MÉMOIRE DES DÉLIBÉRATIONS DU CONSEI'L EXÉCUTIF SÉANCE DU 12 JANVIER 1994 A 14h00 SOUS LA PRÉSIDENCE DU PREMIER MINISTRE MONSIEUR DANIEL JOHNSON

Membres du Conseil exécutif présents: Monsieur Daniel Johnson, Premier ministre Monsieur Gaston Blackburn, Ministre délégué aux Transports et responsable de la Voirie Monsieur André Bourbeau, Ministre des Finances Monsieur , Ministre de l'Éducation Monsieur , Ministre des Transports Monsieur , Ministre des Affaires internationales, et l'Immigration et des Communautés culturelles Monsieur , Ministre délégué à l'Industrie, au Commerce, à la Science et à la Technologie et responsable du Tourisme Madame , Ministre de la Culture et des Communication Madame Monique Gagnon-Tremblay, Vice-première ministre; ministre déléguée à l'Administration et à la Fonction publ ique, Présidente du Conseil du trésor Monsieur Jean Leclerc, Ministre délégué aux Services gouvernementaux Monsieur Roger Lefebvre, Ministre de la Justice; ministre délégué à la Réforme électorale Monsieur , Ministre de l'Emploi Monsieur , Ministre de la Sécurité publique Monsieur , Ministre de l'Environnement et de la Faune; leader parlementaire Monsieur , Ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation; ministre délégué aux Affaires régionales Madame , Ministre de la Santé et des Services sociaux Monsieur , Ministre des Affaires municipales Monsieur Christos Sirros, Ministre des Ressources naturelles; ministre délégué aux Affaires autochtones Monsieur , Ministre de l'Industrie, du Commerce, de la Science et de la Technologie Madame Violette Trépanier, Ministre de la Sécurité du revenu; ministre déléguée à la Condition féminine et à la Famille Monsieur André Vallerand, Ministre du Revenu MÉMOIRE DES DÉLIBÉRATIONS LE 12 JANVIER 1994

CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES

Le Premier ministre rappelle à ses collègues toute la rigueur qui doit exister en matière de solidarité ministérielle et d'intégrité. Le gouvernement doit être sans tache. D'aucune façon le gouvernement ne doit être embarrassé par une tache, quelle qu'elle soit. Quant au processus des nominations faites par le gouvernement, il souhaite qu'il n'y ait pas de fuite préalable à la décision du Conseil et qu'il n'y ait pas d'approches faites auprès des candidats avant que le Secrétariat à la Réforme administrative et aux emplois supérieurs ne l'ait autorisé. Il est important de respecter cette consigne. Le même principe doit s'appliquer dans le cas des adjoints parlementaires. Il faut donner l'occasion au Premier ministre de faire les consultations et les choix à cet égard. Il ajoute que des adjoints parlementaires seront désignés auprès des présidents de comités ministériels permanents.

Il invite ses collègues à examiner les projets de décrets qui portent sur les pouvoirs et devoirs des ministres, surtout ceux qui concernent les ministres délégués. Il ajoute que tous les ministres qui siègent autour de cette table ont le même rang.

Il signale que la semaine prochaine, de 9hOO à 17h00, une séance de planification aura lieu afin d'identifier les actions à prendre pour les prochaines semaines et les prochains mois. Ce serait une excellente chose si chaque semaine le gouvernement pouvait prendre des décisions pour diminuer les coûts, développer l'emploi et assurer la défense des intérêts du Québec. La semaine prochaine, il sera possible d'isoler certaines pistes et certains gestes concrets. De fait, il faudrait identifier les changements qu'il serait possible d'apporter d'ici le 31 mars prochain, dans les quatre axes que le gouvernement s'est donnés, comme par exemple dans le cas de la création d'emplois et de l'amélioration des services aux citoyens.

