Versailles Dans Le Vent Des Médias
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Les Carnets du Lahic n° 9 Lahic / DPRPS-Direction générale des patrimoines Lahic / DPRPS-Direction Des arbres au coeur d’une émotion La fabrique d’un consensus patrimonial : le parc de Versailles après la tempête Véronique Dassié 9 Les Carnets du Lahic Copyright 2014 Lahic / Ministère de la Culture, direction générale des Patrimoines, département pilotage de la recherche et de la politique scientifique. ISSN 2105-0708 Illustration de couverture : Souche d’arbre exposée devant le Trianon, château de Versailles. Photographie J.-M. Manaï, 2000. Les Carnets du Lahic 9 Des arbres au cœur d’une émotion La fabrique d’un consensus patrimonial : le parc du château de Versailles après la tempête Véronique Dassié Préface de Martin de la Soudière Lahic / DPRPS-Direction générale des patrimoines SOMMAIRE Remerciements 9 Préface 10 Avant-propos 14 Première partie VERSAILLES DANS LE VENT DES MÉDIAS Regarder les arbres : l’inflation médiatique 19 Des tempêtes dans les médias 19 L’arbre en images 21 Premières médiatisations des arbres 22 Au péril des arbres 23 1999 : l’arbre en otage 27 De l’explosion… 27 …à la commémoration médiatique 28 L’arbre incliné ou couché : une mutation du regard 29 Le parc, un corps blessé 30 Personnification des arbres, des victimes aux reliques 32 Parler tempête pour organiser le social 44 Nourrir la presse : le bal des personnalités 44 Le temps rendu sensible 46 Du temps qu’il fait au temps qui passe, décomposition et recomposition du visible 47 Une rhétorique de l’émotion 49 Des arbres sacrifiés par une nature justicière 51 Deuxième partie L’INVENTION DU PATRIMOINE ARBORÉ Une nouvelle patrimonialité en germe 59 De l’aménagement du territoire à l’invention d’un patrimoine collectif 60 L’expropriation au service d’une individuation patrimoniale : naissance du parc 61 Le privé contre le lignage, nature contre culture 63 La Révolution : des émotions au service de la moralisation du patrimoine 64 Le musée comme modèle pour une conversion patrimoniale après la Révolution 67 Un bien-fonds devenu bienfaiteur : le verdissement du patrimoine 69 L’émergence d’une figure emblématique de la culture : l’arbre 75 L’art des jardins ou la conversion de l’arbre en œuvre d’art 75 Une protection administrative des arbres : des réserves « artistiques » forestières… 77 … aux arbres et jardins « remarquables » 78 Des espaces boisés au service d’une hiérarchisation du social 81 L’arbre principe structurant de l’espace urbain 82 Entre parcs et jardins, une sémantique de la nature 85 Versailles dans la monumentalisation des arbres 87 La genèse d’un attachement populaires aux arbres 91 Entre légende et histoire : des ancêtres au destin héroïque 91 De « mai » ou de liberté, l’arbre comme ancrage de la citoyenneté 92 Une plantation pour composer la famille 94 Entre liberté et adoption : vers une dilution du politique ? 95 Arbres de passions et « dendrolâtrie » 97 Troisième partie INTERPRÉTER LE PATRIMOINE D’AUJOURD’HUI Les regards du politique sur le parc 104 De la propagande d’État à la naissance de l’intime 104 Les tempêtes au profit de la construction d’une cause patriotique 106 Des polémiques au consensus 109 Du patriotisme à l’universalisme 111 Administrer le patrimoine : le catapultage des mémoires 114 Le vent face au patrimoine : de l’ordre des choses au séisme 114 Un jeu d’ombre et de lumière pour fonder la valeur du patrimoine 115 Régénérer, restaurer, restituer : les enjeux cachés de l’action patrimoniale 118 Interpréter le passé pour remettre en ordre le social 120 Vers un classicisme durable 123 Un patrimoine vivant face au tourisme culturel 128 Les ressources du patrimoine : de la consommation au don 128 Du parrainage à l’adoption 130 Adopter un arbre à Versailles 132 L’affection patrimoniale 134 Quatrième partie L’INTIMISATION DU MOUVEMENT PATRIMONIAL Du donateur au parent adoptif 137 Un catalyseur d’émotion : le parc du château sur le Web 139 Une géographie du don 141 Entre indifférence et passion, le local contre l’histoire 144 Un lieu commun comme point de jonction 146 La triangulation du lien patrimonial 148 Un don performatif 150 Des empreintes affectives pour une poïétique de la mémoire 157 Une émotion plurielle 157 La quête du plaisir 159 Les reviviscences de l’intime 161 Œuvrer pour l’avenir 163 Au rythme de l’arbre, une vie 165 Ordonner le temps qu’il fait pour maîtriser celui qui passe 168 L’« ego-logie » comme communion contemporaine 171 Masculin et féminin, entre statut et relation 171 Un territoire gigogne de l’attachement patrimonial 173 Une histoire fondatrice pour nourrir l’affection patrimoniale 175 Arbres de famille : du totem à l’« ego-logie » pour dissoudre les différences 177 Le patrimoine point d’orgue d’une solidarité humanitaire 179 Communier dans l’action, une morale à l’histoire 180 Créer de l’entre-soi avec autrui 182 