vendredi 25 janvier – 20h

Hommage à

Ludwig van Beethoven Concerto pour violon

entracte

Piotr Ilitch Tchaïkovski Symphonie n°6 « Pathétique »

Berliner Philharmoniker Seiji Ozawa, direction Anne-Sophie Mutter, violon

Toute photographie et tout enregistrement sont strictement interdits.

La Deutsche Bank se réjouit d’être le partenaire du Berliner Philharmoniker.

Fin du concert vers 21h55. | Vendredi 25 janvier 25 | Vendredi Karajan Hommage à Herbert von

KARAJAN.indd 1 18/01/08 14:27:24 Herbert von Berlin

Herbert von Karajan a été le chef principal – à vie, à sa demande expresse – des Berliner Philharmoniker de 1954 à 1989. Sans équivalent jusqu’à aujourd’hui dans l’histoire de la formation, cette durée conséquente n’est pas en soi exceptionnelle. Pourtant, la spécificité du couple Karajan-Berlin et son prestige auprès des mélomanes ne se mesurent à aucuns autres. Au-delà du travail en profondeur, prolongé et démultiplié par le lien ininterrompu entretenu avec l’industrie du disque, cette spécificité tient à l’émulsion particulière née de la rencontre fusionnelle de ces deux entités également exceptionnelles. Karajan a dit à son biographe Richard Osborne avoir éprouvé, dès sa première rencontre avec l’orchestre, en 1938, le sentiment qu’il ne « pourrait jamais mieux s’exprimer que par lui »1. Autocrate n’ayant jamais rien laissé au hasard sa vie durant, Karajan a pu assouvir à sa tête son désir d’assumer un pouvoir sans partage, son désir de succès aussi, au fil d’une histoire commune qui ne fut pas sans nuages.

Choisi par les musiciens dès après la mort, en 1954, de son prédécesseur Wilhelm Furtwängler, Karajan entreprit de réformer la façon de travailler de l’orchestre, étant revenu assez insatisfait de sa première tournée avec lui. Werner Thärichen, compositeur, timbalier et délégué des Philharmoniker, a laissé de Karajan un témoignage vécu de l’intérieur : « Il symbolisait les temps nouveaux. Souple et élégant, il savait “prendre” ses partenaires (…). Il lui importait, lors de ses interprétations, de dégager les structures pour l’analyse et l’architecture. Rien ne devait sembler flou ou être modifié par des émotions. L’œuvre d’art devait ressusciter pure et intouchable, transparente pour tous, compréhensible dans toute son étendue. Il était intraitable quant au tempo, même si cette sévérité n’était pas visible dans ses gestes – au contraire, ses bras, jusqu’au bout des doigts, dessinaient des lignes extraordinairement douces. Cependant il ne permettait pas la moindre liberté, ni à lui-même, ni à l’orchestre. L’expression la plus passionnée devait respecter la mesure et la discrétion. Cela aussi était fascinant. Contrairement à Furtwängler, Karajan ne laissait pas percer la moindre émotion. »2 L’orchestre entrait ainsi dans une ère d’« extase contrôlée », pour reprendre le sous-titre judicieux d’un essai de Peter Csobádi.

Tous les légendaires directeurs des Berliner Philharmoniker ont bénéficié du travail accompli par leur prédécesseurs : Nikisch de Bülow, Furtwängler de Nikisch, Karajan de Furtwängler, et ainsi de suite. Furtwängler avait laissé en héritage un ensemble extrêmement éloquent, profond, puissant, aux basses inépuisables. Karajan aimait répéter à fond avec chaque pupitre, par sections. Il a enrichi et infléchi le son, devenu au fil des ans extraordinairement mat et concentré, en travaillant sur l’individualisation des pupitres, sur celle des couleurs, aussi sur une expressivité nouvelle nourrie du lien fort qu’il entretenait avec l’opéra – il trouvera un premier aboutissement avec la création en 1967 du Festival de Pâques de Salzbourg, puis l’enregistrement d’une Tétralogie de Wagner en forme de manifeste esthétique. Thärichen encore : « Les membres de l’orchestre avaient toujours joué à la manière de musiciens de chambre, maintenant nous nous écoutions presque davantage encore. Un son bien pondéré et doux en découlait (…). L’orchestre avait l’habitude de jouer en se donnant entièrement. Devant nous, au centre de l’évènement,



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se trouvait maintenant un homme qui donnait l’impression que la qualité du son pouvait s’obtenir facilement et sans effort. »2 Et notamment via cette maîtrise légendaire du legato, qui n’est qu’une composante de l’art magistral et si complet de Karajan.

