€ DÉCEMBRE/KERZU 2011 AUJOURD’HUI, ÊTRE LIBRE, C’EST ÊTRE INFORMÉN° 575 / 3,50 POBL VREIZH/LE PEUPLE BRETON

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Les jeux et sports traditionnels inscrits à l’Unesco ?

A FALSAB (Fédération des amis Le 3 e dossier breton semble à Paris, au ministère, et Ldes luttes et sports athlétiques Nous participons depuis 2009 au l’aventure a commencé. bretons) est une véritable institution groupe de travail breton sur la Depuis, nous avons organisé avec en Bretagne. Elle a vu le jour en 1930 promotion du patrimoine culturel l’université de Nantes un colloque sous l’impulsion d’un groupe de immatériel, coordonné par Dastum. international accompagné d’un ras - passionnés de lutte bretonne, avec Ce fut l’occasion de rencontrer des semblement de jeux et sports tradi - à sa tête le docteur Charles Coton - responsables du ministère de la tionnels. Nous restons en lien étroit nec. Elle fut créée pour ancrer dans avec l’équipe de Dastum, qui tra - la modernité la lutte bretonne (gou - vaille sur les deux autres dossiers. ren) et les sports athlétiques bre - Le nôtre comprend cinq parties : tons. – la présentation du domaine des Devenue Confédération des jeux « jeux et sports traditionnels de Bre - et sports traditionnels de Bretagne tagne » (qui comprendra un film de dans les années 90, la Falsab re - qualité professionnelle de dix mi - groupe aujourd’hui onze comités et nutes) ; fédérations de jeux et sports tradi - – un inventaire ; tionnels ainsi que vingt-cinq struc - – un diagnostic faisant ressortir tures (associations, communes) nos difficultés à exister ; consacrées à leur diffusion. L’en - – un plan de sauvegarde sur semble représente un véritable quatre ans ; réseau présent sur les cinq départe - ments bretons, ce qui fait de la Fal - – et surtout la collecte de soutiens sab le référent régional en termes de à la démarche de la part des per - jeux et sports traditionnels aux sonnes individuelles, des associa - côtés de la Fédération de gouren, tions et des collectivités. son partenaire historique. Le dossier sera déposé en mars 2013 et nécessitera dix-huit mois La Confédération Falsab regroupe d’instruction. 127 clubs et 1 2 866 adhérents. Elle a organisé 1 585 manifestations Soutenir la démarche b a s (concours et animations) en 2010. l a Avec la Fédération de gouren, F Elle accompagne les structures ad - nous venons de lancer la partie in - hérentes dans leurs projets de déve - ventaire, à partir de notre réseau, en loppement et de promotion avec Nicolas Ollivaux direction des 1 490 communes de une priorité donnée au renouveau Bretagne. Parallèlement, nous par la jeunesse. délégué régional avons entamé le recueil des sou - tiens à la démarche et lancé notre La Falsab évolue, à l’image des de la Confédération Falsab diagnostic de façon participative. jeux et sports traditionnels bretons, qui conservent un important carac - J’engage toutes les personnes et tère social tout en représentant des associations attachées à la culture sports locaux à part entière. Elle se bretonne sous toutes ses formes à veut même la garante de cette iden - Culture, avec lesquels nous avons consulter notre site Internet pour tité et compte conserver et dévelop - envisagé d’engager un projet de dé - nous apporter leur soutien via les per l’aspect loisir de nos sports lo - pôt de dossier auprès de l’Unesco formulaires en ligne. Le travail qu’il caux pour ne pas tomber dans le sur la liste de « sauvegarde urgen - nous reste à produire est monumen - « tout compétition », où l’argent te ». Il s’agit du troisième dossier tal et nous avons recruté un troisiè - prendrait le pas sur la convivialité et breton, après celui du fest-noz (liste me permanent. Mais, quelque l’ouverture au plus grand nombre. représentative) et le dossier « chant part… le jeu en vaut la chandelle ! Nous poursuivons donc notre struc - à écouter » (liste de sauvegarde). turation pour la pérennisation et le Pour cela, il fallait que notre principal • Confédération Falsab : www.falsab.com développement de cette originalité partenaire, la Fédération de gouren, (rubrique Actualités / Unesco) bretonne. soit partant. Nous sommes allés en - • Fédération de gouren : www.gouren.com

4 Le Peuple breton – décembre 2011

Souscription permanente Décembre/Kerzu 2011 Nedeleg laouen ! Setu ’pezh hon eus c ’hoant da lavar evit miz diwezhañ ar bloaz. Bep miz ez eus bet traoù da dalañ outo abalamour da bolitikerezh Sarkozy. Diaes eo evidomp ha, ni a oar an dra-se, n’eo ket aesoc ’h evidoc’h. Koulskoude emaoc’h ’U NION EUROPÉENNE VIT DES HEURES SOMBRES . Alors que les ganeomp, bewech m’hon eus ezhomm. C’hwi a peuples semblent tous plus pressés les uns que les lenn hor gazetenn ha ret eo din lavar « Trugarez » Lautres de se débarrasser de leurs dirigeants, on a rare - d’an holl. Pouezus-tre eo evit hon skipailh. Hag eus ment assisté à un tel déni de démocratie sur notre continent. À o ferzh e hetan deoc’h un Nedeleg laouen adarre. commencer par le départ de Silvio Berlusconi, qui réjouit les Bruno Le Huede, Montrouge, 15 € ; André Bois - démocrates que nous sommes, mais dont la démission, or - neau, Évreux, 5 € ; Gérard Lelou, Arthon, 5 € ; Jean- Luc Lucas, Plouaret, 15 € ; François Le Peru, Be - chestrée pour « rassurer les marchés », a de quoi soulever des rhet, 5 € ; Dominique Lehaut, Lannion, 5 € ; Loïc Le - interrogations sur la place qu’occupe la politique vis-à-vis du roux, Thaon, 5 € ; André Gilbert, Saint-Malo, 5 € ; monde économique. Serge Gleren, Pont-l’Abbé, 5 € ; Guy Le Gac, Pleu - La droite, au pouvoir dans la quasi-totalité des États européens, meur-Bodou, 10 € ; Alain Rousseau - Saint-Étienne- de-Montluc, 15 € ; Robert Pédron, Plérin, 15 € ; Pier - se pose souvent en « spécialiste » de l’économie. Elle n’a pourtant re Davin, Saint-Égrève, 5 € ; Antoine Calvez, Vande - pas su anticiper la crise, ni d’ailleurs y faire face. Aujourd’hui, notre lainville, 10 € ; Noël Toudic, Mouaze, 5 € ; Éric Le Ri - gouvernement, à coup de rustines, tente de raccommoder les déchirures guer, Carhaix, 15 € ; Jean-Charles Perazzi, Plome - dues à son incompétence, mais ne verrait pas d’un si mauvais œil que la lin, 5 € ; Hervé Le Deunff, Saint-Pol-de-Léon, 5 € ; Chine rachète notre dette. Quand « austérité » rime avec « calamité »… Yvon Calage, Le Mans, 5 € ; Martine Iliou, Avrillé, 15 € ; Annick Loechner, La Baule, 35 € ; Paulette Fié - L’économie, pourtant, est affaire de territoires. Et il suffit de voir l’exo - vet, Gonesse, 15 € ; Paolig Combot, Saint-Divy, 5 € ; de des jeunes continuer pour se dire que nous filons un mauvais coton. On a de quoi Yann Talbot, Lannion, 5 € ; Alan Le Gal, Pont-Skorf, être inquiet quand des entreprises bretonnes compétitives se font racheter par des 10 € ; Bruno Sureau, Cérences, 5 € ; Patrick Gouez, capitaux extérieurs. Car où est la garantie du maintien de l’emploi ? On a de quoi être Commana, 5 € ; Michel Durand, Dinan, 5 € ; Raymon inquiet quand, pour réduire les charges des collectivités, les appels d’offres privilé - Josset, Villedieu-la-Blouère, 5 € ; Joël Capitaine, Rennes, 15 € ; Marcel Jamin, Plomelin, 5 € ; Lucie gient la main d’œuvre payée au lance-pierre. On a de quoi être inquiet Quenehervé, Lanester, 40 € ; Jean-Pierre Guillou, quand, en l’espace de quelques années, la Bretagne est passée d’une Saint-Mathurin-sur-Loire, 15 € ; Roger Perrot, Tré - économie industrielle à une économie de services qui ne fabrique plus darzec, 5 € ; Pierre Diguerher, Pléhédel, 5 € ; Julien rien. Le Bot, Saint-Carreuc, 5 € ; Yves Hourmant, Ploné - vez-du-Faou, 5 € ; André Ruyet, Saint-Caradec - À ceux qui estiment que les politiques ne servent à rien, je voudrais Trégomel, 15 € ; Alain Noblanc, Paimpol, 5 € ; dire ceci : le changement viendra sans aucun doute d’une prise de Jacques Le Breton de Vonne, Indre, 5 € ; Xavier Car - conscience individuelle. Mais on ne pourra pas faire l'économie d’une ré, Saint-Nolff, 5 € ; Jean-Alain Le Goff, Le Juch, politique qui donne un coup de pouce à cette prise de conscience ! Car, G 15 € ; Joël Luguern, Issy-les-Moulineaux, 5 € ; Tan - comme dit le proverbe : « Tout seul on va plus vite, mais ensemble on va L C gi Cheval, Baden, 5 €. J Sammad ar miz : 410 € plus loin. » Sammad ar bloaz : 4 706 € Gael Briand

6. Courrier des lecteurs Éditorial International 8. Iffig 7. 30-31. Le Pays 16. Nono Mona Bras basque 17. De Brest à Nantes « Le goût de l'avenir » sur le chemin 18. Leurre de vérité de la paix 21. An dreserezh batimantoù mor en arvar Élection présidentielle 32-33. La Lybie, espoir de l’identité 8-9. L’UDB soutiendra Eva Joly amazigh 34. Les trente ans de l’Alliance Économie libre européenne 10-11. La Sobrena et la filière de la réparation navale Un jour avec… 22. Ur gelaouenn eus ar 36-37. Fañch Le Henaff c’hentañ : « Al Lanv » Métier 23. Saloñs al levrioù e Gwenrann 12-13. Loïc Berthelot, cidrier 24. Petrol, gwad hor mod Agriculture bevañ 14. Sica de Saint-Pol : 25. Levrioù evit ar vugale arrêt du chantier Pages culturelles 26. Du ha gwenn Loire-Atlantique 15. La débretonnisation se poursuit 39. Livre du mois 27. Histoire : Yves Person 40-41. Livres 28-29. L’« Histoire de Bretagne Social pour tous » 19. Demandeurs d’asile : 42. Musique classique 35. Internet nouvelles discriminations 43 . DVD 38. Mots croisés Langue bretonne 44-45. Selaouit 48. PB Services 20. Edubreizh, formation par 46-47. Musiques de Celtie 49. La page du PB Internet Crédit photo de couverture : Pierre Morvan. Le jeu du mois 38. La Redadeg 2012 est lancée ! Le Peuple breton paraît le premier jour ouvrable du mois.

Le Peuple breton – Rédaction : BP 1 – 29850 GOUESNOU

5 Le Peuple breton – décembre 2011 Votre courrier

La mémoire de Pontcallec Le marquis de Pontcallec fut à l’origine de la constitution d’une association des Transport collectif : « Frères bretons » dont le rôle devait être d’obtenir l’indépendance absolue de la pour un maillage efficace Bretagne. Leur plan déjoué, lui et trois de Les collectivités sensibilisent de plus en plus les gens au covoiturage et je ses compatriotes furent jugés par la trouve cela positif. Mais avoir un maillage efficace et adapté de transport en chambre royale, condamnés et exécutés à commun me semble plus intéressant encore. La notion de transport en com - Nantes, sur la place du Bouffay, le 26 mars mun est souvent inexistante ou juste minimum (alibi) dans les zones faible - 1720. ment peuplées. En mars 1979, une plaque, créée à la de - Je reste persuadée qu’en matière de transport en commun, il ne faut pas ré - mande du député-maire de Nantes Alain pondre à une demande, mais proposer un service qui entraînera une de - Chenard, avait été scellée au sol sur la pla - mande. Cela implique un gros investissement à fonds perdus pendant ce du Bouffay, entre la pompe et le mur du quelque temps avec des horaires cadencés, accompagné d’une campagne de fond de la place, en mémoire du marquis sensibilisation. Beaucoup de gens deviendraient des adeptes du transport en de Pontcallec. Cette plaque a été malen - commun si les horaires correspondaient à leurs besoins et si on leur prouvait contreusement détruite lors de travaux le coût réel du transport individuel. À l’heure où nombre de foyers sont au d’aménagement. bord de la précarité, les transports en commun devraient être une priorité. Fort heureusement, la mémoire de Le covoiturage est un complément intéressant, mais difficile à pratiquer en Pontcallec et de ses trois compagnons de - campagne. vrait quand même être conservée à Nantes Je suis inscrite sur un réseau de covoiturage. Quand je vais quelque part et puisqu’une nouvelle plaque devrait être que je le sais à l’avance, j’inscris mon déplacement, faute de transport en scellée lors du prochain repavage de la commun. Eh bien, je n’ai jamais eu de demande… Je continue tout de place. Veillons à ce qu’elle le soit. même, question de convictions écologiques ! Michel Hamon, Florence Dhervé, Préfailles (44) Carnoët (22)

Les secrets du front de 1914-1918 Un lecteur nous communique un article d’ Ouest-France où Roger Stéphan raconte le secret de son grand-père : en 14- 18, au front, il était chargé de la cuisine roulante et un de ses officiers, breton comme lui, lui donne l’ordre : « Stéphan, reit banac’h ratafia d’ar soudarded » (Stéphan, donne du ratafia aux soldats). Il obéit et le lendemain, il apprend que ses camarades de Clohars, Arzano, Rédéné ou Locunolé étaient tombés sous les balles ennemies. Complètement ivres, ils avaient gravi le parapet de la tranchée sans fusil. Les bras levés, ils criaient : « Boched brein » (pourris de Boches). Écœuré, Stéphan refusera de donner de l’alcool aux soldats et il sera mis aux arrêts avec quatre autres soldats. Il s’évadera, mais trois prisonniers seront fusillés pour l’exemple. Notre lecteur commente : Je n’ai pu lire cet article sans serrement de cœur […]. Il met au jour des réalités que l’histoire officielle a toujours niées ou cachées, même s’il y a eu des tentatives discrètes de « réhabilitation ». On se souvient de l’interdiction du film Les Sentiers de la gloire de Stanley Kubrick. Devant ce récit, on est révolté par l’accumulation d’injustices, de mépris de la personne humaine, d’incompétences, d’aveu - glement criminel. Honneur (et chagrin) pour ces soldats « fusillés pour l’exemple », pour tous ces hommes victimes du Grand Carnage. Honte pour les responsables. Et merci à M. Roger Stéphan de nous parler de son grand-père. Jakez Louer, Trégunc (29)

La tromperie d’une fracture est-ouest Je reviens tirer la sonnette d’alarme à propos du discours sur la « fracture » est-ouest de la Bretagne. De deux choses l’une en effet : si – comme je m’efforce de le montrer – les écarts qui se creusent poursuivent les évolutions engagées de très longue date par la centralisation ferroviaire [voir PB n° 572, septembre 2011], la notion de mur de l’est doit s’effacer devant celle de passoire : les agglomérations de l’est, comme nos villes plus petites, n’ont retenu qu’une toute petite partie des populations sou - mises à l’exode rural. Il faut alors chercher les solutions non pas du côté de l’aggravation de la centralisation, mais du côté de sa correction la plus rapide possible par une vraie priorité donnée aux transversales internes et externes. Brest, en particulier, doit d’urgence rechercher une posi - tion de carrefour entre la route de l’est et la route du sud. Et il faut voir dans la liaison Rennes-Nantes non pas un duo infernal mais l’indispensable maillon oriental d’une rocade d’entrée/sortie de la Bretagne tout entière vers d’autres horizons que Paris : Europe maritime du nord-ouest, Europe du Sud par Bordeaux et Lyon. Si, au contraire, on préfère voir dans les évolutions récentes de la population le fruit de mesures ou d’événements également récents profitant plus à la haute qu’à la basse Bretagne, alors on valorise l’idée de mur et on cherche prioritairement à le percer par des liaisons encore plus rapides avec Paris. Comme si, par exemple, les neuf cent mille habitants gagnés par la Loire-Atlantique depuis sa création avaient beaucoup à voir avec les deux ou trois millions perdus (descendance comprise) par la Bretagne rurale. Le contresens est abso - lu, alimente un surdiagnostic de « métropolisation » et amplifie la dimension « étriquée » de nos petites villes. Ces dernières, comme nos plus grandes villes par rapport à celles du reste de l’Europe, sont aussi et d’abord des victimes de la centralisation. Michel François, Saint-Herblain (44) 6 Le Peuple breton – décembre 2011 Appel Édito pour l’équilibre urbain de la Bretagne

La Bretagne est reconnue pour son ré - seau de villes petites et moyennes qui ex - Le goût de l’avenir prime un aménagement solidaire et une

vision partagée de l’aménagement des R territoires. Cette présence d’un maillage D urbain évite les fractures du type « Tou - louse et le désert toulousain » et limite Si, pour reprendre la formule de Max Weber, la politique c’est le considérablement les phénomènes d’ex - goût de l’avenir, il faut bien reconnaître que ce qui nous a été pro - posé récemment n’est pas de nature à susciter l’enthousiasme. clusion sociale. […] La politique, ce n’est certainement pas les petites phrases et les Cette organisation urbaine est en réali - postures dont se nourrissent les médias parisiens et, malheureu - té très moderne. […] Elle permet un sement, aucune formation politique n’est épargnée par cette dé - aménagement équilibré des territoires, la rive, qui montre un spectacle politicien désolant, rajoutant de la présence d’un maillage économique assu - désunion à la confusion. rant des dynamiques plurielles. Cela fa - C’est pourquoi l’UDB n’est pas intervenue dans le tohu-bohu vorise du coup les mobilités douces et médiatique qui a suivi le pas de clerc d’Eva Joly, qu’on peut l’économie de proximité. mettre sur le compte de son irritation quant à la méthode et au fond même des négociations entre EELV et le PS. Nous prenons La volonté nationale de privilégier de acte de la mise au point d’Eva Joly elle-même et nous rappelons grands ensembles administrés sous forme le vote sans ambiguïté de notre convention du 5 novembre pour de métropoles, de pôles métropolitains le soutien au candidat de gauche, François Hollande, au second centralisés ou de communautés urbaines tour. entre en flagrante contradiction avec cet - En effet, le goût d’avenir passe par le départ de Sarkozy, préa - te armature urbaine. Des schémas fondés lable à tout changement. Le libéralisme destructeur et la recen - sur les seuls critères de « taille » omettent tralisation sournoise à la mode Sarkozy nous enfoncent dans la totalement ces variables qualitatives. […] crise ; la perte de confiance dans le politique et la peur de l’avenir font le lit de tous les populismes. Nous, Bretons, considérons que ce Comment redonner aux citoyens et singulièrement aux jeunes choix national entre en forte opposition le goût de l’avenir ? En réconciliant éthique et politique, comme avec les singularités de l’organisation ré - tente de le faire Eva Joly. La clarté de ses positions sur des ques - gionale. Soucieux de conforter l’équilibre tions essentielles explique son succès dans la primaire écologis - économique et la pluralité territoriale du te et le choix des militants de l’UDB : lutte contre la finance inter - développement breton, nous demandons nationale et les paradis fiscaux, fraternité et solidarité au cœur à ce que des visions essentiellement fi - des politiques publiques, conversion écologique de l’économie nancières, par ailleurs totalement liées au territorialisée, fédéralisme différencié et droits des minorités bon vouloir des dotations de l’État, ne culturelles et linguistiques… mettent pas à bas un schéma pour lors Il serait dommage que la liberté de parole de la candidate éco - partagé et qui permet à la Bretagne logiste soit désormais trop contrôlée et contrainte. On ne peut par d’avancer de façon collective. […] Nous ailleurs transformer la société qu’à la condition d’agir collective - croyons au contraire aux logiques du par - ment ; cela suppose la mobilisation la plus large des forces popu - tage et considérons que la Bretagne laires et donc le rassemblement des forces de gauche, dans le n’avance que lorsqu’elle est unie, portée respect de leur diversité. par une vision politique collective et des L’élection législative se situant dans le prolongement de la pré - dynamiques économiques partagées. La sidentielle font que les deux sont liées, de fait. Les négociations Bretagne n’est pas en retard d’urbanisa - R&Ps-EELV, en parallèle de celles entre PS et EELV, sont desti - tion mais en avance d’urbanisme. nées à assurer une juste représentation aux membres de notre fédération et singulièrement à l’UDB en Bretagne. Arriver à un Signer sur accord satisfaisant est logique dans le prolongement de la colla - http://communvv.p5alias.domicile.fr/ boration déjà ancienne entre autonomistes écologistes et écolo - petition gistes fédéralistes et, qui plus est, nécessaire à une bonne dynamique de gauche, seule à même de redonner confiance dans l’avenir en proposant plus qu’un programme, un véritable À l’origine de cet appel : Daniel Cueff et Jean projet de société pour un monde meilleur. Ollivro. Parmi les premiers signataires, on retrou - ve plusieurs élus UDB dont Robert Pédron, Ana Mona Bras Sohier, Herri Gourmelen, Michel François... porte-parole de l’UDB

7 Le Peuple breton – décembre 2011 Élection présidentielle

Iffig L’UDB

– a appris que cer - n

tains militaires de la a v

r militants ont pu exprimer idées, envies, Marine nationale o M urgences et mécontentements… e r

n’étaient pas autorisés r e i à démissionner à P Un contexte de crise l’issue de leur contrat de dix ans, car « trop précieux » ; La présidentielle de mai 2012 fait déjà Le texte de la convention a largement abordé le contexte de crise que la société – se demande pourquoi l’Armée, couler beaucoup d’encre dans les mé - dias. Les petites phrases et les postures européenne vit aujourd’hui : les consé - pourtant au service du peuple, ne lais - quences des politiques d’austérité, qui serait pas les gens « précieux » au mon - des candidats déclarés prennent le pas sur le débat d’idées, du fait de la per - touchent évidemment plus fortement les de civil ? plus fragiles, individus, territoires ou O sonnalisation à outrance du débat poli - tique et d’un système avide de coups pays ; la finance, ou plutôt « le libéralisme – se demande s’il ne va pas proposer médiatiques. En marge de cette agita - financier », qui affole les économies ; la à Charlie Hebdo un hébergement gra - tion parisienne, l’UDB a réuni ses mili - Grèce en faillite et la valse des ministres… cieux au siège du Peuple breton à la sui - tants le 5 novembre à Pontivy afin de L’Union européenne, dans son mode te de l’incendie volontaire de leurs lo - choisir qui elle soutiendrait. Ce sera d’organisation actuel, démontre son inca - caux. Puisque tous les journaux pari - Eva Joly. pacité à anticiper et à intervenir. La faute à siens s’y mettent… des égoïsmes nationaux qu’un fédéralisme permettrait d’atténuer. O Si les sondages placent aujourd’hui En France, la politique libérale du gou - – poursuit ses pérégrinations afin François Hollande en tête, au premier vernement Sarkozy-Fillon accentue les ef - de s’opposer à l’implantation d’une tour comme au second, l’élection est loin fets de la crise. La remise en cause des ac - centrale électrique au gaz dans le d’être gagnée. Rappelons d’abord que les quis sociaux se poursuit : hier la retraite, Finistère. Après Guipavas, Briec, sondages ne sont qu’une photographie à demain le régime d’assurance maladie ? Châteaulin et Brennilis, Landivisiau ? un moment donné de l’opinion et que le Les secteurs emblématiques en Bretagne premier tour de l’élection présidentielle et ailleurs ne cessent de subir cette mon - – se dit que, décidément, l’électricité n’aura lieu que le 24 avril. ne contribue pas à éclairer les esprits ! dialisation effrénée et sans règles. Der - Cette donnée, les cent vingt délégués de niers en date, le fleuron de la réparation O l’Union démocratique bretonne en navale Sobrena, mais aussi PSA. – félicite Gwenvael Jéquel pour son avaient bien conscience. Et c’est en toute Côté international, les événements coup de gueule dans le magazine bre - connaissance de cause que, conformé - s’enchaînent à une vitesse affolante : le ter - tonnant Bremañ contre la marque ment aux orientations du congrès de rible drame de Fukushima a rappelé au À l’aise Breizh, qui utilise la Bretagne 2010, ils ont fixé lors de cette convention monde entier la dangerosité du nucléaire comme un fonds de commerce en re - les objectifs prioritaires du parti pour les et l’urgence de s’engager dans la voie de la vendiquant « un esprit breton léger, élections de 2012, à savoir battre la droite sortie du nucléaire, les révolutions en sans politique et sans poids histo - et faire prendre en compte ses revendica - Afrique du Nord suscite des espoirs, mais rique » ; tions programmatiques. aussi des craintes de voir des régimes reli - – apprécie moyennement d’être Mais qu’est-ce qu’une « convention » ? gieux s’affirmer. considéré comme un imbécile heu - L’UDB cherche autant que possible à res - reux par la marque ! pecter la démocratie interne par un pro - La Bretagne laboratoire cessus de décision assez long. Le débat du changement O s’organise préalablement dans les six fédé - Cet état des lieux n’a pas vocation à être – s’est réjouit du sondage Ipsos qui rations de l’UDB, sur la base d’un texte exhaustif. Le principal enseignement est annonce que 67 % des Français sont préparatoire. Les fédérations, après un que les analyses et orientations de l’UDB pour plus d’autonomie pour les Ré - premier débat en section, sont chargées se trouvent confortées. Plus que jamais, gions. d’apporter des amendements à ce texte. pour l’UDB, la Bretagne est à penser com - La convention sert, par le biais du vote, à me un laboratoire du changement. – ne savait pas que les Régions en faire les choix. Durant quatre heures, les avaient déjà ! O Orientations pour les législatives – est furieux de découvrir que la CCI des Côtes-d’Armor a investi En 2002, l’UDB avait présenté des candidats dans les trente-six circonscriptions bretonnes. 20 000 € dans l’aéroport de Saint- En 2007, dans le cadre d’un accord partiel avec les Verts, l’UDB présentait seize candidats. Brieuc pour satisfaire l’équipe de Pour les législatives de juin 2012, l’UDB se fixe comme objectif de présenter de quinze à vingt football de Guingamp. candidat(e)s sur les trente-sept circonscriptions des cinq départements bretons. – pense qu’il vaudrait mieux fermer Le positionnement pour les élections législatives ne pouvant être indépendant de celui de cet aéroport et envoyer les rouge et l’élection présidentielle, la recherche d’un accord avec EELV, dans le cadre de la fédération noir… à Brest. R&Ps, est un objectif prioritaire mais non exclusif. À ce jour, les discussions et négociations se poursuivent pour une présence juste et visible de l’UDB aux élections législatives, tant en – se dit que cette option serait dure terme de nombre de candidat(e)s que de points de programme. pour les supporters, mais que ce serait R.P. l’occasion de siffler l’armistice entre les deux clubs ! 8 Le Peuple breton – décembre 2011 soutiendra Eva Joly

Pour l’UDB, battre la droite implique voit que si l’hypothèse de voir le FN au se - de proposer et de faire partager par une cond tour se précisait dans les mois qui majorité de citoyens français un véritable viennent, avec le risque de faire élire Sar - projet de société qui crée un espoir de kozy, l’UDB reverrait sa position. Sur ce changement et emporte les convictions. point, l’UDB a réaffirmé l’importance de L’alternance politique en 2012 n’est pas combattre les idées xénophobes et sim - une question de casting, elle doit se réflé - plistes du FN (voir encadré des Jeunes de n a v chir et se construire autour de quatre axes r l’UDB)… o M majeurs : l’écologie politique de gauche,

e Pour le second tour de l’élection prési - r

e r e une VI République fédérale et solidaire i dentielle, l’UDB appellera à voter pour le des autonomies régionales, l’urgence de P candidat de gauche et s’engagera dans la justice sociale, la nécessité d’une Europe Insuffisances du PS et risque FN campagne en rappelant ses exigences pro - forte et politique, donc fédérale. Les insuffisances du programme du PS grammatiques. 76 % en faveur d’Eva Joly ont pesé dans le choix des militants de Robert Pédron au premier tour l’UDB. Force est de reconnaître que la primaire socialiste a connu un succès po - Pour le premier tour de l’élection prési - pulaire et que François Hollande en est dentielle de 2012, les militants UDB ont sorti nettement vainqueur, avec « l’ima - débattu principalement autour de deux ge » du candidat le plus à même de battre hypothèses : un soutien à Eva Joly ou un Sarkozy. Malgré ce succès, le pro - Choisis ta Bretagne soutien à François gramme socialiste n’emporte pas Hollande. La pro - Les Jeunes du FN ont choisi l’Île- l’enthousiasme de l’UDB pour le Tudy pour représenter la France où position de la fédé - premier tour. ration de la Loire- il fait bon vivre. Nous partageons le Si un acte III de la décentralisa - constat : la France où il fait bon Atlantique – laisser vivre, c’est celle où le FN n’est pas ! le choix aux adhé - tion est annoncé, le premier parti de gauche ne parle pas de fédéralis - Sur l’Île-Tudy par exemple, le FN a rents entre le vote enregistré 1,98 % aux législatives Eva Joly ou Fran - me et certains grands élus du PS de 2007 et 3,39 % à la présiden- çois Hollande au défendent les métropoles imagi - tielle. nées par Sarkozy. Sur la sortie du premier tour – n’a Nous avons conscience que la pas été retenue, le nucléaire, les positions au sein du Bretagne est une terre de mission parti préférant tran - PS sont parfois antagonistes, com - pour le FN. Pour notre part, nous me sur les langues régionales mettrons toute notre pédagogie au

cher. Très majori - t o

r d’ailleurs. Sur la réunification de la service de la gauche et contre ce tairement, les mili - é V

l Bretagne, le PS est peu explicite… parti et ses idées nauséabondes ë

tants ont considéré a qu’il a bien du mal à cacher derrière M Le risque Front national a aussi que la campagne une communication « proprette » et présidentielle est été évoqué par plusieurs militants caricaturale. UDB. La crainte d’un nouveau l’occasion de faire avancer des idées, de Les Jeunes de l’UDB peser sur les programmes et notamment « 21 avril » est dans tous les esprits. Très celui du Parti socialiste, de faire aboutir clairement, le texte de la convention pré - des revendications. De nombreux arguments ont plaidé en faveur d’Eva Joly. Sa participation et son intervention au congrès de R&Ps d’août dernier ont été remarqués. Elle est à ce jour la candidate de l’écologie politique de gauche et la seule candidate à promou - voir l’autonomie comme la forme moder - ne de gouvernance. Elle s’est déclarée fa - vorable à la réunification de la Bretagne et à la reconnaissance des langues régio - nales. Elle se pose en candidate de la justi - ce sociale et de l’équité fiscale et, de ce cô - té, sa carrière joue pour elle. Il a néanmoins été noté l’hypothèse d’un faible score d’Eva Joly, avec le risque d’une forme de perte de crédibilité (Do - minique Voynet, en 2007, avait réalisé un peu plus de 1,5 %).

