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JULES MONOD g^ÇQuatre-vingts gravures et une carte Edition entièrement nouvelle.

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6, Rue de Hollande, 6 De Martigny le chemin de fer suit la reute cantonale jusqu'à Vernayaz où il quitte la vallée du Rhône pour arriver à Salvan en gravissant à l'aide de la crémaillère une pente de 20 °/° creusée dans une paroi abrupte. — Il longe ensuite à mi-hauteur les flancs verdoyant de la montagne en passant par les lieux de villégiature des Marécottes et de Trétien. — Peu avant cette dernière localité la voie franchit la profonde fissure des Gorges du Triège. — Taillé dans des rochers surplombant de 200 mètres.le Trient, le tracé est des plus hardi jusqu'à Finhaut. — De là, la ligne descend au Châtelard zigzagant dans les forêts de sapins pour remonter jusqu'au Tunnel des Montets (iS83 m. de longueur) qui débouche dans la vallée de l'A rve au-dessus c'Argentière. — Jusqu'à Chamonix c'est un défilé de glaciers éblouissants dont plusieurs descendent jusqu'au fond de la vallée à peu de distance de la voie ferrée. L ^^___ Voir les vues imprimées au dos de cette carte.

1 Quide Illustré

DU VA L AIS Subventionné et approuvé

l'A H I.K CONSEIL D'ÉTAT Dû CANTON Dû VALAIS

ET PAR I.A

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Description. — Configurat'on. — Notice historique. Vailéiset Stations. — Climatologie. — Flore. — Excursions. — Itinéraires. Distances. — Altitudes. — Tarifs des Guides.

JULES MONOD

QUATRE-VINGTS GRAVURES ET UNE CARTE Edition entièrement nouvelle

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Le Valais. — Description et configuration.

Pittoresquement encaissé entre les deux puissantes chaînes des Alpes Bernoises et des Alpes Pennines, qui l'enserrent à son extrémité de deux hautes parois de roc, appuyé à sa sortie aux Alpes Vaudoises, le canton du Valais, qui forme la vallée du Rhône, présente des beautés naturelles de la plus admirable diversité et peut être con­ sidéré comme la plus vaste et la plus grandiose vallée de la Suisse. Il donne naissance au Rhône et le conduit, des solitudes austères de son glacier, aux eaux azurées du Léman, après lui avoir apporté le tribut de plus de quatre- vingts torrents descendant de ses vallées latérales. Les deux chaînes de montagnes qui lui servent de frontières latérales sont les plus puissantes du monde et le plus formidable relief de cette ligne de sommets, arête rugueuse de la planète, qui commence en Espagne, traverse l'Eu­ rope entière, pour aller se perdre dans l'Asie, vers les rivages de la mer de Behring. Les deux chaînes des Alpes Bernoises et Pennines, semblables à deux gigantesques ailes de roc, se rattachent au nœud central du Saint- Gothard, clef de voûte de cette énorme structure de mon­ tagnes, constituant le noyau de toute l'Europe centrale et enserrent dans leurs parois un profond repli de terrain, un sillon verdoyant, couronné de glaciers et de cimes qu'on a appelé Valus (le Valais) la vallée par excellence. fi Le Valais balayé de rafales, près des séracs qui craquent lugubre­ ment, avec, dans les creux, la flore alpestre, tapie sur le sol et penchée sous la crainte des avalanches ; là, tout près, les merveilles fleuries et gorgées de sève d'une végé­ tation de Sicile ou de Grèce, moissons aux houles d'or, gras vergers où s'étale la parure nuptiale des pommiers, pampres verts qui élèvent les grappes blondes. Sion, particulièrement, a un été très chaud, qui contraste avec les vives froidures de l'hiver ; Sierre est également très abrité et chauffé, entre les crêtes des monts, par un soleil do feu. Et ces contrastes, ces dispositions du sol, qui per­ mettent à la chaleur d'imprégner la terre jusqu'à des profondeurs inconnues, ont enfanté ces vins valaisans, nectars fameux, ambroisies de parfum et de lumière, aux coulées de miel, qui fleurent l'allégresse et mettent des chansons aux lèvres, comparables aux plus fameux breuvages de France ou aux vins liquoreux d'Espagne, Malvoisie, divine, Dole capiteuse, Am;gne subtile, connus et estimés des Romains, qui ont figuré sur la table des maîtres du monde, plants â'Humagne, que les Latins nommaient vinum humanuni, Fendant doré, crus du Gla­ cier, d''Arvine, de Coquempex et de la Marque, des deux Rèze, la jaune et la petite, enfin vins étrangers, Bourgo­ gne, Johannisberg, Bordeaux, merveilleusement accli­ matés et ajoutant à leur saveur primitive le ragoût et le relief si caractéristique du terroir valaisan, terre de cal­ caire, engraissée par les flots fertiles du Rhône et embrasée de soleil. Les éléments constitutifs du Valais ne pouvaient que donner naissance au pays le plus merveilleusement pitto­ resque, aux variations infinies de sites, aux gammes indescriptibles, les plus savamment modulées, de paysa­ ges d'un art à la fois grandiose et gracieux. Chacune des vallées latérales a un charme qui la caractérise, qui la fait aimer, une beauté qui lui est propre et dont l'ensem­ ble est une radieuse mélodie naturelle. Ici, c'est une gaine verte, embaumée de solitude, un Eden paisible, développé en des plans' d'une douceur infinie, qui s'en va dans le silence béni des rêveurs, où, seules, les clochettes des troupeaux mettent une vie quelconque, comme la rumeur PAYSANNES DE CHAMBER'S (Cliché Jullien frères) 8 Le Valais attendrie de quelque cérémonie agreste ; là, c'est une grandiose hachure au flanc des monts, quelque hiatus effroyable au revêtement de rocs convulsionnés, au fond duquel gémissent des torrents captifs, avec toute la beauté dramatique de la nature alpestre, qu'empourpre l'agonie sanglante du couchant. Plus loin, c'est une prairie im­ mense et calme, constellée de chalets paisibles, joujoux noirs dans la mousse des pâturages, qui montent, entre les récifs rocheux couronnés de sapins, vers les blan­ cheurs fraîches des glaciers. Plus loin encore, une gorge abrupte, dont les parois surplombantes dégorgent de mousseuses cascades, et qui mène, après l'horreur du vertige, en quelque Thébaïde vierge, tapissée de fleurs, enchantée de gazouillis d'oiseaux, qui donne l'impression d'être sovidain sorti du monde. Et partout, gorge noire, prés fleuris, escarpements formidables, pic crête de lumière ou forêt baignée de silence, l'opulence, la grâce et la force d'une nature encore neuve, immortelle créatrice, enchanteresse aux radieuses magies. J.-J. Rousseau met dans la bouche de Saint-Preux, le héros de la Nouvelle-Héloïse, réfugié en Valais, les paroles suivantes : « Ce fut là que je démêlai sensiblement, dans la pureté de l'air où je me trouvais, la véritable cause du change­ ment de mon humeur et du retour de cette paix intérieure, que j'avais perdue depuis si longtemps. En effet, c'est une impression générale qu'éprouvent tous les. hommes, quoi qu'ils ne l'observent pas tous, que sur les hautes montagnes, où l'air est pur et subtil, on se sent plus de facilité pour respirer, plus de légèreté dans le corps, plus de sérénité dans l'esprit ; les plaisirs y sont moins ardents, les passions plus modérées. On est grave sans mélancolie, paisible sans indolence, content d'être et de penser ; tous les désirs trop vifs s'émoussent ; ils perdent cette pointe aiguë qui les rend douloureux ; ils ne laissent au fond du cœur qu'une émotion légère et douce, et c'est ainsi qu'un heureux climat fait servir à la félicité de l'homme des pas­ sions qui font ailleurs son tourment. Je doute qu'aucune agitation violente, aucune maladie de vapeurs pût tenir Description et configuration • 9 contre un pareil séjour prolongé et je suis surpris que des bains de l'air salutaire et bienfaisant des montagnes ne soient pas un des grands remèdes de la morale et de la médecine. » Ce beau pays est habité par une race forte, vigoureuse, résistante, qui a conservé toutes les qualités d'endurance et de vigueur des races celtiques. Peuple agricole, atta­ ché à son pays, le Valaisan a su admirablement en mettre à profit les ressources naturelles. Partout son énergie s'est affirmée et, grâce aux bienfaits d'une collectivité unie pour le bien commun, a transformé les régions les plus hautes et parfois les plus arides, créant de tous côtés d'admirables vignobles ou des exploitations maraîchè­ res, en continuel accroissement, qui font du Valais le jardin de la Suisse. L'exemple le plus admirable de sa patiente ingéniosité est la création des bisses ou canaux d'irrigation du Valais, dont les lignes droites se dessinent horizontalement sur les croupes des deux grandes chaî­ nes de montagne qui forment la vallée du Rhône. Au- dessus de ces lignes, le sol est aride, brûlé, avec des tein­ tes malades, tandis qu'au-dessous ce sont de magnifiques cultures, aux fraîches verdures. C'est le résultat de ce système d'arrosage, créé par le Valaisan et qui existe chez lui depuis l'époque de la domination romaine, ce qui, dit-on, est le cas pour le Heidenkanal, dans la commune de Visperterminen. Au XI:n= siècle, on irriguait les oha- nysses ou champs secs ; les bisses sont mentionnés parti­ culièrement dans le testament de Guichard Tavelli, en date du 11 décembre 1366. Us ont généralement leurs prises d'eau à une altitude d'environ 1500 à 2000 mètres, quelquefois plus haut, allant chercher l'eau jusque dans les profondeurs du glacier ; ainsi le très ancien bisse de Clavoz, qui part de la Lienne, sous Ayent, et vient arroser le vignoble de Sion, après un circuit de IS kilomètres, le bisse de Roth qui a une longueur de 20 kilomètres et va chercher l'eau à un glacier, à plus de 2600 mètres. Les plus considérables sont ceux de Lentine, qui vient de F Alpe de Serin à Sion et fait un parcours de 48 kilomè­ tres, le Grand Trait d'Héremence, le bisse de Saxon et le nouveau bisse de Lens. Plus de cent grands bisses desser- LA CROIX DU CHEMIN Description et configuration 11 vent la vallée du Rhône et les vallées latérales, de Saint- Maurice au Simplon, avec un développement total de plus de 1200 kilomètres, porté à 1500 avec les bisses de moindre importance. Et les travaux que réclame l'éta­ blissement de ces canaux sont bien la caractéristique d'un peuple vaillant et patient, car il faut lutter contre les difficultés naturelles, souvent insurmontables au premier abord, aller placer le revêtement du bisse contre les parois à pic, au travers des moraines, le long des gor­ ges, au péril de la vie. L'effort est long, le résultat est lent à venir et le danger imminent, avalanche qui gronde ou vertige qui attire. L'utilisation du bisse indique chez le Valaisan des qualités essentiellement pratiques ; ainsi l'usage de l'eau se divise le plus souvent en heures et jours, chacun ayant sa part, suivant une tabelle faite d'avance, en se basant, pour le prix et la quantité, sur l'étendue proportionnelle des propriétés réciproques. Et chacun, à son tour, voit le surveillant ouvrir le bisse sur son domaine, où de petits canaux multiples répandent partout la fertilisante humidité. Ainsi, par l'intelligente union et une industrieuse collectivité, chaque village arrive à augmenter considérablement le rendement de ses prairies et de ses vignes. Il y a, clans le Valais, deux corps de métiers avec les­ quels le touriste se trouve constamment en rapport, les Maîtres d'hôtel et les Guides de montagne. Les premiers forment une corporation puissante et riche ; ce sont eux qui ont créé la plupart des stations valaisannes, et semé la montagne de ces admirables établissements que l'on trouve, jusqu'à 2500 et 3000 mètres, et dont le confort, adapté en quelque sorte au milieu ambiant, jouit d'une réputation méritée. Qui n'a éprouvé la douce satisfaction, au retour d'une course alpestre, quand la fatigue com­ mence à se faire sentir et que, malgré soi, les yeux cher­ chent à l'horizon un toit hospitalier, de rencontrer un de ces beaux hôtels, si propres, si confortables, dont le style a quelque chose du mont aimé, et, sur le seuil, l'hôte, accueillant, avec son bon sourire et sa main fraternelle­ ment tendue. Car le maître d'hôtel valaisan, tout en pra­ tiquant la plus moderne des hospitalités, a su conserver 12 Le Valait cette jovialité, ces approches cordiales, qui doublent le charme de sa réception et continuent l'impression déli­ cieuse de la montagne. Les Guides valaisans, eux, ont tout ce que ce peuple renferme de dévouement, de courage et de généreuses vertus. Il faut, pour les apprécier, avoir affronté avec eux quelque cime revêche, bravé les avalanches gron­ dantes, les crevasses béantes ou les rochers penchés sur les abîmes, avoir eu besoin de leur main ferme qui ne tremble jamais, appui suprême au-dessus de la profondeur bleutée du gouffre, avoir frémi, accroché à la corde, au- dessus des parois surplombantes, à la merci de leurs muscles, et entendu, dans l'air calme des cimes, leur cri de triomphe répercuté par les échos. Alors, mais alors, seulement, on sait ce que sont ces héros paisibles et doux, fougueux dans le danger, et modestes dans la victoire, en lesquels est concentrée la vaillance de la race et qui mettent à vaincre, au prix de leur vie, le géant casqué de glace, l'intrépidité sereine déployée par leurs ancêtres à travers les siècles pour la conquête et le maintien de leurs libertés. Constitués en corps, dans chaque station, sous le con­ trôle de l'Etat, qui tarifie leurs courses et les soumet à de sérieux examens, les guides du Valais forment un corps incomparable, universellement réputé et beaucoup d'entre eux, grâce à leur science de la montagne, s'en vont faire des excursions clans les contrées les plus lointaines. Le dernier tarif officiel des guides et porteurs des Alpes Valaisannes a été établi, en 1906, par le Gouvernement du canton du Valais, avec le concours du comité central du Club Alpin Suisse et des sections ; nous le publions à la fin du volume. Le Valais est un des rares cantons de la Suisse, où le costume national se retrouve encore : coiffure rouge, d'origine orientale, du Val d'Illiez. larges chapeaux de Finhaut et de Savièze, toquet brodé d'Evolène, coiffes curieusement endentelées d'Anniviers, avec les corsages éclatants, rehaussés de pesants crochets d'argent, desti­ nés à faire croiser des cordons de soie sur une bisguière triangulaire, quelquefois richement décorée d'or et d'ar- Description et configuration 13 gent. Et le dimanche ou les jours de fête, on a encore la bonne fortune de voir, se rendant à la messe, à Cliam- péry, Vissoye ou Saas-Fée, les belles filles robustes, en leurs costumes gracieux, dans le décor des forêts ver­ doyantes et des cimes orgueilleuses, pendant que le carillon de l'église chante joyeusement et donne la volée à son essaim d'oiseaux sonores. SION AU XVIII"10 SIECLE Reproduit d'après une estampe des Etals et Délices de la Suisse,'par Ebell, CHAPITRE II

Notice historique sur le Valais.

Les peuplades primitives étaient les Celtes ; dans ses Commentaires, César affirme qu'ils étaient Gaulois et Polybe parle des Ardyens qui habitaient vers les sources du Rhône. Un géographe romain, Festus Avienus, a laissé une curieuse description de la vallée du Rhône ; il dit que le fleuve sort de la bouche béante d'une caverne, domi­ née par un rocher élevé que les indigènes appellent la colonne du soleil ; il cite les noms de plusieurs peuplades habitant à cette époque la région, les Tylangiens, les Daliternes, les Chabiliques et il nous apprend qxie le Rhône se jette dans un raste marais appelé par les Grecs Accion. A l'époque de l'ère chrétienne, les habitants du Valais sont connus sous le nom de Vibériens, Séduniens, Véra- gres et Nantuates ; ils portent le nom générique de Val- lésiens ou Vallaisans ; depuis Auguste, le Valais ne s'ap­ pelle plus que Vallée poenine (Vallis poenina). Nous allons dire quelques mots de l'histoire du Valais, une des plus mouvementées et des plus tragiques qui puissent être. Envahi par les Barbares à plusieurs reprises, le Valais fut conquis par César ; son lieutenant, Sergius Galba, établit son camp à Octodurum (Martigny), y soutient un siège terrible et anéantit les bandes gauloises. La civili­ sation romaine pénètre en Valais et de nouvelles cités se fondent, Tarnade, plus tard Saint-Maurice et Forum •1() Le Valais

Claudii;ie pays se défriche, de larges voies le sillonnent, et sa prospérité est attestée par de nombreuses inscrip­ tions ; la plus connue est celle par laquelle les Nantuates et les Séduniens proclament Auguste leur protecteur et

(Cliché Pasche. Sionj SAINT-PIERRE DE CLAGES leur père. Puis le christianisme apparaît et sa vive lueur éclaire tout le Valais ; en 302, Maximien fait massacrer, à quelque distance de Saint-Maurice, la célèbre légion Thébéenne, levée dans la Thébaïde, sous Dioclétien et qui avait Maurice pour primicien. Saint Théodore, envoyé par l'évêque de Milan, vient prêcher la nouvelle foi, qui pénétra peu à peu jusqu'au fond des vallées les plus recu­ lées. Successivement province de la Gaule romaine, conquête des Burgundes et des rois francs, le Valais subit, au Xe Le Valait 17

siècle, la terrible invasion des Sarasins, qui, chassés par le roi Conrad, occupèrent pendant longtemps encore les défilés élevés des Alpes Pennines. Puis il fait partie des Etats des Empereurs d'Allemagne ; c'est à cette époque qu'apparaît la maison de Savoie, qui joua un grand rôle dans l'histoire du Valais. L'empereur Conrad le Salique céda au comte de Savoie, Humbert aux Blanches Mains, le Valais et le Chablais, en récompense des services ren­ dus. Cette maison protégea le Valais pendant longtemps contre les empiétements des féodaux, en guerres conti­ nuelles entre eux. Plusieurs d s s.s Seigneurs occu­ pèrent le trône episcopal de Sion et les évêques du Valais, Seigneurs spirituels et temporels du pays, reçurent pendant longtemps l'investiture des mains du comte de Savoie. Au milieu du XIII"'e siècle, les rapports des com­ tes et des évêques s'envenimèrent, la maison de Savoie ayant embrassé la cause de l'empereur Frédéric II contre le pape. Le traité de septembre 1260 délimite les droits et les fiefs réciproques et les limites des Etats de Savoie sont fixées à la rivière la Morge. Vers cette époque apparaît une nouvelle puissance, avec laquelle les féodaux doivent compter, le parti des Patriotes, qui peu à peu s'affranchit, forme des communau­ tés, tend à l'émancipation de la commune et à l'établis­ sement de ses droits sociaux. Menacés par la noblesse turbulente et batailleuse, les évêques s'appuient sur ce parti naissant ; de longues luttes s'engagent et les XIV"'e et XV"'L' siècles sont pleins du fracas des armes et tout retentissants des tumultueuses et sanglantes chevau­ chées. Tantôt allié aux comtes de Savoie, tantôt secondé par les cohortes populaires des patriotes, l'évêque lutte contre les nobliaux, les puissantes familles de Saxon, de La Tour, de Rarogne. Enfin, après la terrible guerre de Rarogne, qui dura 20 ans, une alliance avec les Suisses assura la tranquillité et l'intégrité du trône episcopal et l'évêque André de Gualdo confirma, en 1425 et en 1435, les droits justiciers des sept Dizains valaisans, Conciles, Brigue, Viège, Rarogne, Loèche, Sierre et Sion. La défaite de l'armée savoyarde par les Patriotes, sous les murs de Sion, le 13 novembre 1475, libéra la Valais du joug de la

2 18 Le Valais maison de Savoie et réunit en un seul territoire les Etats conquis par les comtes jusqu'à la limite de la Morge. Sur la demande de l'évêque Walther de Supersaxo, le Con­ grès de Fribourg ratifia cette conquête par un acte qui s'appelle la Caroline, marque l'émancipation définitive du Valais et atteste la donation du comté et de la préfec­ ture du Valais faite à l'évêque S'-Théodule et à ses suc­ cesseurs par Charlemagne. En 1613, nouveau progrès du parti des Patriotes ; par un manifeste, les sept Dizains affirmèrent avoir succédé aux empereurs et conquis eux- même leurs libertés, et, à la mort de l'évêque Adrien de Riedmatten, les députés des Dizains installent dans le château episcopal le vice-bailli et le secrétaire d'Etat, pour y remplir les fonctions de préfet, présentant aux chanoi­ nes un traité par lequel ils reconnaissent abolir et anéan­ tir pour toujours la Caroline. Malgré quelques efforts des évêques pour reconquérir leurs droits, les Patriotes tien­ nent bon, et, en 1777, les députés valaisans prennent part régulièrement aux diètes suisses ; le 14 novembre 1780, les Valaisans célèbrent, par de grandes réjouissances, le renouvellement de l'alliance de leur pays avec les sept cantons suisses. La Révolution française éclate, le général Montesquiou envahit la Savoie et, en 1795, le Valais reconnaît la nou­ velle République à la Diète du mois de mai, mais, ayant refusé le passage des Alpes au général Bonaparte, le Directoire, au mépris des traités, décide d'envhair la Suisse et de renverser l'ancienne Confédération helvé­ tique. Les Français entrent sur le territoire suisse en 1797, invitant les citoyens à la révolte et les plaçant sous la protection du Directoire. Le Bas-Valais, conquis par le Haut pendant les guerres contre les ducs de Savoie, se déclare indépendant ; dès cette époque, le Valais fut divisé en dix Dizains au lieu des sept Dizains primitifs, auxquels vinrent s'adjoindre ceux d'Entremont, Saint-Maurice et Monthey. Le 16 mai 1798, le général Brune ordonnait la formation d'une république Rhodanique, composée du Valais, des bailliages italiens, de POberland, de Gessenay, du canton de Fribourg, des territoires de Morat, Nidau et du pays de Vaud, avec Lausanne pour capitale. '•'V o-^^jgh"r StA--;-' V ' ,/PZnT&d꣱X1'1

PORTE DE L'ÉGLISE DE VALÈRE 20 Le Valais

Mais les contributions de guerre et l'oppression de l'étranger provoquèrent la révolte ; les petits cantons suisses se soulèvent contre les Français et le Haut-Valais se joint à eux. Une terrible bataille est livrée près de Sion, le 25 mai 1708, mais, malgré d3S prodiges de valeur, les Valaisans sont vaincus, Sion est emporté, livré au pillage, frappé d'un impôt de guerre de 50.000 écus et les prin­ cipaux patriotes emprisonnés. La république une est indivisible est définitivement proclamée avec 19 cantons, transformés en départements et le général Rapinat déclare que les caisses publiques sont une propriété fran­ çaise par droit de conquête. En 1799, le Valais tout entier se lève, dans un superbe élan d'héroïsme et d'en­ thousiasme patriotique, mais, après quelques succès, les Valaisans sont défaits dans les bois de Finges, près de Sierre. Une répression impitoyable terrorise le Valais, illuminé tout entier par le reflet des incendies et expirait sous les impôts de guerre et les exactions de tous genres. Bonaparte fit du Valais une République indépendante, administrée par une assemblée constituante et placée sous la protection des Républiques française, italienne et helvétique. Quelques années après le Valais devint le département français du Simplon et fut divisé en trois arrondissements, avec Sion comme chef-lieu et résidence du préfet, Brigue et St-Maurice comme sous-préfectures. Les événements de 1813 et l'entrée des Alliés en Suisse remanièrent encore la carte politique du Valais ; l'armée autrichienne du comte de Bubna envahit la vallée du Rhône et le comte de Kambuteau, dernier préfet fran­ çais, s'enfuit par le col de la Forclaz, avec la caisse du Département. Le 31 décembre, le colonel de Simbschen annonça qu'il venait occuper le Valais par ordre des Hautes Puissances alliées et invita le pays à nommer douze députés, afin de procéder à une complète réorga­ nisation des pouvoirs. Le traité de Paris ayant reconnu l'indépendance de la Suisse, les représentants des Dizains se constituent, le 30 mai 1814, en assemblés générale et demandent à l'unanimité la réunion du Valais à la Suisse, leur chère et ancienne alliée et le 14 septembre, le Valais prit, comme vingtième canton, sa place définitive dans la Confédération suisse. CHAPITRE III

La vallée du Rhône. — De Saint-Gingolph à Brigue.

Pour mettre de Vordre dans notre travail et le rendre plus clair, nous allons parcourir la vallée principale, sur la­ quelle débouchent toutes les autres. Nous consacrerons ensuite un chapitre spécial à chacune des vallées latérales, en prenant comme point de départ le lac Léman.

Le Valais commença à Saint-Gingolph, joli village posé sur la grève du Léman, comme un nid d'alcyons, enve­ loppé do l'azur des flots du lac, où se reflètent les profils orgueilleux des montagnes vertes. Moitié suisse et moitié français, St-Gingolph a un pont qui délimita la frontière entre les deux pays, et sur lequel, au moyen âge, l'évêque de Sion, en visitant ses ouailles, s'arrêtait, pendant que le curé, en habits sacerdotaux, lui présentait un calice plein de vin, comme tribut payé de temps immémorial. A peu de distance, le village savoyard de Bret occupe l'emplacement de l'ancien Tauretunum, enseveli en 563, par l'éboulement d'une montagne, qui provoqua de grands dégâts, relatés par les chroniques du temps. De St-Gingolph, la gorge verdoyante de Novel, aboutit, en 1 heure, au sein des belles montagnes qui composent le premier massif des Alpes de Savoie. Le Col de Lovenet conduit de Novel au lac de Tanay, par une succession d'opulents pâturages, où s'épanouit, dans toute sa beauté, la flore éblouissante des Alpes. 22 Le Valais

Le Bouveret qui est la dernière station valaisanno située sur le lac Léman, s'appelait jadis Port-V'allais ; c'était un ancien prieuré dépendant de l'abbaye de Clu­ ses, dont les prieurs étaient seigneurs du lieu. L'Etat du Valais en devint acquéreur, au prix de 4000 écus, le 19 décembre 1590, et l'afferma, jusqu'en 1607, à l'ancienne famille noble de Tornery. Il y posséda deux châteaux, celui du Bouveret proprement dit, situé au bord du lac et qui servait d'entrepôt de sel et le Fort de la Porte du Sex (de Saxo), construit en 1597, existant encore, bien qu'ayant été malmené par une inondation du Rhône et qui fermait la route de sa porte massive et de ses murail­ les crénelées ; ce fort fut, jusqu'en 1798, la résidence de M. le châtelain dvi Bouveret. La paroisse comprend le village et les vignobles bien connus des Evouettes, dont le nom vient d'un mot patois, diminutif deivoue (l'eau). De beaux hôtels se sont élevés au Bouveret ; sa posi­ tion entre Evian et Montreux, à l'entrée du Valais et sa gare terminus de la grande ligne du Simplon le désignent comme une station d'avenir. Situé au pied des Cornettes de Bise, qui lui font un gigantesque paravent, Le Bouve­ ret, de ses terrasses aux ombrages superbes, contemple le merveilleux panorama des rives vaudoises étagées et plongeant dans le gouffre bleu leurs contreforts acciden­ tés ; la nappe moirée et frissonnante du Léman, aux tein­ tes bleutées et décroissantes, fait un exquis premier plan et met en valeur le mouvement des monts, le relief des collines et les grandes lignes heurtées des cimes. Le soir, le spectacle devient radieux, et la rive sombre s'éclaire de mille scintillements ; de Vevey à Villeneuve, toutes les stations, à leurs diverses altitudes, tous les hôtels, toutes les villas se revêtent de lumière, se parent de l'éclair des girandoles électriques et l'on dirait que la nuit, troublée devant tant de magnificences, a laissé tomber ses plus beaux astres d'or dans les replis onduleux des montagnes harmonieuses. Et l'on admire, ébloui, se demandant quel est le plus beau, du jour rose baigné de clarté ré­ pandu sur le décor idéal ou de la nuit, mystérieuse et profonde, descendue avec un grand soupir sur l'onde où s'exhale la brise du soir chargée de fraîcheur. LE BOUVERET 24 Le Valais

De l'ancien Port-Vallais à la ville vaudoise de Ville­ neuve, s'étend la plaine marécageuse de la Praille, qui est, en quelque sorte, l'estuaire du Rhône ; c'est là que ce fleuve amène au Léman, ce crible d'azur, ses eaux trou­ blées et torrentueuses ; vraisemblablement, cette plaine a été formée par les alluvions du fleuve, qui apporte annuellement au lac 340,000 mètres cubes do matières limoneuses et le comblera dans 200,000 ans environ, si nous on croyons Cli. Lenthéric. Jadis le lac s'étendait beaucoup plus loin et les anciennes chroniques signalent sa présence en des lieux actuellement couverts de la plus florissante végétation. En cet endroit, plus près de la rive vaudoise, Divicon battit et fit passer sous le joug l'armée romaine du consul Cassius, en 107 avant J.-C. On passe le Rhône sur le pont de la Porte du Sex ou le bac de Noville ; au loin, la vallée s'ouvre, avec des loin­ tains de cimes et de contreforts ; les montagnes ont l'air de former un grandiose défilé, où coule, majestueux et grondant, le fleuve, en route vers l'azur de la Médi­ terranée, après le baptême des ondes du Léman. Du Bouveret, on arrive à Vouvry, coquette petite ville, couchée dans un val aux exquises verdures. Elle fut donnée, en 517, à l'abbaye de St-Maurice par Sigismond, roi de Bourgogne et ses vidâmes dépendirent toujours de cette maison. La tradition porte que Charlemagne y passa et accorda de grandes franchises aux habitants. Jusqu'à la fin du XVII Imo siècle, le jour de sa fête, le dernier couple marié était tenu d'ôter la neige dans la plaine où se donnait le bal en souvenir de l'empereur. De Vouvry, on fait l'ascension facile du Orammont (2178 m.) et des Cornettes de Bise (2439 m.) ; le Pas de Vernaz (1820 m.) qui longe les Cornettes de Bise, escalade en six heures les montagnes et conduit à Abondance, sur la route d'Evian à Morgins-les-Bains. Vouvry est le point de départ de l'excursion charmante au Lac de Tanay, qui se fait, par Miex, en 3 heures. .Situé à 1400 mètres, dans le Vallon d'en Haut, le lac se détache comme une coupe bleue sertie de prés en fleurs, sembla­ ble à un saphir dans une éclatante joaillerie ; de tous côtés, des monts rocheux, aux contours pittoresques, La vallée du Rhône z5 abritent cette retraite et en écartent les vents jaloux et aigres ; on y rêve, on s'y promène, on canote sur les ondes smaragdéennes et c'est exquis, ces frissons fluides d'eau moirée, d'une si délicate mobilité au sein de ces bastions de roc dressés éperdûment à l'horizon, immobiles et éter­ nels. Un joli hôtel assure le séjour dans cette oasis mon­ tagneuse et facilite les ascensions des cimes voisines, le Grammont, les Jumelles, les Cornettes de Bise. Une voie étroite de 8 kilomètres de longueur est pro-

LAO DE TANAY jetée pour relier Vouvry à Villeneuve, par Noville^et Chessel ; cette ligne se raccorderait à un funiculaire élec­ trique au Lac Tanay par Miex ; le devis, pour 7 kilomètres est prévu à 1.700.000 francs. Il a été question aussi d'un autre funiculaire au Grammont et aux Cornettes de Bise, dont le panorama sur le lac Léman est renommé. Nous atteignons Vionnaz, ancien prieuré dépendant de celui de Lutry et qui fut racheté et occupé par l'Etat du Valais en 1551 ; les hommes de Vionnaz devaient an­ nuellement au château de Chillon une manœuvre de trois 26 Le Valais

jours à leurs frais, le chanvre pour la corde des ponts- levis et chacun en outre un chapon ou un denier. A mille mètres, au-dessus de Vionnaz, sur un éperon, dominant une cascade, se blottit la jolie station de lîévê- reulaz, au milieu des grands bois frais, qui roulent leurs plis sombres, où luisent les pierreries d'innombrables sources, De ce belvédère, le spectacle est exquis, autour de cette verdure fluide, et, le soir, toute la rive vaudoise du Léman scintille de mille feux et ourle d'un liseré de lumière l'étoffe sombre de la nappe lémanique. Devant soi, comme un haut-relief superbe, les Alpes Vaudoises incrustent leurs cimes et leurs contreforts grandioses, qui viennent mourir dans la plaine du Rhône. Nous brûlons Muraz et passons devant C'olombey, avec son ancien castel haussé sur un contrefort rocheux et que domine encore une tour carrée ; c'est l'ancien château d'Arbignon, aujourd'hui Couvent de Bernardines depuis 1043 ; au-dessous de ce château, à quelque distance, est un autre vieux manoir, résidence des nobles de Colombey, anciens vidâmes de Monthey. De Colombey, un pont sus­ pendu traverse le Rhône et aboutit à la localité vaudoise de Ollon-St-Triphon, le fleuve servant de frontière entre les deux cantons jusqu'à St-Maurice. Voici le gros bourg de Monthey, l'un des plus indus­ trieux du Valais, avec des fabriques de cigares, des scie­ ries, une grande verrerie, une usine de produits chimiques, une savonnerie, qui occupent plusieurs centaines d'ou­ vriers. Sa position est des plus remarquables, entre les pics imposants des Diablerets, de la Dent de Mordes et do la Dent du Midi. Son origine, fort ancienne, est le castrum de Monthey (castrum Montheoli), construit sur une hau­ teur et autour duquel se groupèrent les maisons du bourg primitif. Monthey fut successivement l'apanage des princesses de la maison de Savoie, de 1239 à 1305. Mar­ guerite, femme d'Hartmann, comte de Kybourg, devenue veuve, vint établir sa résidence au château-vieux, vers 1239. Le manoir appartenait à la maison de Grandson en 1299 et tombait en ruines en 1450 ; Amédée VI de Savoie érigea ce bourg en ville municipale et lui octroya divers privilèges et franchises. PII:RKK M-:S MAIIMKTTKS ICliche Fumex, Mtr.it/iey/ 28 Le Valais

A quelques cents mètres de la ville, dans les bois de châtaigniers, sur un espace assez étendu, s'accumulent d'énormes blocs de granit, que Malte-Brun, dans sa Geo­ graphie Universelle, range parmi les objets les plus curieux des Alpes. L'un d'eux, la Pierre des Mar mettes, forme une énorme masse évaluée à 00,000 peids cubes ; un indus­ triel ayant voulu, en 1905, le débiter en marches d'escalier, toute la presse suisse s'émut et la municipalité de Monthey intervint et sauva de la ruine ce vénérable monument. A quelques pas plus loin on trouve la Pierre-à-Dzo (pierre juchée, en patois), qui a toutes les proportions d'un dol­ men colossal. Plusieurs de ces blocs, d'après le Dr Vouga, ont dû servir d'autels sanglants aux premiers habitants de la contrée, à en juger par les petites excavations régu­ lières dont ils sont couverts et par les instruments de bronze, les couteaux de sacrifice, les vases antiques de verre qu'on découvre quelquefois au-dessous. Dans les environs immédiats, les pierres dites de Perraudin, de Venetz, de Charpentier, qui mesurent de 30,000 à 50,000 pieds cubes. Tous ces énormes fragments de rochers ont été transportés du par le glacier du Rhône et ses affluents lorsqu'ils couvraient toute la Suisse occi­ dentale. ^jjMonthey vient d'être relié à Aigle et à la région vu- doise par un tramway électrique ; d'autre part, en 1907, un chemin de fer électrique à voie étroite, qui fut construit en une année, le mit en communication directe avec l'admirable Val ci 11liez et plus tard le reliera à la Vallée de Morgins, dont il est le point de départ et auxquels nous consacrerons un chapitre spécial. Au-dessus de Monthey, dans les grands bois de châ­ taigniers, Choëx brode la verdure sombre de l'aiguille claire de son fin clocher ; de jolis chalets hospitaliers semblent des nefs coquettes perdues dans un océan vert ; la fraîche solitude se baigne dans l'ombre douce des fouil­ lées bouffues et seuls, les oiseaux troublent de leurs ga­ zouillis le plus reposant des silences. Ainsi qu'à Masson- gex, où l'on a découvert des vestiges importants des civilisations antérieures, à peu de distance de Choëx, en un lieu appelé la Fin du Bruit, on a exhumé et res- La vallée du Rhône 20 taure un très curieux monument celtique, sorte d'autel, avec des souterrains profonds, autour duquel se trou­

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valent de nombreux ornements et des objets de l'âge du bronze. La vallée se resserre peu à peu et les grandes assises rocheuses, largement écartées à l'embouchure du Rhône, se crispent jusqu'au défilé de St-Maurice où nous arri- 30 Le Valais vons, au sortir d'un tunnel et qui est le point le plus étroit du Valais. Au-dessus, au pied du dernier contre­ fort de la Dent du Midi, le joli nid deVerrossaz, station tranquille, s'abrite au milieu des arbres fruitiers, endormi dans les fleurs, en face de la Dent de Mordes. Saint-Maurice a une histoire particulièrement intéres­ sante et mouvementée. Cette petite ville, aujourd'hui tran­ quille et bourgeoise, aux rues paisibles, où bifurquent les lignes de la Savoie et du canton de Vaud, a vu passer toute l'histoire du Valais, et son incomparable position stratégique, assise sur le Rhône, dans un défilé resserré, lui a valu d'être le théâtre d'événements considérables, dont les ans ne pourront pas effacer la mémoire. Là, les races et les civilisations ont pullulé, laissant toutes de leurs traces, semblables à un humus historique, avant de s'en aller, poussées par l'inéluctable destinée. II y eut certainement, au début, un poste ou une bour­ gade, bâtie par les Nantuates, qui s'appelle déjà, à cette époque A gaune, nom que nous verrons réapparaître plus tard, et qui vient du mot gaulois agaunon, rocher ; cette étymologie est justifiée par la formation géologique et la position de St-Maurice ; on en trouve d'ailleurs les traces dans les nombreuses inscriptions découvertes en ces lieux. Les Romains en firent la clef de leurs colonies valaisannes et la nommèrent Tarnade, Tarnaïa ou Ager Tamadensis, appellation mentionnée dans l'itinéraire d'Antonin et la Table de Peutinger. Jules César fortifia Agaune et l'entoura de murailles, afin de protéger les passages des Alpes communiquant avec l'Italie. Cette ville reçut la sépulture de personnages illustres et des prêtres célébraient les obsèques des défunts d'après les rites romains. Sévère y fit transporter, de Narbonne, le corps de son fils Antoine. Pendant les derniers jours de février, on honorait, par un ser%àce anniversaire, nommé feralia, la mémoire des citoyens morts dans l'an­ née. M. de Rivaz fait venir le nom do Tarnade d'un châ­ teau voisin que Mari us d'Avenches appelle Castrum Tauredunense. En 302 après J.-C. la légion Thébéenne. selon Boccard, la Secunda Jovia Felix Theboerum, selon de Rivaz, la PONT T)E SAINT-MAURICU 32 Le Vu I a is

Prima Jovia Felix, selon Ducis, la Secundo Maximiana Thebuoerum, selon d'antres auteurs, commandée par Maurice, est massacrée à Tarnade et l'ancienne tradition porte que de pieux ermites, s'étant dévoués à la mémoire des martyrs, vinrent fixer leur demeure dans des cabanes, au pied d'un rocher à pic, à l'endroit où les soldats chré­ tiens furent égorgés. L'évêque Saint Théodore, ayant inhumé leurs"ossements dans l'église de Tarnade, en 351, invita les solitaires à se rassembler, pour en faire l'office solennel. Les évêques du Valais se chargèrent du soin de la communauté naissante et Saint Eucher dit à Silvius : « qu'il était sans cesse occupé à faire le service solennel des martyrs d'Agaime. >> L'ancienne règle du monastère porte le nom de règle de Tarnade. Ce fut là l'origine de l'abbaye de St-Maurice. Le nom de Tarnade subsistait encore en 380 et il figure dans la carte Théodosienne, mais en 390, on disait déjà Agauno, nom qui lui fut donné ou plutôt restitué par Saint Ambroise. Nous avons déjà vu l'étymologie de ce mot ; toutefois, disons que plusieurs historiens, et parti­ culièrement Festus, le font venir du latin agon, qui désigne la victime que les empereurs immolaient avant d'entre­ prendre une expédition. Saint Jérôme dit toujours Ago­ nes Martyrum. D'autres auteurs émettent l'hypothèse étymologique d'une origine dérivée du mot grec agonè (immolation, sacrifice, combat suprême). A partir du IX'1"-' siècle, l'abbaye s'appelle St-Maurice d'Agaune. Sigismond, roi de Bourgogne, combla de grands biens et d'innombrables privilèges l'abbaye de St-Maurice, et se dépouilla d'une partie de ses domaines en sa faveur. Il consacre, devant une assemblée brillante d'évêques et de nobles réunis à Agaune, la basilique bâtie par Saint Théodore et y institue la Psalmodie perpétuelle en l'hon­ neur des saints. Tour à tour, les rois mérovingiens, bour­ guignons, carlovingiens, les empereurs d'Allemagne, les princes de la maison de Savoie et leurs grands vassaux furent les bienfaiteurs du plus ancien de tous les monas­ tères de l'Occident, sur lequel s'exerça, à plusieurs repri­ ses, la rage des Barbares. Charlemagne la comble de pré­ sents,'dont quelques-uns sont encore conservés dans le La vallée du Rhône 33

Trésor. De tous côtés on regardait cette église comme la reine de celles des Gaules et souvent les rois s'enorgueil­ lirent du titre d'Abbé de St-Maurice, que portèrent, entr'autres Rodolphe, roi de'Bourgogne et son fils, Rodol­ phe II. L'abbaye actuelle renferme de grands corps de bâti­ ments, d'époques distinctes, une fort belle bibliothèque contenant les archives et une basilique somptueuse, bâtie en 1625, avec les matériaux des anciennes basiliques. Le Trésor de l'abbaye représente toutes les époques de l'art de l'orfèvrerie, depuis le VIme siècle jusqu'au XVII'"0 Les principales pièces sont : la Grande Châsse, dite châsse de St-Maurice (XII"1" siècle), la Grande Châsse des En­ fants de- St-Sigismond (XII"'e siècle), la Grande Châsse donnée par l'abbé Nanthelme (XII"11-' siècle), la Châsse de l'époque mérovingienne, la Châsse du XII"K' siècle, le Vase de St-Martin en sardonyx, l'Aiguière en or, le Chef de St-Candide (XL"' siècle), le Buste de St-Victor, reli­ quaire du XIV""' siècle, le Bras de St-Bernard de Menthon (XII"1" siècle) le Bras de St-Maurice, reliquaire du XV1"1' siècle, le Ciboire du XITI"1C siècle, dit coupe de Charlemagne, le Ciboire de St-Sigismond, les Reliquaires de la Ste-Bpine et de Ste-Apollonie (XIII'"« et XVmo siècles), la Croix reliquaire de St-Louis, la Croix reliquaire de St-André, la statue de St-Maurice, reliquaire du XVIme siècle, la Crosse en émail champlevée, du XII"IC siècle, la Crosse de Félix V (XV""! siècle), le Chaiidelier de Félix V (XV™' siècle) divers sceaux de rois et d'abbés, le fac-similé d'une lettre de St-Louis, etc. >> (Visite tous les jours, un franc.) De nombreuses fouilles, amenant d'incessantes décou­ vertes, ont été faites à St-Maurice, à diverses époques. Les plus intéressantes et les plus modernes sont celles auxquelles procède, depuis quelques années, M. le chanoine Pierre Bourban, avec une persévérance et un bonheur, qui méritent tous les éloges. Grâce aux efforts constants et aux soins éclairés de ce modeste savant, on a pu recons­ tituer la plupart de dix églises qui, depuis le IV"10 siècle, ont été bâties sur ce sol historique ; sous les églises, M. Bourban a mis à jour des tombeaux gallo-romains et

3 U LelValai* romains, avec leurs squelettes et de précieuses inscrip­ tions ; il a même trouvé des sépultures romaines cons­ truites avec les briques des tombes gauloises. Deux de ses importantes trouvailles sont un Bon Pasteur, appar­ tenant à un sarcophage du VT"lli siècle, et un Ambon ou chaire de l'époque mérovingienne en marbre jurassique, sur lesquels M. Bourban a publié un opuscule sérieusement documenté. Dernièrement, les fouilles ont mis au jour une crypte assez profonde et parfaitement conservée, qui a dû ren­ fermer primitivement le tombeau de St-Maurice. St-Maurice possède encore de nombreuses maisons seigneuriales ; sur le fronton de son Hôtel de Ville, on lit ces mots : Christiana sum ab anno 58 (je suis chrétienne depuis l'an 58). Son château est à la tête du pont, qui sert de frontière entre les cantons de Vaud et du Valais. Ce pont fut le chemin de toutes les époques de l'histoire et même des âges préhistoriques, « c'était, dit M. le cha­ noine Bourban, le chemin des Gaulois pour l'Italie et des Romains pour l'Helvétie, le Nord de la Gaule et la Germanie. » U y eut là, de tout temps, un pont et des défen­ ses que la disposition du défilé rendait formidables. Après la conquête du Bas-Valais, les Haut-Valaisans construi­ sirent le château actuel, vraie place forte, dont l'archi­ tecte Spriinglin donne un curieux dessin. Des travaux considérables élevés sur la pile gauche du pont, ponts- levis et parapets munis de créneaux, portes énormes protégées par des meurtrières et des créneaux combinés avec les défenses de la ville, rendaient le passage impos­ sible et, dit un historien du temps — lorsque les portes étaient bien gardées, le Valais dormait paisiblement comme l'ours clans sa tanière. — Le château, qui a subi diverses transformations, servit de résidence aux gou­ verneurs valaisans, qui y avaient cachots et salle, de torture ; le premier de ces gouverneurs fut François de Platea. Au-dessus du château, à 10 minutes, la Grotte, des Fées, profonde excavation, découverte en 1803, qui contient des dômes, des cheminées, des couloirs et des salles, des cascades et un lac dont la profondeiir n'est pas encore La vallée du Rhône 38

Connue. La tradition y plaçait la demeure de la bonne fée Frisette, qui disparut un jour, après des démêlés avec Turlure, la fée malfaisante. (Entrée 1 franc). Sur les contreforts puissants de la Dent de Morel es, le génie militaire suisse a édifié les deux forts de Savatan et Uallly, qui gardent la vallée et constituent une défense formidable contre une agression venant de l'Italie. Au-dessus de la gare, dans le roc, la Chapelle du Sex, à laquelle on arrive par un sentier taillé dans la pierre et où s'échelonnent les calvaires. Cet ermitage fut élevé, dans les temps les plus reculés, à Marie, reine des Martyrs et portait le nom de N. Dame des Martyrs. La chapelle actuelle, lieu de dévotion renommé, fut bâtie en 1863 ; elle est ouverte tout l'été et fermée de la Toussaint à Pâques ; un religieux de l'abbaye est chargé de son entre­ tien. En sortant de St-Maurice, et de l'autre côté du Rhône, sont les Bains de Lavey, sur l'extrême frontière vaudoise ; à droite, la chapelle de Verolliez, dédiée à St-Maurice, puis c'est Evionnaz, grand village, près duquel on place, à tort d'ailleurs, la ville d'Epaune, où se tint un concile célèbre et qui fut, soi-disant, engloutie par Péboulement de Tauredunum. Or Epaune n'a pas été engloutie, mal­ gré l'assertion de Grégoire de Tours, vu que c'était une ville du royaume de Bourgogne, qui se trouvait en Dau- phiné, sur les bords du Rhône. C'est, par contre, près d'Evionnaz qu'eut lieu, le 9 octobre 1635, l'effondrement du Mont Novierroz dans la vallée et que le 26 août 1835, la cime est de la Dent du Midi envoya un ébouler, lont composé d'une masse formidable de rochers, qui roula à plus de 2000 mètres, avec un fracas strident, et remplit de ses débris le vallon et la gorge de St-Barthélemy. La glace mêlée à ces débris fondit et contribua à former un énorme torrent de boue qui traversa le Bois Noir et, renversant tout sur son passage, vint s'abattre dans la vallée du Rhône, engloutissant entr'autres le hameau de la Rasse. Un peu avant d'arriver à la station de Vernayaz, la rivière de Sallanche, qui vient des glaciers supérieurs et d'une des plus belles montagnes du Valais, nommée Alpe S(i Le Valais

de Salanfe, forme le long du rocher, sur une hauteur de 60 mètres, la belle et ondoyante Cascade de Pissevache l'une des plus romantiques et des plus connues de la Suisse, dont les {jluies d'argent, les radieux arcs-en-ciel et les gazes irisées et mouvantes suspendent au flanc dur du roc un tableau d'une grâce incomparable. Goethe en a fait une description enthousiaste. Vernayaz est la tête de ligne de la belle vallée du Trient et le point terminus de la section de montagne du chemin de fer électrique de Martigny au Châtelard et Chamonix. inauguré en août 1906. Les célèbres Gorges du Trient sont à quelques minutes de la station ; elles se présentent sous la forme d'un haut portique ténébreux, qui s'ouvre dans la montagne et d'où sort le torrent le Trient, grossi de ses affluents VEau Noire, VEau de Bérard, le Triège et la Barberine. Huit cents mètres de galeries solides conduisent le visiteur émer­ veillé dans les profondeurs les plus mystérieuses de la montagne ; en haut, le ciel s'étrangle de plus en plus aux lèvres du rocher resserré ; en bas, le torrent gronde et tourbillonne en remous dans les cavités polies du roc. Ça et là, des cascades jaillissent, lumineuses et multico­ lores, avec un frisson de soie. De curieuses érosions se rencontrent à chaque pas et le travail des eaux a ciselé le roc en figures étranges et fantastiques, le Canard, l'Eglise, VElépliant, le Lion, VEvéque, la Dame Blanche, sur lesquelles le guide brode d'émouvantes légendes. Les grottes sont exploitées depuis plus de 50 ans et le Baedeker de 1857 en parle déjà; plus de 1500 voyageurs les visi­ tent chaque année et bien que, hardies et parfois verti­ gineuses, les galeries sont d'une solidité à rassurer les plus timorés. Dans un chapitre spécial, nous visiterons la vallée du Trient, soit par le chemin de fer électrique, soit par la route pittoresque, qui noue dans les forêts de châtai­ gniers ses quarante-trois lacets onduleux. A quatre kilomètres de Vernayaz, la vallée du Rhône s'infléchit brusquement ; avant d'arriver à Martigny, se trouvait jadis la Croix d'Ottans, qui était la limite extrême dvi Chablais et de la châtellenie de St-Maurice. r

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CASCADE DE PISSEVACHE 38 Le Va I(ris

Martigny est une jolie ville, une des plus coquettes du Valais, située dans une large vallée, au milieu des vergers et des potagers, avec, sur les hauteurs, vertes des excellents vignobles de la Marque et de Coquempex, et de tous côtés les profils pittoresques des hautes monta­ gnes. Martigny est à l'entrée des trois vallées de la Dranse, Entremont, Bagnes et Ferret, commande le passage du Grand St-Bernard qui est le plus important du Valais, et le col rie la Forclaz qui la mettent en communication directe avec la vallée d'Aoste d'un côté et Chamonix de l'autre. A la fois station d'étrangers et ville d'industrie et de commerce, Martigny est divisé en deux parties distinctes et à 20 minutes l'une de l'autre, la ville et le bourg. Elle est enfin la tête de ligne du chemin de fer élec­ trique de Martigny au Châtelard et qui doit, cette année même, se joindre au réseau français Chdtelard-Chambnix. Martigny fut d'abord un bourg des Véragres, qui s'ap­ pelait Octodure, dans la langue celte et que Jules César appelait Vicus Veragrorum. Il y eut là une terrible bataille entre les peuplades valaisannes autochtones et le lieute­ nant de César, Sergius Galba, qui, assiégé dans ses retran­ chements, parvint, grâce à la valeur et à la supériorité de l'armement de ses légions, à les mettre en déroute, en leur tuant 10,000 hommes. Octodure devint une ville importante des possessions romaines et prit le nom de Forum Claudii ; Petronius, préfet du prétoire, chargé de diviser la Gaule en dix-sept provinces, en fit la capitale des Alpes pennines. C'est à Martigny que les Romains posèrent la première borne milliaire, dont toutes les au­ tres dépendaient, ainsi qu'en témoignent les inscriptions si nombreuses trouvées en Valais F.C.VAL. (Forum Claudii Valense). Martigny devint une ville considérable, au point de rencontre de quatre grandes voies militaires, Les fouilles faites à diverses époques et sur divers points ont mis au jour de nombreux vestiges de la cité callo- romaine, urnes, monnaies, inscriptions, fragments de bronze, murs d'enceinte, de thermes et d'amphithéâtre, hypocaustes, stèles et tombeaux, qui indiquaient un état social actif et un développement considérable. Les recherches faites, chaque année, sous la direction de —==-11 ' '"•' tS*:' •' .:Ji //• n

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GORGES DU TRIENT 4u Le Valais

MM. Nœf et Morand, ont relevé, à près de deux mètres de profondeur, l'existence de nombreux édifices, villas, maisons, et, entr'autres, celle d'une basilique ou d'une caserne, de proportions colossales, entourée de vastes colonnades, avec de beaux morceaux d'architecture. On a exhumé d'innombrables inscriptions, fragments de corniches et de chapiteaux, objets de tous genres, sondes de chirurgien, clochettes et pièces décoratives, poteries et statuettes, et une grande quantité de monnaies de bronze et d'argent de Constantin, Constance, Antoine le Pieux, Maximien, Auguste, Domitien, Trajan, Vespa- sien et enfin 19 superbes monnaies d'or, dont six de Néron, une de Galba, une d'Othon, six de Vespasien, deux de Titus et trois de Domitien, retrouvées en deux groupes peu distants l'un de l'autre et qui sont au musée histo­ rique de Valère à Sion. Martigny possède encore des vestiges visibles de l'an­ cien Octodure. entr'autres une borne milliaire, intacte dans la cave de l'ancien Hôtel de l'Aigle, des inscriptions romaines sur les murs de l'église paroissiale et un chapi­ teau, de style composite encastré dans une maison de Martigny-Bourg et qui est, probablement, un Jupiter gaulois. Son église paroissiale, dont le clocher se voit de très loin, fut construite en 1680 et restaurée en 1862 ; elle est une des plus belles du pays ; on y remarque de riches vitraux coloriés, des tableaux de valeur, un chœur pavé en mosaïque, un orgue de Merklin et de superbes portes en bois sculpté ; son carillon est renommé et le son des cloches est d'une étonnante concordance. Martigny fut ville episcopate, avec le château de la Bâtiaz comme résidence des prélats ; onze des premiers évêques du Valais portent le nom d'évêques d'Octodure ; ce fut vers l'an 580 que l'évêque Hcliodore, menacé par tes invasions continuelles des Barbares, quitta Octodure et transporta le siège episcopal à Sion. Puis le castel, bâti sur une tour de vigie romaine, appartint à la maison de Savoie, en 1259, pour revenir en 1268 à l'évêque. En 1281, l'évêque Pierre d'Oron rebâtissait et fortifiait encore te château de la Bâtiaz, « Membre honoraire et de défense >> MARTIGNY (Cliché Jiittien frères). .42 Le Valait

de son église ; les travaux coûtèrent 2400 livres mauri- soises, soit environ 100,000 francs. En 1327, pour résister aux entreprises d'Edouard de Savoie, on y entretient dix clients ou sergents d'armes, armés de l'épée, du bouclier, de la lance et de la cervellière de fer ; en 1333, le châte­ lain, François de Compeys* y entretient trois clients et trois guetteurs. La châtellenie de Martigny, enclavée en quelque sorte dans les Etats de Savoie, tentait naturel­ lement l'ambition de leurs comtes, qui en devinrent possesseurs enfin par le traité de 1399. Quant au château, il fut ruiné en partie, en 1475, lors de la conquête des Haut-Valaisans ; réparé par l'évêque Sühnen, il fut assiégé et pris en 1518, par George Super­ saxo, qui finit par le livrer aux flammes. Actuellement sa grosse tour reste encore, comme un témoin des «che­ vauchées héroïques de jadis ; on peut la visiter, et, grâce à un belvédère, contempler, de son sommet, une vue étendue sur ce joli pays. Quelques étymologistes font dériver le nom de Mar­ tigny, de St-Martin de Tours, fort vénéré dans le Valais ; ce nom, qui n'apparaît que vers le XI "c siècle, ne devint d'un usage général que vers la fin du XVII '"'. Il eut diffé­ rentes formes : Martinié, Martignié, qui figurent dans une charte de l'année 1224, Marthenœ, comme l'appelle Paradin, Martignier ou Martignyé, au XIV,,U! siècle. D'après M. Hilaire Gay, ce mot ne serait qu'une forme primitive de celui de Martinet, désignant le bâtiment qui contient le marteau mû par la force de l'eau, et dont il existait un grand nombre à Martigny-Bourg. Pour ren­ forcer cette assertion, M. Hilaire Gay rappelle que les sires de Martigny, vidâmes de l'évêque de Sion pendant six générations, avaient pour armes : « de gueules au lion d'or, tenant entre ses pattes un marteau d'argent. » Les environs de Martigny sont accidentés et offrent un grand choix d'excursions et d'ascensions ; la flore en est renommée et possède, entr'autres à Branson et sur les contreforts des Folaterres, de l'autre côté du Rhône, des spécimens variés de toutes les latitudes ; on y trouve, à la fois, à peu de distance, des fleurs du Spitzberg à côté des plantes des régions méridionales, A l'est, le Mont-Che- La Vallée du Ithône 13

min qui mène à la Pierre-à-Voir (2470 m.) cime cal­ caire qui sépare les vallées du Rhône et de la Dranse et abrite plusieurs jolies stations de création récente, Chemin, le col des Planches puis, Péchancrure du col de la Forc'az ou du Trient (1520 m.), qui, en 8 h. y2, par le mas­ sif et la coquette station de Trient et le col de Balme conduit à Chamonix, le Mont d'Arpille (2082 m.) et enfin les vallées de la Dranse, avec toutes leurs merveilles, auxquelles nous consacrons un chapitre spécial. Le train repart et touche à Charat-Fully, qui eut une

