L'office Franco-Québécois Pour La Jeunesse
Total Page:16
File Type:pdf, Size:1020Kb
L’Office franco-québécois pour la jeunesse 177 L’Offi ce franco-québécois pour la jeunesse, un acteur majeur de la coopération franco-québécoise 178 L’Office franco-québécois pour la jeunesse L’Office franco-québécois C’est au cours du voyage historique pour la jeunesse, un du président de Gaulle au Québec en 1967, que naît l’idée de créer l’Office acteur majeur de la franco-québécois pour la jeunesse. Le coopération franco- général, qui soumet l’idée au Premier québécoise ministre québécois Daniel Johnson, souhaite ainsi « rebâtir les ponts entre le Québec et la France » en favo risant Créé en 1968 par les gouvernements de le rapprochement des jeunes adultes. la République française et du Québec, l’Office franco-québécois pour la Le protocole fondant l’OFQJ est signé jeunesse (OFQJ) a pour mission initiale le 9 février 1968, par François Misoffe, de contribuer au rapprochement des ministre de la Jeunesse et des Sports du jeunesses française et québécoise. gouvernement français et Jean-Marie Morin, ministre québécois de la Jeunesse, Organisme bigouvernemental implanté des Loisirs et des Sports. Jean-Claude en France et au Québec, il est régi par Quyollet, collaborateur de François un conseil d’administration composé Misoffe, et Jean-Paul L’Allier, alors de huit membres français et de huit directeur de la Coopération au ministère membres québécois, coprésidé par le des Affaires culturelles du Québec, ministre français de la Jeunesse, des Sports les artisans de ce protocole, seront les et de la Vie associative et par le ministre premiers secrétaires généraux de l’OFQJ. québécois des Relations internationales. Deux secrétaires généraux constituent conjointement l’organe d’exécution du conseil d’administration. Ils s’appuient sur deux équipes pluridisciplinaires d’une vingtaine de professionnels et sur un vaste réseau de partenaires institutionnels, associatifs et privés de part et d’autre de l’Atlantique. La création L’histoire de l’Office franco-québécois pour la jeunesse est indissociable du contexte enfiévré des années 60 qui 10e session du Conseil d’administration en 1972. portait la France et le Québec vers Jean-Claude Quyollet (secrétaire général en France, 1968-1974) et Jean-Paul L’Allier ( secrétaire général au Québec, 1968-1970) le changement et la redécouverte. (1er et 3e en partant de la droite). L’Office franco-québécois pour la jeunesse 179 Les premiers stagiaires par groupe de vingt à quarante jeunes participants, mais la dimension Les premiers pas de l’OFQJ se font dans formation professionnelle est pour la tourmente des événements de Mai l’instant relativement limitée et ce 68 qui agitent la France. Un office pour sont les échanges en rapport avec la jeunesse paralysé par la jeunesse : le domaine social qui occupent une les projets s’empilent sur le bureau du place importante dans les activités de secrétaire général alors que les premiers l’Offi ce. Deux siècles après l’abandon du échanges sont prévus pour le mois de Québec par la France, les deux sociétés juin. Il ne manquait plus qu’une grève refont connaissance. de Postes Canada pour empêcher toute communication entre la France et le Pour mieux faire connaître le Québec Québec pendant plus d’un mois. Mais aux jeunes français, l’OFQJ en France l’équipe est jeune, motivée et garde le privilégie l’accompagnement des jeu- moral. nes leaders, ayant des responsabilités sociales, économiques et politiques Contre toute attente, les tous premiers et qui pourront ensuite partager leur stages de l’Office démarrent le 4 juin, expérience dans leur milieu. malgré les grèves qui se poursuivent en France et l’impossibilité de communi- Au Québec, le choix se porte vers les quer de façon constante. Au cours de jeunes travailleurs qui, au contraire des l’été 1968, il y aura plus de deux mille étudiants, ont peu l’occasion de faire échanges de jeunes professionnels et des stages et pour lesquels un stage d’étudiants. Ces premiers stages sont avec l’Office représentait une oppor- avant tout des échanges de décou- tunité exceptionnelle. verte, ou plutôt, de « redécouverte », ••• La première équipe de l’OFQJ à Montréal : un avenir prometteur Autour de Jean-Paul L’Alllier, se sont retrouvés : • Louise Fréchette, vice-secrétaire générale des Nations Unies à New-York de 1998 à 2006 ; • Jean-Guy Saint-Martin, ancien ambassadeur du Canada au Maroc, sous-ministre adjoint au Dé ve lop- pement économique du gouvernement du Canada ; • Diane Wilhelmy, Déléguée générale du Québec à New York de 1998 à 2002 et ancienne sous-ministre au ministère des Relations internationales ; • François Duffar, vice-président du conseil d’administration et président du Groupe Cossette Communication, l’une des plus importantes firmes de communication au Canada ; • Jean-François Bertrand, ancien ministre des Communications ; • Pierre-Marc Johnson, ancien Premier ministre. 