Le disque a laissé cent miroirs successifs de l’évolution du son des Berlinois au fur et à mesure de la progression du travail accompli avec leur mentor. Les premières années, alors que le chef était sous contrat chez Columbia-Emi, l’influence des codes esthétiques de son prédécesseur était encore perceptible, en particulier dans le jeu des basses. Mais très vite, il a imposé sa propre marque, reposant notamment sur la perfection de la mise en place. Quelles que soient les différentes phases (audibles) de son évolution, on est ainsi en droit de considérer les enregistrements laissés chez Deutsche Grammophon dans les années soixante comme un sommet exemplaire de la collaboration de Karajan et Berlin, à commencer par l’intégrale des symphonies de Beethoven de 1961-1962 – une énergie extraordinairement canalisée et concentrée, dont le cinéaste Henri-Georges Clouzot a capté des visions aussi fulgurantes que suggestives, qui font comprendre le dynamisme magnétique et impérieux du chef mieux que ne le font les films que Karajan a réalisés ensuite seul, dans sa quête obsessionnelle du contrôle absolu du tout. L’originalité avec laquelle il a en parallèle, et en toute occasion, lié musique et technique, remettant dix fois sur le métier les œuvres phares de son répertoire (Beethoven, Brahms, Tchaïkovski, Sibelius, par exemple), pour des raisons de technique d’enregistrement au moins autant qu’esthétiques, a pu faire croire que ses tentatives précédentes étaient en un sens oubliables : mais, aujourd’hui que ce perpétuel mouvement en avant s’est arrêté, il est possible de procéder à des mises en perspective aussi multiples qu’éminemment subjectives.

Au fil des ans, il est possible que l’exemple ensorcelant offert par Karajan et Berlin, si souvent copié par ses cadets immédiats (sans en retrouver le secret, évidemment), ait fini arp prendre une place excessive. On ne peut nier que la « révolution baroque », qui a véritablement émergé au début des années soixante-dix, se soit construite aussi en opposition-réaction à ce son modélisé qui prétendait appliquer la même ultime réponse, par-delà siècles et styles, à tous les répertoires – et souvent avec le même opulent effectif ! Peut-être suffit-il alors, en guise de conclusion provisoire, de redonner la parole à Karajan lui-même : « Au cours des années, notre travail a consisté à découvrir des choses nouvelles tout en nous souvenant des anciennes. L’important, c’est de ne jamais tomber dans la routine, de montrer au public que nous ne cessons jamais de prendre du plaisir à faire de la musique. Pour cela, l’orchestre doit garder sa personnalité et son indépendance. » Il ajoutait plus loin : « L’un des plus grands secrets de la direction d’orchestre, c’est de connaître les moments où il ne faut pas diriger. »1

Rémy Louis

1 Herbert von Karajan : Une vie pour la musique. Entretiens avec Richard Osborne (L’Archipel, Paris, 1999, pour la traduction française). 2 Werner Thärichen : Furtwängler ou Karajan (Éditions Bernard Coutaz, Arles, 1990, pour la traduction française).



KARAJAN.indd 3 18/01/08 14:27:25 Ludwig van Beethoven (1770-1827) Concerto pour violon et orchestre en ré majeur op. 61

I. Allegro ma non troppo II. Larghetto III. Rondo. Allegro

Composition : 1806. Dédicace : à Stephan Breuning. Création : le 23 décembre 1806 à Vienne. Durée : environ 45 minutes.

En ce début de XIXe siècle qui chérit les virtuoses, le Concerto pour violon de Beethoven refuse le déploiement d’une technique spectaculaire. Voilà qui explique sans doute les réserves de la critique, lors de la création en 1806. L’œuvre attendra plusieurs décennies pour réellement s’imposer, défendue notamment par Joseph Joachim. En effet, le genre concertant devient ici l’objet d’une nouvelle dialectique : le soliste orne les lignes mélodiques de l’orchestre et intensifie leur expression plus qu’il ne s’oppose à la masse instrumentale. Le violon évolue souvent dans l’aigu, mettant ainsi en valeur le jeu de Franz Clément (1780-1842), premier violon et chef de l’orchestre du Theater an der Wien. Les témoignages de l’époque rapportent que le créateur de la partition excellait dans ce registre. Beethoven, qui tenait Clément en haute estime, lui a laissé l’initiative des cadences. En outre, les dimensions de l’œuvre ont probablement dérouté les premiers auditeurs. Beethoven compose là le plus long de ses concertos, la durée du premier mouvement dépassant de surcroît celle des deux autres mouvements réunis. Le Concerto pour violon se caractérise également par ses couleurs en demi-teinte.

