Le vendredi 4 septembre 1992 Vol. 32 - No 45 Débats de l'Assemblée nationale

Table des matières

Affaires du jour 3161 Projet de loi 44 - Loi modifiant la Loi sur le processus de détermination de l'avenir politique et constitutionnel du Québec Reprise du débat sur l'adoption du principe M. 3161 M. Roger Paré 3163 M. Gaston Blackburn 3167 M. Richard B. Holden 3169 M. Charles Messier 3171 M. Guy Chevrette 3173 M. Marc-Yvan Côté 3176 M. Michel Bourdon 3180 M. Robert LeSage 3183 M. JeanGaron 3185

Décision du député de Drummond, M. Jean-Guy St-Roch, de siéger comme indépendant 3189

Nouveau diagramme de l'Assemblée 3189

Affaires courantes 3189 Questions et réponses orales 3189 Poursuite des négociations sur les propositions constitutionnelles du 28 août 1992 3189 Revendications du Québec au sujet du partage des pouvoirs 3192 Ajout de ressources financières pour augmenter la sécurité du transport scolaire 3194 Engagement du gouvernement à assurer la vitalité et le développement des minorités au Québec 3195 Pouvoirs du Québec en matière de gestion de la main-d'oeuvre et de l'assurance-chômage 3196 Respect des règles démocratiques du Québec pour le financement du référendum du 26 octobre 1992 3197

Avis touchant les travaux des commissions 3198

Affaires du jour 3198 Projet de loi 44 - Loi modifiant la Loi sur le processus de détermination de l'avenir politique et constitutionnel du Québec Reprise du débat sur l'adoption du principe M. André Bourbeau 3198 M. Gérald Godin 3201 M. Gordon Atkinson 3203 M. Yvan Bordeleau 3204 M. François Gendron 3206 M. Neil Cameron 3210 M. Jacques Parizeau 3212 Mme Madeleine Bélanger 3215 M. Denis Lazure 3218 M. Ghislain Maltais 3221 M. Yves Biais 3222 M. Denis Perron 3225 M. André Boulerice 3228 M. Réjean Doyon 3232 Mme Jocelyne Caron 3235 M. Pierre Bélanger 3237 M. André Boisclair 3241 M. Gil Rémillard (réplique) 3244

Ajournement 3247

Annexe Liste des membres de l'Assemblée nationale

Courrier de deuxième classe - Enregistrement no 1762 Dépôt légal Bibliothèque nationale du Québec ISSN 0823-0102 3161

(Dix heures huit minutes) canadien apparaissaient plutôt minces. On parlait volontiers d'options plus radicales. Il devenait de Le Vice-Président (M. Lefebvre): Si vous plus en plus courant, dans les milieux qui suivent voulez vous asseoir, mesdames et messieurs les ces questions de près, de penser que les choix du députés, s'il vous plaît. Québec devraient dorénavant se résumer à deux choix majeurs: soit le renouvellement du fédéra- Affaires du jour lisme canadien, soit la souveraineté, c'est-à-dire l'indépendance politique. Le rapport de la com- Nous reprenons les travaux de l'Assemblée, mission Bélanger-Campeau le disait clairement, et ce vendredi 4 septembre, à l'étape des affaires le premier ministre du Québec, dans l'addendum du jour. À l'article 1 de notre feuilleton, l'As- qu'il avait inséré au rapport, indiquait clairement semblée reprend le débat sur l'adoption du que nous devions rechercher avec loyauté les principe du projet de loi 44, Loi modifiant la Loi perspectives d'avenir suivant ces deux voies sur le processus de détermination de l'avenir majeures. politique et constitutionnel du Québec. Je suis Nous savons tous qu'au cours des derniers prêt à reconnaître le premier intervenant, à mois le chef du gouvernement n'a cessé de rap- savoir M. le ministre des Affaires municipales. M. peler que le premier choix de son gouvernement le ministre, vous avez droit à une intervention favorisait nettement la recherche d'un avenir de 20 minutes. plus intéressant et plus solide pour le Québec à l'intérieur d'un système fédéral canadien renou- Projet de loi 44 velé qu'à l'extérieur, c'est-à-dire dans la voie d'une aventure dont personne n'est en mesure de Reprise du débat sur l'adoption du principe définir toutes les implications éventuelles. Le premier ministre l'a rappelé à maintes M. Claude Ryan reprises. Combien de fois nous l'avons entendu dans cette Chambre et sur toutes sortes de M. Ryan: M. le Président, l'adoption par tribunes? Il a rappelé que c'était la première l'Assemblée nationale de la loi 150 prévoyant la option de son gouvernement. Que, dans ce tenue d'un référendum au plus tard le 26 octobre contexte, le gouvernement se soit employé, au 1992 remonte déjà à plus d'un an. Mais il s'est cours des derniers mois, à multiplier les contacts produit, depuis ce temps, des événements très et les échanges avec les autres gouvernements importants qui nous obligent à revoir non pas canadiens et avec les différents milieux qui l'objectif même d'une consultation populaire sur forment la société québécoise et la société l'avenir politique du Québec, mais le sujet précis canadienne, afin d'explorer les perspectives sur lequel doit porter cette consultation. d'amélioration du système politique canadien, je Selon la loi 150, le référendum devait en pense qu'il faudrait être absolument coupé de la effet porter sur la souveraineté du Québec, mais réalité pour lui en tenir le moindre grief. En en vertu du projet de loi 44 que nous débattons agissant ainsi, le gouvernement du Québec a présentement, la consultation populaire porterait exercé la responsabilité qui lui incombait et plutôt sur l'entente constitutionnelle survenue en accompli le mandat qu'il avait obtenu de la août 1992 entre les gouvernements provinciaux et population en 1989. le gouvernement fédéral en vue du renouvelle- Il est vrai que, dans la loi 150, l'objectif ment du fédéralisme canadien. Certains soutien- était de tenir un référendum sur la souveraineté, dront que ce changement trahit l'intention c'est-à-dire sur l'indépendance politique complète exprimée il y a un an par la commission Bélan- du Québec, mais il a toujours été clair dans mon ger-Campeau et l'Assemblée nationale. Je sou- esprit et, je pense bien, dans l'esprit de mes tiens, au contraire, que cette modification, tout collègues de l'Assemblée nationale, que la loi 150 en étant fidèle aux orientations sans cesse avait été conçue de cette manière afin d'indiquer reprises par le gouvernement jusqu'à ce jour, sans ambiguïté une date limite au-delà de fournira également à la population du Québec laquelle, en l'absence de perspectives satisfaisan- l'occasion de se prononcer directement sur les tes dans le cadre de l'option fédéraliste, il fruits des négociations intensives qui se sont faudrait être prêt à inviter la population à se poursuivies au cours des dernières semaines sur prononcer sur l'option plus radicale de l'indépen- la modification de notre système fédéral. dance politique. Pour mesurer la portée du projet de loi 44, (10 h 10) il faut d'abord évoquer brièvement le contexte C'est ça qui était le vrai sens de la loi 150. dans lequel fut adoptée la loi 150. À cette Si, au 26 octobre 1992, il n'y avait rien d'autre époque, le Québec demeurait profondément blessé à envisager, nous étions liés par la loi 150 à un à la suite du rejet de l'accord du lac Meech. Les engagement de consulter la population sur la perspectives de renouvellement du fédéralisme souveraineté du Québec, mais il était clair, pour 3162 qui lisait la loi attentivement et tous les atten- du fédéralisme canadien sur un grand nombre de dus qui l'accompagnent, que, dans l'hypothèse où sujets. les perspectives positives de renouvellement du Les pourparlers entre les chefs de gouver- fédéralisme canadien seraient réalisées avant le nement n'ont certes pas réglé tous les problèmes. 26 octobre 1992, il faudrait bien que la popula- Personne n'a cette prétention. Ils ont cependant tion en soit saisie. produit des améliorations nettes et substantielles Or, c'est ce qui est arrivé. Fidèle à l'orien- dont nous devons prendre acte dans cette tation profonde du parti qu'il représente dans Chambre. Je les résumerai brièvement, les gains cette Chambre, le gouvernement s'est appliqué, que nous accomplissons. J'aurai l'occasion, dans au cours des derniers mois, à explorer sincère- d'autres circonstances, d'élaborer davantage sur ment et loyalement toutes les avenues possibles des points qui relèvent davantage de ma com- de renouvellement du fédéralisme canadien. Tout pétence immédiate, des gains que nous faisons en s'abstenant, jusqu'à ces derniers temps, de dans le secteur de l'habitation, par exemple. participer à des négociations formelles avec les Nous aurons l'occasion d'en parler. autres gouvernements, il n'a cessé de maintenir Je voudrais évoquer brièvement les gains des contacts avec eux, de discuter, d'échanger, majeurs que nous faisons à la lumière d'un de brosser des perspectives de solution possibles. résumé que donnait, il y a quelque temps, le Il s'est montré disposé à échanger en tout temps président du Regroupement Économie et Consti- avec tout interlocuteur sincère et capable d'agir. tution, M. Claude Beauchamp. Alors, parmi les À mesure que le temps s'écoulait et que l'on se gains qui découlent de l'entente constitutionnelle rapprochait de l'échéance définie par la loi 150, d'août 1992, relevons les suivants. D'abord, la on a vu les échanges se faire plus directs, plus reconnaissance claire et nette de la société concrets, plus constructs aussi et, je dirais, distincte du Québec dans une clause qui servira à plus vrais et plus réels. interpréter la Constitution. Deuxièmement... Oui, Je suis très heureux que, dans le reste du puis nous vous le prouverons en temps et lieu. pays, on ait constaté que cette échéance fixée Deuxièmement, un droit de veto, un droit de par le Québec n'était pas une échéance fictive ou veto sur tous les transferts de pouvoirs provin- artificielle, mais qu'elle signifiait quelque chose. ciaux qui pourraient se faire en faveur du Ce n'est qu'après s'être assuré qu'il y aurait Parlement fédéral, avec droit de retrait pour le vraiment des propositions concrètes à examiner Québec, compensation financière assurée. Ça, que le premier ministre décidait, il y a quelques c'est un point qui était dans l'accord du lac semaines, de revenir à la table de négociation Meech, qui est confirmé dans l'entente cons- avec les autres chefs de gouvernement du titutionnelle du mois d'août. Canada. En acceptant de revenir à la table de Troisièmement, un droit de veto sur la négociation, le premier ministre faisait un geste formule d'amendement à la Constitution. On ne très important. D'une part, il prenait un risque pourra plus à l'avenir modifier la Constitution du considérable. Il risquait de se retrouver, comme Canada sans que le Québec ait donné son con- c'est arrivé souvent dans le passé à d'autres sentement. Il n'y aura plus de possibilité de chefs du gouvernement du Québec, en face répétition de ce qui s'est produit en 1982. Un d'interlocuteurs incapables de comprendre les droit de veto sur les changements aux institu- objectifs et les aspirations du Québec. À ce tions nationales que sont la Chambre des com- moment-là, il aurait été obligé de revenir les munes, le Sénat et la Cour suprême; un veto des mains vides. Mais il faisait aussi, et je lui en sénateurs francophones sur les législations sais gré, un acte de confiance dont doivent être fédérales en matière linguistique et culturelle; un capables, dans les situations décisives, les chefs minimum assuré à perpétuité de 25 % des sièges politiques éclairés et généreux. à la Chambre des communes, peu importe l'évolu- La politique est très souvent un lieu où l'on tion démographique qui se produira. En matière assiste à des calculs sordides, des calculs où de pouvoirs, des ouvertures importantes sur chacun essaie de s'enrichir aux dépens de l'autre, plusieurs secteurs. On peut minimiser, de l'autre souvent au détriment du bien général. Mais la côté de la Chambre, les ouvertures dans le politique peut aussi être, lorsque les chefs domaine de la formation et du placement de la politiques le veulent, un lieu où l'on procède à main-d'oeuvre, mais je pense qu'on ouvre, de ce des échanges sincères et loyaux en vue de la côté-ci, des perspectives extrêmement importan- recherche d'un bien supérieur. C'est dans cet tes pour l'avenir. esprit que M. Bourrassa est allé à la rencontre La constitutionnalisation éventuelle de l'ac- des autres chefs de gouvernement du Canada. cord sur l'immigration est également un pas si- C'est dans cet esprit, nous a-t-il rapporté, qu'il gnificatif. Et je mentionne encore une fois qu'en a été accueilli par ses collègues des autres matière de logement, le gouvernement fédéral provinces et du gouvernement fédéral. C'est contracte chaque année, seulement dans le sec- également dans cet esprit de dialogue et de teur du logement social, des engagements de recherche du bien supérieur de tout le Canada plus de 500 000 000 $ qui permettent de donner qu'il a négocié avec ses collègues une nouvelle à des foyers, vivant dans des conditions écono- entente entraînant le renouvellement substantiel miques difficiles, une habitation convenable. 3163

Bien, si l'accord se réalise, est confirmé par la fédéral, le gouvernement du Québec pourrait se population, cette responsabilité et les sommes qui retirer de cet amendement-là et dire: Nous l'accompagnent devront être dévolues au Québec. conservons notre compétence, et exiger la part Nous aurons le droit de le réclamer, et le des dépenses qu'encourrait le gouvernement gouvernement fédéral devra tenir compte de la fédéral qui devrait être transférée au gouverne- volonté exprimée par le gouvernement du Québec. ment du Québec. Il y a bien d'autres éléments de l'entente Alors, en vertu de cette entente-là, nous qui seront soulignés par d'autres intervenants avons un contrôle sur toute modification éven- dans ce débat, mais la question qui se pose à tuelle à l'équilibre constitutionnel canadien. nous, aujourd'hui, M. le Président, est la suivan- Deuxièmement, nous disposons d'une règle plus te: Devant des résultats comme ceux-là, est-ce souple pour les cas où le reste du pays voudrait qu'il serait sérieux et logique de procéder se donner certaines modifications qui répon- directement à un référendum sur la souveraineté, draient à ses besoins. Je comprends, quand on a alors que l'option préférentielle du gouvernement, une province comme l'île-du-Prince-Édouard, par qui représente la majorité de la population dans exemple, ou Terre-Neuve, qu'elles n'ont pas la cette Chambre, en vertu d'un mandat légitime, population, elles n'ont pas non plus les ressour- est le renouvellement du fédéralisme canadien? Je ces pour se doter de tous les services dont pense bien que nous avons le devoir, le devoir peuvent se doter des provinces comme l'Ontario strict de soumettre au jugement de la population et le Québec. Et moi, je comprends qu'elles l'entente qui a été conclue par les chefs de soient enclines à recourir au gouvernement gouvernement. Si nous allions faire un référen- fédéral pour un certain nombre de choses. Mais dum sur la souveraineté, qu'adviendrait-il de en retour, quand elles devront le faire et que le cette entente? Ça aurait été un exercice vain, un gouvernement fédéral pourra se sentir justifié exercice futile. Je pense qu'il suffit de poser la d'intervenir, nous autres, nous pourrons dire: question pour se rendre compte que non seule- Merci, non merci, nous sommes capables de faire ment nous avons le droit, mais nous avons le la tâche nous-mêmes et nous la ferons. devoir de procéder à une modification de la loi (10 h 20) 150 de manière que la population du Québec Si l'Opposition est capable de démontrer puisse être consultée sur les résultats des que ces affirmations que nous faisons sont négociations qui ont eu lieu au cours des der- fausses, nous écouterons volontiers sa démonstra- niers mois. Et ces résultats ouvrent la porte à tion. Mais si elle est incapable de le faire, elle des développements nouveaux. Ils ne règlent pas devra reconnaître, à son corps défendant, que tous les problèmes, comme je l'ai dit, mais ils nous avons enregistré des progrès considérables à nous donnent des garanties de fond dont nous l'aide de cette entente du mois d'août. Je suis avions besoin pour continuer de fonctionner à confiant que lorsque l'entente sera soumise au l'intérieur du système fédéral canadien. Ils nous jugement de la population du Québec, celle-ci ouvrent des possibilités de développement. saura reconnaître que sans fermer les voies de Et je mentionnerai seulement un exemple, l'avenir, sans fermer la porte à de nouvelles M. le Président. Là, nous avons obtenu que le améliorations éventuelles dont nul ne peut droit de veto que nous avions perdu, en grande prévoir, pour l'instant, la nature et la portée, partie à cause de l'imprudence extraordinaire l'entente nous donne les garanties de fond dont dont fit montre le gouvernement du Parti nous estimions avec raison avoir besoin pour québécois, en avril 1981, alors qu'il reconnaissait continuer de fonctionner avec confiance, sérénité le principe de l'égalité des provinces, il l'a et dans un esprit construct à l'intérieur du reconnu sous sa propre signature et, deuxième- système fédéral canadien. Merci, M. le Président. ment, sans mettre aucune nuance, sans consulter la Chambre. Je me souviens très bien, nous avons Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. été saisis de ça par les journaux. Le premier le ministre. Sur le même sujet, à savoir la ministre du temps, M. Lévesque, était allé signer motion proposant l'adoption du principe du projet ça un soir à Ottawa, sans en parler à personne. de loi 44, Loi modifiant la Loi sur le processus Là, nous l'avons restauré, le droit de veto. Il de détermination de l'avenir politique et cons- revient intégralement, mais nous aurons en plus, titutionnel du Québec, je cède la parole à M. le pour plusieurs modifications à l'avenir, la règle député de Shefford. Vous avez droit à 20 minu- du 7-50, qu'on appelle. tes, M. le député. Cette règle du 7-50, ça veut dire ceci: c'est que sur un grand nombre de sujets, il ne faudra M. Roger Paré pas l'unanimité de toutes les provinces pour procéder à une modification, il suffira de l'ac- M. Paré: Oui. Merci, M. le Président. Je cord de sept provinces, représentant plus de vais parler vite parce qu'il y a tellement de 50 % de la population. Mais si une décision était choses à dire là-dessus. Premièrement, ce qu'il prise en vertu de cette règle, transférant, par faut dire, c'est que le projet de loi 44, con- exemple, disons, la compétence en matière trairement à ce qu'on laisse entendre, ce n'est d'enseignement universitaire au gouvernement pas un petit changement, mais c'est un change- 3164 ment fondamental, majeur. Comme on dit en tente du lac Meech en 1987. L'entente du lac termes populaires: Ça vire bout pour bout! Parce Meech, encore une fois, c'est bon de le dire et que là, ce n'est plus un référendum sur la de se le rappeler, l'entente du lac Meech, c'était souveraineté, c'est tout à fait l'inverse, c'est un le minimum des minimums. Jamais le Québec référendum sur du fédéralisme renouvelé mais n'avait demandé si peu. Qui a dit ça? Encore une plus centralisateur qu'on n'a jamais connu. Et ça, fois, les premiers ministres actuels. Vous vous on y reviendra lorsqu'on étudiera la question et rappellerez de ça. Meech, c'était le minimum des les textes qui ont été déposés. Mais pour ce minimums. En bas de ça, c'est un recul, c'est matin, la loi 44, ce que ça dit - et c'est là- inacceptable. Et, pour moi, c'était déjà un recul, dessus qu'il faut discuter - maintenant, on va Meech; ce n'était pas suffisant pour pouvoir se s'entendre sur un référendum où la proposition développer dans tous les secteurs, social, écono- va être un nouveau fédéralisme centralisateur mique et culturel. par rapport à la souveraineté qui avait été Mais il y a eu l'entente. Première erreur proposée dans la loi 150. stratégique et de négociation du gouvernement Pour bien comprendre ce qui se passe, M. le libéral. En toute vapeur, on est réunis ici, à Président, il faut reculer en 1980 et arriver à l'Assemblée nationale, pour voter l'entente du lac aujourd'hui. Rappelons-nous, en 1980, les Québé- Meech en juin 1987. C'était urgent. Il fallait cois ont dit: non. Les gens d'en face, qui nous qu'on soit les premiers. Puis, ensuite de ça, disent aujourd'hui que c'est une bonne entente et bien, on a attendu les autres. Erreur stratégique. tout ça, n'oubliez pas, c'est les mêmes personnes C'est tellement une erreur stratégique que le qui nous disaient qu'un non veut dire un oui. Un ministre Rémillard, le ministre de la Justice non veut dire un oui, imaginez-vous! Rire du actuel, a dit: On ne se refera pas prendre une monde, c'est ça. Comment un non peut vouloir deuxième fois. Cette fois-ci, on sera les derniers dire un oui alors que c'est tout à fait l'opposé, à signer l'entente, parce qu'on s'est trompés la que c'est tout à fait contradictoire? Donc, on dernière fois. nous a fait accroire n'importe quoi, comme on Puis on l'avait dit: Ne faites pas de coup tente de nous en faire accroire encore aujour- vite, vous allez vous attacher comme une saucis- d'hui. se, puis vous allez être dépendants des autres Donc, on nous a dit: Un non veut dire un provinces; ne faites pas cette erreur. On l'a oui. Votez pour un non et vous allez voir, il va faite. Très mauvais négociateurs. Ça a commencé y avoir modification à l'avantage des Québécois. avec Meech, l'entente du lac Meech. Qu'est-ce qui s'est passé? Avançons toujours Nous, il fallait, en toute vitesse, à toute dans le temps. On arrive au rapatriement unilaté- vapeur, ratifier à l'Assemblée nationale l'entente ral de la Constitution par le gouvernement du lac Meech. On l'a fait puis, ensuite de ça, d'Ottawa. Ottawa a décidé de nous imposer une bien, on a laissé les autres décider pour nous, et nouvelle Constitution faite en catimini. Vous ça a fait ce que ça a fait: finalement, l'échec du vous rappellerez «la nuit des longs couteaux», où lac Meech, rejeté par des gouvernements, le le Canada anglais s'est rallié contre le Québec. Manitoba et Terre-Neuve. Mais, selon les sonda- Et on nous impose une nouvelle Constitution ges, c'était rejeté très majoritairement par tellement inacceptable, M. le Président, que les l'ensemble des Canadiens, de toute façon, des deux premiers ministres actuels, M. Bourassa et autres provinces. M. Mulroney, ont dit: II faut refaire les devoirs Qu'est-ce qui est arrivé suite à l'entente du parce que c'est inacceptable. Ils disaient même: lac Meech? Vous vous rappellerez - et c'est bon II faut réparer l'affront fait au Québec. Ça, c'est de le dire, il faut que les Québécois s'en rappel- M. Bourassa et M. Mulroney qui disent ça: II lent - une déclaration du premier ministre du 23 faut réparer l'affront qui a été fait au Québec juin 1990. Il faut s'en rappeler. Il disait: En en 1982 d'une façon unilatérale, alors que le outre, c'est la position de mon gouvernement de gouvernement de ce temps n'a jamais accepté, négocier dorénavant à 2 et non à 11 avec le parce qu'on n'a jamais signé cette Constitution. gouvernement canadien. On pouvait dire: Bien, Donc, rapatriement unilatéral fait d'une façon c'était le lendemain de l'échec de Meech, il s'est inacceptable. Et pourtant, lorsqu'à Ottawa on a défoulé. Sauf que, le 6 novembre 1990, il devait fêté, on a signé cette Constitution inacceptable, être revenu sur ses deux pattes. Bien, là, il a il y avait de ces ministres actuels, de l'autre déclaré, à l'ouverture des travaux de la commis- côté, qui sont allés applaudir, qui étaient pré- sion Bélanger-Campeau: «Pour moi, l'échec de sents parce qu'ils étaient contents de ça, même l'accord du lac Meech avait pour effet de si le chef actuel a dit que c'était un affront au discréditer le processus de révision constitution- Québec. Ensuite, il y a eu des négociations par nelle existant au Canada. On ne peut plus faire l'ancien gouvernement du Parti québécois et par confiance, désormais, aux mécanismes de négocia- le gouvernement libéral actuel, négociations qui tion et de révision constitutionnelle à 11 gouver- n'aboutissaient pas parce que c'est impossible de nements.» s'entendre: il y a deux peuples dans ce pays, ça C'est notre premier ministre qui a dit ça, prend deux pays. puis il n'était pas forcé de le dire. C'est dis- Mais ça n'a pas abouti. Est arrivée l'en- créditer, cette façon d'aller négocier de 1 à 11, 3165 on est toujours perdants. Il nous disait ça. deux peuples fondateurs. Jamais un Sénat égal, Mais, suite à ça, on a mis sur pied la M. Bourassa nous l'avait dit, il nous l'avait commission Bélanger-Campeau où on a entendu promis. Jamais il n'accepterait une société des centaines et des centaines de Québécois, des distincte qui serait contrainte par la promotion spécialistes venir nous dire que le système actuel et le développement de ses minorités parce que, n'était pas viable. C'est le système actuel qui si on fait ça, c'est au détriment de la majorité. n'est pas viable, parce que n'oubliez pas que la Donc, il y en a d'autres qui avaient fait des crise économique qu'on vit, les 13 % de chômeurs engagements aussi, l'autre qui l'accompagnait à la qu'on a, l'économie qui tombe, ce n'est pas dans table de négociation, le ministre de la Justice et un système souverain, c'est dans le système des Affaires intergouvernementales canadiennes, fédéraliste actuel. Donc, c'est la réalité qu'on est qui nous disait que jamais le Québec n'accep- en train de vivre. terait, dans une nouvelle constitution, que ça se Les gens nous ont dit: Tant qu'il y aura fasse seulement par entente administrative rené- dédoublement, chevauchement de compétences, gociable, c'est le chaos économique. jamais on ne pourra se donner, ni au Québec ni On s'est dit: Bien, il n'y pas de danger. à Ottawa, des programmes pour relancer l'écono- Avec tout ce qu'ils ont dit et tout ce qu'ils ont mie. C'est ce que les économistes sont venus fait, ils n'iront pas négocier. Alors, malgré tout nous dire. À tout le moins, si vous refaites une ça, sans rien respecter, sans rien respecter, le Constitution fédéraliste, il ne faut plus qu'il y premier ministre, malgré ce qu'il avait dit que ait de dédoublement, il ne faut plus qu'il y ait jamais il ne retournerait dans cette façon de de chevauchement, sinon c'est l'inefficacité et le négocier à 11, est retourné à 17. Malgré qu'il gaspillage. Ce qu'on nous propose, c'est pire que disait que l'entente du 7 juillet, ce n'était pas ça n'a jamais été, on va être en négociations bon, il n'y avait pas de garantie, il n'y avait perpétuelles par des ententes administratives même pas l'ombre de l'essence de Meech, il est renouvelables à tous les cinq ans. retourné pareil. On s'est dit: II a fait des (10 h 30) déclarations et le ministre de la Justice aussi, ils Donc, il y a eu la commission Bélanger- ont fait des déclarations qu'ils n'accepteraient Campeau. Ensuite, la loi 150. La loi 150 qu'on pas un Sénat égal, qu'ils n'accepteraient pas une modifie ce matin, elle était claire: au plus tard société distincte amoindrie et qu'ils n'accep- le 26 octobre 1992, un référendum sur la souve- teraient pas des négociations perpétuelles d'en- raineté du Québec. Ensuite, le rapport Allaire, tentes administratives. En plus, on s'est dit: II y encore une fois où le premier ministre actuel a a la loi 150 et il y a le rapport Allaire, on peut son mot à dire - c'est son parti - le rapport leur faire confiance. Quelle déception! Il a cédé Allaire qui est arrivé exactement dans la même sur toute la ligne. Il y est allé, il y est allé. Ce ligne que la commission Bélanger-Campeau: il n'est pas l'entente d'un peuple qui s'est né- faut qu'il y ait au moins 22 secteurs qui soient gociée, ce n'est même pas l'entente d'un parti, exclusifs au Québec. Mais exclusifs! Pas comme ce n'est même pas l'entente d'un gouvernement on nous propose dans l'entente: exclusifs, non - ça, c'est dangereux, en démocratie - c'est exclusifs! On «va-t-u» arrêter de rire des gens si l'entente d'un homme. on veut être un peu crédible? Un oui veut dire La preuve que c'est l'entente d'un seul un non, exclusif veut dire non exclusif, ça veut homme, c'est que, lorsque M. Bourassa était à dire le partage. Voyons donc! Arrêtez de croire Ottawa, en train de négocier, personne ne Robert, puis regardez dans le «Petit Robert», pouvait parler au Québec parce que personne du vous allez peut-être comprendre la signification Conseil des ministres ne savait ce qu'on négo- des mots, il est temps. Donc, le rapport Allaire. ciait. On apprenait en même temps que tout le Ensuite, qu'est-ce qui est arrivé? Bien, là, monde ce qu'on avait perdu dans le jour. Aucun il est arrivé les offres fédérales de septembre des ministres du Conseil des ministres ne pouvait 1991. Levée de boucliers au Québec, inacceptable, dire: L'entente veut dire telle chose. On nous a c'est une camisole de force pour le Québec. Est dit: On va attendre le retour de M. Bourassa, arrivé le rapport de la commission Beaudoin- qu'il nous explique. Le Parti libéral, ça a été la Dobbie. Levée de boucliers générale encore une même chose: On va attendre le retour de M. fois, de tous les milieux, inacceptable, une Bourassa, il va nous expliquer, et on verra ce camisole de force pour le Québec! que lui a décidé. Mais il n'a rien respecté, ni Arrive l'entente du 7 juillet dernier, encore son parti, ni son Conseil des ministres, pas son une fois. Sauf que, là, on approche de la date gouvernement, pas la loi 150. La preuve, c'est fatidique. Il y en a qui commencent à amollir, que la loi 44 on est en train de la modifier. Il mais toujours les mêmes. Même le premier n'a pas respecté les jeunes et il n'a même pas ministre lui-même a dit que cette entente, dans respecté ses propres principes et ses engage- sa formulation telle qu'elle était, elle est inac- ments. Il n'a rien respecté, et ça, c'est incroya- ceptable. Et là, il y a eu des discours de M. ble. Bourassa qui a dit que jamais il n'acceptera un Puis là, qu'est-ce que vous voulez? On nous Sénat égal pour le Québec, c'est un recul trop arrive avec la loi 44, qui dit que le prochain dangereux, c'est la fin de la reconnaissance de référendum va porter, non pas sur la souverai- 3166 neté, mais sur l'entente constitutionnelle. Effec- référendum sur la souveraineté. Voyons donc! On tivement, de quoi va-t-on parler au cours des s'en va négocier. On a la loi 150. On a la chance prochains mois? On va parler de cette entente, de l'utiliser comme force de négociation pour pour prouver aux Québécois qu'elle n'est pas aller en chercher un peu plus. Il dit: La loi 150, bonne, qu'elle est dangereuse, que c'est un recul inquiétez-vous pas, le Canada anglais, ce que je à tous les niveaux. Donc, oui, ça va porter là- veux, c'est une entente avec vous autres. Il n'y dessus, et on va inviter les Québécois à dire non en aura pas, de référendum sur la souveraine- à cette entente. Nous, on ne jouera pas le jeu té. des gens d'en face, le jeu que ces gens-là ont Le samedi précédant la négociation, les joué en 1980 en disant qu'un non veut dire un jeunes libéraux ont dit: Nous, on veut le respect oui et qu'un oui veut dire un non. Un non, ça va de notre programme, le rapport Allaire. Qu'est-ce vouloir dire un non et un non par rapport à qu'il a fait, M. Bourassa? Bien, il les a répriman- cette entente qui est proposée aux Québécois. dés publiquement. Au lieu d'utiliser la force de la Cette entente n'est pas acceptable. On dira aux jeunesse québécoise à l'intérieur de son parti, il Québécois: Dites non à cette entente, cette les a réprimandés comme des enfants. Au lieu entente d'un seul homme qui n'a respecté ni son d'utiliser ce pouvoir, cet appui que ces jeunes lui parti, surtout pas les Québécois et même pas son donnaient, il les a ridiculisés. Il les a chicanés, Conseil des ministres. Dites non à cette entente puis il a même utilisé sa vice-première ministre. inacceptable parce que ce n'est pas assez. Voyons donc! Arrêtons de rire de la population Si on dit oui, on s'embarque ad vitam du Québec. Faisons confiance à notre jeunesse. aeternam avec une camisole de force qui nous On ne l'a pas fait du tout. Bien, voyons donc! ratatine. Il ne faut pas dire oui à ça parce que On s'est mis en état de faiblesse, puis là, on se ce n'est pas acceptable. Il faut dire non et ce prépare à signer une entente qui nous met en que ça voudra dire à Ottawa: On n'accepte pas état, mon Dieu, presquement d'hibernation, puis cette entente, et au gouvernement: Vous allez on nous dit, en même temps: Mais inquiétez vous retourner négocier, avec l'appui de la population pas! Quand on va négocier des ententes admi- qui n'accepte pas si peu. C'est ça que ça veut nistratives, bien là, on sera plus forts. Bien, dire. voyons donc! M. Castonguay vous l'a dit, M. Ne rêvons pas en couleur, n'allons pas Lalonde vous le dit - des gens qui sont fédéra- penser qu'on va pouvoir recommencer ça ad listes: Vous avez eu le maximum et, dans l'ave- vitam aeternam, hein? Je lisais dans le journal nir, vous allez avoir encore moins. de ce matin, ça vaut la peine de lire juste un Quand on lit tout ce que tous les gens paragraphe: «Le Québec a obtenu le maximum», disent au Québec, présentement, c'est unanime. dit Marc Lalonde. Est-ce qu'il y a plus fédéralis- C'est un recul. Les conseillers, les spécialistes, te? Lui, il l'a dit: Je vais être du comité du oui. les autres partis politiques, qui, au Québec, Puis, en même temps, ce qu'il dit - puis, n'ou- maintenant, dit que c'est bon? Le chef du bliez pas ça - «ceux qui pensent que le Québec gouvernement, l'autre côté, avec ceux qui, pourrait aller chercher plus dans une autre effectivement, sont du parti - puis ils répètent - négociation constitutionnelle rêvent en couleur. et Ghislain Dufour qui a toujours défendu, de Le Québec a obtenu le maximum, croyez-moi, je toute façon, les multinationales, puis les grandes connais assez le Canada anglais.» entreprises qui ont très souvent leur siège social Alors, à ceux qui vous disent, l'autre côté, en Ontario. Mais tous les autres, y compris que ce qu'on a là, c'est un minimum, qu'on va - puis, quand on regarde le journal, ce matin, on aller en chercher plus, c'est faux! Arrêtez de s'aperçoit qu'ils sont nombreux - un nombre mentir à la population! C'est faux! Même M. grandissant de libéraux qui trouvent que ça n'a Castonguay, qui est membre du comité du oui, pas de bon sens. aussi, nous a dit que, quand on commence une Je pourrais vous les nommer, mais je dois négociation, ce qu'il y a sur la table, c'est le vous dire, vous le savez autant que moi, que ce maximum. Tout ce que ça peut faire pour le soit M. Allaire, que ce soient deux autres Québec, c'est de diminuer. On en a eu la preuve, personnes de l'exécutif dont un qui l'a annoncé hein? On a quasiment tout perdu dans l'entente, et l'autre qui devrait l'annoncer aujourd'hui. Des quand M. Bourassa a décidé de retourner, malgré membres de l'exécutif, des gens qui ont travaillé ses engagements. Là, c'est Marc Lalonde qui nous avec acharnement et avec confiance disent qu'ils dit: On est allé chercher le maximum. Alors, ne peuvent pas accepter ça. Même le député de même ce que vous avez là, ne rêvez pas en libéral de Drummondville, M. St-Roch, qui dit couleur. Tout ce que ça peut faire, c'est encore qu'après avoir parlé à M. Bourassa personnelle- de diminuer. Puis, c'est vrai, parce qu'on a laissé ment, à deux reprises, puis après avoir vu les tomber tout ce qu'on avait comme force. textes, il n'est pas capable d'accepter ça pour M. Bourassa avait la chance d'avoir l'appui l'avenir des Québécois. Bien, imaginez-vous! Il de son parti, l'appui de la loi 150, l'appui de la n'a même pas le Parti libéral, dans sa totalité, commission Bélanger-Campeau. Qu'est-ce qu'il a qui est capable de défendre ça. Il y en a qui fait? Lui-même, lui-même, dans les semaines qui l'ont dit, puis d'autres qui vont le dire bientôt: ont précédé, il a dit: II n'y en aura pas, de C'est inacceptable! Là, on nous dit: Bien oui, 3167

mais c'est pour la paix sociale et pour passer à Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. autre chose, le développement économique. C'est le député de Shefford. Sur le même sujet, je complètement le contraire, et c'est ça qu'on va cède la parole à M. le député de Roberval et expliquer aux Québécois lors de la campagne ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche. référendaire qui s'en vient. Quelle stabilité M. le ministre, vous avez droit à 20 minutes. allons-nous avoir et quelle paix sociale allons- nous avoir? C'est tout à fait le contraire, c'est M. Gaston Blackburn tout à fait le contraire. Quand on dit que c'est dangereux, cette entente-là, ça veut dire que ça M. Blackburn: Merci, M. le Président. Il y a va venir rouvrir le dossier linguistique. Ça va de ces occasions, dans la vie d'un député, qui venir rouvrir un dossier qui a amené tellement sont toujours extrêmement importantes, et le de problèmes au Québec. La paix linguistique débat dans lequel nous sommes est particulière- était revenue grâce à la loi 101. ment important pour la population du Québec. (10 h 40) Alors, donc, il me fait plaisir, M. le Président, Bien, maintenant, c'est clair et net, on va de m'adresser à cette Assemblée en ma qualité rouvrir ce dossier. Le premier ministre dit le de député du comté de Roberval, bien sûr, et contraire, l'autre côté, mais je dois vous dire ministre régional du Saguenay-Lac-Saint-Jean et qu'il est le seul à dire ça. Clyde Wells, le titulaire du ministère du Loisir, de la Chasse et premier ministre de Terre-Neuve, a dit quoi, lui? de la Pêche. Les prochaines minutes me permet- Je l'accepte, parce que la société distincte, ça tront à moi aussi d'expliquer l'importance de ne veut rien dire. Aucun pouvoir de plus au modifier la loi 150 votée en cette Assemblée par Québec. J'accepte ça maintenant, parce que ça va notre gouvernement, et qui prévoit un référen- être soumis à la clause Canada et ça va être dum sur la souveraineté du Québec. soumis à l'obligation de faire la promotion... Avant d'aller plus loin, M. le Président, je S'occuper de la promotion du développement, de crois qu'il est important de procéder à un bref la vitalité de la minorité anglophone au Québec. historique de ce qui s'est déroulé au plan Ça veut dire quoi? Bien, c'est clair et net, ce constitutionnel au cours des dernières années. n'est pas du français qu'on va le faire, c'est de Tous se souviendront qu'en 1980, les Québécoises l'anglais. Il est tout tranquille. Tous les spécia- et les Québécois ont voté non lors du référen- listes ont dit que c'était un recul par rapport à dum. La population avait alors décidé de demeu- la société distincte, et même, déjà, il y a des rer à l'intérieur du pays, le Canada, et, surtout, gens qui ont dit: Ne vous inquiétez pas, on veut avait décidé de se développer au sein de la utiliser ça maintenant pour aller en appel. Bien Fédération canadienne. En 1987, les premiers voyons! ça «peut-u» être plus clair? Donc, on ministres de toutes les provinces canadiennes vient non pas ramener, non pas conserver la paix concluaient un accord constitutionnel dans lequel au Québec, la paix sociale, on s'en vient rouvrir le reste du Canada reconnaissait, entre autres, le un dossier qui est tellement sensible qu'on caractère distinct du Québec et lui redonnait le connaît tout ce que ça a amené comme problè- droit de veto que nos amis de l'Opposition, ces mes. Au niveau des autochtones, est-ce que ça ardents défenseurs des droits du Québec lais- va régler le problème des guérites, des casinos et saient tout bonnement tomber en 1982. Et c'est des bingos? Absolument pas, ça va venir com- important de ne pas l'oublier, parce que je sais plexrfier, parce que, maintenant, on va recon- que ça fait mal à l'Opposition, durant tout ce naître les gouvernements autochtones. Et est-ce débat, de leur rappeler ces moments historiques. qu'on va relancer l'économie? Qu'est-ce que En 1990, bien que la majorité des provinces Québec a été chercher pour être capable de aient été d'accord avec cette entente, plus relancer l'économie? Absolument rien, au con- connue comme l'accord du lac Meech, nous avons traire, on vient de constitutionnaliser les dédou- été plongés dans une crise constitutionnelle dont blements, les chevauchements. On vient de faire le dénouement semble enfin proche. Je rappelle, en sorte que les chevauchements, le gaspillage, M. le Président, qu'à ce moment précis, notre l'inefficacité, vont être multipliés et constitu- premier ministre avait déclaré qu'il revenait à la tionnalisés. population du Québec, et à elle seule, doréna- vant, de prendre les décisions et de faire les Le Vice-Président (M. Lefebvre): Je vous choix qui s'imposaient concernant son avenir demande de conclure s'il vous plaît. politique et constitutionnel. M. Bourassa a toujours respecté ce qu'il a dit à cet égard. De M. Paré: Cette entente est inacceptable, et plus, le Québec fut absent des discussions cons- c'est pour ça qu'on va voter contre la loi 44 qui titutionnelles jusqu'à ce que les autres provinces fait en sorte qu'on ne respecte pas les Québé- acceptent de négocier sur la base des acquis de cois. Et n'oublions pas que ces gens-là nous Meech. Comme vous pouvez le constater, M. le faisaient accroire qu'un non voulait dire un oui. Président, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts Si, aujourd'hui, ils nous disent que c'est bon, depuis 1980, depuis que les Québécoises et les soyons très prudents, soyons très vigilants, les Québécois ont décidé que le Canada était le pays gens du Québec. Merci, M. le Président. idéal pour assurer leur avenir. 3168

M. le Président, à ce moment-ci, il faut souverainistes utilisent toutes les tribunes ima- parler de l'évolution de notre société, tant du ginables afin de berner - je dis bien «afin de point de vue intellectuel que politique. Il est berner» - la population. Il faut, M. le Président, vrai que cette Assemblée a voté la loi 150. Il est dire «Garde!» aux Québécoises et aux Québécois vrai que cette loi prévoit la tenue d'un référen- contre ces démagogues, contre ces alarmistes. Je dum sur la souveraineté. Mais, depuis ce temps, le sais, je l'ai vu dans ma région, celle du comme je l'ai dit plus tôt, le dossier constitu- Saguenay-Lac-Saint-Jean, que vous connaissez tionnel a beaucoup évolué. Il a fait un pas en bien, où le Parti québécois a tenté, lors d'une avant, un pas important. Nous avons maintenant rencontre où il n'a même pas réussi à faire tout une entente remarquable, habilement négociée par à fait salle pleine - à peu près 1000 person- le premier ministre du Québec, considéré à juste nes - où étaient présents le chef du Parti titre comme l'homme de la situation, quoi qu'en québécois, M. Parizeau, le chef du Bloc québé- dise les opposants, une entente des plus accep- cois, M. Bouchard, tous les ténors souverainistes, tables qui permet au Québec de faire des gains pour plusieurs de la région... Toutes les organisa- importants sur des aspects qui nous préoccupent tions avaient été mises à contribution. Et réussir de façon particulière. Voilà pourquoi, M. le à remplir à peine une salle de 1000 personnes, Président, nous devons proposer au peuple c'est une indication; et cela dans un coin de québécois ces offres qui répondent aux besoins et province où, prétend-on, comme on le pense à aux demandes traditionnelles du Québec. Voilà tort, la cause souverainiste est gagnée d'avance. pourquoi nous devons modifier la loi 150 pour Mais j'ai une petite nouvelle pour vous. Lorsque que tous les Québécois et les Québécoises aient nous expliquerons le contenu de l'entente - et l'occasion, l'opportunité, voire même la chance c'est ce que nous commençons à faire dès au- de se prononcer sur leur avenir constitutionnel. jourd'hui - lorsque la population sera à même de Peut-on blâmer le gouvernement de vouloir reconnaître les gains considérables du Québec, expliquer les choix qu'il a faits et les conséquen- nos concitoyens, et particulièrement ceux que je ces d'un déchirement avec nos voisins? Je ne le représente, diront oui, un oui à notre épanouis- crois pas, très sincèrement. On peut bien faire, sement économique et culturel dans le Canada. comme le font depuis pas mal de jours l'Oppo- Mais, pour cela, il faut leur soumettre cette sition et certains opposants, de la démagogie; ils entente. le font bien. On peut bien colporter toutes M. le Président, lorsque nous parlons de sortes de choses à propos de cette entente, démocratie, nous n'avons pas de leçon à tirer de comme le fait depuis plusieurs jours le Parti l'Opposition. Ce parti ne veut pas que la popula- québécois; je ne crois pas que cela aurait pour tion se prononce sur ces offres, parce qu'il sait effet de bonifier le débat, au contraire. On sent pertinemment bien qu'elles sont acceptables, bien que l'Opposition n'a qu'une seule idée en parce que cette entente marque un pas en avant tête - et c'est important de ne pas l'ou- très important, et non un recul, comme le disait blier - soit celle d'empêcher la population le chef de l'Opposition dans cette Assemblée, québécoise de connaître véritablement ce que hier. Tout le monde, y compris l'Opposition, comportent ces offres. pleurait, en 1990, lors de l'échec de Meech. Pour l'Opposition, il vaut mieux dire n'im- Maintenant que nous avons tous les éléments porte quoi que de laisser les Québécoises et les compris dans Meech et même plus, voilà qu'il Québécois décider de leur avenir. Évidemment, il n'est plus question de répondre positivement à est plus facile de dire aux gens que ce qu'il y a ces offres; ce n'est plus suffisant, ça ne fait pas dans cette entente n'en vaut pas la peine, qu'il leur affaire. Il ne faut pas se questionner long- n'y a rien là-dedans, que le Québec s'est fait temps sur ce que désire vraiment l'Opposition. Ce avoir. Faites-nous confiance, clame le Parti qué- n'est sûrement pas une entente, c'est la dernière bécois. Comment peut-on accorder notre appui, des choses qu'elle désire. Ce qu'il faut se deman- comment peut-on accorder notre support à un der, et c'est ce que veut la population du Qué- parti dont le seul et unique objectif, c'est le bec, et cela... Elle veut une entente, M. le Pré- démembrement du Canada, sans aucune condition? sident, et c'est très clair, une entente qui res- Ce n'est pas compliqué, ce parti n'est pas capa- pecte ses droits, sa culture et qui assure son ble de donner des indications de ce que sera de- avenir. main avec la souveraineté, le budget de l'an 1, (10 h 50) quelle monnaie on va utiliser - plusieurs formu- L'entente du mois d'août répond à ces les sont proposées - l'insécurité dans laquelle aspirations. Tout d'abord, le Québec est reconnu nous serions plongés. Économiquement, par exem- comme société distincte. N'est-ce pas ce que ple, cette option aurait des conséquences au nous demandions depuis plusieurs années déjà? mieux imprévisibles. L'éclatement d'une fédéra- Même l'Opposition réclame tout haut cette tion ne peut se faire sans de sérieux problèmes, reconnaissance qui va nous permettre de jouer et surtout quand on essaie de camoufler cet un rôle dynamique, tout en faisant la promotion éclatement par des formules plus ou moins de notre statut particulier. Nous l'avons obtenu, applicables. mais encore, on veut laisser croire qu'on aurait Depuis quelques semaines déjà, les ténors pu aller beaucoup plus loin. 3169

Parlons un peu du droit de veto. Nous en beaucoup d'intervenants autour d'une éventuelle avons obtenu pas moins de cinq. Tout d'abord, le table de négociation suite au démantèlement du Sénat. Le Québec jouit maintenant d'une double Canada. Voilà ce qu'on peut appeler nager dans majorité au Sénat en matière de langue et de l'incertitude. Et c'est le lot du Parti québécois, culture. Ce veto absolu procure au Québec toute et c'est le lot qu'il propose à la population la sécurité dont il a besoin afin de préserver et québécoise. Avec qui allons-nous négocier? Sur de promouvoir son identité culturelle. Qu'il quelle base? Il est assez clair que cela est plutôt s'agisse du Sénat, de la représentation à la obscur. Chambre des communes, de la composition de la Et comme si ce n'était pas suffisant, M. le Cour suprême ou de la participation des nouvel- Président, voilà qu'on désire dissocier souverai- les provinces à la procédure de modifications neté et indépendance d'un non aux offres constitutionnelles et au Sénat, le Québec possède constitutionnelles. Mais qu'est-ce que cela veut un véritable droit de veto, quoi qu'en dise dire? Je vous le demande. Peut-on dire non à des l'Opposition. En aucun temps, le Parti québécois offres, mais continuer à dire oui au Canada? Il n'a réussi à en obtenir autant des autres provin- faudrait se brancher. Il faudrait savoir ce que ces. Pourtant, il a déjà eu le temps de le faire, l'on veut. Pour la nième fois, le Parti québécois lors de son passage au pouvoir. Et on va nous va tenter de mêler les cartes; c'est sa spécialité. blâmer d'en être venus à une entente? À les voir hier, la mine déconfite, on sentait, et M. le Président, l'entente que nous avons dans la façon de s'exprimer et dans le ton qu'ils conclue a reçu l'accord unanime de toutes les emploient, l'alarme qu'ils ont de la situation. On provinces, de tous les premiers ministres. Déjà, est en train de leur glisser le tapis en dessous d'avoir réussi cela, c'est tout un exploit. Lorsque des pieds. Donc, dire non aux offres sans dire M. Bourassa s'est rendu au lac Harrington, on oui à l'indépendance. De notre côté, cela est savait que ce ne serait pas facile de faire clair: on dit oui à l'entente, oui au Canada, oui avancer la cause du Québec. À force de travail, au développement de notre province. le premier ministre a fait comprendre la position En terminant, M. le Président, je tiens à du Québec à ses homologues des autres provin- réitérer que nous ne pouvons pas passer à côté ces. La marge de manoeuvre, on l'a vu, était de cette entente. Sans être parfaite, elle va alors fort restreinte. On ne nous donnait pas nous permettre de réaliser de grandes choses. grand chance d'en arriver à cet accord. Mais, Pour cela, il faut qu'on soumette ces offres à la voilà, c'est fait! C'est une réalité, et c'est population du Québec et c'est cela, j'en suis important de prendre en considération, et convaincu, qu'elle désire ardemment. Alors, mer- surtout, au cours des prochaines semaines, de ci, M. le Président. dire à la population du Québec d'être très prudente et, surtout, d'être à l'écoute. Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. Évidemment, il est facile pour les amis d'en le ministre. Sur le même sujet, je cède la parole face de prétendre qu'on aurait pu faire beaucoup à M. le député de Westmount. mieux. Mais cela, on ne le saura jamais. Le parti que je représente fièrement ne prétend pas qu'il M. Richard B. Holden s'agit d'une entente parfaite. Nous sommes cependant conscients que nous étions partie M. Holden: Merci, M. le Président. Au cours prenante d'une négociation où se trouvaient plu- du mois d'août, le Parti libéral du Québec a fait sieurs intervenants dont l'objectif était d'obtenir un virage de 180 degrés; moi aussi, j'en ai fait le meilleur pour sa province. À cet égard, le un! La différence, M. le Président, c'est que les Québec peut dire: Mission accomplie! libéraux se sont tournés vers le passé, tandis Il ne faudrait pas non plus croire que cette que, moi, j'ai choisi l'avenir. Les libéraux se sont entente constitue une fin en soi. Je crois, M. le réfugiés chez leur grand frère, à Ottawa, tandis Président, que nous continuerons notre évolution que, moi, j'ai décidé de demeurer au Québec. Et puisque cette entente va nous permettre d'ob- l'avenir du Parti libéral du Québec semble tenir d'autres gains. On pourrait comparer dépendre de Clyde Wells, Don Getty, Ovide l'entente à un solage, une base solide sur Mercredi; le mien est attaché au peuple québé- laquelle nous bâtirons un avenir prometteur pour cois. notre population. J'ai entendu, maintes fois, des M. le Président, j'ai regardé avec des commentaires négatifs. Sur l'entente, on nous centaines et des milliers d'autres Québécois le dit qu'il va falloir encore négocier certaines triste spectacle d'un Jean Allaire applaudi, il y a ententes, notamment sur le partage des pouvoirs, 18 mois, rejeté aujourd'hui parce qu'il refusait de et que cela risque de s'éterniser. Oui, c'est vrai jouer le jeu des tireurs de ficelles. Il faut qu'il va falloir, bien sûr, continuer ces négocia- donner crédit à Me Allaire et aux jeunes libéraux tions. Ce processus de négociations va se pour- qui persistent à s'opposer aux offres malgré des suivre, c'est tout à fait normal. Mais, contraire- pressions inouïes. ment aux indépendantistes, nous saurons avec qui Clearly, Mr. Speaker, the federalists within négocier, et ça, c'est clair. Car vous le savez, je the Liberal Party have won the day. But for how ne suis pas du tout certain que nous aurons long? Last year, the hero was Jean Allaire. Next 3170 year, perhaps it will be Jean-Guy Lemieux. For au système parlementaire britannique ne peut pas the moment and for the present, there is only accepter une institution aussi bizarre que celle one voice in the Liberal Party and that is the proposée dans le paquet fédéral. L'idée même est Premier's voice. Mr. Speaker, the Premier is just totalement étrangère à nos moeurs et à notre buying time. He knows, we all know that Que- concept de représentation basé, autant que beckers will not be satisfied for long with the possible, sur l'égalité de chaque citoyen et crumbs they are getting under this latest deal. citoyenne. Comment expliquer, M. le Président, Pendant le congrès libéral, j'ai vu le que l'île de Montréal, avec 1 800 000 d'habitants, ministre de la Santé dire que le Parti libéral va avoir, disons, 2 sénateurs et que l'île-du- n'avait pas renié Allaire. Il disait que le paquet Prince-Édouard, avec ses 175 000 habitants, va fédéral était une étape vers Allaire. Si tel est le en avoir 6. C'est inconcevable et c'est inaccep- cas, M. le Président, il faut le dire à Clyde table. Wells. Parce que je l'ai vu, lui aussi, et lui, il Mr. Speaker, the section of the package disait que, pour lui, cet accord, c'est final. Le which deals with the Senate is, in my view, the Québec doit décider oui ou non, une fois pour worst and most unacceptable part of this entire toutes, s'il veut rester dans la Confédération proposal. It is not what the Triple-E supporters canadienne. and advocates wanted, it is unacceptable to (11 heures) women's groups all across Canada, and it under- Mr. Speaker, this deal will not satisfy mines the concept of the two founding nations, Québec for even one year. As soon as the which is the basis of the country. To put it negotiations over the unemployment insurance crudely, Mr. Speaker, the new Senate is a dog's break down - and they certainly will - this so- breakfast. called «unity package» will fall apart and we will As recently as July 17th, the Premier, his all be back into recriminations and ultimatums, office at least, was saying that Mr. Bourassa was and the whole debate will start once again. opposed to a Senate based on equal representa- Pourquoi obliger tout le monde à subir tion from each province. What in the world d'autres déceptions et de nouveaux reproches et happened to Mr. Bourassa when he joined the accusations? Ce n'est pas juste envers le Canada expanded negotiating table? He bought into a et c'est injuste pour les Québécois. Soyons deal which reduced Quebec's weight in the honnêtes, M. le Président, disons non tout de Senate from 24 % to 9 %. That is some deal and suite. Au fond, les gens du reste du Canada vont some negotiator! He also agreed to water down être soulagés parce que, eux, ils croient qu'ils Quebec's protection of the French language and ont fait d'énormes sacrifices pour nous plaire. culture by accepting that francophone Senators Admettez, admettez, vous autres en face, que, from Nouveau-Brunswick and Ontario and from pour vous, ce n'est qu'un début. Soyez francs the West would take part in the so-called double avec le reste du Canada. Les naïfs cherchent la majority. solution Deschamps, «le Québec indépendant dans Non seulement le Québec pourrait perdre un Canada uni», mais cela, ça n'existe que dans tout contrôle sur ces sujets vitaux mais s'il les monologues et les rêves. s'agit de garder une majorité québécoise parmi M. le Président, mon approche à la question les sénateurs francophones, c'est les anglophones référendaire et aux offres, c'est plutôt juridique. du Québec qui vont payer les frais, parce que le Le gouvernement, dans ce cas particulier, est le gouvernement du Québec éliminerait le ou les demandeur et, donc, il a le fardeau de la preuve sénateurs anglophones pour combler le déficit. et il doit établir la validité de toutes et chacu- Liberals will tell you that the 25 % guaran- nes de ces offres. Et puisque le fédéral a décidé tee of the Commons seats makes up for the loss que le paquet dans son entier doit être soumis à of Senate seats. That Mr. Speaker, is a snare la population, il doit satisfaire le tribunal, c'est- and a delusion. Québec has always had more than à-dire le peuple québécois, que chaque anneau de 25 % of the Members of the House of Commons. la chaîne tient. Autrement, la solidité est brisée In fact, in the Trudeau Government of 1970, the et la cause tombe en miettes. Québec representation in the House of Commons Mais avant d'analyser les failles dans la was 28 %, and at that particular moment that chaîne, examinons l'ancre à laquelle elle est majority brought in the War Measures Act. As attachée. Ce n'est plus le Canada formé par far as I am concerned, Quebec's 25 % back in Macdonald et Cartier, dignes représentants des the War Measures Act was no help to Québec at deux peuples fondateurs. Non, M. le Président, all. c'est un nouveau pays que je n'accepte pas, un As I said earlier, Mr. Speaker, the case for pays à 10 ou à 12 ou à 17 ou à je ne sais pas à the Government is only as strong as its weakest combien. Le Canada que j'aimais est devenu un link. It is difficult for me to decide which of pays chicanier et querelleur. Je ne suis pas un the elements of this particular package is ennemi du Canada, je suis un ami du Québec. flimsier, because there is a multitude of defi- M. le Président, l'élément le plus faible de ciencies. Take for example the distinct society la cause du gouvernement, c'est la soi-disant clause, Mr. Speaker. It is going to cause an réforme du Sénat. Un pays qui se veut attaché incredible amount of trouble and litigation, and 3171 it is not going to lead to better relations faire valoir les mérites de l'entente intervenue between the minorities and the majorities. entre les premiers ministres à Charlottetown. J'ai Les gouvernements autochtones, M. le l'intention de procéder à cette démonstration des Président, qu'on veut laisser aux juges, vont mérites de l'entente constitutionnelle à travers créer des problèmes innombrables: problèmes un bref rappel de l'histoire. sociaux, problèmes financiers, et surtout des On se souvient, M. le Président, qu'en 1985, réclamations et espérances que ni les gouverne- nous avons été élus avec un programme politique ments ni les juges ne peuvent satisfaire. contenant plusieurs volets, dont un volet cons- M. le Président, je termine avec un voeu, titutionnel. On s'en rappelle fort bien. Si on c'est que la population du Québec, qui est devait rapidement procéder, ou résumer ce volet fatiguée de se faire parler de la Constitution, constitutionnel d'un programme politique sur mette sa fatigue de côté pour quelques semaines. lequel la population du Québec nous a fait Qu'elle écoute calmement les arguments de part confiance en 1985, on pourrait dire qu'il s'agis- et d'autre. sait de réparer l'injure faite à notre société au I say to you, Mr. Speaker, and through you cours du rapatriement unilatéral de la Constitu- to the people of the rest of Canada, that the tion en 1982. Cette injure pourrait être réparée people of Québec will not be fooled by window moyennant la satisfaction de certaines conditions dressing. This whole exercise by Joe Clark and que nous posions pour réintégrer la grande by his band of Premiers and Native leaders is an famille canadienne. Ces conditions, elles sont exercise in smoke and mirrors. In fact, when connues. Ce sont la reconnaissance de la société they came up with the package on July the 7th, distincte, l'obtention de garanties touchant la they were not at all sure whether Québec would sécurité culturelle, notamment au niveau de buy into it or not. And Quebeckers never l'immigration. dreamed that their Premier would actually be La limitation du pouvoir fédéral de dépen- hoodwinked into accepting it. But he was and he ser, c'est un point très important, une formule did. d'amendement qui permet au Québec de s'opposer So now it is up to the citizens, Mr. à toute modification constitutionnelle allant à Speaker, to do what the Premier should have rencontre de ses intérêts. Enfin, un droit de done: to say no. No to legislation by judges and participation au processus de sélection et de courts; no to a foreign notion of equality of the nomination des juges à la Cour suprême du provinces; no to everlasting negotiations and Canada. On s'en souvient, M. le Président, que interminable squabbling over unemployment ce sont ces conditions qui avaient été acceptées insurance, culture, immigration, telecommunica- en 1987, à l'occasion de la signature du lac tions, regional development and a host of other Meech. On se rappelle aussi que l'Assemblée subjects, and no to the end of the Canadian nationale avait entériné cet accord. On se dream of a bicultural country founded by two rappelle surtout que deux Législatures provin- great peoples, the English and the French. ciales avaient refusé d'entériner cet accord, To say no, Mr. Speaker, one does not have entraînant par cette occasion sa perte ainsi to be a sovereignist or a federalist, one has only qu'un profond sentiment de rejet au sein de la to be a reasonable, rational Quebecker who population. realizes that this package is a recipe for Faisant face à la situation, notre gouverne- disaster. ment a mis en place une stratégie de négociation This time, Mr. Speaker, no means no. basée sur l'obligation de résultats, et dans Merci, M. le Président. laquelle s'insère la loi 150 que nous modifions (11 h 10) aujourd'hui. La stratégie de notre gouvernement Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, je consistait à créer un rapport de force susceptible vous rappelle que nous sommes à débattre la de nous permettre d'obtenir des offres accep- motion proposant l'adoption du principe du projet tables de la part du reste du Canada. Jusqu'à ce de loi 44, Loi modifiant la Loi sur le processus jour, la stratégie a fonctionné. Nous avons des de détermination de l'avenir politique et cons- offres, et notre échéancier a été respecté par titutionnel du Québec. Je cède maintenant la nos partenaires canadiens. parole à M. le député de Saint-Hyacinthe. Vous Cela dit, nous franchissons, avec cette avez droit à une intervention de 20 minutes, M. modification à la loi 150, un pas de plus dans la le député. stratégie en vue d'obtenir le maximum de gains pour la population que nous représentons. Ce pas M. Charles Messier de plus intervient évidemment à la suite de l'entente intervenue entre le premier ministre M. Messier: Merci, M. le Président. J'ap- québécois et ses homologues canadiens. Il trouve précie vivement l'occasion qui m'est offerte sa raison d'être dans les gains obtenus pour le aujourd'hui de m'adresser à mes collègues de Québec, au cours de cette négociation, par notre l'Assemblée nationale sur la modification que premier ministre, M. Bourassa. nous apportons à la loi 150. Ces gains, ils sont hautement significatifs. C'est pour moi une occasion privilégiée de On doit d'abord dire que le Québec a obtenu au 3172 cours de cette négociation et dans cette entente gouvernements qui nous ont précédés, y compris plus que le lac Meech. Il faut le dire sans le gouvernement Lévesque, qui est à l'origine du réserve, et je vais vous le démontrer, M. le beau risque. Président. Cette entente constitutionnelle n'est Mais revenons à la Constitution canadienne, rien de moins qu'un Meech plus, et elle constitue et en particulier au Sénat, ce Sénat à l'intérieur un Meech plus pour plusieurs raisons. La premiè- duquel nous allons détenir, à la suite de cette re raison tient évidemment au fait qu'on retrouve entente, un veto absolu en matière de langue et dans cette entente les points convenus dans de culture, beaucoup moins de pouvoirs que ne l'accord du lac Meech - cela va de soi - ce qui l'auraient souhaité les provinces de l'Ouest, veut dire que, dans cette entente, nous avons la mais aussi, il faut le dire, beaucoup moins de reconnaissance de la société distincte, une pouvoirs qu'à la Chambre des communes qui, représentation de 33 % des juges de la Cour comme je l'ai dit auparavant, demeure le lieu par suprême, des garanties touchant notre sécurité excellence des décisions politiques qui affectent culturelle, notamment au niveau de l'immigration, notre population. De plus, il faut dire qu'au des balises au pouvoir de dépenser du gouverne- niveau de la Chambre des communes nous avons ment fédéral et, finalement, des formules d'a- non seulement obtenu 18 sièges de plus, mais mendement qui permettent au Québec de s'oppo- également la garantie constitutionnelle d'être ser à toute modification constitutionnelle allant à représentés par au moins 25 % des sièges à la rencontre de ses intérêts. Enfin, il y a, on le Chambre des communes, et cela, indépendamment sait, plusieurs veto contenus dans l'entente. de notre poids démographique. Il s'agit là d'une Ainsi, on voit bien qu'en ce qui concerne les autre nouveauté par rapport à Meech, une conditions de Meech nous les avons dans cette nouveauté qui représente une police d'assurance entente. Elles sont là, très présentes, et prati- et une reconnaissance explicite du caractère quement dans les termes formulés à l'époque. distinct du Québec. Enfin, il s'agit d'une nou- Mais il y a plus que cela dans cette veauté qui assure un rôle important à la popula- entente. C'est pourquoi nous qualifions cette tion québécoise dans la conduite des affaires entente de Meech plus. Dans cette entente, il y canadiennes. a des gains appréciables au chapitre de la Mais il faut également souligner, au chapi- représentation du peuple québécois dans les tre des institutions canadiennes, que l'entente institutions canadiennes. L'entente contient des contient une garantie pour le Québec, c'est-à- modifications importantes au niveau de la dire une discrétion pour choisir le mode de Chambre des communes et au Sénat. sélection des sénateurs. Encore là, il s'agit d'une Voyons d'abord celles concernant la Cham- nouveauté par rapport à Meech qui est loin bre des communes. À la suite de cette entente, d'être négligeable si on l'examine, comme les le Québec aura 18 nouveaux sièges à la Chambre autres, dans la perspective de la souveraineté des communes; il gagne ainsi 18 sièges de plus. partagée qui est celle de notre formation politi- La proportion de sièges réservés au Québec passe que, également partagée dans les coins les plus ainsi de 25 % à 27 %. Il s'agit là d'un gain qui dynamiques de notre planète. est loin d'être négligeable lorsqu'on considère le M. le Président, notre conception de la rôle et le poids de la Chambre des communes souveraineté, c'est-à-dire la souveraineté parta- dans la prise de décision au niveau de nos gée, est une conception de structure politique institutions canadiennes. La Chambre des com- adaptée à notre temps. Elle n'est pas, comme munes est le lieu par excellence où se prennent celle de nos adversaires, héritée des siècles des décisions politiques qui touchent l'ensemble passés. Elle est inscrite au coeur des grandes des Québécois et des Québécoises. Ainsi, une tendances de notre temps, les tendances, faut-il telle augmentation de la représentation québécoi- le préciser, les plus dynamiques et les plus se dans cette enceinte constitue un gain appré- actuelles en matière de partage de pouvoirs et de ciable pour le peuple québécois. Évidemment, nos délégation de pouvoirs, ou encore de souverai- adversaires ignorent ou veulent ignorer ce gain. neté. Ils analysent ces gains et d'autres à partir (11 h 20) d'une situation ou d'une conception archaïque de M. le Président, notre conception de la la souveraineté, comme le disait il y a quelques souveraineté partagée, telle qu'elle s'exprime jours notre premier ministre. dans cette entente conclue par les premiers L'archaïsme de leurs propos apparaît ministres, répond aux besoins de notre temps et également tout aussi évident dans leur évaluation est adaptée à la réalité et aux contraintes tant des gains que nous avons obtenus au Sénat. Les géographiques qu'économiques dans lesquelles ténors de l'Opposition nous ont accusés d'avoir nous évoluons aujourd'hui. C'est parce que nous accepté le principe de l'égalité des provinces au sommes convaincus que nous franchissons aujour- Sénat. Mais, comme le disait le premier ministre d'hui un pas de plus dans notre stratégie visant du Québec, M. Bourassa, il y a quelques jours, à faire en sorte que ces gains qui dépassent c'est d'autres avant nous qui ont accepté ce largement l'entente du lac Meech soient inscrits principe. À cet égard, la démarche de notre dans la Constitution canadienne. J'ai bien dit, M. gouvernement n'est pas différente de celle des le Président, un pas de plus, c'est-à-dire que 3173

