journal des Débats

Le mardi 17 novembre 1981

Vol. 26 - No 5 Table des matières

Dépôt de documents Rapport annuel du Protecteur du citoyen B-179 Rapport annuel du ministère de la Justice B-179 Liste des commissions sous le grand sceau B-179 Rapport de la Commission québécoise des libérations conditionnelles B-179 Rapport du curateur public B-179 Rapport du Conseil supérieur de l'éducation B-179 Rapport de l'Ordre des ingénieurs du Québec B-179 Rapport de l'Office des personnes handicapées B-179 Rapport de la Société de cartographie du Québec B-179 Rapport de la Société québécoise d'initiatives pétrolières B-179 Pétition pour un service des nouvelles à Radio-Québec B-179 Correspondance sur le problème des concessionaires d'automobiles B-179

Questions orales des députés Les négociations constitutionnelles B-180 Grève à l'hôpital Rivière-des-Prairies B-184 Écoute électronique et autres incidents au Service de la radio-télévision des débats B-185 L'enseignement en anglais aux enfants des personnes en séjour temporaire au Québec B-186 Le dossier de la SHQ et M. Yvan Latouche B-187

Motions non annoncées Nomination des présidents de commissions B-189 Félicitations à M. Jean Pelletier et aux conseillers de la ville de Québec B-189

Démission du député de Saint-Laurent M. Claude Forget B-190 M. Claude Ryan B-192 M. René Lévesque B-193 M. Gérard D. Levesque B-194 M. Claude Charron B-194 M. Yves Bérubé B-195 M. Pierre-Marc Johnson B-195 M. Michel Pagé B-195 M. Claude Forget B-196

Avis à la Chambre B-196

Recours à l'article 34 B-196

Affaires du jour Reprise du débat sur le message inaugural et la motion de censure B-196 M. Luc Tremblay B-196 M. Jean-Claude Rivest B-199 M. François Gendron B-203 M. Michel Gratton B-208 M. René Blouin B-213 M. Maximilien Polak B-216 M. B-221 Crédits supplémentaires pour l'année se terminant le 31 mars 1982 B-224 Renvoi à la commission plénière de l'Assemblée nationale B-225 Exposé budgétaire B-225 M. B-225 Commentaires de l'Opposition B-229 M. Daniel Johnson B-229

Ajournement B-230

Annexe: Membres du Conseil des ministres B-231 Adjoints parlementaires B-232 Membres de l'Assemblée nationale B-233 179

(Quatorze heures quinze minutes) en 1978 jusqu'au 31 mars 1980.

Le Vice-Président (M. Jolivet): À Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le l'ordre, mesdames et messieursl ministre de l'Énergie et des Ressources. Un moment de recueillement, s'il vous plaît. Rapports de la Société de Vous pouvez vous asseoir. cartographie et de la Société Affaires courantes. d'initiatives pétrolières Déclarations ministérielles. Dépôt de documents. M. Duhaime: II me fait plaisir de déposer les rapports annuels 1980-1981 de la Rapport annuel du Protecteur Société de cartographie du Québec et de la du citoyen Société québécoise d'initiatives pétrolières.

Je désire déposer le douzième rapport Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le annuel 1980 du Protecteur du citoyen. député de Châteauguay. M. le ministre de la Justice. Pétition pour un service des Rapport annuel du ministère de la Justice, des nouvelles à Radio-Québec Commissions sous le grand sceau et rapport de la Commission des M. Dussault: En vertu de l'article 180 libérations conditionnelles de notre règlement, permettez-moi de déposer, au nom du groupe Information- M. Bédard: M. le Président, je dépose Québec, les 2592 premières signatures d'une le rapport annuel du ministère de la Justice, pétition; ces signatures ayant été recueillies la liste des commissions sous le grand sceau dans 232 municipalités, pétition qui a été et le rapport annuel de la Commission remise au conseil d'administration de Radio- québécoise des libérations conditionnelles. Québec, à M. le ministre des Communications du Québec et à M. le Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le ministre des Finances, et qui est libellée leader du gouvernement. comme suit: "Par la présente, nous réclamons que Radio-Québec établisse un système de Rapport du curateur public nouvelles locales, nationales et internationales et que ce nouveau service M. Charron: Au nom du ministre des devienne le meilleur au Québec." Finances, je voudrais déposer le rapport Merci, M. le Président. annuel du curateur public pour la période du 1er janvier au 31 décembre 1980. Le Vice-Président (M. Jolivet): Pétition présentée. Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le Dépôt de rapports de commissions ministre de l'Éducation. élues. Dépôt de rapports du greffier en loi sur Rapports du Conseil supérieur de les projets de loi privées. l'éducation et de l'Ordre des Présentation de projets de loi au nom ingénieurs du gouvernement. M. le ministre... M. Laurin: II me fait plaisir de déposer les rapports annuels d'activités pour l'année Correspondance sur le problème des 1980-1981 du Conseil supérieur de l'éducation concessionnaires d'automobiles du Québec et de l'Ordre des ingénieurs du Québec. M. Biron: À la suite de questions posées la semaine dernière par le député de Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le Saint-Hyacinthe et le député de Sainte-Anne, ministre d'État au Développement social. je veux déposer deux copies de lettres que j'ai fait parvenir à M. Gray, ministre fédéral Rapport de l'Office des de l'Industrie et du Commerce pour lui personnes handicapées demander de vous aider à solutionnner le problème des concessionnaires d'automobiles M. Lazure: J'ai le plaisir de déposer le du Québec... rapport d'activités de l'Office des personnes handicapées du Québec, depuis sa fondation Le Vice-Président (M. Jolivet): 180

Documents déposés. proposée et négociée quelque peu par le chef Présentation de projets de loi au nom de l'Opposition libérale du Québec avec ses des députés. interlocuteurs du Parti libéral fédéral, ce Questions orales des députés. discours de M. Trudeau niait également - et M. le chef de l'Opposition. cela va plus loin que tout ce qu'on a pu dire de l'autre côté - à toutes fins utiles, la QUESTIONS ORALES DES DÉPUTÉS légitimité et la légalité du gouvernement du Québec et de son Assemblée nationale. Les négociations constitutionnelles (14 h 30) Je trouve que c'est curieux d'être M. Ryan: M. le Président, en fin de associé à une telle manoeuvre dans un même semaine, nous avons eu droit à de discours; c'est le chef de l'Opposition qui nombreuses déclarations, en particulier à des l'aura voulu par ses propres gestes. Et ce qui déclarations excessivement virulentes du est encore plus curieux, c'est que tout cela premier ministre à l'endroit de plusieurs arrive au moment où le député de Saint- personnes ou organismes qui ne partagent pas Laurent quitte le parti pour des raisons dont ses opinions politiques. l'une est quand même reliée à cela, semble- Le premier ministre du Canada de son t-il, et où Mme Solange Chaput-Rolland côté est venu à Québec faire un discours formule des réserves plus que sérieuses sur dans lequel il a émis différentes ouvertures les attitudes de son ancien chef politique. en ce qui concerne la possibilité d'un Si le Parti libéral du Québec a décidé règlement du désaccord qui sépare le Québec de laisser le Parti libéral fédéral jouer le et le gouvernement fédéral. rôle d'Opposition à sa place au Québec, nous, Pendant que le premier ministre en tout cas, on entend nous tenir debout insultait ses adversaires, son parti s'enfonçait comme gouvernement et on ne laissera pas de plus en plus dans la seule option qu'il enlever, sans notre consentement, des droits semble avoir intérêt à préconiser au Québec. Cela est la réponse essentielle. véritablement. On en oubliait des traits Pour ce qui est de l'approche de la d'union en cours de route, on s'engageait par part des gens du fédéral, il y a eu des tous les moyens à faire obstruction aux idées échanges téléphoniques - j'ai eu l'occasion constructives qui peuvent être mises de d'en parler - ils ont peut-être continué mais l'avant à un autre niveau. pas dans ma direction personnellement. Les Je voudrais demander ceci au premier fédéraux ont essayé d'amorcer des échanges ministre: Depuis quelques jours, est-ce qu'il a avec des ministres du Québec, qui ont été eu quelque approche de la part du obligés de leur dire très simplement ce qui gouvernement fédéral en vue d'une reprise pour l'essentiel se trouve dans la motion qui des négociations que souhaite la grande est aujourd'hui, sauf erreur, inscrite au majorité de nos concitoyens? Est-ce qu'il a feuilleton de la Chambre. C'est à partir lui-même fait des démarches ou pris des d'une base comme celle-là et uniquement initiatives dans ce sens? Est-ce qu'il entend comme celle-là que, quant à nous, quelques faire quelque chose au cours des prochains pourparlers que ce soient peuvent reprendre. jours ou s'il en reste à la position butée que nous lui avons connue depuis le 5 novembre Le Président: M. le chef de dernier? l'Opposition.

Le Président: M. le premier ministre. M. Ryan: Tout d'abord, je ferai remarquer au premier ministre, puisqu'il aime M. Lévesque (Taillon): M. le Président, les insinuations, que ce n'est pas nous, de ce je ne répondrai pas en détail au préambule côté-ci de la Chambre, qui avons laissé du chef de l'Opposition, sauf, puisqu'il tomber le droit de veto du Québec mais lui, évoque des choses, pour dire qu'en ce qui le 16 avril dernier. Et voulant en avoir le concerne certaine virulence des propos je coeur net sur le fond de cette affaire, j'ai crois que je les ai relus, je dois dire, comme fait des démarches, depuis quelques jours, je le pense, qu'en conscience je considère auprès de premiers ministres d'autres que ce que j'ai eu à dire - peut-être que le provinces pour savoir exactement ce qui choix des mots n'était pas toujours le s'était passé. Je leur ai demandé entre meilleur - était parfaitement conforme à la autres si le premier ministre du Québec a réalité et traduisait très précisément les jamais défendu le droit de veto du Québec sentiments que je peux avoir comme chef du au cours de cette conférence-là et personne gouvernement du Québec. Mais, puisque le n'a eu connaissance de cela. chef de l'Opposition évoque les discours de Avant de lancer des pierres dans le fin de semaine, j'espère qu'il a remarqué jardin de l'autre, je pense que le premier que, tout en étant endossé par le premier ministre aurait intérêt à examiner son propre ministre fédéral comme une espèce de comportement. Et je voudrais lui demander, réparation au rabais - et si le chef de pour ne pas rester sur ce terrain trop l'Opposition le veut, on reviendra là-dessus - longtemps... On peut continuer, on peut 181 continuer. sur les trois. Ils sont tous les trois, d'ailleurs - l'un éliminé et les deux autres mentionnés Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! - dans la motion qui est devant la Chambre À l'ordre, s'il vous plaît! M. le chef de et qui, je l'espère, permettra à tout le l'Opposition. monde de voter selon ses principes. Je rappellerai au chef de l'Opposition M. Ryan: Ce que j'ai appris en même que, le 2 octobre... Je voudrais bien, quand temps en causant avec d'autres, c'est qu'à même, qu'on ne l'ait pas complètement l'issue de la conférence il est resté un oublié; je ne sais pas combien de fois le espace non déterminé, non défini. Cet chef de l'Opposition est passé à côté de la espace, c'est celui des discussions entre le question. Je ne veux pas poser de questions, Québec et le gouvernement fédéral. En ce n'est pas mon rôle. Je rappellerai particulier en matière d'enseignement aux simplement qu'au coeur de ce que nous avons enfants dans la langue de la minorité, le voté - cela rejoint directement la question texte de l'accord ne comporte aucune du chef de l'Opposition - le 2 octobre, dans obligation pour le Québec dans la forme que des circonstances que personne n'a oubliées, nous lui connaissons, et je crois comprendre se trouve ceci: "La Cour suprême du Canada que cela a été laissé pour discussion entre le ayant décidé que le projet fédéral concernant gouvernement fédéral et le gouvernement du la constitution du Canada réduit les pouvoirs Québec. À ce stade-ci, je voudrais demander de l'Assemblée nationale du Québec et que au premier ministre: Est-ce qu'il y a quelque l'action unilatérale du gouvernement fédéral, possibilité qu'un accord soit recherché et, bien que légale, est inconstitutionnelle parce éventuellement, conclu entre le gouvernement que contraire aux conventions - c'est ce qui du Québec et celui du Canada et des autres nous amenait à dire: On va aller négocier provinces autour d'un sujet limité, comme la selon les conventions, mais à l'intérieur des clause Canada, entendue dans le sens paramètres que voici - cette Assemblée restrictif que lui donne l'article 23.1b du s'oppose à tout geste qui pourrait porter projet fédéral, c'est-à-dire l'enseignement, atteinte à ses droits et affecter ses pouvoirs l'accès à l'école anglaise pour les enfants de sans son consentement." parents qui ont fait leurs études primaires en J'ajouterai même qu'avant de faire des anglais au Canada. Est-ce qu'il y aurait une suggestions de compromis et, aujourd'hui, possibilité, dans le plein respect des d'essayer de voir si on ne pourrait pas les compétences législatives du Québec, qu'un avaler à la pièce en servant quelque peu accord puisse être recherché sur un point d'instrument au gouvernement fédéral, il me comme celui-là? semble me souvenir - pour être sûr que je Vous avez dit, en revenant d'Ottawa, me souviens bien, j'ai ici quelque part la qu'il y avait trois sujets de désaccord, et citation - que le chef de l'Opposition, le 30 vous en avez ajouté plusieurs autres depuis septembre, au moment où on discutait... On quelques jours. Il y en avait trois quand la avait un débat, mais un débat qui, dans conférence s'est terminée, et vous les avez l'ensemble, était un débat de solidarité, je mentionnés ici même, dans cette Chambre. crois, à ce moment-là, et le chef de Je demande au premier ministre s'il est l'Opposition disait, le 30 septembre 1981, au possible de commencer à rechercher un journal des Débats, à la page 25 de la accord sur l'un de ces points, quitte à passer journée: "Nous favorisons aussi - là-dessus, ensuite au second et au troisième. Que le nous nous distinguons profondément de nos premier ministre maintienne ces trois sujets, amis ministériels - l'insertion - il favorise - je n'y ai pas d'objection, mais est-ce qu'il dans la constitution canadienne d'une charte est possible, honnêtement - je pense que nos des droits fondamentaux. Nous n'avons pas concitoyens ont le droit de le savoir - de peur d'une charte des droits pour le peuple chercher un régime de droits linguistiques un canadien." Cela dépend des limites que cela peu plus humain au Québec et dans le reste atteint parce que, derrière cela, si cela du Canada? Est-ce que le Québec est prêt à devient - en tout cas, on reprendra la collaborer à cela ou s'il entend rester dans discussion - une opération politique et non son attitude d'obstruction que nous pas une véritable charte des droits, c'est-à- connaissons depuis dix jours? dire un document hypocrite, ce que ne doit jamais être une charte des droits, on pourra Le Président: M. le premier ministre. en discuter. Mais voici ce que le chef de l'Opposition ajoutait: "Nous n'approuvons pas M. Lévesque (Taillon): J'ai remarqué à la charte qui est actuellement mise de quel point le chef de l'Opposition se sert à l'avant par le gouvernement fédéral parce répétition du droit de veto, en faussant un que le gouvernement légitime du Québec n'a peu les choses, comme d'une espèce de pas participé à son élaboration et ne cache-sexe politique, mais il faudrait tout de l'approuve pas. Il n'est pas question" - c'est même reprendre les vraies discussions. Si le ici le paragraphe que je voudrais rappeler au chef de l'Opposition veut une réponse, ce ne chef de l'Opposition - "que nous allions nous sera pas uniquement sur un point, ce sera substituer au gouvernement légal du Québec 182 pour essayer de faire des ententes avec qui M. Lévesque (Taillon): C'est à la veille que ce soit en dehors du Québec." - ce que j'ai à dire au chef de l'Opposition - de dépasser toute insinuation et d'être obligé Des voix: Ah! de devenir des affirmations brutales. Ce que je dis, c'est ceci: Le chef de M. Lévesque (Taillon): Or, après en l'Opposition, après en avoir discuté avec des avoir discuté, autant qu'on sache... gens de l'extérieur de cette Chambre, dans un parti qui essaie de nous imposer une Des voix: ... réduction des droits du Québec, a fait trois suggestions, en vue, dit-il - enfin, je le dis - M. Lévesque (Taillon): ... avec MM. de réduire les dégâts par négociation. Joyal et Chrétien... Ces trois suggestions, en fonction du vote du coeur que nous avons donné Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! ensemble le 2 octobre, sont inacceptables. Premièrement, se laisser imposer la clause M. Lévesque (Taillon): ... et, ensuite, Canada - ne nous contons pas de roman sur l'avoir fait approuver par le premier ministre la négociation - ça voudrait dire que, sous la fédéral qui, en même temps, met en doute pression, soit du complexe du colonisé, ou la légitimité même du choix, même s'il se d'une espèce de démission... trompe, du peuple québécois en ce qui concerne son gouvernement, le chef de M. Ryan: Question de privilège. l'Opposition ajoute maintenant qu'il faudrait peut-être entamer ici, au nom de ceux qui Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! lui ont dicté sa conduite, semble-t-il, une Question de privilège, M. le chef de sorte de négociation à la pièce. On l'Opposition. n'entamera pas de négociation à la pièce, M. le député d'Argenteuil. On n'entamera aucune M. Ryan: Je n'ai jamais suggéré ni négociation qui puisse mener à échiffer si laissé entendre que le Québec devrait se peu que ce soit les pouvoirs terriblement laisser imposer quoi que ce soit. insuffisants - déjà, tout le monde le dit depuis 25 ans - que possèdent le Québec Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! dans son Assemblée nationale et le peuple québécois. C'est ma réponse jusqu'à nouvel Une voix: Soyez logigues. ordre. Si vous voulez qu'on reprenne vos points, tous les trois, si vous voulez poser la Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! question - je ne veux pas sortir de votre M. le premier ministre vous avez la question - là je suis d'accord, on peut le parole. faire. M. Lévesque (Taillon): Alors, M. le Le Président: M. le chef de Président, au lieu de patauger dans des l'Opposition. pseudo-négociations, je dirai ceci: Les suggestions du chef de l'Opposition sont des M. Ryan: M. le Président, je voudrais suggestions de démission et non pas des d'abord rappeler au premier ministre que j'ai suggestions de négociation légitime. envoyé dimanche dernier un télégramme Se laisser imposer la clause Canada, public au premier ministre du Québec et au sans la réciprocité qui est dans la loi 101, et premier ministre du Canada. À mon message, qui doit, elle, être négociée, mais avec des je n'ai jamais reçu de réponse de la part du gens qui doivent, dans leur province, premier ministre sinon des insinuations en appliguer autre chose gu'un marché de dupes cette Chambre comme celles qu'on vient pour les minorités, c'est inacceptable et d'entendre, et je ne suis pas satisfait de c'est contraire à notre vote du 2 octobre cela. que d'accepter une clause de mobilité. (14 h 30) En tout cas, si les gens de l'Opposition Deuxièmement, dans ce télégramme que ne veulent pas entendre, les citoyens du j'adressais au premier ministre, dimanche il y Québec... a huit jours, je proposais clairement que, sur la question de l'enseignement aux enfants des Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! minorités, il y ait accord négocié: etc. À l'ordre! S'il vous plaît! S'il vous plaît! Accord négocié, les mots disent ce qu'ils M. le premier ministre. veulent dire, c'était en plein dans l'esprit de la motion du 2 octobre. J'ai hâte de savoir M. Lévesque (Taillon): Accepter une de la part du premier ministre s'il se clause de mobilité, qui, derrière la façade, souvient encore du troisième paragraphe de est la centralisation des pouvoirs cette motion. économigues, au moment où le Québec est en période de rattrapage, et il en a besoin Le Président: M. le premier ministre. pour longtemps encore, on ne peut rien 183 accepter qui touche notre pouvoir de faire Le Président: M. le chef de des lois et des programmes, pouvoir l'Opposition, sur une question de privilège. terriblement insuffisant déjà en ce qui concerne les personnes et les entreprises M. Garon: Debout! québécoises. C'est inacceptable et c'est contraire au vote du 2 octobre. C'est bien M. Ryan: Je suis obligé, le premier beau, cela paraît tellement, d'ailleurs, qu'on ministre me citant de travers, encore une a essayé d'ajuster cela pour faire plaisir à fois... M. Peckford, de Terre-Neuve, sur la base de Statistique Canada! Cela montre à quel point Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! ces ajustements sont sérieux et ce que cela M. le chef de l'Opposition. dissimule. En fin de semaine, j'ai entendu des M. Ryan: ... de rectifier les faits. Dans gens - peut-être le premier ministre fédéral la proposition que j'ai faite au sujet de la ou un de ses porte-parole - dire: Oui, mais formule d'amendement de la compensation on pourrait peut-être faire autrement financière, il y a trois paragraphes et non imaginez! On pourrait peut-être changer cela pas un seul, comme veut le laisser entendre si cela augmentait de 5% l'immigration le premier ministre. Le deuxième paragraphe anglophone au Québec. Je vous jure que c'est comporte l'obligation pour les deux sérieux, c'est-à-dire augmenter de 5% la gouvernements, y compris le vôtre, de population anglophone au Québec. rechercher un accord sur la compensation dans tous les autres domaines, en plus du Une voix: Négociez! fait qu'en vertu de cette suggestion, vous restez libre de travailler pour obtenir une M. Lévesque (Taillon): Cela ne tient pas définition de la culture et de l'éducation qui debout. Troisièmement... soit large et non pas restrictive.

Une voix: Allez négocier! Le Président: M. le premier ministre.

M. Lévesque (Taillon): ... - et c'est le M. Lévesque (Taillon): Oui, M. le bouquet; parce qu'il faut prendre ensemble député d'Argenteuil, on l'obtiendrait d'après les suggestions du chef de l'Opposition et votre perspective, votre premier paragraphe, celle-ci a été reprise par le chef du Parti en matière culturelle et linguistique. M. libéral fédéral en fin de semaine - en ce qui Trudeau est d'accord avec ça. Pour le reste, concerne la formule d'amendement qui, pour on irait voir si on peut sauver quelque chose nous, avec des signatures auxquelles nous dans les restes. Voici ce que disait... croyions avoir le droit de faire confiance, remplaçait avantageusement, et pour le Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! Canada et pour le Québec, l'ancien droit de M. le premier ministre. veto "blocatif" et dont on ne sait même pas s'il a jamais existé maintenant, cela peut se M. Lévesque (Taillon): II faudrait tout discuter, mais pas de la façon dont on essaie de même qu'il y ait une certaine loqique de de le faire en ce moment. l'autre bord. À un moment donné, on déchire ses vêtements et on s'en sert comme du Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! dernier voile de Salomé sur le droit de veto, mais pour le reste qui peut compenser le M. Gratton: Négociez! droit de veto avantageusement, négociez, acceptez d'aller négocier avec le prince. M. Lévesque (Taillon): On trouvera Franchement, j'ai rarement vu autant - il y d'autres tribunes pour... en a un ou deux qui ont l'air gênés - de soliveaux du Parti libéral fédéral installés Le Président: M. le premier ministre. dans l'Assemblée nationale du Québec. Cela se sent. M. Lévesque (Taillon): Cette formule Voici ce que disait la formule de d'amendement - parce que les citoyens ont l'accord que nous avions signé à huit droit d'avoir une certaine information d'ici - provinces: Une modification effectuée en selon le bon plaisir du prince, qui lui a été vertu du paragraphe 1 qui diminue la suggérée par le député d'Argenteuil, ne compétence législative des droits de donnerait, en cas de retrait, de quelque propriété ou de tout autre droit ou privilège changement qui affecte ses droits ou ses de la Législature ou du gouvernement d'une pouvoirs, de compensations au Québec qu'en province quelle qu'elle soit est sans effet matières culturelle et linquistique... dans une province dont l'Assemblée législative avant l'émission de la M. Ryan: Question de privilège, M. le proclamation a exprimé sa dissidence à Président. l'égard de cette modification par voie de résolution adoptée à la majorité des membres 184 de cette Assemblée. L'Assemblée peut m'avoir donné préavis de cette question. ensuite par voie de résolution adoptée à la D'abord, la situation sur le terrain même majorité... À supposer que, pour le proprement dit à l'hôpital Rivière-des- malheur du Québec, ce qui reste du Parti Prairies, c'est que depuis vendredi dernier, libéral provincial du Québec revienne au ce sont les cadres, les médecins et les pouvoir, il pourrait renoncer à des droits. On membres non syndiqués du personnel qui ne peut pas empêcher la population de faire assurent les services aux bénéficiaires. La ce genre d'erreur. Mais pour l'instant, cela situation, actuellement, selon le directeur de ne peut pas être accepté et ça dit ensuite: l'institution, le Dr MacKay, bien qu'elle soit Lorsqu'une province exprime sa dissidence fragile et bien qu'elle ne puisse pas durer telle que définie à l'égard d'une modification indéfiniment, est sous contrôle dans la qui confère une compétence législative au mesure où peut exister un contrôle dans de Parlement fédéral, bien entendu, le telles situations. L'origine de ce conflit gouvernement du Canada doit assurer une tourne autour de la mobilité. Il s'agit de la compensation raisonnable en tenant compte définition des unités de travail et un du coût per capita de l'exercice de cette syndicat a choisi, dans les circonstances, compétence dans les provinces qui ont plutôt que de s'en rapporter à l'arbitrage qui approuvé... Autrement dit, de façon que est prévu dans les conventions collectives, de personne ne s'enrichisse, mais que personne défendre, en affectant les droits des ne soit spolié. Cela était signé et cela avait bénéficiaires, une position qui a trait au été accepté jusqu'à la nuit des longs nombre de bénéficiaires dont on devrait être couteaux. On ne reculera aucunement, responsable en cours de route. Il ne s'agit comme gouvernement du Québec, ni sur la pas d'accroître le fardeau de tâches de ces première proposition de réparation au rabais travailleurs syndiqués. Il s'agit de permettre du chef de l'Opposition, ni sur la deuxième une gestion plus adéquate et une réponse qui, quant à nous, est une pelure de banane plus adéquate de l'administration dans où on perdrait des pouvoirs essentiels au certaines situations, comme la mobilité du rattrapage économique du Québec, ni sur la personnel qui se voit assigner dix ou douze troisième pour aller quêter les restes. Non, bénéficiaires seulement. Dans ces cas, on merci! pourrait donc faire appel à une plus grande mobilité. Le syndicat a choisi de débrayer Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! dans les circonstances et, encore une fois, à Question principale, Mme la députée de ce jour et à cette heure, la situation, bien L'Acadie. À l'ordre, s'il vous plaît! qu'elle soit difficile, est sous contrôle. Ce (14 h 40) soir, il doit y avoir une rencontre où, espérons-nous, le syndicat entendra raison et Grève à l'hôpital acceptera une voie qui pourrait aller dans le RIvière-des-Prairies sens de régler cette question par la voie de l'arbitrage qui est déjà prévu dans les Mme Lavoie-Roux: M. le Président, ma conventions collectives signées par ces question s'adresse au ministre des Affaires syndicats. sociales. Hier après-midi, je lui adressais un télégramme au sujet du conflit de travail qui Le Président: Mme la députée de sévit pour une cinquième journée consécutive L'Acadie. à l'hôpital Rivière-des-Prairies et où près de 700 employés sont en grève illégale au Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je moment où nous nous parlons. Je demandais pense qu'il est légitime, de la part du au ministre d'agir dans les plus brefs délais ministre, de vouloir éclairer la population pour assurer que soient préservés les droits qui, d'ailleurs, l'est déjà par les journaux et d'une population de 650 malades mentaux qui par la radio sur l'objet du litige, mais ce y sont hospitalisés et qui sont considérés n'est pas la question que j'ai posée au comme des bénéficiaires sans défense. ministre des Affaires sociales. Il nous dit que D'ailleurs, ce milieu a été qualifié de milieu le directeur général, le Dr Mackay, dit: La à hauts risques pour ces bénéficiaires par un situation est sous contrôle. Mais vous aviez, des experts du conseil sur le maintien des ce matin, en première page de la Presse: services essentiels. J'aimerais demander au "Selon le directeur général de l'hôpital ministre quelle action lui-même ou son Rivière-des-Prairies, Jacques Mackay, le ministère a prise depuis le début du conflit conflit actuel plonge les jeunes patients - et quels gestes il entend poser pour que ce une clientèle captive - dans la même conflit se règle dans les heures à venir. situation qu'aux heures troubles de la grève de novembre 1979 dans le secteur Le Président: M. le ministre des parapublic." Dois-je rappeler au ministre le Affaires sociales. rapport de Me Goulet, qui avait été l'expert envoyé sur place pour évaluer la situation M. Johnson (Anjou): M. le Président, je lors du conflit de 1979? Je n'imposerai pas, voudrais remercier la députée de L'Acadie de surtout à la population et particulièrement 185 aux parents des enfants qui y sont, les pendant combien de temps le gouvernement descriptions extrêmement pénibles des faits va-t-il attendre pour agir? Il existe qui s'y étaient passés en 1979 et qui ont été présentement, à l'intérieur du Code du jugés extrêmement sévèrement par l'expert travail, des mécanismes outre celui auquel le envoyé par le conseil du maintien sur les ministre fait présentement allusion, celui services essentiels. d'attendre encore un peu plus longtemps et Aujourd'hui, les parents eux-mêmes - ou qu'on arrive aux mêmes événements c'est probablement hier soir - ont fait appel extrêmement pénibles que cette population au ministre, à l'Office des personnes de bénéficiaires a connus en 1979. M. le handicapées et au curateur public afin de Président, on ne peut plus attendre. leur demander d'intervenir face à la situation intenable créée par le conflit de travail. Je Le Président: M. le ministre. ne vois pas dans quelle mesure le conflit cause moins d'inconvénients aujourd'hui qu'il M. Johnson (Anjou): M. le Président, s'il n'en causait en 1979, alors qu'il s'est arrêté ne devait pas y avoir de règlement dans un après quatre jours. Nous sommes rendus au cadre qui apparaît plus que raisonnable, cinquième jour. Vous avez ici le témoignage valoriser et prioriser l'intérêt des du directeur général. Vous avez à l'hôpital bénéficiaires sur celui de ceux qui veulent psychiatrique de Rivière-des-Prairies, des protéger le mode de fonctionnement du bénéficiaires, des patients ou des jeunes qui système, c'est une considération dont sera ne peuvent plus attendre. Ma question saisi le Conseil des ministres, demain. précise est celle-ci: Quels sont les moyens concrets, sauf d'attendre, espérant que les Le Président: Merci. choses vont se régler d'elles-mêmes? Est-ce M. le député de Portneuf. que le gouvernement entend se tenir debout - c'est une expression chère au premier Écoute électronique et autres ministre - pour protéger les droits des incidents au Service de la citoyens les plus faibles de notre société? Ils radio-télévision des débats sont présentement en danger au moment où on se parle. M. Pagé: Merci, M. le Président. Jeudi dernier, j'avais l'occasion de porter à la Le Président: M. le ministre. connaissance de cette Chambre, et par conséquent du ministre de la Justice, des M. Johnson M. le Président, il faits troublants et inquiétants qui se seraient est bien évident que le gouvernement devra produits ici, à l'Assemblée nationale du agir s'il est forcé de le faire par les Québec, et qui sont certainement de nature considérations qui seront portées devant le à affecter l'intégrité et la crédibilité de Conseil des ministres demain. Il est très l'institution dans laquelle chacun et chacune clair que des événements comme ceux d'entre nous avons été élus. auxquels se livrent les représentants M. le Président, j'aimerais demander au syndicaux, et ceux qui nous ont entraînés ministre de la Justice, aujourd'hui, les dans ce débrayage illégal, ont des questions suivantes. Le ministre de la Justice conséquences qui traumatisent ces enfants et peut-il confirmer à cette Chambre que le ces bénéficiaires. rapport de l'enquête menée par l'officier Il est aussi très clair que ce que Blanchette de la Sûreté du Québec, auquel revendique le syndicat est de la nature du j'ai référé dans la question que je lui ai mode de fonctionnement de notre système et posée jeudi, a été déposé, hier après-midi, au non pas de ses qualités intrinsèques qui bureau des représentants du procureur devraient être un but d'un peu plus général? d'humanité que ce dont il fait preuve depuis quelques jours dans une attitude qui M. Bédard: Effectivement, M. le ressemble plus à du corporatisme, qu'à la Président, je peux confirmer que concernant défense des intérêts de l'ensemble des le dossier qui traitait de la possibilité citoyens comme des travailleurs. Dans les d'écoute électronique illégale, au niveau de circonstances, encore une fois, nous jugeons l'Assemblée nationale, a été déposé entre les qu'il y a possiblité, dès ce soir, avec un mains des procureurs de la couronne. Une minimum de collaboration de la part du fois cette analyse faite par les procureurs de syndicat, d'en arriver à un règlement par la la couronne, nous prendrons les décisions voie du mécanisme qui est prévu dans la appropriées. C'est ce qu'on m'a dit, qu'il convention collective. À partir de là, nous avait été déposé. verrons. M. Pagé: M. le Président, le ministre Le Président: Mme la députée de peut-il confirmer que les enquêteurs L'Acadie. recommanderaient, entre autres, que des poursuites pénales soient entreprises contre Mme Lavoie-Roux: M. le Président, des personnes travaillant ou ayant travaillé à 186 l'Assemblée nationale du Québec et additionnelle, M. le Président. À la suite des soupçonnées de s'être adonnées à de l'écoute questions que je lui posais la semaine électronigue de conversations privées, ici, à dernière, dans sa réponse, le ministre de la l'Assemblée nationale, au cours des deux Justice a confirmé que l'enquête menée par premières semaines du mois de décembre l'officier Blanchette de la Sûreté du Québec 1980, entre autres, et par la suite, à avait débordé le cadre strict de l'écoute l'enregistrement de telles conversations à électronique pour toucher: vols d'équipement, partir du 15 décembre 1980? Si tel est le absence de 1200 cassettes d'enregistrement cas, est-ce que le ministre peut me pour la télédiffusion des débats, cas possibles confirmer à quel moment, soit aujourd'hui ou de corruption, une ou des personnes auraient demain, ces poursuites seront entreprises? profité de leurs fonctions pour avoir des avantages commerciaux privés et Le Président: M. le ministre. enregistrements de films pornographiques. Est-ce que le rapport qui a été déposé hier M. Bédard: M. le Président, je ne suis contient des recommandations précises à pas en mesure de confirmer ce qu'avance le l'égard de ces cinq volets additionnels de député de Portneuf. Si telles sont les l'enquête et surtout - c'est beau dire qu'il y recommandations du rapport de police, a une enquête, qu'il faut laisser travailler les comme je viens de lui dire, elles seront, ce policiers - dans quel délai les poursuites qui est normal, analysées par les procureurs seront-elles prises? de la couronne qui feront des recommandations très précises au niveau du M. Bédard: M. le Président, je ne sais ministère de la Justice. pas si le député revient sur le sujet pour garder le dossier dans l'actualité. Vous posez Le Président: Question additionnelle, M. vos questions, laissez donner les réponses. le député de Portneuf. Les questions du député sont tout à fait (14 h 50) normales; maintenant, il faudrait bien qu'il M. Pagé: Une question très brève, M. accepte les réponses et le déroulement le Président. Le ministre semble indiquer normal de la justice. Une enquête policière, qu'il n'a pas pris connaissance du rapport ou comme je lui ai dit, a eu lieu, un rapport, il ne veut pas en faire état. Je lui demande, selon les informations que j'ai eues, a été bien directement: À quel moment allez-vous déposé entre les mains du procureur de la intenter des poursuites, tel que recommandé couronne, l'analyse qui est nécessaire sera par le rapport? Cela, je crois que le ministre faite. Lorsque les recommandations seront le sait. Deuxièmement, le ministre met au parvenues au niveau du ministère de la conditionnel toute cette question de l'écoute Justice, à ce moment-là, on prendra les électronique. Est-ce qu'il peut nier que, le actions appropriées, ce qui est tout à fait le 25 février 1981, il a reçu un document et déroulement normal du fonctionnement de la qu'il a été saisi de cette question? Ce qui justice. est plus inquiétant encore, le ministre peut-il nier que, dans ce document qu'il a reçu le Le Président: Question principale, M. le 25 février 1981, il était indiqué que des député de Fabre. preuves, c'est-à-dire des bandes enregistrées ici à l'Assemblée nationale, avaient été L'enseignement en anglais aux détruites, ici même à l'Assemblée nationale? enfants des personnes en séjour Pas par les personnes qui s'étaient adonnées temporaire au Québec à l'écoute électronique. M. Leduc: M. le Président, ma question M. Bédard: M. le Président, j'ai remis s'adresse au ministre de l'Éducation. Le 30 entre les mains des policiers-enquêteurs ces octobre dernier, le ministre de l'Éducation documents dès qu'on me les a fait parvenir annonçait un assouplissement à la loi 101 et je pense que c'est ce que doit faire un relatif à la langue d'enseignement pour les ministre de la Justice. Ce que vous devriez personnes séjournant, de façon temporaire, au faire, pour le moment, c'est de laisser Québec. Or, il semble qu'une personne ayant l'enquête policière se terminer, l'analyse se un statut de résident permanent pourrait être faire par les procureurs de la couronne, ce reconnue en séjour temporaire par une lettre qui est tout à fait normal. À ce moment-là, de son employeur attestant qu'elle a été les décisions appropriées seront prises par le embauchée pour une période de trois ans. ministère de la Justice. Si vous voulez faire Est-ce que le ministre de l'Éducation de la politique avec ça, c'est une autre pourrait nous dire si c'est la porte ouverte à affaire. tous les immigrants pour la fréquentation de l'école anglaise, comme le laisse croire Le Président: Dernière question l'éditorial du Devoir sous la signature de additionnelle, M. le député de Portneuf. Jean-Pierre Proulx?

