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INEDIT Maison des Cultures du Monde

LE PAVILLON AUX PIVOINES Opéra classique chinois Hua Wen-yi, Kao Hui-lan et Troupe Lan Ting

THE PEONY PAVILION Kunqu Chinese classical opera Hua Wen-yi, Kao Hui-lan and Lan Ting Troupe

W 260060 INEDIT/Maison des Cultures du Monde • 101, Bd Raspail 75006 Paris France • tél. 01 45 44 72 30 • fax 01 45 44 76 60 • www.mcm.asso.fr Distribution / Cast

Tu Li-niang : Hua Wen-yi. Liu Meng-mei : Kao Hui-lan. Chun-hsiang, suivante de Tu Li-niang / Tu Li-niang’s suitor : Chen Mei-lan.

Chen Tsui-liang, tuteur / tutor : Wang Inh-hwa. Le Juge des Enfers / The Judge of the Underworld : Chang Fu-chun. Chœur des divinités / Deities : Liu Chia-yu, Ching Yu-lin, Chen Chia-li, Peng Hsiang-shih, Song Ning-ling, Wang Yao-hsing, Liu Shen-mei, Lo Pei. Gardes-démons / Demon Guards : Lin Chun-fa, Wu Te-tao, Hu Wei-ming, Ma Shueh-wen.

Directrice musicale / Musical director : Shao Su-feng. Orchestre / Orchestra : Hsiao Pen-yao (flûte / flute dizi), Yang Tsai-hsi (chef percussionniste / drum leader) & Liu Chih, Shih Te-yu, Wang Pao-kang, Tseng Shuen-tong, Chiang Ju-tang, Song Ching-lung, Tsan Ching-niang, Tang Hu-ming, Sun Lien-chiao, Hwu Shi-woei.

Collection fondée par Françoise Gründ et dirigée par Pierre Bois Enregistrement numérique effectué en public du 8 au 13 novembre 1994 par Joël Beaudemont et mixé le 13 décembre 1994 par Joël Beaudemont et Pierre Bois. Traduction anglaise du livret, Andrew P. Morton. Notice et adaptation française du livret, Pierre Bois. Traduction anglaise de la notice, Josephine De Linde. Photographies, clichés Troupe Lan Ting d’opéra chinois. Les gravures ont été reproduites d’après l’ouvrage de Jacques Pimpaneau, Promenade au jardin des poiriers : l’opéra chinois classique, Paris, 1983, Musée Kwok On, pp. 52 à 54, avec l’aimable autorisation de l’auteur. Dessin de couverture, Françoise Gründ. Masterisation, Alcyon Musique. Réalisation, Pierre Bois. © et Op 1995-2001 Maison des Cultures du Monde. Les enregistrements ont été effectués lors des représentations données dans le cadre de la manifestation « Quatre Opéras Chinois » organisée par la Maison des Cultures du Monde au Rond-Point / Théâtre Renaud-Barrault (direction Chérif Khaznadar) avec le concours du Centre Culturel et d’Information de à Paris. INEDIT est une marque déposée de la Maison des Cultures du Monde (dir. Chérif Khaznadar). LE PAVILLON AUX PIVOINES Opéra classique chinois Kunqu

e toutes les formes d’opéra chinois qui se L’histoire de l’opéra classique chinois peut se Dsuccédèrent depuis le XIIe siècle, le kunqu 1 résumer en cinq grandes étapes : le nanqu, est celui qui conserve le mieux l'image d'un art théâtre né sous les Song du sud au XIIe siècle, classique hautement apprécié dans les milieux le yuanqu apparu sous les Yuan au XIIIe siècle, lettrés pour son raffinement musical, littéraire la renaissance et le développement du nanqu à et gestuel. la fin de la dynastie des Yuan et au début des Point d'histoires picaresques, point de violen- Ming (XIVe s.), le kunqu né au milieu du XVIe ces physiques ni de grands combats comme siècle et enfin l’opéra de Pékin qui supplanta dans l'opéra de Pékin, mais au contraire l'ex- le kunqu à partir du XIXe siècle. pression de sentiments nobles et élevés sus- Du nanqu des Song du sud, il ne reste guère cités par les arts et le spectacle d'une nature que des titres d’œuvres et des extraits de disciplinée et riche de symboles. chants, mais qui suffisent déjà à attester l’exis- Tombé en désuétude au XIXe siècle en raison tence de véritables pièces. On y relève déjà les de son style trop élaboré pour le public ordi- quatre grandes catégories de personnages pro- naire, le kunqu n’est plus guère joué qu’à Pékin pres à l’opéra chinois : personnages mascu- et à Shanghai et reconquiert aujourd’hui le lins, personnages féminins, personnages public cultivé de Taïwan. violents, clowns, et quelques informations sur En octobre 1994, la Maison des Cultures du la musique. Monde accueillit au Théâtre du Rond-Point la Le yuanqu, qui se développa sous la dynastie grande actrice Hua Wen-yi, ancienne directrice mongole des Yuan (1279-1368) est considéré de l’Opéra de Shanghaï et «Première dame de comme le premier grand genre d’opéra chi- l’Opéra Kun», et la Troupe Lan Ting de Taïwan nois. Chaque pièce ou zaju était soumise à des dirigée par l’actrice Kao Hui-lan pour six repré- règles extrêmement strictes et comprenait des sentations du Pavillon aux Pivoines. C’est à passages en prose et des passages chantés sur cette occasion que fut réalisé ce premier enre- des mélodies du nord (contrairement au théâ- gistrement numérique de l’un des plus grands tre du sud qui avait précédé). Le chant, chefs-d’œuvre de l’opéra classique chinois. accompagné par les instruments à cordes, pui- sait dans un corpus de 335 airs ou mélodies- 1. Ou k’ouen k’iu, prononcer «kouène tchü». types sur lesquels les textes devaient s’adapter.

–3– Le nanqu réapparut à la fin de la dynastie des Héritier du yuanqu et du nanqu, le kunqu syn- Yuan. Le style de ces pièces, appelées , thétise les différents types de chants et de était plus littéraire que celui du yuanqu et égale- musiques du nord et du sud que Wei Liangfu a ment plus libre. Sur le plan musical, les chuanqi été amené à connaître au cours de ses voyages. renouaient avec le style du sud. Le nombre de À partir du XVIIe siècle, de célèbres romanciers mélodies-types s’élevait alors à 543 et le chant, enrichissent son répertoire : Li Yu (1611- n’étant plus seulement réservé aux personnages 1685), Le Couple de soles et La Compagne au principaux, prit plus d’importance. Quant à parfum enchanteur ; Hong Sheng (1645-1704), l’orchestre, il privilégiait les instruments à vent, Le Palais de la longévité ; (1648- notamment la flûte et l’orgue-à-bouche, les 1718), L’éventail aux fleurs de pêcher. instruments à cordes étant relégués au second Une des particularités du kunqu est le rôle pré- plan. Sur le plan littéraire en revanche, les pondérant qu’y jouent le chant et la musique. chuanqi étaient moins variés que les zaju et se On a affaire ici à un opéra au sens où on l’en- concentraient surtout sur des histoires d’amour tend en musique occidentale. s’achevant par la réunion des amants. Le chant, toujours écrit en vers, permet à l’au- Au début de l’époque Ming (1368-1644) la tra- teur d’exprimer avec finesse et précision les dition du nanqu s’émiette en plusieurs petites états d’âme de ses personnages. C’est particu- Ecoles qui vont entraver son développement lièrement apparent dans cette version du en tant que genre national. Au milieu du XVIe Pavillon aux pivoines. Le chant occupe la plus siècle, un dramaturge confie au musicien Wei grande place dans les trois grands actes qui Liangfu, originaire de Kunshan près de constituent le cœur du récit : le rêve de Tu Li- Suzhou, le livret d’une de ses pièces, Histoire niang, sa maladie, le dialogue de Liu Meng- de la laveuse de gaze, pour qu’il la mette en mei avec le portrait de la jeune femme. Les musique. Cette pièce remporte un succès si autres actes, au contraire, n’ont d’autre fonc- considérable que Wei Liangfu décide alors de tion que de faire progresser le récit et se carac- remanier les grandes pièces composées pour le térisent donc par leur brièveté et une nette nanqu dans le nouveau style qu’il vient de prédominance des dialogues. créer, notamment Le Pavillon aux Pivoines de Le chant fait véritablement partie intégrante (1550-1617) et Le Pavillon de du livret et donc de l’action ; selon les néces- l’aile ouest de Wang Shifu. Le kunqu 2 est né et sités du récit il peut être exécuté en solo ou en éclipse rapidement les petites Ecoles de nanqu. duo, il peut être entrecoupé de dialogues en prose ou, comme c’est le cas dans la Prome- 2. Littéralement «les airs de Kun» en hommage à la nade de l’acte 1, de brèves interventions d’un ville de Kunshan d’où Wei Liangfu était originaire. personnage secondaire.

