UNIVERSITE D’ANTANANARIVO

FACULTE DE DROIT ET DES SCIENCES POLITIQUES

MENTION DROIT

Niveau : Master II, option droit public interne et international

Projet Professionnel personnalisé de l’étudiant ou PPPE

DROITS DE L’HOMME ET LE PHENOMENE DAHALO

Présentée par : NAMBININTSOA DIMBIMIHARY TSIORY Soutenu le : 18 Mai 2018

Membre du jury :

‹ RANDRIATAVY LOVAMALALA (Présidente du jury) ‹ RAZAFIMAHEFA ALAIN ‹ RANDRIANARISON MIHARIFENO

Année universitaire : 2016/2017

Liste des abréviations

• DH : Droits de l’Homme • DIDH : droit international des droits de l’Homme • FDS : Forces de défense et de sécurité • DUDH : Déclaration universelle des droits de l’Homme • OMD : Objectifs du millénaire pour le développement • ONU : Organisation des Nations-Unies • PIDCP : Pacte international relatif aux droits civils et politiques. • PIDESC :Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels.

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Sommaire

PARTIE I /

Non respect des exigences du DIDH face à l’impératif de la lutte contre les dahalo………….8

Chapitre I/ Violation des engagements internationaux relatifs aux droits de l’Homme de la part de l’État face à la lutte contre les dahalo. ……………………………………………..…9

Section 1/ Rappel en général des obligations de l’État en matière de droits de l’Homme……. 9

Section 2/ Manifestation du mépris de ses obligations de la part de l’Etat dans la lutte contre le phénomène de dahalo ……………………………………………………………………....15

Section 3/ Insuffisance des actions entreprises par l’État pour rendre effectif le droits de l’Homme ……………………………………………………………………………………...32

Chapitre II/ Violation du DIDH par les forces de l’ordre pendant l’opération de lutte contre les dahalo ……………………………………………………………………………………..37

Section 1/ Rappel général des obligations des forces de l’ordre en matière de droit de l’homme ………………………………………………………………………………………37

Section 2/ Les réalités montrant que les forces de l’ordre portent atteinte au DIDH ………...39

Section 3/L’excès de pouvoirs de la part des forces de l’ordre pendant la lutte contre les dahalo : entrave à l’effectivité du DIDH ……………………………………………………...43

Partie II /Difficulté de mise en pratique des exigences du DIDH à cause de la réalité socio- culturelle, politique, économique malgache face à la lutte contre le phénomène dahalo…….53

Chapitre 1/ Complication de la réalité socio culturelle malgache à propos du phénomène dahalo. ……………………………………………………………………………………….54

Section 1/ Rappel historique du phénomène dahalo et de la lutte contre le vol de bœufs ……54

Section 2/ La primauté du dina par rapport au droit positif : obstacle à l’effectivité du DIDH et complexifie la lutte contre les dahalo …………………………………………………………59

Chapitre 2/ L’exacerbation de la corruption dans la politique malgache : source de problème pour la mise en œuvre du DIDH et pour la lutte contre les dahalo …………………………...64

Section 1/ La corruption au sein de l’administration malgache : obstacle à la lutte contre les dahalo et par ricochet frein à la promotion de droits de l’Homme …………………………...64

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Section 2/ Existence de connivence entre l’État et les forces de l’ordre manifesté par la politisation de l’armée et l’acte de banditisme ………………………………………………70

Section 3/ Échecs des opérations militaires menées pour la lutte contre le phénomène dahalo : signe de faiblesse de la politique de l’Etat en matière sécuritaire ……………………………73

Chapitre 3 /La mauvaise situation économique à : source d’avilissement de l’état de droit de l’homme et de la lutte contre le phénomène dahalo ………………………………76

Section 1/ La pauvreté : cause de l’aggravation du phénomène dahalo ……………………...76

Section 2/ Le manque de volonté politique de l’État d’améliorer la situation économique : entrave à la lutte contre le phénomène dahalo et à la mise en œuvre de DIDH ………………79

Chapitre IV/ Solutions pour que l’opération de lutte contre le phénomène dahalo s’adapte aux exigences du DIDH …………………………………………………………………………...84

Section 1/ Du point de vue textuel, la réadaptation de la loi régissant le vol de bœufs aux exigences du DIDH …………………………………………………………………………...84

Section 2/ Dépolitisation totale et réforme des forces armées: levier pour la promotion des droits humains et pour la lutte efficace contre le phénomène dahalo ………………………...86

Section 3/ Redonner au fokonolona sa véritable place dans la société malgache ……………87

Section 4/ Renforcer le système d’information entre les autorités traditionnelles et l’autorité centrale chargé d’intervenir lors des attaques des dahalo …………………………………….88

Section 5/ Adoption de nouvelle stratégie face à la stratégie de kidnapping des dahalo …….89

Section 6/ Rimer le Dina avec le DIDH pour mieux faire face au pluralisme normatif ...... 89

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INTRODUCTION

La lutte contre le phénomène dahalo est un acte très délicat à Madagascar à cause des diverses criminalités (meurtre, viol, torture…)qui le suivent or nous vivons actuellement dans une époque où les droits humains occupent une place primordiale dans presque tous les Etats modernes. « Toutes les sociétés mettent l’homme au centre de leurs préoccupations. A Madagascar, ce souci s’exprime par le traditionnel « ny fanahy no olona » : ce qui réalise l’homme c’est le fanahy principe d’existence et référence de valeurs qui président à la bonne harmonie avec soi-même et à la bonne entente avec les autres ».1 Force est de constater que même si la lutte contre le phénomène dahalo est très délicate, celle-là doit être menée avec respect des exigences du droit international des droits de l’Homme (DIDH).

Au départ, le vol de bœufs n’était qu’une sorte de démonstration de virilité pour les jeunes hommes, c’était une coutume malgache au même titre que le retournement des morts. 2 A part le fait que c’était une coutume, c’était aussi une manière pour les malgaches de manifester sa colère envers une institution dans le pays ou envers le système qui y est adopté. C’était le cas pendant la colonisation lorsque les français ont envahi notre terre, l’acte de banditisme sévissait notre île comme c’était le cas avec la bande de Mahatoritsy (1908-1912), un bandit de grand chemin dans la région de Tuléar 3. En fait, Mahatoritsy révolte contre l’autorité coloniale en disant « Zaho tsy hanompo vazaha », je ne veux pas servir les étrangers. C’est ce qui l’a poussé aux actes de banditisme. 4 « La réapparition du vol de bœufs sous la colonisation a commencé en 1930, cela est dû à l’aggravation du Service de la Main d’œuvre des travaux d’intérêt général ou SMOTIG. Les constructions de routes d’intérêt général, la crise agricole et les efforts de guerre ont enragé la plupart des malgaches de l’époque. »5Après l’indépendance, on a aussi observé la recrudescence du phénomène de vol de bœufs dans Haute Matsiatra qui commençait vers 1970. C’est vers 1980 qu’il s’est généralisé dans toute la région. 6A titre d’information, sous le règne de Ranavalona première, les voleurs de zébus s’appelaient

1 Hans Maier, « Droits de l’homme et dignité humaine à Madagascar ». Foi et justice, 2010, série « Questions actuelles », p 7 2 Henri Rasamoelina, « Madagascar. Etat, communautés villageoises et banditisme rural. Edition l’Harmattan, 2007, p 6 3TALILY, revue d’histoire n°5-6, faculté des lettres et des sciences humaines, département d’histoire. Université de Tuléar, Andrianohavy B.Palissy, Dina jeanne, Mahatsanga Michel, Imprimerie Luthérienne, page 143 4 TALILY, op cit page 144 5 Henri Rasamoelina, op cit p 138 6 Henri Rasamoelina, op cit page 200 5

« fahavalo »7. Dans le dialecte Bara, « il y a le mot « olomady ». L’olomady est une pauvre qui habite à l’extérieur du village. Parfois dans des grottes. En dehors de la société. C’est ça un dahalo , une déformation du mot olomady. Les olomady ou dahalo, s’appellent aussi hako. Le dahalo ou olomady ou hako est toujours un Bara. Cette histoire c’est valable jusqu’à la première république, c’est- à-dire jusqu’au début des années 1970.Pendant la deuxième république, c’est là que sont apparus les malaso. Ce sont eux que les gens confondent avec les dahalo. Les malaso opèrent à 30, 40 au minimum, et ils volent au minimum une centaine de zébus par opération, avec des armes automatiques. »8. Progressivement, au fur et à mesure que la recrudescence de vol de bœufs s’accentue, le terme dahalo comme signification de« voleurs en bande »9s’est généralisé. Actuellement, on parle de phénomène dahalo pour désigner le phénomène de vol de bœufs. Mais force est de remarquer que les « dahalo ambony latabatra ou voleurs de bureau »10 existent aussi. Mais ce qui nous intéresse ce sont les dahalo qui s’opèrent directement en bande sur terrain pour voler les bœufs des gens et que les forces de l’ordre ou les forces de défense et de sécurité (FDS) poursuivent en général dans les milieux ruraux dans le cadre des opérations militaires.

Dans un Etat comme Madagascar, le respect des droits de l’Homme constitue un élément essentiel de la démocratie. Notre pays a ratifié plusieurs conventions dans ce cas pour promouvoir ces droits en question. Ces conventions deviennent parties intégrantes du droit positif malgache grâce à la constitution qui les a reconnues dans son préambule. Or, face à plusieurs opérations militaires comme l’opération tandroka en 2012, menées dans le cadre de l’éradication du phénomène dahalo, Madagascar n’était pas à l’abri des critiques que ce soit de la part des sociétés civiles, de la presse, ou de la communauté internationale car le « 20 novembre 2012 : Amnesty International diffuse un rapport sur l’opération tandroka. Il s’intitule « Madagascar doit mettre fin aux massacres et enquêter sur les forces de sécurité ». 11 Les FDS ont été pointées du doigt à cause des exécutions sommaires des dahalo dans presque toutes les opérations militaires qu’elles ont effectué pour anéantir ce phénomène. Comme il est déjà indiqué plus haut, la lutte contre ce dernier est très délicator les droits humains doivent également être préservés. C’est l’intérêt du présent mémoire intitulé « Droits de l’Homme et le

7Ib idem, p 72 8 Bilal Tarabey, op cit pp 98-99 9 Rakoto Ignace, « L’insécurité rurale, liée au vol de bœufs : quelques propositions de solution », 30 janvier 2010, page 1 10 Henri Rasamoelina, op cit 200 11 Bilal Tarabey, p 89 6 phénomène dahalo ». Ce phénomène ne cesse de progresser surtout dans les milieux ruraux et l’Etat ne cesse pas de chercher des moyens et stratégies adéquats pour mieux lutter contre cela. Il est important de préciser que c’est dans cette lutte contre le phénomène dahalo que le droit de l’homme se trouve de plus en plus bafoué et justement, le but de ce mémoire est d’apporter une analyse en confrontant avec pragmatisme la lutte contre le phénomène dahalo et les droits de l’Homme.Alors, pour y arriver, la question se pose, est-ce que la lutte contre le phénomène dahalo répond-elle aux exigences du droit international des droits de l’Homme (DIDH) ? Sans hésitation, on peut dire qu’il y a non-respect des exigences du droit international des droits de l’Homme ou DIDH face à l’impératif de la lutte contre les dahalo (Partie I). Dans la lutte contre le phénomène dahalo, il est difficile de répondre aux exigences du DIDH à cause de leur difficulté de mise en pratique lié à la réalité socioculturelle, politique, et économique malgache. (Partie II)

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Partie I/

Non-respect des exigences du DIDH face à l’impératif de la lutte contre les dahalo

Ce non-respect se manifeste par la violation des engagements internationaux relatifs aux droits de l’Homme par l’Etat lui-même (chapitre I) mais aussi par les forces de l’ordre (chapitre II)

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Chapitre I/ Violation des engagements internationaux relatifs aux droits de l’Homme de la part de l’État

Il est nécessaire de rappeler les obligations de l’État en matière de droits de l’Homme (Section 1) puis montrer avec des faits réels les manifestations du mépris de ces obligations (Section 2) tout en justifiant que les actions entreprises par l’Etat pour rendre effectif les droits de l’Homme sont insuffisants (Section 3)

Section 1/ Rappel en général des obligations de l’Étaten matière de droits de l’Homme

Il est très important de parler de la genèse du droit international relatif aux droits de l’homme(Paragraphe 1) puis d’évoquer les obligations de l’Etat découlant du droit international des droits de l’Homme (Paragraphe 2 ) avant de citerles conventions internationaux ratifiées par l’Etat malgache en matière de DIDH (Paragraphe 3)

Paragraphe 1/ Rappel historique de la genèse du droit international relatif aux droits de l’homme

A Au niveau international

« Le DIDH est né suite à la seconde guerre mondiale avec la création de l’Organisation de Nations Unies ou ONU et l’adoption et la ratification des traités fondamentaux relatifs aux droits de l’Homme. Auparavant plusieurs précurseurs avaient établi les fondements du cadre juridique international relatif aux droits de l’Homme tel qu’il existe aujourd’hui. »12 En fait, la seconde guerre mondiale avait apporté de la souffrance pour les êtres humains. La perte de vie humaine était trop considérable à cause de l’utilisation de la bombe atomique. Cela a apporté une conscience collective que ce soit du côté des pays gagnants, ou du côté des pays perdants car malgré la bipolarisation et la guerre froide, aucun affrontement comparable à celle de la deuxième guerre mondiale n’a eu lieu après ce conflit. Cette conscience a conduit les États à s’unir au sein de l’organisation des Nations-Unies ou ONUen 1945 afin de maintenir la paix mondiale car ça fait partie des missions de cetorganisme. Trois ans après la création de cet organisme, la déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 ou DUDH est proclamée.

12 Union interparlementaire et les Nations-Unies (Haut-commissariat aux droit de l’homme) « Droits de l’homme, guide à l’usage des parlementaires n°26 », page 43 9

Ceci témoigne la volonté des États à vouloir concentrer leurs efforts pour la promotion des droits humains.

« La Déclaration universelle des droits de l’homme, adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies le 10 décembre 1948, a fortifié le mouvement international pour les droits de l’homme. La Déclaration, qui se veut "l’idéal commun à atteindre par tous les peuples et toutes les nations", énonce pour la première fois dans l’histoire de l’humanité les droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels fondamentaux dont tous les êtres humains devraient jouir. Au fil des ans son statut de norme fondamentale des droits de l’homme, que tous les hommes devraient respecter et protéger, a été largement reconnu. La Déclaration, avec le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) et ses deux protocoles facultatifs, ainsi que le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC) forment ensemble la Charte internationale des droits de l’homme. Une série de traités sur les droits de l’Homme et d’autres instruments adoptés depuis 1945 ont donné une forme juridique aux droits inaliénables de l’homme et forgé un ensemble de droits internationaux de l’Homme. »13

Force est de constater que le mouvement pour la promotion des droits de l’Homme ne s’est pas arrêté au niveau occidentale mais s’est généralisé dans le monde car « d’autres instruments ont vu le jour au niveau régional pour refléter les droits spécifiques, qui préoccupent une région et prévoir des mécanismes de protection adaptés. La plupart des États ont adopté des constitutions ou autres lois, qui protègent formellement les droits fondamentaux de l’homme. Bien que les traités et le droit coutumier constituent l’armature du droit international sur les droits de l’homme, d’autres instruments tels que des déclarations, directives et principes adoptés au niveau international permettent de mieux les comprendre , de les appliquer et de les développer. »14

B L’origine du DIDH à Madagascar

La première constitution malgache de la première République du 14 octobre 1959 a déjà affirmé comme suit dans son préambule que « Affirmant sa croyance en Dieu et sa

13 Nations-Unies, Haut-commissariat aux droits de l’Homme , « Le droit international relatif aux droits de l’homme », http://www.ohchr.org/FR/ProfessionalInterest/Pages/InternationalLaw.aspx consulté le 18 avril 2018 14 Ib idem 10

conviction de l’éminente dignité de la personne humaine, décidé à garantir les droits fondamentaux de l’homme, cherchant à promouvoir le progrès économique, social et culturel du pays et de chacun des habitants, s’inspirant de la déclaration universelle des droits de l’homme des Nations Unies ».Le contenu de ce préambule nous fait penser qu’après son indépendance en 1960, Madagascar a aussi suivi le mouvement des autres pays vers la protection des droits humains car le 7 février 1969, notre pays a ratifié la convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale du 21 décembre 1965 15 . Il a aussi ratifié le pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels du 16 décembre 1966le 22 septembre 1971 et le pacte international relatif aux droits civils et politiques du 16 décembre 1966 le 21 juin 1971. 16

Cette tendance de Madagascar, à promouvoir le droit de l’Homme se poursuit même jusqu’à la quatrième République car la constitution de la troisième république promulguée le 18 septembre1992 ( version de 2007 car il y avait eu une révision constitutionnelle à Madagascar en cette date ) rappelle dans son préambule qu’elle « faisant sienne la charte internationale des droits de l’homme ainsi que la charte africaine des droits de l’homme et des peuples, les conventions relatives aux droits de la femme et de l’enfant qui sont toutes considéréescomme partie intégrante de son droit positif »17 . Force est de constater que la constitution malgache de 2010 de la quatrième républiqueréaffirme cela dans son préambule. Cela confirme que Madagascar voulait s’engager pleinement dans la poursuite de la promotion et de la protection des DHmais nous verrons plus tard comment le pays acquitte ses obligations découlant du DIDH.

Paragraphe 2/ Les obligations de l’Etat découlant du droit international des droits de l’Homme.

« Le droit international sur les droits de l’Homme stipule les obligations que les États sont tenus de respecter. Lorsqu’un Etat devient partie à un traité, le droit international l’oblige à respecter, protéger et instaurer les droits de l’homme. Respecter les droits de l’Homme signifie que les Etats évitent d’intervenir ou d’entraver l’exercice des droits de l’homme. Protéger signifie que les Etats doivent protéger les individus et les groupes contre les violations

15 Bureau du Haut-commissariat des Nations-Unies aux droits de l’homme à Madagascar, « Recueil des textes régionaux et internationaux relatifs aux droits de l’homme ratifiés par Madagascar », juillet 2017, page 3 16 Ib idem, page 3 17 Digithèque MJP, Constitution du 19 août 1992 (version de 2007), http://mjp.univ- perp.fr/constit/mg2007.htm#pr consulté le 2 mai 2018 11 des droits de l’homme. Instaurer signifie que les Etats doivent prendre des mesures positives pour faciliter l’exercice des droits fondamentaux de l’homme. »18

A Concernant son obligation de respecter

Le terme traité est synonyme du mot convention, pacte, accord, arrangement, protocole.19 Quand on conclut un pacte, on est dans l’obligation de le respecter. L’Etat est dans ce cas tenu de respecter les droits des individus et groupes sociaux figurant dans les dispositions des conventions ou traités.

En fait, « l’obligation de respecter » signifie que les Etats sont tenus de ne pas intervenir dans l’exercice de leurs droits par les individus et les groupes. Elle leur interdit certains actes susceptibles d’entraver l’exercice de ces droits. 20

B Concernant son obligation de protéger

Cela signifie que « Les Etats ont l’obligation de protéger les individus contre les violations de leurs droits commises par les acteurs non étatiques, de leurs agents publics étrangers ou des agents de l’Etat n’agissant pas dans l’exercice de leurs fonctions officielles. »21 L’Etat est ainsi tenu de prendre les précautions nécessaires afin d’empêcher les autorités étatiques à abuser de leur prérogative de puissance publique et d’entraver les droits des autres et afin d’empêcher aussi qu’un tiers ne piétine sur les droits d’autrui. Cela se concrétise parfois par l’adoption des lois ou règlements.

C Concernant son obligation de mettre en œuvre

Cela signifie que les Etats sont tenus de prendre des mesures positives pour assurer la mise en œuvre des droits de l’homme. 22 Cette mise en œuvre dépend du droit en question, par

18 Haut-commissariat aux droits de l’homme des Nations-Unies , « Le droit international relatif aux droits de l’homme », http://www.ohchr.org/FR/ProfessionalInterest/Pages/InternationalLaw.aspx consulté le 18 avril 2018 19 Raymond Guillien et Jean Vincent, « Lexique des termes juridiques », 13è édition, Dalloz, 2001, p 548 20 Union interparlementaire et Nations-Unies (Haut-commissariat aux droits de l’homme) « Droits de l’homme, guide à l’usage des parlementaires n°26 », op cit page 32 21 Union interparlementaire et Nations-Unies (Haut-commissariat aux droits de l’homme) « Droits de l’homme, guide à l’usage des parlementaires n°26 », op cit page 32 22 Union interparlementaire et Nations-Unies (Haut-commissariat aux droits de l’homme) « Droits de l’homme, guide à l’usage des parlementaires n°26 », page 33

12 exemple, en matière de droit de vote, l’Etat doit faciliter l’octroi de la carte nationale d’identité pour permettre à tous les citoyens à participer aux élections.

Paragraphe 3/ Les conventions internationauxratifiées par l’Etat malgache en matière de DIDH

En fait, Madagascar a ratifié huit des neuf principaux traités internationaux relatifs aux droits de l’homme, quatre protocoles ainsi qu’un protocole et six conventions respectivement dans le cadre sous-régional et dans le cadre régional de l’Union africaine. 23

A titre de rappel, parmi « les instruments juridiques internationaux ratifiés par Madagascar »24 , on peut citer :

A Les conventions internationales

• Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale du 21 décembre 1965 (ratifiée par Madagascar le 7 février 1969) • Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux, et culturels du 16 décembre 1966 (ratifié le 22 septembre 1971) • Pacte international relatif aux droits civils et politiques du 16 décembre 1966 (ratifié le 21 juin 1971) • Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes du 18 décembre 1979 (ratifiée le 17 mars 1989) • Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels inhumains ou dégradants du 10 décembre 1984 (ratifiée le 13 décembre 2005) • Convention relative aux droits de l’enfantdu 20 novembre 1989 (ratifiée le 19mars 1991) • Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille du 18 décembre 1990. (ratifiée le 13mai 2015) • Convention relative aux droits des personnes handicapées du 13 décembre 2006 (ratifiée le 12juin 2015)

23 Préface d’Omer Kalameu, in « recueil des textes régionaux et internationaux relatifs aux droits de l’homme ratifiés à Madagascar », produit par le bureau des Nations-Unies aux droits de l’homme à Madagascar, juillet 2017. 24 Bureau du Haut-commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme à Madagascar « Recueil des textes régionaux sous régionaux et internationaux relatifs aux droits de l’homme ratifiés par Madagascar », juillet 2017, pp 3-4 13

B Des protocoles facultatifs ratifiés par Madagascar

• Protocole facultatif à la convention relative aux droits de l’enfant concernant la vente d’enfants, la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants du 25mai 2000. (ratifié le 22 septembre 2004) • Protocole facultatif à la convention relative aux droits de l’enfant concernant l’implication d’enfants dans les conflits armés du 25mai 2000. (ratifié le 22 septembre 2004) • Deuxième protocole facultatif se rapportant au PIDCP visant à abolir la peine de mort du 15 décembre 1989. (Autorisée à être ratifiée par la loi n°2016-053 du 16 décembre 2016) • Protocole facultatif se rapportant à la convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants du 18 décembre 2002. (autorisé à être ratifié par la loi n°2016-054 du 16 décembre 2016)

C Les instruments juridiques régionaux et sous- régionaux ratifiés par Madagascar

• Charte Africaine des droits de l’homme et des peuples du 27 juin 1981 (ratifiée le 9mars 1992) • Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant de juillet 1990 (ratifiée le 30mars 2005) • Convention africaine sur la prévention et la lutte contre le terrorisme du 8 juillet 2004 (ratifiée le 12 septembre 2003) • Convention de l’Union africaine sur la prévention et la lutte contre la corruption du 11 juillet 2003 (ratifiée le 6 octobre 2004) • Charte africaine de la démocratie, des élections, et de la gouvernance du 30 janvier 2007 (autorisée à être ratifiée par la loi n°2015-034 du 8 décembre 2015) • Charte africaine de la jeunesse du 02 juillet 2006 (autorisée à être ratifiée par la loi n° 2008-029 du 11 décembre 2008) • Le protocole de la SADC contre la corruption du 14 aout 2001 (autorisée à être ratifiée par la loi n°2007-009 du 20juin 2007)

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« En ratifiant les traités internationaux des droits de l’homme, les gouvernements s’engagent à prendre des mesures nationales et à adopter des lois compatibles avec les obligations découlant des traités.»25

Section 2/ Manifestation du mépris de ses obligations de la part de l’Etat dans la lutte contre le phénomène de dahalo.

L’Etat déshonore ses obligations à l’ égard des dahalo voleur de bœufs (Paragraphe 1) mais aussi à l’égard des victimes de vol de bœufs (Paragraphe 2)

Paragraphe 1/ A l’ égard des dahalovoleur de bœufs

Même les « Dahalo » sont des Hommes et ont des droits. 26 Ils ont aussi des droits que l’État a l’obligation de respecter et de protéger et de mettre en œuvre.

A A propos du mépris de l’ « obligation de respecter »par l’Etat de certains droits des dahalo

Les dahalo ont droit à la vie, à la présomption d’innocence, à un procès équitable. Face à la ratification de ces textes relatifs aux DH, l’Etat est tenu de respecter les droits humains. Respecter signifie que l’Etat a l’obligation de s’abstenir de violer les droits humains des individus, dahalo ou non, sans distinction. En cas de violation de ses droits humains, l’individu peut ainsi riposter en formant un recours.

a) Violation du droit à la vie des dahalo par l’exécution sommaire extra judiciaire : Prenons le cas du fameux CAPITAINE FANEVA

Il n’est pas facile de dissuader les dahalo, ce sont des individus forts et suffisamment déterminés pour arriver à leur fin. La raison pour laquelle le capitaine Faneva ne montre aucune pitié quand il s’agit de les traquer. A titre de biographie, le capitaine Faneva ou Ralaiavy Fanevarison Onimihary fait partie des forces de l’ordre qui« a grandi à Miandrivazo ensuite à Vangaindrano avant d’entrer au SEMIPI ou militaire pour les jeunes.

25 Haut-commissariat aux droit de l’homme des Nations-Unies, « Le droit international aux droits de l’homme », http://www.ohchr.org/FR/ProfessionalInterest/Pages/InternationalLaw.aspx consulté le 5 avril 2018 26 Andrianjohary Noroelisoa , « Droits de l’homme : Il n’y a pas d’exception lorsqu’il s’agit de droit » , Journal de Madagascar tribune, 5 décembre 2012, http://www.madagascar-tribune.com/Il-n-y-a-pas-d-exception- lorsqu-il,18231.html consulté le 5 avril 2018 15

Joignant ensuite l’Académie militaire. Il fait partie de la force de frappe de la gendarmerie ». 27 Ce capitaine a déjà pris une photo de lui avec la tête coupée d’un dahalo 28 pour mieux dissuader. Or cet acte même porte atteinte à la dignité humaine.

Il est prévu à l’article 56 de la Constitution de 2010 dans son premier alinéa que : « Le Président de la République est le Chef Suprême des Forces Armées dont il garantit l’unité.

A ce titre, il est assisté par un Haut Conseil de la Défense Nationale.

Le Haut Conseil de la Défense Nationale, sous l’autorité du Président de la République, a notamment pour mission de veiller à la coordination des actions confiées aux Forces armées afin de préserver la paix sociale. Son organisation et ses attributions sont fixées par la loi ».Cela implique que même si les forces armées n’agissent que sous les ordres de leur supérieur hiérarchique, au cas où elles sont accusées d’avoir ôté injustement la vie des gens dans l’accomplissement de leurs missions, l’Etat ne pourrait pas s’abstenir des regards critiques des sociétés civiles ainsi que les acteurs nationaux soucieux des droits humains. Car à Madagascar, le droit à la vie est un droit fondamental et qu’aucune dérogation n’est permise pour enlever une personne de son droit à la vie. C’est pourquoi face à certains actes perpétrés par les forces de l’ordre dans certaines régions, les sociétés civiles ne cessent pas d’interpeller le gouvernement. Ainsi, « L’OSC (organisation de la société civile) interpelle le gouvernement face aux « barbarismes » perpétrés dans les régions d’Ihorombe, Anosy, Atsimo Andrefana, Androy et Bongolava.La Société civile monte au créneau pour dénoncer les actes de violences et les dérives perpétrées par certains éléments des Forces de l’ordre, aussi bien en milieu rural qu’en milieu urbain. Par ailleurs, face aux violations du droit à la vie, du droit à la sécurité et l’intégrité physique, la société civile lance un appel à l’endroit du Gouvernement et des afin de diligenter des missions d’enquêtes pour confirmer ou infirmer ces allégations et élargir les investigations à l’ensemble de l’Opération Fahalemana. »29

27 Anny Andrianaivonirina , « Double portrait : Capitaine Faneva et Capitaine Harena les forces de frappe de la gendarmerie », http://www.midi-madagasikara.mg/a-la-une/2014/10/10/double-portrait-capitaine- faneva-capitaine-harena-les-forces-frappe-gendarmerie/ consulté le 14 janvier 2020

28 D’après Madame Randriatavy Lovamalala, enseignante à l’université d’Antananarivo, président de jury lors de la présentation du présent mémoire le 18 mai 2018. Ses explications seront apportées dans ce mémoire à titre de correction. 29 Davis R. « Exécutions sommaires, tortures, pillages… : 42 associations réclament des enquêtes sur les exactions des forces de l’ordre », journal Midi Madagascar, 10novembre 2015, http://www.midi-madagasikara.mg/a-la-une/2015/11/10/executions-sommaires-tortures- 16

Le droit à la vie est garanti par l’article 6 du PIDCP. Rappelons que l’article 8 de la Constitution malgache stipule aussi que : « Le droit de toute personne à la vie est protégé par la loi. Nul ne peut être arbitrairement privé de la vie ». En plus, l’article 4 alinéa 2 du PIDCP rajoute qu’aucune dérogation n’est permise en ce qui concerne cet article 6.La vie est sacré pour les malgaches donc que ce soit dahalo, ou politiciens ou qui que ce soit, le droit à la vie est la même pour tous. Quelle que soit la gravité de l’infraction commis par un individu, on ne doit pas le tuer.