TOUR DE LA BATIAZ sorte de petit castel, situé à Branson, résidence des sau- tiers du lieu. La vieille tour trapue de Saxon se dresse à l'horizon, avec sa massive silhouette féodale ; elle est tout ce qui reste du château de Saxon, que Pierre de Savoie rache­ tait, en 1263, de Rodolphe d'Ayent, pour compléter son domaine en cette région. Ses seigneurs, cités depuis Amé- dée de Saxon, en 1198, avaient l'humeur frondeuse. Deux d'entre eux, Pierre et Amédée, prirent part à la révolte de la famille de la Tour contre l'évêque Boniface de Chal- lant, qui les battit et les emprisonna, pour les gracier en 1229, Un autre de ces nobles, le chevalier Anselme, ii Le Valais

prit de nouveau les armes contre l'évêque de Sion et fut décapité, en 1300, à Sion ; le château fut détruit en 1475, ce qui causa l'extinction de cette famille. Saxon a des eaux iodo-bromurées, qui ont été très courues et dont l'efficacité a été constatée par les corps médicaux de plusieurs pays. Elles s'appelaient autrefois Sources des Croix, parce que les paysans, guéris par leurs vertus, plantaient de petites croix tout autour. Pour assai­ nir la contrée un peu marécageuse et se procurer les res­ sources nécessaires aux constructions indispensables, le propriétaire du terrain et des sources, M. le major de Sepibus demanda à la commune l'autorisation de joindre à l'Etablissement thermal un casino ou cercle des étran­ gers ; cette autorisation fut accordée le 20 janvier 1847. La station de Saxon, édifiée à l'endroit appelé Gottefrey, devint promptement à la mode dans le monde cosmo­ polite, et pendant longtemps, on y joua fort gros jeu. Les jeux furent fermés, en 1877, par la Confédération suisse, d'après une loi votée cinq ans auparavant. Depuis ce mo­ ment Saxon perdit de son importance, mais ses eaux n'en possèdent pas moins de grandes vertus. Saxon a une grande fabrique de conserves alimentaires, dont les produits sont fort appréciés et qui utilise les excellents fruits et légumes des potagers valaisans. Au-dessus de Saxon, la Pierre-a-Voir (2476 m.) cime calcaire qui commande une vue fort étendue, et, dans un site boisé et fleuri, à deux heures, et à 10 minu­ tes clu Col du Lein, la station et l'hôtel de la Pierre à Voir, à une altitude de 1525 m. au centre d'un vaste parc natu­ rel, couvert de mélèzes et de sapins, avec de vertes clai­ rières et des coins charmants. Située sur le contrefort ouest de la cime, qui domine d'un côté la vallée du Rhône, et de l'autre celles de Bagnes, d'Orsières, du St-Bernard, la station possède une vue splendide sur un des plus beaux groupes des Alpes Valaisannes et Bernoises et jouit, par sa position, d'un air tonique et léger et d'une remarquable luminosité. Saxon communique, outre le Col du Lein, par le chemin muletier du Col des Etablons, (2182 m.) avec la vallée de l Bagnes, en 7 /2 heures. A peu de distance, au pied de la La vallée du Rhône 48 montagne, sont les bâtiments de VEcole cantonale d'agri­ culture du Valais. En face, de l'autre côté du Rhône, les carrières de marbre cypolin de Saillon, qui jouissent d'une grande réputation, puis, sur une colline, le formidable squelette de la vieille ville fortifiée de Saillon, qui con­ serve deux portes, une tour massive, trois demi-tours et un mur d'enceinte crénelé. En temps de guerre, Saillon abritait les gens de Fully et de Riddes. En 1052, l'évêque Aimon de Savoie possédait en alleu le cas tel de Saillon et l'évêque Louis le céda, en 1150, au comte de Savoie; ruiné en 1475 par les Patriotes, Saillon ne se releva pas, et fut démantelé complètement. Plus loin, sur la rive droite, Leytron, très ancien vidom- nat des comtes de Savoie ; aux Mayens de Leytron, à La Combetaz, s'est créée, en 1906, une petite station de vil­ légiature, intime et tranquille. Sur l'autre rive, Riddes, où les comtes de Savoie avaient également une maison- forte voisine du pont du Rhône, qui fut rasée, en 1300, par l'évêque Boniface de Challant. Là s'ouvre, jusqu'à une altitude de 1100 mètres, la vallée d'Isérables, qui va jusqu'au Mont Gelé, et dont le village, du même nom, est accroché, avec ses maisonnettes noircies, au flanc de la montagne,. A l'autre extrémité du pont de Riddes, qui traverse le Rhône, le modeste village de St-Pierre-de- Clayes ou Clages ; son église, du Xm0 siècle, a un remar­ quable clocher octogone et un curieux portique, où sont alternées les armes de France et de Savoie ; Blavignac en parle dans son Histoire de l'architecture sacrée. Dominés par le mont Haut de Cry, qui s'élève à 2956 mètres, les villages de Chamoson et d'Ardon, qui ne fai­ saient jadis qu'une seule paroisse et une seule seigneurie appartenant aux évêques de Sion ; au XIIIme siècle, deux châteaux épiscopaux, celui de Chavey, à Chamoson, et celui du Crest, à Ardon, en dominaient les eminences. Les coteaux d'Ardon produisent d'excellents vins, en- tr'autres une Malvoisie, connue des Romains. Les Gorges de la Lizerne, très accidentées et fort profondes, méritent une visite. Nous passons devant Veytroz, ancien prieuré de l'ab­ baye de St-Maurice, dans un joli pays de vignobles, puis id Le Valais

Conthey, que les comtes de Savoie avaient fortifié puis­ samment, pour en faire leur place principale contre le Valais, grâce à sa proximité de la Morge, la célèbre rivière qui fut si longtemps la limite du Valais savoyard et du Valais episcopal. Les Valaisans assiégèrent à plusieurs reprises les deux castels de Conthey, que les Patriotes détruisirent complètement en 1475. En face, sur la rive opposée du Rhône, Nendaz, bâti sur un plateau élevé, à 1018 mètres, et qui fut, de tout temps la châtellenie de Conthey ; les comtes de Savoie y avaient édifié le château de Brignon, qui garantis­ sait leurs frontières sur rive gauche du Rhône. Les habitants de ce village étaient taillables et corvéables à merci ; s'ils mouraient sans enfants légitimes, leurs meubles étaient dévolus au fisc, mais cette servitude cessait en devenant bourgeois de Conthey. Nendaz commande le Val de Nendaz, où coule la Prinze et qui monte vers le massif du Mont-Fort, une des sommités de la vallée de Bagnes, avec laquelle il communique par les cols de Cleuson et de Louvie. A l'horizon apparaissent, dans un joli cadre de monta­ gnes, les hauts reliefs de Sion avec les ciselures de ses châteaux, qui s'enlèvent sur les lointains adoucis. Etagées au pied de ses deux castels, Valère et Tourbiilon, église féodale et forteresse ecclésiastique, la ville episcopate a conservé quelque chose de la force et de la grâce violente du moyen-âge ; elle semble illustrer quelque légende de guerre, et quand, au soir, les cloches de ses églises tintent mélancoliquement, dans l'incendie du couchant, on a, très intense, l'illusion d'un autre âge, merveilleusement évoqué. Ce fut là que battit, à grands coups, le cœur du Valais, ce cœur qui voulut être libre et que cette race forte a vécu, avec une intensité extraordinaire et dans un continuel émoi de ses aspirations libertaires. Aucune ville au monde, peut-être, ne lutta plus, ne fut plus assié­ gée, plus incendiée, plus pillée que Sion ; la guerre et la révolte passèrent sur elle plus cruellement que sur aucune autre et toute son histoire se déroule au sein du cliquetis sinistre des armes. Il y a là le souffle des haines indomp­ tables de jadis, nourries de générations en générations, SION is Le V'ailais et quelque chose de la terreur des assauts et de l'héroïsme des résistances folles est resté accroché aux ruines qui vivent encore, dans le ciel, patinées par le soleil, avec un profil hautain d'orgueil qui survit aux siècles. Sion, chef-lieu du Valais et siège du gouvernement et des pouvoirs ecclésiastiques, s'étend en amphithéâtre, au pied de ses deux collines, Valère et Tourbillon. Jadis, il était entièrement bâti sur la pente, entre Valère et la Majorie, mais peu à peu il s'étendit, glissa dans la plaine et dès le IX"ll! siècle, occupa à peu près son emplacement actuel. M. Hilaire Gay fait venir son nom du celtique sedunum, qui veut dire colline aride. Sion était déjà célè­ bre du temps des Romains, place forte dont Pline et Jules César font mention. Au XII"10 siècle, il avait déjà une enceinte murée considérable, avec quatre portes princi­ pales ; il ne reste de ces fortifications formidables qu'une tour à poivrière, appelée la Tour des Sorciers, parce qu'on y enfermait, dit la tradition, les malheureux accusés du crime de sorcellerie. Sion est traversé par la rivière la Sionne, qui coule, enfermée dans un canal ; il possède, malgré les nombreux incendies qui l'ont dévasté, d'intéressants monuments : la Cathédrale, de la fin du XV1"0 siècle, avec un vieux clocher massif provenant de N. D. de Glarier, qui exis­ tait au XI"10 siècle, à pyramide octogone couronné de créneaux et un portail intéressant ; VEglise de St-Théo- dule, bâtie par Matthias Schiner, évoque et cardinal, VHôtel de Ville, de style gothique, construit en 1660 et contenant d'importantes inscriptions romaines ; l'ancien château de la Majorie, transformé en caserne, la Tour des Chiens et la maison Supersaxo, rue de Conthey, qui ren­ ferme une salle Renaissance remarquable et heureu­ sement conservée. En avant de Sion et défendant la ville contre les comtes de Savoie, « les étemels alliés et les éternels ennemis du Valais » sur des hauteurs, avec des ruines orgueilleiises, les deux châteaux de la Soie et de Montorge. Le premier, anciennement nommé Sett a et Séon, était la résidence préférée des évêques de Sion et fut bâti en 1219 par le prélat Landri du Mont. C'est du haut des murailles de La vallée da Rhône i'.i ce castel que, le 8 août 1375, Antoine de la Tour-Châ- tillon fit précipiter l'évêque Guichard Tavelli et son cha­ pelain. Montorge, qui est le plus rapproché de la ligne du chemin de fer, tire son nom des récoltes d'orge qui se faisaient sur ses flancs ; il fut bâti par le comte Aimon de Savoie, en 1238, et ruiné en 1417 ; au-dessous des ruines, est un petit lac, au fond duquel une vieille légende pré­ tend que fut engloutie la ville primitive de Sion. Valère a encore sa Cathédrale, entourée de murailles et de tours, campée superbement sur son roc hardi, brûlée de soleil, patinée de lumière, avec des terrasses superposées et des bastions surplombant l'abîme. Elle a grand air et grande allure; on dirait qu'elle se sent la reine de la vallée, la très rare, la très antique et qu'elle dresse bien haut sa tête empreinte de l'orgueil d'avoir, seule, survécu intacte de tous les beaux castels féodaux de jadis. Son origine est invraisemblable d'antiquité; elle fut temple celtique, castrum gaulois, oppidum et temple romains et on lui donne comme fondateur Diocletianus Valerius, qui l'appela du nom de Valleria, mère du pré­ fet romain Campanus. Elle fut vraisemblablement la première église chrétienne du Valais et, selon Blavignac, les caractères architectoniques de ses parties primitives en reculent la construction à des temps bien antérieurs au VIIIm0 siècle. Résidence des chanoines du chapitre episcopal, c'était, au XV"'C siècle, une forteresse formi­ dable, hérissée de tours et de remparts, embastillée derrière les herses et les ponts-levis, défendue par une garnison d'hommes d'armes et des machines de guerre. Personne ne pouvait entrer à Valère sans la permis­ sion du Doyen et on devait déposer ses armes à la pre­ mière porte. Elle a encore des parties remarquables, une abside crénelée du XIme siècle, une nef du XIIImc, de belles peintures murales et renferme, dans sa Salle des Chevaliers, un intéressant Musée d'antiquités et d'his­ toire, contenant de précieux objets des époques lacustre, gauloise et romaine, les armes et costumes des différentes périodes de l'histoire du Valais. En face, séparé par une dépression où se blottit la petite Chapelle romane de Tous les Saints, sur le roc 50 Le Valait abrupt et corrodé, se détachant d'un cadre tourmenté de hautes montagnes, à 200 mètres de hauteur, Tourbillon apparaît, comme une ville de chimère et de gloire, déchi­ queté et superbe, dans sa ceinture fantastique de cré­ neaux et de poternes. Le château actuel date de 1294, époque à laquelle l'évèque Boniface de Challant le cons­ truisit sur les ruines d'une forteresse antique. Les guerres continuelles du moyen âge menèrent autour du castel héroïque leur chevauchée acharnée ; rien ne manqua à l'épopée batailleuse, assauts, incendies, batailles et siè­ ges. En 1788, un incendie, plus impitoyable que les autres, fit du fier château la ruine encore orgueilleuse d'aujour­ d'hui ; à peine reste-t-il des vestiges des salles somptueu­ ses où s'est épanouie la splendeur de la cour épiscopale, l'ogive et les colonnettes de la chapelle qui inspira le peintre valaisan Ritz, une haute et, sur une plateforme rocheuse, l'empreinte sinistre des piliers triangulaires du gibet féodal. Au bas de l'esplanade où elle brave les ans, se dresse une tour carrée nommée Tour des Chiens, qui gardait le Château de la Maiorie, d'abord résidence des majors de Sion, puis des évêques. Les bourgeois de Sion jouissaient de nombreux privi­ lèges ; dans les chroniques, ils sont qualifiés de Civibus bene meritis et portent le titre de Bourgeois et Barons. Sion est, depuis 580, la résidence des évêques du Valais, qui ont donné une longue suite d'hommes illustres, appartenant à toutes les familles nobles du Valais, pro­ tégés des rois, depuis l'ardent Saint Théodore, Ermen- froi, qui fut honoré de la confiance des empereurs et des souverains pontifes, couronna Guillaume roi d'Angle­ terre, jusqu'à Mathieu Sehiner, qui fut nommé cardinal- prêtre du titre de Ste-Potentienne à Ravenne et légat du Saint-Siège dans tous les pays où il pourrait se trouver. « Homme de la plus haute valeur, sur qui, dit Boccard, la fortune avait répandu tous ses dons et l'ingratitude de ses concitoyens épuisé tous ses traits •>. Au midi de Sion, s'élève la masse verdoyante de la colline des Mayens (1330 m.), qvii est le séjour de villé­ giature préféré des habitants de Sion et devient chaque année une station plus courue. Tœpffer y conduisit sa TOURBILLON (Cliché Pasche, Sion). 52 Le Valais troupe d'écoliers, en 1843, et fut enchanté du pittoresque agreste de ce site. Le haut de la colline est couvert de magnifiques forêts de sapins et de mélèzes, où s'ouvrent de paisibles clairières ; un bisse y amène une eau fertili­ sante et y répand une délicieuse fraîcheur. Des chalets et des hôtels sont parsemés dans les masses de verdure, comme des joyaux dans un écrin de velours et un petit oratoire, la Chapelle à"en-haut, pique de son clocheton

MAYENS DE SION (Cliché Mussler, Sinm. gracieux l'ombre des bois austères. Du sommet, la vue s'étend imposante sur un monde de cimes, échelonnées jusqu'aux confins de l'horizon. On monte aux Mayens de Sion en 2 heures, par le che­ min des Acjettes ou par Vex et un chemin muletier qui part de ce village et se détache de la route d'Hérémence. Les Mayens ont, aussi, leur chemin de fer projeté, ainsi qu'une grande route, depuis longtemps à l'étude ; cette ligne à voie étroite partirait de la gare de Sion, gagnerait La vallée du Rhone S3

Bramois et par des lacets, reprendrait la route actuelle jusqu'à Vex ; de là, un funiculaire desservirait les Mayens pendant l'été. A quelques kilomètres de Sion et dans la direction opposée aux Mayens, le riant plateau de Savièze, ' d'une fertilité de jardin, constellé de superbes prairies et que

(Cliché Musster, Sionj. CHAPELLE DES MAYENS DE SION traverse la Sionne, qui descend du . Le plateau de Saviè/.e abrite cinq villages, Chanilollin, Granois, Roma, Ormone et St-Germain, le chef-lieu, dont les habitants parlent, non allemand, mais une sorte de français cor­ rompu, qui pourrait bien être ce qui reste du dialecte celtique. C'est sur le plateau de Savièze que passe, au pied des raines de la Soie, la route du col do Sanetscil (2234 m.), par Ormone, Chandollin et le val très pittores­ que et très accidenté de la Morge, qu'un bon hôtel rend agréablement accessible et qui conduit, en une journée, 5-i LP Valais à Gsteig et Saanen, dans le Simmenthal, à travers les massifs des Diàblerets, de V Arbelhorn et du Wildhom. Dans l'autre direction, le col de Rawyl long de 24 kilo­ mètres 500 et haut de 2415 mètres, aboutit à Lenk, dans POberland bernois, par Grimisuat, Arbaz et Ayent. Ce dernier village, qui eut des seigneurs au XIII"1C siècle, est devenu, par l'ouverture d'un hôtel, une jolie station d'altitude moyenne, que rendent attrayante des environs boisés et agréablement accidentés. Par Gonthey et Aven, en passant par le Val de Treis- Gœurs, Derborence et le Pas de Cheville, situé à 2035 mè­ tres, on arrive, en une journée, à Gryon et Bex ; cette excursion, très réputée, offre d'incontestables beautés alpestres. Bramois, sur la rive gauche du Rhône, est à l'entrée du Val d'Hérens, auquel, ainsi que toutes les vallées latérales, nous réservons un chapitre spécial. C'est un bourg qui a quelque industrie et se trouve à l'entrée de la gorge profonde d'où sort la Borgne, qui parcourt la vallée d'Hérens. A quelque distance, sur un des contre­ forts qui domine le torrent, le curieux Ermitage de Lon- geborgne, qui fut taillé dans le roc, par un ermite, au XVI"10 siècle, et contient une chapelle avec un logement, où demeure un solitaire. La première station, après Sion, est St-Léonard où eut lieu, en 1375, une terrible bataille entre les Valaisans et le baron Antoine de La Tour, dont l'armée fut com­ plètement défaite. Puis nous atteignons Granges, que surmontant des raines et une vieille tour délabrée ayant, au XIII'"0 siè­ cle, ses remparts flanqués de portes et dont les familles nobles choisissaient de préférence l'église pour leur sépul­ ture ; il y eut là plusieurs châteaux importants au moyen âge, ceux des familles Tavelli, de Montjovet et de La Tour Morestel. Au-dessus de Granges, à 1150 mètres, est le gros village de Lens, station de villégiature charmants, à l'entrée du parc majestueux de Crans et Montana et d'où toute la vallée se développe, avec ses villes, ses villages, ses castels et la lame scintillante du Rhône, enfoncée dans les prés sombres. i .._' .

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SIERRE (CHcA«! ./. Monod). fili Lt> Valais

Entre Granges et Sierre se trouvent plusieurs localités, Grône, avec sa vieille tour démantelée, Vercorin, remar­ quable par son église ancienne et Ghalais, qui a également son castel, antique résidence de ses seigneurs, à la fois vassaux de l'évêque et de la famille de La Tour. La vallée du Rhône s'élargit et ses versants se revêtent de prés, de champs de blé et de belles vignes, étagées au flanc des contreforts onduleux et Sierre apparaît, Sierre la fertile, qui portait, dans le moyen âge, le surnom d'agréable (Sirrum amœnum). C'est la Nice du Valais, rayonnante desoleil, attiédie de chaleur, gorgée de parfums, ivre du suc généreux de ses beaux vignobles roux qui jettent sur les contreforts rocheux un somptueux vête­ ment de verdure. Sur le fond des prés et des bois, Sierre dresse ses curieuses maisons seigneuriales à pignons et ses tours crénelées, qui voisinent de la façon la plus heu­ reuse avec les jolies façades modernes des villas et des hôtels. Tout cela clair, coquet, avec de vives couleurs et des caresses de lumière méridionale. A peu de distance, le vieux Sierre (castum de Sirro) pense au juassé barbare et ses ruines éparses se.blottissent dans les futaies. Dans les vignobles, se hausse la Tour de Goubin et sur un promon­ toire de roc, l'ancienne Chartreuse de Géronde, qui eut droit d'asile et abrita de nombreux ordres religieux, mire sa silhouette féodale dans le miroir couleur de tur­ quoise de son lac profond. La situation de Sierre, la dou­ ceur de sa température et la sécheresse de l'air font de cette contrée une résidence d'été et d'hiver, de plus en plus fréquentée. En face de Sierre, s'abaissent les formidables épaule- ments de la Vallée d'Anniviers et, dans l'écrin vert des pâturages et des forêts profondes, apparaissent les pré­ cieux bijoux d'argent vif des Alpes lointaines. Au-dessus de Sierre, c'est la couronne d'ombre et de fraîcheur de Montana et de Vermala à 1500 mètres, blottis contre l'épaule protectrice du Mont Lachaux. Montana et Ver­ mala joignent à leur climat unique, exempt de brouil­ lards, à l'abri du vent du nord, tempéré, sec, d'une lumi­ nosité extraordinaire, les avantages d'une contrée alpes­ tre merveilleuse ; on ne peut mieux les définir qu'en les MONTANA 88 Le Valais

comparant à un beau parc royal, avec des lacs miroi­ tants, des prés clairs, de jolis sentiers dans les bois, de délicieuses retraites fleuries, clos par les parois tour­ mentées des Alpes. Et l'on a devant les yeux l'éblouissant panorama de la chaîne étagée des Alpes valaisannes, du Monte Leone au Mont-Blanc. C'est dans le Haut-Valais, de toute la Suisse, que la pluie est la plus rare et à Mon­ tana cet avantage est particulièrement remarquable, grâce àun courant d'air provenant de la brèche du Rawyl, qui chasse dans la haute atmosphère les nuages qui ten­ draient à s'étaler dans le ciel ; en outre, son exposition en plein midi lui donne une durée d'insolation, qui n'est guère inférieure à 8 heures dans les plus courtes journées d'hiver, pour attendre déjà 9 % heures en février et plus de 11 heures depuis avril ; il en résulte une douceur extrême de température qui assure à Montana, près de 500 heures de soleil de plus que Davos et en fait la station d'hiver par excellence. Elle fut créée en 1892, par deux hôteliers de Sierre, MM. Zufïerey et Antille, qui y bâti­ rent Vhôtel du Parc ; ce fut M. le Dr Stephani qui la mit en valeur au point de vue climatérique, prit l'initiative de la construction de la route carrossable de Sierre à Montana et publia d'intéressantes observations. Un chemin de fer funiculaire est à l'étude et le capital néces­ saire à son exploitation est déjà souscrit en partie. Sierre marque, en quelque sorte, la limite des pays de langue française et de langue allemande. A peu de dis­ tance, après un tunnel et sur la rive gauche, les bois épais de Finges où eurent lieu, en 1799, entre les Va- laisans et les Français, les terribles combats qui décidè­ rent de l'occupation définitive du Valais par les troupes du Directoire. Là, sous ces voûtes obscures, un peuple lutta pour son indépendance et y déploya un farouche héroïsme. Ce ne fut que par surprise ou, dit-on, par le subterfuge de l'envoi de chars remplis cle boissons alcooli­ ques, que les Français purent triompher des milices du Haut-Valais. Qui sait combien de braves dorment dans la pénombre paisible de l'immense forêt et quels drames se sont déroulés sous les taillis verts, en ce mois de mai 1799, probablement fleuri et plein de chants d'oiseaux, comme tous les printemps. La vallée du Rhône B9 Salquenen (en allemand Salgesch), est un village dont les vins rouges sont fort estimés et portent le nom de vins d'Enfer. Il possède encore une tour carrée, qui est tout ce qui reste d'un Prieuré Hospice des Chevaliers de St-Jean de Jérusalem, dépendant de la Commanderie de Conflans, en Savoie, dont il est fait mention de 1235 à 1624. Près de là, Varone et sa blanche église sur un rocher où, pendant l'invasion, un poste français fut égorgé la nuit par les Haut-Valaisans, ce qui valut au village d'être incendié par ordre du général français. La vallée porte à cet endroit la trace des ravages du Rhône. Nous passons au-dessous de Loèche-Ville, qui se trouve sur la hauteur, à 753 mètres, dans l'angle formé par le Rhône et la Dala, une des localités les plus anciennes et les plus importantes du Valais episcopal, que Sigis- mond donna, en 517, à l'abbaye de St-Maurice. Les restes architecturaux de ses maisons, son châtsau episcopal, comprenant tour, cour de justice et cachots, son antique église, sos deux fortes tours qui défendaient les deux ponts de la Dala, ne laissent aucun doute sur le rôle qu'elle a joué. Plusieurs batailles sanglantes ont été livrées sous ses murs, en 1291, en 1294, ea 1388 et en 1799, et sa position forte, au centre du Valais, lui a valu, à diver­ ses reprises, l'honneur de voir les Diètes se réunir dans ses murs. On l'appelait Leuca fortis, Loèche la forte ; au XIIIe siècle, l'évêque de Sion lui accordait des franchises ; on voit dans les actes, comme privilège singulier, que ses bourgeois seuls avaient droit : « aux oiseaux nobles », hérons, faucons, éperviers, réservés géné­ ralement aux seigneurs. Dans la grosse Tour carrée, couronnée de ses créneaux, fut enfermé, en 1627, Antoine Stockalper, ancien gouverneur de St-Maurice, qui fut décapité par les Patriotes, après avoir subi la torture, parce qu'il avait repoussé les attaques dirigées par le parti populaire contre l'évêque Hildebrand Jost. Nous ferons, dans un chapitre spécial, l'intéressante excursion aux Bains de Loèche et à la Gemmi et nous passerons à Loèche-Souste, où était une.ancienne souste aux péages, station de Loèche-Ville, dont elle est éloignée de 1500 mètres; vers le sud-ouest, Vlllgraben ramasse ses 6.0 Le Valais parois rocheuses et dénudées. Près de la voie, le Château d'Argatn, qui date de 1445 et appartient au baron ds Werra. Bientôt c'est Tourtemagne, à l'entrée de la vallée du même nom, où nous pénétrerons plus tard et dont l'éty- mologie est Turris Temenicà (Tour des Téméniens, peu­ plade primitive du Valais). Ce village avait jadis ses seigneurs particuliers, portant le titre de comtes et dont le château se trouvait sur une colline. La terre de Tour­ temagne fut acquise en 1209, par Guillaume de La Tour. A quelques minutes du village, le torrent forme une cas­ cade pittoresque de 30 mètres de hauteur, aigrette d'écu­ me au casque des rocs. En face de Tourtemagne, sur la rive droite, Gampel avec sa fabrique de produits chimiques, au débouché de la vallée de Lotsen, où coule la Lonza ; cette partie du Valais, trop peu connue et dont les véritables amants de la nature abrupte et magnifique ont, seuls, apprécié les beautés si accidentées, présente de remarquables variations de paysages ; jusqu'à Ferden c'est un gouffre sauvage, au fond duquel hurle la Lonza, mais, en appro­ chant des hautes régions, la vue s'amplifie, se développe et par une gradation des sites, dont la gamme forme un admirable crescendo, le touriste atteint les sommets radieux du Breithorn, du Schienhorn et de VAletschhorn, dont les pics et les arêtes forment la limite extrême de ce rude et beau pays. Ce val étroit et pittoresque d'une quinzaine de kilo­ mètres de long mène à Kandersteg dans l'Oberland ber­ nois, par Ried (1509 m.), petit village avec un hôtel, au pied du Bietschhorn, le col de Lœtsch (2695 m.), le Schœn- bilhl, les chalets de Geisteren et le défilé de la Klus. Ce trajet, intéressant et encore pevi connu, peut se faire en une jour­ née de marche. On peut également gagner Lauterbrunnen par le Petersgrat (3205 m.) en 12 heures, et Loèche-lesBains par le Nivenpass (2610 m.), le Faldumpass (2644 m.), le Restipass (2639 m.), le Ferdenpass (2834 m.) et la Gitzi- furgge (2930 m.). On a inauguré, en septembre 1907, la cabane Egon von (Cliché Jullien frères). FEMME DU LŒTSCHENTHAL 62 Le Valais

Steiger, située au-dessus de Blatten et qui domine la vallée jusqu'à Goppenstein et le Glacier d'Aletsch. Ella a coûté fr. 18,000 et peut loger 30 personnes. Les habitants du Lbetschenthal furent longtemps vassaux des de La Tour-Châtillon, eurent à maintes re­ prises à souffrir des guerres continuelles entreprises par leurs belliqueux suzerains et durent, pendant plusieurs siècles, supporter les exactions les plus impitoyablement féodales ; au XIVe siècle, Pierre de La Tour alla même jusqu'à vendre, pour 500 florins d'or, toute une colonie de ces malheureux. A la chute de cette famille, ils devin­ rent vassaux des dizains du Haut-Valais, qui leur accor­ dèrent des libertés relatives jusqu'en 1790, où ils se rédi- mèrent de toute sujétion en versant la somme énorme pour l'époque, de 1000 écus. La population du val ne dépasse guère 1000 habitants, répartis entre quatre communes; il n'y a qu'une seule paroisse, avec une église à Kippel. Le Lötschenthal va devenir une importante voie de communication par le percement du tunnel du Lötsch- berg, qui va relier directement la Suisse septentrionale à la ligne du Simplon et dont les travaux ont été com­ mencés vers ia fin de l'année 1906. La construction de cette ligne, qui portera le nom de Frütigen Lötsehherg-Brigue a été devisée à environ 89 millions ; c'est le 27 juin 1906 que le Grand Conseil bernois a accepté la proposition du Conseil d'Etat con­ cernant cette nouvelle grande trouée des Alpes ; un mois plus tard, la Compagnie du Chemin de fer des Alpes Ber­ noises était constituée ; cette société se trouve à la tête d'un capital social de 45 millions, divisé en 90,000 actions entièrement souscrites ; 42,000 de ces actions ont été prises par l'Etat de Berne, les communes bernoises inté­ ressées et une ou deux grandes entreprises de transport. Une somme de 29 millions empruntée par la société au 4 % est garantis par une hypothèque de 1er rang sur la ligne, enfin un second emprunt de 15 millions sera lancé à l'époque où l'avancement des travaux le rendra néces­ saire. La ligne du Lötschberg a son point de départ à la gare de Frütigen, à la cote de 782 mètres ; peu après elle tra- La vallée du /thôtie 63 verse l'Engsligenbach et la Kander et longe ensuite le côté droit de la vallée jusqu'à ce qu'elle ait atteint le plateau et le village de Kandersteg, par une montée moyenne de 27 % et après avoir traversé un tunnel héli­ coïdal. Deux kilomètres plus loin, sur la rive droite de la Kander, se trouve, à la côte de 1200 mètres, l'entrée nord du grand tunnel qui s'enfonce sous le massif du Lötsch- berg ; ce tunnel aura une longueur totale de 13,735 mètres et devra être achevé en 5 ans. A la sortie sud du tunnel sera la station de Göppingen située sur la rive droite de la Lonza ; la ligne passe cette pente accidentée pour atteindre le versant nord de la vallée du Rhône et venir se souder à Brigue à la grande voie internationale du Simplon. Le chemin de fer du Lötsehberg sera exploité au moyen de l'électricité ; la Kander et une autre rivière secondaire fourniront la force nécessaire. Trois raisons ont milité en faveur de l'adoption de ce mode de traction ; 1° étant donné les fortes montées, les trains pourront être actionnés plus rapidement par l'électricité que par les locomotives à vapeur actuelles ; 2° les calculs ont établi qu'il y aura économie sur les frais de traction dès que le mouvement de la ligne aura atteint une certaine importance; enfin, l'utilisation par les entreprises de voies ferrées des forces naturelles du pays, si abondantes, est imposé actuelle­ ment par un mouvement d'opinion aussi raisonné qu'ir­ résistible. La future ligne du Lötsehberg aura une sphère d'in­ fluence extrêmement vaste ; elle complétera le Simplon et doublera le St-Gothard ; elle ouvrira à l'Europe occi­ dentale une nouvelle route plus directe ; au sud des Alpes, elle s'étendra à toute l'Italie ainsi qu'aux contrées fran­ çaises, longeant la frontière italienne. Elle pénétrera jusque dans la partie sud de l'empire austro-hongrois. De l'autre côté des Alpes cette influence se fera sentir très loin, au nord et à l'est d'une grande ligne allant de Spiez à Amiens, en passant par Pontarlier, Besançon, Troyes et Château-Thierry. La grandeur de sa zone d'in­ fluence la place parmi les lignes les plus importantes des Alpes. La vallée du Rhône, plus étroite, prend, à partir de 64 Le Valais

Tourtemagne et jusqu'à Brigue, une apparence de sévé­ rité ; de florissante et fleurie qu'elle était, elle devient rude, âpre, avec des parois surplombantes de roc et un horizon que les montagnes ont l'air de vouloir étrangler peu à peu. C'est dans cette région que nous allons trouver les ruines des châteaux de ces grandes familles féodales, dont les ambitions et les haines ont, pendant des siècles, éclaboussé de sang les pages de l'histoire du Valais. Le premier est celui du Bas-Châtillon (Nieder Gestelen) sur une hauteur, près d'un humble village. Ce fut le repaire puissant de la riche et turbulente famille des La Tour- Châtillon, qui a rempli le Valais, pendant deux siècles, du tumulte de ses armes. Le premier seigneur connu fut Guillaume de La Tour, major de Sion, en 1177 ; leurs possessions furent nombreuses ; ils étaient vassaux de l'évêque et des comtes de Savoie ; on voit, par un acte de 1220, qu'en cas de guerre entre le Valais et la Savoie, ils avaient le droit de servir le comte de leurs personnes, en donnant des soldats à l'évêque. Leur puissance se heurta à celle de l'évêque et de longues guerres s'en sui­ virent ; le dernier des de La Tour fut ce célèbre Antoine, qui fit assassiner dans son propre château le prélat Guichard Tavelli ; en 1367, les troupes épiscopales assiè­ gent à deux reprises le château et, en 1379, les Patriotes s'en emparent après un long siège et le démolissent. Les biens des de La Tour furent partagés et depuis cette épo­ que, leurs fiefs furent administrés par des châtelains nommés pour deux ans et à tour de rôle par les cinq dizains d'en-haut. A très peu de distance du Bas-Châtillon, sur un rocher, dans un site sauvage, l'église du village de Rarogne, bâtie en 1512 par le cardinal Schiner, occupe la place de l'an­ cien château de Rarogne (castrum de Raronia), résidence d'une des plus nobles familles du Valais, alliée des de La Tour. La preuve de l'antiquité de cette famille est établie par Minster, qui dit que, du temps de l'empereur Othon, les Rarogne étaient déjà comptés au nombre des quatre Princes de l'Empire et qu'on les appelait encore seigneurs de Thusis. La branche principale des de Raro­ gne fut en lutte avec les Patriotes, et la matze, cet emblè- VIEGB Ii(i Le Valais me des vengeances du peuple, se dressa contre eux. Lé château sombra dans l'ouragan et les de Rarogne se réfu­ gièrent à Berne. Les ruines meines, souvenirs de tous ces drames chevaleresques, ont disparu et rien ne rappelle plus aux yeux l'épopée qui claironna dans ces lieux que le paysage aride, farouche, qui a gardé, lui, quelque cho-e de la rudesse et de la grandeur de cette époque de tumul­ tueux héroïsme. Au-dessus de Rarogne, l'étroite vallée de Bietsch débouche, venant du massif du Bietschhorn. Le village de Turtig, situé sur la rive gauche du Rhône, dépendait des de Rarogne ; au-dessus se trouve l'Ermitage de la Wandfliih auquel conduit, au travers des rochers, un sentier bordé de calvaires. Dans la montagne, Unterbach, où les de Viège avaient des possessions. Viège (Vespia ou Visp) est un bourg bâti en partie sur un roc, au confluent de la Viège et du Rhône et à l'ouver­ ture des vallées bien connues de Zermatt et de Saas; on aperçoit, dans la baie immense des contreforts, la cime superbe, poudrée à frimas, du Balfrin, qui sépare les deux vallées. Viège possède deux anciennes églises, dans l'une desquelles, celle de St-Martin, vécut en recluse la pieuse Itta de Rarogne. Le manoir de Beaujort(Hübs- bourg) fut la résidence des majors de Viège, office rem­ pli, dès le XIIe siècle, par es nobles de la famille de Viège, qui furent de puissants seigneurs jusqu'au XIVe siècle et avaient sur leurs sceaux tantôt une rose, tantôt une fleur de lys. Tous les historiens s'accordent à dire que le dizain de Viège passe, pour être le berceau de la prin­ cipale noblesse du pays, c'est ce qui lui a valu le quali­ ficatif de : Vespia nobilis. Plusieurs événements importants eurent Viège comme théâtre : le 3 novembre 1365, pen­ dant la guerre de l'évêque contre les de La Tour, les soldats de ceux-ci massacrèrent, près du pont du Rhône, et jetèrent dans le fleuve la comtesse Isabelle de Blan- drate, épouse du chevalier François de Compey, et son fils Antoine. Le 20 octobre 1388, le comte de Gruyère, bailli de la maison de Savoie, est surpris, pendant la nuit, à Viège, par les Haut-Valaisans, qui lui égorgèrent 400 hommes. BRIGUE (Cliché Jullien frères}- f>8 Le Valais

Faisant un très modeste pendant à la splendide vallée de Zermatt, à laquelle nous consacrons plus loin la place qu'elle mérite, la petite vallée de Baltischeid (Ponzirro) s'ouvre de l'autre côté du Rhône, en face de Viège, abou­ tit au glacier du Jsegihorn et conduit en 24 heures, par le col de Baltschieder (3300 m.) et le Petersgrat (3205 m.) à Lauterbrunnen. La contrée se ressent, au delà de Viège, des ravages du Rhône et de ses tributaires ; sur la rive gauche, le Gamsen, ruisseau souvent de méchante humeur, sort de l'étroite vallée de Nanz, à l'entrée de laquelle est éta­ blie une fabrique de dynamite. Sur la rive opposée et en face, les bains de Briger-Bad et une autre vallée, la vallée de Mund (de Monte) ou de Gredetsch, qui eut ses seigneurs; l'un d'eux, Jean de Mund, fut vice-bailli du Valais en 1353. Sur la même rive, les ruines du Château d'En­ fer habité par les nobles de Curia et ainsi nommé à cause de sa position exposée aux ardeurs du soleil. Près du petit village de Gamsen dont un des sei­ gneurs fut évêque de Sion, les vestiges d'un long et massif rempart, flanqué de tours, qui fermait la vallée, du Rhône à la montagne et qu'on appelait Mur des Vibériens (Murus Vibericus) ; on suppose qu'il a été bâti par cette peuplade, pour empêcher les Romains de parvenir sur son territoire, car toutes les tours étaient contre Viège, tandis que les parapets et les escaliers étaient du côté de Brigue. A un kilomètre environ avant Brigue, le village de Gliss ou Glys où se trouve l'église paroissiale de ce bourg, dédiée à la Vierge Marie et à laquelle on accourait jadis faire des dévotions de tout le Valais. A quelques cents pas, une vieille maison qui fut la résidence de George Supersaxo, et que l'on prétendait reliée par un souterrain à l'église, où il avait fait préparer son tombeau. C'est à Gliss que commence la route du Simplon bâtie par Napoléon, qui aboutit à Domodossola, avec une longueur de 64 kilomètres. Brigue, la dernière station de la ligne avant le tunnel du Simplon, est assise mollement dans un beau renfle­ ment de la vallée, au milieu d'une crique de montagnes La vallée du Rhône 60

aux profils hautains et près de la blessure béante qui crève la chaîne et s'appelle le défilé du Simplon. Au loin, la vallée de Conches s'en va vers la fraîcheur du glacier du Rhône. Adossé à de • pittoresques contreforts, en amphithéâtre, Brigue a l'air, avec les coupoles métalli­ ques de ses églises, de quelque ville d'Orient, attardée dans ce décor alpestre. Le nom de Brigue n'apparaît qu'au XIIIe siècle, à propos d'une famille noble de Brigue, qui disparut de bonne heure. Le bourg ne fut le chef-lieu du Dizain que dès 1517 et jusqu'à cette date, l'honneur en appartenait à Naters, l'un des plus antiques fiefs des évoques. Il y eut à Brigue, au XIIIe siècle, une souste pour le transit des marchandises arrivant d'Ita­ lie par le Simplon et un hospice qui date du XIVe siè­ cle, fut fondé par l'évêque Boniface de Challant et appar­ tenait à l'ordre des Chevaliers de St-Jean de Jérusalem. Le plus remarquable édifice de la ville est le Château, que fit construire le noble et puissant Gaspard Stockalper, grand Baillif, baron de la Tour de Duyn, chevalier du St-Empire et de l'ordre de St-Michel, homme d'Etat et homme d'épée, qui eut des démêlés assez vifs avec les Patriotes et dut même s'enfuir, après leur avoir aban­ donné une partie de ses biens. Ce château, d'une remar­ quable architecture, est flanqué aux angles de tours carrées coiffées de ces calottes aiguës de fer-blanc dont nous avons parlé, et il contient une belle cour intérieure, avec de vastes arcades, une galerie de tableaux de famille et une chapelle, jadis fort luxueuse. Nous réservons un chapitre spécial au Simplon 'et à la vallée de Conches, mais nous monterons, en 4 heures, à Bel-Alp (2137 m.) en passant par une contrée des plus accidentées. Le premier village que nous rencontrerons, à un quart d'heure de Brigue, est Naters, aux curieux chalets calcinés par le soleil, où se trouvait jadis l'église paroissiale de Brigue et qui fut le chef-lieu du Dizain. Le nom de Naters vient, dit la légende, d'un serpent monstrueux à quatre jambes qui dévorait les passants et s'appelait Natria et, de fait, il figure un dragon ailé dans les armoiries de la commune qui, jusqu'au XVIIe siècle, fut la plus importante paroisse du Haut-Valais, 70 Le Valais

Dans ce hameau sont encore les ruines de plusieurs cas- tels, le Château du Roc, citadelle très forte, dit Simler, qui servait de résidence aux majors de Naters, les sei­ gneurs de Saxo, qui en avaient pris le nom et que les évêques ont souvent habité, la Tour d'Ornavasso, qui abrita les anciens vidâmes du lieu, nobles de Naters, et s'élève du sein d'une solitude fleurie. Une belle légende poétise encore ce manoir et le site qu'il illustre de sa romantique silhouette. « Le peuple de Naters, dit-elle, opprimé par son sei­ gneur, se vengea en l'immolant à sa haine. Douze cou­

ples de fiancés jurèrent de faire leurs noces le même jour sur son cadavre. Le premier couple étant entré au châ­ teau, pour le tribut nuptial, salue le seigneur d'un coup de poignard ; puis les couples s'enfuient et vont tous ensemble en une autre patrie savourer les délices de la vengeance et celles, plus palpables, de la lune de miel. >> De Naters, on gagne Bel-Alp, par les villages de Gei- men et Platten. De l'esplanade de l'hôtel, la vue s'étend sur la masse énorme du glacier supérieur d'Aletsch, le plus grand de l'Europe, et sur le panorama des Alpes Yalaisannes, depuis le Monte-Leone jusqu'au Cervin. De La vallée du Rhône 71 l'autre côté de la moraine gigantesque du glacier, VHôtel de Hieder-Furica, passage pour aller, en 5 h. %, à l'Eggis- horn. L'Hôtel Bel-Alp est le point de départ de nom­ breuses et intéressantes excursions, au Glacier d'Aletsch, à l'Eggishorn (Hôtel), en 5 h. y,, au Sparrhorn (3026 m.), en 2 heures, dans la vallée de Lötsch, par le Beichpass (3136 m.), en 9 heures, et l'on peut faire de là l'ascension de toutes les grandes sommités du massif, grâce à la cabane d'Oberaletsch (2670 m.), située à 3 heures seule­ ment. CHAPITRE IV

Vallées latérales. Val d'Illiez et Val de Morgins. (Troistorrents.— Val d'Illiez. — Champéry.)

Nous abandonnons la vallée principale du Rhône et allons visiter, les unes après les autres, les vallées laté­ rales, musées respectifs qui renferment, avec des gammes diverses, les merveilles naturelles du Valais. La plus rapprochée du Léman, que nous avons pris comme point de départ, est la Vallée d'Illiez. Cette vallée commence à Monthey, va jusqu'au col de Coux, frontière entre la Suisse et la Savoie, et s'étend du nord au sud-ouest, sur 20 kilomètres de longueur, dans un des replis les plus fertiles des Alpes. Elle est for­ mée et arrosée par la Vièze, dont elle encadre le cours accidenté de ses contreforts fleuris. Des montagnes éle­ vées la séparent des régions avoisinantes et lui donnent le caractère qui lui est propre, un parc royal enclavé dans des limites de roc. Ce sont, d'un côté, le massif de la Dent du Midi, la Dent de Bonaveau, les Dents Blanches, qui la ferment jusqu'au col de Coux ; de l'autre, une chaîne qui commence au col de Coux et va jusqu'au Corbeau, englobant le val de Morgins. L'étymologie du Val d'Illiez, qui est appelé, à diverses époques, Vallis Illiaca, Ylies, Illiex, llliers, dériverait des mots celtiques vau, qui veut dire vallée et lie ou liy, i Cliche J. Monod) VIADUC DE LA TINE (Ligne Monthey-Champéry) 74 Le Valais

qui signifie mer, liquide ; ce mot voudrait donc dire la vallée des eaux (vau de li ou vau de lie). Une tradition locale assez curieuse fait descendre les habitants du Val d'Illiez de soldats romains de la légion thébéenne, qui, échappés au massacre de St-Maurice, se seraient réfugiés dans cette région et auraient, les pre­ miers, défriché la vallée. On assure que les Sarrasins auraient envahi les rives de la Vièze et on leur attribue la couleur foncée des cheveux des habitants, l'éclat des yeux noirs des femmes et leur coiffure, qui a, en effet, l'aspect quelque peu oriental. Le plus ancien document qui fasse mention du pays, dit M. Arthur de Claparède l, est un acte du 7 mai 1180, par lequel Boson et son fils donnent à l'abbaye de St-Maurice deux hommes demeu­ rant à Salvan et leurs tenements dans le Val d'Illiez (et terrain quam apud Yliacum habebant). La population du Val est de belle prestance, les hom­ mes forts et vigoureux, les femmes pleines de dignité et de charme ; leur langue est, bien qu'ils parlent français, un patois local, originaire du celtique, et du langage gallo-romain. Le dimanche, l'homme s'habille généra­ lement en noir et les femmes remplacent le foulard rouge de la semaine par un original chapeau de paille ronde, dont les bords sont très étroits et le fond relevé d'un large ruban ondulé. Le féminisme a réalisé là un des articles de son programme, car les ressortissantes du sexe faible, qui gouvernent le bétail, revêtent volontiers le costume masculin, qu'elles portent avec aisance et qui fait valoir leur robuste beauté. Une belle route, construite en 1851, et dont les nom­ breux lacets se tordent dans l'ombre des bois épais de châtaigniers, relie Monthey à Champéry. L'ancienne route la coupe dans la première partie de son trajet et l'abrège considérablement. Mais ce moyen charmant de lacomotion, qui permettait d'apprécier tous les sites de la vallée, est quelque peu négligé depuis l'ouverture du chemin de fer électrique Monthey-Champéry, inauguré en décembre 1907 et dont la construction a été effectuée en une année. Cette ligne, qui part de la gare C.-F.-F. de

1 Claparède (A. de). Champéry cl le Val d'Illiez, Histoire el descrip­ tion, 3'" édition, 1890, Genève, Georg et C'% 2 Jr. 50. TROISTORRENTS 76 Le Va Iuis

Monthey, où elle se raccorde avec le tramway électrique Aigle-Monthey, a coûté environ deux millions. Elle est à traction électrique à courant continu de 750 volts, obtenu par transformation du courant triphasé de 6000 volts, provenant de l'usine de la Grande Eau à Aigle Sa longueur est de 13 kilomètres 500, sur lesquels on compte trois sections à crémaillère, d'une longueur totale de 3 kilomètres 650 et d'une pente maximum de 130 mm. par mètre ; ses principaux ouvrages d'art sont les viaducs en maçonnerie de Chemex, avec 4 arches de 10 mètres, de la Tine, le plus intéressant de la ligne, avec une arche de 25 mètres et une arche de 12 mètres, du Fayod, avec 4 arches de 10 mètres, du Chevalet, avec une arche de 8 mètres et le tunnel de Troistorrents, long de 90 mètres. Le matériel roulant est composé de 3 voitures automo­ trices (2 classes) à deux bogies, dont chacune possède un moteur pour l'adhérence et un moteur pour la cré­ maillère, travaillant enssmble sur la section à crémail­ lère ; il comprend en outre trois voitures de remorque et quatre wagons. Les voitures sont munies des quatre systèmes de freins les plus perfectionnés, à air comprimé, à main, électrique et automatique, ce qui permet de supprimer tout risque quelconque d'accident. Le temps du trajet Monthey-Champéry est de 1 h. 20 à l'aller et 1 h. 10 au retour. La gare de départ est à la gare des C. F. F. ; après Monthey-Ville la première station est Troistorrents (7 km. et 770 m. altitude) situé peu après la bifurcation de la route qui conduit à Morgins ; ce charmant village, station de famille, est propre, avec une apparence de prospérité ; de loin son clocher brillant a l'air d'un joujou fragile. C'est là que se trouve la station de transformation de la ligne électrique. La vallée s'agrandit et la Dent du Midi apparaît bien­ tôt, pointe par pointe, pour se montrer enfin, campée à l'horizon, avec sa belle masse crénelée, que rehaussent connue des niels éclatants, des plaques neigeuses dédai­ gnées par les rayons du soleil. Après un grand contour de la route, la Dent est toute entière devant vous, magni­ fiant le paysage et l'imprégnant de sa majestueuse gran­ deur, et la vallée, au bas, se creuse, comme si elle voulait, 1 u t

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MORGINS (Cliché Jullien frères) 78 Le Valais de ses profondeurs complaisantes, augmenter d'autant la sommité orgueilleuse. Quatre kilomètres avant Champéry, le village de Val d'Iliiez (9ô2 m.) avec le même caractère de rusticité propre, station tranquille et Thébaïde heureuse. Enfin, nous sommes à Champéry (1052 m.) grand village d'une irréprochable propreté, avec ses pensions, ses hôtels et tout le confort que peuvent désirer les étrangers ; c'est une des stations alpestres les plus fréquentées et son air pur et léger, son climat tempéré, si frais en été, sont, à juste titre, appréciés depuis fort longtemps déjà. ^ L'église de Champéry est consacrée à St-Théodule, premier évêque du Valais ; elle a été érigée en 1726 sur l'emplacement d'une ancienne chapelle et complète­ ment restaurée en 1898. On a trouvé sur la pierre, au- dessus de la porte, une curieuse inscription latine ainsi conçue, qui a fait le casse-tête de plus d'un touriste.

Quod an tris mulce pa guis ti dine vit Hoc san Chris dulce la

Sauf Quod et Hoc les mots du milieu complètent les mots correspondant de la première et de la seconde ligne, les uns et les autres tronqués. Il faut done lire :

Quod unguis tristi midcedine pavit Hoc sanguis Christi dulcedine lavit,

(Ceux que le serpent a fait repaître de son triste charme, le sang du Christ les lave par sa douceur). Les environs de Champéry, qui ont une flore très renom­ mée, sont riches en promenades et en excursions ; nous citerons très brièvement la Galerie Defago, de l'autre côté de la Vièze, d'où l'on a une belle vue sur tout le village, les pâturages des Rives, le Pont des Moulins, le Mont de la Crettaz, le Pont des Chapelles, le Reposoir, les Chalets d'Ayeme, le Calvaire, les Revers, la Grotte de Baume, le vallon de Barmaz, Bonaveau et ses chalets, dans un site grandiose au pied du Pas d'Ancel, le délicieux vallon de Vallées latérales "79

Susanfe, les Lacs verts, les Portes de l'Hiver et les Portes du Soleil. Tous ces noms sont gracieux, avec une harmo­ nie de plein air et de cloches mélancoliques, mais ils sont encore insuffisants à évoquer les paysages charmants, jolis ou majestueux, que nous nous voyons forcé de dési­ gner trop rapidement, au gré de notre admiration. Nombreuses aussi les ascensions de la région, facilitées par le corps de Guides renommé de Champéry. Ce sont le Roc d'Ayerne (1966 m.), la Dent du Midi (3260 m.), avec ses sept pointes : Haute Cime (3260 m.), Pointe Durier (3212 m.), Doigt 3212 m.), (Dent Jaune (3187 m.), Cathé­ drale (3166 m.), Forteresse (316-4 m.), et Cime de VEst (3180 m.), et dont la première ascension fut faite en 1784 par le prêtre Clément, de Champéry, vicaire du Val d'Il- liez, la Dent de Bonaveau (2505 m.), la Tour Sallières (3227 m.), le Mont Ruan (3078 m.)) la Pointe des Fornets (2301 m.), la Pointe de Chésery (2250 m.), le Corbeau (1992 m.), la Pointe de Bellevue (2016 m.), la Petite Dent (2012 m.) et la Dent de Valère (2275 m.). De nombreux cols de montagne font communiquer Champéry avec les vallées voisines. Les plus connus sont : 1° Le col de Morgins (1380 m.), route carrossable, de Cham­ péry à Thonon ou Evian par la vallée d'Abondance, en 12 ou 13 heures ; 2° Le col de Coux (1924 m.), de Cham­ péry à Morzine, en 6 heures ; 3° Le col de Coux et le col de la Golèze (1671 m.)l de Champéry à Samoëns, chemin à mulets, en 8 heures ; 4° Le col de la Dent du Midi et le Glacier de Soix (2997 m.), de Champéry à Vernayaz, en 14 heures ; 5° Le col de Susanfe (2500 m.), de Champéry à Salvan, en 10 heures ; 6° Le col de Susanfe (2500 m.), Salanfe, le col d'Emaney (2427 m.) et Fin-Haut, de Cham­ péry à Chamonix en un jour et demi ; 7° Le col de Susanfe (2500 m.), le col d'Emaney et Barberine, de Champéry à Chamonix, en un jour ; 8° Le col de Sagerou (2413 m.), de Champéry à Sixt, en 12 heures ; 9° Le col de la Bédaz et le col de la Colette de l'Oulaz, de Champéry à Sixt, en 11. heures ; 10° Le col de la Bédaz, et le col de Bostan (2352 m.), de Champéry à Samoëns, en 9 heures ; 11° Le col de la Chavanette (2193 m.), de Champéry à Morgins, e en 6 heures y2 ; 12 Le col de Champéry ou des Cases 80 Le Valais (200ß m.), de Champéry à Montriond, en 7 heures ; 13° Le col de la Dent-Blanche,, de Champéry à Sixt, en 13 heures. Mentionnons, pour terminer, les eaux sulfureuses, alcalines et lithinées de Champéry, propriété de VHôtel de la Dent du Midi, dont la richesse remarquable en sulfure de sodium et en lithine assure une prompte gué- rison des maladies des reins, de la vessie, de l'estomac, de la goutte et de la gravelle. Grâce à son chemin de fer qui circulera toute l'année, Champéry peut être mis au nombre des stations hiver­ nales de la Suisse ; ses principaux hôtels ont le chauffage central et sont aménagés pour un séjour hivernal dans cette vallée, très abritée et exempte de brouillards. Morgins dont le nom s'écrivait jusqu'en 1851, Mor­ gen, et qui paraît venir du celtique morgié ou morgi, masse de pierres ou de gravier, est un charmant vallon, qui s'étend de l'est à l'ouest, à une altitude de 1343 mètres et auquel on parvient par une belle route qui bifurque, près de Troistorrents, sur celle de Champéry. Ouvert d'un seul côté, le vallon de Morgins offre à l'admirateur de la montagne tout ce qu'il peut désirer de plus idyl­ lique, coteaux harmonieux, perspectives délicieusement fuyantes, forêts solennelles, cascades ruisselantes d'hu­ mides pierreries. A côté de ces sites délicieux, si bien faits pour le repos, Morgins possède des eaux réputées, connues sous le nom d' « eau rouge de Morgins » de temps immémorial et dont on peut apprécier les bienfaits, grâce à un Etablissement thermal, muni du confort et de l'installation les plus modernes. La source ferrugineuse, qui jaillit en abon­ dance, à quelque distance des Bains, d'une grotte de calcaire néocomien, est parfaitement limpide, inodore, d'une saveur styptique douteuse, conserve invariable­ ment le même débit, qui est de douze seaux par minute et garde la température de 7° C. ; elle dépose un sédiment ocreux rougeâtre d'oxyde de fer, qui la colore et lui a valu son qualificatif d'eau rouge. Ces eaux sont souveraines dans toutes les manifestations, souvent si graves, de l'anémie, ainsi que dans les affections des poumons et les catarrhes des bronches. ""^"W^ f ' j • .', -V.»- " 1: : 1 •" -

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CHAMPERY Le Valais

Construit en 1846, les Bains de Morgins comprennent un hôtel et toutes les dépendances et annexes nécessai­ res à un traitement hydrothérapique complet. Les environs de Morgins complètent les effets salu­ taires des eaux ; comme ceux de Champéry, ils ont un caractère alpestre poétisé par les lignes douces, en quel­ que sorte mélodiques du paysage. Les promenades les plus connues sont le lac de Morgins, où se mirent les cimes voisines, Bellevue, Savolayre, riante sommité d'un accès facile, les chalets de Rareyres. Une belle route fait communiquer Morgins avec la vallée d'Abondance, dans la Haute-Savoie. Deux cols mènent, de Morgins, l'un, le col de Chésery, à Montriond, en 7 heures, l'autre, le col de Nonaz, à Vionna:., en 5 h. %• Plusieurs cols moins importants, dont les principaux sont les cols de Croix, et de Recons, relient Morgins au plateau de Révéreulaz, sur Vionna/.. Très prochainement, un chemin de fer électrique reliera Morgins à Monthey. Actuellement un service pos­ tal régulier rend cette localité facilement accessible. (Dé­ part de Troistorrents.) CHAPITRE V

Vallée du Trient. — Ligne de Martigny-Châtelard. (Salvan. — Marécottes. — Trinquent. Finhaut. — Châtelard. — Téte-Noire. — Trient.)

