n°hors-série Septembre 2007 « pour mémoire » comité d’histoire L’expérience du ministère de l’Environnement et du Cadre de vie (1978-1981) ... Actes de la journée d’études du 15 février 2007

• revue du comité d’histoire du ministère • revue du comité d’histoire du ministère •

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« Une » du n°11 de la revue Environnement et Cadre de vie novembre 1980 n° hors–série - septembre 2007 l « pour mémoire » éditorial  Environnement et Cadre de vie, une expérimentation ministérielle remarquable

endant trois courtes années, de 1978 à 1981, une configuration ministérielle inédite (et prémonitoire ? ) a été expérimentée au sein du Gouvernement... Rapprocher les aménageurs et les protecteurs pour libérer la création, porter les politiques de qualité du cadre de vie en donnant aux décideurs locaux, aux associations et plus généralement aux citoyens une réelle prise sur les décisions, telles étaient les ambitions affichées par l’Élysée et Matignon lorsqu’il a été décidé, à la constitution du 3e gouvernement de Raymond Barre, de rapprocher Équipement, Environnement, Architecture et Espaces protégés. À l’initiative du Comité d’histoire du ministère, de nombreux témoins et acteurs de cette expérience originale de la vie politique et administrative ont participé, à la tribune ou dans la salle, à la journée d’études qui lui a été consacrée le 15 février 2007. De la genèse de la décision à ses conséquences sur l’organisation des administrations centrales et des services déconcentrés, de l’émergence de politiques nouvelles à l’identification des réformes qui ont perduré au-delà des recompositions gouvernementales, la journée a été particulièrement riche de témoignages très éclairants. Les qualités personnelles de Michel d’Ornano, ministre à l’écoute de son administration, porteur des réformes mais respectueux de ses interlocuteurs, tant internes qu’externes, ont été unanimement soulignées. Une campagne de recueil de témoignages oraux avait précédé cette journée. De nombreuses pistes d’approfondissement sont apparues au cours de cette journée de réflexion. Il appartient maintenant au Comité d’histoire et à son conseil scientifique, en cours de finalisation, de définir celles qu’il sera opportun de proposer aux recherches universitaires. D’ores et déjà une troisième étape est apparue nécessaire à tous : après une première journée d’études en 1997 sur la création du ministère et de ses services déconcentrés en 1966-1967, c’est à l’évolution du ministère dans le cadre de la première étape de décentralisation (1981-1992) qu’une prochaine journée d’études devrait être consacrée à l’automne 2008. Je souhaite que la lecture de ces « actes » engage encore davantage les étudiants et les chercheurs à travailler sur notre histoire administrative comme sur l’histoire de nos politiques publiques.

  Pierre Chantereau, IGPC, secrétaire général du CGPC, secrétaire du Comité d’histoire

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Éditorial du premier numéro de la revue Environnement et Cadre de vie dans lequel Michel D’Ornano présente le nouveau ministère octobre 1978 n° hors–série - septembre 2007 l « pour mémoire »  sommaire présentation de la journée d’études 7 par Pierre Chantereau et Alain Billon 1. éclairages 11 Exposés liminaires  par Bertrand Lemoine, Éric Lengereau, Jacques Theys et Thibault Tellier 2. tables rondes : les grands acteurs racontent... 28  Mars 1978 : pour de nouvelles attributions gouvernementales du cadre de vie  Présentation des témoins et de l’animateur, restitution des exposés  et des interventions de la salle.  L’administration centrale des politiques publiques de l’Environnement et du Cadre de vie  Présentation des témoins et de l’animateur, restitution des exposés  et des interventions de la salle.  L’organisation territoriale des politiques publiques de l’Environnement et du Cadre de vie  Présentation des témoins et de l’animateur, restitution des exposés  et des interventions de la salle.  Témoignage d’Alain Lamassoure  Présentation du témoin, restitution de l’échange avec Éric Lengereau  et des interventions de la salle 3. grands témoins 75  Réactions des trois « grands témoins » de la journée Restitution des exposés de Christian Pattyn, Michel Rousselot et Gilbert Simon conclusions 83 Allocution de clôture de Claude Martinand annexes 85 Comité d’histoire du ministère 116

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Une vue de l’assistance n° hors–série - septembre 2007 l « pour mémoire » Présentation 

Présentation de la journée

Pierre Chantereau président de la 7e section, secrétaire général du conseil général des Ponts et Chaussées, secrétaire du Comité d’histoire du ministère de l’Écologie, du Développement et de l’Aménagement durables Alain Billon inspecteur général de l’Équipement, secrétaire délégué du Comité d’histoire du ministère de l’Écologie, du Développement et de l’Aménagement durables

Pierre Chantereau Je souhaiterais introduire cette journée en rendant hommage au Comité d’histoire, qui a largement contribué à la réussite des manifestations organisées en 2004 pour le bicentenaire du conseil général des Ponts et Chaussées, grâce notamment à la publication par les éditions Gallimard Découvertes du livre La , de Ponts en Chaussées, dont je salue l’auteur Bertrand Lemoine, qui nous fait le plaisir d’être à nouveau parmi nous. Après cette année riche, le Comité d’histoire a organisé sa montée en puissance. Au nombre de ses récentes réalisations, on peut évoquer le développement du centre de documentation (qui comporte actuellement plus de 3 000 ouvrages), le lancement d’une nouvelle revue intitulée « pour mémoire », la reprise des campagnes de recueil de témoignages oraux et la reconstitution d’un conseil scientifique. Le comité a, par ailleurs, pris des engagements pour participer à certaines grandes manifestations telles que le Congrès mondial de la route organisé par l’AIPCR au mois de septembre 2007 à . Enfin, à l’instar de ce que l’aviation civile a déjà organisé au travers de sa mission mémoire, le Comité d’histoire a commencé à travailler à l’ambitieux projet de mettre sur pied une politique du patrimoine au sein du ministère. L’ensemble de ces réalisations a notamment été rendu possible grâce à la nomination en 2005 d’Alain Billon au poste de secrétaire délégué. Inspecteur général de l’Équipement, Alain Billon est l’auteur d’un rapport remarqué intitulé L’histoire du ministère de l’Équipement n’est pas un long fleuve tranquille, rapport de 2004-2005 dont des extraits figurent dans le numéro 1 de la

« pour mémoire » l n° hors–série - septembre 2007  revue « pour mémoire ». La renaissance du Comité d’histoire est également à mettre en lien avec l’attribution budgétaire dont il a bénéficié en 2006 grâce aux conséquences de la LOLF qui lui permettent de disposer pour la première fois d’un véritable budget. Depuis sa création en 1995 par Pierre Mayet, le Comité d’histoire a organisé plusieurs journées d’études dont la dernière, en novembre 2002, a permis d’évoquer la création des laboratoires des Ponts et Chaussées à partir des années 1950. Celle qui nous réunit aujourd’hui sur le MECV s’inscrit dans la droite ligne d’une précédente rencontre, qui s’était tenue en 1998 à l’initiative de Pierre Mayet sur les circonstances de la création du ministère de l’Équipement en 1966. Le sujet retenu présente la particularité de ne pas concerner uniquement le ministère de l’Équipement dans sa configuration actuelle mais également l’Environnement et la Culture. Il a semblé par conséquent évident aux organisateurs de la présente journée d’associer les deux autres administrations à la préparation des échanges et au déroulement des débats. Je souhaiterais tout particulièrement remercier pour leur implication les représentants du très actif Comité d’histoire du ministère de la Culture : Geneviève Gentil, secrétaire générale, et Christian Pattyn, vice- président. J’adresse également mes remerciements à Éric Lengereau, chef du bureau de la recherche architecturale, urbaine et paysagère du ministère de la Culture et de la Communication, qui a assuré la responsabilité scientifique de cette journée ainsi qu’à Florence Contenay, avec qui j’ai travaillé dans le passé, qui est aujourd’hui inspectrice générale de l’Équipement honoraire, fait partie du groupe de préfiguration du conseil scientifique et a joué un rôle important au sein du comité de pilotage de la présente journée. Le ministère de l’Écologie et du Développement durable, qui à ma connaissance ne dispose pas de comité d’histoire, a tenu également à être présent en associant l’une de ses représentantes, madame Claudine Harasse, à ce même comité de pilotage. Madame Nelly Olin a par ailleurs demandé à son directeur de cabinet de nous apporter son soutien. Je vous remercie d’avoir répondu nombreux à notre invitation et me réjouis de constater sur la liste des participants la diversité des horizons représentés dans l’assemblée.

Alain Billon En 1978, tout comme en 1966 lors de la création de l’Équipement, le pouvoir politique en place n’a pas hésité à engager des mutations audacieuses et visionnaires dans les articulations fondamentales de l’appareil technique et administratif en charge de l’aménagement des territoires pour faire face à des mutations socio-économiques de grande ampleur. L’entreprise menée de 1978 à 1981, qui entendait fédérer les administrations de l’Équipement, de l’Environnement et d’une partie de la Culture, était audacieuse et risquée. Son interruption prématurée lui a longtemps valu une certaine déconsidération et une certaine occultation. Il est symptomatique qu’elle ait suscité aussi peu d’études jusqu’à présent. Les travaux tels que ceux d’Éric Lengereau sur L’État et l’architecture (1958-1981) : une politique publique ? sont encore peu nombreux. Pourtant, force est de constater que cette expérience singulière connaît aujourd’hui un regain d’intérêt. Je n’en veux pour preuve que la qualité, la diversité et le nombre des participants à cette journée. Il reste dans la mémoire de ceux qui ont vécu cette histoire une certaine nostalgie. Ce regain d’intérêt s’est intensifié depuis que des projets de restructuration en profondeur des administrations en charge des aménagements des territoires et des questions liées au développement durable se sont faits plus précis et plus audibles. La journée sera articulée en trois séquences. La première, composée de quatre exposés liminaires, permettra de planter le décor. Bertrand Lemoine, directeur de recherche au CNRS et membre du groupe de préfiguration de notre conseil scientifique, ouvrira cette séquence en rappelant dans n° hors–série - septembre 2007 l « pour mémoire »  son exposé « Aménagement et politiques publiques » les grands traits de l’évolution du contexte socio-économique qui induit les évolutions de l’État à partir des Trente Glorieuses. Puis, Éric Lengereau rappellera dans son exposé « Aux origines du MECV (1966-1978) » l’évolution du ministère de l’Équipement depuis sa création jusqu’en 1978. Ensuite, Jacques Theys, chef du centre de prospective et de veille scientifique à la DRAST, dans son intervention sur « Environnement et politiques publiques », analysera la voie suivie par le ministère de l’Environnement dans ses premières années d’existence jusqu’à la création du MECV. Enfin, Thibault Tellier, maître de conférences à l’université de Lille 3, rendra compte de la campagne de recueil de témoignages oraux qu’il a menée en amont de notre journée d’études, renouant avec la pratique qui avait été celle de la journée consacrée à la création du ministère de l’Équipement. Il nous indiquera quelles hypothèses peuvent être formulées sur la création du MECV, hypothèses destinées à être discutées par les participants aux tables rondes qui suivront. La deuxième séquence sera consacrée à trois tables rondes suivies de débats avec la salle : la première, animée par Éric Lengereau, sera consacrée à la genèse du projet du MECV et à sa mise en œuvre ; la seconde, animée par Bernard Barraqué, chercheur au laboratoire technique des territoires à l’École des Ponts et Chaussées, sera dédiée aux questions touchant au fonctionnement de la nouvelle administration centrale de 1978 à 1981 et la troisième, animée par Florence Contenay, traitera des questions touchant à l’organisation territoriale du MECV. Nous espérons que Monsieur Alain Lamassoure, ancien ministre et ancien conseiller de Valéry Giscard d’Estaing, actuellement député européen, pourra nous rejoindre durant le temps des questions et intervenir un court moment. Dans la dernière séquence de la journée, trois grands témoins interviendront au nom respectivement de la Culture, de l’Équipement et de l’Environnement pour évoquer la vision que chacune de ces administrations a gardée du MECV et donner leur sentiment sur les travaux de notre journée. Ces trois grands témoins seront Christian Pattyn, ancien directeur du Patrimoine au ministère de la Culture et de la Communication, Michel Rousselot, ancien directeur général de l’établissement public d’aménagement de Marne-la-Vallée à l’époque du MECV et Gilbert Simon, qui était alors chargé de la sous-direction des Sites et des Abords protégés. Il reviendra, enfin, à Claude Martinand, vice-président du conseil général des Ponts et Chaussées, de conclure les travaux de la journée. 

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Une vue de la salle et des intervenants durant les exposés liminaires n° hors–série - septembre 2007 l « pour mémoire » Éclairages 11 Aménagement et politiques publiques Bertrand Lemoine directeur de l’École d’architecture de Paris – La Villette, directeur de recherche au CNRS (Centre André Chastel)

reste sans doute encore marquée Marshall. Il accompagne le recentrage par un technocratisme directement issu des intérêts sur le territoire national, de la toute puissance de l’État alors que s’amorce la décolonisation, et de ses grands corps techniques et douloureuse en Indochine ou en Algérie, administratifs associée à une vision pacifique ailleurs. L’État définit le rythme libérale de la société. Il faudra en passer des investissements, scandé par des plans par plusieurs étapes dans les années quinquennaux qui se succèdent 1980-1990 pour sortir de la contradiction sans discontinuer, pilote de manière entre la libération des initiatives privées centralisée les choix stratégiques et locales et le maintien d’une vision et les met en œuvre à travers centralisée de l’action publique des sociétés nationales (autoroutes, à travers différents processus ports, EDF, GDF, sociétés pétrolières…) tels que la décentralisation politique, ou des organismes publics largement aidés le retrait de l’État progressif du secteur par de complexes systèmes de subventions. économique ou la revalorisation de l’entreprise La vision de l’aménagement du territoire comme facteur de création de richesse. reste ainsi focalisée dans les années Le trop bref épisode du grand ministère Après la libération consécutive à la fin 1950 et 1960 sur trois thèmes principaux : de l’Environnement et du Cadre de vie de la guerre mondiale, l’État s’est en effet les infrastructures de circulation, (1978-1981) doit être replacé dans le contexte vu investi d’un double rôle : redéfinir l’énergie et enfin le logement, d’une France qui cherche un deuxième des institutions ébranlées par le régime fortement marqué par la reconstruction souffle après l’essor économique de Vichy et la collaboration avec l’ennemi après-guerre et par la crise du logement, des Trente glorieuses, ébranlée et agir comme moteur de la reconstruction endémique depuis l’entre-deux guerres par les secousses sociales de 1968 du territoire et de la restauration de mais avivée par le baby-boom. et les chocs pétroliers de 1973 et 1975. l’économie et des infrastructures du pays, L’État investit dans tous les secteurs clés, L’État jusque-là moteur incontesté face à la faiblesse relative du tissu qui font aussi l’objet de nationalisations en du renouveau économique industriel. Le concept de planification sus des secteurs déjà étatisés comme les doit désormais partager les initiatives avec institué en 1947 avec le premier Plan chemins de fer : l’énergie, les transports le tissu des entreprises, grandes et petites, s’impose alors pour arbitrer entre aériens, l’industrie pétrolière… qui deviennent des acteurs reconnus les urgences et gérer les ressources Un ministère de la Reconstruction et avec les collectivités qui montent disponibles, dont les aides substantielles et de l’Urbanisme créé en 1945 en puissance. Mais la vision dominante distribuées dans le cadre du plan prend en charge la question du logement.

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Une direction de l’Aménagement Mais l’hypertrophie de la région parisienne l’indépendance énergétique — du territoire est créée deux ans dénoncée comme génératrice comme mode de gestion durable, plus tard au sein de ce ministère. de déséquilibre va, en fait, se révéler qui conduit à l’accélération du programme Reconstruction assez rapide comme un puissant levier pour électronucléaire à partir de 1974. des infrastructures ferroviaires, l’aménagement de la France. La notion d’environnement qui motive Plan routier de 1951, lancement À partir des années 1960, le rôle de l’État la création d’un ministère du même nom de programmes nationaux d’autoroutes, s’infléchit au profit de l’économie mixte. est à la fois liée à cette idée de gestion de ports associés à des pôles De nouveaux outils sont créés. des ressources et à la prise de conscience sidérurgiques ou chimiques, d’aéroports, La DATAR, créée en 1963 de l’ampleur des changements sociaux mise à grand gabarit de liaisons fluviales, et directement rattachée au et urbains survenus depuis trente construction de grands barrages Premier ministre, a pour rôle ans. Enfin, c’est aussi l’époque où et de centrales thermiques, de mieux coordonner les politiques apparaît la difficulté à imposer grands programmes de logements sociaux d’aménagement désormais intégrées au Plan. des politiques volontaristes centralisées, (100 000 en 1953, 300 000 en 1956, L’année suivante voit la mise en place face aux logiques des forces économiques 450 000 en 1965 et 550 000 en 1975), de vingt-deux régions, qui vont peu et sociales, et où la confiance parfois politiques techniques pour promouvoir à peu trouver un rôle important dans excessive dans la toute puissance de l’État des systèmes constructifs, nouveaux les politiques d’aménagement. se trouve remise en cause, ou au moins outils de planification foncière, Le ministère de l’Équipement, né en 1966 questionnée par une vision décentralisée création de villes nouvelles de la fusion des ministères des Travaux à l’échelle géographique et économique. de 500 000 habitants dont cinq autour publics et de la Construction et confié La création du MECV en 1978 intervient de Paris, aménagement du littoral à Edgard Pisani, recentre la question ainsi au cœur d’un tournant marqué et de la montagne, création des parcs des infrastructures sur l’aménagement par des questions qui sont aujourd’hui nationaux en 1960 et des parcs régionaux des agglomérations urbaines complètement d’actualité.  en 1967, octroi de subventions et du territoire. Il devient un acteur local à l’agriculture pour accompagner la mutation majeur à travers son réseau de directions des cultures vers une logique départementales de l’Équipement. productiviste : le succès de l’action Les années 1945 à 1973 sont marquées publique est au rendez‑vous et touche par une volonté forte d’aller de l’avant, à toutes les sphères de la vie un optimisme sur la stabilité future économique et sociale. malgré la guerre froide, une soif Il faudra attendre les années 1980 de renouveau dans le cadre de pour assister à une véritable la construction du grand marché décentralisation politique. Toutefois, européen. Cette vision confiante dès 1947, certains remettaient en dans l’avenir est ébranlée par les chocs cause cette action massive de l’État pétroliers de 1973 et de 1975, et la dénonçaient comme le signe qui ont une incidence économique d’une centralisation territoriale excessive. et provoquent également un début L’ouvrage de Jean-François Gravier, d’inquiétude sur la continuité Paris et le désert français, de la dynamique de la croissance. qui marqua beaucoup les esprits, S’y ajoutent la prise de conscience en témoigne. Une politique volontariste de la rareté relative des ressources de décentralisation joint à l’essor énergétiques qui introduisent à l’idée industriel de la France va, par exemple, sinon d’une croissance zéro prônée conduire à désindustrialiser la métropole par certains du moins à celle de l’autarcie parisienne au profit des régions. — ou de sa variante technocratique, n° hors–série - septembre 2007 l « pour mémoire » Éclairages 13 « Aux origines du ministère de l’Environnement et du Cadre de vie (1966-1978) » Éric Lengereau, architecte et historien, chef du bureau de la Recherche architecturale, urbaine et paysagère au ministère de la Culture et de la Communication, membre du conseil de l’École doctorale d’histoire de l’art de l’université de Paris I – Panthéon-Sorbonne, et du conseil scientifique de la délégation aux Arts plastiques du ministère de la Culture et de la Communication, responsable scientifique de la journée d’étude

adverbiale « semble inéluctablement François Hartog, il relève d’un de ces régimes conduire ». Pour répondre à cette question, d’historicité qui épouse la montée vous me permettrez, avant même en puissance des catégories du présent que les débats ne s’engagent sur le sujet et qui répond à une véritable demande tout au long de la journée d’études, sociale. En somme, on peut dire sans risques de m’arrêter quelques secondes que la démarche historienne qui s’applique sur la généalogie des péripéties successives au passé contemporain s’applique aussi dont une, la dernière, celle qui nous occupe aux différentes catégories du vivant. aujourd’hui, peut apparaître comme devant C’est pour cette raison, comme le dit s’accomplir fatalement, comme devant François Dosse, que l’historien du temps advenir « inéluctablement » pour des raisons présent a de la chance de pouvoir Mesdames et messieurs, qui doivent être décelées, analysées travailler sous le contrôle des témoins. Après le brillant exposé de mon ami et éventuellement critiquées. En effet, pour Mais j’ajouterais que l’expérience montre Bertrand Lemoine, il me faut maintenant nous autres historiens, cette opération aussi – et je l’ai vécue personnellement focaliser sur la période de ces douze années historiographique chère à Michel de Certeau, pendant quelques années d’une solitude qui, de 1966 à 1978, semblent inéluctablement celle qui relève en propre de l’écriture extrême sur le chantier qui nous mobilise conduire vers ladite expérience du ministère de l’histoire, est ici soumise à rude épreuve aujourd’hui – que la présence des témoins de l’Environnement et du Cadre de vie. car elle prend le parti délicat de fabriquer, peut être à la fois moteur et frein pour la Plus que d’une expérience d’ailleurs, il s’agit manipuler et exploiter presque trivialement fabrique de celle que Robert Franck appelle peut-être davantage d’une formule, au sens les sources d’un passé proche du présent. « l’histoire objective de la subjectivité ». où l’alchimie subtile des politiques publiques Thibault Tellier en parlera tout à l’heure Pour ma part, je veux dessiner suggère précisément des formules d’abord, mieux que moi. Ces sources ne sont pas dans cette communication les contours des expérimentations ensuite, des solutions des matériaux désincarnés puisque les d’une période particulière, de 1966 à 1978, enfin. Mais je viens de vous entendre témoins sont ici, puisque vous êtes là. qui est celle d’un « entre‑deux », celle qui penser très fort, mesdames et messieurs, Ce passé n’a pour chacun d’entre vous sépare deux formules ministérielles en vous posant la question suivante : rien d’abstrait. C’est évident. Il fait appel à plus ou moins consacrées au même pourquoi avoir employé la formule l’exercice mémoriel et, comme le souligne secteur de l’action gouvernementale.

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C’est un temps clôturé plus qu’un temps Mais c’est entre 1966 et 1978, Douze ans plus tard, au cours du septennat inachevé. La nuance épistémologique dans ces années de croissance qui stimulent giscardien, il est celui dont on pense est de taille et Paul Ricoeur l’avait souligné une économie française euphorique, qu’il ne peut plus être sans cesse le mauvais avec insistance. Souvenez-vous, Pascal Ory que se construit l’idée de plus en plus élève du cadre de vie, le porteur de tous avait de son côté tracé le périmètre partagée selon laquelle l’État peut et doit les maux de l’aménagement, le vecteur d’une investigation propre à l’analyse mieux faire pour garantir les qualités du de tous les mécontentements, le facteur de « l’entre-deux-mai », entre mai 1968 cadre de vie des Français. Bien entendu, dérangeant de toutes les dynamiques et mai 1981. Ici, je souhaite partager la somme des politiques publiques de transformation physique de l’espace habité. avec vous les indices d’une enquête concernées est considérable. Alors se conçoit pour lui, non pas une réforme, qui reste à approfondir mais qui mérite mais une refondation qui tend à œuvrer déjà une structure narrative susceptible Mais la difficulté d’une cohérente effectivement pour une cohérente articulation d’accorder quelque intelligibilité articulation entre elles ne l’est pas moins. entre politiques publiques. Le ministère à cet entre-deux. Je prétends donc qu’il La somme des enjeux socio-économiques de l’Environnement et du Cadre de vie est assez difficile – pour ne pas dire et politiques est imposante. Mais l’ardente est l’expression de cette refondation. impossible – de comprendre la création du nécessité de les conjuguer ensemble Il est le reflet de cette ambition qui relève ministère de l’Environnement et du Cadre ne l’est pas moins. C’est pourquoi il convient en propre de la réforme de l’État. de vie sans comprendre que ces douze d’identifier les différentes étapes années matérialisent en France, dans d’un parcours collectif qui conduit à remettre Si vous me le permettez, mesdames et presque tous les domaines d’action qui en question l’action gouvernementale messieurs, je vais donc rapidement faire transforment physiquement et durablement dans ces domaines connexes. Ces étapes le portrait de cette intrigue et peindre le territoire national, le passage du quantitatif sont autant de péripéties qui marquent avec vous la succession des indices de au qualitatif, le passage des urgences l’action de l’État au travail lorsque celui-ci cette enquête, étape par étape, année de la quantité aux exigences de la qualité. s’engage dans une démarche d’introspection par année. « Le décalage est immense entre Et c’est l’examen scrupuleux des conditions et qu’il conçoit ses réformes internes, le besoin que nous avons de l’architecte de ce passage qui me permet d’affirmer, ses réflexes doctrinaux, des méthodes qui ordonne notre création et qui exprime indépendamment bien sûr de l’action ponctuelle d’action, ses mutations déconcentrées, notre civilisation et l’irritation où nous plonge des hommes et des femmes qui agissent ses perspectives décentralisatrices. la médiocrité, l’impuissance à concevoir à leur niveau sur le cours des choses, et à construire d’un grand nombre de ceux que cet entre-deux mène « inéluctablement » Mon propos s’en tient donc à une période qui, qui portent un titre trop beau pour eux ». vers une nouvelle architecture des au sein de l’appareil gouvernemental Les propos d’Edgard Pisani sont ceux politiques publiques concernées. de l’époque, affecte tout particulièrement du ministre de l’Agriculture à qui le général la vie et l’œuvre d’un département ministériel, de Gaulle confie en janvier 1966 le portefeuille Mesdames et messieurs, celui de l’Équipement. Ce dernier, en effet, du nouveau ministère de l’Équipement. vous l’avez compris, ce n’est certes pas naît en janvier 1966 sous l’impulsion Autant dire que les enjeux de l’architecture en une petite douzaine d’années conjuguée des multiples convictions n’ont pour ainsi dire pas de secret que se façonnent les enjeux contradictoires qui soutiennent la fusion du ministère pour cet ancien plus jeune préfet de France du cadre de vie des Français. Et ce n’est pas de la Construction et du ministère des Travaux devenu sénateur de la Haute-Marne. Quelques en si peu de temps que s’expriment les positions publics. Au cours de cette République années auparavant, Pierre Sudreau, ministre antagonistes qui opposent l’aménagement gaullienne, il est celui dont on pense de la Construction dès 1958, lui avait d’ailleurs de l’espace (au sens des transformations qu’il doit correctement « équiper » confié la présidence d’un groupe de travail physiques qui épousent l’évolution rapide la France et qu’il doit, pour ce faire, « urbanisme et architecture » dont de nos sociétés urbaines) et la préservation incarner les ambitions du corps les conclusions avaient fait grand bruit. de l’espace (au sens des actions qui conduisent des Ponts et Chaussées en direction Pour Edgard Pisani,en 1966, le triangle à protéger le patrimoine et l’environnement de l’aménagement de l’espace, vertueux de l’urbanisme, de la construction de notre pays). de l’urbanisme et de la construction. et de l’architecture est une figure imposée. n° hors–série - septembre 2007 l « pour mémoire » 15

« Une présence organique des architectes Au lendemain de l’élection de Georges Il constate en plus que les rapports dans le ministère de l’Équipement aurait Pompidou à la Présidence de la République, de force entre le boulevard Saint-Germain une double signification : elle marquerait Albin Chalandon est nommé à la tête et la rue de Valois ne tournent pas en faveur la fin de l’isolement des architectes du ministère de l’Équipement. de l’architecture. Tout naturellement, en les mettant en contact avec le milieu vivant, Ses convictions en faveur d’un urbanisme il se permet donc de le dire haut et fort : nécessairement tourné vers les techniques de maisons individuelles sont connues. « Si les thèses du boulevard Saint-Germain modernes de construction et d’aménagement ; Malgré la présence à ses côtés de Jacques venaient à l’emporter, souligne-t-il, l’État elle serait aussi un facteur de contrepoids Henri Labourdette, sa position sur le rôle devrait logiquement faire l’économie et d’équilibre vis-à-vis des ingénieurs. de l’architecture est aussi volontariste d’une direction de l’Architecture rue de En bref, la présence des architectes au sein que sa vision du rôle de l’État. D’ailleurs, Valois ». Indice fondamental qui tend à de la même maison que les urbanistes affirme-t-il, « quel doit être le rôle de l’État déplacer le centre de gravité des légitimités et les ingénieurs permettrait le développement dans tout cela ? […] je ne dis pas qu’il ne doit administratives à propos d’architecture, des équipes pluridisciplinaires dont dépend rien faire, mais il doit en faire le moins la création en 1971 du Plan construction la qualité de nos constructions et de notre possible et chercher la relève de l’initiative au sein du ministère de l’Équipement permet urbanisme ». Tel est le contenu de la note privée chaque fois que cela est possible ». à Robert Lion, avec le soutien actif de adressée le 6 avril 1967 par le cabinet Pendant ce temps, les multiples commissions Paul Delouvrier, de concevoir et mettre en d’Edgard Pisani à Michel Jobert, directeur du du VIe Plan sont à l’œuvre. Irriguées par œuvre une politique de promotion de la cabinet du Premier ministre. Quelques jours les courants politiques de la Nouvelle qualité architecturale du logement qui n’est plus tard, le 21 avril 1967, irrité par quelques société, elles se réunissent notamment autre qu’une politique de l’architecture. tensions interministérielles, le ministre pour penser de manière collégiale l’action de l’Équipement insiste en s’adressant de l’État et la cohérence des politiques Mais, vous le savez, l’événement qui fait date directement à Georges Pompidou : publiques d’aménagement et de protection en janvier 1971 et qui inaugure le triangle « C’est à mon sens sous votre égide de l’espace. ministériel qui nous occupe aujourd’hui est que devrait être recherchée une issue la création, auprès du Premier ministre, aux difficultés actuelles en n’excluant On est en 1970 et le directeur de du ministère de la Protection de la nature pas a priori la solution que constituerait l’Architecture au ministère des Affaires et de l’Environnement confié le rattachement de tout ou partie culturelles, Michel Denieul, suggère que à Robert Poujade. La rue de Valois doit faire des attributions de la direction de l’Architecture soient dissociées les politiques un effort et partager avec le nouveau venu à mon département ». Pour l’avant, pour de protection patrimoniale et les politiques ses attributions de protection. Comme le dit le pendant et pour l’après de ceux qu’on de création architecturale toutes situées Hubert Astier, à l’époque au cabinet de appelle communément les « Événements dans son administration. Car de multiples Robert Poujade, « elle a perdu définitivement de mai » et dont certains s’attachent déjà questions se posent et lui ne se prive toutes ses compétences du point de vue à fêter l’année prochaine le quarantième de les exposer : « Si, lorsqu’il s’agit de la des espaces naturels, [mais] les frontières anniversaire, il n’est point besoin de citation. conservation et de la mise en valeur administratives ne s’en sont pas trouvées Chacun d’entre nous sait que les aspirations des monuments historiques, les idées plus nettes ». À l’attention d’Édouard Balladur, les plus dynamiques et les plus motivées sont suffisamment nettes, il n’en va plus secrétaire général adjoint de la Présidence des architectes vont en direction de même pour les espaces naturels de la République, Henri Domerg, de l’urbanisme et de la construction. et les sites, et l’incertitude s’accroît conseiller technique à l’Élysée et beau-frère Sous l’œil bienveillant d’André Malraux, le lorsqu’on parle d’architecture contemporaine, de Georges Pompidou, s’exprime sur décès organisé du système académique de cadre de vie, d’environnement. ces relations interministérielles délicates des Grands prix de Rome est l’acte Réserve faite des initiés, qui sait toutes liées à la politique des sites : politique qui fait naître une architecture tracer d’une main sûre la ligne de « Il est vrai qu’on peut préconiser pour le logement, une architecture partage entre les responsabilités des le passage global à l’Environnement pour la ville et une architecture pour différents départements ministériels de la direction de l’Architecture (sans fusion les paysages du cadre de vie des Français. susceptibles d’être concernés ? ». des deux ministères).

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Cette hypothèse est envisagée à Matignon. également. Rue de Valois, on est désormais qui matérialise les affrontements les plus Mais comme on se rend compte que presque certain qu’une partie du ministère violents entre, d’une part, la Culture cette amputation d’une direction qui des Affaires culturelles sera absorbée et l’Équipement à propos du projet de loi représente plus de 50 % des moyens par un autre département ministériel. sur l’architecture et, d’autre part, financiers du ministère porterait à celui-ci Reste à savoir si ce sera l’Équipement la Culture et l’Environnement à propos un coup fatal, on cherche à accroître ou l’Environnement. Un an plus tard, des sites. Mars 1977 permet au second dans d’autres domaines ses compétences ». en mars 1974, dans le troisième gouvernement gouvernement de Raymond Barre de de Pierre Messmer, le verdict des attributions fusionner Culture et Environnement Au lendemain des élections législatives ministérielles entérine la fusion en un ministère unique confié de mars 1973, des voix s’élèvent pour de l’Environnement et des Affaires à Michel d’Ornano, candidat malheureux que l’environnement soit encore plus culturelles sous l’autorité d’. à la mairie de Paris. La loi sur l’architecture largement présent au sein de l’action Mais c’est seulement pour courte période a été votée. La MIQCP a été créée. gouvernementale. Parmi ces nombreuses des deux mois qui achèvent le quinquennat Le président de la République s’est revendications, celle de Didier Julia, de Georges Pompidou. exprimé, à l’Unesco, devant plusieurs député de Seine-et-Marne, se fait peut-être centaines d’architectes français. entendre plus que les autres : « Protéger On est en 1975 et les préoccupations Mars 1978, enfin, vous le savez, le cadre de vie est devenu aussi important relatives à la qualité architecturales permet à son tour d’organiser une architecture que de créer des emplois nouveaux. […] des constructions publiques, administrative dont on pense qu’elle viendra Il faut maintenant, à l’échelon de la France celles qui doivent pouvoir donner l’exemple, former un tout cohérent, faire la entière, casser les grands ensembles. est au cœur des réflexions, à l’Élysée synthèse, et réaliser concrètement Les habitants n’y sont pas heureux sous la plume de Pierre Richard, à Matignon l’ambition d’une véritable horizontalité et rêvent d’autres horizons. La difficulté, sous la plume de Jean-Pierre Bady pour les politiques publiques qui transforment c’est que l’aménagement du territoire et à la rue de Valois sous la plume et protègent l’environnement met en cause une administration d’Alain Bacquet, directeur de l’Architecture. et le cadre de vie des Français. d’une grande complexité et d’une lourdeur Mais c’est à Claude Cornuau, certaine, et que réfréner l’enthousiasme collaborateur de Pierre Mayet à la direction Ainsi peut-on dessiner la succession de certains fonctionnaires pour les villes de l’Aménagement foncier et de l’Urbanisme des étapes qui, sûrement et inéluctablement, nouvelles semble une entreprise au-dessus (DAFU) du ministère de l’Équipement conduisent à la création de ce ministère des forces humaines. Bref, le premier qu’est officiellement adressée la lettre de l’Environnement et du Cadre changement à apporter concerne de mission signée par le Premier ministre de vie. Vous l’avez remarqué, le ministère de l’Équipement, qui de l’époque, . Les projets mesdames et messieurs, devrait être d’abord un ministère élaborés par Jean Jenger rue de Valois se ce n’est ici qu’une esquisse. de l’Environnement ». concrétiseront quai de Passy pour donner Mais elle permet d’engager l’analyse, Quelques jours plus tard,alors que naissance en 1977 à la Mission le débat, la critique sans minimiser chacun attend de connaître interministérielle pour la qualité l’action très concrète de ceux qui, comme la formation du second gouvernement des constructions publiques (MIQCP). Pierre Richard et Pierre Mayet avec qui de Pierre Messmer, la presse est sollicitée nous échangerons tout à l’heure, pour promouvoir l’idée d’un grand De mars 1976 à mars 1978, ont actionné à un moment voulu, ministère de l’Environnement, à l’anglaise malgré le nombre important des actions à mi-chemin entre la sphère politique dit-on, qui, en incluant notamment et réalisations dans les multiples secteurs et la sphère administrative, la direction de l’Architecture qui concernent le cadre de vie, les leviers de la réforme de l’État. et la direction générale des Collectivités les perspectives qui conduiront locales, viendrait mettre un terme à une restructuration des administrations Je vous remercie de votre attention. à toutes ces guerres picrocholines. de l’État sont déjà inéluctables dans l’esprit  La pression s’installe et le fatalisme de chacun. L’année 1976 est celle n° hors–série - septembre 2007 l « pour mémoire » Éclairages 17 L’expérience du ministère de l’Environnement et du Cadre de vie : la place de l’environnement Jacques Theys responsable du Centre de prospective et de veille scientifique (CPVS) du ministère de l’Écologie, du Développement et de l’Aménagement durables, ancien directeur scientifique de l’Institut français de l’Environnement, ancien responsable de la prospective au ministère de l’Environnement

d’environnement en étant responsable historique et géographique, du Centre de prospective du ministère pour mieux comprendre – de l’Équipement c’est probablement du seul point de vue de l’environnement parce que fin 1979 a été créé, au sein – à la fois en quoi l’expérience du MECV, un groupe de prospective du ministère de l’Environnement commun aux deux ministères qui, chose et du Cadre de vie a constitué une extraordinaire, a gardé ce fonctionnement bifurcation absolument majeure ; en commun jusqu’en 1997 – plus de quinze mais aussi quelles ont été les ans après l’interruption de l’expérience ! conséquences de son interruption L’histoire que je vais raconter est donc, ou de son échec. un peu, quelque part, la mienne ! Pour celà, l’exposé Dans la perspective qui est celle – structuré en cinq points de l’ensemble des introductions volontairement laconiques– au colloque, l’objet de cette intervention prendra appui sur deux travaux ne sera pas de faire une description – historiques tout à fait précieux Après l’aménagement et la culture et encore moins une évaluation – et remarquablement argumentés : il me revient de remettre en perspective de ce qui s’est passé en matière de politique  d’une part la thèse de Florian Charvolin le thème de l’environnement et sa place de l’environnement ou d’évolution sur « l’invention de l’environnement en – tout à fait spécifique – dans l’expérience des structures institutionnelles durant France de 1960 à 1971 », éphémère du ministère de l’Environnement les trois ans du « ministère d’Ornano » :  et d’autre part le livre de Roberts, et du Cadre de vie (1978-1981). cela sera beaucoup mieux fait et dit Lendy et Thomas, professeurs à la par les intervenants des tables rondes Kennedy school de Harvard, sur C’est l’occasion, auparavant, d’exprimer qui en ont été les auteurs directs. l’expérience américaine une émotion personnelle particulière : Il s’agira plutôt de prendre de « l’Environnemental Protection car s’il m’a été demandé de parler une double distance à la fois Agency » vingt-cinq ans après 1.

