LeMonde Job: WMQ0511--0001-0 WAS LMQ0511-1 Op.: XX Rev.: 04-11-99 T.: 11:12 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 19Fap: 100 No: 0418 Lcp: 700 CMYK

LE MONDE DES LIVRES

LE MONDE DES POCHES VENDREDI 5 NOVEMBRE 1999 L’IMPOSSIBLE BENJAMIN PÉRET LES MASQUES ET LES HORLOGES SÉLECTION Hommage rendu au poète, révolutionnaire Norbert Elias réfléchit La liste optimiste, par Guy Prévan, Dominique sur l’expérience des « poches » Rabourdin et Richard Walter p. III et la mesure du temps p. IX parus en octobre p. XII à XV a Au sommaire : Louis Althusser, les dessins de Proust,

la philo pour tous... o SUPPLÉMENT AU MONDE DU VENDREDI 5 NOVEMBRE 1999. N 17037 - DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : JEAN-MARIE COLOMBANI - IMPRIMERIE LE MONDE

55e ANNÉE – No 17037 – 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE VENDREDI 5 NOVEMBRE 1999 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI

Le constructeur Chirac-Jospin, le choc des « affaires » américain b Le premier ministre accuse l’Elysée d’organiser l’offensive de l’opposition sur la MNEF Boeing b Il met en cause la gestion de Paris et du RPR par M. Chirac b Le président l’appelle au « sang-froid » b La démission de M. Strauss-Kahn relance le débat sur le pouvoir des juges fait face LIONEL JOSPIN a implicitement en cause le premier ministre dans tionnement partisan, où gestion position. Dans la soirée, la prési- attaqué Jacques Chirac sur les af- l’affaire de la MNEF en sa qualité d’une structure et avantages person- dence de la République a diffusé un faires de la Ville de Paris et du RPR, d’ancien premier secrétaire du PS, nels ont été intimement liés pendant communiqué dans lequel le chef de à une série noire mercredi 3 novembre à l’Assemblée M. Jospin a répliqué : « Si vous cher- vingt ans, ne regardez pas de mon l’Etat fait part de son « étonne- BOEING souffre. L’accident du nationale. En réponse à une ques- chez un système organisé ou un fonc- côté ! » Il a aussi reproché à l’Elysée ment ». « L’insinuation ne sert ja- vol d’EgyptAir et une série d’ava- tion d’un député RPR, qui mettait tionnement institutionnel et un fonc- d’avoir organisé l’offensive de l’op- mais la vérité et si quelque chose doit YURI TUTOV/AP ries techniques ternissent son être dit, cela doit être dit franche- image. Le numéro un mondial de ment et clairement, souligne le CROIX-ROUGE l’aéronautique et de la défense communiqué en précisant que la émergeait à peine de ses difficultés conduite des affaires publiques exige industrielles et financières. Ses maîtrise et sang-froid de la part de Les civils nouveaux problèmes surgissent au tous les responsables politiques. » moment où son rival européen, Cet épisode de tension brutale de Airbus, effectue un parcours la cohabitation intervient dans un et la guerre commercial et technique sans contexte difficile pour le gouverne- Le Comité international de la Croix- faute. Boeing s’efforce de relativi- ment, au lendemain de la démis- Rouge (CICR) commémore le 50e anni- ser les catastrophes aériennes. sion de Dominique Strauss-Kahn. versaire des conventions sur le droit de Avec une moyenne de 1,5 accident Au cours de leur entretien en tête- la guerre avec une étude aux conclu- pour 1 million de décollages, à-tête qui, comme chaque mercre- l’avion reste l’un des moyens de di, avait précédé le conseil des mi- sions accablantes : les populations civiles transport les plus sûrs. Avec nistres, M. Jospin avait prévenu sont aujourd’hui les cibles des militaires. 7 500 victimes dans le monde au M. Chirac qu’il ne laisserait pas C’est notamment le cas en Tchétchénie, cours des dix dernières années, il sans réponse toute tentative de où les réfugiés (photo) se comptent par est moins meurtrier que l’automo- mise en cause personnelle dans dizaines de milliers, raconte au Monde bile en France en une seule année. l’affaire de la MNEF. Cette polé- le président de la République voisine, Mais l’augmentation continue du mique relance le débat sur le pou- trafic fait craindre une multiplica- voir des juges et la réforme de la l’Ingouchie. Rouslan Aouchev dénonce tion des accidents aériens. justice. une guerre menée « pour des raisons électorales ». p. 2 à 4 Lire pages 20 et 21 Lire pages 6 et 8 et notre éditorial p. 17 Jeunes L’histoire iranienne de Chams, journaliste résistant jusqu’à la prison « JE CRAINS d’être le bouc émissaire de la naux et la police depuis qu’en 1998, avec une diens indépendants et d’un mensuel. Mais, prêtres visite du président Khatami en France » : équipe de journalistes résolus à prendre au soulignait HRW, à l’exception de Tous, « ils Chams ne croyait pas si bien dire lorsqu’il mot M. Khatami, ils ont lancé un quotidien, continuent de paraître, sous le prétexte qu’ils LES ÉVÊQUES de France ont confiait, mercredi 20 octobre au Monde, qu’il Jamee, qui se voulait le porte-voix des préoc- n’ont pas reçu formellement l’injonction » du a convié pour la première fois pourrait être arrêté dans les jours qui sui- cupations de la « société civile ». Ils en sont juge.

à leur assemblée plénière annuelle, vraient le retour de Paris du président ira- aujourd’hui à leur cinquième titre, les trois Le tribunal de la presse n’est pas la seule CORINNE DAY qui a lieu à Lourdes du jeudi 4 au di- nien. Le rédacteur en chef du tout nouveau premiers ayant été interdits par des décisions instance qui pose problème. Le Conseil de su- manche 7 novembre, les 670 jeunes quotidien, Asr é Azadegan, proche des réfor- de justice. En septembre 1998 déjà, Chams et pervision de la presse a aussi le pouvoir d’in- FESTIVAL prêtres ordonnés au cours des cinq mateurs, faisait déjà l’objet, à la mi-octobre, trois autres responsables de Tous, leur terdire par décision administrative, rappelait dernières années. Alors que la d’un mandat d’amener « avec effet immé- deuxième titre, avaient été arrêtés sur ordre HRW. Un hebdomadaire, Chalamcheh, et un La chanson moyenne d’âge du clergé ne cesse diat », délivré par le juge chargé du tribunal du tribunal révolutionnaire, accusés de pu- mensuel, Fakour, ont subi ses foudres. Des d’augmenter – elle est aujourd’hui de la presse, Saïd Mortazavi. Et il ne compre- blier des articles « contre la sécurité et l’intérêt instances telles que les tribunaux révolution- des Inrocks supérieure à soixante-cinq ans –, nait pas pourquoi on n’était pas venu le cher- général ». Ils furent relâchés en octobre. Et naires ou le tribunal spécial pour le clergé se Les artistes issus de la mouvance des ces prêtres trentenaires présentent cher de force, après qu’il eut refusé d’obtem- c’est pour avoir publié dans le dernier des mêlent elles aussi des délits de presse. Toutes des parcours qui tranchent avec pérer à la convocation du magistrat. « Sans trois titres, Néchat, un article jugé contraire ces juridictions sont fermement tenues en musiques électroniques se conver- ceux de leurs aînés. Ils portent gé- doute qu’avant la visite en France de M. Khata- au Coran – ce dont il se défend – que Chams main par les conservateurs. Journalistes, écri- tissent à l’écriture de chansons, au néralement le « col romain » de mi ça fait tache », ironisait-il. C’est à présent est aujourd’hui inquiété. vains, quotidiens, mensuels et hebdoma- couplet-refrain qu’ils refusaient et, sur l’habit ecclésiastique, alors que les chose faite : Machaollah Chamselwaezine Ainsi va l’Iran. Dans un rapport publié en daires ont essuyé leurs foudres. scène, s’entourent d’instrumentistes. générations précédentes avaient – « Chams », disent affectueusement les Ira- octobre sur la liberté d’expression en Répu- Chams savait qu’il avait peu de chances de On pourra en juger au 12e Festival des abandonné les soutanes après Vati- niens – a été arrêté mardi 2 novembre, par blique islamique – rapport judicieusement passer à travers les mailles du filet. Et il était Inrockuptibles, du 5 au 10 novembre à can II. Ils ont souvent eu des expé- « deux hommes dépêchés par le juge », selon intitulé : « Aussi fragile que le cristal » –, l’or- sûr d’une chose : il refuserait toute liberté riences professionnelles avant d’en- son fils. Ils l’ont conduit « au service de ren- ganisation de défense des droits de l’homme sous caution. « Ce sera, disait-il, la liberté in- Paris, Lille, Nantes et Toulouse, avec trer au séminaire. seignement de la police », a précisé à l’AFP Human Rights Watch (HRW) rappelle que, conditionnelle ou les verrous. » notamment Archive, Moby (photo), l’un de ses collègues. depuis septembre 1998, le tribunal de la Day One, Presence, Merz, Emiliana Lire page 11 Chams a une longue histoire avec les tribu- presse a ordonné la fermeture de six quoti- Mouna Naïm Torrini. p. 32 Stations locales Voyages en mémoire soviétique

DIX ANS après la chute de la torpeurs : le fantôme du commu- Deux ouvrages parus en cette en Italie, alors pourtant qu’il de Radio France maison Lénine en ce Berlin qui lui nisme en effet évoque toujours rentrée nous ramènent ainsi au n’existe, pour l’instant, que sous fut toujours fatal, le fantôme du l’incessant labeur du KGB, les cœur méphitique de cette doulou- la forme de deux éditions – l’une communisme revient encore de conspirations, du sublime au mi- reuse histoire : l’un, les Mémoires anglaise, l’autre américaine, fort temps à autre nous faire quelque nable, qui ont exprimé sans cesse du fils de Béria, Serge Guéguetch- proches –, lesquelles sont plutôt visite nocturne. Ce n’est nullement le caractère double, ambigu, indé- kori, est un témoignage extraor- pauvres en concepts, voire en ré- un fantôme bienveillant, même s’il cidable et, pour tout dire, immoral dinaire ; l’autre, le dossier dit vélations. lui arrive d’être farceur, et son de l’histoire réelle du grand boule- « Mitrokhine », provoque des ex- « Mitrokhine » tout d’abord : il bruit insistant dérange bien des versement révolutionnaire. plosions en chaîne, notamment s’agit d’un lieutenant-colonel chargé de la gestion des archives de l’espionnage à l’étranger, qui, depuis la fin des années 70, aurait

accumulé des copies de dossiers SAUSSIER/GAMMA dont il avait la garde, pour pou- HISTOIRE JEAN-MARIE CAVADA voir, un jour, révéler à ses neveux l’étendue des turpitudes de la Sé- RADIO FRANCE veut réformer curité d’Etat ; l’effondrement de 1989 : la chute son réseau de stations locales, l’Union soviétique en 1991 vient mais son PDG, Jean-Marie Cava- modifier ses plans : le voici donc, du mur de Berlin da, propose une concertation opérant un walk in, une intrusion pour ne pas heurter des person- amicale dans la toute nouvelle nels déjà désorientés par les chan- ambassade de Grande-Bretagne à 4. Fuir à l’Ouest, gements entrepris depuis un an, Riga, en février 1992, et bientôt notamment à France-Culture. exfiltré à Londres avec plus de via Prague 3 000 documents les plus divers, En ce début d’été 1989, des milliers Lire page 23 qui proviennent de toutes les d’Allemands de l’Est franchissent la zones géographiques de la pla- frontière tchécoslovaque. Pour eux, Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 9 F ; Autriche, nète, et qui suivent les vicissitudes c’est l’antichambre de la liberté. His- 25 ATS ; Belgique, 45 FB ; Canada, 2,25 $ CAN ; Côte-d’Ivoire, 850 F CFA ; Danemark, 15 KRD ; du KGB et de ses ancêtres, depuis toire de la famille Kuhn. p. 14 et 15 Espagne, 225 PTA ; Grande-Bretagne, 1 £ ; Grèce, les années 30 jusqu’à la fin des an- 500 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 2900 L ; Luxembourg, 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; Pays-Bas, nées 80. International ...... 2 Communication ...... 23 3 FL ; Portugal CON., 250 PTE ; Réunion, 9 F ; Il s’agit, cela va sans dire, de la Sénégal, 850 F CFA ; Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,10 FS ; France ...... 6 Tableau de bord...... 24 Tunisie, 1,2 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. plus importante découverte ar- Société ...... 11 Aujourd’hui...... 28 chéologique jamais effectuée en Régions ...... 13 Météorologie ...... 31 matière de renseignement. Horizons ...... 14 Jeux...... 31 Carnet...... 18 Culture ...... 32 Alexandre Adler pour 0123 Abonnements ...... 18 Guide culturel...... 34 Entreprises ...... 20 Radio-Télévision...... 35 Lire la suite page 17 LeMonde Job: WMQ0511--0002-0 WAS LMQ0511-2 Op.: XX Rev.: 04-11-99 T.: 11:09 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 19Fap: 100 No: 0419 Lcp: 700 CMYK

2 INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 5 NOVEMBRE 1999

DROIT HUMANITAIRE A cipe à la XXVIIe conférence internatio- guerre dans dix-sept pays, dont conflits entraînent, de plus en plus, de leur pays dans des opérations de l’occasion du cinquantième anniver- nale de la Croix-Rouge se tenant jus- douze zones de conflit. b CHRIS- des populations entières dans leur maintien de la paix. Ils estiment ma- saire de la signature des Conventions qu’au 6 novembre dans cette ville, a TOPHE GIROD, coordinateur de la tourmente. b 63 % DES FRANCAIS joritairement que les criminels de de Genève, le Comité international publié les premiers résultats d’une campagne pour le CICR, explique sont, selon ce sondage, « entière- guerre doivent être traduits devant de la Croix-Rouge (CICR), qui parti- vaste enquête sur la perception de la dans un entretien au Monde que les ment » d’accord avec un engagement un tribunal international. « Même les guerres ont des limites » Un demi-siècle après la signature des conventions humanitaires de Genève, le Comité international de la Croix-Rouge mène une campagne visant à rappeler l’importance de ces textes pour la protection des populations innocentes et publie un sondage sur la perception des conflits

GENÈVE Somalie – ils ont été présentés au « certaines choses » dans leur un jour la paix... Comme en Bos- ont eu lieu dans leur ville ou leur de notre correspondante Palais des nations à Genève en combat contre l’ennemi et 82 % nie, les limites entre combattants village. La guerre des clans, non Quatre conventions A l’occasion du cinquantième prélude à l’ouverture, dimanche des personnes interrogées esti- et civils sont inexistantes mais idéologique, n’a laissé aucune is- anniversaire de la signature des 31 octobre, de la 27e conférence in- ment que les criminels de guerre 92 % des Colombiens estiment que sue aux civils. Personne n’ose dire Les quatre conventions, adoptées quatre conventions humanitaires ternationale de la Croix-Rouge, doivent être punis, mais 32 % les combattants devraient épar- qu’il n’appartient pas à son clan. lors d’une conférence, le 12 août de Genève (1949), le Comité inter- qui réunit jusqu’au 6 novembre, pensent « qu’il n’est pas mal », en gner les civils. Lorsqu’on interroge L’absence de soldats et d’officiers 1949, précisent les règles national de la Croix-Rouge (CICR) comme tous les quatre ans les soi, de priver la population civile les combattants eux-mêmes, 25 % professionnels mais aussi la parti- fondamentales du droit a lancé, il y a près d’un an, un 176 sociétés nationales de la Croix- de nourriture, de médicaments, approuvent l’usage de la torture cipation d’un grand nombre humanitaire applicables en cas de vaste sondage de cinquante ques- Rouge et du Croissant Rouge, les d’eau et d’électricité... 40 % justi- afin d’obtenir des informations d’adolescents ont contribué à l’es- conflit armé. Leur but essentiel est tions – « Les voix de la guerre » – représentants des 188 Etats signa- fient l’usage de mines antiperson- qu’ils jugent importantes. calade de la sauvagerie. L’effon- de limiter les souffrances, auprès de plus de 20 000 per- taires des Conventions de Genève nel malgré le risque pour les civils. b Somalie. La tâche du CICR drement total des structures tradi- sensibiliser les autorités et sonnes dans dix-sept pays, dont et le CICR. Celui-ci, qui publiera Les Bosniaques sont partagés sur n’a pas été aisée en Somalie. Au- tionnelles a créé un véritable sauvegarder la dignité humaine. douze dans des zones de conflit. Il ultérieurement l’ensemble des in- le rôle des forces internationales cun expatrié de la Croix-Rouge ou gouffre entre la morale et la réali- Un article commun aux quatre s’agit là de la plus grande consul- formations recueillies, dont voici dans leur guerre. 42 % ont répon- de son institut de recherche n’a pu té. conventions, relatif aux guerres tation sociale sur la guerre jamais quelques extraits, entend mener du qu’elles ont amélioré leur sort, entrer dans le pays. Le sondage Un Somalien sur cinq seulement civiles, prohibe les atteintes entreprise. campagne sur le thème « Même les 40 % qu’elles n’ont eu aucun effet (1 005 personnes) a été réalisé par accepte le point de vue selon le- portées à la vie et à l’intégrité Les premiers résultats ont mis à guerres ont des limites ». et 13 % jugent que la situation a des Somaliens formés à Nairobi. quel le combattant doit éviter de corporelle, les prises d’otages, les jour un écart important entre les b Bosnie Herzégovine. La moi- empiré à cause d’elles. 65 % des Somaliens interrogés af- tuer les civils « autant que pos- atteintes à la dignité des normes qui prescrivent les tié de la population a été déplacée b Colombie. Pour la majorité firment qu’un membre de leur fa- sible ». Seulement 8 % se déclarent personnes, les condamnations et comportements en cas de guerre de force en raison de la guerre. des Colombiens, le conflit que su- mille a été tué, soit le double des contre le fait de tuer les enfants et exécutions prononcées sans et les pratiques des belligérants. 29 % des habitants ont porté des bit leur pays est lointain et obscur. autres pays. 39 % connaissent les vieillards, mais 36 % sont hos- jugement préalable. Portant sur quatre pays – Bosnie- armes. 73 % pensent que les sol- 12 % des sondés ont eu un parent « quelqu’un » qui a été violé et tiles à l’intervention des institu- b La première de ces conventions Herzégovine, Colombie, Liban et dats ne doivent pas accomplir tué et seulement 30 % pensent voir 88 % disent que des faits de guerre tions internationales. est destinée à améliorer le sort des b Liban. Au Liban, pays qui dé- blessés et malades dans les forces plore 150 000 morts et 800 000 ré- armées en campagne, ainsi que fugiés sur une population de celui du personnel sanitaire et des 3,5 millions d’habitants en quinze aumôniers. Des clivages significatifs entre Européens et Américains ans de guerre civile, trois Libanais b La deuxième, souvent connue LES 2 505 PERSONNES sondées en France, intéressés » par les informations sur les conflits diction de leur pays (62 % contre 40 % des Amé- sur dix ont perdu un parent. Aussi sous l’appellation de convention aux Etats-Unis et au Royaume-Uni dans le (64 % des Britanniques et 60 % des Américains). ricains). En plus grand nombre aussi, ils 68 % de la population a-t-elle ré- maritime, a trait aux blessés, cadre de l’enquête du CICR sur la guerre, ont dû Une majorité des Français intéressés déclarent estiment que les atrocités « peuvent être évi- pondu que le combattant devrait malades et naufragés en mer. répondre à des questions inhabituelles, tran- même prendre parti (58 % contre 40 % des An- tées » (56 %) alors que 54 % des Américains les « laisser les civils tranquilles » soit b La troisième renforce tous les chant sur les classiques sondages politiques. glais). jugent « inévitables ». Si 18 % seulement des pour des raisons d’ordre moral textes concernant l’assistance qu’il « Priver les populations civiles de nourriture, de Les réponses font également apparaître des Français trouvent acceptable que des civils (71 %), soit pratiques (25 %). Néan- convient d’apporter aux médicaments ou d’eau pour affaiblir l’ennemi, clivages assez significatifs entre Européens et puissent être victimes d’opérations dirigées moins, 32 % des personnes inter- prisonniers de guerre. est-ce que cela vous paraît juste ? » « Si l’une des Américains. Ainsi 63 % des Français et 55 % des contre les belligérants, 44 % des Américains es- rogées justifient, comme « faisant b La quatrième, la plus novatrice parties au conflit tue les prisonniers, approuve- Anglais sont « entièrement » d’accord avec un timent qu’attaquer des combattants à l’intérieur partie de la guerre », les attaques et la plus attendue à l’époque, riez-vous que l’autre partie fasse la même engagement de leur pays dans une opération de zones peuplées, au risque de faire des vic- des villages par les combattants et dont le manque s’était fait sentir si chose?» internationale de « maintien » de la paix contre times innocentes, fait partie de la guerre. Dans 23 % admettent que priver les po- cruellement durant la seconde Premier enseignement : les opinions pu- 41 % des Américains. Les Français sont aussi les les trois pays, les opinions sont en revanche pulations civiles de nourriture afin guerre mondiale, est relative aux bliques sont plus concernées qu’on ne le croit plus nombreux à estimer que les criminels de presque unanimes (85 %) pour désapprouver d’affaiblir l’ennemi est normal. personnes qui vivent en temps de par la situation hors de leurs frontières. Ainsi guerre devraient être poursuivis devant un tri- l’exécution de prisonniers de guerre, même si guerre en territoire ennemi ou 78 % des Français se disent « plutôt » ou « très bunal international plutôt que devant une juri- l’un des belligérants se livre à une telle pratique. Isabelle Vichniac occupé. Nenad, Kosovar de Pristina en voie de disparition... NENAD MAKSIMOVIC est jeune (vingt et un ans), s’élevait là : celle du poète monténégrin Negos. De ce Serbe, et décidé à rester à Pristina. C’est un Kosovar en même balcon, il a assisté, « incrédule », au départ forcé voie de diparition à l’heure où le seul fait de parler sa des Albanais chassés par les policiers serbes en avril. langue dans les rues du chef-lieu du Kosovo peut être « Les bombardements de l’OTAN ont décuplé la haine », fatal ; au moment où l’on ne compte plus que 500 à dit-il. 1 000 Serbes à Pristina, contre 40 000 avant la guerre. Aujourd’hui, Nenad vit quasiment reclus. « Il est hors « Partir d’ici, ce serait donner raison aux nationalistes de de question de sortir sans escorte de la KFOR [force inter- tous bords. » nationale de paix] ou d’étrangers », affirme-t-il. Sachant Nenad aurait pourtant pu choisir la facilité. Il aurait que « c’est une mission impossible pour les militaires pu rejoindre son frère en Norvège ; ou ses parents «ré- d’assurer la sécurité de tous les Serbes » en permanence, fugiés » depuis août dans leur maison de vacances sur Nenad a été contraint de déménager mi-septembre. Le le littoral monténégrin ; ou bien encore Belgrade pour dynamitage de sa porte avait eu raison de son entête- finir ses études d’histoire de l’art. Mais Nenad s’ac- ment. Un Serbe qui partait lui a loué un appartement. croche à ses racines kosovares, envers et contre toute Sa tranquillité dépend de ses voisins, tous membres de raison, nostalgique d’une époque où lui, libéral et anti- la Mission des Nations unies ou d’ONG étrangères. Il nationaliste, nourrissait de nombreux projets, « comme n’a plus à traverser une ville devenue hostile, mais seu- n’importe quel jeune Européen ». « J’étais rédacteur en lement 100 mètres à parcourir pour aller travailler au chef d’une revue culturelle, président de la section serbe Centre pour la paix et la tolérance, une association de des post-pessimistes [une dynamique association cultu- défense des droits de l’homme et unique organisation relle d’étudiants serbes et albanais] et brillant à l’univer- serbe encore active à Pristina, dont le local a été trans- sité. Tout est tombé à l’eau. » formé en fortin par les militaires britanniques. C’est là, dit-il, qu’il essaie d’« être utile à la paix ». Son action ENVERS ET CONTRE TOUT consiste à « répertorier les atteintes aux droits de Du balcon de l’appartement familial dans le quartier l’homme dont les Serbes sont victimes ». « Elles sont de Aktas, il désigne les murs calcinés d’une boutique : la moins en moins nombreuses, fait-il mine de se réjouir. galerie d’art de son père incendiée par des Albanais en C’est logique : les Albanais ont de moins en moins de juillet, à côté de la cathédrale orthodoxe entourée de Serbes à se mettre sous la dent. » fils de fer barbelés par les soldats britanniques. Un simple cube de marbre rappelle aussi qu’une statue Christophe Châtelot En Colombie, « une guerre qui ne dit pas son nom »

BOGOTA Avec près de 30 000 hommes ar- conflit », explique Fernando de notre correspondante més (guérilleros et paramilitaires), Cubides, sociologue. Encore essen- « La violence, on n’a pas le temps 9 000 victimes des combats et de la tiellement rural, le conflit colom- d’y penser », commente Rosa, violence politique en 1998, plus de bien reste lointain par ses enjeux et femme de ménage dans une grande 1 million de personnes déplacées en ses espaces pour la population ur- entreprise de la capitale colom- dix ans, la Colombie s’enfonce dans baine (70 % du total), qui se sent bienne, Bogota. Pour elle, comme une guerre larvée. La guérilla, qui se pourtant de plus en plus affectée pour beaucoup de Colombiens, la dit encore marxiste, tire l’essentiel par ses effets indirects : enlève- crise économique et les difficultés de ses ressources des taxes préle- ments, assassinats et crise écono- de la vie quotidienne sont, au- vées sur le trafic de drogue et des mique. jourd’hui, l’horizon immédiat des rançons obtenues des enlèvements Le thème de la paix est plus que préoccupations. Mais lorsqu’elles de civils. Les paramilitaires, milices jamais au cœur du débat politique. parlent du conflit armé dans le pays antiguérilla, seraient en partie fi- Le chef d’Etat, Andrès Pastrana, au et de la violence qui ravage le pays, nancés par des narcotrafiquants de- pouvoir depuis août 1998, en a fait Rosa et ses collègues ne sont pas venus propriétaires terriens et joue- la priorité de son gouvernement. Il d’accord. « La guérilla est du côté des raient de la protection de certains a engagé un difficile dialogue avec pauvres. Si elle n’était pas là, le gou- secteurs de l’armée. les deux principales guérillas du vernement et les patrons n’en feraient pays. Mais, pour de multiples rai- qu’à leur tête », dit-elle. Une autre « UNE BONNE AFFAIRE » sons, « la guerre est une bonne af- s’insurge : « Les guérilleros ne dé- La délinquance organisée pros- faire » pour ceux qui en sont les ac- fendent qu’eux-mêmes. Ils n’ont rien père à l’ombre des uns et des teurs. Et les Colombiens n’en à faire ni des riches ni des pauvres. Ce autres, et de l’impunité générale, finissent pas de vivre avec ce para- sont des guerriers qu’il faudrait exter- qui n’en finit pas de désespérer les doxe révélé par les sondages, selon miner. » Les paramilitaires auraient- Colombiens. « Dans cette guerre qui lesquels l’immense majorité d’entre ils raison ? « Ils sont encore pire..., ne dit pas son nom, personne ne sait eux souhaitent une solution négo- soupire la femme, C’est le problème avec certitude quels sont les intérêts et ciée au conflit armé.... et consi- de ce pays. Gouvernement, guérilleros les camps en présence. Bien peu de dèrent celle-ci très improbable. et paramilitaires, il n’y en a pas un Colombiens se sentent représentés par pour racheter l’autre ! » l’un ou l’autre des acteurs armés du Marie Delcas LeMonde Job: WMQ0511--0003-0 WAS LMQ0511-3 Op.: XX Rev.: 04-11-99 T.: 10:54 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 19Fap: 100 No: 0420 Lcp: 700 CMYK

INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 5 NOVEMBRE 1999 / 3 L’armée indonésienne réprime violemment des manifestations indépendantistes à Atjeh Premier test pour le président Abdurrahman Wahid, qui souhaite réduire le pouvoir des militaires L’aggravation de la situation à Atjeh – riche pro- fi pour le président Abdurrahman Wahid, élu il y a dum, ont manifesté mardi 2 novembre. Un bâti- vince rebelle dans le nord de Sumatra, qui reven- moins de quinze jours à la tête de l’Indonésie. Des ment public a été incendié par la foule. Les forces dique son indépendance – constitue un premier dé- partisans de l’indépendance, exigeant un référen- de l’ordre ont ouvert le feu, blessant 23 personnes.

BANGKOK jourd’hui déplacées, et le nombre Avec l’intention de replacer des forces armées. Ces dernières de notre correspondant des victimes, depuis le début des progressivement les forces ar- ont également des recettes auto- en Asie du Sud-Est années 90, est évalué à deux mille. mées sous le contrôle du pouvoir nomes, ayant beaucoup investi De nouvelles exactions à Atjeh, Des dizaines de bâtiments publics civil, le nouveau chef de l’Etat a dans les affaires. En moyenne, le dans le nord de Sumatra, sou- ont été détruits. déjà réduit leur présence au sein salaire d’un général ne représente lignent la difficulté de réformer Depuis son élection à la prési- du gouvernement nommé le que le centième des revenus à sa l’institution militaire, l’une des dence, le 20 octobre, Abdurrah- 26 octobre et confié le porte- disposition. priorités du nouveau président man Wahid a annoncé qu’il était feuille de la défense à un civil. Il a Un autre handicap des forces indonésien, Abdurrahman Wahid. prêt à accorder une plus grande entrepris d’en renouveler le armées est leur manque de pro- Mardi 2 novembre, une foule a in- autonomie aux provinces les plus commandement en chef avec la fessionnalisme, qui explique par- Christophe Girod, responsable du projet cendié un bâtiment public à Meu- lésées dans le cadre d’un système nomination d’un marin, l’amiral fois la brutalité de leurs réactions laboh, un chef-lieu de district, s’inspirant du fédéralisme. Pour Widodo Adisutjipto, pour succé- quand il s’agit de faire la police pour protester contre le refus, réi- détendre l’atmosphère à Atjeh, le der au général Wiranto. La ma- dans des campagnes reculées. téré la veille par le chef de l’Etat, nouveau président, qui gère lui- rine, plus populaire auprès du pu- Une chaîne de commandement « Il était temps de donner de tenir un référendum sur l’auto- même ce délicat dossier, a égale- blic parce qu’elle a rarement été manque, ce qui explique la lati- détermination dans une province ment donné l’ordre aux forces ar- utilisée comme instrument de ré- tude dont ont pu disposer cer- secouée par un très fort courant mées de retirer de cette province pression, est censée être intéres- tains services, notamment dans le séparatiste. Les forces de l’ordre les troupes qui y ont été envoyées sée, en priorité, par la sécurité des cas du Timor-Oriental, où les mi- une voix aux victimes ont ouvert le feu pour disperser en renfort cette année. Lundi, eaux du vaste archipel. lices pro-indonésiennes ont été les manifestants, en blessant levées, entraînées et parfois diri- vingt-trois. Une dizaine d'années d'affrontements gées par des officiers indonésiens. La veille, à la suite d’une em- THAÏLANDE PHILIPPINES buscade au cours de laquelle un BRUNEÏ TRENTE ANS D’IMPUNITÉ des conflits armés » Meulaboh MALAISIE OCÉAN caporal a été tué et deux soldats SULAWESI Le général Fachrul Razi, secré- SINGAPOUR (Célèbes) PACIFIQUE « Pourquoi le Comité interna- nous permettre de mieux blessés, des militaires ont incen- Province Bornéo taire général de la défense, es- tional de la Croix-Rouge (CICR) comprendre comment, aux yeux de dié une trentaine d’échoppes et d'ATJEH SUMATRA KALIMANTAN time, pour sa part, que l’armée s’est-il lancé dans cette consul- ces mêmes populations, un civil est arrêté 136 personnes dans une lo- MOLUQUES doit adopter « une nouvelle ap- IRIAN JAYA tation mondiale ? peu à peu perçu comme un ennemi calité du nord d’Atjeh. Ces inci- Mer de proche qui n’en fait plus la seule – Depuis la fin de la seconde qu’il est légitime d’abattre ; com- dents ont coïncidé avec la publi- DJAKARTA Banda institution responsable de la sécuri- BALI FLORES guerre mondiale, le CICR, au même ment, par exemple, une famille qui cation des résultats d’une OCÉAN I JAVA té ». « Elle ne doit plus participer à INDIEN N D TIMOR-ORIENTAL titre que les autres organisations nourrit un combattant devient une enquête gouvernementale ac- O N la vie politique au jour le jour. Elle É S I TIMOR humanitaires, s’est fait le porte-pa- cible, comment la seule apparte- cusant l’armée d’avoir massacré E doit être impartiale. Sa représenta- role des victimes des conflits armés. nance à un clan cautionne une at- 51 civils, le 23 juillet, à Beutong  tion parlementaire dépend du Nous avons pensé qu’il était temps taque contre un village, ou com- Ateuh, un village de l’ouest d’At- Marzuki Darusman, nommé pro- La faction militaire, qui dispose consensus national », nous a-t-il de donner une voix aux populations jeh. L’armée a toujours affirmé cureur général, a annoncé l’ou- encore de 38 sièges au sein déclaré à la veille de l’élection affectées par la guerre. Avec une que ces victimes appartenaient à verture de discussions avec le d’une Assemblée nationale de présidentielle, laissant entendre méthodologie scientifique, nous Des interviews Atjeh Merdeka, une organisation mouvement séparatiste Atjeh 500 membres, pourrait disparaître que l’armée renoncerait, s’il le fal- sommes allés sur le terrain interro- séparatiste. Merdeka. du Parlement lors des prochaines lait, à sa représentation au sein de ger les populations des pays rava- dans dix-sept pays Mais le président Wahid entend législatives prévues en 2004. Les l’Assemblée nationale. gés par les conflits, afin de COMMANDEMENT REMANIÉ trouver une solution dans le cadre officiers d’active ne peuvent plus Des salaires très médiocres ne connaître leur opinion sur les règles Pendant plus d’un an, le CICR a Voilà une dizaine d’années que de la République et refuse donc occuper de fonctions civiles. Les sont pas la seule explication de la qui limitent les effets des guerres. mené l’enquête dans douze pays les forces de l’ordre affrontent un d’organiser le référendum sur l’in- forces armées ont déjà perdu le violence et de la corruption au En effet, les conventions de Ge- ayant connu une situation de mouvement indépendantiste dans dépendance réclamé par les sépa- contrôle de la police, mais cette sein des forces de l’ordre. Trente nève, compendium du droit inter- conflit : Afghanistan, Bosnie-Her- cette province de musulmans dé- ratistes. D’un autre côté, les nou- dernière continue de dépendre du ans d’impunité et de privilèges, national humanitaire, qui visent à zégovine, Cambodge, Colombie, vots qui se plaignent de ne tirer veaux messages de Djakarta n’ont ministère de la défense et non de sous un régime d’essence mili- protéger les victimes de guerre et Salvador, Géorgie, Israël et les ter- pratiquement aucun profit de encore guère d’effets sur le ter- celui de l’intérieur. taire, sont également à l’origine fixent des limites au comportement ritoires occupés, Liban, Nigeria, l’exploitation de leurs ressources rain, notamment dans une pro- Ces réformes ne constituent de ces comportements. La ré- des armées au combat, ont cin- Philippines, Somalie et Afrique naturelles en hydrocarbures. La vince comme Atjeh, que les mili- qu’un premier pas. Tant qu’une forme des forces armées s’an- quante ans cette année. du Sud. Dans chaque cas, les délé- situation s’est considérablement taires considèrent comme une administration civile n’aura pas nonce donc comme une affaire de » Interroger les personnes aux- gués ont procédé à un sondage tendue depuis mai, lorsque des chasse gardée – au même titre les moyens d’assurer la relève, les longue haleine. La situation à At- quelles ces règles sont destinées auprès d’un échantillon représen- renforts de troupes ont été dépê- que le Timor-Oriental voilà en- militaires risquent de continuer jeh ne constitue qu’un premier et nous a semblé urgent, d’autant que tatif de la population (de 1 000 à chés sur place par Djakarta. Cent core deux mois – et où ils ont pu de donner le ton hors de Djakar- très difficile test. les opinions publiques occidentales, 1 500 personnes), ainsi qu’à des cinquante mille personnes, soit réprimer en toute impunité pen- ta. Les services de renseignement nourries des erreurs dans les interviews de groupes témoins et 2 % de la population, sont au- dant de nombreuses années. sont entièrement entre les mains Jean-Claude Pomonti conflits et que rapportent souvent des entretiens en profondeur les médias, tendent à développer un avec des personnes ayant été di- sentiment de fatalité face au phéno- rectement liées au conflit. Les en- mène de la guerre et à estimer fu- tretiens se sont déroulés dans des Washington assouplit sa position sur les sanctions contre la Yougoslavie tiles les instruments du droit inter- écoles, des hôtels, ou en plein air national. C’est pourquoi nous avons pour les groupes de guérilla. également sondé les populations Entre le 19 mars et le 6 avril, les Les Etats-Unis enverront de l’aide si des « élections libres » sont tenues en Serbie qui n’ont pas directement vécu la mêmes questions ont été posées guerre au cours des dernières dé- en France (panel de 755 per- WASHINGTON serbe comprenne que s’il a le cou- parole de la Maison Blanche, qui hington tente d’entraîner une mule cennies − la France, les Etats-Unis, sonnes), aux Etats-Unis, au de notre correspondant rage de renverser le mur de la ré- s’est empêtré dans sa rhétorique pour remporter une course hip- le Royaume-Uni et la Russie −, tous Royaume-Uni et en Russie. La Huit dirigeants de l’opposition pression qui le sépare d’un avenir en tentant de convaincre qu’il ne pique ! », a répliqué le ministre membres permanents du Conseil de consultation a été conduite par serbe ont été reçus à la Maison démocratique, il ne fera pas face à s’agissait pas d’une modification yougoslave de l’information. sécurité de l’ONU et dont les gou- un institut spécialisé en recherche Blanche et au département d’Etat, cet avenir seul », a ajouté la secré- de la stratégie américaine. Cette évolution a, on s’en vernements, de ce fait, ont un mot à sociale, le Greenberg Research mercredi 3 novembre. Cette ren- taire d’Etat. doute, été bien accueillie par les dire sur la sécurité internationale et Inc., qui a été payé 1 million de contre a montré un assouplisse- En d’autres termes, Washington « UN SOUTIEN PLUS CLAIR » visiteurs : « Nous sommes très les opérations de paix. dollars. ment de la position américaine et semble avoir réalisé – bien après Toujours est-il que les Etats- contents. Nous avons obtenu un – Qu’avez-vous appris à tra- un rapprochement avec celle des les Européens – que, pour unifier Unis espèrent que cette carotte soutien beaucoup plus clair que vers cette consultation ? Européens sur la question des et soutenir des opposants qui ne redonnera du tonus aux oppo- nous ne l’espérions », a déclaré – Nous avons tout d’abord été ment le sentiment d’être agressé sanctions contre la Yougoslavie. parviennent pas à secouer le sants dont la formation, le Parti M. Djindjic, qui souhaite une le- très surpris de constater que l’im- justifie, dans la bouche du défen- Sandy Berger, le conseiller pré- contrôle de M. Milosevic, il faut du renouveau serbe de Vuk Dras- vée partielle de l’embargo. mense majorité des populations in- seur, le recours à tout type de sidentiel pour les questions de offrir aux Serbes des raisons de les kovic, n’avait pas fait le voyage af- Nul doute qu’il en sera de terrogées pensent qu’il existe des moyens. sécurité, et la secrétaire d’Etat, soutenir. Et quel meilleur argu- firmant ne rien en attendre. D’au- même à Paris et dans d’autres ca- règles de guerre, qu’elles se fondent – Qu’entendez-vous faire des Madeleine Albright, se sont entre- ment que de promettre une aide tant que les Américains se disent pitales européennes, soucieuses sur la morale, la religion, le droit ou résultats obtenus ? tenus avec Dragoslav Avramovic, en cas d’élections libres sous certains que, s’ils en avaient la de ne pas faire payer à la popula- encore la tradition. Cela ne consti- – Ils nous indiquent les pistes à candidat de l’Alliance pour le contrôle de l’Organisation pour la possibilité, les Serbes feraient le tion le prix d’une guerre au Koso- tue certes pas une découverte révo- suivre pour des recherches ulté- changement au poste de premier sécurité et la coopération en Eu- bon choix. « J’ai vraiment du mal à vo imposée par le régime de Bel- lutionnaire, mais cela prouve que le rieures, recherches que nous enten- ministre pour un éventuel gouver- rope (OSCE) ? « Nous voulons tout croire que Milosevic puisse rempor- grade. travail des humanitaires ne se fonde dons entreprendre mais aussi susci- nement de transition, Zoran faire pour soutenir l’opposition dé- ter des élections libres », a assuré pas sur des chimères. Le principe le ter auprès d’autres organismes Djindjic, président du Parti démo- mocratique », a ajouté le porte- Mme Albright. « Il semble que Was- Patrice de Beer plus souvent cité de manière spon- humanitaires, universités, etc.. et cratique, Goran Svilanovic, pré- tanée par les personnes interrogées qui devront sans doute se focaliser sident de l’Alliance civique de Ser- − plus de 20 000 à travers le sur des sujets précis pour débou- bie, et les maires des villes de Nis monde − est celui qui exige des cher sur des propositions concrètes et de Cacak. Coïncidence ou non, combattants qu’ils épargnent les ci- propres à améliorer la praxis huma- le président monténégrin, Milo vils, un principe de distinction capi- nitaire. Je pense notamment au Djukanovic, se trouve au même tal dans le droit international hu- principe de distinction entre civils et moment dans la capitale des manitaire. combattants, qui subit une réelle Etats-Unis. érosion morale dans le feu du combat. COUP DE MAIN À L’OPPOSITION Les populations » Nous savons désormais qu’il est Bien qu’elle s’en défende, l’ad- moins important de diffuser ou de ministration américaine a fait, exigent marteler les règles de droit mercredi, un pas en direction de la − connues des gens − que de cher- position européenne. Alors qu’il y des combattants qu’ils cher à améliorer leur prise en a peu elle critiquait la décision des compte par les porteurs d’armes. Quinze de donner un petit coup épargnent les civils Autrement dit, il s’agit de repousser de main aux adversaires de Slobo- le seuil des violations du droit ou de dan Milosevic en levant l’embargo la morale, qui sont souvent autant sur le fuel domestique au profit de » En outre, les résultats devraient d’atrocités. deux villes administrées par l’op- permettre de mieux comprendre le » Par ailleurs, dans les pays où les position serbe, la voilà désormais fossé qui sépare cette idée − cet populations ont été consultées, qui reconnaît qu’un geste en di- idéal, peut-être − de la réalité des l’ensemble des personnes interro- rection de cette dernière pourrait guerres, au cours desquelles la dis- gées se sont déclarées satisfaites de améliorer ses chances de rempor- tinction entre civils et combattants voir que leur opinion était prise en ter des élections. a tendance à s’estomper. Nous sa- compte. Pour le CICR, il s’agit main- Comme l’a déclaré Mme Al- vons d’expérience que les conflits tenant de ne pas les décevoir, et de bright, « nous allons consulter le entraînent de plus en plus des po- faire en sorte que les résultats Congrès et nos partenaires euro- pulations civiles entières dans leur puissent être discutés et com- péens sur l’étendue de l’assistance tourmente − le Kosovo et le Timor- mentés dans ces mêmes pays. » qui pourra être accordée après des Oriental n’en sont que les exemples élections libres et la mise en place les plus récents. Mais nous possé- Propos recueillis par d’un nouveau gouvernement. Nous dons désormais un matériau qui va Isabelle Vichniac pensons qu’il est vital que le peuple LeMonde Job: WMQ0511--0004-0 WAS LMQ0511-4 Op.: XX Rev.: 04-11-99 T.: 10:44 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 19Fap: 100 No: 0421 Lcp: 700 CMYK

4 / LE MONDE / VENDREDI 5 NOVEMBRE 1999 INTERNATIONAL

Rouslan Aouchev, président de la République d’Ingouchie Les dirigeants du parti de M. Ouattara « Les événements de Tchétchénie ont été planifiés devant la justice ivoirienne LES PRINCIPAUX responsables du Rassemblement des républi- cains (RDR, centre-droit), le parti d’Alassane Ouattara, candidat dé- claré à l’élection présidentielle d’octobre 2000, devaient compa- à Moscou depuis longtemps, avec un objectif politique » raître, jeudi 4 novembre, devant la justice à Abidjan. Incarcérés depuis le 27 octobre à la suite d’affrontements avec les forces de l’ordre au cours d’une manifestation du RDR, une vingtaine de diri- Alors que les bombardements russes sur la Tché- no-ingouche, jeudi 4 novembre, les militaires le président de cette République, Rouslan Aou- geants et de militants du parti – dont la secrétaire générale, Hen- tchénie se poursuivaient, des centaines de civils russes autorisant ces personnes à se réfugier en chev, dénonce les motivations électorales du riette Dagri Diabaté, et quatre députés – seront jugés aux termes de ont commencé à franchir la frontière tchétché- Ingouchie. Dans un entretien accordé au Monde, Kremlin. (Lire aussi notre éditorial page 17.) la « loi anticasseurs ». Ils risquent de six mois à trois ans de prison en tant qu’organisa- NAZRAN (Ingouchie) faire son gouvernement. Si cette – Le président de la Fédération teurs du défilé, des peines qui peuvent être doublées puisque la ma- de notre envoyé spécial opération réussit, alors tout se de Russie maîtrise-t-il tout ? Moi nifestation avait été interdite au dernier moment. – (AFP.) Dirigeant de l’Ingouchie depuis passera bien pour le président. Si- non plus, je ne contrôle pas tout, 1992, et réélu président en 1997, non cela se passera mal pour Vla- c’est normal. La situation est iden- Rouslan Aouchev, un ancien géné- dimir Poutine. Le Kremlin a tou- tique pour tous les présidents des Le référendum sur le Sahara occidental ral âgé de quarante-cinq ans, ne jours des candidats de rechange. Républiques du Nord-Caucase. cesse de dénoncer la nouvelle Regardez, depuis un an et demi, Commençons d’abord par négo- guerre russe menée contre Grozny les gouvernements n’ont cessé cier. serait reporté de deux à trois ans et d’appeler à des négociations. d’être changés. – Assiste-t-on à un emballe- Voisine de la Tchétchénie, l’Ingou- – Boris Berezovski a-t-il initié, ment militaire échappant aux RABAT. Evoqué depuis 1991 mais remis d’année en année, le ré- chie, petite République de 340 000 selon vous, ce conflit en finan- politiques ? férendum d’autodétermination sur le Sahara occidental semble de- habitants, dans la Fédération de çant les chefs de guerre Bassaïev – Il n’est pas bon de voir les po- voir être une nouvelle fois reporté, le Maroc et le Front Polisario Russie, a dû accueillir en moins de ROUSLAN AOUCHEV et Khattab, qui ont attaqué le litiques devenir directement dé- ayant toujours autant de mal à se mettre d’accord sur l’identifica- deux mois près de 190 000 réfu- Daghestan en août ? pendants des militaires. Les géné- tion des personnes habilitées à voter. En principe prévu pour le giés. Jeudi 4 novembre, une délé- vous pour venir en aide aux ré- – Je sais seulement que Bassaïev raux disent : “Si vous nous arrêtez 31 juillet, ce référendum, à en croire le ministre marocain de l’inté- gation des Nations unies était à fugiés ? et Odougov [proche du comman- une nouvelle fois, ce sera une traî- rieur, Driss Basri, n’aurait cependant pas lieu avant « deux ou trois Nazran, sa capitale. Après avoir – L’aide est insuffisante. Les dant Khattab] avaient des rela- trise.” Ils sont sûrs qu’ils peuvent ans », c’est-à-dire pas avant 2002. visité les camps de réfugiés de la manques d’abris, d’habits chauds, tions suivies avec Berezovski. maintenant régler les problèmes Le ministre, qui s’adressait à une assemblée de notables sahraouis à région, elle devait se rendre au d’alimentation, de médicaments Mais ce qu’ils ont fait, combien ils par la force. Cet hiver, bien sûr, ils El Ayoun, le chef-lieu du territoire, a expliqué ce report par le fait poste-frontière de Kavkaz, bloqué sont les principaux problèmes. ont été payés, je ne sais pas. pourront tenir. La seule question que les Nations unies ne pourront jamais statuer à temps sur les re- depuis le 23 octobre par les Nous avons 188 000 réfugiés, – Des négociations peuvent- est de savoir pourquoi. Avec les cours déposés par plus de 79 000 personnes qui n’ont pas été rete- troupes russes (Le Monde du 3 no- l’équivalent d’une ville. C’est nues comme électeurs par la Commission d’Identification de l’ONU. vembre). Plus de dix mille civils at- beaucoup d’argent. Ce chiffre a fait dire la semaine dernière au secrétaire général des tendent, dans de terribles condi- Pour la seule nourriture, il faut La Russie veut reprendre toute la Tchétchénie Nations unies, Kofi Annan, qu’il faudra sans doute doubler – de 30 à tions, côté tchétchène, de pouvoir dépenser quotidiennement trois 64 – le nombre des membres de cette commission. – (AFP.) franchir la frontière. millions de roubles Le ministre russe de la défense, Igor Sergueïev, a déclaré pour la « De quels moyens disposez- (750 000 francs). Nous recevons de première fois, mercredi 3 novembre, que son objectif était de re- DÉPÊCHES l’aide de Moscou, mais elle est prendre le contrôle de tout le territoire de la Tchétchénie. « Nous a IRAK / IRAN : le mouvement d’opposition iranien Moudjahi- catastrophiquement insuffisante. avons l’intention de libérer des terroristes non seulement la ville de dine du peuple a subi de lourdes pertes à la suite de l’explosion, Un appel d’anciens Quant à l’aide internationale, si Grozny mais aussi l’ensemble de la Tchétchénie », a déclaré M. Ser- mardi 2 novembre, dans une de ses bases militaires en Irak, d’un elle est décidée, nous en serons re- gueïev au cours d’une visite en Ouzbékistan. « L’armée sait que per- missile Scud tiré par l’Iran. Selon l’agence de presse irakienne INA, responsables américains connaissants. sonne ne l’arrêtera. La mission a été fixée. Le soutien du gouvernement l’explosion, qui a fait sept morts et soixante-dix-huit blessés ira- » Hier, nous avons reçu du et notamment celui du président sont garantis », a-t-il ajouté selon les niens et irakiens, a été provoquée par un « Etat étranger ». Le porte- à Bill Clinton Haut-Commissariat aux réfugiés agences de presse russes. Depuis le déclenchement de son offensive parole des Moudjahidine du peuple a affirmé que les autorités ira- une première livraison, 90 tonnes terrestre, début octobre, Moscou affirmait que son objectif était kiennes avaient informé son organisation que l’Iran avait tiré des « Il n’est pas souhaitable d’ac- de farine, des grains et du beurre. d’établir un cordon de sécurité autour de la Tchétchénie, accusée de missiles Scud. Téhéran a rejeté toute implication, affirmant que la corder de nouvelles aides étran- Nous attendons de l’ONU qu’elle servir de base aux islamistes. base a été attaquée par des dissidents irakiens hostiles à ce que gères au gouvernement central examine la situation. Les déclarations de M. Sergueïev sont intervenues au lendemain l’Irak abrite des forces iraniennes en exil. – (Reuters.) russe, ni de faciliter des prêts du – Voyez-vous en cette guerre d’un appel lancé par le président américain Bill Clinton en faveur a ISRAËL : le premier ministre israélien Ehoud Barak a ordon- FMI, au moment où les autorités le moteur de la campagne élec- d’une solution politique pour mettre fin au conflit en Tchétchénie. né, mercredi 3 novembre, aux colons juifs installés dans des im- russes s’en prennent à des popula- torale du premier ministre russe – (Reuters.) plantations sauvages qui doivent être démantelées, d’évacuer les tions civiles. » Telle est la conclu- Vladimir Poutine ? lieux de leur plein gré d’ici la fin de la semaine, faute de quoi l’ar- sion d’un appel adressé à Bill – Les doutes m’assaillent lors- mée les en expulsera, a indiqué la télévision. En vertu d’un accord Clinton, lancé fin octobre par un qu’on décide de lutter contre les elles encore avoir lieu au- méthodes fortes, ce problème ne avec le Conseil des localités juives de Cisjordanie et de Gaza, la groupe d’anciens hauts respon- terroristes en pleine période élec- jourd’hui ? peut être réglé. principale organisation de colons, M. Barak s’est engagé à déman- sables américains en matière de torale. C’est tous les jours, depuis – Ce serait le bon sens et elles – Votre opposition à cette teler dix des quarante-deux colonies sauvages établies à l’instiga- sécurité, avec à sa tête Zbigniew trois ans, qu’il fallait le faire, les doivent se faire avec le président guerre suscite-t-elle des me- tion du précédent gouvernement de Benyamin Nétanyahou. – Brzezinski. La guerre en Tché- mêmes étant tous présents en légalement élu de Tchétchénie, sures de rétorsion du Kremlin ? (AFP.) tchénie risque de s’étendre dans Tchétchénie durant ces années. Je Aslan Maskhadov, ou avec les par- – Il y a des préparations de kom- la région et « commence à mena- ne peux pas dire ouvertement qu’il lementaires de la République. promati [documents compromet- cer l’Azerbaïdjan et la Georgie », s’agit d’une guerre électorale. Maskhadov a fait de bonnes pro- tants] contre moi. Une méthode La Russie teste avec succès dit ce texte. Mais je suspecte que les événe- positions, soutenues par tous les typiquement russe. Mais pourquoi « La raison avancée [par les ments de Tchétchénie ont été pla- présidents et responsables du devrais-je me taire ? Si Poutine Russes] était au départ d’atta- nifiés depuis longtemps, avec un Nord-Caucase. Malheureusement, veut régler ses problèmes poli- un nouveau missile antimissiles quer des groupes terroristes isla- objectif politique. Celui qui résou- nous n’avons pas pu le rencontrer tiques, moi, en tant que président miques », note cet appel, mais dra le problème tchétchène de- parce que les autorités fédérales d’Ingouchie, je ne peux pas rester MOSCOU. La Russie a procédé, mercredi 3 novembre, au lancement l’offensive contre la Tchétché- viendra le candidat favori de ont refusé de garantir la sécurité insensible à la souffrance des réussi d’un nouveau missile antimissiles de moyenne portée depuis nie, marquée par un large l’élection présidentielle [prévue de son voyage de Grozny à Naz- gens. Moscou a dit, par exemple, son centre d’essais au Kazakhstan. Cet engin devrait permettre de usage, notamment contre des en juin 2000]. ran. que les corridors humanitaires, ici moderniser le bouclier antimissiles baptisé « Galosh » par l’OTAN et villages, « d’armes inadéquates » Je remarque également que la » La direction russe ne veut pas et au Daghestan, étaient ouverts, déployé, depuis les années 70, autour de Moscou conformément au telles que les missiles Grad et Ou- dernière guerre avait commencé d’un processus de négociations. mais pas un seul ne l’est. S’ils traité russo-américain, conclu en 1972, qui limite les défenses anti- ragan (...) semble avoir pour but en 1994, en pleine campagne élec- Maskhadov a, pendant un an, es- commencent à entrouvrir la fron- balistiques (ABM) à la seule protection de la capitale des deux pays de détruire ce qui restait des in- torale des législatives et s’était sayé de rencontrer le président tière depuis hier, c’est parce que et à l’édification d’un second site sur le territoire national pour dé- frastructures et de la vie du pays achevée juste après l’élection pré- Eltsine. Malheureusement, cette j’ai raconté ce qui se passait, fendre les bases existantes de lancement de missiles intercontinen- après la guerre de 1994-1996 ». sidentielle de 1996. Aujourd’hui, à rencontre n’a pas eu lieu, l’entou- qu’une femme était morte, que taux. « L’effet est de dépeupler la Tché- nouveau la guerre commence à la rage et l’administration du Krem- d’autres accouchaient sur la Ce test est, de toute évidence, une réplique à la volonté exprimée tchénie, de la même façon que les veille des élections. lin s’y opposant. route... » par Washington d’obtenir des Russes – qui l’ont refusée à ce jour – Serbes ont essayé de vider Saraje- – Que pensez-vous du rôle de – Aslan Maskhadov peut-il en- une révision du traité ABM, suite au projet du Pentagone, soumis à vo en la bombardant », ajoute ce Boris Eltsine ? core prétendre contrôler la Propos recueillis par l’accord de Bill Clinton, de développer un nouveau bouclier anti- texte. – Il est en vacances ou laisse Tchétchénie ? François Bonnet missiles, comportant quelque 200 intercepteurs. – (AFP.) LeMonde Job: WMQ0511--0005-0 WAS LMQ0511-5 Op.: XX Rev.: 04-11-99 T.: 10:45 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 19Fap: 100 No: 0422 Lcp: 700 CMYK

INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 5 NOVEMBRE 1999 / 5

Un Français et un Américain sont nommés « Vache folle » : Bruxelles directeurs adjoints de l’OMC avant Seattle donne deux semaines à Un représentant du Burkina Faso, pays parmi les plus pauvres du monde, a également été nommé Paris pour lever l’embargo Après de laborieuses tractations pour respecter drew Stoler ont été nommés directeurs adjoints Seattle. Le président de l’OMC, le Néo-Zélandais les équilibres politiques et géographiques, le de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) Mike Moore, a nommé aux deux autres postes Français Paul-Henri Ravier et l’Américain An- à la veille de l’ouverture des négociations de un Vénézuélien et un Africain du Burkina Faso. Un compromis reste à trouver GENÈVE cord général sur le commerce et didature de l’ambassadeur du za, est également un spécialiste DAVID BYRNE, commissaire national des agriculteurs écossais. de notre correspondant les tarifs), en 1947, et de l’OMC, Bangladesh à Genève, Iftekhar des questions de politique européen chargé de la santé des Jean Glavany, ministre français A moins d’un mois de la confé- qui lui a succédé en 1995, qu’un Chowdhury, qui avait suggéré, en commerciale. Haut fonctionnaire consommateurs, a annoncé, mer- de l’agriculture, a pour sa part dé- rence ministérielle de Seattle, le représentant des pays les moins juillet, la solution d’un partage de à l’Organisation des Etats améri- credi 3 novembre, que la Commis- claré, mercredi 3 novembre, que directeur général de l’Organisa- avancés, un Africain, est nommé mandat pour sortir de l’impasse. cains (OEA), il a joué un rôle im- sion européenne laissait jusqu’au l’embargo français sur le bœuf bri- tion mondiale du commerce à un poste d’adjoint. Par souci d’apaisement, le direc- portant dans les négociations 16 novembre pour qu’un compro- tannique serait levé « dès que pos- (OMC), Mike Moore, a enfin fait En octobre, l’assemblée plé- teur général pourrait éventuelle- pour la création d’une zone de mis soit trouvé entre Paris et sible », soulignant que la France connaître les noms de ses quatre nière des cent trente-quatre ment lui offrir un poste de libre-échange des Amériques. An- Londres sur le dossier de l’encé- souhaitait « sortir de la crise le plus adjoints. Après plusieurs se- membres de l’organisation avait consultant. cien ministre des affaires étran- phalopathie spongiforme bovine vite possible, mais pas à n’importe maines d’attente et d’intenses décidé de maintenir à quatre le gères et conseiller du président (ESB) ou maladie de la « vache quel prix ». « L’embargo sera levé, tractations, il a annoncé, mercre- nombre d’adjoints, puis le direc- DES CANDIDATS DÉJÀ CONNUS du Burkina Faso, M. Ouedraogo folle ». Après la rencontre organi- le problème n’est pas de savoir di 3 novembre, que, parmi une teur général avait consulté son Tout en tenant compte du rap- vient d’un des pays les plus sée, le mardi 2 novembre à quand, mais comment. Le problème quinzaine de candidats, il avait successeur désigné, l’actuel vice- port de forces, M. Moore a donné pauvres du monde, qui n’ont pas Bruxelles, sous l’égide de la est de savoir si on peut améliorer un choisi, pour le seconder les trois premier ministre thaïlandais Su- la préférence à des candidats qu’il les moyens d’une représentation Commission européenne, entre les dispositif pour renforcer la sécurité prochaines années, deux franco- pachai, avant de procéder aux no- connaissait personnellement. permanente auprès de l’OMC à ministres français et britannique sanitaire de nos concitoyens, pas phones, Ablassé Ouedraogo (Bur- minations. M. Moore a exprimé le Ainsi avait-il rencontré M. Ravier, Genève. C’est pour leur per- de l’agriculture, tout semblait en seulement en France ou en Angle- kina Faso) et Paul-Henri Ravier souhait que ses collaborateurs haut fonctionnaire au ministère mettre d’être mieux impliqués place pour qu’une issue puisse terre, mais pour l’Europe tout en- (France), un hispanophone, Mi- entrent en fonctions « aussi vite français des finances, à Paris. dans les préparatifs de la négocia- être rapidement trouvée. C’était tière », a expliqué M. Glavany dans guel Rodriguez Mendoza (Vene- que possible », en tout cas avant le C’est un familier des négociations tion de Seattle que l’OMC a invité sans compter avec les réactions les couloirs de l’Assemblée natio- zuela), et l’Américain Andrew début, le 30 novembre, de la commerciales multilatérales. Par- leurs représentants, du 1er au des fermiers britanniques, qui ont nale. Stoler. conférence de Seattle. Avec son mi d’autres candidats européens 5 novembre, à une semaine d’in- aussitôt accusé leur gouvernement Ce dossier a été mis à l’ordre du A l’image du compromis labo- successeur, il est convenu que ses sur les rangs figuraient également formation sur les bords du lac Lé- d’avoir « cédé » devant la France. jour de la réunion mensuelle du rieux qui a abouti au partage du adjoints resteront en place un un Britannique, un Néerlandais, man. La nomination de M. Oue- « Je trouve absolument ahurissant gouvernement, organisée le 4 no- mandat de directeur général mois après l’échéance de son un Suédois et une Polonaise. draogo se veut un autre geste qu’après avoir obtenu le soutien de vembre à l’hôtel Matignon. La pre- entre le Néo-Zélandais Mike mandat, le 31 août 2002, afin de M. Stoler est, depuis 1989, le nu- symbolique pour tenter d’asso- scientifiques indépendants euro- mière rencontre entre experts Moore et le Thaï Supachai Pa- permettre une transition sans méro deux de la mission commer- cier davantage les laissés-pour- péens de haut rang, ainsi que celui, français et britanniques, destinée à nitchpakdi pour succéder à l’Ita- heurts, quand M. Supachai pren- ciale des Etats-Unis à Genève, ce compte de la mondialisation et sans équivoque, de la Commission, trouver un compromis scientifico- lien Renato Ruggiero, la composi- dra la relève pour trois ans. qui lui a valu d’être actif dans la d’apaiser, ainsi, les multiples cri- il semble que notre ministre de diplomatique, se tiendra vendredi tion de la nouvelle équipe Alors que l’équipe sortante création de l’OMC. tiques qui lui sont adressées. l’agriculture soit en train de 5 novembre à Bruxelles. d’adjoints est le résultat d’un sa- comprenait un Américain, un Le représentant de l’Amérique rouvrir le débat », a ainsi déclaré vant dosage entre les exigences Mexicain, un Coréen et un Indien, latine, le Vénézuélien M. Mendo- Jean-Claude Buhrer Jim Walker, président du Syndicat Jean-Yves Nau géographiques, linguistiques et les pays en développement se de développement. Si la place de croyaient en droit d’obtenir trois l’Américain était assurée, la sur- postes d’adjoint pour faire prise vient peut-être du choix contrepoids à la nomination du d’un représentant de l’Union eu- Néo-Zélandais comme directeur ropéenne, français de surcroît. En général. La déception est vive outre, c’est la première fois de- parmi certaines délégations asia- puis les créations du GATT (ac- tiques qui avaient soutenu la can- Les négociateurs gardent espoir en Irlande du Nord LONDRES son gouvernement sans obtenir, de notre correspondant au minimum, un démantèlement Sollicité, début septembre, par symbolique des arsenaux de l’Ar- les trois soutiens du processus de mée républicaine irlandaise (IRA). paix nord-irlandais – le président Les 3 300 morts enregistrés en des Etats-Unis et les premiers mi- trente années de « troubles » en nistres d’Irlande et du Royaume Irlande du Nord ont laissé un uni – pour essayer de sortir de lourd héritage. A preuve, la diffi- l’impasse dans laquelle le compro- cile position défendue par mis historique d’avril 1998 est em- M. Adams – un homme à qui Tony bourbé, l’ancien sénateur améri- Blair, il le réaffirmait la semaine cain Georges Mitchell a mis fin, dernière, accorde sa confiance – et mardi 2 novembre − temporaire- qui s’articule autour de trois ment peut-être – à ses efforts. «Ni thème. Premièrement, il n’est écrit accord, ni échec », a commenté nulle part dans les accords que le Peter Mandelson, le nouveau mi- désarmement doit constituer un nistre britannique de l’Irlande du préalable à la mise en place de Nord, au terme de plus de huit se- l’exécutif régional ; deuxièmement maines de « mise en révision » des le Sinn Fein n’est pas en mesure de accords conclus. donner des ordres à l’IRA qui, du reste, respecte son cessez-le-feu AMBIANCE DÉTENDUE déclaré depuis deux ans ; troisiè- Républicains et Unionistes ne se mement, tout irait mieux, notam- sont toujours pas entendus sur la ment sur la question des armes, si mise en œuvre de « la » disposi- les Unionistes protestants ces- tion-clé du processus de paix, à sa- saient de traîner les pieds, consti- voir la formation d’un gouverne- tuaient l’exécutif et contribuaient ment bi-confessionnel autonome ainsi à accroître la confiance de la à Belfast, mais ils continuent leur minorité catholique. dialogue dans des conditions ap- paremment plus détendues que EXÉCUTIF « FANTÔME » jamais. George Mitchell a estimé Toute la question est en fait de qu’il avait « bien avancé ». Il l’a dit savoir qui doit commencer à four- après avoir rencontré le premier nir des gages. Ambiguïté dite ministre irlandais Bertie Ahern, à « constructive » de tous les pro- Dublin, puis Tony Blair, mercredi cessus de paix de par le monde, 3 novembre, à Londres ; il devait le l’accord du Vendredi saint se répéter en fin de semaine au pré- contente d’inviter « toutes les par- sident Clinton à Washington : il ties à user de leur influence » pour demeure « convaincu de la sincéri- obtenir un désarmement complet té et de la bonne foi » des deux des milices paramilitaires d’ici à principaux protagonistes − le Sinn mai 2000. L’idée en gestation entre Fein républicain de Gerry Adams les parties consisterait à mettre au et le Parti unioniste de l’Ulster point une sorte de bref calendrier (UUP) de David Trimble – dans la au terme duquel M. Trimble for- recherche de la formule magique merait un exécutif « fantôme » qui permettra, aux uns, de partici- comprenant deux ministres répu- per enfin à l’administration de leur blicains sur dix, à charge pour pays et, aux autres, d’obtenir la l’IRA de faire un geste sur les paix civile, la fin définitive des at- armes. tentats et le désarmement des mi- Nouveauté qui tranche avec les lices paramilitaires. déclarations très acrimonieuses Le problème, qui empêche la entendues de part et d’autres ces mise en œuvre des accords dits du derniers mois : les deux principaux « Vendredi saint », reste cepen- protagonistes ont déclaré avec dant le même depuis près d’un an, pratiquement les mêmes mots à savoir que les Unionistes re- « comprendre » et même être fusent de former le gouvernement « tout à fait conscients » des diffi- autonome avec le Sinn Fein tant cultés que posent leurs exigences que celui-ci n’aura pas obtenu au mutuelles à « l’autre partie ». C’est moins un début de désarmement de petites phrases comme celles- de sa branche paramilitaire, l’IRA. ci, qui témoignent d’une volonté Pour M. Trimble, premier ministre partagée de ne pas laisser échap- désigné de la future structure, per cette « chance historique » de c’est une question de survie poli- mettre un terme à un conflit sé- tique car sa base, tous les son- culaire, que la diplomatie se nour- dages le démontrent, ne le suivrait rit et, parfois, réussit. vraisemblablement pas s’il invitait des ministres républicains dans Patrice Claude LeMonde Job: WMQ0511--0006-0 WAS LMQ0511-6 Op.: XX Rev.: 04-11-99 T.: 11:10 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 19Fap: 100 No: 0423 Lcp: 700 CMYK

6 FRANCE LE MONDE / VENDREDI 5 NOVEMBRE 1999

EXÉCUTIF La cohabitation entre Strauss-Kahn. b LIONEL JOSPIN, in- la MNEF ». Il a répliqué en évoquant vise sans équivoque la Mairie de Pa- tion ne sert jamais la vérité » et a le chef de l’Etat et le premier mi- terpellé à l’Assemblée nationale par « un système organisé où fonction- ris et, implicitement, son ancien rappelé que « la conduite des af- nistre s’est brusquement tendue, des députés RPR, a assuré être « per- nement institutionnel et fonctionne- maire. b JACQUES CHIRAC a fait faires publiques exige maîtrise et mercredi 3 novembre, au lendemain sonnellement, politiquement, fonc- ment partisan (...) ont été intime- part, dans la soirée, « de son éton- sang-froid ». b LA DROITE s’est em- de la démission de Dominique tionnellement totalement étranger à ment liés pendant vingt ans », ce qui nement ». Il a ajouté que « l’insinua- pressée de relayer le chef de l’Etat. M. Chirac et M. Jospin s’affrontent directement sur fond d’« affaires » Interpellé par la droite sur l’affaire de la MNEF, le premier ministre a répliqué, mercredi 3 novembre, en attaquant implicitement le chef de l’Etat. Jacques Chirac s’est étonné de cette attitude et a mis en doute le sang-froid du premier ministre LORSQUE Lionel Jospin se lève la droite à l’Assemblée nationale pour la première fois : M. Jospin tégie avait été utilisée, avec suc- pour répondre, mercredi 3 no- accuse directement M. Jospin, met manquerait de « sang-froid ». En cès, par M. Chirac contre un vembre à l’Assemblée nationale, à en cause le premier ministre qui deux ans et demi de cohabitation premier ministre socialiste qui la question du député RPR, Pa- n’est pour rien dans l’affaire de la et d’observation minutieuse du avait à l’époque les faveurs de trick Ollier, il n’a qu’un seul inter- MNEF, qui durcit le ton ? Qui essaie comportement du premier mi- l’opinion : il s’appelait Laurent Fa- locuteur, Jacques Chirac. L’un et de forcer le cours de la cohabita- nistre, le chef de l’Etat s’est en ef- bius et c’était en 1985. l’autre savent que cet instant-là tion ? », s’interroge le premier se- fet convaincu que là réside la prin- A Matignon, mercredi soir, on est la poursuite d’un tête-à-tête crétaire du Parti socialiste, avant cipale faiblesse de son adversaire. se voulait très serein. « Nous enre- qui a débuté, le matin, dans le bu- de renchérir aussitôt sur les af- A certains de ses interlocuteurs, il gistrons » la déclaration de reau du chef de l’Etat. C’était la faires de la Ville de Paris : si la a confié que « Jospin n’a pas les M. Chirac, indiquait-on. La coha- première fois que les deux res- droite « veut faire le propre, elle a nerfs solides ». bitation répond à des règles, ob- ponsables de l’exécutif se re- suffisamment à faire chez elle », Ce n’est pas la première fois que servait l’entourage de M. Jospin, voyaient depuis la démission de dit-il, ajoutant que l’opposition l’Elysée et l’opposition croient et « il y a une ligne jaune implicite Dominique Strauss-Kahn. La « ferait mieux de faire démission- ainsi tenir une occasion de faire à ne pas franchir. Le premier mi- veille, les échanges – télépho- ner qui elle pense devoir faire dé- déraper le premier ministre. nistre a considéré que cette ligne niques – s’étaient limités au strict missionner, plutôt que de s’achar- nécessaire imposé par le fonction- ner sur un homme qui, lui, a eu le nement des institutions et la no- courage de prendre ses responsabi- La cohabitation à l’heure marocaine mination de Christian Sautter. lités ». « Quand on cherche Jospin, Ce mercredi matin, l’entretien on trouve Chirac », prévient-il. L’affrontement entre Jacques Chirac et Lionel Jospin est de tous les hebdomadaire qui précède le instants. A une semaine de distance, l’un et l’autre auront rencontré conseil des ministres est tendu. Le « LIGNE JAUNE IMPLICITE » le nouveau roi du Maroc, Mohammed VI. Avant la visite « privée » chef du gouvernement a un mes- A l’Elysée, on semble hésiter rendue par le chef de l’Etat le 29 novembre, l’Elysée indiquait que ce sage précis à faire passer à quelques instants à nourrir la po- déplacement permettrait d’évoquer « les relations franco-marocaines, M. Chirac : toute exploitation po- lémique. M. Chirac s’est tenu per- les relations entre l’Union européenne et le Maroc, les questions régio- lémique de l’affaire de la MNEF et sonnellement informé du contenu nales ». A l’issue de la rencontre, cependant, l’Elysée a tenu à préciser toute tentative de mise en cause souhaite répondre lui-même à la sans équivoque, au président de la de la question posée par M. Ollier que les deux hommes avaient parlé « uniquement du Maroc ». Alors personnelle entraînerait, de sa question. L’affaire, pour lui, ne République. « Si vous cherchez un avant la séance et il s’est encore que Matignon n’a pas caché son agacement devant ce voyage, an- part, une réplique immédiate. A fait aucun doute : en dépit de l’en- système organisé, ou un fonctionne- enquis, après, de l’atmosphère qui noncé en dernière minute, la présidence de la République précisait fortiori si celles-ci devaient se tretien du matin, cette interven- ment partisan, où gestion d’une régnait précisément dans l’hémi- que M. Chirac en avait averti M. Jospin lors d’un de leurs tête-à-tête. faire dans une enceinte parlemen- tion RPR a été téléguidée directe- structure et avantages personnels cycle. Sa réplique n’est pourtant Mercredi 3 novembre, à la veille du départ du premier ministre, Ma- taire. ment par l’Elysée. Il le dit, ont été intimement liés pendant rendue publique qu’à 19 h 30. «Le tignon tenait à son tour à préciser que M. Jospin évoquerait avec le La question de Patrick Ollier lui publiquement : « Je vais vous ré- vingt ans, mesdames et messieurs président de la République a fait souverain marocain... la « coopération bilatérale » entre la France et apparaît donc comme une provo- pondre avec d’autant plus d’intérêt les députés, ne regardez pas de part de son étonnement à la suite le Maroc, mais aussi « les relations avec l’Union européenne ». cation. « Pouvez-vous assurer que qu’il paraît que vous êtes quelques- mon côté ! » des propos tenus par le premier mi- l’argent des étudiants n’a pas servi uns à faire lire vos questions avant Comme à son habitude lorsque nistre (...). Il précise que l’insinua- à d’autres fins que celle de son objet de les prononcer ici, afin, j’imagine, l’heure est grave, Manuel Valls, tion ne sert jamais la vérité et que, Comme l’observe avec ironie l’un jaune a été franchie ». Le premier social durant la période où vous de vous assurer de leur parfaite conseiller en communication de si quelque chose doit être dit, cela des proches de M. Chirac, « le ministre n’est pas « homme à sur- étiez premier secrétaire ou haut correction grammaticale... » M. Jospin, s’attarde dans la salle doit être dit franchement et claire- communiqué était prêt depuis long- prendre », dit-on. Et si M. Chirac responsable du PS ? Pouvez-vous L’épisode a un précédent. des Quatre-Colonnes du Palais- ment. Il rappelle que la conduite temps. Il ne manquait que l’occa- devait encore reprocher à M. Jos- nous garantir que l’argent de la M. Jospin se souvient de ce 19 mai Bourbon pour un décryptage de la des affaires publiques exige maî- sion d’appuyer sur le bouton. Sous pin de parler par « insinuation », MNEF, à cette époque, n’a pas servi 1998 où Patrick Devedjian, député parole du premier ministre. Il trise et sang-froid de la part de tous la Ve République, l’accusation de le jour pourrait venir où le pre- à financer des campagnes électo- RPR des Hauts-de-Seine, l’avait évoque « le Monsieur qui apporte les responsables politiques. » manquer de sang-froid est une ac- mier ministre parlera de « manière rales de candidats socialistes ou à accusé d’avoir occupé un emploi les questions au groupe RPR le mer- La dernière phrase a fait l’objet cusation terrible pour un premier informative et directe ». Et pas seu- offrir un refuge à certains de vos fictif au Quai d’Orsay. La question credi matin », allusion claire à de toutes les attentions. Car, au- ministre, car c’est la première qua- lement dans le tête-à-tête d’un amis ? » avait alors été rédigée par le se- M. de Villepin. La polémique delà de la réponse sur les « af- lité dont on lui demande de faire bureau présidentiel. M. Jospin griffonne rapidement crétaire général de l’Elysée, Domi- monte d’un cran, lorsque François faires », M. Chirac accorde beau- preuve. » quelques notes et fait signe à nique de Villepin (lire ci-dessous). Hollande accuse la droite de coup plus d’importance à cette ac- Dans l’opposition, certains ob- Ariane Chemin Laurent Fabius, au perchoir, qu’il Mercredi, la réplique s’adresse, « durcir la cohabitation ». « Quand cusation qu’il livre publiquement servaient d’ailleurs que cette stra- et Pascale Robert-Diard « Si vous cherchez un système organisé, ne regardez pas de mon côté ! » L’algarade précédente du 20 mai 1998 INTERROGÉ sur les relations entre le Parti so- prêter passivement à un jeu unilatéral dans le- dans l’intervalle. D’ailleurs, aucune procédure TOUTE ressemblance de la Hauts-de-Seine, porte le fer cialiste et la MNEF par Patrick Ollier, député quel vous tenteriez, de façon fausse et infon- judiciaire n’a mis en cause un type de finance- séance de questions d’actualité du contre le chef du gouvernement. (RPR) des Hautes-Alpes, lors de la séance de dée, de me mettre en cause personnellement ment politique. Donc, je suis à cet égard for- mercredi 3 novembre avec une « Toutes les semaines, nous deman- questions au gouvernement, mercredi 3 no- ou comme responsable. (...) mel. séance de questions d’actualité du derons s’il est normal que le pre- vembre, à l’Assemblée nationale, Lionel Jospin a » J’entends parler de système d’organisation » Y a-t-il eu des irrégularités ? Y a-t-il eu des printemps 1998 serait purement mier secrétaire du PS soit payé sur déclaré : et de mise en cause générale. Pour ce qui me personnalités, dont certaines sont socialistes, fortuite. Toute similitude entre le le budget du ministère des affaires « Je vais vous répondre concerne, mon seul rapport avec la MNEF est qui peuvent être mises en cause ? C’est ce qui ton employé par Lionel Jospin et étrangères », fanfaronne François avec d’autant plus d’intérêt le suivant : il y a quarante ans, c’est quand je est dit, c’est effectivement des accusations qui « l’Elysée », cet automne, au len- Fillon dans les couloirs. qu’il paraît que vous êtes payais mes cotisations étudiantes. Vous ne sont portées, et il sera de la responsabilité de demain la démission de Domi- La trêve devient urgente. Elle in- quelques-uns à faire lire trouverez rien d’autre me concernant. Y a-t-il ces personnes d’expliquer leur situation nique Strauss-Kahn, et celui utilisé tervient le 20 mai. M. de Villepin vos questions avant de les un système à la MNEF ? Je n’en sais rien. J’ai comme il est normal. le 20 mai 1998 serait pure coïnci- et Olivier Schrameck, directeur de prononcer ici, afin, j’ima- été responsable du Parti socialiste ; je n’ai eu » Donc, je vous redis que personnellement, dence. Néanmoins, chacun y cabinet du premier ministre, se gine, de vous assurer de aucune responsabilité à la MNEF, et la distinc- politiquement, fonctionnellement, je suis tota- pense très fort. A commencer par réunissent. L’Elysée fait savoir que leur parfaite correction tion est importante. lement étranger à la MNEF. Si vous cherchez le premier ministre, qui, sans faire les deux têtes de l’exécutif ont ex- grammaticale. Depuis deux ans et demi, » Y a-t-il eu un financement politique du Par- un système organisé, où fonctionnement insti- aucune allusion à l’épisode pré- primé « leur inquiétude face à des comme premier ministre ou comme respon- ti socialiste par la MNEF ? Ma réponse est caté- tutionnel et fonctionnement partisan, où ges- cédent du film – la cohabitation dérives qui risquent de troubler la sable politique, je me suis interdit de prononcer goriquement non. C’était le cas quand j’étais tion d’une structure et avantages personnels et les « affaires » –, a lancé, mer- vie politique française au détriment le moindre jugement sur des affaires en général premier secrétaire du Parti socialiste, c’est le ont été intimement liés pendant vingt ans, mes- credi, aux députés de droite : «Je de la démocratie ». Matignon re- et de mettre en cause des personnes en parti- cas maintenant qu’il y a un nouveau premier dames et messieurs les députés, ne regardez [ne] peux [pas] me prêter passive- prend la phrase à un mot près : il culier. (...) Cela ne signifie pas que je peux me secrétaire du Parti socialiste, cela a été le cas pas de mon côté ! » ment à un jeu unilatéral dans le- s’inquiète de « dérives ». A l’issue quel vous tenteriez, de façon infon- du conseil des ministres, M. Jospin dée, de me mettre en cause » (lire retient ses troupes : « Je vous de- ci-contre). mande de ne pas vous exprimer sur Jean-Louis Debré : « Nous allons continuer à poser des questions » C’était au printemps 1998. Xa- les procédures judiciaires en cours vière Tiberi allait être mise en exa- et je vous interdis d’évoquer le nom DE LA « COHABITATION émo- dans leur camp, au fil des années, cratie libérale n’en a pas moins at- contraire minimisé la portée de men. Sur Radio J, le 17 mai, du président [à ce propos].» liente » à la « cohabitation san- par les procédures judiciaires dont taqué vigoureusement M. Jospin : l’échange entre le président de la Claude Bartolone évoque une glante », la droite n’a pas été certains d’entre eux sont ou ont « On avait parlé des turpitudes du République et son successeur à « présidentielle anticipée ». Le PACTE DE NON-AGRESSION longue à prendre la mesure, mer- été l’objet. Dès mardi, M. Goas- clan Mitterrand, il y a aujourd’hui l’Hôtel Matignon, en rappelant même jour, la ministre de la jus- L’après-midi, pourtant, à la credi 3 novembre, du brutal chan- guen relevait que l’épisode conclu un problème autour des amis de qu’il y avait déjà eu des moments tice, Elisabeth Guigou, explique, séance de questions, Christian Ja- gement de climat à la tête de par la démission de Dominique M. Jospin. » de tension sous les précédentes sur Europe 1, que « comme tous les cob, député RPR de Seine-et- l’Etat. La première formule avait Strauss-Kahn n’est « pas positif cohabitations. « L’esprit de modé- Français, le président de la Répu- Marne, repose « la » question. La permis à Philippe Séguin de justi- pour la droite, car les électeurs sont « BANDE HURLANTE » ration doit prévaloir », a-t-il affir- blique peut être traduit devant les réponse du premier ministre fuse. fier sa démission, le 16 avril, de la encore plus découragés qu’avant ». François Bayrou, qui a fait du mé, en accusant M. Jospin d’avoir tribunaux s’il a commis des délits ». Après s’être expliqué sur sa situa- présidence du RPR. La seconde est De Montréal, où il donnait une refus de « l’opposition systéma- « visiblement perdu son sang- Jacques Chirac est « ulcéré ». Le tion « parfaitement claire » entre de Claude Goasguen, porte-parole conférence, Philippe Séguin a évo- tique » une ligne de conduite de- froid ». 19 mai, Mme Tiberi est placée en 1993 et 1997, il avertit : « Des pro- de Démocratie libérale, après la qué la mise en cause de « DSK » puis 1997, ne peut accueillir avec Président du groupe RPR de garde à vue dans le cadre de l’en- cédures judiciaires sont en cours. Il réponse de Lionel Jospin devant pour dire sa crainte qu’il n’en ré- la même faveur ce changement. l’Assemblée nationale, Jean-Louis quête sur le conseil général de n’est ni dans mon pouvoir, ni dans l’Assemblée nationale. sulte une « aggravation de la dé- L’un des vice-présidents de l’UDF, Debré a estimé, de son côté, jeudi, l’Essonne. On estime, à l’Elysée, mon désir, ni dans ma volonté de Qu’ils s’en réjouissent ou qu’ils considération du politique ». André Santini, a d’ailleurs exprimé sur RTL, que « M. Jospin a réussi ce que l’attaque est concertée et que, m’en mêler en rien (...).» Puis, en le déplorent, les dirigeants de l’op- Cela posé, nombre d’élus de ce vœu, mercredi : « Il ne faudrait qu’il cherchait ». « Il a attaqué le puisque le président de la Répu- touche finale : « Nous avons évo- position ont aussi très vite déduit droite ne peuvent que se réjouir pas que l’escalade se poursuive. » chef de l’Etat pour que l’on évite de blique est visé, il faut répondre. qué ce matin ces questions avec le que, même si le niveau des hostili- de ce que Renaud Muselier, l’un De fait, alors que les responsables parler de la MNEF, parce que cette Dominique de Villepin, secré- président de la République. » tés entre le président de la Répu- des cinq candidats à la présidence du parti centriste soulignaient, affaire l’inquiète », a-t-il expliqué. taire général de la présidence de la Mercredi 3 novembre, M. Jospin blique et le premier ministre a du RPR, a appelé un changement mardi encore, leur modération M. Debré a, lui aussi, conseillé à République, rafraîchit ses souve- a prévenu. « Depuis deux ans et de- toutes les chances de ne pas de- « de tactique, de stratégie et de ca- dans l’affaire de la MNEF, ils ont M. Jospin de retrouver son calme : nirs du Quai d’Orsay et se rappelle mi, comme premier ministre et meurer aussi élevé pendant les lendrier » de M. Jospin. Tous ceux été contraints, mercredi, d’emboî- « Il est le premier ministre de la de demandes d’affectation de l’ac- comme responsable politique, je me deux ans et demi qui restent avant qui, d’une manière ou d’une autre, ter le pas à leurs collègues du RPR France, il n’est pas le chef d’une tuel premier ministre entre 1993 et suis interdit de prononcer le l’élection présidentielle, les règles pestaient contre l’entrave que et de DL et de poser à nouveau bande hurlante. » Mais, a-t-il an- 1995, alors que, ayant réintégré moindre jugement sur les affaires du jeu ont changé aussi pour eux. constituait pour eux la gestion une question sur la mutation du noncé, « nous allons continuer à son corps diplomatique d’origine, en général et de mettre en cause des Le terrain – la justice et les « af- « douce » de la cohabitation, ne chef de la section financière du poser des questions, parce que le il traversait son « désert poli- personnes en particulier. » Cela ne faires » – choisi par Jacques Chirac devraient pas manquer de se sen- parquet de Paris, Anne-José Fulgé- rôle de l’opposition est d’interroger tique ». L’ensemble du dossier est signifie pas, si le pacte de non- et M. Jospin pour cette passe tir libérés. Alain Madelin a certes ras. le gouvernement sur un certain ressorti : le déroulement de la car- agression est rompu, que le feuil- d’armes n’est sans doute pas le jugé, mercredi, sur France Inter, Invité d’Europe 1, jeudi, pour nombre d’affaires ». rière de M. Jospin, le montant de leton connaîtra, à chaque épisode, plus prisé par les chefs de la qu’il n’est « pas sain de commencer présenter son dernier livre, Mon- son traitement (32 850 francs). le même dénouement. droite, tant ils ont eu l’occasion de une campagne présidentielle trop tesquieu le moderne (éditions Per- Cécile Chambraud L’après-midi, à l’Assemblée, Pa- mesurer les dégâts provoqués tôt ». Mais le président de Démo- rin-Grasset), Alain Juppé a au et Jean-Louis Saux trick Devedjian, député RPR des Ar. Ch. LeMonde Job: WMQ0511--0008-0 WAS LMQ0511-8 Op.: XX Rev.: 04-11-99 T.: 10:56 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 19Fap: 100 No: 0425 Lcp: 700 CMYK

8 / LE MONDE / VENDREDI 5 NOVEMBRE 1999 FRANCE Incertitudes croissantes sur l’adoption de la réforme de la justice L’amertume d’Anne-José La démission de Dominique Strauss-Kahn a relancé la controverse sur le projet du gouvernement. L’enjeu immédiat porte sur le vote par le Parlement du texte relatif au Conseil supérieur de la magistrature Fulgéras, Deux jours après le départ de l’ancien le 24 janvier 2000 par le président de la RPR expriment désormais leur opposition rables à la réforme du CSM, les radicaux de ministre de l’économie et alors que l’affaire République, l’incertitude grandit sur l’adop- ou de fortes réserves à l’encontre de ce gauche et les chevènementistes ont réaf- devenue vedette de la MNEF s’envenime, la polémique est tion par les parlementaires de la réforme texte, pourtant soutenu par le chef de firmé leur volonté de s’abstenir, tandis que relancée sur la réforme de la justice. Alors du Conseil supérieur de la magistrature. l’Etat. L’inquiétude grandit également à le malaise est perceptible dans les rangs du que le Congrès est officiellement convoqué Ainsi, les cinq candidats à la présidence du gauche. Si les communistes restent favo- Parti socialiste. malgré elle LA DÉMISSION de Dominique Ce résultat ne paraît plus tout à fait de l’UDF a indiqué qu’il ne la juges soit renforcée, en contrepar- « le rythme de la justice et celui des JUSQUE-LÀ, elle avait préféré se Strauss-Kahn n’a pas seulement acquis. « votera pas », sans préciser toute- tie de l’indépendance du parquet. médias ». « Il faudrait trouver une taire. Ne surtout pas adjoindre sa attristé la majorité. A gauche La droite avait déjà traîné les fois quel sera le vote de son parti Ils attendent avec impatience le solution droite-gauche pour accélé- voix à la polémique. Mais en comme à droite, elle relance les cri- pieds pour approuver la réforme sur le CSM. Dans Le Figaro, jeudi, projet de loi organique de Mme Gui- rer la procédure judiciaire pour les entendant, mercredi 3 novembre, tiques des parlementaires à voulue par Jacques Chirac Henri Plagnol (UDF, Val-de- gou sur le statut des magistrats, qui hommes politiques », suggérait, le procureur de Paris mettre en l’encontre de la réforme de la jus- (Le Monde du 5 juin 1998). Marne) demande « un référen- sera examiné par le Conseil d’Etat mardi, le député de Paris. cause « ses qualités de chef de ser- tice. Pis, elle éveille l’inquiétude Aujourd’hui, la démission de dum » sur la réforme de la justice. après l’adoption définitive de la Officiellement, le gouvernement vice » pour justifier sa mutation, d’élus socialistes qui, jusque-là, ont « DSK » libère la parole. Mercredi, A gauche, le ciel n’est guère plus réforme du CSM. La garde des n’est pas inquiet. « Qu’il y ait une Anne-José Fulgéras a décidé de voté sans états d’âme les projets de sur Europe 1, Jean-Paul Delevoye, clément. Les radicaux de gauche sceaux devrait dévoiler son demande de précision, oui ; que cela réagir. Au cours de l’entretien loi d’Elisabeth Guigou sur la candidat à la présidence du RPR, a – comme le Mouvement des contenu « d’ici la fin du mois de conditionne le vote sur le CSM, qu’elle a eu avec lui mercredi, la réforme du parquet, la présomp- indiqué qu’il n’est « pas sûr » que le citoyens – renouvelleront leur abs- novembre », indique l’entourage de non ! », assure l’entourage du chef de la section financière du tion d’innocence ou encore le texte recueille les trois cinquièmes tention, a confirmé Roger-Gérard la ministre. ministre des relations avec le Parle- parquet a, une dernière fois, Conseil supérieur de la magistra- des voix. Les députés de Démocra- Schwartzenberg, président du Le sort de M. Strauss-Kahn réac- ment, Daniel Vaillant. « Il est hors écouté ce que Jean-Pierre Dintil- ture (CSM). L’enjeu immédiat est le tie libérale confirment leur opposi- groupe Radical, Citoyen et Vert de tive ainsi la peur du « gouverne- de question de revenir en arrière sur hac avait à lui proposer. Puis, vote des parlementaires sur le pro- tion : le 3 juin 1998, 35 élus DL l’Assemblée nationale, mercredi, constatant l’impasse, elle lui a jet de loi constitutionnelle relatif sur 41 avaient voté contre, seul Pas- sur LCI. Une fois n’est pas cou- annoncé qu’elle allait « pour la au CSM. Mercredi 3 novembre, cal Clément s’était abstenu. tume, seuls les députés commu- Réserves ou opposition des présidentiables du RPR première fois s’exprimer publique- Jacques Chirac a officiellement Même le groupe UDF de nistes annoncent un vote « plutôt ment ». convoqué le Parlement – députés l’Assemblée – dont 56 élus sur un favorable », comme l’a indiqué leur Le sénateur Jean-Paul Delevoye est « réservé » sur la révision constitu- Vedette, elle assure l’être deve- et sénateurs – en Congrès, à Ver- total de 71 avaient approuvé la président de groupe, Alain Boc- tionnelle soumise au congrès du 24 janvier prochain et portant sur la nue malgré elle. Les trois questions sailles, le 24 janvier 2000, pour réforme – hausse le ton. Mercredi, quet, le même jour, sur la même réforme du Conseil supérieur de la magistrature. « Tout pouvoir mérite successives posées, à son sujet, entériner la réforme du CSM et le sur RTL, François Bayrou a indiqué chaîne. un contre-pouvoir, a-t-il expliqué mercredi 3 novembre sur Europe 1. Il mercredi à l’Assemblée nationale, texte sur la Polynésie française et la qu’il était hostile à l’idée de « cou- faut une dépendance du parquet par rapport au pouvoir politique. » pour la deuxième journée consé- Nouvelle-Calédonie. Pour être per tout lien entre les citoyens, repré- COURS DE « PÉDAGOGIE » Michèle Alliot-Marie attend quant à elle des réponses du gouvernement, cutive, par l’opposition à Elisabeth adoptée, la révision constitution- sentés par leurs élus, et les pro- Le malaise s’étend chez les socia- notamment sur la responsabilité des magistrats, pour se déterminer. Guigou ? « Horrible », soupire-t- nelle doit recueillir trois cin- cureurs ». Si la réforme ne répond listes. Jean-Paul Bacquet (PS, Puy- François Fillon faisait déjà partie, en juin 1998, des députés RPR qui elle. Cette célébrité soudaine, qui quièmes des suffrages exprimés. pas à cette inquiétude, le président de-Dôme), qui n’a pas pris part au avaient refusé de participer au vote lors de l’examen du texte en fait que l’on parle aujourd’hui de vote sur le CSM, le 3 juin 1998, à première lecture par l’Assemblée nationale. Les deux autres candidats à «Mme Fulgéras » sans même préci- l’Assemblée nationale, assure la présidence du RPR, Patrick Devedjian et Renaud Muselier, qui avaient ser qui elle est ? « Terrifiant »... Si, « Aucun citoyen n’est au-dessus des lois » qu’« un grand nombre de députés voté pour, s’apprêtent à voter contre parce que, comme le dit le premier, pourtant, elle sort aujourd’hui du PS, après avoir soutenu la réforme « l’intention d’origine du président de la République a été trahie par le silence, c’est qu’elle s’estime Dans un texte intitulé « Les leçons d’une démission », neuf députés du CSM, s’interrogent aujourd’hui projet gouvernemental ». « atteinte dans [son] honneur ». Il y socialistes – Jérôme Cahuzac, Christophe Carresche, Jean-Jacques Denis, sur leur vote à Versailles ». Le Sénat a d’abord eu la « nécessaire mobi- Arnaud Montebourg, Philippe Nauche, Christian Paul, Vincent Peillon, compte aussi quelques récalci- lité » invoquée par le procureur Marisol Touraine et André Vallini – soulignent que le retrait de Domi- trants, au PS, autour de Michel ment des juges ». Qu’un ministre, la réforme de la justice », a déclaré, dans la lettre envoyée à ses colla- nique Strauss-Kahn « traduit une conception exigeante et cohérente des Charasse (Puy-de-Dôme). Sentant mis en cause dans une affaire, mercredi, Jean-Marc Ayrault, pré- borateurs le 29 octobre. « Pour rapports entre la politique et la justice ». « Il signifie clairement qu’aucun la grogne monter, une poignée de décide de quitter ses fonctions sident du groupe socialiste de avoir un sens, il faudrait que cette citoyen n’est au-dessus des lois », alors que, « trop souvent, la séparation députés socialistes ont réagi, mer- avant même d’être mis en examen, l’Assemblée, dans les couloirs. règle s’applique à tous, souligne la des pouvoirs a servi d’habillage à l’impunité des puissants ». credi (lire ci-contre). L’un des signa- c’est la négation du principe de la Mme Bredin annonce déjà que la magistrate. Or des chefs de section Les neuf députés notent que « cette attitude est en cohérence » avec la taires, André Vallini, rapporteur du présomption d’innocence, s’inquiè- deuxième lecture du texte sur la en poste depuis plus de cinq ans, il y pratique du gouvernement et avec les réformes engagées depuis deux projet de loi sur la réforme du par- tent nombre de responsables poli- présomption d’innocence sera en a quelques-uns. » ans, « qui assoient l’indépendance des juges sur un socle constitutionnel et quet, a tenu, toutefois, à donner un tiques. Frédérique Bredin (PS, « chaude ». M. Vallini, de son côté, En revanche, elle « refuse de lais- qui empêchent l’intrusion du pouvoir exécutif dans le fonctionnement de signe d’apaisement, en demandant Seine-Maritime) s’en est émue, ne tardera pas à reprendre ses ser dire » que son départ serait l’institution judiciaire ». Toutefois, rappellent-ils, « à cette affirmation de le « renforcement de la responsabi- mardi, lors du bureau national du cours de « pédagogie » devant ses motivé par « un défaut d’organisa- l’indépendance de la justice doivent répondre deux corrolaires inséparables lité des magistrats »... PS (Le Monde du 4 novembre). collègues du PS. tion ou une insuffisance dans la de cette réforme : le respect des droits de la défense et le renforcement de la Les élus inquiets souhaitent, en Porte-parole de DL, Claude Goas- remontée des informations ». « Je responsabilité des magistrats ». effet, que la responsabilité des guen déplore, lui, le décalage entre Clarisse Fabre suis en poste depuis bientôt cinq ans, poursuit-elle. J’ai travaillé sous trois gardes des sceaux, trois pro- Les trois volets du projet de Mme Guigou cureurs. J’ai eu à gérer les dossiers Les leçons judiciaires de l’affaire de la MNEF Tapie, Elf, Crédit lyonnais, le conseil b La réforme du Conseil cours. La réforme entérine cette régional d’Ile-de-France et mainte- supérieur de la magistrature pratique en supprimant les LES JUGES sont à nouveau sur aussi, mêlé solidarité politique et dont les puissantes prérogatives nant l’affaire MNEF. Croyez-vous (CSM). Ce texte, véritable clé de instructions particulières du la sellette. Sur fond d’affaire interventionnisme judiciaire : afin – mise en examen et placement en que si, dans des dossiers aussi sen- voûte de la réforme de la justice, ministre, mais en contrepartie, MNEF et de démission de Domi- d’empêcher l’ouverture d’une détention provisoire – cristallisent sibles, je n’avais pas fait remonter renforce les garanties de elle demande aux parquets nique Strauss-Kahn, les respon- information judiciaire visant toutes les critiques. Dans le cas de l’information ou si d’importants nomination des magistrats du d’informer plus sables politiques retrouvent des Xavière Tiberi, il avait dépêché un la MNEF, ce sont en effet les deux désordres dans l’organisation de parquet. Aujourd’hui, le CSM systématiquement le ministère et hélicoptère dans l’Himalaya. magistrats instructeurs qui ont mon service avaient été constatés, n’est pas consulté lors de la de se conformer plus strictement ANALYSE Pour mettre fin à ces conflits demandé, puis obtenu, le réquisi- on m’aurait maintenue à ce poste nomination des procureurs aux circulaires de politique Les juges relaient d’intérêts qui ont nourri pendant toire supplétif visant M. Strauss- pendant ces cinq années ? » généraux et rend un simple avis pénale. Ce projet a été adopté, en des années un climat de suspicion Kahn. Pour certains élus, les mises la nouvelle exigence sur celle des procureurs. première lecture, par les deux autour des hommes politiques, en examen sont considérées « ENJEUX QUI ME DÉPASSENT » Désormais, il rendra, dans ces Assemblées. Une deuxième d’impartialité Lionel Jospin s’était engagé, dans comme une incursion de la magis- Les vrais motifs de cette mise à deux cas, des avis conformes lecture aura lieu au printemps des citoyens sa déclaration de politique géné- trature dans la vie politique. Les l’écart ? « Je suis au cœur d’enjeux auxquels le garde des sceaux sera 2000. rale, en juin 1997, à supprimer les détracteurs des projets de réforme qui me dépassent, dit-elle. Je ne suis tenu de se conformer. Le texte b La présomption d’innocence instructions individuelles afin que de Mme Guigou dénoncent ainsi la pas très docile, c’est vrai. Il m’est modifie la composition du CSM, et les droits des victimes. Ce accents connus, fustigeant ici l’Etat « inspire le respect, rede- toute-puissance du pouvoir judi- arrivé de dire “non”. Mais j’ai tou- où les magistrats seront texte instaure la présence d’un l’avènement d’« un gouvernement vienne impartial et se conforme au ciaire, arguant que les textes pré- jours été loyale, je m’en suis expli- minoritaires. Le projet a été avocat dès la première heure de des juges », là le risque d’« une droit ». Ce principe appliqué sentés par la ministre pourraient quée. Aussi, je ne peux m’empêcher approuvé par les deux garde à vue, mais surtout, ôte aux dérive à l’italienne ». A mots cou- depuis 1997 trouve sa pertinence donner naissance à un gouverne- de penser qu’au-delà de mon cas Assemblées mais il doit encore juges d’instruction la décision de verts pour la majorité, plus ouver- avec l’exemple de la MNEF : qui ment des juges. personnel c’est toute une nouvelle être adopté par le Congrès, qui se placement sous mandat de dépôt, tement pour l’opposition, la peut aujourd’hui souhaiter que la conception de la gestion des magis- réunira le 24 janvier à Versailles. qui sera confiée à un « juge de la grogne des élus ne fait que croître. ministre de la justice – qui a, et « TIERS-POUVOIR » trats qui est en jeu. » b Les relations entre les détention provisoire ». Il accorde Le débat se cristallise notamment c’est naturel, des solidarités poli- En réalité, la réforme de la jus- Car, ajoute-t-elle, « un magistrat parquets et la chancellerie. Ce également aux personnes mises sur la réforme de la justice d’Elisa- tiques avec M. Strauss-Kahn puis- tice ne touche en rien au statut des du parquet reste un magistrat ». texte instaure non pas en examen et aux parties civiles beth Guigou, dont la légitimité est qu’ils appartenaient au même juges d’instruction, qui sont indé- « Je ne suis pas propriétaire du l’indépendance du parquet, mais des prérogatives plus grandes de plus en plus contestée. gouvernement – ait le pouvoir pendants de tout pouvoir depuis la poste, note-t-elle. Je ne conteste pas une autonomie strictement pendant l’instruction. Enfin, il Paradoxalement, l’affaire de la d’ordonner ou d’interdire un réforme de la magistrature déclen- à M. Dintilhac le droit de me rem- encadrée. Aujourd’hui, les textes interdit la publication de photos MNEF démontre pourtant la per- réquisitoire supplétif visant nom- chée en 1958 par Michel Debré. placer. Mais si, comme il l’a dit, il ne autorisent le garde des sceaux à de personnes menottées et tinence du principe qui est au mément l’ancien ministre ? Depuis 1993, ils sont en outre souhaitait pas me sanctionner, il fal- diffuser aux parquets des d’images de crimes et délits cœur de la réforme : l’interdiction, En l’absence d’instructions indi- nommés, comme tous les magis- lait me traiter autrement. » En circulaires de politique pénale lorsque celles-ci portent atteinte pour le ministre de la justice, de viduelles provenant de la chancel- trats du siège, sur proposition du guise de consolation, le procureur générale, mais aussi des à la dignité des victimes. Ce donner aux parquets des instruc- lerie, c’est donc aux procureurs Conseil supérieur de la magistra- lui a juste proposé un poste de instructions dans les dossiers projet a été adopté en première tions individuelles dans les dos- généraux et aux procureurs de se ture et non sur décision du garde chargée de mission sur le blanchi- particuliers. Elisabeth Guigou lecture par les deux Assemblées. siers en cours. L’émergence des prononcer, en opportunité, sur le des sceaux. Bénéficiant de l’ina- ment. Une fonction « largement s’est engagée en 1997 à ne plus La seconde lecture des députés « affaires », au début des devenir des procédures judiciaires. movibilité, ils ne peuvent être inférieure à celle que j’exerçais et intervenir dans les « affaires » en devrait intervenir début 2000. années 90, avait en effet placé le Cette liberté offerte aux parquets mutés sans leur consentement. Un que je ne pouvais pas décemment garde des sceaux dans une posi- a des contreparties : la réforme de ministre de la justice ne peut donc accepter ». Elle admet cependant tion intenable : le code de procé- Mme Guigou impose aux parquets rien contre les décisions d’un juge que « le procureur ne pouvait pas dure pénale l’autorisant à interve- une application plus stricte des cir- d’instruction, dont les actes sont inventer un poste pour [elle] »... En nir dans les « affaires », il était culaires de politique pénale ainsi contrôlés par la cour d’appel. Tout revanche, elle estime avoir été amené à se prononcer sur le deve- qu’une information systématique juste le projet de réforme pré- « humiliée » par la chancellerie. nir judiciaire d’élus appartenant à sur les « affaires ». Mme Guigou voit-il d’ôter au juge d’instruction Après lui avoir proposé des postes son bord politique, voire à des exige d’être informée, au jour le le pouvoir de placement en déten- à l’étranger – « que je ne pouvais ministres de son gouvernement. jour, de tous les dossiers judi- tion provisoire pour le confier à un accepter pour des raisons fami- ciaires qui pourraient intéresser le autre juge du siège. liales » –, le directeur des services LIBERTÉ DES PARQUETS gouvernement. L’émergence d’« un tiers-pou- judiciaires s’est proposé, affirme-t- Cette situation difficilement Une fois encore, l’affaire de la voir », selon le mot du magistrat elle, d’« envoyer [son] CV à un compatible avec la nécessaire MNEF offre une illustration très Denis Salas, n’est donc pas liée cabinet de chasseur de têtes »... impartialité de l’action publique concrète de cette exigence : c’est aux réformes promues par les gou- Au cours de leur entretien de s’est présentée une première fois précisément, de l’aveu même du vernements successifs mais à la mercredi, M. Dintilhac lui a pro- en 1994, lorsque le garde des parquet de Paris, parce qu’on lui nouvelle exigence de transparence posé de retarder la mutation sceaux d’Edouard Balladur, Pierre reproche « des insuffisances dans la et d’impartialité des citoyens, dont annoncée. Anne-José Fulgéras Méhaignerie, s’était prononcé sur remontée des informations » les juges se sont fait peu à peu le pourra donc rester en poste l’ouverture d’une information qu’Anne-José Fulgéras a été relais. En quarante ans, la magis- jusqu’à la fin de l’année. « De nou- judiciaire visant son collègue de déchargée sans ménagement de trature, formée depuis 1958 dans velles fonctions lui seront proposées l’industrie, Gérard Longuet. Pour ses fonctions de chef de la section une école professionnalisée, s’est en rapport avec ses capacités, qui ne éviter une crise politique, financière par Jean-Pierre Dintil- peu à peu émancipée du pouvoir sont absolument pas en cause », a M. Méhaignerie avait prolongé hac, nommé procureur de Paris pour tenter d’appliquer le droit même indiqué, devant les députés, inutilement une enquête prélimi- par Elisabeth Guigou (lire ci- selon le principe de l’égalité de Elisabeth Guigou. Alors elle naire déjà bouclée afin de per- contre). Les adversaires de l’indé- tous devant la loi. Sauf à soutenir attend. Sans trop savoir quoi. Avec mettre à M. Longuet de démis- pendance du parquet peuvent que cette règle doit épargner élus juste cette conviction, ou plutôt ce sionner avant d’être mis en donc se rassurer : le jeu des nomi- et décideurs publics, cette nou- souhait : « Je veux rester magis- examen. Deux ans plus tard, le nations-mutations offre encore un velle donne paraît définitive. trat. » ministre de la justice d’Alain levier puissant sur la magistrature. Juppé, Jacques Toubon, avait, lui Restent les juges d’instruction, Cécile Prieur Nathaniel Herzberg LeMonde Job: WMQ0511--0010-0 WAS LMQ0511-10 Op.: XX Rev.: 04-11-99 T.: 10:53 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 19Fap: 100 No: 0427 Lcp: 700 CMYK

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Martine Aubry envisage de restreindre Front commun syndical le « temps d’habillage » dans le calcul des 35 heures pour la défense des cadres Le Sénat vide le projet de loi de son contenu Les confédérations, hors la CFDT, Devant le Sénat, qui examine le projet de se- travail effectif, adopté par l’Assemblée, pouvait sion : elle a entrepris de supprimer les princi- mettent en garde le gouvernement conde loi sur les 35 heures, Martine Aubry a re- poser des problèmes à certaines branches. L’op- pales dispositions du texte, pour les remplacer connu, mercredi 3 novembre, que le temps de position ne s’est pas satisfaite de cette conces- par d’autres, inspirées du patronat. contre le système du « forfait-jours » LES 35 HEURES, provisoire- aussi annoncé que le temps de tra- Le temps de travail effectif tants souverainistes, pas un mot LES CADRES se rebiffent. Plus liers et annuels, d’où les critiques ment, n’existent plus. Le Sénat, où vail effectif pourrait être assoupli. pourrait donc faire l’objet de me- pour contrer ceux qui viennent gé- de six mois après la déclaration des syndicats, qui craignent des la gauche est minoritaire, a entre- A l’Assemblée, à l’initiative des sures dérogatoires pour certaines mir à la tribune sur cette nouvelle commune signée le 12 avril par les journées à rallonge. Ceux-ci ont en pris, mercredi 3 novembre, de dé- Verts, la gauche plurielle avait fait branches, comme pour les abat- exception française ? Le souverai- unions de cadres de la CFDT, de la effet calculé, à partir de la législa- monter, article après article, le adopter une nouvelle définition, toirs. Plusieurs pistes sont étu- nisme ne dépasserait pas les fron- CGT, de FO et de la CFTC pour pe- tion européenne, qui prévoit onze projet de loi de Martine Aubry. A en incluant, en plus de la pause diées au ministère de l’emploi, tières de la qualité du foie gras et ser sur les négociations sur la ré- heures de repos entre deux l’issue de la discussion générale casse-croûte, le temps d’habillage dont celle d’une prime en lieu et du fromage ? », s’est moqué duction du temps de travail, les périodes travaillées, soit une am- commencée la veille, la date d’en- et de déshabillage. Cette défini- place du décompte de l’habillage M. Mélenchon. cadres se mobilisent à nouveau plitude horaire maximale de trée en vigueur du dispositif, le tion « pose quelques problèmes à dans les heures de travail. La mi- Sur proposition du rapporteur, pour dénoncer, dans l’unité syndi- 13 heures de travail par jour multi- 1er janvier 2000 pour les entre- des accords de branche profession- nistre s’est aussi déclarée « d’ac- le Sénat a en réalité commencé à cale, les dispositions les concer- pliée par 217 jours, que leur temps prises de plus de vingt salariés, a nelle, elle ne figurait pas, à l’origine, cord » avec la proposition émise dessiner le profil d’une autre loi. nant dans le projet de seconde loi de travail maximum pourrait at- ainsi été, de fait, abolie. L’amen- dans le projet du gouvernement », a par Jean Chérioux (RPR, Paris), Ce projet alternatif a fait l’objet de sur les 35 heures. Dans un teindre 2 821 heures par an, soit dement Michelin, qui impose de reconnu Mme Aubry. qui stipule que « seuls les entre- quatre articles additionnels tous communiqué commun publié « 75 % de plus que les 1 600 heures négocier la réduction du temps de prises et les établissements déjà adoptés. Favorable à une « ré- mercredi 3 novembre, la CGT, FO, prévues pour les autres salariés ». travail avant tout plan social, n’a PROJET ALTERNATIF concernés par des dispositions légis- forme de la négociation collective », la CFTC et la CFE-CGC demandent L’absence de la CFDT, qui refuse pas survécu non plus. Cette pro- « L’Assemblée nationale a voté latives, réglementaires ou par des M. Souvet a ainsi fait adopter le « solennellement » aux députés et « toute lecture catastrophiste de la position adoptée début octobre une première rédaction qui règle des conventions internes seront sou- principe de la création d’une au gouvernement que « chacune loi » et fait confiance à la négocia- par l’Assemblée nationale était bien les pauses mais élargit beau- mis à ces modalités ». Sans doute conférence nationale, avec les des formes de réduction du temps tion collective pour pallier ses fai- considérée par le rapporteur du coup l’habillage, a ajouté un peu cet aspect fera-t-il l’objet de nou- partenaires sociaux. De même, la de travail applicable aux cadres, y blesses, n’est pas la seule nou- Sénat, Louis Souvet (RPR, Doubs), plus tard dans la soirée la ministre. velles discussions lors du passage validation pour cinq ans de tous compris les “forfaits-jours”, respecte veauté de cette action commune, à comme le « plus emblématique des Quand la tenue est imposée par des en seconde lecture du texte à l’As- les accords de branche signés dans le principe fondamental du dé- laquelle s’est jointe la CFE-CGC, ajouts idéologiques ». « Bienvenue dispositions législatives et réglemen- semblée nationale... le cadre de la première loi Aubry a compte horaire, en laissant ouverte restée en marge du front syndical chez Reaction Incorporated », a taires ou inséparables du métier – je Pour l’heure, le Sénat n’est pas été votée : « Les 118 accords déjà la définition des modalités à la né- du 12 avril. Cette fois, ce sont les réagi avec amertume, dans les pense au déguisement dans un parc disposé à s’embarrasser de telles signés ne peuvent disparaître. Nous gociation conventionnelle ». confédérations elles-mêmes, et couloirs, le sénateur de la gauche d’attraction, l’habillage doit faire précisions. Si droite jure ne plus y veillerons », a prévenu l’ancien Le projet de seconde loi dis- non leurs unions de cadres, qui ont socialiste, Jean-Luc Mélenchon partie du temps de travail effectif. être contre les 35 heures, elle pré- ministre de l’économie, Jean Ar- tingue en effet trois catégories de mis en garde le gouvernement. (Essonne). Mais dans certains cas, on peut ad- fère emprunter une autre voie. A thuis (Union centriste, Mayenne). cadres : les « cadres dirigeants », « Nous avons réussi à convaincre La ministre de l’emploi et de la mettre que l’habillage ne fait pas l’unanimité, les sénateurs de l’op- Cet article reprend, mot à mot, qui ne sont pas soumis à la régle- nos confédérations que cette notion solidarité a bataillé, sans succès, partie du temps de travail, nous de- position s’en sont pris à « l’excep- l’actuelle revendication... du mentation sur la durée du travail, de forfait peut se propager facile- pour défendre son texte en van- vons continuer à travailler (...) il tion française » des 35 heures. Medef. les « cadres intégrés à une équipe », ment à toute une catégorie de sala- tant les succès enregistrés dans le faut prévoir des contreparties, no- « Alors quoi ? Dans une Assemblée qui sont soumis aux règles des riés dont le temps de travail n’est domaine du chômage. Mais elle a tamment pour l’agro-alimentaire. » qui compte autant de cœurs bat- Isabelle Mandraud autres salariés, et les autres cadres, pas prédéterminé, explique Hubert pour qui la réduction du temps de Bouchet, secrétaire général de travail peut se décliner dans un l’union des cadres et ingénieurs « forfait-jours » limité à 217 jours FO. Cela concerne notamment tous travaillés par an (soit une dizaine les travailleurs nomades et ceux de de jours de congés supplémen- l’immatériel [informaticien, ar- taires par rapport à la moyenne tiste...].» actuelle). Or ce forfait ne prévoit pas d’horaires maximum journa- Alexandre Garcia Didier Bariani investi par l’UDF et DL dans la 21e circonscription de Paris DIDIER BARIANI, président de l’UDF de Paris, a reçu, mercredi 3 no- vembre, l’investiture conjointe de François Bayrou, président de l’UDF, et d’Alain Madelin, président de Démocratie libérale, pour l’élection législa- tive partielle qui aura lieu dans la 21e circonscription de Paris, le 28 no- vembre et le 5 décembre. Ancien député, M. Bariani fut maire du 20e ar- rondissement de 1983 à 1995. Brice Lalonde, président de Génération écologie et proche de DL, est également candidat. Le RPR a indiqué que, faute de président, il n’est pas en mesure d’accorder une investiture offi- cielle, même s’il soutient M. Bariani. Le Mouvement national et républi- cain (MNR) de Bruno Mégret a officialisé, mercredi, la candidature de Jacques Gaillard, qui fut directeur de campagne de Jean-Marie Le Pen dans le 20e arrondissement en 1989. Denis Baupin, porte-parole des Verts, a lui aussi été investi officiellement, avec, comme suppléante, une autre porte-parole des Verts, Martine Billard. Philippe Séguin plaide, à Montréal, pour un « sursaut » du politique PHILIPPE SÉGUIN, chercheur invité de l’Université du Québec (Mon- tréal) depuis septembre, a déclaré, mercredi 3 novembre, que l’«onin- voque la mondialisation pour excuser toute impuissance politique et expli- quer le recul de l’Etat », mais que celle-ci est « moins la cause que l’alibi de l’effacement du politique ». Selon l’ancien président du RPR, elle démontre plutôt « l’urgence d’une réhabilitation du politique », qui souffre, selon lui, de deux travers : la « frilosité » et la « démagogie ». Il faut, a insisté M. Sé- guin, « avoir le courage de relativiser le mouvement de mondialisation ». Face à l’économie de marché, M. Séguin suggère de « mieux profiter des effets positifs de la mondialisation et de limiter ses effets pervers, dont le risque d’uniformisation ».

