Elites, Idéologies Et Domination Dans Le Système Politique À Madagascar
Total Page:16
File Type:pdf, Size:1020Kb
UNIVESITE D’ANTANANARIVO FACULTE DE DROIT D’ECONOMIE DE GESTION ET DE SOCIOLOGIE DEPARTEMENT DROIT Master 2 – SCIENCES POLITIQUES ANNEE UNIVERSITAIRE 2013-2014 Elites, idéologies et domination dans le système politique à Madagascar RATSIMBA RAJAONA FANEVA N° Matricule 14.44.M2.1D Ce Mémoire a été soutenu publiquement le 25 mars 2015 au Centre de Droit du DEPARTEMENT DROIT DE FACULTE DE DROIT D’ECONOMIE DE GESTION ET DE SOCIOLOGIE DE L’UNIVESITE D’ANTANANARIVO SOMMAIRE INTRODUCTION GENERALE ………………………………………………………………………………………... Page 1 1ère Partie : LES PARADIGMES GENERAUX D’ANALYSE ………………………………………………… Page 3 CHAPITRE 1 : LE CONTEXTE HISTORIQUE ……………………………………………………………………. Page 3 CHAPITRE 2 : PRINCIPAUX PARADIGMES DE REFERENCE ……………………………………………. Page 8 CHAPITRE 3 : LES PRINCIPALES THEORIES SUR ELITES ………………………………………………… Page 14 2ème Partie : ASPECTS DE LA CONFIGURATION ELITAIRE A MADAGASCAR……………….... Page 49 CHAPITRE 1 : MADAGASCAR : UN SYSTEME EN CRISE …………………………………………………. Page 49 CHAPITRE 2 : INTERACTIONS ENTRE SYSTEME ECONOMIQUE ET SYSTEME POLITIQUE Page 51 CHAPITRE 3 : INTERACTIONS ENTRE SYSTEME CULTUREL ET SYSTEME POLTIQUE ……… Page 55 CHAPITRE 4 : LOGIQUE DU SYSTEME POLITIQUE A MADAGASCAR………………………………. Page 64 CHAPITRE 5 : LOGIQUE DES CRISES ET CONFIGURATION ELITAIRE A MADAGASCAR …… Page 68 Elites, idéologies et domination dans le système politique à Madagascar. INTRODUCTION GENERALE Madagascar détient le rang du cinquième pays le plus pauvre au monde en 2014 selon les ratios de la Banque Mondiale. Madagascar est sorti exsangue d’une récente crise politique qui a duré cinq années (2009 –2013) et a inauguré une nouvelle ère avec l’élection d’un nouveau président de la République le 17 janvier 2014. L’élection de ce nouveau président de la République devait marquer « le retour à l’ordre constitutionnel » et amorcer la rééligibilité de Madagascar aux financements internationaux. Cependant, force est de constater que plus d’un an après cette nouvelle donne sociopolitique, la situation politique de la Grande Ile présente toujours des signes palpables d’instabilité et l’économie est toujours en berne. L’histoire du pays a pourtant démontré que ce type de conjoncture sociopolitique, au- delà de son caractère potentiellement crisogène, n’a jamais été propice à l’amorce d’un processus de développement solide. Ainsi la situation politique de Madagascar évoque elle à bien des égards le mythe de Sisyphe dans la mythologie grecque, celle d’un éternel recommencement. Il semble que le changement politique tel qu’il est appréhendé dans la science politique n’existe pas dans la réalité malgache. Au contraire, on assiste à une récurrence des mêmes phénomènes politiques qui engendrent dans leurs dynamiques, les mêmes effets pervers. Seuls les acteurs changent. Le recours au cadre d’analyse de la science politique peut s’avérer dans ce cas utile pour expliquer et interpréter les constantes de la réalité politique malgache. En effet, la science politique peut être définie comme : « l’étude de la façon dont les hommes conçoivent et utilisent les institutions qui régissent leur vie en commun, les idées et la volonté qui les animent, pour assurer la régulation sociale »1. Cependant, le recours au cadre général théorique d’analyse de la science politique n’implique pas un cloisonnement disciplinaire dans cette volonté d’appréhender la réalité malgache. Le fait social étant une totalité, toute étude des phénomènes sociaux et politiques suppose une approche pluridisciplinaire des dynamiques et des problèmes. Il est en effet difficile de séparer les aspects économiques et les aspects culturels d’un fait social de ses aspects politiques et ce en raison l’interdépendance des facteurs générant s le fait social. La complexité et la spontanéité du réel requiert donc une étude globale et totale de la réalité. Etudier la réalité actuelle de Madagascar sous le prisme de la science politique n’exclut pas le 1 GRAWITZ Madeleine, Méthodes des sciences sociales , Editions Dalloz,Paris,2001,p.291 1 recours aux autres sciences sociales en particulier : l’économie, la sociologie, l’histoire. En effet, force est de constater que dynamique politique et dynamique sociale ont toujours été liées ce quel que soit la grille d’analyse sollicitée. En effet le domaine de la science politique étant moins axé sur une discursive spéculative que dans une analyse concrète du réel, ainsi pour emprunter la terminologie kantienne, la science politique se focalise donc plus sur « qui est »(Sein) que sur « ce qui doit être »(Sollen) d’où son intérêt. L’objet de la science politique étant l’étude de la dynamique des rapports de forces politiques qui traversent la société globale, étude envisagée à partir d’une observation