9 Le Peuple breton – décembre 2011 Économie Les salariés en lutte Brest et la Bretagne

subi 73 accidents du travail, dont un mortel), c’est aussi un maillon important dans la chaîne des compétences et des métiers de l’industrie navale. Perdre ce maillon provoquerait immé - diatement des situations dramatiques sur le plan social, mais risquerait aussi d’affaiblir d’autres maillons de la navale, y compris des maillons prometteurs pour l’avenir, que ce soit la déconstruc - tion des navires civils et militaires en fin de vie ou les énergies marines (éo - liennes, hydroliennes, navires dédiés à la pose en mer et à la maintenance de ces machines). Il est clair que Brest a besoin de conforter tous ces maillons à la fois pour rester une place importante de l’industrie navale en France et en Eu - rope. La spécialisation à outrance est une erreur, elle correspond à la « division in - ternationale du travail » à laquelle le ca - pitalisme financier est si attaché. Les métiers de la réparation navale (mécani - ciens, soudeurs, électriciens, caré - s i t

s neurs…) sont nécessaires à la diversité o H ’

L des activités navales, à cette polyvalen -

e i l i ce navale qui est le plus sûr moyen de m É traverser les périodes de crise sans Alors que l’État a décidé de supprimer 2 200 emplois dans la Ma - chavirer mais aussi le plus sûr moyen de rine nationale à Brest (avec une compensation de 4 millions d’eu - stimuler l’innovation. ros pour la revitalisation du territoire, soit 1 800 euros par emploi supprimé), la réparation navale civile connaît à son tour des vents Notre histoire… et notre futur mauvais avec la menace qui pèse sur la Sobrena. Au moment où Car l’industrie navale est une activité nous écrivons ces lignes, à l’initiative des représentants des sala - qui irrigue. Soyons bien conscients que riés et de leurs organisations syndicales (CGT et CFE-CGC) – l’em - sa place traditionnelle dans notre terri - ployeur faisant défaut –, des solutions de reprise sont étudiées par toire, en confortant la dimension mariti - Brest métropole océane, la Région et l’État. me de la Bretagne (même si celle-ci res - te très sous-exploitée), est aussi ce qui a permis à Brest de regrouper 50 % de L’UDB et ses élus, à Brest et à la Ré - la recherche océanographique françai - gion, ont fait savoir qu’ils appuieraient Un maillon important se et d’occuper à ce titre une des trois toute solution qui permettrait de péren - Brest est le premier pôle de réparation premières places au plan mondial. Brest niser l’activité et l’emploi dans le res - navale en Bretagne mais aussi en Fran - vient d’ailleurs de s’unir à Lorient, pect du droit du travail et des conven - ce. Si la Sobrena emploie près de 250 Rennes et Nantes pour créer le Labex tions collectives. Ils sont également in - salariés, avec la sous-traitance ce sont Mer, regroupement de 1 500 chercheurs tervenus pour que la Ferries, plus de 800 personnes qui dépendent et ingénieurs, ce qui vient nous rappeler dont trois des neuf navires appartien - de son plan de charge sur le bassin que la mer est un puissant vecteur nent à une société d’économie mixte d’emploi de Brest. C’est donc tout un d’unité de la Bretagne. largement financée et présidée par la pan de l’activité industrielle du Ponant L’industrie navale à Brest, en Bre - Région, donne un peu d’air aux salariés qui est en danger. Et avec les familles, tagne, c’est notre histoire, c’est aussi de la Sobrena en leur confiant le chan - c’est un nombre encore plus important notre futur. Cette ambition doit être par - tier d’entretien du ferry Armorique . Ce de personnes dont l’avenir dépend du tagée par tous les acteurs sociaux et .

sort de la Sobrena. n

qui a été fait. Il faudra que ce geste de économiques et tous les responsables o i t a

solidarité bretonne, mais aussi de bon - Par ailleurs, si la réparation navale est politiques du territoire. d n u

ne gestion des deniers publics, s’inscri - o

un secteur qui n’est pas sans risques F

Christian Guyonvarc’h r ve dans la durée pour donner confiance e

pour les ouvriers qui y travaillent (en d i

conseiller régional de Bretagne r f

aux autres donneurs d’ordre. r

2010, les 247 salariés de la Sobrena ont u S 10 Le Peuple breton – décembre 2011 de la Sobrena ont besoin de la réparation navale

« Un millier de salariés dans la tourmente » h ' c

Intervention (extraits) d’Anne-Marie Kervern, au nom du groupe des élues r a v

UDB, devant le conseil municipal de Brest le 25 octobre 2011. n o y u G

n a i t s i r compétences, cela veut dire étoffer au - h

a Sobrena, entreprise leader de la C «L réparation navale à Brest, lui-mê - tant que possible le plan de charge im - me premier pôle de réparation navale en médiat. cent conflit social qui avait mis en évi - France, est sous la menace imminente La Région a à la fois la légitimité né - dence la création d’une « Société des d’une liquidation judiciaire. Avec elle ce cessaire, en tant qu’actionnaire princi - cadres dirigeants » dont l’objet était de sont des entreprises sous-traitantes qui pal, et le pouvoir d’intervenir pour que réserver à 126 dirigeants du groupe des se trouvent dans la tourmente, en tout l’entretien et la réparation des navires de augmentations de salaires conséquentes, un millier de salariés. la Brittany Ferries soient dorénavant as - très loin des valeurs fondatrices du mu - tualisme. Il y a tout lieu de s’étonner que cette surés à Brest. Cela ne suffira évidem - situation gravissime n’ait pas été portée ment pas à garantir un plan de charge ré - Le P-DG du Crédit mutuel-Arkéa, plus tôt à la connaissance des membres gulier, mais si la Brittany Ferries ne re - Jean-Pierre Denis, vient d’annoncer la du conseil portuaire, au premier rang connaît pas la compétence des entre - création de deux fonds d’investisse - desquels la Région, le Département, prises bretonnes de réparation navale, ment, dotés respectivement de 400 et Brest métropole océane, la Ville de Brest alors qui le fera ? 70 millions d’euros, qui auront pour et les représentants des salariés. De fait, Les pouvoirs publics (État, Région, vocation d’entrer au capital de PME ceux-ci sont mis devant le fait accompli, BMO) ont évidemment le devoir d’ai - dont la transmission apparaîtrait pro - le P-DG de la Sobrena ayant déclaré que der à trouver une solution de reprise blématique et pourrait donner lieu à l’avenir de l’entreprise et de ses salariés pour la Sobrena. Leur implication sera une prise de contrôle par des capitaux n’était plus de son ressort. tout particulièrement nécessaire pour étrangers. explorer rapidement la piste de DCNS. Cette démarche est positive, elle cor - Comme l’exécutif de la Région, pro - Et il faudra que DCNS, dont l’État est le respond aux intérêts d’une activité éco - priétaire du port de commerce, l’a lui- premier actionnaire, s’implique dans la nomique pérenne et de l’emploi en Bre - même souligné, l’avenir de la Sobrena liste des entreprises accordant le départ tagne, et nous l’apprécions comme telle, conditionne fortement celui des activi - amiante. Qu’une entreprise soit pressée mais pourquoi le Crédit mutuel-Arkéa, tés portuaires dans leur ensemble et tout de fermer boutique pour ne pas appli - qui est accompagné dans sa démarche particulièrement le plan de développe - quer le décret amiante est déjà scanda - par le président du conseil régional, ment de 130 millions d’euros (pour une leux en soi, mais une entreprise comme n’élargirait-il pas la vocation de ces première tranche) que la Région a pré - DCNS, qui n’aurait pas l’éthique de se fonds d’investissements aux PME qui senté le 22 novembre. comporter en entreprise citoyenne, se évoluent dans des secteurs stratégiques Les compétences techniques des sala - discréditerait définitivement. pour l’économie bretonne ? riés de la réparation navale seront, par Pour autant, le secteur privé a égale - À l’évidence, la réparation navale fait exemple, nécessaires à l’émergence d’un ment sa responsabilité, en particulier le partie de ces secteurs stratégiques. » pôle industriel local autour des énergies secteur bancaire. À ce titre, la direction marines. Ces compétences doivent être du Crédit mutuel-Arkéa, autrement dit Anne-Marie Kervern préservées pour pouvoir être transmises le Crédit mutuel de Bretagne, a ici l’oc - adjointe (UDB) au maire de Brest aux ouvriers de demain. Préserver ces casion de redorer son blason après le ré -

Les adresses à utiliser :

Pour cont Pour té acter dhérer : léphoner : Pour a Saint-Brieuc 02 96 61 les élus 9, rue Pinot-Duclos – 48 63 régionaux UDB – Groupe UDB : 13 C, rue Pour écrire : Franz-Heller rnet : 35700 Renne 9, rue Pinot-Duclos – 22000 S Site Inte s cedex aint-Brieuc bzh.net [email protected] www.udb-

11 Le Peuple breton – décembre 2011 Métier Loïc Berthelot, cidrier : une logique économique de territorialisation

Octobre-novembre est la pleine Franchir la case banque du Syndicat des cidriers bretons, dont saison de production de cidre. Auparavant crêpier, Loïc Berthelot Loïc fut le président pendant plus de Profitant d’une visite des Jeunes décide de se lancer comme cidrier alors quinze ans. de l’UDB à la cidrerie Coat-Albret que plus aucune installation n’a eu lieu Deuxièmement, il souhaite rester arti - de Bédée, Le Peuple breton est depuis des décennies. « Le banquier ne san, autrement dit ne pas produire lui- allé à la rencontre de Loïc Berthe - m’a prêté l’argent qu’il me fallait uni - même les pommes. Évidemment, notre lot, un patron atypique ancré quement parce qu’ayant vendu ma crê - alchimiste possède malgré tout un petit perie, j’avais un apport important », se verger, notamment de pommes acides, dans son territoire et, qui plus rappelle Loïc. qui lui permettent de rééquilibrer le goût est, annonceur dans nos co - Première leçon d’économie : bien de son cidre s’il est trop doux. Mais ne lonnes. L’occasion d’aller au- souvent, les jeunes s’arrêtent à la case vous fiez pas à son modeste verger : il delà du slogan de la « reconver - banque dès lors que l’activité n’inspire lui faudrait 35 ha pour répondre à sa sion écologique de l’économie », pas confiance ou n’est pas connue de production de cidre ! Un artisan achète, plutôt vague, et de prouver que ceux qui détiennent les cordons de la transforme et revend. l’économie vers laquelle nous bourse. Fort logiquement, les paysans sont voulons tendre fait ses preuves. À l’époque, Loïc souhaite faire un sceptiques au départ. Certains préfé - produit « issu du cru » et réinvente de raient vendre leurs pommes aux co - fait ce qu’on appelle dans le jargon éco - opératives 50 % moins chères, mais N’en déplaise à nos amis normands, nomique un SPL (système productif être certains d’être payés. Aujourd’hui, le premier cidre est basque. Il a mi - Coat-Albret récupère la production gré ensuite vers la Normandie et la de 90 % des vergers du secteur (en - viron 15 km autour de Bédée) et un Bretagne au cours des XV e-XVI e siècles. Toutefois, les connaisseurs lien de confiance solide existe entre vous diront qu’il existe une grande les paysans et lui-même. différence entre les cidres basque ou asturien et les cidres breton et « L’héritier d’un cru unique » normand. Alors que les uns sont Mais rester artisan suppose aussi plutôt acides, ceux que l’on trouve de garder les pieds sur terre. « Je dans nos régions sont plutôt doux n’ai jamais voulu faire de plantation en bouche. Et le métier de cidrier, en de vergers professionnels et inten - Bretagne, est plus proche de celui sifs. Je suis l’héritier d’un cru de brasseur que de producteur de unique. À vrai dire, j’ai même peur vin, comme c’est le cas en Norman - des plantations sélectionnées car die. c’est la meilleure façon de standar - Aujourd’hui, le cidre est considéré diser le goût des cidres. » Il refuse comme une « petite boisson ». La également d’utiliser du concentré consommation est de l’ordre de de pommes comme certains ci - 2,5 l par personne et par an en Fran - driers le font, notamment les bras - ce contre 50 l pour la bière et 30 l series britanniques. « Si le cidre an - pour le vin. Mais il faut savoir qu’en glais se nomme cider en France, ce 1905, à Rennes, la consommation n’est pas pour faire exotique, mais

avoisinait plutôt les 300 l par per - n parce que l’appellation cidre ne leur o t e sonne et par an… déclarés ! On r est pas donnée. Ils font leur cidre en b

e peut donc, sans craindre l’erreur, l quinze jours ! », révèle-t-il. Ici, le p u

estimer que la consommation réelle e concentré est inutile : la matière P

était plus forte. Le cidre était donc e première est abondante sur place L

/ et à un coût raisonnable. un produit traditionnel, bu à table d n a i comme ce fut le cas dans la famille r Le cidre se prépare tranquille - B

l

de Loïc Berthelot, patron de l’entre - e ment, avec un processus qui a fait a

prise Coat-Albret et militant de G ses preuves : récolte-tri-nettoyage- l’UDB. Loic Berthelot, patron breton atypique. pressage-fermentation lente et Dans le monde du cidre, le géant a un maîtrisée-assemblage-mise en local). En clair, il intègre très fortement bouteille. Loïc participe d’ailleurs au nom : Agrial. Ce groupe détient 65 % du son activité para-agricole dans le milieu marché du cidre avec notamment les mouvement slow food prônant une qui l’entoure, dans le tissu économique autre idée de la gastronomie. Six em - marques Loïc Raison (à Domagné), existant. « J’ai toujours aimé notre slo - Écusson et Kerisac . Val de Rance à ployés équivalent temps plein tra - gan des années 80 : vivre et travailler au vaillent avec lui. Pleudihen représente environ 10 % du pays », explique-t-il. marché. Le reste de la production est En tant que patron, ses objectifs sont artisanale et fermière et représente en - Premièrement, il se met en contact plutôt modestes : s’assurer un salaire, viron 25 %. C’est dans cette catégorie avec l’INRA, car il reste une antenne de bien sûr, payer honnêtement ses em - que s’inscrit la cidrerie Coat-Albret, née recherche sur le cidre. Cet atout permet ployés et faire vivre les producteurs de en 1983. une formation pour lui et ses collègues leur travail. Sans oublier bien entendu le

12 Le Peuple breton – décembre 2011 n o t e r b

e l p u e P

e L

/

d n a i r B principal : assurer un produit de qualité votre propre entreprise ! À l’inverse, bien, ne souhaite pas indiquer sur son l e pour les consommateurs. Et de ce point quand une marque qui possède une étiquette le nom de l’entreprise qui a fa - a de vue, là encore, Loïc est intransi - certaine notoriété décide de ne plus li - briqué le produit. G geant : « Le cidre Coat-Albret a une tra - vrer un dépôt, les supermarchés y réflé - çabilité totale. Il provient des vergers chissent à deux fois. » Concilier écologie et économie alentour, qu’ils appartiennent à des Deuxième leçon d’économie : ne ja - Loïc travaille en équipe avec des col - paysans ou à des particuliers. Pour mais faire plus que ce que l’on pourrait lègues, cidriers eux aussi. Pour lui, la ceux qui ne livrent pas en vrac, je four - faire et avancer à son rythme en restant concurrence n’a pas vraiment d’impor - nis les sacs pour éviter toute contami - maître de son entreprise. Or, chacun tance sur ce secteur : « Un mauvais nation avec des pesticides. » sait que les grandes surfaces « mar - cidre fait du tort à toute la profession, Malgré toutes ces précautions, le gent » plus sur les marques pour valori - donc mieux vaut que le cidrier améliore cidre Coat-Albret n’a pas le label bio… ser les leurs. Une stratégie de conquête ses méthodes ! » Aujourd’hui, en Bre - parce que Loïc ne l’a pas demandé ! qui ruine de nombreuses PME, en Bre - tagne, on compte une quarantaine de « Au Canada, mes produits ont été ana - tagne et ailleurs. Pour Loïc, il faut un cidriers. Loïc travaille étroitement avec lysés et classés comme « organic » équilibre entre la production, la trans - nombre d’entre eux. Et il ne manque (gamme supérieur au bio). Si je n’en fais formation et la distribution : « Le jour où pas d’imagination pour concilier écolo - pas la demande ici, c’est parce que ça la distribution maîtrisera complètement gie et économie. coule de source et aussi parce que le la transformation, les délocalisations Sa première idée, c’est d’instaurer la coût de la certification bio pour plus de iront bon train. » consigne : « Coat-Albret, c’est 350 000 cent petits vergers est trop impor - bouteilles pour 2011 environ, 1 700 tant. De plus, on peut parfaitement bouteilles à l’heure produite. être « bio » et incohérent, « bio » et Quatre-vingts pour cent de mes non équitable. » bouteilles sont réutilisées. Nous Loïc travaille le plus localement avions calculé à une époque que possible sur toute sa chaîne de cela me revenait 20 % moins cher production. Il se souvient d’un de réutiliser les bouteilles que d’en projet chinois qui l’avait amené à racheter des neuves. » donner des conseils. Une des pro - Troisième leçon d’économie : rien vinces chinoises cherchait à écou - ne sert de jeter, il faut savoir réutili - ler sa production de pommes et à ser. Loïc travaille justement sur un assurer un travail à une population modèle de bouteille unique en Bre - sans emploi. Loïc les conseillait, tagne, qui permettrait une réutilisa - mais ne souhaitait pas rester lui- tion facile sur tout le territoire. même superviser la production en « C’est au consommateur d’exiger Chine, ayant à faire en Bretagne. que les bouteilles soient reprises « Au final, ils ont préféré laisser les par les magasins », affirme-t-il. Britanniques fabriquer une usine. Résultat : ils importent du concen - Dans l’usine Coat-Albret, rien jus - tré et délaissent leurs propres tement n’est rejeté. Une fois pres - pommes, les usines ne leur appar - sées les pommes, le marc est récu - tiennent pas et ils n’embauchent péré et donné à un groupement de que quelques personnes ! » L’ab - paysans pour le bétail. Cela repré - n o

t sente malgré tout 180 tonnes pour

surdité du capitalisme… e r

b deux mois de pressage.

e l p

u Loïc est conscient que son activité e

Avancer à son rythme P est un marché de niche, un marché e L

/

du plaisir. Son produit n’est pas de

Loïc, lui, refuse « d’enclencher la d n

a première nécessité. Avec une éco - i machine à misère », nom qu’il don - r B

nomie aussi épanouissante, Loïc le l

ne aux centrales d’achat. « Je tra - e a dit tout net : « La retraite à 60 ans, ce vaille parfois avec des gérants de G n’est pas pour moi… » supermarchés, mais jamais avec Les paysans locaux ramassent leurs pommes des centrales d’achat, qui tirent les au fur et à mesure et les livrent à la cidrerie. Malgré toute cette activité, il trou - prix vers le bas et tuent les ve encore le temps de se passion - marques. Les marques permettent Proche de la côte touristique, mais ner pour le cidre. Et d’entretenir des re - pourtant un contre-pouvoir. En Bre - aussi du marché rennais (vous pouvez lations avec toutes les régions produc - tagne, on compte de moins en moins retrouver le cidre Coat-Albret au mar - trices : de la Tasmanie à l’Afrique du de marques réelles et de plus en plus de ché des Lices tous les samedis), notre Sud en passant par le Chili, les États marques de distributeur. Si on suit les camarade sait qu’il a les moyens de re - baltes, l’Irlande et… , qui sera centrales d’achat, on a vite fait de deve - fuser des propositions. Avec un malin peut-être bientôt fournie par Coat-Al - nir des sous-traitants et on peut s’at - plaisir, il nous raconte comment il a dé - bret. Ou quand la Bretagne va à la tendre à ce que la grande distribution cliné l’offre d’une grande épicerie de conquête des îles Anglo-Normandes… vous rachète… à moins qu’elle ne se luxe parisienne pour la simple et bonne contente de faire de l’ingérence sur raison que ce magasin, même s’il paye Gael Briand

13 Le Peuple breton – décembre 2011 Agriculture Kermorus-Vilargren : un coup de frein au productivisme effréné ?

L’Association de défense de Ker - Reclassement des terres, La Sica est tellement sûre de ses sou - morus-Vilargren, opposée à un dérogation préfectorale… tiens qu’elle a déjà déposé son permis de projet gigantesque de la plate - L’illumination leur vient paraît-il lors construire à la mi-mai, avant même la d’un voyage en Belgique, où ils visitent fin de l’enquête publique. Le maire de forme logistique de la Sica de Saint-Pol accorde le permis de construi - Saint-Pol-de-Léon, vient de une méga-plateforme. À leur retour, le nouveau mot-clé pour sauver les agricul - re le 30 septembre, après avoir reçu une réussir à faire arrêter le chantier. teurs léonards est trouvé : « logistique ». dérogation du préfet pour contourner la Tout le monde en Bretagne a entendu C’est ainsi que naît dans les têtes des loi Littoral. Les travaux de saccage du si - parler de la Sica de Saint-Pol-de-Léon et quelques décideurs, atteints par la folie te commencent dès le lundi 3 octobre. Il de sa figure emblématique depuis sa des grandeurs, ce projet gigantesque de faut dire qu’une armée d’engins était dé - création en 1961 : Alexis Gourvennec, Vilargren, à Saint-Pol : regrouper sur un jà sur place depuis plusieurs jours. Les président jusqu’en 2004, président de seul site la collecte et l’expédition de la Saint-Politains et les autres compren - Brittany Ferries, président du Crédit production légumière du Haut-Léon : nent alors la démesure du projet et agricole du Finistère de 1979 à 1998, une emprise foncière de près de 20 hec - l’étendue du désastre. gros éleveur de porcs, etc. Au fil des an - tares, 7 hectares de hangar, de 11 à 16 Une première victoire nées, elle est devenue une énorme ma - mètres de hauteur. Mieux que les Belges. Face à ce diktat de la Sica et la compli - chine à produire du légume, et le lobby La Sica a une opportunité foncière cité des élus et des services de l’État, une surpuissant du Léon, qui ne s’est jamais avec l’OBS (Organisation bretonne de association de défense se crée en mars beaucoup embarrassé de diplomatie et a sélection), un de ses satellites, qui est 2011. Notre but est de dénoncer les mé - souvent été adepte d’actions musclées et propriétaire de la ferme de Vilargren. Il thodes utilisées, de combattre le projet, du passage en force. suffit de proposer 50 % de plus que le ses nuisances, sa localisation et de dé - Le modèle productiviste de la Sica de prix du marché aux agriculteurs voisins fendre le beau manoir de Kermorus, des Saint-Pol-de-Léon est de plus en plus pour leurs terres et et de racheter très XV e-XVI e siècles, qui jouxte le site. décrié, pour ses effets sur l’environne - cher les maisons qui pourraient poser ment, l’emploi, la concentration des ex - problème, et le tour est joué. Nous savions depuis longtemps qu’il ploitations, avec pour conséquence la di - À Saint-Pol, le PLU est en cours d’éla - n’y avait pas d’autre issue que de porter minution vertigineuse ces dernières an - boration, le document d’urbanisme en l’affaire devant le tribunal administratif, nées du nombre d’actifs agricoles. vigueur est donc toujours le vieux POS. sur la procédure illégale utilisée, sur le Ses dirigeants actuels, pour la plupart Ces terres étant en zone Nc, donc exclu - non-respect de la loi Littoral, sur la né - mis en place par Alexis Gourvennec sivement agricole, la construction ne cessaire protection du manoir de Ker - pour leur fidélité au Chef et leur docili - pouvait se faire en l’état de la réglemen - morus et sur les nuisances et la circula - té, ne vont évidemment pas remettre en tation. Mais à Saint-Pol, quand la Sica tion. cause le système établi par le Patron. Fa - ordonne, la municipalité exécute… Le Le juge des référés nous a donné raison ce aux grandes difficultés que connais - 1er septembre 2010, le conseil vote en ur - le 23 novembre, en ordonnant l’arrêt du sent les producteurs, ils n’envisagent au - gence l’ouverture d’une procédure de chantier jusqu’à ce que le tribunal admi - cune remise en question. On ne touche modification du POS. Après enquête nistratif se prononce sur le fond. pas au dogme de la production de masse, d’utilité publique en mai-juin 2011, du - Bob Simon qui en a fait une des structures agricoles rant laquelle la grosse majorité des ob - les plus riches de France. Grâce aux pré - servations est défavorable, le même lèvements fixes sur chaque légume mis conseil vote, en juillet, la modification : en marché (plus il y a de volume et plus 20 hectares des meilleures terres légu - la société empoche), la Sica peut annon - mières de Saint-Pol sont reclassées en cer 70 millions de réserves à sa dernière Ncia, ce qui autorise à peu près tout dans assemblée générale. le gigantisme lié à l’agriculture. R D

14 Le Peuple breton – décembre 2011 Loire-Atlantique LA DÉBRETONNISATION SE POURSUIT

En Loire-Atlantique, on constate ré - nous les connaissons), elle a perdu tou - filière Divyezh se porte aussi très bien gulièrement des opérations de dé - te crédibilité historique. sur Nantes (deux écoles et une filière au bretonnisation de l’espace culturel et Plus grave, l’opération de « conscien - collège). social. Par débretonnisation, il faut tisation » menée par la région adminis - Du côté de la culture, le festival Anne entendre la négation du caractère trative des Pays-de-la-Loire, notam - de Bretagne, le Salon du livre de Gué - breton dans son acception large, ment auprès des lycéens : pour pallier le rande, le Celtival du Don, les Celtiques c’est-à-dire qui se rapporte à la Bre - manque d’intérêt des élèves pour l’ad - de Guérande ou Celtomania rassem - tagne, à son histoire, sa culture, ses ministration, le conseil régional n’hésite blent toujours plus de monde sur le dé - langues. Le PB se propose de mettre pas à s’inventer une histoire. La sortie partement. régulièrement en lumière certains du Dictionnaire des lycées publics des faits allant dans ce sens. Pays de la Loire n’avait, en son temps, Un phénomène urbain ? pas manqué de susciter des remous. D’une façon générale, les tentatives de « débretonnisation » sont plus mar - Le constat n’est pas nouveau, mais il … qui se heurte quées dans les agglomérations. Se - perdure : la partition de la Bretagne fige à la réalité sociale raient-elles finalement la transposition dans la tête des citoyens des réalités On pourrait nuancer le propos car le de représentations très françaises de administratives. Cette perception n’est sentiment d’appartenance « ligérien » l’identité ? On assisterait à un transfert possible que parce que l’administration ne s’implante pas. Au contraire, cer - d’une vision de l’organisation du terri - en place, par des stratégies de commu - taines communes affichent fièrement le toire avec un centre et une périphérie. nication, se façonne une identité marke - ting contraire à l’identité bretonne.

Une volonté administrative… Or, face à un arsenal administratif, la revendication militante semble dérisoi - re. La Ville de Nantes, notamment via son magazine Nantes Passion , explique volontiers que le château des ducs de Bretagne n’est presque plus breton mais « ligérien », qu’il serait le premier château de la Loire. L’Unesco a réagi en rappelant à Jean-Marc Ayrault que le château des ducs de Bretagne n’était pas un château de la Loire et ne pouvait en aucun cas se prévaloir de cette ap - pellation. Qu’importe, le travail de sape paye ! En juin 2011, lors d’une visite du châ - teau de François Alfonsi, député euro - péen du PNC, Louisette Guibert, élue des Alternatifs, expliquait que dans la représentation des Nantais les choses changeaient et que le château, même s’il restait « historiquement breton », était de plus en plus un château de la n

Loire, justifiant ainsi l’opération de mar - i r e

keting territorial menée par la Ville de h r e P Nantes. n a g r

Autre « anachronisme », cette exposi - o tion « Les Nantais venus d’ailleurs », ou - M verte du 2 avril au 6 novembre 2011 au Les bretons, étrangers à Nantes? château des ducs de Bretagne et parti - cipant pleinement aux débats actuels concernant la notion d’étranger. Une Gwen-ha-du , en particulier dans le pays Sans doute ce phénomène est-il accen - exposition de qualité pour être franc, de Guérande et le pays de Retz. L’école tué par le fait que, nécessairement, les mais gâchée par des « erreurs » histo - Diwan de Nantes est pleine et un projet villes sont plus cosmopolites que les riques. En évoquant la région adminis - de deuxième site devrait aboutir à la campagnes. trative des Pays-de-la-Loire aux alen - rentrée 2012. De même, en plus des Plus que jamais, il faut prendre appui tours de 1920, alors qu’elle n’existait écoles de Guérande, Saint-Nazaire et sur les demandes institutionnelles éma - pas, et en présentant comme « étran - Savenay, un projet à Pornic devrait voir nant de l’Alsace. La création d’une seu - ger » l’ouvrier bas-breton Louis Kerva - le jour, toujours en 2012. Le collège Di - le collectivité territoriale bretonne est lé - rec, qui n’avait pourtant pas changé de wan de Saint-Herblain s’est installé gitime et porteuse de développement région en passant de Quimperlé à dans le paysage nantais et se sont éta - économique et de création d’emplois. Nantes (car, à cette époque, il n’y avait blies dans son sillage des associations Pierre-Emmanuel Marais précisément pas de régions comme comme Kentelioù an Noz et le KDSK. La 15 Le Peuple breton – décembre 2011 NOVEMBRE ... vu par Nono

16 Le Peuple breton – décembre 2011 FINISTÈRE CÔTES-D’ARMOR

Le maintien de l’abattoir public du Faou en question ? Ya d’ar brezhoneg : Plouha obtient le niveau 2 L’abattoir public du Faou a une activité en expansion, du fait de sa Plouha vient d’obtenir le niveau 2 de la charte Ya d’ar position centrale dans le département, mais aussi de sa polyvalence brezhoneg et fait donc désormais partie de la quinzaine de et de la compétence de l’exploitant, qui lui permet de répondre aux communes bretonnes qui l’ont atteint. Sous l’impulsion besoins croissants de l’agriculture biologique et durable et de péren - d’Yvon Fichou, l’adjoint UDB qui suit le dossier (notre pho - niser l’activité du boucher traditionnel. Mais, aujourd’hui, cet abattoir to), la commune a mis en place douze actions visant à fa - est confronté à un défi de taille : la remise aux normes, avec la voriser la diffusion, la connaissance et l’utilisation de la construction d’un nouvel équipement. langue bretonne. Afin de boucler le financement de 4 millions d’euros, les 26 commu - Parmi celles-ci, l’ouverture d’une filière bilingue à l’éco - nautés de communes du le Mona-Ozouf. département et la Région La filière a démar - sont sollicitées pour par - ré à la rentrée ticiper à la sauvegarde de 2010 et nécessité cet outil à taille humaine. la création d’un Les élus municipaux et demi-poste sup - régionaux de l’UDB s’as - plémentaire pour socient pleinement à cet - la rentrée 2011.

te démarche, garante du n

Yvon Fichou n’en - a v r

maintien d’une agricultu - tend pas en rester o M

e

re paysanne ancrée dans là et vise désor - r r R e i D les territoires. mais le niveau 3… P

LOIRE-ATLANTIQUE

Une nouvelle vitrine pour l’UDB à Nantes La réunion du bureau politique de l’UDB à Nantes le 23 octobre a été l’oc - casion d’inaugurer officiellement le nouveau siège fédéral du parti, qui rem - place celui de la rue de Coulmiers. L’ancien local avait été acheté au début des années 80, au rez-de chaussée d’une copropriété dont l’état présentait des signes croissants de vétusté. Situé au 4, rue Menou, à proximité du tramway et à 300 m de la tour Bre - l

e tagne, le nouveau siège est plus modeste en surface, mais clair, en parfait r u

o état et bien ouvert sur le quartier. Il s’avère particulièrement adapté aux ré - F

e r

r unions des instances fédérales ou à des événements comme les conférences e i

P de presse.

