qui a des dizaines de jusqu'à 18 heures et, si nécessaire, de 20 heures milliers de jeunes qui sont en chômage, de à 22 heures à la salle Louis-Joseph-Papineau, la perdre cette richesse que nous avons actuelle- commission de l'aménagement et des équipements ment de devancer les centrales pour pouvoir entendra les intéressés et procédera à l'étude accumuler des dizaines de milliards laissés en détaillée des projets de loi d'intérêt privé héritage à la jeunesse d'aujourd'hui. suivants et ce, dans l'ordre indiqué. D'abord, le M. le Président, je crois que quand on voit projet de loi numéro 241, Loi concernant la ville dans des contrats - et c'est M. Coulombe lui- de Saint-Georges; le projet de loi 220, Loi même qui le disait, l'ancien directeur général concernant la ville de Roberval; le projet de loi d'Hydro-Québec, lorsqu'il a signé les ententes de 247, Loi concernant la cité de Côte-Saint-Luc et principe - quand on voit que le prix demandé à le projet de loi 239, Loi concernant la municipa- ces entreprises aux États-Unis est nettement plus lité du Lac Nominingue. élevé que celui demandé à nos propres entrepri- ses, c'est évident qu'il y a un gain pour la Le Président: Cela va pour les avis? société québécoise. Autrement, s'il fallait que nous laissions couler cette eau en pure perte M. Gratton: Oui, M. le Président. alors qu'on a la chance de récupérer des dizaines de milliards de dollars, j'ai toujours trouvé que Le Président: Toujours à l'étape des motions c'était inacceptable. sans préavis, M. le leader du gouvernement. Pour ce qui a trait au Maine - plusieurs points ont été soulevés dans la question, si je Remplacement des parrains peux terminer - c'est vrai que le contrat n'a pas de certains projets de loi été ratifié mais ce que je peux dire au député c'est que ceci nous permettra beaucoup plus M. Gratton: Oui. Alors, M. le Président, je facilement de faire face à une demande interne voudrais d'abord faire motion, à la suite du très élevée comme dans le cas des alumineries. récent remaniement ministériel, pour modifier le Je termine en disant que je serai, demain, parrain de certains projets de loi qui apparais- très proche de son comté, à Baie-Comeau, pour sent au feuilleton et dont je déposerais la liste annoncer une aluminerie de plusieurs centaines sans nécessairement en faire lecture, si on y de millions de dollars qui démontre la force consent. Cela va? économique du Québec, plusieurs centaines de millions de dollars pour une autre aluminerie, Le Président: Y a-t-il consentement, M. le renforçant l'économie du Québec et préparant leader de l'Opposition? notre avenir d'une façon beaucoup plus solide que vous ne le faisiez quand vous étiez là. M. Gendron: Oui, M. le Président, il y a consentement. Le Président: Fin de la période de questions et de réponses orales. Le Président: Motion adoptée. Votes reportés. Motions sans préavis. M. le leader du Remplacement de membres gouvernement. de certaines commissions

Avis touchant les travaux des commissions M. Gratton: Deuxièmement, je voudrais faire motion pour que M. , député de M. Gratton: Oui, M. le Président. Avant que Laurier, remplace M. Gaston Blackburn, député nous procédions aux motions sans préavis, avec de Roberval, comme membre de la commission le consentement unanime de l'Assemblée, et je des institutions et pour que M. Paul Philibert, pense pouvoir y compter, j'aimerais donner un député de Trois-Rivières, remplace M. Christos avis touchant les travaux des commissions, Sirros, député de Laurier, comme membre de la particulièrement en ce qui a trait à des projets commission des affaires sociales. de loi privés où des invités doivent se présenter devant la commission. Alors, je requiers le Le Président: C'est une motion sans débat, 4724

en vertu de l'article 129. M. le leader de l'Op- ment, affirmer et enrichir les identités culturel- position, est-elle adoptée? les en permettant à chaque peuple de maîtriser la modernité dans le respect de ses traditions M. Gendron: Adopté. culturelles et patrimoniales. Troisièmement, faire de la culture l'affaire de tous en développant et Le Président: Adopté. Alors, vos deux en élargissant la participation à la vie culturelle. motions sont adoptées, M. le leader du gouver- Enfin, relancer le dialogue des cultures vers de nement. nouvelles solidarités en intensifiant les échanges Toujours à l'étape des motions sans préavis, et la coopération culturelle internationale. je vais reconnaître Mme la vice-première mi- Les États sont invités à participer à la nistre et ministre déléguée à la Condition décennie en maintenant et en développant les féminine. activités qui peuvent répondre à son esprit et en entreprenant des actions particulières nationales Mme Bacon: Non. ou internationales propices à la promotion de ses objectifs. Dans le cadre des relations que le Le Président: Non. Mme la vice-première Québec entretient avec l'UNESCO et en accord ministre. Je m'excuse. avec sa tradition de reconnaissance et de participation aux années thématiques décrétées Mme Bacon: Ministre des Affaires culturel- par l'ONU, je recommande à cette Chambre cette les et de l'Environnement. motion exprimant l'adhésion du Québec aux objectifs de la Décennie mondiale du développe- Le Président: Ministre des Affaires cultu- ment culturel. relles et de l'Environnement. Il est, en effet, légitime que l'Assemblée nationale se penche sur cette question puisque la Motion proposant que le Québec culture est un domaine de la compétence du adhère aux objectifs de la Décennie Québec. En outre, les objectifs de l'UNESCO et mondiale du développement culturel de l'ONU correspondent parfaitement aux préoc- cupations de la société québécoise à l'égard de Mme Bacon: C'est ça. Je sollicite le consen- son développement culturel. Je profite de l'oc- tement unanime de cette Chambre pour présenter casion, M. le Président, pour exprimer en cette la motion suivante: Que l'Assemblée nationale Chambre ma vive satisfaction de la décision de approuve, par un vote unanime, l'adhésion du l'UNESCO d'ouvrir un bureau à Québec. Cette Québec aux objectifs de la Décennie mondiale du représentation, à l'exception de celle de New développement culturel proclamée par l'Organisa- York, sera la seule de l'organisation en Amérique tion des Nations unies. du Nord. Il s'agit, à n'en pas douter, d'un honneur qui rejaillit sur l'ensemble de la société Le Président: Y a-t-il consentement pour québécoise. débattre cette motion, M. le leader de l'Opposi- En cette fin de siècle, alors que nous tion? connaissons des bouleversements économiques et technologiques d'une telle ampleur, le développe- M. Gendron: II y a consentement. ment culturel et l'élargissement de la participa- tion populaire à la vie culturelle doivent devenir Le Président: II y a consentement, madame. des priorités pour tous les peuples et tous les gouvernements. S'il est vrai que l'intelligence Mme Lise Bacon sera demain la ressource la plus précieuse, il est pertinent de se demander comment nous Mme Bacon: M. le Président, la Décennie arriverons à développer cette ressource sans mondiale du développement culturel a été intensifier nos efforts en faveur de la création officiellement lancée le 21 janvier 1988 par le et de la diffusion de la culture et des connais- Secrétaire général de l'ONU et le Directeur sances, en y incluant, cela va de soi, les con- général de l'UNESCO. Cet événement concrétisait naissances scientifiques. un processus amorcé par une recommandation de (15 h 20) la Conférence mondiale de l'UNESCO sur les Le dialogue des cultures favorise la recher- politiques culturelles tenue à Mexico en juillet et che de l'harmonie et de la paix entre les peu- août 1982 et poursuivie par l'adoption d'une ples. Les échanges culturels internationaux, en résolution de l'Assemblée générale des Nations plus d'assurer l'enrichissement et la compréhen- unies, le 8 décembre 1986, proclamant 1988-1997 sion mutuelle, constituent souvent la première Décennie mondiale du développement culturel. étape vers une coopération accrue. Lorsque des Cette initiative de l'UNESCO et de l'ONU nations décident de raffermir leurs relations, visait quatre objectifs que je me permets de vous c'est généralement par des échanges culturels résumer. Premièrement, placer ta culture au qu'elles entament le processus. coeur du développement en rappelant l'importance M. le Président, je pourrais vous entretenir de la dimension culturelle de toute action de longuement des réalisations de notre gouverne- développement économique et social. Deuxième- ment et de ceux qui nous ont précédés en faveur 4725

du développement culturel. Là n'est pas mon ment des personnes du milieu qui travailleront propos; il vise plutôt à s'assurer que cet effort avec son ministère et avec elle pour que le ne se relâche jamais. C'est pourquoi je souhaite Québec soit à la hauteur des aspirations qu'il a l'adoption de cette motion à l'unanimité, afin de fait naître dans l'esprit de ceux qui ont ouvert démontrer à la population québécoise et aussi à un bureau de l'UNESCO à Québec. la communauté internationale l'engagement ferme Donc, je profite de la circonstance pour de l'Assemblée nationale du Québec en faveur du rappeler à la ministre ses deux engagements et développement culturel. également l'obligation que lui fait le bureau de l'UNESCO à Québec et la résolution de Le Vice-Président: Je vais maintenant l'UNESCO elle-même que toute nation partici- reconnaître M. le député de Mercier. pante crée un comité, de manière que, concrète- ment, on puisse voir le résultat d'une telle M. Gérald Godin décennie dans tous les pays du monde, mais aussi au Québec qui est le foyer culturel du M. Godin: M. le Président, il est bien Canada, M. le Président, comme ses succès le entendu que l'Opposition va se joindre avec confirment dans tous les domaines: du cinéma, de empressement et unanimement à la motion de la la peinture, de la littérature et autres. ministre des Affaires culturelles du Québec. Par Donc, M. le Président, tant que nous ailleurs, elle va également se poser des ques- n'aurons pas des résultats concrets à la suite de tions, M. le Président, parce que l'UNESCO sa décision d'aujourd'hui, nous devrons douter de suggère que chaque nation participante crée un sa parole. Merci beaucoup, M. le Président. comité de la décennie pour la bien marquer par des cérémonies particulières, des carnavals, des Le Vice-Président: II n'y a pas d'autre festivals et d'autres événements culturels. Je intervention. Est-ce que la motion présentée par m'étonne que la ministre soit si peu loquace sur Mme la vice-première ministre et ministre des cette question. Donc, le Québec aura un bureau Affaires culturelles soulignant l'adhésion du de l'UNESCO à Québec, bien sûr, mais n'aura pas Québec à la Décennie mondiale du développement de comité de la décennie. Le ministère n'a donc culturel est adoptée? pas lu le bulletin de l'UNESCO qui porte sur cette question. C'est ce qui explique, peut-être, M. Gendron: Adopté. que la ministre n'ait pas songé à nous annoncer aujourd'hui même qu'il y aura un comité, formé M. Lefebvre: Adopté. spécialement de gens de son ministère et d'autres personnes, pour que le Québec célèbre de façon Le Vice-Président: Nous allons maintenant digne cette décennie et montre à la face de procéder... l'Amérique du Nord, puisque nous sommes le seul Etat doté d'un tel bureau de l'UNESCO, qu'il M. Lefebvre: M. le Président... prend la culture au sérieux, M. le Président. Nous souhaitons aussi que le début de la Le Vice-Président: Oui, M. le leader adjoint décennie soit l'occasion pour la ministre de du gouvernement. réaliser son vieux rêve du 1 % du budget du Québec pour les affaires culturelles. Je rappel- M. Lefebvre: Si vous le permettez, M. le lerai, M. le Président, à la ministre et à ceux Président, avant de procéder à l'autre motion qui sont du domaine culturel que, dans le budget sans préavis, j'aimerais compléter l'avis concer- de son ministère, il manque 100 000 000 $ pour nant les travaux des commissions. que le 1 % soit atteint. Si elle veut être sérieu- se, M. le Président, si elle veut incarner sérieu- Le Vice-Président: Est-ce qu'il y a consen- sement et concrètement sa volonté de voir le tement pour que nous complétions les avis Québec participer à la décennie, il faudrait que touchant les travaux des commissions dès main- dans le prochain budget, dans quelques semaines, tenant, M. le leader de l'Opposition? elle ait obtenu son 1 % du budget, c'est-à-dire 100 000 000 $ de plus que l'année passée pour M. Gendron: II y a consentement pour les affaires culturelles du Québec. Là, nous l'entendre, mais comme je ne sais pas ce qu'il va croirons sérieusement, si elle l'obtient, que ses dire, je ne donne pas nécessairement mon propos d'aujourd'hui sont autre chose que des consentement. paroles verbales et autre chose également qu'une bonne volonté peut-être évidente. Mais concrète- Le Vice-Président: Non, évidemment, je ment, c'est peu, le résultat dont elle peut se comprends avec vous que vous ne donnez pas le féliciter. consentement sur les avis, mais il y a une étape Nous souhaitons aussi que, dans les semai- "Avis touchant les travaux des commissions" qui nes qui viennent, elle annonce que le Québec a est du ressort du leader du gouvernement, qu'on mis sur pied un comité de la décennie et que décalerait simplement à ce moment-ci. non seulement 1 % du budget du Québec sera consacré à la culture, mais qu'il y aura égale- M. Gendron: Oui, mais on l'a fait. 4726

Le Vice-Président: En partie seulement. Il y les intéressés et procédera à l'étude détaillée des a une partie qui n'a pas été faite. Si je com- projets de loi d'intérêt privé suivants, et ce, prends... dans l'ordre ci-après Indiqué, projet de loi 244, Loi concernant la succession de Georg Stellari; M. Lefebvre: C'est une partie des avis, M. projet de loi 249, Loi concernant un immeuble du le Président. cadastre de la cité de Montréal (quartier Saint- Antoine); projet de loi 250, Loi concernant Le Vice-Président: C'est ça. Un instant. Si certains immeubles du cadastre de la cité de je comprends le voeu du leader adjoint du Montréal (quartier Sainte-Anne) et projet de loi gouvernement, c'est que nous procédions dès 259, Loi concernant le collège de Saint-Césaire. maintenant à compléter la partie "Avis touchant Merci, M. le Président. les travaux des commissions". Est-ce qu'il y a consentement là-dessus? Le Vice-Président: Très bien. Maintenant, j'ai besoin d'un consentement de l'Assemblée M. Gendron: Oui, M. le Président, mais ce pour la commission qui siégera demain matin à que vous devez comprendre, j'ai été très clair, la salle Louis-Joseph-Papineau. Est-ce qu'il y a c'est que la période des avis, on n'est pas rendu consentement pour déroger à l'article 143 du là parce qu'on est aux motions sans préavis. règlement afin que cette commission puisse Alors, en conséquence, je n'ai pas d'objection, commencer ses travaux à 9 h 30 au lieu de 10 mais je vais attendre de savoir de quoi il s'agit. heures? Y a-t-il consentement? S'il s'agit vraiment de quelque chose qu'on a omis sur lequel j'avais donné mon consentement M. Gendron: Oui. de le faire antérieurement aux motions sans préavis. Le Vice-Président: Donc, il y a consente- ment. Donc, cela met fin à la période des avis Le Vice-Président: Donc, c'est bien, mais ce touchant les travaux des commissions. Nous que je vous dis c'est qu'à ce moment-ci j'ai revenons aux motions sans préavis et je vais besoin du consentement unanime de l'Assemblée maintenant reconnaître Mme la ministre déléguée pour entendre le leader adjoint du gouvernement à la Condition féminine. donner le reste des avis touchant les travaux des commissions. Souligner la Journée internationale des femmes M. Gendron: Je vous le donne. Mme Gagnon-Tremblay: Merci M. le Pré- Le Vice-Président: Je comprends qu'il y a sident. En cette journée de la reprise des consentement là-dessus. Donc, allez-y, M. le travaux parlementaires, je désire offrir mes leader adjoint du gouvernement. meilleurs voeux à toutes les femmes du Québec à l'occasion de la Journée internationale des Avis touchant les travaux des commissions femmes qui a été célébrée mercredi dernier, 8 mars. Je sollicite, par conséquent, le consente- M. Lefebvre: Merci, M. le Président. C'est ment de cette Assemblée pour présenter ta dans le but de libérer les députés, de leur motion suivante: Que l'Assemblée nationale du permettre de connaître le programme de leurs Québec souligne la Journée internationale des travaux. Alors, après les affaires courantes femmes. jusqu'à 18 heures et de 20 heures à 22 heures et, si nécessaire, demain, le 15 mars, de 10 Le Vice-Président: Est-ce qu'il y a consen- heures à 13 heures, à la salle Louis-Hippolyte- tement pour débattre cette motion? Consen- Lafontaine, la commission des affaires sociales tement. Alors, Mme la ministre, vous avez la poursuivra l'étude détaillée du projet de loi 73, parole. Loi modifiant la Loi sur les allocations familiales et d'autres dispositions législatives. Mme Monique Gagnon-Tremblay M. le Président, j'avise également cette Assemblée que demain, le 15 mars, de 9 h 30 à Mme Gagnon-Tremblay: Le 8 mars, Journée 13 heures, à la salle Louis-Joseph-Papineau, la internationale des femmes se veut un jour placé commission des institutions complétera sa con- sous le signe de la solidarité et de la visibilité sultation générale sur l'avant-projet de loi pour les femmes, mais le 8 mars constitue intitulé Loi portant réforme au Code civil du également une occasion de réflexion sur les Québec du droit de la preuve et de la prescrip- démarches qui doivent être entreprises collec- tion et du droit international privé. En ter- tivement pour que les rapports entre les hommes minant, M. le Président, j'avise cette Assemblée et les femmes s'édifient sur des bases plus que le mardi 21 mars 1989, après les affaires égalitaires. Ainsi, il y a un siècle, les femmes courantes Jusqu'à 18 heures et, si nécessaire, de n'avaient pratiquement aucun rôle à jouer en 20 heures à 22 heures, à la salle Louis-Joseph- dehors du foyer. Il y a cinquante ans, elles Papineau, la commission des Institutions entendra étaient sur le point d'obtenir le droit de vote. II 4727