L'IMPLANTATION D'UN CENTRE HOSPITALIER DE SOINS DE COURTE DURÉE DANS L'EST DE L'ÎLE-DE-MONTRÉAL (RÉF.: 4-0007)

La ministre de la Santé et des Services sociaux soumet un mémoire daté du 12 janvier 1994 et portant sur l'implantation d'un centre hospitalier de soins de courte durée dans l'Est de l'Île-de-Montréal. Le mémoire rappelle qu'en mars 1992, le Conseil des ministres décidait de relocaliser l'Hôtel-Dieu de Montréal et de retenir comme site un terrain propriété de la Ville de Montréal et situé dans le quartier Rivière-des-Prairies sur le territoire du DSC Maisonneuve-Rosemont. Or, une coalition d'opposants à cette décision s'est rapidement formée et la Ville de Montréal a refusé d'engager toute discussion ou négociation avec la Corporation d'hébergement du Québec pour céder le terrain choisi. Cette coalition proposait plutôt la rénovation de l'Hôtel-Dieu sur son site actuel en maintenant toutes ses activités de centre hospitalier universitaire et proposait la construction d'un centre hospitalier régional de courte durée dans le secteur Est de l'Île-de­ Montréal. Le mémoire souligne que la Corporation d'hébergement du Québec a engagé tous les professionnels requis pour la réalisation de ce projet, ces derniers ayant complété la préparation du concept à environ 25%. Par ailleurs, dans le cadre de la désignation des centres hospitaliers universitaires, il a été convenu, en collaboration avec l'Université de Montréal, d'effectuer une étude sur la restructuration du réseau d'hôpitaux d'enseignement universitaire. C'est dans ce cadre qu'un comité directeur formé de représentants de l'Université de Montréal, des six centres hospitaliers universitaires dont l'Hôtel-Dieu de Montréal, du ministère de la Santé et des Services sociaux et de la régie régionale a été mis sur pied et qu'un mandat a été confié à la firme Conseil et Gestion d'Organisation inc. pour réaliser l'étude. Le rapport est attendu pour le mois d'avril 1994. Le mémoire indique que deux solutions peuvent être envisagées, soit: 2 1- continuer le projet tel que décidé, c'est-à-dire relocaliser l'Hôtel-Dieu· de Montréal dans le secteur de Rivière-des-Prairies en maintenant son statu·t de centre hospital ier universitaire; 2- rescinder la décision numéro 92-068 du· 25 mars 1993, et implanter dans le secteu·r Est de l'Ile-de-Montréal un centre hospitalier de soins de cou·rte du·rée d'une capacité d'environ 300 lits. Le mémoire conclu.t en recommandant au· Conseil des ministres: 1- de rescinder les décisions du. Conseil des ministres numéro 92-068 du· 25 mars 1993 et numéro 92-083 du 8 avril 1992; 2- d'approu.ver en principe l'implantation d'un centre hospitalier régional de soins de courte du·rée d'environ 300 lits dans le secteu·r Nord-est de l'Ile-de-Montréal su·r le territoire du· Département de santé communau·taire Maisonneu·ve-Rosemont; 3- d'accepter le financement du fonctionnement de ce centre hospita­ lier par le redéploiement des ressources hospitalières; 4- de pou.rsuivre les travaux du· comité directeu·r formé des représen­ tants de l'Université de Montréal, des 5 centres hospital iers universitaires dont l'Hôtel-Dieu de Montréal, du ministère de la Santé et des Services sociaux et de la régie régionale, su·r la restructuration du réseau· d' hôpitaux d'enseignement affil iés à l'Université de Montréal en collaboration avec la firme Conseil et Gestion d'Organisation inc. dont le rapport est attendu· pou·r le printemps 1994. Madame Robi 11 ard rappelle qu.' il y a 2 ans, le gou.vernement a déc i dé d' au·ta.ri ser lare l oca li sat i on de l ' Hôtel-Di eu dans l'Est de Montréal. Depuis