Le chemin de fer électrique qui part de Martigny et dessert toute la vallée du Trient, est la propriété de la Compagnie de Martigny-Châtelard, constitué sous les auspices de la Compagnie franco-suisse pour l'industrie électrique, à Genève. Le premier coup de pioche pour la construction de cette ligne a été donné le 24 novembre 1902 et l'inauguration a eu lieu le 18 août 1906. La lon­ gueur de la ligne est, exactement, de 19.200 mètres, avec voie d'un mètre et traction électrique ; elle est à simple adhérence sur la plus grande partie de sa longueur et à crémaillère sur un tronçon de 2700 mètres, entre Ver- nayaz et Salvan ; cette crémaillère est à système Strub ; qui n'a été employé jusqu'à ce jour en Suisse qu'au che­ min de fer de la . Le maximum pour les rampes est de 20 % pour la crémaillère et de 7 % pour l'adhé­ rence. Les voitures, luxueuses et confortables, sont auto­ motrices, et contiennent 60 places ; l'énergie électrique est fournie par l'usine hydro-électrique de Pissevache. Les tunnels sont au nombre de 13, avec une longueur totale de 1920 mètres ; le plus long a 580 mètres ; il y a plusieurs ouvrages d'art remarquables ; le pont le plus important est celui du Triège, qui a 49 mètres de long, avec une ouverture d'arche de 35 m. 40 et une hauteur 84 Le Valais de 40 mètres ; le pont de Finhaut est également très hardi ; non loin de Triquent, la ligne franchit deux cou-

f Cliché .1. Monod) SALVAN loirs d'avalanche au moyen de galeries maçonnées. Tous ces travaux font le plus grand honneur aux ingénieurs (Cliché Jullien frères) FONT DU TRIEGE 06 Le Valais

de la ligne, MM. A. Boissonnas, Th. Turrettini et Schœn- dorfer. La ligne a cinq stations, Martigny-gare C. F. F., point de départ de la ligne, Vernayaz, Salvan, Finhaut et Châ- telard et cinq haltes, Martigny-Ville, la Bâtiaz, Marécottes, Triquent et Ohâtelard-Village. Toutes ces gares sont du plus coquet style chalet suisse et cadrent agréablement avec les sites alpestres de la vallée. La première station, après Vernayaz, est Salvan (925) que l'on atteint après l'escalade vertigineuse d'une haute paroi de rochers. Salvan, gracieux village, coquet et pro­ pre, station familiale endormie dans les bois, au creux d'un vallon aux lignes adoucies, avec une échappée grandiose sur le massif de la Dent de Mordes, lit partie de la première dotation de l'abbaye de St-Mauriee, qui en jouit dès le VIe siècle ; des abbés y exercèrent, jus­ qu'en 1798, le droit de mère et mixte empire et d'omni- mode juridiction. Un volume ne suffirait pas à décrire les environs si pittoresques de Salvan; parmi les promenades les plus connues et les plus goûtées, il faut citer, sans pouvoir malheureusement nous y attarder, le Sex de la Crau, les pâturages d'Emaney et de Fénestral, les Combasses, le Bois des Grosses, le Parc, les Rochers du Soir, les Mar­ mites Glaciaires, le Signal, les belles Gorges du Dailley, Planajeur, le Creusaz, le Pont des Leizettes et le majes­ tueux cirque alpestre de Salanfe. De belles montagnes accidentent agréablement la région de Salvan, la Dent de Salentin (2485 m.), la Golette (2618 m.), le Luisin (2786 m.) la Tour Sàllières (3227 m.), le Mt-Ruan (3078 m.), la Pointe à Boulon (2T1 m.), la Barmaz et la Rebarmaz (2474 m.). Au-dessus de Salvan, de coquets hameaux, stations intimes, le Bioley, les Granges, sur le chemin des Gorges du Dailley, succession dé chutes imposantes, dans un site grandiose. Nous continuons notre route ; à peu de distance, de Salvan. sur un plateau verdoyant, la jolie station des Marécottes (1100 m.) sème ses hôtels et ses pensions dans les pâturages verts, à la lisière des grands bois, avec une m

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MARÉCOTTES (Cliché M. Macey) 88 Le Vain in vue superbe. La vallée s'encaisse dans la gorge du Trient, qui creuse la vallée de son gouffre verdoyant. Nous sur­ plombons le Triège, qui se jette dans le Trient, creusant, lui aussi, une gorge qui est empreinte d'une grandeur sauvage. Puis c'est Triquent, à l'embouchure tourmen­ tée du Triège, d'où l'on a, à travers de gracieux premiers plans, le spectacle émouvant du gouffre du Trient. On atteint Finhaut ou Finhauts, à 1,237 m. de hauteur, charmante station, aux nombreux hôtels, dont la répu­ tation est solidement établie dans le monde des touristes. Les environs de Finhaut ont un caractère alpestre plus accusé que ceux de Salvan ; c'est la haute montagne, la pureté d'air clés sommités, la fraîcheur des paysages, les horizons étages en des majestés lointaines. Le village, dont l'histoire se lie à celle de Salvan, est au pied des montagnes de Bel-Oiseau (262-1 m.), de la Rionda (2377 m.) et de la Rebarmaz (2474 m.), clans une crique ombreuse et élargie. Les beaux torrents écumeux du Trient et de l'Eau-Noire, dont il domine le confluent, donnent à ce délicieux paradis alpestre une vie intense et un fracas harmonieux d'ondes en fureur. A quelques minutes du village, si l'on gagne la hauteur, la vue s'en va vers les vallées vertes que les eaux ont creusées dans le massif ; plus loin, ce sont les Aiguilles Rouges et la cime du Grand Perron (2679 m.), les glaciers du Trient et des Grands et, très purs, les profils d'hermine du Mont-Blanc et de l'Aiguille du Goûter. Et, partout, des retombées de rafraîchissantes verdures, les plis des hautes forêts qui revêtent d'ombre les flancs majestueux des montagnes et d'où semblent monter la paix et le silence de la divine solitude. Un col important, le Col de la Gueula (1945 m.) part de Finhaut, passe au pied du Bel-Oiseau, pour aboutir, en 4 heures, à la nouvelle cabane du Club-Alpin, dans la vallée de Barberine. Du sommet de ce col, on a une vue d'une intense splendeur sur toute la chaîne du Mont- Blanc et les Alpes valaisannes et bernoises. Un chalet restaurant y est installé depuis quelques années. Trois autres passages mènent dans la région de Sixt : le Col de Tanneverge (2391 m.), en 12 heures, par le pâtu­ rage d'Emosson, le Col des Grenairon (2771 m.), en 7 heu- (Cliche Jttllien frères) GARE FINHAUT 90 Le Valais res, et le Col du Genévrier, en 7 à S heures, par le Chalet des Fonds. La station de Giétroz, avec ses chalets rustiques et son hôtel, domine la ligne, qui descend rapidement vers le

Châtelard, situé à la frontière, au point de jonction avec le réseau français, de Chamonix au Châtelard, par Argen- tières et le , dont l'ouverture aura lieu en 1908 et qui gagnera Chamonix en une heure. Le Châte­ lard est situé dans une gorge très large et agréablement (Cliche J. Monod)

TRIENT 92 Le Valais encadrée de belles sommités et à la bifurcation de deux routes, celle de Chamonix et celle de Tête-Noire à Mar- tigny, par Tête-Noire, Trient et la Forclaz. En une heure, par un délicieux chemin de montagne, on gagne Tête- Noire (1294 m.), en un site de grandeur, avec, devant soi, tovit le panorama du plateau de Finhaut, paré de ses cascades lumineuses. A peu de distance de l'Hôtel s'ou­ vrent les Gorges Mystérieuses, où périrent, le 18 juillet 1906, deux jeunes touristes parisiens, M. et M1"0 Schör- ring et le guide qui les accompagnait. On présume que la galerie s'est effondrée par suite de mauvais entretien ; on n'a retrouvé que le cadavre de M. Schörring, quelques jours après. En 45 minutes, on est à la jolie station de Trient, située à l'extrémité du merveilleux Glacier du Trient, tributaire du massif du Mont-Blanc, un des plus beaux du Valais, grâce à la splendeur de ses ondes d'azur, aux vagues cristallisées. Trient est recherché pour la fraî­ cheur délicieuse de sa température, si précieuse pendant les chaleurs d'été. Trient est le centre d'un grand nombre d'excursions ; la plus courue est celle du Col de Bahne (2201 m.) qui conduit à Chamonix et que l'on gravit par le Bois Magnin et les Zerbazières. Au sommet on a devant soi un panorama de la plus merveilleuse étendue ; toute la vallée de Chamonix est devant nos yeux, avec ses res­ plendissantes sommités, ses glaciers éblouissants et ses aiguilles déchiquetées. De Trient, on escalade le Col de la Forclaz (1520 m.), station d'altitude renommée par la vivacité de sa tem­ pérature et qui domine à la fois lo glacier du Trient et la Vallée du Rhône. Du col, on descend, par une bonne route, à Martigny, en 2 heures. Par la nouvelle ligne Martigny-Chamonix, un moyen de communication rapide et confortable a été établi entre les deux vallées de F et du Rhône et en moins de 3 heures les voyageurs sont transportés de la région du Mont-Blanc dans le massif pennin du Valais, à pro­ ximité des hautes stations alpestres et sur le chemin de Montreux et de l'Oberland bernois, par le chemin de fer M. O. B. et celui de l'Italie, par Brigue et le tunnel du S impion. CHAPITRE VI

Vallée d'Entremont et de Bagnes. — Le Gd-St-Bernard. Le . — La vallée et le lac . (Chàbles. — Lourtier. —Fionnay. — Mauvoisin. Sembrancher. — Orsières. — Liddes. — Bourg-St-Pierre. Praz-de-Fort.)

C'est à Martigny que débouche la majestueuse vallée d'Entremont ou du Granrf-St-Bernard (Inter montes), dans laquelle se sont réunis les trois torrents nommés Dransc (VEntremont, Dranse de Bagnes et Dranse de Ferret, qui forment trois vallées parfaitement distinctes et de caractères généraux fort différents. Au sortir de Martigny, sur la droite, se creuse le col de la Forclaz. qui mène à Chamonix par Trient et le col de Bal me. Puis la route tourne brusquement et s'engage dans un défilé formé par un des plus puissants massifs du Valais. Au début, cette vallée est peu profonde et la Dranse, un des prin­ cipaux affluents du Rhône, a les allures d'un grand fleuve tumultueux. En deux heures, nous sommes devant les Gorges du Durnand qui s'ouvrent, au-dessus du village des Vallettes, et dont une route carrossable permet la visite. Là, les yeux sont frappés par le spectacle d'un site émouvant, grandiose et sauvage à la fois, dont le paysage varie à chaque instant, au gré d'une nature violemment accidentée. Le Durnand, qu'alimentent les glaciers de l'Arpette et de la Gurraz, mugit dans l'abîme, à travers des blocs gigantesques de protogine ; des arbres sécu­ laires surplombent le gouffre comme des spectres de 9-{ Le Valais géants. Des galeries de bois, d'un parcours de 30 minutes, appuyées sur des consoles de fonte et accrochées aux parois du roc, à 20 mètres au-dessus du torrent, ouvrage du comité industriel de Martigny, permettent de péné­ trer au sein de ces horreurs et de ce fracas. Soudain, un pont traverse le précipice, les rochers resserrent leur étreinte et une douzaine de cascades, de 40 à 50 pieds de chute, d'une variété infinie de formes, se pressent, rugissantes et glacées, pour bondir et retomber, avec un tumulte d'ouragan, dans de vastes bassins creusés dans la pierre, tandis que, de l'autre côté, gazouillent et étiiieellent une multitude de cascatelles, qui égrènent d'une grande hauteur leurs fugitifs joyaux liquides. Les galeries aboutissent à un sentier qui s'élève en zigza­ guant dans une forêt de sapins et rejoint la route, qui conduit en 2 heures y2 au lac Champex, par la vallée de Champex, que nous visiterons plus longuement. C'est des Volettes que part la nouvelle route de Champex, ouverte en 1907. Le premier village sur la route d'Entremont est Bover- nier. à 7 km. 7 de Martigny (Burgum Warnerii), ancien, fief appartenant à George Supersaxo. La Dranse coule, à partir de là, dans une gorge pit- toresquement boisée et se révoltant contre les blocs énormes qui brisent son courant ; partout une fraî­ cheur d'eau, des contreforts élevés dont les croupes se haussent de plus en plus, des horizons verts, avec, dans le fond, le profil sourcilleux des montagnes de Bagnes. Un tunnel, la Galerie de Moneia obscurcit tout à coup la route de ses 60 mètres de ténèbres crevées de baies de lumière. C'est dans cette gorge tourmentée que, vers 1800, l'abbé de St-Maurice, M. de Cocatrix, fut précipité, avec sa voiture, ses chevaux, un chanoine de l'abbaye, sa cui­ sinière et son cocher, en descendant de Sembrancher, retour de Bagnes, sans qu'on ait jamais retrouvé la moin­ dre trace des victimes, à l'exception du corps de l'abbé, découvert bien des mois après. Sembrancher (13 km.) est dans un élargissement de la vallée, au pied des parois verticales du Mont-Catogne, ce pivot monstrueux autour duquel semblent tourner les jjj Kà"SiV; •. /?• ^^»M ^* ••» -Äv : "w 11P •' • /Ci %2i- M? ' O •' fy'VkS^i- s jj^^^ ' &4 :•>

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GORGES DU DURNAND 96 Le Valais trois vallées. Ce village était, sous les comtes de Savoie, le chef-lieu du mandement d'Entremont ; au-dessus, sur une colline, se dressait un formidable château où logea, en 1444, l'empereur Sigismond, qui se rendait au concile de Bâle, avec 800 cavaliers. C'est dans ce bourg que na­ quit, en 1742, le savant naturaliste, Laurent Joseph Murith, auteur d'ouvrages renommés, qui accompagna Bonaparte, lors de son passage du St-Bernard. La route s'oriente au sud et le défilé s'élargit, sous la fuite des parois obliques du Mont-Catogne. A 6 kilomè­ tres de Sembrancher et à 890 mètres d'altitude, dans une jolie plaine, éelaircic de prairies, à l'entrée du val Ferret, le gros village d'Orsières s'allonge, avec ses maisons curieuses et sa tour antique, convertie en clocher et ados­ sée à une église neuve. D'après Simler, Orsières doit avoir eu un château de St-Pierre ; Saint Mayeul de Cluny y fut retenu prisonnier par les Sarrasins, vers 965, à son retour de Rome. Sa seigneurerie appartint aux seigneurs d'Allinges, qui y possédaient un château, dit le Châte- lard, dont il ne reste que peu de choses. D'Orsières, on monte en 1 h. % au Lac de Champex et l'on va à par le Val et le col de Ferret, en 15 heures ; nous reverrons ces deux régions à la fin de ce chapitre. Une ligne électrique, actuellement en construction, reliera, en 1910, Orsières à Martigny ; cette ligne, devisée â 4 % millons de francs, aura 18 kilomè­ tres de long et sera actionnée par les Usines d'Orsières ; on prévoit aussi, comme conséquence, l'établissement d'un funiculaire Orsières-Champex. La route d'Orsières commence à monter sensiblement en faisant de grands lacets et la Dranse s'encaisse pro­ fondément et se cache dans les défilés rocheux. Au fond de la vallée, apparaît la pyramide glacée du Mont-Velan (3765 m.), l'une des plus belles montagnes du massif. Après 8 kilomètres, Liddes (1338 m.), dont le nom veut dire milieu et qui est, en effet, à moitié chemin, à peu près, de Martigny au Mont-Joux ou Crand-St-Bernard ; c'est une des plus petites paroisses de l'Entremont et ses anciens seigneurs appartenaient à la famille d'Allinges. A partir de ce village, la région, opulente et fertile, Cijeipii) de ICF électrique

de MARTJGISy à ORSIÈRES

Photographie Jullien.

ORSIÈRES ET LE VAI. FERRET

La ligne électrique de Martigny à Orsières. construite à l'aide des capitaux de la « British Aluminium Company » de Londres, concessionnaire des forces motrices d'Orsières, est exploitée toute l'année. D'une longueur de 20 kilo­ mètres, elle permet aux touristes, ascensionnistes, skieurs et simples admirateurs de la nature alpestre d'atteindre en moins d'une heure les vallées des Dranses, jusqu'ici d'un accès difficile et coûteux. Ses principales stations sont : Martigny-Bourg, point de départ pour la Forclaz, Tête- Noire. Chamonix. Bovernier. à l'entrée des grandioses Gorges du Durnand et du vallon de Champex. Sembrancher, point de départ pour la Pierre à Voir et pour la magnifique vallée de Ungues (poste pour Chdbles, Courtier, Fionnay, etc.).

Photographie Jullien. HOSPICE DIT GRAND SAINT-BERNARD AVEC LE MONT-BLANC ET LES GRANDES JURASSES

La Douay, halte, d'où part l'une des routes du Lau Champex. Orsières. pittoresque bourg d'où l'on atteint : Le Lac Champex et ses nombreux hôtels ; le vallon d'Arpette, particulièrement recommandé aux amateurs de ski ; La vallée de Ferret, chère aux ascensionnistes et aux botanistes, adossée aux gigantesques contreforts de la chaîne du Mont-Blanc; (passages sur Courmayeur, etc.). L'hospice du Grand-Saint-Bernard et Aoste, en une journée de voiture. Hardiment accrochée aux flancs de la montagne, au- dessus des flots tumultueux de la Dranse, la ligne est très intéressante au point de vue technique.

Phulographiu Jullien,

I.E GHAPII.l.ON, I.E DOLENT, VUS HE FERRET

Ses confortables voitures permettent au voyageur d'ad­ mirer sans fatigue les paysages sans cesse renouvelés de l'Entremont. AIARTIG^Y-ORSIERES

Prix des places.

Simple course Double Martigny C. F. F. de et à II III II III Ma rtigny- Bourg 0.70 0 45 1.10 0.75 — Croix 1.15 0.75 1.85 1.20 Vallettes-halte 1.85 1.20 2.95 1.95 Bovernier 2.10 1.35 3.35 2.20 Sembrancher 3.25 2.10 5.15 3.40 La Douay-halte 3.95 2.55 6 25 4.10 Orsières 4.60 3.00 7.40 4 80

Cartes d'abonnement Conditions spéciales pour sociétés, écoles, membres du Club alpin suisse, etc. Correspondances avec les postes et les chemins de fer fédéraux.

Photographie Jullien.

VALLEE DE BAGNES, CHALET SUR ET LA CHAINE DU MONT-BLANC ORSIKRES !)8 Le Valais change peu à peu d'aspect ; les montagnes prennent des formes hautaines, la gorge se creuse, les contreforts se précipitent, tandis qu'en arrière le Catogne ferme la vallée de sa crête dentelée. On atteint Bourg-St-Pierre (1633 m.), le dernier village que nous rencontrerons avant d'arriver au St-Bernard ; il possède encore une antique tour du Xe siècle, les rui­ nes d'un pont qu'on dit construit par Charlemagne, et près de l'église, une borne milliaire portant l'inscription suivante :

IMP. CAESABI CONSTANTINO PF. INVICÏO AUG. DIVI CONSTANTINI AUG. F1LI0 BONO BE PUBLICE NATO. EC. VAL. Willi qui est un hommage à Constantin et indique le XXIIIIe mille (millia passuum) de Foi-um Claudii (Martigny) à Augusta Prcetoria (Aoste) sur la grande voie militaire romaine de Milan à Mayence, longue de 619 kilomètres (419 millia passuum). Il y avait à Bourg-St-Pierre,selon Schiner, une maison hospitalière, où l'apôtre Saint Pierre s'arrêta et logea, après avoir franchi le Grand-St-Bernard, pour venir enseigner dans le Valais la religion du Christ. Bourg-St-Pierre est situé à la sortie de la Dranse de Valsorey, sur un plateau aux riches pâturages et abrité par de gros mamelons rocheux ; il a un cachet particu­ lièrement pittoresque, avec son vieux clocher, effrité par les siècles, qui a vu passer et repasser tant de hordes hurlantes et tant de conquérants triomphants, avec ses maisons serrées les unes contre les autres, comme effrayées de tant de drames et de tant d'invasions, avec ses mazots rustiques de mélèze, patines et bronzés, juchés un peu partout, et montrant leurs toits branlants sur toutes les eminences. Napoléon, passant le Grand-St-Bernard avec son ar­ mée, en 1800, s'arrêta au bourg où il déjeuna ; l'un des hôtels du lieu s'appelle Au Déjeuner de Napoléon ; on y montre encore la chambre où il mangea des œufs à la coque et le grand fauteuil dans lequel il s'assit ; le carac­ tère vénérable de ce meuble permet de croire qu'il évita Vallée it Eut remont 99

le sort de la canne de Voltaire, tant de fois vendue et toujours authentique. Ici se place une anecdote curieuse et peu connue de ce fait illustre dans l'histoire. ' Au moment de quitter Bourg- Saint-Pierre, Napoléon demanda au syndic, M. Moret, un guide avec un mulet. On lui recommanda Pierre- Nicolas Dorsaz, grand-père maternel du guide Michel Genoud, qui l'accompagna. Le général, qui était venu jusque-là à cheval, enfourcha le mulet ; à un tournant de l'ancienne route, dans les rochers de Sarreire, le mulet buta et Napoléon faillit être précipité ; il fut retenu par Dorsaz qui s'accrocha à vin des pans de sa redingote. Pendant la route le général interroge son guide et lui demande ce qu'il fait. Dorsaz lui avoue qu'il faisait la cour à une jeune fille, mais que le père de celle-ci refusait de la lui donner en mariage, parce qu'il était trop pauvre: « Combien vous faudrait-il pour avoir la main de cette fille ? » demanda le général. « Deux mille francs, pour acheter une maison et un champ », répond le jeune hom­ me. Ils arrivent au Grand-St-Bernard et Napoléon dit à Dorsaz de ne pas partir sans l'avoir revu ; mais celui-ci, impatient de retourner chez lui, enfourche son mulet et s'en revient tranquillement. En route, il rencontre l'aide- de-camp de Bonaparte, qui lui dit, en lui donnant huit francs pour sa course : « Vous avez eu tort de partir sans revoir legénéral. » Une année se passe. Le Prévôt du Grand- St-Bernard reçoit un jour une lettre de l'ambassadeur de France à Berne, qui lui demande de rechercher le guide qui avait accompagné Napoléon au St-Bernard ; il répond qu'il le connaît fort bien et donne son nom ; il reçoit alors une seconde lettre, le priant d'acheter à Dorsaz une maison et un champ, dont le prix ne doit pas dépas­ ser 2000 francs. Comme Dorsaz avait déjà acquis une maison, on lui remit cette somme pour la payer complè­ tement ; il put alors épouser celle qu'il aimait. En 1809, Napoléon écrivit à Dorsaz, lui offrant de venir à Paris et de lui acheter une ferme en France. Celui-ci réfléchit, mais, entre temps, les événements forcèrent l'empereur à s'occuper d'autres choses et Dorsaz ne quitta pas ses montagnes. •100 Le Valais

Plusieurs cols partent de Bourg-St-Pierre ; ce sont : Le col de la Lana (3037 m.), qui aboutit à Fionnay, dans la vallée de Bagnes, par le Glacier de Serey, le col des Avollions et le Glacier de Corbassière ; le col des Maisons- Blanches (3246 m.), au pied du Grand-Combin et le col de Sonadon (3489 m.)> qui mènent également dans la vallée de Bagnes, le premier par le Glacier de Corbassiè­ re et le second par le Glacier du Mont Durand ; le col du Chamois ou de Valsorey (3113 m.), mène à Ollomont, dans la Valpelline italienne, le col de Mouleina ou col d'Annibal (3305 m.) et le col de Ménouve (2768 m.), abou­ tissent à Etroubles et à Aoste. Un. grand nombre d'ascensions se font de Bourg-St- Pierre, dont les guides sont renommés. Les principales sont celles du Grand-Combin (4317 m.), la plus belle som­ mité de la vallée, du Mont-V elan (3765 m.), du Mourin (2769 m.), de l' de Valsorey (3548 m.), de l'Aiguille d'Amianthe (3548 m.), de l'Aiguille des Mai­ sons-Blanches (3574 m.), du Tournelon blanc (3712 m.), du Mont Capucin (3270 m.) et de la Tour de Boussine (3587 m.)- Le Valsorey, qui débouche au-dessus du bourg, a des sites grandioses, d'une beauté sauvage, et une magnifique cascade ; en 2 h. l/?, on arrive aux chalets d'Amont, où l'on peut loger et qui est la première étape de l'ascension du Grand Combin. En 4 h. y2 on atteint la Cabane de Valsorey (3168 m.), propriété du S. A. C, qui facilite toutes les ascensions de la région. Ce val aboutit aux solitudes austères des Glaciers du Valsorey, du Tzeudet et du Sonadon. En sortant de Bourg-St-Pierre, sur une colline rocheuse, est établi, depuis 1889, le Jardin Alpin, la Linnaea, pro­ priété d'un Comité international, auquel s'est intéressé le Club alpin et qui est la création de M. H. Correvon, de Genève, ce savant infatigable, si dévoué à notre flore alpestre ; là, s'épanouit, éblouissante de couleurs, toute la flore des Alpes, enrichie de spécimens des Carpathes et des Pyrénées, dont plusieurs milliers d'espèces sont classées et cataloguées et que M. Correvon augmente chaque année. C'est une visite que chaque touriste vou­ dra faire et au courant de laquelle, en satisfaisant sa Vallée d'Entremont 101 curiosité, il apprendra à connaître les délicieuses fleurs des cimes, ces amies silencieuses qui font la parure de nos montagnes. Un modeste droit d'entrée est perçu pour couvrir les frais de cette intéressante tentative, peut-être unique en son genre et qui a été couronnée par le succès auquel elle a tous les droits. La route de Bourg-St-Pierre franchit sur un pont la Dranse de Valsorey, qui bouillonne dans les pénombres bruyantes d'une gorge profonde et forme plusieurs cascades. Elle s'engage dans un défilé large et ombreux, boisé de mélèzes, avec des premiers plans exquis, des

HOSPICE DU GRAND-SAINT-BERNARD

échappées au loin sur des chaînes montueuses et une eau fraîche qui court sur de gros cailloux. L'ancien chemin passait au-dessus; 'on en voit des traces et l'herbe ^'oc­ cupe activement de faire disparaître tout vestige de cette voie historique qui fut, pendant des siècles, foulée par les pas des armées.''En une heure et demie, on est à la Cantine de Proz, (1802 m.), dont l'auberge est la der­ nière station avant le col. A partir de cet endroit, la route et la contrée deviennent arides ; les sapins et les mélè­ zes disparaissent comme une troupe en déroute, on ne voit plus que des monts désçrts et nus, avec de grands 102 Le Valais débi'is roulés ensemble par la furie des avalanches ; ça et là encore quelques maigres pâturages à l'herbe rase ; on a l'impression de marcher à travers des ruines et la nature prend de plus en plus une grandeur tragique et désolée. Au loin, le Mont-Vélan, avec ses séracs d'her­ mine et ses glaciers qui ont l'air suspendus. De petits sentiers permettent de couper la route, qui fait de grands lacets dans les débris schisteux. On ne tarde pas à attein­ dre le Défilé de Marengo, où l'armée française bivouaqua ; le chemin contourne la montagne et monte, encaissé entre la Pointe de Lacerandes et les Becs noirs ; sur la droite, la fromagerie de l'hospice et, plus loin, la petite Morgue, où sont murés les corps des malheureux qui périrent sur la route. Plus haut, c'est la Combe Marchandaz, où, encastrée dans un roc, une petit croix de bronze rappelle la catas­ trophe du 10 novembre 1874, qui coûta la vie à 8 per­ sonnes, dont deux prêtres du St-Bernard, MM. Coutard et Glassey. Avant d'arriver à l'Hospice, on traverse le Vallon des Morts, balayé l'hiver par les avalanches ; sir la gauche, se dresse le Mont-Mort, fantôme livide et déchiqueté. Puis les bâtiments de l'Hospice (2472 m),, dans un paysage de désolation et de grandeur, au-dessus d'un lac glauque et entouré de pointes décharnées ; on a là, dans cette nature lugubre, des impressions inoublia­ bles, tant cette désolation a de splendeur et de poésie spéciale. De tous côtés, ce sont des montagnes, pelées, arides, squelette de monts, sans un arbuste, des contre­ forts lépreux, verdis et verdâtres, striés, désolés, lézar­ dés, écroulés, que domine la majesté funèbre du Mont- Mort, marbré de plaques neigeuses. A peine, ça et là, un rare gazon blême, qui semble destiné à cacher d'affreuses places et où, comme à regret apparaissent de pâles fleurettes, globulaires, saxifrages, campanules et un déli­ cat myosotis. Avant de pénétrer dans l'Hospice, donnons quelques renseignements historiques sur le passage lui-même, le plus important et le plus anciennement connu des Alpes. Bien avant l'ère chrétienne, le Grand-St-Bernard, qui porta d'abord le nom de col du Mont-Joux ou Jou, NAPOLÉON PASSANT LE ST-BEENARD 104 Le Valais par lequel les Celtes désignent le Grand Jehoa, dont les Romains firent le Mont-Jupiter et qu'on appelle plus tard col Pennin, était connu par les marchands et les pèlerins. Les Gaulois l'ont traversé pour envahir l'Ita­ lie, et Brennus a passé par là, marchant sur Rome. Le passage d'Annibal par le Grand-St-Bernard est fort controversé ; les historiens anciens ne sont pas même d'accord ; toutefois, le nom de poeni (carthaginois), bien que d'excellents auteurs le fassent dériver de pen (sommet), donné au passage, confirmerait l'assertion, selon quelques-uns. Luitprand, écrivain au Xe siècle, assure avoir trouvé sur le roc de Donaz, dans le Val d'Aoste une inscription qui prouve ce passage, selon lui, et dans laquelle figure l'expression : Transitus Annibalis. Dans le livre III de ses commentaires, Jules César raconte que les habitants de la vallée avaient la coutume de rançon­ ner les voyageurs et de soumettre les marchandises qui traversaient le pays à des droits de transit exorbitants ; ce fut même ce qui motiva l'invasion du Valais par son lieutenant Galba. César fit occuper le défilé par ses légions et en assura le passage. Les Romains établirent ensuite une de leurs superbes voies militaires, grâce à laquelle les communications s'établirent régulièrement entre l'Italie et le Valais, et la civilisation pénétra peu à peu dans la vallée du Rhône. Cette voie, dont la sécu­ rité était assurée par des postes espacés (mansiones) commençait à Milan et par Aoste (Augusta Praetoria), et Tarnade (St-Maurice) Vevey, Payerne et la vallée de la Birse, gagnait Mayence. Au sommet du col, Sum­ mum Penninum) se trouvait une borne milliaire, la 36e de Martigny, une maison hospitalière et un temple au dieu Jou, plus tard Jupiter, qui donna son nom au pas­ sage, Mont-Joux ou Jou (Mons Jovis) ; il était consi­ dérable et en grande vénération dans toute la contrée. On a trouvé de nombreux restes de ce temple, monnaies gauloises et romaines, ex-votos, bronzes, conservés dans la Bibliothèque de l'Hospice. Sur son emplacement, a été érigée la statue de St-Bernard de Menthon. Les Barbares surviennent et font disparaître l'Hospice et le temple ; après eux, les Sarasins s'établissent dans Vallée d'Entre mont 105 la contrée, rançonnant les caravanes et pillant les voya­ geurs isolés. La route reste peu sûre pendant longtemps et, en 924, Robert, évêque de Tours, est massacré avec toute sa suite, dans le défilé. En 980, Bernard de Menthon, attiré invinciblement vers la vocation religieuse et après avoir, dit-on, abandonné la maison paternelle, à la veille de son mariage avec une fiancée riche et belle, vint, au milieu des plus grands dangers, fonder au Mont-Joux la maison qui porte son nom. Les évêques et la noblesse s'efforcent d'assurer le passage des Alpes et dotent riche­ ment le nouvel hospice. Le pape Alexandre II et l'empe­ reur Frédéric Barberousse le prennent sous leur protection et les comtes de Savoie se proclament ses défenseurs attitrés. Henri VI déclara coupable de lèse-majesté qui­ conque toucherait aux personnes et aux choses sacrées des cénobites du Mont-Joux. En 1076, l'empereur Henri IV allant à Rome, traverse le Grand-St-Bernard en plein hiver et ce voyage se fit au milieu des plus grands dangers ; l'impératrice, qui l'accompagnait, dut être portée à dos par ses gens, au milieu de la tempête. Pendant tout le moyen âge, la circulation fut active par le col, et les évêques de Sion avaient l'obligation d'entretenir et d'assurer le passage du St-Bernard. Le passage le plus connu est celui de Napoléon Bona­ parte, en mai 1800, à la tête de 35,000 hommes, pendant que le général Moncey passait le St-Gothard avec 15,000 hommes, pour tourner le général autrichien Mêlas, dont les forces étaient disséminées de Gênes aux bords du Var. Malgré les rigueurs de la saison, l'héroïsme de l'armée française triompha des avalanches et des neiges. Ce fut ce passage qui valut les victoires de Montebello et de Marengo et la convention d'Alexandrie, qui restitua à la France tout ce qu'elle avait perdu, sauf Mantoue. La température moyenne annuelle au Grand-St-Ber­ nard est de 1°,8 C ; en janvier, le froid atteint souvent 25 à 30° et la moyenne de juillet est de -j- 6°,2 ; c'est, à peu de chose près, la température du Spitzberg. La saison de neige dure plus de neuf mois et, certaines années, elle ne disparaît que pendant quelques jours ; quelque- 106 Le Valais fois le petit lac ne parvient pas à dégeler complètement. La couche de neige est irrégulière, à cause des rafales ; à certains endroits, elle a 8 à 10 pieds, à d'autres 35 à 40. L'Hospice se compose de trois grands édifices, cons­ truits sur le roc, dans le défilé, fort resserré, compris entre la Chenalette et le Mont-Mort. Celui de droite est de cons­ truction récente ; les deux autres datent du XVIe siècle ; le plus petit a été édifié par un supérieur d'origine fran­ çaise qui a dirigé la congrégation pendant un certain nombre d'années et auquel la France a fourni l'argent nécessaire ; par reconnaissance, on lui a donné le nom d'Hôtel Saint-Louis ; c'est une maison de refuge en cas d'incendie ; il sert de grenier et au besoin de demeure pour les voyageurs nécessiteux. Le plus grand des bâtiments, qui s'appelle le Couvent, est un édifice massif, contre lequel est adossée l'église, construite en 1648. Un large corridor, partant du perron, accède dans les cuisines et les salles des pauvres ; dans l'autre direction, c'est la cha­ pelle, où se trouvent de belles fresques, un jeu d'orgue et le cénotaphe du général Desaix, tué à la bataille de Marengo, œuvre de Moitte, membre de l'Institut de France, et érigé en 1806, et de magnifiques stalles sculp­ tées. Dans cette chapelle est placé le tronc qui permet au voyageur délicat de reconnaître l'hospitalité qui lui est généreusement accordée. A l'entresol, le salon des voyageurs, belle et confortable salle, dont l'antichambre est ornée d'une plaque de marbre avec l'inscription sui­ vante, d'une grandeur antique :

NAPOLÉONI PRIMO FRANCORUM IMPERATORI, SEMPER AUGUSTO REIPUHLIC.E VALESIAN.E RESTAURATORI, SEMPER OPTIMO .EGYPTIAG0 HIS ITALICO SEMPER INVICTO IX MONTE IOVIS ET SEMI'RONU SEMPER MEMOHANDO RESPUBLICA VALESI.E GRATA II DECEMIIRIS AXNI MDCCC1V

(A Napoléon premier, empereur des Français, tou­ jours auguste ; au restaurateur de la République du Valais, toujours bon ; à celui qui vainquit en Egypte et deux fois en Italie et qui ne sera jamais oublié au Mont- Vallée cl'Eut remont 107

Joux. La République du Valais reconnaissante. II Décem­ bre 1804). Au-dessus, un vitrail, avec la devise :

IDELITER ORTITER F E1.ICITER Au premier étage, la Bibliothèque, qui contient 13,000 volumes et un intéressant musée de toutes les découver­ tes faites dans les ruines du temple de Jupiter, pièces

CHIEN DU SAINT-BERNARD gauloises, phéniciennes et romaines, urnes funéraires, statuettes, armes, bijoux, amulettes et inscriptions voti­ ves, à Jupiter Pœninus ; dans un petit cabinet, les por­ traits de l'empereur Napoléon Ier, Napoléon III et de l'impératrice Eugénie. Puis le réfectoire, les cellules des 108 Le Valais religieux et les chambres destinées aux voyageurs, avec la même disposition au second étage. Au rez-de-chaussée et dans des niches souterraines, sont logés les célèbres chiens du St-Bernard, race qui vient du Leonberg, dans le Wurtemberg, et qui s'est conservée absolument pure, avec, comme ancêtres vraisemblables, les redoutables chiens de guerre des Germains. Quand ils bondissent dans les corridors de l'hospice, avec de longs aboiements, on a l'impression d'une ruée de bêtes fauves, tant ils sont énormes. On connaît leur dévoue­ ment, quand ils vont, aux jours enneigés de l'hiver, au devant des voyageurs guettés par les avalanches, leur admirable perspicacité et les innombrables sauvetages qu'ils ont opérés. A quelques mètres de l'Hospice, se trouve la Morgue, où sont déposés les cadavres des victimes des catastro­ phes et qui restent là, préservés de la décomposition par la vivacité de l'air, s'effritant, s'en allant au néant, confondus dans un horrible désordre. On a muré cette Morgue, dont le spectacle a, pendant longtemps, épouvan­ té les voyageurs. Les religieux du Grand-St-Bernarcl sont des chanoines réguliers de l'ordre de St-Augustin, en général de jeunes gens de 25 à 30 ans, au nombre d'une douzaine, qui pro­ noncent des vœux solennels, ne peuvent ni hériter, ni tester, laissent tout leur avoir à la communauté et exer­ cent les fonctions du Saint-Ministère en qualité de prê­ tres. Cet ordre a le même costume que tous les autres prêtres séculiers, à l'exception d'une petite écharpe de toile blanche qui se porte sur la robe traînante ; il relève directement de Rome, est administré par un prévôt qui est crosse et mitre, porte la croix pastorale, l'anneau, la ceinture, la houppe violette, le rochet et le camail ; il a, après lui, le prieur caustral, vivant à l'Hospice, nommé à la majorité des voix et dont l'autorité sur les religieux est absolue. C'est au couvent que les novices font leurs études, sous la direction du Père-Maître ; ils passent une année à l'Hospice pour s'accoutumer au climat, et prononcent leurs vœux, après un examen très sévère subi devant l'Evêque de Sion. Chaque religieux a ses attributions, le cellerier s'occupe des provisions, le saçris- Vallée d'Entremont 109 tain du culte, Vinfirmier soigne les malades, l'hospitalier donne à manger aux voyageurs et délivre des secours, le clavandier reçoit les voyageurs ; enfin plusieurs domes­ tiques ou maroniers veillent au service et, l'hiver, vont au-devant des caravanes, accompagnés des vaillants chiens. Les règles de cet ordre philanthropique imposent aux pères l'obligation de recevoir et d'héberger gratuitement, pendant trois jours, malgré la difficulté des approvision­ nements, les personnes qui passent le col, et dont on estime le nombre de 15 à 20,000 par année ; l'hiver, ils surveillent les environs du col et, grâce au téléphone qui relie l'Hospice à Bourg-St-Pierre et à la cantine de Proz et au moyen duquel ils sont avisés du départ d'une cara­ vane, ils peuvent exercer plus efficacement leur coura­ geux sacerdoce. Il est difficile de ne pas être touché par toute cette abnégation et les constants sacrifices de ces hommes, que rien ne peut répugner et effrayer de ce qui constitue la lourde et grande tâche a laquelle ils ont voué leur vie entière. Et quand on a franchi la région effrayante qui environne le col, on éprouve, devant la cordialité charmante de leur accueil, une émotion qui, soudain, peuple la solitude morte de ces lieux. La route, carrossable jusqu'à l'Hospice et que desservent pendant la saison les diligences fédérales l'est également jusqu'à Aoste ; ce dernier tronçon est de cons­ truction récente et les diligences italiennes le desservent également ; elle franchit la frontière italienne, indiquée par une pierre, avec la date de 1755 et portant d'un côté la croix de Savoie et de l'autre l'écusson du Valais, avec les sept étoiles, l'épée et la crosse épiscopales. Peu au- dessus, les ruines visibles du temple de Jupiter et la statue colossale du St-Bernard de Men thon, érigée en 1906 par les soins de M. le chanoine J. Gross. Au delà, c'est l'Italie et le Val d'Aoste, où l'on descend en six heures par St-Rémy, Etroubles et Oignod. Des chaînes et des cimes bizarres s'étagent ; ce sont la Tour du Fou, VAiguille de Drossa ou Pin de Sucre (2901 m.), le Qolliaz (3240 m.), les Dents d'' Arteveraz et la cime blanche du Tsercivez. De l'Hospice, on va dans le Val Ferret, par le Col de •MO Le Valais

Fenêtre (2699 m.), en trois heures, et de là à Martigny en six heures, par Orsières et à Courmayeur, en dix heu­ res, par le Col de la Peulaz ou du Grand Ferret (2,533 m.) et Entrèves.

Le Val Ferret.

Cette charmante vallée est une importante ramifica­ tion de la vallée d'Entremont, qui monte vers l'Italie, entre les puissants contreforts du massif du Mont-Blanc et les cimes secondaires du Grand-St-Bernard. De Saus­ sure, voyageant avec le chanoine Murith, en a fait con­ naître aux savants et aux touristes les richesses et les beautés. Plus tard, Charpentier, Studer, Alphonse Favre et Gerlach la parcoururent et firent une description com­ plète de sa constitution géologique. Elle se sépare de l'Entremont à Orsières et conduit le voyageur à sa seule station, Praz-de-Fort, par de frais pâturages, que traverse la route ; avant d'arriver à Praz- de-Fort, on visite, à peu de distance, sur la hauteur, les remarquables blocs erratiques de Plein-y-Bœuf ou Plan Bœuf, que décrit Alphonse Favre ; le volume de l'un de ces plus gros blocs, que l'on appelle la Pierre du Trésor, est estimé par M. de Charpentier à plus de 100.000 pieds cubes. Praz-de-Fort, situé à 1146 mètres, au débouché du puissant Glacier de Saleinaz, offre le spectacle enchanteur des paysages d'altitude moyenne et la beauté forte des hautes sommités voisines ; de là, la vue s'étend sur les alpages aux vertes perspectives, adoucis de frais ombra­ ges, et, plus haut, elle contemple et admire les grands glaciers tombant en plis serrés des épaules des monts, les gorges déchiquetées, les parois vertigineuses, tout l'admi­ rable désordre de ce massif altier où, aux âges de la création, la nature fut si violente et si tragique. C'est dans ce décor à la fois magnifique et charmant, dans ces cam­ pagnes aux lignes harmonieuses, encadrées par les épau- lements tourmentés des sommités, que E. Rambert a placé l'épisode exquis du Chevrier de Praz-de-Fort, forcé de quitter son paisible troupeau pour aller gagner son r

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PRAZ-DE-FORT (Cliché Jullien frères) H 2 Le Valais pain au milieu du brouhaha des villes et qui revient, le cœur ulcéré, retrouver, au sein de la solitude de ses mon­ tagnes chéries, la santé, le calme et les illusions perdues dans le plaine. Le Glacier de Saleinaz va se souder au Chardonnet, autour duquel pivotent les Glaciers d'Argentières et du Tour. Sa cabane, située à 2691 mètres, facilite les hautes ascensions des massifs d'Orny et d'Argentières; elle peut contenir jusqu'à 60 personnes. Le Val Ferret monte peu à peu vers l'Italie ; les puis­ sants glaciers du Mt-Blanc roulent vers les prairies en rieurs leurs ondes azurées ; le Glacier de la Neuvaz en est un des plus importants et des plus pittoresques ; il s'étage en un admirable amphithéâtre, pendant que les cimes du géant des Alpes mettent sur l'horizon la menace de leurs créneaux éperdus. A droite, se creuse le Col du Grand Ferret (2533 m.) qui conduit à Courmayeur, tandis que le Col de Fenêtre (2699 m.) aboutit à la route du Grand-St- Bernard à Aoste, à peu de distance de l'Hospice. De ce col, où miroitent deux jolis lacs alpestres et dont un des versants est couronné d'edelweis, la vue embrasse, émer­ veillée, un des panoramas les plus saisissants des Alpes, d'un côté sur la face méridionale du Mt-Blanc, de l'autre sur les massifs du Grand Paradis, de la Grivola et du Rui- tor. Au premier plan, le formidable Mont-Dolent semble vouloir combler la vallée de Ferret de la masse énorme des sa pyramide alpestre. Dans le val profond, les géologues trouvent les précieux minerais ; sur les hauteurs les tou­ ristes emplissent leur âme de la vue des joyaux divins de la montagne aux somptueuses damasquinures d'argent. Il existe un projet très étudié d'une ligne électrique qui relierait l'Italie à la vallée du Rhône, par Courmayeur, le Val Ferret et Martigny.

Vallée et Lac Champex. Nous gravirons d'Orsières, au sortir du Val Ferret, le chemin conduisant en une heure et demie, au Lac de Champex qui, à 1470 mètres, étend ses eaux tranquilles et miroitantes entre des forêts de sapins et des roches LAC CHAMPEX (Cliché Jullienfrères) •-

1-1-4 //P Valais granitiques, reflétant délicieusement les gracieux sites qui l'environnent de tous côtés. Un lac dans la montagne, n'est-ce pas le rêve réalisé ? La beauté et le calme des ondes bleues, leur transparence berçant de hauts profils de sommets, toute la grâce de la plaine unie à l'harmonie sauvage et tourmentée de la montagne ! Champex offre cette illusion vivante ! Dans une coupe verte, au pied du Mt-Catogne, une nappe bleue frissonne à l'ombre des sapins, dont les noires légions descendent des contreforts des monts environnants. Ce joli lac a environ quatre kilo­ mètres de circonférence et son écoulement se fait par un torrent qui se jette dans la Dranse. Il est impossible d'imaginer un paysage mieux fait pour plaire aux yeux, plus coquet, d'une plus charmante subtilité. Et jamais semblable à lui-même ; sous les caprices du ciel ou au gré des nuages qui passent, il est tantôt une nappe d'azur lumineux, avec des teintes scintillantes de lapis-lazuli, d'émeraude ou de saphir, tantôt une petite mer de tur­ quoise mate ou laiteuse, ou bien un bouclier d'acier poli, embrasé de reflets fulgurants. Le matin, c'est le bassin rose et fleuri d'un parc, tendrement estompé de brumes légères comme des voiles de soie ; le soir, c'est un océan de feu, où s'éteint le couchant aux lueurs d'incendie et la nuit y jette ses étoiles d'or, comme les trésors infinis d'une humide Oolconde. Tout autour du lac, de beaux prés en fleurs d'une admi­ rable fraîcheur, où se projette l'ombre fluide des hautes forêts, et sur la grève, de jolis chalets précieusement amenuisés, comme des joujoux et des hôtels hospitaliers, où l'été rassemble une clientèle cosmopolite, de plus en plus nombreuse. On canote, on se baigne, on se promène ; parfois, on organise sur le lac une fête délicieuse et sur les eaux calmes, luisantes comme une laine, la fantaisie des séjournants égrène de lumineuses girandoles ; des nacelles illuminées glissent lentement, semant clans leur sillage des échos de chansons joyeuses et, clans ce décor tranquille et sombre, tous ces feux semblent des pierre­ ries en un écrin de mousse humide des bois. Champex est une des stations les plus fréquentées du Valais et cela se comprend, car, aux charmes du lac, qui DANS LA VALLEE DE CHAMPEX Uli Le Valais permet la distraction du sport nautique avec toutes ses variétés, il joint l'avantage d'être un intéressant centre d'excursions, à proximité du Grand-St-Bernard, du Val Ferret, que l'on gagne par un sentier aboutissant à Som- la-Proz, du Col de la Forclaz où l'on va en 3 h. % Par Bovine et à l'entrée de la vallée d'Orny, qui accède à la grande région alpestre du glacier de Saleinaz, des Aiguilles d\\ Tour et d'Argentières, tributaires du massif du Mont- Blanc. Deux cabanes, la cabane d'Orny, située à 2688 mètres et la cabane Julien Dupuis, inaugurée le 19 août 1906 par la section C. A. S. des Diablerets et élevée au Col d'Orny, à 3130 mètres, facilitent considérablement les nombreuses ascensions de ce massif. Une des excursions les plus courues est le passage, par le Col d'Orny (3119 m.) et le Col du Tour (3280 m.) dans la vallée de Chamonix, en 8 à 9 heures. Le Val Champex, qui aboutit aux belles Gorges du Durnand, offre les caractères d'une pittoresque rusticité et sa flore, très variée, le transforme au printemps, en un immense parterre fleuri, dont la brise transporte au loin les délicieux parfums. Une route carrossable, ouverte en 1907, relie le lac, par Les Valettes, à la grande route de l'Entremont et abrège considérablement la distance entre la station et la gare C. F. F. de Martigny.