DÉPÊCHES a CORSE : le Front de libération nationale de la Corse (FLNC-canal historique) a revendiqué l’attentat commis contre l’hôtel des impôts du XIIe arrondissement de Paris, dans la nuit du 27 au 28 octobre, pour dé- montrer sa « capacité à agir au cœur même de la capitale », dans un communiqué transmis le 4 novembre à Bastia (Haute-Corse), et authenti- fié. a SYNDICATS : Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, af- firme que son mandat à la tête de la centrale syndicale « prime sur tous les autres », notamment sur celui de membre de la direction du PCF. « J’exerce la première responsabilité dans la CGT », déclare M. Thibault dans un entretien à L’Hebdo-CGT du 5 novembre. « Personne n’aurait inté- rêt à ce que des partis politiques tentent de se substituer aux organisations syndicales », ajoute-t-il. a SOCIAL : les prestations de protection sociale (maladie, retraites, allocations familiales, chômage, etc.) ont progressé de 2,9 % en 1998, selon une étude publiée mardi 2 novembre par le ministère de l’emploi et de la solidarité. Leur part dans le produit intérieur brut (PIB) a cependant légèrement diminué, passant de 29,6 à 29,2 %. En 1998, ces prestations se sont élevées à 2 496 milliards de francs. Le « taux de pression sociale » (pourcentage des cotisations sociales, des impôts et des taxes affectées au système social par rapport au PIB) reste pratiquement stable à 25,3 % en 1998, contre 25,1 % en 1997 et 25,2 % en 1996. a ANCIENS COMBATTANTS : les députés ont adopté, dans la nuit du mercredi 3 au jeudi 4 novembre, les crédits du budget des anciens combattants pour l’an 2000 (25 milliards de francs, 3,8 milliards d’euros, soit -2 % par rapport à 1999), qui financent pour l’essentiel leurs retraites. Le PCF s’est abstenu, les députés de l’opposition RPR-UDF-DL ont voté contre. a FONCTIONNAIRES : le ministre de la fonction publique, Emile Zuccarelli, a déclaré, mercredi 3 novembre, à l’Assemblée nationale, lors de l’examen des crédits du ministère de la fonction publique pour 2000, que « si les 35 heures dans notre pays deviennent la norme, il n’y a aucune raison [que les fonctionnaires] n’aillent pas à cette norme des 35 heures ». LeMonde Job: WMQ0511--0011-0 WAS LMQ0511-11 Op.: XX Rev.: 04-11-99 T.: 10:47 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 19Fap: 100 No: 0428 Lcp: 700 CMYK

I 11 SOCIÉTÉ LE MONDE / VENDREDI 5 NOVEMBRE 1999

RELIGION Les évêques de France prêtres ordonnés au cours des cinq jeunes prêtres présentent des par- ecclésiastique, les générations précé- TRAIT d’un de ces jeunes prêtres, en ont convié, pour la première fois, à dernières années. Alors que la cours et des profils plus « identi- dentes ayant abandonné la soutane banlieue parisienne, qui s’est éloigné leur assemblée plénière annuelle, moyenne d’âge du clergé ne cesse taires », différents de ceux de leurs après Vatican II. b AVANT l’entrée en de l’Eglise avant de s’en rapprocher qui a lieu à Lourdes du jeudi 4 au di- d’augmenter – elle est aujourd’hui aînés. b ILS PORTENT, majoritaire- séminaire, ils ont souvent eu une ex- par un passage dans une commu- manche 7 novembre, les 670 jeunes de plus de soixante-cinq ans –, ces ment, le « col romain » de l’habit périence professionnelle. b POR- nauté proche des charismatiques. Les jeunes prêtres bousculent les habitudes d’un clergé vieillissant Conviés, pour la première fois, à l’assemblée plénière des évêques, à Lourdes, ces prêtres trentenaires tranchent avec leurs aînés : par leurs parcours plus variés avant l’entrée en séminaire et leur goût pour les signes d’appartenance au catholicisme, notamment l’habit ecclésiastique SIX CENT SOIXANTE-DIX « cols roulés ». Tandis que leurs aî- l’Ouest (Nanterre, Versailles) aient « Ces prêtres ne sont pas différents particulier, cristallise souvent les que le plus difficile pour lui est «de jeunes prêtres entourant les cent six nés avaient abandonné la soutane davantage de vocations que les des autres jeunes du même âge, af- passions : « carte de visite », « joint ne pas se laisser dévorer par le tra- évêques de France réunis à après le concile Vatican II pour la autres. « Cependant, les familles ca- firme le Père Lescanne. Ils appar- de culasse » ou encore « minerve ro- vail ». Pour échapper à la solitude, Lourdes à l’occasion de leur assem- remplacer par un habit civil, parfois tholiques ont de plus en plus peur tiennent à une génération qui a l’im- maine », les expressions ne ces jeunes prêtres apprécient la vie blée plénière annuelle : l’image est discrètement complété d’une croix d’avoir un fils prêtre », tempère le pression d’être “née après” : manquent pas dans les presbytères en communauté, encouragés en ce- forte, médiatique. L’épiscopat fran- sur le revers de la veste, la majorité Père Guy Lescanne, supérieur de contrairement aux précédentes, elle pour railler cette nouvelle mode. la par leurs évêques. Ils aiment aus- çais a pris l’initiative d’inviter pen- des jeunes prêtres portent au- séminaire et auteur de plusieurs n’a pas été cimentée par des dates, De leur côté, les jeunes prêtres ont si se retrouver à dates régulières dant quatre jours, du jeudi 4 au di- jourd’hui sans complexe l’habit études sur les jeunes générations. par une histoire commune. Du coup, tendance à trouver « exotiques » les entre prêtres d’une même généra- manche 7 novembre, les prêtres ecclésiastique noir, qu’on appelle L’autre profil, qui est en hausse, est ces jeunes ont plus de mal à dire combats idéologiques de leurs pré- tion, avouant qu’il est « difficile de diocésains ordonnés au cours des aussi clergyman. celui du converti : au cours d’un “nous” ; ils ont aussi besoin de trou- décesseurs qui prêchaient « l’ouver- vivre son ministère avec des collègues cinq dernières années, ainsi que les Certains le remplacent par une itinéraire de découverte – ou de re- ver un sol solide sous leurs pieds afin ture au monde », ou encore « l’en- de soixante-dix ans ». jeunes religieux au service des dio- croix, suspendue bien en évidence découverte – de la foi, des jeunes de pouvoir dire “je”. » Selon cette fouissement ». Eux se sentent plutôt Guy Lescanne connaît d’expé- cèses, pour un temps de prière et de sur la poitrine. « Génération identi- gens se posent la question de la analyse, le goût des jeunes prêtres préoccupés par une annonce expli- rience les difficultés qui attendent célébrations en commun. Une cen- taire », disent les sociologues. Pour vocation. pour les signes d’appartenance, leur cite, une « proposition de la foi ». ces jeunes prêtres : « L’année de taine de diacres permanents (un par le Père Yves Morel, qui entame à attrait pour les formes tradition- leur ordination, ils sont fêtés, entou- diocèse), dont certains seront ac- trente-deux ans son ministère à As- « RÉAPPROPRIATION » nelles de liturgie et de piété – toutes COLS ROULÉS ET COLS ROMAINS rés par la communauté chrétienne compagnés de leur épouse, se join- nières, dans les Hauts-de-Seine, le Les parcours qui conduisent ces choses qui déconcertent tant leurs Cependant, la situation difficile parce qu’ils sont porteurs d’une espé- dront à eux. Le point culminant de col romain est un « signe de témoi- hommes jusqu’au sacerdoce sont aînés – ne devraient pas être que traverse le clergé français incite rance. La deuxième année, l’enthou- ce rassemblement sera une messe gnage » : « Dans ma jeunesse, beau- moins linéaires que par le passé. Le compris comme une volonté de plutôt cols roulés et cols romains à siasme s’émousse. La troisième année célébrée dans la vaste basilique coup de prêtres que j’ai croisés temps est révolu où le grand sémi- réaction, mais comme une forme resserrer les rangs, en acceptant est la plus dure, quand plus personne souterraine Saint-Pie-X. n’étaient pas reconnaissables et je l’ai naire succédait presque naturelle- de « réappropriation » d’un passé leurs différences. Emmanuel Bin- ne vient sonner au presbytère... Le Les prêtres trentenaires, qui font regretté. Le col romain me fournit ment à une scolarité entamée au qu’ils n’ont pas connu et qu’ils dé- der, trente-quatre ans, a été ordon- contexte a radicalement changé : partie des « classes creuses » du l’occasion de rencontres et de conver- petit séminaire. La plupart des couvrent comme neuf. Pour Guy né prêtre en 1994 pour le diocèse de leurs aînés étaient confrontés aux clergé en raison du déficit de voca- sations avec des personnes qui jeunes prêtres ont achevé des Lescanne, « ces jeunes n’ont pas de Valence ; la moyenne d’âge du cler- questions de l’incroyance. Eux sont tions, ont rarement l’occasion m’abordent au hasard des cir- études supérieures, et parfois tra- comptes à régler avec le passé, ils gé y est de soixante-dix ans : « Nous confrontés aux non-questions de d’être rassemblés en si grand constances. » vaillé durant plusieurs années, n’entrent pas dans les débats de leurs sommes seulement dix prêtres de l’indifférence.» nombre. Par-delà leur diversité, un Il n’existe pas d’étude précise sur avant d’entrer au séminaire. Leurs aînés ». moins de cinquante ans. Je suis tout Pourtant, quand ils évoquent leur détail vestimentaire ne manquera les origines sociales des prêtres ré- histoires sont jalonnées de ren- La coexistence de cette nouvelle seul pour la ville de Die et sa région. ministère, les prêtres trentenaires le pas de frapper les observateurs : le cemment ordonnés. Tout au plus contres avec des personnalités qui génération identitaire avec la géné- Ma paroisse compte trente-cinq clo- font avec fougue et passion : les nombre des « cols romains », qui peut-on constater que les vocations les ont marqués, de temps forts ration qui a vécu le concile Vati- chers. » Le Père Binder fait partie du mots de « service », de « don » re- dominera très largement celui des sont plus nombreuses désormais en passés dans des communautés : can II ne va pas sans incompréhen- conseil presbytéral qui assiste viennent régulièrement dans leurs milieu urbain. Deux types de profil L’Arche, qui prend en charge des sions : « Leurs aînés se sont battus l’évêque. Comme les autres prêtres propos. Le Père Binder, lui, parle se dégagent. Les familles de tradi- handicapés mentaux, des commu- pour se libérer de ce qu’ils considé- de sa génération, il a été amené à d’un « défi » : « Les schémas anciens Moyenne d’âge : tion catholique continuent de nautés charismatiques telles que raient comme des carcans. Ils ont du prendre très tôt des responsabilités sont dépassés, nous avons beaucoup « donner » des fils à l’Eglise : parmi L’Emmanuel, des centres de forma- mal à comprendre que les plus jeunes et à apprendre à travailler avec des de choses à inventer et à créer. » plus de 65 ans les diocèses de la banlieue pari- tion chrétienne comme l’Institut sé- les revendiquent », résume le Père laïcs. sienne, il est significatif que ceux de culier Notre-Dame-de-Vie. Lescanne. Le fameux col romain, en A Asnières, le Père Morel confie X. T. b Le clergé catholique français compte 20 800 prêtres séculiers (rattachés à des diocèses). Ils TROIS QUESTIONS À... nous le dire ! Il ne faut pas faire étaient 41 000 en 1965, et leur « Ce qui me gênerait ce serait porter à ces jeunes, qui ont le mé- nombre est en baisse constante HIPPOLYTE SIMON rite d’avoir fait ce choix, ce poids de depuis trente ans. Moyenne d’âge : frustration et cette espèce de cri- plus de soixante-cinq ans. de ne pas pouvoir être prêtre partout » En tant qu’évêque de Clermont- tique implicite. On oublie que les b Chaque année, environ 120 1 Ferrand et membre de la prêtres sont des volontaires. Ce ras- prêtres diocésains sont ordonnés, DANS LA PIÈCE claire qui sert dente, ceux qui ont abandonné la très sensible à la beauté de la litur- commission épiscopale des minis- semblement est pour nous une fa- plus une trentaine appartenant à à la fois de bureau et de lieu d’ac- soutane. » gie, au sens du rituel. Je ne vis pas tère ordonnés, quel sens donnez- çon de dire que la vocation existe des ordres religieux. Ces chiffres cueil pour les visiteurs, le premier Issu d’une famille non prati- cela comme un retour en arrière, vous à l’initiative de rassembler à aujourd’hui. Il faut sortir du pessi- cachent de grandes disparités selon meuble qui frappe le regard est la quante-« mais pas anticléricale » mais peut-être comme un certain Lourdes tous les jeunes prêtres misme ambiant, de cette intimida- les régions : le diocèse de Paris bibliothèque. Elle occupe tout un précise-t-il, baptisé et catéchisé, équilibre. Je n’ai pas connu le pas- ordonnés depuis cinq ans ? tion sourde qui pèse sur les jeunes peut envoyer 30 jeunes prêtres à Olivier Mesana s’éloigne rapide- sé, et les débats anciens ne m’in- Cette initiative est venue du chrétiens et tendrait à leur faire Lourdes, alors que l’Aveyron, PORTRAIT ment de l’Eglise. « J’étais en réac- téressent pas. » Il se dit très atta- Conseil permanent des évêques. croire qu’il n’y a plus rien à faire. l’Allier ou la Lozère n’enverront « Je n’ai pas connu tion contre elle, je la trouvais trop ché à vivre son ministère en lien Elle s’enracine dans l’expérience Des jeunes m’écrivent en me disant aucun prêtre récemment ordonné. moralisante. J’avais tout un dis- avec les autres prêtres « dans une que nous avons déjà vécue, en qu’il leur est très difficile d’avouer b Les séminaristes en formation le passé, cours contre Dieu et contre relation fraternelle », bien qu’il 1998, de célébrer la messe à qu’ils sont chrétiens. Ce n’est tout sont au nombre d’un millier. et les débats anciens l’Eglise. Mais cette manière de la n’ait pas choisi d’entrer dans un Lourdes au milieu d’une assistance de même pas une faute ! Chaque année, un peu moins de ne m’intéressent pas » rejeter était aussi une question. » ordre religieux. Il avoue aussi nombreuse. Cette année, nous 200 candidats sont admis dans Un ami d’enfance, avec qui il joue avoir en lui « un désir de vie spiri- avons voulu donner une visibilité Comment percevez-vous ces les séminaires diocésains. au football, lui fait rencontrer un tuelle intense, une soif de prière ». aux jeunes prêtres diocésains, qui 3 jeunes prêtres, que l’on qualifie Les études durent six ans. mur et sur ses rayonnages prêtre : « Il m’a simplement pro- Pour ce jeune prêtre, la priorité sont nos proches collaborateurs. volontiers de « classiques », voire b Le nombre de diacres s’alignent des Bibles, des ou- posé de m’adresser directement à est « la mission et l’annonce de Parmi les sujets que nous aborde- de « conservateurs », par comparai- permanents est en augmentation vrages de théologie et des photos Dieu, de prier. » l’Evangile ». Il souhaite se consa- rons en assemblée plénière, à côté son avec leurs prédécesseurs ? constante depuis que le concile du pape Jean Paul II. Disposé crer particulièrement aux jeunes d’un dossier important sur l’aposto- Ils sont très divers. Je les trouve Vatican II a restauré cette forme de dans un coin face à un crucifix, LA QUESTION DU SACERDOCE et aux « recommençants », ceux lat des laïcs, un autre portera sur les généreux, car ce n’est pas facile de ministère. Les diacres peuvent être un prie-Dieu en bois est le seul A dix-huit ans, c’est le début qui font un retour à la foi chré- ministères ordonnés. s’engager aujourd’hui dans le sa- mariés. Ils prêchent, célèbrent objet ancien. Sur le bureau, un d’une conversion. La question du tienne. Quand on l’interroge sur cerdoce. On peut travailler de fa- des baptêmes et des mariages, ordinateur récent équipé de tous sacerdoce se pose presque simul- le manque de prêtres et de voca- Rassembler en un même lieu çon très fraternelle avec eux. Ils président aux enterrements. ses périphériques est relié au site tanément. Olivier participe tions, il affiche une grande 2 près de 700 jeunes prêtres, sont déconcertants pour une cer- Plus de 1 500 diacres permanents Internet de la paroisse. d’abord à un mouvement d’étu- confiance : « Je n’ai aucune in- n’est-ce pas donner une image dé- taine génération, qui a mis l’accent devraient être ordonnés Le Père Olivier Mesana, trente- diants chrétiens, puis à une quiétude pour l’avenir de l’Eglise. formée de l’Eglise de France, sur l’ouverture au monde. Souvent cette année. quatre ans, a été ordonné cette communauté nouvelle proche du Les questions spirituelles occupent puisque la moyenne d’âge des ils n’ont pas de passé chrétien. Mais année pour un diocèse de la ban- mouvement charismatique, aujourd’hui une place très impor- prêtres est supérieure à soixante- ils sont là, et ils nous réserveront lieue parisienne. Derrière les lu- l’Ecole Jeunesse-Lumière. «Je tante. Les vocations peuvent reve- cinq ans ? des surprises. nettes fines, le regard est fatigué. n’avais rien retenu de mon caté- nir à une vitesse extraordinaire... » Nous voulons casser une idée re- Vêtu de noir, il a choisi de porter chisme, je ne savais même pas le çue, selon laquelle il n’y aurait plus Propos recueillis par A LA TELEVISION le col romain, même lorsqu’il est Notre Père, il m’a fallu apprendre X. T. de jeunes prêtres. Qu’on cesse de Xavier Ternisien ET A LA RADIO en vacances, « parce que le à devenir chrétien... » monde a besoin de signes » : « Je Les prêtres qui l’accompagnent Le Monde des idées suis ce que je suis, prêtre catho- lui conseillent de terminer tout LCI lique, et les personnes que je ren- d’abord ses études et de Le samedi à 12 h 10 et à 17 h 10 contre savent à qui elles commencer à travailler avant Le dimanche à 12 h 10 et à 0 h 10 s’adressent. Il n’y a pas d’ambi- d’entrer au séminaire. Après un Le lundi à 9 h 10 et à 14 h 10 guïté. Ce qui me gênerait ce serait bac commercial, il suit une for- a de ne pas pouvoir être prêtre mation interne à la Bourse de Pa- Le Grand Jury partout. » ris pour devenir commis d’agent RTL-LCI Il reconnaît cependant que ce de changes. « J’ai vécu la fin de la Le dimanche à 18 h 30 choix n’est pas toujours facile à Corbeille et les débuts du Matif ! », a vivre dans l’Eglise, « parce que se souvient-il en souriant. En Les rumeurs du monde vous êtes vite étiqueté. » Sur ses 1993, dix ans après sa conversion, FRANCE-CULTURE dix condisciples de séminaire, il quitte les marchés financiers Le samedi à 12 heures sept ont adopté le col romain. pour le séminaire. a « C’est plus difficile à vivre avec les Il veut devenir prêtre de pa- Idéaux et débats prêtres de la génération précé- roisse afin d’aller « là où il y a des FRANCE MUSIQUES besoins ». Il avoue que l’obliga- Le dimanche à 17 heures tion du célibat a été, pour lui a comme pour la plupart des autres Libertés de presse candidats au sacerdoce, «la FRANCE-CULTURE question de fond, parce qu’il est Un dimanche sur quatre à 16 heures naturel pour un homme de fonder a un foyer et d’avoir des enfants ». A la « une » du Monde Parmi ses condisciples, l’un au RFI moins a quitté le séminaire pour Du lundi au vendredi cette raison-là. Pourtant, affirme- à 12 h 45 et 0 h 10 (heures de Paris) t-il, s’il avait aujourd’hui le choix, a il choisirait le célibat « parce que La « une » du Monde je crois que le Christ est capable de BFM remplir toute une vie ». Du lundi au vendredi Le Père Mesana occupe cette 13 h 06, 15 h 03, 17 h 40 Le samedi année son premier poste, comme 13 h 07, 15 h 04, 17 h 35 assistant du curé dans une grande paroisse urbaine. « Je suis LeMonde Job: WMQ0511--0012-0 WAS LMQ0511-12 Op.: XX Rev.: 04-11-99 T.: 11:13 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 19Fap: 100 No: 0429 Lcp: 700 CMYK

12 / LE MONDE / VENDREDI 5 NOVEMBRE 1999 SOCIÉTÉ

Les conséquences discutées du passage du nuage Les absences des enseignants de Tchernobyl au-dessus de la France, en 1986 représentent trois semaines Le professeur Pellerin poursuit en diffamation une députée et une journaliste de cours par an L’ancien directeur du service central de protec- mercredi 3 novembre, la députée Michèle Rivasi du passage, au-dessus de la France, du nuage ra- tion contre les rayons ionisants, le professeur et la journaliste Hélène Crié. Elles l’ont accusé, dioactif dégagé par l’explosion de Tchernobyl, Pierre Pellerin, poursuivait pour diffamation, dans un livre, d’avoir minimisé les conséquences en avril 1986. Un rapport de l’IGAEN ANCIEN DIRECTEUR du Service événements. Médecin électro-ra- accessible aux néophytes. Les dé- 200 000 femmes ont avorté de crainte AVEC LE SLOGAN « Pas de nombre d’enseignants bivalents central de protection contre les diologiste et agrégé de biophysique, bats se prolongent pendant de donner naissance à un monstre, classe sans enseignant », le mi- ont, ces dernières années, privé les rayons ionisants (SCPRI), le profes- il passe pour l’un des grands spécia- huit heures sur les normes admis- alors que les doses étaient insigni- nistre de l’éducation nationale, rectorats de souplesse pour des seur Pierre Pellerin, soixante-seize listes du nucléaire. A ce titre, il a sibles de radioactivité et sur les fiantes, dit-il. Le niveau de contami- Claude Allègre, a fait du remplace- ajustements de tout ordre. Pour li- ans, poursuivait, mercredi 3 no- pris, dès sa création en 1957, la tête conséquences éventuelles d’une ex- nation après Tchernobyl correspon- ment des professeurs absents l’un miter au maximum la perte vembre, pour du SCPRI, qu’il a quitté en 1993, position prolongée aux rayonne- dait à ce qu’un Parisien peut recevoir des éléments-clés d’une politique d’heures due à l’organisation des « diffamation » avant que cet organisme, chargé de ments ionisants. On discute de la en passant une semaine aux sports visant le « zéro défaut ». Dans son examens, et notamment du bacca- Michèle Rivasi, mesurer la radioactivité et d’infor- durée de vie de l’iode ou du césium d’hiver ou en bord de mer. » Ru- rapport annuel, rendu public jeudi lauréat, l’Igaen envisage une solu- agrégée de bio- mer les autorités, soit remplacé par 137, on parle de becquerels, de mil- meurs dans la salle. 28 octobre, l’inspection générale tion réellement efficace : faire évo- logie et députée l’Office pour la protection contre les lisiverts, de picocuries, de rems. Pour sa part, Michèle Rivasi, de l’administration de l’éducation luer le bac vers davantage de (apparentée PS) rayonnements ionisants (OPRI). Les témoins du professeur Pelle- longtemps responsable de la nationale (Igaen) constate que, sur contrôle continu. L’inspection pré- de la Drôme, et « Nous constations que la radioac- rin affirment qu’il n’y avait aucun Commission de recherche et d’in- ce point, le but est loin d’être at- conise de même une réflexion sur Hélène Crié, tivité naturelle avait à peu près dou- danger de contamination impor- formation indépendante sur la ra- teint. les « oraux de rattrapage », qui al- journaliste à Li- blé, mais il n’y avait pas de quoi être dioactivité (CRII-RAD), créée après Ainsi, sur le millier d’heures dues longent le calendrier d’une se- bération, devant la chambre de la inquiet, explique-t-il. Il n’y avait au- l’accident de Tchernobyl, évoque le chaque année aux élèves de lycée maine. presse du tribunal de Paris. M. Pel- cun risque pour la santé. De toute fa- « Une chape « principe de précaution » qui n’au- et de collège, 5 % ne sont pas assu- Dans l’enseignement primaire, lerin reproche aux deux femmes çon, il ne pouvait arriver en France rait pas prévalu à l’époque. « Il était rées et ne font l’objet d’aucun rem- l’Igaen s’inquiète, cette année, des d’avoir affirmé à plusieurs reprises, plus de 1/500 000e de la radioactivité de plomb recouvrait impossible d’affirmer qu’il n’y avait, à placement. A ces heures perdues conséquences de la baisse du dans un livre, Ce nucléaire qu’on mesurée à proximité de la centrale de long terme, aucun effet sur la santé. s’ajoutent les heures supprimées nombre d’élèves (35 600 en nous cache (éditions Albin Michel), Tchernobyl. » Dans les communi- le pays, On a fait courir un risque inutile, no- en fin d’année, lorsque les établis- moyenne par an depuis sept ans) qu’il a « menti » après le passage, qués qu’il adresse à la presse dans tamment aux enfants. » « Pourquoi sements sont fermés pour l’organi- sur la répartition des postes d’en- sur la France, du nuage radioactif les jours qui suivent l’accident, et la comparaison imputer cela au professeur Pellerin et sation des examens. En moyenne, seignants. Au niveau national, la dégagé par l’explosion du réacteur M. Pellerin écarte systématique- non pas aux autorités ? », interroge calcule l’Igaen, les élèves du se- situation est préoccupante, estime de la centrale nuclaire de Tcherno- ment l’hypothèse d’un risque sani- avec nos voisins la présidente. « Il avait accès aux cond degré perdent chaque année l’inspection : les redéploiements byl, le 26 avril 1986. taire. Alors qu’ailleurs en Europe 130 stations qui effectuaient les me- trois semaines de cours, ce qui, sur entre les départements, qui enre- Selon les auteurs de l’ouvrage, des mesures de précaution sont n’était pas sures, toute l’information sur le nu- l’ensemble d’une scolarité, corres- gistrent des baisses d’effectifs iné- M. Pellerin aurait reconnu « tardive- prises, en France il ne se passe rien. cléaire passait par lui, c’est lui qui de- pond à un déficit d’une demi-an- gales, ne s’effectuent pas de ma- ment » que la France avait bien été « Une chape de plomb recouvrait le à notre avantage » vait informer les autorités. Or il n’a née d’enseignement. Au-delà des nière optimale. Le recours à des touchée par le nuage radioactif. Il pays, et la comparaison avec nos voi- donné que des moyennes et a tou- conséquences pédagogiques, enseignants recrutés sur les listes aurait volontairement minimisé ses sins n’était pas à notre avantage en jours affirmé que c’était sans consé- l’Igaen relève le coût social et fi- complémentaires pour remplir des conséquences en termes d’hygiène termes de transparence et de démo- tante en avril-mai 1986. Le profes- quence. » Venu pour se voir rendre nancier de ce phénomène : le défi- postes vacants est devenu systé- publique. Il aurait également menti cratie », se souvient Corinne Le- seur Maurice Tubiana, ancien chef justice, le professeur Pellerin a fina- cit d’enseignement incite certains matique (3 500 postes cette ren- par omission en ne parlant pas de la page, ministre de l’environnement du département radiation à l’Insti- lement été obligé de se défendre. parents d’élèves à recourir aux trée), alors que dans le même situation en Corse, où des niveaux du gouvernement Juppé, témoin de tut Gustave Roussy, soutient même « Même si on dépasse la limite sani- cours de rattrapage, ce qui accen- temps certains départements enre- importants de radioactivité avaient la défense. que Pierre Pellerin a « rendu un ser- taire, il n’y a pas de danger, insiste-t- tue les inégalités sociales. gistrent des emplois en sur- été détectés, et de l’influence des Pour tenter de comprendre les vice aux Français en évitant les mou- il. Si j’avais pensé une seconde qu’il y Pour l’Igaen, la gestion des ab- nombre. L’inspection re- pluies, qui, dans le sud-est du pays, données du problème, le tribunal vements de panique qui frisaient avait le moindre risque, j’aurais aver- sences d’enseignants mérite donc commande donc un meilleur ont provoqué une concentration s’offre une plongée dans le monde l’hystérie dans certains pays euro- ti le premier ministre pour des me- d’être revue. « Le remplacement contrôle des emplois au niveau des des retombées radioactives. opaque du nucléaire. L’intention est péens ». Selon lui, la France a sures d’évacuation. » dans le second degré n’a pas été jus- inspections académiques. Le professeur Pellerin, qui ré- louable, mais les témoins-experts échappé à un phénomène constaté Jugement le 8 décembre. qu’à présent traité comme un ser- Enfin, au chapitre de l’enseigne- clame 80 000 francs de dommages qui viennent à la barre, ont parfois ailleurs : une hausse spectaculaire vice mais comme une rubrique rési- ment supérieur, l’inspection géné- et intérêts, conteste cette vision des du mal à transmettre un message des avortements. « 100 000 à Acacio Pereira duelle », juge l’Igaen. En premier rale déplore une application «à lieu, le décompte des absences géométrie variable » de la réforme doit être amélioré au niveau du pédagogique lancée en avril 1997 rectorat et au sein des établisse- par François Bayrou. Cette ré- Les deux générations du nucléaire ments. Ces derniers doivent obte- forme prévoit une organisation nir davantage de moyens (sous des études en semestres, le regrou- TRENTE ANS séparent Pierre abolis ; ou bien la progression ac- cléaire (Gsien) démontrant à scientifiques et technologiques, forme d’heures supplémentaires pement des enseignements en uni- Pellerin, né en 1923, de Michèle tuelle est maintenue, et dans ce l’opinion, dans un journal télé- ont appris à intervenir dans le de suppléances) pour faire face tés, la mise en place du tutorat, la Rivasi, née en 1953. Trente ans, cas, la contestation de l’énergie visé du 10 mai 1986, que le dossier nucléaire en ne laissant aux absences de courte durée. Re- compensation et la capitalisation c’est-à-dire une génération. Et nucléaire est une imposture. » Les nuage radioactif était bien passé plus l’Etat décider seul. prenant une proposition ré- des notes ainsi que la suppression c’est bien un conflit de généra- promoteurs du nucléaire par- sur la France. Ce furent aussi les Pour cette génération, le prin- currente, mais peu suivie d’effets, des notes éliminatoires, l’anony- tions, plus qu’une affaire de dif- laient au nom du progrès de prélèvements sur les champi- cipe de précaution doit inspirer en matière de gestion du person- mat des copies et l’évaluation des famation, qu’a examiné la l’humanité et affirmaient possé- gnons et sur le thym, effectués les décisions collectives en ma- nel de l’éducation nationale, l’ins- enseignements. Or il semble que si chambre de la presse du tribunal der la science et le savoir face à par le Comité de recherche et tière de nouvelles technologies. pection recommande aussi de ces modalités ont été acceptées sur de Paris. Derrière les polémiques une foule ignorante. Dans une d’informations indépendantes Il convient, selon eux, d’adopter construire une « gestion prévision- le principe, leur mise en œuvre, techniques a surgi l’opposition interview au Figaro, en 1990, sur la radioactivité (Crii-Rad) des règles sévères afin de se pré- nelle des remplacements ». Cela deux ans plus tard, laisse à désirer. de deux cultures, deux concep- Pierre Pellerin expliquait : «Je fondé par Michèle Rivasi en mai munir d’un débordement impré- permettrait aux académies de les L’inspection exhorte donc l’admi- tions, deux époques. Et si cette pense que si l’on tente d’informer 1986, qui montraient que les ni- vu qui pourrait se révéler irré- prendre en compte lorsqu’elles ex- nistration centrale à « manifester affaire illustre ce clivage, c’est des gens qui ne sont pas préala- veaux de radioactivité atteints médiable. Cette idée se combine priment leurs besoins annuels en l’intérêt qu’elle porte à cette réforme que l’accident de Tchernobyl a blement formés, on désinforme. » avaient été élevés. avec le concept de « génération postes. Une évolution jugée d’au- en rappelant les principes réglemen- permis, en France, cette transi- Les autorités ont profité de ce future », qui affirme que l’on ne tant plus nécessaire par l’inspec- taires essentiels ». tion entre deux approches de D’HÉROÏQUE À MODESTE débat démontrant la nécessité doit pas imposer à nos descen- tion que le réemploi des maîtres l’énergie nucléaire. C’est cette conception hé- d’une pluralité d’analyses scien- dants des charges insuppor- auxiliaires et la diminution du Stéphanie Le Bars Pour la génération qui a fait roïque et élitiste du nucléaire tifiques pour instaurer un tables pour leur santé et leur en- – et imposé – le nucléaire, cette qui a volé en éclat avec Tcherno- contrôle réel des promoteurs de vironnement. énergie était marquée du sceau byl : l’accident a montré ce que l’énergie nucléaire en renforçant Cette philosophie de la tech- du progrès. Dans un article des pouvait produire une foi irréflé- l’autonomie de la Direction de la nique évoluera d’ici trente ans. Jacques Chirac refuse de répondre Annales des mines, en 1974, chie dans le « progrès » mais il a sûreté des installations nu- Elle permet aujourd’hui de dis- Pierre Pellerin écrivait : « L’hu- également modifié le rapport cléaires et de l’Institut de sûreté cuter de manière plus ouverte manité est maintenant confrontée aux structures technologiques et de protection nucléaire. Par des mutations techniques du à une convocation judiciaire à un choix inévitable : ou bien elle des démocraties, notamment en ailleurs, le Service central de XXIe siècle. Qu’elle soit bonne ou décide (et c’est son droit a priori) France. Les contre-experts ont protection contre les rayonne- mauvaise, la technologie n’est JACQUES CHIRAC n’a pas répondu, mercredi 3 novembre, à l’as- le retour aux techniques ances- acquis une légitimité scienti- ments ionisants, que Pierre Pel- plus héroïque, élitiste et assurée. signation devant le tribunal de grande instance de Paris, d’un mili- trales et l’abandon total du pro- fique face aux « savants » qui lerin dirigeait depuis 1957, s’est Elle doit être prudente et mo- tant écologiste. Ni lui, ni aucun avocat ne s’est présenté devant le grès en acceptant en contrepartie protégeaient l’exclusivité de leur vu transformé en un office plus deste et se soumettre au débat juge de la mise en état, chargé de vérifier que le dossier était la résurgence de fléaux que l’on a savoir. Ce fut Monique Sené, du ouvert (OPRI). Par ailleurs, les collectif, fut-il si lent et ignare. complet et pouvait être plaidé. L’audience a été reportée au 15 dé- tendance à considérer trop légè- Groupe des scientifiques pour députés, avec l’Office parlemen- cembre. rement comme définitivement l’information sur l’énergie nu- taire d’évaluation des choix Hervé Kempf Le président de la République avait été assigné au civil, le 12 mai, par Pierre-Alain Brossault, en sa qualité d’ancien maire de Paris, de 1977 à 1995. M. Brossault, qui lui reproche « l’organisation et le main- tien d’emplois présumés fictifs rémunérés sur les deniers publics », lui Le braquage meurtrier d’un policier dans un sauna gay parisien réclame une provision d’un euro de dommages et intérets. Un revolver Manurhin 357 spécial police 109 francs, l’Euro Men’s club ouvre ses bains son revolver, effectivement saisi sur place DÉPÊCHES en inox, oublié dans le sauna gay où deux de vapeur, ses piscines, ses jacuzzi et la dis- au milieu de bris de glace. Les propos de a PRISON : des incidents ont eu lieu depuis vendredi 29 octobre employés venaient d’être tués par balles crétion de ses cabines à sa clientèle d’ho- Marcel Nagy devront cependant être véri- au centre des jeunes détenus de la maison d’arrêt de Fleury-Méro- lundi 1er novembre à Paris, a rapidement mosexuels masculins. A la police judiciaire fiés par les investigations techniques et gis, a-t-on appris mercredi 3 novembre de source syndicale. Selon conduit les enquêteurs vers son proprié- parisienne, Marcel Nagy a déclaré y avoir scientifiques, ainsi que par l’éventuel té- l’Union fédérale autonome pénitentiaire (UFAP), syndicat majori- taire. Retrouvé grâce au numéro de série de passé plusieurs heures, dans l’après-midi du moignage du caissier, dont les jours étaient taire, les surveillants ont dû intervenir, vendredi, pour une bagarre son arme de service, Marcel Nagy, gardien 1er novembre. Il se serait endormi jusqu’aux toujours en danger jeudi dans la matinée. générale en promenade, puis dimanche pour empêcher un lynchage, de la paix à Thionville (Moselle), a été inter- alentours de 22 heures, avant d’être réveillé De retour au commissariat de Thionville, le également en promenade, avant de mettre fin, mardi, à une bagarre pellé par la brigade criminelle parisienne. par les employés du sauna qui procédaient gardien de la paix, affecté à la formation générale en détention. Selon le syndicat, un quart de l’effectif des Le policier a fini par avouer être l’auteur à la fermeture. Toujours selon sa version, il motocycliste de ses collègues, avait signalé détenus est « partis en quartier disciplinaire » depuis le 29 octobre. des crimes commis à l’intérieur de l’Euro aurait eu l’idée du braquage en sortant du la perte de son arme de service à sa hiérar- a JUSTICE : le tribunal correctionnel de Rouen a condamné, Men’s Club, où cet homme de trente-neuf club et en apercevant le caissier manipuler chie, déclarant que le revolver lui avait été mercredi 3 novembre, un responsable de chantier à 8 mois de pri- ans, marié et père de cinq enfants, avait la recette de la journée. Il serait alors des- volé au cours d’une agression. son dont 7 mois et 20 jours avec sursis et un jeune ouvrier de la pris l’habitude de dissimuler sa double vie. cendu au sous-sol et aurait tiré sur un em- Aux côtés de Marie-Claude Pépin, qui fi- même entreprise à 6 mois avec sursis pour violences lors du « bizu- Le jour de la Toussaint, le policier avait ployé du sauna, Maïa Tran Van, trente et un gure parmi ses adhérents, le Syndicat natio- tage » d’un apprenti. Les deux prévenus, qui comparaissaient pour profité d’un congé pour se rendre dans ce ans, dont le corps a été retrouvé près de la nal des entreprises gaies (SNEG) a rappelé violences volontaires en réunion sur mineur, se voient en outre pri- sauna du passage des Panoramas (2e arron- piscine, touché au cou et à la poitrine. qu’il s’était dernièrement inquiété de la re- vés des droits civils et civiques pendant 2 ans. dissement de Paris). Situé entre la Bourse crudescence des agressions à main armée a Deux jeunes de la Grande Borne ont été condamnés, mercredi et l’Opéra-Comique, l’endroit ne paie pas DES PROPOS À VÉRIFIER commises, ces derniers mois à Paris, dans 4 novembre, en comparution immédiate, par le tribunal correction- de mine, avec ses vitres fumées donnant sur Sous la menace de son arme, le policier des établissements fréquentés par des ho- nel d’Evry (Essonne), à des peines de un et trois mois de prison rue et sa minuscule entrée encombrée aurait alors ordonné au caissier, âgé de mosexuels – l’Euro Men’s Club, déjà, et trois ferme pour « outrage et rébellion », après les affrontements de lundi, d’une statue grecque en plâtre blanc. Mar- quarante-huit ans, et à un autre employé, autres saunas, une discothèque et une dans la cité de la Grande Borne, à Grigny (Essonne). Ces violents in- cel Nagy fréquentait régulièrement les lieux Sébastien Guénot, vingt-huit ans, de lui re- pharmacie. « A priori, il ne s’agit cette fois ni cidents entre jeunes et policiers avaient éclaté après le meurtre, di- lorsqu’il était CRS à Deuil-la Barre (Val mettre le contenu de la caisse et du coffre- d’un crime homophobe, ni d’une affaire pas- manche 31 octobre, au cours d’une rixe, d’un homme de vingt-trois d’Oise) et continuait de les visiter depuis fort, ainsi que la cassette vidéo de la camé- sionnelle, mais d’un crime crapuleux se pas- ans. son affectation en 1997 à Thionville. « Il ve- ra surveillant l’entrée. Il les aurait ensuite sant dans le milieu gay », a souligné Roger a La cour d’assises des Bouches-du-Rhône a condamné mercre- nait souvent au sauna, à chaque fois qu’il entraînés au sous-sol, où le corps sans vie Bignon, pour le SNEG. Au terme de sa di 3 novembre deux Slovaques à des peines de 15 ans de réclusion montait à Paris », explique Marie-Claude de Sébastien Guénot a été retrouvé dans garde à vue, Maurice Nagy devait être défé- et 10 ans de prison pour le meurtre et la séquestration d’un retraité Pépin, la propriétaire de ce club ouvert en une cabine, tandis que le caissier a été très ré jeudi au parquet de Paris pour vol à main marseillais en 1996. Slavomir Rudavsky, 23 ans, originaire de Hu- 1977, l’un des plus vieux saunas spécialisés grièvement blessé à la poitrine et à l’ab- armée, homicides et blessures volontaires. menne (Slovaquie), a été condamné à 15 ans de réclusion criminelle de Paris. domen. Le policier dit aussi avoir fracassé et Karol Laternik, 25 ans, né à Sala (Slovaquie) à 10 ans de prison. Moyennant un droit d’entrée de la porte vitrée de l’entrée avec la crosse de Erich Inciyan LeMonde Job: WMQ0511--0013-0 WAS LMQ0511-13 Op.: XX Rev.: 04-11-99 T.: 09:45 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 19Fap: 100 No: 0430 Lcp: 700 CMYK

13 RÉGIONS LE MONDE / VENDREDI 5 NOVEMBRE 1999 De nouveaux espaces de solidarité fiscale autour des grandes villes Les communautés d’agglomération sont un succès. Avant 2000 et moins de six mois après la publication de la loi Chevènement sur l’intercommunalité, qui les a créées, une trentaine pourraient exister. L’objectif est d’assurer un partage des ressources et la cohérence des politiques urbaines

AVEC ses 36 000 communes, la 20 000 habitants, à se constituer en 30 avant 2000. Or ces communautés France est une exception dans communautés de villes. Celles-ci Près de 50 projets d'ici 2001 d’agglomération représenteront de l’Union européenne. Comme le dit auraient franchi un nouveau pas en véritables espaces de solidarité fis- Pierre Joxe dans La France redécou- prélevant, sur l’ensemble de leur Boulogne- St-Omer cale – de « mutualisation » de pée (Belin, 1998), « on peut être flatté agglomération, une taxe profession- sur-Mer l’impôt, selon une formule qu’affec- Lens de constituer une espèce de bizarrerie nelle unique. Or seule une poignée tionne le ministre de l’intérieur –, au historico-géographique en Europe, de communautés de villes s’est Cambrai profit d’un projet urbain commun. mais il faut savoir que notre retard en constituée depuis 1992. Les réti- Amiens St-Quentin Dans son rapport sur la ville, remis ce domaine devient maintenant très cences des communes s’expliquent, Rouen en février 1998, Jean-Pierre Sueur préoccupant ». Les pouvoirs publics en partie, par le côté audacieux de la Soissons voyait dans une telle réforme un Caen Elbeuf Châlons-en- se sont heurtés à l’opposition des démarche : la taxe professionnelle Évreux Mantes-la-Jolie Champagne Forbach élément essentiel. maires et, souvent, de leurs admi- constitue une part importante de X Nogent/Marne1 Grâce aux dispositions de la loi, nistrés, lorsqu’ils ont tenté de pous- leurs recettes. Les élus y regardent à St-Brieuc X X une agglomération comme Gre- Sucy-en-Brie2 ser les petites communes à fusion- deux fois avant d’aliéner leur indé- Rennes noble devrait bénéficier de 70 mil- Quimper Chartres Troyes ner. Ils se sont aussi cassé les dents pendance. Laval lions de francs. En contrepartie, les Lorient Belfort sur le dossier de la coopération Angers Montbéliard communes acceptent des contrain- intercommunale, solution moins LES LEÇONS DE L’ÉCHEC X tes, dont la taxe professionnelle radicale pour lutter contre cet épar- Jean-Pierre Chevènement, lors- Tours Dijon unique, prélevée non plus par les pillement. qu’il a préparé son texte sur l’inter- Nantes villes mais par la communauté En 1992, Pierre Joxe, précisément, communalité, a tiré les leçons de cet d’agglomération, n’est pas la a relancé la machine avec la loi sur échec : il a eu l’idée, dans sa loi du Poitiers Bourg- moindre. Une disposition qui vise à enBresse l’administration territoriale de la 12 juillet, de remplacer districts et Niort Roanne mettre fin à une concurrence, par- La Rochelle Vichy République, dite « ATR », dont il est communautés de villes par des Villefranche- fois absurde, entre les communes l’un des auteurs. Depuis la publica- communautés d’agglomération, en Angoulême sur-Saône pour accueilir entreprises et zones tion de cette loi, le nombre de struc- encourageant la constitution de ces Clermont- Chambéry commerciales, et à réduire les inéga- Projets de communauté Ferrand Voiron tures de coopération intercommu- nouvelles entités par des dotations St-Étienne lités de ressources. Les communes d'agglomération : nale s’est très vite accru. Il s’agit le financières substantielles (250 francs Grenoble de chaque agglomération devront plus souvent d’intercommunalité par habitant, au moins pour les pre- Aurillac aussi transférer à la communauté dite « de projet », mise en œuvre mières). Sans doute le ministre a-t-il X Déjà réalisés quatre compétences obligatoires, par des établissements publics de aussi bénéficié d’une meilleure prise Rodez aménagement de l’espace, dévelop- Agen coopération intercommunale de conscience des élus sur la réalité Prévus : Alès pement économique, politique de la Montpellier (ECPI), qui prélèvent leur propre fis- des « fractures » sociale et territo- EN 2000 Toulouse Aix-en-Provence* ville et habitat, et trois facultatives, calité. Cette forme moderne d’inter- riale et la nécessité de renforcer la Bayonne à choisir entre voirie, environne- communalité représente un progrès péréquation entre collectivités EN 2001 Castres ment, eau, assainissement ou * – même si son coût pour le contri- riches et pauvres. Quoi qu’il en soit, * Après les élections grands équipements. buable est parfois critiqué – sur le ministre semble en passe de réus- municipales Quatre mois après l’entrée en l’intercommunalité dite « de ges- sir là où ses prédécesseurs avaient de mars 2001 vigueur de la loi, le succès des tion » – le classique syndicat inter- en partie échoué. Sur les 141 zones Aire urbaine (Insee) communautés d’agglomération est communal qui limite ses activités à intéressées, c’est-à-dire qui réu- de plus de 50 000 hab. 1 : Nogent-sur-Marne, Le Perreux 2 : Sucy-en-Brie, Le Plessis-Trévise, manifeste : certaines villes sont la voirie. nissent au moins 50 000 habitants Boissy-Saint-Léger, La Queue-en-Brie, Ormesson-sur-Marne, Noiseau, Chennevières-sur-Marne entrées en compétition pour décro- Source : Assemblée des districts et des communautés de France, 1999. Mais la loi ATR avait échoué autour d’une commune, centre de cher le titre de première commu- au moins sur un point : elle visait plus de 15 000 habitants, 48 projets Cette carte a été établie d'après les données fournies par l'Assemblée des districts et des communautés de France nauté d’agglomération de France... à encourager les villes, centre devraient voir le jour avant les (ADCF), qui va changer de nom pour s'appeler Assemblée des communautés de France, à l'occasion de sa convention d’une agglomération d’au moins municipales de 2001, dont près de nationale au Futuroscope de Poitiers, les 4 et 5 novembre. Service Régions Quand le Val-de-Marne coiffe le Doubs sur le poteau... Chasse : les ballons d’essai BESANÇON-RENNES la date du 1er janvier 2000, initiale- francs (520 000 euros) à 30 millions élus. « Dès avant la promulgation de de nos correspondants ment prévue : la mutation du dis- de francs (4,57 millions d’euros). la loi, nous étions prêts technique- de François Patriat Est-ce pour se montrer agréable trict a été votée le 25 octobre, avali- A Saint-Brieuc, le conseil du dis- ment et les conséquences financières envers Jean-Pierre Chevènement, sée par le préfet trois jours plus trict, qui regroupe 14 communes et du changement avaient été évaluées. JAMAIS une mission parlemen- ses collaborateurs. Il s’agit plutôt de président du district voisin de Bel- tard, le 28. 111 000 habitants, a approuvé, le Le consensus politique a fait le taire n’aura été aussi médiatisée pistes de réflexion pour mesurer les fort et père de la nouvelle loi ? Ou 28 octobre au soir, le basculement reste. » La coopération inter- que celle menée, depuis le mois de réactions et juger du bien-fondé de la n’est-ce que pour conserver l’image « NOUS ÉTIONS PRÊTS » en communauté d’agglomération, communale devrait, espère-t-il, juillet par le député socialiste de politique à suivre. » « moderniste » acquise lors de sa La formule finalement adoptée, déjà entériné par chacun des prendre un nouvel élan grâce aux Côte-d’Or, François Patriat, chargé création en 1959, alors qu’il était, une transformation et non une conseils municipaux du district. compétences élargies de la commu- par le gouvernement de proposer « ACCOUCHEMENT DIFFICILE » déjà, l’un des tout premiers de création, « se traduit par une procé- « Cette nouvelle structure est le pro- nauté d’agglomération, notamment un ensemble de solutions aux pro- Certaines de ces pistes semblent France ? Quelle que soit la réponse, dure simplifiée et plus rapide », sou- longement naturel du district, créé en dans le domaine de l’environne- blèmes les plus aigus de la chasse. avoir survécu aux révélations fluc- le district urbain du pays de Mont- ligne Eric Anguenot, collaborateur 1992, affirme Claude Saunier, maire ment (collecte des déchets et traite- Jamais, non plus, un rapport n’aura tuantes accordées, à tour de rôle, béliard (Doubs), présidé par le séna- de Pierre Moscovici, ministre (PS) (PS) de Saint-Brieuc et président du ment des eaux), du développement fait l’objet d’autant de « fuites », sa- aux grands médias nationaux : insti- teur (RPR) du Doubs et maire de délégué aux affaires européennes et district. Au bout de sept ans, nous culturel, de l’enseignement supé- vamment orchestrées pour tester la tution du mercredi comme jour de Montbéliard, Louis Souvet, aura dirigeant de l’opposition à Montbé- éprouvions les limites de la dyna- rieur et de la recherche. Consé- réaction des chasseurs, comme non-chasse ; réécriture de la loi Ver- tout fait pour battre sur le fil celui liard. La communauté d’aggloméra- mique intercommunale sans taxe quence immédiate du changement celles des protecteurs de l’environ- deille avec la création d’un « droit de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor) tion sera constituée, comme le dis- professionnelle unique. » Selon de statut : la dotation globale de nement. de non-chasse » pour les proprié- pour devenir la première commu- trict, de 28 communes, regroupant M. Saunier, Saint-Brieuc a pu appli- fonctionnement du district, qui se En distillant dans la presse, se- taires fonciers opposés à la chasse nauté d’agglomération de France, 120 000 habitants. Les dotations de quer la loi de juillet grâce à l’anti- montait à 8,8 millions de francs maine après semaine, quelques- sur leur terrain ; réglementation de en avançant, de plus de deux mois, l’Etat passeront de 3,4 millions de cipation dont ont fait preuve les (1,34 million d’euros) en 1999, unes des fameuses propositions la chasse au gibier d’eau dans dix- devrait passer à 27 millions de qu’il devait remettre fin octobre au sept départements du littoral. Sur francs (4,12 millions d’euros) en l’an premier ministre Lionel Jospin et à les sujets les plus sensibles, comme 2000. Malgré tous leurs efforts, ni la ministre de l’environnement et de la fixation des périodes de chasse, la La rade de Toulon renoue avec la mer Saint-Brieuc ni Montbéliard ne l’aménagement du territoire, Domi- modification du statut des fédéra- pourront, pourtant, se prévaloir du nique Voynet, François Patriat s’est tions ou la réglementation des TOULON réserve de ne plus en assumer bées économiques, de l’ordre de titre de première communauté en effet offert, selon l’un de ses modes de chasse interdites, «M. Pa- de notre correspondant l’entretien, évalué à 30 millions de 75 millions de francs (11,43 millions d’agglomération de France : au proches, une série de « ballons d’es- triat attend encore la réaction offi- Le bagne, le sabordage de la flotte, francs (3,05 millions d’euros) par an. d’euros) par an, généreraient près de moment où Montbéliard pensait sai » à peu de frais. Début sep- cielle des deux commanditaires avant le retour des colonies perdues... Tou- Le porte-avions pourrait être deux cents emplois directs. Ses pro- remporter le sprint, la préfecture du tembre, il suscite ainsi un tollé au- de se prononcer », confie une source lon et sa rade ont gardé leurs dis- amarré près des anciens chantiers moteurs espèrent que l’opération Val-de-Marne faisait savoir que, près des écologistes, en se déclarant proche du dossier, tandis qu’une tances vis-à-vis d’une mer confis- navals de La Seyne, dont un ancien parviendrait à s’autofinancer dès la « par arrêtés en date du 27 et du favorable à l’abandon des périodes autre évoque « l’accouchement diffi- quée par une Marine nationale aux bassin sera transformé en un aqua- quatrième. M. Falco a indiqué, mardi 29 octobre », elle avait fixé les péri- de chasse au profit de « prélève- cile de l’auteur, qui change de version fortunes diverses. La restructuration rium de la faune et de la flore médi- 2 novembre, que l’assemblée dépar- mètres de deux communautés ments par espèces », reprenant à la tous les jours ». Initialement annon- des armées, la forte baisse des terranéennes. Ce vaste parc à tementale vient d’entériner la créa- d’agglomération : Nogent-sur- lettre l’une des revendications ma- cée début novembre, la remise du emplois militaires et la chute d’une thèmes comporterait également une tion d’un syndicat mixte exploratoire Marne et Le Perreux le 27 ; Sucy-en- jeures des chasseurs. Quinze jours rapport ne devrait donc pas avoir économie dépendant beaucoup de partie d’archéologie sous-marine, regroupant les villes de Toulon et de Brie, Le Plessis-Trévise, Boissy- plus tard, il revient sur des positions lieu « avant dix ou douze jours », la Royale imposent un réaménage- grâce à l’organisation de plongées La Seyne-sur-Mer, le conseil général Saint-Léger, La Queue-en-Brie, plus classiques, jugeant inévitable la précise-t-on prudemment à Mati- ment de l’espace... et des mentalités. dans le parc national de Port-Cros, du Var et le conseil régional Pro- Ormesson, Noiseau et Chenne- modification des périodes de chasse gnon, où, pour l’heure, Lionel Jos- C’est ce qui se dessine depuis un an, au large de Hyères. Quant au Foch, vence-Alpes-Côte d’Azur, ainsi que vières le 29. pour placer la France en conformité pin semble avoir d’autres préoc- au sein d’un groupe de travail où un cinquième de sa surface sera la Marine nationale. avec la législation européenne. «Il cupations... siègent des représentants de la pré- consacrée à un musée aéronaval, Gaëlle Dupont ne faut pas prendre au pied de la fecture maritime, des élus de La avec de vastes espaces pour des José Lenzini et Jean-Pierre Tenoux lettre tout ce qu’il dit, confie l’un de Alexandre Garcia Seyne-sur-Mer et de Toulon, les spectacles et des congrès. D’autres chambres consulaires et la préfec- projets d’envergure seraient envisa- ture du Var. Tous ont imaginé un gés, toujours avec le souci de créer « pôle culturel et touristique de la des passerelles entre tourisme, rade de Toulon », dont le porte- culture, technologies et économie du avions Foch serait un élément futur. Le projet vise à lier l’histoire central. maritime et sociale de la rade aux activités qui l’animent aujourd’hui, LE « FOCH » DEVIENT MUSÉE qu’il s’agisse de plongée, d’archéolo- Faute de crédits, La Royale n’est gie sous-marine, d’ingénierie off- pas en mesure d’entretenir la dizaine shore... activités représentées par les de forts ceinturant un site exception- entreprises militaires et civiles lea- nel. Le groupe de travail, en collabo- ders dans ces domaines. Tout ce ration avec une agence spécialisée, a qu’on nomme ici la « matière trouvé un élément fédérateur, bleue ». chargé de mémoire : le porte-avions Ce pôle culturel et touristique Foch, qui sera désarmé dans le cou- pourrait démarrer en 2001 avec la rant du second semestre 2000 pour restauration et l’ouverture des forts, être remplacé par le Charles-de- puis la construction de l’aquarium Gaulle. Dès 1996, le sénateur (DL) et coïncidant avec la mise à disposition président du conseil général Hubert du Foch et à sa transformation. Falco avait souhaité que ce bâti- L’ensemble, prévu pour accueillir un ment, de 259 mètres de long et peu plus d’un million de visiteurs par 47 mètres de large, ne soit pas an, serait alors pleinement opéra- démoli, mais transformé en musée. tionnel en 2004, pour un investisse- L’idée fut reprise, la Marine accep- ment de 300 millions de francs tant de céder le bâtiment sous (45,7 millions d’euros). Les retom- LeMonde Job: WMQ0511--0014-0 WAS LMQ0511-14 Op.: XX Rev.: 04-11-99 T.: 08:40 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 19Fap: 100 No: 0431 Lcp: 700 CMYK

