Midi Madagasikara
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UNIVERSITE D’ANTANANARIVO FACULTE DE DROIT ET DES SCIENCES POLITIQUES MENTION DROIT Niveau : Master II, option droit public interne et international Projet Professionnel personnalisé de l’étudiant ou PPPE DROITS DE L’HOMME ET LE PHENOMENE DAHALO Présentée par : NAMBININTSOA DIMBIMIHARY TSIORY Soutenu le : 18 Mai 2018 Membre du jury : RANDRIATAVY LOVAMALALA (Présidente du jury) RAZAFIMAHEFA ALAIN RANDRIANARISON MIHARIFENO Année universitaire : 2016/2017 Liste des abréviations • DH : Droits de l’Homme • DIDH : droit international des droits de l’Homme • FDS : Forces de défense et de sécurité • DUDH : Déclaration universelle des droits de l’Homme • OMD : Objectifs du millénaire pour le développement • ONU : Organisation des Nations-Unies • PIDCP : Pacte international relatif aux droits civils et politiques. • PIDESC :Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels. 2 Sommaire PARTIE I / Non respect des exigences du DIDH face à l’impératif de la lutte contre les dahalo………….8 Chapitre I/ Violation des engagements internationaux relatifs aux droits de l’Homme de la part de l’État face à la lutte contre les dahalo. ……………………………………………..…9 Section 1/ Rappel en général des obligations de l’État en matière de droits de l’Homme……. 9 Section 2/ Manifestation du mépris de ses obligations de la part de l’Etat dans la lutte contre le phénomène de dahalo ……………………………………………………………………....15 Section 3/ Insuffisance des actions entreprises par l’État pour rendre effectif le droits de l’Homme ……………………………………………………………………………………...32 Chapitre II/ Violation du DIDH par les forces de l’ordre pendant l’opération de lutte contre les dahalo ……………………………………………………………………………………..37 Section 1/ Rappel général des obligations des forces de l’ordre en matière de droit de l’homme ………………………………………………………………………………………37 Section 2/ Les réalités montrant que les forces de l’ordre portent atteinte au DIDH ………...39 Section 3/L’excès de pouvoirs de la part des forces de l’ordre pendant la lutte contre les dahalo : entrave à l’effectivité du DIDH ……………………………………………………...43 Partie II /Difficulté de mise en pratique des exigences du DIDH à cause de la réalité socio- culturelle, politique, économique malgache face à la lutte contre le phénomène dahalo…….53 Chapitre 1/ Complication de la réalité socio culturelle malgache à propos du phénomène dahalo. ……………………………………………………………………………………….54 Section 1/ Rappel historique du phénomène dahalo et de la lutte contre le vol de bœufs ……54 Section 2/ La primauté du dina par rapport au droit positif : obstacle à l’effectivité du DIDH et complexifie la lutte contre les dahalo …………………………………………………………59 Chapitre 2/ L’exacerbation de la corruption dans la politique malgache : source de problème pour la mise en œuvre du DIDH et pour la lutte contre les dahalo …………………………...64 Section 1/ La corruption au sein de l’administration malgache : obstacle à la lutte contre les dahalo et par ricochet frein à la promotion de droits de l’Homme …………………………...64 3 Section 2/ Existence de connivence entre l’État et les forces de l’ordre manifesté par la politisation de l’armée et l’acte de banditisme ………………………………………………70 Section 3/ Échecs des opérations militaires menées pour la lutte contre le phénomène dahalo : signe de faiblesse de la politique de l’Etat en matière sécuritaire ……………………………73 Chapitre 3 /La mauvaise situation économique à Madagascar : source d’avilissement de l’état de droit de l’homme et de la lutte contre le phénomène dahalo ………………………………76 Section 1/ La pauvreté : cause de l’aggravation du phénomène dahalo ……………………...76 Section 2/ Le manque de volonté politique de l’État d’améliorer la situation économique : entrave à la lutte contre le phénomène dahalo et à la mise en œuvre de DIDH ………………79 Chapitre IV/ Solutions pour que l’opération de lutte contre le phénomène dahalo s’adapte aux exigences du DIDH …………………………………………………………………………...84 Section 1/ Du point de vue textuel, la réadaptation de la loi régissant le vol de bœufs aux exigences du DIDH …………………………………………………………………………...84 Section 2/ Dépolitisation totale et réforme des forces armées: levier pour la promotion des droits humains et pour la lutte efficace contre le phénomène dahalo ………………………...86 Section 3/ Redonner au fokonolona sa véritable place dans la société malgache ……………87 Section 4/ Renforcer le système d’information entre les autorités traditionnelles et l’autorité centrale chargé d’intervenir lors des attaques des dahalo …………………………………….88 Section 5/ Adoption de nouvelle stratégie face à la stratégie de kidnapping des dahalo …….89 Section 6/ Rimer le Dina avec le DIDH pour mieux faire face au pluralisme normatif ......... 