La vallée de Bagnes. La Vallée de Bagnes commence à Sembrancher ; elle se dirige d'abord vers l'est pendant une dizaine de kilo­ mètres, puis s'oriente vers le sud ; elle aboutit au massif du Grand Combin et au Glacier d'Otemma. Son nom vient du latin balnéas (bains) et elle s'appela primitive­ ment balnea vallis, à cause des eaux minérales qui s'y trouvaient jadis. Sa base est entourée de superbes forêts, dont la plus belle s'appelait la Forêt de Messeigneurs et appartenait à l'Etat du Valais ; personne ne pouvait y couper la moindre branche sans l'autorisation spéciale écrite de Monsieur l'Abbé et de Monsieur le Grand Châ­ telain de Bagnes, qui en avaient la surveillance. Les montagnes de la vallée sont riches et fertiles et les pâtu- CHABLES ET LA VALLÉE DE BAGNES (Cliché Jullicn frères) 118 Le Valais rages renommés. Le Bagnard est vertueux, mais passe pour rusé et très fin ; il aime à raconter des légendes et de vieilles histoires dont la vallée est farcie. Les femmes ont conservé, dans quelques localités, la gracieuse coif­ fure plate sur le bonnet brodé, le corsage lacé, avec la guimpe, les manchettes et le tablier de dentelles. Peu de vallées sont aussi complètement encadrées de cimes et de glaciers ; ainsi, à partir de Fionnay se dressent, à droite, l'immense Glacier de Corbassière, les Glaciers de Botzeresse, de Zessette, du Mont-Durand, de Fenêtre et de Crête Sèche, à gauche, les glaciers des Ecoulaies et du Crêt, de Lendarey, de Giétroz, de Lyrerose, de Breney, de Lyre et d'Otemma. Toutes ces masses frigides forment une barrière formidable et mettent sur la tête de la vallée de Bagnes une grandiose couronne de séracs fieuronnés d'hermine. La Dranse de Bagnes, qui vient d'Otemma, a rempli, à travers les siècles, ce joli pays, voué aux catastrophes, des ravages de ses continuels débordements. En 1545, elle emportait Bagnes, le chef-lieu ; en 1818, obstruée dans un défilé par une avalanche du glacier de Giétroz, elle préci­ pitait une vague liquide de 300 pieds de haut avec une vitesse de 25 kilomètres en 40 minutes et causait pour plus d'un million de dégâts ; en 1S98, de nouveaux désas­ tres venaient assaillir cette région ; une poche d'eau, formée dans le Glacier de Crête-Sèche, se vida à deux reprises, le 15 et le 17 juillet, projetant dans la vallée une masse d'eau évaluée à 950,000 mètres cubes, qui emporta douze ponts et occasionna de grands ravages. D'abord très large en sortant de Sembrancher, la vallée se rétrécit peu à peu et Châbles ou Bagnes (824 m.), le plus important village de la vallée, se montre, dans un site pittoresque au milieu de ses nombreux hameaux disséminés un peu partout, dans de somptueuses verdu­ res, avec, à l'arrière-plan, le bastion neigeux de la Rui- nette (3879 m.) l'obélisque du Mont-Pleureur (3705 m.) et les blancheurs du Glacier de Giétroz. C'est la première étape de cette longue route alpestre, la station tranquille d'altitude moyenne, aux charmantes promenades et aux reposantes solitudes. L^£fa»..E- ;*v. SÈéa

FIONNAY dàO Le Valais

L'ancienne paroisse de Bagnes aurait eu son origine à l'endroit appelé Villa, au-dessus de Verbier, d'après des titres trouvés dans les archives paroissiales. Lourtier, à 1125 mètres, point terminus de la route carrossable, marque le commencement de la grande région alpestre ; c'est vine jolie oasis calme et fleurie, d'où l'on goûte les délices de la haute montagne. Ses paysages offrent vine charmante transition entre les sites verdoyants de la vallée inférieure et les beautés plus sévères de F Alpe. Les chalets se font plus rares, et peu à peu le paysage prend l'apparence d'une grandiose sévérité. La Dranse s'ébroue en tumultueuses cascades et se cache dans une gorge profonde ; à Granges-Neuves, un torrent fougueux la rejoint des hauteurs du Glacier de Corbassière. Avant Fionnay la route, de plus en plus imposante, s'élevant au flanc des pentes de contreforts accidentés, pendant que la Dranse cascade avec un tumulte infernal, au milieu de hautes roches escarpées, offre un des plus impression­ nants spectacles que puissent contempler les yeux hu­ mains. Fionnay (1500 m.) est une station alpestre de plus en plus recherchée des touristes, grâce au pittores­ que saisissant de sa position et des excursions dont elle est le point de départ; les plus connues sont la Ruinette, le Mt-Blanc de Seillon et la Cabane de Panossière (2715 m.) du Club-Alpin, en quatre heures, étape des ascensions dvi Combin de Corbassière (3722 m.) et du Tournelon blanc (3712 m.) et du Grand Combin (4317 m.) qui se fait de ce côté en huit heures. Fionnay est également l'étape obligatoire de la grande course alpestre, de plus en plus à la mode, de Chamonix à Zermatt, qui se fait en 4 à 5 jours, par le Col du Char- donnet, Praz-de-Fort, Bourg-St-Pierre, Col des Maisons- Blanches, Fionnay, Chanrion, Cols de l'Evêque, de Bertol et .d'Hérens, avec variante Chamonix, col du Géant et col des Planards-Fionnay. De Fionnay partent également les cols assez ardus du Crét (3148 m.) et de Sévreu (3201 in.), au Val d'Hèrémence, en sept à huit heures, de Louvie (2938 m.) et de Cleuson (2916 m.) qui contournent la P ointe-Rosa-Blanche (3348 m.) et aboutissent, en huit heures, dans le Val de Nendaz et de là à Nendaz et à Sion, en cinq heures. Vallée d'Ëntremont 121 De Fionnay à Mail voisin (1824 m.) (1 h. %) le paysage s'amplifie et, dans une gorge de cent pieds, la Dranse, que franchit l'arche hardie d'un pont, a des fureurs de damnée. Le pays devient de plus en plus sauvage dès Y Hôtel du Giétroz la dernière station de la vallés, dans un beau site montagneux ; à un quart d'heure se trouve la Cascade du Giétroz, par où s'écoulent les eaux du glacier de ce nom ; ce glacier, large dans sa partie supérieure et hérissé de magnifiques séracs, s'encaisse dans un étroit couloir et bombarde la vallée de sa redoutable mitraille de glace, qui a occasionné déjà tant de désastres. Pour prévenir les catastrophes, on a crée un barrage qui forme un lac artificiel, où viennent s'ébouler et se fondre les blocs de glace, dont la masse ne peut plus obs­ truer subitement la Dranse. On franchit la Gorge de Torrembey, les chalets et les alpages de la Petite et de la Grande Chermontane et l'on monte, en 4 heures, à la Cabane de Chanrion, bâtie en 1870, à 2460 mètres, par le Club Alpin suisse, entre les Glaciers de Breney et d'Otemma. Cette cabane, qui a un gardien pendant la saison, est située à l'extrémité de la vallée, dans une situation particulièrement favorable aux ascensions, en face d'un éblouissant panorama. A droite, se dressent les deux belles pyramides du Mont-Gelé (3530 ni.) et du Mont-Avril (3348 m.), entre lesquelles s'ouvre le Col de Fenêtre, tandis qu'à gauche le massif de la Pointe d'Otemma (3394 m.) clôt l'horizon. Toute l'extrémité de la vallée est hérissée de cimes altières et de pics vertigineux, dont les principaux sont le Mont-Fort (3330 m.) le Mont-Blanc de Seillon (3871 m.) la Posa Blanche (3318 m.), l'imposant Mont-Pleureur (3706 m.), la Ruinette (3879 m.), admirable observatoire qui domine les vallées de Bagnes et d'Hérémence, le superbe Grand Combin, qui a quatre pointes différentes et bien distinctes, Y Aiguille du Croissant (4317 m.), la Pointe de Graffeneire (4300 m.), le Combin de Valsorey (4145 m.) et le Combin de Zessette (4078 m.) que flanque la lourde Tour de Boussine (3837 m.). Tenté pour la pre­ mière, fois, en 1851, par M. le conseiller Studer, de Berne, qui ne parvint qu'au Combin de Corbassière, prolonge- [22 Le Valai*

ment de la cime principale, il ne fut atteint qu'en 1861, par quelques guides du Val de Bagnes, au nombre desquels se trouvait le docteur Carron. Ce fut un chasseur de Bourg-St-Pierre, Balley, qui dé­ couvrit la nouvelle voie par le Col du Sonadon, en lon­ geant une arête rocheuse. Tschudi affirme que cette

LAC DE LOXJVIE ET GRAND COMBIN route est plus courte, plus facile et sans dangers. Plusieurs cols aboutissent à la Cabane de Chanrion, mettant la vallée en communication avec la plupart des vallées voi­ sines ; nommons le col du Sonadon (3484 m.), sur Bourg- St-Pierre, les cols de Chermontane (3084 m.), de la Ser­ pentine (3546 m.) et de VEvéque (3393 m.), sur Arolla en huit ou neuf heures, le Col de la Fenêtre de Bahne (2812 m.) et le Col de Crête-Sèche (2888 m.) qui mènent, l'un dans le Val d'Ollomont en cinq heures, l'autre dans la Valpelline en huit heures, par les glaciers d'Otemma et de Crête-Sèche, et les cols du Mont-Brulé et de Valpelline (3562 m.) qui, en 15 heures, gagnent la vallée de Zermatt. CHAPITRE VII

Vallées d'Hérens, d'Hérémence et d'Arolla. (Vex. — Pralong. — Euseigne. — Evolène. — Les Haudères. — Ferpècle. — Arolla)

La Vallée d'Hérens s'ouvre, en face de Sion et à gauche de la colline des Mayens et monte, de la plaine vers le haut massif de la Dent-Blanche, se divisant, vers le milieu, en une seconde vallée, appelée Vallée d'Hérémence. La tradition de la vallée d'Hérens, appelée aussi vallée du Diable, est plus dramatique que son histoire. Elle rap­ porte que jadis le climat était plus doux, qu'il y avait à peine trace de glaciers ; aussi, dans ces temps meilleurs, existait-il en Hérens -un pâturage si gras que chaque vache y donnait une seule de lait ; il s'appelle encore aujourd'hui Melkfassalpe ou Alpe de Seillon. A l'endroit où se trouve encore le grand glacier de Ferpècle étaient jadis de belles prairies et des villages, où demeuraient le roi Roborah et sa belle-fille. Comme les temps menaçaient de devenir plus rudes, le roi ordonna à sa fille de l'avertir dès qu'elle verrait l'eau commencer à se couvrir de glace.. La fille oublia cette recommandation ou ne voulut pas l'observer, pour ne pas affliger son beau-père ; peut-être, aussi, aimait-elle le sol natal et ne voulait-elle pas le quitter. Or il advint qu'elle ne souffla mot, bien que l'eau se fut déjà couverte d'une glace légère et que, soudain, un terrible ouragan se déchaîna, à la suite duquel le pays 124- Le Valais et ceux qui l'habitaient furent recouverts d'une gla e éternelle. Le père, irrité de la tromperie de sa fille, l'acca­ bla sous sa malédiction et elle fait expiation dans le lac Lona jusqu'à sa délivrance. Les troupeaux de la vallée d'Hérens sont renommés en Valais et dans toute la Suisse ; la race d'Hérens s'accli­ mate très facilement et est recherchée par sa solidité et ses qualités productives. Une curieuse coutume existe dans toute cette région ; c'est une rivalité entre les vaches des différents alpages, qui se livrent entr'elles, sous les yeux de leurs proprié­ taires, des combats singuliers, au commencement de la saison ; celle qui a remporté, dans ce tournoi bovin, la victoire définitive, porte le nom de Reine des cornes, qu'elle gardera pendant toute la saison. La vache qui donnera le plus de lait s'appelle Heine du lait ; au retour de l'alpage, ces deux royautés agrestes sont décorées de fleurs et de rubans et on donne en leur honneur une fête et un banquet. Cette coutume se retrouve dans la vallée du Trient et ces tournois attirent une grande affluence de visiteurs au col de la Forclaz. La vallée d'Hérens compte environ trente kilomètres, jusqu'à Haudères, où elle se bifurque pour former à droite le Val d'Arolla et à gauche la Combe de Ferpècle. C'est une grande vallée, un grand précipice vert, au fond duquel gronde la Borgne, qu'on voit à peine ; les dévaloirs gran­ dioses descendent des hautes montagnes ; au-dessus des prairies grasses, des murailles rocheuses haussent leurs fronts audacieux ; de tous côtés' des mazots, clairs ou foncés, s'éparpillent dans les pâturages et les bouquets de mélèzes. La grande route, desservie par les diligences fédérales, part de Sion, passe au pied des Mayens et monte en longs lacets, qu'abrège un chemin muletier, jusqu'à Vex (une heure et demie) village pittoresque et opulent, aux beaux chalets bronzés. Au fond de la vallée, des blancheurs de cimes surgissent, les Dents de Veisivi (3425 m.), le Pic d'Arzinol (3001 m.), le Glacier de Ferpècle et la Tête-Blan­ che (3750 m.). Les femmes que nous rencontrons portent une sorte de toquet noir avec des rubans tuyautés. PRALONG 126 Le Valais

Sur les hauteurs, plusieurs gros hameaux, Nax, Verna- miège, St-Martin. Une heure et quart plus loin, la Vallée d'Hérémence qui crache le torrent, la Dixence et contient le village d'Hérémence, d'un étonnant pittoresque et dont la maison de commune a conservé sur ses murs les dépouilles des loups et des ours tués dans ces parages, il y a plusieurs siècles. Au fond de ce val, d'une réelle et sauvage beauté et qui abrite la station coquette de Pra- long, est une seconde vallée supérieure, le Val de Dix, con­ trée aux grandioses solitudes, dont le nom viendrait d'une bande de dix brigands qui désolaient le pays au moyen âge. De superbes pâturages tapissent ces deux vallées, que les.cols de Riedmatten (2916 m.) et du Pas des Chèvres (2851 m.) mettent en communication avec le Val d'Arolla, tandis que les cols de Seilon (3250 m.), de Vasevay (3263 m.), du Mont-Rouge (3341 m.) et de Breney les relient avec la Vallée de Bagnes. Une magnifi­ que montagne, le Mont-Blanc de Seillon (3871 m.), barre l'extrémité du val de ses fines dentelures de glace et de ses murailles surplombantes. Le Club Alpin suisse va bâtir une cabane dans le Val des Dix, pour faciliter les ascensions de la vallée, dont les plus courues sont celles de la Salle (3641 m.), le Mont-Pleureur (3706 m.), la Luette (3548 m.), les Aiguilles Rouges (3650 m.) et le Vouasson (3496 m.). Une flore rare et de beaux ombra­ ges font de cette coquette Thébaïde alpestre un centre reposant de villégiature. Sur la route, à peu de distance de la vallée d'Héré- mence, les curieuses Pyramides d'Euseigne, vestiges d'anciennes moraines, corrodées par les eaux, agglomé­ rats résistants de gravier et de boue glaciaire, agrémentés à leur sommet de larges dalles en équilibre qui les protè­ gent. Les montagnards les appellent la huitième mer­ veille du monde. On passe la Borgne sur le Pont-Noir, après Euseigne, station rustique dans les arbres fruitiers et relais de poste ; la rivière se cache dans les gorges profondes et peu à peu, la route monte vers la splendeur des cimes. Aux approches d'Evolène, le pays a un charme inexpri­ mable, une fraîcheur de sites et une hardiesse de lignes EUSEIGNE 128 Lp Valais incroyable. C'est une symphonie de vert et de blanc, un oratorio de forêts solennelles et de glaciers lumineux, un hymne de pics orgueilleux, tandis qu'en bas, la Borgne gémit un requiem monotone et formidable, sur les rocs impitoyables, tel l'orgue de ce temple somptueux. Et l'on s'arrête, admirant. Le tableau est extrême ; ici, c'est la Dent-Blanche, dont la pyramide d'argent, aux ombres azurées, s'élance d'un jet majestueux du sein du Glacier de Perpècle, puis l'imposante muraille A'Hérens avec ses corniches de brillantes pierreries, son armure de glace, plus au fond, le casque aux reflets métalliques de la Dent d'Hérens ; au premier plan, les cruelles Dents de Veisivi et du Perroc qui, en septembre 1898, ont happé la famille Hopkinson, composée du père et de ses trois enfants, et dont le cône rocheux sépare les vallées d'Arolla et de Ferpècle. Evolène (1378 m.), à 6 heures de Sion, occupe une combe riante, où ses maisons de bois, processionnant en une longue rue, contrastent avec les masses blanches de ses hôtels. Village chéri des peintres, pour son pittoresque rustique, qui n'exclut pas une extrême propreté, il a une jolie église dédiée à St-Jean-Baptiste, et d'intéressants chalets à fenêtres étroites et basses, aux toits recouverts de dalles schisteuses et décorées d'entrelacements de feuillages. Les hommes portaient jadis et, sauf erreur, portent encore aujourd'hui un bonnet de laine rouge et les femmes mariées un large ruban de drap de même cou­ leur au bas de leurs jupes. On fait venir le nom d'Evolène du mot local évole, qui veut dire éboulement et, en effet, on remarque, du côté des Haudères, les traces d'une catas­ trophe ancienne, sous forme de rochers qu'une formidable avalanche a semés dans les prairies. En outre du charme de ses environs immédiats, Evo­ lène est un incomparable centre d'excursions et d'ascen­ sions. Les plus courues sont le Sasseneire (3259 m.), la Couronne de Bréonna (3164 m.), les Becs de Bosson (3152 m.), le Pic d'Arzinol (3001 m.). Les cols sont nombreux également ; le plus fréquenté est le Col de Torrent (2924 m) qui mène en neuf heures, par Villa, le petit Lac de Zosanne et le délicieux Val Moiry, si réputé pour sa flore, à Gri- (Cliché Jullien frères.} EVOLENE •J 30 Le Va la i«

mentz, au centre de la Vallée d'Anniviers. Le Pas de Lona (2767 m.), d'Evolène à Ayer, en 11 heures et le Col de l'Allée (3095 m.) qui descend sur Zinal, sont également intéressants. Les Haudères sont à 40 minutes d'Evolène ; c'est une charmante station à l'entrée de la Combe de Ferpècle, qui aboutit en 1 h. y2 à Ferpècle où se trouve un hôtel, dans un site renommé, près des Glaciers de Ferpècle et du Mont-Miné. Cetts petite station facilite les ascensions si nombreuses en cette région. Toute une armée de som­ mets, aux pourpoints de glace, s'échelonnent du nord au sud, la terrible Dent-Blanche (4304 m.) une des plus belles cimes du Valais, le Grand Cornier (3699 m.), la Dent d'Hérens (4180 m.) et le Mont-Miné (2795 m.). On va à Zinal par le col difficile de la Dent-Blanche (3544 m.), en treize heures ou par les cols de la Pointe de Brécolla (3605 m.) et de l'Allée (3100 m.) et à Zermatt par le Col d'Hérens (3480 m.) très fréquenté et qui exige une forte journée, ou les cols de la Dent-Blanche (3544 m.) du Trift (3540 m.), de Morning (3793 m.) et de Durand (3474 m.) plus longs encore et plus difficiles.

Val d'Arolla. Un chemin muletier, qui prend à Pralovin, conduit en 3 heures à Arolla, val situé entre la chaîne des Grandes Dents et celle des Aiguilles Rouges. Arolla est un alpage désigné sur les cartes sous le nom de Mayens d'Arolla, à une altitude de 2003 mètres et que domine la masse fière du Mont-Collon (3644 m.), blanche au milieu des forêts de pins aroles. Avant 1865, il n'y avait là que deux ou trois petits chalets, où l'on pouvait loger ; le guide Jean Anzevui y bâtit une auberge en 1872, et actuellement, plusieurs beaux hôtels y offrent une très moderne hospitalité. Le Val d'Arolla est au cœur même des Alpes, il a les royales beautés de la haute montagne ; il pénètre, en quelque sorte, dans la contrée mystérieuse et étrange où s'accomplissent les plus émouvants phénomènes de cette nature alpestre et de tous côtés les glaciers le ceignent de LES HATJDERES 132 Le Valais leurs bastions imposants. Puis ce sont des bois profonds d'aroles, aux retraites tranquilles, où croissent les plus rares des fleurs des sommets : rhododendrons de pourpre, gentianes d'azur, saxifrages flexibles et héraldiques edel­ weiss. Dans l'éther pur, baignées d'une lumière très vive, les cimes se hissent, éperdues, le Mont Collon qui barre l'horizon de son cône écartelé d'argent, le Pigne d'Arolla (3801 m.) et ses élégantes sinuosités, VAiguille de la Za (3673 m.), flèche aiguë d'une chimérique cathédrale de roc, VEvéque (3738 m.), les Dents des Bouquetins (3848 m.), rempart aux hautains créneaux, les Doves Blanches (3618 m.) et la masse triangulaire et pesante des Dents de Veisivi (3189 et 3425 m.) et de Perroc (3679 m.) dont les ascensions, la plupart hardies, se font d'Arolla. Des cols mettent Arolla en rapport avec les vallées les plus importantes. Le Col de Collon (3130 m.) en sept heures et le Col à" Or en (3242 m.) en neuf heures aboutis­ sent à Pra-Rayé ou Prarayen, dans la Valpelline (Vallée d'Aoste) ; les deux cols de Riedmatten (2916 m.) et du Pas des Chèvres (2851 m.) pénètrent dans la Vallée d'Héré- mence, celui-ci communique avec Fionnay et Mauvoisin, dans la Vallée de Bagnes par les passages de Sevreu (3201 m.), du Crêt (3148 m.) et de Vasevey (3263 m.); les cols de Chermontane (3084 m.), de la Serpentine (3546 m.) et de VEvéque (3393 m.) vont à la cabane de Chanrion, dans la Vallée de Bagnes en huit ou neuf heures, enfin le Col de Bertol (3330 m.) et le Col d'Hérens et les cols du Mont-Brulé (3350 m.) et de la Valpelline (3562 m.), assez difficiles tous deux, conduisent en un jour à Zermatt. i & *'-••;

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VAL D'AKOLLA (Cliché M. Chaubet.) CHAPITRE VU!

Val d'Anniviers. (Vissoye. — St-Luc. — Chandolin. — Hôtel . Grimentz. — Zinal.)

La belle Vallée d'Anniviers qui s'ouvre à Sierre, par une gorge resserrée et dont on voit de loin les cimes blan­ ches, était, avec ses deux manoirs de Beauregard, sur­ nommé l'Imprenable, et de Vissoye, une importante sei­ gneurie, fief de la noble famille éteinte des seigneurs d'Anniviers, à laquelle les de Rarogne succédèrent et qui dépendaient des évêques de Sion. Une tradition, assez généralement accréditée, raconte que les Anniviards descendent des Huns qui, chassés de partout, après la mort d'Attila, auraient trouvé un refuge dans la vallée. Longtemps ils y vécurent, invincibles, des produits de leur chasse et des cultures de la région ; du temps des premiers évêques du Valais, les habitants de la plaine eurent des relations avec eux et leur inculquèrent les premières notions du christianisme. Peu à peu ils se civilisèrent et les Evêques purent obtenir d'eux de faire une procession par année sur leur territoire, d'où le nom d'anni visio, transformé en Anniviers. La curieuse légende du nain Zacheo, très populaire, se rattache à ce fait. Les Anniviards sont en partie nomades et beaucoup sont propriétaires, en même temps, dans leur vallée et dans la plaine, et surtout aux environs de Sierre, ce qui nécessite de continuelles allées et venues. Lorsqu'un Eg e• l •HEBa US

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CHANDOLIN 136 Le Valais d'entre eux meurt hors de chez lui, on transporte son cadavre dans son village natal, afin qu'il repose au milieu du cimetière familial. Avant que la nouvelle route fut construite, cette translation funèbre se faisait d'une manière étrange ; le mort était placé sur un cheval ou un mulet, à califourchon et maintenu par deux bâtons croisés et fixés au bât. Et tous les amis et parents accom­ pagnaient le mort, dont les bras avaient encore, grâce aux cahots, de grands gestes désordonnés. Les funérailles ont conservé quelque chose de caractéristique et qui rappelle certains usages des peuples orientaux ; le défunt est placé devant la maison mortuaire, avant la sépulture, entouré de tous les siens ; chaque ami ou parent vient serrer la main du cadavre et lui adresse quelques paroles d'adieu ; puis, on boit du vin, mis en tonneau à la nais­ sance de celui qui n'est plus et auquel on ne touche plus que pour le remplir à nouveau. La coutume de faire cultiver en commun les biens com- ' munaux s'est conservée en Anniviers dans toute sa pureté et les Anniviards apportent à ces corvées, auxquelles chaque famille est tenue de fournir un ressortissant, un entrain exceptionnel, en même temps que l'esprit de solidarité dont ils ne se départissent jamais. L'écrivain valaisan Mario raconte avec brio leurs migrations périodiques, lorsque les travaux de la vigne les réunissent pour les journées communales, leur départ, tambour et fifre en tête et leurs travaux acharnés, toujours tambour battant, jusqu'au moment où, la journée finie, ils rentrent au village en cortège. Les Anniviards ont donné, à maintes reprises, des exem­ ples de la plus touchante solidarité ; ainsi, lors des inon­ dations de 1834, et malgré les dommages qu'ils avaient subis, ils refusèrent leur part des sommes souscrites en Suisse en faveur des Valaisans, — pour la laisser, dirent- ils, à des frères encore plus maltraités qu'eux. La route d'Anniviers, de Sierre, passe à Chippis, où l'on a bâti une gigantesque usine qui utilise les eaux de la Navizance captée dans un tunnel de 8400 mètres de long et fournissant une force de 40.000 chevaux. Des travaux énormes ont été exécutés, toute la montagne est blessée, Vallée d'Anniviers 137

ouverte, pantelante, avec de grandes plaies et le torrent hurle et gronde de ses profanations, furieux d'être forcé, le terrible et l'indompté, le fils farouche des grands gla­ ciers orgueilleux, d'aller actionner d'obscures turbines et de donner sa force aux mystérieuses besognes industriel­ les. La route monte en larges circuits, coupée par des ca­ naux aux lignes rigides. Après Niouc, commence le che­ min des Pontis creusé dans le roc et comme suspendu sur un abîme de 300 mètres, se tordant autour des con­ treforts, obscurci de tunnels, accrochant des ponts verti­ gineux sur des gouffres. Et à chaque tournant, la vue des cimes finales, dont les dentelles et la joaillerie de glace se développent, s'avivent et deviennent plus distinctes. Au couchant, quand la vallée est dans l'ombre tendrement inclinée des monts et que, dans le lointain, flamboie l'in­ cendie rose allumé sur les cimes éblouissantes, il y a là, pendant quelques minutes, une apothéose de splendeur, un paroxysme de magnificence, qui échappent à toute description. Sur la hauteur, au-dessus de Fang, à 1936 mètres, Chandoiin, le village habité le plus élevé de l'Europe, où il y a un hôtel et qui est situé sur l'un des derniers contre­ forts de Vlllhorn. C'est un plateau à la lisière extrême des pâturages et des arbres, embaumé des senteurs suaves d'une flore alpestre incomparable qui tapisse le roc et dont l'altitude et la position exceptionnelle permettant de goûter chaque jour les ineffables ivresses des sommités, de la terrasse de l'hôtel. Chandoiin est relié directement à la route principale par un chemin qui part de Niouc. Un peu plus loin, sur la rive opposée, Painsec, qui paraît cloué contre la montagne ; la juridiction de ce village a longtemps appartenu aux Evoques de Sion, qui y avaient un vidame tiré du corps des Chanoines capitu­ lants ; ses habitants parlent un jargon français presque incompréhensible. En 4 heures et demie, de Sierre, on gagne le joli village de Vissoye (1221 m.), le plus important de la vallée, ravissante station d'étrangers. L'église de Vissoye est dédiée à Ste-Euphémie, patronne de la paroisse ; le châ- 138 Le Valais teau, dont il reste des ruines, au nord de l'église, eut, dès 1466, un châtelain episcopal pour l'exercice de la justice ; au commencement du siècle, on y a érigé une Chapelle de Notre-Dame de Compassion.

C'est dans cette région .que l'on déguste le délicieux vin du Glacier, qui est bien le nectar le plus exquis dont puisse se délecter un gosier humain. Ce vin mérite quel- Vallée d'Anniviers 139

ques lignes. Les Annivards vont le chercher à Sierre et après les vendanges, ils rentrent dans leur vallée, empor­ tant en tonnelets plats accrochés au flanc de robu tes mulets ou dans des outres de peaux entassées dans des chars rustiques, le gros vin de Rèze, âpre et fort, au goût de musc, lourd et trouble. Mis clans des tonneaux de mélèzes, clans les caves profondes et fraîches, et transvasé chaque printemps, ce cru se métamorphosera, au bout de 15 ou 20 ans, en cet excellent vin du Glacier, clair, subtil, doré, philtre délicieux d'ivresse et de parfum, ambroisie incomparable, en lequel les montagnards mettent tout leur orgueil, et dont se réjouiront leurs fils, comme ils se sont délectés eux-mêmes des crus religieusement conser­ vés par leurs pères. Au-dessus de Vissoye, à une heure, St-Luc(1643 m.), station renommée d'altitude, avec plusieurs hôtels, qui est enveloppée du panorama de toute la vallée, d'une superbe envergure. De St-Luc, on va à Chandolin en une heure et quart, et l'on gravit le magnifique belvédère de la Bella-Tola (3001 m.) en quatre heures, pour redescendre sur Gruben par le Pas du Bœuf (2790 m.), en six heures.

SAINT-LUC 140 Le Valais

Le Col de Meiden (2772 m.) met également, en 6 h. '/>, St-Lue en- communication avec Gruben et la vallée de Tourtemagne. La grande route, desservie par la poste, se termine à Vissoye, où commence un chemin muletier, qui conduit à Zinal en deux heures et demie. Au sortir de Vissoye, après le pont sur le Mühlebach, un chemin mène en 2 h. 'ô/i à l'Hôtel Weisshorn (2345 m.) qui forme à lui seul une remarquable station climatéri- que, sur un des contreforts des Rochers de Nava et facilite les ascensions des massifs avoisinants et le passage du Pas de la Forcletta (2886 m.) qui va dans la vallée de Tour­ temagne. On va également à Chandolin en 3 heures pai les pâturages, au pied du groupe du Tounot et cette pro menade alpestre est des plus intéressantes. Sur l'autre rive, et relié à Vissoye par une route neuve, le Val Moiry, embranchement secondaire de la vallée principale, qui se scinde autour du promontoire de la Corne de Sore- bois ; à l'entrée de ce val, Grimentz (1570 m.), village charmant avec un hôtel blanc qui semble conduire un cortège de beaux chalets sculptés et noirs de soleil et d'où l'on fait l'ascension des Becs de Bosson (3154 m.), le Righi d'Anniviers. Le vin du Glacier de cette localité est réputé, ainsi que ses fromages, les plus gros du pays et qu'on appelle Prémices, parce que les habitants don­ nent au curé, comme prémice du fruit de la montagne, le premier fromage qui se fait du lait produit en un jour par toutes les vaches de la vallée. Au-dessous de Gri­ mentz, la belle cascade de Gougré, formée par le torrent de Moiry et qui s'échappe d'une gorge profonde. Continuant la route sur Zinal, nous passons à Mission et Ayer, villages débordants de couleur locale, avec leurs chalets de mélèze calciné. Plus on avance vers Zinal, plus les cimes apparaissent immenses et les glaciers d'une éblouissante majesté ; sur le ciel bleu, entre les écrans des contreforts d'un vert intense, ce vert de mélèzes et de pâturages, qui a une douceur de velours et de soie, le formidable haut-relief alpestre se détache, s'enlève, s'amplifie, éclatante sym­ phonie en blanc, page immaculée du livre éternel de la ZINAL \A2 Le Valais

nature. Le sentier court, comme un enfant en vacance, saute deux fois la Navizance, s'attarde dans les prés, flâne dans les bois tranquilles ; il n'est pas une route bana­ le, ennemie revêche qui vous brûle de poussière et semble s'allonger indéfiniment sous vos pieds, mais un ami qui vous prend par la main, vous rafraîchit et vous amuse de sites exquis, de paysages qui sont comme des caresses et s'en va trop tôt, vous laissant le regret de cette fuite trop prompte. Une petite chapelle s'élève dans la mousse, à un tournant, et, à travers les fines tentures des'mélèzes, les glaciers apparaissent, joyaux de vermeil qui entourent Zinal. La Navizance s'est assagie, elle a quitté son profond lit de roc et coule plus calme dans un vallon riant, au niveau des prés fleuris. C'est Zinal (1678 m.), une des plus hautes des grandes stations alpestres valaisannes. Là, rien d'apprêté et de voulu, mais une grandeur unique de lignes, des montagnes farouches, une sauvagerie héroï­ que de la nature. Zinal est au fond de la vallée, dans la gaine de rochers abrupts de la Garde à Bordon à droite, et des Diablons et du Roc de la Vache, à gauche ; au pre­ mier plan, le profil orgueilleux du Besso (3675 m.), mon­ tagne hardie, superbe, qui se dresse en deux flèches rocheuses, pic de porphyre niellé d'argent, s'élançant du glacier éblouissant du Morning. A l'extrémité de la vallée, le Glacier Durand, en retrait ; si l'on monte, apparaissent soudain la Pointe de Zinal, les profils de la Dent-Blanche et du Grand Cornier et l'arête enneigée du Weisshorn. Zinal est peut-être un des spécimens les plus typiques des villages alpestres et ses mazots pittoresques ont un indéniable cachet de rusticité, qui présente un con­ traste d'autant plus frappant avec les beaux et conforta­ bles hôtels de cette station, propriété d'une société uni­ que. «Zinal est, en outre, le meilleur quartiergénéralpour les amateurs d'excursions dans ces grandioses régions, dit Tschudi >>. Et, en effet, nulle part, peut-être on ne trouve un champ plus riche, depuis ces grimpacles les plus har­ dies jusqu'aux plus délicieuses promenades. Ce sont d'abord les belles Alpes de l'Allée (2466 m.) et d'Arpitetta (2260 m.), en face l'une de l'autre, près du Glacier de Durand, où l'on va en 2 heures et où l'on jouit Vallée d'A nniviers u:s d'une vue splendide, puis le Roc de la Vache (2587 m.) une heure au-dessus d'Arpitetta, et la Cabane Constantia ou du Mountet (2894 m.) à quatre heures de distance, au milieu des glaciers et.des sommités du Trift et du Roth- liorn ; 25 personnes peuvent y loger, et il y a un gardien pendant la saison. Les ascensions sont innombrables et nous nous conten­ terons de citer les plus importantes, renvoyant, pour de plus amples détails, nos lecteurs, aux excellents guides de Zinal, qui leur en diront plus que le manuel le mieux documenté. Mentionnons donc la Garde à Bordon (3316 m.), la Corne de Sorebois (2923 m.), la Pointe d'Arpitetta (3140 m.) le Besso (3675 m.), les Diablons (3612 m.), le Pigne de l'Allée (3464 m.), le Grand Cornier (3669 m.) et les hautes sommités, ardues et dangereuses, la Dent-Blanche (4364 m.), VOber et ï'Unter-Gabelhcrn (4073 m. et 3398 m.), le Zinal-Rothhorn (4223 m.). Les cols de Zinal sont également très connus et fré­ quentés pendant la belle saison, malgré leur altitude, par de nombreuses caravanes. Les Cols de Sorebois et de Tor­ rent, le Col de la Dent-Blanche et le Pas de Lona, que nous avons déjà vus, les Cols de l'Allée et de la Couronne (3095 m. et 3016 m.), aboutissent en 11 heures à Evo- lène ; le Col de Tracuit on des Diablons (3252 m.) et le Pas de la Forcletta (2886 m.) descendent dans la Vallée de Tourtemagne à Gruben, en dix heures ; les cols du Trift (3540 m.) .Durand (3474 m.) et de Morning (3793 m.) conduisent à Zermatt en une forte journée, enfin les cols du Biesjoch (3549 m.), de Bruneggjoch (3751 m.) et de Schallijoch (3383 m.) vont à Randa en quatorze ou quinze heures. Un projet, dont M. Gay, de Lausanne, est l'auteur, adopté par les communes intéressées, doit doter le Val d'Anniviers d'un chemin de fer électricpte Sierre-Vissoye- Zinal, avec funiculaire Vissoye-St-Luc et un tunnel qui le fera communiquer avec Zermatt. CHAPITRE IX

Vallée de la Dala. (Loèche-les-Bains. — La Gemmi. — Le Torrenthorn.)

Une magnifique route de dix-sept kilomètres relie Loèche-Souste, station des C. F. F., à Loèche-les-Bains en passant par Loèche-Ville que nous avons déjà visité?. Insensiblement, et par majestueux circuits, elle gagne la hauteur, au travers des Gorges de la Dala et en dévoi­ lant, à droite et à gauche, le beau panorama de la vallée du Rhône. L'ancien chemin abrège le trajet et la coupe à plusieurs endroits, entr'autres en sortant de la ville et après le pont de la Dala, élevé à 180 pieds au-dessus du torrent. A dix kilomètres et demi, le petit village d'Inden (1187 m.) se blottit dans les forêts, sur un promontoire agreste. Puis, peu à peu, la paroi rocheuse de la Gemmi surgit des contreforts et l'on aperçoit Loèche-les-Bains (1411 m.) dans sa ceinture de roc, avec sa collerette ver­ doyante de belles forêts, site remarquable par l'infinie variété de ses aspects coquets ou sauvages. L'époque précise de la découverte des sources therma­ les de Loèche est inconnue, mais les nombreuses tombes et objets mis au jour dans la région indiquent que leur.; vertus étaient déjà appréciée des peuplades gauloises et, plus tard, le furent des Romains. Probablement aban­ données depuis l'invasion des Barbares et peut-être détruites par les hordes, elles furent retrouvées, dans le XIe siècle, par des chasseurs et des bergers qui y attirèrent LOECHE-LES-BAINS — VUE GÉNÉRALE (Cliché E. Pasche, Sion.) 146 Le Valais quelques colons. La tradition ajoute qu'ils construisirent une tour et des retranchements en bois pour se mettre à l'abri des bêtes fauves, ours et loups, qui dévastaient ces régions solitaires, appelées Vallée de Bceys ou des Ba.z ( Vallis nemorum). On voit le nom de Loèche dans les titres les plus anciens. Stumpfet Simler l'appellent aquœ leucinœ, Munster aquœ leucenses et différents auteurs thermœ leucenses. Des bains ont dû exister depuis le XIIIe siècle. En 1477, les Evoques devinrent propriétaires des sources et des bains, auxquels Jost de Sillinen fit faire de nombreuses améliorations et agrandissements. C'est à cette époque que la réputation des eaux de Loèche s'étendit au loin et amena de nombreux malades. Le car­ dinal Schiner fit achever complètement les édifices et en construisit de nouveaux, entr'autres des bains spéciaux, près de la source St-Laurent, « probablement, dit Grillet, l'ancien Bain des A'obles et celui appelé plus tard Bain zuricois. »En 1500, il devint propriétaire définitif de l'éta­ blissement et des sources ; en 1529, ses héritiers, les de Werra, payaient encore une redevance à la bourgeoisie de Loèche — pro fonde calido sito in antiquo fonte de Bal neis. Il y eut pendant longtemps trois classes de bains, ceux de la noblesse, ceux de la bourgeoisie et ceux des pauvres. Le village et les bains se développèrent peu à peu, mais, en 1518, une avalanche en emporta une partie, en engloutissant soixante personnes. Plusieurs catastro­ phes de même nature assaillirent Loèche, en 1719, 175(i et 1793. Pour garantir le village, on construisit, en 1830, une grande barrière qui se développait obliquement, sur 250 mètres, en présentant un flanc à talus de 6 mètres de hauteur ; en 1875, l'Etat du Valais compléta ces travaux par des remparts considérables en forme de terrasses. Possédés par plusieurs propriétaires, les bains et les hôtels de Loèche furent achetés, en 1896, par une société qui apporta de nombreuses améliorations, agrandit les hôtels, perfectionna les installations hydrothérapiques et fit de Loèche la station de premier ordre qu'il est aujourd'hui. Les eaux de Loèche sont célèbres dans le monde entier et l'observation médicale enregistre chaque année de LOÈCHE-LES-BALNS — PLACE ET GRAND BAIN (Cliché F.. Pasche, Sion.) 148 Le Valais nouveaux succès. Là où toutes les autres eaux thermales ont échoué, celles de Loèche réussissent ; elles sont sou­ veraines clans les affections goutteuses et rhumatismales sous toutes leurs formes, voire même dans les manifes­ tations extérieures, telles que les eczémas, psoriasis, etc. Elles sont, en outre, indiquées dans les cas de scrofule, d'anémie, de chlorose, de faiblesse, de lymphatisme, de catarrhes chroniques des voies respiratoires et urinaires, de résidus de pleurésie, de péricardite et de péritonite, les engorgements du foie, les hémorrhoïdes et les ulcères variqueux. Elles sont employées avec succès dans les maladies si multiples des organes sexuels de la femme et dans les phlébites à la suite de couches ; en outre de nom­ breux cas de stérilité leur doivent la guérison. Les propriétés chimiques et physiques de ces eaux, absolument transparentes, sans odeur et d'une saveur légèrement astringente, sont surprenantes et les effets en sont infaillibles, si le malade a la patience d'attendre qu'ils se produisent. D'après l'analyse du Dr Lunge, pro­ fesseur de chimie au Polytechnichum fédéral de Zurich, elles contiennent, par mille grammes: 1,94811 de sels divers, dont les principaux sont des sulfates de calcium, de magnésium et de sodium, des carbonates de calcium, de magnésium et de fer, des chlorates de sodium, de potas­ sium, de lithium et d'ammnuium ; en plus, elles renfer­ ment de l'acide carbonique, de l'oxygène, de l'azote et de l'arsenic. Cette analyse permet de les classer dans les eaux sulfatées, ealciques, magnésiques, légèrement alcalines. Ajoutons que MM. les Professeurs Gockel, de Fribourg et Lugeon, de Lausanne, ont découvert dans ces eaux la présence d'une assez grande quantité de radium, ce qui expliquerait leurs propriétés fortement radio-actives et bactéricides et les résultats obtenus dans les affections microbiennes de toute nature. L'action de ses eaux, jaillissant à une altitude de 400 mètres, est puissamment facilitée par la sécheresse et la salubrité de l'air si tonique et si vivifiant de cette région, conditions qui rendent plus facilement la santé aux débi­ lités, aux neurasthéniques et à tous ceux qui souffrent de surmenage intellectuel et corporel. ^li \Jm>'M Bar

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LA GEMMI (Cliché F. Pasche, Sicm.j •150 Le Valait

Les sources sortent de terre, au nombre de vingt envi­ ron, sur un espace très rapproché, situé, en majeure par­ tie, sur la rive gauche de la Dala. Leur abondance égale leur efficacité, car elles donnent plusieurs millions de litres par jour. La principale est la Grande Source ou de Saint-Laurent d'une température de 51°35 ; à proximité jaillissent les Sources du Bain de pieds, 39"25, des Pau­ vres à 41"50, des Guérisons, à 48"75, de la Rosquelle, à 47°2. Si l'on prend comme base les observations faites dans les mines et les puits artésiens, attestant qu'en pénétrant dans l'intérieur de la terre, la température s'élève de 1° Reaumur par 115 pieds, on pourrait affirmer que les sources jaillissent d'une profondeur approxima­ tive de près de 2000 mètres. Elles sont employées dans plusieurs établissements, pourvus d'un matériel hydro- thérapique des plus perfectionnés, et où l'on trouve les applications les plus modernes : salles de douches et pis­ cines avec douches générales, horizontales, ascendante", en pluie, en jet ; bains de siège et de vapeur, bains d'acide carbonique, fango, douche écossaise ou alternative, pulvé­ risation, chambre d'inhalation, de massage, etc., avec un personnel expérimenté, sous la direction de plusieurs doc­ teurs. Rien de plus curieux qu'une visite aux grandes piscines reliées aux hôtels par des galeries couvertes ; vous enten­ dez les clameurs joyeuses et les rires des baigneurs tous réunis, vêtus de peignoirs et immergés jusqu'au cou. Tout en prenant leur bain, ils causent, lisent, jouent ou déjeu­ nent sur des planchettes flottantes. La cure de bains, interne ou externe, dure généralement 21 jours et quelquefois la durée du bain est de 5 à 6 heures par jour. L'effet physiologique en est complété par le déli­ cieux climat d'altitude moyenne de Loèehe, qui possède, à un degré remarquable, une température élevée au soleil, produite par l'insolation directe, une augmentation de l'in­ fluence de la lumière et une grande pureté de l'air, où l'on a constaté une forte proportion d'ozone, dont la faculté est de détruire les gaz nuisibles et les microbes et de désinfec­ ter l'air. En outre, le climat de Loèehe est très sec, presque exempt de vents et de brouillards, grâce aux montagnes qui Vallée de ta bat a i ri i l'abritent à l'Est, au Nord et à l'Ouest, et la température moyenne ne dépasse pas 17e en juillet et août à midi, avec une différence de 5e entre celle du jour et celle de la nuit. Voici pour Loèche station thermale, nous allons dé­ crire Loèche station alpestre, au sein d'un massif superbe et qui oftVp aux touristes et aux alpinistes la gamme com­ plète du sport de la montagne, depuis les jolies promenades à travers les forêts silencieuses jusqu'aux ascensions verti­ gineuses. Comme nous l'avons vu, Loèche est au pied de la Gemmi, un des passages les plus fréquentés et les plus pittores­ ques des Alpes. Il fut connu dès le XIIIe siècle ; Munster, Stumpf et Collinus en parlent souvent et un acte de 1318 dit que les seigneurs de la ïour-Châtillon avaient juridic­ tion sur ce versant de la Gemmi. La même année, une armée bernoise traversa le col de nuit et vint se faire anéantir, près de la Souste, par les Valaisans, au lieu dit Pré des Soupirs. On payait jadis, pour le passage, un droit de péage, qui appartint longtemps à la famille de Rarogne. Le chemin actuel de la Gemmi, une merveille de hardiesse et qui semble presque un défi jeté aux génies de montagne, a été construit, de 1737 à 17+8, par des ouvriers tyroliens qui eurent à creuser plus de 2,00(1 mètres dans le roc, sur une largeur de deux mètres. Son nom vien­ drait, d'après une ancienne tradition, du latin gemitus, à cause des gémissements que l'on poussait en passant cet étroit défilé, si ardu et si dangereux ; Grillet dit qu'il vient de gemini, jumeaux à cause des deux points res­ semblants qui le dominent, ou, peut-être, du celtique gemme, pierre de roche. De Loèche, on monte dans les éboulis pendant une heure et plus on avance, plus les rochers du col se font surplombants et effroyables ; on regarde et l'on se deman­ de en vain où l'on a pu accrocher une route le long de ces parois et de ces fissures béa7ites. C'est une forteresse natu­ relle, crénelée et bastioimée, qu'il faut prendre d'assa.ut, à la vieueur du jarret. Plus on va, plus le chemin paraît impraticable et quand on a passé, on ne le voit plus. C'est un perpétuel effleurement d'abîmes, un côtoiement de vertige, une ascension dans l'azur, avec, au loin, des io2 Le Valait cimes^qui surgissent de tontes parts derrière les contre­ forts. Et le chemin se tord toujours autour du roc, glissant sur le gouffre ou s'enfonçant comme une vrille clans la montagne, labyrinthe étroit dont rien ne montre l'issue, couloir tout bourdonnant d'échos aux étranges sono­ rités ; tout est grand, énorme, effrayant, parois qui déva­ lent ou tour verticale qui se hausse démesurément : jusqu'au télégraphe, cet engin moderne et bourgeois, qui escalade la roche avec des airs de sauvagerie inusitée. Enfin, après avoir passé devant une croix de marbre rappelant la triste mort de la comtesse d'Arlincourt. précipitée dans le gouffre en 1862, on arrive en 2 heures au sommet, à 2339 mètres, près de l'Hôtel . De cette esplanade rocheuse, la vue apparaît merveilleuse sur le panorama grandiose des Alpes Valaisannes, avec, au premier plan, le Weisshorn, en ascension vers l'azur, de son socle de glaciers éblouissants. Au loin, à perte de vue, fleurissent les hautes fleurs géantes des Alpes, les grandes fleurs de granit, aux corolles de glace, qui remplis­ sent tout le champ de l'horizon. Ce sont le Grand Gombin, le Pigne d'Arolla, la Dent du Bouquetin, le cône de la , le triangle du Cervin, l'aiguille du Zinal Rotthhorn, le Brunegghorn, le Breithorn et le Lyskamm, la pyramide du Mont Rose aux sept pointes et près de lui les bastions des Mischabel : plus loin c'est le rempart crénelé du Weissmies, du Laquinhorn et du Fletschhorn et les cimes du Simplon, le Schönhorn et le Monte Leone. Sur le plateau de la Gemini, c'est la grandiose solitude alpestre, aux rocs dénudés ; au premier plan, le mélan­ colique Lac de Daube, au milieu de ses rives au gazon pâle, puis c'est le Glacier de Lämmern et tout autour des som­ mets farouches : les Platte nhoemer, le Grosstrubel, le Wildstrubel. Le col va vers Kandersteg, par Spitehnatten. où est la frontière bernoise et que l'on atteint en 3 heures. C'est là qu'en 1895 se produisit la terrible catastrophe de l'éboulement de l'. Un autre passage mène de la Gemini à Adelboden en 5 heures, par YEngschligengrat. Le passage de la Gemini est très activement fréquenté pendant la belle saison et l'on évalue à 18,000 le nombre de personnes qui le traversent dans les deux directions. Va lire de la Data 153

Par sa position exceptionnelle an centre des trois mas­ sifs montagneux du Wildstrubel, du Balmhom et du Torrenthorn, Loèche est un centre d'ascensions et de pro­ menades. ATous pourrions, si nous en avions la place, promener nos lecteurs dans mille sites charmants, dont les principaux s'appellent le Bois de Cythère, Albinen et ses Echelles, la Cascade de la Dala, la vallée de Tempe, les Alpes fleuries de Larschi, de Clavinen, de Feuillerette, de Majing, de Fluh, de Cher mignon, le Pas du Loup, le Guggerhubel. Les alpinistes auront à leur disposition : d'abord le superbe Torrenthorn (.'3002 m.), le Righi Valaisan, qui, entouré des vallées du Rhône, de Lötsch et de la Dala, forme un belvédère unique dans les Alpes et, grâceà cette position exceptionnelle, les trois plus grandes chaînes des Alpes et]>lus de quarante glaciers y apparaissent dans toute leur grandeur et leur magnificence. L'ascension, qui demande 4 heures, et des plus agréable, et facilitée par l'établissement de VHotel Torrentalp, situé à une heure et demie du sommet, à 2440 mètres. De l'esplanade de l'hôtel, le panorama est déjà merveilleux, mais du sommet, il est d'une indescriptible splendeur. Puis les deux autres massifs du Wildstrubel et du Balmhom ont de nombreuses et intéressantes sommités : le premier, du Weisshorn (301(5 ni.) auSchneehorn (3131 m.) a une longueur de (i à 7 kilomètres sur une largeur de deux et demi et le second le continue à l'Est. Dans ces deux groupe-: ou leurs approches s'élèvent le Wildstrubel (3,251 m.), le Grosstrubel (3,253 m.), le Gletscherhorn (2,053 m.), le Steghorn (3,152 m.), le Hohrbachstein (2,953 m.), le Schneehorn (3,131 m.), le Lœmmerhom (3,113 m.), le Balmhom (3,711 m.), le liindhorn 3,457 m.), VAltels (3,63(1 m.). Enfin, des cols alpestres intéressants conduisent dans la Vallée de Lcetsch, le Ni- venpass (2,(510 m.), le Faldumpass (2, (544 m.), le Hestipass (2,639 m.), le Ferdenpass (2,834 m.) et la Gitzifurgge (2,930 m.). Voilà de quoi utiliser les services du corps de Guides de Loèche et s'emplir les poumons de cette chose divine qui s'appelle l'air des hauteurs. Comme la plupart des vallées latérales du Valais, Loèche 154 Le Valais a son chemin de fer projeté et concessionné; cette ligne aurait une longueur de 10,700 mètres, dont 6,800 mètres à adhérence en rampe à 5 % et 3900 à crémaillière en rampe à 16 % ; le trajet s'effectuerait en 55 minutes et l'énergie électrique proviendrait d'une usine recevant l'eau de la Dala sous une forte chute. Elle desservirait naturelle­ ment, en premier lieu, la station des bains de Loèche, mais son trafic principal serait celui entre le Valais et l'Oberland, trafic déjà important, mais qui va augmenter encore dans une forte proportion, lorsque s'ouvrira le Lötsehberg, débouchant au sommet de la vallée de la Kander. CHAPITRE X

Vallée de Tourtemagne (Gruben)

Cette vallée s'ouvre au village de Tourtemagne, station C. F. F. entre Loèche et Viège ; elle a 20 kilomètres de longueur et aboutit à l'un des plus larges glaciers du Va­ lais et au colossal massif du Weisshom. Un torrent, le Turtmann, l'arrose toute entière et creuse entre les monts un sillon accidenté et pittoresque. A l'entrée du val, il for­ me une imposante cascade qui remplit la cuve d'une gorge aride et dont la nappe endiamantée a de majestueuses ondulations. La route surplombe le ravin et s'engage dans de gracieuses forêts et de beaux pâturages. Plusieurs villages et des groupes de chalets s'élèvent ça et là, mettant une note vivante dans ces sites de solitude ; ce sont les villages d'Unter-Embs, d'Ergisch, dans un val boisé, les clmlets de Tummencn. Bientôt la forêt antique de Taube obscurcit le paysage de ses voûtes sombres où les racines tordues mettent des convulsions de reptiles ; les aroles et les sapins, deux gammes exquises de verts, descendent d'un côté vers les fureurs du torrent, tandis que de l'autre, ils semblent pressés, en marche, attirés par le vertige des cimes. Tout est frais, intime, loin du monde, tandis qu'en bas les ondes écumeuses disent la lutte continuelle de la matière, le combat de la vie, aux perpétuelles défaites. Sur la mousse, des légions de fleurs rivalisent de couleurs et de parfums discrets. Peu de sites 156 Le Valais

ont, à la fois, cette grandeur sauvage et cet attrait d'oasis embaumée de paix. . w .t t , • Au milieu de la forêt, une petite chapelle agenouillée au bord du chemin ; une légende touchante raconte qu'un gros rocher tomba en hiver au milieu du torrent ; au printemps les montagnards dirent, en voyant le bloc : « C'est dommage que la pierre soit dans l'eau ; si elle était sur terre ferme, on pourrait l'employer à bâtir une cha­ pelle >>. La nuit suivante, l'eau prit une autre direction et laissa la pierre à sec. Les gens crurent voir dans cet événement une intervention céleste et s'empressèrent de bâtir une belle chapelle, qui porte la date de 1708. Après trois heures de marche, on atteint Gruben-Meiden (1817 m.), dont les mayens sont situés dans de riches al­ pages parsemés de groupes isolés de mélèzes élancés es d'arbres énormes, au pied desquels s'épanouit un frais tapis de rhododendrons ; sur un tertre, s'élève un joli hôtel, le seul de la vallée, blanc au milieu des mazots brunis. Gruben et Meiden sont deux communes différentes, séparées par une seule barrière. Tout autour, de char­ mantes promenades, le Meidenalp, le Kaltenberg, la Blummatt, les Chalets de Vorsass et de Im Zehnten. « Partout, dit M. O. Wolff, dans VEurope illustrée, une riche flore alpestre réjouit la vue, des ruisseaux cristallins courent sur les pentes herbeuses et fleuries, des rochers à l'ombre d'arbres séculaires invitent au repos et, dans chaque chalet on nous présente du lait délicieux, du séret, succulent et autres friandises alpestres. » Le fond de la vallée a un aspect de belle sauvagerie et aboutit au pompeux Glacier de Tournemagne, dont la masse terminale, écrasée entre de hauts rochers, vient se déverser dans une sorte de couloir et forme un talus, au-dessous duquel s'ouvrent d'énormes cavités habitées par de bruyantes cascades. De très loin, le glacier tombe en gradins aux reflets bleus, semblables à des nappes de glace, des pieds du Barrhorn, du Brunegghorn et des Diablons. Au-dessus, un majestueux amphithéâtre, cour du Weisshorn, ce souverain des Alpes, le Rothliorn, le Bieschhorn, le Brunegghorn, le Stellihorn, entoure le glacier d'un cercle de cimes radieuses, orfévrées de lumière. VALLÉE DB TOURTEMAGNE 158 Le Va I a is

D'après la légende, commune d'ailleurs avec d'autres contrées, ce beau fleuve vermeil occupe la place où se trou­ vaient jadis les beaux pâturages de la Blümlisalp et ce fut l'impiété et la vie de débauche d'un berger qui ame­ nèrent la malédiction divine sur la région, engloutie, un soir d'orage, sous le gigantesque linceul glacé. On raconte que, aux nuits noires, quand la rafale hurle sa lugubre litanie, le petit chien noir du berger enseveli court le long des moraines et qu'une voix, sortie des crevasses, crie et se plaint lamentablement jusqu'au soleil levant. Les ascensions qui peuvent être faites de la vallée sont nombreuses et renommées. Kous mettrons au pre­ mier rang celles du Schwarzhom (3,207 m.) et du Bruneg- ghorn (3,846 ni.). De Gruben, le Pas de la Forcletta (2,880 m.) conduit à Zinal en huit heures, ainsi que la Z'M eidenpass (2,730 m.) et le Col difficile de Tracuit ou des Diablons (3,252 m.) que l'on traverse en dix heures et qui équivaut à une ascension, et le Pas-du-Bœuf (2,790 m.) en six à sept heures va à St-Luc. De Gruben à St-Nicolas, dans la vallée de Zermatt, se trouve le passage du Col d'Augstbord. (2,900 m.) qui exige sept heu­ res. Pour tsrminer, citons une jolie coutume qui existe dans cette vallée, fleur de pitié à ajouter à toutes celles qui tapissent les prés de la coquette oasis alpestre : En commémoration du vœu que firent les bergers de l'Alpe de Blummatt, à une époque ancienne où leurs troupeaux étaient atteints par une épidémie meurtrière, il est fait, le 14 août de chaque année, une distribution générale de fromage, de chevrotin et de lait aux pauvres du pays. Et c'est vraiment curieux et touchant de voir la multitude des malheureux venir quelquefois de très loin pour profiter de la générosité des bons montagnards de Tourtemagne. CHAPITRE XI

Vallée de Zermatt (Stalden. — Saint-Nicolas. — Randa. —Taesch. Zermatt.)