MUUa OUI I II I ICO CAU CI I ICI I ICI IL OUUOICUA U CVILCI UIIC je ueue la paroie a m. le aepuie ue joiiene et reproduction de l'épisode de Meech. Ce souci est leader de l'Opposition officielle. présent dans tous nos gestes, y compris dans celui que nous posons aujourd'hui avec cette M. Guy Chevrette modification à la loi 150. Comme vous le savez, M. le Président, cette M. Chevrette: Merci, M. le Président. M. le modification vise à permettre aux Québécois et Président, vous aurez remarqué que la loi qui est aux Québécoises de se prononcer sur les offres déposée devant nous stipule que l'on enlève le qu'ils ont reçues à travers cette entente. Cette référendum sur la souveraineté pour le remplacer modification respecte l'esprit de la loi 150. La par un référendum sur les offres. Donc, M. le possibilité de tenir une consultation populaire Président, quand notre formation politique disait sur les offres provenant du reste du Canada est qu'on devait parler des offres, c'est précisément implicite dans le texte de la loi 150. Ainsi, le gouvernement qui nous y amène, puisqu'il contrairement à ce que disent nos adversaires, modifie la législation en disant: Vous ne ferez nous sommes pleinement fondés de procéder, pas un référendum sur la souveraineté, comme je comme nous le faisons aujourd'hui, avec cette m'y étais engagé, vous allez faire un référendum modification à la loi. Nos adversaires tentent de sur les offres que j'ai concoctées à Charlot- démontrer le contraire, et je pense qu'ils ont tetown dernièrement. tort de le faire. Or, un seul regard sur notre Donc, il faut parler des offres, on n'a pas programme politique, y compris le rapport le choix, M. le Président. C'est le législateur Allaire, suffit à montrer que nous sommes plus lui-même qui nous amène à parler des offres. Le légitimes de procéder comme nous le faisons prototype de discours que nous allons entendre, aujourd'hui. De ce côté-ci de la Chambre, la M. le Président, tout au cours de ce débat, c'est: question ne se pose même pas; elle se pose C'est mieux que rien. C'est à peu près le résumé seulement du côté de l'Opposition officielle. qu'on peut faire. Je viens d'écouter le député de C'est sans doute, M. le Président, ce qui Saint-Hyacinthe: C'est mieux que rien, ça aurait explique, en bonne partie - et on l'a vu malheu- pu être pire. Ça te fait toute une argumentation, reusement hier - les écarts de langage que les quand on a fait rêver les Québécois, M. le observateurs attentifs de la scène publique ont Président, sur leurs aspirations à coups de constatés chez nos adversaires. Ces écarts de millions et ça, en pleine récession économique. langage, plutôt indignes, de ceux et celles qui Bélanger-Campeau, ça a coûté plus de aspirent un jour à la gouverne dans notre société 5 000 000 $. Les deux commissions parlementaires ne devraient pas être tolérés ici, en cette qui siègent sur la souveraineté et sur les offres, Chambre. La population, sur un autre point, n'est ça a coûté plusieurs millions. Quand on pense pas dupe devant la démagogie que l'on constate que le Canada également, en même temps, a chez certains des ténors de l'Opposition depuis dépensé des dizaines et des dizaines de millions quelque temps. Mais il faut juste imaginer qu'on pour que les Canadiens, eux, s'expriment et ça est sur la loi 150; lorsqu'on va être dans le faisait partie... Les Québécois s'exprimaient. débat référendaire, ça va être, d'après moi, 27 000 000 $, la commission Spicer. Combien de épouvantable. millions avec Castonguay-Dobbie, Beaudoin- J'en arrive maintenant, M. le Président, au Dobbie? Beaudoin-Edwards, combien de millions, terme de mon allocution, et j'aimerais conclure M. le Président? Combien de millions dans la en réaffirmant que, de cette entente, il y a des propagande du Canada 125? Des centaines de gains appréciables pour le Québec, que ces gains millions de dollars ont été dépensées, M. le marquent un progrès réel par rapport à la Président, en pleine période de récession écono- situation qui existe et que, si elle est ratifiée mique où on frôle les 13 % de chômage pour dire par l'ensemble de ceux qui ont contribué à sa aux gens: Nous allons remodeler en profondeur le réalisation, la population du Québec en sera Canada. Nous allons faire en sorte - et ça, c'est d'autant plus fière parce que cette entente le premier ministre de la TPS qui parle - que les représente un Meech plus. C'est une entente Québécois réintègrent la Confédération canadien- hautement appréciable à la lumière de contraintes ne dans l'honneur et l'enthousiasme. Donc, ce tant géographiques qu'économiques et financières ministre de la TPS allait chercher dans les dans lesquelles évolue aujourd'hui le peuple poches de ceux qui manquaient d'ouvrage et québécois. faisait de la propagande à tour de bras, en En terminant mon allocution, M. le Prési- pleine période de récession, sans qu'aucun dent, j'ajouterai que je suis fier d'appartenir à programme de relance d'emploi ne soit fait par un gouvernement et à un parti capable de servir ce gouvernement. aussi bien que nous l'avons fait les intérêts Ici, au Québec, il y a eu, comme je l'ai dit, supérieurs des Québécois et des Québécoises. Bélanger-Campeau, qui a coûté plus de Merci, M. le Président. 5 000 000 $. Bélanger-Campeau, qui en arrivait à la conclusion... C'est vrai qu'il y avait deux Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. courants. Moi, je ne le nie pas. Il y avait un le député de Saint-Hyacinthe. Sur le même sujet, courant qui disait - et très majoritaire à l'épo- 3174 que - devant la commission Bélanger-Campeau, la l'analysez pas. Il va falloir que vous le disiez, le forte majorité des groupes qui sont venus 26 octobre. Si vous votez pour ces offres, si s'exprimer sont venus dire: Écoutez, on est vous votez pour cette entente, le poids politique capable d'assumer la totalité de nous pouvoirs. du Québec va baisser de 28 % à 8 %, puis vous On est capable de gérer et d'administrer la allez continuer, mes «coqs d'Indes», à payer totalité de nos impôts. On est capable aussi de 25 %. C'est ça fondamentalement que vous avez signer nos traités. C'est ça que disaient la négocié? Vous êtes d'excellents négociateurs! majorité des groupes. Les autres groupes qui Franchement, vous êtes solides! Franchement, venaient disaient ceci: II faut des changements c'est du solide ça, négocier un Sénat dont le en profondeur. Il faut des changements en poids politique baisse et dont le poids financier profondeur. Ça a donné naissance au rapport du Québec est maintenu à 25 % des coûts du Allaire, dans la formation libérale, qui ne Sénat. C'est grave ça, M. le Président. C'est ça demandait pas moins qu'une vingtaine et plus de qu'il faut dire le 26 octobre. Ah! ça aurait pu pouvoirs exclusifs au Québec. Tout le monde se être pire, comme disait le député de Saint- disait: Bon, eh bien, là, on va le remodeler pour Hyacinthe. S'il avait fallu que ça soit pire, que ça marche. On va faire en sorte que les imaginez-vous, M. le Président, on paierait le dédoublements cessent. On va faire en sorte de Sénat tout seul et on n'aurait pas de délégués. rapatrier les pouvoirs pour qu'on puisse se gérer. Voyons! Mais il y avait une volonté, autant dans le (11 h 30) groupe majoritaire que dans le groupe minoritai- M. le Président, dans les pouvoirs, dans la re, de transformation profonde. C'est ça qui est récupération des pouvoirs, certains membres du arrivé au Québec à coût de millions, je le répète. Parti libéral, et je les ai écoutés religieusement On nous arrive aujourd'hui, M. le Président, toute la nuit, dans mon bureau, ici... Ils ont et on renie la signature même. Le premier récupéré six pouvoirs exclusifs, les mines, les ministre renie sa signature du document Bélan- forêts - je vois le ministre des Forêts - et je ger-Campeau. Il renie le rapport Allaire auquel il me suis permis de lire l'Acte de l'Amérique du a adhéré, auquel il a amené sa formation d'ail- Nord britannique, la Constitution canadienne. Les leurs à adhérer. M. le Président, il nous présente forêts, au cas où vous ne l'auriez pas encore des offres. Puisqu'il faut en parler, on va en découvert, on a ça depuis 1867. Là, on vient de parler. découvrir dans le Parti libéral que c'est un Les Québécois nous avaient dit: Le Sénat, pouvoir exclusif qu'on a obtenu, M. le Président. là, c'est vétusté, c'est dépassé, ça. Depuis 1967, Bien, il fallait se rendre compte qu'on l'avait. nous autres, on a mis ça dehors. D'autant plus Mais, qui plus est, une bonne entente, savez-vous que, rappelez-vous à l'époque, c'était facile que pour pouvoir l'exercer de façon exclusive, M. d'avoir l'opinion de mettre le Sénat dehors. Ils le Président, il va falloir conclure une entente? s'amusaient avec des cloches, au Parlement C'est pas des farces. Une très bonne négociation. d'Ottawa. Ça se conduisait comme des bouffons, J'ai le pouvoir exclusif depuis 1867, j'en obtiens au gouvernement d'Ottawa. On maintient le l'exclusivité, puis je suis obligé de négocier une Sénat, M. le Président. Ce n'est pas ça que les entente, imaginez-vous, avant de pouvoir l'exer- Québécois nous ont demandé, de maintenir un cer. D'excellents négociateurs, vous êtes fantas- Sénat. Ils nous ont dit: dehors. Ça coûte tiques! J'ai négocié pendant 16 ans dans ma vie 100 000 000 $ et plus. Ça n'a pas d'allure. C'est puis, avoir signé une convention de même, ils ne dépassé comme formule de gestion, comme le m'auraient jamais rengagé. disait notre député de Westmount tantôt. C'est M. le Président, les mines. Ils viennent de dépassé comme formule. découvrir que les mines, c'est un pouvoir nou- Non, M. le Président, on prend le Sénat et veau exclusif. C'est marqué dans la Constitution on dit: Le Québec aura six sénateurs, comme canadienne qu'on a ça depuis 1867. Vous n'avez l'île-du-Prince-Édouard. Un gros gain! Sur le rien obtenu là. Peut-être que vous venez de le plan politique, c'est toute une victoire! On passe découvrir, vous autres, mais c'est marqué noir de quelque 28 % à 8 %. C'est tout un gain! C'est sur blanc dans la Constitution canadienne. Le sur ça qu'il va falloir se prononcer le 26 octo- loisir, c'est noir sur blanc dans la Constitution bre, M. le Président, une dégringolade de 20 % canadienne. Ne venez pas nous dire ici béatement comme poids politique. Puis ils appellent ça une que vous venez de découvrir que c'est un pouvoir victoire? C'est mieux que rien? Ça aurait pu exclusif que le fédéral vient de vous donner. On être pire? Si ça avait pu être pire, qu'est-ce a ça depuis 1867. Je pourrais continuer, M. le qu'il y aurait eu au lieu? On en aurait eu un sur Président. Les six soeurs. Le monde municipal. le total de 66? C'est quoi, cette histoire-là, M. Vous venez de découvrir qu'on a ça depuis 1867. le Président? C'est inacceptable. Arrêtez de dire que c'est un nouveau pouvoir que Mais ce qu'il y a de plus inacceptable, en vous venez d'obtenir. Ça a l'air fou un petit peu, plus que le poids politique a baissé de quelque ça. Je pense qu'on n'a pas le droit comme 20 % à 8 %, savez-vous c'est quoi, M. le Prési- Parlement, ici, de ne pas savoir que la Constitu- dent? Savez-vous qu'on va continuer à payer tion canadienne nous donne l'exclusivité des 25 % pour le Sénat, nous autres? Ça, vous ne pouvoirs sur les six pouvoirs qu'ils nous donnent. 3175

M. le Président, très bons négociateurs. pension de vieillesse. Vous êtes-vous imaginé ce C'est drôle. Puis, vous allez être obligés de que ça coûte, tout ça? Ce n'est pas éliminé. signer des protocoles d'entente pour exercer un C'est maintenu. Ah! il pourra peut-être y avoir pouvoir exclusif que vous avez depuis 1867! Vous des ententes administratives - si on s'entend, M. êtes forts! Vous êtes forts! Ce n'est pas croya- le Président, si on s'entend. ble. Incroyable, mais vrai. Franchement! Je vois le ministre de la Santé, M. le M. le Président, plus que ça. Le premier Président. Dans l'époque référendaire, ils sont ministre disait: II faut absolument qu'on arrête allés chercher de l'argent pour faire taire ça. On les dédoublements, quand il parlait du rapport nous annonce qu'en 1996 il n'y aura pas une cent Allaire. Il faut récupérer des pouvoirs. Ça n'a de paiements de transfert en santé. Il n'y en plus d'allure d'avoir deux ministères de l'Éduca- aura plus en 1996. M. le Président, comment ça tion, deux ministères de la Santé, deux minis- se fait qu'on n'a pas obtenu, pour 1996 au moins, tères de l'Environnement. On paie en double des l'exclusivité, puisqu'ils ne paieront plus? Ah non! fonctionnaires, on paie en double de l'administra- il va devoir respecter les standards nationaux. Il tion. On est obligés d'imposer des TVQ, des TPS. essaiera de faire quelque chose et il ne sera pas On est obligés de pelleter dans la cour des capable. C'est ça qui est dans l'entente qu'ils ont commissions scolaires des doubles taxes... On a négociée, M. le Président. Ils n'ont rien réglé, doublé les taxes scolaires au Québec. La taxe sur absolument rien, dans le transfert des juridic- la police, la taxe sur la voirie, la taxe sur le tions. transport en commun, l'électricité qui a augmenté Hier soir, le ministre de la Main-d'oeuvre de 25 %. Il nous faut, disait le premier minis- disait qu'il avait tout obtenu. On a une lettre de tre... Lui, n'énumérait pas sa série de taxes, le M. Trefflé Lacombe qui dit clairement: L'assu- premier ministre de la TVQ, mais il disait: II rance-chômage, ce n'est pas transféré; qui dit faut absolument qu'on aille chercher de l'argent très bien à ses fonctionnaires: Ça va être long, en évitant les dédoublements. Les dédoublements, c'est nébuleux, il y a de l'interprétation. M. le Président, sont tous maintenus. Ce sont Vous disiez que vous aviez obtenu de quoi des ententes administratives qu'il devra y avoir, en immigration. Le premier ministre lui-même, et valables que pour cinq ans, et si ça va bien dans Benoît Bouchard ensuite, disaient: Ce n'est pas les négociations. Qu'est-ce que nous avaient dit fini, les pourparlers continuent en immigration. les Québécois devant la commission Bélanger- Donc, il n'y a pas d'entente, si j'ai bien compris. Campeau? Trouvez des solutions durables, arran- On continue la négociation. On est en train, par gez-vous pour que les chicanes finissent, arran- supercherie, de nous faire croire qu'il y a une gez-vous pour qu'on ne tergiverse plus dans les entente. M. le Président, c'est grave, tout cela. négociations, arrangez-vous donc pour qu'on C'est grave, tout cela. puisse avoir des solutions qui règlent les problè- On laisse se promener dans le décor deux mes de façon définitive, M. le Président. textes, un texte français et un texte anglais, qui Dédoublements tous maintenus, négociations ne disent pas la même chose. Et avec raison. Il constitutionnalisées. Là, au lieu de se chicaner ne faut pas que ça dise la même chose, M. le en négociations, M. le Président, parce que ce Président, parce que si les Anglais voyaient ce n'était pas dans la Constitution, ça va être qu'il y a dans le texte français, peut-être que ça marqué qu'on va pouvoir se chicaner parce que ne marcherait pas, et l'inverse. On laisse se ça va être marqué qu'on va être obligés de promener dans le décor des textes qui ont des négocier. Puis, si on ne s'entend pas, il n'y a nuances non seulement de forme mais de fond. pas de mécanisme pour régler. C'est brillant, ça, Et ça, M. le Président, c'est grave sur le plan de M. le Président. Excellents négociateurs. la probité intellectuelle de laisser deux textes Je vois le ministre du Travail devant moi. dire des choses différentes. Et les anglophones Aurait-il signé des clauses de convention collec- du Canada ne se prononceront pas sur la même tive sans avoir, lui, prévu un mécanisme en cas chose qu'ici. Qu'est-ce qui va arriver après, dans d'impasse dans les négociations pour le régler? l'interprétation juridique, M. le Président, quand Aurait-il fait cela? Il se serait fait «fouter» il y a six juges de la Cour suprême... Six juges dehors de Canadair, M. le Président, même si, de la Cour suprême, M. le Président. La tour de aujourd'hui, il y en a peut-être qui sont heureux Pise, là, six contre trois. Et on découvre, M. le de voir qu'il n'est plus là. Mais ça ne se fait Président... pas. Quand on signe des conventions collectives Vous savez, M. Bourassa s'étirait les du genre, on prévoit des mécanismes de fin dans bretelles pour dire qu'à la Cour suprême il avait des conflits. gagné trois juges. Il faut relire maintenant Je continue sur le dédoublement des ser- l'entente; c'est bien plus faible que c'était. vices, M. le Président, parce que ça, c'est un des Maintenant, c'est prévu que c'est les membres du points cruciaux. Comme on maintient le dédou- Barreau québécois qui peuvent être juges du blement des services, les coûts, un petit chèque Québec. Donc, un avocat de Terre-Neuve qui est d'allocations familiales du fédéral, un petit membre du Barreau québécois, M. le Président, chèque d'allocations familiales du provincial, un pourrait être juge. C'est clairement établi, ça. chèque de rentes du Québec, un chèque de On a même fait un relevé. Ils seraient quelque 3176

100 avocats en dehors du Québec, qui sont la totalité des pouvoirs. Quand on se contente... membres du Barreau québécois, qui exercent ça aurait pu être pire, ce genre de phrase là. ailleurs, et qui pourraient devenir juges. Plus que C'est mieux que rien. Bien, M. le Président, on ça, M. le Président, on découvre dans l'entente n'incarne pas la volonté des Québécois, de tous sur les juges qu'ils ne sont pas obligés de les les gouvernements québécois antérieurs. On prendre si la liste ne satisfait pas. Ils en nom- n'incarne pas la volonté du peuple. On n'incarne ment par intérim. Je connais ça, des intérims, pas le consensus qui s'était dégagé au Québec de moi, dans un gouvernement. Ça peut être des régler une fois pour toutes et en profondeur années, ça, des intérims dans un gouvernement, pour éviter les interminables chicanes, pour M. le Président. C'est ça qui est dans l'entente. éviter les interminables collisions de négociations C'est ça qui est dans l'entente textuelle. Je l'ai perpétuelles, parce que chacun n'y retrouve pas lu, formellement, M. le Président. Et au niveau son compte. de la Cour suprême, rien. Le ministre Rémillard disait, en conclusion, Au niveau des autochtones, M. le Président, M. le Président: II faut apprendre que la meil- je vois le suave ministre des Affaires inter- leure façon, sur le plan constitutionnel, de gouvernementales, vous savez, qui, avec beaucoup régler les choses, c'est de donner au gouverne- de simplicité, toujours, se présente devant nous ment qui est le plus près l'ensemble des pou- et nous dit: Jamais, jamais le gouvernement du voirs. Nous étions d'accord avec lui. Lui a Québec n'acceptera le pouvoir des juges dans les changé de cap; nous, pas. Je vous dis, M. le litiges opposant le Québec aux autochtones. C'est Président, à une entente aussi faible, à une des traités, c'est des ententes ou c'est des équipe de négociation qui a mangé la claque, conventions. Il a répété ça à Anjou. Il a répété comme on dit en bon québécois, de façon si ça devant le Barreau canadien. Il a répété ça à magistrale, on ne peut que dire non. Merci. plusieurs reprises. Grande surprise, M. le Prési- dent, sur quoi on aura à se prononcer le 26 Des voix: Bravo! octobre prochain? C'est que si les négociations ne sont pas bonnes dans les cinq premières Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. années, même s'il y a eu un peu de bonne foi, le député de Joliette et leader de l'Opposition bien, ce sera un juge qui va décider. Un juge va officielle. décider que le Québec doit, par exemple, créer des enclaves territoriales sur son territoire. M. Ryan: Est-ce que le député de Joliette Donner le pouvoir aux juges pour faire ça? Ce accepterait que je lui pose une question? n'est pas des gouvernements de juges, ce sont les élus du peuple qui ont le devoir et le pouvoir Le Vice-Président (M. Lefebvre): Je m'excu- de conclure des ententes sur le plan constitu- se, M. le ministre, l'article 213, qui vous permet- tionnel, M. le Président, avec les peuples. Et trait, en temps régulier, de poser... de demander deux peuples, ça traite d'égal à égal par des cette question au député de Joliette, est suspen- traités, par des ententes, par des conventions. du en vertu de la motion. Alors, je vais main- Et si on va plus loin dans ce qu'on appelle tenant reconnaître... Un instant! Oui. les clauses contextuelles, M. le Président, on peut lire que même la Baie James peut être M. Gendron: Je pense que vous avez raison. remise en question. Et, ça, c'est grave. Ça, c'est Le leader du ministre des Affaires municipales, très grave, M. le Président. Ce qui a été élaboré son propre leader, a suspendu cette règle. Alors, entre deux groupes, entre le gouvernement du on regrette beaucoup. Québec et le peuple autochtone pour la Conven- tion de la Baie James, ce qui était un peu une Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, je première - c'est fantastique, ça - ça pourrait suis prêt à reconnaître le prochain intervenant. être remis en question, M. le Président. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants? (11 h 40) Moi, je pense que ça n'a pas de bon sens. Une voix: Oui. La campagne référendaire va nous permettre de sensibiliser le monde, de sensibiliser la popula- Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, M. tion, de faire en sorte que les gens sachent le député de Charlesbourg et ministre de la exactement ce à quoi les ont convié le premier Santé et des Services sociaux. M. le député de ministre de la TVQ et le premier ministre de la Charlesbourg. TPS. Il faut qu'ils sachent que ces deux hommes qui ont endetté réciproquement la province et le M. Marc-Yvan Côté pays ont concocté quelque chose qui s'apparente beaucoup plus à de la poudre aux yeux. M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le Fondamentalement, les Québécois qui sont Président. Nous avons donc amorcé, depuis venus s'exprimer, ils sont venus, M. le Président, quelques jours, depuis ces dernières heures, une s'exprimer pour dire qu'ils voulaient des change- étape extrêmement importante qui consiste à ments en profondeur ou bien le rapatriement de apporter des amendements à la loi 150 en 3177 parfaite conformité avec ce que le premier fondamentaux d'une négociation et d'une vision ministre du Québec a toujours dit et ce qui a commune d'un Québec fort avec ses moyens à toujours été l'interprétation de la partie gouver- l'intérieur d'un Canada qui, lui aussi, nous nementale. Importante puisqu'elle vient remettre apporte ses bénéfices. en perspective tout ce qui s'est passé antérieure- Il faut en convenir, pour le commun des ment et qui devra se passer au cours des pro- mortels, pour celui qui observe tout cela de chaines semaines, des prochains mois, et qui l'extérieur des officines gouvernementales, pour conditionnera l'avenir non pas du Canada, mais l'homme et la femme de la rue qui en ont ras le l'avenir du Québec. bol d'entendre parler de constitution, il n'est pas On a beau dire, on a beau faire, surtout facile de s'y retrouver. Il faut, au minimum, lorsque l'Opposition dite officielle du Québec avoir le respect de ces gens-là, qu'ils soient du s'arroge le droit d'être contre à peu près tout ce oui ou du non, qu'ils aient des tendances pour le qui se passe, tout ce qui bouge, et de manière oui ou le non, que nous ayons un minimum de plus spécifique dans le dossier constitutionnel. Il décence dans les propos que nous allons tenir y a longtemps que j'ai perdu, quant à moi, M. quant au fond, d'un minimum d'honnêteté intel- le Président, mes illusions à l'endroit de mes lectuelle pour être capable de véhiculer la vérité, amis d'en face quant au dossier constitutionnel. et strictement la vérité, et de la portée de ce De tous ces partenaires de circonstance, qui que nous allons faire au cours des prochains vibreront aux mêmes créneaux dans les prochai- jours. nes semaines, le réveil risque d'être bien pénible M. le Président, oui, il s'en est passé des pour certains, surtout qu'un non n'est pas un choses depuis quelques mois, depuis quelques oui à l'indépendance. années et surtout depuis Meech. Il est important Je veux en profiter, dès à présent, pour de rappeler à la population du Québec ce que féliciter Jean Allaire. Nous aurions voulu infiltrer nous avions obtenu dans Meech, puisque Meech le PQ que nous n'aurions pas fait mieux, puisque avait été largement partagé par une très grande nous devons nous rendre compte qu'après une majorité des Québécois à l'époque, y compris des journée de présence sous le chapeau du non de nationalistes très identifiés et qui avaient Jean Allaire, il a réussi à faire reculer ce parti retrouvé en Meech la fierté que nous cherchons sur son idée fondamentale qui est celle de tous d'être Québécois à l'intérieur du Canada et l'indépendance. d'être Québécois canadiens, et nous l'avions atteint, à ce moment-là, avec Meech. Des voix: Ha, ha, ha! Voici pourquoi nous l'avions atteint, M. le Président. Parce que la reconnaissance du Québec M. Côté (Charlesbourg): Donc, 1-0 pour comme société distincte était là; parce que les Jean Allaire contre le chef du Parti québécois. pleins pouvoirs en immigration, quant à l'intégra- Dans tout cela, bien sûr, se profile dans la tion économique, sociale et culturelle des immi- garde-robe Lucien, l'ineffable Lucien, qui est en grants du Québec, étaient là; parce que la attente d'une prise réelle de pouvoir pour possibilité pour le Québec de se soustraire de pouvoir exercer sa totale et pleine splendeur. Il tout programme fédéral futur et cofinancé dans pourra toujours invoquer qu'il y a des mariages les domaines provinciaux et d'obtenir, du même de raison qui peuvent facilement se justifier, le coup, compensation financière pour lui, permet- temps d'une cause, sauf que la cohabitation est tait d'agir librement; parce que de changements à tellement grossière ici qu'elle dépasse l'entende- la Cour suprême du Canada sans le consentement ment, qu'elle frise la supercherie de haute du Québec sur les plans, notamment, de son voltige et l'opportunisme éhonté. Nous y revien- existence, de ses pouvoirs et le fait de garantir drons, M. le Président, puisque nous aurons la présence de trois juges québécois sur neuf, amplement le temps au cours des prochains mois. nous l'avions; parce qu'un droit de veto sur Ce qui m'apparaîl aujourd'hui important toutes les nouvelles modifications à la Chambre d'invoquer entre-temps, c'est qu'on va donc des communces, au Sénat et à la Cour suprême, s'embarquer dans un processus hautement démo- nous l'avions; parce qu'une protection absolument cratique dans les prochaines semaines, où la sûre de s'opposer à toute tentative de diminution population du Québec va être appelée à se des pouvoirs de l'Assemblée nationale, nous prononcer - et c'est elle et elle seule qui l'avions, M. le Président. décidera - sur des offres formelles, concrètes et Oui, je le dis et je le répète, Meech, à une tangibles. Avouons-le très honnêtement si nous époque encore pas si lointaine, a constitué une voulons être pris au sérieux. Avouons-le. Nous, base très acceptable au Québec dans les reven- de notre côté, aurions espéré davantage, mais dications historiques du Québec. Un début plus c'est une négociation, et une négociation ne se important que tout ce que nos prédécesseurs d'en fait pas seule. La vision qu'ont les anglophones face n'ont jamais réussi à obtenir avec la menace du pays n'est pas en parfaite harmonie avec celle de l'indépendance, avec le beau risque, avec un que nous avons. Lorsqu'on parle de dualité, il chef charismatique et qu'ils n'ont jamais... avec nous faut avoir le respect des autres, mais aussi une ferveur populaire qui les supportait qu'ils respecter les autres. Ce sont là des principes n'ont réussi à obtenir du gouvernement fédéral 3178 dans une négociation. Au contraire, M. le des communes à Ottawa, selon une perspective Président, il faut le répéter. Au contraire, ce qui est la leur, qui est celle canadienne, tout en qu'ils nous ont laissé, ce n'est rien. Même, ils défendant les intérêts du Québec. Des Benoît ont accusé des pertes très significatives, en Bouchard, je suis intéressé à en avoir d'autres à particulier au niveau du droit de veto qui nous a Québec: 18, ce ne sera pas de trop pour être conduit dans l'impasse dans laquelle nous nous capable de continuer à travailler pour revendi- sommes retrouvés sur le plan d'une négociation quer ce à quoi on a droit. où, pour retrouver le droit de veto, nous avions Mais plus jamais un seul Lucien Bouchard besoin de l'unanimité. qui nous a littéralement fourrés, toutes les fois (11 h 50) qu'il a été dans une situation de décision, que Oui, je suis fier de ce que nous avons fait ce soit comme ambassadeur du Canada à Paris. dans Meech. Je l'étais et je le suis toujours, Rappelez-vous le Sommet des pays francophones, malgré les beaux discours de tous et chacun comment est-ce qu'il a isolé et tassé le Québec d'entre vous et des ténors qui vous suivent, qui, pour faire place au gouvernement du Canada à partout à travers le Québec, depuis trois ans, ont l'époque. Rappelez-vous qu'il est le père de la tenté de discréditer l'opération, mais sans jamais Loi sur l'environnement. Même si, aujourd'hui, il renier le fond. Le fond de Meech est demeuré, et se cache, il est le père de la Loi sur l'environ- il est dans l'entente que nous avons, du 28 août nement qui isolait le Québec, ou tentait d'isoler dernier. Il peut bien y avoir de beaux esprits le Québec au niveau de son application et de son dans votre parti, à l'extérieur, qui interprètent à importance. Vous préférez avoir des Lucien leur manière et selon leurs propres convictions, Bouchard? Je vous le laisse. Probablement que de manière différente, Meech. Meech demeure vous avez déjà d'autres idées, compte tenu du Meech, et Meech est un acquis pour le Québec, y fait que votre chef actuel est dans de sérieuses compris dans l'entente du 28 août dernier. Si difficultés sur le plan de l'appréciation, et que vous étiez fiers, à l'époque, vous avez encore vous caressez le désir d'en avoir un qui semble raison d'être fiers, même si vous êtes péquistes. un peu plus vendable que d'autres. Ça, vous devez avoir l'honnêteté minimale de M. le Président, ça démontre véritablement dire aux Québécois que Meech est toujours là, ce que vous êtes et ce que vous cherchez. M. le que nous en sommes toujours fiers, que c'est un Président, de dire qu'une garantie de 25 % des plus pour le Québec, et que nous continuerons de députés à la Chambre des communes à Ottawa à bâtir sur le plus. Voilà pour Meech, M. le vie n'est pas un gain pour le Québec, c'est être Président. malhonnête intellectuellement. Il y en a d'autres, M. le Président, il y a plus que Meech. et on va vous le répéter pendant tout ce débat, C'est ça aussi la vérité, et cette vérité-là fait pendant les deux prochains mois, partout à mal. Elle fait mal à ceux qui ont tenté pendant travers le Québec, là où il faut, pour vous de nombreuses années, et qui ont rêvé, du temps mettre à votre place. Qu'il suffise de penser, M. de leur opposition, du rêve de l'indépendance, le Président, au droit de veto que les sénateurs tout en voulant cacher l'indépendance aux francophones ont à Ottawa. Qu'est-ce que ces Québécois - étant leur but ultime - pour lou- beaux esprits ont à nous dire? Des droits de voyer et tenter de faire croire aux Québécois veto sur des questions linguistiques et culturel- que c'était un bon gouvernement qu'ils voulaient les. Qu'est-ce que ces beaux esprits ont à nous nous donner, alors que l'objectif premier a dire? Danger. Ils vont être noyés parmi les toujours été l'indépendance du Québec. francophones des autres provinces. Ils ont vu le M. le Président, oui, il y a plus que Meech danger. Le danger ne vient plus des Anglais, le dans l'entente du 28 août, et je vais le dire et danger vient des francophones des autres provin- continuer de le dire partout à travers le Québec. ces. C'est extraordinaire! Quelle belle vision Qu'il suffise de penser que le Québec ne pourra d'ouverture, quel beau pays vous allez construire! jamais avoir moins de 25 % des députés à la Quelle belle vision, bien non, les francophones Chambre des communes et ça, même si la popula- des autres provinces, du Nouveau-Brunswick, les tion du Québec passe en dessous de ce seuil. francophones de l'Ontario, de la Saskatchewan. Qu'est-ce que ces beaux esprits d'en face, en Quantité négligeable, on n'a pas besoin de particulier le député de Lac-Saint-Jean, ont à s'occuper de ça, c'est juste des francophones nous dire lorsqu'on dit que nous avons 18 canadiens. Ce n'est pas des francophones québé- députés de plus à la Chambre des communes? Il cois. Quels beaux esprits, quelle ouverture! René dit: Si on est pour avoir 18 Benoît Bouchard, on Lévesque devrait être très fier de vous entendre est aussi bien de ne pas en avoir. Eh que c'est à ce moment-ci. plaisant à entendre. Benoît Bouchard qui a été M. le Président, d'autres, et il y en a... un de ceux qui ont supporté le oui en 1980, au Regardez tout simplement au niveau des autoch- référendum. Quel respect de ceux qui étaient tones. Ils sentent, ils le sentent, ils ont un avec vous à l'époque. Quel beau respect des «feeling» que d'exploiter la cause autochtone au Québécois qui ont été élus par la population, et moment où nous traversons des périodes dif- qui ont un mandat direct de la population pour ficiles, en particulier avec les gens de Château- défendre les intérêts du Québec à la Chambre guay, les gens de Kanesatake, et avec les Cris, 3179 que d'exploiter ce filon des autochtones, c'est poser mon collègue d'Argenteuil au député de payant au Québec politiquement. Ça pourrait être Joliette tantôt, expert constitutionnaliste, lors- payant, amener quelques votes pour être capables qu'il parlait en particulier des Affaires munici- de faire triompher l'idée, alors que la générosité pales et du Loisir, c'était de lui demander de de René Lévesque était totalement différente. donner l'endroit exact et la citation de la Elle était ouverte à la reconnaissance de ce que Constitution canadienne de 1867 où il retrouvait sont les autochtones et de ce qu'ils doivent être ces pouvoirs. Et, dans ce sens-là, M. le Prési- chez nous, et c'est cette reconnaissance-là que dent, qu'il aille voir pour l'habitation aussi et il la Constitution canadienne modifiée va leur viendra nous donner ultérieurement les réponses. reconnaître. Que le Québec soit indépendant ou (12 heures) pas, est-ce qu'il y aura toujours des autochtones M. le Président, il est clair, il est clair que au Québec? Est-ce qu'il y aura toujours des nous sommes engagés dans un débat constitution- Inuit? Comment est-ce que vous allez régler le nel où la force du Parti libéral du Québec et de problème alors que vous prenez des positions qui ce gouvernement, c'est clair, c'est de l'ouverture. sont bassement électoralistes et qui visent à L'ouverture contre la fermeture. Non, une mettre dans les urnes des votes aujourd'hui pour certaine ouverture tactique, tactique, M. le tenter de vous faire gagner? Oui, cette généro- Président. Tactique, lorsque l'on voit le député sité, René Lévesque, on va très certainement de Westmount, tactique lorsqu'on voit l'ouver- finir par vous en parler. ture, les bras grands ouverts de ceux qui, à M. le Président, oui à Meech plus. Meech l'intérieur du Parti libéral, se sentent mal à plus est l'entente du mois d'août. C'est une l'aise avec une décision démocratiquement prise entente généreuse d'une vision et d'un respect par le parti. Les bras grands ouverts, mais c'est des deux peuples qui ont fondé ce pays, y très circonstanciel. La véritable générosité et la compris le Québec, et une ouverture aux autoch- véritable ouverture, on les voit devant l'attitude tones qui étaient là avant nous. C'est une de textes d'ouverture aux anglophones, d'ouver- ouverture généreuse, et l'histoire sera aussi ture aux communautés culturelles, d'ouverture généreuse vis-à-vis de ceux qui ont cette aux autochtones. C'est ça, la véritable situation, générosité et qui sont prêts à aller sur la place et elle vous fait mal. Et c'est ça, la vérité, et publique pour la défendre. M. le Président, il y a on va continuer de la dire partout à travers le plus, il y a Meech, il y a plus que Meech. Il y a Québec. de l'ouverture, de la générosité pour être capable M. le Président, le balancier sera cruel, de fonder ce pays, et un Québec fort à l'inté- cruel, aujourd'hui, surtout lorsqu'on voit un parti rieur du Canada. Il y a plus que ça. qui, hier, était résolument indépendantiste, Quand j'entends, M. le Président, Larose, s'allier avec des nationalistes fédéralistes pour Daoust, Pagé, quand je les entends, M. le dire qu'un non à l'entente n'est pas un oui à Président, venir critiquer l'entente et qu'on parle l'indépendance. À croire que Claude Morin est de main-d'oeuvre, formation de main-d'oeuvre et revenu, le stratège du Parti québécois, de de rapatriement des pouvoirs, et que j'entends ce l'accession à l'indépendance par étapes, tout monde-là nous parler de duplication, est-ce que cela, bien sûr, contre rémunération, avec l'enga- ce n'est pas un secteur en particulier où, M. le gement de le déclarer à l'impôt. Président, c'est clair et où l'intérêt supérieur de ceux qui demain se chercheront un emploi, de Des voix: Ha, ha, ha! ceux qui aujourd'hui perdent un emploi et pourront avoir des cours, M. le Président, pour M. Côté (Charlesbourg): Et lui aussi, ce se reformer, se réorienter et être capables d'être Claude Morin, on le considère encore comme un ceux qui vont être actifs sur le marché de intello suffisamment crédible pour émettre son l'emploi au Québec... Est-ce que cette entente-là opinion et être considéré comme un expert, tout n'est pas un plus pour le Québec? Oui, elle est en avouant, il faut bien se le rappeler, qu'il aura un plus, elle est un plus! Et je suis scandalisé fallu 15 ans à Nixon, aux États-Unis, pour d'entendre des gens comme Larose, Daoust, Pagé, retrouver une certaine virginité et 15 jours à et je pourrais en mettre d'autres... M. le Prési- peine, au Québec, pour que la presse redonne à dent, pouvez-vous rappeler le député de Lévis à Claude Morin sa presque virginité d'antan. Le l'ordre. grand éclat de rire, c'est nous qui revendiquons de l'avoir aujourd'hui. Une voix: II vient d'arriver. Quand on prend connaissance, sondages obligent, du taux de confiance accordé par la M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, il population au chef du Parti libéral par rapport y a un plus très évident de mise en commun, au chef du Parti québécois, il y a de quoi d'élimination des duplications dont les profits s'esclaffer doublement, sachant que l'ami Lucien vont se faire sentir à tout le monde. Et, dans ce est dans la garde-robe et qu'il attend, sachant sens-là, prenons-en d'autres. Prenons le dévelop- que l'ami Lucien a tout un beau programme pement régional. Oui, prenons l'habitation, économique à proposer aux Québécois et qu'il en prenons les loisirs. Et la question qu'aurait voulu a fait largement la démonstration à Ottawa, et 3180 qu'il l'a carrément dit qu'il était à Ottawa pas j'aimerais que vous fassiez respecter... pour défendre les intérêts du Québec mais pour saboter le système canadien, et c'est ce qu'il a Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le réussi à faire. C'est ce même chef de l'Oppo- sition officielle qui s'est déjà fait le prophète de député... malheur en prédisant un refus catégorique du Canada, comme s'il le souhaitait dans le fond de Une voix:... son âme. Pourtant, aujourd'hui, la réalité est tout autre. Elle fait mal au coeur à ceux qui Le Vice-Président (M. Bissonnet): Oui. n'ont d'autre objectif que de détruire le système M. Garon: En vertu du règlement, je actuel. demanderais que les députés soient assis à leur Je termine, M. le Président, en disant à ces place pour pas que... gens d'en face: Comment les croire aujourd'hui? Comment les croire? Comment croire le député Le Vice-Président (M. Bissonnet): Très bien. de Lac-Saint-Jean qui, il y a quelques années, Alors, en vertu de l'article 32, à la demande du était derrière Pierre Marc Johnson à défendre un député de Lévis, je demanderais aux députés de assouplissement de la thèse du PQ par rapport à reprendre les banquettes qui leur sont assignées l'indépendance? Comment croire le député de par la présidence. Je tiens à vous dire, M. le Lac-Saint-Jean d'aujourd'hui? député de Lévis, que je fais tout mon possible pour maintenir l'ordre dans cette Assemblée, et Le Vice-Président (M. Bissonnet): Si vous c'est ma première priorité. M. le député de voulez conclure... Pointe-aux-Trembles.

M. Côté (Charlesbourg): Alors que le député M. Michel Bourdon de L'Assomption d'aujourd'hui a voulu devenir chef, lui-même pensait s'opposer parce que, sur M. Bourdon: M. le Président, quand Brian le plan du programme du parti, il n'était pas Mulroney a été élu premier ministre du Canada d'accord avec lui. Où sont les vrais, aujourd'hui? en 1984, il a parlé de ramener le Québec dans le Où sont ceux qui disent la vérité à la population giron constitutionnel canadien dans l'honneur et et qui n'ont pas d'autre intérêt que de défendre l'enthousiasme. On a eu, hier, à la période de les intérêts du Québec? Ils se trouvent de ce questions, et on vient d'avoir, pendant 23 côté-ci de la Chambre. Alors, eux ont toujours le minutes, des exemples précis qu'on veut nous goût du pouvoir. M. le Président, merci. ramener dans le giron constitutionnel canadien dans l'injure, les mensonges, les demi-vérités et Des voix: Bravo! les roublardises. La performance que vient de nous donner le député de Charlesbourg, M. le Le Vice-Président (M. Bissonnet): Je vous Président, est du niveau d'une taverne, quand des rappelle que nous en sommes à l'adoption du Québécois de toute allégeance discutent après principe du projet de loi 44... avoir bu cinq, six bières. Ce n'est pas du niveau intellectuel qu'il convient de maintenir dans Une voix: Nous autres, on ne met pas les cette Assemblée, M. le Président. Ce que je veux poignards dans le dos. On les met en plein coeur. dire quand je dis cinq, six bières, je parle de grosses bouteilles de bière, parce que le député Des voix: Ha, ha, ha! de Charlesbourg nous a distribué, à la Maurice Duplessis, une pluie d'injures et de déclarations Le Vice-Président (M. Bissonnet): ...Loi folichonnes, je dirais même presque bouffonnes, modifiant la Loi sur le processus de détermina- M. le Président. Il dit, par exemple, le slogan du tion de l'avenir politique et constitutionnel du niveau de la taverne, que ce qui a été obtenu Québec. Je reconnais M. le député... est le lac Meech plus. Je n'ai pas l'intention de faire le tour de Des voix:... toute l'entente, M. le Président, juste de dire que, dans le lac Meech, le Québec avait un droit Le Vice-Président (M. Bissonnet): À l'ordre, de veto sur toute réforme des institutions s'il vous plaît! fédérales et que, là, on se retrouve à 8 % ou 9 % de sénateurs dans un Sénat dont la compo- Une voix:... sition n'était même pas mentionnée dans l'accord du lac Meech. Ça faisait partie des choses qui Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous n'auraient pas pu se réaliser sans l'accord exprès plaît, à l'ordre! Je reconnais M. le député de du Québec. Pointe-aux-Trembles. M. le Président, le député de Charlesbourg est responsable de la Loi électorale du Québec. M. Garon: M. le Président, pour pas que le Comment peut-il se réjouir d'une proposition qui député de Pointe-aux-Trembles soit dérangé, ferait qu'à l'île-du-Prince-Édouard il y aurait un 3181 sénateur par 26 000 de population et qu'au pouvoir du Québec jusqu'à ce que la Cour Québec il y aurait un sénateur par 1 200 000 de suprême en décide autrement? Qu'est-ce qu'il a population? Je pense, M. le Président, que la fait quand les juges ont décidé que l'affichage simple lecture du «transcript» des propos du devait se faire de telle ou telle façon? Il a ministre et député de Charlesbourg va nous invoqué la clause «nonobstant» et il a adopté une donner une idée jusqu'où la démagogie peut aller loi 178 qui ne fait l'affaire de personne. quand on a quelque chose d'impopulaire à Alors, la question est simple. Les Québécois défendre. sont attachés, et en particulier à Montréal, à M. le Président, je suis un député de ITle l'idée que les immigrants devraient s'intégrer à de Montréal et, sur l'île de Montréal, il y a la société québécoise francophone en toute amitié quelque chose qui est un enjeu fondamental au pour notre minorité anglophone. Qu'est-ce qu'on Québec depuis des décennies: c'est à quel groupe nous dit dans ce texte? Bien, c'est que, comme linguistique les immigrants vont s'identifier et il faut garantir l'épanouissement et le dévelop- s'intégrer. C'est ce qui a fait, M. le Président, pement de l'autre minorité linguistique - il y en que mon parti a souscrit à l'énoncé de politique a deux au Canada, française dans certaines de la ministre de l'Immigration quand elle a provinces, anglophone au Québec - bien, un juge, établi clairement une chose qui fait consensus au un matin, pourrait décider par jugement qu'en Québec, c'est que, si on veut rester une société matière de langue d'enseignement, c'est le libre à majorité francophone, les immigrants doivent choix total qui doit s'établir au Québec, soit plus s'intégrer à l'école française et doivent pouvoir, que même ce qui était mis de l'avant dans le par la suite, travailler en français. L'une des rapport par ailleurs excellent de Mme Chambers. questions que les propositions sur la table Alors, M. le Président, le gouvernement a le soulèvent, M. le Président, c'est: Est-ce que ces fardeau de la preuve là-dessus et doit répondre propositions pourraient mettre en cause la loi aux citoyens dont le choix n'est pas fait, ceux 101? qui ne sont pas automatiquement pour le oui ou Je voudrais, M. le Président, lire des pour le non, autrement dit, pour ceux que le extraits - pas longs - du texte qui est devant discours du député de Charlesbourg laisse froid nous, notamment le nouvel article 2 de la parce que leur idée n'est pas faite. Est-ce que la Constitution qui dirait: «Toute interprétation de loi 101 pourrait être mise en cause par les textes la Constitution du Canada, notamment de la qu'on a enfin décidé de distribuer dans l'après- Charte canadienne des droits et libertés, doit midi d'hier? La question est fondamentale pour la concorder avec les caractéristiques fondamentales majorité des Québécoises et des Québécois. suivantes», et on en cite plusieurs. Et à d, on Qu'est-ce qui pourrait arriver à la langue dit: «L'attachement des Canadiens et de leurs d'enseignement, à la langue de travail, en vertu gouvernements à l'épanouissement et au dévelop- de la proposition qui est faite et sur laquelle les pement des communautés minoritaires de langue Québécoises et les Québécois auront à se pronon- officielle dans tout le pays». Fin de la citation. cer le 26 octobre prochain? Le premier ministre Et, après ça, M. le Président, au paragraphe 2°, nous dit: N'ayez crainte. Bon, je pense qu'il on dit: «La législature et le gouvernement du faudra, d'ici peu, trouver un moyen d'établir Québec ont le rôle de protéger et de promouvoir clairement le droit dans cette matière. Est-ce la société distincte.» Le premier ministre nous a que l'entente peut mettre en cause la loi 101 sur dit hier, M. le Président, que fait de même, vu la langue d'enseignement, entre autres? Là- que l'article sur la promotion de la société dessus, le gouvernement devra nous répondre, M. distincte ne fait plus partie du premier paragra- le Président, autrement qu'en disant que quand phe de l'article 2, mais est devenu un deuxième une partie de paragraphe devient un nouveau paragraphe, que ses experts, que ses juristes paragraphe, il n'y a plus d'inquiétude à entrete- l'ont assuré que le nouveau texte qui nous est nir. proposé ne pourrait pas mettre en cause la loi M. le Président, ça m'apparaît important 101. parce que la langue d'enseignement pour les (12 h 10) immigrants, sur ffle de Montréal principalement, Je ne suis pas convaincu par cet argument fait partie du consensus et du contrat social. Les et je pense que les gens qui nous écoutent Québécois pensent que c'était une sécurité de peuvent être confondus par une logique aussi décider, il y a 15 ans, que les filles et les fils ténue. La vérité, c'est que l'entente prévoit de d'immigrants iraient à l'école de la majorité nouveau qu'on aura, au Québec, le gouvernement francophone. Est-ce que l'entente dont on nous par les juges, que ça soit pour la langue de vante les mérites, la proposition que les Québé- travail, que ça soit pour la langue d'enseigne- coises et les Québécois auront à décider le 26 ment pour les filles et les fils d'immigrants ou octobre prochain, pourrait amener un juge à que ça soit sur quoi que ce soit qui est prévu changer ça? Je pense que le gouvernement a le dans la Charte de la langue française, à laquelle fardeau de prouver qu'il a raison de ne pas être les Québécois sont attachés. inquiet. M. le Président, faut-il rappeler que le Je pense que c'est également un peu premier ministre a cru que l'affichage était du indécent de dire que dès que la moindre objec- 3182 tion est soulevée à ce que les juges décident du gains dans les négociations constitutionnelles nouveau palier de gouvernement qui sera le auxquelles nous avons assisté. Nous ne sommes gouvernement des nations autochtones, que pas de ceux qui négligent les talents de négocia- n'importe qui qui ose discuter une disposition qui teur d'un Ovide Mercredi. Il a bien négocié. Il a est discutable se range dans les racistes et ceux fait de bonnes alliances, puis il a négocié pour qui attaquent les autochtones d'une façon les peuples qu'il représente. On ne lui reproche vicieuse. M. le Président, le gouvernement nous d'aucune manière... On est heureux que les dit que la proposition qu'il y a devant nous est peuples autochtones aient eu un meilleur négo- bonne. ciateur que le peuple québécois. C'est ainsi qu'on Il y a eu une des dispositions de cette doit apprécier les résultats de la proposition qui proposition qui dit que le droit inhérent des nous est faite. autochtones à l'autodétermination, après cinq Est-il acceptable qu'une société comme la années de négociation, pourra être décidé par nôtre dise que des gouvernements vont exister des juges. M. le Président, je n'invente rien. Je sur son territoire, vont exercer des pouvoirs, je voudrais lire ici le paragraphe b du fameux suppose, fiscaux et autres, et que ça, c'est un article 2 qui dit: «Le fait que les peuples juge, si les négociations n'aboutissent pas, qui va autochtones du Canada, qui ont été les premiers établir quelle forme ces gouvernements-là vont gouvernants du territoire, ont le droit de pro- avoir? Est-ce que le ministre des Affaires mouvoir leur langue, leur culture et leurs municipales aurait accepté que la ville de Mont- traditions et de veiller à l'intégrité de leur réal soumette à un juge la question de savoir société et le fait que leur gouvernement forme quel impôt foncier va être pompé par cette un des trois ordres de gouvernement du pays.» municipalité-là, comme par des centaines d'au- Fin de la citation. tres, pour assumer le transfert de factures que la M. le Président, il n'y a personne, de ce réforme du ministre des Affaires municipales a côté-ci de la Chambre, qui est contre qu'il y ait confiées. Mais non, on a dit: C'est des relations un ordre de gouvernement, dans le pays que nous de gouvernement à gouvernement puis, sur le habitons actuellement ou dans le pays dont nous territoire, ici, c'est le gouvernement du Québec prônons l'émergence et la naissance, le Québec, qui a le pouvoir de prendre des décisions. qu'il y ait un ordre de gouvernement autochtone. (12 h 20) Il n'y a personne qui met ça en question. René Ce que le programme de mon parti politique Lévesque avait piloté à l'Assemblée nationale une dit, M. le Président, c'est que par traité et par déclaration de principe reconnaissant le droit entente nous allons nous entendre avec les des premières nations au Québec à s'autodéter- premières nations sur leur droit à l'autodéter- miner selon des modalités à convenir. mination et les modalités pratiques leur permet- M. le Président, notre désaccord ne porte tant de l'exercer. Il n'y a pas autre chose dans pas sur la réalité de gouvernements autochtones, notre position. On ne veut pas jouer sur l'exas- mais sur la façon de les établir. Nous pensons pération des gens de Châteauguay ou de ceux qu'il est tout à fait inacceptable qu'un ordre de d'Oka. On dit seulement que si on a un nouveau gouvernement puisse être créé par une décision niveau de gouvernement au Québec - et on est d'un juge. M. le Président, à cet égard-là, je d'accord qu'il y en ait un, on est d'accord que voudrais, quand il se sera calmé, rappeler au les premières nations puissent s'exprimer de député de Charlesbourg qu'à l'intérieur de la cette manière - c'est par négociation qu'on doit province de Québec actuelle, les ordres de y arriver, parce que les Québécoises et les relation et les juridictions respectives des Québécois n'élisent pas les juges. Ils élisent des gouvernements que le Québec contrôle, que sont députés pour prendre les décisions politiques, et les municipalités, je ne sache pas que ce soit des c'est contraire à tout notre système de droit de juges qui en décident. Dans le cas de la réforme dire que, sur la langue de travail comme sur la de la fiscalité municipale, c'est le gouvernement langue d'enseignement pour les immigrants, de Québec qui a pris des décisions que, d'ail- comme pour qui contrôle l'hydroélectricité à la leurs, nous avons contestées. Les questions que Baie James et de quelle façon les gouvernements pose la proposition qui nous est faite sont les autonomes des premières nations vont opérer... suivantes: Un juge pourrait-il décider, par Les Québécois n'admettent pas cette idée de se hypothèse, que les gouvernements autonomes des cacher derrière les juges pour qu'un juge décide premières nations, qu'il y en a qui aurait le à la place de ceux que la population élit pour contrôle des installations hydroélectriques de la prendre des décisions. Baie James? M. le Président, ce n'est pas une Je pense, M. le Président, que ce sont là de question qui est théorique, ça. Elle est pratique vastes questions qui sont posées et qu'il faudra y et elle touche au projet hydroélectrique du répondre d'ici au 26 octobre. Pas y répondre premier ministre, sur lequel il a fondé une bonne d'une façon démagogique pour plaire à ceux de partie de sa carrière politique. nos concitoyens qui, spontanément, sont pour le Or, le texte qu'on a devant nous pourrait oui ou pour le non - ça, c'est un grand nombre permettre à un juge de prendre une telle déci- de personnes - mais, dans le fond, pour répondre sion. Maintenant, les autochtones ont fait des aux questions des personnes qui se disent: 3183

