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UNIVERSITE D’ANTANANARIVO FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES Département de Géographie

Mémoire de Maîtrise

La dynamique de la riziculture dans le sous-espace d’, (Betsileo Nord)

Présenté par RABEMANANJARA Toky Harimalalatiana Emilienne Sous la direction de Monsieur RAVALISON James, Maître de Conférences

Janvier 2008 UNIVERSITE D’ANTANANARIVO FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES Département de Géographie

La dynamique de la riziculture dans le sous-espace d’Imerina Imady, (Betsileo Nord)

Les membres de Jury : Président : Madame RANDRIANARISON Josette, Professeur titulaire Juge : Madame RATOVOSON Céline, Maître de conférences Rapporteur : Monsieur RAVALISON James, Maître de conférences

Mémoire de maîtrise en géographie Présenté par RABEMANANJARA Toky Harimalalatiana Emilienne.

19 Janvier 2008

“Ny fahatohorana an’i Jehovah no fiandohamfiandoham----pahalalana.”pahalalana.”

(Oh 1 : 7)

iii REMERCIEMENTS

Le présent travail n’a pu aboutir sans la contribution de nombreuses personnalités et institutions à qui nous tenons à présenter notre gratitude. Nos sincères remerciements se destinent tout spécialement à :

- Madame RANDRIANARISON Josette, Professeur Titulaire, qui a donné de son précieux temps pour présider cette soutenance ; - Madame RATOVOSON Céline, Maître de Conférences, qui a accepté d’apporter son appréciation sur le présent travail ; - Monsieur James RAVALISON, Maître de Conférences, Directeur du Département de Géographie et notre Directeur de recherche qui a veillé soigneusement à l’orientation et à la réalisation de notre travail de recherche ;

- Tous les enseignants, l’ensemble du personnel administratif et technique du Département de Géographie et de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines; - Toutes les entités et personnes enquêtées à Imerina Imady qui ont bien voulu nous accorder leur attention. - La famille RABEMANANJARA Emile pour leur encouragement, leur soutien moral et pour leur aide considérable.

Que tous ceux qui ont, de près ou de loin, contribué à l’accomplissement de ce mémoire trouvent ici notre profonde reconnaissance.

A tous, merci infiniment !

i SOMMAIRE

REMERCIEMENTS ------i SOMMAIRE ------ii LISTE DES TABLEAUX------v LISTE DES PHOTOGRAPHIES ------vi LISTE DES CROQUIS------vii LISTE DES SCHÉMAS------vii LISTE DES ABREVIATIONS------viii GLOSSAIRE ------ix RÉSUMÉ ------x INTRODUCTION GENERALE ------1 PREMIÈRE PARTIE :------7 UN MILIEU NATUREL FORTEMENT HUMANISÉ ------7 Chapitre I : DES CONDITIONS NATURELLES TYPIQUES DES HAUTES TERRES CENTRALES ------8 I.1 Un relief tourmenté------8 I.2 Un climat tropical d’altitude à deux saisons contrastées------14 I.3 La formation végétale dégradée et les sols ferralitiques rouges d’Imady ------18 I.4 Le réseau hydrographique lié au régime climatique------21 Chapitre II- CARACTERISTIQUES DEMOGRAPHIQUES ET CONDITIONS SOCIOCULTURELLES ------23 II.1 Analyse de l’explosion démographique en Imady------23 II.2.La répartition spatiale de la population------26 II.3 Les conditions socioculturelles ------29 Chapitre III- ACTIVITES NON RIZICOLES, INFRASTRUCTURES ET VOIES DE COMMUNICATION ------32 III.1.Les activités non agricoles : des activités complémentaires de la riziculture-----33 III.2. Les infrastructures de base : des équipements sociaux très importants ------35 III.3 Des voies de communication relativement développées------36 DEUXIÈME PARTIE :------38 LA RIZICULTURE, UNE ACTIVITE DOMINANTE DANS LE MONDE RURAL D’IMERINA IMADY ------38

ii Chapitre IV: LA CULTURE DU RIZ : PRINCIPALE ACTIVITE DANS LE BETSILEO NORD------39 IV.1 Aperçu général sur la riziculture à ------39 IV.2. La valeur de la riziculture dans le pays du Betsileo nord------42 Chapitre V- DES PAYSAGES RIZICOLES A L’IMAGE DU DYNAMISME DES BETSILEO ------45 V.1 La riziculture de bas fonds, un terroir ancien et prédominant ------47 V.2. La riziculture en terrasse, caractéristique du Betsileo------49 V.3 Des terroirs de culture de contre saison et de culture pluviale complémentaires de la riziculture ------51 Chapitre VI LES SYSTEMES DE PRODUCTION RIZICOLE TRADITIONNEL ET MODERNES (SRA et SRI)------57 VI.1 Le mode d’appropriation originelle de la terre et le mode de faire valoir correspondant ------58 VI.2.Le système de riziculture traditionnelle------62 VI.3. Les nouveaux systèmes de riziculture : le SRA et le SRI------67 TROISIÈME PARTIE :------76 LES ENJEUX ------76 DE LA RIZICULTURE ------76 A IMERINA IMADY ------76 Chapitre VII. LA RIZICULTURE : SOURCE RELATIVE DE DEVELOPPEMENT HUMAIN ET INDICATEUR DE POTENTIALITES ECONOMIQUES ------77 VII.1 Le riz : nourriture et source de revenus de la population ------77 VII.2 Les activités rizicoles : source d’amélioration potentielle du niveau de vie des paysans ------87 VII.3 Influence omniprésente de la riziculture sur l’ensemble de la zone ------88 Chapitre VIII. LES PROBLEMES LIES AU DEVELOPPEMENT DE LA RIZICULTURE EN IMADY------90 VIII .1.Les contraintes physiques contournables ------91 VIII.2 Les problèmes économiques et humains face au développement de la riziculture ------96 Chapitre IX -LES SOLUTIONS ADOPTEES FACE AUX DIFFERENTS PROBLEMES DE LA RIZICULTURE ET PERSPECTIVES D’AVENIR ------98

iii IX.1.Les diverses solutions adoptées ------98 IX.2. Les perspectives d’avenir de la riziculture en Imady------104 CONCLUSION GENERALE ------106

iv LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : Taux d’échantillonnage------5 Tableau 2 : Pluies mensuelles de la station d’ ------15 Tableau 3 : Coefficient pluviométrique mensuel de la station d’Ambositra (1995-2004) -----16 Tableau 4 : Le régime annuel des pluies à Ambositra (1995 – 2004)------17 Tableau 5 : L’évolution naturelle de la population ------25 Tableau 6 : La répartition spatiale de la population------26 Tableau 7 : Nombre des animaux domestiques de chaque Fokontany enquêté.------33 Tableau 8 : Exemple de chaque trois variétés du riz ------41 Tableau 9 : Caractéristiques des ménages et des exploitations rizicoles de la zone d’étude --43 Tableau 10 : Le pourcentage de matériaux utilisés ------44 Tableau 11 : Occupation des sols de la Commune Rurale d’Imerina Imady ------57 Tableau 12 : Le pourcentage de mode d’exploitation de la terre en Imerina Imady ------60 Tableau 13 : Le calendrier cultural du SRT------63 Tableau 14 Répartition des ménages selon la technique de repiquage------66 et le système cultural ------66 Tableau 15: Le calendrier cultural du SRA ------68 Tableau 16 : La durée de séjour en pépinière du SRA sur les hautes terres centrales ------70 Tableau 17 : Le calendrier cultural du SRI.------74 Tableau 18 : Ménages pratiquant le repiquage en foule.------78 Tableau 19 : Rendement pour le repiquage en ligne utilisé en système traditionnel.------79 Tableau 20: Tableau comparatif de rendement du SRI et SRA : ------81 Tableau 21: Pourcentage des productions destinées à l’autoconsommation. ------81 Tableau 22 : Les revenus annuels des ménages enquêtés (en Ariary).------84 Tableau 23: Les dépenses annuelles des ménages. ------86 Tableau 24 : Bilan budgétaire annuel des ménages. (En Ariary) ------86 Tableau 25 : Classement du niveau de vie des paysans selon la taille des exploitations------87 Tableau 26 : Exemple d’une famille de 6 personnes selon VALLUS.------101

v LISTE DES PHOTOGRAPHIES

Photo 1 : La formation herbacée ------19 Photo 2 : Les reboisements------20 Photo 3 : Sol ferrallitique rouge à Imady------21 Photo 4 : Les habitats en brique et le toit en tuile ------28 Photo 5 : Village groupé au Centre.------29 Photo 6 : La cérémonie de Famadihana ------30 Photo 7 : Les savika ou tolon’omby ------31 Photo 8 : Le marché de la Commune Rurale d’Imerina Imady ------35 Photo 9 : Dispensaire des Sœurs du Sacré Coeur ------36 Photo 10 : La riziculture dans la vallée d’Imady. ------47 Photo 11 : Le canal d’irrigation d’Ambato.------48 Photo 12 : Le barrage micro hydraulique d’Andriana------49 Photo 13 : La riziculture en terrasse ------50 Photo 14 : Drainage et assèchement à Ambalavato, Fokontany Imerina ------52 Photo 15 : Ajout de fumures aux rizières ------53 Photo 16 : Type de culture de contre saison. ------53 Photo 17 : Terroirs de culture pluviale à Antsinainakaka, Fokontany Antanimena------54 Photo 18 : Terroirs de culture pluviale à Amboasary, Fokontany d’Ampanarivoana ------54 Photo 19 : Une partie de rizière destinée à la pépinière------64 Photo 20 : Le labour des rizières avec l’angady à Imiladitra, Fokontany Imerina ------65 Photo 21 : Le repiquage en ligne ------66 Photo 22 : Récolte et transport du riz ------69 Photo 23 : Battage du riz.------69 Photo 24 : Repiquage du SRI au Fokontany d’Imerina ------71 Photo 25 : Tallage développé (SRI)------73 Photo 26 : La vente du riz ------83 Photo 27 : Lavaka en forme de canaux d’érosion détritique dépourvus de végétation ------96 Photo 28 : Les feuilles et les herbes destinées à l’étable------100

vi LISTE DES CROQUIS

Croquis 1 : Localisation de la zone d’étude------2 Croquis 3 : La topographie d’Ambositra ------9 Croquis 4: Croquis topographique de la zone d’étude ------11 Croquis 5 : Croquis géologique de la zone d’Ambositra ------13 Croquis 6 : Hydrologie de la zone d’étude------22 Croquis 7 : Répartition géographique de la population ------27 Croquis 8 : Terroirs de riziculture------46 Croquis 9: Occupation des sols en Imerina Imady------56 Croquis 10: Les zones de localisation de lavaka ------94 LISTE DES SCHÉMAS

Schéma 1 : Courbe des précipitations annuelles de la station d’Ambositra------17 Schéma 2 : Lés circuits commerciaux du riz ------90 Schéma 3: Les avantages de l’amélioration des techniques agricoles ------102 Schéma 4: Arbre de problèmes et arbre de solutions------105

vii LISTE DES ABREVIATIONS

CECAM : Caisse d’Epargne et de Crédit agricole Mutuelle CEG : Collège d’Enseignement Général COTRAMAD : Coopérative de Transport d’Imady CSBF : Commission de Supervision Bancaire et Finance CSBII : Centre de Santé de Banse niveau II. DRDR : Direction Régionale pour le Développement Rural FDA : Fonds de Développement Agricole FID : Fonds d’Intervention pour le Développement GTDR : Groupement de Travaux pour le Développement Régionale INSTAT : Institut National de la Statistique MAP : Madagascar Action Plan. ODR : Opération de Développement Rural ONG : Organisation Non Gouvernementale PCD : Plan Communal de Développement PPN : Produit de Première Nécessité RN49 : Route Nationale numéro 49 RN7 : Route Nationale numéro 7 SRA : Système de Riziculture Améliorée. SRI : Système de Riziculture Intensive SRT : Système de Riziculture Traditionnelle

viii GLOSSAIRE

Adidy : Devoir envers la société Anarandray : Patrimoine familial Androtsara : Jours désignés comme favorables à une cérémonie traditionnelle Angadinomby : Charrue Angady : Bêche Aterok’alao : Donné puis retiré Kipahy : Rizière en terrasse Lanonanana : Exhumation Mandalatra : Assèchement progressif des rizières Mpanofa tany : Métayer Mifanasa-bokatra : Divise les productions en deux Mpikarama : Les gens qui cherchent de l’argent pour survivre Misiotra : Nivellement ou planage Mondroy : Petite bêche montée sur un manche court Mpanandro : Voyant Ragiragy : Herse Ravindahasa : Plante qui permet de tisser les nattes Sarakantsaha : Salarié agricole Savika : Jeux sportifs avec les bœufs : Tanety : Friche Tany lany nofo : Sol peu humifére Tany mandrevo : Sol boueux Tany tesaka : Sol peu profond Tomponananrandray : Possesseur du patrimoine familial Tsena : Marché Tsodrano : Bénédiction Vary afara : Culture de riz de la deuxième saison Vary Aloha : Culture du riz de la première saison Voly vary maroanaka : Système de riziculture intensive

ix RÉSUMÉ

Situé dans la Région d’Amoron’i Mania et rattaché au District d’Ambositra, le sous espace d’ Imerina Imady est structuré par des paysages de plateau, de montagnes et de collines surplombant des vallées perchées. Le climat tropical d’altitude y montre deux saisons distinctes. La couverture pédologique est caractérisée par les sols ferrallitiques recouvrant une roche mère parfois altérée nourrissant une formation végétale clairsemée dominée par la savane herbeuse ou bozaka . La rivière d’Imady prend sa source à Andohanimady irrigue les rizières de la vallée et parfois les rizières en terrasses et se jette dans la Fatihita. La répartition spatiale des habitants est inégale, mais les cultivateurs très dynamiques maîtrisent le relief accidenté et valorisent les nombreuses potentialités par la diversification des activités agricoles. La riziculture assure l’alimentation de base et occupe les 80% de l’activité de la population bien qu’Imerina Imady ne soit pas une région productrice de riz. Le riz ne représente la première source de revenus ni pour les riches, ni pour les ménages à revenus moyens, ni pour les pauvres. La zone montre les deux types de paysage rizicole: irrigué sur les bas fonds et pluvial sur les versants ou sur les terrasses. La majorité des paysans utilise le Système de Riziculture Traditionnelle (SRT) malgré la faiblesse du rendement (autour de 2 tonnes à l’hectare) compte tenu de certains avantages . La culture en ligne associée à la technique traditionnelle est presque généralisée mais ne suffit pas pour augmenter la productivité. Le Système de Riziculture Amélioré (SRA) a connu une faible réussite dû à la complexité de la technique. Le SRI a un rendement moyen de 7 tonnes par hectare en Imady lorsque l’ensemble des techniques culturales est appliqué. La faiblesse du surplus rizicole des paysans est liée au manque de synergie entre les pratiques paysannes et les techniques proposées par les animateurs de l’Etat. Malgré les qualités des travailleurs d es Betsileo, les superficies de la riziculture en terrasse sont réduites à cause du problème de l’eau de source raréfiée par le feu de brousse. Face à ces problèmes, les Imadiens s’efforcent de trouver des moyens pour sortir de ces problèmes, mais ne sont pas intégrés dans le Plan Communal de Développement.

Mots clés : sous espace d’Imady, dynamique de la riziculture, riziculture,

x INTRODUCTION GENERALE

Madagascar est un pays d'agriculture et d'élevage. Ces activités occupent l'essentiel de la population active (78 %) et interviennent pour 42 % dans la formation du PIB ( 1). Les produits agricoles se répartissent en cultures d’exportations (vanille, café, cacao, clou de girofle, canne à sucre, coton, sisal, coco, banane), et cultures vivrières (riz, manioc, haricot, maïs, arachide). La principale production vivrière est le riz. A Madagascar, la riziculture joue un rôle primordial dans la vie des Malgaches parce que le riz est l’aliment de base de la population. Il occupe plus de la moitié de la ration malgache (sauf dans quelques régions du Sud). Le riz existe sous plusieurs formes aux consommateurs: non décortiqué, brun (paddy), riz décortiqué et riz blanchi ( 2). Le riz est une graminée des régions tropicales et tempérées dont le fruit est un caryopse riche en amidon. Presque la majeure partie de l’espace exploité à Madagascar est dominée par la riziculture de différents types. Les Hautes Terres Centrales sont les principales zones productrices de riz à Madagascar. Cette région montre divers espaces rizicoles. Vallées, grandes plaines et versants façonnés en terrasses sont les trois grands types de paysages rizicoles. Ces paysages sont aménagés différemment suivant les régimes hydrographiques à maîtriser, les traditions socioculturelles et les moyens techniques mis en œuvre. Par conséquent, les types d'aménagement sont le résultat de la combinaison et de la contribution plus ou moins importante du milieu physique, du milieu humain et des moyens techniques. L’exploitation agricole est très importante dans le pays betsileo. Ainsi, dans la Région d’Amoron’i Mania (3) existe un type d’exploitation spécifique de la riziculture. D’où la localisation de notre zone d’étude dans le sous-espace d’Imerina Imady qui fait partie de la région Amoron’i mania, District d’Ambositra (cf. croquis n°1). Le choix de la zone d’étude est dû au fait que la Commune Rurale d’Imerina Imady est représentative du District d’Ambositra et de la Région d’Amoron’i Mania en matière de riziculture, et notamment par la présence des rizières en terrasses. La démarche inductive a permis de se baser sur les données de la Commune Rurale d’Imerina Imady pour confirmer les caractéristiques physiques et humaines du District et de la Région. Les données identifiées lors des recherches bibliographiques concernant la

1 Htpp: //agroecologie.cirad.fr/ index.php.htm 2 Site web : www.unctad.org/infocom/français/riz/culture/htm 2 Ex région du Betsileo Nord

1 commune ont été confrontées à celles relatives au District et à la Région avant les enquêtes sur terrain. Croquis 1 : Localisation de la zone d’étude

Source : BD 200 du FTM simplifié l’auteur, mars 2007

2 Croquis 2 : Imerina Imady dans le Betsileo Nord

Source : BD 200 du FTM simplifié l’auteur, mars 2007.

3 Le sous-espace d’Imerina Imady se situe à 12 km à l’est d’Ambositra (cf. croquis n°2). Le découpage territorial et administratif subdivise, depuis 2001, la Commune Rurale d’Imerina Imady en dix Fokontany (cf. croquis n° 1). La zone d’étude est délimitée par les 4 communes suivantes : Fahizay au Nord, au Sud, à l’est et Ambositra II à l’ouest (cf. croquis n°2). La Commune se trouve sur la route nationale numéro 49 qui relie Ambositra-Ambinanindrano construite en terre battue, renforcée par des pavements (route secondaire). Imerina Imady est la plus petite commune du District d’Ambositra en termes de superficie avec 50km². Concernant les coordonnées géographiques, cette commune se trouve sur la latitude de 20°32’ sud et sur la longitude de 47°20’ Est. Durant l’année 2003, la population de la Commune Rurale atteint 5.247 habitants. Plus de 80% de cette population vivent essentiellement de l’agriculture et de l’élevage (enquête personnelle). En effet, son économie est largement basée sur le secteur primaire, notamment la riziculture. Ces données conduisent à la problématique de recherche suivante : Quelle est la place de la riziculture dans le développement socio-économique de la Commune Rurale d’Imerina Imady ? A ce propos, une série de trois questions se pose : - Le sous-espace d’Imerina Imady offre-il un espace favorable à la pratique de la riziculture ? - En quoi la riziculture constitue l’activité dominante de la Commune Rurale ? - Quels sont les enjeux de la riziculture dans cette zone et au niveau national ? Alors, la démarche est basée sur l’inventaire des documents et sur les travaux de terrains. Ces différentes étapes consistent à vérifier les réponses aux trois questions précédentes. 1-La recherche bibliographique : D’abord, la recherche bibliographique a duré trois mois (décembre 2006 jusqu’au mois de février 2007) et s’est déroulée en deux phases. En premier lieu, la liste des ouvrages à collecter dans les centres de documentation et celle des thèmes à exploiter ont été dénombrées. En second lieu, il a été procédé à la lecture des publications, comprenant des ouvrages généraux, des mémoires de maîtrise ou d’ingéniorat et des thèses, classés par ordre thématique. 2-Les travaux de terrain Même si les différents ouvrages ont fourni beaucoup de renseignements, les informations importantes les plus utilisées dans ce mémoire ont été obtenues par les enquêtes personnelles auprès des Fokontany étudiés. Quatre Fokontany ont été sélectionnés: Ambohibary, Imerina, Ampanarivoana, Telolahy. Le choix est dû au fait que ces Fokontany

4 sont les plus dynamiques pour la culture du riz et en plus, ils se situent aussi presque au bord de la vallée de la rivière d’Imady. Les visites de terrain ont duré deux mois (mars et juillet 2007) et ont été accomplies en deux temps. Les premières enquêtes se sont effectuées au mois de mars 2007. Les contacts ont eu lieu dans le but d’obtenir des données humaines, physiques, économiques, et des généralités sur la riziculture dans le sous-espace. Les enquêtes se sont déroulées selon la méthode non directive et ont porté sur 40 ménages pris parmi 387 foyers cultivateurs de riz. Le taux d’échantillonnage est de 10,33%. Ce taux tient compte du critère qualitatif de distinction des trois groupes de paysans riches, moyens et pauvres. La distinction entre ces trois groupes de ménages se base sur la superficie de terres exploitées et sur les revenus moyens par an. Ce classement de groupe a été constaté sur terrain lors de la pré-enquête dans le Fokontany d’Imerina 4. Ce critère quantitatif a été complété par le critère qualitatif : 5 ménages de paysans riches ont été enquêtés, soit un taux partiel de 50%. Trente ménages de niveau de vie moyen ont été enquêtés sur 231 soit un taux partiel de 12,9%. Cinq ménages pauvres ont été enquêtés sur 146, soit un taux partiel de 3,4%.( cf. tableau n°1)

Tableau 1 : Taux d’échantillonnage Nombre de ménage enquêté Nombre total de ménage Taux qualitatif ou partiel Riche : 5 10 50% Moyen : 30 231 12 ,9% Pauvre : 5 146 3,4% Total : 40 387 10,33% Source : auteur, mars 2007. Le taux d’échantillonnage de 10,33% est donc représentatif des quatre Fokontany étudiés et des trois niveaux de vie de la population pour les Fokontany de Telolahy, Imerina, Ambohibary et Ampanarivoana (cf. carte n°1). Les secondes visites de terrain se sont déroulées pendant le mois de juillet 2007. Pour cela, nous avons fait des enquêtes sur les mêmes ménages. Ces seconds travaux de terrain sont intervenus durant la période de repiquage du riz de première saison ( vary aloha) pour constater de visu la pratique rizicole selon les différentes étapes. Nous avons procédé à l’observation participative en faisant un entretien en groupe ou individuel selon les circonstances.

4 La pré- enquête a servi pour le pré-test des questionnaires

5 Les problèmes rencontrés durant les enquêtes sur terrain sont relatifs à l’insuffisance des données dans les services administratifs et des informations budgétaires de ménage. La solution a consisté au calcul approximatif des dépenses et des revenus de chaque ménage afin de connaître le bilan budgétaire type pour la commune. Après les travaux de terrain, le dépouillement des données et du contenu des réponses a abouti au classement des informations obtenues pour évaluer la cohérence des données. Les réponses ont été regroupées en fonction de leur similitude. Puis une analyse critique des résultats a consisté dans la comparaison et le recoupement des données avec la réalité de la riziculture et des relations sociales dans la Commune. La rédaction a été entamée une fois le travail de dépouillement terminé. Le plan du mémoire est le suivant: - D’ abord la description des aspects naturels et humains du sous-espace d’Imady est l’objet de la première partie intitulée: « Un milieu naturel fortement humanisé ». - Ensuite, il s’agit de présenter la riziculture en tant qu’activité dominante et son évolution dans le Betsileo Nord, particulièrement dans la zone d’étude. La deuxième partie est intitulée: « La riziculture, une activité dominante dans le monde rural d’Imerina Imady ». - Enfin, les enjeux de la riziculture dans la Commune Rurale et dans la région sont évalués dans la troisième partie intitulée: « Les enjeux de la riziculture en Imerina Imady. »

6

Première partie : UN MILIEU NATUREL FORTEMENT HUMANISÉ

7

Le voyageur qui entre dans la Commune Rurale d’ Imerina Imady est impressionné par la maîtrise du paysage par l’homme dans une vallée surplombée de montagnes et de collines. Les rizières de bas fonds alternent avec des rizières en terrasses, un chef d’œuvre du Betsileo Nord, qui n’appartient pas encore au passé. Les conditions naturelles sont marquées par l’homme et influencent le cadre de vie.