–4– L'opéra chinois distingue deux manières de effectuer des commentaires sur l’action (chan- poser la voix, tant pour les dialogues et les réci- tés ici par le chœur). tatifs que pour le chant. La voix de fausset est Le kunqu utilise sept modes musicaux qui cor- réservée aux personnages féminins jeunes et respondent aux différents renversements (ou mûrs – héritage sans doute de l'époque encore aspects) de l’échelle pentatonique augmentée récente où ces rôles étaient tenus par des hom- de ses deux degrés secondaires [do, ré, mi, (fa), mes – et aux rôles de jeune homme (incarné sol, la, (si)] et dans laquelle chacun des degrés ici par l’actrice Kao Hui-lan). Pour ces derniers, sert de tonique à l’un des sept modes. À cha- l'exercice est particulièrement difficile car l'ac- cun de ces modes correspondent des expres- teur doit restituer la voix brisée d'un adoles- sions de sentiments différentes (mélancolie, cent qui mue. La voix naturelle est utilisée joie, tourment, anxiété, colère…) qui sont dans les rôles masculins et de femme âgée. classées selon un système précis, le kong tiao ; Quatre principes essentiels régissent la décla- enfin c’est selon chaque kong et chaque tiao mation et la bonne exécution du chant de que sont regroupés les airs ou qupai sur les- kunqu. quels sont exécutés les chants. On a vu dans 1. Les «cinq sons» issus de la gorge, de la lan- le yuanqu qu’il existait 335 airs différents et gue, des molaires, des incisives et des lèvres. 543 dans le nanqu ; dans le kunqu, on en 2. Les «quatre respirations» : la bouche lar- dénombre plus d’un millier, empruntés aussi gement ouverte, le son sort librement ; en rap- bien aux répertoires du nord que du sud, et prochant les dents, le son se met à siffler ; en c’est à l’auteur de la pièce qu’il revient de avançant les lèvres, le son glisse entre elles ; la choisir le qupai qui traduit le mieux les senti- bouche bien arrondie, le son sort profondé- ments éprouvés par le personnage chantant. ment de la gorge. Ce mode de composition explique le fait que 3. Le respect des quatre tons du système l’œuvre soit avant tout celle d’un poète et non tonétique de la langue chinoise. d’un musicien, à l’exception bien sûr de Wei 4. L’articulation des mots, d’une part leur Liangfu qui fut le créateur du genre. décomposition en trois sons : la tête, le ventre L’orchestre peut être divisé en trois groupes et la queue, d’autre part une distinction bien d’instruments : percussions, vents et cordes. claire du mot suivant de manière à éviter Les instruments à percussion jouent un rôle toute confusion. prédominant. Ils marquent la mesure, ponc- La déclamation est de trois ordres, la décla- tuent la voix et les gestes des acteurs en indi- mation en prose utilisée dans les monologues, quant les sentiments forts tels que l’anxiété, le le dialogue en langue courante, enfin la poé- tourment, l’emportement, et servent de brui- sie en vers réguliers que le poète utilise pour teurs. On considérera d’une part le tambour

–5– plat bangu, les cliquettes de bois paiban, le cès et surtout plus spectaculaire : l’opéra de petit gong jingluo (reconnaissable à son timbre Pékin. ascendant) et les cymbales bo qui intervien- nent ensemble tout au long de l’œuvre, et Le Pavillon aux Pivoines fut composé en d’autre part le tambour gu et le grand gong da 1598 par le poète Tang Xianzu (1550-1617), luo dont le rôle se limite généralement aux l’un des plus grands dramaturges de l’époque scènes héroïques. Notons par ailleurs que le Ming. Contrairement à son confrère Liang bangu est l’instrument directeur de l’orchestre Chenyu qui considérait qu’une pièce devait et que les cliquettes paiban jouent un rôle avant tout satisfaire aux nécessités scéniques, essentiel pour donner le tempo et marquer les Tang Xianzu estimait qu’acteurs et musiciens respirations dans la déclamation. devaient avant tout se soumettre à son texte Les instruments à vent accompagnent le et à sa pensée. Il est donc paradoxal de cons- chant. Ils se composent de la flûte traversière tater que cette œuvre, difficile à mettre en en bambou dizi, de la flûte droite à encoche scène, fut sujette à un grand nombre de trans- xiao et de l’orgue-à-bouche sheng. formations et ne put jamais être jouée dans sa Les instruments à cordes ont un rôle plus totalité. auxiliaire et participent plus de l’ambiance Cette pièce est pourtant considérée comme que de la structure même de l’œuvre. Ce sont l’un des chefs-d’œuvre de la littérature chi- le luth piriforme pipa, le luth à trois cordes noise et est devenue le modèle de l’amour par- sanxian, le luth en forme de lune ruan, la fait. Les six actes présentés ici racontent cithare à cordes frappées yangqin, diverses sor- l’histoire d’une jeune aristocrate séduite par tes de vièles à deux cordes. un jeune homme qui lui est apparu en songe, Sous le règne de Tao Kouang (1821-1850) les une après-midi de printemps. Captive de cet lettrés comme le public commencent à négli- amour impossible, la jeune fille se meurt de ger le kunqu, les premiers jugeant sa forme mélancolie. Mais la constance de son amour trop figée et le second trouvant cette poésie est plus forte que la mort, elle se gagne la pitié trop compliquée. La révolte des Taiping du juge des enfers et parvient à retrouver son contre le pouvoir mandchou porte un coup amant et revenir à la vie. décisif au kunqu. La création d’un État dissi- dent en Chine du sud provoque de nombreux Hua Wen-yi a été formée dans la classe de troubles dans toutes les villes où l’on pratique kunqu de l'Académie d'Opéra de Shanghaï. Dès cet opéra ; les troupes sont disloquées et le les années soixante sa grâce, la douceur moel- public comme les auteurs vont se porter vers leuse de sa voix, la subtilité de ses gestes lui une nouvelle forme théâtrale, plus facile d’ac- valurent un succès si considérable qu'on la sur-

–6– nomma la «petite Mei Lan-fang» (d'après le Bibliographie nom d'un des plus fameux acteurs chinois spé- • Jacques Pimpaneau, Promenade au jardin des poiriers : cialisé dans les rôles féminins). Outre le titre l'Opéra chinois classique, Paris, Musée Kwok On, 1983, 138 pages. envié de «Première dame de l'Opéra Kun», elle • Tsiang Un-Kai, K’ouen K’iu, le théâtre chinois ancien, reçut de nombreux prix décernés par le Minis- Paris, 1932, 132 pages. tère de la Culture de la République Populaire • François Picard, La musique chinoise, Paris, Minerve, de Chine, le Festival de Shanghaï, la Télévision 1991, 215 pages. chinoise et, en 1986, elle obtint la plus haute distinction jamais décernée à un acteur : le Prix du Bouton de Fleur de Prunus. Après avoir dirigé l'Opéra de Shanghaï pendant plusieurs années, elle émigra en 1989 aux Etats-Unis. Aujourd’hui elle partage son activité artistique et pédagogique entre les Etats-Unis et Taïwan et tourne dans le monde entier. Kao Hui-lan est l’une des plus grandes actrices taïwanaises. Spécialisée dans les rôles de jeune premier xiao sheng, elle incarne son person- nage avec sensibilité et humour. Elle a reçu de nombreux prix décernés par le Ministère de la Défense (elle fut pendant un temps membre de la troupe des Forces de l'Air) et le Ministère de l'Education de Taïwan. Membre fondateur du New Generation Theater et de la Taiwan Drama Company elle est également directrice de la Troupe Lan Ting d'Opéra Chinois. La Troupe Lan Ting d’opéra chinois fut créée par des comédiens de théâtre et des étoiles de l'opéra dans le but de préserver l'essence de l'o- péra classique chinois tout en y insufflant de nouvelles idées créatives. Le résultat en est une succession de chefs-d'œuvre qui trouvent tout naturellement leur place dans l'environnement culturel de la Chine contemporaine. Acte 1 : Un rêve dans le jardin / A dream in the garden

–7– LE PAVILLON AUX PIVOINES Acte 1 : Un songe dans le jardin [Le boudoir de Tu Li-niang dans la résidence du préfet de Nan-an. Au lointain, le jardin.]

Tu Li-niang : Les loriots s’éveillent de leurs rêves Chun-hsiang : Oui maîtresse. Tenez, votre et célèbrent en gazouillant leur réveil. miroir. La gloire de l'année nouvelle se répand avec Tu Li-niang : Mettez-le là. tapage. Chun-hsiang : Oui. Et je me tiens là, dans cette petite cour.* Tu Li-niang : Quelle belle journée ! Chun-hsiang : La mèche de la lampe est éteinte Chun-hsiang : Maîtresse, puis-je vous coiffer ? Et les fils de votre ouvrage sont tombés à terre. Tu Li-niang : Comme un fil de soie qui ondule, Vous me semblez cette année Le printemps se fraye un chemin dans le jardin Plus troublée que les précédentes. calme. Maîtresse… Je m'interromps un moment Tu Li-niang : À la première lueur de l’aube, je Pour rajuster mon épingle à cheveux. contemple le Col du Rameau de Prunus et À demi réfléchie par le miroir, les derniers fards de la nuit qui s’estom- Ma chevelure ondoyante se déverse avec caprice. pent… Me promenant dans mon boudoir parfumé, Chun-hsiang : Maîtresse, quand vous vous Je ne puis me montrer, telle que je suis. penchez à la balustrade, votre chevelure Chun-hsiang : Maîtresse, admirez cette éblouis- assortie au printemps se répand sur votre sante robe émeraude, ces peignes couleur de profil. rubis et ces pendentifs ornés de joyaux. Tu Li-niang : Aucun ciseau, aucun peigne ne Tu Li-niang : Chun-hsiang… tu connais mon sauraient me libérer de cette mélancolie ! amour de la nature. Chun-hsiang : J’ai prié les loriots et les hiron- Chun-hsiang : Venez, maîtresse, sortons. delles d’abandonner leurs fleurs et de jeter Tu Li-niang : Aucun œil n'a jamais contemplé un regard sur vous. une telle splendeur immaculée. Tu Li-niang : Chun-hsiang ! Le chant des oiseaux s'affole devant tant de Chun-hsiang : Je suis là. beauté. Tu Li-niang : Chun-hsiang, avez-vous dit au jar- Quant aux fleurs, elles tremblent, effarées par dinier de nettoyer entre les plates-bandes ? une grâce «Qui leur fait honte et jette un voile sur la * Les textes en italiques correspondent aux parties chantées. lune».

