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DOMAINE ARTS, LETTRES ET SCIENCES HUMAINES

MENTION GEOGRAPHIE

Parcours : Milieux Naturels et Sciences de la Terre

*** MEMOIRE DE MASTER ***

SYSTEME DE PRODUCTION ET ENSABLEMENT DE

LA CUVETTE D’AMBOVO,CR D’, DISTRICT ITASY

Réalisé par : Tahinasoa Safidy ANDRIANANTOANINA.

Sous la direction de : Madame Fanja Tahina RALINIRINA.

Maître de Conférences Date de soutenance : 20 Mars 2017

Mars 2017 Promotion MAKAY UNIVERSITE D‟ ARTS, LETTRES ET SCIENCES HUMAINES MENTION GEOGRAPHIE

***** MEMOIRE DE MASTER ***** PARCOURS : MILIEUX NATURELS ET SCIENCE DE LA TERRE

« SYSTEME DE PRODUCTION ET ENSABLEMENT DE LA

CUVETTE D’AMBOVO, COMMUNE RURALE D’ANKARANANA, DISTRICT SOAVINANDRIANA ITASY. »

Soutenu publiquement par : Tahinasoa Safidy ANDRIANANTOANINA

Membres du jury : * Président : Monsieur James RAVALISON, Professeur * Juge : Monsieur Mparany ANDRIAMIHAMINA, Maître de Conférences * Rapporteur : Madame Fanja Tahina RALINIRINA, Maître de Conférences

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REMERCIEMENTS

Le présent travail n’a pas pu être abouti sans la contribution de nombreuses personnes à qui nous tenons à présenter notre profonde gratitude.

Nos sincères remerciements s’adressent tout particulièrement à :  Monsieur James RAVALISON, Professeur à la Mention Géographie qui a fait l’honneur d’accepter de présider le jury malgré ses nombreuses responsabilités.  Monsieur Mparany ANDRIAMIHAMINA, Maître de Conférences à la Mention Géographie d’avoir bien voulu faire l’honneur de siéger parmi les membres de jury en tant que juge.  Madame Fanja Tahina RALINIRINA, Maître de Conférences à la Mention Géographie qui a généreusement accepté d’être le rapporteur et de nous avoir dirigés tout au long du travail

Nos vifs remerciements s’adressent aussi à: Tous les enseignants et le personnels administratif de la Mention Géographie, du Domaine Arts Langues et Sciences Humaines de l’Université d’Antananarivo. Tous ceux qui ont contribué à l’élaboration de cet ouvrage, en particulier mon directeur de recherche et tous ceux qui ont de près ou de loin participé à la réalisation de ce mémoire. Aux personnels administratifs de la Commune Rurale d’Ankaranana et aux personnes enquêtées.

 A nos familles, nos proches et nos amis pour leurs soutiens et leurs supports.

Merci à toutes et à tous !

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SOMMAIRE

REMERCIEMENTS ...... i RESUME ...... iii ACRONYMES ...... iv GLOSSAIRE ...... v LISTE DES CROCQUIS ...... vi LISTE DES FIGURE ...... vi LISTE DES PHOTOS ...... vii LISTE DES TABLEAUX ...... vii

INTRODUCTION ...... 1

Première partie : CONCEPTUALISATION ET CADRAGE DE LA RECHERCHE

Chapitre I : CADRE GENERAL DE LA RECHERCHE...... 3 Chapitre II : CADRAGE DE LA ZONE DE RECHERCHE ...... 15 CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE : ...... 31

Deuxième partie : SYSTEME DE PRODUCTION FACTEUR DETERMINANT DE L’ENSABLEMENT

Chapitre III. EXPLOITATION AGRICOLE ET MISE EN VALEUR DE L‟ESPACE ... 32 Chapitre IV. EXPLOITATION NON MAITRISEE DES PENTES ...... 49 CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE: ...... 61

Troisième partie RESULTATS ET PERSPECTIVES DE LA RECHERCHE

Chapitre V ETAT DE LIEU ACTUEL DU PAYSAGE ...... 62 Chapitre VI RESTAURATION DU MILIEU ...... 69 CONCLUSION DE LA TROISIEME PARTIE : ...... 76

CONCLUSION GENERALE ...... 77 BIBLIOGRAPHIE: ...... 78 ANNEXES ...... 82

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RESUME

La Commune Rurale d‟Ankaranana représente le centre d‟intensité maximum du volcanisme de l‟Itasy1. Elle est entourée par des massifs volcaniques, des cônes stromboliens et de paysage collinaire. La cuvette d‟Ambovo fait partie de la plaine d‟Ankaranana et concentre l‟aménagement agricole de la région. A cause de la forte pression agricole au niveau des versants de la bordure 0uest et des deux cônes volcaniques, cette plaine est très touchée par l‟ensablement. Ce présent mémoire cherche à comprendre l‟interaction entre le système de production actuel et l‟ensablement de la Cuvette d‟Ambovo à Ankaranana. Il se traduit par l‟ablation des alluvions, des produits volcaniques sur les versants puis ensablement des infrastructures, des parcelles irriguées, des terrains de culture situés en aval. Ce phénomène est sous l‟action du ruissellement sur les ravinements provoqués par la mise en culture, ensuite le transport des matériaux arrachés se fait par les deux rivières traversant la cuvette.

Mots clés : Cuvette d‟Ambovo, système de production, érosion, ruissellements, ensablement, alluvions, volcanisme, Soavinandriana Itasy.

1 LENOBLE (A), 1940

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ACRONYMES

B.D.: Base de Données CITE : Centre d‟Intérêt Technique et Economique CID : Centre d‟Information et de Documentation CR : Commune Rurale CRFPA : Centre Régional de Formation Professionnelle Agricole d‟Itasy ESS : Ecole Supérieure Scientifique FTM : Foiben-Taosaritanin‟i Madagasikara Ha : Hectare HTC : Hautes Terres Centrales INSTAT : Institut National de la Statistique IRD : Institut de Recherche pour le Développement Km² : Kilomètre carré ONG : Organisation Non Gouvernementale RIP : Route d‟Intérêt Provincial RN : Route Nationale SAU : Surface Agricole Utilisée SCV : Système sur Couverture Végétale SIG : Système d‟Information Géographique FVD : mode Faire Valoir Direct FVI : mode Faire Valoir Indirect

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GLOSSAIRE

Ablation : enlèvement des matériaux du sol par l‟eau de ruissèlement. Alluvion : Ces sont des dépôts de taille hétérométriques constitués de débris laissés par les eaux de ruissèlements, se situent dans les bas-fonds ou sur les berges d‟une rivière. Bas- fond : désigne la partie la plus basse d‟une vallée. Bassin-versant : désignation technique et précise de tout ou partie d‟un bassin hydrographique. C‟est-à-dire, une surface topographiquement délimitée par la ligne de crête et hydrographiquement définie par un réseau plus ou moins hiérarchisé qui draine toute la surface depuis le bassin récepteur vers les bas-fonds suivant le talweg. Baiboho : sols alluviaux, peu évolués, parmi les plus riches de , sur leurs qualités et leur variété qui se développe principalement dans les dépressions périphériques ou dans les plaines d‟inondation. Basanite : magma effusive noire à aspect de basalte, microlitique souvent porphyrique, avec plagioclase, feldspathoïde. Colluvions : Une colluvion est un dépôt meuble sur un versant ou à son pied ou dans un vallon, mis en place par ruissellement ou microglissements. Cuvette : une dépression plus ou moins circulaire, dont les bords sont en pente plutôt faible ou très faible. Erosion : enlèvement des matériaux aux sols et aux roches par des agents naturels : les eaux courantes, le vent, les glaciers et leurs eaux de fonte, les éboulements et glissement. Ravine : une entaille importante en forme V, en voie d‟évolution et non stabilisée Rigoles : ce sont des entailles peu profondes du relief ayant la forme de petite ravine ; Sol ferralitique : classe des sols à profil ABC des régions tropicales humides et équatoriales. Les sols ferralitiques présentent une forte individualisation de ses oxydes de fer d‟alumine et une dominante d‟argile de type kaolinite. Splash : il désigne le résultat direct des gouttes d‟eau dans le sol Système de culture : il concerne l‟analyse des paysages agraires et la différenciation de plusieurs modes d‟exploitation du milieu au sein de l‟espace cultivé. Système de production : association des productions et des techniques mises en œuvre par une société rurale pour exploiter son espace, gérer ses ressources et satisfaire ses besoins. Versant : surface incliné d‟un relief, se terminant souvent en bas-fond dans une vallée, mais pas nécessairement. Volcanisme : ensemble des processus et phénomènes de remontée vers la surface du magma fondu et par lequel les gaz associés sont libérés dans l‟atmosphère.

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LISTE DES ILLUSTRATIONS

LISTE DES CROCQUIS

Croquis 1: Localisation de la Commune Rurale d‟Ankaranana ...... 14

Croquis 2: La Cuvette d'Ambovo ...... 17

Croquis 3: Hypsomérie de la Région Analavory et Ankaranana ...... 26

Croquis 4: Occupation du sol dans la Commune ...... 30

Croquis 5: Nombre de population et densité par Fokontany ...... 34

Croquis 6: Infrastructures routières du District de Soavinandriana ...... 48

Croquis 7 : Topographie de la commune Ankaranana avec son profil ...... 49

Croquis 8 : Le relief et l‟occupation du sol aux alentours de la cuvette d‟Ambovo ...... 50

Croquis 9: Profil de lapillis et des cendres volcaniques d‟origine strombolien sur la bordure Ouest de la cuvette d‟Ambovo...... 59

Croquis 10: Etat de la cuvette sur le foyer principal d‟ensablement en amont ...... 63

Croquis 11: Système d‟exploitation des sols suivant la toposéquence...... 74

LISTE DES FIGURE

Figure 1: Diagramme Ombrothérmique selon la formule de GHAUSSEN P = 2T ...... 27

Figure 2: Répartition par sexe et par âge de la population à Ankaranana ...... 32

Figure 3: Courbe d‟accroissement démographique de la population dans 9 ans successifs ...... 33

Figure 4: Groupe ethnique...... 37

Figure 5: Niveau d'étude des chefs de ménage ...... 38

Figure 6: Répartition de culture suivant le terroir ...... 39

Figure 7: Mode Faire Valoir par ménages ...... 41

Figure 8: Répartition des terrains agricoles suivant la classe sociale ...... 42

Figure 9: Perte de surface agricole dans la Cuvette d'Ambovo ...... 62

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LISTE DES PHOTOS

Photo 1: Le paysage de type collinaire à la partie Ouest de la Cuvette ...... 20 Photo 2: Massif volcanique allongé à la limite Sud et Sud-Est de la cuvette ...... 21 Photo 3: Plateau de projection basanitique à l‟Est de la cuvette...... 22 Photo 4: Plaine d'Ambovo ...... 23 Photo 5: La rivière Lili ...... 25 Photo 6: Sol ferralitique: sol du tanety ...... 29 Photo 7: Sol volcanique: sol de bas-fond ...... 29 Photo 8: Terrain occupé par de voarohy hazo sur la partie centrale de la plaine d'Ambovo ...... 36 Photo 9: Production fruitière à Ankaranana ...... 46 Photo 10: la route vers pendant la période pluvieuse ...... 48 Photo 11: Exploitation non contrôlée, abusive de versant collinaire à l‟Ouest de la cuvette ...... 51 Photo 12: Feux de brousse au niveau des terrains agricoles sur la colline ...... 52 Photo 13: Les cônes volcaniques près de la cuvette ...... 56 Photo 14: Etat d‟ensablement des rizières bordant la rivière ...... 64 Photo 15: Assèchement de la rivière d‟Andakalava ...... 65 Photo 16: Le lit du fleuve Andakalava ...... 66 Photo 17: Photos de comparaison de l‟état du pont ...... 67 Photo 18: Les deux lacs ensablés à l‟ouest de la cuvette ...... 69 Photo 19: Types de terrassement dans la zone ...... 71 Photo 20: Le système de protection du sol ...... 72

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1: Les effectifs enquêtés lors du travail de terrain ...... 12 Tableau 2: La production totale de la Commune par type de culture ...... 44 Tableau 3: Niveau de production pour chaque culture dans la commune...... 45 Tableau 4: Calendrier de culture du riz ...... 53 Tableau 5: Calendrier de culture vivrière au niveau des versants : ...... 53

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INTRODUCTION

L‟exploitation irrationnelle du sol constitue un problème majeur dans toutes les zones rurales de Madagascar. Selon l‟INSTAT 2010, 90% des malgaches travaillent dans le secteur primaire. Des grandes zones de culture par des grandes concessions dont la production est destinée à l‟industrie coexistent avec des petites exploitations familiales. Pour la région Itasy, environ 88% de la population sont dans le secteur agricole2 et pour la Commune Rurale d‟Ankaranana, de 95% 3. La plupart des petites exploitations agricoles rencontrent des difficultés pour l‟aménagement et la gestion de leur espace. Il est difficile de remédier les effets négatifs de la mise en valeur agricole du milieu. Pour le cas de la Cuvette d‟Ambovo, Commune Rurale d‟Ankaranana, une zone volcanique à forte potentialité agricole a subi l‟ensablement dû à l‟action de l‟érosion accentuée. Le système de production agricole est le précurseur de ce phénomène. L‟exploitation non maitrisée des versants accélère l‟ensablement qui est devenue spectaculaire dans les quatre dernières années. Cette région a été choisie pour deux raisons : d‟une part, elle possède des potentialités agronomiques aptes à faire décoller l‟économie de la région. D‟autre part, le système de production devant un milieu fragile limite l‟utilisation des ressources. La recherche sera menée autour d‟une question centrale « Dans quelles mesures le système de production contribue-t-il à l’ensablement de la cuvette d’Ambovo? » Pour pouvoir apporter des réponses à ce questionnement, la recherche est tournée vers deux grands domaines bien distincts : d‟abord, l‟analyse des interactions entre le problème de l‟ensablement et le système de production actuel, puis aboutir à la proposition de solutions pour résoudre le problème et restaurer le milieu. Notre travail consiste alors de chercher à comprendre l‟espace étudié en définissant quelques idées dans le but de les éclaircir. Il se subdivise en trois parties :

2 CRFPA : Centre de Formation Agricole de l‟Itasy (Antanetimboahangy-Analavory) 3 Monographie de la CR d‟Ankaranana

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 La première consiste à la conceptualisation du sujet et à décrire le milieu naturel de l‟espace étudié. Pour cela, il est important de décrire le cadre général de la recherche en apportant plus de lumière sur le sujet de recherche. Il s‟agit d‟abord de spécifier et contextualiser le sujet de recherche. L‟analyse est suivie ensuite par la formulation de la problématique afin d‟orienter la recherche et en définissant les objectifs. Il est aussi nécessaire dans cette partie de décrire les méthodes avec lesquelles l‟ensemble de la recherche s‟est accomplie. Puis la description du cadre physique et humain de la zone de recherche. .  La deuxième partie s‟intéresse aux relations entre le système de production et l‟ensablement. Les analyses effectuées dans cette partie concernent d‟une part les spécificités des exploitations agricoles, de la mise en valeur de l‟espace, et d‟autre part les phénomènes naturels.