M. Pagé: Dernière question Le Président: M. le ministre de 187 l'Éducation. d'immigrants à l'école anglaise.

M. Laurin: M. le Président, il faut Le Président: Merci. d'abord rappeler que cet article de la loi 101 M. le député de Mont-Royal. sur les séjours temporaires a été adopté parce que le Québec est dans une situation Le dossier de la SHQ et spéciale sur le plan économique. On sait que M. Yvan Latouche 80% du secteur privé est contrôlé par des entreprises canadiennes ou américaines ou M. Ciaccia: Ma question s'adresse au étrangères et donc, durant très longtemps, premier ministre. On se rend compte, M. le une grande partie des cadres et du personnel premier ministre, de plus en plus que supérieur a été de langue anglaise et souvent plusieurs personnes sont intervenues pour en transit au Québec. C'est précisément pour trouver un emploi à M. Latouche. On tenir compte de cette situation et pour implique l'organisateur en chef du Parti aménager des phases de transition que nous québécois, le ministre de l'Environnement, avons adopté cet article 85, qui permettait à qui ne se pose même pas de questions parce des cadres étrangers de venir travailler au que la commande est venue directement du Québec, temporairement, pour trois ans, tout bureau du premier ministre, de M. Jean-Roch en envoyant leurs enfants aux écoles Boivin, qui lui aussi essayait de trouver un anglaises. emploi à M. Latouche. C'est M. Boivin qui Il faut cependant rappeler que la loi connaissait depuis 1978 les agissements disait que ceux qui bénéficiaient de ce séjour irréguliers de M. Luc Cyr, le même Luc Cyr temporaire ne bénéficiaient pas de l'article que le ministère des Affaires culturelles 73, c'est-à-dire n'acquéraient pas le droit avait recommandé de ne plus jamais engager. d'envoyer leurs enfants ultérieurement à Nous ne sommes plus devant du l'école anglaise au Québec. En vertu de cet patronage humanitaire. Nous sommes article de la loi et du règlement qui a suivi, maintenant devant du patronage de "cover- nous avons reçu, au cours des quatre up". Voici la question que je pose au premier dernières années, à peu près 5000 demandes ministre devant tous ces faits: Quand le d'admissibilité à l'école anglaise. En vertu gouvernement décrétera-t-il enfin une des articles du règlement actuel que d'aucuns enquête publique sur tout ce dossier? jugent trop restrictif, il n'y a eu que 171 refus. Si nous avons modifié encore Le Président: M. le premier ministre. davantage ce règlement, c'est pour tenir compte du cas de quelques entreprises qui M. Lévesque (Taillon): M. le Président, avaient des cadres dont l'un des parents je ne pense pas que l'article auquel se réfère n'avait pas fait son éducation en anglais. Il le député de Mont-Royal, qui a paru dans le s'agit de firmes japonaises, de firmes Devoir, change quoi que ce soit en ce allemandes où la langue seconde est souvent moment sur l'opportunité ou non d'une l'anglais. Avec ces modifications à l'article enquête. J'ai dit déjà que, quand elle nous 85, je pense qu'on pourra peut-être paraîtrait indiquée, si elle nous paraît augmenter d'une centaine au maximum les indiquée, le cas échéant, on n'hésitera pas à cas où certains cadres pourront envoyer leurs agir et à couvrir, au besoin, une bonne enfants à l'école anglaise. partie de la vocation de la Société En ce qui concerne l'autre question qui d'habitation du Québec - il ne faudrait pas est impliquée dans la question du député de oublier d'où le mal est parti, mais on ne Fabre, celle du statut de résident permanent, remontera pas au déluge - juste pour voir il s'agit d'une particularité de la Loi des choses extrêmement intéressantes en fédérale de l'immigration, mais nous n'avons cours de route. pas voulu en tenir compte pour le moment Cela dit, en ce qui concerne cette en attachant toute l'attention à vérifier le histoire d'emploi de M. Latouche, quand je statut temporaire du cadre qui travaille au pense à toutes les insinuations, tous les Québec. Je pense que la jurisprudence que potins qu'on essaie de fabriquer ou de faire nous avons établie jusqu'ici nous permet de circuler sur la réputation du gouvernement vérifier d'une façon très rigoureuse le statut pour essayer de battre en brèche son temporaire du cadre qui vient travailler au intégrité, je dois dire que je trouve Québec. De toute façon, cette autorisation proprement stupéfiant que deux ministres et vaut pour trois ans. Ce n'est que s'il y a des mon chef de cabinet, par pure compassion, circonstances imprévisibles et exceptionnelles et jusqu'au moment où ils ont découvert qu'il telles que celles mentionnées au règlement s'agissait d'un maître chanteur, que deux que cette extension peut être prolongée ministres et un chef de cabinet aient d'une autre période de trois ans. cherché un emploi pour cet individu et qu'ils Pour répondre au député de Fabre, je n'aient pas réussi, franchement, cela m'a ne crois pas que ces modifications ou l'air plutôt d'un jugement sur le personnage. assouplissements au règlement ne constituent (15 heures) une porte ouverte à un très grand nombre M. Ciaccia: Une courte question 188 additionnelle. gouvernement. Je pense que c'est assez. Je ne peux donc pas accepter, soit au Le Président: Dernière question nom de ce citoyen, soit au nom du parti additionnelle. À l'ordre, s'il vous plaît! À dont je fais partie, l'insinuation que le l'ordre, s'il vous plaîtl M. le député de ministre vient de faire actuellement. Mont-Royal. À l'ordre, s'il vous plaît! M. Garon: Darabaner était libéral aussi. M. Ciaccia: M. le Président, je soulève une question de privilège pour rappeler au Le Président: M. le ministre. premier ministre que son ministre de l'Habitation et de la Protection du M. Tardif: M. le Président, comme consommateur s'est référé à M. Latouche l'utilisation de ces mots et du mot comme étant un maître chanteur. Je trouve "scandale" sonnent faux dans la bouche de sa réponse un peu troublante et inquiétante gens responsables de ces vices de aussi face à tout le dossier. Je pourrais construction et qui ont encore, dans leur demander au premier ministre s'il a la même caisse électorale, 750 000 $ obtenus compassion pour tous les gens mis à pied à illégalement: Comme cela sonne faux, venant cause des coupures du gouvernement. surtout du député de Marguerite-Bourgeoys, ces paroles! Le député de Saint-Louis lui- Mme Lavoie-Roux: Mais le premier même disait: M. le Président, ce qui compte, ministre avait dit: "Would not touch that guy ce sont les apparences, ce ne sont pas les with a 10 foot pole." faits.

M. Ciaccia: Oui, et c'est ce même M. Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! Latouche que vous ne toucheriez pas avec un "pôle" de dix pieds. Ma question additionnelle M. Tardif: M. le Président, le scandale au ministre de l'Habitation et de la là-dedans ne vient pas du fait que celui qui Protection du consommateur pourra aider le vous parle ou que les membres de son premier ministre à prendre sa décision le cabinet ont voulu s'assurer qu'aucune inéquité plus vite possible sur la question d'une n'était commise à l'endroit d'un employé enquête publique. Le ministre de l'Habitation même contractuel, ce scandale vient de ces et de la Protection du consommateur peut-il espèces d'insinuations malveillantes. nous donner la vraie raison - cela peut même éclairer le premier ministre sur les M. Ciaccia: M. le Président... raisons pour lesquelles M. Latouche n'a pas été embauché - autre que celle invoquée la M. Tardif: M. le Président, j'aimerais semaine dernière, soit l'existence de pouvoir répondre, s'il vous plaît. concours? Il y avait également des concours au ministère de l'Environnement, à M. Ciaccia: M. le Président... l'assainissement des eaux. Pourquoi le ministre a-t-il demandé à M. Foisy de Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! trouver un emploi à M. Latouche ailleurs À l'ordre, s'il vous plaît! qu'au ministère des Affaires municipales et de la Société d'habitation du Québec? M. Ciaccia: Question de règlement.

Le Président: M. le ministre de Le Président: M. le député de Mont- l'Habitation. Royal, sur une question de règlement.

M. Tardif: M. le Président, le fait est M. Ciaccia: M. le Président, j'avais qu'un emploi a été trouvé à M. Latouche. On posé une question assez spécifique sur les l'a référé au Parti libéral qui l'a engagé. raisons pour lesquelles des instructions avaient été données à M. Foisy de ne pas M. Garon: Pour remplacer le... Lalonde. embaucher M. Latouche au ministère des Affaires municipales. M. Lalonde: Question de privilège. Le Président: M. le ministre de Le Président: Question de privilège de l'Habitation. la part du député de Marguerite-Bourgeoys. M. Tardif: M. le Président, le député M. Lalonde: M. le Président, ce qui de Marguerite-Bourgeoys s'est levé entre- semble dit en blague ne peut quand même temps et a parlé d'un pauvre individu dont le pas être laissé comme cela. Le premier seul tort avait été soi-disant de dire ses ministre en tête, dans une manoeuvre vérités au gouvernement ou à certaines absolument écoeurante, depuis des mois, personnes de la Société d'habitation. tente de démolir un citoyen dont le seul tort J'aurais pu comprendre une telle a été de dénoncer les irrégularités de ce attitude de vierge offensée de la part du 189 député de Marguerite-Bourgeoys et de celui questions est terminée. de Mont-Royal. M. Tardif: ... sur cette espèce de Des voix: Répondez à la question. personnage ou d'invidu dont le délire paranoïaque sert bien les filouteries et qui M. Tardif: M. le Président, j'y arrive, alimente à son tour cette espèce de délire. si vous me le permettez, avant les articles de la Gazette, sauf que, M. le Président, M. le Président: M. le ministre, je depuis ce temps-là, ce n'est pas possible de m'excuse, je comprend votre désir d'en dire faire en sorte d'ignorer à quelle sorte plus, mais, la session ne venant que de d'individu nous avons affaire. J'admets, M. le commencer, je suis sûr que vous aurez Président, que je suis prêt à donner le d'autres occasions de répondre de façon plus bénéfice du doute au député de Mont-Royal, complète à la question qui vous a été posée. peut-être moins à celui de Marguerite-Bour- Là-dessus, je déclare terminée la période de geoys, mais, au cas où sa bonne foi aurait questions. été trompée, peut-être comme pour celui qui vous parle, comme Jean Foisy et comme M. Léger: M. le Président... pour tant d'autres, par cet individu qui tient à la fois de filou et du paranoïaque, oui M. M. le Président: Sur le même sujet, la le Président, du filou, de ce que vous fin de la période de questions? appelleriez en anglais un con man, une En motion non d'annoncée, M. le leader espèce d'arnaqueur, qui établit sa crédibilité, du gouvernement. qui bâtit la confiance des gens pour ensuite en abuser, et du paranoïaque, M. le Nomination des présidents Président, qui voit des complots partout, qui de commissions se croit investi de la mission de les dénoncer et qui en invente, s'il n'y en a pas, M. le M. Charron: M. le Président, une brève Président. Des exemples de cela, je m'excuse motion. Lorsque la commission de l'article de la Gazette en pullule... l'Assemblée nationale s'est réunie la semaine dernière pour former des commissions, elle a M. Lalonde: Question de règlement. négligé, j'en suis peut-être le premier responsable, de nommer également des M. le Président: À l'ordre, s'il vous présidents pour ses commissions plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! Je voudrais parlementaires que nous avons meublées en vous informer que la période de questions est personnages d'importance, du côté de terminée. S'il vous plaît! J'ai une question l'Opposition comme du côté ministériel. de règlement à ma gauche et on m'indique Pour éviter de retourner en commission que le ministre n'avait pas terminé sa parlementaire, pour une séance de trente réponse. Je voudrais... Alors, M. le député de secondes, je voudrais proposer que cette Marguerite-Bourgeoys. Assemblée se substitue à la commission de l'Assemblée nationale et qu'en vertu de M. Lalonde: M. le Président, le député l'article 139, MM. Jean-Paul Bordeleau, Jules de Mont-Royal a posé une question précise. Boucher, Hubert Desbiens, Marcel Gagnon, Pourquoi, si M. Latouche est un filou, le Patrice Laplante, Jacques Rochefort, Jean- ministre l'a-t-il recommandé à d'autres et, Guy Rodrigue, Harry Blank et Michel Gratton s'il est paranoïaque, comment se fait-il que soient nommés présidents de commissions le Vérificateur général a confirmé tout ce élues pour la durée de la présente session. qu'il a dit sur la SHQ? (15 h 10) Est-ce que cette motion relativement M. Tardif: M. le Président, je me aux présidents de commissions élues sera réfère à l'article de la Gazette de la adoptée. semaine dernière. Selon le journal, cet individu a délesté un certain nombre de Des voix: Adopté. personnes de sommes importantes, cet individu se promène en ayant sur lui un Le Président: Adopté. appareillage électronique sophistiqué pour M. le député de Hull. enregistrer les paroles de tout le monde, et cet individu, évidemment, s'empare des Félicitations à M. Jean Pelletier documents partout où il passe. Tous ces faits et aux conseillers de la ville étaient inconnus, M. le Président. Je de Québec m'excuse. L'Opposition a charrié depuis des mois là-dessus, maintenant, s'il vous plaît, je M. Rocheleau: Je désire, au nom de commence à avoir sur le personnage un petit tous mes collègues de ce côté-ci de la salle, dossier que je n'avais pas à l'époque... présenter une motion de félicitations à M. Jean Pelletier pour sa réélection à la mairie M. le Président: La période de de la ville de Québec. 190

Ces félicitations, je veux les guelques reprises, j'ai été le témoin de transmettre également à tous les conseillers départs analogues au mien et, à chaque municipaux qui ont été élus afin de occasion, je me suis demandé dans quelles représenter les intérêts de tous les citoyens circonstances et à quel moment la question de Québec. Qu'il me soit aussi permis de se poserait aussi pour votre serviteur et remercier les candidats qui ont connu un sort surtout quelles sont les émotions de celui qui moins heureux mais dont la participation se lève pour faire ses adieux. était essentielle afin que puisse s'exercer une Je connais et nous connaissons tous, saine démocratie. À chacun des élus maintenant, la réponse à la première l'Opposition souhaite le meilleur succès dans question et je connais personnellement la son nouveau mandat. qualité des émotions qui nous étreignent au De plus, l'Opposition officielle du moment où on se lève pour la dernière fois Québec assure le maire Jean Pelletier de son dans cette enceinte. L'ennui c'est que j'ai entière collaboration et de tout son support. beaucoup de mal à trouver les mots nécessaires pour traduire adéquatement ces Le Président: Y-a-t-il consentement? émotions. Vous pouvez, comme je l'ai fait Consentement. dans ces occasions-là, sans difficulté, les M. le ministre des Communications. imaginer. J'ai le devoir et le privilège de profiter M. Bertrand: Je veux me joindre à la de cette dernière occasion de m'adresser à motion présentée par le député de Hull pour l'Assemblée nationale pour exprimer des féliciter, au nom du gouvernement, le maire remerciements, qui sont beaucoup plus que de Québec, son équipe de 17 conseillers qui des remerciements d'usage, à tous ceux qui, ont été élus sous la bannière du Progrès à un titre ou à un autre, ont enrichi cette civique, ainsi que les quatre représentants expérience que fut la mienne à l'Assemblée qui ont été élus sous la bannière du nationale et qui même l'ont rendue possible. Rassemblement populaire. Je voudrais Je veux remercier, en premier lieu également féliciter tous ceux et celles qui puisque c'est cela qui s'impose, à tout ont permis que la démocratie s'exerce et Seigneur tout honneur, le parti auquel féliciter aussi les gens qui se sont prévalues j'appartiens, qui, il y a huit ans, me faisait de leur droit de vote en plus grand nombre confiance pour contribuer à donner au cette année que par les années passées, Québec une chose dont je suis encore probablement grâce à l'amélioration que le aujourd'hui - et je le demeurerai, je pense, gouvernement du Québec a apportée à la loi jusqu'à ma mort - éternellement fier, soit un de la démocratie municipale. Je voudrais dire système de services de santé et de services à cette nouvelle équipe du Progrès civique et sociaux qui a véritablement placé notre du Rassemblement populaire que, du côté province à l'avant-garde de tout ce qui se gouvernemental, nous collaborerons, au cours fait dans le monde. Ces années-là ont été de leur prochain mandat, comme nous l'avons extrêmement riches en réalisations pour le fait au cours des dernières années. Québec sur tous les plans. Qu'on se souvienne de ce qui s'est fait pour donner Le Président: Est-ce que la motion sera aux plus démunis de la société un accès plus adoptée? juste aux ressources collectives. À partir de novembre 1970, la mise en place de l'aide Des voix: Adopté. sociale, suivie dans les années subséquentes de la transformation du Régime d'allocations Le Président: La présidence se permet familiales, de la modification du Régime de de souliqner que, parmi les nouveaux élus à rentes pour faire une part plus juste aux la ville de Québec, depuis hier ou avant-hier, femmes dans notre société, des modifications se retrouvent deux membres employés de au régime supplémentaire de rentes, de la l'Assemblée nationale du Québec, MM. Bisson création de comités d'enguête sur la et Clermont. discrimination dans les avantages sociaux et Enregistrement des noms sur les votes sur le financement du Régime de rentes en suspens. public du Québec. M. le député de Saint-Laurent. Du côté des services de santé, l'introduction combien douloureuse et Démission du député de entourée de crises dès 1970 de l'assurance- Saint-Laurent maladie. La réforme de nos institutions de santé et de services sociaux et la mise en M. Claude Forget place de cette réforme. La création d'institutions nouvelles, telles que les CLSC M. Forget: M. le Président, chers - dont l'avenir et le présent sont encore encore - collègues de l'Assemblée nationale, entourés de guestions et de controverses, le moment est venu pour moi de vous dire mais qui constituent, je continue de le adieu. croire, une contribution majeure au moins Au cours des dernières années, à guant à l'intention et à l'objectif gu'ils vont 191

bien finir par concrétiser un jour d'un accès derrière moi une majorité de 15 300 humain, complet à l'ensemble des services de électeurs. Cela fera pâlir d'envie, je suis sûr, santé et des services sociaux. La un certain nombre de nos collègues, M. le modification aux lois professionnelles Président. Mais, ce n'est pas seulement la touchant les si nombreuses professions de la quantité qui est remarquable, c'est la qualité santé, etc. de cet appui. Il y a eu des liens d'amitié qui Le Parti libéral du Québec m'a aussi se sont noués pendant ces huit années donné l'occasion de participer à un comme leur représentant à l'Assemblée gouvernement qui a donné un accès plus égal nationale et je leur suis immensément à la justice: la Charte québécoise des droits reconnaissant de cette occasion qu'ils m'ont et des libertés du citoyen, le Conseil du donnée, non seulement de parler en leur nom statut de la femme, les tribunaux des petites dans cette enceinte, mais d'apprendre ce créances, l'aide juridique. Tout cela s'est métier d'homme politique que l'on ne peut créé pendant ces années-là et cela demeure pas apprendre autrement que dans le contact partie de notre héritage. Ce même avec ceux qui nous ont donné leur confiance gouvernement a donné aussi au Québec son et un mandat. grand projet, au moins de la décennie et Je voudrais remercier particulièrement, peut-être du siècle: la Baie-James. bien sûr, les militants, tous ceux qui, de plus M. le Président, avoir été associé à ces près et plus intensément, ont fait toute la réalisations demeure, je pense, pour tout différence, au cours de trois campagnes citoyen qui s'intéresse à la chose publique électorales, d'une campagne référendaire et une source de fierté qu'il n'est pas possible des innombrables campagnes de financement de minimiser. Je pense que tout cela n'était qui se sont succédé depuis quatre ou cinq pas si mal pour un gouvernement dont on a ans. J'ai trouvé là des amis; non seulement dit plus tard qu'il n'avait pas de programme des collaborateurs, mais des amis. Et je peux politique, ni même de conscience sociale. leur dire que, dans le contexte actuel, leur J'espère seulement - je m'adresse à ce député trouve ou retrouve sa liberté mais moment-ci tout particulièrement au que, quant à eux, ils l'ont également pour gouvernement actuel - qu'on trouvera le faire face aux décisions qui viendront dans moyen, dans la période difficile que nous ce comté et je ne chercherai en aucune traversons, non pas peut-être d'améliorer cet façon à influencer leur choix. héritage, ce n'est peut-être pas possible dans Je voudrais remercier aussi, M. le l'immédiat, mais au moins de le préserver. Président, le parti ministériel. Comment M. le Président, je suis fier et supporter les longues tâches que nous impose reconnaissant également au Parti libéral la vie politique, comment traverser les d'avoir pu partager la lutte avec mes longues heures, si nous n'avions pas la collègues pendant les années très difficiles motivation que nous procure nos adversaires? d'un premier mandat d'Opposition. Tous ces L'esprit partisan, M. le Président, ce collègues de 1976 à 1981 ont lutté avec moi n'est pas toujours et à tous égards une pas seulement pour faire l'opposition, mais mauvaise chose. Je crois que nous ne même, parce qu'on ne nous faisait à l'époque pourrions pas faire notre travail si nous n'y aucun crédit, pour démontrer qu'ils étaient mettions pas un peu de passion. Et même si capables de la faire. je déplore que cette passion prenne parfois Je voudrais remercier également le des dimensions excessives, surtout quand elle chef du parti, Claude Ryan, pour avoir créé dépasse cette enceinte, je crois que nous le scandale d'avoir des convictions devons dire merci à ceux qui, par leurs personnelles et d'y être fidèle. Je pense qu'il gestes et leurs paroles, animent cette ardeur n'y a pas de plus beau titre pour un homme chez nous et rendent possible, encore une public à l'estime de ses concitoyens que ce fois, de poursuivre notre travail. D'ailleurs, genre de scandale qu'il a créé et qu'il l'esprit partisan, M. le Président, n'exclut continue de créer. pas le respect pour des adversaires quand on (15 h 20) y voit la sincérité et l'honnêteté. Pour ce qui est de mes collègues M. le Président, ceux qui quittent actuels de l'Opposition, je veux leur dire que l'Assemblée nationale ont l'habitude, du je ne les quitte pas vraiment; je demeurerai moins ceux que j'ai vus, de proclamer leur de coeur avec eux et même avec ceux que foi ou leur identité, soit comme Québécois, mes désaccords récents et malheureusement soit comme Canadiens ou les deux. Et il est publics m'ont appelé à contester. Il demeure bien clair que je suis aussi fier que que je les aime tous parce que nous avons n'importe qui de ce que je suis. Mais, ce vécu ensemble des moments absolument n'est pas de cette façon-là que j'aimerais exceptionnels, au moins pour moi, comme aujourd'hui me caractériser. expérience de vie. Il semble que ces mots, que l'on utilise Je veux remercier mes électeurs, bien tellement depuis quelques années au Québec, sûr, sans eux rien ne serait possible, pour la sont devenus moins des points de ralliement quantité de leur appui. Je crois que c'est que des bâtons dont on se sert pour une chose qu'il faut souligner ici. Je laisse assommer l'adversaire. Et à ce moment-là, 192 leur utilité dans la vie publigue a fortement collaboration et sur son appui, surtout dans diminué. La patrie c'est un peu comme les les moments les plus difficiles, et je lui en parents. On les aime de tout son coeur, mais garde un souvenir très reconnaissant. on ne les a pas choisis. Je crois qu'il est Nous avons pu constater, en l'écoutant plus important, dans la vie politique tantôt, qu'il n'y avait qu'un point faible dans d'aujourd'hui, de se caractériser par des son allocution, c'est lorsque je l'ai entendu valeurs qu'on choisit plutôt que par des commencer à adresser des remerciements au valeurs dont on hérite. Il me semble que les parti ministériel. Je me suis dit que c'était valeurs qu'on doit choisir à ce moment-ci mieux que ce soit vous qui le fassiez que sont des valeurs de démocratie. Ce qui me moi. Nous avons pu apprécier, une fois de frappe, de l'expérience politique que j'ai eue, plus, cet heureux mélanqe d'esprit libéral et c'est que nous sommes tous, dans cette d'ouverture sociale. C'est, je pense, la enceinte, désireux d'introduire la démocratie caractéristique principale du député de Saint- partout: dans nos écoles, dans nos usines, Laurent, et celle que notre parti essaie dans nos hôpitaux. Mais nous soucions-nous d'apporter au déroulement de la vie publique suffisamment de la faire vivre ici, à chez nous. Cette synthèse que nous apportait l'Assemblée nationale? En dehors des tous les jours, dans ses contributions à no. périodes électorales, ne nous sommes-nous débats, le député de Saint-Laurent nous jamais posé la question à savoir si nous manquera beaucoup. vivons encore, ou déjà, en démocratie? Je Je pense qu'il sera très difficile à crois que c'est là une valeur que l'on peut remplacer, non seulement de ce côté-ci de la choisir, et qui est peut-être notre plus Chambre, mais dans toute l'Assemblée précieuse. nationale. Il nous apportait une culture, une Je veux également parler d'une autre ouverture d'esprit, une rigueur intellectuelle, valeur que, personnellement, j'ai choisie, et surtout une pratique civilisée des relations qui, je pense, est une valeur essentiellement d'adversaires qui sont la loi même de nos québécoise, aussi, et canadienne. Je me rapports en cette Chambre, ce qui a permis définis comme un libéral, non seulement au de garder nos débats à un niveau très élevé sens partisan du terme, mais au sens et qui nous a aidés tous ensemble à aller au philosophique également. Il est très difficile fond des difficiles problèmes sur lesquels de dire ce que c'est, en termes positifs, nous étions appelés à nous pencher. mais il est abondamment clair quand on Je voudrais signaler aussi l'intégrité essaie de préciser ce que ce n'est pas, parce personnelle absolument exemplaire du député qu'on en a, tous les jours, des exemples sous de Saint-Laurent. On parle souvent de la les yeux. Malgré tout, pour essayer d'être pauvre considération dans laquelle les positif dans cette définition, et bref, je crois hommes publics sont tenus. Si nous en avions que cela consiste dans la détermination de davantage qui donnaient le même exemple traiter nos concitoyens, nos semblables que le député de Saint-Laurent a donné comme des êtres humains, plutôt qu'à travers pendant des années, peut-être les hommes le voile des étiquettes, qu'il s'agisse publics seraient-ils encore plus appréciés de d'étiquettes religieuses, politiques ou autres. leurs concitoyens. Il faut apprendre à regarder les hommes et M. Forget a corrigé lui-même une les femmes pour ce qu'ils sont et ce qu'elles erreur qu'avait faite le premier ministre plus sont plutôt qu'à travers le prisme déformant tôt quand il a laissé entendre qu'il quittait des groupes, je pourrais dire des troupeaux le parti. Il a bien dit, je le rappelle à auxquels on voudrait qu'ils appartiennent. l'intention du premier ministre, qu'il demeure Il me semble que c'est dans le culte, la attaché à son parti. Nous comptons beaucoup recherche de ces valeurs que l'on peut sur lui pour l'avenir. Nous savons qu'il pourra choisir non seulement individuellement, mais nous servir dans des rôles différents, sous collectivement, que repose l'avenir du des formes que nous ne connaissons pas Québec et l'avenir de nous tous. Merci, M. encore. Mais j'ai été heureux de l'entendre le Président. rappeler l'attachement qu'il conserve pour le parti qui lui a permis de fournir une Le Président: M. le chef de contribution si utile et si appréciée à la vie l'Opposition. publique. Nous perdons tous, de ce côté-ci de la M. Claude Ryan Chambre, un ami qui savait être franc avec nous, qui savait faire part de ses divergences M. Ryan: M. le Président, c'est toujours directement et parfois publiquement, mais un jour triste pour nous tous quand un des toujours avec une très grande honnêteté. Je nôtres nous quitte. Cela l'est doublement pense que c'est un élément qui nous fera aujourd'hui, étant donné la qualité et l'apport défaut dans nos travaux de l'avenir. exceptionnel à nos travaux du député de Je perds personnellement un ami en Saint-Laurent, qui vient de nous faire part cette Chambre que j'espère conserver en de sa démission. Depuis mon entrée dans la dehors de la Chambre. Je voudrais dire à M. vie politique, j'ai pu compter sur sa Forget, au moment où il nous quitte, que je 193 lui souhaite bonne chance dans la nouvelle a toujours été en éveil en ce qui concerne orientation qu'il choisira de prendre. les valeurs qu'il nous a soulignées, et je sais J'adresse ces voeux également à l'épouse de que cela est vrai. Il a toujours été partisan Claude Forget, Monique, qui est assise dans de l'autonomie de nos institutions les galeries, qui a été une précieuse démocratiques, en faisant un fondement de la compagne pour lui et pour nous, ainsi qu'à sa démocratie. Je pense que c'est ce que nous famille. Je vous souhaite à tous bonne essayons de faire aussi, mais - c'est chance et merci pour votre précieuse quelqu'un qui nous le rappelait avec beaucoup collaboration. d'éloquence, qui nous quitte - je me souviens que, tout récemment, dans un débat, il disait Le Président: M. le premier ministre. ceci: "Nous défendons aussi la démocratie au Québec, ce qui inclut particulièrement le M. René Lévesque droit du peuple du Québec de se tromper démocratiquement dans le choix de son M. Lévesque (Taillon): M. le Président, gouvernement et dans l'adoption de lois que très simplement et très franchement, je dirai nous réprouvons, en tout ou en partie, mais au député de Saint-Laurent, au nom du que nous devons respecter avant de les groupe ministériel de ce côté-ci, que, pour changer, justement parce que ces lois sont le des raisons moins critiques que celles qu'il a produit de nos institutions démocratiques." employées pour nous féliciter tout à l'heure, C'est une très bonne définition, de la part on va regretter sa présence nous aussi. de quelqu'un qui est dans l'Opposition, d'un Je crois que malgré les divergences fondement, qui est celui même de la profondes qu'il y avait entre nous, qui démocratie. demeurent à beaucoup de points de vue, on Pour ce qui est du libéralisme, je vais se doit de saluer en lui un des députés lui laisser la tâche d'essayer d'en retrouver libéraux les plus soucieux, constamment la définition exacte au dix-neuvième siècle, depuis son élection en 1973, de l'intérêt du parce que cela s'est quelque peu émoussé Québec. Je sais qu'il y avait un certain depuis ce temps-là, mais je pense que la désabusement, en ce qui concerne Québec- valeur fondamentale que j'ai cru reconnaître Canada, tout à l'heure dans ses propos, mais dans les propos du député de Saint-Laurent, je crois que le député de Saint-Laurent ne encore aujourd'hui, c'était quelque chose qui pourra pas s'empêcher de se faire rappeler tourne autour des libertés et des droits de très souvent des propos qui tranchaient à l'homme, c'est-à-dire de la place centrale l'occasion avec ceux de son parti, mais des que doit occuper l'individu dans toute société propos nettement québécois qu'il a tenus qui se prétend démocratique. surtout aux moments difficiles et Seulement, nous croyons aussi - et je particulièrement dans des moments récents. pense que le député de Saint-Laurent, peut- Je pense qu'on est tous conscients du être un peu désabusé, a oublié de faire le fait que, comme haut fonctionnaire, et, lien - qu'en même temps que sont depuis 1973 comme député et aussi ministre prioritaires et absolument fondamentales ces pendant quelques années, il a accompli un libertés de l'homme, du citoyen, de la travail, en particulier dans le secteur social, femme, il fait partie d'une société et il a qui est un chapitre, pour autant qu'il a pu également des droits collectifs. Quand ces arriver à des décisions - certaines décisions droits collectifs sont brimés, il y a ont été marquantes - qui restera à son forcément un côté vases communicants qui honneur. fait que tout le monde, finalement, peut être En tout cas, c'est un député qui, à affaibli. Cela, c'est ce côté québécois que cause de son expérience et de son talent, je nous avons, nous, en ce qui concerne la dois le dire, tranchait sur le paysage que patrie - je vais reprendre le mot du député nous avons devant nous à l'Assemblée de Saint-Laurent - en disant que, pendant le nationale. La générosité avec laquelle il a débat qui nous a menés à la motion du 2 fait, tout à l'heure, la description de cet octobre, et même avant, en 1977, quand il entourage nous prouve - une chose dont on conseillait fortement aux libéraux fédéraux pouvait douter parfois tellement il y avait de ne pas venir se mêler du référendum du une sorte de contrôle cartésien dans ses Québec, et quand, après le 13 avril, M. propos - que, malgré tout ce bon contrôle, il Forget attribuait aussi la défaite de son lui arrive parfois de laisser le coeur dominer parti à l'intervention des libéraux fédéraux sur la raison. sur des plans qui ne les regardent pas dans En tout cas, avec lui, la Chambre perd une démocratie bien équilibrée, dans un sûrement un des meilleurs éléments d'une système fédéral, si on veut, bien équilibré, Opposition qui pourrait difficilement survivre c'était sa dimension québécoise aussi et celle à quelques pertes de ce genre et même de nos droits collectifs qui surnageaient. celle-là, je pense qu'elle va être sentie Sur ce point et sur bien d'autres, je cruellement. C'est beaucoup de talent, pense qu'il a vu plus clair que l'ensemble de beaucoup d'expérience qui quittent le Parti son parti et c'est pour cela que nous allons, libéral en même temps qu'une conscience qui nous aussi, regretter son départ, en lui 194 souhaitant, à lui et à sa famille, la meilleure familiales, dont on parle quelquefois de chance possible, le meilleur succès possible l'autre côté, et aux garderies qu'on oublie dans l'avenir, la chance de se reposer un peu souvent, de l'autre côté. Je pense à la et beaucoup de bonheur. Merci, M. le gratuité des soins dentaires pour les enfants, Président. dont on veut s'attribuer le mérite de l'avoir prolonqée un peu moins qu'on l'aurait fait Le Président: M. le leader de nous-mêmes. Je pense, en particulier, à l'Opposition officielle. toutes ces constructions de centres d'accueil pour les personnes âgées, aux médicaments M. Gérard D. Levesque pour les personnes âgées; tout cela a été mis en place par un homme comme Claude M. Levesque (Bonaventure): M. le Forget et l'équipe qui l'a appuyé d'une façon Président, on me permettra, brièvement, non équivoque. d'ajouter ma modeste voix à celles que nous J'aurais aimé, avant de terminer, parler avons entendues jusqu'à maintenant pour, en de Claude Forget comme de celui qui n'a quelque sorte, me faire l'écho de tous ceux pas terminé une mission, mais qui commence qui ont connu Claude chez les collègues de une nouvelle carrière. Je suis convaincu, l'Assemblée nationale, mais plus jeune comme il est, avec le bagage particulièrement ceux qui ont travaillé avec intellectuel qui le suit - on n'a pas à sous- lui au cours des années où il arrivait à la estimer tout le bagage académique dont il a politique active, et plus particulièrement bénéficié quand il était plus jeune, que ce lorsqu'il a contribué d'une façon aussi soit dans les grandes institutions comme significative au développement social, à la l'Université de Montréal, la London School of promotion de ce développement, et cela, à Economics, l'Université John Hopkins et cela, l'égard particulièrement des moins nantis au dans le domaine des sciences économiques, Québec. des finances, du droit - qu'il est fort bien M. le Président, on pourra énumérer ou préparé, ayant en plus une vaste expérience tenter d'énumérer les qualités de Claude qui va sûrement lui servir dans la poursuite Forget. Il y a tellement de mots ou de cette brillante carrière. tellement d'expressions qui nous viennent à Quant à nous, ses collègues, nous lui l'esprit: intégrité, honnêteté intellectuelle, souhaitons, avec le chef de l'Opposition, logique, puissance de l'analyse et de la bonne chancel Nous allons continuer de synthèse. Un homme d'une rigueur, d'une suivre sa carrière qui, sans doute, sera de logique admirables et qui a été, pour notre plus en plus fructueuse. Je vous remercie, M. formation politique, une inspiration véritable le Président. et, en même temps, quelqu'un qui a apporté une contribution pratiquement irremplaçable. Le Président: M. le leader du Le premier ministre fait présentement gouvernement. des siennes, il n'a pas pu s'empêcher d'en faire même au cours des quelques remarques M. Claude Charron qu'il a eu à faire il y a quelques instants. Je n'ai pas l'intention de le suivre sur cette M. Charron: II y a deux de mes route. Au contraire, puis-je rappeler l'estime collègues qui voudraient ajouter quelques extraordinaire que Claude a suscitée parmi mots, ce qui prouve l'estime que nous tous ses collègues, même lorsqu'on ne éprouvons pour celui qui nous quitte partageait pas nécessairement ses points de aujourd'hui. Je ferai donc mes remarques vue sur tous les sujets. Je me rappelle qu'au d'une manière très brève, d'autant plus que Conseil des ministres, nous avons eu je dois sans aucun doute avoir une l'occasion ainsi d'échanger fraternellement, hypothèque qui m'entoure à savoir que tout mais souvent virilement dans bien des le monde doit immédiatement ressentir le questions. soulagement que je vais ressentir à perdre un (15 h 40) aussi redoutable opposant que celui que le Je me rappelle également l'assiduité, la député de Saint-Laurent a été depuis cinq volonté manifestée par Claude Forget ans, en particulier, dans l'Opposition. Mais je lorsqu'il avait à présenter au Conseil des ne vous cache pas que ce genre de débat ministres ce qui a été un véritable héritage que nous avions avec lui va me manquer, pour le gouvernement actuel dans le domaine parce que cela rendait la victoire meilleure social. Il arrive quelquefois, la mémoire lorsqu'elle nous était réservée et aussi, étant courte, qu'on veuille attribuer à nos particulièrement, parce que chaque fois j'ai amis d'en face plusieurs des initiatives qui senti que le député de Saint-Laurent nous appartiennent à l'ancien gouvernement et, obligeait à aller au fond des choses. plus particulièrement, à celui qui est le Tout ce que je peux me permettre de titulaire du ministère des Affaires sociales. souhaiter, maintenant qu'il ira travailler pour Je ne peux faire autrement à ce le Québec mais dans un autre domaine, c'est moment-ci, très brièvement, comme je l'ai que celui qui le remplacer, son successeur indiqué, que de penser aux allocations aura la même rigidité et la même intégrité. 195

