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Fiche n°8 Le Conseil constitutionnel

I. Notions

Conformité partielle ; contrôle abstrait, concret ; contrôle facultatif, obligatoire ; contrôle a priori (art. 54, 61) ; contrôle a posteriori (art. 61-1) ; contrôle par voie d’action, d’exception, de question préjudicielle ; décision d’irrecevabilité ; réserve d’interprétation ; statuer ultra petita

II. Documents

Doc. 1 – François Mitterrand, Pouvoirs, n°45, 1988 éviter de s’ériger en gouvernement des juges.

Question. – Le Conseil constitutionnel a évolué et votre Doc. 2 – Charles Pasqua, Déclaration à l’AFP, 15 août jugement sur l’institution, très sévère à l’origine, semble 1993 (extraits) avoir accompagné cette évolution. Jusqu’à quel point ? « Le Conseil constitutionnel n’est pas une instance Réponse. – Les passions se sont apaisées en même temps que infaillible. C’est le secret de Polichinelle de dire qu’il y a au le Conseil constitutionnel, surtout après l’extension des Conseil constitutionnel des gens qui ont un engagement conditions de sa saisine en 1974, forgeait une jurisprudence politique, tout le monde le sait, et que cet engagement moins sensible à l’opportunité. On peut dire qu’il a politique, majoritairement, n’est pas celui qui correspond à progressivement trouvé son « rythme de croisière ». Je m’en la majorité d’aujourd’hui. » réjouis. Disposant de grands pouvoirs, il doit à tout prix

Doc. 3 – Jean-Claude Barreau, « Le droit de veto est de retour », Le Monde, 17 août 1993 (J.-C. Barreau était, à cette date, conseiller du ministre de l’Intérieur, Charles Pasqua, pour les questions d’immigration)

Le Conseil constitutionnel vient d’annuler plusieurs des dispositions essentielles de la loi sur l'entrée et le séjour des étrangers en . Qu’est le Conseil constitutionnel ? Il est formé de neuf personnes dési- gnées pour neuf ans par les présidents de la République, de l'Assemblée et du Sénat afin de veiller au respect de la Constitution de 1958. A l'origine, il ne pouvait être saisi que par ces mêmes pré- sidents et le premier ministre. En 1975, une modification de la Constitution a permis qu'il le soit aussi par soixante députés ou sénateurs. Les constituants lui attribuaient un rôle limité. Qu'est devenu le Conseil consti- tutionnel ? Le véritable souverain de la France ! Sommes-nous encore en république ? L'article 3 de la Déclaration des doits de 1789, repris par la Constitution de 1958, rappelle qu'en République la souveraineté réside dans le peuple qui l’exprime par ses représentants élus et par le référendum. Le « législateur » était alors constitué par les citoyens ou par la représentation nationale – Assemblée, Sénat. J'écris « était » car ces temps sont révolus depuis le 14 août 1993. Nous ne sommes même pas en monarchie, Louis XVI, que les révolutionnaires avaient surnommé « Monsieur Veto », étant au moins un monarque légitime selon les critères du temps. Nous sommes entrés en oligarchie. La souveraineté réside désormais dans un conseil non élu qui peut annuler sans recours les dispositions importantes d'une loi évidemment respectueuse de la Constitution (elle avait été examinée soigneusement pour avis par le Conseil d'Etat) ; une loi votée par la Parlement après cinquante heures de débats contradictoires ; une loi conforme à la volonté déclarée de l'électorat. Le Conseil constitutionnel est devenu « pouvoir législatif » puisqu'il a le dernier mot en matière de loi, « pouvoir exécutif » puisqu’il peut empêcher le gouvernement légitime de gouverner, en l'occurrence de maîtriser les flux migratoires en rendant impossible toute expulsion d’irrégulier. Nous avons un nouveau souverain, non sanctionnable électoralement, qui décide contre les citoyens de ce qui est bon ou mauvais pour eux. Les votes des électeurs, ceux de la représentation nationale, sont ainsi « censurés » par des oligarques. Le « despotisme éclairé » est revenu.

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Doc. 3 – Les membres nommés du Conseil constitutionnel

Date de Nommés par le président de l’Assemblée Nommés par le Président de la République Nommés par le président du Sénat nomination nationale Présidence de M. Léon Noël (1959-1965) 20.02.1959 Pour 3 ans Maurice Patin Maurice Delepine Victor Chatenay Pour 6 ans Léon Noël Charles Le Coq de Kerland Louis-Pasteur Vallery-Radot Pour 9 ans Jean Gilbert-Jules Jean Michard-Pellissier

18.06.1960 René Cassin remplace M. Delepine, décédé

17.02.1962 Marcel Waline René Cassin Edmond Michelet (Léon Noël) (Charles Le Coq de Kerland) (Louis-Pasteur Vallery-Radot) (Georges Pompidou) (Jean Gilbert-Jules) (Jean Michard-Pellissier)