 La dernière partie insiste sur la perspective de la recherche en effectuant des études sur l‟état de lieu actuel du paysage autour de la cuvette d‟Ambovo et analyse les méthodes de restauration du milieu. Ensuite, elle fait la description des réactions et stratégies des paysans face au problème de l‟ensablement afin de proposer des solutions pour restaurer le milieu naturel.

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Première partie CONCEPTUALISATION ET CADRAGE DE LA RECHERCHE

2 Chapitre I : CADRE GENERAL DE LA RECHERCHE I.1. JUSTIFICATION DU SUJET DE RECHERCHE

I.1.1 SPECIFICITES ET CONTEXTES

Ses spécificités nous ont incités au choix de la zone de recherche : le milieu est à la fois riche et fragile. La zone se trouve dans une région volcanique dont l‟activité des habitants est principalement basée sur l‟agriculture pratiquée sur des pentes et dans les bas-fonds. Les versants sont aménagés en culture pluviale à polyculture tandis que le bas-fond réservé à la riziculture ou quelquefois de monoculture. Grâce aux conditions naturelles propices au développement agricole, le paysage est marqué par une forte occupation du sol. C‟est la Commune qui tient le premier rang en production agricole dans le District de Soavinandriana grâce à ses fortes potentialités. La pression démographique expliquée par le fort taux de migration, le caractère jeune et actif de la population associé à tous ses atouts physiques amplifie sa forte capacité agricole qui constitue le pivot de la vie économique et social. Le milieu est fortement anthropisé, il a été modifié et dégradé par la société. D‟ailleurs, la Commune est considérée comme une commune enclavée de l‟Itasy car elle demeure une zone délaissée à l‟échelle de la Région. L‟accroissement démographique, le système de production agricole marqué par l‟utilisation non maitrisé de la pente, la mise en culture sur les cônes volcaniques fragiles, l‟abondance des pluies expliquent la situation de dégradation actuelle du paysage autour de la plaine d‟Ankaranana. En ce moment, le milieu connait une transformation généralisée et régressive, la dégradation du territoire rural pèse très lourde. Elle menace les sols, les ressources en eaux et surtout les parcelles des bas- fonds. La dégradation ne cesse de s‟aggraver d‟une année à l‟autre. Cela se manifeste par l‟ensablement d‟une grande étendue de bas-fonds à cause de l‟érosion en ravines des versants, exploités en parcelles de culture. A chaque saison de pluie, le phénomène d‟érosion s‟accroit sur les pentes. Les sables et les scories volcaniques remplissent les zones basses, réduisant la superficie des rizières et la surface agricole. D‟ailleurs, les paysans pratiquent toujours le système d‟aménagement traditionnel qui accroit le rythme de dégradation.

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A cause de la pente élevée et fragile au niveau du cône Kassigie, le versant occidental de celui-ci est fortement attaqué par des ravinements profonds qui ne cessent de s‟intensifier. L‟accroissement de la mise en culture du versant menace toutes les zones basses jusqu‟ aux rizières de la cuvette d‟Ambovo par le transport effectué par la rivière d‟Andakalava qui prend sa source au pied du cône. Ainsi, les paysans sans terre exploitent le versant pour la culture pluviale et ils recourent aux défrichage par incendie. La méthode de culture sur brûlis, consiste au défrichement par le feu des surfaces boisées. La parcelle n‟est alors mise en jachère que pendant une période très courte, du fait de la pression foncière. La durée trop courte de la jachère ne permet pas la reconstitution des sols. Les pluies érodent alors le terrain mis à nu, emportant la mince couche fertile. Cette érosion provoque aussi l‟ensablement des rizières situées au creux des vallées.

I.1.2. PROBLEMATIQUES ET ORIENTATION DE LA RECHERCHE

Préciser la problématique serait une occasion de savoir exactement ce que l‟on cherche. Il s‟agit donc de poser les questions auxquelles on souhaitera apporter des réponses au terme des travaux :  PROBLEMATIQUE GENERALE Dans quelles mesures le système de culture contribue-t-il à la protection de l’environnement dans la cuvette d’Ambovo à Ankaranana?  PROBLEMATIQUE SPECIFIQUES : En quoi le système de production est-il facteur de l’ensablement ? Comment peut-on adopter le système de culture à une pratique à moindre risque?

Pour pouvoir éclaircir notre problématique et pour orienter notre analyse, nous avons posé deux grandes hypothèses : - Il existe des interactions entre la dégradation du milieu et le système de culture. - Les paysans locaux adoptent un système de culture traditionnel inadapté au milieu et entrainant l’érosion des sols.

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I.1.3. CHOIX ET OBJECTIFS DE LA RECHERCHE

L‟aménagement de l‟espace rural nécessite une étude particulière vues les potentialités agronomiques du milieu alors que les paysans restent toujours dans la pauvreté. C‟est exactement le cas de notre région. La fertilité du sol, la dynamique paysanne et l‟extension des terres cultivées font du secteur agricole comme pilier de l‟économie de la région. Il occupe une place prépondérante au sein du développement local. Pourtant le milieu connait une transformation généralisée et régressive, la dégradation du territoire rural pèse très lourde. Elle menace les sols, les ressources en eaux et surtout les terroirs des bas-fonds à cause du système de culture occupant fortement les pentes.

D‟ailleurs, la population attirée par la fertilité du sol volcanique n‟est pas consciente de la menace qui pèse sur le milieu. Il fallait chercher à diminuer la dégradation en cours en cherchant la possibilité de maintenir un équilibre entre le système cultural sur les versants et la protection des zones basses.

Comme notre sujet insiste sur les liens entre dégradation de la ressource naturelle et le système d‟aménagement. L‟objectif de notre recherche est de chercher une meilleure gestion du territoire rural à partir des systèmes adaptés au milieu et à la société. Il faut alors trouver la possibilité de maintenir un équilibre entre les activités paysannes et la protection des ressources naturelles pour une mise en valeur durable de la zone. Celle-ci devrait allait de pair avec le changement de la stratégie, notamment le système de culture. Il est aussi important de chercher des moyens de restauration du paysage. Il faut chercher des stratégies d‟occupation de l‟espace qui gèrent le long terme et anticipent les conséquences néfastes (exploiter d‟une manière durable les ressources naturelles). Il faut chercher à promouvoir la technique d‟aménagement en amont pour atténuer les impacts néfastes en aval tout en intensifiant la production. Il faut définir des techniques culturales et des aménagements antiérosifs en tenant compte de la topographie, du climat, du sol sans compromettre le patrimoine foncier. En un mot, l‟aménagement de ce milieu doit répondre à un principe de cohérence spatio- temporelle des activités en vue de satisfaire les besoins récents et de conserver cet espace pour l‟aménagement futur.

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I.2. METHODES ET DEMARCHE DE RECHERCHE

I.2.1 ANALYSE BIBLIOGRAPHIQUE

LEBEAU (R), 1969, « Les grandes types de structure agraires dans le monde. »

Cet ouvrage parle de l‟organisation du paysage rural et son évolution dans le monde entier. Il présente une gamme extrêmement variée de structure agraire, il y a eu des systèmes de culture traditionnels et archaïque. Quand la technique agricole n‟est pas perfectionnée, le travail manuel et la traction animale sont très utilisés. Ce sont les pays d‟Afrique noire et quelquefois de l‟Europe. L‟aménagement de la savane ne donne qu‟une faible productivité.

Les exploitations agricoles modernes sont caractérisées par l‟utilisation des techniques perfectionnées comme dans les pays américains, français et soviétique. Les types d‟aménagement ne sont pas donc semblables dans le monde. Le type de climat, la nature du sol, la densité de la population agricole, la structure de la société apportent d‟innombrables nuances. Pourtant, il semble que dans le monde contemporain, la diversité des structures agraires ait tendance à s‟atténuer, les systèmes traditionnels tendent à se disparaître à l‟échelle mondiale. Il y a une tendance vers de nouveaux rapports entre homme et sols : beaucoup moins attaché à la terre mais par contre, il est beaucoup plus préoccupé de l‟intensification de sa production. Tout cela donnera un meilleur résultat de la protection et du développement de la zone rurale.

Cet ouvrage nous permet d’avoir une idée sur la généralité de l’agencement, du mode et de la technique d’occupation du sol et les différents phénomènes qui se passent dans les paysages ruraux du monde entier. Il permet aussi de faire de l’analyse et de pouvoir réfléchir sur le cas de notre zone.

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Analysons ensuite le système de production dans les pays africains francophones tropicaux :

Tout d‟abord, le système productif agricole repose sur trois grands concepts bien enchainés : le système de culture ; le système de production et le système d‟exploitation. Le système de production est à la fois un outil d‟observation et un outil d‟interprétation de tous les faits qui se rattachent à la production agricole, végétale et animale, en un lieu et à un moment donné. Il sert à les ordonner et à les lier. La finalité c‟est de mieux comprendre pour éventuellement mieux agir. En effet, le concept de système de production permet de mieux poser les termes du débat entre agricultures extensive et intensive. Dans les pays africains tropicaux, les systèmes de production sont divers et hétérogène. Les stratégies mises en œuvre sont diverses selon les régions et les sociétés : les techniques culturales et les combinaisons ou dissociations de productions. Les comportements des cultivateurs sont variables d‟une région à l‟autre, d‟un village à l‟autre, d‟une habitation à l‟autre, adaptables à toutes les modifications de l‟environnement physique et humain. Malgré cette diversité, les systèmes de production paraissent spécifiques. La production agricole de l‟Afrique tropicale est caractérisée par un système extensif basé sur le fruit de la force de travail du groupe domestique. L‟appareil de production est composé de milliers de cellules autonomes qui fournissent la majeure partie de l‟effort. Au sein du ménage, tous participent aux travaux des champs, les hommes, les enfants non scolarisés, les femmes dont leur apport en travail est essentiel. (Jean-Marc GASTELLU, 1987)

Autour du golfe de Guinée, dans les régions forestières, les femmes jouent un rôle fondamental dans l‟étape de fondation des plantations, en entretenant les cultures vivrières. L‟objectif prioritaire de ce travail est d‟assurer la sécurité alimentaire du groupe. Cela veut dire que les opérations culturales ne sont pas encore mécanisées. En région de forêt, les planteurs de cacao et de café emploient des manœuvres agricoles, sauf au Cameroun, sans doute à cause de la réforme du régime de l‟indigénat. Une très forte personnalisation marque l‟exploitation agricole. (Jean-Marc GASTELLU, 1987)

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En basse Côte d‟ivoire, A. BIARNÈS et J.-P. COLIN isolent plusieurs systèmes de cultures vivrières, en relation étroite avec l‟accès à la terre. Les autochtones, qui ont une meilleure emprise sur le sol, sont aussi des producteurs d‟igname et atteignent l‟autosuffisance alimentaire. Les allochtones, peu sûrs de leurs droits sur la terre, produisent pas d‟igname et ne peuvent garantir leur autoconsommation. Ils doivent acheter du riz, parfois en vendant du manioc. Cette étude démontre que la réalisation de l‟objectif d‟autosuffisance alimentaire touche tous les éléments d‟un système de production, en premier lieu les questions foncières. Aussi, la dynamique démographique et le niveau de scolarisation sont étroitement liés aux stratégies de reproduction sociale. Celle-ci est un facteur important de la transformation des relations au sein du groupe domestique, et par là de la mutation des systèmes de production. (QUESNEL, VIMARD) Le même comportement et même cas se retrouve chez notre zone de recherche en terme de production. Les paysans exploitent les parcelles de manière extensive augmentant ainsi les besoins de terre et les paysans sans terre entrent dans l‟exploitation des pentes. Pourtant, les paysans cherchent à minimiser les risques (LESOURD). En zone forestière, l‟association des cultures, est une façon de limiter les risques.

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 Prenons quelques régions de Madagascar

RAZAFINDRAINIBE (J). 1983, « Les formes d‟activités rurales et les problèmes agricoles dans le Fivondronamponkontany de Mahanoro. » Ce mémoire s‟est consacré aux activités rurales particulièrement le travail de la terre face à une masse paysanne attachée à un système agricole archaïque dans le Fivondronamponkontany de Mahanoro. Ainsi, l‟introduction de culture commerciale et l‟encouragement des cultures vivrières ne font que renforcer la pratique de tavy au lieu de l‟éliminer. Une contradiction se fait entre modernisme et traditionalisme. Il apparait un dualisme entre système de production traditionnel basé sur la culture itinérante sur brûlis et la modernisation qui accélère la culture de plantation. Dans la région, le climat tropical humide a permis une rapide évolution du sol et sa rapide dégradation. Il s‟ensuit un appauvrissement de la végétation, accélérée par la culture sur brûlis.

RAVELOMANANTSOA (Z) 2004. « Activités paysannes et protection de l‟environnement dans la région d‟Andapa : cas des villages de BELAMBO-LOKOHO et d‟ANTSAHAMELOKA. » La région d‟Andapa est aussi un milieu riche et fragile comme le nôtre. Les conditions physiques de l‟exploitation agricole sont bonnes. Le climat, la pédologie et le réseau hydrographique offrent de fortes potentialités agricoles. Ce qui fait l‟attraction du milieu. Aussi, la zone constitue une zone de migration à forte croissance : le besoin croissant des terres engendré par la croissance démographique et l‟outillage rudimentaire entrainent une forte pression sur les ressources naturelles. Le territoire est alors entièrement exploité. Il se trouvera une rupture d‟équilibre entre les capacités de production et les besoins de la population. Ces zones connaissent une dégradation rapide comme la nôtre à cause de la pression démographique et besoin croissant de terre. Les différences concernent la pratique de la culture itinérante sur brûlis pour Belambo- Lokoho et d‟Antsahameloka et la forte occupation non maitrisée des pentes pour notre zone de recherche.

Ces ouvrages nous permettent d’avoir une réflexion sur l’interaction entre les activités rurales et leurs effets néfastes sur l’environnement. Le plus important c’est de trouver de solution.

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RABENANDRIANINA (R) 2003 « l‟agriculture et l‟environnement à Madagascar »

BLANC PAMARD et MILLEVILLE(P). « Pratiques paysannes, perception du milieu et système agraire. »

Ces ouvrages parlent de l‟agriculture et érosion des sols des Hautes Terres de Madagascar. Une réalité agraire résulte de rapports complexes entretenus entre une société et son environnement. Sur les Hautes Terres de Madagascar, le relief est constitué de colline d‟altitude moyenne, autour de 1200-1400m Les impacts de l‟érosion des sols constituent un des freins au développement. 200 à 400 tonnes/ha/an de la couche arable du sol, sont perdus, emportés par les eaux de ruissellement, alors que la moyenne mondiale est de 11 tonnes /ha/an. L‟érosion des sols est une menace pour l‟agriculture. Comme étant un facteur de production, la perte de la qualité des sols affecte donc la production. Les conséquences de l‟érosion sur la productivité des terres s‟expriment en termes de baisse de revenus agricoles. Il est donc nécessaire de trouver des solutions pour limiter cette dégradation de la qualité des sols.