Le droit de tout malgache sans distinction, à la vie est garanti par cet article 8 de la constitution. « Nul ne peut être arbitrairement privé de la vie. » mais une phrase sinistre a discrètement été introduite par la constitution de 2010 : « La mort n’est pas considérée comme infligée en violation de cet article dans les cas où elle résulterait d’un recours à la force absolument nécessaire, en vue d’assurer la défense de toute personne contre la violence illégale ». 30 A partir de cet article, la question se pose si dans certaines circonstances, on peut donner la mort à quelqu’un. Le problème avec ce passage de la constitution c’est qu’il n’est pas indiqué, quel genre d’individu peut perpétrer un tel acte. Lors des attaques des dahalo, les violences et les tueries perpétrées par les forces de sécurités peuvent être justifiées par cet article ?

En 2015, par exemple, un cas d’exécution sommaire à Ihosy a alerté les chrétiens catholiques. En fait, « Deux présumés « dahalo », ces bandits souvent armés qui terrorisent les campagnes malgaches, ont été tués par des militaires dans les environs de la localité d’Ihosy, au centre-Sud de Madagascar. Le corps des deux hommes ont été par la suite brûlés par les militaires… Chaque opération militaire contre les dahalo était suivie systématiquement d’exécution sommaire brutale dans le pays. Ce fut le cas dans les années 80, sous la Deuxième République de Didier Ratsiraka. Ce fut le cas aussi, sous le régime de Transition d’, en 2012, lors de l’opération « Tandroka .» 31

pillages-42-associations-reclament-des-enquetes-sur-les-exactions-des-forces-de-lordre/ consulté le 18 avril 2018 30 Journal de la tribune Madagascar, « Les dahalo ont aussi des droits », lundi 3 décembre 2012, http:/www. madagascar-tribune.com/IMG/article_PDF/Les-dahalo-ont-aussi-des- droits_a18224.pdf consulté le 18 avril 2018

31 madonline, “Deux dahalo exécutes: le cycle de la vengeance commence”, 7 septembre 2015 https://www.madonline.com/deux-dahalo-executes-le-cycle-de-la-vengeance- commence/ consulté le 23 avril 2018 17

Cela prouve que l’Etat ne fait qu’entraver l’effectivité de ce droit à la vie en privant les dahalo de leur droit à la défense.

Normalement, l’Etat doit prendre des mesures nécessaires pour faire cesser les tueries lorsqu’il trouve que les forces de l’ordre fait des excès en massacrant les dahalo. Pendant les opérations militaires comme « l’opération tandroka »32 ou « l’opération fahalemana »33 , c’est le régime en place qui a pris l’initiative de lancer ces opérations or que ce soient les journaux 34 , ou l’organisation non gouvernementale ou ONG comme Amnesty International qui est une est une Organisation internationale à caractère non gouvernemental qui se donne comme missions la défense des droits de l'Homme et le respect de la Déclaration universelle des droits de l'Homme, ils critiquent les divers interventions des forces de sécurité en matière de lutte contre le phénomène dahalo.

L’Amnesty international a vivement critiqué les attaques menées par les forces de l’ordre surtout pendant l’opération tandroka 35 . Mais malgré les critiques, l’Etat n’intervenait pas pour mettre fin aux massacres et cela constitue une violation de son « obligation de respecter les droits humains » en particulier le droit à la vie des dahalo.

32 Bilal Tarabey, op cit page 88 : Opération Tandroka. Elle est dirigée par le colonel René Lilyson commandant de la force d’intervention spéciale ou FIS, un corps d’élite rattaché à la présidence. Des hauts responsables militaires et de la gendarmerie se félicitent de la réussite de l’opération tandroka, 27 dahalo arrêtés, près de 500 zébus récupérés

33 Laza Marovola, « opération Fahalemana, c’est la fin », le journal Madagascar matin http://www.matin.mg/?p=20341 consulté le 23 avril 2018: l’opération militaire Fahalemana a été lancée par le régime pour restaurer l’autorité de l’Etat et enrayer le phénomène de vol de bovidés par les dahalo. Elle a initialement commencé dans la région sud de la Grande île pour ensuite se répandre dans le centre ouest ou même dans le nord de la capitale. 34 Laza Marovola, « opération Fahalemana, c’est la fin », le journal Madagascar matin http://www.matin.mg/?p=20341 consulté le 23 avril 2018 : « cette opération (fahalemana) a été plus le fruit de plusieurs polémiques et accusations envers les forces de l’ordre engagées pour aller au combat qu’autre chose. Bavures, exécutions sommaires, braquages, prises d’otages, vols, razzias et même destructions, les individus censés rétablir l’autorité de l’Etat ont tout fait sauf lutter contre les dahalo et empêcher les vols de zébus. » 35 Bilal Tarabey, Madagascar Dahalo. Enquête sur les bandits du grand sud. No comment editions, 2014 , p 89 : Des rumeurs concernant des exactions perpétrées par les militaires engagés dans l’opération Tandroka, se propagent, villages brûlés, exécutions sommaires. 20 novembre 2012 : Amnesty International diffuse un rapport sur l’opération tandroka. Il s’intitule « Madagascar doit mettre fin aux massacres et enquêter sur les forces de sécurité ». Le rapport d’’Amnesty international est discrédité dans la presse.

18

b) Violation de la présomption d’innocence des dahalo

L’article 13 de la constitution malgache stipule que : « Tout prévenu ou accusé a droit à la présomption d’innocence jusqu’à ce que sa culpabilité soit établie par une juridiction compétente. » 36 Ce qui implique que même les dahalo bénéficient aussi de telle faveur. En outre, Madagascar s'est engagé sur la voie de l'abolition de la peine capitale depuis la signature en septembre 2012, par Andry Rajoelina, le président de transition de l'époque, du protocole se rapportant au "Pacte International relatif aux droits civils et politiques", un texte de l'ONU visant à abolir la peine de mort. L’Union européenne a salué une "étape historique" après le vote des députés malgaches. 37 Cette initiative implique que même les plus grands brigands bénéficient du non application de la peine de mort à leur égard malgré la dangerosité de leurs actes. Par conséquent, les dahalo doivent être traduit devant la justice. Mais la réalité nous prouve le contraire car depuis la recrudescence du phénomène de dahalo, ces derniers étaient tués par les forces de sécurité pendant les opérations militaires sans passer aux tribunaux. Cela nous permet de dire que l’Etat ne respecte pas leur droit à la présomption d’innocence.

Mais force est de constater que le droit à la présomption d’innocence n’est pas facile à garantir car « les difficultés à garantir la présomption d’innocence sont considérables. »38

Pour les cas des dahalo, même s’il n’est pas expressément prévu que les dahalo n’en bénéficient pas, la réalité montre que beaucoup d’entre eux ne passent pas aux tribunaux pour entendre leur sentence ou pour défendre leur cas. Ainsi, « Si l’on vous dit que c’est un grand principe, n’allez pas le croire, ou pas trop vite », affirme Claude Lombois à propos de la présomption d’innocence. »39

c) Le droit à un procès équitable des dahalo

L’article 14 du PIDCP stipule que : « Tous sont égaux devant les tribunaux et les cours de justice. Toute personne a droit à ce que sa cause soit entendue équitablement et publiquement

36 Digithèque MPJ, « Madagascar, Constitution de la IVème République , 11 dé décembre 2010», https://www.ilo.org/dyn/natlex/docs/ELECTRONIC/87885/100324/F1780692018/Madagascar,%2 0Constitution%20de%20la%20IVe%20Republique%202010.pdf consulté le 18 avril 2018 37 Journal Le Figaro, « La peine de mort abolie à Madagascar », 12 décembre 2014, http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2014/12/12/97001-20141212FILWWW00461-la-peine-de- mort-abolie-a-madagascar.php consulté le 18 avril 2018 38 Christine Lazerges, « La présomption d’innocence », in « Libertés et droits fondamentaux » ; Remy Carbillac, Marie-Anne, 14 ème édition, Dalloz, 2008. p 495. 39 Cité par Christine Lazerges, « La présomption d’innocence », in Libertés et droits fondamentaux ; Remy Carbillac, Marie-Anne, 14 ème édition, Dalloz, 2008. p 495. 19 par un tribunal compétent. » 40 Il est donc de l’obligation de l’Etat de respecter le droit à un procès équitable des dahalo. Cette disposition est valable aussi pour ces derniers.

Cela implique que « Tout personne a droit d'être jugée par un juge indépendant et impartial, dans le cadre d'un procès équitable.Le juge prendra sa décision en application du droit, après avoir entendu chacune des personnes concernées, dans le respect des règles de la procédure. A ce principe fondamental, sont attachés les principes du " contradictoire " et durespect desdroits de la défense , comme principes d'égalité et de loyauté entre les adversaires dans le cadre d'un procès. »41

Ce qui se passe au contraire c’est qu’aucune volonté même de la part de l’Etat n’est constatée pour rendre effectif ce droit au recours qui se joigne au droit à un procès équitable.Le vendredi 2 aout 2013, le journal Tribune Madagascar a dit que pour le ministre de l’intérieur, Florent Rakotoarisoa, « Il faut exterminer les dahalo ; ils sont des terroristes »42 . Bilal Tarabey a dit aussi que selon LyLyson, chef de l’opération tandroka, les dahalo sont aussi des terroristes. 43 Ce qui explique l’abstention volontaire de ne pas vouloir respecter le droit au recours des dahalo. Or, « il faut avoir accès au droit pour avoir accès au juge »44 , il est difficile pour un dahalo illettré d’accéder au droit car le fait pour lui de ne pas connaitre la règle de droit concernant l’accès à la justice empêche l’effectivité du droit à un procès.

B A propos du mépris de l’ « obligation de protéger »des droits des dahalo.

« Si un droit devait être finalement violé, l’Etat devrait veiller à ce que réparation soit obtenue. »45 Les dahalo font parties de ces individus qui ont également des droits que l’Etat est chargé de protéger.

40 Bureau du haut-commissariat aux droits de l’Homme, « Recueils des textes régionaux, sous régionaux et internationaux relatifs aux droit de l’homme ratifiés par Madagascar, op cit,p 24 41 Ministère de la justice (française), « Le droit à un procès équitable » , 1 juillet 2002 http://www.justice.gouv.fr/organisation-de-la-justice-10031/les-fondements-et-principes- 10032/le-droit-a-un-proces-equitable-10027.html consulté le 29 avril 2018 42 Cité par Valis, « Il faut exterminer les dahalo ; ils sont des terroristes », journal de la Tribune Madagascar, vendredi 2 août 2013 http://www.madagascar-tribune.com/Il-faut-exterminer-les- dahalo-ils,18992.html consulté le 29 avril 2018 43 Cité par Bilal Tarabey, op cit page 201 44 Marie- Anne Frison-Roche, « Le droit d’accès à la justice et au droit », in Libertés et droits fondamentaux ; Remy Carbillac, Marie-Anne, op cit 475 45 Plateformed’information,humanrights.com, « Les obligations des Etats en matière de droits humains »18 décembre 2013, https://www.humanrights.ch/fr/service/connaissances/obligations/ consulté le 29 avril 2018 20

a) A propos du mépris du droit à la vie des dahalo

Pour mieux protéger le droit à la vie des dahalo, l’Etat doit également traduire en justice les autorités qui ont porté atteinte à leur vie. L’article 6 du PIDCP précédemment cité garantit le droit à la vie. A défaut d'un procès, ou dans les cas où celui-ci n'est pas réalisé par une institution reconnue et habilitée à cet effet par l’Etat, on parle d'exécution sommaire, d'acte de vengeance, ou de justice privée. OrMadagascar a déjà ratifiéle deuxième protocole facultatif se rapportant au pacte international relatif aux droits civils et politiques visant à abolir la peine de mort du 15 décembre 1989 (autorisée à être ratifiée par la loi n°2016-053 du 16 décembre 2016)46 . Mais concrètement, vu ce qui se passe réellement, les dahalo subissent l’exécution sommaire venant des forces de l’ordre sans qu’ils passent au procès pour entendre leur sentence ou pour défendre leur droit. Prenons l’exemple du cas de « Mampikony : Des militaires soupçonnés d’exécution sommaire :

Alors qu’on parle du respect des DH au niveau des Forces de l’ordre dans l’accomplissement de leur mission. Par contre, ce principe serait loin d’être acquis si ce témoignage d’un notable ou Sojabe déplorant l’abus et exaction commis par des militaires dans la commune d’Ambodihazambo, district de Mampikony est avéré. Appelé Tiamaro, ce notable accuse ces hommes en treillis d’avoir exécuté sommairement quatre individus dont un innocent. A titre d’explication, quatre hommes en treillis militaires et armés de fusils ont débarqué dans le fokontany d’Ambodimanga-II, commune Ambodihazambo. Une fois sur place, ils ont vu un jeune homme qui était en train de balayer la cour de sa maison. Ils l’ont alors interrogé : où se trouve le domicile du chef de fokontany parce qu’ils sont venus pour chercher trois présumés dahalo dans le fokontany. Sans hésiter, le jeune homme les ont conduits à celui de l’adjoint du chef de fokontany qui est le plus proche. Reçus par ce dernier, les soldats ont pu arrêter et ligoter les personnes qu’ils cherchaient. Puis, ils sont revenus au domicile de l’adjoint du chef de Fokontany. Mais, le pire est que, selon toujours le témoignage du Sojabe, ce dernier aurait dénoncé le jeune homme auprès de ces soldats en disant que celui-là a un problème foncier avec lui. Après avoir eu un entretien en catimini avec l’adjoint du chef de fokontany, les militaires ont également arrêté et amené le jeune homme avec les présumés dahalo. Après quelques kilomètres de marche, ils auraient réclamé 1 millions d’ariary au jeune homme en échange de sa libération. Sinon, ils devront l’exécuter avec les trois présumés dahalo. Puisque cet innocent

46 Bureau du Haut-commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme à Madagascar, « Recueil des textes régionaux sous régionaux et internationaux relatifs aux droits de l’homme ratifiés par Madagascar », op cit page 3 21 n’a pas pu satisfaire leur exigence car ses parents n’étaient pas là, les militaires l’ont abattu par balles. Puis, ils ont également tiré sur les trois présumés dahalo qui ont été tués sur le champ.Tiamaro ajoute que ces dits militaires n’ont présenté ni un ordre de mission émanant de la Justice ni une autorisation délivrée par le maire. »47

Force est de constater qu’il y a plusieurs cas comme ça à Madagascar. Mais l’Etat jusqu’ici n’a pas encore pris une mesure drastique pour mieux protéger le droit à la vie des dahalo. Donc tout simplement, il y a violation de son obligation de protéger.

b) A propos du mépris du droit à la présomption d’innocence des dahalo

Les dahalo ne font pas exception à ceux qui doivent bénéficier de la règle de la présomption d’innocence.Tout détenu ou accusé a le droit d’être présumé innocent et traité comme tel, jusqu'à ce qu’il soit jugé et reconnu coupable, à Madagascar. En effet, l'alinéa 8 de l'article 13 de la Constitution dispose que « Tout prévenu ou accusé a droit à la présomption d'innocence jusqu'à ce que sa culpabilité soit établie par une décision de justice devenue définitive ».

A part la constitution, cette règle est aussi affirmée dans les instruments juridiquesque Madagascar a ratifié comme le PIDCP en son article 14 paragraphe 2 qui dispose comme suit : « toute personne accusé d’une infraction pénale est présumée innocente jusqu’à ce que sa culpabilité ait été légalement établie ». En outre, il y a aussi la Déclaration universelle des droits de l’Homme de 1948 (art. 11-1) 48 et de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) de 1981 (art. 7-1-b) 49 .Tout cela implique, de la part de l’Etat une obligation de protéger efficacement ce droit à la présomption d’innocence. Or ce qui se passe c’est qu’il y a effectivement violation de cette règle.

47 T.M, « Mampikony : des militaires soupçonnés d’exécution sommaire »,journal Midi madagasikara, 30novembre 2017 http://www.midi-madagasikara.mg/faits- divers/2017/11/30/mampikony-des-militaires-soupconnes-dexecution-sommaire/ consulté le 20 avril 2018 48 Article 11 de la DUDH dispose que « toute personne accusé d’un acte délictueux est présumée innocente jusqu’à ce que sa culpabilité ait été légalement établie au cours d’un procès public où toutes les garanties nécessaires à sa défense lui auront été assurées. » 49 L’article 7 de la charte africaine des droits de l’homme et des peuples de 1981dispose que « toute personne a droit à ce que sa cause soit entendue. Ce droit comprend… le droit à la présomption d’innocence, jusqu’à ce que sa culpabilité soit établie par une juridiction compétente ». 22

A partir du moment où l’Etat prive les dahalo de leur droit à la vie par les opérations militaires comme l’opération tandroka 50 , la règle de la présomption d’innocence est bafoué d’avance. Force est de constater qu’ « en septembre 2012, l’Etat décide d’agir et lancel ’Opération Tandroka. Cette opération durera environ 3 mois. Les rapports annonceront l’arrestation de Tokanono, la sorcière de Remenabila et d’une vingtaine de dahalo ainsi que la récupération de 500 zébus volés. Mais peu de temps après, des rumeurs commenceront à assombrir le tableau, des militaires auraient brulés des villages, volés et tués des innocents . Amnesty International arrive sur place et dénonce l’agissement de l’Etat qui niera tout en bloc. »51

La plupart des opérations menées pour l’éradication du phénomène dahalo ont été critiqué, soit par les citoyens, soit par les journaux soit par les sociétés civiles. Mais l’Etat a fermé ses yeux face à tout cela or plusieurs droits ont été violés à cause de sa nonchalance. Voilà comment l’Etat ignore son obligation de protéger.

c) A propos du mépris du droit au procès équitable.

Le droit à un procès équitable implique des corollaires, notamment le droit d’être jugé par un juge impartial, le droit d’accès à l’aide judiciaire (à l’aide d’un avocat commis d’office pour les personnes nécessiteuses), le droit d’être assisté aux enquêtes, ainsi que le droit d’être jugé à un délai raisonnable. 52

A Madagascar, ce droit est garanti grâce à la ratification du PIDCP, ainsi que la charte africaine des droits de l’homme. Pour le PIDCP c’est l’article 14 qui le garantit, et pour la charte c’est l’article 7qui dispose que « toute personne a droit à ce que sa cause soit entendue. » Tout cela implique que même les dahalo doiventaussi bénéficier un procès équitable. Mais chez nous, l’Etat ne se préoccupe pas de manière effective leur droit au procès.

50 Bilal Tarabey, Madagascar Dahalo. Enquête sur les bandits du grand sud. No comment editions, 2014 ,p 89 : « Des rumeurs concernant des exactions perpétrées par les militaires engagés dans l’opération Tandroka, se propagent, villages brûlés, exécutions sommaires ».

51 Journal d’évasion, « Madagascar Dahalo de Bilal Tarabey », 9 septembre 2017 http://www.journaldevasion.com/madagascar-dahalo-de-bilal-tarabey/ consulté le 30 avril 2018 52 Julie Raharisoa, « justice à Madagascar : le droit à un procès équitable reste problématique »,L’actualité.mg, 1 décembre 2017, https://www.lactualite.mg/politique/3235- justice-a-madagascar-le-droit-a-un-proces-equitable-reste-problematique/ consulté le 30 avril 2018 23

C/ A propos du mépris de l’ « obligation de mettre en œuvre » des droits des dahalo

Cela implique que l’Etat doit prendre les précautions nécessaires afin que les dahalo puissent jouir de tous les préalables juridiques indispensables avant toutes sanctions à leur égard. Il est vain de dire qu’ils jouissent du droit à la vie alors qu’ils ne passent même pas au procès avant de les tuer. A Madagascar, la peine de mort est déjà abolit, ainsi, les dahalo capturés doivent passer devant le tribunal pour répondre de leurs actes. Des mesures spécifiques en matière législatives et administratives doiventêtre envisagées et appliquées à eux afin de réduire les exactions sommaires qui ne font que salir la réputation des forces de l’ordre.

Concernant le droit à la présomption d’innocence ou le droit au procès des dahalo, qui sont des droits intimement liés, pour la mise en œuvre de ces droits, l’Etat doit promulguer le texte de lois assurant le droit de la défense de ces « malaso ». Vu que leur traduction devant la justice pourrait couter cher car la plupart d’entre eux sont capturés dans un endroit le plus loin de la ville là où il y aurait des tribunaux susceptible de prendre en main leurs affaires, ainsi pour ne pas alourdir les tâches des officiers de police judiciaire, il appartient à l’Etat de chercher une procédure appropriée pour faciliter leur accès à ces droits cités plus haut.D’où un texte spécifique pour cela car l’article 13 de la Constitution qui stipule que « … l’État garantit la plénitude et l’inviolabilité des droits à la défense devant toutes les juridictions et à tous les stades de la procédure, y compris celui de l’enquête préliminaire, au niveau de la police judiciaire ou du parquet. Toute pression morale et/ou toute brutalité physique pour appréhender une personne ou la maintenir en détention sont interdites. Tout prévenu ou accusé a droit à la présomption d’innocence jusqu’à ce que sa culpabilité soit établie par une décision de justice devenue définitive. La prévention préventive est une exception. ». Cet article est aussi fait pour les dahalo. Ces derniers peuvent en bénéficier aussi et méritent d’être entendu devant le tribunal comme touscitoyens égarés de la société.

Paragraphe 2/ A l’ égard des victimes de vol de bœufs

A Manquement de l’Etat face à son « obligation de respecter » les droits des victimes de vol de bœufs

1/ Les droits humains violés lors des attaques des dahalo pour les victimes

a) Le droit de propriété

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L’article 14 de la charte africaine des droits de l’homme et des peuples stipule que : « Le droit de propriété est garanti. Il ne peut y être porté atteinte que par nécessité publique ou dans l'intérêt général de la collectivité, ce, conformément aux dispositions des lois appropriées. »53 Actuellement, on assiste à une diminution considérable du cheptel bovin. Les secteurs de production animale régressent dans la grande île, notamment pour le cas de ce dernier. « L’ampleur des vols de zébus fait actuellement partie des écueils bouleversant l’élevage bovin. Certaines régions et zones fournisseurs de bœufs ont dû arrêter leur activité à cause des vols qui ne cessent de s’intensifier. »54

b) Le droit à la vie

L’article 6 du PIDCP dispose que : Le droit à la vie est inhérent à la personne humaine. Ce droit doit être protégé par la loi. Nul ne peut être arbitrairement privé de la vie. Ce droit est rappelons le, très sacré. Or à chaque fois que les dahalo attaquent, il y a toujours de pertes de vies humaines. « Ce qui s’est passé dans le district de Lalangina le 25 mars dernier en est la preuve. Une soixantaine de « dahalo » armés de fusils d’assaut kalachnikov et d’armes blanches ont attaqué le village d’Analamasina, commune rurale d’Alakamisy Ambohimaha. Ayant volé 28 zébus, les malfaiteurs ont tué trois habitants du village et un autre a été grièvement blessé avant de s’enfuir vers la commune d’Ambalakindresy, district d’Ambohimahasoa. Toujours ce 25 mars, mais cette fois-ci dans le district d’Ikalamavony, une trentaine de « dahalo » armés de fusils de chasse ont tenté de voler des bœufs dans le pâturage d’un éleveur de bovidé dans le fokontany de Bedray, commune rurale de Fitampito. Heureusement que les habitants ont pu repousser les envahisseurs. Deux « dahalo » ont été tués et un autre gravement blessé. »55 . Les habitants du lieu là où les dahalo attaquent sont parfois victimes de tuerie de ces bandits.

53 Bureau du Haut-commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme à Madagascar, « Recueil des textes régionaux sous régionaux et internationaux relatifs aux droits de l’homme ratifiés par Madagascar », juillet 2017, p 125 54 Sandra Miora Hafalianavalona, « Élevage-cheptel bovin en péril », journal l’express de Madagascar, 1 septembre 2017, https://www.lexpressmada.com/01/09/2017/elevage- le%E2%80%88cheptel%E2%80%88bovin%E2%80%88en%E2%80%88peril/ consulté le 24 avril 2018 55 T.M, « Lalangina : trois morts durant l’attaque des « dahalo » munis de kalachnikov », Midi Madagasikara, 28 mars 2018, http://www.midi-madagasikara.mg/faits- divers/2018/03/28/lalangina-trois-morts-durant-lattaque-des-dahalo-munis-de-kalachnikov/ consulté le 20 avril 2018 25

c) Droit à l’intégrité physique

L’article 4 de la CADHP dispose que : La personne humaine est inviolable. Tout être humain a droit au respect de sa vie et à l'intégrité physique et morale de sa personne: Nul ne peut être privé arbitrairement de ce droit. Les violences physique, économique et psychologique sont aussi subies par les victimes lors des attaques des dahalo. Les victimes subissent également de la torture.

d) Le droit à l’éducation

L’article 17 de la CADHP dispose que :  Toute personne a droit à l'éducation.  Toute personne peut prendre part librement à la vie culturelle de la Communauté.  La promotion et la protection de la morale et des valeurs traditionnelles reconnues par la Communauté constituent un devoir de l'Etat dans le cadre de la sauvegarde des droits de l'homme. L’éducation est un droit essentiel, qui permet à chacun de recevoir une instruction et de s’épanouir dans sa vie. Le droit à l’éducation est vital pour le développement économique, social et culturel de toutes sociétés. Parfois, la plupart des pays reconnus comme pauvre du monde a un taux d’analphabetisation très élevés comme Madagascar. Il est de la responsabilité de l’Etat de garantir le droit à l’éducation de chaque enfant. Il doit donc concentrer leurs efforts sur l’enseignement primaire pour rendre les écoles accessibles et gratuites à tous les enfants et ainsi leur permettre d’apprendre à lire et à écrire.

Or avec l’exacerbation du phénomène dahalo, la plupart des écoles sont fermées et cela porte atteinte au droit à l’éducation.

e) Le droit à la paix

Le droit à la paix est lié au droit à la sécurité car on ne peut pas envisager la paix sans sécurité. Mais le droit à la paix est aussi prévu dans l’article 23 de la CADHP : « Les peuples ont droit à la paix et à la sécurité tant sur le plan national que sur le plan international »56

56 Bureau du Haut-commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme à Madagascar, « Recueil des textes régionaux sous régionaux et internationaux relatifs aux droits de l’homme ratifiés par Madagascar », op cit page 126 26

Lors des attaques des dahalo, les victimes quittent leur habitation pour s’enfuir dans la forêt, ils craignent toujours du retour des dahalo.

f) Le droit à la protection de la famille

L’article 18 de la CADHP dispose que :

1. La famille est l'élément naturel et la base de la société. Elle doit être protégée par l'Etat qui doit veiller à sa santé physique et morale. 2. L'Etat a l'obligation d'assister la famille dans sa mission de gardienne de la morale et des valeurs traditionnelles reconnues par la Communauté. 3. L’Etat a le devoir de veiller à l'élimination de toute discrimination contre la femme et d'assurer la protection des droits de la femme et de l'enfant tels que stipulés dans les déclarations et conventions internationales. 4. Les personnes âgées ou handicapées ont également droit à des mesures spécifiques de protection en rapport avec leurs besoins physiques ou moraux.

