Kirkenes, bout du monde norvégien ou place commerciale transfrontalière ? Illustration de l’effet frontière 1 Frédéric Lasserre 1 Professeur au département de géographie de l’Université Laval, et directeur du Conseil québécois d’Études géopolitiques.
[email protected] ARTICLE Résumé : La frontière terrestre entre Russie Introduction Une commune minière, et Norvège, longtemps très patrouillée et terminus du territoire La petite bourgade de Kirkenes, dans contrôlée lors de la Guerre froide, est norvégien aujourd’hui beaucoup plus ouverte. Le l’Arctique norvégien, compte environ nombre de passages annuels a connu une 3 500 habitants et fait partie de la Fondée en 1906 à partir d’un mo- nette augmentation au cours de la dernière municipalité de Sør-Varanger (Fig. 1). deste hameau de pêcheurs (Viken et décennie, les résidents des zones frontalières Elle se situe à 7 km de la frontière al 2008), la petite ville de Kirkenes a alimentant une activité de tourisme com- russe, sur le segment de 195,7 km de comme vocation économique son mercial bénéfique pour la communauté. frontière terrestre entre Russie et port qui dessert la mine de fer de Cette activité économique prend une Sydvaranger située à 8,5 km à importance croissante dans l’économie Norvège depuis que l’URSS a annexé locale alors même que l’activité minière le corridor de Petsamo aux dépens de l’intérieur des terres, et que relie une périclite. Kirkenes constitue un bon exemple la Finlande en 1944. voie ferrée construite pour l’occa- de l’effet frontière, dans lequel la frontière sion. La mine, l’usine de première ne constitue pas un frein, mais une interface Frontière terrestre longtemps très transformation et le port desservant moteur d’une activité économique.