Si l’Allegro ma non troppo initial contient quelques épisodes majestueux ou énergiques, il est toutefois dépourvu de l’agressivité qui émaille tant de partitions beethovéniennes. Il laisse s’épancher le chant, le soliste déroulant de délicates arabesques aux volutes toujours renouvelées. Alors que dans ce premier mouvement, la claire tonalité de ré majeur (adoptée ensuite par Brahms et Tchaïkovski dans leurs concertos pour violon) était parfois ombrée de quelques couleurs mineures, le Larghetto ne quitte guère le ton de sol majeur. Forme à variations combinant deux thèmes principaux, il captive par son climat contemplatif. L’orchestration réduite, où domine le timbre pastoral des bois, ajoute à l’impression d’intimité et d’intériorité. Le finale, qui associe les principes du rondo et de la forme sonate, réserve une place plus importante à la virtuosité du soliste. Son refrain, à l’esprit populaire, contraste avec les mélodies soutenues ou rêveuses des mouvements précédents. En concluant son Concerto avec cette fraîcheur enjouée, Beethoven n’est pas sans annoncer le finale de sa Symphonie « pastorale », composée deux ans après.

Hélène Cao



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Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893) Symphonie n° 6 en si mineur op. 74 « Pathétique »

I. Adagio – Allegro non troppo II. Allegro con grazia III. Allegro molto vivace IV. Adagio lamentoso

Composition : 1893. Décidace : à Bob Davydov, neveu du compositeur. Création à Saint-Pétersbourg le 16 octobre 1893 sous la direction du compositeur. Durée : environ 50 minutes.

La mort de Tchaïkovski reste entourée de mystère. Choléra ? Suicide camouflé, suite à un scandale de sa vie privée ainsi qu’à son état profondément dépressif ? Le compositeur devait disparaître neuf jours après la création de sa Symphonie « Pathétique » : avait-il conscience, comme se le demande André Lischke, de diriger son testament musical ? À l’origine, l’ouvrage devait porter le titre ambigu de Symphonie à programme : « Le programme restera secret pour tout le monde, déclarait son auteur. Qu’on le devine ! Il est profondément empreint de sentiments subjectifs et maintes fois, en composant mentalement, j’ai beaucoup pleuré ». Pathétique, cette œuvre l’est en effet dans son premier mouvement, mais surtout dans le dernier, qui s’enlise dans un déchirant adieu. Tchaïkovski a dédié l’ouvrage à son neveu Bob Davydov, joli garçon qu’il idolâtrait, mais qui restait très indifférent à son vieil oncle, à ses états d’âme et même à son génie musical.

Il était de bon ton, dans les années 1950-1970, de mépriser un peu Tchaïkovski à cause de ses désespoirs largement étalés et de son hypersensibilité névrotique faite musique. Lui-même savait s’en moquer un peu : « Quel vieux pleurnichard je fais ! ». Toutefois, il n’a jamais cessé d’être très joué et la popularité de ses trois dernières symphonies, dites « du Destin », ne s’est jamais démentie. Cette Sixième, par sa force expressive et ses originalités, se maintient à sa juste place parmi les chefs-d’œuvre du répertoire.

Une introduction lugubre, qui laisse pressentir l’Adagio final, fait entendre un embryon de thème au basson, tapi dans l’obscurité des cordes graves et divisées. Le premier thème reprend cette cellule en la précipitant, pleine de fièvre et d’anxiété. Après un pont capricieux qui fait beaucoup dialoguer les cordes et les bois, le deuxième thème, véritable thème principal de ce mouvement, exprime aux violons une nostalgie très sentimentale ; il est généreusement repris par tout l’orchestre, puis finit par s’éloigner à une clarinette soliste, piano, pianissimo… jusqu’à pppppp. Le développement éclate comme une déflagration : c’est une des crises les plus réalistes de Tchaïkovski, sur la tête d’un premier thème tout traversé de soubresauts et de terreurs. Les trompettes vocifèrent une gamme en diagonale foudroyante : c’est le Destin, bien sûr ; au loin, un choral fantomatique de cuivres passe, en psalmodiant un extrait du requiem orthodoxe. Après un nouveau crescendo, le développement agonise, en une écriture largement imitative qui roule les



KARAJAN.indd 5 18/01/08 14:27:26 vagues d’un naufrage. La réexposition commence directement sur le thème sentimental et se prolonge en un éclairage presque apaisé ; après un nouveau solo de clarinette où perce, il faut le reconnaître, un peu d’auto-pitié, la coda, sur une scansion funèbre de pizzicati, assume dignement le Destin.

