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JOURNEE D’ETUDES EN LIGNE VENDREDI 25 JUIN 2021 2 I VIIIe JOURNÉE DES JEUNES CHERCHEURS I GROUPE SCULPTÉ, COMPOSITION, PERFORMANCE PARTAGÉE : METTRE ENSEMBLE

COMITÉ SCIENTIFIQUE JOURNÉE D’ÉTUDES ET COORDINATION

EN LIGNE Thierry Dufrêne, Professeur d’histoire de l’art, Université Nanterre

VIIIe Journée des jeunes chercheurs Amélie Simier, Conservatrice générale du Groupe sculpté, composition, performance patrimoine, Directrice du musée Rodin partagée : mettre ensemble Véronique Mattiussi, Chef du service de la Recherche au Relier des figures, des formes, des actants. Quand le sculpteur s’éloigne musée Rodin de la forme unique, du monolithe, du bloc, il entre dans la dialectique de la composition, du montage, de l’, voire de l’installation Franck Joubin, ou de la performance à plusieurs. Documentaliste chargé des colloques Avec les groupes sculptés de Rodin comme point de départ, en passant au musée Rodin par les ensembles – de figures, de formes, d’objets, de personnes –, nous questionnerons le « mettre ensemble », le « composé ».

Que disent ces groupes ? Que figurent-ils de la représentation sociale, des INFORMATIONS PRATIQUES rapports entre les êtres humains (genres, types, groupes, communautés Journée d’études en ligne (Zoom). etc.), des relations de ceux-ci à leur environnement, à la Nature, aux êtres Inscription obligatoire : imaginaires ? Quelle(s) société(s) la sculpture complexe image-t-elle ? https://us02web.zoom.us/ Quels sont les pratiques, les enjeux techniques et les effets de l’acte webinar/register/ de « mettre ensemble » en sculpture ? WN_7H0fTKWDRuuy- Comment les sculpteurs, mais aussi les critiques et les historiens de l’art, U3L41hHgA ont-ils théorisé, analysé le « groupe sculpté », la « composition avec figures », la « composition abstraite », l’« action collective » ? Avec quelle CONTACT terminologie et quels concepts ? [email protected] Les communications porteront sur ce qui relie (ou sépare), ce qui met ensemble et compose (ou divise), et le langage composé (composite) de la MUSÉE RODIN sculpture. 19, boulevard des Invalides 75007 Paris

www.musee-rodin.fr

MUSÉE RODIN

Couverture : Auguste Rodin (1840-1917) Monument des Bourgeois de Calais (détail) 1889 Bronze, fonte de 1926 H. 217 ; L. 255 ; P. 197 cm Paris, musée Rodin, S.00450 © Agence photographique du musée Rodin - Jérome Manoukian 3 I VIIIe JOURNÉE DES JEUNES CHERCHEURS I GROUPE SCULPTÉ, COMPOSITION, PERFORMANCE PARTAGÉE : METTRE ENSEMBLE

PROGRAMME VENDREDI 25 JUIN

9h 14 h 15 Ouverture Ouverture

9h 15 14h30 Accueil du public Marie-Dominique Gil Amélie Simier Kate Millett : autour d’une pratique collective et féministe de la sculpture 9h30 Introduction 15 h00 Thierry Dufrêne Lucas Belloc Tetsumi Kudō, le sculpteur de la « nouvelle écologie » 10h00 Guillaume Crocquevieille 15h30 : discussion Le portrait de groupe en Grèce à l’époque impériale : figurer l’absent, transfigurer le présent 16h00 Jean-Roch Dumont Saint Priest 10h30 Les Floats de Robert Breer : une reconfiguration continue des Suzanne Martin-Vigier relations entre sculptures et espace La fabrique de la sainteté : la création des statues de saint.e.s au XIXe siècle ou la valse des attributs 16h30 : discussion et conclusion de la journée

11h00 : discussion et pause

11h30 Charlie Godin Création et procréation : la complexité du corps dans l’œuvre de Jacob Epstein

12h00 Laurence Madeline « Les monuments de plage » : contemporanéité et vie dans la sculpture de Picasso

12h30 : discussion et déjeuner 4 I VIIIe JOURNÉE DES JEUNES CHERCHEURS I GROUPE SCULPTÉ, COMPOSITION, PERFORMANCE PARTAGÉE : METTRE ENSEMBLE