y a un peu plus d'une vingtaine d'années, on ment occuper dans la société. Bonne journée du reconnaissait la capacité juridique de la femme 8 mars à toutes et à tous! mariée et ce n'est que depuis quinze ans que la discrimination basée sur le sexe est interdite Le Vice-Président: Je cède maintenant la dans la Charte québécoise des droits et libertés parole à Mme la députée de Maisonneuve. de la personne. Avec le temps, la situation des femmes a évolué et s'est transformée parce que Mme Louise Harel les valeurs sur lesquelles s'appuient ces trans- formations et les notions auxquelles elles font Mme Harel: Merci, M. le Président. Au nom appel ont évolué. de l'Opposition, M. le Président, je souscris à (15 h 30) cette motion qui est maintenant de tradition à Ainsi, c'est au nom de l'égalité que les l'Assemblée nationale. Quelques-unes et, je crois, femmes ont gagné de haute lutte les droits qui l'un de mes collègues ajouteront leur voix à la leur sont aujourd'hui reconnus. Mais, comme on mienne pour souligner l'importance que nous le sait, il y a souvent un écart entre l'égalité de entendons consacrer durant cette nouvelle droit et l'égalité de fait. Il n'est donc pas session qui commence à tous les dossiers de la étonnant de voir le terme "équité" s'imposer de condition féminine. plus en plus pour désigner l'objectif visé Ce n'est pas un bilan réjouissant, n'en par nos interventions concernant la reconnais- déplaise à la ministre déléguée, que la très sance à sa juste valeur du travail fait par des grande majorité des femmes et la très grande femmes. majorité des groupes de femmes font de l'avan- Alors que le principe de l'égalité juridique cement de leurs dossiers. Le piétinement est non reconnaît les mêmes droits à toute personne, seulement évident, mais longuement commenté quel que soit son sexe, sa race, son origine par les médias d'information. "La marche vers ethnique, la notion d'équité, elle, permet, de l'égalité bloque sur un choix de société", titrait tenir compte de ces distinctions si l'on veut le journal Le Devoir, tout en reconnaissant que appliquer concrètement le principe de l'égalité ces blocages ne sont maintenant presque plus juridique. L'équité fait, de plus, appel au concept juridiques, mais d'abord et avant tout écono- de justice naturelle, lequel reflète plus fidèle- miques. Voilà le nouveau défi! ment cette égalité de fait que revendiquent les Il y a dix ans, le gouvernement précédent femmes. Elle suppose, par ailleurs, la préoccupa- et la première ministre déléguée à la Condition tion d'assurer à toutes et à tous un traitement féminine, Mme Payette, entreprenaient de lever juste et la reconnaissance de leur apport à la les obstacles presque infranchissables qui se société. En matière d'emploi, l'équité recouvre un dressaient sur la route de l'égalité juridique. Un vaste ensemble de politiques et de pratiques qui, nouveau droit de la famille remplaçait la vétusté tels les programmes d'accès à l'égalité, visent à autorité paternelle et affirmait, dès 1979 - il y a éliminer la discrimination et à atteindre l'égali- dix ans cette année - la complète et totale té. égalité des droits et des responsabilités dans le Qu'il s'agisse d'égalité ou d'équité, leur couple. Un vaste programme d'action intitulé recherche nécessite qu'un ensemble de moyens "Pour les Québécoises: égalité et indépendance", soit mis en oeuvre sur le marché du travail. Il ralliait les femmes dans un but commun: mettre est essentiel d'élaborer des mesures qui assurent fin aux inégalités. La conviction d'un destin un accès aux mêmes possibilités d'emploi et de commun animait l'action à mener. Une même formation, un salaire égal pour un travail situation d'infériorisation juridique, indépendam- équivalent et la conciliation de la vie profession- ment du statut social ou de la situation écono- nelle et familiale. mique des femmes, créait un grand sentiment de La volonté gouvernementale de voir se solidarité. réaliser l'égalité de fait entre les femmes et les Les recommandations et le combat pour hommes et d'assurer aux femmes une juste l'égalité reposaient sur le postulat suivant, représentation sur le marché du travail ne peut auquel se ralliait l'ensemble des femmes: la s'actualiser pleinement sans une véritable col- dépendance est engendrée par la répartition laboration de tous les milieux socio-économiques. traditionnelle et rigide des rôles féminins et En effet, ces deux objectifs d'équité et d'égalité masculins dans la société et c'est par un nouveau nécessitent l'adhésion de toutes et de tous. Les partage des tâches rémunérées et non rémunérées employeurs, les syndicats, les travailleurs et dans la famille et dans la vie professionnelle travailleuses doivent aussi souscrire à ces qu'on pourra arriver à une égalité réelle entre objectifs et s'y engager pleinement pour qu'ils les hommes et les femmes. Il faut constater que deviennent une réalité. les remarquables victoires obtenues au plan Je souhaite donc, M. le Président, que cette juridique par l'action concertée du présent journée du 8 mars puisse continuer de donner gouvernement et des groupes de femmes amènent lieu à la réflexion, bien sûr, mais aussi à des maintenant un nouveau défi, celui du combat manifestations concrètes de l'engagement de pour la reconnaissance des droits économiques. celles et de ceux qui travaillent à donner aux Ce bilan n'est pas réjouissant, parce que si femmes toute la place qu'elles doivent équitable- la situation, objectivement, s'est améliorée pour 4728

quelques milliers de femmes au Québec, jamais nous sommes en droit d'exiger des comptes. elle ne s'est autant détériorée pour des centaines (15 h 40) de milliers d'autres. Le fait nouveau, inusité, M. le Président, je ne veux pas assombrir sans précédent dans notre histoire et dans cette motion en rappelant combien les femmes du l'humanité, c'est que maintenant des femmes de Québec sont inquiètes des reculs que connaît plus en plus nombreuses occupent des postes de présentement leur dossier. Plus la ministre pouvoir et détiennent des responsabilités dans les déléguée publie des plans d'action et des énoncés choix à faire dans notre société. La question qui de politique, moins son gouvernement agit. Et le était posée à l'occasion de ce 8 mars était la meilleur exemple, ce sont certainement les suivante: Cette égalité juridique, que l'ensemble services de garde où un énoncé de politique de des femmes a obtenue, va-t-elle amener certaines centaines de pages permettra au gouvernement de d'entre elles, qui occupent maintenant des postes ralentir le développement des services de garde de décision, a se résigner au sort de cette au moment où 70 % des mères d'enfants de moins centaine de milliers d'autres qui connaissent une de six ans sont sur le marché du travail. situation de pauvreté qui s'est aggravée? J'appelle, M. le Président, à l'occasion de Le défi, c'est de dépasser cette égalité cette motion sur le 8 mars, les femmes de cette juridique maintenant acquise pour une majorité Assemblée nationale à une plus grande solidarité, de femmes, de dépasser cette égalité juridique à un plus grand engagement à l'égard de la cause pour relever le véritable défi d'une égalité des femmes et du combat qu'on doit mener pour économique. La question est posée, parce que lever les obstacles qui se dressent sur la voie de cette pauvreté chronique des femmes chefs de leur égalité économique. Je vous remercie. famille monoparentale et des femmes âgées, dont mes collègues vont vous parler, est étroitement Le Vice-Président: Sur cette même motion, associée à la maternité. C'est parce qu'elle sont je cède la parole à Mme la ministre déléguée aux mères que des centaines de milliers de femmes Communautés culturelles. sont pauvres et c'est parce qu'elles occupent cette double responsabilité dans la société Mme Violette Trépanier qu'elles en portent les stigmates et en vivent les difficultés. Mme Trépanier: Merci, M. le Président. Je Alors, M. le Président, non seulement la suis très heureuse de prendre la parole aujour- maternité est-elle associée à la pauvreté, mais la d'hui, pour la première fois à titre de ministre féminité l'est tout autant, puisque occuper des déléguée aux Communautés culturelles. J'aimerais emplois considérés jusqu'à tout récemment comme remercier publiquement le premier ministre pour des emplois d'hommes permet un salaire équiva- l'honneur et le privilège qu'il m'a faits en me lent, mais, évidemment, la revendication est de confiant, la semaine dernière, ce nouveau défi faire reconnaître une juste rémunération des dans ma carrière politique. Je suis très heureuse emplois qui étaient jusqu'à maintenant considérés de rejoindre mes quatre collègues autour de la comme des emplois de femmes. table du conseil. Cinq femmes ministres, M. le Un projet de société qui s'arrête à l'égalité Président, c'est une première dans l'histoire du juridique est, évidemment, bien en deçà des Québec. espoirs qu'il a créés. Un projet de société qui À l'intérieur du mandat que le premier consisterait à transférer sur les épaules des ministre m'a confié, j'ai la responsabilité du mères le relèvement de la natalité serait voué à dossier des femmes québécoises des communautés un échec lamentable. Le bilan n'est pas réjouis- culturelles. Aujourd'hui, les membres de l'As- sant, même si, pour certaines d'entre nous, H y semblée nationale soulignent et célèbrent la a, évidemment, des progrès considérables qui ont Journée internationale de la femme. Au Québec, été réalisés, pendant que d'autres, cependant, nous avons, parmi nos concitoyennes, plusieurs connaissaient - j'insiste M. le Président - une femmes québécoises des communautés culturelles. situation de détérioration de leur vie de tous les Depuis quelques années, on observe une jours. augmentation légère et systématique de la Le bilan est encore plus inquiétant au proportion des femmes dans les flux migratoires moment où les femmes et les associations qui les annuels. Ces femmes représentaient, en 1981, 8 % défendent prennent conscience d'un manque de l'ensemble des Québécoises et 18 % de d'engagement flagrant du présent gouvernement à l'ensemble des Montréalaises, puisque 88 % l'égard de la cause des femmes. Les bons senti- d'entre elles avaient élu domicile dans la métro- ments de la ministre déléguée à la Condition pole. féminine ne suffisent pas à faire oublier les Une étude, publiée en décembre 1987 par reculs du gouvernement, les promesses non l'Université de Sherbrooke et le Regroupement tenues, les engagements non réalisés depuis trois des femmes immigrantes de l'Estrie, qui trace le ans et demi. Nous attendons mieux d'une ministre portrait des femmes immigrées, nous souligne que déléguée à la Condition féminine qu'un simple "les femmes immigrantes, de par leur culture rôle qui consiste à défendre les choix budgétaires d'origine, sont confrontées, par la force des du Conseil du trésor et du ministre des Finances. circonstances, à une tout autre réalité. Leur Trois ans et demi après votre arrivée au pouvoir, migration entraîne des difficultés d'adaptation 4729

importantes quant à leur nouvelle façon de marché du travail. Dans ce cadre, le ministère a vivre." En effet, M. le Président, dans la plupart organisé en octobre dernier un colloque sur des cas, elles doivent faire face à un choc l'accès au travail. Ce colloque intitulé "Femmes culturel. L'adaptation d'une femme nouvellement ensemble vers l'accès au travail" a permis aux arrivée ici doit se faire par l'acceptation de femmes québécoises et aux femmes québécoises nouvelles valeurs, d'une nouvelle société, d'un des communautés culturelles de se réunir et nouveau climat, de nouvelles habitudes de vie qui d'établir des liens de rapprochement entre elles. favorisent grandement leur vulnérabilité. Ce colloque démontre que toutes les femmes du L'une des plus grandes difficultés d'intégra- Québec vivent des problèmes similaires. Les tion est la méconnaissance du français qui femmes québécoises des communautés culturelles confine trop de femmes à l'isolement. Les sont prêtes à contribuer activement au change- barrières tombent quand les femmes immigrantes ment de mentalité de la société envers les commencent à comprendre la langue de la femmes. majorité. C'est pourquoi le gouvernement du M. le Président, toutes les femmes du Québec, et plus particulièrement le ministère des Québec doivent regarder dans la même direction. Communautés culturelles et de l'Immigration, a Mettons en commun nos richesses respectives et fait de la francisation des immigrants une contribuons ensemble à l'avancement de la priorité depuis 1985. De nouveaux programmes condition des femmes au Québec. ont été instaurés dont les plus importants sont le En terminant, j'aimerais assurer toutes les programme d'aide à la francisation des femmes femmes québécoises des communautés culturelles immigrantes, le programme PAFI, et le tout que j'entends être à leur écoute et qu'elles récent programme québécois de francisation des peuvent compter sur mon entière collaboration immigrants, le PQFI, visant particulièrement à pour que leur spécificité soit omniprésente dans rejoindre les femmes des communautés culturel- toutes les actions du gouvernement. Je vous les. Les deux programmes incluent des services remercie. de garde. J'aimerais souligner que, dans le PQFI, nous avons également prévu des allocations pour Le Vice-Président: Je cède maintenant la les stagiaires. parole à Mme la députée de Marie-Victorin. Le gouvernement a mis sur pied ce pro- gramme pour aider les femmes des communautés Mme Cécile Vermette culturelles à apprendre le français et à accélérer ainsi leur intégration. Le ministère des Com- Mme Vermette: Merci, M. le Président. À munautés culturelles et de l'Immigration ne cesse mon tour, il me fait plaisir de me joindre à de diversifier les types de cours offerts en l'ensemble de mes collègues de l'Assemblée assouplissant les lieux et l'horaire de ces cours nationale pour souligner la Journée internationale afin de répondre adéquatement aux besoins des des femmes qui a eu lieu la semaine dernière, le femmes québécoises des communautés culturelles. 8 mars. Évidemment, depuis de nombreuses Si l'apprentissage du français représente la années, les femmes ont manifesté le besoin de première étape d'une intégration harmonieuse, prendre leur place dans notre société par une l'accès au marché du travail favorise aussi une journée reconnue officiellement qu'on appelle la insertion réussie dans la société d'accueil. Le Journée internationale des femmes. Cette journée gouvernement a introduit depuis 1987 des pro- demeure toujours aussi importante puisque la grammes d'accès à l'égalité pour les femmes. place qu'occupent les femmes demeure tout de Déjà, dans les réseaux de l'enseignement, plu- même encore assez partielle malgré les progrès sieurs établissements ont été choisis en vue de acquis. On connaît les seuils qu'occupent les l'implantation d'un tel programme. Des expérien- femmes généralement, notamment à l'Assemblée ces similaires sont menées dans une vingtaine nationale où nous ne sommes que 16 %. En fait, d'entreprises privées et dans plusieurs municipa- si nous voulons marquer d'une façon tangible les lités. Les divers programmes destinés à l'en- lois et les comportements de notre société, nous semble des femmes vont directement profiter aux devons avoir un nombre supérieur à celui que femmes des communautés culturelles. nous avons à l'heure actuelle. Il est important D'autre part, le programme gouvernemental plus que jamais que les femmes s'impliquent en de l'obligation contractuelle s'adresse également politique, qu'elles osent dire très haut leurs aux femmes des communautés culturelles. revendications et qu'elles viennent les porter ici Enfin, M. le Président, récemment, le dans l'enceinte de l'Assemblée nationale. C'est de Conseil du trésor statuait sur la clientèle cible cette façon que l'évolution des mentalités pourra des programmes d'accès à l'égalité dans la obtenir des résultats concrets et favorisera des fonction publique. Ce programme est destiné aux changements en profondeur. membres des communautés culturelles dont font Évidemment, il n'y a pas qu'à l'Assemblée partie les femmes québécoises des communautés nationale que les femmes peuvent se faire culturelles. entendre. Les femmes n'ont pas attendu, non Le gouvernement voudrait qu'une place de plus, d'être à l'Assemblée nationale pour se faire plus en plus importante soit assurée aux femmes entendre. Elles ont pris différentes voies, québécoises des communautés culturelles sur le différents chemins et partout elles ont pu se 4730

