Rameau Et L'opéra Comique
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2020 HIPPOLYTE ET ARICIE HIPPOLYTE ET ARICIEJEAN-PHILIPPE RAMEAU 11, 14, 15, 18, 21, 22 NOVEMBRE 2020 1 Soutenu par Soutenu par AVEC L'AIMABLE AVEC LE SOUTIEN DE PARTENARIAT MÉDIA Madame Aline Foriel-Destezet, PARTICIPATION DE Grande Donatrice de l’Opéra Comique Spectacle capté les 15 et 18 novembre et diffusé ultérieurement. 2 HIPPOLYTETragédie lyrique en cinq actes de Jean-Philippe ET ARICIE Rameau. Livret de l’abbéer Pellegrin Créée à l’Académie royale de musique (Opéra) le 1 octobre 1733. Version de 1757 (sans prologue) avec restauration d’éléments des versions antérieures (1733 et 1742). Raphaël Pichon Direction musicale - Jeanne Candel Mise en scène -Lionel Gonzalez Dramaturgie et direction d’acteurs - Lisa Navarro DécorsPauline - Kieffer Costumes -César Godefroy Lumières - Yannick Bosc Collaboration aux mouvements - Ronan Khalil * Chef de chant - Valérie Nègre Assistante mise en scène -Margaux Nessi Assistante décorsNathalie - Saulnier Assistante costumes - Reinoud van Mechelen Hippolyte - Elsa Benoit SylvieAricie Brunet-Grupposo - Phèdre - Stéphane Degout Opéra Comique Thésée - Nahuel Di Pierro Production Opéra Royal – Château de Versailles Spectacles Neptune, Pluton -Eugénie Lefebvre Coproduction Diane - Lea Desandre Prêtresse de Diane, Chasseresse, Matelote, BergèreSéraphine - Cotrez © Édition Nicolas Sceaux 2007-2020 Œnone - Edwin Fardini Pygmalion. Tous droits réservés Constantin Goubet* re Tisiphone - Martial Pauliat* e 1 Parque - 3h entracte compris Virgile Ancely * 2 Parque,e Arcas - Durée estimée : 3 ParqueGuillaume - Gutierrez* Mercure - * MembresYves-Noël de Pygmalion Genod Iliana Belkhadra Introduction au spectacle Chantez Hippolyte Prologue - Leena Zinsou Bode-Smith (11, 15, 18 et 22 novembre) / et Aricie et Maîtrise Populaire de(14 l’Opéra et 21 novembre) Comique sont temporairement suspendues en raison de la des conditions sanitaires. Chœur et Orchestre - Pygmalion 3 À LIRE AVANT LE SPECTACLE Agnès Terrier Par C’est à l’âme que Intellectuel et artiste, admiré ou briguait la reconnaissance publique, la musique doit parler. contesté, cible de débats et de que les musiciens ne trouvaient L’expression de la pensée, querelles, Rameau occupait la place que dans ce temple officiel. du sentiment, des passions doit être aussi centrale qu’inconfortable de le vrai but de la musique », affirmait compositeur vivant le plus joué à L’Opéra rassemblait, dans sa salle Hippolyte et Aricie Jean-Philippe Rameau en 1760. l’Opéra. Depuis son premierer opus, du Palais-Royal, un remarquable , paru le 1 octobre orchestre, une troupe chantante, Bien des penseurs des Lumières 1733, il était programmé en moyenne un ballet et des peintres de décor. souscrivaient à cet idéal. Mais pour deux années sur trois, pour de longues Il fallait se plier aux contraintes certains, Rameau le trahissait. Car séries de représentations, soit d’un du genre que le fondateur Lully, mort s’il se flattait, dans sa musique, nouvel ouvrage, soit d’une reprise. en 1687, avait baptisé « tragédie de « cacher l’art par l’art même », Expressive parce qu’exigeante, en musique ». Cela supposait il poursuivait obstinément des sa musique faisait toujours de bien servir les vers du livret, recherches savantes sur le « corps sensation et allait rester populaire et aussi de valoriser la danse dans sonore », au LeprixCode de publicationsde musique jusqu’à la Révolution. la trame dramatique. pratiquearides – tel Hippolyte et Aricie cité ici. Pourquoi ce besoin En 1733, avait La chance de Rameau fut d’obtenir un d’expliquer ce que son inspiration presque fait scandale. L’Opéra livret de Pellegrin. De vingt ans plus devait au travail ? Au fond, n’avait- – l’Académie royale de musique, âgé, ce collaborateur expérimenté il pas, comme disait Rousseau, en termes administratifs – lançait de Destouches, Desmarest « plus d'habileté que de fécondité, avec ce titre un débutant au profil et Montéclair était un abbé original : plus de savoir que de génie » ? original : alors âgé de 50 ans, « Le matin catholique et le soir Ses écrits fournissaient des armes Rameau était surtout réputé comme idolâtre / Il dîne de l’autel et soupe à ses détracteurs… théoricien de l’harmonie. Or il du théâtre » disait une épigramme. 