89 4 INTRODUCTION La lutte contre le phénomène dahalo est un acte très délicat à Madagascar à cause des diverses criminalités (meurtre, viol, torture…)qui le suivent or nous vivons actuellement dans une époque où les droits humains occupent une place primordiale dans presque tous les Etats modernes. « Toutes les sociétés mettent l’homme au centre de leurs préoccupations. A Madagascar, ce souci s’exprime par le traditionnel « ny fanahy no olona » : ce qui réalise l’homme c’est le fanahy principe d’existence et référence de valeurs qui président à la bonne harmonie avec soi-même et à la bonne entente avec les autres ».1 Force est de constater que même si la lutte contre le phénomène dahalo est très délicate, celle-là doit être menée avec respect des exigences du droit international des droits de l’Homme (DIDH). Au départ, le vol de bœufs n’était qu’une sorte de démonstration de virilité pour les jeunes hommes, c’était une coutume malgache au même titre que le retournement des morts. 2 A part le fait que c’était une coutume, c’était aussi une manière pour les malgaches de manifester sa colère envers une institution dans le pays ou envers le système qui y est adopté. C’était le cas pendant la colonisation lorsque les français ont envahi notre terre, l’acte de banditisme sévissait notre île comme c’était le cas avec la bande de Mahatoritsy (1908-1912), un bandit de grand chemin dans la région de Tuléar 3. En fait, Mahatoritsy révolte contre l’autorité coloniale en disant « Zaho tsy hanompo vazaha », je ne veux pas servir les étrangers. C’est ce qui l’a poussé aux actes de banditisme. 4 « La réapparition du vol de bœufs sous la colonisation a commencé en 1930, cela est dû à l’aggravation du Service de la Main d’œuvre des travaux d’intérêt général ou SMOTIG. Les constructions de routes d’intérêt général, la crise agricole et les efforts de guerre ont enragé la plupart des malgaches de l’époque. »5Après l’indépendance, on a aussi observé la recrudescence du phénomène de vol de bœufs dans Haute Matsiatra qui commençait vers 1970. C’est vers 1980 qu’il s’est généralisé dans toute la région. 6A titre d’information, sous le règne de Ranavalona première, les voleurs de zébus s’appelaient 1 Hans Maier, « Droits de l’homme et dignité humaine à Madagascar ». Foi et justice, 2010, série « Questions actuelles », p 7 2 Henri Rasamoelina, « Madagascar. Etat, communautés villageoises et banditisme rural. Edition l’Harmattan, 2007, p 6 3TALILY, revue d’histoire n°5-6, faculté des lettres et des sciences humaines, département d’histoire. Université de Tuléar, Andrianohavy B.Palissy, Dina jeanne, Mahatsanga Michel, Imprimerie Luthérienne, page 143 4 TALILY, op cit page 144 5 Henri Rasamoelina, op cit p 138 6 Henri Rasamoelina, op cit page 200 5 « fahavalo »7. Dans le dialecte Bara, « il y a le mot « olomady ». L’olomady est une pauvre qui habite à l’extérieur du village. Parfois dans des grottes. En dehors de la société. C’est ça un dahalo , une déformation du mot olomady. Les olomady ou dahalo, s’appellent aussi hako. Le dahalo ou olomady ou hako est toujours un Bara. Cette histoire c’est valable jusqu’à la première république, c’est- à-dire jusqu’au début des années 1970.Pendant la deuxième république, c’est là que sont apparus les malaso. Ce sont eux que les gens confondent avec les dahalo. Les malaso opèrent à 30, 40 au minimum, et ils volent au minimum une centaine de zébus par opération, avec des armes automatiques. »8. Progressivement, au fur et à mesure que la recrudescence de vol de bœufs s’accentue, le terme dahalo comme signification de« voleurs en bande »9s’est généralisé. Actuellement, on parle de phénomène dahalo pour désigner le phénomène de vol de bœufs. Mais force est de remarquer que les « dahalo ambony latabatra ou voleurs de bureau »10 existent aussi. Mais ce qui nous intéresse ce sont les dahalo qui s’opèrent directement en bande sur terrain pour voler les bœufs des gens et que les forces de l’ordre ou les forces de défense et de sécurité (FDS) poursuivent en général dans les milieux ruraux dans le cadre des opérations militaires. Dans un Etat comme Madagascar, le respect des droits de l’Homme constitue un élément essentiel de la démocratie. Notre pays a ratifié plusieurs conventions dans ce cas pour promouvoir ces droits en question. Ces conventions deviennent parties intégrantes du droit positif malgache grâce à la constitution qui les a reconnues dans son préambule. Or, face à plusieurs opérations militaires comme l’opération tandroka en 2012, menées dans le cadre de l’éradication du phénomène dahalo, Madagascar n’était pas à l’abri des critiques que ce soit de la part des sociétés civiles, de la presse, ou de la communauté internationale car le « 20 novembre 2012 : Amnesty International diffuse un rapport sur l’opération tandroka. Il s’intitule « Madagascar doit mettre fin aux massacres et enquêter sur les forces de sécurité ». 11 Les FDS ont été pointées du doigt à cause des exécutions sommaires des dahalo dans presque toutes les opérations militaires qu’elles ont effectué pour anéantir ce phénomène.