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1. Trois modèles C’était la configuration « anglaise », que et de planification urbaine - s’est, l’on trouvait aussi dans quelques pays d’une certaine manière, « naturalisé » de structures scandinaves et dans la plupart des pays pour s’assimiler aux questions européens du Sud – Europe : Italie, Grèce… de pollution et d’écosystèmes naturels. institutionnelles en charge On pourrait montrer, si le temps n’était pas mesuré, que ces trois configurations Lorsqu’en 1969 le président Nixon, de l’environnement correspondent à trois conceptions absolument pour répondre à son futur concurrent irréductibles – et du fait profondément démocrate à l’élection présidentielle, Il faut rappeler d’abord que l’environnement opposées – de l’environnement 3. Edmond Muskie, décida - pour la première comme champ d’action publique fois dans le monde – de créer une – et comme concept – est une création À ce stade, ce qu’il faut retenir, c’est que structure institutionnelle en charge au moins autant institutionnelle que dans les années Soixante‑dix il y avait de l’environnement, le projet qui fut purement scientifique. Le champ plusieurs modèles concurrents initialement proposé et élaboré fut de l’environnement n’était pas donné de structuration politique et institutionnelle de créer un véritable «département – ou a priori sur le plan scientifique de l’environnement. Avec un modèle grand ministère – de l’environnement lorsqu’on a commencé à utiliser dominant – celui des États-Unis – et des ressources naturelles» regroupant ce terme à la fin des années Soixante. mais aussi, en Europe, un autre modèle la lutte contre les pollutions et la protection Il s’est construit de manière empirique situé presque à égalité, qui sera celui de la nature, mais aussi, l’énergie, la en même temps que se construisait du ministère de l’Environnement gestions des sols, la forêt et une partie un nouveau champ d’intervention et du Cadre de vie. de l’agriculture… Département de publique sur ce thème. C’est ce qui l’environnement et des ressources explique qu’à la fin des années Soixante-dix, qui, près de quarante ans après à l’époque de la création du ministère de 2. le modèle américain n’existe toujours pas ! l’Environnement et du Cadre de vie (en 1978), coexistaient dans le monde trois grands types Il est intéressant de s’attarder sur le modèle Si finalement un an après, fin 1970, très différents de structures institutionnelles américain, parce que les États-Unis ont été le même président Nixon décide en charge des politiques de l’environnement : le premier pays au monde à mettre de créer une agence technique,  d’abord une première configuration en œuvre une politique de l’environnement l’Environmental Protection Agency (EPA), « classique » dans laquelle l’environnement – et qu’ils ont, par la suite, servi, et non un département ministériel se résumait essentiellement à la lutte de référence à la fois au niveau mondial, à part entière et si son champ fut contre les pollutions et la protection et – comme on le verra – en France. restreint à l’élaboration de normes de la nature : c’est le modèle « américain » ; en matière de pollution, c’est parce  ensuite une seconde configuration, Il faut se souvenir qu’aux États‑Unis, qu’il s’agissait d’un bon compromis propre aux pays ayant des ressources comme partout ailleurs, la constitution entre la nécessité de donner un naturelles abondantes, dans laquelle du champ politique de l’environnement signe visible à l’opinion publique les ministères de l’Environnement s’est faite par tâtonnements successifs. (rendue inquiète par les pollutions étaient des ministères de ressources Et que, là aussi, il y a eu beaucoup automobiles et les pesticides) naturelles regroupant l’énergie, les sols, d’hésitations conceptuelles et la résistance au changement les forêts…2. C’était, par exemple le cas et institutionnelles sur ce qui pourrait des grands départements ministériels au Canada, en URSS, en Norvège, être ce champ « nouveau » de existants 4 : l’Intérieur, le Logement ou au Vénézuela… Et enfin une dernière l’environnement. C’est aux États-Unis, tout et l’Urbanisme (HUD), l’Agriculture, configuration, fréquente en Europe, d’abord, qu’au cours des années Soixante la Santé (HEW)… dans laquelle l’environnement était associé le concept d’environnement - qui renvoyait Et donc d’un bon compromis à la qualité du cadre de vie, à l’urbanisme, plutôt aux dégradations du cadre de vie entre ceux qui voulaient la réforme, à l’habitat. urbain, aux problèmes de «design» et ceux qui n’en voulaient pas… n° hors–série - septembre 2007 l « pour mémoire » 19

3. la vision française les questions de paysage, de cadre de vie, Comme aux États-Unis, le ministère français de nuisances. Et c’est d’ailleurs, sur ces de l’Environnement du début des années 1970 Pour la France, cet exemple américain problèmes d’aménagement que vont est « créé en creux », sur les vides laissés est très important, car c’est aux États-Unis à l’origine, se mobiliser le public et inoccupés par l’administration préexistantes. que ceux qui ont « inventé l’environnement » les associations – que ce soit autour du parc de D’une certaine manière on va aussi mettre au cours des années Soixante sont allés la Vanoise, de la forêt de Fontainebleau en place, en France, une « agence », chercher une grande partie de ou de « la voie express Rive gauche »… mais, à la différence de l’EPA américaine, leur inspiration – qu’il s’agisse des parcs La vision française de l’environnement une agence sans moyen, sans recherche nationaux, des agences de bassin recouvre donc, à priori, un champ plus et sans personnel propre 5. Une «agence» ou des études d’impact… hétérogène et ouvert que la vision américaine. qui, selon l’expression du président Pompidou, En témoigne - presque à l’excès a pour vocation essentielle d’être Il existe d’ailleurs une concordance – la préparation des « cent mesures » « une structure de sensibilisation absolument extraordinaire dans de la commission Louis Armand, de l’administration à l’environnement les calendriers de création magnifiquement décrite par et d’éducation du public »… des deux politiques de l’environnement Florian Charvolin. La construction en France et aux États-Unis. de l’Environnement qui transparaît à travers C’est au moment même où le président ce processus est en effet celle d’un 4. la création Nixon lance ses réflexions sur la « tamisage » à partir d’une liste d’objets réforme des structures administratives hétéroclites, dans laquelle on trouve, du ministère de américaines, en octobre 1969, que par exemple, le ramassage des épaves Jacques Chaban-Delmas confie de voitures, le développement des sentiers l’Environnement  à Louis Armand le soin de préparer de grande randonnée, la lutte contre des propositions comparables pour les nuisances, l’étalement des vacances, et du Cadre de vie (mecv) :  le gouvernement français. Le discours l’écologie urbaine, la congestion des villes fondateur du président Pompidou, ou encore… la protection des castors. une double bifurcation prononcé à Chicago en février 70, correspond à quelques jours près à celui L’assemblage raisonné de ces préoccupations Par rapport à cette conception « en creux » de même nature fait, par le président Nixon hétéroclites conduit au tournant d’un petit ministère de l’Environnement devant le Congrès. Et finalement la création des années 60-70 à inventer, à bricoler centré sur la lutte contre la pollution et de l’EPA, fin 1970, ne précède que de une conception de l’environnement originale la protection de la nature, la création quelques mois la naissance du ministère – très différente de celle des États-Unis. du MECV en 1978 marque une double de l’Environnement en France (février 1971). Une conception qui donne une place bifurcation majeure : Il y a là, naturellement, plus qu’une coïncidence centrale aux problèmes de cadre de vie  elle permet d’abord à la politique de dates ! Au départ, cependant, les cultures et de qualité de vie. Mais lorsqu’il s’agit de l’environnement de s’appuyer sur ne sont manifestement pas les mêmes. de transformer cette conception ouverte un ministère de « plein exercice », présent Avec la loi de 1930 sur la protection des sites, dans une structure institutionnelle sur tout le territoire, et disposant de avec sa politique d’aménagement et une politique publique bien définies marges de manœuvre budgétaires réelles ; du territoire, avec aussi, sa conception – c’est-à-dire de passer des « cent mesures »  elle rend surtout possible très originale des parcs régionaux, la de juin 1970 à la création, en février 1971, un repositionnement du champ France possède une tradition idéologique du ministère de l’Environnement de l’environnement sur les questions du et institutionnelle tout‑à‑fait spécifique. – c’est finalement, et pour les mêmes cadre de vie quotidien ou de la qualité Son héritage la conduit à une vision raisons qu’aux États-Unis, une vision de vie, qui, comme on l’a vu correspondent beaucoup plus « culturelle » et territorialisée beaucoup plus classique et étroite qui sera mieux aux spécificités culturelles que la conception américaine – avec adoptée, avec une administration recentrée et à la vision ouverte qui sont une sensibilité beaucoup plus marquée pour sur les pollutions et la protection de la nature. celles de la France.

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Certes ce changement a été préparé durant Le rapport fut publié en avril 1981 : à partir de 1981, d’un retour à un ministère toute la période 1973-1978 par plusieurs on ne saura donc jamais ce qu’aurait pu « sectoriel » n’a pas nécessairement initiatives allant dans le même sens : apporter une fusion menée à son terme 6… favorisé l’insertion de l’environnement la création en 1978, de la mission dans les politiques territoriales pour l’Environnement rural et urbain (MERU) ; ou son intégration dans les stratégies celle de l’atelier central de l’Environnement 5. Le coût d’une trop de développement économique (énergie, en 1976 ; la fusion de l’Environnement agriculture, construction, transport…), avec la « Qualité de vie », puis la « Culture » grande sectorialisation  alors qu’il s’agit, à l’évidence, de deux enjeux entre 1975 et 1978 ; ou encore la création majeurs 9. Paradoxalement, après le Plan de la délégation à la Qualité de la vie, de l’Environnement national pour l’environnement, le ministère également en 1978. de l’Écologie s’est « refermé » sur lui-même On sait, en revanche, ce que coûte ou a coûté au moment même où les problématiques Mais le « ministère d’Ornano » va beaucoup à l’Environnement une structuration de « développement durable », auraient dû plus loin, au moins de trois façons : trop cloisonnée, et une conception au contraire, l’inciter à s’ouvrir et à assumer  d’abord en ré-articulant l’aménagement trop refermée sur la lutte contre les pollutions, des fonctions plus transversales. de l’espace et la protection des sites à la protection de la nature ou celle On sait que l’expérience du « ministère l’intérieur de la même direction de la biodiversité. Après vingt‑cinq ans de l’Environnement et de l’Aménagement de l’Urbanisme et des Paysages (DUP) ; de fonctionnement, l’Environmental du territoire (1997-2002) » n’a pas  ensuite en créant de véritables services Protection Agency, par excellence, le modèle fondamentalement réussi à inverser transversaux communs entre Équipement de cette « sectorialisation » est en effet cette évolution ; les deux champs étant, et Environnement (inspection, recherche…) ; jugée sévèrement par ses analystes 7. de fait restés plus juxtaposés  enfin et surtout en instituant en 1979, De l’avis des spécialistes de la Kennedy que réellement intégrés… les directions régionales de l’Architecture School de Harvard, si la politique et de l’Environnement (DRAE), qui de l’environnement américaine peut constituent une amorce réelle d’intégration effectivement être jugée, a posteriori, 6. Pour conclure entre culture, aménagement, environnement comme « irrationnelle, trop coûteuse et et protection de l’espace… incapable de bien préparer l’avenir », La première conclusion que suscitent Á l’expérience on pourrait certainement c’est en grande partie dû : les réflexions précédentes faire le constat que tout cela n’a suffit  à l’isolement de l’EPA de l’appareil est méthodologique : il serait, à l’évidence, ni à « désenclaver » l’Environnement gouvernemental, et donc à son incapacité intéressant de disposer de travaux ni à « écologiser » l’Équipement, à intégrer l’environnement en amont ; comparatifs permettant d’apprécier, que l’intégration entre les différentes  à une conception de l’environnement du point de vue de l’environnement, directions ne s’est pas vraiment faite, trop étroite et technique ; l’efficacité des trois configurations que les DDE n’ont pas été réellement  à une gestion par domaine ou par secteur évoquées en introduction. Il semble en effet touchées par la réforme, que la délégation (eau, air, déchets…) excessivement qu’après presque quatre décennies à la Qualité de la vie (DQV) a vu ses moyens cloisonnée ; de mise en place des politiques de diminuer et n’a pas pu, en conséquence,  à un biais systématique en faveur de l’environnement on ne dispose toujours assurer son rôle de transversalité solutions « après coup » (and of pipe…) ; pas d’une évaluation comparative des entre les différents champs du ministère…  à un manque de relais locaux efficaces dispositifs institutionnels mis en place En fait, il n’est pas possible d’évaluer une et de stratégie territoriale suffisamment pour en assurer la gestion alors que réforme interrompue aussi rapidement. différenciée 8. les débats et les controverses sur les Un groupe de travail, animé par le avantages et inconvénients respectifs professeur Lesourne avait été chargé Naturellement on ne peut assimiler la situation des différentes solutions possibles par le ministre de faire des propositions française à la situation américaine. Il est clair sont récurrents, et ceci depuis l’origine pour un véritable ministère intégré. néanmoins que la voie choisie en France, de ces politiques. n° hors–série - septembre 2007 l « pour mémoire » 21

La seconde est plus politique et prospective. 1 Roberts, Lendy Thomas :The On sait qu’en 1978 la fusion entre Environmental Protection l’Environnement et l’Équipement a suscité Agency, twenty-five years after : beaucoup de craintes du côté asking the wrong questions. des fonctionnaires et des acteurs Harvard University Press, 1994. de l’environnement, car il s’agissait 2 L’objectif étant d’assurer d’un ministère jeune, et donc particulièrement une gestion «multifonctions» fragile. Or à cette époque les enjeux de ces ressources prenant en compte et donc les problèmes liés à l’intégration leurs dimensions économiques, des deux ministères étaient a priori écologique et sociale… beaucoup plus limités qu’actuellement, 3 Sur ces conceptions irréductibles puisque le MECV n’avait alors voir J. Theys : l’Environnement qu’une compétence très limitée à la recherche d’une définition. dans le domaine des transports. Note de méthode n° 1, IFEN, 1993. 4 Pour reprendre l’expression Qu’en serait-il aujourd’hui, dans un contexte de Florian Charvolin totalement différent ? Á l’évidence 5 Il faut rappeler que les effectifs les questions liées à l’effet de serre, de l’agence américaine à l’étalement urbain, au développement de l’Environnement sont de l’ordre durable… sont d’une telle ampleur et de 15 000 agents. d’une telle urgence qu’elles militeraient 6 Source : Rapport du groupe pour une meilleure intégration entre Lesourne : « Environnement et les administrations de l’Environnement Cadre de vie : pour et de l’Équipement. Mais la « révolution une intégration des stratégies culturelle » à accomplir pour que dans le contexte national cette intégration réussisse serait et international » ; version d’une ampleur incomparablement plus non définitive du rapport, avril 1981 grande que celle qui s’était amorcée 7 Source : entre 1978 et 1981 entre les architectes, Roberts, Lendy Thomas : The les urbanistes et les protecteurs Environmental Protection Agency, de l’environnement. Cela veut dire aussi twenty- five years after : asking the que les « précautions institutionnelles » wrong questions. pour que cette éventuelle révolution Harvard University Press, 1994. puisse se faire sans dommage pour les uns 8 ce qui, naturellement s’explique et les autres - et notamment en grande partie par la structure pour l’environnement - devraient être fédérale des États-Unis. mûrement réfléchies et discutées… 9 Sur cette histoire de la politique française de l’environnement Mais il est vrai que nous ne sommes pas, entre 1980 et 1995 voir l’ouvrage ici, dans un colloque de prospective… dirigé par Bernard Barraqué et  Jacques Theys : « les politiques de l’environnement : une évaluation de la première génération 1971-1995 » édition Recherche 1998.

« pour mémoire » l n° hors–série - septembre 2007 22 Éclairages Hypothèses de travail tirées des témoignages oraux rassemblés Thibault Tellier maître de conférences à l’université de Lille III en histoire contemporaine, chercheur titulaire au laboratoire de recherches IRHIS (Institut de recherches historiques du Septentrion - UMR 8529) chercheur associé au Centre d’histoire sociale de Paris I (UMR 8058)

Après la période des grands ensembles, sur l’évolution des politiques urbaines une nouvelle voie s’ouvre pour la prise menées en France à la fin des Trente en compte des questions liées Glorieuses. Plus largement, son étude à la redéfinition de nos manières de vivre historique invite à s’interroger sur au quotidien. De ce point de vue, comme les découpages chronologiques traditionnels l’a souligné Éric Lengereau, il y a bien de notre histoire urbaine de la seconde une séquence nouvelle qui débute avec moitié du XX e siècle. Pour resituer cette la circulaire dite Guichard en 1973 interdisant expérience ministérielle, qui peut être la construction de grands ensembles comprise avant tout comme une volonté et mettant en œuvre un nouveau d’aménagement qualitatif de l’espace, département ministériel qui correspond dans sa complexité politique, sociétale en grande partie à la vision du chef de l’État et technique, les historiens ne peuvent en matière de cadre de vie se contenter d’en établir une simple histoire et d’environnement pour les Français. administrative ni même de la considérer La création en avril 1978 du ministère Il convient dès lors d’en comprendre comme une étape de l’histoire de l’Environnement et du Cadre de vie les inspirations majeures ainsi que du ministère de l’Équipement depuis s’inscrit dans la recomposition les rythmes de développement successifs sa création en 1966. Il est nécessaire des politiques publiques, en particulier au cours de ses trois années d’existence. de replacer l’existence de ce ministère dans le domaine de l’urbanisme Plus largement, il paraît également judicieux dans une perspective historique plus large, et des problématiques environnementales, de croiser cette expérience avec certains celle de la recomposition des politiques qui s’organise au cours des années 1970 autres projets du nouveau pouvoir en publiques au cours des années 1970. en France comme d’ailleurs dans un certain place comme par exemple celui De ce point de vue, la campagne nombre d’autres pays européens. de la décentralisation. Quoique d’une de recueil de témoignages oraux que Des notions comme la défense existence assez brève, le ministère de j’ai menée à la demande du Comité de l’environnement, la préservation l’Environnement et du Cadre de vie d’histoire du ministère de l’Équipement du cadre de vie, ou bien encore la promotion (MECV) constitue, à n’en pas douter, suscite un certain nombre d’interrogations, de la qualité de la vie deviennent des thèmes un point d’analyse extrêmement fécond notamment méthodologiques, qu’il revient importants au sein de la société française. pour les historiens qui souhaitent travailler de remettre en perspective par rapport n° hors–série - septembre 2007 l « pour mémoire » 23 aux campagnes de collectes d’archives du patrimoine que constitue la collecte La référence à la conjoncture politique, orales qui ont été menées depuis de témoignages oraux demeure, en particulier les municipales de 1977 une vingtaine d’années concernant encore aujourd’hui en France, avec le cas spécifique de Paris ainsi que l’administration française et ses responsables. bien contrastée. Concernant la source orale, la préservation quelque peu inattendue Pour expliciter mon propos, mon exposé du point de vue de l’historienne, de la majorité présidentielle aux législatives sera divisé en deux grandes parties : « ce n’est qu’au terme d’un long processus l’année suivante, a également fait l’objet la première partie sera consacrée à d’acclimatation et d’apprivoisement d’évocations récurrentes. Cela a permis l’apport des entretiens ; la seconde qu’elle a réintégré la boite à outils en particulier de confronter la nouvelle portera sur les questionnements qui de l’historien »2. Il faut en effet architecture administrative du ministère jaillissent à la suite de cette campagne souligner que l’utilisation des sources avec les débats alors en cours au sein de témoignages. orales doit être faite avec précaution de la société française. par les historiens eux-mêmes. En aucun cas, les archives orales Ainsi, le rattachement de la direction L’apport  ne peuvent remplacer le dépouillement de l’Architecture au nouveau ministère, des archives écrites de l’administration la mise en place de la délégation des entretiens oraux  concernée. Comme le dit l’historienne de l’Architecture et de la Construction Danièle Voldman, « il n’est pas tenable, ainsi que la création d’une direction à la connaissance  scientifiquement, intellectuellement de l’Urbanisme et des Paysages témoignent et humainement, d’utiliser le témoignage, de la volonté des décideurs politiques, du MECV recueilli et archivé, seulement pour compléter à commencer par le ministre en exercice, les lacunes des archives publiques Michel d’Ornano, de mieux prendre Depuis une vingtaine d’années, ou privées »3. En réalité, les archives en compte les aspirations des Français la connaissance historique orales constituent une source différente, concernant leur cadre de vie. Les de l’administration française, du point de vue mais avant tout complémentaire modifications, parfois importantes de son fonctionnement comme de celles de celles précédemment citées. dans la manière de concevoir l’action et ceux qui en ont eu la charge s’est Dans le cadre des travaux engagés publique dans le cadre du MECV sont fortement accrue grâce aux campagnes sous la direction scientifique du Comité des preuves de l’évolution du traitement de témoignages oraux lancées d’histoire du ministère de l’Équipement, des questions liées à l’aménagement et par les comités d’histoire qui ont été constitués le recueil de témoignages oraux dont à l’urbanisme au cours de la seconde dans un certain nombre de ministères il est question s’est avéré extrêmement partie des années 1970. comme ceux des Affaires sociales, utile concernant l’histoire du MECV, Parmi les nombreuses thématiques des Finances ou bien encore des Affaires qu’il s’agisse des circonstances de sa création traitées par le MECV, la notion de cadre étrangères1. Si l’exemple des Finances ou bien des thématiques développées de vie a suscité des interprétations demeure encore à ce jour exemplaire jusqu’en 1981, date à laquelle l’expérience quelque peu différenciées selon les témoins du point de vue de la production prend officiellement fin. C’est ainsi que interrogés. Toutefois, de manière globale, archivistique menée, plus de 3 000 heures lors des entretiens, la volonté personnelle les nouvelles thématiques mises en œuvre d’enregistrements à ce jour, il n’en reste pas du président de la République de changer ont été perçues comme ayant engendré moins que le travail mené par le ministère de méthode concernant la conduite de nouvelles manières d’appréhender de l’Équipement témoigne également des politiques publiques ainsi que son souhait l’action publique. La création de sa volonté de préserver le mieux de contribuer activement aux choix d’une délégation à la Qualité de la vie possible sa mémoire orale. Le travail en matière d’architecture ont été soulignée illustre bien cette nouvelle conception, récent sur les villes nouvelles relève ainsi par un certain nombre de témoins, notamment du point de vue de cette volonté prise au plus haut niveau. à commencer par celui qui fut son conseiller de la transversalité des questions abordées. Toutefois, selon Florence Descamps, à l’Élysée pour les questions urbaines Il a également été souligné l’importance spécialiste de la question, l’utilisation et architecturales, Alain Lamassoure. de la création de la direction de l’Urbanisme

« pour mémoire » l n° hors–série - septembre 2007 24 et des Paysages (DUP) en lieu et place la nécessité de « réfléchir à l’évolution « La réflexion sur le devenir des villes, de la direction de l’Aménagement foncier des structures ministérielles pour les rendre préalable à l’action de planification, et de l’Urbanisme (DAFU). S’agissant encore plus cohérentes et efficaces. a une portée qui dépasse le cadre de la mise en œuvre, il est finalement ressorti La protection du patrimoine naturel et bâti, de la ville et de son aménagement des entretiens l’impression générale la lutte contre les pollutions et les nuisances, physique » expliquent les rapporteurs. d’une adaptation assez sereine de la nouvelle l’aménagement du cadre de vie quotidien, En d’autres termes, il doit s’agir distribution administrative en dépit de et en particulier l’architecture et l’urbanisme, d’appréhender la question urbaine « la violence infligée à l’ordre presque naturel sont incontestablement trois branches autrement que du seul point de vue des structures administratives », pour d’une même famille. Au niveau local, et c’est sans quantitatif. Il existe effectivement reprendre la formule d’Éric Lengereau 4. doute la priorité, je crois indispensable dans ce texte un élan anticipateur Les pratiques professionnelles mises en œuvre de réfléchir à une meilleure coordination qu’il conviendrait de remettre au sein de certaines DDE dans le cadre et à un renforcement des services compétents en perspective et qui s’inscrit pleinement du nouveau ministère comme celle du Morbihan en matière d’environnement et d’aménagement dans la recherche des sources d’inspiration ont également permis de montrer qu’il existait du cadre de vie. La flamme écologique doit du MECV. Il nous faut aussi remonter réellement sur le terrain une évolution être transmise à l’administration locale, au début du septennat de Valery conséquente notamment dans le rapport pour mieux servir les élus locaux, Giscard d’Estaing en 1974. Au cours aux usagers ainsi que dans l’introduction de les associations et en définitive les habitants ». de la campagne électorale, le candidat la notion de participation dans le traitement Au vu de ces quelques évocations, de la droite libérale s’est exprimé de certains dossiers. Enfin, le caractère vaste, on constate qu’il existe une justification à plusieurs reprises sur la nécessité de voire éclaté, des thématiques traitées scientifique à s’intéresser de plus près mettre un frein au type de croissance par le ministère a permis de comprendre que à cette expérience d’un ministère urbaine que la France avait connu peu de choses lui échappaient de la protection de l’Environnement et du Cadre de vie. depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. de l’habitat ancien à la préservation du littoral Il fallait, au contraire, permettre aux Français en passant par le traitement des déchets de se porter acquéreur de leur logement. ménagers ou la survie de certaines espèces Quelques hypothèses  Celui-ci devait pour cela répondre de poissons dans les rivières. Pour évoquer aux aspirations de la majorité d’entre eux, l’impact du MECV sur le déroulement de travail à savoir un logement individuel. des politiques publiques, il conviendrait Une fois élu, le nouveau président entend de reprendre le titre même du discours L’élaboration intellectuelle faire de la promotion du cadre de vie de clôture de Michel d’Ornano, intitulé et politique du ministère un élément essentiel de la politique « Pour un nouvel urbanisme » prononcé lors de l’Environnement et du Cadre de vie qu’il entend mener pour réformer du colloque « Urbanisme et Liberté » à Paris la société française. Dans un article en octobre 1978, qui prouve la profondeur Une séquence nouvelle, que l’on fait au titre explicite « Changeons la ville » du champ dans lequel le ministre lui-même traditionnellement débuter avec la circulaire le nouveau président de la République souhaitait inscrire sa démarche. Guichard de 1973, mériterait d’être explique que « la société urbaine doit Enfin, les entretiens ont donné l’occasion complétée par d’autres textes tels que reprendre courage et optimisme parce que de revenir sur un certain nombre de points le rapport général de la commission le citadin doit reprendre possession qui n’étaient pas forcément évidents des villes organisée dans le cadre de sa ville. C’est une des formes de la société à la lecture des différentes contributions écrites du commissariat général au Plan responsable » 5. Plus généralement, de ce ministère, à savoir notamment et dans le cadre de la préparation le contexte de la seconde partie le concept de « croissance douce » lancé du VIe Plan. De ce point de vue, des années 1970 est également propice par le président de la République lui-même ce rapport datant de 1970 évoque déjà à une transformation en profondeur dans Le Monde du 26 février 1978. très clairement la nécessité d’avoir des cadres de référence concernant C’est également au cours de cette interview recours à une nouvelle approche les manières d’appréhender que le président de la République évoque des politiques urbaines : l’action publique. n° hors–série - septembre 2007 l « pour mémoire » 25

En mars 1975 est publié le rapport de Les recompositions au sein du MECV comparables, pour l’Environnement, la commission Aménagement à ceux qui ont été menés précisément du territoire et Cadre de vie en vue Les notions telles que l’environnement dans le domaine culturel. La question de la préparation du VIIe Plan. et le cadre de vie sont évidemment de la prise en compte des questions Quelques mois plus tard, le rapport des notions qui sont extrêmement vastes. environnementales par le MECV est général sur l’orientation préliminaire Il convient de les remettre en perspective essentielle à la compréhension globale du VIIe Plan confirme l’intérêt porté vis-à-vis des compétences ministérielles du sujet. Il s’agit d’un thème encore à cette notion de « Cadre de vie » telles qu’elles existaient lors de la création à l’heure actuelle peu travaillé par les pouvoirs publics. De ce point de vue, du ministère de l’Environnement par les historiens. Cette thématique est l’année 1975 apparaît en effet essentielle et du Cadre de vie. En particulier, il s’agit pourtant récurrente au sein du MECV. du point de vue de la mise en œuvre de s’interroger sur les bouleversements La revue éditée par le ministère rend compte des nouvelles orientations présidentielles. que cela a pu occasionner au sein des préoccupations environnementales Par lettre du 25 février, Giscard d’Estaing du ministère de l’Équipement lui-même. comme l’atteste l’existence au sein demande au Premier ministre, Jacques Chirac, Pour la première fois de son existence, du ministère d’une direction spécifique d’étudier « les moyens concrets d’accroître il change de dénomination. dédiée aux pollutions et aux nuisances. la participation des Français à l’amélioration Si la raison invoquée, rapprocher Ici également, il conviendrait de resituer de leur cadre de vie ». Le rapport le point de vue des aménageurs de celui dans le moyen terme cette question de Pierre Delmon, alors président en exercice des protecteurs, est aisément perceptible, en partant de la création en 1971 des Houillères du Nord‑Pas‑de‑Calais, il est néanmoins nécessaire de se livrer d’un ministère de l’Environnement sur « La participation des Français à une étude en profondeur des différentes et en étudiant son évolution jusqu’à à l’amélioration de leur cadre de vie », directions ministérielles afin de mieux la création du MECV. Il conviendrait aussi réalisé à la demande du Premier ministre saisir l’ampleur de ce que cela a eu de s’inspirer des travaux de l’historienne et rendu en janvier 1976, dans lequel pour conséquences, notamment en terme Geneviève Massard‑Guilbaud concernant il est notamment question d’une série de pratiques professionnelles. Le nouveau les politiques environnementales, notamment de propositions concernant la manière ministère regroupe l’ensemble des directions dans le domaine de la lutte contre les de mettre en œuvre les projets d’aménagement, des anciennes administrations de l’Équipement différentes formes de pollutions. est à prendre en compte pour comprendre et de l’Environnement, à l’exception toutefois les ressorts du MECV dans sa façon d’inscrire des transports. On relève aussi le transfert La question spécifique sa démarche en direction des citoyens. de la direction de l’Architecture du ministère de la rénovation urbaine Le rédacteur du rapport envisage notamment de la Culture au nouveau ministère la création d’un « syndicalisme du cadre ainsi que le rattachement à ce dernier des Du point de vue de l’urbanisation, de vie ». La création du MECV et sa manière services de l’Environnement du défunt les années 1970 sont essentiellement d’envisager son fonctionnement s’inscrit ministère créé en 1971. Si les travaux marquées par deux mouvements tout à fait dans ce désir de modifier d’Éric Lengereau sur L’État et l’architecture concomitants et parallèles : les ressorts généraux de l’action publique. ont déjà apporté de nombreuses réponses d’une part, la périurbanisation, Il faut également citer le rapport quant aux liens existants entre le ministère et d’autre part, la mise en œuvre de la Commission de développement de la Culture (dont Michel d’Ornano a été de procédures de réhabilitation des grands des responsabilités locales présidée le titulaire avant sa prise de fonction ensembles. Il conviendrait pour cela par Olivier Guichard et dont le rapport final à l’Environnement et au Cadre de vie) et de s’interroger plus en détail sur la portée s’intitulera « Vivre ensemble ». Rendu public ce nouvel outil gouvernemental, on connaît de la création du ministère concernant en septembre 1976, il comporte lui aussi moins, en revanche, la filiation entre ces deux champs. En matière de logement plusieurs propositions concernant notamment le MCEV et le ministère de l’Environnement social, quel a été l’impact réel des thèmes la limite de l’intervention de l’État confié à Robert Poujade en 1971. Il est vrai que développés par le nouveau ministère ? et sa déclinaison autour de formes l’on ne dispose pas encore de suffisamment S’est-il agit de thématiques dédiées déconcentrées de l’intervention publique. de travaux de recherches historiques seulement à un nouvel art de vivre

« pour mémoire » l n° hors–série - septembre 2007 26 ou s’adressaient-elles à l’ensemble de vie sera par la suite érigée en principe et d’avoir voulu proposer en quelque sorte de la population française, y compris de conduite de l’action publique. Il en va une nouvelle manière d’appréhender celle qui vivait dans les cités construites de même pour certaines pratiques engagées les rapports entre élus et techniciens au cours des Trente Glorieuses ? au temps du MECV et qui se poursuivront en y adjoignant une tierce partie, le citoyen La présence de Jean-Eudes Roullier ensuite comme par exemple dans le domaine lui-même. Les témoignages oraux recueillis à la tête de la DUP conduit à s’interroger de la mise en œuvre de projets concertés dans le cadre de la recherche conduite aussi sur la prise en compte de certaines et dans une certaine mesure à dimension sur l’histoire du MECV ne sauraient suffire expériences passées comme celle des villes transversale. Cela aiderait aussi à réfléchir à assurer à eux seuls la compréhension nouvelles. Comme pour le thème au véritable impact de ce ministère. globale du sujet. À ce titre, ils ne peuvent environnemental, l’étude des différentes D’autres pistes de recherches doivent constituer qu’un matériau parmi d’autres formes d’intervention en matière également être sollicitées. Il conviendrait sur lesquels l’historien doit pouvoir exercer de rénovation urbaine menées au cours entre autres de réfléchir à l’impact local son sens critique de la même manière des années 1970 doit faire l’objet de ces politiques, notamment leur mise qu’il le ferait pour les sources écrites. d’une attention soutenue de la part en œuvre au sein des DDE en mettant La campagne constitue ainsi une première des historiens. À partir de 1975, en avant les pratiques de décentralisation étape qui peut d’abord se situer au niveau et du lancement des opérations dites initiées par le MECV. de la sensibilisation des chercheurs « Habitat et vie sociale », le ministère à de nouvelles thématiques. Une démarche de l’Équipement se trouve en effet doit maintenant être entreprise avec en première ligne concernant les programmes Conclusion le concours du Comité d’histoire de lutte contre les différentes formes du ministère de l’Équipement pour organiser de dégradation de l’habitat social. Cela a déjà été dit. le dépouillement approfondi des archives La spécificité de ces politiques l’amène L’histoire de cette expérience ministérielle disponibles, notamment au Centre des à repenser différemment le cadre doit être replacée dans le moyen terme, archives contemporaines de Fontainebleau. de ses interventions. Il conviendrait ici c’est-à-dire les actions mises en place Il est en effet nécessaire que l’historien d’étudier en détail la manière dont le MECV par les pouvoirs publics au cours puisse disposer d’une réelle distance a fait fonctionner le Fonds d’aménagement de la période 1974 à 1976. Ainsi, critique grâce à la consultation des sources urbain (FAU), un dispositif clé dès les premières semaines de 1976, un écrites produites par l’activité du ministère dans les nouvelles procédures de rénovation certain nombre de décisions sont prises. entre 1978 et 1981. La route est encore longue urbaine. Il serait aussi pertinent Le Conseil des ministres du 25 février adopte concernant la connaissance fine que de réfléchir aux différentes temporalités le principe selon lequel désormais, toutes nous avons de ce ministère. Par les multiples et en particulier aux ruptures les commissions ayant à donner un avis questions qu’il soulève, et pour reprendre et aux continuités qui peuvent exister en matière d’aménagement du territoire, la formule d’Alain Billon, on peut dire de part et d’autre du changement politique de protection des sites ou d’urbanisme que la connaissance historienne de 1981, notamment en ce qui concerne devront être composées de personnes de ce ministère n’est pas non plus les dispositifs Habitat et Vie sociale (HVS) extérieures, appartenant notamment à un long fleuve tranquille 6. et Développement Social des Quartiers des associations. Par ailleurs, deux lois  (DSQ). S’il est possible de parler du point sont également adoptées en 1976 : celle de vue de la chronologie institutionnelle, du 2 juillet sur la protection de la nature d’une rupture marquée par les élections et celle du 31 décembre sur la réforme de mai 1981, on pourrait en même temps de l’urbanisme. Le nouveau ministère s’interroger sur le développement de part s’inscrit dans cette temporalité en s’inspirant et d’autre de cette date d’une continuité de ces expériences. L’originalité de certaines thématiques initiées par le MECV. de la démarche envisagée par la suite Ainsi, la thématique de la participation par le MECV est d’avoir confirmé des habitants à l’amélioration de leur cadre ces premières orientations n° hors–série - septembre 2007 l « pour mémoire » 27

1 C’est en 1974, au sein du ministère des Affaires sociales, que le premier Comité d’histoire ministériel a été constitué. La première campagne concerna l’histoire de la Sécurité sociale. Aude Terray, « Les sources orales et l’histoire de l’administration », in Florence Descamps (dir.), Les sources orales et l’histoire. Récits de vie, entretiens, témoignages oraux, Paris, Bréal, 2006, p. 105. Le logo du ministère de l’Environnement et du Cadre de vie 2 Florence Descamps, Introduction générale, ibid., p. 9. 3 Danièle Voldman, « Le témoignage dans l’histoire française du temps présent », bulletin de l’IHTP n°75, L’histoire du temps présent, hier et aujourd’hui, Ressources en ligne sur le site de l’IHTP. 4 Eric Lengereau, L’État et l’architecture, Paris, Picard, 2001, p. 444. 5 Le Point-7 avril 1975. 6 Rapport d’Alain Billon, Etude historique sur les valeurs propres au ministère de l’Equipement. « L’histoire du ministère de l’Équipement n’est pas un long fleuve tranquille », conseil général des Ponts et Chaussées, novembre 2004.

« pour mémoire » l n° hors–série - septembre 2007 28 1re table ronde

animateur : Éric Lengereau

chef du Bureau de la recherche architecturale, urbaine et paysagère au ministère de la Culture et de la Communication membre du conseil de l’École doctorale d’histoire de l’art de l’Université de Paris I - Panthéon-Sorbonne, et du conseil scientifique de la délégation aux Arts plastiques du ministère de la Culture et de la Communication

2e table ronde

animateur : Bernard Barraqué

directeur de recherches au CNRS dans le laboratoire « Techniques Territoires et Sociétés » (ENPC - UMLV – UPVM, UMR 8134) ingénieur de recherches à Organisation & Environnement (de 1978 à 1981)

3e table ronde

animatrice : Florence Contenay

inspectrice générale honoraire de l’Équipement membre du comité d’histoire du ministère de la Culture et de la Communication sous-directrice de la Promotion de l’architecture (mai 1978 – oct. 1979) chargée de mission au groupe de prospective, piloté par François de Lavergne sous la direction de Serge Antoine

n° hors–série - septembre 2007 l « pour mémoire » Les tables rondes 29

Les grands acteurs racontent...

