La Crise Institutionnelle Malgache Au Debut De La Ivè Republique
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UNIVERSITE D’ANTANANARIVO Faculté de Droit, d’Economie, de Gestion, et de Sociologie Département : DROIT LA CRISE INSTITUTIONNELLE MALGACHE AU DEBUT DE LA IVè REPUBLIQUE Présenté par: RAKOTOARISOA Fenitra Nantenaina Léonce Master 2 : Droit Public Option : Sciences Politiques Membres du jury : - ANDRIANAIVOTSEHENO Ravaka - RAZAFINDRAKOTO Misa Date de soutenance : 11 mai 2017 Année universitaire : 2015-2016 Sommaire Titre 1- Les contextes historiques et constitutionnels précédant la crise institutionnelle au début de la IVe République malgache Chapitre 1- Les crises cycliques à Madagascar de 1972 à 2009 Section 1- La crise de 1972 et la chute du régime Philibert TSIRANANA Section 2- La tendance dictatoriale du régime Didier RATSIRAKA et la crise de 1991 Section 3- Albert ZAFY : la chute brutale et le désenchantement de 1996 Section 4-La crise de 2002 et la rupture entre le pouvoir et Didier RATSIRAKA Section 5- La crise politique de 2009 Chapitre2 –Les règles constitutionnelles entre les trois institutions étatiques malgaches Section 1 – La règle de séparation des pouvoirs Section II- les interactions existantes entre les trois pouvoirs Titre 2- La pratique institutionnelle malgache au début de la IVè République Chapitre 1- Les moyens d’action du pouvoir législatif sur le pouvoir exécutif selon la Constitution Section 1-La nomination du Premier ministre Section 2- Les motions de censure contre le Gouvernement Section 3- La motion de déchéance du Président de la République Chapitre 2- Le rôle du pouvoir judiciaire vis-à-vis du pouvoir exécutif et du législatif Section 1-La Haute Cour Constitutionnelle gardienne de la Constitution Section 2- La Haute Cour Constitutionnelle et la Haute Cour de Justice dans la déchéance du Président de la République Section 3- Le pacte de responsabilité par la Haute Cour Constitutionnelle 1 Liste des abréviations AEMP: Association des étudiants en médecine et pharmacie ZOAM: Zatovo asa ny Madagasikara AREMA: Association pour la renaissance de Madagascar HCC: Haute Cour Constitutionnelle TGV: Tanora Malagasy vonona CAPSAT: Corps d’administration des personnels et des services de l’armée de terre HAT: Haute autorité de transition SADC: Southern African development community AGOA: African growth opportunities act MBS: Malagasy broadcasting system RNM: Radio nasionaly Malagasy MAPAR: Miaraka amin’I prezidà Andry Rajoelina HVM: Hery vaovao ho an’I Madagasikara GPS: Groupe parlementaire spécial PMP: Plateforme pour la majorité présidentielle TIM: Tiako i Madagasikara SEFAFI: Sehatra fanaraha-maso ny fiainam-pirenena HCDDED: Haut conseil de la défense de la démocratie et de l’Etat de droit 2 Introduction Depuis son retour à l’indépendance, Madagascar a déjà connu quatre Républiques et trois transitions. Toutefois, l’alternance du pouvoir durant et entre ces Républiques ne s’est pas toujours effectuée selon le processus constitutionnel. En effet des crises se sont survenues en 1972 causant la chute du président Philibert TSIRANANA, en 1991 et 2002 au temps du président Didier RATSIRAKA et en 2OO9 avec le régime Marc RAVALOMANANA. Le mot « crise » vient du latin « crisis » qui signifie manifestation grave d’une maladie. Selon « La Toupie » : la crise est définie comme un évènement social ou personnel se caractérisant par un paroxysme des souffrances, contradictions ou des incertitudes qui peuvent conduire à des explosions de violence voire même une révolte.1 En d’autre terme la crise peut être aussi définie comme un évènement social ou politique qui est marqué par des contradictions et trouble, une rupture d’équilibre que ce soit au sein de la société elle-même, entre un groupe ou des groupes de personnes ou bien entre le peuple et le pouvoir ou même encore au sein du pouvoir lui-même. Les caractères des crises précitées à Madagascar étaient notamment d’ordre social, politique et économique : elles étaient alors de nature à paralyser à la fois la situation politique, sociale tant qu’économique malgache. Ces quatre crises ont tous connu des manifestations populaires et certaines ont été appuyées par les forces armées. A partir de 2014 pourtant, au début de la IVè République, on constate une crise présentant un caractère nouveau. En effet on constate une crise politique au sein des institutions étatiques elles-mêmes mais qui paralysent l’Etat au plan institutionnel : notamment entre le pouvoir exécutif et le Parlement mais aussi –plus tard- au sein du pouvoir exécutif seul. Suite au referendum constitutionnel de 2010 introduisant la IVè République, des problèmes se sont posés sur l’application et/ou l’interprétation de certains articles de la Constitution. Des problèmes qui vont par la suite causés une grave crise institutionnelle au sein de l’Etat. Les questions qui se posent sont alors de savoir comment se manifeste –t-elle cette crise au sein de ces deux institutions étatiques malgaches dont le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif ? Quels sont les enjeux et les conséquences pour le régime en place mais aussi pour le pays qui vient de 1 Définition selon latoupie.fr 3 sortir d’une crise de quatre ans ? Des questions qui pourraient nous emmener à en savoir davantage sur le climat politique malgache au début de la IVè République et la réussite ou non du régime semi-présidentiel à Madagascar. Pour y répondre, nous allons voir en premier lieu « Les contextes historiques et constitutionnels précédant la crise institutionnelle au début de la IVe République malgache » (Titre I), puis en second lieu « La pratique institutionnelle malgache au début de la IVè République » (Titre II). 