14 / LE MONDE / VENDREDI 5 NOVEMBRE 1999 HORIZONS HISTOIRE LA CHUTE DU MUR 4 DIX ANS APRÈS Via Prague, Berlin d’Est en Ouest

ERBERT et Su- pour trouver, peut-être, un vieux aussi vos craintes. Mais quand sonnes à l’intérieur, les conditions zanne Kuhn C’est l’histoire de Herbert couvent. « On m’a déjà pris tout ce quelqu’un qui a eu mon destin vous de vie deviennent insupportables. ont déjà repéré que j’avais... », répond le chef de dit que les promesses seront tenues, Des centaines d’autres campent à les lieux. Un et Suzanne Kuhn, traqués l’Eglise tchèque. vous pouvez le croire. Je vous donne l’extérieur. L’automne est froid, la an plus tôt, ils Le 12 septembre, Wolfgang Vogel, ma parole. » température nocturne proche de ont entrepris par la police politique l’avocat qui « vend » les prisonniers Hans Dietrich Genscher est zéro. Dans la nuit du 3 au 4 octobre, le voyage de politiques est-allemands à la RFA épuisé. Il vient juste de se remettre Hermann Huber annonce qu’il va Prague à deux, de la RDA, pour avoir contre des devises fortes, s’adresse d’une alerte cardiaque, mais il est faire ouvrir les portes pour les H au palais Lobkowicz à ses compa- heureux. Les premiers bus qui femmes et les enfants ; il conjure les sans leurs en- fants. Ils ont arpenté les ruelles de demandé à émigrer, triotes. Il est accompagné d’un doivent conduire les réfugiés de hommes de ne pas forcer l’entrée Mala Strana, au-dessus du pont autre avocat, Gregor Gysi, qui l’ambassade dans une lointaine de l’ambassade car il ne pourrait Charles, autour du palais Lobko- et qui tentent leur chance deviendra, après la chute du mur, le gare de banlieue attendent déjà sur alors répondre de la sécurité. Le wicz, qui abrite l’ambassade de la chef du Parti communiste est-alle- la place voisine. Il y aura au total portail s’ouvre. Aucun mouvement République fédérale d’Allemagne, par Prague. C’est l’histoire mand rénové, et de Walter Pries- 118 rotations. De garde d’enfants, de foule n’est perceptible. Les ils ont noté les postes de garde de la nitz, secrétaire d’Etat au ministère Herbert et Suzanne Kuhn n’ont pas femmes s’avancent. Les enfants des police tchécoslovaque et surveillé de milliers d’Allemands des relations interallemandes de entendu Genscher. Quand ils derniers rangs sont portés par-des- l’ouverture du lourd portail. Ils Bonn. Wolfgang Vogel promet aux apprennent qu’ils peuvent partir, ils sus les têtes des hommes pour savent qu’ils vont revenir. La Tché- de l’Est qui ont eu la même réfugiés l’impunité et des visas de sont incrédules. Sur le quai de la atteindre le porche. Des duvets et coslovaquie est le seul pays où les sortie « généreusement » accordés, gare entourée par des cordons de la des couvertures sont distribués à habitants de la République démo- idée et se retrouvent dans s’ils rentrent en RDA. police tchécoslovaque, ils étreignent ceux qui passent la nuit dehors. cratique allemande puissent se Quelques-uns se laissent fléchir et Les autorités est-allemandes et rendre sans visa de sortie. Les auto- la capitale tchèque, devenue quittent l’ambassade. Mais le flot tchécoslovaques croyaient avoir rités ouest-allemandes ne recon- enfle toujours. Ceux qui ne peuvent Dans le train, la police réglé le problème avec l’accord du naissant qu’une seule nationalité antichambre de la liberté entrer par la porte escaladent les 30 septembre. Il n’en est rien. Elles pour tous les Allemands, de l’Est murs du jardin, bien que la police est-allemande doivent céder à nouveau, d’autant comme de l’Ouest, Herbert et jetés hors de la maison familiale par du XVIIIe siècle. La situation va rapi- tchécoslovaque contrôle plus ou plus que d’autres citoyens de RDA Suzanne bénéficieront d’une pro- la police politique, qui les bannit au dement changer. Dans la Hongrie moins strictement tout le périmètre. dépouille les réfugiés ont trouvé refuge dans l’ambassade tection diplomatique s’ils réus- nord d’Erfurt, loin de la frontière voisine, des centaines de « tou- Un groupe de supporteurs est-alle- ouest-allemande à Varsovie et sissent à entrer dans le palais. inter-allemande. Suzanne trouve ristes » est-allemands affluent mands passant par Prague de de tous leurs papiers. même dans la représentation per- Depuis 1986, ils ont décidé que la une place dans un service immobi- depuis le démantèlement des bar- retour d’un match de football à manente de la RFA à Berlin-Est. vie n’était plus possible en RDA. Ils lier, mais les menaces ne cessent belés à la frontière avec l’Autriche. Budapest en profite pour rejoindre Malgré la présence Dans la nuit du 3 au 4 octobre, ne sont pas des militants politiques, pas. Des coups de téléphone ano- Mais il leur faut toujours un visa de les fugitifs. Fin septembre, 4000 per- 7 600 personnes quittent Prague mais, pour des raisons religieuses, nymes laissent entendre qu’à la sor- sortie pour aller de RDA en Hon- sonnes logent au Lobkowicz. Les de deux diplomates pour l’Ouest, dans huit trains qui se ils refusent de soutenir le régime tie de l’école, un accident est si vite grie, et Budapest respectera officiel- bureaux ont été déménagés et contentent cette fois d’un petit cro- communiste. Ils sont inquiets pour arrivé aux enfants... à moins que les lement jusqu’au 11 septembre un transformés en dortoirs. Pour pour- ouest-allemands, chet par la RDA sans passer par leurs trois enfants, alors âgés de parents ne renoncent à leur inten- accord avec Berlin-Est sur les res- suivre leur activité normale, les ser- Dresde. En même temps, le gouver- onze, huit et sept ans. « Nous ne tion de quitter le pays. trictions de voyages vers l’Ouest. vices consulaires se sont transportés personne n’est rassuré. nement est-allemand décide de voulions en faire ni des conformistes Le 26 juin 1989, la demande La Tchécoslovaquie est un but ailleurs en ville. On dort à tour de rétablir le visa de sortie pour la ni des exclus », disent-ils. Ils dépo- d’émigration est officiellement refu- plus proche et plus facile. Le rôle, tête-bêche sur le grand escalier Dans la gare Tchécoslovaquie, afin de tarir le flot sent donc une demande officielle sée. Le lendemain, toute la famille 17 août, il y a 70 réfugiés à l’ambas- d’apparat. Le 26 septembre, Wolf- à sa source. Ce n’est qu’un répit. d’émigration vers la RFA. C’est le est dans le train pour Prague. sade, 90 deux jours plus tard et... gang Vogel s’adresse de nouveau de Dresde, Sous la pression des manifestations début de leurs ennuis. Ingénieur du Devant le palais Lobkowicz, les 700 à la fin du mois. Les petites aux occupants du palais dans une en RDA elle-même, l’obligation de service des eaux, Herbert perd son Kuhn font discrètement les cent pièces aménagées sous les combles atmosphère hostile. Les premières quand elle voit visa est supprimée le 1er novembre. travail. Son père et sa mère cèdent pas, guettant l’entrée d’un diplo- ne suffisent plus à accueillir tout le promesses n’ont pas été tenues. L’ambassade de Prague redevient la aux pressions du pouvoir et mate pour se précipiter par la porte monde. L’ambassadeur a demandé Hermann Huber et ses collabora- la police empêcher salle d’attente de la liberté pour des rompent toute relation avec un entrouverte. Il faut agir vite sans à la Bundeswehr des tentes qui ont teurs pressentent qu’au-delà du sort milliers de gens. Le chargé d’affaires « ennemi du peuple ». Puis, un attirer l’attention de la police tché- été installées dans les jardins. La de quelques milliers de fugitifs, «ce des jeunes gens de ouest-allemand réclame de nou- matin de février 1987, les Kuhn sont coslovaque. Une voiture se pré- Croix-Rouge a apporté trois cui- qui était en jeu dépassait de beau- veau « la solution salle de gymnas- sente, le portail s’écarte, la mère et sines de campagne. Des camions coup ce que l’on voyait ». monter dans le convoi, tique ». deux enfants sont déjà sous le sous protection diplomatique font Alors que le ministre est-alle- Il n’a pas le temps d’attendre la 80 morts sur le mur porche, le père et le petit graçon tous les jours la navette avec Hof et mand des affaires étrangères, Oskar Suzanne Kuhn réponse. Dans la nuit du 3 au finissent par échapper au garde. Ils Weiden, les villes ouest-allemandes Fischer, continue de dénoncer «la 4 novembre, le ministère tchèque b 13 août 1961. Construction sont dans l’antichambre de la les plus proches, pour assurer violation des règles internationales » se convainc enfin des affaires étrangères lui signifie du mur de Berlin. liberté. l’approvisionnement. Pour apporter par la RFA, son collègue ouest-alle- qu’en vertu d’un accord entre Ber- b 1961-1989. 80 Allemands de l’Est Ils ne sont pas les premiers à aussi livres et cahiers aux enfants, mand, Hans Dietrich Genscher, que sa destination lin-Est, Moscou et Prague, les Alle- sont tués en essayant de franchir avoir tenté ainsi leur chance. Depuis car en Allemagne, c’est déjà la ren- arrache un accord à Edouard Che- mands de l’Est peuvent passer le mur ; 4 000 réussissent quelques années, des petits groupes trée des classes. Les réfugiés institu- vardnadze en marge de l’Assemblée est bien l’Ouest directement de Tchécoslovaquie en à s’échapper. d’Allemands de l’Est se réfugient teurs, la femme de l’ambassadeur, générale de l’ONU, en faisant valoir RFA, sans autre formalité. L’ambas- b 2 mai 1989. Démantèlement régulièrement à l’ambassade de les épouses des diplomates sont que cet exode nuit à l’image de la sade commande immédiatement du rideau de fer à la frontière RFA à Prague, où les combles ont mobilisés pour dispenser l’ensei- RDA, à quelques jours de son une dernière fois l’ambassadeur des trains spéciaux. Elle ouvre un austro-hongroise. été aménagés pour les recevoir. En gnement. 40e anniversaire. Le 30 septembre, Huber, dont au fil des mois ils sont bureau de transit sur le quai même b 25 août. Accord entre Bonn général, leur sort est réglé par de Pendant ce temps, des négocia- Genscher rentre de New York à devenus les amis. Dans le train, la de la gare de Prague. N’importe et Budapest pour l’ouverture discrètes négociations entre les tions sont engagées avec les Tché- Bonn et se rend immédiatement à police est-allemande dépouille les quel habitant de RDA peut désor- de la frontière hongroise. La RFA autorités des deux Etats allemands, coslovaques pour que tout le Prague. Il est 18 h 28 quand il appa- réfugiés de tous leurs papiers mais acheter un billet pour la accorde à la Hongrie un crédit par l’intermédiaire d’un avocat, monde obtienne des visas de sortie raît au balcon de la salle des cou- d’identité. Malgré la présence de capitale tchèque et là en obtenir de 750 millions de deutschemarks. Wolfgang Vogel, proche d’Erich vers la RFA. Le gouvernement de poles du palais Lobkowicz. Il est deux diplomates ouest-allemands, gratuitement un autre pour la RFA, b 11 septembre. Ouverture Honecker, chef du Parti commu- Prague ne veut rien entendre. acclamé par les milliers d’Allemands personne n’est très rassuré. Dans la sans aucun contrôle policier. Le mur de la frontière austro-hongroise niste de Berlin-Est. Les réfugiés Autant il se montre coopératif pour de l’Est réfugiés dans l’ambassade : gare de Dresde, quand elle voit la s’est ouvert à Prague, le 4 novembre aux Allemands de l’Est fuyant acceptent de repartir vers la RDA régler les problèmes matériels « Nous sommes venus vous dire... » police empêcher des jeunes gens de 1989, cinq jours avant Berlin. par la Hongrie. avec la promesse que leur demande (enlèvement des ordures, approvi- La suite est à peine audible. «Le monter dans le convoi, Suzanne Pendant ces cinq jours, plus de b 30 septembre. Départ pour d’émigration sera examinée « avec sionnement, etc.) et humanitaires premier train partira dès aujour- Kuhn se convainc enfin que sa des- 40 000 ressortissants de la RDA sont l’Ouest de plusieurs milliers bienveillance ». Depuis le début de (des réfugiés sont autorisés à se d’hui... » Les cris de joie couvrent tination est bien l’Ouest. Le détour passés à l’Ouest à travers la Tché- d’Allemands de l’Est, réfugiés l’année, ils se sont présentés au faire soigner à l’hôpital et à revenir les phrases suivantes : « Je veux par Dresde a été décidé pour sauver coslovaquie, avec le train, le bus ou à l’ambassade de RFA à Prague. rythme de cinq à dix par jour, puis à l’ambassade), autant il est intran- encore vous informer du chemin que les apparences de la souveraineté leur voiture individuelle. Tout le b 3 octobre. Rétablissement, sont repartis. sigeant sur les principes pour mani- vaus allez prendre. Les trains passe- est-allemande. long du trajet, des Tchécoslovaques à la demande de Prague, du visa Les Kuhn, eux, excluent tout fester sa solidarité avec les cama- ront par la RDA... » Les protesta- Les jardins du palais Lobkowicz agitaient des mouchoirs et offraient de sortie pour les Allemands retour par crainte des représailles. rades de Berlin-Est, dont il partage tions fusent. « Je vous prie de ressemblent à un terrain vague des pommes à des Allemands éton- de l’Est se rendant L’ambassadeur, Hermann Huber, et le rejet des réformes gorbatché- m’écouter, poursuit le chef de la après une fête populaire, mais dès nés de ces gestes d’amitié. en Tchécoslovaquie, de nouveau sa femme, Jacqueline, les logent viennes. Pour améliorer les condi- diplomatie ouest-allemande. Les le 1er octobre arrive une nouvelle supprimé le 3 novembre. dans un petit appartement sous les tions de vie de « ses » réfugiés, trains ne s’arrêteront pas. Vous ne vague de réfugiés venus de RDA. Daniel Vernet b 4-9 novembre. toits. Ils ne quitteront pas l’ambas- l’ambassadeur Huber demande à devrez pas quitter les trains. Je sais ce Les petites Trabant abandonnées 45 000 Allemands de l’Est passent sade sans le feu vert de l’attaché pouvoir les reloger dans une que vous ressentez. Vous avez tous le encombrent les rues de Prague. Le à l’Ouest par la Tchécoslovaquie. militaire qui les a pris sous sa pro- caserne, une école ou une salle de même âge que moi quand j’ai quitté 3 octobre, les autorités de Bonn PROCHAIN VOLET : b 9 novembre. Ouverture du mur tection. Début juillet, ils sont encore gymnastique. Refus des autorités. Il la RDA. Je comprends les sentiments donnent l’ordre de fermer l’ambas- 4 novembre 1989 de Berlin. les seuls « hôtes » du superbe palais s’adresse alors au cardinal Tomasek que vous éprouvez à cet instant, et sade ; avec de 4 000 à 5 000 per- le rêve d’une RDA démocratique SAUSSIER/GAMMA MIKHALY MOLDWAY/STERN/STUDIOMIKHALY X LeMonde Job: WMQ0511--0015-0 WAS LMQ0511-15 Op.: XX Rev.: 04-11-99 T.: 08:40 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 19Fap: 100 No: 0432 Lcp: 700 CMYK

HORIZONS-HISTOIRE LE MONDE / VENDREDI 5 NOVEMBRE 1999 / 15

DESTINS EST-ALLEMANDS Elisabeth Eschner ne regrette pas ses milliers de fidèles D. R.

OUS ne sommes pas dé- N çus. » Dix ans après la chute du mur, Elisabeth Eschner, pasteur de l’église réfor- mée de Gethsemane à Berlin, a toujours le sourire. Certes, son église n’est plus le haut lieu de la résistance contre la dictature communiste comme en 1989, no- tamment lorsque des milliers de Berlinois ont veillé pendant dix jours pour réclamer et obtenir la libération de ceux qui avaient été emprisonnés à la suite des pre- mières manifestations contre le ré- gime. Lors de l’office religieux, il n’y a plus aujourd’hui 3 000 per- sonnes comme en 1989, mais seu- lement 60 à 80 fidèles. « Nous savions que nous nous trouvions dans une situation histo- rique particulière. L’Eglise était le seul endroit où l’on pouvait parler de sa détresse », explique-t-elle. Dans les années 80, l’église de

DIRK EISERMANN/DAS FOTOARCHIV Gethsemane est le lieu de ren- 19 août 1989 à la frontière hongroise, près de Sopron. contre de lesbiennes, mais aussi de Une foule d’Allemands de l’Est force le barrage. ceux qui ont demandé un visa de sortie de la RDA. Elle-même fille de pasteur, Mme Eschner, au- Gyula Horn, ancien ministre hongrois des affaires étrangères jourd’hui âgée de soixante et un ans, raconte avec émotion com- ment elle a accompagné une femme seule avec son enfant, convoquée par la Stasi pour avoir « En aucun cas, nous n’aurions recours aux vieilles méthodes » demandé un visa de sortie. Pen- YULA HORN était ministre celier Kohl ou le ministre des af- comprenaient que cette décision au- à la décision de Budapest ? –A dant toute la nuit, elles avaient ré- des affaires étrangères, en faires étrangères, Hans-Dietrich rait des conséquences positives l’époque, nos relations avec les cama- pété ensemble les questions que G pour l’image de la Hongrie. rades soviétiques étaient correctes, 1989, dans un gouverne- Genscher. pourrait poser la terrible police ment hongrois qui s’efforçait d’amé- – En septembre, vous avez dé- – Avez-vous reçu des pro- sans aucun problème majeur. Grâce à politique. Le souci principal était liorer ses relations avec les Occiden- cidé de laisser partir vers l’Ouest messes du côté ouest-allemand ? Mikhaïl Gorbatchev, Moscou avait d’éviter que son fils de huit ans ne taux sans pour autant mettre en les citoyens de RDA se trouvant Notamment l’assurance d’une cessé d’intervenir dans les affaires in- soit placé dans un orphelinat. danger la coopération avec les sur le territoire hongrois. Com- aide financière si vous vous mon- térieures des pays alliés. Par rapport Elle se rappelle aussi cette autres pays du « camp socialiste ». ment en avez-vous averti les au- triez “compréhensifs” envers les aux pratiques du passé, le change- femme médecin, désespérée, Dans un geste symbolique, il avait torités ouest-allemandes ? Allemands de l’Est ? ment était considérable. Mais nous parce que son mari était passé à coupé, le 2 mai, avec son collègue – Nous nous étions déjà vus en – Absolument pas. Tout d’abord avons choisi délibérément de ne pas l’Ouest et qu’elle croyait ne jamais autrichien Aloïs Mock, les fils de fer août à Bonn, Nous avions eu des nous n’avons jamais fait une telle de- consulter Gorbatchev et les siens le revoir. Avec la chute du mur, barbelés qui marquaient l’emplace- entretiens avec les dirigeants alle- mande. Quant aux Allemands, ils ne avant de prendre cette décision capi- tout cela s’est arrêté. Les les- ment du rideau de fer entre l’Au- mands lors d’une visite-éclair effec- nous ont jamais proposé une aide fi- tale sur l’ouverture de la frontière biennes se réunissent ailleurs.

triche et la Hongrie. tuée avec le premier ministre, Mi- THOMAS RAUPACH/ARGUS nancière quelconque à ce propos. pour laisser partir les Allemands de L’église a bien essayé de mettre en « Dans quelle mesure l’ouver- klos Nemeth. A ce moment-là, Bien entendu, nous avions depuis des l’Est. place des groupes de conseil juri- ture de la frontière austro-hon- plusieurs dizaines de milliers de ci- d’Etat, Jürgen Sudhoff. Je lui ai don- années des relations commerciales dique ou d’aide pour trouver un groise a-t-elle joué un rôle dans toyens de RDA se trouvaient déjà né des explications détaillées sur la normales avec la RFA, comprenant logement. Mais les églises ne sont la chute du mur de Berlin ? chez nous. Lors de cette rencontre, mise en œuvre de cette décision, aussi l’octroi de crédits – Bonn était « J’étais scandalisé plus le lieu de telles rencontres. La – J’estime que, en coupant les bar- j’ai longuement expliqué à Hans- prise – je dois le dire – après beau- un important partenaire commercial paroisse a voulu organiser des ren- belés en présence de mon collègue Dietrich Genscher qu’aucune déci- coup de discussions. D’abord incré- de la Hongrie bien avant 1989 –, mais en lisant que les contres de demandeurs d’emploi. autrichien, je soulignai le message sion n’était encore prise quant au dule, mon interlocuteur était visible- ces crédits n’avaient aucun rapport, Sans succès. « Les chômeurs ne adressé par les Hongrois à la fois à sort qui serait réservé à ces “tou- ment très satisfait, et il a exprimé sa direct ou indirect, avec l’affaire des ré- Hongrois retardaient veulent pas se retrouver entre eux. l’Occident et aux pays de l’Est. Nous ristes”, mais je l’ai assuré qu’en au- profonde gratitude envers le gou- fugiés est-allemands. C’est la raison Ils ont le sentiment d’être coupables leur disions que, désormais, les obs- cun cas nous n’aurions recours aux vernement hongrois. pour laquelle j’étais à l’époque scan- l’annonce d’une de leur situation. » Mme Eschner tacles dressés entre les deux al- “vieilles méthodes”. C’est-à-dire – Vous parlez de “beaucoup de dalisé en lisant dans une revue ouest- s’est donc concentrée sur des mis- liances n’existaient plus. La fin du ri- qu’il n’était pas question de les ren- discussions” au sein de la direc- allemande que les Hongrois retar- solution afin sions plus « classiques », comme deau de fer était un événement très voyer par la force en RDA. A vrai tion. Il s’agit évidemment de la daient l’annonce d’une solution pour l’aide aux sans-abri, la lutte contre important – et pas seulement pour dire, je ne savais pas ce qui se passe- direction du parti. Y avait-il une les réfugiés, afin de faire monter les de faire monter la drogue et l’alcoolisme. «On a nous, Hongrois. Il était partie inté- rait chez nous ni dans quel sens pen- forte opposition à une solution enchères. D’ailleurs, les dirigeants de plus facilement accès à la drogue grante d’un processus de démocrati- cherait la majorité du parti. A notre “civilisée” du problème posé par la République fédérale ont confirmé les enchères » que du temps de la RDA », ex- sation entamé chez nous, manifes- retour à Budapest, la décision a été la présence des Allemands de la thèse hongroise que j’avais expri- plique-t-elle. tement encouragé par Mikhaïl enfin prise et les instructions ont été l’Est en Hongrie ? mée en ma qualité de ministre des af- Le travail est d’autant plus diffi- Gorbatchev, qui devait amener les données aux autorités compétentes, – Certainement. Pour certains, il faires étrangères. » Une telle consultation les aurait cile que sa paroisse a perdu une pays membres du pacte de Varsovie à savoir les gardes-frontières, de ne fallait pas s’en mêler afin de ne – Quels étaient, à l’époque, les en effet mis dans une situation déli- grande partie de ses moyens : à décider de leur propre sort. Mais la laisser partir les “touristes” est-alle- pas créer des frictions avec Berlin- rapports de la direction du Parti cate en les obligeant à prendre une « Nous étions trois pasteurs, je suis chute du mur de Berlin aurait été mands vers l’Autriche. La décision a Est et de ne pas compromettre nos communiste hongrois avec Mik- position, alors qu’en septembre 1989 désormais seule. Les pasteurs qui impensable sans la présence à la tête été immédiatement communiquée à relations avec la RDA. D’autres ne haïl Gorbatchev et les autres le rôle de Moscou au sein du pacte de s’en vont ne sont pas remplacés du gouvernement de la République Bonn, et Hans-Dietrich Genscher a prenaient pas position. Mais nous membres du bureau politique so- Varsovie était déterminant. Or nous dans le diocèse. L’argent n’est plus fédérale d’hommes comme le chan- envoyé à Budapest son secrétaire avions le soutien de ceux qui viétique ? Comment ont-ils réagi savions que, en plus des Allemands là. » Le sous-emploi de RDA profi- de l’Est, la plupart des pays membres tait aussi aux églises : la paroisse, du pacte étaient dirigés par des qui avait sept salariés, n’en a plus hommes comme Jakes en Tchécoslo- que deux. « Avant, je ne m’occupais vaquie, Jivkov en Bulgarie, sans parler que de questions pastorales, main- de Ceausescu en Roumanie, peu en- tenant, je dois faire l’intendance. » clins aux réformes. Aucun n’aurait pu Et, sur la place de l’Eglise, la plu- comprendre ce qui se passait. Une part des immeubles ont été réno- réunion du pacte de Varsovie, récla- vés, sauf celui de la paroisse. Les deux photos page 14 : mée par plusieurs de ses membres, L’effondrement de la RDA a à gauche, la foule des aurait pu avoir des conséquences im- aussi entraîné l’explosion de la fa- réfugiés est-allemands prévisibles. mille. Avec la chute du mur, se presse à Prague, devant » Dans ces conditions, nous avons Mme Eschner a pu sortir au grand le palais Lobkowicz, soigneusement évité de donner – du jour et affirmer sa foi chrétienne, qui abrite l’ambassade moins officiellement, c’est-à dire par tandis que son mari a perdu son de la RFA ; à droite, la voie hiérarchique – des informa- statut social. « Il était chercheur les tentes demandées tions à Moscou, mais nous étions dé- nucléaire. En 1992, il a perdu son par l’ambassadeur cidés à faire un compte-rendu détaillé emploi. Il est parti s’occuper de ses à la Bundeswehr ont été une fois le fait accompli. C’est ce qui parents en Thuringe, et n’est jamais installées dans les jardins, s’est effectivement produit à la fin du revenu. Malgré cela, je suis heu- tandis que la Croix-Rouge mois de septembre, à New York, où, reuse que la chute du mur ait eu a apporté trois cuisines en marge de l’Assemblée générale lieu », dit-elle. Une expérience qui de campagne. des Nations unies, j’ai eu une longue lui a fait prendre conscience des Fin septembre, conversation avec Edouard Chevard- faiblesses du système de protec- 4 000 personnes logent nadze, ministre soviétique des af- tion sociale de RFA : « Si je n’avais au Lobkowicz. faires étrangères et proche confident pas été pasteur et travaillé dans de Mikhaïl Gorbatchev, qui a très l’Eglise, j’aurais eu les pires diffi- Ci-contre, deux inconnus bien compris la position prise par Bu- cultés. Mon mari ne me verse rien. font le geste symbolique dapest. » Mon exemple montre que l’on peut de couper les barbelés très vite devenir un cas social. » à la frontière Propos recueillis par

DIRK EISERMANN/STUDIO X austro-hongroise. Thomas Schreiber Arnaud Leparmentier LeMonde Job: WMQ0511--0016-0 WAS LMQ0511-16 Op.: XX Rev.: 04-11-99 T.: 10:31 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 19Fap: 100 No: 0433 Lcp: 700 CMYK

16 / LE MONDE / VENDREDI 5 NOVEMBRE 1999 HORIZONS-DÉBATS Les trois méprises Pour un nouveau rêve français par Michel Guénaire du commerce électronique ES signes se multiplient, L’efficacité doit être aussi retrou- qu’une chaîne de la reconnaissance les preuves abondent : vée dans le pouvoir. Elle exige que et de la dignité unisse les gouver- par Bernard Beauzamy L la France prend part à la chaque autorité dispose de moyens nés et les gouvernants. Le grand nouvelle croissance propres d’agir qui ne soient pas en- défi est ainsi de faire sauter les blo- E commerce électro- tation viendra bien sûr un public riel informatique (DELL, économique mondiale avec succès. través par l’entrelacs des organes cages et les stéréotypes idéolo- nique est, à l’heure ac- plus large, de plus en plus Compaq, NEC, etc.) et, à mon Qui a parlé d’horreur économique ? du pouvoir qui nient aujourd’hui le giques qui, à côté de la crise de l’ac- L tuelle, en pleine confu- composé de consommateurs or- avis, ils s’y prennent bien parce C’est à ses entreprises, leaders dans principe d’action davantage qu’ils tion politique, désignent sion. On lit dinaires, et le biais original dispa- qu’ils ont la chance d’avoir un leurs domaines, que la France doit ne rendent compte de la complexi- aujourd’hui une véritable crise de d’innombrables publicités sur le raîtra d’ici à quelques années. produit compris de manière uni- le retour de son influence dans le té de la société. S’il est vrai que la la pensée politique. C’est d’ailleurs « e-business », qui apparaît, aux Mais il est encore très présent et verselle. Mais plus votre produit monde et une nouvelle richesse société est une mosaïque d’inté- le conformisme culturel qui en- naïfs du moins, comme le explique dans une large mesure est dépendant d’une culture, de créatrice d’emplois. Les fusions ré- rêts, il n’est pas moins vrai qu’elle gendre le conservatisme politique. commerce du XXIe siècle. En fait, les échecs actuels. Le commerce goûts particuliers, d’habitudes lo- centes préparent à leur manière ce requiert une gestion politique. Il Une période de l’histoire de aucune entreprise, à ce jour, n’a se développera lorsque les an- cales, et moins votre site Web se- retour d’influence. faut un temps pour consulter et un notre pays s’achève. Des débuts de réussi à équilibrer ses comptes en nonceurs présenteront leurs ra utile : il peut servir tout au plus Une France avance, mais une temps pour gouverner. la Ve République à nos jours, notre ce qui concerne ses activités en ce offres de manière intéressante de lien avec votre clientèle, en France s’arrête. Comme le montre Un premier ministre qui passe pays a poursuivi la chimère du mi- domaine. Même celles qui, en ap- pour le public ; aujourd’hui, c’est proposant plus rapidement des l’écartèlement du gouvernement son temps à arbitrer les courants rage gaulliste, auquel les gouverne- parence, ont une activité parti- loin d’être le cas. L’aspect «pla- nouveautés. Plus vous lui deman- Jospin sous les coups de butoir de de sa majorité plutôt qu’à mettre ments qui se succédèrent voulurent culièrement adaptée (je pense à nétaire » est précisément ce qui derez, et plus vous serez déçu, sa majorité « plurielle » qui en œuvre son programme est vain. rallier toutes les forces de la nation. la librairie amazon) restent large- interdit, paradoxalement, le dé- parce que l’effort financier que marque la dérive du gouverne- Il n’agit pas. L’efficacité ne sera at- La politique du consensus, entre- ment déficitaires. Il est intéres- veloppement du « e-business », et vous affecterez à ce média sera ment en un mini-Parlement, ou le teinte que dans un système poli- prise sous la présidence de Georges sant, à ce stade, de s’en demander ceci très peu de gens l’ont autant que vous soustrairez à la ballet sans fin des divisions dans le tique qui permettra au pouvoir Pompidou avec le thème de l’ou- les raisons : y a-t-il réellement un compris. C’est la seconde grande publicité traditionnelle. camp de la droite qui prive le pays d’échapper aux considérations te- verture de la majorité, a abouti à marché solvable ? Comment le méprise. Beaucoup de gens pensent d’alternance, la politique française nant à l’équilibre de sa majorité. Le l’obsession du gouvernement au toucher ? – troisième méprise ! – que si le s’enfonce dans un certain chaos. moyen d’y parvenir en France sera centre, dont le pendant dans le do- La fréquentation d’Internet commerce électronique ne se dé- Les grandes priorités nationales un jour d’instaurer la représenta- maine des idées aura été le magis- commence à se démocratiser, L’Internet veloppe pas mieux c’est parce – éducation, fiscalité, retraites... – tion la plus rationnelle de l’opinion tère de la pensée unique. C’est mais elle restait jusqu’à un passé que le paiement n’est pas sécuri- ne sont pas traitées, tandis que la entre deux grands partis, respecti- cette France bloquée, boulonnée, récent l’apanage d’un public res- d’aujourd’hui sé. Ils réclament à cor et à cri le parole vivante et publique de la vement soutenant le pouvoir et ex- interdite qu’il faut à présent dépas- treint, constitué d’adeptes de l’in- développement de moyens de société n’est plus tenue par les élus primant son opposition, pour éra- ser. formatique. C’est d’autant plus relève plus cryptographie. Mais le paiement Les générations nouvelles de la vrai que l’on remonte dans le sécurisé existe ; les moyens sont société civile désirent rompre avec temps. Or ce public restreint a ses de la poubelle amplement suffisants. De plus, Le grand défi est de faire sauter les blocages la génération politique qui est en règles, ses lois, ses coutumes et vous pouvez demander au public, train de laisser au bord de l’his- son mode de vie. Ce sont surtout que du catalogue une fois qu’il a repéré un article et les stéréotypes idéologiques, qui désignent toire, par l’abandon de l’action po- des universitaires, des chercheurs attrayant sur le site Web, de litique et son cynisme, une grande (les premiers utilisateurs d’Inter- payer autrement : soit en faxant une véritable crise de la pensée politique nation. Elles appellent les pouvoirs net), pour qui tout est nécessaire- Si vous rédigez une publicité, son numéro de carte de crédit si, partagés, légitimes et efficaces qui ment gratuit. Il reste une trace elle doit s’adresser à un public réellement, il est allergique à se substitueront au pouvoir éclaté, très profonde, dans l’idéologie précis : la cible, comme disent les l’idée de le mettre sur le Net, soit qui s’enferment dans un stupéfiant diquer définitivement les racines pesant, contesté et, en définitive, dominante de ce groupe : la mise publicitaires. Vous êtes vendeur tout simplement en envoyant un vase clos. du mal extrémiste dans la vie poli- impuissant. Elles requièrent toutes en commun de logiciels sur les- de voitures d’occasion dans la ré- chèque par la poste pour confir- La crise de la politique française tique française. les instances qui libéreront les quels tout le monde travaille. Ci- gion de Mont-de-Marsan ? Vous mer la commande. L’idée selon appelle une refondation intellec- Le pouvoir exige enfin l’exempla- énergies créatrices du pays. Qu’at- tons la « Free Software Founda- vous adresserez aux habitants de laquelle les freins au développe- tuelle et morale, qui s’attache à défi- rité : aucune action ne sera suivie si tend la France ? L’équilibre entre tion », et bien d’autres exemples, la région, susceptibles d’avoir be- ment du commerce électronique nir une nouvelle méthode de l’action elle n’est pas conduite par d’hon- ses richesses et la distribution des comme témoignage de cette soin d’une voiture, et vous leur ont à voir avec la sécurisation des politique. Qu’attend-on du pou- nêtes hommes. La valeur person- revenus, entre l’entreprise qui in- idéologie. A l’inverse, les produits expliquerez en quoi vos presta- paiements est totalement dénuée voir ? Une autorité, une efficacité et nelle, l’éducation, l’expérience en vestit et le pouvoir qui cristallise le Microsoft sont honnis parce tions vont leur donner satisfac- de fondement. une exemplarité. Il faut aujourd’hui tout responsable public doivent lien de société, entre la créativité qu’ils sont à la fois « grand pu- tion. A quoi vous sert que votre Il faudra probablement quel- retrouver ces valeurs pour réhabili- être retrouvées. Le gouvernement foisonnante à la base de la société blic » et payants. site Web soit accessible à un mé- ques années, et d’innombrables ter l’action politique. L’autorité est la du pays ne peut plus être géré par et l’intelligence qui la modélise et la Un annonceur ordinaire entend decin du Caucase ? Regardez déceptions, pour qu’Internet première des vérités politiques. des hommes et des femmes formés communique. parler des chiffres de fréquenta- n’importe quel site Web : vous prenne sa juste place parmi les Gouverner n’est pas suivre la mode dans le moule des mêmes écoles Il y a deux rêves des peuples tion sur Internet : il y voit une verrez qu’il a des ambitions pla- moyens de communication. S’il d’un jour mais remplir un devoir qui masquent la personnalité, et dans l’histoire, celui qui désigne un source de profits potentiels. Il rai- nétaires et s’adresse à l’univers permet à chacun de chercher d’engagement. C’est à ce prix que les sans doute faudra-t-il imaginer le but, celui qui berce une nostalgie. Il sonne, et c’est là la première entier ; les publicités d’IBM sont n’importe quoi, il permet aussi à gouvernés retrouveront d’authen- cadre qui permette aux personnes faut retrouver le premier. Il faut grande méprise, comme s’il là pour conforter cette impres- chacun d’exposer n’importe quoi, tiques gouvernants capables de pe- venant des horizons les plus variés imaginer ensemble un nouveau s’agissait d’un public neutre. Il est sion. Mais s’il s’adresse à tout le d’où engorgement du trafic et su- ser dans le cours des événements et de la société d’exercer plus facile- rêve français, grâce à une nouvelle intéressant de mettre des pan- monde, il ne s’adresse à per- rabondance d’informations, d’aller au bout des réformes contre ment un mandat politique, pour manière de gouverner. «Peu neaux publicitaires au voisinage sonne, et échoue misérablement ! souvent fausses, toujours super- toute résistance velléitaire des corps remplacer progressivement les d’hommes ont le droit de régner, car d’un site où viennent beaucoup Un site Web ne peut être, à ficielles. L’Internet d’aujourd’hui sociaux. L’homme de pouvoir qui hommes du métier politique. peu d’hommes ont une grande pas- de visiteurs : l’Arc de Triomphe, le l’heure actuelle, qu’un relève plus de la poubelle que du refuse l’autorité n’est plus à sa place. Un homme politique qui ne sion », écrivait Baudelaire. Nous Mont-Saint-Michel, Disneyland, complément à une publicité tra- catalogue. Il prive son pays du ressort de l’ac- connaît que la politique ne connaît sommes nombreux aujourd’hui à etc. Mais le public qui visite Inter- ditionnelle : vous diffusez comme tion qui seul entraîne et seul ras- plus la société. La chaîne qui l’unit vouloir écrire le mot passion pour net n’est pas neutre : c’est un pu- d’habitude des brochures, des semble. L’autorité a un fruit, la au pays est celle de l’arrogance ou un nouveau rêve français. blic idéologiquement décidé à ne mailings... et vous attirez l’atten- Bernard Beauzamy est confiance. C’est en reconnaissant la de la désinvolture. Il faut la pas payer. La publicité n’a pas du tion sur votre site, lequel est re- président-directeur général de la détermination, le crédit, la force de rompre. L’exercice des responsabi- tout le même impact. mis à jour périodiquement. C’est Société de calcul mathématique caractère de ses dirigeants qu’un lités politiques doit revenir aux Michel Guénaire est avocat Avec l’extension de la fréquen- ce que font les vendeurs de maté- (SCM). peuple adhère à leur action. hommes de bon exemple, pour et écrivain. LeMonde Job: WMQ0511--0017-0 WAS LMQ0511-17 Op.: XX Rev.: 04-11-99 T.: 10:49 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 19Fap: 100 No: 0434 Lcp: 700 CMYK

HORIZONS-ANALYSES LE MONDE / VENDREDI 5 NOVEMBRE 1999 / 17 Voyages en mémoire soviétique 0 123 21 bis, RUE CLAUDE-BERNARD - 75242 PARIS CEDEX 05 Suite de la première page d’ouverture sélective de quelques pu inspirer chez ce facteur Cheval des victimes de la répression et Tél. : 01-42-17-20-00. Télécopieur : 01-42-17-21-21. Télex : 206 806 F archives, et dévalue dans le même de l’archive guébiste le projet ob- amnistie générale. A cette même Tél. relations clientèle abonnés : 01-42-17-32-90 Ou plutôt cette assertion serait temps, par le torrent de paperasses sessionnel de transporter quoti- époque (1980), Andropov convo- Internet : http : //www.lemonde.fr vraie si l’on s’en tenait à l’aspect ainsi livrées, un grand nombre des diennement des dizaines de docu- quait Sergo Béria, sous un prétexte ÉDITORIAL purement quantitatif. Car, sur le « tickets-repas » de médiocre va- ments dans ses chaussettes, son technique, pour lui dire, les yeux plan de la qualité des informations leur qui pourraient être produits slip ou sa chemise ? dans les yeux, qu’après avoir étu- fournies, pour autant qu’on en par la kyrielle des inévitables ap- Si le lecteur opte pour une autre dié le programme de son père, lui, puisse juger par la sélection opérée prentis-défecteurs. Une sélection solution plus sobre, conformé- Andropov, le considérait comme Massacre en Tchétchénie dans ce premier volume (un se- impressionnante de documents ju- ment au vieux principe leibnitzien « correct à 100 % ». Pourtant, Ser- cond devant être consacré au tiers- gés inoffensifs et d’agents tombés « Maxima a minimis » – expliquer go, qui n’aime toujours pas Andro- ’UN reste le partenaire grande échelle ce qu’on appelait monde), le bilan est certes abon- en disgrâce est alors opérée, et un le maximum d’effets par le mini- pov, rapporte cet entretien sans en des Occidentaux : du terrorisme d’Etat quand les dant, mais peu nutritif : il n’y a pra- volontaire, Vassili Nikitich Mitrok- mum de causes –, il en viendra à comprendre tout le sel : Andropov L « notre ami Boris Niko- mêmes méthodes étaient em- tiquement pas une seule piste hine, lieutenant-colonel papelard penser que l’opération des archi- lui-même, et avec lui ses deux pro- laïevitch », disait ployées par les Serbes en Bosnie anglaise, et aucune américaine qui et sympathique retraité, est dési- ves Mitrokhine a été montée à tecteurs directs, Rappoport et Jacques Chirac il n’y a pas si long- ou au Kosovo. Avec une diffé- n’ait déjà été exploitée par le dé- gné pour cette entreprise désespé- Moscou, soit par une faction stali- Kuusinen, secondaient les desseins temps à Paris ; l’autre, Slobodan rence : la Russie a reçu un quasi- chiffrement du code soviétique Ve- rée de désinformation stratégique, nienne indisciplinée du KGB en de Béria depuis 1947 au moins, et Milosevic, qualifié de « tyran » et feu vert des Occidentaux, qui ont nona à partir de 1951. Le dossier qui, en rassasiant l’adversaire pleine crise, soit par la direction seraient tombés avec lui si le der- de « dictateur » par Jacques fait la guerre à la Serbie... italien, dont il est fait grand cas d’une quantité industrielle d’infor- provisoire des organes entre no- nier complot de Staline en 1952 Chirac, est considéré à Washing- La comparaison a ses limites. outre-Alpes pour l’unique raison mations – dont il dispose déjà vembre 1991 et février 1992. s’était développé jusqu’au bout. ton comme un chef d’Etat paria. Les Occidentaux, pour d’évidentes que Silvio Berlusconi y a vu le souvent par d’autres truche- En 1980, Youri Andropov pensait Le premier, le président Boris Elt- raisons, ne peuvent agir face à la moyen d’embarrasser durable- ments –, permettra peut-être à BÉRIA, « CORRECT À 100 % » sa grande conspiration anti-brej- sine, a, pourtant, fait tuer plus de Russie comme ils l’ont fait, avec ment le gouvernement, n’est en d’autres de protéger plus efficace- Toute autre est la puissance névienne comme la répétition de civils tchétchènes que le second justesse, face à la Serbie. Le « pos- réalité pas mieux garni. Le livre ne ment les dossiers vraiment sérieux, d’évocation des mémoires de Béria la lutte anti-stalinienne de Béria en n’a fait massacrer de Kosovars. Le sible », autant que la morale, est mentionne que de l’espionnage ceux qui continueront à servir de- fils, qui se faisait appeller jusqu’en 1952, exactement comme 1905 chef de l’Etat russe est en passe de une dimension du politique. Mais, technologique, de la pénétration main. 1991 du nom de sa mère, la avait été la répétition générale de perpétrer en Tchétchénie une pour autant, les Occidentaux de rédactions, et, avec un luxe cer- Ce récit des faits est tout aussi comtesse géorgienne Guéguetch- 1917. Sur cette ultime période, le opération d’épuration ethnique commettent une faute majeure en tain de détails, les manœuvres (par vraisemblable que celui que nous kori. Le grand journaliste pauvre Sergo est loin de tout sa- qui dépassera vite la « perfor- laissant faire les Russes en Tché- ailleurs infructueuses) du KGB fait Christopher Andrew des moti- Alexandre Werth avait parlé dans voir. Au moins ne brode-t-il pas mance » en la matière du pré- tchénie. Ce n’est pas là le point de pour manipuler le leader euro- vations de Mitrokhine, lequel, par son dernier livre (en 1965) de ce re- trop, et si son point de vue semble sident yougoslave au Kosovo. vue de quelques belles âmes cher- communiste Enrico Berlinguer ailleurs, calque rigoureusement les jeton – aux compétences scienti- bien souvent inspiré des idées de Ce jeudi 4 novembre marque le chant à Paris à se donner bonne dans les années 70... raisons de sa prise de conscience fiques reconnues – du premier po- sa mère plus que de son père, no- deuxième mois des bombarde- conscience, au fil d’un éditorial ou Sera-t-on mieux servi avec la – « sa légende » en terminologie licier de toutes les Russies, qui tamment son patriotisme géorgien ments ininterrompus que les d’une pétition. La guerre en Tché- France ? En aucun cas. Au total, du métier – sur celles de Gordiev- professe des idées antistali- ardent, à la tonalité parfois russo- Russes mènent contre la Tché- tchénie risque d’embraser tout le c’est presque 100 % des cas évo- sky, l’authentique dissident du niennes. Mais il a fallu la fin de phobe, ou encore son entichement tchénie, très exactement contre la Caucase ; elle pousse toute une qués qui sont connus, depuis fort KGB des années 80, venu voir les l’Union soviétique pour que cet nobiliaire, à de nombreuses re- population civile de cette petite génération de Tchétchènes dans longtemps parfois, des services Anglais, lui aussi avec de précieux important ingénieur aéronautique prises, c’est tout de même Béria république du Caucase. Membre les mains d’organisations extré- français : le chiffreur Abrivard, documents, mais ceux-là originaux ose prendre la plume depuis Kiev, qui revit, qui parle par le truche- de la Fédération de Russie, la mistes ; l’occupation militaire de mort d’un cancer avant d’avoir été et meurtriers pour la maison-mère. pour défendre, après le chef des ment de son fils, notamment lors- Tchétchénie a bien des torts – la Tchétchénie suscitera une inter- identifié, mais dont les papiers Notre hypothèse permet aussi de opérations spéciales Soudoplatov, qu’il explique et condamne la ger- centre d’activités criminelles et minable guerre de partisans. furent récupérés à Berlin-Est par rendre compte d’une anomalie la mémoire de son père. Sur ce manophilie militante d’un Jdanov terroristes, enlèvements, trafic de C’est l’argumentaire développé, une équipe de la DST au terme particulière : Mitrokhine est, de fa- point, il n’est pas le premier... ni qui entraînera ce dernier dans le drogues et d’armes, refuge d’ex- avec raison, dans une lettre adres- d’une mission fort aventureuse, le çon virulente, hostile à Youri An- sans doute le dernier ; j’ai moi- soutien enthousiaste en 1939 d’un trémistes islamistes –, mais sée au président Clinton par d’ex- colonel L. du Sdece, repéré au dé- dropov dont tous les documents même osé une comparaison entre pacte germano-soviétique conçu d’abord, aux yeux de Moscou, ce- hauts responsables américains, du but des années 70, le commissaire qui le concernent sont ici instruits les conceptions réformatrices de comme le premier pas d’une lui de résister à la domination département d’Etat, de la CIA et divisionnaire M. de l’ancienne Sû- à charge, parfois contre l’évidence Béria du début des années 50, grande alliance stratégique avec russe. Depuis le début de sep- du Pentagone, républicains et dé- reté, ne sont pas davantage des in- même du texte. telles qu’on pouvait les reconsti- Hitler, ce qui éclaire bien des as- tembre, les civils tchétchènes mocrates, des gens de la real-poli- connus du contre-espionnage tuer péniblement, et celles de pects de l’après-guerre. meurent chaque jour par dizaines tik, pas des poètes. Un désastre français que telle ou telle person- PROJET OBSESSIONNEL Boukharine, dans un chapitre de Au reste, lorsque le narrateur – par centaines, selon certaines s’annonce au Caucase. Les Russes nalité journalistique de rang Or, de son propre aveu, Mitro- L’Histoire générale du marxisme des s’égare ou galèje, une remarquable sources –, sous le feu de l’aviation ne seront sensibles qu’aux pres- moyen évoquée dans les pages du khine fut un admirateur et un par- éditions italiennes Einaudi en 1981. soviétologue, Françoise Thom, est et de l’artillerie russes. Elles pi- sions. Il ne faut pas que le Kremlin livre, tel ambassadeur disgrâcié tisan de l’un des devanciers (et en- Seul l’admirable libéralisme du là pour confronter son surprenant lonnent aveuglément, avec un ob- puisse continuer à siéger tranquil- sans explications apparentes. Hors nemis jurés) d’Andropov, Boris maître d’œuvre de l’ouvrage, Eric témoignage aux documents de jectif : tuer, détruire, terroriser, vi- lement au Conseil de l’Europe, ouvrage, la liste Mitrokhine Chélépine. Cet aveu de taille, au Hobsbawm, avait permis de la lais- plus en plus nombreux qui font der la République de ses compter sans cesse sur l’aide du comprend également le nom du début même du livre, m’a immé- ser passer. foi. Françoise Thom fut longtemps habitants, les empêcher de reve- FMI (une prochaine tranche dans philosophe Alexandre Kojève, diatement saisi, car tout le monde Mon mérite n’était pas grand : fort sceptique sur la sincérité de la nir en la transformant en champ quelques semaines) tant qu’il fait dont la DST avait élucidé le cas sait que Chélépine fut l’organisa- Andropov lui-même s’était arran- conversion démocratique de Gor- de ruines. Avec succès : plus de la aveuglément bombarder les po- après sa mort subite, et combien teur du complot de 1964 contre gé pour qu’un général des services batchev ; c’est dire si cette véri- moitié des Tchétchènes auraient pulations civiles de Tchétchénie. hégélienne, lors d’une conférence Khrouchtchev, qu’il inspira en 1965 secrets yougoslaves qui était de table réhabilitation de Béria, opé- fui leur pays. La Russie pratique à C’est une exigence minimale. de l’OTAN à Bruxelles en 1968. une tentative de réhabilitation of- ses amis, Anton Kolendic, publie rée sous sa garantie érudite, Il n’y a que deux hypothèses ficielle de Staline, et tenta égale- dès 1979 à Belgrade une histoire devient peu discutable, outre 0123 est édité par la SA LE MONDE pour expliquer un tel état de fait : ment une ultime réconciliation des derniers jours de Staline, fon- qu’elle prend pour elle la figure Président du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie Colombani ou bien il y a eu censure britan- avec les dirigeants chinois à la dée sur un accès privilégié au dos- d’une sorte de chemin de Damas. Directoire : Jean-Marie Colombani ; Dominique Alduy, directeur général ; nique, ou bien c’est Mitrokhine lui- veille de la révolution culturelle de sier Béria, et qui faisait du chef des Noël-Jean Bergeroux, directeur général adjoint même qui a manipulé les docu- Mao. Or la sélection de textes opé- services secrets soviétiques le fau- INTERMINABLE NUIT STALINIENNE Directeur de la rédaction : Edwy Plenel Directeurs adjoints de la rédaction : Thomas Ferenczi, Pierre Georges, Jean-Yves Lhomeau ments qu’il apporte. Bien que des rée par Mitrokhine semble dénoter teur d’une volte-face révolution- Pénibles pour tous les narcis- Directeur artistique : Dominique Roynette interventions de censure du MI 6 à plusieurs reprises ses sympathies naire sur toute la ligne, dès le dé- sismes de la mémoire, ces anam- Secrétaire général de la rédaction : Alain Fourment aient pu s’opérer ponctuellement, chélépiniennes, en tout cas ses ap- but des années 50 : réunification nèses vers la grande conspiration Rédacteurs en chef : Alain Frachon, Erik Izraelewicz (Editoriaux et analyses) ; j’exclus pour ma part qu’elles aient parentes antipathies andropo- démocratique de l’Allemagne, dé- n’en sont pas moins nécessaires, Laurent Greilsamer (Suppléments et cahiers spéciaux) ; pu porter sur tel journaliste ou viennes ; est-ce réellement compa- collectivisation de l’agriculture, en ce qu’elles nous rappellent bru- Michel Kajman (Débats) ; Eric Fottorino (Enquêtes) ; permanent communistes italiens tible avec une prise de conscience autonomisation des nationalités, talement que le communisme fut Eric Le Boucher (International) ; Patrick Jarreau (France) ; Franck Nouchi (Société) ; Claire Blandin (Entreprises) ; Jacques Buob (Aujourd’hui) ; Josyane Savigneau (Culture) ; Christian Massol (Secrétariat de rédaction) sensibles, qui ne figurent ici en au- dissidente inspirée de Soljényt- répression de l’antisémitisme, ar- aussi une régression intellectuelle Rédacteur en chef technique : Eric Azan cune manière, sur l’espion français sine ? Quelle autre passion aurait mistice en Corée, réhabilitation et morale par rapport à son devan- Médiateur : Robert Solé Georges Pâques et le réseau pari- cier rationaliste, le marxisme so- Directeur exécutif : Eric Pialloux ; directeur délégué : Anne Chaussebourg sien Saphir dont le chiffreur Golyt- cial-démocrate : la croyance ro- Conseiller de la direction : Alain Rollat ; directeur des relations internationales : Daniel Vernet ; sine révéla l’existence à la CIA en mantique dans les vertus de partenariats audiovisuels : Bertrand Le Gendre 1959, ou encore, dans le cas améri- l’action violente et clandestine, Conseil de surveillance : Alain Minc, président ; Michel Noblecourt, vice-président cain, sur le gourou du vice-pré- l’idée gnostique de degrés d’initia- Les gens par Kerleroux Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet (1969-1982), sident de Roosevelt, Henry Wal- tion successifs à une vérité qui se André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994)