« pour mémoire » l n° hors–série - septembre 2007 30

Dominique Léger maître de requêtes honoraire au Conseil d’État, avocat, vice-président de la Fondation du Patrimoine, directeur adjoint, puis directeur du cabinet de Michel d’Ornano

Pierre Mayet, ingénieur général des Ponts et Chaussées honoraire, directeur de l’Aménagement foncier et de l’Urbanisme (1974-1978), directeur du Personnel au ministère de l’Environnement et du Cadre de vie

Philippe Preschez, inspecteur général honoraire de l’Architecture et du Patrimoine, conseiller technique au cabinet du ministre de l’Environnement et du Cadre de vie chef de service, adjoint au délégué à l’Architecture et à la Construction (fév. 1980) Pierre Richard, ingénieur général des Ponts et Chaussées honoraire vice-président de l’Association française des banques, président du Conseil de surveillance de Dexia crédit local, conseiller technique au Secrétariat général de Valery Giscard d’Estaing (1974-1978), directeur général des Collectivités locales au ministère de l’Intérieur (1978-1981)

Les débats sont animés par : Éric Lengereau n° hors–série - septembre 2007 l « pour mémoire » Les tables rondes 31 1re table ronde Mars 1978 : pour de nouvelles attributions gouvernementales

Éric Lengereau Pierre Mayet, vous étiez avant mars 1978, directeur de l’Aménagement foncier et de l’Urbanisme au sein du ministère de l’Équipement. Comment vos relations avec le ministère de l’Environnement et le ministère de la Culture ont-elles pu construire un ensemble de convictions visant à concevoir la nécessité d’un nouveau ministère ? Ces relations ont-elles été difficiles ?

Pierre Mayet Je ne dirais pas que ces relations ont été difficiles. J’exerçais à l’époque mes fonctions en administration centrale tout en étant fortement ancré dans une culture territoriale. J’avais un sentiment de très grande responsabilité vis-à-vis de l’engagement des DDE au service de l’urbanisme. La création de l’Équipement les conduisait à exercer un métier difficile et les obligeait à changer de culture administrative et technique. L’œuvre à accomplir était ambitieuse. Elle consistait à réaliser la planification territoriale avec les schémas directeurs d’aménagement et d’urbanisme (SDAU). La nécessité d’avoir des commissions locales d’élaboration a été un formidable creuset pour la demande de décentralisation. Environ 100 000 élus locaux y participaient. Il existait une volonté forte de comprendre les questions émanant de la société pour permettre à la politique Passation de pouvoirs de Fernand Icart à Michel d’Ornano le 23 mars 1978 Arch. nat. 93009 / 01 - cliché MEDAD/SIC de l’urbanisme d’être juste.

« pour mémoire » l n° hors–série - septembre 2007 32

Par ailleurs, je venais de quitter mes fonctions aucune question de principe. Seuls quelques dé- de rapporteur général de la commission tails touchant à des matières telles que les permis des villes du VIe Plan. Or nous nous étions de construire ou l’introduction d’architectes- engagés en proposant une orientation pour la consultants avaient suscité des irritations. Toute- décentralisation à l’échelle des agglomérations. fois, ces irritations, qui n’étaient que l’expression Mon initiative concernant la déconcentration corporatiste de l’Ordre des architectes contre la de l’instruction des permis de construire en vilaine administration, n’entraînaient pas de vé- subdivision répondait à cet engagement. Ce ritable querelle sur les objectifs. détail est important. Il a peut-être contribué à la mise en œuvre d’une décentralisation sans trop Éric Lengereau de troubles. Pierre Richard, vous étiez conseiller technique à la La protection des espaces naturels sur l’en- Présidence de la République entre 1974 et 1978 en semble territoire, portée par le ministère de charge des questions d’architecture, d’urbanisme et l’Environnement et les associations, était très de construction. Le souvenir des uns et des autres concrètement intégrée dans les plans d’occu- retient que ces questions étaient alors évoquées pation des sols et dans l’instruction des permis jusqu’au plus haut sommet de l’État. Pourquoi Valéry de construire. La lutte contre le mitage a été Giscard d’Estaing, lorsqu’il évoque aujourd’hui son fixée comme objectif à tous les services. Cet septennat, ne retient-il pas grand-chose de la question engagement nécessaire sur la question de l’en- de l’environnement et de l’aménagement de l’espace ? vironnement a rendu les DDE très impopulai- Comment votre complicité avec Pierre Mayet a-t-elle res et a renforcé la difficulté de leur métier. permis que les relations entre l’administration centrale Enfin, le projet de création du FAU (fonds de l’Équipement et la Présidence de la République d’aménagement urbain) venait de se concrétiser puissent concrétiser cette ambition partagée ? grâce à l’appui de l’Élysée. Michel d’Ornano en a parfaitement saisi l’ampleur en présidant Pierre Richard personnellement le comité interministériel Avant de répondre, je souhaiterais dire de ce fonds, qui réunissait toutes les politiques quelques mots du livre d’Éric Lengereau, qui est d’aménagement de l’espace, depuis les politiques remarquable et qui m’a passionné. Je suis fier que très patrimoniales jusqu’aux politiques sociales. mes archives aient été ainsi utilisées. J’assume Les agents de cette administration sont des chaque note adressée à M. Valéry Giscard personnes loyales. Si on leur demande de d’Estaing. J’ai pu dire des bêtises mais je n’ai changer d’objectif et d’effectuer une mission rien à cacher. J’étais sincère. Cette initiative nouvelle, ils s’adaptent. Mon sentiment de est excellente. Elle constitue une géologie responsabilité cohabitait avec l’impression « historique » pour la France. Par ailleurs, je tragique de les emmener au combat. Nous partage totalement l’analyse de Pierre Mayet. Il essayions désespérément d’œuvrer en faveur de faut distinguer conflit et dialectique. Il n’y a pas la protection de l’environnement, en tenant eu véritablement de conflit. compte des questions patrimoniales et les médias Valéry Giscard d’Estaing a en effet eu l’intuition nous assassinaient. L’État ne pouvait pas d’un côté géniale d’intégrer un ingénieur dans son équipe gérer ses responsabilités avec son administration constituée essentiellement de financiers. Il et de l’autre écouter d’un air attristé les plaintes souhaitait bénéficier du regard d’un homme de du peuple. Il se devait d’être cohérent. terrain et je l’intéressais car j’avais contribué Pour moi, les querelles concernant l’architecture à construire des villes nouvelles. Dans son n’étaient que des éléments de circonstance. La cabinet, il m’a en quelque sorte confié le rôle du loi sur l’architecture ne soulevait de notre part « fou du roi ». Je pouvais parler franchement, n° hors–série - septembre 2007 l « pour mémoire » 33

Signalétique à l’entrée du MECV boulevard Saint-Germain ©MEDAD/SG/SIC - 1980 Photo B. Suard

critiquer le roi et lui dire la vérité. Giscard était de l’arbre. Il s’intéressait au sujet. Tocqueville parfois un peu irrité mais j’ai passé la période était l’un de ses maîtres à penser. En outre, en probatoire et, au bout des six mois, une fois qu’il tant que provincial et en tant que chasseur, il a eu décidé de me garder, j’ai eu carte blanche. avait un réel respect de la nature. Mes messages Quand je suis arrivé à l’Elysée, mon projet entraient en résonance avec ce qu’il souhaitait. était de faire des villes vivables. En la Aujourd’hui, Valéry Giscard d’Estaing pourrait matière, Pierre Mayet était en quelque sorte certainement évoquer ces questions d’environ- mon maître. Mais j’avais moi-même suivi, nement car énormément de choses ont été fai- quand j’étais à Polytechnique, de nombreux tes. Mais je pense que sa passion fondamentale cours d’architecture. À l’École des Ponts et pour l’Europe l’a submergé et a supplanté son Chaussées, j’avais également étudié la stratégie intérêt pour le cadre de vie et l’environnement. et l’aménagement urbain. Et puis je suis parti Il a souhaité focaliser son image sur « Giscard à Philadelphie pour faire du city planning à l’européen ». l’université de Pennsylvanie. À l’époque, nous avons eu la chance de bénéfi- En fait, que le chef décide ou non, lorsqu’on est cier d’un dispositif favorable. Le président, bien conseiller, on a le droit de vendre sa passion et que non spécialiste sur ces questions, était to- on doit se battre pour elle. En l’occurrence, j’ai talement ouvert au sujet, comme il l’a prouvé eu affaire à un Giscard très ouvert, qui acceptait lorsqu’il a donné sa première interview dans toutes les initiatives que je lui proposais, y Le Point sur le thème « L’urbanisme à la française », compris les plus originales telles que la journée un texte qui envisageait une France plus dé-

« pour mémoire » l n° hors–série - septembre 2007 34

Que met-on dans la notion de territoire ? Les choses sont plus subtiles maintenant avec la notion de développement durable. À cette période de la vie de la France, en 1974-1978, le sujet fondamental que je partageais avec Valéry Giscard d’Estaing était la décentralisation de la France. Cela prouve l’aspect prospectif de l’action menée à l’époque car les esprits n’étaient pas encore mûrs sur le plan politique. Valéry Giscard d’Estaing était un pionnier, tout comme sur l’Europe avec l’élection du Parlement au suffrage universel, le serpent monétaire, etc.

Éric Lengereau Diriez-vous que vous conceviez alors un projet politique ?

Pierre Richard J’adhérais à un projet politique, c’est très clair. Pierre Mayet, je crois, dira la même chose. Quand on parle de ville, on parle de politique.

Éric Lengereau Parc floral de Vincennes, Ce projet politique en matière d’aménagement et troisième semaine de la jeunesse, affiche du cadre de vie vous appartenait-il ? © MEDAD/SG/SIC - 1981 Photo G. Crossay centralisée et plus ouverte. J’ai pu constituer Pierre Richard en secret un petit groupe de travail qu’on ap- Non, il ne m’appartenait pas. Il était dans ma pelait le groupe Éloïse, auquel Pierre Mayet a nature. Giscard l’avait lui-même, évidemment. bien évidemment participé (un mélange de C’est lui qui décidait. Il était extraordinaire l’Élysée et de La Nouvelle Héloïse). Le projet a d’avoir un président aussi ouvert. En tant que démarré dès 1974. On ne pouvait pas dissocier ministre des Finances, il était peu habitué à décentralisation et cadre de vie. Le but n’était s’impliquer dans ces sujets mais ça bouillonnait pas de démoraliser les services de l’État, et à l’intérieur. Une fois président, il a suffi que notamment l’Équipement, mais de dire qu’il quelques personnes ouvrent la porte pour que était évident que l’aménagement du territoire ses idées s’expriment librement. Mon rôle ne pouvait pas se faire sans les élus locaux. consistait à concrétiser les idées de Giscard, C’est comme ça que cette complicité a pu d’où la politique de l’arbre, la suppression s’établir et que le ministère de l’Équipement, des tours dans le centre ville, etc. C’était des via un certain nombre de hautes personnalités symboles forts qui montraient que Giscard comme Pierre Mayet, a lancé le mouvement. avait une vision de ce qu’il voulait pour notre Nous avons engagé ensemble ce travail. J’en pays. L’urbanisme à la française était une ai même fait un article dans Le Figaro sous le nouvelle forme d’urbanisme, différente de titre : « Pour un ministère du territoire ». celle de l’ère pompidolienne. n° hors–série - septembre 2007 l « pour mémoire » 35

Éric Lengereau Cette période de mûrissement qui dure quatre ans vous permet-elle de penser collectivement à une nouvelle architecture administrative ?

Pierre Richard Ne voyez pas dans mon propos une vanité que je n’ai pas du tout. En fait, le processus engagé a duré plus de quatre ans et a abouti aux lois de décentra- lisation de 1982 et 1983. Je ne dis pas que c’est une réussite. Je suis même assez déçu de la façon dont a été conduite la décentralisation dans ce pays de- puis vingt-cinq ans. Toutefois, dès 1974, des fonc- tionnaires qui avaient de nombreux contacts avec des hommes politiques de toute sensibilité ont préparé cette décentralisation.

Pierre Mayet Oui, nous avions la prétention de porter un projet politique. On sait quelle importance mai 1968 a eu grâce au recrutement massif de contractuels issus de l’Université qui ont fait circuler un sang neuf et insufflé une énergie incroyable. Cela a joué un rôle déterminant dans l’état d’esprit Saint-Denis (93), ambiant. Pour ma part, en tant que directeur, j’ai rénovation quartier Saint-Denis Basilique toujours été mis en question sur ma capacité à ©MEDAD/SG/SIC - 1981/82 Photo B. Suard comprendre ce qui se passait dans la société. La Dominique Léger fonction intellectuelle critique était intégrée à nos À l’époque, nous ne connaissions pas Éloïse. missions. Nous avions des appuis discrets mais Nous étions loin d’imaginer ce contexte de très précieux, tels que celui d’Étienne Mallet, complot de cols blancs qui pensaient l’avenir un journaliste du Monde, qui était quasiment de la France ! En revanche, s’agissant des devenu le communicant de la DAFU. Nous questions d’architecture et d’environnement, nous sentions dans le devoir de comprendre quand nous sommes arrivés en 1978 au nouveau la société et d’anticiper les problèmes. Comme ministère, nous avions déjà eu pendant un an nous bénéficiions grâce à Pierre Richard de la avec Michel d’Ornano une approche globale confiance de Valéry Giscard d’Estaing, cela de la protection des sites et de l’aménagement passait comme une lettre à la poste. Nous avons des espaces sensibles. Nous avions vécu la éprouvé ce sentiment rare d’être porteurs d’un nécessité de renforcer le champ d’application projet politique légitime. de cette première expérience. La direction de l’Architecture était à l’époque une direction Éric Lengereau essentiellement fondée sur la protection de Dominique Léger, de votre fonction de directeur l’historicité de l’existant mais une démarche du cabinet du ministre de la Culture et de d’ouverture existait déjà. Bien sûr, il y avait des l’Environnement, avez-vous eu à connaître en conflits et des divergences d’opinion. Toutefois, amont la nature de ce projet politique ? nous avions acquis la certitude, dès le ministère

« pour mémoire » l n° hors–série - septembre 2007 36 de la Culture et de l’Environnement, que nier les différences d’approche était inutile et que le dialogue entre les acteurs au service d’un objectif commun était possible. Le ministère de l’Environnement et du Cadre de vie a constitué une étape importante pour favoriser ce dialogue.

Éric Lengereau Pensez-vous que la direction de l’Architecture pouvait avoir une meilleure place dans un autre ministère ?

Dominique Léger Si vous m’aviez posé la question en 1977, j’aurais évidemment défendu bec et ongles, en tant que directeur du cabinet du ministre de la Culture, le rattachement de la direction de l’Architecture au ministère de la Culture. Quelques mois avant le changement de gouvernement, j’ai lutté de toutes mes forces dans les réunions interministérielles contre un projet de décret qui voulait accroître les attributions du ministère de l’Équipement sur Michel d‘Ornano, ces champs frontaliers auxquels les fonctionnaires Dominique Léger Gaston Deferre, et Michel consacrent 90 % de leur temps. Deux mois plus Est-ce bien à Pierre Mayet de répondre ? Je Lachambre tard, quand le décret d’attribution du MECV vais donner ma version des faits. Je rappelle Visite de la réhabilitation des HLM de Frais Vallon à (13) était en jeu, j’ai défendu le point de vue inverse. que Michel d’Ornano était d’abord un homme mars 1979 (extrait du n°3 de la revue Néanmoins, je pense vraiment que la direction d’entreprise. Il avait créé le groupe Orlane avant Environnement et Cadre de vie). de l’Architecture devait être transformée. En 1977 d’entrer en politique en 1967. Il était responsable et 1978, la réforme de l’enseignement de l’archi- du parti politique du président. Il avait été tecture représentait un enjeu majeur. Mai 1968 ministre de l’Industrie et avait notamment l’avait laissé dans un drôle d’état. Il était nécessai- conduit la politique de l’énergie nucléaire. Il re de redonner à cet enseignement une structure, avait ensuite été ministre de la Culture et de un contenu et des objectifs. Dans ce travail de l’Environnement. Par ailleurs, c’était un élu de refondation de l’enseignement de l’architecture, terrain. En 1967, il avait repris le Calvados, où on remettait en cause également dans une cer- il avait été élu contre un député communiste taine mesure les finalités limitées de la direction qui tenait la circonscription depuis la guerre. de l’Architecture pour réinsérer de l’architecture Ce n’était pas du tout l’homme politique de contemporaine et de l’intervention qualitative à Deauville qu’on a décrit aisément. Il avait une tous les stades de la construction. circonscription difficile. Quand il est arrivé, il avait ses idées et son poids politique. Lorsqu’il a Éric Lengereau eu vent du projet que Pierre Mayet devienne son Pierre Mayet votre rôle a été éminent dans la directeur de cabinet, il a préféré rappeler Jacques conception et la construction de ce ministère. Darmon, pendant six mois, puis me céder sa Pourquoi ne vous a-t-on pas nommé directeur de place. Cela le mettait à l’abri de se voir imposer cabinet du ministre ? quelqu’un qu’il ne connaissait pas. Le ministre n° hors–série - septembre 2007 l « pour mémoire » 37 a eu ensuite pour Pierre Mayet beaucoup de disait toujours de ne pas les sous-estimer. Selon respect, d’amitié et de considération mais il lui, si les instructions étaient claires, on était voulait diriger son ministère avec ses hommes et certain d’obtenir des résultats fantastiques. Il ne pas se faire imposer, même par l’Élysée, son tenait à maintenir avec les directeurs de son directeur du cabinet. administration un contact personnel permanent. Nous avions une réunion tous les vendredis matin. Pierre Mayet Tous les directeurs du ministère y participaient. Il C’est l’occasion pour moi de dire ce que j’ai pu s’agissait de créer un esprit commun en dehors des penser de Michel d’Ornano. Lorsque j’ai vu ar- membres du cabinet. Seul le directeur du cabinet river cet homme qui me paraissait très éloigné assistait à ces réunions. Cela a contribué à créer de ce que j’étais, je me suis senti inquiet. En- un enthousiasme formidable au sein des équipes suite, j’ai découvert un grand ministre à la fois pour poursuivre l’objectif qui nous était tracé. En par l’autorité qu’il exerçait et par son incroyable trois ans, je n’ai aucun souvenir de difficultés entre capacité à comprendre les choses. Lorsqu’on les différents acteurs. Le ministre avait l’autorité livrait un dossier à ce ministre, on savait qu’il nécessaire pour arbitrer en cas de tensions. saurait en faire son miel de ministre. J’ai passé trois années très intenses avec lui. J’avais ce sen- Éric Lengereau timent passionné de construire quelque chose Philippe Preschez, pouvez-nous évoquer le maillage d’important. La réforme des rémunérations des nouveaux services déconcentrés qu’ont été les accessoires, par exemple, a nécessairement été DRAE et les SDA ? construite sous Michel d’Ornano et a eu une grande importance. Philippe Preschez Michel d’Ornano était profondément humain Pierre Richard et avait, grâce à son expérience des réalités Je tiens du fond du cœur à m’associer à cet locales, le souci d’être proche des gens. En hommage. Michel d’Ornano était vraiment un témoigne un dossier que je suivais et auquel grand ministre. C’était peut-être une personne réservée qui, de ce fait, pouvait paraître un peu difficile d’accès à ceux qui ne le connaissaient pas mais c’était un homme d’une rare intelli- gence. Il savait que j’avais des liens privilégiés avec le président sur tous les sujets liés à l’amé- nagement urbain. Je suis allé le voir. Face à mon enthousiasme, j’ai senti son fort intérêt. Cela m’a surpris de la part de cet industriel du privé. C’était juste après les élections législa- tives. Michel d’Ornano ne savait pas que j’al- lais partir. Il a dû se dire que Pierre Richard et Pierre Mayet, tous les deux à la fois, cela faisait un peu trop.

Dominique Léger Je pense que c’est exact. Je voudrais ajouter que Michel d’Ornano avait un énorme respect Stand du MECV au salon Pollutec à l’égard des fonctionnaires de l’État. Il nous ©MEDAD/SG/SIC - 1980 Photo B. Suard

« pour mémoire » l n° hors–série - septembre 2007 38 il a porté une attention très personnelle : la Enseignes publicitaires question de l’agrément des maîtres d’œuvre. Il sauvages Extrait du n°1 de la revue a tenu à signer lui-même toutes les décisions. Environnement et Cadre de vie C’était un travailleur infatigable, outre sa octobre 1978. mémoire prodigieuse, qui forçait notre ad- miration chaque fois qu’on lui demandait de prendre position sur tel ou tel sujet. Il était très ouvert aussi. Il a lancé avec Jean-Michel Bloch-Lainé et les conseillers de celui-ci ce mouvement en matière d’architecture et d’urbanisme dans les banlieues dont nous recueillons encore les fruits aujourd’hui. Il a aussi beaucoup marqué les esprits avec la grande loi du 29 décembre 1979 sur la publicité, les enseignes et les préenseignes, à laquelle le nom de Michel d’Ornano reste vraiment at- taché. La conception qu’il avait de la protec- tion du cadre de vie était un peu inspirée de Giraudoux. C’est quelque chose qu’il ressen- tait profondément. Il a voulu éviter les conflits difficile. Des réunions d’arbitrage ont eu entre protecteurs et aménageurs de manière lieu à Matignon en août 1978. Il y a eu efficace et réaliste. Cela correspondait à ses effectivement de petites tensions, mais la convictions profondes. Il a suivi les orienta- situation s’est débloquée en octobre avec la tions du président de la République, envers nomination, à la direction du Patrimoine, de qui son dévouement était total, mais il s’agissait Christian Pattyn, avec qui Michel d’Ornano fortement de ses convictions. s’est toujours trouvé en phase sur les délicats S’agissant des problèmes d’organisation ad- problèmes d’interprétation du texte. ministrative des services déconcentrés en Pour moi, le MECV a joué un rôle primordial matière d’architecture et d’environnement, sur le plan de l’organisation administrative les textes concernant les directions régiona- en faveur de l’architecture, principalement les des Affaires culturelles (un premier dé- en lui attribuant des moyens et postes cret était paru en février 1977, un second en budgétaires issus d’une ponction effectuée sur décembre 1977) avaient déjà largement pré- les crédits de résorption de l’habitat insalubre, paré le terrain et fait apparaître la notion de de voirie urbaine, du plan de construction « pouvoirs propres » des architectes des Bâti- ou de fonctionnement de la direction de ments de France. La conception des décrets l’Administration générale. C’est ce qui a permis de mars 1979 sur les délégués régionaux à notamment de conforter au-delà de 1981 les l’Architecture et à l’Environnement et sur les services départementaux de l’Architecture. services départementaux de l’Architecture a profité de cet acquis. Dominique Léger En tant que conseiller technique, j’ai été À l’époque, un débat a eu lieu sur la défini- associé à la réflexion sur la partie du décret tion de la direction de l’Architecture. Les d’attribution du ministère qui portait sur partisans les plus affirmés d’une approche le partage des compétences concernant fondée sur l’horizontalité souhaitaient dis- les monuments historiques. Le sujet était soudre cette direction de l’Architecture et n° hors–série - septembre 2007 l « pour mémoire » 39

Enseignes publicitaires Éric Lengereau sauvages Il est une question qui est sur toutes les lèvres : Extrait du n°1 de la revue Environnement et Cadre de vie pourquoi la pérennité de cette expérience du octobre 1978. MECV n’a-t-elle pas été assurée ?

Pierre Mayet Je ne sais pas s’il est possible de répondre à cette question. Sans doute les nouvelles équipes politiques ont-elles jugé négativement ce qui avait été entrepris avant elles.

Dominique Léger Ce ministère est mort trop jeune. Il était en mouvement, en voie de création et de développement. Dès qu’il n’a plus existé au sommet de l’État de volonté politique de poursuivre cette route, tous ceux qui n’avaient pas encore perdu leurs vieux attachements en ont profité pour revenir à une structure confier ses attributions à un ensemble de ser- antérieure qu’ils connaissaient mieux. vices. Michel d’Ornano s’y est opposé. Il était Je crois que ce ministère est mort de son convaincu de la nécessité de l’existence d’une manque de maturité mais je suis convaincu direction de l’Architecture clairement identi- qu’il s’agissait d’une très bonne formule, tout fiée dans les organigrammes et fortement ap- à fait enthousiasmante. puyée par le ministre pour que ces questions architecturales soient prises en compte au Pierre Richard sein de ce ministère très imprégné par l’Équi- Je crois, comme Dominique Léger, que ce pement. Il a fallu tous le poids de ce ministre ministère constituait une première étape exceptionnel qu’était Michel d’Ornano pour incomplète. Il ne pouvait pas survivre en que Joseph Belmont, qui a rempli la fonction l’état car il était assis entre deux chaises. admirablement, accepte cette charge. Le secteur local n’avait pas été intégré. Certains n’ont pas compris pourquoi on L’aménagement du territoire non plus. avait créé la délégation à la Qualité de la C’était un corps inachevé. A ce jour, la vie et la délégation à l’Architecture et à la formule n’a pas été trouvée. Les ministères Construction. En réalité, ces deux délégations protéiformes changent avec chaque reflétaient la volonté de Michel d’Ornano gouvernement, ce qui est très mauvais de s’entourer de promoteurs d’idées, de pour l’efficacité de l’appareil institutionnel personnes qui ne s’embarrassaient pas de et pour l’image de la France. J’espère que questions d’organisation administrative, ne le ou la future présidente aura le courage réfléchissaient pas en termes de domaines de faire enfin un ministère plus stable. Je territoriaux définis par des textes. La crois personnellement qu’il faut intégrer à nomination de Jean-Claude Colli et celle de ce ministère l’Aménagement du territoire, Jean-Michel Bloch-Lainé s’inscrivent dans le Cadre de vie, la DGCL et l’Équipement. cette volonté. Ce type de démarche a eu Il est nécessaire d’avoir les infrastructures plus d’incidence qu’on ne l’imagine. qui manquaient au MECV.

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Dominique Léger il a surgi dans le bureau de Bernard Cheneau dont Nous avions récupéré les transports à la fin. La j’étais alors le directeur de cabinet et a prononcé dernière année, nous avions le secrétariat d’État très exactement cette phrase qui était pour moi aux transports. Il nous manquait en réalité les un scoop : « Je viens vous piquer Querrien pour routes même si le personnel dépendait du ministère en faire un directeur général de l’Urbanisme et de et que nous avions un œil sur le budget. l’Architecture ».

Pierre Richard Par la suite, ce même Sudreau a créé les zones C’était absurde. sensibles dans lesquelles, sur instruction du ministre, les services départementaux Dominique Léger interviendraient non pas pour les protéger C’est vrai, c’était absurde. Toutefois, Michel au sens des sites classés mais pour veiller à ce d’Ornano estimait que nous avions trop de travail qu’elles soient traitées, au besoin urbanisées ou par ailleurs pour nous battre sur ce terrain. au contraire maintenues en l’état naturel, en fonction de la vocation qu’on leur reconnaissait. Questions de la salle Nous sommes arrivés à environ un millier de zones de ce genre. Faute d’un support législatif solide et Michèle Prats en raison de la difficulté que l’administration a J’ai été une des premières DRAE. Je me trou- eu à suivre ce dossier, l’affaire n’a pas eu de suite vais en Provence‑Alpes‑Côte‑d’Azur. C’était mais l’intention était là. une région à enjeux avec de gros problèmes d’environnement, de préservation des espaces En réalité, nous sommes en présence d’un naturels et d’aménagement. J’avais vécu toute problème permanent. Comme l’a rappelé Éric la période du FAU, j’avais été conservatrice des Lengereau, nous sommes passés de la quantité Bâtiments de France. Nous avons cru à cette à la qualité. Tout l’enjeu consiste à savoir si on mise en synergie de nos différences. Les DDE confie au même organisme le soin de prendre de ma région ont complètement joué le jeu. en charge ces deux questions en réunissant Nous étions tous ensemble avec les SDA et sous la même autorité les programmeurs et les le conseil régional de l’Ordre des architectes. réalisateurs. La formule consistant à séparer Nous faisions corps aussi bien avec les archi- clairement les deux types d’attributions suscite tectes qu’avec les enseignants d’architecture. toujours des conflits car elle attribue aux Nous avons cru à ce ministère et nous avons défenseurs de l’environnement, de la qualité d’abord cru à ce ministre, qui était un grand de la vie et de l’architecture le rôle de gêneurs ministre. Ce fut un grand moment, que nous et d’empêcheurs d’aller de l’avant. Toutefois, regrettons fort aujourd’hui. la configuration consistant à tout réunir sous la même houlette, comme l’avait fait Michel Max Querrien d’Ornano, pose également un problème. Dans Le problème de structure administrative dont une telle structuration administrative, ceux nous débattons aujourd’hui se pose en fait depuis qui parlent au nom de la qualité, comme ils ne fort longtemps. Je me demande dans quelle manipulent pas les chiffres et ne sont pas les mesure il ne faut pas remonter avant 1966 pour promoteurs des programmes, craignent d’être en trouver l’origine. À l’époque, Pierre Sudreau, rapidement réduits à peu de choses par ceux qui alors ministre de la Construction, avait voulu sont responsables de la programmation et de la créer une direction générale de l’Urbanisme et de réalisation. Entre ces deux formules, quelle est l’Architecture. J’en ai été directement témoin car la bonne ou quelle est la troisième ? n° hors–série - septembre 2007 l « pour mémoire » 41

Bernard Barraqué Jean-Claude Boual Ce que vient de dire Max Querrien est très À l’époque, j’étais secrétaire général de la fé- important. Bien qu’elle soit un peu hors dération CGT de l’Équipement, le principal du champ de cette journée, l’expérience syndicat de cette administration. Mon inter- Sudreau est fondamentale. Sudreau a réussi vention vise à présenter un autre point de vue, à créer l’idée qu’on aurait dans les DDE, à savoir celui du personnel qui n’était pas au non seulement des architectes-conseils qui sommet des décisions et qui pourtant a joué s’occuperaient des grandes opérations, des un rôle non négligeable dans la façon dont les superviseurs dans la rénovation urbaine choses se sont passées. Sur l’ensemble de mon par exemple, mais aussi des architectes- activité de secrétaire général de cette fédéra- consultants, qui interviendraient dans les tion, qui a duré dix-sept ans, c’est la seule fois zones sensibles pour faire en sorte qu’on où, à travers la fameuse Éloïse dont nous soup- n’abîme pas trop le paysage ordinaire. Cette çonnions l’existence, j’ai été invité en tant que idée a cheminé. Elle a abouti à créer les responsable syndical à participer à la discussion CAUE. Sudreau a également créé, outre sur le décret d’attribution du ministère. Une les zones sensibles, les périmètres sensibles. des questions essentielles pour la CGT touchait Cette opération consistait à imposer une taxe aux services déconcentrés. Nous souhaitions sur tout ce qui se construisait sur le littoral, savoir notamment comment les DDE s’articu- de manière à pouvoir en racheter une petite leraient au niveau départemental et auprès de partie et le garder à l’état naturel. Cette quel ministre. La préparation de la réforme des Pendant les interruptions politique des périmètres sensibles a abouti à honoraires évoquée par Pierre Mayet a effecti- de séance, des échanges animés ont eu lieu créer la taxe départementale sur les espaces vement été fondamentale. Elle n’a abouti que entre les participants. naturels sensibles (TDENS) qui permet à vingt ans plus tard, ce qui montre la difficulté Ici, (de gauche à droite) certains départements d’acquérir des portions qu’il existe parfois à prendre certaines décisions. Joseph Belmont, Jean Tribel assez importantes de leur littoral. Pourquoi ce ministère, qui était une innovation et Max Querrien importante, n’a-t-il pas perduré ? Je pense que le changement de 1981 et la nécessité de donner un certain nombre de ministères à des forces diverses dans la gauche unie a joué à l’époque. Toutefois, ce ne peut pas être la seule explica- tion. Des études approfondies seraient néces- saires. Au fond, la décentralisation, qui avait effectivement été préparée dans la décennie antérieure, s’est faite en 1981 sur des bases tout à fait comparables avec le projet de loi discuté au Parlement en 1978 et en 1979. Il existe en même temps une continuité et une rupture qui mériteraient d’être analysées.

Dominique Léger A la fin du ministère, compte tenu des re- groupements qui avaient été faits, j’ai pro- cédé à cinq passations de pouvoir. C’est vous dire s’il existait un appétit de portefeuilles important !

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Christian Garnier Pierre Richard Je suis professeur à l’École nationale supé- Selon moi, il est nécessaire d’intégrer la question rieure d’Architecture de Paris-La Villette du développement durable. Cette notion dépasse et vice-président de la fédération France celle de l’environnement. Il faut aller au bout Nature Environnement. J’aurais évidem- de la logique du MECV, y compris en ce qui ment de nombreux témoignages à apporter concerne le cadre de vie, en créant, au-dessus de sur cette période, notamment au sujet de tous les ministères un ministre du développement l’ouverture des portes des cabinets minis- durable, très puissant, chargé de fixer les tériels du ministre vis-à-vis de la société orientations, les normes qui s’appliqueront à civile. En tant qu’historien des politiques tous les ministères opérationnels. Il s’agirait d’un d’environnement et d’équipement, je suis ministre de mission, qui n’aurait pas besoin de un peu surpris que nous n’ayons pas évoqué beaucoup de moyens car il disposerait d’une les retombées dans la société civile fran- énorme influence. Je suis, par ailleurs, en faveur çaise et politique de la rénovation urbaine d’un ministre de l’aménagement du territoire introduite par la loi Malraux, probable- opérationnel, très lié aux politiques locales qui ment préparée par le ministre précédent. Il intégrerait dans son fonctionnement la DGCL. s’agit pourtant d’un élément important du Il faut, en effet, définir un nouveau cadre de contexte politique et social de l’urbanisme concertation entre l’État et les collectivités et de l’environnement. locales : n’oublions pas que celles-ci sont les premiers acteurs du modelage du territoire. Pierre Mayet  Cette politique des secteurs sauvegardés, conduite en commun depuis les années 1960, avait prouvé quelque efficacité vis-à- vis de la Culture mais était laborieuse sur le plan opérationnel. Elle ne constituait pas un objet de querelle. Fondamentalement, il existait une acceptation radicale de la res- ponsabilité qualitative sous la bannière et sous la compétence Culture pour les per- sonnels de l’Urbanisme.

Jean Eudes Roullier J’ai la conviction que nous n’irons pas aujourd’hui au bout d’une réforme si nous n’y intégrons pas la direction générale des Collectivités locales. C’est à mon sens une des conditions de la réussite de la décentralisation. Au XIXe siècle et pendant la première moitié du XXe siècle c’était d’ailleurs la direction générale des Collectivités locales au sein du ministère de l’Intérieur, qui avait des compétences en termes d’urbanisme et de protection. Que pouvons-nous imaginer pour l’avenir ? n° hors–série - septembre 2007 l « pour mémoire » 43

Aménagement du littoral : La Turballe (44) ©MEDAD/SG/SIC - 1982 Photo B. Suard

« pour mémoire » l n° hors–série - septembre 2007 44

Joseph Belmont, architecte, inspecteur général de la Construction honoraire directeur de l’Architecture du MECV

Thierry Chambolle, ingénieur général des Ponts et Chaussées honoraire, directeur de la Prévention des pollutions du MECV

Jean-Claude Colli, inspecteur général des Finances honoraire, administrateur de société, éditorialiste, délégué à la Qualité de la vie du MECV Alain Maugard, ingénieur général des Ponts et chaussées, président du Centre scientifique et technique du bâtiment(CSTB), chef du service de la Politique technique, conseiller technique auprès de Georges Mercadal, secrétaire permanent du Plan construction du MECV

Jean-Eudes Roullier, inspecteur général des Finances honoraire, directeur de l’Urbanisme et des Paysages du MECV

Les débats sont animés par : Bernard Barraqué n° hors–série - septembre 2007 l « pour mémoire » Les tables rondes 45 2e table ronde L’administration centrale des politiques publiques de l’Environnement et du Cadre de vie

Bernard Barraqué Permettez moi d’abord d’excuser ici l’absence de Georges Mercadal, et de remercier monsieur Servat, à l’époque directeur de la Protection de la nature, d’avoir pu nous rejoindre. Partons de deux dimensions caractéristiques du MECV : d’une part, l’intérêt qu’il manifeste au territoire ordinaire et, d’autre part, le nombre important de directions qu’il réunit en son sein sans que cela soit vraiment vécu comme une main mise de l’Équipement sur les autres ministères (sauf la Culture ?). En fait, les interrelations entre les directions de ce ministère étaient assurées par les deux délégations qui avaient certes des statuts différents mais jouaient un rôle similaire. Monsieur Colli, quel souvenir gardez-vous de la délégation à la Qualité de la vie et de vos relations avec le reste de l’administration centrale ?