Sur les Hautes Terres de Madagascar, deux méthodes sont donc à analyser :

- Le paillage des parcelles de cultures avec une couverture végétale morte et appliquant le système de travail minimum du sol (zéro labour) - La plantation de haies vives fixatrices sur les contours des parcelles.

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I.2.2. DEMARHE DE RECHERHE

Après avoir choisi le sujet, la démarche INDUCTIVE a été adopté : c‟est-à-dire, partir des faits et établir une théorie, la collecte des données sert à vérifier l‟hypothèse et aboutir à un résultat. La démarche inductive part d‟observations et mène à une hypothèse ou un modèle scientifique. Il s‟agit donc d‟une généralisation à une classe d‟objets ce qui a été observé sur quelques cas particuliers. Il faut partir d‟abord sur l‟observation de tous les faits, ensuite l‟analyse de ces faits et enfin la vérification.

Ensuite, nous nous sommes engagés à faire la documentation qui est une technique permettant de connaitre préalablement les réalités sur le terrain étudié. Nous avons consulté des ouvrages (spécifiques, généraux, revues…) concernant le sujet et en tirer le maximum d‟informations. L‟analyse documentaire permet aussi de dégager la problématique, de se référer au contexte et de cadrer le problème. Nous sommes allés aux différents centres de documentation comme la bibliothèque de géographie, bibliothèque universitaire, bibliothèque nationale, Institut de Recherche pour le développement IRD, au CITE Ambatonakanga, au Centre d‟Information et de Documentation CID de l‟ESS AGRO, au niveau de la commune (monographie et enquêtes au niveau de la commune).

Pendant la lecture, nous avons collecté toutes les informations qui sont en relation avec le thème suivi d‟une pré-enquête. Cela consiste à la prospection du terrain afin de connaître les problèmes existants sur la zone de recherche en rapport avec le sujet qu‟on étudiera.

Le travail de terrain proprement dite consiste à voir de plus près les réalités du terrain. Elle est une phase de vérification des hypothèses et de réajustement de la recherche aux réalités. Cette descente sur la zone de recherche comporte plusieurs missions, l‟enquête auprès de la Commune (ses dirigeants), au niveau des Fokontany et des ménages (échantillon).

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I.2.3. OUTILS DE RECHERCHE ET ECHANTILLONNAGE

Le système d‟information géographique est un outil conçu pour l‟analyse et la distribution spatiale des phénomènes ; de saisir l‟information et de l‟intégrer au système, de les mettre en forme, de modifier ou les manipuler pour satisfaire aux exigences de l‟étude. La prise des images captées se fait par l‟utilisation du logiciel Google Earth qui nous a permis de voir en 3 Dimension (3D ) la zone de recherche en dégageant quelques éléments physiques de la zone à savoir le relief, l‟hydrographie et la végétation.

Durant la sortie sur terrain, 70 ménages ont été choisis sur les 300 menacés et en fonction du niveau de vie de la population rurale. L‟enquête a été faite dans les 2 Fokontany4 Ankaranana et Ambovomahasoa parce que ce sont les 2 Fokontany qui sont les plus menacés par l‟ensablement. La méthode d‟échantillonnage que nous avons appliquée est la méthode par quota car c‟est la plus simple et la plus répandue. Elle repose sur un principe très simple pour reproduire fidèlement les caractéristiques de la population étudiée grâce à un calcul simple. Le tableau n°1 résume l‟échantillonnage.

Tableau 1: Les effectifs enquêtés lors du travail de terrain

Ménages Ménages MENAGES ENQUETEES Fokontany victimes menacés MENACES VICTIMES Ankaranana 170 54 19 20 Ambovomahasoa 130 36 11 20 TOTAL 300 90 30 40

On a choisi 39 ménages dans le Fokontany Ankaranana et 31 à celui d‟Ambovomahasoa. L‟échantillon est réparti en 20 ménages riches, 35 moyens et 15 pauvres au total. Parmi ces ménages, 40 ont déjà perdu leurs terrains et les 30 restes sont très menacés de l‟ensablement.

4 Fokontany : Structure administrative de base instaurée depuis 1976 et maintenue jusqu‟à maintenant.

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Quelques problèmes sont rencontrés pendant la réalisation de ce travail. Personne n‟a jamais fait une étude concernant notre zone de recherche. Les données à la disposition sont basées sur des enquêtes auprès des ménages, des données au niveau de la Commune et la photo Google Earth. Aussi, dans les centres de documentation, la plupart des ouvrages souhaités ont disparu, et les autres sont très anciens, ils sont flous voire illisibles. Donc, nous devons recourir sur les sites internet mais les données fournies sont insuffisantes.

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Croquis 1: Localisation de la Commune Rurale d’Ankaranana

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Chapitre II : CADRAGE DE LA ZONE DE RECHERCHE

II.1. LA ZONE DE RECHERCHE

II.1. 1. PRESENTATION DE LA COMMUNE RURALE D‟ANKARANANA

La commune rurale d‟Ankaranana est une petite commune qui se situe à 150km à l‟ouest de la capitale, dans la région Itasy. A 20km à partir d‟Analavory, en empruntant la RN1, une déviation vers le sud conduit jusqu‟à notre Commune avec une route secondaire de 17km plus ou moins accessible aux véhicules. La région se situe entre 19° 1‟ 30‟‟ – 19° 4‟ 30‟‟ de latitude Sud et 46° 32‟ 30‟‟ – 46° 40‟ longitude Est qui s‟étend sur une superficie de 42 km2. Elle est limitée par la CR d‟Analavory au Nord, la CR d‟Ankadinondry au Nord-Ouest la CR de au Sud, la CR d‟ au Sud-Est et la CR d‟Ampefy à l‟Est. La rivière Lili sépare les deux Communes Analavory et Ampefy (cf. .croquis n°1, localisation de CR d’Ankaranana, page 48).

Du fait de sa situation géographique, la région d‟Ankaranana fait partie de l‟Itasy mais se définit aussi Moyen Ouest malgache. Elle présente les mêmes conditions naturelles qu‟à celles des Hautes Terres Centrales. Les sols volcaniques fertiles, la précipitation abondante, le climat tropical d‟altitude à deux saisons bien distinctes (chaude et humide ; fraiche et sèche), les réseaux hydrographiques assez denses offre des potentialités économiques. D‟ailleurs, la population est jeune ; active et formée essentiellement par des immigrants amplifiant sa forte potentialité agricole. Ce qui fait la zone un territoire où l‟agriculture représente la principale richesse. Sur le plan administratif, elle appartient au district de Soavinandriana, dans la région Itasy avec une distance de 25 km à partir de ce chef-lieu de district. La Commune rassemble 7 Fokontany : Ankaranana ; Ambodimanga ; Ambovomahasoa ; Antsapanimahazo ; Manirisoa et Marovato. Le Fokontany Ankaranana proprement dite porte le nom de la Commune et elle est considérée comme chef-lieu de la Commune.

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L‟origine de la Commune remonte à la fin du XIXe siècle, du temps où les premiers Andriana vivaient à Manakambahiny, situé à 2 km au nord d‟Ankaranana. Vers le début du XXe siècle, suite à des conflits entre ces Andriana, les familles Randriamihaja et Rapatsalahy étaient obligées de changer de village. Comme ces familles ne cessaient d‟augmenter en nombre, un groupe formé par Ranandrolahy, Ranaivo I, Ramalanjaona I, Ranaivolahy, Rainigodona, Ravonibe se déplaçait plus au sud afin de trouver un terrain d‟accueil pour le nouveau village. Il trouvait une colline forestière et pierreuse, riche en « vato karanana 5».

A l‟aide de tous les membres du village, la colline était débroussaillée et déblayée. Le nouveau village a été installé en haut au sud et a été baptisée « Ankaranana là où il y a des vato Karanana. » La formation végétale de roseaux avaient disparu et furent remplacées par des rizières, et celle des goyaves et de Korompotsy6 était déblayée et transformée en champs de manioc et de riz. La population était essentiellement des riziculteurs.

5 Ce sont des galets 6 Ce sont des savanes herbeuses

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Croquis 2: La Cuvette d'Ambovo

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17 II.1.2.LA CUVETTE D’AMBOVO

La cuvette d‟Ambovo occupe 500 ha dans le cadre du Bassin Versant d‟Ankaranana. Elle représente à peu près 12% de la surface totale de la Commune et englobe des zones basses vouées aux terrains rizicoles au pied des massifs volcaniques d‟Ankaranana. A l‟ouest de la cuvette se trouve une zone collinaire où se concentrent les terrains de culture pluviale. A l‟est et au sud se trouve une zone montagneuse d‟origine volcanique qui s‟étend jusqu‟à la région de Mananasy. Elle se termine au nord par de plateau volcanique qui est une zone de projection des blocs de pierre et des cendres volcaniques.

La cuvette est à cheval entre 4 Fokontany sur les 7 Fokontany de la Commune, ce sont : Ambovomahasoa, Ankaranana, Ambodimanga et Manirisoa. Une grande partie de sa superficie est occupée par du terroir rizicole dont la production assure l‟approvisionnement en riz d‟un grand nombre de la population de la région. Elle est considérée comme le grenier de la Commune. Mais devant ses atouts, l‟ensablement de la cuvette constitue un problème majeur. Ce phénomène est dû à l‟action de l‟érosion sur les versants environnants particulièrement sur les deux cônes volcaniques Kassigie et Antsoritsoritra. Et les deux rivières qui traversent la cuvette y déposent des grandes quantités d‟alluvions et de scories (cf. croquis n°2 à la page 17).

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II.2. LE CADRE PHYSIQUE DE LA RECHERCHE

Le cadre naturel offre des atouts pour les activités humaines de la zone de recherche. L‟étude des caractères physiques (l‟état des sols, le relief, le climat) permet de prouver ses potentialités en matière agricole, pivot de sa vie économique et sociale.

II.2.1 LES DONNEES TOPOGRAPHIQUES II.2.1.1. Un relief typique des hautes terres centrales

Le relief est caractérisé par un paysage collinaire dans la partie ouest et de paysage de massif volcanique à l‟est et au sud. La région fait partie des Hautes Terres de l‟ile. Elle forme des espaces hétérogènes, des formes diverses : des montagnes et collines volcaniques, des vallons et des vallées alluviales, de tanety, des versants à pente faible et forte qui se terminent par des bas-fonds de taille variée. Dans l‟ensemble, le relief est accidenté. On constate la formation progressive des lavaka7 au niveau des versants. D‟où l‟érosion est active en période de pluie. La photo n°1 nous montre l‟importance des ravinements sur les versants des collines à la partie occidentale de la cuvette.

7 Incisions observées surtout sur les bas du versant. Ils sont liés à la fluctuation de la nappe phréatique. Les ruissèlements n‟interviennent que dans leur évolution.

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Photo 1: Le paysage de type collinaire à la partie Ouest de la Cuvette

Source : cliché de l’Auteur Octobre 2016

Un paysage de montagne forme la limite Sud et Sud-Est de notre zone de recherche, constitué de massif volcanique allongé qui domine nettement les autres reliefs. C‟est un ensemble de montagnes alignés de direction sud-nord en partant de Mananasy par Ambohimalalakely (1540m), Matiankanina (1441m), Ambohimaona (1550m), Ambohimalala (1632m) et Kassigie (1662m) .Ces altitudes sont parmi les plus fortes de l‟Itasy et forment la zone de partage des eaux entre le bassin de Kitsamby et le bassin de la Sakay8. Ils ont des pentes rectilignes de 25 à 30°. La dénivellation topographique est importante, atteint jusqu‟à 600m. Le système hydrographique est fortement encaissé.

8 Source : MOTTET (G), 1972

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La photo n° 2, prise à Ambovo présente au premier plan une partie des terrains de culture au coin Sud –Est de la cuvette, au second plan les massifs volcaniques allongés à la limite Est et Sud de la cuvette

Photo 2: Massif volcanique allongé à la limite Sud et Sud-Est de la cuvette

Source : Cliché de l’Auteur mars 2016

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Du paysage de plateau, à la partie Est. L‟altitude varie de 1000 à 1150m. Il est caractérisé par des formes des pentes assez douces dues au remblaiement postérieur par les produits de projections volcaniques ou au comblement partiel des vallées par les coulées de laves. C‟est une zone caractérisée par l‟abondance de roche volcanique tel le Basanite9. La dénivellation topographique est moyennement importante de l‟ordre de 200m qui s‟incline d‟Est en Ouest, l‟encaissement du système hydrographique est peu élevé. La photo n°3 présente un paysage de basanite à l‟Est de la cuvette. Le sol est squelettique et limite l‟extension des terrains de culture. Pourtant, les paysans y mettent des cultures pluviales parsemées dans les roches.

Photo 3: Plateau de projection basanitique à l’Est de la cuvette.

Source : Cliché de l’Auteur mars 2016

9 Roche sombre, basique typique du basalte

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Le relief de plaine occupe une zone plus ou moins étendue qui forme la cuvette d‟Ambovo où se concentrent les rizières et une grande partie de terrains de culture de la Commune. L‟altitude moyenne tourne autour de 900 à 1000m. La dénivellation est faible (27m) inclinée de sud au nord, l‟encaissement du système hydrographique est faible.

Photo 4: Plaine d'Ambovo

Source : Cliché de l’Auteur mars 2016

Cette photo n°4 nous montre l‟agencement du relief aux alentours de la Cuvette d‟Ambovo. La photo a été prise au niveau du versant à la limite Est. Elle présente au premier plan un versant très occupé par la culture et le village du Fokontany Ambovomahasoa un peu plus en bas. Au deuxième plan, elle montre l‟importance des terrains rizicoles sur la plaine. Au dernier plan, le massif volcanique allongé et le cône d‟Antsoritsoritra près du village d‟Ankaranana.

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La zone de recherche est une zone de contact SOCLE-VOLCAN. Le volcanisme quaternaire10 occupe la zone près de la bordure ouest du lac Itasy. Il semble bien que cette zone d‟une vingtaine de kilomètres de long et de quelques kilomètres de large représente le centre d‟intensité maximum du volcanisme de l‟Itasy particulièrement la région d‟Ampefy et la commune rurale d‟Ankaranana. Le BASANITE domine la nature géologique de la région. Les coulées basanitiques éparpillées sont généralement issues des puys Stromboliens11.

Sur le plan morphologique, l‟explosion du volcanisme quaternaire explique la formation des cônes allongés. Il est construit sur le socle précambrien et donne naissance au paysage de massif volcanique. Le plateau donne le paysage de type collinaire sur la partie ouest, caractérisé par ses pentes assez douces, et la plaine forme la cuvette d‟Ambovo.

10 MOTTET (G), 1972 : l‟activité volcanique qui y présente daterait de l‟Holocène, soit 9000 ans BP. 11 Voir page 55 : le Kassigie et Antsoritsoritra, cônes des scories basanitiques.

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II.2.1.2. Un système hydrographique peu important

La partie nord de la zone de recherche est drainée principalement par la rivière Lili qui est le déversoir du lac Itasy. Elle forme la limite nord de la zone et irrigue d‟important terrain agricole sur la partie nord de la commune. Elle prend sa source dans le lac Kavitaha à Ampefy et arrive jusqu‟à la rivière Sakay à Ankadinondry. Tandis que la partie sud et la zone d‟étude proprement dite, le réseau hydrographique est formé par trois rivières peu importante qui prennent toutes leurs sources dans les cônes en bordure sud et Est de la région12. Ces rivières assurent l‟approvisionnement en eau de tous les terrains de cultures sur les zones basses. La cuvette d‟Ambovo est alimentée par la rivière d‟Andakalava, elle assure l‟approvisionnement en eau de tous les terrains de culture notamment la riziculture.