MORBIHAN ILLE-ET-VILAINE

Débat aéroportuaire Mobilisation des catholiques intégristes L’UDB organisait Le Théâtre national de Bretagne accueillait courant samedi 19 no - novembre la pièce Sul concetto di volto nel figlio di Dio , vembre à Vannes mettant en scène le visage du Christ. Jugée blasphéma - une réunion de tra - toire par Civitas, un lobby catholique intégriste – les vail sur le schéma mêmes qui s’étaient élevés contre le rock « satanique » aéroportuaire bre - du Hellfest à Clisson –, environ 1 000 personnes, venant ton, qui a réuni principalement de Vendée, ont défilé dans les rues de entre 110 et 130 Rennes. participants. L’aé - À noter que roport de Notre- l’archevêque de o t Dame-des-Landes

u Rennes s’est op - a e se trouvait évidem - posé aux mani - B i m ment au cœur du festations : « Fa - é R sujet. ce à ces expres - Six intervenants avaient été invités à s’exprimer (photo) : Patrick sions culturelles, Mareschal, président du CG 44 de 2004 à 2010, Françoise Verchère, que les catho - coprésidente d’un collectif d’élus hostiles à l’aéroport et ancien mai - liques ne s’enfer - re de Bouguenais, Yves Lebahy, géographe, Hubert Rouaud, expert ment pas dans la en trafic aérien, les élus Michel François et Jean-François Lugué pour peur et la mé - R l’UDB. Un compte rendu sera publié dans notre numéro de janvier. fiance. » D

17 Le Peuple breton – décembre 2011 Leurre de vérité Diwanic ou la générosité Conte de Noël

ANS LES MÉANDRES de ce qui persiste du bocage finistérien truculentes qu’aux habitants de Diwanic. Suivre ses deux com - Dse niche un gros bourg du nom de Diwanic. Il ne s’agit pas pères vers d’autres pays de Bretagne serait par trop dangereux ; de l’un de ces nombreux bourgs-dortoirs qui ont poussé comme les routes ne sont pas sûres pour lui dès qu’il s’éloigne un tant des champignons non loin des villes. Ici, les gens vivent et tra - soit peu de son bourg d’adoption. vaillent dans une proximité rassurante. Informés de la marche chaotique du monde, ils ne méconnaissent pas les innom - *** brables effets de la crise qui frappe la planète en tous lieux. À leur manière, ils en prennent leur part sans trop d’effort. À Di - Les deux flics en civil garèrent leur voiture banalisée devant la wanic règne une intelligence presque naturelle : on a su y pré - gendarmerie de Diwanic. Ils entrèrent rapidement dans l’édifi - server de nombreux métiers indispensables à la vie des hommes ce, pas assez vite cependant pour éviter l’éveil de l’attention de et l’on transmet de génération en génération, contre vents et deux jeunes femmes se rendant au marché de la place Ruz. Elles marées, ce précieux patrimoine de savoir-faire. Et l’on vient de se regardèrent et allongèrent le pas. En ce matin du 24 dé - loin pour faire travailler ces menuisiers, charpentiers, cou - cembre, la place Ruz est noire de monde. Au bout de quelques vreurs, matelassiers, forgerons, mégissiers, chaudronniers, bou - minutes seulement tout le monde sut. Il ne fallait pas mollir. Les langers, charcutiers, tailleurs, paysans ou libraires. L’école est frères Louarn montèrent sans nervosité dans leur camionnette pleine d’enfants car Diwanic en a tout simplement fait beau - qui fendit aussitôt la foule avant de quitter le marché par la rue coup et attire ceux de tous les villages à l’entour. Pennec. C’est Aminata qui la première entendit le bruit du mo - À deux kilomètres du bourg, à l’issue d’un long chemin creux teur. Quand la camionnette parvint au bout du chemin, toute et sinueux se cache une longère aux murs de pierres épais et fe - la famille était prête. Chacun monta avec son sac à l’arrière du nêtres discrètes. Une famille béninoise vit depuis trois ans dans véhicule, qui repartit immédiatement. Dès l’arrivée de la police, cet endroit paisible. Les parents sont le plan élaboré par le conseil ci - sans papiers, leurs deux enfants vont toyen de Diwanic avait été en - avec gaîté. En apparence isolée, cette clenché. Milou Louarn immobili - famille est parfaitement intégrée à la sa la camionnette sous le hangar communauté villageoise. Aminata de la ferme de Job Guiziou, maire et son frère Paul sont scolarisés de - Personne ne sait de Diwanic depuis vingt-cinq puis leur arrivée à l’école publique ans. Tout le monde se réfugia de Diwanic. Leur père, Théophile, où habite promptement dans la grande salle est palefrenier au haras de M me Thi - commune où l’on respira enfin riez, épouse du patron du groupe cette famille devant un bol de café brûlant et Beauchamp, géant de la grande dis - un far encore tiède. Une demi- tribution. Le haras du Hascouët est la ordinaire heure plus tard, Anna Guiziou « danseuse » de ce magnat. La défisca - installa ses quatre pensionnaires lisation, quel bonheur ! Ce ne sont dans leurs nouvelles chambres. pas les Thiriez qui ont embauché Les Louarn avaient déjà regagné le Théophile voilà dix-huit mois mais leur régisseur, Jean Le Tallec, bourg et rassuré les villageois inquiets. à leur insu. La compagne de Théophile, Patience, travaille com - Tout l’après-midi, les policiers interrogèrent les nombreuses me aide-soignante à la maison de retraite située à la sortie du personnes désignées par les gendarmes comme étant suscep - bourg. À l’exception des habitants de Diwanic, personne ne sait tibles de les renseigner. Les concitoyens de Diwanic répondirent où habite cette famille ordinaire et l’on veille consciencieusement que la famille dont on leur parlait était partie depuis plusieurs au maintien de cette discrétion protectrice. Les anciens de Diwa - jours, qu’ils ne la fréquentaient pas, qu’ils ne savaient pas où ces nic se souviennent avec fierté que leurs parents avaient organisé gens avaient habité. Plusieurs passèrent probablement aux yeux sous l’Occupation tout un réseau de familles afin de protéger des des hommes de l’ordre pour des racistes ordinaires. Paol Fustec, enfants juifs. Les traditions ont ici la vie dure. le directeur de l’école, et le maire furent interrogés plus longue - ment. Sans plus de résultats. Ils eurent tous deux la certitude Aminata et Paul appartiennent à la classe bilingue de l’école que la police ne disposait d’aucune information sérieuse sur Anjela-Duval. Ils parlent de mieux en mieux et indifféremment leurs protégés et était probablement venue à Diwanic sur la ba - le français et le breton. Pour leurs parents, ce bilinguisme est se d’une vague dénonciation. Les flics repartirent bredouilles ! comme une évidence. Théophile envie beaucoup ses enfants On fut grandement rassuré pour les amis béninois et satisfait tant il aimerait pouvoir un jour donner libre cours à ses talents d’avoir rodé le plan de sauvetage que l’on espérait toutefois ne de conteur dans la langue de Glenmor. Avec ses vieux amis Ro - jamais devoir réutiliser. parz Le Miliner et Loeyz Morvannou, il se borne à conter dans Le réveillon à la ferme Guiziou fut particulièrement joyeux. ce bon français qui lui vient de la fréquentation assidue de l’éco - Les trois conteurs étaient en verve comme jamais. Les accents de le de son village natal. Il se plaît à faire ainsi honneur au fait que l’accordéon diatonique de Fañch Rouzic se firent entendre jadis le Bénin était surnommé le Quartier latin de l’Afrique. Les longtemps dans la nuit. Trois jours après Noël, Théophile, Pa - trois complices aiment disserter à propos des proximités et dif - tience et leurs chers enfants regagnèrent leur tranquille longère. férences des contes ouest-africains et bretons. Ils travaillent à Ils y demeurent toujours et attendent le moment de ne plus de - l’écriture d’un recueil comparatif de ces trésors de l’oralité. Ce - voir se cacher. pendant, Théophile ne conte ses histoires tantôt graves tantôt Yann Fiévet

18 Le Peuple breton – décembre 2011 Social

Suppression de fonctionnaires Les conséquences pour les demandeurs d’asile

Depuis bientôt un an et demi, le Car, si les usagers des cartes grises sont l’accueil de ces personnes devait se faire à Collectif de soutien aux personnes sûrs de pouvoir accéder au service, seul un la préfecture de Rennes et que cette loi de - sans papier de Rennes dénonce un nombre limité de tickets est distribué aux vient plus restrictive et oblige ces per - usagers du service « étrangers », donnant sonnes à revenir régulièrement. Cette phénomène quotidien à la préfec - ainsi une très nette impression de « quo - dernière d’ailleurs les dissuade de venir ture d’Ille-et-Vilaine : la forma - tas ». Quelques dizaines de personnes seu - dans le département : réduction des tion de files d’attente composées lement sont appelés, chaque matin, en heures d’ouverture des services, compli - de près de deux cents personnes et dépit de tout anonymat (ce qui d’ailleurs cations administratives obligeant à venir ce dès l’aube, avant même l’ouver - pose question pour les cas de demande à la préfecture plusieurs fois, mais aussi ture de la préfecture. Quelques d’asile). Tous les jours, plusieurs dizaines remise en cause de la domiciliation admi - explications s’imposent. de personnes doivent rentrer chez elles nistrative par la Croix-Rouge, réduction sans avoir pu faire les démarches que l’ad - drastique du nombre de logements pour Deux phénomènes précis expliquent ministration rend pourtant obligatoires. les primo-arrivants et les demandeurs ces files d’attente interminable. En pre - Des démarches qui relèvent du casse-tête d’asile, pressions sur le conseil général mier lieu, la régionalisation de l’accueil pour ceux d’entre eux qui ont un travail et chargé d’accueillir les mineurs isolés… des demandeurs d’asile, qui a concentré la qui doivent poser des jours de congés demande sur la capitale de la Bretagne ad - pour s’assurer de rester en France ! Diffici - Un réseau de vigilance ministrative. Auparavant, ces personnes le de s’intégrer quand l’administration À l’appel du Collectif de soutien aux avaient la possibilité d’être reçues par fait fi de vos obligations professionnelles ! toutes les préfectures départementales. personnes sans papier, un réseau de vigi - Autre cause, à laquelle bien peu de per - Concrètement, on assiste à la constitu - lance contre le racisme et la xénophobie sonnes pensent : la suppression de postes tion de deux files spécifiques : l’une pour d’État s’est créé dans la ville de Rennes. Il de fonctionnaires annoncée par Sarkozy, les cartes grises, à dominante « blanche », regroupe plus d’une quinzaine d’organi - qui a entraîné une réduction importante et l’autre pour le service étrangers, qui, sations associatives, syndicales et poli - des horaires d’ouverture des services de la avouons-le, est à dominante « noire ». tiques, dont l’Union démocratique bre - préfecture. C’est évidemment dans cette deuxième tonne. Ce réseau a décidé de réagir face à file que la pression se fait plus forte cette discrimination de la part des services Une véritable discrimination puisque l’attente y est aussi plus longue. de l’État en Ille-et-Vilaine. Pour le réseau, Cette réduction peut à la rigueur être Certaines personnes, échaudées par des il s’agit bel et bien, en plus de la casse du qualifiée de « gênante » pour les automo - matinées perdues, n’hésitent pas à arriver service public, d’une manifestation de la bilistes, obligés de se lever très tôt et de sur les coups de 4 ou 5 heures du matin xénophobie d’État orchestrée par le pou - mobiliser toute une matinée pour traiter (malgré le froid) contre 7 heures pour la voir sarkozyste toujours en place. leurs problèmes de cartes grises ou de per - majorité. Fatalement, il n’est pas rare D’aucuns nous diront que la situation mis de conduire, mais elle devient carré - d’observer bousculades et même débuts est encore pire dans certaines préfectures ment dramatique pour les personnes de bagarre. de la région parisienne, mais c’est pour étrangères en demande d’un titre de sé - Ce traitement particulier pour les de - nous une raison supplémentaire de nous jour. En effet, certaines démarches auprès mandeurs de titre de séjour n’est pas in - mobiliser afin d’empêcher ces pratiques de la préfecture sont obligatoires et sou - nocent, et, surtout, n’est pas un fait isolé. lamentables d’essaimer. vent vitales. La diminution des heures Le discours de la préfecture est de dire Le service public doit être accessible à d’ouverture des services crée du coup une qu’il y a trop d’étrangers en Ille-et-Vilaine tous, dans des conditions décentes. véritable discrimination envers les de - alors que, nous l’avons dit, c’est tout sim - mandeurs de titre de séjour. plement parce que la loi a décidé que Jef Monnier

19 Le Peuple breton – décembre 2011 Langue bretonne

école de breton

en ligne et en réseau h z i e r b u d E

La méthode Edubreizh est déve - des dialogues, réaliser des exercices des principales difficultés lorsque loppée par Skolanet, agence spé - de répétition, comprendre les règles l’on apprend à distance est l’isole - cialisée dans la formation en ligne grammaticales, apprendre du voca - ment : le réseau rassemble et relie les et les usages pédagogiques du bulaire en situation et par des activi - apprenants les uns aux autres pour Web. Le projet est né en 2008 de tés ludiques, s’approprier les règles rompre ce sentiment et apporter de la l’imagination d’ingénieurs pédago - d’écriture… Chaque module intègre motivation. giques confrontés à l’absence de des exercices autocorrectifs pour dispositif en ligne pour apprendre mesurer sa progression. L’utilisateur Une logique le breton. a la possibilité d’étudier chaque mo - de partenariat dule indépendamment des autres et Le projet Edubreizh doit être com - autant de fois qu’il le souhaite. Un tu - pris comme une formule d’apprentis - Une rencontre avec les profession - torat s’exerce de façon asynchrone nels de la formation au breton oriente sage complémentaire aux solutions par le biais de forums collaboratifs existantes. À ce titre, il s’inscrit dans le projet vers l’usage d’une méthode ouverts aux apprenants. existante et éprouvée. Un partenariat une démarche globale de développe - est noué en 2009 entre Skolanet et le – Les « classes virtuelles » : elles ont ment de la langue bretonne. Cette lo - centre de formation Skol an Emsav pour objectif de confronter l’appre - gique de partenariat permet de trou - de Rennes pour l’adaptation de la nant à la communication orale. Équi - ver des synergies efficaces entre les méthode « Oulpan » à Internet. En pés d’un casque-micro (éventuelle - modalités d’apprentissage. Ainsi, les 2010, l’aide de la Région Bretagne, ment d’une webcam), les apprenants adhérents des centres de formation dans le cadre du soutien à l’élargisse - se connectent tous les quinze jours à ou d’organisations culturelles bre - ment du champ de la formation des une heure prédéfinie sur un espace tonnes souhaitant utiliser les outils adultes à la langue bretonne, permet d’échange en ligne. Cet espace de d’Edubreizh bénéficient de droits de concrétiser les objectifs par l’em - communication est animé en direct d’accès privilégiés. bauche de deux salariés. Ils tra - par un enseignant qui propose des Le développement du dispositif vaillent au développement des res - activités pédagogiques : exercices pour d’autres niveaux a démarré, de sources pédagogiques et à l’anima - de prononciation, interactions à partir même une utilisation nomade sur tion du dispositif. La plate-forme est d’images et de vidéos, questions-ré - smartphone ou tablette est en cours opérationnelle depuis le 17 octobre. ponses… La classe dure une heure de test. Ces évolutions permettront à par petits groupes de six à huit appre - l’apprenant de « faire ses gammes » le Classes virtuelles nants qui progressent ensemble grâ - plus souplement possible. pour rompre l’isolement ce aux corrections apportées par Pour une plus grande simplicité l’enseignant. Ces cours (audio-vidéo) Edubreizh.com vise à séduire un d’utilisation, les outils proposés ne sont mis en ligne via un système de public d’adultes souhaitant ap - nécessitent aucune installation de lo - visioconférence permettant la diffu - prendre la langue bretonne et devant giciels. L’ensemble de ce dispositif sion de contenus et l’interactivité faire face à deux problèmes majeurs : facilite une progression à son rythme, entre apprenants et formateurs. Ces l’éloignement géographique et le en tout lieu, à tout moment et dans un classes virtuelles contribuent à une manque de disponibilités. Les leçons environnement convivial et ludique. d’Edubreizh sont disponibles en bonne prononciation par des correc - deux formules, sur abonnement (à tions en temps réel. Venez tester en ligne partir de 15 €/mois). www.edubreizh.com. Les membres d’Edubreizh sont in - Les apprentissages sont interactifs vités à s’exprimer sur des forums Erwann Denez et se présentent de deux façons : dans des groupes thématiques : – Les leçons : la plateforme en pro - sports, cuisine, nouvelles technolo - pose aujourd’hui vingt-cinq pour le gies… Autant de sujets qui permet - Renseignements / Titouroù Skolanet - Programme Edubreizh niveau 1. Elles intègrent chacune plu - tent à chacun d’étendre sa gamme de Egorenn Kêrmaria sieurs modules pédagogiques inter - champs lexicaux, de partager et 29260 Ar Folgoad actifs. Ces modules sont classés par d’échanger des compétences pour Tél./Pgz : 02 98 43 80 36 objectifs, parmi lesquels : mémoriser un apprentissage plus complet. L’une Mail/Postel : [email protected]

20 Le Peuple breton – décembre 2011 Sobrena An dreserezh batimantoù mor en arvar

Manifestet a oa bet graet d’an 19 a viz du e Brest evit difenn dazont an drese - rezh batimantoù mor. Daou vil a dud o doa kerzhet a-dreñv ar gitonoù douget gant stourmerien eus ar CGT hag ar CFE-CGC. Kentañ takad ar gennad industriel-se eo Brest e Frañs ha reiñ a z i ra fred enni da 800 a c’hopridi, re ar t s O

n stal Sobrena ha re an embregerezhioù a

d e

i eiltretañ. l i M

o t o F Brestiz o vanifestiñ evit derc'hel implijoù Sobrena.

Abalamour d’an enkadenn ekono - sañ en o c’honterezh. Ober a ra Britta - Nerzh dazont industriel Brest mikel ez eus bet kollet kalz a nerzh ny Ferries evel ar re all. Kas a ra he li - Implij a ra Sobrena tri foull sec’h gant an eskemmoù kenwerzhel etre - stri da Vrest pa c’hoarvez drougoù meret gant kambr Brest ar c’henwerzh broadel ha nebeutoc’h a vatimantoù a ganto met evit al labourioù kempenn hag an industriezh ha n’eus vez lakaet da vont eus an eil forzh peseurt batimant a porzh d’egile. Chom a ra c’hell bezañ dreset enno. kalz listri war o eor ha ne vez Eus ar pouezusañ eo ar ket mui lakaet da sevel reoù chanter-se evit dazont all gant ar c’hompagnune- industriezh ar mor e Breizh- zhioù evit mont diouzh lusk Izel. Ezhomm a vo eus am- ar vuhez ekonomikel. Diste - partiz micherourien ar gen - roc’h e vefe bet efedoù di - nad-se evit kinnig kefridioù gresk an dezougen treuz - nevez evel an diframmañ mor e Brest ma ne vefe ket listri aet re gozh pe evit ober bet dibabet gant chanterioù war-dro binviji da broduiñ sevel batimantoù mont war energiezh er mor (tourioù- an dreserezh evit padout, n a avel ha turbinoù mor). Pea - v r evel re Spagn ha Polonia, o

M dra ’zo da souezhiñ o kom -

e anezho chanterioù eus r r

e pren ne oa ket bet roet da i P estrenvro dost hag a ginnig o

t c’houzout da guzul ar o prizioù un drederenn ize - F porzh, ennañ kargidi eus ar loc’h eget re Brest evit ar Ur micherour o labourat war ar “vag” Espoir . Rannvro, keoded Brest hag memes kefridioù. an Departamant, gwallefe - doù an enkadenn ekonomi - Ur skiant prenet bras e tibab chanterioù Polonia, kel war dazont chanter ar Sobrena. uhel he live daoust ma tegemer ar gompagnu - Edo ar Rannvro war-nes kinnig postañ Skiant prenet ’zo e Brest evit ober nezh-se skorennoù digant servijoù 150 milion a euroioù en ur steuñv dior - war-dro an eoullistri, ar gazlistri hag al ekonomikel ar Rannvro. Echu eo ar ren evit porzh kenwerzh Brest. Gant listri-ferri, da lâret eo kefridioù teknikel mare ma tegase goulennoù Brittany freuzstal ar Sobrena e kollo ar c’hin - a vez fiziet e micherourien eus ar re Ferries pevar mizvezhiad labour pep nig-se diwezhañ e dalvoudegezh. ampartañ. Gant digresk an dezougen bloaz da chanterioù Brest. Donedi - Paol ar Meur treuzmor n’eus ket mui kement a vall gezh ar vatimant Armorique a laka da war ar c’hompagnunezhioù. Seul gompren ez eus tu da cheñch penn bouezuoc’h a-se e teu koust an dre - d’ar vazh koulskoude. La réparation navale en danger.

21 Pobl Vreizh – Kerzu 2011 Ur gelaouenn eus ar c’hentañ

N’eo ket dav kinnig ar gelaouenn-se ken Krogomp gant an deroù : ar bajenn golo e pelec’h ez eus unan anavezet ma’z eo. Met n’eo ket berzet poue - eus gwellañ poltridi Per Denez embannet betek-henn. zañ war un niverenn ispisial kennebeut. En diabarzh e vez kavet deroù ur pennad prederouriezh « geo- Bremañ eo d’ober, gant niverenn ziwezhañ stratejik » (da genderc’hel) gant Fañch Kerrain evit respont d’ar goulenn : « Petra soñjal eus “kenstok ar sevenadurioù” ? », tro hag ez eus un teuliad klok-kenañ enni e ouzhpenn da zeskiñ gerioù nevez gant ur geriaouegig. koun Per Denez, aet d’an Anaon nevez zo (PV niv. 572). Da c’houde ez eus pajennoù gant Padrig an Habask diwar- benn Bro-Euskal : « War-zu an dizalc’hiezh hep an armoù », ha « Gernika, fed hag arouez vev » a-zivout trajedienn Gernika, gant komzoù peoc’h Roman Herzog, prezidant Bro-Alamagn. Heuliet e vez goude-se daou soudard « War droad a-dreuz Bro-C’hall » tro-dro d’ar bloavezhioù 1830, unan da zistreiñ d’ar gêr er Forest Leon goude e goñje echuet e Beaucaire, an all evit mont da gaout e rejimant eus Bodiliz betek Versailles. Hir an hent. Kement ha bale e vo tu ivez da « gKantreal e Greunland » gant hor mignon Paol ar Meur, anavezet mat gant hol lennerien, hag a skriv daou bennad e niverenn-mañ PV (bennozh dezhañ !). Enoret e vez Per Denez war an ton bras a-hed c’hwezek pa - jenn fromus ha dedennus-meurbet. Omelienn e obidoù zo treuzskrivet ; addegaset da soñj al lennerien e vez (ha pouezet war) e liamm kreñv gant Kembre, eñvoret e skridoù niverus — hag en o zouez e hentenn Brezhoneg buan hag aes , met ivez obe - rennoù lennegel, troidigezhioù — ; skrivet e vez diwar e benn e testenioù gant meur a zen evel Rhisiart Hincks, Jacqueline Gib - son, Gwyn Griffiths, Bobi Jones ha kement zo. Bez’ ez eus pol - tridi ivez gant o samm trivli, luc’hskeudennoù a-gevret gant Ivona Martin, Gwynfor Evans (ha Rozenn Vilin...), e KEAV, pe gant Riwanon Kervella yaouank-flamm. Ur maread a-bezh. Emañ lennegezh ha barzhoniezh o klozañ un niverenn pinvi - dik ha leun. A-vec’h ma c’hellfed kaout desped d’ar vank a li - vioù. Met disi n’eo tra ebet ha n’eo ket an donezon a vank kouls - koude. An arc’hant ne lâran ket. Tu zo deoc’h eta koumanantiñ da Al Lanv , 14 straed Lou - zaouenn-an-Hañv / rue du Muguet – 22300 Lannuon. Jean-Claude Le Gouaille

22 Pobl Vreizh – Kerzu 2011 Bodad-lenn Saloñs al levrioù e Gwenrann e Sant-Ervlan (gant hon kenskriverez ispisial) Kejadenn gant Mich Beyer

Petra eo ar bodad-lenn ? Un emgav bepdaouviziek e KDSK (s/o Pobl Vreizh ziwe- zhañ), e kreizenn Yezhoù ha Sevenadur e Sant-Ervlan ma vez komzet ennañ eus al levrioù o deus lennet an izili. Krog e oa daou vloaz ’zo diwar kinnig Pier - re-Emmanuel Marais, dindan anv ar gevredigezh Kentelioù an noz. Honnezh a ro kentelioù noz d’hec’h izili, anat deoc’h, met a ginnig ivez a bep seurt obere - t e l

rezhioù e brezhoneg. r e M

s

Er bodad-lenn e vez komzet i r a

nemet brezhoneg. Kinnig a ra m a D Pierre-Emmanuel daou levr da o t o

lenn bep daou viz. Unan aes a- F walc’h da lenn, unan diaesoc’h. Diviz gant Mich Beyer. Eskemmet e vez war-lerc’h : pe - tra en deus plijet dimp, petra zi - E saloñs al levrioù e Gwenrann eo en em gavet ar bodad-lenn, d’ar Sul 20 renk ac’hanomp. Degas a ra a viz Du. Etre ugent ha tregont brezhoneger a oa deuet evit eskemm gant pep hini e vennozhioù diwar- benn lennadennoù all. Burutel - Mich Beyer. Treiñ a rae Sten Charbonneau war an tomm evit un nebeud lat a reomp a galon vat. Met pli - gallegerien. jadur ’zo bewech. Pedet e vez a-wechoù skriva - Lâret he deus Mich ez ae al lennegezh nevez deuet er-maez. Heuliañ a reer an gnerien a-benn komz diwar- e brezhoneg war-raok d’he soñj. Gal - enklaskerien war roud ar muntrer, e benn o skridoù : warlene e oa lout a reer komz bremañ eus a bep seurt doare Kolumbo. Plijout a ra da vMich bet pedet Goulc’han Kervella ha traoù dindan n’eus forzh peseurt lakaat traoù personel en he levrioù. E Kristian Brisson. stumm : c’hoariva, rap, slam ha me oar- Kan ar mein , he doa bet c’hoant da ran - me. Ret eo d’an arzour krouiñ ha d’ar nañ he flijadur o klevout sonerezh ar skrivagner skrivañ gant frankiz evit Grennamzer. Ur plac’h digor he spered reiñ da gompren gwelloc’h Mab-Den, ha sichant eo Mich, laouen o komz emezi. gant al lennerien pe an dud gurius En Etrezek an enez e heuilh Yann- deuet d’he gwelout ha d’he goulennata. s i Lenner ur vaouez kozh, Fant Lezangar, o ç n Un droiad er saloñs a en he buhez pemdeziek, en he jestroù r F l e boas. Ur romant eo. Padal eo bet leve - h Un droiad am eus graet ivez er saloñs. c i

M zonet Mich gant he eñvorennoù En endervezh e oa kalzig a dud o pour - o t o yaouankiz ha bugaleaj evit o reiñ da F men en alezioù, o klask flapiñ pe kaout P.-E. Marais o reiñ e ali dirak Fant. Sioul ha habask eo aergelc’h ar ro - alioù digant an embannerien, pe ar selaouerien aketus. mant, betek ar fin, daoust dezhi bezañ skrivagnerien, daoust d’an amzer brav- kriz, hervez an dud. Ur plac’h a imor eo Raktreset eo bet ar bloaz-mañ eston. Pemp pe c’hwec’h stal a oa kejañ ouzh Mich Beyer e saloñs Fant, n’he deus ket c’hoant da vezañ di - gouestlet d’ar brezhoneg e div sal krei - al levrioù e Gwenrann ha komz heñchet eus ar pezh a fell dezhi bevañ. zenn Athanor, div bazenn ouzh moge - diwar-benn he romant Etrezek Ur vaouez dieub eo betek fin an istor, rioù-kreñv Gwenrann. Tem ar saloñs a an enez . E miz Genver e vo pe - ne gil ket dirak he dibaboù, forzh pe - oa « Ar Vretoned hag ar mor ». Preze - det Yann-Fulub Dupuy evit Par gen taer e seblantont bezañ. N’eo ket gennoù, tabutoù a oa bet e Athanor a- dibar hag Olier Biguet evit komz lec’hiet resis an istor met levezonet eo hed ar sizhun. Prezidant ar saloñs a oa eus e droidigezh a 10 morian bi - bet Mich gant Treboull, he farrez geni - han . Hervé Hamon, skrivagner brudet en dik. Degemeret e vo laouen tud all. deus kenlabouret ivez meur a wech gant Patrick Rotman evit enklaskoù Kit e darempred gant Kentelioù Lakaat a ra traoù personel war ar gevredigezh. an noz : [email protected] el levrioù 02 40 20 39 74 Damaris Merlet D. M. Etre romantoù all, he deus skrivet Mich ur romant-polis, Andon ar gasoni , 23 Pobl Vreizh – Kerzu 2011 Petrol, gwad hor mod bevañ Un danvez o kinnig kanañ uhel spontus