Jean-Claude Colli Au début, j’ai mal vécu ces attributions. Lors- que Michel d’Ornano (qui avait déjà expé- rimenté ma présence à ses côtés en tant que délégué aux Énergies nouvelles lorsqu’il était Claude Parent Grand prix national de l’architecture 1979 ministre de l’Industrie) m’a proposé de devenir Extrait du n°8 de la revue Environnement et Cadre de vie - févier 1980 son délégué à la Qualité de la vie, je lui ai ré-

« pour mémoire » l n° hors–série - septembre 2007 46 pondu qu’à mon sens, cette notion de qualité de Jean-Claude Colli la vie était un concept de pacotille. Quand j’ai Je n’en ai pas le souvenir mais peut-être que lu ensuite la Charte de la qualité de la vie, je quelqu’un dans la salle le sait-il ? me suis dit que si j’étais chargé d’appliquer ces cent mesures totalement hétéroclites, j’étais Pierre Magnant (de la salle) mort avant d’avoir vécu. C’est exactement ce Le budget du FIQV devait avoisiner 80 millions de que j’ai dit à Michel d’Ornano, qui s’est fait francs en 1979 et 100 millions de francs en 1980. fort de développer à mon endroit un certain nombre d’arguments tentant de me séduire. Thierry Chambolle Finalement, si j’ai accepté cet impossible poste Nous avions travaillé, avec des personnes de délégué à la Qualité de la vie, c’est unique- comme Serge Antoine, à la rédaction de ment parce que Michel d’Ornano était un ami la Charte de la qualité de la vie. Nous et un homme éminemment respectable à qui avions fait un ensemble de propositions, je ne pouvais rien refuser. dont certaines avaient été acceptées (les Le rôle de délégué est un concept très cent mesures) et d’autres refusées (notre giscardien. Au moment de la crise pétrolière, proposition de libéralisation des radios, par Valéry Giscard d’Estaing a eu l’idée de nommer exemple, était apparue comme une énormité un « Monsieur Énergies nouvelles ». Dans la à l’époque). Nous avions essayé de constituer même logique, lorsque Michel d’Ornano a un ensemble cohérent et avions prévu, pour voulu élargir le concept d’environnement et de que ces mesures puissent être appliquées, cadre de vie et que la Charte de la qualité de la la mise en place d’un délégué à la Qualité vie a été rédigée, on a eu l’idée très giscardienne de la vie. Pendant que je rédigeais cette de nommer un « Monsieur Qualité de la vie ». Charte, je recevais périodiquement la visite Le délégué n’est ni un ministre ni un directeur. de Jean-François Saglio. Il me disait ne pas C’est un être qui n’est pas réductible aux comprendre comment un garçon aussi sérieux canons traditionnels de l’administration. Pour que moi pouvait se consacrer à rédiger des autant, ce n’est pas un fantaisiste et il n’est pas documents aussi gazeux. En fait, il avait une dépourvu de moyens. Non seulement il est doté certaine prémonition car ce document gazeux de moyens officiels (son titre, sa place dans lui a éclaté à la figure lorsqu’à un mois des l’organigramme) mais surtout il est secrétaire élections, on lui a proposé de devenir délégué es qualité du fonds d’intervention à la qualité à la Qualité de la vie. Comme il n’était pas de la vie. Ce FIQV fonctionne comme un coup complètement idiot, il a accepté la proposition de pouce financier du pouvoir pour faciliter la mais à condition de pouvoir rester en même réalisation d’une expérience. C’est finalement temps directeur de la Prévention des pollutions. un centre d’innovation et de test de faisabilité. Le ministre lui a indiqué que le cumul des Le troisième atout de ce délégué réside dans deux fonctions était impossible et que le poste le fait que sa mission consiste à créer un état de délégué à la Qualité de la vie était un poste d’esprit favorable à une politique, et non à à plein temps. Finalement, je l’ai remplacé à la gérer quelque chose. On avait fait appel à moi direction de la Prévention des pollutions. parce que j’étais réputé pour être un assez bon communicant, assez sérieux sur les dossiers mais Jean-Claude Colli ne donnant pas l’impression de trop l’être. Nous avons donc navigué entre un ingénieur des Mines, un ingénieur des Ponts en passant par un Bernard Barraqué ingénieur du Génie rural et ça s’est terminé par De quel budget disposiez-vous ? un inspecteur des Finances. n° hors–série - septembre 2007 l « pour mémoire » 47

Couverture Cet atelier était une réunion multisectorielle de de la publication de la Charte spécialistes de très haut niveau (des hydrologues, de la Qualité de la vie des géologues, des botanistes, etc.) capables février 1978 de créer une doctrine de l’environnement. En même temps qu’il mettait en œuvre cette doctrine diffusée par les services, l’atelier avait également en charge les questions d’étude d’impact qui s’imposaient dès lors qu’on prévoyait un équipement qui était de nature à porter atteinte à l’environnement. Ces études d’impact ont été l’un des fronts politiques les plus dangereux que j’ai eu à gérer. Nous étions traînés dans la boue lorsque nous arrêtions certains projets à tel ou tel endroit. J’ai eu une idée aggravante en organisant des auditions publiques sur le lieu même où un projet était contesté.

Les deux autres pôles de mon action tou- chaient d’une part à l’encouragement de la vie associative (un dossier compliqué qui m’a donné l’occasion d’aller ferrailler avec les ministères de la Justice, de l’Intérieur et Bernard Barraqué des Finances) et, d’autre part, à la gestion En raison de ces problèmes d’inter-ministérialité, de la difficile question de l’aménagement vous deviez vous concentrer d’un côté sur ce qui du temps. était votre mission propre et de l’autre vous aviez C’est un sujet que je ne souhaite pas à mon pire pris en charge des sujets que personne ne traitait tels ennemi. Il est un des éléments fondamentaux que sur l’aménagement du temps ou les économies de la qualité de la vie, il est au cœur de d’énergie. Utilisiez-vous également le fonds dont l’ensemble des combats sociaux et politique vous disposiez pour des projets contractuels avec des de la société industrielle, des transports, de collectivités locales ? l’habitat. Pourtant, en même temps, c’est le moins vendable des thèmes. Lorsque je me suis Jean-Claude Colli attaqué à la question de l’assouplissement des Ce pouvait être aussi bien une association ou horaires de travail, j’ai eu l’occasion, un jour, une entreprise. L’important était d’avoir un de rencontrer Monsieur Bergeron (FO), qui m’a projet aussi représentatif que possible de la fait une confidence. Selon lui, la réforme que question de la qualité de la vie. Les projets j’envisageais était vouée à l’échec en raison de polyvalents, à la fois qualité de la vie urbaine l’opposition qu’elle allait immanquablement et aménagement du temps par exemple, susciter de la part des syndicats qui verraient une étaient les plus encouragés. Compte tenu totale contradiction entre les horaires décalés de la nouveauté du chantier, j’ai décidé de et la distribution de leurs tracts. L’anecdote m’appuyer sur un existant, à savoir l’atelier est significative. En revanche, en particulier central de l’environnement, auquel j’ai donné concernant l’étalement des congés, la SNCF et toutes les facultés de se faire valoir. les industriels étaient de mon côté.

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Thierry Chambolle Les personnes qui composaient la direction étaient d’horizons divers. Il s’agissait non seulement d’ingénieurs des Ponts ou d’ingénieurs des Mines mais également de contractuels (pharmaciens, docteurs es sciences, etc.). J’ai expérimenté la diversité comme un atout. Votre question revient à se demander s’il était au fond intéressant de se trouver dans un grand ministère. En fait, cela ne l’était pas particulièrement. En revanche, ce qui l’était (sans vouloir faire de flagornerie), c’était d’avoir l’appui d’un grand ministre, qui avait lui-même l’oreille du Président de la République. La direction de la Prévention des pollutions menait ses projets de façon isolée. L’intervention des autres directions du ministère était assez minime. Au cours de ces trois ans, le thème de la pollution industrielle et de la relation avec les industriels nous a beaucoup occupés. La direction de la Prévention des pollutions était notamment chargée d’appliquer la loi sur les installations Stand du MECV au salon Pollutec, affiche ©MEDAD/SG/SIC - 1980 Photo B. Suard classées pour la protection de l’environnement. Notre objectif principal consistait à contourner Thierry Chambolle le ministère de l’Industrie pour établir avec Dans le rapport que j’ai fait récemment sur les industriels un dialogue direct. Les autres les éco-entreprises à la demande du Premier directions du ministère ne cherchaient pas à ministre, je souligne que la faiblesse du s’immiscer dans le projet. projet est liée au fait qu’aucune direction Nous avions eu l’idée de taxer tous les déchets n’est chargée de le mettre en œuvre compte afin de dégager des moyens financiers pour tenu de son caractère interministériel. éliminer les décharges sauvages. Michel d’Or- Sans l’existence d’un délégué, les actions de nano ne nous a pas suivis. Il lui semblait inap- caractère interministériel n’avancent pas. proprié de taxer les déchets qui allaient dans une destination régulière pour aider à l’élimi- Bernard Barraqué nation des déchets sauvages. Il voyait une in- Thierry Chambolle, vous avez remplacé Jean- cohérence dans cette démarche qui consistait, François Saglio à la direction de la Prévention selon lui, à punir les bons pour aider les mau- des pollutions. Il est devenu délégué à la vais. Pour autant, je ne crois pas que ce refus Qualité de la vie puis Jean-Claude Colli lui de Michel d’Ornano ait résulté, d’une quel- a succédé. Vous êtes resté directeur pendant conque manière, de l’influence d’un directeur toute la période jusqu’en 1981. Qu’avez-vous d’une autre direction du ministère. fait de différent par rapport à votre prédécesseur Le dossier du bruit, qui relevait de la et quelles interrelations entreteniez-vous avec compétence de la direction de la Prévention les autres directions ? des pollutions et des nuisances mais touchait n° hors–série - septembre 2007 l « pour mémoire » 49

également à la question de l’isolation phonique Joseph Belmont des bâtiments, aurait pu donner lieu à des Je me suis battu toute ma vie d’architecte privé et collaborations constructives. Cela ne s’est de fonctionnaire public pour défendre la nécessité pas produit. La direction de la Prévention des d’une administration de l’Architecture. Cette pollutions et la direction de la Construction question, qui se pose de façon permanente, s’est n’ont pas réellement réussi à coopérer sur ce posée lorsque je suis arrivé. Pour moi, la délégation sujet et à faire avancer ce dossier. Peut-être ai- à l’Architecture et à la Construction avait été je manqué de persuasion et de volonté vis-à- mise en place afin d’éviter que l’architecture soit vis de mon interlocuteur ? toute seule. On venait de construire énormément en Bernard Barraqué France. Le contexte était tel qu’il existait dans C’est un exemple intéressant. La mission Bruit la population française un ras-le-bol de tout n’a pas toujours appartenu à la direction de la ce qui touchait à la construction. De fait, nous Prévention des pollutions. Après 1981, elle a été sommes arrivés dans un climat favorable. Pour la gérée par la DQV avant de revenir à la Prévention première fois, les Français voulaient autre chose des pollutions. Monsieur Belmont, s’agissant du que des barres d’immeubles, des ZUP, etc. C’est service issu du ministère de la Culture, à savoir la ce qui nous a guidés pour définir une politique de direction de l’Architecture, pouvez-vous nous faire l’architecture. Pour autant, nous ne démarrions part de votre expérience dans ce grand ministère ? pas de zéro. Une cellule sur la création, créée par Max Querrien et animée par Jean Jenger et Florence Contenay, avait réussi à montrer que création et protection ne pouvaient pas être dissociées. À la direction de l’Architecture, nous avons essayé d’introduire de l’architecture partout où elle pouvait exister. C’était un travail passionnant. Des missionnaires de la direction se promenaient dans toute la France pour repérer les problèmes et faisaient remonter l’information. J’ai toujours trouvé un soutien sans faille de la part du ministre Michel d’Ornano et de son directeur du cabinet. La direction de l’Architecture, dotée de petits budgets, a essayé de profiter des nombreux contacts que le nouveau ministère lui permettait d’avoir avec d’autres directions plus fortunées. Toutes les opportunités offertes ont été saisies au vol. En ce sens, le ministère de l’Environnement et du Cadre de vie a constitué une structure tout à fait favorable à l’architecture. Le passé n’a de sens que s’il mène à quelque chose Paris, dans le futur. À l’avenir, je pense que la politique palais de la découverte, de l’architecture devra être axée sur deux grands Exposition « systèmes objectifs : repenser l’énorme production des de représentation en architecture », affiche années 1960 en terme de tradition et rénover la ©MEDAD/SG/SIC - 1981 Photo Vogtemberger formation des intervenants. Pour les Français, la

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Bernard Barraqué Alain Maugard, au sein de la direction de la Construction, quels changements a introduit la modification du nom du ministère où vous interveniez, qui n’était plus un ministère du Logement mais un ministère de l’Environnement et du Cadre de vie ? Quelles relations entreteniez- vous avec l’Architecture et l’Urbanisme ?

Alain Maugard Je ne pense pas trahir Georges Mercadal en disant que nous étions très heureux de nous rapprocher de la direction de l’Architecture. Nous n’étions pas aux antipodes.

Bernard Barraqué Selon Georges Mercadal, Joseph Belmont et lui s’entendaient très bien pour mener des actions sur le terrain car ni l’un ni l’autre n’avaient fait carrière dans la fonction publique ; tous deux venaient du monde du privé.

Alain Maugard À mon sens, il y a eu une réelle rencontre entre ces deux directions parce que la Melun Sénart (77), politique de la construction était sortie de village expo solaire de Nandy sa phase quantitative. De toute évidence, ©MEDAD/SG/SIC - 1981 Photo F. Cépas elle se posait des problèmes qualitatifs. La notion de tradition renvoie aux cathédrales, aux politique des modèles devait être remise châteaux et à tout ce qui précède la révolution en question. Du côté de la direction du industrielle. Pour moi, la tradition est également Logement, nous avions entrepris cette l’énorme production qui a suivi la guerre. La remise en question. Nous avions relancé création future s’appuiera sur la protection de les programmes d’architecture nouvelle. La cette tradition. Comme le précise Le Corbusier, direction de l’Architecture était heureuse « la tradition est la chaîne interrompue de toutes de pouvoir donner une chance aux les innovations ». nouvelles générations. Les deux directions S’agissant de la formation des architectes, nous travaillaient main dans la main sur ce vivons toujours à la Renaissance, avec des dossier. En outre, nous étions rassemblés sous architectes spécialisés dans le monumental une délégation générale à l’Architecture et et l’exceptionnel. De nos jours, 80 % de la la Construction. production continue à se faire sans architecte. Nous devons introduire à tous les niveaux de la Bernard Barraqué production une préoccupation architecturale, ce Effectivement, cette délégation commune, prise en qui implique des méthodes différentes de création charge par Jean-Michel Bloch-Lainé, avait été mise collective et une autre formation des architectes. en place pour faciliter les contacts. n° hors–série - septembre 2007 l « pour mémoire » 51

Paris, rue des Hautes formes, Joseph Belmont et évoluer en même temps qu’elle. Nous ne nous logements sociaux. Personnellement, j’étais en rapport étroit avec Jean- sentions pas en concurrence. Les deux directions Architecte : Portzamparc (1979) Michel Bloch-Lainé. Il m’a énormément aidé mais s’épaulaient mutuellement. ©MEDAD/SG/SIC - 1981 Photo B. Suard cette délégation a posé beaucoup de problèmes. Le deuxième sujet sur lequel nous n’avons pas à rougir (sauf peut-être d’être allés trop Alain Maugard vite) est la question de l’énergie. La France Quoi qu’il en soit, la rencontre entre l’architecture avait préparé sa réglementation thermique et la construction a bien eu lieu. Il faut en parler avant le choc pétrolier. À l’époque, au-delà de puisque désormais une séparation existe. Je fais cette réglementation thermique, nous avions partie de ceux qui le regrettent. Les architectes décidé de mener des politiques de labels. sont faits pour construire et pas seulement pour La construction disposait de nombreuses préserver le patrimoine. Je pense que le projet de possibilités pour aider ceux qui faisaient mieux. rapprochement du MECV répondait à l’idée que C’était la grande époque du solaire. Il existait l’architecture pouvait faire évoluer la construction d’ailleurs une délégation énergie solaire.

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Alain Maugard Je suis tout à fait d’accord. Nous avions cinq à dix ans d’avance et nous nous retrouvons aujourd’hui avec cinq à dix ans de retard. S’agissant du bruit, la réglementation datait de 1964. Nous n’avons pas voulu alourdir la tâche du ministre (qui avait déjà donné son feu vert sur la réglementation thermique) en cherchant à modifier ce texte. Nous n’en avons pas changé jusqu’en 1990. Pendant trente ans, nous sommes restés les bras ballants sur cette question alors que des progrès techniques avaient vu le jour. Avec le recul, je pense que c’était une erreur. En conclusion, je dirais que le nouvel enjeu, si on reconstitue un ministère de cette ampleur, sera de rendre compatible Stand du MECV au salon Pollutec, affiche ©MEDAD/SG/SIC - 1980 Photo B. Suard la civilisation urbaine avec les questions environnementales afin de résoudre la Le village solaire de Nandy (400 maisons contradiction actuelle entre le métabolisme solaires), inauguré par Michel d’Ornano, était à de la ville et les ressources naturelles de la mon sens un grand événement. Tout le monde planète. se moque aujourd’hui de ce qu’ils considèrent comme l’échec du siècle car il a fallu fermer ce Bernard Barraqué village trois ans après son inauguration. Pourtant Jean-Eudes Roullier, parlez nous d’une des c’était une belle aventure. Sans doute avons-nous principales innovations du MECV, la direction de eu le tort de faire du solaire passif totalement, y l’Urbanisme et des Paysages ? compris sur le logement social. Quoi qu’il en soit, nous avons prouvé qu’il était possible de concilier Jean-Eudes Roullier la politique des économies d’énergie avec les J’ai conservé un souvenir assez extraordinaire des préoccupations architecturales. Alors que tout trois ans et demi que j’ai consacrés à structurer et le monde nous accusait de vouloir faire des animer la direction de l’Urbanisme et des Paysages bâtiments bouteilles thermos, sans fenêtres, nous avec des collaborateurs d’exception 1. avons conçu un village constitué exclusivement J’ai le sentiment de m’être trouvé dans une de vitrage. Le village de Nandy a d’ailleurs lancé situation assez différente de celles qui ont été la mode des serres. décrites jusqu’ici. J’étais secrétaire général du groupe central des Villes nouvelles. Le ministre Thierry Chambolle m’a fait savoir qu’il souhaitait me confier la J’ajoute simplement que nous avions organisé nouvelle direction de l’Urbanisme et des Paysages. une très belle exposition du véhicule électrique J’ai accepté sachant que je passais brutalement de dans la cour du Palais Royal. Aujourd’hui, ce qu’on appelait une administration de mission à nous avons quinze ans de retard sur ces caractère interministériel (avec une trentaine de questions d’isolation thermique, d’utilisation collaborateurs d’origines très diverses, que j’avais 1 Les éléments du diaporama du chauffage solaire et de la pompe à chaleur, choisi moi-même pour la plupart) à un ensemble présenté en séance par Jean-Eudes par rapport aux pays d’Europe du Nord. de services administratifs de plus de 500 agents. Roullier sont joints en annexe 2 n° hors–série - septembre 2007 l « pour mémoire » 53

Secteurs sauvegardés, vue aérienne Albi ©MEDAD/SG/SIC - 1993 Photo DAU

Il s’agissait de regrouper et de structurer deux sous- Antoine Givaudan qui était inquiet des tendances ensembles : libérales du ministre) et par les nouveaux arrivants  la totalité de l’ex-direction de l’Aménagement désignés d’office. foncier et de l’Urbanisme nécessairement lourde La mission qui m’était confiée consistait à de pesanteurs juridiques et administratives, restructurer l’ensemble en fonction de deux  mais aussi l’arrivée autoritaire et quelque peu objectifs complémentaires. Le premier objec- révolutionnaire de la sous-direction des Sites et tif, très clairement affiché, consistait à conce- des Espaces protégés du ministère de la Culture voir l’organisation de la nouvelle direction de et de la mission de l’Environnement rural et manière à promouvoir le dialogue voire l’al- urbain du ministère de l’Environnement. S’y liance des protecteurs et des aménageurs tant ajoutaient, pour moi, et au nom du ministre, en interne qu’en externe. Le second, peut- la présidence de la commission supérieure des être moins clairement explicité bien que très sites et la co-présidence, avec mon ami Pattyn, présent en profondeur, consistait à préparer de la commission supérieure des monuments la décentralisation, qui était conçue non historiques pour ce qui concerne les « abords » de comme un abandon des prérogatives de l’État ces monuments. mais comme l’organisation systématique d’un Le début fut à la fois difficile et pittoresque en ce travail en commun et d’une concentration sens que cette fusion fut digérée avec quelques constructive avec les collectivités locales et difficultés par l’ex DAFU (et notamment par les associations concernées.

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Nous étions en pleine période des études d’im- Tout cela ne trouva son sens qu’au prix de pact, des directives sur le littoral et sur la mon- relations étroites avec les services extérieurs, tagne..., qui témoignaient de ces orientations. les collectivités locales et les associations. Mais S’agissant de restructurer la direction, ce c’est une autre histoire que je ne peux aborder fut un travail collectif de plus de six mois, ici. très productif, pour établir un nouvel Je me bornerai pour conclure à vous dire que organigramme à la fois cohérent avec les mon souvenir le plus présent est celui de l’esprit objectifs et générateur de dynamiques de dialogue et de travail en commun dans collectives. Deux hommes ont joué un un objectif de projets, qui nous apporta des rôle central dans ce travail collectif : Jean candidatures remarquables pour les postes à Grammont, mon adjoint après avoir été pourvoir au fil des mois. celui de Pierre Mayet à la DAFU, grand connaisseur de la maison et du terrain, Questions de la salle toujours de bon conseil et Lucien Chabason, homme de grande culture, homme d’action Bernard Barraqué passionné de paysages et du monde associatif, J’aimerais que nous commencions les échanges fort de son expérience dans la préfectorale avec la salle en donnant la parole à Jean Servat. et de trois années passées au cabinet de Monsieur Servat, pouvez-vous nous faire part de messieurs Chirac et Barre. La réforme votre souvenir de ce ministère ? majeure fut la création, à côté du service de l’Aménagement urbain (qui préexistait Jean Servat et qui a été largement restructuré), du J’ai dirigé au sein du MECV la plus ancienne service de l’Espace et des Sites dirigé par direction du ministère de l’Environnement. Lucien Chabason, qui associait sur ce Au moment de la création de ce ministère de thème les responsabilités et agents de l’ex l’Environnement, en 1971, nous nous étions DAFU et celles héritées de la Culture et beaucoup interrogés pour savoir s’il convenait de l’Environnement au sein, d’une part, de faire un ministère de mission ou de gestion. de la sous-direction de la Planification et, Comme toujours, une solution intermédiaire a d’autre part, d’une sous-direction des Sites été choisie. Une direction, qui s’appelait déjà et Espaces protégés. direction de la Protection de la nature, a été Il est important de souligner la portée de prise à l’Agriculture et transférée avec armes l’innovation que fut la création dans ce et bagages à l’Environnement. service, à l’initiative de Lucien Chabason À l’heure où l’on parle de mettre en en liaison discrète avec le ministère de place un vice-premier ministre chargé de l’Agriculture, de la mission du Paysage, qui a l’Environnement, il est important de rappeler notamment pris appui sur l’École nationale que ce ministère de l’Environnement était du paysage de Versailles. Il ne me semble pas dirigé par un ministre délégué du Premier excessif de dire que nous devons à l’action de ministre, qui avait déjà une responsabilité cette mission du Paysage le grand renouveau de coordination et une mission transversale et la résurrection de l’École française du à l’égard de ses collègues. Tout ceci a été paysage ainsi que la place qu’ont retrouvé progressivement oublié car la structure nos paysagistes en France et à l’étranger est devenue un ministère de gestion. dans tous les domaines de l’aménagement. Finalement, en 1973, cette direction Dieu veuille qu’il en soit bientôt de même générale de la Protection de la nature et pour les urbanistes ! de l’Environnement a été coupée en deux n° hors–série - septembre 2007 l « pour mémoire » 55

Jean Servat Nous étions, de toute façon, une structure un peu à part qui intervenait un peu en amont de toutes les préoccupations du ministère de l’Environnement et du Cadre de vie. La politique de cette direction a bien sûr évolué mais sa structure est restée identique depuis sa création jusqu’à sa transformation en direction de la Nature et des Paysages.

Thierry Chambolle Je voudrais poser une question à Jean Servat car, au fond, personnellement je garde un peu le sentiment que l’Environnement était vu de haut par le Cadre de vie. Partages-tu cette opinion ?

Jean Servat Tout à fait. Cette politique de l’environnement était d’ailleurs partie au départ de l’idée du Région de Gap, détritus près d’un torrent président Pompidou de développer une morale ©MEDAD/SG/SIC - 1982 Photo B. Suard de l’environnement. Nous étions donc partis sur des idées de communication, d’information pour constituer, d’une part, une direction et de formation. Puis, finalement, nous étions de la Protection de la nature, dont j’étais arrivés au projet d’intervenir dans les actions responsable, et, d’autre part, une direction de tous les ministères. Toutefois, nous étions de la Prévention des pollutions et des effectivement un peu marginalisés. J’avais la nuisances, qui a été confiée à Jean-François chance de me trouver dans une structure où Saglio. je n’étais pas en concurrence avec d’autres car J’ai eu trois gros dossiers à traiter au cours on ne me laissait que les espaces complètement de la période 1977-1981. Il s’agissait, d’une oubliés, non construits, abandonnés de la part, de la mise en application de la loi sur la main de l’homme. Les seuls conflits que protection de la nature de 1976 (protection j’avais à régler avaient lieu avec les usagers de la faune et de la flore, organisation des de la nature (les chasseurs, les pêcheurs et les parcs zoologiques et des réserves naturelles, randonneurs). etc.) et de la directive européenne pour la protection des oiseaux de 1972 et, d’autre Jean Chapon part, de la création du parc national du Puisque le thème de la table ronde est l’admi- Mercantour, qui fut un grand projet, très nistration centrale du MECV, je me dois de difficile à faire accepter aux populations et rappeler l’adaptation aux missions de ce mi- aux élus locaux. nistère réalisée par le conseil général des Ponts et Chaussées, ainsi que par l’Inspection géné- Bernard Barraqué rale de l’Équipement. Entre 1978 et 1981, votre direction se trouvait-elle Michel d’Ornano a eu, en effet, le mérite de dans une situation différente de ce que vous aviez réaliser l’adaptation des structures de ces deux connu auparavant ? instances.

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Une cinquième section du conseil général des Ponts et Chaussées, présidée par André Pasquet, a été chargée des questions d’environnement ; elle a survécu à la disparition du MECV. Cette réforme a été durable. Michel d’Ornano a également créé une mission d’inspection générale spécialisée pour l’en- vironnement confiée à M. Charles. Elle était composée de fonctionnaires du ministère de l’Équipement (ingénieurs des Ponts et Chaussées, inspecteurs généraux de l’Équipement, admi- nistrateurs civils, urbanistes de l’État) mais également de membres d’autres corps (génie rural et Eaux et Forêts, Mines, Armement...). Les membres qui avaient dans leurs corps un grade d’ingénieur ou inspecteur général étaient membres de droit du CGPC. Cette « première » fut pour le CGPC – et pour l’ensemble du ministère - l’occasion d’un mixage des formations et des cultures qui eut les effets les plus heureux. Michel d’Ornano s’est beaucoup appuyé sur Échange le CGPC et sur l’Inspection générale, en lui Jean Frébault entre Serge Vallemont, confiant de nombreuses missions. Je m’exprime en tant qu’ ancien président Claude Martinand Le CGPC notamment présentait l’avantage de la cinquième section. Sous la présidence et Jean Chapon d’avoir une compétence statutaire, non seu- de Jean Chapon, une section Patrimoine lement pour le MECV, mais aussi pour le naturel présidée par André Pasquet, et ministère des Transports. Il était un moyen une section Urbanisme - Architecture - Habitat, pour le ministre responsable du MECV de placée sous la responsabilité de André Herzog développer la cohérence entre l’environne- ont été créés au CGPC. En 1987, sous la vice- ment, les équipements et l’aménagement présidence de Pierre Mayet, la fusion de ces deux général et Michel d’Ornano s’en est effica- sections a eu lieu. La cinquième section ainsi cement servi. créée regroupait donc l’ensemble des compéten- Ces missions ont, dans la grande majorité des ces balayées par le ministère d’Ornano. Ain- cas, conduit à des actions des plus concrètes : si, malgré la disparition de ce ministère en par exemple, celle du CGPC, concernant l’amé- 1981, on voit avec cet exemple que des traces nagement des voies d’eau du bassin de la Loire durables se sont poursuivies dans l’organisa- (à l’origine du programme « Loire grandeur tion administrative, dans les pratiques in- nature ») ou celle relative au rétablissement terministérielles et peut-être aussi dans les du caractère maritime du Mont Saint Michel cultures. Néanmoins, je vois également des (avant-projet de l’aménagement récemment éléments de fragilité. La direction de l’Ar- décidé).... Pour l’Inspection générale, je peux chitecture et de l’Urbanisme par exemple citer la mission qui a abouti du temps même du (née en 1985 de la fusion de l’architecture, MECV et une nouvelle police d’extraction des de l’urbanisme, des paysages, etc.) n’a duré matériaux solides du lit de la Loire. qu’une dizaine d’années. n° hors–série - septembre 2007 l « pour mémoire » 57

Les guerres picrocholines de pouvoir entre Toutefois, je crois qu’à cette époque, les associa- les différentes administrations centrales ont tions étaient au fond assez conservatrices. Elles fini par prendre le dessus et ont fait éclater la assuraient la protection de l’environnement en structure. se basant sur l’idée que la stabilité était toujours préférable au changement. Petit à petit, les as- Bernard Barraqué sociations écologistes se sont radicalisées. Elles Joseph Belmont, dans une interview qu’il a accordée à ont milité pour obtenir leur propre ministère de Éric Lengereau il y a quelques années, regrettait qu’on l’Écologie. Elles ne supportaient pas que l’éco- ait excessivement rapproché architecture et urbanisme. logie soit placée dans un grand ministère où Il estimait que ce rapprochement avait annihilé toute l’on trouvait également le cadre de vie. Á mon possibilité de coopération sereine. J’aurais aimé avoir sens, c’est la clef de l’éclatement. Nous sommes les avis successifs de Joseph Belmont et de Jean-Eudes arrivés aujourd’hui à d’autres configurations. Roullier sur ce point. Nous verrons à quoi elles aboutiront en mai ou en juin. Joseph Belmont Ce que je retiens essentiellement, c’est que nous Jean-Eudes Roullier avons besoin d’un ministère du Cadre de vie, qui Je garde l’impression très marquée d’une n’inclue ni l’environnement, ni l’aménagement contradiction entre deux types d’évolution. du territoire mais qui s’occupe du cadre de vie, Les traces du MECV sont très fortes dans un c’est-à-dire de ce qu’on voit autour de nous, qu’il certain nombre de communautés d’agglomé- s’agisse des paysages, des quartiers urbains, des ration alors qu’au niveau national, une démar- bâtiments de l’État, etc. L’erreur que nous avons che cloisonnée s’est développée. commise à l’époque du MECV a été de vouloir trop en mettre dans ce grand ministère. Alain Maugard Le MECV a constitué un exercice réussi à Jean Frébault l’époque. Je l’ai vécu comme tel. La question de Selon moi, le ministère d’Ornano a laissé des l’environnement ne se pose plus dans les mêmes traces durables dans d’autres pratiques culturel- termes aujourd’hui. La fin des années 1970 se les. Notre débat est très parisien, très propre à caractérisait par un affrontement entre ceux l’administration centrale. J’ai beaucoup travaillé qui voulaient protéger et ceux qui défaisaient localement à l’époque. Nous ne comprenions ces protections. Aujourd’hui, la question n’est pas très bien que des bagarres de pouvoir pussent plus de savoir s’il faut ou non faire des villes. l’emporter sur des considérations de contenu. Le problème consiste à trouver le moyen que Sur le terrain, il y avait des dialogues et des pas- ces villes soient compatibles avec les questions serelles entre les différentes cultures malgré la environnementales. Nous ne sommes plus séparation des ministères. Aujourd’hui, il faut face à un problème de lutte entre des opinions revenir à des débats sur les contenus et s’éloigner différentes. Désormais, la question est largement des questions d’organisation administrative. partagée. En ce sens, l’aventure serait nouvelle si elle se réalisait. Thierry Chambolle  Ce qui s’est passé sur le terrain va être l’objet de la table ronde animée par Florence Contenay. S’agissant des écologistes, Michel d’Ornano avait développé d’assez bonnes relations avec les associations.

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Christian Bouvier, ingénieur général des Ponts et Chaussées honoraire, conseiller technique au cabinet de Michel d’Ornano,

Jean-François Coste, ingénieur général des Ponts et Chaussées honoraire, directeur départemental de l’Équipement du Morbihan de 1978 à 1981

Lucien Chabason, président du Plan bleu pour la Méditerranée, conseiller à la direction de l’Institut de développement durable et des relations internationales, chef du service de l’Espace et des Sites à la DAU entre 1978 et 1984

Denis Grandjean, directeur de l’École nationale supérieure d’Architecture de Nancy, délégué régional à l’Architecture et à l’Environnement de Bourgogne de 1978 à 1981

Charles Maj, architecte et urbaniste de l’État honoraire, ancien architecte des bâtiments de France du Val d’Oise, chef de service départemental de l’Architecture du Val d’Oise de 1978 à 1981

Les débats sont animés par : Florence Contenay n° hors–série - septembre 2007 l « pour mémoire » Les grands acteurs racontent... 59 3e table ronde L’organisation territoriale des politiques publiques de l’Environnement et du Cadre de vie

Florence Contenay Cette dernière table-ronde est consacrée à l’organisation territoriale de l’Environnement et du Cadre de vie, au niveau du département et de la région, au contact des acteurs du terrain. C’est sans doute à cette échelle que peut le mieux s’apprécier « l’expérience » du ministère de l’Environnement et du Cadre de vie, dans un contexte de pré- décentralisation. Cette question sera sans doute sous-jacente à nos débats. Nous tenterons aussi d’établir comment ont été résolus les conflits qui ont eu lieu au sein du ministère. Nous chercherons par ailleurs à savoir en quoi le MECV a été innovant, non seulement dans son organisation, mais surtout en termes de pratiques, d’échanges culturels et de combinaison des outils. Enfin, nous essaierons de voir s’il est possible d’identifier avec ce ministère l’émergence d’une véritable politique publique du paysage et, si nous en avons le temps, nous essaierons d’apprécier les apports de cette période au vu Secteurs sauvegardés, Honfleur ©MEDAD/SG/SIC - 1993 Photo DAU de la situation actuelle.

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d’action importants et d’une capacité d’étude considérable. Elles sont fortement intégrées dans les territoires comme prestataires de services auprès des collectivités territoriales et sont parfois, dans certains départements, le premier employeur local. Il s’agit ensuite des agences des Bâtiments de France (ABF), qui vont devenir des services départementaux de l’Architecture (SDA) tout en gardant leur autonomie. Il existe une différence de nature, et pas uniquement une différence de degré, entre les agences qui se rapportent à une personne et Reigner (74), ces nouvelles agences de service, chargées de logement, palmarès national de l’habitat l’action publique au service de la politique de ©MEDAD/SG/SIC - 1981 Photo B. Suard ville, dont les missions élargies leur imposent Je souhaiterais, tout d’abord, faire deux remarques de travailler en partenariat permanent avec les préliminaires pour mettre en évidence la conti- DDE. Il s’agit ensuite des délégués régionaux à nuité avec les deux précédentes tables-rondes et l’Architecture et à l’Environnement (DRAE). amorcer notre débat. Leur création a constitué une innovation  En premier lieu, le MECV est le résultat d’un importante car, à l’époque, l’administration projet politique ambitieux au service duquel une de l’Équipement était faible sur le plan organisation tout aussi ambitieuse, tant dans son régional. Ces DRAE se voient confier le cœur ampleur que dans son volontarisme, a été mise de mission du projet culturel du MECV. Au en place. L’adéquation entre une politique et son sein des DRAE, une mention spéciale doit application était tout à fait remarquable, de même être faite des inspecteurs régionaux des sites, que sa cohérence et sa conduite par le ministre et recrutés pour plus de la moitié d’entre eux en son cabinet. Nous l’avons vu avec la constitution 1979 avec des profils variés (on comptait dans des directions. Nous allons maintenant le voir leurs rangs des géographes, des urbanistes mais dans l’administration territoriale. aussi des scientifiques).  En second lieu, l’une des caractéristiques les Bien qu’ils ne soient pas fonctionnaires, il plus originales de ce ministère était sa visée trans- convient de mentionner au niveau départe- versale marquée par un mélange des origines et des mental les architectes-conseils de l’Équipement, cultures professionnelles favorisant l’émergence qui désormais interviennent tant auprès des de nouveaux concepts. Bien sûr, ces concepts DDE que des SDA et renforcent, par leur haut n’émergent pas soudainement. Ils ont été préparés niveau d’expertise, la cohérence et la crédibilité par une longue maturation. Toutefois, le propos de des avis qualitatifs des administrations de l’État. Michel d’Ornano est marqué d’une grande capa- Outre ces acteurs de l’État, on comptait égale- cité conceptuelle à concevoir de nouveaux outils ment sur le plan local les conseils d’Architecture, et de nouvelles pratiques de l’action publique. d’Urbanisme et de l’Environnement (CAUE) Avant de donner la parole aux différents dont la mise en place en application de la loi intervenants, il est utile de rappeler les acteurs sur l’architecture de 1977 avait suscité une po- de cette action territoriale. Ils sont nombreux. Il lémique assez violente entre le ministère de la s’agit tout d’abord des directions départementales Culture et le ministère de l’Équipement, po- de l’Équipement (DDE). Fortes, puissantes lémique qui a instantanément disparu lors de et légitimes, elles sont dotées de moyens la création du ministère de l’Environnement n° hors–série - septembre 2007 l « pour mémoire » 61 et du Cadre de vie. Dès lors, la création des  Premièrement, dans le dialogue entre CAUE a été l’œuvre de Michel d’Ornano, protecteurs et aménageurs, Michel d’Ornano qui a veillé personnellement à leur mise aimait beaucoup ce métier d’arbitre. Il adorait en place, en a reçu les premiers directeurs devoir prendre une décision dans des situations et les premiers présidents, a obtenu par la complexes. Il aimait avoir des visions générales loi de finances une taxe additionnelle à la sur certains secteurs, d’où la floraison de plans TLE permettant d’assurer leur fonctionne- (schémas Loire et Corse par exemple) l’inven- ment et les a associés aux grands projets de tion de la directive Littoral ou l’application son ministère tels que la campagne des mille très sérieuse de la directive Montagne. jours pour l’architecture, grande campagne de  Deuxièmement, il adorait faire. Cela me sensibilisation sur l’architecture. En trois réjouissait beaucoup en tant qu’ingénieur. Il a ans, 90 CAUE existaient, dont 70 opéra- toujours soutenu les grandes opérations d’aména- tionnels. gement, les villes nouvelles, etc. L’exemple de la Au fil des débats, nous rencontrerons d’autres Défense, sauvée par Michel d’Ornano me tient acteurs tels que les directions départemen- particulièrement à cœur. Il me semble que les tales de l’Agriculture (DDA), avec lesquel- choses ont changé. Aujourd’hui, les gens sont très les les services locaux de l’Environnement adroits pour démolir mais peu aiment faire. La crise et du Cadre de vie entretenait parfois des du logement en région parisienne, aujourd’hui, relations difficiles. Les collectivités terri- témoigne de cette incapacité de faire. toriales et les associations ont également  Troisièmement, c’était un homme de ter- joué un rôle très important pendant cette rain. En trois ans, il a énormément voyagé. période. Les DRAE, en particulier, qui en Je l’accompagnais souvent. Il n’existe pas un étaient très proches, recherchaient leur ap- endroit en France où nous ne sommes pas pui pour maintenir la pression en faveur de la protection de l’environnement, notam- ment vis-à-vis des élus.