25.04.1962 Bernard Chenot remplace G. Pompidou, nommé Premier ministre

27.08.1964 André Deschamps remplace B. Chenot, démissionnaire Présidence de M. Gaston Palewski (1965-1974) 23.02.1965 Gaston Palewski François Luchaire Henri Monnet (Marcel Waline) (Jean Gilbert-Jules) (Jean Michard-Pellissier) (André Deschamps) (René Cassin) (Edmond Michelet)

04.04.1967 Jules Antonini remplace E. Michelet, élu député

11.02 et Jean Sainteny Georges-Léon Dubois Pierre Chatenet 23-24.02.1971 (Marcel Waline) (René Cassin) (Jules Antonini) (Gaston Palewski) (François Luchaire) (Henri Monnet)

23-24 et François Goguel Paul Coste-Floret Henry Rey 24.02.1971 (Gaston Palewski) (François Luchaire) (Henri Monnet) (Jean Sainteny) (Georges-Léon Dubois) (Pierre Chatenet) Présidence de M. Roger Frey (1974-1983) 22.02.1974 Roger Frey Gaston Monnerville René Brouillet (Jean Sainteny) (Georges-Léon Duois) (Pierre Chatenet) (François Goguel) (Paul Coste-Floret) (Henry Rey)

22.02.1977 André Segalat Louis Gros Achille Peretti (François Goguel) (Paul Coste-Floret) (Henri Rey) (Rofer Frey) (Gaston Monnerville) (René Brouillet)

04.09.79 Robert Lecourt remplace P. Coste-Floret 22.10.77 Louis Joxe remplace H. Rey (┼)

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12-20 et 24.02.1980 Georges Vedel Robert Lecourt Louis Joxe (Roger Frey) (Gaston Monnerville) (René Brouillet) (André Segalat) (Louis Gros) (Achille Peretti) Présidence de M. Daniel Mayer (1983-1986) 21.02.1983 Daniel Mayer Léon Jozeau-Marigné Pierre Marcilhacy (André Segalat) (Louis-Gros) (Achille Peretti) (Georges Vedel) (Robert Lecourt) (Louis Joxe)

10.10.84 M-R. Simmonet remplace L. Gros (┼) 25.04.83Paul Legatte remplace A. Peretti (┼)

Présidence de M. (1986-1995) 19-20.02.1986 Robert Badinter Maurice-René Simmonet Robert Fabre (Georges Vedel) (Robert Lecourt) (Louis Joxe) (Daniel Mayer) (Léon Jozeau-Marigné) (Pierre Marcilhacy)

29.08.88 J. Latscha remplace M.-R. Simmonet 17.07.87 F. Mollet-Vieville remplace P. (┼)

Marcilhacy (┼)

20.02.1989 Maurice Faure Jean Cabannes Jacques Robert (Daniel Mayer) (Léon Jozeau-Marigné) (Francis Mollet-Vieville) (Jacques Latscha) (Robert Badinter) (Robert Fabre)

25.02.1992 Georges Abadie Marcel Rudlof Noëlle Lenoir-Fréaud (Robert Badinter) (Jacques Latscha) (Robert Fabre) (Maurice Faure) (Jean Cabannes) (Jacques Robert) Présidence de M. Roland Dumas (1995-1999) 22.02.1995 Roland Dumas Etienne Dailly Michel Ameller (Maurice Faure) (Jean Cabannes) (Jacques Robert) (Georges Abadie) (Marcel Rudlof) (Noëlle Lenoir-Fréaud)

04.04.96 Alain Lancelot remplace M. Rudlof (┼)

03.01.97 Y. Guéna remplace Etienne Dailly (┼)

10 et Simone Veil Jean-Claude Colliard 21.02.1998 (Georges Abadie) (Alain Lancelot) (Noëlle Lenoir-Fréaud) (Roland Dumas) (Yves Guéna) (Michel Ameller) Présidence de M. Yves Guéna (1999-2004)* 22.03.2000 Monique Pelletier (Simone Veil) (Jean-Claude Colliard) (Pierre Mazeaud) (Alain Lancelot) (Noëlle Lenoir-Fréaud) (Georges Abadie) (Yves Guéna) (Michel Ameller)

22.03.2001 Olivier Dutheillet de Lamothe Dominique Schnapper (Monique Pelletier) (Simone Veil) (Jean-Claude Colliard) (Pierre Mazeaud) (Yves Guéna) (Michel Ameller) Présidence de M. Pierre Mazeaud (2004-2007) 27.02.200 Pierre Steinmetz Jacqueline de Guillenschmidt Jean-Louis Pezant (Olivier Dutheillet de Lamothe) (Dominique Schnapper) (Pierre Joxe) (Pierre Mazeaud) (Simone Veil) (Jean-Claude Colliard)

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Présidence de M. Jean-Louis Debré (2007 - …) 23.02.2007 Jean-Louis Debré Renaud Denoix de Saint-Marc Guy Canivet (Pierre Steinmetz) (Jacqueline de Guillenschmidt) (Jean-Louis Pezant) (Olivier Dutheillet de Lamothe) (Dominique Schnapper) (Pierre Joxe)