Dic’hortoz e oa embann soñj Peter petrol gwerzhet hiziv an deiz. Startoc’h ha lezel tud da zastum dle war hir der - Voser, pennrener ar gompagnunezh startañ e vo taliñ ouzh ar goulenn ha ka - men evit sevel o zier pell eus o labour, Shell, er gelaouenn Financial Times , nañ a raio ar petrol war hir dermen. tier na c’hellint ket gwerzhañ pa vo an d’ar 21 a viz gwengolo : « 5 % nebeu - Gant 5 % a zigresk pep bloaz e-pad an trelosk o kanañ uhel spontus. Kousto toc’h a betrol a vez dastumet pep dekved a zeu e c’heller kompren e vanko pe gousto e ranko an dud dibab modoù bloaz a feur ma ’z a ar puñsoù da hesk 36 milion a varilhadoù bemdez e fin ar bevañ all, hag etre reuz ha freuz ’m eus er gwazhennadoù lakaet da dalve - prantad-se ma chom ar goulenn trelos - aon. Moarvat e rankimp bevennañ ur zout hiziv an deiz, ar pezh a laka da koù gant an nerzh tizhet gantañ evit ar galloud-prenañ uhelañ zoken, rak hep gompren e vefe ret kavout er bed mare ha ma vez graet ar jedadennoù un hevelep diviz ne vo ket tu da ziazezañ ac’hanen da zek vloaz pourvezioù ne - gant ar pourvezioù petrol a vez kavet sav ul live bevañ izelañ dereat evit an holl. vez par da re peder Arabia Saoudat pe dezho hiziv an deiz, da lâret eo 82 mi - da zek mor an Hanternoz evit terriñ lion a varilhadoù. Ma vez ouzhpennet Diouer a zanvezioù evit an ezhommoù ma chomont gant al li - warno an treloskoù all evel ar re violo - diskoulmañ ar gudenn ve tizhet ganto bremañ, a-raok klask gel, e vanko 33 milion a varilhadoù Evel-just e c’hellimp fiziout en hon ar mod da daliñ ouzh kresk ar gou - bemdez. Ha pa vefe kavet ar pourvezioù ijin teknologel evit kavout ur mod da lenn zoken ». a fazio ne vo ket tu da vont pelloc’h gant vont war gorre ar bec’h a ginnig kouezhañ war - En ur pennad diwar- nomp, met, siwazh, ez aio benn dazont ar pourve - gwazhennadoù kalz dan - zioù petrol skrivet ganin e vezioù diaoz talvoudus all Pobl Vreizh nv 501, miz da hesk ivez, evel al litiom, Here 2005, e venegen di - da skouer, anezhañ ur me - soc’hoù an enklask graet tal a servij d’ober podoù- gant un douarour implijet tredan. Ezhomm ’zo eus ul er bloavezhioù hanter- litiom digemmesk evit ar kant gant ar gompagnu - seurt implij ha ne vez kavet nezh-se, King Hubbert, ar glander rekis nemet e hag a lakae da c’houzout e 80 % eus ar pourvezioù aes vefe bet tizhet gant an das - da zastum, da lâret eo tum petrol e live uhelañ e 4 milion a donennoù hep - 1970 er Stadoù-Unanet ken. O vezañ e vez implijet hag e vefe bet o tigreskiñ 4 kg litiom evit ober pod- tamm-ha-tamm goude- tredan ur c’harr-tan a se. Lakaet e oa bet diaes c’hell mont gant 300 km pennoù Shell gant e jeda - hep bezañ pourvezet e

dennoù d’ar mare-se ha a c’hellfe ar pourvezioù li - s a N klasket o doa mirout ou - tiom-se lakaat ur miliard a o t tañ da embann ar c’heloù o girri-tan da loc’hañ, da lâ - F dirak an holl. E genseur - Leur direoul er-maez da Galifornia. ret eo niver ar c’hirri-tan a ted, diouzh o zu, a soñje zo war an hentoù hiziv an dezho ez ae re bell ganti ha deiz, gant ma vo paouezet, ne oa ket peadra da gaout un hevelep evel-just, da implij ar metal-se evit ter - drougwelañs. Ne oa ket faziet siwazh. hon dibaboù industriel forzh penaos. riñ ezhommoù all, evel re ar pellgomze - Ne vo ket hon endro eviti. Reiñ a rae rioù hezoug hag an urzhiataerioù. Ajañs etrebroadel an energiezh da Diskar hor modoù bevañ c’houzout d’an 9 a viz du e vo 20 % a Paol ar Meur Dont a ra 80 % eus ar petrol kinniget gresk gant ar c’hementad CO 2 diskar - er marc’hadoù hiziv an deiz eus gwa- get en aergelc’h ac’hanen da 2035 hag e Divankadenn : Er pennad « Al Liñvadenn zhennnadennoù bet dizoloet a-raok lakao ar saotradur-se an hin da zastum Veur »(nv 574) e ranked lenn « Ouzhpenn 1970 hag anat eo ne vo ket kavet ac’ha - 3,5 °C ouzhpenn (endra ma vez klasket 165 million a dud ’zo o chom e Bangladesh nen da zek vloaz gwazhennadoù nevez a gant ar gumuniezh etrebroadel chom hiziv an deiz, tost da beder gwech muioc’h eget e c’hellfe degas pourvezioù par da re a la - hep mont pelloc’h eget 2 °C ouzh - fin hanterenn gentañ ar c’hantved diwezhañ ». kafe peder Arabia Saoudat war ar penn). Ur fazi e oa lezel ar c’heodedoù marc’had, da lâret eo 40 milion a varil - d’en em astenn hep soursial, an diste - Effets de l’épuisement des matériaux hadoù bemdez, tost d’an hanter eus ar rañ, ouzh koust dazont an transportoù, énergétiques sur notre mode de vie.

24 Pobl Vreizh – Kerzu 2011 ` Levriou evit ar vugale hag ar re ygaant oHeurvea Lannuk zel

Bleunioù e-leizh gant Delphine Primault, embannet gant Keit Vimp Bev, priz ebet Ur voutailh war an traezh gant merket. Mark Kerrain, embannet gant Sav-Heol, 7 €. Ul levr bihan aes da lenn. Plijus daoust d’an danvez bezañ kriz a-walc’h : koma, gwallzar - Daouzek danevell verr evit an voud, perzh unan eus breudeur Loeiza en deskarded. Setu ar pezh a lenner afer. Kavet ’m eus an traoù taolennet en un war c’holo al levrig. Daou bal doare gwirheñvel (emzalc’h izili ar familh eta : kinnig danevelloù berr da peurgetket). Bezañ kontet an istor dre forzh peseurt lenner ha sikour an vouezh Loeiza zo ur mennozh dreist. Mat deskarded da gregiñ da lenn tes - ec’h echu an traoù, evel-just. Ha gwell a-se. Un istor a-zivout ka - tennoù e brezhoneg. Tizhet eo rantez eo ivez. Un nerzh enep diaesterioù ar vuhez… bet an daou bal. Plijus eo an isto - rioù da lenn. Souezhet brav on bet gant Spontus , eeun gant fent just er fin. Ur banne e kêr , Labour-noz ha Krokodil ar prezidant o deus plijet din muioc’h eget ar E kornig ma c’halon gant Yann-Fañch Jacq, re all. Evit an tu « levr deskiñ » em eus ur rebechig : embannet gant Keit Vimp Bev, priz ebet mer - pennadoù bihan yezhadur stag ouzh pep danevell a ket. gaver en dibenn, mat vefe bet lakaat un nebeud poel - ladennoù da-heul evel ma ’z eus goulennoù goude Mat eo romantig Yann-Fañch. Un istor leun a pep testenn. Sikour rafe ar gelennerien a vicher pe a vuhez, o komz eus marv koulskoude… An da - youl-vat… rempredoù etre Jennifer hag he c’hoar vihan Esther, etre ar re yaouank hag o zud, aergelc’h ar c’hlasad (an 3Zek…), etre Mael ha « Jenn ». Naoned, Senegal 11 danevell Fromus e teu da vezañ an traoù pa gomprener verr evit an deskarded gant pegen grevus eo stad yec’hed Mael. From hep Mark Kerrain, embannet gant blaz heugus ar sukr. Nerzh an emglev hag ar Sav-Heol, 7 €. garantez dre hentoù troidellek ar vuhez. Ur N’eo ket an holl zanevelloù rebechig memestra. Pelec’h emañ labour an em - kinniget amañ gant Mark Ker - banner ? Frazennoù digempenn. Fazioù reizh gerioù. Domaj. rain d’an deskarded, oberennoù a faltazi. Kêr Is a gont ur vojenn anavezet, Milinerez aet da lady a gont istor gwirion Mai Manac’h. Ar mell irvinenn , brezhoneg Gant stumm danevelligoù e tegas gant Mark Kerrain, emban - Goude an emgann ha Naoned, Se - net gant Sav-Heol, 4 €. negal ur sell war zarvoudoù istorel. Kavet ’m eus pliju - Ur gontadenn-bobl a Vro- soc’h ar re « ijinet » abalamour d’ar fent a zo enno. Rusia eo Ar mell irvinenn . Dial gwreg , Pesk Ebrel , Beaj da Roazhon am eus kavet Berr hag eeun eo an istor. Un mat. An doare da ziheñchañ un dodenn gozh gant Ar doare kentel war nerzh ar priñs hag ar baourez a zo dreist. Ouzhpenn an testen - genskoazell pa venner tizh- noù e c’heller lenn fentigelloù berr. Met n’eo ket an out ur pal. Kinniget brav eo dudi hag ar fent pal nemetañ al levr. Ul levr evit mont al levr, skeudennaouet-kaer war-raok gant ar brezhoneg eo ivez : goulennoù, dis - gant Maël Verot ha moulet plegadennoù yezhadur hag ur c’heriaoueg a gaver el gant lizherennoù bras. Aes da lenn evit ur bugel. levr. Kaout plijadur o teskiñ, n’eo ket fall…

u Pa ra glav , gant Leire Salaberria, troet gant Riwanon Ker - Resevet hon eus… vella, embannet gant An Alarc'h. Levrioù evit ar re vihan : Levrioù evit ar re yaouank : u Ur sorserez eo Mamm-Gozh , gant Maïna Mallejac, em - u Tamasheq ! , gant Paskal Hervio, embannet gant Keit Vimp bannet gant Keit Vimp Bev. Bev. u Ar Sarpant bihan , gant Armel Le Sec'h, embannet gant Keit u Iskisat breur bihan , gant Anthony Renaudin, embannet Vimp Bev. gant Keit Vimp Bev. u Ar Guzhiadell , gant Alan Le Faouen, embannet gant Keit u Balafenn houarn , gant Patricia Legrand-Peoc'h ha Katell Vimp Bev. Chantreau, embannnet gant Keit Vimp Bev. u Den Bleiz , gant Carl Diekman, embannet gant Keit Vimp u Beaj Owen , gant Armel Le Sec'h, embannet gant Skol Bev. Vreizh. 25 Pobl Vreizh – Kerzu 2011 Du ha gwenn ha plas da lenn…

Torrebenn ! , gant yann Bijer, embannet gant Al Liamm, 15,00 €. N’anavezan romant istorel ebet bet skrivet war eeun e brezhoneg. Pegen plijus eo lenn unan diwar-benn un dar - voud a-bouez evidomp, stourm sokial ha stourm evit fran - kizoù ar Vro, emsavadeg ar Bonedoù Ruz. Hag ar skriva - gner eus Bro ar Vigoudened ouzhpenn. Ul labour enklask a zo bet, sur, ha santout a reer karantez an oberour evit e dudennoù, gant ur meneg ispisial evit Youenn Kerdrañvad ha Chanig Brenn marteze. Faltaziañ mat a reer ur film avantur savet diwar ar romant-mañ : darvoudoù e-leizh, re zrouk drouk ha re vat kalonek ha brokus… Lenn a reer buan ar pikol levr abalamour da ampartiz kontañ Yann Bijer. Kavout a reer doareoù private jokes zoken (« Enaouet e voe tantadoù gant paotred Penmarc’h »)… Danvez pre - der politikel evit an amzer-vremañ a gaver ivez. Ur rebechig koulskoude : unan eus perzhioù gwan ar romantoù istorel eo an ezhomm a vez da zisplegañ ur bern traoù evit lec’hiañ an darvoudoù. Hir eo a-wechoù. Daoust hag-eñ ne vefe ket bet ken - Brud nevez koulz sevel un « notenn istorel » e penn kentañ an oberenn ? Dleout rafe al levr-mañ bezañ studiet er skolioù ken e-keñver danvez, ken e-keñver yezh. C’hoariva Kaozeal deuz amzer nevez p’ema erru an diskar-amzer ? Ya ’vad, peogwir ez eo deuz c’hoariva zo kaoz, deuz strolladou startijenn ganto, muioh eged biskoaz. Ma Pa nijo ar moc’h Un dibab krennlava - Loeiz Roparz Paotr ar festou-noz Le ne anavezit ket istor ar c’hoariva e Breiz, rioù brezhonek , graet gant Mark Ker - Rénovateur du fest-noz , embannet lennit pennadou B. Simon ha G. Kervella. rain, embannet gant Sav-Heol, 10 €. gant Emgleo Breiz, 24,90 €. Evel-se ’po muioh a blijadur c’hoaz o tizo - Dibabet en Setu un teu - lei ar peziou nevez o tond, gand Piba, Teatr Penn-ar-Bed pe Mat ar Jeu… Ha deus Mark liad nevez a piou ’oar, e C’hoariva Montroulez ive ? Kerrain 950 zielloù kin - J.-Y. Gourves, ar rener, eo tomm e galon krennlavar niget gant ouz ar yez. evidomp. Emgleo Beaji a ra ar c’hoariva ive, ha kroui liam - Kinniget int Breiz. Teste - mou etre an dud : setu labour Celine Soun gant o zroidi - nioù ha stu - ha La Obra. Dizoloet ’vo daou bez nevez : gezh e galleg. diadennoù, e Yerma , gand G. Garcia-Lorca, pez nevez N’int ket ren - Teatr Penn-ar-Bed, hag Eur paotr yaouank galleg hag e e gwele va …, eur pez berr ha modern ket dre zanvez brezhoneg gand G. Kervella. met dre ar ger diwar-benn N’eo ket c’hoari pez a ra Elen Abalain- bet kavet ar Loeiz Ro - Cloarec, med dirag strolladou e vez : he la - pouezusañ e pep hini anezho gant an parz. Un toullad skeudennoù zo el levr bour skolaerez hag he harantez evid ar aozer. Ur benveg dreist eo evit deskiñ ar hag ur bladennig-arc’hant a gaver gan - muzik, setu pez ’gont deom er pennad- yezh hag evit tañva ur sevenadur-pobl tañ. Un diell evit ar re a fell dezho teurel kaoz. 30 vloaz zo ez ee Anjela Duval d’ar diwar ar maez « hag a zo gwell bell ur sell war an emsav sevenadurel goude bed all, poent eo marteze teuler eur zell diouzhimp bremañ », evel ma lavar nevez war al liamm etre he buhez hag he an eil brezel bed ha war unan eus ar re o skridou : setu pez ’neus greet Marsel Diou - Mark gant gwir abeg. Ne lavarin ket eus deus kemeret perzh ennañ. ris e Anjela Duval, une histoire de deuils petore krennlavar e teu an titl… Kit da impossibles . Respont a ra amañ da dri glask el levr ! goulenn gand Brud nevez. Herve Lannuzel E lodenn ar helaoui e ro F. Colcanap ha J. Goapper pep hini e zoñj war Torrebenn ! , romant Y. Bijer. 25 bloaz Carré Manchot a laka B. Quillien da deurel eur zell war- dreñv, ha m’ho-peus c’hoant da vond be - Makbez , hag Ar Geben doñvaet , Resevet hon eus… u teg Tijuana Straights, kit da-heul L. Grall… gant William Shakespeare, troet gant Roparz Hemon ha Y.L. Emili, Evid koumananti : brud.nevez@wana - u Anken Danevelloù da selaou (gant embannet gant Al Lanv. doo.fr – 02 98 02 68 17 – 4 ru Yves Collet 29200 Brest. War emgleobreiz.com e hel - ur CD), embannet gant Al Liamm. u Gerioù glas-noz , barzhonegoù, ler kaoud al leoriou nevez, koumananti en u Andon ar gasoni , gant Mich Beyer, gant Loeiz Gwilhamot, embannet embannet gant An Alarc’h. gant Aber. linenn ha kaoud Brud nevez e pdf. u Karavell , un dibab 16 danevell, em - u War an treuzoù , gant Pierrette Ker - J. Salaun bannet gant An Alarc’h. moal, embannet gant Aber. 26 Pobl Vreizh – Kerzu 2011 Histoire Yves Person Intellectuel, militant de l’Afrique et de la Bretagne

N PEU OUBLIÉ en Bretagne et re ivoirienne qui fut son élève le décrit mouvement breton progressiste. Partici - ailleurs, Yves Person (1925- comme un directeur de thèse méticuleux pant régulier des commissions « Tiers- U1982) mérite pourtant que à la mémoire phénoménale, qui n’hésite Monde » du parti, il tente de faire prendre l’on se souvienne de lui. Ce Trégor - pas à accompagner l’étudiante sur son conscience aux responsables (dont Ro - rois fut en effet un grand africanis - terrain de recherche dans le sud du pays, card et Mitterrand) des problèmes de dé - te et un penseur politique impor - qu’il connaissait moins bien que le nord. veloppement des régions, de reconnais - Il continue à publier de nombreux articles sance des peuples de l’Hexagone, de la tant. Tandis qu’il fréquentait l’École ethno-historiques, en bonne partie Bretagne à l’Occitanie. Il est dans le petit coloniale de Paris et s’enflammait consacrés aux peuples d’Afrique (des groupe qui s’active dans l’ombre pour déjà pour l’Afrique authentique, Kissis aux Peuls en passant par les Man - obtenir du pouvoir central la création de son voisin d’étude avait gravé sur dingues). la licence de breton et la circulaire Sava - la table les trois mots « Person- ry, qui permettra de lancer le bilinguisme Breton-Dogon », ainsi associés scolaire dans l’enseignement public. La pour des décennies ! mort prématurée l’empêche de conti - nuer l’action.

Si vous ne connaissez pas Yves « La reconstruction Person, reportez-vous à votre encyclo - des différences » pédie : c’est lui qui a rédigé nombre de Intellectuel actif et brillant, prodigieu - notices sur l’histoire de l’Afrique. On sement cultivé, il publie de très nom - peut aussi retrouver l’hommage qui lui a breux articles – y compris dans le PB – été rendu dans les Cahiers du CRA sur toutes les minorités. Son aura est pa - (Centre de recherches africaines) de la risienne et africaine mais son enracine - Sorbonne, en mai 1983, et dans des pu - ment breton n’est jamais menacé : il a blications comme Le Monde , Le Nouvel appris le breton, le lit, l’écrit et le parle. Observateur , The Times ou Jeune Dès qu’il le peut, il vient à Ingal eo , sa Afrique . maison de famille de la Lieue-de-Grève, et entretient une foule de contacts lo - De la colonie caux. au tiers-mondisme Enthousiaste, intarissable, parfois vé - Ce fils d’officier colonial est né à Paris. hément, Yves Person pouvait entretenir Après des études d’histoire et d’anthro - ses interlocuteurs à brûle-pourpoint et pologie, et un brevet de l’École nationale pendant des heures du système des de la France d’outre-mer, il devient admi - classes d’âge chez les Tangba aussi bien nistrateur « colonial ». Il exerce cette Engagements que de la conscience gaélique dans le fonction de 1948 à 1962 au Dahomey, en Militant culturel breton avec Ar Falz, nationalisme écossais. L’historien savait Guinée puis en Côte-d’Ivoire. Il travaille dont il sera un temps le président, il écrit aussi tirer les leçons de ses lectures et de beaucoup sur l’oralité et rédige une thè - en 1965 dans la revue du même nom un ses travaux : « Aujourd’hui l’histoire tra - se de doctorat de deux mille pages sur article remarquable (à lire et relire) intitulé vaille à la reconstruction des différences Samory, le chef malinké qui a formé un La France incréée , sur les falsifications et se trouve en tête de la lutte contre la grand empire musulman en Afrique de historiques précoces amorcées par la massification et l’entropie où la logique l’Ouest dans la seconde moitié du XIX e monarchie francienne puis française. Il individualiste et productiviste générali - siècle. Pour y parvenir, Yves Person a fera adopter au mouvement culturel sée par le capitalisme pousse l’humani - écouté près de neuf cents informateurs Ar Falz une bonne partie de ses ana - té » (1977). et consulté les archives dans neuf pays lyses, notamment contre le nationalis - Peu après le décès de l’africaniste bre - africains. Au lieu de rester le gardien d’un me. « Le sentiment d’appartenance à ton, Amadou-Mahtar M’Bow, directeur empire colonial en déclin, il se fait cri - une nationalité (bretonne, basque) ne général de l’Unesco, écrivait : « L’Afrique tique déterminé du colonialisme et de suppose nullement l’adhésion à une lui doit beaucoup. Dans cette période l’État-nation, qu’il accuse de tuer la par - doctrine nationaliste. Il convient même cruciale où elle s’attache à trouver dans ticipation sociale. d’affirmer que, si l’on se trouve dans une ses racines les fondements de son être, Reconnu dès lors comme un grand situation où une nation opprime une na - le professeur Yves Person aura été pour historien de l’Afrique, il enseigne à l’uni - tionalité (cas de la France par rapport à la elle un défricheur de sentiers. Son œuvre versité de Dakar, puis à la Sorbonne, où il Bretagne, sur le plan culturel notam - historique a été plus qu’une réhabilita - devient titulaire de la chaire d’histoire de ment), le refus d’appartenir à la nationali - tion d’un passé longtemps occulté. Elle l’Afrique contemporaine en 1970, jus - té n’est jamais un refus du nationalisme, témoigne d’un acte de foi dans les desti - qu’à sa mort précoce en 1982, du fait mais au contraire, nécessairement, une nées d’un continent qu’il a aimé et servi d’un mal implacable. adhésion objective au nationalisme de la comme il chérissait sa Bretagne. » Qui Il aurait pu devenir comme d’autres un nation dominante. » osera se plonger dans cette œuvre mandarin installé et académique. Bien En politique, Yves Person s’engage éclectique, dispersée, riche à profusion au contraire, il demeure attentionné, dis - d’abord au PSU puis au nouveau PS, et souvent prophétique ? ponible, créatif, engagé. Une universitai - tout en restant en lien constant avec le Jean-Jacques Monnier

27 Le Peuple breton – décembre 2011 Audio-livre

« Histoire de Bretagne pour tous » :

L’histoire bretonne reste mal connue d’une majorité de la population. La faute à l’école et aux médias et ceci malgré les efforts d’éditeurs et d’au - teurs. Pour combler ce manque, une initiative origina - le voit le jour : mettre à la dis - position des Bretons une « his - toire audio », en misant sur le goût traditionnel des Bretons pour l’oralité et pour la mu - sique. Et comme ils savent également lire, leur fournir des précisions écrites. En chantier depuis cinq ans, le challenge aboutit enfin. Il as - socie un homme de radio, Oli - vier Caillebot, et un historien bien connu de nos lecteurs, Jean-Jacques Monnier. R

Rencontre… D Jean-Jacques Monnier au micro d’Olivier Caillebot devant le cairn de Barnenez (Plouézoc’h). Le Peuple breton : Jean-Jacques, peux-tu nous expliquer la genèse du un format musical de type pop-rock les élèves qu’avant. Il fallait voir leur en - projet ? laissant peu de place aux « talk- thousiasme et leur maturité ! Même de J.-J.M. : Tout a commencé lors de la shows ». 18 heures à 19 heures ! publication d’un livre sur l’histoire du La force de Jean-Jacques est d’asso - Mais on n’avait aucun outil, hormis le Trégor en 2006, publié par les éditions cier le fond à la forme, la grande histoire premier manuel d’histoire des éditions Palantines. Après une interview pour à la petite, c’est le passage obligé pour Skol Vreizh, qui venait de sortir, publié Variation, une radio locale du Trégor- réussir ce genre de challenge, sachant par Per Honoré. Je suis entré en contact Goëlo, le producteur, Olivier Caillebot, que la quotidienne consacrée à l’histoi - avec lui et on a formé une commission m’a proposé d’enregistrer sept sé - re de la Bretagne peut se retrouver en - d’historiens bénévoles pour publier quences de quatre minutes sous forme châssée entre un Iggy Pop et un AC/DC. d’autres ouvrages et être plus rapides et d’un dialogue entre lui et moi. C’est lui Imaginez la surprise de dix-sept mille meilleurs. Cela a donné l’ Histoire de la qui a ensuite eu l’idée de proposer à la auditeurs cueillis au petit matin par l’ar - Bretagne et des pays celtiques en cinq radio une séquence quotidienne d’his - rivée des Vikings après Highway to hell ! tomes, vite réédités puis réécrits. Une toire de la Bretagne, conçue suivant le L’ayant rencontré auparavant, je sa - édition tous les vingt mois pendant tren - même modèle, avec questions et ré - te-cinq ans ! À chaque fois, on corrige, ponses. Elle a commencé à l’automne vais que Jean-Jacques tenait le rythme et le phrasé idéal pour rentrer dans cet on complète en fonction des acquis de 2006, du lundi au vendredi, avec plu - la recherche. Puis, Toute l’histoire de sieurs diffusions par jour. On couvrait univers, tout en restant un historien ob - jectif, attaché aux seuls faits, servant le Bretagne , une synthèse de neuf cents l’ensemble de l’histoire de la Bretagne, pages, en 2003, puis Histoire d’un des origines à nos jours. Il y a eu cent tout sur une sémantique fortement ima - gée. siècle. Bretagne 1901-2000 , commen - trente émissions. L’étonnant est que le cée avec le regretté Michel Denis. Avec public accrochait de plus en plus. Cela Quelle différence faites-vous entre cent soixante-dix mille exemplaires nous a conduits jusqu’au mois de mai vendus, l’aventure collective a été en - 2007. ce projet et les précédents ouvrages parus sur l’histoire de Bretagne ? thousiasmante elle aussi. L’année suivante, la radio a décidé de Mais l’expérience de radio avec Oli - rediffuser la série, que l’on a enrichie J-J.M. : Je travaille à la vulgarisation de l’histoire bretonne depuis ma jeunes - vier nous a montré qu’on pouvait tou - d’une vingtaine d’épisodes. C’est là cher un public beaucoup plus diversifié, qu’on s’est dit qu’il y avait plus qu’une se. Étudiant en histoire-géographie, j’ai fait un cours pour des collègues étu - tant par l’âge que par le milieu social. Il y demande, un vrai besoin. Et que l’on a a encore une grande majorité de Bre - décidé de travailler sur des CD d’histoi - diants. Il fallait que j’apprenne tout seul : j’avais juste une leçon d’avance sur tons qui ne savent pratiquement rien de re de Bretagne racontée, complété par leur propre histoire. un livre accessible à tous. eux ! Jeune enseignant à Rennes, j’ai eu la surprise de voir mon proviseur me de - Olivier, qu’est-ce qui vous a donné mander d’assurer un cours payé pour Il vous a donc fallu inventer un envie de travailler avec Jean-Jacques ? des élèves de première demandeurs concept ? O.C. : Notre radio est l’opposé d’une d’histoire de Bretagne. C’était en 1971, O.C. : Oui, tout en sachant qu’il ne radio généraliste : nous évoluons dans donc l’après-1968, et l’on écoutait plus s’agissait pas, là, d’échafauder une 28 Le Peuple breton – décembre 2011 La Bretagne à écouter