Photo 5: La rivière Lili

Source :clicher de l’auteur Octobre 2016

12 Voir carte n°2, carte de la cuvette d‟Ambovo

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II.2.2. UN CLIMAT TROPICAL D‟ALTITUDE

Du fait de l‟absence des informations concernant les données climatiques, les données d‟Analavory ont été adoptées vue sa proximité par rapport à la zone de recherche.

Croquis 3: Hypsométrie de la région Ankaranana et Analavory

Le croquis n°3 montre que la distance entre la région Analavory et notre zone de recherche est de 14km à vol d‟oiseau. Entre ces deux régions, l‟altitude tourne autour de 1200 à 1300m ne diminuant que dans la cuvette d‟Ambovo. On peut dire que le relief est monotone, ce qui justifie le choix de la station d‟Analavory comme station d‟observation des données climatiques. La zone fait partie des sous-espaces occidentales des Hautes Terres Centrales, proche du Moyen-Ouest Malgache. Le climat est donc celui des Hautes Terres mais il est un peu plus chaud. C‟est un climat tropical d‟altitude à trois saisons bien tranchées : - Une saison chaude et pluvieuse de novembre à avril. Abondance des pluies excessive et température élevée. C‟est la principale saison de culture. - Une saison sèche entre mai et août, la réserve en eau est déficitaire. - Une intersaison en septembre à octobre où la chaleur revient peu à peu pour devenir très forte jusqu‟à l‟arrivée des pluies et où la végétation reprend son cycle végétatif.

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Figure 1: Diagramme Ombrothermique selon la formule de GHAUSSEN P = 2T

400 200

350 175

300 150

250 125

200 100 PRECIPITATION TEMPERATURE 150 75

100 50

50 25

0 0 Jt A S O N D J F M A M J

Source : Direction générale de la météorologie d’Ampandrianomby Antananarivo.

La figure n°1 nous montre les températures et les précipitations moyennes de 30 ans de la station d‟Analavory (1985 à 2015). La pluviométrie moyenne annuelle est de 1581mm, abondante dont la cause serait l‟altitude qui interrompt les effets de Foehn et entraine une reprise de l‟ascendance des masses d‟air. Ce qui atténue légèrement la sècheresse hivernale. Combinés aux courants de Mousson, pendant l‟été, la convection provoque des précipitations abondantes dans la région. Les pluies se concentrent aux mois de novembre à mars dont le mois le plus pluvieux est février avec 355mm. La température moyenne mensuelle environ 21°.9 avec des amplitudes thermiques annuelles de l‟ordre de 10°C ; le maxima est 30°.7C en Octobre et le minima de 11°C en Juillet.

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II.2.3 SOL ET VEGETATION

II .2.3.1. Des sols à caractères volcaniques

La Commune représente le centre d‟intensité maximum du volcanisme de l‟Itasy13. Elle est considérée comme une zone à plus grande puissance de lave et de projection, s‟étendant sur une zone d‟une vingtaine kilomètres de long et de quelques kilomètres de large. Elle est marquée par la prédominance des sols volcaniques, des sols colluviaux et des sols ferralitiques rajeunis avec des formations pédologiques variées. On a remarqué que ces sols sont à forte potentialités agronomiques.

Mais différentes faciès sont observés en fonction de la topographie :

Les sols alluvionnaire ou baiboho: aux aptitudes culturales élevées Ces sont les sols les plus riches de la région et plus intensivement cultivés. Ils sont très riches en minéraux fertilisants. Les alluvions récentes actuelles proviennent de l‟érosion des formations superficielles. Elles sont argileuses à limono-argileuses. Mise à part les zones très sableuses, elles donnent d‟excellents sols de cultures : en monoculture. Sols de colluvions: favorables à tous types de culture mais ils sont essentiellement exploités pour la riziculture irrigué et les cultures de contre saison.

Sur les pentes et les tanety14 : Les sols ferralitiques se rencontrent sur les versants et les tanety à la zone de contact SOCLE-VOLCANISME. Ce type de sol se caractérise par sa couleur rouge brun, il est riche en fer et en alumine. Ce sol est moins fertile que le sol de bas-fond mais il offre encore un bon rendement en cas d‟amendement. Ils sont très sensibles à l‟action de l‟érosion car ils sont très lessivés et dépourvus de bases échangeables et de matière organique. Les paysans choisissent de pratiquer des cultures pluviales dans cet endroit.

13 LENOBLE (A), 1940 14 Tanety : littéralement « terres sèches », collines aux pentes parfois fortes caractéristiques des Hautes Terres Malagasy, résultant de la dissection de l‟ancien haut plateau

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Photo 6: Sol ferralitique: sol du tanety

Photo 7: Sol volcanique: sol de bas-fond

Source : cliché de l’auteur octobre 2016

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II.2.3.2. Une végétation assez dense

La formation végétale est un élément non négligeable dans l‟étude du milieu naturel. Les différentes espèces qui la composent ont beaucoup de signification et reflète le type du climat et du sol de la zone où elle se trouve.

La zone d‟étude est marquée par un faible taux de couverture végétale. On constate une prédominance des formations secondaires plus ou moins anthropisées dominé par des savanes herbeuses à dominance Aristida et des savanes arbustives issues de la régénération des formations végétales après le passage de feu ou le défrichage. Le paysage est fortement occupé par des parcelles de culture. Le sol est favorable à de culture vivrière. Elle se concentre dans la cuvette et sur les collines environnantes. Aussi, on remarque quelques forêts d‟avocatier, de mangeur, de papayer ….

Croquis 4: Occupation du sol dans la Commune

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CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE

La première partie montre le cadre général et la démarche de la recherche en présentant la localisation et le choix de la zone de la recherche ainsi que la justification du thème. Il consiste à définir les idées à éclaircir afin de maitriser le sujet et de proposer des résultats. D‟abord, il faut rappeler les spécificités et le contexte du sujet. Cela a comme résultat de formuler la problématique qui est le fil directeur de la recherche. C‟est aussi de justifier le choix de la zone d‟étude en décrivant les objectifs de la recherche, de discuter de la phase préliminaire de la recherche. L‟analyse bibliographique, la démarche envisagée, ont permis d‟avoir des acquis à propos du sujet et d‟éclaircir la conceptualisation du travail. Enfin, la présentation de l‟espace étudié pour les données topographiques, climatique, hydrologique et pédologique.

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Deuxième partie SYSTEME DE PRODUCTION RESPONSABLE DE L’ENSABLEMENT

31 Chapitre III. EXPLOITATION AGRICOLE ET MISE EN VALEUR DE L’ESPACE

III.1. CARACTERES DEMOGRAPHIQUE COMME FACTEUR DE RENFORCEMENT DE L’AMENAGEMENT AGRICOLE Les caractéristiques démographiques renforcent l‟occupation du paysage agricole dans la cuvette d‟Ambovo à Ankaranana.

III.1.1. UNE POPULATION JEUNE ET NOMBREUSE Avec une superficie de 42km2, la Commune compte 13145 habitants en 2013, avec un taux d‟accroissement naturel de 3,06%. Ils sont répartis en 2204 ménages, 2124 toits et 3748 électeurs.15

Figure 2: Répartition par sexe et par âge de la population à Ankaranana

AGES

60 etplus 55 à 59 50 à 54 45 à 49 40 à 44 39 à 45 Homme 30 à 34 Femme 25 à 29 20 à 24 15 à 19 10 à 14 5 à 9 0 à 4 EFFECTIFS -1000 -800 -600 -400 -200 0 200 400 600 800 1000

Source : Monographie de la commune 2013 (Tableau ANNEXE 4)

15 Monographie de la commune Ankaranana et projection 2016

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La figure n° 2 met en évidence que la proportion des femmes est légèrement dominante par rapport aux hommes. On constate une prédominance des jeunes inferieurs à 19 ans qui occupent plus de la moitié du nombre de la population. La classe d‟âge des personnes actives est très dominante surtout la tranche d‟âge de 15 à 19 tandis que les personnes âgées inactives de plus de 55 ans représentent seulement 3% de la population. Cette structure de la population renforce la forte occupation du paysage agricole car elle fournit une main d‟œuvre importante.

Figure 3: Courbe d’accroissement démographique de la population dans 9 ans successifs

Effectif EVOLUTION DE LA POPULATION 13500 13000 12500 12000 11500 11000 Evolution 10500 de la 10000 population 9500 9000 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 Année

Source : Monographie de la commune 2013 et projection à partir du taux d’accroissement annuel de 3,06%.

Le rythme de croissance de la population est plus ou moins élevé. D‟après le calcul, on connait un taux de croissance de 12,24% pour quatre ans successifs (2007 à 2011) c‟est- à-dire, un taux d‟accroissement annuel de 3,06% avec un fort taux de natalité et le nombre de décès reste toujours inférieur à celui de la naissance. A priori, les mariages précoces favorisent ce phénomène. Dans la commune, les jeunes filles se marient à 15 ans, par conséquent, elles peuvent avoir de nombreux enfants. De plus, les migrations grâce à la fertilité du sol ont des influences sur la structure démographique. Le croquis n°5 montre la répartition et la densité de la population dans chaque Fokontany de la Commune d‟Ankaranana.

33

Croquis 5: Nombre de population et densité par Fokontany

34

D‟après le croquis n°5, on remarque que la répartition de la population est peu équilibrée dans les sept Fokontany. En général, la densité est forte car elle varie de 150 à 350 habitants/km2 et avec une densité moyenne de 311 habitants/km2. La population se concentre un peu plus dans le Fokontany Ankaranana qui est le plus bénéficiaire de la cuvette d‟Ambovo et également chef-lieu de la Commune. Dans cette partie la densité est plus élevée par rapport aux autres, elle monte jusqu‟à 350 habitants/km2. Ce chiffre diminue vers l‟Ouest à cause de l‟agencement du relief, c‟est une zone de succession des hautes collines et des montagnes de plus de 1200m d‟altitude. Ce qui explique la diminution de la densité dans la partie de Marofotsy aux environs de 150 habitants/km2. On constate également que les habitants se concentrent sur les parties favorables à l‟installation humaine, en bordure de la cuvette et de la route d‟intérêt communal.

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III.1.2. POPULATION FORMEE PAR DES MIGRANTS

Les informations recueillies à partir des enquêtes et la Monographie de la commune affirment que la population est formée par des migrants. La population s‟y était installée par 3 phases successives. D‟abord la première s‟installait depuis la fin du XIXème siècle durant le temps des Andriana. Puis vers le début du XXème siècle, grâce aux fermes16 installées par des colons Japonais, la population commençait à s‟accroître à la recherche de travail dans la vaste ferme d‟exploitation de vers à soie. A partir de la fin de XXème siècle, les immigrants sont attirés par le sol volcanique fertile.

Photo 8: Terrain occupé par de voarohy hazo sur la partie centrale de la plaine d'Ambovo

Source : Cliché de l’Auteur, Octobre 2016

La photo n°6 montre le reste de la ferme et la culture de « voarohy hazo ». Elle occupe une surface de 30ha sur le Baiboho fertile. Cette surface est encore protégée par les anciens exploitants de la ferme au lieu de produire un bon rendement pour la culture vivrière.

16 Fermes destinés à la production des vers à soie pour l‟approvisionnement de la Capitale

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La figure n°4 montre la répartition du groupe ethnique dans la CR d‟Ankaranana.

Figure 4: Groupe ethnique

ANTANDROY 4%

BETSILEO 23%

MERINA 73%

Source : Auteur et monographie de la commune 2013

Pendant les diverses phases du peuplement à Ankaranana, les immigrants venant d‟ et d‟Imerintsiatosika prédominaient, ce qui explique l‟abondance du groupe MERINA comme le montre la figure 4, ce dernier occupe plus de la moitié de la population. Ensuite, le BETSILEO sont attirés par la fertilité du sol volcanique. Enfin, les ANTANDROY, l‟ethnie la moins nombreuse, sont venus récemment.

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III.1.3. UNE POPULATION A NIVEAU DE VIE FAIBLE

La figure 5 résume le niveau d‟étude des chefs de ménage dans la Commune Rurale d‟Ankaranana.

Figure 5: Niveau d'étude des chefs de ménage

Niveau d’étude

Pourcentage des Universitaire chefs de ménage

Sécondaire

Primaire

Sait lire et écrire

Illettrés

0% 10% 20% 30% 40% 50%

Source : Enquête auprès de la commune et les responsables pédagogiques

Concernant le niveau d‟étude des chefs de ménages, plus de la moitié ne dépassent le niveau primaire (60%), et la majorité sont des illettrés17. Le niveau d‟instruction de la population est donc très bas marquant la déficience à la gestion de l‟espace. Ce qui explique l'incapacité du ménage à protéger le bas-fond contre l'ensablement. Ils continuent d‟ exploiter le sol d‟une manière irrationnelle.

17 Enquête auprès de la commune et les responsables pédagogiques

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III.2. LE SYSTEME DE CULTURE

Le système agraire est l‟association des productions et des techniques mises en œuvre par une société rurale pour exploiter son espace, gérer ses ressources et satisfaire ses besoins. Les moyens de production sont adaptés aux conditions bioclimatiques qui permettent de répondre à des besoins et aux conditions sociales à un moment déterminé.

III.2.1. UN PAYSAGE MARQUE PAR LE TERROIR DE BAS-FOND, DES VERSANTS ET DU SOMMET

La figure 6 montre que trois types de terroir se distinguent aux alentours de la cuvette d‟Ambovo: le terroir de bas-fonds, le terroir de versant et le sommet :

Figure 6: Répartition de culture suivant le terroir

Surface cultivée (Ha)

400

350 Riz 300 Manioc

250 Soja Haricot 200 Courge Maïs 150 Arachide 100

50

0 BAS-FOND VERSANT SOMMET

Source : Auteur (Tableau ANNEXE 3)

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III.2.1.1. Un bas-fond réservé en rizières et à monoculture18

Le bas-fond est constitué par la plaine d‟Ambovo dont une grande partie est réservée en rizière grâce à la présence des deux rivières. Les 500ha ne sont pas occupées totalement par la riziculture, elle occupe 380 ha soit 76% de la surface totale. Le reste de la surface constitue le “Baiboho”19, aménagé pour la monoculture, particulièrement du manioc et de la courge (cf. Tableau n°3 à la page 45 : Niveau de production pour chaque culture). Pendant la période sèche, fin juillet jusqu‟au mois d‟octobre, la plaine est couverte par de culture contre-saison pour renforcer les revenus des ménages et pour assurer l‟autoconsommation.

III.2.1.2.Des versants exploités en polyculture20

Le paysage est marqué par des petites parcelles d‟association de culture parallèles à la pente. Au total, 480 ha de surface sont occupés par la culture au niveau des versants. Le soja et le manioc couvrent plus de la moitié des pentes grâce au rendement élevé de ces deux types de culture, manioc 6t/ha et soja 3.5t/ha. Pour le soja il occupe à peu près 38% des terrains sur les versants quand 26% pour le manioc21.