Le deuxième mouvement, Allegro con grazia, amène une détente sur des mélodies douces et régulières ; sa coupe est des plus symétriques, ABA. Il présente la singularité d’être mesuré, d’un bout à l’autre, à cinq temps. D’abord une sorte de valse, mousseuse et tendre, rend un hommage discret aux charmes de la vie. Puis la partie centrale, où le cœur se serre, est sous-tendue par un battement constant, à la timbale, aux parties graves, d’une seule note, le ré : sur cette pédale obsédante, la mélodie déplore les flétrissements de l’existence. La coda reprendra ces nostalgies : c’est une prise de congé, pleine de poésie et de rêve, qui respire encore un parfum évanoui.

L’Allegro molto vivace du troisième mouvement est une sorte de scherzo, une marche frénétique, mais sans le moindre répit, ce qui est rare chez Tchaïkovski. Ses appels aux quatre coins de l’espace, ses cortèges convergents, sont superbes. Une importante introduction, très spirituelle, s’apparente aux féeries de la danse : sur un fond de tarentelle frémissante sautillent à tour de rôle plusieurs motifs, dont nul ne saurait dire lequel sera retenu comme thème à part entière. Enfin, la première idée est prolongée en une marche très amusante, qu’exposent les clarinettes puis les violons. Au moins les deux tiers de ce morceau se maintiennent dans cette authentique gaîté, pas pathétique du tout, signée par un excellent spécialiste de ballets. Tchaïkovski reprend in extenso sa pétillante introduction, sans risquer de lasser ; puis soudain, le retour de la marche se produit avec des moyens beaucoup plus massifs, le poids des cors, le flash des cymbales : plus on avance vers la coda et plus ce thème se revêt de tutti saturés, caricaturaux. Mais, plutôt que de taxer le compositeur de vulgarité, essayons de voir son expressionnisme précurseur : on se croirait parmi les mascarades du peintre James Ensor.

Entre la décision du troisième mouvement et le sanglot qui éclate dans le quatrième, le contraste est total. Finir une symphonie sur un adagio lamentoso, et non sur les traditionnelles festivités ou victoires, voilà qui est inédit. Ce finale est essentiellement confié aux cordes, tout imprégnées de spleen, et ses deux thèmes luttent en vain contre des pentes inexorablement descendantes. Le premier thème surtout, avec ses appels de détresse, s’efforce de soulever la mélodie par son glissando initial, très réitéré ; il n’en retombe pas moins dans les sables mouvants. Un deuxième thème, en majeur, mêle à ses regrets un lyrisme intense ; mais dans un deuxième exposé il reviendra en mineur et il n’en sortira plus, c’est un thème condamné. Vers la fin, un choral sinistre de cuivres évoque, par sa vision d’enterrement, le requiem du premier mouvement ; et la symphonie se laisse mourir dans le grave, l’indistinct, dans le néant où elle avait commencé.