lors, beaucoup de réactions négatives ont su.rgi et plusieu·rs contre-analyses ont été faites. Elle demande à ses collègues s'ils souhaitent maintenir cette décision ou· réorienter le dossier. Elle ajoute qu'elle propose de maintenir l'Hôtel-Dieu sur son site actuel et de constru·i re un nou·veau· centre hospi ta li er de 300 lits dans l'Est de Montréal, ce qu·i correspond à un centre hospital ier moyen. Un tel centre répondrait aux besoins de la population de cette partie de l 'Ile­ de-Montréal. E11 e tentera de réal i ser tout cela en redéployant 1es ressources du· ministère de la Santé et des Services sociaux. L'hypo­ thèse de travail sur laquelle elle se base consiste à réaffecter les ressources prévues pour les 300 1 its du· Centre hospita1 ier Sainte- - Jeanne-d'Arc qu.i est actue11 ement en tute11 e. La recommandation de fermer ce centre hospitalier n'apparaît pas dans les recommandations qu' e 11 e fait. Ell e ajoute qu'il au·ra i tété poss i ble de fermer ce centre pou·r réaffecter son nombre de places à Laval ou sur la Rive-Sud de Montréal, mais la chose au·rait été difficile pu.isqu.'il se serait agi d'une autre région administrative. Elle ajoute qu'à la mi-avril, après qu'elle aura reçu un rapport à ce sujet, le Conseil des ministres aura à se pencher sur l'avenir de l'Hôtel-Dieu. Monsieu·r Chagnon sou.ligne qu'il est le député de la circonscription où se trou·vent ces deux hôpitaux. Il ajoute qu'au. plan des coûts, il faut exami ner cela de pl u·s près, pui squ' il exi ste des lits de soi ns de longue du·rée à l'hôpital Sainte-Jeanne-d'Arc. Il faudra de plus, lors de l'annonce publique de la présente décision, indiquer quel sera le statu·t du Centre hospitalier de l'Hôtel-Dieu. Madame Trépanier rappelle qu.'el1e a déjà été favorable à la reloca1isa­ tion de l'Hôtel-Dieu, mais qu'elle est maintenant d'accord avec cette nouvelle solution afin de régler le problème le plus rapidement possible. Monsieu·r Ryan est d'avis, quant à l a quatrième recommandation du· mémoire, que la décision du Conseil des ministres devrait mentionner que le gou·vernement conservera sa liberté de décision. Madame Robillard lu·i répond que ce comité existe déjà et qu'il fonctionne très bien. De plus, ses recommandations seront soumises à la ministre avant d'être finales. Monsieur Ryan signale que, si l'ancienne décision du· Conseil 3 des ministres doit être rescindée, il fau·t clarifier dès à présent ce qu'il adviendra de l'Hôtel-Dieu. Madame Robillard lu·i répond que, quel que soit le statut de cet établissement, des rénovations seront effectuées en fonction du· statu·t qui sera fixé pour cet établissement. Ce sera précisé dans la décision du· mois d'avril. Si le gouvernement doit modifier sa décision et annoncer qu.' il y au·ra un nou.vel hôpital dans l'Est de Montréal et que l'Hôtel-Dieu· demeurera ouvert, il ne faut pas être ambivalent quant au statu·t de celui-ci. Madame Robillard lu·i répond qu.'il n'est pas possible de décider aujourd'hu.i du· statut universitaire de l 'Hôtel-Dieu·. On annoncera que l'Hôtel-Dieu demeu·re un centre hospitalier dont le statu·t est celui qu.'il a présentement. On mentionnera que le statut de tou·s les centres hospital iers de Montréal sera réexaminé. Monsieu·r Tremblay considère qu·'il s'agit d'un dossier important et que le gouvernement prend actuellement une bonne décision. Cependant, on sait qu.' il y a un surpl us de centres hospital iers à Montréal. La question du· futu·r statu·t de l 'Hôtel-Dieu surgira rapidement. Si le gouvernement n'est pas en mesure de répondre à cette question, il sera ma l perçu·. Il fau·t donc annoncer