III.2.1.3.Des sommets faiblement aménagés

Les sommets sont occupés par des savanes herbeuses, ils sont généralement réservés au pâturage mais quelquefois, des polycultures sur les sommets de forme aplatie. Les paysans préfèrent y mettre le maïs et le soja.

18 Culture d‟une seule espèce de plante sur un même parcelle ou un ensemble des parcelles au niveau d‟une exploitation agricole. 19 : Sols alluviaux, peu évolués, parmi les plus riches de Madagascar, sur leurs qualités et leur variété. 20 Croissance simultanée de 2 ou plusieurs cultures ou variétés sur la même surface de sol pendant une période significative de leur croissance et de leur développement 21 Soja : 180 ha sur 480 ha ; Manioc : 125 ha sur 480 ha

40

III.2.2 UNE STRUCTURE AGRAIRE DOMINEE PAR LE MODE FAIR VALOIR DIRECT

Le mode de faire valoir est le régime juridique de l‟exploitation agricole. En général, deux types de mode faire valoir existent dans la zone : le mode faire valoir direct et le mode faire valoir indirect caractérisé par le métayage et le fermage. Le figure n°7 explique le mode faire valoir des ménages enquêtés :

Figure 7: Mode Faire Valoir par ménages

Le Mode Faire Valoir

INDIRECT Metayage 14%

INDIRECT DIRECT Fermage 60% 26%

Source : Auteur.

D‟après la figure n° 7, 60% des ménages enquêtés exploitent leurs propres terrains. Ce sont des paysans qui ont beaucoup de terres. Pour les 40% restants, leurs exploitations sont insuffisantes alors, ils exploitent d‟autres terrains en FVI. Pour le métayage, les propriétaires des terrains mettent leurs terres à la disposition des exploitants suivant un contrat dont le plus utilisé c‟est le partage égal de la récolte. En général, ces sont les propriétaires du terrain qui fournissent les semences et les exploitants assurent la mise en valeur jusqu‟à sa production. Quant au fermage, le propriétaire foncier loue son bien à un fermier qui acquiert le droit d‟exploiter pendant un certain temps contre une somme d‟argent.

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III.2.3. DES PARCELLAIRES MORCELES

Dans la commune, seulement 25% de la superficie est occupé par l‟agriculture. Cela est expliqué par la forme du relief et la présence de la cuvette d‟Ambovo. Les terrains de culture se concentrent dans la cuvette et sur les collines allongées sur sa bordure Ouest. Face à la pression démographique, cette surface exploitée ne suffit pas aux exploitants agricoles parce que la superficie moyenne de terrain disponible est de l‟ordre de 0,45 hectare par ménage22. Cette donnée démontre une faiblesse en matière foncière par rapport à celle de la moyenne de l‟exploitation par ménage à Madagascar (253 ares selon MINTEN et AL, 2003). En plus, les terrains de culture sont mal répartis. La figure n°8 nous montre l‟inégalité de parcelles cultivées suivant la classe sociale.

Figure 8: Répartition des terrains agricoles suivant la classe sociale

Surface cultivée (Ha)

300

250

200 RICHES

150 MOYENS

PAUVRES 100

50

0

BAS-FOND VERSANT SOMMET

Source : Auteur (Tableau ANNEXE 5)

22 1000 ha pour 2204 ménages

42

La majorité de la surface cultivable appartient aux paysans riches qui étaient les premiers occupants. Ils sont des minoritaires et tiennent une grande partie des terrains sur le bas fond tel que les rizières et les « baiboho ». Tandis que la majorité des paysans ont recours à l‟aménagement des versants.

D‟après le diagnostic réalisé dans le cadre du Projet d‟appui à la professionnalisation de l‟Agriculture dans la Région Itasy (AGRISUD 2009), 3 grands types d‟exploitation se distinguent en fonction des terrains disponibles dans l‟Itasy :

- Exploitations de vastes superficies avec des moyens de production suffisants, (SAU23 supérieure à 5 ha dont au moins 2 ha de rizières). Elles utilisent temporairement de la main d‟oeuvre salariée. - Exploitations avec des moyens de production suffisants mais sur une superficie modeste (SAU comprise entre 1 et 5 ha dont moins de 2 ha de rizière). - Exploitations avec des moyens très limités des petites superficies (SAU inférieure à 1 ha dont moins de 15 ares de rizière). La production agricole n‟arrive pas à subvenir aux besoins de la famille. Pour combler le vide, la force de travail est régulièrement louée aux autres exploitations.

D‟après l‟enquête, les terrains exploités par ménage varie de moins de 0.5 ha à plus de 4 ha. Parmi les ménages enquêtés 15% des exploitants disposent d‟importants moyens de production sur de vastes superficies (SAU supérieur à 4 ha dont plus de 2 ha de rizières. Ce sont les riches qui ont de surface plus vaste notamment sur le bas-fond. 60% des ménages ont une superficie entre 0.5 à 2 ha. Ce sont les classes moyennes qui disposent des parcelles de 50 sur 80m sur le bas fond ; de 15m sur 30 sur les versants. . Le paysage est surtout marqué par l‟exploitation des petites parcelles aux alentours de la cuvette. Le reste est constitué par des paysans ayant moins de 0.5 ha et ceux sans terre.

23 Surface Agricole Utilisée

43

III.2. LA PLACE DE L’AGRICULTURE DANS LA ZONE

Environ plus de 95% de la population de la Commune Rurale d‟Ankaranana sont dans le secteur agricole. Des sols fertiles favorables à différentes cultures constituent le pilier de l‟activité culturale. De plus la population à la fois jeune et active constitue une main d‟œuvre disponible. L‟agriculture représente l‟activité principale de toute la population, elle fournit l‟essentiel des revenus des ménages et assure l‟autoconsommation. La Commune offre une grande variété de culture avec une production de 3480 tonnes/an essentiellement de culture vivrière et avec un rendement moyen de 3.4 tonnes /ha.

La riziculture est une activité primordiale, elle est irriguée et pluviale. On pratique les cultures pluviales et une petite part de culture industrielle. Les terrains agricoles occupent le quart de la surface totale de la commune (1050 ha)24. Ils recouvrent la cuvette toute entière et toutes les collines bordant la cuvette.

III.2.1 UNE AGRICULTURE BASEE SUR LA CULTURE VIVRIERE

Le tableau n°2 montre que 3 types de culture existent dans la région : d‟abord la culture vivrière, ensuite la culture industrielle et enfin la culture fruitière. La culture vivrière domine très nettement les autres cultures, elle occupe 95% 25de la surface totale cultivée avec un rendement 3,4 tonnes /an en moyenne, équivaut à 3400 tonnes /an. Trois variétés de culture y dominent, à savoir le riz, le manioc, et le soja. Les deux autres types sont moindres car ils n‟occupent que 50 ha sur le 1050 ha.

Tableau 2: La production totale de la Commune par type de culture

PRODUCTION SUPERFICIE RENDEMENT TOTALE (T/an) CULTIVE ( Ha) (T/ha)

CULTURE 3400 1000 3.4 VIVRIERE CULTURE 65 42 1.5 FRUTIERE CULTURE 15 8 1.9 INDUSTRIELLE TOTAL 3480 1050 3.3

Source : Auteur, 2016.

24 Source : calcul à partir de la monographie 2013.

25 1000 ha sur 1050 ha de surface cultivée (Source : Enquête au niveau de la Commune et par ménage)

44

III.2.2. DES PRODUCTIONS ELEVEES

La Commune Ankaranana offre chaque année une grande variété de culture avec une production élevée. Le tableau n°3 explique la production et le rendement par type de culture dans la commune.

Tableau 3: Niveau de production pour chaque culture dans la commune.

DESIGNATION SUPERRFICIES PRODUCTION RENDEMENTS DES CULTURES CULTIVEES (T/AN) par ha (Ha)

Culture vivrières : Riz 402 1010 2.5 Manioc 175 1020 6 Soja 190 650 3.5 Haricot 88 330 3.7 Courge 40 200 5 Maïs 40 160 4 Arachide 65 30 0.5 TOTALE 1000 3400 3.4

Culture industrielle : Café 3 5 1.7 Canne à sucre 5 10 2 TOTAL 8 15 1.8 Culture Fruitière : Bananier 5 3 0.6 Avocats 15 40 2.7 Papaye 12 15 1.3 Mangue 10 7 0.7 TOTAL 42 65 1.5

Source : Enquête personnelle.

45

D‟après le tableau n°2, la production de la zone est basée sur 3 cultures. Le riz occupe 40% de la surface totale cultivée (402 ha). La Commune produit 1010 tonnes de riz chaque année dont la cuvette assure la majorité de cette production. Les paysans pratiquent la culture du riz au moins une fois par an mais parfois ils pratiquent le double repiquage selon la possibilité de la source en eau. Trois types de riz existent dans la zone: le « vary an-tanety26 », « vary aloha27 » et le « vary ankapobeany28 ». A part, la culture du manioc a un rendement élevé, 6 tonnes/ha avec une production totale de 1020 tonnes/an. Puis le soja produit 650 tonnes/an suivant un rendement de 3.5 tonnes/ha La production fruitière comme l‟avocat et la papaye est aussi très productive dans la zone. Par exemple un avocat pèse jusqu‟à 3kg.

Photo 9: Production fruitière à Ankaranana

Source : cliché de l’auteur octobre 2016

26 Riz pluvial 27 Riz de contre saison 28 Riz en général, riz irrigué

46

III.2.3. ENCLAVEMENT COMME BLOCAGE DE L‟EXPLOITATION AGRICOLE

La Commune Rurale d‟Ankaranana est une des Communes productives du district de Soavinandriana. La production de riz est priorisée par l‟autoconsommation29 tandis que le manioc et le soja tiennent une grande place à la commercialisation. Chaque année, la Commune offre une production de plus de 1020 tonnes de manioc et 650 tonnes de soja dont la majorité approvisionne Arivonimamo et Imerintsiatosika (là où il y a plus de collecteur dans la région Itasy). Elle est principalement destinée à la transformation en alimentation animale. Elle se dirige aussi vers les marchés d‟Anosibe et Andravoahangy30. Malgré, cette potentialité économique, elle reste une zone enclavée car demeure une zone délaissée à l‟échelle de la Région et même à l‟échelle du District. La communication avec les régions voisines constitue un principal problème de la Commune. Cet enclavement constitue un problème majeur concernant l‟exploitation agricole parce que l‟exploitation ignore l‟encadrement technique des ONG. Il n‟y a qu‟une seule piste saisonnière pour aboutir vers la RN1. Mais pendant la période pluvieuse, l‟accessibilité est très difficile. Quelques années auparavant, il y avait encore les 2 routes intercommunales reliant la commune Ankaranana avec Ampefy et Mananasy. En ce moment, ces 2 routes sont complètement détruites, elles ne sont plus accessibles en voitures et elles sont maintenant réservées aux charrettes. (Photos 10 à la page 48).

A chaque période sèche, les fokontany et la Commune organisent un projet de reconstruction des routes communales par la force du Fokonolona mais elles redeviennent complètement détruites en période pluvieuse. Durant la période pluvieuse, le transport par charrette joue un rôle très important pour le transport des récoltes. Les charrettes à roues pleines venus d‟Imerina spécialement d‟Arivonimamo et d‟Imerintsiatoika sont très utilisées au début. Pourtant, cela stimule l‟action de l‟érosion car le passage répété des roues à fer constitue le point de départ de la dégradation des routes. Face à la dégradation des routes, les paysans prennent conscience en les changeant par des charrettes sur pneumatiques pour alléger la traction et surtout pour réduire la détérioration des routes qui sont très fragiles (Photo 10a à la page 48).

29 Une large majorité ou la totalité de la production est destinée à la consommation. 30 Enquête auprès des collecteurs

47

Croquis 6: Infrastructures routières du District de Soavinandriana

Photo 10: la route vers Ampefy pendant la période pluvieuse

(a) (b) Source : Cliché de l’auteur mars 2016

48

Chapitre IV. EXPLOITATION NON MAITRISEE DES PENTES

La topographie joue un rôle très important sur l‟occupation agricole dans la zone de recherche. La zone de recherche est marquée par un relief accidenté.

Croquis 7 Topographie de la commune Ankaranana avec son profil

49

Le croquis n°8 montre que l‟occupation agricole sur le paysage est en fonction de la topographie aux alentours de la Cuvette d‟Ambovo.

Croquis 8 : Le relief et l’occupation du sol aux alentours de la cuvette d’Ambovo

19°1‟16‟‟ 48°34‟4‟‟ 19°1‟27‟‟ 46°40‟‟46‟

19°4‟33‟‟ 46°35‟2‟‟

0 1 2 Km Projection WGS 1984 Source Google Earth 2016 Réalisation Auteur 2016

Ce croquis montre l‟inégale répartition de l‟aménagement agricole dans l‟espace: la cuvette et les collines sur la partie Ouest est fortement exploité en ce moment. Pourtant, au Sud et à l‟Est, l‟exploitation agricole est très limité car elles sont difficiles à aménagés: au sud, le massif volcanique n‟est pas aménagé du fait que les versants sont raides. A l‟Est, les basanites limitent l‟extension des terrains cultivables. Alors que les terrains agricoles s‟étendent vers les deux cônes volcaniques où les versants sont très fragiles.

50

IV .1. EXPLOITATION ABUSIVE DES COLLINES A L’OUEST

DE LA CUVETTE

IV.1.1. SYSTEME DE CULTURE EROSIF

Comme la zone de recherche est une zone montagneuse et collinaire dans une région volcanique, l‟exploitation excessive des pentes est très marquée, 80% des ménages enquêtés exploitent les pentes31. Les versants autour de la cuvette sont exploités car les terrains agricoles sont insuffisants. Sous la pression démographique, les agriculteurs sont obligés d'accroître leur production agricole. Par conséquent, les paysans cherchent à augmenter les surfaces cultivées. Ils recourent au fort aménagement des collines liées à des techniques traditionnelles. Sur les versants, les paysans ont toujours l‟habitude d‟orienter les lignes en suivant le sens de la pente puisque semer en descendant est plus facile ; le travail manuel et la traction animale sont très utilisés ; la bêche et la charrue restent les outils employés. Les paysans ignorent la pratique de la jachère32 ou la rotation de culture. La production est basée sur les petites exploitations familiales surtout qui sont au nombre de 762 soit 40% de l‟ensemble de 2204 ménages33. Ces paysans n‟arrivent pas à assurer leur autosuffisance alimentaire. Les restes sont basés sur l‟utilisation de moins de dix employés pour l‟exploitation.