–8– Chun-hsiang : Nous voici à la porte du jardin. Chun-hsiang : Ici, une verte colline. Maîtresse, entrez, je vous prie. Tu Li-niang : Un flanc de côteau verdoyant… Tu Li-niang : Oui, entrons dans le jardin… Chun-hsiang : Maîtresse, les azalées sont en Regarde, un peu de poussière d'or subsiste fleurs ! sur le bois de la véranda. Tu Li-niang : Comme des coucous pleurant des Chun-hsiang : Oh, maîtresse, voici le bassin larmes de sang. de poissons rouges ! Chun-hsiang : Ici, de la bruyère arborescente. Tu Li-niang : Et derrière le bassin s'étend un lit Tu Li-niang : Toute scintillante de buée. de mousse verte. Chun-hsiang : La pivoine est précoce cette Chun-hsiang : À marcher ainsi dans l'herbe, je année ! crains que nous ne souillions nos bas tout Tu Li-niang : Elle est si jolie. Pourquoi, lorsque neufs. Voyez ces fleurs condamnées à sup- s'achève le printemps, est-elle la première à porter le poids de ces clochettes d'or. nous quitter ? Tu Li-niang : Chun-hsiang ! Chun-hsiang : Maîtresse, venez avec moi. Chun-hsiang : Oui, maîtresse ? Tu Li-niang : Attends. Laisse-moi profiter de cette Tu Li-niang : Avant de visiter ce jardin, j'aurais magnificence. souhaité ne rien connaître des charmes du Chun-hsiang : Entendez-vous le chant du printemps. loriot et de l'hirondelle ? Chun-hsiang : C'est vrai. Ensemble : Chaque note de l'hirondelle sonne Tu Li-niang : De tous côtés, des fleurs pourpres et avec clarté, écarlates Le gazouillis du loriot, lui, coule comme de Semblent éclore pour ce puits démoli et ce mur l'eau. qui s’effondre. Chun-hsiang : Par une telle journée, ce jardin, Le ciel nous offre des heures charmantes et des baigné de soleil, de chants et de parfums, spectacles séduisants, est une source infinie de plaisirs. Mais où sont les cœurs capables de s'en Tu Li-niang : Plus un mot. réjouir ? Chun-hsiang : Voici le Pavillon aux Pivoines. Filant à l'aube et s'enroulant au crépuscule, Cette promenade vous a sûrement fatiguée. Des nuages roses rehaussent la verdeur des Reposez-vous un moment et laissez-moi balustrades. vous préparer un bol de thé parfumé. Pétales portés par le vent sous la pluie légère, Tu Li-niang : Va, je t'en prie. Barques multicolores sur les eaux embrumées. Chun-hsiang : Bien, maîtresse. Cloîtrée derrière mes paravents de soie peinte, Tu Li-niang : Ce retour du printemps est si sou- Comment pourrais-je jouir d'un tel spectacle ? dain ! Quel plaisir ! Oh, Printemps, nous

–9– voici enfin réunis. Comment vivrai-je après Liu Meng-mei : Là, devant cette balustrade bor- ton départ ? Ah, ce temps me rend languide, dée de pivoines, pleine d’un désir qui ne peut s’assouvir. Au pied de ce monticule de rochers de Taihu. Comme c’est déconcertant ! Desserrez votre col, Me voici saisie d'une impression de solitude et Défaites l’agrafe de votre ceinture. de détresse. Demeurez un moment avec moi, Mon prétendant devra être de noble ascendance le temps d'un léger somme. Dût-elle être divine ! Est-ce notre première rencontre ? Mais quel mariage honorable mérite Ensemble : Nous nous contemplons avec respect. que je gâche le printemps de ma jeunesse ? Sommes-nous donc condamnés au silence ? Qui veillera sur mon sommeil ? Au milieu de cette exquise splendeur, [Ils sortent.] Je me tourne et me retourne dans l'obscurité. Les fées entrent en dansant : Quel joli spectacle À qui engagerai-je mon cœur ? dans la lumière du soleil Mon destin est entre les mains du Ciel. Que ces milliers de fleurs pourpres et écarlates. Son âme a été emportée dans un rêve [Tu Li-niang s’endort. Entrée et danse de la déesse Fleur Elle y a goûté l'amour le plus exquis. et de ses fées qui conduisent l’esprit de Liu Meng-mei dans le songe de Tu Li-niang] Un tel amour est impossible ici-bas. Qui leur reprocherait de saisir une bribe de ce Liu Meng-mei : Ainsi vous êtes là. Je vous ai printemps glorieux ? cherchée partout. J'ai brisé ce rameau sur Réjouissons-nous que deux amants partagent un saule du jardin. Vous qui êtes versée le même désir dans les lettres, accepteriez-vous d’en faire Et connaissent en songe un si grand bonheur ! le sujet d’un poème ? Derrière le rocher de Taihu, Tu Li-niang : Je n'ai jamais vu ce jeune Inséparablement mêlés comme nuages et pluie, homme. Que fait-il ici ? Par-delà la balustrade sculptée, Liu Meng-mei : Madame, vous êtes si belle Dans une débauche de pétales rouges et de que je me meurs d'amour pour vous. feuilles verdoyantes, Votre beauté est semblable à une fleur, Deux cœurs s’immergent dans l’amour. De longues années durant Leur union fut gravée dans la pierre lors d’une Je vous ai cherchée partout vie antérieure Vous qui vous languissiez dans votre boudoir. Et réapparaît maintenant dans un autre temps. Madame, venez par ici et causons. Tirons les de ce rêve délicieux Tu Li-niang : Où cela ? Et faisons pleuvoir une grêle de pétales.

–10– [Liu Meng-mei et Tu Li-niang réapparaissent] Tu Li-niang : Mon bien-aimé ! Liu Meng-mei : Je suis ici, ma beauté, «et Liu Meng-mei : Un bref instant, la nature fut quand elle s’endormit, les nuages couvrirent notre réconfort. le Wushan, le mont des amours féériques». Nous reposions parmi les fleurs sur un lit d’herbe, Votre chevelure nuageuse mise en valeur par les [Liu Meng-mei sort, Chun-hsiang entre.] pétales incarnats et les pins verdoyants. Chun-hsiang : La nuit tombe, vous devriez Vous voyant ainsi, je vous enlaçai étroitement ôter vos épingles. Le thé est infusé, laissez- Et avec quelle tendresse ! moi jeter un coup d'œil… Oh, elle dort. Afin de nous fondre en une seule chair. Maîtresse ! Je vis alors perler Tu Li-niang : Des pétales couvrent le sol, une Des gouttes de rosée carminée à la face du soleil. pluie de fleurs me réveille. Las, je dois partir quoiqu’il m’en coûte. Chun-hsiang : Maîtresse, retournons à votre Yeux dans les yeux, saisis de respect, chambre, sinon vous allez prendre froid. Ne me dites pas qu’en un si bel endroit Tu Li-niang : Donne-moi ton bras. Nous eussions pu nous rencontrer sans échan- Mon cœur est rassasié de beauté. ger une parole. Cette flânerie dans le jardin m'a épuisée. Madame, vous devez être lasse. Reposez- Mon amour est suspendu à un songe. vous un instant. Quant à moi, je dois par- Oh Printemps, pitié ! tir. En vérité «la pluie a menacé le jardin de Que ce rêve ne s'estompe point trop vite ! ses approches…»

Acte 2 : À la poursuite d’un rêve [Jour après jour, Tu Li-niang part à la poursuite de son rêve. Elle retourne parfois dans le jardin mais n'y trouve plus trace de son amant. Peu à peu elle sombre dans la mélancolie.]

Chœur : Un lit de malade est dressé dans une comment ai-je pu devenir si maigre et si chambre solitaire, faible ? Chun-hsiang ! Près d'une fenêtre drapée d'un rideau derrière Chun-hsiang : Je suis là. laquelle il ne passe jamais personne. Tu Li-niang : Va me chercher mon portrait. Tu Li-niang : Je ne parviens pas à chasser le poids Chun-hsiang : Oui, maîtresse. Vous l'aviez de cette langueur anxieuse ! peint à votre retour du jardin. Depuis, le J'étais autrefois jolie et pleine de vie, printemps est passé, puis l'automne est