lace, le peintre néo-romantique dérobe sans cesse, la reconstitu- Le Monde est édité par la SA Le Monde russe Nikolaï Roerich. Or, de telles tion subreptice d’un ordre de che- Durée de la société : cinquante ans à compter du 10 décembre 1994. absences s’expliquent mal. valerie prolétarien dont le rensei- Capital social : 1 003 500 F. Actionnaires : Société civile Les Rédacteurs du Monde, Fonds commun de placement des personnels du Monde, gnement et la subversion sont les Association Hubert-Beuve-Méry, Société anonyme des lecteurs du Monde, Le Monde Entreprises, « TICKETS-REPAS » SUBSTANTIELS voies d’accès mystiques, tout ce Le Monde Investisseurs, Le Monde Presse, Iéna Presse, Le Monde Prévoyance, Claude Bernard Participations. Certes, Mitrokhine a une ré- fatras politico-religieux nous em- ponse toute trouvée à cette ques- mène bien loin en effet d’une doc- tion : la chance. L’auteur prétend trine qui se déclarait volontiers ILYA50 ANS, DANS 0123 avoir recopié dans un ordre aléa- scientifique, quand, dans la réalité, toire toutes les fiches qui lui pas- elle renouait avec le passé pré- saient sous le nez, non un annuaire bourgeois de l’Europe. Jankélévitch et la purification du vouloir exhaustif de l’espionnage sovié- Il y a pourtant, en équilibre ins- tique ; de surcroît, on ne dispose table, avec cette face sombre que VLADIMIR JANKÉLÉVITCH oc- moque tant du rationalisme et de que de synthèses ou de recopiages nous évoquent à tous moments les cupe dans la pensée française une l’intellectualisme, c’est par amour manuscrits effectués par l’intéressé archives Mitrokhine, un espoir situation unique. Le considérable de la raison et de l’intelligence. Il pendant une quinzaine d’années étonnant et paradoxal : dans ce Traité des vertus qu’il vient de pu- n’est pas d’œuvre où l’on découvre « au péril de sa vie », jamais de do- système, les lieux du débat poli- blier (Bordas) est une œuvre riche une plus grande fidélité à l’esprit. Et cuments originaux. tique se restreignent sans cesse et touffue. Malgré le titre, ces c’est cette fidélité qui permet Aussi doit-on aussi bien envisa- pour aboutir à un bureau politique 808 pages serrées, sans interligne, d’abord d’écarter les obstacles et de ger une autre explication aux nom- restreint d’une douzaine de per- n’ont rien d’un traité didactique. pénétrer jusqu’au centre de la mo- breuses lacunes du document Mi- sonnes, lesquelles finissent par La pensée éclate en tous sens et ralité. trokhine : tout simplement son craindre à leur tour la police poli- fuse en sept ou huit langues ; le C’est en somme un traité de la origine directement « kagué- tique au service du numéro un. style si original vise un peu à dé- purification radicale du vouloir. La biste », sans passer par l’hypothèse Mais alors se produit le retourne- concerter et toujours à suggérer. complexité exubérante de l’ouvrage inutile et incertaine d’un engage- ment dialectique : « quis custodiet Les mots retrouvent une étonnante n’a qu’un but : toujours mieux ment dissident de notre colonel ar- custodes ? », qui gardera les gar- jeunesse et, s’ils déroutent parfois, mettre en valeur le mystère de chiviste. Nous sommes en 1992, diens ? C’est dans le trou noir des obligent aussi à ne se contenter de l’amour, qui est le mystère même l’Union Soviétique vient de décé- organes de répression et d’espion- rien de convenu. Une prodigieuse de l’esprit. Aime et fuis ce que tu der et le moral des tchékistes est à nage que se développe une fronde érudition, toujours dominée, nour- veux, disait saint Augustin, et il l’avenant : les défections se suc- contre l’ignorance revendiquée de rit une pensée à la fois ironique et ajoutait : « Il y a quelque chose de cèdent à telle enseigne que la CIA la réalité, qui, compte tenu de sérieuse : la charité évangélique, le pire que le vice, c’est la satisfaction – qui, d’ailleurs, enverra promener l’ambiance de peur et d’irrespon- mysticisme slave et toute l’histoire de la vertu. » C’est cette inspiration Mitrokhine et ses documents ex- sabilité générales, ne peut que de la philosophie occidentale sont augustinienne qu’a retrouvée Jan- clusifs roulés sous les aisselles – prendre la forme d’une conspira- présents dans ce livre. kélévitch. décide alors de ne plus accepter de tion, parfois d’une étonnante den- Mais sous cette exubérance ro- transfuges sans « tickets-repas » sité intellectuelle. Et cette logique mantique, on discerne vite une sim- Jean Lacroix de plus en plus substantiels, c’est- serait parfaitement incompréhen- plicité classique. Si Jankélévitch se (5 novembre 1949.) à-dire sans qu’ils soient porteurs sible si l’on ne parvenait pas à re- de documents véritablement pré- trouver dans cette morne accumu- cieux dans leur service. lation de mouchardages 0123 SUR TOUS LES SUPPORTS Parallèlement, l’éphémère pa- pratico-inertes qu’étaient les or- Télématique : 3615 code LEMONDE tron gorbatchévien du KGB, Va- ganes soviétiques, les rares pépites Documentation sur Minitel : 3617 code LMDOC (5,57 F/mn) dim Bakatine, envisage d’ouvrir de l’idéalisme Kominternien, en ou 08-36-29-04-56 (9,21 F/mn) très largement les archives de l’es- tout cas du rationalisme socialiste Le Monde sur CD-ROM : 01-44-88-46-60 pionnage soviétique. Dans ce occidental, qui sont parvenues, Index du Monde : 01-42-17-29-33. Le Monde sur microfilms : 03-88-71-42-30 contexte tourmenté, un groupe à malgré tout, à irradier de leur in- l’intérieur du KGB peut parfaite- termittente lumière l’interminable Le Monde sur CompuServe : GO LEMONDE Adresse Internet : http : //www.lemonde.fr ment avoir eu l’idée d’une « me- nuit stalinienne. sure active » qui discrédite une fois Films à Paris et en province : 08-36-68-03-78 pour toutes à Moscou l’idée même Alexandre Adler pour 0123 LeMonde Job: WMQ0511--0018-0 WAS LMQ0511-18 Op.: XX Rev.: 04-11-99 T.: 09:19 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 19Fap: 100 No: 0435 Lcp: 700 CMYK

18 / LE MONDE / VENDREDI 5 NOVEMBRE 1999 CARNET

DISPARITIONS NOMINATIONS de la division des systèmes et des JOURNAL OFFICIEL techniques du service des pro- DÉFENSE grammmes de missiles tactiques à la Au Journal officiel daté lundi 1er, Le conseil des ministres du 3 no- direction des systèmes d’armes, l’in- mardi 2 et mercredi 3 novembre vembre a approuvé les promotions génieur général de deuxième classe sont publiés : Keizo Saji et nominations suivantes dans les ar- Jacques Naour ; directeur de la b Gouvernement : un décret mées : branche d’activités « maintien en relatif à la composition du gou- b TERRE. Sont promus : général condition opérationnelle » à la DCN, vernement : il est mis fin, sur sa Une personnalité du milieu des affaires japonais de division, les généraux de brigade l’ingénieur général de deuxième demande, aux fonctions de Renaud d’Astorg, Jean-Pierre classe Michel Accary ; adjoint au di- M. Dominique Strauss-Kahn, mi- LE PRÉSIDENT de la société présida de 1961 à 1990, et sut tirer de commerce et d’industrie du Kan- Soyard et Gilbert Le Guen ; général recteur des relations internationales, nistre de l’économie, des finances Suntory (le plus important fabricant partie de l’engouement des Japo- sai, Keizo Saji s’était en outre em- de brigade, les colonels François chargé de la sous-direction « Amé- et de l’industrie ; M. Christian japonais de whisky), Keizo Saji, est nais pour le whisky à une époque ployé à promouvoir le rayonne- Dureau et Christian Salva. rique, Afrique et Asie », l’ingénieur Sautter, secrétaire d’Etat au bud- mort mercredi 3 novembre à Osaka où les importations d’alcools ment de cette région dynamique, b AIR. Sont nommés : comman- général de deuxième classe Michel get, est nommé ministre de d’une pneumonie, à l’âge de quatre- étaient lourdement taxées. Depuis berceau du capitalisme japonais. Il dant les forces aériennes straté- Pétré ; adjoint au chef du service des l’économie, des finances et de vingts ans. Second fils du fondateur 1990, Keizo Saji occupait les fonc- figurait dans la liste des cinquante giques, le général de division programmes de missiles tactiques à l’industrie (Le Monde du 4 no- de Suntory, Shinjiro Torii, Keizo Saji tions de président honoraire du personnalités les plus riches du aérienne Gérard Saucles ; comman- la direction des systèmes d’armes, vembre). était l’une des grandes personnali- groupe. monde établie en juin par le maga- dant en second la région aérienne l’ingénieur général de deuxième b Légion d’honneur : trois dé- tés des milieux des affaires japonais, Plein d’allant, faisant preuve d’un zine américain Forbes. Méditerranée et commandant la classe Frédéric Eyries ; chargé de crets portant nomination et pro- et l’une des figures représentatives franc-parler qui lui valut d’être par- zone aérienne de défense Sud, le gé- mission auprès du directeur des motion dans l’ordre de la Légion de la région du Kansai (Osaka-Kyo- fois la cible de polémiques, Keizo Philippe Pons néral de brigade aérienne Yves constructions navales, l’ingénieur gé- d’honneur au titre du ministère de to). Suntory, le plus ancien fabri- Saji avait donné une forte image à Riondet ; sous-chef d’état-major néral de deuxième classe Jérôme la défense (Le Monde du 4 no- cant de whisky du Japon, également son entreprise par une audacieuse « programmes-matériels » à l’état- Flory ; directeur de la branche d’acti- vembre). présent aujourd’hui sur le marché politique publicitaire. Il avait déve- a LORD IMMANUEL JAKOBO- major de l’armée de l’air, le général vités « constructions neuves » à la b Ordre national du Mérite : de la bière et des boissons non al- loppé les activités culturelles de VITS, ancien grand rabbin de de brigade aérienne Alain Véron. direction des constructions navales, trois décrets portant nomination, coolisées, a été fondé en 1899 sous Suntory, qu’il avait dotée en 1979 Grande-Bretagne, est mort b MARINE. Est mis à la disposi- l’ingénieur général de deuxième promotion et élévation dans le nom de Kotobukiya, que l’entre- d’une fondation qui décernait des dimanche 31 octobre à Londres à tion du directeur du personnel mili- classe Pierre Quinchon ; directeur l’ordre national du Mérite au titre prise porta jusqu’en 1945. prix et finançait des recherches dans l’âge de soixante-dix-huit ans. Il taire de la marine, le contre-amiral de la branche d’activités « systèmes du ministère de la défense (Le Adopté par la famille de la femme le domaine des sciences humaines fut le chef de la communauté François Souleau. de combat et équipements » et di- Monde du 4 novembre). de son père qui n’avait pas d’héri- et des arts. Suntory possède égale- juive de Grande-Bretagne b ARMEMENT. Sont nommés : recteur de l’établissement industriel b Pollution : un arrêté relatif à tier mâle – une pratique courante ment des musées à Tokyo et à Osa- (350 000 membres) et du adjoints au directeur des construc- DCN systèmes de combat à la direc- l’identification des véhicules au- au Japon –, Keizo Saji portait le ka, et une grande salle de concert Commonwealth de 1967 à 1991. Il tions navales, les ingénieurs géné- tion des constructions navales, l’in- tomobiles contribuant à la limita- nom de celle-ci. Il avait succédé à de la capitale porte son nom (Sun- avait été fait pair du royaume par raux de première classe Jean-Alain génieur général de deuxième classe tion de la pollution atmosphé- son père à la tête de Suntory, qu’il tory Hall). Président de la chambre Mrs Thatcher en 1988. Le Tallec et Philippe Caillard ; chef Xavier Marchal. rique.

AU CARNET DU « MONDE » Décès – M. et Mme Laurent Jamaux, – M. et Mme Jean-Pierre Brulé, – Rémi Thibault, Colloques M. et Mme Jorris Richez, M. et Mme Michel Brulé, médecin rhumatologue, Naissances – Paris. Alger. ses enfants, ses enfants, Béatrice et Rémy, – Le premier Forum de l’observatoire Camille Richez, Pascal et Fatima Brulé, ses enfants, des changements en Amérique latine or- Catherine et Stéphane JARRY Dominique et Lionel Michelin, sa petite-fille, Fanchon Brulé et Alain Gaillard, ont la douleur de faire part du décès de ganisé par l’Institut des hautes études de sont heureux d’annoncer la naissance de Mathieu et Thibaut, Et toute la famille, Alain Brulé, l’Amérique latine, avec la collaboration Jean-Michel et Dominique Bégué, ont la douleur de faire part du décès de François Brulé, Mme Marie-Claire THIBAULT, du Monde et de RFI et l’Association Céline, Pauline et Charles, Claudine et Olivier Abrat, née SALVET, France-Venezuela, sur le thème : «Le ses enfants et petits-enfants, Cécile Brulé, docteur en médecine, pédiatre, Venezuela : interrogations ou M. Jacques modèle pour l’Amérique latine », aura le 29 octobre 1999. Jacqueline Corvino-Bégué, ses petits-enfants, BONNET DE LA TOUR, Charly, Soukaïna, Kenza, Ulysse survenu le 2 novembre 1999, à l’âge de lieu le mardi 9 novembre, de 14 h 30 à sa sœur, inspecteur général 1, place du Sud, et Timothée, soixante-six ans. 18 h 30, à l’IHEAL, 28, rue Saint- des finances, e Michèle et Richard Brandenburg, ses arrière-petits-enfants, Guillaume, Paris-7 , amphithéâtre, Tour Eve, officier de la Légion d’honneur, er Guillaume et Eve, Emile et Katharine Delavenay, La cérémonie religieuse sera célébrée 1 étage. 92800 Puteaux. ses neveux, commandeur de l’ordre national le vendredi 5 novembre, à 14 heures, en du Mérite, son frère et sa belle-sœur, Renseignements : 01-44-39-86-99. Geneviève Varennes-Fournet, Toute sa famille et ses proches, l’église Notre-Dame, à Versailles. sa compagne, me ont la tristesse de faire part du décès, dans Ni fleurs ni couronnes. M. et M Hubert ont la grande tristesse de faire part du survenu dans sa soixante-dix-huitième GUILLOTIN de CORSON, année. sa quatre-vingt-dix-huitième année, de décès, à la suite d’un accident, de Cet avis tient lieu de faire-part. Conférences ses grands-parents, me me M Raymond BRULÉ, M. et M Eric La cérémonie religieuse et – Conférences de l’Etoile : Les GUILLOTIN de CORSON, M. Jean BÉGUÉ, l’inhumation ont eu lieu dans l’intimité née Hélène DELAVENAY, 5 bis, rue La Quintinie, fondateur et directeur de 1957 à 1989 inspectrice générale honoraire 78000 Versailles. conflits de la morale. Six mercredis de ses parents, familiale à Boulogne-Billancourt. suite à 20 h 30. Diane et Constance, de l’Institut Commercial Supérieur de l’éducation nationale, ses sœurs, Bégué de Paris, officier de la Légion d’honneur, Le bonheur ou le devoir ? (le 10-11) 1 bis, rue Michelet, commandeur de l’ordre – A tous ceux qui l’ont connue et aimée avec le rabbin Bernheim, T. Todorov et ont le plaisir d’annoncer la naissance, le er 92000 Suresnes. 14 octobre 1999, à Nantes, de le 1 novembre 1999, à l’âge de soixante- des Palmes académiques. Michel Tournier. quatorze ans. Annie VIALA Le désir ou la tendresse ? (le 17-11) 12, boulevard du Sud-Est, Pierre Ses obsèques ont été célébrées dans avec Jacques Attali, E. Fuchs et Une bénédiction a lieu ce jeudi 92000 Nanterre. l’intimité le 2 novembre 1999. est décédée le 30 octobre 1999, dans sa Y. Tardan-Masquelier. GUILLOTIN de CORSON. quarante-huitième année. 4 novembre, à l’hôpital Lariboisière, L’humilité ou l’ambition ? (le 24-11) à Paris. Elle était la veuve de Le baptême aura lieu, le 7 novembre – Le président, Les obsèques ont eu lieu dans la plus avec le Père Guy Gilbert, Pierre Joxe et J.-L. Schlegel. 1999, en l’église Saint-Donatien, à La cérémonie religieuse et Les membres du conseil stricte intimité. Nantes. Raymond BRULÉ, L’indépendance ou l’engagement ? l’inhumation ont lieu à Villebougis d’administration, industriel, De la part de (le 1er-12) avec A. Gounelle, Jean-François (Yonne) ce même jour, à 15 heures. Et le personnel de Pétrofrance, chevalier de la Légion d’honneur, ont la tristesse de faire part du décès de Mme Lydie Viala, Kahn et le général Morillon. croix de guerre 1917 et 1940, Hélène et Jean-Pierre, – Le 3 novembre 1999, est née 30, rue des Dames, leur administrateur, médaille de la Résistance, La réussite ou le renoncement ? Mme Yvette Wormser, (le 8-12) avec Luc Ferry, G. Lafont et 75017 Paris. mort pour la France, Mme Christiane Raynal, Justine, Jacques le 17 novembre 1944, Christine Ockrent. M. Bernard Ickovic La sagesse ou la passion ? (le 15-12) BONNET DE LA TOUR, au camp de déportation de Gross-Rosen. et ses enfants, à la grande joie de ses parents, officier de la Légion d’honneur. avec H. Bost, Jacques Lacarrière et M. de – Le docteur A. Meyer-Heine, La famille Daniel, 18, rue Tournefort, Smedt. Brigitte et Philippe Fleury, Et tous ceux qui l’ont accompagnée. Marie-Françoise LABITTE 42, avenue Raymond-Poincaré, 75005 Paris. Sarah et Camille, Temple protestant de l’Etoile, et Gilles ZERLINI. 75116 Paris. 13, avenue Brimborion, e Sylvie et Sylvestre Clancier, 54, avenue de la Grande-Armée, Paris-17 . 92000 Sèvres. Libre participation aux frais. « L’amour qui anime le soleil Julie et Eliane, Anniversaires de décès ont la douleur de faire part du décès de et les autres étoiles. » – Jacques et Anisabelle Berès, – Il y a un an, Dante. ses enfants, – Paule Dreyfus, née Vergez, me M A. MEYER-HEINE, Gilles, Julie, Fleur, Florence, Capucine, son épouse, Marion DARRIGADE Cours U Pozzu, née Myriam SCHWENK. Mathieu, Marine et Emmanuel, Danielle Schramm Dreyfus, 20222 Brandu. ses petits-enfants, Jean-Bernard et Claudine Dreyfus, nous a quittés à l’âge de vingt-deux ans et – Cours particuliers d’informatique L’inhumation a eu lieu dans la plus Danielle Berès, Dominique Dreyfus, à l’aube de sa carrière de musicienne. à domicile. stricte intimité. sa belle-fille, Isabelle et Denys Clement, (Internet, bureautique, multimédia). Véronique Dreyfus et Daniel Ada SENTIER, Amédeo Montanari, Elle reste à jamais dans nos cœurs. Tous niveaux. 300 formateurs en IDF. Nicolas BOURCIER 15, avenue du Président-Wilson, son gendre, Lioubowny, et Antoine 75116 Paris. ses enfants, Famille Lien-Darrigade et leurs amis. Tous ses amis et ses proches, ALDISA. Tél. : 01-46-10-50-32. ont l’immense joie d’annoncer la notamment les familles Alves et Antoine, Emmanuelle, Julien naissance de Magalhaes, Schramm, me – Le 5 novembre 1974, – M Yvette de Neyman ont la douleur de faire part du décès de Valérie, Pierre-Emmanuel, Jérémie, Lola, a la tristesse de faire part du décès, le Clément, Benjamin Dreyfus, 1er novembre 1999, de son mari, Juliette Hussenot, William GARDNER SMITH, Bourses Huguette OREFICE-BERÈS, Marguerite Bordat, romancier et journaliste, le 29 octobre 1999, à 16 h 30. CENTRE INTERNATIONAL M. André de NEYMAN, Adrien Schramm, survenu le 2 novembre 1999. ses petits-enfants, a quitté cette terre, sa famille et ses amis. DE RECHERCHE SUR LES JUIFS 131, rue de la Santé, résistant croix de guerre 1939-1945, DU MAROC Ses arrière-petits-enfants, 75013 Paris. La messe de funérailles sera célébrée le « La vie est courte ; l’affection moins. » Bourses de recherches : à l’âge de quatre-vingt-trois ans. La famille Massias, année universitaire 1999-2000 samedi 6 novembre, à 10 heures, en Jeff Gratton-Brunt, l’église Saint-Philippe du Roule, Paris-8e, Ira, Michèle, Claude, Rachel. Fabienne et Laurent La crémation aura lieu au cimetière du ont la douleur de faire part de la Des bourses annuelles de recherches et sera suivie de l’inhumation au disparition de ont l’immense joie d’annoncer la Père-Lachaise, lundi 8 novembre, à cimetière de Passy. sont mises à la disposition des étudiants naissance de 11 heures. – Il y a deux ans, mourait de troisième cycle préparant une thèse de Cet avis tient lieu de faire-part. Emmanuel DREYFUS, doctorat sur les Juifs du Maroc. Y. de Neyman, Louis RICHAUD. Thomas, le 30 octobre 1999, à l’âge de quatre- Dossiers complets (inscription univer- 15, rue du Bac, 1, rue Beaujon, vingts ans. sitaire et lettres de recommandations) à le samedi 30 octobre 1999, à Paris. 75007 Paris. 75008 Paris. « Fuir, là-bas ! Fuir ! adresser, avant le 20 décembre 1999, au Je sens que des oiseaux sont ivres La levée de corps aura lieu le lundi d’être parmi l’écume inconnue CRJM 8 novembre, à 9 heures, à la chambre et les cieux ! » Centre de recherches funéraire, rue du Souvenir, à Poitiers. sur les Juifs du Maroc, à l’attention de M. Abitbol, L’inhumation aura lieu le même – Le 5 novembre 1996, 127, boulevard Malesherbes, jour, à 15 h 30, au cimetière du 75017 PARIS Montparnasse, Paris-14e. Juliette SERFATI Cet avis tient lieu de faire-part. était tragiquement arrachée à la vie. Elle aurait eu trente ans. 7, chemin de Pimpaneau, CARNET DU MONDE 86000 Poitiers. Celles et ceux qui avaient la mission ou - TARIFS 99 - 6, rue Gassendi, le devoir de veiller sur elle et de la 75014 Paris. protéger l’ont conduite à la mort. TARIF à la ligne Que ceux qui l’ont aimée se DÉCÈS, REMERCIEMENTS, – Le proviseur, souviennent de son sourire, son humour, Les professeurs, et sa joie de vivre. AVIS DE MESSE, L’ensemble du personnel, ANNIVERSAIRES DE DÉCÈS Et la communauté des élèves du lycée De son père. 136 TTC - 20,73 ¤ Gabriel-Voisin de Tournus, TARIF ABONNÉS ont appris avec tristesse le décès 118 F TTC - 17,98 ¤ accidentel, au premier jour des vacances, Souvenir de NAISSANCES, ANNIVERSAIRES, – Paris. Cognac, le 5 novembre 1999. Robin PIRAT MARIAGES, FIANÇAILLES Le 5 novembre 1899, naissait à ¤ et Budapest, 520 F TTC - 79,27 Julien RAGUET, FORFAIT 10 LIGNES Alexander Kalman RADO, Toute ligne suppl. : 62 F TTC - 9,45 ¤ élèves en classe de seconde. grand géographe économique et combattant infatigable THÈSES - ÉTUDIANTS : Ils s’associent à la peine des familles contre le fascisme. ¤ cruellement frappées. 83 F TTC - 12,65 Alex et Yves, COLLOQUES - CONFÉRENCES : ses petits-fils, Nous consulter Lucille Rado, ట SOUTENANCES DE THÈSE sa belle-fille, 01.42.17.39.80 + 01.42.17.29.96 souhaitent lui rendre hommage et lui Fax : 01.42.17.21.36 ¤ adresser leurs tendres pensées. Les lignes en capitales grasses 83F TTC - 12,65 la ligne sont facturées sur la base de deux Nous n’oublierons pas. lignes. Les lignes en blanc sont Tarif Etudiants 99 obligatoires et facturées. [email protected] LeMonde Job: WMQ0511--0020-0 WAS LMQ0511-20 Op.: XX Rev.: 04-11-99 T.: 11:07 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 19Fap: 100 No: 0437 Lcp: 700 CMYK

20 ENTREPRISES LE MONDE / VENDREDI 5 NOVEMBRE 1999

AÉRONAUTIQUE L’accident mente qu’il traverse depuis deux ses comptes. b LES SUCCÈS d’Air- cupe l’industrie aéronautique, qui cause d’accident. Russ Young, direc- du vol 990 du Boeing 767 d’EgyptAir ans. b LE GÉANT mondial de l’aéro- bus, qui revendique 70 % des parts redoute l’augmentation mécanique teur de la sécurité et de l’informa- et l’arrêt des livraisons de gros-por- nautique et de la défense était pra- de marché mondial, pourraient être des catastrophes aériennes au cours tion chez Boeing, n’exclut pas une teurs du constructeur américain re- tiquement venu à bout de ses pro- confortés par les nouveaux déboires des prochaines années. Les erreurs catastrophe aérienne majeure par place Boeing au cœur de la tour- blèmes de production et redressait de son rival. b LA SÉCURITÉ préoc- des équipages restent la première semaine en 2015. Boeing pris de nouveau dans les turbulences Après l’accident du Boeing 767 d’EgyptAir et la suspension de ses livraisons d’avions gros-porteurs, le numéro un mondial de l’aéronautique et de la défense s’efforce de répondre aux inquiétudes que suscite le transport aérien. Cette série noire occulte le redressement du groupe PHIL CONDIT, le PDG de jamais été causé par une défaillance Boeing, doit parfois se demander Des avions de plus en plus sûrs, mais des accidents de plus en plus nombreux technique », affirme un spécialiste s’il parviendra à sortir sa société de NOMBRE D'ACCIDENTS D'AVIONS DURANT LA PÉRIODE 1988-1997...... ET LEURS CAUSES du secteur. Airbus est d’autant plus la zone de turbulences qu’elle tra- favorisé dans cette compétition TAUX 2,2 ÉQUIPAGE verse depuis deux ans. L’an- 1,8 morbide que la jeunesse du D'ACCIDENTS 1,5 1,6 1,4 1,5 CAUSES AVION née 1999 devait consacrer le réta- (nombre 1 1 INDÉTERMINÉES (défaillance constructeur européen lui donne blissement du numéro un mondial d'accidents 0,7 mécanique) une part de marché encore limitée. 0,5 0,5 0,4 0,3 ET DIVERS de l’aéronautique et de la défense. par million ns ns « Boeing a construit 85 % de la flotte de départs) ns Les problèmes de production, qui 50% mondiale, il est normal qu’ils soient ont duré près de deux ans, étaient NOMBRE impliqués dans 85 % des accidents », sur le point d’être résolus. l’avion- D'ACCIDENTS 311132810 3550 24715 0 fait remarquer l’analyste Paul Nis- neur de Seattle s’apprêtait à fêter FATALS 34% bet, de JSA Research, cité par une production record de 620 ap- (destruction 7 Bloomberg. Depuis 1994, 41 des ancienne nouv.lle ancienne 4 de l'appareil pareils cette année et la fin des dé- génération génér. génér. 3 2 46 accidents majeurs concernaient impliquant CONDITIONS boires sur la nouvelle génération de -400 des appareils Boeing ou McDonnell l'impossibilité MÉTÉOROLOGIQUES économique 737 737 757 767 747 747 777 A 310 A 300 A 320/ A 330/ DC 9 DC 10 MD 11 MD 80 MD 90 son moyen-courrier 737, qui lui a 321/319 340 Douglas. de le réparer) coûté plusieurs milliards de francs. BOEING AIRBUS MCDONNELL DOUGLAS AÉROPORT MAINTENANCE Sur le plan commercial, Airbus Pour se redresser, Boeing a non ns : non significatif car moins de 100 000 vols Source : Boeing pourrait profiter de ce contexte seulement entrepris un programme Les taux d'accidents sont relativement identiques d'un type d'avion à l'autre. Chaque nouvelle génération d'appareils réduit toutefois cette proportion. pour creuser l’écart avec son rival. massif de suppression de près de Les erreurs de l'équipage constituent toujours la principale cause d'accidents. Fin octobre, l’européen avait en- 50 000 emplois d’ici à la fin de grangé 404 commandes fermes, l’an 2000. Il a aussi décidé d’arrêter chuter l’action de 10 % en quelques position ouverte. M. Condit est taient de ne pas avoir eu connais- usines d’Everett près de Seattle contre seulement 169 appareils complètement la production jours. L’accident du vol 990 du monté au créneau, mercredi, pour sance d’une étude sur les réservoirs (Etat de Washington). Le construc- pour l’américain, soit 70 % de parts d’avions civils McDonnell Douglas, Boeing 767 d’EgyptAir, qui a fait défendre le B-767 en affirmant que du 747. Enquêtant dans le cadre de teur s’est aperçu que certaines de marché pour Airbus ! Celui-ci qu’il avait racheté pour environ 217 victimes, en constitue l’élément le biréacteur long-courrier était l’accident du vol 800 de la TWA, le pièces des écrans de protection de n’avait réussi, jusqu’à présent, à 70 milliards de francs. Et finale- le plus grave. L’enquête piétine « l’avion commercial le plus sûr » NTSB vient de découvrir l’existence ses cockpits étaient défectueuses et battre Boeing qu’une seule fois ment de sacrifier le directeur de la pour le moment, les boîtes noires puisque seuls deux de ces appareils d’une étude, réalisée en 1980 par que ces défauts pouvaient entraî- d’une courte tête en 1994. branche d’aviation civile, Ron de l’appareil n’ayant toujours pas ont été accidentés en dix-huit ans. Boeing, sur la version militaire du ner des phénomènes de condensa- Woodward. Les résultats financiers été récupérées. Mais l’hypothèse Présent à une conférence interna- jumbo jet B-747 et qui ferait ressor- tion et de court-circuit, bien « qu’ils SANTÉ INSOLENTE D’AIRBUS étaient enfin au rendez-vous. Sur d’un éventuel problème d’inverseur tionale sur les infrastructures dans tir des problèmes de surchauffe des n’étaient à l’origine d’aucun Les derniers mois de campagne les neuf premiers mois de l’année, de poussée, qui aurait pu se déclen- l’aviation à l’université George- réservoirs centraux. accident ». commerciale ont notamment été Boeing avait enregistré une hausse cher en plein vol, alors qu’il ne s’ac- Washington, M. Condit a dû égale- Poursuivi par la loi des séries, Boeing s’efforce désormais de marqués par le ralliement histo- de 10 % de son chiffre d’affaires et tionne en principe qu’au moment ment défendre la position de Boeing a été contraint de sus- relativiser, avec raison, les catastro- rique de British Airways et de la la hausse de 150 % de son bénéfice de l’atterrissage pour freiner l’avion Boeing, alors que des responsables pendre, depuis mercredi, la livrai- phes aériennes. Avec une moyenne compagnie israëlienne El Al aux net. Surtout, la branche d’aviation sur la piste, a mis en lumière cer- du NTSB (bureau national chargé son des 34 appareils gros porteurs de 1,5 accident pour un million de avions européens. Cette santé inso- civile renoue avec la profitabilité, tains dysfonctionnements des pro- de la sécurité des transports) ve- 747, 757, 767 et 777 actuellement décollage, le transport aérien reste lente d’Airbus pourrait achever de avec près de 0,5 milliard de dollars cédures de contrôle et de sécurité. naient de déclarer qu’ils regret- en cours de fabrication dans ses l’un des moyens de transport les convaincre ses actionnaires de lan- de profit. Il aura en effet fallu deux ans plus sûrs. cer le super-jumbo A-3XX, un avion entre le précédent accident d’un Avec 7 500 victimes dans le de 650 places qui doit mettre fin à PROCÉDURES DE CONTRÔLE Boeing 767 de Lauda Air, en 1991, et Les recherches des boîtes noires d’EgyptAir suspendues monde au cours des dix dernières l’hégémonie du 747 de Boeing dans Les investisseurs s’étaient mis à les premières modifications tech- années, le transport aérien fait les avions très gros porteurs. redécouvrir les attraits du géant niques sur l’ensemble des réacteurs La marine américaine a indiqué avoir capté au large de l’île de moins de morts que le transport Boeing essaie, depuis plusieurs an- mondial de la défense (50 milliards de la gamme. Et il aura fallu ensuite Nantucket des signaux émis par les deux boîtes noires du automobile dans un pays comme la nées, d’en dissuader Airbus en ar- d’euros de chiffre d’affaires, soit un autre incident en 1997 pour que Boeing 767 qui s’est abîmé dans l’Atlantique. Mais toutes les re- France en une seule année guant que ce segment de marché environ 330 milliards de francs). Boeing recommande, en 1999, cherches pour les récupérer ont été suspendues, mercredi 3 no- (30 morts par jour). Mais le carac- n’est pas assez grand pour deux L’action avait regagné près de 40 % d’autres modifications que la Fede- vembre, en raison du mauvais temps, ont indiqué les gardes-côtes. tère spectaculaire des accidents aé- appareils. depuis le début de l’année, à ral Aviation Administration (FAA) Si la météo ne s’améliore pas, elles pourraient être stoppées jus- riens et l’augmentation continue La restructuration de l’industrie 45 dollars, encore loin des 60 dol- n’a toujours pas, à ce jour, rendues qu’au week-end. du trafic fait craindre aux construc- européenne, et notamment la ré- lars enregistrés au lendemain de obligatoires. Jeudi 4 novembre, on L’analyse des boîtes noires devrait permettre d’éclaircir les teurs une multiplication statistique cente fusion du français Aerospa- l’euphorique fusion avec son apprenait qu’un autre Boeing 767 causes de l’accident alors que, mardi, le président du Bureau natio- des accidents. tiale Matra et de l’allemand Daim- compatriote McDonnell Douglas de la compagnie charter LTU avait nal de la sécurité des transports (NTSB), Jim Hall faisait état d’un Ces accidents répétés arrivent ce- lerChrysler Aerospace, désormais en 1996. vu son décollage de Terre-Neuve problème sur un inverseur de poussée des réacteurs, qui permet de pendant au plus mauvais moment actionnaires dominants d’Airbus M. Condit aura eu à peine le retardé de plus de dix-huit heures, freiner l’avion lors de son atterrissage. Le vice-président d’EgyptAir, pour Boeing, alors que son rival eu- avec près de 80 % du capital, n’est temps de se réjouir qu’une série mercredi, un voyant du cockpit Mohamed Chahine, avait déclaré à l’AFP que le système « avait été ropéen Airbus effectue un parcours pas de nature à rassurer Boeing. d’avaries techniques vient ternir ayant signalé que l’un des deux in- désactivé avant le décollage de l’avion du Caire », excluant cependant commercial et technique sans l’image du constructeur et a fait verseurs de poussée était bloqué en que la catastrophe eût été provoquée par ce problème. faute. « Aucun accident d’Airbus n’a C. J. Les inquiétudes des passagers suisses Russ Young, directeur de la sécurité aérienne et de l’information chez Boeing FIN NOVEMBRE 1998, les jour- J’ai si peur que si j’arrivais sur la nalistes du quotidien suisse Le piste et si je me retrouvais face à un « La principale cause d’accident reste le facteur humain » Temps reçurent une télécopie inat- MD-11, je ne monterais pas tendue à propos d’un voyage de dedans. » « Trois accidents majeurs sont – C’est une fatalité que les tation, deux recommandations en pareils sortis de chaîne avant et presse aux Etats-Unis. « Veuillez Au siège de Swissair, on assure intervenus dans la période ré- constructeurs aéronautiques ont février et en mai 1999 pour inciter après les deux Boeing 767 de Lau- choisir votre variante préférée, de- que seules quelques personnes cente au départ de New York, en bien entendu l’intention de les compagnies aériennes à modifier da Air et d’EgyptAir, fabriqués en mandait le fax : 1) Pas de vol sur un ont eu de telles réactions, direction de l’Europe. Est-ce une combattre, aux côtés des autorités certains éléments. La Federal Avia- même temps, en 1989, au milieu MD-11 de la Swissair ; 2) Cela m’est « comme c’est toujours le cas lors route aérienne dangereuse ? politiques et des compagnies aé- tion Administration (FAA) envisage de la grève des usines de Seattle. égal. » Sur les trente personnes in- d’accidents d’avions ». « Swissair – Je suppose que vous faites al- riennes. L’étude détaillée de l’en- de rendre cette recommandation Allez-vous suggérer à la compa- vitées, raconta à l’époque le jour- n’a noté aucun fléchissement de ses lusion aux accidents du vol 800 du semble des catastrophes aériennes obligatoire et a donc lancé, en sep- gnie des précautions parti- naliste du Temps, Luc Debraine, un réservations sur le réseau long- Boeing 747 de la TWA, du vol 111 nous a permis d’identifier que la tembre, une consultation auprès des culières ? tiers demandèrent à ne pas em- courrier, et les chiffres de la fré- du MD 11 de la Swissair et du principale cause d’accident reste le compagnies aériennes. Plusieurs – Tous nos avions bénéficient de prunter de MD-11 et optèrent quentation des passagers ont aug- Boeing 767 d’EgyptAir. Non, il facteur humain, notamment dans compagnies ont devancé l’appel, en la même attention et satisfont aux pour un autre type d’appareil. menté dans la même proportion s’agit d’une pure coïncidence sur l’appréciation de la proximité des procédant aux modifications suggé- exigences de sécurité définies par Ils ne furent pas les seuls à se que ceux des autres compagnies aé- l’une des routes les plus en- obstacles (piste d’atterrissage, mon- rées, mais nous ne savons pas ce les autorités, les compagnies et montrer méfiants. Le crash de riennes », martèle l’un des porte- combrées du globe. Mais permet- tagne, obstacles divers). En instal- qu’a fait EgyptAir. nous-mêmes. L’enquête devra éta- l’avion MD-11 de la Swissair, qui parole, qui précise que Swissair tez-moi de relativiser ces faits, lant progressivement, sur l’ensemble blir si le fait que les deux avions si- assurait la liaison New York-Ge- exploite toujours dix-neuf MD-11. même si c’est toujours émotion- des appareils, des systèmes d’alerte nistrés se soient suivis sur les nève et s’est abîmé en mer le Et de rappeler que les causes de nellement difficile. Il y actuelle- tridimensionnels d’approche d’obs- « Nous sommes arrivés chaînes d’assemblage est un élé- 2 septembre 1998, au large du Ca- l’accident ne sont toujours pas ment un décollage d’avion toutes tacles, nous devrions réduire consi- ment significatif ou fortuit. Enfin, nada avec 229 passagers à bord, a élucidées, que « l’enquête est tou- les secondes dans le monde. Pour dérablement le nombre d’accidents. à un tel taux s’il est exact qu’en 1989 l’usine a suscité un début de psychose en jours ouverte ». ne parler que du Boeing 767, c’est – Sans préjuger des résultats de été affectée par des grèves, il est Suisse. Fin octobre 1998, un in- un avion qui a effectué un million l’enquête en cours sur l’accident de sécurité aérienne tout à fait impensable d’envisager cident a forcé un autre MD-11 de CONSÉQUENCES FINANCIÈRES de vols au-dessus de l’Atlantique du vol d’EgyptAir, il semblerait qu’une action ait été menée au dé- la Swissair à regagner d’urgence Mais, sur le plan financier, la au cours des dix-sept dernières an- que Boeing ait rencontré, à plu- que nous avons triment de la sécurité. l’aéroport de Singapour. catastrophe a déjà eu de lourdes nées ! Et, au total, ce modèle n’a sieurs reprises, des problèmes – Boeing a suspendu, depuis La réaction fut immédiate : la conséquences pour la compagnie eu que trois accidents. techniques sur les inverseurs de du mal à descendre mardi, la livraison de ses avions compagnie reconnut à l’époque, helvétique. Outre qu’elle doit ré- – Avec la croissance du trafic poussée des Boeing 767. Après les gros porteurs, à la suite d’un phé- comme l’écrivit Luc Debraine, que pondre devant la justice améri- aérien, ne risque-t-on pas de voir modifications apportées en 1993, à sous la barre nomène de condensation, apparu « quarante personnes avaient télé- caine, aux côtés du tandem le nombre d’accidents aug- la suite de l’accident de Lauda Air, lors de tests, sur les instruments phoné pour annuler leurs réserva- McDonnell Douglas-Boeing et de menter ? vous auriez suggéré de nouvelles de 1,5 accident pour de bord. Combien d’avions sont tions sur des MD-11 », et qu’elle re- quatre autres groupes, car des – Effectivement. Nous sommes modifications mécaniques depuis concernés et à qui en incombe la cevait encore, quelques jours plus plaignants réclament 16 milliards arrivés à un tel taux de sécurité aé- quelques mois. 1 million de vols » responsabilité ? tard, « pas mal d’appels de gens qui de dollars (15,23 milliards d’euros) rienne – aux Etats-Unis, tous les – C’est tout à fait exact, même si – Nous allons faire en sorte que requièrent des informations sur les de dommages et intérêts, elle va six mois, les accidents de la route ces deux modifications ne sont pas l’impact sur le rythme des livrai- types d’avions utilisés pour tel ou tel devoir, toujours selon Le Temps, font autant de morts que toute forcément liées. Les inverseurs de – Pourquoi tant de procédures sons reste minime. Pour l’instant, vol ». Swissair dut même dépêcher rénover ses MD-11 au prix fort. La l’histoire de l’aviation civile – que poussée, qui permettent de renver- et de délais ? trente-quatre appareils en cours ses cadres dans les grandes entre- fiabilité des panneaux isolants des nous avons du mal à descendre ser les gaz au moment où l’avion se – Nous nous conformons à la lé- d’assemblage et déjà équipés de prises helvétiques pour rassurer long-courriers fabriqués par statistiquement sous la barre de pose sur la piste, mettent en jeu des gislation en vigueur. Dès que nous ces composants défectueux sont les hommes d’affaires sur la fiabi- McDonnell Douglas ayant été 1,5 accident pour un million de mécanismes complexes. Après l’ac- sommes informés de problèmes concernés dans nos usines. Mais je lité des MD-11, appareils qui sont mise en cause à la suite du crash, vols. Actuellement, il y a dix- cident de Lauda Air, nous avions im- techniques, nous émettons des re- dois admettre que plusieurs cen- la propriété de Boeing. l’Agence fédérale américaine de huit millions de vols par an dans le posé des modifications sur cette commandations à l’attention de taines d’appareils déjà en service Encore aujourd’hui, certains de l’aviation civile (FAA) en a ordon- monde et ce chiffre devrait dou- partie des Boeing 767. L’avion l’ensemble des compagnies. Mais pourraient être concernés, même ses clients restent sceptiques, à né, à la mi-août 1999, le rem- bler au cours des quinze pro- d’EgyptAir en avait bien entendu pour identifier ces problèmes, nous si ce défaut n’a été à l’origine d’au- l’image d’Annabelle, qui prend placement. Et il devrait, selon la chaines années. bénéficié. dépendons largement de l’informa- cun incident en vol à ce jour. Enfin, souvent l’avion pour son travail. FAA, en coûter de 380 000 à – Vous voulez dire qu’on peut » A la suite d’un incident qui tion transmise volontairement par les composants incriminés ont été « Quand je réserve sur la Swissair, 880 000 dollars (de 362 000 à légitimement parier sur une cin- nous a été signalé en 1997 par une les compagnies aériennes sur les dif- fabriqués par nos usines. » je demande toujours si le vol s’effec- 838 000 euros) par avion. quantaine de catastrophes aé- autre compagnie aérienne, nous ficultés rencontrées. tue sur un MD-11, dit-elle. Si c’est le riennes par an en 2015, soit une avons procédé à une enquête et – British Airways vient de révé- Propos recueillis par cas, je choisis une autre compagnie. Sophie Sanchez par semaine ? émis, conformément à la réglemen- ler qu’elle possédait les deux ap- Christophe Jakubyszyn LeMonde Job: WMQ0511--0021-0 WAS LMQ0511-21 Op.: XX Rev.: 04-11-99 T.: 11:13 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 19Fap: 100 No: 0438 Lcp: 700 CMYK

ENTREPRISES LE MONDE / VENDREDI 5 NOVEMBRE 1999 / 21

Le constructeur Airbus terrasse Boeing en 1999

COMMANDES NETTES D'AVIONS CIVILS DE PLUS DE CENT PLACES 900 907 Chiffres corrigés des annulations La gestion des industries d’Etat de l’armement 800 BOEING 700 656

600 625 AIRBUS critiquée par un rapport parlementaire 500 556 403 400 404 300 Jean-Michel Boucheron dénonce plusieurs contrats à l’exportation 200 La commission des finances de l’Assemblée na- rection des constructions navales (DCN) et de Fin octobre, la commission de défense de l’As- 165 169 tionale dénonce, dans un rapport très sévère, la GIAT Industries. Elle montre que plusieurs semblée nationale, s’en était pris à la réforme 100 gestion, ou plutôt l’absence de gestion, de la di- contrats à l’exportation ont été conclus à perte. – trop timide à son goût – de la DCN. 0 FIN OCTOBRE LA GESTION de deux des prin- Chili et de deux plates-formes pé- échecs commerciaux de la DCN francs, soit près de 20 millions de 1988 89 90 91 92 93 94 9596 97 98 1999 cipales « industries d’Etat », au trolières au groupe Schlumberger. sont dus à « des carences dans les francs par char. » Le coût d’un Le- sein du ministère de la défense, Après le contrat d’entretien domaines de la gestion, du droit, clerc à l’unité est estimé à 30 mil- L'européen est passé devant l'américain sur les neuf premiers mois fait l’objet d’un rapport très sé- conclu avec l’Arabie saoudite des finances et des relations so- lions de francs. de 1999, avec 70% des parts du marché mondial. vère de la commission des fi- pour des frégates, il y a tout lieu ciales » de la part d’ingénieurs de Le rapporteur parlementaire ré- nances de l’Assemblée nationale. de croire que « ces commandes se l’armement « qui ne sont pas for- vèle d’autre part que GIAT Indus- C’est le cas, à en croire Jean-Mi- solderont par de nouveaux sinistres més pour ce type de responsabili- tries a connu de très sérieuses dif- Le secret des boîtes noires chel Boucheron (PS, Ille-et-Vi- financiers ». Fondés sur « un devis té ». L’Etat, en proposant des ré- ficultés sur le marché des blindés laine), de la direction des approximatif », les contrats se dé- formes comme celle dont il a eu légers, où la part acquise à LES DEUX enregistreurs de vol sont collage. Le réacteur gauche explose constructions navales (DCN), où gradent « en raison des engage- l’initiative fin octobre, a « tou- l’étranger par le constructeur connus du grand public sous le nom en phase de décollage, clouant par « tous les indicateurs, sur le plan fi- ments pris » sur le plan financier. jours un temps de retard » face à français l’a été « au prix de pertes de boîtes noires. En fait, ils sont de chance l’avion au sol. L’enquête des nancier, sont au rouge », et de M. Boucheron estime que, dans cette dégradation de la DCN. très élevées ». Ainsi, GIAT a vendu couleur orange avec des bandes fluo- autorités finlandaises sera contestée GIAT Industries, producteur du ces conditions, « il est à craindre des tourelles d’appui feu d’infan- rescentes pour pouvoir être repérés par la compagnie et les autorités char Leclerc, « qui n’a pas encore que le déficit cumulé dépasse les « PERTES TRÈS ÉLEVÉES » terie Dragon (calibre 25 milli- plus facile- turques, malgré deux nouveaux acci- été en mesure de démontrer sa via- 2 milliards de francs ». A propos de GIAT Industries, le mètres) à la Turquie « dans des ment en cas dents d’Intersun Sunways en Fin- bilité ». Le rapporteur parlementaire rapport parlementaire est tout conditions financières éton- de destruction lande. A propos de la DCN, soit six exclut des risques aujourd’hui aussi critique. Les conditions ac- nantes », avec 700 millions de de l’appareil. b Panne de carburant au-dessus chantiers navals, que le ministre avérés le contrat « bénéficiaire » cordées aux Emirats arabes unis, francs de pertes pour un contrat Ils enre- de New York. Le 25 janvier 1990, le de la défense, Alain Richard, veut qui prévoyait la fourniture de six pour la livraison de trois cent dont la valeur était de 400 mil- gistrent les vol 052 de la compagnie colom- transformer en établissement pu- frégates à Taïwan, et qui est à quatre-vingt-dix chars de combat lions de francs. deux dernières bienne Avianca arrive de Bogota à blic industriel et commercial (Le l’origine du versement de Leclerc, sans compter les chars de M. Boucheron met en garde les heures de l’aéroport Kennedy de New York. A Monde du 29 octobre), M. Bou- commissions suffisamment sus- dépannage, « ont été désastreuses dirigeants de GIAT Industries conversations 20 heures, en pleine heure de pointe, cheron observe que « les résultats pectes pour justifier une investi- pour la France ». contre la répétition de ces erreurs des navigants et les paramètres tech- le contrôle aérien, qui doit gérer une sont décevants » et que « la situa- gation judiciaire en France. «Les Chaque année, la perte à à propos d’un appel d’offres en niques du vol au cours des 25 der- centaine d’appareils en même temps, tion est extrêmement grave ». Se- conditions mises à l’exécution de ce l’achèvement du contrat – « due à discussion avec l’Arabie saoudite, nières heures. Capables de résister à demande au quadriréacteur 707 co- lon le député, des contrats à l’ex- contrat, constate le député PS, ont un défaut de couverture initiale qui porte sur l’armement d’une des chocs terribles et à une tempéra- lombien de patienter en tournant au- portation ont été conclus dans permis de générer des produits fi- contre les risques de taux de brigade, soit cent soixante-quinze ture de plus de 1 000 degrés, ils sont la tour de Norfolk, puis du New Jersey. des conditions désastreuses. Il nanciers », dont le montant n’est change » – augmente davantage. chars Leclerc et vingt chars de dé- principale source d’indices des en- Cette attente, habituelle au-dessus s’agit de la vente de trois sous- pourtant pas précisé. « Le total provisoire (?) de la perte pannage livrables à partir de 2001. quêteurs. des aéroports saturés, se prolonge marins Agosta-B au Pakistan, de D’une manière générale, à terminaison, a calculé M. Bou- Deux ouvrages récents relatent le pour l’avion colombien : d’abord deux sous-marins Scorpène au M. Boucheron estime que les cheron, est de 7,7 milliards de Jacques Isnard contenu de plusieurs de ces boîtes 15 minutes, puis 27 minutes, et finale- noires ayant livré les secrets d’acci- ment 46 minutes supplémentaires. Le dents spectaculaires et dramatiques. pilote prévient le contrôle aérien que, Aux Etats-Unis, The Black Box (éd. d’après ses calculs de consommation Quill/HarperCollins, 224 pages, de carburant, il ne peut rester en at- 15 dollars), écrit en 1984 et mis à jour tente plus de cinq minutes supplé- en 1998 par Luc Debraine, correspon- mentaires. Inquiet, le mécanicien dant de Newsweek pendant douze suggère au commandant de bord de ans à Paris. En France, Le Secret des ne pas accélérer brutalement, ce qui boîtes noires (éd. Altipresse, risquerait de chasser le kérosène vers 368 pages, 135 francs) a été rédigé en l’arrière des réservoirs et de désamor- 1999 par Jean-Pierre Otelli, pilote et cer l’alimentation des réacteurs. L’ap- leader de patrouilles acrobatiques. pareil amorce la phase de descente Ces deux ouvrages mettent en avant mais, en raison d’une couche de les erreurs de pilotage, rappelant nuage, l’équipage ne voit pas la piste qu’un navigant commet en moyenne et est obligé de remettre les gaz, solli- sept erreurs par heure de vol mais citant dangereusement les dernières que l’avion continue d’être le moyen réserves de carburant. L’équipage hé- de transport le plus sûr du monde. site à signaler une situation d’urgence Nous résumons certains chapitres du au contrôle aérien et se met à nou- livre de M. Otelli. veau dans la file d’attente. Deux b Le feu dans le cockpit. Le vol 111 heures après l’arrivée au-dessus de de la Swissair avait décollé de New New York, les quatre moteurs s’ar- York à 20 h 18, le 2 septembre 1998. rêtent et l’avion s’écrase en une mi- 56 minutes plus tard, le pilote avertit nute au nord de Long Island, faisant la tour de contrôle qu’il y a « de la fu- 73 victimes. mée dans le cockpit » et demande b Des supporters aux commandes. « un retour immédiat vers un terrain Le vol RG 254 de la compagnie aé- approprié, Boston serait bien ». Le rienne Varig relie, le 3 sep- contrôleur du ciel canadien donne tembre 1989, Maraba à Belem en sur- immédiatement son accord mais volant la forêt vierge. Le même jour, s’étonne du choix de Boston, alors un match de qualification pour la qu’Halifax n’est qu’à 130 kilomètres, Coupe du monde oppose le Brésil au soit 8 minutes de vol. Après une mi- Chili et le commandant de bord et le nute de réflexion, le pilote se ravise et copilote ont réglé le radiocompas sur admet qu’Halifax est une meilleure la fréquence de la plus grosse station option. La tour de contrôle lui donne de radio brésilienne. Les deux immédiatement l’autorisation de hommes, qui ont mis le pilote auto- descendre rapidement mais le pilote matique, ne s’étonnent pas de ne pas « préfère attendre jusqu’à ce que la ca- voir les côtes approcher jusqu’à la fin bine soit prête pour l’atterrissage ». Les du match à 18 h 55, alors que l’arrivée navigants ont pourtant enfilé les était prévue à 18 h 10 ! Une fois l’eu- masques à oxygène et la fumée phorie de la victoire dissipée, l’équi- s’épaissit. Suivant scrupuleusement page se ravise et réalise que le pilote les consignes de sécurité définies par automatique avait été réglé sur sa compagnie, le pilote demande, cap 270, au lieu de 027, soit une er- sept minutes plus tard, l’autorisation reur de 130 degrés. L’avion s’est en de se dérouter légèrement pour vi- fait enfoncé dans la forêt amazo- danger une partie de son carburant nienne. Malgré un changement de en mer et éviter à l’avion de subir, en cap immédiat, il s’écrasera une heure raison de son poids, une avarie trop et demi plus tard en pleine jungle, à grave à l’atterrissage. Le feu gagne le cours de carburant. câblage électrique et, onze minutes b Le pilote se trompe de réacteur. après le début de l’avarie, les flammes Le Boeing 737 de la compagnie Bri- apparaissent à l’intérieur du poste de tish Midland effectue la liaison pilotage et se propage dans le galley Londres-Belfast, le 8 janvier 1989. A avant. L’avion s’écrase quelques ins- 10 000 mètres d’altitude, des vibra- tants plus tard, faisant 229 victimes. tions et des classements secs in- b Décoller coûte que coûte. Le quiètent les passagers. De longues MD-83 de la compagnie charter Sun- flammes jaillissent du réacteur ways assure, le 30 septembre 1996, gauche et de la fumée grise s’échappe plusieurs rotations dans la même des bouches de climatisation. Au lieu journée pour acheminer les touristes d’examiner le tableau de bord qui in- européens vers les destinations enso- dique de fortes vibrations sur le mo- leillées. La liaison Dalaman (Turquie)- teur gauche, le commandant de bord Colonne est perturbée par un bruit estime que le réacteur droit est en d’explosion à l’arrière de l’appareil, cause puisque c’est celui qui alimente mais l’avion parvient à destination. la cabine en air conditionné et qui est Les pilotes réclament un mécanicien donc à l’origine des fumées obser- à leur compagnie. Un mécanicien lo- vées. Le pilote ordonne l’arrêt de ce cal explique qu’il n’est pas qualifié réacteur et la correction de la dissy- pour ce type de moteurs et qu’il fau- métrie de poussée qui en résulte. dra attendre le lendemain pour trou- L’équipage demande l’autorisation ver un réparateur compétent. Les de se poser à Castle Domington, l’aé- deux pilotes passent outre et redé- roport le plus proche. En phase d’at- collent : l’avion est attendu en Fin- terrissage le moteur gauche, défec- lande pour aller chercher des passa- tueux, finira par lâcher. 47 des 126 gers. Pendant le vol, ils remarquent occupants seront tués. Quelques des paramètres anormaux sur le mo- mois plus tard, deux incidents simi- teur gauche (température, consom- laires, mais maîtrisés par l’équipage, mation). Ils décident pourtant de re- conduiront à la modification des mo- partir de Kajaani avec 137 passagers. teurs CFM de General Electric et Des vibrations apparaissent au mo- Snecma. ment de l’allumage des réacteurs, mais les pilotes maintiennent le dé- C. J. LeMonde Job: WMQ0511--0022-0 WAS LMQ0511-22 Op.: XX Rev.: 04-11-99 T.: 11:02 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 19Fap: 100 No: 0439 Lcp: 700 CMYK