L'entente dont on nous dit que c'est mieux que dont je suis fier, s'est mis à la tâche de con- rien - ça, c'était l'argument au congrès libéral, venir avec les gouvernements fédéral et provin- dans les corridors; ce n'est pas «vargeux», ciaux les termes de son adhésion à la loi cons- excusez l'expression, mais c'est bien mieux que titutionnelle de 1982. À cette fin, le gouverne- rien - est-ce qu'elle peut nous faire reculer en ment du Québec a fait connaître ses cinq termes d'intégrité territoriale? Et l'intégrité conditions. L'accord constitutionnel de 1987 a territoriale, M. le Président, ce n'est pas une traduit les termes de l'entente intervenue au lac notion théorique. Qui est propriétaire des Meech entre le Québec, Ottawa et les neuf 20 000 000 000 $ d'installations hydroélectriques autres provinces en regard des cinq conditions que les Québécois ont installées à la Baie James? posées par le Québec. Mais malgré cette entente Une question éminemment pratique. Dans quelle unanime entre les 11 gouvernements, l'accord n'a langue les filles et les fils d'immigrants vont-ils pas recueilli le consentement de toutes les étudier? Dans quelle langue les gens parlant Législatures provinciales, ce qui aurait permis la français au Québec ont-ils le droit de travailler? proclamation et son entrée en vigueur. C'est Ces questions-là, M. le Président, on nous pourtant la première réponse jamais donnée par propose de confier aux juges le soin d'en le reste du Canada aux démarches constitution- décider. Et on a vu déjà que, quand la popula- nelles amorcées par le Québec. Son échec, après tion n'est pas d'accord avec les décisions des trois années de débats publics, a soulevé la juges, elle demande aux élus d'en rendre compte. question de l'avenir politique et constitutionnel Mais ce ne sont pas les élus qui ont à en rendre du Québec. La rigidité de la procédure de compte. modification constitutionnelle et la conjoncture Je pense donc, M. le Président, que d'ici au politique canadienne, de 1987 à 1990, ont fait 26 octobre le gouvernement doit nous répondre que nous sommes arrivés à un échec, à une précisément sur les questions opportunes que impasse. On a remarqué que les débats qui ont nous posons, et qui sont les suivantes: Est-ce entouré l'accord constitutionnel de 1987 ont que la loi 101 est en cause dans cette entente? montré que les visions politiques, les identités Est-ce que la Cour suprême pourrait prendre des nationales et les aspirations semblaient de plus décisions qui bifferaient des dispositions de 101 en plus difficiles à concilier. comme la langue d'enseignement pour les immi- De plus, le 4 septembre 1990, notre gouver- grants? Est-ce que le gouvernement peut nous nement créait la Commission sur l'avenir politi- expliquer pourquoi il a accepté que les juges que et constitutionnel du Québec, la commission décident des pouvoirs d'un nouveau niveau de Bélanger-Campeau, qui concluait, après son gouvernement, qui serait celui des premières travail de quelques mois, à la nécessité d'un nations, et dont le ministre des Affaires cons- changement majeur de nos institutions politiques titutionnelles nous avait dit que c'était absolu- et à la volonté très profonde du peuple québécois ment inacceptable? Bien, qu'on nous dise ce qui d'une plus grande autonomie. M. le Président, le en est pour que les gens dont l'opinion n'est pas projet de loi 150 étudié en juin 1991 respectait faite et qui sont importants décident en toute en tout point le contenu du rapport Bélanger- connaissance de cause si c'est une entente qui Campeau, c'est-à-dire la tenue d'un référendum fait juste ne pas nous donner grand-chose ou si au Québec au plus tard le 26 octobre 1992, la ce n'est pas plutôt une entente qui pourrait nous mise sur pied de deux commissions parlementaires faire reculer? Merci, M. le Président. spéciales: l'une ayant pour mandat d'étudier les questions afférentes à l'accession du Québec à Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. la souveraineté, l'autre, d'analyser toute offre le député de Pointe-aux-Trembles, de votre d'un nouveau partenariat de nature constitution- intervention. Sur ce même sujet - nous en nelle faite par le gouvernement du Canada. De sommes à l'adoption du principe du projet de loi cette façon, notre gouvernement respectait les 44 - je cède la parole à M. le député de Hull. termes de l'important consensus qui s'était forgé M. le député, la parole est à vous. à la commission Bélanger-Campeau. Le gouverne- ment libéral a pris les moyens nécessaires pour M. Robert LeSage exprimer ce qu'il considérait comme essentiel pour le Québec et ce que nous ne pouvions avoir M. LeSage: M. le Président, c'est avec un dans Meech et que nous devions avoir d'une grand plaisir que j'interviens aujourd'hui en cette façon autre. Il faut le reconnaître, M. le Prési- Chambre afin d'appuyer un amendement à la loi dent, notre gouvernement a agi de façon respon- 150, Loi sur le processus de détermination de sable et pondérée, comme il l'a toujours fait l'avenir politique et constitutionnel du Québec. depuis sa prise de pouvoir en 1985, et l'expé- Cette loi, M. le Président, a été adoptée le 20 rience et la force de notre chef seront une juin 1991, rappelons-nous. Mais avant d'aller plus contribution déterminante quant à notre avenir. loin, permettez-moi de situer le contexte qui M. le Président, la raison de cet amende- nous amène aujourd'hui à rediscuter de cette loi. ment à la loi 150 est bien simple. C'est l'entente Depuis 1985, plus précisément le 2 décem- du 22 août 1992, les offres du gouvernement bre, le gouvernement libéral, mon gouvernement, fédéral. Cet amendement va permettre la tenue 3184 d'un référendum, le 26 octobre, sur l'entente rôle dynamique et responsabilité du gouvernement constitutionnelle. Comme le disait mon collègue, de promouvoir la société distincte, 33 % des le ministre des Affaires intergouvernementales juges à la Cour suprême, l'ajout de 18 députés à canadiennes, le 9 mai 1986, au Mont-Gabriel, et la Chambre des communes, la garantie de 25 % je le cite, M. le Président: «L'avenir du Québec des sièges à la Chambre des communes, la double est à l'intérieur du Canada. C'est là la conviction majorité au Sénat en matière de langue et de profonde de l'immense majorité de la population culture, un veto sur le Sénat, un veto sur la du Québec comme c'est là l'engagement premier représentation à la Chambre des communes, un et fondamental du présent gouvernement. Le veto sur l'existence et la composition de la Cour gouvernement du Québec croit au fédéralisme suprême, un veto sur la participation des nouvel- parce que, à l'intérieur du régime fédéral, le les provinces à la procédure de modificaton Québec peut être fidèle à son histoire et à son constitutionnelle et au Sénat, et le retrait de identité particulière en y trouvant, à la fois, les compensations pour tout transfert de juridiction conditions favorables à son plein épanouissement provinciale au fédéral. économique, social et culturel.» Deuxièmement, M. le Président, un par- (12 h 30) tenariat amélioré. La compétence exclusive M. le Président, ce que nous propose provinciale accrue: culture, perfectionnement, l'entente constitutionnelle de 1992, c'est un formation de main-d'oeuvre, tourisme, forêts, progrès pour le Québec. Cette entente comporte, mines, loisir, logement, affaires municipales et pour le Québec, des outils de protection et des urbaines; la maîtrise d'oeuvre en immigration, outils de changement. développement régional et télécommunications, la En ce qui a trait à la protection de son constitutionnalisation de l'entente d'immigration identité, le Québec dispose d'un arsenal qu'il n'a déjà conclue, l'encadrement du pouvoir fédéral de jamais pu obtenir et qui, à certains égards, se dépenser et respect des priorités provinciales, compare avantageusement à Meech. Avec ses l'intégration économique accrue tout en main- trois juges à la Cour suprême, une clause de tenant les outils de développement des provinces, société distincte efficace, la garantie de 25 % l'implication des provinces à l'égard de la des sièges aux Communes, la double majorité composition de la Cour suprême, et un nouveau linguistique au Sénat, le droit de veto, le Québec pacte pour les autochtones. a certainement ici les outils nécessaires à son M. le Président, lorsqu'on parle de crédi- épanouissement, avec les limites au pouvoir bilité du Parti libéral du Québec pour négocier, fédéral de dépenser, de nouvelles règles du jeu nous n'avons qu'à nous remémorer tous les pour l'immigration, pour la formation de la main- débats qui ont entouré les négociations autour de d'oeuvre, pour la culture, pour les forêts, pour l'Accord de libre-échange. Nous remarquons que, les mines, pour le tourisme, pour le logement, dès le début des travaux préparatoires, soit au pour les loisirs, pour les affaires municipales, début de 1986, le gouvernement a tenu à associer pour le développement régional. Ces changements toutes les parties intéressées, c'est-à-dire les sont importants et ils contribuent certainement à entreprises, les travailleurs et les syndicats ainsi créer dans les faits une dynamique de décentra- que la population en général à tout ce processus lisation, et renforceront l'existence de la société de détermination des intérêts du Québec. distincte. Voilà un bel exemple, M. le Président, pour M. le Président, l'entente comporte une expliquer cette crédibilité qui a toujours appar- autre dimension d'une grande importance. Cette tenu au Parti libéral du Québec quand vient le entente qu'a acceptée notre premier ministre temps de décider d'exprimer ce qu'il considère comporte de nombreux compromis, mais aucune comme meilleur pour le Québec. Le Parti libéral compromission. Ce compromis est raisonnable du Québec n'a donc aucune leçon à recevoir de parce qu'il respecte ce que nous sommes et ce l'Opposition officielle quand vient le temps de que nous voulons être. M. le Président, comme le défendre les intérêts du Québec. En continuant disait un éditorialiste, si on fait passer la raison d'agir comme il l'a toujours fait, le Parti libéral avant les émotions, le bien d'un peuple avant les du Québec contribuera à créer un Québec encore passions individuelles, la survie pour l'avenir plus fort. Ce n'est que la continuité dans le plutôt que la satisfaction du moment, il faut discours qui rend crédible l'Opposition. Au accepter l'entente. contraire, on ne sait trop où donner de la tête M. le Président, dans la Constitution, c'est pour s'y retrouver. là que les droits des citoyens sont inscrits et M. le Président, il faut le dire, le seul protégés. C'est là que les pouvoirs du Québec et homme capable de renforcer le Québec est notre de l'Assemblée nationale sont créés et garantis. premier ministre, M. . Cet homme La réforme de la Constitution, c'est pour per- a réussi à faire passer par-dessus tout les mettre au pays et au Québec de faire face aux intérêts supérieurs du Québec. C'est maintenant défis de l'avenir. l'heure des choix pour les Québécoises et les Pour le Québec, l'entente du 22 août 1992 Québécois. Le contexte économique actuel est comporte des gains. Premièrement, un Québec difficile, vous en conviendrez avec moi, et, dans distinct, la reconnaissance de la société distincte, ce sens, les Québécois se questionnent sur les 3185

conséquences économiques de la souveraineté. Les l'aménagement et des équipements et député de payeurs de taxes que nous sommes tous ne Lévis. M. le député, la parole est à vous. tarderont pas à en faire les frais. Avant de terminer, M. le Président, vous me M. Jean Garon permettrez, lorsque l'on discute de questions économiques, de faire allusion à certaines M. Garon: M. le Président, j'écoutais parler déclarations de certaines personnes, des gens le député de Hull, et il donnait un exemple d'en face, des péquistes qui viennent de temps à frappant d'un parti qui ne sait pas compter. autre dans l'Outaouais québécois tenter de Parce que, quand il parlait des fonctionnaires leurrer ma population en lui faisant accroire fédéraux, justement, on paie 25 % des taxes à qu'avec la souveraineté il n'y aurait pas de Ottawa et on a 17 % des fonctionnaires au problème dans l'Outaouais québécois. Les fonc- Québec. Ça veut dire qu'on paie pour 25 % de tionnaires fédéraux, ne vous inquiétez pas, on va fonctionnaires, on en a 17 %, on paie pour les vous incorporer dans notre fonction publique fonctionnaires d'ailleurs. Essentiellement, c'est provinciale. ça. Et qu'est-ce qu'on observe dans cette M. le Président, nous sommes près de entente-là? Une entente de gens qui ne savent 7 000 000 au Québec. Il y a environ 3 000 000 de pas compter, parce que ces grands esprits qui travailleurs au Québec. Il y a environ 390 000 pensent connaître l'économique, le seul point, M. fonctionnaires ou personnes qui sont à la solde le Président, sur lequel ils ne se sont pas de l'État au Québec. On veut en rajouter entendus, nous disent-ils, c'est justement sur 125 000. On en aurait au-delà de 500 000 payés l'union économique. Et vous voyez aujourd'hui par l'État au Québec. Ça ne se voit nulle part, ces gens sincères, M. Claude Castonguay, libéral M. le Président, payer un nombre aussi con- notoire, pour une paye de sénateur, maintenant, sidérable de fonctionnaires dans un État. Lorsque devient conservateur; Mme Solange Chaput- l'on dit également à ces mêmes personnes: Ne Roiland, qui était une libérale en cette Chambre, vous inquiétez pas, on va transférer des minis- pour une paye de sénateur, maintenant, est une tères de la ville de Québec dans l'Outaouais conservatrice. Vous voyez M. Roch Bolduc, québécois pour maintenir le nombre d'emplois de libéral notoire - il vient de Bellechasse, on fonctionnaires dans l'Outaouais, les gens de connaît la famille - siège maintenant, libéral l'Outaouais québécois ne les croient pas. Et une notoire, comme conservateur, pour une paye de des raisons principales pour lesquelles ils ne les sénateur. Vous voyez Mme Lavoie-Roux, ministre croient pas, M. le Président, ces mêmes person- dans cette Chambre, qui a quitté, nommée à nes, avec leurs propres fonctionnaires, lors- Ottawa; maintenant, elle est devenue bleue pour qu'elles étaient au pouvoir, leur avaient donné la paye. Et on va nous dire que ces gens sin- des augmentations de salaire avant le référen- cères là, ces grands esprits qui étaient tous pour dum, pour leur soutirer plus qu'elles ne leur en l'abolition du Sénat, maintenant, ils sont pour la avaient donné après le référendum, tout simple- perpétuation du Sénat pour garder leur job, M. ment pour attirer leurs votes. M. le Président, le Président. Et, en même temps, alors qu'on a le les fonctionnaires provinciaux se rappellent. Les chômage au Canada, on crée des postes de fonctionnaires fédéraux le savent et sauront de députés additionnels comme si on n'en avait pas quelle façon voter au prochain référendum. assez de députés, comme si au lieu d'avoir 22 % Je terminerai donc, M. le Président, en des députés, avec 24 % ou 25 % des députés on disant que c'est une bonne entente. Le Québec a va gagner davantage, M. le Président, comme si obtenu de solides protections pour son identité on gagnait plus une partie de hockey quand le et de nombreux transferts de pouvoirs. Les «score» est 7-3 plutôt que 7-2. Voyons donc, M. premiers ministres ont proposé ce à quoi on ne le Président! croyait plus: une solution négociée et un projet (12 h 40) unanime. Comme le disait notre premier ministre La seule partie sur laquelle ils n'ont rien au congrès: Dans les choix que nous acceptons, discuté, c'est l'économie. Ghislain Dufour, ce nous devons évaluer les risques pour le présent, spécialiste du libre-échange, pas un mot. Il mais surtout pour l'avenir. devisait, avec Ovide Mercredi, du pays de ses ancêtres, M. le Président. On a vu qui, après ça? Une voix: C'est ça. On a vu tous ces gens-là qui parlaient du libre- échange. Pas un mot sur la question économique! M. LeSage: Les paramètres qui nous ont Pourquoi? Parce qu'ils ont fait durer un débat guidés, c'est la confiance, le réalisme et, bien pendant deux ans pour ne pas en parler. Je vais entendu, l'intérêt supérieur des Québécoises et vous dire une chose: il y en a un qui va vous en des Québécois. Merci, M. le Président. parler pendant les deux prochains mois, du débat économique. Le Vice-Président (M. Bissonnet): Je vous On a actuellement, au Canada, 13 % de remercie, M. le député de Hull, de votre inter- chômeurs, le niveau le plus élevé de tous les vention. Sur ce même sujet, je reconnais main- pays du monde industrialisé. Il n'y a pas un tenant M. le président de la commission de pays au monde actuellement industrialisé qui a 3186 autant de chômeurs que le Canada. Une dette de que le Canada est un pays en faillite, avec près de 500 000 000 000 $. La dette la plus 500 000 000 000 $ de déficit. Quand on compte élevée de tous les pays du monde indus- les fonds de pension pas accumulés... Vous allez trialisé! Même les États-Unis, actuellement, qui me dire: Ce n'est pas... Oui. Plus de parlent qu'ils ont une grosse dette ont 425 000 000 000 $. Mais comptez que les fonds une dette d'à peu près la moitié de celle de pension, au Canada, il n'y en a pas un de du Canada si on tient compte de la population: capitalisé. Les gens pensent qu'ils sont en 3 000 000 000 000 $. On est à 500 000 000 $. Si sécurité dans ce pays-là. Quelle somme est on avait 10 fois la population, 10 fois plus, capitalisée dans les fonds de pension des vété- il faudrait peut-être avoir 5 000 000 000 000 $ rans, des fonctionnaires, des personnes âgées? au lieu de 500 000 000 000 $, comparé à Pas une cent! Tous des systèmes «pay-as-you- 3 000 000 000 000 $ aux États-Unis, alors qu'ils go». Alors qu'actuellement 35 % des revenus du trouvent que c'est trop gros, leur dette, et le gouvernement fédéral servent à quoi? À payer les débat se fait là-dessus. intérêts sur la dette, M. le Président. Mais à Nous autres, on a des beaux esprits qui quoi? Qui a fait ça? Deux premiers ministres ne parlent du Canada comme si on était au XIXe comprenaient rien à l'économie: M. Trudeau et siècle. Pendant ce temps-là, on parle des rela- M. Mulroney. Deux zéros en économie. Aujour- tions est-ouest comme si c'était l'avenir, mais on d'hui, M. Mulroney va nous faire le fanfaron voit ce que ça donne: des compagnies d'aviation alors qu'il est à 12 % à 15 % dans les sondages en faillite, des chemins de fer qui ferment, des depuis deux ans, alors qu'il essaie de sauver sa garages qui ferment pour les chemins de fer. peau en évitant de parler de la question écono- Pourquoi? Parce que l'avenir n'est pas dans les mique, alors que le taux d'insatisfaction à l'égard relations avec Regina, mais dans les relations du gouvernement libéral de M. Bourassa est à avec Boston, avec New York, avec Chicago. Qui 70 % parce que c'est un échec. avez-vous entendu dans le débat? Le Conseil du Essentiellement, ça va si bien, M. le patronat, Ghislain Dufour? Non. Pas un son. M. Président. Les taxes de vente sur les vêtements, Bourassa? Pas un son. Celui qui se prétend les chaussures, les meubles et les appareils économiste, je n'ai jamais vu son diplôme. Hein! ménagers ont été rétablies par ce gouvernement- Parlons des gens sincères, des gens hypo- là il n'y a pas longtemps. La taxe sur l'essence, crites. Je regrette. Comme summum d'hypocrisie, qu'ils trouvaient épouvantable dans notre temps, nos sénateurs qui siègent comme conservateurs à qui était à 0,133 $, le litre est rendu à 0,199 $ Ottawa, vous ne viendrez pas me dire, M. le le litre, M. le Président. Le permis de conduire a Président, que c'est ça, la sincérité. Ils sont augmenté de 6 $ à 20 $: 300 % d'augmentation, devenus conservateurs pour une paie. Aujour- plus de 300 %. L'immatriculation, qui coûtait d'hui, on regarde un débat, un débat où il n'y a 37 $, est rendue à 120 $, M. le Président. Dans rien sur l'économie. On ne s'entend pas sur quelques années, ça. Surtaxe de 30 %, même aux l'économie, de sorte qu'il n'y a rien sur l'écono- automobilistes. Même ceux de l'île d'Orléans. Je mie. Quand les gens vont écouter ça, le chômeur vois mon collègue de Montmorency; l'île d'Or- qui va dire: Ces gens-là pensent à moi. Il va y léans paie 30 $ pour un transport en commun avoir trois juges de la Cour suprême. Grosse qu'elle n'a même pas, M. le Président. Combien victoire! Grosse victoire, M. le Président. On en de municipalités comme ça, au Québec, actuelle- avait trois avant, on en a encore trois. Grosse ment? Plus d'une centaine de municipalités paient victoire! Des députés, on va en avoir quelques- 30 $ du permis d'immatriculation alors qu'elles uns de plus dans le Parlement, mais on ne n'ont même pas de transport en commun. Hydro- dépassera pas 25 %. Comme société égale, grosse Québec: depuis deux ans, les taux ont augmenté victoire! de plus de 30 %. Des hausses de taxes municipa- Le député de Chaiiesbourg, je l'écoutais les, grâce à la réforme du ministre des Affaires parler. Je suis persuadé qu'il ne comprend rien à municipales, M. Claude Ryan, qui se présente l'entente, il ne parle pas l'anglais, M. le Prési- comme un spécialiste qui était à l'Éducation et dent. Vous avez un beau fédéraliste qui ne parle qui n'a même pas vu qu'il y avait 40 % de pas l'anglais. Tous les textes sont faits en décrochage et que ça prenait trois ans et demi anglais. On vient d'avoir les traductions et on pour faire deux ans de cégep, M. le Prési- apprend que les traductions ne sont pas bien dent. faites seulement. On a mal traduit les mots. Il Des gens aveugles comme ça, qui ne voient n'a même pas compris l'entente. Il veut appren- rien, c'est ça, notre problème, actuellement. On dre l'anglais une fois qu'il aura quitté la politi- n'est plus compétitifs. Les taxes scolaires ont que. Il serait mieux d'apprendre l'anglais et de plus que doublé depuis trois ans. Les frais de venir en politique après. Il comprendrait plus scolarité: hausse de 130 %, M. le Président. La quand on négocie avec Ottawa. TPS et la TVQ, 15,56 % de taxes maintenant. M. le Président, on va arrêter de dire des Vous allez aux États-Unis, et il y a des États sornettes. Ce gouvernement-là, le mal qu'il y a qui n'en ont même pas, de taxe de vente. Zéro au Canada actuellement, c'est un pays en faillite. au New-Hampshire, à nos portes, au sud. Zéro de En faillite! Tous ceux qui savent compter savent taxe de vente. Quand on arrive là, les routes 3187 sont belles. Il n'y a pas de craques, il n'y a pas les délégués, eux autres, ils votent sur des textes de trous, il n'y a pas d'ornières et il n'y a pas qu'ils n'ont jamais vus. J'aurais aimé ça que le de vallons. Allez rien que sur la route en arrière ministre des Affaires municipales soit directeur de Sherbrooke! Que le ministre des Transports du Devoir à cette époque-là. Qu'est-ce qu'il aille faire un tour! Quand je suis revenu en aurait dit d'un parti qui vote des constitutions janvier, j'étais sur une route comme une planche sans même avoir les textes? Il aurait trouvé ça à laver. Rendu à Sherbrooke, j'ai dit à ma infâme. Puis, aujourd'hui, il trouve ça beau? femme: On devrait s'acheter un cheval; on a le Sépulcre blanchi! Sépulcre blanchi, M. le Prési- «swing» tellement ça saute. Je suis redescendu dent, qu'un tel homme qui est prêt à accepter par cette route-là pour voir l'autre bord cet été, qu'on vote des textes sur l'avenir d'un peuple si c'était mieux. J'avais l'impression d'être sur un sans même les voir! Bref, mépris de ses par- jeu de Nintendo, avec une route qui gondolait tisans, mépris de ses militants, qui l'ont d'ail- dans tous les sens. Dangereuse à outrance! Avec leurs sacré dehors à la première opportunité. une fausse autoroute 55 qui a rien que deux Puis il a vu qu'il s'était trompé quand les voies, M. le Président! L'inflation verbale du éditoriaux puis les discours, ce n'était pas pa- ministre des Transports, qui a promis toutes les reil. autoroutes au Québec; il n'est pas resté aux (12 h 50) Transports, par exemple. Il a promis la 50, il a Oui, comme ils disent, la vertu était dans la promis la 30, il a promis la 25, il a promis la 13. théorie, mais le vice, dans la pratique. Le jupon Il les a toutes promises, il n'en a pas fait un dépasse, M. le Président. Et ces gens-là vont pouce. Le seul bout qu'il a fait, c'est 500 000 $ venir nous enseigner la vertu! Les gens sont pour une route qui ne mène nulle part, pour son fatigués de gens qui ne voient pas clair, des «chum» qui était président de l'Assemblée plans qui nous touchent sur le plan économique, nationale, M. Jean-Noël Lavoie. M. le Président, des normes par rapport au libre- M. le Président, continuons: TPS, TVQ, échange négocié en fous, pas parce que le libre- alcool et tabac, des taxes de partout, des tarifs échange est mauvais en soi, parce que c'a été de partout. La même chose à Ottawa. Est-ce mal négocié. Il y a un secteur que... Je vais vous qu'ils ont parlé de ça? C'est ça qui intéresse les dire même plus que ça. Le député de Hull en a gens. Ce qui intéresse les gens, c'est les taxes parlé, il m'a donné une belle ouverture. Puis, qu'ils paient. Pendant deux ans, ces spécialistes quand le ministre des Transports à Ottawa, M. du XIXe siècle, plus de souvenirs que de projets, Crosbie, a dit: Je suis tellement gêné de la plus près du musée de cire que de l'avenir... partie qui a été négociée sur le transport que Quand je vois M. Bourassa accompagné du député j'ai honte. Est-ce que vous pensez que le reste, de Bonaventure, du député d'Argenteuil, de la c'était mieux? On avait donné tout notre marché députée de Chomedey, j'ai bien plus l'impression dans le domaine maritime aux Américains, alors de voir le passé que l'avenir, M. le Président. qu'eux gardaient le système du Jones Act protec- J'ai l'impression de voir une équipe de «has tionniste comme avant. Ils avaient la même been». Pas de projet économique, rien sur protection puis, nous autres, on avait tout enlevé l'économie dans cette entente-là, puis ils pensent la protection qu'on pouvait avoir. Urbi et orbi. qu'on n'en parlera pas? M. Mulroney pense qu'on Même le ministre fédéral a dû admettre, il a n'en parlera pas. dit: On n'a pas le temps de renégocier ça. C'est Envoyer ensemble Bob Rae, Robert Bourassa épouvantable! J'espère qu'ils étaient meilleurs puis Brian Mulroney, trois pas bons! On va les dans le reste. Regardez les usines qui ferment battre, les trois ensemble, M. le Président. C'est une par derrière l'autre. eux autres, la source des problèmes. C'est eux Même votre chef libéral, qui va être sur les autres, la cause du problème économique, avec mêmes tribunes que vous autres, M. Jean Chré- des déficits incroyables. On nous a dit qu'on tien, tantôt... quand il demande la révision du faisait 3 000 000 000 $ de déficit, oui, quand les libre-échange, est-ce qu'il trouve ça bon? Est-ce taux d'intérêt étaient à près de 20 %. Avec eux, qu'il y en a des dispositions sur le libre-échan- les taux d'intérêt baissent et le déficit augmente. ge? Est-ce qu'il y a des dispositions sur la Cette année, le déficit est de près de formation de la main-d'oeuvre? Est-ce qu'il y a 4 000 000 000 $. Il a augmenté considérablement des dispositions concernant l'harmonisation? Des depuis l'an dernier. Il a plus que doublé, alors ententes administratives? On en a une belle: que les taux d'intérêt n'ont jamais été aussi bas. TVQ, TPS. Le fouillis, le bordel! Si les commer- Quelle est la raison? Il faudrait peut-être bien çants du Québec en veulent plus, qu'ils votent apprendre à compter. M. le Président, il faudrait oui à cette entente-là, ils vont en avoir en peut-être bien apprendre à compter. masse, de ces ententes administratives avec des Une équipe qui ne connaît rien de l'écono- TVQ, TPS, avec des piles de rapports, avec des mie! Rien de l'économie! Ah! il y a des moralisa- fonctionnaires qui ne s'entendent pas. teurs. Des Moïse, il y en a. Ils se comportent Puis, l'Europe est en train de dire non à dans leur congrès comme si le chef était le pape, Maastricht, pourquoi? Parce qu'ils disent non à puis le ministre des Affaires municipales serait la bureaucratie. Essentiellement, ils ne disent Moïse s'il arrivait avec les Tables de la Loi. Puis pas non à l'Europe. Non à la bureaucratie. 3188

Actuellement, on a un gouvernement paresseux âme. Excepté que... parions de ceux qui parient qui nous dit le contraire de ce qu'il fait. Rap- et qui savent compter. pelez-vous comment M. Mulroney traitait M. Regardez les commerçants comme ils sont Trudeau, de Chef Boyardee avec ses nouilles. contents de la TPS et de la TVQ. Regardez les Rappelez-vous de la première chose qu'il a faite: restaurateurs, à 15,56 %, comme ils sont contents il a engagé le marmiton en chef, Paul Tellier. Le dans les restaurants. Demandez-leur si c'est la même marmiton que M. Trudeau pour s'occuper joie des consommateurs dans les restaurants, des questions constitutionnelles, le même mar- alors qu'ils sont tous dans la misère. On va leur miton qu'il trouvait centralisateur. Ces gens-là, dire. M. Cortina, du Michelangelo, je vais lui vous dites, sont sincères. Voyons donc! Passe-moi demander s'il aime autant les libéraux aujourd'hui l'assiette au beurre! C'est ça, le slogan. Passe- qu'il les aimait avant, quand il trouvait que, nous moi l'assiette au beurre! D'autres disent: Passe- autres, quand je pariais du pourboire et de taxer moi l'auge! Mais ce débat dépassé du XIXe siècle, le pourboire, c'était épouvantable, c'était des M. le Président... revenus. Je vais lui demander si, à 15,56 %, il On va parler de l'économie, dans les deux est content. On va prendre à témoin des gens prochains mois, à des gens qui sont tannés d'être qui vous ont mis en place, puis qu'ils en chômage, à des gens qui sont insécures, à des voient les taxes qui vont augmenter dans l'es- consommateurs qui achètent même moins d'épice- sence, dans la TPS, dans la TVQ, dans les pla- rie, tellement ils sont insécures. Quand vous êtes ques d'automobiles, dans les permis de conduire, rendus que les ventes au détail baissent même dans l'hydro, dans l'impôt, partout. Une entente dans le domaine de l'épicerie, M. le Président, constitutionnelle, ça ne porte pas nécessairement c'est parce que ça va mal, pas parce que les rien que sur du placotage de sénateurs parce que taux d'intérêt sont hauts. Nous autres, on a vécu ceux qui y étaient, qui souhaitaient un référen- une époque où c'était dur, avec des taux d'inté- dum au Canada, l'ont-ils donné, le choix, aux rêt qui étaient à près de 20 %. Actuellement, on gens? Demandez-vous: Voulez-vous plus de séna- a des taux d'intérêt plus bas que jamais, M. le teurs ou vous voulez les abolir, les sénateurs? Je Président. vais vous le dire d'avance: à 90 %, on aime autant ne pas avoir de sénateurs. On va sauver Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le ça. député de Berthier, vous avez une question de Demandez aux gens, faites-en un, référen- règlement? dum, franc. Si vous pensez, quand vous négociez des postes de sénateurs pour l'île-du-Prince- M. Houde: Oui, M. le Président, j'aimerais Édouard, quand vous négociez des postes de que les parlementaires prennent leur place, s'il sénateurs... Vous savez, l'île-du-Prince-Édouard, vous plaît, selon l'article 32. c'est la population de mon comté avant qu'il ait été divisé en deux, en 1989. J'aurais dû former, Le Vice-Président (M. Bissonnet): En vertu peut-être bien, une île-du-Prince-Édouard avec de l'article 32 et à la demande du député de mon comté, M. le Président, j'aurais droit, Berthier, je demanderais aux députés de prendre j'aurais droit... la banquette que la présidence leur a assignée dans cette salle. Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous M. le député de Lévis, si vous voulez plaît! Un rappel au règlement, M. le leader poursuivre. adjoint du gouvernement.

M. Garon: Je vais dire plus que ça, M. le M. Johnson: M. le Président, compte tenu Président. On va parier des fonds de pension de l'importance du sujet, j'aurais pensé qu'il y dans cette campagne, parce que sachez, M. le aurait un peu plus de monde de part et d'autre. Président, qu'à Ottawa, il n'y a pas de fonds de Alors, je fais un rappel au quorum. pension capitalisé. Il n'y a pas de fonds de pension capitalisé. Les gens qui avaient peur des Le Vice-Président (M. Bissonnet): Demande fonds de pension sous l'indépendance, je vais de quorum. Alors, qu'on appelle les députés. vous dire que vos fonds de pension sont en (12 h 56 - 12 h 58) danger sous le régime fédéral actuel. Sous le Je suspends les travaux de cette Assemblée régime fédéral actuel, les fonds de pension sont à 14 heures. en danger parce qu'ils ne sont pas capitalisés et, actuellement, la dette, au niveau où elle est (Suspension de la séance à 12 h 59) rendue, quand 35 % des revenus servent à payer les intérêts de la dette, je vais vous dire, M. le Président, que vous êtes en danger. Ça devance (Reprise à 14 h 7) être haut. Ceux qui savent compter, actuellement, vous commencez à voir ça. L'Association des Le Président: Mmes, MM. les députés, nous manufacturiers québécois, je ne parie pas de allons nous recueillir quelques instants. Ghislain Dufour. Ghislain Dufour, il a vendu son Je vous remercie. Veuillez vous asseoir. 3189

Décision du député de Drummond, Poursuite des négociations sur les M. Jean-Guy St-Roch, de siéger propositions constitutionnelles comme indépendant du 28 août 1992

J'ai reçu de M. le député de Drummond, M. le Président, les fédéralistes, dans leur aujourd'hui même, une lettre dont je vous lis majorité, j'imagine, au Québec, demandaient à l'extrait suivant: ces propositions constitutionnelles essentiellement «M. le Président, permettez-moi, par la trois choses. D'abord, que le partage des pou- présente, de vous faire part de la décision que voirs entre Ottawa et le Québec soit profondé- j'ai arrêtée et communiquée au premier ministre ment modifié, de façon à transférer au Québec le 2 septembre 1992, soit celle de quitter l'équipe un nombre important de compétences. Nous gouvernementale libérale et de siéger, à partir de sommes tous d'accord, ça fait très longtemps que maintenant, à titre de député indépendant.» C'est les fédéralistes, que beaucoup de fédéralistes au signé: M. Jean-Guy St-Roch. Je dépose donc Québec demandent ça. Deuxièmement, ils vou- cette lettre. laient aussi que les chicanes s'arrêtent une bonne fois, que le partage soit devenu clair et Nouveau diagramme de l'Assemblée non que les gaspillages soient éliminés entre Ottawa et Québec. Évidemment, troisièmement, ils Également, je voudrais maintenant déposer ne demandaient pas de recul par rapport à la le nouveau diagramme de l'Assemblée nationale situation existante. Trois demandes éminemment daté du 4 septembre 1992. Le document est raisonnables. Or, M. le Président, on en est déposé. rendu à ceci: il est clair pour tout le monde qu'il n'y aura pas de transfert appréciable de Affaires courantes pouvoirs d'Ottawa à Québec. Deuxièmement, on constitutionnalise les chicanes. Comme le disait Déclarations ministérielles. un quotidien de ce matin, sur les 60 points des Présentation de projets de loi. propositions constitutionnelles, il y en a 25 où Dépôt de documents, de rapports de com- on constitutionnalise les discussions pour des missions, de pétitions. années. Troisièmement, on commence à voir qu'il Il n'y a pas d'interventions portant sur une y a un certain nombre de reculs. C'est sérieux, violation de droit ou de privilège ou sur un fait l'avis des huit constitutionnalistes, qui est publié personnel. En conséquence, nous allons procéder aujourd'hui dans les journaux, indiquant des immédiatement à la période de questions et reculs certains quant à la clause de la société réponses orales. distincte, en particulier. Je vais reconnaître, en première question Alors, puis-je demander au premier ministre principale, M. le chef de l'Opposition. ceci: Compte tenu de ce que je viens de dire, compte tenu du fait que, clairement, ces propo- Questions et réponses orales sitions constitutionnelles ne satisfont même pas sa clientèle, après tout, les fédéralistes qu'il veut M. Parizeau: M. le Président, ma question représenter, est-ce qu'il a l'intention de pour- s'adresserait au premier ministre. Est-ce qu'il suivre des négociations avec Ottawa pour essayer doit venir en Chambre d'ici peu? d'améliorer un peu les choses? En somme, le rapport dit «définitif» du consensus de Char- Le Président: Très bien, M. le chef de lottetown que nous avons devant nous, on sait l'Opposition. On m'informe que le premier que le premier ministre a cherché à l'améliorer ministre sera en Chambre dans les secondes qui par des négociations téléphoniques. Est-ce qu'il a suivent. Nous allons attendre quelques minutes l'intention de continuer? Est-ce que le premier pour le début de la période de questions. ministre va chercher à améliorer cette entente On m'informe que le premier ministre entre ou si, dans son esprit, c'est définitif, ça? à l'instant. Alors, à ce moment-ci, nous débutons officiellement la période de questions et réponses Le Président: M. le premier ministre. et je reconnais, en première question principale, M. le chef de l'Opposition. M. Bourassa: M. le Président, je félicite le chef de l'Opposition pour le ton qu'il utilise, la M. Parizeau: M. le Président, je vous sobriété. Quant au fond, il me permettra de remercie. J'espère que, depuis hier, le premier diverger avec lui. Il sait fort bien que dans ministre est revenu à de meilleurs sentiments, certains cas... Il a soulevé plusieurs points, qu'il s'est calmé un peu et que nous pourrons, probablement qu'il reviendra en question addi- aujourd'hui, aborder d'autres aspects des propo- tionnelle. Prenons le cas de la société distincte. sitions constitutionnelles qu'il entend soumettre à Il me semble que j'ai été très clair, hier, sur les la population, calmement et bien décidés, j'en gains qu'a faits le Québec pour sa reconnaissance suis sûr, lui et moi, d'aller au fond des choses. dans la Constitution comme société distincte. (14 h 10) Nous serons en mesure, en commission pariemen- 3190 taire, de le démontrer au cours du débat réfé- d'objectivité et reconnaître les gains sans rendaire. Il dit: Les fédéralistes ont été déçus. précédent qu'a obtenus le Québec dans cette C'est possible. J'ai moi-même mentionné qu'on négociation. aurait souhaité en avoir davantage, mais il reste à considérer, M. le Président, les gains réels qui Des voix: Bravo! ont été faits. On peut toujours en avoir plus. Vous l'avez constaté vous-mêmes lorsque vous Le Président: En question complémentaire, avez essayé de négocier. Je ne vois pas comment M. le chef de l'Opposition. il peut dire que c'est un recul. Je sais qu'un ancien collègue, M. Claude Morin, a écrit ça, M. Parizeau: Qu'est-ce que ça donne au hier, dans Le Devoir, que c'est un recul. Ce premier ministre, M. le Président, de procéder grand patriote qui a toujours servi bénévolement comme ça, par insinuations? Les allusions à la patrie! Claude Morin, c'est destiné à quoi, exactement? Je demandais au premier ministre... Je faisais Des voix: Ha, ha, ha! allusion...

M. Bourassa: Alors, on sait que, pour lui, Le Président: S'il vous plaît! À l'ordre, s'il c'est peut-être un recul. Lui qui a tenu la main vous plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! S'il vous de René Lévesque le 16 avril 1981, il est mal plaît! M. le député, s'il vous plaît! Alors, la placé pour donner des leçons. parole est au chef de l'Opposition pour une Alors, pour répondre au chef de l'Opposi- question complémentaire. Votre question, M. le tion, il n'y a pas de recul, loin de là. Loin de là, chef de l'Opposition. quand on voit les gains qu'on obtient dans l'immigration - on pourra élaborer là-dessus, on M. Parizeau: Je faisais allusion tout à aura l'occasion - les gains qu'on a obtenus dans l'heure devant le premier ministre à ce rapport le secteur de la main-d'oeuvre. C'est clair que de huit constitutionnalistes auquel on a fait ça prend beaucoup, que ça va prendre un certain allusion dans un quotidien hier, et qui est publié temps pour arriver à une entente. Il y a des dans d'autres quotidiens aujourd'hui. C'est un milliers de fonctionnaires qui sont en cause. avis de huit constitutionnalistes, professeurs de C'est clair que nous n'avons pas demandé la droit, qui est intitulé «La clause relative à la récupération de la compétence constitutionnelle société distincte du projet d'accord constitution- de l'assurance-chômage. C'était dans le rapport nel de 1992, un recul pour le Québec». Est-ce du Parti libéral, j'en conviens, mais il faut quand que le premier ministre a lu ça? Est-ce qu'il est même... On fixe des objectifs, mais le gouverne- conscient, est-ce qu'il a lu la liste des signa- ment doit prendre des décisions en fonction de tures? Au cas où il ne l'aurait pas, je la lui la réalité. Récupérer la compétence constitution- donne. MM. Henri Brun et Ghislain Otis, de nelle de l'assurance-chômage, si on l'avait l'Université Laval, MM. Jacques-Yvan Morin, demandé, comme on le souhaitait dans le rapport Daniel Turp et José Woehriing, de l'Université de du Parti, mais le gouvernement doit examiner la Montréal, M. Daniel Proulx de l'Université réalité immédiate, c'est 1 000 000 000 $ qu'il d'Ottawa, M. William Schabas, de l'Université du aurait fallu trouver. Le chef de l'Opposition, qui Québec à Montréal, M. Pierre Patenaude, de a été ministre des Finances, il sait que trouver l'Université de Sherbrooke. Huit professeurs de 1 000 000 000 $ additionnel ce n'est quand même droit constitutionnel... pas facile. Il a dû apprendre à compter depuis qu'il a été ministre des Finances. Alors, je dis Le Président: Un instant, s'il vous plaît! À au chef de l'Opposition... l'ordre, s'il vous plaît! S'il vous plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! Alors, M. le chef de l'Opposition. Des voix: Ha, ha, ha! M. Parizeau: Je ne comprends toujours pas Le Président: S'il vous plaît! ce qui les fait rire. Est-ce que le premier ministre est conscient que cet avis de constitu- M. Bourassa: Je dis au chef de l'Opposition, tionnalistes nombreux et connus au Québec M. le Président, qu'il fallait quand même être rejoint ce que le professeur Dion dit aussi? Est- réaliste. Nous avons obtenu des gains considéra- ce que le premier ministre se rend compte qu'à bles sur le plan des institutions, sur le plan de l'heure actuelle, la majorité des opinions juridi- la reconnaissance du Québec comme société ques, c'est que la clause de la société distincte distincte, sur le plan du partage des pouvoirs. dont il s'est targué si longtemps est considérée Nous avons participé à la réconciliation avec par eux comme un recul pour le Québec et l'histoire dans le cas des autochtones. On pourra décrite dans ces termes-là? revenir. Peut-être que le député de Lac-Saint- Jean va m'adresser des questions à cet égard M. Bourassa: M. le Président... tantôt, mais je crois, M. le Président, que le (14 h 20) chef de l'Opposition devrait faire un petit effort Le Président: M. le premier ministre. 3191

M. Bourassa: ...dans son préambule, le chef véritable progrès du Québec. de l'Opposition se réfère à mes propos sur Claude Morin. Si je l'ai fait, c'est que lui-même Le Président: Toujours en question com- a dit qu'il y avait recul. Or, hier, dans un plémentaire. interview du Devoir, M. Morin reprenait égale- ment ces propos-ià qu'il y avait recul, et il va le M. Parizeau: Le premier ministre m'a l'air faire probablement comme il l'a fait à la télévi- d'être comme son article, M. le Président, isolé. sion, dimanche dernier. Alors, j'ai droit, M. le Président, puisqu'il Des voix: Ah! Ah! reprend les propos de M. Claude Morin, de lui citer, et je m'étonne qu'il me le reproche. Lui- M. Parizeau: Bien, quand on en est rendu à même a dit qu'il avait posé un geste totalement se vanter d'isoler un article, franchement! Est-ce inacceptable en acceptant de l'argent comme que le premier ministre serait capable de nous informateur de la GRC. M. le Président, alors... expliquer - j'imagine qu'il l'a fait à son Conseil Lui-même l'a dit qu'il avait posé un geste des ministres et à son caucus - pourquoi il a totalement inacceptable. Alors, il ne doit pas accepté, en vertu du point 30 de l'entente, pour s'étonner. C'est le moins qu'on puisse dire. ce qui a trait aux forêts, mines, tourisme, logement, loisirs, affaires municipales, des Le Président: Un instant, s'il vous plaît! Je secteurs où le Québec avait une compétence vais demander la collaboration de tous les exclusive depuis 1867 - ça fait 125 ans qu'on collègues, s'il vous plaît. Alors, je reconnais avait la compétence exclusive là-dessus - que, et une personne à la fois. S'il vous plaît! Alors, M. je cite le point 30: «II conviendrait que les le premier ministre. assemblées législatives aient le pouvoir de limiter dans leur province les dépenses fédérales»? M. Bourassa: M. le Président, sur les M. le Président, est-ce que je me trompe en experts, le chef de l'Opposition invoque des disant que jamais la Constitution canadienne arguments d'autorité. Il invoque des arguments n'avait reconnu l'ingérence du gouvernement d'autorité, bon, Jacques-Yvan Morin, André fédéral dans des secteurs comme ça? C'est vrai Turp... Non, Daniel. André Turp, c'est le chan- qu'il en faisait, mais jamais on ne l'avait recon- teur, ça. Daniel Turp. nu. Est-ce que je me trompe, M. le Président, en prenant pour acquis que c'est la première fois Des voix: Ha, ha, ha! que la Constitution canadienne reconnaîtrait le droit du gouvernement fédéral d'intervenir dans M. Bourassa: II invoque des arguments ces secteurs et que le seul pouvoir qu'auraient d'autorité. Je dis, M. le Président, nous aurons les provinces, ce n'est pas d'exclure le fédéral, une commission parlementaire. Nous aurons une ce serait simplement de le limiter à la suite commission parlementaire et, à ce moment-là, d'ententes? Est-ce que je comprends bien? Est-ce différents experts pourront venir. Bon, je que c'est ça que le premier ministre a dit à son comprends qu'il invoque des experts. On sait Conseil des ministres pour lui faire accepter qu'ils ont milité pour son parti. Ça ne leur l'entente? enlève pas leur compétence, mais ils ne sont pas les seuls. Ils ne sont pas les seuls à pouvoir Le Président: M. le premier ministre. donner un point de vue. Il y aura des experts qui vont venir. M. Bourassa: Je m'étonne, M. le Président, Nous, on a examiné la question. Je pense alors que toutes ces questions pourront être bien que le chef de l'Opposition doit comprendre abordées dans le détail à la commission par- qu'on n'a pas accepte cette clause-là sans lementaire, que le chef de l'Opposition s'attarde protection, sans garantie. Nous l'avons examinée sur ces points auxquels on pourra lui répondre, avec des experts qui sont reconnus. On en alors qu'on s'aperçoit qu'il y a presque 13 % de discutera comme il veut le faire, je suis d'accord chômeurs au Québec, alors que les Québécois avec lui, sobrement, objectivement, et on pourra considèrent que le développement économique est évaluer les conclusions. Je veux dire, je ne le la grande priorité. Là, on commence à invoquer blâme pas d'arriver, cet après-midi, et dire: Bien, des arguties juridiques pour essayer de piéger le ces experts disent que ce n'est pas acceptable gouvernement, sans succès. Ce qu'on a fait, c'est comme définition, mais je lui dis, de mon côté, qu'essayer de réparer votre erreur de 1984, que ça me paraît un progrès pour le Québec, quand vous avez reconnu le pouvoir de dépenser même pour le profane, quand on voit, par dans le développement économique régional. Ça, exemple, la distinction qui est faite entre les vous l'oubliez. Alors, il faut se désengager. Il éléments de la clause Canada, qui sont tous faut se désengager, M. le Président, et ça regroupés, et qu'on voit que, dans le cas de la suppose un certain processus. Pourquoi, donc, le société distincte, c'est un article isolé, indépen- chef de l'Opposition me pose des questions aussi dant, à part, qui est mis en relief. Même pour évidentes dans leur réponse, dans leur com- des profanes, on peut conclure qu'il y a là un préhension? 3192

Le Président: En question principale, M. le que... Je l'ai dit à l'occasion du discours inau- député de Lac-Saint-Jean et whip de l'Opposition. gural...

Revendications du Québec au sujet Le Président: O.K. Un instant, s'il vous du partage des pouvoirs plaît, M. le premier ministre! Je vais demander la collaboration des collègues des deux côtés afin M. Brassard: M. le Président, le nouveau d'éviter toute interpellation. J'ai cédé la parole partage des pouvoirs a toujours été le coeur des au premier ministre; je voudrais qu'on recon- revendications constitutionnelles des gouverne- naisse uniquement le premier ministre et qu'on ments québécois qui se sont succédé depuis plus l'écoute. Alors, M. le premier ministre. de 30 ans, parce que c'était jugé essentiel pour assurer le développement du peuple québécois. M. Bourassa: M. le Président, j'ai dit à Après la mort de Meech, le premier ministre ne l'occasion du discours inaugural que désintégrer cessait de plaider en faveur d'une révision en certains pouvoirs du gouvernement fédéral, ça profondeur du fédéralisme, d'un nouveau partage suppose une période de transition. Il y a un des pouvoirs, qui soit clair et qui mette fin au désengagement qui doit s'opérer. Dans d'autres chevauchement et au dédoublement coûteux et cas, il y a une coordination, comme dans le cas inefficace. de la main-d'oeuvre ou de l'assurance-chômage. Or, le premier ministre n'a obtenu aucune Vous-mêmes, vous acceptez un marché commun. compétence exclusive, nouvelle pour le Québec Je ne sais pas si le chef de l'Opposition et le dans la proposition de la conférence des premiers député de Lac-Saint-Jean ont eu l'occasion, hier ministres, comme le soulignait d'ailleurs avec soir - je comprends qu'on a beaucoup à faire, pertinence M. Allaire. Pourquoi le premier mais je l'ai fait, quant à moi - de constater la ministre a-t-il renoncé à obtenir de nouvelles performance extraordinaire du président Mitter- compétences exclusives, et pourquoi a-t-il rand à TV5, qui est, comme on le sait, une abandonné les revendications historiques du réalisation de la francophonie à laquelle nous Québec pour se contenter de simples ententes avons participé. Alors, nous avons pu, hier soir, administratives? Comment le premier ministre constater jusqu'à quel point... peut-il, par exemple, prétendre sérieusement, comme il l'a fait tantôt, que le Québec obtient Une voix:... une compétence exclusive en matière de forma- (14 h 30) tion de la main-d'oeuvre, alors que le texte de M. Bourassa: Non, non, mais, M. le Prési- l'entente dit: Le gouvernement fédéral devrait dent, j'y arrive, j'y arrive. Je veux dire, il y en conserver sa compétence exclusive à l'égard du a qui vont faire le lien. Je parle de marché soutien du revenu et des services connexes qu'il commun. Il y a... Je parle... Je parle... Alors, je fournit dans le cadre du régime d'assurance- vois que je n'ai pas été le seul, M. le Président. chômage. Le pouvoir fédéral d'engager des Ha, ha, ha! Je vois que je n'ai pas été le seul à dépenses dans les programmes de création constater la qualité de cette émission. C'est d'emplois devrait être protégé au moyen d'une pertinent, le chef de l'Opposition m'a offert un disposition constitutionnelle, et il conviendrait débat sur les accords de Maastricht. C'est le d'inclure une disposition constitutionnelle pré- chef de l'Opposition lui-même qui m'a offert un voyant que le gouvernement fédéral continuera à débat sur les accords de Maastricht, et là on jouer un rôle dans l'établissement d'objectifs s'étonne que je... nationaux qui devront respecter les programmes québécois. Pourquoi a-t-il abandonné le coeur des Le Président: Rapidement, M. le premier revendications historiques et n'a-t-il pas réclamé ministre. le rapatriement de nouveaux pouvoirs exclusifs? M. Bourassa: M. le Président, on s'étonne Le Président: Alors, M. le premier ministre. que je me réfère au marché commun européen, marché unique. Alors, ce que je dis au député de M. Bourassa: Je ne m'attendais pas, cet Lac-Saint-Jean, lui qui a une grande culture, il après-midi, à devoir mettre les points sur les «i» va comprendre sûrement que, dans un marché au député de Lac-Saint-Jean. Il sait fort bien commun canadien, s'il y a une pleine liberté de que je peux le référer à la page 25 du livre bleu circulation des biens, des services, des personnes, auquel il a collaboré, je présume. Non? Il était des capitaux, c'est incontournable qu'il y ait ministre du gouvernement. M. le Président, je des... Mais oui, mais on me pose des questions, crois que... M. le Président. C'est incontournable qu'il y ait des accords, qu'il y ait des ententes. Dans le cas Le Président: S'il vous plaît! de l'assurance-chômage, il ne m'a pas écouté. J'ai répondu au chef de l'Opposition que nous M. Parizeau:... n'avions pas demandé la compétence exclusive sur l'assurance-chômage parce que ça coûterait M. Bourassa: Alors, ce que je dis, c'est 1 000 000 000 $ de plus aux contribuables du 3193

Québec. Il me semble que c'est facile à com- succès mitigé de changer ou de modifier la prendre. Ça vous indiffère, 1 000 000 000 $ de Fédération, vous admettiez vous-même, dans vos plus? documents, qu'il fallait négocier des accords. Mais, je veux dire, on reconnaît... Je termine par Le Président: Alors, en conclusion, M. le cela. Si le député de Masson a une question à premier ministre, s'il vous plaît. me poser, je l'invite à le faire. Qu'il demande...