Place maintenant à la table ronde en commençant par Christian Bouvier qui incarne le politique dans notre table ronde. C’est lui qui peut évoquer la façon dont Michel d’Ornano s’est personnellement impliqué au niveau territorial pour mobiliser toutes les directions.

Christian Bouvier Je me propose de donner quelques indications sur la position de Michel d’Ornano face à cette dialectique entre protection et aména- gement. En matière de protection, il s’agissait essentiellement, des paysages et des sites. Nous n’étions pas encore très forts sur les questions d’environnement. Sur l’implication personnelle de Michel d’Ornano, il faut mettre l’accent sur quatre aspects de sa Romainville, tour hertzienne. Architecte : Vasconi personnalité : ©MEDAD/SG/SIC - 1982 Photo G. Crossay

« pour mémoire » l n° hors–série - septembre 2007 62 allés passer une journée ou une demi-journée. Nous rencontrions les élus, les associations et les fonctionnaires d’autorité. Il lisait tous les dossiers soigneusement avant de rencontrer les élus, les associations, les fonctionnaires qui tous étaient admiratifs et conquis.  Quatrièmement, c’était un homme cou- rageux. J’ai été témoin de certaines de ses réactions qui montrent à quel point il était un homme de convictions qui savait défendre ses troupes. Pour son cabinet et son administra- tion c’était à la fois un grand encouragement et une grande sécurité.

Florence Contenay C’est au sein de la direction de l’Urbanisme et des Paysages, et en particulier dans le service dirigé par Lucien Chabason que s’élaborait Prapic (05), la nouvelle politique. Celle-ci va innover La question de la doctrine gouvernementale se panneau d’information posait ainsi de façon forte. L’étalement urbain « parc national des Écrins » profondément dans sa façon de traiter les ©MEDAD/SG/SIC - 1982 Photo B. Suard relations entre espaces protégés et espaces commençait et la notion de paysage, au sens ordinaires, entre les outils régaliens et le Code large, faisait son apparition. de l’urbanisme. C’est là que se construira une Dans le Lubéron, par exemple, la première doctrine et que s’élaboreront de nouveaux décision prise par le chargé de mission pour concepts et de nouveaux outils. le parc naturel régional fut de demander au préfet de prescrire les POS. J’ai alors compris Lucien Chabason qu’on pouvait mobiliser le code de l’urbanisme Je m’associe bien sûr à tous les témoignages sur pour un aménagement fin du territoire. Je me Michel d’Ornano. C’était un ministre tout à suis fait une idée de ce que pouvait être une fait remarquable, doté d’un exceptionnel souci articulation entre la planification du territoire de l’intérêt public. et la protection de certains espaces. Lorsque j’étais jeune sous-préfet dans le dé- Le service de l’Espace et des Sites de la DUP partement de Vaucluse entre 1968 et 1971, incarnait la réforme par excellence. Ses missions j’ai rencontré des questions liées à la gestion touchaient à la législation de l’urbanisme, à durable du territoire. Le choc du foncier sé- celle des sites (issue de l’Environnement et de la vissait dans ce département marqué par l’arri- Culture) et à celle des abords des Monuments vée massive des rapatriés (qui avaient généré historiques (issue de la Culture). Son action une très grande urbanisation), les construc- se portait également vers le tourisme. Les tions de résidences secondaires et par le mi- services de l’aménagement touristique, et en tage favorisé par les lois Chalandon de 1969 particulier celui de l’aménagement touristique et 1971 (qui libéralisaient très largement la de la montagne, lui avaient été transférés. Il construction individuelle et la construction faisait ainsi cohabiter en son sein des cultures dispersée). Paradoxalement, l’année 1971 est professionnelles très différentes. également celle qui voit naître le ministère Sur le terrain, j’avais vu ce que faisaient de l’Environnement. respectivement la DDE, l’ ABF, les inspecteurs n° hors–série - septembre 2007 l « pour mémoire » 63

des sites et les conservateurs régionaux des S’agissant de l’application des nouvelles di- Bâtiments de France. Pour moi, il n’était pas rectives, Monsieur d’Ornano a fait un tour question de toucher au pouvoir des ABF car de France des communes littorales. C’était ils portaient sur leurs épaules la protection du une approche sans précédent. On étalait les patrimoine depuis des décennies. Ils avaient fait POS devant lui et il regardait avec les com- un travail extraordinaire d’endiguement et, ce, munes et ses services dans quelle mesure ils avec l’appui des commissions départementales étaient conformes à la nouvelle directive des sites. Cela avait une importance majeure pour Littoral. Sur les questions de montagne et de notre patrimoine, non seulement dans les villes stations de sports d’hiver, on mettait autour mais également dans les campagnes. Il fallait de la table tous ces services avec leur culture faire cohabiter toutes ces cultures différentes. différente. Ce n’était pas l’harmonie totale. Avec les services de l’Équipement, on procédait Les séances étaient extrêmement difficiles. La par l’édiction d’un certain nombre de textes ; direction de l’Urbanisme et des Paysages ma- l’administration centrale donne des directives nifestait sa volonté de défendre un concept d’application puis on fait confiance et on ne doctrinal (qu’on appellerait aujourd’hui la se mêle pas de la mise en oeuvre. La culture gestion durable du territoire). des ABF et des inspecteurs des sites était plus Concernant la question des abords, nous avons interventionniste, ponctuelle et centralisatrice. préparé à cette époque les zones de protection Mais l’intervention des directives Littoral et Mon- du patrimoine architectural et urbain (ZPPAU). tagne avaient perturbé cette approche et généré Nous avons souhaité sortir du rayon des 500 un interventionnisme des services centraux. mètres par le haut, en maintenant la vision

Pornic, vue aérienne du littoral, port de plaisance ©MEDAD/SG/SIC - 1982 Photo B. Suard

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Florence Contenay Je vous propose maintenant d’aller dans un département breton, le Morbihan, un département à la fois rural et littoral, confronté à l’application de la directive Littoral, en butte à des enjeux agricoles et marqué d’une spécificité culturelle importante à percevoir pour comprendre les marges de négociation.

Jean-François Coste J’ai eu la chance d’être nommé pour la première fois DDE au moment de la création du MECV. Je n’étais donc pas tenté de maintenir dans la DDE la ligne de conduite précédente. De plus, j’avais l’avantage d’avoir été auparavant auprès de Jean-Eudes Roullier au secrétariat général des Villes nouvelles où j’avais appris à Stand du MECV au salon Pollutec, affiche travailler avec des équipes pluridisciplinaires ©MEDAD/SG/SIC - 1980 Photo B. Suard et à prendre en compte la notion plus large de de protection, mais avec une délimitation cadre de vie. intelligente, un cahier des charges et une Avant tout, il convient de souligner le poids délibération démocratique. Le projet a abouti des grands élus du Morbihan au moment où en 1982. j’ai pris mes fonctions. Étaient présents dans Nombreuses sont les initiatives, nées pendant ce département à la fois l’ancien ministre le MECV, qui ont perduré. La loi Littoral par de l’Intérieur, Raymond Marcellin, prési- exemple n’aurait certainement pas existé sans dent du conseil général et Christian Bonnet, la directive d’Ornano. D’une manière générale, conseiller général de Belle-Île, maire de Car- le Code de l’urbanisme, dans la mesure où nac et ministre de l’Intérieur. Aux frontières il intègre les enjeux environnementaux, a du département, il fallait savoir composer avec largement été influencé par cette période. deux autres élus importants, Olivier Guichard Toutefois, et cela n’a pas encore été dit, le en Loire‑Atlantique et Pierre Méhaignerie en ministère de l’Environnement est sorti de cette Ille‑et‑Vilaine. Autant dire que les responsables affaire complètement exsangue, sans les services des services départementaux devaient maintenir horizontaux avec lesquels il était arrivé (service du des liens étroits entre eux et se concerter en personnel, service du budget, service international, permanence sous la tutelle préfectorale. service de recherche). En particulier, après cette Au moment de ma nomination, je suis allé période, le ministère de l’Environnement s’est me présenter à Monsieur d’Ornano. Il est retrouvé sans service international dans des l’un des rares ministres de l’Équipement à négociations internationales cruciales et cette avoir reçu personnellement chacun d’entre faiblesse a mis des années à être comblées en nous. A l’occasion des réunions régulières admettant qu’elle le soit vraiment aujourd’hui. de DDE, il ne se contentait pas d’une courte Il est difficile d’établir un bilan du MECV car sa introduction pour ensuite s’esquiver. Il restait durée de vie fut courte mais le caractère irréfléchi à chaque fois au moins une demi-journée de sa suppression a abouti à un désastre pour les pour présenter sa politique et répondre aux services de l’ Environnement. questions. Il nous écoutait. n° hors–série - septembre 2007 l « pour mémoire » 65

Mes interlocuteurs au niveau central étaient Lucien s’installer dans le golfe du Morbihan) faisaient Chabason, et plus particulièrement Guy Faure l’objet de cette protection. Or, sans prédateurs, pour tout ce qui concernait les POS ainsi que elles étaient devenues si nombreuses qu’elles ne Gilbert Simon pour les activités relevant de la trouvaient plus suffisamment à manger et qu’elles sous-direction des Sites et des Espaces protégés. s’attaquaient aux champs de blé, au grand dam des Un autre interlocuteur à prendre en considération agriculteurs. Lorsque l’on mène une politique était Madame Borde, présidente de l’Union de protection de la nature, il faut se montrer pour la mise en valeur esthétique du Morbihan vigilant dans l’application des textes car on (UMIVEM) association de protection de l’envi- peut bouleverser complètement certains ronnement, qui avait une influence importante au équilibres écologiques. niveau local. Madame Borde, était souvent reçue La protection du domaine maritime a à Paris par le ministre d’Ornano auprès duquel constitué également un dossier important. elle exprimait ses doléances et ses souhaits. Certains empiètements étaient autorisés, Outre la directive Littoral, il ne faut pas oublier tels que ceux des anciens moulins à ma- la loi du 10 juillet 1976 relative à la protection rée, protégés et souvent restaurés par une de la nature. A Paris, lorsqu’on avait publié association locale. Mais un nombre crois- une loi, on estimait que le principal était fait. sant de personnes avait tendance à vouloir Ce n’est pas la vision perçue localement car il construire pour leurs besoins personnels à faut toujours un certain temps pour qu’une loi cheval sur le domaine maritime et ce, de fa- trouve son application sur le terrain. Il faut çon totalement abusive. Face à ces situations, la d’abord qu’elle soit assimilée par les agents de politique était très fermement appliquée. Le la DDE et comprise par les élus locaux. Puis, il chemin des douaniers, lui aussi, nous a beau- faut s’organiser pour l’appliquer à bon escient. coup occupés, en liaison avec le conserva- Je citerai un exemple qui concerne la protection toire d’espace littoral et de rivage lacustre. des oiseaux. Les bernaches (des oies sauvages Nous étions par ailleurs confrontés à des qui reviennent du grand Nord en hiver pour problèmes de pollution agricole.

Morbihan, palmarès national de l’habitat ©MEDAD/SG/SIC - 1983 Photo B. Suard

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L’eau de Bretagne était déconseillée sinon des terrains desservis déposaient une demande de interdite aux nourrissons. La pollution de permis de construire à la DDE. Afin d’éviter le l’eau suscitait des réactions fortes de la part mitage, nous n’accordions pas systématiquement des éleveurs de truites, des ostréiculteurs et des les autorisations alors que la DDA instruisait conchyliculteurs, qui avaient impérativement favorablement les dossiers. Enfin, s’agissant du besoin d’eau propre pour leurs élevages. Enfin, traitement des ordures ménagères, tandis que la la loi de 1976 sur les études d’impact pour tous DDE était défavorable à l’incinération, la DDA les projets routiers représentait, elle aussi, un envisageait plutôt d’orienter les communes vers enjeu important. la dissémination d’incinérateurs. Finalement, La DDA avait des difficultés pour s’accommoder nous avons pu la convaincre de revenir sur cette des nouvelles orientations, tout en poursuivant orientation en raison des problèmes de dioxine. En son rôle de soutien au monde agricole. En terme dépit de toutes ces divergences, nous devions nous de politique de remembrement par exemple, entendre. C’était d’autant plus nécessaire pour le elle continuait à favoriser la suppression des DDE que l’adjoint du directeur départemental de haies entre parcelles, ce qui était nuisible à la l’Agriculture était également maire de Sarzeau, nidification des oiseaux et à rectifier les cours fief de Raymond Marcellin. d’eau, ce qui favorisait l’érosion des terres végétales Quelles que soient les éventuelles difficultés par temps de pluie. Cette situation engendrait rencontrées sur le plan local, lorsqu’il des problèmes localement. Un autre point de s’agissait de faire front face à l’administration désaccord concernait l’électrification rurale qui centrale parisienne, les élus bretons de toutes était du ressort de la DDA. Quand une nouvelle tendances savaient s’unir pour faire valoir ligne électrique était autorisée, les propriétaires leur point de vue et leurs demandes.

Cergy-Pontoise, vue aérienne ©MEDAD/SG/SIC - 1997 Photo P. Champagne n° hors–série - septembre 2007 l « pour mémoire » 67

Au départ, le nouveau service compte un architecte des Bâtiments de France, une « dame sténodactylo », une secrétaire et un technicien. L’architecte des Bâtiments de France est le seul agent de catégorie A. Cela pose un problème de délégation pour rencontrer certains agents de la DDE, DDA ou tout autre direction de service départemental. L’architecte des Bâtiments de France doit systématiquement se déplacer en personne. Les réunions sont nombreuses, en particulier celles organisées par le préfet, qui, à cette époque, se déroulent fréquemment le samedi et le dimanche matin parce que les maires de ce département rural ne sont disponibles que le week-end. La répartition des charges au sein des différentes agences du territoire est très inégale. Alors que des départements comme la Lozère compte 70 000 habitants et Secteurs sauvegardés, Strasbourg En outre, au sein de la DDE, il régnait un 70 monuments historiques classés, d’autres, ©MEDAD/SG/SIC - 1993 Photo DAU sentiment culturel très spécifique à cette comme le Val d’Oise, comptent près d’un région. Les personnels se considéraient million d’habitants et 350 bâtiments classés, d’abord comme des agents au service du certes d’inégale importance. L’architecte des Morbihan avant d’être des agents de l’État. Bâtiments de France assure le strict entretien Ainsi, ils étaient très attachés au maintien de ces bâtiments classés au titre des monuments du cadre de vie et du patrimoine culturel de historiques. Il est, en théorie, tenu d’assurer au leur pays breton. Grâce à cette particularité, moins une visite -suivie d’un bilan sanitaire- je n’ai pas eu vraiment de problème pour par an et par MH classé. l’application de l’ensemble des textes. En 1979, l’agence des Bâtiments de France devient le service départemental de l’Ar- Florence Contenay chitecture (et plus tard du Paysage) et Charles Maj va évoquer maintenant la création du change complètement de statut pour de- service départemental d’Architecture du Val‑d’Oise. venir un service extérieur de l’État, placé sous la tutelle du préfet. Charles Maj En 1977, quand le président Giscard d’Es- À l’époque où je succède à Monsieur taing déclare l’architecture désormais re- Lebigre qui est ABF depuis 1947 et dirige connue d’utilité publique, les architectes des l’agence de la partie nord de l’ancienne Bâtiments de France ont vécu cette annonce Seine-et-Oise ; l’agence chargée de la partie comme un évènement extraordinaire. Michel sud est établie à Versailles et M. Delaunay d’Ornano, devenu leur ministre, a fait savoir en assure la direction. aux responsables des nouveaux services qu’il Je prends mes fonctions à Saint-Germain-en- allait leur être affecté un supplément de per- Laye où est le siège de l’agence. Mais le préfet du sonnel, attibué des véhicules, etc. Val-d’Oise, Monsieur Carrère, exige que l’agence On nous annonçait le pays de Cocagne. soit rapatriée à Pontoise, ce qui est fait en 1979. Ce ne fut pas vraiment le cas.

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Secteurs sauvegardés, Saumur ©MEDAD/SG/SIC - 1993 Photo DAU

Auparavant, les rapports entre les SDA et les Lors de cette courte période, trois ans seulement, DDE étaient excellents parce qu’en réalité ils des échanges positifs ont bien eu lieu entre les s’ignoraient totalement. SDA et les DDE. Le pouvoir propre de l’architecte des Bâtiments de Des activités communes ont été mises en place. France s’exerçait sans que les DDE ne s’en mêlent. Peut-être les architectes des Bâtiments de France Les seules rencontres avaient lieu à l’occasion des ont-ils un peu perdu de leur poésie et de leur réunions de POS, des commissions départemen- créativité et les ingénieurs de la DDE, en revanche, tales ou des jurys de promotion de l’architecture. y ont-ils trouvé l’occasion d’une remise en cause Une fois que ces deux instances se sont retrouvées de quelques unes de leurs certitudes. dans le même ministère, une reconnaissance mu- tuelle s’est amorcée. Florence Contenay Il était convenu qu’une incitation vers l’architec- Denis Grandjean va maintenant évoquer la création ture ainsi qu’une sensibilisation étaient nécessaires de l’institution sans doute la plus originale et la plus à l’adresse du public en général et des personnels emblématique du MECV, à savoir les DRAE. du bâtiment en particulier. Nous, ABF et DDE, devions mettre en œuvre des actions spécifiques Denis Grandjean avec comme objectif la promotion de l’architecte. En 1979, je suis conservateur régional des Cette collaboration a donné lieu à des évènements Bâtiments de France en Franche-Comté. plutôt enrichissants pour les DDE aussi bien que Lorsque paraît le décret créant les DRAE, pour les ABF, tels qu’un palmarès de l’architec- je fais immédiatement acte de candidature, ture, doté d’un prix attribué par le conseil général, considérant que les véritables enjeux de placé sous l’égide du préfet. l’aménagement du territoire se situent dans n° hors–série - septembre 2007 l « pour mémoire » 69

Stand du MECV pas de conflits. L’atelier des Sites et des Paysages au salon Pollutec, affiche se trouve dans la cité administrative Dampierre, ©MEDAD/SG/SIC - 1980 Photo B. Suard un ancien couvent des 17e et 18e siècles. La direction de l’administration générale du MECV nous donne des moyens formidables pour restaurer ces locaux dans des exigences propres à la Culture. Cette restauration bénéficie par ailleurs de la complicité de la DDA, qui occupe une partie de cette cité administrative. Nous nous installons très facilement. Nous sommes une douzaine de personnes. On nous attribue un véhicule de service neuf, ce que nous n’avions jamais eu à la DRAC de Franche- Comté. Je mesure immédiatement la différence des moyens qui nous sont consentis par ce grand ministère.

La relation avec les partenaires S’ agissant des partenaires, nous prenons d’abord contact avec l’échelon central du MECV. Je dois confirmer ici que l’encadrement du ministre et de son cabinet vis-à-vis de ses services extérieurs était à la fois précis, ouvert et ce nouveau service et non plus dans une prospectif. Au cours de ma vie professionnelle, conservation régionale qui serait réduite aux je n’ai jamais retrouvé ultérieurement une seuls monuments historiques. Michel d’Ornano présence ministérielle aussi forte. J’ai eu la me reçoit très sympathiquement. Il me nomme chance de connaître cette situation privilégiée à la DRAE de Bourgogne, où j’arrive pour le dans les débuts de ma vie administrative. second semestre de l’année 1979. Cette région Nous entretenons également des relations avec est plus facile que d’autres car elle est assez la préfecture de région. Le soutien du préfet homogène sur le plan de l’agriculture, des forêts, entraîne immédiatement celui du président des sites viticoles, etc. Cela explique peut-être du conseil régional, dont l’appui est important que mon arrivée à la DRAE ait été peut-être car le conseil régional se trouve souvent plus simple qu’ailleurs. en financement croisé avec le FIQV (fonds interministériel pour la Qualité de la vie) sur La mise en place de la DRAE des opérations de terrain. Les relations avec les Quand j’arrive à la DRAE de Bourgogne, architectes des Bâtiments de France sont elles je prends la suite d’un délégué régional à aussi très positives. Cela n’est pas nouveau. l’Environnement qui part en retraite et me laisse Au fond, les conservateurs régionaux des un atelier des sites et paysages. Cet atelier sera Bâtiments de France avaient déjà des relations le noyau de la DRAE, augmenté de l’ inspection privilégiées avec les architectes des Bâtiments des Sites. La DRAC, qui n’est pas en très bons de France. Enfin, tout se passe plutôt bien termes avec cette inspection des Sites, n’est au également avec les DDE. Certains directeurs, fond pas trop fâchée de s’en séparer. Ainsi, le chefs d’arrondissement ou de subdivision dans transfert de personnel et de matériel ne suscite les DDE adhèrent aux valeurs défendues par les

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DRAE et les associent aux plans d’occupation grandes protections de sites sur la côte viticole des sols et aux schémas directeurs qu’ils sont lancées à l’époque rebondissent aujourd’hui en train de réviser ou d’élaborer. Ils s’appuient avec les comités interprofessionnels des vins de d’ailleurs sur la DRAE pour s’opposer à des Bourgogne. Enfin, nous avons beaucoup fait pour projets ou refuser des autorisations, la laissant les sites et les villes historiques. S’agissant des souvent en première ligne sur ce front du refus, études d’impact, nous avons connu un certain qu’ils ont sans doute moins l’habitude de gérer échec malgré l’apport important de l’atelier que les services voués à la protection de l’espace. central de l’Environnement. Il nous manquait S’agissant des CAUE, les DRAE jouent un rôle la technicité dans nos propres équipes pour aller moteur pour en créer là où il n’y en a pas et très loin dans l’analyse critique. pour instaurer une synergie régionale entre ces Je ne suis resté que trois ans dans ce poste à CAUE une fois qu’ils existent. la DRAE mais ce furent trois ans absolument positifs. Je regrette la disparition de cette Quelques grands axes de travail géométrie institutionnelle tout à fait intéressante Les DRAE ont principalement deux comman- sur le terrain. Au plan local, il existait une des ministérielles. Tout d’abord, ils sont chargés synergie qui aurait pu être extrêmement d’élaborer les Livres blancs de l’environnement efficace pour la qualité de l’aménagement de régional avec les associations. Cette commande l’espace si elle avait duré. Aujourd’hui, en temps apparemment technique est évidemment politi- qu’élu local à Nancy et dans l’agglomération que et stratégique. Elle représente une tâche as- nancéienne j’en suis d’autant plus frustré que je sez lourde mais constitue un travail passionnant mesure ce dont nous avons privé le pays. qui permet aux DRAE de prendre la mesure des véritables enjeux locaux et des rapports de force Florence Contenay que permet la réalité associative. Par ailleurs, on Certes les DRAE ont disparu en 1991 lors leur confie la prise en charge des inventaires des de la création des DIREN, mais il reste de zones naturelles d’intérêt écologique, floristique cette organisation territoriale des pratiques et faunistique (ZNIEFF), qui se transformeront professionnelles, des méthodes, des outils et la ensuite progressivement, pour certaines, en zo- capacité à les combiner. Aujourd’hui, grâce nes Natura 2000. Dès 1980, ces inventaires se à l’innovation qu’ont constitué notamment mettent en place sous l’égide des DRAE, en les ZPPAU, on a pu mettre en œuvre liaison avec les universités locales et les associa- progressivement des outils beaucoup plus fins, tions et sous le contrôle scientifique du Muséum beaucoup plus concertés avec les collectivités et d’histoire naturelle. Une fois élaborés, ils sont les partenaires. communiqués à toutes les communes et à tous les services de l’État chargés de l’aménagement Lucien Chabason et ils s’imposent progressivement dans les POS Lorsqu’on a cassé le ministère de l’Environnement et les études d’impact. Ils sont aujourd’hui deve- et du Cadre de vie, on n’a pas cassé la DUP. La nus un élément incontournable dans l’élabora- direction de l’Urbanisme et des Paysages est tion des documents d’urbanisme. restée deux ou trois ans et a participé activement Outre ces deux commandes ministérielles, à la décentralisation. Nous nous sommes efforcés nous avons également lancé en Bourgogne d’introduire dans le Code de l’urbanisme des une politique des sites. La protection du site dispositions permettant aux élus de prendre d’Alesia, par exemple, a été engagée à l’époque leurs décisions en respectant un certain nombre et se poursuit aujourd’hui avec un important de prescriptions (dont les futures loi Montagne et financement du conseil général de Côte d’Or. Les loi Littoral, testées sur le terrain avec les directives). n° hors–série - septembre 2007 l « pour mémoire » 71

alimenté à l’origine par des recettes affectées. À partir du moment où il n’y a plus eu de recettes affectées, il est mort faute de moyens.

Jean-Pierre Courtiau Je souhaiterais m’exprimer ici en tant qu’inpecteur régional des sites. J’ai été nommé inspecteur des sites en 1979. Notre mission était enthousiasmante en dépit des moyens rudimentaires. On nous appelait « chevaliers du paysage, Don Quichotte, missionnaires ». Nous étions cinquante environ, absolument passionnés par ce travail car nous intervenions souvent au niveau départemental, disposions pour notre action d’une diversité très riche d’outils et bénéficiions d’une dynamique très pluridisciplinaire. 

Échange entre Patrick Gandil, Les droits des associations sont devenus plus Marc Nolhier importants. La société civile, au-delà des préfets, et Charles Blanpain a su se saisir du contrôle de légalité pour faire fonctionner un peu mieux la démocratie locale. Nous n’avons pas pu éviter un certain nombre de catastrophes qui ont mené à l’étalement tel qu’on le voit aujourd’hui. Quoiqu’il en soit, cette période de trois ans n’a pas été inutile.

Questions de la salle

Jean Cabanel L’histoire de cette direction a été étudiée uniquement sur le plan des institutions. Les « soutiers », les équipes, ceux qui se battaient au jour le jour pour faire avancer les dossiers n’ont pas été interrogés. Par ailleurs, il ne faut pas oublier de rappeler que le FIQV qui a permis de concrétiser et de tester de nombreuses idées novatrices, était

« pour mémoire » l n° hors–série - septembre 2007 72 Témoignage Alain Lamassoure député européen, ancien ministre délégué au Budget et Porte-parole du Gouvernement (1995-1997), ancien ministre délégué aux Affaires européennes (1993-1995), conseiller technique au secrétariat général de la présidence de la République (1978-1981)

Alain Lamassoure Effectivement, j’ai eu la chance de me retrouver à l’Élysée dans le secteur de l’Équipement à un moment où une inspiration forte était donnée de l’intérieur du ministère par Pierre Mayet, respon- sable de la DAFU, et de l’extérieur, par d’autres personnalités dont l’excellent Pierre Richard. Ce dernier, qui envisageait de quitter l’Élysée pour jouer un rôle très actif dans la décentralisation à partir du ministère de l’Intérieur et qui se préoccu- pait de son remplacement, a voulu me tester. Il m’a fait faire un rapport, qui m’a été demandé officiel- lement par la présidence de la République, sur une idée du président Giscard d’Estaing selon laquelle il fallait créer une grande école d’architecture si on souhaitait améliorer la formation des architectes.

Cette étude m’a passionné. Je connaissais très mal le milieu de l’architecture. J’ai rencontré beaucoup Éric Lengereau d’architectes, d’enseignants, d’urbanistes, d’élus, Alain Lamassoure, vous entrez à la présidence de de fonctionnaires, etc. A l’issue de cette étude, je la République pour succéder à Pierre Richard par suis arrivé à la conclusion que la France n’avait pas le biais d’un rapport qui vous a été commandé besoin de concentrer le système de formation dans quelques mois avant les élections législatives une sorte de pôle d’excellence qui imposerait une de mars 1978. Dans ce rapport, vous proposez seule manière de faire de l’architecture, mais plutôt diverses perspectives pour la formation des de développer des filières de très grande qualité architectes, vous évoquez l’hypothèse de créa- ouvertes à des enseignants ou des praticiens venus tion d’une nouvelle institution (qu’on appellera également de l’étranger. J’ai suggéré que ces filières plus tard l’Institut français d’Architecture) et vous spécialisées comportent non seulement la filière envisagez la re-configuration du département artistique de l’École des Beaux-Arts mais également ministériel susceptible d’intégrer la politique de une filière à l’allemande ou à la suisse d’ingénieurs l’architecture. C’est ce troisième point qui nous du bâtiment et une filière d’urbanistes. Le comman- intéresse tout particulièrement aujourd’hui. ditaire, c’est-à-dire le président Giscard d’Estaing, Comment percevez-vous l’orientation nouvelle a été furieux de la conclusion mais a quand même donnée par Pierre Mayet et Pierre Richard juste trouvé intéressant de travailler avec quelqu’un qui avant les élections législatives de mars 1978 ? osait avoir des idées indépendantes. n° hors–série - septembre 2007 l « pour mémoire » 73

J’ai beaucoup défendu la nécessité d’avoir dans Alain Lamassoure la même administration la préservation du Effectivement, c’était très important. Nous avions patrimoine bâti ancien et la construction neuve. constitué avec Joseph Belmont et Claude Robert Je regrette que cette idée ait été abandonnée un tandem de grande qualité. récemment. Pour moi, une civilisation qui fonc- tionne bien combine Brahmâ, le dieu construc- Éric Lengereau teur, Shiva, le dieu destructeur et Vishnu, le dieu Selon vous, pourquoi l’expérience du MECV qui maintient. Si on ne sait pas détruire, on ne sait ne s’est-elle pas procuré les instruments de sa pas construire. J’ai essayé d’œuvrer dans ce sens pérennité ? Les acteurs réunis aujourd’hui l’ont notamment lorsque nous avons mis en place, déploré avec une certaine déception. sous l’autorité de Michel d’Ornano, une nouvelle direction de l’Architecture. Alain Lamassoure En fait, je ne sais pas. Un changement important Éric Lengereau est intervenu en France en 1981. Sans doute fau- Vous teniez à ce que le directeur nommé à la drait-il demander à ceux qui ont pris les affaires tête de cette direction de l’Architecture soit un en main à ce moment là pourquoi ils n’ont pas architecte. Pour vous, cela avait un sens précis. souhaité maintenir cette structure.

Grand projet parisien de Valéry Giscard d’Estaing Paris - La Villette, chantier de la Géode et du Musée des sciences et techniques ©MEDAD/SG/SIC - 1984 Photo B. Suard

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En revanche, il est peut-être bon de savoir Alain Lamassoure monuments, l’église, les cinémas ou le que, préparant l’après juin prochain, nous Sans doute. Je souhaiterais faire quelques théâtre, les lieus de rencontre, les bistrots, nous interrogeons aujourd’hui sur l’intérêt remarques issues des enseignements que etc.) mais, dans les banlieues, même si elles que pourrait représenter la reconstitution j’ai tirés de mon parcours d’élu local en n’étaient pas encore les ghettos qu’elles d’une structure de ce genre. La France matière d’urbanisme, d’aménagement et sont devenues ensuite, il n’y avait rien de gagnerait à avoir moins de ministères de cadre de vie. Au fond, toutes les gran- tout cela. mais des structures plus cohérentes et des orientations, les grands objectifs, les En tant qu’élu local, j’ai élaboré deux plans plus pérennes. C’est un handicap pour outils et les instruments de mesure de la d’occupation des sols et un SDAU (depuis, notre pays que certains de ses ministères politique de l’environnement et du cadre ça s’est appelé SCOT), j’ai créé une agence varient au gré de la volonté des Présidents de vie ont été conçus à l’époque du MECV. d’urbanisme puis, plus récemment, un éta- et Premiers ministres successifs, de Cette époque se caractérisait par une cer- blissement public foncier, j’ai établi un plan donner satisfaction à tel ou tel. L’idée d’un taine avance des dirigeants par rapport local de l’habitat et j’ai transformé un district grand ministère s’occupant à la fois de la aux aspirations de l’opinion publique, aux urbain en communauté d’agglomération. En préservation, de l’aménagement et des positions des partis politiques et même fait, j’ai vérifié que les outils de Pierre Mayet constructions neuves, de l’environnement aux idées de beaucoup d’élus locaux. Ce fonctionnaient bien sur le plan local. Dans et du cadre de vie, était une idée pionnière n’est plus vrai aujourd’hui. L’urbanisation certaines zones où la pression foncière est et visionnaire. J’ai d’autant plus de facilité à de la France, qui a eu lieu beaucoup plus forte, je crains que nous ayons poussé la le dire que je n’ai joué aucun rôle dans sa tardivement que celle de ses voisins euro- décentralisalisation un peu loin. Les maires conception de départ. Nous la réétudions péens, s’est achevée à la fin des années sont soumis à des pressions irrésistibles s’ils aujourd’hui. 1970. A cette époque, une certaine aspira- veulent être réélus. Dans certains endroits tion à la qualité commençait à naître après on laisse trop construire mais dans d’autres, Éric Lengereau une période consacrée essentiellement à les propriétaires obtiennent de se protéger Avez-vous signé le pacte de Nicolas Hulot ? la quantité. Nous avons eu la chance que contre des constructions concurrentes. cette situation entre en parfaite résonance Je ne sais pas très bien comment trouver Alain Lamassoure avec les positions du chef de l’État de l’équilibre. Peut-être faut-il confier à une Je ne sais pas s’il est autorisé de le dire mais l’époque qui a pris des mesures symbo- instance un peu plus éloignée du terrain le nous nous sommes permis de réfléchir à liques fortes. Dans nos administrations, soin de délivrer les permis de construire ? ces sujets avant Nicolas Hulot. Beaucoup des personnes, auxquelles je suis heureux de personnes dans la salle sont dans ce de rendre hommage aujourd’hui, étaient Enfin, en tant que député européen, je cas. Cela dit, nous estimons beaucoup des esprits indépendants par rapport au souhaite insister sur un point. Je suis frappé Nicolas Hulot et nous signons les yeux moule de la formation administrative tra- par le rôle très positif que joue l’Europe fermés tout ce qu’il peut proposer. ditionnelle. Elles ont introduit ces valeurs dans tout ce qui concerne la protection du d’humanisme et de qualité dans la vie cadre de vie et de l’environnement. Près Thierry Chambolle publique française. de 80 % de la législation française est une Au fond, le ministère de l’Environnement Si le président Giscard d’Estaing avait transposition du droit européen ou s’en ins- et du Cadre de vie est une tentative de été réélu en 1981, il aurait mis en œuvre pire très fortement. Cette semaine encore, triple synthèse qui combine l’Environne- des mesures que nous avions préparées nous avons voté un texte durcissant les ment avec, au sein de la notion de Cadre dans trois domaines : la défense de la bio- critères d’élimination, de retraitement et de de vie, l’Équipement et l’Architecture. diversité, la politique des banlieues et la recyclage des déchets. Sans doute l’exem- Je ne suis pas sûr que les trois éléments mise en valeur des fleuves. S’agissant des ple de certains pays européens, notamment aient tous la même solidité. Selon moi, il banlieues, l’Insee avait indiqué qu’elles d’Europe du nord, peut-il nous inspirer pour faudrait créer un ministère qui dépasse abritaient un tiers de la population. les années à venir. le cadre de l’Équipement et de l’Aména- Cette situation posait des problèmes d’iden-  gement mais sans pour autant intégrer tité car lorsque l’on vivait dans un village ou l’Environnement. dans une ville, on avait des repères (des n° hors–série - septembre 2007 l « pour mémoire » 75

Les grands témoins

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Christian Pattyn inspecteur général honoraire de l’administration des Affaires culturelles (depuis 2002), vice-président du Comité d’histoire du ministère de la Culture et de la Communication (depuis 2000), président de la Ligue urbaine et rurale (depuis 2004), président du Syndicat de la presse artistique française (depuis 2004), président de la Société française d’archéologie (depuis 2005), directeur du Patrimoine au ministère de la Culture et de la Communication (1978-1983)

Michel Rousselot ingénieur général des Ponts et Chaussées honoraire, président du groupe opérationnel n°11 du Predit (recherches sur les politiques publiques de transport), directeur général de l’établissement public d’aménagement de la ville nouvelle de Marne-la-Vallée (1974-1982)

Gilbert Simon inspecteur général de l’Équipement, chef de la division des Sites à la direction de l’Urbanisme et des Paysages, puis, chargé de la sous-direction des Sites et des Abords protégés au service de l’Espace et des Sites du ministère de l’Environnement et du Cadre de vie (1978-1981)

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Réactions des trois « grands témoins » de la journée Christian Pattyn inspecteur général honoraire de l’administration des Affaires culrurelles vice-président du Comité d’histoire du ministère de la Culture et de la Communication

J’avais une tâche considérable dans ce Au bout de cinq ans, ces trois directeurs poste. Par conséquent, je ne fréquentais m’avaient spontanément proposé de les directions de l’administration centrale venir faire ma mobilité à l’Équipement. que pour des motifs liés à ma fonction Finalement, j’ai passé deux ans (1974- comme par exemple la programmation 1976) à la tête du groupe de recherche et des crédits destinés à ma région. d’études sur la construction et l’habitat Ceci pour dire qu’au début 1978 je n’étais (GRECOH) au sein de la direction de la pas au courant des réflexions sur la créa- Construction. tion du MECV et que je n’ai été associé en C’est dire que j’avais une bonne connais- rien aux négociations qui ont abouties à sance de la direction de l’Architecture sa création. et des directions de l’Équipement Au début du mois d’octobre, j’ai appris que qui s’occupaient d’urbanisme et de j’allais être nommé directeur du patrimoine construction. par une indiscrétion d’un camarade de promotion qui se trouvait alors à Matignon. La création du MECV a été vécue comme Cela a été confirmé le mercredi suivant. un énorme traumatisme par le ministère Augustin Girard, président du Comité de la Culture. Michel d’Ornano, alors d’histoire du ministère de la Culture, Si j’ai été nommé à ce poste, c’est probable- ministre de la Culture et de l’Environne- étant malheureusement malade depuis ment parce que j’avais passé cinq ans à la ment, avait obtenu pour 1978 d’impor- plusieurs mois, j’assume de facto ses direction de l’Architecture au début de ma tantes augmentations de personnels – 70 responsabilités. En tant que vice-pré- carrière administrative, d’abord auprès de postes supplémentaires d’ABF, soit près sident de ce comité, je tiens à féliciter Jean Jenger à la création architecturale et du doublement – et de crédits, qui tenaient chaleureusement les organisateurs de ensuite comme chef de division de la créa- presque du miracle. En mars 1978, le cette journée. Je souhaite qu’il y ait de tion architecturale et que j’avais travaillé miracle s’est transformé en drame avec la nombreuses occasions de conjuguer nos en très grande intelligence avec un grand captation de tous ces postes vers le minis- travaux avec ceux du Comité d’histoire nombre de personnes du ministère de tère en train de se créer. Le ministère de de l’Équipement. l’Équipement : avec les services de Robert la Culture était un ministère très pauvre. J’ai vivement regretté de ne pas pouvoir Lion, à la direction de la Construction, avec Avec la création du nouveau ministère les être présent ce matin mais j’ai trouvé pas- Jean-Eudes Roullier qui s’est toujours atta- services et les personnels de l’ancienne sionnant les échanges de cet après-midi. ché à donner la plus grande place aux arts direction de l’Architecture étaient parta- plastiques et à la culture en général dans gés. Pour prendre un exemple il ne restait En 1978, j’exerçais mes fonctions au sein les villes nouvelles. J’avais, par ailleurs, à la Culture, quand j’ai été nommé, que du ministère de la Culture, où j’étais une très grande admiration pour Raoul huit postes de conservateurs régionaux depuis quatre ans directeur régional Rudeau qui était, à l’époque, directeur de des Monuments historiques. Mes débuts des Affaires culturelles d’Île-de-France. l’Aménagement foncier et de l’Urbanisme. furent très difficiles et je n’ai pas obtenu