–11– venu. Cela fait six mois maintenant. peine tenir debout. Ma seule crainte est de Tu Li-niang : Il est aisé de rendre la beauté du ne pouvoir réaliser mon dernier vœu. Chun- printemps, mais qu'il est difficile de pein- hsiang ! À ma mort, je veux qu'on m'enterre dre un cœur brisé. Laisse-moi écrire sous le prunus. Puis tu cacheras ce portrait quelques mots. sous les rochers de Taihu. Souviens-toi bien ! Chun-hsiang : Maîtresse, vous êtes indisposée. Chun-hsiang : Maîtresse, vous devez vous sou- Pourquoi pas un autre jour ? cier de votre santé. Ne dites plus de telles Tu Li-niang : Prépare-moi un peu d'encre… choses, vous voyez tout en noir. Mainte- «De près, la ressemblance est grande, nant reposez-vous, je reviens tout de suite. Mais de loin on dirait Tu Li-niang : Chun-hsiang, amène-moi sous le Quelque farfadet porté par le vent. prunus afin qu’une fois de plus je retrouve Un jour, une année, l'union mon rêve. Avec le “courtisan de la lune” Sera célébrée sous les branches [Elles se rendent dans le jardin.] Du prunus ou du saule.» Laisse-moi encore admirer ce jardin. Chun-hsiang : Ce portrait est ravissant et il Là, derrière le monticule de rochers de Taihu, vous ressemble tout à fait. Il n'y manque Près du Pavillon aux Pivoines, qu'un époux à vos côtés ! Je me rappelle la beauté enivrante du printemps Tu Li-niang : Chun-hsiang. À dire vrai, En ce jour où nous nous rencontrâmes en lorsque je flânai dans le jardin, quelqu'un songe. était là. Ensemble : Les boutons de pivoine bordant la Chun-hsiang : Et qui donc ? balustrade, Tu Li-niang : Un jeune homme tenant un Les rameaux de saule entrelacés, rameau de saule. Il me demanda de com- Les graines d'orme jetées comme des piécettes. poser quelques vers. Enivrés par les parfums délicats du printemps, Chun-hsiang : Et ensuite ? L'esprit soudain s'obscurcit, l'âme se languit. Tu Li-niang : Ensuite… je me souviens seule- Tu Li-niang : À quelle famille appartenait ce ment qu'une pluie de pétales me réveilla. jeune homme Chun-hsiang : Ah, ce n'était qu'un songe ! J'a- Qui m'attira derrière le prunus ? vais cru que vous parliez d'une personne Dès que j'évoque cet instant je me sens transie. réelle… Laissez-moi demander à vos Il avait l’allure d’un étudiant, parents de vous choisir un bon mari. Ne Nous dormîmes parmi les saules et les fleurs. serait-ce pas gentil ? Tout semble pareil et pourtant tout est froid Tu Li-niang : Je me sens si faible que je puis à et désert. Je me sens entraînée vers ce prunus.

–12– Ce sera une bénédiction d'être enterrée là. Que l’on laisse enfin mon esprit, Mon cœur est étrangement attiré Le temps fût-il humide et morne, Par ce prunus. Tenir compagnie aux racines de ce prunus. De même que nous goûtons du plaisir Ensemble : De même que nous goûtons du plaisir À choisir la fleur ou la plante que nous préférons, À choisir la fleur ou la plante que nous préférons, Si nous pouvions choisir la vie ou la mort, Si nous pouvions choisir la vie ou la mort, Qui se plaindrait d’une peine plus amère ? Qui se plaindrait d’une peine plus amère ?

Acte 3 : Le jugement de l’âme [Il fait nuit.]

Le Juge Hu : Je garde les yeux fixés sur les Le garde-démon : Jeune dame, tromper le Juge enfers. Surveiller le passage de la vie à la est un crime. mort n'est pas une mince responsabilité. Le Juge Hu : Gardes, interrogez-la ! Un garde-démon : Votre Honneur, voyez cette Tu Li-niang : Mais, Votre Honneur, j'ai vrai- fumerolle qui danse, une ombre solitaire ment fait ce rêve. Nous étions très épris l'un semble errer là-bas. de l'autre et malgré tous mes efforts je n'ai Le Juge Hu : En ce royaume où tout est paix et pu le retrouver. Je suis morte le cœur brisé. pureté, nous ne pouvons laisser errer des Le Juge Hu : Bien, il semble que tu dises la vérité âmes solitaires. Garde, arrêtez-la. après tout. Mais maintenant tu es dans un Le garde-démon : Oui, Monseigneur. monde où les passions n’ont plus cours. Le Juge Hu : Jeune dame, quel est votre nom Tu Li-niang : Mais Votre Honneur, un tel et quelles sont les raisons de votre trépas ? amour est éternel, le ciel lui-même ne peut Dites-moi la vérité. étouffer nos passions les plus violentes. Tu Li-niang : Votre Honneur, je m'appelle Tu Dussé-je errer éternellement, je partirai à la Li-niang. Dans le jardin qui borde la rési- recherche de mon bien-aimé. dence du préfet de Nan-an j'ai rêvé une ren- Le Juge Hu : Une pareille inclination est rare, contre avec un étudiant. Nous nous sommes en vérité. Essayons de l'aider. Tu Li-niang, si aimés avec passion. Mais le réveil fut brutal, d'ici trois ans ton amant ouvre ta tombe et j'en souffris tant que je le payai de ma vie. ton cercueil, tu reviendras à la vie et tu Le Juge Hu : Absurde ! A-t-on jamais entendu pourras l'épouser. Ce bâton d'encens t'ai- parler d'un être humain mourant à cause dera, prends-le et va. d'un rêve ? Tu Li-niang : Merci, Votre Honneur.

–13– Acte 4 : On retrouve le portrait [Trois ans plus tard, dans le jardin envahi par les herbes.]

Chun-hsiang : Voici une offrande de branches Chen Tsui-liang : Mais je vous en prie. de prunus et de saule. Liu Meng-mei : Merci, Monsieur. Chen Tsui-liang : En voyant ces fleurs qui Chen Tsui-liang : Que de modestie et de tombent, je médite tristement sur ce respect chez ce jeune homme ! monde impitoyable. Liu Meng-mei : Voici la galerie ouest. Le por- Chun-hsiang : C'est aujourd'hui le troisième tail s'est en partie effondré et il a été envahi anniversaire de la mort de ma maîtresse. par la végétation. Tentons ne nous frayer Allons nettoyer sa tombe. un passage… Cette bruyère arborescente, Chen Tsui-liang : Voici déjà des bâtons d'en- cette balustrade de pivoines, pourquoi me cens, des bougies et des fruits. Est-il vrai- semblent-elles si familières ? Se pourrait-il ment besoin de ces branches ? que ce soit le grand jardin dont j'ai rêvé Chun-hsiang : C'est ce qu'elle préférait. autrefois ?… Voici un joli monticule de Chen Tsui-liang : Et ce sont elles qui causèrent rochers. Tiens, quelque chose vient de tom- sa mort. Nous ferions mieux de les jeter. ber. Qu'y a-t-il sous ce rocher ? Je vais Chun-hsiang : Oh, ma pauvre maîtresse… essayer de le ramasser… C'est un petit rou- Chen Tsui-liang : Cessez de vous lamenter. leau de papier. Je me demande ce qui est L'étudiant Liu se repose dans le pavillon, il inscrit dessus. Ah, c'est une peinture de ne faut point le déranger. Bodhisattva Kuan Yin. Comment s'est-elle Liu Meng-mei [entrant] : Trois années ont passé trouvée enterrée ici ? Rapportons-la dans comme un rêve. ma chambre et j'allumerai de l'encens. Ça Cette vie d'errance vaudra mieux que de la laisser ici… Et d’anxiété ont fait place à la maladie. Ma vie fut assaillie par tant de malheurs, Bonjour, Monsieur. Je marche à pas lents dans le jardin de mon Chen Tsui-liang : Alors, jeune homme. Vous rêve. sentez-vous mieux ? Ô très sainte Kuan Yin, révèle-moi Liu Meng-mei : Un peu mieux aujourd'hui. Le karma de ma vie passée, présente et future ! Puis-je flâner dans le jardin ?

–14– Acte 5 : On convoque l’esprit [Le soir, dans la chambre de Liu Meng-mei.]

Liu Meng-mei : Profitant de la tranquillité de mon nom. C'est donc de moi qu'il s'agit. la nuit je vais disposer cette image, allumer Ainsi, la jeune fille de mon rêve a peint son l'encens et lui rendre hommage. portrait en pensant à moi, elle y a inscrit J’allume l’encens. quelques lignes puis l'a enterré sous le Mais pourquoi telle majesté rocher de Taihu, là où je l'ai découvert. N’a-t-elle point de piédestal en lotus ? C'était sûrement une grande passion ! Et que viennent faire ce prunus et ce saule ? Une branche de prunus à la main, N'est-ce point un bambou pourpre ? Chantant doucement son poème, Et l'on dirait un cacatoès à ses côtés. Elle a représenté cet amour printanier Ce n'est pas Kuan Yin, ça doit être la déesse Dans son portrait. de la lune Chang O !… De même que l'on «griffonne un gâteau pour Et pourtant non, ce ne peut être Chang O apaiser sa faim», elle «a dessiné le prunus Puisque je ne vois pas ses nuages ondoyants. pour étancher sa soif». Non, ce n’est point Chang O. Muette, elle regarde, Mais si ce n’est ni Kuan Yin ni Chang O Un tendre sourire aux lèvres, elle m’attend. Se peut-il que ce soit une jeune fille ? Vois, ses beaux yeux semblent me suivre… Mais pourquoi s'appuie-t-elle contre un prunus ? Faisons un pas de ce côté… Mais oui, c'est elle. C'est la jeune fille de Son regard me suit… mon rêve. Quelle chance ! Quelques lignes Un autre pas par là… ont été tracées sous le dessin, lisons-les : Elle me regarde toujours… «De près, la ressemblance est grande, Ah, Madame, vous qui me fixez ainsi, pour- Mais de loin on dirait quoi ne descendez-vous point ? Venez, Quelque farfadet porté par le vent. vous serez la bienvenue… Non, ça ne va Un jour, une année, l'union pas, ma demande n'est pas assez pres- Avec le “courtisan de la lune” sante !… Gente dame !… Gracieuse Sera célébrée sous les branches amie !… Ma douce, mon adorable sœur !… Du prunus ou du saule.» J'ai beau m’égosiller, La peinture représente un prunus et un M'entend-elle ? saule, et ces deux arbres sont aussi men- Ne m'en veuillez point de vous appeler ainsi. tionnés dans le texte. Or «prunus» et Exaucez mes vœux !… «saule» sont deux des idéogrammes de Ah, la voici qui descend.