Chapitre I : DES CONDITIONS NATURELLES TYPIQUES DES HAUTES TERRES CENTRALES

Le caractère très accidenté du relief caractéristique des Hautes Terres Centrales donne de vastes étendues de savane, un contraste accentué de climats, des sols ferralitiques dominants et des réseaux hydrographiques aux régimes différents.

I.1 Un relief tourmenté

I.1.1 Une alternance de montagnes et de vallées

Le relief de la zone d’étude présente les caractéristiques des Hautes Terres Centrales de Madagascar dont les deux tiers sont constitués par l’affleurement de socle ancien. La morphologie générale du relief des hautes terres est façonnée dans un ensemble de terrains anciens. « Parmi les critères qui déterminent le paysage est le relief avec son altitude qui intervient de façon prépondérante » (5). Comme pour la zone d’étude, les Hautes Terres Centrales de Madagascar sont constituées d’un enchevêtrement de plateaux, de collines, de massifs compacts avec de hautes plaines et de vastes bassins. Ce relief est classé en deux catégories dans le pays betsileo. Le relief de la partie Sud est plus aéré avec la présence de grands volumes de massifs et de bassins tandis que celui du Nord est marqué par des compartimentages vigoureux. Le District d’Ambositra est ainsi caractérisé par des montagnes dont l’altitude moyenne est 1400m et des vallées étroites (cf. croquis n°3).

5 Rollin Dominique. Paris1994. « Des rizières aux paysages : éléments pour une gestion de la fertilité dans les exploitations agricoles du Vakinankaratra et du Betsileo Nord » thèse en géographie, 322 pages.

8 Croquis 3 : La topographie d’Ambositra

Source : BD 100 du FTM, simplifier l’auteur, mars 2007.

9 Selon le croquis n°3, à l’échelle de 1/100 000 de la zone d’Ambositra, la forme des courbes montre de hautes montagnes multiconvexes et des replats sommitaux au Nord avec des vallées tandis que le bas de versant est étendu. Il est constaté également que l’altitude moyenne de la zone tourne autour de1400m avec des hauteurs moyennes atteignant jusqu’à 1700 m pour un minimum de 1100m. Ce trait spécifique du District d’Ambositra est légèrement modifié vers la zone d’étude. Selon le croquis n°4, l’altitude moyenne en Imerina Imady varie entre 1400m et 1200m, atteignant 1450m à Tongoa au Nord-Est. Le lit mineur de la rivière Imady se situe à une altitude inférieure à 1200m.

10 Croquis 4: Croquis topographique de la zone d’étude

Source : BD 100 du FTM, simplifier par l’auteur, mars 2007

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Le paysage de la zone d’étude est en général caractérisé par un plateau délimité par la courbe maîtresse d’altitude 1300m et la courbe normale 1200m. La vallée d’Imady est formée par le lit majeur de la rivière qui serpente du Sud vers le Nord. « Le plateau gneissique en Imady a favorisé le développement de vallées à fond plat qui se raccordent assez brusquement à des versants de pente entre 10 à 25% » (6). I.1.2 Une structure géologique marquée par un substratum granitique

L’histoire géologique de Madagascar est largement tributaire de sa position au cœur du paléo continent Gondwana avant son démembrement. L’assemblage géologique se regroupe essentiellement en trois groupes de roches (7 ): - le socle précambrien. - les roches sédimentaires phanérozoïques. - les roches volcaniques. Le socle précambrien occupe les deux tiers des Hautes Terres Centrales de Madagascar. Il comporte plusieurs unités lithologiques et lithostratigraphiques plissées avec un niveau métamorphique élevé atteignant les faciès granulitiques ( 8). La zone d’Ambositra est en général constituée par des formations du système du graphite, faisant ressortir des migmatites à base de gneiss et de grenat, de gisements d’or et de graphite. Géologiquement, le pays du Betsileo repose sur un socle marqué par des intrusions de granite. Le Betsileo Nord a ainsi une structure géologique hétérogène formée par une gamme de roches dures.

6D’après Françoise le Bourdiec. Antananarivo1974. « Hommes et paysages du riz à Madagascar «thèse d’Etat p.p. 422. 7 iarivo.cirad.fr/doc./colloques/2005 /222 pages. 8PETIT M.1970. « Contribution à l’étude morphologique de relief granitique à Madagascar ». 307 pages.

12 Croquis 5 : Croquis géologique de la zone d’Ambositra

Source : Carte géologique d’Ambositra, Aménagement de l’Auteur

LEGENDES MIGMATITES EMBRECHITIQUES

GNEISS ET GNEISS SURMICACES A SILIMANITES, GRAPHHITES

ALLUVIONS

MIGMATITES GRANUTOIDES Echelle 1km Granites (SASG)

: Socle Anciens - Système du Graphite Source: fond de carte 1/ 100 000 du FTM simplifié par l’auteur, mars 2007

13 D’après le croquis géologique d’Ambositra que nous avons consulté, le paysage de notre zone d’étude est structuré par des migmatites embrechitiques qui se trouvent aux alentours d’Imady. Au sud, dans la zone de Vohimasina, on rencontre des roches granitiques et des gneiss mi cassés en forme de dômes. Au Nord et à l’Ouest, on trouve des migmatites granitoïdes. En fait, le socle sur lequel évolue la vallée d’Imady est constitué de roches cristallines et cristallophylliennes (cf. croquis n°5). Autrement dit, c’est un socle précambrien formé de migmatites occupant presque la totalité de la région.

I.2 Un climat tropical d’altitude à deux saisons contrastées

Le climat de la zone d’Ambositra fait partie du climat tropical d’altitude des Hautes Terres Centrales. Les pluies déterminent le régime à deux saisons alternantes.

I.2.1 Le régime mensuel des pluies

L’étude des pluies mensuelles est nécessaire pour déterminer la saison durant une année. Pour cela, nous avons relevé les données pluviométriques de la station d’Ambositra de 1995 à 2004, soit sur dix années.

14 Tableau 2 : Pluies mensuelles de la station d’Ambositra Station : Ambositra Longitude : 47°14 Altitude : 1245m Latitude : 20°52 Année J F M A M J J A S O N D TOTAL 1995 457,3 311,2 260,6 92,5 25 ,5 3,7 25,5 7,4 15,3 62,6 90,6 71,9 1524.1 1996 498,3 206,2 47,3 83,4 56,7 22,6 9,3 31,4 1,4 0,0 29,2 257,9 1243.7 1997 251,2 174,7 393,4 48,0 4,8 11,8 25,3 0,0 1 ,5 7,2 48,2 377,3 1343.4 1998 187,3 192,0 156,8 29,1 49,6 4,1 10,9 16,4 21,2 139,9 138,0 155,6 1102.9 1999 195,9 304,4 74,1 89,6 2,5 18,9 3,8 7,1 56,1 12,5 16,5 247,6 1029 2000 201,3 156,8 98,9 106,6 5,4 2,5 39,2 34,0 13,4 48,4 139,2 166,0 1011.7 2001 548,7 149,1 130,0 87,4 24,4 20,7 42,3 58,5 0,0 55,0 44,5 241,5 3781.7 2002 216,5 282,4 178,8 85,3 19,1 31,2 16,5 25,4 106,0 33,5 185,8 390,2 1570.7 2003 594,0 111,2 223,8 23,6 26,8 22,8 17,5 9,9 14,0 11,5 126,7 181,5 1363.3 2004 185,7 351,8 228,2 78,4 51,5 20,3 23,0 26,9 28,4 143,8 93,0 192,0 1423.3 TOTAL 3 336,2 2 239,8 1 791,9 723,9 240,8 158,6 213,3 217,0 260,9 514,4 912,1 2 381,5 15393.5 MOYENNE 333,6 224,0 179,2 72,4 26,8 15,9 21,3 21,7 26,1 51,4 91,2 238,2 1539.35 Source : Service météorologique Ampandrianomby

15 Nous avons utilisé le coefficient pluviométrique mensuel de Ravet, (1958) afin de connaître la saison pluvieuse et la saison sèche de la zone d’Ambositra.

12 x hauteurs pluie mensuelle CPM = ______Hauteur pluie annuelle

Tableau 3 : Coefficient pluviométrique mensuel de la station d’Ambositra (1995-2004) Station J A S O N D J F M A M J Ambositra 0.5 0.5 0.6 1.3 2.3 6.1 8.5 5.7 4.6 1.8 0.6 0.4 Source : Service météorologique Ampandrianomby Antananarivo, calculs de l’auteur, avril 2007. La saison pluvieuse correspond à tous les mois dont le coefficient pluviométrique mensuel est égal ou supérieur à 1,3 et la saison sèche correspond à ceux qui ont le coefficient pluviométrique mensuel inférieur à 1,3. D’après l’analyse de ces données, la moyenne mensuelle des précipitations est de 128.2mm. On constate que le maximum se situe au mois de janvier qui est de 333,6 mm de pluie et le minimum est au mois de juin avec 15,9mm (cf. tableau n°1). La distribution mensuelle des précipitations est inégale. Selon le tableau n°3, on constate que la saison pluvieuse commence au mois d’octobre avec un CPM de 1,3 et se termine au mois d’avril avec un CPM de 1,8. En fait, la saison pluvieuse s’étend durant sept mois tandis que la saison sèche est de cinq mois. La quantité des pluies recueillies pendant la saison pluvieuse du mois d’octobre au mois d’avril est de 92% du total. Durant la saison sèche, du mois de mai jusqu’au mois de septembre, cette quantité des pluies est de 7,9%. Ce résultat nous permet de dire qu’Ambositra a un climat tropical d’altitude à deux saisons contrastées. La première saison (pluvieuse) commence au mois d’octobre et se termine au mois d’avril, soit sept mois tandis que la deuxième saison (sèche) se situe entre le mois de mai et le mois de septembre et dure cinq mois.

16 I 2.2 Le régime annuel des pluies

Le régime annuel des précipitations permet de savoir la répartition des années humides et des années sèches tout au long d’une période d’observation.

Tableau 4 : Le régime annuel des pluies à Ambositra (1995 – 2004) STATION MOYENNE MAXIMUM MINIMUM ETENDUE PRINCIPALE AMBOSITRA 1539.3mm 3781.7mm 1011.7mm 2242.2mm

Source : auteur, avril 2007. Schéma 1 : Courbe des précipitations annuelles de la station d’Ambositra

Précipitations

4000

3500

3000

2500

2000

1500

1000

500

0 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 Années

Source : Service météorologique Ampandrianomby

Pour ce régime annuel, la série de dix ans de 1995 à 2004 de la station d’Ambositra, montre une valeur minimale des précipitations de 1011,7mm recueillie en 2000 tandis que la valeur maximale est de 3781mm en 2001 et la moyenne annuelle de 1539,3mm. Les données dont les valeurs de pluies sont supérieures à cette moyenne sont prises comme des années

17 humides et les valeurs inférieures représentent les années sèches. Par conséquent, on a donc deux années humides qui se trouvent en 2001 et en 2002 ainsi que huit années sèches. Le rapport de l’année la plus humide à celle des plus sèches donne une étendue de 2242,2mm. De ce fait, la quantité des pluies peut varier d’une année à une autre du simple au double.

I.3 La formation végétale dégradée et les sols ferralitiques rouges d’Imady I.3. 1 Une couverture végétale dégradée La formation végétale dans la région d’Ambositra est caractérisée par la savane herbeuse ou bozaka couvrant à peu près 38% de la surface totale (cf. tableau n°12). L’origine de cette savane est la rupture d’équilibre entre les conditions naturelles et les pratiques humaines. La savane est une formation végétale herbacée, haute et fermée dont le cycle biologique est étroitement lié au climat tropical à deux saisons (9). En fait, ce déséquilibre est dû aux feux de brousse répétés, un fait relevant de l’homme. On distingue trois types de savane : la savane herbeuse, la savane arborée et la savane arbustive. - Au Sud- Ouest de la zone d’étude, on rencontre, la savane arbustive ou buissonnante qui est une savane herbeuse assez basse d’où émergent des ligneux frutescents 3 à 5 m de hauteur. - Au Nord -Est, la savane arborée comporte trois strates. Le tapis herbacé de la couche au sol atteint jusqu’à 1,50 voire 2,50m de hauteur. - La savane herbeuse occupe le reste de la zone et constitue un tapis herbacé continu où dominent généralement les graminées. D’après les observations sur terrain, dans le pays du Betsileo Nord, surtout en Imady, la couverture végétale est dominée par la formation de savanes herbeuses ou bozaka et de pseudos steppes formées par des graminées (cf. photos n°1).

9PIERRE George.1970 Paris" Dictionnaire de la géographie". 510 pages

18 Photo 1 : La formation herbacée

Source : auteur, mai 2006 A , dans le Sud de la commune, le sol ferralitique lessivé par l’érosion hydrique et les feux de brousse, ne nourrissent que le kifafa et le bozaka (deux graminées)

Parmi la formation végétale figurent le kifafa (cliorirustrisis hackel ), l’ahibalala (acanrthospermum hispidum )... Ils occupent une étendue immense de tanety , sur les pentes faibles ou glacis et aux alentours de villages entrecoupés par les rares îlots constitués des repousses de reboisement d’eucalyptus. Ces formations sont les résultats de la pratique de coupes au ras du sol à la bêche ou "sorok’ahitra " destinées à la fabrication de fumier ou de compost et résultent aussi de la pratique de feux de brousse annuels pour le petit pâturage (cf. photo n° 1). Les arbres sont peu nombreux et la superficie boisée dépasse à peine le quart de la surface totale de la Commune (observation de terrain). Les espèces de reboisement sont l’eucalyptus et le pin (cf. photo n°2). Parmi les espaces reboisés en Imady figurent : Tsinjovony dans le Fokontany d’Ampotaka, Iarinarivo dans le Fokontany d’Imerina, Masiabaratra au bord de la route nationale numéro 49 dans le Fokontany d’Antanimena…

19 Photo 2 : Les reboisements

Source : auteur, juin 2007. A Iarinasambo, Fokontany d’Ampanarivoana, dans le Sud, le reboisement modifie le paysage et crée de nouveaux écosystèmes. I.3.2 Les sols ferralitiques rouges Les sols ferralitiques occupent la majorité de la région des Hautes Terres Centrales. Les caractéristiques en sont la teneur en fer et en alumine, la faible capacité d’échange, la faible teneur en base, la couleur rouge, le PH bas. (10). En fait, en Imady, ces sols sont des latérites rouges à structure grumeleuse, fragiles et riches en oxyde de fer et d’alumine. Ils possèdent des horizons rougeâtres, d’où l’appellation "Imady mitatao tanimena "(cf. photo n°3). Cette expression signifie que la population d’Imady est très dynamique sur la pratique agricole parce que la terre rouge est versée aux rizières qui se trouve ainsi enrichie, du fait de la chaleur offerte par la terre rouge. Cette pratique est spécifique aux paysans d’Imady. L’originalité réside dans l’apport de latérite pour les sols boueux ou « tany mandrevo » pour en augmenter le rendement en riz ainsi que pour les sols hydromorphes naturellement humides (enquête personnelle). D’après les paysans, les sols rouges ou latérites sont sensibles à l’érosion et leur capacité de rétention de l’eau est faible. Selon Pierre George, la saturation en est forte, la structure peu stable et la fertilité naturelle proche de zéro. Dans l’espace d’Imady, les sols de bas fonds sont classés en trois catégories : les "tany tesaka ", les "tany laninofo "et " les tany mandrevo ". (Enquête personnelle).

10 J.RIQUIER ET C. MOUREAUX. 1957. « les sols malgaches : pédologies et types principaux ».

20 1- Le mot " tesaka " exprime que les sols sont peu profonds, et ne peuvent porter de culture de contre saison sans irrigation. Cette faible profondeur explique l’infiltration rapide vers la nappe, l’eau quittant très vite la surface. 2- Les" tany laninofo " regroupent, d’une part les sols hydromorphes minéraux peu humifiés et formés d’éléments charriés par les eaux de ruissellement et arrachés aux bassins versants désignés par le terme matériau colluvio-alluvial toujours selon Pierre George. D’autre part, cette deuxième catégorie comprend les sols hydromorphes organiques ou moyennement organiques. 3-Les" tany mandrevo". Le contexte mandrevo signifie profondément boueux. Ce qui traduit des sols engorgés d’eau en permanence. Ce sont des sols organiques à tourbe évoluée ou à tourbe flottante.

Photo 3 : Sol ferrallitique rouge à Imady

Source : auteur, mai 2007 A Fihizinana, Fokontany d’Andraraninana, à l’Est, le site d’extraction de terre rouge sert d’apports aux sols boueux des rizières.

I.4 Le réseau hydrographique lié au régime climatique

En général, le système hydrographique des Hautes Terres Centrales est fonction du régime climatique. Autrement dit, les rivières sont ravitaillées par l’abondance ou non des précipitations. Pendant la période cyclonique, elles peuvent provoquer des dégâts sur les cultures de riz.

21 Croquis 6 : Hydrologie de la zone d’étude

Source : BD 100 du FTM, simplifier par l’auteur, mars 2007

22 De nombreux ruisseaux comme Andriankely, Andriana, Maromanana, Iraizana et Lomorina se jètent dans la rivière d’Imady (cf. croquis n° 4). Toutes les vallées secondaires alimentées par ces ruisseaux présentent à la fois des atouts et des dangers. En effet, la vallée principale d’Imerina est le siège des cultures de riz menacées par les inondations en période de cyclone. Citons les cas d’Atsinanantanana (à l’Est du Fokontany d’Imerina) où le lit de la rivière est démoli et des tonnes de sable sont entraînées dans les rizières. Selon les enquêtes personnelles, les paysans évitent ces dégâts par l’approfondissement et l’agrandissement des lits de la rivière d’Imady et de ses affluents.

Ce premier chapitre montre que le sous-espace d’Imady a un relief accidenté formé par le système de graphite de Mandrailanitra. Le substratum est structuré par des migmatites embrechitiques se trouvant sur le pourtour. Les granites et gneiss en forme de dômes sont au sud à Vohimasina et les migmatites granitoïdes au nord et à l’ouest. Imady est caractérisé par un climat tropical d’altitude à deux saisons distinctes, l’une sèche et fraîche et la seconde, saison chaude et pluvieuse. Dans cette zone, les sols ferallitiques sont couverts de formations végétales clairsemées. La rivière d’Imady et ses affluents irriguent et partagent la zone d’étude en deux sous-zones présentant relativement les mêmes caractéristiques physiques. Ainsi, la population d’Imady s’efforce de maîtriser ce milieu naturel.

Chapitre II- CARACTERISTIQUES DEMOGRAPHIQUES ET CONDITIONS SOCIOCULTURELLES

La population joue un rôle primordial sur les activités agricoles. Son évolution est tributaire de sa répartition et de sa localisation.

II.1 Analyse de l’explosion démographique en Imady

II.1-1 Historique du peuplement d’Imerina Imady

La population du sous-espace de la zone d’étude s’appelle les" Betsileo Nord "ou" Betsileo Tavaratra ". Le nom Betsileo vient du mot « be ka tsy leo nenjehina » (de par leur nombre, on ne peut pas les poursuivre") (11). La population d’Imerina Imady est issue d’" Imady telo toko ", descendant des trois fils d’un roi qui habitait à Imady. Il s’agit de

11 RAINIFIHINA Jesse 1975"Lovatsaina I tantara Betsileo " Ambozotany Fianaratsoa

23 lignages comprenant les Isambohery au Sud, Iarinaomby au Centre et Zafindrarasoa au Nord. Chacun des trois lignages a ses descendants, dont notamment les clans Tsimihozohozo, Ihasoa, Zafimanatsiazoniva et Berimanjato, descendants d’Iarinaomby. Les trois héritiers d’Imady Telo Toko ont été l’origine des trois grands lignages liés par la mythique appellation « Imady Tsinaim-Balalatokana » des originaires d’Imady. Les descendants d’Isambohery s’installent au Sud, c’est à dire à Ambohibary, Ankarefo, Mandritsara et Ambohijato. Ceux d’Iarinaomby sont au centre à Marosoa. Ceux de Andraranina sont à Imerina et Antanimena. Et enfin, ceux de Zafindrarasoa sont au Nord à Fahizay, Ilampy et Antafotona. Avant la conquête d’Andrianampoinimerina et de Radama Ier, le pays betsileo n'a jamais connu d'unité politique, même si les traditions rapportent que les souverains des différents royaumes élargissaient leur territoire par des conquêtes. Mais pendant la conquête de Radama Ier, l’histoire d’Imady se résume comme suit : Il fut un temps où le village d’Imerina Imady actuel s’appelait Ampasina. Au début du règne de Radama I, les troupes royales s’emparèrent du village. Ses soldats s’installèrent dans le village. Une majeure partie des habitants a pris la fuite pour se réfugier à Iarinarivo, une montagne encore couverte de forêts à cette époque et qui se trouve à l’ouest du village d’Imerina. De cet endroit, les fugitifs observaient prudemment leurs villages en disant « Mbola ao va ireo merina ?"(Est-ce qu’ils sont toujours là les Merina ?). Plus tard, quand les troupes de Radama sont parties, les habitants rentraient au village. Et quand ils parlaient des événements qui s’y sont déroulés, ils disaient toujours "tao amin’ireo merina tao " (là où étaient les merina) d’où l’appellation IMERINA. Et comme ce village se trouve dans la circonscription d’Imady " tobin’ny merina tao Imady" (camp des Merina à Imady), c’est l’origine de l’appellation " Imerina Imady "(les merina de l’Imady). C’était aussi à Imerina Imady que l’on avait brûlé la bible pendant la persécution du christianisme du temps de Ranavalona I ère dans cette contrée.

24

II.1.2 Les caractéristiques démographiques de la population

L’étude démographique de la population est basée sur trois critères : l’évolution du taux d’accroissement et la densité de la population avec la répartition spatiale.

Tableau 5 : L’évolution naturelle de la population Année 2002 2003 2004 Nombre de la population 5 650 5 876 6 050 Nombre de naissance 254 213 240 Nombre de décès 28 39 35 Taux de natalité %° 44,9 36,6 39,6 Taux de mortalité %° 4,9 6,6 5,7 Taux d’accroissement %° 40 30 33 Source : Commune Rurale d’Imerina Imady 2004.

D’après le tableau n°5, le nombre de la population entre 2002 et 2004 connaît une baisse de croissance. Cela ne change pas le chiffre sur le taux d’accroissement annuel qui est élevé par rapport aux autres régions de Madagascar (35 pour mille environ). On constate qu’en 2002, le taux de natalité est de 44,9 pour mille, avec un taux de mortalité de 4,9 pour mille. D’ailleurs, la baisse de taux de mortalité est due aux conditions socio-économiques favorables durant cette période (Cf Monographie de la Commune Rurale). En outre, le taux de natalité est réduit à 39,6 pour mille en 2004, avec un taux de mortalité de 5,7 pour mille. On constate aussi que le taux de naissance a un peu diminué car la formation sur le programme de la limitation de naissance est en train de commencer. En revanche, le taux de mortalité est élevé par rapport à celui de 2002. Ce dernier est dû à la fragilité des conditions sociales.

25 II.2. La répartition spatiale de la population

L’étude de la répartition de la population permet de déterminer la densité, les espaces faiblement, moyennement ou fortement peuplés.

II.2.1 L’inégale répartition et la densité de la population

Concernant cette répartition géographique, la population d’Imady est inégalement répartie dans la commune.

Tableau 6 : La répartition spatiale de la population Fokontany Nombre de la Superficie en Densité (hab. /km2) population km2 Telolahy 428 4 107 Andraranina 535 6.5 82.3 Imady 918 1.8 510 Ampotaka 300 10 30 Antanimena 320 2.5 128 Ambohibary 712 2.5 284.8 Mandritsara 621 3.5 177.4 Ambohimahazo 536 2.8 191.4 Ampanarivoana 657 4.5 146 Ankarinarivo 220 10 22 Totaux 5247 42.7 MOYENNE : 123 Source : Commune Rurale d’Imerina Imady 2004

Sur les dix Fokontany de la Commune, la plupart des habitants se concentrent dans le Fokontany d’Imerina Imady, soit 918 personnes alors que ce Fokontany est le plus petit par rapport aux autres. Cette concentration humaine est due à l’attraction du marché local. C’est dans ce chef lieu de la commune qu’on trouve aussi les activités informelles, source d’argent au jour le jour pour la population (enquête personnelle). Le Fokontany d’ Ambohibary est le deuxième fokontany le plus peuplé de la commune. A part ces deux localités, les fokontany ont à peu près la même densité de population sauf Ankarinarivo qui a une superficie très élevée pour un nombre de population très faible (cf. tableau n°6).