Isabelle Werck



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Anne-Sophie Mutter seconde partie soliste du Double Concerto création mondiale). Son enregistrement Depuis trois décennies, Anne-Sophie sera tenue par la jeune violoniste Vilde du Concerto pour violon « In tempus Mutter est considérée comme l’une des Frang, récipiendaire d’une bourse de la präsens » de Goubaïdoulina avec le plus grandes virtuoses du violon. Née à Fondation Anne-Sophie-Mutter. En 2008, London Symphony Orchestra (direction Rheinfelden (dans le Bade-Wurtemberg), Anne-Sophie Mutter reprendra plusieurs Valery Gergiev) et ses enregistrements elle a débuté sa carrière internationale œuvres créées en 2007. Elle interprètera du Concerto pour violon en la mineur et au Festival de Lucerne en 1979. L’année notamment le Concerto pour violon de du Concerto pour violon en mi majeur suivante, elle s’est produite comme soliste Sofia Goubaïdoulina (créé à la demande de Bach avec les Solistes de Trondheim au Festival de Pentecôte de Salzbourg de Paul Sacher) avec l’Orchestre National (direction Anne-Sophie Mutter) sous la direction d’Herbert von Karajan. de France sous la direction de Kurt sortiront l’été prochain chez Deutsche Depuis cette époque, elle a été à l’affiche Masur à Paris et le Concerto pour violon, Grammophon. En 1987, Anne-Sophie des lieux les plus prestigieux en Europe, contrebasse et orchestre d’André Previn, Mutter a créé la Fondation Rudolf-Eberle, aux États-Unis et en Asie. Interprète dont elle commémorera la création qui a pour vocation d’aider les jeunes renommée des grands classiques européenne à l’initiative des Amis de la instrumentistes à cordes européens. de la littérature pour violon, elle se Fondation Anne-Sophie-Mutter à Londres À l’automne 1997, cette fondation a consacre avec autant d’enthousiasme avec le contrebassiste Roman Patkoló et déménagé pour Munich, où elle coexiste à des répertoires plus récents et le London Symphony Orchestra dirigé désormais avec les Amis de la Fondation plus novateurs tout en se partageant par le compositeur. En marge de ses Anne-Sophie-Mutter (qui soutient, pour équitablement entre la musique de grandes tournées, elle interprètera enfin sa part, les jeunes musiciens du monde chambre et la musique pour orchestre. les concertos pour violon de Brahms et de entier). Concernée par les problèmes Elle met en outre régulièrement sa Mendelssohn ainsi que le Double Concerto sociaux et médicaux de son temps, Anne- popularité au service de projets caritatifs de Brahms, les romances de Beethoven Sophie Mutter participe régulièrement et de jeunes musiciens talentueux. En et Sur le même accord d’Henri Dutilleux. à des événements caritatifs. En 2008, 2008, Anne-Sophie Mutter donnera Les disques d’Anne-Sophie Mutter elle donnera par exemple des concerts des concerts en Asie, en Europe et en ont remporté de nombreux prix. Les de bienfaisance pour l’Académie des Amérique du Nord. Responsable de la enregistrements d’œuvres pour violon de Berliner Philharmoniker et pour la Maison direction musicale de sa propre tournée Mozart qu’elle a sortis en CD et en DVD Beethoven de Bonn. Récipiendaire en Asie (au cours de laquelle on pourra chez Deutsche Grammophon à l’occasion de l’Ordre du mérite de la République l’entendre dans Les Quatre Saisons du 250e anniversaire de la naissance Fédérale Allemande (première classe), de d’Antonio Vivaldi avec les Solistes de du compositeur ont été récompensés l’Ordre du mérite de Bavière et de la Croix Trondheim et dans le Concerto pour par un Choc du Monde de la Musique d’honneur autrichienne pour la Science violon n° 2 de Bach), elle interprètera et par le magazine japonais Record et l’Art, elle a été élevée au rang d’Officier par ailleurs les sonates pour violon de Geijutsu en 2006. Anne-Sophie Mutter dans l’Ordre des Arts et des Lettres par Brahms avec le pianiste Lambert Orkis met un point d’honneur à défendre les l’État français. aux États-Unis et en Allemagne. Dans œuvres contemporaines pour violon. Des le domaine de la musique de chambre, compositeurs comme Sebastian Currier, Seiji Ozawa Anne-Sophie Mutter jouera les trios à Henri Dutilleux, Sofia Goubaïdoulina, Né en Chine de parents japonais, Seiji cordes de Beethoven avec Yuri Bashmet Witold Lutoslawski, Norbert Moret, Ozawa étudie à l’École de Musique et Lynn Harrell à Baden-Baden, à Madrid Krzysztof Penderecki, André Previn de Toho à Tokyo avec le professeur et à Stuttgart. À l’occasion d’une nouvelle ou Wolfgang Rihm lui ont tous dédié Hideo Saito. En 1959, il remporte le tournée américaine, elle interprètera des pièces et on aura prochainement premier prix du Concours international également les concertos pour violon de l’occasion de l’entendre dans des œuvres de direction d’orchestre de Besançon. Bach avec la Camerata de Salzbourg, dont pour orchestre de chambre de Penderecki Charles Munch, alors directeur musical elle assurera elle-même la direction – la et de Rihm (dont elle assurera la de l’Orchestre Symphonique de Boston,