Mais là-dessus, les rumeurs sont plutôt Merci. mauvaises. Le Président: M. le député de Portneuf. Le Président: M. le ministre de l'Énergie et des Ressources. M. Michel Pagé

M. Yves Bérubé M. Pagé: Merci, M. le Président. Je voudrais être très bref moi aussi. Je voudrais M. Bérubé: M. le Président, j'ai vécu aujourd'hui rendre hommage à M. Claude deux longs "filibusters" avec le député de Forget, député de Saint-Laurent, ajouter ma Saint-Laurent et, certes, il a parfois des voix à celle de ceux qui m'ont précédé dans propos rudes, partisans, comme il se doit cette Chambre pour dire merci à Claude mais, si je l'ai estimé, ce n'est pas à cause Forget au nom des députés à l'Assemblée qui du ton qu'il a parfois pris dans nos échanges, auraient certainement le désir de prendre qui était toujours un ton vigoureux, mais aussi la parole. Merci au nom de tes digne, ce qui m'a toujours frappé, c'est la collègues, merci aussi de ceux qui ont eu la rigueur intellectuelle absolument remarquable chance de siéger avec toi, Claude Forget, et assez unique du député de Saint-Laurent. depuis 1973. Je dois dire, M. le Président, Il a une connaissance remarquablement que M. Forget était ministre des Affaires étendue de tout le gouvernement, il peut sociales. Je dois dire que nous étions traiter de tous les dossiers avec une facilité beaucoup de députés à l'époque et qui m'a toujours étonné. Je veux lui en probablement que les membres du cabinet rendre témoignage et lui dire à quel point aujourd'hui sont bien au fait des son départ sera une perte réelle pour représentations qui peuvent être formulées l'Assemblée nationale. par des députés. Je dois dire que, malgré Le député de Bonaventure soulignait que Claude Forget ait été celui qui a tantôt qu'il n'aura aucune difficulté à faire articulé, lancé toute une réforme profonde carrière avec le bagage intellectuel qui le de nos institutions sociales et des politiques suit. Je vous dirais, M. le Président, qui sont aujourd'hui en application au qu'effectivement, il ne doit plus rester Québec, Claude Forget a toujours été grand-chose de l'autre côté après. Merci. préoccupé des besoins des députés et sensible à ces besoins. M. Johnson (Anjou): M. le Président. Malgré que celui-ci pouvait être occupé à de grandes réformes, il avait toujours le Le Président: M. le ministre des temps d'écouter les députés sur les Affaires sociales. représentations qu'ils avaient à lui formuler. J'ai eu le privilège, au lendemain de 1976, M. Pierre-Marc Johnson de connaître plus étroitement M. Forget qui, à l'époque, était porte-parole du travail. M. M. Johnson (Anjou): M. le Président, Forget, comme plusieurs ont eu l'occasion de très brièvement, je voudrais, à l'occasion du le signaler, a eu pendant ces années, à départ du député de Saint-Laurent, saluer intervenir, à conseiller, à recommander et à chez Claude Forget un artisan et un formuler des opinions sur à peu près tous les forgeron, en même temps qu'un artisan du dossiers qui peuvent intéresser une aile développement du système de dispensation de parlementaire et qui forme l'Opposition soins de santé et de services sociaux au officielle à l'Assemblée nationale. Au nom Québec au cours de la dernière décennie à des députés libéraux, je voudrais remercier laquelle il aura essentiellement participé, M. Forget pour sa grande contribution aux tantôt comme sous-ministre, tantôt comme travaux depuis 1976 et aussi évidemment de ministre. Il aura eu l'occasion, lors de ces 1973 à aujourd'hui. C'est un homme de grand années au service du Québec, de pousser de jugement, un homme qui a fait beaucoup l'avant des mesures, par exemple, comme la pour le Québec, qui a fait beaucoup pour le réforme des allocations familiales mise sur Parti libéral du Québec, qui a donné pied, on s'en souviendra, en 1967. Il aura, beaucoup de son temps et qui a investi par la suite, comme parlementaire de beaucoup de son capital humain pour le l'Opposition, fait preuve de cette rigueur comté qu'il a si dignement représenté à déjà évoquée et qui a toujours donné lieu, l'Assemblée nationale. Je voudrais dire à particulièrement en commission Claude et à son épouse, Mme Forget, bonne parlementaire, à des échanges extrêmement chance. stimulants au cours desquels il a su marquer ses interventions par ce que j'appellerai un Le Président: En vertu du règlement, je humour discret. me dois de vous appeler Claude Forget. Vous Je lui souhaite de trouver dans sa avez la parole. nouvelle carrière mesure à sa mesure, dans une tâche qui correspondra également à ses aspirations et à ses convictions profondes. 196

M. Claude Forget où nous reprendrons le débat sur le discours inaugural. Celui-ci devrait finir, à moins de M. Forget: M. le Président, je serai délais additionnels, quelque part aux très bref. Je ne sais pas qui a dit que j'étais alentours de jeudi, 18 heures. Dans les modeste, mais je trouve très agréable ce que projets de la semaine, j'ai l'intention j'entends depuis quelques minutes. Mon seul d'appeler le discours sur le budget, jeudi regret, c'est que nous n'ayons plus autant de soir, à moins qu'autre chose ne se présente. partis politiques représentés à l'Assemblée J'en donne tout de suite l'indication pour que nationale qu'autrefois, parce qu'il était chacun puisse planifier la semaine en coutumier, bien sûr, que le chef de chacune conséquence. des formations y aille de ses commentaires. J'étais, quant à moi, M. le Président, prêt à Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le écouter longtemps de pareilles choses, mais, député de Berthier. blague à part, je suis très sensible aux sentiments - je n'en ai nul doute - sincères Recours à l'article 34 de part et d'autre qui ont été exprimés. (15 h 50) M. Houde: M. le Président, en vertu de Je ne prendrai pas plus du temps l'article 34. Ma question s'adresse au leader précieux de l'Assemblée nationale pour vous du gouvernement. M. le leader du exprimer à la fois l'immense privilège que je gouvernement, pourriez-vous vous informer sais avoir eu d'être partie de cette auprès du ministre du Travail ou de son institution, d'avoir travaillé avec vous tous, adjoint parlementaire, à la suite de la et ma reconnaissance et mon appréciation question qui a été posée la semaine dernière pour la façon extrêmement gentille avec au sujet du traversier Berthier-Sorel? Je laquelle vous me souhaitez bonjour et bonne répète la question: "Nous sommes déterminés chance. C'est un voeu que je vous retourne qu'à défaut de règlement, suite à cette le plus cordialement possible. Merci. médiation extraordinaire des droits des douze syndiqués et des usagers de la traverse, si le Le Vice-Président (M. Rancourt): Nous dépôt du rapport de médiation n'apporte pas allons suspendre pour quelques minutes. de solution d'ici la fin de semaine, nous allons prendre les mesures qui s'imposent." (Suspension de la séance à 15 h 51) J'aimerais bien, demain matin, que le bateau recommence à traverser. S'il vous plaît, qu'entendez-vous faire, M. le leader du (Reprise de la séance à 15 h 52) gouvernement?

Le Vice-Président (M. Rancourt): À M. Charron: Je vais me contenter, pour l'ordre, s'il vous plaît! l'instant, d'informer le député de Berthier Avis à la Chambre. M. le leader que le sujet est à l'ordre du jour du Conseil parlementaire. des ministres demain matin. Après la période des questions ou à la période des questions M. Charron: M. le Président, il y a un demain après-midi, s'il veut adresser une étranger dans la Chambre. question au ministre du Travail, de la Main- d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, celui- Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le ci sera probablement en mesure de lui faire leader parlementaire. état de la décision du Conseil des ministres. M. le Président, l'article 1 du Avis de la Chambre feuilleton.

M. Charron: M. le Président, l'avis que Reprise du débat sur le message j'ai à donner à la Chambre est le suivant: inaugural et la motion de censure Nous poursuivons, évidemment, le débat sur le discours inaugural dans quelques instants, Le Vice-Président (M. Rancourt): jusqu'à 18 heures. Nous allons reprendre ce Reprise du débat sur le message inaugural et soir, de 20 heures jusque vers 21 heures, sur la motion de censure. La parole est au autant que possible 21 heures, le plus précis député de Chambly. possible, pour suspendre le débat sur le discours inaugural, recevoir un message du M. Luc Tremblay lieutenant-gouverneur en ce qui concerne les crédits supplémentaires et écouter ensemble M. Tremblay: M. le Président, certains un discours sur le budget supplémentaire du des membres de l'Opposition qui se sont ministre des Finances. Nous entendrons par adressés à cette Chambre, depuis le début du la suite - ce discours sera, me dit-on, assez débat sur le discours inaugural, ont manifesté bref - selon le règlement, la réplique de l'impatience, de l'irritation, voire de immédiate de l'Opposition, puis nous l'indignation, parce que les députés et suspendrons nos travaux jusqu'à demain matin ministres du Parti québécois, c'est-à-dire les 197 membres de cette Assemblée, siégeant du debout qu'on est fort. côté ministériel, ont démontré par leurs (16 heures) propos une préoccupation qui apparaît bien À ceux qui disent qu'on a été faible, je légitime pour tous ceux qui comprennent les dirai bien humblement que notre faiblesse implications qu'aurait pour le Québec lors de cette négociation provenait du fait l'application du projet Trudeau-Chrétien, soit que le 20 mai 1980, le peuple québécois a le projet de rapatriement de la constitution. dit non, et ceci, parce qu'il a cru les Il est évident que l'Opposition libérale partisans du non, parce qu'il a cru M. n'a pas saisi l'importance, tant économique Trudeau, parce qu'il a cru M. Chrétien et que culturelle, que revêtent les récentes qu'il a cru les gens d'en face. Oui, si on a décisions prises par les dix gouvernements été faible, c'est parce que les libéraux ont anglophones, en cachette, la nuit, comme des voulu faire passer leurs intérêts partisans gens honteux de ce qu'ils tramaient. Nos avant l'intérêt de la nation. Avant toute amis d'en face n'ont pas compris qu'on ne chose, si vous voulez regaqner une certaine pouvait poursuivre des négociations sur cette crédibilité face à la population, vous devrez base sans risquer d'enlever des droits au reconnaître que vous avez eu tort au mois Québec, des droits que nos ancêtres, depuis de mai 1980 de dire non, de faire confiance 1760, avaient péniblement et durement acquis à M. Trudeau. Maintenant, au lieu de à force de sacrifices et de luttes. reconnaître que vous avez eu tort, vous Tout à coup, en l'espace d'une nuit, on louvoyez, vous finassez. On ne sait même voudrait nous enlever ces droits si chèrement pas encore quel bord le chef de l'Opposition acquis. Les libéraux d'en face, aveuglés par va prendre, le Québec ou Ottawa. En l'espoir de reprendre le pouvoir, poussent attendant, il est en train de se perdre dans leur chef officiel qui, afin de conserver son ses contradictions, même dans sa motion de poste, participe à cette infamie en nous blâme. Il réussit en dedans de deux lignes à disant, avec les autres membres de se contredire. En effet, il blâme le Parti l'Opposition: Si vous avez perdu nos droits, québécois par sa motion de censure. Je vais c'est votre faute, vous avez mal joué. Mais vous en citer des extraits, cela vaut la comment peut-on réagir d'une façon aussi peine. Vous allez voir comme c'est cavalière, face à la perspective de perdre incohérent. Voici un extrait de la motion: nos droits? Ce n'est pas un jeu, c'est Que cette Assemblée blâme très sévèrement sérieux, ce n'est pas un outil pour gagner ou le gouvernement du Parti québécois pour conserver le pouvoir. Nos droits, c'est la clé avoir sacrifié à ses objectifs souverainistes le de notre survie. Dans ce sens, M. le droit de veto du Québec en matière Président, je dirais, après en avoir discuté d'amendement constitutionnel. avec nombre de mes concitoyennes et Est-ce que le chef officiel de concitoyens, que la grande majorité, pour ne l'Opposition, s'il ne veut pas ou s'il ne peut pas dire la totalité, des Québécoises et pas, est-ce que le vrai chef pourrait nous Québécois a toujours cru et croit encore que dire comment, en modifiant ce droit de veto, ce dont le Québec a besoin pour son c'est-à-dire la possibilité de bloquer les épanouissement, ce n'est pas moins de décisions que le reste du Canada pourrait pouvoirs mais, bien au contraire, des pouvoirs considérer comme nécessaires pour son accrus que nous étions en droit d'espérer, épanouissement et en échangeant ce droit parce que c'était légitime, bien sûr, mais pour une formule qui respectait à la fois et aussi parce qu'on avait donné un minimum de le Canada et le Québec, est-ce qu'on crédibilité aux paroles du premier ministre pourrait nous dire comment, dis-je, ce du Canada lors du référendum. faisant, le gouvernement du Parti québécois Mais encore une fois, les Québécoises faisait progresser l'option qui nous paraît et les Québécois ont été trahis par le père toujours et de plus en plus la seule des mesures de guerre de 1970, par celui possibilité pour permettre à la fois au qui, consciemment, a fait emprisonner 550 de Canada et au Québec de s'épanouir dans nos frères et soeurs, sans mandat, sans l'harmonie, c'est-à-dire la souveraineté du raison autre que l'espérance de nous casser, Québec et une association librement de nous faire mal. Bien sûr, ça nous fait mal consentie par les pays qui pourraient y de voir que c'est l'un des nôtres qui est trouver avantage? l'exécuteur au service de ceux qui veulent à Puisque nous parlons de la motion du tout prix nous aliéner. Mais ça ne se passera chef de l'Opposition, je vais continuer de pas comme cela. Il y en a eu d'autres, dans vous en parler. Elle se poursuit en ces l'histoire, qui ont essayé mais, toujours, on a termes: "... pour laisser se dégrader la su résister et réagir; chaque fois, on en est situation - c'est le vote de blâme sorti plus forts, plus unis. Cette fois encore, financière du Québec et pour ne proposer on va se relever les manches. On va aucune mesure concrète et efficace visant à maintenant, encore une fois, tenter de vous améliorer la situation économique des convaincre vous, Québécois et Québécoises de Québécois." l'Opposition qui siégez ici à Québec. On Y a-t-il un gouvernement qui a pris des finira bien par vous convaincre que c'est mesures concrètes aussi sérieuses que le 198 présent gouvernement pour redresser une rétroactivité au 1er mai 1981. Vous allez situation créée en grande partie par des nous blâmer aussi de donner une impulsion décisions sur lesquelles tout contrôle nous nouvelle à la construction? échappe, des décisions prises par le Je ne vais pas énumérer toutes les gouvernement canadien? De plus, cela saute actions qu'on va prendre une par une, ce aux yeux que dans le discours inaugural du serait trop long, mais je voudrais terminer premier ministre, on prend plusieurs mesures en soulignant que le discours inaugural parle concrètes visant à améliorer la qualité de la de deux sommets économiques régionaux pour vie économique des Québécois et des Québec et la Mauricie. C'est une autre Québécoises. action de notre gouvernement qui a donné Si l'Opposition refuse de voir la vérité, des résultats tellement impressionnants que avec votre permission, je vais prendre toutes les régions du Québec en réclament quelques instants pour souligner quelques maintenant. Vous ne pourrez quand même pas mesures concrètes qu'on entend prendre nous blâmer de permettre à tous ceux qui d'abord pour les jeunes: le bon d'emploi de ont un intérêt dans le développement 3000 $ qui sera remis aux moins de 25 ans, économique d'une région de s'asseoir détenteurs d'un diplôme secondaire et sans ensemble pour s'entendre. travail depuis six mois, cela pour mettre fin Oui, je sais que le rôle de l'Opposition, au cercle vicieux, pas d'emploi pas c'est de s'opposer, mais il faut être sérieux d'expérience, pas d'expérience pas d'emploi. et arriver avec du concret. La semaine C'est un engagement électoral qu'on va dernière, à la suite de ces critiques de réaliser tout de suite. Cela va aider les l'Opposition, nous avons demandé si elle jeunes, et en même temps, les petites avait des suggestions contructives à nous entreprises qui vont les embaucher. faire. Elle a été incapable de nous soumettre On va continuer à aider ceux qui la moindre parcelle de ce qui pourrait être veulent s'établir en agriculture, les jeunes. une contribution positive de sa part au On va faire cela de différentes manières. Le développement économique du Québec. Où premier ministre a annoncé une mesure dans est la rigueur que l'on connaissait à cet le discours inaugural, c'est-à-dire le prêt homme au moment où il n'avait pas à sans intérêt de 50 000 $ pendant cinq ans. s'accrocher à son poste? C'est aussi un engagement électoral de notre Nous, nous sommes constants avec parti. Je comprends que cela vous gêne, nous-mêmes, avec le peuple québécois. On a messieurs de l'Opposition, et que vous conservé - et ceci malgré cet effort bien voudriez minimiser l'importance de cette orchestré pour nous les faire oublier - les mesure, mais nous, on sait comment c'est demandes traditionnelles du Québec. On important l'agriculture pour notre économie. continue à revendiquer. L'Opposition est L'Opposition va nous blâmer pour cela par sa prête à tout jeter par dessus bord pour faire motion. plaisir à M. Trudeau, pour faire plaisir au Dans un autre domaine, on va prendre grand frère qui les traite de tous les mots action par un nouveau programme de quand il n'est pas content. Oui, nous stimulation des activités de recherche et de continuons et nous allons continuer de développement pour les industries de pointe, réclamer la compétence exclusive sur des c'est-à-dire l'informatique et la télématique, domaines considérés comme vitaux par les et vous allez nous blâmer pour cela, ex-premiers ministres du Québec, dont messieurs de l'Opposition? Il me semble que Robert Bourassa, qui est en train de renaître c'est un bien meilleur investissement que le de ses cendres. stade inachevé dont on a hérité du Oui, on continue de réclamer que les gouvernement du Parti libéral, une vraie communications, la sécurité sociale et tout patate chaude! le droit de la famille soient de notre Un ministre du commerce extérieur, il compétence. C'est le mandat qu'on a reçu de faut bien prendre action, le fédéral dort la population, mais c'est aussi notre devoir depuis trop longtemps là-dedans. On en a eu de rappeler que ce qui est intéressant, que la preuve, le pourcentage des ventes du les bons jobs dans l'automobile, par exemple, Canada à l'exportation baisse constamment. ou la machinerie lourde, c'est pour l'Ontario. Ce n'est pas moi qui le dis, c'est un comité Pour nous, c'est le textile, le vêtement, le du gouvernement du Canada qui le reconnaît. meuble, la chaussure et le bien-être social. Il faut prendre action. Ne nous blâmez pas Ils se gardent la "national oil policy". de croire qu'on n'est jamais mieux servi que On pourrait vous donner des exemples par soi-même. C'est un autre enqagement dans l'habitation et les afffaires urbaines. électoral propre à aider l'économie. Je sais Dans l'agriculture, il y en aurait trop à dire, que vous n'aimez pas cela, mais on va vous mais soulignons seulement le saccage par le le rappeler, on va surtout le rappeler à la fédéral de nos meilleures terres agricoles au population. Québec, un vol de 96 000 acres de bonne Oui, il y a un autre engagement, c'est terre alors que 17 000 acres auraient suffi le programme d'accès à la propriété qui va pour Mirabel. Mais ne parlons pas de entrer en vigueur en décembre avec une l'aéroport, cela pourrait ouvrir un autre très 199 long débat juste avec cela, parlons plutôt des a eu un progrès indéniable, mais je me 37 000 000 $ par année que nous coûte la demande si ce progrès a atteint le domaine GRC, pour un service qu'on ne reçoit même de la volonté politique. Ce qui peut pas. C'est un bel exemple de la formule simplement vouloir dire que les gens les plus d'"opting out" que ces gens nous proposent. dynamiques ne sont pas allés dans la fonction Quant au bilinguisme qu'on nous publique et même en politique. Il précise, promet, on se fout de nous. Cela fait l'instant après: Pour moi, c'est une autre presque douze ans que la Loi sur les langues étape, il y a un processus irréversible. officielles est adoptée et allez voir ce qui se Pourquoi un groupe humain qui a un sens passe dans la fonction publique à Ottawa. d'identité indéniable, des compétences, des Par exemple, le 10 juillet 1981 - ce n'est moyens d'action qu'on apprend à utiliser, des pas bien loin - le Devoir disait: budgets énormes, qui a le droit de prendre "Pratiquement aucune institution fédérale sa place comme collectivité distincte, n'est en règle avec la loi du bilinguisme." pourquoi ce groupe s'arrêterait-il en chemin? Voilà comment Ottawa respecte ses propres Il ne faut pas dramatiser à l'infini. lois. Et moi personnellement, j'ajouterai Qu'est-ce qui nous attend avec la qu'ils peuvent bien se mettre à deux, à fameuse constitution rapatriée? Le passé est quatre, à dix, pour passer malgré nous leur garant de l'avenir. L'avenir pour nous charte, leur rapatriement. Ils peuvent bien Québécoises et Québécois, dans un tel faire n'importe quelle loi, moi je sais que les carcan, est loin d'être rose. Face à tout cela Québécois et les Québécoises ne respecteront les gens d'en face n'ont pas changé. Chassez jamais des actions qui sont prises par les le naturel, il revient au galop. Eh oui! cela autres, des actions qui nous regardent, nous n'a pas duré longtemps leur stratégie visant et où on n'a rien à dire. Ils pourront bien à faire croire qu'ils sont Québécois d'abord. signer tous les contrats du monde, ils ne (16 h 10) peuvent quand même pas nous faire signer Je l'ai déjà dit et je vais le redire: malgré nous une patente dont on ne veut S'ils veulent démontrer qu'ils tiennent aux pas. Au lieu de tout ça, je crois que c'est le intérêts des Québécois et des Québécoises, temps d'arrêter de perdre notre temps et nos ils devront faire plus que troquer le drapeau énergies à combattre les empiétements et les du Canada pour celui du Québec sur les re- manoeuvres d'Ottawa. C'est le temps de nous vers des vestons; il faudra qu'ils cessent de occuper vraiment de notre développement défendre le gouvernement du Canada contre économique, de créer des emplois et de les attaques constantes pour nous enlever nos travailler en français ici. C'est le temps de droits et l'argent qui nous reviendra; il rapatrier au Québec les pouvoirs et les faudra qu'ils appuient le gouvernement du moyens nécessaires pour combattre Québec dans ses revendications minimales l'inflation, le chômage et la pauvreté. C'est que sont nos demandes traditionnelles. Il le temps de se donner au Québec le pouvoir faudra enfin qu'ils admettent avec nous que d'adapter les mesures sociales qui le Québec doit être aussi français que correspondent vraiment à nos besoins. C'est l'Ontario est anglais. le temps de contrôler toutes nos lois, tous En conclusion, M. le Président, je nos impôts et toutes nos institutions; c'est le voudrais citer un historien québécois temps de prendre en main notre propre respecté, M. Michel Brunet, qui répondait destinée. Merci. aux questions du journaliste de la Presse, Jacques Benoît, dans la Presse de samedi Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le dernier. Et je vous cite l'extrait de la député de Jean-Talon. question comme de la réponse. Le journaliste, M. Benoît, demandait à M. M. Jean-Claude Rivest Brunet: Mais le Québec est-il coincé, dans le cas des résultats des négociations M. Rivest: Les dernières paroles de constitutionnelles? Le Québec n'est-il pas notre collègue, lorsqu'il disait: C'est le coincé, ne se retrouve-t-il pas dans un état temps pour le Québec de s'affirmer, de de faiblesse plus grand que jamais qui prendre en main sa destinée, comme il le empêcherait tout retournement du genre? disait, c'est le temps pour le Québec de Mais Michel Brunet, encore là, a des vues s'occuper de son développement économique, qui tranchent nettement avec ce qu'on c'est le temps pour le Québec, j'imagine entend à l'heure actuelle, car, pour lui, le également, de donner peut-être davantage au Québec n'est guère plus coincé qu'il ne l'a moins bien nantis de notre société, c'est bien déjà été. On a toujours été coincé, on l'est là, M. le Président, le problème fondamental depuis la conquête. Plus faible alors? Je ou enfin l'enjeu du présent débat, parce que réponds non, c'est toujours Michel Brunet qui ce temps-là, dont le député de Chambly parle. L'équipement mental est plus avancé, vient de parler, il existe, il existait pour le on a des compétences dans tous les gouvernement actuel depuis 1976. Cela fait domaines, le Québec a des ressources cinq ans que le gouvernement du Parti humaines et matérielles qu'il n'avait pas. Il y québécois est à la gouverne des affaires du 200

