Ligne D'équilibre Des Glaciers
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Geographica Helvetica 1993 - Nr 3 Ciaire Dorthe-Monachon, Philippe Schoeneich Ligne d'equilibre des glaciers: le Stade de reference de 1850 dans les Alpes calcaires occidentales 1. Introduction 1.3 Le probleme des variations geographiques de la ligne d'equilibre La question des variations d'altitude regionales de la ligne d'equilibre des glaciers et de l'existence de ten¬ /./ La ligne d'equilibre de 1850 - dances ouest-est et nord-sud (externe-interne) dans les reference pour le Tardiglaciaire Alpes suisses a ete abordee par jegerlehner (1902) de¬ La methode classique d'etude des Stades tardiglaciaires jä, plus recemment par Müller et al. (1976). La tendance implique en general la reconstitution geometrique des di¬ ä l'elevation de la ligne d'equilibre du front occidental vers Stades glaciaires et le calcul pour chacun d'eux de vers les massifs internes de l'arc alpin est un fait mainte¬ l'abaissement de la ligne d'equilibre («Schneegrenzde¬ nant bien connu. et qui s'explique par l'effet de barrage du pression»). Cet abaissement est calcule par rapport au relief sur les precipitations et la diminution de l'humidite dernier maximum historique, vers 1850, qui est conside¬ du climat vers l'interieur de la chaine. re comme le dernier Stade d'equilibre a peu pres syn¬ Une tendance moins nette, et moins reguliere, ä l'eleva¬ chrone pour tous les glaciers alpins. Le Stade de 1850 tion de la ligne d'equilibre semble se dessiner de l'ouest constitue ainsi le Stade de reference pour toutes les re- vers l'est. Elle pourrait resulter de la continentalite crois¬ constitutions paleoclimatiques (gross et al. 1977). sante du climat vers l'est, generale pour tout le continent Cette methode a permis l'etablissement d'un modele de europeen. Dans les Alpes romandes, la carte de Müller deglaciation et de nombreuses correlations surtout dans et al. (1976) montre un gradient tres fort du SW au NE, les Alpes orientales et centrales (maisch 1981, 1982, qui semble cependant difficilement explicable par une 1987). Dans les Alpes occidentales par contre, les etudes tendance climatique generale. sont encore peu nombreuses (aeschlimann 1983, bless 1984,dorthe-monachon 1986. wetter 1987), et les cor¬ 1.4 Vers une reference regionale relations avec le modele des Alpes orientales se revelent problematiques. L'une des principales difficultes aux- Ces raisons nous ont amenes ä bätir une reference regio¬ quelles se heurte l'utilisation de la methode classique est nale valable pour tout le front occidental des Alpes fabsence de glaciers actuels dans de nombreuses vallees suisses. La region consideree comprend les massifs cal¬ des Alpes calcaires, ainsi que dans toutes les Prealpes. caires des nappes de Morcles-Doldenhorn et du Wild- L'altitude de reference de 1850 doit alors etre recherchee horn (sens large, selon escher et al. 1988 et steck et al. dans une vallee voisine. Vu que le calcul doit tenir 1989). du Balmhorn au Mont Ruan (fig. 1). Nous avons compte de l'orientation de la vallee, le site de reference pris en compte tous les appareils figurant ä l'inventaire doit parfois etre cherche assez loin, et le choix d'un gla¬ suisse des glaciers (muller et al.), ainsi que quelques gla¬ cier plutöt qu'un autre devient alors difficile et souvent ciers aujourd'hui disparus, mais dont l'existence en 1850 arbitraire. a pu etre attestee. 2. Methode 1.2 Une reference par rapport au rechauffement recent Pour reconstituer l'extension des glaciers vers 18 50, nous Le Stade de 1850 marque egalement la fin du «Petit äge avons utilise en particulier les leves originaux de la carte glaciaire», dont il represente le dernier maximum. II est Dufour. Dans la region consideree, ces leves topographi¬ donc egalement le Stade de reference pour mesurer le re¬ ques ont ete realises entre 1839 et 1841 (soit une dizaine trait des glaciers consecutif a la tendance au rechauffe¬ d'annees avant l'extension maximale des glaciers), sauf ment enregistree depuis bientöt 150 ans. Ce signal de l'evolution climatique recente a ete etudie en detail aux Grisons par maisch (1987a + b, 1988,1992) et fera l'objet, dans les a venir, d'un de recherche ä annees projet Ciaire Dorthe-Monachon, Philippe Schoeneich. Institut de de la l'echelle Suisse entiere. Nous ne developperons Geographie. Universite de Lausanne, BFSH 2. 