KARAJAN.indd 7 18/01/08 14:27:26 l’invite à Tanglewood. Il remporte en invités de réputation internationale. de Berlin), fait construire la première 1960 le Prix Koussevitzky du Tanglewood L’an 2000 marque le début du projet Philharmonie à l’emplacement d’une Music Center qui honore le meilleur « Ongaku-juku Opera » de Seiji Ozawa, ancienne patinoire, et appelle à élève en direction. Assistant de Herbert un programme d’éducation destiné aux la tête des musiciens le meilleur chef von Karajan à Berlin, il est engagé par jeunes musiciens. Seiji Ozawa a dirigé de l’époque. Lorsqu’il prend les rênes comme assistant plusieurs productions à l’Opéra de Paris du Philharmonique, Hans von Bülow de l’Orchestre Philharmonique de New dont, dernièrement, L’Heure espagnole a déjà hissé la Hofkapelle de Meiningen York lors d’une tournée au Japon en de Ravel, Gianni Schicchi de Puccini et au rang des meilleures formations. 1961. Il donne son premier concert en Tannhäuser de Wagner. Il est nommé En cinq ans seulement, il définit le janvier 1962 en Amérique du Nord Chevalier de la Légion d’Honneur en profil artistique hors du commun qui avec l’Orchestre Symphonique de San 1998 et Membre de l’Académie des sera désormais celui de la phalange Francisco. De 1964 à 1969, il est directeur Beaux-Arts et de l’Institut de France en berlinoise. Les successeurs de Bülow musical du Festival de Ravinia, résidence octobre 2001. Il est également docteur resteront longtemps en poste : nommé d’été de l’Orchestre Symphonique de honoris causa de La Sorbonne (2004). en 1895, Arthur Nikisch façonne pendant Chicago, puis il est directeur musical de Parmi son importante discographie, vingt-sept ans le style de l’orchestre. Si l’Orchestre Symphonique de Toronto on peut mentionner l’intégrale des Bülow signe de brillantes interprétations de 1965 à 1969 et de l’Orchestre symphonies de Mahler avec l’Orchestre assez analytiques, son successeur Symphonique de San Francisco de 1970 Symphonique de Boston et l’intégrale dirige avec une extrême sobriété. à 1976. Seiji Ozawa dirige l’Orchestre des symphonies de Brahms (Philips), Les exécutions n’en sont pas moins Symphonique de Boston pour la ainsi que les symphonies de Beethoven splendides et chaleureuses. Nikisch première fois en 1964 à Tanglewood et et de Schubert avec l’Orchestre Saito leur donne un souffle rhapsodique, une en 1968 au Symphony Hall de Boston. Kinen chez Philips Classics. Chez allure improvisée. Tchaïkovski, Berlioz, En 1973, il est nommé directeur musical Deutsche Grammophon viennent de Liszt, Strauss, Mahler – sans oublier de l’orchestre qu’il ne quitte qu’en 2002 sortir les concertos pour piano de Bruckner – sont ses compositeurs après 29 ans de fidélité, pour le poste de Rachmaninov avec Krystian Zimerman. de prédilection. Sous son mandat, la directeur musical de l’Opéra de Vienne. renommée internationale de l’orchestre Il est par ailleurs conseiller musical Berliner Philharmoniker ne cesse de croître. Tous les solistes du Nouvel Orchestre Philharmonique Printemps 1882 : sur le point de partir en de haut vol se rendent à Berlin pour se du Japon et travaille une fois par an tournée à Varsovie avec son orchestre, produire avec le Philharmonique. À la avec l’Orchestre de Chambre de Mito. Benjamin Bilse compte n’octroyer aux mort de Nikisch en 1922, l’orchestre élit à C’est en 1984 qu’il crée, à la suite musiciens qu’un billet de chemin de l’unanimité le jeune Wilhelm Furtwängler d’une série de concerts organisés à la fer de quatrième classe, outre une pour lui succéder. Le nouveau chef mémoire de son professeur, l’Orchestre rémunération déjà bien maigre. Pour poursuit l’œuvre de son prédécesseur : Saito Kinen, constitué des musiciens cinquante-quatre d’entre eux, le moment avec une battue ferme, sa direction issus de l’enseignement de Hideo est venu de reprendre leur liberté. inspirée, passionnée, exige de chacun le Saito. Particulièrement attaché à cet Le jeune ensemble qu’ils fondent plus haut sens de la responsabilité et la orchestre, Seiji Ozawa le réunit chaque se heurte d’abord aux problèmes de plus fine sensibilité. Lui et ses musiciens année deux semaines lors du Festival gestion. Il faudra attendre 1887, année deviennent des interprètes légendaires Saito Kinen créé en 1992 à Matsumoto où l’agent berlinois Hermann Wolff de Beethoven, Brahms et Bruckner. au Japon. Chaque automne, des reprend les choses en main, pour que Parallèlement, Furtwängler étend le opéras et des concerts symphoniques l’orchestre soit à même de bâtir son répertoire aux pièces contemporaines ou de musique de chambre y sont avenir sur des bases solides. Wolff le de Schönberg, Hindemith, Prokofiev interprétés par les musiciens de baptise « Berliner Philharmonisches et Stravinski. Au fil des tournées à l’Orchestre Saito Kinen et des artistes Orchester » (orchestre philharmonique l’étranger, le Philharmonique s’impose



