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<^fc ; *&&* «* **'"' T* ' .•.::•.••- LE ROMAN FLAMENCA TOME PREMIER LE ROMAN DE FLAMENCA D APRES LE MANUSCRIT UNIQUE DE CARCASSONNE TRADUIT ET ACCOMPAGNÉ D'UN VOCABULAIRE Deuxième édition entièrement refondue PAR Paul MEYER MEMBRE DE L INSTITUT TOME PREMIER 3 PARIS LIBRAIRIE EMILE BOUILLON, ÉDITEUR 67, RUE DE RICHELIEU, AU PREMIER I9OI AVANT-PROPOS La première édition du Roman de Flamenca parut en i86j. A cette époque, les études provençales, fort délaissées cbe\ nous depuis Raynouard, étaient loin du degré d'avancement qu'elles atteignent aujourd'hui. Une grande partie de la littérature était inédite ou ne pou- vait être étudiée que dans des éditions partielles et incorrectes ; les seuls secours pour l'interprétation des textes étaient le Lexique Roman de Raynouard, bien incomplet comme on sait, et quelques publications de Bartsch. La première édition d'un poème publié d'après un manuscrit unique et souvent corrompu devait néces- sairement se ressentir de ces conditions défavorables. Mais il y a plus : cette édition n'avait pas été conduite au point de perfection relative que comportait le temps où elle parut. Par suite de circonstances qu'il importe peu défaire connaître, je n'avais eu, au mois d'octobre 1862, qu'un temps fort limité pour faire la copie du manuscrit, et c'est seulement l'année suivante, Vimpres- sion déjà avancée, qu'il m'avait été possible de retourner à Carcassonne pour collationner les feuilles tirées et la copie non encore imprimée avec le manuscrit dont la communication à Paris m'avait été refusée. Malgré une révision attentive, dont les résultats sont consignés II AVANT-PROPOS dans un trop long errata, il resta dans ma première édition un nombre considérable d'incorrections (Jautes de lecture ou de ponctuation, fautes du manuscrit non corrigées ou mal corrigées, etc.), qui nuisent singulière- ment à l'intelligence du poème. Toutefois, le Roman de Flamenca reçut un accueil favorable. Des critiques autorisés l'examinèrent avec une scrupuleuse attention et proposèrent au texte nombre de corrections, dont beaucoup ont été confirmées par un nouvel examen du l manuscrit . Le livre finit par s'épuiser, et la librairie qui avait fait les frais de la première édition voulut bien se charger d'en publier une seconde, fe m'estime heureux d'avoir pu, après trente-cinq ans, refaire l'œuvre principale de ma jeunesse, et j'ai l'espoir que la seconde édition, publiée dans de meilleures conditions que la première, sera plus digne d'un poème que je regarde comme l'un des joyaux de la littérature du moyen âge. Cette seconde édition n'est pas seulement revue et cor- rigée, elle est entièrement refaite. Matériellement elle se distingue de la précédente en ce qu'elle formera deux volumes. Le premier, aujourd'hui publié, contient le texte et le vocabulaire, le second renfermera l'introduc- tion, la traduction et une table des noms propres. Plus heureux qu'en 1863, j'ai pu obtenir le prêt du manu- 1. Bartsch, dans le Jahrbuch f. rom. u. cngl. Literatur, VII, {1866), 18S-205 ;Mussafia, ibid., VIII (1867) 113-119; Tobler, Gôttingische gelehrte Anzeigen, 1866, pp. 1767-1790 ; Cbabaneau, Revue des langues romanes, 2' série, 1(1876), 24-)$. AVANT-PROPOS 111 scrit pendant la correction des épreuves, et il n'est aucune page qui riait été collât ionnée à plusieurs reprises. Toutes celles des particularités graphiques qui ne pouvaient être conservées dans le texte ont été indiquées en note ; toutes les difficultés de lecture ont été signalées. Il reste encore des passages douteux ou même manifestement corrompus : je les ai relevés soit dans les notes, soit au glossaire, mais je crois avoir fait rendre au manuscrit tout ce qu'on en pouvait tirer. Je m'en suis tenu, sauf en des cas assez rares, à la leçon de ce manuscrit, et n'ai point tenté de régulariser la graphie. Je montrerai, dans l'introduction, que toute tentative en ce sens aboutirait à des résultats arbitraires, l'auteur ne se faisant pas scrupule d'employer — ses rimes le montrent — des formes divergentes ; et d'autre part la graphie du copiste est en elle-même intéressante et méritait d'être conservée. Le vocabulaire, qui n'était cependant pas la partie la plus défectueuse de la première édition, a été entière- ment récrit. Il ne comprend plus seulement les mots omis ou insuffisamment expliqués par Raynouard : dis- posant cette fois de plus d'espace, j'ai voulu dresser le dictionnaire de la langue du poème. Naturellement tous les mots n'y sont pas, et je