–15– Elle bouge lentement. ma vie. Permettez-moi dès demain de ren- Je vous en prie, asseyez-vous. dre visite à vos parents et de leur demander Il semble qu’elle veuille descendre. votre main. Tiens, mais je ne vois pas son ombre. Tu Li-niang : Mais… Tu Li-niang : Mille bénédictions, jeune étu- Liu Meng-mei : Dites-moi vite où vous habitez. diant. Tu Li-niang : Vous voulez connaître ma Liu Meng-mei : Est-ce vous ? demeure ? Tu Li-niang : «Un jour, l'union avec le “courtisan Liu Meng-mei : N'ayez crainte, même si c'est de la lune”…» au-delà des océans ou aux confins des Liu Meng-mei : «sera célébrée sous les branches cieux, je m'y rendrai afin d'arranger notre Du prunus ou du saule.» mariage. Liu Meng-mei : Madame, êtes-vous la jeune Tu Li-niang : Vous ne pouvez allez là-bas. beauté de ce portrait, la jeune femme de mon Liu Meng-mei : Que voulez-vous dire ? Vous rêve ? Il y a trois ans j'ai rêvé d'un grand jar- ne vivez point au ciel. din et vous vous teniez sous ce prunus. Tu Li-niang : Non… Tu Li-niang : Vous teniez une branche de Liu Meng-mei : Peut-être aux enfers ? saule et m'avez demandé de composer un Tu Li-niang : Exactement ! poème. Liu Meng-mei : Oh… Liu Meng-mei : Je vous ai enlacée et amenée Tu Li-niang : Il y a trois ans, comme je flânais vers cette balustrade de pivoines, près des dans le jardin, j'eus un rêve insaisissable et rochers de Taihu… en mourus le cœur brisé. Tu Li-niang : Ainsi, vous vous rappelez… Liu Meng-mei : Ainsi vous m'avez poursuivi Liu Meng-mei : Comment aurais-je pu comme un fantôme au-delà des frontières oublier… Et vous m'avez dit : «Etudiant Liu, de la vie et de la mort. Votre amour a remué nous nous retrouverons car notre amour est le ciel et la terre. Même si vous n'êtes de ceux qui durent éternellement.» Depuis, qu'une ombre, je veux vivre avec vous. il ne se passe de jour que je ne pense à vous Tu Li-niang : En vérité, vous m'avez cruelle- et ne vous recherche. En regardant cette ment manqué. peinture, je vous ai appelée avec la passion Liu Meng-mei : Votre amour a vaincu la mort, du coucou criant à travers les montagnes. le mien fera de même. Il me suffira d'une Tu Li-niang : Moi aussi j'ai pleuré tout au long corde pour me pendre et je vous rejoindrai de ces trois années. Et maintenant que nous dans le monde qui succède à la vie. nous rencontrons, les mots me manquent… Tu Li-niang : Attendez ! À ma mort, le Juge des Liu Meng-mei : Cette heure est la plus belle de enfers me prit en pitié. Il me permit de

–16– poursuivre votre recherche et me laissa Liu Meng-mei : Creuser votre tombe et ouvrir l'espoir d'une résurrection. votre cercueil ? Liu Meng-mei : Et comment pourriez-vous Tu Li-niang : Ainsi nous pourrons être mari et ressusciter ? femme. Tu Li-niang : Demain matin, à la septième Liu Meng-mei : Je veux être avec vous pour heure, avant que le coq ne chante trois fois, toujours. creusez ma tombe et ouvrez mon cercueil. Tu Li-niang : Etudiant Liu…

Acte 6 : Le retour à la vie [Près de la tombe de Tu Li-niang, sous le prunus.]

Liu Meng-mei : Par un froid matin d'hiver, Chen Tsui-liang : Incroyable ! Je vais prévenir dans le vent et l'humidité, je creuse la terre les autorités. à la rencontre d'un fantôme. C'est là, sous Liu Meng-mei : Ça m'est égal, pour la ramener ce prunus, que doit être sa tombe. Prions à la vie, je suis prêt à me laisser tailler en un moment. Ma bien-aimée, je vais com- pièces. mencer à creuser. Mais vous devez m'aider Chen Tsui-liang : Je cours avertir les autorités. depuis les enfers. Chen Tsui-liang : Qui est en train de violer [Tu Li-niang apparaît] cette tombe ? Mais c'est l'étudiant Liu !… Liu Meng-mei : Ma chérie… Chun-hsiang, venez vite ! Tu Li-niang : Etudiant Liu… Chun-hsiang : Que se passe-t-il, Monsieur ? Chœur : Rares sont ceux qui partagent une si Chen Tsui-liang : Je le croyais modeste, poli, grande passion. respectueux, et voilà qu'il profane une Rares sont les cœurs si ardents. sépulture ! Rien au monde ne compte plus qu'un amour Chun-hsiang : Ne me reprochez point vos sincère. erreurs ! Leur pureté d'âme les a changés en phénix. Liu Meng-mei : Monsieur, je fais ceci pour Le Pavillon aux Pivoines chérit ce couple gra- ramener une jeune femme à la vie. Après, cieux ce sera trop tard, le coq a déjà chanté deux Qui devra sa félicité au rêve printanier d'un fois, je dois faire vite ! coucou.

–17– Acte 1 / Act 1 : Tu Li-niang (Hua Wen-yi) & Liu Meng-mei (Kao Hui-lan) Acte 2 / Act 2 : Tu Li-niang (Hua Wen-yi) & Chun-hsiang (Chen Mei-lan) Acte 1 : Un songe dans le jardin Act 1: A Dream in the Garden Acte 3 / Act 3 : Le Juge des Enfers et ses gardes / The Judge of the Underworld and his gards. Acte 5 / Act 5 : Liu Meng-mei convoque l’esprit / Liu Meng-mei summons the spirit THE PEONY PAVILION Kunqu Chinese classical opera

f all the kinds of that have The history of classical Chinese opera may be Oappeared since the 12th century, kunqu 1 summed up in five major periods: nanqu, the is the one that has best preserved the image of theatre created under the Sung of the south in an art highly appreciated among the well-read the 12th century; yuanqu appearing with the classes for its musical, literary subtlety and Yuan in the 13th century; the renaissance and sophisticated gesture. development of nanqu at the end of the Yuan There are almost no picaresque stories, no dynasty and beginning of the Ming (14th cen- physical violence or major battles as in Peking tury) ; the emergence of kunqu in the middle opera, but on the contrary, the expression of of the 16th century, and finally, the Peking noble and high sentiments aroused by the opera which replaced kunqu from the 19th arts and the spectacle of a disciplined nature, century onwards. rich in symbols. Little remains of the nanqu of the southern In the 19th century, kunqu fell into disuse be- Sung except some titles of works and parts of cause of its style that was too affected for the songs, but this is sufficient proof of real general public. It is now only performed occa- works. Four main categories of personalities sionally in Peking and Shanghai and is trying peculiar to Chinese opera have already been to win over the discerning public of Taiwan. catalogued: male characters, female charac- In October 1994 at the Rond-Point Theatre, ters, violent individuals, clowns and also the Maison des Cultures du Monde welcomed some information about the music. the great actress Hua Wen-yi, former director Yuanqu, which developed under the Mongol of the Shanghai opera and “First Lady of the dynasties of the Yuan (1279-1368) is conside- Kun Opera” and the Lan Ting troupe of Tai- red one of the earliest genres of Chinese opera. wan led by the actress Kao Hui-lan for six per- Each piece or zaju was subject to extremely formances of The Peony Pavilion. She was thus strict rules and included passages of prose and able to make this first ever digital recording of others sung to northern melodies (unlike the one of the greatest masterpieces of classical theatre of the south which had come before). Chinese opera. The song, accompanied by string instruments, was drawn from a body of 335 airs or type- 1. or K’un-ch’u, pronounced ‘kwen chü’. melodies to which texts had been adapted.

–24– nanqu reappeared at the end of the Yuan rapidly overshadowed the small nanqu dynasty. The style of these pieces, called schools. chuanqi, was more literary than that of yuanqu Heir to yuanqu and nanqu, kunqu synthesises and also freer. On the musical side, the the different types of song and music from chuanqi revived links with the southern style. the North and South Wei Liangfu came across The number of type-melodies thus rose to 543 during his travels. and the song, now no longer reserved for the From the 17th century onwards, famous main singers, became more important. As for novelists enriched his repertory: Li Yu (1611- the orchestra, it preferred wind instruments, 1685), The soles couple and The Wife with in particular the flute and mouth organ; strin- Magic Perfume; Hong Sheng (1645-1704), The ged instruments being considered of secon- Longevity Palace; Kong Shangren (1648-1718) dary importance. On the other hand, with The Peach blossom fan. regard to literary themes, chuanqi were less One of kunqu’s particularities is the dominant varied than zaju and concentrated above all role played by singing and music. Here is on love stories ending in a happy reunion of opera as we understand it in western music. the lovers. The song, always written in verse, allows the At the start of the Ming era (1368-1644) the author to express the moods of his characters nanqu tradition became disintegrated into with delicacy and precision. This is especially several small schools which hindered its deve- apparent in this version of The Peony Pavilion. lopment as a national genre. In the middle of Singing has the largest place in the three the 16th century, a playwright entrusted a major acts that make up the heart of the musician, Wei Liangfu who came from Kuns- story: Tu Li-niang’s dream, her illness, Liu han near Suzhu, with the libretto of one of his Meng-mei’s dialogue with the portrait of the works, The story of the muslin-washer, for young woman. In contrast, the only function him to set to music. This work brought such of the other acts is to advance the story and immense success that Wei Liangfu then deci- they are thus characterised by their brevity ded to rework the main pieces composed for and a clear predominance of dialogue. the nanqu in the new style he had just created, The singing is truly an integral part of the notably The Peony Pavilion by Tang Xianzu libretto and thus of the action ; depending on (1550-1617) and The Western Wing Pavilion the requirements of the story it may be per- by Wang Shihfu. kunqu 2 was thus born and formed as a solo or duet, it may be interrup- ted by dialogues in prose or, as in the case of 2. Literally “tunes or ballads” in homage to the town The Promenade of the first act, brief interven- of Junshan which is where Wei Liang-fu came from. tions from a minor character.