Québec et la grande constatation, quelles que Cet après-midi, de nouveau j'entendais, soient l'interprétation que l'on puisse donner, comme en fin de semaine - malgré qu'à les justifications plus ou moins bien fondées l'Assemblée nationale nous devions convenir que l'on évoque au cours de ce débat et que que le premier ministre a pris un langage qui les porte-parole du Parti québécois répètent ressemblait davantage à celui du premier à satiété, c'est que dans tous les domaines, ministre alors qu'en fin de semaine il a y compris, d'une façon cruellement dérisoire, utilisé un langage tout à fait inadmissible et dans le domaine culturel et dans le domaine qui constitue, à mon avis, une insulte à constitutionnel, le Québec n'a jamais été l'intelligence des Québécois - le premier aussi faible que depuis l'arrivée au pouvoir ministre refuser de négocier sur les trois du gouvernement du Parti québécois; le points essentiels qui sont encore en cause Québec s'est affaibli sur tous les plans. dans le dossier constitutionnel. Finalement, il Sur le plan constitutionnel, jamais le ne fait qu'exprimer sa propre volonté, sans Québec n'a accusé un recul aussi significatif le dire - parce qu'encore une fois il ne que celui-là, même que ce que les trouve môme pas le courage de le dire - négociateurs péquistes ont négocié dans le d'engager le Québec sur la voie de la présent dossier de révision constitutionnelle séparation politique du reste du Canada. c'est une perte du droit de veto du Québec. Dans un certain sens, je pense que tous On peut évoquer les responsabilités des uns les Québécois le comprennent de ne pas et des autres, il reste qu'il y a la vouloir négocier des positions et un contenu, responsabilité du gouvernement du Parti dans le domaine des droits linguistiques, qui québécois et, à ce titre-là, il ne peut refiler aillent dans l'intérêt du Québec et du cette responsabilité à d'autres. Canada, des Québécois et des Canadiens. On Quelle est la raison fondamentale? comprend qu'il adopte la même attitude de Pourquoi donc un parti qui est fondé sur une refus de négocier lorsqu'il s'agit de la liberté vision ou une conception de l'avenir de circulation des gens dans le pays. On le constitutionnel du Québec a-t-il conduit le comprend également lorsqu'il refuse de Québec à une impasse? Pourquoi a-t-il néqocier des choses essentielles au niveau de affaibli le Québec dans ce domaine vital la compensation financière parce qu'il sait pour notre avenir? La raison que tout le très bien, compte tenu des propositions que monde évoque et que, j'espère, l'on va le chef de l'Opposition a formulées, compte découvrir chez nos amis d'en face, c'est tenu des ouvertures extrêmement positives cette ambiguïté fondamentale, ce jeu de qu'a faites le premier ministre du Canada, il politiciens et d'opportunisme auquel le Parti sait très bien que n'importe quel homme québécois s'est livré autour de ce qui est sa raisonnable, conscient de ses responsabilités raison d'être, c'est-à-dire la souveraineté et de Québécois et de Canadien, en arriverait l'indépendance du Québec. dans le cadre de ces négociations à une On a maintes fois souligné ce entente et signerait un document qui serait changement de langage, de discours un point de départ extrêmement constructif probablement évoqué par les fins stratèges sur la voie du renouvellement de la du Parti québécois où on est passé, on l'a fédération canadienne. souligné à plusieurs reprises, de l'idée (16 h 20) d'indépendance à celle de souveraineté, de Or, le premier ministre du Québec ne l'idée de souveraineté à celle de peut actuellement signer un tel document et, souveraineté-association. Là, on a fait état ne pouvant signer un tel document, lui qui de toute la ponctuation: point-virgule, trait prend toujours ses airs de bonne foi et enfin d'union, on a mis cela entre parenthèses. On se dit de bonne foi, il ne pourrait pas a fait un référendum sur une question qui ne conduire ces négociations. Alors, il refuse voulait rien dire, d'après les gens du Parti tout simplement de se rendre à la table de québécois; on a perdu le référendum sur négociation et il se cambre dans son attitude l'idée de souveraineté et, après, on est allé actuelle, qui est une attitude absolument à la conférence constitutionnelle pour essayer intenable et qui le porte à rejeter le blâme de faire croire que l'on croyait au sur les autres, la cinquième colonne, les renouvellement de la fédération canadienne. autres premiers ministres du Canada, le Parti On s'est engagé dans cette démarche-là en libéral du Québec - la Gazette j'imagine, a se cachant littéralement, en se camouflant dû être là-dedans - Jean Chrétien, et on en derrière les autres premiers ministres des met. C'est toujours la faute des autres, mais provinces qui avaient, sur le plan du projet ses responsabilités à lui, le premier ministre fédéral, des réserves sérieuses. du Québec, dans le domaine constitutionnel, Le fond des choses, c'est que dans il est incapable de les assumer de bonne foi l'ordre constitutionnel, dans l'ordre du parce qu'il est voué à l'indépendance et à la renouvellement de la fédération canadienne, souveraineté politique du Québec. le gouvernement du Québec ne pouvait On ne pourrait lui en tenir rigueur, s'il conduire ailleurs qu'à un affaiblissement des n'y avait le petit problème suivant dans positions traditionnelles du Québec à l'attitude du premier ministre: c'est que la l'intérieur du Canada. population du Québec, très largement 201

majoritairement, veut non seulement que le cette idée lorsqu'on regarde des propositions premier ministre du Québec aille négocier, concrètes dans le domaine constitutionnel? mais la population du Québec tient à une Bien sûr, nos amis d'en face n'évoquent que chose toute à fait fondamentale, celle de la dimension juridictionnelle des choses et demeurer des Québécois et des Canadiens à cette dimension, la seule façon de la part entière, celle de demeurer à l'intérieur résoudre, c'est, pour le premier ministre du du Canada et celle de demander et d'exiger Québec, au nom de tous les Québécois, du gouvernement du Québec de bâtir un faisant fi de son option fondamentale et Canada meilleur pour le Québec et pour respectant la décision du référendum, d'aller l'intérêt général du Canada. négocier une entente avec le gouvernement Le premier ministre, dont on connaît le fédéral, une entente de nature talent pour les feintes pour cette espèce constitutionnelle. Toutes les chances sont d'image de bon garçon qu'il essaie actuellement que cette entente est possible constamment de se donner, trompe carrément et le premier ministre du Québec devrait la population du Québec, il ne respecte pas mettre les intérêts des Québécois et les le mandat qui lui a été refusé au moment du intérêts des Canadiens avant les intérêts référendum, et cette idée que tous les stratéqiques du Parti québécois. Québécois ne cessent d'affirmer que le M. le Président, toute cette question Québec doit rester à l'intérieur du Canada. constitutionnelle, j'en ai dit quelques mots, Or, si le Québec doit rester à l'intérieur du on en a beaucoup parlé, n'est au fond que Canada, c'est sa responsabilité d'aller l'illustration de cette ambuiguïté négocier des arrangements constitutionnels fondamentale et Dieu sait les efforts que ce sur le plan linguistique, sur la base, par gouvernement a faits dans ce domaine, exemple, de la clause Canada, qui non efforts qui aboutissent à un échec. Mais seulement se trouverait à ce moment-là à se pendant ce temps, la vie continue. Et cette situer dans le cadre du respect des vie, aujourd'hui, elle s'exprime sur la juridictions dans la mesure où cela serait une situation économique du Québec. J'ai parlé entente négociée, mais, ce qui est plus de l'affaiblissement du Québec sur le plan important encore, et aucun intervenant de constitutionnel auquel a abouti la stratégie l'autre côté ne l'a signalé, lorsque nous brillante des péquistes. Mais il y a, parlons de clause Canada, est-ce qu'on ne également, un affaiblissement du Québec sur doit pas, dans le domaine linguistique, se le plan économique qui se répercute sur tous préoccuper de donner aux Québécois, aux les travailleurs et toutes les familles Canadiens, un régime linguistique qui soit québécoises de toutes les régions. Cet juste? Est-ce que l'idée de justice dans ce affaiblissement, ce n'est pas la faute d'une domaine doit être complètement écartée du cinquième colonne, dont on ne sait trop qui, débat? du Parti libéral du Québec ou de qui que ce Or, les propositions au niveau de la soit; ce fait a été illustré par des chiffres clause Canada non seulement, à mon avis, absolument incontestables. satisfont les propositions du chef de Prenons simplement deux chiffres pour l'Opposition, satisfont à l'idée de justice sur ne pas abuser. Le Québec, sous la gouverne le plan collectif, c'est-à-dire pour notre du Parti québécois, s'est affaibli sur le plan communauté francophone, et cette idée se économique dans l'ensemble canadien. Au traduit sous le thème de la sécurité. Notre niveau du total des investissements au sécurité culturelle, avec cette clause-là, la Canada, en 1976, le Québec avait 6,6% des clause Canada, est absolument assurée, mais investissements à l'intérieur du Canada, il y a les gens à l'intérieur des collectivités, c'est-à-dire que l'accroissement des il y a les Québécois qui parlent français qui investissements du Québec a été simplement sont des Québécois francophones qui ont de 6,6% pour les quatre dernières années, droit à un régime linguistique, qui ont droit alors que pour le reste du Canada cela a été dans le domaine de la langue d'enseignement, de 10,9%. Pour les investissements privés, au à faire éduquer leurs enfants dans leur Québec, l'accroissement était simplement de langue. De la même manière, nos concitoyens 4,5% alors que pour le reste du Canada il de langue anglaise peuvent avoir ce droit et, était de 11,8%. Ce qui veut dire que le réciproquement, dans la mesure où on développement économique du Québec ne accepte, où, parce qu'on y croit et qu'on ne réussit même pas, sous la gouverne du Parti fait pas simplement semblant d'y croire, on québécois, à suivre le rythme du se situe dans la perspective canadienne, est- développement de l'économie canadienne, et ce que, au niveau de la clause Canada, il n'y Dieu sait que le développement de a pas là pour les citoyens canadiens l'économie canadienne connaît ses difficultés. individuellement, anglophones ou Alors, imaginez quelles conséquences francophones, un immense progrès sur le plan extrêmement pénibles cela entraîne pour les de la justice dans la mesure où leurs enfants travailleurs et les travailleuses du Québec. pourront avoir l'éducation dans leur langue. C'est cela la réalité que chacun vit. Le Est-ce que c'est absolument incroyable? Est- Parti québécois, par ses politiques ce que c'est absolument impensable d'évoquer économiques, par ses attitudes, non 202 seulement a affaibli le Québec sur le plan Quand les gens se demandent, jugeant constitutionnel, mais l'a affaibli sur le plan cette gestion du Parti québécois inefficace, économique. Cela est absolument comment il se fait que le fardeau fiscal des incontestable. contribuables ne cesse de s'accroître, il y a Dans le domaine des finances, ce soir là la raison véritable. C'est une raison de le ministre des Finances va nous parler. Il mauvaise gestion des finances illustrée par est obligé, d'une façon tout à fait les conventions collectives qui ont été exceptionnelle, de présenter un deuxième siqnées par le gouvernement du Parti budget. Cela ne s'est jamais vu au Québec, québécois à la veille du référendum. Cela, en tout cas, que je me souvienne. Mais parce vous en porterez la responsabilité, parce que que vous savez, le Parti québécois est très c'est probablement l'erreur la plus grave qu'a conscient de l'image, de la stratégie, que commise le ministre des Finances et que le présenter un deuxième budget cela a l'air de Parti québécois lui-même a endossée pour dire, n'est-ce pas, que l'on s'est trompé dans des motifs référendaires, avec le résultat que le premier, et comme on ne veut pas faire l'on sait au niveau du référendum. croire, ou enfin révéler cette vérité que nous M. le Président, la gestion du Parti avons dite, que nous n'avons cessé de répéter québécois dans le domaine constitutionnel depuis la présentation du budget, on a conduit à l'affaiblissement du Québec. Le trouvé, chez les spécialistes de l'image du Québec a perdu son droit de veto. Le Parti québécois, un budget de: Comment l'a- premier ministre du Québec essaie de t-on appelé? Un complément de budget. camoufler son échec sur ce plan en essayant, Alors, nous allons avoir un complément de par un langage de plus en plus verbeux et budget. Je sais qu'on a probablement mis excessif, de refuser d'aller négocier ce qui beaucoup d'efforts à trouver ce vocable; pour est essentiel pour le Québec, alors que la éviter d'avoir à reprendre son devoir, on a population le lui demande et alors que la trouvé l'expression "un complément de population veut et exige - elle est en droit budget." de l'exiger - que son gouvernement négocie Or, ce complément de budget, nous ne de bonne foi le renouvellement de la trouverons pas les adjectifs assez forts pour fédération canadienne. décrire dans quelle situation pénible et Dans le domaine du développement catastrophique il va placer les contribuables économique, jamais le Québec n'a été placé québécois. Contrairement à toutes les dans une situation aussi difficile. Prenons le promesses que vous avez faites, à tous les chômage des jeunes. Les derniers chiffres discours que vous avez faits, la gestion démontraient un taux de 12% de chômeurs. combien innefficace du Parti québécois dans Je ne sais pas si on réalise, dans toutes les le domaine des finances publiques, c'est villes et dans tous les villages du Québec, quelque chose d'invraisemblable, de dans toutes les régions, ce que cela veut désastreux pour tous les contribuables dire, des fermetures d'usines, etc. Des pans québécois. entiers de notre activité économique sont (16 h 30) aux prises avec des difficultés inouïes, avec M. le Président, on verra, ce soir, tout ce que cela signifie pour les jusqu'à quel point, sur le plan de la gestion travailleurs. Ces gens refusent de prendre des fonds publics, le Parti québécois n'a leurs responsabilités. Vous êtes au certainement pas été à la hauteur de ses gouvernement, c'est vous qui avez la promesses. II aura beau, encore sur ce plan, responsabilité. Encore une fois, on aura beau invoquer - sans doute en fera-t-on état - la dire que c'est le fédéral, la conjoncture conjoncture internationale, la crise pétrolière, internationale et le Parti libéral du Québec, le gouvernement fédéral, il restera, sans au bout de la ligne, il y a le gouvernement connaître les chiffres du budget, que, dans péquiste, un gouvernement inefficace non le domaine des finances publiques, alors que seulement sur le plan économique, mais sur le fardeau fiscal, le volume des dépenses le plan, également, des finances publiques. publiques, en 1976, était sur la base d'un L'Office de planification du Québec indice de 105%, en 1981, il est de 201%. Il donnait l'exemple de la situation objective a fallu augmenter les dépenses publiques, des moins nantis de notre société en termes nous en convenons, mais c'est une de pauvreté et de misère. Le Parti québécois augmentation de 100%, alors que, pour le se disait un parti social-démocrate. Or, les Canada, l'indice de base était de 100% et il chiffres révèlent que les gens qui, en 1976, est passé à 168% et, en Ontario, une avaient toutes les raisons du monde d'être et province qui, semble-t-il, a les moyens de de se considérer comme les laissés-pour- dépenser, en 1973, l'indice de base était de compte de notre société se retrouvent - ce 96% et il est passé seulement à 138%. C'est sont les chiffres du gouvernement - après donc dire que l'accroissement des dépenses cinq ans d'administration péquiste, dans une publiques, sous la gestion du Parti québécois, situation encore plus difficile. Cela aussi, ça a été, au Québec, supérieur à la moyenne compte. Lorsqu'il s'agit d'assumer la canadienne et supérieur à celui d'une responsabilité du gouvernement et de la province autrement plus riche que le Québec. direction des affaires publiques du Québec, 203 vous devez réaliser combien c'est important. 5 novembre 1981 va effectivement passer à Cessez ces discours répétitifs qu'on entend l'histoire, mais certainement pas pour les dans le présent débat pour parler des raisons que l'on pourrait croire. Ce jour-là, conditions économiques, de la situation en effet, il nous a été donné de voir un financière et de la situation sociale des gens, spectacle très désolant, et sur les visages ces discours répétitifs que les députés des acteurs, c'est le drame de la fédération ministériels ne cessent de relire et de redire, canadienne qui s'est déroulé devant nos yeux. s'en prenant au premier ministre fédéral, Les mines euphoriques qui se sont succédé à comme ils l'appellent, alors que le premier l'écran pour affirmer leur immense ministre fédéral, c'est le premier ministre du satisfaction d'avoir finalement conclu une Canada et que le Canada, c'est notre pays. entente avaient plutôt, dans les Ayez donc un peu le respect de l'adhésion circonstances, un air tout à fait indécent. À que les Québécois donnent à ce pays qui voir tous ces gens se réjouir, M. le s'appelle le Canada. C'est le premier Président, j'ai éprouvé à la fois une grande ministre du Canada, respectez donc cela. tristesse et une profonde indignation. Je ne Alors, M. le Président, la motion parvenais pas, à ce moment-là, et j'y arrive présentée par le chef de l'Opposition est une encore moins aujourd'hui, à comprendre motion de blâme sur la gestion, sur le comment les premiers ministres des autres comportement du gouvernement, sur son provinces et celui du Canada ont pu se inefficacité dans le domaine constitutionnel, montrer à ce point heureux d'un accord qui dans le domaine économique, dans le domaine n'a pas été endossé, mais beaucoup plus social. Je pense que c'est notre devoir, dénoncé par le Québec et par plusieurs comme membres de l'Opposition - c'est le ardents défenseurs d'un fédéralisme plus devoir de tous ceux qui s'intéressent à la respectueux des pouvoirs provinciaux. chose publique - de mettre les faits sur la En tant que Québécois, je me suis senti table, de convenir, bien sûr, qu'il peut y non seulement isolé, délaissé, abandonné, avoir des difficultés, mais de dire au mais également honteusement trahi et gouvernement, parce que c'est cela la exploité par l'accord qui a été signé entre responsabilité du gouvernement: Prenez vos les neuf provinces et le fédéral. Je me suis, responsabilités, vous êtes là pour présider en effet, souvenu de toutes les belles aux destinées du Québec, et si vous êtes déclarations auxquelles nous avons eu droit incapables de prendre vos responsabilités, je lors de la campagne référendaire du pense que vous savez très bien ce que vous printemps 1980. Je pense qu'il n'y a pas avez à faire. beaucoup de Québécois et de Québécoises qui peuvent oublier ce moment-là. À cette Des voix: Bravo! époque, les premiers ministres des provinces anglophones et M. Trudeau ont utilisé toutes Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le les tribunes possibles pour mettre les ministre d'État à l'Aménagement. Québécois en garde contre la souveraineté- association. On n'a pas idée à quel point on M. François Gendron a fait croire aux Québécois combien nous étions fins, beaux, gentils, nécessaires à M. Gendron: M. le Président, je cette constitution pour l'enrichissement, la voudrais d'abord rappeler que le débat sur le consolidation et le maintien du Québec dans discours inaugural a toujours été, pour la Confédération. chacun des membres de cette Assemblée, une Maintenant, je pense que la romance occasion traditionnelle d'exprimer, d'une est terminée. Les masques sont tombés. façon peut-être plus libre, sa pensée sur les L'illusion s'est dissipée. Autant le Québec principaux sujets évoqués par le premier était un morceau à conserver à tout prix ministre. En ce sens, vous me permettrez d'y dans la mosaïque canadienne, autant il est apporter ma modeste contribution. devenu un obstacle à écarter lorsqu'on a Comme le discours inaugural de M. décidé de se livrer à des machinations Lévesque comportait quand même deux nocturnes pour l'enfermer, contre son gré, éléments fondamentaux, à savoir une partie dans un carcan odieux. où on traitait davantage de la crise (16 h 40) constitutionnelle et également une autre Ce qui s'est passé dans la nuit du 4 au partie où on parlait du programme socio- 5 novembre nous en apprend bien plus long économique, j'ai l'intention d'aborder quand sur l'idée qu'on a du Québec, dans le Canada même les deux aspects les plus fondamentaux anglais, que pourraient le faire de savantes du discours inaugural. études. Ces tractations secrètes, menées de Avant de parler de la crise façon honteuse, sont hélas! entrées dans constitutionnelle comme telle, je pense qu'on l'histoire, et ceux qui ont contribué à en ne peut pas parler du projet de loi fédéral écrire les pages les plus sombres auront sur la constitution sans faire au moins un peut-être prochainement un air moins bref retour sur la journée du 5 novembre. Je triomphaliste. pense, M. le Président, que cette journée du Paradoxalement, ces gens-là ont obtenu 204 un résultat opposé à celui gu'ils cherchaient. rapport Laurendeau-Dunton - que je vous ai Ils ont voulu prouver que le Québec était cité tantôt. Il y a déjà près de 20 ans on une province comme les autres, mais la parlait de cela. L'un anglophone, l'autre façon dont ils se sont pris pour le faire, francophone. On peut prétendre les placer nous montre plutôt le contraire. Ce point sur le même pied en ignorant cette m'apparaît d'ailleurs très important et différence vitale, on peut ignorer ce statut j'aimerais m'y attarder quelques instants. particulier du Québec - disait-il - mais il M. le Président, cette affirmation de la resurgit avec une résistance ou une dualité canadienne n'est pas une idée persistance lors de grandes occasions comme concoctée en catimini par des stratèges celle qu'on a vécue dernièrement. Et il séparatistes, mais bien plutôt une notion continuera d'ailleurs d'être la hantise d'un constamment renforcée au cours des pays qui devrait être dualiste tant que l'on dernières années de notre vie politique et ne reconnaîtra pas de façon concrète que le que seuls des gens faisant preuve d'un esprit Québec est le point d'appui, le foyer des mesquin et étroit, ou d'une ignorance francophones en Amérique du Nord." inqualifiable, auraient intérêt à nier. Léon Dion, qui a d'ailleurs été souvent Rappelons-nous Fulton-Favreau, un consultant de nos amis d'en face, disait Laurendeau-Dunton, Pepin-Robarts, voilà et a toujours répété, je pense, que le refus autant de noms qui nous sont familiers pour du premier ministre Lévesque d'approuver ce bien des raisons, mais surtout parce que leur texte dans la forme que nous connaissons, effort de réflexion pour résoudre le problème n'est pas dû au fait que le Parti québécois canadien a débouché, dans tous les cas, sur poursuit un objectif tout à fait légitime, une conclusion identique, à savoir que toute quant à nous, comme parti politique. Je solution passe et doit passer par pense qu'on poursuit un objectif tout à fait l'acceptation du principe de la dualité, selon louable et fort légitime, qui est celui de la lequel le Québec n'a jamais été, n'est pas, souveraineté politique du Québec parce que et ne sera jamais une province comme les ce n'est que la voie constitutionnelle dans autres. laquelle le Québec pourra évoluer Ce n'est pas un mal de ventre qui nous convenablement. arrive. Je pense que, lorsque, au discours Mais M. Dion ajoutait: "Aucun référendaire, on mentionnait que gouvernement responsable, aucun traditionnellement le Québec a toujours eu gouvernement du Québec qui se respecte, des revendications spécifiques, le Québec n'aurait pu signer ce texte dans la forme une communauté distincte, forme un formulation que l'on connaît actuellement." peuple distinct, c'est une réalité qui n'est Solange Chaput-Rolland disait, dans le pas celle des gens d'ici. Ce n'est pas Devoir du 10 novembre 1981: Est-ce qu'on uniquement une réalité des gens du Parti pourrait imaginer, une toute petite minute, québécois, c'est une réalité du Québec. C'est ce qui se serait passé, si, au lieu du Québec, une réalité de l'histoire politique du Québec c'est l'Ontario qui avait été délibérément et on ne pourra pas indéfiniment ne pas exclu de l'entente? Quand il s'agit du tenir compte d'une réalité aussi Québec, disait-elle, toutes les mauvaises fondamentale. manières politiques, constitutionnelles, L'existence de deux peuples fondateurs fédérales, provinciales et humaines sont et la reconnaissance de la spécificité du permises et il se trouvera des hauts Québec dans l'ensemble canadien sont des dignitaires du pays pour les expliquer et conditions absolument indispensables dans la essayer de les justifier. C'est quand même recherche d'une issue à la crise l'ancienne députée de Prévost qui a passé un constitutionnelle actuelle. Or, les tractations bon bout de temps avec vous; peut-être qui ont mené au résultat que l'on connaît qu'elle était comme M. Raynauld quand il constituent une négation flagrante de ce est parti, peut-être qu'elle était comme M. principe, en même temps qu'une tentative Forget, le député de Saint-Laurent, qu'on a d'écraser le Québec en effaçant contre son salué aujourd'hui en louangeant ses immenses gré tout ce qui lui donne un caractère qualités, sa capacité d'analyse, son côté différent. rationnel, immensément bonifiant pour Nous ne sommes d'ailleurs pas seuls, l'Assemblée nationale mais, chose curieuse, nous du gouvernement, à avoir cette les trois sont partis, les trois ont laissé interprétation des récents événements, l'Assemblée nationale, ont laissé l'activité au comme en témoignent, d'ailleurs, plusieurs sein du Parti libéral. Est-ce inquiétant pour extraits d'articles ou d'éditoriaux parus dans ceux qui nous restent? Est-ce à dire que les quotidiens au cours des derniers jours. On ceux qui ont le plus de capacité d'analyse pourrait en citer de nombreux et pendant sont obligés de faire le seul choix qu'on a pu fort longtemps. Gilles Lesage, entre autres, constater sur place, c'est-à-dire d'aller le 6 novembre, disait ceci: "Au-delà des dix oeuvrer ailleurs? Je pense que c'est assez provinces ou des quatre ou cinq grandes inquiétant et c'est ce qu'on nous a appris régions, ce pays est formé de deux sociétés aujourd'hui, entre autres. distinctes, de deux majorités dont parlait le Robert Décary, que je sache, n'est pas 205 le militant le plus actif du Parti québécois; autant, oui, il serait peut-être normal, je ne connais pas les opinions politiques de comme on l'a encore demandé à la période M. Décary, mais je connais son bon jugement des questions d'aujourd'hui... Les gens d'en sur la conception qu'il a du Québec. Il disait face nous blâment chaque fois qu'on entre autres, sur la fameuse charte de M. intervient là-dessus en nous disant: Parlez- Trudeau: "Quelle merveille, aussi, qu'une nous donc d'autre chose que de la charte qui s'appuie sur le "taux d'emploi" constitution. Pourtant, toutes les périodes de dans une province! Enchâssement d'autant questions, depuis l'ouverture de la session, plus étonnant que, le droit de gagner sa vie ont toujours commencé d'abord par ce étant par ailleurs reconnu, le chômage problème. Ces gens essaient de nous faire deviendra en quelque sorte inconstitutionnel... croire qu'ils ont le goût de parler d'économie Et le Québec, s'il veut continuer à adopter et qu'ils sont capables de parler d'économie. des mesures lui permettant de préserver son J'aimerais bien mieux les entendre sur identité, devra s'assurer que son taux certaines solutions. d'emploi demeure inférieur à la moyenne Je vous indique de toute façon, M. le nationale." Faire des efforts pour que notre Président, que pendant quelques minutes, taux de chômage demeure le plus bas tantôt, j'essaierai, moi aussi, de parler d'une possible. chose importante, j'essaierai de parler de la Le Québec ne pouvait pas, ne peut pas situation économique et des difficultés que et ne pourra jamais signer une entente qui nous vivons. J'essaierai d'être un peu plus foulerait aux pieds le principe de la dualité objectif que le député de Jean-Talon ne l'a et qui en ferait simplement l'un des été tantôt en disant que, dans tous les morceaux d'un casse-tête troublant, insoluble domaines, le Québec n'a jamais été si faible et tenant si peu compte des problèmes réels que présentement. Je pense que ce devait des Québécois et des Québécoises. Ce refus être de cela que parlait le député de Saint- s'inscrit d'ailleurs dans une longue tradition, Laurent quand il a parlé des raisons pour à savoir celle que tous les premiers ministres lesquelles il quittait. La partisanerie aveugle, ont suivie, tous les premiers ministres qui cela l'a amené à dire à peu près n'importe ont tenu tête au gouvernement fédéral guoi, à ne pas être capable de dire la vérité, lorsqu'il s'agissait de rapetisser davantage, à ne pas pouvoir dire exactement ce qu'il d'atténuer davantage les pouvoirs de pensait. Si on avait eu une once d'honnêteté, l'Assemblée nationale du Québec. M. le Président... je vais y revenir tantôt. Que le fédéral nous serre la vis et (16 h 50) refuse de nous accorder davantage de Je n'essaierai pas de dire à cette pouvoirs, on peut facilement le prévoir car Chambre que le Québec ne vit pas des la volonté centralisatrice qui prévaut à difficultés majeures sur le plan économique. Ottawa s'accommode fort mal du moindre Bien sûr, parce que justement le Québec fait accroissement de la marge de manoeuvre des partie actuellement d'un ensemble canadien, provinces, en particulier quand il s'agit du il fait partie également d'un ensemble nord- Québec. On en a des exemples tous les jours. américain et d'une communauté presque Regardez le budget de MacEachen, internationale où effectivement on est en dernièrement; on est en train d'imaginer une situation de crise économique et, comme on formule de péréquation qui sera axée sur le n'est pas des extra-terrestres, comme on vit développement de l'Ontario comme si, encore sur cette planète, on est pris avec les une fois, on faisait la preuve de ce qu'on a mêmes maudites difficultés, mais, de temps toujours cru, que le régime fédéral est en temps, il faudrait peut-être regarder un d'abord et avant tout un régime pour une petit peu les causes de cette situation et de province qui s'appelle l'Ontario et non pour ce qui se passe. Le député de Jean-Talon les intérêts du Québec. On en fait encore la aurait pu au moins citer ce que j'ai ici - preuve en disant: Dorénavant, la péréquation c'est juste un petit fait, j'aurais pu en citer s'ajustera sur le développement économique plusieurs - pour au moins nuancer son de l'Ontario. Il me semble que cela dépasse jugement, sur le fait que le Québec, d'après les bornes. sa prétention, n'aurait jamais été si faible On a l'indécence de nous tordre le bras dans tous les domaines que présentement. pour nous faire accepter une entente J'ai ici une petite coupure de presse, constitutionnelle qui, non seulement ne nous cela a été relaté dans la presse, mais je accorderait aucun nouveau pouvoir, mais vous dis que ce ne sont pas nos amis d'en aurait le culot de réduire ceux qu'on a. Le face qui en ont parlé. Cela dit ceci. Québec n'avait pas le choix de refuser de Permettez-moi de lire juste un paragraphe: signer un tel accord pour les raisons que je Le dynamisme québécois a permis de résister viens de mentionner; il s'est donc retrouvé honorablement aux séquelles du seul à l'issue de cette mascarade. M. ralentissement de l'économie nord-américaine. Lévesque s'est d'ailleurs inscrit dans la Le quotidien La Presse - ce ne sont pas nos foulée traditionnelle de tous les autres journaux de propagande, surtout pas la premiers ministres; autant je pense que M. Presse, vous en savez quelque chose - nous Lévesque avait raison d'avoir cette attitude, apprenait ce qui suit dans sa livraison du 30 206 octobre dernier. En douze mois - écoutez ça, toujours à Ottawa, rarement au Québec. les amis d'en face - de juillet 1980 à juillet Quand je les entendais: Nous, on est des 1981, malgré l'état plus que maussade de la Canadiens et on va se battre pour le Québec conjoncture économique canadienne, le d'abord'. Chaque fois que cela a été le temps Québec a réussi à ajouter 133 000 emplois d'en faire la preuve, ils ont laissé tomber le salariés à l'ensemble de ses industries non Québec. Ils ont laissé tomber les intérêts du agricoles. On faisait juste ajouter - écoutez Québec. C'est de même tout le temps. bien ça - La performance est à ce point Comme le temps file, M. le Président, remarquable que plusieurs personnes j'aimerais aborder pendant quelques minutes consultées - pas au Québec - à Statistique ce que je vous indiquais tantôt, bien sûr des Canada, d'où émanent ces données - donc, ça projets, certains éléments à caractère devrait être vrai parce que c'est la économique. Je pense que, dans le discours succursale de nos amis d'en face - n'ont pu inaugural de M. Lévesque, même s'il y avait en expliquer les véritables raisons. une analyse qui, comme je l'ai dit, était Mais on précise que 100 000 des nécessaire, était requise sur le plan 133 000 emplois créés proviennent du secteur constitutionnel, il y avait également d'autres tertiaire, commerce, services et finances, et éléments qui nous laissaient voir que le que l'industrie manufacturière s'est fort bien gouvernement du Québec a quand même du comportée puisqu'elle est responsable de souffle pour commencer certains projets 15 000 emplois, et ainsi de suite. C'était nécessaires, particulièrement dans une juste une donnée pour illustrer que, quand la conjoncture économique un petit peu plus situation est si dramatique que ça, si, difficile. En ce sens, j'ai été heureux pendant cinq ans, on avait été complètement d'entendre le premier ministre parler, entre absent de toute préoccupation économique, je autres, de quelque chose d'un engagement ne suis pas sûr qu'on pourrait lire des qu'on avait pris lors de la campagne statistiques de cette envergure. Il n'en électorale, soit le bon d'emploi pour les demeure pas moins que, tout en produisant jeunes. C'est vrai que ce n'est pas facile autant d'emplois nouveaux... Oui, c'est exact pour une multitude de jeunes du Québec, de qu'on a un taux de chômage trop élevé, qui toutes les régions du Québec, de se trouver ne fait l'affaire de personne et c'est de l'emploi dans une période où le taux de pourquoi, comme gouvernement, on a tenté, chômage est trop élevé et dans une situation à la mesure de nos moyens, par exemple, où, trop souvent, on ne permet justement pas parce qu'on n'a pas de contrôle direct sur à ces jeunes de venir prendre quelques mois l'inflation et on n'a pas de contrôle direct d'expérience en leur disant: Je ne peux pas sur les taux d'intérêts, par toutes sortes de t'employer parce que tu n'as pas programmes, d'améliorer la performance d'expérience. Je pense que sans être une économique du Québec. Je pense que tantôt, solution absolument miracle, absolument j'aurai quelques chiffres pour l'illustrer au fantastique, le bon d'emploi qu'on va essayer moins dans une région que je connais qui est de réaliser le plus rapidement possible va l'Abitibi-Témiscamingue et le visage de permettre à des jeunes d'aller quérir une l'Abitibi-Témiscamingue a changé certaine expérience qui permettra de faire passablement depuis qu'il y a un taire ou de mettre fin à ce fameux cercle gouvernement responsable qui décide de vicieux de ne pas leur donner l'occasion de s'occuper un peu des régions, parce que les prendre un peu d'expérience et ainsi se régions du Québec font également partie du trouver plus facilement un emploi. Québec. On ne parle plus d'une 13e province Dans le discours inaugural de M. en Abitibi. Lévesque, il était également mentionné qu'il Sur l'aspect constitutionnel, je termine serait peut-être important de donner un coup avant d'aborder peut-être l'autre volet un d'envoi à certains grands projets. Comme peu plus concret. Je dis tout simplement que ministre d'État à l'Aménagement, je suis je ne peux comprendre l'attitude des libéraux responsable d'un projet qui s'appelle Archipel. provinciaux, quoiqu'ils n'aient de provinciaux J'aimerais avoir l'occasion de vous en dire que le nom, parce que vous savez qu'ils sont quelques mots puisque, dans le discours complètement connectés sur leurs amis inaugural de M. Lévesque, on parlait fédéraux, exactement "la" même gang, les d'accélérer le projet Archipel qui serait la mêmes organisateurs. On voit ces gens aux première grande étape d'une mise en valeur mêmes réunions, aux mêmes assemblées. Je systématique de cette ressource primordiale n'ai jamais compris la nuance entre les entre toutes que constitue pour tous les députés libéraux fédéraux et les députés Québécois le fleuve Saint-Laurent. Ce projet, libéraux provinciaux. Ils défendent les mêmes dont j'ai la responsabilité à titre de ministre intérêts et, chaque fois que c'est le temps d'État à l'Aménagement, est l'un de ceux qui de faire la preuve qu'ils ont un peu de me tient le plus à coeur en raison des détermination pour défendre les intérêts du multiples possibilités qu'on y retrouve. Québec, vous voyez tout de suite à quelle Parler d'un projet d'envergure comme enseiqne ils logent, ils nous indiquent où sont Archipel, c'est bien sûr, chers amis, chers leurs intérêts. Comme par hasard, ils sont collègues, parler d'économie. L'étude de 207 faisabilité qui se poursuit actuellement a préoccupation centrale du gouvernement, qui pour objet - rappelons-le - de vérifier la entend soutenir de plus en plus adéguatement possibilité de réaliser un aménagement des des initiatives régionales en respectant les eaux de l'archipel de Montréal susceptible de aspirations et le cheminement des permettre une mise en valeur polyvalente et communautés concernées ainsi que le intégrée de tous les potentiels de cette dynamisme proposé. ressource commune, tout en satisfaisant à (17 heures) des critères liés à l'amélioration d'abord de Vous comprendrez facilement, M. le l'environnement, à la rentabilité économique Président, que cet engagement s'inscrit tout et à l'acceptabilité sociale. Il s'agit donc droit dans ma philosophie puisgue le d'un des projets les plus intéressants, développement des régions a toujours été et notamment parce qu'il représente la continuera certainement d'être une de mes concrétisation de la notion même préoccupations constantes. D'ailleurs, ce n'est d'aménagement par cette volonté de mise en pas d'hier que je suis intéressé par ce sujet, valeur polyvalente et intégrée de nos parce que j'ai à coeur le développement des ressources. régions. Je fais partie d'une région qui, je On a dit du projet Archipel qu'il pense, donne de plus en plus sa contribution pourrait littéralement métamorphoser la au développement global du Québec. En ce région de Montréal et le terme n'est pas sens, il est important de renforcer l'ensemble trop fort quand on songe à toutes les des régions économiques du Québec, si on incidences de sa réalisation éventuelle, veut parler d'un Québec fort. J'ai toujours d'abord sur le contrôle des inondations, sur donné comme image qu'un Québec sera le contrôle des étiages, sur la réduction des d'autant plus fort que les régions qui le problèmes d'alimentation en eau potable, composent sont fortes et qu'effectivement, d'englacement des prises d'eau - problèmes les gens des régions aient le goût d'y vivre qui sont difficiles pour la plupart des parce qu'ils y trouvent de l'emploi et gu'ils municipalités de la région montréalaise - le y trouvent de l'intérêt à développer leur développement de la navigation de plaisance, secteur et leur région. les sports aquatiques, l'accès à des plages Actuellement, le gouvernement poursuit qui actuellement sont inondées ou inutilisées, justement une certaine réflexion sur des ce qu'on appelle un mort-terrain. Il y aurait organismes qui relèvent directement de lui et également l'avantage de donner une plus- qu'ils sont liés avec lui à une préoccupation value à tous ces espaces qui ont de développement régional; je veux parler de actuellement une valeur moindre compte tenu l'OPDQ, je veux parler de la CARR. En ce de l'endroit où ils sont situés et compte tenu sens, il va être important de continuer notre du fait qu'ils sont potentiellement inondables réflexion pour nous assurer que nous ayons en période d'affluence d'eau, et difficiles en les meilleures structures, les meilleurs période de sécheresse à cause de l'étiage. Il organismes, que ceux-ci seront véritablement y a l'aménagement de parcs et de pistes sur place, autant ici à Québec que dans les cyclables, la conservation de la faune régions, pour prendre en main le aquatique et l'amélioration de son habitat, la développement des régions à partir justement construction de nouvelles voies de de la définition que les régions voudront en communication, l'exploitation également du faire, car il est important qu'un potentiel hydroélectrique, sans compter les développement régional colle le plus possible retombées technologigues et économigues. aux réalités des diverses régions du Québec. Voilà, en gros, certaines dimensions du Une politique de développement projet Archipel qui, j'espère, prochainement, régional, oui, ça peut se déterminer par le nous permettront de le concrétiser gouvernement du Québec. Cela peut se davantage. Au-delà de toutes ces préciser en termes d'objectifs et de considérations, le projet Archipel fournit aux principes, mais ça ne se vit véritablement citoyens l'occasion de s'impliquer que dans les régions. En ce sens, j'ai directement, au moyen de mécanismes de l'intention de travailler d'une façon très consultation, dans cette recherche d'un précise à articuler le cadre d'une politique nouvel équilibre et de reprendre en quelque de développement régional qui permettrait de sorte possession d'une richesse commune qui plus en plus aux régions du Québec de leur appartient. La décision du premier contribuer davantage à cet apport ministre d'accélérer le projet est donc économique du Québec. D'ailleurs, j'ai dit hautement souhaitable dans les circonstances tantôt du développement économique que j'y et on ne peut que s'en réjouir. reviendrais pendant quelques mimutes. Dans le message inaugural également, Je voulais entre autres, reprendre une M. le Président, on trouve une information phrase du député de Jean-Talon où il disait additionnelle concernant le développement que le Québec est affaibli dans tous les des régions, développement intimement lié à domaines comme ce n'est pas possible, où il la question des ressources. On mentionne disait: Écoutez, on ne peut pas attribuer ça dans le discours inaugural que le à une cinquième colonne, le gouvernement du développement régional deviendra une Québec a des responsabilités par rapport au 208