M. Bourassa: Vous qui critiquez la hausse M. Biais: J'aimerais bien ça! des impôts. Alors, ça suppose des accords en respectant les priorités et les droits historiques M. Bourassa: Demandez à votre whip! du Québec. Des voix: Ha, ha, ha! Le Président: Alors, en question complémen- taire. Le Président: Alors, si vous voulez... S'il vous plaît! Pour terminer, M. le premier ministre, M. Brassard: M. le Président, d'abord, le rapidement. premier ministre reconnaît-il que l'essentiel des revendications historiques depuis 40 ans, ça a M. Bourassa: M. le Président, il sait fort toujours porté sur le rapatriement, l'obtention de bien, s'il lit attentivement, que dans le cas du nouveaux pouvoirs? Pas se faire reconnaître les tourisme, des affaires municipales, des mines, des pouvoirs qu'on détient depuis 1867, mais le forêts, de la main-d'oeuvre, etc., ce sont des rapatriement de nouveaux pouvoirs exclusifs? ententes qui seront protégées par la Constitution. Reconnaît-il cela, d'abord? Reconnaît-il que dans Pourquoi il ne le dit pas? Ça m'étonne parce l'entente qu'il a signée - enfin, je ne sais pas que, habituellement, il ne veut pas tromper la s'il l'a signée parce que, dans l'entente qu'on a, population. Et là, il omet de dire que ces il n'y a pas de signature, je ne sais pas s'il l'a ententes vont être protégées par la Constitution. signée - dans l'entente de Charlottetown, le Je m'étonne, aujourd'hui, de cette approche désengagement du gouvernement fédéral dont il sélective de mon ami, le député de Lac-Saint- parle, qui va se faire par voie d'entente admi- Jean. nistrative, ça se fait dans des secteurs de compétence exclusive depuis 1867 pour le Québec; Le Président: Toujours en question com- il n'y a donc pas là de pouvoirs nouveaux. Même plémentaire, M. le député de Lac-Saint-Jean. chose pour la main-d'oeuvre. Pourquoi? La question est très simple. Au moment où il est M. Brassard: Reconnaît-il d'abord, puisqu'il allé à la table de négociation, pourquoi a-t-il en a parlé au tout début, que puisque c'est à oublié, négligé, mis au rancart le coeur, l'essen- l'occasion du référendum que la décision sera tiel des revendications historiques du Québec, prise, reconnaît-il, à ce moment-là, que son c'est-à-dire obtenir pour le Québec, afin d'as- gouvernement n'est pas encore lié formellement à surer son développement, de nouveaux pouvoirs l'entente, comme le prétendait ce matin le exclusifs? Où sont-ils, les nouveaux pouvoirs ministre, à la commission sur les offres? exclusifs que vous avez réussi à obtenir? Où sont-ils? Des voix: Ha, ha, ha!

Le Président: M. le premier ministre. Des voix: Bravo! Bravo!

M. Bourassa: Je dois reprendre encore ce Une voix: Ah! C'est bon, ça! que j'ai dit en partie. D'abord, quant à la signature, le député de Lac-Saint-Jean devrait M. Brassard: Et ma question, M. le Prési- savoir qu'il y a un référendum sur les offres; dent, demeure la même, puisque tout le monde, c'est le peuple qui va accepter de signer ou qui au Québec, reconnaît que le gouvernement a été va refuser de signer. Alors, je pense bien qu'il incapable d'obtenir de nouveaux pouvoirs exclu- respecte le principe de la souveraineté populaire. sifs pour le Québec, incapable. Nous avons accepté d'avoir un référendum sur les offres. Le chef de l'Opposition lui-même a Une voix: Tout le monde! accepté que ce référendum porte sur les offres, puisqu'il commence à préparer sa stratégie à cet M. Brassard: Oui, tout le monde. égard. Alors, ce que je dis au député de Lac- Saint-Jean, c'est que je lui demande de ne pas Le Président: Votre question, s'il vous plaît. faire une lecture sélective du document du 28 août, d'examiner tous les gains. Il y a des M. Brassard: Et la question est très simple: ententes, c'est inévitable qu'il y ait des ententes Pourquoi le gouvernement du Québec, pourquoi le pour le désengagement. Mais vous admettiez premier ministre accepte-t-il, maintenant, ce vous-mêmes, quand vous avez tenté avec un qu'il a qualifié, il n'y a pas si longtemps, de 3194 fédéralisme dominateur? C'est-à-dire un fédéra- Jean ou le chef de l'Opposition s'imagine qu'on lisme où le gouvernement fédéral maintient sa pourrait, comme ça, sans qu'il y ait d'entente de présence dans tous les secteurs, reconnaît, de désengagement... On est sur la même planète, on façon simplement formelle, la compétence exclu- est dans un même territoire, dans un même sive... marché commun. Alors, je veux dire... Dans l'interpellation que j'aurai le plaisir d'avoir avec Le Président: M. le député. le chef de l'Opposition - on pourrait s'entendre sur la date - on pourra peut-être élaborer plus Des voix:... en profondeur et espérer... En commission également, on pourra compléter, mais on parle... Le Président: S'il vous plaît! Entre nous, entre le chef de l'Opposition et le premier ministre, on aura sûrement une interpel- M. Brassard: Où sont les nouveaux pou- lation et, à ce moment-là, on pourra aller plus voirs? Je n'ai pas eu de réponse à ma question. en profondeur, objectivement, comme d'habitude, Où sont les nouveaux pouvoirs qu'il a réussi à en laissant la population décider. obtenir? Il n'y en a pas, il le sait, qu'il le dise sincèrement et honnêtement. Une voix:...

Le Président: M. le député. M. Bourassa: Non, mais je vous l'ai dit, et je vous le répète, dans le cadre... Je termine, Des voix: Bravo! M. le Président. Dans le cadre de la période de questions, je réponds constamment... Le président M. Bourassa: M. le Président. me fait signe d'être concis, d'être... Comment?

Le Président: M. le premier ministre. Des voix:...

M. Bourassa: D'abord, le député... M. Bourassa: M. le Président, j'ai dit...

Mme Bacon: Écoutez donc la réponse, si Le Président: S'il vous plaît! vous voulez l'avoir! M. Bourassa: ...j'ai répété... Je termine par Le Président: Oui, s'il vous plaît! cela, M. le Président. Vous respectez l'esprit et la lettre pour la période de règlement. J'ai dit Mme Bacon: Voyons! Voyons! tantôt, j'ai donné toute une série d'accords, je pourrais élaborer tous les gains qu'on a faits Le Président: M. le député, M. le député, avec l'immigration, tous les gains qu'on va faire s'il vous plaît! S'il vous plaît, M. le député. Je avec la culture, avec la main-d'oeuvre, avec les cède la parole au premier ministre. M. le premier autres secteurs, tous les gains qu'on va faire sur ministre. la protection du Québec dans les institutions canadiennes sans précédent depuis 125 ans. C'est M. Bourassa: M. le Président, je pense que ça que vous devrez admettre un jour ou l'au- le whip devrait permettre une question au député tre. de Masson. Le Président: En question principale, M. le Des voix: Ha, ha, ha! leader adjoint de l'Opposition et député d'Abi- tibi-Ouest. M. Bourassa: M. le Président, j'ai énuméré... D'abord, le député de Lac-Saint-Jean a joué sur Ajout de ressources financières pour les mots quand il s'est référé aux propos du augmenter la sécurité du transport scolaire ministre des Affaires intergouvernementales candiennes. Je pense qu'il y a un référendum, M. Gendron: Oui, hier le gouvernement c'est voté par la loi, ça sera voté par la loi au faisait connaître des mesures qu'il entend cours des prochains jours, ça respecte les préconiser afin d'assurer la sécurité des quelque recommandations de la commission Bélanger- 700 000 écoliers transportés quotidiennement par Campeau. M. le Président, je pourrai... J'aurai à autobus scolaires. Le gouvernement recommande parler, la semaine prochaine, sur la question qui aux commissions scolaires l'instauration de 24 sera proposée aux Québécois. J'aurai l'occasion mesures sur la sécurité scolaire, mais il les de préciser, à cet égard-là. M. Campeau lui-même avertit très sérieusement qu'il n'investira aucune disait, il y a quelques semaines, que s'il y a des somme supplémentaire à cet effet, comme si les offres acceptables, on peut faire un référendum seuls investissements pour ces gens-là au niveau sur les offres, mais c'est le peuple qui aura le des autobus jaunes étaient valables pour le dernier mot. Mais, pour les pouvoirs comme tels, déplacement des congressistes libéraux. je ne comprends pas que le député de Lac-Saint- (14 h 40) 3195

Or, on sait tous que le gros bon sens nous dernière minute pour agir et poser des gestes dicte qu'il est impensable de croire que ces concrets, c'est totalement faux; 62 % des com- mesures de sécurité pourront se réaliser à missions scolaires ont travaillé cet été pour l'intérieur des subventions actuellement allouées changer les parcours. C'est des choses qui vont par le ministre des Transports, d'autant plus que être faites, mais pas nécessairement d'encourir la Fédération des commissions scolaires du des dépenses pour ceux qui doivent payer la Québec prévient qu'il faudra un support financier facture. accru pour que les commissions scolaires puissent Quant aux équipements additionnels, le bras répondre aux attentes. Ma question au ministre d'arrêt, c'est la loi aujourd'hui lorsqu'on en des Transports. Pour que le gouvernement parie. C'est des investissements additionnels qui s'assure que ces mesures soient mises en place, ont été faits. On essaie aujourd'hui, au moment parce que tout compte fait on parle de protéger où on se parie, des bras d'éloignement. Ce sont la vie de nos jeunes enfants, entend-t-il s'as- des équipements qui doivent assurer la sécurité surer que l'application des mesures puisse se des jeunes, non seulement des équipements qui faire mais par l'ajout de ressources financiè- vont aider les personnes mais des équipements res? qui seront des aides à la formation de nos jeunes, pour que ces jeunes sachent pour une Le Président: M. le ministre des Transports. fois que l'autobus scolaire, c'est un moyen de se transporter mais qu'ils doivent le faire en grande M. Elkas: M. le Président, il est vrai qu'on sécurité. Il y a de la formation qui s'ajoute à transporte un grand nombre d'enfants; à tous les toutes les sommes d'argent qu'on dépose aujour- jours, 650 000, 8000 véhicules, plus que d'hui pour assurer la sécurité de nos jeunes. 200 000 000 de kilomètres parcourus par année. C'est tout un dossier à essayer de gérer. Ce Le Président: Pour une question principale, n'est pas fait nécessairement par un ministère. M. le député de D'Arcy-McGee. C'est l'affaire de tout le monde, incluant les commissions scolaires. S'il y a une commission Engagement du gouvernement à scolaire qui a décidé d'engager des brigadiers assurer la vitalité et le développement scolaires et d'envoyer la facture au gouverne- des minorités au Québec ment après avoir embauché ces gens pour faire leur tâche, bien, il me semble que lorsqu'on parle M. Libman: Merci, M. le Président. M. le d'imputabilité - puis souvent, on en parle - ceux Président, the First Ministers' agreement con- qui prennent la décision pour dépenser de cluded recently in the Canada Clause, article l'argent devraient faire leur devoir, aller cher- 2.(1)(d) it says, and I quote: «Canadians and cher l'argent pour payer les comptes. their Governments are committed to the vitality and development of official language minority Le Président: Alors, en question complémen- communities throughout Canada.» Yesterday, the taire. Premier began to back off somewhat. He began to back down on this element of the Constitu- M. Gendron: M. le Président, est-ce que le tional Agreement that I believe is a very positive ministre se rend compte que ça ne fait pas très sign. It is a sign of tolerance and respect sérieux et responsable que vous prétendiez, trois towards minorities in Québec. I would like to ministres du même gouvernement, arriver avec 24 know if the Premier is willing today to affirm recommandations après peut-être trois ans de his government's commitment to the vitality and retard sur la nécessaire plus grande sécurité dans development of minority communities in Québec, le transport scolaire et que vous disiez: Nous, on and will he play a prominent role in convincing vous recommande quoi faire, mais arrangez-vous the other Premiers in this country to also avec vos troubles, on n'a pas une cent à mettre commit themselves to this clause? là-dedans. Est-ce que c'est une priorité pour vous autres ou ça n'en est pas une? Le Président: M. le premier ministre.

Le Président: M. le ministre. M. Bourassa: M. le Président, je crois qu'à l'occasion des discussions à Charlottetown, au lac M. Elkas: M. le Président, je n'ai pas de Harrington et à l'édifice Pearson, nous avons leçon à prendre de ce parti, pas de leçon à longuement traité de ces questions-là. Je ne vois prendre de ces gens-là. Ce gouvernement dépose pas ce que j'ai à ajouter sur ce que j'ai répondu à tous les ans, et cette année, un montant hier au chef de l'Opposition. J'ai constaté, record de 406 000 000 $ pour les commissions d'ailleurs, que le chef de l'Opposition manifestait scolaires pour faire le transport des écoliers. quand même un peu d'ouverture, probablement Quant aux montants additionnels qu'on doit sous l'influence de l'ancien collègue du député de déposer pour assurer la sécurité, on va vous dire D'Arcy-McGee, qui est rendu avec le Parti une chose: il s'en est investi, il s'en est investi québécois. Je n'ai rien à ajouter à ce que j'ai dit dans le passé. Vous dites qu'on attend à la hier. 3196

Le Président: Pour une question complémen- Comment le ministre de la Main-d'oeuvre taire. peut-il prétendre être rassuré et satisfait, alors que le directeur d'Emploi et Immigration Canada M. Libman: Would he be willing to reaffirm au Québec écrit aux employés: La gestion de his commitment to this clause that his govern- l'assurance-chômage continuerait d'être admi- ment is committed to the vitality and develop- nistrée par le gouvernement fédéral. Tout comme ment of linguistic minorities in Canada by saying vous, j'ai pu lire les déclarations de M. Bourbeau that he approves the first recommendation of the à l'effet que le Québec assumerait cette respon- Chambers Report which his own Minister of sabilité. Des négociations devront être engagées. Education has come out and favoured? Does he Elles risquent d'être complexes, vraisemblable- feel this would be a sign to the vitality and ment longues et, pour l'instant, nous n'en development of minority communities in Québec connaissons pas l'échéancier. Vous devez com- if he affirms his approval to that clause? prendre que certains points sont fort nébuleux et méritent d'être clarifiés. D'autres donnent déjà Le Président: M. le premier ministre. lieu à des interprétations divergentes. M. le Président, faut-il comprendre qu'en M. Bourassa: Je crois que c'est écrit dans disant oui aux offres, non seulement rien n'est l'accord. Je ne comprends pas la pertinence de la fini mais qu'après avoir capitulé le ministre de la question du député de D'Arcy-McGee. Je veux Main-d'oeuvre propose de recommencer à négo- dire, c'est écrit en toutes lettres. Il n'a qu'à lire cier? l'accord. Le Président: M. le ministre de la Main- Le Président: Une dernière question addi- d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la tionnelle. Formation professionnelle.

M. Libman: Would the Premier of Québec M. Bourbeau: M. le Président, il n'y a give his approval to this first recommendation of absolument aucun changement par rapport a la the Chambers Report as a sign of his govern- situation actuelle avec ce que j'ai dit dans le ment's political commitment to the vitality and temps. Je suis content de voir que l'Opposition development of minority communities in Québec? officielle est d'accord avec nous, que ce que nous avons obtenu est exactement ce que nous Le Président: M. le premier ministre. avons demandé, c'est-à-dire la totalité...

M. Bourassa: Même réponse, M. le Prési- Le Président: Un instant! Je demande la dent. collaboration, encore une fois. Allez-y, M. le ministre! Le Président: Alors, en question principale maintenant, Mme la députée de Hochelaga- M. Bourbeau: Nous avons demandé au Maisonneuve. gouvernement fédéral la totalité de la juridiction en matière de main-d'oeuvre. Nous l'avons. C'est Pouvoirs du Québec en matière de gestion de clair dans l'entente du 28; je peux vous en lire la main-d'oeuvre et de l'assurance-chômage un extrait. On dit ceci: «La formation et le perfectionnement de la main-d'oeuvre - donc, Mme Harel: M. le Président, contrairement à pas seulement la formation mais tout le champ l'impression que veut maintenant laisser le de la main-d'oeuvre, le développement; en premier ministre, son ministre de la Main- anglais, on dit "development", en français, on d'oeuvre a maintes fois réclamé la gestion de traduit par "perfectionnement" de la main- l'assurance-chômage et le rapatriement de la d'oeuvre - devraient être reconnus à l'article 92 gestion de l'assurance-chômage et, surtout, a comme une sphère de compétence provinciale maintes fois promis un guichet unique aux exclusive.» Il me semble que c'est clair, ça. C'est Québécois. l'entente. Donc, dans la main-d'oeuvre, c'est Ce qu'on sait maintenant, M. le Président, clair, il n'y a pas de problème. en matière de main-d'oeuvre, c'est que le (14 h 50) gouvernement propose le mot à mot de l'entente Pour ce qui est de l'assurance-chômage, intervenue entre les premiers ministres anglopho- nous n'avons pas demandé la compétence, M. le nes le 7 juillet. Et ce qui sera protégé par la premier ministre l'a dit tantôt, pour une bonne Constitution, ce sont les activités fédérales en raison: ça nous coûterait 1 000 000 000 $ si on matière d'assurance-chômage, le pouvoir fédéral la recevait, étant donné que le fonds d'assuran- d'engager des dépenses dans les programmes de ce-chômage est un fonds de péréquation canadien création d'emplois et le pouvoir fédéral de fixer et que le taux de chômage est plus élevé au les normes et les objectifs des programmes de Québec qu'ailleurs. Quand on sait compter, on perfectionnement de la main-d'oeuvre, pourtant sait ce que ça veut dire. Donc, nous n'avons pas jugés de compétence provinciale exclusive. demandé la compétence en matière d'assurance- 3197 chômage, mais la gestion du programme d'assu- que plus tard, ça veut dire qu'on a de bonnes rance-chômage. Et ça, j'ai les garanties que le chances que l'entente arrive plus tôt que plus fédéral va négocier avec le Québec pour la tard. gestion de l'assurance-chômage. Et d'ailleurs, dans la lettre que vient de citer la députée Des voix: Ha, ha, ha! tantôt, l'individu dont elle parlait reconnaissait que le Québec va négocier - elle en a fait état Le Président: S'il vous plaît! Pour une elle-même tout à l'heure - dans les prochains question complémentaire. mois. Combien de temps vont durer les négocia- tions? Moi, je sais que ces négociations-là Mme Harel: M. le Président, est-ce que les devraient se tenir rapidement et aboutir à ce que ententes dont parle le ministre sont celles que nous souhaitons tous et que nous aurons tous, son gouvernement a signées et qui sont échues j'en suis convaincu, un réseau unique, un guichet depuis trois ans? unique en main-d'oeuvre au Québec et en gestion d'assurance-chômage. Le Président: M. le ministre.

Des voix: Bravo! M. Bourbeau: M. le Président, la députée de Hochelaga-Maisonneuve fait des blagues. Elle Le Président: En question complémentaire. parle d'ententes sur la main-d'oeuvre alors que la main-d'oeuvre, c'est réglé. Je viens de le lire Mme Harel: M. le Président, comment le tout à l'heure: juridiction exclusive des provin- ministre espère-t-il convaincre les Québécois ces. Donc, il ne sera plus question de faire des qu'il pourrait obtenir de négocier après avoir ententes sur la main-d'oeuvre puisque le fédéral signé ce qu'il n'a pas obtenu avant de signer? se retire totalement, s'engage à se retirer totalement du champ de la main-d'oeuvre. Donc, Des voix: Ha, ha, ha! n'en parlons plus de la main-d'oeuvre, c'est réglé. Parlons de la gestion de l'assurance- Le Président: M. le ministre. chômage et là, dans les prochains mois, je suis convaincu, parce que nous avons des assurances Des voix: II ne l'a pas demandée! du premier ministre du Canada, le gouvernement fédéral va signer une entente pour faire en sorte M. Bourbeau: M. le Président, le Québec que l'assurance-chômage soit gérée au Québec. n'obtiendra pas la compétence constitutionnelle Non pas la compétence constitutionnelle, mais en matière d'assurance-chômage, il ne l'a pas qu'elle soit gérée au Québec. demandée et ne la veut pas, je l'ai dit tout à En ce qui concerne les objectifs dont l'heure. Pour ce qui est de la gestion de l'assu- parlait tantôt la députée, et non pas les nor- rance-chômage, nous avons des assurances que le mes - on parle d'objectifs nationaux - bien, je gouvernement fédéral va négocier avec nous le n'ai aucune objection à ce que le fédéral indique transfert au Québec de la gestion de l'assurance- des objectifs nationaux. En ce qui nous concerne, chômage, ce qui fait que nous n'aurons, au nos objectifs, ils sont internationaux. Donc, les Québec, qu'un seul réseau, réseau main-d'oeu- objectifs nationaux, on peut s'en contenter aussi. vre-assurance-chômage. En ce qui concerne le reste, M. le Président, je ne vois pas où sont les Des voix: Bravo! problèmes de la députée de Hochelaga-Maison- neuve. Le Président: Pour une dernière question principale, M. le leader de l'Opposition et député Le Président: Toujours en question com- de Joliette. plémentaire. Respect des règles démocratiques du Québec Mme Harel: M. le Président, comment le pour le financement du référendum ministre peut-il se contenter des assurances, du 26 octobre 1992 comme il le dit, d'un gouvernement dont l'enga- gement va durer le temps que va durer ce M. Chevrette: Merci, M. le Président. Le gouvernement, c'est-à-dire pas très longtemps? gouvernement du Québec a décidé de tenir un référendum le 26 octobre, conformément aux lois Le Président: M. le ministre. du Québec. M. le Président, on sait que les camps du oui et du non, selon les normes du M. Bourbeau: M. le Président, des ententes, Québec, que chaque camp aura probablement aux le Québec en a signé plusieurs, des ententes, alentours de 4 000 000 $ et quelque chose dans le passé. Pourquoi est-ce qu'on n'en aurait chacun. On sait, d'autre part, qu'au référendum pas une ici, puisqu'on a déjà un engagement du de 1980, M. le Président, malgré les lois québé- premier ministre du Canada? Et, quant à moi, si coises, le fédéral a injecté quelque 17 000 000 $; les élections fédérales doivent arriver plus tôt on parle même allant jusqu'à 26 000 000 $, 3198

27 000 000 $ à l'intérieur de cette campagne Il n'y a pas de votes reportés. référendaire, bafouant ainsi les règles québécoi- ses que nous nous sommes données. Le ministre Avis touchant les travaux des commissions responsable de la réforme électorale et parlemen- taire a bien dit qu'il espérait que les ténors du Maintenant, aux avis touchant les travaux fédéral comprennent qu'il fallait respecter les des commissions. Je vous avise que mardi, le 8 règles démocratiques du Québec. Ma question est septembre 1992, de 10 heures à 12 h 30, à la la suivante: Est-ce que le premier ministre du salle Louis-Joseph-Papineau, la commission de Québec a obtenu les garanties formelles du l'économie et du travail se réunira afin de gouvernement fédéral à l'effet qu'il n'injectera procéder à la vérification des engagements aucun argent, sauf ce qui est permis par les lois financiers du ministère des Forêts, contenus dans du Québec, dans cette campagne référendaire? les listes des mois de juillet 1991 à juillet 1992. Renseignements sur les travaux de l'As- Le Président: M. le premier ministre. semblée.

M. Bourassa: M. le Président, d'abord, on Affaires du jour doit constater qu'on a accepté de respecter la loi du Québec dans ce référendum national. Donc, il Nous allons donc procéder aux affaires du faut quand même voir là la volonté du gouverne- jour. Aux affaires du jour, nous allons reprendre ment fédéral de la respecter, s'il accepte que la le débat sur la motion d'adoption du principe du loi du Québec s'applique. J'entendais les diri- projet de loi 44. Je demanderais simplement, à ce geants des partis fédéraux qui disaient que c'est moment-ci, l'attention des collègues, s'il vous le premier ministre du Québec qui serait respon- plaît. Alors, nous allons reprendre le débat sur sable du comité du oui, et je ne vois pas en la motion d'adoption du principe du projet de loi quoi ils peuvent, d'un côté, respecter la loi du 44, Loi modifiant la Loi sur le processus de Québec, accepter de la respecter et, par la suite, détermination de l'avenir politique et constitu- ne pas le faire. Je veux dire, je conclus que si tionnel du Québec. Au moment de la suspension, on dit que la loi fédérale le permettait, nous M. le député de Lévis avait la parole. Je cons- allons respecter sa loi. La loi du Québec s'appli- tate donc que M. le député de Lévis a terminé que, alors je ne vois pas en quoi, M. le Prési- son droit de parole. dent, pour répondre à la question... D'ailleurs, on Je vais maintenant reconnaître comme respecte également la loi 150. On l'a vu hier. On intervenant M. le ministre de la Main-d'oeuvre, a décidé de faire le référendum national selon la de la Sécurité du revenu et de la Formation loi 150. Vous avez refusé de la voter, mais il professionnelle. À ce moment-ci, je requiers faut quand même constater que l'ensemble des l'attention de tous les collègues, s'il vous plaît. provinces, tout le Canada respecte l'échéancier Merci. Je cède donc la parole à M. le ministre. établi par le gouvernement du Québec. M. le Président, je veux dire, je tiens à souligner ça. Projet de loi 44 Le leader parlementaire est sceptique quant à certaines intentions de ses anciens amis, parce Reprise du débat sur l'adoption du principe qu'il a été très proche, on le sait... Maintenant, est-ce que je pourrais, s'il vous plaît, terminer M. André Bourbeau la question? M. Bourbeau: Merci, M. le Président. On Le Président: Alors, en conclusion, s'il vous sait que l'économie canadienne et celle du plaît. Québec essuient les bourrasques d'une concur- rence internationale plus vive que jamais. Elles M. Bourassa: C'est encore ses amis, proba- sont sous la grêle, pourrait-on dire, ou, du blement. Ce n'est pas parce qu'il ne partage pas moins, sous la menace de grêle. Comme le disait son point de vue que le premier ministre du fort judicieusement le poète Aragon: Quand les Canada a cessé d'être un ami du leader par- blés sont sous la grêle, est bien fou qui fait le lementaire de l'Opposition. Ils ont travaillé délicat. Il faut trouver un moyen de s'occuper à plusieurs années ensemble. Mais je lui dis qu'il plein temps de ces intempéries, de s'y prémunir, fasse confiance. S'il y en a un qui connaît les d'engranger le blé, et de faire face aux défis de dirigeants à Ottawa, c'est lui. Ils ont dit qu'ils notre époque. étaient pour accepter la loi du Québec. Je (15 heures) termine, parce qu'on est arrivé à la fin. Ils ont Les difficultés constitutionnelles du Québec dit qu'ils étaient pour accepter la loi du Québec. sont sérieuses. Je suis le premier à admettre que S'ils acceptent la loi du Québec, ils vont la l'affront fait au Québec en 1982, lors du rapa- respecter. triement unilatéral de la Constitution canadienne, doit être réparé dans l'honneur et dans l'en- Le Président: Alors, c'est la fin de la thousiasme, comme on l'a dit un jour sur la période de questions. Côte-Nord. 3199