œuvre de fiction, mais de rendre comp - Après le travail de mémoire, il y a le te d’événements et de vies de person - travail de recoupement, de compréhen - nages ayant réellement existé. L’écueil sion, d’explication pour lequel il faut se eut été de tomber dans la dramaturgie à dégager des sympathies, des idées des outrance ou le pathos, même si le sujet autres comme des siennes. Ce n’est reste ultrasensible. Il fallait, qui plus est, pas si simple, mais c’est là que com - éviter de verser dans la compilation des mence l’histoire. meilleurs moments de la musique celto- C’est donc un double mouvement : bretonne. s’immerger dans le peuple, parmi les té - La gageure fut donc de diversifier les moins et acteurs de l’histoire et ensuite propositions, en faisant travailler une s’en dégager, confronter, comprendre cinquantaine d’artistes répartis en cinq et expliquer. La phase finale est bien sûr studios à travers la Bretagne, et ainsi le partage, par les articles, les livres, les produire une bande sonore croisant les conférences et le passage dans les mé - musiques : rock, électro, métal, tradi - dias. Et cette fois, le format « émission tionnelle bretonne et Renaissance, avec de radio » permet de partager avec en - les instruments particuliers et le chant core plus de monde. Avec sa vivacité et haute-contre à la clé. son humour, Olivier est un formidable Les textes, servis par des acteurs, ont relanceur d’intérêt ! complété l’offre grâce aux écrits de Que rétorquer à ceux qui s’em - sible au plus grand nombre. À ce stade, Mme de Sévigné, de George Sand et de ploient à inventer une « histoire des l’important est de faire connaître autour bien d’autres. Enfin, des archives so - Pays-de-la-Loire » ? de nous ce nouveau moyen d’y accé - nores inédites ont complété l’illustration der ! pour rendre ces quatre CD encore plus J.-J.M. : On ne parle pas aux gens palpitants. avec l’histoire d’une entité administrati - ve, surtout si elle est très récente. C’est Propos recueillis par Mais qu’on ne s’y trompe pas, il s’agit vrai pour les départements comme pour bien d’histoire et de faits, rien que des une bonne partie des régions. La Bre - Gael Briand faits ! Sept cent mille ans d’histoire en tagne historique est aujourd’hui parta - quatre-vingts séquences et cinq heures gée entre deux entités administratives. d’écoute, avec un livre bien illustré qui Ce n’est pas pour autant qu’elle a perdu Audio-livre Histoire de Bretagne pour tous , les résume et les complète. son passé commun ni même son exis - 20 € : en librairie et sur Skolvreizh.com (ou par Sans les technologies modernes liées tence en tant que communauté origi- courrier : Skol Vreizh, quai de Léon, 20600 à la MAO [musique assistée par ordina - nale. Morlaix). teur], ce projet n’aurait pu voir le jour, ne Si on regarde un peu plus loin dans le serait-ce qu’il y a dix ans, auquel cas il temps, plus de la moitié des armoiries et aurait fallu mobiliser pléthore de blasons des communes de la Loire-At - • Olivier Caillebot est originaire moyens et de ressources humaines. lantique comportent des hermines. de Rostrenen. Animateur de radio C’est le pourcentage le plus élevé des associative (RKB, MFM…), puis Jean-Jacques, je sais que tu as cinq départements. Si on ne fait pas réalisateur et responsable des pro - l’habitude de t’appuyer sur le témoi - l’histoire des communautés humaines grammes en radio locale (Trégor gnage des gens pour recouper tes in - historiquement constituées, on prive les FM puis Variation). Manager des formations. Quelle distinction fais-tu gens de leur passé, donc d’une partie groupes Ar re Yaouank et Dibenn. Il entre « mémoire » et « histoire » ? d’eux-mêmes. Cela peut être un choix a été musicien dans les groupes J.-J.M. : J’ai toujours essayé de me politique mais cela ne peut être celui de Pat O’May, Freak out et Lokarn. laisser guider par les faits et non pas par l’historien. • Jean-Jacques Monnier est en - les idées. Mais aussi de chercher à seignant et historien. Titulaire d’un comprendre, en toute indépendance, Quatre CD et un livre en coffret, doctorat d’État ( Le comportement que cela corresponde ou non aux sché - cinq années de travail, cinq studios, politique des Bretons, 1945-1993 ), mas habituels. Quand j’ai travaillé sur cinquante participants... combien il a longuement enseigné en lycée les comportements politiques des Bre - coûte cette « Histoire pour tous » ? avant de contribuer pendant dix tons, j’ai passé vingt ans à parcourir J.-J.M. et O.C. : Notre choix fonda - ans à la formation des étudiants en « mon » terrain, c’est-à-dire les mille mental a été que cette production soit journalisme de l’IUT de Lannion cinq cents communes de Bretagne. ouverte et accessible. Cela supposait (université de Rennes-I). Coauteur Quand on est engagé politiquement, des choix dans le langage, dans l’agré - et coordinateur de l’ Histoire de la notamment dans les combats pour la ment d’écoute et aussi dans le prix. Skol Bretagne et des pays celtiques , de Bretagne et la démocratie, on a en prin - Vreizh, l’éditeur, a accompagné ce pari Toute l’Histoire de Bretagne , cipe une attitude d’écoute du peuple et la Région Bretagne a apporté son d’ Histoire d’un siècle. Bretagne qui nous permet d’apprendre sans ces - soutien pour que l’ensemble ne soit pas 1901-2000 aux éditions Skol se. Pendant les huit ans où j’ai travaillé trop coûteux – 20 € seulement – pour les Vreizh et de Résistance et sur Résistance et conscience bretonne , petits revenus, notamment pour les conscience bretonne (1940-45) j’ai aussi beaucoup écouté et beaucoup jeunes. Tous ces choix ont leur cohéren - chez Yoran embanner. appris. ce : rendre l’histoire de Bretagne acces - 29 Le Peuple breton – décembre 2011 International Le Pays basque sur le chemin de la paix

Le 20 octobre dernier, ETA 1 annonçait solennellement « l’arrêt définitif de son activité armée ». L’organisation, classée terroriste depuis 2001 par les États-Unis et l’Union européenne, ré - pondait ainsi à l’appel lancé trois jours plus tôt par les participants à la « Conférence internationale pour promouvoir la résolution du conflit en Euskadi », qui avait réuni à Saint-Sé - bastien (Donostia en basque) des ex - perts reconnus pour leur habileté di - plomatique. La présence parmi eux

de trois acteurs de la négociation sur s n la fin du conflit nord-irlandais (Gerry o m m

Adams, Bertie Ahern, Jonathan Po - o c

a

well), un exemple pour les nationa - i d listes basques, a sans doute joué e m i k dans cette décision. i W

/

a í c r ETA était depuis quelques années a G

z e

très affaibli. Militairement d’abord, l á z

après les multiples coups de filets opé - n o G

rés par des polices françaises et espa - n a i

gnoles dont l’efficacité se renforçait au t s i r

fil des ans. En quelques années, la plu - h part de ses dirigeants ont été arrêtés, ju - C gés et lourdement condamnés. Manifestation contre ETA à Bilbao en février 2007. Judiciairement ensuite, par la pres - sion sans cesse accrue qu’exerce Ma - C’est l’accord de Guernica, signé en On ne peut pas non plus exclure un drid sur les différents réseaux d’asso - septembre 2010 par plusieurs partis lé - coup de pouce de la gauche abertzale ciations et de relais sociaux proches gaux et mouvements interdits de la au parti socialiste espagnol en vue des d’ETA qui pouvaient constituer pour lui gauche séparatiste, que reconnaîtra un élections nationales du 20 novembre, un vivier de recrutement. Leurs an plus tard le « Collectif des prisonniers les nationalistes ayant conscience que membres sont désormais assimilés à politiques basques ». les discussions seraient plus âpres avec l’organisation et poursuivis comme tels. un Parti populaire au pouvoir. On peut Dans la même logique, la justice a inter - Entrer dans le jeu démocratique aussi imaginer qu’anticipant la chute dit les partis qui refusaient de condam - Cette démarche, la seule qui lui per - des socialistes, elle ait voulu montrer un ner les actions violentes, les empêchant mette d’entrer dans le jeu démocra - visage rassurant pour accueillir les dé - ainsi de se présenter aux élections. tique, a été payante. À l’occasion des çus du zapatérisme. élections locales du 22 mai 2011, la Pour Madrid, l’arrêt de la violence au - ETA sans soutien populaire gauche abertzale (patriote), mouvement rait un double impact, politique bien sûr L’organisation a également perdu le informel rassemblant des militants na - mais aussi financier. Le problème soutien d’une opinion qui ne supportait tionalistes, a construit une coalition, Bil - basque aurait depuis un tiers de siècle plus les actions terroristes. Il était de du (« S’unir »), destinée à contourner coûté à l’Espagne plus de 12 milliards plus en plus difficile d’admettre que la l’interdiction faite en 2003 au parti pro- d’euros (en comptabilisant rançons, im - majorité des 829 civils et membres des ETA, Batasuna, de participer aux scru - pôt révolutionnaire, indemnités payées forces de l’ordre assassinés l’ont été tins. aux victimes d’attentats, coût des es - non pas sous le franquisme mais depuis Pour la première fois depuis 2001, ce cortes, du déploiement d’unités antiter - le retour de la démocratie et, pis, après courant de pensée a ainsi pu s’expri - roristes, de l’incarcération des acti - l’amnistie générale décrétée en 1977 ou mer. Mieux, il a recueilli 25 % des suf - vistes, des dommages causés par les depuis l’adoption d’un statut de large frages, devenant ainsi la deuxième for - attentats…). autonomie pour le Pays basque en ce politique d’Euskadi 2. Jamais un mou - L’offre de service faite par des per - 1979. vement radical n’avait obtenu pareils ré - sonnalités et instances internationales Les annonces de cessez-le-feu (sep - sultats. Si on additionne ce score aux ayant participé à la résolution de conflits tembre 2010, janvier 2011), l’arrêt des 30 % du Parti nationaliste basque a enfin été une opportunité pour une or - attentats observé depuis août 2009, (centre droit) et à celui d’Aralar (socia - ganisation fragilisée, à la recherche d’un l’abandon en avril 2011 du prélèvement listes), on arrive à un total de quelque « terrain d’atterrissage ». Dès mars de « l’impôt révolutionnaire » sur les 60 % de Basques partisans d’une forme 2010, vingt et un négociateurs, dont chefs d’entreprise ou le sabordage en de rupture avec Madrid, de quoi per - plusieurs prix Nobel (Frederik De Klerk, octobre dernier d’Ekin, la structure poli - mettre d’atteindre par la voie démocra - John Hume, Desmond Tutu…), lan - tique d’ETA, n’y ont rien changé. tique l’objectif recherché par ETA. De çaient la « déclaration de Bruxelles » qui De surcroît, l’organisation a subi la tels chiffres au Parlement régional réclamait au groupe armé un cessez-le- pression de l’aile politique du mouve - basque permettraient d’envisager une feu permanent et vérifiable ainsi qu’une ment indépendantiste qui, après avoir déclaration unilatérale et pacifique d’in - réponse adéquate de l’État espagnol. pris ses distances avec l’action militaire, dépendance. La suite serait à négocier Six mois plus tard, en octobre 2010, lui a demandé de renoncer aux armes. avec l’État central. un Groupe international de contact

30 Le Peuple breton – décembre 2011 Le Pays basque sur le chemin de la paix

(GIC), se définissant comme un interlo - Ce n’est évidemment pas de cette fa - la Constitution de 1978 viole les droits cuteur impartial pouvant rapprocher çon que l’on pourra construire un avenir culturels, sociaux, civiques et politiques des intérêts divergents, se constituait serein. « La paix est plus sûre lorsqu’el - du peuple basque, notamment son droit dans le but de faciliter le dialogue entre le n’a ni vainqueurs ni vaincus », martè - à l’autodétermination, rappelle l’avocat les protagonistes et de créer un environ - le Gerry Adams. sud-africain Brian Currin, le principal nement favorable au processus de fin négociateur international. Ce à quoi de la violence. Le GIC devait être l’un Madrid répond que l’Espagne est un ré - des parrains de la conférence de Saint- gime constitutionnel et que le statut de Sébastien, qui a conduit ETA à aban - communauté autonome du Pays donner la lutte armée. basque est inscrit dans cette Constitu - s

n tion. » Il n’en reste pas moins vrai qu’au o

Questions en suspens m référendum constitutionnel de 1978, m

o l’abstention des Basques avait atteint c

Plusieurs points peuvent cependant a i 45 % (contre 33 % pour les Espagnols) mettre encore en péril le fragile espoir d e

m et que 31 % d’entre eux avaient rejeté le de paix. Le premier concerne la crédibi - i k i texte (22 % des Ibériques). Soit une ap - lité de l’annonce du groupe militaire. La W

/

classe politique et le peuple ont appris à o probation par seulement 38 % des élec - c n

a teurs potentiels (52 % en Espagne). se méfier. La précédente trêve décrétée l B

i

en mars 2006, l’amorce de discussion n Lors des négociations qui devront in - a

avec le gouvernement socialiste, la D évitablement s’engager, l’idée de la re - confiance même avaient été brutale - Conférence de Saint-Sébastien. connaissance du droit d’Euskadi à l’au - ment rompues par l’attentat de l’aéro - De gauche à droite : Jonathan Powell, todétermination sera donc évoquée, port de Madrid, qui avait fait deux morts Gerry Adams, Bertie Ahern, Kofi Annan, même si les gouvernements successifs en décembre 2006. Gro Harlem Brundtland, Pierre Joxe. ont toujours associé cette revendication ETA doit donc convaincre qu’il ne au terrorisme. Il faudra enfin traiter le s’agit pas de sa part d’une tactique pour La question des détenus est égale - cas de la Navarre, que les Basques gagner du temps et reconstituer ses ré - ment un sujet sensible. Plus de 700 considèrent comme partie intégrante seaux mais bien d’une volonté claire « etarras » sont actuellement incarcérés de leur territoire. d’abandonner la lutte armée. Se posera (dont 140 en France), un chiffre consi - dérable comparé aux deux millions de Le chemin qui doit conduire à une vé - alors la question de son avenir. L’arrêt ritable paix est encore long. définitif de toute action armée, notent Basques. Alors que les familles de pri - des analystes, ne signifie ni sa dissolu - sonniers manifestent régulièrement Patrick D. Morvan tion ni même la remise ou la destruction pour demander non pas leur libération de ses armes. Un éclaircissement s’im - mais simplement leur rapprochement posera. dans des prisons d’Euskadi, les asso - 1. ETA, Euskadi ta Askatasuna (Patrie La seconde difficulté est liée à l’arro - ciations de victimes exigent une ferme - basque et Liberté), a été créé le 31 juillet gance du pouvoir central. Alors que l’or - té absolue. Trouver une solution média - 1959 par des étudiants nationalistes de sen - ganisation reconnaît implicitement ne ne sera pas aisé. sibilité marxiste en réaction à la mollesse qu’elle ne gagnera pas militairement, supposée du parti national basque (PNV). Madrid et le Parti populaire veulent une Le droit à l’autodétermination L’organisation a revendiqué son premier at - tentat le 7 juin 1968 en tuant un jeune poli - capitulation totale de l’organisation ar - Reste le problème politique. Pour les cier à Saint-Sébastien. mée. Obsédés par l’idée de victoire, ils nationalistes, si les moyens d’atteindre exigent la dissolution d’ETA et la remise l’indépendance ont changé, l’objectif, 2. Voir l’analyse de ce scrutin dans le PB de de ses armes sans aucune condition. lui, reste intact. « Aux yeux des abertzale , juillet-août 2011.

Le « Friendship », n o t e r

artisan de la paix au Parlement européen b

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Le Friendship est un groupe associant diverses tendances politiques au Parlement eu - e P

ropéen et œuvrant pour un processus de paix au Pays basque. François Alfonsi, e L

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membre de l’Alliance libre européenne, est partie prenante de ce groupe de réflexion e h c n

depuis son élection, en 2009. Ce dernier s’est réjoui du renoncement à la violence dé - i a l C

cidé par ETA : « La violence politique est une impasse dont le mouvement clandestin e L basque a décidé de sortir par le haut en prenant une initiative unilatérale et définitive. o n u

Une nouvelle situation politique est désormais définitivement créée. Le Parlement eu - r B ropéen doit la prendre en compte et s’engager à son tour, par la désignation d’un mé - Parmi les élus qui composent le Friendship, diateur rejoignant les personnalités engagées à la conférence de Donostia/San Sebas - on retrouve Oriol Junqueras, François Alfonsi, tian, afin d’encourager et de faciliter un dialogue entre les Basques, ainsi qu’avec l’Es - Catherine Greze, Bairbre De Brùn, Tatjana Îdanoka, pagne et la France, qui sont les deux États membres concernés par le conflit basque. » Frieda Brepoels. Conformément à la déclaration de Bruxelles, le Friendship demande que « des mesures importantes soient prises pour promouvoir la réconciliation et de reconnaître, indemniser et aider toutes les victimes ainsi que reconnaître le tort qui a été fait et de rechercher à panser les blessures personnelles et sociales ». Bruno Le Clainche

31 Le Peuple breton – décembre 2011 International La Libye, espoir de l’identité amazighe

Ceux qui ont osé, malgré tout, affi - cher leur attachement à leur identité ont connu des sorts dramatiques : ar - restations, tortures, assassinats, pen - daisons en public, etc. Les militants berbères, comme tous les opposants, sont poursuivis jusque dans l’exil, où ils se font assassiner par les agents des services secrets du régime libyen.

Le soulèvement de février 2011 Lorsque les premières manifesta - tions ont eu lieu à la suite d’appels lan - cés sur Facebook, notamment à l’est de la Libye, autour de Benghazi, les ré - gions berbérophones ont très vite réagi et des soulèvements ont été observés un peu partout. La plupart des régions de l’ouest ont été très vite libérées des a h

g forces kadhafistes. Les symboles du z a

m régime ont été saccagés et ses fidèles a T chassés. La quasi-totalité des soldats et des policiers originaires de ces ré - Il y a seulement quelques mois, il phones, mais aujourd’hui on peut sans gions ont rejoint la population insurgée. était difficile d’imaginer que la Li - trop de risques dire qu’ils sont quelque La réaction du régime n’a pas tardé. Il bye pouvait être un moteur du un million et demi, ce qui représente a envoyé des renforts constitués prin - combat amazigh. Les Libyens, environ 25 à 30 % de la population cipalement de mercenaires équipés de manière générale, étaient libyenne, estimée entre cinq et six mil - d’armes lourdes, ce qui a rendu la réduits à des êtres humiliés ; le lions. tâche des populations difficile. L’inten - régime de Kadhafi était tel qu’au - L’essentiel des régions berbéro - sité des bombardements les a très vite cune place n’était laissée à phones sont situées à l’ouest de la Li - contraints à mettre à l’abri les popula - bye avec la région d’At-Willul (Zouara) une quelconque expression qui tions les plus vulnérables (enfants, et les montagnes d’Infusen (Nefousa), vieillards et femmes), partis se réfugier n’était pas approuvée par le régi - auxquels il faut rajouter la région de principalement en Tunisie voisine. me. Pourtant, aujourd’hui, s’il y a Ghadamès et les Touaregs d’Oubari, une région d’Afrique du Nord qui Ghat, Waddan au sud. Quelques îlots Les hommes valides et les jeunes honore le combat berbère, c’est existent aussi au centre et à l’est de la sont restés défendre leur pays. À l’ex - bien la Libye. Libye. ception d’At-Willul, région côtière qui a été réoccupée après quelques se - Le combat amazigh en Libye maines de libération, l’essentiel de la partie ouest, principalement monta - Rappelons que le territoire amazigh Le combat des Imazighen en Libye (berbère) s’étend des oasis de Siwa en gneuse, est resté aux mains des com - ne date pas de février 2011. Les Imazi - battants amazighs, même s’ils n’ont Égypte jusqu’aux îles Canaries (les Ca - ghen ont toujours été des opposants à naries sont bien des îles amazighes et pas cessé de subir quotidiennement Kadhafi. Si la monarchie issue de la des frappes ayant fait d’énormes dé - non espagnoles). Du nord au sud, il proclamation de l’État libyen en 1951 a s’étend de la Méditerranée au Sahel gâts. Plusieurs localités ont été privées pratiqué une politique de marginalisa - d’eau et d’électricité pendant plusieurs (pays touareg). Ce pays des Imazi - tion à leur égard, l’arrivée de Kadhafi au 1 semaines. ghen (Berbères), dont les frontières pouvoir, à la suite du coup d’État mili - actuelles sont artificielles, créées es - taire de 1969, n’a fait qu’aggraver la si - La situation dans le pays amazigh sentiellement par le colonialisme fran - tuation. était d’autant plus délicate que les çais, s’appelle Tamazgha. Les Berbères ont dû faire face à la frappes de l’OTAN avaient tardé à arri - La Libye d’aujourd’hui se trouve politique arabiste de Kadhafi, qui a usé ver. En effet, la protection de Benghazi donc en plein territoire amazigh : c’est d’une répression féroce à leur égard. a été la priorité de la France et des sa partie orientale. Si le phénomène En plus de toutes les interdictions ins - forces de l’OTAN, laissant ainsi les Ber - d’arabisation a eu son effet en Libye, la taurées et qui visent la berbérité, les bères quasiment livrés à eux-mêmes berbérophonie y demeure non négli - Imazighen, notamment dans les face à la machine de guerre kadhafiste. geable. L’absence de statistiques eth - régions berbérophones, ont fait l’objet Les frappes de l’OTAN dans le pays niques ou linguistiques rend difficile d’une surveillance très stricte. C’est le amazigh ont apporté un répit aux po - l’estimation du nombre de berbéro - règne de la terreur. pulations. Lorsque la France a para - 32 Le Peuple breton – décembre 2011 Le drapeau de la Lybie reprend, depuis la chute de Khadafi, le drapeau du Royaume de Libye en 1951. Espérons que les Imazighen y auront toute leur place. chuté des armes dans les montagnes d’Infusen, début juin, la situation a très rapidement évolué : les Berbères ont li - béré la totalité des régions monta - gneuses et les lignes de front ont très vite avancé en direction de Tripoli, qui n’a pas tardé à tomber, fin août, devant le déploiement spectaculaire des com - battants amazighs. l a

À la même période a eu lieu la libéra - k r e F tion d’At-Willul, dont les combattants n i ont très vite pris le contrôle du deuxiè - s a me poste-frontière avec la Tunisie. M Le CNT : vers une politique Ainsi, ils ont fait une double démons - Libération arabo-musulmane tration de force à Tripoli pour dire à qui de Tripoli hostile aux Berbères veut l’entendre que les Berbères sont une force avec laquelle il faudra comp - La libération de Tripoli, la fuite de Le CNT est formé en bonne partie Kadhafi et ses fidèles, la prise du pos - ter, qu’ils sont loin d’être négligeables d’anciens du régime kadhafiste qui et qu’ils ne sont pas prêts à céder sur te-frontière de Ras Jdir, dues essentiel - s’en sont désolidarisés dès les débuts lement à l’action des combattants ce qu’ils considèrent comme un droit de la révolte et qui sont en majorité is - naturel. amazighs, a mis fin au régime de sus de l’est et de Benghazi en particu - Kadhafi et n’a laissé aucun doute quant lier. Cette instance provisoire a brillé Le 26 septembre, ils ont organisé un à la libération prochaine de l’ensemble par ses penchants arabistes et isla - congrès national amazigh à l’hôtel de la Libye. mistes. L’un de ses membres, Fathi Rixos, au cœur de Tripoli. Cette ren - Le CNT, soutenu par le Qatar, a voulu Tarbal, s’est même livré à une attaque contre a rassemblé quelque 3 700 per - attribuer la libération de Tripoli à un cer - en règle contre des militants amazighs. sonnes venues écouter diverses inter - tain Abdelhakim Belhadj, un islamiste L’on sent donc une certaine hostilité du ventions qui ont porté essentiellement ancien djihadiste, alors que ce sont es - CNT à l’égard des Berbères, qu’il es - sur la nécessité absolue d’officialisa - sentiellement les Berbères et les com - saye de minorer. tion du tamazight, qui est une réalité in - battants de Misrata qui en ont été les contournable de la Libye. Le communi - En août, le CNT a rendu public la dé - qué du congrès est on ne peut plus clair artisans. Très vite, il leur a été demandé claration du projet de Constitution pro - de déposer les armes et il a été procé - dans la mesure où il rejette l’article 1 de visoire de la Libye. Ce texte proclame la la déclaration constitutionnelle du CNT. dé à la nomination de Belhadj comme charia comme source principale de la commandant militaire de Tripoli. Ceci législation et ne cite que l’arabe com - Le lendemain, 27 septembre, ce sont n’a pas été accepté, en tous cas pas me langue officielle. Les Berbères quelque 320 000 personnes qui ont apprécié, par les combattants ayant li - n’ont pas tardé à faire entendre leur convergé vers la place des Martyrs à béré Tripoli. Les commandants venus désaccord, même si les médias, no - Tripoli pour manifester leur identité et des montagnes sont restés à Tripoli et tamment occidentaux – et en particu - assister à un concert. L’hymne national refusent de reconnaître l’autorité de lier français –, ne l’ont pas relayé, pré - en tamazight a été entonné par des mil - Belhadj. férant ainsi être les porte-voix du seul liers de personnes sous la protection CNT. En effet, des voix se sont élevées de centaines de militaires amazighs. Le tamazight au centre pour se démarquer du CNT et dénon - Tout récemment, le président du du combat des Imazighen cer son projet de déclaration constitu - Congrès national amazigh libyen a me - tionnelle. nacé de boycott le gouvernement pro - La plupart des comités et conseils visoire par les Berbères. En cause, la révolutionnaires locaux mis en place au Le Mouvement culturel amazigh li - byen a rendu public un texte résumant marginalisation des Berbères au sein fur et à mesure que les territoires se du gouvernement provisoire et l’indif - sont libérés ont fait leurs déclarations sa vision du futur État libyen, qu’il conçoit comme un État moderne, dé - férence du CNT quant à la question en tamazight et leurs documents, s’ils amazighe. n’étaient pas toujours rédigés dans la mocratique, laïc, respectant toutes les langue, portaient au moins des sym - libertés et garantissant l’égalité de l’en - L’espoir… boles amazighs. Les véhicules des semble des Libyennes et des Libyens. Malgré la complexité de la situation combattants sont très souvent ornés Le texte insiste surtout sur la nécessité et l’hostilité à laquelle sont confrontés de drapeaux et/ou de symboles ama - de la reconnaissance de la langue les Berbères libyens, la question ama - zighs, notamment le double trident (la amazighe comme langue officielle au zighe en Libye paraît de plus en plus in - lettre Z), qui est l’insigne des Berbères. même titre que l’arabe et son accès à contournable. La donnée amazighe ne tous les droits et à tous les niveaux. À pourra être ignorée. Les Berbères ne Le plus surprenant, c’est la création signaler également que les Berbères sont pas prêts à céder sur la place qui d’associations à caractère culturel et sont sous-représentés au sein du CNT leur revient naturellement dans leur éducatif qui se consacrent notamment et de son gouvernement provisoire, ce propre pays et n’entendent pas négo - à l’enseignement du tamazight en plein qui montre la méfiance du CNT à leur cier quoi que ce soit. Leur détermina - guerre. Des groupes de militants se égard et son indifférence quant à leurs tion ne fait que se renforcer, il est évi - sont penchés sur l’élaboration de pe - demandes et exigences. dent que tous les espoirs sont permis tits manuels d’apprentissage du tama - et l’affirmation de l’identité berbère ar - zight avec des moyens de fortune. Il n’y Démonstration de force rive à un véritable tournant historique a pratiquement aucune ville amazighe qui pourra mener à la libération. qui n’ait pas créé d’associations. Ce Les Berbères n’entendant pas mouvement est accompagné de la pu - prendre le risque de replonger dans un blication de journaux dont certains sont système qui leur ferait subir l’injustice Masin Ferkal rédigés en tamazight. C’est l’exemple et la marginalisation sont décidés à en président de l’association Tamazgha, de Tilelli (Liberté), lancé à Ifran et qui en finir avec l’injustice et la domination ancien président est à son onzième numéro. qu’ils ont subies jusque-là. du Congrès mondial amazigh 1. Pluriel d’Amazigh. 33 Le Peuple breton – décembre 2011 International

ALE : la réalité des peuples et des régions

Trente ans déjà que l’Alliance libre eu - Les évolutions en cours dans ces terri - férendum afin d’accéder à l’indépen - ropéenne a constitué un rassemble - toires sont flagrantes : un pouvoir légis - dance. Pour les Écossais du SNP, une re - ment de partis politiques. L’anniver - latif au pays de Galles et davantage de présentation directe à l’Union euro - saire a été célébré le 9 novembre der - pouvoirs fiscaux et constitutionnels, le péenne est indispensable. Leur slogan nier, à l’issue du colloque « From na - référendum en Écosse, les évolutions en « Moving forward » annonce la tions to member states ». Pierre Fou - Catalogne et en Euskadi. Les blocages couleur : le futur n’est pas un cadeau, rel, Victor Gallou et Bruno Le aussi, que ce soit en Belgique, en Rou - c’est un aboutissement. Clainche, attaché parlementaire de manie ou en France. L’ALE prévoit trois Pour Bart De Wever, « l’autodétermi - François Alfonsi, représentaient axes de travail : repenser l’Europe, faire nation n’est pas un objectif en soi, c’est l’UDB. éclore les États émergents, créer une un moyen de faire progresser la démo - gouvernance à plusieurs niveaux et dé - cratie et la citoyenneté européenne ». L’ALE est un parti politique européen centralisée. disposant d’un groupe parlementaire L’État-nation tel que nous le connais - La solidarité commun avec les Verts depuis 1999. sons a vécu. Pour éviter de poursuivre comme atout économique Comptant sept députés 1 siégeant à une politique irresponsable d’égoïsmes Grâce à l’autonomie par exemple, de - Bruxelles, l’ALE est composée de trente nationaux, les États émergents devront puis les années 80, le développement in - partis adhérents. Certains sont indépen - enclencher une révolution institution - dustriel a bien avancé en Euskadi. Néan - dantistes, d’autres – dont l’UDB – auto - nelle, un mouvement croissant vers la moins, l’économie basque ne repose pas nomistes. décentralisation. Car qui porte l’idée de sur les mêmes valeurs que celles du capi - Lors du colloque talisme ambiant. « From nations to mem - L’ALE doit se différen - ber states », Jill Evans, cier et prôner la solida - présidente du groupe rité comme un atout ALE au Parlement eu - économique. « À nous ropéen, a présenté d’apporter un nouveau « notre Europe », juste souffle dans l’UE », af - et démocratique, celle firme Rafael Larreina, qui respecte les droits d’Eusko Alkartasuna. des peuples et des « na - Selon François Alfon - tions sans États ». Cette si, « nous ne pouvons journée est apparue rester des sous-trai - comme une formidable tants. Une gouvernan - affirmation de nos re - ce à plusieurs niveaux vendications avec force est nécessaire et doit et dynamisme, détermi - s’appuyer sur des struc - nation et confiance tures situées entre le su -

dans l’avenir. Une ex - l pranational et le local. e r u

pression qui tranche o Nous devons casser le F

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complètement avec la r raisonnement de la e i sombre actualité euro - P Commission européen - péenne du moment. François Alfonsi représente la fédération R&Ps et donc l’UDB au Parlement européen. ne, qui tourne le dos à la réalité des peuples et des UE : vers l’Europe si ce ne sont les régions ? À l’in - régions. L’UE prône la diversité, mais ne « l’élargissement interne » ? verse, l’euroscepticisme est devenu la défend pas cette diversité ». Le ton du colloque était celui de la norme pour les États actuels. La culture L’ALE peut s’appuyer sur ses trente rupture avec l’Europe actuelle. Certains est au centre du renouveau économique ans de travail pour se lancer avec opti - territoires s’orientent sans ambiguïté et tient un rôle important dans notre vie misme dans une nouvelle ère d’évolu - vers l’indépendance, non pas pour créer quotidienne. L’ALE doit construire et tions, de révolutions, de processus, des divisions, comme on entend souvent créer son propre espace dans l’Europe, d’opportunités à ne pas manquer, afin dire, mais parce que cette indépendance chercher des réponses alternatives et ne de construire une puissance politique au est, selon eux, la garantie d’accéder à pas justifier le capitalisme mondial. service des régions et des peuples soli - plus de droits. L’Union européenne s’est Néanmoins, l’élargissement interne daires… et unis. élargie vers l’est, il lui faut être capable est-il possible juridiquement ? Les textes Pierre Fourel désormais d’intégrer pleinement les européens ne répondent pas à cette nouveaux États émergents dans ce qu’on question. 1. Jill Evans, présidente du groupe et membre du appelle « l’élargissement interne ». Ces Ian Hudghton a retracé l’évolution Plaid Cymru, pays de Galles ; Frieda Brepoels, NVA, Flandre ; Ian Hudghton et Alyn Smith, États émergents sont souvent des loco - très rapide en Écosse. Jusqu’en 2008, il SNP, Écosse ; Oriol Junqueras, Esquerra, Cata - motives tirant les peuples vers une re - n’y avait pas de parlement écossais. Au - logne ; François Alfonsi, PNC, Corse ; Tatjana connaissance complète de leurs droits. jourd’hui, ses membres préparent un ré - Zdanoka, PCTVL, Lettonie.