INTERVENANT BIOGRAPHIE

Agrégé de lettres classiques et enseignant en lycée, Guillaume Crocquevieille est Guillaume Crocquevieille diplômé de muséologie de l’École du et en archéologie à Sorbonne Université. Après des travaux de deuxième cycle sur les moulages de l’École des Le portrait de groupe en Beaux-arts de Paris et sur la coroplastie Grèce à l’époque impériale : hellénistique de Smyrne, il réalise une thèse de doctorat sur Les échanges figurer l’absent, transfigurer artistiques dans la statuaire honorifique de la province d’Achaïe (Ie-IVe siècle de le présent notre ère) sous la direction d’Hélène Brun- Kyriakidis. Ses recherches portent sur la statuaire honorifique en Grèce à l’époque Le but de cette communication est de présenter les problématiques propres à des impériale ainsi que sur la réception de ensembles statuaires, notamment honorifiques, à travers l’exemple de la sculpture l’antique en art et en littérature à l’époque grecque d’époque impériale, qui font l’objet de notre recherche en thèse. contemporaine. Au début de l’époque impériale, la Grèce continentale connaît une phase d’embellissement de ses centres urbains et de ses sanctuaires favorisée par l’évergétisme des empereurs ou de riches mécènes, comme Hérode Atticus. Cette monumentalisation de l’espace public s’accompagne d’une présentation d’ensembles sculptés aux compositions complexes. Les productions élaborées au cours du Haut Empire dans la province d’Achaïe témoignent des rapports étroits qu’entretiennent la sculpture et l’architecture. La communication visera à présenter différentes modalités du « mettre ensemble » dans le portrait de groupe d’époque impériale à travers l’analyse de plusieurs cas, en particulier : - au nymphée dédié dans le sanctuaire d’Olympie par Hérode Atticus : la proclamation de la double identité grecque et romaine de la famille de l’évergète réunie autour d’une figure divine (Zeus) et des principaux empereurs antonins. - au théâtre de Corinthe : la mise en scène de l’apothéose divine de l’empereur Trajan, où la parure sculptée de la frons scaenae est un redoublement pétrifié du spectacle joué dans le proscaenium, associant figures mythologiques, figures civiques de togati et figures militaires en cuirasse. - au monument funéraire de Philopappos à Athènes : l’élaboration d’une composition associant rondes-bosses d’ancêtres du défunt et bas-reliefs dans un cadre architecturé dominant la colline des Muses. La sculpture permet ici la mise en récit d’une histoire familiale selon les normes de la figuration héroïque. Par ces exemples, la variété des contextes envisagés (civique, cultuel, funéraire) témoigne de la complexité de la mise en espace du portrait sculpté dans l’antiquité et de la variété de ses visées, qui sont autant politiques que religieuses. 5 I VIIIe JOURNÉE DES JEUNES CHERCHEURS I GROUPE SCULPTÉ, COMPOSITION, PERFORMANCE PARTAGÉE : METTRE ENSEMBLE

INTERVENANTE BIOGRAPHIE

Titulaire d’une licence d’histoire de l’art et d’un master recherche en histoire de l’art Suzanne Martin-Vigier contemporain du XIXe siècle de Paris IV Sorbonne, Suzanne Martin-Vigier est spécialisée en sculpture. Elle a effectué ses deux mémoires de recherches sur Le couple La fabrique de la sainteté : dans l’œuvre d’Auguste Rodin, sous la la création des statues de direction de M. Thierry Laugée et de M. Barthélémy Jobert. Doctorante en histoire saint.e.s au XIXe siècle ou de l’art sous la direction de Mme Claire Barbillon (Université de Poitiers et École du la valse des attributs Louvre) et de Mme Isabelle Saint-Martin (EPHE), elle travaille sur les objets de dévotion privée au XIXe siècle. Elle est Les manufactures d’art chrétien, ou « sainteries », sont les lieux de production des également boursière pour le compte du statues religieuses (statuettes pour particuliers et statues destinées à être exposées Labex CAP (lauréate du concours « dans les églises). Elles sont représentatives de l’engouement pour une certaine Immersion ») en partenariat avec l’INHA où iconographie religieuse et ces « bondieuseries », corrélées au développement des elle travaille pour le projet de numérisation pèlerinages et à l’essor des événements mystiques comme les apparitions, du fonds Antoine-Louis Barye. Par ailleurs, émaillent le siècle. Elles sont également le témoignage d’un mouvement elle est chargée de TDO à l’École du d’industrialisation de l’art. Produites à grande échelle et de façon sérielle, elles sont Louvre, spécialité arts du XIXe siècle. stéréotypées et semblent laisser peu de place à la création et aux assemblages. Pourtant, ces œuvres en apparence normées sont le support privilégié d’une dévotion populaire qui réclame une « plus-value » personnelle et spirituelle de la part des fidèles qui les acquièrent. Ainsi, en fonction des demandes, on retrouve trace, dans certaines manufactures, d’assemblages, d’échanges, d’ajouts ou de suppressions de nombreux attributs et éléments physiques sur des statuettes afin que celles-ci ressemblent plus à tel saint ou tel personnage biblique. Certains clients demandent expressément des « hybridations » voire des « greffes » ou des compositions spécifiques car ils estiment, par exemple, que le corps de sainte Philomène siérait mieux au visage de sainte Agathe. L’on n’est plus si éloigné des expérimentations d’Auguste Rodin. Si ce dernier prenait autant de plaisir artistique dans le résultat que dans le processus du « bricolage », la démarche est différente dans les cas des statuettes religieuses. Elle oscille entre souci d’exactitude théologique et volonté d’appropriation individuelle. In fine, il est question d’expression de foi et de passion : foi créatrice, foi spirituelle, passion artistique et Passion mystique. 6 I VIIIe JOURNÉE DES JEUNES CHERCHEURS I GROUPE SCULPTÉ, COMPOSITION, PERFORMANCE PARTAGÉE : METTRE ENSEMBLE