Je suis conscient aussi que nos luttes Depuis le début des années 1960, le Québec constitutionnelles accaparent, tant au Québec revendique un plus grand contrôle des instru- qu'ailleurs au Canada, une part trop importante ments d'une politique de développement de la de nos énergies, il faut sortir d'une impasse qui main-d'oeuvre. Ce fut une constante de l'attitude mine, petit à petit, notre capacité de redresser des gouvernements qui se sont succédé à Québec l'économie pendant qu'il en est encore temps. depuis la Révolution tranquille. Le premier minis- L'entente constitutionnelle intervenue il y a deux tre Jean Lesage déclarait, en 1965, que le Québec semaines entre les premiers ministres représente doit instaurer sa politique de main-d'oeuvre et la première lueur d'espoir que l'on ait pu aper- d'emploi qui se révèle l'un des instruments d'une cevoir depuis quelques années, un espoir de sor- planification économique efficace. «Au fur et à tir fort honorablement de cette impasse, un es- mesure que le Québec exercera ses responsabili- poir qui se fonde sur les résultats d'une négo- tés en ces matières, précisait-il, il deviendra ciation conduisant à la satisfaction des prin- nécessaire d'apporter des modifications substan- cipales demandes historiques du Québec, un es- tielles aux mesures fédérales déjà en vigueur: poir, enfin, parce qu'avec les résultats obtenus, réévaluation des programmes conjoints, fonction- le Québec conserve l'influence majeure qu'exerce nement du service fédéral de placement, transfert le Québec au sein de la Confédération canadien- au Québec des budgets relatifs aux prêts et ne. allocations de déplacement et d'établissement de Depuis fort longtemps, en effet, le Québec la main-d'oeuvre.» Fin de la citation. joue un rôle déterminant dans le choix du En 1967, M. Daniel Johnson, premier gouvernement fédéral, c'est-à-dire dans l'élection ministre de l'époque, soutenait que le Québec d'une majorité de députés au gouvernement doit devenir graduellement le seul responsable fédéral. Dans l'histoire récente, c'est dans une sur son territoire de toute dépense publique très large mesure le Québec qui a décidé du sort relative au placement et à la formation de la de plusieurs gouvernements dirigés par Pierre main-d'oeuvre. Trudeau et des deux gouvernements de M. Les programmes fédéraux doivent être Mulroney, en garantissant, quelle que soit notre assumés par le Québec, disait-il. M. Claude évolution démographique, que nous conserverons Castonguay, en 1971, défendait l'idée que le au moins 25 % des députés de la Chambre des Québec doit avoir une responsabilité prioritaire à Communes. Là où se prennent les vraies déci- la conception de la politique sociale, ce qui sions, nous détenons un levier majeur et proba- inclut la formation professionnelle et les centres blement déterminant dans le choix des gouverne- de main-d'oeuvre. M. Castonguay ajoutait, et je ments fédéraux futurs. Il s'agit d'une protection cite: Quant à la politique de main-d'oeuvre, elle de taille, d'un véritable gain constitutionnel. vise à la fois le maintien de l'équilibre du Je ne vais pas me livrer, M. le Président, à marché du travail et la protection sociale des une exégèse de l'entente constitutionnelle. personnes en cause. On ne saurait dissocier ces Compte tenu de mes responsabilités au sein du deux aspects sans qu'il n'en résulte une dis- gouvernement, je tiens, à l'occasion de cet crimination, un éparpillement des ressources et important débat, à présenter les demandes une concurrence fausse. historiques du Québec dans le domaine de la Entre 1971 et 1985, le Québec a réclamé à main-d'oeuvre, les demandes que notre gouverne- maintes reprises le rapatriement des sommes ment a formulées dans la présente ronde de consacrées par le gouvernement fédéral à la négociations et les résultats que nous avons formation professionnelle. Nos amis de l'Opposi- obtenus. On pourra voir que nous sommes allés tion officielle ont clamé bien haut ces positions au-delà des demandes historiques du Québec et historiques du Québec sans ébranler les autorités que nous avons atteint les objectifs ambitieux fédérales et sans empêcher une présence fédérale que nous nous étions fixés. Voyons voir. de plus en plus marquée dans le domaine de la Le domaine de la main-d'oeuvre couvre un main-d'oeuvre au Québec. Il est très important large spectre de préoccupations, comprenant, de souligner, M. le Président, que pendant toute notamment, la formation, le recyclage, l'adapta- cette période, le Québec n'a pas inclus dans ses tion aux nouvelles technologies, la réorientation revendications la gestion du régime d'assurance- professionnelle, la protection de l'emploi, l'aide à chômage. Nous avons été les premiers à exiger la l'emploi, le placement et la création d'emploi. ratification d'une entente administrative qui Quand on parle de développement de la main- permettra au Québec de gérer le régime d'assu- d'oeuvre, on se situe donc au coeur du dévelop- rance-chômage sur son territoire afin qu'il n'y pement économique. Les politiques de main- ait qu'une seule organisation de main-d'oeuvre, d'oeuvre constituent donc des stratégies qui qu'un seul guichet, et nous l'avons obtenu. permettent de lutter contre le chômage, d'ac- Notre gouvernement a non seulement épousé croître la compétence et la productivité des les revendications historiques du Québec en travailleurs, d'assurer la compétitivité de notre matière de main-d'oeuvre, il a haussé la barre en économie et la prospérité de notre société. C'est réclamant du même souffle la compétence exclu- dire l'importance cruciale de ce domaine pour sive en matière de formation et de développe- l'avenir économique du Québec. J'y reviendrai. ment de la main-d'oeuvre, le rapatriement de 3200 tous les budgets consacrés à ces fins, y compris Mais pourquoi, M. le Président, cela est-il ceux puisés à même le compte d'assurance- si important? Dans les économies modernes, chômage, une entente administrative en vertu de seules les nations qui peuvent mobiliser une laquelle le Québec gérera le régime d'assurance- main-d'oeuvre qualifiée peuvent réalistement chômage sur son territoire, afin qu'il n'y ait aspirer à la prospérité. On ne peut pas espérer qu'une seule organisation de main-d'oeuvre au de progrès ou d'expansion économique durable Québec. sans des investissements importants dans le C'est précisément ce que nous avons domaine de la main-d'oeuvre. Avec le développe- obtenu, c'est-à-dire, premièrement, la reconnais- ment technologique et les fluctuations considéra- sance d'une compétence provinciale exclusive en bles des marchés, les besoins de perfectionne- matière de formation et de développement de la ment, de recyclage et d'adaptation de la main- main-d'oeuvre. Pour le gouvernement fédéral, qui d'oeuvre s'accroissent. Pour y répondre, il faut intervient dans ce domaine depuis 1901, il s'agit un effort concerté des patrons, des travailleurs d'une concession majeure. Dans ces domaines et des gouvernements. Les pays qui ont relevé le cruciaux, à la demande d'une province, le défi de la concertation sur les politiques de gouvernement fédéral sera tenu de se retirer de main-d'oeuvre connaissent le plus de succès, tels ces champs d'activité et de négocier des ententes l'Allemagne, les pays Scandinaves et quelques qui s'accompagneraient, dis-je, d'une juste autres. compensation financière. Voilà une réponse claire Le marché du travail varie considérablement à une revendication incessante du Québec depuis d'une région à l'autre du Canada. Il faut que les 30 ans. Deuxièmement, nous avons obtenu le politiques de main-d'oeuvre et d'emploi en rapatriement au Québec de tous les budgets conséquence soient définies le plus près possible consacrés au développement de la main-d'oeuvre. des marchés régionaux du travail et qu'on puisse Troisièmement, un accord sur le transfert au réagir rapidement aux changements qui s'y Québec de la gestion ou de l'administration de opèrent. Il faut pouvoir canaliser rapidement et l'assurance-chômage. Cette entente a fait l'objet efficacement tout l'argent disponible pour le d'un engagement clair de la part du gouverne- développement de la main-d'oeuvre vers les ment fédéral, ce qui est confirmé par le premier priorités du marché québécois du travail. Il faut ministre du Canada dans une correspondance. que cessent les dédoublements, les chevauche- Qu'est-ce que cela signifie? Ça signifie que ments et les tiraillements entre deux adminis- c'est au Québec que seront arrêtées les priorités trations qui interviennent chacune à leur façon en matière de formation, de recyclage, d'aide à sur le territoire du Québec. La mise en l'emploi et de placement. Ces priorités seront place de cette organisation regroupée peut définies avec les partenaires du marché du conduire à des économies importantes au plan travail, notamment au sein de la Société québé- des dépenses administratives. On estime que l'on coise de développement de la main-d'oeuvre. Il pourrait réaliser des économies de l'ordre de n'y aura plus de chevauchement des programmes 250 000 000 $ par année si on se compare aux fédéraux et québécois de main-d'oeuvre. Le autres pays de l'OCDE. C'est autant d'argent que gouvernement du Québec disposera d'un budget l'on pourrait affecter à des fins plus productives, annuel dépassant le 1 000 000 000 $ pour les pour le développement de la main-d'oeuvre programmes de développement de la main-d'oeu- québécoise. vre, lorsqu'il aura complété le rapatriement des M. le Président, il faut briser l'isolement budgets fédéraux. Il y aura une seule organisa- dans lequel se sont cantonnés respectivement les tion de main-d'oeuvre, c'est-à-dire une fusion employeurs, les représentants des travailleurs, le des centres d'emploi du Canada, des commissions secteur de l'enseignement et les institutions de de formation professionnelle du Québec et des main-d'oeuvre. Désormais, il faut que ces gens se autres services de main-d'oeuvre du gouverne- parlent, agissent ensemble et travaillent en ment du Québec. Plus de 6000 fonctionnaires partenariat. Nous avons la possibilité de dévelop- fédéraux oeuvrant au Québec sont affectés par per ce partenariat au Québec. La Société québé- cette entente et des prestations d'assurance- coise de développement de la main-d'oeuvre en chômage qui dépassent 5 000 000 000 $ par année sera l'instrument privilégié. Le transfert des au Québec. responsabilités du développement de la main- (15 h 10) d'oeuvre n'est pas un gage absolu de prospérité, Nous obtenons enfin le réseau unifié de mais il s'agit d'une prémisse essentielle au main-d'oeuvre dont parlent nos partenaires du développement durable. Il nous appartiendra de marché du travail depuis tant d'années, c'est-à- tirer le plus grand profit de cette compétence dire qu'il y aura un seul endroit où il sera exclusive et du guichet unique de main-d'oeuvre. possible d'obtenir tous les services de main- Ce sera exigeant. On ne devient pas compétent d'oeuvre, y compris l'assurance-chômage. Il et compétitif sans effort, mais nous disposerons s'agira des bureaux locaux de la Société québé- désormais des leviers pour atteindre notre plein coise de développement de la main-d'oeuvre et de développement. L'Opposition officielle, qui s'ali- la Société régionale de développement de la mente à toutes les canonnières par les temps main-d'oeuvre. qui courent, trouvera sans doute à redire de 3201 cette entente de main-d'oeuvre même si nous conforment à des objectifs nationaux. L'existence avons obtenu davantage que le Parti québécois de ces objectifs nationaux permet néanmoins au n'en a jamais demandé lorsqu'il formait le Régime de la sécurité du revenu du Québec gouvernement. d'être fort différent de celui de l'Ontario ou de Je vois déjà nos amis de l'Opposition s'en celui de la Colombie-Britannique. Bref, il faut prendre aux fameux objectifs nationaux, et on l'a savoir, M. le Président, à l'occasion, tempérer vu tout à l'heure, M. le Président, lors de la son indignation. Elle pourrait ne reposer que sur période des questions. L'entente stipule, en effet, du vent. que le gouvernement fédéral continuera de jouer M. le Président, j'ai plusieurs raisons un rôle dans l'établissement d'objectifs nationaux d'accueillir favorablement l'accord constitutionnel pour les aspects du développement de la main- conclu par les premiers ministres. Dans le d'oeuvre. Ceux qui ont l'indignation à fleur de domaine de la main-d'oeuvre, où nous avons peau pourraient s'imaginer que, par le biais de atteint tous nos objectifs de négociation, j'ai ces objectifs nationaux, le gouvernement fédéral toutes les raisons de m'en réjouir. Et c'est conserve le pouvoir ou conserverait le pouvoir de précisément, M. le Président, ce que je fais sans contraindre le Québec à s'engager dans des détour, je m'en réjouis. Je vous remercie. avenues qu'il ne privilégie pas. Je vais vous lire, M. le Président, les quatre objectifs nationaux de Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, la stratégie canadienne de mise en valeur de la merci, M. le ministre de la Main-d'oeuvre, de la main-d'oeuvre. Sécurité du revenu et de la Formation profes- Premier objectif: Obtenir du secteur privé sionnelle. Je reconnais sans plus tarder M. le qu'il joue un plus grand rôle dans la formation député de Mercier. M. le député. des employés et veiller à ce que la formation soit plus en harmonie avec les besoins actuels du M. Gerald Godin marché du travail. Au Québec, notre stratégie consiste à travailler au développement d'une M. Godin: M. le Président, je vous remercie. culture de la formation dans les milieux de Alors que notre premier ministre négociait avec travail et à rapprocher l'école des entreprises. ses collègues un Sénat trois «e» de manière à Les objectifs fédéraux et québécois concordent donner à l'île-du-Prince-Édouard autant de donc parfaitement. sénateurs qu'au Québec, ce qui est absolument Deuxième objectif: Réaffecter les dépenses à aberrant, on peut demander, nous, membres de l'intérieur du Régime d'assurance-chômage de l'Opposition, qu'il y ait à Québec un gouverne- façon à ce qu'une plus grande proportion des ment trois «r». Et je m'explique, M. le Président: ressources serve à financer des activités dynami- un gouvernement rapide, respectueux et rigou- ques de formation et de réemploi à l'intention reux. des chômeurs. Nous avons adopté exactement la Rapide pourquoi, M. le Président? C'est même politique en matière de sécurité du revenu. parce que, au moment où on se parle, on n'a pas Cet objectif fédéral ne nous cause donc aucune encore lu le texte de l'entente, ni en anglais, ni difficulté. en français. Et les journaux de ce matin disent Troisième objectif: Conformément à la que l'entente ne sera même pas déposée officiel- Charte canadienne des droits et des libertés, lement avant le jour où on va voter sur ladite améliorer de façon significative les prestations entente. Alors, seul un gouvernement rapide d'assurance-chômage afin de mieux répondre aux pourrait reprendre le temps perdu et mettre à besoins des parents qui exercent un emploi et notre disposition le texte officiel de l'entente en d'encourager la pleine participation au marché du français ou en anglais pas trop loin du français, travail des travailleurs de plus de 65 ans. Est-ce comme d'habitude dans les textes gouvernemen- qu'il y a quelqu'un au Québec qui oserait s'élever taux. Autrement, on va voter sur ce qu'on ne contre un objectif aussi noble? connaît pas. Certains diront: C'est normal dans Enfin, quatrième objectif de la stratégie un pays comme le Canada. Ainsi, le vote qui fédérale: Réduire les facteurs de désincitation s'est pris pour la Loi sur les mesures de guerre, que comporte le Régime d'assurance-chômage. à Ottawa, en octobre 1970, a été pris, ce vote, Encore là, bien mal venu celui qui se lèvera pour dans l'ignorance relative, sinon totale, de la combattre cet objectif. situation au Québec par rapport à la justice et Comme vous le voyez, M. le Président, les par rapport à la manière dont les choses se objectifs nationaux sont rédigés de façon suf- déroulaient au Québec. Mais une fois n'est pas fisamment générale pour permettre d'y répondre coutume, je le souhaite, M. le Président. C'est de façons très diverses au Québec et dans les pourquoi je souhaite que le gouvernement autres provinces canadiennes. On a l'habitude de devienne au moins le porteur d'un «r», qui serait tels objectifs nationaux dans le cadre du Régime un gouvernement rapide, pour qu'on ait les d'assistance publique du Canada, le RAPC. En textes de l'entente en question le plus rapide- vertu de ce régime, en effet, le gouvernement ment possible. fédéral défraie 50 % des dépenses provinciales (15 h 20) d'aide sociale en autant que les provinces se Et je souhaite aussi qu'on ait un gouverne- 3202 ment respectueux de ses commettants, donc de Chambre des communes et des communs. Je cons- l'électorat québécois, en l'informant régulière- tate que nous sommes condamnés à perpétuité au ment, ce qui ne fut pas fait pendant la période statut d'infériorité, c'est-à-dire 25 %, alors que avant la signature de Charlottetown, ce qui fait le reste du pays aurait 75 %. Donc, on va cons- qu'il y a peu de Québécois, au moment où on se tamment jouer à notre sport national, le parle- parte, sauf le premier ministre, sauf les experts mentarisme, ou le hockey, par analogie, à cinq constitutionnalistes déjà nommés tout à l'heure contre quatre, avec un homme en punition. Donc, par le chef de l'Opposition officielle, qui ont pu ça a l'air beau, tout ça, et c'est la façon, lire à tête reposée l'entente de Charlottetown, d'ailleurs, dont le gouvernement a présenté ce l'entente finale, que certains appellent un gain soi-disant fabuleux. 25 % de la Chambre des consensus, ce qui est un drôle de mot, M. le Communes sera composée de députés québécois. Président, dans les circonstances. Est-ce qu'il Ça, ça nous condamne à perpétuité à jouer à vaut mieux un «con sans suce ou une suce sans cinq contre quatre sur la patinoire, alors que les con»? M. le Président, je suis sûr que vous Anglais, eux, sont condamnés à perpétuité à comprenez ce genre de... pour l'avoir pratiqué à jouer avec le reste, c'est-à-dire 75 % des dépu- plusieurs reprises à l'époque où j'étais votre vis- tés. à-vis, l'autre côté, pendant des nuits entières, Donc, ce qu'on appelle un gain, à mon avis, devrais-je dire. Alors, un gouvernement aussi est une soumission perpétuelle à la majorité respectueux du peuple qui l'a élu deux fois de anglaise du pays, qui est le vieux rêve de Lord suite... Et le respect du peuple, ça veut dire Durham et d'autres admirateurs de Lord Durham, qu'on informe constamment, comme MétéoMédia nommément Mordecai Richler, qui ont toujours le fait toutes les deux heures. On informe sur la rêvé, eux, et Durham et Richler - il le rappelle météo au Québec, on informe de manière per- dans un article qu'il a écrit pour The Economist manente le peuple du Québec de l'évolution des de Londres - il rappelle qu'il aurait fallu que choses. Je me souviens d'une époque où les Lord Durham ait raison. Il le souhaitait a demandes du Québec n'étaient pas pour une posteriori, puisque Lord Durham est mort depuis société distincte, elles étaient pour un rapatrie- longtemps, et il aurait souhaité, donc, que le ment des impôts. Le tout a commencé sous Québec soit avalé par une majorité quelconque, Maurice Duplessis et a été poursuivi par Daniel et que, par conséquent, tôt ou tard, le Québec Johnson qui voulait 100 % de l'impôt sur le cesse d'être un empêcheur de tourner en rond revenu, ce qui avait déjà été réalisé par un pour la majorité anglaise du Canada. gouvernement précédent; le deuxième 100 %, Mais contrairement à toutes les prévisions, c'était l'impôt sur les entreprises, et le troisiè- à tous les voeux, à tous les souhaits de ceux qui me, c'était l'impôt sur... veulent que le Canada existe sans être tenu et forcé de respecter la majorité francophone ou Mme Bleau: Les successions. française du Québec, au moins... Combien de francophones hors Québec, chaque mois ou M. Godin: ...les successions. Merci, Mme la chaque semaine, sont avalés par la majorité députée de Bleau. De Groulx, pardon. Bleau, c'est anglaise du pays? Je pense que c'est dans les votre nom. Et si nous avions eu, par exemple, milliers, chaque semaine et chaque mois, qu'ils un premier ministre qui était allé se battre à 1 renoncent à leur langue française et qu'ils contre 17 à une époque, qui avait dit qu'il ne s'anglicisent, c'est-à-dire qu'ils s'assimilent plus négocierait plus qu'à 1 à 1, comme le fameux rapidement, en fait, que dans le passé. Le grand match Fischer-Spassky, aux échecs, qui vient reproche qu'on peut faire au système fédéral, tel d'avoir lieu en Finlande - je crois, à moins que qu'on le connaît, c'est précisément celui-là. C'est je ne me trompe de pays... Alors, le premier de n'avoir jamais pris les... ministre souhaitait une partie d'échecs entre lui (15 h 30) et le premier ministre du Canada, mais il se Le Québec distribue chaque année retrouvait un peu comme un joueur de hockey 5 000 000 000 $ aux institutions anglaises du des Nordiques, seul en finale contre cinq joueurs Québec, ce qui est plus que ce que le fédéral d'un autre club. Mais il y avait 17 joueurs de donne de son côté pour le maintien de la culture l'autre club. Ce que je crains, c'est que nous française dans les autres provinces. C'est plus, et soyons maintenant dans... Et c'est la lecture que quand... j'ai eu une question tout à l'heure de je fais à partir du texte du Globe and Mail, qui M. ... pas «j'ai une question», mais il y a une est le seul journal qui l'a publié, le projet question que j'ai entendue du chef du Parti d'entente. Je crains que nous ne nous retrou- Egalité, M. Libman, le député de D'Arcy-McGee, vions, dans tous les domaines vitaux pour le qui dit: Pouvez-vous garantir, M. le premier Québec, avec des situations où le Québec jouerait ministre, que vous allez respecter le deuxième sur la patinoire nationale à quatre contre cinq paragraphe de la nouvelle entente, et protéger perpétuellement, parce qu'au fond, si on analyse les institutions anglaises du Québec? Je lui aurais bien le soi-disant gain de 25 % des élus du Par- dit, moi, illico, immédiatement, sans même lement fédéral, ça veut dire que nous sommes réfléchir longtemps, que, déjà, le Québec est le condamnés à perpétuité dans ce Parlement-là, la plus généreux des gouvernements provinciaux à 3203 l'égard de sa minorité: 5 000 000 000 $ par le personnel, uniquement et spécialement bilin- année, M. le député d'Argenteuil. Je sais que gue, est à peu près inexistant et que, deuxième- vous savez que ce que je dis est la vérité. Alors, ment, le personnel qui maîtrise la langue de par conséquent, l'engagement, en ce qui nous l'autre, c'est-à-dire, dans le cas qui nous occupe, concerne, au Québec, est déjà pris et respecté le français, est moins qu'inexistant, il est sous la depuis longtemps. Si, d'autre part, le Canada barre des zéros. anglais avait - ou le fédéral, enfin - traité aus- M. le Président, je fais un discours qui si bien les minorités françaises hors Québec que aborde la réalité anglophone du Québec parce le Québec a traité sa minorité anglaise ici, on que je pense qu'on n'a pas de leçon, comme n'aurait pas les problèmes que nous avons eus disent les libéraux souvent, à recevoir de per- par le passé et nous serions aujourd'hui une sonne par rapport au statut dont jouissent ici la communauté francophone pancanadienne en bonne communauté anglaise et ses institutions. Alors, santé linguistique, culturelle et même, je dirais, M. le Président, c'était mon propos aujourd'hui. institutionnelle. J'en ferai un autre plus tard. Merci bien. Au Si vous faites l'inventaire des institutions revoir. anglophones du Québec, universités, postes de radio, CLSC, hôpitaux, quand on sait que le Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. Québec y consacre 5 000 000 000 $ par année, on le député de Mercier, de votre intervention. Je ne peut que souhaiter que le même modèle se reconnais maintenant M. le député de NDG. transfère hors Québec de la part du fédéral et que les francophones hors Québec aient main- M. Gordon Atkinson tenant, par la suite d'une telle politique aussi généreuse que la nôtre à l'égard des anglopho- M. Atkinson: M. le Président, nous sommes nes, qu'ils se rendent compte qu'ils ont erré la nation la plus chanceuse de toutes les nations pendant des générations et des générations, sur la terre. De toutes les nations dans notre périodes pendant lesquelles les francophones hors hémisphère, le Canada est la seule nation qui fut Québec ont été littéralement avalés par le créée par évolution et non par révolution. Nous crocodile canado-anglais, alors qu'ici, il y a eu avons évolué grâce au dialogue, non par la un développement du nombre de CLSC, dévelop- bouche des canons. Je suis fier d'avoir servi dans pement du nombre d'universités, développement les Forces armées canadiennes, comme mon père du nombre d'écoles anglaises, développement de avant moi, mon grand-père, et mon arrière- cégeps. grand-père avant lui, comme mon fils qui a Quand on voit le cégep Dawson, installé à également servi pour défendre le Canada et les demeure dans un édifice historique, un des plus principes d'une société libre et démocratique. beaux sites de Montréal, où d'ailleurs, c'est la My ancestors would twirl in their graves if congrégation Notre-Dame, CND, qui correspond they even suspected that I might participate in au collège Dawson, les mêmes portes en fer any movement to dismember the nation. Then forgé, donc, ont été conservées parce que c'était there are those people who left the United les mêmes initiales. Quand on voit avec quel States during their revolution of 1776 to come to respect on les a traités, M. le Président, et avec Canada as United Empire Loyalists to create a quelle générosité, surtout... on ne peut que nation through the evolutionary process rather souhaiter que la mentalité qui s'est développée than the divisive process of revolution, and, au Québec soit maintenue et, deuxièmement, se along with the French-speaking settlers of an répande comme une tempête de neige en hiver earlier time, created the cornerstone the nation dans l'ensemble des autres provinces pour que of Canada that extends to three great oceans nous soyons sûrs que, dans le Manitoba, à and encompasses the world's largest landmass Winnipeg, les patients francophones soient traités nation. avec autant d'égard que les patients anglophones Le Canada a été une nation dans laquelle le sont au Québec dans leur langue par des son peuple discute de ses différences et évolue médecins qui parlent leur propre langue et avec de consentement mutuel. Le Canada aujourd'hui un personnel infirmier et hospitalier dont la est très différent d'il y a 125 ans. Le Canada de condition d'emploi est précisément qu'ils maîtri- ma jeunesse était une nation très différente. Par sent la langue de l'autre, alors que c'est le le respect mutuel et la consultation, nous sommes contraire qui se passe. arrivés à cette grande nation, le Canada. C'est Je suis allé souvent, moi, au Manitoba. Je ce que nous devons, ou devrions discuter, une me suis informé à chaque fois que j'y suis allé, nation unie qui poursuit le but commun pour la dans les hôpitaux et ailleurs dans les centres de justice afin d'assurer la liberté individuelle à la santé, et le nombre de personnes... À Kingston, poursuite des objectifs de chacun en affaires, en ils appellent ça le Doo, l'Hôtel Doo, ils appellent éducation. Les Pères de la Confédération ont ça maintenant le Doo. «Go to the Doo», va au imaginé cela comme étant la mosaïque du Canada. Dieu. On ira peut-être un jour, mais c'est une Somewhere, Mr. Speaker, we seem to have autre histoire. Alors, quand on va au Doo, à lost the sense of mutual appreciation of the Kingston, M. le Président, on se rend compte que diversity of that mosaic. The agreement reached 3204 by the First Ministers of Canada and our First M. Yvan Bordeleau Peoples of Canada has put before us another in the long process of evolving as a people, as a M. Bordeleau: Merci, M. le Président. À nation of people. mon tour, aujourd'hui, je veux intervenir pour Mon coeur saignerait si les principes pour me prononcer sur l'amendement que nous dési- lesquels ma famille, votre famille, tous nos rons apporter à la loi 150, Loi sur le processus ancêtres se sont battus depuis les débuts de de détermination de l'avenir politique et cons- l'Amérique du Nord devaient être déchirés en titutionnel du Québec. Permettez-moi, pendant morceaux. Le processus continuel d'évolution est quelques instants, de partager avec mes con- la réalité du Canada. citoyens du Québec et mes confrères de l'As- When I was a child, I thought like a child, semblée nationale mes vues sur la situation I acted like a child. But now I am a man. I must actuelle et toutes les raisons qui nous amènent put aside these childish behaviours and act like a aujourd'hui à débattre cette question. man, taking the full responsibility for all that Comme on se le rappelle tous, le gouverne- implies, meaning that I must act responsibly ment libéral s'est mis à la tâche, depuis près de towards the nation that has succored five sept ans, de convenir avec les gouvernements generations of my family. And that responsibility fédéral et provinciaux des termes de son adhé- weighs heavily on my heart. I cannot desert the sion à la loi constitutionnelle de 1982. Pour ce principles of my ancestors nor the values of faire, le gouvernement du Québec a fait con- these successive generations that my family naître ses cinq conditions. Un accord constitu- maintained in order that my nation might tionnel, en juin 1987, a traduit les termes d'une survive. entente intervenue au lac Meech entre le Qué- Je ne suis pas d'accord avec tout dans bec, Ottawa et les neuf autres provinces au l'accord constitutionnel actuel. Cela va à ren- regard des cinq conditions posées par le Qué- contre de ce que mon instinct et mon sens inné bec. disent ce qu'est un Canadien et un Québécois. L'accord du lac Meech, conclu en 1987 avec Seulement un enfant boude et agit de façon l'assentiment de tous les premiers ministres, irritable quand on ne lui donne pas ce qu'il veut comportait des conditions minimales qu'exigeait sur un plateau d'argent. Nous ne sommes pas des le Québec pour réintégrer le pacte confédératif enfants. Nous avons la responsabilité de la de 1982. Malheureusement, cette entente unanime nation. Je suis un Québécois anglophone, mais, entre les 11 gouvernements n'a pas recueilli le avant tout, je suis un Québécois qui est fier de consentement de toutes les législatures provin- la diversité de notre nation et du petit coin de ciales, ce qui aurait permis sa proclamation et cette nation qui sera toujours mon chez-moi. son entrée en vigueur. Nous avions donc, en The new accords are part of the evolution partie, réussi à faire bouger le gouvernement of the nation of Canada in the same way as the fédéral et les gouvernements provinciaux, à les original contract between the people of Canada asseoir à une même table pour reprendre les evolved from the primitive wilderness in which discussions. Tous les premiers ministres s'étaient they first placed the plow to the ground, the entendus pour faire ratifier l'entente avant la fin axe to the forests and the intellect to create a de juin 1990. Le tout s'est terminé malheureuse- caring and just society of which we might all be ment le 22 juin 1990. grateful and thankful. La façon dont le gouvernement libéral a These accords, Mr. Speaker, are not a mené les négociations jusqu'à la dernière minute restaurant menu where you pick one from column prouve une fois de plus la compétence de ce A, two from column B, but rather these accords gouvernement dans ce domaine et l'intérêt du are a banquet, a banquet to be enjoyed by all gouvernement du Québec à défendre les intérêts Canadians. profonds des Québécois. Ces événements nous Nous persévérons. Nous changerons le forcèrent à souhaiter de plus en plus ce que visage du Canada plusieurs fois avant la fin des nous voulons de mieux pour notre avenir, en y temps, mais nous le ferons ensemble, avec mettant notre coeur et notre énergie. Cependant, respect et honnêteté pour tous les peuples de la on aura noté que les débats qui ont entouré grande nation qu'on appelle le Canada, de l'Accord constitutionnel de 1987 ont montré que concert avec notre Québec. Merci, M. le Prési- les visions politiques, les identités nationales et dent. les aspirations au sein du régime fédéral cana- (15 h 40) dien semblaient de plus en plus difficiles à Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. concilier. C'était ma conviction profonde, M. le le député de Notre-Dame-de-Grâce. Je rappelle Président, que nous devions et allions continuer aux membres de cette Assemblée que nous en à défendre jusqu'au bout ce régime qui nous a sommes à l'adoption du principe du projet de loi accordé tant depuis tant d'années, et qu'on 44, Loi modifiant la Loi sur le processus de n'avait pas le droit d'abandonner, en dépit des détermination de l'avenir politique et constitu- difficultés rencontrées. tionnel du Québec, et je cède la parole à M. le Le 4 septembre 1990, le gouvernement député de l'Acadie. libéral créait la commission sur l'avenir cons- 3205 titutionne! et politique du Québec, la commission changements nécessaires pour rendre acceptable Bélanger-Campeau. M. le Président, le projet de au Québec le système fédéral canadien qu'à loi 150, étudié en juin 1991, respectait en tout l'égard d'une juste définition de la souveraineté point le rapport Bélanger-Campeau, soit la tenue et de ses implications politiques, économiques, d'un référendum sur la souveraineté du Québec sociales et culturelles; au plus tard le 26 octobre 1992, la constitution «Considérant que le gouvernement du de deux commissions parlementaires spéciales, Québec conserve en tout temps sa pleine faculté l'une ayant pour mandat d'étudier les questions d'initiative et d'appréciation des mesures favori- afférentes à l'accession du Québec à la souverai- sant les meilleurs intérêts du Québec; neté et l'autre, d'analyser toute offre d'un «Considérant que l'Assemblée nationale nouveau partenariat de nature constitutionnelle demeure souveraine pour décider de toute faite par le gouvernement canadien. Ainsi, notre question référendaire et, le cas échéant, adopter gouvernement respectait en tout point l'important les mesures législatives appropriées.» consensus développé à la commission Bélanger- Cet amendement va donc permettre la tenue Campeau. d'un référendum le 26 octobre, sur l'entente On doit se rappeler le Québec d'hier pour constitutionnelle et non sur la souveraineté, tel bien saisir et comprendre le Québec d'aujourd'hui que prévu à l'origine par la loi, puisque nos et, surtout, celui de demain. Quoi de mieux pour partenaires ont su répondre aux besoins et aux ce faire qu'un survol des grandes réalisations aspirations traditionnelles des Québécois. Nous libérales, de 1960 à nos jours, pour réaliser étions confiants que le gouvernement central jusqu'à quel point notre société a été dynamique ferait au Québec des offres de partenariat et a pu s'épanouir à l'intérieur du cadre fédéral. constitutionnel raisonnables et ce, à l'intérieur À partir de 1960, les Québécois se sont de l'échéancier que le Québec s'était fixé. C'est donné des outils de développement extrêmement ce qui arrive aujourd'hui, et nous devons en importants. Qu'il suffise de se référer à la tenir compte. Caisse de dépôt et placement, à la Régie des Comme le disait notre premier ministre, M. rentes, à la Société générale de financement, qui Robert Bourassa, le 10 mars 1991, lors du jouent des rôles de premier plan pour le déve- congrès du Parti libéral du Québec, et je cite: loppement et le renforcement de l'économie du «Nous avons des valeurs communes, deux siècles Québec. Sur tous les plans, le Québec, au cours d'histoire commune. Le Canada est l'un des pays de ces années, a vécu des mutations extrêmement les plus enviés du monde. Les Québécois veulent importantes. Ces acquis ne sauraient disparaître pouvoir développer leur identité et assurer leur du jour au lendemain. Aucun changement politi- sécurité économique, mais ils préfèrent que cela que ne devra affecter de façon négative l'évolu- se fasse à l'intérieur de la structure canadienne.» tion du Québec. Au contraire, nous devons Nous avons donc devant nous une option valable assurer son développement ou sa croissance dans et très importante pour l'avenir du Québec. la perspective de la continuité et du renouvelle- Cette entente du 22 août dernier équivaut à ment. L'objectif de notre gouvernement était des gains inégalés au cours des 125 dernières d'avoir un statut politique qui lui donnait tous années. Premièrement, un Québec distinct: les pouvoirs pour promouvoir son identité tout en reconnaissance de la société distincte; rôle favorisant l'essor et le développement économi- dynamique et responsabilité du gouvernement de que. Ce sont là des objectifs fondamentaux pour promouvoir la société distincte; 33 % des juges à notre gouvernement et pour notre société. la Cour suprême; ajout de 18 députés à la La raison de cet amendement à la loi 150, Chambre des communes; garantie de 25 % des aujourd'hui, est bien simple: c'est l'entente du 22 sièges à la Chambre des communes; double août 1992 du gouvernement fédéral et de tous majorité au Sénat en matière de langue et de les autres gouvernements canadiens. Le préambule culture, donc un veto absolu; veto sur la cons- de la loi 150 reflétant l'essentiel des recomman- titution du Sénat; veto sur la représentation à la dations de la commission Bélanger-Campeau et Chambre des Communes; veto sur l'existence et l'esprit dans lequel cette loi a été conçue lors de la composition de la Cour suprême; veto sur la son adoption nous permet de retrouver les participation des nouvelles provinces à la procé- raisons profondes de notre débat actuel. En dure de modifications constitutionnelles et au effet, il est clairement indiqué ce qui suit, et je Sénat; retrait et compensation pour tout trans- cite: fert de juridiction provinciale au fédéral. «Considérant que la commission sur l'avenir (15 h 50) politique et constitutionnel du Québec reconnaît, Deuxièmement, un partenariat amélioré: outre la voie de la souveraineté politique du compétence exclusive provinciale accrue en Québec, celle du renouvellement en profondeur matière de culture, de perfectionnement et de du fédéralisme que rendrait possible l'établisse- formation de la main-d'oeuvre, de tourisme, de ment d'un nouveau partenariat de nature cons- forêts, de mines, de loisirs, de logement, d'af- titutionnelle; faires municipales et urbaines; maîtrise d'oeuvre «Considérant la volonté du Québec d'assurer en matière d'immigration, de développement l'égale compréhension de tous tant à l'égard des régional et de télécommunications; constitution- 3206 nalisation de l'entente d'immigration déjà con- dans la perspective du développement et de clue; encadrement du pouvoir fédéral de dépen- l'épanouissement du Québec. Notre gouvernement ser, dans le respect des priorités provinciales; n'a ménagé aucun effort pour impliquer la intégration économique accrue, tout en main- population dans ce processus déterminant et tenant les outils de développement économique fondamental pour l'avenir politique et constitu- des provinces; rôle accru des provinces dans le tionnel du Québec, et c'est cette dernière qui processus de nomination des juges de la Cour tranchera la question. Malgré nos différences, suprême; nouveau pacte réaliste et respectueux nous sommes parvenus, au Québec, à l'intérieur avec les autochtones. du Canada, à former une société qui compte M. le Président, comme le disait le ministre parmi les plus avancées au monde en ce qui délégué aux Affaires intergouvernementales cana- concerne le standard de vie, la créativité et diennes lors de l'assemblée générale spéciale des l'innovation. Nous ne devons jamais oublier cette membres du Parti libéral du Québec le 29 août réalité indéniable. dernier, et je cite: «C'est la première fois, dans M. le Président, je terminerai donc en 125 ans, qu'un gouvernement du Québec, qu'un disant que je suis convaincu que, pour le Québec, premier ministre du Québec revient de négo- il s'agit du meilleur arrangement que nous ciations avec une entente de cette envergure. pouvions espérer à l'intérieur d'un processus C'est la première fois qu'on propose aux Qué- réaliste de négociations, et ce, en tenant compte bécois, d'une part leur sécurité et, d'autre des règles actuelles du fédéralisme canadien. part, les outils de développement nécessaires. Le 26 octobre prochain, un oui à l'égard de Jamais, dans toute l'histoire du Québec, un l'entente sera un geste de réalisme et de con- premier ministre n'aura fait autant pour le fiance à l'égard de l'avenir du Canada et du Québec. Il ne fait aucun doute que le Québec Québec. Merci, M. le Président. croit plus que jamais nécessaire et légitime de contrôler les pouvoirs et les outils essentiels à Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. son épanouissement et au maintien de sa spécifi- le député de l'Acadie. Sur cette même question, cité.» je reconnais M. le leader adjoint de l'Opposition À ce chapitre, M. le Président, il importe officielle et député d'Abitibi-Ouest. de souligner la ratification d'une entente majeure signée en 1991 avec le gouvernement fédéral en M. François Gendron matière d'immigration. Cette entente remplace l'entente Cullen-Couture qui existait depuis 1978. M. Gendron: Oui, M. le Président. Je pense Elle s'inscrit dans la logique de la récupération que nous devons nous assurer que ce débat se par le gouvernement du Québec des pouvoirs fait dans des conditions autres que ce que j'ai essentiels à son développement. M. le Président, entendu ce matin. J'étais presque atterré, cette entente a été constitutionnalisée dans renversé de voir que des membres de ce gouver- l'entente du 22 août. Voilà la preuve que le nement-là avaient employé davantage un discours Québec peut se développer dans le cadre d'un de taverne, de brasserie. Ça a été le cas, entre fédéralisme évolutif. Qu'il suffise de se rappeler autres, du ministre de la Santé et des Services également les négociations entourant le protocole sociaux. Je n'ai jamais vu de ma vie un discours d'entente entre le gouvernement fédéral et le aussi bassement inexact, partisan, erroné, comme Québec concernant l'administration unifiée de la s'il n'avait qu'un seul chapeau, être le chef des TPS et de la taxe de vente québécoise. Encore troupes serviles. Ils nous ont donné une preuve une fois, le gouvernement québécois bénéficiait évidente de ce qu'ils sont, lors de leur dernier dès lors d'économies importantes, et cela, congrès, comme si l'intelligence les avait com- toujours dans le but de défendre les intérêts des plètement abandonnés, et ce qui leur servait de Québécois. seul point de repère, c'est l'adoration du veau M. le Président, c'est maintenant l'heure d'or. des choix pour les Québécois. Le contexte Je félicite les collègues, membres de cette économique est difficile, vous en conviendrez Assemblée de cet après-midi, d'avoir eu un avec moi, et, dans ce sens, les Québécois ont le discours à la hauteur du débat qu'on devrait devoir de se questionner sur les conséquences avoir. Je ne suis pas d'accord avec le ministre de économiques de l'indépendance prônée par nos la Main-d'oeuvre et de la Sécurité du revenu, collègues d'en face. Comment se fait-il que mais il a fait un discours de parlementaire l'Opposition n'ait jamais abordé cette question responsable. Je viens d'écouter le député de des coûts de la souveraineté? Quand on pense l'Acadie; je ne suis pas d'accord, il y a des qu'un changement politique important provoque choses qui sont complètement erronées là-dedans, des conséquences, il est essentiel, je crois, de mais il a fait un discours à la hauteur d'un connaître celles-ci et de prendre des décisions parlementaire responsable. en toute connaissance de cause. J'essaierai, et je compte sur vous, M. le Au cours des prochaines semaines, nos Président, pour me permettre de faire un dis- compatriotes seront en mesure d'évaluer la valeur cours responsable, parce que la question est trop de l'entente et la pertinence de son acceptation, importante, trop majeure pour la traiter avec 3207 démagogie. Je vois quelques répondeurs automati- écoutez, il me semble que quelqu'un de respon- ques qui se questionnent de l'autre côté. Je vais sable doit parler des offres. C'est là-dessus qu'il vous donner trois exemples avant d'aborder le y aura une consultation référendaire, même jour, fond du discours. Est-ce que, honnêtement, vous même heure, même poste, «coast to coast», à croyez, comme parlementaires, que vous con- travers le Canada. Donc, en passant, ce n'est pas tribuez à éclairer le débat et répondre aux le référendum des Québécois, c'est le référendum aspirations des Québécois qui veulent avoir du reste du Canada et parce que, dans la vision l'heure juste lorsque vous affirmez que cette de ces gens-là, le Québec est une province com- entente est l'équivalent de l'accord du lac me les autres - d'ailleurs, ils l'ont prouvé dans Meech? Vous répondrez personnellement à cette l'entente quand ils félicitent leur premier minis- question-là. Est-ce que vous croyez que vous tre - le Québec est une province comme Terre- répondez aux attentes de la population et que Neuve, comme PÎle-du-Prince-Édouard, c'est une vous contribuez à éclairer le débat lorsque vous province comme les autres. Donc, on va passer commencez ce qu'on est en train de faire en par le même traitement que les autres. disant: Si on discute de la loi 150 et si on la Mais, sur les offres, M. le Président, j'ai modifie, c'est pour mieux la respecter? Vous bel et bien l'intention de prouver ce que je vais répondrez à cette question-là. dire. Un, le 7 juillet, nous avons eu l'annonce Quand un ministre responsable a le culot de d'une entente, et cette entente-là a été com- commencer une modification majeure à un projet mentée par à peu près tout ce qui existe de de loi et qu'il dit: Si je la modifie, c'est parce Québécois et de Québécoises, fédéralistes, que nous, de ce côté-ci de cette Chambre - en souverainistes, «blocquistes», indépendantistes, parlant de ses chers libéraux - on veut respecter peu importe. Tous ces gens-là, unanimement, ont la loi. Vous vous poserez la même question dénoncé, décrié, pourfendu une entente qui ne lorsque vous pensez que vous contribuez à correspondait pas aux aspirations légitimes des éclairer le débat, alors que cinq, six d'entre vous Québécois et des Québécoises. affirment que, lorsque nous, on dit à M. Allaire: Le 22 août, il y a eu une autre entente, et Bien sûr que tu peux venir combattre les offres là je reviens aux propos du ministre des Affaires avec nous parce que le débat va porter sur les municipales, et il disait ceci: Si M. Bourassa a offres, et que le ministre de la Santé et des accepté de retourner à la table, c'est parce qu'il Services sociaux commence son propos en disant: y avait des propositions concrètes sur la table. Voilà, ces gens-là ne sont plus souverainistes! M. le ministre des Affaires municipales a raison Voilà, ces gens-là viennent de renier leur option! quand il dit ça, mais ça s'arrête là, parce qu'il a Vous répondrez à cette question-là et, si votre ajouté: il y est allé dans un esprit d'ouverture, il réponse est que vous contribuez à éclairer le a été accueilli et il a négocié une nouvelle débat et permettre aux citoyens et aux citoyen- entente - comme s'il y avait une nouvelle nes de se faire une meilleure idée sur les offres, entente! C'est là que ça se gâte, parce que c'est vous resterez avec vos problèmes de conscience. de là que vient toute la confusion entre ce que Dernier exemple. Lorsque ces gens-là, j'appelle l'habillage d'une proposition qu'ils ne encore là, ont le culot, comme j'appelle, de faire sont pas capables de vendre et ce qu'ils ont des bulles. Ces gens-là disent des choses et ça décidé d'en dire sans rien prouver. Je vais s'arrête là. Je donne deux exemples. Je viens essayer de le prouver, point par point. d'entendre le député de l'Acadie - et je le Les fonctionnaires fédéraux qui ont assisté répète, j'ai trouvé qu'il avait fait un discours aux échanges, M. le Président, ont senti le correct - mais quand il dit, en parlant de nous: besoin de dire à M. Bourassa: M. Bourassa, vous Pensez-vous que c'est responsable, comme n'avez rien obtenu de neuf. Là, ils donnent un alternative, quand on sait que ces gens-là n'ont exemple. Parce que les hauts fonctionnaires, même pas examiné le coût de la souveraineté? Ils quand ils sont rendus à être obligés de sortir n'ont jamais regardé cette question-là, et juste pour expliquer que des policitiens qui doivent de l'autre côté de cette Chambre, il existe des servir dans leurs fonctions, pour lesquelles ces paquets d'études comme ça qui ont prouvé, noir gens-là ont prêté un serment d'office... J'ai été sur blanc, qui ont fait la preuve de a à z des ministre de la Fonction publique; j'ai beaucoup coûts de la souveraineté et leur idole, leur veau de respect pour les hauts fonctionnaires qui, d'or est assis sur ce paquet de documents et le règle générale, servent correctement les gouver- veau d'or ne veut pas rendre publics ces docu- nements pour lesquels ils sont mandatés. Là, les ments-là. Vous croyez que ça contribue à hauts fonctionnaires ont dit à M. Bourassa: Je éclairer la population d'avoir de telles attitudes? regrette, entre l'entente du 7 et celle du 22, au Je m'arrête là, et je veux parler de ce qui est chapitre du partage des compétences ou au sur la table. chapitre de nouveaux pouvoirs, c'est la même (16 heures) chose, il n'y a rien de neuf. Donc, arrêtez de Ce gouvernement-là a décidé de modifier la faire accroire à la population qu'il y a de quoi loi 150, qui devait porter sur la souveraineté de neuf. Mais je peux comprendre que ces gens- politique, et ils ont dit: Non, ça ne portera pas là essaient de faire accroire qu'il y a de quoi de là-dessus, ça va porter sur les offres. Bien, neuf. Quand on véhicule n'importe quoi sans le 3208 prouver... là, est tout autre que celle qu'on tente d'affir- Et, à titre d'exemple - parce que j'ai dit mer, j'ai l'impression que ça devrait éclairer les que je parlerais avec des exemples - quand j'ai citoyens et les citoyennes du Québec, comme ça le ministre régional - parce qu'il se fait appeler a été dit, d'ailleurs, ce matin. de même en région - le député d'Abitibi-Est... Le Le député de Saguenay, lui, ne se l'est pas ministre du Revenu, là, je le cite. Regardez ce caché. C'est vrai que ce n'est pas le plus fort de qu'il dit, ce brillant personnage: L'entente la gang, là, mais il ne s'est pas caché, en disant: intervenue contient de bons éléments, particuliè- II ne sera pas question des offres. On n'en rement en ce qui touche l'Abitibi-Témiscamingue, parlera pas, des offres. Il l'a dit dans son soit les secteurs des mines, des forêts et du discours, très clairement: II n'est pas question développement régional. Non, mais, écoutez, c'est qu'on parle des offres. Je le comprends. Ce n'est quand même grave, dramatique qu'un membre du pas vendable et, quand on veut cacher quelque gouvernement depuis 1985 ait le culot d'indiquer chose, on l'ignore. Pas question de parier des que, pour les gens de l'Abitibi-Témiscamingue, offres! Il dit: Nous, on fait le débat sur la région que je connais et que j'essaie de servir le souveraineté et sur l'alternative. Imaginez! C'est mieux possible depuis 16 ans, il y a là quelque brillant, alors que ces gens-là, aujourd'hui, nous chose d'extraordinaire parce que, dorénavant, convoquent pour modifier la loi 150 pour faire nous aurons pleine juridiction dans le domaine de accroire qu'en la modifiant c'est pour mieux la la forêt et des mines. Ça existe depuis 125 ans! respecter. Ça va faire, le mensonge, M. le Depuis que le Canada existe, si vous allez Président! Et ce n'est pas parce que je veux chercher une copie de la Constitution à la faire des insultes. Qu'est-ce que vous voulez que Bibliothèque nationale, vous allez constater que je vous dise? le Québec a pleine et entière juridiction dans le Tous les commentateurs... Parce que, là, domaine de la forêt, dans le domaine des mines. moi, je préfère croire des gens qui sont un peu Mais quand un membre de ce gouvernement- plus neutres et un peu plus détachés. Quand Mme là - et là je vous pose la question - vient Bissonnette, qui a suivi ce dossier-là, qui a une affirmer haut et fort que l'entente du 22 août expertise des dossiers constitutionnels, qui a est bien meilleure que celle du 7 juillet parce toujours développé une crédibilité honnête - elle qu'elle nous donne pleine juridiction dans des n'est pas à 11 % dans les sondages, elle n'est domaines comme la forêt et les mines, qu'on a pas en course au leadership, comme c'est le cas depuis 125 ans, la question que je vous pose: du ministre pancanadien Rémillard, elle n'est pas Est-ce que vous croyez que ça contribue à dans une course au leadership - et elle, elle dit: éclairer les électeurs et les électrices? Est-ce Écoutez, la vérité des choses: il n'y a rien de que vous pensez que ça contribue à améliorer le neuf là-dedans, et l'entente du 7 et celle du 22, débat? Moi, ma réponse, c'est toujours la même: c'est exactement la même chose. La différence, Bien non! Ce n'est pas parce qu'on répète qu'on ça a été dit par leur vice-président. Le vice- fait des bulles dans une piscine qu'on va aug- président de la commission politique du Parti menter le volume de l'eau dans la piscine. Ces libéral a eu un sursaut d'honnêteté intellectuelle. gens-là font des bulles en répétant les mêmes Il a dit: Je ne suis plus capable. Je ne suis plus phrases. capable, mais je vous garantis que celle du 22, Alors, lui, M. le ministre régional, ça fait par exemple, elle va être mieux vendue; il n'y longtemps que je savais qu'il faisait des bulles, aura pas d'erreur de stratégie dans la vente de mais, là, au niveau constitutionnel, ça dépasse cette entente-là ou de ces offres-là. Moi, je vous l'entendement. Faire accroire aux gens de la le dis, ces offres-là n'ont rien de différent de région que parce que, dorénavant, on va avoir un l'offre du 7 juillet qui a été débattue, pourfen- champ de juridiction exclusif - et lorsqu'on va due, décriée, dénoncée par tous. voir les textes, ça ne dit même pas ça - dans un Et on peut faire le même exercice au champ de juridiction qui était nôtre... Le texte, niveau de chacun des éléments de l'entente. Je je vous le lis, là, intégralement: «Ainsi, au voudrais juste revenir au niveau du droit de chapitre de la division des pouvoirs, le texte de veto. Rappelez-vous les articles qu'on a pu l'accord du 7 juillet demeure intact - demeure observer quand M. Gilles Lesage, un chroniqueur intact! Moi, j'ai appris ce que ça voulait dire, spécialisé, chevronné, a été obligé de dire: Ça le mot "intact" - à l'exception - parce que je «prend-tu» un premier ministre qui aime fafiner veux lire les textes exactement - des ajouts et rire du monde pour faire accroire que lui concernant - écoutez bien ça - les promesses avait obtenu cinq droits de veto! À titre d'exem- - donc, on est rendu au deuxième condition- ple. Êtes-vous au courant que le veto politique nel - de tenir dans l'avenir une conférence du Québec sur la création de nouvelles provinces fédérale-provinciale dans le but de banaliser le ne repose, en fait, que sur un simple engagement pouvoir fédéral de dépenser et d'harmoniser la écrit du ministre Joe Clark, dans une lettre réglementation en matière de télécommunica- adressée au chef du gouvernement du Yukon? Le tions», ainsi de suite. Quand des hauts fonction- Québec ne détient pas de droit de veto cons- naires sont obligés de dire: Écoutez, la réalité titutionnel sur la création de nouvelles provinces. qu'on observe, nous, en siégeant à ces réunions- Ce n'est pas moi qui dis ça, c'est des gens 3209 avertis de ces questions-là, Lise Bissonnette, pouvoir de dépenser du gouvernement fédéral Gilles Lesage, des spécialistes. Le premier dans le domaine des compétences provinciales, ministre a ri d'eux autres. j'admets que le Québec n'obtient pas de garan- Il y a huit constitutionnalistes qui regar- ties. Je répète: J'admets que Québec n'obtient dent ça. C'est des vauriens, c'est des gens qui aucune garantie concernant la limitation du ne connaissent pas ça, parce qu'eux autres ils pouvoir de dépenser, qui est un autre des n'adorent pas le veau d'or, ils ne répètent pas secteurs qui a toujours constitué, dans nos tous la même chose: qu'il s'agit des meilleures demandes traditionnelles historiques, un point offres, qu'il s'agira de faire des bulles, et qu'en important. Que M. Castonguay ajoute: Oui, mais faisant des bulles on va essayer de grossir le moi, je suis d'accord avec l'offre parce que je bulbe jusqu'à la consultation, prétendant que les suis un fédéraliste. C'est son droit, je respecte Québécois vont marcher là-dedans. ça. Ce n'est pas ça, le débat. Le débat, c'est: Quand on lit, en immigration, que le texte Est-ce que ces offres-là correspondent à quelque définitif ne donne rien de plus au Québec, j'aime chose qui reprend l'ensemble de la problématique bien mieux me fier à ça qu'au discours que ces historique des Québécois et correspondent à gens-là vont nous faire, quand on sait toute la quelque chose de différent du 7 juillet? La détermination qu'ils ont eue lors de leur congrès réponse est non. Même Claude Castonguay, qui et de leur caucus. Ils ont écouté, et ils ont été est un fédéraliste, qui est d'accord avec les dociles, attentifs. J'arrête là dans mes qualifica- offres, nous dit: Au chapitre de la limitation du tifs, parce que je veux rester à un niveau pouvoir de dépenser, je dis clairement... Parce correct. que j'ai toujours pensé que M. Castonguay avait (16 h 10) pas mal plus d'honnêteté qu'on en a vu ici en Quand on dit: Les efforts de dernière heure cette Chambre, de ces faux-fuyants, de ces gens de Québec échouent, quand on regarde n'importe qui soufflent le chaud et le froid à la fois. Il l'a quel document: Québec n'obtient pas la gestion dit: Au niveau de la limitation du pouvoir de de l'assurance-chômage... Et le meilleur exemple, dépenser, rien de neuf. c'est toujours de revenir à leur conseiller C'est un peu, M. le Président, pourquoi je politique, le président de la commission politique pense que le débat, il est très important, mais à du Parti libéral, M. Allaire. Et, je répète, M. la condition qu'on soit assez convaincus, tous et Jean Allaire, président de la commission politique chacun, que c'est un débat qui regarde le peuple du Parti libéral, dit très clairement: Ces offres-là du Québec, et pour que le peuple du Québec sont inacceptables, et il n'y a pas de nouveaux puisse l'arbitrer le mieux possible. On n'a pas le pouvoirs. Il n'y a pas de nouveaux pouvoirs. Je droit de faire passer ce qu'on appelle nos rejette catégoriquement l'entente constitution- convictions politiques très intimes dans ce débat- nelle qui ne contient, selon moi, aucun nouveau là sans les éclairer sur le contenu des offres. À transfert de pouvoirs. Puis là, il y a de plus en chaque fois que vous direz: entre l'offre du 7 plus de libéraux qui répètent cette même réalité juillet versus celle du 22 août, au chapitre du parce que c'est la réalité. Gilles Lesage disait pouvoir de dépenser, supposons, au chapitre du ceci: À la suite de l'entente d'Ottawa, les hauts partage des compétences, voici ce qu'il y a de fonctionnaires fédéraux ont donné, la semaine plus... Bien, prouvez-le donc, mais pas en disant dernière, une séance d'information qui a permis à ce que le ministre régional est venu dire en la presse de savoir un peu mieux ce qui mijotait Abitibi-Témiscamingue: C'est meilleur qu'avant dans la marmite constitutionnelle. On a appris parce qu'on a les mines. Voyons donc! C'est rire que bien des gains revendiqués par Québec du monde. Nous les avons depuis 125 ans. C'est devront faire l'objet d'ententes administratives meilleur qu'avant parce que nous avons les ou d'accords politiques ultérieurs. De plus, les forêts. Nous les avions depuis 125 ans comme fameux transferts de pouvoirs célébrés par M. pouvoir exclusif puis, dorénavant, on va être Bourassa ne signifient pas qu'Ottawa se retire. obligés de s'entendre pour qu'ils se retirent de Puis là, il nomme à peu près tous les ministères. ces juridictions-là. Toujours, si on prend la peine d'apprécier Qu'est-ce que le premier ministre du Québec véritablement les vrais documents, je cite a répondu à la question d'aujourd'hui sur les également M. Claude Castonguay. M. Castonguay, nouveaux partages de compétences, sur ce qu'on moi, en ce qui me concerne, avant qu'il ne soit a de plus? Rien d'autre que dire qu'il avait nommé sénateur, a toujours réfléchi à ces obtenu, comme M. le ministre des Affaires questions-là, et a une compétence qui permet de municipales l'a laissé voir ce matin, des clarifi- porter des jugements. Le 7 juillet, M. Castonguay cations, des précisions, des bidules, des informa- a dénoncé l'entente à tour de bras. Puis le 22, il tions additionnelles. Mais ce n'est pas de ça qu'il a décidé de donner son appui à l'accord cons- s'agit, il s'agit de dire aux Québécois: Est-ce que titutionnel. Mais voici ce qu'il dit, par exemple. vous êtes d'accord avec ces offres-là, alors que Prenons un exemple au chapitre du pouvoir de celles du 7 juillet ont été pourfendues et dé- dépenser. M. Castonguay a au moins l'honnêteté criées, et que celles du 22, il n'y a rien de plus? que je ne retrouve pas en face, de ces gens-là. Donc, c'est sûr que le sort qu'on veut qui M. Castonguay l'a dit, lui: Pour ce qui est du arrive aux offres constitutionnelles du 22 août, 3210 on veut que ce soit le même que celui du 7 ne minorities, they might be in comparable juillet parce que, en conclusion, M. le Président, condition and we would not even face exactly ça ne correspond pas du tout, honnêtement, aux the sort of political division in the country we aspirations traditionnelles, fondamentales et do. légitimes des Québécois. Ça dessert nos intérêts, I have heard this argument many times and puis ça ne permet pas de voir notre avenir. Ça it strikes me as amazing that something so bloque à tout jamais l'avenir du Québec, si on se ridiculous can be put forward by someone as confine dans un tel créneau. intelligent as the Member for Mercier. I suppose it is part of the standard kind of cant that Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. always does get expressed in Parliaments but it, le député d'Abitibi-Ouest. Sur cette même after all, bears no correspondence to reality or question, je reconnais M. le député de Jacques- to the actual evolution of institutions on the Cartier. M. le député, la parole est à vous. part of the Anglophones here or the Francopho- nes elsewhere. M. Neil Cameron It is important, I think, to remember the fundamental differences in francophone and M. Cameron: Merci, M. le Président. I must anglophone society: that, both in Québec and in begin by saying that it is a charateristic of the other parts of Canada, for most of the history parliamentary system that those in office have of this country were defined far more by the all the power, but those in Opposition get most differences between the fundamental values of of the fun, and I never feel this more than when the Roman Catholic religious faith and the I watch the Member for Abitibi-Ouest or the mainly Protestant population of the rest of the Member for Lac-Saint-Jean. They obviously are country or of the anglo minority here, that the having a great deal of fun at the Government's approach to educational institutions was pro- expense at the moment. foundly different, that the approach to family Nonetheless, I think it is easy for them to life was profoundly different and, for that do that, partly because we would not merely matter, the approach to entering business, have to consider the special case of the Parti accumulating capital, getting rich was profoundly québécois or the special case of the Province of different. That, I suppose, you could say that the Québec. An Opposition party, anywhere, at fact that the anglophone minority in Québec anytime, has an advantage in attacking any produced some generations of entrepreneurial constitutional agreement whatsoever, since by people like the Redpaths, the Workmans and the the very nature of an accord, it lays down McConnells, and then, more recently, the Bronf- specific provisions, which therefore means that it mans and the Steinbergs should be some indica- does not put down other provisions. And all you tion therefore that Saint-Boniface and Sudbury have to do is think of the provisions that are should produce the same. not in the accord and, then, spend as much time Well, I suppose, around the case of Sud- as you want talking about that, irrespective of bury, we could even say to an extent that it did: the virtues or vices of the accord itself. So, I Mr. Campeau, for a while at least, and Mr. do not think this is too persuasive an argument, Desmarais still. But the existence of strong perhaps not even to some of the supporters of English educational institutions in the Province the Parti québécois. of Québec, the existence of major universities, I think today I would like to look a little the existence of large, well-equipped, well- more broadly at the constitutional context and directed hospitals is not a consequence, after all, the accord that is appearing now. We are not of the generosity of the Québec Government and declaring ourselves today as to exactly where we never has been. are in this accord, but we can, at least, say (16 h 20) something about what we think it means for the I will agree that there is a spirit of minorities in Québec and for the political future generosity and tolerance and humane fairness in of Canada in general, whether it succeeds or this society which is much appreciated by the fails. English-speaking population, but it is not the Before taking up that topic or those topics basis of their institutions. It is merely something however, I would also like to say a little in that makes it possible for them to continue, response to the comments of the Member for although increasingly uncomfortably, as they Mercier and some of the comments of the depend on government financing in periods when Member for Abitibi-Ouest. all institutions, both anglophone and francopho- The Member for Mercier raised an argument ne, are subject to the restraint that comes about very often used in this House, which is that the when governments begin to go broke. anglophone minority in Québec is wonderfully I think it is also important, when I look at treated, that billions of dollars are expended on the debate that is taking place so far in this its health and educational institutions, that if House, to say that there are positions, not only such comparable generosity were extended for on the constitutional issue, but on politics in the other provinces of Canada to the francopho- general in this Province, which really need a 3211 hearing here, which have not received a hearing I might also point out just what is meant so far. For instance, once one has the issue of a by the distinct society clause, I suspect, is party like the Parti québécois, defining to some probably somewhat puzzling both to the extent the terms of debate in Opposition, we are supporters of the present constitutional accord; then forced into the situation of watching a and to the opponents of the constitutional nominally federalist party and Government trying accord; and to those, like us, who just exist in its best to indicate how much power it has agony. It is apparently the case that it has now successfully wrenched away from the Canadian been changed compared to the one that greatly Central Government or at the cost of the other alarmed those of us in the minority community provinces, while the party that in fact supposed- in its original form. ly does not care about Québec being in Canada What the change means, I will admit, I am at all, but instead wishes to launch a new not entirely sure. The idea of development that sovereign State, is busy explaining that the is used in the present clause is one that, after Government has somehow failed to do this. all, even the Parti québécois was willing to When I listen to this kind of debate, I accept in a certain way. I have always thought occasionally wonder how many of the individuals, the Parti québécois has a genuine tolerance of if they could put aside their party labels for a the minority. It is just that their tolerance is moment, would be willing to admit that a what I call the «colorful native-dances'-type of constant battle about whether Ottawa or Québec tolerance. I always had the feeling that even Dr. gets the power in many areas conceals the fact Laurin would have been willing to provide that neither of them exercise it very well, and adequate subsidies for me to write articles for that in many cases, it does not serve the magazines in Montréal in English as long as the interest of other Canadians in general or Que- magazines were the appropriate kind of magazi- beckers in particular for the power of the State nes. Whether or not he would feel as well to enter that area at all. It is open to question disposed towards the idea that we would write whether some of the Ministries and some of the whatever we bloody well felt like, including areas of jurisdiction that are being discussed in about, let's say, the Parti québécois Government, the present constitutional agreement, for there, I think, his enthusiasm would be some- instance, in any way contribute to the distinctive what more restrained. character of Québec or any other society. They Now, it is entirely possible for governments are, in fact, neutral Government Ministries, and to simultaneously claim they are promoting we are talking only of an argument about power, minorities, not just in Québec, but across if we come to the idea of the sovereignty that Canada, while effectively destroying them with is advocated by the Parti québécois, or the some other part of their policy. It is therefore substitute for it, if you like, that is advocated not our assumption in the minorities or in this by the Liberals, this in itself is a rather party that represents them that the kind of strange thing at this point in the 20th legislation that will probably continue to exist or century. could continue to exist as a result of this I might point out to Members of this House agreement is by any means of a kind that makes that, arguably, a man who would be the world's us confident that rights will be fully restored to most powerful banker in the United States, the the anglophone minority in Québec. best-known and most influential one, named If we look at the other provisions of the Walter Wriston, when he got out of the banking agreement, on the other hand, we could say they business and finally decided to write a book, do not necessarily represent what someone decided to call it «The Twilight of Sovereignty». demanding the maximum amount of power for This is an American writing on such a subject. Québec would want, but they may represent the That is, in other words, a man at the heart of maximum amount of powers that can reasonably the colossus, in New York City, running Citicorp, be divided in a federal State between a central looks at a world in which, he says, the financial government and a particularly large, important and governmental and business institutions of our and unusual province. time are ceasing to be sovereign or characterized The idea that the rest of Canada treats by the functioning of sovereign nation States, Québec as a province like the others is again, it and this is something that really belongs to seems to me, merely a sort of convenient fiction another century, and it is pretty well all over. that people will use in this House. This has, There will remain certainly interest groups, after all, never been the case, even before our there will remain cultural identities, there will recent arguments and discussions. The flag that remain desires by groups of people to maintain flies over Canada now is, I think, widely pop- forms of their identity, special kinds of meaning, ular, including in English Canada and, I believe, special kind of language, and so on. But the idea with many Francophones. But, it is not the flag that, for instance, by gaining control of the that the country got because the majority traditional levers of the State, you somehow English-speaking population wanted it. They did acquire power, at the end of this century begins not want it at all. The national anthem that is to look stranger and stranger. sung in this country and which was actually 3212 originally composed for the Saint-Jean-Baptiste processus de détermination de l'avenir politique Society was not something that was particularly et constitutionnel du Québec, et je reconnais M. wanted by the majority English population of the le chef de l'Opposition officielle. M. le chef de country. The changes in symbols, the changes in l'Opposition officielle. demarcations, the changes in the use of terms like «royal» and all the rest of it that applied M. Jacques Parizeau across the country to the armed services, the post office and so on were not necessarily what M. Parizeau: M. le Président, nous nous the majority English-speaking population in this trouvons, je pense, placés à un moment que country wanted. certains attendaient depuis longtemps. Ce que je But to talk about something in a way even veux dire par là, c'est qu'un projet de loi adopté more substantial, the Constitution of 1982 that en cette Chambre par un gouvernement qui Mr. Trudeau provided, the one that produces manifestement n'y croyait pas, peut-être voulait controversy with everyone because it was first s'en servir comme instrument de manoeuvre, a promised in the referendum campaign in this donné lieu pendant des mois à des déclarations Province, then, when it arrived, did not gain the de membres du gouvernement et du premier signature of Québec or, I should say, Québec did ministre à l'effet que de toute façon, à un not sign an accord of acceptance of this Cons- moment donné, il serait changé. Bien, M. le titution, that it provided a Charter of Rights and Président, il est changé. C'est de ça dont on yet, at the same time, provided a «notwithstand- parle. ing» clause that seemed to make the Charter of Il faut faire rapidement, je pense, la genèse Rights ineffective at exactly the points where it de ce qui s'est produit. C'est intéressant. Je vous would need to be used. rappelle, M. le Président, qu'au sortir de la That Constitution was not something that commission Bélanger-Campeau il n'y avait was imposed on this place by the majority vraiment que deux catégories de Québécois; tout English-speaking population. I would say the au moins, c'est l'impression qu'on avait. Il y majority English-speaking population of Canada, avait les souverainistes qui avaient trouvé dans and probably of Québec, did not want Canada to les travaux de Bélanger-Campeau des raisons have a written constitution of any kind, and, in additionnelles de croire que vraiment ce qu'ils fact, would have preferred to proceed with the cherchaient était non seulement réalisable mais old arrangement, which had the immense advan- souhaitable, puis, il y avait des fédéralistes pour tage that the Privy Council on the other side of qui il était évident que le système fédéral devait the water might decide for the Federal Govern- être profondément remanié. Des amateurs de ment or for the provinces, and left a tremendous statu quo, au Québec, à la sortie de Bélanger- number of things not down in written agreements Campeau, je vous assure que c'était rare, M. le anywhere where they can produce all the polit- Président, et les fédéralistes étaient les premiers icking and wasteful consumption of time and à le reconnaître. Le mot «statu quo», c'était très energy and economic difficulty that we now have péjoratif au sortir de Bélanger-Campeau. Il est in our new American-style system. clair aussi qu'on s'attendait plutôt à ce que le But we accepted those things. We accepted gouvernement tombe, si on le poussait suffisam- that flag. We accepted that anthem. We accepted ment, vers la souveraineté ou une forme de that Constitution. We accepted that Charter of souveraineté. Rights. We, in some cases, accepted the «not- C'est intéressant de voir, à cet égard, que withstanding» clause and, in some, did not, but, les conclusions de Bélanger-Campeau prévoient either way, assume we are dealing with what is qu'il y a probablement deux voies pour l'avenir: in fact the Constitution of the country. We le renouvellement profond du fédéralisme ou bien accepted the idea that, in an imperfect world, la souveraineté. Mais quand on est arrivés aux imperfect agreements are made by imperfect and recommandations, les recommandations de Bélan- fallible mortals, but they are sometimes all you ger-Campeau comportaient une seule chose: un can get. And we also accepted the fact that we référendum sur la souveraineté, au plus tard le lived in a great country and that although we 26 octobre. C'est tellement vrai ce que je dis could maintain our respect for those individuals que dans la loi... On ne parle jamais de ce within it who entirely disagreed with us and paragraphe-là dans la loi 150. Dans la loi, on wished to move out into a country of their own, indiquait clairement que si le résultat - c'est à we did not believe that they represented the peu près ça que dit la loi - est favorable à la majority of their own people and we did not souveraineté, le résultat du référendum, le believe then they were going to succeed and we Québec devient un pays souverain un an jour do not believe so now. Merci, M. le Président. pour jour après la date du référendum. C'était (16 h 30) l'époque, M. le Président, on s'en souviendra, où Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. dans le public on disait souvent: C'est M. le député de Jacques-Cartier. Je rappelle que Bourassa qui va faire la souveraineté. nous en sommes à l'adoption du principe du projet de loi 44, Loi modifiant la Loi sur le Des voix: Ha, ha, ha! 3213

M. Parizeau: On s'en souvient, hein! On centaines de milliers de Québécois, pour con- avait réussi à ce point à infléchir, à intoxiquer vaincre le gouvernement de tenir un référendum au fond, en un certain sens, l'opinion qu'on sur la souveraineté. Ça correspondait, d'ailleurs, s'attendait dans beaucoup de milieux a ce que ça à une situation de l'opinion publique qui demeu- soit les libéraux qui fassent la souveraineté. re. Les Québécois, à l'heure actuelle, ils veulent Certains d'entre nous, peut-être plus anciens à voter sur quelque chose de façon à ce que les ces questions politiques, avions un sain scep- débats constitutionnels s'arrêtent. Ils en ont ticisme. Moi, après toutes les années que j'ai assez. Ils veulent que ça se règle, ces affaires- passées là-dedans, avant que je crois un instant là. Alors, on se disait: Très bien, les gens que certains de ceux dont je viens de parler veulent que ça se règle, une majorité de Québé- seraient susceptibles même d'envisager la souve- cois - tous les sondages le montraient - veulent raineté du Québec, on serait mieux, pour me un référendum sur la souveraineté - ça ne veut persuader, de se lever de bonne heure. Mais pas dire qu'ils vont tous voter oui, ça - la enfin! plupart veulent qu'il y ait un référendum sur la À un moment donné, l'idée est apparue que souveraineté, poussons sur le gouvernement. sans doute il y avait chez le gouvernement et Alors, on a poussé sur le gouvernement. chez le premier ministre du Québec une sorte On a poussé sur le gouvernement jusqu'à d'habileté diabolique pour faire reculer les autres quand? Jusqu'à hier. Et là, finalement, hier, le provinces, pour préparer des offres merveilleuses chat ou le lapin est sorti du chapeau. Remarquez pour le Québec, des propositions sensationnelles, qu'il ne fallait pas être grand clerc, il ne fallait imaginatives et nouvelles, le premier ministre du pas avoir des pouvoirs de divination pour soup- Québec et son gouvernement s'étaient entendus çonner que le chat ou le lapin était dans le pour pousser dans le sens de la souveraineté, chapeau et qu'à un moment donné il sortirait. histoire de faire peur. Vous vous souvenez, M. le Mais c'est hier, à 16 heures, qu'enfin le lapin Président, c'était l'idée du couteau sur la gorge, fut dévoilé. Là, il est clair que ce que le gou- la technique de négociation le couteau sur la vernement veut, c'est un référendum sur des gorge. Bien, le couteau, il est tombé assez vite. offres. Il y a eu quelque chose qui s'est produit à un Bon, bien, alors, on va parler un peu des moment donné, où le premier ministre du Qué- offres. Quelles offres? Eh bien! il est clair que bec - peut-être que c'était l'enthousiasme, je ne les Canadiens, ils ont beaucoup travaillé sur des sais pas, d'une entrevue avec le journal Le offres, sur des propositions. Ah! il s'en est fait Monde; vous savez, ce grand journal de Pa- du travail sur la Constitution au Canada depuis ris - a été dire: Ah bien! de toute façon, ce quelque temps. Il y a eu une série de propo- n'est pas sur la souveraineté que je vais tenir un sitions. On s'en souvient à peine maintenant, référendum, c'est sur les offres. Il n'y avait rien parce que, finalement, il y a une sorte d'écoeu- sur la table à ce moment-là, il n'y avait pas rement chez les gens à propos de ces histoires- d'offres, mais lui était persuadé qu'il y en aurait. là, et le temps passe. Mais le premier jeu de Il avait fait son lit. Le couteau sur la gorge est propositions, ça a été le 24 septembre dernier, tombé par terre. 1991, donc, il y a presque un an. Ça, c'étaient Il reste néanmoins qu'on se disait: Quand les propositions du gouvernement fédéral - du même, une occasion comme ça de voter sur la gouvernement fédéral. Ça a été abattu en souveraineté, s'il y a moyen, pourquoi ne pas la flammes à peu près en trois jours au Québec, prendre? Ça s'adonne qu'il y en a qui y croient, mais aussi à cause d'un certain nombre d'implica- à la souveraineté, eux, et ils pensent que ça tions économiques dans le reste du Canada, dans devrait se faire. Et là il y a un gouvernement les milieux d'affaires en particulier. Ça a pris qui, par imprudence peut-être, par calcul peut- trois jours. Et pourtant, qu'est-ce qu'ils avaient être, avait été flanquer dans un projet de loi travaillé là-dessus! C'était beau, ces propositions. une promesse de référendum sur la souveraineté. Ce n'est pas comme les emmanchures qu'on nous Vous comprendrez, M. le Président, que des gens présente aujourd'hui, miméographiées à la comme nous, qui avions voté contre la loi 150 dernière minute. C'était sur papier glacé, impri- - parce que, les considérants qu'il y avait, mé, avec des belles couvertures en couleur. Trois c'était quelque chose; moi, je continue de jours, que ça a pris! considérer que ces considérants méritaient un (16 h 40) vote ce qu'il y a de plus négatif - qui trouvaient Ensuite, il y a eu Castonguay-Dobbie, et là, que les deux commissions parlementaires - et ça s'est perdu quelque part dans les marécages Dieu sait si on est en train, une fois de plus, de du Manitoba. C'est devenu Beaudoin-Dobbie. nous le démontrer aujourd'hui - étaient des Beaudoin-Dobbie... Là, attention, ce n'était plus commissions parlementaires où il n'y avait pas de le gouvernement fédéral; c'était le rapport des sens commun. Nous, on avait voté contre la loi trois partis politiques fédéraux, propositions. Ça, 150, mais il y avait quand même cet engagement ça a tenu trois jours. C'est là que notre premier du gouvernement de tenir un référendum sur la ministre a dénoncé l'exercice comme en étant un souveraineté. de fédéralisme dominateur, excusez du peu. Soit Alors, on a poussé. On a poussé, avec des dit en passant, c'est là que les histoires d'enten- 3214 tes, là, dont on parle à l'heure actuelle, toutes garantie-là? Bien, comme disait le ministre - ça ces ententes qui vont durer encore des années, vous indique d'ailleurs comment toutes ces c'est là que c'a été inventé, Beaudoin-Dobbie. propositions, avec quel sérieux c'est pris - com- Alors, pour le premier ministre, à ce moment-là, me le disait M. Sihota, le ministre des Affaires c'était du fédéralisme dominateur. À l'heure constitutionnelles de Colombie-Britannique: II actuelle, ces ententes qui vont se poursuivre faudrait qu'ils arrêtent toute activité sexuelle au pendant des années dans à peu près tous les Québec pendant un bout de temps. Bon. Franche- domaines, il trouve ça adorable. Comme quoi les ment, franchement! Puis on appelle ça une temps changent et les gens aussi! garantie, une protection. Et puis, qu'est-ce qu'il y a eu à part ça? Mais attention, sur le Sénat, par exemple, il Eh bien, il y a eu l'entente du 7 juillet. Ce faut voir ce qui a été fait. Je vais vous en coup-ci, l'entente du 7 juillet, c'était les leaders donner un exemple. Parce qu'il faut, des fois, autochtones, les neuf premiers ministres anglo- rentrer dans ces choses-là un peu précisément. phones, puis le ministre fédéral des... comment L'entente, là, finale, définitive, enfin, provisoire- dire, de la Constitution. Là, 9s ont fait une ment définitive qu'on a devant nous depuis entente en dessous ou, enfin, plus défavorable maintenant deux jours, cette entente-là prévoit pour le Québec à Beaudoin-Dobbie, nettement. Le que le Sénat va nommer, va autoriser les nomi- 7 juillet, c'a été pour bien des Québécois l'hor- nations, va entériner les nominations du gouver- reur intégrale. C'est là que le premier ministre neur de la Banque du Canada. Ça, tout le monde du Québec s'est rendu compte que ça glissait le savait déjà. Mais on savait qu'il y aurait tellement que bientôt, il se ferait estamper sur d'autres postes dont ils entérineraient la nomina- le mur. Là, il fallait qu'il retourne, le pauvre tion. Alors, là, on apprend que ça va être les homme, à la table de négociation. Mais on était dirigeants des grandes institutions culturelles, en train de le massacrer complètement. Il avait puis des organismes de réglementation. mis tous ses oeufs dans le panier des propo- Savez-vous ce que ça veut dire ça, M. le sitions. Il lui en faut, des propositions, au Président? C'est que le président de Radio- premier ministre du Québec. Canada, il ne sera pas nommé sans être entériné Et là, de période en période, de négociation par la moitié des sénateurs. Si plus de la moitié en négociation, on était en train de l'enfoncer des sénateurs disent non à sa nomination, il ne dans le mur. Vous vous souvenez, le 7 juillet? sera pas nommé. Ça, ça veut dire que les prési- Mais, est-ce qu'il y a eu une voix au Québec, dents de toutes les grandes institutions culturel- après le 7 juillet, pour vanter ces propositions- les canadiennes vont être placés dans cette là? C'a été condamné uniformément, partout, situation-là. Le président du CRTC, celui qui même par des gens qu'on considérait comme des répartit les ondes entre la télévision, la radio, fédéralistes patentés. M. Castonguay se voile la etc., les postes, celui qui contrôle Bell Canada et face après le 7 juillet. Le sénateur Beaudoin se ce genre de choses-là, cet homme-là ne pourra voile la face après le 7 juillet. Il faut le faire! Il être nommé que moyennant l'accord du Sénat. n'y avait pas un Québécois qui était prêt à Est-ce qu'on se rend compte que l'Office de supporter ça. commercialisation des produits agricoles, c'est un Alors, le premier ministre du Québec s'est organisme de réglementation, ça? Il va être précipité à Ottawa en disant: Écoutez, ne faites nommé par le Sénat. Qui nomme tous ces gens- pas les fous. Donnez-moi un peu quelque chose. là, à l'heure actuelle? C'est le cabinet fédéral. Permettez-moi de sauver la face un peu. Bon. Dans le cabinet fédéral, il y a toujours à peu Alors, on a essayé à Ottawa, pendant quelques près 25 % de ministres du Québec - à peu près jours, puis ensuite à Charlottetown, de lui sauver un quart, des fois plus, des fois moins, mais, en la face. Quel sauvetage, quelle farce, M. le général, c'est à peu près ça. Et là, on renonce à Président! ce que ce soit le cabinet fédéral qui nomme pour Le Sénat égal. Le premier ministre du que ce soit le Sénat, dans lequel le Québec aura Québec s'était engagé manifestement à accepter nettement moins que 10 % des sièges. Est-ce une forme quelconque de Sénat égal. Le Sénat, il qu'on se rend compte de ce qu'on vient de faire? est égal, M. le Président, il l'est. Mais on a Comme succès du grand négociateur, c'est ajouté des postes à la Chambre des communes en quelque chose! Et, comme des crétins, nous disant: Écoutez, là, 18 sénateurs que vous allons payer quelle proportion du coût du Sénat? perdez, 18 de plus à la Chambre des communes. Le quart. On va payer 25 % du coût du Sénat Vous êtes contents, un sénateur pour un député, pour avoir 8,8 % des sièges. Ah bien, brillant! Ah ça devrait faire. Oui, évidemment, c'était un bien, bravo! Je suppose que c'est conforme, certain sauvetage de face. Puis on a dit: Doréna- comme dit le premier ministre, aux intérêts vant, vous n'aurez jamais comme députés moins supérieurs du Québec. Quand ils sont soignés que 25 % des députés fédéraux. Ah! Combien est- comme ça, les intérêts supérieurs du Québec, on ce qu'on en a actuellement? 25,4 %. Est-ce qu'on aimerait mieux qu'il s'occupe d'autre chose, ce n'a jamais eu en bas de 25 %? Non, on n'a qui, j'imagine, va lui arriver d'ici pas longtemps. jamais eu en bas de 25 %. Qu'est-ce qu'il fau- Les veto. Il a dit: Aïe! j'ai réussi à en drait pour qu'on soit en bas de 25 % sans cette récupérer, des veto! Bien, il a récupéré des veto 3215 comme celui qui se précipite pour fermer la rapidement. Vous comprendrez, M. le Président, porte de la grange une fois que le cheval est pourquoi le cheminement que nous avons à sorti. Les veto dont on parlait dans Meech, suivre, nous, à l'heure actuelle, nous paraît c'était quoi? C'étaient des veto qui devaient tellement clair? Oui, c'est vrai, nous allons, s'appliquer avant la réforme du Sénat, de la nous, les souverainistes, travailler avec ces Chambre des communes. Là, il va récupérer des fédéralistes qui voulaient profondément renouve- veto après ces changements-là. S'il y a une ler un système dans lequel ils croyaient et dans chose qui est claire, M. le Président, c'est que lequel certains croient encore, j'en suis convain- s'il fallait que ça marche, ces propositions cu. Nous allons travailler ensemble à faire battre constitutionnelles, le Canada ne discuterait plus ces propositions qui, au fond, non seulement sont de constitution pour les 50 prochaines années. contraires aux intérêts du Québec, mais repré- Alors, là, parce que ce n'est pas un veto du sentent en plus de ça une sorte de tentative de Québec, il faudra l'unanimité des provinces pour camouflage, une poudre aux yeux qui, en un des changements que personne ne va envisager certain sens, est indigne des Québécois. Oui, dans le prochain demi-siècle, après que les nous allons avoir comme tâche, dans les six changements actuels auront été entérinés. prochaines semaines, de faire battre ces proposi- Illusion! Poudre aux yeux! tions, de faire en sorte que les Québécois Et, ce que ça veut dire, M. le Président, rejettent ce qui, au fond, à bien des égards, c'est que, maintenant, après ces épisodes assez pour nous tous, est une sorte de marque de lamentables, on a un amendement pour dire que mépris qu'on nous sert. c'est sur ces propositions qu'un référendum va Je sais bien que nos amis libéraux sont être demandé, en vertu de la loi 150. Propo- enragés à la seule pensée que, pendant six sitions, oui. Est-ce que ce sont des propositions semaines, au lieu de faire une campagne sur la en vertu de la loi que nous avons devant nous? souveraineté, on va les prendre au mot et leur M. le Président, je voudrais déposer ici un avis dire: Vous voulez qu'on juge ces propositions, juridique de Me Real Forest, de Stikeman, jugeons ces propositions. Vous nous demandez ce Elliott, que nous avons demandé parce que, à la qu'on pense de ces propositions? Nous rejetons commission des offres, de l'autre côté, dans le ces propositions. Oui, c'est vrai que pendant six salon rouge, ils n'en ont pas demandé, eux semaines, c'est cela que nous allons faire avec, autres. Là, ils sont en train de discuter des je pense, beaucoup d'énergie, avec beaucoup offres, et on leur demande: Est-ce que c'est d'espoir aussi que, au fond, en six semaines, en liant? Est-ce que ce sont de vraies offres en peu de temps, le succès couronnera ces efforts vertu de la loi? Est-ce que, en vertu de la loi, et que, une bonne fois, ces gens qui auront c'est liant pour le gouvernement fédéral et les cherché à flouer les Québécois apprendront enfin provinces? Avez-vous des avis juridiques? Ah! ils que ça ne se fait pas et que ça n'est pas disent non. Avez-vous demandé? Je ne le sais possible. pas. Mais comment pouvez-vous alors discuter d'amendements à la loi si vous ne savez même Des voix: Bravo! Bravo! pas si ce que vous avez devant vous est con- forme à la loi? Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le Bon, bien, M. le Président, est-ce qu'on leader adjoint du gouvernement. m'autorisera à déposer cet avis juridique? M. Bélisle: En vertu de l'article 213 de Le Vice-Président (M. Bissonnet): Y a-t-il notre règlement, M. le Président... consentement pour le dépôt du document? Le Vice-Président (M. Bissonnet): Je Une voix: ...déposé à la commission qui va m'excuse, M. le leader adjoint du gouvernement. étudier les offres. Conformément à la suspension des règles, il n'y a pas de question en vertu de l'article 213. Mme Des voix: Ho! Ho! Franchement! la députée de Mégantic-Compton.

Le Vice-Président (M. Bissonnet): II n'y a Mme Madeleine Bélanger pas de consentement. S'il vous plaît! S'il vous plaît! M. le leader Mme Bélanger: Merci, M. le Président. Nous adjoint du gouvernement, je m'excuse. J'ai sommes ici réunis pour une raison bien précise: demandé s'il y avait un consentement, il n'y en a amender la loi 150 sur le processus de détermi- pas. Vous poursuivez votre intervention, et je nation de l'avenir politique et constitutionnel du vous indique qu'il vous reste une minute. M. le Québec. Mais pour bien comprendre cela, je crois leader... qu'il faut faire un petit tour en arrière et se (16 h 50) rappeler le mandat de la loi 150. Lorsqu'elle fut M. Parizeau: Voilà, M. le Président, on ne votée, cette pièce législative devait nous con- veut pas savoir. On cache. Vous comprenez, M. duire à un référendum sur la souveraineté, un le Président, puisque je dois terminer, je termine référendum qui devait avoir lieu entre le 8 et le 3216

22 juin 1992 ou bien entre le 12 et le 26 octobre de bon dans cette entente quand on sait que la de cette même année. raison d'être du Parti québécois, c'est l'indépen- Mais, entre-temps, M. le Président, bien des dance? On sait, et vous avez entendu les ténors choses se sont produites. Nous avons, en effet, d'en face, que même avant qu'on ait une entente, mis sur pied deux commissions parlementaires: c'est-à-dire pendant qu'on négociait, on accusait l'une chargée d'étudier toute question afférente à le premier ministre de faire de l'à-plat-ventris- l'accession du Québec à la souveraineté, l'autre, me, d'être un traître. Et, depuis qu'ils ont les d'apprécier toute offre d'un nouveau partenariat textes, ils les interprètent d'une façon démago- de nature constitutionnelle faite par le gouver- gique, comme c'est leur habitude. Mais c'est nement du Canada liant formellement celui-ci et après une étude plus que minutieuse du contenu les autres provinces. de cette entente que notre chef et premier Mais l'événement majeur est sans contredit ministre, M. Robert Bourassa, accompagné du l'entente survenue le 22 août dernier entre le ministre des Affaires intergouvernementales premier ministre du Québec, le premier ministre canadiennes, M. Gil Rémillard, a conclu que le du Canada, les premiers ministres des autres Québec faisait des gains appréciables en l'accep- provinces et les représentants autochtones. En tant. Ces gains, M. le Président, je vous en effet, suite à ces négociations, qui se sont parlerai plus en détail dans quelques instants. échelonnées sur une dizaine de jours, des offres Mais, auparavant, je crois qu'il est bon de ont été faites au Québec. rappeler les choix qui s'offrent aux Québécois et Québécoises. M. Perron: Je m'excuse après de ma col- lègue. Une voix: Lesquels sont?