26 Croquis 7 : Répartition géographique de la population

Source : BD 200 du FTM, simplifié par l’auteur, mars 2007 .

27

« La vallée d’Imady a une densité de population qui dépasse 100/km2 en 1974» (12). Cette constatation s’explique, parce qu’en 2004, la densité moyenne de la population dans la zone d’étude est de 167,8hab/km2. C’est-à-dire, la population entre 1974 et 2004 a augmenté de 23%. On constate aussi que le nombre de la population en Imady n’a cessé d’augmenter et cette croissance est très élevée par rapport à l’accroissement démographique général de Madagascar. On constate que la moyenne d’âge de la population d’Imady est située entre15 et 20ans soit 46% (enquête personnelle). Sur les 40 ménages enquêtés, la taille moyenne de ménage est de 7. Le reste de la population dans la commune rurale comprend les enfants de 0 à 15 ans (29%) et les plus de 67ans (25%). On note que les migrants quittant le sous-espace sont compris dans ce recensement. Cela signifie que la population dans la Commune Rurale d’Imady est une population jeune. II.2.2 Les espaces habités

II2.2.1 Les caractéristiques de l’habitat

L’habitat est le lieu occupé par les résidants d’un ou plusieurs villages. Il s’agit alors d’un ensemble de maisons regroupées sur un espace précis. Photo 4 : Les habitats en brique et le toit en tuile

Source : auteur, mai 2007

12 FRANÇOISE LE BOURDIEC.1974. « Homme et paysage du riz à Madagascar »pp450

28 Photo 5 : Village groupé au Centre.

Source : auteur, mai 2007 Le Chef lieu de la Commune Rurale d’Imerina Imady est situé entre les versants d’Iarinarivo à l’Ouest, Andriana à l’Est, Ampanarivoana au Sud et Telolahy au Nord.

En Imady, la plupart des villages sont construits au sommet de la colline. Cela est dû à une cause historique. Pendant la période des royaumes malgaches, seuls les villages sur les hauts sites sont les plus sécurisants par rapport aux autres villages. L’augmentation incessante du nombre de la population entraîne l’extension des constructions vers le versant. Les caractéristiques des maisons en Imady sont spécifiques par rapport à l’ensemble du Betsileo Nord. En général, la plupart des maisons sont à étage, avec au moins quatre chambres. La construction est en brique, le toit en tuile. (cf. photo n°4). Sur les 40 ménages enquêtés, seuls cinq foyers habitent dans des maisons construites en terre battue, soit 12.5%. Le chef lieu de la Commune regroupe les bâtiments administratifs comme la mairie, le dispensaire, l’église, les écoles, les collèges (cf. photo n°5). Par ailleurs, on constate une concentration des maisons d’habitation.

II.3 Les conditions socioculturelles

Les concepts socioculturels sont utiles pour étudier une population et portent sur la tradition, le niveau médico-sanitaire, le niveau intellectuel et le niveau de vie en général dans la société. En fait, les Betsileo ont leurs caractères originaux qui les différencient des autres ethnies de Madagascar malgré une unité culturelle nationale.

29 II.3.1 Les us et les coutumes betsileo Parmi les cultures qui distinguent les Betsileo d’Imady des autres groupes ethniques de Madagascar sont l ‘exhumation ou " lanonana " et le sport de combat conte les taureaux "s avika" ou " tolon’omby ". Photo 6 : La cérémonie de Famadihana

Source : auteur Les ancêtres sont le lien entre Dieu et les vivants

D’abord le lanonana est une des coutumes des Hautes Terres Centrales caractéristiques des Betsileo, par laquelle les Malgaches retournent les corps des défunts pour les recouvrir de linceul (13). Pour les « Imadiens », cette cérémonie se décide au niveau "Tomponanarandray "(familles d’un même lignage) et au niveau de la famille restreinte ou élargie selon le cas (enquête personnelle). L’exhumation se pratique tous les 5 à 6 ans. Elle peut durer de 3 à 7jours et réunit beaucoup de familles selon la capacité ou la popularité des organisateurs. Le « lanonana » est en quelque sorte, le moment de consolider la cohésion de la famille. Dans les réunions familiales, surtout durant l’exhumation, le mot d’ordre " Imady tsa indroa mivory " (Imady ne se réunit pas deux fois) est mis en vigueur et les décisions de ceux qui sont présents doivent être respectées par les absents. Concernant le déroulement de la fête, les Imadiens s’attendent à l’accueil de bien d’invités qui apportent aux organisateurs du riz en soubique et de l’argent (cf. photo n°6). Ces derniers font des dépenses onéreuses pour les invités, tuent au moins un boeuf et achètent des tonnes des riz. Pendant la cérémonie, (au jour désigné « andro tsara » ou jour faste selon les voyants ou « mpanandro ») on va au tombeau pour l’ensevelissement des restes mortels

13 RAMIANDRISOA Herilalaina Nicole, 2005, « Impacts spatiaux de la cérémonie d’exhumation, exemple de la Commune Rurale de » (pays du Betsileo Nord. Mémoire de maîtrise en Géographie, 121 pages.

30 recouverts de linceuls (mamono razana) . A Imady, ceux qui ne font pas d’exhumation sont considérés comme des lâches qui n’accomplissent pas leur devoir envers les morts. Actuellement, la fête se manifeste par un système de concurrence qui consiste toujours à augmenter les « tsodrano » (argent offert en guise de bénédiction) apporté aux organisateurs. Ainsi, les sommes d’argent versées deviennent de plus en plus élevées. C’est le système dit " anterok’ alao " (donner puis retirer) qui consiste à débattre de la somme d’argent ou des quantités de riz à remettre aux organisateurs.

Photo 7 : Les savika ou tolon’omby

Source : auteur, avril 2007 Le sport ancestral est source de cohésion

Concernant le "savika" ou " tolon’omby ", c’est une sorte de jeux brutaux avec les bœufs. Jadis, le savika se déroule aussi durant la célébration des fêtes familiales comme le lanonana et la circoncision. Mais actuellement, il devient un des jeux célèbres chez les Betsileo qui pratiquent le savika à chaque fois qu’ils veulent. Pendant le savika , les femmes et les enfants encouragent les joueurs en chantant et en criant " lahy ny anay "(les nôtres sont forts) (cf. photo n°7)

II.3.2 Les aspects sociaux

Les traits sociaux de la population sont les reflets des traditions d’une société. En matière d’éducation de base, l’âge scolaire en Imady est de 6 à 15 ans, pour un effectif de 1035 avec un taux de scolarisation de 90%, qui est ainsi très élevé. On remarque qu’au début, les parents sont fiers d’envoyer leurs enfants à l’école dès l’âge de 6ans. Mais à partir de 16

31 ans, les enfants quittent l’école, sauf ceux qui peuvent accéder à un niveau supérieur ou ceux qui veulent continuer dans l’enseignement supérieur. Ces abandons scolaires sont dus à l’insuffisance d’argent des parents mais aussi au désir de fonder une famille pour les jeunes filles et de chercher de l’argent ailleurs pour les garçons ( mikarama). Ces cas entraînent la migration de la population d’Imady vers d’autres régions de Madagascar. Les mouvements migratoires en Imady se présentent sous deux formes : la migration semi-definitive et la migration saisonnière. Cette dernière se manifeste par deux types de déplacements qui sont l’un temporaire et l’autre qui dure une année et plus. Les mobilités saisonnières concernent les salariés agricoles qui cherchent de l’argent durant les périodes de travaux dans d’autres régions, par exemple, les repiquages à Ambatondrazaka, à Marovoay, … (enquête personnelle). Cette migration se voit aussi pour la récolte du coton dans le nord-ouest de Madagascar comme à Boriziny… Par ailleurs, les déplacements portant sur une ou plusieurs années sont motivés par la recherche de capitaux. L’exode rural se manifeste aussi au niveau des jeunes gens pour trouver en ville des moyens rapides et faciles de richesse (enquête personnelle). Parfois, ces déplacements sont dus à la concurrence née lors de l’exhumation. D’après l’enquête auprès de 40 ménages, plus de 30% de la population d’Imady sont des émigrants. De plus, l’argent gagné par les migrants va permettre à leurs familles de faire face aux dépenses annuelles sur les devoirs envers la société ( adidy ), sur les activités agricoles ainsi que sur les besoins quotidiens. Grâce à leurs économies, la famille de ces jeunes gens peut construire des maisons en brique. Par conséquent, la population d’Imady se répand presque partout dans les vingt deux régions de Madagascar.

Chapitre III- ACTIVITES NON RIZICOLES, INFRASTRUCTURES ET VOIES DE COMMUNICATION

Il convient de préciser si les activités non agricoles sont déterminantes dans la zone d’étude et ont quelle importance économique pour les habitants. La création d’emplois existe- t-elle ?

32 III.1.Les activités non agricoles : des activités complémentaires de la riziculture

Dans la région du Betsileo Nord, la pratique de la riziculture ne permet pas aux paysans de survivre. En effet, ils pratiquent d’autres activités comme l’élevage et les activités commerciales…

III.1.1 Un élevage peu développé

L’élevage constitue une activité importante en Imady même s’il est moins connu dans la zone. L’élevage procure des fumures organiques destinées aux activités agricoles. Parmi les animaux élevés figurent les boeufs, les porcs et les volailles, avec une prédominance des volailles et des bovidés. Ces animaux se répartissent comme suit dans les quatre Fokontany que nous avons enquêtés.

Tableau 7 : Nombre des animaux domestiques de chaque Fokontany enquêté. Fokontany Nombre de bœufs Nombre de volailles Imerina 30 600 Telolahy 80 300 Ambohibary 60 510 Ampanarivoana 50 500 Total 220 1 910 Source : auteur, mai 2007.

Les Imadiens se concentrent essentiellement sur l’aviculture qui est l’activité la plus répandue dans les 4 Fokontany parce que chaque ménage enquêté possède en moyenne 45 volailles (cf. tableau n°7). Autrement dit, les volailles élevées dans chaque ménage sont diversifiées. Imerina est le Fokontany le plus dynamique pour l’aviculture. En revanche, ce sont les Fokontany périphériques qui pratiquent plus l’élevage bovin comme celui de Telolahy et qui possède 80 bœufs. Ce Fokontany dispose en effet d’étendues vastes pour les pâturages. L’élevage en Imady est encore de type traditionnel, sans entretien car l’habitude est de laisser en liberté les animaux domestiques. Leurs nourritures sont le paddy, le maïs, le manioc

33 et l’herbe des prairies naturelles. En général, la famille cohabite avec la volaille et les autres animaux qui sont placés au rez-de-chaussée, ou dans une chambre vide. Toujours d’après notre enquête, l’élevage est une des sources de revenu très importantes surtout pendant la période de soudure et durant les moments difficiles. Les habitants ont l’habitude de vendre quelques boeufs pour joindre les deux bouts. Le problème de l’élevage est lié à l’insuffisance de l’entretien des animaux. Actuellement, il y a un poste vétérinaire qui se trouve à Imerina pour l’ensemble de la commune. Ce poste permet aux éleveurs de résoudre les problèmes.

III.1.2 L’artisanat : une activité presque inconnue en Imady

La Région d’Amoron’Imania est célèbre depuis longtemps pour les activités artisanales. C’est pour cela qu’Ambositra est appelé capitale de l’artisanat malgache, parce que la plupart des types d’artisanat s’y retrouvent comme la sculpture, le papier Antemoro, les produits dérivés des vanneries … Toutefois, l’artisanat n’existe pratiquement pas dans la Commune Rurale d’Imerina Imady sauf le tissage de linceul et quelques produits de soie spécialisés, réalisés par les femmes du Fokontany de Mandritsara. L’artisanat répond surtout aux besoins domestiques à Imady (enquête personnelle) et consiste dans le tressage de nattes et soubiques…à base de ravindahasa (jonc aquatique ) destinés à l’usage quotidien. Le problème lié à la pratique de l’artisanat est l’insuffisance des matériaux locaux.

III .1.3 Les activités commerciales : création de marché local dynamique

Par rapport à l’artisanat, la population en Imady est connue pour les activités marchandes. En général, ceux qui ne pratiquent pas des activités agricoles et artisanales se concentrent sur le commerce (enquête personnelle). Le commerce est diversifié, de sorte que les épiceries sont les plus nombreuses dans le chef lieu de la commune où il existe dix épiceries dont l’une est à la fois grossiste. Les marchandises vendues dans les épiceries sont ravitaillées par le grossiste d’Imerina et de Fahizay, ou parfois par les grossistes d’Ambositra. Après l’épicerie, on trouve aussi les gargotes et les petits bars à Imerina. Il y a neuf gargotes et cinq bars qui fonctionnent quotidiennement dans la commune. Enfin, on trouve deux dépositaires de médicaments qui sont ouverts tous les jours. On note que le tsena (lieu du

34 marché) est un espace de rencontre entre les vendeurs et les acheteurs des différents produits et une occasion de convivialité. Dans la Commune Rurale d’Imerina Imady, il n’y a pas de marché hebdomadaire car d’après le responsable, le marché local permet déjà aux habitants des différents Fokontany de se rencontrer pour s’informer, communiquer et même se distraire. Ils y trouvent les produits locaux et pour les autres articles comme les tissus et les appareils électroniques, ils doivent prendre le taxi-brousse pour Ambositra. Photo 8 : Le marché de la Commune Rurale d’Imerina Imady

Source : auteur, juin 2007 Le marché est en dur et revêtu de pavés

III.2. Les infrastructures de base : des équipements sociaux très importants

III.2.1 Les infrastructures scolaires Les bâtiments pour l’éducation des enfants sont les résultats des efforts de la commune, appuyés par le Fonds d’Investissement pour le Développement (FID). De ce fait, la commune possède quatre écoles primaires publiques qui se trouvent à Imerina, à Ankarinarivo, à Telolahy et Ampotaka et un collège d’enseignement général localisé dans le chef lieu. Le collège confessionnel de Saint Michel a été créé par l’église catholique ainsi que le lycée d’enseignement général et technique. Ce lycée permet aux élèves qui ont obtenu leurs brevets de ne plus se déplacer vers Ambositra.

35 III. 2 .2 Les infrastructures médico-sanitaires

La Commune Rurale a aussi des atouts en matière d’infrastructures de santé. Pour 5247 habitants, la Commune dispose de deux centres hospitaliers localisés à Imerina (un centre de santé de base de niveau II et un dispensaire très bien équipé pourvu d’un laboratoire d’analyse) et d’une dentisterie appartenant à la congrégation des Sœurs du Sacré Cœur (cf. photo n°9). Le personnel de chaque centre est composé d’un médecin diplômé d’état, d’un paramédical, d’un dispensateur de médicament, d’une servante et d’un gardien. Notons aussi qu’il y a un sanatorium à Imerina. Photo 9 : Dispensaire des Sœurs du Sacré Coeur

Source : auteur, mai 2007 La santé est une source de richesse

Trois Fokontany sur dix disposent de réseau d’adduction à l’eau potable : Imerina, Mandritsara, et Ambohibary. Ces deux derniers sont encore en train de construire leurs bornes fontaines. La congrégation des sœurs installée à Imerina Imady, a sa propre source d’eau potable et d’un château d’eau.

III.3 Des voies de communication relativement développées

La Commune Rurale d’Imerina Imady n’est pas enclavée à cause des différents types de voies de communication existantes. Elle est traversée par la Route Nationale n° 49 qui relie Ambositra et Ambinanindrano et va jusqu’à Fandriana. Cette route permet à la Commune de communiquer avec les autres zones et régions périphériques. La route est construite en terre battue. Elle est accessible pendant toute l’année sauf pendant la période de cyclone. Les

36 routes intercommunales ne sont praticables que pendant la saison sèche. Ces voies de communication stimulent le développement du marché local. Pendant la période des pluies où ces routes sont très difficilement praticables, la population des alentours vient participer à l’amélioration de ces infrastructures, qui intervient à chaque fin de saison pour les routes intercommunales et nationale. Selon les enquêtes personnelles, les organismes et projets qui interviennent sont encore peu nombreux. Actuellement, la coopérative COTRAMADY assure le transport voyageur Antananarivo Imady et Imady Antananarivo. Cette coopérative a été créée en 2006 et continue à fonctionner jusqu’à maintenant. Elle utilise vingt Mazda et Toyota minibus qui constituent autant de sources d’emploi pour la population active locale. Bref, les voies de communication présentent un intérêt économique pour le développement de l’agriculture et de l’élevage et des autres activités de la commune.

Pour conclure cette première partie, le milieu naturel du sous-espace d ’Imady est structuré par des montages surplombant des vallées marécageuses. Ce milieu naturel où réside la population d’Imady a un climat tropical d’altitude à deux saisons contrastées, et contient des sols ferrallitiques rouges, des formations végétales clairsemées et un système hydrographique dense. La majorité de la population vit de l’agriculture et de l’élevage. Les activités non agricoles représentent des sources d’emplois pour les habitants. L’explosion démographique entraîne la diminution des surfaces exploitables et oblige les Imadiens à émigrer vers d’autres régions de Madagascar dans le but d’avoir de l’argent. Pourtant, la population d’Imady considère beaucoup les activités agricoles surtout la riziculture.

37

Deuxième partie : LA RIZICULTURE, UNE ACTIVITE DOMINANTE DANS LE MONDE RURAL D’IMERINA IMADY

38 Si les activités non agricoles sont importantes pour l’économie locale, que représente en réalité la riziculture en matière de satisfaction des besoins de la population, d’amélioration de leur niveau de vie et de progrès?

Chapitre IV: LA CULTURE DU RIZ : PRINCIPALE ACTIVITE DANS LE BETSILEO NORD

Les Hautes Terres Centrales de Madagascar sont parmi l’une des principales régions productrices de riz de Madagascar et possèdent tous les types de paysages rizicoles. Vallées et versants façonnés en terrasses sont les grands types de paysages aménagés différemment suivant les régimes hydrauliques, les traditions socioculturelles et les moyens techniques mis en œuvre. En Imerina Imady, la riziculture constitue une activité principale des paysans, et occupe presque les 80% de l’activité de la population (DRDR Amoron’i Mania 2005). On remarque les modalités d’aménagement et les problèmes qui en découlent suivant les caractéristiques hydro-morphologiques des milieux concernés.

IV.1 Aperçu général sur la riziculture à Madagascar

IV.1.1 Historique du riz et de la riziculture à Madagascar

Le riz n’est pas un sujet neuf. Les empereurs chinois et indien sont à l’origine de sa culture au pied de l’Himalaya. Son expansion vers Madagascar est due aux commerçants et immigrants arabes qui l’apportent dans la Grande Ile pour la première fois sur la côte vers le neuvième siècle. Puis, son extension couvre au fur et à mesure Madagascar avec l’apport de riz asiatique par les Portugais par voie indo-malaise (14). Le nom « vary » vient du sanscrit « vrihi » qui a été également à l’origine du « vari » dans certains dialectes malais (15). Concernant la description botanique du riz, il s’agit d’une graminée semi aquatique, annuelle ou parfois bisannuelle plus ou mois pubescente selon les espèces. La racine est fasciculaire, plus profonde et plus grosse. La tige est un chaume dressé taillant à la base. Sa hauteur varie de 0.5m à 1.5m suivant la variété. La feuille a une forme linéaire, glabre, retombante ou érigée selon la variété.

14 ANGLADETTE, André : « Le riz », 1966, page 15 15 RAJAONARISON Jaclives.2001. « Valeur nutritionnelle des cinq variétés de riz pluvial adaptés aux conditions climatiques de la région moyen ouest de madagascar.»56pages.Mémoire DEA de la faculté de science 13 Le nom scientifique du riz est oryza sativa

39 Depuis son apparition, la riziculture à Madagascar se fait selon le milieu naturel et selon la façon dont les paysans la pratiquent. C’est-à-dire, la tradition détermine la riziculture surtout dans le pays du Betsileo Nord (enquête personnelle). Mais à partir de la période de la colonisation, la culture du riz a changé. Le système de riziculture améliorée (SRA) a été adopté afin d’augmenter le rendement rizicole. Pourtant, ce système a connu un échec à Madagascar même si la diffusion était soutenue. A l’origine, ce nouveau système était efficace mais à partir de 1961 sa vulgarisation échoua auprès de la grande masse paysanne. Cet échec fut attribué à la complexité de la technique, condamnant les cultivateurs à beaucoup de fatigues pour obtenir des rendements faibles par rapport à l’effort fourni. Alors, cette riziculture améliorée n’a connu aucun renouveau. Malgré cela, quelques paysans malgaches la pratiquent encore tandis qu’un nouveau système progresse partout, c’est le système de la Riziculture Intensive (SRI). Fondé sur d’excellents principes reconnus ( 16 ), le SRI est devenu populaire et fut adopté par l’Etat malgache. Le Ministère de l’Agriculture en a fait la priorité pour son programme de vulgarisation avec l’appui de la Banque mondiale. C’est ainsi qu’en 1995, le Président de la République fit de cette riziculture, la priorité économique numéro un. (17)

IV.1.2 Les variétés du riz à Madagascar

Le classement des variétés de riz à Madagascar est établi selon son origine et son évolution. Trois grandes catégories peuvent être distinguées : - Les variétés traditionnelles ou locales. - Les variétés hybrides (sélectionnées). - Les variétés introduites.

16 PATRIQUE V. 1996. « Discours de la méthode du riz » (Rapport sur la nouvelle riziculture malgache, considéré sous les aspects techniques, théoriques, économiques sociales et culturelles (SRI) 2è éditions.102pages.

17 PATRIQUE V. 1997. « Fondement scientifique de la nouvelle riziculture malgache (SRI). Tananarive101, 29 pages.

40 Tableau 8 : Exemple de chaque trois variétés du riz Exemple de variétés du riz Variété locale : MK34 Variété hybrides : 2798 Variété introduite : 4012 Nom Makalioka Tché kouai FOFIFA Origine Sélection locale Chine FOFIFA CALA Cycle végétatif 180 jours 160 jours 170 jours Aptitude culturale Irrigué irrigué Irrigués Caractéristique variétale : Hauteur de plante 120à130cm 85 à 95cm 85 à 90cm Port de plante Semi érigé Sem dressé Erigé Port de feuille paniculaire Semi retombant Erigé Semi érigé Aristation Nulle nulle nulle Caractéristiques des grains : -paddy Longueur 9.4cm 7.9cm 9.6cm Teinte Jaune claire Jaune claire Jaune clair Poids de 1000grains 27g 23g 27.7g -caryopses Longueur 7.1cm 6.7cm Translucidité Très translucide Moyenne Caractéristiques agronomiques Verse Sensible Sensible Résistante Rusticité Très sensible Moyenne Bonne Réponse aux engrais Moyenne Une fumure modérée est recommandée Moyenne Moyenne Résistance à la pyriculariose Moyenne Moyenne Egrenage Sensible Sensible Source : RANDRIAMAMPIANINA Nelson.2001

41 Selon le tableau n° 8, la variété locale a une hauteur plus élevée avec des grains longs. C’est la variété traditionnelle la plus utilisée à Madagascar selon cet auteur. Elle occupe presque les 90% de la surface rizicole irriguée, exige un repiquage avant le 31 décembre et présente une forte baisse de rendement pour le repiquage au-delà de mi- janvier. Ensuite, la variété améliorée est d’origine chinoise avec une hauteur moyenne de 85 à 95cm et des grains ronds. La floraison est avancée de 10 à 80 jours par rapport à celle du MK34. Elle est caractérisée par un fort pouvoir de tallage (jusqu’à 23 talles par touffe même si le repiquage débute en janvier).Cette variété est maintenant en phase de vulgarisation. Enfin, la variété hybride est issue du croisement de deux espèces différentes. Par exemple, le croisement de MK34 avec 2798 par fécondation réciproque donne une variété hybride qui s’appelle « Tsemaka ». Il s’agit d’une semence caractérisée par des grains longs avec une hauteur moyenne de 85 à 95cm. Cette variété a été vulgarisée officiellement en juin 1995.