INTERVENANT BIOGRAPHIE

Diplômé en 2013 de l’École du Louvre, Charlie Godin s’est spécialisé dans Charlie Godin l’histoire de l’art moderne et contemporain. Il a été commissaire de l’exposition Refractive Distance à la galerie Art Exchange, au Royaume-Uni, et est Création et procréation : l’auteur de plusieurs notices et articles la complexité du corps dans scientifiques, entre autres pour le magazine étapes, le Musée d’art contemporain du l’œuvre de Jacob Epstein Val-de-Marne, ou la revue Arts et Cultures. En 2018, Charlie Godin intègre la Conservation des Œuvres d’Art Religieuses Principalement connu pour le tombeau d’Oscar Wilde, Jacob Epstein (1880-1959) et Civiles de la Ville de Paris, où il prend s’est intéressé tout au long de sa carrière à la représentation du corps. Il est l’un en charge une partie du décor des édifices des premiers à observer et collectionner les arts premiers, fasciné par la liberté de ton cultuels de la ville, avec l’intention de et les audaces visuelles de pratiques très éloignées de la statuaire classique. Il valoriser un patrimoine souvent méconnu. visite ainsi la collection ethnologique du Trocadéro pendant son séjour en Depuis 2019, il intervient comme entre 1902 et 1905, et se passionne pour le thème de l’apparition des formes et responsable du suivi administratif et des figures. Ses compositions s’en trouvent alors très avant-gardistes : en scientifique des expositions temporaires s’éloignant des codes occidentaux, le sculpteur s’inspire de l’art africain, océanien au sein de la Fondation Martin Bodmer, ou indien dans lequel les corps peuvent s’imbriquer, s’enchevêtrer et se dissimuler. à Genève. Les proportions et les anatomies sont renversées et détournées, elles deviennent un terrain de jeu pour un exercice de construction et d’assemblage des formes. À travers une sélection d’une dizaine d’œuvres, nous proposons de réfléchir sur un corpus précis de sculptures de Jacob Epstein, de manière à révéler son goût pour les thèmes de la procréation et de la maternité. Par leur définition même, ces sujets de prédilection nécessitent le rapprochement de plusieurs figures. Avec eux, l’artiste a pris plaisir à associer les corps, à les faire se dissimuler ou à les mettre en avant. En véritable visionnaire, il n’a pas seulement représenté des maternités humaines, il a aussi exploré une possible reproduction de la machine, et celle de quelques animaux. Rendant par exemple apparent le fœtus dans un corps mécanique ou montrant le rapport sexuel de deux oiseaux en train d’avoir lieu, l’artiste mène une vaste réflexion sur la mutation, la reproduction, et la forme en train de se créer. On peut dès lors envisager deux théories sur sa production. D’une part, derrière ses représentations de corps déformés de femmes enceintes, Epstein peut nous laisser entendre que quelque chose se cache à l’intérieur. D’autre part, un lien s’établit entre la création artistique et l’acte de donner naissance, l’artiste est à la fois créateur et père de son œuvre. 7 I VIIIe JOURNÉE DES JEUNES CHERCHEURS I GROUPE SCULPTÉ, COMPOSITION, PERFORMANCE PARTAGÉE : METTRE ENSEMBLE