faire entendre. Notamment, il y a à peine 50 ans, que et que la façon d'arriver, de boucler la un groupe de femmes ont fait valoir leurs boucle pour une famille, c'est désormais de revendications quant au droit de vote. Et, très compter sur deux salaires. prochainement, c'est-à-dire dans deux ans, nous Cette nouvelle vision des choses, ce nouvel célébrerons le cinquantième anniversaire du droit apport économique de la femme comme membre de vote des femmes. C'est assez récent. Mais il actif à l'intérieur de la collectivité, en termes de ne faut pas oublier que, malgré tout, depuis ce rémunération, font en sorte qu'on doit réviser, temps, les femmes ont pu se faire entendre à regarder différemment la façon de rémunérer les d'autres niveaux de gouvernement. femmes et les salaires qu'elles doivent toucher (15 h 50) pour la somme de travail qu'elles effectuent pour Et grâce à l'implication des femmes dans une tâche donnée. Lorsqu'on regarde l'évolution des groupes comme l'AFEAS, les cercles de de la société, au Québec ou ailleurs, quand on fermières et d'autres groupements de femmes, regarde le nombre effarant de femmes qui ont, nous pouvons maintenant dire que, de plus en de plus en plus, la charge d'une famille, je pense plus, les femmes ont apprivoisé les milieux qu'il est normal de penser équité et aussi égalité. politiques, notamment les gouvernements des Au-delà de l'équité et de l'égalité, il faudra municipalités et des commissions scolaires. Nous favoriser la femme dans l'éducation, lui permet- voyons de plus en plus de femmes qui s'impli- tre de sortir des sentiers battus et d'accéder à quent, qui osent prendre des risques parce que, des métiers non traditionnels chez la femme. Il pour nous, être en politique, c'est aussi prendre faudra lui permettre d'occuper aussi un rôle un risque, le risque d'avoir à affronter une important dans toutes les dimensions du dévelop- réalité qui n'est pas nécessairement celle pour pement de notre société moderne d'aujourd'hui, laquelle nous avons été éduquées, une réalité au Québec. dans laquelle nous devons nous confronter à Je pense qu'il est de plus en plus essentiel certains obstacles par le fait que, plus souvent d'aider la femme pour qu'elle puisse occuper une qu'autrement, notre éducation nous a éloignées place qui lui revient de droit parce que la de cette façon de faire des alliances, de créer société est composée d'hommes et de femmes et des alliances. Aujourd'hui, une majorité de ce n'est qu'avec les hommes et les femmes que femmes ose dire: Nous, la politique, c'est quelque nous pourrons bâtir, au Québec, une société chose qui nous fait peur. Je ne crois pas qu'elles équitable et juste pour l'ensemble de ses ci- devront continuer à avoir cette vision de la toyens. J'ose espérer qu'en cette Journée inter- politique, parce que la seule façon qu'ont les nationale de la femme du 8 mars le combat femmes de se faire valoir, c'est en s'initiant et continuera, que les femmes pourront développer en prenant la chose politique très au sérieux des solidarités au-delà de leurs objectifs respec- elles aussi. Pour elles, c'est la seule façon de tifs et qu'elles pourront occuper les fonctions faire valoir leurs droits. qui leur reviennent de droit, et cela pleinement, Je pense que, s'il y a de plus en plus de en pensant qu'elles ne seront pas pénalisées mouvements de femmes qui continuent à faire parce qu'elles sont femmes et qu'un jour elles valoir les préoccupations des femmes, ces mouve- pourront penser maternité. ments de femmes devront aussi soutenir l'effort J'ose espérer que cette journée favorisera et le courage de ces femmes qui, plus souvent la compréhension et la réflexion et qu'au-delà qu'autrement, hésitent à remettre en question les des mots nous aurons aussi les mots pour faire rôles et tes postes qu'elles occupent à l'heure ces changements. Je vous remercie, M. le Prési- actuelle parce que, là comme ailleurs, dans les dent. hautes fonctions de direction, le nombre de femmes demeure toujours limité. Nous n'avons Le Vice-Président: Je reconnais maintenant qu'à regarder autour de nous et qu'en est-il, Mme la députée de Kamouraska-Témiscouata. actuellement, des prochaines conventions collec- tives? Nous aurons à parier d'équité salariale Mme France Dionne parce que, encore - et c'est toujours vrai - on demande beaucoup plus aux femmes et pour Mme Dionne: Merci, M. le Président. Il me beaucoup moins, finalement. C'est encore vrai fait plaisir de prendre la parole en cette Cham- dans le milieu du travail en général. Nous bre aujourd'hui sur la motion présentée par la n'avons qu'à regarder dans les domaines public et ministre des Communautés culturelles et de parapublic où les femmes occupent des emplois, l'Immigration et ministre déléguée à la Condition notamment, de secrétaire; on leur demande féminine afin de souligner le travail effectué par beaucoup plus et le salaire n'est pas l'équivalent le gouvernement libéral en matière de condition de celui d'une personne qui travaille à l'entretien féminine et tout particulièrement l'appui que mon ménager dans le domaine parapublic. Pourquoi gouvernement accorde aux femmes en agriculture tant de différences alors que, de plus en plus, et ce, dans toutes les régions du Québec. notre société, par la façon dont elle est struc- M. le Président, il serait inutile, d'après turée, compte désormais sur deux salaires? De moi, de parler de ce travail sans souligner celui plus en plus, la femme devra travailler parce des 30 000 agricultrices du Québec qui cons- qu'elle est considérée comme un apport économi- tituent en fait 50 % des ressources humaines du 4731

domaine agricole et représentent environ 53 % fédération provinciale et les syndicats régionaux des femmes collaboratrices du Québec. Le coura- reçoivent chacun une subvention de 5000 $. ge, la détermination, la persévérance et le sens Dans cette optique, M. le Président, per- de l'organisation caractérisent les agricultrices et mettez-moi de saluer de façon particulière ces guident adroitement ces dernières dans leur femmes impliquées dans le syndicalisme agricole, action pour la poursuite de leur objectif de en particulier, les présidentes des deux fédéra- reconnaissance de leur rôle et de leur place au tions que je retrouve dans mon comté, soit celle sein de l'entreprise agricole. En effet, la recon- de la Fédération des agricultrices du Bas-Saint- naissance du travail des femmes agricultrices Laurent, Mme Arianne Olivier-Ouellette, et celle passe principalement par l'accès à la propriété de la Fédération des agricultrices de la Côte- et, à ce titre, la bonification des programmes Sud, Mme Nicole Couiilard, et leurs équipes pour de prime à l'établissement en agriculture traduit le magnifique travail amorcé dans ces deux bien l'intention gouvernementale dans ce domai- grandes régions du Québec, sans oublier, bien ne. Cette mesure législative introduite en août sûr - et vous me comprendrez, M. le Prési- 1986 porta l'aide maximale de 8000 $ à 15 000 $ dent - de saluer l'agricultrice de l'année 1988, pour un individu et à 60 000 $ pour un groupe, Mme Marie-Jeanne Lavoie, qui est également de abolissant enfin la clause discriminatoire à Saint-Alexandre dans mon beau comté de Kamou- l'égard du couple s'étabiissant en agriculture. raska-Témiscouata, pour avoir su relever des Cela veut dire concrètement, M. le Président, défis importants en agriculture pour le bien-être que, pour l'année 1988-1989, et ce, au 1er de la collectivité. décembre 1988, 1260 dossiers ont été traités à (16 heures) l'Office du crédit agricole, dont 55 % sont des En résumé, M. le Président, c'est un appui dossiers de femmes, et qu'un budget de du gouvernement libéral, un appui tangible, 24 000 000 $ sur un total possible de efficace et adapté aux besoins réels des femmes 30 000 000 $ a été dépensé en 1988-1989. agricultrices d'aujourd'hui, ces femmes qui J'ajouterai, M. le Président, qu'un montant étaient, qui sont et qui seront sans contredit de de 10 000 $ a été accordé récemment par le plus en plus, des partenaires économiques ministère de l'Agriculture afin d'effectuer une importants et des facteurs majeurs de l'évolution étude sur les impacts fiscaux dans le transfert de l'agriculture au Québec. J'appuie donc la des actifs entre conjoints. De plus, ce même motion et je félicite la ministre pour l'avoir ministère lançait en janvier 1986 le premier présentée aujourd'hui dans cette Assemblée. Je plan d'action ministériel en condition féminine vous remercie, M. le Président. avec, à la tête, la création du Bureau de la répondante féminine avec budget de fonctionne- Le Vice-Président: Je cède la parole à Mme ment à l'appui et des responsables dans les douze la députée de Chicoutimi. bureaux régionaux du ministère à travers le Québec. Mme Jeanne L. Blackburn En plus de participer à différents colloques et séances d'information un peu partout au Mme Blackburn: Merci, M. le Président, il Québec, le ministère offre également des pro- me fait plaisir d'appuyer la motion présentée afin grammes de formation des leaders pour les de souligner la Journée internationale des agricultrices qui, jusqu'à maintenant, ont permis femmes. Je voudrais commencer par saluer ces la formation de plus de 270 femmes au Québec. femmes de tout âge au Québec, les mères et les Oui, M. le Président, le gouvernement grand-mères, les femmes au foyer, les jeunes libéral travaille à la formation et à l'information filles ou les jeunes travailleuses, les travailleuses des agricultrices. À cet égard, qu'il me soit de façon générale. Vous me permettrez de le permis de rappeler la réalisation du "Guide faire plus particulièrement à l'endroit de nos d'établissement et de gestion pour les femmes en mères et de nos grand-mères qui ont formé la agriculture" dont les six premières brochures génération qui porte aujourd'hui le flambeau. ont été lancées en mars 1987; la septième, Nous retrouvons de plus en plus de femmes intitulée "Gérer ensemble", a été diffusée en au sein de tous les débats de société. Elles sont novembre 1988 et deux autres la suivront en présentes dans les débats, qu'il s'agisse d'en- 1989-1990. vironnement, d'éducation, de syndicalisme ou Le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries d'économie. On peut également souligner leur et de l'Alimentation, M. le Président, a égale- participation active, nombreuse et fortement ment déboursé, depuis 1985, au-delà de 500 000 $ majoritaire dans tous les organismes communau- pour soutenir le Regroupement des femmes en taires, les ressources alternatives. Je voudrais agriculture, que ce soit à la Fédération des remercier nos mères et nos grand-mères qui ont femmes en agriculture ou à l'ancien Comité su nous communiquer ce goût du dépassement, ce provincial provisoire des femmes en agriculture goût pour l'équité, la justice et ce sens des afin d'aider ces dernières à améliorer leur statut autres qui nous amène à défendre les plus et de mieux les outiller pour développer leurs démunis de notre société. Je voudrais, M. le capacités professionnelles. Donc, un soutien Président, formuler le voeu que les femmes financier annuel de 125 000 $ est accordé à la continuent activement leur action et leurs 4732

pressions, qu'elles soient de plus en plus présen- formellement par quatre femmes qui siègent tes dans tous les milieux et dans tous les débats actuellement à l'Assemblée nationale à l'endroit qui touchent la société. Nos sociétés modernes d'autres Québécoises n'ont pas été respectés. sont confrontées à des questions qui touchent la Qu'il s'agisse du régime de rentes au foyer pour survie même de l'humanité et je fais confiance les femmes, qu'il s'agisse d'un réseau de gar- aux femmes pour qu'elles soient présentes au deries dignes de ce nom - et je déplore encore sein de ces débats. une fois le silence de la ministre par rapport aux Je voudrais également exprimer le voeu que garderies en milieu scolaire où elle a été muette, les femmes soient présentes et ouvertes au sort alors que la loi qui a été adoptée ne prévoit pas des plus démunis d'entre nous. Aujourd'hui, au d'obligation pour l'école d'organiser des services moment où l'on se parle, 20 % des jeunes mères de garde en milieu scolaire - qu'il s'agisse des qui mettent au monde un enfant, c'est-à-dire une conditions équitables de travail, qu'il s'agisse de sur cinq, le font alors qu'elles vivent dans la l'équité salariale, qu'il s'agisse du sort des jeunes pauvreté et, pour 10 % à 12 % d'entre elles, mères qui ont de l'aide sociale, autant de d'extrême pauvreté. J'aimerais que les femmes qui questions, autant de sujets sur lesquels on aurait ont un peu plus d'aisance soient très proches, voulu voir ces femmes, qui nous faisaient ces très présentes et très actives pour défendre et déclarations à l'occasion d'une campagne électo- soutenir ces jeunes mères. Je voudrais également rale, aussi actives et aussi convaincues. que les femmes soient présentes dans les débats Malheureusement, nous avons eu l'occasion qui touchent les conditions de travail de nom- de lire une entrevue que la ministre déléguée à breuses femmes de tout âge, jeunes et plus la Condition féminine accordait à La Pressa pour âgées, dont les conditions de travail frisent dire que, malheureusement, ce n'est pas certain l'indécence et sont dégradantes dans certains cas qu'on reconnaîtra le droit des femmes au foyer et, dans trop de cas, totalement inéquitables. On au Régime de rentes du Québec. sait que le salaire des femmes, toutes proportions M. le Président, j'invite donc les femmes à gardées, est encore de 32 % plus bas que le rester vigilantes et, surtout, à ne pas se laisser salaire des hommes. Je voudrais qu'on soit leurrer par des promesses qui semblaient, pour également attentives aux femmes qui, seules, une part, difficiles à réaliser, mais qui, d'éviden- dirigent actuellement des familles, ont charge de ce, me semblent avoir été faites sans réelle famille et qui le font, faut-il le rappeler encore volonté de les réaliser. La nouvelle ministre une fois, dans des conditions de plus grande déléguée aux Communautés culturelles nous disait pauvreté que lorsqu'il s'agit d'hommes chefs de tout à l'heure - je la félicite en passant - Les famille. femmes devraient regarder dans la même direc- M. le Président, j'inviterais les femmes à la tion. Je veux bien qu'elles regardent dans la vigilance et à la persévérance dans l'action et même direction, mais elles devraient éviter de se les revendications. L'écart entre les engagements laisser leurrer ou de se laisser berner par des pris par le Parti libéral, en campagne électorale, engagements que, d'évidence, on n'a pas vraiment et ses réalisations nous laisse songeurs et nous l'intention de réaliser. invite à nous interroger sur les expédients, les M. le Président, je terminerai en Invitant moyens qu'on peut utiliser pour obtenir le vote les femmes à la vigilance. J'inviterais les femmes des femmes. Le 15 novembre 1985 - et je trouve à être ouvertes et réceptives au sort des plus amusant et très significatif que les mêmes démunis de notre société, qu'il s'agisse des personnes prennent la parole aujourd'hui - trois femmes qui vivent en dessous du seul de la candidates a l'élection, plus une députée, Mme la pauvreté, des femmes qui enfantent alors qu'elles députée de L'Acadie, prenaient la parole en vivent en dessous du seuil de pauvreté, 9000 disant, et je le répète: Impossible pour les femmes qui mettent des enfants au monde et qui péquistes - parlant du régime de rentes au vivent dans des conditions d'extrême pauvreté. foyer - certes, mais pas pour les libéraux. Ces Je voudrais inviter les femmes à être personnes étaient respectivement Mme Lavoie- solidaires également de celles qui réclament de Roux, députée libérale de L'Acadie, Mme Trépa- meilleures conditions de travail comme de ceHes nier, candidate dans Dorion, Mme Robic, can- qui réclament l'équité salariale. Merci, M. le didate dans Bourassa, et Mme Monique Gagnon- Président. Tremblay, candidate dans Saint-François. À cette occasion, ces femmes s'engageaient Le Vice-Président: Toujours sur cette même formellement à reconnaître le droit des femmes motion, je reconnais maintenant M. le leader de au Régime de rentes du Québec, mais, également, l'Opposition et député d'Abitibi-Ouest. elles exprimaient la volonté, selon elles, du Parti libéral d'obtenir des garderies, d'être proche des M. François Gendron femmes victimes de violence, des femmes immigrantes. Et, évidemment, on ajoutait le M. Gendron: Oui, M. le Président. Rapide- Régime de rentes du Québec. ment, au nom de ma formation politique, comme Si on reprend chacun des engagements qui leader de l'Opposition officielle, je voudrais ont été pris alors, nous sommes obligés de souscrire à la motion de la ministre déléguée à constater, par l'écart, que ces engagements pris la Condition féminine concernant l'Importance de 4733