IV.2. La valeur de la riziculture dans le pays du Betsileo nord

IV.2.1. Le dynamisme des Betsileo en riziculture Etant donné les qualités laborieuses des Betsileo, (18) la quasi-totalité des exploitations agricoles dans le District d’Ambositra, possèdent des rizières avec un peu d’élevage et paraissent homogènes (19). En Imerina Imady, la surface exploitée destinée à la riziculture représente les 24% de la superficie de la zone d’étude. La rentabilité de cette activité dépend de plusieurs facteurs comme le système foncier et la technique adoptée. La plupart des ménages possèdent des rizières dont la surface varie entre 40 ares et 2 hectares. Ainsi, il existe deux modes de culture de riz : le riz de première saison ou vary aloha et le riz de deuxième saison ou vary afara . La culture du vary aloha commence au mois de juillet et se termine au mois de janvier. La culture du riz de deuxième saison ou vary afara, commence au mois de septembre et se termine au mois de mars. La récolte se fait au plus tard au mois d’avril. En fait, ces deux modes de cultures nécessitent une préparation du sol. La pratique du vary aloha est faite pour échapper à la famine de la période de soudure et au problème d’inondation, tandis que la deuxième culture assure la nourriture durant toute l’année.

18 LUCIANO Nerni.2000. «Madagascar : L’île aux contrastes ».Ed vélar. pp 95-97. 19 ROLLIN Dominique.1994. « Des rizières aux paysages : élément pour une gestion de la fertilité dans les exploitations agricoles de Vakinankaratra et du Betsileo Nord ».Thèse de nouveau régime de géographie, Paris X,322 pages.

42

IV.2.2.Les caractéristiques des ménages et des exploitations rizicoles

Quelques caractéristiques des ménages et des exploitations rizicoles des agriculteurs enquêtés sont résumées dans le tableau n°9. Pour l’établissement de ce tableau, dix ménages ont été choisis au hasard parmi les 40 foyers de l’échantillon pour les 4 fokontany étudiés.

Tableau 9 : Caractéristiques des ménages et des exploitations rizicoles de la zone d’étude 20 N°de ménage Taille des ménages Surface des rizières (en ares) 1 4 60 2 9 30 3 10 75 3 7 100 4 8 100 5 6 75 6 6 140 7 8 40 8 5 40 9 5 45 10 5 15 Moyenne 7 72 Source : auteur, mars 2007.

Dans la Commune Rurale d’Imerina Imady, la taille moyenne des ménages est de l’ordre de 7. La superficie moyenne est de 72 ares par ménage, et est en majorité, consacrée à la riziculture. Cette superficie ne suffit pas pour couvrir les besoins annuels de chaque ménage en riz (enquête personnelle).

IV.2. 3 Diversification des matériels utilisés

La bêche et les bœufs sont des moyens de production ancestraux. Les petits matériels comme la herse, les sarcleuses et la charrue ont fait l’objet de projets de vulgarisation durant la 1 ère République. Actuellement, avec la libéralisation, ces moyens de production sont mis en

20 Fokontany d’Ampanrivoana, Imerina, Telolahy et Ambohibary

43 vente auprès des commerçants à Ambositra. Selon les enquêtes, ces petits matériels attelés ou manuels apparaissent relativement adoptés en milieu rural. Tableau 10 : Le pourcentage de matériaux utilisés Types des matériels Utilisation Nombre des ménages Pourcentage Bêches Labour 40 100% Charrues Labour 8 20% Bœufs Piétinement 20 50% Herses Piétinement 28 70% Sarcleuses Désherbage 36 90% Source : auteur, mars 2007. Sur l’échantillon de 40 ménages, la totalité des paysans en Imerina Imady utilisent les bêches comme matériels de base pour leurs activités. Il existe 3 types de bêches selon la longueur et la largeur de la lame : lame longue (lava lela), lame courte (mondroy) et la pelle (lame courte et large). Les bêches lava lela permettent de labourer la terre plus rapidement et plus profondément. Les mondroy sont destinées à l’émottage. Les pelles servent au planage (nivellement) des rizières. Tous les paysans utilisent les bêches, soit 100% dans notre échantillon. Par ailleurs, les paysans affirment que la charrue (angadinomby ) est trop chère et est utilisée uniquement pour les labours en profondeur en Imerina Imady. Les utilisateurs ne représentent que 20% seulement de notre échantillon (cf. tableau n°10). En outre, les herses (ragiragy) sont de plus en plus adoptées pour le piétinement des rizières vu la rareté actuelle des boeufs d’attelage. Le pourcentage respectif d’utilisation en est ainsi de 70% pour les herses et 40% pour les bœufs. Le recul pour ce dernier chiffre est dû à la diminution du nombre du cheptel bovin par éleveur . On note que la majorité des herses utilisées sont acquises sur système de prêts Enfin, les sarcleuses permettent d’enlever les mauvaises herbes dans les rizières. Leur utilisation est limitée au repiquage en ligne. Il convient de noter que 36 sur les 40 ménages pratiquent le sarclage mécanique, soit 90% du total. Ces matériels caractérisent l’ensemble des activités et déterminent le calendrier agricole.

Au terme de ce chapitre, on peut dire que la culture du riz a évolué au fur et à mesure avec le temps. Cette graminée d’origine asiatique est arrivée à Madagascar par le biais des Arabes commerçants et son extension est due également à la contribution des Portugais. Les

44 variétés de riz à Madagascar sont nombreuses et se distinguent selon leurs origines et leurs milieux naturels. En effet, la domination de la riziculture dans le Betsileo Nord a son originalité. Elle occupe la plupart des activités agricoles de la population.

Chapitre V - DES PAYSAGES RIZICOLES A L’IMAGE DU DYNAMISME DES BETSILEO

Par définition, le terroir est une étendue de terrains présentant des caractères qui l’individualisent du point de vue agronomique et est défini par ses qualités physiques: climat, sol, relief et type d’aménagement entrepris par l’homme. Comme tous les espaces naturels du Betsileo Nord, le paysage d’Imerina Imady offre une originalité constituée par le fort pourcentage de terres cultivées par rapport à la surface totale. (Enquête personnelle). L’explication d’une telle originalité relève de deux facteurs : l’agencement du cadre naturel et la forte densité de la population. (21). On constate aussi que c’est dans la partie centrale de la Commune Rurale d’Imerina Imady qu’on trouve le terroir rizicole aménagé le plus ancien. Deux types de terroirs existent en Imerina Imady, à savoir la riziculture de bas fonds et la riziculture en terrasses.

21 FRANÇOISE LE BOURDIEC.1974. « Hommes et paysage du riz à Madagascar pp 450.

45 Croquis 8 : Terroirs de riziculture

Source : BD 200 du FTM, simplifié par l’auteur, mars 2007

46 V.1 La riziculture de bas fonds, un terroir ancien et prédominant

Tous les vallons proches des hameaux sont exploités en rizières depuis Ankarinarivo en amont, au sud, sur la rive droite d’Imerina Imady jusqu’à Tatabe, en aval, sur la rive gauche. Les populations qui avaient occupé la zone centrale des bas fonds, c'est-à-dire le chef lieu de la commune actuelle, ont procédé à la mise en valeur des vallons en cultivant le riz. L’observation directe des sites complète les informations tirées du site web de la CNUCED et donne les informations suivantes : la riziculture de bas fonds constitue le paysage le plus typique, le plus ancien et le plus important dans cette zone (22). Il consiste en un réseau remarquablement dense de vallées et vallons à fonds plats, qui alimentent la nappe phréatique à partir des eaux de ruissellement et d’infiltration des eaux de pluies. Le système de riziculture est basé sur les aménagements qui varient selon les contraintes de la maîtrise de l’eau qui est parfois excellente lorsque l’eau est suffisante. Le ruissellement direct et les petits canaux facilitent l’alimentation des rizières après avoir drainé le manteau des plateaux et collines. La nappe phréatique contribue également à l’irrigation des rizières. Dans la zone d’étude, la riziculture de bas fond est ancienne et existe depuis l’apparition de la riziculture. (23 ) En Imerina Imady, l’aménagement des rizières ( 24 ) se pratique sur les différentes formes de vallées, larges, allongées plus ou moins évasées, façonnées par la rivière d’Imerina Imady. Photo 10 : La riziculture dans la vallée d’Imady.

Source : auteur, mai 2007 La large vallée d’Imady bénéficie d’une sédimentation alluviale qui peut être modifiée par l’abondance ou l’insuffisance de l’eau.

22 http: /ww.unctad.org /infocomm/français/riz/culture.htm. 23 A la différence de la riziculture sur les versants qui est le résultat de la croissance démographique. 24 Les rizières des bas fonds dans les hautes terres centrales couvrent environ 6 000 km²

47 L’aménagement hydro agricole de vallée est plus facile par rapport à celui du versant grâce à la rivière d’Imady. Pendant le mois de septembre, la saison rizicole de vary aloha rencontre un problème d’eau. Ce qui oblige par exemple les habitants du village d’Ambato, Fokontany d’Ambohibary à créer un canal d’irrigation à partir du ruisseau de Miladitra.

Photo 11 : Le canal d’irrigation d’Ambato.

Source : auteur, juin 2007 Les savoirs traditionnels sont rapides à installer mais leur durabilité reste à consolider

Ce canal a été construit par les paysans avec des techniques simples et traditionnelles pour arroser les rizières à l’Ouest d’Ambohimahazo, rive droite d’Imady. Le pont-canal qui passe par-dessus la rivière d’Imady est construit en bois. En outre, parmi les techniques d’irrigation figure la construction de barrage hydro-agricole à Andriana dans le Fokontany d’Ambohipo, qui est moderne et est construite en béton mais n’arrive pas à satisfaire les besoins en eau dans la commune. Ce barrage alimente les rizières à l’Ouest d’Amboanonoka, d’Ambatolahy et d’Ambohipo.

48 Photo 12 : Le barrage micro hydraulique d’Andriana

Source : auteur, mai 2007 Malgré le débit assez abondant à la sortie du barrage, l’eau n’arrive pas à satisfaire les besoins des paysans à cause de l’insuffisance des canaux d’irrigation.

Pendant la saison de pluie, cette rivière d’Imady provoque des dégâts. L’inondation ravage l’ensemble des rizières qui deviennent ensablées et dégénèrent en terroirs de cultures maraîchères ou de culture de saison.

V.2. La riziculture en terrasse, caractéristique du Betsileo

Actuellement, en Imady, la riziculture en terrasse se heurte au problème d’eau dont le besoin est de plus en plus difficile à satisfaire. Cette difficulté est causée essentiellement par la pratique des feux de brousse qui aboutit à un changement de la quantité des précipitations (enquête personnelle). Les sources commencent à tarir notamment à Iarinarivo et Tsinjovony, à l’Ouest d’Imerina et à Lomorina ( 25 ) Fokontany de Mandritsara, au Sud de la Commune d’Imerina Imady. Alors, ce type de terroir est devenu exceptionnel comme à Maromanana, Fokontany d’Antanimena. La continuité de la riziculture en terrasse dépend des sources et donc de la préservation des savanes. La superficie de la riziculture en terrasse représente 30% des surfaces rizicoles totales en Imerina Imady, soit 70% pour la riziculture de bas fonds (enquête personnelle).

25 Le Fokontany d’Ambohibary est également alimenté par la source de Lomorina

49

Photo 13 : La riziculture en terrasse

Source : auteur, février 2006 Dans le Fokontany de Maromanana, au Sud-Ouest, les vallons et les pentes sont toutes tapissés de rizières en terrasses.

Ce terroir est ainsi plus récent par rapport à celui de la riziculture de bas fond, et est lié à l’aménagement d’espaces rizicoles sur les pentes des versants. Il s’agit d’un élément relativement nouveau du paysage de relief de la contrée du Betsileo Nord. Malgré les collines et les montagnes entrecoupées de vallées, le caractère accidenté de la zone d’étude n’a pas empêché les paysans de gagner des espaces rizicoles sur les pentes (cf. photo n°13). L’aménagement des bas de pente a commencé vers 1950, continuant sur les versants. Dans les années 1960, l’aménagement de rizière se développe avec la croissance de la population et son extension se fait progressivement vers les sommets des versants (enquête personnelle). L’occupation progressive de l’espace commence ainsi par l’aménagement des vallées, des bas de pente et enfin des pentes fortes. La première phase consiste à installer les cultures maraîchères sur les rizières tandis que la deuxième phase correspond à l’aménagement des versants. En général, la mise en valeur des versants de montagnes et collines date de plusieurs générations. Alors, les surfaces exploitables dans les vallées ne correspondent plus à la croissance de la population. Cette exploitation est caractéristique du pays betsileo Nord et s’appelle riziculture de « kipahy » comportant des rizières en terrasses couvrant environ 1 000 km² dans le paysage rizicole des Betsileo. Ce paysage est le plus spécifique et spectaculaire des Betsileo. (26)

26 Hpp: //agroecologie.cirad.fr/ index.php Rubrique Madagascar et langue fr .

50 Les photos prises durant les enquêtes montrent une mosaïque de couleurs allant du vert tendre vers le vert foncé et du jaune vers l’or, témoignant des rizières de vary aloha qui côtoient celles du vary afara . Le technicien agricole affirme d’ailleurs que la superficie des rizières en terrasse dans la zone d’étude est de 3km 2 environ et que la riziculture des bas fonds est de 10 km2. La lecture du croquis topographique élaboré par l’auteur permet de vérifier cette estimation du technicien qui est d’ailleurs dans le Plan Communal de développement et dans la monographie. La surface rizicole est ainsi de 26% de la superficie de la zone d’étude... Alors, les altérations ferrallitiques ont été soigneusement modelées en gradins plus ou moins étroits suivant les courbes de niveau et en fonction de la pente des versants. Les terrasses sont alimentées en eau par des canaux sinueux, en position dominante, s’étendant jusqu’à des kilomètres à partir des versants. Ces rizières en terrasses reçoivent également les eaux de pluie et les ruissellements issus des parties supérieures des vallons. L’alimentation en eau se trouve ainsi soumise aux aléas pluviométriques. Le contrôle de l'eau y est toujours difficile d'autant plus que la profondeur de nappe phréatique varie. Les problèmes d’aménagement, de récupération des sols tourbeux et d’amélioration du contrôle de l’eau des rizières (irrigation -drainage), se posent essentiellement pour ce terroir. L’eau est utile en fin de labour des rizières qui se fait à la bêche ou à la charrue. Puis, le piétinement utilise les troupeaux et parfois la herse, et se fait lorsque les mottes de terre sont recouvertes d’eau. Le nivellement des rizières ou « misiotra » consiste à aplanir les surfaces dans l’eau pour faciliter le repiquage. La récolte nécessite le drainage. Ces différentes phases montrent l’importance des travaux relatifs à la maîtrise de l’eau.

V.3 Des terroirs de culture de contre saison et de culture pluviale complémentaires de la riziculture

V.3.1 Les terroirs de cultures de contre saison sur rizières

Selon Pierre George (1974) « la culture de saison sèche est une agriculture pratiquée à contre saison ». Cette définition s’applique notamment pour les cultures potagères et ne s‘applique pas pour le riz. Les cultures maraîchères de contre- saison commencent en mai sur les rizières dès que le riz vary afara est récolté. L’eau acheminée dans les rizières à travers les

51 tatatra (canaux terminaux 27 ) devient insuffisante et les cultivateurs utilisent des arrosoirs pour chercher l’eau soit dans la rivière d’Imady comme à Atsinanantanàna, Fokontany d’Imerina et dans la vallée d’Avaratritelolahy, Fokontany d’Andraranina, soit dans les ruisseaux d’Andriankely, Fokontany Ambohipo. Des problèmes apparaissent entre les riverains de ces trois fokontany qui veulent chacun amener l’eau dans ses propres tatatra . Les principales cultures de contre- saison sont les cultures maraîchères (pommes de terre, brèdes, petits pois, choux. 28 ) En Imerina Imady, il n’y a pas de véritable terroir de cultures de contre saison 29 . Ce sont les terroirs rizicoles des vallées eux-mêmes qui sont utilisés pour ces cultures après la récolte du riz d’avril en mai. Les paysans préparent les parcelles en drainant les rizières. Une fois l’assèchement progressif effectué selon les petits canaux ( mandalatra, photo n°14), les fumiers organiques ou minéraux sont ajoutés et alors, les pommes de terre et les tissâmes sont plantés. Ce travail commence donc au début du mois d’avril et se termine au mois d’octobre. Photo 14 : Drainage et assèchement à Ambalavato, Fokontany Imerina

Source : auteur, juin 2007 L’assèchement se fait par des sillons qui servent à faire sortir l’eau de la rizière vers les canaux qui servent alors de drainage.

27 Le technicien de l’agriculture enquêté utilise le vocabulaire de canaux primaires qui partent du barrage et de canaux terminaux qui finalisent l’arrivée de l’eau dans chaque rizière. 28 Les oléagineuxs et les sésames se pratiquent en saison en Imady. 29 Les cultures maraîchères sont pratiquées en saison sèche, à partir du mis de mai, sur les terres de bas de pente.

52 Photo 15 : Ajout de fumures aux rizières

Source : auteur, juin 2007. Sur la rizière asséchée, le fumier organique est disposé selon des petits tas, pour être épandu et mélangé à la terre avant la confection de trous pour les pommes de terre ou la mise en terres des semences potagères. Photo 16 : Type de culture de contre saison.

Source : auteur, juillet 2007 Au premier plan poussent les épinards, au second plan les pommes de terre, et au fond les petits pois.

La culture de contre- saison est une culture d’appoint parce qu’elle garantit aussi la nourriture quotidienne et les revenus complémentaires de la population (enquête personnelle). Il s’agit d’une activité de survie car presque la majeure partie des ménages enquêtés (70%) pratiquent cette culture de contre saison. Il a été constaté de visu que les pommes de terre sont

53 les plantes les plus cultivées à contre saison et occupent 50% des surfaces destinées aux cultures de contre saison. Par ailleurs, la culture de contre- saison est faite pour augmenter la fertilisation du sol parce que les fumiers destinés aux cultures de contre-saison transportent déjà des éléments fertiles pour la culture du riz. Bref, voici, les avantages des cultures à contre-saison : - Aération et nettoyage du sol - Ameublissement de la terre et apport de fumure d’entretien - Production de biomasse (fourrage, engrais vert...) - Complément d’alimentation familiale.

V.3.2 Les terroirs de culture pluviale gravissant les pentes

Après la riziculture, la culture pluviale tient la deuxième place dans la Commune Rurale d’Imerina Imady. D’abord, la culture pluviale est une agriculture pratiquée pendant la saison des pluies (30).Ces terroirs sont localisés sur les tanety et versants, dans les rizières en terrasses qui sont d’anciennes parcelles abandonnées à cause du manque d’eau (cf. photo n° 17 et 18). Photo 17 : Terroirs de culture pluviale à Photo 18 : Terroirs de culture pluviale à Antsinainakaka, Fokontany Antanimena Amboasary, Fokontany d’Ampanarivoana

Source : auteur, juin 2007 Source : auteur, mai 2007

Le manioc et la patate douce Ce terroir a été anciennement cultivé occupent les pentes en riz et comporte du manioc en association avec le riz de bas fonds .

30 GEORGE, Pierre.1974. « Dictionnaire de la géographie »pp 110

54 Parmi les cultures pluviales figurent le manioc, la patate, le maïs… Ces cultures sont des aliments de base de la population après le riz. La consommation permet de réduire la quantité du riz mangé par jour.  Le manioc et la patate douce. Le manioc et la patate douce sont les plus pratiqués par les paysans. Sur les 40 ménages que nous avons enquêtés, la majeure partie des ménages pratiquent ces cultures vivrières, soit 89 %. Ce chiffre montre que, la culture pluviale est une culture de base après la riziculture, étant pratiquée par chaque famille en association avec le riz. Avec ces cultures, les superficies exploitées en manioc, patate douce occupent près de la moitié de la surface totale cultivée pour chaque ménage, soit en moyenne 48 %. Le reste de la superficie de 52% est destinée à la riziculture. Ces cultures pluviales se font uniquement sur les terroirs de tanety , autrement dit, le manioc et la patate douce ont chacun leurs terroirs. Par ailleurs, d’autres cultures sont pratiquées avec le système de polyculture. Les productions des cultures pluviales sont à la fois pour l’autoconsommation et pour la vente (enquête personnelle). Il convient de préciser que les cultures maraîchères de contre- saison se pratiquent principalement sur les rizières de bas fonds et, dans une moindre proportion, sur les bas de pente. La savane herbeuse n’est pas cultivable sauf amendement et protection des sols.  La culture du maïs, du haricot, de l’arachide. Le maïs, le haricot, l’arachide occupent les terroirs des cultures pluviales. Ces produits agricoles sont en appoint de nourriture quotidienne et de revenus, s’il y a du surplus (enquête personnelle). Les rendements par an du manioc et de la patate douce sont les plus élevés par rapport aux autres productions de cultures pluviales. L’inégalité de productivité provient de la fertilité relative des sols et de l’adoption du progrès, donc du dynamisme de chaque ménage.

55 Croquis 9: Occupation des sols en Imerina Imady

Source : BD du FTM, simplifié par l’auteur, avril 2007.

56

Le croquis n°9 sur l’occupation des sols confirme que la riziculture de bas fonds en tant qu’activité de base de la population en Imady occupe 9 km2 (18%), la riziculture en terrasse 3 km2 (6%), les cultures pluviales 9 km2 (18%), le reboisement 3km2 (6%), la savane arborée 7 km2 (14%), la savane herbeuse 12km2 (24%), les montagnes, cours d’eau et habitat et autres 7 km2 (14%) (Enquête personnelle).

Tableau 11 : Occupation des sols de la Commune Rurale d’Imerina Imady Type d’occupation Superficie (en km2) en % Riziculture de bas fonds 9 18 Riziculture en terrasse 3 6 Cultures pluviales 9 18 Reboisement 3 6 Savane arborée 7 14 Savane herbeuse 12 24 Montagnes, habitat… 7 14 Total 50 100 Source : Monographie de la Commune Rurale d’Imerina Imady (2004) et enquêtes, mars 2007.

Si auparavant, seul le terroir de bas fonds a été occupé par la culture du riz, la croissance démographique entraîne l’augmentation des besoins de surface à exploiter et conduit les paysans à mettre en valeur les versants de pentes. Pourtant, cette riziculture en terrasse se heurte au problème d’irrigation dû aux aléas climatiques provoqués par les feux de brousse. Il en résulte que les surfaces exploitées n’augmentent pas et risquent de diminuer si le problème d’eau n’est pas résolu.

Chapitre VI LES SYSTEMES DE PRODUCTION RIZICOLE TRADITIONNEL ET MODERNES (SRA et SRI)

Les modes d’appropriation ancestraux sont consolidés par le droit foncier et les modes de faire valoir. La coutume est ainsi en harmonie avec la reconnaissance institutionnelle et valorisée par les systèmes de riziculture.

57 En Imady, il existe deux systèmes de production rizicole, à savoir le système de production rizicole traditionnel et le système moderne. Ce dernier comprend le SRA (Système de Riziculture Améliorée) et le SRI (Système de Riziculture Intensive).

VI.1 Le mode d’appropriation originelle de la terre et le mode de faire valoir correspondant

VI .1.1 L’acquisition primitive de la terre

L’attribution de la terre en Imady se fait de différentes manières. D’abord l’appropriation s’effectue à partir du droit de la première occupation et de l’héritage, puis l’acquisition se fait par achat et enfin l’appropriation s’obtient par la reconnaissance foncière.

VI .1.1.1 Le droit de la première occupation A l’origine, en Imady, avant la conquête merina, la terre appartient à ceux qui en ont fait la mise en valeur (enquête personnelle). L’acquisition de la terre dépend de l’exploitation originelle. De ce fait, personne n’a le droit de revendiquer les espaces déjà aménagés. En général, les règles de droit foncier traditionnel distinguent la mise en valeur des terres de bas fonds et celles des terres de collines. Toutefois cette règle connaît des transformations du fait de nouveaux aménagements de parcelles à l’intérieur des terroirs. En Imady, la terre héritée des parents s’appelle l’anarandray ou patrimoine, et les héritiers s’appellent les « tomponan’anarandray » ou propriétaires des biens des ancêtres. Selon notre enquête, le mode d’appropriation de la terre est soumis au régime de propriété d’héritage des ancêtres. Ce sont les tomponanarandray qui décident comment les terres seront exploitées. Par conséquent, les surfaces exploitables n’augmentent pas en superficie alors que les héritiers croissent en nombre. Les terres disponibles par personne sont ainsi en diminution car actuellement les exploitants de la terre sont à peu près à la huitième génération.