22 / LE MONDE / VENDREDI 5 NOVEMBRE 1999 ENTREPRISES American Home Products et Warner-Lambert Seita et Tabacalera fondent le nouveau géant mondial de la pharmacie voient leur fusion Une prochaine vague de concentrations est prévisible menacée par Gallaher Les conseils d’administration d’American Home pharmaceutique américain, ont approuvé, jeudi sance de l’anglo-suédois AstraZeneca et du Products (AHP) et de Warner-Lambert, respecti- 4 novembre, la fusion de leurs deux entreprises. franco-allemand Aventis, reprennent ainsi la vement cinquième et neuvième laboratoire Les Américains, distancés un temps par la nais- tête de l’industrie pharmaceutique mondiale. L’offre britannique est alléchante LE MARIAGE sera-t-il consom- chances de réussir. Le nouveau COUP DE BLUFF ou bataille Cette apparente fin de non-rece- mé ? Cette fois-ci sera-t-elle la Les Américains reprennent la tête de la pharmacie mondiale géant de la pharmacie mondiale d’OPA en vue autour de la Seita ? voir laisse en réalité la porte entrou- bonne ? Après deux fiançailles rom- CHIFFRE D'AFFAIRES 1998 en milliards de dollars PARTS DE MARCHÉ comptera parmi ses médicaments Alors que le fabricant français de verte à « une offre ferme ». En clair : pues en moins d’un an, American vedettes, outre le Lipidor, Premarin tabac s’apprêtait à fusionner tran- que Gallaher fasse une offre Home Products (AHP), cinquième 1 AMERICANWARNER (Etats-Unis) 13,6 5,5 % pour le traitement de la ménopause quillement, à l’amiable, avec l’espa- publique d’achat (OPA) en bonne et pharmacien américain et septième 2 AVENTIS PHARMA (France-Allemagne) 10,8 4,3 % (1,8 milliard de dollars de factura- gnol Tabacalera, l’intrusion du bri- due forme, et le conseil d’adminis- mondial, vient de sceller une tions annuelles), Neurontin, contre tannique Gallaher risque de tration du groupe français l’exami- alliance avec un nouveau parte- 3 ASTRAZENECA (Grande-Bretagne-Suède) 10,6 4,3 % l’épilepsie (875 millions de ventes), bousculer le calendrier de ce projet, nera comme il se doit. C’est bien là naire, son compatriote Warner- et l’antidépresseur Effexor (740 mil- voire de le remettre en cause. Le le problème pour le britannique. 4 MERCK (Etats-Unis) 10,6 4,2 % Lambert (neuvième sur le marché lions par an). cigarettier anglais, détenteur notam- Avec une dette nette de près de américain), pour un montant de 5 NOVARTIS (Suisse) 10,6 4,2 % Selon les termes de l’accord, les ment des marques Silk Cut et Ben- 1,7 milliard de livres (plus de 17 mil- 70,9 milliards de dollars (66,8 mil- actionnaires d’AHP échangeront son & Hedges, a confirmé mercredi liards de francs), Gallaher n’aurait liards d’euros). L’opération, 6 GLAXO WELLCOME (Grande-Bretagne) 10,5 4,2 % chacune de leurs actions contre une qu’il avait « approché la Seita dans guère les moyens de lancer une approuvée par les deux conseils 7 PFIZER (Etats-Unis) 9,9 3,9 % action de la nouvelle société, et les l’intention d’ouvrir des discussions sur offensive sur la Seita, valorisée par d’administration jeudi 4 novembre actionnaires de Warner-Lambert la possibilité de Gallaher de faire une son offre à 3,9 milliards d’euros à l’aube, donne le signal d’une nou- 8 BRISTOL MYERS SQUIBB (Etats-Unis) 9,8 3,9 % recevront 1,4919 action American- offre recommandée pour la totalité (25,6 milliards de francs). D’où sa velle vague de concentrations dans 9 JOHNSON & JOHNSON (Etats-Unis) 9 3,6 % Warner pour chacune de leurs des actions de Seita à un prix d’envi- tentative de proposer un accord l’industrie pharmaceutique mon- actions. Les conflits de personnes ron 75 euros par action. Cette propo- amical. Tabacalera a répliqué encore (Suisse) 3,0 % diale. 10 ROCHE 7,6 qui avaient provoqué les échecs des sition ne représente pas une offre plus sèchement que son allié fran- Le nouveau groupe, qui prend le Source : IMS Health fusions précédentes ne seraient ferme de Gallaher sur Seita ». çais : « Nous n’avons qu’une seule nom d’AmericanWarner, sera porté humaine. Les européens Smith- la mouvance du suisse Novartis et plus à l’ordre du jour. Le PDG Sous l’apparente bonhommie de chose à dire : Altadis est un projet sur les fonts baptismaux au Kline Beecham, GlaxoWellcome ou d’AstraZeneca –, il annonce la d’American Home Product depuis ce communiqué, pointe un chiffre : hautement bénéfique tant pour les deuxième trimestre de l’an 2000. AstraZeneca, et jusqu’à l’américain rationalisation de son activité agri- 1986, John Stafford, soixante-deux 75 euros par action Seita. Cela actionnaires de Tabacalera que pour Avec une capitalisation boursière Monsanto, ont bénéficié de ce culture avec la réduction, d’ici à la ans, deviendra le président de la représente une prime de 34 % par ceux de la Seita. Point final », a de 145 milliards de dollars et regain d’intérêt. fin de l’année, de 13 % de l’effectif. nouvelle entreprise, tandis que rapport au cours du 3 novembre, déclaré un porte-parole de l’entre- 13,8 milliards de dollars de chiffre AHP, parmi les plus gros produc- Entré en agriculture avec le Lodewijk JR de Vink, cinquante- que les rumeurs ont fait grimper de prise espagnole dont les action- d’affaires dans la seule pharmacie, il teurs de vaccins au monde, était rachat en 1994 d’American Cyana- quatre ans, président de Warner- près de 10 % dans la journée. Le titre naires doivent, eux, se prononcer le dépasse, par sa taille présumée, les depuis deux ans en quête d’un par- mid, AHP doit faire face à une Lambert depuis cette année, en sera Seita a ouvert en hausse de 5,4 %, à 13 novembre. leaders du jour : l’anglo-suédois tenaire. Sa première tentative chute de ses ventes (2,2 milliards de le directeur général. Mais, d’ores et 59 euros, jeudi 4 novembre. Les AstraZeneca avec un chiffre remonte à février 1998 avec le bri- dollars en 1998) de 29 % sur le déjà, John Stafford a prévu de actionnaires de la Seita, qui doivent PREMIER COUP DE TABAC d’affaires de 10,7 milliards de dol- tannique SmithKline Beecham, deuxième trimestre de 1999. En s’effacer au profit du deuxième, être réunis en assemblée générale le Une façon de renvoyer la balle lars et le futur groupe franco-alle- avec lequel il ambitionnait déjà de santé animale, le rachat du belge dans dix-huit mois, pour prendre sa 9 novembre pour examiner la fusion dans le camp de la Seita pour tester mand Aventis, issue de la fusion en se hisser au premier rang mondial Solvay, en 1997, ne suffit pas à redy- retraite. Le conseil d’administration avec Tabacalera, peuvent difficile- sa détermination. L’opération de cours entre Hoechst et Rhône-Pou- de l’industrie pharmaceutique (ils namiser ses ventes. Enfin et sur- contient vingt membres, dont dix ment écarter d’un revers de main la fusion prenant la forme d’une offre lenc (10,8 milliards de dollars). Les auraient obtenu alors 6,1 % de part tout, AHP se fait distancer dans le de chacune des deux entreprises. surenchère britannique, comme publique d’échange (OPE) de Taba- Américains reprennent ainsi le de marché). La seconde, c’était en médicament : sa croissance n’a été « Nous réunissons deux entreprises affecte de le faire la société. calera sur Seita, toute contre- flambeau de la pharmacie mon- octobre de la même année avec son que de 1 % l’an dernier, tandis que fortes et compatibles de l’industrie Dans un communiqué publié attaque serait coûteuse pour le diale, un marché de 300 milliards de compatriote Monsanto. le marché mondial progressait de pharmaceutique pour créer un nou- mercredi, la Seita affirme que son groupe espagnol, qui ne pourrait dollars où Merck se taille déjà une 6%. veau groupe remarquable avec le conseil d’administration « a pris surenchérir seul sur l’offre de Galla- place très respectable. CHUTE DES VENTES Pendant ce temps, Warner-Lam- potentiel pour parvenir au leadership connaissance de l’intérêt potentiel de her. Dès les premières rumeurs de Les deux projets ayant échoué, bert a vu ses actions bondir de 82 % mondial dans le secteur des produits Gallaher. Il a noté qu’il ne s’agit pas Le protocole de l’OPE prévoit fusion, mercredi 3 novembre, les pour des questions de personnes, en 1998, portées par les ventes pharmaceutiques », a indiqué le d’une offre ferme sur laquelle il aurait d’ailleurs que, « dans l’hypothèse où actions des deux sociétés, sises dans American Home Products faisait spectaculaires du Lipitor, un médi- nouveau directeur général de War- à se prononcer ». Elle souligne que, il y aurait une contre-offre d’un tiers le New Jersey, ont bondi à Wall bon an mal an cavalier seul. En cament anticholestérol, qui réalise ner-Lambert, dans un communiqué « après une réflexion stratégique après l’annonce de l’OPE de Tabaca- Street, AHP gagnant 8,3 % à 54 9/ 1999, il perd 2 % de sa valeur, à la 2,2 milliards de dollars de chiffre commun publié jeudi. Les deux approfondie, son choix s’est porté sur lera, le conseil d’administration [de la 16 dollars et Warner-Lambert pro- suite des difficultés de sa branche d’affaires. En France, en 1999, War- groupes prévoient de parvenir à des un rapprochement avec Tabacalera Seita] s’est engagé à définir et exé- gressant de près de 5 % à 82 15/ agriculture et des litiges concernant ner-Lambert a renforcé sa présence économies de coût s’élevant à [pour constituer] Altadis (...), numéro cuter avec Tabacalera la stratégie 16 dollars. C’est d’ailleurs toute deux médicaments amaigrissants, avec Parke-Davis. 1,2 milliard de dollars par an, qui 3 en Europe de l’Ouest dans les ciga- conjointe de réaction à ladite contre- l’industrie pharmaceutique qui a qu’il a retirés du marché en 1997. En De l’avis des analystes, la fusion seront pleinement effectives à par- rettes (...), leader mondial dans le offre ». Pas encore consommé, le senti souffler un vent de jouvence, octobre, AHP s’engage à verser de ces deux voisins dans le New Jer- tir de la troisième année de fusion. domaine des cigares ». Une fusion mariage Seita-Tabacalera connaît les analystes financiers anticipant 3,8 milliards de dollars afin de stop- sey, respectivement cinquième et Ils ont prévu également des dédom- qui a « déjà été approuvée à une très déjà son premier coup de tabac. sur un nouveau round de consoli- per les poursuites concernant ces neuvième laboratoires pharmaceu- magements pouvant aller jusqu’à large majorité par les deux conseils dation parmi les acteurs de la santé coupe-faim. Ce même mois – dans tiques américains, a toutes les 2 milliards de dollars si l’une des d’administration ». Pascal Galinier deux parties venait à mettre fin à l’accord. Reste à savoir ce qu’ils feront des activités autres que la santé Generali et l’INA humaine. En effet, AmericanWar- ner ne sera pas seulement le nou- veau géant de la pharmacie mon- sont parvenus à un accord diale. Il réalisera 66 % de ses ventes dans la pharmacie, mais également NOUVEL ÉPISODE dans la septembre que l’alliance avec 17 % dans les produits de santé finance italienne. Les assureurs l’INA donnerait naissance à un grand public et 17 % dans des pro- italiens Generali et l’INA (Istituto géant de « 41 milliards d’euros de duits divers tels que l’agriculture et Nazionale delle Assicurazioni) primes consolidées, une part de les confiseries (pastilles Vichy, sont finalement parvenus à un marché en Europe de plus de 6 % et Lajaunie). Soit un groupe totalisant accord. Le géant Generali, troi- plus de 207 milliards d’euros un chiffre d’affaires annuel de sième assureur européen derrière d’actifs sous gestion ». Mais l’assu- 26 milliards de dollars. De quoi faire Allianz et Axa, a annoncé jeudi reur romain, par la voie de son face pour investir les 500 millions 4 novembre l’envoi d’une lettre président Sergio Siglienti, avait de dollars que nécessite, en cette fin proposant un accord à l’amiable à aussitôt qualifiée l’offre de son de siècle, le développement d’un la direction de l’INA. Le conseil concurrent d’« hostile », tentant nouveau médicament. d’administration de celui-ci, qui alors de la contrer par tous les se réunit vendredi 5 novembre, moyens. En vain. Véronique Lorelle devrait donner une réponse posi- Cet accord illustre en tout cas la tive. Il jugeait dès jeudi matin réconciliation des deux camps les « positivement » les propositions plus puissants de la finance ita- de l’assureur de Trieste. Dans lienne, la famille Agnelli (action- cette lettre, Generali annonce naire de Sanpaolo IMI) d’un côté, Le groupe Pinault qu’il accepte le projet de verse- Mediobanca (la banque d’affaires ment d’un acompte de dividendes milanaise actionnaire de Gene- par l’INA à ses actionnaires. Il rali) de l’autre. Au terme de veut s’offrir indique en outre que le président l’accord passé avec Generali, c’est de l’INA sera invité à siéger au aussi la recomposition du secteur conseil d’administration de Gene- bancaire transalpin qui se pour- une banque rali après une fusion. Le directeur suit. En effet, Sanpaolo IMI pour- PINAULT PRINTEMPS RE- général de l’INA sera par ailleurs rait récupérer les participations DOUTE (PPR) a confirmé, mer- convié à diriger le développement bancaires de l’INA, notamment credi 3 novembre, qu’il souhaite du secteur assurance-vie du nou- les 51 % qu’il détient dans la hol- acquérir la Banque générale du veau groupe. L’INA, deuxième ding Banco di Napoli (qui commerce (BGC), une petite assureur vie transalpin avec plus contrôle la banque de Naples). La banque filiale de Banca di Roma. de 8 % du marché, va donc deve- Banca Nazionale del Lavoro S’il obtient le feu vert des autorités nir le pôle d’assurance-vie de (BNL, elle-même détenue à bancaires françaises, PRR fusion- Generali. La filiale de Generali 7,25 % par l’INA) contrôlant le nerait sa filiale Finaref avec la Alleanza conserve en revanche reste. Reste que la BNL est très BCG, puis prendrait 90 % à 95 % son autonomie. convoitée par un autre groupe du capital du nouvel ensemble, bancaire italien, Unicredito, qui Banca Di Roma restant action- RÉCONCILIATION est de son côté en pourparlers naire minoritaire. « La BGC per- Les dirigeants de Generali ne avec la nouvelle banque espa- mettrait à Finaref, explique Serge ménageaient pas leurs efforts ces gnole BBVA, elle aussi actionnaire Weinberg, président du directoire dernières semaines pour rendre de la BNL. de PPR, de développer une activité amicale son OPA-OPE de 12,3 mil- En se renforçant dans la Pénin- de dépôts et d’épargne en parallèle liards d’euros, lancée le 14 sep- sule, Generali devient moins vul- à son activité de crédit, ce que ne tembre, jugée hostile au départ. nérable face à une éventuelle peut faire Finaref qui est une société En effet, le colosse de l’assu- attaque étrangère, souvent évo- financière. Si nous voulons associer rance italien avait lancé son offre quée par les marchés ces der- des produits d’épargne à des opéra- pour contrer l’alliance annoncée nières semaines. tions de promotion, il nous faut être une semaine plus tôt entre l’INA Parallèlement, le groupe ban- doté d’une banque de plein exer- et le groupe bancaire Sanpaolo caire néerlandais ABN Amro a cice. » En tout état de cause, PPR IMI, le premier actionnaire d’INA annoncé jeudi 4 novembre qu’il devrait d’abord redresser la BGC avec un peu plus de 8 % du capi- avait accru sa participation dans qui accuse 2,4 milliards de francs tal. Generali avait alors vu d’un le capital de l’établissement ita- de pertes cumulées depuis quatre très mauvais œil la naissance d’un lien Banca di Roma à 9,6 %, ans et compte 330 salariés. PPR géant de bancassurance capable contre 8,7 % auparavant. s’engage à faire tout son possible de le concurrencer sur plusieurs pour reclasser le personnel. fronts. Generali avait indiqué mi- Pascale Santi LeMonde Job: WMQ0511--0023-0 WAS LMQ0511-23 Op.: XX Rev.: 04-11-99 T.: 10:42 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 20Fap: 100 No: 0440 Lcp: 700 CMYK

23 COMMUNICATION LE MONDE / VENDREDI 5 NOVEMBRE 1999 Radio France veut rationaliser son réseau de stations locales Jean-Marie Cavada, PDG de la radio publique depuis un an, soumet son projet de réforme à la concertation pour ne pas heurter des personnels déjà désorientés par les changements à France-Inter, France-Musiques et surtout France-Culture, où un préavis de grève est déposé pour le 9 novembre

CELA fera bientôt un an que seaux de Radio France. Une des so- l’égard des redéploiements. Le CCE gions. Or, tant que cette mise à plat Comédiens et producteurs y su- laborateurs auxquels il s’applique. Jean-Marie Cavada a été nommé à lutions serait donc de les « tricoter » du 4 novembre est l’occasion pour ne sera pas achevée, Radio France bissent sur leurs revenus l’effet de la La place qu’il a donné aux « gens de la tête de Radio France. A l’ap- ensemble en utilisant les mailles de Jean-Marie Cavada de lancer une pourra difficilement prétendre à de diminution des productions de fic- radio » plutôt qu’aux musicologues proche de cet anniversaire, il devait l’un pour compenser les trous des concertation qui durera environ un nouvelles fréquences. tions. Or, France-Culture et France- n’a pas ôté à France-Musiques sa ré- présenter, jeudi 4 novembre, au autres. Un logo et quelques heures mois. Il présentera ensuite des déci- Musiques sont les plus gros em- putation de « radio bavarde ». Bien comité central d’entreprise son plan de programmes communs donne- sions au comité central d’entreprise GROGNE A FRANCE-CULTURE ployeurs de comédiens et de musi- au contraire. de développement des radios lo- raient à l’ensemble une apparence et au conseil d’administration qui se Tout en préparant ces réformes, ciens du pays. Par ailleurs, certains A France-Inter, le résultat du son- cales alors qu’un préavis de grève d’unité. Ce système permettrait aux réuniront mi-décembre. Jean-Marie Cavada doit calmer la collaborateurs, habitués à des dage Mediamétrie du lundi 15 no- pèse sur France-Culture pour le 38 radios locales de se faire en- Ce débat se complique du conten- grogne suscitée par ses premières contrats sur la durée de la saison, vembre sera un test pour les nou- mardi 9 novembre et qu’il se re- tendre dans des régions comme l’Est tieux sur les fréquences. Accusée de- décisions et par sa manière quelque- ont eu pour l’instant des missions velles émissions, qui sont trouve, comme les autres PDG de ou le Sud où elles sont absentes, puis des lustres de détenir quelque fois brutale et souvent professorale, de trois mois seulement. L’absence nombreuses. Jean-Luc Hees, le di- l’audiovisuel public, empêtré dans mais où il existe des FIP ou des Ra- 538 fréquences non utilisées, la ra- qui agace même ses partisans. Les de dialogue aggrave ce malaise. recteur, envisage déjà quelques mo- les négociations sur les 35 heures. dios Bleues. dio publique a enfin accepté la mise bouleversements imposés aux struc- Lorsque les mécontents viennent difications, notamment dans la Dès sa prise de fonctions, Jean- Mais ce plan n’aura pas de cohé- à plat de son réseau de diffusion. tures, notamment par l’autonomie présenter leurs doléances à la direc- tranche matinale et dans l’émission Marie Cavada choisit de donner rence tant que le sort du Mouv’ ne trice, Laure Adler, ils sont souvent humoristique de Laurence Boccoli- l’autonomie aux chaînes ; il nomme sera pas tranché. Régulièrement reçus sans ménagement. Quant aux ni, qui peine à trouver ses marques. à leur tête des professionnels in- complimenté par Jean-Marie Cava- Les quatre réseaux auditeurs, ils se trouvent désorientés Par ailleurs, il se plaint du budget contestés et plutôt doués sur le plan da, Marc Garcia, qui a pris les rênes par une grille tellement nouvelle qui lui a été fixé pour 2000. « Cela ne médiatique – Laure Adler à France- de cette radio en avril, est parvenu à Créées en 1980, les radios locales sont présentes dans 38 zones de qu’ils y ont perdu tous leurs repères. me donne pas les moyens de renforcer Culture, Pierre Bouteiller à France- lui donner une crédibilité. Grâce à tailles diverses. Leur audience est en moyenne de 6 %. Les radios « Peut-être aurait-il fallu bouger les l’identité d’Inter », peste-t-il. Musiques et Jean-Luc Hees à une grille plus ordonnée, à un élar- bleues, nées, elles aussi, en 1980, occupent trois fréquences en FM à choses moins rapidement », estime Michel Boyon, le précédent PDG France-Inter – qui bouleversent les gissement de l’offre musicale et à Cannes, Paris-Ile-de-France et Valence, et treize en ondes moyennes. un partisan de la réforme. de Radio France s’était vu reprocher grilles de programmes. L’objectif est des liens tissés avec les radios jeunes Plus anciennes, les FIP, qui datent de 1971, occupent quinze fré- Des reproches similaires sont son immobilisme ; Jean-Marie Cava- de donner « un pep moderne » et de des services publics européens, Le quences. Celle de Paris est connue par deux émissions vedettes : « Ur- adressés à Pierre Bouteiller, direc- da doit éviter le piège d’un dévelop- « se rapprocher de nos publics ». Mouv’, cette radio mal née, est par- gences » entre 16 h et 18 h et « Jazz à Fip » à 19 h. Dernière-née, le teur de France-Musiques, dont l’hu- pement mal contrôlé. Aujourd’hui, il doit faire face aux venu à fidéliser 14 000 auditeurs sur Mouv’ occupe vingt-quatre fréquences. mour corrosif fait merveille dans ses conséquences de ces transforma- Toulouse. Ses 24 fréquences, princi- chroniques mais peut blesser les col- Françoise Chirot tions tout en poursuivant les ré- palement dans des petites villes, ne formes annoncées : donner une co- correspondent pas à la clientèle Les discussions, entamées au prin- donnée aux chaînes et aux pro- hérence aux réseaux disparates que qu’elle vise. Elles seraient plus utiles temps avec le Conseil supérieur de grammes, suscitent, à l’intérieur TROIS QUESTIONS À... Si d’ici la fin de l’année aucun sont les radios locales, les FIP, les à d’autres stations qui, en échange, l’audiovisuel (CSA), ont pour l’ins- comme à l’extérieur, des réactions élément supplémentaire ne vient Radios Bleues et Le Mouv’, dont au- lui en rétrocéderaient dans des ag- tant été menées pour la seule région aussi émotionnelles que les relations JEAN-MARIE CAVADA arrondir ce budget, je serai obligé cun ne couvre la totalité du terri- glomérations comme Lyon et Mar- Midi-Pyrénées : la cinquantaine de que les collaborateurs et les audi- de différer la modernisation que toire, ainsi que mettre en place la seille. fréquences rendues par Radio teurs de ces chaînes entretiennent Qu’allez-vous annoncer au m’a demandé de réaliser le CSA numérisation de l’entreprise. Même si toutes les assurances France va permettre au CSA d’en re- avec elles. 1 comité central d’entreprise (sur Internet, la numérisation de Depuis la libéralisation de la FM, sont données en matière de main- distribuer treize dont la zone de C’est à France-Culture que la si- qui se réunit ce jeudi 4 no- l’entreprise et le réseau des radios tout le monde sait que la rareté des tien de l’emploi, une telle réforme couverture est de qualité. La situa- tuation est la plus tendue. « Le ma- vembre ? locales). Le montant de ces ré- fréquences rend impensable de risque de heurter une partie des per- tion est en cours d’examen en Bre- laise est social et relationnel », ré- Je veux lancer un chantier de formes est estimé à 180 millions compléter les derniers-nés des ré- sonnels et les syndicats, méfiants à tagne, et il reste toutes les autres ré- sume un salarié de la chaîne. concertation sur l’action régio- de francs. nale, qui est la deuxième étape de la réforme. En ce qui concerne Quel bilan faites-vous des on- l’avenir des radios locales, il faut 3 ze mois passés à la tête de Ra- Fusion La pin-up du « Sun » se rhabillera... un jour sur deux d’abord s’interroger sur les résul- dio France ? tats quantitatifs et qualitatifs qui J’ai eu la satisfaction de consta- LONDRES d’accaparer le lectorat populaire féminin, la nou- ont été obtenus. C’est un réseau ter que cette maison attendait la de Leo Group de notre correspondant à la City velle rédactrice en chef adjointe du Sun, Rebecca inédit en France, qui relève du modernisation. Par ailleurs, avec Le Sun va changer sa fameuse page 3 qui égaye Wade, entend remplacer la photo osée par des service public, car il exige un in- 28,5 % d’audience, Radio France les mornes matinées des mâles britanniques. Le « news ». La haute direction du groupe, les publici- vestissement dont la rentabilité est le premier groupe français de et MacManus magnat des médias Rupert Murdoch envisage de taires et la nouvelle jeune épouse de Rupert Mur- ne pourrait pas être assurée par radio. Mais il y a aussi des diffi- supprimer la photo de la pin-up dévêtue publiée doch, Wendy Deng, soutiennent sa croisade. Mais une entreprise privée. cultés qui sont le résultat de cer- LES GROUPES américains de pu- quatre jours par semaine par le plus gros tirage de la vieille garde rédactionnelle, en particulier le La deuxième question porte sur taines raideurs. Aujourd’hui, blicité et de marketing Leo Group et la presse britannique (3,7 millions d’exemplaires). puissant service photo, résiste. l’utilité de notre présence sur le l’heure est à la concertation sur MacManus Group ont annoncé leur La tradition de cette photo de la créature dans créneau des jeunes. Je constate tout ce qui coince. En ce qui fusion. La nouvelle entité, dont la une tenue que la morale victorienne aurait réprou- « VULGAIRE ET RINGARDE » que les radios publiques euro- concerne les interprètes, nous ré- dénomination sociale provisoire se- vée date de 1970, soit un an après le rachat du ta- La bataille que se livrent les tabloïds a pris une péennes ont toutes une offre de tablirons le niveau perdu depuis ra BDM, devrait se situer au qua- bloïd par Rupert Murdoch. Un soir, à l’heure du tournure nouvelle depuis un an. Le lancement réus- ce genre. Mais cela suppose qu’on dix-huit mois. Les responsables trième rang des agences de publici- bouclage, la copie destinée à la page 3 s’était éga- si par le Mirror d’un supplément féminin incorporé s’entende sur la tranche d’âge à des différentes stations doivent té dans le monde, avec un chiffre rée. Pressé, le responsable de l’édition avait alors gratuitement dans l’édition du mardi, le succès du laquelle nous nous adressons : si choisir la ligne éditoriale de la fic- d’affaires annuel de 1,7 milliard de publié une photo qui traînait dans un placard. En- Daily Mail auprès des femmes d’âge mûr et la c’est les 15-25 ans, il faudra pré- tion de manière à rétablir dollars (1,6 milliard d’euros). Elle trée ce jour-là dans l’histoire, Stéphanie Rahn concurrence des nouveaux magazines masculins voir une diffusion dans les 10 000 heures de service par an emploiera 16 000 salariés répartis n’avait d’autre mérite que d’avoir les seins nus. comme Loaded ou FHM ont placé le Sun sur la dé- grandes villes, et accélérer la réo- (temps de travail pour les comé- sur 500 sites dans 90 pays. Shocking mais efficace : les ventes, le lendemain, fensive. « La fille du Sun fait vulgaire et ringarde. Les rientation de l’actuel Mouv’. diens). Les comédiens ne doivent Le groupe de publicité japonais s’étaient envolées. Depuis, la page 3, rehaussée de hommes d’aujourd’hui préfèrent la femme épanouie, pas être des laissés-pour-compte. Dentsu, leader mondial, devrait légendes corsées, est devenue une institution. Le à l’érotisme plus sophistiqué. Quant aux lectrices po- Votre budget est inférieur à prendre une participation de l’ordre gadget qui fait tourner les presses de News Inter- tentielles, elles veulent s’identifier à la femme profes- 2 ce que vous espériez. Quelles Propos recueillis par de 20 % dans BDM et devenir le national a même fait des adeptes puisque, en 1979, sionnelle, performante, libérée, et non pas à une pe- conséquences cela aura-t-il ? Françoise Chirot principal actionnaire de la nouvelle le Daily Star et le Daily Sport ont copié (en plus épi- tite idiote », affirme un expert de la presse écrite société. La fusion devrait être effec- cé) la formule. Au fil des ans, la fille déshabillée a ré- londonienne. tive début 2000. BDM pourrait en- sisté aux attaques des ligues féministes et des dé- A la suite d’un séminaire de l’état-major du Sun, suite être introduite en Bours fenseurs des bonnes mœurs. Sans parler de tenu en grand secret récemment à Dublin, Rupert l’hostilité ouverte d’Anna Murdoch, l’ex-femme du Murdoch aurait opté pour une position médiane : DÉPÊCHES tycoon, chrétienne convaincue, et de leur fille Eliza- des filles plus classe et moins racoleuses. Avec tou- a SONDAGES : le groupe d’étu- beth. tefois une concession aux vieux lecteurs, elles au- des de marché et de sondages Aujourd’hui, le topless semble avoir perdu son at- ront les seins nus... un jour sur deux. IFOP a acquis le cinquième institut tractivité commerciale, à voir l’érosion de la diffu- d’études de marché du Canada, sion du grand quotidien populaire. Pour tenter Marc Roche CMR (Canada Market Research). Implanté à Toronto, CMR couvre tous les secteurs des études de mar- ché, réalise un chiffre d’affaires de La publicité se régale des turpitudes de la vie parisienne 50 millions de francs et emploie 40 personnes. UNE RUE PARISIENNE. Au vo- quer de ses propres lecteurs, «en une campagne démarrée le 14 oc- a PRESSE : le groupe Hachette lant d’une voiture de sport rouge, utilisant ces moments de la vie quo- tobre, qui se nourrit du même Filipacchi Médias (HFM) a acquis un jeune cadre fait une queue de tidienne où les gens dérapent », est thème. Là encore pour « accroître l’intégralité du capital du magazine poisson à un autre véhicule avant un pari risqué. Mais c’est, selon la présence à l’esprit (...) et faire du George, dont il détenait 50 % au cô- de s’immobiliser devant un feu tri- l’agence Hémisphère Droit (Havas champignon un produit d’au- té de son fondateur et rédacteur en colore. Coincé derrière une voi- Advertising), la seule façon pour le jourd’hui », selon l’agence chef, John F. Kennedy Jr, tué le ture-école qui n’arrive pas à dé- journal d’« accélérer son dévelop- McCann-Erickson, les Parisiens 16 juillet dans un accident d’avion. marrer quand le feu passe au vert, pement auprès des jeunes âgés de sont sous le feu des invectives pro- HFM, premier éditeur mondial de il klaxonne, pressé. Quand l’ap- quinze à trente-quatre ans », qui re- vinciales dans cinq spots réalisés à presse magazine, est parvenu à un prenti conducteur libère enfin la présentent 19,4 % de la population la façon de micros-trottoirs : «Y’en accord avec les héritiers Kennedy et voie, c’est alors lui qui cale et se re- et donc de son lectorat potentiel, a qui disent Parisiens, têtes de Random Ventures Magazine, la so- trouve sous le feu des Klaxon. Plus en Ile-de-France. Ces spots sont veaux », lance, l’air mauvais, un ciété de JFK Jr, à laquelle il était lié énervé que jamais, le dynamique faits pour faire rire. «On gars accoudé au comptoir d’un bis- par un contrat expirant à la fin de trentenaire se retourne, excédé, et commence à lire un journal quand trot, relayé sur le même ton par un l’année. lance un tonitruant «Oh! ta on entre dans la vie professionnelle, père : « Marier un Parisien à ma a TELEVISION : News Corp négo- gueule, hein ! », avant d’en venir c’est à ce moment-là que l’on fait un fille, jamais ! » Deux marins cie la reprise de 25 % de Premiere aux mains. Cette « tranche de vie à choix de titre, explique Alix Imbert, lâchent du bout des lèvres : «Les World, bouquet numérique contrô- Paris », jouée par un Monsieur- directrice du marketing du Pari- Parisiens, moi je les préfère quand lé par le groupe Kirch. « Nous pen- tout-le-monde plus vrai que na- sien. Et on change relativement peu ils sont repartis. » Les publicitaires sons que c’est un investissement signi- ture est l’un des quatre spots pu- de journal dans sa vie. » ont trouvé une chute idéale : le ficatif qui pourra se révéler favorable blicitaires utilisés par le journal Le « seul parisien qu’ils adorent, c’est le pour BSkyB », a annoncé, mercredi Parisien, depuis le 27 octobre au ci- UN DISCOURS DÉCALÉ champignon de Paris ». 3 novembre, Rupert Murdoch. Se- néma. Dans cette saga, il y a le Pa- Avec ce ton anticonformiste, les Mieux vaut être un journal ou lon lui, cet investissement pourrait risien conducteur, mais aussi le Pa- publicitaires pensent pouvoir bou- un champignon, tout plutôt qu’un être « supérieur à un milliard de dol- risien à la plage (qui secoue sa ter hors des esprits l’image vieil- « Parigot ». Les publicitaires ont lars ». serviette en envoyant le sable sur lote de journal de comptoir. « Ceux décidé de jouer avec une haine an- a Les programmes de la chaîne le sandwich de sa voisine), le Pari- qui nous lisent nous apprécient, cestrale en stigmatisant le Parisien d’informations financières sien qui remarque un déchet (mais mais les autres nous renvoient une dans ce qu’il a de plus idiot. Certes, Bloomberg Television seront bien- laisse allégrement son chien défé- image dure, de journal trop popu- il y a l’humour, le second degré, un tôt présents sur le bouquet de la quer sur le même trottoir) ou en- laire et ancien », confirme Mme Im- discours décalé, mais surtout ces plate-forme de télévision numé- core un couple de Parisiens qui bert, qui se réfère à des études disgracieux signes des temps, faits rique espagnole Canal Satellite Di- passent devant une vieille dame d’images réalisées en 1994 et 1997. de stress et d’individualisme exces- gital. L’accord comprend aussi le pour déverser des produits sur le Pour un nombre croissant de pu- sif, maintenant digérés et promus lancement d’un nouveau canal thé- tapis de caisse d’une supérette, en blicitaires, les turpitudes de la vie à par la pub. Pas sûr qu’il faille s’en matique, Bloomberg Interactiva, faisant mine de s’excuser. Moralité Paris sont porteuses de modernité. réjouir. qui offrira des informations écono- publicitaire : « Le Parisien, il vaut La Collective des champignons de miques à la carte. mieux l’avoir en journal. » Se mo- Paris a précédé Le Parisien avec Florence Amalou LeMonde Job: WMQ0511--0024-0 WAS LMQ0511-24 Op.: XX Rev.: 04-11-99 T.: 10:44 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 20Fap: 100 No: 0441 Lcp: 700 CMYK

24 / LE MONDE / VENDREDI 5 NOVEMBRE 1999 FINANCES ET MARCHÉS

EUROPE

ÉCONOMIE

TABLEAU DE BORD FRANCFORT DAX 30 LONDRES FT 100 PARIS CAC 40

SSTQDIW TPVI RWIIDSQ

SSTQ RWIU

AFFAIRES France Telecom par le tribunal de TQVI Une hausse des taux gouvernement doit s’employer à

SRSH RUVQ

commerce de Nanterre, a-t-on TPUV consolider le redémarrage écono-

SQQV RTRV

appris mercredi. Cegetel a décidé TIUT de la BCE coûterait mique et éliminer le différentiel de

INDUSTRIE de faire appel. croissance entre le pays et le reste SPPS RSIR

b SHELL-BASF : le groupe THUR de l’Europe.

SIIQ RQUW

SWUI 1,5 milliard de marks

pétrolier et le chimiste allemand b VIA GTI : SNCF Participations,

SHHH RPRS

ont annoncé, mercredi qui a acquis 2 % du capital de la [[[SVTW [[[ [[[à l’Allemagne a AUTRICHE : le taux de chô-

IH eF PI ƒF R xF IH eF PI ƒF R xF 3 novembre, qu’ils examinaient un société de transports urbains, a IH eF PI ƒF R xF mage s’est établi en octobre à rapprochement de toutes leurs déposé un projet de garantie de UNE HAUSSE du taux directeur de 4,1 %, une baisse de O,1 % sur sep- Indices cours Var. % Var. %

activités dans le polyéthylène et le cours sur les titres de Via GTI, au Europe 09 h 50 f se´lection 04/11 03/11 31/12 la Banque centrale européenne tembre, en données corrigées des

± HDHI IVDQS polypropylène. Leur alliance prix de 112,8 euros par action et EUROPE i ‚y ƒ„yˆˆ SH QWSSDSS (BCE), jeudi 4 novembre, pourrait variations saisonnières, a annoncé

± QWPRDUU HDIS IVDPI donnerait naissance à un groupe 120,7 euros par obligation EUROPE ƒ„yˆˆ SH coûter 1,5 milliard de mark mercredi le ministère du travail. Le

QQTDUI HDHI IPDVS de 6 milliards de dollars convertible, a indiqué mercredi le EUROPE i ‚y ƒ„yˆˆ QPR (770 millions d’euros) à l’Etat fédé- nombre de demandeurs d’emploi

± HDHR IRDSS (5,6 milliards d’euros), au premier conseil des marchés financiers. EUROPE ƒ„yˆˆ TSQ QIWDVP ral en l’an 2000, a estimé mercredi est tombé à 194 213.

± RWIIDSQ HDIQ PRDSU rang mondial dans le PARIS geg RH le ministre des finances allemand,

HDHH FFFF FFFF polypropylène et au quatrième PARIS wshgeg Hans Eichel. La plupart des obser- a HONGRIE : la production in-

± QQRSDHI HDHW PSDWQ dans le polyéthylène. FINANCES PARIS ƒfp IPH vateurs s’attendaient jeudi que la dustrielle a augmenté de 2,1 % en

HDHH FFFF FFFF b CGU : l’assureur britannique a PARIS ƒfp PSH BCE relève de 25 à 50 points de septembre comparé à août et de

 HDHH FFFF FFFF

b CARTEL DES VITAMINES : les annoncé, jeudi 4 novembre, une PARIS ƒigyxh we‚gri base son taux directeur qui est de 10,7 % sur un an, a annoncé mer-

SUWDQV HDHR UDTP

groupes Roche, Hoechst, BASF, offre amicale de 524 millions AMSTERDAM eiˆ 2,5 % depuis le 8 avril. Il s’agirait de credi le Bureau central des statis-

± QISQDWQ HDQR IHDPT

Rhône-Poulenc, Takeda, Eisai et d’euros sur l’assureur irlandais BRUXELLES fiv PH la première hausse des taux déci- tiques à Budapest. Pour les neuf

SSTQDIW HDHR IIDIP

Daiichi, poursuivis aux Etats-Unis Hibernian. CGU détient déjà 29 % FRANCFORT heˆ QH dée par la BCE depuis le lancement premiers mois de l’année, la pro-

TPVIDHH FFFF TDUU

pour entente illicite sur les prix du capital de la firme irlandaise. LONDRES p„ƒi IHH de l’euro le 1er janvier. duction industrielle a progressé de

± HDHH HDPS FFFF

des vitamines, ont signé un accord Son offre, toutefois, est MADRID ƒ„ygu iˆgrexqi a Les perspectives de croissance 8,5 % par rapport à la même

± QPWTWDHH HDRW TDPI

de dédommagement à l’amiable conditionnée à l’engagement de MILAN wsf„iv QH économique en Allemagne sont période de 1998.

UPVQDPH HDPS IDUI de 1,05 milliard de dollars Munich Re et Bank of Ireland ZURICH ƒ€s relativement favorables à court (1 milliard d’euros). La commission Asset Management Ltd d’apporter terme, avec une croissance du pro- a JAPON : la consommation des européenne poursuit, de son côté, leurs titres, ce qui lui assurerait AME´ RIQUES duit intérieur brut de 1,4 % cette ménages a reculé de 2,9 % en sep- une enquête sur ce cartel. 53 % du capital. année et de 2,5 % en 2000, estime tembre par rapport au même mois NEW YORK Dow Jones NEW YORK Nasdaq ¤URO / DOLLAR le rapport du Fonds monétaire in- de 1998, après avoir progressé lé-

b GAZPROM : le directeur b JP MORGAN : la banque ternational publié mercredi par la gèrement de 0,1 % le mois pré-

IHTHWDE QHPVDSI

général adjoint du groupe gazier américaine vient de conclure un IDHR Bundesbank. Cette éclaircie est cédent, a annoncé jeudi l’agence

IIQPT QHPV russe, Sergueï Doubinine, a accord prévoyant le versement de IDHW due à la nette amélioration de l’en- gouvernementale de gestion et de

IIHTR PWPH annoncé, mercredi, une nouvelle 2,75 millions de dollars IDHV vironnement économique mon- coordination.

vente d’actions du groupe aux (2,6 millions d’euros), mettant fin dial, ainsi qu’aux « récentes avan- a L’indicateur avancé de la IHVHQ PVIQ

investisseurs étrangers. De 3,7 % à aux actions judiciaires la IDHU cées des autorités publiques » conjoncture, censé préfigurer

IHSRP PUHS

4,8 % du capital pourraient être concernant au sujet de la IDHT allemandes en matière de politique l’évolution de l’économie japo-

IHPVH PSWU

proposés dans les prochains mois spoliation d’avoirs juifs en France, IDHS fiscale, juge le conseil de l’institu- naise dans les six mois à venir, s’est

IHHIW PRWH

aux étrangers. Les investisseurs ont annoncé mercredi 3 novembre IDHR tion. établi à 62,5 points en septembre,

[[[ [[[ [[[

IH eF PI ƒF Q xF IH eF PI ƒF Q xF détiennent aujourd’hui 10,8 % du les avocats new-yorkais à l’origine IH eF PI ƒF R xF contre 90 points en août, a annon- capital, aux côtés de l’Etat russe de ces plaintes. a FRANCE : les promoteurs im- cé jeudi l’Agence de planification Indices cours Var. % Var. % qui en possède 38,4 % Ame´rique 09 h 50 f se´lection 03/11 veille 31/12 mobiliers, interrogés en octobre économique. Malgré cette chute,

b CHAMPALIMAUD : la ´ dans le cadre d’une enquête tri- l’indicateur demeure nettement ETATS-UNIS hy‡ tyxiƒ IHTHWDHT HDPT ISDSS

bGEC : les actionnaires du Commission européenne a ´ mestrielle de l’INSEE, constatent au-dessus des 50 points qui sépare ETATS-UNIS ƒ8€ SHH IQSRDWQ HDSQ IHDPQ

groupe britannique annoncé, mercerdi, sa décision de ´ une retombée de la demande de phase de croissance et de réces- ETATS-UNIS xeƒhe gyw€yƒs„i QHPVDSI IDSU QVDIP

d’électronique ont approuvé, saisir la Cour européenne de logements neufs à acheter au troi- sion. TORONTO „ƒi sxhiˆ UPQQDUR HDPT IIDSQ

mercredi, le changement de nom justice dans le dossier des groupes sième trimestre 1999. Cette évolu- SAO PAULO fy†iƒ€e IPQRUDHH RDWU VP

de leur société, appelée désormais financiers espagnol BSCH et tion s’explique par l’arrêt de la me- a ETATS-UNIS : l’indice compo- MEXICO fyvƒe QPSDRP SDRQ QWDWV

Marconi. portugais Champalimaud pour sure Périssol fin août, rappelle site des principaux indicateurs BUENOS AIRES wi‚†ev STSDTH PDPV QIDSP

non-respect par le Portugal de sa l’INSEE. économiques a baissé de 0,1 % en SANTIAGO s€ƒe qixi‚ev IPVDQS HDST TTDTW

SVIRDHI HDVR PIDRI b SAINT-GOBAIN : le personnel décision du 20 juillet de suspendre CARACAS ge€s„ev qixi‚ev septembre comparativement à de production de la verrerie de le veto portugais à cette a ESPAGNE : le produit intérieur août, a annoncé mercredi le Confe- Saint-Romain-Le-Puy est en grève opération. brut a progressé de 3,7 % au troi- rence Board, institut privé de depuis mardi soir. Les 230 salariés ASIE - PACIFIQUE sième trimestre 1999 par rapport conjoncture. Cet indice, censé pré- ont arrêté le travail pour protester b ODDO-PINATTON : les deux au même trimestre 1998, a annoncé figurer l’évolution de la conjonc- contre les « méthodes sociétés de Bourse françaises TOKYO Nikkei HONGKONG Hang Seng ¤URO / YEN mercredi la Banque d’Espagne. En ture dans les six à neuf prochains

d’encadrement musclées de la ont annoncé, mercredi, la soulignant que l’économie espa- mois, avait été inchangé en août. IVQRVDIQ IHWDWV

direction ». signature d’un accord préliminaire IQTSIDSI gnole avait « légèrement accentué a Les commandes industrielles IVQRV IPQ

en vue d’un rapprochement. La IQVTH son rythme de croissance » au cours aux Etats-Unis ont régressé de

IVHRP IPH

nouvelle entité représenterait une IQSIQ du troisième trimestre. 0,9 % au mois de septembre, a an-

IUUQU IIU

SERVICES équipe de 500 collaborateurs avec IQITT a Le taux de chômage en Es- noncé le Département américain

IURQI IIQ

bPACKARD BELL : la société de un produit net bancaire de IPVIW pagne s’est établi en octobre à du commerce mercredi. Elles

IUIPT IIH micro-ordinateurs, détenue 1,1 milliard de francs pour IPRUP 9,75 % de la population active avaient progressé de 1,3 % en août.

conjointement par le japonais 50 milliards d’actifs gérés. contre 9,62 % en septembre, a an- ITVPI IHU

NEC et le français Bull, a décidé de [[[IPIPS [[[ [[[noncé mercredi le ministère du tra- a MERCOSUR : le ministre brési-

IH eF PI ƒF R xF IH eF PI ƒF R xF

se retirer du marché grand public WeF PIƒF RxF vail. lien des finances, Pedro Malan, américain avant mars 2000. Cette RÉSULTATS Indices cours Var. % Var. % s’est déclaré sceptique mercredi Zone Asie 09 h 50 f se´lection 04/11 03/11 31/12

décision se traduirait par la a SIEMENS : le groupe d’électro- a ITALIE : l’économie montre quant à une « dollarisation » de

IVQRVDIQ IDWV QPDSS

fermeture de la plupart des unités technique a annoncé, mercredi, TOKYO xsuuis PPS des « signes de reprise » et la l’économie argentine. «Je ne

IQTSIDSI PDWU QSDVT

américaines et le licenciement de une hausse de 37 % de son béné- HONGKONG rexq ƒixq croissance du PIB devrait passer connais pas d’expérience de dollari-

HDHH FFFF SIDSP

80 % du personnel. fice net à 1,86 milliard d’euros SINGAPOUR ƒ„‚es„ƒ „swiƒ d’un peu plus de 1 % en 1999 à un sation totale dans les grands pays. Ce

´

IHWDWU PDVP TWDQR

(12,2 milliards de francs) pour son SEOUL gyw€yƒs„i sxhiˆ peu plus de 2 % en 2000, a estimé n’est pas une solution pour le Brésil

SYDNEY evv y‚hsxe‚siƒ PWQSDSH HDQP RDQR

b CEGETEL : l’opérateur de exercice clos le 30 septembre 1999. mercredi la Banque d’Italie. Toute- ni pour l’Argentine », a t-il déclaré.

BANGKOK ƒi„ PWDHU QDQH IQDPH

téléphone, filiale de Vivendi, a été Le groupe, en plein recentrage, fois, du côté de l’industrie, la re- « En revanche, j’entrevois à l’avenir

BOMBAY ƒixƒs„s†i sxhiˆ RRWTDSU HDWI RUDIU

condamné pour « publicité prévoit de poursuivre son pro- prise semble encore « ténue », sou- que nous puissions avancer vers une

± WELLINGTON xƒiERH PHUUDVV HDRP HDTI comparative illicite » à l’encontre gramme de cessions cette année. ligne la banque centrale pour qui le monnaie unique », a-t-il ajouté.

VALEUR DU JOUR SUR LES MARCHÉS Taux de change fixe zone ¤uro Hors zone ¤uro

¤uro contre f Taux contre franc f Taux ¤uro contre f 03/11

¤ HDISPRS UDRQQV FRANC...... TDSSWSU URO ...... COURONNE DANOISE.

QDQSQVS VDPSTH

Action Thomson Multimédia PARIS NEW YORK DEUTSCHEMARK ...... IDWSSVQ DEUTSCHEMARK ...... COUR. NORVE´GIENNE QDQVUUR VDTTPS

Thomson Multimédia LIRE ITALIENNE (1000). IDWQTPU LIRE ITAL. (1000) ...... COUR. SUE´DOISE ...... QDWRPQV QTDUQH PESETA ESPAG. (100).... IDTTQVT PESETA ESPAG. (100) .... COURONNE TCHE`QUE

en euros à Paris LA BOURSE de Paris a ouvert en L’INDICE COMPOSITE de la

QDPUIWH IDTPVR

baisse jeudi 4 novembre. L’indice Bourse électronique Nasdaq a ESCUDO PORT. (100).... PDHHRVP ESCUDO PORT. (100).... DOLLAR AUSTRALIEN .

RDUTUHQ IDSRIH

prend sa revanche 29,50 SCHILLING AUTR. (10).. IDQUTHQ SCHILLING AUTR. (10).. DOLLAR CANADIEN ....

VDQPVWR PDHRTR

29,02 CAC 40 reculait de 0,10 % à 4 912,69 clôturé mercredi au-dessus des PUNT IRLANDAISE...... HDUVUST PUNT IRLANDAISE...... DOLLAR NE´O-ZE´LAND

PDWUTTH QPVDVH ´ PDPHQUI ´

AVEC UNE PROGRESSION de 29,00 points quelques minutes après le 3 000 points pour la première fois FLORIN NEERLANDAIS FLORIN NEERLANDAIS DRACHME GRECQUE ..

IDTPTHU PSSDTT FRANC BELGE (10) ...... RDHQQWW FRANC BELGE (10) ...... FLORINT HONGROIS ..

début des cotations. Mercredi 3 no- de son histoire, à 3 028,55 points, IDIHQPR RDRRSI 35 % pour son premier jour de cota- SDWRSUQ 28,50 MARKKA FINLAND...... MARKKA FINLAND...... ZLOTY POLONAIS...... tion, mercredi 3 novembre, Thom- vembre, l’indice CAC 40 avait battu affichant un record pour la qua- un nouveau record. Il avait terminé trième séance consécutive grâce son Multimedia (TMM) peut se féli- 28,00 Cours de change croise´s citer d’avoir réussi sa mise en 27,50 la journée à 4 917,84 points, soit à une hausse de 1,57 %. L’indice Bourse. Introduite au prix de une hausse de 0,39 %. Dow Jones a, quant à lui, pro- Cours Cours Cours Cours Cours Cours 04/11 09 h 50 f DOLLAR YEN(100) ¤URO FRANC LIVRE FR. S.