Photo 11: Exploitation non contrôlée, abusive de versant collinaire à l’Ouest de la cuvette

Ravinements

Parcelles de culture suivant le sens de la pente

Zone ensablée

Source : Cliché de l’Auteur 2016

31 Enquête auprès des ménages 32 C‟est la période de repos pour refertiliser le sol. 33 Enquête au niveau de la Commune

51

IV.1.2. FEUX DE BROUSSE ACCENTUE AU NIVEAU DES COLLINES

L‟enquête auprès des ménages a permis de constater que plus de deux tiers de la dégradation des versants entourant la cuvette ont été engendrés par les petites exploitations agricoles familiales. A vraie dire, cette dégradation est due aux feux non contrôlés en fin de saison sèche, c‟est-à-dire entre le mois de septembre et octobre. Toutefois, des incendies intentionnels sont pratiqués pour diverses raisons, par le nettoyage des champs de culture, le renouvellement des pâturages, ainsi que les feux de campement. Dans notre zone d‟étude, la dégradation de la couverture végétale par les feux favorise l‟érosion et la perturbation d‟ordre biologique, physique et chimique au niveau du sol. Après le passage des feux de brousse, le sol devient nu. Dès que la première pluie arrive, l‟action de l‟érosion accentue sur les versants récemment brulés. Il en résulte la dégradation des terres déjà exploitée et entraine l‟ensablement des autres champs des cultures en aval par des alluvions stériles « atsanga ». En plus, la répétition du feu de brûlis sur les pentes amplifient la fragilité du sol.

Photo 12: Feux de brousse au niveau des terrains agricoles sur la colline

Trace des feux

Sol alluvionnaires

Source : Cliché de l’Auteur, octobre 2016

52

IV.1.3. DES VERSANTS TRES OCCUPES PENDANT TOUTE L‟ANNEE

A cause de l‟insuffisance du terrain agricole au niveau des paysans, les versants connaissent une forte pression pendant toute l‟année pour accroitre la production.

Concernant la culture du riz, les paysans pratiquent parfois un double repiquage:

Le « vary aloha »: riz de contre saison, il est pratiqué dans la cuvette avant la période de pluie. En ce moment, cette pratique connait une difficulté à cause de l‟assèchement des ressources en eau pendant ce periode. Le « vary ankapobeany”, riz en général, il occupe une grande partie de plaine à partir du mois de Janvier jusqu‟au mois de Mai. Le « vary an-tanety», riz pluvial, ils sont associés avec d‟autre culture sur les petites parcelles au niveau des versants,

Tableau 4: Calendrier de culture du riz

Jt A S O N D J F M A M J

Riz de contre saison

Riz en général

Riz pluvial

A part la riziculture, les paysans préfèrent la culture de soja et de manioc sur les versants grâce au rendement élevé de ces 2 types de culture. D‟après le tableau n°4, le calendrier cultural se répartit suivant différentes étapes :

Tableau 5: Calendrier de culture vivrière au niveau des versants :

S O N D J F M A M J Jt A

Préparation des terrains de culture Soja, maïs, arachide, riz pluvial et association des cultures

Manioc Début

Culture contre saison

Source : Enquête au niveau des paysans.

53

Tout d‟abord, la préparation des terrains de culture se fait pendant la période sèche du septembre et octobre. Puis le mois de novembre jusqu‟en mars, les exploitants profitent la pluie pour mettre les cultures pluviales. Pendant cette période le paysage est marqué par une forte occupation, avec l‟association culturale dominée par du soja34. Et à partir du mois de mars, les paysans préparent les mêmes parcelles pour le manioc et la culture de contre saison : pour le manioc, il occupe les terrains pendant toute l‟année35, c‟est-à-dire, à partir du mois de mars jusqu‟en mois d‟Août de la prochaine année. Puis après un an d‟occupation, la mise en valeur revient au calendrier normal. La contre-saison commence avec le manioc dès que les terrains de culture sont prêts.

Ce sont les versants collinaires sur la partie Ouest qui subissent cette pression. Par contre, les versants à l‟est de la cuvette est plus stable. La partie Est de la cuvette est une zone de liaison des massifs volcaniques allongés du sud vers Mananasy36 et de plateau volcanique d‟Ankaranana. C‟est une zone de projection basanitique37 et des gros blocs très important d‟origine strombolienne. Ses versants sont difficiles à exploiter non seulement par la forte concentration des roches, mais aussi, par la forte pente. Pour ce fait, les paysans préfèrent aménager les collines sur la partie Ouest de la cuvette. La couverture végétale est alors plus stable sur les versants Est par rapport à celle de l‟Ouest qui est fortement anthropisé. Par conséquent, la dégradation du sol est accélérée sur les versants collinaires, bordure ouest de la cuvette. Elle participe beaucoup à l‟ensablement de la cuvette chaque année tandis que dans la partie Est, la dégradation est encore plus faible.

34 Le soja occupe 38% de la surface totale cultivée au niveau des versants 35 Le manioc occupe 26% de terrain cultivable au niveau des versants (Enquêtes personnelles : Tableau Annexe 3) 36 Commune Rurale au sud de la zone de recherche 37 Roche sombre, basique, typique de basalte

54

IV.2. MISE EN CULTURE SUR LES CÖNES VOLCANIQUES FRAGILES

IV.2.1. LE KASSIGIE (1662M) ET ANTSORITSORITRA (1300M) : CONES DES SCORIES BASANITIQUES.

Selon la définition de GEORGE (P), 1974, « les cônes des scories ou puys strombolien sont des édifices volcaniques de forme tronquée se dressant autour du point d‟émission avec, au sommet, se forme une bouche ou une dépression appelée cratère » tels sont le cas de Kassigie et Antsoritsoritra. C‟est à partir de ce cratère qu‟ont été émises les projections mélanocrates,38 les scories39, les lapillis et les cendres, avec parfois une partie en amont des coulées généralement basanitique MOTTET (G), 1972. Les basanites ont un aspect minéralogique typique des Basaltes mais ils se différencient du basalte par sa composition comprenant les Néphélines et l‟Augite. Ils sont constitués des minéraux suivants: Pyroxènes de couleur noirâtre (Augite), un Feldspathoïde (minéraux blanc), de l‟Amphiboles et parfois on observe aussi des Olivines, avec de la Néphéline.

Le Kassigie est un cône strombolien basanitique, sa coulée d'ordanchites est dans un état de fraîcheur remarquable. Il se situe à la limite Sud de notre zone de recherche. Il constitue une zone de séparation de la Commune d‟Ankaranana et de la Commune de Mananasy, et domine très nettement les autres reliefs volcaniques par sa hauteur relative de l‟ordre de 262m. Son diamètre atteint 1200m, avec une inclinaison des pentes entre 25 à 30%. Il est construit sur le socle précambrien à 1400 m d‟altitude dont les affleurements sont très visibles au nord et au sud. Un cratère sommital circulaire s‟ouvre vers le nord- ouest. La ceinture externe du cône s‟est épaissie à l‟ouest, ce qui a entrainé son inclinaison relative dans cette direction. Selon MOTTET (G), 1972, cette inclinaison est d‟origine éolienne : les vents, lors des éruptions, ayant entrainé les scories vers l‟ouest .D‟où des coulées et projections basanitiques qui englobent toutes les zones basses de la cuvette d‟Ambovo. Quant au cône d‟Antsoritsoritra qui se localise au côté Ouest de la cuvette, il est formé par des très forts ravinements et des griffures sur toutes ses pentes. Ces cônes participent directement à l‟ensablement actuel de la cuvette par l‟enlèvement de ses formations superficielles à chaque saison des pluies

38 Roches sombres, basiques 39 Les scories ce sont des laves vacuolaires dont la structure est due au dégazage de la roche lors du refroidissement. Ce sont des projections basanitiques de couleur sombre et ayant beaucoup de pores. Son diamètre est compris entre un et quelques millimètres.

55

IV.2.2. MISE EN CULTURE DES DEUX CONES : LE KASSIGIE ET ANTSORITSORITRA, STIMULANT L‟ENSABLEMENT DE LA CUVETTE

L‟aménagement de ces deux cônes commençait à partir de l‟année 2004. Comme la plaine et les versants aménageables au niveau des collines étaient fortement occupés, alors, les paysans ont dû recourir aux cônes fragiles pour avoir plus de terrain cultivable. Pourtant, la mise en culture aggrave les forts ravinements déjà existants car elle favorise le glissement très rapide des scories et d‟autres produits volcaniques. Les versants au niveau de ces deux cônes connaissent alors des puissants ravinements dus à l‟érosion40. Ils sont creusés par des ruissellements concentrés pendant la période de pluie, aggravés par la mise en culture. La sédimentation touche une énorme surface des zones basses, de la plaine de Mandanisakafo (près de Mananasy) jusqu‟à la cuvette d‟Ambovo. Ce phénomène s‟effectue par le biais des deux rivières, la rivière d‟Andakalava et la rivière d‟Ambohibary qui prennent leurs sources dans les zones montagneuses à la limite Sud de la cuvette

Photo 13: Les cônes volcaniques près de la cuvette Le cône de Kassigie avec ses coulées des scories basanitiques

Ravinements

Manioc

Sables et scories volcaniques

Source : Cliché de l’Auteur mars 2016

40 Voir les formes d‟érosion sur les versants à la page 60

56

Le cône d’Antsoritsoritra et ses produits volcaniques

Source : Cliché de l’Auteur mars 2016

57

IV.3. EROSION DES VERSANTS ACCELEREE PAR DES PHENOMENES NATURELS

Le phénomène d‟érosion41 provoque une perte importante de sol chaque année à Ankaranana. Pourtant, l'absence de données ne permet pas une évaluation précise de la quantité de sols arrachés par an. Les données à disposition sont basées sur des enquêtes auprès des ménages. Le phénomène d‟érosion est observable sur les versants surtout aux alentours de la cuvette d‟Ambovo. Ce phénomène s‟aggrave de temps en temps et par conséquent, le paysage connait une dégradation accélérée. En amont, il y a perte de terre et destruction du sol sur les versants suite à un fort aménagement agricole et en aval, l‟ensablement des rizières, des baiboho et des lacs.

D‟après l‟observation sur le terrain, on constate que la dégradation du sol au niveau des versants est en fonction de l‟occupation de culture. Le phénomène d'érosion dépend de la concentration des terrains de culture au niveau des pentes. L‟érosion est accélérée sur la zone collinaire à l‟ouest par suite d‟une forte occupation agricole. Par contre sur les versants Est, ce phénomène est moins important car ils sont moins exploités, donc le sol est plus stable (cf. croquis 8 à la page 50). Il est renforcé par la fragilité du sol et l‟agressivité des pluies. Les précipitations sont mal répartis au cours de l‟année, elles se concentrent en trois mois et elles sont abondantes. Seulement entre décembre à mars, la précipitation atteint 1211 mm (cf. diagramme Ombrothermique, figure 1 à la page 27) .Sous l‟action de l‟intensité des ruissellements, les scories venant des deux cônes volcaniques et les sables grossiers sont transportés. Les rizières et les zones ensablées sont devenues incultivables.

41 L‟érosion est un processus naturel qui modifie la surface de la Terre

58

La fragilité du sol rend l‟action de l‟erosion très agressive surtout au niveau des pentes. Elle est aussi la cause principale des glissements et effondrements de terrains. Ce glissement provoque un arrachement de terres qui se produisent à mi- pente des collines et se jette directement vers la cuvette. Le croquis n°9 montre un profil fragile au niveau de versants collinaires à l‟Ouest de la cuvette.

Croquis 9: Profil de lapillis et des cendres volcaniques d’origine strombolien sur la bordure Ouest de la cuvette d’Ambovo.

Source : réalisation de l’Auteur

Il s‟agit d‟une coupe qui montre la succession des couches d‟andosol ou sol brun, de cendre volcanique et des lapillis plus ou moins altérés. Elles sont déposées par une éruption volcanique suivant ses différentes phases. Ce profil montre des formations superficielles meubles, non cohésive due à la composition et à la nature des dépôts Ces matériaux sont facilement attaqué par l‟érosion, d‟où la fragilité des versants.

59

Trois types d‟érosion se rencontrent sur les versants aux alentours de la Cuvette d‟Ambovo: les petites formes, les formes moyennes et les grandes formes:

 Le splash ou érosion de rejaillissement c‟est une petite forme d‟érosion qui se produit lorsque la pluie, par sa force, arrache les particules de sol sous l'effet de l'énergie cinétique des gouttes de pluie. Il désigne le résultat direct des gouttes d‟eau dans le sol. Ce type d‟érosion est renforcé par les pentes et est facilité par la sensibilité des sols. La période où l‟on assiste fréquemment à ce phénomène d‟érosion correspond essentiellement aux temps de labours des champs. Par conséquent, les gouttes d‟eau prennent avantage à inciser le sol de 2 à 5cm de profondeur. Elles laissent des traces sur les champs de culture nouvellement labourés.

 Les griffures d’érosion peuvent être classées parmi les formes moyennes d‟érosion à cause de leur taille comprise entre 4 à 10cm de profondeur. Elles peuvent être facilement saisies sur les matériaux meubles des versants mis en culture au niveau des collines à l‟Ouest de la Cuvette.

 Les ravines au niveau des cônes volcaniques fragiles (cf. photo n°11 à la page 51). La forte précipitation favorise leur formation et leur développement par les ruissellements. de l‟ordre de 150m de longs ; larges de 4 à 5m et à partir de 5m de profondeur.

60

CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE

La pression démographique, les pratiques culturales érosives, l‟exploitation excessive des versants collinaires et les cônes volcaniques fragiles sont les principales causes de dégradation du sol aux alentours de la Cuvette à Ankaranana. A cause de la forte pression démographique, les bas-fonds sont saturés, alors les paysans sont obligés d‟aménager les pentes, très favorable à l‟érosion. Les paysans aménagent très fortement les versants des collines car la production agricole obtenue dans le bas-fond ne satisfait plus les besoins de la population. La mise en valeur de ces versants est marquée par une faiblesse de technique de protection du sol qui affecte de façon très importante l‟équilibre du bassin versant.

61

Troisième partie RESULTATS ET PERSPECTIVES DE LA RECHERCHE

61 Chapitre V ETAT DE LIEU ACTUEL DU PAYSAGE

Comme la zone de recherche fait partie Hautes Terres, et est parmi les régions les plus peuplées de Madagascar. On observe le plus de manifestation des phénomènes de l‟érosion et de l‟ensablement (JOSSE Pierre et al, 2001).

V.1 .ENSABLEMENT DE LA CUVETTE D’AMBOVO

La cuvette d‟Ambovo occupe 12% de la surface communale. Cette cuvette assure la besoin alimentaire de la population dans la Commune. Pourtant, l‟ensablement de cette zone basse s‟accentue de temps en temps, surtout pendant la période de crue.

Dans les trois dernières années, plus précisément en 2013, ce phénomène devient impressionnant. Durant cette courte période, 16% de la surface totale de la cuvette a été détruite, les alluvions recouvrent 86 ha des terrains agricoles en bordure de la rivière d‟Andakalava (Figure n°9). Ainsi, 90 ménages ont perdus leurs terrains jusqu‟ici et les nombre des victimes tendent à augmenter très rapidement. Plus de 300 ménages sont encore menacés, énumérée à 2000personnes. La figure n° 9 montre l‟étendue de surface ensablée dans la cuvette d‟Ambovo.

Figure 9: Perte de surface agricole dans la Cuvette d'Ambovo

Surface en hectares 600

500

400 Surface ensablée 300 Reste de surface cultivable

200

100

0 RIZIÈRES BAIBOHO CUVETTE D‟AMBOVO

Source : Estimation à partir des enquêtes au niveau des ménages et de la commune.