souligner la Journée internationale des femmes. veux reprendre les quelques phrases de ma De tout temps, l'Assemblée nationale a collègue de Chicoutimi, je n'ai jamais pensé toujours voulu nous associer, comme parlemen- qu'une motion comme ça c'était pour se gar- taires, à cette journée importante pour au moins gariser, surtout sur des engagements non retenus. féliciter les femmes du Québec qui, règle géné- Nous, ici, on en a sept pages d'engagements pris rale, ont toujours eu le souci de défendre elles- non retenus, sept pages. Que ce soit la Régie des mêmes des causes qui sont importantes pour un rentes pour les femmes au foyer... Est-ce qu'on avancement social, un progrès de la société. La est plus avancé aujourd'hui? Est-ce que les ministre disait tantôt que c'était une journée où femmes ont souligné le 8 mars pour montrer on était témoins d'une plus grande solidarité des combien elles étaient reconnaissantes envers ce femmes. Je pense qu'elle a raison de dire qu'un gouvernement, d'avoir donné suite à des engage- des objectifs de la Journée internationale des ments. Non, il n'en est rien. D'aucune façon. femmes c'est de solidariser les femmes sur des Est-ce que le programme d'accès à l'égalité en causes communes, des causes conjointes, des emploi pour les femmes dans la fonction publique causes qui, normalement, auraient dû permettre à a progressé avec le gouvernement libéral? La ce groupe de femmes d'obtenir davantage à la réponse c'est non. Le 8 mars, c'est clair que les suite de leurs nombreuses revendications répétées femmes se sont solidarisées à nouveau et on se au fil des ans. On doit les féliciter pour leur joint à ce geste, mais pour qu'elles demeurent courage, leur détermination, leur volonté de très éveillées, comme elles l'ont toujours été, s'occuper elles-mêmes de ce qui les concerne le très vigilantes. Et ce n'est pas parce qu'on se plus spécifiquement. fait dire: Nous sommes cinq, on va vous défen- (16 h 10) dre, qu'elles reçoivent ça sans questionner sur Mais combien il est important, M. le leurs préoccupations. Président, et je suis convaincu que probablement Moi, il me semble que leurs préoccupations la journée du 8 mars qui, malheureusement, n'a sont fondées. La Fédération des travailleurs et pu être soulignée la journée même parce que des travailleuses du Québec le disait d'ailleurs: l'Assemblée nationale ne siégeait pas, aurait La discrimination aujourd'hui est plus subtile probablement été beaucoup plus agréable pour les qu'avant. Elle se manifeste par le fait que les femmes si elles pouvaient lire qu'elles ont un femmes se concentrent dans des classes d'emplois gouvernement qui se préoccupe de leur condition moins payantes. Et encore, en 1989, même s'il y et pose des gestes concrets à la suite d'engage- a eu quelques progrès de faits, M. le Président, ments pris. J'entendais la députée de Kamouras- la structure des emplois et les échelles salariales ka-Témiscouata. Je n'en reviens pas qu'elle soit sont très discriminantes envers les femmes. On obligée de se lever pour dire: Mon gouvernement, voit des concentrations, par exemple, où effec- voici ce qu'on a fait. Alors que, c'est drôle, si tivement les femmes sont confinées dans des on a à prendre acte des thèmes et des principaux secteurs de pauvreté, dans des secteurs où éléments sur lesquels a porté cette fameuse l'avancement n'est pas tellement valable, dans Journée internationale des femmes, c'est sur un des secteurs où on doit constamment se battre sujet, par exemple, aussi capital - celui de pour réclamer des crédits afin que tous les 1989 - que l'équité salariale. gestes et les actes de violence faits aux femmes Pour ce qui est de l'équité salariale, qui cessent. Ces problèmes sont identifiés depuis fort était le thème de cette année, les femmes ont longtemps. raison de dire qu'il y a trop de problèmes Est-ce qu'on a vraiment, comme société, d'inéquité salariale. Mais ce n'est pas parce que progressé à ce point? Pour moi, M. le Président, la députée de Dorion, nouvellement ministre et la réponse c'est: Non, et surtout pas avec le on la félicite, dit: C'est une première d'avoir gouvernement libéral actuel qui a pris un paquet cinq femmes au Conseil des ministres... Cela va d'engagements et qui n'a rien livré concernant donner quoi d'avoir une femme de plus pour se l'amélioration concrète de la condition féminine. faire dire par le ministre du Commerce extérieur Écoutez, je reviens à la nouvelle ministre qu'il n'y en a pas de problème d'inéquité salaria- déléguée à je ne sais pas trop quoi, parce que le? Cela va ajouter quoi d'avoir une voix, la dans ce gouvernement, on est rendu où il y a députée de Dorion, qui va se faire dire par les plus de ministres délégués que de ministres tout ministres seniors, malheureusement masculins, que court. Mais on a ajouté une couple de ministres non, c'est un faux problème, l'équité salariale? délégués et elle ajoutait: Écoutez, il va y avoir Le 8 mars, les femmes ont dit: Non, c'est un une voix de plus au Conseil des ministres pour problème réel. Il y a un problème d'inéquité faire valoir la voix des femmes. En éducation, le fondamental et ce n'est pas moi qui l'ai men- même ministre de l'Éducation va continuer à dire tionné. au Conseil des ministres qu'il rr'est pas néces- On pourrait citer l'ancien président du saire d'obliger les commissions scolaires à offrir Conseil du trésor: On ne peut pas avoir besoin des services de garde dans le réseau scolaire. Il d'un mandat du Conseil des ministres pour régler va continuer à dire ça. Sa prétention à lui, c'est une facture qui n'existe pas parce qu'il n'y en a que ça va bien plus vite par la voie Incitative pas de problème d'inéquité salariale dans la que par la voie coercitive. fonction publique. Cela va ajouter quoi? Moi je Elle va changer quoi au discours, la nou- 4734

velle députée de Dorion au Conseil des ministres? aujourd'hui, je vous le ferais remarquer M. le Elle va changer quoi, M. le Président? Absolu- Président, toutes au Conseil des ministres; toutes ment rien. Nous, on le sait d'avance. Mais, au les trois, les trois candidates de l'époque qui moins, le 8 mars, il faudrait avoir l'honnêteté de avaient pris des engagements fermes. Alors, dire: garderies, meilleur accès au marché du mesdames, que faites-vous pour tenir l'engage- travail, régler les problèmes d'inéquité, et ment que vous avez pris, qui n'était pas impos- améliorer la condition générale des femmes dans sible pour le Parti libéral? Il y a trois ans et la société québécoise. C'est un objectif qu'on demi que vous êtes au pouvoir. Il y a maintenant doit poursuivre comme société. cinq femmes au Conseil des ministres, dont C'est le sens de la Journée internationale quatre qui avaient pris l'engagement. Il n'y des femmes. C'est une journée pour qu'ensemble, avait que la ministre des Affaires culturelles qui les femmes fassent un peu le tour des difficultés n'était pas là pour prendre cet engagement. Je qu'elles ont constamment à vivre et à subir du ne sais si elle, à cause de son expérience, elle fait que, malheureusement, il y a encore trop de savait qu'ils ne pourraient pas le faire, mais les discrimination profondément inscrite dans nos autres s'étaient engagées fermement. Je trouve façons de faire, dans nos comportements ou cela inacceptable, M. le Président. autres. C'est, je pense, ce qu'il faut souligner Dans son intervention, la ministre respon- par la motion d'aujourd'hui. J'espère que tous les sable, a dit aujourd'hui - j'ai compté à chaque groupes, les organismes, incluant le gouvernement fois qu'elle le disait - douze fois le mot "égali- du Québec, seront davantage sensibles à cette té", si je ne me trompe pas. Qu'est-ce que veut nouvelle réalité. Les femmes veulent, elles dire l'égalité pour les travailleuses au foyer? souhaitent relever le défi des années quatre- Elles n'ont rien et vous n'avez rien fait pour vingt-dix, mais elles veulent le faire comme des elles. J'ai été 20 ans à la maison, pour l'éduca- citoyennes à part entière avec, effectivement, les tion des enfants. Je sais de quoi je parie. Je sais mêmes avantages sociaux, les mêmes bénéfices et que ces femmes travaillent des fois beaucoup plus les mêmes outils de lutte pour réussir finalement de huit ou neuf heures par jour. Elles travaillent à gagner les causes auxquelles nous sommes des fois vingt heures par jour. Elles passent la associés et dont nous sommes très conscients. majeure partie de leur temps à élever les Merci M. le Président. enfants, à prendre soin du mari, quand il y en a un, à prendre soin des personnes handicapées, Le Vice-Président: Je cède la parole à Mme des grands-pères et des grand-mères, qui n'ont la députée de Johnson. pas d'autre place où demeurer. C'est ça une travailleuse au foyer: c'est la maltresse de Mme Carmen Juneau maison, c'est l'infirmière, c'est la personne qui administre le budget. Qu'est-ce qu'elles ont en Mme Juneau: Merci, M. le Président. Vous retour? Il n'y a pas de politique pour les proté- pensez bien que je n'aurais pas laissé passer ger, les aider. On s'était engagé à le faire. l'occasion d'intervenir en cette Journée interna- Qu'est-ce que l'égalité pour les femmes au tionale des femmes au Québec, mais je voudrais foyer? plus spécifiquement, M. le Président, traiter du M. le Président, je m'excuse de m'emporter, sujet des femmes au foyer. Les travailleuses au mais cela me fait mal au coeur de voir qu'encore foyer ont toujours été laissées pour compte et le aujourd'hui, en 1989, après les engagements gouvernement que nous avons en face - ma fermes qui s'étaient pris, après trois ans et demi collègue en a parlé tout à l'heure - avait pris de pouvoir de ce gouvernement, il n'y a encore des engagements vis-à-vis de ces personnes. Il rien pour les travailleuses au foyer. Je suis les avait réunies, je me souviens très bien, au désolée que les femmes du Québec, que les mois de novembre 1985, pour leur faire part que, travailleuses au foyer aient pris au sérieux cet pour elles, rien n'était impossible, même si ce engagement, et qu'aujourd'hui, on reçoive des l'était pour nous, du Parti québécois, parce que centaines de lettres des membres du Cercle des Mme Marois, alors ministre déléguée à la Condi- fermières demandant au gouvernement de tenir tion féminine, avait expliqué clairement, que, cet engagement. On reçoit, de partout, des considérant l'état des finances, il n'était pas travailleuses qui ont cru et qui n'ont rien eu. possible de songer à donner une participation à (16 h 20) la Régie des rentes aux travailleuses au foyer. M. le Président, on commence à déchanter, Par contre, les gens que nous avons devant aujourd'hui. Une intervention de la ministre nous, M. le Président, disaient: Impossible pour responsable nous dit: Le régime de rentes pour les péquistes certes, mais pas pour les libéraux. les femmes au foyer? Peut-être, si c'est vraiment Et quatre de ces femmes... Il y avait trois bon. Comment cela se fait-il, si c'était si bon candidates à l'époque et une députée, aujourd'hui que ça et que, nous, nous étions dans l'erreur en Mme la ministre de la Santé et des Services novembre 1985, qu'aujourd'hui, en mars 1989, il y sociaux, Mme la députée de L'Acadie, je pense. a peut-être autre chose qui serait meilleur? La Les trois candidates, Mme Monique Gagnon- ministre refuse de dire quelles sont les autres Tremblay, Mme et la candidate avenues possibles. Cela fait trois ans et demi dans Dorion, Mme Violette Trépanier sont qu'ils sont supposés regarder le problème de a à 4735

z, de droite à gauche. M. le Président, je suis société québécoise, mais aussi et surtout de la déçue pour les femmes au foyer et je ne veux part des hommes qui la composent, autant quant pas qu'en cette Journée internationale des à l'équité salariale dans le secteur public qu'à femmes où on pense à leur offrir nos meilleurs l'importance que l'on donne à la femme au foyer. voeux, que ces femmes se laissent embarquer à Ce sont des combats que le gouvernement libéral nouveau dans une prochaine campagne électorale. a continué de faire avec les femmes dans la Je ne le veux pas, M. le Président, je veux qu'on société québécoise. On n'a qu'à regarder la façon soit honnête, sincère, et qu'on leur dise la dont l'Opposition a traité le dossier des services vérité. Si vraiment on ne peut pas leur donner, de garde à l'enfance pour se rendre compte qu'on leur dise, qu'on soit franc avec elles. qu'encore une fois, l'Opposition ne songe qu'à En terminant, M. le Président, je souhaite attaquer un dossier d'une façon bassement de tout mon coeur, pour toutes celles qui sont partisane, sans voir les intérêts supérieurs de au foyer, qui n'ont pas la tribune que nous avons l'État québécois. Il est évident que l'une des pour s'exprimer, qui n'ont pas d'association pour façons fondamentales de permettre aux femmes les représenter, qu'on trouvera une solution pour d'accéder à part entière à des postes sur le les aider et reconnaître que le travail qu'elles marché du travail, à une égalité des chances, une font est indispensable et qu'on aurait de la égalité de droit et de fait dans la société difficulté à mettre un signe de piastre sur les québécoise, c'est en mettant de plus en plus heures et les heures qu'elles donnent au foyer. l'accent sur un service de garde équilibré, J'espère, M. le Président, qu'on ne leur compétent, qui peut apporter un soutien à la contera plus d'histoires, qu'on sera franc avec famille et à la femme québécoise. elles et qu'on pourra les aider de façon tangible. Là-dessus, l'Opposition a traité de façon Je vous remercie. cavalière le dossier des services de garde à l'enfance. Quand on pense que, pour la seule Le Vice-Président: Sur cette même motion, année 1989-1990, le budget des services de garde M. le député de Chambly. sera augmenté de 43 500 000 $, soit une majora- tion de 41 %. En trois ans, plus de 500 000 000 $ M. Gérard Latulippe seront investis. On n'a qu'à se référer à la situation passée où, depuis la création de l'Office M. Latulippe: M. le Président, je déplore des services de garde à l'enfance jusqu'en 1987, sincèrement la façon bassement partisane avec les crédits additionnels accordés à l'Office des laquelle l'Opposition s'adresse aux femmes du services de garde n'ont jamais excédé Québec en cette Journée internationale des 8 000 000 $ par année. Comment l'Opposition femmes. Je pense que les femmes québécoises peut-elle tenir un tel discours aux femmes du méritent beaucoup plus qu'un débat bassement Québec en disant que le gouvernement se désen- partisan. C'est faire fi de l'évolution vécue au gage? Comment l'Opposition peut-elle tenir aux cours des 20 dernières années, en particulier. femmes du Québec le discours selon lequel le Depuis 20 ans, les femmes du Québec sont gouvernement ne s'intéresse pas aux services de parvenues à être des chefs de file dans dif- garde à l'enfance quand les faits sont fondamen- férents secteurs de l'activité québécoise. En talement divergents? politique, d'abord. On le voit bien, aujourd'hui, Innovation sur plusieurs points que cons- alors que le cabinet comprend un nombre de titue cette politique des services de garde à femmes sans précédent dans l'histoire du Québec. l'enfance, qui est une façon concrète d'appuyer En politique, les femmes ont atteint un niveau et de soutenir les femmes du Québec. Innovation auquel elles n'auraient jamais pensé accéder il y au chapitre de la formation du personnel. a 10, 15 ou 20 ans. Dans le monde des affaires, Lorsqu'une famille décide que ses enfants Iront la situation est semblable. Aujourd'hui, nos dans une garderie qui prendra la place du père femmes d'affaires sont aussi des chefs de file ou de la mère pendant une certaine période de la dans la société québécoise. journée? Il est certain que la famille, le père, la Dans le monde social, dans le monde de mère souhaitent qu'une formation adéquate soit l'action communautaire, les femmes ont aussi donnée aux travailleurs et aux travailleuses qui accédé à des postes, à des positions enviables sont le fer de lance des services de garde à dans notre société. Et le gouvernement libéral, l'enfance. Or, jamais dans le passé, on ne s'était depuis son accession au pouvoir, et la ministre véritablement intéressé à la formation des déléguée à la Condition féminine en particulier travailleurs et des travailleuses en garderie. ont fait tout en leur pouvoir pour aider à Maintenant, le gouvernement consacrera, à poursuivre ce mouvement non seulement de l'intérieur de sa formule de financement, un libération de la femme, mais d'égalité de la budget spécial équivalant à 1 % de la masse femme dans notre société. Égalité de la femme salariale des services de garde pour contribuer à veut dire non seulement un combat de la part de la formation, au perfectionnement et au ressour- la femme pour accéder à des postes, pour obtenir cement du personnel. Comment l'Opposition peut- une plus grande équité salariale, mais veut aussi elle venir dire que le gouvernement ne s'inté- et avant tout dire un changement de mentalité, resse pas, n'a pas véritablement à coeur l'ins- non seulement de la part de l'ensemble de la tauration de services de garde compétents pour 4736