La Vallée de Zermatt est la plus importante des vallées latérales du Valais, la plus courue, grâce à la majesté de ses sites et à l'existence de son petit chemin de fer. qui permet, en 2 h. lji, de franchir 35 kilomètres et d'aller, sans fatigue, admirer chez lui le formidable Cervin, embastillé dans un cirque de glaciers. C'est à Viège que l'on quitte la ligne des C. F. F. et que l'on s'installe dans les wagons coquets de la ligne Viège- Zermatt (V. Z.). que va entraîner une locomotive système Abt, à deux essieux accouplés et munie de cinq freins différents. Cette machine, à adhérence et à crémaillère peut franchir des pentes de 12 %. Sur les 35,000 mètres de longueur totale, la crémaillère est employée sur une distance de près de 7,500 mètres. Cette ligne, d'une har­ diesse unique, peut-être, est l'œuvre des ingénieurs Stoc- kalper et Chappuis; elle fut ouverte le 6 juillet 1891 et fran?hit dix tunnels, un viaduc et sept ponts métalliques. Son établissement a coûté 3,500,000 fr. et elle est exploi­ tée par les C. F. F. Le prix de ses places est fixé à fr. 16 en seconde classe et fr. 10 en troisième, pour le parcours Viège-Zermatt. La ligne suit d'abord la rivière la Viège, qui coule, calme et large, au milieu des vignes et des prairies. Sur la hauteur, à gauche, le village de Visperlerminen,

- 11)0 Le Val nia station estivale, dans une riante position, à 1350 m. La première rampe à crémaillère commence un peu avant Stalden (802 ni.) première station. Stalden, selon une

LE BRUNEGGHOKN Vallée de Zermatt Mil chronique latine, eut jadis ses seigneurs qui vendirent leurs biens aux habitants du lieu et allèrent se fixer dans le Val d'Aoste. On y voit une antique maison à pignons, qui fut la demeure des'nobles Sternen, dont l'un fat grand châtelain de Sion, en 1471. C'est à Stalden que bifurque la vallée de Saas-Fée, qui contourne le massif de Saas- gratCet des"Mischabel et s'en va, à l'est, vers les éblouis-

SAINT-NICOLAS sants Glaciers de Fée et de l'A llalin. Xous reviendrons sur cette pittoresque région. Après Stalden, la ligne monte rapidement et atteint une de ses sections les plus accidentées, côtoyant de profonds abîmes où mugit la Viège. Sur l'autre rive, le hameau de Staldenried. Le convoi franchit des tunnels et des ponts, au bord d'un gouffre ; puis il atteint Kalpétran (900 m.) et s'engage dans la gorge abrupte des Kippfen et 11 I6â Le Valais des Salli. Là, la Viège endiguée coule à quelques mètres, dans un défilé rocheux, où elle se laisse aller à toute sa furie de torrent sauvage et forme, sur des plans inclinés, de majestueuses chutes. L'air est saturé de toute sa fraî­ cheur et, des portières on a, sur le front, comme l'haleine froide de la montagne. Par moments, l'eau s'irrite et se révolte contre le roc, qui crispe sa serre ; ce sont alors des rejaillissements, une lutte sourde, la lutte entre la mon­ tagne et la rivière, l'une écrasante et dominatrice, l'autre souple et hurlante. Saint-Nicolas (1,164 m.) est dans un beau vallon, au sortir des gorges, station de familles, centre d'excursions connu, le principal village de la vallée, avec de bons hôtels ; il s'appela jadis Chouson, eut des majors et des vidâmes cités jusqu'au XV0 siècle. On fait des ascensions renommées de ce village : le Brunegghom (3840 m.) le Orabenhnrn (3375 m.), VUlrichshorn (3929 m.), le Balfrin (3802 m.) etVEdels- pitze (3135 m.), qui ne fut escaladé qu'en 1905. Trois cols le mettent en communication avec la vallée de Saas, le Hannigpass (2110 m.) : le Balfrinjoch (3647 m.) et le Riedpass (3(500 m.) ; le Jungpass (2,994 m.) communique avec Gruben. De St-Nicolas, le train circule dans une vallée élargie et prospère, parsemée de chalets et de cultures. Avant d'arri­ ver à la halte d'Herbriggen (1257 m.), on a le spectacle énorme du Weisshorn, avec son blanc manteau de glace et son pic affilé. Après Herbriggen, le train franchit une rampe à cré­ maillère de 1G80 mètres, puis atteint Randa (1,445 m.), village coquet, au milieu des forêts de mélèzes, au-dessus duquel transparaissent, ceintes de rocs et de moraines, les masses crénelées des immenses glaciers des massifs du Weisshorn et des Mischabel. Randa est une exquise station, tranquille, avec deux hôtels confortables et une température agréablement rafraîchie, pendant l'été, par les haleines froides des glaciers environnants. « C'est, dit M. Cli. de La Harpe, dans l'Echo des Alpes, une contrée de promenades et de petites courses, pendant lesquelles on voit se dérouler le paysage et une suite de tableaux Vallée de Zermatt i&A

admirablement variés et colorés, depuis le mazot valaisan coquettement perché sur ses quilles au centre d'une clai­ rière 'entourée dej mélèzesj jusqu'au grandiose"? cirque glaciaire dominé par. de fiers sommets. » C'est de ce village que l'on fait l'ascension de Weisshorn et des sommités des

RANDA ET LE GLACIER DE B1ES

Mischabel, le Dom (4,544 m.) la plus haute cime entière­ ment sur la Suisse, le Nadelhorn (4334 m.)et le Taesch- horn (4,498 m.). Les cols du Nadeljoch (4,167 m.), du Schallijoch (3,751 m.) et du Biesjoch (3,549 m.), relient Randa aux vallées de Saas, Anniviers et Tourtemagne. m Le Valais A partir de Randa, la vallée de\'ient plus large et la Viège moins furibonde ; la dernière localité est Taesch (1456 m.) qui profite, comme station, de sa proximité avec Zermatt, tout en ne perdant rien de la tranquillité intime d'une admirable région alpestre. Le village, précédé d'un joli hôtel, de construction récente, est du plus pur style montagnard ; une belle cascade, faisant retentir les échos d'une gorge sauvage et profonde, met de la vie dans le cadre paisible des grands mélèzes. Au-dessus, c'est la gracieuse oasis de Taeschalp, distante de 2 heures, célèbre par sa flore et ses richesses géologiques et dont le | lanorama s'étend sur les merveilleux sites du massif des Mischabel (hôtel). Puis la Viège s'encaisse de nouveau au fond d'une gorge profonde et le train aborde sa dernière rampe à crémaillère, la plus rapide. Enfin, au sortir d'un tunnel, une plaine verdoyante s'évase et, au milieu, se montre Zermatt avec . ses mazots rustiques, ses hôtels monu­ mentaux, la ligne brillante de son clocher, au pied de la masse altière dti. Cervin, pyramide de granit niellée d'argent. Zermatt (1.620 m.) a une histoire très obscure et l'on sait peu de choses sur ses origines. Il est sur le passage du Col du St-Théodule, qui conduit en Italie et dut, de ce fait, être connu des Romains qui le fréquentaient et dont on a trouvé des vestiges, sous forme de nombreuses monnaies aux effigies de Galba et d'Adrien. Une tradition y fait passer Marius, allant, l'an 101 avant J.-C., au-devant des Teutons. Pendant le moyen âge, Zermatt s'appelait Pra- borgne, nom que l'on retrouve dans une pièce latine du XIIIe siècle (Pratum Bornum) ; il formait à cette époque une paroisse des fiefs des De La Tour-Chàtillon. Zermatt a conservé ses rnazots et ses grands chalets à petites fenêtres enchâssées de plomb, ses niches où prient des madones, mais il est devenu une des premières stations alpestres par ses beautés naturelles révélées au monde et l'importance de ses hôtels. En 1785, de Saus­ sure vint à Zermatt, où il trouva à grand'peine quelques vivres ; en 1833, lorsque Toppfer y arriva avec ses élèves, il n'y avait que la pauvre auberge du Mont-Rose où il ne put pas loger entièrement sa petite troupe ; c'était encore VALLEE DE ZERMATT 166 Le Valais un pays perdu, ignoré, et que fréquentaient seuls, les alpinistes hardis et quelques botanistes ou minéralogistes ; de 1840 à 1850, l'auberge fut très suffisante, mais en 1852, M. Alexandre Seiler la reprit, l'agrandit, et par ses qualités personnelles et la cordialité de son accueil, jointes à l'excellence de son hospitalité, fit connaître et mit, peu à peu, à la mode Zermatt et sa vallée. Dès lors, le succès fut rapide autant que mérité ; en 1867, M. Seiler acheta VHôtel du Mont-Cervin de construction récente, puis successivement agrandit le Riffelberg déjà existant (2,569 in.), loua VHôtel du Lac Noir (2,589 m.) et en 1889, celui du Riffelalp (2,229 m.). En même temps, il construi­ sait à grands frais des chemins et des promenades, et parvenait peu à peu à faire de Zermatt la grande et belle station qu'il est actuellement. M. Seiler mourut en 1891, l'aimée de l'inauguration de la ligne V.-Z., qui fut le cou­ ronnement de son œuvre. Sa veuve reprit la tâche et pen­ dant de longues années dirigea, de son petit bureau, la formidable administration des sept hôtels. Elle mourut en 1895, regrettée par toute une population qui sut rendre hommage à son inépuisable charité. C'est M. Alexandre Seiler, son second fils qui, à la tête d'une Société, a actuel­ lement la direction des hôtels. Il augmenta à son tour la prospérité de la station, agrandit les hôtels, construisit la superbe Villa Margharita, acheta VHôtel Victoria dont il tripla les bâti:nents et fit bâtir l'hôtel neuf du Gornergrat. A côté des établissements Seiler, d'autres hôtels appar­ tenant à plusieurs propriétaires et également confortables, achèvent de compléter cette station si justement renom­ mée. Pendant la saison, c'est dans les rues étroites de Zermatt, un va-et-vient cosmopolite du plus curieux aspect ; toutes les nations sont représentées et l'on dirait que le monde entier a émigré aux pieds du Cervin. La foule circule devant les nombreux bazars et magasins, les caravanes partent joyeuses ou rentrent harassées, et devant les hôtels, les Guides, phalange héroïque, atten­ dent, coiffés du feutre à plume de coq, le touriste désireux d'aller conquérir l'azur. Le soir, il y a un brillant concert à la véranda de l'hôtel du Mt-Cervin et diverses attrac- TUNNEL DU CHEMIN DE FER DE ZERMATÏ tions, bals, représentations ou jeu de quilles, viennent faire une heureuse diversion aux saines griseries de la journée. Disons enfin que Zermatt possède son journal qui s'im­ prime sur place et publie la liste des nombreux étrangers en résidence dans les hôtels. Au centre du village, l'Eglise paroissiale, avec St-Mau- rice pour patron et, tout autour, le petit cimetière où reposent les victimes du C'ervin, le Guide , 168 Le Va la is

Hadow et Hudson. En face de VHôtel du Mont-Cervin, le Jardin Alpin, propriété de la famille Seiler, et la Cha­ pelle, anglaise, au-dessus de laquelle s'étend le superbe Parc où les bouquetins et les chamois peuvent avoir presque l'illusion de la liberté. Les environs de Zermatt sont une pure merveille ; ils représentent les caractères les plus variés de la région al­ pestre, depuis les bois de mélèzes, embaumés d'une flore charmante et égayés de cascatelles de cristal, jusqu'aux sublimités, dont parle Tschudi, sommets hardis hantés par le vertige, glaciers aux fleurons azurés, gorges aux farouches escarpements, où grondent les avalanches. C'est d'abord l'excursion classique des Gorges du Oorner, en 2 heures et dont le prix d'entrée est de un franc ; ces gorges, dans la direction du puissant Glacier du Oorner, se visitent au moyen de galeries solides ; le spectacle de la Viège, écumante, dans un défilé de rocs jaspés, est d'une grande beauté. Parmi les promenades de deux à trois heures, citons la Chapelle de Heueten, située dans les forêts d'aroles, sur la rive opposée de la Viège et près de laquelle sont deux hôtels neufs, la Cascade du Triftbach, alimentée par les glaciers du Kothhorn et du Gahelhorn, et dont on visite les chutes inférieures au moyen d'une galerie, les magnifiques pâturages du Hohlicht, qui s'étendent, constellés d'edelweiss, en face des parois surplombantes du Cervin, les Chalets et les Rödlers de Balm, sur la route de Mettelhorn. . En une demi-journée, et elle est délicieusement em­ ployée, on visite le Olacier de Findelen, qui développe un horizon nouveau sur les deux versants du Cervin et du Weissthor, coarse facilitée par un hôtel, près du glacier ; les sauvages Gorges du Trift, défilé de roc accidenté, tapissé par une belle flore et qui aboutit à un hôtel situé devant le massif du Kothhorn, du Gabelhorn et de la Wellenkuppe ; le val de Taeschalp, au pied des Mischabel, intéressant pour les botanistes et les géologues ; le Sta- felalp, avec un hôtel, sur la face nord du Cervin, à l'entrée du glacier de Z'mutt, dans une position d'une indescrip­ tible grandeur : le Lac Noir, où est un des hôtels Seiler, première étape du Cervin, au pied du sombre Hœrnli et Vallée de Zermatt [69 près d'une petite nappe alpestre qui baigne la Chapelle de Ste-Marie-des-Neiges ; du sommet, s'envole une des vues les plus vastes de la région ; Riffelalp, beau pâturage ceinturé de profondes forêts d'aroles, où est situé le plus grand des hôtels Seiler, en face du C'ervin, dont la pyra­ mide de roc monte éperduement dans l'éther ; de là, on gagne Findelen ou l'on monte au Riffelberg, où la vue augmente d'intensité. Les ascensions sont légion, car souvent des touristes

ÉGLISE DE ZERMATT qui passent toute la saison à Zermatt, le quittent avec le regret de cimes inexplorées. Au premier rang, le Qornergrat (3,136 m.), que l'on gravit facilement en cinq heures, par le Riffelalp et le Riffelberg et qui est relié à Zermatt par un chemin de fer, inauguré le 15 août 1898. Cette ligne, qui est le prolonge­ ment de celle du V.-Z. a été construite d'après les plans de MM. Haag et Greulich et c'est la'plus élevée de l'Eu- 170 Le Valais rope. Sa pente varie du 16 au 20 % et elle est sur tout son parcours à crémaillère, système Abt ; sa force motrice qui est l'électricité, sous forme de courant triphasique, est fournie par l'usine électrique des Gorges de Findelen, capable de développer 1,000 chevaux ; elle offre une abso­ lue sécurité et une grande douceur de traction. Son succès a été tel que, transportent, pendant la saison, environ S00 personnes par jour, la Compagnie a été forcée d'aug­ menter l'énergie électrique de "250 chevaux environ, afin de pouvoir faire circuler trois trains de suite, à la distance de 10 minutes. De plus, la ligne a été prolongée presque jusqu'au sommet devant le nouvel Hôtel Seiler, bâti un peu en contrebas, à 3,110mètres (ouvert en 1910), muni de tout le confort moderne, éclairage et chauffage électriques, avec une chambre à manger et un restaurant contenant ensemble 300 couverts. L'Hôtel Belvédère, trop exigu, sera démoli et sa masse n'interceptera plus le panorama. Le voyage au Gornergrat est exquis et prépare à l'éblouissant spectacle qu'attend le voyageur au sommet. Ce sommet est entièrement isolé, au milieu des glaciers et des cimes. C'est une des plus merveilleuses visions dont la nature ait rempli des yeux humains. Au-dessous, l'énorme Glacier du Gorner, avec ses vagues immobilisées et ses récifs azurés, qui descend, sur plusieurs kilomètres, de la Cime de Jazzi, étalant sa coulée de cristal aux pieds du Mt-lîose ; puis, à l'infini, un panorama de pics héris­ sés, qui mordent l'horizon : le Mt-Bose, avec ses sept som­ mités, ses arêtes et ses reliefs aciérés. Le Lyskamm, géant fourré d'hermine, mangeur de caravanes, les Jumeaux, le Petit C'ervin, le dos lourd et luisant du Brei- thorn, le C'ervin, forteresse immense, dont on voit les durs créneaux, les mâchicoulis de glace, toute l'effroyable architecture, puis, à droite, le précipice du Glacier de Z'mtttt et, soulevé à l'horizon, un océan de pics, la Dent Blanche, le Grand Cornier, le Gabclhorn, le Wellenkuppe, le Trifthorn, le Both/torn, le Schallihorn, la lame tranchante du Weisshorn, dépéceuse d'azur, et derrière, le Bruneg- ghorn et le Bietschorn, A droite de la vallée de Zermatt, toutes les dents du massif du Mischabel, le Nadelhorn, &&*JL&~~~ Zi

ZERMATT 172 Le Valais le Dom et le Taeschorn, puis, pour compléter le cercle, V AVphubel, YAllalinhorn, le Rimpfischhom, le Stralhhorn et les deux sommets terminus du Stockhorn et de la Cime de Jazzi. Aucune masse trop rapprochée ne coupe ce pano­ rama unique, rien n'arrête la vue, n'obscurcit l'horizon et cette vision circulaire, qui embrasse une centaine de kilomètres, peut développer ses magnificences à l'infini. Le Mettelhorn (3410 m.) que l'on gravit on 5 heures, est- réputé pour l'étendue de sa vue, puis, ce sont encore, dans les ascensions moyennes et facilement abordables : le Hœrnli (2,893 m.) premier contrefort du Cervin, au- dessus du Lac Noir, le Bœsentrijt (3,253 m.) et YOber- Rothhorn (3,418 m.) sommités de la chaîne pierreuse qui domine Zermatt à gauche, du glacier de Findelen aux Mischabel. Le Breithorn (4,171 m.) est la plus connue des grandes ascensions, facile à faire en huit heures par le Col du St-Théodule ; après ce sommet glacé, viennent le Rimp- fischom (4,203 m.) accessible par Findelen, YUnter-Ga- belhorn (3,398 m.) belle grimpade de roches, cimes de second ordre, puis nous abordons enfin les ascensions de premier ordre, dangereuses pour la plupart et qui exigent en tout, cas beaucoup de connaissance de la montagne et d'énergie : YOber Gabelhorn (4,073 m.), leZinal-Rothhorn (4,223 m.) qui se fait par le Trift, avec, généralement, descente sur Zinal, la Dent d'Hérens (4,ISO m.) et la Dent-Blanche (4,364 m.) pic périlleux que l'on aborde par Z'mutt, le Lyskamm (4,538 m.) dont la terrible arête de glace, élimée et fragile, a déjà fait de nombreuses victimes, le Dom des Mischabel (4,554 m.) qui est accompagné de trois pointes plus basses, le Tœschorn (4,498 m.), YUlrichs- horn (3,929 m.), et le Nadelhorn (4,334 m.) et se fait sans trop dé difficultés par Randa ou Saas-Fée, le Weisshom (4,512 m.), ascension dangereuse le long d'une haute cor­ niche glacée, s'effectue par Randa ; le Mont-Rose (4,638 m.), le superbe obélisque schisteux qui blanchit le ciel de ses sej:>t cimes : le Nordendspitze (4612 m.), le Dufourspitze (4,638 m.), le Zumsteinspitze (4,573 ni.), le Signalkuppe (5,561 m.), le Parrotspitze (4.463 m.), le Ludwigshœhe (4,344 m.) et la Pyramide Vincent (HEMIN DE FER DU CORNERGKAT 174 Le Valais

(4,215 m.), projette sur toute l'Italie septentrionale le reflet fantastique de son armure d'argent ocellée de roses et crevée d'avalanches et qui se conquiert géné­ ralement par le glacier du Corner et le Sattel. lie Mt-Rose s'est d'abord appelé Gorner ou Oletscher, Boso ou Bosis et c'est Schcuchzer qui, le premier, l'appela Monte Rosa, dans son Itinera per Helvetioe Alpincc, publié au XVIII0 siècle ; ce nom vient probablement d'un mot gaélique. Ros, qui signifie hauteur, point culminant ; dans la vallée d'Aoste, plusieurs localités portent encore le nom de Ros, Rosa, Roësa et il y a en Suisse, plusieurs dérivés de Ros, Rossboden, Rosenlaui, Rosegg, etc. et, partout pour indiquer des rochers ou des cimes. La plus liante cime du Mt-Rose fut, après plusieurs tentatives infructueuses, atteinte, on 1855, par MM. Smyth, Birkbeck, Stephenson et Hudson. L'ascension est actuellement assez facile, quoique très longue et rendue plus accessible par l'exis­ tence de la Cabane du Club Alpin, à Untere-Plattje, à 2990 mètres, qui peut contenir 45 personnes. Enfin, le Cervin ou Mattcrhorn (4,482 m.), sur lequel nous allons nous arrêter quelque peu. Le Cervin est une des plus célèbres montagnes des Alpes, non seulement par ses formes hardies, empreintes d'une dédaigneuse majesté, et son isolement qui permet à cet hymne de roc de monter éperduement dans l'azur, loin de tout contact, mais encore par la tragique catas­ trophe, qui rendit à jamais mémorable sa première ascen­ sion. Longtemps, il sembla inaccessible et rebelle à tout con­ tact humain ; les montagnards le croyaient hanté par les damnés et les génies malfaisants, de Saussure n'osa jamais en tenter l'escalade et les Tyndall et les Kennedy, ces vaillants pionniers des Alpes, ne purent, malgré leurs efforts, planter sur sa cime altière leurs piolets profana­ teurs. Un alpiniste anglais, Whymper, son vainqueur, échoua dans plusieurs tentatives. Ce ne fut qu'après sept assauts consécutifs qu'il arriva au sommet, le 14 juillet 1865, accompagné des guides Michel Croz et Taugwalder père et fils, de Lord .Douglas et de MM. Hudson et Hadow. Mais à la descente, à peu de distance du sommet, Hadow LE CERVIN 176 Le Valais glissa, entraînant avec lui le guide Groz, Hudson et Dou­ glas. La eorde se rompit entre ce dernier et Taugwalder père et les quatre infortunés furent précipités dans le gouffre béant, sur le glacier, à plus de 1,200 mètres de profondeur. Et, pour rendre cette catastrophe plus terri­ fiante, l'apparition d'un arc immense, avec deux croix lumineuses, au-dessus de Lyskamm, phénomène inexpli­ qué, vint frapper les survivants d'épouvante. Les cada­ vres de Croz, Hudson et Hadow furent retrouvés sur le glacier, presque entièrement nus, exsangues et horrible­ ment déchiquetés ; quant au corps de Douglas, les recher­ ches les plus actives ne purent le faire découvrir et il est sans doute resté accroché par la corde à quelque aspérité inaccessible. Le retentissement de cette catastrophe fut si grand que beaucoup de touristes voulurent voir ce terrible Cervin et elle contribua en partie à faire la vogue de Zer- matt. M. Whymper en publia le récit dans un article de deux colonnes du Times, qui fut reproduit par les journaux du monde entier. Le Cervin ne s'en tint pas là et fit d'autres victimes ; en 1879, un Américain, M. Mosley, tomba sur le glacier central, puis ce furent le guide Brantschen, et M. Bur­ kharde engloutis par une rafale de neige, en 1890, M. Goehrs et son guide, enfin le jeune Seiler et son guide Biner. Actuellement, le monstre est muselé, c'est-à-dire muni de cordes, de chaînes et de crampons qui en facilitent les passages les plus ardus ; l'ascension est rendue moins fatigante par la construction de cabanes, sur le versant italien et sur le versant suisse. De Zermatt, où elle se fait le plus facilement, on va coucher à la première cabane, avec ses deux guides, puis on monte par l'arête, l'Epaule et les Rochers-Rouges, en neuf ou dix heures. La vue dont on jouit depuis le sommet ouvre une énorme parenthèse de plusieurs centaines de kilomètres et la position de ce pic la rend incomparable. Une haute croix de fer a été scellée au sommet, formé d'un pan d'environ 100 mètres de long, par un prêtre de Valtournanche, l'abbé Carrel, accompagné de plusieurs guides. Vallée de Zermatt 177

On a beaucoup discuté sur l'origine du nom de Cervin. Il est appelé souvent Servino et Corvino ; vu sa désinence latine, il peut se rapporter au consul romain Sergius ou Servius Galba, qui remporta la victoire d'Octodure et fut chargé, par J. César d'assurer la communication par les Alpes, et en l'honneur duquel on aurait appelé Servino la belle pyramide surmontant le col du Théodule, où la présence des Romains a été constatée. Si non è vero !.. Grand admirateur du Cervin, nous lui avons dédié,

RIFFELALP dans un'volume précédent, quelques lignes, que nous ne pouvons résiste]' au plaisir de transcrire ici, en matière d'hommage au géant : « Dans une gorge entaillée par l'épée de quelque paladin furieux, l'énorme obélisque de roc vif se dresse d'un jet vers le ciel ;,il s'isole des innom­ brables sommités qui l'entourent, semble les dédaigner en sa solitude altière, avoir la fierté de ses flancs abrupts, si longtemps inviolés, être une royauté superbe, qui se laisse admirer. Et il a un tel élan vers l'azur, qu'il a l'air 12 178 Le Valais de vouloir, de son pic aigu de granit, dressé comme un doigt monstrueux, montrer aux humains les splendeurs mystérieuses de la voûte bleue et révéler l'éternelle énigme qu'elle cède de son immuabilité. Parfois, aux couchers rouges du soleil, aux soirs sanglants d'incendie, il est comme une arme d'airain, aiguisée et terrible, qui menace le ciel et paraît l'éventrer d'un effort désespéré. A chaque heure du jour, c'est un kaléidoscope lumineux et changeant une aurore renouvelée de teintes mouvantes et tendres. Le matin, toutes les gammes douces, des roses pâles et des mauves naissants, avec de fines lies de vin et des ca­ resses de turquoises qui ourlent les glaciers d'un liséré de couleurs jolies ; dans le jour, l'ardeur des bleus exas­ pérés, des ors flambants et des scintillantes joailleries ; le soir, une pourpre violente, qui rejaillit, saigne partout, s'épand de tous côtés, pour se faner et s'évanouir en violets décroissants et blêmis peu à peu, dans le néant, constellé des fleurs célestes de la nuit claire et froide des Alpes. » Disons, à titre de curiosité, que M. Colliez et l'ingénieur Imfeld ont adressé au Conseil fédéral une demande de concession pour un chemin de fer reliant Zermatt au sommet du Cervin. Ce projet comprend deux sections : un chemin de fer électrique à crémaillère partant de Zermatt et aboutissant au Lac Noir, pour de là, par un tunnel sous le Hörnli, gagner la cabane du Cervin à 3052 m. La seconde section, de 2330 m, de long, comprend deux funiculaires électriques ; la ligne, de la cabane atteint le faîte du Cervin par un tunnel presque vertical, d'une pente de 85 à 95 % ; la station du sommet (4,475 m.) serait établie sur le flanc Nord, à environ 20 mètres au- dessous de la cime. Sur le faîte, on pourrait aménager des locaux et niches pour les voyageurs, ainsi que des fenêtres, permettant d'admirer la vue ; l'arête serait au besoin munie d'un garde-fou. Le coût de la construction est devisé à 6,600^000 fr..et le devis total se chiffre à 10,000,000 fr. Le parcours de Zermatt au sommet demanderait 1 h. 50 et serait taritié fr. 50. Une trentaine de cols mettent en rapport Zermatt et les vallées voisines : De Zermatt à Saas-Fée les -

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GOBNEllGLETSCHEK ISO Le Valais cols difficiles et très longs, exigeant une forte journée, du Dom (4,286 m.), des Mischabel (3,856 m.), de VAlphu- 6eZ^(3,802 m.), de Fée (3,812 m.), de YAllalin (3,570 ni.), de l'Adler (3,798 m.), et du Schivarzberg-Weissthor (3,612 ni.). De Zermatt en Italie, du Stralhorn à la Dent d'Hérens : les_.cols escarpés d'un trajet d'un jour, du Neu-Weissthor''(3,580 m.) et de VAU-Weissthor (3,576 ni.),

CARAVANE SUR LE GLACIER du Jœger (3,880 m.) et de Fillar (3,485 m.) aboutissant à Macugnaga dans le Val Anzasca ; le col de Sesia (4,424 m.), dans le Val de Sesia ; les cols du Lys (4,227 m) de Félilc (4,068 m.) dans le Val de Gressoney ; les cols des Jumeaux (3,861 ni.) et du Schivarzthor (3,741 ni.) dans le Val Challant, le col facile du Théodule (3,322 ni.), connu des Romains, et les passages plus ardus du Furggen- joch (3,300 m.), du Lion (3,577 m.) et de Tournanche (3,458 m.), dans le Val Tournanche. De Zermatt à la Vallée d'Anniviers, le col peu escarpé de Durand (3,474 m.), ceux périlleux du Schallt (3,751 m.), du Morning (3,793 m.) et du Trift (3,570 m.). De Zermatt à Ferpècle et Evolène s'étend le beau col Vallée de '/crmalt ISI d'Hérens (3,480 m.) qui, par le col de Bertol (3,330 m.). gagne Arolla et l'on peut arriver à Chanrion, par les cols de Valpelline (3,562 m.), du Mont-Brûlé, de VEvîque et de Chermontane.- Tous ces passages, qui sont, à peu de choses près, de véritables ascensions, exigent une forte journée et pénètrent au cœur des Alpes, dont ils permet­ tent d'admirer les somptuosités les plus inviolées. Les diverses sections de Club Alpin se sont évertuées à élever des cabanes de refuge dans cette région et à facili­ ter ainsi les ascensions qui y foisonnent : d'autre part, les particuliers ont bâti à plusieurs endroits de petits hôtels, où l'on reçoit, à des altitudes diverses, une précieuse hos­ pitalité. Les principales cabanes sont celles du col de Saint-Théodule, la cabane dv Stockjé, en face de la .Dent d'Hérens, la cabane Constantia aux Mountets, par le col du Trift, la petite cabane du Weisshorn, les deux cabanes du Cervin, la cabane Bétemps, entre le Glacier du Corner et le M t-Rose, la cabane de Fluhalp près du Rimp- (ischhorn et la cabane du Dom du Mischabel, au centre du massif. CHAPITRE XII

Vallée de Saas (Stalden. — Hüteck. — Saas-Grund. — Saas-Fée. Mattmarck.)

A la fois magnifique dans son ensemble et coquette dans ses détails, la Vallée de Saas creuse dans un des plus beaux massifs alpestres, un sillon profond de 38 kilo­ mètres de longueur, entre les deux chaînes des Mischabel et du Fletschorn, qui sont la ramification principale de l'énorme nœud du Mt-Rose ; elle forme donc un angle aigu avec la vallée de Zermatt, dont elle est séparée par le rempart crénelé des Mischàbel et du Balfrin, tandis que la chaîne grandiose, où se dressent le Rossbodenhom, le Fletschorn, le Laquinhom et le Weissmies la sépare du Simplon. Des deux côtés descendent dans la vallée de Saas les plis somptueux de glaciers monumentaux, d'azur qui retombent gracieusement sur les croupes des géants formidables. A gauche de la vallée, ce sont les glaciers de Gamsen, de Rauth, de Mattwald, de Gruben, de Trift. de Hochrauth, de Mellig, de Roththal, de Laquin et de Rothplatt, qui descendent du haut portique adossé au Simplon, tandis qu'à droite, autour du monstrueux récif rocheux que figure la chaîne énorme des Mischàbel. déferlent les hautes ondes azurées, qui sont les glaciers du Baljrin, de Bider, de Hohbalen, de Fée, de Hohlaub, d'Allalin, de Schiuarzenberg et de Seewinen. Diadémée de glaciers, la vallée de Saas a une ondoyante STALDKN 184 Le Valais ceinture de forêts de mélèzes et d'aroles et foule de ses pieds baignés par la vague fraîche des cascades, les tapis opulents des plus riches fleurs des Alpes. Il est impossible de rêver une dualité plus exquise de sites, des contrastes naturels plus impressionnants, à la fois plus de grâce et plus de grandeur. Pour se rendre à Saas-Fée on prend à Viège le chemin de fer de Zermatt jusqu'à Stalden et de là il y a quatre heures et demie, vite envolées, grâce au charme ininter­ rompu du trajet. Stalden est un coquet village aux beaux chalets fleuris, qui conserve de vieilles maisons à armoiries, avec des portes sculptées ; l'une d'elles est celle de la famille Venefcz, d'ori­ gine italienne et dont l'un des membres découvrit la théo­ rie du mouvement des glaciers. Tœppfer y passa avec ses élèves, en 184'2, et assista à la représentation populaire de Rosa de Tannenbourg, pièce composée par le curé, d'après un conte du chanoine Schmidt et jouée par des acteurs du cru. Il écrit de Stalden ce qui suit : « C'est au point d'embranchement des deux vallées de Saas et de Zermatt et, comme au plus profond d'un sombre entonnoir, un ma­ melon verdissant d'herbages, ceint de noyers, couronné d'une blanche église. Autour, tout est nuit et horreur, mais dans cet humble Elysée, tout scintille, tout est vif, pur et souriant à la fois. >> Ce joli village est devenu une station renommée de printemps et d'automne, dont le séjour est rendu des plus attrayants par l'exquise fraîcheur de la température due à la jonction des deux Vièges de Saas et de Zermatt et au charme d'environs empreints du pittoresque des hautes Alpes. C'est donc de grand matin que nous partons de Stalden pour Saas-Fée. Au fond de la vallée verte resplendit le pro­ fil éblouissant du Stellihorn. Le pont de Kinn franchit la Viège au-dessous du village et, sur son arche hardie, nous pénétrons (à gauche) dans la vallée ; jusqu'à Eisten, dont l'église blanche domine le chemin ; la gorge est resserrée, des forêts éparses sont penchées sur le gouffre comme pri­ ses de vertige, des blocs énormes témoignent du terrifiant chaos de cette région bouleversée par les avalanches. Sur Vallée île Sans 18b

-un contrefort rocheux, après la cascade de Ahorn, c'est Huteck (1,246 m.), dont le joli hôtel blanc précède les chalets bronzés. Huteck est au pied du Baljrin et on part de là pour passer les cols de Sime.li et de Hannig. La vallée est encore étroite, mais après le Pont de Bodenbrücke, qui franchit le torrent écumant, elle ne tarde pasà s'évaser, et, entre les parois abaissées, soudain Balen, son église solitaire et ses chalets rustiques, puis Faellmatten appa-

SAAS-GRTJND raissent sur le fond tendre d'un lumineux pâturage, autour duquel jaillissent de blanches cascatelles. Enfin ce sont des bois pleins d'intimité, des ondes qui coulent avec un ruissellement de pierreries, tout un fris­ sonnement de cascades et de ruisseaux, de la montagne pudique qui se dévoile, qui se révèle plus hardie, plus capi­ teuse. La chapelle de St-Antoinc s'agenouille au bord de la route et, à côté d'elle, une autre plus petite, toute menue, très ancienne, qui fut longtemps la seule de la vallée et où les montagnards venaient de partout entendre la messe, i Sortie de son défilé obscur et grandiose, la vallée, à partir de là, prend de belles proportions, se pare de nobles lignes ; des cimes découpent sur l'horizon de somptueux profils et d86 Le Valais la Viège tord dans les près fleuris ses lourdes écailles ar­ gentées. Trois villages mettent de la vie dans cette austère solitude, Tamatten, Unter-dem-Berg, dont l'église couvre le chemin de son porche, et Saas-lm-Grund à 1,562 m., qui est le plus ancien village de la vallée et le plus impor­ tant. La région de Grund est entourée par vingt-huit gla­ ciers et les plus hautes sommités des chaînes environnan­ tes l'enferment dans une enceinte crénelée. Son hôtel con­ duit tout un cortège de coquettes maisons de bois aux curieuses ornementations, d'un style naïf. Grund a donné naissance au curé Imseng, qui fut, d'après Tschudi, l'un des plus vaillants explorateurs des Alpes du Valais. Une des jolies excursions à faire de cette sation, est celle de Triftalp, haute vallée, presque en face du cirque gla­ ciaire de Fée. Au fond d'un amphithéâtre aux lignes tour­ mentées, entouré de gradins de roc, avec des glaciers comme galeries supérieures, est un Hôtel (2,560 ni.), d'où l'on part pour les ascensions des cimes principales du groupe et le passage des Cols de Laquin et de Rossboden. Deux chemins mènent de Grund à Saas-Fée, distant de trois quarts d'heure ; l'un, le plus fréquenté, traverse directement la Viège et monte dans la forêt ; l'autre, appe­ lé Sentier du Rosaire, suit la rive droite, franchit la rivière sur deux ponts, puis monte, bordé par quatorze petits ora­ toires datant de 1706, renfermant des personnages sculp­ tés et sur lesquels de superbes mélèzes laissent tomber leur ombre fluide et douce, tandis que la Viège de Fée rugit dans de profondes gorges. Tout à coup, on se trouve sur le plateau de Saas-Fée, à 1,798 mètres, et il est impossible, tant le spectacle est gran­ diose, de ne pas s'arrêter, immobilisé par l'admiration. Toutes les hautes sommités : 1' Ulrichskorn, la Sudlenzpitze, le Dom, le Taeschorn, YAlphubel et YAllalinhorn apparais­ sent soudain, pics vertigineux, aux couloirs avivés, porti­ ques gigantesques d'où s'écoulent les oncles azurées du 7na- jestueux Glacier de Fée, déferlant jusqu'au berceau vert, que revêt des plus brillantes nuances un magnifique man­ teau de fleurs. La blancheur de ces ondes figées, incrustées de lumière éblouissante, les profils aigus des hautes mon­ tagnes, l'horizon haché de pics et d'arêtes forment avec les SAAS-FÉE 188 Le Valais lignes douces du premier plan et la masse fleurie des prés d'un vert très tendre, un paysage d'une harmonie par­ faite. On se retourne ; de l'autre côté de la vallée, c'est le Fletschhorn, qui est un cône de roc dans une coupe de glace, c'est la Laquinhom, avec son arête tranchante, c'est le W eissmics sous son cimier d'azur j^Dans son beau Ihre, Saaa-Fée et la vallée de la Viège, M"c Noëlle Roger fait de Fée cette description, d'une grâce toute féminine : « L'arrivée à Fée est un éblouissement de fleurs sur des neiges. Les sommets se sont dressés d'un seul coup, au moment où vous émergiez de la combe. Deux longs bras de glaciers étreignent une arête rocheuse et tout autour s'élèvent des dômes blancs, de hautes aiguilles zébrées de neige. Une mer de fleurs étincelante au soleil du soir, s'étend jusqu'aux moraines et ondule doucement. L'église blanche et pointue se dresse, mais les yeux sans se lasser vont des fleurs aux neiges. >> Très coquet et d'une irréprochable propreté, le village est digne des sites qui l'environnent. Saas Fée est une des stations les plus élevées du Valais et l'une des plus et des mieux fréquentées. Sa vogue a été très rapide, car il y a quelque vingt-cinq ans, il n'y avait même pas une auberge ; en 1882, la commune construisit VHôtel du Dôme, que la famille Lagger, de Viège, loua pour 15,ans ; elle joua à Fée le rôle de la famille Seiler à Zermatt, créa en peu de temps la belle station alpestre d'aujourd'hui et possède actuellement trois grands établissements de premier ordre. Deux autres hôtels appartiennent à d'autres propriétaires. La tournure étrangère de quelques noms de la vallée : Monte-Moro, Allalin, Almagél, etc., a incité quelques historiens et auteurs, entr'autres M. Engelhardt, à préten­ dre qu'au IXe siècle, elle fut colonisée par des Sarasins, ainsi que quelques autres régions valaisannes. Kien de bien fondé n'est venu asseoir sérieusement cette assertion et il paraîtrait que, sauf pour le Monte-Moro, les prétendus noms arabes ne seraient que des corruptions de l'alle­ mand, ainsi le fameux Almagel, le plus oriental de tous, ne serait autre qu'Almengall (Almenkel au XIV1' siècle), qui est aussi peu mauresque que possible. Il est plus vrai- Vallée de Sans 189 semblable, si l'on en croit l'histoire, moins folle que la légende, que la vallée de Saas, qui s'appelait Solze, Soya et Savsa au moyen âge, fut peuplée au XIIIe siècle par des colons du val italien d'Anzasca. Les environs de Saas-Fée offrent l'admirable diversité des sites alpestres les plus renommés ; ce sont les bois de Staffel, la solitude de la^petite^Chapelle deN.-D. des Mar­ ches (Hohe-Stiege) les alpes fraîches et parfumées de,

NOTRE-DAME DES MARCHES

Gallenilp, de Gletscher, de Hannig, de Bider, d'Almagel, de Furgalp, de Pistelalp et de Trift, les forêts d'Imseng et de Flattjen, les sauvages Gorges de la Viège de Fée, puis le panorama de Plattjen, qui domine tout le plateau, à 2,578 m. L'ascension la plus courue est la Lange-Fluh, (2,849 m.), à 5 h. du village et qui peut être considérée comme le Gornergrat de Fée ; c'est un éperon rocheux entouré de glaciers et de sommets, autour duquel se 190 Le Valais

déroule la vision éblouissante des colosses des Alpes dans l'azur pur et immaculé. Les ascensions de la région sont célèbres dans le inonde des alpinistes ; les principales sont les belles escalades des sommets des Mischabel, qui surplombent lavallée de leur muraille énorme, hérissée de tours et de pyramides ; les ascensions du Dom (4554 m.) et du Taeschorn (4,49S m), sont longues sans être difficiles ; la Sud-Lenzspitze (4,300 m.) est très courue et l'une des plus renommées des Alpes ; YUlriohshorn (3,929 m.) est également une course intéressante. UAllalin et YAVphubel (4,207 m.) sont de belles escalades de glaciers. Les ascensions des sommets des Mischabel sont facilitées par la construction de la Cabane des Mischabel, inaugurée en 1903 et élevée sur un contrefort du Distelhorn, à 4 h. */2 de Saas, par les soins du Club Académique de Zurich, avec l'appui financier de la famille Lagger. La haute chaîne qui sépare la vallée de Saas du Simplon a de belles sommités, le Fletschhorn (4,001 m.), le Laquinhorn (4005 m.) et le Weissmies (4,031 ) qui ont plusieurs cimes secondaires. Enfin d'autres sommets dominent Saas au Midi, YEgginerhorn (2,377 m.) le Mittaghom (3,148 m.) et YEgginergrat, qui relie ces deux montagnes. Nous avons déjà vu les beaux cols qui font communi­ quer entre elles les vallées de Saas et de Zermatt ; il en existe plusieurs autres entre Saas, l'Italie et le Simplon. Le passage le plus pratiqué est le col de Monte M.oro (2802 m.) que l'on effectue par Almagel, lin Lerch, le lac de Mattmark (hôtel), Y Alpe de Diestel et le Thàlliboden et qui aboutit en 7 heures à Macugnaga dans le Val d'Anzasca. Ce fut pendant longtemps la voie de commu­ nication la plus connue entre le Valais et l'Italie et ce voyage permet de jouir de toutes les beautés du massif du Mt-Kose, que l'on contourne entièrement. Les cols d'Antigine ou de YOfenthal (2,835 m.), A'Al­ magel (3,244 m.), de Mittel (3,155 m.) et d'Antrona (2,844 m.) conduisent en une journée à Antrona. Plu­ sieurs cols, assez difficiles et qui demandent une journée de marche, débouchent sur le Simplon. Ce sont les Cols de Eossboden (3,300 m.), de Laquin (3,497 m.), de Simeli Vallée de Saas 191 (3,028 m.) oudeOamsen(3,015m.) au Village de Simplon, de Zicischbergen (3,272 m.) à Gondo et à'Anlrona ou de Saas (2,844 ni.) à Domo-d'Ossola. On gagne enfin Randa

HOH'NEGG, TKÈS. SAAS-FÉE par le Nadeljoch (4,167 ni.), et St-Nicolas par VUlrichs­ joch (3,800 m.), ou Wendjoch, le Biedpass (3,(500 ni.), le Baljrinjoch (3,5.15 m.) et le Hannigpass (2,110 m.). CHAPITRE XIII

Le Simplon. (Bérisal. — Simplon. — Simplon-Kulm. Simplon-Village. — Algaby.)

Ce colossal massif, situé dans la chaîne centrale des Alpes, entre le Mt-Rose et le St-Gothard, a servi de voie de communication clans les tennis les plus reculés. Son histoire, comme ses sites tourmentés, a quelque chose de fantastique et de tragique. Ce sont d'abord les légendes des montagnes maudites, hantées par les Griphons, protecteurs des trésors enfouis dans les gorges ; plus tard, les voiles de la fiction se déchirèrent ; les races du .Nord sont attirées instinctivement vers les pays du soleil ; par tous les cols des Alpes des hordes s'écoulèrent vers le Sud, avides de terres fertiles, assoiffées de délices incon­ nues. Le Simplon, malgré les horreurs sauvages de ses abîmes, fut vraisemblablement franchi par les Gaulois de Bellovèse, qui se répandirent dans l'Italie septentrionale et fondèrent Milan. Certains historiens y font passer le consul Servilius Csepio, marchant à la rencontre des Cimbres et des Teutons ; le nom de Mons Cœpionis, qvie porte souvent le col, justifierait cette assertion. Après la défaite des Romains, les Cimbres et les Teutons franchi­ rent le passage à leur tour, allant au devant du désastre de Verceil ; les débris de leurs peuplades se seraient réfu­ giées dans les parties supérieures des vallées italiennes de Maggio, d'Ossola, d'Anzasca, de la Sezia et du Lys, dont Le Simplon 193

les habitants parlent encore aujourd'hui un allemand corrompu. Plus tard, probablement sous Septime Sévère, les Romains construisirent, à travers le Simplon, une voie militaire secondaire, dont on a retrouvé des vestiges. Au Xe siècle, les Sarrasins occupèrent le col, rançonnant et pillant les voyageurs et les pèlerins. Pendant tout le

HOSPICE DU SIMPLON EN HIVER

moyen âge, il y eut un trafic fort, actif entre l'Italie et le Valais ; Boniface de Challant fit élever sur le col des entrepôts, un poste fortifié et un hôpital ; de nombreux traités sont passés entre les évoques de Sion et l'évêque de Novare ou les Sociétés commerciales italiennes, dans le

i:; 194 Le Valais

but d'assurer la vie et les biens des voyageurs passant par le Simplon ; on refit la route, on consolida les ponts et on établit des entrepôts pour les marchandises. Quelques événements militaires s'y déroulèrent ; les plus importants se rapportent aux guerres sanglantes de l'Ossola, qui mirent aux prises, au XVe siècle, les Valaisans et le duc de Milan ; plusieurs combats acharnés eurent lieu autour de Crevola et de Domo d'Ossola et, à plusieurs reprises, les troupes valaisaimes passèrent et repassèrent le Sim­ plon. En 1801, le général de Bethencourt le traversa, avec un millier d'hommes, qui furent forcés de gravir plusieurs parois escarpées, une avalanche ayant emporté un pont. A cette époque, il n'existait encore, malgré l'im­ portance de cette voie de communication, que de mauvais sentiers, accrochés le long des rochers, ravagés par les dégels et les avalanches et que pouvaient, seuls, affronter les piétons et les mulets. Après la bataille de Marengo, Bonaparte décida d'y établir le grande route actuelle, pour assurer ses communications avec l'Italie. Cette entre­ prise, considérable pour l'époque, fut décrétée par rapport des consuls, en date du 20 Fructidor 1800. Le général ïurreau eut la direction des travaux, qui occupèrent 5,000 ouvriers pendant cinq étés ; on dépensa, pour la partie française, 7,386,000 fr. et on brûla 25,000 kilos de poudre pour le percement de 525 mètres de galeries. Longue de 04 kilomètres, de Glys à Domo d'Ossola, avec une pente calculée à 2 Y\Ï pouces par toise, 20 ponts et 6 galeries creusées dans le roc, 9 refuges construits pour la sûreté des voyageurs, à 977, 1,320, 1,526, 1,754, 1,938, 1995, 17S5, 1173 et 1071 mètres, elle fut ouverte, le 25 septembre 1805. Napoléon créa la route du Simplon, mais ne la vit jamais, et M. Céard, Ingénieur en chef du département du Léman, fit faire, afin de lui permettre de se rendre compte de son œuvre, un plan en relief de ce passage, fidèlement imité dans tous ses détails. L'artiste chargé de son exécution en fit une contrefaçon, qui fut envoyée à l'empereur Alexandre de Russie ; quant à l'original, il n'arriva pas jusqu'à Napoléon, qui se con­ tenta de dire, en apprenant l'aventure : « Alexandre a le relief, mais moi j'ai le Simplon ! » Le Simplon 195

La diligence mettait 9 heures de Brigue à Domo, et l'on y va en 12 ou 13 heures, à pied, en utilisant la vieille route. (Service postal jusqu'à Iselle.) Quand on suit la vieille route du col, qui subsiste en partie, sous les pas résonnent les dalles usées de cette voie par laquelle ont passé les armées et les hordes, les rois et les bandits, les pèlerins et les gueux, les marchands et les capitaines. Poussée par le destin, la foule a fui comme une eau qui coule éternellement, et ses pas, dirigés vers les destinées inéluctables, n'ont laissé que l'usure infinie de la [lierre. De tout ce fer et de tout cet or, de l'ambition et de la haine, de la gloire et de la terreur qui ont passé dans ce décor tragique, il n'est resté que des dalles élimées sur ce chemin oublié. Le Simplon est la plus formidable entaille que la nature ait creusée au flanc des monts ; c'est une gorge énorme, aux reflets de mica, verdie de serpentines, ruisselante de la bave des torrents, pleine d'air bleu, où glissent des aigles au vol solennel. De chaque côté, de vertigineux dévaloirs, aiguisés par les avalanches, des parois effrayantes, avec des verdures qui ont l'air de tomber et des rochers noirs qui commencent les ténèbres du gouffre, au fond duquel écume un torrent glacé. On reste saisi par la magie des abîmes et le vertige de ces horreurs grandioses et l'on est grisé comme par un philtre subtil aspiré dans l'haleine froide de cette géhenne. Au bas, c'est le verdoyant pla­ teau de Brigue et la profondeur bleuâtre de la vallée du Rhône. Lentement, la superbe route, bombée et dallée, dont les proportions rappellent les anciennes voies romai­ nes, noue sa large torsade dans la chevelure des forêts. A chaque contour, c'est un paysage nouveau, une mer­ veille imprévue, sommité qui se dresse dans l'azur, avec le fard de la neige sur un front de roc, gorge qui s'ouvre, ténébreuse, comme des lèvres avides, cascade empanachée d'une nuée d'arc-en-ciel ou forêts de sapins qui descend, semblable à une mer d'ombre, dont les vagues vertes font du chemin une allée de fraîcheur. Et l'on va, extasié, sans s'apercevoir de la longueur de ce somptueux boulevard ouvert dans la montagne, le long des files de bornes angu­ laires, sans voir, seulement, les hautes tables de granit 190 Le Valais

qui indiquent les kilomètres. Des troupeaux de chèvres, auxquelles les longues barbiches et les yeux de topaze donnent une apparence diabolique, s'échevèlent le long des pentes ; les automobiles passent, avec un ronflement sourd, car c'est la seule route de montagne du Valais où leur circulation soit autorisée, certains jours désignés. Certains sites évoquent des histoires tragiques ou fan­ tastiques, celle de l'exécution sur le bûcher de la dernière sorcière du Valais, qui eut lieu, en 1620, un peu avant le deuxième refuge, ou la légende de l'aubergiste des Taver­ nes, qui écorchait jadis les voyageurs et frelatait son vin et, selon la tradition, revient dans les ravins du torrent des Eaux-Froides, en criant : « Je m'appelle Johannili, j'ai été aubergiste aux Tavernes, j'ai donné de l'eau pour du vin, je dois maintenant, rester dans les Eaux-Froides. » Parfois, la route s'enfonce sous des galeries de roc, antres humides, tout bourdonnants du tumulte des cascades. Ce sont alors, par les baies du roc, de rapides échappées sur la vallée, à travers les scintillantes pierreries dont les cascatelles endiamantent l'horizon. A partir de Bérisal (1,526 m.), jolie station boisée qui communique avec le Binnenthal et VItalie par plusieurs passages intéressants : les Cols de Steinen (2,701 m.) de Rebbio (2,756 m.) et d'Aurona (2690 m.) aucun village ; c'est la solitude hau­ taine de la montagne, où seuls, les Refuges mettent leur mas animé. Le plateau supérieur du Simplon forme un col, velouté de pâturages d'émeraude, où, à travers les massifs de rhododendrons, le ruisseau, le Krumbach, déroule les an­ neaux argentés de ses eaux murmurantes. L'horizon déploie de partout, emplissant la vue d'une inoubliable vision de cimes étagées ; au-dessus, c'est le massif géant des Fletschörner (4,000 ni.), dont les glaciers sont comme une armure que le soleil ensanglanté de reflets d'incendie et le Montc-Leone (3,561 m.) qui barre le ciel de son profil orgueilleux. De ce col à Stalden, s'ouvre le col de Bistenen (2,432 m.) facile à faire en un jour et l'on peut aller à Saas-Fce par les cols de Sirvolten (2,604 m.) et de Simeli (3,028 m.) en une petite journée de marche. Au sommet du col, à 2,000 mètres, l'hôtel de la station VUE GENERALE DE BRIGUE I! 18 Le Valais de Siinplon-Kuhn, qui domine toute la vallée du Rhône et commande tout le panorama des Alpes Bernoises, puis, à peu de distance, l'Hospice du Simplon apparaît sou­ dain, avec sa façade austère et son fronton Renais­ sance. 11 fut construit ou plutôt commencé par Napoléon, pour que les voyageurs fussent accueillis comme au Grand St-Bernard dont il dépend, et donné aux Frères Augus- tins, qui l'achevèrent et y exercent, avec une inaltérable mansuétude, la plus large et la plus gratuite des hospita­ lités. Là, tout voyageur, quelle que soit sa condition, peut. s'arrêter et rest3r deux jours sans avoir à payer la moin­ dre rétribution ; sa reconnaissance peut, toutefois, et c'est l'usage, se manifester sous forme d'une offrande déposée dans le tronc de la chapelle. L'été, avant le percement du tunnel, l'Hospice abritait quelquefois 200 personnes par jour et on comptait que plus de 10,000 s'y arrêtaient, chaque année ; on retrouve là, de même qu'au Grand Saint-Bernard, cet accueil si pratiquement paternel, cette charité dévouée que l'on ne peut oublier. A quelque distance, les ruines de l'ancien hôpital, supprimé en 1470, puis le village de Simplon, pittoresque station de villégiature, à 1,479 m., dont l'église paroissiale est citée depuis 1267, où elle était dotée par Pierre d'Aoste; il exista clans ce lieu un péage pour les marchandises qui passaient le col. C'est à ce village qu'aboutissent les hauts cols de Rossboden, de Laquin et de Simeli, que nous avons déjà vus mettre en communication la vallée de Saas avec le massif du Simplon. A partir de Simplon, le chemin s'encaisse profondément, nous passons un pont et sommes à Algaby, délicieuse petite station alpestre, qui s'appelle en allemand Gsteig. A quelque distance commencent, les superbes Gorges de Gondo, que deux chaînes de montagne, presque verticales, haussées dans les airs, encaissent en d'effrayantes profondeurs ; cette gorge est, sans contredit, une des plus belles des Alpes ; il est impossible de trouver plus de magnificence jointe à plus d'horreur et le voya­ geur qui la traverse, hésite, également partagé entre l'ef­ froi et l'admiration. Ce précipice béant, qui enferme un torrent furieux, ces parois à pic qui semblent éclairées par quelque reflet infernal, ces grandes lignes tourmen- Le Simplon 199 tées, ces débris d'un cataclysme affreux nous écrasent et nous donnent la sensation intense des choses immortel­ les. La route passe les ponts Alto et de la Caserne, s'en­ gouffre dans une profonde galerie de 223 mètres de lon­ gueur, franchit la belle cascade de Frcssinone, formée par VAlpjenbach, puis, en 1 lji h. arrive à Gondo. à trois heures de l'Hospice, le dernier village suisse. Là s'élève une tour qui fût bâtie, en 1650, par Gaspard Stockalper, pour servir

TUNNEL DU SIMPLON de refuge aux voyageurs. Une colonne de granit, à 10 minutes du village, marque la frontière italienne et nous sommes à Pagliano, qui est le premier village du Val di Vedro. Les hautes assises de roc s'affaissent et les lignes de l'horizon sont plus riantes ; on passe un tunnel et l'on est à Iselle, où se trouve la douane italienne et l'ouverture méridionale du tunnel du Simplon, avec les bâtiments d'exploitation. Au sortir du grandiose défilé du Val di 200 Le Valais

Vedro, on entre avec délices dans la belle vallée lumineuse de VOssola, avec ses molles plaines ombragées de beaux chênes, ses collines ondulées adoucies par les ombres vio­ lettes des montagnes, bassin riant de Domo d'Ossola, l'antichambre du beau pays de l'Italie, où des cloches tintent doucement, où s'en vont, sur les ailes du zéphir, les lentes mélodies des chansons des pâtres. C'est sous cet énorme massif que le génie humain a creusé le tunnel du Si»ij>lou, le plus long du monde. Quelques mots de l'œuvre gigantesque. Les premières études furent faites par la Compagnie du chemin de fer du Bouveret à Sion et la concession de la ligne d'Italie par le Simplon fut accordée par l'Assemblée fédérale, le '2-4 septembre 1874, à la compagnie du chemin defer du Simplon. Mais ce projet resta à l'état d'étude jusqu'en 1886, époque à laquelle la commission d'expertise engagea les premiers pourparlers avec le gouvernement italien, mais celui-ci refusa de traiter, parce que les deux extrémi­ tés du tunnel proposé se trouvaient sur territoire suisse. Enfin, la convention du 25 novembre 1895, conclue entre la Suisse et l'Italie, adopta la construction d'un tunnel, dont 10,630 mètres se trouveraient sur territoire italien et 9,100 mètres sur territoire suisse. L'exécution de ce projet fut prise à forfait par la compagnie Brandt, Bran- dau et Cie, constituée par la Société de percements de tunnels Brandt et Brandau de Hambourg, avec le con­ cours de la Banque de Winterthour, de la maison Sulzer frères, de Winterthour et de la Société d'entreprises de constructions Locher et Cie, de Zurich, qui s'engagèrent à achever le tunnel dans un délai de 4 ans et 8 mois, pour la somme de 69 '/a millions. La Compagnie du Jura Simplon s'engagea de son côté à fournir les fonds et fit un emprunt de 60 millions à 3 1/« % garanti par la Confé­ dération ; en outre, la Suisse et les cantons et villes inté­ ressées fournirent une subvention dol6,000,000 fr.,l'Italie vota fr. 600,000 et une subvention annuelle pour toute la durée do la concession et les provinces, communes et chambres de commerce italiennes fr. 4.000.000. Le tunnel s'ouvre à 1 '/2 kilomètre de la station de Brigue, à 7 mètres au-dessous du niveau de la vallée ; Le Simplon 201

il débute par une courbe de 140 mètres, puis continue par une seule ligne droite de 9.321 mètres à travers une épaisseur de plus de 2,000 mètres ; après cette immense ligne droite, on rencontre une nouvelle courbe de 184 mètres et le tunnel débouche en Italie, à un kilomètre en avant d'Tselle. Le travail de géants commença le 1er août 1898 ; on connaît les immenses difficultés surmontées pendant l'exé­ cution des travaux, élévation excessive de la température, terrains mouvants, lacs de boue, infiltrations continuelles, irruption d'eaux chaudes, innondations terribles, exha­ laison de gaz méphitiques qui obligèrent le consortium à demander une prolongation de délai et une indemnité supplémentaire, que la Confédération accorda. Enfin, après d'incessants efforts, une admirable persévérance unie à une inlassable énergie, les ingénieurs arrivèrent au bout' de la tâche, et le 24 février 1905, à 7 h. 20 du matin, eut lieu la jonction des deux galeries nord et sud, après l'explosion formidable d'une vingtaine de mines bourrées de dynamite, qui effondrèrent la dernière assise du roc. Pendant ces six années et demie il avait été extrait du tunnel plus d'un million de mètres carrés de matériaux ; on avait percé 350,530 trous de mines à la machine et 3,600,000 à la main, qui avaient usé plus de 25 millions de forêts ; 1,342,000 kilogs de dynamite avaient été em­ ployés et les sources captées représentaient 86,400 mètres cubes d'eau par jour, soit un total de 104.500.000 m être H cubes d'eau. Enfin, sur un personnel moyen de 2,300 à 2,400,40 ouvriers avaient trouvé la mort au cours des travaux, héros obscurs auxquels on va élever un monu­ ment ; 139 furent blessés plus ou moins grièvement. Le tunnel fut inauguré le 19 mai 1906, en présence de S. .M. Le Roi d'Italie et des Hautes Autorités de la Confé­ dération. CHAPITRE XIV