VI .1.1. 2 Rareté de l’achat de la terre L’acquisition de la terre par achat en Imady est rare parce qu’il n’y a presque plus de surface nouvelle libre pour l’exploitation agricole, y compris la savane herbeuse. Les paysans tiennent aux terres des ancêtres tanindrazana et n’ont pas l’intention de vendre leurs terres. Ce système de l’achat de la terre est, en fait, un cas exceptionnel. Par exemple s’il n’y a pas de descendants, la pratique est l’utilisation de l’héritage par la famille proche. La vente d’héritage est ainsi exceptionnelle et se limite au cas très rare en 2005, où dans le Fokontany

58 d’Imerina, une parcelle relevant de la culture pluviale de 60 ares a été cédée à un foyer riche, propriétaire de plusieurs hectares. Par ailleurs, une autre exception au système d’achat existe s’il y a des conflits entre les héritiers. Dans d’autres cas, les héritiers peuvent vendre leur part s’ils ne veulent pas les mettre en valeur. Le pourcentage de ce dernier cas est faible et représente à peu près les 5 à 8% des exploitations de terrains en Imady. En outre, la démarche relative à l’acquisition de la terre se fait aussi en application de lois qui prévoient que l’accord entre le vendeur et l’acheteur est attesté juridiquement sur le titre d’immatriculation foncière par les soins du service des domaines. Le titre des propriétés délivré par ce service donne un accès définitif à la terre.

VI .1.1.3 La reconnaissance foncière coutumière L’acquisition de la terre dans la Commune Rurale d’Imerina Imady peut se faire aussi par la reconnaissance foncière. C’est-à-dire, c’est le groupe villageois ou « fokonolona » qui, par tradition, atteste que la terre appartient à une personne du village. Ce groupe peut approuver qu’une parcelle appartienne effectivement à son occupant. Certaines terres exploitées par des héritiers ne sont pas encore inscrites auprès du Service des domaines. En effet, les seuls problèmes fonciers qui apparaissent sous forme de litiges entre les paysans concernent ceux qui n’arrivent pas à cadastrer leurs terres. En outre, l’enregistrement des titres nécessite des moyens financiers qui peuvent retarder leur obtention.

VI.1.2 Le mode de faire valoir, base des relations socio-juridiques

Les éléments de définition donnés par Pierre George correspondent à la réalité constatée sur terrain. Le mode de faire valoir est une base juridique qui prévoit la relation entre la terre et les exploitants. Le mode de faire valoir se présente sous deux formes : le mode de faire valoir direct et le mode de faire valoir indirect.

VI1.2. 1Le mode de faire valoir direct : exploitation dominante en Imady

Le mode de faire valoir direct concerne les cultivateurs qui exploitent leurs terres et les transmettent de génération en génération. Ils peuvent ainsi prétendre être propriétaires en donnant la preuve par le témoignage des anciens du village qu’ils ont exploité les parcelles selon ce mode de faire valoir en tant que propriétaires et peuvent réclamer leurs droits

59 ancestraux. Le mode de faire valoir direct est ainsi une confirmation du droit des propriétaires par les membres influents du village.

Tableau 12 : Le pourcentage de mode d’exploitation de la terre en Imerina Imady Fokontany Faire valoir direct Métayage Fermage Imerina 80% 18% 2% Telolahy 85% 15% 0% Ambohibary 70% 29% 1% Ampotaka 75% 25% 0% Moyenne 77,5% 21,7% 0,75% Source : auteur, mai 2007 Le tableau n° 12, montre que le mode de faire valoir direct est le principal système d’exploitation en Imady car plus de 77,5% des paysans enquêtés exploitent eux-mêmes leurs terres.

VI.1.2. 1 Le mode de faire valoir indirect : le métayage et le fermage

Le métayage et le fermage sont les deux formes de mode de faire valoir indirect.

VI.1.2.1.1 Le métayage, une expression du consensus Le métayage est le mode de faire-valoir indirect le plus utilisé en Imady et représente 21.7% . Il existe deux types de métayers : ceux qui vivent des grandes exploitations à titre de métayer exclusif et ceux qui sont employés par des propriétaires. Ces derniers partagent leur temps entre les travaux pour le compte de l’employeur et ceux pour leurs propres terres ( 31 ). En Imady, le métayage prend la forme d’un contrat non écrit entre le propriétaire de la terre et celui qui va l’exploiter. Un tel contrat est passé devant un ou plusieurs témoins. Le contrat se déroule comme suit : la récolte est divisée en deux ou en trois parties selon le contrat entre le propriétaire et l’exploitant, soit « mifanasa-bokatra soit mitelo ». Au moment de la récolte, la moitié ou les deux tiers de la production totale reviennent au propriétaire et l’autre moitié ou le tiers est destinée au métayer ou « mpanofa ». Dans le contrat, les semences, la fumure et les autres frais dont les salaires des journaliers sarakantsaha sont assurés par les exploitants sauf pour le mitelo . Les causes de cette forme d’exploitation sont difficiles à évaluer en Imady car ils ne veulent pas les avouer.

31 LE BOURDIEC, Françoise .1974. « Homme et paysage du riz è Madagascar ». 647pages

60 Selon le sondage effectué, c’est peut-être pour des raisons financières que ce contrat est durable. Selon un métayer du Fokontany de Mandritsara, chaque partie sait à l’avance les droits de récolte et les obligations de semences et de fumure du métayer. D’autre part, un interlocuteur a expliqué qu’en tant que fonctionnaire, il ne reste pas au village, il ne peut pas exploiter ses biens.

VI.1.2.1.2 Fermage, un mode de faire-valoir moins utilisé

Selon toujours Françoise Le Bourdiec, « Le fermage recouvre deux formes de tenure bien différentes : le fermier contrôlé, tel qu’il est agréé par quelques grandes exploitations rizicoles, se trouve entièrement dépendant du propriétaire en matière de culture. Au contraire, le fermier traditionnel se trouve libre de gérer son exploitation en échange d’une redevance fixe ». En Imady, ce fermage se présente sous forme de location. Autrement dit, le propriétaire loue sa terre à une autre personne avec un contrat financier ou même un accord de livraison de produit, bien précis. Selon l’entretien avec un fermier, il doit une redevance de 2,5 quintaux ou dix vata de paddy par hectare cultivé. En échange du droit d’usage de la terre, la redevance est fixée à un taux moins élevé : dix vata de paddy par hectare. La rentabilité du fermage est faible par rapport à celle du métayage parce que, avec ce dernier, quel que soit le rendement obtenu, l’exploitant doit verser un droit fixe au propriétaire. En fait, la pratique du fermage est due aux déplacements permanents des migrants salariés ( mpikarama). Le fermage n’est en vigueur que pour les 0,75% seulement des exploitations (enquête personnelle).

VI.1.2.1.3 L’ouvrier agricole, une force de travail nombreuse

L’ouvrier agricole fait partie de la main d’œuvre flottante qui participe aux travaux de labour des terres, de repiquage, de sarclage. En Imady, les ouvriers agricoles sont des salariés agricoles ou « mpanao sarakantsaha » qui travaillent pendant une journée. Ils sont nombreux (plus de 25% de notre échantillon) et participent aux travaux rizicoles.

61 VI.2.Le système de riziculture traditionnelle

Sur les Hautes Terres Centrales, on distingue la riziculture irriguée et la riziculture pluviale. La première méthode consiste à repiquer le riz dans une rizière dont l’eau est maintenue en permanence pendant un cycle végétatif. La riziculture pluviale consiste à cultiver le riz dont les besoins en eau sont assurés par l’eau de pluie. La pratique de cette méthode dépend de la précipitation. Les techniques culturales comprennent le repiquage en ligne ou en foule, le calendrier agricole, les semences, le crédit… Dans la zone d’étude, la majeure partie des paysans pratique la méthode de riziculture irriguée, soit 96% de notre échantillon. Pour cette méthode, ils pratiquent soit le système traditionnel, soit le système moderne. La technique de repiquage en ligne, dans le présent mémoire, n’est pas considérée comme un critère de modernité du système cultural.

VI.2.1 Le système de riziculture traditionnelle : un système prédominant

Les 75% des paysans utilisent le système de riziculture traditionnel. La majeure partie utilise la technique du repiquage en ligne. Le système de riziculture traditionnelle est un système qui utilise une technique simple, archaïque, utilisée depuis l’apparition de la riziculture. Le fait de repiquer en ligne est un élément caractéristique des ménages en transition vers le nouvel système. Le système moderne, selon le technicien de l’agriculture, implique l’augmentation de la productivité tout au long des différentes opérations jusqu’à la diminution des pertes après récole et l’absence des cailloux dans le riz de table par l’utilisation des matériels de battage notamment.

VI.2.1. 1 .Le calendrier cultural du système de riziculture traditionnelle 32 (SRT) Durant la période de travaux rizicoles, le calendrier rizicole commence en général, au mois de juillet parce que c’est le moment le moins arrosé de l’année. Ce mois est consacré à l’entretien de l’infrastructure rizicole.

32 George, Pierre : Op. cit. « ..La culture faite en hiver pendant les derniers jours de la saison pluvieuse et les récoltes avant les températures été d’avril- mai. Elle se pratique soit sur les confins du monde tropical recevant quelques pluies d’hiver soit sur les surfaces où l’irrigation est possible »

62 Tableau 13 : Le calendrier cultural du SRT Travail Juillet A S O N D J F M A M Juin Cultural Labourage avec l’angady Pulvérisation Préparation de la pépinière Repiquage Sarclage manuel Récolte Battage Source : auteur Vary aloha : Vary afara

Dans le système de riziculture traditionnelle, on distingue la culture du riz de la première saison ou vary aloha et la culture du riz de la deuxième saison ou vary afara. Selon la saison rizicole pratiquée que ce soit vary aloha ou vary afara , c’est le mois de septembre ou d’octobre qui absorbe plus les riziculteurs. Pour le vary aloha, le repiquage et le sarclage interviennent respectivement en septembre et en octobre. C’est la période où la réalisation et la surveillance de l’irrigation des rizières nécessitent une présence permanente dans les rizières car l’eau est insuffisante pour tous les exploitants. Pour les deux campagnes de riz, le sarclage nécessite le recours à des salariés agricoles qu’il faut approvisionner en repas tous les jours. Pour le vary afara, le labour, la pulvérisation et la préparation de pépinière occupent ces deux mois de septembre et d’octobre. Ce genre de travaux nécessite de la main d’œuvre salariée, des dépenses en insecticides et en mains d’œuvre. Mais presque tous les mois dans une année sont consacrés à la préparation des travaux de rizières soit 8 mois à peu près (cf. tableau n° 13). Concernant le vary aloha , le travail commence au mois de juillet et se termine au mois de janvier- février tandis que pour le vary afara , le travail débute au mois d’août et s’achève au mois de mars. Le labour de la terre pour le vary aloha, se fait au mois de juillet puis la pulvérisation et la préparation de pépinière se font au mois d’août. Le repiquage se fait au mois de septembre. Les mois d’octobre et novembre sont consacrés au sarclage manuel et la récolte est au mois de décembre- janvier. La pratique du riz de première saison a pour but d’échapper

63 à l’inondation provoquée par le cyclone pendant la saison des pluies. La fumure pour la pépinière est uniquement triée du parc à boeufs familial mais depuis la vulgarisation des engrais chimiques, les riziculteurs utilisent cette nouvelle formule soit 70% des ménages enquêtés. D’ailleurs, concernant le calendrier cultural du vary afara ou riz de deuxième saison, le travail agricole commence au mois d’août et se termine au mois de mai. Pour le labour, il se fait aux mois d’août et septembre. Ensuite, la pulvérisation des insecticides et la préparation de la pépinière sont effectuées pendant le mois d’octobre. Le repiquage se fait au mois de novembre avec le sarclage manuel qui continue jusqu’en mars. Enfin, les mois de mars - avril est destinés à la récolte et au battage du riz.

VI.2.1.2 Préparation de la pépinière En général, la pépinière est préparée dans une partie de la rizière et près de la source d’eau ( vavarano) (cf. photo n°19). Après le labour et le malaxage du sol, le planage et la mise en boue se font dans l’eau. Le fumier naturel est apporté, mélangé avec l’engrais chimique (NPK). Les bons grains sont alors sélectionnés pour la semence. La dose habituelle est de 150kg de paddy par hectare. Après un mois et demi environ, le repiquage est effectué.

Photo 19 : Une partie de rizière destinée à la pépinière

Source : auteur, Juin 2007.

64 VI.2.1.3 Préparation du sol et repiquage En Imady, le paysan laboure la rizière avec la bêche (cf. tableau n°10). Photo 20 : Le labour des rizières avec l’angady à Imiladitra, Fokontany Imerina

Source : auteur, juillet 2007 Les hommes comme les femmes labourent la terre à l’angady à longue lame.

Pour la pulvérisation, l’eau est introduite et laissée dans la rizière pendant une journée. Après cela, les mottes sont brisées avec l’angady avant d’être mises en boue pour permettre le repiquage. Le piétinement se fait avec les troupeaux des bovidés. Concernant le repiquage, les plants de riz sont arrachés méthodiquement puis transportés immédiatement à la rizière. Le repiquage se fait en foule ou en ligne, avec plusieurs brins par touffe (3 à 6 brins par touffe). Cette technique traditionnelle permet : - un repiquage de plant de riz d’un mois à un mois et demi, - un gain de temps, vu la rapidité des opérations, - une mise en valeur maximum de la surface, - une avance aux plants de riz par rapport aux mauvaises herbes. L’âge donné aux plants permet une avance par rapport aux adventices. Il s’agit également d’une question de sécurité pour qu’il n’y ait pas de manquant. Parmi les 75% des paysans qui pratiquent encore le système traditionnel, la moitié adopte la technique de repiquage en ligne ketsa ligne (soit 20 ménages) et le reste repique en foule (cf photo n°21).

65 Tableau 14 Répartition des ménages selon la technique de repiquage et le système cultural Repiquage En foule En ligne Total Système cultural

Système traditionnel 10 20 30 Système moderne SRA - 5 5 SRI - 5 5 Total 10 30 40 Source : auteur, juillet 2007. Selon le tableau n°14, le groupe des ménages utilisant le système traditionnel emploie des semences locales et de la fumure organique pendant une saison unique. Les paysans relevant du système traditionnel et utilisant le repiquage en ligne sont majoritaires (20 ménages). En Imady, les paysans disent que le repiquage en ligne rend l’entretien des plants plus facile. Par exemple, le désherbage avec la sarcleuse est rapide. Ce repiquage améliore aussi les touffes des plants par le biais des espacements et augmente le nombre des grains du riz. La riziculture traditionnelle en Imady a ainsi évolué. Autrement dit, le système de la riziculture qui domine en Imady est le système traditionnel ayant adopté la technique du repiquage en ligne. Photo 21 : Le repiquage en ligne

Source : auteur, septembre 2007 Le repiquage en ligne se pratique par exemple à Ambalavato, Fokontany Ambohimahazo ,

66

VI.2.1.4 Rôle de la technique de submersion

Dans le système de riziculture traditionnel en Imady, le riz est submergé pendant l’ensemble du cycle cultural sauf pour la récolte. Vingt jours après le labour, la rizière est inondée. Le repiquage en foule implique sarclage manuel pour les 10 ménages traditionnels soit 30%. Les herbes enlevées sont enfoncées dans la boue. Après trois ou quatre mois apparaît la floraison. Une fois que les grains verts s’inclinent, l’eau de la rizière est vidée quinze à vingt jours avant la moisson pour rendre la maturité homogène.

VI.3. Les nouveaux systèmes de riziculture : le SRA et le SRI

VI. 3.1 Le Système de Riziculture Amélioré (SRA) : un système reconnu mais peu pratiqué

Même si le système de riziculture amélioré a connu un échec dans les années 80 dans toute l’Ile pour absence de suivi selon le technicien de l’agriculture, il y a encore des paysans malgaches qui le pratiquent. Parmi ces riziculteurs figurent les Betsileo d’Imady. Leur nombre est très restreint, soit 12% du total de notre échantillon. La pratique de ce système en Imady est difficile pour les paysans parce qu’elle nécessite des conditions favorables : labour profond, utilisation des intrants agricoles tel que les fumures 5T/ha, variétés adaptées (introduites et/ou améliorées), engrais chimiques, insecticides et herbicides, maîtrise de l’eau, amendement, utilisation des machines agricoles à savoir charrue, sarcleuse (enquête personnelle).

67 VI.3 1. 1 Le calendrier cultural Le calendrier cultural du Système de Riziculture Amélioré se résume comme suit :

Tableau 15: Le calendrier cultural du SRA Travail cultural Juillet A S O N D J F M AV M Juin Labour Pulvérisation Planage+piercing 33 Préparation de la pépinière. Repiquage 1er Sarclage 2ème Sarclage Récolte Transport Battage Source : auteur , juillet 2007 D’après le tableau 15, le calendrier cultural de la riziculture améliorée est à peu près pareil à celui de la riziculture traditionnelle parce que les travaux commencent au mois de juillet et se terminent au mois d’avril aussi. Dans cette méthode, la pulvérisation de la rizière se fait au mois de juillet. Elle dure un mois et demi à deux mois, comprenant le drainage du sol pour l’assécher. La préparation de la pépinière se fait ensuite parallèlement au labour. Après un mois et demi de semence, on fait le repiquage. Le premier sarclage est au mois de novembre et le deuxième au mois de décembre. La récolte et le battage (cf. photo n°22 et 23) interviennent au mois d’avril.

33 Piercing désigne l’émiettement des mottes de terre généralement humides après labour, « mitsaika bainga »

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Photo 22 : Récolte et transport du riz Photo 23 : Battage du riz.

Source : auteur, mai 2007 Source : auteur, mai 2007 La récolte se fait manuellement La mécanisation reste à vulgariser

VI.3.1. 2 Aménagement de la pépinière

La riziculture améliorée nécessite les conditions suivantes pour répondre aux besoins des plants comme à Ambatolahy, Fokontany Andraranina. Les sols sains argileux, irrigués par un cours d’eau non permanent et par l’eau de ruissellement sont riches en limons. Les eaux de la nappe souterraine de la colline d’Iary, donnent naissance à des sources qui ne sont pas froides et apportent des éléments nutritifs pour la croissance des plants. L’interprétation de ces données locales se fait à la lumière de l’analyse de Randriamampanina (1998) sur la nécessité des aménagements distinguant le drainage et l’irrigation. « La pénétration et l’écoulement de l’eau provenant d’une source, d’un bassin ou d’un canal d’irrigation doivent être indépendants. (34). Le SRA exige l’aménagement de canaux d’irrigation et de drainage et la construction de diguettes qui doivent être réalisés avec précision pour que les conditions de la croissance des plants soient favorables. Le désherbage est utile à la croissance normale des plants. Le planage se fait à l’aide de planeuse à la main. Concernant les semences, le SRA exige de subdiviser la pépinière à l’aide de diguettes pour l’entretien des semis par semaine pour éviter d’avoir des plants trop vieux lors du repiquage. En Imady, la pépinière du SRA est placée à coté de la rizière comme pour le système traditionnel et les paysans ne pratiquent les semences qu’une fois par an.

34 RANDRIAMAMPIANINA Nelson .1998.Mémoire de diplôme d’étude approfondie en science biologique appliqué.80pages

69 Tableau 16 : La durée de séjour en pépinière du SRA sur les hautes terres centrales Date des semis en pépinière Durée en pépinière Dates du repiquage 1er août au 15 août 55 à 65 jours 1er octobre au 15 octobre 25 août au 10 septembre 45 à 55 jours 15 au 31 octobre 20 septembre au 5 octobre 35 à 45 jours 1er au 15 novembre 10 octobre au 25 octobre 35 à 45 jours 15 au 30 novembre 25 octobre au 20 novembre 30 à 40 jours 1er décembre au 31 décembre 15 au 30 novembre 25 à 35 jours 15 au 31 décembre 1er au 15 décembre 25 à 35 jours 1er au 15 janvier Source : HUBERT P. 1970.

La quantité des semences varie avec la variété, mais elle est en moyenne de 12 kg par are. Si la qualité des semences est assurée (tri, conservation, pouvoir germinatif), il faut procéder à leur traitement pour lutter contre certaines maladies cryptogamiques et contre la moisissure. Selon l’enquête, la pré-germination est pratiquée. Les avantages consistent à obtenir une levée plus rapide et plus uniforme. Dans ce but, on place les semences non traitées dans des sacs que l’on remplit à moitié et que l’on fait tremper durant 36 à 48 heures suivant la saison. Alors, les grains pré-germés sont semés et projetés dans la boue. Ils ne doivent pas apparaître après le semis. On recommande d’épandre à la surface de la pépinière de la poudrette de parc tamisée. Les paysans comprennent l’utilité du SRA mais la démonstration n’arrive pas à mobiliser la grande majorité. Enfin, les paysans trouvent les travaux d’entretien des rizières trop nombreux. Selon eux, les avantages ne sont pas évidents et tout se passe comme si les paysans sont paresseux. En effet, pour le SRA, les conditions suivantes sont notamment nécessaires : quinze jours après le repiquage, le premier sarclage doit avoir lieu. S’il n’y a que peu d’herbes, le sarclage peut être fait à la main, mais on doit toujours utiliser une sarcleuse rotative pour aérer le sol et pour butter en même temps légèrement les pieds de riz. Ce sarclage doit se faire avec un peu d’eau et on terminera en enlevant à la main les herbes qui se trouvent sur les lignes et sur les pieds des plants. Le deuxième sarclage doit être fait après dix jours et le troisième, dix après le deuxième. En même temps que le troisième sarclage, on fait un second apport de fumure dans le but de favoriser la montaison. Il en résulte que l’adoption du SRA est limitée. Le rendement actuel obtenu par les paysans est de 5,5tonnes à l’hectare en moyenne pour les cinq ménages sur 40, (cf tableau n°21).

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VI.3.2.Le système de riziculture intensive: un système en cours de lancement en Imady

La nouvelle riziculture est pratiquée en Imady en tenant compte de la mise au point de ce système, il y a plus d’une dizaine d’années autour d’Antsirabe (Vakinankaratra). C’est le système de riziculture intensive (SRI) ; Ketsa valo andro (plants de huit jours) ou voly vary maro anaka (riziculture à beaucoup de tiges). ( 35 ) Photo 24 : Repiquage du SRI au Fokontany d’Imerina

Source : auteur, 2007 Le SRI exige une bonne préparation de la rizière avant le repiquage en ligne.

Sa caractéristique est de repiquer en ligne des plants extrêmement jeunes pour produire des pieds de riz touffus (cf. photo n°24). Le rendement moyen théorique est de huit tonnes à l’hectare. Ce résultat est obtenu lorsque les techniques sont bien appliquées dans l’intégralité, donc en condition réelle partout à Madagascar, selon Patrick Vallois 32 . En Imady, le SRI a entraîné une modification des systèmes culturaux. Et ce changement porte sur quatre points essentiels (Enquête personnelle) : - On repique les plants très jeunes (qui sont avec une graine et deux à trois feuilles) dans les rizières gardées (non inondée). - On les repique un à un (non en touffe) en carré très espacé: 40 x 40cm ou 33 x 33cm en climat tropical d’altitude comme en Imady.

35 Patrick Vallois .1997. « Fondement scientifique de la nouvelle riziculture malgache »

71 - On sarcle en passant la houe rotative très tôt avant que les herbes ne se développent, et si possible trois fois tous les huit à dix jours après le repiquage. - Enfin, on irrigue la rizière au minimum d’eau pour oxygéner les racines surtout durant les deux premiers mois quand les tiges poussent. En somme le nombre de paysans qui pratiquent le SRI est également faible et ne compte que 5 ménages sur 40 ménages enquêtés.

VI.3.2.1 Les principes du SRI

Trois principes existent pour le SRI en matière d’augmentation du rendement, portant sur le repiquage, l’espacement des plants individuels et les sarclages avancés.