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comme l’un des meilleurs orchestres perfection et une virtuosité d’un genre au-delà de la saison 2001/2002, et au monde. Avec la dictature nazie et encore inouï : il triomphe sur le plan c’est en juin de l’année suivante que les la guerre, le paysage culturel allemand national et international, tant en concert musiciens élisent à une large majorité subit des dommages irréparables. Le que par le biais de son abondante leur nouveau chef. En la personne Philharmonique de Berlin n’est pas discographie. En outre, Karajan sait de Sir , l’orchestre fait épargné. La folie raciste des dirigeants lui offrir de nouvelles perspectives. En venir à sa tête l’un des chefs les plus lui fait perdre de précieux membres et 1967, le Festival de Pâques voit le jour à en vue de la jeune génération. Cette le condamne à l’isolement, lui fermant Salzbourg. Le Philharmonique possède nomination s’accompagne de toute la porte aux échanges internationaux. désormais son propre grand festival une série de changements. D’abord, le On tente de faire de cette vitrine international, où il peut aussi s’affirmer Philharmonique abandonne ses statuts allemande l’instrument de la politique comme orchestre lyrique. Autre antérieurs pour devenir une fondation culturelle officielle. Furtwängler et les initiative : l’académie du Philharmonique de droit public – la Stiftung Berliner musiciens parviennent néanmoins à de Berlin, où un enseignement pratique Philharmoniker. De nouveaux terrains sauver l’âme artistique de l’orchestre. forme de jeunes talents aux exigences d’action s’étendent dans ce cadre Mais la rapidité avec laquelle les chefs d’un orchestre de tout premier ordre. plus moderne, garant de la continuité se succèdent au lendemain de la guerre C’est également au cours de l’ère économique de l’orchestre (avec ses parle d’elle-même. Le Philharmonique Karajan qu’est construite la nouvelle cent vingt-neuf postes à ce jour). De reprend les concerts dès le 26 mai Philharmonie. Depuis octobre 1963, surcroît, la fondation a pour principal 1945 au Titania-Palast, un cinéma l’orchestre réside dans cet auditorium sponsor la Deutsche Bank. Le projet désaffecté. À sa tête, Leo Borchard, conçu par Hans Scharoun (auquel s’est éducatif intitulé Zukunft@BPhil bénéficie qu’un soldat des troupes d’occupation ajoutée en 1987 une salle destinée à la en particulier de ce soutien généreux. abattra par erreur en août. Le Roumain musique de chambre). Élaboré avec l’entrée en fonction de – un parfait inconnu, Au terme de près de trente-cinq années Sir Simon Rattle, Zukunft@BPhil tourne issu de la jeune génération – est alors au poste de directeur artistique, Herbert l’orchestre vers un public plus large engagé pratiquement dès sa sortie du von Karajan meurt en juillet 1989. Son et surtout plus jeune. Pour la saison conservatoire. L’orchestre a vu juste : successeur n’est pas un inconnu. Claudio 2007/2008, la fondation a programmé Celibidache a du tempérament et sa Abbado, qui a dirigé le Philharmonique 171 concerts au total – dont, rien qu’à programmation est très diversifiée. pour la première fois en 1966, a gagné Berlin, 93 concerts symphoniques avec Il enthousiasme jusqu’en 1952, année depuis la considération des musiciens. le Philharmonique. Le projet Zukunft@ où Furtwängler revient officiellement en Sans être de ces dresseurs d’orchestre BPhil, qui consiste donc à développer fonction. C’est également lors de l’après- qu’incarnaient ses prédécesseurs, il de nouvelles formes de diffusion et de guerre qu’est fondée en 1949 la Société impressionne par sa force de conviction formation musicales en s’adressant au des Amis de la Philharmonie de Berlin : et sa présence. En réunissant autour plus grand nombre, n’en tient pas moins au cours des décennies suivantes, elle d’une même thématique partitions à cœur au chef comme aux musiciens. aidera à financer la construction de contemporaines et œuvres du répertoire Pour la première fois de son histoire l’actuelle Philharmonie et assurera la traditionnel, donne vieille aujourd’hui de plus de 125 ans, maison de son soutien permanent. aux saisons de concerts une tournure le Philharmonique de Berlin étend ainsi Wilhelm Furtwängler meurt en novembre inédite. Cette modernisation des sa mission culturelle – avec l’engagement 1954. En avril de l’année suivante, programmes va de pair avec un net qui est le sien. En novembre 2007, le Philharmonique élit au poste de rajeunissement de l’orchestre : près l’orchestre et son directeur artistique directeur artistique l’homme qui restera des deux tiers des membres actuels y Sir Simon Rattle ont été nommés le plus longtemps à sa tête : Herbert von sont entrés au cours de cette période. Ambassadeurs itinérants de l’UNICEF. Karajan. En se forgeant un profil sonore Claudio Abbado annonce en février 1998 bien spécifique, l’orchestre atteint une qu’il ne renouvellera pas son contrat