21,5 euros, l’action du spécialiste de 27,00 gressé de 0,25 % à DOLLAR ...... FFFF HDWSRIS IDHRWVS HDITHHV IDTRTQH HDTSPVU

l’électronique grand public a clôturé 10 609,06 points.

26,50 FRANCFORT YEN ...... IHRDVHSHH FFFF IHWDWVHHH ITDUTSHH IUPDSHHHH TVDQSSHH à 29,02 euros. Le cours a dépassé les ¤URO...... HDWSPSP HDWHWPT FFFF HDISPRS IDSTVHS HDTPIUS

26,00

projections des analystes, qui pré- LA BOURSE ALLEMANDE pro- FRANC...... TDPRTWH SDWTSHS TDSSWSU FFFF IHDPVWSS RDHUUUS TAUX LIVRE...... HDTHURP HDSUWUS HDTQUUS HDHWUPH FFFF HDQWTQS

voyaient 28 euros à six mois. Sur la 25,50 gressait en début de séance jeudi 4 FRANC SUISSE ...... IDSQIUH IDRTQHH IDTHWHH HDPRSIS PDSPQHH FFFF journée, il s’est échangé 6 391 488 novembre. L’indice DAX grimpait LE RENDEMENT des obligations actions (soit 5,14 % du capital). Les 25,00 de 0,36 % à 5 580,66 points. Mer- d’Etat en Europe était quasiment investisseurs qui n’avaient réussi à 24,50 PRIX D'INTRODUCTION 21,5 credi, la Bourse de Francfort avait stable en début de matinée jeudi Taux d’inte´reˆt(%) Matif obtenir suffisamment de titres lors terminé en légère hausse de 0,25 %, 4 novembre dans l’attente de la 9H 11H 13H 15H 17H Taux Taux Taux Taux Volume dernier premier de la période d’offre se sont précipi- l’indice DAX des trente valeurs ve- décision du conseil des gouver- Taux 03/11 f j. j. 3 mois 10 ans 30ans Cours 09 h 50 f 04/11 prix prix

séance du 3 novembre 1999 dettes s’établissant à neurs de la Banque centrale eu- Notionnel 5,5 PDVI SDPR SDVH

tés sur le marché. La demande ini- FRANCE ...... PDVU

VU VUDHR

DE´CEMBRE 99. SQT QDPI SDIP SDUP

tiale des particuliers était près de six 5 560,87 points. ropéenne. Celui de l’obligation ALLEMAGNE .. PDVS

Euribor 3 mois SDRQ SDQH RDQQ

fois supérieure à l’offre de titres, et intensive pour réimplanter la assimilable du Trésor français GDE-BRETAG. RDUS

FFFF FFFF FFFF QDIT SDQT SDWI ITALIE...... PDVS NOVEMBRE 99

HDHR IDUS PDSV celle des institutionnels plus de marque dans le domaine de l’élec- émise à 10 ans s’inscrivait à JAPON...... HDHS

SDIP SDWW TDIP

35 fois. Le prix fixé initialement tronique grand public. Bien posi- LONDRES 5,22 % et celui du bund allemand E´TATS-UNIS... SDPP

PDHV QDRH RDRR

n’était cependant pas le plus géné- tionné sur le segment de la télévi- L’INDICE FOOTSIE des cent prin- émis à même échéance à 5,12 %. SUISSE...... HDUS Pe´trole QDIT SDPT SDVS PAYS-BAS...... PDVH reux puisque l’Etat avait retenu sion et du DVD et présent depuis cipales valeurs était en hausse Mercredi, aux Etats-Unis, le ren- En dollars Cours Var. % comme cours d’introduction le plus peu sur le marché de la téléphonie quelques minutes après le début dement moyen de l’émission à f 03/11 veille

30 ans, qui évolue en sens inverse Matie`res premie`res FFFF haut niveau des estimations, entre personnelle, TMM s’est forgé une des cotations jeudi 4 novembre BRENT (LONDRES) ...... PPDSU

HDRH

au prix, avait reculé à 6,131 % WTI (NEW YORK) ...... PPDTS

18 et 21,5 euros. De nombreux ana- image de société internationale progressant de 0,11 % à 6 287,90 Cours Var. % HDPP LIGHT SWEET CRUDE .... PPDSW lystes considèrent que la réussite de avec 58 % de ses ventes réalisées points. Mercredi, la Bourse de contre 6,140 % la veille au soir. En dollars f 03/11 veille

cette opération devrait inciter l’Etat, aux Etats-Unis, où il est leader du Londres avait également terminé ME´TAUX (LONDRES) $/TONNE

± HDPS

dont la part dans TMM est passée secteur avec sa marque RCA et 33 % en hausse, l’indice Footsie clôtu- CUIVRE 3 MOIS...... IUUVDS Or

±

HDQH

de 67,8 % à 51,7 %, à proposer ra- de son activité en Europe. rant à 6 280,8 points, soit un gain CHANGES ALUMINIUM 3 MOIS ...... ISIUDS

± HDTH

PLOMB 3 MOIS ...... RWR Cours Var %

± HDSW

pidement une nouvelle tranche du Valorisée aujourd’hui à près de de 0,46 %. LE DOLLAR s’affichait en légère ETAIN 3 MOIS ...... SWIS En ¤uros f 03/11 02/11

± HDIQ

capital. 23,6 milliards de francs (en tenant baisse face au yen jeudi en début ZINC 3 MOIS...... IISWDS

FFFF

OR FIN KILO BARRE ...... VWHH

± HDQU

NICKEL 3 MOIS ...... VHRH

±

HDII

Ce succès vient récompenser les compte de l’augmentation de capi- de matinée, un rebond de la ME´TAUX (NEW YORK) $/ONCE OR FIN LINGOT...... VWRH

FFFF

nombreux efforts réalisés par le tal), Thomson Multimédia prend TOKYO Bourse de Tokyo incitant les in- ONCE D’OR (LO) $ ...... QHU

HDRV

ARGENT A TERME ...... SDPS

± IDUS

PIE`CE FRANCE 20 F...... SHDRH

± HDIR

PLATINE A TERME ...... SVQTSDIV groupe. Depuis l’arrivée de Thierry aujourd’hui sa revanche. Lors de la vestisseurs à acheter de la devise C HDSW LA BOURSE de Tokyo a terminé en PIE`CE SUISSE 20 F...... SHDVH

GRAINES DENRE´ES $/BOISSEAU ± HDWV

Breton à la tête de la société en première tentative de privatisation, hausse de 1,98 % jeudi 4 novembre nippone au lieu du dollar. Le bil- PIE`CE UNION LAT. 20 F . SHDSH

HDRV ´ PTHDS FFFF ` PPSDPS

mars 1997, TMM s’est nettement re- en 1996, le premier ministre, Alain bénéficiant de la hausse de Wall let vert s’établissait à 104,74 yens BLE (CHICAGO)...... PIECE 10 DOLLARS US ...

C PHIDS FFFF QDPP MAI¨S (CHICAGO)...... PIE`CE 20 DOLLARS US ... RIH

ISIDP HDRH ± RDHP dressé, au prix d’importantes res- Juppé, avait déclaré que l’entreprise Street mercredi. L’indice Nikkei a contre 104,85 yens en fin de jour- SOJA TOURTEAU (CHG.). PIE`CE 50 PESOS MEX...... QIS

tructurations sur le plan industriel valait « un franc symbolique après clôturé à 18 348,13 points. Il a fran- née mercredi à New York. L’euro SOFTS $/TONNE

IDUW

(délocalisation des usines de pro- recapitalisation ». chi ainsi le seuil psychologique des s’échangeait à 1,0514 dollar CACAO (NEW YORK)...... VSS

QDHS CAFE´ (LONDRES) ...... IPSH Cotations, graphiques et indices en temps

duction, réduction des stocks...) et 18 OOO points pour la première contre 1,0484 dollar mercredi soir FFFF SUCRE BLANC (PARIS) ... IVI re´elsurlesiteWebdu«Monde». d’une politique de communication Cécile Prudhomme fois depuis le 12 octobre. à New York. www.lemonde.fr/bourse LeMonde Job: WMQ0511--0026-0 WAS LMQ0511-26 Op.: XX Rev.: 04-11-99 T.: 10:37 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 20Fap: 100 No: 0443 Lcp: 700 CMYK

26 / LE MONDE / VENDREDI 5 NOVEMBRE 1999 FINANCES ET MARCHÉS

STOXX 653 sur un an sur 5 jours EURO STOXX 50 sur un an sur 5 jours

QWSSDSS

VALEURS EUROPE´ENNES QIWDVP

QPT QWUI

QUTI

QII QIWDVU

b les valeurs bancaires italiennes traZeneca a progressé de QIWDVP QWSSDWS QWSSDSS

QSSH étaient en pleine effervescence, 49 pence, à 2 756 pence, et PWU

QIUDVW

QQRH mercredi 3 novembre La banque SmithKline Beecham de PVP QIUDHU

QWPQDIR

Unicredito Italiano a progressé 30,5 pence, à 798 pence. QWPPDWI QIPDIS QIPW

de 2,95 %, à 4,6 euros, poussée b Le titre du groupe énergétique PTV QVTSDIU

PWIV

par la perspective d’une alliance belge Tractebel, en cours de rap- PSQ [[[[[[[[ [[[[[[[[

t†wwt T xy†F IH wes R xy†F t†wwt avec l’espagnole BBVA. Generali prochement avec le français W xy†F IH wes R xy†F et INA ont fini en hausse de, res- Suez Lyonnaise des Eaux, a chuté

e e e C ± IDVW FFFF p‚ QSSDP HDVW ps II FFFF ps IHW IDSR pectivement, 0,73 %, à 30,3 eu- de 5,04 %, à 158 euros, après que COURTAULDS TEXT qf BONGRAIN /RM VALMET NOKIA

e e C C ± PHDR HDRW e„ RRDQ HDTV QUSDW HDVS qf SDVH FFFF ros, et 1,11 %, à 2,925 euros, sur le titre eut été sorti de l’indice du DT.LUFTHANSA N hi BRAU-UNION f DJ E STOXX IND GO P NYCOMED AMERSHA

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IWDQW FFFF qf TDQR HDSH xv ITDIQ HDVI

des rumeurs d’entente entre les marché des actions belges. ELECTROLUX -B- ƒi CADBURY SCHWEPP OCE

e C C UDTU HDRI hu QSDSI FFFF s„ IDVS PDPI EMI GROUP qf CARLSBERG -B- OLIVETTI

deux groupes. b L’action Adidas-Salomon a e e C IDPR FFFF hu QRDWR FFFF xv IHIDW IDQW EURO DISNEY /RM p‚ CARLSBERG AS -A ASSURANCES KON. PHILIPS

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RDP HDUI hu WQDRW HDUI qf QDRI HDRT FINNAIR ps CHR. HANSEN HLD e ROLLS ROYCE ± SPDU HDWR b La fusion dans le domaine de enregistré la plus forte hausse de AGF /RM p‚

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G WIMPEY PLC qf CULTOR -1- e SAGE GRP ± WDT HDIH

la pharmacie aux Etats-Unis la séance à Francfort, mercredi. ALLEANZA ASS s„

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entre Warner Lambert et Ameri- Le fabricant d’articles de sport a e e e C

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HDSU FFFF q‚ QUDRI FFFF hi RISDV HDIW can Home Products a relancé pris 5,26 %, à 74 euros. De juillet HPI s„ DELTA DAIRY SAP VZ PUDQR FFFF ASPIS PRONIA GE q‚

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PUDQ HDSS qf WDRV HDVP qf IQDQQ PDHS HUNTER DOUGLAS xv DIAGEO e SEMA GROUP ± IQTDU HDQT

l’intérêt des investisseurs pour le à septembre 1999, son bénéfice AXA /RM p‚

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secteur à la Bourse de Londres. imposable a atteint le niveau re- e C

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Mercredi, Glaxo Wellcome a ga- cord de 216 millions d’euros, soit C ±

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f DJ E STOXX AUTO P e NOVO NORDISK B hu C

RPDSQ IDHP

CGIP /RM p‚ e gr ISQHDIR FFFF

± e„ IQUDI IDHS STRDUV FFFF

e ABB PARTI SWISS LIFE REG gr OESTERR ELEKTR

PPDT FFFF

e ORION A ps

±

IURDU HDPQ

CHRISTIAN DIOR p‚ C gr STTDTS QDTR ±

qf WDQI HDSH IVTDVR FFFF

e ADECCO N TOPDANMARK AS hu POWERGEN

PPDTS FFFF

e ORION B ps

±

IDTP IDVP

CIR s„ e C p‚ PWDIT HDSS C

qf FFFF FFFF SSWDIV HDII

BANQUES e ALSTOM ZURICH ALLIED N gr SCOT POWER

±

SSDU HDSR

e RHONE POUL./RM p‚

±

RQV HDPI

D’IETEREN SA fi

±

C C gr SVWDTT HDII qf IRDPT HDPP HDIT

ALUSUISSE LON G f DJ E STOXX INSU P QRWDVR SEVERN TRENT

C

gr ITSUWDSW HDHP

±

IVDTQ HDQR

ABBEY NATIONAL qf e ROCHE HOLDING

±

RVDHS HDPQ

GAZ ET EAUX /RM p‚ e

C qf RDUH FFFF ISHDS HDQQ

ASSOC BR PORTS SUEZ LYON EAUX/ p‚

C

IIRTHDRU HDQS e gr

C

PPDVU HDQS

xv e ROCHE HOLDING G ABN AMRO HOLDIN C

IUR PDQS

GBL fi

ƒi PTDHQ FFFF PQDHW FFFF

e ATLAS COPCO -A- SYDKRAFT -A- ƒi

p‚ ITQDV FFFF

±

IQDSV PDUH

ALL & LEICS qf SANOFI /RM

±

IIDIQ HDPV

GENL ELECTR CO qf

ƒi PSDTQ FFFF IVDQH FFFF

e ATLAS COPCO -B- MEDIAS SYDKRAFT -C- ƒi C

hi IIR HDRR

IWDPH FFFF

qf e SCHERING AG

ALLIED IRISH BA C

RVDS IDHR

GEVAERT fi

q‚ IUDRU FFFF

± IQDSU PDUI

ATTICA ENTR SA THAMES WATER qf

± qf IHDHV HDWQ

C

IPDUQ IDQV qf BSKYBGROUP

USDIP FFFF

q‚ e SMITHKLINE BEEC

ALPHA CREDIT BA C

PIDQ PDTS

HAGEMEYER NV xv e

C qf UDHR FFFF

ITHDP IDQW

BAA e TRACTEBEL fi

±

p‚ TRDU IDPP

C

HDHI e RITDHV CANAL PLUS /RM

C

PIDRU HDIR

iƒ f DJ E STOXX PHAR P

ARGENTARIA R C

RDTP HDQR

INCHCAPE qf e

qf TDVP FFFF

± IQDWQ HDRQ

BBA GROUP PLC FENOSA iƒ

UDHR FFFF

e CARLTON COMMUNI qf

IWDS FFFF

BPINTOMAYORR €„

IPDHI FFFF

INVESTOR -A- ƒi

C xy ISDPH FFFF

WDSU IDVR

BERGESEN e qf C UNITED UTILITIE

WDT HDQI

e ELSEVIER xv

C

RUDWS PDHP

BANK AUSTRIA AG e„

IPDIV FFFF

INVESTOR -B- ƒi e xy PQDTP FFFF

±

IV HDIU

BONHEUR e VIAG hi C

RTDQS HDWI

EM.TV & MERCHAN hi

FFFF FFFF

BANK OF IRELAND qf ´

IUDSH FFFF

KVAERNER -A- xy ENERGIE e e ±

C fi RUDSP QDVI

UIDP HDQS

CMB VIVENDI/RM p‚

± IPDVH HDUQ

EMAP PLC qf

PSDPH FFFF

q‚ e BANK OF PIRAEUS C

QIQDS IDUW

LVMH / RM p‚

C xy TDSR FFFF qf QUDRP FFFF

HDPS

AKER MARITIME CMG e f DJ E STOXX PO SUP P PVVDWS

PUH FFFF

e HAVAS ADVERTISI p‚

C

QSDU HDHT

BANKINTER R iƒ

IUDVS FFFF

MYTILINEOS HOLD q‚

±

SDQH IDRT qf PDWP FFFF

BG qf COOKSON GROUP P e

RDW FFFF

INDP NEWS AND M s‚

C

PWDIS HDUI

BARCLAYS PLC qf

QUDIP FFFF

NORSK HYDRO xy

±

VDTT IDHV hu WIRUDRI FFFF

BP AMOCO qf DAMPSKIBS -A- e

± QUDR HDIQ

e LAGARDERE SCA N p‚

C

hi TPDS IDIQ

BAYR.HYPO-U.VER C

ISRDPT HDTI

OERLIKON-BUEHRL gr

ITDSS FFFF hu WVPHDHI FFFF

BURMAH CASTROL qf DAMPSKIBS -B- e

WDTV FFFF

e MEDIASET s„

±

SDVS HDSI

BCA FIDEURAM s„

IQDQV FFFF

ORKLA -A- xy

±

 qf PQDII HDTV

A

e @€u˜li™ite PEARSON C

RDHI HDSH

BCA INTESA s„

IQDRR FFFF

ORKLA -B- xy

SDUS FFFF

e REED INTERNATIO qf EURO

QDUW FFFF

MONTE PASCHI SI s„ e

QI FFFF

SONAE SGPS €„

± VDWW HDVU

e REUTERS GROUP qf

C ______

IDPT HDVH

BCA ROMA s„

QDRI FFFF

TOMKINS qf

IHDUV FFFF

e SCHIBSTED xy

±

IPDWS HDHV

BBV R iƒ e

±

SPDSS HDIH

VEBA AG hi

± RDTS HDQR

qf NOUVEAU

e TELEWEST COMM. C

iƒ TRDS HDTP

BCO POPULAR ESP C

HDUW

f DJ E STOXX CONG P PUTDUW

e C

QQP PDIW

e TF1 p‚

IHDIS FFFF

BSCH R iƒ ´

WDSH FFFF

www.lemonde.fr qf e UNITED NEWS & M MARCHE PTDUW FFFF

BCP R €„

e C

UTDS HDWP

e UNITED PAN-EURO xv C RHDS HDUS

BIPOP CARIRE s„ ´ ´

TELECOMMUNICATIONS e C

QHDSV HDIQ

e WOLTERS KLUWER xv Cours % Var. C

VSDV HDQS

BNP /RM p‚ 04/11 09 h 44 f en ¤uros veille

si RDHP FFFF

EIRCOM ± IHDUS PDUH

e WPP GROUP qf ±

IHDP HDWU

BSCH R iƒ

C

qf IUDPW IDIH

C

HDIR

e BRITISH TELECOM f DJ E STOXX MEDIA P QIVDWV C IIIDP HDUP

CCF /RM p‚

± AMSTERDAM II HDPV

CABLE & WIRELES qf

RDTW FFFF

CHRISTIANIA BK xy

e

± hi RSDUS IDPW

C

IVDT

e DEUTSCHE TELEKO AIRSPRAY NV HDSR SDVI FFFF

COMIT s„

± qf QQDVS IDPR

FFFF

ENERGIS BIENS DE CONSOMMATION ANTONOV HDW

UPDWW FFFF

COMM.BANK OF GR q‚

ƒi IPDPR FFFF

FFFF

e EUROPOLITAN HLD e C/TAC TDP C ± xv QHDTT HDIQ

QSDW HDIR

COMMERZBANK hi AHOLD

e

± p‚ WQDVS IDII

±

TDIS

e FRANCE TELECOM CARDIO CONTROL HDVI C qf FFFF FFFF PVDPT HDPI

CREDIT LYONNAIS p‚ ASDA GROUP PLC

q‚ PHDSQ FFFF ± IWDPS

HELLENIC TELE ( CSS HDPT q‚ SUDTV FFFF

IHUDTP FFFF hu VOYAGES

DEN DANSKE BK ATHENS MEDICAL

e

± xv RWDRI HDRV

± T

KONINKLIJKE KPN e HITT NV IDTR

C e„ RS PDHP QDTS FFFF

DEN NORSKE BANK xy AUSTRIA TABAK A

q‚ IPDQP FFFF

FFFF

e PANAFON HELLENI e INNOCONCEPTS NV IWDSS hi TRDS FFFF

TTDT FFFF

DEUTSCHE BANK hi BEIERSDORF AG

e

€„ RRDPS FFFF

±

ITDVS

e PORTUGAL TELECO e NEDGRAPHICS HOLD HDSW ± C p‚ RSDS IDHR IRHDV IDHV

DEXIA CC fi BIC /RM

± gr PVVDTI HDPP

FFFF

SWISSCOM N POLYDOC PDI

e C qf TDRT RDSV

IQP FFFF

DEXIA FCE RM p‚ BRIT AMER TOBAC

C hu SVDUW IDTQ

FFFF

TELE DANMARK -B e PROLION HOLDING WR e C p‚ IIQDT IDSP

FFFF FFFF

DRESDNER BANK hi Réservez et achetez CASINO GP /RM

e

€„ IIUDWW FFFF

± TDQ

TELECEL RING ROSA HDUW C gr IVRPDQV IDTI

RPDUS FFFF

EFG EUROBANK q‚ CFR UNITS -A-

e C

s„ VDIS IDQU

FFFF

TELECOM ITALIA e RING ROSA WT HDSP p‚ STR FFFF

WQDTU FFFF

ERGO BANK q‚ CPT MODERNES /R

e C

s„ RDST HDTT

± IQDT

TELECOM ITALIA e UCC HOLDING NV HDUQ e C fi UQDV IDSI

± SIDQ HDRV

ERSTE BANK e„ DELHAIZE

e ± ITDPV HDIP

TELEFONICA iƒ e C p‚ PWQDR IDIU

IRDSS FFFF

FOERENINGSSB A ƒi vos billets d’avion ESSILOR INTL /R

e

± SDWI HDIU

TIM s„ e

fi SRV FFFF ±

IPDQI IDHI

HALIFAX GROUP qf ETS COLRUYT

C

RDTS IDHP

VODAFONE AIRTOU qf e BRUXELLES C ± hi TWDU HDIR IIDTQ IDQU

HSBC HLDG qf FRESENIUS MED C

± HDPS

f DJ E STOXX TCOM P USHDSQ

IDWR FFFF qf IDUV FFFF SRDRI FFFF IONIAN BK REG.S q‚ FYFFES ENVIPCO HLD CT

PI FFFF ± qf SDUS IDTI VUDRR FFFF JYSKE BANK REG hu GALLAHER GRP FARDEM BELGIUM B

e

PDTW FFFF C fi QWDQ FFFF RSDPH IDVP hu INTERNOC HLD

KAPITAL HOLDING e GIB

C

IHDPT FFFF hu IRIWIDWQ HDWT

CONSTRUCTION CEPSA iƒ DAMSKIBS SVEND

C

IIDS e HDRR

q‚ PWDTU FFFF ± SIDV HDPW

fi INTL BRACHYTHER B

KBC BANCASSURAN e GOODYS

±

p‚ IQTDU IDHW

IDWS FFFF

ELF AQUITAINE / DELTA PLC qf

e C W FFFF C

qf IHDRW HDTH ± iƒ RTDHI HDUQ IQDQH HDRV

qf LINK SOFTWARE B

LLOYDS TSB ACCIONA e IMPERIAL TOBACC

s„ SDQW FFFF

SDVR FFFF

ENI DET SONDENFJ NO xy

e C

e IDPT e HDVH C ps IHDV FFFF ±

iƒ IHDQ HDPW SDSI HDQT

MERITA ps ACESA R KESKO -B- PAYTON PLANAR

qf TDVR FFFF

VDPR FFFF

ENTERPRISE OIL qf

ELECTROCOMPONEN e

UDT FFFF

± p‚ TRSDS HDSR TUDVP FFFF q‚ PQDTH FFFF

NAT BANK GREECE q‚ AKTOR SA L’OREAL /RM SYNERGIA

TDRV FFFF

xy e

VS FFFF F.OLSEN ENERGY hi

e e EQUANT NV e

€„ ISDTS FFFF ± ps ISDQ FFFF URDU IDUI

NATEXIS BQ POP. p‚ ASKO -A- MODELO CONTINEN

PDHW FFFF

qf e IDPP FFFF LASMO p‚

e EUROTUNNEL /RM C qf FFFF FFFF ± iƒ IVDS HDUI

PPDQS HDRW

NATL WESTM BK qf AUMAR R e MORRISON SUPERM

±

WP HDPP

OMV AG e„ e

PTDR FFFF

e FINNLINES ps e C ± p‚ WUR IDRP s„ UDHT IDIS

SDSR FFFF

NORDBANKEN HOLD ƒi AUTOSTRADE PROMODES /RM FRANCFORT

IQDPH FFFF

PETROLEUM GEO-S xy

PDRU FFFF

FKI qf

e e C C C

qf IPDPH HDQW s„ RDHI HDSH

s„ IWDRS HDPT

RECKITT & COLMA C

HDWW

ROLO BANCA 1473 BCA INTESA e 1&1AG&CO.KGAA VP

±

UWDWS HDIP

PRIMAGAZ /RM p‚

PTDHQ FFFF

FLS IND.B hu

C

qf QDQS IDWI ± qf IDTU FFFF qf PIDVS HDVT

BICC PLC SAFEWAY C IDHU

ROYAL BK SCOTL AIXTRON IHQDT

WDIR FFFF

PROSAFE xy e ±

QR HDIS

FLUGHAFEN WIEN e„

qf SDTI FFFF ±

qf RDUT PDVV

ƒi WDSV FFFF

SAINSBURY J. PL C SR

S-E-BANKEN -A- BLUE CIRCLE IND e AUGUSTA TECHNOLOGI HDIW

±

IWDUV HDIH

REPSOL iƒ

ISDUS FFFF

GKN qf e

e e C C C p‚ SUDS PDTV

p‚ QRHDS HDPI

p‚ PHQDQ HDQS

SEITA /RM C SHDR

STE GENERAL-A-/ BOUYGUES /RM e BB BIOTECH ZT-D HDVH

±

SUDQS HDSW

ROYAL DUTCH CO xv

qf QDPU FFFF

GLYNWED INTL PL C qf QDHV HDSI

qf SDTV FFFF

IPDTR FFFF

ƒi SMITH & NEPHEW

BPB ± IQDT

SV HANDBK -A- e BB MEDTECH ZT-D HDUQ

± QDWT IDPS

SAIPEM s„

q‚ PIDSW FFFF

e C

C HALKOR qf PDTI QDUS s„ IIDUW HDIU

gr PVRDPT FFFF

STAGECOACH HLDG C PDUS

UBS REG BUZZI UNICEM BERTRANDT AG UI

UDQI FFFF

SHELL TRANSP & qf

C

IIDQP IDRI

qf e

e C

ITDI IDWT HAYS iƒ ± qf PDQW FFFF RDSW HDPP

s„ TABACALERA A ± QDRS

UNICREDITO ITAL CARADON BETA SYSTEMS SOFTW IR

WDPU FFFF

SMEDVIG -A- xy e

± SR HDWP

e hi e C

ps QDIT FFFF fi IHIDS FFFF UPDTR PDRU

hu CBR HEIDELBERGER DR TAMRO FFFF

UNIDANMARK -A- e CE COMPUTER EQUIPM SUDU

±

IPQDV HDVH

TOTAL FINA /RM p‚

SIDVI FFFF e q‚

qf PDWP FFFF

€„ ISDSW FFFF PRDSI FFFF

q‚ HELLAS CAN SA P TESCO PLC C PDQQ

XIOSBANK CIMPOR R CE CONSUMER ELECTR VUDS

±

HDRW

f PWSDUS

DJ E STOXX ENGY P e e ±

TDSS HDUT e s„

C ± xv PQDSV HDHV ± p‚ IWIDV HDIH HDPU

PVUDRW IFIL f COLAS /RM TNT POST GROEP C PDHP DJ E STOXX BANK P CENIT SYSTEMHAUS RHDS

C qf QDUW FFFF

SHQDUQ HDIU PVDTI FFFF

qf f CRH PLC IMI PLC DJ E STOXX N CY G P C VDP DRILLISCH IDRW

e C

hu SIDWP IDIT RRDWS FFFF iƒ ISS INTL SERV-B FFFF CRISTALERIA ESP EDEL MUSIC E 98 QQS

e SERVICES FINANCIERS

± WDTI IDIQ hu VIDIP FFFF PRODUITS DE BASE iƒ

GRUPO DRAGADOS KOEBENHAVN LUFT C RPDW ELSA HDWR

e C IPDSS IDIR

qf e

± COMMERCE DISTRIBUTION iƒ PRDVS HDPH PU FFFF 3I xv FCC C HDWI KON.NEDLLOYD RTDQS RTDTR FFFF

ALUMINIUM GREEC q‚ EM.TV & MERCHANDI

e

e C fi SQDHS HDHW

C e C p‚ IHHDP IDTP RU IHDSW ALMANIJ ps

C ± IUDU GROUPE GTM HDST qf PDRV TDUT QDPI FFFF ARJO WIGGINS AP qf KONE B ARCADIA GRP EUROMICRON

q‚ UUDTS FFFF

± UDQI HDTR qf e ALPHA FINANCE ± p‚ PPR HDRR HANSON PLC C II FFFF qf IHDIU PDPI ITDHS FFFF ASSIDOMAEN AB ƒi LEGRAND /RM BOOTS CO PLC GRAPHISOFT NV

e qf VDQT FFFF

±

UP HDTW hi AMVESCAP e C xy IHDTH FFFF PVDU ± HEIDELBERGER ZE PDSH p‚ ITVDV I RDSQ FFFF

AVESTA ƒi LEIF HOEGH CARREFOUR /RM HOEFT & WESSEL

e

p‚ IPWDS FFFF

RIDHQ FFFF q‚ BAIL INVEST /RM e C e e C hi SHDR PDHP IIDQI HELL.TECHNODO.R HDHW ± p‚ PVT HDIU SIH FFFF

BEKAERT fi LINDE AG CASTO.DUBOIS /R HUNZINGER INFORMAT

e

€„ QDUS FFFF

QRDQU FFFF

q‚ BPI R e e e C ± C HERACLES GENL R QQDS PDQQ hi QPDR FFFF iƒ IVDQ HDTT RHDR IDPS BOEHLER-UDDEHOL e„ MAN AG CENTROS COMER P INFOMATEC

e ± qf UDHI HDPP

±

QWDP HDUT hi BRITISH LAND CO

e C e e C IDPU HOCHTIEF ESSEN IQSDW ± iƒ PQDS HDVT IUDIV IDPT hi IRT FFFF BUHRMANN NV xv MANNESMANN AG CONTINENTE INTERSHOP COMMUNIC

qf SDHQ FFFF

QII FFFF

gr CANARY WHARF GR C

C C e TI HOLDERBANK FINA PDSP qf IUDPW PDIR qf SDPH IDPP ± IWDT HDPS

BUNZL PLC METALLGESELLSCH hi DIXONS GROUP PL KINOWELT MEDIEN

qf TDPU FFFF

C

IIWIDIR HDTQ

e gr CAPITAL SHOPPIN e HOLDERBANK FINA ± PTDS IDRW ± ± e hi QQDT IDHQ s„ TDVQ IDUQ IUDRI FFFF

CART.BURGO METRA A ps GEHE AG LHS GROUP

e e fi SUDW FFFF

C IQQ HDIS

p‚ COBEPA ± VHDR IMERYS /RM HDTP ± qf UDPP FFFF qf IDUQ HDWH QDWS FFFF

CORUS GROUP MORGAN CRUCIBLE qf GREAT UNIV STOR LINTEC COMPUTER

e

e C hi SIDV IDSU

C

IIDWW IDTI

s„ CONSORS DISC-BR e FFFF ITALCEMENTI TDT ± xv URDUS RDUV ITDSW FFFF

xy LOESCH UMWELTSCHUT

QDIH FFFF

ELKEM ASA, OSLO NFC qf GUCCI GROUP

e C

e iƒ PUDVW HDQP

C

RDPP HDRV

s„ CORP FIN ALBA e

ITALCEMENTI RNC ± PU HDSS ± p‚ IQT PDVT ISDIS FFFF

q‚ GUILBERT /RM MENSCH UND MASCHIN SVDSP FFFF

ELVAL NKT HOLDING hu

e

e ± p‚ RTDHQ IDRQ

±

WTDP IDVR p‚ CPR /RM

±

RWDS LAFARGE /RM HDUV ƒi PSDUR FFFF VDWS FFFF

JOHNSON MATTHEY qf HENNES & MAURIT MOBILCOM

IRDST FFFF

OCEAN GROUP qf

±

gr IVPDST HDIU

PPDPW FFFF

e q‚ CS GROUP N e

± HDQR MICHANIKI REG. IRDVS ±

€„ PIDRI FFFF RIDTV HDPR MAYR-MELNHOF KA e„ JERONIMO MARTIN MUEHL PRODUCT & SE

± IRDSW HDUS

PENINS.ORIENT.S qf

e e p‚ SUS FFFF

IHDUS FFFF ps EURAFRANCE /RM

e PARTEK e C IDUP SW ±

hi RPDS HDPQ VDV FFFF

METSAE-SERLA A ps KARSTADT QUELLE MUEHLBAUER HOLDING

RDST FFFF

PREMIER FARNELL qf

e e p‚ IQH FFFF

IQIDS FFFF hi FONCIERE LYONNA

C HDST QSDV PHILIPP HOLZMAN ±

qf IHDPU IDVH

PVDQR FFFF

MODO -B- ƒi KINGFISHER PFEIFFER VACU TECH

±

IWDTP HDIT

e RAILTRACK qf

C

xv QQ HDHT

±

IDRW QDHT qf FORTIS (NL)

PILKINGTON PLC C QDWI ITDUQ ±

qf RDPV IDHW QWDQU FFFF

NORSKE SKOGIND- xy e MARKS & SPENCER PLENUM C

RWDS HDSI

e RANDSTAD HOLDIN xv

±

p‚ IIRDS IDUP

C

IQDII HDQT

qf GECINA /RM e e C

RMC GROUP PLC ± QWDIS HDHV hi SIDT HDWV IHDT FFFF

OUTOKUMPU OY -A ps METRO PSI

WTDVS FFFF

RATIN -A- hu

qf UDSI FFFF

IDVR FFFF qf HAMMERSON

e C STDS

RUGBY GRP SDTI ± ± qf IHDTI IDQP SRDV IDWU

PECHINEY-A- p‚ NEXT PLC QIAGEN NV

WWDSS FFFF

RATIN -B- hu

C

e hu RSDPH IDVP

C

ITI HDVI

e p‚ KAPITAL HOLDING e SAINT GOBAIN /R ± IHDS HDRU ± p‚ IVS HDII TDRV FFFF

PORTUCEL INDUST €„ PINAULT PRINT./ REFUGIUM HOLDING A

C QDIT HDSH

e RENTOKIL INITIA qf qf IPDSH FFFF

IUDI FFFF

€„ LAND SECURITIES

e SEMAPA e C IQDP HDUT ±

s„ TDQW HDWQ SDWS FFFF

RAUTARUUKKI K ps RINASCENTE SACHSENRING AUTO

RDHT FFFF

REXAM qf

C

qf UDSI HDVR

QSDHW FFFF

ƒi LIBERTY INTL

e C HDQQ SKANSKA -B- ISDQS ± ps IUDRS FFFF ITDHR HDVU

RIO TINTO qf e STOCKMANN A SALTUS TECHNOLOGY

±

VR HDHT

e REXEL /RM p‚

C

s„ WDWV HDVI

PIDSP FFFF

hu MEDIOBANCA

SUPERFOS C SDSI SIDU ± gr PQUDQH HDPT PIDRT FFFF

SIDENOR q‚ e VALORA HLDG N SCM MICROSYSTEMS

PUDV FFFF

e RHI AG e„

±

s„ UDWQ HDUS

±

PDHR IHDQR qf MEDIOLANUM

C

HDRP TAYLOR WOODROW RUDS qf TDRS FFFF RIDHR FFFF

SILVER & BARYTE q‚ W.H SMITH GRP SER SYSTEME

C

STRDIT HDII

e RIETER HLDG N gr qf TDVU FFFF

± WQ IDSW p‚ MEPC PLC

FFFF TECHNIP /RM SDV

qf TDUH FFFF PDSW FFFF

SMURFIT JEFFERS qf WOLSELEY PLC SERO ENTSORGUNG

PRDWW FFFF

e SANDVIK -A- ƒi ±

iƒ PHDRT QDRW

IIVDTI FFFF q‚ METROVACESA

e TITAN CEMENT RE C RWDW ± IDPP RHHDPP HDUT UDPV FFFF

SONAE INDUSTRIA €„ f DJ E STOXX RETL P SINGULUS TECHNOLOG

PSDIU FFFF

e ƒi

e ± SANDVIK -B- xv UDWQ HDUS

C

UDHR HDSU iƒ MEDIOLANUM

e C RHDQ URALITA HDUS

IQDVW FFFF

SOPORCEL €„ SOFTM SOFTWARE BER

C

RPPDWT HDUR

e gr

e C IIHDV IDTS

p‚ SAURER ARBON N

IPDPQ FFFF iƒ PARIBAS

C QDWP VALENCIANA CEM ISDW IPDHT FFFF

SSAB SW ST A ƒi TDS

ƒi QRDWP FFFF C

e qf IIDSP HDPU

C SCANIA AB -B-

PPDHQ HDQT e WIENERB BAUSTOF e„ PROVIDENT FIN FFFF HAUTE TECHNOLOGIE QWDI IPDW FFFF

STORA ENSO -A- ps TECHNOTRANS

e

ƒi QRDWP FFFF

QVDQ FFFF

xv SCANIA AB -B- SDIU FFFF

e qf RODAMCO UK

C ± IQDV WILLIAMS IDPW

IQ HDUV

STORA ENSO -R- ps e TELDAFAX ±

PPDTT HDRH

AEROSPATIALE MA p‚

e C gr IRRWDPV IDHV

xv QVDUS FFFF

PHWDUT FFFF RODAMCO CONT. E SCHINDLER HOLD

f C

QR

DJ E STOXX CNST P PDIH PSDSI FFFF

SVENSKA CELLULO ƒi e TELES AG

±

IRSDS IDHP

ALCATEL /RM p‚

e

±

gr IRTUDWR HDRP

QTDQS FFFF

e RODAMCO NORTH A xv SCHINDLER HOLD

± TDIS HDVI

± PPDIS HDTU

THYSSEN KRUPP hi TIPTEL

PRDUH FFFF

ALTEC SA REG. q‚

e

qf IWDPW FFFF

TSDPS FFFF

SCHRODERS PLC SCHNEIDER ELECT p‚

RI FFFF

VDWS FFFF ƒi e TRANSTEC

TRELLEBORG B C

IPDIU IDWQ

BAAN COMPANY xv

e e

p‚ TVDSS FFFF

IDQR FFFF

SEFIMEG N /RM s„

e SEAT-PAGINE GIA C

C QWDU HDSI

QUDWS HDSQ

UNION MINIERE fi CONSOMMATION CYCLIQUE e W.E.T. AUTOMOTIVE

IPR FFFF

BARCO fi

e

± C p‚ VPDI QDRI

WDTI IDQQ

e SIMCO N /RM qf

C SECURICOR FFFF FFFF

QHDT HDRW

ps e UPM-KYMMENE COR C ±

PHV HDRQ qf SDSS HDPV

ACCOR /RM p‚ BRITISH AEROSPA

qf SDSV FFFF

IRDTH FFFF

e SLOUGH ESTATES ƒi

C FFFF

SECURITAS -B- FFFF IQDHR IDHW

p‚ e e C

USINOR C

URDR HDTV p‚ IRH HDSH

ADIDAS-SALOMON hi CAP GEMINI /RM

e

± p‚ IQTDS HDQT

± IHQTDVV HDHT UNIBAIL /RM gr

FFFF FFFF

RRDUI FFFF q‚ SGS GENEVA BR

VIOHALCO C

SDRT HDSV hu WRDVR FFFF

AIRTOURS PLC qf COLOPLAST B

e

s„ HDRW FFFF

QDUU FFFF

e UNIM qf

C FFFF FFFF

QHDU HDIT

VOEST-ALPINE ST e„ e SHANKS GROUP ± ±

PDSU HDUU qf PWDUI PDPV

ALITALIA s„ COLT TELECOM NE

e

±

VDHS IDRU

iƒ e

VALLEHERMOSO C

p‚ WR HDSQ

± HDIQ

f IWTDTU e SIDEL /RM e C DJ E STOXX BASI P ±

PHDT HDWV p‚ QUDQ PDUR

AUSTRIAN AIRLIN e„ DASSAULT SYST./

e

FFFF FFFF hi

C

RDSI IDHT

INVENSYS qf e

SHDQI FFFF s„ HDWQ FFFF

BANG & OLUFSEN hu FINMECCANICA

C

SDVQ RDSI

WOOLWICH PLC qf e e

PIH FFFF

SITA /RM p‚ CODES PAYS ZONE EURO RDIP FFFF ƒi WDRU FFFF

BARRATT DEV PLC qf GAMBRO -A-

C

HDIS

f DJ E STOXX FINS P PSRDHQ

IWDHS FFFF

CHIMIE SKF -A- ƒi e FR : France - DE : Allemagne - ES : Espagne ± ± PDHV PDPP xv RTDPS IDPV BEAZER GROUP qf GETRONICS

PHDIR FFFF

e ƒi IT : Italie - PT : Portugal - IR : Irlande C C SKF -B- ITDIT FFFF s„ PDHT HDRW hu QRDVR IDWU AGA -A- ƒi BENETTON GROUP GN GREAT NORDIC

± LU : Luxembourg - NL : Pays-Bas - AT : Autriche hu PIDUW HDTI

ITDIT FFFF qf VDUU FFFF q‚ RRDIW FFFF

AGA -B- ƒi BERKELEY GROUP ALIMENTATION ET BOISSON SOPHUS BEREND - INTRACOM R C FI : Finlande - BE : Belgique.

TSTDPP HDRV e gr ± ± ISHDQ HDRT qf RDWS HDTQ qf ISDHR FFFF AIR LIQUIDE /RM p‚ BRITISH AIRWAYS SULZER FRAT.SA1 LOGICA

e e ƒi ITDSI FFFF C ± RIDR HDQT p‚ SQDRS IDHP qf SDII FFFF xy VDQT FFFF

AKZO NOBEL NV xv CHARGEURS RM ALLIED DOMECQ SVEDALA MERKANTILDATA CODESPAYSHORSZONEEURO

e e C C qf TDSI FFFF ± RPDI IDHV p‚ WS HDTQ qf SDWR FFFF qf VDUT PDQW

BASF AG hi CLUB MED. /RM ASSOCIAT BRIT F T.I.GROUP PLC MISYS CH : Suisse - NO : Norve`ge - DK : Danemark

e C xy QS FFFF ± QVDW IDSU qf HDUR FFFF qf IHDVH HDUP xy PDSU FFFF

BAYER AG hi COATS VIYELLA BASS TOMRA SYSTEMS NERA ASA GB : Grande-Bretagne - GR : Gre`ce - SE : Sue`de.

e e C ± PHDUS HDPQ qf IHDQW FFFF e„ RQ FFFF e„ TSDVV HDVW xy QVDIS FFFF BOC GROUP PLC qf COMPASS GRP BBAG OE BRAU-BE VA TECHNOLOGIE NETCOM ASA LeMonde Job: WMQ0511--0027-0 WAS LMQ0511-27 Op.: XX Rev.: 04-11-99 T.: 10:47 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 20Fap: 100 No: 0444 Lcp: 700 CMYK

FINANCES ET MARCHÉS LE MONDE / VENDREDI 5 NOVEMBRE 1999 / 27

C ± ± RSDUH PWWDUU HDTI RT QSDRW QS PPWDSV IDQV QQDSR ISPDVH ISQDQH IHHSDSV HDQQ IRVDTH BIC...... RSDWV GR.ZANNIER (LY) ...... SODEXHO ALLIANCE......

C C WS TPQDIT TDTP WHDSH WVDTH IHH TSSDWT IDRP WRDVS VHDIH VHDIH SPSDRP FFFF VQDVS BIS...... VWDIH GROUPE GTM ...... SOGEPARC (FIN) ......

C VSDTS STIDVQ HDIV USDUH TSDUS TSDUS RQIDPW FFFF TSDSH PT PT IUHDSS FFFF PTDSH B.N.P...... VSDSH GROUPE PARTOUCHE ... SOMMER-ALLIBERT......

± ± ± ITQDSH IHUPDRW HDWI ITQDSH IRH IQRDSH VVPDPT QDWQ IRHDIH RPDPH RIDUI PUQDTH IDIT RI VALEURS FRANC¸AISES BOLLORE ...... ITS GUILBERT...... SOPHIA ......

± ± ± QSSDPH PQPWDWT HDVW QSQDTH RVV RVH QIRVDSW IDTR RWH STDWH STDSH QUHDTP HDUH SRDWH BONGRAIN ...... QSVDRH GUYENNE GASCOGNE... SOPRA # ......

C ± ± QRPDVH PPRVDTP HDVV QPV RW RVDWS QPIDHW HDIH RSDUH SVDUS SVDUH QVSDHS HDHW STDPH BOUYGUES ...... QQWDVH HACHETTE FILI.ME...... SPIR COMMUNIC. # ......

C C

± QSDIH PQHDPR HDPW QSDVH PUH PUIDSH IUVHDWP HDST PSH IQI IQHDIH VSQDRH HDTW IPS b Le cours de LVMH s’appréciait de 1,49 % à 312,60 eu- BOUYGUES OFFS...... QS HAVAS ADVERTISIN ...... SR TELEPERFORMAN ....

C ± ± TDWS RSDSW HDUI UDRH IQPDVH IQI VSWDQH IDQT IRR ISH ISHDRH WVTDST HDPU IRTDSH

ros, une heure après le début des cotations, jeudi 4 no- BULL#...... U IMERYS(EX.IMETAL ...... SUEZ LYON.DES EA ......

C FFFF FFFF FFFF FFFF IWDRS FFFF FFFF FFFF IW QPRDWH QQTDSH PPHUDQH QDSU PUHDSH BUSINESS OBJECTS...... TUDRS IMMEUBLES DE FCE ...... TF1 ......

vembre. Selon Les Echos, le géant du luxe convoite un C ± ± TRDUH RPRDRH IDPP SWDSH VT VTDWH SUHDHQ IDHS VS WRDSH WRDQH TIVDSU HDPI WIDTH CANAL + ...... TSDSH INFOGRAMES ENTER .... TECHNIP......

C ± IQWDVH WIUDHQ HDQT IRR PQDUH PQDQP ISPDWU IDTH PPDTH QIDWH QIDWH PHWDPS FFFF QHDIS

troisième horloger suisse, la manufacture Zenith, après CAP GEMINI ...... IQWDQH INGENICO ...... THOMSON-CSF......

C C

± RHDWV PTVDVI IDRR RI PT PSDWH ITWDVW HDQV PTDIH PWDHP PWDTS IWRDRW PDIU FFFF

Tag Heuer et Ebel. CARBONE LORRAINE..... RHDRH INTERBAIL...... THOMSON MULTIMED.

± ± ± ITVDSH IIHSDPW IDIU ISTDIH RISDTH RISDSH PUPSDSH HDHP QWI IPRDVH IPQDVH VIPDHU HDVH IIVDRH CARREFOUR ...... IUHDSH INTERTECHNIQUE...... TOTAL FINA SA......

C C IIRDUH USPDQV PDSH IHRDVH TIDSH TP RHTDTW HDVI TSDSH IQU IQU VWVDTT FFFF IQVDTH b L’action Michelin progressait de 1,44 % à 42,40 eu- CASINO GUICHARD ...... IIIDWH ISIS ...... UNIBAIL ......

C ± ± USDSH RWSDPS HDPU UPDRH WWDQH WW TRWDRH HDQH WP TWDUS TWDRS RSSDST HDRQ SVDIH

ros, en début de matinée, jeudi. Le fabricant de pneu- CASINO GUICH.ADP ...... USDQH KLEPIERRE COMP.F ...... UNILOG ......

C

± ±

PVQ IVSTDQT IDPP PUS IIUDSH IIVDQH UUT HDTV IIQDWH IPH IIW UVHDSW HDVQ IPQ

matiques a vu son chiffre d’affaires croître de 6,7 % sur CASTORAMA DUB.(L...... PVTDSH LABINAL...... UNION ASSUR.FDAL ......

C C ± IIIDIH UPVDUU HDTQ IIT WV WTDWH TQSDTP IDIP WSDSH IPDWH IPDWV VSDIR HDTP IQDIR C.C.F...... IIHDRH LAFARGE...... USINOR......

C C IUVDSH IIUHDVV HDPV IUHDTH QUDRS QUDRS PRSDTT FFFF QWDIS TUDSH TVDQH RRVDHP IDIW TWDWH les neuf premiers mois de l’année, à 9 852 milliards CEGID (LY) ...... IUV LAGARDERE...... VALEO ......

C C

± UDRH RVDSR HDVP UDPQ TT TQDSS RITDVT QDUI TVDTS QUDST QUDSV PRTDSI HDHS QTDSH

d’euros, avec une accélération au troisième trimestre. CERUS...... UDQR LAPEYRE ...... VALLOUREC......

C C ± RQDIS PVQDHS PDRW RRDVH SIDRH SHDSH QQIDPT IDUS SP PTDQT PTDQV IUQDHR HDHV PT

Le groupe a confirmé sa prévision d’une hausse de 4 % CGIP ...... RPDIH LEBON (CIE)...... VIA BANQUE ...... C ± SQDRS QSHDTI IDHP SSDSH PPS PPS IRUSDWH FFFF PIH UHDWS UIDPS RTUDQU HDRP TSDVS CHARGEURS...... SR LEGRAND ...... VIVENDI ......

± ±

RQ PVPDHT FFFF RSDHP IQIDUH IQIDRH VTIDWQ HDPQ IPPDWH IRDVI IRDRW WSDHS PDIT IS au moins du volume de ses ventes en 1999 et d’une pro- CHRISTIAN DALLOZ ...... RQ LEGRAND ADP ...... WORMS (EX.SOMEAL .....

C C

± IUTDSH IISUDUT HDVH ITSDSH QVDRH QUDWW PRWDPH IDHU QV IVIDTH IVRDVH IPIPDPI IDUT IVRDUH

gression sensible de son résultat d’exploitation. CHRISTIAN DIOR ...... IUSDIH LEGRIS INDUST...... ZODIAC EX.DT DIV ......

C ± VSDIH SSVDPP PDIV VQDTH IIIDSH IIPDPH UQSDWV HDTQ IHTDWH CIC -ACTIONS A...... VU LOCINDUS......

C b Le titre du gestionnaire de bases de données infor- ± TQDWH RIWDIT IDII TTDUS TRW TRRDSH RPPUDTR HDTW SVU CIMENTS FRANCAIS ...... TQDPH L’OREAL ......

C C WSDRH TPSDUV HDUR IHU QHV QIPDTH PHSHDSP IDRW PVSDSH

matiques, Business Objects, était suspendu, jeudi 4 CLARINS ...... WRDUH LVMH MOET HEN......

C C

WSDWS TPWDQW HDQU WRDIH IRPDWH IRQ WQVDHP HDHU IRHDPH

novembre, une heure après le début des cotations, CLUB MEDITERRANE .... WSDTH MARINE WENDEL ......

± PVDSH IVTDWS IDTP PW UDIH UDIH RTDSU FFFF TDVI CNP ASSURANCES ...... PVDWU METALEUROP ......

C ± UIDSH RTWDHI HDTW VP RIDVH RPDRV PUVDTS IDTQ QWDUQ alors que la société, déjà cotée au Nasdaq, faisait son COFLEXIP...... UP MICHELIN......

± ± IWIDVH IPSVDIQ HDIH IWIDIH QIDRH QIDPH PHRDTT HDTR QHDSH

entrée sur le marché à règlement mensuel de la Bourse COLAS ...... IWP MONTUPET SA......

C Compen- P IQDIP FFFF IDWW WDIH WDIW THDPV HDWW W

COMPTOIR ENTREP...... P MOULINEX ...... Pre´ce´dent Cours Cours % Var.

de Paris. International sation ± ± f RTDHQ QHIDWR IDRQ RRDTH UT URDVH RWHDTT IDSV TVDUH

CPR ...... RTDUH NATEXIS BQ POP...... en ¤uros en ¤uros en francs veille

(1)

± IWDSH IPUDWI HDPT IWDVH QPDUS QPDUS PIRDVQ FFFF QHDVH b Le cours du spécialiste des services aéroportuaires CRED.FON.FRANCE ...... IWDSS NEOPOST......

C ±

FFFF FFFF FFFF QHDTS PQDUH PQDVQ ISTDQI HDSS PRDWH IRIDIH IRH WIVDQR HDUV IQQDRH

Penauille Polyservices, avait atteint son plus haut ni- CFF.(FERRAILLES) ...... PWDIH NORBERT DENTRES...... AMERICAN EXPRESS......

C ± ± PVDSH IVTDWS IDHT PUDPI PSDTI PSDTH ITUDWP HDHR PSDSH RRDVH RRDTH PWPDST HDRS RH CREDIT LYONNAIS...... PVDPH NORD-EST...... A.T.T. #......

veau depuis le début de l’année, en s’adjugeant 2,54 % C ± QWDWH PTIDUQ IDSI QWDWP TWDWS FFFF FFFF FFFF UIDWH IUDRT IUDSS IISDIP HDSP IVDRT CS SIGNAUX(CSEE)...... RHDSI NORDON (NY)...... BARRICK GOLD #......

C

VHDUH SPWDQT FFFF UVDQH QRQ QRQDIH PPSHDSW HDHQ PUU PPDSP FFFF FFFF FFFF PHDII à 331,40 euros, jeudi. La société a vu son chiffre d’af- DAMART ...... VHDUH NRJ # ...... CROWN CORK ORD.#.....

C C

± PRUDPH ITPIDSQ HDPR PQUDSH WDHT WDIH SWDTW HDRR VDRT PTDIT PTDPH IUIDVT HDIS PQDSH

faires bondir de 89 % au troisième trimestre à 196,3 mil- DANONE...... PRUDVH OLIPAR...... DE BEERS # ......

C ± ± PHQ IQQIDSW QDPR IUV IHW IIHDSH UPRDVQ IDQV WSDSH SWDQH SVDSH QVQDUQ IDQS SVDWS DASSAULT-AVIATIO ...... PHWDVH PARIBAS...... DU PONT NEMOURS.....

± ± QUDRS PRSDTT PDQS QU SSDWH SSDWH QTTDTV FFFF SQDTH QWDPH QWDIP PSTDTI HDPH QP lions d’euros, ce qui porte à 56,1 % l’augmentation sur DASSAULT SYSTEME...... QVDQS PECHINEY ACT ORD ...... ERICSSON # ......

C ± ± TI RHHDIQ HDVI ST QPQDPH QQI PIUIDPP PDRI QHRDSH SIDVH SIDSH QQUDVP HDSV RWDIS

neuf mois. DE DIETRICH...... TIDSH PENAUILLE POLY.C ...... FORD MOTOR # ......

C C C UHDVH RTRDRP HDIR TW TQDHS TQDUS RIVDIU IDII TQDSS IPRDIH IPS VIWDWS HDUQ IIRDQH DEVEAUX(LY)# ...... UHDUH PERNOD-RICARD...... GENERAL ELECT. #......

C ± IS WVDQW HDTH ISDIV IVQDSH IVRDVH IPIPDPI HDUI IUQDUH TQDSH FFFF FFFF FFFF SWDVS DEV.R.N-P.CAL LI...... ISDHW PEUGEOT...... GENERAL MOTORS # .....

C ± ± IQI VSWDQH HDUT IQQDSH IVSDPH IVRDSH IPIHDPR HDQV ITW IHDQR IHDVW UIDRQ SDQP W DEXIA FRANCE ...... IQP PINAULT-PRINT.RE...... HITACHI #......