développement économique. J'en suis. On était conférencier en fin de semaine, M. pourrait illustrer que, dans la plupart des Paul Bienvenue, du groupe Bienvenue Inc., où régions du Québec, nous les avons il est dit ici, entre autres, qu'on vantait son effectivement prises. Moi, je n'ai pas entreprise. M. Bienvenue n'est pas en l'intention de vous lire les deux cahiers politique active. J'aime mieux me fier à son économiques que j'ai apportés avec moi cet juqement qu'à celui du député de Jean-Talon. après-midi, mais je voudrais au moins Il avait au moins l'honnêteté de dire, en fin prendre 30 secondes pour vous dire que de semaine, M. le député de Jean-Talon, que c'était le vingt-quatrième et je peux vous ça fait trente ans qu'il est dans l'industrie montrer celui qui l'a précédé, le vingt- forestière et que jamais il n'a connu un crise troisième. Ce sont des cahiers économiques comme on en connaît une actuellement en qui relatent en fait le développement général Abitibi-Témiscamingue, au niveau forestier, de l'Abitibi-Témiscamingue et où on touche dans tout le Québec, dans l'Est du Canada et toutes les vocations. II a à peu près 125 l'Est des États-Unis. C'est ça la situation. pages. Je ne vous le lirai pas au complet, C'est vrai que c'est difficile, c'est vrai qu'il chers amis, mais je peux vous dire que c'est va falloir être plus ingénieux, plus capables titré comme ça à des endroits. Celui-là, de nouveaux projets. Il va falloir choisir c'est celui de 1980, la vingt-troisième vraiment davantage entre l'accessoire et édition. On disait: "Amorce d'une formidable l'essentiel, parce que en période difficile, il année à Amos." Pour ceux qui ne connaissent faut prendre les bonnes décisions et faire les pas Amos, c'est une magnifique petite ville bons choix. J'ai l'impression que dans le de 11 000 de population qui, pour la seule discours inaugural qu'on a présenté à année 1980 - sous un gouvernement qui, l'ensemble des Québécois et des Québécoises, selon nos amis d'en face, n'a pas pris ses à l'Assemblée nationale, oui, il y a quelque responsabilités pour le développement chose qui nous permet de faire la preuve que économique - a créé des investissements l'équipe ici a encore du souffle pour directs pour 201 559 000 $. J'entends le s'occuper des intérêts fondamentaux des député de Jean-Talon dire: Ce n'est pas Québécois et des Québécoises. C'est dans ce assez, ça me prendrait dix ans de régime du sens qu'on veut s'en aller, M. le Président. Parti libéral pour arriver au quart de ce Je suis convaincu que même si la montant-là, confirmé par les gens de la plupart des citoyens et des citoyennes du région. Je donnais ça pour Amos; je pourrais Québec sont conscients que ce n'est pas continuer pour d'autres régions: Val-d'Or. "La facile, actuellement, de gérer l'État reprise s'annonce forte." québécois, comme ce n'est pas plus facile de C'était le cahier économique de 1980, gérer l'État canadien ou quelque État que ce sous un gouvernement irresponsable, selon nos soit en période de crise économique, nous amis d'en face, sous un gouvernement qui n'a avons été un gouvernement qui a eu le souci aucun souci pour le développement des intérêts collectifs de l'ensemble des économique. Je peux dire que la région de citoyens et des citoyennes du Québec. Et l'Abitibi-Témiscamingue, depuis 1976 - ce c'est dans ce sens qu'on veut continuer, M. n'est pas nous qui l'avons mise au monde, et le Président. je n'ai jamais dit ça - a changé énormément et les gens en sont conscients. On a décidé, Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le nous autres, de nous associer au député de Gatineau. développement régional et d'y contribuer pour renforcer cette région dans ses M. Michel Gratton vocations de base. Je pense que, de plus en plus, quelqu'un qui veut être objectif et M. Gratton: M. le Président, depuis le honnête est obligé de l'affirmer et de le début de ce débat, on a l'impression, outre dire. quelques rares et brèves exceptions, Dans le vingt-quatrième cahier, qui est d'assister à un dialogue de sourds. Comme pour l'année 1981, c'est l'année en cours, on l'a mentionné mon collègue de Jean-Talon... dit: "L'Abitibi-Témiscamingue bouge malgré Allez-y, allez-y. des conditions difficiles." Je pourrais vous parler de l'industrie minière, où on parle de Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le sa meilleure année. Je pourrais tourner député, la parole est à vous. toutes les pages et c'est de ça qu'on parlerait. Effectivement, en région, même si M. Gratton: Merci, M. le Président. nous aussi, on fait partie du Québec, on ne Comme l'a dit le député de Jean-Talon parle plus d'une onzième province en Abitibi- tantôt, du côté de l'Opposition, mes Témiscaminque, parce qu'on a décidé de la collègues libéraux ont parlé de choses qui, à garder à l'intérieur du Québec, de nous en mon avis, devraient normalement intéresser occuper et de la développer. Oui, on a eu un les Québécois au plus haut point. La été difficile parce que, partout cette année, situation de l'économie, la situation des c'est difficile. J'ai ici une citation d'un finances publiques, la transparence de industriel lasarrois, M. Paul Bienvenue, qui l'administration du gouvernement du Parti 209 québécois sont autant de choses qui devraient Une voix: C'est sa faute s'il n'a rien également intéresser les députés du Parti compris. québécois. Mais c'est justement le chef du Parti M. Gratton: C'est peut-être ma faute, québécois et premier ministre qui a lui-même en effet. Je me suis demandé, à un moment donné le ton au débat et, disons-le tout de donné si, après avoir tant parlé de suite, le ton n'est pas très élevé, M. le souveraineté et ensuite d'association, on ne Président. C'est lui-même, dans son discours déciderait pas, au Parti québécois, de faire inaugural, qui, pour éviter de rendre des porter le débat de fond sur le trait d'union comptes sur son administration, s'est revêtu entre les deux mots. Je me suis dit, de sa redingotte fleurdelysée et de seul caricaturant à peine: Peut-être qu'on va défenseur des droits du Québec, pour tâcher avoir un référendum pour demander à la de masquer les carences de son population: Nous donnez-vous le mandat de gouvernement depuis cinq ans. Je dis qu'il y retirer le trait d'union entre la souveraineté a eu quelques rares exceptions, le ministre et l'association? qui m'a précédé en a été une. Il me semble que ce virage qu'on a fait Malheureusement, il a cité des statistiques au Parti québécois, au conseil national, qu'on pourrait reprendre une à une. n'était pas le plus sérieux qui soit. En 1970 Notamment, lorsqu'il nous parlait de 133 000 et en 1973, la situation était quand même un nouveaux emplois créés au Québec. peu plus claire. À ce moment, le Parti Effectivement, il citait une source sur une québécois nous parlait de l'indépendance pure statistique de juin 1980 à juin 1981. Je et simple et, forcément, les résultats ont l'invite, M. le Président, à aller vérifier les aussi été un peu plus clairs, vous vous le mêmes statistiques pour septembre 1980 à rappelerez, aux élections de 1970 et de 1973. septembre 1981. Il va s'apercevoir que ce Mais à compter de 1976, on a laissé tomber n'est pas 133 000 de plus, mais 2000 emplois le mot "indépendance" pour ne plus parler de moins qu'on a au Québec, M. le que de souveraineté-association. Tantôt, Président. S'il vérifie d'octobre 1980 à quand on s'adressait aux militants péquistes, octobre 1981, il s'apercevra que c'est non on mettait l'emphase sur la souveraineté et pas 133 000 nouveaux emplois de plus, mais ensuite, quand on voulait rassurer la 17 000 de moins. population, on parlait surtout d'association. En fin de semaine - je l'ai dit - on a eu M. Rivest: Cela va bien. l'impression qu'on parlerait maintenant du trait d'union. M. Gratton: Alors, on ne parle pas On doit cependant reconnaître que, d'économie et, quand on en parle, on cite les dans toutes ces démarches du Parti chiffres qu'on veut, M. le Président. On veut québécois, toute cette haute voltige sur son parler de constitution? Eh bien, de mon côté, option, il y a une chose qui demeure je vais vous en parler. Avant d'entrer dans constante. Avant les élections, lorsqu'il y a le fond de la question, j'aimerais d'abord une échéance électorale, on ne parle pas de commenter brièvement les événements de la l'indépendance, au Parti québécois. Ce n'est fin de semaine. On sait qu'à Montréal, il y qu'après les élections, alors qu'il ne peut avait un conseil national du Parti québécois, plus y avoir de conséquences électorales alors qu'à Québec, il y avait un congrès des directes, que le PQ parle franchement de sa libéraux fédéraux du Québec... C'est ça, les vraie option, de sa raison d'être même, mauvais fédéraux. M. le Président... c'est-à-dire de la souveraineté et de l'indépendance. Le Vice-Président (M. Jolivet): À En 1976, en 1981, au référendum, au l'ordre! M. le député. moment même où les Québécois devaient se (17 h 10) prononcer sur cette question fondamentale, M. Gratton: Pendant que le poulailler cela devait être une occasion privilégiée, le piaffe, M. le Président, je m'adresserai à Parti québécois a tout fait pour cacher sa vous. Je ne sais pas si, personnellement, vous vraie démarche, pour cacher ses vraies avez assisté à l'une ou l'autre de ces couleurs. Pourtant, on se rappelera le réunions. Je vous dirai que je me suis discours du premier ministre devant contenté de surveiller ça par l'entremise des l"'Economic Club" de New York au lendemain médias. Comme beaucoup de Québécois, de l'élection de 1976, le conseil général du j'imagine, j'étais très intéressé à savoir ce Parti québécois de juin 1980, au lendemain que le Parti québécois allait décider de faire du référendum. Il n'est donc pas surprenant dans cette crise que l'on vit. Je me disais: que, sept mois après l'élection du 13 avril, On va avoir une élection, on va avoir un quelques jours après la signature de l'entente référendum. Sur quel thème? Je ne s'en sais du 5 novembre, les péquistes repartent en rien. Je vous avoue qu'à la suite du conseil croisade indépendantiste. Cette fois, le national, je ne suis pas plus avancé que je thème qu'on développe, qu'on a ne l'étais. J'ai observé les entrevues qu'a soigneusement mis à jour pour tenir compte données le premier ministre. des événements récents, est le suivant: Le 210

Québec a été trahi par le Canada le 5 séparatiste et cela, malgré le mandat clair novembre. Les droits sacrés du Québec sont que la majorité des Québécois lui avait menacés par le Canada anglais. Le Québec pourtant donné le 20 mai 1980. Il n'a pas est encore une fois isolé, ce qui prouve bien négocié de bonne foi, malgré aussi le mandat qu'il n'y a plus de place dans le Canada. La qu'il avait reçu ici par la motion du 2 seule solution, bien entendu, c'est de faire octobre 1981. l'indépendance. La deuxième question qui se pose, M. le Président... Le premier ministre... Une voix: Bravo! Des voix: Vous avez voté contre. M. Gratton: Bravo! Allons-y voir de plus près! Le premier ministre nous dit et on M. Gratton: Oui, j'ai voté contre et je le répète à satiété: Le Québec a été vais continuer de voter contre, mes chers honteusement trahi. Je dis: Oui, c'est vrai, amis. Je vais vous expliquer pourquoi. mais par qui? Par le premier ministre et par La deuxième question qui se pose: Le le Parti québécois, mes chers amis. Le premier ministre a-t-il protégé les droits mandat que détenait le Parti québécois, et traditionnels du Québec? On n'a qu'à écouter qu'il détient toujours, était double. D'abord, les discours du premier ministre et de ses au référendum, la majorité des Québécois députés eux-mêmes pour se rendre compte avait ordonné au Parti québécois que non. Le premier ministre et son d'abandonner son option séparatiste et de "finasseux" ministre des Affaires travailler de bonne foi au renouvellement de intergouvernementales ont voulu jouer aux la constitution canadienne. Ensuite, à plus fins à Ottawa. Ils ont cru que la l'élection du 13 avril, le thème choisi par meilleure façon de faire échouer la le PQ: "Faut rester forts!" l'obligeait, en possibilité d'une entente était de s'associer à étant élu, à protéger jalousement les droits sept autres provinces dissidentes. Ils traditionnels du Québec. Or, examinons la acceptèrent volontairement de renoncer à ce performance du gouvernement péquiste et les que le Québec avait de plus précieux pour résultats concrets de son action sur ces deux assurer sa spécificité au sein de la tableaux. D'abord, le premier ministre a-t-il fédération canadienne, c'est-à-dire son droit négocié de bonne foi lors de la conférence de veto. constitutionnelle du début de novembre et a- t-il abandonné son option souverainiste? La Une voix: C'est vrai. population a pu observer son comportement et celui de ses acolytes à Ottawa. Elle a vu M. Gratton: En signant le document du le premier ministre tenter par tous les 16 avril, M. le Président - je sais que cela moyens non pas de s'entendre avec nos ne fait pas l'affaire du PQ de se faire partenaires du fédéral et du reste du rappeler cela - à trois jours de l'élection, le Canada, mais de faire échouer les efforts de Parti québécois, en quelque sorte, fait le ceux qui voulaient en arriver à un règlement pari que les sept autres provinces dissidentes négocié. à ce moment-là l'aideraient à faire échouer le projet de renouvellement constitutionnel. Une voix: C'est cela. En d'autres mots, pour des raisons strictements tactiques, il a fait confiance à M. Gratton: II y a bien eu un moment ceux-là mêmes qu'il a toujours accusés de ne où on a cru qu'il accepterait de soumettre le pas comprendre les aspirations des Québécois. tout à l'approbation des Québécois par la Il s'indigne maintenant que ses partenaires voie d'un référendum que le premier ministre d'occasion, après qu'ils eurent réussi à canadien lui avait proposé, mais il a vite obtenir par la négociation ce qui leur compris, M. le Président, à la suite des semblait satisfaisant pour leurs populations pressions extraordinaires dont il a été l'objet respectives, l'aient abandonné. Le moins de la part des militants du Parti québécois, qu'on puisse dire, M. le Président, avec qu'il perdrait probablement un tel référendum beaucoup de générosité, c'est que les et que cela sonnerait automatiquement la fin tacticiens du Parti québécois sont de grands de ses espoirs de faire l'indépendance du naïfs. Québec. C'est là l'unique raison qui l'a fait Mais ce qui est plus grave, c'est qu'ils si rapidement revenir sur sa décision ont ainsi trahi les Québécois qui, le 13 avril d'accepter ce qui aurait pourtant été un dernier, leur avaient donné à eux seuls, non compromis honorable, c'est-à-dire de laisser pas aux sept autres provinces anglophones les Québécois eux-mêmes décider d'une dissidentes, mais à eux seuls, le mandat de question aussi fondamentale. protéger les droits du Québec et des Il a donc refusé toutes les formules de Québécois. Encore là, on peut se demander compromis. Il a refusé de signer l'entente ce qui a motivé le gouvernement péquiste des dix; il a choisi lui-même d'isoler le d'agir de façon aussi irresponsable, alors qu'il Québec. Pourquoi, M. le Président? Parce se réclamait pourtant, à la dernière élection, qu'il n'a pas voulu abandonner son option d'être le seul capable de défendre nos droits. 211