25.02.2010 Michel Charasse Hubert Haenel Jacques Barrot (Jean-Louis Debré) (Renaud Denoix de Saint-Marc) (Guy Canivet) (Pierre Steinmetz) (Jacqueline de Guillenschmidt) (Jean-Louis Pezant) 31.08.10 Claire Bazy-Malaurie remplace Jean- Louis Pezant (┼)

12.02.2013 Nicole Maestracci (Guy Canivet) (Michel Charasse) (Hubert Haenel) (Jacques Barrot) (Jean-Louis Debré) (Renaud Denoix de Saint-Marc) 18.12.14 Lionel Jospin remplace J. Barrot (┼) (Claire Bazy-Malaurie)

Doc. 4 – Olivier Duhamel, « L’extravagante histoire du Conseil constitutionnel », L’Express, 27 juin 1986

Qui peut, en France, arrêter le pouvoir majoritaire ? président d’une des deux Chambres. Autrement dit, à bon Qui pouvait, hier, empêcher les socialistes de démanteler le escient. Et, en effet, les quinze premières années, le Conseil groupe Hersant ? Qui pourrait, demain, empêcher le ne sera saisi que neuf fois pour juger la constitutionnalité gouvernement R.p.r.-U.d.f. et la majorité parlementaire de le d’une loi ordinaire. On comprend que personne ou presque laisser s’étendre sans limites ? Pas le Sénat, qui retarde ne se soucie de la maison donnant sur les jardins du Palais- éventuellement une loi, mais n’a pas le dernier mot. Pas le Royal, juste derrière la Comédie-Française. Conseil d’Etat, qui ne donne qu’un avis sur les projets de loi. 1958 : quand Michel Debré apprend qu’il ne veut Ni non plus le chef de l’Etat, impuissant si le gouvernement pas de la Déclaration des droits de l’homme. Le contrôle du et l’Assemblée s’accordent sur une loi. Mais ce que ni le juge Conseil constitutionnel est non seulement rare, mais, le plus administratif, plus que centenaire. Ni les élus du suffrage souvent, procédural. S’il intervient, c’est pour vérifier que la universel n’ont les moyens d’empêcher, neuf juges loi respecte les 92 articles de la Constitution, lesquels, à peu constitutionnels peuvent l’arrêter. d’exceptions près, ne concernent pas des droits et des “Pour qu’on ne puisse pas abuser du pouvoir, il faut libertés, mais précisent une procédure ou un domaine de que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le compétence. Pour qu’il en aille autrement, il faudrait que le pouvoir.” Il aura fallu plus de deux siècles pour que cette Conseil contrôle la loi aussi au regard de la Déclaration de belle phrase de Montesquieu reçoive en France sa pleine 1789, qui, elle, proclame des libertés fondamentales. application. Encore ne l’a-t-on pas vraiment voulu ainsi en Mais cela, précisément, les rédacteurs de la 1958. Et ce ne fut qu’à travers moult péripéties que le Constitution ne l’ont pas voulu. Ou, pour être honnête, ils Conseil constitutionnel conquit la place d’une authentique n’avaient guère envisagé la question. La Déclaration de 1789 cour suprême. et le préambule de 1946 figurent dans le préambule de 1958. “En France, la cour suprême, c’est le peuple.” Le Ces textes devaient-ils avoir valeur constitutionnelle ? Il mot est attribué au général de Gaulle. Superbe résumé de s’est trouvé un honorable parlementaire pour le demander, l’hostilité française à tout contrôle de la constitutionnalité un jour d’août 1958. Et Raymond Janot, commissaire du des lois. Bonapartistes soucieux de la puissance du chef, gouvernement, défendant l’avant-projet, de lui répondre à révolutionnaires imbus du mythe de la perfection de la loi, brûle-pourpoint : “Estimez-vous vraiment que les règles tous unis, au nom du peuple, contre le juge. Les rédacteurs édictées en 1789 conservent une valeur normative au XXe de la Constitution de 1958 n’envisageaient eux-mêmes siècle, qu’elles répondent à la structure de la société actuelle aucunement d’investir neuf conseillers du pouvoir de refuser ? – Pour les auteurs de l’avant-projet, le préambule n’a donc une décision qui aurait reçu l’aval du président, du pas de valeur constitutionnelle ? – Non, certainement. ” gouvernement et de l’Assemblée. Un quart de siècle plus tard, Janot confie : “Après L’idée nouvelle était de limiter le domaine de la loi avoir répondu cela, j’ai été voir Michel Debré et le Général et d’étendre, par voie de conséquence, le champ d’action pour leur demander si j’avais eu raison d’écarter un contrôle gouvernemental : le Premier ministre édicterait désormais par rapport au préambule. Ils m’ont répondu : « Oui. Oui, les règles de droit en toute matière non expressément confiée bien sûr ».” Les pères fondateurs découvraient qu’ils ne au législateur. La frontière entre loi et règlement était ainsi voulaient pas de la Déclaration de 1789 dans le droit positif nettement tracée pas la Constitution de 1958, et tout au profit français. de l’exécutif. Mais elle n’aurait pas tenu sans l’institution de 1962 : quand Gaston Monnerville, président du garde-fous. Les députés auraient tôt fait de pêcher dans les Sénat, estime que “le Conseil constitutionnel vient de se eaux gouvernementales. Ainsi naquit le Conseil suicider”. Les premières nominations au Conseil constitutionnel, spécialement chargé de surveiller le constitutionnel aggravent l’image d’une instance politique. Parlement. Il contrôlera obligatoirement les règlements des Les gaullistes placent des gaullistes : Léon Noël, ancien Chambres et les lois organiques que les Assemblées doivent député R.p.f., comme président, accompagné, par exemple, voter pour préciser la Constitution. Il sera juge du de Georges Pompidou, ancien directeur du cabinet du contentieux des élections. Enfin, il veillera à ce que les Général, de Louis Pasteur Vallery-Radot ou de Victor parlementaires ne votent pas des lois qui débordent le Chatenay, également anciens députés R.p.f. Gaston domaine qui leur est assigné. Monnerville prend soin de choisir trois avocats, mais il ne La Constitution le prescrit, mais dans les termes désigne qu’un tiers des membres, les deux autres étant abstraits du droit. Elle prévoit donc un contrôle de la choisis par de Gaulle et Chaban-Delmas. Les neuf se sont vu conformité des lois à la Constitution. Mais, pour que adjoindre par la Constitution les anciens présidents de la personne ne croie la France transférée outre-Atlantique, il est République. Pour remercier Vincent Auriol et René Coty précisé que ce contrôle n’interviendra qu’à la demande du d’avoir aidé au retour du Général aux affaires. Le tout donne président de la République, du Premier ministre ou du l’impression d’un bureau de placement pour copains en