« pour mémoire » l n° hors–série - septembre 2007 78 le concours que j’aurais pu attendre volonté de résoudre chaque difficulté en de certains services du ministère qui évitant de les soumettre à des arbitrages semblaient plutôt s’attacher à maintenir des cabinets. Ce n’était pas le cas des ma tête sous l’eau. J’ai même fait savoir, relations entre les deux ministres, Michel dans les cinq jours qui ont suivi ma d’Ornano et Jean-Philippe Lecat, et entre nomination, au directeur de cabinet leurs cabinets qui étaient en opposition - auprès de qui j’ai toujours reçu le plus très forte. grand soutien - que je démissionnerais si la direction des Affaires générales Je voudrais rappeler qu’il y avait au moins continuait à s’acharner, comme elle le une compétence qui était partagée : la faisait, sur ma direction. Les séquelles signature des arrêtés d’inscription et de ont été profondes. Nous n’avons pas classement et j’envoyais régulièrement réussi à colmater les brèches avant le des propositions à Jean-Eudes Roullier doublement du budget introduit par qui les a toujours acceptées. De la même Jack Lang en 1981. C’est à ce moment façon les trois directeurs concernés seulement que j’ai obtenu - et même au présidaient conjointement la commission delà - les postes perdus au moment de la des abords et il y avait ainsi continuité création de ma direction. dans la politique menée en la matière. Je voudrais aussi profiter de cette occasion Finalement, en dépit des grandes dif- pour rendre à mon tour un hommage ficultés auxquelles je devais faire face, particulier à Michel d’Ornano qui m’avait dans les relations avec le ministère de reçu et écouté et portait une grande l’Équipement, les choses se sont admira- attention aux problèmes que partageaient blement passées sur le plan humain. Les nos administrations. A l’époque, j’étais tensions étaient très fortes, les services membre de la commission du FAU. Avant déconcentrés étaient démantelés mais chaque réunion, le ministre me deman- chaque fois qu’un problème se posait nous dait de passer dans son bureau pour lui essayions de trouver sa solution. Certes, présenter les dossiers que je souhaitais nous avions des divergences, dont une soutenir. Ensuite, quelle que soit l’opinion en particulier sur la place des agences de ses collaborateurs, il me donnait rai- des Bâtiments de France (j’ai résisté à son et appuyait mes demandes. certaines fortes tentatives du nouveau ministère de les intégrer à l’intérieur des Pour conclure, je souhaiterais réfuter directions départementales de l’Équipe- l’idée qui a été exprimée selon laquelle ment car je pensais qu’il fallait maintenir la promotion de la construction contem- un dialogue fort entre les deux). J’étais poraine s’assimilerait forcément à la pro- convaincu que cette nouvelle expérience tection à partir du moment où elle serait pouvait avoir des aspects positifs et je rattachée à la Culture. Faut-il rappeler que suis convaincu qu’elle en a eu notamment le service de la Création architecturale est dans la prise en compte par les SDA des né d’une initiative de Max Querrien, direc- préoccupations d’urbanisme. Quoi qu’il teur de l’Architecture au ministère de la en soit, au niveau des services, entre Culture ? Florence Contenay, Jean Jenger les trois directeurs, Joseph Belmont, et moi-même, à la tête de la division de la Jean‑Eudes Roullier et moi-même, l’en- Création architecturale, défendions celle- tente était réelle et profonde ainsi que la ci avec la plus grande vigueur.  n° hors–série - septembre 2007 l « pour mémoire » Grands témoins 79

Réactions des trois « grands témoins » de la journée Michel Rousselot ingénieur général des Ponts et Chaussées honoraire président du groupe opérationnel n°11 du PREDIT (recherches sur les politiques publiques de transport)

interventions de l’État au niveau régio- problèmes résultant de l’évolution de la nal. Enfin, de par mes fonctions dans société, des demandes émanant de ce le domaine des villes nouvelles, j’étais qu’il est aujourd’hui courant d’appeler sensible à la recherche de la qualité de la société civile -. Il a été rappelé par l’aménagement urbain et de la qualité Bertrand Lemoine que les pouvoirs architecturale. En 1982, lorsque j’ai été publics ont dû répondre successivement nommé directeur du personnel du minis- à une demande d’aménagement des ter- tère de l’Équipement, je me suis trouvé ritoires puis à une demande en matière face aux structures de terrain qui avaient d’environnement, qui a ensuite évolué été mises en place par la réforme que vers une demande de cadre de vie. nous étudions aujourd’hui. Les DDE, les Jacques Theys nous a montré comment SDA et les directions régionales avaient l’influence américaine avait pu nous évolué. Cela m’a offert l’occasion de inspirer. Pierre Mayet a souligné le rôle voir le problème par l’autre bout de la des subdivisions et des DDE en termes Pendant la période qui fait l’objet de nos lorgnette. de remontées d’informations. Pierre échanges, j’étais directeur général de Richard a évoqué l’existence d’un petit l’établissement public d’aménagement C’est en fonction de cette sensibilité que club, un peu clandestin, animé par une de la ville nouvelle de Marne-la-Vallée. j’ai suivi les débats de la journée et que certaine vision de l’urbanisme, du cadre Très occupé par cette tâche, je n’ai pas j’en ai tiré quelques remarques et quel- de vie souhaitable et de la décentralisa- suivi de près les événements qui se ques observations que j’ai ordonnées en tion. En fait, selon moi, deux réformes déroulaient dans mon administration trois points. ont eu lieu, qu’il convient d’étudier centrale. Toutefois, en tant qu’ ardent parallèlement, sur le terrain d’une part militant de la réforme de l’État et de la et au niveau central d’autre part. Ces décentralisation - nous avions, au sein Le MECV : jeu de pouvoirs  deux systèmes ont leurs logiques pro- du club Jean Moulin notamment, fait pres et des influences mutuelles. Denis depuis longtemps des propositions très ou réponse à une évolution Grandjean a d’ailleurs rappelé la formi- fortes sur ce point - j’étais particulière- dable synergie qui existait à l’époque sur ment sensible aux problèmes traités ici. de la société ? le plan local. J’avais également été impliqué dans la En fait, il ne s’est produit aucune bataille déconcentration administrative, qui a Au fil des débats de la journée, j’ai tenté spectaculaire. Une transformation en préparé la décentralisation, lorsque je d’établir si cette expérience du MECV profondeur a bien été inspirée par dirigeais le service régional et urbain était une spéculation d’intellectuels l’évolution de la société française sans du Plan. Ce service interrogeait les dif- parisiens, un jeu de pouvoir entre les pour autant émaner directement de la férentes régions administratives sur une ministres et les hauts fonctionnaires, société civile. Cette transformation fut meilleure utilisation des fonds publics ou bien une réponse intelligente à une le produit du travail préalable fait par et un meilleur équilibre des différentes demande sociale - prise en charge des des prophètes - comme Gravier lorsqu’il

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écrivait sur le désert français- et par Le mouvement de la décentralisation très large et ambitieuse additionnant le des cercles d’intellectuels, qui ont à mettre en place ne devait pas figer ministère de l’Équipement, la direction amplifié la réflexion et l’ont traduite en la répartition des compétences. Denis générale des Collectivités locales, l’Amé- termes concrets. Comme l’a expliqué Grandjean a rappelé que l’élaboration nagement du territoire, l’Environnement, Alain Lamassoure, des hommes politi- des livres blancs de l’environnement etc. C’est une idée séduisante, qu’il ques et des hauts fonctionnaires se sont régional, qui étaient aussi des moyens faudrait toutefois confronter à la réalité. en fait trouvés en avance sur l’état de la de construire des perspectives S’agissant de la gestion des problèmes de réflexion de la société. d’aménagement et d’évolution du cadre de quantité (la production de logements) et vie, associait réellement les collectivités de qualité (qualité architecturale et qualité Une contribution positive  territoriales. En définitive, quelle réponse de l’urbanisme), Max Querrien a indiqué globale donner à cette question sur la son scepticisme face à l’idée de confier à la décentralisation ? décentralisation ? A mon avis, il s’agissait à la même structure la responsabilité de bien de poursuivre un mouvement ces deux dossiers. Joseph Belmont nous En écoutant les divers échanges, j’ai largement entamé. La réforme du MECV a invités à revoir l’énorme production des tenté de savoir si cette réforme avait a permis de l’enrichir en mettant en place années 1960 et à développer une action apporté une contribution positive à la un certain nombre de réflexions et d’outils de formation à tous les niveaux. Il nous a décentralisation et à l’émergence de qui ont continué d’exister et de nourrir la également engagés à ne pas nous montrer politiques propres des territoires. Avait- politique d’aménagement du territoire et trop ambitieux et à nous limiter à l’ensem- elle permis de faire évoluer le rapport du cadre de vie en France. Toutefois, la ble des problèmes du cadre de vie. Alain entre la technocratie et les élus locaux, véritable rupture dans l’évolution de la Lamassoure a souligné l’importance de de faire évoluer la planification au niveau décentralisation n’a véritablement trouvé stabiliser les structures ministérielles, local ? Certes, l’État central continuait de à s’exprimer qu’avec les grandes réformes gouvernementales et administratives et jouer un rôle prépondérant. Néanmoins, de 1981 et 1982. d’envisager un nouveau ministère à com- plusieurs processus d’ouverture se sont pétence large. Reste à définir la largeur tout de même manifestés. Pierre Mayet de cette compétence. a évoqué les comités locaux d’urbanisme Des enseignements à retirer À l’issue de toute cette réflexion, j’ai l’im- comme capables d’intéresser 100 000 pression qu’il faut traiter ces problèmes élus. La démarche préparait bien la sur l’organisation actuelle en s’intéressant au moins autant à ce qui décentralisation à venir. Jean-Claude se fait sur le terrain qu’à ce qui se passe Colli nous a parlé d’expériences locales des pouvoirs publics ? au sommet. La bonne réforme - si on doit financées par le FIQV et de l’introduction aller vers cette réforme-fusion - sera celle d’un certain nombre de procédures Face à des problèmes de société nouveaux qui mettra en harmonie les évolutions, d’auditions publiques. Des interventions, et difficiles, transversaux par nature, il les ambitions et les progrès réalisés dans telles que celles de Jean-François Coste, convient de se demander s’il faut tenter de les structures du gouvernement et des ont souligné le rôle des associations et les résoudre par la mise en place de struc- administrations centrales d’une part et, le développement de leur importance au tures politiques et administratives transver- d’autre part, tout ce qui se fera sur le niveau local et central. Christian Bouvier a sales nouvelles comme l’était le MECV. Et, terrain en tenant compte évidemment de signalé les nombreuses visites sur le terrain si oui, faut-il recommander des structures l’énorme évolution des compétences des faites par Michel d’Ornano, qui lui ont fortes ou des structures faibles ? Nous ne collectivités territoriales. permis de rencontrer de nombreux élus et sommes plus aujourd’hui dans une période  de nouer un dialogue riche, serré avec les favorable aux technocrates éclairés. Nous associations. J’ai noté en sens inverse que sommes arrivés à la fin de colbertisme. Il sont vite apparus des problèmes difficiles faut dialoguer avec la société civile et avec qui n’ont pu être traités au niveau local les territoires. Pierre Richard a proposé et qui sont remontés au niveau central. que nous allions vers une structure n° hors–série - septembre 2007 l « pour mémoire » Grands témoins 81

Réactions des trois « grands témoins » de la journée Gilbert Simon inspecteur général de l’Équipement

être mangés tout crus par la DAFU et par et cela s’est plutôt aggravé ces dernières le rouleau compresseur Givaudan-Pierre années. Les corps se sont crispés sur Mayet, qui dénonçaient comme inutiles leurs prérogatives, contrairement à ce ces pastilles d’exception puisque les qu’on espérait à l’époque. Tout ce qui POS pouvaient très bien intégrer la prise avait fait le « peps » des ministères de en compte du patrimoine. Beaucoup la Culture et de l’Environnement a été leur prêtaient l’intime conviction qu’à gommé au fur et à mesure qu’il n’a plus terme, peut-être n’était-il pas besoin de été possible d’embaucher des contrac- conserver des sites classés, avec des tuels. Chaque direction a naturellement règles compliquées, des inspecteurs des tendance à rester la chasse gardée du sites et des ABF irresponsables. Nous corps qui s’en estime propriétaire. avions le sentiment d’aller à l’abattoir. Le problème des moyens est important Finalement, cela s’est arrangé ensuite également. Certes la période du minis- mais le transfert a réellement été mal tère de l’Environnement et du Cadre de vécu. Nous savions que nous allions vie a été globalement perçue comme un Il existe deux types d’Histoire : celle qui recevoir des moyens supplémentaires moment de redéploiement de moyens est vue par les rois de France et celle qui mais nous avions le sentiment que nous en faveur des secteurs qui n’en béné- est vécue par les paysans. À l’époque allions y perdre notre âme. ficiaient pas, notamment les services considérée, j’étais beaucoup moins J’avais déjà beaucoup d’amis au minis- extérieurs. Toutefois, à l’intérieur de son gradé que tous ceux qui sont intervenus tère de l’Environnement de l’époque, du ministère, un ministre n’est pas libre, jusqu’à présent. J’étais chargé d’une côté de la direction de la Protection de la en fait, de prendre à l’un pour donner à sous-direction de la Culture mise à la nature. Les « soutiers » de cette direc- l’autre. Il existe une formidable capacité disposition de l’Environnement, celle tion n’ont pas réellement senti un grand de résistance en matière budgétaire et en des Sites et des Espaces protégés. Cette changement car ils avaient un secrétaire matière de personnel au sein de chacune sous-direction a été transférée physi- d’État à l’Environnement, François Delmas, des directions. Nous n’avons pas eu le quement de la rue de Valois au quai de et ils n’ont pas bougé géographiquement. temps d’arriver au bout de la nouvelle Passy et a donc été mise successivement La durée de l’expérience n’a pas été logique organisationnelle. Et le système à la disposition de trois ministres. assez longue pour les amener à modifier de mise à disposition de services « en leur approche culturelle. tant que de besoin » ne marche pas et Les difficultés La moralité de tout ceci pourrait se résu- ne marchera jamais. mer en une phrase : le rapprochement de organisationnelles structures, même à la suite d’ une grande Enfin, je rejoins ce qu’a dit Alain Lamassoure. vision, nécessite du temps pour dépass- On le dit depuis des années. Il faudrait que À l’époque, ce transfert a terrifié les per- ser la simple juxtaposition. Des obstacles les structures ministérielles et les directions sonnels. Ceux qui incarnaient la qualité existent. Des rigidités de corps entravent ne dépendent pas de coups de téléphone des espaces d’exception (les sites, les le processus. Les passerelles entre les ministériels passés quelques heures avant abords, les secteurs sauvegardés) allaient corps, entre les cultures n’existent pas la formation du gouvernement.

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Il faudrait procéder comme au Canada ou La réponse  Poussés par le changement climatique, ailleurs, inscrire les structures de l’appareil nous sommes sans doute à la veille d’une d’État dans la loi, en débattre une bonne aux besoins de la société remobilisation de l’appareil administratif fois pour toutes afin de ne pas avoir à subir gouvernemental avec des missions ces chocs extrêmement contre-productifs. Nous avons beaucoup parlé de l’outil que claires. C’est très bien mais il ne faut pas Les hommes politiques ne s’en rendent représentait ce ministère à très larges croire que le résultat va tomber tout rôti. pas toujours compte, surtout lorsqu’ils compétences. Cet outil correspondait-il En début de journée, Jacques Theys et n’ont pas été fonctionnaires, mais c’est un aux aspirations et aux besoins de la Pierre Richard nous ont rappelés tout formidable gaspillage d’énergie. société ? Dominique Léger l’a rappelé : si l’éventail des combinaisons entre les les fonctionnaires ont des missions clai- ressources naturelles, le monde rural, res, ils les exécutent bien. Toutefois, pour la protection de la nature, l’urbanisme, Les convergences qu’ils aient des missions claires, il faut que les infrastructures, la lutte contre les la société elle-même ait inspiré des idées pollutions et les nuisances, la santé, etc. Le thème des convergences a dominé claires aux politiques, qui sont un peu Le champ est gigantesque et on ne sait l’ensemble des propos de tous les pères visionnaires. On voit bien qu’à l’époque, pas où faire passer la ligne de séparation. fondateurs. Peut-on confier à la même auto- dans les domaines où le ministre Michel Tout ça, c’est l’environnement, c’est la vie. rité le quantitatif et le qualitatif ? C’était la d’Ornano ou le président de la République Alors, si on ajoute encore les deux autres formule de Michel d’Ornano, qui souhaitait avaient des visions claires – littoral, monta- piliers du développement durable que « dépasser les conflits entre aménageurs gne, parcs –, ça a bien marché. En revan- sont les volets sociaux et économiques, et protecteurs ». Jean-Eudes Roullier l’a che, le secteur de l’aménagement du en fait il n’y a plus qu’un seul ministre. rappelé. Personnellement, j’ai toujours été territoire est un secteur où l’on n’est pas Bien sûr, cela ne marchera pas comme catalogué plutôt dans le camp des protec- parvenu à trouver la mission qui aurait ça. Il n’y a pas de recette miracle. teurs. Je considère que ce dépassement des été capable de mobiliser non seulement clivages entre aménageurs et protecteurs les troupes en interne mais aussi (plus Je terminerai en reprenant les propos relève d’un discours d’aménageur et d’en- tard ) ceux qui dans les collectivités ont d’Alain Lamassoure. Je me demande s’il trepreneur. Les aménageurs représentent pris le relais après la décentralisation. ne faudrait pas réfléchir, lorsque nous des domaines qui pèsent lourd parce qu’ils Depuis l’époque de la circulaire anti- concevrons cette nouvelle organisation, renvoient à des réalités économiques et mitage on ne sait pas très bien quoi dire. à se rapprocher des priorités et des financières. Ces domaines représentent Le résultat de cette situation consiste modes d’organisation de la Commission des emplois et de l’argent dans la société, en un étalement des zones d’activité, européenne. On s’aperçoit en effet, dans certainement plus que la défense des forêts des zones d’équipement et de plusieurs bien des cas, que l’inadéquation des primaires, des limaces ou des insectes. Dire catégories d’infrastructures dans le structures françaises à l’organisation qu’on met dans le même ministère, voire pays. En France, 60 000 hectares par an européenne est source de difficultés dans la même direction, à la fois les intérêts passent des zones agricoles naturelles supplémentaires. de ceux qui pèsent quelques milliards et aux zones occupées, et ce depuis trente  ceux qui défendent des impératifs moins ans alors que l’Allemagne, avec davan- matériels, c’est possible mais ce n’est tage de population et une croissance du pas facile. Il ne faut pas se voiler la face. PIB supérieure, se contente, ce qui est Lorsque j’ai ensuite dirigé une direction qui déjà beaucoup, de 20 000 hectares par comprenait la chasse, j’ai bien vu que, de an. La France est en échec sur ce plan par sa capacité à faire tomber des ministres, et on ne sait pas très bien comment en la chasse occupait l’essentiel du temps de sortir. La configuration du ministère de celui qui était responsable de la direction, l’Environnement et du Cadre de vie n’a beaucoup plus que le paysage, les parcs et fait ni mieux ni pire que ses prédéces- réserves ou les zones humides. seurs et successeurs. n° hors–série - septembre 2007 l « pour mémoire » Conclusion 83

Allocution de clôture Claude Martinand vice-président du conseil général des Ponts et Chaussées

Le Normand-Romain, directrice de l’Institut national de l’histoire de l’art, ainsi que les orga- nisateurs de cette journée. J’adresse également mes remerciements à tous les intervenants, aux trois animateurs et à tous les participants. Je voudrais au passage faire quelques obser- vations sémantiques. Tout d’abord, lorsque je vois ce nom d’Environnement et de Cadre de vie, j’ai tendance à me demander s’il s’agit d’un pléonasme ou d’un oxymore car, finalement, il s’agissait bien, selon certains, de réunir des termes en profonde contradiction. Ensuite, j’aimerais rappeler qu’au 18e siècle, pour évoquer l’Équipement on parlait des Ponts et Chaussées. Ils sont ensuite devenus les Travaux publics. Aujourd’hui nous sommes, selon moi, à la fin du ministère de l’Équipement. Le terme La tâche qui m’est confiée de clore cette d’urbanisme, de son côté, est moins utilisé. On journée est une tâche difficile car, d’une part, lui préfère celui d’aménagement. Pour évoquer je me dois d’être bref et, d’autre part, j’ai de la construction et le logement, on parle désor- gros handicaps. Tout d’abord, je ne suis pas mais d’habitat. L’Environnement est devenu une femme. Ensuite, je suis ingénieur or j’ai l’Écologie. On ne parle plus de pouvoir ou de compris que nous étions sûrs de nous, domina- décideurs, mais de gouvernance. teurs et imperméables à la poésie. J’ai toutefois quelques circonstances atténuantes puisque, A l’issue de cette journée, j’aimerais insister après avoir beaucoup pêché dans ma jeunesse sur le caractère positif du croisement des en construisant quelques autoroutes et grands cultures. Je ne suis pas d’accord avec l’idée ponts, j’ai trouvé la sagesse auprès de Jean- qu’il existerait des hommes d’objection - des Eudes Roullier au sein du groupe central des protecteurs - et des hommes d’objectifs qui villes nouvelles et auprès de Serge Antoine seraient irréconciliables. D’une manière dans le nouveau ministère de l’Environnement générale, c’est l’ensemble du développement et du Cadre de vie. J’ai beaucoup écouté mes durable qui mérite une réflexion pour savoir maîtres. comment on peut prendre en compte ce Aujourd’hui, au nom du ministère de la Culture, concept qui concerne la quasi-totalité d’un du ministère de l’Écologie et du Développement gouvernement. L’idée consistant à réunir les durables et du ministère de l’Équipement, je questions de développement durable dans un voudrais remercier notre hôte, Antoinette seul ministère est-elle une bonne idée ?

« pour mémoire » l n° hors–série - septembre 2007 84

Il faut procéder à des regroupements dans des Malheureusement, quarante ans plus tard, le ensembles viables et cohérents. En ce sens, l’ex- résultat n’est pas très satisfaisant en termes périence du ministère de Michel d’Ornano a été d’intégration entre habitat, urbanisme et très intéressante. On peut imaginer un ministre transports. d’État qui préside le comité interministériel Pour conclure, j’appelle à une refondation à la de Développement durable, qui soit chargé fois des services déconcentrés et des adminis- d’élaborer la stratégie nationale du dévelop- trations centrales, qui corresponde à un projet pement durable, qui ait les outils d’évaluation, politique clair et explicite afin de s’inscrire dans de prospective et de stratégie correspondants, la durée. et un certain nombre de ministères pleins. Je  n’inclurais dans cet ensemble ni l’agriculture ni l’industrie. On ne mélange pas l’eau et le feu. En revanche, je suis favorable à l’idée de rassembler l’aménagement et toute la logique territoriale (environnement, habitat, ville, aménagement du territoire). S’agissant de la DGCL, j’ai bien peur que jamais l’administration préfectorale et le ministère de l’Intérieur n’ac- ceptent de la lâcher. Par ailleurs, j’ai tendance à m’inspirer de l’organisation européenne pour associer transports et énergie. Les questions liées à l’effet de serre prouvent les liens qui existent entre les réseaux territoriaux, les problèmes énergétiques et les transports. Avec une telle configuration, on obtient deux ensembles de forces et de poids égaux, ce qui permet de vrais arbitrages. Je crois beaucoup à l’intérêt de travailler aux différents niveaux territoriaux. En ce moment, les DDE s’appellent toujours DDE. Je propose, compte tenu de leurs missions, de les renom- mer DDEA (Environnement et Aménagement). Cela me paraît plus clair. Peut-être faut-il partir de ces structures intelligentes au niveau dépar- temental et leur donner une grande pérennité ? Compte tenu des contraintes budgétaires, nous serons sans doute amenés à créer cette direc- tion départementale de l’Environnement et de l’Aménagement, comprenant DDE et DDA, auxquelles s’ajouteront peut-être d’autres éléments, soit dans les préfectures, soit dans des antennes des DRIRE. Au niveau régional, c’est plus compliqué. Les pôles aménagement- transports-habitat sont des lieux d’intégration des trois politiques voulus par Edgard Pisani. n° hors–série - septembre 2007 l « pour mémoire » 85 Les annexes

annexe 1 : 87  rappel du programme de la journée d’études annexe 2 : 88  de la DAFU à la DAU, annexe à l’intervention de Jean-Eudes Roullier annexe 3 : 89  présentation de la campagne de recueil de témoignages oraux annexe 4 : 90  liste alphabétique des participants annexe 5 : 91  les textes fondateurs annexe 6 : 94  organigramme de l’administration centrale du MECV, avril 1978 annexe 7 : 95  fiches biographiques des intervenants annexe 8 : 104  éléments de chronologie annexe 9 : 107  bibliographie annexe 10 : 112  archives du cabinet de Michel d’Ornano

« pour mémoire » l n° hors–série - septembre 2007 n° hors–série - septembre 2007 l « pour mémoire » Annexe I : rappel du programme 87

Michel Boyon et Georges Mercadal n’ont pas pu participer à la journée d’études Alain Lamassoure est intervenu à l’issue de la troisième table ronde.

« pour mémoire » l n° hors–série - septembre 2007 Annexe II : 88 de la DAFU à la DAU, annexe à l’intervention de Jean-Eudes Roullier

Comparaison des organigrammes dafu (1978) et dup (1979) •Un élément stable : le service technique de l’Urbanisme (STU) : service d’études, de conseil et d’assistance technique des collectivités et services locaux (environ 200 personnes) dirigé par Jacques ROUSSET. •Pour le reste (environ 300 agents) : DAFU 1978 DUP 1979 •Service de l’Urbanisme (Antoine GIVAUDAN) •Service de l’Espace et des Sites - sous-direction de la Réglementation et (Lucien CHABASON) des Études - mission du paysage - sous-direction des Affaires territoriales - sous-direction de la planification (dont -sous-direction des Affaires administratives bureaux planification territoriale, littoral, montagne, bassins fluviaux) (Guy Faure) •Service des Opérations d’aménagement - sous-direction des Sites et Espaces pro- (Claude ROBERT) tégés (Gilbert Simon) - sous-direction de la Politique foncière - sous-direction des Quartiers nouveaux •Service de l’Aménagement urbain - bureau des Centres et Quartiers existants (Bernard Guirauden) - service du Contentieux de l’Urbanisme - sous-direction des Opérations d’urba- - sous-direction des Moyens généraux de nisme (Bernard Mathieu) l’urbanisme - sous-direction des Affaires foncières et écologiques (Pierre Calame) - mission du Contentieux (Maurice Renaud) - sous-direction des Affaires juridiques et de l’Usager (Olivier Paul Dubois Taine)

Les spécificités de la direction de l’Urbanisme et des Paysages •Un acquis : les compétences et le personnel de la DAFU •Un objectif : « l’alliance » des protecteurs et des aménageurs pour la protection des espaces naturels et la prise en compte de l’environnement dans l’urbanisme. •Des apports : - la mission de l’Environnement rural et urbain du ministère de l’Environnement - la sous-direction des Sites et Espaces protégés du ministère de la Culture - la présidence de la Commission supérieure des Sites - la co-présidence, avec le ministère de la Culture, de la Commission supérieure des Monu- ments historiques (présidence Culture pour la section « immeubles » DUP pour la section « abords ») •Un enjeu : revoir la structure et le mode de fonctionnement de la direction pour atteindre l’ob- jectif prescrit.  une réflexion collective de six mois pour restructurer la direction, définir un organigramme adapté à l’objectif et assurer au mieux les relations avec les services locaux (DDE, DRAE, SDA).

n° hors–série - septembre 2007 l « pour mémoire » Annexe III : présentation de la campagne de recueil de témoignages oraux 89

our préparer la journée d’études sur •l'implication des usagers, l’expérience du ministère de l’Environ- •la fin de l'expérience et la place du MECV, Pnement et du Cadre de vie une campa- dans l’histoire de la décision publique. gne de recueil de témoignages oraux a été menée à l’initiative de secrétariat du comité Ces entretiens ont été retranscrits. Ils d’histoire sous la responsabilité de Brigitte pourront être mis à la disposition des cher- Druenne-Prissette. cheurs au secrétariat du comité d’histoire dès que les personnalités interviewées Cette campagne répondait à la volonté du auront donner leur accord. comité d’histoire de constituer un fonds d’archives orales à destination des cher- Ces témoignages croisés, dont certains cheurs d’aujourd’hui et surtout de demain, éléments ont été repris dans les tables qui devront y trouver les compléments uti- rondes de la journée d’études, ont per- les aux informations fournies par les sour- mis de restituer cette expérience dans la ces écrites. période historique qui était la sienne : fin La campagne a été conduite par Thibault Tel- des Trente Glorieuses, volonté de donner lier, maître de conférences à l’université de aux élus locaux des pouvoirs élargis en Lille 3 en histoire contemporaine. matière d’aménagement, place des citoyens et de leurs associations dans les décisions Neuf personnalités ont été interviewées. Les publiques. Ils ont unanimement salué la entretiens ont duré en moyenne deux heures. qualité du ministre, Michel d’Ornano. Il Alain Lamassoure, conseiller du prési- ont apporté la dimension humaine, parfois dent Giscard d’Estaing, Dominique Léger, utilement anecdotique, que seul le témoi- directeur adjont puis directeur du cabinet gnage oral peut transmettre. de Michel d’Ornano, Christian Bouvier,  conseiller technique au cabinet de Michel d’Ornano, Jean-Claude Colli, délégué à la Qualité de la vie, Pierre Mayet, directeur du Personnel, Jean-Eudes Roullier, directeur de l’Urbanisme et des Paysages, Thierry Cham- bolle, directeur de la Prévention des pollu- tions, Lucien Chabason, chef du service de l’Espace et des Sites, et Jean-François Coste, DDE du Morbihan, ont accepté de témoigner autour de cinq thèmes principaux : •la genèse de la création du ministère, •les moments-phare de cette expérimenta- tion ministérielle, •les relations tissées avec l’Élysée et Matignon comme avec les autres ministères,

« pour mémoire » l n° hors–série - septembre 2007 Annexe IV : 90 liste des participants

• AMBOISE-RENDU, Marc, • FOURCAUT, Annie • NIZARALY, Zaïnil • AFFOLDER, Michel, • FRANC, Gérard • NOLHIER, Marc • ALLAN-MICHAUD, Dominique • FREBAULT, Jean • OURLIAC, Jean-Paul • AMORY, Jacques, ; • FUNFSCHILLING, Michel • PACK, Dominique • AUBERTEL, Patrice; • GANDIL, Patrick • PAPIN, Geneviève • AUTHEMAN, Michel, • GARABIOL, Robert, • PATTIIEU, Sylvain • AVIGNON, Claire, ; • GARNIER, Christian • PATTYN, Christian • BACKOUCHE, Isabelle, • GENTIL, Geneviève • PERIER, Lilian • BADRÉ, Michel, • GIACOBINO, Michel • PERNELLE, Jacques • BALLATORE, Catherine, • GLASSON, Denis • PIERROUX, Dominique • BARBAROUX, Laurent, • GRANDJEAN, Denis • POLINO, Marie-Noëlle • BARRAQUE, Bernard • GREMION, Catherine • PORCHET, Françoise • BELMONT, Joseph • GRIGNON-LOGEROT, Cécile • POUSSIN, Agnès • BENGUIGUI, Francine • GROLEAU, Philippe • PRATS, Michèle • BERGEAL, Catherine • GUERIN, André-Jean • PRESCHEZ, Philippe • BERGEYRE, Michel • GUERIN, Dalya • PUJAS , Philippe • BERQUE, Augustin • HARASSE, Claudine • QUERRIEN, Max • BIAU , Véronique • HAYON, William • QUERRIEN, Anne • BIDOU, Dominique • HERMAN, Jean • RABIOUX, Marie-Christine • BILLON, Alain • HERVIER, Dominique • REAU, Bertrand • BLAIN, Catherine • HUSSENOT, Vincent • RENARD, Vincent • BLAISE, Louis • HUYNH , Phuong-Mai • REVOL, Olivier • BLANCHARD, Patrice • JACQUES, Marc • RICHARD, Pierre • BLANPAIN, Charles • JAFFEUX, Henri • ROCHE, Michèle • BORELL, Alexandre, • JANIS-MAZARGUIL, Claire • ROSTAIN, Monique • BOUAL, Jean-Claude, • JAQUARD, Philippe • ROULLIER, Jean-Eudes • BOUR, Jean-Jacques, • JENGER, Jean • ROUSSELOT, Michel • BOURGUET, Jack • JUFFE, Michel • ROUX, Hubert • BOUVIER, Christian • KATZ, Arlette • SAINT-MARC, Jacques • BRERAT, Pascal • LACAZE, Jean-Paul • SAINTENY, Guillaume ; • BRENU, Alcyone • LACHAUD, Pierre-Marc • SALMONA, Gérard • BRODOVITCH, Michel • LACHENAUD, Jean-Philippe • SALOMON, Max • BURDEAU, Michel • LAMASSOURE, Alain • SANTEL, Gilbert • CALO, Ève • LAPORTE, Anne ; • SAPPIN, Françoise • CASSEGRAIN, Laurence • LAVOUX, Thierry • SCHNEIDER, Dominique • CHABASON, Lucien • LE MOIGN, Hervé • SEGARD, Michel • CHAMBOLLE, Thierry, • LECOY, Philippe • SEGRETAIN-MAUREL, Mireille • CHANTEREAU, Pierre • LEGER, Dominique • SERVAT, Jean • CHAPON, Jean • LEMOINE, Bertrand • SIMON, Gilbert • CHARVOLIN, Florian • LEMOINE, Jean-Didier • SOUGAREVA, Nédialka • CHASSEL, Francis • LENGEREAU, Éric • SOULIÉ, Marie-Christine • CHAUFFERT-YVART • LEVAVASSEUR, Pierre • TELLIER, Thibault • CHECCAGLINI, Paul, • LEVY, Bertrand • THEOTISTE, Michèle • CHESNEAU, Isabelle • LOUBIERE, Antoine • THEYS, Jacques • CLOUET, Maud • MAGNANT, Pierre • TRAPENARD, Alain • COLLI, Jean-Claude, • MAGNANT, Anne • TREHEN, François • CONTENAY, Florence • MAJ, Charles • TRIBEL, Jean • COSTE, Jean-François • MALER, Philippe • TUGAYE, Yves • COURTIAU, Jean-Pierre, • MANIAQUE, Caroline • VADELORGE, Loïc • De FLEURIEU, Agnès • MARCHANDISE, Patrick • VALLEMONT , Serge • De VANNOISE, Jacques • MARCHEIX, Annie • VARIN, Katherine • DEBIESSE, Georges • MARILLAUD, Jacques • VAUDAY, Paul • DENIEUR, Michel • MARTINAND, Claude • VAULONT, Isabelle • DESCAMPS, Florence • MASSART-EHRLICH, Rose-Marie • VERDILLON, Michel • DIEBOLT, Wanda • MASSO, Marie-Elvire • VERNIER, Martine • DREYFUS, Monique • MAUGARD, Alain • VESCOVI, Chantal • DRUENNE-PRISSETTE, Brigitte • MAYET, Pierre • VINCENT, Jean-Marie • DUPORT, Jean-Pierre • MEEHAN, Patricia • VIOLEAU, Jean-Louis • DUPUIT, Jean-Sébastien, • MENOU, Jean-Claude • VOELCKEL, Françoise • FAUCHEUX, Edith • MIHIER, Marie • WINDFOHR, Claire • FOSSEYEUX, Jean • MILLET, Armelle • FOUQUERAY, David • MORIN, Monique n° hors–série - septembre 2007 l « pour mémoire » Annexe V : les textes fondateurs 91

« pour mémoire » l n° hors–série - septembre 2007 92

n° hors–série - septembre 2007 l « pour mémoire » 93

« pour mémoire » l n° hors–série - septembre 2007 Annexe VI : 94 organigramme - 1978

Organigramme de l’administration centrale du ministère de l’Environnement et du Cadre de vie - septembre 1978

n° hors–série - septembre 2007 l « pour mémoire » Annexe VII : fiches biographiques des intervenants 95