34 Le Peuple breton – décembre 2011 La Bretagne sur Internet par Alain Cedelle @ [email protected] L’industrie du cinéma et de l’audiovisuel est encore très centralisée en France. Elle se développe cependant en Bretagne, avec les festivals et les réseaux de profes - sionnels.

Les courts „ À Brest, le Festival européen du film court vient d’achever sa vingt-troisième édition. Ce tremplin pour les jeunes créateurs de toute l’Europe proposait une quarantaine de films provenant de vingt-deux pays différents. En clôture de l’évènement, une session « Made in Breizh » était consacrée aux productions bre - tonnes. Le site permet de consulter la programmation et le calendrier des nombreux temps forts du festival. www.filmcourt.fr

„ L’animation Pour la deuxième fois, le Festival national du film d’ani - mation se tient à Bruz, en début décembre. Le secteur très dynamique en France du film d’animation est bien présent sur la métropole rennaise avec les deux sociétés de production « Vivement lundi » et « JPL films ». Invité d’honneur du festival, Bruno Collet a réalisé, entre autres, le film Le Petit Dragon , visible sur Youtube : www.youtube.com/watch?v=aUbdRLXKplQ. Un inter - view de Bruno Collet figure sur le site du festival. À noter dans le programme une séance spéciale de www.festival-film-animation.fr courts métrages en langue bretonne, le dimanche 11 dé - cembre.

„ Films en Bretagne Le site de l’Union des professionnels de l’audiovisuel et du cinéma en Bretagne constitue une bonne source d’in - formation sur les nombreux festivals et tous les évène - ments qui se tiennent dans la région. La rubrique actualité contient un intéressant interview d’Isabelle Lenoble, réalisatrice d’une toute nouvelle série d’animation, Pok et Mok , diffusée sur Canal Family. D’après Isabelle, qui travaille de plus en plus à Rennes : « Y a moyen de faire ici ! » Un article plus ancien, du 27 juillet dernier, « Ces pro - ducteurs qui choisissent la Bretagne... », évoque l’arrivée www.filmsenbretagne.com à Rennes de deux sociétés de production, AGM Factory et Movalia. Film britannique „ Le Festival du film britannique de Dinard propose principale - ment des longs métrages en avant-première, qui feront demain les succès en salle. Pour sa 22 e édition, qui vient d’avoir lieu en octobre, le festival proposait un gros plan sur le cinéma écossais. Une bonne occa - sion de voir ce qui se passe chez nos voisins. Selon Hussam Hindi, le directeur artistique, le cinéma des pays celtiques est en plein essor : « Les bons films viennent de là, de plus en plus. Un film écossais a une vibration, un paysage parti - culier, ne ressemble à aucun autre. Quand on voit les films tournés à Londres, on a l’impression qu’ils sont tournés à New York ! » Un exemple à suivre, à long terme, pour un véritable cinéma breton. www.festivaldufilm-dinard.com 35 Le Peuple breton – décembre 2011 Fañch Le Henaff,

Pour réaliser les textes de ses affiches, Fañch Le Henaff utilise des caractères « sur mesure » qui correspondent à l’idée qu’il se fait du rapport entre typogra - phie et identité bretonne. Il a développé l’un d’eux, le Brito, en vue de son utilisation par les professionnels et, ce, dans plu - sieurs langues européennes. Très attendue, sa diffusion pro - chaine est l’occasion d’un retour sur la carrière du gra - n o

phiste locronanais. t e r b

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Son style, ses réalisations nous sont p u e

familières : le cœur en forme de biniou du P

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groupe de fest-noz Sonerien Du, c’est lui, /

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les affiches des 30 ans de l’UBO et des a i z i

pièces de théâtre Amoko 2 et Ar Mestr n o d’Ar Vro Bagan aussi, l’identité graphique y D

. de Ti ar vro Kemper également… Lui, par J contre, on sent bien qu’il n’aime pas telle - ment se mettre en avant, mais il ne faut pas le titiller longtemps pour révéler un magne réunifiée), il le gratifie d’un cha - durant à Wrocław, en Pologne, où il com - ardent pédagogue et un citoyen du peau à guides mais, au-delà du clin d’œil, plète sa formation technique et artistique monde, avide et curieux de diversité, qui nous révèle son intérêt graphique et son (et où, pour la petite histoire, il crée son entraînera ses interlocuteurs dans un universalité. cœur-biniou !). échange stimulant. Fañch Le Henaff est né en 1960 à Son affiche antinucléaire est sélection - Quimper : un grand-père et un père bou - née pour la prestigieuse Biennale interna - langers, des parents acquis à la langue et tionale de l’affiche de Varsovie : Fañch a à la culture bretonnes, la ville de Locro - la satisfaction de voir un slogan en breton nan (toute d’artisans, de peintres, de et la croix de Bez-Keben (sur le parcours tournages cinématographiques…) es- de la grande troménie de Locronan) quissent le décor de son enfance. Il se accéder ainsi à une reconnaissance inter - met de bonne heure au dessin, crée sa nationale. première affiche à 17 ans pour le comité En 1986, il ouvre son atelier de « design d’animation de Locronan. graphique » à Locronan. Il collabore à la mise en pages des premiers livres du La rencontre avec Le Quernec Chasse-Marée - ArMen et crée des affiches pour le musée départemental Lycéen, il fréquente la galerie Saluden à breton de Quimper, le parc d’Armorique Quimper, où il découvre l’existence de et l’abbaye de Daoulas, mais utilise éga - l’« école polonaise de l’affiche » : ce mou - lement ce média pour réagir de manière vement a, entre les années 50 et les citoyenne aux soubresauts des années années 80, permis de développer un style 80, comme la mort de Malik Oussekine d’affiches où l’artiste s’exprime par le lors des manifestions contre la loi Deva - biais de concises mais puissantes méta - quet ou la crise des euromissiles… phores graphiques mêlant intimement texte et image. C’est en 1979 qu’il À partir de 1992, il enseigne les arts rencontre Alain Le Quernec, graphiste à appliqués en BTS Communication l’aura internationale dont les créations visuelle dans un lycée de Quimper mais s’attachent autant à valoriser l’identité aussi, parallèlement, les arts plastiques bretonne qu’à s’exprimer dans un lan - durant trois ans aux collèges Diwan du gage universel. La rencontre a une Relecq-Kerhuon et de Quimper. influence certaine sur la suite de la forma - Son Ampelmann détourné pour des tion et de la carrière de Fañch Le Henaff. La naissance du Brito affiches de fest-noz pourrait résumer sa Il poursuit ses études à l’école régio - Animé par le souci d’utiliser pour ses démarche : ce petit personnage vert au nale des beaux-arts de Nantes et réalise affiches une typographie qui refléterait pas alerte figurant sur les feux pour pié - en 1983 une affiche très remarquée, Dile - l’identité bretonne (il expose en détail sa ton de l’ancienne RDA (mais conservé en zomp an armoù nukleel (abandonnons les démarche dans un ouvrage paru en 1995 raison de sa popularité et même adopté armes nucléaires). La même année, il chez Cloître, Skritur : écriture, typogra - par de nombreuses communes de l’Alle - décroche une bourse qui l’amène un an phie et identité ), il s’intéresse aux travaux

36 Le Peuple breton – décembre 2011 graphiste indépendant

des Seiz Breur – et notamment au carac - Mais, si Fañch ne se prive pas d’utiliser Angleterre, adhèrent au projet et aident à tère utilisé sur la couverture de la revue le Brito dans sa propre production, il est la stabilisation du Brito, c’est-à-dire, pré - Kornog , qu’il va redessiner pour son régulièrement sollicité par des gra - cise Fañch Le Henaff, « à l’aboutissement usage personnel –, à l’écriture oghamique phistes, des éditeurs, des imprimeurs. dans les choix esthétiques et aux tests utilisée dans les îles Britanniques au III e Alors, tout en peaufinant sa création, il sur différents logiciels de PAO et de traite - siècle, aux onciales irlandaises, aux attend patiemment que la technologie ment de texte ». e débuts, fin XV , de l’imprimerie en Bre - évolue pour pouvoir produire lui-même Après six mois de débats, d’aller et tagne… De fil en aiguille, il en vient à créer son caractère, en gardant « la maîtrise du retour, le Brito numérisé est fonctionnel. le caractère Brito, qu’il nomme ainsi en projet culturel qui est aussi derrière tout Outre son esthétique générale, les ama - référence à Jan Brito, originaire de ça ». teurs de typographie apprécieront cer - Pipriac, l’un des premiers imprimeurs et En 2005, il publie (toujours chez Cloître) tains raffinements : le c’h devient – enfin – typographes européens. un nouveau livre, Graferezh , dans lequel il un caractère à part entière (comme les « Je trouvais qu’il y avait un manque : continue de développer cette notion qui ligatures œ ou & en français), mais aussi les caractères de type onciales, générali - lui est chère de graphisme à la fois lan - – et ce sont des innovations – le gw, paire sés sur les paquets de crêpes et autres gage universel et reflet de la vie culturelle, courante en breton, et… le zh ! Le choix bouteilles de cidre, prétendent avoir une sociale et économique d’un pays. – ligature ou pas – est même laissé au connotation « bretonne » qui ne m’inté - rédacteur, car « le Brito intègre le peurun - resse pas, affirme Fañch Le Henaff. Ce van comme les autres écritures du breton ». n’est pas ma culture graphique. » « J’ai étendu ce système au gallois, à Le Brito se veut résolument européen, l’écossais… Je crois pouvoir dire que le adapté aux utilisations contemporaines : Brito est le premier caractère qui propose ligatures propres aux langues gaéliques aujourd’hui des signes typographiques et brittoniques, signes diacritiques des spécifiques à ces langues directement langues européennes (cédille, ogonek, productibles au clavier. » tilde, caron, etc.) et symboles nouveaux Aujourd’hui, le Brito est un caractère pour l’époque comme @ ou €. « Le Brito gras « à voir », plus adapté à la composi - devait être fonctionnel – c’est-à-dire tion de titres qu’à celle de texte courant lisible –, authentique – avec des réfé - (encore que ce que nous avons vu dans rences culturelles et historiques – et de l’atelier de Fañch Le Henaff est tout à fait son temps – donc adapté aux supports prometteur). Il faudra patienter encore – il papier comme multimédia. » Il est déposé ne s’agit pas d’un mince travail – pour à l’Institut national de la propriété indus - pouvoir disposer de la version maigre, « à trielle en 1997. Fañch Le Henaff s’en sert lire ». Mais la mise à disposition du Brito pour ses affiches et pour créer l’identité en l’état actuel satisfera déjà bien des graphique de la société audiovisuelle attentes. Kalanna Production, Ti ar vro Kemper ou Dans les mois qui viennent, Fañch Le l’exposition « Bretagne » des Galeries Henaff travaillera à la communication Lafayette à Paris (1998). Il réalise égale - visuelle de Dastum, qui fête ses 40 ans ment la signalétique de la médiathèque l’an prochain et déclinera cet anniversaire d’Arradon. en quarante événements à travers la Bre - tagne. Gageons qu’on y verra du Brito… « Trop typé » La typographie d’ Ar Mestr est inspirée des Jacques Dyoniziak Très vite, la numérisation du Brito s’im - travaux des Seiz Breur. Mais c’est bien le Brito pose, afin qu’on puisse en disposer sim - qui a été utilisé en guise de clin d’œil pour composer « Un jour avec… ». plement à partir d’un clavier d’ordinateur. Le Brito sera présenté mardi 6 décembre 2011 Mais le projet rencontre plusieurs obs - à 18 h 30 à l’occasion d’un « forum histoire » au tacles. L’un est purement technique : il Parallèlement, les passerelles tech - musée de Bretagne, aux Champs-Libres à n’existe pas encore de standardisation niques se multiplient, aboutissant au for - Rennes. Ensuite, on pourra se procurer cette entre Mac et PC ni même entre « police mat de fonte numérique « OpenType », police de caractères sur le site www.skritur.eu, écran » et « police impression », ce qui bien plus souple que ce qui existait anté - « plateforme de ressources culturelles typo - rend le développement très lourd. L’autre rieurement et permettant, grâce à la graphiques et de diffusion du Brito ». est lié au potentiel commercial supposé norme Unicode, de coder les caractères du Brito : de la même façon qu’un écrivain de très nombreuses langues du monde, passe par un éditeur, le créateur d’une « les plus répandues comme les plus police de caractères doit passer par un rares, dont les langues celtiques et le bre - « fondeur » pour voir sa création diffusée ton, avec des caractères comme le c’h ou et utilisable par tous. Fañch se heurte à le k barré ». des refus : « Trop typé, on n’en vendra pas assez. » L’aboutissement « Je me retrouvais dans la même situa - Et puis, en 2011, les choses se concré - tion que Creston en 1928. » Essayant de tisent enfin : Yoan De Roeck, un ancien développer un caractère breton, ce der - étudiant de Fañch Le Henaff, et Malou nier s’était vu rétorquer que c’était « amu - Verlomme, qui a étudié la typographie sant »… numérique à l’université de Reading, en

37 Le Peuple breton – décembre 2011 Langue bretonne C

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CMJ À vos marques, prêt, partez ! N La Redageg 2012 est lancée !

Pour la 3 e édition de la Redadeg, mité des sages », nécessitent de collecter nus 2011), si bien que votre kilomètre course festive et populaire en fa - 120 000 euros (Diwan compris). ne vous coûtera que 34 €. Un bon veur de la langue bretonne, ce sont moyen au passage de forcer l’État à fi - Premiers kilomètres vendus 1500 km, de Brest à Douarnenez, nancer la langue bretonne, qui, rappe - qui seront parcourus à travers tou - La vente des kilomètres vient de dé - lons-le, ne dispose pas de statut officiel. te la Bretagne du 12 au 19 mai pro - marrer. À noter que les Jeunes de l’UDB Avis aux élus : un kilomètre en centre ont déjà acheté leur premier kilomètre, ville est réservé à chaque commune que chains. Comme les deux précé - de même que Le Peuple breton . Pour des traversera la Redadeg, confirmez-le au dentes éditions, il s’agit de faire raisons évidentes de trésorerie, n’hésitez plus vite en inscrivant la course à l’ordre passer le témoin de mains en pas à faire comme nous et à ne pas at - du jour des conseils municipaux et en mains sur toute la distance, jour et tendre le dernier moment pour réserver votant l’achat de kilomètres. Les PME et nuit, sans s’arrêter de courir. Un vos kilomètres. Avant le 31 décembre entreprises peuvent également choisir challenge de taille. 2011, vous pourrez déduire 66 % sur les formes de partenariat qui leur vos impôts 2012 (déclaration des reve - conviennent en devenant sponsor ou La Redadeg, dans la droite ligne mécène de la prochaine édition. de la basque, devient peu à Depuis cet été, l’équipe de la Re - peu une institution en Bretagne. dadeg a déjà tenu plusieurs Source de financement pour le ré - stands, notamment lors du Festi - seau Diwan, à qui la Redadeg verse val de cinéma de Douarnenez et la moitié de ses bénéfices, événe - Reuz er vro à Brest, mais aussi à ment drainant des milliers de per - l’occasion de festoù-noz de grande sonnes de toutes générations, cette notoriété, tel que celui de la fédé - course n’a pas fini de faire parler ration UDB du Trégor-Goëlo à d’elle. En 2010, sur vingt-deux Paimpol ou Yaouank. candidatures, six projets avaient Rendez-vous le 19 mai à Douar - été retenus et financés, soit 93 000 nenez pour lire le message conte - euros au total (Diwan compris) qui nu dans le témoin. s ont pu être redistribués par la Re - è m

o Valérie Coussinet C dadeg. Cette année, le défi est rele - e n i

vé d’un cran : sept projets sur b a vingt-six, sélectionnés par un « co - S www.ar-redadeg.org

HORIZONTALEMENT : 1. Le mon - État africain – 8. Surprenant ; Soute - de d’Areva – 2. Une frontalière bre - nir – 9. Toujours menacée de privati - tonne – 3. Changer au hasard ; sation ; Baie – 10. Fin de journée ; Patrie de l’écrivain breton Guéhen - o Langue – 4. Quatre termes ; Été Mots croisés n 249 joyeux ; Chanteur breton prénommé no (1890-1978). Dom – 5. Chiffre romain ; Ville néer - Ronan Pagan landaise – 6. Un minimum ; Vain - queur de la campagne ; Métal – 7. La SOLUTION DU N o 248 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 ville allemande des lentilles ; Bande Horizontalement : 1. HOLLAN - 1 – 8. Vendéenne qui habite un chef- DE – 2. ÔTE ; BOITAS – 3. LAN - 2 lieu de canton – 9. Peler – 10 . Pour - DERNÉEN – 4. LI ; ARMOIRE – 5. 3 tant élevée en Bretagne – 11 . Port ATON ; NÉE – 6. ANODES – 7. DI - 4 breton sur sa ria ; Stations. VA ; DURS – 8. ATTIRÉ – 9. VERTICALEMENT : 1. Bretonne du 5 SUÈVES ; IE ( id est ) – 10 . SELLA ; sud – 2. Tous d’accord ; Queue de OVNI – 11 . APTE ; ANION. 6 chiot – 3. Sigle postal ; Le courrier Verticaleme nt : 1. HOLLANDE ; 7 des lecteurs l’est dans le PB – 4. SA ( Sturmabteilungen = sections 8 Grave maladie ; Fleuve flamand ; d’assaut ) – 2. ÔTAIT ; SEP ( sclérose 9 Mesure de volume – 5. Poème de en plaques ) – 3. LEN ; ORVAULT – 4. 10 Virgile ; Encore un minimum – 6. Io - DAN ; ATÈLE – 5. ABER ; TVA – 6. dé en Armor ; Article de bazar ; NORMANDIE – 7. DINO ; OURSON 11 Chaussure inventée en Égypte an - – 8. ÉTEINDRE ; VI – 9. AÉRÉES ; tique – 7. Note ; Nom officiel d’un INO – 10. USNÉES ; SEIN.

38 Le Peuple breton – décembre 2011 Notre livre du mois Dictionnaire de la nature en Bretagne François de Beaulieu - Sandra Lefrançois Skol Vreizh

C’est vrai, il y a cette jaquette de couvertu - On y rencontre beaucoup d’oiseaux bien re aussi agressive qu’une sucette Decaux qui sûr, mais le livre réserve aussi de nom - attire instantanément l’attention : ce faucon breuses surprises. Soit parce qu’y sont men - pèlerin au regard aussi mystérieux que le tionnés des espèces a priori insolites, com - sourire de la Joconde interpelle assurément. me les « mauvaises herbes » à l’entrée « ad - Mais c’est pour mieux remarquer, tout de ventices », la – méconnue – grande nébrie, suite après, la délicatesse de l’aquarelle mise le pou ou le piment royal. Soit parce que les en valeur par le fond blanc. Sandra Lefran - espèces sont – toujours a priori – fort çois, photographe animalière et dessinatrice « communes » : l’aulne, dont on apprend naturaliste de talent, a relevé un sacré défi en que son imputrescibilité en a fait de tous acceptant de livrer les 450 dessins qui temps un matériau à pilotis apprécié, le bois constellent cet ouvrage réalisé avec les mort et son importance dans l’écosystème moyens d’une maison d’édition associative. forestier, la vache, le maïs, le hareng… « Et dans des délais plutôt serrés », à en croire François de Beaulieu, déjà auteur Ne plus opposer d’une quarantaine de livres, qui signe là une nature et culture nouvelle somme consacrée au patrimoine Des animaux comme l’orvet, le bousier ou naturel de la Bretagne, « sur le modèle d’une le putois y font l’objet d’une véritable réha - encyclopédie populaire d’autrefois », se vou - bilitation, tout comme la laisse de mer, une lant accessible à tous. entrée là encore inattendue, qui dénote une Sortir des catégories habituelles volonté de bousculer les catégories traditionnelles, d’accorder le même traitement à l’animal et au végétal, de plaider pour la plus Les articles proviennent des chroniques hebdomadaires que grande biodiversité possible. l’auteur tient depuis bientôt dix ans en page Nature du Télé - Pas de clivage non plus entre nature et être humain. Une large gramme , certaines regroupées ou réactualisées. Sur 500 articles place est faite aux étymologies bretonnes : le congre et l’éponge, publiés ou à venir, 374 ont été retenus pour composer ce dic - par exemple, sont chacun concernés par une dizaine de termes tionnaire. Servis par une mise en pages élégante, ils sont super - différents. Les articles établissent d’ailleurs toujours le lien avec bement illustrés : le goéland altier, comme vous ne l’avez jamais l’activité humaine : ici, on nous parle du rôle bénéfique de vu, l’hermine, farouche et fragile, les regards du hibou, la taupe, l’ajonc ( lann ) dans l’agriculture bretonne, là, de celui, néfaste, de si mignonne qu’on lui pardonnera tous les monticules de nos jar - la crépidule, là encore de l’influence du chemin de fer au XIX e dins, le macareux battant des ailes sont quelques-unes des siècle sur la surexploitation des bancs d’huîtres, qui entraînera la planches remarquables, frôlant l’hyperréalisme pour certaines, domestication de l’espèce… de cet ouvrage. L’opposition nature-culture n’est-elle pas pure convention ? Jamais absconse, la présentation d’une espèce mêle en une vul - C’est la question que l’on se pose en refermant l’ouvrage, qui garisation réussie données statistiques, zoologiques ou bota - s’adresse à tous les « curieux de nature » et amoureux de la niques, car soigneusement dosées. C’est d’abord une histoire Bretagne. qu’on nous raconte. « Nous avons besoin d’arbres, de fleurs, d’oi - seaux et de loups vivants pour communiquer et rêver », affirme Jacques Dyoniziak l’auteur. (Skol Vreizh, 656 p., 59 €) Nous avons reçu… et nous vous en parlerons si la place le permet : u Gilles de Janzé – Le gaz de chistr, La truite de Quénécan, 9 €. Annick Le Douget – Crime et justice en Bretagne, Coop Kristian Hamon – Agents du Reich en Bretagne , Skol Vreizh, u u Breizh, 35 €. 20 €. Daniel Pardo – Gyotaku. L’Âme des poissons, musée de la Pierre Le Gall – Vive les Bretons , Coop Breizh, 32 €. u u Pêche de Concarneau-Coop Breizh, 24 €. Yves Mervin – Arthur et David , Yoran embanner, 28 €. u u Jean Le Dû – Du café vous aurez (quand les Bretons parlent u Michel Demion – La Fondation du monde , Mon petit éditeur, français), nouvelle édition, Emgleo Breiz,10 €. 27 €. u Daniel Cario – Coup d’État chez les Trotte-menu, La Guerre u Association Arssat Lannion – Le Vieux-Marché, ses noms de des Trotte-menu, Beluga, coffret, 24 €. lieux et leur histoire , An Alarc’h, 11 €. u Hubert Rublon – Papy Pêchou chez Papy Papou, Beluga, 10 €. Yves Colin (et alii) – Les Vieilles Charrues , Coop Breizh, u u Félix et Nicole Le Garrec – Lutter pour des images (2 tomes, 29,90 €. 1969-2000) , Coop Breizh, 39 €. Bernard Wittmann – L’Alsace demain , Yoran embanner, 13 €. u u Jean-Paul Le Bihan – Un archéologue. Entretiens imaginaires, u Jean-Claude Pierre – L’Appel de Gaïa, Liv’éditions, 15 €. Media-Polis, 17 €.

39 Le Peuple breton – décembre 2011 Livres

u Les bretonnismes de retour u L’Outre-mer et la mer

Il y a un an, le premier livre Michel Perchoc (auteur) et André d’Hervé Lossec sur ce sujet com - Lambert (illustrateur) offrent aux mençait une carrière exception - jeunes et aux adultes un beau livre nelle. Logiquement, l’auteur nous grand format consacré à l’outre- offre une suite, avec les mêmes mer de l’État français, bien resitué qualités et la même présentation dès la préface dans cette vocation réussie, les mêmes dessins de No - maritime bloquée par le jacobinis - no parfaitement en phase avec le me. On part ensuite à la découverte propos. Dès le début, on apprécie de ces 230 000 km 2 d’îles et territoires côtiers à travers le mon - l’introduction de l’auteur, tou - de. Chaque page de texte est complétée par des aquarelles très jours surpris par le succès de l’en - précises sur les activités, les ressources et les problèmes de treprise et, en même temps, capable de nous en donner les chaque territoire. C’est un chant d’amour à la mer et aux acti - clés : des Bretons qui se réapproprient une part d’identité au vités maritimes. Dommage que les populations indigènes n’y travers du français tel qu’on le parle en Bretagne quand ils ont soient pas plus décrites. Cependant, cette sortie de l’Hexago - perdu le breton, au travers des expressions bretonnes que le ne intéressera les lecteurs de ce livre original. collecteur leur fait redécouvrir à l’occasion quand ils ont enco - (Marines éditions, 96 p., 35 €) J.-J.M. re des notions de la langue ancestrale. Il pointe du doigt l’éra - dication par la force du breton par des hussards bleus du pays, agents inconscients d’une politique humainement et culturel - u Le Voyage d’Owen lement désastreuse. Armel Le Sec’h nous offre un livre pour Hervé Lossec n’a rien perdu de son humour (léonard ?) les enfants et pour les grands. Il nous ra - quand il pointe l’acceptation très tardive du phénomène par conte l’histoire d’Owen, un enfant breton les milieux parisiens. Une Britannique témoigne aussi de son – de Grande Bretagne – venu s’installer en intérêt pour le breton et de son plaisir à le voir sortir du silen - Armorique sous la conduite d’un chef reli - ce. En postface, l’écrivain Hervé Jaouen fait des constats ana - gieux. Accompagnée de belles illustra - logues. Les apports du gallo au français de Bretagne sont jus - tions, l’histoire greffe un récit imaginaire tement évoqués par Daniel Giraudon. L’auteur nous fournit sur une trame historique précise, agré - aussi des variantes régionales de bretonnismes. Puis de petits mentée de cartes et de chronologies. De ce chapitres nous en fournissent de nouvelles séries, très éclec - fait, on lit une belle histoire et l’on ap - tiques, de la cuisine à la littérature française en passant par des prend un peu d’histoire bretonne, sans ef - tournures verbales. forts. Il est fait référence à une dizaine de personnages histo - Au total, un petit livre aussi dense que le précédent, avec des riques pour lesquels l’auteur fournit de petites notices biogra - approches diversifiées qui pourraient encore élargir le public. phiques. Le livre est également édité en breton pour les enfants Et surtout donner envie et besoin de ne pas se contenter d’en des classes bilingues. rire et de plonger, qui dans le breton, qui dans le gallo, qui (Skol Vreizh, 76 p., 8 €) J.-J.M. dans les deux. Jean-Jacques Monnier u Les Haïkus du carnet (Skol Vreizh, 104 p., 10 € ) Ardu le haïku Start eo an haiku Hardi le barde au carnet u Le galo, qhi q’c’ét don ? Hardizh eo barzh e garned Ardent le lecteur Anne-Marie Pelhate, enseignan - C’hoantek al lenner te de gallo, nous offre un petit € J.-C.L.G. livre bien utile sur « ce que vous (Telen Arvor, 100 p., 9 ) avez toujours voulu savoir sur le gallo ». Mis en page et illustré par Degast’, un peu à la manière des livres sur les bretonnismes, il ap - u L’Adieu à la rivière porte bien des éclaircissements sur cette langue méconnue et Après la guerre, la vie reprend ses droits à pourtant parlée ou entendue par Kerbrénou, sur les rives de l’Odet. Hermi - une bonne partie des Bretons. nie de Vrigny entend jouir de chaque ins - Après les origines et le point sur le gallo, l’auteur nous fournit tant, tout en veillant sur sa petite-fille Ju - un « kit de survie », quelques points de grammaire et une bi - liette, revenue brisée de déportation, et la bliographie. La graphie ABCD, plutôt simple, est intermé - fille de cette dernière, Valentine, la petite diaire entre les graphies patoisantes et l’ELG. Les influences mal aimée. Et puis il y a Lorenzo, artiste celtiques ou bretonnes sont peu vues. Mais la situation de la peintre italien qui ne laisse pas Herminie langue est bien expliquée. Utile, agréable et intéressant ! indifférente. Écrit d’une plume alerte, L’Adieu à la rivière transcrit bien l’atmo - J.-J.M. sphère de la Bretagne d’après-guerre. (Le Temps éditeur, 128 p., 12 € ) (Presses de la Cité, 275 p., 19 €) Klaod Thomas 40 Le Peuple breton – décembre 2011 u L’Abandon d’enfants u Paroles de gabariers