KARAJAN.indd 9 18/01/08 14:27:27 Directeur musical Stephan Schulze Peter Riegelbauer Sir Simon Rattle Christoph Streuli Edicson Ruiz Eva-Maria Tomasi Janne Saksala Violons I Romano Tommasini Janusz Widzyk Guy Braunstein (1er solo) Ulrich Wolff Daniel Stabrawa (1er solo) Altos Toru Yasunaga (1er solo) Carrie Dennis (1er principal) Flûtes Rainer Sonne (solo) Neithard Resa (1er principal) Andreas Blau (principal) Zoltán Almási Naoko Shimizu (principal) (principal) Maja Avramovic Wilfried Strehle (principal) Prof. Michael Hasel Simon Bernardini Micha Afkham Jelka Weber Wolfram Brandl Julia Gartemann NN (piccolo) Peter Brem Matthew Hunter Armin Brunner Ulrich Knörzer Hautbois Andreas Buschatz Sebastian Krunnies Jonathan Kelly (principal) Alessandro Cappone Walter Küssner (principal) Madeleine Carruzzo Martin von der Nahmer Christoph Hartmann Aline Champion Zdzisław Polonek Andreas Wittmann Laurentius Dinca Martin Stegner Dominik Wollenweber (cor anglais) Sebastian Heesch Wolfgang Talirz Felicitas Hofmeister NN Clarinettes Aleksandar Ivic NN Wenzel Fuchs (principal) Rüdiger Liebermann NN (principal) Kotowa Machida Violoncelles Alexander Bader Helmut Mebert Georg Faust (1er principal) Walter Seyfarth Andreas Neufeld Ludwig Quandt (1er principal) Manfred Preis (clarinette basse) Bastian Schäfer Martin Löhr (principal) Olaf Maninger (principal) Bassons Violons II Jan Diesselhorst Daniele Damiano (principal) Christian Stadelmann (1er principal) Richard Duven Stefan Schweigert (principal) Thomas Timm (1er principal) Christoph Igelbrink Mor Biron Axel Gerhardt (principal) Solène Kermarrec Markus Weidmann Holm Birkholz Martin Menking Marion Reinhard (contrebasson) Philipp Bohnen David Riniker Stanley Dodds Nikolaus Römisch Cors Cornelia Gartemann Dietmar Schwalke Radek Baborak (principal) Amadeus Heutling Knut Weber Stefan Dohr (principal) Christophe Horak Stefan de Leval Jezierski Rainer Mehne Contrebasses Fergus McWilliam Christoph von der Nahmer Nabil Shehata (1er principal) Georg Schreckenberger Raimar Orlovsky Prof. Klaus Stoll (1er principal) Klaus Wallendorf Heinz-Henning Perschel Rudolf Watzel (principal) Sarah Willis Bettina Sartorius Martin Heinze NN Rachel Schmidt Wolfgang Kohly Armin Schubert Esko Laine

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Trompettes Gábor Tarkövi (principal) Tamás Velenczei (principal) Thomas Clamor Georg Hilser Martin Kretzer

Trombones Prof. Christhard Gössling (principal) Olaf Ott (principal) Thomas Leyendecker Stefan Schulz NN

Tuba Paul Hümpel Alexander von Puttkamer

Timbales Rainer Seegers Wieland Welzel

Percussion Raphael Haeger Fredi Müller Franz Schindlbeck Jan Schlichte

Harpe Marie-Pierre Langlamet

Directeurs Jan Diesselhorst Peter Riegelbauer

Directeurs médias 7503080 7503079, 7503078, Salle Pleyel Olaf Maninger Président : Laurent Bayle Emmanuel Pahud

Notes de programme Comité Madeleine Carruzzo Éditeur : Hugues de Saint Simon Helmut Mebert Rédacteur en chef : Pascal Huynh Rédactrice : Gaëlle Plasseraud Nikolaus Römisch | Licences Imprimeur SIC | BAF Christian Stadelmann Correctrice : Angèle Leroy Martin Stegner Maquettiste : Elza Gibus

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