Barraqué Bernard Belmont Joseph Billon Alain

Fonctions occupées de 1978 à 1981 Fonctions occupées de 1978 à 1981 Fonctions occupées de 1978 à 1981 ingénieur de recherches à Organisation & Envi- directeur de l’Architecture au ministère de l’Envi- chargé d’études principal au centre de documenta- ronnement ronnement et du Cadre de vie tion sur l’Urbanisme, puis à la revue « Diagonal » au ministère de l’Environnement et du Cadre de vie Fonctions actuelles Fonctions actuelles directeur de recherches au CNRS architecte Fonctions actuelles • inspecteur général de l’Équipement Les grandes étapes du CV Les grandes étapes du CV • secrétaire délégué du Comité d’histoire du minis- • depuis 1988 : chercheur CNRS au Laboratoire • 1992-1994 : professeur à l’École nationale du tère de l’Écologie, du Développement et de l’Amé- Techniques Territoires et Sociétés (ENPC - UMLV – patrimoine nagement durables UPVM, UMR 8134) ; directeur de recherches CNRS • 1988-1994 : président de la mission pour la Qualité  depuis 1996 des construction publiques Les grandes étapes du CV • 1981-1988 : directeur de recherches à l’Associa- • 1988-1993 : président de section au conseil géné- • 2002-2005 : inspecteur général de l’Équipement ; tion de recherches sur les techniques et l’expéri- ral des Ponts et Chaussées chargé de mission à la 2ème section du conseil mentation ; Doctorat de 3ème cycle en Économie • 1982-1994 : inspecteur général de la Construction général des Ponts et Chaussées et Aménagement de l’Espace (Paris IX, 1983) • 1982-1992 : conservateur du Domaine national • 1997-2002 : conseiller technique au cabinet du • 1978-1980 : ingénieur de recherche à Organisation de Saint-Cloud ministre de l’Intérieur et Environnement • 1982-1986 : président de l’Établissement public • 1992-1997 : inspecteur général de l’Équipement ; • 1974-1977 : chargé d’études d’environnement d’aménagement de La Défense Chargé de mission à la 2ème section du conseil au bureau d’études et de réalisations urbaines • 1978-1982 : directeur de l’architecture au minis- général du Ponts et Chaussées (BERU) tère de l’Environnement et du Cadre de vie • 1991-1992 : conseiller technique au cabinet du • 1971-1973 : ingénieur civil des Mines (Nancy), • 1972-1978 : architecte conseil au ministère de secrétaire d’État aux Affaires sociales et à l’In- option mathématiques appliquées ; Master of City l’Équipement tégration Planning, Harvard University (USA) • 1989-1991 : conseiller technique à la Délégation Bibliographie de l’intervenant en rapport avec la interministérielle à la Ville Bibliographie de l’intervenant en rapport avec la journée d’études • 1986-1992 : conseiller régional d’Ile-de-France Journée d’études Christine Desmoulins, Renaud Donnedieu De • 1981-1988 : député de Paris • Avec Jacques Theys, Les politiques d’environne- Vabres (préf.), Joseph Belmont : parcours atypi- • 1967- 1981: chargé d’études, puis chargé d’études ment, évaluation de la première génération, 1971- que d’un architecte, Éd. PC, décembre 2006 principales au ministère de l’Équipement : Setra, 1995, Éditions Recherches, 1998 STCAU, CDU, Diagonal • « Le ministère et les agences de l’eau », in P. ­Lascoumes (éd), Instituer l’Environnement, 25 ans Bibliographie de l’intervenant en rapport avec la d’administration de l’environnement, L’Harmattan, Journée d’études coll. Logiques politiques, 1999 • avec Yves DAUGE et Michèle ROCHE, Quartiers • « Les rapports entre environnement et urba- anciens - politiques nouvelles, Architecture et nisme », in Les Rendez-vous de l’Arche pour construction, 1980.- 2 vol. (MTETM : CDU 13409) l’écologie urbaine (Quatre rendez-vous pour • étude historique sur les valeurs propres au minis- débattre d’écologie urbaine), METT / Éditions du tère de l’Équipement, Rapport CGPC n° 2004- STU, 1993 0105601, novembre 2004 (MTETM : CDU 58762)

Bibliographie ou site complémentaire Page sur le site du LATTS : http://latts.cnrs.fr

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Bouvier Christian Boyon Michel Chabason Lucien

Fonctions occupées de 1978 à 1981 Fonctions occupées de 1978 à 1981 Fonctions occupées de 1978 à 1981 conseiller technique au cabinet de Michel conseiller technique au cabinet de Michel chef du service de l’Espace et des Sites à la direc- d’Ornano, ministre de l’Environnement et du d’Ornano, ministre de l’Environnement et du tion de l’Urbanisme et des Paysages (questions Cadre de vie Cadre de vie de planification spatiale, de sites et paysages) au ministère de l’Environnement et du Cadre de vie Fonctions actuelles Fonctions actuelles puis directeur du service de la recherche au minis- ingénieur général des Ponts et Chaussées honoraire • membre du Conseil d’État tère de l’Environnement • président du Conseil supérieur de l’audiovisuel Les grandes étapes du CV (depuis 2007) Fonctions actuelles • 1993-2004 : directeur général de l’Établisse- • président du Plan Bleu pour la Méditerranée ment public pour l’aménagement de La Défense Les grandes étapes du CV • conseiller à la direction de l’Institut de dévelop- (EPAD) • 2005-2006 : président de Réseau ferré de France pement durable et des relations internationales • 1987-1993 : PDG de l’entreprise BORIE-SAE • 2003-2005 : directeur de cabinet de Jean-Pierre (IDDRI) • 1981-1987 : PDG de l’entreprise SGE- RAFFARIN, premier ministre Construction • 1993-1998 : administrateur de France 2 (1993-96) Les grandes étapes du CV • 1978-1981 : conseiller technique au cabinet de de l’Agence France Presse (1994-98) ; • 2004-2007 : chargé d’enseignement sur les poli- Michel d’Ornano, ministre de l’Environnement et président de la Commission d’aide à la presse tiques de l’environnement à l’Institut d’études du Cadre de vie (1993-96) ; politiques de Paris, • 1970-1978 : directeur du projet Tête-Défense à PDG de Radio France (1995-98) • président de la Commission des comptes et de l’EPAD • 1986-1988 : directeur du cabinet de François l’économie de l’environnement, • 1967-1970 : ingénieur ordinaire à la DDE de l’Es- Léotard, ministre de la Culture et de la • Membre du Conseil scientifique du Fonds français sonne Communication pour l’environnement mondial, du Conseil scienti- • 1963-1966 : chargé de mission auprès de Paul • 1985-1991 : président de Juridial (1985-89), de fique de la Fondation Prince Albert II de Monaco, Delouvrier, délégué général au district de la Région l’Européenne de données (1989-91) du Conseil d’administration du Parc national de de Paris • 1981-1986 : commissaire du gouvernement près Port Cros, l’assemblée du contentieux et les autres forma- • président du Comité de gestion de la réserve tions de jugement du conseil d’État ; rapporteur de biosphère du Mont Ventoux, et depuis 2006, adjoint près le Conseil constitutionnel (1983-86) ; « garant de la concertation » pour l’opération commissaire du gouvernement près la Cour supé- d’intérêt national Massy – Saclay – Versailles – St- rieure d’arbitrage (1983-86) Quentin-en-Yvelines • 1978-1981 : conseiller technique au cabinet de • 1993-2006 : expert de l’OCDE pour l’évaluation Michel d’Ornano, ministre de l’Environnement et des performances environnementales de dix pays du Cadre de vie membres de l’OCDE • 1976-1977 : conseiller technique au cabinet de • 1994-2003 : coordinateur du Plan d’action pour la Michel d’Ornano, ministre de l’Industrie et de Méditerranée des Nations Unies basé à Athènes la Recherche, puis ministre de la Culture et de la • 1988-1990 : directeur du cabinet du ministre de Communication l’Environnement ; puis prépare le Plan national pour l’Environnement de la France • 1976-1978 : conseiller du Premier ministre pour les questions d’environnement

n° hors–série - septembre 2007 l « pour mémoire » 97

Chambolle Thierry Chantereau Pierre Colli Jean-Claude

Fonctions occupées de 1978 à 1981 Fonctions occupées de 1978 à 1981 Fonctions occupées de 1978 à 1981 directeur de la Prévention des Pollutions adjoint au directeur départemental de la Somme délégué à la Qualité de la vie puis chargé de mission pour la gestion du corps Fonctions actuelles des ingénieurs des Ponts et Chaussées Fonctions actuelles • ingénieur général des Ponts et Chaussées hono- administrateur de société, éditorialiste raire Fonctions actuelles • président de l’Association Agir abcd (seniors • secrétaire général du conseil général des ponts et Les grandes étapes du CV experts bénévoles dans les PED et en France) chaussées (depuis 2003) • 1986-1996 : sous-gouverneur (1986-94), puis gou- • président de la Commission « environnement » de • secrétaire du Comité d’histoire du ministère de verneur (1994-96) du Crédit foncier de France l’Académie des technologies l’Écologie, du Développement et de l’Aménage- • 1978 : chargé de la synthèse des travaux prépa- • président de la Commission « entreprise et déve- ment durables ratoires à « La liberté a des idées » : manifeste loppement » du Haut conseil de la coopération pour les libéraux, avec Raymond ARON et Jean- internationale (HCCI) Les grandes étapes du CV François REVEL • président du Conseil scientifique du BRGM • 2001-2003 : président du conseil d’administration • 1975-1981 : délégué auprès de Michel d’ORNANO • membre des CA de la RATP et du Palais de la du Groupe SANEF (Société des autoroutes du Nord aux Énergies nouvelles puis à la Qualité de la Vie découverte et de l’Est de la France) • 1973-1975 : publication de l’ouvrage « La France • président du GT « scénarios de l’énergie • 1997-2000 : directeur du Personnel et des Services et sa réforme », devenu la base du projet réfor- 2030/2050 » du Comité d’analyse stratégique au ministère de l’Équipement, des Transports et du mateur aux législatives de 1973. Action politique (CAS, ex Plan) Logement correspondante. • président du Comité consultatif du Fonds d’inves- • 1996-1997 : directeur général de l’Institut national • 1965-1970 : adjoint au secrétaire général de l’Éner- tissement DEMETER de recherche sur les transports et leur sécurité gie (ministère de l’Industrie) (INRETS) • 1960-1965 : inspection générale des Finances, puis Les grandes étapes du CV • 1995-1996 : conseiller spécial auprès de Bernard direction de la Comptabilité publique • depuis 1989 : directeur général délégué à PONS, ministre de l’Aménagement du territoire, Lyonnaise des eaux de l’Équipement et des Transports, puis ministre Bibliographie de l’intervenant en rapport avec la • 2001 à 2003 : directeur délégué à l’innovation de de l’Équipement, du Logement, des Transports et Journée d’études Suez et membre du Comité exécutif du Tourisme Pour vivre en France, CIDEV, 1981 • 1978-1988 : directeur de la Prévention des • 1994-1995 : responsable de l’équipe-projet du Les énergies nouvelles, Fayard, 1978 Pollutions, puis directeur de l’Eau, de la Prévention débat « Ensemble, traçons notre avenir » des pollutions et des risques ; délégué aux risques • 1987-1994 : directeur départemental de l’Équipe- majeurs (1986-88) ment de Loire-Atlantique • 1977-1978 : conseiller technique de Michel d’Ornano, • 1985-1987 : chef de projet de la modernisation ministre de la Culture et de l’Environnement du ministère de l’Équipement à la direction du • 1976-1977 : chef du service économique et finan- Personnel cier de la direction des Ports maritimes et Voies • 1980-1984 : chargé de mission pour la gestion du navigables corps des ingénieurs des Ponts et Chaussées ; • 1975-1976 : chargé de mission à la DATAR sous-directeur de la Gestion des personnels d’en- cadrement (1984) Bibliographie de l’intervenant en rapport avec la • 1977-1980 : adjoint au directeur départemental journée d’études de la Somme • plan d’action pour favoriser l’investissement et • 1972-1977 : chef du service des grands travaux à la création d’entreprises dans le domaine des la direction départementale de l’Équipement du éco-technologies, ministère de l’Écologie et Loiret du Développement durable, 2006.- rapport au Premier ministre • nouvelles technologies de l’énergie, ministère délégué à la recherche et aux nouvelles technolo- gies, 2004.- rapport au Gouvernement

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Contenay Florence Coste Jean-François Grandjean Denis

Fonctions occupées de 1978 à 1981 Fonctions occupées de 1978 à 1981 Fonctions occupées de 1978 à 1981 • sous-directrice de la Promotion de l’architecture • directeur départemental de l’Équipement du délégué régional à l’Architecture et à l’Environne- (mai 1978 – octobre 1979) Morbihan ment de Bourgogne • chargée de mission au groupe de prospective, • ingénieur en chef des ponts et chaussées à la piloté par F. de LAVERGNE sous la direction de direction départementale des Haut-de-Seine (res- Fonctions actuelles S. ANTOINE ponsable « Infrastructures ») directeur de l’École nationale supérieure d’Archi- tecture de Nancy Fonctions actuelles Fonctions actuelles • inspectrice générale honoraire de l’Équipement. ingénieur conseil, membre d’AKROPOLIS (depuis Les grandes étapes du CV • membre du Comité d’histoire du ministère de la 2004) • 1989-1993 : directeur du parc national du Culture et de la Communication Mercantour Les grandes étapes du CV • 1984-1989 : directeur du Parc national des Ecrins Les grandes étapes du CV (par ordre chronologique • 2002-2005 : mission auprès du directeur des • 1981-1984 : sous-directeur à la direction de l’Ar- inverse) routes en tant que président du groupe d’experts chitecture • inspectrice générale de l’Équipement à la 5ème internationaux de la « Mission d’expertise du via- • 1979-1981 : DRAE Bourgogne section du CGPC duc de Millau auprès du concédant » • 1976-1979 : conservateur régional des Bâtiments • présidente de l’Institut français d’architecture et • 1997- 2002 : secrétaire général de l’Association de France de Franche-Comté chef de la mission de préfiguration de la Cité de mondiale de la route (AIPCR) / World Road • 1970-1976 : chargé de mission au fonds d’inter- l’architecture et du patrimoine Association (PIARC) vention culturel • chargée de mission auprès de P. CHANTEREAU • 1987-1997 : directeur du Laboratoire central des pour le grand débat « Ensemble, traçons notre Ponts et Chaussées (LCPC) Bibliographie de l’intervenant en rapport avec la avenir » • 1983-1987 : directeur départemental de l’Équipe- Journée d’études • conseillère technique au cabinet de Michel ment des Bouches-du-Rhône • Gestion des sites sensibles,3e Rencontres de DELEBARRE et de Louis BESSON • 1978-1983 : directeur départemental de l’Équipe- l’Agence régionale pour l’environnement PACA, • directrice de l’Institut français d’Architecture ment du Morbihan septembre 1991 • chargée de mission au groupe de prospective du • 1977-1978 : chef du service Infrastructures de la • L’aménagement touristique du territoire et la pro- MECV DDE des Hauts-de-Seine tection des sites sensibles, Rapport avec G. Feyte, • sous-directrice de la promotion de l’architecture • 1974-1977 : chargé de mission auprès du secrétaire Conseil national du Tourisme, 1991 • chef de la division de la création architecturale au général du Groupe central des Villes nouvelles • « Montrer la nature sans la dénaturer », in Sud ministère de la Culture • 1973-1974 : ingénieur en chef des études d’infras- pour l’écologie, février 1990 • chargée de mission au commissariat général du tructures de la société de l’Aérotrain • « Le DRAE de Bourgogne : accroître la légitimité des Plan • 1970-1973 : chef de la division transports - écono- services protecteurs », in Combat nature, mai 1981 • chef du bureau de l’enseignement de l’architecture mie du CETE d’Aix-en-Provence et des beaux-arts • 1964-1970 : chargé de l’arrondissement des ponts Bibliographie ou site complémentaire de Paris • « Le parc national du Mercantour douze ans après Bibliographie de l’intervenant en rapport avec la • 1962-1964 : chargé d’études au Service central sa création », in Espaces pour demain, 1991 Journée d’études d’études techniques des routes et autoroutes • « Parc national du Mercantour, l’adolescence », in • « Les ponts et chaussées et le croisement des (SETRA), spécialité géotechniques, fondations, Bulletin du CAF, 2e trim. 1991 cultures, un aperçu historique », in Cultures ouvrages d’art • « Parc des Ecrins, conservatoire ou structure tou- Croisées, CGPC, décembre 2004 ristique », in Aménagement et montagne, octobre- • Les missions des services départementaux de l’ar- Bibliographie de l’intervenant en rapport avec la novembre 1986 chitecture, rapport d’orientation pour le minis- Journée d’études tère de la Culture et de la Communication, juillet • évaluation des impacts globaux des infrastruc- 2000 tures routières : une application de l’analyse du • « Les CAUE et les constructions neuves en milieu cycle de vie, journées AIPCR, décembre 2002 rural », in Revue des Monuments historiques, • « développement durable et analyse du cycle de « Villages en question », décembre 1979 vie », collaboration, avec Pierre FOUQUET (dir.) et Christian Coste, à l’ouvrage : Évacuation des eaux pluviales urbaines, ENPC, 1978.

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Lamassoure Alain Léger Dominique Lemoine Bertrand

Fonctions occupées de 1978 à 1981 Fonctions occupées de 1978 à 1981 Fonctions occupées de 1978 à 1981 conseiller technique au secrétariat général de la directeur du cabinet du ministre de l’Environne- • chargé de mission à l’Institut français d’Architec- Présidence de la République ment et du Cadre de vie ture • chargé d’études au centre d’études et de recher- Fonctions actuelles Fonctions actuelles ches architecturales / École nationale supérieure • Député européen • Avocat des Beaux-Arts • vice-président de la communauté d’agglomération • vice-président de la Fondation du patrimoine Bayonne – Anglet – Biarritz (depuis 2001) Fonctions actuelles • vice-président du mouvement européen de France Les grandes étapes du CV • directeur de l’École d’architecture de Paris – La (depuis 1999) • 1994-2004 : directeur général, puis Administrateur Villette (depuis 2007) • président du conseil des élus du Pays basque directeur général du CCF • directeur de recherche au CNRS (Centre André • conseiller maître à la Cour des comptes (depuis • 1984-1994 : secrétaire général, puis directeur Chastel) (depuis 2003) 1998) général adjoint de CEGELEC • conseiller municipal d’Anglet (depuis 2000) • 1981-1984 : Maître des requêtes au Conseil d’État ; Les grandes étapes du CV Commissaire du gouvernement au contentieux fiscal • 2002-2003 : Managing Director au sein de la Les grandes étapes du CV • 1978-1981 : directeur de cabinet de Michel Building and Construction Support • 2002-2003 : Député européen ; représentant du d’ORNANO, ministre de l’Environnement et du • 1999-2002 : directeur développement construc- Parlement européen à la Convention européenne Cadre de vie tion au Groupe USINOR • 1993-1997 : Ministre délégué aux Affaires euro- • 1977-1978 : directeur de cabinet de Michel • 1997-1999 : directeur de recherche au laboratoire péennes (1993-95) ; Ministre délégué au Budget et d’ORNANO, ministre de la Culture et de l’Envi- CRHAAM (Centre de recherche sur l’histoire de Porte-parole du Gouvernement (1995-97) ronnement l’art et de l’architecture modernes) • 1989-1993 : Député européen (1989-93, 1999) ; • 1976-1977 : directeur de cabinet de Christiane • 1995-1997 : Rédacteur en chef de la revue Le président de la Commision du contrôle budgétaire SCRIVENER , secrétaire d’État à la consommation Moniteur Architecture – AMC au Parlement européen (1992-93) • 1974-1976 : chargé de mission au cabinet de Jean- • 1980-1997 : chargé de recherche, puis directeur • 1986-1993 : Député à l’Assemblée nationale Pierre FOURCADE, ministre de l’Économie et des de recherche ( partir de 1986) au CNRS • 1985-1986 : membre du Conseil économique et Finances • 1980-1991 : chargé de mission à l’Institut français social • 1973-1974 : conseiller technique au cabinet de d’Architecture • 19 84- 19 89 : délégué général des clubs Michel JOBERT, ministre des Affaires étrangères • 1979-1980 : chargé d’études au CERA-ENSBA « Perspectives et réalités » ; Porte-parole (1988) • 1968-2000 : Auditeur, puis Maître des requêtes au (Centre d’études et de recherches architec­ puis vice-président (1999-2002) de l’UDF ; mem- Conseil d’ÉtatCette fiche a été renseignée avec la turales / École nationale supérieure des Beaux- bre de l’UMP (depuis 2003) participation de l’intervenant. Arts) • 1978-1981 : conseiller technique au Secrétariat • 1978-1979 : conseiller technique au Centre général de la Présidence de la République Georges Pompidou – Centre de création indus- • 1974-1978 : chargé de mission, puis conseiller trielle technique au cabinet de Jean-Pierre FOURCADE, ministre de l’Économie et des Finances, puis Bibliographie ou site complémentaires ministre de l’Équipement et de l’Aménagement http://www.bertrandlemoine.com du territoire • 1973-1974 : conseiller technique, puis chargé de mission au cabinet de , ministre des Affaires culturelles • 1968-73, 1976-77, 1981-86, 1997-99 : Auditeur, conseiller référendaire, puis conseiller maître à la Cour des comptes.

« pour mémoire » l n° hors–série - septembre 2007 100

Lengereau Éric Maj Charles Martinand Claude

Fonctions actuelles Fonctions occupées de 1978 à 1981 Fonctions occupées de 1978 à 1981 • chef du Bureau de la recherche architecturale, • architecte des Bâtiments de France du Val d’Oise • secrétaire général adjoint du Groupe central des urbaine et paysagère au ministère de la Culture et • chef du service départemental de l’Architecture Villes nouvelles de la Communication du Val d’Oise • adjoint du chef de la mission des Études et de la • membre du conseil de l’École doctorale d’histoire Recherche au ministère de l’Environnement et du de l’art de l’Université de Paris I – Panthéon- Fonctions actuelles Cadre de vie Sorbonne, et du conseil scientifique de la déléga- retraité de la fonction publique depuis 1999 tion aux Arts plastiques du ministère de la Culture Fonctions actuelles et de la Communication Les grandes étapes du CV vice-président du conseil général des Ponts et • 1989-1999 : membre du conseil général des Ponts Chaussées Les grandes étapes du CV et Chaussées, chargé de mission d’inspection • 2000-2007 : chef du bureau de la Recherche générale pour les paysages et les sites Les grandes étapes du CV architecturale, urbaine et paysagère / direction • 1979-1992 : architecte des Bâtiments de France • depuis 2002 : vice-président du conseil général de l’Architecture et du Patrimoine au ministère de du Val d’Oise des Ponts et Chaussées ; vice-président du conseil la Culture et de la Communication • 1978 : diplômé de l’École de Chaillot d’administration de l’École nationale des Ponts et • 1996-2000 : activité professionnelle libérale • 1974 : chargé de mission dans le Vexin français par Chaussées ; membre du Conseil économique et consacrée à l’architecture, l’urbanisme et la le ministère de la Culture, au sein de l’agence des social (1999-2004) recherche historique ; chercheur au laboratoire Bâtiments de France du Val d’Oise • 1997-2002 : président de Réseau ferré de France Louest-Cressac (centre de recherche sur les • 1969 : début de l’exercice libéral de l’architec- • 1989-1997 : directeur des affaires économique et sciences et les savoirs de l’architecture et de la ture internationales au ministère de l’Équipement, des conception) • 1964 : diplômé en architecture (DPLG) Transports et du Logement • 1994-1995 : avec Antoine Grumbach, chef de • 1985-1989 : directeur général de l’Institut géogra- projet pour des opérations d’aménagement et Bibliographie de l’intervenant en rapport avec la phique national d’urbanisme Journée d’études • 1981-1984 : directeur adjoint, puis directeur • 1993-1994 : chargé d’études à la direction de interview dans le magazine Politis sur la présence de cabinet de Charles Fiterman, ministre des l’Architecture et de l’Urbanisme du ministère de des zones d’activités et des magasins de grande Transports l’Équipement, du Logement, des Transports et du surface aux entrées de ville • 1979-1981 : adjoint du chef de la mission des Tourisme Études et de la Recherche au ministère de l’Envi- ronnement et du Cadre de vie Bibliographie de l’intervenant en rapport avec la • 1977-1981 : chargé de mission, puis secrétaire journée d’études général adjoint du Groupe central des Villes nou- • l’État et l’architecture (1958-1981) : une politique velles publique ?, Éd. A. & J. Picard, 2001. • « l’architecture entre Culture et Équipement (1965-1995) », in XXe siècle, revue d’histoire de la Fondation nationale des sciences politiques, n° 53, janvier-mars 1997

n° hors–série - septembre 2007 l « pour mémoire » 101

Mayet Pierre Pattyn Christian Preschez Philippe

Fonctions occupées de 1978 à 1981 Fonctions occupées de 1978 à 1981 Fonctions occupées de 1978 à 1981 directeur du Personnel au ministère de l’Environ- directeur du Patrimoine au ministère de la Culture • conseiller technique au cabinet du ministre de nement et du Cadre de vie et de la Communication l’Environnement et du Cadre de vie (juin 1978- mai 1981) Fonctions actuelles Fonctions actuelles • parallèlement, chef de service, adjoint au délégué ingénieur général honoraire des Ponts et Chaus- à l’Architecture et à la Construction (à partir de sées Les grandes étapes du CV février 1980, avant d’être affecté auprès du direc- • 1993-2003 : membre du conseil d’administration, teur du Personnel à l’automne 1981) Les grandes étapes du CV puis président de la Fondation Le Corbusier • 1985-2000 : vice-président du conseil général des • 1991-1998 : chef des services de l’Inspection Fonctions actuelles Ponts et Chaussées générale de l’administration du ministère de la • inspecteur général honoraire de l’Architecture et • président de l’Établissement public d’aménage- Culture du Patrimoine ment de La Défense (EPAD) • 1991-1995 : coordinateur des études juridiques à • secrétaire général de la Commission de récole- • président du groupe de coordination interministé- l’École nationale du patrimoine ment des dépôts d’œuvres d’art rielle de Sophia Antipolis • 1988-1990 : chargé des affaires européennes au • président du groupe interministériel du véhicule ministère de la Culture et de la Communication, Les grandes étapes du CV électrique (GIVE) des Grands travaux et du Bicentenaire • 2004-2006 : chef de l’inspection générale de • président des associations Urba 2000 et ateliers • 1984-1985 : chargé de mission au Grand Palais l’Architecture et du Patrimoine d’été de Cergy-Pontoise (1984) ; chargé de mission d’inspection générale • inspecteur général de l’architecture et du patri- • président du Comité des directeurs pour l’amé- (1985) moine (à partir de 2002) nagement • 1978-1983 : directeur du Patrimoine au ministère • 1989-2001 : en disponibilité dans le secteur privé • 1982-1985 : délégué interministériel à la sécurité de la Culture et de la Communication • 1986-1988 : chargé de mission auprès du secré- routière, puis directeur de la circulation et de la • 1974-1978 : responsable du groupe d’études et taire d’État au tourisme sécurité routières de recherches sur la construction et l’habitat au • 1985-1986 : chef de service à la direction de la • 1978-1982 : directeur du Personnel au ministère ministère de l’Équipement et du Logement, direc- Flotte de commerce de l’Équipement teur régional des affaires culturelles pour la région • 1981-1984 : chef de service auprès du directeur du • 1974-1979 : directeur de l’Aménagement foncier de d’Île-de-France Personnel du ministère de l’Équipement l’Urbanisme au ministère de l’Équipement • 1967-1972 : chargé du bureau des études architec- • 1975-1978 : sous-directeur des Sites et Espaces • 1971-1974 : conseiller technique au cabinet du turales (1967), puis chef de bureau, et enfin chef protégés au ministère de la Culture ministre de l’Équipement de division (1970-72) de la Création architecturale • 1972-1975 : détaché en mobilité au Tourisme • 1969-1971 : Rapporteur général de la Commission au ministère des Affaires culturelles. • 1969-1971 : chargé de mission auprès du sous- des villes du Vème Plan directeur des Monuments historiques et parallèlement chef du bureau de la documenta- Bibliographie de l’intervenant en rapport avec la tion et des objets mobiliers Journée d’études • 1966-1969 : adjoint au chef du bureau des Sites, « Racines des politiques pour la ville », in Revue puis chargé de mission auprès du directeur de française d’administration publique, n° 71, juillet- l’Architecture septembre 1994 (dossier : « Les politiques de la ville »). Bibliographie de l’intervenant en rapport avec la Journée d’études • « Physionomie du droit de la publicité issu de la loi du 29 décembre 1979 », in Patrimoine et cadre de vie. Les cahiers de la Ligue urbaine et rurale, n° 154, 1er trimestre, 2002, p. 9-19 • « L’architecte des Bâtiments de France d’hier à aujourd’hui : 1897-1996 », in La Pierre d’angle, revue de l’Association nationale des architectes de Bâtiments de France, n° 21-22, 2002, p. 9-19 (interventions au colloque de Bordeaux)

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Richard Pierre Roullier Jean-Eudes Rousselot Michel

Fonctions occupées de 1978 à 1981 Fonctions occupées de 1978 à 1981 Fonctions occupées de 1978 à 1981 directeur général des Collectivités locales au directeur de l’Urbanisme et des Paysages directeur général de l’établissement public d’amé- ministère de l’Intérieur nagement de la ville nouvelle de Marne-la-Vallée Fonctions actuelles Fonctions actuelles inspecteur général des Finances honoraire Fonctions actuelles • vice-président de l’Association française des ban- président du groupe opérationnel n°11 du PREDIT ques Les grandes étapes du CV (recherches sur les politiques publiques de trans- • président du Conseil d’administration du Monde • 1999-2006 : président du Programme interminis- port) investisseurs tériel d’histoire et d’évaluation des villes nouvelles • membre du Comité exécutif de la fédération ban- françaises Les grandes étapes du CV caire française, du Comité de pilotage de Paris • 1993-1999 : président du groupe central des Villes • 1992-1996 : président de la société d’autoroutes Europlace, de l’Institut international d’études nouvelles AREA bancaires, du Conseil d’orientation de l’Institut • 1984-1992 : délégué à la Recherche et à l’Inno- • 1989-1991 : directeur régional de l’Équipement de l’entreprise vation d’Ile-de-France • 1978-1982 : directeur de l’Urbanisme et des • 1985-1989 : directeur général de la RATP Les grandes étapes du CV Paysages • 1982-1985 : directeur du personnel du ministère • depuis 1996 : Co-président du Groupe Dexia, puis • 1970-1978 : chargé de mission auprès de Paul de l’Équipement administrateur délégué du Groupe et président du DELOUVRIER, • 1974-1982 : directeur général de l’Établissement Comité de direction (1999) ; président du Conseil • parallèlement, conseiller technique du cabinet public d’aménagement de la ville nouvelle de de surveillance de Dexia crédit local (1967-70) de trois ministres de l’Équipement : Marne-la-Vallée • 1994-1999 : président du Conseil d’administration François-Xavier ORTOLI, Robert GALLEY, Albin • 1968-1974 : chef du service régional et urbain du de l’École nationale des Ponts et Chaussés CHALANDON Commissariat général du Plan • 1987-1993 : directeur du Directoire, puis PDG (à • 1960-1968 : chef de division, puis chef du ser- partir de 1993) de Crédit local de France (devenu Bibliographie de l’intervenant en rapport avec la vice des Affaires économiques et internationales Dexia-France en 1997) ; président du Groupement journée d’études du ministère des Transports puis du ministère de des institutions financières spécialisées (GIFS, • deux ouvrages préfacés, établis sous sa direction : l’Équipement 1991-93) Le Parc de Passy : transformation d’un site • 1983-1993 : directeur général adjoint de la Caisse urbain, DRI / Imprimerie nationale, 1990 des dépôts et consignations Les eaux et fontaines dans la ville : conception, • 1978-1982 : directeur général des Collectivités techniques, financement, GCVN / Éd. du Moni- locales au ministère de l’Intérieur teur, 1982 • 1974-1978 : conseiller technique au secrétariat • réflexion pour l’opération d’urbanisme du site de général de Valéry Giscard d’Estaing Billancourt, Rapport au Premier ministre 1990, • 1972-1974 : conseiller technique au cabinet de 106 p. Christian Bonnet, secrétaire d’État au Logement • 1967-1972 : directeur général adjoint de l’Établisse- ment public d’aménagement de Cergy-Pontoise

Bibliographie de l’intervenant en rapport avec la journée d’études • avec Michel Cotten, Les communes françaises d’aujourd’hui, PUF, coll. « Que sais-je ? », 1983 • Le temps des citoyens : pour une démocratie décentralisée, PUF, 1995 • Les citoyens au coeur de la décentralisation, Éd. de l’Aube, 2003

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Simon Gilbert Tellier Thibault Theys Jacques

Fonctions occupées de 1978 à 1981 Fonctions actuelles Fonctions occupées de 1978 à 1981 • chef de la division des Sites à la Direction de l’ur- maître de conférences à l’Université de Lille III • responsable des études économiques à la sous- banisme et des paysages, direction des Études, des Statistiques et du Plan • puis chargé de la sous-direction des Sites et des Les grandes étapes du CV • responsable de la prospective et des recherches Abords protégés au service de l’Espace et des • chercheur titulaire au laboratoire de recherches sur les risques Sites du ministère de l’Environnement et du Cadre IRHIS (Institut de recherches historiques du de vie Septentrion - UMR 8529) Fonctions actuelles • Chercheur associé au Centre d’histoire sociale de chef du centre de Prospective et de Veille scienti- Fonctions actuelles Paris I (UMR 8058) fique (CPVS) au ministère de l’Écologie, du Déve- inspecteur général de l’Équipement • membre du comité de pilotage national de la délé- loppement et de l’Aménagement durables gation interministérielle à la Ville pour l’opération Les grandes étapes du CV Mémoire de la Politique de la Ville Les grandes étapes du CV • 1999-2003 : directeur général du Conseil supé- • membre du groupe de travail mis en place par la • depuis 1993 : chef du centre de Prospective et de rieur de la pêche direction des Archives de France sur les archives Veille scientifique (CPVS) au ministère de l’Éco- • 1998 : chargé de mission sur le Marais Poitevin par de la Politique de la Ville. logie, du Développement et de l’Aménagement Dominique Voynet, ministre de l’Aménagement du • membre du groupe de travail sur les archives de durables territoire et de l’Environnement la Caisse des dépôts et consignations en matière • 1988-1992 : conseiller technique au cabinet de • 1997 : membre du Conseil d’administration de de logement social (Annie Fourcaut et Danièle Brice Lalonde, secrétaire d’État, ministre délégué, la société nationale de la Protection de la nature Voldman, Université de Paris I) puis ministre de l’Environnement (association gestionnaire des réserves naturelles • 1986-1988 : Adjoint au chef de service de la d’État de la Camargue et du Lac de Grandlieu) Bibliographie de l’intervenant Recherche • 1992-1996 : directeur de la Nature et des Paysages • Les grands ensembles comme frontière sociale : • 1984-1986 : conseiller technique au cabinet d’Hu- au ministère de l’Environnement les jeunes à l’épreuve de l’urbanisation, Journées guette Bouchardeau, secrétaire d’État, puis minis- • 1988-1992 : conseiller technique au cabinet du d’études sur les jeunes et les ségrégations urbai- tre de l’Environnement secrétaire d’État chargé de l’Environnement, puis nes, Marseille, octobre 2005 • 1980-1988 : Responsable de la prospective et des auprès du ministre de l’Environnement : Brice • Les historiens et la mémoire de la Politique de la recherches sur les risques Lalonde, puis Ségolène Royal Ville, Journée du 1er décembre 2005 organisée • 1978-1980 : Responsable des études économiques • 1987 : secrétaire général du Comité français du par le Centre de ressources de la Politique de la à la sous-direction des Études, des Statistiques programme Man and Biosphere de l’UNESCO et Ville de l’Essonne et du Plan sous-directeur au service de la Recherche, des • Les nouveaux lieux de culte à l’épreuve de l’ur- • 1973-1978 : chargé de mission au secrétariat géné- Études, du traitement de l’Information au ministère banisation, 1955-1975, Colloque de Chambéry ral du Haut comité de l’Environnement, puis à la de l’Environnement (novembreembre 2006) et Paris (janvier 2007) : mission interministérielle pour l’Environnement • 1984-1987 : chargé de la sous-direction de la « Construction et gestion des édifices cultuels Protection de la nature au ministère de l’Environ- 1905-2006 » Bibliographie de l’intervenant en rapport avec la nement • Paul Reynaud (1878-1966). Un indépendant en journée d’études • 1981-1983 : chargé de mission au Commissariat politique, Fayard, coll. « Pour une histoire du XXe • « Décentralisation et évolution du ministère de général du Plan ; conseiller technique, chargé siècle », 2005. ; Prix 2006 de la biographie histo- l’Équipement », in Notes du Centre de prospective de l’Urbanisme et de l’Architecture, au cabinet rique décerné par l’Académie française et de veille scientifique, n° 17, décembre 2002 de Louis Mermaz, ministre de l’Équipement et • Le temps des HLM. La saga urbaine des Trente • Les politiques d’environnement : évaluation de la des Transports (1981), puis au cabinet de Roger Glorieuses, Éditions Autrement (avril 2007) première génération (1971-1995), Éd. Recherches, Quilliot, ministre de l’Urbanisme et du Logement 1998 (1981-83) • 1979-1980 : chef de la division des Sites à la direc- tion de l’Urbanisme et des Paysages, puis chargé de la sous-direction des Sites et des Abords proté- gés au service de l’Espace et des Sites du ministère de l’Environnement et du Cadre de vie • 1974-1978 : chef du bureau des Sites à la direc- tion de l’Architecture du secrétariat d’État à la Culture.