Le résultat final, il faut bien nous, si le Parti québécois n'est pas satisfait l'admettre, a été un affaiblissement du quant à la clarté du mandat sur le genre de Québec. Cela n'a jamais été encore vu sous Canada désiré par les Québécois, il est aucun gouvernement, incluant celui d'Adélard encore le seul à blâmer. N'est-ce pas lui et Godbout. Est-ce assez fort, mes chers amis? lui seul, malgré l'opposition d'un très grand nombre qui a imposé une question Une voix: Ce n'est pas peu dire. référendaire ambiguë, détournée, qui ne permet pas aujourd'hui de conclure à une M. Gratton: La réponse à cette réponse claire des Québécois. N'est-ce pas guestion est claire: Son refus de travailler également lui qui, malgré que cela dans l'intérêt des Québécois plutôt que dans constituait une brimade du droit d'association l'intérêt de son parti qui est toujours voué à et d'expression des Québécois, a forcé tous faire l'indépendance à n'importe quel prix, les fédéralistes à oeuvrer, à se regrouper au même au prix de perdre le droit de veto du sein d'un comité-parapluie unigue. C'est lui Québec. finalement qui est responsable du fait que On me dira: C'est brutal. On me dit: II tous ceux qui ont travaillé au comité du non dit n'importe quoi. D'accord, je suis un peuvent maintenant dire: C'est mon Canada. politicien partisan, mais allons voir ce qu'une C'est ça que les gens ont choisi en votant journaliste, qui n'est pas reconnue pour être non. Il n'y a personne d'autre à blâmer que partisane du Parti libéral, Mme Lysiane le Parti québécois pour la situation actuelle. Gagnon, écrivait dans la Presse de samedi le D'ailleurs, M. le Président, tout cela 7 novembre: "Cette semaine, au point s'inscrit dans la stratégie du Parti québécois. culminant de cette série de tractations et de Aujourd'hui, on se rend compte que si le marchandages, la délégation du Québec a Québec se sent trahi, si le Québec se sent projeté l'image humiliante d'un groupe de isolé, si le Québec a perdu son droit de dupes, perdus dans le trafic, victimes de leur veto.... angélisme, retranchés dans un hôtel de Hull, à cinq milles des lieux où la partie se jouait, Le Vice-Président (M. Jolivet): S'il vous incapables de mener jusqu'au bout le jeu de plaît! la négociation, pour faire finalement apparaître le Québec comme le dindon de la M. Gratton: ... si on ne sait plus trop farce, c'est Lysiane Gagnon qui vous dit quelle sorte de Canada les Québécois cela, MM. du Parti québécois. Faut rester désirent sauf peut-être par le biais des forts au Québec; on doit donc conclure que sondages, bref si on se retrouve dans la le premier ministre et son parti ont trahi les situation actuelle, dans cet imbroglio Québécois en ne respectant pas le double constitutionnel, c'est d'abord et avant tout le mandat que la population leur avait donné au gouvernement péquiste qui en est référendum et à la dernière élection. responsable. Et à l'intérieur du Parti (17 h 20) québécois, ce sont les stratèges de l'étapisme Mais en justice, quand on parle de qu'il faut surtout blâmer, car cette situation mandat, on doit aussi se demander si le découle directement de la stratégie des gouvernement fédéral avait, lui, le mandat Claude Morin, Doris Lussier et, il faut de la population pour proposer le projet malheureusement l'admettre, du premier spécifique qu'il a finalement réussi à faire ministre lui-même qui, plutôt que de faire accepter le 5 novembre. confiance à la population en lui disant D'ailleurs, c'est ce que les péquistes et clairement et honnêtement qu'il veut séparer certains fédéralistes prétendent, que le le Québec du reste du Canada, tente depuis résultat du référendum québécois n'autorise 1976, par toutes sortes de moyens détournés, pas le fédéral à faire la réforme qu'il a d'amener les Québécois à l'indépendance, proposée. Mais là j'admets que la réponse est petit à petit, étape pas étape. moins claire, car qui peut affirmer sans Eh bien, je dis qu'aujourd'hui l'escalade l'ombre d'un doute qu'en votant non à 60 %, verbale des derniers jours fait partie elle le 20 mai, les Québécois ont voulu choisir le aussi de cette stratégie étapiste, sauf que Canada de Pierre Elliott Trudeau, le Canada maintenant on arrive peut-être enfin au du livre beige du Parti libéral du Québec, le moment de vérité. La stratégie du Parti Canada du Parti communiste ou quelque québécois exige toujours qu'il ne signe jamais autre Canada? Tout ce que l'on sait, et ça, d'entente qui l'obligerait à accepter qu'une comme le dit la chanson, on le sait, c'est nouvelle constitution canadienne puisse que la population a refusé de donner le s'appliquer au Québec, car cela voudrait dire mandat au gouvernement de négocier la automatiquement qu'il accepte que le Québec souveraineté-association et, par le fait puisse avoir une place au sein de la même, a donné le mandat au gouvernement fédération canadienne, donc qu'il n'y a plus d'aller négocier de bonne foi le de raison de vouloir faire l'indépendance. Et renouvellement de la fédération canadienne. est-ce que la meilleure façon de ne pas Et, on sait que le gouvernement n'a pas signer d'entente, n'est pas tout simplement respecté cette volonté populaire. Mais entre de refuser de négocier, car le premier 212 ministre s'est rendu compte à Ottawa, qu'il Il pourra continuer de nous menacer de pouvait se faire prendre à son propre jeu, toutes sortes d'autres mesures aussi macabres lorsqu'il a presque accepté la proposition de les unes que les autres mais qu'il se garde référendum de M. Trudeau. C'est pourquoi bien de définir trop clairement. Il pourra d'ailleurs on nous parle maintenant d'une même pousser l'irresponsabilité jusqu'à laisser motion qui se veut le minimum, que le planer la possibilité de recourir à la Québec devrait supposément accepter avant désobéissance phys... civile. Que c'est drôle, de reprendre les négociations et ce minimum, je me suis trompé. À la désobéissance civile, comme par hasard, comporte des éléments vous avez compris. qu'Otttawa ne peut accepter sans reprendre En fin de compte, le premier ministre tout le processus à zéro. devra quand même un jour faire face à la En d'autres mots, le Parti québécois musique. Il devra poser la seule vraie voudrait en quelque sorte exercer à l'égard question aux Québécois eux-mêmes et cette de l'entente signée le 5 novembre le droit de question est toujours la même: Les Québécois veto qu'il a lui-même abandonné en regard veulent-ils un Québec séparé du Canada ou des amendements futurs de la constitution. un Québec dans le Canada? Ce n'est pas aux Je le répète, ça fait toujours partie de la députés de l'Assemblée nationale seuls de stratégie étapiste; si le fédéral acceptait de décider d'une question aussi fondamentale. reprendre le processus à zéro, le Parti Ce sont les citoyens qui doivent y répondre québécois pourrait alors reprendre ses directement. Cela, à mon avis, ne peut se manoeuvres pour encore gagner du temps et faire que d'une seule façon. J'invite le retarder encore plus l'échéance finale. député de Charlesbourg, qui normalement est Ils savent bien que le fédéral n'est pas assez intègre dans sa pensée, à écouter. La dupe car il y a des Québécois à Ottawa qui seule façon de faire cela c'est la tenue savent ce qu'une bonne partie de la d'une élection référendaire. Un simple population québécoise pense réellement. Les référendum ne réglerait pas la question car péquistes ont beau essayer de les discréditer on risquerait d'avoir le même résultat qu'au en les insultant toujours plus grossièrement à dernier, c'est-à-dire de confier à un mesure que leurs frustrations de séparatistes gouvernement, à un parti qui n'y croit pas le augmentent, les députés fédéraux n'en soin de promouvoir une option demeurent pas moins des Québécois aussi constitutionnelle. authentiques que les séparatistes qui n'ont Dans une élection référendaire, le même pas le courage d'admettre qu'ils le peuple pourra choisir non seulement le sont. régime constitutionnel qu'il préfère mais il C'est pourquoi le premier ministre sait pourra en même temps choisir le parti fort bien qu'Ottawa n'acceptera pas son soi- politique qui peut travailler le plus disant minimum et qu'il procédera sincèrement à sa réalisation. Une élection probablement sans le consentement du référendaire exigera forcément des deux Québec. C'est d'ailleurs exactement ce qu'il partis politiques qu'ils affichent des couleurs souhaite car il pourra alors crier au meurtre claires et limpides et qu'ils offrent un choix ou au viol comme l'a fait le ministre de réel aux citoyens. Je suis conscient que cela l'Immigration en espérant que les Québécois ne sera peut-être pas facile pour votre parti en concluront qu'il faut sortir du Canada, ni pour le nôtre et, par conséquent, pour les qu'il faut faire l'indépendance. politiciens dont probablement celui qui vous C'est ainsi qu'en fin de semaine, dans parle. Que voulez-vous, c'est cela la ses tergiversations sur le trait d'union, il politique, c'est cela la démocratie. Le s'est engagé devant ses militants à tenir une respect que l'on doit avoir des Québécois élection référendaire sur le thème de n'exige pas moins de nous en tant que l'indépendance, mais au moment propice, membres de cette Assemblée nationale. c'est-à-dire sans doute au moment où les Le premier ministre du Québec est sondages indiqueront qu'il a la chance de le supposément un grand démocrate. Qu'il le gagner. En attendant, il se limitera à prouve donc enfin. Il n'est pas trop tard pour présenter des motions en proclamant de sa lui de se racheter, de ne pas passer à voix la plus indignée qu'il s'agit de résister l'histoire uniquement comme celui de tous aux attaques inqualifiables des étrangers du les premiers ministres du Québec qui l'aura reste du Canada contre les droits sacrés du le plus affaibli. Même s'il devait perdre Québec. En plus de gagner du temps, cela cette élection, il n'y aura rien de aura peut-être l'avantage partisan déshonorant à ce que l'on dise de lui qu'il a d'embarrasser certains fédéralistes, je finalement respecté la volonté populaire. l'admets. Cela lui permettra également Cette élection référendaire doit avoir d'intensifier, si cela est possible, le discours lieu non pas au moment propice pour son nationaliste pour attiser les passions car parti, elle doit être tenue au moment c'est malheureusement une des propice pour la population. Selon moi, les caractéristiques du nationalisme et surtout du citoyens ont déjà trop payé pour les nationalisme péquiste que de blâmer les conséquences néfastes qu'a eu et qu'aura autres pour ses propres faiblesses. encore plus maintenant la démarche 213 constitutionnelle louvoyante du Parti voyez-vous. D'ailleurs, le conseil national de québécois tant sur l'économie que sur les fin de semaine est très éloquent dans ce finances publiques. C'est maintenant, dans les qu'il ne dit pas quant aux étapes que meilleurs délais, qu'il faut faire cette voudront franchir le Parti québécois et le élection. gouvernement. (17 h 30) D'ailleurs, encore là, de peur qu'on ne Je dis, M. le Président, en terminant, m'accuse de faire une description des faits au premier ministre et à ses députés: Je ne qui est strictement partisane, vous me partage pas votre point de vue. Vous croyez permettrez de citer un court extrait. Pour que la seule façon pour le Québec de se une fois et une rare fois, je me trouve en protéger, c'est d'être indépendant. Je accord avec Pierre Bourgault qui, lui non respecte votre droit de défendre cette plus, que je sache, n'est pas membre du option, même si vous préférez le faire étape Parti libéral. Il écrivait, dans la conclusion par étape, mais je veux également qu'on d'un article qu'il signait dans le respecte mon droit de dire franchement et Gazette du 7 novembre 1981, et je cite: directement ce que je crois sincèrement, "There is only one course of action opened c'est-à-dire que les Québécois pourront to René Lévesque, a snap election on the continuer de mieux s'épanouir, comme theme of sovereignty for Québec. individus aussi bien que comme collectivité "As I said many times before, the distincte, à l'intérieur de l'ensemble cause of indépendance lies not in being in canadien. power; let us get rid of the illusion. An Je leur dis de cesser de traiter tous election would put it in its right place, ceux qui ne pensent pas comme vous de either in power or in Opposition, but where traîtres, de vendus, de bornés et de it belongs. M. Bourgault de conclure: But I prostitués, comme vous l'avez fait en fin de do not think that he will do it. I really do semaine dernière. Non seulement vous vous not think so." Mr. Speaker, neither do I. déshonorez, mais vous donnez le mauvais Moi non plus, je ne pense pas que le exemple puisque même certains éditorialistes premier ministre, ce grand démocrate, aura sont devenus aussi insultants et aussi le courage de faire ce qu'il devra méprisants que vous. De toute façon, vous ne éventuellement faire, c'est-à-dire de poser la faites peur à personne, sauf peut-être à question directe à la population et de la vous-mêmes, et si vous n'avez pas peur - et laisser, elle, laisser le peuple souverain c'est ce que je dis aux péquistes - si vous décider. Et tout ce que le Parti québécois n'avez pas peur de la volonté populaire, fera en attendant, avec ses motions et ses décrétez l'élection référendaire dans les discours incendiaires, me laissera, quant à meilleurs délais. En tout cas, moi, tout à fait froid. personnellement, je tiens à ce que cela soit À bon entendeur, salut! très clair. Si le gouvernement continue de temporiser en présentant la motion qui est Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le au feuilleton, à l'Assemblée nationale, je dis député de Rousseau. tout de suite: Ne comptez pas sur moi, ne comptez pas sur mon appui pour appuyer M. René Blouin quelque mesure dilatoire que ce soit. La seule... Et je rappellerai au député de M. Blouin: Merci, M. le Président. Joliette-Montcalm ce qu'il m'a dit après le J'ai entendu, comme vous-même et tous vote du 2 octobre, et je l'apprécie d'autant ceux et celles qui nous écoutent, celui qui plus que cela vient d'un gars qui est direct paraît être le chef de l'Opposition. Il y a un également. C'est qu'on peut ne pas être élément de ses propos que j'ai trouvé d'accord, mais, au moins, on respecte notre proprement incroyable. Il a parlé pendant droit de ne pas être d'accord, et si tout le quelques minutes de la défense de nos droits. monde était aussi direct que certains d'entre Se rappelle-t-il seulement, M. le Président, nous, peut-être bien qu'on perdrait beaucoup qu'il était un de ces députés, un des neuf moins de temps dans nos délibérations. députés de cette Assemblée nationale qui a La seule mesure honorable qui me voté contre une motion qui faisait en sorte paraît indiquée dans les circonstances que nous prenions un engagement solennel en actuelles, c'est donc la tenue d'une élection refusant que diminuent nos droits et nos référendaire. Et je dis au Parti québécois: pouvoirs au Québec? Et le député de Pour cela, vous n'avez pas besoin de Gatineau, qui est très fort en discours, ose présenter une motion, vous n'avez pas besoin parler de la défense de nos droits, lui qui de mon vote. Tout ce dont vous avez besoin, n'a même pas appuyé une motion qui allait c'est d'un peu de respect pour les Québécois directement dans le sens de la protection des et peut-être bien, dans certains cas, d'un droits et des pouvoirs du Québec! petit peu de courage. Malheureusement, je ne En l'écoutant, à bien des reprises, me fais pas d'illusion. Le premier ministre, lorsque je fermais les yeux, j'avais un petit sans doute, n'acceptera sûrement pas de peu l'impression d'entendre, avec toute la risquer de perdre le pouvoir; il y a pris goût, cohérence que cela implique, le ministre 214 fédéral de la Justice, Jean Chrétien. C'est (17 h 40) ce ministre qui fait partie du gouvernement Je discutais la semaine dernière avec fédéral qui a déposé, la semaine dernière, à certains citoyens de mon comté qui la Chambre des communes un budget dans travaillent dans de grandes entreprises, lequel, comme cela est son habitude, notamment les Papiers Rolland, à Mont- unilatéralement, tout seul, en se foutant des Rolland, et plusieurs d'entre eux, des autres, il a retiré aux provinces canadiennes ouvriers qui ont de quinze à vingt-cinq ans presque 6 000 000 000 $, répartis sur une de service, viennent d'être mis à pied parce période de cinq ans, en payements de que les commandes de la compagnie ne transfert aux provinces. Ce n'était pas le suffisent pas à occuper tous les employés. temps. Je rappelle simplement que les Cela vient encore dramatiser davantage, travailleurs et les travailleuses des secteurs M. le Président, la situation financière du public et parapublic ne seront jamais appelés Québec. Comme si le gouvernement du à vivre de pareilles situations d'insécurité, Québec n'avait pas déjà été frappé par la eux qui bénéficient d'une sécurité d'emploi politique fédérale des taux d'intérêt totale. On ne peut non plus comparer leur démentiels qui affectent particulièrement le situation avec celle des travailleurs et des développement économique du Québec. travailleuses non syndiqués qui sont trop Rappelons-nous que c'est d'abord l'Ontario souvent bafoués et qui sont traités comme qui hérite des grandes entreprises, alors que des guenilles. Il me semble que les centrales le Québec doit surtout compter sur ses syndicales et le gouvernement gagneraient à propres moyens et développer surtout des diriger d'abord leurs préoccupations vers petites et des moyennes entreprises qui ont cette masse de travailleurs et de financièrement les reins beaucoup moins travailleuses systématiquement exploités. En solides et, donc, sont plus affectées par les négociant avec l'État, les centrales taux d'intérêt que les grandes entreprises syndicales devront exiger un certain contrôle qui peuvent encaisser davantage et qui sont des tâches et de la mobilité, mais il me mieux protégées dans un pareil contexte. semble qu'il ne serait pas très difficile Le gouvernement du Québec est un peu d'accepter d'élargir certaines tâches puisque comme un individu qui doit renouveler son tous et toutes sont conscients que la hypothèque auprès du banquier fédéral qui lui situation actuelle conduit à des absurdités, dit: Non seulement je te ferai supporter les dont nous pouvons observer quotidiennement conséquences de ces taux d'intérêt que je les conséquences au gouvernement. qualifiais précédemment de démentiels mais, Ne serait-il pas temps de nous en plus, j'ai décidé de couper tes revenus. débarrasser, au sein de notre administration, Cette attitude d'Ottawa qui frappe le des chevauchements de tâches aussi abusifs Québec est, sur le plan politique, proprement que coûteux et, en même temps, de revoir répuqnante. C'est comme si, pour régler ses cette structure invraisemblable de cadres non problèmes financiers et diminuer son déficit, syndiqués, composée de chefs, de sous-chefs le gouvernement du Québec décidait de et de sous-sous-chefs qui alourdissent diminuer les paiements de transfert aux l'administration et font en sorte qu'on a municipalités. Il est clair que celles-ci, souvent peine à identifier qui est responsable privées de l'argent que le Québec leur de quoi, alors que chacun passe son temps à transfère, n'auraient d'autre choix, dans un approuver le travail de l'autre, qui a déjà pareil contexte, que d'augmenter leurs taxes été vérifié par plusieurs? Que cette foncières et de faire porter le fardeau sur néqociation des conventions collectives soit leurs propres citoyens et citoyennes. l'occasion de faire le grand ménage de la Cette attitude fédérale prive le Québec maison, non pas en mettant qui que ce soit de sommes rondelettes et elle arrive au dehors, mais en rationalisant le travail de moment où les finances publiques, ici comme chacun et de chacune pour atteindre une plus ailleurs en Occident, sont extrêmement grande efficacité. serrées. Cela coïncide aussi avec les Parallèlement à ces grands dossiers qui négociations entre l'État et les médecins, qui accapareront l'opinion publique dans les mois seront suivies des négociations pour le qui viennent, le gouvernement continue son renouvellement des conventions collectives travail en mettant de l'avant un des secteurs public et parapublic. L'histoire impressionnant train de mesures sociales et des négociations nous enseigne qu'elles économiques. Vous me permettrez, M. le amènent nécessairement des accrochages, Président, très rapidement d'en évoquer mais le Québec manquerait de courage s'il quelques-unes. Le gouvernement protégera les refusait de limiter, dans un pareil contexte femmes qui accouchent et qui désirent, à économique, les appétits financiers des l'intérieur de deux années, réintégrer le médecins qui, après tout, ne sont pas parmi marché du travail. Une autre mesure. Le les plus démunis de notre société et d'inviter gouvernement aidera les jeunes couples, les employés de l'État qui devront, eux et ayant au moins un enfant de moins de douze elles aussi, accepter de se retrousser les ans, à devenir propriétaires de leur maison, manches un peu plus haut. s'ils le souhaitent, plutôt que de demeurer 215 locataires. Le gouvernement fournira aux De plus, M. le Président, au moment où jeunes - nous le savons tous, la moitié des Ottawa et les provinces anglophones séparent chômeurs du Québec sont des jeunes - le Québec, le gouvernement manifeste une détenteurs d'au moins un diplôme secondaire, ouverture sur le monde en nommant un un bon d'emploi de 3000 $ afin de briser le ministre chargé du commerce extérieur qui cercle vicieux du "pas d'expérience, pas de coordonnera l'effort des différents services travail; pas de travail, pas d'expérience". orientés vers l'exportation. Le gouvernement incitera également les Je donne un dernier exemple. Le petites et moyennes entreprises à se lancer gouvernement devra, encore une fois, dans la recherche et le développement pour ramasser une partie des pots cassés par le produire de nouveaux produits et viser gouvernement fédéral en appuyant les ensuite les marchés d'exportation. Le citoyens et les citoyennes du Québec aux gouvernement continuera également prises avec des problèmes engendrés par la d'organiser des sommets économiques mousse d'urée formaldéhyde tandis que le régionaux où les syndicats, les patrons et le ministre fédéral, M. André Ouellet, dans une gouvernement concertent leurs efforts pour attitude qui ne me paraît pas tellement analyser les situations régionales et dégager humaine et surtout débranchée de la réalité, ensemble des lignes de développement lance avec mépris à ces victimes d'aller se économique qui permettent à chacun, faire soigner et, je présume, de lui laisser la particulièrement aux investisseurs, de voir paix. dans quelle voie nous devons nous diriger Voilà, résumé rapidement, le programme plutôt que, de façon presque anarchique, nous ambitieux d'un gouvernement qui démontre piler sur les pieds de façon quasi que les citoyens et les citoyennes du Québec systématique sur le plan économique dans les ont eu raison de lui faire confiance une régions. seconde fois le 13 avril dernier, un Le gouvernement poursuivra aussi son gouvernement qui prend le taureau par les ambitieux programme d'épuration des eaux cornes et qui, encore et toujours, parce qu'il qui nécessite des investissements majeurs de y croit, demeure fidèle à sa parole et à ses 5 500 000 000 $ sur une période de dix ans. engagements électoraux. C'est presque la moitié des coûts que Enfin, quant à l'attitude nécessitent les travaux de la Baie-James. Ce constitutionnelle du gouvernement d'Ottawa programme est important pour protéger la et de ses alliés anglophones naturels, elle est santé publique et important aussi pour tout simplement débranchée de la réalité du retrouver ou maintenir la qualité des cours Québec. Puisque je viens de parler de la d'eau, ce qui est un des facteurs très mousse d'urée, je rappelle à Ottawa que le importants sur le plan économique dans des gouvernement du Québec refuse, comme je comtés ou des régions qui, comme le nôtre, l'ai déjà dit, de devenir victime de la le comté de Rousseau, entre autres, vivent, mousse d'urée formaldéhyde constitutionnelle pour ce qui est d'un secteur très important fédérale et canadienne anglaise. Nous savons du comté, essentiellement de tourisme. maintenant à quel point ce projet est toxique Une autre mesure nous permettra aussi pour la santé collective des francophones de poser les premiers jalons en vue de mieux d'Amérique que nous sommes et que nous utiliser le système de transport scolaire, et resterons. ceci en permettant graduellement à la Mais plutôt que de traiter ce problème population en général d'utiliser ce service. Je de façon émotive, je préférerais baser mon me permettrai à cet égard, M. le Président, analyse sur la réalité et refaire avec vous, puisque c'est un sujet sur lequel j'ai réfléchi en une minute, l'histoire du peuple beaucoup et au sujet duquel j'ai reçu francophone en Amérique. En 1759, lors de beaucoup de suggestions de mes concitoyens la conquête, c'est-à-dire lorsque les Anglais du comté et même de concitoyens et de vinrent conquérir le Québec et le Canada, la concitoyennes de toutes les régions du population francophone du Canada Québec... Il me semble qu'il serait possible représentait 100%. En 1840, presque 100 ans non seulement d'élargir l'utilisation du plus tard, lors de l'union des deux Canadas, transport scolaire en permettant aux citoyens la population francophone au Canada ne en général de l'utiliser, mais également, représentait plus que 50% de la population puisqu'on est en 1981, en pleine année des totale. Lors de la Confédération en 1867, la handicapés, il me semble que pour un coût population francophone au Canada ne minime... J'ai vérifié et, effectivement, cela représentait plus que 32% de l'ensemble. Au ne coûte pas très cher d'équiper un autobus moment où nous nous parlons et où le scolaire pour y faire monter les handicapés premier ministre fédéral, flanqué maintenant qui, eux aussi, pourraient bénéficier de ce des provinces anglophones, est en train service à un coût presque dérisoire, ce qui d'essayer de réaliser le coup de force contre leur permettrait de s'intégrer davantage à la le Québec, nous représentons, en 1981, 26% société, de pouvoir se déplacer comme tout de la population totale du Canada. En l'an le monde et de vaquer à des activités 2000, nous ne serons qu'un peu plus de 20% beaucoup plus normales. de la population totale du Canada. 216

Dans tout cela, le système politique la nation française du Québec reçoit fédéral canadien nous a-t-il protégés? Voyons actuellement, nous devons vite prendre la voir! En 1867, le Québec avait 65 députés à place qui nous revient. Ce n'est pas si Ottawa. En 1981, 114 ans plus tard, le compliqué de devenir libre, indépendant et Québec a 75 députés à Ottawa, dix de plus ouvert au monde, c'est souverainement le qu'il y a 114 ans. En 1867, le Canada anglais temps! avait 116 députés à Ottawa. En 1981, 114 ans plus tard, le Canada anglais a 207 Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le députés à Ottawa, soit 91 de plus en 114 ans député de Sainte-Anne. et pour le Québec 10 de plus, actuellement, au moment où M. Trudeau est au pouvoir. M. Polak: M. le Président, je note qu'il Lorsque se tiendront les prochaines élections est 18 heures moins trois minutes. Je fédérales, selon le dernier recensement de demande la suspension de la séance. Statistique Canada du mois de juin dernier, le Québec aura quatre députés de plus à Le Vice-Président (M. Rancourt): Est-ce Ottawa, pour un total de 79, et le Canada que c'est accepté? anglais, 25 députés de plus pour un total de 232. Voilà décrite, de façon réaliste et très Des voix: Adopté. factuelle, la réalité telle qu'elle se présente. Et comme si ce n'était pas assez, on veut Le Vice-Président (M. Rancourt): Nos réduire nos droits et nos pouvoirs, les droits travaux sont suspendus jusqu'à 20 heures. et les pouvoirs du seul gouvernement contrôlé par les francophones d'Amérique. (Suspension de la séance à 17 h 56) Jamais nous n'accepterons de diminution de nos pouvoirs économiques et linguistiques déjà trop limités. Jamais nous n'accepterons (Reprise de la séance à 20 h 05) un projet dont les conséquences seraient encore pires que ce que nous avons encaissé Le Vice-Président (M. Rancourt): À jusqu'à maintenant, ce que nous avons l'ordre, s'il vous plaît! Veuillez prendre encaissé dans tellement de dossiers qui me place. viennent à l'esprit. La parole est au député de Sainte- Les conséquences, nous les avons Anne. encaissées dans le dossier de Ford où tout allait à l'Ontario; dans le dossier des F-18 M. Maximilien Polak où presque tout allait à l'Ontario; dans le dossier de Chrysler où tout allait à l'Ontario; M. Polak: M. le Président, d'abord dans le dossier de Volkswagen où tout allait quelques remarques sur le problème à l'Ontario et dans combien d'autres! constitutionnel. J'étais ici quand le premier Nous disons non à Ottawa et aux ministre nous a adressé la parole la semaine provinces anglophones qui veulent nous dernière lors du message inaugural. Je citerai assommer pour de bon. Plus que jamais, nous seulement quelques remarques qu'il a faites, devons affirmer notre égalité et nous mais que je considère tout de même acharner à défendre le Québec car qui, sinon importantes. Il a dit, M. René Lévesque, le le gouvernement du Québec, peut prétendre premier ministre de la province de Québec, être le meilleur défenseur des droits du et je cite: "II s'agit d'une crise d'une gravité Québec? En tout cas, ce ne sont sans précédent." Il a dit: "On a vécu deux certainement pas, comme le croit le premier jours de manipulations et de chantage ministre fédéral, les 75 sourds et muets intensif." Il a dit, et je cite: "Cette farce députés fédéraux, pas plus que les neuf macabre, la constitution." Il a dit, et je cite: députés de cette Assemblée nationale qui "Le Québec a été honteusement trahi." C'est acceptent que diminuent les droits et les M. Lévesque qui a parlé, celui qui est le pouvoirs du Québec; à mon sens, c'est père de notre destin, celui qui donne tragique pour un député qui est élu à l'exemple à nous et à nos enfants. l'Assemblée nationale. Vous vous rappelez, M. le Président, N'est-il pas plus clair que jamais que le qu'on a parlé de la résolution le 3 octobre seul chemin qui assure l'affirmation de notre dernier; pour moi, le sens de la résolution nation française d'Amérique est la était justement de forcer M. Trudeau, de souveraineté-association et que nous avons tordre le bras de M. Trudeau pour qu'il maintenant compris que le refus du Canada négocie avec les provinces. Ceci a eu lieu. anglais de négocier ne devra jamais Sous la pression de l'Assemblée nationale du empêcher le Québec d'accéder à la Québec, la pression du NPD, de la plupart souveraineté? La souveraineté-association est des provinces et du Parti conservateur, on a la voie de la sécurité collective qui assurera réussi et j'étais fier. J'ai voté en faveur de notre développement politique, social et cette motion justement pour forcer M. économique. Avec tout ce qu'on essaie de Trudeau à négocier avec les premiers faire contre nous et les coups de salaud que ministres des provinces canadiennes. 217

II est bon, M. le Président, de rappeler En d'autres termes, ce n'est pas du la période qui précédait ces négociations à tout le Québec qui est isolé, mais c'est le Ottawa où M. Lévesque, le premier ministre Parti québécois qui est isolé et la population du Québec, était membre de l'équipe des le sait. autres premiers ministres des provinces et ils Maintenant, M. le Président, on parle étaient ses plus grands amis. Vous vous de trois points en litige. Je vais faire un rappelez cela? Pendant des mois, on a vu M. bref commentaire sur deux de ces points. Lévesque se promener avec les premiers D'abord, la fameuse clause de mobilité. Il ministres des autres provinces. Il y avait faut bien comprendre que cette clause n'est même deux groupes. On disait: II y a un pas absolue, parce que les provinces ont le front commun des premiers ministres des droit d'y déroger par des programmes provinces. Il y a les durs et il y a les doux. provinciaux, au cas où le taux de chômage Les durs, c'étaient les trois L, Lévesque, d'une province excède la moyenne nationale Lougheed, Lyon, épaule à épaule, ensemble canadienne. J'étais ici la semaine dernière, pour le provincial. Les doux, les trois B, quand les péquistes ont parlé; je veux Bennett, Buchanan et Blakeney. Il ya une apprendre d'eux, je suis ici tout le temps, je chose que les trois L et les trois B avaient les écoute, quand ils parlent du problème en commun, incluant le L de Lévesque, c'est constitutionnel. Ils parlent tous d'un danger que les provinces étant réunies, on présente d'invasion des résidents des autres provinces un front commun devant le fédéral. vers le Québec; ils vont venir de partout, au Je me souviens bien de cette Québec, pour prendre les jobs des Québécois. conférence. Ils sont venus à Montréal - ils Quel argument, M. le Président, ont été reçus en grandes limousines, les ridicule, émotif et basé sur aucune réalité! premiers ministres de toutes les provinces, et Nous savons tous que ce sont les résidents les ministres des Affaires du Québec qui quittent notre province pour intergouvernementales - justement pour avoir d'autres provinces. Les seules compagnies, au ce front commun. M. Lévesque faisait partie Québec, qui font de l'argent et qui n'ont pas de ce front commun, il était, comme on dit besoin des subventions du gouvernement, ce en anglais, "One of the boys". Mais savez- sont les compagnies de déménagement qui vous, au fond, que M. Lévesque n'a jamais transportent nos citoyens et leurs effets voulu négocier positivement et arriver à une mobiliers vers Toronto, l'Alberta et entente? Savez-vous, M. le Président, Vancouver. Vous le savez, vous tous. Cette comment René Lévesque pourrait devenir le fois, M. le Président, il y a aussi des père d'un enfant qu'on appelle un fédéralisme milliers de Québécois, des francophones, qui renouvelé quand, en vérité, il ne veut croire partent. que dans le divorce et la rupture du pays qui Un deuxième point en litige, après la s'appelle Canada? mobilité, dont je veux parler brièvement, Lorsque M. Lévesque était à Ottawa, il c'est le problème des droits d'éducation dans y a deux semaines, il a écarté l'opinion de la langue des minorités. Il faut, M. le 60% de la population qui a voté, au moment Président, que la population sache quels sont du référendum, et qui a dit: On veut avoir les faits. Je ne pense pas que je puisse un fédéralisme renouvelé. Il n'a pas trahi convaincre mes amis de l'autre côté, parce seulement ces 60%, M. Lévesque a même qu'ils sont déjà aveugles, ils ne voient plus trahi une partie des 40% qui avaient voté rien à gauche et à droite, ils ne voient parce qu'ils voulaient tout de même avoir un qu'une chose, c'est la séparation, la fédéralisme renouvelé. souveraineté, l'indépendantisme. Je pense que la population veut savoir un peu mieux, elle Une voix: Cela, c'est vrai. veut connaître les faits. Je vous explique les vrais faits. M. Polak: N'oublions jamais ça. M. Dans les écoles anglophones du Québec, Lévesque a agi, c'est malheureux qu'il ne on ne prépare pas de petits terroristes soit pas ici, parce que s'il était ici... unilingues anglais qui vont imposer leur volonté à la population du Québec. Quand on Le Vice-Président (M. Rancourt): À entend les péquistes parler, la grande menace l'ordre, s'il vous plaît! nous vient de ces écoles anglaises. Au (20 h 10) contraire, dans ces écoles, ils apprennent M. Polak: ... il pourrait comprendre l'anglais et le français de telle sorte qu'ils quelque chose. C'est clair. M. Lévesque a peuvent travailler complètement dans les agi, non pas comme premier ministre du deux langues. M. le Président, il y en a un Québec, représentant les 60% de la qui m'interrompt. Quand on n'a plus rien à population qui ont voté non, et une partie dire, on commence à interrompre. On dit: des 40% qui ont voté oui, mais il a agi Bah, bah, bah, ça vaut rien, on commence à plutôt à Ottawa - ça, c'est grave - comme rire, mais moi je continue à parler. président du Parti québécois. Je cite M. Vous devez savoir également vous- Lévesque: C'est là, la farce macabre. C'est autres, MM. les péquistes - si vous le savez, là que le Québec a été honteusement trahi. vous ne le dites pas à la population, moi je 218 vais le dire pour vous - que dans la plus Minister himself - he is not here tonight grande commission scolaire protestante du either, he will come in when the Minister of Québec, c'est-à-dire le BEPGM, à Montréal, Finance gives you the speech on the budget, il est maintenant presque impossible de he will be here - in his inaugural message, former des classes en anglais parce que les gave a similar "mise en garde" to the parents réclament des cours d'immersion minorities. Whip up the population, stress totale en français; des cours en français, what divides us, scare people and threaten, c'est ça qu'ils veulent pour leurs enfants. that is once again the game the Government Mais vous oubliez de le dire. Moi, wants to play. personnellement, j'ai deux enfants qui sont But this time the population of Québec diplômés de ce système et ils parlent, will not buy this and will not accept this écrivent, s'expriment et peuvent travailler hysteria. The francophone community has dans la langue de la majorité, c'est-à-dire le seen that the minorities have accepted the français. principle of Bill 101 and it is now the Je suis content que finalement les francophones who are complaining about the péquistes applaudissent, parce que ça veut inequities and the excesses of this bill. The dire que ce qu'ils n'ont jamais dit à la prohibition of bilingual signs does absolutely population, moi quand je le dis, ils disent: nothing for the province and public opinion "T'as raison". Mais dites-le donc, vous-autres! confirms this, including francophone public Quand les péquistes disent que la majorité opinion. It is time to work together and not anglaise est gâtée et qu'elle a ses propres to rekindle the flames of yesterday. commissions scolaires, ils prennent l'exemple In my riding of Sainte-Anne, and I am dans les autres provinces. "Savez-vous que ça proud to say it, we have three local ne veut rien dire. On a le droit de faire newspapers: The Verdun Messenger, La Voix éduquer les enfants en français quand le populaire and the Nuns'Island Journal. All of nombre le permet, ce qui ne veut rien dire, those papers publish all their important texts il n'y a pas de commissions scolaires." Mais in French and in English and nobody objects. parlons de nos commissions scolaires ici à M. le Président, the real issues - and I Québec. La population a le droit de savoir - have dealt now with the constitutional peut-être que vous allez applaudir encore une problems because I wanted to inform the fois parce que je dis une vérité - que le plus population of the real facts - are the grand nombre des enfants, dans le secteur economy and the mismanagement and the non francophone, se trouvent dans le secteur wasting of public funds and I would do with anglophone catholique où ils n'ont it now. aucunement leurs propres commissions (20 h 20) scolaires, où ils forment une minorité et où Mon discours principal va porter sur ce ils font partie d'une commission scolaire que j'appelle le gaspillage des fonds publics. catholique contrôlée par les francophones. Je Je cite encore le texte du message inaugural vous donne un exemple. À la CECM, à du premier ministre M. Lévesque, lorsqu'il a Montréal, je la connais très bien, j'étais au dit la semaine dernière, à la page 20: "II conseil scolaire avec eux, il y a peut-être un faut pousser encore plus loin l'entreprise ou deux commissaires de langue anglaise et d'assainissement des finances publiques que tout le reste c'est des francophones, Donc ne nous avons commencée au cours de notre me dites jamais, ni à la population, que ces premier mandat." Ensuite il dit, page 25: anglophones sont gâtés et qu'ils ont leurs "Nous espérons que partout au Québec ceux propres commissions scolaires. Ils ne les ont qui administrent les programmes et qui pas, ils sont dans le système francophone et dispensent les soins à la population se ça marche bien. fixeront, eux aussi, un tel objectif: il faut Applaudissez donc là, parce que je dis que les gens sachent ce qui est fait et une autre vérité. dépensé en leur nom." M. le Président, that is why the Savez-vous, cet après-midi, lorsque je statement made by the Minister of Education suis arrivé ici à deux heures, voici la récolte - he is not here tonight, he should be here, d'une journée, le programme de publicité et he could have learned something - last week de gaspillage de fonds. Je ne veux pas les is false. It was inflammatory when he discuter tous, je veux simplement le threatened the anglophone minority with mentionner à la population parce que c'est further curtailment of its rights. très pesant de porter tout cela, mais je vais We are back again with the PQ game les passer. Cela a coûté des milliers de of English baiting. When there are no dollars. Le rapport de la Corporation reasonable arguments left, the PQ looks for professionnelle des orthophonistes, le rapport a scapegoat. What is easier than to blame du ministère du Conseil exécutif, le rapport "les autres", the minorities? annuel du ministère de l'Agriculture, le It is the Minister of Education, it is rapport annuel de la Corporation not the back-bencher talking, but it is the professionnelle des administrateurs, Chambre Minister of Education of the Province of des notaires, conseil consultatif. Cela coûte Québec, and that is serious. Even the Prime cher, n'est-ce pas? Et je continue: 219