appuyer les femmes, les familles du Québec? ministre déléguée à la Condition féminine, (16 h 30) soulignant la Journée internationale des femmes, M. le Président, c'est la façon dont on a est adoptée? traité... Quand on regarde les interventions de l'Opposition, cet après-midi, en rapport avec Une voix: Adopté. cette journée des femmes, on se rend compte que c'est sur cette façon très cavalière, très peu Le Vice-Président: Adopté. compétente, qu'on se base pour attaquer le Toujours à l'étape des motions sans préavis, gouvernement là où on n'a aucune raison de le je vais maintenant reconnaître M. le ministre du faire. M. le Président, je pense que la journée Loisir, de la Chasse et de la Pêche. des femmes mérite plus que cela. Je pense qu'elle mérite que l'on dise bravo aux femmes du Souligner l'Année de l'entraîneur Québec, que l'on supporte leur cheminement, leur effort et que l'on reconnaisse, une fois pour M. Picotte: Merci, M. le Président. Il s'agit toutes, le point, la limite à laquelle les femmes d'une motion qui se lit comme suit: Que l'As- du Québec ont accédé, l'égalité qui est en voie semblée nationale du Québec accepte de souligner d'être atteinte et sur laquelle le gouvernement a l'Année de l'entraîneur. tant mis l'accent, l'égalité sur laquelle Mme la ministre déléguée à la Condition féminine, en Le Vice-Président: Est-ce qu'il y a consen- particulier, continue avec compétence et achar- tement pour que nous débattions de cette nement de mettre le cap, le cap vers l'égalité motion? Consentement. Vous avez la parole, M. des femmes au Québec. le ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche. Le Vice-Président: Alors, je vais maintenant reconnaître Mme la ministre déléguée à la M. Yvon Picotte Condition féminine pour l'exercice de son droit de réplique. M. Picotte: Merci, M. le Président. Au cours de la conférence fédérale-provinciale territoriale Mme Monique Gag non-Tremblay (réplique) des ministres responsables du sport et du loisir qui a eu lieu à Québec en septembre 1987, la Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, reconnaissance du statut professionnel des ainsi que je le mentionnais tout à l'heure, la entraîneurs de haut niveau a été discutée. À la Journée internationale des femmes est placée suite d'une proposition que je faisais moi-même sous le signe de la solidarité. J'aurais souhaité au nom du gouvernement du Québec, il a notam- que les représentants des deux partis présents en ment été décidé: premièrement, de développer cette Chambre puissent unir leurs efforts et une stratégie devant permettre d'accorder un témoigner ensemble de leur sollicitude envers les statut professionnel à l'emploi d'entraîneur; problèmes encore nombreux que connaissent les deuxièmement, d'adopter des mesures afin femmes québécoises. Bien au contraire, l'Oppo- d'augmenter le nombre d'emplois d'entraîneur à sition a choisi de prendre prétexte de cette temps plein; troisièmement, de déclarer l'année journée qui est chère aux femmes et de l'utiliser 1989 l'Année de l'entraîneur. à des fins purement partisanes. Je le déplore, M. L'entraîneur joue un rôle indispensable dans le Président. Ils ont aussi choisi, bien sûr, de le développement du sport. Pour prendre en taire les importants progrès qu'ont marqués les charge les nombreuses responsabilités qui lui femmes au cours des dernières années, plus incombent, celui-ci doit faire preuve de plusieurs spécialement ceux qu'elles ont pu réaliser de habiletés techniques tout en possédant une forte concert avec les représentants de notre gouver- personnalité et un dévouement à toute épreuve. nement. Alors que le rôle technique des entraîneurs Je refuse de m'emporter, donc je n'aurai est facile à reconnaître, leur rôle social cepen- pas à m'excuser, comme a dû le faire entre dant demeure plus subtil, bien que crucial. Les autres la députée de Johnson, tout à l'heure. entraîneurs procurent un modèle de comporte- J'aurai l'occasion, bien sûr, dans un avenir ment aux athlètes à un moment déterminant dans prochain, de faire le bilan des actions, en le développement de leur personnalité. Ils sont matière de condition féminine, de notre gouver- aussi des éducateurs car l'éthique et l'esprit nement. Soyez assurés que notre gouvernement sportif représentent autant de qualités que les est très fier de ses réalisations. La population athlètes d'aujourd'hui se doivent de posséder. sera en mesure de reconnaître, à sa juste valeur, L'Année de l'entraîneur se veut donc une les actions posées depuis 1985 en matière de occasion unique, M. le Président, pour recon- condition féminine. Merci, M. le Président. naître les mérites de ces spécialistes de la pratique sportive. Je souhaite donc que tous Une voix: Bravo! ensemble nous profitions de cette période pour réfléchir sur le rôle et les responsabilités que Le Vice-Président: Alors, le débat étant notre société confie aux entraîneurs. Les entraî- terminé, est-ce que cette motion de Mme la neurs méritent donc tout notre soutien et un 4737

appui indéfectible, M. le Président. Merci. honneurs remportés par la délégation de l'Estrie aux Jeux du Québec. Notre délégation a effec- Le Vice-Président: Sur cette même motion, tivement reçu le prix Mamours, M. le Président, je cède la parole à Mme la députée de Johnson. décerné à l'équipe qui s'est particulièrement distinguée par son comportement au cours des Mme Carmen Juneau dix jours de compétition. J'encourage donc tous les entraîneurs québécois à continuer dans le Mme Juneau: Merci beaucoup, M. le Pré- même sens. Votre travail compte beaucoup pour sident. À l'instar du ministre du Loisir, de la nous. Votre dévouement profite à tous les jeunes Chasse et de la Pêche, j'aimerais à mon tour, au du Québec. Je vous remercie, M. le Président. nom de ma formation politique, adresser à tous les entraîneurs du Québec nos meilleurs voeux en Le Vice-Président: Est-ce que cette motion cette année qui leur est consacrée. de M. le ministre du Loisir, de la Chasse et de Au Québec, des milliers de jeunes filles et la Pêche, soulignant l'Année de l'entraîneur, est de jeunes hommes pratiquent des activités adoptée? physiques nécessitant l'appui et le soutien d'hommes et de femmes expérimentés. Qu'il soit Des voix: Adopté. question de hockey, de patinage artistique, de soccer ou de gymnastique, les jeunes du Québec Le Vice-Président: Adopté. Il n'y a pas ont besoin du soutien de leurs aînés et ils le d'autres motions sans préavis? reçoivent. Or, depuis longtemps, les entraîneurs Les avis touchant les travaux des commis- se sont avérés être le pilier central du sport sions ont déjà été donnés par le leader du amateur au Québec. Travaillant la plupart du gouvernement ainsi que par le leader adjoint du temps avec très peu de moyens financiers et gouvernement. techniques, ces gens ont également à affronter la critique quotidienne de parents, d'amis et Renseignements sur les travaux de l'Assemblée d'observateurs issus de nulle part. Si ces hommes et ces femmes acceptent la Nous allons maintenant passer aux rensei- critique, c'est qu'ils croient en notre jeunesse. gnements sur les travaux de l'Assemblée. Est-ce Ils ont confiance que leurs bons conseils aideront qu'il y a des questions? nos jeunes à mieux grandir. Aujourd'hui, nous Il n'y a pas de question. J'ai cependant un leur disons qu'ils ont raison de consacrer temps avis à vous transmettre. J'informe cette et énergie à la formation des jeunes Québécois Assemblée que demain après-midi, lors des et Québécoises. Grâce à eux, des milliers d'en- affaires inscrites par les députés de l'Opposition, fants découvrent la persévérance, la lutte et il y aura une motion présentée par M. le député même la victoire. Grâce à eux, ils apprennent de Taillon, en vertu de l'article 97 de notre aussi à apprivoiser la défaite. Nos jeunes décou- règlement. Cette motion se lit comme suit: "Que vrent le travail individuel et ils renforcent leur l'Assemblée nationale du Québec exige du gou- esprit d'équipe. vernement libéral qu'il présente sans délai un Récemment, nous avons pu voir à l'oeuvre projet de loi abrogeant la loi 178, Loi modifiant des centaines de jeunes qui se sont rendus à la Charte de la langue française et identifiant Matane dans le cadre des Jeux du Québec. Ce clairement les moyens qu'il propose dans le but volet important du sport amateur québécois a de protéger et promouvoir la langue et la culture permis de mettre en relief le talent des jeunes françaises au Québec." sportifs mais aussi le travail des entraîneurs. Ces Ceci met fin à la période des affaires jeux ont, en quelque sorte, permis aux entraî- courantes. Nous allons maintenant procéder aux neurs de constater que leur travail en valait la affaires du jour et j'invite le leader adjoint du peine. gouvernement à m'indiquer l'article du feuilleton Aujourd'hui et tout au long de l'année, le que je dois appeler. travail des femmes et des hommes entraîneurs sera souligné de façon particulière. Si ce geste M. Lefebvre: M. le Président, je vous se révèle nécessaire, il est encore plus important demanderais d'appeler l'article 17 du feuilleton, de manifester quotidiennement notre gratitude à s'il vous plaît. ces personnes dévouées pour la cause des jeunes. (16 h 40) Nous connaissons certainement tous des femmes et des hommes qui transmettent les plaisirs du Projet de loi 108 sport à nos jeunes. Disons-leur donc merci pour leur apport indispensable. Adoption du principe En terminant, je profite de l'occasion qui m'est offerte pour remercier particulièrement Le Vice-Président: À l'article 17 du feuil- Yvon Deblois, nommé récemment entraîneur de leton, Mme la ministre de l'Environnement l'année, ainsi que les entraîneurs de la région de propose maintenant l'adoption du principe du l'Estrie, qui est ma région. Le travail de ces projet de loi 108, Loi sur les espèces menacées entraîneurs n'est certainement pas étranger aux ou vulnérables et modifiant la Loi sur la conser- 4738

vation et la mise en valeur de la faune. Je cède des milliers d'invertébrés, quelque 60 000 plantes donc la parole à Mme la ministre de l'Environ- à fleurs et près de 2000 vertébrés, dont 1000 nement. espèces d'oiseaux, sont susceptibles de disparaî- tre au cours des toutes prochaines années. Et ce Mme Use Bacon n'est qu'un début. Cette vague d'extinction menace de s'accentuer partout dans le monde. Mme Bacon: M. le Président, le 22 décembre Actuellement, M. le Président, on évalue à une 1988, j'avais le plaisir de déposer un projet de espèce par jour le taux des extinctions d'espèces loi sur les espèces menacées ou vulnérables. Vous à l'échelle de la planète. Ce taux pourrait même me permettrez aujourd'hui d'en proposer l'adop- atteindre une espèce par heure d'ici à la fin du tion de principe par cette Assemblée. siècle si les agressions dont sont victimes les Ce projet de loi vise principalement à animaux et les plantes ne cessent pas. À l'échelle sauvegarder, d'une manière particulière, les mondiale, c'est donc entre 10 % et 20 % de espèces de faune et de flore menacées ou l'ensemble de la diversité des espèces actuelles vulnérables. À cette fin, il prévoit l'attribution à qui est en cause. ces espèces d'un statut juridique qui pourra être Beaucoup de ces extinctions se produiront de deux ordres, soit celui d'espèces vulnérables certes dans les régions tropicales, mais des ou celui d'espèces menacées, de même que centaines d'espèces disparaîtront aussi en certaines mesures pour protéger leurs habitats. Amérique du Nord. Rappelons qu'à l'échelle de Certaines activités à l'égard des espèces l'Amérique du Nord, plus de 500 espèces sont désignées seront aussi interdites. Pour faire disparues depuis 1620. En 1979, aux États-Unis respecter ces interdictions, le ministre respon- seulement, on estimait que la liste officielle des sable disposera de pouvoirs d'ordonnance et espèces menacées d'extinction devrait inclure d'injonction et des fonctionnaires désignés près de 2600 espèces fauniques et floristiques. pourront aussi inspecter, enquêter et même Au Québec, la situation est à peu près procéder à des arrestations. Des dispositions semblable. On estime qu'ici au moins 500 espèces pénales sont prévues pour les contrevenants. de plantes et d'animaux font face à des problè- Pour mettre en place ces mesures, le projet mes de survie à plus ou moins long terme. Cela de loi crée de nouveaux moyens législatifs qui correspond à 10 % de notre diversité biologique font actuellement défaut au Québec. Il précise connue. De plus, depuis le XVIle siècle, au moins aussi les responsabilités de la ministre de neuf de nos espèces fauniques sont disparues à l'Environnement et du ministre du Loisir, de la cause d'actions humaines incontrôlées: le grand Chasse et de la Pêche relativement à la protec- pingouin, le canard du Labrador, le wapiti de tion des espèces vulnérables ou menacées. l'Est, le courlis esquimau, la tourte et le caribou Finalement, il prévoit les modifications à la Loi des Grands-Jardins. À cela, il faut ajouter au sur la conservation et la mise en valeur de la moins trois espèces de libellules. Selon les faune afin de permettre la gestion des espèces données actuelles, au cours de la même période, de faune vulnérables ou menacées par l'inter- au moins une trentaine de plantes ont disparu à médiaire de cette loi. tout jamais du Québec. La nécessité de protéger M. le Président, si l'on s'intéresse à la des espèces menacées au Québec n'est donc pas protection des espèces menacées, c'est que l'on un mythe, mais bien une réalité. veut s'assurer que toutes les formes de vie Conserver la nature, c'est protéger la seront préservées d'une disparition éventuelle. La substance et le principe de la vie qui nous vie d'un végétal, qu'il s'agisse d'un arbre, d'une entoure comme si elle était unique dans l'univers. fleur sauvage ou simplement d'une algue mi- La faune et la flore sont les principales cons- croscopique, c'est déjà la vie. De même pour la tituantes de notre cadre de vie. Elles nous sont vie animale, qu'elle prenne une forme aussi aussi indispensables que l'air et l'eau. Elles sont minuscule que celle d'une bactérie, aussi belle aussi un maillon vital pour la santé et l'équilibre que celle d'un papillon ou encore aussi specta- de la nature, y compris l'homme. culaire que celle de l'être humain ou celle d'un La protection des espèces sauvages contre grand mammifère marin, comme les bélugas du toute disparition n'est pas la lubie de quelques Saint-Laurent, par exemple, c'est toujours la vie. scientifiques sentimentaux. Ces espèces qui, une La protection des espèces vivantes est une à une, ça et là disparaissent, sont toutes douées préoccupation mondiale à laquelle le Québec ne de fonctions différentes et spécifiques qui peut désormais plus échapper. Dans son rapport assurent la productivité des mers, des forêts et de 1987, la Commission mondiale sur l'environne- des sols. Elles produisent, par exemple, de ment et le développement situait cette question l'oxygène qui, en se transformant en ozone, nous parmi les problèmes fondamentaux de l'heure et protège contre les rayons nocifs venus du notre existence même risque d'être mise en cosmos. Elles régularisent aussi les climats, nous cause. À moyen terme, il est aussi important fournissent toute notre nourriture, une partie de qu'une intoxication des milieux, la dégradation de nos vêtements et de nos matériaux de construc- la qualité de l'eau, la pollution industrielle, et le tion. Elles exercent aussi un effet tampon sur le reste. débit des cours d'eau en réduisant la fréquence En effet, d'après les dernières estimations, et l'intensité des inondations, et protègent les 4739