1015 Lau¬ donc pas cet aspect dans le present article. sanne 125 pour la region Dents du Midi- Mont Ruan. leveeen 1857 WüdstnjW BJtfmhora seulement. Les minutes de terrain sont dessinees en Wtldhw« courbe de niveau. a l'echelle 1:50 000. Si l'identification Diabiereis des limites des glaciers semble correcte dans la plupart des cas. le dessin du relief presente de tres fortes distor- Motcte»-MöVctan sions dans les zones de montagne par rapport a la carte actuelle. Par ailleurs l'equidistance inhabituelle de 30 m. Denis du Mim fabsence de courbes de niveau maitresses et les fre- ¦Moni Ruajj quentes inadequations entre points cotes et courbes de niveau rendent difficile un reperage precis des altitudes. A cela s'ajoute que sur les glaciers les courbes de niveau ne respectent pas l'equidistance (la topographie des zones de rocher et de glace etant tres certainement dessi- nee ä distance). Pour toutes ces raisons. les calculs de surface n'ont pas ete faits d'apres les leves originaux. mais les Stades ont ete Fig.1 Carte de Situation des massifs etudies reportes sur la carte au 1:25 000 actuelle (fig. 2). L'exten- -SSi* WjaJX,y/ >r ¦¦:jy. s "12 SS .'-* ".:> m **: ¦¦ >- t\r,~L- yy» *<*j &&f. 11 {a\yqrpa % I mi mm. % t^ v&m &% tmtf&'Mr ,-.¦ <$¦ ry ?s Slfjni im w \ws ¦¦..>y 170s /,n a % Wl tSlj WM W mm 4 ¦j.yy- iy mu, 7: ;jQ WS? in y? I'bssrfs, *,>- K SS« yW§^m* iiW m wm ¦WlAiW^/S^ % M Wfc& w 5£ ¦n &£* </? *s 4 my-* yu*y. MTr Fig. 2 Le passage du leve original ä la carte nationale (reproduit avec l'autorisation de l'Office federal de topographie du 29 janvier 1993): a) Extrait du leve original no 391a, leve en 1939 par Wolfsberger, echelle originale 1 :50 000. equidistance 30 m. 126 sion des glaciers a ete confrontee ä toutes les donnees dis¬ La topographie de surface des glaciers a ensuite ete re- ponibles: carte Siegfried (dont la premiere edition donne dessinee en s'inspirant des courbes de niveau des leves une bonne image du Stade de 1890). photos aeriennes. originaux de la carte Dufour. puis les surfaces ont ete di- cartes geologiques, etudes geomorphologiques et pour gitalisees. La ligne d'equilibre a ete calculee selon la me¬ certains cas des leves de terrain personnels. Nous dispo- thode classique de l'AAR, avec un rapport Standard de sions de leves geomorphologiques recents de schoen¬ 0,67 (rapport 2/1, «Flächenteilungsmethode», gross et eich (en preparation) et de reynard (1992) pour le mas¬ al. 1977). sif des Diablerets. de monachon (1978) et reynard (1992) pour le massif du Wildhorn. de dorthe-mona- La validite du resultat a ete verifiee par rapport ä l'alti¬ chon (1993) et stuber (1989) pour les massifs du Wild¬ tude de depart des moraines laterales («Moränenansatz- strubel et du Balmhorn. et de phillips (1993) pour les methode»): du point de vue theorique. des moraines late¬ Dents de Mordes. Pour les Dents du Midi et le Mont rales ne peuvent se former que dans la zone d'ablation. Ruan la reconstitution s'appuie sur les seuls documents c'est-ä-dire ä partir du moment ou les lignes de flux de la cartographiques. glace se dirigent vers la surface du glacier et amenent le Dans la plupart des cas ce mode de faire a permis de loca- materiel vers sa bordure (lichtenecker 1936). La ou liser avec certitude les moraines de 1850 et de reconsti- elles existent, les moraines laterales donnent donc une al¬ tuer avec une bonne fiabilite les limites des glaciers de titude minimum pour la ligne d'equilibre. et permettent l'epoque. de tester la coherence du resultat calcule. zj? UK s<m> ¦/.% ^j-m-jj mm^^smt7T7~~ A 'S i v iy~ A t ms mim y. ,J&Mr~^t*mmMmlM'7'. 0 ', ttejs jy-xy B)r5&< 'S/f'le"'^°a'TA^ I u VQ. '<id'rir~ .v.. w -ltit,-7sazvl»¦-¦ ,<¦.?!; ;/ 'j¦ TL&**Si<--, «? 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Cette difference de style d'englacement se traduit par une difference tres nette de l'altitude de la ligne d'equilibre des glaciers, qui se trouve en moyenne 200 a 300 m plus bas que dans la nappe du Wildhorn (flg.