Or ce qui se passe lorsque les dahalo attaquent, c’est que la famille se trouve menacée.

g) Le droit au développement

Le document révolutionnaire, adopté par l'Assemblée générale des Nations Unies le 4 décembre 1986, a d'abord proclamé ce droit inaliénable, en déclarant que tout le monde a « le droit de participer et de contribuer, et profiter du développement économique, social, culturel et politique dans lequel tous les droits et les libertés fondamentales peuvent être pleinement réalisés.L’année 2011 marque le vingt-cinquième anniversaire de la Déclaration. Pourtant, nombreux sont les enfants, femmes et hommes − les acteurs mêmes du développement − qui vivent toujours dans le cruel besoin de réaliser leur droit à la dignité, à la liberté et à l’égalité des chances, ce qui compromet directement l’exercice d’un grand nombre de droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels.»57 La perte de bœufs constitue un blocage économique pour la population et pour le peuple entier car ces bétails participent activement dans le progrès économique à Madagascar, car non

57 Nations-Unies, « Vingt-cinquième anniversaire de la déclaration des Nations-Unies sur le droit au développement », http://www.un.org/fr/events/righttodevelopment/ consulté le 2 avril 2018 27 seulement ils labourent la terre pour la production agricole mais constituent une richesse pour le pays.

2/ Manifestation de la violation de ces droits précités par l’Etat

a) Perte de zébus : atteinte au droit de propriété constitutive de violence économique

L’inertie de l’Etat de ne pas prendre les mesures nécessaires afin de lutter efficacement contre le phénomène dahalo constitue déjà un non-respect de sa part des droits dont les victimes auraient pu bénéficier s’il aurait su les prendre à l’avance. Les journaux ne cessent pas d’alarmer l’Etat sur la recrudescence du phénomène dahalo en rapportant des faits nouveaux en la matière mais aucune prise en considération de la situation n’est constatée de sa part. Actuellement, l’effectif des bœufs diminuent beaucoup. Le prix de la viande de bœufs ne cesse d’augmenter. Cela porte atteinte au « droit des propriétés » car les bœufs constituent non seulement une richesse mais c'est un animal qui rend de grands services aux cultivateurs. L’article 17 de la DUDH stipule que : « Toute personne aussi bien seule qu’en collectivité a droit à la propriété. Nul ne peut être arbitrairement privé de sa propriété. » Constitue ainsi un manquement de la part de l’Etat de ne pas avoir pris les précautions nécessaires pour éradiquer de manière efficace le phénomène dahalo. Les violences économiques rapportés aux victimes se réfèrent exclusivement au pillage et vol de biens, notamment de zébus.

b) L’atteinte au droit à l’éducation

La suspension de leur scolarisation font perdre aux enfants le goût des études, elle est induite par la fermeture des écoles, l’absence des enseignantsayant fui, la peur des attaques lorsque l’école se trouve loin, les fuites des familles dans la forêt, ect…Le problème d’accessibilité géographique et économique des centres de santé est exacerbé par les raids dahalo. 58

c) L’atteinte au droit à la paix

La paix est menacée par le phénomène dahalo. Le peuple victime vit dans une véritable frustration même après l’attaque des dahalo car il craint quand même des éventuels retours des

58 Henri Rasamoelina, Madagascar. État, communautés villageoises et banditisme rural. Op cit page 206 : « village délaissé, écoles fermées. Dans le fivondronampokontany d’Ambalavao 52 maisons incendiées et 43 villages délaissées en 1984. Quant aux écoles ; de 1981 à 1989, 78 écoles fermées, soit incendiées soit les enseignants ont quitté par peur. » 28 malaso.Le rapport de la FNUAP en 2017 ou fonds des Nations Unies pour la populationtémoigne cela. «L’abandon de leurs terres par les habitants ayant fui leur village à cause des dahalo aurait aussi réduit les travaux agricoles, et de fait la production. Les femmes restreindraient leurs activités productives par peur des attaques des dahalo. Elles travaillent moins longtemps qu’auparavant dans les champs qui sont généralement éloignés. Pourtant, leurs activités productives assureraient les menues dépenses du ménage, à partir de la vente des produits agricoles, artisanaux ou de commerce. »59 Il appartient à l’Etat de rétablir la paix dans les endroits tourmentés par les dahalo.

d) Le droit au développement

Dépouillés de leurs zébus, les hommes sont privés de leurs principaux moyens de travail, de subsistance et d’existence, ils sont réduits dans la misère et pauvreté. Leur rôle de pourvoyeur de ressources annihilé et va donc dépendre de la charité des tiers, ce qui est contraire à leur mentalité d’homme. Leur dignité serait empiété au fait que leur autonomie économique et sociale se trouve bafoué. « Du côté des femmes, les violences économiques rapportées par les femmes victimes se réfèrent quasi exclusivement au pillage et vol des biens, notamment de zébus. Les femmes chefs de ménage subissent une double violence (perte de zébus) dans la mesure où leur travail dans les champs en est tributaire. Elles se sentent ainsi dépouillées de leur moyen de production lorsque les dahalo les ont pillés. »60

B/ Manquement de l’Etat face à son obligation de protéger les droits des victimes

« Un Etat de droit fort qui protège les droits de l’homme contribue à prévenir et atténuer la criminalité violente et les conflits en offrant des processus légitimes pour régler ceux-ci et en dissuadant de recourir au crime et à la violence. À l’inverse, le sous-développement économique et les inégalités peuvent favoriser l’un et l’autre. Dans ce contexte, le principe de la responsabilité de protéger, adopté par l’Assemblée générale dans le Document final du Sommet mondial de 2005, s’applique. Il dicte qu’il importe de promouvoir l’état de droit au niveau national et les organismes nationaux de défense des droits de l’Homme pour faire en sorte que les gouvernements disposent de tous les instruments nécessaires afin de s’acquitter de leur obligation de protéger leurs populations contre le génocide, les crimes contre l’humanité,

59 Rapport de la FNUAP « Etude sur le phénomène de violence basée sur le genre pendant les raids des dahalo », novembre 2017, pp 13-14. 60 Rapport de la FNUAP op cit 31 29 les crimes de guerre et le nettoyage ethnique, et appelle la communauté internationale à soutenir ces efforts. »61

Il appartient ainsi à l’Etat de prendre les mesures drastiques permettant de réduire lenombre des victimes des phénomène dahalo en adoptant une politique de réforme sécuritaire adéquate aux contextes nationaux. A Madagascar, on dirait que l’Etat est indifférent face aux mesures qu’il devrait prendre pour protéger sa population de ce phénomène dahalo. Certes, il lance les opérations militairespour l’éradiquer mais cela n’a pas permis de reculer le phénomène. Face à cet échec, jusqu’ici, aucune mesure satisfaisante n’a été prise à part l’augmentation des effectifs des forces armées et le renforcement des opérations militaires. Cette nonchalance constitue une abstention à protéger de manière efficace le peuple contre les dahalo. Il doit se rendre compte de l’inefficacité de sa stratégie depuis l’indépendance.

C/ Manquement de l’Etat face à son obligation de mettre en œuvre

« Il est vital d’établir des institutions garantes de l’état (sic) de droit pour assurer la sécurité immédiate ainsi que la stabilité nécessaire afin que la consolidation de la paix s’enracine. Des institutions judiciaires et pénitentiaires solides, ainsi que des organes de police et d’autres services de maintien de l’ordre responsables et qui respectent pleinement les droits de l’homme revêtent une importance critique pour le rétablissement de la paix et de la sécurité durant la période qui suit immédiatement un conflit. Ils permettent de traduire en justice les auteurs de crimes, favorisent le règlement pacifique des différends et rétablissent la confiance et la cohésion sociale sur la base de l’égalité des droits. Établir ces conditions est tout aussi important pour la paix et la sécurité que pour le développement durable. À ce propos, l’Organisation des Nations Unies ou ONU reconnaît la nécessité d’une approche globale et donc d’un appui à l’ensemble de l’appareil de justice pénale. Dans le cadre d’une telle approche visant à améliorer l’état de droit et le respect des droits de l’homme, il est essentiel de soutenir les efforts menés par les pays en vue de réformer le secteur de la sécurité. »62

61 Les Nations-Unies et l’Etat de droit, « L’Etat de droit et la paix et la sécurité », https://www.un.org/ruleoflaw/fr/rule-of-law-and-peace-and-security/ consulté le 25 avril 2018 62 Les Nations-Unies et l’Etat de droit, « L’Etat de droit et la paix et la sécurité », https://www.un.org/ruleoflaw/fr/rule-of-law-and-peace-and-security/ consulté le 30 avril 2018 30

Pour réduire les peines qu’endurent les victimes, l’Etat doit reconsidérer les besoins psychologiques de sécurité et de propriété des survivants. Ces dernières concourront ainsi à la réalisation effective des droits humains. A titre de rappel, l’obligation de mettre en œuvre signifie que l’Etat devrait, en amont prendre les mesures législatives, administratives et judiciaire afin d’anéantir le phénomène dahalo. Il devrait mener des réformes adéquates répondant au contexte national pour mieux améliorer sa situation sécuritaire et garantir ainsi les droits humains. En aval, il devrait soutenir la population victime de ce phénomène. Certes, vu la situation économique catastrophique de Madagascar, il est peut être difficile pour lui de débloquer une somme colossale pour rétablir l’état économique et social des victimes, mais en vertu du « principe de la réalisation progressive qui s’applique aux obligations positives de l’Etat de mettre en œuvre et de protéger les droits de l’homme, en particulier les droits économiques sociaux et culturels, »63 , il est tenu d’assurer dans la mesure du possible rétablir les droits humains bafoués après l’attaque des dahalo. Par exemple, en augmentant l’assistance médicale des victimes afin d’assurer leur droit à la santé, en augmentant le nombre des forces de l’ordre afin de leur garantir le droit à la paix…

63 Nations-Unies, « Droits de l’homme », guide à l’usage des parlementaires n°26, op cit page 35 31

Section 3/ Insuffisance des actions entreprises par l’État pour rendre effectif le droits de l’Homme L’Etat a entrepris des actions pour la promotion des DH liés à la lutte contre le phénomène dahalo avec le concours de la communauté internationale (Paragraphe 1)mais a aussi renforcé la capacité des FDS et mis en place de nouveau dispositif militaire dans certaines régions à Madagascar afin de lutter efficacement contre le phénomène dahalo (Paragraphe 2) par contre ses efforts semble insuffisant par le manque de suivi des actions entreprises (Paragraphe 3)

Paragraphe 1/ Les actions entreprises avec le concours de la communauté internationale dans le cadre de la réforme du secteur sécuritaire à Madagascar

« Le Premier Ministre Jean Ravelonarivo, assisté des autres membres du Gouvernement, a procédé, le 25 janvier 2016, à la remise officielle de la « Lettre de Politique Générale de la Réforme du Secteur de la Sécurité( Lpg/Rss) » (RSS) au Président de la République, . Bien que Madagascar n’ait pas connu de conflits violents, à l’image d’autres pays, notamment du continent africain, l’insécurité peut constituer une menace pour la gouvernance. Aussi, une mission d’évaluation conjointe des besoins de la Réforme du Secteur de la Sécurité à Madagascar avait été réalisée, à la demande du Gouvernement Malgache. Cette mission a été conjointement réalisée par l’Union Africaine, l’Organisation des Nations Unies, l’Union Européenne, la SADC, l’OIF et l’ASSN (Réseaux Africains du secteur de la sécurité). En 2015, plusieurs travaux de fond ont été accomplis, notamment la réflexion sur la méthodologie la mieux appropriée pour une RSS à Madagascar, la consultation et la mobilisation des forces vives issues des 22 régions et des districts afin de les impliquer sur les véritables enjeux de la RSS, l’organisation du séminaire national sur la RSS, au mois d’octobre dernier (2015) ; et enfin, la finalisation de la présente lettre de politique générale. Jusqu’à présent, plus de 80% des activités réalisées dans ce cadre ont été financée par les ressources nationales. »64 Il est vrai que la participation de l’Etat par le biais de ses ressources nationales dans le financement de ce projet de RSS est confirmée mais n’empêche que celui-ci a également eu l’appui des Nations-Unies dans le cadre du Fonds des Nations- Unies pour la consolidation de la paix et dont une partie est destinée à appuyer le processus de la RSS.

64 Dominique R. « Iavoloha : La réforme du secteur de la sécurité remise au chef d’Etat », journal Midi Madagasikara, 26janvier 2016, http://www.midi- madagasikara.mg/politique/2016/01/26/iavoloha-la-reforme-du-secteur-de-la-securite-remise- au-chef-de-letat/ consulté le 24 avril 2018 32

Ainsi, en janvier 2015, l’ONU a alloué une enveloppe de 11,5 millions USD, dans le cadre du Fonds des Nations Unies pour la Consolidation de la paix et dont une partie est destinée à appuyer le processus de la RSS 65 .En fait, c’est l’objet du projet ARSSAM qui est financé par le Fonds pour la Consolidation de la Paix des Nations Unies et qui vise à appuyer le processus de Réforme du Secteur de la Sécurité à Madagascar. 66

Par définition, « La RSS est un levier pour rétablir la confiance entre la population, d’une part et les prestataires de sécurité et de justice, d’autre part. L’objectif est de se doter de forces de défense, de sécurité et de justice professionnelles (efficaces, efficientes, responsables et redevables à l’Etat mais également à chaque citoyen malagasy), capables de répondre aux attentes de la population en matière de sécurité . La Lpg/Rss a identifié huit piliers fondamentaux sur lesquels seront déclinées les stratégies. Il s’agit des fournisseurs de Sécurité : (1) l’Armée (Terre-Air-Mer), (2) la Police Nationale, (3) la Gendarmerie Nationale, (4) l’Administration du Territoire (incluant la Douane, les Gardes Forestiers et les autres Forces Paramilitaires), (5) les Services de Renseignements ; et les organismes de gouvernance, de contrôle et de gestion de la sécurité : (6) la Justice, (7) le Parlement et (8) les Acteurs Non- Étatiques.»67

Le projet RSS est un projet qui a beaucoup impliqué plusieurs acteurs au niveau national, il a fait même l’objet de séminaire afin de permettre à toutes les forces vives soucieuses de la sécurité à Madagascar. Ceci est un grand pas pour le pays afin de mieux avancer ensemble sans exclusion vers la paix et la sécurité, bases et ingrédients essentielles pour la mise en œuvre effective des droits de l’Homme.

Paragraphe 2/ Le renforcement de capacité des FDS et mise en place de nouveau dispositif militaire dans certaines régions à Madagascar afin de lutter efficacement contre phénomène dahalo

65 R. Edmond, « Un processus financé à hauteur de 11,5 millions USD par l’ONU », journal Midi Madagasikara, 16 septembre 2017, http://www.midi- madagasikara.mg/economie/2017/09/16/rss-un-processus-finance-a-hauteur-de-115-millions- usd-par-lonu/ consulté le 26 avril 2018 66 T.M, « Sécurité des frontières : Madagascar se met aux normes internationale », journal Midi Madagascar, 23 février 2018, consulté le 18 avril 2018 67 Solo Rabefiringa, « Réforme du secteur de la sécurité : adhésion populaire requise pour une appropriation idoine », journal Madagascar matin, http://www.matin.mg/?p=22933 consulté le 26 avril 2018 33

a) Le renforcement de la capacité des FDS

Les Nations Unies ont donné des formations aux FDS afin que ces derniers puissent balancer leurs actions dans l’accomplissement des opérations militaires tendant à lutter contre ce phénomène. Cela a pour but de les aider à mieux comprendre les droits humains et les respecter sur les terrains où les FDS font l’opération de lutte contre le phénomène dahalo.

L’appui technique des Nations Unies dans le cadre de la RSS grâce au projet ARSSAM ou projet d’appui à la réforme du secteur de la sécurité à Madagascar, se traduit aussi par « le renforcement des compétences et capacités des forces de défense et de sécurité (FDS), la consolidation des mécanismes de contrôle et la promotion de la confiance entre FDS et la population. Madagascar a obtenu un financement du Fonds pour la Consolidation de la Paix (PBF) dans lequel s’inscrit le projet Appui à la RSS à Madagascar (ARSSAM) pour une durée de 2 ans (septembre 2016 à décembre 2018) mis en œuvre conjointement par le PNUD, l’OIM, l’UNICEF, l’OHCHR, et l’UNFPA»68 La formation des FDS est cruciale pour la promotion des droits de l’homme face à la lutte contre le phénomène dahalo. Mais force est de constater que les formations obtenues restent vaines si aucun suivi ne serait établi par le partenaire financier et technique ainsi que l’Etat lui-même. Sans suivi, il est difficile d’envisager la valeur de droits de l’Homme et sa place dans la nation ainsi que de connaitre les impacts des efforts déployés à la population. b) Mise en place des dispositifs militaires Après la mise en place d’un nouveau régime à la suite des mouvements populaires de 1991, l’Etat-major de l’armée propose la formule de « Détachements autonomes de sécurité » regroupant chacun une dizaine de militaires en 1994. 69 A Madagascar les DAS sont implantés dans les zones rouges comme « le détachement Autonome de sécurité à Ambatolampy Tsiroanomandidy »70 .

68 Madame Le Représentant Résident du PNUD, galaxy Andraharo, « Procurement Notices », http://procurement-notices.undp.org/view_notice.cfm?notice_id=42242 consulté le 4 mai 2018 69 Henri Rasamoelina, « Madagascar, Etat, communautés villageoises et banditisme rural. » op cit p 216 70 Seth Andriamarohasina, “ Guet-apens contre l’armée- vingt dahalo laminés depuis un helicopter”, journal l’express de Madagascar, 8 septembre 2017, https://www.lexpressmada.com/08/09/2017/guet-apens-contre-larmee- vingt%E2%80%88dahalo%E2%80%88lamines%E2%80%88depuis%E2%80%88un%E2%80%88helic optere/ consulté le 1 er mai 2018 34

A part le DAS, l’Etat a également mis en place l’Unité spéciale anti-dahalo ou USAD. « Elle a été créée par un décret pris en conseil des ministres le 9 mars 2016. Comme son nom l’indique elle a été conçue pour éradiquer ces actes de banditisme qui ne cessent de gagner du terrain dans le Sud du pays. Cette nouvelle unité va ainsi renforcer celle de la gendarmerie nationale. Ces décisions ont été prises afin de faire régresser les actes de banditisme dans le Sud du pays.»71 Et enfin le BIA ou le bataillon interarmes de l’armée Malagasy a aussi été installé pour lutter contre le phénomène dahalo. En fait, « Le Bataillon Interarmes de l’Armée malgache (BIA) spécialisé dans la lutte contre l’insécurité dans la grande région du Sud et du Sud-Ouest de Madagascar a été installé officiellement à Ihosy, la capitale de la Région Ihorombe, par le Président de la République ce 6 octobre (2017). La mise en place de ce bataillon, le premier du genre dans le pays s’inscrit dans le cadre de la RSS, la Réforme du Secteur de la Sécurité. Sa mission est d’assurer la sécurité de la population et de ses biens, et couvre sept régions : Atsimo- Andrefana, Atsimo-Atsinanana, Anosy, Androy, Haute Matsiatra, Menabe et Ihorombe .L’installation du BIA à Ihosy est d’une importance particulière dans la lutte contre l’insécurité, pour l’instauration de la sécurité et de la paix sociale dans le Grand Sud qui constituent un grand défi pour l’État. Le B.I.A est composé d’éléments issus des forces terrestres, les forces aériennes et navales de l’Armée. Il s’agit des parachutistes du 1 er RFI, les forces spéciales navales d’Antsiranana, ainsi que les forces spéciales formées à Ambatoloana. Ces éléments d’élite vont combattre le phénomène dahalo et l’insécurité récurrente dans les 7 régions concernées. Les éléments issus des forces aériennes vont notamment piloter les petits aéronefs et les hélicoptères utilisés dans les opérations. »72 De tout ce qui précède, on peut d’un côté dire que l’Etat renouvelle à chaque fois ses stratégies pour mieux lutter contre le phénomène dahalo, c’est une bonne volonté politique de sa part mais d’autre côté, ses stratégies doivent tenir compte aussi des structures de bases qui sont les fokonolona, en tant que levier pour le développement sécuritaire que ce soit dans le monde rural ou urbain. Dans la plupart des attaques des dahalo, les fokonolona ont beaucoup fait des efforts dans la récupération des bœufs volés. Ainsi, il est temps actuellement de les fournir des moyens financiers et matériels pour les aider dans l’éradication du phénomène dahalo.

71 Dominique R., “Unité spéciale anti-dahalo: l’armée en renfort”, journal Midi Madagasikara, 2 avril 2016, http://www.midi-madagasikara.mg/politique/2016/04/02/unite-speciale-anti-dahalo- larmee-en-renfort/ consulté le 1 er mai 2018 72 La présidence de la République “ Installation du bataillon interarmes de l’armée Malagasy (BIA) à Ihosy, », http://www.presidence.gov.mg/installation-du-bataillon-interarmes-de-larmee- malagasy-b-i-a-a-ihosy/ consulté le 5 mai 2018 35

Paragraphe 3/ Le manque de suivi des actions entreprises : handicap pour la promotion de droit de l’Homme

L’un des problèmes à Madagascar est cette absence de suivi face à tous les projets entrepris. Or l’Etat doit rendre compte au peuple sur les résultats des actions entreprises dans tous les domaines que ce soit politique, économique ou social. A part cela, l’Etat doit également prendre en compte les critiques émis par la presse, les sociétés civiles, et la communauté internationale. C’était le cas avec l’opération tandroka qui a été vivement critiqué car même l’ « Amnesty International diffuse un rapport sur l’opération tandroka. Il s’intitule « Madagascar doit mettre fin aux massacres et enquêter sur les forces de sécurité ». 73 Mais à titre de critique à propos de suivi par l’intermédiaire des rapports émis, c’est par rapport à la fiabilité des données statistiques car selon Hans Maier « la fiabilité des données statistiques pour Madagascar est relative. Dans son rapport intermédiaire sur la mise en pratique des OMD ou objectifs du millénaire pour le développement, le ministre de l’intérieur signale que, (selon Hans Maier) : « les données statistiques sont incohérentes et insuffisantes, elles ne couvrent pas tout le territoire. Il n’y a pas de normes de procédures communes ni pour la récolte, le traitement et l’évaluation des données ni pour la définition des indicateurs. Il n’y a pas de culture de recensement statistique et leur valorisation pour la planification. » (Rapport national de suivi des OMD-2007 « visions 2015 Madagascar », produit et publié par le ministère de l’intérieur malgache et le coordinateur de l’ONU à Madagascar. Les données statistiques se réfèrent à l’année 2005.) »74 Pour mieux avancer, il faut avoir une statistique fiable avec le concours des autorités locales de bases et la population. Il faut intégrer le territoire entier pour pouvoir avancer vers le développement inclusif. « A Madagascar, le droit à l’intégrité de la personne humaine est particulièrement compromis dans plusieurs domaines. »75 Il est donc temps, de faire une descente sur terrain effective et sérieuse afin d’établir un rapport fiable qui nous permettra d’avoir une politique claire dans la promotion de droits humains. De même, pour que la lutte contre le phénomène dahalo aille de pair avec le respect des exigences du DIDH, une entité spéciale doit être créée pour regarder la réalité dans les zones rurales pour nous permettre de comprendre la situation et prendre des mesures pour que la lutte soit efficace.

73 Bilal Tarabey, op cit p 89 74 Hans Maier, op cit page 63 75 Hans Maier, op cit p 63 36

Chapitre II/ Violation du DIDH par les forces de l’ordre pendant l’opération de lutte contre les dahalo

Il est très important de rappeler de manière générale les obligations des forces de l’ordre en matière de droit de l’homme (Section 1) puis de démontrer avec des faits réels qu’ ils portent atteinte au DIDH (Section 2) et que leur excès de pouvoir ne fait qu’entraver l’effectivité du DIDH ( Section 3)

Section 1/ Rappel général des obligations des forces de l’ordre en matière de droit de l’homme

Parlons d’abord de la composition des forces de sécurité à Madagascar (Paragraphe 1)avant d’évoquer ses obligations en matière de droit de l’Homme (Paragraphe 2)

Paragraphe 1/ Composition des forces de sécurité à Madagascar.

Les Forces de sécurité « ce sont principalement les éléments de la Gendarmerie nationale qui assument la lutte contre les dahalo au quotidien. »76 Les forces de l’ordre ou les FDS sont formées à compter du 1 er octobre 1975, notamment par l’ensemble du personnel de l’armée de terre, de mer et de l’air, du service civique, qui constituent l’armée populaire et par le personnel de la Zandarimariam-pirenena. 77 « A Madagascar, les forces armées regroupent la gendarmerie nationale et l’Armée. Leur rôles et missions sont définis par le texte en vigueurs. Classiquement, la tâche de l’Armée est plutôt focalisée sur la Défense Opérationnelle du Territoire, elle est chargée de veiller à l’exécution des lois et règlements de tous ordres : « le gendarme est le soldat de la loi ». La compétence de la gendarmerie est générale en matière d’information et de renseignement. La coopération des Forces armées avec la Police Nationale dans le cadre du maintien de l’ordre est définie par le décret n°84-056 portant création de l’Organisation Mixte de Conception (OMC) du 8 février 1984. Cette coopération tripartite trouve son origine dans l’insuffisance de l’effectif des forces de l’ordre de Madagascar. »78

76 Rapport de la FNUAP, op cit page 37 77 Selon le décret n°75-202 portant création des forces armées, article premier 78 Mampionona Arizay Victorien Rabearisoa, « Rôles et missions des forces armées dans une démocratie naissante » Le cas de Madagascar, Friedrich Ebert Stiftung, octobre 2013, p 3 37

Paragraphe 2/ Obligation des forces de sécurité en matière de droit de l’Homme

L’article 6 du décret 97-1133 portant règlement de discipline générale dans les forces armées stipule les obligations générales du militaire en disposant que : le premier devoir du militaire est d’acquérir et de conserver des valeurs morale et combattante indiscutable. Cette valeur morale a pour base : • Un attachement indéfectible à la patrie • La volonté de servir utilement le pays et ses institutions • Un respect strict de la constitution des et règlement • L’intégrité et la dignité personnelle de citoyen et de soldat • La confiance dans les chefs et les camarades • Le respect de la personne humaine Leur soumission à la constitution et leur obligation au respect de la personne humaine oblige les forces de sécurité à respecter le DIDH. Ainsi, dans l’accomplissement de leur missions ; ils sont tenus de respecter les droits humains. « Les droits de l’homme imposent d’importantes restrictions aux actions des forces de défense et de sécurité et à l’usage de la force. Ils les soumettent de manière stricte aux principes de légalité, de proportionnalité, d’humanité, de distinction, et de nécessité. Ces restrictions contribuent à garantir le respect des droits de l’homme. Les forces de défense et de sécurité doivent non seulement respecter les droits de l’homme, mais aussi les protéger activement. Elles doivent par exemple arrêter un suspect afin de protéger les droits des victimes. Cette obligation de protection qui incombe aux forces de défense et de sécurité affirme que les droits de l’homme constituent le fondement de leur travail ». 79 Leur obligation se résume donc dans le respect de certains principes qui limitent leurs actions comme, le principe de légalité, de proportionnalité, d’humanité, de distinction et de nécessité. Ainsi donc : • Le principe de légalité oblige les FDS à respecter les droits humains prévus dans la constitution et les conventions internationales ratifiées par Madagascar. • Le principe de proportionnalité les oblige à balancer les armes à utiliser pendant les raids des dahalo, il leur est interdit d’utiliser des armes nucléaires.

79 Document portant sur « Les droits de l’homme et les forces de défense et de sécurité » octroyé aux FDS lors de leur formation par l’OHCHR. 38

• Le principe d’humanité les oblige à bien choisir les armes à utiliser en fonction de l’attaque à mener pour mieux protéger la population civile, en ne cibler que les dahalo, et à soigner les victimes de l’attaque même les dahalo blessé. • Le principe de distinction les oblige à distinguer les dahalo de la population civile. • Enfin ; le principe de nécessité les obligent à n’employer que les mesures et moyens proportionnels et nécessaire à l’attaque. Pratiquement, la plupart de ces principes comme les principes de proportionnalité, de nécessité, d’humanité, et de distinction s’inscrivent dans la préservation du droit à la vie, et l’interdiction de la torture car d’après l’ouvrage spécifique des Nations-Unies sur « les normes relatives aux droits de l’homme et leur application pratique », il y a des normes à respecter dans le recours à la force et utilisation des armes à feu par les forces de l’ordre ; ainsi, selon ce document, « les moyens non violents doivent être tentés avant tout recours à la force. », « La force ne doit être utilisée qu’en cas de stricte nécessité » (principe de nécessité), « Les recours à la force doit être toujours proportionnel aux objectifs légitimes visés »(principe de proportionnalité), « Les dommages et les blessures doivent être réduits au maximum » (principe d’humanité)80

Section 2/ Les réalités montrant que les forces de l’ordre portent atteinte au DIDH Les forces de l’ordre portent atteinte aux DHà l’égard des dahalo (Paragraphe 1) mais aussià l’égard des victimes du vol de bœufs (Paragraphe 2)

Paragraphe 1/ A l’ égard des dahalo eux-mêmes

« (…) Les hommes et les femmes, tous et toutes méritent de jouir pleinement de leurs libertés fondamentales (…) ». « Les opérations militaires ne justifieront jamais les atteintes aux droits de l'Homme, pas plus ici qu'ailleurs ». « La torture n'a pas sa place dans notre monde moderne, et Madagascar ne fait pas exception » 81 Cet extrait du discours de Ban Ki-moon devrait normalement alerter les FDS face à la lutte contre le phénomène dahalo car même la

- 80 Haut-commissariat des Nations-Unies aux droits de l’homme, « Les normes relatives aux droits de l’Homme et leur application pratique », répertoire de poche à l’intention de la police, New York, Genève, 2003, page 33, http://www.ohchr.org/Documents/Publications/training5Add3fr.pdf , consulté le 23 avril 2018

81 Hery Mampionona, « Droits de l’homme et libertés fondamentales à Madagascar-Ban Ki-Moon cloue l’exécutif au pilori », journal La vérité ,12 mai 2016 http://www.laverite.mg/politique/item/709-droit-de-l- homme-et-libert%C3%A9s-fondamentales-%C3%A0-madagascar-ban-ki-moon-cloue-l-ex%C3%A9cutif-au- pilori.html consulté le 19 avril 2018 39 communauté internationale constate cet excès des forces de l’ordre dans l’accomplissement de leur mission pendant l’opération militaire contre les dahalo.