180 L’Office franco-québécois pour la jeunesse C’est en 1973, après de longs débats, stages liés au thème du français comme que l’âge des participants, jusqu’alors langue de travail. fixé entre 16 et 30 ans, s’étend jusqu’à 35 ans. Par la suite, il sera limité aux Aux yeux des deux Premiers ministres 18-35 ans. de l’époque, Robert Bourassa au Québec et Valéry Giscard d’Estaing en Pour préparer ces jeunes Québécois et France, l’OFQJ est le fer de lance de jeunes Français à traverser l’Atlantique, la francisation du Québec, multipliant une « réunion-programme » et une les ressources, augmentant le nombre session culturelle sont mises en place. La de stagiaires, haussant le financement première consiste à rassembler tout un en matière de francisation du travail. groupe de stagiaires quelques semaines Malheureusement, le choc pétrolier en avant leur départ afin de cerner leurs 1974 freine la dynamique de l’Office, attentes et, à partir de là, bâtir leur soumis à l’augmentation vertigineuse du programme. La deuxième prépare les coût du transport aérien. Seulement mille stagiaires à ce qu’ils vont découvrir : en cents stagiaires seront soutenus en 1975, France, visite organisée de Paris et choix guère mieux en 1976, alors que depuis de conférences sur des thèmes culturels, plusieurs années le nombre minimal est économiques, politiques ou administratifs ; fixé à mille cinq cents stagiaires par au Québec, découverte de Montréal et section. ateliers illustrant la vie québécoise. Une coopération L’avant-garde économique francophone Avec la victoire électorale de René Tandis que l’Office s’organise, se Lévesque le 15 novembre 1976, les développe et prend sa place au sein indépendantistes vont gouverner le de la coopération franco-québécoise, Québec pour la première fois de l’histoire. la vie politique québécoise suit son Une fois de plus l’OFQJ est au cœur de cours. Depuis 1970, le Québec est la coopération alors que les relations dirigé par le Parti libéral de Robert franco-québécoises s’épanouissent et Bourassa. La question linguistique est que son financement est augmenté de une priorité, les Québécois veulent 35 %. L’objectif de trois mille participants vivre dans une société francophone et pourra de nouveau être atteint. le nouveau gouvernement libéral veut faire du français la langue du marché du De 1976 à 1980, l’accent des relations travail. Dès 1971, à l’initiative de Gaston franco-québécoises est mis sur les Cholette, président de l’Office de la relations économiques. Toujours dans la langue française, l’OFQJ proposera des mouvance, l’Office va multiplier les stages L’Office franco-québécois pour la jeunesse 181 de travailleurs spécialisés, d’agriculteurs sont fixées et une nouvelle impulsion est et les échanges à caractère technique. donnée à la coopération avec le Québec La dimension économique est renforcée impliquant de nouveaux objectifs pour en décembre 1980 lorsque René Lévesque l’OFQJ : réduire la moyenne d’âge qui et Raymond Barre, Premier ministre atteint alors presque 30 ans, privilégier français, signent à Paris une entente les clientèles défavorisées, réaménager permettant à cent jeunes de chaque les programmes avec la création communauté d’obtenir un visa pour aller d’un volet dit « action prioritaire », travailler en contrat à durée déterminée sous le thème de l’insertion sociale et de l’autre côté de l’Atlantique et confi ent professionnelle. ce mandat à l’OFQJ. Les activités de l’OFQJ évoluent, les liens entre la France et le Québec s’approfondissent mais la Cap sur l’avenir formule des échanges par groupe pour une durée de deux à trois semaines limite Si l’OFQJ prend naturellement les orienta- les possibilités d’acquérir une véritable tions souhaitées par le gouvernement, expérience professionnelle. François Mitterrand, lui, s’intéresse moins au Québec. Décidé à tenir le premier L’idée de stages d’immersion profes- Sommet des pays francophones en 1983, sionnelle mûrit et prend son envol en 1980. il s’entend avec Pierre Elliott Trudeau, La réponse des intéressés est rapide et Premier ministre fédéral, pour monter un positive, cette nouvelle formule sera un projet sans impliquer le Québec. Mais son succès : 130 projets de stages individuels Premier ministre, Pierre Mauroy, et Hubert ou de petits groupes verront le jour cette Védrine, son conseiller diplomatique, année-là. sont eux convaincus de l’intérêt et de la réalité de la coopération franco- québécoise et parviennent à convaincre Un grand virage le président Mitterrand que le vrai point d’appui en Amérique du Nord est le Face au nouveau choc pétrolier, à Québec. l’inflation du prix du transport et aux subventions gouvernementales à la Lors d’une visite officielle en juin 1983, baisse, l’OFQJ décide de limiter les René Lévesque est chaleureusement groupes et de continuer dans la nouvelle accueilli par François Mitterrand qui voie du stage individuel ou de petit l’assure du soutien de la France. Pour groupe.