n'ai pas non plus jugé utile de relever tous les passages où chaque mot figure, mais je ne pense pas avoir rien omis d'essentiel. Ce vocabulaire occupe pi-us du quart du volume. Il eût été abusif de le faire plus long. Obligé de faire tenir le texte et la traduction en un volume, j'avais dû jadis écourter notablement la ira- IV AVANT-PROPOS duction, surtout vers la fin. Cette fois on aura la tra- duction complète. La partie la meilleure de la première édition est le commentaire joint à la traduction. On ne m'accusera pas d'outrecuidance si je dis que ce commentaire dépas- sait sur beaucoup de points Vétat des connaissances acquises à Vépoque où il a paru : après plus d'un tiers de siècle, je me sens très capable de juger mon premier travail avec une entière impartialité. On retrouvera, dans le second volume, ce commentaire augmenté en certaines parties, car j'avais laissé sans note plusieurs passages intéressants, notamment dans Vènumération des contes et poèmes récités aux noces d'Archambaut, mais abrégé en d'autres, car beaucoup de notions que j'avais dû, en i86j, exposer avec détail, sont maintenant entrées dans le domaine commun de la science, et peuvent être résumées brièvement. Flamenca est un roman de mœurs auquel rien ne peut être comparé dans l'immense littérature roma- nesque du moyen âge. C'est l'œuvre d'un homme d'in- finiment d'esprit et d'un esprit très supérieur à son temps. Il se peut que cette supériorité même ait nui au succès du roman, dont les qualités de fine observa- tion et de narration élégante ne pouvaient être appré- ciées que du petit nombre. Personne, au moyen âge, n'en a parlé, et on n'en connaît qu'un seul manuscrit. Peut-être la présente édition contribuera-t-elle à lui valoir la place éminente qu'il mérite d'occuper dans l'his- toire littéraire. Son principal défaut est de nous être par- venu très mutilé, puisque le manuscrit de Carcassonne a , AVANT-PROPOS V perdu plusieurs feuillets, notamment les premiers et les derniers. Je souhaite, sans beaucoup l'espérer, qu'un futur éditeur réussisse à en trouver un manuscrit com- plet ». Novembre ioo. I. Pour qu'il ne manque à cette nouvelle édition rien de ce que renferme la première, je joins ici la dédicace par laquelle, en 1865 j'offrais à mon ancien maître Fr. Guessard (•{• 1882) l'hommage de mon travail. Al valent et onrat. En F. Guessart, de part Paul Meyer, lo sieu discipol, salutz corals et en totas res obezir. Bel senher maestre, pos de la vostra onor m'avetz tal fieu donat qu'ieu melhor non quier, so es la conoissensa del parlar proensal, ben es dreitz e razos qu'ieu vos en renda las merces eus en fassa bon servizi, si com hom deu far a son leial senhor. Eper so car plus cortes message nous poiria mandar, vos ai tramesa Na Flamenca, que ben es tais que gen vos sabra proferre lo mieu homenage. Araus prec, bel senher, quel vulhatz grazir e la mes- satgeira aculhir, per amor celui que vos es toz aclis. Fâcha a Paris el mes de mai MDCCCLXV. Si S 9 mu I- A HP. LÉ - e fc 1 * .e t ÎSilî "** <} s 2 £ <~ c l'B* S si *\ LE ROMAN DE FLAMENCA (*) « Poissas lur di[s] tôt en apert : (fol. 2) « Vostre cor nom tengas cubert, « Mais digas mi : si Dieus mi dona 4 « Un'aventura que m'es bona, « Non sabra bon a totz ensems? « Ieu ai désirât moût lonc temps « Cap N'Archimbaut agues paria, 8 « Ar son vengutz d'en lai al dia « Ques el la quer e la demanda : « Per son anel dominim manda « Que Flamenca penra sim voil. 12 « Moût i faria gran ergueil « S'ieu d'aizo dizia de no. (*). Du premier feuillet il ne reste que le coin supérieur engagé dans la reliure. Sur ce débris on lit ces débuts de vers : Sa colors Ane d Nat Ab C i. tôt, ms. ton, corrigé en tôt, le second jambage de l'a étant exponctué. — 2. nom, ms. nô. — 10. dominî. T. I 1 2 LE ROMAN « D'autra part le reis mi somo « Que, sim plaz, ma fillapenra, té « Per autra la laissara non ; « Mais aissom par causa trop brava « Si Flamencha deven esclava : « Mais voil que sia castellana 20 « E qu'ieu la veja la semana, « Ol mes o l'an, una vegada, « Que fos reïna coronada « Per tal que non la vis jamais. 24 « Ane paires tan gran mal [non] trais s Per sa filla con ieu trairia « S'en aisi tostems la perdia. « Pero vostre sen m'en digas. 28 — Sener », fan s'il, « mais tan vos plaz, « A N'Archimbaut nous deves fener ; « Meller cavalliers nom pot cener (v°) « Espaza tan durai quan monz ; 32 « De totz mais aips es sos cors monz. « Lo cors nos o dis et amors « Mais vos faria de socors « En Archimbautz, s'ops vos avia, 36 « Quel reis Esclaus nil reis d'Ongria.