En règle générale, « En ce qui concerne les enquêtes, l’audition des témoins, des victimes et des suspects, les fouilles corporelles… :

• Tout individu a droit à la sécurité de sa personne • Toute personne a droit à un procès équitable • Toute personne est présumée innocente jusqu’à ce que sa culpabilité ait été établie au cours d’un procès équitable • Nul ne sera l’objet d’immixtions arbitraires dans sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa correspondance • Aucune pression physique ou mentale ne sera exercée sur des suspects, témoins ou victimes dans le but d’obtenir des informations • L’usage de la torture et autres traitements inhumains ou dégradants est absolument interdit…. »82 La liste est encore longue mais l’interprétation un à un de la mise en pratique de ces droits suffit à dire que les FDS violent les droits humains de dahalo dans leur mission de lutte contre le phénomène dahalo.

Concernant par exemple l’interdiction de la torture, le rapport de la FNUAP en novembre 2017 à propos de l’étude sur le phénomène de violence basée sur le genre pendant les raids des dahalo confirme que « les gendarmes (sic), on ne peut pas compter sur eux. Il est dit qu’ils ont à protéger la population et ses biens alors que ce sont les hommes ici qu’ils torturent. »83 On parle là des hommes dans le village et pas les dahalo. A part cela, l’article de Bilal Tarabey confirme aussi que « Les militaires n’ont pas appliqué la loi. On a vu les militaires envelopper quelqu’un dans un matelas et le brûler. »84 Cela est carrément contraire aux droits de l’Homme.

Concernant par exemple le droit à la sécurité des individus, le même rapport d la FNUAP rapporte que « souvent les gendarmes n’arrivent qu’après que le fokonolona ait combattu les

- 82 Haut-commissariat des Nations-Unies aux droits de l’homme ; « Les normes relatives aux droits de l’homme et leur application pratique », répertoire de poche à l’intention de la police, New York et Génève, 2003, pp 13-14 , http://www.ohchr.org/Documents/Publications/training5Add3fr.pdf consulté le 1 er mai 2018

83 Rapport de la FNUAP, op cit page 38 84 Bilal Tarabey, op cit page 178 40 dahalo… »85 Or, le premier garant de la sécurité ce sont les FDS. S’ils ne seront que des docteurs après la mort, ils serviront à quoi alors ? A Madagascar, les défaillances du service public se reflètent quand lesdrames arrivent, parfois quand il y a un incendie en pleine ville, les pompiers n’arrivent pas à temps. C’était le cas rapporté par le journal Midi Madagasikara le 20 décembre 2016 où « les pompiers ont répondu à l’appel des victimes, mais ne sont arrivés qu’une fois le feu éteint ». 86 Le service de la sécurité public ou le service de la police partage la même faiblesse avec ce retard dans le fonctionnement de leur service.

En ce qui concerne le droit à un procès équitable, cela a été depuis longtemps bafoué car selon Henri Rasamoelina, une 2ème vague d’opérations militaires au cours des années 1986, 1987, 1988 démontre que« des opérations dites « tsy minday mody », «Diamanga », « Tsy mitsitsy » où ceux qui sont pris ou soupçonnés comme étant dahalo sont fusillés sans aucune forme de procès. La partie nord du betsileo a été touché par ces opérations en 1987 et 1988 ainsi que la Haute Matsiatra »87 . Or comme tout être humain, les dahalo ont aussi un droit au procès.

Tout cela démontre l’atrocité des FDS envers les dahalo mais parfois aussi envers la population. Comme nous venons de voir, la communauté internationale, par l’intermédiaire de Ban Ki Moon ancien secrétaire générale des Nations-Unies, les journaux, certains auteurs malgaches comme Henri Rasamoelina et auteurs étrangers comme Bilal Tarabey ont déjà dénoncé les actes barbares des FDS dans la lutte contre le phénomène dahalomais la question se pose si les critiques émis ont vraiment eu un impact dans l’amélioration du service de sécurité à Madagascar face à la recrudescence du vol de zébus.

Paragraphe 2/Les atteintes infligées aux victimes du vol de bœufs par les forces de l’ordre

A Les droits de l’Homme des victimes

L’ouvrage spécifique des Nations Unies sur « les normes relatives aux droits de l’homme et leur application pratique » citent que :

85 Rapport de la FNUAP, p 38 86 Kanto R. (Stagiaire), « Ambohimirary- Ampasampito : La maison a pris feu pendant que la propriétaire assisatit à un mariage. », journal Midi Madagasikara, 20 décembre 2016, http://www.midi-madagasikara.mg/faits-divers/2016/12/20/ambohimirary-ampasampito- maison-a-pris-feu-pendant-proprietaire-assistait-a-mariage/ consulté le 18 avril 2018 87 Henri Rasamoelina, Madagascar. État, communautés villageoises et banditisme rural. Edition l’Harmattan,op cit p 216 41

• « Toutes les victimes de la criminalité, d’abus de pouvoir ou de violations des droits de l’homme doivent être traitées avec compassion et respect. • Les victimes doivent avoir accès aux instances judiciaires et à une réparation rapide. • Les procédures permettant d’obtenir réparation doivent être rapides et équitables, peu coûteuses et accessibles. • Les victimes doivent être informées de leur rôle dans les procédures judiciaires, des possibilités de recours qui leur sont offertes, des dates et du déroulement des procédures et de l’issue de leurs affaires. • Les victimes doivent recevoir toute assistance juridique, matérielle, médicale, psychologique et sociale dont elles ont besoin et être informées de l’existence d’une assistance. • Les victimes doivent recevoir réparation de l’État lorsque des fonctionnaires sont responsables des préjudices subis. • Les policiers doivent recevoir une formation qui les sensibilise aux besoins des victimes ainsi que des instructions visant à garantir une aide prompte et appropriée pour les victimes. »88 La liste est encore longue mais le plus important c’est de démontrer comment les forces de l’ordre déshonorent-ils ce droit.

B La violation de ces droits par les forces de l’ordre

Les missions des forces de l’ordre ne se limitent pas à protéger la population et ses biens mais assister aussi les victimes en cas de conflit. Or plusieurs personnes surtout les femmes éprouvent lanon-assistance de l’Etat et des forces de l’ordre après l’attaque des dahalo. Le dernier rapport de la FNUAP démontre que les femmes sont « les plus désorientées quant aux structures appropriées pour résoudre des questions liées aux raids dahalo. Ensuite, elles ne savent pas toujours que les violences basées sur le genre qu’elles subissent peuvent faire l’objet de recours ni qu’elles sont qualifiées comme telles. Enfin la précarité de leur situation les bloque davantage à se tourner vers un recours qui engendrerait des dépenses qui les accableraient encore plus ». 89 En outre, les centres de santé ne sont pas considéréscomme une option pour les victimes des raids dahalo, par ailleurs, les tribunaux n’entrent pas dans leurs habitudes vu les prix couteux

88 Haut commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, « Les normes relatives aux droits de l’Homme et leur application pratique », op cit pp 77-78-79 89 Rapport de la FNUAP, op cit page 45 42 des frais de dossiers, à part il y a les dépenses liées à l’éloignement du tribunal ainsi que la méfiance envers la justiceselon toujours ce rapport de la FNUAP 90 . Tout cela rend difficile la mise en œuvre des droits des victimes cités plus haut. Mais malgré cela, les FDS avec le concours de l’Etat doivent travailler coude à coude pour aider les victimes du raid dahalo car cela fait partie de leur responsabilité.

Section 3/L’excès de pouvoirs de la part des forces de l’ordre pendant la lutte contre les dahalo : entrave à l’effectivité du DIDH

Cet excès de pouvoir se manifeste par l’implication des forces de l’ordre dans la corruption(Paragraphe 1) et dans l’abus de fonction (Paragraphe 2) mais aussi dans les actes de banditismes (Paragraphe 3)et à titre de remarque, elles constituent parfois un poids pour la population (Paragraphe 4).

Paragraphe 1/ Éléments des forces de l’ordre impliqués dans la corruption : violation de l’article 3 du protocole de la SADC contre la corruption.

Le ministère de la défense malgache a sorti des directives après l’année 2012 marquée par l’intervention militaire à propos de Remenabila avec « l’opération Tandroka. ». En fait, ces directives démontrent les défaillances organisationnelles et techniques des forces de l’ordre pendant l’accomplissement de l’opération. Dans le présent paragraphe, on va démontrer les actes de corruption des forces de l’ordre.

D’après les directives du ministre de la défense : « En milieu rural, l’année 2012 a été marquée par les vols massifs de bovidés par des bandes armées allant jusqu’à la centaine dans la région d’Anosy depuis mars 2012. Malgré les polémiques sur le respect des droits humains et l’opportunité de l’intervention, l’opération menée par des éléments mixtes des Forces Armées pour donner un coup d’arrêt au phénomène a été fortement appréciée par la population bénéficiaire. Toutefois, le phénomène a mis à nu certaines lacunes des éléments

90 Ib idem 43

sur le terrain : le gain du terrain de la corruption du fait des longs séjours dans les lieux d’affectation (source de relations gênantes, de routine, …), de l’éloignement relatif de ceux-ci à cause de leur enclavement et de l’insuffisance des contrôles »91 .

Cela démontre que la plupart des forces de l’ordre font des actes de corruption. Malgré ces directives, la corruption continue toujours au sein de ces éléments.

A titre d’exemple sur le cas de corruption, dénoncé par les députés récemment en novembre 2017 dernier lors de leur face à face aux ministres responsables de sécurités à Tsimbazaza a été rapporté par le journal Midi Madagasikara : « Toutes les interventions ont été axées sur l’insécurité grandissante sévissant aussi bien au niveau des grandes villes que dans les brousses. Les membres de la Chambre basse n’ont pas mâché leurs mots pour dénoncer les abus et la corruption impliquant des éléments des Forces de l’ordre et des hauts responsables au niveau de la Justice. Des noms ont même été cités publiquement durant ce face-à-face. Pour ne citer que l’intervention du député Jao Jean qui a pointé du doigt un haut fonctionnaire au niveau du tribunal de Mandritsara, ou encore de la députée de Bealanana Volahaingo Marie Thérèse qui a cité des noms d’éléments des Forces de l’ordre dont un Lieutenant de la Gendarmerie dont accusés de corruption et d’abus…. »92

L’extrait du rapport de la FNUAP démontre cette cupidité des FDS. Ainsi « parmi les griefs de la population envers les éléments des FDS figurent la cupidité de ces derniers, favorisant la corruption des uns et des autres. Selon les déclarations recueillies, ils tireraient avantage de toutes les situations. Ils extorqueraient indûment de l’argent tant aux victimes qu’aux dahalo qui recourent à leurs « services ». De façon générale, les FDS ignoreraient les plaignants si ceux-ci viennent les mains vides. La prise en compte de leurs dossiers respectifs serait fonction de ce qu’ils pourraient donner en échange. Sinon les FDS exerceraient des pressions sur des personnes ciblées, sur la base de motifs fondés ou non, pour leur soutirer de l’argent. Il s’agirait d’une pratique courante, créant et entretenant un climat de vengeance et de violence perpétuant le phénomène dahalo. Un responsable d’une association témoigne que : « si par exemple une personne est accusée à tort, les gendarmes lui demandent de l’argent alors qu’elle n’en a pas les

91 Ministre de la défense : « Forces armées Malagasy : Directive du ministre pour l’année 2013 », communication 29 janvier 2013, http://www.defense.gov.mg/2013/01/forces-armees-malagasy- directives-du-ministre-pour-lannee-2013/ , consulté le 22 avril 2018 92 Davis R. « Assemblée nationale : les députés dénoncent la corruption et les abus des forces de l’ordre.» , journal Midi Madagasikara, 10 novembre 2017, http://www.midi- madagasikara.mg/politique/2017/11/10/assemblee-nationale-les-deputes-denoncent-la- corruption-et-les-abus-des-forces-de-lordre/ consulté le 16 avril 2018 44 moyens. Celle-ci se fait d’abord dahalo pour pouvoir payer les gendarmes. Dès que les gendarmes entendent parler d’une personne qui a des zébus, ils cherchent des motifs pour l’inculper. Ensuite, ils forcent la personne à leur donner de l’argent. C’est pourquoi les gens n’aiment pas les gendarmes car ils sont habitués à exploiter la population.». En outre pour le cas des dahalo, ces derniers n’hésiteraient pas à acheter les FDS si c’est nécessaire. Le plus souvent, il s’agirait des cas de capture lors de leur poursuite et ou de leur arrestation. Le fait que les Bara abhorreraient l’emprisonnement en constitue un facteur favorisant. En effet, qu’ils soient coupables ou non, ils prendraient d’eux-mêmes l’initiative de soudoyer les FDS pour éviter la prison à un membre de leur famille. Ceci ferait l’objet d’un véritable marchandage quant à la contrepartie à payer, en numéraires ou en zébus. Cette pratique suscite également, un sentiment de défiance et de mépris de la population envers les FDS et conforte l’audace des dahalo à baver les FDS. »93

Dans ce même rapport, une survivante témoigne égalementqu’ « il existe aussi des cas actuellement où dans leur poursuite des dahalo, les forces se retournent contre les propriétaires des zébus volés car les voleurs les ont corrompues. »94 Et un responsable de l’association confirme que « Les malaso donnent de l’argent aux gendarmes, quand ceux- ci obtiennent de l’argent, ils changent d’avis et tout le monde est libéré ». 95

« Victimes ou auteurs verseraient dans la corruption des gendarmes pour triompher devant la justice. La pratique de la surenchère serait courante profitant davantage aux gendarmes qu’à l’éradication du fléau du phénomène dahalo. La population elle-même en subit les contrecoups, dépouillée de leur cheptel de zébus pour s’acquitter du paiement des gendarmes. » Des témoignages recueillis font état de la difficulté, voire de l’impossibilité à éradiquer le phénomène dahalo. Les FDS ne seraient pas les seules à être touchées par la cupidité et impliquées dans le vol de zébus. Différents acteurs à tous les niveaux y contribueraient. Une autorité locale témoigne qu’ « il y a des délégués dans certaines localités qui peuvent blanchir les zébus volés en leur donnant de nouveaux passeports. C’est le chef qui les certifie(…) Et ils arrivent toujours à revendre les zébus. Selon l’autorité locale, « ce qui pose problème c’est qu’il y a des personnes haut placées qui sont de mèche avec eux (allusion aux dahalo). Comment les dahalo dans la forêt peuvent-ils se procurer des balles s’il n’y a pas de gens puissants qui leur en fournissent face à de telles situations, l’espoir sur l’éradication du phénomène dahalo serait

93 Rapport de la FNUAP ; pp 39-40 94 Rapport de la FNUAP ; op cit page40 95 Ib idem 45 vain. Le cercle vicieux dahalo-corruption-vengeance-violence étant toujours alimenté d’une façon ou d’une autre par divers acteurs. Le déracinement du phénomène dahalo et de la violence doit intégrer impérativement la lutte contre la corruption.»96

Tant que la corruption subsiste lors de la lutte contre le phénomène dahalo, il serait toujours difficile de respecter le droit international de droit de l’homme.La paix dans le monde rural resterait une utopie si l’Etat n’améliore pas ses stratégies dans lutte contre ce phénomène.

Paragraphe 2/ Tendance des militaires à abuser de leur fonction et de leurs armes pour faire des exactions viole l’article 6 sur le droit à la vie et 9 sur la sécurité des personnes du PIDCP.

L’opération Tandroka avait été vivement critiquée à cause des exactions faites par les forces de l’ordre. Ils abusent de leurs armes et tuent car « Des rumeurs concernant des exactions perpétrées par les militaires engagés dans l’opération Tandroka, se propagent, villages brûlés, exécutions sommaires….. Les militaires n’ont pas appliqué la loi. On a vu les militaires envelopper quelqu’un dans un matelas et le brûler. »97

La même directive du ministre de la défense citée plus haut rapporte les lacunes des éléments des forces de l’ordre en parlant de: « la tendance de certains militaires à abuser de leur fonction et de leurs armes pour faire des exactions »98 .Comme il est déjà indiqué plus haut, cette directive est prise suite aux interventions des forces de l’ordre lors de l’opération tandroka en 2012. Mais à titre de rappel, même après cette opération en 2012 ; cette tendance continue.

A titre d’illustration relative à cette tendance de certains militaires à abuser de leur fonction et de leurs armes pour faire des exactions, le journal Midi Madagascar a rapporté un fait montrant cet abus. En effet, on craint avec la création d’une unité spéciale au niveau de la gendarmerie nationale pour lutter contre les « Dahalo ». « La première Unité Spéciale Anti-

96 Rapport de la FNUAP ;, p 40 97 Bilal Tarabey, Madagascar Dahalo. Enquête sur les bandits du grand sud. No comment editions, 2014, p 89 et p 178

98 Ministre de la défense : « Forces armées Malagasy : Directive du ministre pour l’année 2013 », communication 29 janvier 2013, http://www.defense.gov.mg/2013/01/forces-armees-malagasy- directives-du-ministre-pour-lannee-2013/ consulté le 22 avril 2018 46

Dahalo (USAD), a été officiellement installée, ce 17 juin, par le président de la République, dans sa base opérationnelle de Mahabo, district de Betroka. Il s’agit d’une unité d’élite de la Gendarmerie Nationale créée en réponse à la persistance des vols de bœufs, en particulier dans le Sud du pays, et son objectif est de mettre fin à ce fléau, sinon à la réduire au minimum. » 99 .Force est de constater que jusqu’ à l’heure actuelle, la corruption autour du phénomène dahalosévisse toujours. A titre de comparaison, lorsque L’Etat malgache voulait lutter contre un problème crucial qui fait souffrir la nation, il créée une entité spéciale. C’était par exemple le cas avec « les tasks force » mais force est de constater que « les éléments de la Task Force ont été corrompus par les exploitants forestiers avant de devenir eux-mêmes des négociants de bois précieux. Pour eux, la tâche est beaucoup plus facile : il suffit de détourner les stocks de rondins saisis 100 .Voilà pourquoi on s’inquiète de la création de cette USAD, car une fois les bœufs saisis, qui se chargeront de contrôler de manière effective le circuit de ces derniers.

A titre d’illustration sur des faits d’abus de fonction et de détournement d’usage fait par certains éléments des forces de l’ordre récemment rapporté par le journal Midi Madagasikara est le suivant : « Deux dossiers ont été traités par le Bianco de la branche territoriale d’Antananarivo dans la région Menabe. Pour le premier dossier, le Bianco a été saisi d’une doléance rapportant les agissements d’un officier supérieur de l’armée commandant la région militaire numéro 5 qui aurait fait louer les entrepôts de l’armée pour son intérêt personnel. Les enquêtes effectuées auraient confirmé les allégations énoncées par les plaignants et le manque à gagner causé à l’Etat malagasy avoisinerait les 145 000 000 Ariary. Le colonel aurait été déféré dans la soirée du 21 septembre dernier auprès du parquet de Morondava pour répondre des faits d’abus de fonction et de détournement d’usage. Par la suite, il a été placé sous mandat de dépôt. »101

Tout cela nous permet de dire que les forces de l’ordre sont en partie responsables de la prolifération des armes qui permettent aux dahalo de s’en procurer facilement. A titre de

99 « La première unité spéciale anti-dahalo, installée », journal tribune Madagascar, samedi 18 juin 2016, http://www.madagascar-tribune.com/La-premiere-Unite-Speciale-Anti,22194.html consulté le 4mai 2018 100 Communiqué SeFaFi, Antananarivo, le 24 mai 2012, «Bois de rose : éclairage et propositions », publié dans le journal tribune Madagascar le, 29mai 2012, http://www.madagascar- tribune.com/Dossier-bois-de-rose-eclairage-et,17504.html consulté le 4mai 2018 101 Dominique R. « Bianco : un colonel de l’armée placé sous mandat dépôt », Midi Madagasikara, 23 septembre 2017, http://www.midi-madagasikara.mg/politique/2017/09/23/bianco-un-colonel-de- larmee-place-sous-mandat-de-depot/ consulté le 4 mai 2018 47

rappel historique des armes qui se sont éparpillées suite à certains évènements: « armes de guerre éparpillées dans le pays à la suite des pertes subies dans plusieurs dépôts militaires dans les enquêtes effectuées par la gendarmerie le 11 novembre 1988 auprès des prévenus dans cette affaire de « keliberano »102 , le chef de la bande nommé Tonjika a déclaré qu’il avait acheté 2 kalachnikovs et un fusil mass 33 auprès du fivondronampokontany d’Ihosy le 13 octobre 1985, au prix d’un million de francs malagasy »103 .

Même dans le passé, depuis que le phénomène dahalo a pris une allure préoccupante, les soupçons demeurent vrais en ce qui concerne le fait que les forces de l’ordre eux même qui livrent les armes aux dahalo. L’affaire « Keliberano » le démontre bien.

Paragraphe 3/ Implication des militaires dans les actes de banditismes porte gravement atteinte au droit à la paix et à la sécurité de la personne cité dans l’article 23 du CADHP

Dans ses directives citées plus haut, le ministre de la défensesuite aux affaires Remenabila, a aussi parlé de cette participation des militaires dans les actes de banditisme en disant que « Dans d’autres régions, des militaires sont même impliqués dans des actes de banditisme. La liste n’est pas exhaustive, en effet d’autres écarts de conduite ou de manque de professionnalisme peuvent encore être cités. »104 .

A titre d’illustration de cette intervention des forces de l’ordre aux actes de banditisme est le fameux affaire d’Antsakabary . A titre de résumé, « des agents des forces de l'ordre ont cherché à se venger après des incidents de justice populaire (…) et auraient incendié cinq villages à Antsakabary au motif que deux de leurs collègues auraient été assassinés par des villageois, et qu'une femme âgée est décédée de ses brûlures pendant l'attaque parce qu'elle

102 Henri Rasamoelina, Recueils. Publications académiques, édition Ivonea Fianarantsoa, 2017, p 107 : « L’acte de banditisme qui a tenu en haleine l’opinion publique est cependant l’affaire de Keliberano où en 1988, des voleurs de grand chemin ont tué dans un guet-apens, avec des kalachnikov une dizaine d’individus revenant du marché d’Ambalavao et qu’ils ont pris pour de riches marchands de bestiaux. Le procès a permis de connaître l’existence de trafics d’armes, ce qui explique le caractère de plus en plus meurtrier du vol de bœufs. Des noms de personnalités haut placées ont été cités devant le tribunal sans que les juges aient pu les faire venir à la barre». 103 Henri Rasamoelina, Madagascar. État, communautés villageoises et banditisme rural. Edition l’Harmattan, 2007, p 207. 104 Ministre de la défense : « Forces armées Malagasy : Directive du ministre pour l’année 2013 », communication 29 janvier 2013, http://www.defense.gov.mg/2013/01/forces-armees-malagasy- directives-du-ministre-pour-lannee-2013/ consulté le 22 avril 2018 48

était incapable de s'enfuir; que la police enquête à présent sur cet incendie alors qu'elle est impliquée dans celui-ci » 105 .

Or, les forces de l’ordre sont censées protéger le peuple. Ils sont créés pour protéger la société, pour servir et pour défendre la population, la réalité semble différente à Madagascar. Les forces de l’ordre perdent de plus en plus toute sa crédibilité depuis cet évènement. Le peuple au lieu de compter sur eux pour la sécurité de leurs biens et leurs personnes ont peur d’eux suite à cet acte. Les forces de l’ordre censées être-là pour la protection des biens et personnes ne jouent plus leur rôle. Il n’y a rien d’étonnant si les gens procèdent à la justice populaire.

« Madagascar est en effet en proie à une milicianisation croissante, déjà observée en 2014, dont les acteurs sont bien souvent les forces de sécurité elles-mêmes, mais également des civils. L’implication d’éléments des forces de sécurité dans la criminalité ou dans la formation de groupes miliciens n’est plus à démontrer. Elle illustre l’effondrement des cadres institutionnels et le fait que nombre d’éléments des forces de sécurité détournent leur mission de service public pour vendre leurs services à des acteurs criminels. La participation de forces de sécurité à des enlèvements ou à la location d’armes de service à des bandes armées est légion. »106

Paragraphe 4/ Les forces de sécurité : poids pour la population

a) Les attributions des FDS sur le terrain en général

Le rapport de la FNUAP décrit de manière plus claire les attributions des FDS sur le terrain. « Les FDS sont principalement les éléments de la gendarmerie nationale qui assument la lutte contre les dahalo au quotidien, l’Armée étant mobilisée pour des opérations ponctuelles. Ils se donnent comme objectif de « ramener la sécurité pour toute la population afin qu’elle puisse produire et se communiquer au quotidien ».A cet égard, l’existence d’une période sans raids de dahalo constitue un bon indicateur de référence. Les gendarmeries d’une compagnie au niveau du chef-lieu de district, et de détachements de trois à cinq éléments dans certaines communes, voire certains fokontany, qui prendraient alors en charge leur hébergement. Outre leur attribution d’officier de police judiciaire, les gendarmes assurent la sécurité et l’ordre

105 S.R, « Affaire Antsakabary »-Quid des commanditaires », journal La Vérité, mardi 28 novembre 2017, http://www.laverite.mg/politique/item/5106-affaire-antsakabary-quid-des-commanditaires.html , consulté le 30 avril 2018 106 Mathieu Pellerin, « Madagascar face à la criminalité multiforme », Notes de l’Ifri, Ifri, mars 2017, p 17. 49

public, dans la circonscription de leur village d’attache. A ce titre, ils sensibilisent les autorités locales et les fokonolona en matière de défense villageoise et leur indiquent les consignes à suivre en cas d’attaque tout en rappelant les droits humains. De plus, ils effectuent des contrôles au sein de la population pour déceler d’éventuels suspects. Ils font également des rondes lorsqu’il y a rumeur d’attaques. Enfin, ils appuient les fokonolona dans la poursuite des dahalo et la récupération des zébus volés et /ou appellent les dahalo au repentir. »107

b) Prise en charge des FDS : un fardeau pour la population

C’est encore dans le rapport de la FNUAP qu’on découvre que les FDS réclament une contrepartie à la population qu’elles aident en échange de leur service. Parfois même, leur ravitaillement ainsi que leur famille est assuré par la population qui a besoin de leur assistance. Non seulement cela est contraire à l’éthique mais c’est aberrant car la plupart des gens sont déjà dans une situation précaire et les FDS en rajoutent en demandant une contrepartie, cela constitue une charge pour la population.

« Dans certains sites, la prise en charge des FDS par la population en cas de recours à leur service serait un fait établi. La population serait alors appelée à assumer les coûts liés à leur déplacement et à leur alimentation. En prime, les gendarmes réclamèrent l’équivalent en liquidités de ce dont leur famille aurait besoin pendant leur absence. De ce fait, la population perçoit le recours aux services des FDS, d’autant plus sans résultats probants, comme une charge supplémentaire. Et pour la plupart des victimes qui sont démunies, leurs services sont inaccessibles. Sinon la majorité des victimes interviewées estiment les coûts de leur prise en charge trop élevés les dissuadant de recourir à leurs services. Autrement, l’hébergement des FDS en détachement pèserait lourd aux collectivités décentralisées. De plus, elles se serviraient indûment chez les commerçants locaux pour certains de leurs besoins quotidiens. Une autorité locale témoigne également que la raison pour laquelle ils ne sont pas allés voir les gendarmes c’est aussi parce qu’ils n’ont pas les moyens de subvenir à leurs besoins et de quoi les nourrir. En définitive donc, les réflexions émanant des différentes sources locales selon lesquelles « au lieu de protéger le fokonolona, c’est ce dernier qui protège et prend en charge les FDS » trouvent toute leur justification dans ces pratiques. Pour des solutions pérennes, la résolution des problèmes d’insécurité dans ces régions doit en tenir compte.