Mme Bélanger: Des offres... Mme Bélanger: On sait qu'il y a la souve- raineté pleine et entière: ça, c'est le choix des M. Perron: Je m'excuse auprès de ma péquistes. Mais ce choix, M. le Président, n'est collègue. Est-ce que la règle du quorum est pas nécessairement celui des Québécois et des suspendue aussi, par rapport au vote qui a été Québécoises. En effet, cette voie suppose des pris hier? conséquences économiques que notre premier ministre qualifie d'imprévisibles. On peut com- Le Président suppléant (M. Gauvin): Non, si prendre que faire éclater une Fédération ne se vous appelez le quorum... fait pas sans heurts. Mais, surtout, il est difficile de croire toutes les belles paroles de nos adver- M. Perron: On demande le quorum. saires lorsque l'issue est à toutes fins pratiques incertaine. Pour nous, du Parti libéral, cette voie Le Président suppléant (M. Gauvin): J'ap- n'est pas souhaitable, entre autres parce qu'elle pelle le quorum. ne permet pas de garantir la sécurité économi- (16 h 56 - 17 h 3) que, sociale et politique des Québécois et des Le Vice-Président (M. Bissonnet): Nous Québécoises. avons maintenant quorum et nous poursuivons le Alors, M. le Président, c'est en pesant le débat sur l'adoption du principe du projet de loi pour et le contre de l'offre qui nous a été faite 44. Mme la députée de Mégantic-Compton, qui a par le reste du Canada que nous en sommes la parole, peut poursuivre son intervention, et je arrivés à la conclusion que ces dernières lui indique qu'il lui reste 17 minutes à son offraient la meilleure sécurité pour les Québécois intervention. et les Québécoises. Plus encore, ces offres, nous en sommes persuadés, feront avancer le Québec, Mme Bélanger: Merci, M. le Président. mais, ça, à l'intérieur de la Fédération canadien- Alors, comme je le disais, il y a eu une entente, ne. le 22 août, entre le premier ministre du Canada, Premièrement, le Québec obtient la recon- les premiers ministres des autres provinces et le naissance du principe de la société distincte. Ce gouvernement du Québec ainsi que les représen- principe, M. le Président, sera dans la Constitu- tants autochtones. En effet, suite à des négocia- tion canadienne. Concrètement, avec cette tions qui se sont échelonnées sur une dizaine de entente, le rôle de promotion de la société jours, des offres ont été faites au Québec, des distincte ne se trouve plus noyé parmi les autres offres que nous qualifions de valables et d'accep- valeurs interprétatives. Ensuite, l'entente stipule tables et contenant un progrès réel pour le que la reconnaissance du Québec comme société Québec. Mais, avant de les qualifier comme distincte demeure une valeur canadienne servant telles, il a fallu les examiner attentivement point à l'interprétation de l'ensemble de la Constitu- par point. Il a fallu voir également en quoi tion, y compris le partage des pouvoirs. Cette chacun de ces points soulevés dans l'entente reconnaissance ne se limite pas au préambule de était acceptable pour le Québec. la Constitution ou à la seule section de la Mais, M. le Président, comment peut-on Charte, mais couvre plutôt l'ensemble de la espérer que l'Opposition trouve quoi que ce soit Constitution. 3217

Deuxièmement, en ce qui a trait à l'immi- semblée nationale pourra continuer de disposer gration, l'Assemblée nationale devient, avec cette de l'intégralité de ses pouvoirs linguistiques en entente, responsable de l'intégration économique, vue de défendre et de promouvoir la langue sociale et culturelle des immigrants au Québec française. Cela aussi est dans la Constitution français. Là aussi, M. le Président, vous con- canadienne. Quant aux francophones hors Québec, viendrez avec moi qu'il s'agit d'un avantage pour aux Québécois anglophones et aux membres des le Québec. La question de l'immigration était autres communautés nationales du Québec, ils importante pour nous, puisque l'on sait que notre seront considérés comme des citoyens à part avenir est intimement lié à notre poids démogra- entière ayant droit à la survie et à l'épanouisse- phique. Et lorsque l'on prend conscience de cette ment. En ce qui a trait aux peuples autochtones, réalité, il est nécessaire, voire capital, de il auront le statut de partenaires de plein droit pouvoir intégrer les immigrants, tant sur le plan du pays par l'octroi de l'autonomie gouvernemen- culturel et économique que linguistique. tale sujette au principe de l'intégrité du ter- Troisièmement, M. le Président, j'aimerais ritoire québécois, du respect des lois et de aborder la question du pouvoir de dépenser du l'obligation de négocier de bonne foi des enten- gouvernement fédéral. Comme on le sait, le tes. Québec insiste depuis longtemps sur le besoin Au-delà de cette enumeration sommaire, il d'encadrer ce pouvoir de dépenser. Mais voilà est un aspect de l'entente qui demeure l'un des qu'après des années de débats sur cette question, plus importants pour le gouvernement du Québec. un engagement constitutionnel se matérialise. Cet Il s'agit des pouvoirs de l'Assemblée nationale. engagement implique qu'on devra désormais tenir Déjà, dans la Constitution, l'Assemblée nationale compte, dans le pouvoir de dépenser, des prio- a un nombre imposant de pouvoirs, lesquels ont rités québécoises; on devra également tenir permis au gouvernement de bâtir le Québec tel compte des chevauchements et des dédouble- qu'on le connaît aujourd'hui. Mais, avec cette ments. Enfin, le gouvernement du Québec pourra entente, de nouveaux pouvoirs explicites seront se soustraire de tout programme fédéral futur et ajoutés à l'Assemblée nationale afin de consolider cofinancé dans des domaines provinciaux et l'autonomie gouvernementale du Québec. Tout obtenir compensation financière. Cela, M. le d'abord, la formation et le perfectionnement de Président, nous permettra d'agir plus librement. la main-d'oeuvre deviennent une compétence Il y a là un gain pour le Québec; il sera inclus exclusive du Québec, renforçant ainsi les pou- dans la Constitution canadienne. voirs de l'Assemblée nationale sur les ressources Quatrièmement, aucun changement ne pourra humaines. Ensuite, la culture devient une com- être apporté à la Cour suprême du Canada sans pétence exclusive du Québec avec possibilité pour le consentement du Québec en ce qui concerne le gouvernement fédéral de continuer d'aider nos son existence, ses pouvoirs et le fait garanti de artistes, mais en respectant la politique culturelle la présence de trois juges québécois sur neuf. du Québec. Cela aussi sera inclus dans la Constitution Ensuite, sur simple demande du gouverne- canadienne. ment du Québec, le fédéral se retirera des six Pour ce qui est des modifications aux secteurs suivants en versant une pleine compen- institutions centrales de la Fédération canadien- sation financière. Il s'agit des affaire urbaines, ne, le Québec gagne un droit de veto, lui aussi le logement, le loisir, les mines, les forêts et le enchâssé dans la Constitution du Canada. Enfin, tourisme. Le pouvoir de dépenser du fédéral dans le Québec obtient une protection absolument sûre ces secteurs est à toutes fins pratiques éliminé de pouvoir s'opposer à toute tentative de diminu- et le respect des pouvoirs constitutionnels du tion des pouvoirs de son Assemblée nationale. Il Québec, garanti. Pour ce qui est des communica- aura un droit de retrait avec compensation tions, elles seront l'objet d'une entente protégée financière. Là aussi, cet aspect sera dans la par la Constitution pour permettre au Québec de Constitution du Canada. M. le Président, il est s'assurer que les décisions en matière de com- donc facile de constater que le Québec obtient munications seront prises par des Québécois et des gains avec cette entente. Il s'agit de gains en conformité avec les ententes du Québec. substantiels qui renforceront l'action du Québec En ce qui a trait aux ententes de dévelop- au sein de la Fédération canadienne. pement régional, là où le Québec a la maîtrise (17 h 10) d'oeuvre, elles auront désormais une protection À titre d'exemple, j'aimerais vous dire, et constitutionnelle pour ainsi éviter les désengage- j'en suis fière, qu'avec cette entente, le Québec ments unilatéraux du gouvernement fédéral. ne pourra jamais avoir moins de 25 % de députés Enfin, pour ce qui est de l'union économique, il à la Chambre des communes, cela même si la y aura enchâssement du principe que le Canada population du Québec passe en dessous de ce est une union économique, de l'engagement des seuil de 25 %. Également, les sénateurs fran- gouvernements à ne pas ériger de barrière allant cophones auront un droit de veto absolu au à l'encontre des quatre libertés, avec une liste Sénat égal contre toute mesure qui aurait pour d'exceptions. Le Québec conserve donc ses outils effet de diminuer les droits de la langue et de la de développement, tout en bénéficiant d'une culture françaises du Canada. De plus, l'As- intégration économique accrue. 3218

Avec cette entente, il est évident que M. Denis Lazure l'avenir non seulement du Québec, mais aussi du Canada est en train de se jouer sous nos yeux. M. Lazure: Merci, M. le Président. Si nous Des choix devront être faits par l'ensemble de la sommes aujourd'hui en train de discuter entre population québécoise et canadienne, des choix parlementaires, c'est parce que ce gouvernement que nous devrons assumer pour l'avenir, des a décidé d'amender la loi qu'il avait lui-même choix que nous devrons assumer pour les généra- pilotée il n'y a pas si longtemps, la loi 150, qui tions futures. Mais, lorsqu'on a des choix à faire, lui imposait l'obligation de faire un référendum il faut être conscient qu'il peut être risqué sur la souveraineté du Québec. d'assumer trop d'inconnu. Cette voie de l'incon- Ce gouvernement nous demande, puisqu'il a nu, c'est celle que prône le chef de l'Opposition changé d'idée, de maintenant faire le référendum officielle, soit l'indépendance du Québec. Les sur les offres, sur les propositions constitution- membres de l'Opposition sont ceux qui viennent nelles. Et, en même temps, les gens d'en face nous dire que cette entente n'est pas acceptable, ont le culot de venir nous dire: Vous allez parler qu'elle est insuffisante. de souveraineté. On vient de nous convoquer ici Mais devrais-je leur rappeler que cette justement pour nous dire: II n'y en aura pas, de entente est plus que le Québec n'a jamais référendum sur la souveraineté; le référendum va obtenu, plus que ce que demandait le gouverne- porter sur les offres. Et on nous reproche de ment péquiste en 1985. Si on regarde la question parler des offres. Je pense que ce gouvernement du partage des pouvoirs, nos adversaires politi- avait peur de faire un référendum sur la souve- ques nous disent qu'il ne répond pas aux attentes raineté. Il savait que 70 % des gens voulaient un du Québec. Mais si la situation actuelle nous a référendum sur la souveraineté. Il sait, depuis permis de nous développer et de connaître un hier, que près de 800 000 personnes ont signé la essor remarquable, il est faux de prétendre que pétition demandant que le gouvernement respecte ce que nous propose l'entente en cette matière sa parole et fasse un référendum sur la souve- viendra nuire au Québec. Elle ne peut que raineté. En dépit de tout ça, il dit: Non. J'ai renforcer et améliorer la situation actuelle. De enfin eu quelque chose qui ressemble à des plus, la garantie d'un minimum de 25 % de sièges offres, et c'est là-dessus qu'on va faire le au Parlement fédéral est un gain substantiel pour référendum. le Québec. Cela nous permettra de participer M. le Président, il faudrait que les minis- encore davantage à l'élaboration des politiques tériels cessent d'être aussi illogiques. Hier soir, canadiennes. on a entendu l'élite des ministériels, la troupe de Alors, M. le Président, ce sont ces raisons, choc des ministériels: le député de Mille-Îles, le et bien d'autres encore, qui me portent à croire député de Saguenay, le député de Louis-Hébert, que s'il existe des traîtres dans toute la politi- ceux qui disent n'importe quoi n'importe com- que québécoise, ce n'est pas de ce côté-ci de la ment, surtout le député de Saguenay. Le député Chambre qu'ils sont. Je n'accepterai jamais qu'on de Mille-Îles a un peu de lettres. Il se prend vienne amoindrir ou rabaisser les efforts de même pour un écrivain, parfois. _ II s'est pris pour négociation de M. Bourassa à ce niveau. N'eût un écrivain, le député de Mille-Îles, mais il a un été de sa détermination et de sa volonté, nous peu plus de lettres que le député de Saguenay. n'en serions pas là aujourd'hui, à discuter des Mais ces gens-là ont recouru hier soir et ce modalités de cette entente constitutionnelle. matin - et il semble bien que c'est leur intention C'est pourquoi, M. le Président, je veux de faire la même chose durant la campagne rendre hommage à notre chef et premier ministre référendaire - à ce qu'il y a de plus bas, à peu pour avoir atteint son objectif et celui du près, en faisant appel au sentiment de peur de la gouvernement: protéger l'avenir du Québec. M. population québécoise, en disant: Si vous votez Bourassa a toujours, depuis 25 ans, travaillé pour non, ça va vouloir dire la séparation, la souve- les intérêts supérieurs des Québécois et des raineté, et là vous allez avoir de la misère. C'est Québécoises, et il sait que la seule façon pour le ça qu'on a entendu hier soir, M. le Président. Québec et pour l'ensemble du Canada de préparer Heureusement, la qualité du débat a changé un un avenir solide pour nos enfants est d'amener peu aujourd'hui, avec les derniers orateurs qu'on tous les gouvernements à travailler ensemble, en a eus du côté ministériel. mutuelle confiance, et non isolément, chacun de Mais, M. le Président, je me demande où son côté. Merci, M. le Président. sont les députés ministériels qui sont les ténors du nationalisme. Le député de Vanier, on ne l'a Une voix: Bravo, madame! pas vu depuis deux jours. Le député des îles-de- la-Madeleine, on ne l'a pas vu depuis deux jours. Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, Où sont-ils? Là, je vois le député de Saguenay Mme la députée. Sur ce même sujet, je cède arriver, mais c'est le député de Vanier que je maintenant la parole au vice-président de la voudrais entendre, moi. commission du budget et de l'administration et (17 h 20) député de La Prairie. M. le député, la parole est Alors, M. le Président, les conditions... Ce à vous. que nous avons devant nous, dans ce méli-mélo 3219 de documents qui sont plus ou moins officiels, cours des séances de Bélanger-Campeau, on a vu plus ou moins officieux, plus ou moins terminés, clairement - comme plusieurs l'ont dit, mais il plus ou moins en négociations encore, ce que vaut la peine de le répéter - que la plupart des nous avons devant nous, au fond, ce sont les groupes qui sont venus disaient: Oui, il faut conditions que le Canada anglais et le fédéral mettre un terme à ces chicanes constitutionnel- mettent au retour du Québec dans la famille ca- les. Ou bien nous obtenons un changement ma- nadienne, puisque le Québec a été exclu à deux jeur dans le fédéralisme, un renouvellement reprises du Canada. Il faut s'en rappeler, M. le fondamental du fédéralisme - ça, c'était la posi- Président. En 1982, par Pierre Elliot Trudeau, qui tion honnête des fédéralistes - ou bien, position a passé sur le corps de tout le monde au Québec, tout aussi honnête, qui ralliait encore plus de et à peu près tous les députés de l'Assemblée monde, à ce moment-là, prenons un vote sur la nationale ont voté contre le rapatriement de souveraineté du Québec. C'est ça, l'historique. Pierre Elliot Trudeau, sauf cinq ou six libéraux, Et combien de groupes sont venus dire: On à l'époque. Donc, c'était quasi unanime au Qué- veut ce référendum sur la souveraineté. Je me bec. Première exclusion en 1982, Pierre Elliot rappelle, entre autres... Et des groupes qui Trudeau. avaient fait des sondages parmi leurs rangs: la Deuxième exclusion, l'accord du lac Meech. FADOQ, la Fédération de l'âge d'or du Québec, Rappelons-nous, de 1987 à 1990, M. Mulroney et après un sondage, constatait que les 2/3 de ses M. Bourassa ont fait des pieds et des mains pour membres, non seulement voulaient un référendum que le Québec réintègre la famille canadienne sur la souveraineté mais étaient prêts à voter dans l'honneur et l'enthousiasme. Mais, on sait pour la souveraineté du Québec. ce qui est arrivé. Pour une deuxième fois, le Alors, regardons-les, ces offres-là, M. le Québec s'est fait exclure par le Canada anglais. Président. Moi, je pense qu'il y a au moins cinq C'est une troisième reprise, une troisième raisons pour lesquelles il faut les rejeter. chance, pour ainsi dire. Premièrement, c'est la fin du pacte des deux Alors, voyons un peu ce qu'il y a dans ces peuples fondateurs et c'est le début d'un régime offres-là. Mais avant, voyons aussi qui a été le où le Québec est sur le même pied que toutes les négociateur en chef: notre cher premier ministre. autres provinces; deuxièmement, il n'y a aucun Et je vais me permettre, M. le Président, de nouveau pouvoir; troisièmement, il n'y a aucun vous citer quelques paragraphes d'un editorial, frein au pouvoir de dépenser du fédéral; quatriè- celui du lundi 24 août, dans Le Devoir. Je pense mement, la société distincte est toute rapetissée, que ça décrit bien le comportement du négocia- et, cinquièmement, les gouvernements autochtones teur en chef des intérêts supérieurs du Québec. seront décidés par les tribunaux. Je cite: «Ses défenses sont tombées à la vitesse La première caractéristique, la fin de la de l'éclair. Mardi matin, il acceptait officielle- notion qui était à la base même du pacte de la ment le processus de négociations multilatérales Confédération en 1867, les deux peuples fon- qu'il boycottait jusque-là en le disant "entière- dateurs, c'est fini, c'est fini. Par exemple, on l'a, ment discrédité". Mercredi, il acceptait une la preuve, dans le nouveau Sénat où le Québec réforme du Sénat fondée sur l'égalité des provin- aura comme représentation la même chose que ces, principe répudié par lui et par son parti. toutes les autres provinces, y compris d'une Jeudi, il concourait à la création d'un troisième province qui a une population de 160 000. Alors, ordre de gouvernement au Canada, celui des au Québec, on aura^ un sénateur pour 1 200 000 autochtones, et ravalait son opposition au personnes et, à l'île-du-Prince-Édouard, on aura jugement final des tribunaux sur la définition de un sénateur pour 26 000 personnes. C'est fini la ses pouvoirs. Vendredi, il remballait la requête notion d'une Confédération basée sur deux québécoise d'une nouvelle répartition des compé- peuples fondateurs. tences et se rangeait à l'accord canadien-anglais Deuxième caractéristique: aucun nouveau du 7 juillet, donc au "fédéralisme dominateur" pouvoir, et ça, c'est à la base même de notre qu'il avait dénoncé. Samedi, il acceptait de position, de notre opposition à ce projet, M. le tempérer la fameuse clause de "société distincte" Président, parce que, historiquement, depuis au avec un engagement touchant la dualité linguis- moins une cinquantaine d'années, tous les tique, malgré qu'il ait promis de quitter les premiers ministres ont ou bien refusé des offres lieux si ses homologues poussaient jusque-là semblables à celle-là ou ont réussi à obtenir des l'offensive. Si dimanche n'avait été jour de concessions du Canada anglais. Le seul premier repos, il aurait fallu élargir le cimetière des ministre depuis 50 ans qui n'a rien obtenu et qui aspirations perdues.» a même cédé des choses, c'est Adélard Godbout, Et c'est cette personne-là, qui s'est con- en 1942, mais au moins, M. le Président, il avait tredite jour après jour pendant toute la semaine, l'excuse que c'était en temps de guerre et qu'il c'est cette personne-là qui prétend maintenant fallait prêter des pouvoirs de taxation au fédéral. nous faire accepter des offres qui sont absolu- Mais on sait ce que l'histoire a réservé à l'hono- ment inacceptables, qui constituent le pire recul! rable Adélard Godbout: l'oubli le plus total. Parce que, M. le Président, la loi 150, elle Et, 50 ans plus tard, on a le premier découlait du rapport Bélanger-Campeau. Et, au ministre Robert Bourassa qui, lui, vient nous 3220 dire: Je suis content, j'ai une offre, j'ai une d'en face ici, c'est aussi, évidemment, les proposition qui est un début, c'est mieux que collègues du fédéral. rien. Mais on a vu que, dans son propre parti, la Pas plus tard qu'hier soir, l'ineffable Benoît personne qui était responsable du dossier cons- Bouchard disait, un peu comme les ministériels le titutionnel, M. Jean Allaire, il a démontré noir disent ici depuis hier: Un vote non, c'est un sur blanc que non seulement son premier ministre vote pour détruire le Canada. Mais, par contre, n'avait rien rapporté de ces négociations-là, mais André Ouellet, porte-parole libéral qui faisait au contraire qu'il avait cédé, que c'était un partie de la commission Bélanger-Campeau, M. recul, et c'est contre ce recul que nous allons André Ouellet dit: Non, un vote non à ces nous battre. propositions-là, ça veut dire que la population Troisième caractéristique: aucun frein, au- n'en veut pas, ne les trouve pas satisfaisantes. cun stop au pouvoir fédéral de dépenser dans C'est pour ça, M. le Président, que dans la tous les domaines. M. le Président, lorsqu'on coalition du non, la position, contrairement à la vient nous dire que cette entente va apporter la coalition du camp du oui, dans le camp du non, paix dans les relations fédérales-provinciales, la position est claire. Nous allons faire la c'est faux, parce que tout ce qu'on fait, c'est de démonstration, comme nous tentons de le faire commencer une ronde interminable de négocia- depuis hier, que ces offres-là sont un recul tions dans à peu près 22 secteurs. Quand on épouvantable pour le Québec, et nous allons le connaît la capacité, l'endurance du fédéral de faire avec des amis qui partagent les mêmes prolonger des négociations, vous pouvez être sûr, idées, les mêmes convictions, à commencer par M. le Président, qu'on va se retrouver, si jamais M. Jean Allaire. Celui que les libéraux d'en face la population du Québec disait oui à ces proposi- considéraient comme leur expert en matière tions, dans une négociation à n'en plus finir. constitutionnelle depuis quelques années, tout La société distincte, ce que ce document d'un coup, parce qu'il a l'honnêteté de dire: nous révèle, c'est qu'elle est moins forte que ce C'est inacceptable, il devient à leurs yeux, M. le que Meech offrait. Pourquoi? Parce qu'elle est Président, un être à rejeter. neutralisée par l'obligation que les gouvernements C'est ça, le manque de démocratie dans ce des provinces ont de promouvoir la langue Parti libéral. M. Jean Allaire, d'autres, des seconde. Ça veut dire pour le Québec, en clair, jeunes, notamment, vont travailler dans le camp que le gouvernement du Québec sera obligé - et du non. Parce que, M. le Président, il faut, une c'est le tribunal qui décidera - de faire la fois pour toutes, que le peuple québécois se pro- démonstration que le français, langue du travail, nonce en jugeant de la valeur du bien-fondé de ça ne nuit pas à l'épanouissement de l'anglais. ces conditions que le Canada met au retour du Vous pouvez être sûr, M. le Président, que les Québec dans la Confédération, parce que ce sont avocats vont avoir beaucoup de clients très des conditions du Canada anglais. On le voit payants qui vont se rendre jusqu'à la Cour su- dans cet ensemble que, pour eux, ça reflète prême, et on sait d'avance que la Cour suprême, l'image qu'ils se font d'une société canadienne. quand il s'agit de la loi 101, elle penche toujours Mais, M. le Président, ça ne mettra pas fin au du même côté. Cette société distincte, toute gaspillage, ça ne mettra pas fin au dédoublement, ratatinée, toute rapetissée que notre premier ça ne mettra pas fin non plus au fédéralisme do- ministre nous rapporte, c'est la pire des choses minateur que le premier ministre, secondé par qui pouvait arriver à la loi 101. Ça compromet de son ministre de l'Environnement et le député de façon majeure l'avenir de la loi 101. Saguenay aussi, avaient dénoncé il n'y a pas si (17 h 30) longtemps. Une autre caractéristique. Les tribunaux au- Alors, en conclusion, M. le Président, il ront à décider si, après cinq ans, les gouverne- faut que la population prenne le temps de bien ments ne s'entendent pas avec les autochtones, à écouter non pas les arguments démagogiques des supposer que le Québec et les autochtones ne ministériels qui sont en face, qui ont recours à s'entendent pas, ce sont les tribunaux qui déci- l'instinct de la peur pour fausser le débat, mais deront quelle sorte de gouvernement les autoch- il faut que la population prenne ces soi-disant tones auront au Québec, quels pouvoirs ils conditions une par une, les analyse en regard des auront. demandes historiques du Québec, et on s'aperce- M. le Président, le premier ministre et son vra, M. le Président, que sur toute la ligne c'est ministre des Affaires canadiennes ont répété à un net recul. Alors, il faut dire non, non à la satiété: Jamais nous n'accepterons que ce soit fin de ce qui était un pacte des deux peuples les tribunaux qui viennent dicter une ligne de fondateurs, il faut dire non à des gouvernements conduite. Il faut que ce soit les élus du peuple autochtones dictés par les tribunaux, il faut dire qui décident, en négociations avec les autoch- non au pouvoir de dépenser du gouvernement tones, le genre de gouvernement autochtone qui fédéral qui, entre parenthèses, sera à surveiller existera. Le débat commence. Le débat com- dans les premières semaines parce que les mence, mais déjà on voit dans le camp du oui millions vont pleuvoir pour supporter la propa- toute cette confusion, cette démagogie, parce que gande qui, d'ailleurs, est commencée depuis le camp du oui, ce n'est pas seulement les gens quelque temps. 3221

Alors, M. le Président, nous pensons, de ce lyse que le bon Dr Lazure pratique régulière- côté-ci de la Chambre, que le premier ministre ment, des fois, ça lui joue des tours. Un de ses est revenu avec un papier qui a l'air d'une collègues, dans Le Journal de Québec de mercre- entente, qui a l'air de conditions de retour, mais di, un eminent psychanalyste aussi, le Dr Lapoin- qui en réalité est une série de capitulations et, à te, disait, au sujet du Parti québécois, que le la capitulation... Si le député de La Peltrie veut grand ménage était à faire. Les idées psychanaly- me poser une question, il aura son tour tantôt. sées étaient démodées, les idées étaient vieilles, Alors, M. le Président, je dis, en terminant, dépassées, mal comprises, bref, on devrait repar- que le recul que ces offres constituent doit être tir à zéro. Encore une fois, je cite l'ancien pre- accompagné d'un non retentissant de la popula- mier ministre du Québec: «Le Dr Lazure est re- tion. Merci! parti.» Or, M. le Président, il est bien important, Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. dans le débat qu'on est en train de préparer, le député de La Prairie. Sur ce même sujet, je d'avoir les idées claires. Je pense qu'entre reconnais maintenant M. l'adjoint parlementaire psychiatres ils devraient se comprendre. Moi, je au ministre de l'Environnement et député de n'ai pas compris exactement ce que voulait dire Saguenay. le Dr Lapointe mais, lui, le Dr Lazure, député de La Prairie, l'a certainement compris. Sans doute, M. Ghislain Maltais puisque c'est un de ses collègues. Et je ne suis pas sûr qu'il partage son avis. Voilà, M. le M. Maltais: Merci beaucoup, M. le Prési- Président: des constitutionnalistes d'un côté, des dent. Je ferai une très brève intervention, mais constitutionnalistes de l'autre, qui ne partagent il faudrait peut-être placer dans le contexte les pas leurs avis; des psychiatres d'un bord, des propos de mon aimable collègue, le député de La psychiatres de l'autre, et je ne suis pas sûr que Prairie, lorsqu'il reproche aux gens d'en face de le Dr Lazure et député de La Prairie partage manquer de lettres. À mon égard, je crois qu'il a profondément l'analyse faite par le psychiatre raison. Manquer de lettres n'est pas manquer Lapointe dans Le Journal de Québec. Il devra d'éducation, n'est pas manquer d'instruction, nous répondre. Ce sont des gens de même n'est pas manquer de savoir-vivre et, surtout profession, mais qui ne partagent pas, sans lorsqu'on ne partage pas une option politique, doute, les mêmes opinions. c'est peut-être faire preuve de rigueur intellec- (17 h 40) tuelle, comme l'ensemble des Québécois et des Je l'ai écouté aussi tout à l'heure et, voilà, Québécoises se proposent de le faire. un psychiatre n'est pas nécessairement un bon M. le Président, je suis tout à fait peiné historien, M. le Président. Lorsqu'il s'est attaqué que mon collègue ait quitté, puisque, suivant ses à l'ancien premier ministre du Québec, le très bons conseils, il y a quelques minutes, après honorable Adélard Godbout, en oubliant de men- m'être fait dire que je manquais de lettres, j'ai tionner que l'histoire a marqué Adélard Godbout décidé de m'instruire, et pas de m'instruire dans comme celui qui avait permis aux femmes du n'importe quel livre, le livre de M. René Léves- Québec d'avoir le droit de vote, et de permettre que, ancien premier ministre du Québec, «Atten- aussi aux femmes de rentrer à l'Assemblée natio- dez que je me rappelle». Et voilà ce qu'il disait nale; n'eût été d'Adélard Godbout, des dizaines, concernant mon ami, le docteur Lazure, député quinzaines, vingtaines, 25, 30 personnes de sexe de La Prairie: «Puis, le docteur - lui aussi, féminin, des Québécoises, ne pourraient siéger à l'appelait comme moi, et je le cite - revient d'un l'Assemblée nationale. Il nous aurait privés de la long voyage pour repartir aussitôt pour de bon.» députée de Châteauguay, de la députée de Mata- Voilà, il a même fait un mensonge à l'ancien ne ici, de Mme la députée de Mégantic-Compton, premier ministre, puisqu'il est revenu et il est de Mme la députée de Groulx, de Mme la députée reparti de la Chambre tantôt. Il est revenu pour de Hochelaga-Maisonneuve, de Chicoutimi et une chose - et on doit reconnaître au député de d'autres collègues. Voilà, M. le Président, lors- La Prairie qu'il n'a aucune ambition politique, qu'on retourne dans l'histoire, il faut s'assurer aucune ambition d'être au Conseil des minis- qu'on a bien lu l'histoire. Je pense que mon tres - sa seule ambition, c'est la séparation du collègue de La Prairie a très mal lu l'histoire. Québec. Voilà, c'est ça, il nous l'a dit, carré- M. le Président, le débat, qu'il soit agressif, ment! Il l'a répété, et je respecte son engage- qu'il soit mesquin, ça demeurera toujours un ment, puisqu'il a été franc et il n'a pas, par débat. Les Québécois sont friands de politique. exemple, comme certains de ses ex-collègues, fait Notre sang latin qui coule dans nos veines ne de tergiversations, de la valse à trois temps, à pourra empêcher, tout au long de ce référendum, deux temps. Tout simplement, il a été honnête certaines émotions. On compare des constitution- envers lui-même, et on doit reconnaître ça. nalistes. Le député de La Prairie, tout à l'heure, Mais, vous savez, lorsqu'on reproche aux citait une personne de notre parti, M. Allaire, gens, souvent, de manquer de lettres, il faut qui a contribué à notre parti politique, qui, dans toujours faire attention, parce que la science son programme, a contribué aussi à l'entente n'est pas une vertu, elle s'apprend. La psychana- signée du 23 août. J'aurais pu ou je pourrais lui 3222 parler longtemps de son guide politique, l'ex- les sers moi-même avec assez de verve, mais je député de Louis-Hébert, l'ex-ministre des Affai- ne permets pas qu'un autre me les serve. res internationales qui, lui, maintenant - on ne C'est bien sûr que d'un côté ou de l'autre, sait plus à la solde de qui... Je ne sais pas si le quand on se sert des invectives, on pense député de Mercier pourrait me dire pour qui il toujours que les nôtres sont les meilleures. Ce travaille présentement et, surtout, qui le paie! n'est pas nécessaire d'avoir beaucoup de lettres Voilà! Lorsqu'on touche et qu'on lance des pour qu'on fasse de l'autocontemplation de cette pierres, il faut faire attention, lorsqu'on a vécu façon, M. le Président. et qu'on vit dans une maison de verre, que les Une chose que j'aimerais bien dire, ici nous pierres ne fassent pas trop de dégât. sommes réunis d'urgence pour changer la loi 150, Ce qui est important, M. le Président, tout qui, elle, disait que le gouvernement s'engage à au long de ce débat... Je ne pense pas qu'on tenir un référendum sur la souveraineté le 26 pourrait faire le débat référendaire ici pendant octobre au plus tard. Le gouvernement, ne six mois, on ne convaincrait sans doute personne voulant pas tenir un référendum sur la souverai- des deux côtés. Ce qui est important, c'est que neté, nous rappelle en Chambre et change chacun d'entre nous, des deux côtés de la Cham- complètement la visée de la loi 150 et demande à bre, sur le terrain, qu'on offre à la population l'Assemblée nationale de changer cette loi par la des explications de notre compréhension. Tous les loi 44 afin que ce référendum porte sur les députés en cette Chambre, ici, ont la prétention offres d'Ottawa. C'est le choix du gouvernement, d'avoir la vérité, la seule et la vraie. Pourtant, c'est lui qui est majoritaire. sur les 7 000 000 de Québécois qu'on est, il y Un tout petit historique. Nous avons perdu aura un résultat. Ce qui est important pour nous, l'élection de 1985. Les libéraux ont pris le les membres de l'Assemblée nationale, ça sera de pouvoir et leur chef, ça a pris deux ou trois se soumettre au résultat puisque le peuple du élections avant qu'il rentre, mais il est venu à Québec aura été souverain, comme il l'a été en bout de rentrer en Chambre. Et ce chef-là, 1980 et comme il le sera en 1992. Mais le devoir malgré une centaine de députés, il n'avait pas de chacun et de chacune des membres de l'As- été élu, il rentre en Chambre, et pour leitmotiv, semblée nationale, c'est de respecter cette il s'était dit: II faut absolument que je règle la souveraineté. La seule vraie souveraineté qui question constitutionnelle. Je veux passer à existe dans des pays, dans des provinces, dans l'histoire et je veux régler cette question des comtés, c'est la voix du peuple. C'est à constitutionnelle, et on ne peut pas ne pas lui celle-là, cette voix-là, que chacun des membres pardonner une chose de même, on ne peut pas de l'Assemblée nationale, nous avons la respon- l'en blâmer, il avait droit à ça, c'était son rôle, sabilité de nous soumettre et, de ce côté-ci, on M. le Président. Il a dit: Je veux absolument le fera avec plaisir. Merci, M. le Président. régler la Constitution. Alors, il s'est engagé, et ça a abouti... Il Des voix: Bravo! Bravo! voulait régler à tout prix, à tout prix. Alors, il a dit: Pour régler, il faut que je fasse les deman- Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. des les plus basses que le Québec n'a jamais le député de Saguenay. Je vous rappelle que nous faites. Et devant les demandes les plus basses sommes à discuter de la motion proposant que le Québec n'a jamais faites, c'est bien sûr l'adoption du principe du projet de loi 44, Loi que mes compères des autres provinces et Ottawa modifiant la Loi sur le processus de détermina- me diront oui. Il est arrivé avec les petites tion de l'avenir politique et constitutionnel du propositions, les petites propositions, les miettes Québec. Je cède la parole à M. le député de des revendications québécoises qui étaient le Lac Masson. Vous avez droit à 20 minutes, M. le Meech. Et ces miettes-là, mêmes les infimes député. parties des revendications historiques du Québec, ont été refusées par les autres provinces. M. Yves Biais Alors, le premier ministre était outré comme nous. Nous, nous étions outrés parce que M. Biais: Merci beaucoup, M. le Président. notre fierté était blessée; lui, parce qu'il n'avait Je viens d'assister à un échange entre deux pas gagné son défi. Il a dit lui-même - je l'ai députés, deux collègues, un de chaque côté, qui, entendu en pleine télévision - qu'il n'est pas un mutuellement, se parlaient d'avoir ou pas des nationaliste naturel mais un nationaliste parce lettres. Vous savez, c'est excessivement difficile qu'il est là comme chef d'un peuple, et, ce à évaluer parce qu'Edmond Rostand, dans «Cyra- peuple-là étant nationaliste, il se doit rationnel- no de Bergerac», disait, après sa grande tirade lement de l'être un peu, au moins de façon du nez... De lettres, vous n'en avez que trois verbale et non de façon viscérale. Il a droit à qui forment le mot: sot! Eussiez-vous eu, d'ail- ça. Les placides, en politique, sont souvent de leurs, l'invention qu'il faut pour pouvoir devant bons politiciens. Mais il reconnaît qu'étant ces nobles galeries, me servir de telles plaisante- placide, n'ayant pas de vibrations nationalistes, ries, que vous n'en eussiez pas articulé le quart n'étant pas ébranlé par ses racines ancestrales, de la moitié du commencement d'une, car je me automatiquement, cet homme-là devait se créer 3223

au moins une fierté artificielle. Et c'est pour ça puis des dépenses de millions pour nous faire que dans certaines lois il mettait un brin de dire une affaire comme ça? On le savait avant. nationalisme. Il avait subi l'échec de Meech. Donc, on arrivait dans le piège et le cul-de-sac. Alors, il s'est dit: Écoutez-moi, citoyennes Le consensus? On offre la main, mais on l'a et citoyens - je le parodie, là - le Québec mordue. Cette morsure, je me la rappelle. Ça ne dorénavant demeurera libre de ses choix et de prend pas beaucoup de lettres pour s'en rappeler son destin. C'était très beau. Les plus ardents non plus. Je me la rappelle, cette morsure! nationalistes n'en auraient pas dit mieux. Et il M. le Président, après ça, on ne discute dit: Dorénavant, après plus de 30 ans de discus- plus à 11, le Québec attend les offres. Les offres sions avec les autres provinces de ce Canada se sont répétées comme des coups de canon sur géographique, Québec, qui est distinct, ne fera un champ de bataille. Et à chaque fois, l'obus ne plus de propositions à Ottawa. Nous allons frappait pas la cible. Dès que l'obus arrivait sur attendre qu'il nous en fasse et nous dirons la cible, tout éclatait. C'est l'obus qui prenait comme gouvernement si nous acceptons leurs sa cible et qui s'effoirait, comme on dit en propositions. Et là, il dit, dans un élan de québécois, et non pas la cible qui disparaissait. générosité semble-t-il: Je demande le consensus La balle n'a jamais été assez forte pour atteindre des Québécois et des Québécoises, de tous les la cible, même si se faisait à répétition sur le partis, de toutes les associations, pour que nous champ de bataille constitutionnel. nous donnions la main pour avoir un consensus Et quand on est arrivés à la dernière, le 7, et des revendications, sur des revendications là, tout le monde a dit encore: Ce n'est pas bon. nationales du peuple québécois. Et là, la date de la loi du Québec du 26 octobre On ne pouvait pas, de ce côté-ci, de façon commençait à rendre un peu mal à l'aise le générale, ne pas dire au moins: On vous tend la gouvernement en place. C'est normal! Si j'avais main, nous allons travailler en consensus. Ça a été à leur place, j'aurais été pareil. Il y avait été fait. J'ai été le seul en cette Assemblée toujours la loi du 26, là, et il se sentait obligé nationale à ne pas être d'accord sur Bélanger- de faire un référendum sur la souveraineté. C'est Campeau parce que je disais: C'est impossible, ça qu'on étudie aujourd'hui. Et le gouvernement c'est une duperie, l'homme n'est pas sincère. Il nous dit: Non, on ne le fera pas, le référendum n'a jamais été nationaliste, il ne le sera jamais. sur la souveraineté. Alors, un peu avant, en Et c'est vrai, il le dit lui-même. Il faut même Europe, il nous dit: Je n'en fais pas, un référen- respecter ce qu'il dit, de temps en temps. dum sur la souveraineté. Alors, autrement dit, (17 h 50) MM. les Anglais des autres provinces, je vous ai Alors, la commission Bélanger-Campeau il y fait poser devant vos parlements des épouvan- eut. Du côté didactique, c'a été excellent. Du tails. N'en tenez pas compte! Je ne le ferai pas. côté didactique, une réussite. Plus de 82 % des Offrez-moi ce que vous voulez, je ne le ferai intervenants sont arrivés avec de la documenta- pas, le référendum sur la souveraineté. tion étoffée, et ils ont dit à l'ensemble des Alors, qu'est-ce qu'ils ont offert? La même Québécois: C'est la souveraineté ou à peu près chose qu'avant. Des miettes non acceptables au que l'on veut. Quelques-uns, bien sûr, l'associa- moindre petit moineau québécois. Comment tion des vétérans polonais, Alliance Québec et voulez-vous qu'on arrive avec un référendum et quelques groupes comme ça sont venus dire non faire picorer la population dans ces miettes à la souveraineté. Mais même la Chambre de constitutionnelles? On ne fait pas de trottoir commerce demandait 26 pouvoirs. Même la constitutionnel, de ce côté-ci. Il y a des bases, il FADOQ demandait, après le sondage dans ses y a des planchers où on ne peut plus descendre. rangs, à 84 %, la souveraineté du Québec. C'était Sinon, c'est indigne d'un représentant en cette à peu près unanime. Chambre ou indigne d'un citoyen du peuple qui Cependant, le chef de l'Opposition et le habite le territoire québécois. Et ça n'a rien à premier ministre devaient nommer les gens de la voir avec les partis politiques. Rien à voir! commission Bélanger-Campeau dans ce tendage de C'est une option de fédéralisme qui est là, sur la mains. Mais le chef de l'Opposition a eu une table. Je suis un souverainiste, je n'en veux malchance familiale. Dans la dernière semaine, sa même pas. Je suis un souverainiste, mais par femme est disparue et il était pris, bien sûr, par respect pour les Québécois puis par respect pour cette peine, à rester dans sa famille et à orga- ceux qui m'ont élu dans un système fédéral niser le départ de sa chère disparue. Et, pendant député provincial et colonisé, je me dois de les ce temps, il a nommé unilatéralement quatre, défendre, et c'est ça que je vais faire pendant cinq personnes pour donner une majorité de les six semaines qui viennent. Pas parce que je fédéralistes à Bélanger-Campeau. Alors, quand est suis péquiste, c'est parce que je suis un Québé- venu le temps de voter, qu'est-ce que les gens cois, point à la ligne. Et ceux qui veulent vous ont dit? Quel est le rapport que vous fai- comprendre ces éléments qui ne nous seront pas tes? Malgré l'ensemble qui avait dit de prendre offerts comme condiments à notre repas consti- une orientation, ils ont dit: II y a deux orienta- tutionnel, eh bien, qu'ils aient un gros rapport, tions, soit le fédéralisme renouvelé, soit la sou- pour une fois, un vrai, un gros rapport, et qu'ils veraineté. Est-ce que ça prenait une commission disent: Cette table est indigeste. Je ne mange 3224 pas de ce repas. Elle passe, la Constitution, ou La question, c'était: Voulez-vous qu'on négocie elle casse. Bien, elle casse, monsieur. C'est ça avec Ottawa? La réponse, ça a été non. On a qu'on va faire. Elle casse. considéré ça comme un non, on a pris le pouvoir M. le Président, quand est arrivé cet échec, tout de suite après. Nous autres, on a respecté. comment vouliez-vous que le grand défenseur de Là, on s'en vient avec une question: Êtes-vous la Fédération canadienne - la fée, la «fée des pour les offres d'Ottawa? On va dire oui, dans la rations» canadiennes... La «fée des rations» population, ou on va dire non. Nous, on choisit canadiennes ne veut pas donner sa ration au le non. S'ils disent non, est-ce que ça veut dire Québec. C'est une fée qui n'est pas juste; elle ne oui à autre chose? Arrêtez de duper le monde! fait pas bien sa distribution comme «fée dérale». Mais on est toujours des souverainistes, que ce Ce n'est pas une bonne «fée dérale». Ce n'est soit oui ou que ce soit non, le résultat. À la pas une bonne «fée des rations» canadiennes, prochaine élection, nous autres, on s'en vient parce que, notre ration, elle ne veut pas nous la comme souverainistes... donner. Elle ne veut pas. Ce serait si simple: qu'elle garde ce dont elle a besoin dans sa cour Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le et qu'elle s'amuse, et qu'elle nous laisse nous député de Masson... amuser avec ce dont nous avons besoin dans une entente économique très agréable. Elle ne veut M. Biais: ...et on va vouloir gagner. pas, cette fée. C'est une «fédéraste», une «féroce». Le Vice-Président (M. Lefebvre): Je m'excu- M. le Président, quand on a vu, de l'autre se, M. le député de Masson. À moins qu'il n'y ait côté, arriver cet échec constitutionnel, on a une indication qu'il y a un consentement, je repris le trottoir constitutionnel, on a recom- dois suspendre. mencé à faire du trottoir constitutionnel. Jamais je ne discuterai à 11! On a repris le trottoir, et M. Biais: Ah! J'ai fini, là. Je ne savais pas on a dit: Viens-t'en! Viens-t'en! En fin de que mon temps était fait. compte, il y est allé. Mais c'était sûr d'avance que le «Viens-t'en!», c'était voué soit à dire non Le Vice-Président (M. Lefebvre): Je dois de là-bas ou à s'en venir ici et à discuter avec suspendre, à moins qu'il n'y ait une entente en son monde pour dire: Est-ce acceptable, ce qui sens contraire. arrive? Il ne voulait tellement pas en discuter avec son monde qu'il a dit, pour la première M. Biais: Je vais conclure, M. le Président. fois... C'est la première fois qu'un premier ministre fait ça, dire oui de là-bas avant de voir M. Cannon: Oui. M. le Président, à mon son monde et avant de voir les textes. De là-bas! entendement, effectivement, il y a une entente Comme Moïse avec les Tables de la Loi. Il est qui est intervenue entre les leaders pour qu'on descendu de sa colline avec les Tables de la Loi, puisse poursuivre au-delà de 18 heures... il est arrivé sur le bord de la mer Rouge - le congrès libéral - il a séparé les eaux. Ceux qui Le Vice-Président (M. Lefebvre): Pas de n'étaient pas d'accord, il les a fait passer, et suspension? après que ceux qui n'étaient pas d'accord aient été dans le centre, il a dit: Ramenez les eaux. M. Cannon: ...jusqu'à la fin du débat. Il n'y Ils sont restés sur le bord, avec leurs Tables de a pas de suspension. la Loi. C'est beau, c'est beau, mais, moi, je n'accepte pas ça, M. le Président. Je n'accepte Le Vice-Président (M. Lefebvre): On ne pas ça. suspend pas les travaux. Alors, allez-y, M. le Et on l'avait prévu, M. le Président. La loi député de Masson. 150, j'ai été un grand artisan de ce côté-ci - ne cherchez pas qui - j'ai été un des grands M. Biais: II reste combien de temps, M. le artisans pour qu'on vote contre, parce que j'ai Président? dit: C'est encore une duperie. Et c'est prouvé aujourd'hui, on est après la changer. C'est Le Vice-Président (M. Lefebvre): Oui. Il encore une duperie. Et, M. le Président, ce n'est reste encore à votre intervention une période de pas nouveau au Parti libéral, ça. Dans les cinq minutes. grandes idées, quel était le slogan du Parti libéral en 1976? Et je n'étais pas candidat, moi, M. Biais: Je vais conclure, M. le Président. j'étais vivant, je voyais les choses aller. Le Je ne voudrais pas accaparer trop, parce que slogan sur toutes les affiches, c'était: Non aux c'est excessivement rare que les députés écoutent séparatistes. C'était une fausse représentation. en Chambre, mais quand je parle, ils le font, et On a gagné. Est-ce que ça voulait dire oui à la je ne voudrais pas trop les fatiguer; nous sommes séparation? Bien non! Le Québec ne s'est pas rendus un vendredi soir. Alors, M. le Président, séparé parce qu'on est rentré le 15 novembre je vais conclure bientôt. 1976. Fausse représentation! Référendum de 1980. (18 heures) 3225