62

Les terrains qui se trouvent juste en bas des versants dégradés et ceux qui sont proche des lits de rivières ont reçu la majorité des dépôts de sable. En général, c‟est l‟amont de la cuvette qui reçoit les grandes quantités des alluvions notamment les gros blocs comme les blocs de basanite, les scories et les sables grossier. Pendant les fortes crues, la rivière et les eaux de ruissellement font progresser l‟ensablement. En fonction du dépôt des alluvions, la cuvette se divise principalement en deux zones bien distinctes:

- L‟amont qui constitue une zone d‟ensablement très grave. - L‟aval à un moindre risque. Le village d‟Ambodimanga sépare la cuvette en deux zones bien distinctes (cf. croquis n°2 à la page 17) :

Croquis 10: Etat de la cuvette sur le foyer principal d’ensablement en amont

19°2‟20‟‟46°36‟‟18‟ .1050

.1055

0 0,5 1km 19°3‟40‟‟ 46°38‟8‟‟

EN AMONT, trois zones sont gravement ensablées suivant le long de la rivière :

La première zone est généralement une zone de monoculture et quelques parcelles de rizières. Elle englobe les zones basses aux environs du village Andranomalaimizaka, une partie du fokontany Ambovomahasoa. Là où 40 ha de la surface cultivée sont totalement détruites. Cependant, cette partie assure la vie des 700 personnes.

63

- Un peu plus en bas, les terrains de cultures industrielles sont aussi touchés par l‟ensablement. Les alluvions envahissent 6 ha sur les 30 ha de « Voaroy hazo » et de canne à sucre qui fournisse les matières premières pour le « Rhum local » et aussi l‟approvisionnement d‟Antananarivo en filière « vers à soie ».

- Le troisième dépôt c‟est un plus au Nord. C‟est le foyer principal de la production rizicole de la région. Cette zone est essentiellement occupée par des rizières qui approvisionnent la consommation de 1200 personnes. En ce moment, 40 ha de terrains rizicole sont perdus ayant par conséquence 50 ménages qui abandonnent ses terrains.

- EN AVAL, concernant le processus de dépôt alluvionnaire, c‟est dans cette partie qu‟accumulent les alluvions fertiles. Les dépôts des limons et des particules fines se concentrent au niveau de « Baiboho ». Cette partie est formée par des rizières et une grande partie de monoculture occupée principalement par le manioc et la courge.

Photo 14: Etat d‟ensablement des rizières bordant la rivière

Massif volcanique à la limite Sud

Reste de rizière

Rizières ensablées

Source: Cliché de l’Auteur mars 2016

64

V.2. TARISSEMENT DES SOURCES AU NIVEAU DE LA CUVETTE

La sédimentation et les transports solides sont gênants pour une majorité d‟aménagement. Ils se traduisent par : envasement accéléré des fossés de drainage, des canaux d‟irrigation et des réservoirs (bassins), réduction de la capacité des lits de rivières et un risque d‟inondation des terres voisines

V.2.1. ASSECHEMENT DES RIVIERES

En ce qui concerne les rivières, elles deviennent complètement sèches à savoir les deux rivières d‟Andakalava et Ambohibary par suite de tarissement des sources. Deux barrages ne fonctionnent plus et totalement détruits par l‟encombrement des produits volcaniques venant du cône de Kassigie associé aux alluvions des autres versants entourant la cuvette. L‟ensablement de ces rivières provoque des graves inondations parce que les eaux ne peuvent plus se tenir dans leur lit et déposent les scories, les alluvions et les sables dans les rizières et champs de cultures. Ces dépôts changent les champs de culture en un vaste étendu non cultivable.

Photo 15: Assèchement de la rivière d’Andakalava

Source : Cliché de l’Auteur octobre 2016

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V.2.2. ETUDE D‟EVOLUTION DU NIVEAU DU LIT

Ainsi, le niveau de lit du fleuve devient irrégulier, il ne suit plus son trajet originel car les dépôts exhaussent le lit et diminue la capacité du chenal. A chaque forte crue, la rivière déborde et change du lit. Elle coule envers au zone de débordement. Ce débordement est étroitement lié à la forme du lit et la variabilité de la pente.

Le premier débordement en amont s‟est expliqué par le tracé sinueux du lit accompagné de la pente un peu forte. Les eaux déposent une partie de leurs charges, sur la rive convexe des méandres. Ceci explique la grande perte de 40 ha de la surface agricole à la bordure de la rivière. Par suite, au niveau du barrage d‟Andakalava, le non fonctionnement de ce barrage favorise la propagation des alluvions dans des vastes terrains de culture effaçant plusieurs productions. Cette perte est inestimable.

Par ailleurs, la rencontre des deux rivières, la rivière d‟Andakalava et la rivière d‟Ambohibary un peu plus en bas de ce barrage aggrave ce pire phénomène.

Photo 16: Le lit de la rivière Andakalava

Source : Cliché de l’Auteur mars 2016

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V.2.3. ETUDE DE L‟ACCELERATION DES SEDIMENTS SOUS LE PONT

Pendant un certain temps, le niveau de la sédimentation sous le pont s‟accélère. Au début, la hauteur de ce pont mesurait 4 m en partant de la base. Cette hauteur diminue chaque année. En ce moment, elle tend à disparaitre parce qu‟on ne voit qu‟une distance de 40 cm qui sépare le pont aux sédiments alors qu‟en 2013, les charrettes des paysans avaient encore transporté leur récoltes au bord du fleuve en passant sous le pont, malgré, nous n‟avons pas pris cette photo. Ce phénomène de sédimentation est très impressionnant dans les trois dernières années. L‟absence du projet d‟aménagement du barrage favorise les stockages des sédiments. Cette accumulation fait remonter la sédimentation sur la berge, puis ensuite un fort débordement aboutissant à l‟ensablement d‟une énorme surface.

Photo 17: Photos de comparaison de l’état du pont

Pont déjà occupé par des sables en décembre 2015

50 cm de hauteur

Etat du pont en octobre 2016

40 cm de hauteur

Source : Cliché de l’Auteur

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V.3. ENSABLEMENT DES LACS AUX ALENTOURS DE LA CUVETTE

En réalité, la dégradation ne demeure seulement au niveau de la cuvette, elle atteint jusqu‟à ses alentours. Trois lacs subissent une destruction massive. A l‟ouest de la cuvette se situe les lacs d‟Antsahavory et d‟Andranomena. Ils sont encadrés par des petites collines. La plus forte occupation au niveau des pentes favorise les ravinements et accélère l‟ensablement de ces deux lacs. Cette colline porte le nom d‟Antsoritsoritra à cause des forts ravinements et des griffures sur ses versants abordant les lacs. Pourtant, ces lacs servent d‟abreuvoir des 3271 têtes de bovins42 et d‟arrosage des cultures. Aussi, les feux de brousse pendant la période sèche c‟est-à-dire entre le mois d‟Août au mois d‟Octobre amplifient la gravité de ce phénomène. L'élevage extensif est une cause majeure car il est basé sur la pratique de feu de pâturage dont le but est d‟avoir des repousses tendres pour l‟alimentation des bœufs. Cette technique dégrade la structure du sol et entraîne un ensablement intense du lac en bas des pentes lors de l‟arrivée des pluies.

42 Source : information auprès de délégué administratif.

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Photo 18: Les deux lacs ensablés à l’ouest de la cuvette Le lac d’Antsahavory très menacé par l’ensablement

Lac

Partie ensablée

Matériaux d‟ensablement

Le lac d’Andranomena en voie de disparution

Erosion en ravin

Reste du lac

Source : Cliché de l’Auteur mars 2016

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Chapitre VI RESTAURATION DU MILIEU

VI.1. LES REACTIONS ET STRATEGIES DU MENAGE FACE A L’ENSABLEMENT

Les enquêtes ont révélé que dans l‟ensemble, les ménages n‟entreprennent aucune action pour lutter contre l‟ensablement de la cuvette et la dégradation du sol environnant. 88% des parcelles ne font l‟objet d‟aucune défense ou restauration de sols. Pourtant, on remarque déjà quelques types de protection des versants dans la Commune.

VI.1.1. LE TERRASSEMENT DES TERRAINS

Sur les versants dont les pentes sont considérées trop fortes (de 12 à 60 %), pour être cultivées directement, on a établi des bandes de cultures approximativement horizontales et disposées en escalier sur le versant. Ces terrasses sont soutenues par des murs de pierres sèches ou des talus gazonnés. Les terrasses nécessitent une très grande quantité de travail pour la construction initiale et un entretien régulier. Cette technique présente donc un coût très élevé. Par conséquent, elle est très peu pratiquée .La construction progressive des terrasses peut se faire par des travaux de labour vers le bas et une installation des bandes d‟arrêt ou des fossés. Dans ce dernier cas, bien qu‟on n‟obtienne pas exactement un profil de terrasse, on réduit ainsi considérablement la pente du versant sans travaux de terrassement.

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Photo 19: Types de terrassement dans la zone

(a)

(b)

Source : Cliché de l’Auteur 2016

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VI.1.2. UTILISATION DES PAILLES ET DES FASCINES

Ce sont les techniques les plus utilisées. Le paillage favorise l‟infiltration des eaux, augmente la teneur en matière organique et la fertilité du sol. Les paysans utilisent les pailles pour arrêter l‟action de ruissellement pendant les fortes crues (photo 20). Aussi la fascine joue un rôle très important contre les ruissèlements et l‟action de l‟erosion. En ce qui concerne l‟erosion de berge, il consiste à fixer les zones de berges touchées par l‟erosion à l‟aide de la mise en place de fascine faites en bois suivie de plantation arbustive. Certains paysans ont déjà adopté ces deux techniques encore non maîtrisées car l‟erosion se produit en cas de forte crue.

Photo 20: Le système de protection du sol

Source : Cliché de l’Auteur 2016

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VI.2. PROPOSITION POUR LA RESTAURATION DU MULIEU

Devant l‟état actuel de l‟environnement et face à la poussée démographique, il est temps que les paysans prennent conscience de la dégradation de leurs ressources en terre et en eau, et intensifient les mesures pour leur conservation.

A Ankaranana, la meilleure solution c‟est d‟intensifier le projet lancé par les ONG comme l‟AGRISUD (depuis 2008) et le PROPERER. Ils ont pour but de valoriser le sol et d‟améliorer les techniques culturales, de renforcer le reboisement par la vulgarisation de SCV43. Étant donné que l‟enclavement de la zone et le niveau d‟instruction faible limitent la sensibilisation et l‟encadrement des paysans. En ce moment, seulement 9% des ménages ont bénéficié la formation et l‟appui technique de ces ONG.

Des propositions sont possibles pour la restauration du milieu :

VI.2.1.CHANGEMENT DE SYSTEME D‟EXPLOITATION DU SOL AU NIVEAU DES PENTES

En général, dans la zone de recherche, deux types de terroir existent pour l‟aménagement agricole : le terroir de bas fond et les versants. En ce qui concerne les versants, il faut modifier le système d‟exploitation. La mise en culture sur les cônes volcaniques fragiles et sur les pentes raides accélère et favorise le déclanchement de l‟érosion. L‟aménagement agricole est possible sur les fortes pentes mais elle nécessite un système de protection et conservation très difficile et coûteux. Il serait mieux donc de se contenter d‟exploiter les versants à faible inclinaison avec application de système de production intensifié. On peut proposer l‟exploitation des sols en quatre classes selon le degré d‟inclinaison de la pente, (cf. croquis n°11bà la page suivante) :

Le bas fond est constitué en grande partie par des rizières et de monoculture déjà aménagés, les collines à pente inférieure à 12% sont exploitées en culture vivrière. A propos des collines à pente entre 12% à 30%, elles ne doivent pas être utilisées pour la culture vivrière mais elles devraient être réservées aux pâturages. Enfin, les terrains à pente supérieure à 30% sont réservés au reboisement.

43 Système sur Couverture Végétale

73

Croquis 11: Système d’exploitation des sols suivant la toposéquence. (a) Système d’exploitation actuelle

(b) Proposition pour l’exploitation

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VI.2.2.LA LUTTE CONTRE LES FEUX DE BROUSSE

Comme la restauration du couvert végétal a pour but de conserver et d‟améliorer les sols, la réduction des feux de brousse et l‟amélioration du pâturage sont des mesures à prendre. Pour la rotation de culture, il consiste à éviter de cultiver successivement des cultures de même famille ayant les mêmes besoins nutritifs sur une même parcelle afin de maintenir sa fertilité et laisser à la terre le temps de renouveler sa réserve. La rotation des cultures et la jachère ont été déjà adoptées par les exploitants possédant de nombreuses parcelles mais il est possible d‟appuyer les paysans en leur donnant la possibilité d‟améliorer cette jachère

VI.2.3.Intensification de la production au niveau des bas-fonds et les collines à pente douce

Un renforcement de capacité pour l‟intensification et la diversification des cultures est nécessaire. L‟encadrement par des techniciens est la mieux adaptée pour être plus efficace et pour avoir une plus grande envergure et des impacts. Il faut intensifier la riziculture afin d‟éviter toute extension vers des zones vulnérables.

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VI.3. ADOPTION DES NOUVELLES TECHNIQUES

VI .3.1.Travail du sol suivant la courbe de niveau

La sensibilisation pour la mise en place de cultures suivant les courbes de niveau est importante, c‟est-à-dire, cultiver dans le sens contraire de la pente. Cette technique a un effet semblable à celui des haies et elle a l‟avantage de ne pas favoriser l‟écoulement des eaux de ruissellement suivant la ligne de plus grande pente

Les aménagements antiérosifs : plantation de haies antiérosives autour des parcelles de culture. Le contrôle de l‟érosion des zones en pente demande un meilleur couvert végétal, une diminution de la vitesse de ruissellement des eaux et des barrières de rétention des alluvions. La plantation des haies antiérosives freine la vitesse de ruissellement des eaux, crée des zones d‟infiltration et retient les alluvions. L‟introduction des plantes antiérosive comme le Tephrosia et les vétivers est à conseiller.

VI.3.2. Les techniques du labour

Il faut réduire le travail du sol en utilisant la technique semi-directe et/ou la méthode de culture sans labour (système de zéro labour), éviter le travail du sol avant ou pendant les grandes averses. La majorité des paysans des Hautes Terres pratiquent le travail du sol pour avoir un bon profil cultural c'est-à-dire une bonne structure avec une meilleure porosité dont le but est d‟avoir une meilleure productivité. Par contre, des études ont montré que tant on travaille le sol tant il devient sensible à l‟érosion. L‟ameublissement par la culture accélère la dégradation de la structure du sol facilement attaqué par l‟érosion. D‟où la gravité de l‟ensablement de la cuvette. La réduction de travail du sol contribue à minimiser l‟action de l‟érosion déclenchée par le splash44 puis les eaux de ruissèlement. Elle améliore les propriétés physiques et chimiques du sol, régénérer les matières organiques comme les racines des plantes, les microorganismes, les insectes et les vers de terre.