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réserve ou en retraite. tradition plus calme, et content de défendre quelques libertés, Une fois installé, le Conseil consti- tutionnel refuse ce projet de loi, mais le gouvernement donne le n’attire guère l’attention. L’impression selon laquelle les dernier mot à l’Assemblée. L’affaire devrait s’arrêter là. Et sages sont surtout là pour surveiller le Parle- ment se l’Association des amis de “La Cause du peuple”, enfin confirme. Et on n’entend plus parler du Conseil jusqu’à ce disparaître. Mais Alain Poher vole au secours de Simone de qu’éclate la grande crise politico-institutionnelle de Beauvoir, ou, plus exactement, le président du Sénat ne l’automne de 1962, avec le coup de poker du Général pour renonce pas à défendre jusqu’au bout la liberté d’association. réviser la Constitution en s’adressant directe- ment au Il décide donc de saisir le Conseil constitutionnel. peuple. Normalement, il n’a aucune chance. Aucun des 92 articles De Gaulle veut instaurer l’élection directe du de la Constitution ne souffle mot de la liberté d’association. président. Mais, s’il choisit la voie normale de la révision, il Et le Conseil se bornait, jusqu’alors, à confronter la loi à ces lui faudra passer par le Parlement, où l’échec est assuré. articles. Aussi décide-t-il d’utiliser le référendum prévu à l’article 11. Mais le Conseil constitutionnel décide de s’affranchir d’un L’immense majorité des juristes dénonce une violation de la cadre aussi étroit et de constitutionnaliser la liberté Constitution. Des fuites révèlent que le Conseil d’Etat d’association. Pour ce faire, il lui faut un lien entre la grande partage cette désapprobation. Le Conseil constitutionnel est loi de principe, votée en 1901, et la Constitution de 1958. Il obligatoirement consulté, et il rend un avis négatif – mais le trouvera dans le préambule, table gigogne de la loi secret. Il n’est évidemment pas suivi. Le référendum a lieu, constitutionnelle. les “oui” l’emportent. Cinq jours plus tard, Gaston En effet, le préambule de 1958 se réfère à la Monnerville, président du Sénat, saisit le Conseil Déclaration des droits de l’homme et du citoyen ainsi qu’au constitutionnel pour qu’il déclare la loi adoptée contraire à la préambule de la Constitution de 1946. Lequel se réfère aux Constitution. Le Conseil va-t-il se déjuger par rapport à son “principes fondamentaux reconnus par les lois de la premier avis, négatif, et déclarer la loi conforme ? Ou va-t-il République”. Et la loi de 1901 est évidemment une loi de la s’y tenir et affronter tout à la fois le peuple souve- rain et son République, qui proclame incontestablement la liberté chef victorieux ? Il ne fera ni l’un ni l’autre, le droit étant d’association. La loi Marcellin sera donc inconstitutionnelle, souvent la meilleure école de l’esquive. Il déclarera pour violation du principe constitutionnel en venu duquel simplement qu’il “n’a pas compétence pour se prononcer ”. toute association est libre de se créer. La police ne saurait Incompétence en droit, dit-il. Certains l’entendirent l’empêcher a priori. Seule la justice peut, le cas échéant, la autrement... réprimer a posteriori. Même si l’on pense que le Conseil a bien fait de s’en Politiquement, l’affaire était importante : pour la tenir alors à une inter- prétation stricte de ses compétences, première fois, le gouvernement se voyait blâmé sur le devant faute de quoi le Général l’aurait probablement supprimé, il de la scène publique. Le Conseil constitutionnel conquérait lut bien maladroit d’ajouter qu’il n’était qu’un “organe quelque crédit à gauche et au centre. régulateur de l’activité des