INTERVENANTE BIOGRAPHIE

Laurence Madeline est conservatrice en chef du patrimoine. Elle a été commissaire Laurence Madeline de plusieurs expositions thématiques (« J’aime les panoramas ». S’approprier le monde, 2015) portant sur la seconde moitié du XIXe siècle (Hodler//Parallélisme, « Les monuments de 2018 ; in Paris. 1850- plage » : contemporanéité 1900, 2017-2018 ; Courbet. Les années suisses, 2014 ; Rodin. L’accident, l’aléatoire, et vie dans la sculpture de 2014 ; James Ensor, 2008 ; Redon. Le ciel, la terre, la mer, 2006…) ou sur Picasso Picasso (Picasso 1932. Année érotique, 2017 ; Picasso devant la télé, 2013 ; Picasso à l’œuvre. Dans l’objectif de David-Douglas En 1957, David Douglas Duncan photographie une curieuse installation dans Duncan, 2012 ; Picasso et les Déjeuners l’atelier de la Californie. Sur une sellette est posée une des Têtes de femme en sur l’herbe de Manet, 2007 ; Picasso and carton et bois que l’artiste vient d’exécuter. Au pied de la sculpture, Picasso installe des Africa, 2006 ; Picasso Ingres, 2004 ; « On personnages découpés et coloriés, une chaise longue, un parasol et un palmier. est ce que l’on garde ». Les archives de L’ensemble, qui figure une scène de plage, est montré à Carl Nesjar, qui comprend Picasso, 2003. que Picasso souhaite travailler en trois dimensions, créer des sculptures publiques, Elle a publié de nombreux articles et livres environnementales. sur Picasso. Dans les « monuments de plage », des projets sur lesquels Picasso travaille par intermittence depuis 1927 et qui ne sont jamais réalisés avec l’ampleur qu’il entrevoit, il y a plus que de simples désirs de sculptures monumentales. Il y a le désir, souligné par Nesjar, d’interagir avec le public. Il y a aussi celui de transcrire sa pratique quasi-quotidienne de la plage, de la concrétiser et de la matérialiser dans des œuvres pérennes, de suivre le phénomène balnéaire dans son évolution, de s’impliquer dans une expérience profondément contemporaine et de plus en plus populaire, de fixer l’expression de la vie dans un monument vivant pour redéfinir le monument public. En étudiant les différents projets pour des « monuments de plage », nous nous interrogerons sur la façon dont Picasso se place à l’intersection de ses recherches de sculpteur, de son expérience intime et artistique et de sa réaction à la modernité fondée sur la dynamique et l’humain. 8 I VIIIe JOURNÉE DES JEUNES CHERCHEURS I GROUPE SCULPTÉ, COMPOSITION, PERFORMANCE PARTAGÉE : METTRE ENSEMBLE