II est très malheureux que ce qui nous pour moi, a lancé un délégué» libéral. arrive aujourd'hui ait été prévu. J'ai été un de «Tous les ministres qui depuis le 23 juin ceux qui l'ont prévu. Je ne voulais pas de la 1990 criaient au loup contre les ingérences commission Bélanger-Campeau; je disais que répétées du gouvernement fédéral dans leur c'était une duperie. La loi 150, je savais que champ d'activité ont soudainement viré capot. c'était encore un écrit pour des dupes, pour faire «Le Québec ne gagne aucun pouvoir réel croire au monde que, peut-être, notre premier hormis la formation de la main-d'oeuvre, mais ministre pourrait penser à la souveraineté. Il tous sont heureux. Si les Québécois ratifient la nous a trompés sur toute la ligne. Aujourd'hui, le nouvelle Constitution, ils auront le droit de rideau tombe, et on voit le vrai visage de ceux négocier à perpétuité des ententes renouvelables qui ont joué la scène depuis cinq, six ans, qui aux cinq ans.» Ils acceptent ce que la majorité ont joué sur la scène constitutionnelle. Alors, canadienne leur reconnaît, sans intention d'en nous, M. le Président, de notre côté, on va dire demander plus. non, parce qu'il faut que ce soit non. Le peuple M. le Président, j'aurais préféré l'article 1 québécois mérite plus que ça. Il mérite au moins de la loi 150 qui s'intitulait comme suit: «Le d'être reconnu de façon directe. Et quand gouvernement du Québec tient un référendum arriveront, mardi prochain, les discussions sur les sur la souveraineté du Québec entre le 8 juin et offres mêmes, on prendra le temps de les lire. Il le 22 juin 1992 ou entre le 12 octobre et le 26 n'y en a pas un, de l'autre côté - on nous parle octobre 1992.» Écoutez bien: «Le résultat du des offres, on les a ici - il n'y en a pas un qui référendum a pour effet, s'il est favorable à la lit un morceau de texte des offres que l'on a là. souveraineté, de proposer que le Québec acquière Oh! oh! oh! c'est bien trop compromettant. le statut d'État souverain un an, jour pour jour, Attendez voir, la semaine prochaine, M. le à compter de la date de sa tenue.» Sur les 32 Président, on va les lire. C'est épouvantable ce articles que nous avons dans la loi 150, en aucun qui est écrit là-dedans. Ce n'est pas bon pour le temps, à l'exception de l'article 1, on ne parle Québec, et c'est écrit en toutes lettres. de référendum, mais surtout en aucun temps, Ça commence, d'abord: Cette nouvelle dans quelque article de ces 32 articles que je Constitution est le résultat de la ronde Canada. viens de mentionner, il n'est question d'un Québec n'était pas là. On n'était pas là. Et ça va référendum sur les offres fédérales. de même sur toute la ligne. C'est une entente La loi 44 stipule ceci, à l'article 1: «Le des 10 premiers ministres. Le onzième n'y étant gouvernement du Québec tient, au plus tard le 26 pas, ils se sont entendus pour faire une petite octobre 1992, un référendum sur l'entente chose dont ils avaient besoin eux-mêmes et ils concernant un nouveau partenariat de nature ont dit: Bien, viens donc faire un petit tour et constitutionnelle résultant des réunions sur la on va mettre ton nom quelque part là-dedans. On Constitution tenues en août 1992.» Pendant va mettre un petit paragraphe à part: société quelques jours, notre premier ministre du Québec distincte. s'est affairé à signer n'importe quoi, à négocier On en parlera la semaine prochaine, M. le à peu près n'importe quoi à la baisse pendant Président. En attendant, je suis horrifié qu'on qu'au cours des trois dernières années, soit vienne changer la loi 150 parce que c'est encore depuis le 23 juin 1990, il n'a été présent d'au- une fois un gouvernement qui ne tient pas la cune façon à quelque table que ce soit au niveau parole qu'il a donnée à la population. Je vous constitutionnel. Mais c'est tout un changement remercie, M. le Président. que nous avons devant nous, actuellement, par rapport à la loi 150, parce que cet amendement Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci. n'a pas le même but, mais aucunement le même Merci, M. le député de Masson. Sur le même but pour lequel elle avait été votée par le sujet, je cède maintenant la parole à M. le gouvernement, en 1991. député de Duplessis. On parlera des offres d'abord parce que c'est ça que spécifie l'amendement qui est M. Denis Perron apporté à la loi 150 par le gouvernement libéral. C'est ce que veut ce gouvernement et c'est ce M. Perron: Merci, M. le Président. Vous me qu'il aura de notre part, autant ici à l'Assemblée permettrez une introduction à cette question que nationale qu'en commission parlementaire ou sur nous avons devant nous, face à la loi 44 qui le terrain, lorsque nous aurons la question, la amende la loi 150, par un editorial du 31 août semaine prochaine ou la semaine après. Mais dernier, sous la signature de Raymond Giroux. nous allons faire tout le nécessaire pour, juste- «La fin des subtilités. Le Parti libéral du Québec ment, faire en sorte que les citoyens et citoyen- a renié son programme constitutionnel et s'est nes du Québec, ces Québécois et ces Québécoises applaudi lui-même pour se rassurer. Le congrès qui, depuis plusieurs mois, pour ne pas dire extraordinaire de samedi, sous le signe de la plusieurs années, n'ont pas été informés correc- fidélité au chef plutôt qu'aux idées, marque la tement de la part des représentants et représen- fin de l'ère des subtilités. tantes de ce gouvernement libéral. «Si c'est bon pour M. Bourassa, c'est bon Nous avons eu droit à toutes sortes de 3226 déclarations à l'emporte-pièce de la part de en passant, un texte juridique, parce qu'on dit ministres libéraux, de la part du premier ministre que les textes juridiques, ça va prendre n'im- lui-même, mais aussi de la part du ministre des porte où entre une année et trois années pour Affaires intergouvernementales canadiennes pour pouvoir les compléter. Alors, imaginez-vous se faire passer, de l'autre côté, comme étant des toutes les négociations qu'il va y avoir au cours souverainistes, comme étant des personnes qui des prochains mois et des prochaines années pour voulaient défendre les intérêts du Québec. Mais en arriver à avoir des textes juridiques qui se qu'est-ce que nous avons eu dans cette entente, tiennent debout. Alors, dans cette chose-là, dans dans cet accord, dans ce papier, que, moi, je ce genre de patente-là, organisée par les libéraux qualifie de torchon? Qu'est-ce que nous avons eu du Québec, avec l'accord des neuf premiers qui donne plus, à savoir ce que le Québec a ministres anglophones du Canada ainsi que le actuellement? premier ministre Brian Mulroney, je ne marche M. le Président, pour votre information, j'ai pas du tout. Ce que je dis aujourd'hui, je le fais pris la peine de lire le document qui a été au nom de mes concitoyens et de mes conci- déposé ici en cette Chambre, en date d'hier et, à toyennes du Québec. plus ou moins 40 reprises, ça amène des négocia- Il ne faut pas oublier, d'après ce que je tions perpétuelles entre le gouvernement du viens de dire concernant les négociations et les Québec, les autres gouvernements des autres accords politiques, que ça nous oblige, de façon provinces canadiennes ainsi que le gouvernement systématique et de façon régulière, avec cette fédéral. D'autre part, ça amène pas moins de 28 entente qui est de la foutaise, qui est de la accords politiques à l'intérieur de ce document, bouillabaisse, qui est un ramassis de voeux pieux, et tout le monde sait très bien que tout accord même à la baisse, ça va nous obliger à des politique qui est signé entre les parties se devra négociations perpétuelles qui vont nous condam- d'être négocié. ner à discuter avec le gouvernement fédéral et Alors, si on fait le total, une quarantaine les provinces canadiennes anglaises, et c'est une de négociations en plus des négociations sur les condamnation, comme on dit en français, à accords politiques, ça donne près de 70 endroits perpète. On n'est pas sortis du bois, on a encore où on devra négocier avec les autres provinces pour 125 ans à négocier avec les autres provin- canadiennes et le gouvernement fédéral. ces canadiennes et avec le gouvernement M. le Président, pour moi qui, depuis 38 fédéral. ans, défend la souveraineté du Québec, qui, (18 h 10) depuis 38 ans, s'évertue à faire comprendre aux M. le Président, lorsque, hier, j'ai vu la Québécois et aux Québécoises l'essentiel de cette façon indécente où le ministre des Affaires souveraineté, je regrette énormément que cet intergouvernementales canadiennes a déposé article 1 de la loi 150 soit disparu, parce que l'accord du 22 août, a déposé ensuite un docu- c'est ce pour quoi je me suis présenté en politi- ment de 1981, et un document de 1985, j'aime- que, c'est ce pour quoi j'ai tenu à continuer au rais, pas discuter sur le fond par rapport au cours des 16 dernières années à défendre les document de 1985, mais j'aimerais, si vous intérêts du comté de Duplessis, à défendre les permettez, M. le Président, concernant ce dépôt intérêts de la région de la Côte-Nord, et à d'hier, dire à cette Chambre ce qui a été écrit défendre aussi les intérêts de l'ensemble du par Lysiane Gagnon de La Presse, samedi en date territoire québécois et des personnes qui y du 22 août, M. le Président, c'est-à-dire le 4 demeurent, les hommes et les femmes, les septembre dernier par M. Gilles Lesage. Ça, c'est familles complètes. en date d'aujourd'hui: «Pour ajouter à la con- M. le Président, nous avons aujourd'hui, fusion, s'il en est besoin, voilà que le gouverne- cependant, une décision du gouvernement qui fait ment profite du rappel à l'Assemblée nationale justement en sorte qu'on ne parle pas de la pour publier enfin le texte de Charlottetown, souveraineté, mais qu'on va parler plutôt des mais aussi deux textes de 1981 et de 1985 offres à la baisse de ce gouvernement, qui ont remontant donc au gouvernement de René été entérinées par ce gouvernement, mais entéri- Lévesque. Il tente ainsi d'étayer sa thèse selon nées sans papier, entérinées sans preuve de quoi laquelle ces offres et ces gains soumis au que ce soit. D'abord, au niveau du Conseil des référendum du 26 octobre rejoignent en tout ministres; ensuite, au niveau du congrès libéral; point, si elles ne les dépassent pas, les ententes ensuite, au niveau du Conseil des députés; et, des péquistes d'hier et de leur père fondateur». par la suite, ici même en cette Assemblée Et je voudrais qu'on écoute, en face, le restant nationale lorsque nous avons commencé hier, où du paragraphe: «II est épouvantable de se servir les papiers officiels ont été déposés à peu près de la sorte d'un illustre mort pour en arriver à une heure après le début de la session, hier des fins qui, de toute évidence, ne peuvent se après-midi à 14 heures. Donc, ça a été fait aux suffire à elles-mêmes et ont besoin d'une caution alentours de 15 heures, 15 heures 15. d'outre-tombe.» Alors, M. le Président, qu'on Comment peut-on être aussi indécents que laisse tranquille la personne qui a présenté ces d'endosser un accord comme celui-là sans avoir offres en 1985, qui a fait ces demandes cons- le texte d'une telle entente, qui n'est même pas, titutionnelles en 1985, qui, en passant, et la 3227 preuve a été faite, sont beaucoup plus élevées assurant l'exercice: que ce que vous avez endossé en tant que «a) du droit à l'autonomie au sein du gouvernement. Québec; M. le Président, en date d'hier, le ministre, «b) du droit à leur culture, leur langue, toujours le ministre des Affaires intergou- leurs traditions; vernementales canadiennes, répondait à mon «c) du droit de posséder et de contrôler des collègue de Lac-Saint-Jean à une question terres; concernant les autochtones se rapportant à «d) du droit de chasser, pêcher, piéger, l'entente elle-même ainsi que les tribunaux. Et la récolter et participer à la gestion des ressources réponse du ministre a été la suivante, j'en donne fauniques; en partie: «C'est en 1984, M. le Président, dans «e) du droit de participer au développement cette Assemblée, qu'il a été décidé que les économique du Québec et d'en bénéficier, de autochtones devraient pouvoir avoir leur gouver- façon à leur permettre de se développer en tant nement autonome.» Et il continue par la suite: que nations distinctes ayant leur identité propre «Et ce que nous avons dans l'entente, M. le et exerçant leurs droits au sein du Québec. Président, reflète essentiellement ce qui a été «Déclare que les droits des autochtones décidé ici dans cette Assemblée en 1984.» s'appliquent également aux hommes et aux D'abord, ce n'était pas en 1984, la motion de femmes.» René Lévesque, c'était en 1985. Et il continue, à M. le Président, que les libéraux d'en face, la fin: «II me semble que refuser ce hommes ou femmes, libéraux, libérales, essaient droit aux autochtones, c'est particulièrement de me trouver dans ce texte que nous étions mesquin.» d'accord avec le fait que les cours fédérales M. le Président, en aucun temps nous interprètent la signature d'une entente ou des n'avons refusé ce droit aux autochtones quant au ententes négociées avec les autochtones. Qu'on gouvernement autonome. Et, d'ailleurs, c'est avec me dise où ça se trouve, et je vais me plier, et beaucoup de plaisir que j'ai non seulement je vais même aller m'en excuser. travaillé à la motion du 20 mars 1985, mais c'est Mais, à ce que je sache, M. le Président, en aussi avec plaisir que j'ai voté pour cette motion aucun temps, dans cette motion, dans cette concernant les droits des autochtones, et où résolution de l'Assemblée nationale qui a été d'ailleurs le Parti libéral s'est lui-même mis de présentée par René Lévesque, on ne mentionne la côté en votant contre cette entente. Puis, question des tribunaux. Mais ce qui vient de aujourd'hui, il s'en sert et il vient nous dire nous arriver actuellement, et ce, dans l'ensemble qu'on n'a pas fait notre travail. du chapitre IV se rapportant aux nations autoch- M. le Président, qu'on se rappelle des 15 tones, c'est qu'à peu près dans tous les cas, à principes du 9 février 1983 où les 15 principes peu près dans toutes les négociations, à peu près concernant les nations autochtones du Québec dans n'importe quoi, on va se ramasser avec une avaient été endossés à l'unanimité par le Conseil cour de justice fédérale qui va venir mettre son des ministres, et où par la suite il y a eu des mot, puis prendre la place de gens qui devraient présentations qui ont été faites auprès de toutes prendre leur décision aujourd'hui. les nations autochtones du Québec. Qu'on se M. le Président, ce n'est pas la faute des rappelle aussi de cette motion du 20 mars 1985. représentants et représentantes du Parti québé- Ni les 15 principes ni la motion elle-même de cois, de l'Opposition officielle à l'Assemblée mars 1985 ne parlent de la présence des tribu- nationale si les libéraux d'en face, avec leur naux. On y parie de négociation. On y parie de premier ministre en tête, ont décidé, au lieu de signature d'ententes après négociation et on y prendre leurs responsabilités propres comme parie de respect des ententes après signature; il députés à cette Assemblée nationale... Ce n'est n'était pas question de tribunaux dans quelque pas notre problème à nous, mais c'est leur texte que ce soit. M. le Président, je n'ai pas problème à eux et à elles d'avoir décidé qu'au besoin de déposer cette motion du 20 mars 1985 lieu de prendre leurs responsabilités politiques, à l'Assemblée nationale, mais je vais cependant au lieu de négocier vraiment des ententes, au me charger d'en lire quelques phrases. lieu de signer vraiment des ententes avec les La résolution de l'Assemblée nationale... Le autochtones, au lieu de mettre en application des 20 mars 1985, l'Assemblée nationale adoptait la ententes qui pourraient être signées éventuelle- résolution dont le texte suit: Motion portant sur ment ou qui ont déjà été signées... C'est de la reconnaissance des droits des autochtones. prendre leurs responsabilités politiques de façon «Presse le gouvernement de poursuivre les négo- légale. ciations avec les nations autochtones en se Je voudrais bien dire aux gens d'en face fondant, sans s'y limiter, sur les 15 principes qu'ils se rappellent que, lorsqu'il y a eu l'entente qu'il a approuvés le 9 février 1983 en réponse de la Baie James et du Nord québécois de signée aux propositions qui lui ont été transmises le 30 en date du 11 novembre 1975, c'était les libé- novembre 1982 et à conclure avec les nations raux, à ce moment-là, qui étaient au pouvoir. qui le désirent ou l'une ou l'autre des com- C'est vrai et, en ce qui me concerne, c'est une munautés qui les constituent des ententes leur bonne entente, c'était une première. Donc, ça se 3228 fait si c'était une première, et on n'avait pas a une demande de quorum. Qu'on appelle les besoin que ça soit mis dans la Constitution pour députés! faire ça. Mais, là, il nous arrive, actuellement... (18 h 20 - 18 h 22) c'est qu'on se ramasse avec toute la question des Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, autochtones dans la Constitution, et si j'avais à allez-y, M. ie député de Sainte-Marie-Saint- choisir un négociateur pour aller négocier Jacques, vous avez droit à une période de 20 quelque chose pour le Québec, je prendrais minutes pour votre intervention. quelqu'un du style d'Ovide Mercredi plutôt que de prendre quelqu'un comme le premier ministre M. André Boulerice que nous avons en face de nous, qui a négocié à peu près tout à rabais. M. Boulerice: Vous comprendrez qu'il est M. le Président, je voudrais vous lire ici passablement anormal qu'un gouvernement qui une partie de l'entente concernant les autoch- convoque d'une façon urgente ce Parlement ne tones, une partie seulement, lorsqu'on dit, par soit pas capable d'assumer le quorum, M. le exemple, à la page 16, concernant le processus Président. Un gouvernement qui suspend toutes de négociations, le mécanisme de déclenchement les règles de procédure... D'ailleurs, remarquez des négociations. «Il conviendrait que les négo- que le fait n'est pas nouveau. C'est le champion ciations sur l'autonomie gouvernementale soient de la suspension des règles de procédure. On l'a engagées par les représentants des peuples vu en fin de session, au mois de juin dernier où, autochtones, quand ils y seront disposés.» Ils d'ailleurs, il nous fallait à tout moment exiger le seront disposés quand, les représentants et les quorum puisqu'il n'était pas capable de l'assumer, représentantes des nations autochtones, lorsqu'on donc suspendre les règles de procédure pour parle du délai de cinq ans à l'intérieur de ça? voter en bloc une quarantaine de lois. Des Quelles sont les nations autochtones qui, aujour- démocrates, M. le Président. De toute façon, ils d'hui, sont prêtes, sur le territoire québécois, à nous ont donné une très belle illustration, négocier des ententes formelles avec le gouver- télédiffusée d'ailleurs, de leur démocratie, qui a nement du Québec? Il y en a très peu. Vous avez été leur congrès ici, à Québec, et j'y reviendrai les Algonquins sur un côté et vous avez le CAM ultérieurement. de l'autre, le Conseil Attikamek-Montagnais, M. le Président, pour mon intervention, je avec les Attikameks et les Montagnais, mais à me suis dit: Je vais tenter d'écouter le discours part ça, quels sont les représentants et représen- d'un ou d'une députée du parti ministériel, celui tantes des nations autochtones qui ont déjà les qui, à mon point de vue, refléterait sans aucun outils nécessaires pour négocier des ententes? doute le mieux l'image de cette formation M. le Président, je suis l'une des personnes politique. Mon choix s'est porté sur la vice- les plus favorables à la négociation, à la signa- première ministre et députée de Chomedey, et ture d'ententes avec les autochtones, mais que j'ai trouvé ça, encore là, fort révélateur, M. le ça se fasse de la part d'un gouvernement politi- Président. Je vous demanderais d'ailleurs, à que qui se tient debout, puis qui est capable de nouveau, de vérifier le quorum. négocier, de signer des ententes, puis, par la suite, de les mettre en application. Le Vice-Président (M. Lefebvre): Qu'on Je vais conclure en disant, M. le Président, appelle les députés! qu'en aucun temps, sur cette question précise (18 h 24 - 18 h 26) concernant les autochtones, je n'accepterai que Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, ce soit des cours de justice qui prennent la allez-y, M. le député de Sainte-Marie-Saint- place des politiciens et des politiciennes pour Jacques. avoir des ententes concrètes et, par la suite, être dans l'obligation, par une décision de la M. Boulerice: Alors, je vous disais que cour, de les mettre en application. Merci, M. le j'avais pris comme modèle, mais modèle dans le Président. sens de prototype, la députée de Chomedey, quoique, remarquez, j'aurais pu m'inspirer de la Le Vice-Président (M. Lefebvre): Est-ce région de Montréal aussi qui, à mon point de qu'il y a d'autres interventions? vue, est la plus partisane de ce gouvernement. J'ai remarqué dans son discours qu'elle avait M. Boulerice: M. le Président... découvert Napoléon. Remarquez que ça manquait beaucoup à sa culture, mais je suis heureux Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le... qu'elle l'ait fait. Elle parle à tout bout de champ de l'intérêt supérieur de la nation. On voit que M. Boulerice: ...mais je me demande s'il y a la vice-première ministre a l'intérêt supérieur à assez de députés dans cette Chambre. la nation. Je l'aurais crue, M. le Président, reposée, compte tenu des moments de détente Une voix: Quorum... qu'elle a passés dans le comté de Charievoix, comme l'ensemble de ses collègues du Conseil des Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors il y ministres, qui ont tous séjourné quelques heures 3229 dans la maison de campagne d'un riche homme Président. La ministre essaie de faire croire que d'affaires franco-ontarien, qui, sans doute, leur rechercher une souveraineté... Et là j'en parle, indiquait quelle était la bonne piste à suivre parce qu'ils ne veulent pas qu'on en parle; ils dans le cas d'une entente constitutionnelle. Mais modifient le projet de loi 150, qui devait porter il faut croire que ce séjour dans la belle région sur un référendum qui donne accès à la souve- de Charlevoix ne l'a pas suffisamment reposée. raineté pour le Québec. Ça, ils l'ont changé. Ils La ministre disait: «À l'aube du prochain nous reprochent de ne pas en parler. Moi, je millénaire - remarquez qu'elle est forte en ma- vous le dis, je vais en parler quand je vais le thématiques, bravo! - à chaque jour, la télévi- vouloir; ça ne me gêne pas du tout. Je ne vais sion, la radio, les journaux rapportent et analy- pas mélanger le monde non plus, par contre. Je sent les transformations à survenir, tantôt en sais que le non sera un non prémonitoire, il va Europe de l'Est, et l'on peut constater à quel de soi, à un autre non qui surviendra quelques point elles ne se font pas dans l'honneur, dans moments après, où on verra disparaître du la paix et dans le respect des droits.» paysage ce que j'ai devant moi, très rapidement. Voilà un bel exemple de démagogie coutu- Et quand on connaît les majorités qu'ils ont mière à laquelle nous habitue la députée de eues, d'ailleurs, ça ne serait pas difficile pour Chomedey, M. le Président. Il est intéressant certaines organisations dans certaines circons- qu'elle parle de l'Europe de l'Est, mais elle criptions. On n'a qu'à penser à la rive sud, en aurait dû ajouter que c'était, pour la majorité de particulier. ces pays, la façon qu'ils avaient de recouvrir Donc, la vice-première ministre, ministre de l'indépendance qu'ils avaient et qu'ils avaient l'Énergie, essaie de mélanger tous les genres. perdue - la Lituanie, l'Estonie, la Lettonie, la Elle essaie de dire, comme je viens de le dire, Moldavie, la Biélorussie... et je pourrais en qu'on essaie de mettre en sourdine notre option, nommer plusieurs autres. Donc, la ministre essaie alors que c'est eux qui ne veulent absolument de mélanger les genres, et la ministre est en pas que nous en parlions, puisqu'ils sont ici, train de sombrer dans cette image - je me rassemblés d'urgence, en Parlement, pour modi- souviendrai toujours, en 1976, d'une image qui fier une loi qu'ils ont voulue, qui a été votée, avait été employée par une folle, que je ne issue d'un rapport où leur premier ministre a nommerai pas, une folle délirante qui, au moment apposé sa signature. Et voilà que tout cela est de l'approche de l'élection disait que ce sera défait de façon à tourner une page de l'histoire terrible, le Québec sera à la sauce chili - la - est-ce qu'on peut ouvrir les portes à deux ministre essaie encore d'aller un peu dans ce battants, s'il vous plaît? Pardon! - de façon à sens-là. ouvrir une porte sur l'histoire, comme le disait La ministre, toujours aussi sobre dans son la ministre un peu plus loin dans son texte. propos, toujours aussi calme, rajoutait un petit Oui, mais cette page d'histoire, le gouver- peu plus loin: «Dire oui à l'entente, c'est dire nement a décidé quelle page ce serait et a oui au réalisme, c'est dire oui aux grands décidé dans quel livre. La seule page d'histoire projets, c'est dire oui à un type de modernité issue du seul livre qui était acceptable, c'était la qui s'empare de tous les pays du monde.» page dite 150 - pour faire référence à la loi Oui, le Québec est différent, comme l'Alle- 150 - issue du seul livre qui devait nous guider magne est différente, comme le Mexique est et qui est le rapport Bélanger-Campeau. Au différent, comme les États-Unis sont différents. demeurant, ils auraient peut-être pu employer le La différence n'empêche pas ces sociétés, M. le rapport Allaire, mais on a bien vu ce que ça Président, et je la cite, «de rechercher à faire donnait. Déjà, un deuxième reniement! On aurait partie de grands ensembles. La toute puissante cru le Parti libéral plongé dans l'histoire bibli- Allemagne, qui pourrait fort bien faire route que, où le coq chanta trois fois avant le renie- seule, a choisi le parapluie européen qui n'est ment et la trahison. rien d'autre qu'une forme de fédéralisme», M. le La ministre va toujours en disant: une Président. réconciliation avec l'histoire - c'est quoi, une (18 h 30) réconciliation avec l'histoire? - avec en tête un C'est dommage qu'elle nous ait quittés, je objectif de paix. Ah! Sommes-nous en guerre? sais qu'il y a un grand bassin de population dans Sommes-nous en guerre? La ministre ne blesse Chomedey, donc elle doit aller les rencontrer, même pas avec ses paroles; heureusement, la mais, M. le Président, quand on parle de l'Euro- ministre n'est pas armée. Je me dis: Mais quelle pe, la vice-première ministre devrait se rappeler paix? Oui! Et qui a dit: II faut signer une que ce sont des pays qui sont, d'abord et avant entente avec les autochtones qui garantisse au tout, souverains. L'Allemagne, la France, la Québec l'intégralité territoriale? Eh bien! je Grande-Bretagne, l'Irlande, l'Espagne, l'Italie pense que s'il y a un spécialiste en ce domaine, n'ont renoncé à rien de leur souveraineté. Ils c'est le député de Duplessis. On se rend compte peuvent avoir délégué à un Parlement certaines que l'intégrité territoriale québécoise, elle n'est responsabilités, mais, pour les déléguer, il faut même plus dans les mains des Québécois, elle est les avoir. Donc, ils ont la souveraineté. dans les mains des tribunaux, donc de la Cour La ministre mélange les genres, M. le suprême du Canada. Il faut toujours se rappeler 3230 de cette phrase de Duplessis, qui n'était peut- nous disent que l'entente est très bonne pour être pas un modèle à tous égards, mais qui, à nous, mais des constitutionnalistes comme Léon ce niveau-là, avait raison: «La Cour suprême, Dion nous disent qu'elle est mauvaise..." c'est comme la tour de Pise; ça penche toujours «Il n'y avait cependant aucune confusion du même bord, et les jugements de la Cour dans l'esprit de Marc Snyder. "J'ai subi beaucoup suprême du Canada ont toujours penché vers le de pression depuis le mois de mai, raconte celui Canada.» Rappelons-nous aussi que la dernière qui représente l'est de Montréal sur l'exécutif de fois qu'un jugement de tribunal a eu lieu quant à la Commission-Jeunesse. Seulement cette semaine, un territoire québécois, c'est dans le début des j'ai participé à une dizaine de rencontres au années 1900, et ça a été le Labrador que le sommet avec l'establishment du parti, le chef, les Québec a perdu au profit Terre-Neuve, qui ministres, le président, nomme-les." n'était pas une province canadienne. Ceux qui «Mais la pression ne semble pas l'atteindre. ont observé une carte géographique se rendent Alors que Rémillard s'égosillait sur les six droits bien compte que oui, Terre-Neuve est un prolon- de veto que l'entente du 22 août a donnés au gement du territoire québécois, qui est une île. Québec, Marc blaguait avec ses collègues: "Six C'est une He. veto? C'est drôle, avant, il disait qu'on en avait M. le Président, on a assisté, durant la fin gagné cinq. C'est la multiplication des pains!" de semaine, à un congrès libéral vraiment très Rémillard a continué en soulignant que Bourassa édifiant, où on a décidé que les jeunes n'avaient avait assuré au Québec 25 % des sièges à la pas leur place. Il a d'ailleurs paru, en tout début Chambre des communes. "Un gain majeur!" a de semaine, un article fort intéressant dans le ironisé Snyder en faisant tournoyer son poing à journal Voir. Je vais me permettre, M. le Prési- la Arsenio Hall. "Qu'est-ce que ça change? On a dent, de vous en citer certains extraits: «Pour déjà 24 % des sièges aux Communes, a pour sa leurs débats du week-end dernier, les libéraux part commenté Stéphane Davidson. De toute ont utilisés une des deux patinoires du Pavillon façon, ce ne sont pas deux ou trois Jean Chré- d'éducation physique de l'Université Laval. tien de plus qui vont travailler dans les intérêts «Deux équipes se sont affrontées. D'un du Québec!".» Je pense que c'était fort pertinent côté, le puissant appareil du parti, avec son comme information. capitaine Robert Bourassa, pour qui ce congrès devait être aussi prévisible qu'un épisode de M. Marcil: M. le Président... «Lance et Compte». De l'autre, la Commission- Jeunesse du PLQ - et, d'ailleurs, j'aimerais Le Vice-Président (M. Lefebvre): Un saluer un jeune militant de la Commission- instant. M. le député de Salaberry-Soulanges. Jeunesse du Parti libéral, Frédéric Dubé, qui a démissionné et qui va maintenant travailler avec M. Marcil: Ça semble tellement intéressant, l'équipe du non, et non pas le clan du oui - ce que le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques avec Mario Dumont dans les buts, pour qui dit, qu'il serait intéressant également que nos Bourassa est le champion du patinage à reculons. collègues puissent l'écouter. Pourriez vous «Mais Dumont et ses troupes se sont demander le quorum, s'il vous plaît? rapidement fait plaquer dans la baie vitrée par les John Kordic du PLQ. Un jeune libéral désa- M. Boulerice: Merci! Merci! Ha, ha, ha! busé dit avoir compté dans les gradins 150 membres de la circonscription de Jean-Talon, Le Vice-Président (M. Lefebvre): Donc, celle de M. Rémillard. Un autre, David, de la qu'on appelle les députés. région de Québec, affirme que son député l'avait (18 h 39 - 18 h 44) sommé de démissionner plutôt que de semer la Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le pagaille au congrès. Des hordes de supporters député de Sainte-Marie-Saint-Jacques, vous venus dans la Vieille Capitale en autobus scolaire pouvez continuer votre intervention. Je vous aux frais de leurs députés ont complété l'atta- rappelle que vous disposez encore d'une période que-avant de l'équipe Bourassa. de six minutes. «Les Bacon, Ryan et autres Rémillard venus vendre à leurs membres une entente qui n'avait M. Boulerice: Alors, vous avez vu comme pas encore été rendue publique - et on sait que moi, M. le Président, que cette chronique du l'entente ne le sera pas avant même le référen- congrès libéral de la fin de semaine, surtout vu dum du 26 - n'ont pas ménagé leurs efforts pour par les jeunes de la Commission-Jeunesse du semer la confusion dans le camp adverse. "On ne Parti libéral, est fort révélatrice du grand esprit sait plus quoi penser de cette entente", a lancé démocratique qui animait ce congrès. Stéphane Davidson, un jeune du comté de Ber- Pour revenir à l'entente, M. le Président, trand sur la rive sud. Le premier ministre a c'est très simple. Effectivement, moi, j'aurais beau postillonner de tout son saoul sur écran préféré avoir comme négociateur, même si je ne géant à propos de l'accord qu'il a conclu le 22 partage pas son point de vue, Ovide Mercredi. Si dernier, il ne réussissait pas à convaincre l'on regarde ce qu'il a fait, M. le Président, ce Stéphane et ses voisins: "Bourassa et Rémillard n'est pas compliqué. Il a regardé l'ensemble de 3231 ceux qui étaient alentour de la table, puis il a Gaston Clermont, qui était l'ancien adjoint du dit: Ce n'est pas compliqué. Moi, je vais prendre regretté député fédéral Jean-Claude Malépart, et le plus mou. Le plus mou, puis si je suis capable on sait fort bien que, si Jean-Claude vivait, il de lui rentrer une cheville, ça va bien aller. Et, serait avec le non parce qu'il jugerait inaccep- forcément, le plus mou, ce n'est pas compliqué, tables ces offres. M. Clermont, d'ailleurs, est c'est toujours le même, c'est le premier ministre aussi un ancien organisateur du député libéral du Québec, qui nous arrive avec des propositions défait de Sainte-Marie, Michel Laporte, et il est qu'on ne connaît pas, dont on n'a pas les textes, maintenant avec nous pour combattre ces offres que la population du Québec n'aura pas avant le avec de nombreux organisateurs du Parti libéral lendemain, alors que, si en France on est en dans Sainte-Marie qui sont maintenant passés du train de se prononcer sur le traité de Maas- côté du non aux offres, mais d'un oui profond à tricht, il faut quand même convenir que des ambitions plus grandes pour le Québec, des 38 000 000 d'exemplaires de ce traité ont été ambitions plus nobles pour le Québec. distribués dans toutes les portes, alors que chez nous on ne peut même pas les déposer en Une voix: L'indépendance. C'est ça. Chambre; on est obligé de crier pour les obtenir, et on s'aperçoit que ce n'est pas définitif et que M. Boulerice: Oui, l'indépendance, comme la les seuls vrais textes définitifs ne seront dis- Syrie est un pays indépendant. L'indépendance. ponibles que le lendemain du jour où la popula- Mais le Québec, naturellement, ne sera pas une tion du Québec aura à voter sur ces pseudos- force impérialiste d'occupation au Liban, mais... offres, qui n'en sont pas, M. le Président. Oui, l'indépendance du Québec, l'indépendance du Si je regarde le domaine particulier qui me Québec, absolument, et nous allons faire la concerne, eh bien, il faut dire qu'inévitablement bataille. Et je tiens personnellement à vous le Québec n'a rien gagné, et c'est pour ça, inviter tous, les uns comme les autres, à venir d'ailleurs, que dans L'actualité de cette semaine, dans cette circonscription. Vous êtes les bien- si on lit l'interview que donne la ministre des venus. Si vous voulez des débats contradictoires, Affaires culturelles, eh bien, je suis fort sym- on est disponibles. Mais le Plateau Mont-Royal et pathique à son propos. Mais, malheureusement, le Centre-Sud ont dit oui au Québec en 1970. En elle le dit elle-même, elle est obligée de le dire, 1992, ils vous répondront non, comme ils vous qu'elle ne peut parler qu'en son nom personnel, ont répondu non, aussi, de façon successive au parce qu'elle ne peut malheureusement pas cours des élections depuis 1970; et après, on compter sur son premier ministre pour aller replacera des gens sérieux et on fera un Québec chercher des pouvoirs importants qui sont les qui se tient. Pas avec un premier ministre qui pouvoirs dans le domaine de la culture, au même part à genoux, qui négocie à quatre pattes, puis titre que, comme elle a déjà assumé le ministère qui revient à plat ventre. Ça, ce n'est pas vrai. des Communications, elle sait fort bien que, Pas avec un mou, pas avec un mou. Ah bien, quand la vice-première ministre parle de moder- avec quelque chose de concret. nité, la modernité, ce sont les communications. Il (18 h 50) n'y a aucun nouveau pouvoir au niveau des Et, pour reprendre le journal Voir, il y a communications. une importante caricature, il y a une chaise sur M. le Président, on va en discuter plus laquelle il y a une fleur de lis, puis il y a une amplement, des offres, et on ne va pas se gêner. chaise de bébé sur laquelle il y a une feuille Je l'ai dit, je l'ai dit très clairement, nous d'érable. Bien, on sera des adultes, au Québec, n'allons pas mélanger la population. Ce non qui on ne sera plus uniquement les petits enfants du «va-t-être» donné... fédéral et des gens convaincus aussi - je termine là-dessus, M. le Président - pas les faux ténors, M. Marcil: Qui va être. les girouettes du nationalisme qui se promènent. Il y en a, d'ailleurs, de ces pseudo-ténors qu'on M. Boulerice: ...n'est qu'un non... n'a pas vus depuis le début de cette session. Est-ce que c'est parce qu'ils ont des transes et M. Marcil: Pas «va-t-être», «va être». des angoisses ou qu'ils espéreraient bien que les caméras de télévision s'inquiètent de leur absen- M. Boulerice: Va être donné. Je remercie M. ce et aillent les interroger, ce qui leur permet- le député de Vaudreuil-Soulanges d'avoir corrigé, trait de passer un bon petit clip de 30 secondes malheureusement, une mauvaise conjugaison que à la télévision? On a vu ce que ça donnait, M. j'ai faite. Lui a fait une mauvaise union. Que le Président, les pseudo-nationalistes, ceux qui se voulez-vous, ça se corrige mieux, une conjugai- répandaient en transes à l'extérieur, et qui son, qu'une union. Lui a décidé de s'unir au oui, avaient de profondes hésitations. On a vu quelles moi, j'ai décidé d'aller vers le non, mais un non étaient leurs vraies valeurs. Ceux qui, véritable- qui ne sera qu'un non aux offres. Mais ne vous ment, ont de la valeur... inquiétez pas, l'autre étape arrivera, et l'autre étape, dans la circonscription de Sainte-Marie- Le Vice-Président (M. Lefebvre): Je vous Saint-Jacques, sera principalement dirigée par M. demande de conclure. 3232

M. Boulerice: ...étaient à la Commission- ça drôle quand on parle de Claude Morin, mais Jeunesse du Parti libéral. quand on parle de lui, il ne trouve pas ça drôle. Pourtant, c'est la même affaire, il n'y a pas de Le Vice-Président (M. Lefebvre): Sur le différence. même sujet, soit la motion proposant l'adoption M. le Président, le référendum que nous du principe du projet de loi 44, Loi modifiant la allons vivre est, comme on dit en langage de Loi sur le processus de détermination de l'avenir cinéma, un remake. C'est un remake de ce qui politique et constitutionnel du Québec, je cède la s'est passé en 1980. Je peux vous dire que, parole à M. le député de Louis-Hébert. Vous avez comme tous les remakes, ça va se terminer de la droit à 20 minutes, M. le député. même façon: c'est que les forces fédéralistes vont l'emporter. Un remake, ça a la même fin, M. Réjean Doyon en l'occurrence un «happy end», une bonne fin, une fin qui finit bien. Ce remake, M. le Prési- M. Doyon: Merci, M. le Président. N'eût été dent, on s'en serait bien passé. Nous sommes le fait que l'orateur précédent a décidé de faire obligés de le faire pour établir une fois pour parler les morts, je me serais abstenu d'inter- toutes - et j'espère que ce sera la dernière - venir. M. le Président, quand on est obligé de que les Québécois ont choisi la voie du fédéralis- faire appel à des gens qui sont décédés pour me, avec toutes les imperfections qu'il y a dans justifier sa prise de position, en pariant du ce système-là, avec toutes les difficultés qu'il député Malépart... Je pense qu'il y a des moyens comporte, mais en même temps tous les défis. qui ne sont pas très, très catholiques. C'est Il y a des gens qui préfèrent jouer dans les assez spécial de déterrer les morts pour avoir ligues mineures. Dans les ligues mineures, ils raison. sont certains de gagner. Ils ont peur des ligues majeures. Les Québécois, moi, je suis certain Une voix:... qu'ils ne sont pas comme ça. Ils ne sont pas comme ça, M. le Président. C'est entendu que le M. Doyon: II n'est pas le premier à le fédéralisme, c'est un combat qui n'est jamais faire? Je regardais, dans Le Devoir... gagné, qui est toujours à recommencer. Ce n'est pas une situation de tout repos, le fédéralisme. Une voix:... Ce n'est pas une situation qui plaît aux pares- seux, que ce soient les paresseux «physiquement M. Doyon: M. le Président, je pense que j'ai paresseux» ou «mentalement paresseux», parce la parole. M. le député, si vous voulez vous taire qu'on est obligé de toujours prouver qu'on est et m'écouter. C'est votre tour de m'écouter. capables de se défendre, qu'on est capables de gagner des points, qu'on est capables Le Vice-Président (M. Lefebvre): Un d'avancer. instant! Un instant! M. le député de Sainte- Mais ça, M. le Président, c'est gratifiant Marie-Saint-Jacques, on vous a permis de vous pour les gens qui n'ont pas peur de l'effort. exprimer, tout à l'heure, en toute quiétude. Je C'est gratifiant parce qu'on ne gagne pas contre requiers, pour le député de Louis-Hébert, la des pas-bons. On gagne dans des ligues majeures. même ambiance. Allez-y, M. le député de Louis- C'est ça que j'invite la population québécoise à Hébert. décider de continuer de faire, comme ils ont décidé de le faire le 20 mai 1980. À un moment M. Doyon: Merci, M. le Président. J'ai bien donné, il va falloir en revenir des referenda l'intention de continuer, M. le Président, dans ce - parce que c'est pluriel. Il va falloir en revenir que j'avais à dire. Qu'on soit obligé d'aller des referenda, M. le Président, parce qu'un après chercher des gens qui ne se sont pas prononcés l'autre, ça ne peut pas durer. C'est pour ça que là-dessus, qui n'ont pas eu l'occasion de voir le fiel qui nous vient de l'autre côté s'explique. l'entente, qui n'ont pas eu l'occasion d'évaluer Ils jouent leur survie, M. le Président. Ils le les gains que fait le Québec pour avoir une savent fort bien. Ils le savent fort bien que, approbation de l'au-delà... Je pense qu'il y a des pour eux, une acceptation des offres est un déni moyens dont on pourrait s'abstenir. Il n'est pas à leur endroit qui ne leur laisse plus de place le premier à le faire. Là-dedans, il suit l'exemple sur l'échiquier politique du Québec. de... Je pense que c'est Claude Morin qui déterre Devant cette évidence, ils sont comme des Duplessis, qui déterre Daniel Johnson, Bertrand noyés qui sont prêts à s'accrocher au moindre et Jean Lesage pour prétendre que, si ces gens- fétu de paille. Ils sont prêts à apostasier leur là avaient à se prononcer... Parce que, lui, il les foi, leur foi séparatiste, souverainiste. Ils sont connaît tellement qu'il sait ce qu'ils auraient dit, prêts à apostasier tout ce qu'ils ont de plus cher «mes premiers ministres». Je peux vous dire ce et ce qui est leur raison d'exister. La preuve, qu'ils diraient, moi, «mes premiers ministres». Le M. le Président, vous avez entendu pas n'importe député de Sainte-Marie-Saint-Jacques rit. Il fait qui, le chef des forces séparatistes, des forces pire que ça parce que, eux autres, au moins, ça souverainistes dire: Nous autres, la souveraineté, fait plus longtemps qu'ils sont morts. Il trouve on n'en parle pas, ça ne nous regarde pas. Il 3233 n'est pas question de souveraineté à ce référen- Il est assez gros, le pot, pour moi. C'est ça dum-là. Ah oui? Ah oui? Vous demanderez aux qu'on a fait. C'est ça qu'on a fait. Il y en a gens un peu partout. Ce n'est que de ça que dans tous les casinos du monde. On en aura vous pariez. Vous avez vécu par la souveraineté, peut-être ici. Moi, je ne suis pas trop pour ça, vous périrez par la souveraineté. Je vous l'an- mais c'est une autre histoire. Il y en a dans tous nonce. Je vous l'annonce parce que c'est inévi- les casinos du monde qui tentent leur chance table. Qui vit par l'épée périt par l'épée. Qui vit jusqu'à la dernière piastre. Ils sont à la roulette, par la souveraineté périt par la souveraineté. puis ils viennent de ramasser, là. Ils ont misé Vous avez cette immense pierre au cou qui sur le 2 et le 3, puis les deux ont sorti de suite. vous entraîne dans le fond, et vous le savez. Ils disent: Je prends tout ce que j'ai ramassé, Vous allez caler, vous allez sombrer, vous allez puis je le mets sur le 0. Le 0 ne sort pas. Il dit: vous noyer. C'est inévitable. C'est écrit. Tous les Maudit, j'aurais dû partir avec mon 2 et mon 3, cris que vous pourrez lancer ne vous épargneront j'aurais été pas mal mieux. Il est trop tard, trop pas le sort qui vous attend. Il est évident... et je tard. La politique, ce n'est pas un jeu de poker, ne peux pas, malgré le bon coeur que j'ai, c'est c'est trop sérieux pour ça. Les gens, dans tous reconnu partout, avoir la moindre sympathie pour nos comtés ici, ne veulent pas qu'on joue au vous autres. poker avec leur avenir. Ils ne sont pas prêts à risquer de tout perdre pour montrer qu'on est Des voix: Ha, ha, ha! Bravo! Bravo! brave, qu'on n'a pas peur du vide devant nous. Quand je regarde les péquistes agir, je me M. Doyon: Quand on court après quelque dis que ce sont des adeptes du «bungee» politi- chose et qu'on se fait rattraper par cette chose, que. Ce sont des adeptes du «bungee» politique, bien, on ne peut pas dire autrement que c'est mais ils ne sont pas sûrs de leur élastique. Ils ne bien fait. C'est bien fait. sont même pas sûrs d'être attachés après, mais M. le Président, on en entendra de toutes ils veulent se lancer pareil parce qu'ils n'ont pas les couleurs. C'est drôle qu'on change de fusil peur! Bon. C'est un choix que vous faites, mais d'épaule quand ça nous plaît. Mais, là, le fusil, emmenez-nous pas avec vous autres. non seulement vous êtes en train de le changer M. le Président, parfois, pour faire com- d'épaule, vous êtes en train de le pointer vers prendre des situations qui paraissent très sérieu- vous. Ne tirez pas sur la gâchette parce que ça ses et très compliquées, il faut avoir recours à va mal finir pour vous autres. Trompez-vous pas, la caricature. On comprend mieux avec des là. caricatures. Ça paraît rigolo ce que je raconte, M. le Président, mais transposez ça dans la vie Des voix: Ha, ha, ha! politique, vous verrez que le poker et le «bun- gee» s'appliquent parfaitement à nos adversaires M. Doyon: C'est ça que vous êtes en train politiques. Je ne leur reproche pas de jouer au de faire. Vous n'êtes pas capables de vous poker, je ne leur reproche pas de sauter dans le apercevoir que le Québec est en train de faire vide, ça, c'est leur affaire. Tout ce que je leur des gains extraordinaires et que d'avoir eu un dis: On n'y va pas avec vous autres, puis n'ame- gouvernement qui a eu la force d'aller chercher nez pas la population. C'est tout ce que je vous ça, avec le premier ministre qui s'est battu, mois dis. Mais, remarquez bien que la terre est parfois après mois, semaine après semaine, heure après assez rigide et assez solide. Elle est comme la heure, M. le Président. Ça a été un combat qui réalité, elle a le défaut d'être têtue, et elle ne aurait découragé Goliath lui-même. Et ça finit cède pas la place, qu'est-ce que vous voulez? comme avec David. C'est que David le remporte. Alors, vous risquez d'avoir des ecchymoses, c'est Il faut amener cette preuve-là devant la le moins qu'on puisse dire. population qui est prête à dire oui. La population Alors, M. le Président, moi, je comprends est prête à dire oui parce que les offres, fon- difficilement le raisonnement péquiste, je ne le damentalement, sont bonnes. La société distincte, comprends pas sur bien des points de vue. la Cour suprême, le partage des pouvoirs, la J'écoutais juste le chef de l'Opposition en limite dans le pouvoir de dépenser, l'immigration. période de questions, tout à l'heure. Il nous di- On peut passer toutes les demandes traditionnel- sait que l'entente constitutionnelle était pour les du Québec. Nous faisons des gains indéniables constitutionnaliser la chicane fédérale-provincia- partout. le, parce qu'il faudrait signer des ententes dans (19 heures) différents domaines, dans le domaine de l'envi- II faudrait être malade pour tenter sa ronnement, dans le domaine de la formation pro- chance en disant: Le pot n'est pas assez gros. fessionnelle, etc. Ça, que c'était la pire des Quand on joue au poker et qu'on a un beau jeu, choses, que c'était pour constitutionnaliser la on ne fait pas monter les enchères indéfiniment chicane, disait-il. Pourtant, il est le premier à jusqu'à ce que quelqu'un se trouve avec une «full dire: Nous autres, on va faire un pays à part, et straight» ou avec un carré d'as. À un moment on va signer des traités. Qu'est-ce que c'est donné, on se dit: J'ai trois dames, deux valets, je qu'un traité? Ce n'est pas une négociation, une pense que je suis capable d'aller chercher le pot. discussion, ce n'est pas de la chicane à un 3234 niveau de pays à pays? Il n'y a pas de différence avoir le tout, en sachant que les chances d'avoir entre signer un traité entre un Québec indépen- le tout sont absolument minimes. Il est découra- dant et un Canada qui ferait bande à part, et geant, M. le Président, d'avoir à recommencer signer des ententes qu'on signera et qu'on indéfiniment ce genre de discussion et à faire constitutionnalisera. C'est beaucoup plus difficile. des preuves ad nauseam que, dans la réalité de C'est beaucoup plus difficile parce que le rapport tous les jours, ce qu'ils appellent la «Real de force est moins favorable pour nous, moins Politik», les choses ne se passent pas comme ça, favorable. C'est reconnu. parce que la politique, qu'elle se fasse à n'im- Qu'est-ce que vous pensez qu'on a l'air, porte quel niveau - le premier ministre le disait nous autres du Québec, tout seuls? Je ne nous l'autre jour - c'est un rapport de force, et il enlève pas nos qualités, je dis tout simplement faut savoir évaluer ses propres forces, il faut que celui qui est assez fin pour s'allier avec savoir calculer ses faiblesses, il faut savoir quelqu'un qui est plus fort que lui sort grandi, savoir compenser ses faiblesses avec des alliances et celui qui s'est allié avec lui aussi. Je me dis avec d'autres partenaires, et c'est ça que de qu'on a tout avantage à discuter avec les États- faire une politique intelligente. Unis en ayant comme partenaire politique, écono- Je n'ai pas entendu de discours de la part mique, social, à tous les niveaux, le reste du du Parti québécois qui puissent nous mettre vis- Canada, qu'on va s'en tirer avec une entente à-vis des alternatives viables, qui puissent nous qui va faire bien plus notre affaire. Si la logique amener vers des solutions favorables à la popula- péquiste dit que les ententes constitutionnelles à tion. On nage dans une espèce de noman'sland, signer, à intervenir sont de la chicane, que où on ne sait pas trop où on se situera, et on seront les traités à intervenir entre un Québec veut entraîner la population là-dedans. Moi, la éventuellement et potentiellement - d'une façon gageure que je prends, M. le Président, c'est que éloignée - indépendant vis-à-vis des partenaires la population n'est pas prête à faire confiance au qu'il voudra, avec lesquels il voudra signer des Parti québécois pour nous amener dans une traités, que ce soit dans le domaine économique, aventure risquée comme celle-là. que ce soit dans le domaine de la défense, que Il est sûr que l'aventure peut être tentante, ce soit dans n'importe quel domaine? que, si j'avais à écrire un roman qui n'aurait Alors, M. le Président, je suis à court de pour effet que de délasser, de dérider et de compréhension dans la logique péquiste. Ils nous faire passer une bonne soirée, j'écrirais un disent: On ne s'entendra pas avec des gens avec roman d'aventures qui aurait pour thème la lesquels on est habitués de s'entendre depuis 125 souveraineté. Mais je serais dans le domaine ans. Ça fait 125 ans qu'on fait des affaires avec romantique, M. le Président, je serais dans la ce monde-là, puis là, la pire des affaires qui fiction, je serais dans la politique-fiction. Mais puisse nous arriver, c'est de continuer d'en faire. là, on n'est pas dans la politique-fiction. Nous Ça, c'est la fin du monde. sommes dans la réalité, et on ne peut pas Mais, d'un autre côté, on ne recule pas, on prendre de tels risques. Les gens qui ne travail- ne fait pas état des efforts qu'il y aurait à faire lent pas, les gens qui ont toutes les difficultés pour signer des traités, par exemple, avec du monde, et il y en a dans tous nos comtés, d'autres partenaires qui nous sont totalement parce que j'ai eu des téléphones. étrangers, avec lesquels on n'a jamais transigé, Aujourd'hui, je suis allé faire du bureau de qui s'appellent les États-Unis, qui s'appellent le comté tantôt. M. le Président, les gens m'appel- Mexique, qui s'appellent l'Europe et, pourtant, lent et me disent: J'ai de la difficulté à trouver ça, ça ne leur fait pas peur. Philosophie du les 75 $ que ça me coûte pour faire entrer mon «bungee», M. le Président, philosophie du poker. enfant à l'école. Je leur dis: Oui, oui, mais on va On dit: On va tout risquer pour avoir plus, en tout régler ça avec la souveraineté. Probablement risquant de tout perdre, alors qu'il est évident qu'il y a une option de ce côté-là. Si vous que la table tourne en faveur du tenancier et saviez, M. le Président, le genre de réponse que non pas en faveur du joueur, parce que le j'ai à ce moment-là. Est-ce que les collègues casino, il fermerait autrement, si ce n'était pas péquistes font du bureau de comté? Est-ce qu'ils comme ça. n'ont pas ce genre de téléphone? M. le Président, je suis un peu désemparé M. le Président, je les invite et j'invite la devant la façon dont les choses se passent. population à la prudence, au réalisme, de façon à J'aurais souhaité que nous puissions discuter des ce que nous puissions faire ce débat le plus articles de l'entente. On a ici l'entente, le normalement possible, d'une façon la plus rapport du comité sur la Constitution, Charlot- civilisée possible, mais que nous le fassions de tetown, 28 août 1992, un texte définitif, qui fait façon à ce qu'une fois pour toutes, nous met- une vingtaine de pages, 21 pages, et qui nous tions fin à ces tergiversations et que, enfin, permettrait de prendre les clauses l'une après nous sachions qu'au Québec les choses se passent l'autre, regarder ce qui en est, évaluer les gains à l'intérieur du Canada, avec ce que ça comporte que fait le Québec. de bien et de mal. Merci, M. le Président. Ce n'est pas ça qu'on fait. On dit: On (19 h 10) refuse parce qu'on préfère risquer plus pour Une voix: Bravo! 3235

Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. avons le projet de loi 44 entre les mains, c'est le député de Louis-Hébert. Mme la députée de que ce gouvernement a décidé de ne pas respec- Terrebonne, je vous cède la parole. Vous avez ter la loi 150. Non-respect également de la droit à une période de 20 minutes. signature du premier ministre et de ceux qui ont participé à la commission Bélanger-Campeau, Mme Jocelyne Caron parce que, il faut le rappeler, toutes ces person- nes avaient signé pour un référendum sur la Mme Caron: Merci, M. le Président. Le souveraineté du Québec, au plus tard le 26 député de Louis-Hébert, avant de faire des octobre. Non-respect également pour leur propre sermons à mon collègue, le député de Sainte- programme, pour leur propre parti politique, M. Marie-Saint-Jacques, devrait faire des sermons à le Président. Non-respect pour l'aile jeunesse. ses propres collègues qui ne cessent depuis deux Non-respect pour celui qui avait présenté ce qui jours d'utiliser le nom de René Lévesque, le était, à leur avis, la meilleure proposition consti- fondateur de notre parti, qui a quitté le Parti tutionnelle, le rapport Allaire. Il faut rappeler libéral parce qu'il croyait à la souveraineté du que le premier ministre avait signé et fait Québec, qui, en 1980, savait qu'il voulait la approuver par son parti le rapport Allaire, qui souveraineté et votait pour le oui. Et vous ne prévoyait qu'à défaut d'obtenir 22 pouvoirs pour cessez de l'utiliser depuis deux jours. Donc, vos le Québec un référendum sur la souveraineté sermons, faites-les donc pour vos collègues! Et si aurait lieu, M. le Président. Donc, non-respect vous n'avez pas encore compris que quitter le pour leur propre signature. Le premier ministre statut d'une province pour devenir un pays, c'est avait même dit, au terme des travaux de la effectivement quitter les ligues mineures pour commission Bélanger-Campeau, et je cite: «Un aller dans les ligues majeures, vous ne com- changement profond est, je crois, la volonté du prendrez jamais. peuple québécois, de la très grande majorité du M. le Président, l'intervention précédente peuple québécois.» Donc, un non-respect égale- me faisait pitié, et je comprends que la popula- ment de cette population, M. le Président, non- tion n'ait aucunement confiance dans les politi- respect de la population qui a signé, à plus de ciens et qu'ils n'aient aucune crédibilité pour 700 000 personnes, une pétition pour demander elle. M. le Président, on peut utiliser des carica- de respecter un référendum sur la souveraineté. tures, mais on n'est pas obligé d'en être une soi- Non-respect des personnes qui se sont pronon- même. On n'a pas à gager sur l'avenir consti- cées à 75 % pour la tenue d'un référendum sur la tutionnel du peuple québécois, on a à lui laisser souveraineté, et non-respect de leurs propres faire ses choix. engagements, M. le Président, engagements du M. le Président, oui, nous faisons du bureau premier ministre et engagements du responsable de comté régulièrement, et nous avons dû mettre du dossier constitutionnel. Et je vais leur sur pied, dans nos comtés, des comités de rappeler ces engagements, M. le Président. dépannage, instaurer des cuisines collectives, Le 14 juin 1991, dans Le Devoir, le ministre parce que ce gouvernement est incapable d'admi- des Affaires canadiennes nous disait: Les cinq nistrer et parce que nous n'avons pas en main conditions sont toujours là, mais l'accord du lac tous les outils économiques pour notre propre Meech est mort. Les cinq conditions sont un développement. premier pas vers une réforme, mais ce que nous M. le Président, la semaine prochaine, nous voulons, c'est une réforme complète de la aurons des célébrations sur notre système Constitution, des changements au partage des démocratique, sur le Bicentenaire, et nous nous compétences législatives et aux institutions retrouvons encore aujourd'hui devant un non- comme la Cour suprême et le Sénat. respect du système parlementaire - nous avons M. le Président, ils n'ont pas réalisé cet aboli les règles parlementaires - le non-respect engagement. Le premier ministre lui-même, le d'une loi votée par ce gouvernement, la loi 150, même jour, disait: II faut mettre fin au fédéra- le non-respect des signatures, le non-respect des lisme compétitif, au dédoublement, et en arriver engagements du premier ministre et du respon- à un fédéralisme efficace. Aucun nouveau pou- sable du dossier constitutionnel et le non-respect voir, on n'a aucunement mis fin au dédoublement de la population. dans les ministères, M. le Président. M. le Président, non-respect du gouverne- Non-respect aussi de leurs engagements, ment libéral pour sa propre loi 150, qui l'oblige à faut-il le rappeler. Le premier ministre, dans Le revenir devant l'Assemblée nationale pour l'amen- Monde, nous disait: Trois points étaient priori- der par la loi 44. Et certains ont même tenté, M. taires. Il fallait les maintenir à n'importe quel le Président, de nous dire qu'on modifiait la loi prix. Il faut d'abord que soit reprise la substance 150 pour mieux la respecter. Eh bien! si on la de l'accord du lac Meech à propos du statut de respectait, nous ne nous retrouverions pas devant société distincte pour le Québec. Huit constitu- deux projets de loi, M. le Président, nous tionnalistes, hier, nous ont dit que, non, ça n'aurions que la loi 150, et nous serions déjà en n'avait pas été tenu, non, ça n'avait pas été train de discuter de la question référendaire sur respecté. Il faut ensuite un nouveau partage du la souveraineté. C'est ça, la réalité. Si nous pouvoir qui permette un fédéralisme plus effi- 3236 cace. Aucun nouveau partage. Aucun nouveau que, pour tout achat, pour toute négociation, pouvoir exclusif. Et il ajoutait, et là on n'en pour un bien et un service, avant de vous entend plus parier, mais plus du tout, M. le Pré- engager, vérifiez. N'hésitez pas à poser des sident: II faut, enfin, que, sur les autres objec- questions. Évaluez vos besoins et, surtout, le tifs de la réforme constitutionnelle - l'adoption consommateur doit exiger un contrat écrit. Le d'une charte sociale, le renforcement de l'union responsable de la protection du consommateur économique canadienne et la réforme du Sénat - est allé négocier, il n'a pas demandé de contrat les pouvoirs du Québec ne soient pas réduits. écrit, on n'en a toujours pas - et il faut rap- C'est exactement ça qu'il a fait, il a laissé peler qu'il est ministre de la Justice aussi - et réduire les pouvoirs du Québec sur le les textes juridiques n'arriveront pas avant le Sénat. Et aucune charte sociale, M. le Prési- référendum. Et c'est celui qui est supposé dent. défendre les droits des consommateurs! M. le Président, on a également oublié de (19 h 20) tenir compte des revendications des femmes. On M. le Président, on nous demande de lire n'en parie pas beaucoup en cette Chambre, c'est les étiquettes lorsqu'on achète un bien. On nous très rare, M. le Président. Il faut peut-être demande de vérifier lors de l'achat d'une auto- rappeler que, lors de Bélanger-Campeau, des mobile, lors de l'achat d'une maison, de ne rien regroupements de femmes étaient venus parier de signer avant d'avoir lu, d'avoir vu le véritable revendications. On avait demandé de récupérer texte et d'exiger un contrat écrit. Et pour des pouvoirs pour une politique familiale. On l'avenir d'un peuple, pour ce contrat collectif, avait demandé de récupérer les allocations aucune protection. On se fie sur la parole de familiales pour cesser le dédoublement. Personne négociateurs qui n'ont jamais défendu nos n'en a tenu compte, peut-être parce que dans ce intérêts. M. le Président, je vous avoue que c'est groupe de négociateurs il n'y avait aucunement déplorable et je ne comprends absolument pas de femmes, M. le Président. Les femmes autoch- que des personnes qui sont supposées être tones aussi ont déploré ce qui s'était passé lors responsables et qui allaient négocier au nom du des négociations. peuple québécois l'aient fait de cette façon, M. le Président, parmi les non-respects de d'une manière qui nous protégeait moins que lors leurs engagements, il faut rappeler également, de l'achat d'un bien ou d'un service. C'est bien sûr, l'engagement du premier ministre le 23 révoltant! juin 1990: C'est la décision de mon gouvernement On a peut-être oublié, parce qu'on voulait de négocier dorénavant à 2 et non à 11. C'est revenir avec un projet verbal à tout prix, parce vrai qu'il n'avait pas parié de 17, M. le Prési- qu'il y avait la fameuse date du 26 octobre, ce dent, à ce moment-là. qu'on allait négocier. Ce qu'on allait négocier, Toujours, le 5 mai 1992, M. Bourassa c'était d'abord et avant tout des pouvoirs commençait à émettre de très sérieuses réserves additionnels pour le Québec. En 1867, le Québec sur l'ampleur des pouvoirs à confier au Sénat et possédait 11 pouvoirs exclusifs; aujourd'hui, avec il a dit carrément non au principe d'une repré- les offres, 6 pouvoirs exclusifs, un recul de 5 et, sentation égale pour chaque province. Nous nous en plus, ces 6 pouvoirs, nous devrons continuer à retrouvons avec cette représentation égale. Tout négocier. Le rapport Allaire, quant à lui, vous le monde, 6 sénateurs. Le Québec a perdu 18 vous en souvenez très bien, demandait 22 sénateurs, mais le Québec n'a pas perdu sa part pouvoirs, et sans oublier tous les groupes qui pour payer 25 %, par exemple, du Sénat. sont venus à Bélanger-Campeau et qui récla- M. le Président, devant tous ces non- maient, eux, tous les pouvoirs. respects, c'est difficile de parier d'un système Étant responsable de la protection du politique démocratique. Le plus étonnant, M. le consommateur, je rappellerai, évidemment, les Président, c'est que je m'attendais à ce que le demandes de la Fédération des ACEF du Québec, premier ministre et le porteur du dossier consti- Fédération qui existe depuis plus de 20 ans, qui tutionnel, le ministre de la Justice, responsable regroupe 12 associations réparties dans 10 de la Protection du consommateur - il ne faut grandes régions du Québec. Je me contenterai de pas l'oublier, même si lui-même semble l'oublier la conclusion de leur mémoire, qui était extrê- souvent - sont allés négocier et ont démontré mement intéressant et qui dénotait les principales qu'ils étaient des consommateurs tout à fait lacunes du système actuel. On nous disait: Après irresponsables. J'invite le ministre de la Justice, cet exposé de notre perception de la société responsable de la Protection du consommateur, à québécoise actuelle et de nombreuses questions relire les revues qu'il vante amplement deux fois qui se posent pour décider de son avenir, nous par année, M. le Président, lorsqu'on parie de la en venons à la nécessité de reprendre en main Semaine de la protection du consommateur et tous les pouvoirs nécessaires à la réalisation d'un lorsqu'on parie de la Journée des droits des nouveau projet de société, que ces pouvoirs consommateurs. Ça arrive deux fois par année. Il soient politiques, économiques ou administratifs. nous parle beaucoup de la revue Protégez-Vous. Mais surtout, surtout, le Québec a besoin d'un Je la feuillette régulièrement, moi, M. le Prési- gouvernement courageux qui ne balaie pas ses dent, pas deux fois par année, et on nous dit problèmes sociaux sous le tapis. Il est urgent de 3237 redonner à tous les Québécois et à toutes les s'opposait à la TVQ, qu'il n'y avait que le Parti Québécoises, jeunes, âgés, riches, pauvres, québécois qui s'opposait aux augmentations de autochtones, immigrants, la foi en un projet de taxes. Pourtant, nous n'étions pas les seuls, M. société où il n'y aura pas d'exclus. M. le Prési- le Président. dent, nous avons eu un gouvernement qui est allé J'ai commencé une tournée de comté au négocier sans courage, un gouvernement qui est début du mois d'août, et je peux vous assurer allé négocier à genoux et qui était vraiment sous que les peurs que le Parti libéral va vouloir faire le tapis, contrairement à tout ce que les groupes n'atteignent plus personne, M. le Président. Ce avaient demandé. sont eux qui ont peur, et depuis deux jours, Évidemment, à titre de porte-parole des cette peur, on la sent. Ils ont peur de perdre un corporations professionnelles, je rappellerai éga- référendum sur la souveraineté; donc, on amende lement que la Chambre des notaires du Québec la loi 150. Ils ont peur de voir leur parti divisé; avait, elle aussi, réclamé le rapatriement de tous donc, on étouffe les débats. Ils ont peur de les pouvoirs. Nous revenons sans aucun nouveau perdre le pouvoir parce que, suite à cet échec, pouvoir additionnel. L'Ordre des comptables le 26 octobre, ils devront faire des élections, M. agréés avait également réclamé le rapatriement le Président. Ils ont peur d'avoir peur. La peur de l'assurance-chômage - nous ne l'avons pas - de vous tenir debout comme un peuple, comme le rapatriement de l'ensemble de la main-d'oeuvre tous les peuples de la terre. Mais le peuple du et non de négociations pour la main-d'oeuvre, le Québec, lui, il n'a pas peur, et moi j'ai confiance rapatriement de tous les pouvoirs pour la recher- en ce peuple du Québec. che et le développement, pour la formation (19 h 30) professionnelle, pour l'immigration. L'Ordre des Le peuple du Québec, lui, sait qu'il mérite agronomes avait également demandé ces mêmes d'être traité comme un peuple et non comme une pouvoirs, plus le respect du pouvoir exclusif de minorité, sauf pour l'argent qu'elle apporte dans l'éducation. Le gouvernement fédéral ne se gêne le système de ce Canada ruiné. Le peuple du pas pour dépenser dans ce pouvoir qui était Québec sait que les offres sont un recul, qu'elles supposé nous être exclusif et ne le ramène pas ne répondent aucunement à ces demandes expri- dans les pouvoirs exclusifs, il faut se le rappeler. mées sur toutes les tribunes, sur toutes les La Fédération des médecins omnipraticiens du commissions qui nous ont coûté une fortune, M. Québec avait également demandé le rapatriement le Président. Le peuple du Québec en a assez de de la main-d'oeuvre, M. le Président. Conclusion: faire rire de lui par l'ensemble canadien en Les différents groupes... et le porteur du dossier payant pour les autres et en payant pour con- constitutionnel, lui-même, l'a rappelé dans son tinuer les querelles fédérales-provinciales. Le discours, hier. Bélanger-Campeau était claire, il peuple du Québec veut qu'on le respecte. C'est fallait un renouvellement en profondeur du pourquoi nous dirons non avec lui à des offres fédéralisme ou l'accession à la souveraineté. inacceptables, qui ne viennent aucunement régler Comme il n'y a eu aucun renouvellement en les problèmes que nous vivons, qui ne viennent profondeur du fédéralisme, nous devions donc aucunement régler le problème du chômage, la passer à l'autre étape, c'est-à-dire à l'article 1 récession, la pauvreté qui grandit. Non, nous de la loi 150, un référendum sur la souveraineté. sommes un peuple qui se respecte, et aux offres M. le Président, de l'autre côté, on a tenté réchauffées de septembre 1991 et du 7 juillet... de minimiser. On a tenté de dire que les argu- ments ne venaient que du Parti québécois. Pour- Le Vice-Président (M. Lefebvre): Je vous tant, tous les autres intervenants ont dénoncé demande de conclure, madame. ces pouvoirs que le ministre n'est pas allé chercher. Jean Allaire, ce n'est pas un péquiste, Mme Caron: ...nous disons non, M. le il a renouvelé sa foi au Parti libéral et, pour- Président. tant, il reconnaît que cette négociation est inacceptable. M. Garceau. Les jeunes libéraux, ce Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci. ne sont pas des péquistes, M. le Président. Les Merci, Mme la députée de Terrebonne. Alors, le chefs des syndicats et plusieurs députés du côté reconnais maintenant M. le député d'Anjou. Vous du Parti libéral s'interrogeaient ce matin dans avez droit également à une période d'intervention nos journaux, trouvaient qu'il y avait encore des de 20 minutes. imprécisions. J'en vois un, là, il avait des imprécisions ce matin. Huit const it utionnalistes, M. Pierre Bélanger qui ne sont pas tous des péquistes, M. le Prési- dent, eux aussi ont trouvé que la société dis- M. Bélanger (Anjou): Je vous remercie, M. tincte, c'était un recul par rapport à ce que le Président. Je trouve assez particulier qu'on se nous avons actuellement. M. le Président, ça me retrouve maintenant en train de discuter d'un rappelle un petit peu les projets de loi que nous amendement à la loi 150. En effet, M. le Prési- discutions l'an dernier, où on nous disait qu'il dent, lors de la dernière session, à maintes n'y avait que le Parti québécois qui s'opposait à reprises, on se faisait répéter par le premier la TPS, qu'il n'y avait que le Parti québécois qui ministre et par le ministre de la Justice que la 3238 loi 150 telle quelle permettait ce genre de de francophones, s'ils avaient à choisir entre les consultation populaire sur des offres. Alors, non, offres qui leur sont présentées présentement et M. le Président, on décide tout simplement, la souveraineté du Québec, une majorité opterait maintenant, que ce n'est plus le cas et on pour la souveraineté du Québec, et c'est une amende la loi. Mais, alors, la perle, M. le chance que le gouvernement ne veut pas prendre. Président, je pense qu'elle revient au ministre de Alors, je ne comprends absolument pas l'indigna- la Justice, qui dit: On amende la loi pour mieux tion du gouvernement à ce qu'on refuse de faire la respecter. Alors, là, M. le Président, pour un le procès de la souveraineté. C'est eux qui l'ont avocat, se présenter devant un juge et avoir un choisi. C'est eux, maintenant, qui devront vivre tel argument, je pense que c'est un motif pour avec le référendum et qui devront vivre avec le se faire renvoyer sur un banc d'école. En effet, débat qui va se faire. M. le Président, on ne modifie pas une loi pour Alors, regardons, M. le Président, ces la respecter. On la respecte telle qu'elle est, et offres. Regardons ces offres faites par le Canada c'est un argument qui ne tient absolument pas en anglais. Première chose que nous devons nous soi. demander, c'est: Quelles sont ces offres? Car, C'est dommage, M. le Président, qu'on dès notre arrivée à l'Assemblée nationale, notre amende ainsi la loi, parce que je pense que le convocation, à notre grande suprise, on a Québec va manquer un rendez-vous avec l'his- constaté qu'il n'existait aucun document, qu'il toire. En effet, M. le Président, chez les gens, n'y avait aucun document qui nous a été déposé on sentait cette nécessité d'avoir un débat, un devant cette Assemblée, qui est à notre disposi- débat de fond qui allait régler la question tion pour pouvoir étudier réellement ces offres. constitutionnelle du Québec, et ce que les gens Encore plus, M. le Président, on a appris que les réclamaient - d'ailleurs, les pétitions au nombre textes juridiques, c'est-à-dire les textes liant les de 700 000 signatures qui ont été déposées gouvernements, ces textes ne seront pas dis- depuis les derniers mois le disaient - les gens ponibles avant le référendum. C'est donc dire voulaient un référendum sur la souveraineté. Ils qu'ils ne sont pas prêts, c'est donc dire qu'ils ne voulaient réellement se prononcer sur la réelle sont pas rédigés, qu'ils n'ont pas été encore question qui les préoccupait. négociés. Non, M. le Président, tout simplement pour Alors, M. le Président, je me demande éviter le réel débat, pour éviter un débat sur la comment on peut demander qu'un réel débat se souveraineté, on amende la loi 150, on amende fasse sur des offres, alors que ces offres ne sont la loi 150 pour faire porter le débat sur les même pas concrètement terminées. Nous avons offres. Car, M. le Président, c'est ça, le débat quand même certains documents informels, des qu'il va y avoir pendant les prochaines semaines. documents d'entente. Alors, faute de mieux, nous C'est un débat sur les offres et non sur la allons nous contenter de ces documents. Au souveraineté, non pas parce qu'on l'a voulu, niveau des revendications traditionnelles du parce que le parti au pouvoir, parce que le Québec, M. le Président, un des éléments essen- gouvernement du Parti libéral a décidé que ce tiels dans ces revendications était l'attribution référendum porterait sur les offres. de nouveaux pouvoirs, une nouvelle redistribution On aimerait, évidemment, faire le procès de des pouvoirs. La majorité, la grande majorité des la souveraineté. Mais, si on voulait faire le intervenants et des organismes qui se sont procès de la souveraineté, M. le Président, il présentés devant la commission Bélanger-Campeau faudrait que la question, que le référendum porte ont témoigné de la nécessité d'un nouveau sur la souveraineté. Si ces offres étaient ou sont partage des pouvoirs et d'un rapatriement des tellement bonnes, M. le Président, pourquoi ne pouvoirs vers le Québec. pas avoir laissé la loi 150 telle qu'elle est? Ça Alors, qu'est-ce qu'on constate, M. le aurait été une arme redoutable, ces offres, si Président? Aucun nouveau pouvoir pour le elles sont si bonnes que ça. Ça aurait été une Québec. Aucun! alors que, comme je vous l'ai dit, arme redoutable justement pour repousser la M. le Président, ces organismes avaient mis en souveraineté, battre définitivement la souverai- évidence la nécessité de mettre fin aux fameux neté et ainsi régler une fois pour toutes la dédoublements des compétences entre le gouver- question constitutionnelle au Québec. Non, M. le nement fédéral et le gouvernement provincial, Président. On a décidé de ne pas prendre de ces dédoublements qui nous coûtent si cher en chance. Ces offres sont tellement boiteuses, sont impôts, en perte de temps, en perte d'énergie. tellement ridicules qu'on a décidé d'enlever tout Alors, aucun nouveau pouvoir; donc, c'est le risque. On a enlevé complètement la souveraineté statu quo. La Constitution de 1867 nous en du prochain débat référendaire. reconnaissait 11, pouvoirs, qui étaient exclusifs Ainsi, M. le Président, quand ces offres au gouvernement du Québec. Maintenant, grâce à seront battues, eh bien, ça ne créera aucune ce grand pas en avant, il ne nous en reste que obligation pour le gouvernement de créer, de 6. faire la souveraineté. C'est ça, l'enjeu. Je pense M. Bourassa, finalement, a accepté le que le gouvernement a vu comme tout le monde partage des pouvoirs qu'il avait rejeté à trois les récents sondages qui disaient qu'une majorité reprises lors les offres précédentes. J'ai bien 3239 hâte de voir de quelle façon on va vendre aux Québécois vont en comprendre l'impact et Québécois le fait qu'il y a des gains là-dedans. l'importance. En plus, dans les six pouvoirs qu'il nous reste, il D'ailleurs, huit constitutionnalistes... J'en- y a la nécessité pour le gouvernement du Québec tendais le premier ministre, aujourd'hui, dire que de conclure des ententes administratives avec le ces huit constitutionnalistes étaient des péquis- gouvernement fédéral. Alors, où est le gain? On tes. M. le Président, il ne faudrait quand même le cherche, et on le cherchera longtemps. pas charrier! Ces huit constitutionnalistes disent: Le deuxième aspect important, c'est le Comme la clause mentionne trois critères de concept de société distincte. En effet, depuis distinction du Québec - majorité d'expression longtemps, les Québécois ont compris qu'il était française, culture unique et droits civils - il essentiel de se doter d'instruments pour pouvoir serait vain, à notre avis, de faire appel à la conserver au Québec son caractère distinct, son clause de la société distincte pour défendre les caractère de peuple distinct. Contrairement à lois sociales et économiques comme des lois sur Meech, la clause de la société distincte qui les valeurs mobilières, et tout ça. Un peu plus faisait l'objet d'une clause spéciale, maintenant, loin dans cet article, ils confirment que la clause on la retrouve noyée dans une clause dite de la société distincte va menacer l'intégrité de «Canada». Elle est diluée et elle est mise sur le la loi 101. même pied que sept autres éléments de cette (19 h 40) clause Canada. Ce qui est vraiment dangereux Autre aspect important, le Sénat. Demandez dans cette clause Canada, c'est qu'elle crée aux Québécois ce qu'ils pensent du Sénat, ils l'obligation pour le Québec de contribuer à vont vous répondre très rapidement: On devrait l'épanouissement et au développement de la l'éliminer, comme on l'a fait au Québec. Or, non, langue et de la culture de sa minorité anglopho- M. le Président. On essaie maintenant de nous ne. Ça ne prend pas un grand constitutionnaliste dire que le Sénat est un grand pas en avant. pour vous dire qu'à cause de cette clause la loi Non, M. le Président. Le Sénat, c'est tout 101, qui fait quand même l'objet d'un large simplement une concession encore qu'on a faite consensus auprès des francophones, cette loi 101 au Canada anglais. En effet, les petites provinces est maintenant menacée. En effet, les anglopho- voient dans le Sénat un instrument qui va réussir nes pourront facilement dire que, vu leur recul à les protéger de la domination du Québec et de au niveau démographique, ils ont besoin de plus l'Ontario. de protection, ils ont besoin de plus de droits Alors maintenant, M. le Président, on va pour leur langue, au niveau de l'affichage, au avoir un magnifique Sénat. Un magnifique Sénat niveau de l'accès à l'école anglaise pour les où le Québec va se retrouver avec six sénateurs, immigrants. Alors qu'il y avait un genre de paix soit autant que l'île-du-Prince-Édouard. Même au niveau linguistique, cette clause de la société pas 10 % des sénateurs. Ah! en contrepartie, distincte va rouvrir une guerre, va rouvrir une notre premier ministre est allé nous chercher des brèche dans cette loi 101. C'est tout à fait garanties. Quelles sont ces garanties? 25 % des inacceptable pour le Québec, et je ne comprends députés à la Chambre des communes, 25 % alors pas le premier ministre d'avoir accepté une telle que nous avons 25 % depuis fort longtemps. On clause. l'a toujours eu, ce 25 %. Pourtant, ce 25 %, ça Je ne comprends pas non plus comment il n'a pas empêché Ottawa de promulguer la Loi sur peut dire qu'il y a un gain par rapport à la les mesures de guerre, ça n'a pas empêché clause de la société distincte. On se souvient, Ottawa de faire un rapatriement unilatéral de la d'ailleurs, que cette même clause de la société Constitution. Puis là, ça devrait constituer pour distincte, dans Meech, avait fait l'objet d'une nous une garantie, ça, 25 %. résistance farouche de la part de Clyde Wells. Alors, on crée un Sénat, un Sénat qui va Or, maintenant, M. le Président, depuis que cette avoir des pouvoirs. Il va pouvoir, premièrement, clause de la société distincte se retrouve dans bloquer certaines lois et, de plus, il va faire des les nouvelles offres, M. Wells est même prêt à nominations politiques à des postes très impor- venir au Québec pour la vendre. Les Québécois tants, comme la Banque du Canada et plusieurs ne sont pas fous. Ils se rendent bien compte que, autres organismes fédéraux. si M. Wells est maintenant si farouchement en Autre point qui, d'après mois, est très faveur de cette nouvelle clause de la société important et qui constitue un recul dans cette distincte, c'est qu'elle ne veut plus rien dire. entente, c'est le droit des autochtones. J'ai bien Elle n'est que l'expression d'un voeu pieux. Ce hâte de voir comment certains députés libéraux n'est tout simplement qu'un bonbon qu'on donne vont faire leur campagne pour le oui avec cette aux Québécois en leur disant: Écoutez, main- clause des autochtones. Je dois tout de suite tenant, vous êtes protégés, on vous donne dire, M. le Président, que les autochtones ont l'étiquette de société distincte. Une étiquette des revendications légitimes auxquelles le gou- sans contenu, une étiquette sans pouvoirs qui lui vernement du Québec, peu importe sa composi- sont rattachés. C'est tout à fait inacceptable, et tion, devra faire face, et il devra faire des je peux vous dire que, quand le débat va réelle- ententes qui tiennent compte des aspirations des ment se faire là-dessus, je suis certain que les autochtones. Et le Parti québécois a été le 3240