4 Pellegrin savait construire une pièce Éclairé par les sources, Pellegrin Phèdre, et justifier sa cruauté par équilibrée – en un prologue et cinq fit de son livret la matrice d’un l’épreuve traumatique, tout en offrant actes –, répartir scènes obligées spectacle total. au public une demi-heure de grand et occasions musicales (cérémonie, spectacle. Pellegrin multiplie enfin les tempête, apparitions, etc.), organiser Déesses et dieux prennent part personnages secondaires, singuliers les interventions des protagonistes, à l’action, ce qui permet et collectifs, chantants et dansants. écrire des vers concis et harmonieux. le déploiement d’une féerie sonore Et comme l’opéra n’est pas soumis aux et visuelle. Le point de vue des règles des unités, il varie les lieux – L’autre chance de Rameau futPhèdre que amoureux, qu’indique le titre, temple, enfers, palais, rivage et jardin – Pellegrin choisit d’adapter la transforme la tragédie en pastorale, pour inspirer autant d’atmosphères. de Racine. Pari risqué : la pièce était autorisant des scènes tendres, jouée tous les ans à la Comédie- voire galantes, et une fin heureuse – Rameau accueillit ce canevas comme Française depuis sa création en 1677. de bon ton à l’opéra. un magnifique terrain de jeu. Il y Mais ne devait-elle pasAtys un peu de son multiplia les prouesses en matière charme à l’influence d’ de Quinault Diane connaît une métamorphose de construction musicale, d’usage et Lully, créé un an auparavant à singulière : la déesse de la chasteté dramaturgique de l’harmonie, l’Opéra ? Pellegrin justifiait surtout élargit son périmètre à l’amour d’invention mélodique, de couleurs son choix en invoquant Euripide vertueux – la chasseresse tendant instrumentales, d’expressivité et le mythe : par sa composante vers l’abbesse éclairée. Thésée est chorégraphique. Avec des audaces, merveilleuse, celui-ci était, au fond, corrigé. Chez Racine, il condamnait comme la conclusion de l’acte II, moins approprié à la tragédie qu’à son fils Hippolyte sur un soupçon. où il recourut à une enharmonie l’opéra, genre spécifiquement voué Chez Pellegrin, il passe un acte entier effroyable, proprement inouïe, pour au spectaculaire. aux enfers : de quoi renforcer son matérialiser l’effet ravageur que étoffe héroïque face à la magnétique produit la prédiction des Parques sur 5 la raison de Thésée – un passage que Celles-ci parurent d’abord Le goût changea radicalement avec l’orchestre de l’Opéra mit du temps compromises. Habitué à la noble Gluck, à la veilleHippolyte de la Révolution. à comprendre, puis à exécuter ! simplicité de Lully et aux grâces Si bien qu’ ne revint Hippolyte de l’opéra-ballet, le public fut à à l’Opéra qu’en 1908 : véritable rénovait la tragédie en la fois étourdi et subjugué. Bientôt redécouverte alors, orchestrée par musique, lui offrant une forme plus s’opposèrent les conservateurs Messager, d’Indy et Saint-Saëns, organique, des moyens expressifs « lullystes » et les progressistes applaudie par Fauré et Debussy. plus étendus. Les « symphonistes » « ramistes »… Le fameux Campra La véritable renaissance eut lieu de l’orchestre se sentirent vite fit au prince de Conti ce rapport : en 1983, à Aix-en-Provence, dans flattés. Et les solistes de la troupe « Monseigneur, il y a dans cet opéra une production signée Pier Luigi gratifiés. Phèdre et Aricie furent assez de musique pour en faire dix : Pizzi, qui fut présentée en 1985 à créées respectivement par Marie cet homme nous éclipsera tous… ». l’Opéra Comique, sous la baguette Antier – grande lullyste vieillissante, À un ami, Voltaire confia :Hippolyte « J’assistais et Aricie. de William Christie.Atys Deux ans avant maîtresse de l’administrateur hier à la première d’ la résurrection d’ . de l’Opéra – et Marie Pélissier, « à l’art La musique est d’un nommé Rameau, délicat et au jeu pathétique » (dixit homme qui a le malheur de savoir Partant de la version de 1757, fruit un portrait). Le beau Tribou, « parfait plus de musique queLe Lully. Mercure C’est un de vingt-quatre années de modèleLe Mercure de déclamation, lyrique » pédant. » En octobre, loua maturation, donnée alors sans ( ) prêta à Hippolyte « une musique mâle et harmonieuse, prologue, Raphaël Pichon et Jeanne sa voix de haute-contre. À Thésée, d’un caractère neuf », mais au mois Candel rendent justice à l’audace la basse-taille Chassé apporta un de mai suivant, on y lisait : « Au lieu de de Rameau tout en remontant aux talent d’acteur admiré par Rousseau. la gaieté, du turbulent ; rien qui peut sources de la tragédie. Dans les petits rôles débutèrent aller au cœur. Lorsque par hasard de futures vedettes : Jélyotte – futur il s’y rencontre deux mesures qui Les masques et le respect des Hippolyte, puis Platée – en Amour ; peuvent faire un chant agréable, l’on règles sanitaires, dont témoignent Mlle Petitpas – transfuge de l’Opéra change bien vite de ton, de mode et de les photographies des répétitions Comique, au « ramage de rossignol » – et mesure. Le singulier est du baroque, à l’Opéra Comique, n’empêchent la brillante Camargo – maîtresse d’un la fureur du tintamarre ». pas la musique et le théâtre de prince du sang – dans des apparitions s’y épanouir en cette période de respectivement chantées et dansées.Les Les représentations de 1733-1734 pandémie. Peut-être Rameau RameauIndes galantes allait les retrouver pour furent suivies de reprises en 1742-1743, nous guide-t-il, lui qui savait , puis pour les chefs- puis en 1757. À chaque fois, Rameau mieux que personne tourner les d’œuvre ultérieurs,Hippolyte tout comme pour peaufina son opéra inaugural, qui fut règles les plus intransigeantes les reprises d’ . encore donné après sa mort, en 1767. au profit de l’art. 6 sa vertu pour en réchapper, Pluton rouerie d’Œnone convainquent le roi l’adresse aux juges infernaux.