107 Rapport FNUAP, op cit page 37 50

Ceci renvoie au rôle et à la responsabilité de l’Etat dans la réalisation des droits sociaux de la population dont il a la charge.»108

Section 4/ Des directives pris par le ministre de la défense en 2013 pour redorer le blason des forces de l’ordre suite à l’opération tandroka en 2012 : signe de reconnaissance des violations des DIDH pendant la lutte contre le phénomène dahalo.

A titre de rappel, les forces de l’ordre ont été pointées de doigts par la communauté internationale, la presse et la société civile après l’opération tandroka. Ainsi, le ministre de la défense a pris des précautions afin d’améliorer l’image des forces de l’ordre aux yeux de la population malgache. Le ministre de la défense de l’époque reconnait les défaillances de certains éléments des forces de l’ordre lors de l’accomplissement de cette opération, d’où la présente directive adressée à eux.

« Bien que rodées à assurer les missions de sécurisation du processus des élections, les Forces de l’Ordre doivent redoubler de vigilance avant, pendant et après les opérations compte tenu du contexte dans lequel celles-ci se déroulent.

L’occasion se présente pour les Forces Armées :

– de faire preuve de professionnalisme en respectant les règles de l’art, particulièrement celles relatives aux droits humains,

– de démontrer que les Forces Armées restent un creuset de compétence, d’abnégation, de dévouement et de rigueur,

– de rester le reflet de la bonne gouvernance,

– de montrer que leur unité reste inébranlable, malgré quelques actes d’indiscipline, les clins d’œil des politiques, et les actes de fragilisation et de déstabilisation.

Tout un chacun doit fournir le maximum d’efforts pour préserver la crédibilité, l’honneur et la cohésion des Forces Armées.

Pour mieux faire face à ces engagements, plusieurs outils ont été mis en place vers la fin de l’année écoulée:

108 Rapport de la FNUAP op cit page 41 51

– le Conseil Spécial d’Enquête et de Discipline pour accélérer les procédures et les prises de décision à l’encontre des militaires ayant commis des fautes purement militaires, graves et manifestes,

– la Direction des Matériels Stratégiques chargée, entre autres, du contrôle et du suivi des armes de guerre en circulation sur tout le territoire ainsi que la réglementation et le régime desdits matériels,

– la Direction de l’Information et de la Communication chargée de véhiculer l’image des Forces Armées dans toutes leurs entreprises,

– le Bureau de l’Ethique et de la Déontologie chargée de promouvoir l’Ethique et la Déontologie au sein des Forces Armées et à entretenir et garder les acquis dans ce domaine. »109

109 Ministre de la défense, « Forces armées Malagasy : Directives du ministre pour l’année 2013 », 29 janvier 2013, http://www.defense.gov.mg/2013/01/forces-armees-malagasy-directives-du-ministre-pour-lannee- 2013/ , consulté le 20 avril 2018 52

Partie II/Difficulté de mise en pratique des exigences du DIDH à cause de la réalité socio-culturelle, politique, économique malgache face à la lutte contre le phénomène dahalo

Cette difficulté est due à la complication de la réalité socio culturelle malgache à propos du phénomène dahalo (Chapitre I) et à l’exacerbation de la corruption dans la politique malgache n’est pas à écarter (Chapitre II). Mais cela aussi s’explique par la mauvaise situation économique à Madagascar : source d’avilissement de l’état de droit de l’homme et de la lutte contre le phénomène dahalo (Chapitre III). Des solutions s’imposent donc pour que l’opération de lutte contre le phénomène dahalo s’adapte aux exigences du DIDH (Chapitre IV)

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Chapitre I/ Complication de la réalité socio culturelle malgache à propos du phénomène dahalo.

Pour mieux comprendre cette complication, il est nécessaire de rappeler l’histoire du phénomène dahalo et de la lutte contre le vol de bœufs (Section 1) avant de démontrer que la primauté du Dina par rapport aux droits positifs constitue un obstacle à l’effectivité du DIDH (Section 2)

Section 1/ Rappel historique du phénomène dahalo et de la lutte contre le vol de bœufs.

Nous débuterons cette section par l’origine du phénomène et la lutte contre le vol de bœufs (Paragraphe 1) avant de parler de certaines dates rappelant les vols de bœufs à grande échelle et la recru des cence du phénomène dahalo (Paragraphe 2)

Paragraphe 1/ origine du phénomène et la lutte contre le vol de bœufs.

Le problème du vol de bœufs est un phénomène ancien à Madagascar. Du temps de la société « vazimba », on en a déjà parlé des « sonjoa », qui sont des voleurs de vol de bétail et d’être humain qu’ils réduisent en esclavage. 110 Le brigandage est un des phénomènes qui ont accompagné les diverses phases historiques de Madagascar. 111 Cela veut dire que pendant la royauté, la colonisation et même jusqu’après l’indépendance, l’invasion faite sur un territoire pour enlever les troupeaux, les récoltes ect d’autrui a existé depuis longtemps. Cet acte de pillage s’accompagne avec la violence commis le plus souvent par des malfaiteurs réunis en troupe. Mais ce qui nous intéresse c’est le vol des bœufs d’autrui. A part la région Betsileo, « ces phénomènes ont sévi aussi en Imerina, dans le Vakinankaratra, et dans tout l’Ouest du pays à la même période. »112 Force est de constater que ces razzias sont causés soit par des règlements de compte entre groupe ethnique soit c’est pour démontrer des contestations ou des mécontentements. Mais les dirigeants de l’époque comme les rois et les reines qui se sont succédé ont pris les mesures qui leur semblent adéquates pour lutter contre le vol de bœufs.

110 Henri Rasamoelina, Publications académiques, op cit 141 111 Henri Rasamoelina, Recueils op cit 11 112 Henri Rasamoelina, Recueils. Publications académiques, op cit pp 11-12

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a) La lutte contre le vol de bœufs à Madagascar sous l’époque royale marquée par l’édiction des textes administratifs.

« En Imerina, le roi Andrianampoinimerina punissait de mort les voleurs de bœufs. Chez les Bara, les Mahafaly, et les Antandroy, les voleurs insolvables qui n’arrivaient pas à restituer, étaient tués. Ce qui forçait en quelque sorte les autres membres de la famille à payer pour leur parent au nom du « fihavanana » et de la responsabilité collective. »113 Cela implique que la punition était très sévère pour les voleurs de bœufs, car la sentence c’est la mort .Pour d’autres régions, il suffit de rendre les bœufs volés pour l’échapper. « Les textes administratifs depuis l’époque de la royauté merina jusqu’en 1987. On y voit la préoccupation constante des diverses autorité d’enrayer le phénomène de vol bœufs. Des mesures analogues se répètent d’une période à l’autre (par exemple : diverses tentatives de codifier un système de marquage de bétail). Cette répétition même nous apprend que ces mesures ont été souvent inefficaces ». 114

b) La lutte contre le vol de bœufs sous l’époque de la colonisation

Juste quelques années avant même la colonisation, l’insécurité sévissait Madagascar. Les différends avec les français ont envenimé la situation. Pour faire face à ce problème, le gouvernement de l’époque renforçait les corvées et recrutait des militaires. 115 Ce n’est pas seulement sous le royaume de l’Imerina qu’on a pu observer ce bouleversement mais aussi dans la région Bestileo.116 Des armes 117 ont été transportées chez nous afin de lutter contre les

113 TALILY, revue d’histoire n°5-6, , op cit page127

114 TALILY, op cit 123

115 Henri Rasamoelina, Madagascar. État, communautés villageoises et banditisme rural. Op cit 89 : « plusieurs évènements vont se produire à Madagascar à partir de ces années 1880. Le gouvernement a renforcé les corvées et les recrutements militaires pour faire face à la situation. » 116 Henri Rasamoelina, Madagascar. État, communautés villageoises et banditisme rural op cit 93 : « pour les betsileo, les corvées vont réapparaitre vers les années 1870. Le pouvoir royale sera obligé non seulement d’améliorer de défense militaire mais aussi de renforcer les corvées. »

117 Henri Rasamoelina, op cit 94 : « le gouvernement de la reine importé de nombreuses armes surtout lors des différends avec la France, ce sont les transports de ces armes qui ont nécessité des levées d’un grand nombre de corvéables. En 1885, on a encore réuni des gens pour aller chercher des armes à Andakabe Morondava., cela a nécessité 10milles corvéables. Réquisition des princes et autres notables du Betsileo, ils devront transporter ces armes jusqu’au Vakinankaratra où d’autres corvéables prendront les relèves. » 55

français et pour financer cela, presque les autorités malgaches de l’époque ont utilisé les corvées comme moyens d’y parvenir. La guerre avec la France se termine le 30 septembre 1895,, le premier ministre est remplacé par un pro-français appelé Rainitsimbazafy le 15octobre 1895. 118 Force est de remarquer que l’administration coloniale a également lutté contre le vol de bœufs qui est renforcé par l’insécurité lié au mécontentement des malgaches dû à l’excès de pouvoir des autorités coloniales. Dans cette lutte, l’administration a mis en place une « loi française sur la répression du vol de bœufs appliqué pendant la colonisation, basée sur le code pénal français. Des mesures officielles préventives étaient prises pour lutter contre le vol de bétail : enregistrement, d’abord facultatif puis obligatoire des marques opposées sur l’encolure des bovidés et réglementation de la circulation des troupeaux par des passeports de bovidés rigoureusement contrôlés. Ces dispositions inefficaces, les députés à l’assemblée nationale française en 1958 ont demandé des mesures renforcées à l’encontre des voleurs de bœufs. La première loi sur la répression des vols de bœufs appliquée par une cour criminelle spéciale est née en 1959 et l’esprit de cette loi constitue encore l’ossature des mesures en vigueur aujourd’hui. On y trouve en particulier l’analyse des hésitations des autorités qui croient résoudre le problème tantôt par le recours aux procédures d’esprit coutumier des conventions, tantôt par l’application rigoureuse d’un droit écrit moderne. »119 En fait, dès que la France a conquis Madagascar, l’insécurité sévisse l’île. Celle–ci se transformait en une insurrection. « Les déserteurs et les voleurs de bœufs deviennent des insurgés pour la libération nationale, appelés les toges rouges ou Menalamba, ils harcèlent les villages sous domination coloniale. »120 A titre de remarque, la sécurité est revenue vers 1910 mais le vol de bœufs ne réapparaitra que vers les années 1930.121 Il en est de même avec les autres régions de Madagascar comme le Betsileo, l’Ouest malgache et le sud. 122 L’aggravation du vol de bœufs de l’époque est commandée par l’aggravation du SMOTIG, les constructions de routes d’intérêt général, la crise agricole et les efforts de guerre. 123

118 Henri Rasamoelina, Madagascar. État, communautés villageoises et banditisme rural op cit 113 119 TALILY,. op cit127 120 Henri Rasamoelina, Madagascar. État, communautés villageoises et banditisme rural, op cit 114 121 Henri Rasamoelina, Madagascar. État, communautés villageoises et banditisme rural. op cit page117 : la sécurité ne reviendra totalement que vers 1910. Le betsileo connait alors le calme. Le vol de bœufs ne réapparaitra en effet que vers les années 1930. 122 Ib idem p 137 123 Ib idem, p 138 56

c) La lutte contre le vol de bœufs après l’indépendance

Vers 1960, l’île a connu une relative stabilité. 124 Le texte en vigueur sous la colonisation a été renforcé après l’indépendance. Mais force est de constater que malgré cela, la répression prévue n’a pas abolit totalement le phénomène de vol de bœufs. Car le code pénal français appliqué sous la colonisation renforcé après l’indépendance ne correspond pas à la réalité malgache, car le texte méconnait l’adaptation du texte au contexte malgache. 125 Le texte a été retouché plusieurs fois avec le premier texte de loi promulgué le 17 janvier 1959, puis complété par l’ordonnance du 27 septembre 1960, ensuite celle-ci est renforcée encore par la loi du 18 octobre 1961. Et 1962, on a ajouté avec cette loi, l’ordonnance 62-001 du 10 juillet 1962. Une réapparition du vol de bœufs a été remarquée vers les années1970. A titre de constatation, c’était en 1971 que la pauvreté a envahi Madagascar. 126 Le peuple constatait une inégalité très forte entre le niveau de vie surtout sur le plan économique et social, la vie est devenue très difficile à cette époque. A part cela, vers la

124 Henri Rasamoelina, Madagascar. État, communautés villageoises et banditisme rural. Edition l’Harmattan, 2007, p 149 125 Henri Rasamoelina, Madagascar. État, communautés villageoises et banditisme rural. Edition l’Harmattan, 2007 , p 162-163 : «incompréhension des faits et des mentalités de la part de l’autorité coloniale qui a appliqué sans aucune adaptation le code pénal français à Madagascar. La philosophie du code pénal français ne correspond pas à la réalité malgache. Les peines ne leur font pas peurs car eux ils sont reçus avec honneurs. Premier texte de loi promulgué : 17 janvier 1959 (n°59-23). Selon celui-ci : « lorsque les chefs de canton ou les gardes champêtres ou tous autres officiers de police judiciaire sont avisés d’un vol de bovidés ou d’une infraction prévue à la présente loi, ils en informent immédiatement l’unité de gendarmerie la plus proche, organisant aussitôt la poursuite et commencent sans délai l’enquête. Cette loi complétée par l’ordonnance du 27 septembre 1960, qui en son article 4 « sera puni de la peine des travaux forcés à perpétuité tout individu coupable d’avoir soustrait frauduleusement un ou plusieurs bœufs si le vol a été commis avec trois seulement des 5 circonstances suivantes : lanuit, en réunion de deux ou plusieurs personnes , avec port d’arme apparent ou cachée sans qu’il y ait lieu de distinguer à cet égard entre les armes par nature et les instruments qualifiés armes par l’usage qui en est fait, avec violence, en allégeant un faux ordre de l’autorité civile ou militaire. Dans son article 5 : le texte dit que : « sera puni de la peine des travaux forcés à temps limité tout individu coupable du vol d’un ou plusieurs bœufs, commis avec une seule ou deux des circonstances visées à l’article précédent. Et dans l’un ou l’autre cas l’interdiction du séjour de 5 à 10 ans doit être toujours prononcée. Cette ordonnance sera renforcée encore par la loi du 18 octobre 1961 qui ajoute au vol de bœufs tout autre vol et la mise à mort, la mutilation ou la blessure d’un ou plusieurs bœufs. Vol de bœufs, crime, puis la répression est rigoureuse. En 1962, pourtant on y ajoutera avec l’ordonnance n° 62 001 du 10 juillet 1962, que « lorsqu’un individu sera dénoncé par la clameur publique comme un voleurs de bœufs il pourra être interdit de séjour dans les limites d’un ou plusieurs districts ou de telle province déterminée, par décret pris sur présentation du ministre de l’intérieur. Il pourra être dans les mêmes formes assignées à résidence fixe de ces peines. Réapparition du vol de bœufs vers les années 1970. »

126 Andriamihaja René-Claude sj, « IREO NITERAKA NY FAHANTRANA TETO MADAGASIKARA », Sombin-tantaran’ny Repoblika faharoa sy ny fahatelo, notsongaina tao amin’ny gazety Lakroa,p 12 : « Tamin’ny taona 1971 no niditra ny Fahantrana teto Madagasikara ». 57

deuxième république, le système socialiste dominait et cela a eu des répercussions sur la vie des malgaches car la crise a atteint la société à cause des mauvaises gestions et le favoritisme sous le président de la République Didier Ratsiraka. Ainsi, les jeunes ont du mal à trouver du travail, cela les a mené à faire du grève car la vie était très difficile. Cela a également provoqué la recrudescence du vol de bœufs. 127

Paragraphe 2/ Certaines dates rappelant les vols de bœufs à grande échelle et larecrudescence du phénomène de dahalo

Une flambée du phénomène de vols de zébus a été constatée sous la colonisation entre 1930 et 1955 et depuis 1971 mais surtout après, 1980. 128 « Depuis l’existence d’un véritable Etat dans l’Ile, Madagascar est frappé par le banditisme rural d’une façon plus ou moins cyclique depuis un peu moins de deux siècles déjà. De 1830 à 1861, de 1880 à 1910, de 1935 à 1955, de 1970 à 1975 et de 1980 à 1993 et de 2011 jusqu’à aujourd’hui. Mais depuis 2011, le phénomène dahalo a pris beaucoup d’ampleur pour frapper, aujourd’hui, les deux-tiers de la Grande Ile. La lutte contre les dahalo est un problème que les régimes successifs n’ont pas pu résoudre et c’est encore le cas aujourd’hui avec le régime Rajaonarimampianina.»129 Force est de constater que la recrudescence du phénomène dahalo est parfois liée à la loi de l’offre et de la demande, lorsque l’Etat exporte des bœufs à l’extérieur ou lorsqu’il y a trop d’abattoir implantés dans le pays. A titre d’exemple, en ce qui concerne l’abattoir, «Une autre grande affaire avec SOFIRAC nom d’un abattoir établi à Fianarantsoa depuis 1968. L’affaire a éclaté le 19 octobre 1975 lors d’une inspection effectué sur le lieu. Parmi 157 bœufs à tuer,

127 Henri Rasamoelina, Madagascar. État, communautés villageoises et banditisme rural. Edition l’Harmattan, 2007,page165 : « à partir des années 1970, la littérature économique et sociologique sur le monde rural malgache vont parler de l’existence de clivages, de tensions ou de crises dans ce milieu. Un auteur comme Georges Serre étudiant les causes de l’avènement de la seconde république a parlé en ce qui concerne le monde rural, de l’existence de clivages au sein des communautés paysannes malgaches. L’utilisation politique de l’existence de ces clivages écrit-il justifie leur examen puisque toutes les modifications sociales, économiques et politiques qui caractérisent l’avènement de la 2 ème république s’y réfèrent soit pour les dénoncer soit pour les défendre. L’auteur définit 5 groupes de pressions dans le monde rural : la bourgeoisie rurale, les paysans propriétaires, les paysans sans-terre, les étrangers au village et les fonctionnaires exerçant leur activité dans la campagne. L’autre auteur Jean Pavageau va se préoccuper dès 1970 de la place et du rôle des jeunes paysans sans terre surtout dans un contexte de tension sociale très marquée à Madagascar. Ces tensions commencèrent dans le sud en avril 1971. Le pouvoir de Tsiranana tombera en mai 1972. C’est cette crise des communautés paysannes qui explique le fait que les pouvoirs successifs parleront de « restructuration du monde rural » à partir de 1973 et de « réforme et de coopérativisation agricole » en 1976 » 128 Henri Rasamoelina, Madagascar. État, communautés villageoises et banditisme rural. Edition l’Harmattan, 2007, p 11 129 Laza Marovola, « Lutte contre les dahalo-désengagement obligatoire des militaires », journal Madagascar matin, http://www.matin.mg/?p=13267 consulté le 18 avril 2018 58

19 bêtes sont des bêtes volées dans les régions d’Ambohimahasoa, et Ambositra. Venue donc l’idée comme quoi, ce sont les grands capitalistes qui sont derrière le vol de bœufs. »130 En ce qui concerne l’exportation, lors du régime de transition en 2011, lorsque le gouvernement a levé de manière temporaire l’interdiction d’exportation et permette ainsi d’«exporter des zébus vers les îles voisines comme Maurice, Seychelles ou Comores »131 cela encourage le phénomène dahalo et paralyse les actions entreprises pour le lutter de manière efficace.

Section2/ La primauté du dina par rapport aux droits positifs: obstacle à l’effectivité du DIDHet complexifie la lutte contre les dahalo

Il est important de commencer par l’historique du « dina » sur le vol de bœufs (Paragraphe 1)avant de prouver que la supériorité des dina par rapport aux droits positifs malgache en vigueur constitue un obstacle à la promotion de droit de l’Homme (Paragraphe 2)

Paragraphe 1/ Historique du « dina » sur le vol de bœufs

Le Dina a toujours conservé sa place dans notre nation depuis l’indépendance dans la régulation de la sécurité locale. Il n’a jamais été écarté quand il s’agit de rechercher le moyen pour abolir le vol de bœufs. Depuis la 1 re République (1958-1972) jusqu’à aujourd'hui, ce moyen de régulation tient toujours dans la société malgache.

A Apparition du « dina Sakaraha »

« Au moment de l’indépendance, l'administration de la première République voulait donner aux fokonolona un dynamisme nouveau, en l'associant au développement du pays en général, et à la sécurité en particulier. Aussi, donna-t-on au dina une force exécutoire entre tous les habitants du ressort. C’est l’objet de l’ordonnance du 3 octobre 1960, sur les conventions de fokonolona. La première convention dina parue après l’indépendance porte le nom de dina Sakaraha, du nom d’une commune rurale dans la province de Tuléar. Il est prévu pour lutter contre le vol de bovidés dans le Sud. Des dispositions intéressantes sont apportées par le dina Sakaraha sur les modalités d’élaboration et d’adoption des dina, le concours de la population dans la répression des vols de bœufs – notamment la surveillance particulière des passages

130 Henri Rasamoelina, Madagascar. État, communautés villageoises et banditisme rural. Edition l’Harmattan, p 187 131 Journal l’express de Madagascar, « Madagascar : reprise de l’exportation bovine », 12 août 2011, https://www.lexpress.mu/article/madagascar-reprise-de-lexportation-bovine consulté le 4 mai 2018 59 obligés des troupeaux, la circulation du cheptel bovin, l'assistance mutuelle en cas de vols, les sanctions réservées au non-respect du dina, avec cette précision que les amendes dénommées « vonodina » sont analysées comme des réparations civiles dues à la collectivité. Les conventions qui vont succéder se fondent sur ces quelques idées essentielles parfaitement valables. »132

Plus tard, un texte est intervenu pour réglementer le dina afin d’éviter les abus dans son application, c’est ainsi que l’ordonnance n°62-004 du 24 juillet 1962 est intervenue. Cette ordonnance fut complétée par un décret du 14 novembre 1962, fixant les peines applicables en cas de non-paiement des réparations prévues. A titre de rappel historique de ce dina Sakaraha, « La « convention de Mandabe », fut conclue en 1959, dans les dernières années de la colonisation. Après l’indépendance, elle fut améliorée par la « convention de Sakaraha », dont la première formulation remonte à 1961. Elle avait été signée par des élus locaux et plusieurs ministres. En 1971, elle fut élargie à toute la province deToliara, sous le nom de « nouvelle convention de Sakaraha ». Cette fois, les représentants des 22 sous-préfectures de la province l’avaient signée. Puis, une « convention de Toliara » vit le jour en 1975, signée par une cinquantaine de personnalités civiles et militaires de la région, par les préfets et sous-préfets…et par seulement deux représentant des notables villageois. L’évolution vers une prise en main totale de l’Etat fut achevée quand, en 1982, la « convention de Toliara » fut abrogée et transformée en un décret signé par le Président de la République, le Premier ministre et plusieurs ministres. »133

B Le fameux « dina Rebotiaka » pendant la 2 ème République de la Haute Matsiatra

Dans la deuxième république, dans la Haute Matsiatra,, il y avait aussi ce qu’on appelle en 1983 « le dina Rebotiaka du nom de son concepteur qui est un ancien militaire. Mais conçu essentiellement par les paysans. Sans autorisation de l’administration ce dina est supprimé à la fin de l’année 1983 pour être remplacé par un autre ayant reçu la bénédiction des responsables

132 Rakoto Ignace, « L’insécurité rurale liée au vol de bœufs : quelques propositions de solution », janvier 2010, pp 8- 9 https://www.researchgate.net/publication/285031324_L%27insecurite_rurale_liee_au_vol_de_boeufs _quelques_propositions_de_solution consulté le 15 avril 2018 133 Emmanuel Fauroux, « Voleurs de boeufs, Etat et paysans dans l’ouest et le Sud Malgache », pp 36-37, 60 et appelé dinan’ny fandriampahalemana ou encore dina Randriandanitra organisé avec la participation des représentants du pouvoir politique militaire et même religieux. »134 Force est de constater que l’Etat voulait beaucoup avoir le plein contrôle pour maitriser le vol de bœufs dans l’île. Voilà pourquoi, il voulait être représenté dans la confection de cette convention collective ou le dina.Or son implication n’a pas changé la situation sécuritaire du milieu rural.

C L’application du dina : source de malentendu pendant la troisième république

Les dernières en date sont les dina’ny mpihary(restitution par 3 de tous bœuf volé si celui –ci est retrouvé vivant, et par 4 s’il a déjà été tué.) concocté depuis l’année 1990 par MONJA JAONA pour être appliqué dans toutes les régions frappées par le phénomène. 135 Force est de constater que Madagascar a connu une crise politique dans les années 1990 avant d’entrer de manière définitive dans la troisième République. La pauvreté sévissait l’île, l’insécurité devient de plus en plus vive et est devenu dans ce cas comme « un thème majeur dans les campagnes politiques. C’est alors que le pouvoir fit appel au leader charismatique du Sud, Monja Jaona. »136

Ce dinan’ny mpihary fut appliqué à Ambalavao et Ikalamavony. 137 Ce dina oblige chaque habitant qui constate des faits suspects ou des endroits abritant des dahalo à les dénoncer au fokonolona afin que celui se mobilise pour rechercher les bœufs volés. L’existence de cette obligation morale au niveau de la société malgache est très remarquable car « les dina peuvent s’accompagner des rituels particuliers pour avoir plus de force et d’autorité »138 . Plusieurs « dina »se sont intervenus pour régler le problème du phénomène dahalo, à part ce qui viennent d’être cités plus haut. Mais l’application de ce dina a créé un problème, des malentendus et des affrontements au sein des paysans eux-mêmes et entreeux et les autorités. L’ouvrage de Henri Rasamoelina intitulé « Madagascar. Etat, communautés villageoises et

134 Henri Rasamoelina, Madagascar. État, communautés villageoises et banditisme rural. Edition l’Harmattan, 2007, p 210 135 Henri Rasamoelina, Madagascar. État, communautés villageoises et banditisme rural. Edition l’Harmattan, 2007, p 210 136 Rakoto Ignace, op cit page 9, https://www.researchgate.net/publication/285031324_L%27insecurite_rurale_liee_au_vol_de_boeufs_que lques_propositions_de_solution consulté le 15 avril 2018

137 Henri Rasamoelina, Madagascar. État, communautés villageoises et banditisme rural op cit page 211 138 Bilal Tarabey, ,op cit page 68

61 banditisme rural » en témoigne beaucoup en disant que « le 13 juin 1996, quand les membres ou des mpiray dina venant d’Ambinanindovoka Ambalavao, sont venus à Ankimpanga Mahasoabe pour appliquer le dina, suite à un vol qui aurait été effectué chez eux le 17 avril 1996. Les paysans d’Ankimpanga ont refusé et se sont organisés pour se défendre. Le face à face a duré plusieurs jours et a risqué de tourner à l’affrontement. »139

Paragraphe 2/ La supériorité des dinapar rapport aux droits positifs malgache en vigueur : obstacle à la promotion de droit de l’Homme

Le Dina est inhérent à la tradition malgache et inséparable de la vie quotidienne. Parfois, on est tenté de dire que les malgaches respecte mieux le dina que les lois en vigueur. Mais il a aussi ses dérives qu’il faut corriger, il a été parfois constaté une déviance sur le respect des droits de l’homme et une forme d’injustice dans la sentence applicable. A titre de rappel, il y avait une convention villageoise appelé « dina menavozo », qui permette l’exécutions des individus accusés d’avoir volé des bœufs. Ce dina est « mise en place à partir de 1989. Dans ce dina la répression de toute exaction se fera purement et simplement par la mise à mort de tout individu pris en flagrant délit. Dans la région d’Ihosy on a dénombré 18 personnes exécutées à partir de ce dina en 4 ans de 1990 à 1994. De nombreuses exécutions sommaires ont eu lieu aussi à Ikalamavony. »140 A titre de remarque, des plaintes ont été déposées suite aux nombreuses exécutions sommaires s’inscrivant dans l’application de ce « dina menavozo », mais « sans suite ». 141 Certes, la peine de mort n’a été abolit qu’après, mais le droit au procès qui est un droit fondamental est bafoué. Ce droit au procès est prévu dans le PIDCP, en son article 14 qui dispose que « Tous sont égaux devant les tribunaux. Toute personne a droit à ce que sa cause soit entendue équitablement ». 142 En l’espèce, par l’application du dina menavozo, les dahalo ne bénéficient pas de ce droit à un procès équitable prévu par une convention ratifié par Madagascar le 21 juin 1971, c’est-à-dire bien avant l’existence de ce dina qui rappelons-le était créé en 1989.