Conclusion 187 Bibliographie générale 194 Sources médiatiques : revue de presse régionale 210 Sources médiatiques : revue de presse nationale 211 Annexes 213 REMERCIEMENTS Ce travail est le résultat d’une recherche sur l’émotion qui s’est déployée jusqu’en 2005 après la destruction du parc du château de Versailles en décembre 1999. Elle n’aurait pu être menée à bien sans le soutien de la sous-direction de l’archéologie, de l’ethnologie, de l’inventaire et du système d’information, du Laboratoire d’anthropologie et d’histoire de l’institution de la culture, du Groupe d’histoire des forêts françaises et de l’établissement public du château de Versailles. Je remercie particulièrement Pierre-André Lablaude, architecte en chef au château de Versailles, Ariane de Lestrange et toute son équipe au service communication, Joël Cottin et Alain Baraton aux services des jardins pour leur accueil, leur disponibilité et leur précieuse aide documentaire au cours de l’enquête. Je tiens également à remercier chaleureusement Annick Arnaud, Andrée Corvol, Daniel Fabre et Claudie Voisenat pour leurs conseils avisés et leurs relectures attentives de ce travail. 10 PRÉFACE Martin de la Soudière Climat et météo sont aujourd’hui – et seront de plus sévèrement touchées. Émotion qui gagna l’ensemble en plus – dans l’air du temps... Hélas si l’on peut du pays et au-delà, en particulier les États-Unis, et dire, car la perspective de changements majeur est dont l’auteur multiplie les mots pour la dire et en désormais quasiment avérée. Mais en revanche, et cerner les contours et les différents sens :affection , comme souvent dans la recherche lorsque la question élan, cause… patrimoniales. que l’on étudie se met à poser vraiment problème, L’auteur nous prenant par la main, le lecteur ne les menaces qui se mettent à peser sur l’atmosphère perd pas le fil, le récit se présentant en effet comme tendent aujourd’hui à faire sortir le «temps qu’il fait» une succession de poupées russes dont la suivante de la confidentialité (le folklore, les savoirs météo dits apporte sa pierre à l’édifice du raisonnement en populaires) pour en faire un chapitre à part entière train de se dérouler sons les yeux du lecteur, en dans les travaux de sciences humaines. À preuve des publications, des ouvrages et des colloques récents 1... même temps qu’elle prend appui sur la précédente. et, avec brio, cet ouvrage. Récit très construit donc, raisonnement rigoureux, très tenu en même temps que convainquant, servi En usage dans les tragédies classiques, les trois par une belle écriture, souple, fluide, euphonique, unités sont ici respectées : de temps (un événement- comme en témoigne par ailleurs le choix judicieux catastrophe), de lieu (un parc prestigieux) et d’action et malicieux de certaines des parties de l’ouvrage : (l’émotion que souleva sa destruction partielle un L’arbre en otage / Le parc, un corps blessé / Le vent soir de décembre 1999 sous les coups de Lothar, face au patrimoine : de l’ordre des choses au séisme / qui, avec son compère Martin, ravagea alors une Ordonner le temps qu’il fait pour maîtriser celui patrie des forêts françaises). C’est ainsi que nous est qui passe / Arbres de famille : du totem à l’ « ego- ici donnée à lire l’ethnographie fine et scrupuleuse logie »… d’une catastrophe dont les victimes ne furent pas les hommes mais les arbres. De bout en bout, Véronique Mais, en chemin, sont convoqués, en nombre, Dassié tient son fil : ce vent mauvais et l’émotion auteurs et disciplines qui font plus que seulement patrimoniale qu’il suscita ici, très spécifiquement, baliser l’analyse : la prolongeant, ils nous permettent de façon paradigmatique, à Versailles, à la différence de quitter par moments Versailles, pour mieux le des autres zones forestières françaises et européennes retrouver. En dehors de l’ethnologie, Véronique pourtant elles aussi visitées par la tempête et Dassié a du talent, qui sait en effet braconner avec 11 Véronique Dassié bonheur et justesse sur des terres et dans des sphères à cette rhétorique nature/culture et à l’historicité de qui ne sont pas les siennes stricto sensu : du côté de nos sensibilités à l’environnement. Certes je n’ai la sociologie et de la philosophie, Merleau-Ponty, pas retrouvé dans cet ouvrage les types de tempête Ricoeur, Bourdieu, Nicole Loraux, Alain Ehrenberg, que je connais le mieux, les lozèriennes (la « burle ») Jean-Didier Urbain ; coté forêts, Andrée Corvol, Jean ni les Landaises (« Klaus 2 »), pas plus que les arbres Mottet, Patrick Prado, Jacques Brosse ; côté paysage, remarquables du Limousin ou de Basse-Normandie Jacques Cloarec, Yves Luginbül, Claudie Voisenat ; (les trognes). Mais justement !, en le décalant, le cas côté lieu, Michel de Certeau et Appadurai ; côté emblématique des arbres de Versailles m’a permis de climat enfin, Martine Tabeaud et Emmanuel Le Roy me dépayser et d’enrichir mon regard sur ce que la Ladurie.