sols contre l'érosion. Et j'en passe, M. Le nelle de l'environnement et de ses ressources Président. vivantes. Combien de fois des plantes ou des animaux Le Québec ne peut dissocier son action en apparemment sans importance sont soudainement regard des espèces menacées et vulnérables de devenus très utiles et, souvent, essentiels pour cette problématique mondiale. Nous devons nous, pour notre bien-être et, surtout, pour aligner le plus possible nos moyens d'intervention notre propre survie? J'aimerais vous en donner et nos outils légaux et administratifs sur les quelques exemples. En 1962, avant la découverte façons de faire qui ont grandement profité de la vincristine, obtenue à partir d'une plante ailleurs à la nature en général et aux espèces tropicale peu abondante, un enfant atteint de animales et végétales en particulier. leucémie n'avait que 20 % de chance de s'en Notre préoccupation pour les espèces tirer. Aujourd'hui, grâce à ce médicament, cet menacées du Québec s'inscrit donc dans un enfant a environ 80 % de chance de survie. mouvement amorcé ailleurs au Canada et dans D'autres espèces nous donnent une quantité beaucoup de pays à travers le monde. Pour appréciable de produits pharmaceutiques comme contrer la perte continuelle de leurs espèces l'aspirine, l'atropine, la digitaline, la pénicilline fauniques et floristiques, de très nombreux et la quinine aussi. Les plantes sauvages nous gouvernements ont opté pour des actions législa- fournissent en plus la L-dopa pour soigner la tives. C'est le cas, notamment, de l'Ontario, du maladie de Parkinson, le curare qui est utilisé Nouveau-Brunswick, de la Colombie britannique, comme produit anesthésique, la réserpine qui sert du Manitoba, de l'Alberta, du gouvernement aussi au traitement des maladies mentales et fédéral, de la plupart des pays européens, des l'Ara-C qui permet de traiter l'herpès, l'en- États-Unis et de la majorité des pays de l'Est, céphalite et plusieurs types de cancers. comme la Russie, la Pologne et j'en passe. Présentement, environ 65 % de tous nos Au Québec, la survie des espèces vivantes médicaments sont fabriqués à partir de plantes et la préservation de leurs ressources génétiques ou d'animaux. Et un grand nombre de ces dépendent inévitablement et de plus en plus de substances ne sont pas synthétisables. Nous la bienveillance de l'État, mais aussi de toute la n'aurions aucun substitut si, éventuellement, les collectivité. En effet, le temps où les espèces espèces à partir desquelles on les obtient ve- sauvages pouvaient évoluer et vivre sous la seule naient à s'éteindre. influence de la sélection naturelle est révolu. En On pourrait allonger cette liste d'exemples l'absence de correctifs immédiats, les générations de biens et de services gratuits rendus par la futures pourraient bien ne jamais profiter de faune et la flore. Il faut noter que ce sont certaines des espèces de plantes et d'animaux souvent les espèces de plantes et d'animaux les qui, comme nous aujourd'hui, vivent au Québec. plus rares qui s'avèrent posséder les caractéris- Au cours des huit dernières années, l'adop- tiques utiles les plus intéressantes. tion au Québec d'un cadre législatif particulier Par exemple, au Québec, la protection d'un favorisant une sauvegarde véritable des espèces arbre très rare, le pin rigide, a permis l'intro- menacées est devenue de plus en plus une duction de graines de cette essence en Indonésie nécessité. pour revégétaliser les sols pauvres et dénudés. De plus en plus aussi de citoyens et de Cette particularité aurait été définitivement citoyennes sont conscients de la gravité du perdue si cette espèce n'avait pu être préservée problème et ont décidé d'agir comme l'indique la ici. formation de groupements et d'organismes non Lorsque des espèces disparaissent, on peut gouvernementaux tels la Fondation Béluga, la aussi s'inquiéter de l'état de dégradation des Fondation pour la sauvegarde des espèces milieux naturels et de l'état de santé de l'en- menacées, les groupes de sauvegarde du merle vironnement. C'est un signe évident que le milieu bleu, les Amis de l'ail des bois; il y a aussi le biophysique qui le supporte se dégrade rapide- Comité sur le statut des espèces menacées au ment. Le cas du béluga du Saint-Laurent, par Québec, l'Institut d'écotoxicologie du Saint- exemple, est très éloquent de la qualité de notre Laurent. À titre d'exemple, l'Union québécoise fleuve. pour la conservation de la nature et le World (16 h 50) Wildlife Fund ont mis à la disposition des écoles En somme, quand la qualité d'un milieu du Québec une trousse pédagogique sur les naturel diminue, il en résulte immédiatement des espèces menacées. Plusieurs enseignants et pertes de bénéfices directs ou indirects reliés enseignantes l'utilisent déjà pour que le message pour toute la société. Chaque espèce qui s'éteint de la conservation atteigne les jeunes. emmène avec elle un élément irremplaçable qui Le gouvernement du Québec veut emboîter engendre et soutient la qualité de la vie humai- le pas et il propose donc aujourd'hui le projet de ne. C'est, entre autres, pour ces raisons que, loi 108 relatif aux espèces menacées ou vul- depuis plus d'une vingtaine d'années, nombre nérables. d'États et d'organismes internationaux posent Par conséquent, Mme la Présidente, nous des gestes pour assurer la survie de la race comptons définir pour le Québec une stratégie humaine en cherchant des solutions fondées sur pour préserver la diversité biologique existante la protection et sur une gestion saine et ration- en misant sur la sauvegarde des espèces mena- 4740

cées et des espèces vulnérables. feront aussi l'objet de mesures de protection. Cette stratégie sera essentiellement arti- Cette façon de procéder épouse essentiellement culée autour de cinq objectifs spécifiques, à le modèle législatif utilisé partout dans le monde savoir: d'abord, éviter que toutes les populations en cette matière. actuelles d'espèces fauniques et floristiques Toutefois, le Québec innove par sa proposi- vulnérables ou menacées ne voient leurs effectifs tion. La majorité des lois traitent uniquement des diminuer davantage; maintenir et accroître si espèces menacées. Il s'agit d'espèces vivantes possible les effectifs actuels des populations dont la disparition est imminente si aucun d'espèces vulnérables ou menacées au-dessus du correctif n'est apporté. C'est le cas, par exemple, seuil critique essentiel à leur survie à long du béluga du Saint-Laurent. Or, lorsqu'une terme; réduire et même éliminer les causes de espèce reçoit le statut d'espèce menacée, cela l'état précaire des effectifs des populations signifie que la situation est plutôt catastrophique d'espèces désignées ou les réduire à un point tel et que les coûts et les efforts de réhabilitation qu'elles n'occasionnent plus de danger pour elles; seront très élevés. s'assurer que toute activité pouvant affecter une En conséquence, par le projet de loi 108, espèce désignée et son habitat ne sera autorisée nous voulons intervenir à un autre niveau dans que si les impacts sont nuls ou non résiduels le processus de disparition de la diversité sur les effectifs de cette espèce; aussi, protéger biologique. Nous voulons aussi protéger les les habitats actuels des espèces désignées et, au espèces dites vulnérables et, à notre connais- besoin, en reconstituer de nouveaux. sance, sur le continent nord-américain, seuls les Vu qu'aucune législation québécoise actuelle États de New York et de la Californie se se- ne permet d'atteindre l'ensemble de ces objectifs, raient dotés d'un outil similaire. Lorsqu'une H devient impérieux de se doter de nouveaux espèce est considérée vulnérable, elle est à un outils d'intervention, permettant: une meilleure palier de dégradation qui précède celui des utilisation des moyens juridiques et administratifs espèces menacées. On inclut dans les espèces qui sont disponibles en vue d'une concertation de vulnérables, entre autres, les espèces rares à tous les efforts nécessaires à la préservation de survie précaire ou à distribution limitée. la diversité biologique; la reconnaissance de La préservation de ces espèces nous per- statuts légaux appropriés pour, d'une part, mettra de limiter la liste des espèces menacées protéger certaines espèces fauniques et floristi- et favorisera la mise en place de mesures de ques en péril, et d'autre part, intervenir pour protection moins coûteuses et aussi plus bénéfi- que la survie d'autres espèces fragiles ne soit ques pour les espèces à protéger. C'est une sorte pas mise en danger; une gestion particulière des de police d'assurance en matière de conservation, espèces désignées et de leurs habitats, et l'éta- permettant de réduire le nombre d'espèces qui blissement de programmes préventifs de protec- pourraient, un jour ou l'autre, être candidates à tion. l'extinction. Mme la Présidente, vous me permettrez En deuxième lieu, le projet de loi 108 traite d'insister sur le fait qu'au Québec aucune du partage des responsabilités de deux ministres: législation ne vise spécifiquement la protection la ministre de l'Environnement et le ministre du et la gestion des espèces fauniques et floristiques Loisir, de la Chasse et de la Pêche. Ce partage vulnérables ou menacées. Un certain nombre de vise essentiellement à répondre aux objectifs lois ont comme objectif premier ou secondaire suivants, Mme la Présidente: d'abord, harmoniser une certaine protection des espèces vivantes ou les mesures de désignation et de protection de la contiennent des dispositions permettant diverses faune et de la flore menacées ou vulnérables et interventions. Mais aucune de ces lois ne satis- de leurs habitats; ensuite, doter le Québec d'un fait les préoccupations recherchées par le projet seul cadre juridique relativement à la politique de loi dont je propose la prise en considération de protection et de gestion et aux mécanismes de aujourd'hui. La flore indigène, en particulier, ne désignation des espèces menacées ou vulnérables jouit actuellement d'aucune mesure de protection et de leurs habitats; accorder au ministre et de gestion encadrée par une loi. Cette situa- responsable de la flore les moyens juridiques de tion doit absolument être corrigée. Devant un la protéger et respecter les responsabilités manque de moyens législatifs, nous devons poser actuelles du ministre responsable de la faune au des gestes immédiats; sinon, nous serons devant Québec. l'obligation d'investir des sommes considérables (17 heures) en correctifs. D'une part, le projet de loi réserve à J'aimerais vous amener, Mme la Présidente, chaque ministre des responsabilités qui lui sont vers les principales caractéristiques de ce projet propres. C'est ainsi que la ministre de l'Environ- de loi. L'un des premiers moyens que nous nement doit proposer au gouvernement une donne le projet de loi 108, c'est l'attribution politique de protection et de gestion des espèces d'un statut particulier de protection à certaines désignées menacées, vulnérables ou susceptibles de nos espèces vivantes. Compte tenu de l'exper- de l'être et de leurs habitats, en coordonner tise scientifique, ce statut juridique signifie que aussi la mise en oeuvre et l'exécution. Quant au les espèces qui risquent éventuellement de ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, disparaître seront gérées de façon particulière et il s'occupera de la mise en oeuvre de la politique 4741

de protection et de gestion des espèces fauniques espèce désignée ou seulement quelques-uns menacées ou vulnérables et de leurs habitats. d'entre eux lorsque ce sera requis. Cela donne Certaines dispositions du projet de loi 108 beaucoup de flexibilité aux mesures de sauve- nécessitent des actions conjointes de la part du garde prévues. Dans la majorité des cas, la ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche protection des habitats d'une espèce désignée et de la ministre de l'Environnement. Ainsi, ces sera précédée d'une cartographie officielle deux ministres déterminent une liste d'espèces accessible à tous et incluse dans la carte d'af- menacées ou vulnérables susceptibles d'être fectation des terres publiques et dans les sché- désignées; recommandent conjointement au mas d'aménagement des MRC. gouvernement les espèces de faune et de flore à Mme la Présidente, les mécanismes que nous désigner vulnérables ou menacées; recommandent avons prévus ne sauraient être efficaces s'il n'y aussi, conjointement, au gouvernement les avait pas de dispositions spécifiques interdisant caractéristiques ou les conditions pour identifier les activités susceptibles de porter atteinte à une les habitats à protéger. espèce désignée ou à son habitat. Pour cette Cette collaboration est essentielle pour raison, toute espèce reconnue vulnérable ou harmoniser le processus de désignation, un des menacée sera protégée contre toute activité éléments fondamentaux du projet de loi, c'est-à- susceptible de lu! causer préjudice. À titre dire l'analyse des espèces à désigner, les critères d'exemple, il sera interdit de posséder une espèce d'évaluation, la détermination des causes de désignée hors de son milieu naturel, de la déclin des populations et, aussi, l'identification récolter, de l'exploiter, de la chasser, de la des mesures de protection et de sauvegarde des mutiler, de la trapper, de la piéger, de la habitats. C'est d'autant plus important qu'il est détruire ou de la vendre. Nous ne pourrons pas, difficile de séparer, dans un même milieu naturel, non plus, modifier la diversité biologique pré- les espèces de faune et les espèces de flore. Le sente dans son habitat, les processus écologiques plus souvent, ces espèces vivent en interrelation en place, les composantes chimiques et physiques et dépendent l'une de l'autre. Dans de nombreux propres à ce milieu. habitats, au Québec, on retrouve à la fois des Toutefois, ce sont là des mesures dont le espèces menacées et vulnérables de faune et de degré d'application pourra varier selon qu'il flore. Dans la région de Huntingdon, par exem- s'agisse d'une espèce menacée ou d'une espèce ple, dans certaines tourbières, on retrouve à la vulnérable. Dans un cas comme dans l'autre, ces fois une espèce menacée de flore, une fougère, interdictions générales pourront être limitées, le et une espèce menacée de faune, une salamandre. cas échéant, par voie réglementaire et, dans Enfin, le projet de loi 108 précise les certaines circonstances, par autorisation du façons par lesquelles se fera la gestion des ministre responsable, notamment lorsqu'il s'agira espèces désignées et de leurs habitats. Il attribue des programmes d'éducation, de recherche ou à la ministre de l'Environnement toute une série même de gestion. de pouvoirs et de moyens pour protéger et gérer Par ailleurs, nous ne pourrions sauvegarder convenablement les espèces floristiques désignées convenablement les espèces vulnérables ou et leurs habitats. Le projet de loi prévoit que la menacées sans des mesures administratives ou protection et la gestion des espèces fauniques judiciaires permettant d'inspecter, d'enquêter, désignées et de leurs habitats se fera par d'arrêter des activités ou des contrevenants. l'intermédiaire de la Loi sur la conservation et la À cet effet, le ministre disposera de mise en valeur de la faune. Cette orientation a pouvoirs d'ordonnance et d'injonction pour été rendue nécessaire parce que, traditionnelle- obliger une personne à cesser une activité qui a ment, la faune, au Québec, a toujours été commencé ou qui est sur le point de commencer administrée en fonction de cette loi. De plus, sans avoir été autorisée et qui ne respecte pas cette loi contient déjà plusieurs dispositions qui les normes ou les conditions d'autorisation. Le peuvent être utilisées telles quelles pour protéger ministre, dans ce cas, pourra même prendre des des espèces fauniques désignées et leurs habitats. mesures pour réparer les dommages aux frais du Bien que les mesures de gestion de la faune contrevenant. et de la flore relèvent de deux lois distinctes, le Par ailleurs, des inspecteurs de la flore et projet de loi 108 prévoit que ces mesures seront des agents de conservation de la faune dis- similaires. poseront de pouvoirs d'inspection, de saisie, de Mme la Présidente, on pourra aussi cons- confiscation et même d'arrestation. tater que le projet de loi innove, en ce sens Pour favoriser l'atteinte des divers objectifs qu'il associe étroitement la sauvegarde des de la loi, le ministre responsable aura aussi des espèces avec celle des habitats. Cette disposition pouvoirs spécifiques lui permettant, entre autres, est essentielle, particulièrement au Québec où la d'exécuter ou de faire exécuter des recherches, menace qui pèse sur certaines espèces est des études ou des analyses à l'égard des espèces davantage liée à la disparition et à la dégrada- susceptibles de nécessiter une protection ou tion des milieux naturels qu'à leur répartition relatives à leurs habitats; d'établir des program- géographique ou biologique. mes favorisant la survie des espèces menacées ou Ainsi, en vertu du projet de loi 108, il sera vulnérables désignées ou susceptibles d'être possible de protéger tous les habitats d'une désignées, ainsi que l'aménagement et la protec- 4742