pouvoirs publics ”, donnant ainsi Juridiquement, l’affaire était décisive : la notion prise à ceux qui le baptisaient “chien de garde de l’exécutif large de “bloc de constitutionnalité” se substituait à la notion ”. Vincent Auriol était revenu siéger. Cette fois-ci, il étriquée de “dispositif constitutionnel” (les 92 articles de claquera définitivement la porte. Monnerville avait espéré. Il 1958). annoncera que le Conseil vient de se suicider. En pratique, il Du point de vue de la protection des droits, l’affaire survécut. Mais rejeté par les esprits non inféodés au était fondamentale : elle permettait au Conseil de vérifier non gaullisme. Au moins pour un temps. En 1974, Gaston plus seulement si la procédure parlementaire avait été Monnerville sera nommé membre du Conseil constitutionnel correctement suivie, si les droits et libertés inscrits dans le et viendra siéger avec bonheur. Entre-temps, une révolution texte de 1958 n’avaient pas été malmenés, si le domaine de juridique s’était accomplie. la loi n’était pas débordé, mais, bien au-delà, si la multitude 1971 : quand Simone de Beauvoir et Alain Poher des libertés publiques, droits de l’homme, garanties et permettent au Conseil de ressusciter la Déclaration des droits principes contenus dans les grands textes de 1789, de 1946, de l’homme. Avant de s’achever devant les jardins du Palais- et les lois de la République étaient respectées. Parce que, Royal, l’histoire commence sur les pavés de l’après-Mai 68. dans les textes visés en tête de sa décision, le 16 juillet 1971, Quelques groupes maoïstes s’agitent en France. Les le Conseil a inscrit : “Vu la Constitution, et notamment son trublions se nomment Alain Geismar ou Serge July. Jean- préambule”. Paul Sartre, Simone de Beauvoir et quelques autres les sou- 1974 : quand Valéry Giscard d’Estaing donne à tiennent. Raymond Marcellin, ministre de l’intérieur, les l’opposition le pouvoir de lui nuire. La décision du 16 juillet croit tous manipulés par Mao Zedong pour déstabiliser la 1971 aurait pu être sans suite. Il n’en fut rien. Le 28 France. Il fait interdire leur journal, “La Cause du peuple”. novembre 1973, les neuf sages confirment leur conception Simone de Beauvoir prend la tête de l’Association des amis extensive du bloc de constitutionnalité, décidant, contre la de “La Cause du peuple ”. Le péril rouge est dans . jurisprudence du Conseil d’Etat et de la Cour de cassation, L’Intérieur veille à ce que la préfecture refuse de délivrer le que seule la loi peut assortir les contraventions de peines de récépissé à cette association. Mais les gauchistes ont prison. Ils récidivent le 27 décembre, en annulant un article quelques amis avocats qui saisissent le tribunal administratif de la loi de finances privant les gros contribuables d’un de Paris. Ce dernier donne raison à “dame Beauvoir”. moyen de preuve contre la taxation d’office : la Marcellin ne va pas se laisser arrêter par quelques juges discrimination est contraire au principe d’égalité devant la contaminés par le maoïsme il décide de changer la loi. loi, reconnu par la Déclaration des droits de l’homme. L’Assemblée nationale, dont la majorité conservatrice a été Valéry Giscard d’Estaing ne leur en tint pas rigueur. élue en juin 1968 pour ne plus jamais voir les drapeaux Moins d’un an après cette annulation, il conféra au Conseil rouges et noirs, se laisse facilement convaincre qu’il faut un rôle accru en élargissant les possibilités de le saisir. pouvoir refuser une déclaration d’association pour lutter Désormais, il suffirait de 60 députés ou de 60 sénateurs pour efficacement contre le complot gauchiste. Le Sénat, par déférer une loi au Conseil. 4