INTERVENANTE BIOGRAPHIE

Marie-Dominique Gil est doctorante contractuelle à l’université Paris 8 Marie-Dominique Gil Vincennes Saint-Denis. Son projet de recherche a pour objet l’étude des représentations des « femmes en cage » du surréalisme à la période Kate Millett : autour d’une contemporaine, au prisme de l’œuvre pratique collective et de Kate Millett. Diplômée de l’École du Louvre, elle féministe de la sculpture a été chargée de travaux dirigés devant les œuvres dans cette même institution et a parallèlement travaillé en tant que Kate Millett est une figure majeure du féminisme américain de la seconde « curator assistant » au Centre vague. Son livre Sexual Politics, publié en 1970, pose les bases théoriques du Pompidou. Elle a notamment co- Women’s Liberation Movement. Largement reconnue pour son activisme organisé en novembre 2018 le politique et ses ouvrages autobiographiques, Kate Millett était pourtant avant colloque transdisciplinaire tout une sculptrice. Bien qu’elle n’ait eu de cesse de revendiquer son statut « Déconstruire le genre du rose ». d’artiste, un silence assourdissant a entouré et entoure encore aujourd’hui non En 2019, elle est chargée du cours seulement son œuvre mais aussi les pratiques collectives féminines qu’elle a « Le genre pour aborder les arts » du mises en place. En effet, consciente de la complexité et de la diversité des master genre de l’université Paris 8. mécanismes sexistes à l’œuvre dans le relatif anonymat de sa propre carrière, Son article « Du crime à l’œuvre : la elle décide d’intervenir directement auprès des femmes. En mettant en place des symbolique de la cage chez Kate ateliers exclusivement féminins, elle propose une œuvre qui constitue un pas Millett. » a été publié dans Les de côté vis-à-vis des canons, énoncés principalement par Clement Greenberg, cahiers de l’École du Louvre (n°15, qui gouvernent encore la sculpture dans les années 1960 et 1970. Dans le cadre 2020). de cette communication, je m’intéresserai à l’action collective de l’atelier féminin initié par Kate Millett pour l’exposition Naked ladies organisée en 1977 au Woman’s Building de Los Angeles. Dans une première partie, je montrerai pourquoi ces œuvres figuratives, monumentales et paradoxalement composées de matériaux périssables, constituent esthétiquement une critique d’un contexte artistique dominé par la sculpture abstraite. Dans une seconde partie, je m’intéresserai aux enjeux de la mise en place de cet atelier en matière de transmission technique exclusivement féminine. Je montrerai aussi comment cette configuration agit en miroir avec les œuvres, rassemblement de femmes géantes aux physiques dénués de toute idéalisation et prises au piège dans des actions banales et ordinaires. Enfin, je m’intéresserai à la réception critique mitigée de cette exposition, plus encline à s’attaquer au physique de sa conceptrice qu’à en proposer une analyse théorique. Une telle approche permettra, à la croisée des études de genre et de l’histoire de l’art, de saisir les enjeux d’une mise en commun féministe en sculpture dans le contexte spécifique des années 1970. 9 I VIIIe JOURNÉE DES JEUNES CHERCHEURS I GROUPE SCULPTÉ, COMPOSITION, PERFORMANCE PARTAGÉE : METTRE ENSEMBLE

INTERVENANT BIOGRAPHIE

Lucas Belloc est diplômé de l’École du Louvre. Après un mémoire de Master 1 Lucas Belloc sur les années de formations d’Eduardo Chillida (1924-2002) sous la direction de Susana Gállego Cuesta, puis un mémoire de Master 2 intitulé Formes, matières et Tetsumi Kudō, le sculpteur matériaux de la sculpture à l’ère atomique, de la « nouvelle écologie » les exemples de Tetsumi Kudō et Piotr Kowalski, sous la direction de Sophie Duplaix, Lucas Belloc étudie actuellement

Né en 1935 à Osaka, Tetsumi Kudō a dix ans lorsque, le 6 et le 9 août 1945, les deux en classe préparatoire aux concours de bombes atomiques explosent et annihilent les villes de Hiroshima et Nagasaki. conservateur du patrimoine. Il est en C’est en France, dès 1962, que l’artiste entame son travail de sculpteur, dès lors parallèle chargé de cours en histoire de marqué du double sceau du désastre nucléaire et de la crise environnementale, l’art du XXe siècle à l’École du Louvre. dont le plasticien a très tôt conscience. En 1971, Kudō rédige un texte programmatique, Pollution, Cultivation, Nouvelle écologie, dans lequel il fait état de l’inéluctable métamorphose dont l’humanité serait à la fois initiatrice et victime. Il y expose une « décomposition de la hiérarchie » entre les règnes humain, naturel et technologique, domaines qui seraient, selon lui, fatalement destinés à s’associer et à se confondre sous l’effet combiné de la radioactivité et du mode de vie et de consommation occidental. La même année, l’artiste termine Grafted Garden / Pollution-cultivation-nouvelle écologie (1970-1971, Paris, Musée national d’art moderne, ), première œuvre d’une série traduisant, en trois dimensions, cette interrelation entre organique et technique, entre naturel et artificiel. Cette communication se propose d’évaluer comment ces installations hybrides, à la fois cauchemardesques et grotesques, où les têtes, les sexes, les membres humains se mélangent à la terre, où les cadavres côtoient transistors et fleurs en plastique, sont exemplaires de la sculpture à l’heure de l’anthropocène et de l’ère atomique. Dans les matériaux choisis, dans les formes qu’il conçoit et dans l’imagerie qu’il déploie, nous verrons comment Kudō transcrit les traumatismes que la bombe imposa à l’homme, à la nature et à la dichotomie qui les scindait. En décomposant méthodiquement la figure, en atomisant le sujet pour le rétablir selon un ordre nouveau, en établissant des connexions nouvelles — à la fois plastiques et conceptuelles — entre les êtres et les choses, l’artiste parvient à révéler les spécificités d’un monde où ont été abolies, à coups de bombes nucléaires, les disjonctions canoniques entre le naturel et l’artificiel, faisant de lui un des précurseurs de l’écologie en art. 10 I VIIIe JOURNÉE DES JEUNES CHERCHEURS I GROUPE SCULPTÉ, COMPOSITION, PERFORMANCE PARTAGÉE : METTRE ENSEMBLE