que l' Hôte l-Di eu demeu·re ce qu.' il est et que son statut sera déterminé en même temps que celui des au·tres centres hospi ta li ers. De plus, le gou.vernement cont i nuera à lui a 11 ouer des ressou·rces financières. Mme Frulla considère que le cas de l 'Hôtel• Dieu est très visible et que le gou.vernement doit être prudent lors de son annonce pub li que. Mons i eu·r Chagnon ajoute que la popu.l at i on doit comprendre que l 'Hôtel-Dieu· ne sera pas rel oc al i sé. Le Premier ministre conclut la discussion en indiquant que l'annonce devra ment i onner que l ' Hôtel-Di eu ne sera pas rel oca li sé, qu.' un au·tre centre hospi ta lier est prévu. pou·r l'Est de Montréal, que le statut de tous les centres hospital iers de Montréal sera examiné et que le gou.vernement cont i nue à fi nancer l ' Hôtel-Di eu·. Mons i eu·r Lefebvre cons i dère que l' impact d'une tell e bonne nouve 11 e ne doit pas être terni par des doutes qu.i subsisteraient quant au statut du nou·veau· centre hospi talier. Madame Robi 11 ard i nd i que qu.' e 11 e annoncera que l ' Hôtel-Di eu· n' est pl us rel oca li sé, que le gouvernement fera constru·i re un nou·ve l hôpi ta l dans l'Est de Montréal et que l' Hôte l­ Oi eu· demeu·re tel quel pou·r l' instant. Madame Trépan i er se demande pourquoi il est nécessaire de parler du statut. Monsieur Tremblay croit qu'il fau·t ajouter que l 'Hôtel-Dieu sera rénové. Monsieur Ryan croit éga l ement qu' il fau.t s'engager à le rénover et à annoncer cette rénovat ion. L'envergure des travau·x dépendra du· statu·t qu.i sera déterminé. Il fau·t cependant indiquer dans quel délai ces travaux seront réal i sés. Madame Rob il l ard l u·i répond qu.' ils seront faits au printemps. Monsieur Tremblay considère que la décision du Conseil des ministres doit mentionner que la rénovation de 1 'Hôtel-Dieu sera réalisée en fonction du· statu·t qui lui sera conféré. Décision numéro: 94-005 Le Conseil des ministres décide: à la su·ite du mémoire daté du· 12 janvier 1994, soumis par le ministre de la Santé et des Services sociaux et portant su·r l'implan­ tation d'un centre hospitalier de soins de cou·rte du·rée dans l'Est de l'11e-de-Montréa1 (réf.: 4-0007), 1- d' approu·ver en pri nci pe l' imp l antat ion d'un centre hospi talier régional de soins de cou·rte durée d'environ 300 lits dans le secteu·r Nord-est de Montréal sur le territoire du· département de santé communau·ta ire Mai sonneuve-Rosemont; 2- d'accepter que le fonctionnement de ce centre hospitalier soit financé par le redéploiement des ressources hospitalières existantes; 4 3- de poursu.ivre les travaux du comité directeur formé des représen­ tants de l'Université de Montréal, de 6 centres hospitaliers universi­ taires dont l'Hôtel-Dieu de Montréal, du· ministère de la Santé et des Services sociaux et de la régie régionale, su·r la restructu·ration du· réseau· d'hôpitaux d'enseignement affiliés à l'Université de Montréal en collaboration avec la firme Conseil et Gestion d'Organisations inc. (CGO), dont le rapport est attendu· pour le printemps 1994, étant entendu· que la ministre conserve toute sa latitude quant à l'acceptation des recommandations de ce comité; 4- d'approuver en principe 1 a rénovation de 1 'Hôtel-Dieu de Montréal, rénovat i on dont l' amp 1eu·r sera fonction du· statut qu.i sera conféré à ce centre hospitalier dans le cadre de la révision générale du· statut des centres hospitaliers de la région de Montréal; 5- de rescinder en conséquence les décisions 92-068 et 92-083, respectivement adoptées par le Conseil des ministres les 28 mars et 8 avril 1992.

LEytE DE LA stANCE A: 15H45.