–25– Chinese opera distinguishes two ways of trai- ordinary language and finally, poetry in regu- ning the voice that apply to dialogues and lar verse which the poet uses to comment on recitatives as well as to singing. The falsetto the action (sung here by the chorus). voice is reserved for female characters both Kunqu uses seven musical modes which cor- young and less young – a hangover no doubt respond to the various transpositions (or from the time, not so long ago, when such ‘aspects’) of the pentatonic scale augmented by roles were played by men – and for young its two auxiliary degrees [(C, D, E (F), G, A, (B)], men (personified here by the actress Kao Hui- and in which each of the degrees acts as tonic lan). For these latter, the exercise is particu- to one of the seven modes. Each of these larly difficult since the actor must render the modes has its corresponding expression for cracked voice of an adolescent whose voice is various sentiments (melancholy, joy, torment, breaking. The natural voice is used in male anxiety, anger...) which are classified accor- roles and for old women. ding to a definite system, the kong tiao; finally, Four essential principles regulate declamation the tunes or qupai on which the songs are per- or prose recitation and good performance in formed are regrouped according to each kong kunqu singing. and each tiao. As we have seen, there were 335 1. The “five sounds”, coming from the different airs in yuanqu and 543 in nanqu. throat, the tongue, the molars, the incisors There are more than a thousand in kunqu, and the lips. derived from repertories in both the North 2. The “four respirations” : with the mouth and South, and it is up to the author of the wide open, the sound comes out freely; in clo- piece to choose the qupai that best translates sing the teeth, the sound begins to whistle; in the feelings of the character who is singing. pursing the lips, the sound slips between This way of composing explains why the work them; the well-rounded mouth means that the remains above all that of a poet and not a sound comes up from the depths of the throat. musician, with the exception of course of Wei 3. Respect for the four tones of the tonal sys- Liangfu who was the creator of the genre. tem of the . The orchestra may be divided into three 4. Articulating words, on the one hand, groups of instruments; percussion, wind and breaking them down into three sounds: the string. head, the belly and the tail, on the other Percussion instruments play an all-important hand, clear distinction of the following word role. They keep time, punctuate the voice and so as to avoid any confusion. gestures of the actors by marking strong emo- Declamation is in three orders, declamation tions such as anxiety, suffering, fits of rage, in prose used for monologues, dialogue in and provide sound effects. There is the flat

–26– hoop drum or bangu, wooden clappers paiban, The Peony Pavilion was composed in 1598 the small gong jingluo (easily recognised by its by the poet Tang Xianzu (1550-1617), one of rising tone) and cymbals bo which are all the greatest dramatists of the Ming period. played throughout the work. There is also the Unlike his colleague Liang Chenyu who drum gu and the great gong da luo whose role thought that a play should, above all, satisfy is usually confined to heroic scenes. It should scenic necessities, Tang Xianzu considered be pointed out that the bangu is the leading actors and musicians had to interpret his text instrument of the orchestra and that the woo- and his thought. The paradox is that his den clappers paiban are essential for maintai- work, difficult to stage, has been subject to a ning tempo and marking the respirations great number of transformations and could during declamations. never be played in its entirety. Wind instruments accompany the singing. Nevertheless, this play is considered one of They include the transverse flute dizi, the the masterpieces of and has straight flute xiao and the mouth organ sheng. become the model of flawless love. The six Stringed instruments have a secondary role scenes presented here tell the story of a young and are more important in creating atmo- aristocratic woman seduced by a young man sphere than in the structure of the work. They who appears to her in a dream, one Spring are the short, pear-shaped lute pipa, the three afternoon. A prisoner of this impossible love, stringed lute sanxian, the moon-shaped lute the young girl dies of melancholy. But the ruan, the strucked-zither yangqin and various constancy of her love is stronger than death kinds of two-stringed bowed lutes. and she wins the sympathy of the Judge of Under the reign of Tao Kuang (1821-1850), the Underworld and succeeds in coming back educated as well as more ordinary folk began to life, becoming reunited with her lover. to lose interest in kunqu, the former judging Hua Wen-yi was trained in the kunqu class of its form to be too stilted and the latter its poe- the Opera Academy of Shanghai. In the six- try too complicated. The Taiping revolt ties, her grace, the velvety softness of her against Manchu power dealt kunqu a decisive voice, the subtlety of her gestures earned her blow. The setting up of a dissident state in such success that she became known as the southern China resulted in a number of trou- “small Mei Lan-fang” (after one of the most bles in all the towns where opera was perfor- famous Chinese actors specialising in femi- med: troupes were dispersed and both public nine roles). In addition to the coveted title of and authors turned towards a new theatrical “First Lady of the Kun Opera”, she has won a form more accessible and above all more spec- number of prizes awarded by the Ministry of tacular: the . Culture of the People’s Republic of China, the

–27– Festival of Shanghai, Chinese Television and, Ministry of Defence (she was a member of the in 1986, she obtained the highest distinction Air Force troupe for a time) and the Ministry ever bestowed on an actor: the Plum Blossom of Education of the Taïwan. A founder mem- Award. In 1989, she left for the United States ber of New Generation Theatre and the Tai- to further her career, after having directed the wan Drama Company, she is also director of Shanghai Opera for several years. Today, she the Lan Ting Chinese Opera Troupe. divides her artistic and teaching activities bet- The Lan Ting Chinese Opera Troupe was ween the United States and Taiwan and created by actors of the theatre and stars from world-wide tours. the ballet with the aim of preserving the Kao Hui-lan is one of the greatest Taiwanese essence of Chinese classical opera while brea- actresses. Specialising in the roles of the thing into it new creative ideas. The result is a young men, xiao sheng, she incarnates his succession of masterpieces that quite natu- character with sensitivity and humour. She rally take their place in the cultural environ- has received a number of prizes from the ment of contemporary China.

THE PEONY PAVILION Act 1: A Dream in the Garden [The boudoir of Tu Li-niang in the prefectural residence, and the garden at the rear.]

Tu Li-niang: Waking from their dreams, orioles Tu Li-niang: By dawn’s first light I gaze at sweetly warble; Plum Spray Pass The year’s new glory spreads riotously on every The faded remnants of last night’s rouge… hand; Chun-hsiang: Mistress, as you lean on the Amid all this, here I stand within a modest balustrade, courtyard.* Your coiffure, so apt for spring, slants to Chun-hsiang: The candle’s wick has consumed one side. away, Tu Li-niang: No scissors can cut, no comb can All your embroidery threads lie flung aside. arrange This spring, how altered your disposition seems This endless melancholy! From the serenity of previous years. Chun-hsiang: I have told the orioles and the Mistress… swallows To leave their urging of the flowers * Texts in italics are sung. And, cherishing spring, to look at you.

–28– Tu Li-niang: Chun-hsiang! Or else the flowers will tremble in dismay Chun-hsiang: I am here. At loveliness that “shames their blossoms and Tu Li-niang: Chun-hsiang, did you tell the veil the moon”. gardener to sweep clear the paths between Chun-hsiang: We have reached the garden the flower-beds? gate. Mistress, please enter. Chun-hsiang: I have already asked him to. Tu Li-niang: Let us go inside the garden, and Mistress, here is your mirror. see… On the painted veranda lies a scatte- Tu Li-niang: Place it there. ring of gold dust. Chun-hsiang: Yes. Chun-hsiang: Oh Mistress, this is the goldfish Tu Li-niang: What a beautiful day! pond. Chun-hsiang: Everything’s ready for you to Tu Li-niang: Beside the pond stretches a green comb your coiffure, Mistress. carpet of moss. Tu Li-niang: Like a trace of silken gossamer, Chun-hsiang: Stepping on the grass, Spring wafts its way into the quiet courtyard. I fear our new embroidered stockings will I pause for a moment be muddied. To adjust my ornamental hairpin, I grieve that the flowers Feeling for its caltrop-flower head. Must bear the weight of tiny golden bells. Half captured in the mirror’s reflection, Tu Li-niang: Chun-hsiang! My billowing hairdo is capriciously lopsided. Chun-hsiang: Yes, Mistress? Pacing my fragrant boudoir, Tu Li-niang: But for visiting this garden, I How can I show myself openly as I am? would have remained quite unaware of Chun-hsiang: Mistress… See how beautiful is spring’s loveliness. your dazzling emerald gown, Chun-hsiang: Yes indeed. These glistening ruby hairpins and jewelled Tu Li-niang: Beautiful purple and crimson flo- pendants. wers on every side Tu Li-niang: Chun-hsiang… By this you see I Seem to bloom alone for broken well or crum- have always had a fondness for nature. bling wall. Chun-hsiang: Come, Mistress, let us go out- Heaven sends beguiling hours amid lovely scenes, side now. But where are appreciative hearts to rejoice in Ensemble: Such pristine loveliness no eye them? man has seen! Scudding at dawn, convoluted at dusk, Birds will surely twitter in alarm Pink clouds set off green balustrades. At beauty that “makes fishes dive, geese plunge Wind-borne petals amid drifting rain to earth”. Or gaudy pleasure-boats on misty waters;