INTERVENANT BIOGRAPHIE

Diplômé de l’Institut d’études politiques de Lille et d’un master de recherche en Jean-Roch Dumont histoire de l’art à l’Université de Paris 1, Jean-Roch Dumont Saint Priest est Saint Priest élève-conservateur de musées à l’Institut national du patrimoine et à l’Institut national des études terroriales. Ses Les Floats de Robert Breer : recherches portent notamment sur les relations entre art et architecture dans la une reconfiguration continue période contemporaine. des relations entre sculptures et espace

Robert Breer (1926-2011) déclarait en 1966 n’être « pas intéressé par la surprise que suscitent les Floats, mais plutôt par la progressive mise en alerte du public vis-à-vis de leurs mouvements et de leurs relations changeantes ». Cette figure importante du cinéma expérimental américain a réalisé des Floats, sculptures dotées de moteurs se déplaçant silencieusement et lentement, selon des trajectoires aléatoires. La communication proposée entend caractériser les déplacements de ces pièces et étudier leurs rapports entre elles lorsqu’elles sont rassemblées. Rarement géométriques, les Floats ont des formes variables, les Rugs, Tank, Wall ou Switz qui composent de singulières chorégraphies dans leurs espaces d’exposition. La lenteur de leur mouvement, imperceptible au premier abord, appelle une grande attention de la part du spectateur pour suivre leurs itinéraires. Il s’agit donc d’analyser aussi les interactions de ces sculptures avec l’espace même de l’exposition, la vie primaire et a priori autonome des Floats se confrontant aux mouvements du public. Présenter la place des Floats dans l’histoire de l’art des cinquante dernières années, notamment vis-à-vis du minimalisme et de l’art cinétique, serait aussi l’occasion de rappeler l’indifférence qu’elles ont initialement rencontrée.

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NOTES

...... 12 I VIIIe JOURNÉE DES JEUNES CHERCHEURS I GROUPE SCULPTÉ, COMPOSITION, PERFORMANCE PARTAGÉE : METTRE ENSEMBLE

Programmation 2021

Cycle de masterclasses A l’occasion de l’exposition-événement « Picasso-Rodin » (jusqu’au 2 janvier 2022), le musée Rodin inaugure son premier cycle de masterclasses. Un invité – écrivain, artiste, universitaire ou critique d’art – nous éclaire sur le trajet des deux artistes et leur processus créatif. Animés par Corinne Rondeau, maître de conférences en esthétique et sciences de l’art à l’université de Nîmes et critique d’art, ces trois rendez-vous se tiendront dans les jardins de l’hôtel Biron de 18h à 19h30.

Jeudi 17 juin « La porte des Enfers. Le passage interdit ou l’invitation ambiguë. » Laurent Gaudé, écrivain, lauréat du Prix Goncourt pour Le soleil des Scorta (2004) Animée par Corinne Rondeau, maître de conférences en esthétique et sciences de l’art à l’université de Nîmes et critique d’art

Jeudi 24 juin « Pourquoi parler de génie ? » Nathalie Heinich, sociologue au CNRS (Paris) Animée par Corinne Rondeau, maître de conférences en esthétique et sciences de l’art à l’université de Nîmes et critique d’art

Vendredi 10 septembre « Dans l’ombre des grands hommes » Corinne Rondeau, maître de conférences en esthétique et sciences de l’art à l’université de Nîmes et critique d’art

Journée d’études

Vendredi 22 octobre Dante

En collaboration avec l’Institut culturel Italien

À l’occasion du 700e anniversaire de la mort de Dante, le musée Rodin organise une journée d’études consacrée au poète. Sa plus grande œuvre écrite, la Divine Comédie, fut pour Rodin une source d’inspiration essentielle de la Porte de l’Enfer et de son esthétique toute entière. La beauté tragique de ce voyage initiatique et tout l’œuvre du poète seront une nouvelle fois étudiés par des spécialistes de différents domaines, historiens de l’art et des sciences, professeurs de langue et de littérature, philosophe et neurologue, afin d’établir la puissance de la réminiscence d’un tel poème dans le monde de l’art.