« pour mémoire » l n° hors–série - septembre 2007 Annexe VIII : 104 éléments de chronologie

Événements  Communications en Événements MECV Principaux discours Textes juridiques nationaux conseil des ministres 1978 5 avril : 5 avril : 12 avril : 3ème gouvernement Michel d’Ornano est nommé Décret relatif au ministère Raymond Barre ministre de l’Environnement de l’Environnement et du Joël le Theule, ministre des et du Cadre de vie. Cadre de vie Transports J. Ph. Lecat, ministre 24 avril : de la Culture et de la Décrets relatifs des Communication secrétaires d’État à l’Équipement et à 28 juin : 12 juin : l’Environnement Christian Bonnet présente Premières assises nationales au Sénat le rapport de la de la profession d’architecte commission Aubert : Plan de développement des responsabilités locales 5 juillet : 18 juillet : Pollution maritime Directive concernant la qualité des eaux douces les 9 août : rendant aptes à la vie des Organisation du ministère poissons

27 septembre : 6 septembre : Conseils d’architecture, Décret fixant l’organisation d’urbanisme et de du MECV l’environnement (CAUE) 13 octobre : 17-18-19 octobre : 19 octobre : Création de la direction du Colloque « Urbanisme Michel d’Ornano : « Pour un Patrimoine (Culture) et libertés » nouvel urbanisme »

4-8 décembre : 2èmes assises internationales de l’Environnement 1979 2 janvier : Loi relative à certaines infractions en matière de circulation maritime Loi réprimant la pollution des mers par les hydrocarbures

3 janvier : Institution de la DGF (dotation générale de 29 février : 28 février : fonctionnement) 1er rapport annuel de la Architecture mission interministérielle pour la qualité des constructions publiques (MIQCP) : « conditions de l’émergence d’une maitrise d’ouvrage publique »

18-25 mars : 7 mars : Élections cantonnales : Premier bilan de la charte de progression de la gauche la Qualité de la Vie

21 mars : Parcs naturels

29 mai : 29 mai : Lancement de la campagne : Économies d’énergie «1000 jours pour l’architecture»

7-10 juin : Juin : 1ères élections européennes Publication de l’ouvrage au suffrage universel, de B. Tricot : « architecte favorables à la majorité et société » présidentielle 13 juillet : Loi relative à l’organisation du contrôle des matières fertilisantes

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Événements  Communications en Événements MECV Principaux discours Textes juridiques nationaux conseil des ministres 1979 28 août : 25 août Politique de l’architecture Directive nationale d’aménagement du territoire pour la protection et l’aménagement du littoral

30 octobre : Directive relative à la qualité des eaux conchylicoles

20 novembre : Décret : subvention de l’État pour la PALULOS

22 novembre (JO): 3 décrets sur l’amélioration de l’habitat : • modification code Construction • résorption insalubrité • primes amélioration de l’habitat

18 décembre : 7 décembre : Michel d’Ornano : Arrétés modifiant les présentation des missions conditions de rémunération de l’institut français des concours apportés d’Architecture (IFA) au 1er aux collectivités locales colloque des CAUE. par les administrations de l’Équipement et de l’Agriculture

29 décembre : Loi relative à la publicité, aux enseignes et pré- enseignes

1980 1er janvier : Mise en place de la réforme des rémunérations des ingénieurs et techniciens du MECV

20-22 février : 28 février : 14 février : 1ère réunion de l’OCDE sur Lancement d’une campagne Michel d’Ornano présente les problèmes urbains sur les horaires variables sa nouvelle politique foncière (congrès de la FNPC, Fédération française des promoteurs- mars : 11 mars : constructeurs ) La France demande Michel d’Ornano dans l’inscription du Mont Saint- Ouest-France : « il faut Michel au patrimoine de sauver le Mont Saint- l’UNESCO Michel »

7 mars : 4 mars-21 avril : 16 avril : 15 avril : Naufrage du Tanio Exposition : « Construire en Programme en 18 points Mise à jour du Code de quartier ancien » pour un meilleur service l’urbanisme à l’usager

14 mai : 14 mai : Installation du conseil Aménagement des grands d’administration de l’IFA fleuves, qualité de l’eau, régularisation des cours mai : d’eau Rapport de JF Saglio sur l’offre foncière

9-10 juin : Colloque sur les études d’impact 7 juillet : Loi instituant l’agence pour la qualité de l’air

15 juillet : Directive SO2 et particules en suspension Directive relative à la qualité des eaux destinées à la consommation humaine

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Événements  Communications en Événements MECV Principaux discours Textes juridiques nationaux conseil des ministres 1980 4 août : Modification du Code de la construction : prise en compte des besoins des handicapés

septembre : septembre : Publication rapports pour le 2 décrets sur l’attribution de 7ème Plan : l’allocation logement • habitat et cadre de vie • environnement 6 octobre : octobre : Lancement du concours Création des commissions « Architectures publiques » départementales des monuments historiques 14 octobre : Conseil économique et social (CES) : Rapport sur la lutte contre le bruit

13 novembre : novembre : 18 novembre : novembre : Réunion du groupe Lancement d’une campagne Michel d’Ornano : décrets d’application de la ministériel pour sur « surveillance de loi sur la publicité l’aménagement des l’étalement des congés dans l’environnement industriel » banlieues l’entreprise CNPF

9-11 décembre : 11 décembre : 3ème assises internationales Valéry Giscard d’Estaing de l’Environnement « l’écologie doit devenir un objectif de civilisation » 15 décembre : Michel d’Ornano : Première réunion du comité technique paritaire ministériel sur l’organisation du ministère

décembre : Création des albums de la jeune architecture 1981 28 janvier : La Défense 9-13 février : 5 février : Étude sur la pollution Comité interministériel pour atmosphérique la qualité de l’air ONU - Genève mars : IGN, nouvelles missions

avril : 11 avril : Rapport provisoire du Les unités pédagogiques groupe LESOURNE : d’architecture deviennent « Environnement et des établissements publics Cadre de vie : pour une administratifs (EPA) intégration des stratégies dans le contexte national et international »

10 mai : mai : 13 mai : Élection de François Mise en place des 11 Décret portant création Mitterrand à la Présidence premières agences locales de l’agence pour la qualité de la République de l’Équipement et de de l’air l’Environnement 21 mai : (un modérateur est nommé Pierre Mauroy est nommé dans chaque ex-subdivision) Premier ministre ; Louis Mermaz, ministre de l’Équipement et des Transports ; Roger Quillot, ministre du Logement ; Jack Lang, ministre de la Culture ; Michel Crépeau, ministre de l’Environnement

n° hors–série - septembre 2007 l « pour mémoire » Annexe IX : bibliographie 107

Besson-Guillaumot Michèle ; Billaudot Françoise Colli Jean-Claude Environnement, urbanisme, cadre de vie. Le Les énergies nouvelles Orientation droit et l’administration Fayard, 1979. - 287 p. (MTETM : CDU 10395) Éd. Montchrestien, 1979-84. - 2 vol. : 765 + 155 p. (MTETM : CDU 11245 ; MEDD) Chambolle Thierry bibliographique Plan d’action pour favoriser l’investissement et Andrieux Jean-Yves (dir.) ; Seitz Frédéric (dir.) Billon Alain la création d’entreprises dans le domaine des Pratiques architecturales et enjeux politiques : Étude historique sur les valeurs propres au éco-technologies France, 1945-1995 ministère de l’Équipement Ministère de l’Écologie et du Développement Picard, 1998. - 410 p. (MTETM : CH AUH/H047 ; CGPC, 2004. - rapport n° 2004-0105601 (MTETM : durable, 2006. - 49 p. ; rapport au Premier ministre CDU 36976) CH ADM/M153 ; CDU 58762) http://www.ladocumentationfrancaise. fr/rapports-publics/064000834/index.shtml Aubert Jacques ; Commission des communes de Billon Alain, DaugE Yves, Roche Michèle France Quartiers anciens, politiques nouvelles Chambolle Thierry ; MEAUX Florence Le dossier des maires : la réponse des maires Architecture et construction, 1980. - 2 vol. : 125 + Nouvelles technologies de l’énergie de France 270 p. (MTETM : CDU 13409) Ministère délégué à la recherche et aux nouvelles La Documentation française, 1978. - 160 p. ; technologies, 2004. - 122 p. ; coll. Rapports rapport au Premier ministre (MTETM : CDU 40668) Bloch-Laine Jean-Michel officiels Un espace pour la vie : réflexion publique sur http://www.ladocumentationfrancaise. Académie d’architecture, Paris l’habitat en France fr/rapports-publics/044000232/index.shtml Pour une politique de l’architecture La Documentation française, 1980. - 159 p. ; Centre de recherche d’urbanisme, 1978. - 119 p. ; rapport au ministre de l’Environnement et du Charvolin Florian Symposium, Maison de l’UNESCO, 20/10/1977 Cadre de vie (MTETM : CDU 11711) L’invention de l’Environnement en France : (MTETM : CDU 9777) chroniques anthropologiques d’une Boublil Alain institutionnalisation Barraqué Bernard (dir.) ; Theys Jacques (dir.) Construction, cadre de vie et croissance La Découverte, 2003. - 133 p. ; thèse : L’invention Les politiques d’environnement : évaluation de Presses universitaires de France, 1980. - 264 p. de l’Environnement en France (1960-71) : les la première génération (1971-1995) (MTETM : CDU 12026) pratiques documentaires d’agrégation à l’origine Éd. Recherches, 1998. - 391 p. (MTETM : CDU du ministère de la Protection de la nature et de 39889) Burdeau Georges l’Environnement, 1993 (MTETM : CDU 57305 Le libéralisme (2003) ; CH 213 (1993)) Barraqué Bernard Seuil, 1979. - 320 p. Les rapports entre environnement et Cornuau Claude urbanisme. in Beaucire Francis (dir.), Boulanger Cantal-Dupart Michel ; Castro Roland ; Stinco Propositions pour l’amélioration de la qualité Sylvie (dir.) : Les rendez-vous de l’Arche pour Antoine architecturale des bâtiments commandés par l’écologie urbaine (27/10/1992, 10/11/1992, Délégation à l’architecture et à la construction des personnes publiques 26/11/1992, 27/01/1993) La ville à livre ouvert : regard sur cinquante ans 1978. - 18 p. (MTETM : CDU 17967) Éd. du STU, 1993. - p. 9-16 (MTETM : CDU 29086) d’habitat La Documentation française, 1980. - 191 p. Courtiau Jean-Pierre Barraqué Bernard ; Spreicher Thierry (MTETM : CDU 11713) De la législation sur le paysage Les études d’impact in Revue des monuments historiques, n° 192, avril in Métropolis vol. 2, n° 6, juil. -août 1975. - p. 20-30 Cohen Elie 194. - n° spécial sur les Paysages (MTETM : CDU) (MTETM : CDU) De l’État dirigiste à l’État régulateur in Sciences humaines n° 133, déc. 2002. - p.38-41 Commissariat général du Plan e Barre Raymond (MTETM : CDU) Préparation du VIII Plan (1981-1985). Rapport Rapport de la commission d’étude d’une du comité Aménagement du territoire. Rapport réforme du financement du logement Cohen Elie ; Henry Claude de l’intergroupe Environnement ; Rapport de la La Documentation française, 1976. - 172 p. Service public / secteur public commission Habitat et cadre de vie ; Rapport (MTETM : CH AUH/H010 ; CDU 7657) La Documentation française, 1997. - 105 p. du comité Transports (MTETM : CDU 39522) La Documentation française, 1980. - (MTETM : CH Belmont Joseph (dir.) AUH/U208, AUH/H111, TTP/G054 ; CDU 11744, conseil général des Ponts et Chaussées Cohen Elie 11747, 11754) 2020 : rôle et missions de l’État. L’aménagement Sur la régionalisation de la politique des villes du territoire et l’environnement moyennes Commissariat général du Plan CGPC, 1992. - 87 p. ; compte rendu des débats des Fondation des villes, 1975. - 93 p. (MTETM : CDU Préparation du VIIe Plan (1976-1980). Rapport membres de la 5e section (MTETM : CGPC BRD 13735) de la commission Aménagement du territoire et 91-298) Cadre de vie. Rapport du comité de l’Habitat Colli Jean-Claude ; Ornano Michel d’ (préf.) La Documentation française, 1976. - (MTETM : Bernstein Serge ; Sirinelli Jean-François Pour vivre en France CDAT 4356 ; CDU 8446) Les années Giscard. 1. Institutions et pratiques CIDEV, 1981. - 187 p. (MTETM : CH TTP/A213 ; CDU politiques (1974-1981) ; 2. Les réformes de 12716) société ; 3. Valéry Giscard d’Estaing et l’Europe Armand Colin, 2003-07. - 3 vol.

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Danan Yves-Maxime Gremion Catherine Lengereau Éric Direction de l’aménagement foncier et de Politiques du logement : le tournant de 1977 L’architecture entre Culture et Équipement l’urbanisme METL / Comité d’histoire de l’Équipement, des (1965-1995) Procédures et institutions d’aménagement et Transports et du Logement, 1999. - 93 p. (MTETM : in XXe siècle, revue d’histoire de la Fondation d’urbanisme. Processor CH AUH/U057) nationale des sciences politiques n° 53, janv. -mars Paris : STU, 1978-79. - 2 vol. : 146 + 159 p. 1997. - (MTETM : CDU) (MTETM : CH AUH/U211 ; CDU 9779) Guichard Olivier ; Commission de développement des responsabilités locales Lesourne Jacques Delmon Pierre Vivre ensemble Environnement et Cadre de vie : pour une La participation des français à l’amélioration de La Documentation française, 1976. - 2 vol. : 431 + intégration des stratégies dans le contexte leur cadre de vie 226 p. (MTETM : CH AUH/U184 ; CDU 8468) national et international 1976. - 50 p. ; rapport au Premier ministre avril 1981. - (version non définitive) (MTETM : CDU 9055) Groupe central des villes nouvelles ; ROULLIER Jean-Eudes (préf.) Mayet Pierre Desmoulins Christine ; Donnedieu De Vabres Les eaux et fontaines dans la ville : conception, Racines des politiques pour la ville, des années Renaud (préf.) techniques, financement 50 aux années 70 Joseph Belmont : parcours atypique d’un Éd. du Moniteur, 1982. - 185 p. (MTETM : CDU in Revue française d’administration publique architecte 13801) n° 71, juil. -sept. 1994. - p. 371-384 ; dossier Les Éd. PC, déc. 2006. - 150 p. (MTETM : CH 212) politiques de la ville (MTETM : CDU) Le giscardisme Duhamel Alain in Pouvoirs n°9, 1979. - Mayoux Jacques La république giscardienne : anatomie politique Demain, l’espace : rapport de la mission d’étude de la France Laborie Jean-Paul ; Langumier Jean-François ; Roo sur l’habitat péri-urbain Grasset, 1980. - 249 p. Priscilla de La Documentation française, 1979. - 143 p. Coopération et aménagement (MTETM : CDU 10681) Duport Jean-Pierre La politique française d’aménagement du Propositions d’organisation gouvernementale territoire de 1950 à 1985 Ornano Michel d’ dans les domaines de l’équipement et de La Documentation française, 1985. - 176 p. Bilan et perspectives du fonds d’aménagement l’aménagement du territoire (MTETM : CH AUH/U012 ; CDU 17415) urbain 1997. - rapport au Premier ministre MECV, 1979. - 4 fasc. : 16 + 32 + 36 + 94 p. Lagadec Patrick (MTETM : CDU 10214) Direction de l’Habitat et de la Construction La civilisation du risque Le logement en France : l’intervention de Seuil, 1981. - 237 p. (MTETM : CDU 17144) Ornano Michel d’ (propos) la puissance publique dans le domaine du La première réunion des présidents (de CAUE), logement Lamassoure Alain in L’Echo des CAUE, n° août-sept. 1979. - p. 14 Ministère du Logement, 1994. - 108 p. (MTETM : Rapport de mission sur le Centre d’études et de (MTETM : CDU) CH AUH/H032 ; CDU 28872) création architecturale Allocution de M. Michel d’Ornano, ministre de ministère de la Culture et de l’Environnement, l’Environnement et du Cadre de vie, in L’Echo La directive ministérielle (du 21 mars 1973) sur 1978. - les grands ensembles des CAUE, n° hors série, déc. 1979. - p. 30-33 ; in Urbanisme n° 136, mars 1973. - p.72-76 Lascoumes Pierre (dir.) dossier : 1er colloque national des CAUE, (MTETM : CDU) Instituter l’environnement : vingt-cinq ans 17-18 déc. 1979 (MTETM : CDU) d’administration de l’Environnement Giscard d’Estaing Valéry L’Harmattan, 1999. - 233 p. ; colloque, Muséum Ornano Michel d’ Démocratie française national d’histoire naturelle, Paris, 11-12/12/1996 Une certaine idée de Paris Fayard, 1976. - 184 p. (MTETM : CDU 50645) Jean-Claude Lattès, 1977. - 223 p. GISCARD D’ESTAING Valéry Changeons la ville ; entretiens avec Robert Lascoumes Pierre Picq Jean Franc L’éco-pouvoir, environnements et politiques Secrétariat d’État à la fonction publique ; Mission in Le Point n° 133, 7 avril 1975. La Découverte, 1994. - 317 p. (MTETM : CDU sur les responsabilités et l’organisation de l’État 30572) L’État en France : servir une nation ouverte sur Grandjean Denis (entretien avec) le monde Le « DRAE » de Bourgogne : accroître la Lenfant Carine légitimité des services protecteurs Sites : les chevaliers des paysages La Documentation française, 1995. - 143 p. ; in Combat nature n° 44, mai-juin 1981. - p. 35-39 in Équipement magazine n° 14, janv. 1987. - p. rapport au Premier ministre (MTETM : CH (MTETM : CDU) 30-31 (MTETM : CDU) ADM/M049 ; CDU 30344) Granet Paul Lengereau Éric ; Sirinelli Jean-François (préf.) Planel-Marchand Alomée Changer la ville L’État et l’architecture (1958-1981) : une La protection des sites Éd. Gasset & Fasquelle, 1975. - 350 p. (MTETM : CH politique publique ? PUF, 1981. - 137 p. ; coll. Que sais-je ? n° 1921 AUH/U302 ; CDU 6933) Éd. A. & J. Picard, 2001. - 559 p. (MTETM : CH AUH/H071 ; CDU 54121) (MTETM : CDU 12526) n° hors–série - septembre 2007 l « pour mémoire » 109

Preschez Philippe Theys Jacques (dir.) Cette orientation bibliographique, préparée par Physionomie du droit de la publicité issu de la Direction de la recherche et des affaires Françoise Porchet (CGPC/CH), tient compte loi du 29 déc. 1979 scientifiques et techniques des suggestions des intervenants à la journée in Patrimoine et cadre de vie. Les Cahiers de la Décentralisation et évolution du ministère de d’études. ligue urbaine et rurale n°154, 1er trim. 2002. - p. l’Équipement 9-19 (MTETM : CDU) in Notes du Centre de prospective et de veille LOCALISATION DES DOCUMENTS : scientifique n° 17, déc. 2002. - 143 p. (MTETM : CH Secrétariat du Comité d’histoire (CH) / CGPC Preschez Philippe ADM/M117, ADM/M135 ; CDU 55878) tél. 01 40 81 36 83 L’architecte des Bâtiments de France d’hier à [email protected] aujourd’hui (1897-1996) Thiebaut Alain (dir.) ; Roullier Jean-Eudes (préf.) in La Pierre d’angle, revue de l’Association Délégation à la recherche et à l’innovation Centre de documentation de l’urbanisme nationale des architectes des Bâtiments de Le Parc de Passy : transformation d’un site (CDU) / DGUHC France n° 21-22, oct. 1997. - p. 31-41 ; intervention urbain tél. 01 40 81 15 77 au colloque européen Patrimoine et territoire, Imprimerie nationale, 1990. - 180 p. (MTETM : CDU http://www.urbanisme.equipement.gouv.fr Bordeaux, 16-19/10/1996 (MTETM : CDU) 22703) ministère de l’Écologie, du Développement et de l’Aménagement durables (MEDAD) Prieur Michel Tricot Bernard 92055 La Défense cedex Droit de l’environnement Architecte et société Dalloz, 2003 (5e éd.). - 1001 p. (MTETM : CDU La Documentation française, 1979. - 364 p. 15778 (1984) ; CDU 53604 (2001, 4e éd.)) (MTETM : CDU 11436)

Premier ministre ; Giscard d’Estaing Valéry Vadelorge Loïc (introd.) Programme interministériel d’histoire et Charte de la qualité de la vie d’évaluation des villes nouvelles françaises SID, 1978. - 28 p. ; in Actualités service, suppl. Gouverner les villes nouvelles : le rôle de l’État n°305 (MTETM : CDU 9373) et des collectivités locales (1960-2005) Le Manuscrit, 2005. - 403 p. (MTETM : CH 116 ; La politique des transports (1974-1981) CDU 59726) Premier ministre, 1981. - 22 p. (MTETM : CH TTP/G082) Vallemont Serge Une vie d’ingénieur aux Ponts et Chaussées Richard Pierre (1951-1995) : chroniques d’un témoin engagé Les citoyens au coeur de la décentralisation Presses de l’ENPC, 2004. - 421 p. (MTETM : CH Éd. de l’Aube, 2003. - 152 p. (MTETM : CDU 56188) ADM/M142 ; CDU 57903)

Richard Pierre Vedrine Hubert Le temps des citoyens : pour une démocratie Mieux aménager sa ville décentralisée Éd. du Moniteur, 1979. - 213 p. (MTETM : CDU PUF, 1995. - 220 p. (MTETM : CH ADM/E028 ; CDU 10617) 34383) Vedrine Hubert Richard Pierre ; Cotten Michel Politique d’études urbaines de la direction de Les communes françaises d’aujourd’hui l’architecture PUF, 1983. - 127 p. ; coll. Que sais-je ? n°2084 in Cahiers de la recherche architecturale n°4, déc. (MTETM : CH AUH/U266 ; CDU 14847) 1979. - p. 21-34 (MTETM : CDU)

Roullier Jean-Eudes (dir.) Vilmorin Catherine de Réflexion pour l’opération d’urbanisme du site La politique d’espaces verts de Billancourt CRU, 1978. - 439 p. (MTETM : CDU 9382) 1990. - 106 p. ; rapport au Premier ministre (MTETM : CDU 23953)

Roullier Jean-Eudes (dir.) ; Guillet Chantal ; Jaouen Annick Vingt-cinq ans de villes nouvelles en France Economica, 1989. - 360 p. (MTETM : CDU 21938)

Sirinelli Jean-François Histoire des droites en France Gallimard, 2006. - 3 vol.

« pour mémoire » l n° hors–série - septembre 2007 110

L’offre foncière Gazzaniga Jean-Louis ; Ourliac Jean-Paul Sélection d’ouvrages La Documentation Française, 1979. - 154 p. ; rapport Le droit de l’eau à la demande de M. le Ministre de l’Environnement Ed. Librairies techniques, 1979. - 247 p. (MEDD) publiés par le ministère de et du Cadre de vie (MEDD ; MTETM : CDU 11455) Bremond R. ; Perrodon C. l’Environnement  Guide administratif de la pêche fluviale Paramètres de la qualité des eaux La Documentation française, 1981. - 263 p. (MEDD) La documentation française, 1979 (2°éd.). - 259 p. et du Cadre de vie (MECV) (MEDD) - Les notes vertes Besson-Guillaumot Michèle ; Billaudot Françoise • Les revues Environnement, urbanisme, cadre de vie. Le Le budget 1979 du ministère de l’Environnement droit et l’administration Annales de la recherche urbaine et du Cadre de vie Ed. Montchrestien, 1979-84. - 2 vol. : 765 + 155 p. MECV / CRU, depuis 1978 (MTEM : CDU) MECV, 1978. - 15 p. (MEDD) (MEDD ; MTETM : CDU 11245) Bulletin d’informations générales (BIG) Bilan de la charte de la qualité de la vie Tricot Bernard anciennement Bulletin des services MECV, 1979. - 31 p. (MEDD) Architecte et société d’administration générale (BSAG) La documentation Française,1979. - 364 p. ; étude MATELT / DAFAG, depuis 1975 (MTETM : CDAJ) La politique architecturale réalisée dans le cadre de l’opération 1000 jours MECV, 1979. - 20 p. (MEDD) pour l’architecture (MEDD ; MTETM : CDU Culture et Communication 11436) anciennement Cahiers de la Culture et de La politique du littoral l’Environnement MECV, 1980. - 11 p. (MEDD) Urbanisme et libertés MECV, 1978-81 (MTETM : CDU) Éditions du Moniteur, 1979. - 191 p. ; compte rendu L’assainissement des agglomérations du colloque, Paris, 17-18-19/10/1979 (MEDD ; Diagonal MECV, 1980. - 8 p. (MEDD) MTETM : CDU 10898) MATELT / DAFU, depuis 1973 (MTETM : CDU) Le soleil et l’habitat Guide pratique à l’usage des associations : L’Écho des CAUE MECV, 1981. - 4 p. (MEDD) environnement, aménagement et urbanisme MECV / Direction de l’Architecture, 1978-1986 MECV / Service de l’information, 1979 (2éd.). - (MTETM : CDU) - Les cahiers techniques de la direction de la 115 p. (MEDD) devenu Brèves / Fédération nationale des CAUE prévention des pollutions Auriault Jean-Pierre ; Pogu Elisabeth Environnement et Cadre de vie Guide pour l’étude des schémas Construire avec le climat MECV, oct. 1978 - déc. 1980. - 11 n° par an (MEDD ; départementaux d’élimination des matières de MECV / Direction de la construction, 1979. - 32 p. MTETM : CDU) vidange (MEDD ; MTETM : CDU 10935) C. techniques n° 1, 1978. - 74p. + annexes (MEDD) La lettre d’information du ministère de Espaces protégés : inventaire des protections l’Environnement et du Cadre de vie Techniques et économie de l’épuration des eaux MECV / DAFU, Ed. du STU, 1979. - 95 p. (MEDD ; MECV / Service de presse , 1979-81 (MEDD) résiduaires MTETM : CDU 10934) C. techniques n° 2, 1979. - 152 p. (MEDD) Plan construction. Actualités Guide pratique des espaces extérieurs dans Plan construction, d MECV / epuis 1980 (MTETM : Élimination des déchets des ménages l’habitat CDU) C. techniques n° 3, 1979. - 36 + 60 p. ann. (MEDD ; MECV – DQV – Union HLM - CREPAH, 1980. - 95 p. devenu Plan construction et habitat. Actualités, MTETM : CDU 13977) (MEDD ; MTETM : CDU 10380) puis PCA Actualités, et enfin Premier plan, journal d’information du Plan urbanisme construction et Propreté des plages Mille jours pour l’architecture : répertoire de architecture C. techniques n° 4, 1980. - 74 p. (MEDD ; MTETM : documents audio-visuels sur l’architecture, CDU 20961) l’urbanisme, l’environnement et le cadre de vie • Les collections MECV, 1980. - fiches (MEDD ; MTETM : CDU 11950) Assainissement individuel - Environnement : C. techniques n° 5, 1981. - 71 p. + annexes (MEDD ; Les métiers de la forêt et du bois MTETM : CDU 12929) MECV, 1980-81. - 70 + 67 p. ; in Environnement Météorologie et pollution de l’air, monographie et cadre de vie, suppl. au n° 7 (Préface de M. scientifique La décharge contrôlée de résidus urbains d’Ornano) ; dossier : Journée de l’arbre (MEDD) La Documentation française, 1978. -195 p. (MEDD) C. techniques n° 6, 1981. - 83 p. + annexes (MEDD) Espaces verts et qualité de la vie : guide Les zones humides : marais, vasières salées, • AUTRES PUBLICATIONS pratique à l’usage des élus locaux tourbières, étangs MECV / ministère de l’Agriculture,1980. - 82 p. La Documentation française,1979. - 139 p. (MEDD ; L’étude d’impact sur l’environnement (Préface de Michel d’Ornano) (MEDD) MTETM : CDU 10684) MECV / Atelier central de l’Environnement, 1977. - 14 p. (MEDD ; MTETM : CDU 8938) Qualité du cadre de vie Les « exclus » de la qualité de la ville MECV / service de l’Information, 1980. - 43 p . La Documentation française,1979. - 99 p. (MEDD ; MTETM : CDU 10683) n° hors–série - septembre 2007 l « pour mémoire » 111

L’État de l’environnement Liste établie par Claudine Harasse MECV, 1979. - 3 fasc. ; 1980. - 538 p. ; 1981. - 174 p. (MEDD ; MTETM : CDU 12257 (1979), CDU 11595 LOCALISATION DES DOCUMENTS : (1980), CDU 12450 (1981)) Centre d’information et de documentation de l’écologie et du développement durable L’Environnement et le Cadre de vie en chiffres (CIDEDD) / Bureau de l’information MECV, 1980. - 56 p. (MEDD) 20, avenue de Ségur 75302 Paris 07 SP tél. 01 42 19 23 80 Troisièmes assises internationales de l’environnement : compte rendu du colloque. Centre de documentation de l’urbanisme Vol. 1 : Santé et environnement. Vol. 2 : Les (CDU) / DGUHC sciences au service de l’environnement. Vol. 3 : ministère de l’Écologie, du Développement et de Les nouvelles frontières de la technologie. Vol. l’Aménagement durables 4 : Société et environnement Plot I – 92055 La Défense La documentation française, 1981. - 77 +137 +165 p. tél. 01 40 81 15 77 (MEDD ; MTETM : CDU 12677)

Cinquante bonnes idées pour améliorer la qualité de la vie dans votre commune MECV / ministère de la Jeunesse , des Sports et Loisirs / délégation à la Qualité de la vie, 1981. - 50 p. (MEDD)

Les techniques propres dans l’industrie française MECV, 1981. - 367 p. (MEDD)

« Améliorons le cadre de vie » : les jardins familiaux MECV, 1981. - 29 p. (MEDD)

Auriault Jean-Pierre ; Franca Jean-Pierre ; Sene B. Projets pour 1000 maisons solaires MECV / Ed. du Moniteur, 1981. - 191 p. (MEDD ; MTETM : CDU 22935)

Guide pratique : environnement, mer et littoral MECV / service de l’Environnement, 1981. - 88 p. + 6 annexes (MEDD ; MTETM : CDU 12163)

« pour mémoire » l n° hors–série - septembre 2007 Annexe X : 112 archives du cabinet de Michel Ornano

Versement du ministère de l’Équipement

Pages 55 à 57 : Archives du ministère de l’Équipement - état des versements aux Archives nationales n° hors–série - septembre 2007 l « pour mémoire » 113

« pour mémoire » l n° hors–série - septembre 2007 114

n° hors–série - septembre 2007 l « pour mémoire » 115 Versement du ministère de l’Écologie et du Développement durable

1978-1981 Michel d’Ornano •Répertoire d’archives détaillé : Dossiers de M. Pierre Lefort, conseiller technique (amé- •Liste des membres du cabinet nagement urbain), 1978-1981 7 mai 2004 29 avril 2004

•Répertoire d’archives détaillé : Dossiers de •Répertoire d’archives détaillé : Communiqués, Mme Marie-Josée Fontespis et M. Edmond discours ministre, 1978-1981 Daroles, chefs de cabinet, 1977-1981 29 avril 2004 6 mai 2004 •Répertoire d’archives détaillé : Dossiers de •Répertoire d’archives détaillé : Chronos cour- Mme Marie-Josée Fontespis et M. Edmond rier ministre, 1978-1981 Daroles, chefs de cabinet, 1978-1981 29 avril 2004 29 avril 2004

•Répertoire d’archives détaillé : Dossiers de •Répertoire d’archives détaillé : Dossiers de M. Dominique Léger, directeur de cabinet, M. Philippe Hirtzman, conseiller technique 1978-1981 (pollution, bruit), 1978-1981 29 avril 2004 29 avril 2004

•Répertoire d’archives détaillé : Dossiers de •Répertoire d’archives détaillé : Dossiers du chef M. Emmanuel Edou, directeur adjoint de cabi- de cabinet (Emmanuel Edou puis Pierre Viaux ), net, 1978-1981 1978-1981 29 avril 2004 29 avril 2004

•Répertoire d’archives détaillé : Dossiers de •Répertoire d’archives détaillé : Dossiers de M. Christian Bouvier, conseiller technique M. Jean-Philippe Meng (permis de construire), (urbanisme), 1978-1981 1978-1981 29 avril 2004 29 avril 2004

•Répertoire d’archives détaillé : Dossiers •Répertoire d’archives détaillé : Dossiers de de M. Jacques Lainé, conseiller technique, M. Claude Poly (déplacements ministre), 1978-1981 1978-1981 29 avril 2004 29 avril 2004

•Répertoire d’archives détaillé : Dossiers •Répertoire d’archives détaillé : Extraits des de M. Louis Caudron, chargé de mission, dossiers remis aux membres du gouverne- 1978-1981 ment avant chaque conseil des ministres, 29 avril 2004 1978-1981 29 avril 2004 •Répertoire d’archives détaillé : Dossiers de M. Michel Boyon, conseiller technique, •Répertoire d’archives détaillé : Albums des À voir sur : 1978-1981 http://www.ecologie.gouv.fr/ reportage de presse, 1977-1981 29 avril 2004 rubrique.php3?id_rubrique=100 29 avril 2004

« pour mémoire » l n° hors–série - septembre 2007 116 Le Comité d’histoire du ministère

Le Comité d’histoire a été créé par L’organisation études-recherches un arrêté du 9 mai 1995, auprès Denis Glasson, des ministères chargés du secrétariat chargé d’études de l’Équipement, des Transports tél. 01 40 81 36 47 et du Logement. du Comité d’histoire [email protected] Depuis cette date, à partir de ces trois compétences animation-diffusion fondamentales héritées de l’ancien  secrétaire du Comité d’histoire Françoise Sappin, ministère des Travaux publics Pierre Chantereau, chargée d’études (et des Transports) et de celui de ingénieur général des Ponts et Chaussées ; tél. 01 40 81 26 35 la Construction (et de secrétaire général du conseil général [email protected] l’Urbanisme), fusionnés en 1966 des Ponts et Chaussées dans le concept nouveau de tél. 01 40 81 63 23 recueil de témoignages oraux ministère de l’Équipement, le fax. 01 40 81 23 24 Brigitte Druenne-Prissette, Comité a été amené à élargir son [email protected] chargée de mission champ de compétence initial, tél. 01 40 81 31 06  pour aborder des questions secrétaire délégué [email protected] du Comité d’histoire touchant à l’aménagement du Alain Billon, territoire, à l’environnement, au inspecteur général de l’Équipement Les domaines d’intervention développement durable, etc... tél. 01 40 81 21 73 Depuis, le nouveau ministère [email protected]  l’histoire des administrations et de leurs de l’Écologie, du Développement politiques ; et de l’Aménagement durables accueil, assistance à  l’histoire des techniques ; a vu le jour, associant dans une la coordination, secrétariat  l’histoire des métiers et des cultures synthèse dynamique et novatrice Michèle Théotiste, professionnelles ; les traditions de l’écologie et du secrétaire  la définition d’une politique du patri- développement durable, celles tél. 01 40 81 36 75 moine . de l’habitat et des transports, fax. 01 40 81 67 13 celles des politiques énergétiques [email protected] Les actions et celle de l’aménagement du territoire. documentation  le soutien et l’accompagnement d’études Le Comité d’histoire a vocation à Françoise Porchet, ou de recherches historiques sur le intégrer aujourd’hui ces différentes chargée d’études documentaires ministère (et ceux dont il est issu) ainsi traditions dans son programme tél. 01 40 81 36 83 que sur les politiques menées dans ses d’études et de recherches. [email protected] différents domaines de compétence ; n° hors–série - septembre 2007 l « pour mémoire » 117

 l’organisation de conférences et de Le conseil André GUILLERME, ingénieur ENTPE ; journées d’études ; docteur en histoire ; professeur  la constitution d’un fonds d’archives scientifique des universités ; directeur du centre orales ; d’histoire des techniques et  le soutien à l’édition d’ouvrages et août 2007 de l’environnement (CNAM) la publication de la revue « pour mémoire » ; Bernard BARRAQUÉ, ingénieur civil Bertrand LEMOINE, ingénieur X-ENPC ;  la gestion d’un centre de ressources des Mines ; urbaniste ; docteur en architecte DPLG ; directeur de historiques ouvert au public ; socio-économie urbaine ; directeur recherche au CNRS ; directeur de l’école  la participation aux grandes manifesta- de recherche au CNRS d’architecture de Paris La Villette tions du ministère. François CARON, docteur en histoire ; Geneviève MASSARD-GUILBAUD, Les outils professeur émérite à l’université docteur en histoire ; de Paris IV ; président du comité directrice d’études à l’EHESS  la bibliothèque, ouverte au public, com- scientifique de l’AHICF et du Comité prend plus de 3000 volumes, ouvrages d’histoire de la fondation EDF Antoine PICON, ingénieur X-ENPC ; spécialisés ou usuels. Elle est accessible architecte DPLG ; docteur en histoire au public du lundi au vendredi de 9 h à Viviane CLAUDE, architecte ENSAIS ; (EHESS) ; professeur à l’université de 12 h et de 14 h à 17 h ; urbaniste ; docteur en histoire et Harvard (graduate school of design) USA  les sites consultables : civilisations ; professeur à l’INSA http://www.equipement.gouv.fr (Strasbourg) Anne QUERRIEN, sociologue ; /rubrique.php3?id_rubrique=27 urbaniste ; rédactrice en chef http://intra.comite-histoire.cgpc.i2/ ; Florence CONTENAY, inspectrice des “Annales de la recherche urbaine”  le guide des sources : générale de l’Équipement honoraire ; (PUCA) accessible sur l’internet et l’intranet, il a membre du Comité d’histoire été conçu pour faciliter le repérage des du ministère de la Culture Thibault TELLIER, docteur en histoire ; sources historiques dans les domaines maître de conférences à l’université de compétence du ministère ; Gabriel DUPUY, ingénieur (Centrale de Lille III  des dossiers bibliographiques et biogra- Paris) ; docteur en mathématiques ; phiques à consulter sur place ; docteur en lettres et en sciences Hélène VACHER, docteur en histoire ;  la revue « pour mémoire » : semestriel + humaines ; professeur à l’université maître de conférences associée à numéros spéciaux ; de Paris I Panthéon-Sorbonne l’université d’Aalborg (Danemark)  la consultation d’archives orales (en préparation). Philippe GENESTIER, architecte- Loïc VADELORGE, docteur en histoire ; urbaniste en chef de l’État ; directeur maître de conférences à l’université du laboratoire RIVES (ENTPE) de Saint-Quentin en Yvelines  « pour mémoire » l n° hors–série - septembre 2007 118

Valéry Giscard d’Estaing et Michel d’Ornano ouvrent les assises internationales de l’Environnement. UNESCO Paris 9 décembre 1980 Extrait du n°13 de la revue Environnement et Cadre de vie la revue du comité d’histoire

rédaction  Tour Pascal B 19.29 92 055 La Défense Cedex téléphone : 01 40 81 36 75 télécopie : 01 40 81 67 13 [email protected]

directeur de la publication  Pierre Chantereau

rédacteur en chef  Alain Billon

secrétariat  Michèle Théotiste ce numéro hors-série a été conçu et coordonné par  Brigitte Druenne-Prissette

conception graphique  Éric Louis réalisation graphique  Raphaëlle Vial

ISSN  1955-9550 dépôt légal  en cours

impression  couverture : Le Révérend intérieur : DGPA/DAJIL/PLM2/Reproduction

Les photos des intervenants et de la salle ont été réalisées par Phillippe Blanchard (MEDD) et Marie-Chritine Rabioux (DGPA/DAJIL/PLM1) n° hors–série - septembre 2007 l « pour mémoire »