Cet ouvrage d’histoire choisit, Yann Riou est originaire de Lam - comme l’indique son sous-titre, paul-Plouarzel, près de l’embou - « L’exemple des Côtes-du-Nord au chure de l’Aber-Ildut, au nord du XIX e siècle » pour analyser un phé - Conquet. Ses ancêtres exerçaient la nomène intemporel et universel : profession de gabariers, c’est-à-dire l’abandon d’enfants lors de leur ve - de transporteurs de marchandises nue au monde. Étudiant le Léon par voie maritime. sous Louis XIV, je l’avais déjà repé - S’il enseigne les mathématiques, ré à l’occasion des naissances illégi - times. Ici, l’auteur, Isabelle Le Bou - il a publié de nombreux travaux sur langer, est une spécialiste d’histoire le patrimoine maritime de sa com - contemporaine qui a disposé des mune, notamment les dictons bre - riches archives départementales des tons de la mer. Cette fois, l’ensei - Côtes-du-Nord (les mal dites gnant léonard s’est penché sur la vie Côtes-d’Armor d’aujourd’hui). d’une communauté dans le transport maritime breton, de Son excellent livre s’appuie sur les 1900 à 1950. Pour ce faire, il a bénéficié du concours inesti - recherches de sa thèse soutenue à Brest. mable de son oncle, Jo Kerebel, retraité de la marine marchan - Le sérieux de l’information est évidemment la qualité premiè - de, qui a connu la navigation à voile sur les gabares, déjà prati - re qui résulte de cette origine. L’étude porte sur la période de quée par ses ascendants. Ces échanges et cette complicité per - 1811 à 1904 et, si les Côtes-du-Nord sont parmi les départe - sonnelle ont apporté au livre de nombreux commentaires et ments les moins concernés par l’abandon, le nombre des cas étu - anecdotes, qui s’ajoutent à bien d’autres témoignages de diés par Isabelle Le Boulanger est suffisamment élevé pour don - conjoints et d’enfants, et à l’exploitation de nombre de docu - ner toute sa richesse à son travail. ments d’archives. On a donc une passionnante plongée dans l’histoire du peuple Les gabares transportaient du sable, des galets et des pierres, breton, de la vie misérable des pauvres au XIX e siècle, de la condi - des poteaux de mines pour le pays de Galles d’où elles rappor - tion des femmes, car l’abandon des enfants est une affaire de taient le charbon, et des produits plus légers (sel, vin, goé - femme (le Code civil napoléonien n’interdisait-il pas toute re - mon…). Cette vue dure et chaleureuse est racontée avec beau - cherche de paternité, dispensant de ce fait de toute responsabili - coup de vie, nourrie de témoignages oraux ou écrits et d’un té les hommes à l’égard de leurs enfants naturels !). Signalons de très grand nombre de documents photographiques. La langue plus tout l’intérêt que les généalogistes amateurs trouveront à la bretonne est bien présente aussi dans cet ouvrage de près de lecture de ce livre remarquable. 500 pages, qui représente un apport important pour la Ronan Leprohon connaissance historique et ethnologique de la Bretagne mari - time. (Presses universitaires de Rennes, 368 p., 20 €) Jean-Jacques Monnier (Yoran embanner, 496 p., 30 €) u Dessine-moi la philo u Histoire de la Croatie et de la Slovénie Parler avec humour de choses sé - rieuses, rendre le savoir gai, voilà ce Qu’un éditeur de Crozon soit deve - que réussit, sans surprise pour ceux nu – avec une vingtaine de titres – le qui l’apprécient depuis longtemps, grand spécialiste des ouvrages sur à commencer par les lecteurs du l’histoire des peuples et des États Peuple breton , notre ami Nono. d’Europe centrale en dit long sur Son cours d’histoire de la philo, l’ouverture bretonne. La recette de - des présocratiques à nos jours, est meure la même : faire appel à des spé - un régal. Citation à propos des cialistes reconnus, ici Georges Cas - rhéteurs ( Ve siècle avant J.-C.) : tellan, Antonia Bernard et Gabrijela « Ces maîtres du discours appren - Vidan et éditer un livre clair et péda - nent l’art de réussir dans la vie po - gogique, avec atlas, tableaux statis - litique sans avoir de réelles tiques, index, chronologie et biblio - connaissances. Comme quoi la graphie. Les éléments culturels ne « com » n’a rien inventé. » Page suivante, un dessin où Héracli - sont pas oubliés. Les deux histoires te, levant un index jupitérien, répond à sa femme qui lui de - sont traitées parallèlement, ce qui souligne les spécificités de cha - mande de rentrer vu l’heure tardive : « Hé ! Ho ! C’est la raison qui commande l’organisation du réel ! OK ? » Au fil des pages cune. La sortie du communisme et de l’ancienne Yougoslavie alternent textes sérieux et illustrations hilarantes et profondes à s’est faite en douceur et avec succès en Slovénie, entrée depuis la fois. Jusqu’à la chute – in cauda venenum : « Onfray, BHL, dans l’Union européenne, et plus difficilement en Croatie, dure - Finkielkraut, Ferry sont trop médiatisés pour être présentés ment touchée par le conflit armé avec la Serbie. À peine redres - dans un livre de vulgarisation. Ou alors à travers un petit Mic - sée, la crise financière mondiale encore en cours l’a atteinte de key ! » Nono, le prof de philo qu’on aurait aimé avoir. plein fouet. Une plongée passionnante dans l’histoire de petits peuples, quasiment à l’échelle bretonne. Herri Gourmelen J.-J.M. (Dialogues, 104 p., 14,90 €) (Armeline, 524 p., 30 €) 41 Le Peuple breton – décembre 2011 Musique classique Le compositeur Joseph-Guy Ropartz

e grand public ignore sou - son manoir de Baron, incendié vent son nom ; Joseph-Guy par les Allemands ; Joseph-Guy LRopartz est pourtant l’un de Ropartz réorchestrera deux actes nos grands compositeurs bretons. Né de son opéra, Guercœur , et dé - le 15 juin 1864 à Guingamp, il de - fendra son œuvre. vient, après un séjour remarqué à Pa - ris, directeur du conservatoire de Le 28 janvier 1886, les Concerts Lamoureux program - musique de Nancy puis de Stras - Le Chant de la cloche bourg avant de regagner la Bretagne. ment de Il meurt au manoir de Lanloup, dans Vincent d’Indy. Joseph-Guy Ro - les Côtes-d’Armor, le 22 novembre partz assiste à la première, où il 1955. rencontre le compositeur qui le mène tout droit chez César Franck. Une rencontre détermi - Son père, Sigismond Jean Pélage Ro - nante ! Désormais, le Breton se - partz, est avocat au barreau de Guin - ra l’un de ceux que l’on nomme - gamp. À ses heures perdues, il compose ra, un peu péjorativement, « la des poèmes, de la musique, reçoit des bande à Franck ». Certes, il saura musiciens, ses amis poètes. C’est dans s’en détacher quelque peu pour cette ambiance que grandissent Yves et trouver un ton musical très per - Joseph-Guy, ses enfants. sonnel, mais Franck restera son En 1870, les Ropartz s’installent à modèle. C’est l’époque où il étu - Rennes. Ils y resteront huit années. À la die minutieusement les grandes mort de Sigismond, M me Ropartz et ses œuvres de la littérature musica - enfants partent pour Mauron. Une rup - le, devient l’ami d’Ernest ture pour Joseph-Guy, qui doit aban - Chausson, de Paul Dukas, d’An - donner ses camarades d’école. Inscrit dré Messager. au collège Saint-François-Xavier de À la mort de sa mère, en 1888, Vannes, il traîne son ennui, souffre de Joseph-Guy se sent libre et en - solitude. En secret, il correspond avec treprend un grand voyage musi - Yves, désormais parisien. cal à travers l’Europe en compa - gnie de M. Brunel, l’ancien di - alsatica.eu « Un vrai métier » recteur du conservatoire de Nan - Celui-ci n’a qu’un rêve : être reconnu cy. Entre la poésie et la musique, en tant que poète. Pour cela, il s’est ins - il hésite encore. Les mots et les gans, la mer, mêle les écrits des poètes tallé dans la capitale, se brouillant notes entremêlés lui servent à chanter les paysages, les légendes de son enfan - lorrains à ceux des poètes bretons. d’ailleurs avec sa mère. Il meurt de mi - Le er Avant de quitter Nancy, il compose sère le 1 novembre 1881, à tout juste ce. Il compose sur les poèmes de son Pays , drame nostalgique sur un poème 20 ans. Pour tenter d’oublier son grand ami Louis Tiercelin. Tous deux publient Le Parnasse breton contemporain de Charles Le Goffic. chagrin, Joseph-Guy se plonge dans ses et fondent une revue portant le joli nom études. Sa mère exige qu’il ait un vrai Hermine Avril 1919, il est à la tête du conserva - métier, « elle ne veut pas d’un autre en - d’ . toire de Strasbourg, où il renouvelle le fant bohème ». Il s’inscrit à la faculté répertoire jusque-là, époque oblige, très libre d’Angers, étudie le droit, compose Sans jamais perdre de vue tourné vers l’Allemagne, écrit un Bal - à temps perdu des morceaux que ses sa Bretagne let , un Nocturne magnifique et sa troi - sième sonate pour le violon et le piano. amis jouent en concert public. Joseph-Guy Ropartz se marie en 1892. En octobre 1883, il rejoint sa mère à Deux garçons naissent rapidement. Il lui Mis à la retraite en 1929, il gagne son Rennes, rimaille avec les étudiants de faut donc un vrai métier. Le poste de di - manoir de Lanloup. Le temps est venu son âge, devient maître de chapelle à recteur du conservatoire de Nancy est des décorations et des honneurs. L’âge l’église Saint-Germain, dirige la chora - libre, il l’accepte. Le Breton va y effec - courbe sa haute silhouette, ses yeux le Sainte-Marie et passe ses examens. tuer un immense travail de réorganisa - bleus ne distinguent plus les paysages Devenu avocat, il « monte » à la capi - tion de la musique. À la direction de la qu’il aimait tant. Mais, jusqu’au bout, il tale. Sitôt arrivé, le voici au Conserva - Société des concerts, il se révèle excel - reste celui qui a su chanter, dans sa si lent chef de l’orchestre, offre à la Lorrai - belle troisième symphonie, « les toire de musique, « auditeur libre » dans La les classes de Théodore Dubois et Jules ne la première audition publique de pauvres humains, les cœurs misé - Passion selon saint Jean de Bach. rables ». Massenet. Il se fait de très bons amis. Éliane Faucon-Dumont Albéric Magnard est de ceux-là. En Il compose, sans jamais perdre de vue 1914, ce dernier trouvera la mort dans sa Bretagne, célèbre la lande, les korri -

42 Le Peuple breton – décembre 2011 DVD Les frères Morvan : frères de chant

Certes, « les frères Morvan ne sont qui leur a transmis tout son répertoire de pas des stars »… Ils n’en ont ni le gwerzioù et de chants à danser. Augus - comportement ni les caprices et tine… on la croise, justement, en leur simplicité, leur gentillesse, leur images d’archives. Ses pas menus, du générosité n’inclinent pas à les clas - fourneau à la grande table familiale, sa ser spontanément dans cette caté - voix encore bien posée pour interpréter gorie un peu surfaite… Ils en ont la complainte de Jénovefa, son regard pourtant la notoriété et ce n’est pas clair… Et l’on comprend pourquoi ses un hasard si France 3 Bretagne leur fils, « paysans, cultivateurs », se sont a consacré un film, disponible en tant investis dans leur rôle de « passeurs DVD. de tradition ». « On a perdu beaucoup de sommeil de nuit, nous dit Yvon, mais on Le film, signé Jérémy Véron, permet a aussi aidé à rassembler beaucoup de de les suivre, pas à pas, sur leurs terres monde. » Les Frères nous disent leur de Botcol en Saint-Nicodème, dans leur fierté de voir « tant de jeunes se mettre à ferme où François, Yvon et Henri pren - la musique bretonne ». Leur inquiétude nent leur « quatre heures » ou reçoivent pour l’avenir du breton. Leur souci per - leurs (nombreux) amis venus préparer manent de transmettre leur répertoire kan ha diskan la fête de leurs 50 ans de aux générations futures, et qui les a (20 septembre 2008). On les suit à la conduits à en assurer la transcription, 2 foire de Bulat ou à la boulangerie et sur aidés par Guy et Yvonne Berthoud . Double DVD, Les Frères Morvan, Frères de scène aussi, bien sûr, celle du pardon de Chant / E Skeud Kanañ Les frères Morvan ne sont pas des , version de 52 min en Peniti à Carnoët, celle du Festival plinn stars, certes, mais partout où ils chan - français et de 26 min en breton sous-titré (France 3 de Bourbriac, celle des Transmusicales Bretagne et Plan large productions), 20 €. tent on les applaudit chaudement. Et on rennaises ou celle des Vieilles Char - leur demande des autographes : même 1. Les frères Morvan sont aussi (depuis trente- rues, où ils se sont produits accompa - cinq ans !) des habitués du Fest-noz de la Tous - 1 « qu’à la fin, ça ne s’arrête pas », nous gnés par les Tambours du Bronx… saint qu’organise l’UDB chaque 31 octobre à précise Henri. C’est bien le signe que Paimpol. Ils y étaient encore cette année en com - On les suit au cimetière de Burtulet, « les Frères de chant » sont entrés dans pagnie de Loened Fall, d’Ampouailh et de Pokez Den. où sont enterrés tous leurs proches, la légende (bretonne). 2. Teñzor ar Botkol, le patrimoine chanté des Yves, l’aîné, Guillaume Le Creff, le frères Morvan , par Guy et Yvonne Berthoud grand-père… et Augustine, leur mère, Pierre Morvan (Coop Breizh).

Le Festival du chant de marin-Paimpol 2011

Tous les deux ans, le Festival du festival paimpolais ? Ceux qui l’ont chant de marin investit le port de manqué seront-ils submergés de re - Paimpol, pour en faire le lieu dédié à grets et saisis par un désir très fort de l’un des plus importants festivals de ne pas louper la prochaine édition ? Bretagne et le transformer en Dans ce cas, ils devront faire preuve temple des musiques du monde et d’un peu de patience, puisqu’elle est du bateau traditionnel rassemblés fixée aux 9, 10 et 11 août 2013… sous une même bannière. Tous les En attendant, ce DVD permettra au deux ans, un DVD immortalise l’évé - moins de se replonger dans l’atmo - nement. Celui de cette année a été sphère du Festival. On y croise des ar - réalisé par Fabrice Depil et sa socié - tistes, des marins, des festivaliers, des té lannionaise, Mangoo Vidéo. bénévoles. On y entend de la musique, beaucoup de musique. On y découvre de superbes navires, dont l’ Étoile du Il est bien sûr très difficile de résumer Roy , la frégate corsaire malouine, n’est en un peu plus d’une heure quatre pas le moindre. Et de belles images du jours de fête, une multitude de port et de la baie de Paimpol. concerts, d’animations, de musiques Alors… un goût de trop peu ? Un de rues et de quais, des tonnes de avant-goût ? Disons une mise en frites, de moules, de thon grillé, de bouche (et en voix) pour Paimpol bonne humeur et de convivialité, 2013, dont vous avez bien sûr noté les d’échanges et de rencontres aussi. dates sur votre agenda. Fabrice Depil a fait le pari d’aller à l’es - P.M. sentiel. Y est-il parvenu ? C’est à cha - cun de le dire… Ceux qui ont participé à l’événement À commander à Mangoo Vidéo / ADIT, y retrouveront-ils l’ambiance incom - 4, rue Ampère, 22300 Lannion parable qui « fait » avant toute chose le ([email protected]), 18 €. 43 Le Peuple breton – décembre 2011 album qui cultive tout à la fois la beauté et l’amitié. (Créazic Productions) LES JakezSOUIL LarÉS Borgn DE FOND Jakez ar Borgn DE CPokALE ha pok CENT Z’ESCALES Pok ha pok Kejadenn Voix navigables

par Pierre Morvan

VOLEURS !

Il n’y a pas à dire, être marié avec une chanteuse, même aphone, ça donne des idées. De ces idées qui vous laissent sans voix… La dernière foucade de Sarko ? Fliquer le streaming, ce système qui Les Souillés de fond de cale consiste à consulter, visionner des œuvres sur Internet. Au nom du C’est encore de Paimpol ont vingt ans et tout leur mor - droit des auteurs, bien entendu, pas pour protéger les bénéfices des qu’il s’agit ici. Et c’est encore dant ! C’est en 1991, au Festi - industriels du disque ou du cinéma… Il veut faire rendre gorge aux d’une histoire d’amitié qu’il est val du chant de marin, à Paim - « voleurs ». Vous pensez qu’il veut parler de Woerth et de ses enve - question. Olivier (chant), Ar - pol, que le groupe a vu le jour loppes de billets, de Liliane Bettencourt et de ses paradis fiscaux, de naud (chant), Loïc (chant et et c’est en 2011, sur la grande guitare), Éric (chant et flûtes) scène dudit festival, qu’il a fê - Johnny le Suisse, de la famille Bongo, championne de l’immobilier parisien, de Chichi la Valoche ou de Balladur, roi des rétrocom - et Stéphane (piano, basses et té dignement son anniversai - percussions) forment les Cent re, accompagné de quelques missions… ? Pas du tout, sa cible, ce sont les jeunes (ou moins Z’Escales, un groupe du Goë - amis et du bagad Spered an jeunes) qui regardent le dernier Twilight en direct sur leur PC… lo qui fait lui aussi dans le Avel de Plouha, devant Des délinquants, des sauvageons ! L’ami des arts et de la princesse chant de marin. Et nous pro - quelque quinze mille specta - pose son quatrième album au teurs… Les Souillés de fond de Clèves nous promet donc une Hadopi 3 s’il est réélu. Tant qu’il y est, il entend créer un Centre national de la musique destiné à titre bien trouvé, Voix navi - de cale, c’est une belle aven - gables . L’album est pour une ture. Devenus, au fil des ans, soutenir la création musicale, à la manière du CNC pour le ciné - ma. Pour financer ce projet, prévu pour le printemps 2012, Nico - large part composé de re - l’un des groupes embléma - prises. On y trouve donc Coup tiques de la scène maritime las Sarkozy a annoncé une série de taxes visant notamment les de partance ou John Cotton bretonne, ils naviguent désor - fournisseurs d’accès à Internet (FAI). Des taxes qui seront bien sûr d’Hervé Guillemer, Marie mais au long cours, de la Po - répercutées sur les factures des abonnés… Fliqués et taxés, qu’est- Jeanne Gabrielle de Louis Ca - logne au Québec en passant ce qu’on dit ? Merci Sarko ! Joyeux Noël à tous !!! part, À hisser le foc en l’air ou par l’Islande, tout en restant Reagan Dougan de Michel ancrés en terre (et mer) paim - Tonnerre, Les P’tites du bout polaise. Malgré un succès bagad, « joyeux drilles, musi - tival paimpolais. Et comme le du monde de Soldat Louis… grandissant, ils n’ont pas pris Mais aussi quelques créations la grosse tête et ont su garder ciens, compagnons plein prouve ce nouvel album, d’élan ». L’élan du cœur, assu - Écumes et granites , dédié à du groupe, comme Whisky leur sens de l’humour et de whisky ou Vent des globes … l’autodérision qui provoque rément. notre « coin de Bretagne ». Un (Coop Breizh, SFC 506) album riche de mots et de Le tout est bien rendu et tient immanquablement la sympa - la marée. thie, partout où ils passent. rimes et qui nous mène de criques en ports, de grèves en (Vocation Record, Leur nouvel album, Keja - Manu ROBLÈS rêves, sur les rivages du Tré - VOC2336) denn , enregistré en public, Écumes et granites gor et du Goëlo, réunis pour veut d’abord célébrer leur ren - l’occasion… RAGGALENDO contre avec le bagad de Plou - Du reuz dans l’bourg ha. Et le résultat est, il faut le De ballades en balades, Ma - dire, souvent saisissant. Les nu Roblès nous chante Le Port morceaux joués en commun de Ploumanac’h , Les Jardins semblent avoir été spéciale - du vieux Paimpol , Le Phare ment étudiés pour vous faire des Sept-Îles , Bréhat , Le Ro - dresser les poils sur les bras… cher de Pors-Even ou Le Sillon Le frisson est fort avec Petit du Talbert … Et c’est encore Jean , une belle composition son cœur qu’il fait parler de Jean-Claude Morvan, ou la quand il rend hommage à reprise d’un traditionnel, Lea - L’Ami poète , Georges Bras - ving of Liverpool . Les Souillés sens, un habitué du coin lui savent trouver les mots pour aussi, ou quand, avec Né ma - chanter leur « passion d’un rin , À la croisée des chemins pays » et cela donne Gwin Ze - ou Napoli , il évoque la rude gal , Plougrescant d’émeraude Restons du côté de Paim - condition de marin et les Le Goëlo est décidément un ou encore Celtie . Ils savent pol, avec Manu Roblès, au - (in)fortunes de mer… Alors… important producteur de ga - cultiver l’amitié aussi et c’est teur-compositeur-interprète. tout seul, Manu Roblès ? Pas lettes puisque voici mainte - Pinc ar Breloque en instru - C’est un rude métier, auteur- vraiment. Quelques amis l’ac - nant le nouvel album, le troi - mental, pensée émue pour compositeur-interprète, car il compagnent, qui ont pour sième, des Raggalendo. Du leur pote Michel, disparu il y a faut tout faire soi-même. Tout. nom Célestin Mével, Étienne reuz dans l’bourg ! Pour sûr, quelques années, ou De Et le reste aussi. Manu s’en Kerbaul, Éric Lange-Berteaux, les Raggalendo ne laissent Paimpol à Plouha , qui célèbre sort plutôt bien, comme il a pu Ronan Pinc, Rémi Martin, pas indifférentes. Elles font ja - les retrouvailles entre terre et le démontrer cet été, une fois Yann Quéré… Et contribuent à ser, quoi ! Il y a les pour, il y a mer, entre chants de marins et de plus, sur les scènes du fes - faire d’ Écumes et granites un les contre, mais c’est plutôt la 44 Le Peuple breton – décembre 2011 sympathie pour nos quatre en deux CD, la part belle aux gnet ez on kollet, gant ar vu - mendiants et quêteurs qui nanas passablement déjan - chants de marins et aux chan - hez, vedon trec’het »1. Un bel peuplaient la nuit de Noël et Jakez ar Borgn tées Jakezqui l’em arpo rBorgnte. Le public, sons de mer. Ça commence hommage au père, à Yvon, les jours suivants. Une « de un à cent ans », les suit. avec Tri Martolod , d’Alan Sti - dont certains, dans nos rangs, agréable veillée… Pok ha pok MaisPok pour hacon poknaître l’histoire vell, et se termine, trente- se souviennent sûrement… (Roc’h, VOC2400) de leur succès fulgurant, le quatre titres plus loin, avec L’album, bien que jouant en mieux est encore d’écouter Le une version instrumentale du permanence de cette opposi - TY ZEF Répertoire , l’un de leurs nou - Bro gozh ma zadou . Entre les tion délibérée entre une mu - Bleu veaux titres : « Depuis cinq ans deux, beaucoup de Bretons sique apaisée et un propos on fait des concerts / Les bars (Michel Tonnerre, Taillevent, désespéré, demeure très co - par Pierre Morvan et les salles défilent comme les Claude Michel, Marins d’Iroi - hérent… Bien entouré par Di - verres / On a joué à peu près se, Louis Capart, le XV ma - dier Piquemal (guitare), Tan - partout, ça c’est clair / Surtout rin…) et d’autres, venus du guy Poirirer (basse) et Didier chez nous entre Plouézec et Canada, d’Irlande, des Pays- Péron (batterie), Brieg Guer - Ploubezre. » Et depuis cinq Bas, de Belgique, de Po - veno fait là une entrée promet - ans, surtout dans « le 2-2 »… logne… Une compil’ interna - teuse sur la scène bretonne. ça rape, ça hip, ça hop, ça tionale donc, mais qui n’oublie Une voix bien pos ée, des mu - groove grave partout où pas - pas l’ancrage breton du festi - siciens efficaces, un groupe à sent les Raggalendo, deux val : le livret de trente pages suivre, assurément. cents concerts, pas moins… est entièrement bilingue, bre - (Coop Breizh, BGG 2011) Leur répertoire, justement ? ton-français… « Il suffisait de voir et d’écou - (Wagram, 3246942) Yann RAOUL Il y avait déjà l’album blanc ter, de savoir bien regarder / Et Noz an Nedeleg des Beatles, le Rouge des pour écrire le répertoire, on n’a BRIEG GUERVENO Red Cardell… voici mainte - rien inventé. » Les mots de GROUPE nant le Bleu de Ty Zef… Ty Mémé, les blagues pourraves Nozioù / Deioù Zef, contre toute apparence, des tontons et tatas… les n’est pas un groupe (que) dondaines de Raggalendo brestois. C’est un « collectif » sont bien entourées, toutes d’artistes qui, depuis près de cousines à l’esprit de « fa - quinze ans, étend ses ramifi - milh »… Et cela donne Pep hi - cations vers Rennes et ni zo libr , Pokes loukes , Nantes, tout en se forgeant Bréouet à Bréhec ou encore une solide expérience de la Loto , autant de morceaux de scène. Bleu est leur cinquiè - bravoure qui pèsent leur poids me album, après Premières de vécu et de cacahouètes. vagues paru en 1996, Zes - Cela donne aussi La Frontière , tons ensemble (1999), Cin - un îlot d’émotion, mais oui, Pourtant, tout n’est pas si quième saison (2002) et Hen - dans un océan de franche dé - désespéré puisque Noël ap - doku Iyaku (2007). Au fil des connade, ou La Fermeture , proche ! C’est ce que nous ans, la formation a évolué d’un sketch hilarant et grand mo - rappelle, fort à propos, une folk de bon aloi vers un jazz- ment de solitude. Du reuz Si nous vivons une période autre voix bretonne, Yann rock swinguant du meilleur ef - dans l’bourg est un album gé - plutôt sombre – le chômage Raoul. On connaît Yann Raoul fet. Au chant, Lucie Chavi - néreux, farci de bonus, de qui grimpe, la crise, les pour être celui qui a remplacé, gnon a laissé la place à Marion titres remixés et de clips déli - agences de notation qui font au pied levé, Kristen Nicolas Rouxin, mais Solène Comsa rants où MC Trouille, Mimi la loi et défont les gouverne - au sein d’Añjel I.K., et aussi (violoncelle…), Gildas Le Floch Hendrix, DJ Ricane et MC Ro - ments, les indignés matra - pour être la voix d’Arvest. On (basse), Daniel Givone (gui - se se donnent à donf. Au fait, qués… –, ce n’est probable - sait aussi qu’il a entamé un tares) sont toujours là, rejoints leur « vrai métier », c’est quoi ment pas à l’écoute du pre - parcours solo en 2006, avec par Guillaume de Ruffi (gui - donc ? mier album de Brieg Guerveno un album remarqué et original, tares et chant) et Jean-Claude (RDD Production, Coop que vous retrouverez le moral ! Les Figurants 2. Givone (batterie). Breizh, RDD RAG 01) Nozioù / Deioù est un disque Original, Noz an Nedeleg « Donne-moi ta bouche que noir comme un mois de no - ne l’est pas moins tant il je la bouffe / Que je la boive LE FESTIVAL DU CHANT vembre. Délaissant le rock dur s’éloigne des clichés habi - goutte à goutte / Donne-moi DE MARIN / GOUEL KAN à l’oreille, le métal, pour pro - tuels des disques de Noël. Le tes lèvres que je les mange / AR VARTOLODED poser un rock & folk plus mé - propos ici est de témoigner de Avec fièvre, ça me déman - lodique, Brieg Guerveno n’en l’étroite imbrication entre les ge »… les « chansons gour - a pas pour autant fini avec ses anciens rites celtiques, mandes » de Ty Zef témoi - démons. païens, et les « nouvelles » gnent d’un bel appétit, d’une Ses chansons, toutes pratiques issues de l’évangéli - forte envie de croquer la vie à écrites en breton, nous parlent sation, tardive, de la Bretagne. belles dents. Et de jouer avec de quête et d’introspection, Ou plutôt de la lutte menée par les mots pour construire une de mondes perdus et cruels, le clergé pour éradiquer les poésie humaniste et attachan - et du temps qui s’échappe… croyances antiques. Les fêtes te. Après Ta bouche , qui ouvre Les nuits sont blanches et op - de Noël, qui célébraient aupa - l’album, il y a Le goût , Méta - pressantes mais les jours ne ravant le solstice d’hiver, morphose , J’ai pas peur ou À sont pas beaucoup plus ré - n’échappent pas à la règle… l’oasis … et l’ensemble fait jouissants. Noir, c’est noir, Ainsi décrit, l’ensemble peut courir sur la scène bretonne comme le sont Marv eo va sembler un tantinet rébarbatif, une petite bise rafraîchissante. Tous les groupes évoqués heol , ’Vel laboused , Klañv ou mais tel n’est pas le cas. Er plus haut se sont produits, Diougan ar bed o vervel … marchosi ou D’an douar , Lavar (Coop Breizh, TZ004) plusieurs fois, sur les scènes Avec, heureusement, une pe - an evned ou Korn an tan font du Festival du chant de marin, tite lueur d’espoir quand arrive certes ressurgir les racines à Paimpol, mais seuls Les Heklev an neñv , même si les celtiques des rites et légendes 1. « Écoute, mon père, et entend Souillés de fond de cale figu - premiers mots ne le laissent de Noël mais nous font surtout ma complainte par-delà les cieux rent sur la compilation « offi - guère percevoir : « Selaou ’ta passer un sympathique mo - / Depuis que tu es monté, je suis cielle » sortie chez Wagram. va zad ha klev ma gwerzenn ment, au coin de l’âtre et pour - perdu et la vie m’a trahi. » Laquelle fait, comme il se doit, dreist an neñv / Boe m’out pi - quoi pas en compagnie de ces 2. PB n° 515, décembre 2006. 45 Le Peuple breton – décembre 2011 ...