Corporation professionnelle des comptables. notre Assemblée formée de treize députés Un instant, il y en a un qui ne coûte pas dont cinq de l'Opposition et les autres du cher: rapport de Me Aquin; c'est imprimé sur parti ministériel. Jusqu'à maintenant, tout va feuille simple. bien. Le ministre Bérubé en est aussi Une minute, là! Il y a un autre paquet membre et répond aux questions à titre de qu'on a eu aujourd'hui, savez-vous, et cela président du Conseil du trésor. Il est toujours ne se trouve pas dans le pupitre, il n'y a pas là. La commission - c'est notre mandat, la de place. Cela se trouve en bas, à terre, à population doit le savoir - examine les nos pieds; je vais vous lire seulement les engagements financiers du gouvernement pour titres. Et la population qui paie pour cela, les montants de 25 000 $ et plus et les fonds publics. M. Lévesque a dit: autorisés par le Conseil du trésor, par le L'assainissement des finances publiques. Je Conseil exécutif, par les ministères, etc. Elle continue: rapport annuel du Conseil régional joue un rôle d'instrument de contrôle des de la santé secteur 01, rapport annuel du dépenses publiques. Je suis tout à fait Conseil régional de la santé et des services d'accord. Nous sommes ici pour travailler, sociaux Saguenay-Lac-Saint-Jean - c'est là pour nous informer. qu'il y a une enquête sur la Saint-Jean- Par exemple, on a étudié - parce qu'on Baptiste - Conseil de la santé de la région a étudié seulement trois mois, il y avait de Québec. Et regardez comment c'est tellement de questions à poser, on est rendu imprimé. au mois de mai, maintenant les engagements Cela coûte cher, c'est tout payé par du mois de février 1981, engagement 654, au nous autres, par tout le monde. Encore un ministère de l'Industrie, du Commerce et du autre rapport du Conseil de la santé de la Tourisme - ces exemples, je les ai en main - région 03, il est épais; encore un autre c'est c'est une subvention de 71 000 $. C'est la CRSSS-04. C'est juste la récolte population qui paie, les travailleurs et les d'aujourd'hui. Le rapport annuel du Conseil travailleuses, les Québécois et les régional des Cantons de l'Est, le rapport Québécoises - pour l'achat de mobilier et la annuel du Conseil de la santé et des services construction d'un motel et d'un poste à sociaux de la région du Montréal essence. On appelle ça, chez nous, à la métropolitain, présentation du CRSSS-LL, commission, un "gas bar". Qu'est-ce qui est page 3, Conseil régional de la santé de la écrit au bas de la page? 30 emplois créés, Montérégie. pour 71 000 $. J'ai posé une question parce que j'étais surpris, mais j'étais content. 30 Une voix: Aie! Il y a un trait emplois, 71 000 $, c'est fantastique. Quand d'union, là. on tourne la page, à l'engagement 655, juste un peu plus loin, on voit une subvention pour M. Polak: C'est la population, M. le un motel de la même grandeur, mais, cette Président, qui paie pour cela, pas seulement fois, c'est un montant de 36 000 $ et on a un, mais des milliers d'exemplaires. Calculez écrit: Emplois créés: 3. Un en a créé 30, et combien cela coûte. Un autre, Le tournesol, l'autre, 3. de l'Outaouais. Ici, il y a une annexe au J'ai posé des questions au sujet des rapport annuel. Rapport annuel, Conseil de la emplois créés. J'étais nouveau, je ne le santé, région du Nord-Ouest, un autre savais pas et je voulais savoir. Il me document, c'est seulement un état financier. semblait qu'à ce moment-là, en plein milieu Ensuite, Région 09. Cela, M. le Président, du mois de février, il s'agissait de créer 30 c'est la récolte de cet après-midi. Quand je emplois, avec 71 000 $, pour la construction viens ici, deux, trois fois par semaine, je d'un "motel-gas bar" à Saint-Pacôme. Je n'ai viens avec un fardeau de rapports de toute rien contre Saint-Pacôme, je n'ai rien contre sorte. Je me demande ce que la population le motel et je n'ai rien contre le "gas bar", en pense! mais je trouvais ça bizarre, 30 emplois. Quand M. Lévesque a dit: II faut Je continue, M. le Président. On arrive pousser encore plus loin l'entreprise au mois de mars 1981, toujours au ministère d'assainissement des finances publiques, de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme. regardez donc ce qu'il a fait jusqu'à Je suis sérieux, je cite la documentation d'un maintenant avec cela. Donc, j'ai dit, M. rapport, ce n'est pas moi qui l'invente: Lévesque, vous avez dit cela? J'accepte le 121 500 $ pour l'achat de machinerie pour défi, j'en parle, voici la récolte. un aquarium et des cages d'oiseaux. C'est Maintenant, M. le Président, il faut que sérieux pour la population. Les gens d'en je parle à ceux qui sont ici, aux députés et face commencent à rire, mais c'est votre aussi la population, de ce que j'appelle le gouvernement qui a accordé cette subvention. gaspillage des fonds publics. Je suis membre, Emplois créés: 23. J'ai été tellement surpris heureusement, d'une commission permanente de voir 23 emplois créés que j'ai posé la de notre Assemblée, la commission des question au ministre. D'abord, il a répondu engagements financiers. Vous continuerez à qu'on allait peut-être compter les oiseaux. Je applaudir après ce que j'ai à dire, on verra! suis revenu sur le sujet en disant: Je me C'est une commission permanente élue de demande si la personne qui a fait une telle 220

demande n'a pas essayé d'influencer le Bérubé - c'est "réaliser ce qui n'existait déroulement du système pour obtenir une pas". Je n'ai pas le temps de citer d'autres subvention et n'a pas négocié sur la base exemples au même ministère pour le mois de d'un chiffre incorrect. Peut-être qu'au lieu mars, mais encore un court exemple. de 23 emplois, n'y avait-il pas deux ou trois L'engagement 605 du même mois, un emplois. J'ai demandé de vérifier si le restaurant de Rimouski a reçu une subvention chiffre était sérieux oui ou non. de 45 000 % créant 33 emplois; cela me Je continue, parce que j'étais encore au surprend. début de ma carrière, j'étais surpris. Maintenant, une autre affaire qu'on a Toujours au mois de mars 1981, au ministère découverte. La fameuse affaire des contrats de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, négociés. D'abord, le ministre nous a même une autre subvention, 33 000 $ - écoutez expliqué à cette commission qu'il faut bien cela - pour la rénovation des chambres d'un comprendre que, là, il y a la transparence du hôtel-motel. Nombre d'emplois créés: 52 gouvernement du Parti québécois. La emplois permanents et 70 occasionnels, pour politique du gouvernement, a-t-il dit, c'est un montant de 33 000 $. J'ai posé les qu'en principe le gouvernement procède mêmes questions au ministre. toujours par soumissions publiques, de sorte qu'en théorie chaque fournisseur aura le droit M. Marx: Voilà le ministre qui était là. de soumissionner pour un contrat du gouvernement. Je suis tout à fait d'accord M. Polak: J'ai posé les mêmes questions avec cela. Il y a quelque chose que la bourse que pour le poste à essence, pour les cages publique paie. Cela va pour les soumissions d'oiseaux et beaucoup d'autres engagements. publiques, en principe. Le ministre a déclaré J'ai alors dit que j'étais très heureux du fait que, par exception seulement, le que, pour une subvention de 33 000 $, on ait gouvernement procède par contrat négocié. créé 52 postes permanents et 70 postes Cela veut dire que le gouvernement choisit occasionnels. C'est fantastique. C'est à ce un fournisseur et signe un contrat avec ce moment-là - c'est important - que le fournisseur; aucune soumission publique. Mais ministre Bérubé a répondu: "Cela peut être il a dit: C'est une exception. Pourquoi cette des emplois créés ou protégés. J'ai exception? Soit à cause de la compétence l'impression que c'est ce que ça veut dire. Il extraordinaire du fournisseur ou le presque a dit: Ce n'est peut-être pas des emplois monopole de la disponibilité des services. créés, ça peut aussi être des emplois Là, je vous donne un autre exemple. protégés ou retenus. Il a dit: Vous avez une C'était tout là dans le document. On parle entreprise qui ferme, avec une perte de 200 ici d'une impression de 3 300 000 enveloppes emplois. Un industriel décide de la reprendre de retour qui contiennent des talons de et vous donnez une subvention, ce qui fait chèques que les bénéficiaires d'aide sociale qu'on réengage 200 employés. Est-ce que ce doivent retourner. Donc, là, il y a un sont des emplois créés ou des emplois fournisseur qui a eu le mandat de fabriquer maintenus et comment devrait-on les classer? 3 300 000 enveloppes. Mais il est bien connu Quelle question!" Fin de la citation. qu'il y a des centaines de compagnies au (20 h 30) Québec qui peuvent fabriquer des enveloppes Mais c'est justement là, M. le de retour. Enfin, cela n'est pas difficile. Tu Président, le problème. Quand on lit les prends une enveloppe et c'est l'enveloppe de résultats - je prends juste trois ou quatre retour, il n'y a pas de problème. J'ai exemples - des centaines de subventions demandé au ministre la raison pour laquelle seulement au ministère de l'Industrie, du on a procédé par contrat négocié, pas par Commerce et du Tourisme, on parle toujours soumissions publiques. Pourquoi n'a-t-on pas - vous allez voir cela dans les livres - procédé par soumissions publiques? Il faut d'emplois créés. Évidemment, à la fin de savoir qu'il s'agissait d'un contrat de l'année, un autre ministre, cette fois de 82 000 $. Ce n'est pas une petite somme. l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, va Le ministre a répondu et je cite encore - dire: Voici, on a créé au Québec 55 000 tout est là dans le journal des Débats: "II emplois. Le ministre fera publier encore s'agit d'enveloppes timbrées", et c'est le mot une autre brochure démontrant combien de "timbrées" qui est important." Voyez donc! milliers d'emplois ont été créés. Mais nous, Là, on demande à quelqu'un de faire une de l'Opposition, on a fait la preuve no 1 - le enveloppe, mais la grande distinction, c'est ministre le sait - que, très souvent, les qu'il s'agit d'une enveloppe timbrée. chiffres sont totalement erronés et, Évidemment, c'est une réponse enfantine deuxièmement, selon le ministre lui-même, le parce que cela ne prend pas un grand mot "créé" implique également "retenir un spécialiste pour préparer des enveloppes emploi qui existe déjà". Il n'y a aucun timbrées. dictionnaire au monde qui permette une telle J'achève, M. le Président. Le ministre interprétation du mot "créer". Larousse dit a dit que, selon le service général des que "créer" - je cite Larousse parce que j'ai achats, ce produit n'est disponible que chez plus confiance en Larousse qu'au ministre un seul fournisseur et cela me surprend 221 hautement. monnaie et que la plupart de ses outils de M. le Président, je vois que mon temps développement économique sont dans les achève. C'est malheureux parce que j'aurais coffres d'un autre palier de gouvernement. pu continuer pendant des heures sur ce qu'on Oui, M. le Président, nous n'avons pas appelle le gaspillage des fonds publics. réussi si mal. Nous avons réussi, pour la M. le Président, je voudrais terminer première fois, à nous bâtir, au Québec, une avec une remarque. Je sais que plus tard ce politique d'achat chez nous, qui a créé des soir, à 21 heures, je pense, le ministre des milliers d'emplois directs et indirects. Nous Finances, qu'on appelle en anglais "the avons réussi, grâce à l'Opération solidarité wizard of Oz", le grand magicien économique, à créer des programmes financier, va nous adresser la parole. J'ai un d'emplois communautaires, des programmes message pour lui, parce qu'il n'a pas encore de prise en charge d'intérêts qui ont présenté son nouveau budget, il peut encore contribué à créer des centaines et des changer sa présentation. J'ai deux milliers d'emplois, tout en en maintenant suggestions à lui faire. M. Parizeau, quand également des centaines et des milliers. vous présenterez votre deuxième budget, s'il Nous avons créé des programmes en vous plaît, coupez donc le gaspillage, la agriculture qui ont permis la construction de paperasse incroyable et le fonctionnarisme. centaines et de centaines de silos sur les Cela va épargner des millions. fermes, ainsi que la construction de centres Deuxièmement, allez choisir vos régionaux d'entreposaqe et de séchage de priorités. Je vois ici le député de Verdun... grain, toujours dans le but d'accroître et d'améliorer nos productions. Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le Ce n'est pas si mal quand on y pense. député. M. le député de Sainte-Anne. Et, encore plus, pour la première fois de notre histoire, c'est la première fois qu'un M. Polak: À Verdun, il y a un surplus gouvernement dépose un document étalant au et le ministre des Finances apprendrait grand public un développement économique à quelque chose de son administration. Merci moyen et à long terme dans le document beaucoup. intitulé Bâtir le Québec. Jamais un gouvernement n'avait osé se Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le compromettre sur les moyen et long termes. député de Joliette. On gouvernait à la pièce, à court terme, toujours en fonction de gestes politiques de M. Guy Chevrette court terme. Cet ensemble de politiques et de programmes a porté fruit et continue de M. Chevrette: M. le Président, lorsqu'on donner des résultats fort tangibles. Jamais, a entendu et relu le message inaugural et dans un laps de temps aussi court, nous lorsqu'on écoute les discours de certains n'avions eu autant d'investissements dans ma députés de cette Assemblée, on se demande propre circonscription électorale. Pourtant, si certains ne sont pas sourds ou ne savent Dieu sait qu'avec les taux d'intérêt actuels, pas lire. Il est vrai, cependant, qu'il n'y a le capital s'entasse beaucoup plus dans les pas de plus sourd que celui qui ne veut pas caisses et dans les banques que dans les comprendre ou qui ne veut pas entendre. investissements comportant des risques. Depuis une quinzaine d'heures déjà, je Malgré cela, chez nous, dans mon comté, n'ai pas entendu dans cette Chambre un seul après la compagnie Ciment Indépendant Inc., député de la succursale québécoise libérale qui a connu une grande expansion, la trouver un aspect positif au message Domtar, la Porcelaine Syracuse, Firestone, inaugural. Plus que cela encore, ces gens ont qui a accru son nombre d'emplois de l'épiderme extrêmement sensible. Chaque fois centaines d'employés, une petite usine de qu'on fait allusion à la maison mère farine de bois, une imprimerie régionale, la d'Ottawa, les voilà tout fâchés. coopérative de Montcalm, la coopérative de Ne vous en déplaise, je vais essayer, au Joliette a vu le jour également et tout cela moins pour les citoyens qui nous écoutent et dans une conjoncture économique difficile, non pour vous, de sortir certains de ces mais grâce au soutien et à l'aide des éléments positifs du message inaugural pour différents programmes gouvernementaux. Ce permettre aux citoyens du Québec de pouvoir n'est pas si mal et ce n'est pas fini. Nous analyser quelles sont les orientations allons continuer et ce, malgré le fait - et je gouvernementales tant sur les plans le répète - que nous ne détenions que la économique et social, que sur le plan moitié de nos outils de développement et la constitutionnel. moitié de notre porte-monnaie. Il ne sera pas inutile de rappeler (20 h 40) certaines de nos réalisations qui nous ont Pour celui qui veut comprendre le permis, malgré une conjoncture économique message inaugural, il est facile de constater plus que difficile, de nous en tirer d'une que nous trouvons là des mesures susceptibles façon fort respectable, surtout lorsque l'on d'accroître notre développement économique, ne détient que la moitié de son porte- mais ce qui me rend le plus heureux, c'est 222 que cela concrétise la réalisation de nos avons pris durant la campagne électorale engagements électoraux. En effet, les jeunes sera rétroactif au 1er mai. Personne, du côté à la recherche d'un emploi se verront de la succursale libérale québécoise, n'a osé remettre un bon d'emploi de 3000 $ s'ils dire que c'était un geste positif du sont sans emploi depuis six mois et s'ils gouvernement actuel. détiennent un diplôme secondaire. J'espère D'autres mesures annoncées dans le gu'avec cette mesure ce sera fini les refus discours inaugural aideront à assurer un sous prétexte du manque d'expérience. Je meilleur développement économique. Malgré crois que c'est là une mesure concrète, une nos faibles moyens, nos moyens limités, mesure positive, une mesure avant-gardiste malgré le fait que nous n'ayons que la susceptible d'aider nos jeunes. Pourtant, moitié de notre porte-monnaie et la moitié depuis le début du débat sur le message de nos outils de développement économique, inaugural, je n'ai pas entendu un seul libéral dès cet hiver, un programme, un projet de parler des effets positifs de cet engagement. relance nous sera présenté par le ministre Toujours pour nos jeunes, afin de d'État au Développement économique. Nous favoriser la relève en agriculture, nous allons étudierons aussi - et cela est important - la réaliser un deuxième engagement électoral, possibilité de permettre aux travailleuses et celui du prêt de 50 000 $ sans intérêt pour travailleurs québécois de participer les cinq premières années. Dans la financièrement à l'entreprise. Voilà une conjoncture actuelle, 50 000 $ sans intérêt, mesure attendue depuis fort longtemps et qui pouvons-nous nous imaginer un instant ce que permettra aux entreprises du Québec représente un tel programme? C'est une d'envisager une expansion d'envergure mesure incitatrice à l'établissement et c'est internationale. un autre engagement très positif. Je n'ai pas Oui, M. le Président, nous avons fait entendu un seul député libéral souligner des efforts louables et respectables et nous l'aspect positif de ce programme vis-à-vis de pourrions faire encore plus si nous détenions nos jeunes qui assumeront la relève en l'ensemble de nos pouvoirs, la totalité de agriculture; pas un député libéral n'a osé notre porte-monnaie. Les citoyens ne sont dire que c'était positif. pas dupes, M. le Président. Les citoyens Encore pour nos jeunes, mais cette commencent à comprendre de plus en plus fois-ci pour ceux qui sont les plus les enjeux politiques. Les citoyens sont défavorisés - on s'apitoie souvent sur le sort capables maintenant de s'imaginer qui est le des défavorisés - nous avons pensé créer un responsable. On n'a qu'à leur demander programme, Chantier jeunesse, qui permettra aujourd'hui qui est responsable du taux à nos jeunes sans diplôme de pouvoir se d'intérêt, de l'extravagance des taux regrouper et obtenir l'aide gouvernementale. d'intérêt. Ils savent fort bien que cela Personnellement, je considère encore là que échappe complètement à l'autorité de c'est une des mesures positives, sur le plan l'Assemblée nationale et du gouvernement économique, qui permettront à des jeunes actuel ici. Ils savent très bien que c'est à qui, normalement, allaient gonfler le rang d'autres paliers de gouvernement que le des assistés sociaux de retrouver le goût au nôtre. Quand on leur demande qui vient nous travail et de s'intégrer au marché du travail. enlever 130 000 000 $ sur les redevances au Je n'ai pas entendu un seul libéral en cette Québec par rapport à un budget qui vient Chambre trouver cet aspect du message d'être proclamé à la Chambre des communes, inaugural positif. Rien de positif, selon eux. les gens vous répondent: C'est le Je vais vous en parler davantage tout à gouvernement d'Ottawa. l'heure, M. le Président. Quand on leur demande qui a décidé ou L'ensemble de ces mesures économiques qui avait les pouvoirs de décider que les visant les jeunes permettra, j'espère, à tous avions de type F-18 seraient construits ceux-ci de prendre la place qui leur revient exclusivement ou presque totalement en dans notre société en plus d'assurer une Ontario, ils savent fort bien que ce n'est pas relance de l'économie québécoise. J'allais en le gouvernement du Québec. Ils savent fort oublier une et non pas la moindre, au bien que ce n'est pas le gouvernement du contraire. Québec qui a décidé que Volkswagen irait Encore pour nos jeunes, mais cette s'établir en Ontario non plus. Ils savent les fois-ci pour nos jeunes couples, on leur efforts qu'a menés le ministre de l'Industrie permettra, par notre programme de relance et du Commerce du Québec. Mais, encore là, de l'habitation, pour ainsi dire, de se porter le manque de pouvoir de décision nous acquéreur, de passer du statut de locataire à empêche justement d'attirer nous-mêmes ces celui de propriétaire. Je crois que c'est une compagnies. Qui décide que le Québec sera mesure qui a une double dimension: une la moins favorisée de toutes les provinces du dimension sociale pour le jeune couple et une Canada en termes de politique dimension économique dans le cadre de la d'investissements du gouvernement fédéral? relance de l'industrie de la construction. Je Ce n'est toujours pas le Québec. Nous n'ai pas entendu un seul libéral dire que cela sommes encore la dixième, pour votre avait du bon sens. Cet engagement que nous information, et on ne le prend pas dans les 223 chiffres du Québec. On puise cela dans régler, et ce dans les meilleurs délais, toute Statistique Canada. la question des salles d'urgence et toute la Les Québécois sont de plus en plus question de l'assurance des services essentiels conscients de ça, M. le Président. à la population. N'en déplaise aux petits frères libéraux M. le Président, j'ai trouvé du Québec, leurs grands frères d'Ottawa extrêmement positive cette annonce du n'ont jamais le réflexe québécois quand il message inaugural et je n'ai pas vu un seul s'agit d'investissements créant des emplois et je n'ai pas entendu un seul député libéral rémunérateurs. Les gros investissements, ce se lever et dire: Ceci constitue un point n'est pas pour nous Québécois. C'est pour positif dans le discours inaugural. Non, M. le l'Ontario ou pour d'autres provinces, mais Président, absolument rien. On ne fait rien jamais pour le Québec. Nous n'avons pas de bon. oublié, M. le Président, dans le discours (20 h 50) inaugural, la dimension sociale. En effet, le M. le Président, dans un tout autre premier ministre a aussi annoncé des domaine, qui a d'ailleurs aussi une très réformes en profondeur qui touchent entre grande importance pour les citoyens de ma autres aux droits de la famille, par des circonscription et probablement pour plusieurs modifications au Code civil et également des circonscriptions électorales du Québec, il y a modifications à l'aide sociale dans la toute la rationalisation dans le domaine du poursuite de l'assainissement et la transport. On sait fort bien qu'il y a un rationalisation des services déjà existants. Je paquet, un chapelet jaune, comme on se ne sais pas si c'est positif pour l'Opposition. plaît à les appeler, d'autobus scolaires qui se Je n'en ai pas entendu un seul dire que cela promènent littéralement vides et qui avait du bon sens que le discours inaugural sillonnent nos campagnes et nos paroisses. Je annonce ces orientations. Aucun. Au pense qu'il était temps qu'un gouvernement contraire, on est à la défense des "big prenne la décision et l'orientation d'utiliser brothers" d'Ottawa. au maximum nos ressources. Cela est positif. M. le Président, dans le domaine de la Comment se fait-il qu'il n'y ait pas un seul santé et de la sécurité au travail, on veut député libéral dans cette Chambre, pas un remodifier les lois pour assurer un véritable rouge qui se soit levé pour dire: Cette remplacement de revenu pour les travailleurs mesure est quelque chose d'encourageant? On accidentés. Je n'ai pas entendu un seul demandait de couper les dépenses, d'arrêter libéral dans cette Chambre se lever et dire: le gaspillage. J'écoutais le député de Sainte- II était temps que cela se fasse. Aucun. Ah Anne, avec beaucoup de verve et de gestes, non! On se porte à la défense de Lord se plaindre surtout du gaspillage. Il n'a Elliott. On se fout des travailleurs québécois, même pas trouvé cet élément positif. Il n'a par exemple. M. le Président, le même pas trouvé une minute dans son exposé gouvernement du Québec ne change pas une pour dire que cet aspect du message loi pour le plaisir de la changer. Il la change inaugural avait un certain bon sens et qu'il quand on sait qu'il est temps et qu'on en a fallait y aller à fond de train dans ce les moyens et, avec nos faibles moyens, nous domaine et d'une façon rapide. faisons ce que nous pouvons. M. le Président, M. le Président, je ne voulais pas quant à moi, ce sont des mesures au niveau parler du tout de la constitution. D'autant du discours inaugural qui sont à caractère plus que je sais pertinemment, M. le social et s'ajoutent pour aider les Québécois Président, que les gens commencent à en et les Québécoises dans leurs démarches pour avoir passablement soupé. Mais après avoir bâtir un Québec qui veut rester fort de plus entendu les Trudeau, Chrétien, Ouellet, en plus. Lalonde, Joyal et quelques ténors de la M. le Président, depuis des années, les succursale, je vous avoue que je dois Québécois et les Québécoises connaissent succomber à la tentation. Je me vois forcé certaines difficultés à recevoir les soins de poser des questions au moins aux auxquels ils ont droit. C'est pour cette Québécois et aux Québécoises, pas à raison que non seulement des amendements l'Opposition, afin de démasquer ces aux mécanismes de négociation seront hypocrites, ces sépulcres blanchis, ces proposés, mais aussi et surtout une formule menteurs et ces politiciens sans parole. qui assurera la primauté du droit des Rappelez-vous tous qui est venu au Québec personnes à recevoir les services essentiels. demander aux Québécois de dire non et que M. le Président, je serai des plus heureux de cela leur assurerait des droits additionnels. participer avec mes collègues à l'élaboration Qui? Qui est venu dire au Québec: Dites de ces nouvelles formules puisgue j'en ai fait non, mais cela voudra dire oui à un personnellement un engagement électoral changement en votre faveur? C'est qui? Ces dans mon propre comté où j'ai un centre mêmes politiciens menteurs et sans parole, hospitalier regroupant au-delà de 2500 M. le Président. Qui a parlé en pleine nuit travailleurs et dispensant les trois vocations aux autres provinces, qui a comploté avec de soins psychiatriques, soins prolongés et les autres premiers ministres sans inviter le soins aigus, et il nous faut absolument Québec? Qui? Ces politiciens "crapoteux", 224 véreux, M. le Président, qui ont voulu En ce qui nous regarde, nous allons délibérément exclure le Québec. Je vous lirai tenir mordicus aux conditions minimales qui une phrase tantôt. Vous souriez, mais vous ont été mises sur la table par la motion de rirez peut-être moins jaune tantôt, ou plus M. Lévesque. Il n'est pas question qu'on aille jaune, selon le cas. Ces mêmes gens sans ramper. C'est un seuil minimum pour scrupules se portent à la défense des droits commencer à discuter, pour avoir plus. et des pouvoirs du Québec. Imaginez-vous! 73 Jamais vous ne nous ferez aller en bas de sur 75, parce qu'il faut bien exclure Duclos ça. Quand je vous vois souhaiter des et Lasalle, mais 73, oui 73 marionnettes élections au Québec à court terme, Dieu manipulées par Lord Elliott. Tous ces gens merci, j'espère que jamais le Québec ne préfèrent rester assis. Ils sont élus retombera entre les mains de ceux qui sont démocratiquement par les Québécois pour prêts à se donner avant même de détenir le défendre les intérêts du Québec, mais il n'y pouvoir. Merci. en a pas un qui parle. Il n'y en a pas un qui se lève. Même dans la succursale, ici, à Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le écouter certains discours, on jurerait qu'on député de Viau. est à la Chambre des communes et non pas à l'Assemblée nationale. Je suis même M. Cusano: M. le Président, considérant surpris, M. le Président, que Mme la députée qu'il est 20 h 58 et considérant les grandes de L'Acadie, par exemple, ex-présidente de surprises qu'on attend du ministre des la CECM, ne soit pas scandalisée de la Finances, je demande la suspension du débat. charte des droits en ce qui regarde la langue d'enseignement. Je suis même surpris que la Le Vice-Président (M. Jolivet): Est-ce députée de Chomedey ne soit pas contre la que cette motion de suspension est adoptée? charte en ce qui regarde l'intégration des Adopté. immigrants à la communauté majoritaire M. le leader du gouvernement. francophone. Je suis surpris que le député de Jean-Talon, qui se balade et qui rit de tout M. Charron: M. le Président, je le monde quand on parle, lui qui est revenu, proposerais l'ajournement du débat, au nom M. le Président, bras dessus, bras dessous du député de Viau, jusqu'à demain matin, 10 avec son ami Bourassa, isolé de Victoria, heures, en ce qui concerne ce débat. essaie de nous dire que c'est unique au Québec. Qui nous dit que... Le Vice-Président (M. Jolivet): Cette motion d'ajournement est-elle adoptée? Une voix: C'est la faute... Adopté. M. le leader du gouvernement. M. Chevrette: Non, c'est la faute d'un gouvernement séparatiste. C'est parce que M. Charron: M. le Président, je vous Lévesque est un séparatiste qu'il est revenu prierais de reconnaître M. le ministre des isolé, seul! Lesage était-il un séparatiste? Il Finances. est revenu seul d'Ottawa. Johnson n'avait rien d'un séparatiste. Il est revenu seul Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le d'Ottawa. Bertrand n'avait tout à fait rien ministre des Finances. d'un séparatiste. Il est revenu seul d'Ottawa, et Bourassa n'avait pas l'ombre d'un Crédits supplémentaires péquiste, il n'avait même pas l'ombre d'un type qui voulait quelque chose, il n'avait pas M. Parizeau: M. le Président, un de colonne vertébrale. Malgré tout cela, il message de Son Honneur le lieutenant- est revenu de Victoria seul et isolé. Ce gouverneur, signé de sa main. n'étaient pas des séparatistes. Plus que ça, il n'a même pas obtenu le respect du premier Le Vice-Président (M. Jolivet): Message ministre canadien parce qu'on l'a traité de de Son Honneur le lieutenant-gouverneur de mangeur de hot dogs. Vous autres, vous la province, M. Jean-Pierre Côté. L'honorable prétendez vouloir négocier. Là, vous me lieutenant-gouverneur de la province de faites rire. Vous me faites penser à un Québec transmet à l'Assemblée nationale les syndicat de boutique. Savez-vous ce que crédits supplémentaires no 1 pour l'année c'est, un syndicat de boutique? C'est un financière se terminant le 31 mars 1982, syndicat dont le président est dominé par le conformément aux dispositions de l'article 54 patron, est contrôlé par le patron et c'est un de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique, syndicat qui se voit imposer les conditions 1867, et recommande ces crédits à la par le patron. Dieu merci, M. le Président, considération de la Chambre. que ça ne soit pas le chef agonisant de la succursale libérale provinciale qui soit chef M. Charron: M. le Président... négociateur. Dieu merci que ça ne soit pas cette équipe dominée par son grand frère qui Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le soit le porte-parole du Québec. leader du gouvernement. 225