des pratiques .Etudier la dynamique du système politique à Madagascar implique donc l’analyse des facteurs culturels, des facteurs économiques et les facteurs politiques inhérents à la situation actuelle du système sociopolitique malgache. Essayer d’aborder la question de l’absence de changement politique en profondeur dans la réalité politique à Madagascar suppose donc d’analyser principalement les acteurs principaux qui agissent sur le système politique à Madagascar .Ce qui nous amène irrémédiablement à la question de l’élite ou des élites dans le système social et politique à Madagascar. En effet, le recours au concept d’élite pour expliquer et interpréter certains aspects de la réalité politique dans le système sociopolitique à Madagascar peut constituer une catégorie d’analyse opératoire objective malgré les controverses académiques inhérentes à l’usage scientifique dudit concept. L’origine de ces controverses vient du fait que dans le cadre de l’histoire des idées politiques, les premiers chantres des théories dites élitistes furent souvent taxés d’être les tenants d’une discursive réactionnaire voire fascisante et donc par nature anti- démocratiques. Parmi ces chantres on peut citer les membres du courant dit machiavéliens dont les plus éminents sont entre autres : Vilfredo Pareto, Gaetano Mosca, Roberto Michels et James Burnham. Les machiavéliens se réclament de leur père spirituel lointain Nicolas Machiavel, car son ouvrage Le Prince est le premier traité de science politique et le premier manuel d’art politique. Les machiavéliens ont une vision réaliste de l’action politique. En effet, pour l’école machiavélienne, dans toute société, l’inégalité est la règle : la démocratie n’est qu’illusion ou mystification, car elle impossible. Par ailleurs, le postulat machiavélien fonde son analyse sur la distinction entre le petit nombre des puissants (les élites) et la masse. Ces élitistes réduisent donc l’histoire des sociétés à la lutte des élites pour le pouvoir. En combinant les paradigmes marxistes et élitistes, nous allons essayer de répondre à la problématique suivante : à travers l’analyse des causes des crises à Madagascar, quels sont 2 les rôles des élites malgaches dans la configuration sociopolitique actuelle ? Afin de répondre à cette problématique nous étudierons dans une première partie (I), les paradigmes généraux d’analyse et dans une seconde partie les aspects de la configuration élitaire à Madagascar (II) 1ère PARTIE : LES PARADIGMES GENERAUX D’ANALYSE L’usage des paradigmes généraux dans une perspective de d’analyse du fait élitaire à Madagascar et des enjeux qu’il induit ne peut se faire sans les matériaux historiques, les principaux paradigmes de référence en science politique. Nous présenterons ensuite les principales théories sur les élites qui permettront d’expliquer et d’interpréter l’impact de la configuration élitaire malgache sur le consensus social. CHAPITRE 1 : LE CONTEXTE HISTORIQUE Section 1 . La période précoloniale Les modalités du peuplement de Madagascar est l’une des énigmes scientifiques irrésolue à ce jour. Les malgaches sont-ils d’origine africaine ou asiatique ? Selon certains scientifiques les apports seraient égaux (50% d’Asie et 50% d’Afrique). Cependant la majorité des historiens, des ethnologues et des linguistes classe les malgaches parmi les peuples malayo-polynésiens de souche austronésienne. Selon certaines de ces théories, vers le IVème ou IIIème siècle avant J-C, des vagues de migration de populations originaires de l’archipel Indonésien et Malais et de l’Inde du sud auraient atteint Madagascar. Des apports hindous, arabes (zafiraminia) et africains bantous auraient ensuite contribués au métissage génétique et culturel du substrat malais originel. Sur le plan linguistique il n’y a cependant pas trop de mystère, le malgache est une langue dérivée du manyan ou maanjan, langue vernaculaire parlée dans le Sud de Bornéo et s’apparente donc ainsi aux langues malayo-polynésiennes (famille d’environ 500langues) dont l’aire de répartition s’étend de Madagascar à Hawaï. Selon le professeur Albert Rakoto Ratsimamanga dans sa thèse de Médecine intitulée Tâche pigmentaire héréditaire et origine des malgaches, il y aurait parenté entre toutes les races nègres africaines et océaniennes et affirme que : « la présence de tâche pigmentaire héréditaire, ainsi que la constatation d’autres caractères anthropologiques viennent confirmer l’unité ethnique indo-océanienne des malgaches »2.Ce constat scientifique n’empêchera pas 2 Citation du Professeur Ratsimamanga in LE LOUVIER AUMONT DE BAZOUGES Hugues, Madagascar l’île de Nulle part, L’Harmattan, 1999,p.133 3 l’émergence et la persistance ultérieure de la dualité merina/côtier et fotsy/mainty dans les représentations collectives. C’est à partir du XVIème siècle que sortant d’une époque