VI .3.2.2 Premier principe : repiquage de plants de 6 à 14 jours Selon Dobelman, 1961, comme pour tout être vivant, « la productivité d’un plant de riz dépend des soins qu’il a reçus dans son jeune âge… La pépinière qui rend possible le repiquage de plants jeunes et vigoureux demeure dans toute riziculture évoluée le meilleur élément de la productivité ». L’explication du lien entre jeunesse des plants et productivité est basée sur la possibilité de générer des tiges qui émettent d’autres tiges à leur tour et ainsi de suite. Les plants de riz donnent des tiges que l’on appelle talles, selon une forte progression. Là réside la source d’augmentation du rendement. Il ne faut donc pas retarder le repiquage. Il est utile de bien suivre le calendrier cultural sur le semi en pépinière car sinon, on risque d’avoir un faible rendement (enquête personnelle). Ce fait a été bien compris par les riziculteurs du système intensif en Imady. On obtient alors des pieds de riz de 20 à 80 tiges (cf. photos 25).

72 Photo 25 : Tallage développé (SRI)

Source : auteur, 2007 Le nombre de tiges appelées talles est démultiplié

Le petit nombre des riziculteurs intensifs en Imady est lié au fait que la pratique de ce système est difficile et nécessite des conditions et équipements agricoles complets comme les sarcleuses, les engrais chimiques, la bonne gestion de l’eau dans les rizières…Les paysans n’arrivent pas à les suivre, ils préfèrent rester comme ils sont.

VI 3.2.3 Deuxième principe : large espacement des plants individuels

L’espacement très large entre les pieds de riz est aussi un facteur d’augmentation de rendement. D’après DOBELMANN, à Madagascar l’espacement normal des plants est de 30x30cm ou 30x 40cm. Dans la méthode traditionnelle, on repique par touffe de 3 à 5 brins et plus. Cela se fait sur 100 à 400 touffes au mètre carré. Mais le repiquage de 6 à 9 plans individuels au mètre carré du SRI produit davantage. La quantité de paddy pour la semence est très réduite. L’arrachage et le repiquage des plants deviennent plus rapides par rapport au repiquage en ligne et au repiquage en foule. Mais presque la plupart du temps, la perception de ces avantages est insuffisante. Les cultivateurs pensent que l’explication du rapport entre le grand espacement et la grande récolte n’est pas claire.

73 Un pied de riz peut se développer comme un petit buisson. Il porte entre 20 et 50 tiges, parfois beaucoup plus sur 20 à 30cm de diamètre. Alors, il faut qu’il y ait des espaces. Le repiquage par 15x20cm ou 20x20cm empêche ce développement. Quand les pieds sont serrés ou repiqués en touffe, la nourriture et la lumière deviennent moins accessibles aux plants. Les plants individuels très espacés ont plus de nourriture. Plus d’espace disponible pour chaque plant en favorise la croissance. En plus, la lumière et la chaleur sont des facteurs essentiels qu’il ne faut pas sous-estimer.

VI .3.2.4 Troisième principe : sarclages précoces

Les pratiquants du SRI expliquent qu’il faut des sarclages mécaniques avancés pour tuer les herbes dès qu’elles germent. On sait, en effet, que les herbes entravent le développement des cultures et consomment la nourriture destinée au riz et lui font de l’ombre. Elles secrètent aussi des toxines dans le sol des rizières. Alors, le sarclage oxygène la terre et les racines du riz. En fait, trois sarclages précoces augmentent la production d’au moins 1 T à l’hectare ( 36 ). Alors, pour pouvoir passer la sarcleuse dans les deux sens, les plants doivent être bien écartés et disposés en carrés réguliers. L’écartement des plants facilite et accélère les sarclages qui doivent être réglés avec un calendrier cultural bien précis.

Tableau 17 : Le calendrier cultural du SRI. Travail cultural Juillet A S O N D J F M AV M Juin Pulvérisation Piétine et planage Préparation de la pépinière Repiquage Sarclage 1 er 2 e 3è Récolte Source : auteur, juillet 2007

Pour le SRI en Imady, le calendrier agricole est pareil à celui des deux types de riziculture précédents, mais c’est la technique d’oxygénation qui la différencie. La période de

36 PATRICK VALLOIS.1997. « Fondements scientifiques de la riziculture malgache. (SRI). 27 pages

74 pulvérisation est au mois d’octobre et continue tout de suite avec le piétinement et le planage au mois de novembre. Ensuite, les paysans commencent la préparation de la pépinière. Puis le repiquage a lieu au début du mois de décembre et peut se faire au mois de janvier. Ce repiquage suit le premier sarclage après 8 jours. Le deuxième sarclage se fait après 16 jours et le troisième est après 24 jours. Les mois de février et mars sont les mois de croissance du riz. Enfin la récolte est au mois d’avril.

Pour conclure cette partie, la riziculture dans le sous espace d’Imerina Imady a évolué même si les surfaces exploitables sont étroites (enquête personnelle). Elle occupe la majeure partie des terroirs agricoles grâce au dynamisme des paysans. Sa production dépend des techniques d’exploitation et des systèmes de production. Malgré cela, les paysans n’arrivent pas à maîtriser les nouveaux systèmes faute de suivi et de réponse à leurs questions précises qui ont besoin de démonstration et de solutions concrètes. Comme le marché local est encore déficitaire en riz, le débouché n’est pas un problème pour répondre aux besoins de riz de la zone d’étude. A défaut de solution d’accompagnement pour trouver des solutions concrètes à leurs problèmes, la plupart d’entre eux se rattachent encore au système traditionnel.

75

Troisième partie : LES ENJEUX DE LA RIZICULTURE A IMERINA IMADY

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Le riz étant la base de l’alimentation de la population malagasy, l’autosuffisance alimentaire et l’amélioration de la condition de vie des ménages qui achètent du riz importé sont les enjeux, compte tenu de la complémentarité de la riziculture et des cultures vivrières. Malgré tous les efforts fournis par les paysans, les potentiels sont loin d’être valorisés. Certains paysans tirent des revenus substantiels de l’activité rizicole. La plupart des habitants se contentent d’une condition de vie caractérisée par une production à la fois insuffisante pour l’autoconsommation et pour les revenus.

Chapitre VII. LA RIZICULTURE : SOURCE RELATIVE DE DEVELOPPEMENT HUMAIN ET INDICATEUR DE POTENTIALITES ECONOMIQUES

Dans le Betsileo Nord, la riziculture est un des facteurs qui permet aux paysans de mesurer leur niveau de vie. Il convient de se demander s’il s’agit d’une source importante de richesses et de développement.

VII.1 Le riz : nourriture et source de revenus de la population VII.1 .1 Faiblesse relative du rendement rizicole par an

Le rendement de riz est variable selon les techniques et les systèmes utilisés. Par exemple, la production de riz n’a augmenté que de 1,7 à 2,4 tonnes/ha entre1960 et 2004 (estimations de la FAO). Cependant, l’augmentation de la production de riz dans l’ensemble a été inférieure à la croissance de la population. La production de riz par habitant est tombée de 237 kg par an en 1970 à 179 kg en 2004( 37 ). Le rendement varie selon la technique et le système pratiqué.  Rendement pour le système traditionnel Le système de riziculture traditionnelle utilise des matériels et des techniques simples. Parmi les matériels utilisés figurent l’angady, les troupeaux de bovidés pour piétiner les rizières en plus de la force humaine. Le rendement est très faible, variant de 1,2 tonnes à l’hectare pour le système traditionnel comparativement aux 1,9 t tonnes pour le repiquage en

37 Estimations de la FAO : www.worldbank.org/afr/wps/wp102.pdf

77 ligne et 5,4t pour le SRA. et aux 7tonnes à l’hectare pour le SRI. Selon les paysans, la faiblesse du rendement pour ce système est due au manque de fumure (enquête personnelle). La variété de riz utilisée pour la technique traditionnelle avec le repiquage en foule est la variété locale. Les espèces les plus utilisées en Imady sont : l’ Ambalalava mena , le Vary botry , le Tokambany , Vary telo volana …Les variétés locales n’exigent pas beaucoup de conditions pour leur croissance. Actuellement, elles occupent les 30% de la surface rizicole exploitée en Imady, que ce soit sur les vallées ou sur les terrasses. Tableau 18 : Ménages pratiquant le repiquage en foule. Numéro de Surface exploitée/are Variété de riz Production Rendement ménage en Kilo en Tonne/ha 1 75 Vary telo volana 910 0.9 2 50 Tokambany 780 0.7 3 100 Vary telo volana 1872 1.8 4 80 Vary botry 1560 1.5 5 24 Vary telo volana 520 0.5 6 38 Vary mena 650 0.6 7 150 Ambalalava mena 2132 2.1 8 90 Vary telo volana 1560 1.5 9 - Tokambany 1300 1.3 10 60 Vary botry 1430 1.4 Moyenne 67 1271 1.2 Source : auteur, mai 2007

Pour les 10 ménages de l’échantillon pratiquant le repiquage en foule, la taille moyenne de l’exploitation est de 67 ares. Selon les paysans, les variétés locales sont les plus rentables car elles s’adaptent aux techniques traditionnelles utilisées. En fait, la production moyenne qui correspond à la superficie moyenne de chaque ménage est de 1271kg soit 1,2tonnes à l’hectare.

78  Le rendement pour le repiquage en ligne est fonction du système utilisé.

Tableau 19 : Rendement pour le repiquage en ligne utilisé en système traditionnel. Numéro de Surface exploitée/are Variété de riz Production Rendement ménage en Kilo en Tonne 1 75 X 265 1.500 1 2 50 Sélectionné 100 0.8 3 100 X 265 2.200 1.9 4 100 X 265 1.900 1.6 5 24 Vary telo volana 38 600 0.6 6 38 X 265 750 0.7 7 150 X 265 3.200 3.2 8 130 X 265 2.200 2 9 - Inconnu 1.500 1.3 10 60 X 265 1.500 1.5 11 67 X 265 1.540 1.5 12 70 X 265 1.800 1.4 13 110 Inconnu 2.500 2 14 80 Inconnu 2.000 1 15 120 X 265 2.300 2.5 16 65 X 265 1.700 1.2 17 30 Sélectionné 850 1.3 18 45 Sélectionné 750 0.7 19 68 X 265 1.600 1.5 20 100 X 265 2.600 2.6 Moyenne 69 1.973 2 Source : auteur, mai 2007. D’après le tableau n°19, on constate que vingt sur quarante ménages enquêtés pratiquent le système de riziculture traditionnelle avec le repiquage en ligne et des semences sélectionnées. En général, la taille moyenne des parcelles est de 69 ares dont le maximum est de 150 ares pour un minimum de 30 ares. Le rendement est lié aux variétés utilisées (cf tableau 20). La majeure partie des paysans qui pratiquent cette méthode ont choisi la variété sélectionnée X 265 qui a été introduite afin d’améliorer la productivité rizicole des paysans.

38 Variétés de riz Vary telo volana

79 Après la récolte des mois de mars / avril, on peut avoir encore du riz avec les repousses. En fait, la production qui correspond à la superficie moyenne de chaque ménage est de 1973 kg. L’utilisation de semences améliorées porte le rendement moyen pour le repiquage en ligne à 2 tonnes par hectare, supérieur à la performance pour le repiquage en foule. Comme les semences sélectionnées s’adaptent bien au terroir, l’utilisation de petits matériels et l’usage des fertilisants organiques ou minéraux ne suffisent pas comme indicateurs du système moderne. En effet, l’utilisation des jeunes plants, la préparation des pépinières et des sols restent à améliorer. Ce sont les autres raisons de la différence de rendement selon les systèmes et les variétés utilisés.  Le rendement du système de riziculture moderne Par rapport au système traditionnel, les rendements de la riziculture améliorée et intensive sont très élevés et s’élèvent à 5 - 6 tonnes/ha pour le SRA et à plus de 7 tonnes/ha pour le SRI (cf. tableau 21). Pourtant, le nombre des paysans qui pratiquent cette méthode est encore très faible en Imady. Ils sont cinq sur les quarante ménages enquêtés soit 12,5% du total en SRA aussi bien pour le SRI. Au total, les paysans qui pratiquent le système moderne représentent 25% de la population enquêtée. Certaines techniques comme la gestion de la régénération des sols et la gestion de l’eau ne font l’objet des messages de sensibilisation de la part des techniciens (enquête personnelle). En fait, les deux nouveaux systèmes demandent la mise en œuvre de l’intégralité des techniques préconisées et la prise en compte des difficultés rencontrées par les paysans qui les ont adoptés. Si cette condition est réalisée normalement, le rendement pour le SRA tournera effectivement autour de 5 à 6 T/h tandis que le SRI aura un rendement supérieur à 7 tonnes par hectare. Ils varient selon les variétés du riz utilisé (Patrick Vallois, 1997).

80 Tableau 20: Tableau comparatif de rendement du SRI et SRA : Variété Rendement du SRI en Rendement du SRA en Différence T/ha T/ha en T/ha Mk34 7 5 2 2798 6,5 5,2 1,3 4012 7,5 6 1,5 Moyenne 7 5,4 1,6 Source : auteur, mai 2007. D’après le tableau n°20, on constate que les variétés de riz utilisé pour les SRI et SRA sont des semences sélectionnées qui ne sont pas les mêmes que celles utilisées pour le repiquage en ligne . Avec cette technique, les rendements de MK34 et 4012 sont les plus élevés en SRI en Imady mais moins élevés en SRA (Mk34 : 5 t/h et 4012 : 6t/ha). Avec le 4012, le rendement est le plus élevé que ce soit sur SRI (7,5t/h) ou sur SRA (5,4t/ha). On remarque alors qu’en Imady, le SRI donne toujours un rendement supérieur à celui du SRA quelque soit les variétés utilisées lorsque les techniques sont bien suivies. Or les paysans ont des difficultés pour appliquer l’ensemble des techniques. En fait, tout dépend de la capacité d’acceptation du système par les paysans pour l’amélioration effective du rendement. Et la commercialisation en est également un facteur décisif.

VII 1.2 La destination de la production de riz  Les produits vers l’autoconsommation : D’après les tableaux n° 19 et 20 sur les rendements rizicoles, on constate que la production de riz par an ne couvre pas les besoins de chaque ménage, sauf, pour quelques familles qui ont du surplus agricole. Ces derniers ont de larges surfaces exploitables et pratiquent le SRI. (Enquête personnelle). Tableau 21: Pourcentage des productions destinées à l’autoconsommation. Fokontany Nombre des ménages % du riz % du riz enquêtés autoconsommé vendu Telolahy 8 80% 20% Imerina 18 76% 24% Ambohibary 7 85% 15% Ampanarivoana 5 78% 22% Moyenne en % Total : 40 (100%) 79.7% 20.3% Source : auteur, mai 2007.

81

D’après le tableau n° 21, on constate que 79.7% de la production du riz en Imady sont destinés à l’autoconsommation, le reste qui est de 20.3% est destiné à la vente. Le pourcentage du riz autoconsommé en Imerina est le plus bas par rapport aux autres Fokontany. L’analyse sur la disponibilité du riz destiné à l’autoconsommation et à la vente, montre que la production de riz par an et par ménage est insuffisante. Par conséquent, les habitants essaient de réduire les quantités consommées par jour. Par exemple, si un ménage consomme 10 gobelets par jour, cela est réduit de 6 à 7 gobelets (enquête personnelle).  Les productions destinées à la vente : Même si la production en riz ne suffit pas pour les besoins de la population durant une année, les paysans en Imady sont forcés de vendre une partie de leur production pour couvrir les autres besoins quotidiens, surtout pour ceux qui n’ont pas d’autres sources de revenu que l’activité agricole. Les riches, quant à eux, vendent le riz pour augmenter leurs revenus et parce qu’ils sont autosuffisants pour cet aliment de base. La proportion de paysans riches et de paysans pauvres qui vendent du riz est égale, étant donné que le nombre de ménages sélectionnés est le même (5 de chaque) pour ces deux groupes (cf tableau n° 1 sur le taux d’échantillonnage). En général, comme montré dans le tableau n°22, l’autoconsommation représente 79.7% de la production. Un sondage auprès des paysans pauvres a montré que cette proportion d’autoconsommation peut descendre à 60% de la production et la vente ne porte sur le restant, soit 40% du total par an. Or, ces paysans pauvres achètent du riz blanc en période de soudure 39 . D’ailleurs, pour les ménages qui ont des productions assez conséquentes, la quantité de riz pour la vente est élevée (plus de 50% de la production par an) car ces paysans peuvent s’adapter au rythme des changements du prix du riz. Un sondage auprès des ménages riches montre que les 40% de la production sont autoconsommés. Sur une superficie de 1,6 hectare la production est de 2,1 tonnes à l’hectare, soit une autoconsommation de 843kg par an. La tendance est ainsi confirmée : plus les ménages sont riches et autosuffisants, plus la production augmente et plus la proportion d’autoconsommation diminue. Dans le cas des paysans pauvres, la vente de la part de production est faite pour assurer les besoins de base (alimentation, habillement et éducation des progénitures) et les produits de première nécessité. La période favorable à la vente est le moment de la récolte

39 Les paysans pauvres achètent plus de riz blanc que de paddy en période de soudure.

82 (janvier–février pour le vary aloha et mars-avril pour le vary afara ). Selon les paysans enquêtés, la quantité de riz vendu n’est pas fixe et dépend des besoins de chaque ménage. Sur l’échantillon de 40 ménages, cette quantité est en moyenne de 5 cantines, soit 130kg de riz. Par ailleurs, pendant la période de soudure, les quantités de riz consommé par les paysans sont insuffisantes et ils doivent combler le déficit avec les produits des cultures pluviales comme le manioc, la patate douce…En fait, ces produits sont vendus avec quelques volailles et des animaux élevés pour acheter du riz.

Photo 26 : La vente du riz

Source : Auteur

 L’association villageoise : Le Betsileo respecte beaucoup les coutumes, tel que le famadihana ( exhumation) et les funérailles. Ils font des dépenses excessives pendant ces événements, même si cela ne rapporte pas de bénéfice financier pour eux. Pendant ces fêtes, le riz occupe une place importante parce que les invités doivent apporter au moins une soubique contenant 30 gobelets de riz. En échange, les invités mangent au moins un plat de riz avec de la viande de porc ou de bœuf. Il convient de préciser que la façon d’apporter les 30 gobelets du riz est spécifique aux Imadiens. En effet, dans chaque village ou dans certains quartiers, les habitants se rassemblent et forment des groupes associatifs appelés KOPANIA. Cette forme d’entraide est valable pour les événements heureux comme pour les malheurs. Cette association a un grenier et une caisse communs. Alors, chaque famille membre de cette association villageoise verse une somme de 4000 Ariary comme droit d’adhésion. Puis, au moment de la récolte, tout le monde doit verser 1 vata (2 bidons) de paddy et une somme d’argent d’au moins 2000 Ariary. L’utilisation du

83 grenier et de la caisse se fait au moment de d’exhumation et lors des funérailles. Les dépenses à réaliser pendant ces deux événements dépendent de la décision des membres de l’association. Pour le quartier d’Imerina Est, le versement est de 10 vata de paddy et la somme de 10 000 Ariary par an. L’association peut prêter du riz et de l’argent. Il est ainsi évident que le riz tient une très grande importance pour l’association villageoise.

VII .1.3.Evaluation de la production de riz

La production totale de riz n’est pas destinée à la consommation car il y a une partie pour la vente, dont les produits servent notamment pour assurer les revenus des ménages et pour couvrir les dépenses.  Les revenus moyens annuels des 40 ménages étudiés : En milieu rural, nombreuses sont les sources de revenus pour chaque ménage, parmi lesquelles, le riz figure ainsi que les autres produits agricoles et les activités commerciales. En général, les revenus des paysans se présentent soit en espèce soit en nature. Ces revenus permettent de couvrir les dépenses des ménages. Alors, les 40 échantillons des ménages enquêtés ont été classés en 3 catégories selon leurs revenus.

Tableau 22 : Les revenus annuels des ménages enquêtés (en Ariary). Revenu procuré Revenu Revenu procuré Groupes des par les autres procuré par le par le Total ménages produits Autres riz commerce agricoles Montant % Montant % Montant % Montant % Riche 620 000 25% 600 000 24% 1000000 41% 240 000 10% 2460000 Moyen 400 000 22% 660 000 36% 300 000 17% 450 000 25% 1810000 Pauvre 360 000 28% 420 000 33% 140 000 11% 350 000 28% 1270000 Source : auteur, juin 2007

L’analyse de ces données permet de classer le niveau de vie des paysans en Imady en trois catégories selon les revenus moyens annuels des groupes de ménages.

La première catégorie de ménages est considérée comme riche. Ils ont un revenu total annuel de 2 460 000Ar dont 620 000Ar procurés par le riz, soit 25% alors que les revenus du

84 commerce s’élèvent à 1 000 000Ar, soit 41%. Le nombre des ménages riches parmi les 40 foyers de l’échantillon pour les quatre Fokontany enquêtés est de cinq. Pour ce groupe de ménages, le riz représente la deuxième source de revenus après le commerce.

Pour la deuxième catégorie, trente ménages ont été enquêtés sur les 40 foyers. Le critère qui permet de dire que ces paysans sont moyens est le revenu annuel de 1 810 000 Ariary. Pour ces ménages, les produits agricoles sont prédominants et leur procurent un revenu moyen annuel de 660 000 Ariary par an soit 36% par rapport au total de revenu. Par ailleurs, le revenu provenant du riz est de 400 00Ar soit 22%. Alors, le riz représente la troisième source de revenu pour cette catégorie de ménage. Pour la troisième catégorie de ménages, les revenus totaux sont de 1 270 000Ar. Les autres produits agricoles prédominent également avec 420 000Ar soit 33%. Le riz occupe ainsi la deuxième source de revenus avec 360 000 Ar soit 28%, avant les autres sources. En somme, la riziculture est un indicateur d’autosuffisance alimentaire pour les riches. Cette autosuffisance en riz est relative pour les ménages moyens et inexistants pour les pauvres. En matière de revenus générés, le riz est une deuxième source de revenus pour les riches et les pauvres s’il est une troisième source de revenus pour les ménages moyens. Les explications de l’importance relative du riz sont les suivantes : les ménages riches ont une superficie de rizières leur permettant d’avoir une production excédentaire renforcée par leur possibilité de payer des mains d’œuvre agricoles. Les ménages moyens sont amenés à vendre la récolte pour satisfaire leurs besoins de base alors que la superficie disponible ne le justifie pas. Les ménages pauvres produisent peu et même s’ils ne vendaient pas leur récolte, leurs besoins en riz ne seraient même pas couverts. Il convient de préciser les activités respectives des trois catégories de ménages. Le commerce de gros et de détail fixe ou ambulant ainsi que la briqueterie relèvent de la première catégorie. Les cultures pluviales, maraîchères et vivrières caractérisent la deuxième catégorie. Les pauvres sont les salariés agricoles et les petits intermédiaires. Les fonctionnaires sont classés dans les autres sources de revenus et paient les salariés agricoles pour cultiver leurs parcelles.  Les dépenses annuelles des ménages étudiés. La classification des dépenses annuelles de ces trois catégories des ménages distingue l’achat de riz et d’autres nourritures quotidiennes, les autres activités agricoles et les devoirs dans la société…

85 Tableau 23: Les dépenses annuelles des ménages.

Les 3 groupes Riz et Nourriture Agriculture Autres Total de ménages

Montant % Montant % Montant % 5 ménages 600 000 40% 500 000 33% 400 000 27% 1 500 000 30 ménages 750 000 52% 450 000 31% 250 000 17% 1 450 000 5 ménages 800 000 43% 650 000 35% 400 000 22% 1 850 000 Source : auteur, juillet 2007.