La révision d’octobre 1974 fut courageuse. Il est pénétrèrent les esprits. Socialistes et communistes se mirent peu d’exemples d’un pouvoir décidant ainsi de s’autolimiter à reprocher au système français ses insuffisances, ce qui n'est et d’accorder des droits nouveaux à ses adversaires, au risque évidemment guère compatible avec la dénonciation de ses qu’ils gênent son action. Giscard le fit hors de toute excès. contrainte, ses amis ne le lui demandaient pas. La gauche La loi de Thucydide fit le reste, à savoir que tout homme – vota contre la révision, comme d’habitude, et pour la raison toute institution, donc – tend à aller au bout de son pouvoir. principale quelle n’émanait pas d’elle. L’hostilité gagna L'opposition recevait un pouvoir, celui de recourir au juge même les rangs gaullistes, refusant l’autosaisine du Conseil constitutionnel et, le cas échéant, à travers lui, d'arrêter une – le député gaulliste Pierre-Charles Krieg ne craignait pas de loi néfaste. Il eût été surprenant qu'elle ne s'y essayât point. déposer sur ce point un amendement conjoint avec le député Elle s'y essaya. Quelques succès suffirent à l'encourager. communiste Lucien Villa. Pour le reste, Giscard était trop Des hommes y aidèrent, à n'en point douter. La franchement élu pour que les convergences de la gauche communauté juridique – hormis l'inévitable cohorte des jacobine et de la droite bonapartiste empochent son projet envieux – se réjouit lorsque, en 1980, le doyen Georges d’aboutir, somme toute dans une assez grande indifférence. Vedel fut nommé au Conseil constitutionnel par Valéry Et pourtant, la réforme bouleversa le contrôle de Giscard d'Estaing. Une grande figure du droit entrait ainsi constitutionnalité. dans l'institution, sans qu'une amitié politique y ait aidé. En Quantitativement, d’abord : neuf décisions en même temps, du côté des parlementaires, les saisines étaient quinze ans, lorsque seuls les quatre principaux personnages mieux préparées, grâce à l'imagination fructueuse d'un de l’Etat disposaient du droit de saisine, dix par an depuis, Michel Charasse ou aux grandes compétences d'un jeune en moyenne. Qualitativement, ensuite : un gouvernement juriste, Guy Carcassonne, devenu conseiller juridique du n’agit pas de la même manière lorsqu’il sait qu’une menace groupe socialiste. Au service juridique du Conseil, un de contrôle pèse en permanence sur lui. Médiatiquement, magistrat détaché du souci de plaire, Bernard Poullain, encore : le Conseil apparaît davantage sur le devant de la encourageait les membres dans leur audace. scène. Dans le modèle américain, le juge intervient à froid, Mais les hommes n'expliquent pas tout. Et les hommes plusieurs années après que la loi a été votée. Il dit le droit à changent, portés qu'ils sont par la logique de l'institu- tion l’occasion d’un procès, litige entre deux parties, non d’un qu'ils doivent faire vivre et qui les fait vivre. La dignité d'un affronte- ment politique entre majorité et oppo- sition. Dans membre du Conseil finit par s'identifier à la dignité du le modèle français, le juge constitutionnel intervient à chaud, Conseil lui-même, laquelle exige rigueur et indépendance. dans les semaines qui suivent les débats parlementaires. Il est L’osmose s'accomplit d'autant plus que les membres sont saisi par l’opposition. Et juge une loi adoptée par la majorité. nommés pour une longue période – neuf ans – et ne peuvent Même s’il se place du seul point de vue du droit, sa décision être renommés. est perçue en termes politiques. La simplification nécessaire De cette métamorphose, le meilleur exemple nous des médias aggrave les choses : ils se contentent souvent de est offert par la présidence de Roger Frey, gaulliste fidèle, dire que le Conseil a annulé telle disposition, ou qu’il a comme ses prédécesseurs Léon Noël et Gaston Palewski. déclaré telle loi conforme (mais, en cette dernière hypothèse, Hier sensible aux impératifs de la raison d'Etat, il n'en les informations se font plus rares : une annulation, c’est une contribuera pas moins au renforcement des droits de information ; une déclaration de conformité, c’est un train l'homme et du citoyen. Une illustration particulièrement qui arrive à l’heure). éclatante en fut donnée lorsque le Conseil qu’il présidait L’appréciation des décisions du Conseil se détériore encore s'opposa à la généralisation de la fouille policière des avec la fâcheuse propension de nombre d’hommes politiques véhicules, prônée par Michel Poniatowski. Le 12 janvier à saluer la consécration du droit par une juridiction 1977, le Conseil annule la loi autorisant la visite des indépendante lorsque la décision leur sied, mais à dénoncer véhicules et consacre une conception très large de la liberté la partialité du gouvernement des juges lorsqu’elle ne leur individuelle : “l'un des principes fondamentaux reconnus par convient pas. Si bien que le juge constitutionnel français les lois de la République”, elle implique la liberté d'aller et souffre d’une perception souvent très déformée de ses de venir et la protection de la vie privée ; si des limites décisions. doivent y être apportées, c'est sous le contrôle de l'autorité 1977 : quand un ancien ministre de l’Intérieur judiciaire, gardienne des libertés. déclare inconstitutionnelle la fouille des véhicules par la 1981 : les tourmentes de l'alternance. La droite police. Il n’était pas évident que l’opposition de gauche se saura profiter, enfin, de la réforme qu'elle avait introduite servirait du nouveau droit qui lui était accordé. Elle aurait pu sept ans plus tôt. La gauche s'en offusqua, et le climat se pousser le sectarisme jusqu’à la stupidité, ou la logique du dégrada inéluctablement. refus jusqu’à son terme. La gauche ne relâcha guère ses Par définition : la droite tend à conserver, la gauche critiques contre le mode de désignation des membres du à bouleverser, et le droit est conservateur par nature – Lénine Conseil. Le choix par Georges Pompidou de Roger Frey disait que le juriste est le seul animal qui a toujours ses yeux aggrava encore la défiance : ministre de l’Intérieur au derrière lui, habitué qu'il est à travailler sur le précédent. moment de la répression meurtrière qui noya plus d'une Par tradition : le fond jacobin reste vivace à gauche centaine d'Algériens dans la Seine le 17 octobre 1961, ou de et la défiance à l'égard du Conseil n'a pas vraiment disparu. celle, plus connue, qui se solda par neuf morts au métro Le 19 août 1978, François Mitterrand déclarait encore que Charonne en février 1962, Roger Frey ne donnait pas cette “institution à la Napoléon III ne devrait pas avoir cours exactement l'image d'un juriste spécialisé ou d'un défenseur dans la vie démocratique d'au- jourd'hui. Il s'agit d'une acharné des libertés publiques. La gauche protesta, mais ne institution dont il faudra se défaire”. Il multipliait, la même négligea pas le Conseil pour autant. année, les compliments du genre “on le croyait servile, il C'est que la gauche avait commencé sa n'est qu'obéissant”. modernisation, laquelle l'entraînait à réviser ses conceptions Après 1981 ne manquait que l'occasion, les institutionnelles, et pas seulement sur le terrain de l'élection nationalisations la fournirent. La fureur à gauche fut ravivée présidentielle. Les vertus d'une cour constitutionnelle par quelques maladresses. C'est que le gouvernement 5