Vallée de Conches. Vallée de Binn. Eggishorn. Glacier du Rhône (Mœrel. Fiesch. Binn. Rieder-Alp. Rieder-Furka. Hôtel Jungfrau. Münster. Gletsch. Belvédère)

La Vallée de Conches, une des plus riches du Valais, n'a pas l'aspect tourmenté des régions que nous venons de parcourir ; les contreforts sont moins accusés et les sommités moins hardies. Cette région continue la grande vallée du Rhône, dont elle présente quelques-uns des caractères généraux et constitutifs. Ce fut dans ce pays de prairies et de forêts que se déroulèrent les scènes les plus sanglantes de l'histoire du Valais et que naquit l'indépendance, si chèrement défendue par les générations à travers les âges ; et cette race de vigueur et de santé ne voulut jamais supporter le joug et opposa toujours sa forte poitrine à l'envahisseur, Romain, seigneur féodal, Bernois ou Français. Dans chaque Conchois, il y a un Thomas Riedi, ce simple laboureur qui arrêta l'armée bernoise en 1419 et mourut exténué, sur le triomphal monticule formé par quarante corps de ses ennemis, tués à coups de sa lourde massue de fer. Le dizain de Conches est connu dans les anciens titres sous le nom de Goms ou Oomesia, du nom d'un contrefort, situé avant Lax, et le qualificatif de Conches la Catholique ou le Dizain — e monte Dei swperius, — parce qu'on pré- ['allées de Conches, ßiiui 203 tend que c'est dans ce pays que le christianisme se mani­ festa le plus vite. L'Evêque de Sion y eut, de toute ancien­ neté, des majors et des vidâmes et, au XIVe siècle, un fonctionnaire spécial, nommé recteur du Voilais de Viège en haut, qui exerçait, par un juge, sa juridiction sur tout le pays. 11 y a, de Brigue au Glacier du Rhône, à peu près 50 kilomètres et un service régulier de diligences. Au début, la vallée est large ; elle circule entre des moraines d'alluvions, par lesquelles se justifie aisément l'existence d'un immense glacier descendant jadis jusqu'à Brigue, et soit à droite, soit à gauche, il est facile de voir les érosions, le travail et les détritus du glacier. A quelques cents mètres de Naters, un torrent, la Massa, débouche bruyamment à gauche, d'une gorge sauvage, soufflant le froid et apportant la décharge du grand glacier cVAlctsch. Contre le roc, l'église de Holifluh a peine à se blottir à l'abri d'immenses parois surplombantes. A quelque dis­ tance, d'énormes blocs semés dans une prairie, ombragée de noyers ; d'après la tradition, c'était là que se faisaient les exécutions, au moyen âge ; puis, au loin, dans les massifs, la note aiguë du clocher de Moerel à 7 k. '/2> où aboutit, sur la gauche, le chemin de la Rieder-Alp. Ce village, que l'on, trouve anciennement appelé Morgia, était un fief noble, portant le nom de comté au XIIIe siècle ; il avait deux châteaux, celui de Dirrenberg et celui de Mangepan, détruits tons deux par Pierre de Savoie, en 1251. Les seigneurs de Mangepan tyrannisaient le peuple, selon la légende, et c'est ce qui leur valut ce surnom de mange-pain, mais il est plus logique de croire qu'ils le durent à leurs armoiries, la tête noire d'un tau­ reau avec deux épis de blé dans les narines. A partir de M.arel, la vallée se resserre et au pont de Grengiols, le Rhône est encaissé clans une gorge fort étroite. C'est là que commence la jolie Valiée de Binn longue d'une vingtaine de kilomètres et dans laquelle nous allons pénétrer. Le chemin muletier passe par le village de Grengiols, qui garde des traces d'un château et de maisons seigneuriales du XVe siècle. Au bout d'une heure, la vallée se creuse pittoresquement et le chemin 201 Le Valais serpente dans de superbes forêts de sapins. Là, dans cet aimable val, s'épanouit une nature coquette, avec de gracieux paysages, de belles allées de forêts, d'harmonieux murmures d'eaux, une idylle de grâce et d'intimité et point de ces sites déchiquetés ou trop beaux qui lassent parfois l'admiration. Le chemin franchit un pont que l'on attribue à Charlemagne, et jette, après le croisement de la route de Fiesch, de surplombants lacets sur la gorge pro­ fonde de la Binna ; ce défilé des Tivinyen est une petite merveille de pittoresque, qui ne craint pas la comparaison avec les sites les plus renommés. Le chemin large à peine de deux mètres, se tord, rampe le long de la montagne, saute les gouffres, s'assombrit sous des voûtes, monte toujours au milieu des accidents les plus mouvementés ; de l'autre côté du torrent, ce sont des parois fantastiques, de terrifiants dévaloirs, qui happent les forêts, un bon- dissement de cascades ; parfois des blocs de glace, der­ niers restes des avalanches du printemps, engloutis et serrés dans la crevasse du torrent, y restent jusqu'au cœur de l'été et jettent sur l'eau des arches suintantes. Bientôt les Twingen s'élargissent et une oasis se creuse, verdoyante, ou apparaît, dans le cadre de hautes sommi­ tés, le hameau de Z' Binnen ; a droite, se détache une se­ conde vallée, le Langenthal, orientée dans la direction du Simplon. Puis, c'est Binn, village d'une rusticité mon­ tagnarde, avec son joli hôtel blanc et, plus loin, encadré comme un tableau par la ligne verte des contreforts, VOfenhorn (3213 m.) ou Punta d'Arbola. Binn ou Schmidhœscm, (1,38!) m.) a dû être habité fort anciennement et nous y avons vu des bijoux gallo- romains, découverts dans de nombreuses tombes près de l'hôtel Ofenhorn ; le village a vraisemblablement été sous la domination des seigneurs de Grengiols, qui y conclurent, en 1375, un traité de paix avec les habitants de la vallée de la Tosa. C'est un pays de mœurs simples, où l'on vient très vieux, dans lequel on ne ferme pas les portes pendant la nuit et l'on ne cite pas un seul procès, les habitants ayant un proverbe ainsi conçu : « Qui perd, perd tout, qui gagne ne gagne que sa chemise. » L'église de Binn, Vallées de Conches, Binn 205

située sur un tertre, est fort ancienne et a été restaurée en löül ; la tradition prétend que les curés de cette parois­ se ne meurent jamais. Toute la vallée, jolie à ravir, si fraîche et si solitaire, est d'une richesse géologique renommée et l'on*y4trouve les minéraux les plus rares, les cristaux de roche, la chlorite, l'amphibole, le grenat, la

BINN pyrite, le gypse, la'limonite, le feldspath, la pierre ollaire, la titanite, la diopside, la muscovite, l'actinote, l'amphi­ bole, le talc, l'épidote, la magnetite, la serpentine, l'amianthe, la stilbite, la byssolithe, le titanate de fer, l'a/urrite, la bornite, la wiserine, la tourmaline, l'améthys­ te, le cuivre, l'amiante, le fer oligiste, le baryte, etc. Il y a même quatre minéraux qui n'existent que dans cette 206 Le Valais

région : la binnite, le seléroclas, le jordanite et le dufré- nosyte. Binn a de belles ascensions dans tout le massif, VOfen- horn (3242 m.) VEggerhorn (2502 m.) le Bettlihom (2962 m.) le Mittaghom (3144 m.) VHelsenhom (3274 m.) le Hülleliorn (3186 m.) Un beau réseau de cols mettant en contact la vallée avec l'Italie et les vallées latérales du Valais, serpente de tous côtés, Ce sont, de Binn à Ross- wald et Brigue le Saflisch Pass (2636 m.) ; à Bérisal le HiillePass et le Steinealp (2790 m.) ; à Iselie, le col de Boccareccio ou RiiterPass (2692 m.) ; à Baceno, le col du Geisspfad ou Col délia Rossa (2575 m.), le col d'Al- brun (2,410 m.) et le Kriegalpass ou Passo di Cornera (2580 m.) ancien passage romain, au Val de Formazza, en passant par la merveilleuse cascade de la Tosa, le Hohsandpass (2,927 m.) et enfin à Münster, la Kum- menfurke (2,700 m.) et le Blindenthal. Nous revenons sur Fiesch et la vallée de Conches, en 2 heures, par Ausserbinn, la Binegge et Ernen. Resserrée vers Lax, la vallée se développe à Fiesch (1,071 m.) et forme une plaine gracieuse, la plus riante et la plus fer­ tile de la région. Fiesch ou Viesch avait, au XIIIe siècle, des nobles de ce nom et fut sous la juridiction directe de l'Evêque de Sion ; en 1344, les religieuses Augustines, dites du Mont de Grâce, y établirent un couvent et furent favorisées de certains privilèges par l'Evêque. C'est une jolie station avec de bons hôtels, dans un cirque de belles forêts et sa position au confluent du Rhône et de l'Eau- Blanche, qui apporte du glacier de Fiesch ses ondes fraî­ ches, et assure une température moyenne, même l'été, en fait un séjour climatérique apprécié. Les promenades et les ascensions y sont nombreuses ; les plus connues sont le Glacier de Fiesch, par le Fiescherthal, la Stock-Alpe, beau pâturage, à côté du glacier, la vallée de Binn, le Fieschcrhorn (2934 m.), le Bettmerhorn (2865 m.) et enfin le célèbre Eggishorn, auquel nous allons consacrer quelques lignes. On monte de Fiesch à ce sommet si appré­ cié des alpinistes et des étrangers, en 4 h. l/z à travers de belles forêts et des pâturages richement fleuris ; une halte est facilitée à moitié chemin par le petit restaurant de la Vallées de Conches, lii'im 207

Firnegarten. Au pied de VEggishbrn, le bel Hôtel Jung­ frau (2193 m.) vaste et luxueux établissement, développe sa façade monumentale sur une magnifique esplanade d'où la vue plane sur tout un monde de cimes. De là au sommet (2934 m.) il y a encore deux heures, par un bon sentier. Quand on arrive, encore essoufflé par l'ascension, on a un éblouissement et cela fait presque mal, tant la vision est surnaturelle, stupéfiante, touche au prodige. De tous les côtés, des coins les plus reculés de l'horizon, c'est une floraison do cimes, étagées, échelonnées, une armée de prés, d'arêtes, de pylônes, de pyramides, toute la ville géante des Alpes exaltée dans la lumière, une Babylone de roc, où apparaissent, comme des rues d'argent, la coulée vermeille des glaciers. Au premier plan, c'est le Glacier d'A letsch, formidable océan de glace, le plus vaste de l'Europe, qui roule ses séracs dans une gorge énorme rehaussée d'une colonnade de sommets. Au bas, le joli Lac de Moerjelen, un petit bijou alpestre, où, sur le bleu turquoise des eaux, des glaçons semblent une blanche troupe de cygnes immobiles. Devant nous c'est V Aletschhorn, flanqué du Roihhorn, du Sattelhorn et du Dreieckhom ; sur la droite, se découpant comme sur un émail précieux, le groupe immaculé de la Jungfrau, du Mönch et de VEiger ; puis les créneaux des Fieschhörner, le sinistre Finsteraarhorn et VOberaarhorn, qui domine le glacier de Fiesch. De l'autre côté, toute la chaîne des Alpes valaisannes semble une forteresse de géants, crénelée de glace, le Mt-Iiose, avec les sept fleurons de son sommet, VAlphubel et YAllalin, les Mischabel, le Cervin, le Weis- shorn et tous leurs satellites. A droite, fermant l'horizon, le Mt-Blanc, très lointain, semble un nuage d'argent. Le glacier d'Aletsch porte dans sa partie supérieure, sur un rocher, le petit Hôtel Concordia, situé à 2,844 mètres, bâti par M. Cathrein, le propriétaire de l'hôtel Jungfrau, au point de jonction des quatre plus hauts glaciers du massif et qui commande tous les cols et toutes les ascen­ sions de la région. On va édifier, en 1908, une Cabane alpestre, à peu de distance de l'Hotsl, devisée à fr. 13,000 et dont la moitié des frais est couverte par la section S. A. C. de Grindelwald. 208 Le Valais

La frontière bernoise est formée, en quelque sorte, par le massif énorme et passe sur les sommets du Finster- aarhorn, du Mönch, de la Jungfrau, du Gletscherhorn, du Mittaghorn, du Grosshorn, pour aller rejoindre le contrefort septentrional du Lœtschenthal et de là, pi­ voter, au delà du , dans la direction du Wilds- trubel, après avoir contourné la Gemmi. De l'hôtel Jungfrau, on peut aller à Bel-Alp, en 5 à 6 heures, par un chemin muletier qui permet de jouir de tous les aspects de ce montueux massif. Ce sont d'abord, les jolis pâturages et le lac de Betten, puis les forêts et Palpe de Goppisberg, par lesquels on arrive en 2 h. 1/s à la station de Rieder-Alp (1925 m.) où un hôtel confortable, propriété de M. Cathrein, permet un séjour rendu char­ mant par la beauté des environs et la magnificence de la vue qui s'étend sur les chaînes et les sommets des vallées de Saas et de Zermatt. A 20 minutes, sur le col de la Rieder-Furka (2,075 m.) où M. Cathrein possède encore un petit hôtel, la vue plonge dans le gouffre de 500 mètres, où, strié des rayures grises de ses moraines médianes, l'énorme glacier d'Aletsch se vautre et tord à l'horizon sa vaste boucle qui s'en va vers les sommités géantes ; on descend l'ancienne moraine, convertie en partie en belles forêts où foisonnent les framboisiers et de jolies fleurs alpestres, et l'on passe le glacier sans trop de diffi­ cultés pour, de l'autre côté, gravir les pentes raides qui mènent à VHôtel Bel-Alp, ce qui nous demande deux heures et demie de Rieder-Furka et constitue une des plus intéressantes promenades qu'il soit possible d'effectuer dans les Alpes du Valais. Au-dessus de l'hôtel, la belle villa du baron E. Cassel, un généreux philanthrope. La station de l'hôtel Jungfrau commande, en quelque sorte, à la plupart des passages qui existent à travers le massif puissant des Alpes bernoises. Les plus fréquentés, malgré leur difficulté, sont le col du Mœnch (3,630 m.) qui va en 16 heures à Grindelwald par les glaciers d'Aletsch et de Grindelwald ; le col de la Jungfrau, (3470 m.) entre le Mönch et la Jungfrau et le col de VEiger (3,619 m.) qui vont, en 16 et 19 heures, sur Lauterbrunnen, par la Petite- Scheidegg ; le col de Fiesch (3,755 m.) qui aboutit, en 15 Vallées de Conches, Binn ': 209 heures, à la cabane de la Schwarzegg, dans le massif des Schreckhomer et de là à Grindelwald ; enfin lecold'O&eraar (3,233 m.) mène, en 14 ou 15 heures, au Grimsel, par Grünhorn-Lücke, le Studer-Firn, la cabane et'^e'filacier d'Oberaar. Nous reprenons la voiture à Fiesch, de retour de PEggishorn. Snr la rive gauche du Rhône, dans les prés verts, les villages d'Ernen et de Mühlibach ; le premier, chef- lieu*du dizain, et lssrcondqui donna naissance au cardi­ nal Schiner, en 1456, et dont on montre encore la cabane

LAC MERJELEN natale. A Mühlibach aboutit la petite vallée de Rappen, qui descend du massif de l'Ofenhorn. De Fiesch, la vallée du Rhône perd de son aspect riant et la pente de la route s'accentue. Les villages défilent un à un, tous propres, avec de beaux chalets noirs et de jolies églises qui ont l'air de souhaiter la bienvenue. Ce sont Bellwald, Niederwald, (1,254 m.) puis Blitzingen, Biel, Ritzingen, et Gluringen, qui formaient ce qu'on appelait jadis le Comté. Puis, dans un cirque verdoyant, le gros village de Münster (1,354 m.) et 34 kil. de Brigue (Monas-

11 210 Le Valais terium), chef-lieu du Haut Conches. Une ancienne niai- son, actuellement convertie en hôtel, fut habitée par les Nobles De Riedmatten, au XVI0 siècle. De Münster, on fait fréquemment l'ascension du Lœffelhorn (3,098 m.) dont la vue de sommet rappelle un peu celle de l'Eggis- horn et embrasse un vaste panorama de cimes et de gla­ ciers et l'on peut atteindre Airolo par le Nufenenpass (2,440 m.) et par le Griesspass et le St-Giacomojjass (2,308 m.) en une journée. C'est en outre _une agréable station de séjour. Après Gesehenen, lieu de naissance de^jl'évêque Hildebrand Jost, Ulrichen (1,349 m. et 38 k. de Brigue) qui eut ses seigneurs, alliés plus tard avec les De' Werra, dont les armoiries 'ont conservé l'aigle éployée'de leurs armes. C'est à Ulrichen que l'intrépidité des Valaisans a, à*deux reprises, triomphé des envahisseurs*cle leur pays et que deux victoires ont été remportées, l'une en 1211, sur les 13,000 hommes du duc Berchtolcl de Zseringen, l'autre sur une armée bernoise, également forte de 13,000 hommes, en 1419. Pendant longtemps deux croix de bois rappelèrent l'héroïsme des héros montagnards, et ce fut seulement en 1905 qu'un monument commémoratif fut élevé. A Egmen, s'ouvre la vallée d'Aiguesse ou Eginenthal, gorge agreste qui gagne le massif du Glacier des Gries et aboutit, en 4 heures, au Col des Gries (2,450 m.), fron­ tière italienne, et au Val Formazza, où se trouve la gran­ diose Cascade de la Tosa, qui se précipite, en trois chutes d'une hauteur de 150 mètres. Après Haut-Châtillon (Obergestelen) (1,309 m.), Ober- wald (1,371 m.) est le dernier village avant d'arriver au Glacier du Rhône, à l'entrée de la sauvage vallée de Geren, que termine le col\de Geren (2,750 m.) aboutissant au Val Bedretto, où le Tessin a sa source. La route monte peu à peu, le long du jeune fleuve qui s'ébroue joyeusement dans les rochers, avec une turbu­ lence juvénile. Le paysage devient austère, la végétation s'appauvrit,^les bois d'aroles de sapins s'éclaircissent ; puis les gazons apparaissent, marbrés d'éboulis ; on sent (Cliche E Pasche, Sion.) STATION DE GLETSCH ET LE GLACIER DU RHONE 212 Le Valais l'approche du glacier et la fraîcheur de son haleine. Enfin il apparaît, dominant la petite cité que forment les Hôtels de Gletsch et leurs dépendances, formidable cascade d'azur aux vagues cristallisées, qui tombent entre les hautes portiques du Galenstick et du Gerstenkorn, avec ses volutes d'argent et ses beaux séracs scintillants. Aucun glacier n'est plus monumental, n'a une plus imposante architecture ; la glace prend toutes les formes, pylônes, pyramides, obélisques, ogives ; on dirait une Ninive d'azur, quelque castel chimérique aux remparts de saphir. Il semble que la nature ait voulu réaliser quelque tableau empreint d'un art divin, avec cette multitude d'aiguilles ajourées, ces gouffres bleuâtres, ces pics tremblants penchés sur l'abîme, toute cette majesté tourmentée et resplen­ dissante des nuances vives d'aigue-marine et de lapis- lazuli. Le glacier se subdivise en deux parties superposées, très distinctes l'une de l'autre ; elles sont séparées par une magnifique cascade de glace, qui n'a pas d'équivalent dans le monde des Alpes. La partie supérieure, qui forme le réservoir, mesure environ 8 kilomètres de long sur 1 à 4 kilomètres de large. C'est un vaste cirque, que dominent de tous côtés de hauts sommets, le Galenstock, le Furkahorn, le S chneesiock,\e Rhonestock, le Gerstenkorn. M. Joseph Seiler, le propriétaire des Hôtels de Gletsch, fait établir autour de ce champ de glace un chemin, le Bou ~vard des Glaciers, qui permettra d'en faire le tour comi' ot. La masse du glacier descend peu à peu, se rétré­ cit et se trouve soudain précipitée dans le vide, formant une belle chute de glace le long de la paroi, sur quatre cents mètres de hauteur environ. Au-dessous de la cascade, les blocs se rejoignent, se soudent et le glacier se reforme sur un plan incliné, qui s'arrondit en forme de conque et forme sur le sol un large éventail, strié de crevasses bleues, frangées d'argent. Puis une voûte s'ouvre, d'où sort le jeune fleuve, qui se rue à travers un terrain désolé, taché de plaques d'une maigre végétation, encombré des débris de la lutte éternelle des éléments. Aucun glacier n'a été aussi soigneusement étudié et n'a été l'objet d'aussi nombreuses observations que le glacier du Rhône ; à la beauté de la nature, la science ajoute le Vallées de Conches, ßi/ni 213 puissant intérêt de ses reconstitutions. Elle nous apprend, grâce aux études des Venetz, des Charpentier, des Agassiz, des Forbes, des Desor, des Guyot, des Escher de la Linth, des Mortillet, des.Soret, des Forel, que là se trouvait la source de cet océan immense de glace qui, aux époques préhistoriques, recouvrait de ses flots immobiles toute la Suisse, allait jusqu'à Aarau, se soudait à l'Est et au Sud aux glaciers de l'Isère et de la Durance, remplissait tout le Valais, comblait le lac de Genève sur 1000 mètres de hau­ teur, dépassait Lyon et s'épanchait, par le couloir du fleuve actuel jusqu'en Provence, près de Château-Arnoux, à 16 kilomètres en avant de Sisteron. Et cela à n'en pas douter ! Obéissant aux mêmes lois à travers les siècles, toutes les masses de glace descendent lentement des gorges, creusant et polissant le roc dans leur descente ; partout le terrain occupé par le glacier présente les mêmes stries, les mêmes roches moutonnées, les mêmes cannelures longétudinales et parallèles, qui indiquent la pression et le sens de la marche du fleuve de glace ; par­ tout également on retrouve les matériaux morainiques, le cailloutis glaciaire qui dénotent la présence des glaciers et les immenses blocs erratiques de nature granitique apportés des hauts sommets par les chemins de glace affluents, véhiculés par l'incessante traction du fleuve frigide et laissés là quand il s'est retiré. MM. E. Faisan et E. Chantre ont fait une étude parti­ culièrement complète du Glacier du Rhône, dans leur bel ouvrage : Monographie géologique des anciens glaciers et du terrain erratique de la partie moyenne du bassin du Rhône. Avec eux, nous pénétrons dans les ténèbres de ces époques reculées, nous voyons le glacier du Rhône, au moment de sa plus grande extension, s'élevant à 3,550 mètres sur les flancs du Schneestock et du Furkahorn, laissant des traces très visibles à 2,800 mètres, transportant des blocs erra­ tiques sur l'Eggishorn ; puis descendant le long de la vallée, avec 2,100 mètres de hauteur à Plllhorn, 2,082 à l'Arpille, au-dessus de Martigny, 1,650 mètres sur le flanc de la Dent de Morcles. Nous voyons le formidable glacier tra­ versant le Léman et se partageant là en deux bras, n'ayant plus que 1352( mètres de hauteur sur le Jura. On retrouve partout les roches striées, les mox'aines et les blocs orra- 214 Le Valais tiques, les traces indiscutables de la présence du glacier. Actuellement le glacier a reculé, vaincu par la loi inexo­ rable et mystérieuse qui régit la matière ; il s'est retiré, chassé de son immense domaine et semble vouloir, dans son dernier refuge, se vêtir de la suprême beauté des choses qui meurent. D'après M. le Professeur Forel, de Morges, voici les diverses distances constatées au front du glacier jusqu'à l'angle S. E. de l'Hôtel de Gletsch, d'après les moraines et la levée des plans. Distance du nlarier de rcmplacomenl de l'hôtel En 1677, d'après Goset 50 mètres 1777, » Besson 260 » 1818, »> Forel et Dufour 10S » 1826, »> Venetz 500 » 1870, »> Forel et Dufour 600 » 1879, »> Gcsset 1082 » 1880, » » 1134 » 1904, » Forel 1670 » 1905, » » 1681 »

(Cliché E. Pasche. Sion.i GLACIER DU RHONE (Partie supérieure) BELVEDERE ( Cliché E. Pasche, Sion.) 216 Le Va la in

UHôtel du Glacier du Rhône, dont le propriétaire est M. Joseph Seiler, est un des établissements lf s plus renom­ més de la Suisse, où passe, chaque saison, une armée de tou­ ristes. Il est à l'intersection des deux routes des cols de la Furka (2,436 m.) et du Grimsel (2,164 m.) (frontière bernoise), desservies par les diligences fédérales et qui aboutissent, la première, avec 40 kil., à Gœschenen, dans le St-Oothard, la seconde, avec 37 kil., à Meiringen, tête de ligne du chemin de fer du Briinig, et pénètrent au cœur des massifs les plus considérables des Alpes. De Gletsch, la route fédérale et stratégique de la Furka longe et surplombe peu à peu le glacier et l'on se rend compte de la grandeur de cette haute citadelle de glace. A 2,300 mètres, sur une esplanade près du glacier, la station et l'Hôtel Belvédère, propriété de M. J. Seiler, dans une position particulièrement intéressante ; d'un côté c'est le merveilleux panorama des Alpes Valaisannes, aperçu par dessus la vallée de Conches ; de l'autre c'est le spec­ tacle de la cascade du glacier ; de la véranda de l'hôtel on surplombe les séracs géants, les crevasses bleuâtres, toute l'architecture tourmentée, dont aucun obstacle n'atténue la splendeur. Belvédère jouit d'une délicieuse température en été et c'est un centre renommé d'excur­ sions : au Känzli, sorte de promontoire qui domine le plateau supérieur du glacier, au Längisgrat, au Miitthorn la traversée du glacier sur Innerkirchen, au Galenstock, au Grand et au Petit Furkahorn. Comme dans la plupart des vallées du Valais, il existe un projet de chemin de fer électrique, qui doit desservir toute la vallée de Conches, traverser en tunnel le col du Grimsel et rejoindre à Meiringen le réseau de la voie ferrée de l'Oberland bernois. CHAPITRE XV

Le Valais, terre des légendes.

Les légendes foisonnent dans le Valais. Chaque vallés a les siennes que l'on raconte, le soir, avix longues veilléee d'hiver, autour du foyer qui pétille et met une couronne de feu au front des vieux sarments tordus, pendant que le vent souffle au dehors et vient frapper en rafales pres­ sées, comme des 'mains qui tâtonnent aux vitres cerclées de plomb des chalets enlinceulés de neige, perdus dans la solitude désolée de la montagne immense. Au loin, l'avalanche gronde et, clans la gorge profonde, le torrent gémit en entrechoquant, dans un cliquetis sinistre, de tumultueux glaçons. Alors, ce peuple naïf et bon rêve, et en lui les grandes forces de la nature prennent des formes, deviennent vivantes, s'incarnent dans des génies ou clans des monstres et les légendes, essaim bariolé, prennent leur vol sur les ailes de l'imagination populaire. Les légendes du Valais sont nombreuses, innombrables plutôt et extrêmement curieuses ; comme beaucoup sont fort anciennes, elles sont semblables à des fleurs poussées, vivaces, et étranges, aux fentes de l'histoire. Dans la plupart d'entre elles, le peuple valaisan a donné libre car­ rière à ses besoins de merveilleux ; il a exalté sa jovialité, sa simplicité, son désir de savoir, sa naïveté charmante et tout cela s'est épanoui en récits drolatiques, sentimentaux, terribles. Plusieurs auteurs ont collationné ces récits, entr'autres MM. Kuppen et Tscheinen, dans leurs Lêgen- 218 Le Valais des valaisannes, Mario dans quelques-uns de ses ouvrages ; plusieurs des légendes que nous allons raconter sont tirées de ces volumes ; d'autres, nous ont été narrées à la monta­ gne, par des pâtres ou des guides, aux sou's légers où l'on se repose d'une course alpestre et de ses fatigues exquises, dans la paix du crépuscule qui descend.

La Tour de la Batiaz, qui dresse au-dessus de Martigny sa dure silhouette a de nombreuses légendes ; deux des plus connues sont celles des Trésors de la Batiaz et de la Dame Rose, que voici : On croyait que la vieille forteresse contenait de grands trésors ; un homme, hanté par cette idée et sans en rien dire à personne, résolut de s'emparer du magot et donna l'ordre à sa femme de lui confection­ ner un certain nombre de petits sacs en toile, destinés à le transporter. Sa femme, curieuse, raconte l'histoire un peu partout, comme cela va de soi. La nuit de Noël, aux pre­ miers coups de minuit, l'homme entrait dans les ruines, avec ses sacs et divers ingrédients cabalistiques, entr'au- tres une touffe de mousse verte cueillie sur la fosse d'un être humain comptant cent ans de sépulture ; sous son bras, il portait un superbe chat noir. Soudain, une voix rauque lui dit : « Veux-tu une prise de tabac ? •> et un bras se tend vers lui, exhibant hors de la ligne d'ombre une grosse tabatière d'argent serrée dans de longues griffes noires. Il y plonge les doigts, sans se laisser trop déconcer­ ter et éprouve comme un coup d'aiguillon vers la nais­ sance du pouce, pendant que deux yeux ardents piquent les ténèbres de deux tisons de flamme. Presque aussitôt l'apparition prend la forme d'un gigantesque lézard et se met à grimper avec agileté, suivie du chat noir, le long des murailles, pour bientôt disparaître par dessus les cré­ neaux. Affolé à cette vue l'homme perdit la tête et, après avoir erré toute la nuit autour des ruines, il fut découvert le matin par des vignerons et reconduit chez lui. Le matin suivant, on le trouva mort dans son lit. Salvan a des traditions de sorciers et de démons qui con­ trastent avec la douceur de ses sites. Pendant longtemps on brûla des sorciers et avec eux leurs maisons ; leurs des­ cendants portaient le surnom de Machurés, en patois Le Valais, lern1 des légendes 219

Mazeros ; c'est, encore aujourd'hui, la plus grande injure qu'on puisse jeter à un homme. Mais il a une histoire de trésor, à la fois terrifiante et comique. La montagne, au- dessus des carrières de Vernayaz, recèle dans ses flancs un trésor immense, caché dans une caverne par Maximi- lien d'Autriche, qui le commit à la garde du diable. Ce doit être un coffre énorme, rempli d'or et de diamants, ou, au dire d'autres, un modeste veau d'or massif. Une fois chaque année, dans la nuit de Noël, à minuit précis, le coffre s'entre-bâille et l'on peut y plonger des doigts pré­ varicateurs, mais il faut passer sans trembler au milieu des apparitions les plus effroyables que puisse enfanter un enfer bien outillé, arriver à la minute exacte et s'enfuir immédiatement. Plusieurs ont déjà tenté l'entreprise et l'un d'eux a raconté que sur le point d'arriver, il fut arrêté sur un pont par deux boucs énormes qui luttaient en se heurtant le front avec tant de violence, que, de leurs cor­ nes, jaillissaient des étincelles. Une fois pourtant, deux hommes, protégés par les prières du curé de Salvan, par­ vinrent au trésor, il y a de cela bien des années, mais le nom de ce curé, véritable saint, s'il en fut jamais, vit enco­ re dans la mémoire des gens du village ; il s'appelait Po- chon : « Allez au trésor, avait-il dit à ces hommes, et ne craignez rien ; prenez autant que vous pourrez, sans vous laisser gagner par la frayeur, quoi que vous puissiez voir ou entendre, car, de l'église où je serai, je travaillerai pour vous et le diable n'aura sur vous aucun pouvoir ! >> Ils y allèrent ; des feux étranges illuminaient la caverne où reposait le trésor, et sur le coffre, un gros bouc était ac­ croupi. Ils le forcèrent à se lever et l'animal leur dit, avec des regards flamboyants : « Heureusement pour vous que Pochon pochonne ! Si Pochon ne pochonnait pas, vous seriez perdus ! •> Ils ouvrirent le coffre et des ondes bruissantes d'or vinrent au-devant de leurs yeux ; ravies, leurs mains s'y plongèrent d'elles-mêmes et puisèrent lar­ gement. Mais des secousses terribles agitaient la caverne, des flammes furieuses jaillissaient de partout et ram­ paient en les enveloppant peu à peu ; des craquements leur firent lever les yeux et, au-dessus de leurs têtes, ils virent d'énormes meules suspendues par des fils menus 220 Le Va In in que le feu dévorait. C'en était trop pour un courage hu­ main et, abandonnant le trésor, ils se sauvèrent éperdû- ment. Les voyant revenir, le curé leur dit : « Je vois bien que le courage vous a manqué ; c'est un grand tort de ne pas avoir eu confiance en moi, car d'ici je vous protégeais et vous étiez invincibles ! » Il avait, en effet, travaillé avec tant d'ardeur, que durant l'opération, il avait dû changer sept fois de chemise.

Les vallées de la Dranse sont fertiles en légendes et en traditions bizarres et particulièrement la vallée de Bagnes. C'est l'histoire des Dos Rôtis et de Michelet, qui raconte comment le pâto (homme qui fait les fromages) des alpages de Chermontane enflammait, grâce à une puis­ sance mystérieuse, les habits des rôdeurs valdostains qui venaient marauder dans la montagne, ou celle du Coq de Cries, se rapportant à un conseiller municipal qui ren­ contra un beau matin une immense cavalcade de cavaliers sans tête, galojjant dans la vallée, ou encore celle de la Brebis Rousse qui protège les bergères des apparitions malfaisantes, de la Fée des Creux qui épouse un paysan, soigne sa famille, apporte le bonheur et la richesse chez lui, mais ne veut pas qu'on l'appelle fée et s'en va, pour ne plus revenir, le jour où ce mot a été prononcé, et le Bouc de la Croix de Cœur, qui apparaissait tous les soil's et disparut tout à coup en emportant sur son dos un berger téméraire qui voulut le braver. La Grenière de la Forêt de Peiloz est encore plus extra­ ordinaire. Sur les bords d'un torrent qui coule entre les forêts de Peiloz et da Bouthier, habitait, dans une galerie souterraine, une sorcière dite la Grenière, sage-femme et rebouteuse qui tuait tous les petits enfants qu'on lui confiait, sans qu'on J3ut savoir de quoi ils étaient morts. Tout ce qui l'entourait, chambre, ustensiles, et meubles avait une forme triangulaire ; quand elle se couchait dans les prés, un bourdon s'échappait de sa narine gauche, tournoyait en spirale dans l'air et allait porter malheur au loin, jeter des épidémies sur les bestiaux, semer la grêle sur les campagnes, déchaîner les tempêtes et faire sombrer les vaisseaux sur les mers. Pendant ce temps, la Le Valais, terre des légendes 221 sorcière était plongée clans une profonde léthargie, dont elle ne sortait que lorsque le bourdon était rentré dans sa narine droite, après avoir opéré sa spirale en sens inverse. Comme elle tua un mendiant que l'on trouva pendu chez elle, on la mit en accusation devant l'abbé de St-Maurice ; on lui appliqua la torture devant la chapelle de St-Marc, mais elle supporta les plus terribles supplices en souriant sans qu'il soit possible de la faire parler, jusq'au moment où l'on lui mit sur les épaules le drap des condamnés, grand manteau noir orné de larmes blanches et portant au centre les neuf P en losange

' P P P P P P P P P inscription que le peuple traduisait par :

Pauvre Peuple, Paie, Peine, Prends Patience Pour Pénitence Potence

Aussitôt que la sorcière sentit ce vêtement sur elle, elle se mit à vomir les plus horribles invectives contre tout le monde et fit les aveux de ses innombrables mé­ faits, qui furent si longs qu'on dut appeler- un troisième secrétaire pour les enregistrer, les deux premiers n'ayant pu suffire. Elle fut condamnée à mort ec exécutée devant la chapelle de St-Marc, à quelques minutes de Châbles ; quant à sa vilaine âme, elle fut envoyée au fond de la mer, dans laquelle elle avait fait périr tant de vaisseaux et condamnée par la justice divine à y lier du sable, au moyen d'une corde, l'éternité durant. Une tradition commune à beaucoup de pays est la vouivre ou ouivre, dragon, chimère ou serpent gigantesque, monstre cuirassé d'écaillés luisantes, qui souffle une ha­ leine de feu, dévaste toute la contrée en creusant des sillons comme une charrue et habite une caverne encom- 222 Le Valais

brée d'ossements humains. Bagne en a plusieurs, la Voui- vre de Changremaux, qui brûlait toute végétation et faisait disparaître toutes les récoltes, puis le Dragon du Col de Jorat, le Serpent géant de Louvie et le Dragon volant de Vacheret, qui avait une longue queue en dia­ mants. La vallée d'Entremont est plus sobre en légendes, terribles ou merveilleuses ; toutefois celle des Quilles du Catogne est fort émouvante. Jadis, le Catogne, montagne bouleversée et grandiose, qui sépare Champex d'Entre­ mont, était le plus beau mont du pays, avec de superbes vaches qui paissaient dans d'opulents pâturages. Les mon­ tagnards étaient tous riches et heureux, mais leur cœur s'endurcissait et ils ne respectaient plus rien ; ils allèrent même jusqu'à faire un jeu de quilles avec des pelotes de beurre. Le bon Dieu, fatigué de leurs abus, descendit du paradis, et déguisé en vieux mendiant, vint leur demander la charité. Mais tous se moquèrent de lui, sauf un homme nommé Gédéon. Dieu se révéla alors et leur annonça que le châtiment était proche ; puis il partit, entraînant Gé­ déon et lui recommandant bien de ne pas regarder der­ rière lui. Le tonnerre éclata et toute la montagne sombra dans un formidable cataclysme. Gédéon se rappelant qu'il avait oublié sa fourchette dans son chalet, regarda en arrière et vit les vaches, les bergers et les maisons lan­ cés dans un tourbillon effroyable ; en même temps, un éclair fulgurant lui envoya sa fourchette dans l'œil. On ne retrouva jamais-rien de l'alpage et des habitants du Cato­ gne qui fut changée en la montagne escarpée et aride, dont on voit de si loin la crête calcinée et que l'on appelle encore aujourd'hui montagna viria (montagne renversée). Sion a sa légende de la Cloche de St-Tliéodule, repro­ duite par les médailles du musée de Valère. Le pape avait fait cadeau d'une belle cloche à saint Théodule, premier évêque du Valais ; mais celui-ci ne savait comment la faire transporter à Sion. Le diable vint lui proposer de se charger de ce transport, qui se ferait sur son dos, en une seule nuit, l'évêque par dessus ; il ne mettait à cela qu'une condition, c'était que l'âme du prélat lui appartiendrait pour l'éternité s'il arrivait à Sion avant le chant du coq. Le Valais, ferre des légendes 223

L'évêque accepta et le même soir, Satan, chargé de la cloche sonore, à laquelle saint Théodule se tenait cram­ ponné, se mettait en route, d'un coup de son aile de ténè­ bres. Les plaines et les villes sont franchies avec une rapi­ dité forcément infernale et le col par lequel le diable, por­ tant l'évêque et sa cloche, arriva dans le Valais, s'appelle depuis Col St-Théodule. Longtemps avant l'aube, Satan avait atteint la vallée du Rhône et le jour était encore loin, lorsqu'il parvint sous les murs de Sion. Tout heureux d'avoir gagné une âme aussi précieuse, il prenait son élan pour franchir le rempart, lorsque l'évêque cria :

Coq, chante Que tu chantes. Ou plus jamais tu ne chanteras !

Aussitôt une claironnée aiguë résonna dans la nuit mal­ gré l'heure matinale, tous les coqs de Sion avaient répondu à la voix de St-Théodule et c'est même à dater de ce jour que les coqs chantent de si bon matin. Satan vaincu, laissa choir la cloche qui s'enfonça de plusieurs pieds en terre et il disparut sans même prononcer une parole. La légende d'Anniviers est plus historique et d'un mys­ ticisme charmant. Les Anniviards qui passent pour des­ cendre des Huns, chassés d'Italie, furent longtemps ido­ lâtres et barbares ; le baron Witschard de Rarogne fit vœu, devant l'évêque de ne plus se raser avant que les païens d'Anniviers fussent détruits ou amenés convertis à la cour épiscopale. Battu par les Anniviards, le baron reçut la visite d'un nain, nommé Zacheo, qui lui demanda le livre de l'Evangile que lui avait donné l'évêque et se faisait fort de convertir les terribles barbares. Ceux-ci se laissent d'abord fléchir, mais à la voix de leur chef, ils condamnent Zacheo à être précipité dans la grande cre­ vasse du Weisshorn ; celui-ci peut sortir de la crevasse sain et sauf, et croyant à un miracle, les Anniviards se convertissent et reconnaissent le nain comme leur prêtre. Un auteur genevois, M. Marcel Guinand, a écrit sur cette légende un acte en verî qui a été représenté à Vissoye, en 1905, avec un certain succès. 224 Le Valais

Naters a aussi sa vouivre, une des plus féroces de celles dont l'imagination primitive a peuplé le Valais. La cruauté du monstre dépeuplait la vallée, que terrorisaient encore les exploits d'une bande de brigands. L'un de ceux- ci fut pris et condamné à être pendu, et il demanda, au lieu du supplice infamant à combattre le monstre. On lui accorda sa grâce à cette condition et vêtu d'une cotte de cuir hérissée de lames aiguës et tenant à la main un poi­ gnard béni par le curé de Naters, il alla au-devant du monstre et réussit à le tuer, mais il périt de ses blessures affreuses. La vallée de Zermatt a de nombreuses traditions ; ses lutins, esprits, gnomes et démons sont bons enfants et ses nains emplissent parfois le tablier des vieilles femmes de charbon, qui se changent en lingots d'or massif. Elle a aussi son Chat Noir qui devient grand comme une monta­ gne, quand on lui barre le passage, son Trésor de Findelen, révélé à un montagnard par un inconnu, son Juif errant et ses Ames Maudites qui se désolent dans les crevasses des glaciers. Une tradition attribue la formation du Cervin à Gar­ gantua, à une époque où tout le pays n'était qu'un riche pâturage, où les bergers jouaient aux quilles avec des boules de beurre, où le lait était si abondant, qu'il for­ mait des lacs dans lesquels se baignaient les troupeaux. Curieux de voir ce qui se passait de l'autre côté de la chaîne formidable, le géant l'enjamba et sous ses pieds en fit crouler vine partie, conservant entre ses jambes la pyra­ mide du Cervin, qu'il n'avait pas touchée et qui témoigne de sa force et de sa grandeur. Une légende commune à plusieurs vallées du massif des Alpes est celle, très touchante, de la Noble Milanaise. Un berger rencontra une fois, dans une région sauvage, une dame de distinction qui se dirigeait vers le glacier ; elle était jeune et belle et de bonne, façon, sans chapeau avec ses cheveux ruisselants sur ses épaules ; elle était couverte de bijoux précieux et cheminait avec un bâton à la main, pieds nus sur les pierres acérées ; son visage altéré montrait les traces de larmes abondantes. Le berger ui demanda pourquoi elle se trouvait seule dans^un pareil Le Valais, terre lien légendes 228 endroit et en pareil attirail, supposant qu'elle s'était éga­ rée. « Non, bon jeune homme, répondit la dame, je ne suis pas égarée, je suis vraiment venue ici sans être accompa­ gnée, sans cheval; sans domestique, sans chapeau, sans souliers et j'arrive à l'instant d'une grande ville et d'un brillant palais ; mon corps est encore chaud à Milan sur mon lit de mort, autour duquel mes parents pleurent amèrement leur fille. Dieu m'a condamnée à faire expia­ tion dans ce glacier, parce que, durant maVie, j'ai à peine foulé la terre, que j'allais toujours dans vine voiture, que je redoutais toute peine et tout effort ; voilà pourquoi, en punition de ma mollesse, je suis condamnée à errer dans cette solitude sauvage, pieds nus, par la pluie, le froid, et l'orage et à faire pénitence sur ce glacier ! >> A ces mots, un épais nuage noir, accompagné d'une giboulée glaciale, enveloppa l'aimable figure, qui disparut aux yeux du berger et il ne put, malgré ses cris et ses recherches, re­ trouver sa trace. La vallée de Saas a sa curieuse légende du Mort â'Aima- gel. On trouva un jour à Saas, dans un chalet de l'Almagel, le cadavre d'un inconnu qui, sans doute, avait tenté de traverser les montagnes en hiver et, saisi par le froid et la tourmente, s'était réfugié dans ce chalet, où il avait dû s'endormir pour ne plus se réveiller. Comme on ne savait pas si c'était un chrétien ou un hérétique, on l'ensevelit non loin de là dans les sables. Mais quelque temps après, les passant remarquèrent qu'une main du mort sortait du sol, en même temps qu'un oiseau faisait entendre un chant merveilleux. Quand on eut recouvert la main, ce fut alors un pied qui vint au jour. On eut beau creuser une fosse plus profonde, et entasser du sable par dessus, il en sortait touj ours un pied ou une main, et le même oiseau reprenait sans se lasser son admirable mélodie. Alors seulement on eut l'idée d'exhumer le cadavre et de le transporter jusqu'à la paroisse pour le placer sur le mur du cimetière, qui avait le don d'indiquer si les morts étrangers trouvés dans la montagne étaient catholiques ou appartenaient à une autre confession. L'épreuve n'était pas longue. Le mort déposé sur ce mur était-il, pendant la nuit, jeté hors du cimetière, on le regar­

ni ââo Le Valais dait comme un hérétique. Etait-il, au contraire, le matin sur la terre bénite, on tenait pour certain qu'il était catho­ lique. Le lendemain, à la joie universelle, le cadavre fut re­ trouvé au milieu du cimetière. La vallée de Conches a un grand nombre de légendes, dont la plupart se rapportent au grand glacier d'Aletsch, qui joue vm rôle important dans l'imagination des monta­ gnards. Les deux plus typiques sont les deux suivantes, le Professeur et ses élèves et la Vieille Schmidjà. — Un religieux qui était aussi professeur vint un jour avec ses élèves dans la vallée d'Aletsch pour voir le gla­ cier. Mais à peine eurent-ils tous ensemble mis le pied sur la glace qu'il les rappela et ne voulut plus leur permettre d'avancer. Et, comme surpris de cette défense, ils lui en demandaient le motif, il leur répondit : — Si vous saviez ce que je sais, et si vous pouviez voir ce que je vois, vous n'oseriez faire un pas en avant. De plus en plus intrigués par cette réponse, ils le pres­ sèrent de s'expliquer. Alors le religieux, mettant un doigt sur sa bouche pour lui imposer le silence, murmura avec effort : — Parce que le glacier est rempli d'âmes en peine... Puis voyant que quelques-uns secouaient la tête d'un air de doute, il dit à l'un d'eux : — Place-toi derrière moi et pose ton pied droit sur mon pied et regarde par dessus mon épaule... Mais aussitôt le jeune homme recula d'épouvante. La crevasse azurée était remplie de tant de têtes qu'on n'aurait pu poser un pied entre elles. La vieille Schmidjà. — On voyait autrefois, non loin du glacier d'Aletsch, une petite maison en bois noircie par le temps. C'était là qu'habitait la vieille Schmidjà, la bonne et pieuse veuve, l'amie des âmes infortunées et de tous ceux qui avaient péri sur le glacier. Lorsque pendant les longues nuits d'hiver, elle filait, active et recueillie, une prière fervente montait de son cœur pour les pauvres âmes attirées par la lumière de sa lampe qui, chaque soir, se pressaient affolées et transies autour de son chalet et dont elle reconnaissait la présence sous ses fenêtres à un bruis­ sement mystérienx et plaintif. Le Valais, terre des légendes 227

Bien plus, dans sa compassion, au moment d'aller se coucher, elle laissait la porte entr'ouverte pour que la dolente cohorte put entrer et se chauffer à son feu. Ainsi consolées, les âmes repartaient au son de l'angelus du matin. Quand Schmidjà, qui était parvenue à un grand âge, vint à mourir, les deux femmes qui l'avaient soignée virent tout à coup une vive lueur illuminer la maison et, courant à la fenêtre, elles aperçurent comme une longue file de cierges qui cheminaient du côté du glacier et s'étei­ gnaient un à un aussitôt qu'ils y arrivaient. « Ce sont les pauvres âmes, firent-elles, qui accompagnent l'âme de leur amie et lui rendent le feu qu'elle leur a prêté pendant sa vie. D'autres traditions prennent comme décor les solitudes grandioses du Glacier d'Aletsch ; telles sont VOndine de la Massa, la Belle Emma qui se rendait, deux fois par année, à la Danse des Morts avec ses compagnes, et le terrible Rollibock, ou bouc diabolique, qui écrasait les monta­ gnards sous les éboulements de terre, de sapins, et de gla­ çons qu'il précipitait dans la vallée avec ses cornes aiguës, en poussant des cris retentissants. La vallée de Binn a ses Sorciers et sa Fée Maudite qui égarait les troupeaux sur l'alpe de Rosswald et fit mourir la comtesse Anna, au sommet du Bettlihorn. Pour terminer, citons l'impressionnante légende de la Procession des Morts à Bellwald. — Un homme de Bellwald, Fabier Ritz, rencontre un soir, après l'angelus, la procession des morts dans laquelle il reconnaît parfaitement son beau-père et plusieurs autres personnes. En avant de tous les autres marchait un mort portant une croix blanche qui resplendissait comme le soleil. Les autres marchaient deux à deux et la procession pouvait avoir un quart de lieue de longueur. Elle était divisée en quatre groupes et chaque groupe avait un prêtre en surplis, avec barette et manipule. CHAPITRE XVI

La flore du Valais

La végétation qui s'étend sur la longue vallée du Rhône, du Bouveret aux sources du fleuve et des berges de celui-ci aux sommets des montagnes valaisannes, est de composition extrêmement variée, fort riche en espèces, marquée d'un cachet spécial, l'une des jjlus particulières de la Suisse et l'on peut dire que, les Grisons exceptés, le Valais est celui de nos cantons qui offre la flore la plus abondante et la plus remarquable. Depuis les plantes méditerranéennes, qui s'étalent en des irridiations dont les causes sont encore en partie inex­ pliquées, le long des coteaux brûlés du Valais, jusqu'à celles des zones polaires, on rencontre dans ce canton, les flores de tous les climats de l'Europe. Tandis que le grena­ dier et l'amandier surgissent des fentes des rochers sédu- nois, que l'Adonis des Cévennes, l'Armoise maritime (sous une forme valaisanne), l'Ephedra des steppes asia­ tiques et tant d'autres illustres étrangères se sont accli­ matées et ont élu domicile dans la plaine du Rhône depuis des milliers de siècles, sans aucun doute, on haut frémis­ sent sous l'âpre vent des hauteurs, l'Azalée alpine, la Potentille des neiges, la Renoncule des glaciers. Cette flore valaisanne, comme celle de la Suisse en géné­ ral, peut être considérée comme la synthèse de celle du continent européen. Le lumineux littoral méditerranéen lui a envoyé ce curieux Adonis vernalis, dont les grands La Flore du Valais ±2'.)