139 Henri Rasamoelina, Madagascar. État, communautés villageoises et banditisme rural. , op cit 212 140 Henri Rasamoelina, Madagascar. État, communautés villageoises et banditisme rural. , op cit 215 141 Henri Rasamoelina, Madagascar. État, communautés villageoises et banditisme rural. op cit 215 142 Recueils des textes, op cit p 24 62

Et si cette tendance de primer le dina par rapport au droit positif continue, il serait éternellement impossible promouvoir et protéger les droits de l’Homme tels qu’ils sont prévus dans les conventions internationales. Surtout, quand les dispositions du dina même prévoit une sanction contraire aux droits de l’Homme comme la peine de mort.

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Chapitre II/ L’exacerbation de la corruption dans la politique malgache : source de problème pour la mise en œuvre du DIDH et pour la lutte contre les dahalo.

Force est de constater que la corruption au sein de l’administration malgache constitue un obstacle à la lutte contre les dahalo et par ricochet frein à la promotion de droits de l’Homme (Section 1) mais on ne peut pas nier non plus l’existence de connivence entre l’Etat et les forces de l’ordre (Section 2). D’où échecs des opérations militaires menées qui ne sont que des signes de faiblesses de la politique de l’Etat en matière sécuritaire (Section 3)

Section 1/ La corruption au sein de l’administration malgache : obstacle à la lutte contre les dahalo et par ricochet frein à la promotion de droits de l’Homme Il est nécessaire de parler du phénomène de corruption sous l’administration royale malgache (Paragraphe 1) avant de révéler sa manifestation au sein de l’administration malgache actuelle en matière de vol de bœufs (Paragraphe 2)

Paragraphe 1/ Rappel sur le développement du phénomène de corruption sous l’administration royale malgache

La corruption au sens large du terme étant un phénomène nouvellement perçu et favorisé par le développement de l’administration royale, prenait progressivement place parmi les préoccupations du législateur royal. Les phénomènes de corruption supposés comme ayant été formalisés avec les premières organisations administratives datant d’Andrianampoinimerina 143 s’étaient développés jusqu’au point d’être systémique ou généralisées dans l’Administration royale. 144 Cela implique que ce phénomène a existé depuis longtemps. Elle a déjà attiré l’attention des législateurs royales surtout lorsqu’elle a pris une allure préoccupante au fur et à mesure que se développait l’organisation politique, administrative, et judiciaire dans le royaume de l’Imerina. L’expansion des pouvoirs exacerbe la corruption et les pratiques corruptives.

143 Andrianampoinimerina fut le célèbre roi de l’Imerina entre 1787-1810

144 Rafolisy Patrick Yves Noël, « Protection juridique de l’intégrité morale et développement durable : le cas de Madagascar », thèse pour le grade docteur de l’université de Limoges, soutenu le 5 avril 2008, p 77 64

Les deux codes de Ranavalona II dont les codes des 305 articles et celui des 101 articles parlent clairement du contexte de l’objet de la corruption dans certains de ces articles. A l’instar de la réalité actuelle, le pot de vin, la perception indue et les cadeaux en tant qu’objets de la corruptionont également été étudiés par le législateur royal. Les deux codes de Ranavalona II dont les codes des 305 articles et celui des 101 articles parlent clairement du contexte de l’objet de la corruption dans certains de ces articles. A titre d’exemple, « L’article 173 du code des 305 articles dispose que : Si un antily s’est laissée par des dons en argent ou en nature…néglige d’arrêter un individu reconnu dangereux… mis par lui en état d’arrestation ou qui lui a été livré, il sera puni d’une amende de 10 bœufs et de 10 piastres et s’il ne peut pas payer, mis au fers pendant un an. »145 Toujours en ce qui concerne le pot de vin, « l’article 32 du code des 101 articles »146 oblige les sujets royaux à accomplir des travaux d’intérêt général c'est-à-dire à faire des travaux collectifs comme des routes, la réalisation de certains ouvrages publics. Et certains sujets pour se soustraire de cet assujettissement paient de l’argent auprès de l’agent royal pour être remplacé par quelqu’un d’autre.Et cela constitue une corruption au sens de cet article. Cet « article 32 du code des 101 articles dispose que : Les fonctionnaires investis d’une autorité ou d’un commandement qui à l’occasion d’une corvée d’intérêt général accepteront de l’argent pour ne pas inquiéter certaines personnes et désigneront à leur place celle dont ils n’ont rien, seront punis de cinq ans de fers. » 147 Concernant la perception indue, que ce soit Andrianampoinimerina ou Ranavalona II, les deux attachaient une grande importance dans la protection du peuple contre les abus de toute sorte de la part des détenteurs du pouvoir notamment les chefs menakely 148 .La perception indue de somme ou valeurs peut être faite soit sous forme d’extorsion ou de concussion. A propos de l’extorsion, l’article 120 du code des 305 articles dispose que les chefs de gouvernement local qu’ils soient parent de la reine ou pas…qui s’emparent des choses dont les propriétaires ne consentiraient pas à se dessaisir ou se feront verser par eux de l’argent seront punis.

145 Rafolisy, p 88 sur le bas de page 146 Ib idem 147 Ib idem, p 88 148 Pela Ravalitera, « Le « menakely » et le « vodivona » des faux-fiefs », journal l’express de Madagascar, 9 février 2018, https://www.lexpressmada.com/09/02/2018/le-menakely-et-le-vodivona-des-faux-fiefs/ consulté le 19 avril 2018: Les menakely ( et les vodivona) sont confiés à des hommes qui ont droit de commandement et exercent une fonction d’administration locale pour appliquer la loi du souverain. « Représentant du roi, ils sont aussi les chefs ou commandants des paysans ». Les « tompomenakely » peuvent être des rois qui se sont soumis à Andrianampoinimerina et qui, en récompense, sont faits Andriamasinavalona en même temps que leurs anciens royaumes sont transformés en « menakely » ; ou bien des Andriamasinavalona et quelques Zazamarolahy qui reçoivent des « vodivona », mais alors leur charge est viagère. « Cette délégation de pouvoir en faveur des tompomenakely et des tompom-bodivona est révocable ». 65

A propos de la concussion, à la différence de l’extorsion, elle consiste à percevoir une somme que le percepteur savait indu sans qu’il use de la force. Ainsi, l’ « article 124 du code des 305articles punit les seigneurs chefs menakely qui exigeaient de l’argent de la population sans en avoir avisé le gouvernement. »149 Enfin en ce qui concerne les cadeaux ; qui font également partie de l’objet de la corruption, le législateur royale a circonscrit l’incrimination des cadeaux, uniquement dans le cercle de l’administration de la justice. D’après l’ « article 186 du code des 305 articles qui dispose que : « un fonctionnaire du gouvernement reçoit ou accepte de recevoir pour lui ou pour un autre, quoi que ce soit d’une personne sous le coup d’une arrestation ou ayant un procès, en dehors de ce qui lui est accordé par le gouvernement, le fonctionnaire coupable sera , de même que le donneur, puni d’une amende de cent piastres et les choses données seront confisquées au profit de l’Etat ; si les coupables ne peuvent payer l’amende ni restituer les choses reçues, ils seront mis en prison à raison d’un sikajy par jour jusqu’à concurrence du montant de l’amende et de la valeur de ces mêmes choses »150 . Il est interdit donc pour un fonctionnaire du gouvernement de recevoir des cadeaux de la part des personnes ayant un procès, en dehors de ce qui lui est accordé par le gouvernement sinon il commettrait de la corruption et tombe sous le coup de cet article 186. Enfin en ce qui concerne les cadeaux ; qui font également partie de l’objet de la corruption, le législateur royale a circonscrit l’incrimination des cadeaux, uniquement dans le cercle de l’administration de la justice. D’après l’article 186 du code des 305 articles ;il est interdit pour un fonctionnaire du gouvernement de recevoir des cadeaux de la part des personnes ayant un procès ,en dehors de ce qui lui est accordé par le gouvernement sinon il commettrait de la corruption et tombe sous le coup de cet article 186. A titre de rappel ; lorsque le fokonolona avait perdu petit à petit son rôle de juge après le règne d’Andrianampoinimerina,la corruption s’est vite généralisée dans le royaume. Dans son livre intitulé TANTARAN’I Madagasikara,Mr G.S CHAPUS (docteur en es lettre)en son page 25,dit que pour ce roi : « Tsy tsara ny mamela ny fahefana rehetra ho eo antanan’ny olona iray monja »151 ,il est donc contre la dictature, c’est pourquoi il a délégué certains de ses pouvoirs judiciaires au fokonolona.

149 Rafolisy, p 90 150 Rafolisy, p 91 en note de bas de page 151 M.G CHAPUS, « Tantaran’i Madagasikara », p 25 66

Par contre le livre intitulé CONTRIBUTION A L’HISTOIRE DE LA NATION MALGACHE écrit par Pierre Boiteau,en son page 199 témoigne que la corruption atteignait des proportions inouïes car en 1894,éclate le fameux scandale de piastre mexicaine 152 sous le règne de RANAVALONA III et cela a fait le tour du royaume .Ce piastre dont la teneur en argent était beaucoup plus faible que celle de la monnaie courante était autorisé à Madagascar. Et le PM Rainilaiarivony était pointé du doigt dans l’affaire. Tout cela témoigne que la corruption existait même au temps de la royauté. Elle continue de gangrener l’administration malgache actuelle, et force est de constater que cela empire le vol de bœufs et constitue ainsi un obstacle à la lutte contre le phénomène dahalo.

Paragraphe 2/ Manifestation de la corruption au sein de l’administration malgache actuelle en matière de vol de bœufs

A La deuxième République : première apparition des malaso (les vrais dahalo actuels).

Les premiers dahalo armées ou malaso sont apparus au Nord de tsivory près de la commune de Betroka, dans les années 1970. 153

A titre de rappel ; faut faire la nuance entre le terme malaso 154 et le te terme dahalo. Au départ, chez le clan Bara, il y avait ce qu’on appelle « olomady ». Un olomady est une pauvre qui se détache de la société. 155 C’est celui-là qu’on appelle « dahalo ». Cette appellation déformée des olomady est valable jusqu’à la première République c’est-à-dire jusqu’au début des années 1970. 156 A partir de la deuxième république, de l’arrivée des militaires dans le pouvoir et la malgachisation du pays, il y a eu la corruption 157 .

152 Pierre Boiteau, Madagascar : Contribution à l’histoire de la Nation Malgache . Edition sociales 1982, Boulevard de Sébastopol, p 199, « Certains européen dont Kingdon eurent l’idée d’introduire des quantités qu’ils achetaient 2,70F pour les revendre 5F à Tananarive. Depuis plusieurs années certains commerçants européens refusent ces piastres mais on continuait à les écouler auprès des Malgaches. » 153 Bilal Tarabey, p 59 154 Ib idem p 98 : « En dialecte Bara, il y a le mot « olomady ». l’olomady est une pauvre qui habite à l’extérieur du village. Parfois dans des grottes. En dehors de la société. C’est ça un dahalo , une déformation du mot olomady. Les olomady ou dahalo, s’appellent aussi hako. Le dahalo ou olomady ou hako est toujours un Bara. » 155 Ib idem 156 Ib idem, p 99 157 Ib idem 67

Pendant la deuxième république, c’est là que sont apparus les malaso, ce sont eux que les gens confondent avec les dahalo qui n’étaient que des pauvres isolés de la société, les malaso opèrent à 30, 40 au minimum, et ils volent au minimum une centaine de zébus par opération, avec des armes automatiques. 158

B Par le blanchiment des bœufs volés malgré l’assainissement mené dans le monde de zébu à travers le FIB ou fiche individuelle de bovin

L’annonce officielle de la mise en service de la nouvelle FIB a eu lieu lors du point de presse le vendredi 19 Juillet 2013 au Ministère de l’Elevage Ampandrianomby en la présence de Madame le Ministre de l’Elevage, Ihanta RANDRIAMANDRATO et de Monsieur le Ministre de l’Intérieur, Florent RAKOTOARISOA ainsi que de leurs directeurs respectifs durant lequel les 02 Ministères ont signé un accord de partenariat pour une meilleure utilisation de cette nouvelle fiche. 159

Le rétablissement de la sécurité en milieu rural reste jusqu’ici un défi majeur pour le gouvernement. Le but du renouvellement de cette fiche de bovin s’inscrit justement dans l’amélioration du domaine sécuritaire à Madagascar, en particulier en ce qui concerne le projet d’assainissement du monde de zébu face au phénomène dahalo.Faciliter les démarches à suivre des éleveurs concernant leur bovidé, faciliter la traçabilité du zébu, baisser les vols des bovidés et diminuer la corruption existante, tels sont les ambitions de cette nouvelle fiche spéciale bovidé. Ce projet est envisagé depuis 2005 mais est instaurée par la loi depuis 2008 et remplace le Certificat d’origine des bovidés (COB). 160 Force est de constater que l’Imprimerie Nationale est partie intégrante dans la filière bovine. Elle imprime la Fib et elle s’en charge de la distribution. La différence avec les anciennes fiches (COB, CV) est qu’elle possède un hologramme infalsifiable permettant de suivre jusqu’à la fin le cursus du zébu.

158 Bilal Tarabey, op cit 99

159 Site du PADR ou Plan d’Action pour le Développement Rural (Source : ministère de l’élevage), « L’utilisation effective de la Fiche Individuelle de Bovin (FIB): le 14 Août 2013 , » 13 août 2013, http://www.padr.gov.mg/lutilisation-effective-de-la-fiche-individuelle-de-bovin-fib-le-14-aout-2013/ , consulté le 30 avril 2018

160 Fanjanarivo, « Blanchiment de bovidés: favorisé par la non-application de la FIB », journal La Gazette de Madagascar 22/02/17), http://fr.africatime.com/madagascar/articles/blanchiment-de-bovides-favorise-par-la- non-application-de-la-fib , consulté le 30 avril 2018 68

Par ailleurs, toutes ces anciennes fiches ne seront plus valables à partir du 14 Août 2013, c'est la date fixée par le ministère de l'Élevage pour l'entrée en vigueur de l'utilisation de la fiche individuelle de bovidés (FIB) avec hologramme. A partir de ce moment, toutes les autres pièces, entre autres le passeport, le certificat de vaccination, le certificat d'origine de bovidés seront confisqués. 161

« Afin de couvrir les besoins nationaux, l’Imprimerie Nationale pourra imprimer jusqu’à 6 000 carnets par mois. Un carnet est composé de 50 fiches et déjà en vente auprès de l’Imprimerie Nationale d’Antananarivo au prix de 17 500 Ar et dans les Chef-lieu de chaque Province. Le prix varie selon l’accès des Régions qui peuvent être beaucoup plus difficile que d’autres pour la distribution de vente des carnets, mais pour équilibrer le prix de ceci un comité ad’hoc a été mise en place.

Enfin, un zébu doit avoir une boucle, un passeport et une fiche unique jusqu’à son abattage même après une ou plusieurs ventes effectuées par son éleveur. Ainsi la circulation des cheptels sera mieux maîtrisée et le contrôle des inspecteurs de viande avant et après l’abattage facilité. »162

Mais malgré les efforts menés, des cas révèlent que la FIB ne pourrait pas protéger de manière efficace la filière bovine contre la corruption.

A titre de critique, la FIB n’a pas pu éradiquer le phénomène de vol de bœufs ou bien le phénomène dahalo. Au contraire, les agents corrompus trouvent toujours des moyens pour contourner la situation en leur faveur. Notre société est tellement gangrénée par la corruption. Il est tellement difficile detrouver la solution adéquate pour Madagascar mais ce qui compte c’est la volonté politique des gouvernants d’avancer vers la recherche de développement.

A titre de comparaison, suite aux accidents de voiture qui se sont succédé, l’Etat a changé les permis version papier en permis biométrique pour rendre difficile la falsification. Pour

161 Lantoniaina Razafindramiadana, « Madagascar: Filière bovine - Une fiche unique pour les transactions », 20 juillet 2013, journal L’express de Madagascar , http://fr.allafrica.com/stories/201307200262.html , consulté le 30 avril 2018

162 Site du PADR ou Plan d’Action pour le Développement Rural (ministère de l’élevage), « L’utilisation effective de la Fiche Individuelle de Bovin (FIB): le 14 Août 2013 », le 13 août 2013, http://www.padr.gov.mg/lutilisation- effective-de-la-fiche-individuelle-de-bovin-fib-le-14-aout-2013/ consulté le 30 avril 2018

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éradiquer le vol de bovidé aussi, il a créé la FIB pour rendre infalsifiable le papier du bœuf mais cela n’a pas pu éradiquer de manière satisfaisante le vol de bœufs. Les défis restent les mêmes jusqu’à aujourd’hui, celui d’assainir le monde de zébus.

A Madagascar, la corruption est présente dans tous les secteurs d’activité et institutions, à savoir les Forces de l’Ordre, les Impôts, les Douanes, l’éducation, les secteurs minier et forestier et aussi la justice. 163 . Force est de constater que c’est cette corruption qui empêche la FIB d’être efficace car « Dès que ces zébus sont de l’autre côté, il y a un changement de ‘Fiche individuelle de bovidés’, - donc c’est la corruption qui est derrière tout ça-, pour que ces zébus montent dans des camions pour être envoyés à Ihosy, Sakaraha, Antananarivo même. Donc la seule solution c’est de lutter contre cette corruption ». 164

Section 2/Existence de connivence entre l’Étatet les forces de l’ordre manifesté par lapolitisation de l’armée et l’acte de banditisme Cela s’explique par la politisation des actes de banditisme dans la partie Sud de Madagascar par les tenants au pouvoir (Paragraphe 1), puis par l’existence de connivence entre l’Etat et l’armée manifesté par la politisation de l’armée (Paragraphe 2) et enfin par la corruption liée à l’exportation des bœufs comme à « Chine » et l’existence des abattoirs douteux (Paragraphe 3)

Paragraphe 1/ Politisation des actes de banditisme dans la partie Sud de Madagascar par les tenants au pouvoir

L’acte de banditisme devient le leitmotiv des tenants au pouvoir à chaque fois qu’ils ne trouvent plus d’autres moyens pour expliquer la mauvaise situation dans tout le domaine à Madagascar.

163 « La corruption dans tous ses états », journal Midi Madagasikara, 3 janvier 2017 http://www.midi- madagasikara.mg/dossiers/2017/01/03/la-corruption-dans-tous-ses-etats/ consulté le 1 er 164 Rfi Afrique , « Madagascar,vol de zébus : manque d’effectifs et corruption pointés du doigt » 18 avril 2014 http://www.rfi.fr/afrique/20140418-vol-zebus-manque-effectifs-corruption-pointes-doigt 70

« En ne trouvant aucune excuse pour expliquer au Fmi les causes de leurs échecs dans tous les domaines de la vie nationale, les tenants du pouvoir tentent d’inventer une stratégie de politisation des actes de banditisme dans la partie Sud de Madagascar. »165

La plupart des tenants du pouvoir profitent de l’insécurité dans le Sud comme un manœuvre pour déstabiliser l’Etat. D’autres inventent que ce sont les politiciens rivaux qui sont sources du phénomène dahalo avec un objectif de créer des situations de trouble. « Sans être capable d’apporter une preuve concrète, les ministres en question qualifient l’insécurité comme un acte de sabotage visant la visite de la délégation du Fonds monétaire international (Fmi).Ces interprétations des personnalités soutenant Hery Rajaonarimampianina ne tiennent tout simplement pas débout et la réalité démontre l’incapacité des dirigeants à maitriser les problèmes touchant la gestion de l’Etat et le niveau de vie de la population. La corruption galopante ainsi que la fragilité de l’application de la loi amplifient l’insécurité dans toute l’île. Depuis son avènement, le régime n’est pas capable d’offrir à la population la sécurité, une priorité lui promise par le chef de l’Etat. Dans la réalité, la stratégie de sécurisation des personnes et des biens est déjà dépassée par les événements.Les membres du gouvernement essaient tout simplement de faire, bonne figure, aux yeux du chef de l’Etat pour espérer garder leurs places lors du prochain remaniement. »166

Le plus embêtant dans l’histoire c’est que chaque dirigeant voulait asseoir leur charismeen inventant un ou plusieurs opérations militaires basées sur la lutte contre le phénomène dahalo. C’était le cas pendant la 2 ème République sous la direction de Didier Ratsiraka avec l’ « opération tsy mitsitsy », « opération diamanga ». Dans la 3 ème République avec l’ « opération tandroka » sous la direction du président de la transition Andry Nirina Rajoelina. Le phénomène dahalo est devenu ainsi un thème politique.

Paragraphe 2/ Existence de connivence entre l’Etat et l’armée manifesté par la politisation de l’armée

Les forces armées doivent concentrer leurs efforts dans la lutte contre le phénomène dahalo car elles sont assez nombreuses pour mener cette bataille. L’Etat doit s’abstenir à les utiliser dans

165 Dominique Val, « Phénomène dahalo – Les pro-régimes avancent la politisation comme échappatoire, »journal Madagascar matin , 22 avril 2018, http://www.matin.mg/?p=14061

166 Dominique Val, « Phénomène dahalo – Les pro-régimes avancent la politisation comme échappatoire », journal Madagascar matin , 22 avril 2018, http://www.matin.mg/?p=14061 71 la conquête du pouvoir car leur véritable mission n’est pas d’aider les partis politiques à accéder aux pouvoirs mais d’assurer la sécurité des individus et de ses biens à part le fait qu’elles sont garant de la stabilité politique et démocratique.

« A Madagascar, c’est durant le règne de Radama I qu’est apparu pour la première fois le visage d’une véritable armée professionnelle. Cette armée a été créée avec l’aide du gouverneur anglais de Maurice, Sir Robert Farquhar. Crée avec l’indépendance de Madagascar, plus précisément, le 13mai 1960 ; l’Arméé malgache avait reçu ses premières couleurs le 26 juin 1960 à Mahamasina. Elle est rentrée dans l’arène politique Malagasy dans les années 1972. »167

Actuellement, l’armée participe aux opérations de lutte contre les dahalo. Ainsi,l’existence de connivence entre l’Etat et les forces armées pourrait empêcher la lutte efficace contre le phénomène dahalo. En fait, « l’article 56 alinéa premier de la constitution de la 4 ème République de Madagascar, diffusé le 4 mars 2011 suivant le décret n°2010-994 du 11 décembre 2010 qui présente le président de la République comme le chef Suprême des forces armées »168 nous rend perplexe à propos des relations véritables entre le chef d’Etat et l’armée. Parfois on est tenté de se demandersi l’armée doit être sous la houlette du président de la République pour mieux maitriser et gérer la richesse nationale qui est le zébu afinde mieux manipuler la politique d’assainissement du monde de bœufs à des fins personnels. Car comment peut-on imaginer que si aucune mesure ne sera prise face à la recrudescence du phénomène dahalo, un jour, Madagascar importera de bœufs alors que c’est un pays très connu en matière de cheptel bovin.

Paragraphe 3/ Corruption liée à l’exportation des bœufs comme à « Chine » et l’existence des abattoirs douteux

Tant que la corruption subsiste, la lutte contre le phénomène dahaloreste vaine. A Madagascar, plus on exporte les bœufs et on construit des abattoirs, plus le phénomène dahalodevient de plus en plus vive. Rappelons l’histoire douteuse de l’abattoir SOFIRAC . En fait, « une autre grande affaire avec SOFIRAC nom d’un abattoir établi à Fianarantsoa depuis 1968. L’affaire a éclaté le 19 octobre 1975 lors d’une inspection effectué sur le lieu. Parmi 157 bœufs à tuer, il y avait 19 bêtes volées

167 Mampionona Arizay Victorien Rabearisoa, , op cit 3 168 Ib idem 72 dans les régions d’Ambohimahasoa, et Ambositra. Venus l’idée que ce sont les grands capitalistes qui sont derrière le vol de bœufs. »169 En ce qui concerne l’exportation des bœufs, il y a actuellement le projet BOVIMA ou la Bonne Viande Malgache. « La Bonne Viande Malgache, ou BOVIMA, ce sera l’appellation de la marque de viande malgache à exporter sur le marché régional. Plus exactement à Mayotte, premier marché que le groupe SMTP de Danil Ismail vise dans le cadre de ce projet qui aidera à coup sûr à la relance de l’élevage bovin et caprin à Madagascar. »170 Force est de constater que « la société BOVIMA tient toujours son projet d’exportation de viande de zébu…lancé en 2014, le projet avait fixé comme objectif de produire de la viande répondant aux normes internationales »171 « Il faut également se rappeler du projet Bovima lancé en 2014 et prévu se démarrer cette année. Ce projet consiste à exporter entre 2 800 et 6 000 tonnes de viande par an pour Mayotte et les régions de l’Océan Indien et de l’Afrique Australe. D’un autre côté, l’exportation à destination de la Chine ne cesse non plus d’accroitre. Avec un aussi vaste marché à exploiter, le ministère ne compte pas suspendre l’exportation de viande, du moins pour le moment. Le Fitiba ou Firaisankinan’ny terak’Ibara revendique l’embargo sur l’exportation de la viande de zébu. « Le zébu disparaîtra si les dirigeants continuent de soutenir la politique d’exportation de viande de zébu »172 C’est pour protéger justement notre cheptel bovin que l’association FITIBA voulait stopper l’exportation des viandes de bœufs.

Section 3/ Échecs des opérations militaires menées pour la lutte contre le phénomène dahalo : signe de faiblesse de la politique de l’Etat en matière sécuritaire

169 Henri Rasamoelina, « Etat,banditisme rural », op cit p187 170 R.Edmond, « Projet BOVIMA : 2800 à 6000 tonnes de viandes à exporter », journal Midi Madagasikara, 26 novembre 2014, http://www.midimadagasikara.mg/economie/2014/11/26/projet-bovima-2-800-6-000- tonnes-de-viandes-exporter-par/ consulté le 26 avril 2018 171 Love Rafidiarisoa, « Élevage-Bovima relance l’exportation », 11 décembre 2017, https://www.lexpressmada.com/11/12/2017/elevage-bovima-relance-lexportation/ consulté le 1 er mai 2018 172 Ralambomamy, « Fitiba-Non à l’exportation de zébu », journal Madagascar matin, http://www.matin.mg/?p=27363 consulté le 1 er mai 2018 73

Ces échecs sont causés par la faiblesse des FDS lui-même sur certains points (Paragraphe 1)mais aussi par le défaut de réforme en matière législative sur la répression du vol de bovidé (Paragraphe 2)

Paragraphe 1/ Causés par la faiblesse des FDS lui-même sur certains points

a) Le nombre des FDS et leurs armes : faiblespar rapportà celui des dahalo

L’une des raisons qui a causée l’échec des opérations militaires depuis la deuxième république est le manque d’effectif des FDS pour attaquer les dahalo. Les dahalo sont plus nombreux qu’eux. Le récent rapport de la FNUAP en 2017 témoigne que : « les échecs de leurs actions sont principalement au petit nombre de gendarmes à la poursuite des dahalo qui sont plus nombreux et de surcroit mieux armés qu’eux. »173 Voilà pourquoi, l’Etat perd sa crédibilité. A part cela, depuis la fuite des armes au sein des camps militaires dans la deuxième république, les armes militaires se sont éparpillées aux mains des dahalo.

b) Difficulté pour les FDS à entrer dans les zones de repaires des dahalo

Le même rapport de la FNUAP témoigne que les FDS ont de la difficulté à entrer dans les lieux là où les dahalo s’abritent car c’est trop montagneux et à part cela les dahalo contrôlent bien le lieu mieux que les FDS. 174

Paragraphe 2/ Causé par le défaut de réformeen matière législative sur larépression du vol de bovidé.

Sans vouloir rechercher la faiblesse de la loi face à la recrudescence du phénomène dahalo ; l’Etat marche aveuglement dans sa politique de lutte contre ce fléau. Ce n’est pas en augmentant la peine qu’encourt un dahalo en criminalisant l’infraction qu’on pourrait dissuader les malfaiteurs à ne plus faire partie des dahalo car « Des mesures analogues se répètent d’une période à l’autre (par exemple : diverses tentatives de codifier un système de marquage de bétail). Cette répétition même nous apprend que ces mesures ont été souvent inefficaces »175

173 Rapport de la FNUAP, page 37 174 Rapport de la FNUAP ; p 37 175 TALILY, op cit 123 74

Il est donc temps actuellement de rechercher le fond du problème en faisant en sorte que la loi régissant le vol de bœufs soit adéquate au contexte malgache sur le phénomène dahalo. En outre, « Les observateurs avisés sont surpris par le nombre anormalement élevé des verdicts d’acquittements rendus, à l’échelon national… L’explication la plus courante en est que les preuves de condamnation pour vols de bœufs sont souvent insuffisantes. »176 En fait, il n’y a rien d’étonnant face à tout cela car il est très difficile de rechercher la preuve et les témoins quand c’est le villageois entier qui est complice dans le phénomène dahalo. En plus, si quelqu’un du village dénonce les coupables, il subira la vengeance des voleurs. 177 En ce qui concerne la décision d’acquittement du juge, Rakoto Ignace dit que selon l’auteur français André Ortolland, magistrat, « Il est rare de trouver le ou les voleurs ou d’obtenir des preuves suffisantes pour pouvoir prononcer une condamnation. Les villages participent souvent aux vols de bœufs entre eux et témoignent dans des sens contradictoires. A une première affaire s’en greffe une autre, et très vite on ne sait plus qui est le voleur, qui est la victime »178 Voilà pourquoi, une réforme législative s’impose pour rechercher l’équité dans le jugement des affaires relatives au vol de bœufs. Car si à chaque fois, le juge acquitte les accusés, le phénomène dahalo ne cessera pas.