Mauroy avait fait de vrais efforts pour éviter les foudres du englobe nombre d’annulations très partielles, voire purement Conseil : le mode de calcul de l'indemnisation fut modifié procédurales (voir tableau). pour tenir compte des suggestions du Conseil d'Etat. D'où la Liste impressionnante, mais indicative, Seuls deux stupeur lorsque l'autre côté du Palais-Royal objecta. Il le fit, textes ont été totalement annulés. Surtout, aucune réforme de en outre, à la veille du scrutin sur les élections législatives la gauche n’a été véritablement empêchée sauf celle visant le partielles, ce qui n'arrangea évidemment pas les députés de groupe Hersant. Même dans ce cas, on s’aperçoit déjà que la gauche invalidés. décision du Conseil a été lue trop unilatéralement. Elle a Plusieurs voix socialistes s'indignèrent, et non des peut-être sauvé Hersant, mais elle a aussi constitutionnalisé moindres. Une fois de plus, la composition du Conseil fut le pluralisme de la presse, ce qui empêche aujourd’hui la mise en cause. “Nous, nous représentons le peuple. Eux droite d’abroger purement et simplement la loi de 1984. représentent des hommes politiques de la majorité d'autrefois Ainsi, les mêmes décisions qui, hier, ont tempéré l’ardeur ”, déclara Pierre Joxe, président du groupe parlementaire réformatrice de la gauche limitent aujourd’hui l’ardeur socialiste et fils du gaulliste Louis Joxe, membre du Conseil restauratrice de la droite. (20 janvier 1982). Le même jour, Lionel Jospin amplifia la 1986 : dans les troubles de la cohabitation. Une critique sur Antenne 2 : “On ne peut pas substituer le nouvelle période s’ouvre avec la boucle bouclée de gouvernement des juges au gouvernement du peuple... Le l’alternance et la reconquête du pouvoir par la coalition Conseil constitutionnel ne parait pas appartenir à la tradition R.p.r.-U.d.f. Nouveauté accrue au Conseil constitutionnel, française...”. parce qu’elle coïncide avec l’arrivée d’un nouveau président, Et pourtant, la décision du 16 janvier 1982 n'était Daniel Mayer ayant démissionné de son fauteuil présidentiel pas que négative pour les socialistes ; contrairement aux pour le céder à Robert Badinter. Bon stratège, François vœux de l'opposition, elle ne contestait pas le principe des Mitterrand exécuta la manœuvre avant les élections – mais, nationalisations. La droite les estimait incompatibles avec en vérité, le calendrier s’imposait à lui. L’arrivée du garde l'article 17 de la Déclaration de 1789 : “La propriété privée des Sceaux provoqua un petit tollé, à droite bien sûr, où étant un droit inviolable et sacré, nul ne peut en être privé, si beaucoup exècrent ses idées et certains redoutent son talent. ce n'est quand la nécessité publique, légalement constatée, Mais à gauche aussi, où au moins une voix – celle de Maurice l'exige évidemment...”. Et les requérants d'insister sur Duverger – regretta l’opération. Juridiquement, elle n’est l'absence de nécessité publique. A quoi le Conseil répliqua pourtant guère contestable, comme l’admet Louis Favoreu qu'il appartient au législateur et non au juge constitutionnel dans sa dernière chronique de la “Revue du droit public”. de définir la nécessité publique, refusant ainsi de s'engager Symboliquement, chacun l’apprécie évidemment en fonction sur la voie du “gouvernement des juges”. Tout au plus de ses convictions, mais reconnaissons que si Robert maintenait-il une barrière, pour que l'Assemblée ne puisse Badinter risquait de tomber, dans l’excès, ce ne serait pas pas nationaliser absolument n'importe quoi, en ajoutant : celui de l’inattention aux libertés. “sauf erreur manifeste d'appréciation”... Quoi qu’il en soit, le conseil contrôle toujours la loi, Les attaques venaient du Parti socialiste. Les sans trop se soucier de qui la fait. Et, quand l’alternance a gouvernants y mirent le holà. Déjà, le 4 novembre 1981, pour résultat premier que les uns défont ce que les autres ont François Mitterrand avait défendu