Renvoi à la commission plénière situation actuelle. de l'Assemblée Il n'est pas habituel, j'en conviens, de procéder ainsi, mais le monde dans lequel M. Charron: ... avant de proposer une nous vivons, les incertitudes qu'il comporte suspension d'à peine quelques minutes à et les changements qu'il apporte entraînent l'Assemblée avant la lecture du budget des modifications dans les habitudes. supplémentaire que le ministre des Finances Si j'étais persuadé que ce qui s'est apporte ici, ce soir, je voudrais faire motion passé depuis quelques mois se résorberait pour que les crédits qui viennent d'être rapidement, si j'étais, d'autre part, assuré déposés soient transmis pour étude à la que nos rapports financiers avec le commission plénière de l'Assemblée nationale. gouvernement fédéral sont susceptibles de s'améliorer à courte échéance, peut-être Le Vice-Président (M. Jolivet): Est-ce pourrais-je attendre, comme le veut l'usage, que cette motion est adoptée? le mois de mars prochain pour modifier les M. le leader de l'Opposition. orientations budgétaires. Ce n'est cependant pas le cas. Dans ces conditions, il a semblé M. Levesque (Bonaventure): Un instant, nettement préférable de faire face tout de M. le Président. Je voudrais qu'on comprenne suite aux changements qui s'imposent. très bien que, lorsque le leader parlementaire Essayons d'abord de remettre la du gouvernement parle de budget situation actuelle en perspective. On sait supplémentaire, il s'agit, d'une part, de qu'à partir de 1977, le gouvernement a réussi crédits supplémentaires et, d'autre part, d'un à maintenir la croissance des dépenses bien budget qui n'est pas un budget au-dessous du rythme d'expansion des années supplémentaire, mais un deuxième budget antérieures. En fait, pendant trois ans, la dans l'année financière. hausse n'a pas dépassé 12%, comparativement à 21% des trois années précédentes, c'est-à- Le Vice-Président (M. Jolivet): Cette dire 1974 à 1976. Cependant, en 1980-1981, motion est-elle adoptée? Adopté. on ne peut éviter une augmentation de plus M. le leader du gouvernement. de 16%. Il est clair que cela est trop élevé, dépasse l'augmentation de la production M. Charron: M. le Président, je propose nationale et donc, tôt ou tard, va rendre la suspension des travaux de la Chambre nécessaires des augmentations d'impôts alors pour cinq minutes. même que la politique du gouvernement cherche à les abaisser. Le Vice-Président (M. Jolivet): Cette (21 h 10) motion est-elle adoptée? Adopté. Suspension À l'occasion du budget de mars dernier, pour cinq minutes. j'annonçais une série de compressions budgétaires dont on sait à quel point elles (Suspension de la séance à 21 heures) sont discutées par les groupes intéressés, mais qui néanmoins sont indispensables si l'on veut continuer à faire progresser (Reprise de la séance à 21 h 07) correctement le cadre social et économique dans lequel nous vivons. Le Vice-Président (M. Jolivet): À Sans doute certaines de ces compres- l'ordre, s'il vous plaît! M. le leader du sions sont-elles remises en cause, mais' au gouvernement. total, il semble bien que plus de 80% de ce qui était prévu sera réalisé dans les M. Charron: M. le Président, afin de délais prévus. En tout cas, tout en mettant permettre la présentation d'un complément en vigueur périodiquement de nouveaux aux politiques budgétaires du gouvernement, programmes, le gouvernement aura démontré je vous prierais de donner la parole au depuis plusieurs années, son souci de ne pas ministre des Finances. laisser les dépenses s'emballer. En même temps, cependant, on constate Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le du côté des revenus, un glissement de plus en plus dangereux, que j'ai eu d'ailleurs ministre des Finances. l'occasion de signaler à plusieurs reprises. On sait, en effet, que les paiements du Exposé budgétaire gouvernement fédéral au gouvernement du Québec totalisent plus de 4 milliards de M. Jacques Parizeau dollars et représentent une fraction M. Parizeau: M. le Président, le plus importante des recettes, soit environ le récent budget fédéral est venu s'ajouter à quart. Pendant la durée des arrangements une série d'événements qui se sont produits fiscaux de 1972 à 1977, ces paiements ont depuis six mois et qui m'amènent aujourd'hui augmenté de près de 19 % par an, bien plus à modifier le cadre budgétaire de façon à le rapidement que l'inflation et plus que le rendre plus conforme aux exigences de la produit national brut canadien. Pendant la 226

durée des arrangements fiscaux de 1977 au même où l'on apprend que les transferts 31 mars prochain, les paiements d'Ottawa à fédéraux vont être réduits, il nous faut aussi Québec n'ont augmenté que de 8,8 % par an, faire l'addition de ce que cette année nous en moyenne, soit moins que l'inflation et un aura coûté, en plus de tout ce qui était tiers moins rapidement que la production prévu au budget de mars dernier, c'est-à-dire nationale. Surtout, ces paiements la flambée des taux d'intérêt et augmentaient beaucoup moins rapidement que l'accélération de l'inflation, à l'égard nos revenus autonomes, c'est-à-dire les desquels nous ne pouvons exercer aucun impôts et taxes que nous percevons nous- contrôle. mêmes. D'année en année, une sorte de À partir de juillet dernier, la faiblesse freinage de nos ressources totales s'opère croissante du dollar canadien a amené la donc, nous affectant peu au début, c'est-à- Banque du Canada à pousser les taux dire en 1977, mais qui nous frappe de plus d'intérêt à un niveau bien supérieur aux taux en plus fortement au fur et à mesure que américains. En fait, jamais on n'a vu des les années passent. C'est ainsi que si les écarts aussi élevés apparaître. C'est ainsi paiements fédéraux avaient augmenté que le Canada en est arrivé aux plus hauts simplement autant que la production taux d'intérêt du monde occidental. On sait nationale canadienne, c'est 600 millions de les difficultés considérables que cette dollars de plus que nous devrions recevoir situation a créées pour les propriétaires de cette année. Il me faut souligner, à ce maisons, par exemple, ou pour les propos, l'étendue des litiges que nous entreprises. Pour le gouvernement, certaines connaissons avec le gouvernement fédéral sociétés d'État, les commissions scolaires et pour bénéficier des sommes auxquelles nous les établissements de santé, le coût des croyons avoir droit en vertu des présents emprunts a dépassé tout ce qui avait pu être accords fiscaux. Que l'on songe seulement imaginé au printemps dernier. En même qu'il y existe un désaccord sur le chiffre de temps, ces hausses d'intérêt ont augmenté la population au Québec et qu'à ce seul titre considérablement les dépenses d'Hydro- nous perdons plus de 85 000 000 $ par an. Québec, si bien que le dividende que le En fait, pour la période correspondant aux gouvernement prévoyait obtenir de cette présents arrangements fiscaux, le contentieux société est automatiquement réduit de près financier s'est traduit en termes d'impact sur de 85%. les finances publiques du gouvernement du Sans doute, les taux d'intérêt baissant Québec par un manque à gagner de aux États-Unis, les taux canadiens baissent 1 246 000 000 $, soit près des trois quarts aussi, mais l'écart reste encore grand et de l'impact total de tout le contentieux de surtout les engagements pris cette année tous les gouvernements provinciaux. débordent pour une bonne part, forcément, On sait que de nouveaux arrangements sur l'an prochain. fiscaux doivent entrer en vigueur le 1er avril Quant à l'inflation, elle a été un peu prochain. Le discours sur le budget du plus forte que prévu. Comme nos conventions ministre fédéral des Finances est très clair collectives prévoient une forme d'indexation, dans ses conséquences à cet égard. L'an une accélération de l'inflation se répercute prochain, les paiements qui nous viennent du automatiquement sur les dépenses. gouvernement fédéral ne vont même pas En fait, pour 1981-1982, l'effet des monter lentement; ils vont baisser en dollars, hausses d'intérêt et de prix sont par rapport à cette année. essentiellement responsables de Ottawa est donc en train de l'augmentation du déficit bugétaire de déstabiliser l'état des finances publiques du 355 000 000 $. Québec avec une vigueur croissante. J'avais indiqué, à l'occasion du discours Jusqu'à cette année et en dépit de ce sur le budget de mars dernier, à quel point qui vient d'être dit, j'ai pu poursuivre la il me semblait important de maintenir le réduction graduelle d'impôts et de taxes, déficit budgétaire autour de dont on ne finit pas de dire qu'ils sont trop 3 000 000 000 $ et les besoins financiers lourds. On a pu aussi procéder à une réforme nets aux environs de 2 000 000 000 $. Ces fiscale de la taxation des municipalités qui a objectifs ne sont pas changés. Quels que coûté cher au trésor public, qui était soient les efforts déployés pour faire avancer réclamée depuis 20 ans et dont le notre société, il y a des règles élémentaires contribuable a profité. de prudence qu'il faut suivre. Cette orientation fondamentale devenait Sans doute, si l'on prévoyait pour l'an de plus en plus problématique, au fur et à prochain une nette amélioration de la mesure que les années passaient. Les déficits situation, pourrait-on prendre certaines ont augmenté, ce qui a sans doute été latitudes avec les objectifs. Mais ce n'est critiqué par plusieurs, mais ce qu'il était pas le cas. Les taux d'intérêt pratiqués aux nécessaire de faire pour le citoyen comme États-Unis comme au Canada ont pour le contribuable a pu, petit à petit, être considérablement ralenti l'économie et on ne réalisé. peut donc pas espérer, dans l'immédiat, une Il n'en reste pas moins qu'au moment accélération des entrées d'impôts. D'autre 227 part, la chute des versements fédéraux va auraient un effet direct sur l'emploi. Quant faire apparaître un manque à gagner aux tarifs applicables aux taxis et à diverses additionnel énorme l'an prochain du double autres formes de transport, ils devront, cela de cette année. Même en continuant va de soi, être réajustés. énergiquement la politique de compressions J'attends une augmentation des revenus budgétaires, l'année 1982-1983 se présente de 238 000 000 $ de cette mesure en 1981- donc, sur le plan budgétaire, comme une 1982. Elle restera en vigueur jusqu'au 31 année difficile. mars 1983. À ce moment, le taux de la taxe Dans ces conditions, il me paraît devra être réexaminé et une nouvelle nécessaire de renverser la politique que nous décision annoncée à l'occasion du discours avons suivie jusqu'à maintenant et sur le budget. d'augmenter les taxes temporairement, en Deuxièmement, j'annonce qu'à partir de tout cas pour les prochains dix-huit mois. À ce soir, minuit, la taxation de la bière sera ce moment-là, on pourra voir si le uniformisée et cela, conformément aux gouvernement peut réduire à nouveau les demandes et protestations que nous recevons impôts et les taxes et reprendre une depuis un certain temps déjà. En effet, il y politique à laquelle il tient. a dans ce domaine un fouillis indescriptible (21 h 20) de taux qui a provoqué beaucoup de Les augmentations que je vais discrimination entre les établissements et maintenant annoncer son peu nombreuses, qu'on ne peut pas justifier. La bière vendue mais elles ne sont pas mineures dans leurs en brasseries, en particulier, est nettement effets. La première hausse de taxes va moins taxée que dans les bars et les porter sur l'essence. On sait qu'en raison de restaurants et on ne voit pas en vertu de l'entente signée entre Ottawa et l'Alberta, quel principe il doit en être ainsi. les prix de l'essence sont appelés à une très Désormais, la bière vendue à l'épicerie forte augmentation chaque année au cours sera assujettie, au lieu des taxes actuelles, à des cinq prochaines années. C'est ainsi qu'en un taux équivalant à la taxe de vente incluant le taux de taxe actuel de 20%, le générale, soit 8% , et celle qui est vendue prix à la pompe de l'essence de qualité dans tous les établissements sera assujettie régulière sera ce mois-ci d'environ 0,39 $ le au droit des détaillants de 13,4% qui litre. Il doit monter à 0,406 $ en janvier s'applique déjà aux vins et aux spiritueux. prochain, à 0,455 $ en novembre 1982, à Ces modifications n'ajouteront que 0,543 $ en novembre 1983 et à 0,623 $ en 0,20 $ au prix d'une caisse de 12 bouteilles novembre 1984. Cela est assuré et on ne de 12 onces vendue à l'épicerie. Elles peut y échapper. ajouteront 0,04 $ au prix d'une bouteille de Nous allons avancer d'un an la hausse 12 onces vendue à la taverne, mais 0,16 $ à du prix de l'essence. C'est-à-dire qu'à partir celle qui est vendue en brasserie. Notons, de ce soir, minuit, la taxe sur l'essence et par ailleurs, que des modifications seront l'essence diesel passe de 20% à 40%. apportées pour étendre les heures d'ouverture L'impact de cette mesure sera d'accroître le des brasseries. prix à la pompe de 0,065 $ le litre de Cette mesure augmentera les revenus l'essence régulière, soit exactement la hausse de 22 000 000 $ d'ici le 31 mars prochain. que nous aurions payée de toute façon en Elle ne sera, cependant, pas révisable; on ne novembre prochain. tiendra sûrement pas à revenir au régime Les prix de l'essence au Québec seront actuel. donc, à partir de ce soir, assez voisins de D'autre part, j'annonce dès ce soir une ceux du Nord-Est des États-Unis, les États mesure qui a trait à des dispositions du américains qui nous sont limitrophes. budget du mois de mars dernier qui n'est pas Une telle mesure devrait amener les encore entrée en vigueur; elle aura donc peu Québécois à accélérer des changements dans d'impact sur les équilibres financiers de la leur consommation d'essence, soit par le présente année, mais un impact assez choix de voitures qui consomment moins, soit important sur ceux de l'an prochain. par des modifications dans leur C'est ainsi qu'il a été prévu qu'à partir consommation, soit en utilisant davantage les du premier janvier prochain la table de transports en commun, toutes choses que nos l'impôt sur le revenu, qui avait déjà été voisins américains ont dû faire et que de réduite de 3% l'an dernier, le serait à toute façon les Canadiens auront à faire très nouveau de 2%. Cette seconde réduction est bientôt. Les Américains ont passé rapidement suspendue. Cela évitera une baisse de à travers cette phase d'ajustement; ils s'en revenus d'environ 25 000 000 $ en 1981- sont sortis avec un minimum de problèmes. 1982, mais de 135 000 000 $ l'année Puisque ces changements sont inévitables, il suivante. sera moins pénible de les entreprendre tout de suite que de chercher les mêmes sources Le Vice-Président (M. Jolivet): À de revenus dans la taxe de vente sur des l'ordre, à l'ordre! produits essentiels ou des produits de nos industries, où de telles hausses de taxes M. Parizeau: II est évident, maintenant, 228 que nous ne pouvons pour le moment dans plusieurs. Il y a souvent trop de monde continuer dans la voie de la réduction des en place pour le travail à faire. Il est à peu taux d'impôts. Déjà, la province voisine, près démontré, maintenant, que si nos l'Ontario, moins soumise que nous a normes de travail graduellement établies l'acharnement du gouvernement fédéral, a, il depuis une quinzaine d'années étaient à peu y a quelques mois, annoncé une hausse de près analogues à celles de la moyenne 9% de son impôt sur le revenu, et, à la canadienne, nous pourrions réduire nos suite du budget fédéral, le ministre des dépenses de largement plus que Finances de cette même province laissait 500 000 000 $ par an. D'autre part, alors planer la possibilité d'autres hausses d'impôts que le revenu réel, le pouvoir d'achat de ou de taxes. Il serait imprudent en tout cas beaucoup d'employés du secteur privé a de ne pas suspendre cette réduction d'impôt baissé, nos conventions collectives dans les même si c'eût été dans la logique des secteurs public et parapublic protègent les choses, compte tenu de la situation travailleurs de ces secteurs d'une façon qui, économique. en ces temps de récession et d'inflation Je ne m'imagine pas un instant qu'à la simultanée, reste, en dépit des redressements suite de ces mesures, on aura réglé les opérés à l'occasion de la dernière convention problèmes financiers de l'an prochain. Il collective, tout à fait privilégiée. reste un certain nombre d'incertitudes Dans la révision de cette situation majeures. Le gouvernement fédéral va-t-il en comme dans l'effort tenace et systématique rester à ce qu'il a annoncé la semaine de comprimer les dépenses abusives ou d'une dernière? En somme, cette tentative utilité discutable, il me fait plaisir de d'étrangler financièrement le Québec va-t- souligner le rôle central que joue mon elle se poursuivre? Les revenus du collègue, le président du Conseil du trésor. gouvernement fédéral vont augmenter de En troisième lieu, il va falloir 19,6% en 1982-1983, mais ce qu'il transfère déterminer un peu mieux, dans les mois qui au gouvernement du Québec va baisser. S'il viennent, l'allure qu'est susceptible de s'en tient là, le manque à gagner pour le prendre l'économie nord-américaine. Dans une Québec, comme je l'ai indiqué, va doubler bonne mesure, cela dépend de la réduction d'un seul coup. des taux d'intérêt et du niveau auquel ils Remarquons qu'à force de ralentir, puis tomberont. Il ne fait pas de doute, par de réduire ses paiements, Ottawa mine exemple, que des taux plus raisonnables rapidement l'argument politique qu'il a si feront repartir rapidement la construction souvent utilisé contre la souveraineté du domiciliaire et la production d'automobiles. Québec. Les transferts fédéraux et autres Des projets d'investissements retardés soi-disant avantages financiers du fédéralisme pourront aussi être réalisés. ont un drôle d'air, quand Ottawa vient (21 h 30) chercher de plus en plus de revenus d'impôts Tant que cette incertitude n'est pas chez les Québécois et force par ailleurs le levée, on comprendra que je ne touche pas à gouvernement du Québec à augmenter les la fiscalité des entreprises. Déjà, l'an siens en lui en retournant de moins en dernier, la taxation et les contributions des moins. Incidemment, d'ailleurs, l'autre entreprises ont été augmentées au Québec et argument massue contre la souveraineté, le récent budget fédéral a accru encore leur c'est-à-dire le bas prix du pétrole, va, de fardeau fiscal. II ne serait ni sage, ni toute évidence, disparaître à très court prudent, même lorsque les taxes sur les terme. particuliers sont augmentées, d'aller plus loin En outre, certaines négociations vont actuellement. avoir des répercussions considérables sur les Voilà, en somme, ce que nous devons années à venir. Telles sont, en particulier, faire. Ce n'est pas réjouissant. Nous celles qui sont amorcées avec les souhaiterions tous l'éviter. Il y a des professionnels de la santé et celles qui moments, cependant, où il faut faire ce qui s'engageront dans quelques mois avec les doit être fait, même si cela est pénible et syndiqués des secteurs public et parapublic. Il difficile. Les Québécois, au fur et à mesure est clair, à cet égard, que les coûts en qu'ils deviennent plus responsables de leurs salaire et en rémunération de la fonction propres affaires, savent qu'il y a des publique, des organismes d'État, des maisons moments où leur gouvernement peut et doit d'enseignement et des organismes de santé leur transmettre les fruits de l'activité doivent être considérablement révisés. Déjà, économique de la façon la plus juste des mesures ont été annoncées pour ramener possible. Ils savent aussi qu'il y a d'autres le coût des pensions à un niveau plus moments plus durs où il serait irresponsable compatible avec les conditions qui prévalent de cacher les difficultés. dans le secteur privé, sans toucher pour Nous avons donc tous à nous mettre au autant, il va sans dire, aux avantages acquis travail de façon que, le plus rapidement jusqu'à maintenant. possible, la marche en avant puisse Mais la productivité reste trop basse, reprendre, au fur et à mesure que nous sinon dans tous les secteurs, en tout cas aplanirons les difficultés à la fois 229

économiques et politiques auxquelles nous l'ordre, s'il vous plaît! sommes confrontés, parce que, au fond, le problème est à la fois économique et M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On politique. Il n'est pas facile de faire face à revoit encore que... la politique monétaire sauvage que nous avons connue. Il n'est pas facile de faire Le Vice-Président (M. Jolivet): À face à la fois à une recrudescence de l'ordre, s'il vous plaît! l'inflation et à une récession. Mais quand, en plus, il faut pallier les effets financiers de Une voix: Silence, s'il vous plaît! la crise politique canadienne particulièrement orientée vers le Québec qu'il faut, dit-on, M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): ...le remettre à sa place, alors, l'accumulation de ministre des Finances... tout cela nous force à envisager une politique fiscale que l'on pourra d'autant plus Le Vice-Président (M. Jolivet): S'il vous rapidement modifier que la solidarité des plaît! À l'ordre! M. le député, M. le député, Québécois se manifestera avec plus d'ampleur M. le député, j'espère que vous allez et de ténacité. permettre à votre collègue de donner la Dans ce sens, M. le Président, je fais réplique. M. le député de Vaudreuil- donc motion pour que cette Assemblée Soulanges. approuve le complément aux politiques budgétaires... M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): D'abord, au niveau du contrôle des dépenses, Des voix: Jamais. encore une fois, une constance dans l'erreur de la part du ministre des Finances: un M. Parizeau: ...du gouvernement pour dépassement des prévisions de dépenses de 1981-1982. 450 000 000 $, de un demi-milliard, un autre trou, M. le Président, qui se Le Vice-Président (M. Jolivet): À décompose de deux façons principales lorsqu'on regarde les documents qui l'ordre! M. le député de Vaudreuil-Soulanges. accompagnent le discours sur le budget. D'abord, un manque à réaliser des Commentaires de l'Opposition compressions budgétaires annoncées à grand renfort de publicité et de fermeté par le M. Daniel Johnson président du Conseil du trésor et le ministre M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): M. le des Finances. Président, le discours que nous venons Il n'y a pas plus longtemps que le 11 d'entendre est peut-être une autre stratégie septembre dernier, il y a deux mois, le du gouvernement par laquelle il cherche à président du Conseil du trésor prévoyait demeurer au pouvoir dans la mesure où il a sabrer davantage afin de rencontrer les sans doute conclu que laisser un gâchis pareil objectifs que le budget du 10 mars avait n'attire pas les mouches ni les autres fixés au gouvernement. Échec! formations politiques à le remplacer. Deuxièmement, et on le comprend, hausse des taux d'intérêt et de l'indice des prix à Des voix: Ah! la consommation pour un quart de milliard, 267 000 000 $. Encore une fois, ce n'est pas M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est la faute des autres non plus, parce que, oui, un héritage extrêmement dur à porter pour si les taux d'intérêt sont plus élevés, ils se les contribuables québécois que nous a servi répercutent d'autant plus gravement que le aujourd'hui le ministre des Finances en un niveau de la dette du gouvernement du moment exceptionnel et peut-être même, à Québec est élevé. certains égards, sans précédent. Il faudrait Gouverner, c'est prévoir et dans les savoir du ministre des Finances s'il croit que temps que nous traversons, c'est prévoir ce budget est exceptionnel au point que lui diminuer les emprunts de toutes les façons. s'est acheté des souliers neufs parce que, à Avec sa manie d'emprunter pour couvrir des compter de demain, les contribuables déficits, le gouvernement a rendu le Québec québécois, eux, ne le pourront pas. non seulement faible économiquement, mais très vulnérable financièrement, et nous en Des voix: Ah! récoltons aujourd'hui les fruits. Les solutions proposées par le ministre M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): des Finances sont encore d'emprunter un peu. D'abord, constat d'échec au niveau du Encore une fois, un dépassement, au niveau contrôle des dépenses. des nouveaux emprunts qui seront requis pour l'année financière en cours de Une voix: Allons donc! 235 000 000 $. Mais surtout, et contrairement, encore une fois, aux Le Vice-Président (M. Jolivet): À affirmations du 11 septembre dernier, une 230 hausse de taxes. Nous avons tous lu, le 11 expérience des choses financières comme le septembre dernier, qu'il n'y aurait pas de ministre d'aujourd'hui, un dépassement de hausse de taxes au Québec. Hausse de taxes 450 000 000 $ ou un dépassement du déficit de 285 000 000 $ en plein cours d'exercice, qu'on prévoit - mais je mets les chiffres du dont 238 000 000 $ sur l'essence. Une taxe ministre en doute, il est constamment dans qui est régressive et, pour les collègues de l'erreur et son erreur est constante, il sous- l'arrière-ban du côté gouvernemental qui évalue constamment les déficits et surévalue n'ont pas compris ce que la hausse des taux ses recettes - cette somme aurait pu être d'Hydro-Québec signifie, ce que la hausse des empruntée dans le cours normal des affaires taux des droits d'immatriculation des sur les marchés financiers. Il n'en serait véhicules signifie, ce que les taxes sur les rien. feuilles de paye des entreprises signifient, (21 h 40) c'est que tous sont frappés, en chiffres La marge de manoeuvre est-elle si absolus, de la même façon, quels que soient réduite qu'on doive payer aujourd'hui le prix leurs moyens de payer. que, de toute façon, le ministre des Finances On voit, encore une fois, une taxe nous réservait? Il a choisi non seulement de régressive qui frappe les plus petits plus fort hausser les taxes, mais également de mainte- que les autres. C'est une taxe inflationniste, nir cet écart que nous connaissons tous ici la taxe sur l'essence, qu'on nous dit au Québec comparés à tous les autres simplement être une avance d'un an sur un Canadiens. Notre fardeau fiscal augmente programme canadien qui, de toute façon, toujours et on invoque même que puisque évidemment, nous sera imposé. Un an. M. le l'Ontario augmente ses impôts, il faudrait, Président, je souhaite ardemment qu'en mars nous aussi, faire la même chose. Comme 1983 nous assistions à un mea culpa logique, on n'a jamais vu ça! extrêmement sincère et mérité de la part du J'en aurai un peu plus long à dire lors ministre des Finances à cette époque... de la reprise du discours sur le budget. Je demande donc l'ajournement du débat. M. Lalonde: II ne sera plus là. Le Vice-Président (M. Jolivet): Cette M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): ... et motion d'ajournement est-elle adoptée? que les affirmations à savoir que, de toute Adopté. façon, nous rattraperons le prix mondial M. le leader du gouvernement. seront démontrées et sont aujourd'hui démontrables comme non fondées, l'entente M. Charron: M. le Président, je propose sur le pétrole prévoyant que les prix ne l'ajournement de la Chambre à demain, dix dépasseront pas 75% du prix mondial, en heures. aucun cas. On profite encore une fois - et le Le Vice-Président (M. Jolivet): Cette ministre des Finances en est le premier motion d'ajournement est-elle adoptée? bénéficiaire - des avantages comparatifs que notre appartenance canadienne, disons-le, Une voix: Adopté. nous procure encore aujourd'hui au niveau du prix du pétrole. Je n'entends pas faire Le Vice-Président (M. Jolivet): encore et toujours dans la constitution, mais Ajournement à demain, dix heures. constatons les faits et la réalité que nous partageons lorsqu'ils font notre affaire et (Fin de la séance à 21 h 41) que nous pouvons rejeter, évidemment, lorsqu'ils ne font pas l'affaire. Mais ce que le ministre passe sous silence et ce qui est intéressant, c'est que pour la prochaine année financière, ce n'est pas un montant ridicule ou à peine plus substantiel que celui qu'on voit en ce moment qui nous sera imposé, mais on parle de 700 000 000 $ que les contribuables québécois paieront l'an prochain au titre de la taxe additionnelle sur l'essence. 5 $, 6 $ pour faire le plein d'une voiture américaine ordinaire, par les temps qui courent. C'est de cela qu'on parle.

Une voix: De plus.

M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): De plus. Le deuxième aspect que je retiendrais, c'est que d'ordinaire, sans avoir une longue Liste des membres du Conseil des ministres 231

Premier ministre et président du conseil M. René Lévesque

Vice-premier ministre et ministre d'État au Développement culturel et scientifique M. Jacques-Yvan Morin

Ministre de l'Éducation M.

Ministre des Affaires intergouvernementales M. Claude Morin

Ministre des Finances et ministre des Institutions financières et Coopératives M. Jacques Parizeau Ministre délégué à l'Administration et président du Conseil du trésor M. Yves Bérubé

Leader parlementaire du gouvernement et ministre délégué aux Affaires parlementaires M. Claude Charron

Ministre de la Justice et ministre d'État à la Réforme électorale M. Marc-André Bédard

Ministre d'État au Développement économique M.

Ministre d'État au Développement social M.

Ministre d'État à l'Aménagement M. François Gendron

Ministre d'État à la Condition féminine Mme

Ministre du Travail, de la Main-d'Oeuvre

et de la Sécurité du revenu M. Pierre Marois

Ministre des Affaires municipales M. Jacques Léonard

Ministre de l'Agriculture,

des Pêcheries et de l'Alimentation M.

Ministre de l'Environnement M. Marcel Léger

Ministre du Loisir, de la Chasse

et de la Pêche M.

Ministre de l'Énergie et des Ressources M.

Ministre de l'Habitation et de la

Protection du consommateur M.

Ministre des Affaires sociales M. Pierre-Marc Johnson

Ministre des Transports M.

Ministre des Affaires culturelles M. Clément Richard

Ministre des Communautés culturelles et

de l'Immigration M. Gérald Godin

Ministre de la Fonction publique Mme Denise LeBlanc-Bantey

Ministre des Communications M. Jean-François Bertrand

Ministre des Travaux publics et de l'Approvisionnement M. Ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme M. Ministre du Revenu M. Raynald Fréchette 232 ADJOINTS PARLEMENTAIRES

M. Robert Dean Adjoint parlementaire au ministre du Travail, de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu

M. Adjoint parlementaire au ministre délégué aux Affaires parlementaires

M. Jérôme Proulx Adjoint parlementaire au ministre des Affaires

culturelles

M. Gilbert Paquette Adjoint parlementaire au ministre de l'Éducation

M. Pierre de Bellefeuille Adjoint parlementaire au ministre des Affaires intergouvernementales M. Élie Fallu Adjoint parlementaire au ministre des Affaires municipales M. Richard Guay Adjoint parlementaire au ministre de l'Habitation et de la Protection du consommateur M. Gilles Grégoire Adjoint parlementaire au ministre de l'Énergie et des Ressources M. Adjoint parlementaire au ministre des Transports M. Roland Dussault Adjoint parlementaire au ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme M. Adjoint parlementaire au ministre des Travaux publics et de l'Approvisionnement MEMBRES DE L'ASSEMBLÉE NATIONALE DU QUÉBEC 233

PRÉSIDENT: M. Claude Vaillancourt VICE-PRÉSIDENTS: M. Jean-Pierre Jolivet M. Réal Rancourt

Affiliation Nom, prénoms politique Profession ou métier District électoral

Assad, Mark PLQ Administrateur Papineau Bacon, Lise PLQ Administratrice Chomedey Baril, Gilles PQ Chroniqueur sportif Rouyn-Noranda-Témiscamingue Baril, Jacques PQ Agriculteur Arthabaska Beaumier, Yves PQ Administrateur Nicolet Beauséjour, Jacques PQ Éducateur Iberville Bédard, Marc-André PQ Avocat Chicoutimi Bélanger, Fabien PLQ Administrateur Mégantic-Compton Bertrand, Jean-François PQ Professeur Vanier Bérubé, Yves PQ Ingénieur Matane Biron, Rodrigue PQ Industriel Lotbinière Bisaillon, Guy PQ Conseiller technique Sainte-Marie Bissonnet, Michel PLQ Avocat Jeanne-Mance Blais, Yves PQ Administrateur Terrebonne Blank, Harry PLQ Avocat Saint-Louis Blouin, René PQ Éducateur Rousseau Bordeleau, Jean-Paul PQ Technicien Abitibi-Est Boucher, Jules PQ Directeur Rivière-du-Loup Bourbeau, André PLQ Notaire Laporte Brassard, Jacques PQ Professeur Lac-Saint-Jean Brouillet, Raymond PQ Professeur Chauveau Caron, Lucien PLQ Administrateur Verdun Champagne, Jean-Paul PQ Professeur Mille-Îles Charbonneau, Jean-Pierre PQ Journaliste Verchères Charron, Claude PQ Professeur Saint-Jacques Chevrette, Guy PQ Secrétaire général Joliette Ciaccia, John PLQ Avocat Mont-Royal Clair, Michel PQ Avocat Drummond Cusano, William PLQ Administrateur scolaire Viau Dauphin, Claude PLQ Avocat Marquette de Bellefeuille, Pierre PQ Journaliste Deux-Montagnes de Belleval, Denis PQ Fonctionnaire Charlesbourg Dean, Robert PQ Syndicaliste Prévost Desbiens, Hubert PQ Enseignant Dubuc Dougherty, Joan PLQ Administratrice scolaire Jacques-Cartier Dubois, Claude PLQ Commerçant Huntingdon Duhaime, Yves PQ Avocat Saint-Maurice Dupré, Maurice PQ Administrateur Saint-Hyacinthe Dussault, Roland PQ Enseignant Châteauguay Fallu, Élie PQ Professeur Groulx Fortier, Pierre-C. PLQ Ingénieur et administrateur Outremont Fréchette, Raynald PQ Avocat Sherbrooke French, Richard PLQ Professeur d'université Westmount Gagnon, Marcel PQ Aviculteur Champlain Garon, Jean PQ Économiste et avocat Lévis Gauthier, Michel PQ Administrateur Roberval Gendron, François PQ Éducateur Abitibi-Ouest Godin, Gérald PQ Journaliste Mercier Gratton, Michel PLQ Ingénieur Gatineau Gravel, Raymond PQ Moniteur en réadaptation Limoilou Grégoire, Gilles PQ Homme d'affaires Frontenac Guay, Richard PQ Avocat Taschereau Hains, Roma PLQ Professeur Saint-Henri Harel, Louise PQ Avocate et sociologue Maisonneuve Houde, Albert PLQ Administrateur Berthier Johnson, Daniel PLQ Avocat Vaudreuil-Soulanges Johnson, Pierre-Marc PQ Médecin Anjou Jolivet, Jean-Pierre PQ Agent syndical Laviolette Juneau, Carmen PQ Mère de famille Johnson Kehoe, John J. PLQ Avocat Chapleau 234 Affiliation Nom, prénoms politique Profession ou métier District électoral

Lachance, Claude PQ Administrateur scolaire Bellechasse Lachapelle, Huguette PQ Mère de famille Dorion Lafrenière, Marcel PQ Agent d'affaires Ungava Lalonde, Fernand PLQ Avocat Marguerite-Bourgeoys Landry, Bernard PQ Avocat Laval-des-Rapides Laplante, Patrice PQ Commissaire administrateur Bourassa Laurin, Camille PQ Médecin Bourget Lavigne, Laurent PQ Enseignant Beauharnois Lavoie-Roux, Thérèse PLQ Administratrice scolaire L'Acadie Lazure, Denis PQ Médecin-administrateur Bertrand LeBlanc-Bantey, Denise PQ Journaliste Îles-de-la-Madeleine LeBlanc, Jacques PQ Administrateur Montmagny-L'Islet Leduc, Michel PQ Professeur Fabre Léger, Marcel PQ Administrateur Lafontaine LeMay, Henri PQ Administrateur scolaire Gaspé Léonard, Jacques PQ Comptable agréé Labelle Lessard, Lucien PQ Professeur Saguenay Levesque, Gérard D. PLQ Avocat et administrateur Bonaventure Lévesque, Léonard PQ Cultivateur Kamouraska-Témiscouata Lévesque, René PQ Journaliste Taillon Lincoln, Clifford PLQ Courtier d'assurances Nelligan Maciocia, Cosmo PLQ Courtier d'assurances Viger Mailloux, Raymond PLQ Homme d'affaires Charlevoix Marcoux, Alain PQ Administrateur scolaire Rimouski Marois, Pauline PQ Administratrice La Peltrie Marois, Pierre PQ Avocat Marie-Victorin Marquis, Léonard PQ Administrateur Matapédia Martel, Maurice PQ Pharmacien Richelieu Marx, Herbert PLQ Avocat D'Arcy McGee Mathieu, Hermann PLQ Notaire Beauce-Sud Middlemiss, Robert PLQ Ingénieur Pontiac Morin, Claude PQ Économiste Louis-Hébert Morin, Jacques-Yvan PQ Professeur Sauvé O'Gallagher, John PLQ Ingénieur civil Robert Baldwin Ouellette, Adrien PQ Professeur Beauce-Nord Pagé, Michel PLQ Avocat Portneuf Paquette, Gilbert PQ Directeur pédagogique Rosemont Paradis, Pierre-J. PLQ Avocat Brome-Missisquoi Paré, Roger PQ Administrateur Shefford Parizeau, Jacques PQ Économiste L'Assomption Payne, David PQ Enseignant Vachon Perron, Denis PQ Opérateur Duplessis Picotte, Yvon PLQ Principal d'école Maskinongé Polak, Maximilien PLQ Avocat Sainte-Anne Proulx, Jérôme PQ Professeur Saint-Jean Rancourt, Réal PQ Agriculteur Saint-François Richard, Clément PQ Avocat Montmorency Rivest, Jean-Claude PLQ Avocat Jean-Talon Rochefort, Jacques PQ Administrateur Gouin Rocheleau, Gilles PLQ Homme d'affaires Hull Rodrigue, Jean-Guy PQ Ingénieur Vimont Ryan, Claude PLQ Journaliste Argenteuil Saintonge, Jean-Pierre PLQ Avocat Laprairie Sirros, Christos PLQ Administrateur Laurier Scowen, Reed PLQ Administrateur Notre-Dame-de-Grâce Tardif, Guy PQ Professeur Crémazie Tremblay, Luc PQ Économiste Chambly Vaillancourt, Claude PQ Avocat Jonquière Vaillancourt, Georges PLQ Administrateur Orford Vallières, Yvon PLQ Professeur Richmond Vaugeois, Denis PQ Historien et éditeur Trois-Rivières

PQ - Parti québécois PLQ - Parti libéral du Québec Siège vacant - Saint-Laurent