soleils d'or flamboyent en mars, sur les pentes les plus arides des coteaux, le brillant Ranunculus gramineus, la Rue, la Giroflée jaune, la grande Pervenche, l'Iris bleu et jaune, YAsplenium Ceterach, le Colutea, le Fenouil, le Chardon Marie, l'Achillée jaune, la Laitue venimeuse, le Bulbocode, l'Anémone violette, la Valériane rouge, l'Hy- sope, les Ononis, la Sclarée, le Telephium Imperati, PArgousier, etc. Dans les lieux les j:>lus chauds et les plus secs croît cette curieuse Ephèdre, qui est un enfant du Valais, puisque elle est devenue une espèce propre à ce terrain où elle a modifié l'aspectet les caractères du type asiatique. Li'Ephe­ dra Helvetica est bien l'une des plus curieuses d'entre les plantes de notre Suisse ; c'est une sorte de conifère (Gnétacée) qui a l'aspect d'une Prêle et dont les fruits bacciformes rappellent ceux de l'If. En automne, ces fruits rouges égayent les pentes des murailles et donnent aux rochers où ils égrènent leurs couronnes de corail un aspect enchanteur. La période xérothermique, qui a succédé à l'époque glaciaire, a apporté sur l'aile des vents chauds et violents qui se sont abattus sur nos vallées inondées de débris glaciaires, plusieurs espèces, dont les graines, en germant dans ce pays, ont modifié la flore. Tels sont la fameuse Stipa pennata (ce gracieux panache dont le Valaisan aime à orner son chapeau en signe de ralliement dans les fêtes patriotiques) les Astragales, les Oxytropis, etc. Les plantes des contreforts chauds et secs du Valais appartiennent donc, en grande partie, au midi de l'Europe et aux déserts asiatiques. Mais c'est sur les hauteurs, dans les vallons tranquilles et frais des Alpes, sur les pentes ensoleillées ou ombragées, le long des moraines glaciaires, qu'on trouve la flore spé­ ciale de la Suisse, les plantes alpines et montagnardes et plus haut, celles des zones glacées. Il en est qui sont exclu­ sivement valaisannes, telle cette délicieuse Campanule du Simplon, qu'on retrouve à Saas-Fée, la Campanula Excisa, à la délicate cloche lilas dentelée. La flore alpine se divise en deux grands groupes, cons­ tituée par la composition chimique du sol, la flore calcaire 230 Le Valais et la flore granitique. La première se rencontre plutôt dans la chaîne septentrionale de la Dent de Morcles au Bietsch- horn ; elle est caractérisée par l'Anémone alpina, Y Achillea atrata, les Ranunculus parnassifolius et alpestris, la Viola Cenisia, la Gentiana lutea, VAndrosace Helvetica, la Pri­ mula auricula, etc. La seconde règne presque exclusi­ vement dans les Alpes Pennines, soit dans les chaînes méridionales ; ses espèces caractéristiques sont la Gen­

tiana Pitrpuera, Y Achillea moschata, Y Anémone sulfurca, la Primula viscosa, l'Androsace glaciale, etc. Dans cette immense région du Valais, à laquelle abou­ tissent tant de jolies vallées latérales, on ne sait trop quels sont les territoires les plus recommandables au point de vue de la flore. Tout est riche et intéressant et partout on cueille les fleurs les plus belles et les plus abondantes ; la petite vallée de Tourtemagne — l'un des plus jolis coins de la Sviisse — celles de Bagnes, de Fully, de Saas-Fée, de Mattmarck et de Binn sont bien certai­ nement les plus riches en fleurs. Le massif du Simplon et celui du Combin sont ceux qui offrent les plantes les plus rares, tandis que les vallées du St-Bernard, de Zermatt Flore du Valais a;n et d'Anniviers sont les plus étudiées et les mieux connues. Si l'on veut se rendre un compte exact de la végétation alpine, et des belles floraisons de la haute montagne il ne faut pas attendre l'époque habituelle qui amène les tou­ ristes en Suisse, car c'est en juin que le coup d'oeil est vraiment féerique. La vallée de Tourtemagne, surtout à l'alpe de Meiden, où se trouvent les hôtels, constitue, à fin juin.'avantja montée^des troupeaux, un tableau dont les

teintes vives et variées, se gravent dans l'imagination humaine en lignes de feu. L'aspect des pâturages fleuris est, dans toute la vallée, un inoubliable spectacle, comme une poésie vivante, dont les strophes de parfums et de couleurs revêtent de leur jeune et subtile harmonie le renouveau éternel. Le Binnenthal, Zermatt, Zinal, Evolène, Saas-Grund et même Saas-Fée, les vallées de Bagnes, de Ferret et du Grand-St-Bernard resplendissent du plus merveilleux spectacle en juin, avant que les troupeaux, qui s'ébattent en juillet sur les plus opulents pâturages, en détruisent les fugitives splendeurs. On trouve dans le Valais les plus admirables fleurs des 232 • Le Valais montagnes. La belle Ancolie des alpes, dont les étamines d'or issent d'une large robe d'azur, se rencontre dans les environs de Champéry, le val Ferret, l'Entremont, les vallées de Bagnes, de Tourtemagne et de Saas-Fée et le Simplon. L'Edelweiss croît partout, entre 1800 et 2300 mètres, mais toujours sur dos pentes rocheuses, en plein soleil et plus particulièrement dans le calcaire. Les Ané­ mones de toutes espèces (Alpina, Baldensis, narcissiflora, sulfurea, montana) abondent un peu partout, les trois premières dans le calcaire, les deux autres sur le granit ; le roi des Alpes (Eritrichium nanum) hante les cols élevés et les arêtes rocheuses des Alpes pennines, d'Anniviers au Simplon ; cette petite touffe d'azur est la plus déli­ cieuse des fleurs de l'alpe. La Linnaea borealis, petite fleur du nord, se rencontre ici et là en Valais ; on la cueille dans les bois moussus d'Anniviers, de Tourtemagne, de Saas. Les Androsaces, les fleurs alpines par excellence, constel­ lent les hauteurs ; la charmante A. glacialis habite les éboulis et les moraines des Alpes pennines, dans la zone alpine. Tandis que VA. carnea et obtusifolia animent les pâturages et que les Androsaces Helvetica et pubescens sont localisées dans les roches calcaires, l'Androsace imbricata, qui forme de délicieuses touffes argentées, croît dans les fissures des rocs les plus durs des Alpes pennines et l'Androsace vitaliana étale sa belle fleur d'or sur les pentes arides des vallées de Zermatt, Saas, etc. Les Primevères les plus jolies, P. auricula, viscosa, lon- giflora, jarinosa, se blottissent dans les rochers et les pâtu­ rages, l'Azalée alpine, les Airelles diverses, et les Saules nains garnissent les hauteurs de coquettes tentures. Les Gentianes sont nombreuses dans cette flore ; depuis la flère Gentiane jaune des pâturages calcaires, jusqu'à la délicate Gentiane des neiges (G. nivalis), on rencontre toute la série des belles espèces alpines. La coquette Py- role uniflore, au parfum plus suave que celui de l'oranger, ouvre sa corolle nuptiale dans les régions boisées des Vais Ferret, d'Entremont et de Bagnes et les environs de la Pierre-à-Voir, tandis que la rarissime Saxijraga diapen- sioïdes habite les fissures des rochers de l'Entremont et que le curieux et rare Hugueninia tanacetifolia dresse ses Flore du Valais 233 grands panaches jaunes dans les taillis de la vallée de Bagnes. Dans le Bois Noir, près de St-Maurice, on voit s'épa­ nouir, de février, en mai, la gracieuse Bruyère rose des Alpes (encore une irradiation méditéranéenne) et dans tous les marais qui avoisinent le Rhône, on rencontre les Nénuphars, les Utriculaires et une flore aquatique fort curieuse. En fait de Fougères, les rochers granitiques de Bagnes, d'Anniviers et du Simplon renferment l'exquise Woodsia hyperborea et les pentes calcaires de la vallée de Bagnes abritent les jolis Cystopteris montana ; les Asplenium C'ete- rach et les Adiantum nigrum surgissent des rochers enso­ leillés du Bas Valais, tandis que VAdiantum cheveux de Vénus est indiqué à Martigny, où nous ne l'avons d'ail­ leurs jamais trouvé. Sur les rochers arides, de Branson à Sion, on récolte VArtemisia valesiaca qui y forme des plaques d'argent, VOnosma Helveticum, les Joubarbes, les Cactus opuntia, tandis que sur les pentes au nord, on trouve le Lycopodium clavatum (mousse serpent) et plusieurs espèces intéressan­ tes. CHAPITRE XVI

Renseignements généraux

Tarifs officiels des Guides valaisans. Distances kilométriques. Altitudes. Service des Diligences postales

Les tarifs des courses alpestres que nous publions ci- dessous est celui qui a été établi en 1906, pour les Guides et Porteurs des Alpes valaisannes par le gouvernement du canton du Valais, avec le concours du Comité central du Club Alpin suisse et des Sections. Les altitudes sont indiquées en mètres d'après les der­ nières publications du Bureau Topographique fédéral ou d'après les plus récentes mensurations ; les heures indi­ quées pour les ascensions représentent le temps effectif nécessaira pour un touriste de force moyenne, déduction faite des haltes, conditions normales de température, de neige, etc. ¥ Tarif Général

POUR LES GUIDES ET PORTEURS des jT/pes Valaisannes (Renseignements officiels)

Station de Gletsch (17(il m.) (Rhonetal) Lieu de dépari et désignat'on de la courte Altitude Distan. Guide l'or m. heures Kr. Fr. Galenstock 3597 6 20 14 Mutthorn 3103 5 10 7 Furkahorn 3028 3% 7 5 7 5 Gross Sidelhorn 2881 3y2 Traverse des oberen Rhoneglet­ schers 2530 4 Traverse des unteren Rhoneglet­ schers — 1% 3 3 Totensee 2144 1 % 3 3 Grimsel (Hospiz) 1876 2 5 4 Oberaargletscher 2300 3J4 Kl 8 Handeggfall 1375 4 — 7 Guttannen 1061 6 — 9 Innertkirchen (Hof) 642 8 — 13 Meiringen 600 9 — N Eggishorn (Hôtel) über das Ober­ aarjoch 3233 16 40 30 Beialp über Stock 1912 u. 2137 14 .'ÎD 20 Bedretto über den Gerenpass . . 2702 9 15 12 12 Zum Tosafall über den Griespass 2469 9 15 Auf die Furka 2431 3 — 5 Hospenthal-Andermatt 1448 6—7 — 10 Rhonestock 3603 9 25 18 236 Le Valais

L'eu de depart et. désignation de la course Altitude Distau. Guide l'or. m. heures Fr Fr. 25 IS Dammastock 3633 9 25 IS Thieralplistock 3406 10 20 IT) Gelmerhömer 3200 8 7 5 Längisgrat — — Vom Belvédère zur Grimsel über das Nägelisgrätli 2666 — 10 8 Vom Belvédère nach Innertkir­ chen über den oberen Rhone­ gletscher und die Triftlimmi. . 31-10 — 30 20

Station Binn (1389 m.) (Binnen tul) Ofenhorn (Pta. d'Arbola) 3242 6 IS 12 Bettlihorn 2962 4', 12 8 Schallberg über den Saflischpass 2581 7 12 S Berisal durch das Saflischtal . . . 2581 7 12 s Berisal über des Steinenjoch . . . 2690 S L5 L0 Varzo über den Ritterpass (Pas- so di Boccareccio) und Veglia. 2692 10 15 10 Baceno über den Kriegalppass (Passo di Cornera) und Devero 2580 !) 15 10 Baceno über den Geisspfadpass. 2475 7 15 in Tosa oder Baceno über den Al- brunpass (Bocchetta d'Arbola) 2410 7 15 10 Münster über die Kummenfurke 2700 9 15 10 Fiesch 1071 2 — 6 Hohsandpass zum Tosafall 2927 8 15 10 Hohsandpass und Griespass nach Ulrichen 2468 li) 20 15 Passo di Val desarta nach Dovera 2637 — 15 10 Breithorn 2587 4 6 6 Eggerhorn 2514 4 5 5 Favilhorn 2554 4 6 6 Hölzlihorn 2999 5 10 8 Mittaghom 3162 5 12 9 Hohsandhorn 3197 5 12 9 Blindenhorn 3384 8 20 15 Albrunhorn 2880 7 15 10 Tarif général des Guides et Porteurs

Lieu tie dépari el désignation de la course Altitude Uislan. m. heures Klein Schienhorn 2925 — Gross Schienhorn 2942 6 Rothorn ' 2888 5 Cherbadung 3213 7 Helsenhorn 3274 5 Hiillehorn 3186 6 Giebelhorn 2821 3 Station Fiesch (1071 m.) (Rhonetal) Eggishorn (Hôtel) 2193 2% Auf das Eggishorn 2934 4 Zum Fiesehergletscher 1800 2 Binn 1389 3'/2 Wasenhorn über Blitzingen .... 3457 8

Station Eggishorn (2193 m.) Concordiahiitte 2847 5 Idem mit Uebernachten 2847 5 * Pinsteraarhorn von der Con­ cordiahiitte 4275 11 * Aletschhorn von der Concor- diahütte 4182 8 * Jungfrau von der Concordia­ hiitte 41G6 7 * Idem und übers Mönchjoch nach Grindelwald 4166 18 * Mönch von der Concordiahütt j 4105 6 * Idem und über^ Mönchjoch nach Grindelwald 4105 15 * Studerhorn von der Concor­ diahiitte 3637 5 * Oberaarhorn von der Concordia­ hiitte 3642 12 Eggishorn 2934 1 % Zum Märjelensee 2367 1% Zum Aletschgletscher 2400 2 Zum Fieschergletscher 1800 1 % 238 Le Valais

Lieu de départ et désignation de la course Altitude Dlstàn. m. heures Zum Bettmersee 2008 1 % Riederalp (Hôtel) 1925 2% Beialp über Riederalp und Aletschgletscher 2137 5 Zum Jungfraujoch 3470 7 Ried (Lötschental) über die Löt- schenlücke 3204 14 Grindelwald über das Mönchjoch 3560 18 Grimselhospiz über das Oberaar­ joch 3233 12 Gletsch über das Oberaarjoch . . 3233 14 Finsteraarhorn und über das Oberaarjoch zur Grimsel .... 4275 18 Finsteraarhorn und über das Agassizjoch nach Grindelwald 4275 20 Wannehorn 3905 9

Station Riederalp (1925 in.) Eggishorn (Hôtel) 2193 2V> Auf das Eggishorn 2934 4 Zum Märjelensee über den Aletschgletscher 2367 6 Zur Concordiahütte über den Aletschgletscher 2847 7 Zum Bettmersee 2008 % Auf das Bettmerhorn 2865 2% Auf das Riederhorn 2238 1 Zum Aletschgletscher — 1 Tourbillon de la Massa am Ende des Aletschgletschers — 1 y2 Beialp über den Aletschgletscher 2137 2% Ried (Lötschental) über den Beichpass 3136 10 Morel 781 3 Brig über Beialp (2137) 684 6 Brig über den Aletschgletscher und Platten 1340 4 Brig über Oberried und Bitsch . 684 3 Tarif général des Guides et Porteurs 239

Liou (le départ et désignation de la course Altitude Uistan. Guide ' Por. m. heures Fr. Fr. Oberaletschhütte 2670 4% 10 10 Station Belalp (2137 m.) Gisighorn 3182 5 10 8 Sparrhom 3020 2 5 4 Hohstock 3175 2 4 3 1 Traverse des Aletschgletschers. — 1 /2 3 3 Zum Austritt der Massa aus dem Aletschgletscher 1353 2% 5 4 Nach Riederalp über den Aletsch­ gletscher 1925 2]/2 5 5 Zum Bettmersee über Riederalp 2008 4 6 6 Zum Märjelensee über den Aletsch­ gletscher 2367 6 10 8 Eggishorn (Hôtel) über Riederalp 2193 5 8 8 Eggishorn (Hôtel) über den Aletschgletscher 2193 8 15 12 Concordiahütte über den Aletschgletscher 2847 8 15 15 Idem mit Uebernachten .... 2847 8 20 20 Thurberg 3030 6 15 12 Plattform von Nessel 2018 2 3 3 Visp über Nessel und Mund .... 660 5 10 8 Zum Oberaletschgletscher 2400 3 5 4 Ried (Lötschental) über den Beichpass 3136 9 25 20 Brig 684 4 6 5 Oberaletschhütte 2670 3 8 8 Unterbaechhorn 3576 4% 20 15 Hohstock über den Grat und durch das Couloir 3175 — 20 15 Hohstock über den Westgrat . . 3175 — 12 10 Nesthorn und Gredetsch 3820 9 60 40 Zenbächhorn über den Rothorn- grat 3378 8 50 35 Zenbächhorn gewöhnlicher Weg. 3378 — 40 30 Station Oberaletschhütte (2670) Aletschhorn .' 4182 7 45 30 2-iO Lé Valais

Lieu de départ et désignation de la course Altitude Distan. m. heures Nesthom 3820 5% Lötschenlaterbrei thorn 3783 5 Lonzahorn 3598 5 Beichpass bis zum Sattel 3136 2% Beichpass bis nach Ried 3136 7 Thurberg 3030 3% Sattelhorn 3745 4% Sattellücke 3511 2% Distelhorn 3748 4% Schienhorn 3807 7 Geisshorn 3746 41/, Rothorn 3701 41/, Fusshom 3628 4 Weisshorn 3558 4

Station Brig (6S4 m.) (Rhonelal) Beialp 2137 4 Aletschgletscher — 3 Riederalp über Platten und den Aletschgletscher 1340 4 Riederalp über Platten und die Gebidembrücke 1340 4 Eggishorn (Hôtel) über Beialp . 2193 9

Station Bérisal (1526) Bortelhorn (Punta del Rebbio) 3204 5 Furggenbaumhorn (Punta d'Au- rona) 2991 4 Binn über das Steinenjoch 2690 8

Station Simplon Kulm (2009 m.) Wasenhorn 3255 6 Breithorn 3368 6 Hübschhorn 3196 5 Glishorn 2528 4 Faulhorn •. . . 2675 4 Tarif t/ënéral des Guides et Porteurs

Lieu de départ et désignation de la course Altitude Dislau. m. heures Rauthorn 3269 7 Fletschhorn über, den Nordgrat. 4001 12 Monte Leone 3561 7 Sirwoltenpass 2664 12 Station Simplon Dorf (1479 m,) Fletschhorn (Rossbodenhorn) Hohsaas 4001 12 Monte Leone über Hohmatten . . 3561 6 Monte Leone über Alpien 3561 7 Hübschhorn (Sehönhorn) 3196 9 Rossbodengletscher — 2 Zum Wasserfall von Gondo .... — 2 Zum Wasserfall von Alpien .... 1740 2]/, Zum Sirwoltensee 2470 3% Saas über den Zwisehbergenpass 3272 12 Saas über das Laquinjoch 3497 12 Saas über den Rossbodenpass . 3200 9 Saas über den Sirwoltenpass und den Simelipass 2664 u. 3028 12 Stalden über den Bistenenpass . 2432 8 Veglia über Alpien und Mte. Garnera 2871 10 Fletschorn über Bodmengrat, Abstieg nach Saas 4001 12 Weissmies über den Laquin- gletscher (Ostseite) 4031 13 Weissmies über den Zwisehber­ genpass, Abstieg nach Saas . . 4031 13 Rauthorn über den Rossboden . . 3269 7 Balmhorn 2885 7 Monte Leone über Hohmatte, Abstieg nach Veglia 3561 11

Station Visp (660 in.) (Rhonetal) Ried (Lötschental) über das Baltschiederjoch 3280 12 242 Le Valais

Lieu de départ et désignation de la course Altitude Distan. Guide l'or. m. ' heures Fr. Fr. Lauterbrunnen über das Balt- schiederjoch und den Peters­ grat 3280 u. 3205 24 50 40 Station Saas-Gand (1502 m.) und Saas-Fee (1798 m.) Mischabeljoch mit Abstieg nach Zermatt 3856 35 25 Dom mit Abstieg nach Randa . . 4554 16 100 HO Dom und zurück über das Na­ deljoch 4554 18 120 90 Süd-Lenzspitze Auf und Abstieg 4300 13 SO 60 Süd-Lenzspitze mit Abstieg nach 4300 13 100 75 Süd-Lenzspitze über das Nadel- 4300 13 75 55 Süd-Lenzspitze und über den Grat zum Dom 4300 u. 4554 15 140 IO0 Süd-Lenzspitze und Nadelhorn 4300 u. 4334 13 100 75 Täschhorn (direkter Aufstieg). . 4498 H 80 60 Täschhorn über das Mischabel - 4498 14 70 Nadelhorn 4334 13 40 30 Nadelhorn mit Abstieg nach 4334 13 60 40 Alphubel über das Mischabeljoch 4207 13 40 30 Alphubel über das Alphubeljoch 4207 12 35 25 Alphubel und Abstieg nach Zer­ matt 4207 14 50 30 Rimpfischhorn über den Allalin- pass 4203 14 45 35 Rimpfischhorn über den Adler- pass 4203 14 40 3() Strahlhorn über den Schwarzen- 4191 12 50 35 2936 7 35 25 Zur Mischabelhütte ohne Ueber- 3300 4 10 10 Tarif général des Guides exporteurs

I.ieu de départ cl désignation de la course Altitude Dislan. Guide m. heures Fr. Zur Mischabelhütte mit Ueber- nachten 3300 4 15 Zum Bivouac am Hinter-Allalin- horn für das Rimpfiseli- und Allalinhorn 3037 4 15 Strahlhorn vom Adlerpass .... 4191 13 35 Allalinhorn über die Lange Fluh 4034 12 35 Allalinhorn über den Hinter-Alla- lingrat 4034 14 40 Allalinhorn über den Grat und zurück über das Alphubeljoch 4034 14 35 Allalinhorn und Abstieg nach Zermatt 4034 15 40 Weissmies 4031 12 40 Weissmies über den Nordgrat . . 4031 14 60 Weissmies und Portjengrat 4031 u. 3660 — 60 Fletschhorn 4001 12 40 Fletschhorn über den Südwest- Grat 4001 13 45 Laquinhorn und Fletschhorn 4005 u. 4001 — 60 Laquinhorn 4005 12 40 Laquinhorn über das Laquinjoch 4005 12 50 Ulrichshorn 3929 12 30 Balfrinhorn 3802 13 30 Thälihorn 3485 10 20 Sonnighorn 3492 10 25 Sonnighorn über den Westgrat. . 3492 13 50 Portjengrat 3660 13 40 Portjengrat, Traversieren 3660 13 50 Stell'ihorn 3445 7^ 20 Egginer (gewöhnlicher Weg).... 3377 7 t 20 Egginer (von Nordwesten) .... 3377 10 40 Hinter-Allalinhorn 3387 7 20 St. Joderhorn 3040 11 20 Simelihorn 3132 10 12 Latelhorn 3208 8 20 Mittaghorn 3148 6 15 Mittaghorn über den Westgrat . . 3148 6 20 Mi Le Valais

Lieu de départ et désignation de la course Altitude Dislan. m. heures Almagellhorn 3332 8 Rothhorn von Mattmark 3237 8 Seewinenhorn (Faderhorn) .... 3215 6 Simplon über den Simeli (3028) oder den Sirwoltenpass 2664 12 Simplon über den Rossbodenpass 3200 10 Simplon über das Fletschjoch. . 3673 12 Simplon über das Laquinjoch . . 3497 12 Gondo über den Zwischbergen- pass 3272 10 Antrona über den Portjenpass (Porje od. Col d'Allmagell od. Colle di Andolla) 3290 11 Antrona über den Mittelpass . . . 3155 in Antrona über den Antronapass. . 2844 l(i Antrona über den Ofenthalpass (Passo d'Antigine) 2838 10 Anzasca über den Mondellipass. 2841 9 Macugnaga über den Monte Mo- ropass 2862 !) Macngnaga über den Seewinen- pass (Faderjoch) 3100 Ill Macugnaga über das Schwarzb- berg-Weisstor 3612 12 Zermatt über das Schwarzberg- Weisstor 3612 12 Zermatt über den Adlerpass .... 3798 12 Zermatt über den Allalinpass . . . 3570 12 Zermatt über das Feejoch 3812 12 Zermatt über das Alphubeljoch. 3802 12 Randa über das Domjoch 4286 2(1 Randa über das Nadeljoch 4167 15 Randa über den Nadelgrat 4008 13 St. Niklans über das Ulrichsjoch 3820 11 St. Niklans über den Riedpass . . 3520 11 St. Nikiaus über das Balfrmjoch 3647 (i St. Nikiaus über den Hannigpass 2180 8 Tarif général des Guides et Porteurs

Lieu de dépari et désignat'on de la course Altitude Distan m. heures Mattmark über das Kessjenjoch 3009 9 Jägihorn 3206 10 Zermatt über das Mischabeljoch 3856 12 Zum unteren Feegletscher — 4 Zum oberen Feegletscher — 7 Langefluh über den Feegletscher 2849 7 Bidergletscher — 4 Hohbalengletscher — 4 Oberdistelhorn (Galmenhorn) . . 2850 5 Unterdistelhorn 2800 4% Gugelhorn 2824 6 Mattmark (Hôtel) 2123 3

Station Mattmark (2123 m.)

Strahlhorn über den Adlerpass. . 4191 10 Allalinhom 4034 10 Rothhorn 3237 6 Stellihorn 3445 4% Seewinenhorn (Faderhorn) 3215 5% Monte Noro 2988 2% St. Joderhorn 3040 3% Antrona über den Ofenthalpass (Passo d'Antigine) 2838 7 Anzasca über den Mondellipass. 2841 6 Macugnaga über den Monte Mo- ropass 2862 6 Macugnaga über die Seewinen- lücke (Faderjoch) 3130 10 Macugnaga über das Schwarz­ berg-Weisstor 3612 10 Zermatt über das Schwarzberg- Weisstor 3612 10 Zermatt über den Adlerpass . . . 3798 10 Zermatt über den Allalinpass . . 3570 10 Saas-Grund oder Fee 1562-1798 3 246 Le Valais

Lieu dedépart et désignation de la course Altitude Distan. Guide l'or. m. heures Fr. Fr. Station St-Nikl&us (1124 m.) Brunegghorn 3846 7 40 25 Grabenhom 3375 12 25 15 Schwarzhorn 3204 6 L5 10 Rothorn (Jungtal) 3262 (i 15 10 Sparrhorn 2990 5 15 10 Ulrichshorn 3929 11) 30 20 Balfrin 3802 10 25 20 Saas über den Hannigpass 2180 8 15 10 Saas über das Balfrinjoch 3647 9 2() 15 Saas über den Riedpass 3520 11 30 20 Gruben über den Jungpass 2994 7 15 10 Nadelhorn 4334 14 40 30 Nadelhorn und Abstieg nach Saas 4334 14 50 35 Nadelhorn und Abstieg nach Randa 4334 13 45 30 Gässispitze 3414 10 40 30 Gabelhorn, höhere Spitze 3135 12-16 150 100 Gabelhorn, kleinere Spitze .... 3100 10 30 20

Station Randa (1415 m.) (Nikolaital)

Nadelhorn und zurück nach Ran­ da 4334 13 45 30 Nadelhorn und Abstieg nach Saas 4334 15 60 40 Stecknadelhorn 4235 11 35 20 Süd-Lenzspitze über das Nadel­ joch oder das Lenzjoch 4300 14 75 55 Südlenzspitze, über das Nadel­ oder Lenzjoch, mit Abstieg nach Saas 4300 18 100 75 Dom 4554 12 60 40 Täschhorn 4498 14 70 50 Idem über den Grat zum Dom 4498 u. 4554 — 120 80 Weisshorn 4512 18 so 50 Tarif général des Guides et Porteurs 2-47

Lieu de Départ et désignation de la course Altitude Dislan. Guide l'or. ni. heures Fr. Fr. 71) Idem über das Schallijoch . . . 4512 20 100 45 Bieshorn 4101 12 30 40 Bieshorn, Abstieg nach Zinal ... 4161 — 60 25 Gruben über das Biesjoch 3540 — 40 Zinal über das Biesjoch 3549 14 40 30 Zinal über das Schallijoch 3751 15 50 35 Saas-Fee über das Nadelj och ... 4167 15 45 30 Zur Domhütte ohne Uebernach- ten 2890 4 10 10 Zur Domhütte mit Uebernach- ten 2890 4 15 15 Dom über das Domjoch 4554 — SO 50 Zur Weisshorn-Hütte 2859 4% 10 10 Zur Weisshorn-Hütte, mit Ueber- nachten 2859 4% 15 15 Weisshorn, Abstieg nach Zinal .. 4512 18 150 100 Schallihorn 3978 12 50 35 Brunneghorn 3846 10 40 25 Mettelhorn 3410 6 20 15 Station Täsch (1456 m.) Täschhorn, gewöhnlicher Weg. . 4498 14 70 50 Taschhorn über den Teufelsgrat 4498 — 150 100 Täschhorn über das^Mischabel- joch 4498 14 90 70 Täschhorn und über den Grat zum Dom 4498 u. 4554 — 120 80 Rimpflschhorn über den Allalinp- pass 4203 14 45 30 Alphubel über das Mischabeljoch 4207 13 40 30 Alphübel über den Rothengrat . . 4207 14 50 35 Schallihorn 3978 11 50 35 Kienhorn 4102 — 30 • 20 Saas über das Misehabeljoch . . . 3858 12 30 20 Saas über das Alphubeljoch .... 3802 12 30 20 Saas über das Feejoch 3812 12 30 20 Saas über den Allalinpass 3570 12 30 20 Saas über das Domjoch 4286 20 SO CO Mettelhorn 3410 6 20 15 248 Le Valais

Lieu de dé] art et désignation de la course Altitude Distan. m. heures Station Zermatt (1620 m.)

Täschhorn und über den Grat zum Dom 4498-4554 — Täschhorn über die Taschalp . . . 4498 14 Täschhorn über den Teufelsgrat 4498 — Alphubel über das Mischabeljoch 4207 13 Alphubel, Abstieg nach Saas . . . 4207 14 Alphubel über das Alphubeljoch 4207 10 Alphubeljoch, Abstieg nach Saas 3802 12 Allalinhorn 4034 12 Allalinhorn und Abstieg nach Saas 4034 14 Rimpfischhorn über den Allalin- pass 4203 14 Rimpfischhorn über den Adler- pass 4203 14 Rimpfischhorn über die Fluhalp 4203 10 Strahlhorn 4191 10 Strahlhorn und Abstieg nach Saas 4191 15 Strahlhorn über das Schwarzberg Weisstor 4191 IG Cima di Jazzi vom Riffel aus. . . . 3818 5 Cima di Jazzi über den Findelen­ gletscher 3818 7 Jägerhorn 3975 9 Monte Rosa, Nordend 4612 12 Monte Rosa, Dufourspitze (ge­ wöhnlicher Weg) 4638 10 Monte Rosa über den Sibersattel 4638 13 Monte Rosa über den Lyspaas. . . 4638 11 Monte Rosa bis zum Sattel .... 4354 8 Monte Rosa, Zumsteinspitze . . . 4573 12 Monte Rosa, Signalkuppe 4561 12 Monte Rosa, Parrotspitze 4463 12 Monte Rosa, Ludwigshölle 4344 11 Monte Rosa, Vincent-Pyramide. 4215 12 Tarif général des Guides et Porteurs 249

Lieu de départ et désignation de la course Altitude Dislan. (luide Por. ni. heures Fr. Fr. Vincënt-Pyramidé und Abstieg nach Alagna 4215 14 60 40 Lyskamm, über den Grat, vom 15 100 60 Lyspass 4538 16 120 80 Lyskamm, über das Felikjoch.. 4538 12 40 30 Castor und zurück zum Riffel . . 4230 12 35 25 Pollux und zurück zum Riffel. . . 4094 Castor und Pollux in einen Tag 4230 u. 4094 20 55 35 Castor und Pollux, mit Abstieg 20 65 50 naeli Oressoney .... 4230 u. 4094 12 60 40 Breithorn, über die Nordwand . . 4171 Breithorn, mit Uebernachten auf !) 30 20 Théodul 4171 Breithorn, und Abstieg nach 10 40 25 Breuil 4171 Breithorn und Klein 10 35 25 4171 u. 3886 Klein Matterhorn, über den Nord­ S 3(1 20 grat 3886 Klein Matterhorn, gewöhnlicher 7 20 15 Weg 3886 Klein Matterhorn, mit Ueber­ 7 25 15 nachten auf Théodul 3886 10 40 30 Furggrat ca. 3498 6 15 H) Théodulhorn, in einem Tag 3472 Théodulhorn, mit Uebernachten auf Théodul 3472 (i 20 15 Théodulhorn und Abstieg nach 3472 s 25 15 Breuil 3472 4482 14 100 7(1 Matterhorn (Cervin) 4482 — lu (ill 40 Matterhorn, bis zur Schulter . . . S 35 20 Matterhorn, bis zur alten Hütte. — Neue Matterhorn Klubhütte, 3298 — 10 Kl ohne Uebernachten Neue Matterhorn Klubhütte,mit 3298 — 15 15 Uebernachten Matterhorn und Abstieg nach 4505 17 150 100 Breuil 250 Le Valais

Lieu de départ et désignation de la course Altitude Distan. Guide Por. m. heures Fr. Fr. Matterhorn, über den Z'Muttgrat 4482 18 180 130 Matterhorn, über den Z'Muttgrat und Abstig nach Breuil 4505 24 200 150 Tête du Lion 3723 17 60 50 Dent d'Hérens 4180 17 80 GO Dent d'Hérens und Abstieg nach Prarayé 4180 14 90 70 Tête Blanche 3750 10 30 20 Dent blanche und Abstieg nach Prarayé 3750 10 35 25 Tête Blanche und Abstieg nach 35 25 Aroila oder Ferpècle 3750 10 30 20 Pointe de Zinal 3806 — 30 20 Mont Durand (Arbenhorn) 3744 — Mont Durand und Abstieg nacli 40 30 Zinal 3744 — 30 20 Bbihorn 3343 S 7(1 50 4073 12 Ober Gabelhorn, über den Arben- gletscher 4073 15 90 60 Ober Gabelhorn und Abstieg 100 70 nach Zinal 4073 14 20 15 Unter Gabelhorn 3398 8 Untei Gabelhorn, durch das 25 20 Couloir 3398 10 40 25 Wellenkuppe 3910 10 60 40 Wellenkuppe, über das Triftjoch 3910 15 Wellenkuppe und über den Grat zum Obergabelhorn, mit Abs­ tieg auf das Arbenjoch 4073 — 110 80 Wellenkuppe und über den Grat zum Obergabelhorn, mit Abs­ 90 65 tieg auf dem gewöhnlichen Weg 4073 — 35 25 Trifthorn 3737 10 SO 55 Zinal Rothorn 4223 12 Zinal Rothorn, über das Rothorn- 100 70 joch 4223 — Zinal Rothorn und Abstieg nach 00 70 Zinal 4223 14 Tarif général des Guides et Porteurs

Lieu de départ et désignation de la course Altitude Distan. m. heures Bivouac Schönbühl mit Ueber- nachten ca. 2800 5 Dent Blanche 4364 16 Dent Blanche und Abstieg nach Ferpècle 4364 16 Dent Blanche, über den Ferpècle- grat 4364 20 Ober Mominghorn 3968 15 Ober Mominghorn, Traverse nach Zinal 3968 15 Schallihorn 3978 14 Mettelhorn 3410 7 Trifthôtel 2400 2% Höhbahn 2620 3 Zmuttgletscher — 4 Stockje (Hüttenplatz) ca. 2800 5 Zum Schwarzsee 2558 3 Hörnli . 2893 4 Hörnli und Abstieg nach Staffel- alp 2893 5 Vom Schwarzsee zum Riffel oder Riffelalp 4 Zur untern Theodulhütte (Gan- (degghütte) 3100 3 Zur obern Theodulhütte 3322 4 Zum Gornergletscher — 1 Zum Gornergletscher und durch die Séracs zum Riffel oder Riffelalp — 5 Riffelhorn, vom Hôtel Riffelberg 2931 114 Riffelhorn, von Zermatt 2931 4'/j Riffelhorn, von Riffelalp 2931 2 >/4 Riffelhorn, durch die Séracs .... 2931 6 Riffelhorn, durch das Matter- horncouloir 2931 8 Riffelalp 2227 2 Riffelberg 2569 3 Gornergrat 3136 4 252 Le Valais

Lieu de départ et désignation de la course Altitude Dis tan. m. heures Höhtäligrat 3289 6 Stockhorn 353! 7 Zum Findelengletscher — 3 Ober Rothorn 3418 8 Unter Rothorn 3106 I Zur neuen Z'fluhhütte von Rif­ felalp 2612 2 Zur neuen Z'fluhhütte von Zer­ matt 2612 3% Zur Betems-Hütte, von Riffel­ berg, ohne Uebernachten .... 2802 3 Zur Bctemps Hütte, vom Rif­ felberg, mit Uebernachten.... 2802 3 Zur Betemps-Hütte, von Zer­ matt, ohne Uebernachten 2802 6 Zur Betemps-Hütte, von Zer­ matt, mit Uebernachten .... 2802 6 Zum Sattel, unter dem Mettel- horn 3160 4 Mettelhorn 3410 5 Plattenhörner 3136 4

Uebergânge von Zermatt

Nach Saas-Fee, über das Mischa­ beljoch 3856 14 Nach Saas-Fee, über das Alphu- beljoch 3802 12 Nach Saas-Fee, über das Feejoch 3812 12 Nach Saas-Fee, über den Allalin- pass 3570 12 Nach Mattmark, ü. das Schwarz­ berg-Weisstor 3612 12 Nach Macugnaga, über das Neu- Weisstor 3580 12 Nach Macugnaga, über das Alt- Weisstor 3576 14 Tarif général des Guides et Porteurs

Lieu de départ et désignation de la course Altitude Distan. Guidi m. heuivs Fr. Nach Macugnga, über das Jäger­ joch 3900 — 40 Nach Macugnaga, über das Sesia- joch 4424 — 60 Nach Alagna, über den Lyspass 4247 18 .50 Nach Gressonay, über den Lys- pass- 4247 IG 45 Nach Gressonay, über das Felik- joch 4068 15 40 Nach Fiery, über den Zwillings- pass (Verra) 3861 — 40 Nach Fiéry, über das Schwarztor 3741 — 40 Nach Breuil, über den Theodul- pass 3322 8 20 Zum Theodulpass, über das Furgg- joch 3300 9 25 Nach Breuil' über das Furggjoch 3300 10 25 Nach Breuil über den Col du Lion 3577 16 70 Nach Breuil, über den Col Tour­ nante 3468 13 40 Nach Prarayé, über das Tiefen- mattenjoch 3593 17 40 Nach Prarayé, über den Col de Valpelline 3562 12 35 Nach Mauvoisin über die Cols de Valpelline (3562) du Mont Brûlé und de I'Evêçrue 3393 18 60 Nach Arolla, über die Clos de Val­ pelline und du Mont-Brulé . . . 3562 13 35 Nach Arolla, über die Clos de Val­ pelline (3562) des Bouquetins und de Bertol 3418 12 30 Nach Arolla, über die Cols d'Hé- rens und de Bertol 3480 12 30 Nach Ferpècle, über den Col d'Hérens 3480 11 30 Nach Zinal, über den Col Durand 3474 14 35 25-4 Le Valais

Lieu de départ et désignation de la course Altitude Dislan. m. heures Nach Zinal, über das Arbenjoch 3640 14 Nach Zinal, über das Triftjoch. . 3540 12 Nach Zinal, über das Rothorn- jocli 3800 15 Nach Zinal, über den Col deMoming 3793 15 Nach Zinal, über das Wellenjoch ca 3880 — Nach Zinal, über den Col de Zinal 3500 14 Nacli Zinal, über das Oberschalli- joch 3745 16 Station Gruben (1817 m.) Schwarzhorn 3204 4 Nach Sankt Nikiaus, über den Augstbordpass 2893 7 Nach Sankt Nikiaus, über den Jungpass ca. 2994 8 Bella Tola 3028 4 Nach Saint-Luc, über den Pas- du-Bceuf 2850 6 Nach Zinal, über die Forcletta . . 2886 8

Station Ried (1500 m.) (Loetschental) Niven 2776 6 Nacli Leukerbad, über den Niven- pass 2610 10 Faldumgrat 2589 5'/2 Faldumrothorn 2839 7 Nach Leukerbad, über den Fal- dumpass 2644 9 Laucherspitzen 2848 6 Nach Leukerbad, über den Res- tipass 2639 7 1 Resti-Rothorn 2974 7 /2 Mayinghorn 3059 8 Nach Leukerbad, über den Mül­ lerstein (Ferdenpass) 2834 8 Ferden-Rothorn und zurück ... 3183 10 Tarif général des Guides et Porteurs

Lieu do départ et désignation de la course Altitude Dislan. Guide m. heures Fr. Ferdeii-Rothorn und Abstieg nach Leukerbad 3183 10 25 Nach Leukerbad,' über die Git- zifurgge 2930 10 20 Balmhorn, über die Gitzifurgge 3711 12 50 Nach Kandersteg über den Löts- chenpass 2095 9 20 Zum Lötschenpass und zurück (Passhöhe) 2095 7)'2 8 Nach Kandersteg, über die Mär- wiglücke * 2944 10 20 Nach Lauterbrunnen, über den Petersgrat 3205 12 35 Zur Mutthorn-Hütte (2906), über den Petersgrat 3205 7 22 Zur Mutthorn-Hütte (2906), über den Petersgrat und zurück, mit Uebernachten 3205 11 27 Nacli Kandersteg, über den Pe­ tersgrat 3205 11V2 35 Nach Ober Steiberg, über den Petersgrat 3205 9 30 Nacli Lauterbrunnen, über die Wetterlücke 3159 14 40 Nacli Ober Steinberg über die Wetterlücke 3159 10% 35 Lauterbrunnen-Breithorn 3779 9Vi 40 Lauterbrunnen-Breithorn, über das Schmadrijoch 3779 — 80 Mittaghorn . 3895 12 40 Zur Egon von Steiger Hütte, ohne LTebernachten 3240 5 15 Zur Egon von Steiger Hütte, mit Uebernachten 3240 5 20 Lötschenlücke-Mönchjoeh nach Grindehvald 3204 u. 3560 23 75 Nach Eggishorn (Hotel), über die Lötschenlücke 3204 14 40 236 Le Valais

Li'eu de départ et désignation de la course Altitude Distan. Guide l'or. m. heures Fr. Fr. Nach Eggishorn (Hôtel), über die Lötschenlücke und Uebernach- ten auf Concordia 3204 16 45 35 Lötschenlücke-Oberaarjoch, zur Grimsel 3204 u. 3233 19 70 50 Sattelhorn 3745 9 35 25 Sattellücke 3511 11 30 20 Aietschhom, über

Lieu de tléparl et désignation de la course Altitude Distan. Guide m. heures Fr. Baltschiederjoch - Baltschieder- lücke-Gredetschjoch-Ober Alets- chhütte ' 3701 12 40 Fusshorn, über den Beichpass und Ober Aletschhütte 3628 u. 3701 12 40 Geisshorn, über den Beichpass und Ober Aletschhütte 3746 12% 40 Sattelhorn, über den Beichpass und Ober Aletschhütte 3745 12y2 40 Distelhorn, über den Beichpass und Ober Aletschhütte 3748 13 40

Station Leukerbad (1411 m.) Alteis 3636 8 25 Alteis und Balmhorn, in einem Tag 3635 u. 3711 — 40 Balmhorn 3711 10 25 Balmhorn, Traverse 3711 — 35 Rinderhorn 3457 6 20 Wildstrubel, mit Abstieg nach Sierre oder Grange 3251 — 35 Wildstrubel 3251 7 20 Wildstrubel, mit Abstieg über Rawil 3251 — 40 Grosstrubel 3253 6 15 Torrenthorn 3003 3 8 Kandersteg, über die Gemmi . . . 2329 6 — Frutigen, über Engstligengrat und Adelboden 2619 12 18 Daubenhorn und zur Gemmi . . . 2952 7 15 Nach der Lenk über den Wild­ strubel 3251 12 25 Ried (Lötschental) über den Kum- men-pass, oder den Restipass (2639), oder den Faldumpass (2644), oder den Nivenpass (2610) — 7 18 Trubelnstock 3004 8 15 258 Le Valais

Lieu de départ et désignation de la course Altitude Distan. Guid m. heures Fr Ried, über die Gitzifurggen 2930 — 20

Station de Sierre (158 m. (vallée ilu Rhône)

Becs des Bossons 3154 10 18 Bella Tola 3028 8 ].•> Illhorn 2724 (i 10 Illgraben par Ponchette — 8 10 Pied du Mont Bonvin — (i s Sur le Mont Bonvin 3000 10 12 La Chaud 2211 6 8 Moue 920 .> 3 Saint-Luc 1675 4 (i Vissoye 1221 4 5 Zinal par Vissoye 1678 7 lu Vercorins 1341 3 5 Gruben par le Pas-du-Bœui' .... 2850 11 15 Saint-Nicolas par Luc-Gruben et l'Augstbordpass 2893 19 25 Saint-Nicolas par Zinal-Forcletta et Gruben 2886 22 28 Zermatt par Saint-Luc-Gruben- l'Augstbordpass et Saint-Ni­ colas 2886 et 2893 24 30 Zermatt par Zinal et le Triftjoch 3540 1!) 45 Evolène par Grimentz et le Col de Torrent 2924 12 18 Evolène par Zinal Sorebois (2825) et le Col de Torrent 2924 16 25 Evolène par le Pas de Lona .... 2767 11 15 Schwarenbach par le Lämmern­ gletscher 3009 10 20 Frutigen par le Gross Strubel et Engstligenalp 3253 16 25 La Lenk par le Col du Kawil .... 2415 11 20 La Lenk par le glacier de la Plaine - morte 2840 15 25 Tarif général des Guides et Porteurs

Lieu de départ et désignation de la course Altitude Distan. m. heures Station de Vissoye (1221 m.) Becs de Bosson' 3154 6 Les Diablons 3605 9 Corne de Sorebois 2923 5 Illhorn et descente sur Tourte- magne 2724 10 Bella Tola 3028 5 Gruben par le Pas du Bœuf .... 2850 7 Saint-Nicolas par le Pas-du- Bœuf (2850) Gruben et le Col d'Augstbord 2893 14 Mountet (cabane) 2888 7% Zermatt par le Triftjoch 3540 15 Zermatt, par le Col Durand .... 3474 17 Zermatt, par le Col de Zinal .... 3500 17 Evolène, par le Pas de Lona .... 2767 9 Evolène, par le Col de Torrent . . 2924 10

Station de St-Luc (1675 m.) Bella Tola 3028 4 Gruben, par le Pas du Bœuf . . . 2850 6 Illhorn et descente sur Tourtema- gne 2724 9 Sierre, par l'Illgraben ;- — 10 Sierre, par les Pontis — 4 Zinal 1678 3 Evolène, par le Col de Torrent . . 2924 10 Saint-Nicolas, par l'Augstbord- pass 2893 14 Saint-Nicolas, par le Schwarzhorn 3204 16 Gruben, par la Forcletta 2886 8 Brunnegghorn 3846 7 Les Diablons 3605 9 Becs de Bosson 3154 6% Bieshorn 4161 11 Sasseneire 3259 8 Garde Bordon 3316 9 260 Le Valais

Lieu de départ et désignation de ia course Altitude Uistan. Guide Por. m. heures Fr. Fr. 15 10 Glacier de Tourtemagne — 6 4(1 30 Randa, par le Biesjoch 3549 14 30 20 Randa, par le Bruneggjoch .... 3383 14 20 16 Sur le Col de Traeuit 3252 12 Col de Forcletta, Col de Fracuit ou Col des Diablons et descente à Zinal 3252 10 35 25 Station de Zinal (1678 m.) Dent Blanche, par l'arête des qua­ tre ânes avec descente sur Arolla ou Zermatt 4364 — 180 130 Zinal-Rothorn 4223 15 80 60 Epaule du Zinal-Rothorn 4065 1) 40 30 Zinal-Rothorn avec descente sur Zermatt 4223 15 100 Zinal-Rothorn en un jour, par le Rothornjoch 4223 — 100 7(1 Bieshorn 4161 8 • 40 :!() Ober-Mominghorn 3968 1 1 50 40 Ober-Mominghorn et descente sur Randa 3968 SO 50 Schallihorn 3978 12 5(1 40 Pointe du Mountet 3879 10 40 30 Ober Gabelhorn 4073 11 75 55 Ober Gabelhorn, descente sur Zermatt 4073 11 100 70 Grand Cornier 3969 10 45 35 Grand Cornier, par le col de ce nom 3969 — 70 55 Grand Cornier et descente sur Ferpècle 3969 — 60 45 Grand Cornier et retour par le glacier de Moiry 3969 60 45 Pointe de Zinal 3806 40 30 Mont Durand (Arbenhorn) 3744 30 20 Le Besso 3675 30 22 Besso par l'arête ouest 3675 55 40 Tarif général des Guides et Porteurs

Lieu de départ et désignation de la course Allilude Distan. Guidi m. heures Fr. Traversée du Besso 3675 — 40 Besso et par l'arête au Blanc du Morning 3675 et 3682 — 55 Trifthorn, descente sur Zermatt . 3737 9 50 Trifthorn, chemin ordinaire .... 3737 9 35 Trifthorn, par le Triftjoch 3737 11 50 Le Blanc (Morning) 3682 7 20 Diablons du Nord ou du Milieu. . 3605 6 15 Diablons, traversée des 3 som­ mets 3605 10 30 Diablons du Sud 3540 5 12 Bouquetin 3484 7 20 Bouquetin, par voie d'Est 3484 14 45 Pigne de l'Allée 3404 7 15 Pointe de Bricolla 3663 8 25 Sassenaire 3259 8 15 Pointe d'Arpitetta 3140 5 10 Becs de Bosson 3154 7 15 Tour de la Pointe de Zinal — 18 50 Garde Bordon vers Sorebois . . . 3316 6 15 Garde Bordon vers l'Allée 3280 5 10 Tour de Garde Bordon — 10 20 Tour des Diablons — 10 20 Glacier de Durand — 2 Weisshorn, par l'arête Nord, des­ cente à Randa 4512 — 170 Weisshorn, par route Joung, des­ cente à Randa 4512 — 150 Weisshorn, retour à Zinal 4512 — 120 Sur le Col Durand 3474 8 . 25 Les Aiguilles de l'Allée, traversée — — 45 Alpe de l'Allée 2466 2 Au point de vue de l'Allée — 3 Roc de la Vache 2587 3 Roc noir 3128 5 12 Cabane du Mountet . . 2888 41/, 10 Cabane du Mountet, en passant la nuit 2888 4|/2 15 262 Le Valais

Lieu de départ cl. désignation de la course Altitude Dislan. m heures Cabane des Leisses — 4 Cabane des Leisses, en passant la nuit — 4 Cabane de Tracuit 2582 3 Cabane de Tracuit, en passant la nuit 2582 3 Au Mountet et au Roc noir 3128 0 Bella-Tola 3028 7 Sur le Col du Trift 3540 7 Sur le Col de Torrent 2921 7 Sur le Col de Tracuit (Diablons). 3252 6 Au glacier de Moming — 5 A la Corne de Sorebois 2923 3% Gruben, par le Pas de Forcletta . 2886 8 Gruben, par le Meidenpass 2772 10 Gruben, par le Col de Tracuit . . 3252 10 Saint-Nicolas par le Col de Tracuit et le Jungpass (2994) 3252 15 Saint-Nicolas par les Cols de For­ cletta et d'Augsbord 2893 14 Randa, par le Biesjoch 3549 15 Handa, par le Brunneggjoch ... 3383 14 Randa, par le Schallijoch 3751 14 Zermatt, par le Triftjoch 3540 12 Zermatt, par le Col de Moming . 3793 15 Zermatt, par le Col Durand .... 3474 14 Zermatt, par le Rothornjoch . . . 3800 15 Zermatt, par le Col de Zinal ou le Triftjoch (3540) 3500 14 Zermatt, par le Shallijoch (3751) ou l'Arbenjoch 3640 14 Evolène, par les Cols de Sorebois (2825) et de Torrent 2924 10 Evolène, par le Pas de Lona .... 2767 10 Zermatt, parrOberschallijoch. . . 3745 16 Zermatt, par le Wellen joch env . 3880 — Evolène, par les Cols de l'Allée et du Zaté 3150 et 2875 10 Tarif général des Guides et Porteurs

Lieu de départ et désignation de la course Altitude Dîslaii. Guide m. heures Fr. Evolène par les Cols de l'Allée et deBréonna 3150 et 2918 12 20 Perpècle, par le Col de la Dent Blanche ou Col du Grand Cor­ nier 3544 1.5 30 Ferpècle, par le Col de Bricolla . . 3050 14 35 Arolla, par les Cols du Grand Cornier et de Bertol 3544 et 3330 18 45 Station de Sion (gare 493 m.) Rosablanche 3348 10 20 Mont Fort 3330 9 20 Wildhorn 3252 8 15 Diablerets 3240 11 20 Oldenhorn 3124 9 18 Haut de Cry 2951 11 25 Crête de Thyon 2299 5 8 Prabc 1985 4 5 Fionnay, par le val de Nendaz, le Col de Cleuson (2910) ou le Col de Louvie 2938 14 18 La Lenk, par le Kawyl 2415 9 15 Gsiteg, par le Sanetsch 2234 8 12 Gryon, par le Pas de Cheville . . 2035 10 18

Station du Sanetsch (2234 ni.)