Ian SMITH AT FIRST LIGHT Danny MEEHAN Orlaith KEANE A Celtic Connection Idir Drimalost and Beyond The Home Place

Un album solo en 2002 suivi Leur carrière avait débuté en d’un second en duo deux ans 2001 avec l’album du duo de pi - L’album est une nouvelle Un proverbe dit que les chiens plus tard et depuis, rien. Ian pers John McSherry et Michael gemme dans le jardin de la tra - ne font pas des chats : une as - Smith n’en était pas moins actif McGoldrick. Rapidement, ce der - dition du fiddle du Donegal. Une sertion vérifiable avec Orlaith sur les scènes du Donegal, pro - nier vogue vers d’autres aven - nouvelle fois, Cairdeas na bhFi - Keane. Issue d’une longue li - moteur infatigable de la musique tures et John est rejoint par le dileirí (les amis du fiddle ) révè - gnée de musiciens et de chan - traditionnelle dans ce coin ma - fiddler Dónal O’Connor et le piper lent un talent méconnu de cette teurs du comté de Galway cé - gnifique du nord de l’Irlande. et percussionniste Francis région d’Irlande. lèbres dans toute l’Irlande, elle Sept longues années mises à McIlduff. Danny Meehan est né en 1940 est la nièce des chanteurs Do - profit pour peaufiner le petit bijou Cela aboutit à l’album Trips - à Drimalost, à l’ouest de la ville lores et Sean Keane. Quant à qui vient de voir le jour en cette fin witch en 2006 1 aux côtés de de Donegal. Comme nombre de son père, Matt, il chante égale - d’année. nombreux invités. En 2011, le trio ses compatriotes, il est ment et Orlaith a déjà enregistré Une première moitié de sa vie remet le couvert avec Idir . Ils ont contraint de s’exiler en Angle - précédemment sur les albums en Écosse et la seconde en Irlan - cette fois été rejoints par la chan - terre à l’âge de 16 ans. Il y reste de celui-ci. de ont fait que la musique de ces teuse et violoniste Ciara McCric - cinquante longues années, du - Elle propose cette fois son deux contrées a durablement in - kard, qui donne à entendre son rant lesquelles il poursuit avec propre album, The Home Pla - fluencé Ian, et que le présent al - joli brin de voix sur deux mor - acharnement la pratique du ce , douze très belles chansons bum, A Celtic Connection , est la ceaux. Le joueur de bouzouki as - fiddle , un art appris dans le mi - qu’elle interprète d’une voix somme de celles-ci. turien Ruben Bada est encore de lieu familial depuis le berceau. claire et expressive. Un choix Douze morceaux dont neuf ori - la partie, de même que Paul Mc - À Londres, il joue dans un assez varié s’étendant du tradi - ginaux écrits en collaboration Sherry, Tony Byrne et Michael groupe dans les années 70 et a tionnel – Lord Franklin – à la mu - avec deux auteurs irlandais, En - McCague à la guitare. pour partenaires réguliers Bob - sique country – Look On And da Cullen et Tony Kerr, ainsi Dix morceaux, en majorité ir - by Casey, P.J. Crotty ou Julia Cry , Wish I Still Had You . Et puis qu’un traditionnel écossais, Will landais, mais celui qui introduit Clifford… musiciens de diffé - quelques emprunts à des au - Ye Gang Love , et deux chansons l’album, The Magnificent Six , est rents coins d’Irlande, ce qui au - teurs reconnus : Joni Mitchell de Robert Burns, dont la my - une ridée à six temps empruntée ra une influence certaine sur sa (Both Sides Now ), Dougie Ma - thique Ae Fond Kiss , interprétée au répertoire de Pennoù Skoulm, musique. cLean ( Another Story ), Kate par Karen Matheson lors de la et El Garrotín est une mélodie po - Ce double album offre deux Rusby ( High On A Hill ), Andy cérémonie de réouverture du pulaire des Asturies. Plusieurs heures trente de musique et pas Stewart ( Lover’s Heart ). parlement écossais en 1999. traditionnels – Aird Uí Chuain , vé - moins de soixante-treize titres, Pour recruter des musiciens, Et, justement, Karen est pré - ritable hymne des Irlandais couvrant un large éventail de la le sésame de son nom, Keane, a sente sur l’album, tout comme d’Ulster et de Belfast en particu - musique du Donegal. ouvert bien des portes, puis - ses petits camarades de Caper - lier, ou Courting is a Pleasure –, La plupart des morceaux ont qu’on y retrouve pêle-mêle son caillie, Manus Lunny, Donald mais également quelques com - été enregistrés en solo à Drima - oncle Sean ( pipes ) mais aussi Shaw et Ewen Vernal. Sont éga - positions de l’un ou l’autre : An lost. Le jeune fiddler Aidan Pat Coyne (guitare, bouzouki, lement là Mairéad Ní Mhaonaigh, Thóir Na Donn , de la main de O’Donnell vient apporter une accordéon), Sean Regan d’Altan, Martin Crossan, brillant Dónal, ou The Pipers of Roguery , touche aérienne sur quatre (fiddle ), Colm Naughton (banjo, uilleann piper , Nina Solo au fiddle de John. titres, quelques airs datent de mandoline, guitare), Jim Higgins ou Seamus McGuire au violon. Mélangeant avec brio uilleann 1977 et trois ont été enregistrés (percussions) ou Peter Gannon Quelques perles comme pipes , fiddle , whistle , guitare, à Londres en 1964. et bien d’autres. Brightest Sky Blue , On Keadue bouzouki et bodhrán , At First En plus d’être un excellent Pour un premier album, c’est Strand ou Far Beyond Carrickfinn Light crée un son original qui fait fiddler , Danny Meehan est re - un coup de maître, et bien des rendent hommage au grand voyager des racines de la tradi - connu pour être un historien de chanteuses de renom feraient fiddler du Donegal Francie Moo - tion irlandaise au futur de celle-ci, la musique et un folkloriste avi - bien de surveiller de près cette ney. le talent et l’expérience de sé. Sa musique entend rendre nouvelle venue au talent indé - Du début à la fin, un album tout chaque musicien contribuant à hommage aux paysages et aux niable. en délicatesse et en brillance. développer une musique brillante gens de ce coin reculé de l’île L’album de 2011 à ne pas man - et enjouée. verte ainsi qu’à ses musiciens, (Autoproduit OK001 quer. Une nouvelle réussite de ce passés et présents. www.orlaithkeane.com ) sympathique combo de musi - Une fois encore Rab Cherry et (Autoproduit IS02 ciens nord-irlandais. ses amis ont réalisé un travail re - www.claddaghrecords.com ) marquable. (Autoproduit AFLCD201101 (Cairdeas na bhFidiléirí www.atfirstlight.net CNF008 Distribution Keltia) www.donegalfiddlemusic.com) 46 Le Peuple breton – décembre 2011 ...

DELUCE’S PATENT The Greentrax CELTAS CORTOS UXÍA 25 th Anniversary Collection Introversiones Meu Canto Music and Song from Scotland

Nouveau venu sur les scènes Hormis Carlos Núñez ou Su - sanna Seivane, le grand public irlandaises, ce jeune quatuor ré - L’an passé, je vous avais parlé connaît peu la musique galicien - pond au nom de Deluce’s Patent. du retour sur le devant de la scè - ne, même si celle-ci est bien pré - Nouveau groupe certes, mais Rien ne prédisposait Ian ne du groupe de Valladolid, Cel - Green, policier de son état, à s’in - sente au FIL. dont le talent est inversement tas Cortos, adeptes d’un rock vestir dans l’industrie du disque. Uxía arpente les scènes de Ga - proportionnel à la jeunesse de C’est pourtant ce qu’il fait celtique survitaminé. Les revoici lice avec une voix unique, profon - ses membres. lorsque, sa retraite venue, cet en 2011 avec un dix-neuvième de, qui révèle une artiste pour qui Les deux garçons – Adrian amateur éclairé de musique tra - album, Introversiones , qui rien n’est plus sophistiqué que Spillett (guitare, bouzouki, accor - ditionnelle décide de franchir le marque en quelque sorte leurs l’essentiel et dont la voix est un déon et chant) et Conor O’Sulli - pas en créant le label Greentrax, vingt-cinq ans de scène. instrument au même titre que les van (guitare, banjo et chant) – en 1986. Vingt-cinq ans et une musique autres. Elle a commencé sa car - sont originaires de Cork, les deux Vingt-cinq ans plus tard, Ian qui n’a pas pris une ride, avec rière en 1986 avec le groupe Na filles – Deirdre Granville (harpe, Green et son écurie sont toujours toujours la voix rauque, inimi - Lúa et, dès 1991, s’embarquait fiddle , flûte et chant) et Evelyn là, tenant le haut du pavé de la table, du chanteur Jesus Ci - pour une aventure en solitaire. O’Connell (chant) – du Kerry ; ils musique écossaise, Greentrax fuentes, aux côtés de ses petits Néanmoins, en un quart de ont formé le groupe en 2010, étant reconnu comme le premier copains aux violon, guitares siècle, elle a su multiplier les ex - après de nombreuses sessions label écossais avec plus de acoustiques et électriques, bas - périences aux côtés d’artistes dans les pubs de Cork. quatre cent soixante albums pu - se, flûtes et saxo, accordéon, comme Jessie Norman, Dulce Tous ont un solide bagage mu - bliés à ce jour. uilleann pipes , sans oublier l’om - Pontes, Noa ou Chico César. sical depuis leur plus jeune âge et Pour célébrer ce beau par - niprésente batterie. Meu canto est son septième cela s’entend dans leur musique, cours, un grand concert s’est Avec ce nouvel opus, ils ont album et présente dans un style brillante, pour ne pas dire par- tenu à Édimbourg en octobre choisi de revisiter des morceaux personnel des chansons popu - faite. dernier. Et, cerise sur le gâteau cultes de la tradition, mais ver - laires de Galice, du Portugal et du Sur l’album qu’ils nous propo - (d’anniversaire), un double album sion Celtas Cortos, des mor - Brésil. Un véritable échange cul - sent, ils tissent un délicat ouvrage a vu le jour, regroupant vingt-cinq ceaux d’artistes celtiques qui ont turel entre pays pratiquant la mê - mêlant des traditionnels irlandais, titres puisés dans le riche fond fortement influencé le groupe. me langue, le portugais. écossais, anglais et américains – musical du label. Vingt-cinq mor - Musiques irlandaise, écossai - Sur la plupart des titres, on re - une chansons de Bob Dylan figu - ceaux et deux bonus, l’un inédit, se, bretonne, galicienne ou trouve le mot « chanson » et cet re ici. Pour autant, quelques com - composé par l’accordéoniste basque s’y entrecroisent donc album est bien le reflet de l’acte pos de Conor sont aussi au pro - Phil Cunningham pour Ian et Ju - pour le plus grand bonheur de de chanter. Le voyage nous mène gramme : On The Road et Siúl Na ne Green, et le second, Añada pa nos oreilles. Des Waterboys aux à Rio de Janeiro, où l’album a été Lobhar . Gael , interprété par Duncan Pogues, d’Ar Re Yaouank aux enregistré. Uxía a fait appel à quelques musiciens célèbres de La voix chaude et expressive Chisholm et Xosé Manuel Tejedor Basques d’Oskorri, des stan - en hommage au grand piper Gor - ces lointaines contrées : le guita - d’Adrian, excellent folk singer , dards mille fois entendus mais re - riste Sérgio Tannus, le flûtiste s’accorde harmonieusement don Duncan, parti trop tôt au pa - passés ici à la moulinette des radis des musiciens. Marcelo Martins ou Jaime Alem, avec les envolées de soprano énergiques Ibères. On y recon - qui produit l’album. Bien qu’utili - d’Evelyn. Leurs voix s’entrecroi - Vingt-cinq morceaux dont l’un naîtra au passage The Star of the de Ian Hardie, extrait du premier sant des sonorités galiciennes – sent, habilement supportées par County Down , Breizh Positive , la gaïta ou la pandeireta –, elle a les instruments de leurs col - album du label, et un autre issu Fiesta , Category de Moving de l’album le plus récent, du choisi un style musical plus cen - lègues. Hearts ou Shenandoah . groupe Seudan. tré sur les musiques portugaises Avec ses onze titres, le présent C’est l’occasion de retrouver Un album un peu moins enlevé et brésiliennes avec guitares, ca - album vous fera partager près de avec plaisir quelques-unes des peut-être que le précédent, mais vaquinho et accordéon. Les quarante minutes de musique lé - perles qui ont jalonné ce quart de l’énergie rock des Espagnols, leur chanteurs brésiliens Lenine, Fred gère et délicate. On en aurait sou - siècle. Des McCalmans à Eric raison de jouer, est bel et bien Martins ou Socorro Lira sont éga - haité bien davantage. Espérons Bogle, de Tony McManus à Ceol - présente. lement de la partie. qu’un second album verra le jour beg ou d’Alasdair Fraser au grou - De toute évidence, le rock cel - Uxía est une des voix les plus dans les mois à venir. pe Daimh : rien que du beau tique version grand Sud n’est pas populaires de langue galicienne : monde, je vous dis. près de s’éteindre. à découvrir. (Autoproduit DELUCES001 Pour qui voudrait se faire une (Fol Música www.delucespatent.com ) idée de la musique écossaise ac - (Warner Music Boa Música 100FOL1052 tuelle, voilà un excellent – et peu www.celtascortos.com ) Distribution Keltia) onéreux – moyen de passer deux heures agréables. Philippe Cousin (Greentrax CDTRAX8611 Distribution Keltia) 1. PB n os 510-511, juillet-août 2006. 47 Le Peuple breton – décembre 2011 PB Services Pensez au calendrier Diwan !

Réalisation : Régis Bradol, en collaboration avec les écoles Diwan de Trégunc et Bannalec

Soyons fouilles Découvertes archéologiques en Bretagne

À partir du 16 décembre, partons à la découverte des fouilles archéologiques menées en Bretagne ces vingt dernières années. Au gré d’un parcours étonnant, divertissant et pédagogique, ponctué d’objets issus des fouilles, de cartes, de films et reconsti - tutions 3D, le public cheminera sur les traces de son passé. Dis-moi comment tu habites, je te dirai qui tu es : tel est le parti pris de cette exposition qui apporte des éclairages inédits sur les modes de vie des sociétés anciennes. Au musée de Bretagne, à Rennes (Les Champs-Libres). Du 16 décembre 2011 au 29 avril 2012.

PETITES ANNONCES

Le Peuple breton publie sous cette rubrique des petites annonces. Le texte doit ne pas excéder 5 lignes de 50 signes et être accompagné d’un chèque de 11,95 €. Ces annonces sont à adresser à la rédaction (BP 1, 29850 Gouesnou). Cette rubrique est gratuite pour les demandeurs d’emploi.

48 Le Peuple breton – décembre 2011 La page du PB

Vos questions LE PEUPLE BRETON / POBL VREIZH Nos réponses Mensuel (47 e année) Rédaction : BP 1 – 29850 GOUESNOU « Posez une question au journal : nous essaierons de vous répondre. Mais… ne soyez pas [email protected] impatient, le nombre et la complexité des problèmes soulevés nous contraignent parfois à différer notre réponse. » La rédaction du Peuple breton Directeur de la publication : Robert Pédron Rédacteur en chef : Question 123 (suite) pendant qu’il faut se garder des Gael Briand anachronismes. Ainsi, l’élevage 06 71 83 70 76 Claude, un de nos lecteurs, a – porcin, présenté comme il le fait, Rédacteur-adjoint : fort justement – souhaité appor - Ronan Leprohon - 02 98 07 81 34 est une évolution tardive de l’agri - Responsable des pages Pobl Vreizh : ter un complément à l’explication culture bretonne (à partir du XIX e Jean-Claude Le Gouaille que nous avions publiée le mois siècle) À l’époque de la prospérité Secrétaire de rédaction : dernier sur la rareté du fromage Jacques Dyoniziak bretonne (le fameux « âge d’or » Responsable calendrier : typiquement breton. e comme on l’a écrit pour les XVI et Christian Pierre Il note le rôle d’importance du XVII e siècles), plus que des porcs, ce Ont contribué à ce numéro : « sel, abondant en Bretagne et sont des veaux qui constituaient le Pierre Morvan, Nicolas Ollivaux, Gael Briand, sans gabelle, à la différence de la Mona Bras, Robert Pédron, Maël Vérot, principal apport en viande pour les Christian Guyonvarc’h, Anne-Marie Kervern, France, où le moyen le plus éco - Bretons. Le porc n’est venu Bob Simon, Rémi Beauto, Nono, nomique de conserver le lait était qu’après. Pourquoi ? Parce qu’au Pierre-Emmanuel Marais, Yann Fiévet, la fabrication du fromage. Jef Monnier, Erwann Denez, Jean-Claude Le départ, la production d’orge desti - Gouaille, Émilie L’Hostis, Damaris Merlet, En Bretagne, le beurre est donc née à la nourriture des cochons Paol ar Meur, Herve Lannuzel, Jean Salaun, salé, consommé ainsi, mieux, était le fait des seuls paysans très Jean-Jacques Monnier, Patrick D. Morvan, conservé et exporté. Le petit lait Bruno Le Clainche, Masin Ferkal, Pierre Fourel, riches. Pour le plus grand nombre, Alain Cedelle, Jacques Dyoniziak, Valérie (eau, caséine, lactose, calcium) sous Louis XIV, par exemple, l’éle - Coussinet, Ronan Pagan, Klaod Thomas, Ronan donné en mélange avec l’orge Leprohon, Herri Gourmelen, Éliane Faucon- constituait un aliment équilibré vage domestique se limite à Dumont, Philippe Cousin, Morgan Perherin. pour l’élevage des cochons. quelques vaches. Les porcs ne sont Correspondants : pas là. Et les vaches donnent des Dans les Balkans : Jean-Arnault Dérens La viande, conservée en saloir, En Catalogne : Philippe Liria était destinée à la consommation veaux qu’on ne peut élever sous la En Corse : Fabiana Giovannini familiale toute l’année, à la navi - mère (ils consommeraient alors le En Occitanie : Gérard Tautil Critiques de disques : gation et, bien sûr, à l’exporta - lait nécessaire pour le beurre). Dès lors, on les vend très jeunes et, du Bretagne : Pierre Morvan tion. Celtie : Philippe Cousin coup, ils ne valent pas chers (cer - Critiques de livres : Donc, plus de lait pour la fabri - tains en donnent même à la quête Jean-Jacques Monnier, cation du fromage. » en Léon !), ce qui fournit à beau - 19, Penn-ar-Pave – 22300 Lannion Livres en breton : coup de ruraux bretons au XVII e Réponse Herve Lannuzel siècle une denrée fort rare ailleurs 27, boulevard Laënnec – 35000 Rennes En accord global avec le dévelop - en France : de la viande. Mais tou - Responsable publicité : pement de Claude, j’ajouterai ce - jours pas de fromage, bien sûr… Ronan Leprohon, au journal Éditeur : Presses populaires de Bretagne CPPAP : 0712 G 86914 Impression et routage : Cloître imprimeurs à 29800 Saint-Thonan Jeu du PB de décembre Un roman superbe à gagner IMPRIMÉ SUR PAPIER RECYCLÉ Ce mois-ci, le PB va donner aux dix gagnants de notre jeu l’occasion de découvrir gratuitement un roman très atta - Abonnements, administration : chant. Ce livre, d’une valeur de 15 €, intitulé Fou de haïkus a 9, rue Pinot-Duclos pour auteur David Gérard Lanoue et il a été édité par La Part 22000 SAINT-BRIEUC commune. Nos gagnants seront désignés par le sort. Dépôt légal : n° 3258

Comme d’habitude, pour participer au tirage au sort qui attribuera ces lots, il suffit de nous adresser avant la fin du mois (le cachet de la poste faisant foi) sur papier libre : vos nom, prénom ( obligatoire ) et adresse. Une seule participation par personne et une seule adresse à utiliser : Le Peuple breton, BP 1 LE PEUPLE BRETON – 29850 Gouesnou . ADMINISTRATION

L’accueil et le secrétariat du Peuple Résultats du jeu du PB d’octobre breton à notre local de Saint-Brieuc Voici les dix gagnants des CD de musique celtique que nous avions mis en jeu en oc - sont assurés par Jef aux horaires sui - tobre. Ce sont : Pauline, de Loudéac (22) ; Dominique, du Trévoux (22) ; Nicole et Hervé, vants : de 9 h 15 à 16 heures les lundis, du Relecq-Kerhuon (29) ; Emma, de Rezé (44) ; Michel, du Bouscat (33) ; Georges, de mardis et jeudis. Téléphone-fax-répon - Saint-Étienne-du-Rouvray (76) ; Dominique, Gwenole et Josiane, de Villeneuve-Saint- deur : 02 96 61 54 11. Georges (94). Les gagnants ont reçu leur lot en novembre.

49 Le Peuple breton – décembre 2011

20122012

Sz. Jenovefa

012 drier 2 Ur sell pizh war ar priajoù e stal-feilhañsoù Lok-Maria - Kemper Dastumadegcale Kartennvan Baod (56) - www.cartolis.org, oster- etons Le p ms br éno m) s pr x 70 c us de GWENGOLO HERE: 50 DU KERZUincl GENVER C’HWEVRER MEURZH EBREL MAE MEZHEVEN GOUERE EOST ions € port Sul Merc’her Yaou Sul Meurzh Gwener Sul Merc’her Sadornens Lun 1Yaou0 Sadorn Sz. Berc’hed S. Konwal Gouel al labourer S. Goulven i mS. Yuz Sz. Uriell é : Gouel an Hollsent S. Tudal 1 Kalana 1 1 Sz. Nonn 1 1 1 S. Ronan 1 1 S. Franch (d1 1 artonn 1 1 agne Lun Yaou Gwener Lun Merc’her Sadorn Lun Yaou Sul e c Meurzh Gwener ret Sul Sz. Koupaïa S. Gudwal S. Jaoua S. Aoperzh S. Ave S. Ouzog S. Friard S. Just tub S. Sulio S. Mieue B 2 S. Tadeg 2 2 2 2 2 2 Yaou Bask 2 2 s s2ous 2 lai2res d C Meurzh Gwener Sadorn Meurzh Yaou Sul Meurzh Gwener vou Lun Merc’heropu Sadorn IEULun 3 Sz. Jenovefa 3 S. Morvred 3 S. Gwenole 3 S. Izuned 3 S.Ewen S. Kunvin 3 Diboan eS. Pergadz 3 S. Kavan 3 sS. Fraganp 3 S. Gwenael-BR 3 S. Avran 3 c3h resse SAINT Merc’her Sadorn Sul Merc’her Gwener Lun Merc’her Sadorn àMeurzh : P Yaou 00 Sul Meurzh S. Ruvon S. Kido S. Jeran S. Koneri 4 S. Eneour Sz. Ninog S. Balae S. Unieg e4 r S. Berin 4 S. Ewin220 4 S. Juvad 4 Sz. Barba 4 4 4 4 4 4 4 adress clos - Yaou Sul Lun Yaou Sadorn Meurzh Yaou à Sul Merc’herDu Gwener Lun Merc’her oS. tBertin- S. Moris Sz. Soazig S. Houarvian 5 S. Konwoion 5 S. Merin 5 S. Elven 5 S. Visant 5 S. Endal 5 S. Pereg 5 S. Meurzh 5 S. Avelue Pi5n 5 5 5 Gwener Lun Meurzh Gwener Sul Merc’her Gwener Lun9 r Yaou Sadorn Meurzh Yaou 6 S. Peran 6 S. Amanz 6 S. Senan 6 S. Neven 6 S. Pever 6 S. Gudwal 6 Sz. Nolwenn 6 Sz. Ahes 6 S. Tegoneg 6 S. Ivi 6 S. Melen 6 S. Nikolaz Sadorn Meurzh Merc’her Sadorn Lun Yaou Sadorn Meurzh Gwener Sul Merc’her Gwener 7 S. Gourzelv 7 S. Aodren 7 S. Nevenou 7 S. Brec’han 7 S. Neventer 7 S. Meriadeg 7 S. Tei 7 S. Levan 7 S. Koneg 7 S. Ke 7 S. Iltud 7 Sz. Azenor Sul Merc’her Yaou Sul Meurzh Gwener Sul Merc’her Sadorn Lun Yaou Sadorn 8 S. Gurvan 8 S. Jagu 8 S. Sezni 8 Sul-Fask 8 Sz. Tunvezh 8 S. Bron 8 S. Bronvel 8 S. Gwenneg 8 S. Drien 8 S. Morgan 8 S. Treveur 8 S. Budog Lun Yaou Gwener Lun Merc’her Sadorn Lun Yaou Sul Meurzh Gwener Sul 9 Sz. Alix 9 S. Telo 9 S. Ilan 9 Lun-Pask 9 S. Tudi 9 S. Koulmkell 9 S. Kirio 9 S. Erle 9 Sz. Ozvan 9 S. Denez 9 S. Benan 9 S. Kernez Meurzh Gwener Sadorn Meurzh Yaou Sul Meurzh Gwener Lun Merc’her Sadorn Lun 10 S. Radian 10 Sz. Velle 10 Sz. Kanna 10 S. Adeodat 10 S.Gwenganton 10 S. Kidiav 10 S. Pasker 10 Sz. Steredenn 10 S. Kolaz 10 S. Sklaer 10 S. Govrian 10 S. Koulitz Merc’her Sadorn Sul Merc’her Gwener Lun Merc’her Sadorn Meurzh Yaou Sul Meurzh 11 S. Hernin 11 S. Ehouarn 11 S. Yann 11 S. Paolenan 11 S. Vaeg 11 S. Majan 11 S. Judog 11 S. Ergad 11 S. Glen 11 S. Gwinien 11 S. Arneg 11 S. Envel Yaou Sul Lun Yaou Sadorn Meurzh Yaou Sul Merc’her Gwener Lun Merc’her 12 S. Benead 12 S. Rieg 12 S. Paol 12 Sz. Ida 12 Sz. Tifenn 12 S. Gourhan 12 S. Menou 12 Sz. Sklerijenn 12 S. Leviaz 12 S. Charlez 12 S. Gwezhneg 12 S. Kaourintin Gwener Lun Meurzh Gwener Sul Merc’her Gwener Lun Yaou Sadorn Meurzh Yaou 13 S. Enogad 13 S. Gwengad 13 S. Kemo 13 S. Karadeg 13 S. Mael 13 S. Barnev 13 S. Turio 13S. Riowen 13 S. Aman 13 S. Luner 13 S. Aman 13 S. Juzeg Sadorn Meurzh Merc’her Sadorn Lun Yaou Sadorn Meurzh Gwener Sul Merc’her Gwener 14 S. Hiler 14 S. Biavili 14 S. Hegareg 14 S. Donan 14 S. Servez 14 S. Dogmael 14 S. Elen 14 S. Lavann 14 S. Modan 14 Sz. Emora 14 S. Devrig 14 S. Gwinier Sul Merc’her Yaou Sul Meurzh Gwener Sul Merc’her Sadorn Lun Yaou Sadorn 15 S. Mor 15 S. Glaudan 15 S. Bozian 15 Sz. Juved 15 S. Privel 15 S. Nouga 15 S. Riwall 15 Gouel Varia 15 S. Marzhian 15 S. Konogan 15 S. Malo 15 S. Yann Diac’hen Lun Yaou Gwener Lun Merc’her Sadorn Lun Yaou Sul Meurzh Gwener Sul 16 S. Dic’huill 16 S. Marzhin 16 S. Abram 16 S. Padern 16 S. Brendan 16 S. Similian 16 S. Tenenan 16 S. Arzhel 16 S. Korneli 16 S. Gall 16 S. Emilion 16 S. Jezekael Meurzh Gwener Sadorn Meurzh Yaou Sul Meurzh Gwener Lun Merc’her Sadorn Lun 17 S. Engelger 17 S. Gireg 17 S. Padrig 17 S. Evin 17 S. Tudon 17 S. Herve 17 S. Elier 17 Gouel Varia 17 S. Urfol 17 S. Gael 17 S. Agnan 17 S. Briag Merc’her Sadorn Sul Merc’her Gwener Lun Merc’her Sadorn Meurzh Yaou Sul Meurzh 18 S. Gwendal 18 S. Riwan 18 Sz. Derwell 18 S. Keveren 18 S. Karanteg 18 S. Maelgon 18 S. Tivizio 18 S. Elena 18 S. Didier 18 S. Segal 18 S. Maodez 18 S. Jud Yaou Sul Lun Yaou Sadorn Meurzh Yaou Sul Merc’her Gwener Lun Merc’her 19 S. Brevalaer 19 S. Tiervael 19 S. Mansuet 19 S. Iestan 19 S. Erwan 19 Sz. Riwanon 19 S. Maden 19 S. Gwennin 19 S. Riware 19 S. Ezhvin 19 S. Tangi 19 S. Juzel Gwener Lun Meurzh Gwener Sul Merc’her Gwener Lun Yaou Sadorn Meurzh Yaou 20 S. Tarieg 20 S. Luc’her 20 S. Aozilian 20 S. Serv 20 S. Therezhien 20 S. Marc’han 20 S. Monna 20 S. Filberzh 20 S. Egat 20 S. Moran 20 S. Bran 20 S. Douegar Sadorn Meurzh Merc’her Sadorn Lun Yaou Sadorn Meurzh Gwener Sul Merc’her Gwener 21 S. Haelog 21 Sz. Gwenn 21 S. Benniged 21 S. Hamon 21 Sz. Ave 21 S. Meven 2167UL¿ Q 21 Sz. Yuna 21 S. Gatuod 21 Sz. Sterenn 21 S. Koulman 21 S. Klerzi Sul Merc’her Yaou Sul Meurzh Gwener Sul Merc’her Sadorn Lun Yaou Sadorn 22 S. Dozhwal 22 S. Tevarzeg 22 S. Dalerc’ha 22 S. Pekan 22 S. Aotrom 22 S. Alban 22 S. Alan 22 S. Emilian 22 S. S. Morvan 22 S. Maelon 22 S. Azaliz 22 Sz. Eved Lun Yaou Gwener L u n Merc’her Sadorn Lun Yaou Sul Meurzh Gwener Sul 23 S. Laouenan 23 S. Madeg 23 S. Justog 23 S. Jord 23 S. Bili 23 S. Gwentrog 23 Sz. Sev 23 Sz. Rozenn 23 S. Solen 23 S. Melar 23 S. Bieuzi 23 S. Gwenvael Meurzh Gwener Sadorn Meurzh Yaou Sul Meurzh Gwener Lun Merc’her Sadorn Lun 24 S. Kadeg 24 S. Kenan 24 Sz. Kristell 24 S. Flamm 24 S. Rogasian 24 S. Tutael 24 S. Milio 24 S. Bertele 24 S. Maogad 24 S. Maglor 24 Sz. Bleuzenn 24 S. Denoal Merc’her Sadorn Sul Merc’her Gwener Lun Merc’her Sadorn Meurzh Yaou Sul Meurzh 25 S. Konhouarn 25 S. Roparzhel 25 S. Mordiern 25 S. Jorand 25 S. Urvan 25 S. Salaün 25 S. Kristof 25 S. Gurloes 25 S. Loc’han 25 S. Goueznou 25 S. Hermeland 25 Nedeleg Yaou Sul Lun Yaou Sadorn Meurzh Yaou Sul Merc’her Gwener Lun Merc’her 26 S. Tujen 26 S. Arma 26 S. Goau 26 S. Klet 26 S. Seog 26 Sz. Gwenvred 26 Sz. Anna 26 S. Gorgon 26 S. Oedmal 26 S. Alor 26 S. Koulman 26 S. Mogenog Gwener Lun Meurzh Gwener Sul Merc’her Gwener Lun Yaou Sadorn Meurzh Yaou 27 S. Gilwen 27 S. Onen 27 S. Louarn 27 S. Konwen 27 S. Garmon 27 Sz. Gwenfrewi 27 S. Brewen 27 S. Armans 27 S. Commean 27 Sz. Arc’hantael 27 S. Goustan 27 S. Yann-Avietour Sadorn Merc’her Sadorn Lun Yaou Sadorn Meurzh Gwener Sul Merc’her Gwener S. Maner Meurzh S. Karne S. Loeiz S. Joran S. Samzun S. Elouan S. Konan Sz. Elibouban Sz. Heodez 28 S. Servan 28 a S. Riwelen 28 28 28 28 S. Eostol 28 28 28 28 28 8

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Lun Sadorn 4 Sul Merc’her Yaou Sul Meurzh Sul Merc’her Sadorn Yaou Gwener 8

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Lun Sul 2 Merc’her Yaou Sul Meurzh Gwener 0 Gwener Lun Sadorn Lun Sz. Tirid , Sz. Morwenna 30 s 30 30 S. Malon 30 Sz. Onenn 30 S. Izidor S. Kast 30 S. Geneve 30 S. Edern 30 S. Leri 30 S. Follan 30 S. Houardon e 30 n i a Lun t n

Sadorn Yaou Meurzh Gwener Merc’her o

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