–29– Cloistered behind screens of patterned silk, Tu Li-niang: How suddenly spring – the wan- How can I appreciate such lovely scenes? derer – returns! How pleasing is your Chun-hsiang: Here is a green hill. aspect! Oh spring, now we are intertwined Tu Li-niang: A hillside covered in green. as one, how shall I pass the time when you Chun-hsiang: Mistress, the azaleas are out in depart? Oh dear, this weather makes me full bloom! feel so sleepy. Tu Li-niang: Like so many cuckoos weeping tears Oh how baffling, of red blood. This springtime yearning that cannot be dispel- Chun-hsiang: Here is a sweetbrier trellis. led! Tu Li-niang: Girdled drunkenly with soft trails of Oh how suddenly mist. I am seized with a sense of loss and distress! Chun-hsiang: The peony is in flower so early! As a young woman of great beauty, Tu Li-niang: Fine as the peony may be, My suitor must come from a select family How can it rank first when spring is already Even the scion of divine immortals! departing? But for what excellent marriage match Chun-hsiang: Mistress, come with me. Must the springtime of my youth be cast so far Tu Li-niang: Let my gaze rest idly awhile… away? Chun-hsiang: How sweetly sing the oriole Who will cast his eyes on me as I lie asleep? and swallow! Despite the shy coyness I am bound to observe, Tu Li-niang: The swallow’s every note rings crisp I wonder – at whose side I will dream? and clear; Amid spring’s glory I toss and turn in darkness, And smoothly flows the oriole’s mellifluous Long delaying, warble. For where is my heart’s troth to be plighted? Chun-hsiang: Mistress, on a nice sunny day I drown, I burn, like this, amid birdsong and the scent of My wretched fate lies in the hand of Heaven flowers, there’s no end to the pleasures this alone. garden holds. Tu Li-niang: Say no more! [Tu Li-niang falls asleep. Enter the Flower Deity and other Chun-hsiang: Here is the Peony Pavilion. Mis- Flower Fairies who lead Liu Meng-mei’s spirit to an ethe- real meeting with Tu Li-niang’s spirit.] tress, I’m sure you must be tired after wal- king through the garden. Rest here awhile, Liu Meng-mei: So this is where you are – I’ve and let me make you a bowl of fragrant tea. been searching for you high and low. I Tu Li-niang: Off you go, then. chanced to break off this spray from a wee- Chun-hsiang: Yes, Mistress. ping willow in the garden. You are deeply

–30– versed in literature, why not compose a Rejoice that two lovers share the same wish poem in honour of this willow spray? And have achieved such perfect happiness in a Tu Li-niang: I’ve never seen this young man dream. in my life, what is he doing here? Beside the Taihu rock, Liu Meng-mei: Lady, I am dying of love for you! Inseparably intermingling like clouds and rain; Because of your flower-like beauty, Beyond the carved balustrade, And the years rolling by like flowing water, A riot of red petals and verdant foliage. I have searched you every where Two hearts immersed in love. As you pine in your secluded boudoir. A union etched in stone in a former existence, Lady, come with me over there where we Reappearing now in another age. can talk. Let us rouse them from their fine dream, Tu Li-niang: Where do you mean? And sprinkle blossom like hailstones. Liu Meng-mei: Round in front of this peony- lined balustrade, [Liu Meng-mei and Tu Li-niang reappear.] Close up against the mound of Taihu rocks. Liu Meng-mei: For this brief moment, nature Open the fastening at your neck, was our comforter; Loosen the girdle at your waist. Reclining among flowers on a couch of grass, Bear with me patiently a while Her cloud-like coiffure set off by red petals and Then enjoy a warm, gentle slumber. slanting green pines. Where have we met one another before? At sight of you, how close I clasped you to me, Ensemble: We gaze at each other in awe, but sur- And with what tenderness! ely that needn’t mean that in this lovely place Longing to make myself one flesh with you, we should meet without speaking a word. And bringing forth A glistening of rouge raindrops in the sun. [They leave the stage] I must leave, yet still I linger. Flower deities, singing and dancing: What a Now we behold each other in solemn awe, beautiful sight they make in the sunshine, But do not say Myriad of purple and crimson flowers on every In this lovely place we should meet and speak hand. no word. Her fragrant soul has been drawn into a dream, Lady, you must be tired, rest awhile. I must Where a fine love-match has been consumated. go now. Such love in the human world there never was, Truly, “rain threatened the spring garden as Who regrets them seizing a fragment of spring’s she approached… ” glory? Tu Li-niang: My dear scholar!

–31– Liu Meng-mei: I am here, my beauty! Tu Li-niang: Fallen petals bestrew the ground, “… And when she slept clouds covered A shower of blossom startles me into waking. Wushan, the mount of fairy love. ” Chun-hsiang: I’m here, Mistress. Come back to your chamber lest you catch cold. [Liu Meng-mei departs, Chun-hsiang enters.] Tu Li-niang: Give me your arm. Chun-hsiang: Night is drawing on, your green My heart is overwrought with spring’s beauty, hairpins should be put away. The tea is bre- I am exhausted from strolling in the garden. wed, let me see to your rouge makeup. Oh, My love is suspended in a dream. she’s fallen asleep here. Oh spring, be merciful! Mistress, Mistress… Let that dream not be yet too distant!

Act 2: In Pursuit of the Dream [Day after day, Tu Li-niang turns her dream experience over in her mind. She returns to the garden several times, but it simply looks as it did before, with no sign of her lover. This leaves her in a state of desolation.]

Chorus: Her bed of sickness lies in a lonely room beauty of spring, but how hard it is to By a curtained window where none pass by. depict a broken heart. Let me write an Tu Li-niang: How hard to dispel this weight of inscription on it. anxious languor! Chun-hsiang: Mistress, you are indisposed. In bygone days I was so attractive and Why not write it another day? sprightly, Tu Li-niang: Rub some ink for me. Why have I grown so listless and thin of “However close the likeness late? Chun-hsiang! Viewed from near at hand, Chun-hsiang: I am here. From farther off one would say Tu Li-niang: Fetch me that portrait I painted This was some airborne sprite. of myself. Union in some year to come Chun-hsiang: Yes. Mistress, this portrait was With the ‘courtier of the moon’ painted the day you came back from strol- Will be beneath the branches ling in the garden. Spring has gone, Of plum or willow tree.” autumn has come; that was already half a Chun-hsiang: Mistress, this lovely portrait year ago now. looks just like you. If only there was a hus- Tu Li-niang: How easy it is to portray the band at your side!

–32– Tu Li-niang: Chun-hsiang, to tell you the Ensemble: Buds of peony inset along the balus- truth, when I strolled in the garden there trade, was another person there. Strand upon strand of weeping willow floss, Chun-hsiang: What kind of person? Elm-seeds tossed like coins, Tu Li-niang: A young man holding a willow At spring’s sweet fragrance spray. He asked me to compose a verse of Suddenly the spirit clouds, the mind grows poetry. languid. Chun-hsiang: And then? Tu Li-niang: Of whose family was that youth Tu Li-niang: And then… I just saw some petals who came so near falling down, which woke me from sleep. And lured me to meet him beside the plum Chun-hsiang: I thought you meant a real per- tree? son, but it was just a dream. Let me go and As I speak of that moment I grow bashful. ask your father and mother to choose you He had the bearing of a scholar, an ideal husband. Wouldn’t that be nice? And by these willows and flowers we slept Tu Li-niang: I am so weak I can hardly stand. together. My only fear is that my last wish will not Everything looks just as it did, but now it be realised. Chun-hsiang, when I die you seems cold and deserted. I feel drawn to this must bury me beneath the plum tree. Hide flowering plum tree. When I die, I should count this portrait under the Taihu rock. Remem- it a blessing to be buried in this spot. ber well! My heart is strangely drawn Chun-hsiang: Mistress, take care to get well. To this plum tree’s side. Don’t say such sad things. You seem to be Just as we please ourselves taking a turn for the worse. You rest awhile, Which flower of herb we most love, I’ll be right back. Could we only live or die at will, Tu Li-niang: Chun-hsiang, take me to the Then who would moan for bitter pain? plum tree, to find my dream again. Let me commit my fragrant spirit, Though rains be dank and dear, [They go to the garden.] To keep company with this plum tree’s roots. Today, let me see once more the sights of Ensemble: Just as we please ourselves this garden. Which flower of herb we most love, There beside the mound of Taihu rocks, Could we only live or die at will, Here by the Peony Pavilion, Then who would moan for bitter pain? I recall the intoxicating beauty of spring When we met in my dream that day.

–33– Act 3: Judgement of the Soul [At night.]

Judge Hu: With ever-open eyes, majestic underworld and interrogate her more clo- beard and black gauze cap, I survey the sely. underworld. Guarding the pass between Tu Li-niang: Oh Your Honour, I really did life and death is no light responsibility. dream of an encounter with a scholar. We Demon guard: Your Honour, that wisp of were so much in love, but all my attempts smoke drifting over there must be a lonely to recapture my dream were to no avail. shade wandering about. And so I perished of a broken heart. Judge Hu: In this realm of purity and peace, Judge Hu: So, honest Tu Li-niang, you are tel- how can we allow lonely shades to wander ling the truth after all. But now you are in about? Demon guards, go and arrest it. the afterlife, divorced from the land of the Demon guard: Yes, sir. living. All passions of the past must vanish Judge Hu: Young woman, what is your name at a stroke. and what is the reason for your death? You Tu Li-niang: Oh Your Honour, earthly love must tell me the truth. endures eternally, even heaven cannot sti- Tu Li-niang: Your Honour, my name is Tu Li- fle our wildest passions. My love remains niang. In the garden behind Nan-an pre- true here in the afterlife, and I shall search fectural residence I dreamed an encounter for my beloved no matter where I must with a scholar. He was affectionate and roam. gentle and we loved each other dearly. Judge Hu: Such single-minded devotion as After waking from my dream, my yearning this is rare indeed. Let us do what we can to grew so agonising that it put paid to my help her. Tu Li-niang, I will now permit life. your spirit to wander freely in search of the Judge Hu: Nonsense! Nonsense! Whoever lover in your dream. If within three years heard of a mortal dying on account of a he digs up your grave and opens your cof- dream? fin, restoring you to life, then you may Demon guard: Young woman, deceiving the marry him. Here is a joss-stick for returning judge is a terrible crime. souls. Take it and go. Judge Hu: Demon guards, take her off to the Tu Li-niang: Thank you, Your Honour.