tion d'habitats déjà existants, le rétablissement Québec maintenant et dans l'avenir. d'habitats détériorés ou la création de nouveaux (17 h 10) habitats; enfin, de conclure des ententes avec Mme la Présidente, j'espère donc, pour toute personne en vue de la réalisation des toutes les raisons que j'ai invoquées aujourd'hui, objectifs du projet de loi. que nous pourrons compter sur l'appui des deux Enfin, des mesures sont aussi prévues pour côtés de la Chambre pour donner un accord de décourager les infractions aux dispositions du principe à ce projet de loi afin qu'il soit reçu de projet de loi ou de ses règlements d'application. façon unanime par l'Assemblée nationale. Merci, Ainsi, on prévoit des amendes variant de 500 $ à Mme la Présidente. 20 000 $ dans le cas d'une première infraction, pour une personne physique, alors qu'elles seront La Vice-Présidente: Merci, Mme la ministre le double pour une personne morale. de l'Environnement. Je vais maintenant recon- Ces pénalités peuvent à première vue naître M. le député de Dubuc. sembler sévères. Elles sont pourtant pleinement justifiées pour plusieurs raisons. D'abord, cer- M. Desbiens: Merci, Mme la Présidente. Je taines espèces menacées ou vulnérables font demanderais l'ajournement du débat, s'il vous présentement l'objet d'un commerce illégal très plaît. lucratif. Par exemple, un faucon pèlerin peut se vendre jusqu'à 40 000 $ sur le marché noir. La La Vice-Présidente: Est-ce que cette motion majorité des espèces rares constituent, justement, est adoptée? en raison de leur faible quantité, des produits de luxe très recherchés. Par conséquent, il faut M. Lefebvre: Adopté. s'assurer que les mesures punitives soient au moins aussi élevées que les bénéfices qu'on peut La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader retirer en commettant une infraction. adjoint du gouvernement. Il ne faut jamais oublier qu'une espèce perdue est irremplaçable. De plus, il est extrê- M. Lefebvre: Mme la Présidente, je vous mement onéreux de restaurer des populations et demanderais d'appeler l'article 12 du feuilleton, des habitats d'espèces menacées ou vulnérables. s'il vous plaît. Par exemple, le programme de protection de la grande grue blanche d'Amérique coûte à lui seul Projet de loi 82 au Canada et aux États-Unis près de 1 000 000 $ par année. Adoption du principe En conclusion, Mme la Présidente, je pense qu'il n'est pas faux de prétendre que fa sauve- La Vice-Présidente: À l'article 12 de notre garde de la diversité biologique constitue l'un feuilleton, le ministre de la Justice propose des grands défis actuels de l'humanité. Le Québec l'adoption du principe du projet de loi 82, Loi doit relever ce défi et aussi se donner dès modifiant le Code de procédure civile. Là-dessus, maintenant les moyens pour jouer un rôle je vais reconnaître M. le ministre de la Justice. exemplaire dans la conservation des ressources vivantes. M. Gil Rémillard Jusqu'à maintenant, nous nous sommes surtout souciés de nos espèces abondantes. Or, M. Rémillard: Merci, Mme la Présidente. Le même celles-ci voient leurs milieux disparaître et projet de loi 82, intitulé Loi modifiant le Code leurs effectifs diminuer. Il nous faut donc de procédure civile, dont nous étudions aujour- changer nos façons de faire et nous préoccuper d'hui, le principe, ne vise qu'à corriger trois aussi de gérer la rareté. En ce faisant, nous dispositions du Code de procédure civile, dont nous assurerons d'une meilleure qualité de nos deux ont trait à la taxation des frais de signi- eaux, de nos forêts, de nos terres humides; nous fication de procédures judiciaires et d'exécution réussirons aussi à intégrer plus facilement des de jugements, alors que le troisième point est principes de conservation au développement relatif à la signature des jugements. économique et industriel; nous parviendrons à En matière de procédures judiciaires, Mme améliorer nos connaissances et à tirer un meil- la Présidente, le Code de procédure civile établit, leur parti des ressources vivantes mises à notre en principe, que les actes de procédures sont disposition. signifiés aux parties par un shérif ou par un Le projet de loi 108 proposé devant cette huissier, alors qu'en matière d'exécution de Assemblée aujourd'hui s'inscrit, par sa conception jugements il édicté que seuls les shérifs et les et son contenu, dans la foulée des outils que la huissiers peuvent exécuter un jugement portant majorité des autres États dans le monde se sont condamnation. Évidemment, ces officiers, pour donnés. Profitant des expériences passées et exercer ces fonctions, ont droit de percevoir des aussi des nouveaux concepts de conservation, le frais de déplacement qui sont, par ailleurs, projet de loi 108 devient un moyen extraor- taxables, c'est-à-dire que ces frais sont recou- dinaire à notre disposition pour réduire au vrables de la partie qui perd son procès ou qui minimum le nombre d'espèces menacées au est débitrice aux termes du jugement. 4743

À ce chapitre, le projet de loi propose, à exemple, l'huissier A, qui a parcouru 40 kilomè- titre de correctif, une modification qui vise à tres aller retour pour signifier une procédure, établir clairement que, lorsqu'un shérif ou un n'a droit qu'à des frais taxables basés sur dix huissier est appelé à signifier une procédure ou à kilomètres, soit la distance aller retour entre la exécuter un jugement à plus de 30 kilomètres de place d'affaires du huissier B et le lieu de sa place d'affaires, en comptant l'aller et le signification. Le projet de loi sous étude réta- retour, les frais pourront être alors taxés pour blira la situation d'avant 1982 et permettra, 30 kilomètres, même sf un autre shérif ou un toulours dans le même exemple, au huissier A autre huissier a sa place d'affaires plus près du d'avoir droit aux frais taxables sur la base de 30 lieu de signification ou du lieu où le jugement a kilomètres au lieu de seulement dix kilomètres été exécuté. Ce correctif vise une modification comme depuis 1982. introduite en 1982 dans le Code de procédure La deuxième mesure proposée par ce projet civile qui ne permet, dans le cas où la distance de loi, Mme la Présidente, vise l'article 471 du parcourue est de plus de 30 kilomètres, la Code de procédure civile en ce qui concerne la taxation que pour les frais qui auraient pu être signature d'un jugement par le juge qui a présidé taxés par l'officier instrumentant le plus près, l'audition. Il arrive souvent que, le jour où le alors qu'avant que cette modification soit jugement est prêt pour signature, le juge soit apportée il était prévu que, lorsque cette dis- dans l'impossibilité de le signer lui-même. Cela tance parcourue par l'huissier était supérieure à survient fréquemment lorsqu'un juge s'est absenté 30 kilomètres, les frais pouvaient être taxés pour siéger dans un autre district ou lorsqu'il jusqu'à concurrence de 30 kilomètres. La modifi- participe à un colloque ou encore simplement cation proposée est technique et ne vise qu'à lorsqu'il est en vacances. En ce moment, l'article rétablir la situation telle qu'elle était antérieure- 471 n'est pas clair quant au pouvoir du juge en ment à 1982, situation à laquelle le législateur chef de signer le jugement ou de désigner un du temps n'a pas, malgré les apparences, voulu autre juge pour le signer en l'absence de celui déroger. qui l'a rendu. La modification à l'article 471 En effet, si je m'en rapporte au Journal des permettra donc désormais au juge en chef, en débats de la commission permanente de la justice cas d'absence du juge qui a présidé l'audition et tenue le 18 juin 1982, dont vous trouverez rendu le jugement, de signer lui-même le ju- l'extrait pertinent à la page B-7567, le ministre gement ou de demander à un collègue de le de la Justice d'alors, Me Marc-André Bédard, signer. signalait, sous l'article 32 du projet de loi 67, Nous voulons éviter que des retards injus- devenu le chapitre 32, et je le cite: "L'objet de tifiés ne causent des inconvénients à nos con- cette modification est de préciser que la distance citoyens. Les inconvénients auxquels je songe, maximale parcourue par un huissier, qui désire Mme la Présidente, concernent, par exemple, faire taxer le plein montant de ses frais de l'impossibilité pour une cour de transmettre copie signification, est de 30 kilomètres aller et retour. d'un jugement et, donc, de le rendre exécutoire Le texte actuel parle simplement d'une distance tant et aussi longtemps que le juge ayant parcourue de quinze kilomètres, ce qui s'avère entendu la cause ne l'a pas signé. Dans le cas, imprécis quant à savoir si la distance pour le par exemple, où une injonction est accordée, retour est incluse. L'article a également été celle-ci devient exécutoire lorsque le juge ayant formulé plus clairement." entendu les parties a signé l'injonction et l'a Comme vous pouvez le constater, il n'était transmise aux parties. Vous vous imaginez donc, alors absolument pas question de modifier la Mme la Présidente, que des conséquences très règle de façon à réduire les montants des frais graves peuvent survenir si un retard est occa- taxables sous le seuil des 30 kilomètres en ne sionné dans un cas semblable. retenant que la distance entre le lieu de signi- Comme je l'ai mentionné précédemment, fication et le bureau du huissier le plus proche. Mme la Présidente, les deux mesures proposées Malheureusement, malgré qu'il ait été dit par le par le projet de loi 82 sont de nature qu'on ministre de la Justice du temps que "l'article a pourrait qualifier de technique. Toutefois, leur également été formulé plus clairement", une adoption demeure quand même essentielle, nouvelle notion a alors été incorporée au texte puisqu'elle apporte des solutions à des difficultés législatif sans que cela ne soit recherché vrai- quotidiennes rencontrées dans l'administration de ment par le législateur. la justice au Québec. Merci, Mme la Présiden- Compte tenu du caractère technique de la te. disposition, je vais illustrer, si vous me le permettez, Mme la Présidente, par un exemple, la La Vice-Présidente: Merci, M. le ministre de situation d'avant 1982 et celle en vertu du texte la Justice. Je vais maintenant reconnaître M. le actuel. Avant 1982, disons l'huissier A signifie député de Taillon. une procédure à 40 kilomètres aller retour de sa place d'affaires alors que l'huissier B a son M. Claude Filion bureau à cinq kilomètres du lieu de signification. L'huissier A avait alors droit à des frais sur la M. Filion: Je vous remercie, Mme la Prési- base de 30 kilomètres. Après 1982, pour le même dente. Il me fait plaisir d'intervenir sur le projet 4744

de loi 82 déposé par le ministre de la Justice. dentielle qui peut être arrivée entre-temps, à Je n'ai pas l'intention de reprendre les propos du cause d'une réflexion supplémentaire, etc. Le ministre. Effectivement, il s'agit d'un projet de danger que je souligne au ministre de la Justice loi d'ordre administratif et de catégorie mineure, et que je lui rappellerai tantôt, c'est le fait de technique. Le premier volet, évidemment, con- signer un jugement alors que le juge est toujours cerne les frais de signification et les frais en délibération, en réflexion. La copie de son d'exécution des procédures qui sont confiées aux jugement était sur son bureau, mais son idée huissiers. Le ministre a fait un historique, je finale n'était pas prise; H l'avait rédigé, le pense, très limpide de ce qui s'est produit en projet de jugement était préparé. C'est une 1982. Le problème a été bien explicité et, dans la difficulté réelle. Je n'ose imaginer les conséquen- vie quotidienne des avocats et de leurs clients, ces d'un jugement signé par un autre juge, alors ça se résume un peu ainsi. On sait que, lorsque que le juge saisi du dossier qui a entendu le des procédures doivent être signifiées à des procès est toujours en train de délibérer. Je suis individus, surtout à l'extérieur du district convaincu que le juge en chef, qui a l'autorité judiciaire où se trouve l'avocat, cet avocat-là pour désigner le juge suppléant qui signera le fait appel à des huissiers qui se trouvent dans la jugement à la place du juge saisi, aura ce bon région. Mais on ne connaît pas toujours bien la gros jugement de s'assurer que le jugement écrit géographie des lieux de sorte que les avocats représente bel et bien l'opinion du juge. Bref, choisissent parfois des huissiers qui peuvent c'est un danger que je crois réel, à cause de la demeurer à plusieurs kilomètres de l'endroit où formulation de l'article 2 du projet de loi 82 sur doit avoir lieu la signification, alors qu'un lequel j'interrogerai le ministre tantôt. huissier est beaucoup plus près de l'endroit où Cela dit, vous aurez compris, Mme la cela est signifié. Présidente, que l'Opposition est tout à fait En 1982, la volonté du législateur s'est d'accord avec le principe du projet de loi 82 et exprimée d'une façon qui a été jugée confuse, que nous sommes prêts à en disposer immédiate- par la suite. Le projet de loi vient donc rectifier ment en commission plénière. Je vous remercie. les choses sur la base suivante: lorsqu'un avocat fait appel à un huissier pour la signification La Vice-Présidente: Merci, M. le député de d'une procédure et que ce huissier doit parcourir Taillon. Il n'y a pas d'autres intervenants? Est- plus de 30 kilomètres aller retour, si - et c'est ce que le principe du projet de loi 82, Loi important, encore une fois - il se trouve un modifiant le Code de procédure civile, est huissier à une distance plus rapprochée de adopté? l'endroit où doit avoir lieu la signification, à ce moment-là, les frais seront calculés sur une base M. Lefebvre: Adopté. maximale de 30 kilomètres aller retour. C'est simple. La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader J'aurai quelques questions à poser tantôt au adjoint du gouvernement. ministre sur les conséquences financières proba- bles; je ne sais pas s'il les a approfondies. M. Lefebvre: Oui, Mme la Présidente, je J'aimerais savoir s'il y a des conséquences fais motion pour déférer le projet de loi 82 en importantes au plan financier pour les avocats, commission plénière. mais surtout pour leurs clients, parce que les frais d'huissiers, il faut se comprendre, sont La Vice-Présidente: Est-ce que cette motion refilés automatiquement aux clients dans les est adoptée? factures d'honoraires des avocats. C'est, évidem- ment, le consommateur qui paie la note. Je ne Une voix: Adopté. crois pas qu'il puisse y avoir de conséquences importantes. Je voudrais tout simplement que le La Vice-Présidente: Adopté. Oui, M. le ministre nous rassure sur les conséquences leader adjoint du gouvernement. financières de cela. C'est le premier volet du projet de loi 82. M. Lefebvre: Mme la Présidente, je fais Le deuxième volet a, lui aussi, été bien motion pour que l'Assemblée nationale se trans- explicité par le ministre et je n'ai pas l'intention forme maintenant en commission plénière. de le reprendre, sinon pour lui souligner un danger de cet aspect du projet de loi. Le projet La Vice-Présidente: Est-ce que cette motion de loi autorise le juge en chef ou le juge qu'il est adoptée? désigne à signer un jugement en l'absence du juge. Le danger est le suivant. Connaissant un Des voix: Adopté. peu, sans l'avoir été moi-même, bien sûr, le fonctionnement des juges, ceux-ci rédigent La Vice-Présidente: Adopté. Comme l'As- parfois leur jugement, mais se laissent un dernier semblée nationale doit se transformer en commis- temps de réflexion pour le mûrir. On a souvent sion plénière, nous allons suspendre les travaux. vu des juges, après avoir rédigé leur jugement, changer d'avis à cause d'une décision jurispru- (Suspension de la séance à 17 h 25) 4/40

(Reprisée 17 h 26) au savoir-faire des juges en chef pour faire en sorte que la décision qu'ils prendront soit en Commission plénière conformité avec la lettre et l'esprit des juge- ments rendus par les juges. Mme Bégin (présidente de la commission plénière): À l'ordre, s'il vous plaît! La Présidente (Mme Bégin): Merci, M. le ministre. M. le député de Taillon, quelques Étude détaillée remarques préliminaires?

Nous allons donc procéder à l'étude détail- M. Claude Filion lée du projet de loi 82, Loi modifiant le Code de procédure civile. M. Filion: Oui. Je vous remercie, Mme la Avant de passer aux interventions, je vais Présidente. D'abord, il faut savoir que l'article reconnaître M. le ministre s'il a quelques remar- 471 actuel du Code de procédure civile prévoit ques préliminaires à faire. déjà la possibilité pour le juge en chef ou la personne qu'il désigne, sauf erreur également, de Remarques préliminaires signer ce qu'on appelle la minute du jugement dans les cas de décès, dans les cas d'incapacité, M. Gil Rémillard dans les cas de retraite également. Incapacité peut inclure maladie, probablement. La modifica- M. Rémillard: Mme la Présidente, à la suite tion proposée à l'article 2 vise à introduire une de l'intervention du député de Taillon sur ce cause d'absence comme étant une cause suf- projet de loi, le député faisait, à juste titre, fisante pour déclencher le processus de signature une réserve concernant le troisième aspect de ce au lieu et à la place du juge qui a été saisi du projet de loi, c'est-à-dire concernant la pos- dossier. Je trouve le terme "absence" un peu sibilité pour le juge en chef de signer lui-même général. Un juge peut être absent pour de très ou de demander à un autre juge de signer un courtes périodes de temps, il peut être absent, jugement lorsque le juge qui a rendu ce juge- comme l'a signalé le ministre, parce qu'il siège ment est dans l'incapacité de signer ce jugement. dans un autre district judiciaire. Cependant, je J'ai indiqué tout à l'heure dans mon discours, suis satisfait quand même des explications du dans ma présentation, pourquoi il fallait amener ministre. Il n'est pas facile de trouver le terme cette modification pour justement faire en sorte qui regrouperait tous les cas où la signature d'un que l'on puisse rendre applicables les jugements jugement s'impose. le plus tôt possible. Il est compréhensible, bien Deuxièmement, l'on conçoit également que sûr, que des juges puissent se retrouver dans des la plupart des jugements rendus sur des recours situations où ils ne peuvent pas, par maladie ou extraordinaires telle l'injonction, en particulier, par absence, pour une raison ou pour une autre, parfois l'évocation sont des jugements qui, par être présents pour signer leur jugement lorsqu'il leur nature, doivent se comprendre dans un est prêt à être rendu, mais, dans une bonne contexte d'urgence. Alors, évidemment, comme je administration de la justice, il faut que l'on l'ai dit dans mon discours, je pense qu'il faut se puisse s'assurer que ce jugement puisse être référer ici au gros bon sens administratif et la livré le plus tôt possible aux justiciables. réserve que j'exprimais au ministre, laissez-moi C'est dans ce contexte que, après consulta- peut-être, Mme la Présidente, tout simplement tion auprès des juges en chef, après consultation la consigner au Journal des débats pour faire en auprès du Barreau, on en est venu à la con- sorte que, bien sûr, les personnes en clusion que le juge en chef serait capable autorité qui auront à utiliser cet article le d'évaluer lui-même la pertinence de signer lui- fassent en prenant le maximum de précautions, même ou de faire signer par un autre juge le non pas tellement quant à l'absence et tout ça, jugement dans une cause qui a été entendue par mais quant à la vérification de ce que le contenu un autre juge. du jugement reflète bien la décision finale du Reste la question de s'assurer que le juge. jugement reflète la pensée du juge comme il l'a On a souvent l'impression que les juges, rendu. À ce sujet, nous n'avons pas d'autre quand ils entendent la cause, leur opinion est choix, et je pense qu'on peut très bien faire ce faite. Mais les juges délibèrent, ce n'est pas choix, que de nous référer à la compétence du pour rien. Encore une fois, je l'ai dit tantôt, ils juge en chef qui devra vérifier avec le juge qui changent d'idée. Il y a des juges qui me l'ont a rendu le jugement si le jugement est conforme, déjà avoué dans des dossiers où j'agissais, ils et, par conséquent, lorsqu'il apposera sa signa- ont changé d'idée durant les délibérations, et ture, que ça puisse faire foi d'autorité. c'est normal. Il faudrait s'assurer que le juge Je crois que le député de Taiilon soulevait exprime bien sa dernière idée lorsqu'un autre donc une question intéressante concernant ce juge va avoir l'autorisation de signer ce docu- projet de loi. Ma réponse, c'est qu'après consul- ment qui a une importance pour les parties en tation auprès du juge en chef comme auprès du cause. Donc, je suis satisfait des explications du Barreau, nous nous référons à la compétence et ministre sur ce sujet. 4746