4 Titre 1- Les contextes historiques et constitutionnels précédant la crise institutionnelle au début de la IVè République malgache 5 L’intérêt d’adopter ce plan est de voir dans un premier lieu les caractéristiques et les causes des précédentes crises à Madagascar pour illustrer en second lieu les règles constitutionnelles de 2010 qui régissent la IVè République entrainant la crise institutionnelle dans les débuts de cette République Chapitre 1- Les crises cycliques à Madagascar de 1972 à 2009 Nous allons voir dans ce chapitre une à une les grandes crises qui ont marqué l’histoire de Madagascar. Section 1- La crise de 1972 et la chute du régime Philibert TSIRANANA Paragraphe I- Les origines de la crise de 1972 Les origines de la crise de 1972 n’ont rien de politique. En effet il s’agissait en premier lieu d’une grève des étudiants en médecine à l’Ecole de Befelatanana –en janvier 1972- pour réclamer de meilleures conditions estudiantines comme la bourse ou encore l’hébergement ainsi qu’une équivalence vis à vis des docteurs sortants de l’Université d’Antananarivo. Une demande qui a été refusée par le gouvernement de l’époque un mois plus tard. Un refus qui a conduit à une grève plus organisée. Paragraphe II- Les manifestations de la crise de 1972 A-L’organisation de la grève de 1972 Suite à l’importance que gagna de plus en plus la grève, le ministère en charge décidait de fermer l’AEMP, toutefois la grève commençait déjà à toucher d’autres secteurs. En effet les jeunes chômeurs de Tananarive, regroupés en une sorte de fraternité qu’ils ont intitulé ZOAM (Jeunes amateurs de western) rejoignent le mouvement. En mars 1972 les grévistes réclament en plus des demandes initiales la malgachisation de l’enseignement et la rupture des accords de coopérations qu’ils jugeaient comme une continuité de la colonisation vis-à-vis de la France. Avec l’entrée des intellectuels au mouvement, la manifestation devint très structurée : ils envoyaient alors des représentants en province pour informer la population de la situation à la 6 Capitale. Les demandes commençaient également à être plus radicales : il est alors désormais question de la démission du Président Philibert TSIRANANA2. B-La répression violente de la part de l’Etat La date la plus marquante de l’histoire –durant cette crise- est sans doute la date du 13 mai 1972. En effet, le régime, voulant stopper la grève, prenait des mesures suite à la dissolution de l’AEMP : la fermeture de l’école de médecine et celles d’emprisonner des étudiants ainsi que des manifestants3 qui les soutenaient. Le 13 mai 1972 dans la matinée, des détenus sont envoyés à Nosy Lava. Ces arrestations emmenaient les manifestants à venir en masse sur la place devant l’Hôtel de ville4 d’Antananarivo. Cependant, toujours dans l’optique de stopper cette manifestation, le régime envoya les Forces républicaines de sécurité pour disperser les manifestants. Les forces de l’ordre ont alors tiré sur les manifestants : un bilan de 34 morts qui donna le nom de La Place du 13 mai 1972 et l’hôtel de ville fut incendié. Suite à cela, une grève générale est alors tenue sur cette même place à la date du 15 mai 1972, la grève a a rassemblé presque toute la population tananarivienne et environnante de l’époque. Paragraphe III- La chute du régime Philibert TSIRANANA A-La rupture du lien entre pouvoir et peuple Durant cette crise de 1972, la population malgache voulait surtout avoir une vraie indépendance. En effet, le système scolaire de l’époque ainsi que les politiques publiques étaient encore jugés coloniaux par la population. La population voyait dans cette manifestation une aubaine pour pouvoir s’exprimer ; de pouvoir éradiquer totalement tout ce qui est encore semblant de colonisation dans leurs vies. Cependant, le régime de Philibert TSIRANANA ne voulait rien savoir des demandes de ces manifestants, si on attendait du régime qu’il se décide à entamer une conversation avec le peuple 2 Lumière : journal d’informations, Fianarantsoa, 1972 3 Syndicalistes, responsables d’association de parents, responsables de mouvements de jeunesse 4 Actuellement La Place du 13 Mai 7 et de renouer le lien « Ray amandreny et Zanaka »5, le régime optait plutôt pour une répression. Une répression qui fut vraiment digne de l’ancienne puissance coloniale elle-même.