Dans la première catégorie de ménage, les dépenses annuelles se concentrent sur les activités rizicoles et les nourritures quotidiennes, soit 40% par rapport au total. Concernant la deuxième catégorie de ménages, leurs dépenses annuelles se concentrent toujours sur la riziculture et la nourriture soit 750 000 Ariary. En outre, la troisième catégorie de ménages a des dépenses annuelles de 1 850 000 Ariary. C’est toujours pour la riziculture et les autres activités agricoles que ces ménages font le plus de dépenses.  Analyse sur les bénéfices des paysans : La taille moyenne de chaque ménage étudié étant de 7, les revenus et les dépenses par an de l’échantillon de ménage donnent le bilan qui suit :

Tableau 24 : Bilan budgétaire annuel des ménages. (En Ariary) Revenus moyens Dépenses moyennes Surplus Groupes des ménages annuels annuelles en Ar Reste en Ar en Ar 5 ménages 2 460 000 1 500 000 960 000 30 ménages 1 810 000 1 450 000 360 000 5 ménages 1 270 000 1 850 00 -580 000 Source : auteur, mai 2007

Le tableau n°24 montre que pour le premier groupe de ménages, le bénéfice moyen est de 960 000Ar par an. Pour eux, la riziculture est complémentaire aux activités commerciales. Le surplus permet de stocker une partie de la production pour la période de soudure. La deuxième catégorie connaît aussi des bénéfices mais inférieurs à ceux du premier groupe qui est 360 000Ar. Pour cette deuxième catégorie, les paysans en Imady ont un niveau

86 de vie moyen grâce aux activités agricoles autres que le riz, comme le manioc, la patate, l’arachide …. Par ailleurs, le troisième et dernier groupe de ménages est déficitaire de 580 000 Ar par an car les revenus ne couvrent pas les dépenses annuelles de chaque famille . Pour les Imadiens, le riz ne constitue donc pas la source principale de revenu mais un complément de rentrée d’argent et l’aliment de base.

VII.2 Les activités rizicoles : source d’amélioration potentielle du niveau de vie des paysans VII.2.1. Classification du niveau de vie des paysans à partir de la surface exploitée

Les paysans en Imady peuvent être groupés en trois groupes ou classes selon la superficie des rizières : les riches, les moyens et les pauvres. Et c’est à partir de la superficie que l’on peut déterminer le rendement du riz par an.

Tableau 25 : Classement du niveau de vie des paysans selon la taille des exploitations Groupes de ménages Taille de surface exploitée Classement des paysans 05 ménages sup. ou égal à 100 ares Riches 30 ménages 50 à 100 ares Moyens 05 ménages inférieur à 50 ares Pauvres Source : auteur, juillet 2007.

D’après ce tableau n°25, on constate : - que les paysans qui ont une superficie supérieure ou égale à 100 ares sont considérés comme des paysans riches. Leurs revenus annuels couvrent les dépenses et dégagent des bénéfices pour toute l’année (960 000 Ar). C’est le surplus agricole. (Cf. tableau n°25). - Ensuite, la taille d’exploitation qui se situe entre 100 et 50 ares caractérise les paysans moyens. Ils représentent 75% des ménages enquêtés. Autrement dit, la majorité des paysans en Imady se trouvent dans ce niveau de vie. Le surplus agricole de 360.000 Ariary est presque nul et en cas catastrophe, il leur faut chercher de l’aide et parfois s’endetter.

87 - Enfin, les paysans qui ont une taille d’exploitation inférieure à 50 ares sont considérés comme paysans pauvres. Leurs revenus annuels sont insuffisants et ils reportent le paiement de leurs dettes sur l’année suivante indéfiniment.

VII.2 .2.Classification du niveau de vie des paysans à partir des bénéfices :

En général, le niveau de vie des paysans en Imady peut être classé en 3 catégories.  Paysans riches Ces paysans classés dans la première catégorie ont un bilan financier excédentaire qui leur permet de constituer une provision pour l’année suivante étant donné la superficie de rizières exploitée. Ce groupe de paysans à surplus agricole a un bénéfice élevé annuel qui est de 960 000 Ar issu du commerce, activité qui fait la réputation des Imadiens dans tout Madagascar (Enquête personnelle). Ces paysans sont les 12,5% de ménages de notre échantillon.  Les paysans moyens : On constate que ces paysans ne sont ni riches, ni pauvres. Leur niveau de vie n’est ni très bas, ni très élevé. Ils sont donc dans la catégorie moyenne et basculent dans la catégorie des pauvres en cas d’endettement. La différence entre les bénéfices par an de ce groupe de ménages et de ceux du groupe des riches est de 600 000Ar. Ces paysans constituent les 75% de l’échantillon des ménages soit 30 ménages.  Les paysans pauvres : Ces paysans ont des revenus très bas qui n’arrivent pas à satisfaire leurs besoins quotidiens. Le bilan est largement déficitaire. Les sources de revenu sont le salariat agricole, la culture du riz et les activités d’intermédiaire.

VII.3 Influence omniprésente de la riziculture sur l’ensemble de la zone

Le riz est une filière très importante sur l’économie du sous-espace d’Imerina Imady et au niveau régional. Ainsi, la filière riz est parmi les activités essentielles pour l’extension du flux des transactions.

88 VII.3.1 .La riziculture, créatrice de flux de biens et d’argent à tous niveaux

 Au niveau local : Puisque que la part du riz destinée à la vente est faible (20,3%) par rapport à celle de la consommation, les paysans vendent directement du riz sur le marché. Il n’y a pas d’intermédiaire dans la zone d’étude. La vente de riz est le fait des paysans riches mais aussi des paysans moyens et pauvres. Ces derniers ont besoin de payer des mains d’oeuvre pour la récolte et de couvrir leurs besoins quotidiens. Bien que la production de ces paysans soit insuffisante pour l’année suivante, ils vendent ainsi une partie de leurs récoltes. (Enquête personnelle). Le riz vendu est destiné aux consommateurs, aux détaillants et aux grossistes. Sur les 20,3% vendus, les quantités sont cédées en majorité au consommateur (45%), aux détaillants (35%) et aux grossistes (20%) et varient selon les besoins des paysans vendeurs. On note que le riz pendant cette période de récolte coûte moins cher : 200Ar en 2005 (enquête personnelle). Concernant les détaillants et les grossistes, ils stockent le paddy et le revendent en riz aux consommateurs pendant la période de soudure à des prix forts (300Ar ou plus). Cela se fait du mois de septembre au mois de mars. Cette période de soudure est appelée « maitso ahitra » car durant ces mois, toute végétation est verdoyante durant laquelle, les paysans qui n’ont pas de stock pour l’autoconsommation achètent du riz. C’est à partir du chef lieu que commencent les flux des produits rizicoles. Les Fokontany contenant le plus de revendeurs de riz sont Imerina et Telolahy.  Au niveau régional et national. Pour les flux de marchandises et d’argent, les grossistes et les détaillants locaux achètent du riz provenant d’autres régions comme , Manandriana et Miandrivazo. La quantité du riz importé dépend du besoin des consommateurs locaux ou régionaux (Enquête personnelle). Le stockage commence à partir de la période de récolte. En fait, Imady n’exporte pas de riz, cette zone n’est pas parmi les zones productrices excédentaires à l’échelle nationale. Sa production ne suffit même pas pour la commune.

89 Schéma 2 : Lés circuits commerciaux du riz

Paysans producteurs

Consommateur Revendeurs

Grossistes

Détaillants

Consommateurs

Source : auteur, mai 2007

D’après le schéma n°2, les paysans producteurs approvisionnent à la fois les revendeurs et les consommateurs comme ils vendent leurs productions aux grossistes selon la chaîne grossistes / détaillants / consommateurs. Ces consommateurs peuvent être aussi les paysans producteurs. La riziculture constitue une des bases de l’économie rurale en Imady après les activités commerciales.

Chapitre VIII. LES PROBLEMES LIES AU DEVELOPPEMENT DE LA RIZICULTURE EN IMADY

Sur les activités agricoles, on rencontre toujours des contraintes qui peuvent être classées en deux catégories : le milieu naturel et le milieu humain.

90 VIII .1.Les contraintes physiques contournables Les difficultés sur le plan physique en Imady concernent les conséquences du climat sur l’insuffisance de la maîtrise de l’eau et de la gestion/régénération des sols. La morphologie du relief est une contrainte que les Betsileo maîtrise du fait de leur parfaite maîtrise de la topographie.

VIII .1.1.Les contraintes de climat et d’eau

Le climat est un des facteurs essentiels pour l’activité agricole en Imady, comme sur l’ensemble des Hautes Terres Centrales. La quantité de pluies qui varie d’une année à l’autre rend difficile la maîtrise de l’eau. La présence de huit années sèches et uniquement de deux années humides en 2001 et 2002 sur la période de 10 ans entre 1995 et 2004 montre l’effet progressif de la sècheresse (cf tableau n° 2). L’écart entre l’année la plus humide et l’année la plus sèche est très grand (2 242,2mm) et indique la gravité du changement de climat. Malgré la présence de l’inter-saison et la succession des deux saisons bien contrastées, la rotation des cultures n’est pas pratiquée. La précipitation est un des facteurs essentiels pour le caractère aléatoire des activités agricoles aggravé par le passage de cyclones. Les problèmes d’irrigation des rizières en terrasse sont liés à l’insuffisance de l’eau, due à l’action de l’homme sur les milieux naturels en Imady, entraînant des problèmes, notamment sur cette activité agricole. Comme pour l’ensemble des hautes terres centrales de Madagascar, les feux de brousse, les déforestations pour les bois de chauffage et la construction des maisons sont aussi des contraintes en Imady. Les sols hydromorphes ainsi que les espaces boisés ne jouent qu’un rôle limité de reconstitution des réserves de carbone malgré l’étendue immense des savanes herbeuses sur les tanety .40 Certes, les sorokahitra présentent des avantages pour la fabrication du fumier et du compost, mais contribuent à la dégradation des couverts végétaux. La diminution des espaces boisés dans la zone d’étude aboutit à l’affaiblissement des niveaux des nappes phréatiques. En Imady, selon les enquêtes, les habitants affirment que, quelque fois la pluie tombe continuellement pendant plusieurs mois, et que le climat a beaucoup changé. La période de la sècheresse risque de s’allonger si la préservation de l’environnement n’est pas assurée et cela posera des problèmes. En fait, la contrainte sur le climat entraîne des problèmes de gestion de l’eau pour l’agriculture. Naturellement, le gaz carbonique (CO2) produit par les activités

40 Téléchargement sur internet, moteur de recherche Google, mot clé Séquestration du carbone C4

91 humaines est absorbé par la photosynthèse des végétaux. Mais la superficie boisée est très faible et ne compense pas la combustion de charbon de bois ainsi que la consommation de ressource ligneuse tel que le bois de chauffage pour la briqueterie et la cuisson domestique pour les ménages. Le réchauffement de la terre est ressenti par la population locale (41 ).

VIII .1.2 Des problèmes de sol de plus en plus graves

Les problèmes concernant le sol sont parmi les grands problèmes de la riziculture en Imady. Parmi les facteurs essentiels de ces problèmes figure l’érosion. L’érosion qui se définit comme l’ensemble des phénomènes qui façonnent les formes des reliefs terrestres est vérifiée. L’érosion dépend des interactions topographiques de la terre, de l’atmosphère, de l’hydrosphère et de la biosphère (Encarta, 2006). En Imady, le phénomène d’érosion est lié à l’action de l’homme sur la végétation et à sa destruction. Ce problème entraîne la décomposition de la partie superficielle des sols. A l’état naturel, (cf. photos n° 1 et 2), le sol est protégé par la couverture végétale. Pourtant en Imady, les couvertures végétales sont de plus en plus clairsemées du fait des actions de l’homme (enquête personnelle). Alors, quand les précipitations tombent, les parties supérieures des sols sont emportées par les ruissellements. Cette dégradation physique rend le sol nu et infertile. Le passage progressif de ce phénomène sur les versants ou sur les pentes entraîne la désagrégation et l’enlèvement des matières organiques de la couche humifère du sol. Ces matériaux sont transportés par les eaux de ruissellement vers le bas fond et forment les alluvions. Le sol du versant est le plus sensible à ce phénomène d’érosion. L’érosion peut conduire à la formation de lavaka (observation personnelle et photo n°27). En fait, l’action d’éroder se manifeste par l’enlèvement, l’arrachement, la mise en suspension, puis le dépôt des particules détachées de la surface du sol et des roches 42 . Certes, la population d’Imady est très dynamique par les apports de terre rouge aux milieux boueux et hydromorphes. Mais l’absence de vulgarisation d’un plan régional environnemental au niveau de la zone d’étude témoigne du caractère non systématique de la prise en compte des problèmes d’écosystèmes.

41 WWF.VINTSY n° 208.Bimestriel Malgache d’orientation égologique. Octobre 2007. 42 GEORGE, P. op. cit.

92 VIII .1.3 Le lavaka : ses aspects, son origine naturelle et anthropique

Les origines de la formation des lavaka en Imady sont à la fois des causes internes et externes. Les lavaka les plus remarquables en Imady se trouvent à Ambatomiapaha dans le Fokontany d’Antanimena, à Fizinana dans le Fokontany d’Imerina… (Cf. croquis n°9). Le phénomène de lavaka en Imady est important et fait partie des problèmes qui empêchent le développement de l’activité agricole parce que sa correction est très difficile. Par définition, le lavaka, un nom d’origine malgache, désigne une grande excavation en forme de cirque, creusé dans le flanc d’une colline. Elle provient d’une exagération du processus d’érosion en ravins et prend une forme due à la texture et à la structure des argiles latéritiques ( 43 ). Il est caractérisé par un véritable cirque ovoïde à parois verticales ou par des formes digitées plus ou moins ramifiées. L’écoulement des eaux se fait par goulot étroit dans la vallée. Le profil transversal est en V ou en U.

43 RIQUIER J.1960. « Note sur les lavakas ».14 pages.

93 Croquis 10: Les zones de localisation de lavaka

Source : BD 200 du FTM simplifié par l’auteur

94

 Les causes de la formation de lavaka Les causes des lavaka peuvent être externes ou causes internes. 1-Les causes externes se divisent en deux : causes externes naturelles et causes externes artificielles. Les causes externes naturelles concernent toutes celles qui favorisent l’érosion en nappe comme le déboisement, les feux de brousse, le surpâturage…car l’érosion en nappe appauvrit très rapidement les versants, puis les fonds des vallées. Le ravin collectant de l’eau d’un versant peut s’approfondir et dégénérer en lavaka. En plus, les gisements et les effondrements de terrains provoquent une fracture, sous la forme d’arrachement en arc limité par un talus. Les causes externes artificielles sont l’existence de fossés de protection destinés à empêcher l’eau de ruissellement de se déverser sur une route ou d’éroder un talus routier, qui est génératrice de lavaka. Le chemin des piétons et les passages des bœufs détruisent les couvertures herbacées. Alors le talus de route peut aussi être le point de départ pour les lavaka. 2-Les causes internes de la formation de lavaka sont liées à l’existence d’un horizon supérieur dur, compact, cohérent reposant sur un horizon faible, constitué par la roche pourrie. L’attaque en masse de la terre est constituée par les eaux de ruissellement. En fait on distingue deux types de lavaka : - le lavaka en forme de canaux d’érosion détritique dépourvus de végétation. Sa largeur peut s’étendre de 100m à 1km. - Le lavaka en forme de bol avec un diamètre compris entre 0.5m et 1km. Il est souvent situé sur le sommet d’une pente. Ce dernier type se trouve à Iarinarivo à l’ouest d’Imerina.

95 Photo 27 : Lavaka en forme de canaux d’érosion détritique dépourvus de végétation

Source : auteur mai 2007 Dans le Fokontany d’Antanimena, la formation de lavaka est due à l’érosion qui redessine le paysage.

VIII.2 Les problèmes économiques et humains face au développement de la riziculture

VIII.2.1 Des problèmes fonciers latents

En général, l’appropriation de la terre en Imady est basée sur l’acquisition par héritage et par achat. Actuellement, la part des terres pour les héritiers est très limitée parce que ces terres sont déjà divisées au niveau des descendants du propriétaire originel. (Enquête personnelle) En effet, le moyen pour avoir plus de terres en Imady est le système d’achat. Pourtant, la vente de terre en Imady est exceptionnelle : ceux qui vendent leurs terres représentent 2/40 ménages enquêtés. (Enquête personnelle). Une parcelle laissée inculte paraît sans propriétaire. Le problème apparaît lorsqu’une telle parcelle laissée en friche est appropriée par une personne et que le propriétaire survient pour défendre son bien. Le problème commence ainsi entre les paysans qui veulent avoir plus de surfaces exploitables. Les conflits naissent également entre les paysans qui n’arrivent pas à légaliser leurs terres. Cette légalisation est très difficile à faire pour eux car l’enregistrement des titres nécessite des moyens financiers. La procédure est longue et peut durer des années (enquête personnelle).

96

VIII.2.2 La difficulté sur le plan économique lié au développement de la riziculture

Le sous-espace d’Imady est un milieu à vocation agricole. Les activités principales de la population sont basées sur l’agriculture parmi lesquelles, la riziculture prédomine. Pourtant, les contraintes pour l’exploitation sont basées sur les capitaux financiers et sur les matériels nécessaires (les charrues, les herses….) Comme le marché du riz n’est pas encore saturé, toute action tendant à augmenter la production est pertinente. C’est au niveau de l’organisation de la production que se situe le goulot d’étranglement. Les paysans pensent que l’appui des organismes comme le PSDR, le DRDR, l’ANAE… est utile mais ne répond pas toujours à leurs attentes. En fait, les deux parties se rejettent la balle puisque certains techniciens pensent que les paysans sont paresseux.

VIII.2.2.1 Les problèmes financiers Les premières occupations humaines de cette région sont les activités agricoles. Les produits agricoles ne répondent pas aux besoins quotidiens des paysans : le revenu qu’ils en reçoivent est insuffisant pour financer d’autres activités. La plus grande partie de la production est destinée à l’autoconsommation (enquête personnelle). Donc pour l’année suivante, on n’a pas assez de provision en argent ou de stock en alimentation. Ce qui conduit les paysans à abandonner leur village et à aller émigrer ailleurs (enquête personnelle).

VIII.2.2.2 Les problèmes de disponibilités de l’équipement agricole Les problèmes des équipements agricoles sont liés aux problèmes d’argent.. En Imady, les équipements agricoles les plus utilisés sont les sarcleuses, les charrues, les bêches… (cf. tableau n°9, 2è partie) … Plus de 80% des ménages que nous avons enquêtés ont confirmé que l’argent et les matériels agricoles constituent les premiers problèmes de l’agriculture en Imady. Ces problèmes diminuent la capacité de production.

VIII.2.2.3 Les problèmes sociaux Le sous-espace d’Imady connaît une explosion démographique remarquable par rapport à l’ensemble de Madagascar. De ce fait, il y a un déséquilibre entre la surface habitable et le nombre total de la population. Le Plan Communal de Développement n’est pas suffisamment connu des habitants et les initiatives de construction sont laissées aux ménages.

97 L’épargne privée des ménages de cultivateurs est drainée par le commerce, la construction de maisons et de tombeaux (enquête personnelle). Les initiatives comme les dispensaires privés demeurent limitées. La formation professionnelle des jeunes filles est insuffisante. Les savoirs pratiques des paysans sur la culture du riz ne sont pas valorisés. Notamment, les digues construites durant les travaux collectifs sont parfois emportées par les eaux comme en 2002.

Bref, les problèmes sur la riziculture en Imady se concentrent autour de deux facteurs. Le premier facteur se trouve sur le plan physique comme le climat avec le problème de non maîtrise de la gestion de l’eau et les contraintes sur le sol, tandis que le deuxième se trouve sur les contraintes économiques et démographiques.

Chapitre IX -LES SOLUTIONS ADOPTEES FACE AUX DIFFERENTS PROBLEMES DE LA RIZICULTURE ET PERSPECTIVES D’AVENIR

IX.1.Les diverses solutions adoptées

Face aux différentes contraintes inventoriées, plusieurs solutions ont été prises au niveau des paysans, des organismes d’appui ou au niveau de l’Etat. Il s’agit, dans ce chapitre, d’analyser les points forts de ces solutions et les problèmes que les différents intervenants ont rencontrés.

98 IX.1.1 .Les solutions prises par la population locale pour augmenter les rendements

Face aux problèmes des aléas climatiques qui entraînent la difficulté sur la gestion de l’eau, les paysans ont adopté une solution pratique, à savoir: la construction des canaux de drainage et d’irrigation. Devant le problème de l’inondation, les paysans qui ont des rizières proches des rivières, se réunissent pour le partage des travaux sur le nivellement de digues et sur la protection des cours d’eau d’Imady. Ce travail est fait pour éviter l’inondation pendant la période de pluies. En fait, le partage du travail se fait par ménage ou par famille. Les hommes arrachent des mottes « bainga » tandis que les femmes et les enfants apportent des soubiques ou « harona » pour transporter les mottes. Ceux qui ne viennent pas au moment du travail doivent payer de l’argent pour récupérer le travail non rendu. Cet argent s’appelle «solon’as a ». Le solon’asa est destiné à acheter les matériels nécessaires durant la période de travail. Quand les digues dépassent à peu près 0.5 à 1m du niveau original, le travail est presque achevé. Au moment du cyclone « Gafilo » en 2002, les crues ravagent les digues. La solution de l’entraide concerne la riziculture de bas fonds. Quant aux rizières des versants, le défi pour les paysans consiste à remédier au problème de l’alimentation en eau du fait de l’irrégularité des précipitations, des eaux de ruissellement et d’infiltration. Pour faire face également aux contraintes causées par l’érosion, les solutions les plus adoptées par les paysans sont la construction de canaux autour des champs, et le reboisement en eucalyptus. Mais, ce dernier est encore rare en Imady. En outre, la lutte contre l’infertilité des sols est aussi parmi les solutions essentielles pour les besoins des paysans en Imady. Sur les sols froids et boueux, dans les fonds des vallées, les paysans rajoutent du sol rouge pour le réchauffement comme expliqué dans la première partie. La pratique du sorok’ahitra (rasage de l’herbe à la bêche) et du fako ravina (ramassage des feuilles) sont les méthodes qui permettent aux paysans de restaurer le sol par des fumures organiques. On jette le sorok’ahitra et les feuilles dans l’étable pour avoir des engrais organiques. On utilise ce système parce qu’on pas assez de bovidés pour la bouse naturelle. Etant donné que la fumure des rizières doit se réaliser chaque année, ce système de préparation de fumure se refait à toutes les saisons de pluie.

99 Photo 28 : Les feuilles et les herbes destinées à l’étable

Source : auteur juin 2007 Les paysans mettent la paille de riz, les feuilles d’eucalyptus et l’herbe de savane dans le parc à bœufs comme matériel végétal pour la fumure organique.

IX.1.2.Solutions proposées par les techniciens

Pour améliorer les conditions de vie des paysans, l’augmentation des rendements et la diversification des activités agricoles sont les solutions suggérées par les techniciens. A titre de mesure d’accompagnement de la sensibilisation, et face à ces différents problèmes qui touchent les paysans en Imady, le technicien agricole souligne que l’accès au crédit et le suivi des performances réalisées sont nécessaires pour les la vulgarisation du système du riziculture moderne. Parmi les échanges de meilleures pratiques entre paysans, un technicien suggère la technique de l’éducation par les pairs. C’est-à-dire, les 10 ménages ayant adopté le SRA et le SRI seront considérés comme paysans pilotes et participeront à la sensibilisation de leurs voisins. Ils seront ainsi indemnisés. Pour illustrer sa proposition, le technicien cite l’exemple suivant : dans le fokontany d’Imerina, particulièrement, un paysan a pu obtenir un rendement de 3 tonnes sur une superficie de 50 ares . Ce paysan obtient ainsi un rendement de 6 tonnes par hectare. Ce paysan dit qu’il arrive toujours à vendre le surplus de production (20 à 30% de la production). Pour arriver à améliorer de manière durable aussi la riziculture en Imady, les orientations suivantes méritent à notre avis d’être intégrées dans le plan communal de

100 développement : un appui en organisation de l’activité de vulgarisation agricole : semences, engrais, un appui financier pour les agriculteurs sur les matériels agricoles et un suivi participatif pour évaluer la combinaison engrais / fumure organique.

XI.1.3. Les solutions proposées par les chercheurs et l’Etat malgache

 Les solutions proposées par les chercheurs Pour améliorer la productivité, la meilleure méthode est d’élaborer de nouvelles techniques sur les systèmes des cultures plus efficaces qu’avant.

Tableau 26 : Exemple d’une famille de 6 personnes selon VALLUS. Taille Surface Production Production Satisfaction Destination de la d’une en ares par ares du paddy des production Revenu ménage par an cultivateurs Technique Sous Autoconsommation ancienne 6 50 25kg 1250kg alimentation 79%et 21% à la Bas vente Nouvelle Satisfaction 50% technique 6 50 50kg 2500kg des besoins autoconsommée et Hausse 50% à la vente Source : VALLUS, 1966, « Discours de la méthode du riz »,140 pages.