176 Rakoto ignace, page 7 177 Bilal Tarabey, op cit p 72 178 Cité par Rakoto Ignace, p 7 75

Chapitre 3 /La mauvaise situation économique à Madagascar : source d’avilissement de l’état de droit de l’homme et de la lutte contre le phénomène dahalo

A Madagascar, la pauvreté constitue la cause de l’aggravation du phénomène dahalo (Section 1) mais le manque de volonté politique de l’Etat d’améliorer la situation économique ne fait que l’accentuer (Section 2)

Section 1/ La pauvreté : cause de l’aggravation du phénomène dahalo

Force est de constater que le banditisme rural est renforcé par la pauvreté enracinée depuis plusieurs décennies (Paragraphe 1) et jusqu’à maintenant, le chômage ne fait qu’éterniser le phénomène dahalo (Paragraphe 2)

Paragraphe 1/ banditisme rural, renforcé par la pauvreté enracinée depuis plusieurs décennies

« La pauvreté s’est enracinée à Madagascar depuis 1971, les 4-Mi (ce sont les enfants pauvres nés dans le monde socialiste de la deuxième république) sont apparus depuis la deuxième République. Dès le début des années 1980, la dette de Madagascar était au total 1milliard 400 millions de dollars. Vers 1990-1991, la dette s’élevait à 3,8 milliards de dollars c'est-à-dire près de 4 milliards de dollars. Au milieu des années 1980, l’Etat Malgache est obligé d’appeler les bailleurs de fonds dont la FMI et la banque mondiale. En septembre 1984, les devises sont épuisées au trésor malgache. L’ajustement structurel commençait afin de redresser la situation économique et sociale »179

Les premières causes du vol de bœufs doivent être recherchées dans un appauvrissement aggravé par les nouvelles structures administratives et politiques imposées depuis, surtout sous la deuxième république.

179 Andriamihaja René-Claude s.j , op cit 12 : Tamin’ny taona 1971 no niditra teto Madagasikara. Nitombo hatrany izany fahantrana izany ka niteraka ny 4-Mi tamin’ny repoblika faharoa. Izany hoe : zanaka nateraky ny fitondrana Sosialista teto ny 4-Mi. Tamin’ny voalohandohan’ny taona 1980 dia nahatratra 1 milliard sy 400millions de dollars ny trosan’I Madagasikara. Tamin’ny taona 1990-1991 dia 3,8 milliards de dollars ny totalin’izany trosa izany. Nihazakazaka ny fitomboan’ny trosa sy ny fahantrana. Teo anelanelan’ny taona 1980 dia voatery niantso ny FMI sy ny Banque mondiale ny fitondrana sosialista. Nanomboka tamin’izany ny devaluation nifanesy...”ajustement structurel” .tamin’ny septambra 1984, tapitra tsy nisy intsony ny “devise” tao amin’ny trésor Malagasy. 76

Comme nous le savons tous, le milieu rural est dominé par le secteur primaire, ainsi la terre des ancêtres et les bœufs constituent des moyens de production des paysans. 180 Arrivé à un certain stade l’inégalité économique débouche sur une différenciation sociale affirmée c'est-à-dire l’apparition des couches et classes sociales ayant des positions différentes dans la société. Cela se voit dans les positions politiques et la participation aux partis qui s’est beaucoup développé après 1972 : une bourgeoisie et une petite bourgeoisie rurale comme classe supérieures et d’autre part les petits paysans et les paysans sans terre. 181 Mais il faut aussi remonter à la période coloniale pour trouver un certain nombre de racines du mal développement. Enfin, certains déterminants de la pauvreté ne peuvent se comprendre qu'à la lumière des travaux desanthropologues, des géographes et des historiens, même si ceux-ci ne mentionnent pas explicitement la pauvreté comme objet d'étude. 182

« Le problème de l’insécurité rurale,avec notamment le phénomène du vol de zébus, a déjà fait l’objet de nombreux mémoires et thèses. A part les articles de journaux et de revues cependant, aucun de ceux-ci n’a été publié jusqu’ici. Le livre de Henri Rasamoelina, intitulé « Madagascar. Etat, communautés villageoises et banditisme rural », qui vient de sortir il y a une semaine à l’Harmattan à Paris et préfacé par Jean Pavageau professeur émérite de l’université de Perpignan, vient donc à point nommé pour combler ce vide. Dans ce livre de 250 pages, l’auteur apporte un regard nouveau sur le phénomène puisqu’il l’analyse sur le long terme : du 19° au début du 20° siècle. L’insécurité rurale éclate en effet en certains moments et diminue en d’autres. Henri Rasamoelina étudie donc son « objet » par rapport à l’Etat, pour ne pas dire au régime politique existant.Aux causes immédiates comme les rivalités paysannes de toutes sortes qu’on peut connaître à travers les enquêtes policières et judiciaires, il ajoute donc une cause plus profonde qui est politique. Le vol de zébus est aussi une forme d’expression politique d’un monde qui ne peut pas exprimer directement son mécontentement. Il y a donc là une réflexion à faire au niveau des hauts responsables car toutes les solutions prises jusqu’ici ne sont pas arrivées au bout du phénomène voilà plus de deux siècles déjà. »183

180 Henri Rasamoelina, op cit, p166 181 Henri Rasamoelina, op cit, p 171 182 Isabelle Droy, Jean-Etienne Bidou, Jossie Randriamiandrisoa , Anne Claire Thomas « Une pauvreté rurale étendue et multiforme », pp 53-54, in « Madagascar face au défi des objectifs du millénaire pour le développement », Bénedicte Gastineau, Flore Gubert, Anne sophie,, Robilliard François Roubaud, IRD édition, Marseille 2010. 183 Journal tribune Madagascar, « Le banditisme rural analysé », vendredi 7 décembre 2007, http://www.madagascar-tribune.com/Le-banditisme-rural-analyse,3414.html , consulté le 28 avril 2018 77

Le phénomène serait étroitement lié à celui de la pauvreté chronique dont sont victimes la majorité des Malgaches… Aucun régime, depuis l’avènement de l’Indépendance de la Grande Ile, en 1960, n’a su trouver une solution durable au phénomène Dahalo. Et aucun service compétent n’est en mesure de dénombrer leur victime. Personne, a priori, ne voudrait se lancer dans ce décompte macabre car, c’est de notoriété publique, il arrive que les Dahalo en viennent à massacrer des populations sans défense après avoir dérobé argent et zébus. Les multiples « opérations » militaires de la deuxième République, dans les années 80, qui ont pourtant autorisé de nombreuses exécutions sommaires de supposés Dahalo, n’avaient, au demeurant, abouti à aucun résultat probant. 184

Après toutes ces analyses, l’acte de banditisme est renforcé par la colère de la population face aux systèmes tendant à rendre leur vie plus pénible (comme les corvées excessives pendant la royauté), et par la pauvreté insupportable depuis la 2 ème république. (Des jeunes qui joignent la bande de Remenabila à cause de l’inexistence du travail). Mais actuellement, on est parfois tenté de dire que si le phénomène dahalo existe, c’est parce que l’Etat le voulait ainsi.

Paragraphe 2/ Le chômage éternise le phénomène dahalo

Faute d’emploi, les Malgaches, particulièrement ceux du Sud, vont devenir des « dahalo ». Sans emploi décent, ces gens du Sud et des autres régions s’enfoncent de plus en plus dans la pauvreté, un des facteurs de l’insécurité à Madagascar. 185

Il est très difficile de trouver du travail dans le monde rural si on ne possède pas de terre ou de ferme. Voilà pourquoi les jeunes ou même la plupart des adultes se trémoussent dans l’activité de dahalo car c’est plus facile d’y adhérer vu qu’il n’y a pas de diplôme exigé ou de critères difficiles à acquérir. Le dahalo Remenabila n’avait pas du mal à recruter des gens dans son troupe. Ils sont très volontaires pour le joindre. 186 Sa troupe est très nombreuse que même les forces de l’ordre ont eu de la difficulté à l’affronter car « Remenabila a au moins 500 personnes avec lui »187

184 madonline, « Politisation du phénomène dahalo », 6 août 2003, https://www.madonline.com/politisation-du- phenomene-dahalo/ , consulté le 28 avril 2018 185 C. Ramah, « Insécurité à Madagascar : A cause du chômage et de la pauvreté », http://matv.mg/insecurite-a- madagascar-a-cause-du-chomage-et-de-la-pauvrete/ 186 Bilal Tarabey, op cit 132 : « Des gens qui adhèrent volontairement à la bande de Remenabila. ».

187 Bilal Tarabey,op cit 46. 78

Madagascar a connu quatre crises sociopolitiques depuis le 26 juin 1960, c'est-à-dire son indépendance : en 1972, 1991, 2002 et 2009. Ces crises ont engendré des bouleversements dans la société malgache tant au niveau économique que social. Chaque crise, est accompagnée par un appauvrissement général de la population dû en grande partie au ralentissement des activités économiques et à la recrudescence de l’insécurité. Le service public se détériore, l’Etat n’arrive plus à maitriser la situation, ce qui renforce l’insécurité et par conséquent la dégradation du respect des droits de l’homme qui se manifeste par plusieurs facettes de criminalités.

Section 2/ Le manque de volonté politique de l’État d’améliorer la situation économique : entrave à la lutte contre le phénomène dahalo et à la mise en œuvre de DIDH

Ce manque de volonté politique de l’Etat se manifeste par l’insuffisance de politique claire pour éradiquer la pauvreté dans le monde rural infesté par le phénomène dahalo (Paragraphe 1). Dans le prochain chapitre, nous apporterons des solutions face à tout cela, mais faisons d’abord des critiques aux actions entreprises par l’Etat afin de réduire la pauvreté (Paragraphe 2).

Paragraphe 1/ insuffisance de politique claire pour éradiquer la pauvreté dans le monde rural infesté par le phénomène dahalo

a) Le début de cette lutte contre la pauvreté à Madagascar

« Au cours de la dernière décennie, le cadre de définition et de mise en œuvre des politiques de développement a été profondément marqué par la transition entre les stratégies d’ajustement structurel – caractéristiques des années 1980 et 1990 – et les stratégies de réduction de la pauvreté – dont l’élaboration date du début des années 2000. Imposés par les institutions de Bretton Woods (Fonds monétaire international et Banque mondiale) aux pays faisant face à une crise de la dette, les programmes d’ajustement structurel (PAS) avaient pour objectifs principaux la stabilisation des déficits publics et extérieurs et la relance de la croissance à travers des mesures de libéralisation économique. Ces dernières se traduisaient généralement par le désengagement de l’État des secteurs productifs. Concrètement, pour obtenir de nouveaux prêts ou le rééchelonnement de leur dette, les pays devaient mettre en œuvre un PAS dont la stratégie était décrite dans un Document cadre de politique économique (DCPE). Dans le cas de Madagascar, les politiques de libéralisation ont principalement touché le commerce extérieur

79 et le secteur agricole. Devant l’ampleur des désastres sociaux provoqués par les PAS et l’impossibilité d’envisager un recouvrement de la dette des pays les plus pauvres, le FMI, la Banque mondiale et les pays du G7 ont joué le changement en décidant, en 1996, un plan de réduction de la dette des pays pauvres très endettés (PPTE). Ce plan a permis à la quarantaine de pays éligibles de bénéficier d’un allégement du service de leur dette extérieure, à condition que les fonds libérés soient attribués au financement des plans de lutte contre la pauvreté. Alors qu’elle était absente des PAS, la lutte contre la pauvreté devient ainsi une priorité affichée des politiques de développement. Cet accent mis sur la lutte contre la pauvreté est plus manifeste encore lorsque trois ans plus tard, fin 1999, l’ensemble des programmes d’aide de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international sont modifiés et rebaptisés pour inclure explicitement la lutte contre la pauvreté parmi leurs objectifs. Par ailleurs, tous les pays à bas revenus désireux de bénéficier d’une aide financière dans le cadre de l’initiative PPTE sont appelés à préparer un programme de lutte contre la pauvreté, désigné en français sous le terme de Document stratégique de réduction de la pauvreté. Rapidement, les autres donateurs bilatéraux et multilatéraux emboîtent le pas des institutions de Bretton Woods et décident de placer leurs programmes d’aide sous l’égide des DSRP. »188

b) Manifestation de cette lutte contre la pauvreté à Madagascar

« C’est dans ce contexte que Madagascar entame dès l’an 2000 une réflexion sur l’élaboration d’un DSRP national. Celle-ci aboutit à la finalisation, en juillet 2003, du premier DSRP malgache qui promeut une stratégie de réduction de la pauvreté s’appuyant sur la restauration de l’État de droit et l’amélioration de la gouvernance, une croissance économique à base sociale élargie, et la promotion du développement humain. Au-delà de la structuration de l’aide au développement, la stratégie élaborée dans le DSRP inspire les documents annuels de politique générale de l’État. Celui de 2006 fixe au gouvernement plusieurs objectifs macroéconomiques (sur la croissance, l’inflation, la stabilité budgétaire et monétaire, la pression fiscale et l’investissement) ainsi que des priorités de développement portant sur : la bonne gouvernance ; les infrastructures (routes, télécommunications, énergie) ; l’éducation pour tous ; l’eau potable pour tous et l’assainissement ; la santé et le planning familial, le sida, le paludisme ; le monde rural et l’environnement ; le développement du secteur privé et le tourisme. En 2007, le DSRP malgache est remplacé par le « MAP » ( Madagascar Action Plan ) ou « Plan d’action pour

188 Flore Gubert et Anne-Sophie Robilliard, « Croissance et pauvreté à Madagascar : un aperçu de la dernière décennie (1997-2007) », in Madagascar face au défi des objectifs du millénaire pour le développement, IRD édition, pp 25-52 80

Madagascar » qui fixe les orientations de la politique économique pour la période 2007-2011 et correspond à la seconde génération de documents servant de cadre aux politiques de réduction de la pauvreté. Le MAP fixe plusieurs objectifs précis de réduction de la pauvreté et de développement des services de base à la population. Concernant la réduction de la pauvreté, l’objectif affiché est un taux de pauvreté de 50 % à l’horizon de 2012, atteint grâce à une accélération de la croissance de 7 % en 2008 à 10 % en 2010. Du côté des services de base, le MAP se donne pour objectifs un taux de réussite en primaire de 85 % en 2012 (au lieu de 57 % en 2006), notamment à travers l’amélioration du ratio élèves/enseignant de 52 : 1 à 40 : 1 ; une réduction de la mortalité infantile de 94 ‰o en 2006 à 47 ‰en 2012 à travers une augmentation des taux de vaccination ; une augmentation de l’accès à l’eau courante de 31 % à 65 % en 2012 et une couverture de 64 % des municipalités par le réseau routier (au heu de 35 % en 2006).» 189

c) La nonchalance de l’Etat face à la pauvreté de la population rurale exacerbe lephénomène dahalo

Parmi les causes du chômage et de l’insécurité sociale figurent la nonchalance des gouvernements successifs à développer de politique conséquente de l’emploi. 190

Selon le FMI : Madagascar, 5è pays le plus pauvre au monde. Ce bailleur après avoir approuvé le décaissement de 86 millions de dollars au titre de la Fec ou Faculté 2largie de crédit a rendu public, les rapports sur la République de Madagascar. 191

La Grande île continue de sombrer dans la pauvreté. Le pays se trouve actuellement dans le top 5 des pays les plus pauvres du monde. Madagascar se trouve actuellement sur la liste des pays les plus pauvres au monde.

A part cela, le monde rural est dominé par le phénomène dahalo qui appauvrisse de plus en plus la population. Mais jusqu’ici, aucune mesure satisfaisante n’a été prise par l’Etat pour mieux lutter contre le phénomène. Au contraire ; le cheptel bovin diminue de plus en plus et n’arrive même plus à répondre à la demande nationale. Cela se manifeste par le prix du kilo de la viande

189 Flore Gubert et Anne-Sophie Robilliard, « Croissance et pauvreté à Madagascar : un aperçu de la dernière décennie (1997-2007)», in Madagascar face au défi des objectifs du millénaire pour le développement, IRD édition, pp 25-52 190 Hans Maier, op cit p 119 191 Arh, « FMI : Madagascar, 5è pays le plus pauvre au monde », journal les nouvelles, 20/07/2017, http://www.newsmada.com/2017/07/20/fmi-madagascar-5e-pays-le-plus-pauvre-au-monde/ 81 de bœufs qui ne cesse d’augmenter jusqu’à maintenant à cause de cette diminution en nombre du cheptel.

On est même tenté de se demander si réellement l’Etat voulait se débarrasser de la pauvreté ou pas, car on dirait que la réponse est non !

Paragraphe 2/ Critique face aux actions entreprises par l’Etat pour réduire la pauvreté

Le taux de pauvreté de Madagascar est de 71 pourcent selon les Nations Unies. 192

De 1975 à 1991, le régime en place a élaboré une politique d’ « industrialisation à outrance »193 en vue d'accélérer le processus de développement et de réduire la pauvreté. Cependant, cette politique d'investissement n'a pas donné les résultats attendus. Au contraire, cette politique a occasionné d'énormes dettes pour le pays. L’Etat a donc fait appel aux bailleurs de fonds comme le FMI et la banque mondiale. C’est là que commence le PAS.

Des mesures ont été prises comme la suppression des barrières douanières; la suppression des exonérations fiscales; la privatisation ect…

Pourtant, malgré les diverses stratégies déjà appliquées, un grand nombre de la population malgache vit encore dans un état de dénuement et de précarité témoignant du fait que le pays n'a pas encore pu se libérer de l'emprise de la pauvreté. Il est clair que les stratégies de lutte contre la pauvreté n'ont pas pu atteindre leurs buts. Elles ont été trop centrées sur les réformes économiques et administratives. De plus, ces stratégies ont été dictées par les bailleurs de fonds. Si nous voulons lutter efficacement contre la pauvreté, il faudrait que l'Etat sanctionne sévèrement et sans distinction la prolifération de la corruption qui sévit quasiment dans tous les secteurs.

La lutte contre la pauvreté n'est pas gagnée car les politiques appliquées ne représentaient pas les besoins réels de la population mais elles sont formulées selon les exigences des bailleurs.

192 Les Nations-Unies à Madagascar, « Statistiques sur Madagascar », http://mg.one.un.org/content/unct/madagascar/fr/home/a-propos-de-madagascar/statistiques-sur- madagascar.html consulté le 5 mai 2018 193 Andriamihaja rené-Claude s.j, op cit p 19 82

« La pauvreté structurelle, l’insécurité alimentaire, le manque d’accès à l’éducation de base, et aux services de santé, le grave déficit de travail rémunéré qui permet une vie normale, l’absence de sécurité sociale pour la grande majorité de la population, une justice partiale et le manque de participation aux processus de décisions politiques : ce sont là quelques aspects importants des conditions de vie indignes qui contredisent le respect des droits de l’homme établis par la DUDH et garantis par la constitution malgache. »194 . Les actions de lutte contre la pauvreté doivent être axées sur tout cela pour mieux avancer.

En tant que citoyen, nous devons faire beaucoup d'efforts, non seulement en continuant les programmes qui existaient depuis mais aussi en cherchant de nouvelles stratégies adaptées à notre situation au lieu de calquer celles des pays voisins afin que nous sortions de la pauvreté.

La situation économique de Madagascar n’a cessé de se dégrader depuis les années 70 et les crises politiques de 1990 et 2002 et 2009 survenues ont apportées des malheurs que ce soit sur le plan économique, politique ou social. A part cela, les catastrophes naturelles comme les cyclones, les criquets ont accentué la pauvreté de Madagascar.

Les nombreuses réformes économiques mises en œuvre à Madagascar depuis le milieu des années quatre-vingt n’ont pas suffi à mettre l’économie malgache sur le chemin de la croissance car « la crise malgache est profonde et que tous les malgaches sont concernés, tous responsables, tous coupables. L’issue ne peut être que globale et totale : à la fois politique, sociale, économique, faute de quoi la périodicité constatée depuis 1972 ne sera jamais maitrisée, ni la crise actuelle résolue.»195

L’ampleur de l’insécurité ne cesse de s’accroître à Madagascar.Ainsi, face à toutes ces difficultés dans la mise en pratique des exigences du DIDH à cause de la réalité socio culturelle, politique, économique malgache face à la lutte contre le phénomène dahalo, des solutions s’imposent.

194 Hans Maier, op cit p 23 195 Jacqueline Raoelina Andriambololona, « Les crises malgaches, perspectives historiques et anthropologiques de la situation », in « 2010, Madagascar en transition »sorties de crises. Actes des 4 forums 2010, institut français de Madagascar, Edition Tsipika, 2011, Antananarivo, p 41 83

Chapitre IV/ Solutions pour que l’opération de lutte contre le phénomène dahalo s’adapte aux exigences du DIDH La première solution serait du point de vue textuel par la réadaptation de la loi régissant le vol de bœufs aux exigences du DIDH (Section 1), puis la dépolitisation totale et réforme des forces armées en tant que levier pour la promotion des droits humains et pour la lutte efficace contre le phénomène dahalo (Section 2)ensuite redonner au fokonolona sa véritable place dans la société malgache (Section 3), renforcer le système d’information entre les autorités traditionnelles et l’autorité centrale chargée d’intervenir lors des attaques des dahalo (Section 4) puis adopter une nouvelle stratégie face à la stratégie de kidnapping des dahalo (Section 5) et enfin rimer le Dina avec le DIDH pour mieux faire face au pluralisme normatif (Section 6))

Section 1/ Du point de vue textuel, la réadaptation de la loi régissant le vol de bœufs aux exigences du DIDH

A titre de rappel, le protocole facultatif se rapportant au PIDCP visant à abolir la peine de mort du 15 décembre 1989, a été autorisé à être ratifié par la loi n°2016-053 du 16 décembre 2016)196 . Or les exactions des dahalo par les FDS continuent, même cette année 2018. Le journal l’express de Madagascar rapporte le 16 février 2018 que : « L’insaisissable chef des dahalo, Revato, a été abattu jeudi dans les fins de la brousse de Ranotsara Befotaka. Ce caïd du grand Sud, qui a laissé ses empreintes dans l’exécution d’éléments de forces de l’ordre et les vols massifs de bovidés en masse, est tombé avec trois de ses comparses sous les balles des gendarmes du poste avancé de Ranotsara, appuyés par les hommes de compagnie militaire de Manakara ainsi que le fokonolona. »197 Et le problème est que « la Constitution reconnaît en outre le droit de tuer en vue d'assurer la défense de toute personne contre la violence illégale. On a en ce moment un cas concret avec la «mise à mort» des dahalo par les forces de l'ordre dans le Sud. Il en va de même des présumés bandits, qui ne le sont finalement pas, abattus par les forces de l'ordre sans la moindre forme de procès. Tout compte fait, il s'agirait plutôt d'une décision politique . »198

Donc, est-que dans les faits, on est vraiment prêt à respecter les effets de l’abolition de la peine de mort ?Car on dirait que non. Parfois on est tenté de penser que cette abolition de la peine de

196 Recueils des textes régionaux, sous régionaux et internationaux relatifs aux droits de l’Homme, op cit page 3 197 Seth Andriamarohasina, « Vangaindrano, le baron des dahalo abattu avec trois de ses hommes », journal l’express, 16 février 2018, https://www.lexpressmada.com/16/02/2018/vangaindrano- le%E2%80%88baron%E2%80%88des%E2%80%88dahalo%E2%80%88abattu%E2%80%88avec%E2%80%88tr ois%E2%80%88de%E2%80%88ses%E2%80%88hommes/ consulté le 5 mai 2018 198 ARTICLES REMARQUES-SEPTEMBRE 2012, « Justice et droits de l’Homme à Madagascar », http://justmad.canalblog.com/archives/2012/09/28/25012684.html consulté le 5 mai 2018 84 mort à Madagascar n’est qu’une façade, c’est juste une volonté politique de l’Etat n’ayant pour but que d’avoir de la considération aux yeux de la communauté internationale. Ce protocole précité restera lettre morte si on insiste à tuer les dahalo en se cachant derrière « la violence légale » pour les exécuter sans procès.

Quelle que soit la situation, on ne doit pas déroger au droit à la vie, car l’article 4 alinéa 2 du PIDCP l’interdit. Selon cet article 4 du PIDCP : 1. Dans le cas où un danger public exceptionnel menace l'existence de la nation et est proclamé par un acte officiel, les Etats parties au présent Pacte peuvent prendre, dans la stricte mesure où la situation l'exige, des mesures dérogeant aux obligations prévues dans le présent Pacte, sous réserve que ces mesures ne soient pas incompatibles avec les autres obligations que leur impose le droit international et qu'elles n'entraînent pas une discrimination fondée uniquement sur la race, la couleur, le sexe, la langue, la religion ou l'origine sociale. 2. La disposition précédente n'autorise aucune dérogation aux articles 6, 7,… »199 . Et cet article 6 porte sur le droit à la vie, et l’article 7 sur l’interdiction de torture.

« Le texte de base relatif à la répression des vols de bœufs est l’ordonnance du 27 septembre 1960. Il traduit la volonté politique d’éradiquer le vol de bovidés au moment de l’indépendance, sous l’impulsion du dynamique ministre de l’Intérieur de l’époque, André Resampa, originaire du pays des éleveurs bara. L’ordonnance distingue, d’une part, le crime de vol simple jugé par les tribunaux de première instance et puni de cinq à vingt ans de travaux forcés, d’autre part, le crime de vol aggravé jugé par les cours criminelles spéciales et passible de la peine de mort ou de travaux forcés à perpétuité. »200

Le législateur doit changer cette mentalité de renforcer la peine à prononcer contre les voleurs de bœufsen vue de les dissuader. Car depuis longtemps, cela ne les a jamais fait reculer.

L’adaptation de ce texte à la réalité culturelle doit être considérée car le vol de bœuf en tant que sport pour certains hommes pour démontrer leur virilité n’a pas encore disparu.

En fait, selon Bilal Tarabey « Le phénomène dahalo est inscrit dans la tradition de ces populations et c’est très difficile de les extraire de ce système. Presque 70 pourcent des gens

199 Nations Unies Droits de l’Homme, haut-commissariat, « Pacte international relatif aux droits civils et politiques », http://www.ohchr.org/FR/ProfessionalInterest/Pages/CCPR.aspx consulté le 5 mai 2018 200 Rakoto Ignace, op cit p 4

85 dans ces villages vivent du vol de bœufs. Si quelqu’un accepte de dénoncer un dahalo, il sera tué. Donc ces villages n’ont d’autre choix que de protéger les dahalo »201 . Cela implique que la recherche de la vérité n’est pas facile. Donc une concertation tant au niveau de ceux qui conçoivent la loi et les entités traditionnelles doivent être faite pour qu’il y ait adéquation entre le texte et le contexte culturel national. Un procès équitable tient compte de toutes les facettes.

Section 2/ Dépolitisation totale et réforme des forces armées: levier pour la promotion des droits humains et pour la lutte efficace contre le phénomène dahalo

La soumission de l’armée ne peut être effective que lorsque formellement on soustrait au président de la république d’être le chef suprême des forces Armées. C'est-à-dire supprimer l’article 56 de la constitution malgache de 2010, qui a posé cela. Comme ça, les forces armées peuvent travailler et poursuivre leur mission, en toute indépendance.

Les forces armées doivent se détacher du rouage du système politique pour qu’elles puissent asseoir sa neutralité. En fait, selon Juvence F.Ramasy « les forces armées ont été un acteur politique au lendemain des indépendances dans les pays africains »202 .