UBB kilW/L IBS 11 lllllcll ILS IIUUICtUA., j BU SUIS UBIlCtlll. aspirations dans son programme. Cependant, Ah! évidemment, il y a quelques purs durs dont nous avons toujours pensé que ces revendications nous avons, je pense, un grand échantillonnage des autochtones devront être réglées par voie de ici à l'Assemblée nationale. Pour ces purs durs, traité et d'entente à l'amiable entre le gouver- évidemment, tout ce qui vient du Canada et des nement du Québec et les autochtones. M. le montagnes Rocheuses, c'est bon, il faut le Président, ce qu'on apprend, c'est que dans cette prendre. Mais, quand on va arriver dans les constitution on prévoit une négociation qui va comtés, finalement, à stimuler nos membres, à durer cinq ans avec les autochtones. Après mobiliser nos membres, ça va être une autre l'expiration de ces cinq années, il reviendra aux paire de manches. tribunaux de déterminer quels seront les droits M. le Président, le Québec a manqué une inhérents qui reviennent à ce troisième palier de chance en or de vraiment sortir de ce bourbier gouvernement qui sera le gouvernement autoch- constitutionnel. En effet, M. le Président, on tone. avait réussi, avec cette éventualité de référen- M. le Président, ça ne prend pas quelqu'un dum sur la souveraineté, avec cette commission de très expérimenté en négociations pour com- Bélanger-Campeau, avec tous ces événements qui prendre ce qui va se passer. N'importe quelle tournaient autour de la souveraineté, on avait personne qui a participé à une négociation vous réussi à créer un rapport de négociations. On dira que quand ii y a un temps limite dans cette avait réussi à prouver au Canada anglais que, négociation, on attend à la dernière minute avant pour une fois dans notre vie, nous, les fran- de commencer à négocier. Et quand le temps est cophones, on se tiendrait debout, qu'on savait ce expiré, à ce moment-là, on regarde ce qu'on a qu'on voulait. Mais le ballon de notre premier obtenu et, si on n'est pas satisfaits, on prend ministre s'est dégonflé. notre chance et on s'en va devant les tribunaux. On l'a vu, M. le Président, dans les der- Alors, ce qui va arriver dans cinq ans, M. nières semaines. Tout à coup, notre premier le Président, c'est-à-dire, les tribunaux... Ça sera ministre a tout réglé en 3 ou 4 jours. Alors la Cour suprême en dernier ressort qui dira qu'en 30 ans, M. le Président, on n'a rien réussi quels seront les pouvoirs inhérents des autoch- à régler, en 3 jours, lui, il a tout réglé. D'ail- tones, quelles seront les limites de leurs ter- leurs, c'en était risible à la télévision, quand on ritoires, quelles seront les limites de leurs droits voyait à tous les jours M. Mulroney et M. et de leurs pouvoirs. Et le Québec devra être Bourassa qui venaient à la caméra pour dire: On impuissant. L'Assemblée nationale restera impuis- a maintenant une entente là-dessus. La journée sante face à ce jugement de la Cour suprême du d'après: On a maintenant une entente là-dessus. Canada. Ça arrivait à un rythme tellement fou qu'on M. le Président, c'est tout à fait inaccep- avait peine à croire ce qu'on voyait. D'ailleurs, table, et j'ai bien hâte de voir comment on va je pense que les Québécois ne sont pas dupes. Ils réussir à vendre ça aux Québécois, en particulier voient bien que, s'il y a eu une entente, c'est au dans les comtés qui sont limitrophes aux réser- prix de concessions inacceptables. ves. Je pense que c'est tout à fait explosif On voulait une entente à tout prix, car le comme clause, c'est tout à fait inacceptable. premier ministre avait compris qu'il ne pouvait D'ailleurs, même le ministre de la Justice, le pas revenir les mains vides devant cette Assem- ministre Rémillard, avait dit à Anjou qu'il blée nationale, qu'à ce moment-là ça ne laisserait n'accepterait jamais que les tribunaux, en dernier qu'un choix aux Québécois, c'est-à-dire celui de ressort, accordent ou définissent les pouvoirs se prendre en main et de faire la souveraineté délégués aux autochtones. Il semblerait qu'il a du Québec. changé d'avis, M. le Président. Il a changé Mais notre premier ministre, quand même, il d'avis, mais ça ne fait pas en sorte qu'on doive faut lui donner quelque chose, il connaît bien les accepter cette chose. Québécois. Ce n'est pas pour rien, d'ailleurs, Alors, M. le Président, voilà les offres du qu'il est premier ministre depuis si longtemps, Canada. Pas besoin de vous dire qu'elles ne c'est qu'il les connaît bien. Il a senti chez les créent aucun emballement. On l'a vu lors de la Québécois une lassitude, une lassitude de toute convention libérale. On ne viendra pas nous dire cette question constitutionnelle, quand on est quand même que Jean Allaire est un péquiste, pris dans une crise économique qui perdure et que Mario Dumont est un péquiste. On l'a vu, qui crée tellement de misère partout au Québec. d'ailleurs, après la convention libérale, M. Il a vu cette lassitude et il croit que les Québé- Dumont a encore répété son allégeance à son cois, endormis par cette lassitude, vont accepter parti. Mais ça ne l'empêche pas de voir clair n'importe quoi. Mais, où il a fait son erreur, M. dans ces offres, de voir que ces offres ne le Président, c'est que cette lassitude n'a pas correspondent pas du tout aux aspirations des éteint la fierté des Québécois. jeunes Québécois, tant du Parti québécois que du Les Québécois veulent un règlement durable. Parti libéral. Ils ne veulent pas tout simplement un genre de Alors, il n'y a aucun emballement qui est panacée. Et c'est ce qu'on leur offre. Aucun créé. Il n'y a aucun emballement non plus qui est Québécois ne va croire que cette entente règle 3241

une fois pour toutes la question constitutionnelle d'union économique, avec le Mexique et, bien au Québec. Ça ne règle rien. Au contraire, dès sûr, par l'entremise des États-Unis et avec les que cette entente serait acceptée, ça serait le États-Unis, chez nous, M. le Président, on feu vert pour une série ininterrompue de négo- discute de constitution. M. le Président, je ciations fédérales-provinciales. Ça ne cessera n'étais pas encore né que nous parlions, à cette jamais. Il y aura toujours un tribunal... En tout Assemblée, de constitution. cas, pour la question autochtone, il y aura un M. le Président, parfois, je serais tenté de tribunal, en plus, qui sera là pour trancher dire que notre potentiel créateur, ce qui fait ce décisivement sans que l'Assemblée nationale que nous sommes aujourd'hui, se trouve parfois puisse réagir. menacé. Nous nous trouvons à discuter de C'est un recul pour le Québec, M. le constitution, nous nous trouvons à discuter Président, et j'invite tous les Québécois, de encore pire, non seulement de constitution de toutes tendances politiques, à réaliser exactement façon générale, mais nous sommes à discuter ce qui se passe et à réagir d'une façon vigoureu- d'une proposition fédérale, d'une proposition se en votant non sur ces offres. Je vous remer- fédérale qu'aucun membre de cette Assemblée n'a cie. lue pour la simple et bonne raison que les textes ne sont pas encore disponibles. Oui, nous avons Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. bien un document, que tout le monde a en sa le député d'Anjou. possession, un rapport du consensus sur la Nous sommes à discuter de la motion Constitution. Mais il s'agit là - et tout le monde proposant l'adoption du principe du projet de loi l'a compris - d'une entente politique. Nous 44, Loi modifiant la Loi sur le processus de n'avons pas de textes juridiques. détermination de l'avenir politique et constitu- Il faut bien comprendre l'intervention de tionnel du Québec. Je reconnais maintenant M. le mon collègue, le député de Joliette, qui avait député de Gouin. Vous avez droit également à demandé à votre président, qui siégeait à un une intervention de 20 minutes, M. le député. autre moment où vous n'étiez pas là, de s'assurer que tous les parlementaires puissent connaître les M. André Boisclair textes. Mais non, M. le Président. À un moment, M. le Président, où on nous apprend que le M. Boisclair: Merci, M. le Président. L'in- Canada se classe le 20e sur 22 pays industrialisés tervention que j'aurai à faire aujourd'hui sera en ce qui concerne la possibilité future de sans doute une de celles qui seront des plus compétitivité; à un moment où le Canada se déterminantes dans toutes celles que j'ai eu classe respectivement 18e et 19e sur 22 pays en l'occasion de faire depuis que je siège avec vous, ce qui concerne la formation professionnelle et M. le Président, à cette Assemblée. la recherche et le développement; à un moment, M. le Président, au moment où le Québec M. le Président, où, en 1980, à l'occasion du connaît un taux de chômage inacceptable de référendum sur la souveraineté, la dette fédérale 13 %, à un moment donné, dans le quartier de s'élevait à 72 000 000 000 $, en 1980, elle est Rosemont, le quartier de la Petite-Patrie, des actuellement de 420 000 000 000 $, M. le Prési- paroisses comme celle de Saint-Étienne, des dent; à un moment, M. le Président, où une paroisses comme celle de Sainte-Gemma connais- récente étude du Conseil fédéral du Trésor sent, selon les derniers recensements de 1985, établit que 67 % de tous les programmes fédéraux des taux de chômage de 17 %, 18 %, 19 %. chevauchent ou dédoublent les programmes du (19 h 50) gouvernement du Québec, nous discutons d'un Alors, M. le Président, le Québec que nous texte politique, d'une entente qui sera soumise représentons ici, en cette Chambre, à chaque par le biais de la motion qui est présentée jour, se casse un peu plus rapidement, va un peu devant nous, qui sera soumise au peuple québé- plus loin dans les divisions qui déchirent notre cois. tissu social, qui déchirent des familles, qui M. le Président, vous me permettrez déchirent le bonheur, qui déchirent, finalement, d'affirmer clairement que cette entente, même si ce que nous avons de plus précieux. À un on peut se permettre de porter un jugement sur moment où, cependant, aussi, nous sommes le fond, sans avoir saisi toute la quintessence de interpellés par de nouvelles réalités; à un cette entente parce que les textes juridiques ne moment où, M. le Président, des gens de tous les sont pas soumis, mais certainement, avec les coins du monde font des efforts remarquables en commentaires des experts, avec les analyses que termes de formation, en termes de création des gens neutres, que des gens objectifs, que des d'emploi; à un moment où on discute d'environ- gens qui ont une compétence dans leur domaine, nement, comme on l'a fait de façon significative que ce soit en matière d'immigration, que ce soit à l'occasion de la dernière conférence de Rio; à en matière d'affaires culturelles, que ce soit en un moment où les Européens discutent d'un traité matière de partage des pouvoirs ou dans d'autres sur le fond important, qui viendra changer la domaines, à un moment où tout le monde, M. le face de l'Europe; à un moment, M. le Président, Président, questionne les vertus de cette entente, où le Canada vient de signer un traité, un traité nous sommes ici en train de discuter de la 3242 possibilité de soumettre cette entente au peuple avec la partie patronale, évalue les mérites de la québécois. Ça serait l'objet, M. le Président, de proposition, discute s'il y a des choses qui sont la motion qui sera - il faut bien le compren- bien, qui pourraient être améliorées, s'il y a des dre - adoptée, si ce n'est qu'à cause de l'im- choses qui lui nuisent, qu'il rejette, de la même pressionnante majorité libérale, M. le Président. façon qu'un syndiqué qui connaît ça, qui est Donc, cette entente qui sera soumise, par habitué à regarder un texte et à l'analyser peut voie de référendum, au peuple québécois, que porter un jugement sur le contenu de l'entente. faut-il en dire, de cette entente? Première chose, De la même façon, M. le Président, que ces M. le Président: que cette entente ne règle rien. gens-là sont capables de porter un jugement, de Si nous pouvons admettre, M. le Président, que la même façon, nous, de cette formation politi- depuis des années - la commission Bélanger- que, discuterons du contenu de cette entente, Campeau le reconnaissait - depuis que le Québec parce que les gens ne seront pas dupes. On a pris conscience de ses capacités, depuis que le essaiera de les amener sur toutes sortes de Québec a décidé de participer au monde moderne, terrains, tous aussi glissants les uns que les que les Québécois et Québécoises ont toujours autres, mais la seule réalité, il faudra se le voulu s'affirmer de façon encore plus précise, de rappeler, la seule vérité, M. le Président, le seul façon encore plus dynamique à tous les niveaux. véritable débat sera ce qui se retrouvera dans Au niveau économique, au niveau social, au cette entente. niveau culturel, le Québec a toujours voulu les M. le Président, le premier problème, c'est moyens de ses ambitions, a toujours voulu les que cette entente, nous ne l'avons pas entre les pouvoirs qui allaient lui permettre de réaliser ses mains. Tous mes collègues l'ont souligné, nous rêves, qui allaient lui permettre de progresser, avons un texte politique, mais qui ne veut rien qui allaient permettre à ses enfants de grandir dire. Un texte politique! Voyons donc! Réveillez- dans un contexte harmonieux et de participer vous, de l'autre côté! Clyde Wells avait bien pleinement à l'évolution du Québec moderne. À signé une entente politique. Qu'est-il arrivé trois un moment, M. le Président, où l'ensemble des mois plus tard? Rejet de l'entente politique. premiers ministres qui se sont succédé à la place Filmon, au Manitoba, avait pourtant signé une du député de Saint-Laurent, où tous, les uns entente politique. Quelques semaines plus tard, après les autres, ont demandé plus de pouvoirs rejet de l'entente politique. On sait tous, ici, peu pour le Québec, nous nous retrouvons avec une importe notre formation politique, qu'une entente entente qui ne règle rien et qui reporte aux politique ne veut rien dire tant et aussi long- calendes grecques toute possibilité de progrès temps qu'il n'y a pas de texte juridique. N'im- pour le Québec. porte qui comprendrait ça, même le député de Et c'est pourquoi, M. le Président, parce Saint-Laurent, M. le Président. Mais non! Nous que le progrès est si important, parce que les discutons d'une entente politique. Québécois et les Québécoises, parce que les gens Mais essayons de regarder, M. le Président, de ma circonscription ont besoin de plus de avec les informations que nous avons et malgré pouvoirs, parce que les gens de ma circonscrip- toute la confusion qui anime à l'heure actuelle tion veulent grandir, parce que ces gens-là ne nos concitoyens et nos concitoyennes, qui anime veulent pas être rapetisses, parce que les gens les Québécois et les Québécoises... Parce qu'on ont besoin d'aller plus loin, parce que les gens lit les journaux un jour, on nous dit que c'est ont besoin de s'identifier, parce que les gens ont un recul; on lit un autre journal, huit constitu- besoin de s'affirmer, à cause de toutes ces tionnalistes se prononcent: Un autre recul pour raisons, M. le Président, je pense que, de façon le Québec. On nous dit qu'il y a une divergence très claire, très simple, sans aucune amertume, entre les textes français et anglais. Mais c'est sans aucune animosité, sereinement, nous sommes pire que l'auberge espagnole, M. le Président! en mesure... Et je serai de ceux et celles qui, C'est à y perdre son latin. C'est finalement avec fierté, feront partie du camp du non. mépriser de façon très claire les gens que Et, M. le Président, au-delà de cette d'avoir un discours politique semblable à celui-là, volonté d'affirmation toujours plus grande du mais c'est pourtant la réalité qui nous entoure, Québec, je pense qu'il est important de faire M. le Président. Mais, malgré tout ça, essayons comprendre à nos concitoyens et à nos con- de nous en tenir au texte et essayons d'expliquer citoyennes que cette campagne que nous ferons aux gens, M. le Président, ce que cette entente dans le camp du non, nous la ferons, bien sûr, politique - parce que c'est de ça dont nous négativement, parce que nous militerons pour le devons discuter - contient. non, mais nous la ferons de façon positive, cette (20 heures) campagne, M. le Président. Nous la ferons en J'ai eu l'occasion précédemment de vous respectant ceux et celles qui nous ont élus, en dire, M. le Président, que depuis 30 ans le leur expliquant les mérites ou l'absence de Québec revendique de nouveaux pouvoirs pour mérites de cette entente, en leur expliquant les tendre à cette entente. Et il fallait voir, cet faiblesses de cette entente, tout comme, M. le avant-midi, mon collègue, le député de Lac- Président, n'importe quel syndiqué au Québec qui, Saint-Jean, demander au premier ministre: Quels après une entente que son syndicat a pu conclure nouveaux pouvoirs avez-vous obtenus? L'exercice 3243 de quelles juridictions, de façon exclusive, avez- ligne de parti, cette garantie de 25 %, ce n'est vous obtenu? Aucune réponse n'est venue de la qu'un simple hochet. bouche du député de Saint-Laurent, M. le Rappelons un exemple encore plus récent, à Président. Aucune réponse! C'est bien surprenant. un moment où, dans cette Chambre, de façon Si, pourtant, nous avions été fiers, s'il avait été unanime, nous adoptions une motion pour con- fier de cette entente, s'il voulait vraiment s'en damner l'intervention fédérale dans le domaine faire le vendeur et le défenseur, il se serait fait de l'environnement, à un moment où tout le un grand plaisir de nous illustrer l'ensemble des monde faisait pression auprès des députés pouvoirs qu'il avait obtenus, mais non, aucun conservateurs à Ottawa pour qu'ils votent contre mot, M. le Président, aucun pouvoir exclusif, cette loi. On disait: On va faire de ces véritables aucun pouvoir nouveau pour le Québec. Rien de députés des défenseurs du Québec. Mais non. Les moins, M. le Président, qu'un net recul. uns après les autres, ils ont plié l'échiné, Qu'y a-t-il d'autre aussi dans cette entente? prisonniers de cette camisole de force qu'est la Notre premier ministre - et on pourra diverger ligne de parti. Et 25 %, 26 %, 27 %, peu importe, de point de vue - a accepté le principe d'un ce qui est arrivé, c'est qu'on a grugé des Sénat égal, ce qui veut dire que le Québec est pouvoirs qui sont les nôtres, ici à cette As- relégué au rang de simple province. Oublions les semblée. On a pris des pouvoirs de l'Assemblée peuples fondateurs, oublions un peuple québécois nationale et contre notre volonté, contre notre qui a droit à son autodétermination, oublions gré, malgré une motion unanime, malgré les tous ces principes qui ont fait la fierté des propos du ministre de l'Environnement, nous Québécois, le Québec reconnu comme une provin- avons enlevé les pouvoirs à notre Assemblée ce comme les autres, le même nombre de séna- nationale et sommes allés les transférer au teurs au Québec qu'à l'île-du-Prince-Édouard. gouvernement d'Ottawa. Pour les défenseurs du fédéralisme, peut- M. le Président, nous sommes venus con- être y verra-t-on un avantage certain. On nous firmer le statut du Québec comme étant une chante au Québec que oui, nous avons accepté le province comme les autres, sur le même pied que Sénat égal, mais à condition d'avoir toujours l'île-du-Prince-Édouard. M. le Président, deuxiè- 25 % des sièges, à la fois à la Chambre des me recul du gouvernement Bourassa, d'un gou- communes et au Sénat, qui sont réservés au vernement qui, malgré toutes ses déclarations, Québec, 25 %. On nous présente ça comme un qui avait dit que le processus de négociations gain énorme pour le Québec. Mais, M. le Prési- était discrédité, qui avait dit qu'il n'était plus dent, combien sommes-nous à l'heure actuelle? question de négocier à 11, qu'on négocierait face Combien de sièges avons-nous, à l'heure actuelle, à face, le gouvernement du Québec, l'Assemblée si on réunit le Sénat à la Chambre des com- nationale, avec le gouvernement fédéral. Nous munes? Un peu plus de 25 %. Tout le monde le sommes retournés, non pas à une négociation à reconnaît, c'est confirmer le statu quo. On 11, M. le Président, mais à une négociation à 17. pourra nous dire: Oui, mais c'est une garantie Troisième recul, M. le Président, du gouver- pour 10 ans. Mais toutes les prévisions statisti- nement Bourassa. ques nous disent que, d'ici 10 ans, la population M. le Président, quatrième recul: l'exercice du Québec va se maintenir et que, finalement, du droit à l'autodétermination des autochtones. cette garantie de 25 % n'est que confirmer une Tout le monde ici peut comprendre la légitimité situation de fait, que ces 25 % ne sont qu'un des revendications autochtones, mais sommes- simple hochet pour amuser les gens, pour attirer nous prêts, nous, comme parlementaires, de leur attention. Mais 25 %, quelle autre garantie prendre d'autres pouvoirs de cette Assemblée et est-ce que ça peut nous donner? Aucune, M. le les transférer entre les mains des juges qui ne Président. sont pas élus par la population? Sommes-nous Il y a des gens qui savent, qui connaissent prêts à accepter, comme parlementaires, que, la réponse à cette question. Parlez à Pierre dans cinq ans, ce ne sera pas nous, les représen- Elliott Trudeau. À son époque, 28 % des par- tants de la population, nous, les membres de lementaires, à la fois au Sénat et à la Chambre cette Assemblée nationale, mais bien des juges des communes, 28 % représentaient les Québécois non élus qui détermineront le contenu et la et Québécoises. Mais avec 28 %, M. le Président, portée des textes juridiques? Est-ce que nous nous avons eu un gouvernement libéral à Ottawa sommes prêts à accepter cette situation de fait? qui a adopté le rapatriement unilatéral de la Non, M. le Président! C'est le quatrième recul du Constitution, malgré un consensus ici en cette gouvernement libéral. Chambre. Nous avons un gouvernement qui a M. le Président, cinquième recul du gouver- adopté la Loi sur les mesures de guerre, et nement libéral en matière linguistique et ça, je pourtant, ce cher M. Trudeau, il avait 28 %, à le dis, appuyé par d'éminents constitutionnalistes, cette époque, de représentants du Québec. Tout appuyé par Léon Dion lui-même, qui invoquait la le monde aura compris que tant et aussi long- proposition fédérale et qui en disait qu'elle était temps que la ligne de parti s'appliquera, tant et encore pire que la situation actuelle, parce aussi longtemps que les députés à Ottawa seront qu'on reconnaît dans cette entente, qui est prisonniers dans cette camisole de force qu'est la similaire, finalement, à celle du 7 juillet, qui 3244 avait été dénoncée par tout le gouvernement Notre point de vue, ce sera de parler de l'avenir, libéral. On reconnaît l'obligation du Québec de de parler de la réalité des gens, de parler de contribuer au développement et à l'épanouisse- l'avenir des jeunes qui, nombreux, viendront ment de la langue, de la culture de sa minorité bientôt - et je les invite à venir manifester anglophone. Concrètement, ce que ça veut dire, devant le parlement, à venir manifester, M. le c'est qu'au nom de cette clause, des citoyens et Président, et c'est le 8, si je ne m'abuse, mardi citoyennes pourront s'adresser aux tribunaux prochain. Je les invite à venir nombreux ici, dire pour, par exemple, faire invalider des pans ce qu'ils pensent du gouvernement que nous importants de la loi 101, pour s'assurer peut-être avons en face de nous, parce que ces gens-là que des immigrants puissent aller à l'école veulent progresser, veulent vivre dans un Québec anglaise. C'est la concrétisation de ces textes qui moderne, un Québec dynamique, un Québec qui sont proposés. Nous acceptons un libellé, le va leur permettre de s'affirmer un peu partout gouvernement libéral accepte un libellé directe- dans le monde, parce que ces gens veulent plus ment inspiré du rapport Beaudoin-Dobbie, rapport de pouvoirs pour assurer leur véritable dévelop- que, pourtant, le ministre de la Justice, le pement, ces gens diront non à ces propositions premier ministre et tout le cabinet avaient qui, non seulement, confirment le statu quo, unanimement rejeté. Bien de l'eau a coulé sous mais, en plus, s'érigent en véritables obstacles à les ponts, M. le Président. leur développement. C'est ce que nous dirons. Tous ces reculs, et on n'a pas parlé du Nous le ferons, non pas en utilisant, comme le droit de veto... Un droit de veto politique, une premier ministre l'a fait cet après-midi en lettre signée du ministre des Affaires constitu- Chambre, en utilisant des arguments de bas tionnelles, l'honorable Joe Clark. Le gouverne- étage, nous le ferons en respectant les gens, en ment se contente d'un droit de veto politique respectant le bon sens, en respectant la réalité résultant d'un engagement écrit du ministre et, surtout, en respectant la réalité historique du Clark plutôt que d'obtenir un véritable droit de Québec. J'invite tous mes concitoyens, M. le Président, à faire comme moi et à s'opposer à veto constitutionnel sur la création de nouvelles ces offres. Je vous remercie. provinces, comme nous avions pourtant, aupara- (20 h 10) vant, dans l'accord du lac Meech. Sixième recul, M. le Président, du gouvernement Bourassa. Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. Donc, M. le Président, recul après recul, le député de Gouin. Est-ce qu'il y a d'autres pas un, pas deux, pas trois, six reculs, et nous, interventions? Alors, je vais permettre à M. le comme membres de cette Assemblée, devant ces ministre de procéder à sa réplique. Vous avez faits, devant cette situation, qu'allons-nous dire droit à 20 minutes, M. le ministre. à nos concitoyens? Qu'allons-nous dire à ces Québécois et Québécoises qui, comme je l'expri- M. Gil Rémillard (réplique) mais au début de mon intervention, se retrou- vent, pour plusieurs, dans des situations fort M. Rémillard: M. le Président, je vous difficiles? Qu'allons-nous leur dire? Nous allons remercie. C'est la première journée où nous leur dire, de façon très claire, que notre impli- pouvons vraiment discuter de cette entente cation se fera, et nous le disons avec beaucoup conclue à Charlottetown, avec des textes qui de courage et avec beaucoup de fierté, contre nous permettent donc de nous référer à ce qui a ces offres. Elle se fera, cette campagne, de été entendu, décidé entre les premiers ministres façon positive, je le souhaite. Elle se fera dans à Charlottetown, la semaine dernière. Avant que un contexte où les jeunes réussiront là où leurs ces textes ne soient déposés, on pouvait entendre aînés ont échoué, parce que cette campagne toutes sortes de choses, toutes sortes de faus- référendaire que nous amorcerons bientôt ne sera setés. Mais, maintenant que j'ai déposé ces pas une réplique de la campagne de 1980. La textes à l'Assemblée nationale, on ne pourra plus campagne référendaire que nous amorcerons dire ces faussetés. M. le Président, à plusieurs bientôt ne sera pas l'occasion pour des gens reprises, j'ai entendu des membres de l'Oppo- d'une autre génération de procéder à des règle- sition, qui sont venus faire différents commen- ments de compte. taires - c'est leur droit, je respecte leur option Je vous promets que les jeunes seront souverainiste; je ne la partage pas, mais je la unanimes à dénoncer cette entente parce que respecte. Ils veulent la souveraineté du Québec, nous le ferons, Jacques Parizeau, le chef de et c'est vrai que ce que nous avons négocié et l'Opposition, les membres de l'Opposition offi- obtenu dans cette entente, ce n'est pas la cielle le feront parce qu'ils sont conscients des souveraineté du Québec, c'est un fédéralisme responsabilités qu'ils ont à l'égard de l'avenir, profondément renouvelé, un fédéralisme avec une parce qu'ils ont décidé non pas d'essayer de approche qui nous permet de voir l'avenir avec régler des querelles internes, comme c'est le cas confiance, parce que nous récupérons tout des libéraux - on sait les nombreuses querelles d'abord la sécurité que nous avions perdue par la qui les animent - non pas à essayer de régler à perte des droits de veto. Nous avons les outils rabais, de régler à tout prix. de développement culturel et économique dont Ça ne sera pas ça notre point de vue. nous avons tant besoin comme société, comme 3245 peuple. dame m'a dit: M. Rémillard, c'est effrayant, on a M. le Président, nous récupérons, oui, cette perdu la clause «nonobstant». J'ai dit: Madame, sécurité qui avait été perdue en 1981-1982, et au contraire, on a la garantie que cette clause j'entendais les intervenants de l'Opposition faire va demeurer dans la Constitution, qu'elle ne leurs commentaires. Personne n'a mentionné pourra jamais être changée sans l'accord du qu'on avait récupéré les droits de veto. Je n'ai Québec. Je ne crois pas que mes collègues, mes entendu personne dire: Merci, bravo pour ce que anciens collègues universitaires aient voulu vous avez fait. Au moins, on aurait mérité que cacher ce fait, aient voulu faire en sorte que vous nous remerciiez. les gens, finalement, pensent qu'on a laissé tomber la clause «nonobstant», que la clause Une voix: Ce n'est pas à leur honneur. «nonobstant» n'existe plus. Non, ils n'ont pas voulu ça, M. le Président. Ils ont sans doute M. Rémillard: Vous auriez pu nous dire: oublié d'en parler, de cette clause «nonobstant». Vous êtes allés réparer les erreurs qu'on a faites Mais, M. le Président, quand on connaît en 1981-1982, droit de veto sur la société l'importance d'avoir ces garanties, ces sécurités distincte que nous avons maintenant. Nous avons que nous avons pour l'avenir du peuple québé- clairement établi dans la Constitution la société cois, l'avenir de la société que nous sommes, on distincte. Québec comme société distincte, et non ne peut pas négliger ces sécurités que nous seulement le Québec comme société distincte sommes allés chercher: société distincte et le mais, en plus, le rôle de l'Assemblée nationale de rôle de protéger et de promouvoir qui nous est protéger et de promouvoir cette société distincte. garanti. On ne pourra pas le changer sans qu'on Je lisais, ce matin, dans les journaux, soit d'accord. Qu'on vienne me dire le contraire. l'intervention de huit professeurs de droit, pour Qu'on vienne me dire le contraire. Clause lesquels j'ai beaucoup de considération, peu «nonobstant». Quand le gouvernement doit importe leur option politique, beaucoup de l'utiliser, il l'utilise. On ne pourra pas toucher à considération et, pour certains, même beaucoup cette clause «nonobstant» sans notre accord. d'amitié, mais quand je regarde cet article et que Qu'on vienne me dire le contraire. Droit de veto dès les premières lignes où on commente la sur le Sénat. Droit de veto sur la Chambre des clause Canada, on se réfère au mot «engage- communes avec cette garantie de 25 %. ment», alors que c'est exactement le contraire M. le Président, j'entendais des commen- qu'on a utilisé, le mot «attachement», simplement taires disant: Wof! 25 %, voyons donc! Cette pour mettre de la confusion... garantie de 25 %, on n'a pas besoin de ça. Présentement, on est à 25,3 %. On va passer à Une voix: C'est l'inverse. 27,6 % du nombre de députés à la Chambre des communes. Ça me fait penser à des gens qui M. Rémillard: ...ou bien parce que, par disent: Moi, pas besoin de m'assurer, je ne inadvertance, on n'a pas utilisé le bon mot. passerai jamais au feu. Je ne m'assure pas, moi, Comment se fait-il que ces collègues, que je sais pas de problème. M. le Président, c'est quand on très méticuleux, aient pu faire une relation passe au feu qu'on a besoin d'être assuré, et pareille? Ce que nous avons dans la clause cette assurance pour l'avenir d'une société, d'un Canada, nous allons le démontrer en commission peuple comme le nôtre, c'est tellement important, parlementaire, dès mardi prochain, avec les puisque c'est à la Chambre des communes que experts qui viendront témoigner, quelques-uns tout se décide, que c'est la Chambre des com- des plus éminents juristes du Québec et du munes qui va décider des lois fédérales. Le Sénat Canada, qui vont venir témoigner, et venir nous va jouer ce rôle de Chambre de la Fédération en démontrer que la langue française, que la loi 101 quelque sorte avec des processus de suspension n'a jamais été aussi bien protégée que par ce qui ramènent au niveau de la Chambre des que nous avons obtenu par cette reconnaissance communes, dans une réunion conjointe où le du Québec comme société distincte, par la Sénat et la Chambre des communes ensemble reconnaissance de ce rôle de l'Assemblée natio- vont avoir à voter. Mais c'est là que ça va se nale et du gouvernement de protéger et non décider, et nous allons avoir 18 députés de plus seulement de protéger, mais de promouvoir cette avec ce droit de veto, donc sur ces 25 %. C'est société distincte. M. le Président, dans tout cet drôle, je n'ai pas entendu un seul commentaire article, donc de ces professeurs de droit, pas un venant de l'Opposition qui nous dise ça. mot, pas un seul mot sur la clause «nonobstant». Droit de veto sur l'entrée de nouvelles Pas un mot. Comment peut-on écrire un article provinces. J'entendais tout à l'heure le dernier sur la langue, la protection de la langue, sur la intervenant, le député de Gouin, je crois, qui clause Canada et la société distincte sans disait: Même pas de droit de veto sur les nou- mentionner une seule fois la clause «nonobstant» velles provinces. Mais c'est faux. Qu'il consulte qui est garantie, qui est là, qui ne pourra jamais les textes qui sont déposés. On ne laissera pas être changée sans l'accord du Québec? dire des faussetés. C'est directement inscrit dans M. le Président, encore ce soir, je sortais l'entente que, dans la formule d'amendement, il tout à l'heure de l'édifice parlementaire, et une ne pourra pas y avoir une autre province sans 3246 l'accord du Québec. Au niveau du Sénat, il ne prochains, avec nos experts. On va démontrer, pourra pas y avoir une nouvelle province sans sans l'ombre d'un doute, que le Québec, avec l'accord du Québec. Ce qui fait le coeur d'une cette entente, obtient une sécurité qu'il n'a constitution, M. le Président, c'est cette pos- jamais eue dans 125 ans, que le Québec répare sibilité de la changer, de la faire évoluer, c'est les erreurs faites par le gouvernement péquiste la formule d'amendement; c'est la clé de voûte en 1981-1982 en particulier, et que le Québec de la constitution, le contrôle. C'est nous qui obtient, avec cette entente, les outils de son l'avons, cette clé de voûte, M. le Président, et développement: outils culturels, outils économi- on vient nous dire qu'on n'a pas de veto sur ques, main-d'oeuvre. l'entrée des nouvelles provinces? Au niveau du J'entendais mon collègue, le ministre Sénat, avec nos 25 % en plus et, au niveau du responsable de la Main-d'oeuvre, répondre aux Sénat, on a un contrôle parfait. Là aussi, droit questions de l'Opposition, cet après-midi. Mon de veto. collègue, qui a sa politique de main-d'oeuvre, qui (20 h 20) met tellement d'énergie, et qui va pouvoir la M. le Président, il ne peut pas y avoir une mettre en application pour que nous puissions nouvelle province, et au niveau du Sénat et au avoir la maîtrise d'oeuvre de cette ressource niveau de la formule d'amendement, sans l'accord humaine qui sera la ressource du XXIe siècle, du Québec. C'est ça qu'on a obtenu. Encore une comme ma collègue des Affaires culturelles, qui fois, on a réparé les erreurs qui ont été faites aura la maîtrise d'oeuvre au niveau culturel. On par le gouvernement péquiste en 1981-1982. vient nous dire... Je les entendais, un par J'entendais aussi des commentaires, tout à derrière l'autre, qui venaient nous dire: Vous l'heure, disant - et ça a été le thème... C'est n'avez obtenu aucun nouveau pouvoir. Qu'on facile de voir un petit peu comment les choses regarde, M. le Président. On n'a pas le droit de évoluent en regardant leurs interventions, le dire des choses pareilles. Les textes sont là. On thème: Pas un seul nouveau pouvoir. Tout le va constater. Les Québécois ne sont pas dupes. monde répétait la même phrase: Pas un seul M. le Président, ce que nous avons comme nouveau pouvoir! Pas un seul nouveau pouvoir! entente est une base, une base solide, forte, une M. le Président, quelle fausseté! Quelle fausseté! base de sécurité avec nos droits de veto, avec Huit compétences exclusives que nous avons: six ces garanties que nous avons, une base de dans des domaines, dans des secteurs qui sont développement avec les outils que nous récupé- tellement importants pour le Québec. M. le rons pour le Québec, le développement culturel, Président, dans ces six secteurs, que ce soit le le développement économique. M. le Président, tourisme, que ce soit le logement, les loisirs, les dans 125 ans de Fédération, jamais un gouverne- affaires municipales, les mines, les forêts, ment du Québec n'a réussi à conclure une telle j'entendais des intervenants dire: Mais on les entente. Jamais! avait déjà. On les avait déjà, ces secteurs-là, c'était à nous. M. le Président, allez donc y Des voix: Bravo! comprendre quelque chose. D'abord, qu'ils regardent donc la Constitu- M. Rémillard: M. le Président, à partir de tion. Les mines, les forêts, oui, on peut les mardi prochain, nous serons en commission retrouver dans la Constitution. Les quatre autres parlementaire avec nos experts, et nous allons ne se retrouvaient pas dans la Constitution. On étudier mot à mot cette entente. En ce qui pouvait bien prétendre que c'était à nous, mais regarde la protection de la langue française, en le fédéral le prétendait aussi. Qu'on m'explique ce qui regarde nos droits de veto, en ce qui donc, du côté de l'Opposition, qu'on m'explique regarde les institutions, Chambre des communes, donc comment il se fait qu'en 1984 ils ont signé Sénat, en ce qui regarde le partage des pouvoirs, avec le gouvernement fédéral une entente de on va étudier, M. le Président, mot à mot, ce développement économique régional où ce touris- que nous avons obtenu, ce que cette entente me, ces logements, ces loisirs, ces affaires signifie. M. le Président, les Québécois vont municipales, la culture faisaient partie de ces comprendre très clairement que ce que nous ententes avec le gouvernement fédéral. Comment avons comme entente pour renouveler le fédéra- peuvent-ils venir prétendre maintenant que lisme est quelque chose qui va nous permettre, c'était notre juridiction, alors qu'ils ont même comme société, comme peuple, de faire face aux fait une entente avec le gouvernement fédéral défis de l'avenir, comme nous devons faire face pour pouvoir coordonner l'action du gouverne- avec confiance, avec détermination, et avec ce ment fédéral dans ces domaines-là? défi de l'excellence qui a toujours été au coeur M. le Président, il y a une limite. Là, ça de notre existence comme société, comme peuple suffit. Il va falloir, quand même... On a nos québécois. Je vous remercie, M. le Président. textes qui sont là, on va s'y référer, et on va parler maintenant de ce qui a été négocié et de Une voix: Bravo! ce que nous avons obtenu. On va procéder, mot par mot, s'il le faut, mais il y aura une commis- Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. sion parlementaire qui va siéger mardi et jeudi le ministre. Est-ce que la motion... 3247

Une voix: C'est un vrai Québécois.

Le Vice-Président (M. Lefebvre): Est-ce que la motion proposant l'adoption du principe du projet de loi 44, Loi modifiant la Loi sur le processus de détermination de l'avenir politique et constitutionnel du Québec, est adoptée?

M. Bélisle: Vote enregistré, M. le Président, et nous demandons que le vote soit reporté après la période des questions, le mardi 8 septembre.

Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, vous demandez un vote enregistré et, en même temps, de reporter. Alors, le vote est reporté à mardi prochain. M. le leader adjoint du gouvernement.

M. Bélisle: Je fais motion, M. le Président, pour ajourner nos travaux au mardi 8 septembre 1992, à 14 heures.

Le Vice-Président (M. Lefebvre): Est-ce que cette motion est adoptée?

Une voix: Adopté.

Le Vice-Président (M. Lefebvre): Adopté. Alors, les travaux de l'Assemblée nationale sont ajournés au mardi 8 septembre, à 14 heures.

(Fin de la séance à 20 h 28) Membres de l'Assemblée nationale du Québec

PRÉSIDENT : M. Jean-Pierre Saintonge VICE-PRÉSIDENT : M. VICE-PRÉSIDENT : M. Roger Lefebvre

Affiliation Nom, prénoms politique Profession ou métier Circonscription électorale

Atkinson, Gordon PE Commentateur radiophonique Notre-Dame-de-Grâce Audet, Jean PLQ Administrateur Beauce-Nord Bacon, Lise * PLQ Administratrice Chomedey Baril, Jacques PQ Agriculteur Arthabaska Beaudin, André PLQ Administrateur scolaire Gaspé Beaulne, François PQ Cons, financier et économique Bertrand Bégin, Louise PLQ Avocate Bellechasse Bélanger, Guy PLQ Administrateur Laval-des-Rapides Bélanger, Madeleine PLQ Femme d'affaires Mégantic-Compton Bélanger, Pierre PQ Avocat Anjou Bélisle, Jean-Pierre PLQ Avocat Mille-Îles Benoit, Robert PLQ Courtier en valeurs mobilières Orford Bergeron, Jean-Guy PLQ Retraité Deux-Montagnes Bissonnet, Michel PLQ Avocat Jeanne-Mance Blackburn, Gaston * PLQ Commerçant et homme d'affaires Roberval Blackburn, Jeanne L. PQ Administratrice Chicoutimi Biais, Yves PQ Administrateur Masson Bleau, Madeleine PLQ Femme au foyer Groulx Boisclair, André PQ Économiste Gouin Bordeleau, Yvan PLQ Psychologue industriel Acadie Boucher Bacon, Huguette PLQ Directrice de garderie Bourget Boulerice, André PQ Attaché d'administration Sainte-Marie-Saint-Jacques Bourassa, Robert * PLQ Avocat et économiste Saint-Laurent Bourbeau, André * PLQ Notaire et homme d'affaires Laporte Bourdon, Michel PQ Syndicaliste Pointe-aux-Trembles Bradet, Daniel PLQ Enseignant Charlevoix Brassard, Jacques PQ Enseignant Lac-Saint-Jean Brouillette, Pierre A. PLQ Homme d'affaires Champlain Camden, Lewis PLQ Politicologue Lotbinière Cameron, Neil PE Professeur et journaliste Jacques-Cartier Cannon, Lawrence * PLQ Industriel La Peltrie Cardinal, Pierrette PLQ Secrétaire administrative Châteauguay Caron, Jocelyne PQ Professeure Terrebonne Carrier-Perreault, Denise PQ Cons, en gestion des ress. hum. Les Chutes-de-la-Chaudière Chagnon, Jacques PLQ Administrateur Saint-Louis Membres de l'Assemblée nationale du Québec

Affiliation Nom, prénoms politique Profession ou métier Circonscription électorale

Charbonneau, Michel PLQ Dir. du personnel et contrôleur Saint-Jean Chenail, André PLQ Jardinier maraîcher Beauharnois-Huntingdon Cherry, Normand * PLQ Président-directeur général Sainte-Anne Chevrette, Guy PQ Secrétaire général Joliette Ciaccia, John * PLQ Avocat Mont-Royal Claveau, Christian PQ Administrateur Ungava Côté, Albert * PLQ Ingénieur forestier RK/ière-du-Loup Côté, Marc-Yvan * PLQ Professeur Charlesbourg Cusano, William PLQ Administrateur scolaire Viau Dauphin, Claude PLQ Avocat Marquette Després, Michel PLQ Administrateur Limoilou Dionne, France PLQ Secrétaire de direction Kamouraska-Témiscouata Doyon, Réjean PLQ Avocat Louis-Hébert Dufour, Francis PQ Technicien de laboratoire Jonquière Dupuis, Luce PQ Sculpteure et professeure Verchères Dutil, Robert * PLQ Administrateur Beauce-Sud Elkas, Sam L * PLQ Administrateur Robert-Baldwin Farrah, Georges PLQ Administrateur îles-de-la-Madeleine Filion, Jean PQ Fiscaliste Montmorency Forget, Paul-André PLQ Agriculteur Prévost Fradet, Benoît PLQ Technicien en génie civil Vimont Frulla-Hébert, Liza * PLQ Vice-présidente marketing Marguerite-Bourgeoys Gagnon-Tremblay, Monique * PLQ Notaire Saint-François Garon, Jean PQ Économiste et avocat Lévis Gautrin, Henri-François PLQ Physicien Verdun Gauvin, Real PLQ Entrepreneur Montmagny-L'lslet Gendron, François PQ Enseignant Abitibi-Ouest Gobé, Jean-Claude PLQ Administrateur LaFontaine Godin, Gérald PQ Écrivain Mercier Hamel, André J. PLQ Administrateur Sherbrooke Harel, Louise PQ Avocate Hochelaga-Maisonneuve Holden, Richard B. PQ Avocat Westmount Houde, Albert PLQ Administrateur Berthier Hovington, Claire-Hélène PLQ Relationniste Matane Johnson, Daniel * PLQ Avocat Vaudreuil Jolivet, Jean-Pierre PQ Enseignant Laviolette Joly, Jean A. PLQ Assureur-vie agréé Fabre Juneau, Carmen PQ Femme au foyer Johnson Membres de l'Assemblée nationale du Québec

Affiliation Nom, prénoms politique Profession ou métier Circonscription élec

Kehoe, John J. PLQ Avocat Chapleau Khelfa, Albert PLQ Enseignant Richelieu Lafrance, Yvon PLQ Homme d'affaires Iberville Lafrenière, Réjean PLQ Homme d'affaires Gatineau Lazure, Denis PQ Médecin psychiatre La Prairie Leclerc, Jean PLQ Administrateur Taschereau Lefebvre, Roger PLQ Avocat Frontenac Lemieux, Jean-Guy PLQ Avocat Vanier Lemire, Yvon PLQ Homme d'affaires Saint-Maurice Léonard, Jacques PQ Comptable agréé Labelle LeSage, Robert PLQ Officier municipal Hull Levesque, Gérard D. * PLQ Avocat et administrateur Bonaventure Libman, Robert PE Architecte D'Arcy-McGee Loiselle, Nicole PLQ Adjointe administrative Saint-Henri Maciocia, Cosmo PLQ Courtier d'assurances Viger MacMillan, Norman PLQ Homme d'affaires Papineau Maltais, Ghislain PLQ Courtier d'assurances Saguenay Marcil, Serge PLQ Administrateur scolaire Salaberry-Soulanges Marois, Pauline PQ Administratrice Taillon Messier, Charles PLQ Administrateur Saint-Hyacinthe Middlemiss, Robert * PLQ Ingénieur Pontiac Morin, Gérard R. PQ Inspecteur Dubuc Pagé, Michel * PLQ Avocat Portneuf Paradis, Henri PLQ Pharmacien Matapédia Paradis, Pierre * PLQ Avocat Brome-Missisquoi Paré, Roger PQ Administrateur Shefford Parent, Marcel PLQ Administrateur Sauvé Parizeau, Jacques PQ Professeur L'Assomption Pelchat, Christiane PLQ Journaliste Vachon Perron, Denis PQ Opérateur de postes Duplessis Philibert, Paul PLQ Thanatologue Trois-Rivières Picotte, Yvon * PLQ Directeur d'école Maskinongé Poulin, Rémy PLQ Représentant promotionnel Chauveau Rémillard, Gil * PLQ Avocat et professeur Jean-Talon Richard, Maurice PLQ Homme d'affaires Nicolet-Yamaska Rivard, Guy * PLQ Médecin Rosemont Robic, Louise * PLQ Administratrice Bourassa Robillard, Lucienne * PLQ Administratrice Chambly Membres de l'Assemblée nationale du Québec

Affiliation Nom, prénoms politique Profession ou métier Circonscription électorale

Ryan, Claude * PLQ Journaliste Argenteuil Saintonge, Jean-Pierre PLQ Avocat La Pinière St-Roch, Jean-Guy Ind. Administrateur Drummond Savoie, Raymond * PLQ Notaire Abitibi-Est Sirros, Christos * PLQ Conseiller en orientation Laurier Thérien, Robert PLQ Professeur Rousseau Tremblay, Gérald * PLQ Avocat et gestionnaire Outremont Tremblay, Michel PLQ Administrateur Rimouski Trépanier, Violette * PLQ Enseignante Dorion Trudel, Rémy PQ Professeur et chercheur Rouyn-Noranda-Témiscamingue Vallerand, André * PLQ Économiste Crémazie Vallières, Yvon * PLQ Professeur Richmond Vermette, Cécile PQ Infirmière Marie-Victorin Williams, Russell PLQ Directeur général Nelligan

PLQ - Parti libéral du Québec (89) PQ - Parti québécois (32) PE - Parti Égalité (3) Ind. - Indépendant (1)

Membres du Conseil des ministres 4 septembre 1992