44 Le Splash désigne le résultat direct des gouttes d‟eau dans le sol

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CONCLUSION DE LA TROISIEME PARTIE

Le paysage est effectivement touché par l‟ensablement. Il se manifeste par la destruction d‟une large surface de terrains agricoles sur le bas-fond, l‟assèchement des rivières, l‟ensablement des lacs et l‟encombrement des barrages. Cette situation perturbe l‟équilibre du bassin versant d‟Ambovo à Ankaranana. Les paysans ont essayé de maitriser ce phénomène. Pourtant les moyens avancés ne visent pas le long terme. C‟est pourquoi, la proposition de stratégie qui cherche une meilleure gestion du territoire rural à long terme à partir des systèmes adaptés au milieu et à la société.

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CONCLUSION GENERALE

La situation alarmante de l‟ensablement actuelle de la Cuvette d‟Ambovo est étroitement liée au système de production agricole et la fragilité du milieu. La pression démographique, l‟inégalité dans l‟appropriation foncière, la forme du relief accélèrent l‟occupation des versants collinaires et les cônes volcaniques fragiles bordant la plaine. Depuis 2004 où la population commençait à recourir au niveau du cône de Kassigie, l‟ensablement touchait les zones basses au pied du cône. Les surfaces ensablées s„étendaient de plus en plus vers le Nord à chaque période de pluie. Alors que pendant une courte période, l‟ensablement touche la Cuvette d‟Ambovo par la présence de la rivière d‟Andakalava. De l‟autre côté, la présence de l‟autre rivière d‟Ambohibary favorise le transport des produits volcaniques, les alluvions venant des versants collinaires et le cône sur la bordure Occidentale de la Cuvette. L‟action de l‟erosion est accélérée sur ces versants par les petites exploitations familiales. De plus, l‟abondance des pluies favorise les ruissellements et aggrave la dégradation du sol à cratère fragile. En ce moment, l‟ensablement prend de l‟ampleur car seulement en 3 ans, on connait une perte de 86 ha de la surface cultivée, soit le 1/5 de surface totale de la Cuvette. Cette perte de surface augmente davantage et tend vers la disparition de la cuvette d‟ici quelques années si aucune décision n‟est prise. Des mesures de protection et de restauration peuvent être proposées de manière à réduire l‟ensablement de la Cuvette d‟Ambovo. La solution immédiate c‟est de minimiser la dégradation des versants, c‟est-à-dire, limiter les aménagements sur les zones fragiles en cherchant des techniques plus productives et moins dégradantes. Il faudrait donc renforcer les projets proposés par les ONG comme, l‟amélioration de technique de culture, valorisation du sol par la vulgarisation du SCV et lancement des plantes fixatrices comme le vétiver. Pourtant, la restauration du milieu nécessite la volonté des communautés locales qui peuvent réglementer la gestion de son propre espace.

78

BIBLIOGRAPHIE

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80

 OUVRAGES SPECIFIQUES

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81

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 WEBOGRAPHIE Les conditions socioéconomiques de la lutte anti-érosive à Madagascar : www.infotheque.info/fichiers/JSIR-AUF.../AJSRI_pwt_5-5_Ratsivalaka.pdf Régression et dégradation des sols : www.fr.wikipedia.org/regression_et_degradation_des sols. Géographie de Madagascar : www.worldlingo.com/ma/.../fr/geographie_of_madagascar

Impact de cyclone et de la sècheresse sur les principales cultures : www.fao.org//docrep/004/x7379f/x7379f00.htm.

Changement climatique : Impact sur l’agriculture et coût d’adaptation (en anglais) : www.ifpri.org/publication/climate-change-impacte_agriculture-and-costs.adaptation. Agriculture et changement climatique : www.afrique.kongotimes.info/climate/agricultureet changement-climatique.html.

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ANNEXES

ANNEXE 1 :

TABLEAU N°1 : MOYENNE DES TEMPERATURES MENSUELLES DE LA STATION ANALAVORY (MOYENNE SUR 30 ANS (1985-2015).

TEMPERA- J F M A J J S Moyenne TURES A O N D mensuelle MAX 29.5 29.2 29.1 26 26 27 29 30 30 29 28.7 29.2 .2 .5 .3 .3 .7 .4 .3

MIN 18.1 18.2 17.6 11 11 11 11 15 16 17 15.0 16.6 .2 .1 .8 .7 .6 MOYENNE 23.8 23.7 23.3 18 18 19 21 23 23 23 21.9 12.9 .7 .7 .2 .2 .3 .5 .5

TABLEAU N°2 MOYENNE DE PLUVIOMETRIE ET NOMBRE DE JOUR

J F M A M J J A D Moyenne S O N annuelle PLUVI 316 355 67.5 2.1 44 20 272 1581 O 268 32.8 5. 4. 5. .4 9 METRI 5 6 9 E JOURS 19 18 17 7 4 1 2 2 2 5 19 110 14 PROP 20 4.3 2.1 0.1 13 101 ORTIO 22.4 16.9 0. 0. 0. 2. .2 17.2 N 3 3 4 8

Source : Service Météorologique d‟Ampandrianomby

83

ANNEXE 2 : Répartition de zone de culture suivant le terroir

REPARTITION DE LA SUPERFICIE SURFACE CULTIVEE (ha) CULTIVEE (Ha) BAS-FOND VERSANT SOMMET Riz 402 380 22 - Manioc 175 30 145 - Soja 190 - 180 10 Haricot 88 30 58 - Courge 40 40 - - Maïs 40 - 30 10 Arachide 65 - 65 - TOTAL 1000 500 480 20

84

ANNEXE 3 : LE VOLCANISME A MADAGASCAR

85

ANNEXE 4 : Esquisse de carte géomorphologique du Massif Volcanique de l'Itasy (Zone de recherche entourée en rouge)

Source : R. BATTISTINI 1972

86

ANNEXE 5 : PHOTOS D‟ILLUSTRATION DE LA ROCHE BASANITE

ANNEXE 6 : LES DONNEES HUMAINES DE LA ZONE DE RECHERCHE

TABLEAU D‟EVOLUTION DE LA POPULATION DE 9 ANS SUCCESSIFS DANS LA CR D‟ANKARANANA

Année Effectif 2007 10133 2008

2009 10662 2010 11301 2011 11547 2012 11830 2013 12113 2014 12396 2015 12679 2016 13145

87

GROUPE ETHNIQUES

ANTANDROY 469 4%

BETSILEO 2706 23% MERINA 8561 73% 11736 100%

REPARTITION PAR SEXE ET PAR AGE DE LA POPULATION EN 2013

SEXE Homme Femme 0 à 4 752 853 5 à 9 948 973 10 à 14 890 916 15 à 19 719 739 20 à 24 409 437 25 à 29 369 367 30 à34 290 321 35 à 39 311 321 40 à 44 275 264 45 à 49 220 231 50 à 54 194 193 55 à 59 147 148 60 et Plus 239 210

ANNEXE 7 : REPARTITION DES TERRAINS SELON LA CLASSE SOCIALE

CLASSE BAS-FOND PENTE SOMMET TOTAL SOCIALE RICHES 260 20 15 295 MOYENS 200 270 5 475 PAUVRES 40 190 - 230

88

ANNEXE 8 : FICHE D’ENQUÊTE DURANT LA SORTIE SUR TERRAIN

Les questionnaires guident la sortie sur le terrain avec les résultats à envisager.

 ENQUETE AUPRES DES MENAGES:

A propos des CULTURES VIVRIERES

FAMILLE N° : Date : Nom du Fokontany :

1. Renseignement généraux Nom :

Age:

Profession:

Fokontany:

2. Quelle est votre activité principale ? Secondaires ?

3. A propos de l‟agriculture, Quelles sont les cultures les plus pratiquées?

Riz Manioc Maïs Autres

4. Quels types de culture pratiquez-vous ?

Culture irriguée Culture sur tanety Culture en pente Culture sur brûlis Culture de contre- saison

5. Localisation des parcelles

6. Pratiquez – vous une association de culture ? Si oui, il s‟agit de quelles associations ?

7. Est-ce que vous faire une rotation de culture ?

8. Etes-vous : propriétaire / locataire

89

9. Si vous êtes locataire est-ce un contrat de : métayage/ fermage ? Quel type de terre avez-vous ? Rizière Tanety Autre : … 10. Si vous avez des terres en tanety est-ce en : Bas-fonds (vallée) Colline (pentes) Plateau Sommet Autres… 11. Quel type de main d‟œuvre avez-vous ? Ouvriers Famille ? Combien, pour quelles tâches, sur quelles cultures, sur quelles périodes ? 12. Vous avez combien de parcelles? Comment organisez-vous les parcelles ?

13. Comment trouvez-vous les parcelles ?

Morcelée - Insuffisante -Fertile -infertile

Dégradée -Vaste

Autres

14.. Comment se présente :

Le calendrier agricole ?

La superficie en hectare ?

Le rendement ?

La destination de production : la consommation par rapport à la vente ?

15. Au niveau votre exploitation

Les techniques de production ?

Les techniques vulgarisées ?

Le nombre des personnes employées ? 16. Quel type de financement bénéficiez-vous?

90

 Concernant l‟EROSION :

17. Vous entendez parler du problème d‟érosion ?

Si oui, par qui avez-vous été sensibilisé ?

18. Comment constatez-vous le rythme de dégradation du sol en ce moment ?

19. Comment observez-vous :

La baisse du rendement ?

La perte de surface par ensablement ?

La formation des ravines ?

Autres

20. Du fait de votre position géographique, l‟accumulation constatée sur vos parcelles s‟il y en a ?

21. Quelles sont selon vous les problèmes en amont ?

La surexploitation des versants ?

22. Avez-vous prendre des mesures antiérosives sur les surface surexploités

Si oui, lesquelles ?

 AU NIVEAU DE LA COMMUNE:

Délimitation de la commune ?

Nombre de Fokontany ?

Nombre total de la population ?

Evolution du nombre de la population

Le nombre des pratiquants ?

La production totale de la commune?

L‟étendue de la zone qui pratique la spéculation?

L‟évolution des moyens mobilisés en nombre et les variances.

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TABLE DE MATIERES

REMERCIEMENTS ...... i SOMMAIRE ...... ii RESUME...... iii ACRONYMES...... iv GLOSSAIRE ...... v LISTE DES CROCQUIS ...... vi LISTE DES FIGURE ...... vi LISTE DES PHOTOS ...... vii LISTE DES TABLEAUX ...... vii

INTRODUCTION ...... 1

Première partie : CONCEPTUALISATION ET CADRAGE DE LA RECHERCHE Chapitre I : CADRE GENERAL DE LA RECHERCHE ...... 3 I.1. Justification du sujet de recherche ...... 3 I.1.1 Spécificités et contextes ...... 3 I.1.2. Problématiques et orientation de la recherche ...... 4 I.1.3. Choix et objectifs de la recherche ...... 5 I.2. Méthodes et démarche de recherche ...... 6 I.2.1 Analyse bibliographique...... 6 I.2.2. Démarche de recherche...... 11 I.2.3. Outils de recherche et échantillonnage...... 12

Chapitre II : CADRAGE DE LA ZONE DE RECHERCHE...... 15 II.1. La zone de recherche...... 15 II.1. 1. Présentation de la Commune rurale d‟Ankaranana...... 15 II.1.2. La cuvette d‟Ambovo...... 18 II.2. Le cadre physique de la recherche...... 19 II.2.1 Les données topographiques ...... 19 II.2.1.1.Un relief typique des hautes terres centrales...... 19 II.2.1.2.Un système hydrographique peu importante :...... 25 II.2.2. un climat tropical d‟altitude :...... 26 II.2.3 sol et végétation...... 28

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II.2.3.1.Des sols a caractères volcaniques: ...... 28 II.2.3.2. Une végétation assez dense : ...... 30

CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE : ...... 31

Deuxième partie : SYSTEME DE PRODUCTION FACTEUR DETERMINANT DE L’ENSABLEMENT Chapitre III. EXPLOITATION AGRICOLE ET MISE EN VALEUR DE L‟ESPACE ...... 32 III.1. Caractères démographique comme facteur de renforcement de l’aménagement agricole ...... 32 III.1.1. Une population jeune et nombreuse ...... 32 III.1.2. Population formée par des migrants : ...... 36 III.1.3. Une population a niveau de vie faible: ...... 38 III.2. Le système de culture ...... 39 III.2.1. Un paysage marque par le terroir de bas-fond, des versants et du sommet ...... 39 III.2.2 Une structure agraire dominée par le Mode Faire Valoir Direct...... 41 III.2.3. Des parcellaires morcelés : ...... 42 III.3. : La place de l’agriculture dans la zone ...... 44 III.3.1 Une agriculture basée sur la culture vivrière: ...... 44 III.3.2. DES PRODUCTIONS ELEVEES ...... 45 III.3.3. Enclavement comme blocage de l‟exploitation agricole : ...... 47

Chapitre IV. EXPLOITATION NON MAITRISEE DES PENTES...... 49

IV.1. Exploitation abusive des collines à l’ouest de la cuvette : ...... 51 IV.1.1. Système de culture érosif...... 51 IV.1.2. Feux de brousse accentué au niveau des collines : ...... 52 IV.1.3. Des Versants très occupés pendant toute l‟année ...... 53 IV.2. Mise en culture sur les cônes volcaniques fragiles ...... 55 IV.2.1. Le Kassigie (1662m) et Antsoritsoritra (1300m) : cônes des scories basanitiques...... 55

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IV.2.2. Mise en culture des deux cônes : le Kassigie et Antsoritsoritra, stimulant l‟ensablement de la cuvette: ...... 56 IV.3. Erosion des versants accélérée par des phénomènes naturels ...... 58

CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE: ...... 61

Troisième partie : RESULTATS ET PERSPECTIVES DE LA RECHERCHE Chapitre V : ETAT DE LIEU ACTUEL DU PAYSAGE ...... 62 V.1.1.Ensablement de la cuvette d‟Ambovo ...... 62 V.2.1. Assèchement des rivières...... 65 V.2.2. Etude d‟évolution du niveau du lit : ...... 66 V.2.3. Etude de l‟accélération des sédiments sous le pont : ...... 67 V.3. ensablement des lacs aux alentours de la cuvette : ...... 68

Chapitre VI : RESTAURATION DU MILIEU ...... 70 VI.1. Les réactions et stratégies du ménage face à l’ensablement ...... 70 VI.1.1. Le terrassement des terrains ...... 70 VI.1.2. Utilisation des pailles et des fascines : ...... 72 VI.2. Proposition pour la restauration du milieu ...... 73 VI.2.1.Changement de système d‟exploitation du sol au niveau des pentes : ...... 73 VI.2.2.La lutte contre les feux de brousse ...... 75 VI.2.3.Intensification de la production au niveau des bas-fonds et les collines à pente douce :...... 75 VI.3. Adoption des nouvelles techniques : ...... 76 VI .3.1.Travail du sol suivant la courbe de niveau : ...... 76 VI.3.2. Les techniques du labour: ...... 76

CONCLUSION DE LA TROISIEME PARTIE : ...... 77

CONCLUSION GENERALE ...... 78 BIBLIOGRAPHIE: ...... 79 ANNEXES ...... 83

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