Roger Frey, exprimant fait, il lui plaît, quant à lui, de maintenir sa jurisprudence au- “son vif regret que le Président du Conseil constitutionnel ait dessus des clivages politiques – même si, on l’oublie été mis en cause, et, qui plus est, sans fondement au cours souvent, cinq de ses neuf membres ont été nommés pas des d'un débat à l'Assemblée”. S'agissant des nationalisations, hommes politiques de droite. Ses premières décisions de Pierre Bérégovoy, alors secrétaire général de l'Elysée, l’été de 1986 permettront ces parallélismes : compétence du expliqua : “Nous comprenons parfaitement que, par le jeu législateur pour décider des nationalisations hier, des institutions, on soit amené à fonder telle ou telle compétence du législateur pour décider des privatisations objection dont le gouvernement entend d'ailleurs tenir aujourd’hui. Pourquoi pas sous réserve d’erreur manifeste compte. Mais quiconque se fixerait comme but d'empêcher d’appréciation, dans l’un et l’autre cas ? Et à la condition la mise en œuvre des nationalisations voulues par la nation d’une juste indemnisation pour les actionnaires nationalisés commettrait une grave erreur.” Telle n'était pas l'intention du hier, d’un juste prix pour racheter à l’Etat ces entreprises Conseil, oui accepta le deuxième projet de nationalisation. aujourd’hui. Interdiction que la voix d’un électeur pèse plus François Mitterrand toléra-t-il le Conseil par du double de celle d’un autre en Nouvelle-Calédonie hier, nécessité ou fut-il converti à ses vertus ? Les deux interdiction équivalente en métropole aujourd’hui Et, s’il motivations coexistent peut-être, la première ayant maintient ses principes, on voit mal qui, de bonne foi, certainement été plus forte au début de son septennat, et la protesterait. D’autant que, pour ce faire, il n’est pas toujours seconde à la fin. Il lui était en effet impossible de sup- primer obligé d’annuler et qu’il recourt parfois à la technique, mal ou de réformer l’institution, sauf à suivre la voie périlleuse connue, mais décisive, de la conformité sous réserve d’inter- du réfé- rendurn gaullien direct, ce qu’il avait toujours prétation. Au lieu de renvoyer la loi au gouvernement et au condamné. Parlement, les neuf sages l’interprètent et ajoutent dans leur Le calme revint, tout au moins du côté du Palais- décision ce que le législateur aurait dû prévoir dans son texte. Royal. En février 1983, Daniel Mayer succéda à Roger Frey. Les gouvernants sont satisfaits, parce que la critique échappe Socialiste certes, mais avant tout de la Résistance, aux médias. L’opposition peut être satisfaite, parce qu’elle a combattant des droits de l’homme plus que militant du obtenu gain de cause sur les principes. Et. Surtout, l’Etat de mitterrandisme, sa nomination provoqua plutôt une agréable droit se développe sous la surveillance des juges. En ces cas, surprise. Le Conseil ne comptait encore que trois membres l’action des neuf sages est moins spectaculaire, mais tout choisis par François Mitterrand, directement ou via Louis aussi utile. Et, elle permet de quitter l’alternative sommaire Mermaz. De mai 1981 à mars 1986, une loi socialiste sur de la condamnation brutale de neuf hiérarques politiques ou deux a encouru la censure du juge constitutionnel, pour une de l’admiration béate devant le juge constitutionnel. Son sur quatre durant le septennat giscardien (1). Mais une telle histoire connaîtra peut-être encore des rebondissements, statistique risque de donner une image fausse, puisqu’elle mais l’on n’entendra plus François Mitterrand railler le 6

“garçon de courses du général de Gaulle”, Michel Debré Marcellin ou Lionel Jospin souhaiter sa disparition… Et admettre que la Déclaration de 1789 est démodée, Gaston pourtant, sans eux aussi cette histoire n’aurait pas existé. Monnerville prophétiser le suicide du Conseil, Simone de Beauvoir y trouver l’ultime refuge face à Raymond

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