Ainsi, un mouvement tendant vers la dépolitisation de l’armée est nécessaire car son attachement avec les acteurs politiques peuvent compromettre ses missions. Dans ses missions les forces armées doivent avoir « une capacité morale indiscutable, l’attachement indéfectible à la Patrie, la volonté de servir utilement la République….le respect de l’intégrité et la dignité personnelle du citoyen…et le respect de la personne humaine. Ces valeurs sont les pierres angulaires qui supportent l’édifice militaire et leur déclin constitue un danger pour l’unité de l’armée et la réalisation régulière de ses missions. »203 Cela implique que pour préserver ces valeurs surtout celles portant sur le respect des droits humains, dans la lutte contre les dahalo, et servir la patrie en toute indépendance, leur retrait du système politique est nécessaire. En ce qui concerne les réformes des forces armées, le communiqué de la SEFAFI en 2012 est clair en disant que « Le 26 juin, l’armée malgache a célébré sa 52ème année d’existence. En cette période de trouble où l’opinion publique s’interroge, une fois de plus, sur la probité et l’efficacité, voire même l’utilité, de forces armées censées travailler pour la Patrie, le SeFaFi

201 Bilal Tarabey, p 205 202 Cité par Mampionona Arizay Victorien Rabearisoa, « Rôles et missions des forces Armées dans une démocratie naissante » Le cas de Madagascar, Friedrich Ebert Stiftung, octobre 2013, p 2 203 Mampionona Arizay Victorien Rabearisoa, op cit 5 86 estime qu’un bilan s’impose. L’utilité d’une armée mérite toujours discussion. A partir de 1972, l’armée a pris goût au pouvoir, jusqu’à devenir un acteur politique d’envergure . La corruption gangrène ses rangs, à l’instar de presque tous les grands corps de l’État. Or l’armée est censée être le protecteur du peuple, le garde-fou de la République . L’armée dans sa forme actuelle est désuète, budgétivore et source de problèmes constants. Il faut remettre les cartes à plat et conclure un nouveau pacte entre forces armées et population. »204 Ainsi, pour que les forces armées regagnent la confiance du peuple, des reformes s’imposent car vu l’état des droits de l’Homme à Madagascar, il est temps qu’elles se focalisent sur ses missions traditionnelles axées sur la protection du peuple et de son territoire.

Section 3/ Redonner au fokonolona sa véritable place dans la société malgache

Une des reproches les plus justes que l’on peut faire à l’ancienne politique coloniale française est d’avoir négligé les institutions de bas traditionnelles au profit d’un système d’administration directe. 205

A Madagascar, cette tendance d’ignorer les institutions traditionnelles continue car jusqu’à maintenant, le chef fokontany est désigné par l’autorité déconcentré, qui est le chef de disctrict.

En fait, « le décret n°2009-990 du 2 juillet 2009 fixe l’organisation, le fonctionnement et les attributions du « Fokontany ». Ce dernier constitue la subdivision administrative de base de l’Etat au niveau des communes. En son article 5 ce décret stipule que « le chef « Fokontany » et son adjoint sont désignés par arrêté du chef de district à l’issue de leur élection séparée, à la majorité absolue par les membres du « Fokonolona » âgés de 18 ans et plus, réunis spécialement à cet effet, en Assemblée Générale sur convocation du chef de district ». Et en son article 6, « le chef de district peut mettre fin à la fonction de membre du comité de Fokontany par voie d’arrêté. Cet arrêté doit être motivé »206 Cela constitue un danger car le chef fokontany n’aura aucune indépendance vis-à-vis de celui qui l’a nommé car celui-ci peut le révoquer s’il ne suit pas ses directives. Donc pour garder sa place, il écoutera le chef de district.

204 ARTICLES REMARQUES-SEPTEMBRE 2012, « Justice et droits de l’homme à Madagascar », Septembre 2012, http://justmad.canalblog.com/archives/2012/09/28/25012684.html consulté le 6mai 2018 205 Georges Condominas, « Fokon’olona et collectivités rurales en Imerina », édition de l’ORSTOM, dépôt légal : mai 1991, p 3 206 Dominique R. « Election des chefs « Fokontany » : Le chef de disctrict chargé de son organisation », journal Midi Madagasikara, 21octobre 2016, http://www.midi-madagasikara.mg/politique/2016/10/21/election- chefs-fokontany-chef-de-district-charge-de-organisation/ consulté le 5 mai 2018 87

Or, une réelle indépendance doit être octroyée au chef fokontany pour qu’il puisse avoir une cohésion solide avec les membres du fokonolona. Le but c’est que dans sa prise de décision, il ne sera pas intimidé par d’autres autorités.

En matière de lutte contre le phénomène dahalo, la coopération avec les institutions traditionnelles sont essentielles car la source d’information c’est eux. Parfois, et c’est le problème, le chef fokontany vu qu’il est un agent nommé, est dans l’obligation de suivre les directives du chef de district qui l’a nommé. Or ce dernier, peut discréditer la prise de décision du chef de fokontany et risque de compromettre la décision du fokonolona.

Une autonomie réelle doit être donnée au chef fokontany afin qu’il puisse agir librement avec les membres du fokonolona sans pression venant de l’extérieur. Le phénomène dahalo est très délicat. Pour éviter les blocages tendant par exemple à nuire les missions des fokonolona dans la poursuite des bœufs volés, les institutions traditionnelles doivent agir librement.

Section 4/ Renforcer le système d’information entre les autorités traditionnelles et l’autorité centrale chargée d’intervenir lors des attaques des dahalo

Il n’y a rien d’étonnant si dans certains cas, les FDS arrivent trop tard et les bœufs ne sont pas récupérés et les dahalo gagnent. Les lacunes résident justement dans le système de communication. Pour cela, il est temps de donner aux fokontany les moyens matériels nécessaires comme les téléphones, les crédits de recharge, des motocyclettes adaptées au milieu rural avec carburant afin que les membres actifs du fokontany puissante avertir à temps les FDS travaillant sur le lieu.

Le phénomène dahalo jusqu’ici n’est pas encore maitrisé. Quelles sont alors les lacunes que l’Etat ne voulait pas réparer face à la lutte contre ce phénomène ? Parfois on est tenté de se demander si c’est l’Etat lui-même qui est derrière le phénomène dahalo car d’après l’actualisation des estimations de LACROUTS, faite en 1966, il indique qu’il y avait 10.038.396 têtes bovines 207 . Franchement c’est nombreux même pour les 23.812.681 millions des malgaches, nombre de la population malgache en 2015 selon les Nations-Unies 208

207 M.P Rudloff, « Revue économique de Madagascar », janvier 1970, Faculté de droit des sciences économiques de Madagascar. 208 Les nations unies à Madagascar, « Statistiques sur Madagascar », http://mg.one.un.org/content/unct/madagascar/fr/home/a-propos-de-madagascar/statistiques-sur- madagascar.html consulté le 5 mai 2018 88

Actuellement, le pays souffre du prix élevé des viandes de bœufs qui ne cessent de s’augmenter. A part les souffrances qu’endurent la population pendant les raids des dahalo et les droits humains bafoués pendant et après l’attaque des malaso, l’Etat malgache est actuellement dans une ambiance préélectorale. L’Etat dans ce cas-là concentre ses efforts à la mise en œuvre des préparatifs des élections au lieu de s’intéresser à la vie de la population qui vive dans «la pauvreté grandissante depuis les années 70 »209 . La grève sévisse la capitale de Madagascar à l’heure où j’écris, et on ne parle que les lois électorales et la démission du président de la République de Madagascar Hery Rajaonarimampianina. Force est de constater que si l’Etat n’adopte pas de nouveaux stratégie ou au moins renforcer la capacité des FDS, et les collectivités territoriales ; la lutte contre le phénomène dahalo s’éternisera et les droits humains resteront lettre morte.

Section 5/ Adoption de nouvelle stratégie face à la stratégie de kidnapping des dahalo

Actuellement, les dahalo ne se contentent plus de voler les bœufs et tuer la population mais servent les gens comme des boucliers humains. « Le bilan statistique de la gendarmerie enregistre cent prisonniers des dahalo, depuis le 28 mai 2017. 31 cas d’invasion des bandits suivie de kidnapping ont été recensés. Sans scrupule, les dahalo ont fusillé 6 otages, dont une mère de famille en représailles à la tentative de libération procédée par les forces de l’ordre. Ces exécutions ont eu lieu à Beroroha en juillet (2017) à Ankazobe et à Tsaratanàna ce weekend (sic). »210

Ce système de prise d’otage doit conscientiser l’Etat car les dahalo ne cessent pas de chercher des moyens pour déstabiliser les FDS par l’intermédiaire de boucliers humains. Parallèlement, l’Etat doit aussi chercher une nouvelle stratégie pour lieu détecter les dahalo.

209 Hans Maier, op cit page 133 210 Hajatiana Léonard, « Vol de bœufs_les dahalo font cent otages en sept mois », journal l’express de Madagascar, 29 décembre 2017, https://www.lexpressmada.com/29/12/2017/vol-de-boeufs-les-dahalo- font-cent-otages-en-sept-mois/ consulté le 5 mai 2018 89

La situation des droits humains ne cessent de se dégrader à cause du phénomène dahalo. A part l’atteinte au droit à la propriété, le droit à la vie, le droit à l’intégrité physique, le droit à la santé, le droit au regroupement familial ect…voilà une autre forme de violence avec le système de kidnapping des dahalo.

La population malgache vit dans la terreur actuellement à cause de la nonchalance de l’Etat face à la situation sécuritaire dans le sud surtout. A titre de rappel, la plupart des fonctionnaires comme les magistrats, les juges, les militaires ne voulaient pas se déplacer dans le Sud à cause de l’insécurité. L’Etat doit prendre en considération de manière égale la situation de la région dans tout Madagascar car ça fait longtemps que le Sud a été délaissé, prenons le cas des « Kere », qui vivent dans une situation précaire depuis longtemps.

Section 6/ Rimer le Dina avec le DIDH pour mieux faire face au pluralisme normatif

Le « pluralisme normatif » : un nouveau paradigme pour appréhender les mutations sociales et juridiques ?211 Les phénomènes de normativité sont extrêmement complexes : ils sont tout à la fois, mais de façon morcelée, diffus, allusifs, parfois officiels, parfois informels, mais de toutes les manières enchevêtrés, interpénétrés, voire soudés. Afin de mieux les comprendre, nombreux sont ceux qui ont voulu les qualifier, leur dessiner des frontières plus ou moins poreuses. 212 . Comme il est déjà vu plus haut, le Dina est un élémentinséparable de la société malgache, il a pris une racine très profonde et donc incontournable surtout en matière dephénomène dahalo. Or parfois les conventionsinternationales relatives aux DH une fois ratifiées prennent place dans l’ordonnancement juridique malgache et donc supérieur au Dinadans la hiérarchie des normes mais il arrive que leur application s’avèrent difficile et quelquefois contraires à l’esprit du dina lui-même. Dans ce cas, il faut le rimer avec le DIDH car de nos jours, le droit n’est plus la seule norme capable de régir les rapports sociaux dû au pluralisme normatif. L’Etat doit ainsi tenir compte des mutations sociales et juridiques pour mieux régir le phénomène dahalo en tenant compte des situations nationales et internationales. Il faut donc revoir le Dina en le confrontant

211 Emmanuelle Bernheim Dans Revue interdisciplinaire d'études juridiques 2011/2 (Volume 67) , pages 1 à 41 https://www.cairn.info/revue-interdisciplinaire-d-etudes-juridiques-2011- 2-page-1.htm consulté le 21 janvier 2020

212 Ib idem 90 avec le DIDH, ainsi la coopération avec d’autres entités traditionnelles, la société civile et des experts est très importante pour y parvenir.

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CONCLUSION

Il est très difficile de répondre aux exigences du DIDH dans le cadre des opérations militaires portant sur la lutte contre le phénomène dahalo. Mais personne ne voulait le reconnaitre directement. Mais dans le cadre de mes recherches portant sur cette mémoire, j’ai eu de la chance d’avoir un entretien avec un capitaine, commandant de la compagnie de la gendarmerie qui m’a dit sincèrement que « préserver le droit à la vie des dahalo qui ne cherchent qu’à vous massacrer s’avère très difficile dans les affrontements. Si vous hésiter de tirer, c’est vous qui serez tué ». Donc le respect du droit à la vie des dahalo va induire les FDS dans le suicide or ce n’est pas dans ce sens-làqu’il faut appliquer les DIDH.Mais pour le conseiller en droits de l’Homme avec lequel j’ai eu aussi un entretien, « Il ne fallait pas tuer les dahalo, il faut seulement les neutraliser ». Or, les FDS sont aussi formées pour balancer la mise en œuvre des droits humains sur le terrain d’affrontement. Mais la réalité à Madagascar nous prouve que la mise en œuvre de ces droitsreste un défi majeur que ce soit du côté de l’Etat ou des FDS ou force de l’ordre. Les droits de la population victimedu phénomène dahalo et les droits de ce dernier sont carrément violés que ce soit par l’Etat ou les FDS. En ce qui concerne la violation des droits humains faite par l’Etat, envers les victimes surtout, on observe une nonchalance volontaire de sa part car son soutien à l’égard des victimes du phénomène n’est pas assez remarquable, voire même inexistant. Or, à titre de rappel, notre pays a ratifié huit des neufs traités internationaux relatifs aux droits de l’Homme, quatre protocoles, ainsi qu’un protocole et six conventions respectivement dans le cadre sous-régional et dans le cadre régional de l’Union Africaines. Madagascar est quasi champion du monde en matière de ratification des conventions de ce genre, mais la mise en pratique des exigences du DIDH reste un problème majeur en ce qui concerne la lutte contre le phénomène dahalo. Il est donc temps de redonner un sens à ces pactes signés et ratifiésen adoptant des lois ou règlements spécifiques pour la mise en œuvre de ces droits humains surtout quand il s’agit de contexte spécifique comme la lutte contre le phénomène dahalo qui met en jeu plusieurs droits. Sinon ils demeureront lettre morte.La confection de ces normes spécifiques doit être inclusive en intégrant les acteurs clés en commençant par les institutions traditionnelles, les sociétés civiles, les FDS. Cela permettra également aux concernés de mieux connaitre les portées et limites de tous les droits et de ne pas tomber dans la perplexité.

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Liste des annexes

Annexe n°1 : Lettre d’introduction du département visée par mes interlocuteurs. Annexe n°2 : Les questions que j’ai posées à mes interlocuteurs pendant mes recherches.

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Annexe n°2 : Les questions que j’ai posées à mes interlocuteurs pendant mes recherches.

Questions que j’ai posées à Monsieur Omer Kalameu, Conseiller en Droits de l’Homme :

• Comment trouvez-vous l’état des droits de l’Homme à Madagascar quand il s’agit de phénomène dahalo ? • Y a-t-il un espoir qu’un jour le droit de l’homme serait bien respecté de manière parfaite dans le cadre de lutte contre le phénomène dahalo ? • Pourquoi jusqu’ici, le phénomène dahalo s’aggrave et quelles solutions proposez-vous ?

Questions posées à Madame la juge Sandra Judith: • Quel est votre avis à propos de la présomption d’innocence des dahalo ? • Quel est votre point de vue général en matière de droit de l’homme et le phénomène dahalo ?

Questions posées au Capitaine RavalisonLalainaH , commandant de la Compagnie de la gendarmerie nationale Fenoarivobe : ° Vous qui êtes sur le terrain, y a-t-il respect total des droits de l’Homme lors de la lutte contre le phénomène dahalo ?

° Quelles solutions proposez-vous alors pour éradiquer le phénomène dahalo ?

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BIBLIOGRAPHIE

Les ouvrages généraux

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Les instruments juridiques régionaux

• Charte Africaine des droits de l’homme et des peuples du 27 juin 1981 (ratifiée le 9mars 1992)

Les instruments juridiques internationaux

• Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux, et culturels du 16 décembre 1966 (ratifié le 22 septembre 1971) • Pacte international relatif aux droits civils et politiques du 16 décembre 1966 (ratifié le 21 juin 1971) • Deuxième protocole facultatif se rapportant au PIDCP visant à abolir la peine de mort du 15 décembre 1989. (Autorisée à être ratifiée par la loi n°2016-053 du 16 décembre 2016)

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Les lexiques

‹ Raymond Guillien et Jean Vincent, « Lexique des termes juridiques », 13è édition, Dalloz, 2001, 592 pages

Les mémoires de recherche

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Les rapports d’études

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Table des matières

LISTE DES ABREVIATIONS…………………………………………………………………………...... 2

SOMMAIRE……………………………………………………………………………………………………………………………3

INTRODUCTION …………………………………………………………………………………………………………………5

Partie I/

Non respect des exigences du DIDH face à l’impératif de la lutte contre les dahalo……………8

Chapitre I/ Violation des engagements internationaux relatifs aux droits de l’Homme de la part de l’État face à la lutte contre les dahalo...... 9

Section 1/ Rappel en général des obligations de l’État en matière de droits de l’Homme ……………9

Paragraphe 1/ Rappel historique de la genèse du droit international relatif aux droits de l’homme …………………………………………………………………………………………………….9 A Au niveau international ………………………………………………………………………...9 B L’origine du DIDH à Madagascar ……………………………………………………………10 Paragraphe 2/ Les obligations de l’Etat découlant du droit international des droits de l’Homme. …………………………………………………………………………………………………...11 A Concernant son obligation de respecter …………………………………………………..….12 B Concernant son obligation de protéger ……………………………………………………....12 C Concernant son obligation de mettre en œuvre …………………………………………..….12 Paragraphe 3/ Les conventions internationaux ratifiées par l’Etat malgache en matière de DIDH ………………………………………………………………………………………………….13 A Les conventions internationales …………………………………………………………..…13 B Des protocoles facultatifs ratifiés par Madagascar ………………………………………….14 C Les instruments juridiques régionaux et sous- régionaux ratifiés par Madagascar………….14 Section 2/ Manifestation du mépris de ses obligations de la part de l’Etat dans la lutte contre le phénomène de dahalo...... 15

Paragraphe 1/ A l’ égard des dahalo voleur de bœufs ………………………….……………...15

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A A propos du mépris de l’ « obligation de respecter » par l’Etat de certains droits des dahalo …………………………………………………………………………………………………..15 a) Violation du droit à la vie des dahalo par l’exécution sommaire extra judiciaire : Prenons le cas du fameux CAPITAINE FANEVA…………...... 15 b) Violation de la présomption d’innocence des dahalo ……………………………….....19 c) Le droit à un procès équitable des dahalo ……………………………………………..19 B A propos du mépris de l’ « obligation de protéger » des droits des dahalo…………………20 a) A propos du mépris du droit à la vie des dahalo……………………………………….21 b) A propos du mépris du droit à la présomption d’innocence des dahalo……………….22 c) A propos du mépris du droit au procès équitable………………………………………23 C A propos du mépris de l’ « obligation de mettre en œuvre » des droits des dahalo ………..24 Paragraphe 2/ A l’ égard des victimes de vol de bœufs……………………………………...... 24 A Manquement de l’Etat face à son « obligation de respecter » les droits des victimes de vol de bœufs…………………………………………………….……………………………………..24 1/ Les droits humains violés lors des attaques des dahalo pour les victimes…...... 24 a) Le droit de propriété…………………………………..……………………………….24 b) Le droit à la vie ………………………………………………………..…………...... 25 c) Droit à l’intégrité physique …………………………………………………………....26 d) Le droit à l’éducation ………………………………………………………….………26 e) Le droit à la paix……………………………………………………………………….26 f) Le droit à la protection de la famille …………………………………………………..27 g) Le droit au développement ………………………………………………...... 27 2/ Manifestation de la violation de ces droits précités par l’Etat ……………………………...28 a) Perte de zébus : atteinte au droit de propriété constitutive de violence économique ………………………………………………………………………………………………....28 b) L’atteinte au droit à l’éducation………………………………………………………28 c) L’atteinte au droit à la paix ……………………………………………………………28 d) Le droit au développement ……………………………..……………………………..29 B Manquement de l’Etat face à son obligation de protéger les droits des victimes………….29

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C Manquement de l’Etat face à son obligation de mettre en œuvre …………………………..30 Section 3/ Insuffisance des actions entreprises par l’État pour rendre effectif le droits de l’Homme ……………………………………………………………………………………………………………….…………..32

Paragraphe 1/ Les actions entreprises avec le concours de la communauté internationale dans le cadre de la réforme du secteur sécuritaire à Madagascar ……………………………………...32 Paragraphe 2/ Le renforcement de capacité des FDS et mise en place de nouveau dispositif militaire dans certaines régions à Madagascar afin de lutter efficacement contre phénomène dahalo………………………………………………………………………………………….33 a) Le renforcement de la capacité des FDS……………………………………………...34 b) Mise en place des dispositifs militaires…………………………………………….….34 Paragraphe 3/ Le manque de suivi des actions entreprises : handicap pour la promotion de droit de l’Homme…………………………………………………………………………….……..36 Chapitre II/ Violation du DIDH par les forces de l’ordre pendant l’opération de lutte contre les dahalo ……………………………………………………………………………………………………………………………....37

Section 1/ Rappel général des obligations des forces de l’ordre en matière de droit de l’homme ……………………………………………………………………………………………………………………………37

Paragraphe 1/ Composition des forces de sécurité à Madagascar ……………………..……..37 Paragraphe 2/ Obligation des forces de sécurité en matière de droit de l’Homme …………..38 Section 2/ Les réalités montrant que les forces de l’ordre portent atteinte au DIDH ……….…...39

Paragraphe 1/ A l’ égard des dahalo eux-mêmes ……………………………………………..39 Paragraphe 2/ Les atteintes infligées aux victimes du vol de bœufs par les forces de l’ordre ………………………………………………………………………...... 41 A Les droits de l’Homme des victimes ………………………………………...……....41 B La violation de ces droits par les forces de l’ordre ………………………………………42 Section 3/L’excès de pouvoirs de la part des forces de l’ordre pendant la lutte contre les dahalo : entrave à l’effectivité du DIDH ………………………………………………………………………………………..43

Paragraphe 1/ Éléments des forces de l’ordre impliqués dans la corruption : violation de l’article 3 du protocole de la SADC contre la corruption. …………………………………………...43

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Paragraphe 2/ Tendance des militaires à abuser de leur fonction et de leurs armes pour faire des exactions viole l’article 6 sur le droit à la vie et 9 sur la sécurité des personnes du PIDCP …………………………………………………………………………………………………...46 Paragraphe 3/ Implication des militaires dans les actes de banditismes porte gravement atteinte au droit à la paix et à la sécurité de la personne cité dans l’article 23 du CADHP………………………………………………………………………………………….48 Paragraphe 4/ Les forces de sécurité : poids pour la population ……………………………..…49 a) Les attributions des FDS sur le terrain en général………………………………………49 b) Prise en charge des FDS : un fardeau pour la population ……………………….…50 Partie II /Difficulté de mise en pratique des exigences du DIDH à cause de la réalité socio- culturelle, politique, économique malgache face à la lutte contre le phénomène dahalo…..….53

Chapitre 1/ Complication de la réalité socio culturelle malgache à propos du phénomène dahalo……………………………………………………………………………………….…54

Section 1/ Rappel historique du phénomène dahalo et de la lutte contre le vol de bœufs...... 54

Paragraphe 1/ origine du phénomène et la lutte contre le vol de bœufs. …………………....54 a) La lutte contre le vol de bœufs à Madagascar sous l’époque royale marquée par l’édiction des textes administratifs……………………………………………………………………...55 b) La lutte contre le vol de bœufs sous l’époque de la colonisation ………………...….55 c) La lutte contre le vol de bœufs après l’indépendance ……………………………….57 Paragraphe 2/ Certaines dates rappelant les vols de bœufs à grande échelle et la recrudescence du phénomène de dahalo ……………………………………………………………….58

Section 2/ La primauté du dina par rapport au droit positif : obstacle à l’effectivité du DIDH et complexifie la lutte contre les dahalo ………………………………………………………………………………..59

Paragraphe 1/ Historique du « dina » sur le vol de bœufs ……………………………….….59 A Apparition du « dina Sakaraha » ………………………………………………………...59 B Le fameux « dina Rebotiaka » pendant la 2ème République de la Haute Matsiatra……………………………………………………………………………………...60 C L’application du dina : source de malentendu pendant la troisième république ………...61

113

Paragraphe 2/ La supériorité des dina par rapport aux droits positifs malgache en vigueur : obstacle à la promotion de droit de l’Homme …………………………………………………..62 Chapitre 2/ L’exacerbation de la corruption dans la politique malgache : source de problème pour la mise en œuvre du DIDH et pour la lutte contre les dahalo...... 64

Section 1/ La corruption au sein de l’administration malgache : obstacle à la lutte contre les dahalo et par ricochet frein à la promotion de droits de l’Homme …………………………………….….…64

Paragraphe 1/ Rappel sur le développement du phénomène de corruption sous l’administration royale malgache …………………………………………………………………………………64 Paragraphe 2/ Manifestation de la corruption au sein de l’administration malgache actuelle en matière de vol de bœufs ……………………………………………………………………..…66 A La deuxième République : première apparition des malaso (les vrais dahalo actuels)…………………………………………………………………………………..……....66 B Par le blanchiment des bœufs volés malgré l’assainissement mené dans le monde de zébu à travers le FIB ou fiche individuelle de bovin …………………………………………………..67

Section 2/ Existence de connivence entre l’État et les forces de l’ordre manifesté par la politisation de l’armée et l’acte de banditisme ………………………………………………………………….....70

Paragraphe 1/ Politisation des actes de banditisme dans la partie Sud de Madagascar par les tenants au pouvoir……………………………………………………………………….……...70 Paragraphe 2/ Existence de connivence entre l’Etat et l’armée manifesté par la politisation de l’armée……………………………………………………………………………………..…....71 Paragraphe 3/ Corruption liée à l’exportation des bœufs comme à « Chine » et l’existence des abattoirs douteux …………………………………………………………………….…....72 Section 3/ Échecs des opérations militaires menées pour la lutte contre le phénomène dahalo : signe de faiblesse de la politique de l’Etat en matière sécuritaire ……………………………………..……73

Paragraphe 1/ Causés par la faiblesse des FDS lui-même sur certains points ………………...74 a) Le nombre des FDS et leurs armes faibles par rapport à celui des dahalo …………….74 b) Difficulté pour les FDS à entrer dans les zones de repaires des dahalo ………….74 Paragraphe 2/ Causé par le défaut de réforme en matière législative sur la répression du vol de bovidé. ……………………………………………………………………………………….…74

114

Chapitre 3 /La mauvaise situation économique à Madagascar : source d’avilissement de l’état de droit de l’homme et de la lutte contre le phénomène dahalo ………………………………………………….76

Section 1/ La pauvreté : cause de l’aggravation du phénomène dahalo ……………………………….….76

Paragraphe 1/ banditisme rural, renforcé par la pauvreté enracinée depuis plusieurs décennies ………………………………………………………………………………………………....76 Paragraphe 2/ Le chômage éternise le phénomène dahalo ……………………...... 78 Section 2/ Le manque de volonté politique de l’État d’améliorer la situation économique : entrave à la lutte contre le phénomène dahalo et à la mise en œuvre de DIDH ……………….……...79

Paragraphe 1/ insuffisance de politique claire pour éradiquer la pauvreté dans le monde rural infesté par le phénomène dahalo ……………………………………………………………….79 a) Le début de cette lutte contre la pauvreté à Madagascar…………………………..…..79 b) Manifestation de cette lutte contre la pauvreté à Madagascar ……………………..…..80 c) La nonchalance de l’Etat face à la pauvreté de la population rurale exacerbe le phénomène dahalo ……………………………………………………………………..….....81 Paragraphe 2/ Critique face aux actions entreprises par l’Etat pour réduire la pauvreté ………………………………………………………………………………………………...... 82 Chapitre IV/ Solutions pour que l’opération de lutte contre le phénomène dahalo s’adapte aux exigences du DIDH ...... ………….…… Erreur ! Signet non défini.

Section 1/ Du point de vue textuel, la réadaptation de la loi régissant le vol de bœufs aux exigences du DIDH ...... 84

Section 2/ Dépolitisation totale et réforme des forces armées: levier pour la promotion des droits humains et pour la lutte efficace contre le phénomène dahalo ………………………...... 86

Section 3/ Redonner au fokonolona sa véritable place dans la société malgache……. ……….…84 Erreur ! Signet non défini.

Section 4/ Renforcer le système d’information entre les autorités traditionnelles et l’autorité centrale chargé d’intervenir lors des attaques des dahalo ………………………………………………………88

Section 5/ Adoption de nouvelle stratégie face à la stratégie de kidnapping des dahalo.…..... 89

Section 6/ Rimer le Dina avec le DIDH pour mieux faire face au pluralisme normatif ……..90

115

CONCLUSION……………………………………………………………………..……...…. Erre ur ! Signet non défini.

ANNEXES……………………………………………………………………………………93

BIBLIOGRAPHIE……………………………………………………………………………96

TABLE DES MATIERES…………………………………………………………………...110

116

RESUME

Le phénomène dahalo a toujours dérangé la société malgache et a surtout pris une allure préoccupante depuis la deuxième République jusqu’à nous jours. Si au départ, cela n’était qu’une tradition pour que les hommes puissent prouver leur , virilité, dorénavant, c’est devenu un problème social que l’Etat d’arrive plus à maîtriser malgré les efforts déployés pour garantir la sécurité. Force est de constater que la lutte contre le phénomène dahalo est parfois accompagnée par la violation des droits de l’homme. A par les instruments juridiques, le Dina qui est un instrument traditionnel encadre aussi les répressions de vol de bœufs, mais malgré la coopération entre l’Atat et les structures sociaux pour l’éradiquer, ce phénomènene cesse de s’aggraver

5 MOTS CLES

Dahalo Droits Etat Dina boeufs