–34– Act 4: Recovering the Portrait [Three years later, the rear garden of the Nan-an prefectural residence is now neglected and overgrown.]

Chun-hsiang: Plum stems and willow bran- wish to take a leisurely stroll in the garden. ches for a fervent offering. Would that be permissible to you? Chen Tsui-liang: Falling blossoms make me Chen Tsui-liang: Go on, by all means. sigh for this pitiless world. Liu Meng-mei: Thank you, sir. Chun-hsiang: I remember this is the third Chen Tsui-liang: What a modest, respectful anniversary of Mistress’s decease. Let us go gentleman! sweep her tomb. Liu Meng-mei: Here is the western gallery. Chen Tsui-liang: We already have joss-sticks, how overgrown this wicket gate, and half candles and fruit for her offering, what of it collapsed. Let me make my way need is there of these dry branches and wil- inside… This sweetbrier trellis, this peony ted plants? balustrade, why do they seem so familiar? I Chun-hsiang: When she was alive, plum blos- wonder, can this be the grand garden I som and willows were her favourites. once dreamed of? Here is a fine mound of Chen Tsui-liang: It was these flowers and rocks. But wait, something’s fallen away. herbs that brought about her death. Better What’s that under the rock? Let me pick it to cast them aside. up and see. It’s a little scroll, I wonder what Chun-hsiang: Oh, poor Mistress… [she weeps] is inscribed upon it… Ah, it’s a painting of Chen Tsui-liang: Do not weep and wail. Scho- the blessed Bodhisattva Kuan Yin. How lar Liu is convalescing in the pavilion, do came it to be buried here? Let me take it not disturb him. back to my study, light incense before it Liu Meng-mei: Three years have passed like a and make obeisance. Yes, that would be dream, much better than leaving it buried here, In my life of wandering, yes indeed… And fruitless anxiety has laid me low in sickness. So many woes beset a life of wandering, Welcome, sir. With slow tread I walk through the garden in Chen Tsui-liang: Well met, scholar. How is my dream. your recovering proceeding? Oh sacred Kuan Yin, trace for me Liu Meng-mei: Today I feel somewhat better. I The Karma of my past, present and future life!

–35– Act 5: Summoning the Spirit [At night, in Liu Meng-Mei’s study.]

Liu Meng-mei: In the quiet stillness of the Of plum or willow tree.” night, let me take out the painting, light The painting shows a plum tree and a incense and do obeisance before it. willow tree, and now this inscription men- I light the censer, tions the very same trees. ‘Plum’ and But why for such majesty ‘willow’ happen to be two characters in my Is there no lotus pedestal? name, so the plum tree means me, and the Why does she stand so gracefully willow tree means me too. It must be that Beside a plum tree and a willow tree? the young lady in my dream was thinking Is that not a purple bamboo? of me, so she painted a portrait of herself, And is that not a cockatoo at her side? wrote a verse inscription on it, and buried This is no Kuan Yin, but the moon goddess it beneath the Taihu rock for me to disco- Chang O! ver there. What affection she must have But no, it cannot be, for if it be Chang O felt! Why no sign of her billowing clouds? Green plum branch in hand No, it isn’t Chang O either. Softly intoning her verse, It doesn’t look like Kuan Yin or Chang O… She embodies her springtime love Surely it cannot be a human maiden? In a portrait of herself. Why does the figure in the painting Just as I “draw a cake to appease my hunger” Lean on a plum tree beside a willow? So she “gazes at a plum tree to slake her I have it! This beauty in the painting is the thirst”. young lady I saw once in a dream. What Wordlessly she gazes down, great good fortune! A few small lines of As, smiling tenderly, she waits for me. verse are also inscribed on the painting, let See, her pretty eyes seem always to follow me read them… me. “However close the likeness Let me step over this way… Viewed from near at hand, She’s still looking at me. From farther off one would say Let me step over that way… This was some airborne sprite. And again she is looking at me. Union in some year to come Ah Lady, you are so intent to look at me, so With the ‘courtier of the moon’ why not come down and let us meet? Will be beneath the branches Come on, I welcome you. No, let me call

–36– her as earnestly as I can. Lovely Lady! Gra- meant to be.” Ever since then, not a day cious Mistress! My pretty one… My lovely has passed but I have thought on you and sister! searched for you everywhere. By that pain- Till my throat bleeds I cry for Chen-chen ting I called for you as earnestly as the cuc- But does she hear? koo that cries all over the mountains. Don’t blame me for calling you, with charming Tu Li-niang: Scholar, I also have wept my smile grant me my heart’s desire. heart out these three years. And now that Ah! She has come down… we have met again I cannot find the words. She moves in rippling motion, Liu Meng-mei: Seeing you today is the finest Please be seated. hour of my life. Let me visit your parents It seems she wishes to descend. tomorrow and ask for your hand in marriage. Ah! No shadow is visible. Tu Li-niang: But… Tu Li-niang: A myriad blessings upon you, Liu Meng-mei: Quickly, tell me where you live. Scholar. Tu Li-niang: You want to know where my Liu Meng-mei: Is it you? home is? Tu Li-niang: Is it I? Liu Meng-mei: Don’t worry, even if it’s at Liu Meng-mei: Is it she? ocean’s corner or the ends of the sky, I will Tu Li-niang: “Union in some year to come go there to arrange our marriage. With the ‘courtier of the moon’… ” Tu Li-niang: You cannot go there. Liu Meng-mei: “… will be beneath the branches Liu Meng-mei: What do you mean, surely you Of plum or willow tree.” don’t live up in the sky. Lady, are you the beauty in the painting, Tu Li-niang: No… the young lady of my dream? Three years Liu Meng-mei: Perhaps you live in the under- ago, I dreamed of a grand garden where world. you were standing beneath that plum tree. Tu Li-niang: That’s just it. Tu Li-niang: You were holding a willow spray, Liu Meng-mei: Oh… and asked me to compose a verse upon it. Tu Li-niang: Three years ago, strolling in the Liu Meng-mei: I embraced you, and took you garden, I had a dream. I could never recap- round this peony balustrade, close up to ture that dream, and at last I died of a bro- the Taihu rock… ken heart. Tu Li-niang: You still remember… Liu Meng-mei: So you perished because of a Liu Meng-mei: How should I not remember… dream of me. Dear lady, you have followed and you said “Scholar Liu, we shall meet me as a ghost an in a dream, across the boun- again, for our is a love that was always daries of life and death. Your faithful love

–37– moves heaven and earth. Even though you Tu Li-niang: Tomorrow morning at the are a ghost, I want to spend my life with you. seventh hour… Tu Li-niang: Truly I have longed for you. Liu Meng-mei: Before the rooster has crowed Liu Meng-mei: Your love has survived death, three times… and so shall mine. Let me find a cord to Tu Li-niang: You must dig up my grave and hang myself by, and I shall join you in the open my coffin. afterlife where we shall be together. Liu Meng-mei: Dig up your grave and open Tu Li-niang: Wait, there is more. At my death, you coffin? the Judge of the Underworld took pity on Tu Li-niang: And then we will be able to me and let me return to the mortal world become husband and wife. in search of you, allowing me hope of Liu Meng-mei: I want to be with you through coming back to life. all eternity, never to be parted again. Liu Meng-mei: How can you be restored to life? Tu Li-niang: Scholar Liu…

Act 6: Restored to Life [By Tu Li-niang’s grave beneath and old plum tree.]

Liu Meng-mei: On a chill winter morning of Liu Meng-mei: Sir, I am digging up this grave wind and mist, and opening the coffin in order to bring I dig the earth to meet a fragrant ghost. the young lady of this household back to There, beneath that plum tree must be life. In truth I tell you, last night the young where her grave lies. Let me go and pray lady herself told me that the hour of her there awhile. Sweet mistress, I am going to return to life was today, before the rooster’s start digging. You must help me from down third crow. Already, the rooster has crowed in the underworld. twice, so I must work quickly… Chen Tsui-liang: Who is digging up a grave? Chen Tsui-liang: What a fine story! This I just It’s Scholar Liu! Chun-hsiang, come quickly! cannot believe. I’m going to report you to Chun-hsiang: What’s the matter, sir? the authorities for grave-digging. Chen Tsui-liang: I said he was modest, Liu Meng-mei: In order to bring the young respectful and polite. Be he turns out to be lady back to life, I’d willingly die and let my a grave-digger! corpse be chopped into a thousand pieces. Chun-hsiang: Don’t blame me for being Chen Tsui-liang: I’m off to report this to the wrong about him! authorities.

–38– [Tu Li-niang appears] In all the world, what counts to us as dear as true love? Liu Meng-mei: Young lady, my dearest… Love’s purity has transformed them into a pair Tu Li-niang: Scholar Liu… of phoenixes. Chorus: Few can match a love so deep, such clo- Peony Pavilion cherishes this graceful couple, seness of affection our beloved, How rare it is to find two hearts’ desires so Whose bliss owes everything to a cuckoo’s much at one. dream of spring.

Acte 3 : Le jugement de l’âme Acte 6 : La réunion des amants Act 3: Judgement of the Soul. Act 6: The lover’s réunion.

–39– Couverture (1 & 4) 30/06/06 11:13 Page 1

INEDIT Maison des Cultures du Monde

LE PAVILLON AUX PIVOINES Opéra classique chinois Kunqu Hua Wen-yi, Kao Hui-lan et Troupe Lan Ting

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