Au Sublage et retour 2735 3% 8 Oldenhorn et retour 3124 6 10 Diablerets et retour 3240 7 15 ] Wildhorn et retour 3252 8 /2 20 Arpelistock et retour 3039 S'/î 15 Anzeindaz et retour 1890 14 20 Oldenhorn ou Diablerets, par le Glacier de Zanfleuron et la Cas­ cade du Dare aux Ormonts 3124 et 3240 11 22 Oldenhorn ou Diablerets. par l'Oldenalp et le Châtelet 3124 et 3240 11—12 20 264 Le Valais

Lieu de départ et désignation de la course Altitude Oistan. Guide l'or. m. heures Fr. Fr. Wildhorn, descente sur Sion ou Ifïîgen ou Lauenen 3252 12 28 20

Station de Mayens de Sion (1330) et Pralong

Rosablanohe 3348 10 20 12 Rosablanche avec descente sur Fionnay 3348 13 25 17 Mont Fort 3330 10 20 12 Crête de Thyon 2299 3 6 5 Alpe de Cleuson 2126 *% 8 (i Fionnay, par les Cols de Cleuson (2916) ou le Louvie 2938 L3 20 15 Pyramides d'Useigne — 1% — 3 Evolène, par la route 1378 4 — (i Evolène par la vallée d'Hérémence et le Col de Riedmatten (2916) ou le Pas de Chèvres 2851 11 18 14 Arolla, par le Pas de Chèvres ou Col de Riedmatten (2916) . . 2851 8 15 12 Pic d'Arzinol 3001 8 12 (i Pic d'Arzinol, avec descente sur Evolène 3001 11) 17 10 Pointe de Vouasson 3496 10 2(1 12 Aiguilles Rouges (pointe Nord). — 11 30 15 Aiguilles Rouges (Haute Cime) . 3650 13 50 25 Aiguilles Rouges (pointe Sud) . . — 13 30 17 Aiguilles Rouges, traversée .... — 15 80 45 Pigne d'Arolla 3801 II 30 20 Ruinette 3879 12 35 20 Ruinette, descente sur Arolla ou la Vallée de Bagnes 3879 15 4.-> 25 La Luette (Lochette) 3544 lu 20 15 Mont Pleureur 3706 11 30 20 La Salle 3640 10 25 17 Mont Pleureur et la Salle, traver­ sée — 12 35 25 Tarif général des Guides et Porteurs

Lieu de départ et désignation de la eourse Altitude Dis 1 an. Guide ni. heures Fr. Mont Pleureur et la Salle, descen­ te sur la vallée de Bagne — 14 45 Bec des Etagnes 3211 •S •20 Mont de Sion 3047 10 15 Mont Gelé 3028 !) 15 Dent de Nendaz (Balavaux) .... 2408 6 10 Greppon Blanc 2722 r> 10 Evolène, par le Col de la Meina . . 2706 9 15 Evolène ou Arolla, par le Col de la Darboneire — 12 20 Chanrion (Cabane), par le Col de Serpentine ou de Breney .... 3650 14 35 Chanrion (3546), par les Cols de Seillon (3260) et du Mont Bou­ ge 3341 12 35 Mauvoisin, par le Col de Seillon et le Glacier de Giétroz 3260 12 30 Mauvoisin ou Fionnay, par le Col Vasevay 3263 12 30 Fionnay, par le Col du Crêt .... 3148 10 20 Fionnay, par le Col du Sevreu. . — 10 20 Lourtier, par le Col de la Chaux. 2820 9 IS Mayens de Sion au Prazlong ou vice-versa par le Col d'Allèves. 2919 10 12 Mayens de Sion au Prazlong ou vice-versa par le Cornet de Métal ou le Col de Prazfleuri ou de Fenêtre 2971 12 15 Station d'Evolène (1378 m.) Dent Blanche, par Ferpècle .... 4364 12 80 Dent Blanche, par l'arête de Fer­ pècle 4364 20 150 Dent Blanche, par Ferpècle, des­ cente à Zermatt 4364 12 90 Dent d'Hérens 4180 16 SO Pigne de l'Allée 3404 10 30 Grand Cornier 3969 8 40 266 Le VaIdis

Lieu de dépari el désignation de la course Aliunde Distan. ui. heures Grand Cornier, descente à Zinal par l'arête ouest 3909 12 Grand Cornier traversée, descente sur le Mountet 3969 10 Grand Cornier, descente à Fer- pècle, par l'arête ouest 3969 10 Tête Blanche, par Ferpècle .... 3750 7% Pointe de Bricolla 3663 7 Bouquetins de Ferpècle 3406 7 Couronne de Bréonna 3164 5% Aiguille de la Za, par Ferpècle. . 3673 8 Sasseneire 3259 5 Sasseneire, traversée 3259 6 Bec de Bosson 3154 5 Mont Miné 2795 4% Pointe de Vouasson, passage ord . 3496 6 Pointe de Vouasson, par l'arête nord 3496 10 Mont de l'Etoile 3372 5 Dent de Perroc, Pointe centrale, par Ferpècle 3679 14 Pic d'Arzinol 3001 4 Grande Dent de Veisivi, 3425 7 Grande Dent de Veisivi, descente à Ferpècle 3425 10 Petite Dent de Veisivi, arête nord 3189 6 Petite Dent de Veisivi, Arête ouest 3189 7 Petite Dent de Veisivi, traversée par l'Arête du Col de Zarmine 3189 11 Zinal, par les Cols du Zaté et de l'Allée 2875 et 3150 10 Zinal, par le Pas de Lona 2767 9 Zinal, par les Col de Torrent (2924) et de Sorebois 2825 9 Zinal, par le Col de la Dent Blan­ che (Grand Cornier) 3544 13 Pointe de Vouasson, descente à Prazlong 3496 9 Tarif général des Guides et Porteurs

Lieu de-départ el désignation de la course Altitude Distan. m. heures Prarayé, par le Col des Bouque­ tins 3418 13 Prarayé, par le Col de Tsa de Tsan 3320 10 Prarayé, par le Col de Collon ... 3130 9 Prarayé, par le Col de Collon, des­ cente à Aoste 3130 14 Arolla, par les Cols des Bouque­ tins et du Mont-Brulé 3418 12 Arolla, par le Col de l'Aiguille de la Za ' 3600 8% Arolla, par le Col de Bertol 3330 8% Aosta, par le Col de Crête sèche, coucher à Chann'on 2888 19 Mauvoisin, par les Cols de Meina (2706) et du Cret 3Î48 12 Fionnay, par les Cols de Meina (2706) et de Sevreu 3150 12 Vissoye, par le Col de Torrent . . 2924 9 Vissoye, par le Pas de Lona .... 2627 8 Au Col de Torrent 2924 4 Aux Mayens de Sion, par le Pic d'Arzinol 3001 8 A Arolla 1962 3 Zermatt, par le col d'Hérens . . . 3480 12 Zermatt, par le Col de la Dent Blanche et du Trift 3540 16 Zermatt, par les Cols de la Dent Blanche et de Morning 3544 et 3793 20 Zermatt, par les Cols de la Dent Blanche et de Durand 3544 et 3474 18 Le Tour des Aiguilles Rouges . . — 12 Zinal, par le Col de Bricolla .... 3660 11 Zinal, par les Cols de Bréonna (2918) et de l'Allée 3150 8 Zinal, avec ascension du Pigne de l'Allée 3404 10 Station d'Arolla (1962 m.) Dent Blanche, par le Col de Ber­ tol 4364 16 268 Le Valait

Lieu

Lieu de dépari et désignation de la course Altitude Distan. Guide m. heures Pr. Pigne d'Arolla en face 3801 14 70 La Serpentine 3691 6 25 Pigne d'Arolla et la Serpentine 3801 et 3691 13 35 Dent de Perroc 3679 7 35 Dent de Perroc et sur la Dent de Veisivi ou vice-versa 3679 12 50 Dent de Perroc (Pointe des Gene­ vois) 3655 9 30 Dent de Perroc et sur la Genevoi­ 13 50 se ou descente à Ferpècle .... 3655 7 •25 L'Evêque 3738 10 50 L'Evêque, par la face 3738 Aiguille de la Za, par le Col de Bertol 3673 9% 25 Aiguille de la Za, encouchantàla Cabane de Bertol 3673 9% 30 Aiguille de la Za, par le Couloir 35 nord 3673 8% Aiguille de la Za, en face par les 10 45 rochers 3673 9 50 Aiguille Rouge haute Cime .... 3650 Aiguille Rouge traversée du Som­ met Central au Sommet sud .. 3650 12 70 Aiguilles Rouges, traversée par 16 80 l'Arête du Col de la Darbonneire 3650 5 15 Pointe de Vouasson . . . 3496 9 30 Pointe de Vouasson traversée . . 3496 5 15 Mont de l'Etoile .' 3372 8 30 Mitre de l'Evêque 3762 Mître de l'Evêque, traversée de 11 45 l'Arête nord-est 3672 16 Mont Collon en face 3644 so 11) 4(1 Mont Collon, chemin ordinaire . . 3644 14 50 Mont Collon, traversée 3644 10 35 Petit Mont Collon 3545 13 40 Petit Mont Collon, traversée . . . 3545 Tour du Mont Collon, par les "270 Le Valais

Lieu de départ el désignation de la course Altitude Distan. m. heures Cols de l'Evêque et de Col- Ion 3393 et 3130 10 Mont Brûlé 3621 8 Mont Brûlé, traversée ou descente sur Parayé 3621 12 La Luette 3544 7 Grande Dent de Veisivi 3425 8 Grande Dent de Veisivi, descente à Ferpècle 3425 10 Petite Dent de Veisivi, Arête ouest 3189 9 Petite Dent de Veisivi, traversée par le Col de Zarmine 3189 11 Petite Dent de Vesivi, descente à Ferpècle, Zallion 3189 14 Dent des Bouquetins, haute cime 3848 13 Dent des Bouquetins, traversée . 3848 15 Bouquetins, Pointe nord 3783 13 Bouquetins, Pointe nord, traver­ sée 3783 15 Bouquetins, Aiguille de Veisivi . 3690 16 Dents de Bertol 3556 et 3507 8 Dents de Bertol, Arête descendant sur le Plan de Bertol 3556 et 3507 10 Dove Blanche 3628 8 Dove Blanche, par l'Arête .... 3628 14 La Maya 3047 5 Zermatt par les Cols du Mont Brûlé et de Tiefenmatten . . . 3593 13 Zermatt, par les Cols du Mont Brûlé et de la Valpelline 3562 12 Zermatt, par les Cols de Bertol et d'Hérens 3480 11 Prarayé, par le Col de Collon (3120) ouTsade Tsan 3320 9 Prarayé, par le Col d'Oren (3242) ou des Bouquetins 3418 9 Aoste, par le Col de Crête sèche . 2888 17 Tarif général des (luides et Porteurs

Lieu de dépari et désignation de lv course Aliitude Distan. m. heures Aoste, par le Col de Fenêtre .... 2786 16 Aoste, par le Col d'Otemma 3200 17 Chanrion, par les Cols de la Vui- gnette (3140) et de Chermon- jttane 3084 10 Chanrion, par les Col de Collon et de l'Evêque 3393 10 Chanrion par le Col de la Serpen­ tine, ou du Breney .. 3546 et 3650 11 Dent de Zallion 3518 10 Dent de Zaillon, en face 3518 12 Tête de Valpelline 3813 11 Tête Blanche 3750 10 Tête de Chavane — 10 Mauvoisin, par le Pas de Chèvres et le Col de Seilon 3245 10 Mauvoisin par le Pas de Chèvres et le Col du Crêt 3148 9 Mauvoisin, par les Cols de la Darbonneire et de Vasevay . . 3263 10 Mauvoisin, par le Pas de Chèvres et le Col de Vasevay 3263 10 Mauvoisin, par les Cols de la Dar­ bonneire et du Crêt 3148 9 Fionnay, par le Pas de Chèvres et le Col de Sevreu 3150 10 Fionnay, par le Pas de Chèvres et le Col du Crêt 3148 10 Fionnay, par le Pas de Chèvres avec ascension de la Rosa Blanche 3348 10 Fionnay, par le Pas de Chèvres, le Col de Sevreu avec ascension du Parrain 3262 10y2 Nendaz, par le, Col de Praz fleuri 2971 12 Au Col de Riedmatten 2916 3 Cabane de Bertol 3330 4 Au' Roc n> ir, par les Séracs 3128 5 272 Le Valais

Lieu de départ el désignation de la course Altitude Uistun. m. heures Au Col de Collon 3130 7 Au Col de Seilon 3245 6 Au"Col de Vuignette 3140 5 Au Col de Zarmine 3062 6 Au Pas de Chèvres 2851 5 Ferpècle, par le Col de Zarmine 3062 8 Ferpècle, par le Col de l'Aiguille de la Tsa 3600 8% Ferpècle, par le Col du Bertol . . 3330 8% Prarayé, par les Cols de Vuignet­ te (3140), de l'Evêque et du Collon 3393 15 Prarayé, par les Cols de Vuignet­ te, Chermontane et de la Reu­ se d'Arolla 3242 15 Station de Saxon (gare 468 m.) Pierre à Voir 2476 6 Descente en traîneau avec le guide — — Diablerets 3246 14 Dent de Fully (Grand Chavalard) 2903 9 Catogne 2600 9 Grotte de Saillon avec arrêt .... — 1 Lac de Champex 1472 6 Lac du Chasseur — 8

Station de Martigny (gare 469 m.) Dent de Fully 2903 9 Buet 3109 10 Grand Muveran 3061 9 Grande Dent de Morclcs par Fully 2980 8 Catogne 2600 6 Pierre à Voir 2476 6 Pierre àVoir, retour par Saxon. . 2476 9 Pierre à Voir, retour par Bagnes 2476 10 Arpille 2089 4 Chamonix, par la Tête noire en un jour 1209 8 Tarif général des Guides et Porteurs

Lieu tie dépari el désignation de la course Altitude Dislau. ui. heures Chamonix, en deux jours, arrivée à Chamonix, avant midi .... 1209^ 8 Chamonix, en deux jours, arrivée à Chamonix, après midi 1209 8 Col de Balme sommet 2204 5 Col de Balme, retour par le Tour 2204 12 Col de Balme, retour par les Jeurs 2204 10 Col de Balme, en deux join's .... 2204 10 Chamonix, par le Col de Balme . 2204 9 Chamonix, par la Tête noire, les ^Ç Jeurs et le Col de Balme * 2204 11 Au Grand Saint-Bernard et re­ tour, par le Col de Fenêtre . . . 2699 11 A Saint-Rhémy, par Liddes et le Grand Saint-Bernard 2472 11 Courmayeur, par les Cols du Grand (2536) ou du Petit Ferrex . 2493 14

Station de la Forclaz (1530 m.) Col de Balme (sommet) 2204 2 Col de Balme, retour par les Jeurs et la Tête noire 2204 5 Chamonix, par le Col de Balme . 2204 0

Station de Trient (1305 m.) Col de Balme 2204 2 Col de Balme et retour par les Jeurs et la Tête noire 2204 5 Chamonix, par le Col de Balme . 2204 6

Station de la Tête Noire (1209 m.) Buet 3109 6 Cascade de Berard — 2 Cascade de Barberine 1300 V2 Chamonix, par Barberine 1129 4 Col de Balme 2204 2K Chamonix, par le'Col de Balme . 2204 6|4 Glacier du Trient — 2 274 Le Valais

Lieu de départ el désignation de la course Altitude Dislau. m. heures Station de Châbles (Pont 824 ni.) Pierre à Voir 2476 4—5 Tête des Etablons 2419 4% Mont Gelé (Becca de la Grande Journée) 3028 G—7 Bec des Etagnes 3211 7—8 Monts de Sion 3047 6—7 Grand Mont Fort 3330 8% Six blanc 2450 4% Mont Brûlé 2575 5—6 Mont Rogneux et glacier des Pa­ nards 3087 7 A Sion, par le Col des Etablons. 2182 9 A Liddes, par le Col de Six blanc 2337 6—7 Cabane de Panossière, par Gran­ ges neuves 2713 ü—7 Idem, passant la nuit 2713 6—7 La Croix de Cœur 2182 3% Mayens de Sion, par Col de Louvie 2938 10 Mayens de Sion, par le Col de la Chaux 2820 9 Station de Fionnay (1500) et de Mauvoisin (1824 m.) (Les heures sont indiquées à partir de Fionnay) De Fionnay à Mauvoisin 1824 1 \>., Grand Mont Fort 3330 7 Petit Mont Fort 3026 Becs des Roxes 3225 (i Grand Mont Calme 3211 ßl/2 Rosa Blanche 3348 6y2 Mont Pleureur 3706 8 La Loette (Luette) 3544 8 Mont Rouge, par le Col du Gié- 1 troz 3427 6 /2 Ruinette 3879 10 Mont Blanc de Seillon (Cheillon) 3871 11 Pierre à Vire 2385 3 Tarif général des fluides et Porteurs

Lieu du départ et désignation de la course Altitude Distan. Guide m. heures Fr. ] Bec de Corbassière 2688 3 /2 9 Bec de Séry 2832 6 10 Cabane de Panossière, par Corbas­ J sière- 2713 3 /2 8 Cabane de Panossière, par le Col des Otanes 2882 5 12 l A Sion, par le Col de Louvie 2938 11 /2 18 A Sion, par le Col de Cleuson 2916 12% 18 A Evolène, par les Cols de Seve­ rest et de Meina (2706) 3150 12% 20 Hérémence, par le Col du Crêt. 3148 11VÏ 20 Arolla, par le Col de Vasevay et le Pas de Chèvres (2851 ) 3263 11 y2 25 Arolla par le Col du Giétroz et le Pas de Chèvres (2851) — 10y2 25 Cabane de Chanrion, par Torrem- bec -. . 2460 4% 8 Cabane de Chanrion, par Tsoffav- 1 12 ret ~.. 2460 7 /2 Station de la cabane de Chan­ rion (2460 m.) Mont Rouge 3427 3 8 Ruinette 3879 7 30 Ruinette, descente à Arolla .... 3879 9 40 Mont Blanc de Seillon (Cheillon) 3871 7 30 Mont Blanc de Seillon (Cheillon), descente à Arolla 3871 11 45 Serpentine 3691 6 25 Pigne d'Arolla 3801 7 30 Pointe d'Otemma 3394 4 15 Bec d'Epicoun 3527 6 30 Bec de Ciardonnet 3398 5 25 Mont Gele 3517 4 25 Mont Avril 3341 3 15 Grand Combin par le Sonadon .. 4317 11 60 Tour de Boussine 3837 <5 30 Tournelon blanc 3712 7V2 30 276 Le Valais Lieu do départ el désignation de la course Altitude Distan. ni. hemes A Arolla, par les Cols de l'Evê- que (3393) et de Collon 3130 10 A Arolla, par le Col du Mont Rouge et de Seilon 3341 7 A Arolla, par le Col de la Serpen­ tine 3546 9 A Arolla, par le Col de Breney . . 3650 9 A Arolla, par le Col de Chen Fon­ tane (3084) et la Vuignette . . 3140 8 A Zermatt, par les Cols de l'Evêque (3393) du Mont Brûlé et de Valpelline 3562 15 Prarayé, par le Col d'Oren 3242 10 Prarayé, par le Col de Crête sèche 2888 8 Bourg Saint-Pierre, par le Col de Sonadon 3489 11 Station de la cabane de Panos- sière (2713 m.) Les Avolions 2800 et 3130 3 Combin de Corbassière 3722 5 Le Follat 3671 5% Aiguilles du Combin 3653 5% Combin de Boveyre 3649 6 Aiguille du Meitin 3659 51/, Aiguille des Maisons-Blanches . . 3699 5]/2 Le Moine 3574 5 Grand Combin, par Corbassière. 4317 9 Grand Combin, descente sur Bourg-Saint-Pierre 4317 15 Grand Combin, descente par l'A­ rête des Maisons-Blanches . . 4317 17 Combin de Dzessetta 4078 6 Combin de Valsorey 4145 7 Vi Tournelon blanc 3712 5 Grand Tavé 3154 2 Bourg-Saint-Pierre, par le Col des Maisons-Blanches 3426 7 Tarif (jenèral des Guides et Porteurs

Lieu de dépari el désignation de la course Altitude Distan. Guid m. heures Fr Bourg-Saint-Pierre, par le Col du Moine . . 3422 7 25 Bourg-Saint-Pierre, par le Col de Boveyre 3487 8 25 Bourg Saint-Pierre, pae le Col de Panossière 3500 8 25 Bourg-Saint-Pierre (ou Liddes), par le Col des Avouons (2647) et le " Pas de la Lana 3037 7 20 A Mauvoisin, par le Col des Otanes 2882 3 12

Station d'Orsières (890 m.) Catogne 2600 5% 10 Grand Saint Bernard 2472 6 8 Grand St Bernard, retour par le Col de Fenêtre de Ferrex 2699 7 12 St-Rhémy, par le Gd-St-Bernard 2472 8 12 Courmayeur, par le Col du Grand Ferrex 2536 10 20 Courmayeur, par le Col du Petit Ferrex 2493 9 15 Col de Balme, par la Fenêtre d'Ar- petta 2671 10 20 Tête noire, par Chainpex (1472) et Bovine 1972 7 10 Cabane d'Orny, de Champex ou Orsières 2692 4% 8 Cabane d'Orny, en passant la nuit 2692 4% 12 Cabane d'Orny et retour par le Col des Ecandies 2802 25 Cabane Julien Dupuis, de Cham­ pex ou Orsières 3130 — 10 Cabane Julien Dupuis, en pas­ sant la nuit 3130 — 15 Cabane de Saleina, par Praz de Fort et le sentier, Rive droite du Glacier 2693 5% 10 278 Le Valais

Lieu de départ et désignation de la course Altitude Distan. Guide Por ni. heures Fr. Fr. Idem, par la rive gaucho 2093 61/, 12 8 Idem, par le Col du grand Clo­ cher de Planereuse 2734 6% 12 8

De la cabane d'Orny (2092 m.)

Au Col du Cliardonnet et retour à la Cabane de Saleina 3328 6 15 10 Au Col du Trient (3008) et à Champex, par le Col des Ecan- dies 2802 6 15 10 Argentière, par les Col du Tour du Passon et Lorman 3287 7 20 15 A la Fenêtre de Saleina et retour à la Cabane d'Orny 3207 4 6 4 A la Cabane de Saleina par la Fe­ nêtre de Saleina 3267 7 10 7 Au Col droit et retour . 3294 4 7 5 Au Col des Plines et retour 3246 4 7 5 A Martigny, par le Glacier du Trient et la Forclaz — 8 20 15 A Martigny, par le Glacier des Grands et la Forclaz 8 20 15 A Martigny, par le Col du Tour (3287) et le Col de Balme . . . 2204 10 2K 20 A Argentière, par le Col du Tour. 3287 5 15 10 Idem, par le Col du Chardonnet. 3328 8 20 15 Aiguille d'Arpetta 3064 2 6 4 Pointe d'Orny 3277 2 7 5 Aiguilles du Tour 3548 3% 12 S Tête blanche 3436 3 y. 12 s Petite Fourche 3520 3% 12 s Grande Fourche 3616 6 20 15 Aiguille de la Varappe 3523 5 22 17 Tête Biselx 3513 5 22 17 Aiguille Javelle 3441 4 18 13 Portalet 3348 3i, 12 8 Grand Clocher du Portalet 2990 3 10 7 Tarif général des Guides et Porteurs

Ltou (le dépari el désignation (le la course Altitude Distau. üuidi m. heures Fr. Aiguille d'Argentière 3905 8 35 3836 10 40 Aiguille du Chardonnet, traversée 3830 — 60 Châtelet 2541 3 10 Traversée des Aiguilles dorées . . — — 50

Station Praz de Fort (1150 m.) Cabane de Saleina 2693 4% 8 Cabane de Saleina, en passant la nuit 2693 4% 12

Station de la Cabane de Saleina (2693 m.) A Argentière, par la Fenêtre de Saleina (3267) et le Col du Tour 3287 7 18 A Argentière, par le Col des Four­ ches 3437 9 25 A Argentière, par la Fenêtre du Tour 3358 7 18 A Argentière, par le Col du Char­ donnet 3328 7 18 A Argentière, par le Col du 3544 12 60 Au Plateau du Trient, par la Fe­ nêtre de Saleina et retour, par le Col des Plines (3246) ou vice- versa 3267 iy2 13 Idem, supplément pour ascen­ sion du Portalet 3348 1 2 Idem, supplément .pour ascen­ sion de la Pointe d'Orny 3277 1 2 Au Val Ferrex, par le Col de Pla­ nereuse 3030 6 13 Idem, suppléaient pour l'ascension de la Pointe de Planereuse . . . 3156 1 2 Au Val Ferrex, par le Col de la Grande Luis 3420 7 % 16 280 Le Valais

Lieu dedéparl et désignation île la course Altitude Distan. m. heures [dem, supplément pour l'ascen­ sion de la Grande Luis 3516 1 U, Au Val Ferrex, par le Col de la Neuva • 3420 10 Au Lac de Champex, par le Col des Plines (3246), le Col du Trient (3008) le Col des Eean- dies (2802) et le Val d'Ar- petta — 8 A la Cabane d'Orny simple cour­ se par le Col des Plines 3240 4 A la Cabane d'Orny, simple cour­ se, par la Fenêtre de Saleina . . 3267 7 Petit Clocher de Planereuse .... 2704 10 Grand Clocher de Planereuse . . . 2809 1 Petite Pointe de Planereuse . . . 2909 1 y.. Pointe de Planereuse 3156 2 Grand Darray 3523 4% Petit Darray 3516 3 Crête sèche 3029 4 Grande Luis 3516 3 V-, Aiguille de la Neuva 3759 10 Aiguille rouge du Dolent, par le versant ouest 3694 12 Aiguille de l'Amône 3584 — Tour Noir 3844 12 Aiguille d'Argcntière 3905 7 Au Col du Chardonnet et retour . 3328 0 Aiguille du Chardonnet, par le Col dû Chardonnet 3836 8'/a Aiguille du Chardonnet, par la Fenêtre du Tour 3836 9V2 Glacier du Tour, par la Fenêtre de Saleina (3267) et retour par la Fenêtre du Tour ou vice versa 3358 7 Grande Fourche 3616 4% Petite Fourche 3520 4 Tarif général des Huides et Porteurs 2S1

Lieu île dépari et désignation do la course Altitude Dislan. Uii'do Por. m. heures Fr. Fr. 7 •>•> 17 Aiguille de la Varappe 3523 22 17 Tête Biselx 3513 6% 5 IS 13 Aiguille Javelle 3441 5 IS 13 Le Trident 3438 2 8 5 Pointe des Plines 3059 :!'., \2 S Pointe des Ravines rousses 3264 3 L2 S Portalet 3348 is 12 Portalet, par le versant Sud .... 3348 4% , par la Fenêtre de Saleina et retour par le Col des Plines 3548 8 15 10 Station de Lac de Champex (1472) C'al>ane d'Orny; voir sous Orsic- res, page 277. Clochers d'Arpetta 2822 21/, 8 6 Pointe des Ecandies 2881 5 15 10 Col des Ecandies 2802 3 8 6 Catogne 2600 4 8 6 A Trient, par Bovine 1972 5 10 8 A Trient, par le Col des Ecandies 2802 6 10 8 A Trient, par la Fenêtre d'Arpet­ ta 2671 5 ß 6 Au Grand Saint-Bernard, par Bourg-Saint-Pierre 2472 7 12 10 Au Grand Saint-Bernard et retour par Col de Fenêtre ou vice versa 2699 15 18 12 * Grand Golliaz ou l'ointe des Angroniettes 3420 — 25 15 Pic de Drôna 2953 20 12 Station de Bourg-St-Pierre (1634) Grand Combin et retour 4317 11 60 35 Grand Combin, traversée, avec descente sur Panossière 4317 — 70 40 •En parlant de Praz île Furt les taxes diminueront de: (iuide i, porteur :!. 282 Le Valais

Lieu de Départ et désignation de la course Altitude Distan. Guide l'or. m. heures Fr. Fr. Traversée du Grand Combin, par Arête ouest et descente sur le Col de Sonadon et Chanrion. . 4317 — 70 40 Traversée du Grand Combin, avec descente sur Aoste, par le Col de By 4317 — 80 50 Mont Vélan 3765 8 30 20 Mont Vélan, traversée 3765 10 35 25 Combin de Corbassière 3722 8 25 15 Col des Maisons-Blanches (Som­ met du Col) 3426 6 18 12 Grande Aiguille des Maisons Blanches 3699 8 25 15 Aiguille Verte de Valsorey 3503 8% 30 20 Les Luisettes 3418 9 35 23 La Chenalette 2889 4% Ht 8 Le Mourin 2770 4 8 6 Moine 3574 6 25 15 Mont Capucin 3467 6 12 8 Petit Combin 3649 8 25 15 Petit Vélan 3233 6 18 12 Saint Rhémy, par le Grand St- Bernard 2472 5 S Glacieï' de Valsorey — 2% r> 3 Cabane de Valsorey 3168 4% 8 S Cabane de Valsorey, en passant la nuit 3168 4% 12 12 Chanrion, par le Col du Sonadon 3489 12 30 20 Cabane de Panossière, par le Col des Maisons-Blanches 3426 13 25 Cabane de Panossière, par le Col de Boveyre 3487 12 25 IS Bagnes, par le Pas de la Lana . . 3037 12 20 15 Orsières, par le Col de Fenêtre. . . 2699 9 12 8 Aoste, par le col de Valsorey . . 3113 11 25 IS Courmayeur, par le Col des Pla- nards 2736 12 Hi 12 Courmayeur, par les Cols de Fe­ nêtre et de Ferrex (2536) .... 2699 13 18 14 Tarif général des Guides et Porteurs

Lieu de départ el désignation de la course Alliliulè Diilnn. m. heuies Courmayeur, par le Col de Sere­ na 2538 14 Etroubles (Aoste), par le Col de Menouve 2768 7 Etroubles, par le Col de Moulena (2920) ou Col d'Annibal 3005 10 Valpelline, par le Col de Moulena (2920) ou Col d'Annibal 3005 13

Station de Salvan (925 m.)

1795 •! Salanfe (Confrérie) 1914 3 Emaney, pâturage 1859 3 Barberine, pâturage 1850 5 2484 Fenestra] pâturage .1801 3 Col de la Gueula 1969 4 Col de Balme, retour le même 2204 Col de Balnie descente à Argen- tière ou Martigny 2204 Kl Champéry, par le Col de Susanfe 2500 9 Sixt, par Salanfe, Susanfe et le Col de Sagerou (2400) 2500 14 Sixt, par les Cols de la Gueula (1969) et de Tenneverdze .... 2486 12 Sixt, par le Col de la Gueula (1969) 2700 19 Sixt, par les Cols de Salenton et Léehaud 2283 ]•> Chamonix, par le Col des Montets 1445 7 Arpille 2089 5 1695 4 Lac Champex, par la Forclaz (1530) et Bovine 1972 S Lac Champex, par le Glacier du Trient et le Col des Ecandies . . 2802 Kl 284 Le Valais

Lieu de dépari et désignation de la course Altitude Distan tiuide l'or. m. heure: Fr. Fr. Saint-Maurice, par Van et le Col de Salanfe 2223 7 10 9 Col d'Emaney 2467 5 S 7 Pointe Beaumont (La Riondaz). 7 15 13 Dent du Midi, haute Cime 3260 8 20 IS Dent du Midi, descente à Cham- péry 3260 12 25 22 Le Doigt (Pointe Durier) 3212 8 4(1 35 Le Doigt (Pointe de Champéry) . 3212 — 50 42 La Dent jaune 3187 8 40 35 La Cathédrale 3166 8 30 25 La Forteresse 3164 8 25 22 Cime de l'Est 3180 8 3(1 25 Tour Salière 3222 10 30 25 Idem, traversée Salvan- Barberi- ne-Champéry 3222 — 45 38 Tour Salière, par la Face nord. 3222 — 45 38 Tour Salière, par l'Arête du Col d'Emaney 3222 — 5(1 42 Mont Ruan 3047 10 30 25 Tête du Grenairon 2731 9 2(1 IS Le Buet 3109 10 20 IS Le Buet, descente à Sixt par les Fonds 3109 14 30 Le Buet, descente à Chamonix parleBrévent 3109 14 30 Le Buet, descente à Servoz par le Col d'Amterne 3109 14 30 25 Aiguilles de Loriaz 2754 8 20 IS Les Perrons 2677 8 3d 25 Bel Oiseau 2630 6 10 9 La Barma 2310 5 8 7 Dent de Fenêtral 2582 6 S 7 Clocher de la Rebarma 2489 — 25 22 Dent d'Emaney 2572 6 10 9 Fontanabran 1705 6 10 9 Croix de Fer (Col de Bahne) 2347 7 12 10 Petit Perron 2636 6 10 !) Tarif général des Guides et Porteurs l.ieu de dépari et désignation de la course Altitude Dislan. m. heures Le Luisin 2789 6 Clocher du Luisin — 9 Dent du Salantin 2485 7 Pointe d'Orny, par le Glacier du Trient 3277 10 Aiguilles du Tour 3548 13 Dent de Mordes 2980 10 Station de Champéry (1052 m.) Dent du Midi, haute Cime, par Bonnavaux ou Anthémoz. . . . 3260 8 Dent du Midi, haute Cime, des­ cente sur Vernayaz 3260 14 Dent du Midi, haute Cime, des­ cente sur Sixt par le Col de Sageroux 3260 16 Idem, en revenant coucher au chalet de Bonnavaux 3260 18 Dent jaune 3212 11 La Cathédrale 3166 10 La Forteresse 3116 10 Cime de l'Est 3180 10 Tour Salière 3222 11 Le Dôme de la Tour Salière .... 3139 8 Mont Ruan 3047 12 Petit Ruan 2847 8 l Dent de Bonnavaux 2506 Q /2 Dent de Barma 2393 7 Y2 Dents Blanches 2700 7% Pic de Tenneverdze 2990 13 Buet, par le Col de Sageroux (2400) et Sixt 3109 17 Vernayaz, par le Glacier de Soix, le Col des Dents du Midi et Sa- lanfe 2997 14 Vernayaz, par le Col de Susanfe. 2500 10 Vernayaz, par le Col de Susanfe, le Luisin et la Creuse 2789 13 286 Le Valais

Lieu de départ et désignation de la course Allilnde Distan Guide l'or, ni. heures l-'r. Fr. Barberine, par le Col de la Tour Salière 2830 15 30 25 Sixt, par le Col de Sageroux ou par le Pas de la Bédax 2400 11 18 15 Sixt, par les Cols de Coux et de Golaise (1671) 1924 9 14 12 Samoëns, par les Cols de Coux et de Golaise (1671) 1924 8 12 10 Chamonix, par les Cols de Coux (1924), de Golaise (1671), d'An- terne et du Brévent 2460 24 30 25 Chamonix, par les Cols de Su- sanfe, d'Emaney (2467) et Finhaut 2500 17 25 22 Le Tour du Mont-Blanc, par les Cols du Bonhomme, de la Sei- gne, Courmayeur et le Grand- Saint-Bernard (9 jours) 2512 — 70 70 Morzine, par le Col de Coux. . . . 1924 6 10 9 Morzine, par le Lac vert et le Lac de Mont Riond 2100 7 12 Kl Col de Golaise 1571 5 7 6 Col de Coux 1924 3 5 5 l'ointe des Fornets 2301 4% S 7 Croix de Culet 1966 3 5 5 Pointe du Lac vert 2075 :i 5 5 Porte du Soleil 1964 3 5 5 Pointe de l'Haut 2155 4 (i 5 Morgins, par la Porte du Soleil . . 1964 5 7 6 Pointe de Mossettaz 2284 3 y. 6 5 Bonnavaux, par Barmaz 1556 3% (» 5 Pas d'Encel 3 l) 5 Cascade de Susanfe — 3% 7 6 Glacier de Susanfe — 6% 9 8 9 Col de Susanfe 2500 ->':• 10 Col du Sageroux 2400 6 ]<> 9 Col de la Goletta 2532 (i 11) 9 Tête de Bossetan 2407 5 S 7 Tarif général des Guides et Porteurs 287

Lieu de départ el désignation de la course Altitude Distan. (iuide l'or. ni. heures Fr. Fr. Lacs d'Anthémoz 2100 3% 7 6 Lacs d'Anthémoz et retour par Bossetan et la'Cascade de Bon- navaux 2100 5 8 7 Lac et Glacier de Soix env. 2300 4% 8 7 Lac et Glacier de Soix et retour par les Lacs d'Anthémoz env. 2300 6 10 9 Dent de Valère 2271 4% 7 6 Station de Morgins (1343 m.) Cornettes de Bise 2437 7 12 10 Pointe de Grange 2438 6% 8 7 Porte du Soleil 1964 3~ 5 5 Champéry, par la Porte du So­ leil 1964 5 7 6 Morzine 960 6 10 9 Samoëns 700 7 10 9

Station de Vouvry (391 m.) Les Jumelles (Les Séreux) 2218 5 7 6 Cornettes de Bise 2437 0 10 9 Grammont 2175 5 8 7 La Suche, par Tanay 1545 4 6 5 Lac de Tanay . . . .' 1426 3 5 5 Col de Vernaz 1820 4 6 5 Chapelle d'Abondance (1009), par le Col de Vernaz 1820 6 10 9 Tanay-Col du Vent-Novelle- St- Gingolph — 7 10 9 Diligences Postales Suisses (Services réguliers intéressant le Valais) Simplon Brigue-Iselle. — Iselle-Brigue. Voilures à 8 places. Supplément pour 24 voyageurs dans chaque direction. Brigue à Iselle. 40.5 km. Trajet en 9 h. '/s. Prix: 11.80 l'r. Ist'/le à Brigue. 46,5 km. Trajet en 8 h. '/Î. Mêmes prix. Un service du 15 juin au 15 septembre. Services spéciaux d'extra-poste. Furka Brigue-Gletsch-Andermatt-Gœ-ichenen et retour. Voitures à 4 places du Ie1' au 14 juin et du 16 au 30 septembre. Voi­ tures à 8 places du 15 juin au 15 septembre. Supplément pour 12 voyageurs du 15 juin au 15 septembre. Extra-postes du 15 juin au 15 septembre. Brique à Gletsch, Andermatt et Gœschenen 50.1, 83.0 et 89.5 km. Trajet en 7 h.'/--, 13 h. 'A, et 13 h. a,U. Prix : à Gletsch, Coupé fr. 12,75. Intérieur fir. 10.25; à Andermalt fr. 23,10 et fr. 18.05 ; à Gœschenen fr. 23.85 et fr. 19.50. Un service toute l'année et un second service du 15 juin au 15 septembre, jusqu'à la station de Gleseh, extra-poste du 15 juin au 15 septembre. Grimsel Meiringen-Gletsch. — Gletsch-Meiringen, Voitures cou­ pés, landaus à 8 places. Courses du 15 juin au 15 septembre avec voiture facultative de 6 places. Meiringen-Gletsch 37 km. Trajet en 7 h. 50. Prix: Coupé fr. 11.20. Intérieur fr. 9.30. Gletsch-Meiringen 37 km. Trajet en 5 h. 15. Mêmes prix. Deux services seulement du 15 juin au 15 septembre. Loèche-les-Bains-la Souste. - La Souste-Loèche-les-Bains Voitures à 4 places, pas de supplément. Loèche-les-Bains-la Souste 15.7 km. Trajet en 5 h. Prix: fr. 3.75. La Souste-Loèche-les-Bains 15.7 km. Trajet en 4 h. Même prix. Un service, du 15 juin au 15 septembre. Le Va In h 180

Sion-Evolène. — Evolène-Sion Voitures à 2 ou 3 places. Supplément ponr 2 ou 3 voya­ geurs de Sion à Evolène, 4 courses par jour, dès le le'' et lü juin au 15 et au 30 septembre. Sion-Evolène 25,3 km. Trajet en (> h. Prix : fr. 0,50. Evolène-Sion 25.3 km. Trajet en 3 h. 45. Même prix. Trois courses continuent jusqu'aux Haudères. Grand St-Bernard Martigny-Orsiéres-Grand St-Bernard cl retour. Entre Martigny et Orsières voilure à (i places dès le 1er juin. Supplément pour 6 voyageurs. Entre Orsières et Bourg St- Pierre voiture à 2 places en juin et septembre et à 4 places en juillet et août. Entre Bourg St-Pierre et le Grand St-Ber­ nard, voiture à 4 places en juillet et août, voiture à 2 pla­ ces en septembre. Supplément pour 4 voyageurs entre Orsières et le Grand St-Bernard en juillet et août. Martigny-Orsières-Grand St-Bernard 48 km. Trajet en Il li. V2- Prix: Orsières: fr. 3.05; Grand St-Bernard: fr. 9,55. Grand St-Bernard-Orsières-Martigny 48 km. Trajet en (i b. 35 min. Même prix. Un service toute l'année jusqu'à Orsières. Un second service à Orsières du 15 juin au 15 septembre et au Grand St-Bernard du l« juillet au 15 septembre. Sembrancher-Lourtier. — Lourtier-Sembrancher Voitures à 4 ou 5 places en mai et à 0 places du l1'1' juin au 30 septembre. Entre Châbles et Lourtier, voiture de 2 ou 5 places. Supplément de même capacité. Sembrancher-Lourtier 11.5 km. Trajet en 2 h. 50. Prix : fr. 1.40. Jusqu'à Chdbles 5.4 km. Trajet en 411 min. Prix : IV. 0.95. Lourtier-Sembrancher 11.5 km. Trajet eu 1 b. 50. Même prix. De Chdbles 5.4 km. Trajet en 30 min. Même prix. Service de Sembrancber à Lourtier dès le 1er juin. Troistorrents-Morgins Voiture à 4 places, partant de Troistorrents, Ire station du chemin de 1er électrique Montliey-Ghampéry. 3 services dont un suppl. en juillet et août. Troistorrents-Morgins. Trajet en 2 h. 50. Prix: fr. 2.05. Morgins-Troistorrents. Trajet en 1 h. 20. Même prix.

m KRRATA

Page 290. Salvan. Au-dessus de Salvan. à ("altitude de 1100 metres et à 15 minutes, sur le chemin pittoresque qui conduit à Salanl'e et au massif des Dents du Midi, sont les jolies stations des Granges et du Bioley, qui dominent la vallée du Rhone et le superbe panorama des Alpes valaisannes, ci dont le charme rustique et intime, à la lisière de magni­ fiques i'orêts, assure la vogue. TABLE I »ES MATIÈRES

A , unies pages Anniviers (vallée) . .. 134 Adler (col del') ISO Antigine (col d') 190 Agettes (les) 52 Antrona (col d') 190 Ahorn 185 Arolla 130 Aiguesse (vallée d').. 210 54 Aiguille d'Amianthe . 100 Arbignon qti de Drossa . . . 109 Ardon 45 » des Maisons- Arpille (mont d') 43 Blanches ... . 100 Arpitetta (alpe, pic) 142 143 » Ronges 88 Augstbord (col d'j .. . 158 » verte de Val- Aurona (col d') 196 sorey mo Aven 54 de la Za 132 Avouions (col des).. . 100 Albinen 153 Allirun (col d') 206 Ayer 140 Aletsch (glacier d') 70 207 Ayern (chalet, roc d') 7 S 79 Aletschhorn 207 B AJgaby 198 Allalin (col de 1') 180 Bagnes (vallée) 116 Allalin 190 185 Allée (alpe de 1') 142 Balt'rin 162 Allée (col de 1') 143 Balfrinjoch 162. 191 Almagel 190 Rai m . . 168 Alinagel (col de 1') . . . 190 190 153 Alphubel (col de 1') .. 180 Baltschied (vallée de] 68 Alt-Weisslhor(coldel' 180 Baltschieder (col de). 68 Altels 152 Barmaz 78. 86 Ancel (Pas d") 78 Barmaz (vallon de)... 78 202 Table alphabétique

pages pai/fs 64 Brei thorn 17-' Bâtiaz(la) 40 Breithorn (Lötschent.) 60 Beauregard 134 Breney (glacierde)... lis Bees de Bosson . 128. 140 Breney (col de) 126 Becs Noirs 102 Briger-Bad es Béduz (col de la) 79 68 71 Brunegghorn. . . . 156. 162 Bel-Alp 69 Bruneggjoch 143 Bel-Oiseau 88 C Bella-Tola 139 82 Calvaire 7 s Bellwald 209 Cantine de Proz toi Belvédère (Hôtel) 216 Capucin (mont) ICI! 196 96 Berlol (col de) 132 Cervin 174 142 Ils Bétemps (cabane).... 181 Chalais 56 Bellen (lac de) 207 Chamois (col du) . . 100 200 Chamoson 45 Belllihorn 206 Champéry 78 189 Champéry (col de) ... 79 Biel 209 Champex II-' 156 Chamsec 167 Biesjoch 143. 163 Chandolin 137 60 Chandollin 53 Bietschental 66 Chanrion (cabane) . . . 121 Bioley 86 Chapelles (pont des) . 7 s Biiin . 203 Charpentier (pierre). . -»s Binna (la) 203 Cbarrat-Fully 43 Bistenen (col de) 196 Château d'Enfer .... 68 Blindenthal 206 Cliâlelard 90 Blitzingen 209 Chavanette (col de) . 79 Boccareccio (col de). . 206 13 172 Chermignon 153 Bois des Crosses. . . . 86 Chermontane (petite et Bois de Cythère ... . 153 grande) 121 Bois Magnin 92 Chermontane (col de) 122 Bonaveau 78 132 Bostatt (col de) 79 Chesery (col de) 82 Bourg St-Pierre 98 Cheville (pas de) .... 54 22 Choëx "S Bovernier 94 Chippis 126 54 Clavinen 153 Branson 42 Cleuson (col de) 120 Table alphabétique 21)3

pages pages Collon (col de) 132 Dent de Valère 79 Colombey 20 Dent de Veisivi 132 Combasses 86 Derhorence 54 Combe Marchandaz . . 102 Diablons(les) 142 Combétaz (la) 45 Distelalp 180 Conciles 202 Dixence (la) 120 Concordia (hôtel) .... 207 Dom 163 Constantia (cabane) . . 14:! Dom (col du) 180 Conthey 46 Doves Blanches 132 Corbassière (glacier) . 118 Dranse (les) 38 Corbassière(comb. de) 130 Dranse de Valsorey. . 101 Corbeau 79 Dreieckhorn 207 Corne de Sorebois 140. 142 Durand (col) 130. 143. 180 Cornolles de Bise. . . . 24 Durnand (gorgesdu)93 116 Coux (col de) 70 E Couronne (col de la) . 113 Couronne de Breonna. 1^8 Eau-Noire 88 Crêt(col du) 120. 122. 122 Ecpulaies (glacier)... 118 Crête-Sèche (col del. . 122 Edelspitze (!') 102 Crête-Sèche (glacier). 118 Eggerhorn 200 Crettaz (mont de la). . 78 Egginergrat 190 Creusaz 80 Egginerhoru 190 Croix d'Ottans 36 Eggishorn 200 Croix (col del 82 Egon von Steiger (cab.) 00 Egmen -2\U I» Eiger (col del') -208 Dailley (gorge du) ... 86 Eisten 184 Dailly 36 Emaney 80 Dala (vallée de la) ... 144 Emosson 88 Daube (lac) 152 Entremont ... 93 Défago (galerie) .... 78 Eigisch 155 Défilé de Marengo . . . 102 Ernen 209 Dent d'Arfeveraz 109 Etablons (col des).... 44 Dent-Blanche ...130. 172 Euseigne (pyramides Dent-BIanche(coldela) 80 et village) 126 130 Evêque 132 Dent de Bonaveau .. 79 Evêque (col de 1'). . . . 122 Dent des Bouquetins. 132 Evionnaz 35 Dent d'Hérens ...130 172 Evolène 128 Dent du Midi 70 Evouettes 22 Dent du Midi (col de la) 79 F Dent de Perroc 132 Dent (Petite) 79 Faelmatten 185 Dent de Salentin .... 86 Ealdumpass 60 294 Table alphabétique

pages payes Fang 137 Heimen 70 Fée (col de) 180 Geisspt'ad ('col de).... 206 Félik (col de) 180 Gemmi (la) 151 Fenestra] 86 Genévrier (col du) ... 90 Fenêtre (col de)... 110 112 Geren (col et vallée) . 210 Fenêtre (lacs de) 112 Géronde 56 Fenêtre de Balme (col Gerstenkorn 212 delà) 122 Gesehenen 210 Ferden CO Giétroz 90 Ferdenpas 60 Giétroz (glacier) 118 Ferpècle 130 Gitzifurgge 60 Ferpècle (combe de) . 130 Gletsch 212 Ferret (val) 110 Gletscherhorn 153 Ferret (col du Grand) 112 Gliss 68 Feuillerette 153 Glih'ingen 209 Fiesch 206 Colette 86 Fiesch (col de) 208 Colette (col de la) 79 Fiesch (glacier de). . . 2116 Goléze (col de la) .... 79 Fiescherhorn 206 Golliaz 109 Filial- (col de) 180 Gondo 19S. 199 Findelen 168 Goppenstein 62 Finges 58 Goppisberg (alpe).. . . 208 Finhaut SS Gorges mystérieuses. 92 Finsteraarhorn 237 Gorner (glacier) 168 Fionnav 120 Gorner (gorges) 168 Fletschhorn 190 196 Gornergrat 169 Fluh 153 Goubin (tour de) 56 Fluh-alp 181 Gougré (cascade) .... 140 Folaterres (les) 42 Grabenborn 162 Forclaz(coldela)43 92 93 Grammont 24 Fressinone ( cascade). 199 Grand Combiu.. .100. 121 Furgalp 189 Grand Cornier 130 Furggenjoch 180 Grand Perron 88 Furka (la) 216 Grand St-Bernard ... 102 Furkahorn 212 Granges 54 Granges (les) 86 G Granges-Neuves 118 Gabelhorn (Über et Cranois 53 Unter; 143 172 Grenairon (col du) ... 88 Galeustock 212 Grengiols 203 Gallenalp 189 Griespass 210 Gampel 60 Griment/. 140 Gainsen 68 Grimisuat 54 Garde à Bordon . . . . 143 Grimsel (col du) 216 Table alphabétique 295

payes papes G rône 56 Kippel 62 Grosstrubel 152. 153 Kippten fies) 161 Grotte de Baume .... 78 Kriegelpass 206 Grotte des Fées 34 Krumbach (le) 196 Gruben 156 Kummenfurke 206 Gueula (col de la) ... 88 L Guggerhübel 153 Lac Noir 168 H Lac Vert 79 Hannigalp 189 Lammern (glacier). . . 152 Hannigpass 162. 191 Lana (col de la) ..... 100 Haudères (les) 130 Langenthal 203 Haut-Châtillon 210 Längisgrat 216 Helsenhorn 206 Laquinhorii 190 Herbriggen 162 Laquin (col de) 190 Héremence (val d') .. 126 Larschi 153 Hérens (val d') 123 Lax 206 Hérens (col d').. 130. 180 Lange-Fluh 189 Ileueten 168 Lein (col du) 44 Hohfluh (la) 203 Leizettes (l'ont des) .

panes payes Marécottes (les) 86 Moulins (pont des). . . 78 Marjëlen (lac de) .... 207 Mœrel 203 Marmottes (pierre des) 28 Morge (la) 53 Marmites glacières .. 80 Morgius 80 Martigny 38 Morgins (col de) 79 Martigny - Châtelard Moi-gins (lac de) 82 (Ligne) 83 Mouleina (col de) 100 Massa (la) 203 Mourin 144 Massongex 28 Miihlibach 209 Mattmark 190 Mund (vallée de) 68 Mauvoisin 121 Munster 209 Mayens de Sion 50 Muraz 20 Majing (alpe) 153 Müll horn 218 Meiden (col de) 100 Ménouve fcol de) .... 10(1 Mettelhorn 172 Nadelhorn 103 Miex 24 Nadeljoch 103 191 Mischabel (les) 163172 190 Nanz 68 Mischabel (col des) . . 180 Naters 09 Mission 140 Navizance (la) 136 Mittaghorn 190 200 Nax 120 Mittel (col de) 190 Nendaz 46 Moiry (val) 128 140 Nendaz (val de) 46 Morning (col de) 104 133 180 Neuvaz (la) 112 Mœnch (col du) 208 Neu-Weissthor(colde) 180 Moneia (galerie) 94 Niederwald 209 Mont-Avril 121 Niouc 137 Mt-BlancdeSeilon 120 121 Nivenpass 00 Mont-Brûlé ( col du) 122 132 Nonaz (col de) 82 Mont-Chemin 42 Nte-DamedesMarches 189 Mont-Collon 132 Novel 21 Mont-Dollent 112 Nufenenpass 210 Mont-Fort 40 121 Mont-Gelé 121 O Monte-Léone 190 Oberaar (col de 1') .. . 20S Mont-Miné 130 Oberaarhorn 207 Monte-Moro (col du) . 190 Oberaletsch (cabane). 71 Mont-Mort 102 Ober-Rothhorn 229 Mont-Rose 172 Oberwald 210 Mont-Rouge (col dm . 120 Of'enhorn 203 200 Mont-Ruan 79 80 Oren (col d') 132 Montana 50 Orinone 53 Monthey 20 Ornavasson (tour) ... 70 Montorge 48 Orny (cabane) 116 Table alphabétique 297

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Painsec 1:17 Panda IC»-> Panossière (cabane).. 120 Bappen (vallée) 209 l'arc se, Kareyres (chalets de) 82 Pas-du-Bœuf 139 64 l'as-de-Chèvres (col Kawvl (col de) 54 du) 13e» 86 Pas de la Forclelta . . 140 Bebbio (col de) 196 Recons (coli 82 Pas de Vernaz 24 Beposoir 78 Perraudin (pierre) ... 28 B est i pass 60 Petersgrat (le) 60 68 26 Petite Dent 179 Revers (les) 78 Peulaz (col de) Ml) Rhône (le) -212 Pic d'Arzinol lis Rhône (glacier du) . . . 212 Pierre-à-Dzo 28 Rhonestock 212 Pierre-à-Voir 44 !•"> Pignc de l'Allée 143 Ried 60 Pigne d'Arolla 132 Riedei'-alp 208 l'issevache (cascade) . 36 Rieder-Furka .... 71. 108 Plan-Bœuf 110 Riedmallen (col de).. 132 Planches (col des) . . . 43 Riedpass 162. I'll Planajeuf 86 Riffelalp HUI Plattjen [89 Riffelberg 169 Platten 711 Rimpflschhorn 172 Plattenhœrner 152 Rinderhorn 153 Pointe d'Arpitetta . . . li:: Kionda ss Pointe de Bellevue . . 79 Ritzingen 2i!0 Pointe à Boillon se, Hives (les) 78 Pointe de Bricolla (col Roc (château du) ... 70 de ta) 130 Roc de la Vache 142 Pointe de Chésery ... 79 Rochers de Nava .... 140 Pointe des Fornets. . . 79 Kovhers du Soir 86 Pointe de Lacerandes. 1!!.' Rohrbachstein 153 Pointe de Nava lin Pointe d'Otemina .... 121 Rosa-Blanche 121 Pontis (les) 137 Rosshoden (col del. . . 190 Portes de l'Hiver .... 79 Ruinette 1211 298 Table alphabétique

payes pages S Seilon (alpe) .... I ->r, Seilon (col de). . . 126 Saas (vallée) 182 Sembrancher... . 94 Saas-Fée 18(5 Serpentine (col d.i.) 122 132 Sass-Im-Grund 186 Sex (chapelle) . . . 35 Saflischpass 206 Sesia (col de)... 180 Sagerou (col de) 79 Sevreu (col de) . . 120 132 Saillon 45 Sex (chapelle) . •)'< St-Antoine 185 Sex de la Cran . . se. St-Germain 53 Sierre ">o St-Gingolph 21 Simeli (col de) 190 196 St-Leouard 54 Simplon 192 St-Luc 139 Simplon (hospice) 198 Ste-Marie des Neiges Simplon Kulm . . 198 (chap.) 169 Simplon (village) 198 St-Martin 126 Sion 46 St-Maurice 29 Sionne (lai 48 St-Nieolas 162 Sirvolten (col de) 196 St-Théodule (col) 164. 189 Soie (la) 48 53 St-Pierre de Clages .. 45 Sonadon (col del. .100 122 Salante se, Sorehois (col de). 143 lu 71 Saleinaz (fenêtre et Staf'elalp 168 glacier) 110 Staffel «80 Salle (la) 126 Stalden 160 1st Salli (les) 162 Staldenried . . 161 Salquenen 59 Steghorn I53 Salvan 86 Steinen (col de) 196 Sanetsch (col de) 53 Stellihorn ist Sasseneire 128 181 Sattel horn 207 Susanfe 70 Savalant 35 79 Savièze 53 Savolayre 82 T Saxon-les-Bains 43 Schallijoch .143. 163. 180 Tœschhorn 163 Sehienhorn 60 Tœschalp 164 lus Sclmeeliorn 153 Tamatten 185 Schneestock 212 ïanay (lac) 2i Schœnhiihl 60 Tanneverge (col c e|.. ss Schwarzberg - Weiss- 1 :,:, thor (col du) 180 Tempe (vallée) .. 1.-»:', 158 Schwarzthor (col du). 180 Thallihoden 190 Table alphabétique 299

pai/es pages Théodule (col du) 104. 180 Vallettes (les) 93 ilO Torrembey (gorges).. 1:21 Vallon dos morts .... 102 Torrent (col de) 128 Valpelline (col de) . . . 122 Torrenthoru . . 153 Valsorey 100 Tounot 14(1 Varone • 59 Tour-de-Boussine.... 121 Vasevay (col de) 132 Tour-du-Fou 109 Velan (mont) 100 Tour-Sallières ....79 80 Vercorin 50 Tourbillon 50 Vennala 56 Tournanche (col de).. 180 Vernamiège 120 Tournelon-Blanc 101) Vernayaz 50 Tourtemagne 60 Vernaz (pas de) 24 Tourtemagne (vnliée) 155 Vérolliez (chapelle) .. 35 Tracuit (col de) 143 Vérossaz 30 Trois-Cœurs (val de) . 54 Vex 52 124 Triège (gorges du)... 80 Vétroz 45 Trient 92 Viège 66 Trient (vallée) 83 Vièze (la) 158 Trient (gorges) 36 Villa 128 Trift-alp 1S6 Vionnaz 25 Trift 168 Visperterminen 159 Trift (col du) 130 143 Vissoye 132 Triquent ou Trétien.. 88 Vouvry 24 Troistorrents 70 Tsercivez 109 W Tummenen 155 Turtig 00 Wandfluh (la) 00 Twingen (les) 203 Weisshorn ...153 163 172 Weisshorn (hôtel) . . . 140 U Weissmies 190 Wildstrubel 152 153 Ulrichen 210 Ulrichshorn 190 Z Ulrichsjoch 191 Unterbach 00 Z'Binnen 203 Uiiter-dem-ßerg 180 Zerbazières 92 Unter-Emhs 155 Zermatt 159 104 Unlere-Platlje 174 Zermatt (vallée) 159 Zenneigern 241 Y Zessette (glacier) .... 118 Zinal 140 142 Valère 7!) Zinal-Rothlorn ...143 172 Val des Dix 126 Zosanne (lac) 128 Vald'Hliez 78 Zwischenbergen (cold.) 190 TABLE DES MATIÈRES

Pages CHAPITRE I. — Le Valais. Description et configuration 3 CHAPITRE II. — Notice historique sur le Valais 15 CHAPITRE HI. — La vallée du Rhone. De St-Gingolph à Brigue 21 CHAPITRE IV. — Vallées latérales. Val d'Miez et Val de Morgins 72 CHAPITRE V. — Vallée du Trient. Ligne Martigny- Châtelard 83 CHAPITRE VI. — Vallée d'Entremont et de Bagnes. Le Grand St-Bernard. Val Ferret. Vallée de Champex 93 CHAPITRE VII. — Vallées d'Hérens, d'Héremence et d'Arolla 12-î CHAPITRE VIII. — Vallée d'Anniviers 134 CHAPITRE TX. — Vallée de la Dala. Loèche-les-Bains. La Gemini lu CHAPITRE X. — Vallée de Tourtemagne 155 CHAPITRE XI. — Vallée de Zermatt 159 CHAPITRE XII. — Vallée de Saas 182 CHAPITRE XIII. — Le Siniplon 192 CHAPITRE XIV. — Vallée de Conches. Vallée de Binn. L'Eggishorn Glacier du Rhône 202 CHAPITRE XV. — Le Valais terre des légendes 2LS CHAPITRE XVI. — La Flore du Valais 228 CHAPITRE XVII. — Renseignements généraux. Tarif général des guides et porteurs ; altitudes . 235 Services des Dilligences postales 288 TABLE ALPHARÊTIQUE 291 ANNONCES X- Hôtels & Etablissements recommandés Arolla. Hôtel du Mont-Collon. Mayens-de-Sion. Grand Hôtel Aletsch. Hôtel-pension Bel-AIp. Beau-Séjour. Bèrisal. Hôtel-pension Berisal. Montana. Palace Hôtel. Berne. Hôt. FranceetTerminus. Morgins. Hôtel du Géant. Bourg-St-Pierre. Hôtel du Dé­ Randa. Hôtel du Weisshorn. jeuner de Napoléon. » Hôtel du Dôme. Bourg-St-Pierre. Hôtel-Pension Revereuloz. Hôtel-pension Rosa. du Combin. Saas-Fee. Hôtel-pension du Brissago. Grand Hôtel. Glacier. Brigue. Grand Hôtel Couronne Saint-Luc. Hôtel du Cervin. et Poste. St-Luc. Hôtel-pens. Bella-Tola. Brigue. Hôtel de Londres. Saint-Maurice. Hôtel du Siir- Chables. Hôtcl-pens. du Giétroz. plon et Terminus. Champéry.Pension Beau-Séjour. Salanfe. I lot. de la Dent du Midi. Champex.Grand Hôtel Beau-Site, Salvan. Pension Joli Site. Châtelard. Grand Hôtel Suisse. Sierre. Grand hôtel Château Chemin. Hôtel Belvédère. Bellevue. Evolène. Grand Hôtel d'Evolène. Sierre. Pension d'étrangers. Ferpècle. Hôt. du Col d'Hérens. • » Hôtel Terminus. Fiesch. Hôtcl-pens. des Alpes. » Cale-bras, de la Planta. Fionnay. Hôtel du Gr.-Combin. Sion. Schweizerhof. Gaby. (R" Simplon). Hôtel-pen­ » Hôtel de la Poste. sion Weismies. » Buffet de la Gare. Genève. Hôtel International. » Restaurant du Cerf. Gletsch. Hôt. Glacier du Rhône « I lôtel de la Gare. (Voir page 2 de la couverture). Tanay. Hôtel du Lac T-anay. Gletsch. Hôtel-pens. Belvédère. Trient.Hôt, du Glacier du Trient. Gruben-Meiden. Hôtel-pension Schwarzhorn. Val d'Anniviers. Hôt. Weisshorn. LesHaudères. Hôtel-pension des Vernayaz. Grand Hôtel des Gor­ 1 laudères. ges du Trient. Les Haudères. Hôtel-pension des Villars-s.-Ollon. Hôtel du Parc Dents de Veisivi. et Queen's-Hôtel. Lens. Hôtel-pension Bellalui. Vissoye. Hôtel d'Anniviers. Loèche-les-Bains. Hôtel et éta­ SPÉCIALITÉS blissements de bains. Appareils de chauffags. Calorie, Marécottes. Hôt. des Marécottes. Genève. Chocolat: Suchard, Neuchâtel. Martigny. Col des Planches. Hôtel- Clichés : Bertrand frèr", Genève. Pension du Mont-Velan. Meubles : F. Widmann & C°, Sion Martigny. Hôtel Gr. St-Bernard. Vins du Valais : M. Luv & C, Sion * * JlroUa -

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