Quant au premier volet du projet de loi, la situation à la satisfaction de tout le mon- maintenant, en ce qui concerne les frais de de. signification et d'exécution des huissiers - la liaison s'impose, me dit-on - j'aimerais bien M. Filion: Espérons que cela sera fait pour entendre le ministre nous rassurer là-dessus. Est- qu'on n'ait pas à revenir dans sept ans avec une ce qu'on a idée de ce que cela signifie sur le autre clarification. C'est bien, cela va de mon plan financier? Je ne sais pas si le... Je pourrais côté. Je ne sais pas si le ministre veut ajouter peut-être poser une question bien simple, par des choses. exemple, au ministre. Combien coûte un kilomètre d'un huissier? Peut-être qu'il le sait, peut-être Adoption des articles qu'un de ses fonctionnaires le sait. Juste pour nous donner une idée à peu près. Je sais que ça La Présidente (Mme Bégin): Donc, est-ce dépend des districts. que l'article 1 est adopté?

La Présidente (Mme Bégin): M. le ministre M. Filion: Adopté. de la Justice. La Présidente (Mme Bégin): Est-ce que M. Rémillard: Présentement, le tarif est l'article 2 du projet de loi 82 est adopté? 0,36 $ le kilomètre. M. Filion: Oui. M. Filion: Cela veut dire qu'en partant de 10 à 30 kilomètres, c'est 20 kilomètres multipliés La Présidente (Mme Bégin): Adopté. Est-ce par 0,36 $, on vient de parler de 6 $ de plus sur que l'article 3 du projet de loi 82 est adopté? certains comptes des huissiers. M. Filion: Adopté. M. Rémillard: En pratique, si vous me permettez - parce que c'était une ambiguïté La Présidente (Mme Bégin): Adopté. Et qu'on retrouvait à l'article 120 - de fait, on a l'article 4 du projet de loi 82 est-il adopté? toujours suivi la règle d'avant la modification. Donc, ce que nous faisons aujourd'hui, on ne M. Filion: Oui. change pas en fait la réalité financière, mais on rend clair le texte où il y avait une ambiguïté et La Présidente (Mme Bégin): Est-ce que le ça posait vraiment une situation un peu difficile titre du projet de loi 82, Loi modifiant le Code dans certains cas. Mais on a suivi, dans la très de procédure civile, est adopté? grande majorité des cas, la règle qui s'appliquait avant, qui est une règle de bon sens. Ce que M. Filion: Oui. nous faisons dans le projet de loi, c'est pour ça que je réponds à la question du député de La Présidente (Mme Bégin): Le projet de loi Taillon en lui disant que sur le plan financier 82, Loi modifiant le Code de procédure civile, pour les justiciables, cela ne signifie pas d'aug- est-il adopté? mentation des tarifs des huissiers, puisque la pratique est demeurée, malgré cette ambiguïté et M. Filion: Voilà. là, avec le projet de loi, il n'y a plus d'am- biguïté. Nous confirmons la pratique qui existait La Présidente (Mme Bégin): Adopté. Donc, avant. ceci met fin à la commission plénière. Je vais demander aux personnes qui ne sont pas membres La Présidente (Mme Bégin): M. le député de de l'Assemblée nationale de bien vouloir se Taillon. retirer afin que nous puissions faire rapport au président de l'Assemblée nationale. M. Filion: Je croyais, de mémoire, qu'il y avait peut-être eu une décision judiciaire à ce Le Vice-Président: Mme la Présidente de la sujet. Est-ce qu'on n'a pas tenté de... commission plénière.

La Présidente (Mme Bégin): M. le ministre. Mme Bégin (présidente de la commission plénière): M. le Président, j'ai l'honneur de vous M. Rémillard: Je vais le vérifier avec les faire rapport que la commission plénière a gens qui m'accompagnent. On m'informe que c'est procédé à l'étude détaillée du projet de loi 82, le comité de discipline des huissiers qui a Loi modifiant le Code de procédure civile, et l'a soulevé l'ambiguïté. adopté.

M. Filion: D'accord. Le Vice-Président: Est-ce que ce rapport de la commission plénière est adopté? M. Rémillard: Et la réaction que nous avons, par ce projet de loi, est d'éclaircir Des voix: Adopté. 4747

Le Vice-Président: Adopté. M. le leader adjoint du gouvernement.

M. Lefebvre: Je fais motion pour ajourner les travaux à demain matin, 10 heures.

Le Vice-Président: Est-ce que cette motion d'ajournement de nos travaux est adoptée?

Des voix: Adopté.

Le Vice-Président: Adopté. En conséquence, les travaux de l'Assemblée nationale sont ajour- nés à demain, le mercredi 15 mars, à 10 heures.

(Fin de la séance à 17 h 38) Membres de l'Assemblée nationale du Québec

PRÉSIDENT: M. Pierre Lorrain VICE-PRÉSIDENT: M. Jean-Pierre Saintonge VICE-PRÉSIDENTE: Mme Louise Bégin

Affiliation Nom, prénoms politique Profession ou métier District électoral

Audet, Jean PLQ Administrateur Beauce-Nord Bacon, Lise * PLQ Administratrice Chomedey Baril, Gilles PLQ Homme d'affaires Rouyn-Noranda-Témiscamingue Beaudin, André PLQ Professeur, dir. d'école Gaspé Bégin, Louise PLQ Avocate Bellechasse Bélanger, Guy PLQ Psycho-éducateur, adm. Laval-des-Rapides Bélanger, Madeleine PLQ Femme d'affaires Mégantic-Compton Bélisle, Jean-Pierre PLQ Avocat Mille-îles Bissonnet, Michel PLQ Avocat Jeanne-Mance Blackburn, Gaston * PLQ Commerçant et homme d'affaires Roberval Blackburn, Jeanne L PQ Administratrice Chicoutimi Biais, Yves PQ Administrateur Terrebonne Bleau, Madeleine PLQ Travailleuse au foyer Groulx Boulerice, André PQ Attaché d'administration Saint-Jacques Bourassa, Robert * PLQ Avocat et économiste Saint-Laurent Bourbeau, André * PLQ Notaire Laporte Bradet, Daniel PLQ Enseignant Charlevoix Brassard, Jacques PQ Professeur Lac-Saint-Jean Brouillette, Pierre A. PLQ Hommes d'affaires Champlain Camden, Lewis PLQ Diplômé en sc. politiques Lotbinière Cannon, Lawrence PLQ Hommes d'affaires La Peltrie Cardinal, Pierrette PLQ Secrétaire administrative Châteauguay Chagnon, Jacques PLQ Administrateur Saint-Louis Charbonneau, Jean-Pierre PQ Journaliste Verchères Chevrette, Guy PQ Secrétaire général Juliette Ciaccia, John * PLQ Avocat Mont-Royal Claveau, Christian PQ Administrateur Ungava Côté, Albert * PLQ Ingénieur forestier Rivière-du-Loup Côté, Marc-Yvan * PLQ Professeur Charlesbourg Cusano, William PLQ Administrateur scolaire Viau Dauphin, Claude PLQ Avocat Marquette Desbiens, Hubert PQ Enseignant Dubuc Després, Michel PLQ Administrateur Limoilou Dionne, France PLQ Secrétaire de direction Kamouraska-Témiscouata Dougherty, Joan PLQ Administratrice scolaire Jacques-Cartier Doyon, Réjean PLQ Avocat Louis-Hébert Dubois, Claude PLQ Commerçant Huntingdon Dufour, Francis PQ Administrateur Jonquière Dutil, Robert * PLQ Administrateur Beauce-Sud Farrah, Georges PLQ Administrateur îles-de-la-Madeleine Filion, Claude PQ Avocat Taillon Forget, Paul-André PLQ Agriculteur Prévost Fortier, Pierre-C. * PLQ Ingénieur Outremont Fortin, Gilles PLQ Industriel Marguerite-Bourgeoys French, Richard PLQ Professeur d'université Westmount Gagnon-Tremblay, Monique * PLQ Notaire Saint-François Gardner, Laurier PLQ Enseignant Arthabaska Garon, Jean PQ Économiste et avocat Lévis Gauvin, Réal PLQ Homme d'affaires Montmagny-L'lslet Gendron, François PQ Enseignant Abitibi-Ouest Gervais, Jean-Guy PLQ Administrateur L'Assomption Gobé, Jean-Claude PLQ Administrateur Lafontaine Gobeil, Paul * PLQ Comptable agréé Verdun Godin, Gérald PQ Journaliste Mercier Gratton, Michel * PLQ Ingénieur Gatineau Hains, Roma PLQ Professeur Saint-Henri Hamel, André J. PLQ Administrateur Sherbrooke Harel, Louise PQ Avocate Maisonneuve Hétu, Damien PLQ Entrepreneur électricien Labelle Houde, Albert PLQ Administrateur Berthier Hovington, Claire-Hélène PLQ Relationniste Matane Affiliation Nom, prénoms politique Profession ou métier District électoral

Johnson, Daniel * PLQ Avocat Vaudreuil-Soulanges Jolivet, Jean-Pierre PQ Enseignant Laviolette Joly, Jean A. PLQ Courtier en assurances Fabre Juneau, Carmen PQ Femme au foyer Johnson Kehoe, John J. PLQ Avocat Chapleau Khelfa, Albert PLQ Enseignant Richelieu Laporte, Michel PLQ Avocat Sainte-Marie Larouche, René Serge PLQ Conseiller en marketing international Anjou Latulippe, Gérard PLQ Avocat, CRI Chambly Lavoie-Roux, Thérèse * PLQ Administratrice scolaire L'Acadie Leclerc, Jean PLQ Chef d'entreprise Taschereau Lefebvre, Roger PLQ Avocat Frontenac Legault, Yolande D. PLQ Secrétaire Deux-Montagnes Lemieux, Jean-Guy PLQ Avocat Vanier Lemire, Yvon PLQ Homme d'affaires Saint-Maurice Levesque, Gérard D. * PLQ Avocat et administrateur Bonaventure Lincoln, Clifford PLQ Courtier d'assurances Nelligan Lorrain, Pierre PLQ Avocat Saint-Jean MacDonald, Pierre * PLQ Administrateur Robert Baldwin Maciocia, Cosmo PLQ Courtier d'assurances Viger Maltais, Ghislain PLQ Courtier d'assurances Saguenay Marcil, Serge PLQ Administrateur scolaire Beauharnois Marx, Herbert PLQ Avocat D'Arcy McGee Messier, Charles PLQ Techn. en administration Saint-Hyacinthe Middlemiss, Robert PLQ Ingénieur Pontiac Page, Michel * PLQ Avocat Portneuf Paradis, Henri PLQ Pharmacien Matapédia Paradis, Pierre * PLQ Avocat Brome-Missisquoi Paré, Roger PQ Administrateur Shefford Parent, Jean-Guy PQ Administrateur Bertrand Parent, Marcel PLQ Récréologue Sauvé Pelchat, Christiane PLQ Journaliste Vachon Perron, Denis IND. Opérateur de poste Duplessis Philibert, Paul PLQ Thanatologue Trois-Rivières Picotte, Yvon * PLQ Principal d'école Maskinongé Polak, Maximilien PLQ Avocat Sainte-Anne Poulin, Rémy PLQ Représentant promotionnel Chauveau RémilIard, Gil * PLQ Constitutionnaliste Jean-Talon Richard, Maurice PLQ Commerçant Nicolet Rivard, Guy * PLQ Médecin Rosemont Robic, Louise * PLQ Administratrice Bourassa Rochefort, Jacques IND. Administrateur Gouin Ryan, Claude * PLQ Journaliste Argenteuil Saintonge, Jean-Pierre PLQ Avocat Laprairie Saint-Roch, Jean-Guy PLQ Directeur de marketing Drummond Savoie, Raymond * PLQ Notaire Abitibi-Est Séguin, Yves* PLQ Avocat Montmorency Sirros, Christos PLQ Administrateur Laurier Théorêt, Jean-Paul PLQ Homme d'affaires Vimont Thérien, Robert PLQ Professeur Rousseau Thuringer, Harold Peter PLQ Administrateur Notre-Dame-de-Grâce Tremblay, Jacques PLQ Industriel Iberville Tremblay, Michel PLQ Administrateur Rimouski Trépanier, Violette * PLQ Enseignante Dorion Trudel, Claude PLQ Avocat et administrateur Bourget Vaillancourt, Georges PLQ Administrateur Orford Vallerand, André * PLQ Économiste Crémazie Vallières, Yvon PLQ Professeur Richmond Vermette, Cécile PQ Membre d'organisme Marie-Victorin

PLQ - Parti libéral du Québec (99) Sièges vacants: Papineau PQ -Partiquébécois (19) Hull IND. - Indépendant (2) Membres du Conseil des ministres

Premier ministre M.

Vice-première ministre, ministre des Affaires culturelles Mme Lise Bacon et ministre de l'Environnement

Ministre des Finances M. Gérard D. Levesque

Ministre de l'Éducation, ministre de l'Enseignement supérieur M. et de la Science et ministre responsable de l'application de la Charte de la langue française

Leader parlementaire, ministre du Tourisme et M. Michel Gratton ministre délégué à la Réforme électorale

Ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation M. Michel Page

Ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche M. Yvon Picotte et ministre délégué aux Pêcheries

Ministre de l'Énergie et des Ressources M. Ministre des Transports et responsable du Développement régional M. Marc-Yvan Côté

Ministre de la Santé et des Services sociaux Mme Thérèse Lavoie-Roux et ministre déléguée à la Famille

Ministre de la Justice, ministre de la Sécurité publique, M. Gil Rémillard ministre délégué aux Affaires intergouvernementales canadiennes et ministre responsable de la Protection du consommateur

Ministre des Affaires municipales M.

Président du Conseil du trésor et M. Daniel Johnson ministre délégué à l'Administration

Ministre délégué aux Finances et à la Privatisation et M. Pierre-C. Fortier ministre responsable de l'application des lois professionnelles

Ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu M. André Bourbeau

Ministre des Communications M.

Ministre des Approvisionnements et Services M. André Vallerand

Ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie M. Pierre MacDonald

Ministre des Affaires internationales M.

Ministre déléguée à la Santé et aux Services sociaux Mme Louise Robic

Ministre déléguée à la Condition féminine et Mme Monique Gagnon-Tremblay ministre des Communautés culturelles et de l'Immigration

Ministre délégué aux Forêts M. Albert Côté

Ministre délégué aux Mines et M. Raymond Savoie ministre délégué aux Affaires autochtones

Ministre du Revenu et ministre du Travail M. Yves Séguin

Ministre délégué à la Technologie M. Guy Rivard

Ministre déléguée aux Communautés culturelles Mme Violette Trépanier

Ministre délégué à l'Environnement M. Gaston Blackburn

14 mars 1989