D’après le tableau n°26, VALLUS, un chercheur sur la riziculture, les avantages des techniques agricoles modernes sont beaucoup plus grands par rapport à ceux des pratiques traditionnelles. Cette comparaison peut inciter les paysans aux progrès. En Imady, les informations sur ces avantages sont déjà intégrées par les techniciens locaux mais il s’agit d’identifier pourquoi les paysans n’arrivent pas à pratiquer ce nouveau système (enquête personnelle). Exemple, les études affirment que la maîtrise de l’eau est très difficile en Imady car cette nouvelle technique nécessite un équilibre entre la submersion de l’eau et les plants.

101 Schéma 3: Les avantages de l’amélioration des techniques agricoles

Amélioration des techniques agricoles

Augmentation de Surplus agricole

rendement agricole

Sécurité alimentaire Possibilité de l’ouverture des marchés extérieurs

Changement de dépense Augmentation de la des ruraux demande intérieure (pouvoir d’achat)

Augmentation des dépenses sociales (santé, Amélioration du marché éducation, logement, intérieur sécurité)

Hausse du niveau de vie

Source : auteur, juillet 2007

 Les solutions proposées par l’Etat malgache. Le développement rural est un des axes stratégiques dans le programme de l’Etat malgache depuis longtemps car il est parmi les points clés pouvant nous faire sortir de la pauvreté. Alors, le gouvernement prend en charge la responsabilité des plans d’action pour améliorer les activités dans la campagne. Actuellement, ce développement rural est un des engagements de l’Etat dans l’application du MAP ou Madagascar Action Plan. Le MAP est un programme de l’Etat

102 malgache dans le but de réduire le taux de la pauvreté de moitié dans cinq ans. Ce MAP est déjà en application cette année 2007 et se termine en 2012. La suggestion du présent mémoire consiste à organiser au niveau local à Imady le suivi des actions MAP au même titre que les actions de vulgarisation. L’exemple consiste à assurer l’extension de l’institution de micro-finance comme le CECAM et à mettre en place un Fonds Local de Développement Agricole (FLDA) 44 . Le Ministère des Finances et le premier responsable au niveau local pour les projets qui répondent aux besoins de la population rurale. Parmi les défis du MAP figurent aussi la révolution verte, la promotion des activités orientées vers le marché et l’accroissement de la valeur ajoutée. Ces défis sont engagés par le Ministère de l’Agriculture. Pour cela, l’Etat travaille avec des organismes non gouvernementaux et les projets pour harmoniser ce développement. Avec ses projets d’action, l’Etat intègre localement sa fonction. Autrement dit le développement de l’agriculture à Madagascar se base sur l’étude des Fokontany. L’Etat a aussi mis en place la Direction Régionale de Développement Rural (DRDR) afin de coordonner et d’assurer le développement agricole dans chaque région. Il a pris la place du Groupement de Travail pour le Développement Régional (GTDR). Cela est fait pour que les paysans puissent exporter leur production. Définitivement, la stratégie actuelle pour le développement agricole consiste à orienter l’approche de la riziculture afin d’atteindre les objectifs du MAP. Dans la Commune Rurale d’Imerina Imady, il y a déjà des programmes des ONG et des projets qui ont participé et travaillé avec la commune depuis les années précédentes mais les données utilisées dans le présent mémoire datent de 2004. En 2004, le PCD ou Plan Communal de Développement a pour objectif général d’améliorer les moyens de production. Pour cela, les grands axes sont la construction d’infrastructures hydro-agricoles, la réhabilitation de barrages et l’électrification dans le but de promouvoir l’économie rurale. Dans le domaine environnemental, le but est de lutter contre l’érosion en aménageant le tanety . Alors en Imady, la difficulté sur ces problèmes est réduit actuellement même s’il y en a encore. Il y a aussi des organismes comme la Caisse d’Epargne et de Crédit Agricole Mutuel (CECAM) qui ont travaillé longtemps à Imady et continue jusqu’ à maintenant à octroyer des crédits financiers aux paysans. A ceci s’ajoute l’ONG « Tefy Saina » qui a pour but principal de développement rural.

44 L’Etat malgache. MAP. 2007-2012 (Madagascar plan action).

103

IX.2. Les perspectives d’avenir de la riziculture en Imady

L’objectif de la commune depuis 2004 jusqu’à l’horizon 2010 est de créer toutes les conditions servant à une économie stable et une vie harmonieuse de la population (enquête au niveau de la commune). La Commune prendra en charge la couverture alimentaire de la population, c’est- à -dire satisfaire les besoins alimentaires de la famille à travers un début de professionnalisation du métier de l’agriculture. L’organisation de la filière riz conjuguée avec l’amélioration des connaissances techniques et gestionnaires des producteurs sera au centre de la formation de la population pour le développement de la commune. La Commune aura un réseau suffisant pour subvenir aux besoins durables de la population: le réseau de communication aidera à la fluidité de la circulation des produits en même temps que l’approvisionnement de la commune. Ces axes stratégiques sont alors les sources du développement rural afin de préserver l’environnement et promouvoir la gestion rationnelle des espaces. Son objectif est d’augmenter la production agricole de 10% par an, de relier des pistes praticables toute l’année.

Bref, la coordination assurera l’harmonisation des solutions recommandées. L’ensemble des solutions identifiées par les paysans, les organismes et l’Etat sera intégré dans l’approche stratégique, recommandée dans le schéma n°3. En somme, le présent mémoire recommande la création d’une vision commune du problème principal et de la solution entre les paysans et les agents des différents niveaux sur la base de l’arbre de problèmes et de l’arbre de solutions suivantes :

104

Schéma 4: Arbre de problèmes et arbre de solutions

SRA / SRI Imady un pôle rural de Peu adoptés développement basé sur le riz

Surplus non Synergie entre Surplus augmenté et Initiatives paysannes profitable à la paysans et investi dans la filière non valorisées filière riz techniciens riz

Intégration des cultivateurs de riz Absence de diagnostic commun dans le Plan Communal de Développement

Source : Auteur, juin 2007

Pour conclure la troisième partie, le riz étant un aliment non remplaçable à Imady comme dans tout Madagascar, les solutions aux problèmes portent à la fois sur le plan physique et humain. La coordination consiste à appuyer les paysans pour trouver des solutions et les aider à couvrir les besoins quotidiens. La stratégie recommandée est l’intégration des cultivateurs de riz dans le Plan Communal de Développement. Mais la création de la vision commune entre les différents acteurs rizicoles dépend de l’Etat, donc de la création du suivi local du MAP. Les efforts fournis par les paysans comprennent l’utilisation du repiquage en ligne avec des semences améliorées. Par ailleurs, certaines techniques comme l’utilisation du matériel végétal pour la fumure organique sont ignorées. Le riz étant la base de l’alimentation de la population malagasy, l’autosuffisance alimentaire et l’amélioration de la condition de vie des ménages ne peuvent être réalisées que si les efforts sont mis en commun. C’est le résultat attendu de l’intégration des paysans au plan communal de développement et du suivi local du MAP.

105 CONCLUSION GENERALE

Imerina Imady est un sous espace du District d’Ambositra, caractérisé par des montagnes surplombant des vallées étroites. Cette région a un climat tropical d’altitude marqué par deux saisons bien distinctes : l’une chaude et humide, commence au mois de novembre et se termine au mois de mars. L’autre fraîche et sèche, débute au mois d’avril et s’arrête au mois de novembre. L’altitude moyenne est de 1300m. C’est à partir des ces conditions physiques que les populations font la mise en valeur agricole. Parmi les activités agricoles les plus dominantes en Imady figure la riziculture. En Imady, elle constitue une activité évoluée dans le temps et dans l’espace. Cette évolution est réglée par les aléas du milieu naturel comme le climat. En effet, la surface rizicole exploitable y est réduite. Avec une telle réduction des surfaces, les rendements sont limités également. Malgré cela, les paysans s’efforcent de cultiver le riz avec tous leurs moyens. En général, deux types de riziculture peuvent être distingués en Imady: la riziculture traditionnelle et la riziculture moderne. Cette dernière comprend le système de riziculture améliorée (SRA) et le système de riziculture intensive (SRI). Les productions rizicoles permettent aux paysans d’avoir des revenus et des nourritures par jour. De ce fait, le niveau de vie des paysans de l’échantillon a été regroupé en trois catégories bien distinctes : - Les propriétaires de surfaces rizicoles supérieures à 100 ares ont des surplus comme bénéfices sur leur production par an. Ils sont considérés comme riches. - Les paysans qui ont des surfaces rizicoles entre 50 à 100 ares et dont la production par an sont relativement suffisants pour leurs besoins. Ils sont des paysans moyens, c'est-à-dire ils ne sont ni riches ni pauvres. - La troisième catégorie est les paysans pauvres qui ont des surfaces rizicoles inférieures à 50 ares. Leur production en riz ne couvre pas les besoins annuels. Les paysans riches qui se trouvent dans la première catégorie ont un poids social important et représentent 12.5% de l’échantillon. Leurs activités agricoles vont de pair avec les activités commerciales et leur procurent des revenus considérables. La filière riz en Imady présente des rendements relatifs avec la faiblesse des surfaces exploitables, des conditions naturelles défavorables et des matériels d’exploitation encore traditionnels. Bref, si on veut produire plus du riz et développer le sous-espace d’Imady, une stratégie d’amélioration des techniques culturales est nécessaire comme facteur de base de développement. L’intégration des cultivateurs de riz au suivi du plan communal de

106 développement et du MAP est aussi nécessaire car cela peut apporter des aides aux paysans. Cette condition rendra la coordination entre paysans et techniciens plus efficace. Le surplus rizicole sera augmenté et ceux qui ont des épargnes pourront investir avec confiance dans la filière riz et dans la formation des ressources humaines rizicoles.

107 BIBLIOGRAPHIE

I-OUVRAGES GENERAUX

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II-OUVRAGES SPECIFIQUES

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21. RANDRIANARISOA J. M. E. 1980-1983. « Le mouvement des mains d’œuvre agricole à Madagascar, cas de la migration saisonnière betsileo au lac Alaotra ». Mémoire. de maîtrise à l’ESSA.

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29. SERVICE DE LA STATISTIQUE AGRICOLE .1982. « Le secteur rizicole à Madagascar : essai vers une future stratégie et une nouvelle dynamique ». 30. Système d’information rurale et de sécurité alimentaire (SIRSA) bulletin mensuel n°6.2006. " Région Amoron’i Mania " 31. TATAGERA O. 2005. Projet de mise en place d’une société rizicole dans la commune rurale de Marovoay » mémoire de maîtrise de gestion à la Faculté DEGS, 110pages.

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III-SITE INTERNET

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12. www.unctad.org /infocomm/français/riz/culture.htm.

112

TABLE DES MATIERES

REMERCIEMENTS ------i SOMMAIRE ------ii LISTE DES TABLEAUX------v LISTE DES PHOTOGRAPHIES ------vi LISTE DES CROQUIS------vii LISTE DES SCHÉMAS------vii LISTE DES ABREVIATIONS------viii GLOSSAIRE ------ix RÉSUMÉ ------x INTRODUCTION GENERALE ------1 PREMIÈRE PARTIE :------7 UN MILIEU NATUREL FORTEMENT HUMANISÉ ------7 Chapitre I : DES CONDITIONS NATURELLES TYPIQUES DES HAUTES TERRES CENTRALES ------8 I.1 Un relief tourmenté------8 I.1.1 Une alternance de montagnes et de vallées------8 I.1.2 Une structure géologique marquée par un substratum granitique------12 I.2 Un climat tropical d’altitude à deux saisons contrastées------14 I.2.1 Le régime mensuel des pluies ------14 I 2.2 Le régime annuel des pluies ------17 I.3 La formation végétale dégradée et les sols ferralitiques rouges d’Imady ------18 I.3.1 Une couverture végétale dégradée------18 I.3.2 Les sols ferralitiques rouges ------20 I.4 Le réseau hydrographique lié au régime climatique------21 Chapitre II- CARACTERISTIQUES DEMOGRAPHIQUES ET CONDITIONS SOCIOCULTURELLES ------23 II.1 Analyse de l’explosion démographique en Imady------23 II.1-1 Historique du peuplement d’Imerina Imady ------23 II.1.2 Les caractéristiques démographiques de la population ------25 II.2.La répartition spatiale de la population------26

113 II.2.1 L’inégale répartition et la densité de la population------26 II.2.2 Les espaces habités ------28 II2.2.1 Les caractéristiques de l’habitat ------28 II.3 Les conditions socioculturelles ------29 II.3.1 Les us et les coutumes betsileo------30 II.3.2 Les aspects sociaux ------31 Chapitre III- ACTIVITES NON RIZICOLES, INFRASTRUCTURES ET VOIES DE COMMUNICATION ------32 III.1.Les activités non agricoles : des activités complémentaires de la riziculture-----33 III.1.1 Un élevage peu développé ------33 III.1.2 L’artisanat : une activité presque inconnue en Imady ------34 III .1.3 Les activités commerciales : création de marché local dynamique ------34 III.2. Les infrastructures de base : des équipements sociaux très importants ------35 III.2.1 Les infrastructures scolaires ------35 III. 2 .2 Les infrastructures médico-sanitaires------36 III.3 Des voies de communication relativement développées------36 DEUXIÈME PARTIE :------38 LA RIZICULTURE, UNE ACTIVITE DOMINANTE DANS LE MONDE RURAL D’IMERINA IMADY ------38 Chapitre IV: LA CULTURE DU RIZ : PRINCIPALE ACTIVITE DANS LE BETSILEO NORD------39 IV.1 Aperçu général sur la riziculture à Madagascar------39 IV.1.1 Historique du riz et de la riziculture à Madagascar ------39 IV.1.2 Les variétés du riz à Madagascar ------40 IV.2. La valeur de la riziculture dans le pays du Betsileo nord------42 IV.2.1. Le dynamisme des Betsileo en riziculture ------42 IV.2.2.Les caractéristiques des ménages et des exploitations rizicoles------43 IV.2. 3 Diversification des matériels utilisés ------43 Chapitre V- DES PAYSAGES RIZICOLES A L’IMAGE DU DYNAMISME DES BETSILEO ------45 V.1 La riziculture de bas fonds, un terroir ancien et prédominant ------47 V.2. La riziculture en terrasse, caractéristique du Betsileo------49 V.3 Des terroirs de culture de contre saison et de culture pluviale complémentaires de la riziculture ------51

114 V.3.1 Les terroirs de cultures de contre saison sur rizières------51 V.3.2 Les terroirs de culture pluviale gravissant les pentes ------54 Chapitre VI LES SYSTEMES DE PRODUCTION RIZICOLE TRADITIONNEL ET MODERNES (SRA et SRI)------57 VI.1 Le mode d’appropriation originelle de la terre et le mode de faire valoir correspondant ------58 VI .1.1 L’acquisition primitive de la terre ------58 VI .1.1.1 Le droit de la première occupation ------58 VI .1.1.2 Rareté de l’achat de la terre------58 VI .1.1.3 La reconnaissance foncière coutumière------59 VI.1.2 Le mode de faire valoir, base des relations socio-juridiques ------59 VI1.2.1Le mode de faire valoir direct : exploitation dominante en Imady------59 VI.1.2.1 Le mode de faire valoir indirect : le métayage et le fermage------60 VI.2.Le système de riziculture traditionnelle------62 VI.2.1. 1.Le calendrier cultural du système de riziculture traditionnelle (SRT)-62 VI.2.1.2 Préparation de la pépinière ------64 VI.2.1.3 Préparation du sol et repiquage ------65 VI.2.1.4 Rôle de la technique de submersion ------67 VI.3. Les nouveaux systèmes de riziculture : le SRA et le SRI------67 VI.3.1 Le Système de Riziculture Amélioré (SRA) : un système reconnu mais peu pratiqué------67 VI.3 1.1 Le calendrier cultural------68 VI.3.1.2 Aménagement de la pépinière ------69 VI.3.2.Le système de riziculture intensive: un système en cours de lancement en Imady------71 VI.3.2.1 Les principes du SRI ------72 VI .3.2.2 Premier principe : repiquage de plants de 6 à 14 jours ------72 VI 3.2.3 Deuxième principe : large espacement des plants individuels ------73 VI .3.2.4 Troisième principe : sarclages précoces ------74 TROISIÈME PARTIE :------76 LES ENJEUX ------76 DE LA RIZICULTURE ------76 A IMERINA IMADY ------76

115 Chapitre VII. LA RIZICULTURE : SOURCE RELATIVE DE DEVELOPPEMENT HUMAIN ET INDICATEUR DE POTENTIALITES ECONOMIQUES ------77 VII.1 Le riz : nourriture et source de revenus de la population ------77 VII 1.2 La destination de la production de riz------81 VII .1.3.Evaluation de la production de riz ------84 VII.2 Les activités rizicoles : source d’amélioration potentielle du niveau de vie des paysans ------87 VII.2.1.Classification du niveau de vie des paysans à partir de la surface exploitée ------87 VII.2 .2.Classification du niveau de vie des paysans à partir des bénéfices :------88 VII.3 Influence omniprésente de la riziculture sur l’ensemble de la zone ------88 VII.3.1.La riziculture, créatrice de flux de biens et d’argent à tous niveaux------89 Chapitre VIII. LES PROBLEMES LIES AU DEVELOPPEMENT DE LA RIZICULTURE EN IMADY------90 VIII .1.Les contraintes physiques contournables ------91 VIII .1.1.Les contraintes de climat et d’eau ------91 VIII .1.2 Des problèmes de sol de plus en plus graves------92 VIII .1.3 Le lavaka : ses aspects, son origine naturelle et anthropique ------93 VIII.2 Les problèmes économiques et humains face au développement de la riziculture ------96 VIII.2.1 Des problèmes fonciers latents ------96 VIII.2.2 La difficulté sur le plan économique lié au développement de la riziculture ------97 VIII.2.2.1 Les problèmes financiers ------97 VIII.2.2.2 Les problèmes de disponibilités de l’équipement agricole ------97 VIII.2.2.3 Les problèmes sociaux ------97 Chapitre IX -LES SOLUTIONS ADOPTEES FACE AUX DIFFERENTS PROBLEMES DE LA RIZICULTURE ET PERSPECTIVES D’AVENIR ------98 IX.1.Les diverses solutions adoptées ------98 IX.1.1.Les solutions prises par la population locale pour augmenter les rendements ------99 IX.1.2.Solutions proposées par les techniciens------100 XI.1.3. Les solutions proposées par les chercheurs et l’Etat malgache------101 IX.2. Les perspectives d’avenir de la riziculture en Imady------104

116 CONCLUSION GENERALE ------106

117

ANNEXES ANNEXE I : QUESTIONNAIRE

A-QUESTIONNAIRE D’ENQUETE VILLAGE : - Date d’enquête - Historique du village ou hameau ou chef de village : pourriez-vous raconter l’histoire du village ? son origine ? B-QUESTIONNAIRE D’ENQUETE MENAGE : I- Renseignement sur la personne - Nom et prénoms - Nombre d’enfants : fille, garçon - Fokontany - Habitat : en terre battue, autre - Toit : tôle, bozaka, autre II- Renseignement sur les activités de base 1-Quellles sont les cultures que vous pratiquez (riziculture, culture pluviale, culture de contre saison) ? 2-Quel type de riziculture pratiquez-vous ? (Riz de bas fond, riz de versant) 3-Quel est votre mode de repiquage (en foule, en linge) 4-Pratiquez-vouz le SRI ou SRA ? 5-Sur les productions, vous avez eu combien de vata par an ? Et comment s’effectue votre mode de production ? (Faire valoir direct, métayage, fermage) 6- Quel type de fumure utilisez-vous (organique ou minérale) ? 7- Questions sur la technique : Les outils utilisés ? Faites-vous appel à l’entraide ? Utilisez-vous une main d’œuvre salariée ? 8- Système de production : Rotation culturale Amélioration des cultures Quels problèmes rencontrez-vous pour l’agriculture ? 9- Destinations de production : Consommation, vente Quelle quantité de production avez-vous récoltée ? Quelle est la quantité qui tourne à l’autoconsommation ? Avez-vous vendu des produits ? A quel moment en avez-vous vendu ? Combien était le prix par kilo et/ ou kapoaka ? 10-Bilan financier : -recette -dépense 11-Quelles sont vos activités à part la riziculture (artisanat, commerce, fonction publique)? 12-A quel moment avez- vous fait ces activités ? (Quantité des productions et leurs destinations)

1 Tableau de données sur l’agriculture : N° de Taille de Superficie Superficie Superficie Superficie Les Mode de Rendement ménage ménage rizicole de culture de culture de culture matériels faire pluviale maraîchère de contre utilisés valoir saison C-QUESTIONNAIRE COMMUNAL 1-Date d’enquête 2-Nom et prénom du maire 3-Quelle est la superficie de la commune ? Quel est le nombre de Fokontany ? 4-Quel est le nombre de la population ? Taille du ménage ? La population active du secteur primaire, secondaire et tertiaire ? 5-Quel est le nombre des écoles publiques (primaire et secondaire) ? 6-Quel est le nombre des écoles privées 7-Taux de scolarisation de la commune 8-Quel est le nombre de CSBII ? 9-Etat de santé de la population 10-Taux de natalité, de mortalité, et causes 11-Surface agricole utile en hectare 12- Surface agricole utilisée en hectare 13-Existe-il des ONG, si oui quels sont les rôles et ses objectifs ? 14-Quelle est la superficie utilisée en riziculture : Bas fonds Versant Technique utilisée Rendement 15-Autres types de culture (culture pluviale) 16-Autres types d’activités qui dominent dans la commune ? 19-Existe-il des projets de développement dans la région ? 20-Est ce qu’il y a un moyen de protéger l’environnement ?

2 ANNEXE II : LES TYPES DE CULTURE DE RIZ

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ANNEXE III : PRESENTATION DE LA REGION AMORON’I MANIA: LE SECTEUR DE L’AGRICULTURE (SOURCE PCDR DE LA REGION AMORON’IMANIA )

Une agriculture essentiellement vivrière et dominée par la riziculture :

La superficie des cultures vivrières représente 98 % des surfaces totales cultivées dans la région. La riziculture arrive en tête avec 44%. Elle est suivie de loin par les cultures du manioc (14%), du maïs (12%), de patate douce (10%) et de haricot (8%).

Région globalement déficitaire en riz de consommation :

La production de paddy s’est pratiquement stabilisée à environ 100.000 tonnes par an au cours des huit dernières années. Quant au rendement, la tendance enregistre une baisse de 2,73t/ha en1996 à 2,17 t/ha en 2003 : soit une diminution de l’ordre de 0,56t/ha en huit années. Le niveau d’autosuffisance en riz est bien au dessous des besoins pour tous les districts. Le manque à gagner a été estimé à 43 800 tonnes de paddy en 2001 dont 24 000 tonnes pour le seul district d’Ambositra.

Potentiel en agriculture vivrière commercialisable non suffisamment exploité :

Les excédents en paddy (déjà une réalité dans certaines communes de la sous région occidentale) pourraient être globalement atteints à partir d’un seuil d’amélioration de la production rizicole de : 17% pour le district d’Ambatofinandrahana. La pomme de terre et le maïs constituent actuellement des sources importantes de revenus, dans la mesure où les productions sont vendues en majorité en dehors de la région. L’existence de cette demande à l’exportation est une opportunité à saisir. En agriculture pluviale de diversification sur tanety, le district d’Ambatofinandrahana possède d’immenses potentialités (superficie d’extension, fertilité des sols) en culture de maïs, de manioc, des légumineuses à graines (haricot, arachide) ou autres productions végétales non conventionnelles dont les opportunités restent à trouver.

Des avantages comparatifs sous régionaux en agriculture de rente :

Pour le district d’Ambatofinandrahana (rappel des tendances évoquées plus haut), ce sont les activités agricoles sur des grands espaces : • la production de paddy sur rizières (riziculture irriguée) et tanety (riz pluvial) • la diversification en cultures sèches sur tanety

Pour les districts d’Ambositra, Fandriana, Manandriana et les bassins rizicoles de Soavina - :

• les activités agricoles à haute valeur ajoutée et/ou haute intensité de main d’œuvre : les cultures de contre saison sur rizières telles que la pomme de terre, le haricot, et le maraîchage • l’arboriculture comme la caféiculture (arabica, existence de demande à l’exportation) et les arbres fruitiers

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