C C

± TDIS RHDQR HDRW TDPP IPH IPI UWQDUI HDVQ IIRDTH WH WHDVS SWSDWR HDWR VSDSH

RE`GLEMENT MENSUEL DMC (DOLLFUS MI)...... TDIV PLASTIC OMN.(LY) ...... I.B.M # ......

± ± ±

PSDIH ITRDTS HDRH PRDPS VHDHS UWDWS SPRDRR HDIP UWDTH UUDWS US RWIDWU QDUV TUDRH

______DYNACTION...... PSDPH PRIMAGAZ...... ITO YOKADO #......

C C ± TWDIH RSQDPU HDPW TR WVV WUR TQVWDHP IDRP WIT PHDHU PHDQH IQQDIT IDIS IVDTU EIFFAGE ...... TVDWH PROMODES...... MATSUSHITA #......

C C ± IQTDVH VWUDQS IDHI ISU PRW PSI ITRTDRS HDVH PQU QWDVH RHDPH PTQDTW IDHI QW ELF AQUITAINE ...... IQVDPH PUBLICIS #...... MC DONALD’S #......

ti hs R xy†iwf‚i Cours releve´sa` 09 h 50

C ± ± SHDIH QPVDTQ IDRP RVDSH IWDRT IWDRR IPUDSP HDIH IUDUH UUDRH URDRS RVVDQT QDVI UPDIS ERAMET ...... RWDRH REMY COINTREAU...... MERCK AND CO # ......

C C ±

IHR TVPDPH HDSV IHSDIH RTDWP RUDQH QIHDPU HDVI RWDTH UDPH UDIU RUDHQ HDRP TDTS ERIDANIA BEGHIN...... IHQDRH RENAULT ...... MITSUBISHI CORP...... viquid—tion X PQ novem˜re

C ± ± PWI IWHVDVQ HDQR PVT VRDHS VR SSI HDHT UWDIH IPTDWH IPIDIH UWRDQT RDSU IHW ESSILOR INTL ...... PWH REXEL...... MORGAN J.P. # ......

C ± ± QIHDPH PHQRDUV HDIH QHS IUDWP IVDQW IPHDTQ PDTP IUDQH IIDVH IIDST USDVQ PDHQ IIDQV ESSILOR INTL.ADP...... QIHDSH RHODIA ...... NIPP. MEATPACKER......

C C ± USDQH RWQDWR HDPH UVDTH ST SSDVS QTTDQS HDPU SHDPH PQ PSDIS ITRDWU WDQS PPDTI ESSO...... USDIS RHONE POULENC A...... PHILIP MORRIS # ......

Compen- ± SUS QUUIDUS FFFF SVT QDST QDST PQDQS FFFF QDPI IHIDIH IHI TTPDSP HDIH WQDRH

Pre´ce´dent Cours Cours % Var. EURAFRANCE...... SUS ROCHETTE (LA) ...... PROCTER GAMBLE ......

France sation ± f ± IDPR VDIQ FFFF IDQS TP TIDVH RHSDQV HDQP THDWH IVDIS IVDIH IIVDUQ HDPV IUDHW

en ¤uros en ¤uros en francs veille EURO DISNEY...... IDPR ROYAL CANIN...... SEGA ENTERPRISES ......

(1)

C ± IDPP V FFFF IDPT IVRH IVRW IPIPVDTR HDRW IVRH SUDIH SUDHS QURDPP HDHW SRDPH EUROTUNNEL...... IDPP RUE IMPERIALE (L...... SCHLUMBERGER #......

C C ± ± IRR WRRDSV HDPV IRTDSH TV TWDUH RSUDPH PDSH TUDSH RHDIH QWDTH PSWDUT IDPS RH ISIDWH ISHDIH WVRDSW IDIV IQR B.N.P. (T.P)...... IRQDTH FACOM SA...... SADE (NY) ...... SONY CORP. #......

C ± IQUDPH VWWDWU FFFF IRI SVDUH SVDUH QVSDHS FFFF SSDWH QHH QHIDTH IWUVDQU HDSQ PVIDSH ISDPW ISDIU WWDSI HDUV IRDIW CR.LYONNAIS(TP) ...... IQUDPH FAURECIA ...... SAGEM S.A...... SUMITOMO BANK #......

C C QUU PRUPDWT FFFF QUT IHTDVH IHU UHIDVU HDIW IHTDVH ISWDUH ITI IHSTDHW HDVI ITIDSH RENAULT (T.P.)...... QUU FIMALAC SA...... SAINT-GOBAIN......

C FFFF FFFF FFFF IUQ PIDRP PP IRRDQI PDUI PIDTW VH VH SPRDUU FFFF UWDQH SAINT GOBAIN(T.P...... IUPDUH FINEXTEL...... SALVEPAR (NY) ......

C

± FFFF FFFF FFFF IRS VTDRH VQDSH SRUDUP QDQT VT RPDTR RPDVH PVHDUS HDQV RIDSH

THOMSON S.A (T.P ...... IRR FIVES-LILLE...... SANOFI SYNTHELAB...... ABRE´VIATIONS

C ± PHVDVH IQTWDTR HDVP PHIDQH IQH IPV VQWDTP IDSR IPUDRH UQ UQ RUVDVS FFFF UIDPH

ACCOR ...... PHUDIH FONC.LYON.# ...... SAUPIQUET (NS) ......

B = Bordeaux; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille; Ny = Nancy; Ns = Nantes.

C ± ± PPDUH IRVDWH HDPP PIDHS WRDWH WQDQH TIPDHI IDTW VRDIH TSDPS TSDQH RPVDQR HDHV TU AEROSPATIALE MAT ...... PPDUS FRANCE TELECOM...... SCHNEIDER ELECTR......

C

± ± SPDTH QRSDHQ IDIQ SIDQH UVW UTR SHIIDSI QDIU UIVDSH RT RTDQH QHQDUI HDTS RPDPS AGF ...... SQDPH FROMAGERIES BEL...... SCOR...... SYMBOLES

C C ± ISDUQ IHQDIV HDRS ISDUS IQVDSH IQWDVH WIUDHQ HDWR IQVDWH TQDIH TQ RIQDPS HDIT TIDPH

AIR FRANCE GPE N ...... ISDTT GALERIES LAFAYET ...... S.E.B...... 1 ou 2 = cate´gories de cotation - sans indication cate´gorie 3 ; a coupon

C ± ± ISHDRH WVTDST HDRH IQVDUH TPDTH TPDSH RHWDWU HDIT SWDVS ST SV QVHDRT QDSU SIDWH

AIR LIQUIDE ...... ISI GAUMONT #...... SEITA...... de´tache´; b droit de´tache´; # contrat d’animation ; o = offert ;

± ± ± IRRDVH WRWDVQ IDSH IQR RVDIT RUDQH QIHDPU IDUW RTDWH ISDQH IRDTT WTDIT RDIV IPDWS

ALCATEL ...... IRU GAZ ET EAUX ...... SELECTIBANQUE...... d = demande´; x offre re´duite ; y demande re´duite ; d cours pre´ce´dent.

C C ±

PWDPH IWIDSR HDTW PVDVI IITDSH IIRDSH USIDHU IDUP IISDUH RRDVH RSDPH PWTDRW HDVW RQ

ALSTOM...... PW GECINA...... SGE...... `

C ± ± DERNIERE COLONNE RM (1) : QSV PQRVDQQ IDWW QHR RVDRU RUDUP QIQDHP IDSS SRDIH WQDSH WQDRS TIPDWW HDHS WS ALTRAN TECHNO. #...... QSI GEOPHYSIQUE ...... SIDEL......

C ± ± IPHDUH UWIDUR HDIU IIQDUH VR VRDQH SSPDWU HDQT FFFF ITUDWH ITU IHWSDRS HDSR ISVDSH ATOS CA...... IPHDWH GFI INFORMATIQUE...... SILIC CA ...... Lundi date´ mardi : % variation 31/12 ; Mardi date´ mercredi : montant du

C ± ± IQTDVH VWUDQS HDPW IPIDSH QH QHDIH IWUDRR HDQQ PUDRI VS VQ SRRDRR PDQS VIDQH AXA...... IQUDPH GRANDVISION ...... SIMCO...... coupon en euros ; Mercredi date´ jeudi : paiement dernier coupon ;

C ± IPWDSH VRWDRT FFFF IPRDRH ITHDIH ITIDTH IHTHDHQ HDWR IRIDSH ISDQS ISDPH WWDUI HDWV IS BAIL INVESTIS...... IPWDSH GROUPE ANDRE S.A ...... SKIS ROSSIGNOL...... Jeudi date´ vendredi : compensation ; Vendredi date´ samedi : nominal.

C C IIVDUH UUVDTP FFFF IPI UQDUH UR RVSDRI HDRI US PHPDTH PHQDSH IQQRDVU HDRR PHUDIH BAZAR HOT. VILLE ...... IIVDUH GASCOGNE...... SOCIETE GENERALE......

± ± IIRDUW IDTW PDPI IRDSH FFFF SR QSRDPP PDUW PPDWR ISHDRV FFFF GROUPE D #...... IUDSH DAPTA-MALLIN....d MANUTAN INTE .. GPE GUILLIN ......

C ± RTWDHI PDPP TPDSH RHWDWU HDUW WI SWTDWP FFFF IPDRU VIDVH FFFF GUILLEMOT #...... UIDSH GROUPE J.C.D ...... MARC ORIAN...... d JEANJEAN # ...... d

SECOND C ± PDST FFFF IPH UVUDIS PDRR STDRH QTWDWT FFFF QTDSH PQWDRP IDQT NOUVEAU GUYANOR ACTI .... HDQW DAUPHIN ...... MARIONNAUD P . HBS TECHNOLO ..

C C RVVDTW HDVI QWDVH PTIDHU FFFF QTDIH PQTDVH HDPV IRI WPRDWH FFFF URDSH ______d d HF COMPANY...... DECAN GROUPE... MECATHERM #.... HOT.REG.PARI .....

C ± ± ±

QPQDWI HDPR UHDUH RTQDUT QDIS QPDWW PITDRH HDPU IQP VTSDVT HDTH

´ HIGH CO...... RWDQV ´ DU PAREIL AU...... MGI COUTIER...... HUREL DUBOIS.... ± PUPDPP IDQI RS PWSDIV FFFF IRWDSH WVHDTT FFFF IQPDWH VUIDUU FFFF

MARCHE HOLOGRAM IND .. RIDSH MARCHE ENTRELEC CB ...... MICHEL THIER .... IDI...... d

C C ± QSDPW IDSI WRDTS TPHDVT HDRV IPDTH VPDTS PDQQ PPDSH IRUDSW FFFF IGE + XAO...... SDQV ENTREPRISE I...... NAF-NAF #...... IMV TECHNOLO...d

C C C ± STDUR HDSV QIDWH PHWDPS HDQI PQDVI ISTDIV HDVS QTDHI PQTDPI PDSQ

ILOG # ...... VDTS ETAM DEVELOP.... ALES GPE EX...... INTER PARFUM....

wi‚g‚ihs Q xy†iwf‚i

ti hs R xy†iwf‚i

C ± PQDTI PDVT IIV UURDHQ HDSI UH RSWDIU FFFF RT QHIDUR FFFF IMECOM GROUP .. QDTH EUROPEENNE C ... POCHET...... d IPO (NS) # ...... d

± ± IIPDIU IDUP RU QHVDQH IDVV UU SHSDHW FFFF ITDST IHVDTQ FFFF

INFOSOURCES...... IUDIH EUROP.EXTINC..... RADIALL #...... d LABO.PHARMYG...d

 le™tionF

ne se Cours releve´sa` 17 h 35 Une se´lection. Cours releve´sa` 09 h 50

C C C IVQDTU HDQT SRDWH QTHDIP RDSU UHDPS RTHDVI QDHI WQDUS TIRDWT FFFF INFOTEL #...... PV EXEL INDUSTR..... RALLYE(CATHI ..... M.B.ELECTRON....d

C ± IVQDTU HDUI QI PHQDQS FFFF SQDQS QRWDWS PSDTS IHHDIH TSTDTI FFFF INTERCALL # ...... PV EXPAND S.A...... REYNOLDS...... NSC GPE (NY) ...... d

Cours Cours % Var. Cours Cours % Var. ± ± IWHDIT IDUQ IRV WUHDVP FFFF PPDUH IRVDWH HDUR RSDPU PWTDWS FFFF

KALISTO ENTE...... PVDWW FACTOREM...... d RUBIS #...... NOCIBE...... d

Valeurs f en ¤uros en francs veille Valeurs f en ¤uros en francs veille

C C ± IHQDTR IDPV IQDUH VWDVU PDIR IISDVH USWDTH FFFF IRTDIH WSVDQS HDHU LEXIBOOK #...... ISDVH FAIVELEY # ...... SABATE SA # ...... d ONET #......

± ± ± ± VWDVU RDPH UDWV SPDQS HDPS RPDSS PUWDII FFFF S QPDVH FFFF TSDWS RQPDTH HDHV IRDUH WTDRQ QDWP ADL PARTNER...... IQDUH JOLIEZ-REGOL...... ADA...... d FINACOR...... d SEGUIN MOREA... ORGASYNTH ......

C C ± ± TQDWT HDTP HDRH PDTP WHH WSDSH TPTDRR IDRR IIH UPIDSS FFFF ISU IHPWDVS HDQP SUDSH QUUDIV FFFF AB SOFT...... WDUS JOLIEZ-REGOL...... AIGLE # ...... FINATIS(EX.L ...... d SIDERGIE...... PARIS EXPO...... d

± ± UPDIT HDVI TDUH RQDWS HDIS UWDWH SPRDII FFFF IWH IPRTDQP FFFF PTDIH IUIDPH FFFF IQDUI VWDWQ FFFF ALPHAMEDIA...... II LACIE GROUP...... ALGECO #...... FININFO...... d SIPAREX (LY)...... d PAUL PREDAUL....d

C C ± PIDHT FFFF IWDVH IPWDVV IDSR IHVDSH UIIDUI FFFF RHDQH PTRDQS PDVW PHDIP IQIDWV FFFF VDTH STDRI IDIV ALPHA MOS ...... QDPI MEDIDEP #...... APRIL S.A.#( ...... FLO (GROUPE) ..... SOCAMEL-RESC ...d PIER IMPORT......

C C ± VUVDWV HDVQ RDWH QPDIR PDSI TQ RIQDPS FFFF TH QWQDSU IDIS TDUH RQDWS FFFF PHDSH IQRDRU FFFF ALTAMIR & CI...... IQR MILLE AMIS #...... ARKOPHARMA # .. FOCAL (GROUP .... SPORT ELEC S...... d PISC. DESJOY ...... d

C C ± ± IHDVW FFFF UDVS SIDRW HDTR WQ TIHDHR IDHT UWDPS SIWDVS FFFF IU IIIDSI HDSW PT IUHDSS IDPW APPLIGENE ON .... IDTT MONDIAL PECH ... ASSUR.BQ.POP..... FRAIKIN 2#...... STALLERGENES ... PLAST.VAL LO......

C ± ± ± ± WDQV IDRP WDWU TSDRH HDQH QIDPS PHRDWW RDUQ RIDIH PTWDTH HDWT RVDIH QISDSP IDVR QP PHWDWI FFFF ASTRA ...... IDRQ NATUREX...... ASSYSTEM #...... GAUTIER FRAN .... STEF-TFE # ...... REGIONAL AIR .....d

C C ± QUDUP PDTV TU RQWDRW FFFF PIT IRITDVU HDTR IDPS VDPH FFFF IDUI IIDPP FFFF RWDSH QPRDUH IDHP ATN...... SDUS OLITEC ...... BENETEAU CA# .... GEL 2000...... d SUPERVOX (B)...... d SECHE ENVIRO.....

C ± SVTDUS HDHT HDSH QDPV FFFF RDPS PUDVV FFFF RH PTPDQV FFFF SS QTHDUV IDUW TP RHTDTW FFFF AVENIR TELEC...... VWDRS OXIS INTL RG...... d BISC. GARDEI...... d GENERALE LOC ....d SYLEA...... SERVICES ET ...... d

C ± ± ± RPSDHT PDVT ITDSS IHVDST HDQT SU QUQDWH IDQH TRDTH RPQDUS HDIS IQDWV WIDUH FFFF PUDWV IVQDSR FFFF BELVEDERE...... TRDVH PERFECT TECH..... BOIRON (LY)# ...... GEODIS ...... TOUPARGEL (L ....d SICAL...... d

C C WVDSP SDHQ UDVH SIDIT IDQH PVDSH IVTDWS FFFF HDTT RDQQ FFFF SSDTS QTSDHR FFFF RSDSH PWVDRT FFFF BIODOME #...... ISDHP PHONE SYS.NE..... BOISSET (LY)...... d G.E.P PASQUI ...... d TRANSICIEL # ...... SMOBY (LY) #......

± ± ± ± QPIDRP QDWP IVDWW IPRDSU HDQI WT TPWDUP IDIQ PI IQUDUS FFFF TUDHS RQWDVP PDVQ IISDSH USUDTQ FFFF BVRP EX DT S...... RW PICOGIGA...... BOIZEL CHANO ... GFI INDUSTRI...... TRIGANO...... SODICE EXP.( ...... d

C C ± ± RUDQT IDWV IPV VQWDTP TDWQ IUDWH IIUDRP IDIH TPDSH RHWDWU FFFF IQPDQH VTUDVQ PDPP SHDRH QQHDTH FFFF CAC SYSTEMES .... UDPP PROSODIE # ...... BONDUELLE ...... GO SPORT...... d UBI SOFT ENT ..... SOFIBUS...... d

C C C WVDQW IDQS QSDQI PQIDTP IDIU T QWDQT FFFF PQDSH ISRDIS FFFF PRDUS ITPDQS HDTI QTDIS PQUDIQ FFFF CEREP ...... IS PROLOGUE SOF.... BOURGEOIS (L.....d GPRI FINANCI...... d VIEL ET CIE...... SOGEPAG(PARC ...d

C C C ± R IDTU QDWI PSDTS RDTQ TPDSS RIHDQH HDHV SRHH QSRPIDTV FFFF VH SPRDUU PDST IHH TSSDWT FFFF CHEMUNEX #...... HDTI QUANTEL ...... BRICE...... GRAND MARNIE ..d VILMOR.CLAUS.... SOLVING # ...... d

C ± ± ± PSSDVP IDHP RR PVVDTP HDPQ TRDIH RPHDRU QDIU ST QTUDQR FFFF SUDIH QURDSS HDIV IH TSDTH FFFF COIL...... QW R2I SANTE ...... BRICORAMA #...... GROUPE BOURB ..d VIRBAC ...... S.T. DUPONT......

± ± ± IUSDRU HDIW QU PRPDUH FFFF WQ TIHDHR FFFF PQ ISHDVU HDUV WRDUH TPIDIW HDPI RSDQH PWUDIS FFFF CRYO INTERAC .... PTDUS RADOUX INTL ...... BRIOCHE PASQ .... GUERBET S.A...... WALTER # ...... STEDIM # ...... d

± ± ± ± ITQDWW SDPU PH IQIDIW PDPH UIDTH RTWDTU HDRP PWDSH IWQDSI IDTU QR PPQDHQ FFFF ITDQR IHUDIV FFFF CYBER PRES.P...... PS RECIF #...... SOLERI...... GUY DEGRENNE .. AFIBEL ...... d SURCOUF # ...... d

C C ± ± ± RRDTI IIDRV PQDSH ISRDIS IDUQ PWDRH IWPDVS HDQR SSDVS QTTDQS PDHP QUDVS PRVDPV FFFF IPRDSH VITDTU PDWT CYRANO # ...... TDVH REPONSE #...... CDA-CIE DES...... GUYOMARC H N .. ARFEO (NS)#...... d SYLIS # ......

C C C ± USDUT HDRQ VDRS SSDRQ HDSW SQ QRUDTT HDHW IHWDWH UPHDWH HDVQ QW PSSDVP FFFF SPDSH QRRDQV FFFF DESK # ...... IIDSS REGINA RUBEN.... CEGEDIM # ...... HERMES INTL ...... ALAIN MANOUK .. TEAMLOG #...... d

C ± VDRT FFFF IWDRR IPUDSP IDVP IHW UIRDWW IDRH IIUDVH UUPDUP FFFF VH SPRDUU FFFF RSDWS QHIDRI FFFF DESK BS 98 ...... d IDPW SAVEURS DE F ...... CERG-FINANCE.... HYPARLO #(LY...... BQUE TARNEAU...d THERMADOR GP..

C C TQDTQ PDII IQDIH VSDWQ IDTQ RV QIRDVT FFFF QT PQTDIR FFFF WTDHS TQHDHS FFFF IPDSH VIDWW FFFF DMS # ...... WDUH SILICOMP # ...... CGBI ...... I.C.C.#...... d C.A.GIRONDE...... d THERMOCOMPACd

C ± ± QVDHS RDWP IHVDVH UIQDTV FFFF SDVV QVDSU FFFF SPDRH QRQDUP HDIW RQDVH PVUDQI FFFF IQH VSPDUR HDHV DURAND ALLIZ.... SDVH SERP RECYCLA .....d CLAYEUX (LY)...... d IMMOB.BATIBA .... C.A.LOIRE/H...... d UNION FIN.FR .....

C C ± HDII IDQQ TIUDPT RI PTVDWR FFFF RH PTPDQV FFFF VDWT SVDUU HDII TIDPS RHIDUU FFFF RTDSH QHSDHP DURAN DUBOI..... WRDIH SOI TEC SILI ...... CNIM CA# ...... IMS(INT.META ..... C.A. MIDI CC...... d VRANKEN MONO.

C ± ± TITDPU FFFF PQ ISHDVU IDUI SPDWS QRUDQQ FFFF PVDVW IVWDSI PDTQ ST QTUDQR HDQT RR PVVDTP FFFF DURAN DUBOIS...d WQDWS STACI #...... COFITEM-COFI ....d INFO REALITE ...... C.A. SOMME C ..... VULCANIC # ...... d

C UPDIT FFFF HDUQ RDUW VDWT UIDSH RTWDHI FFFF PDSW ITDWW FFFF SSDTH QTRDUI FFFF EFFIK #...... II STELAX ...... CIE FIN.ST-H...... d INT. COMPUTE.....d CR.AG.SUD RH.....d ......

± ± ± ± PHSDWH HDIW ITDWW IIIDRS IDTP ISQDSH IHHTDVW HDQP IWIDIH IPSQDSQ RDRS PV IVQDTU FFFF ESKER ...... QIDQW SYNELEC #...... C.A. PARIS I...... JET MULTIMED .... CIDER SANTE ......

C C SIIDTS PDUU IDVW IPDRH FFFF RWDTH QPSDQS FFFF IIS USRDQS SDHP UUDSH SHVDQU FFFF EUROFINS SCI...... UV LA TETE D.L...... C.A.ILLE & V...... LATECOERE # ...... CODETOUR...... d ......

C C ± ± SSDIU TDRT PTDVP IUSDWQ HDTU SIDWH QRHDRR FFFF WRDWS TPPDVQ IDHI TDHP QWDRW SDPH EURO.CARGO S .... VDRI THERMATECH I.... C.A.LOIRE AT...... d L.D.C...... COFIDUR # ......

C C C ± WHIDWR HDPW PW IWHDPQ HDSP RVDWV QPIDPW HDHP TDVR RRDVU HDPW QQDSH PIWDUS FFFF EUROPSTAT #...... IQUDSH TITUS INTERA ...... C.A.MORBIHAN.... LECTRA SYST...... CORA INDUSTR ...d ......

C ± ± VIDQR FFFF PQDSH ISRDIS PDHV VVDIH SUUDWH HDST PT IUHDSS IDUT IPV VQWDTP FFFF FABMASTER # ...... IPDRH TRANSGENE # ...... C.A.DU NORD#..... LEON BRUXELL .... DELACHAUX S...... d ......

C C VPUDIT PIDPS IRDHS WPDIT FFFF TTDTS RQUDPH FFFF ITDUU IIH PDSU QVDPH PSHDSV FFFF FI SYSTEM #...... IPTDIH TEL.RES.SERV ...... C.A. OISE CC ...... b LOUIS DREYFU..... DELMON INDUS..d ......

C C ± ± ± SQDQQ RDQS UDWH SIDVP IDWR IHPDSH TUPDQT HDPW PQDSS ISRDRV IDVV PIDPS IQWDQW PDIT FLOREANE MED... VDIQ V CON TELEC...... C.A.PAS CAL ...... LVL MEDICAL ...... DIGIGRAM # ......

C C ± QPIDRP FFFF WDIR SWDWS PHDPT UV SIIDTS FFFF PVRDVH IVTVDIU IDHT QUDSH PRSDWV IDHQ GENERIX # ...... RW WESTERN TELE .... C.A.TOULOUSE.....d M6-METROPOLE .. DISTRIBORG G ......

± IPIDHP IDVT TV RRTDHS FFFF PDHS IQDRS FFFF PWDHI IWHDPW FFFF GENESYS # ...... IVDRS ...... CRCAM TOUR.P ...d MEDASYS DIGI..... FLAMMARION S ..d ......

C ± ITHDUI RDTU RPDPH PUTDVI FFFF RTDSS QHSDQS HDII ISDSH IHIDTU FFFF GENSET...... PRDSH ...... CROMETAL ...... d MANITOU #...... GRAVOGRAPH .....d ......

´ ´ ´ ´ ´ ´ PTSDUW HQGII IVRDWW IPIQDRS HRGII IUQDHQ IIQS HQGII IUVDQQ IITWDUU HQGII ECUR. CAPITALISATION C.... RHDSP MONE ASSOCIATIONS...... ACTILION PEA EQUILIBRE *. KALEIS SERENITE D ......

´ RVDIH QISDSP HQGII PQDWR ISUDHR HQGII IQII HRGII ITVDWP IIHVDHR HQGII ECUR. DYNAMIQUE+ DPEA UNIVAR C ...... IWWDVT ACTILION PRUDENCE C *.... LATITUDE C ......

´ ´ RSDVI QHHDRW HQGII PHDVT IQTDVQ HQGII ITSDSV IHVTDIQ HQGII IPHHDIR HRGII

SICAV ECUR. ENERGIE D PEA...... UNIVAR D...... IVPDWT ACTILION PRUDENCE D * ... LATITUDE D......

´ IQTHWDUT VWPURDIU HQGII IHPDQS TUIDQU HQGII WSDVT TPVDVH HQGII PRVDRV HQGII ECUR. EXPANSION C...... UNIVERS-OBLIGATIONS ...... QUDVV LION ACTION EURO ...... OBLITYS D......

´ PSTDSR HQGII QWDII ´ RSDHR PWSDRR HQGII TQTDRV HQGII

ECUR. EXPANSIONPLUS C.... Fonds communs de placements LION PEA EURO...... WUDHQ PLENITUDE D PEA ......

´ SSDHV QTIDQH HQGII ISVUHDWS HQGII

ECUR. INVESTIS. D PEA...... POSTE GESTION C ...... PRIWDSI

IWIWDIQ PVGIH

FCP ´ ´ INDOCAM VAL. RESTR...... PWPDSU PHWDRH IQUQDSU HQGII IRVRQDSP HQGII

EC. MONET.C/10 30/11/98...... POSTE GESTION D...... PPTPDVV

PWTDQT PWGIH

´ ´ MASTER ACTIONS ...... RSDIV IPQWDIU HQGII IVVDWI ` RQPRVDTP HQGII

EC. MONET.D/10 30/11/98...... POSTE PREMIERE SI...... TSWQDPI

IVQDSR PWGIH

´ MASTER OBLIGATIONS ...... PUDWV ISVDSR IHQWDWS HQGII PPDQT IRTDTU HQGII  le™tionF ne se ` PSSUWVDTQ HQGII

Cours de cloˆ ture le 3 novembre ECUR. OBLIG. INTERNAT. C. CM EURO PEA...... POSTE PREMIERE 1 AN...... QVWWTDPS

IQRDTU HPGII

´ OPTALIS DYNAMIQ. C ...... PHDSQ IVQIDUT HQGII QTDVR PRIDTS HQGII PUWDPS ` SRRHUDSH HQGII

ECUR. TRIMESTRIEL D...... CM FRANCE ACTIONS ...... POSTE PREMIERE 2-3...... VPWRDQU

IQIDIQ HPGII

´ OPTALIS DYNAMIQ. D...... IWDWW PVDQT IVTDHQ HQGII PVDSP IVUDHV HQGII SIRRDRI HQGII

e EPARCOURT-SICAV D...... ´ CM MID. ACT. FRANCE...... REVENUS TRIMESTR. D ...... UVRDPT IPSDPW HPGII Valeurs unitaires Date IWDIH

´ ´ OPTALIS EQUILIB. C ...... PIHSDQV IQVIHDQW HQGII PQTR HQGII

QTHDQW ´ IHWVDTH HQGII Emetteurs f ITUDRV

¤ ee GEOPTIM C ...... ´ CM MONDE ACTIONS...... THESORA C ...... IIWDRS HPGII

uros francs cours OPTALIS EQUILIB. D...... IVDPI

SIVDUR QRHPDUI HQGII TUIDII HQGII IHPDQI ´ WRTDTV HQGII HORIZON C...... CM OBLIG. LONG TERME.... THESORA D...... IRRDQP

IPIDTI HPGII

´ ´ OPTALIS EXPANSION C ...... IVDSR ISDIU WWDSI HQGII PHPDWS HQGII QHDWR ´ PVTQVVDWW HQGII AGIPI PREVOYANCE ECUR. D...... CM OPTION DYNAM...... TRESORYS C...... RQTSWDUP

IPIDHW HPGII

OPTALIS EXPANSION D...... IVDRT ´ SHDHR QPVDPR HQGII PQRWDVQ HQGII

Fonds communs de placements CM OPTION EQUIL...... SOLSTICE D...... QSVDPQ IUPDQW HQGII PTDPV ´ ´ ´ IIPDQU HPGII

AGIPI AMBITION (AXA) ...... OPTALIS SERENITE C...... IUDIQ

WVVDHU HQGII

´ ´ CM OBLIG. COURT TERME .. ISHDTQ QTDQQ PQVDQI HQGII

IUUDQI HQGII PUDHQ ´ ´ ´ IHRDWS HPGII

AGIPI ACTIONS (AXA)...... ECUR. EQUILIBRE C ...... OPTALIS SERENITE D ...... IT Fonds communs de placements

PHIRDHS HQGII

´ CM OBLIG. MOYEN TERME . QHUDHR QPDQV PIPDRH HQGII

VQDHQ SRRDTR HQGII SPHDHR HPGII

ECUR. PRUDENCE C...... PACTE SOL. LOGEM...... UWDPV POSTE EUROPE C......

IHTRDVI HQGII

´ ´ CM OBLIG. QUATRE...... ITPDQQ RPDHW PUTDHW HQGII SPUDIQ HQGII ECUR. VITALITE C...... VHDQT SQSDUW HPGII 3615 BNP PACTE VERT T. MONDE...... VIDTV POSTE EUROPE D ......

` IITUDRI HQGII Fonds communs de placements POSTE PREMIERE 8 ANS C... IUUDWU

` UVSDII HQGII IIWDTW ´ IITDUT HQGII IUIDVT IIPUDQQ HQGII

BNP ACTIONS EURO...... CRE´DIT AGRICOLE CIC BANQUES CM OPTION MODERATION . IUDVH POSTE PREMIERE 8 ANS D...

IHWHDUW HQGII BNP ACTIONS FRANCE...... ITTDPW

08 36 68 56 55 (2,23 F/mn) LCF E. DE ROTHSCHILD BANQUE SG ASSET MANAGEMENT IHVDQQ UIHDTH HQGII PQRDVQ HQGII BNP ACT. MIDCAP EURO..... FRANCIC...... QSDVH

´ Serveur vocal : RRDWV PWSDHS HQGII RHDIW PTQDTQ HQGII VUDPR SUPDPT HQGII PHSDQV HQGII BNP ACT. MIDCAP FR...... ATOUT AMERIQUE ...... FRANCIC PIERRE...... QIDQI ASIE 2000......

(2,23 F/mn) ISRDVU HQGII PQDTI 08 36 68 36 62

IPPTDWU HQGII IVUDHS ´ PIQWQDIP HPGII ATOUT ASIE...... ´ QPTIDQT QPVDQI HQGII BNP ACTIONS MONDE...... EUROPE REGIONS...... SHDHS SAINT-HONORE CAPITAL ....

QRVDST PPVTDRH HQGII

IPWVDTT HQGII IWUDWV ´ ´ TUDPI RRHDVU HQGII IHQIDST HQGII BNP ACTIONS PEA EURO..... ATOUT CROISSANCE...... ST-HONORE MAR. EMER. .... CADENCE 1 D...... ISUDPT

PHPTDSV HQGII ´ QHVDWS IWVDPQ HQGII QHDPP ´ IQRDRI VVIDTU HQGII IHQPDHP HQGII

BNP EP. PATRIMOINE...... ATOUT FONCIER...... CIC PARIS ST-HONORE PACIFIQUE ...... CADENCE 2 D...... ISUDQQ

IQPRDVR HQGII

´ PHIDWU PITDUQ HQGII QQDHR ´ ´ PHQPDVV HQGII ATOUT FRANCE EUROPE ..... QHWDWI IHPHDRI HQGII BNP EPARGNE RETRAITE .... ST-HONORE VIE SANTE ...... CADENCE 3 D...... ISSDST

QIWDHT HQGII

´ RVDTR ISIRSDPT HQGII

PQHVDVV ATOUT FRANCE MONDE...... QQUDVV HQGII BNP MONE COURT TERME . SIDSI IIHQDSP HQGII

ASSOCIC ...... ITVDPQ INTEROBLIG C ......

IQSWDVH HQGII

´ PHUDQH SUQTDHP HQGII

VURDRS ATOUT FUTUR C ...... ´ SQIDPT HQGII BNP MONETAIRE C...... VHDWW

SURDVV HQGII

AURECIC...... VUDTR LEGAL & GENERAL BANK INTERSELECTION FR. D......

IPTIDHI HQGII

´ IWPDPR SPUWDVH HQGII VHRDWH ATOUT FUTUR D...... ´ ´ IIWTDTT HQGII BNP MONETAIRE D ...... IVPDRQ PIHSDIT HQGII

CAPITAL AVENIR...... QPHDWQ SELECT DEFENSIF C......

´ TUIDWT HQGII

´ IHPDRR VQRUPDST HQGII

IPUPSDQI ATOUT SELECTION ...... ´ ISWTDRH HQGII

BNP MONE PLACEMENT C.. PRQDQU

PISDTV HQGII

CICAMONDE...... QPDVV ´ SELECT DYNAMIQUE C ......

IWQHDTI HQGII

SECURITAUX ...... PWRDQP

PHUVDWP HQGII

´ QITDWQ UTPWVDTW HQGII

IITQIDTT COEXIS ...... ´ ´ IHVWDTI HQGII

BNP MONE PLACEMENT D.. ITTDII

SHHDIH HQGII

CONVERTICIC...... UTDPR ´ SELECT EQUILIBRE 2......

IQVUDWR HPGII

` STRATEGIE IND. EUROPE .... PIIDSW PVPHDRP HQGII

´ ´ ´ RPWDWU

IIUHTDQR HQGII

IUVRDTP DIEZE ...... ´ IHUIDRR HQGII BNP MONE SECURITE ...... ITQDQR

SPIWDUI HQGII

EPARCIC ...... UWSDUR ´ SELECT PEA 3...... PIPTDPV HPGII

STRATEGIE RENDEMENT .... QPRDIS

QTVPDTU HQGII

´ ´ STIDRP WRRWSSDIW HQGII

IRRHSUDRW EURODYN...... PWIHDIS HQGII

BNP MONE TRESORIE ...... RRQDTS PVTQDUI HQGII

EUROCIC LEADERS...... RQTDSU SG FRANCE OPPORT. C......

IIVDSH UUUDQI HPGII

IHVVDIU HQGII ITSDVW INDICIA EUROLAND......

PUQSDVU HQGII BNP OBLIG. CT ...... RIUDHV WRWVDQW HQGII

MENSUELCIC...... IRRVDHP Sicav Info Poste : SG FRANCE OPPORT. D ......

RQPDHW PVQRDQP HPGII

PPSDPT HQGII QRDQR INDICIA FRANCE......

QPVTDQR HQGII BNP OBLIG. LT...... SHI RQQWDPW HQGII

OBLICIC MONDIAL...... TTIDSP 08 36 68 50 10 (2,23 F/mn) SOGENFRANCE C......

PRUDUH ITPRDVI HQGII

IIUUDII HQGII IUWDRS INDOCAM CONVERT. C...... PWUIDRP HQGII

BNP OBLIG. MONDE...... RSPDWW IISQDRQ HQGII IUSDVR SOGENFRANCE D......

OBLICIC Re´GIONS ...... ´ PTDPW IUPDRS HQGII

IRQTDRI HQGII PIVDWV AMPLITUDE AMERIQUE C ...

WPSDHQ HQGII IRIDHP INDOCAM CONVERT. D ...... TTWDVH HQGII

BNP OBLIG. MT C...... IHPDII ISVDRV HQGII PRDIT SOGEOBLIG C......

RENTACIC...... ´

PTDHT IUHDWR HQGII

IPPHVDTI HPGII IVTIDIW AMPLITUDE AMERIQUE D...

VVHDTW HQGII

IQRDPT INDOCAM EUR. NOUV...... ´ PWHDWV HQGII

BNP OBLIG. MT D...... SOGEPARGNE D...... RRDQT PQWWDUS HQGHQ

SECURICIC...... QTSDVR

QTDPV PQUDWV HQGII

IIWRDIH HQGII IVPDHR AMPLITUDE EUROPE C......

IHUTDPQ HQGII

ITRDHU INDOCAM HOR. EUR. C ...... ITPWDQQ HQGII

BNP OBLIG. REVENUS ...... SOGEPEA EUROPE...... PRVDQW PITVDUQ HQGII

SECURICIC D ...... QQHDTP

QSDRR PQPDRU HQGII

IHSQDWQ HQGII ITHDTU AMPLITUDE EUROPE D ......

IIHRDII HQGII ITVDQP INDOCAM HOR. EUR. D...... RTUDWT HQGII

BNP OBLIG. SPREADS...... SOGINTER C...... UIDQR

PSQDPR ITTIDIS HQGII

WUVDIH HQGII

´ IRWDII AMPLITUDE MONDE C...... IIWPUDRT HQGII

BNP OBLIG. TRESOR...... IVIVDQQ INDOCAM MULTI OBLIG...... Fonds communs de placements

PQIDWT ISPIDST HQGII PRUDVP HPGII

QUDUV AMPLITUDE MONDE D ......

WPIDTP HQGII IRHDSH INDOCAM ORIENT C......

BNP SECT. IMMOBILIER ...... ´ IHVDSH HPGII

DECLIC ACTIONS EURO...... ITDSR

PRDTS ITIDTW HQGII

PPHDWW HPGII

INDOCAM ORIENT D ...... QQDTW ´ AMPLITUDE PACIFIQUE C ... IRQHDQV HQGII

EURCO SOLIDARITE ...... PIVDHT ´ QRHDUH HPGII

www.cdc-assetmanagement.com DECLIC ACTIONS FRANC ..... SIDWR

PRDPW ISWDQQ HQGII

IQUTDUW HQGII

INDOCAM UNIJAPON...... PHWDVW AMPLITUDE PACIFIQUE D...

THPRDQI HQGII

LION 20000 C/3 11/06/99 ...... WIVDRH ´ PUVDQW HPGII

´ DECLIC ACTIONS INTER...... RPDRR RTDPH QHQDHS HQGII PHTHDIT HQGII

INDOCAM STR. 5-7 C ...... QIRDHU ELANCIEL FRANCE D PEA....

SRWRDVP HQGII

LION 20000 D/3 11/06/99 ...... VQUDTV ´ QSSDVT HPGII

´ DECLIC BOURSE PEA ...... SRDPS IIQDRP URQDWW HQGII IRIHDII HQGII

INDOCAM STR. 5-7 D...... PIRDWU ELANCIEL EURO D PEA......

IISIDHU HQGII

SICAV 5000 ...... IUSDRV ´ ´ IHTDSQ HPGII

´ DECLIC BOURSE EQUILIBRE ITDPR PIWDVI HQGII

´ QQDSI IHQRPDIS HPGII

ISUTDTS EMERGENCE E.POST.D PEA. IPWIDUV HPGII

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´ DECLIC OBLIG. EUROPE...... IUDRI UHIDIS HQGII ´ IHTDVW IPSWTDVH HRGII

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IISPDWI HQGII

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RRTDIV HPGII

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IWDIT IPSDTV HQGII

SWUDHS HQGII ´ WIDHP PVRTDSQ HPGII

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28 AUJOURD’HUI LE MONDE / VENDREDI 5 NOVEMBRE 1999

SPORTS Le XV de France, qui doit maux et de blessures. b LES JOUEURS soupçonné d’avoir mordu l’oreille du disputer la finale. b EN AUSTRALIE, les jouer la finale de la 4e Coupe du FRANÇAIS ont confié leurs soins à Xa- capitaine néo-zélandais, Taine Randell, amateurs de sport se découvrent une monde de rugby, samedi 6 novembre, vier Gousse, kinésithérapeute, dont lors de la demi-finale, le 31 octobre, a soudaine passion pour la France et dé- à Cardiff, a, comme tous les partici- l’influence sur le moral des troupes est été blanchi par la commission de disci- taillent les nombreux parallèles spor- pants de l’épreuve, connu son lot de indéniable. b FRANCK TOURNAIRE, pline, mercredi 3 novembre, et pourra tifs entre les deux pays. Avant la finale, le XV de France panse ses corps et soigne son moral Après cinq semaines de Coupe du monde, les organismes sont soumis à rude épreuve, accumulant les traumatismes en tous genres. Chez les Français, un homme est chargé des soins : le kinésithérapeute Xavier Gousse. Mais il lui arrive également de réconforter les âmes CARDIFF vu évoluer, ces dernières années, le Objet de torture pour certains, la leur forme pour les toutes dernières de notre envoyé spécial comportement des rugbymen vis-à- table de massage doit alors devenir rencontres du tournoi. Les corps sont « Je suis crevé. Pour tenir le coup, je vis des soins. « Le professionnalisme une planche de salut. « Au début, ils impeccables, aujourd’hui », assure bois entre huit et dix cafés par jour. Il est en train de changer les attitudes, demandent l’impossible. Ils vou- Xavier Gousse. y a quelque temps, j’avais réussi à ar- dit-il. Les joueurs sont de plus en plus draient que la douleur disparaisse dès Mais qu’en sera-t-il plus tard ? rêter de fumer ; j’ai repris, bien évi- conscients que leur outil de travail, la première séance. Mais peu à peu, Sept jours après le match contre demment. » Heureusement pour Xa- c’est leur corps et qu’il faut y faire at- une relation de confiance s’installe. l’Australie, le championnat de vier Gousse, la quille approche. A tention. Je ne dirais pas, cependant, Sans doute parce qu’ils n’ont pas le France Elite reprendra son cours quelques jours de la fin de la Coupe qu’ils en sont conscients totalement, à choix », poursuit-il. normal. Une semaine plus tard, ce du monde, le kinésithérapeute de 100%.» Des trois joueurs ayant dû A force de manipuler les corps, sera aux coupes européennes d’oc- l’équipe de France ne cache pas être Xavier Gousse a appris à distinguer cuper le calendrier. sur les rotules. Un mois durant, l’ac- les réfractaires des volontaires et les Une saison marathon attend les cumulation des entorses, des élon- « Les joueurs sont chatouilleux des endurcis. Gare aux rugbymen français jusqu’au 15 juil- gations et autres bobos plus ou apparences : les plus vulnérables ne let, jour de la finale du championnat moins graves au sein des Bleus ne de plus en plus sont pas forcément ceux qu’on de France. « Je crois que les clubs au- lui a pas laissé un seul instant de ré- croit. « En général, les joueurs de pre- ront intérêt à laisser leurs internatio- pit. Si trois joueurs durent quitter le conscients que mière ligne sont plus douillets que les naux se reposer plutôt que de leur groupe en raison de déchirures autres. On imagine que ce sont des faire reprendre l’entraînement aussi- musculaires trop profondes (Tho- leur outil de travail, gros durs. En fait, ils sont extrême- tôt, recommande Xavier Gousse. Ce mas Castaignède, , ment sensibles. Quand on voit leurs ne sera pas un mauvais calcul pour Thomas Lièvremont), Xavier Gousse c’est leur corps » entrées en mêlée et les problèmes de les clubs : si les joueurs peuvent béné- pourrait se targuer d’avoir remis sur cervicales que cela occasionne, on a ficier d’un véritable retour au calme, pied près d’une dizaine d’internatio- du mal à croire qu’avec nos petites ils reviendront sur le terrain avec da- naux depuis le début des stages qui rentrer prématurément chez eux, le mains, on puisse être capable de re- vantage de fraîcheur. » précédèrent l’arrivée au tournoi cas de Thomas Lièvremont est celui mettre tout ça en état », s’émerveille mondial. qui laisse le plus de regret au soi- le meilleur connaisseur des orga- Frédéric Potet Le dernier en date s’appelle Marc gneur. « On y était presque. Il avait nismes tricolores. Lièvremont. « Ta femme atten- récupéré d’une déchirure en dix jours. L’état dans lequel sont actuelle- a Voici la composition de l’équipe dra ! », lui avait lancé Xavier Il a seulement manqué un peu de lu- ment les corps pourrait être l’une de France : 1. Cédric Soulette Gousse, dimanche 31 octobre, alors cidité de sa part pour être totalement des clés de la finale, samedi sur la () ; 2. Raphaël Iba- que le troisième-ligne aile de rétabli », indique-t-il. pelouse du Millennium Stadium. Au nez (Perpignan, cap.) ; 3. Franck l’équipe de France faisait son entrée, A chaque fois que lui revient un début de la Coupe du monde, Tournaire (Stade toulousain) ; à reculons, dans la salle de massage blessé, Xavier Gousse passe une lorsque se sont succédé plusieurs 4. (Agen) ; 5. Fa- installée dans un salon de l’hôtel oc- sorte de contrat oral et moral avec cas de blessures chez les Bleus, des bien Pelous (Stade toulousain) ; cupé par les Bleus, quelque part lui. « A partir de maintenant, tu ne voix s’étaient interrogées sur la qua- 6. Marc Liévremont (Stade fran-

dans le grand ouest londonien. me lâches plus, tu es mon homme, tu GAUTREAU/AFP JEAN-LOUP lité de la préparation physique en- çais) ; 7. (Montfer- Marc Lièvremont n’avait alors me suis partout. Mais je te préviens : Les troisièmes-lignes Marc Lièvremont (à gauche) et Olivier treprise par le staff de l’équipe de rand) ; 8. (Stade qu’une envie : aller rejoindre son on va jusqu’au bout. Pour cela, il faut Magne (à droite), à l’entraînement, le 19 octobre. Souffrant France. « Le match contre la Nou- français) ; 9. Fabien Galthié (Colom- épouse et ses coéquipiers partis cé- que tu m’aides », lui dit-il en subs- des adducteurs à l’issue du match France - Nouvelle-Zélande, velle-Zélande a démontré que les miers) ; 10. lébrer la victoire sur les All Blacks tance. Marc Lièvremont a été remis sur pied par Xavier Gousse. joueurs sont arrivés au sommet de (Brive) ; 11. dans un restaurant occitan de la ca- (Stade français) ; 12. Emile Ntamack pitale britannique. Ses adducteurs (Stade toulousain) ; 13. Richard droits le faisaient souffrir. Les ré- Dourthe (Dax) ; 14. Philippe Bernat- jouissances attendraient. Salles (Biarritz) ; 15. Xavier Garbajo- Ce soir-là, accompagné de Xavier Franck Tournaire sera présent sur la pelouse samedi sa (Stade toulousain). Remplaçants : Garabajosa, touché à la cheville CARDIFF de la mêlée française est arrivé à 10 heures, lande - France, l’Ecossais Jim Fleming et l’An- 16. (Castres) ; 17. Sté- droite, Marc Lièvremont était resté de notre envoyé spécial mercredi 3 novembre, au rendez-vous fixé glais Brian Campsall : « Ils ont été d’une phane Glas (Bourgoin-Jallieu) ; deux heures entre les mains de Xa- Le 6 novembre, le XV de France devrait par la commission de discipline, à l’Interna- grande probité, d’une grande classe, a souli- 18. Stéphane Castaignède (Mont- vier Gousse et de son assistant, aborder la finale de la 4e Coupe du monde tional Arena de Cardiff. Accompagné de Jo gné Jo Maso. Tous les deux ont répété ce qu’ils de-Marsan) ; 19. Arnaud Costes Pierre Capillon. Le résultat en valait avec une première ligne identique à celle qui Maso et Pierre Villepreux, il a plaidé non cou- avaient déjà écrit. » Dimanche 31 octobre, les (Montferrand) ; 20. la peine : samedi 6 novembre, à Car- a laminé ses opposants All Blacks en demi- pable devant ses trois censeurs. deux arbitres n’avaient pas vu de geste ré- (Bègles-Bordeaux) ; 21. Pieter De diff, le joueur du Stade français de- finale : cité par la commission de discipline préhensible sur le regroupement en question. Villiers (Stade français) ; 22. Marc vrait en effet tenir sa place pour la pour répondre des faits supposés de morsure « MAINTENANT, PLACE AU JEU » Ils ne se souvenaient pas davantage d’avoir Dal Maso (Colommiers). finale de la Coupe du monde contre sur un adversaire, Franck Tournaire a finale- Pendant près de deux heures, il a asséné sa entendu Taine Randell se plaindre, ni de l’Australie. « La tentation est grande, ment été « relaxé », mercredi 3 novembre. vérité : sur ces images, on le voit, certes, la l’avoir vu effectuer le moindre geste laissant après un match, d’aller faire la fête « Cette citation devait avoir lieu car, au vu des bouche grande ouverte tout près de l’oreille supposer qu’il avait été mordu. avec les copains. Le problème, c’est images, il pouvait y avoir un doute sur une ac- de Taine Randell, mais c’était pour lui crier sa Franck Tournaire élargi après avoir été qu’en cas de blessure, il faut vraiment tion de Franck Tournaire sur Taine Randell, a façon de voir les choses du rugby. Franck soupçonné de faits de violence parmi les plus intervenir sans tarder. La guérison indiqué Jo Maso. Il a bénéficié d’un non-lieu Tournaire hurlait « No stamping », à l’oreille sévèrement condamnés par les instances du n’en sera que plus rapide. Si on at- dans la mesure où rien n’a été prouvé. » de son adversaire, qui venait d’effectuer un rugby international, c’est toute la formidable tend le lendemain, on perd une jour- « Franck Tournaire m’avait juré qu’il n’avait piétinement dangereux à ses yeux. La veille, performance du XV de France sur la Nou- née. Parfois, il n’en faut pas plus pour pas mordu Taine Randell, a ajouté le manager le capitaine néo-zélandais avait donné une velle-Zélande qui se trouve débarrassée du rater un match », explique Xavier du XV de France, visiblement soulagé. Si ce version des faits en tous points identique. soupçon de la violence. « Maintenant, place Gousse. n’avait pas été le cas, je n’aurais pas pu le dé- Au cours de ces deux heures d’entretien, au jeu », a conclu Jo Maso. Place à la finale. De par ses relations privilégiées fendre comme cela. » Franck Tournaire a reçu le soutien de deux avec les joueurs, le kiné des Bleus a Après une « mauvaise nuit », le pilier droit des arbitres du match Nouvelle-Zé- Eric Collier L’Australie se découvre une passion pour la France Ligue des champions : le Milan AC a tout perdu SYDNEY ainsi avec vous, sacrés Français », se ment par le comité olympique aus- L’HISTOIRE a une morale, et séparent pas sur un match nul. lan AC. Cet échec aura des consé- correspondance réjouissait, mardi 2 novembre, le tralien, les deux pays devraient ba- elle ne fait pas le bonheur du Mi- Une équation à plusieurs in- quences financières. » Est-ce la forme du ballon, cet barman d’un pub du centre de Syd- tailler ferme, en 2000, pour la lan AC. Le prestigieux club italien, connues donc. Trop pour le Milan, Le Bayern Munich s’est préservé ovale sans angle mort dont les re- ney. « Cette équipe de France pra- cinquième place du classement des qui a milité sans réserve pour la qui s’est incliné (2-3) dans les trois de ces soucis en battant (1-0) les bonds échappent au sens tique le rugby que je préfère, rapide, nations aux Jeux de Sydney. Les nouvelle formule de la Ligue des dernières minutes après avoir Glasgow Rangers à la suite d’un commun ? Allez savoir. Mais joyeux et imprévisible », lui répon- prévisions attribuent 59 médailles à champions destinée à protéger les longtemps mené 2-1. penalty transformé par Thomas quatre semaines de Coupe du dait un client. « On va gagner, c’est l’Australie, contre 54 à la France. nantis d’une mésaventure, quitte Le succès des Londoniens de Strunz. Le champion d’Allemagne monde de rugby ont suffi, en Aus- sûr, mais cette finale sera passion- « Le Nord contre le Sud, une ba- la compétition dès le premier tour. Chelsea (2-0) face aux Berlinois, doit au talent et à la bonne fortune tralie, pour changer radicalement nante », poursuivait un troisième, garre entre deux Républiques : l’an- Les Milanais, en fâcheuse posture grâce au premier but européen de de son gardien de but, Oliver l’image de la France, de son sport en réglant l’addition. cienne, la France, contre l’enfant après leurs cinq premiers matches Didier Deschamps, n’aura donc Kahn, d’avoir conservé son maigre et de son âme. Fin octobre, la terrible, l’Australie », écrivait le (une victoire, trois nuls, une dé- pas servi les desseins italiens. Pis, capital. Dans ce groupe F, les Es- presse du pays ne se gênait pas OUBLIÉ, LE « RAINBOW-WARRIOR » quotidien The Australian, au lende- faite), devaient l’emporter, mercre- l’équipe milanaise termine der- pagnols du FC Valence étaient as- pour écrire le peu d’intérêt que lui Combien il semble loin, le temps main de la victoire des Bleus contre di 3 novembre, à Istanbul, devant nière de sa poule, ce qui la prive surés de conserver la première inspirait le jeu des Bleus. Et beau- où la plus élémentaire prudence les All Blacks. Plutôt surprenant, Galatasaray, tout en espérant que d’un repêchage en Coupe de l’UE- place. Bordeaux (groupe G), assuré coup leur prédisaient un parcours commandait aux Français d’Aus- comme angle de vue. Le résultat, les deux équipes de tête du FA. « Pour un club comme nous, de sa participation à la deuxième rapidement abrégé. « Ils auront tralie de taire leur nationalité. Ou- peut-être, de plus de quatre se- groupe H – Chelsea (Angleterre) et c’est honteux, a fulminé Adriano phase, s’est contenté d’un nul léni- bien du mal à se défaire des Fid- blié, le peu glorieux épisode du maines de Coupe du monde obser- Hertha Berlin (Allemagne) – ne se Galliani, le vice-président du Mi- fiant (0-0) à Tilburg (Pays-Bas). jiens », assurait même le Sunday Rainbow-Warrior. Pardonnés, les vées la tête en bas. Mail. La victoire sur les All Blacks, essais nucléaires dans l’atoll de Mais les Australiens n’en dé- dimanche 31 octobre à Twicken- Mururoa. L’Australien se découvre mordent pas : le combat, franche- RÉSULTATS (Ukr.), Barcelone (Esp.), Fiorentina (Ita.), Rosen- LOTO ham, a balayé ces tristes prévisions. une passion pour la France. Mieux : ment contre nature, entre un coq borg (Nor.), Feyenoord (P.-B.), Manchester United a Résultats des tirages no 88 effec- ET CLASSEMENTS (Ang.), Marseille, Real Madrid (Esp.), Porto (Por.), Depuis, l’Australie ouvre de grands il ne se lasse plus de dénicher et dé- habillé de bleu et un wallaby en Valence (Esp.), Bayern Munich (All.), Sparta tués mercredi 3 novembre. yeux pleins de tendresse à la seule tailler les nombreux parallèles chaussettes vert et jaune constitue b Ligue des champions (6e journée) Prague (RTC), Bordeaux, Chelsea (Ang.) et Hertha Premier tirage : 8, 25, 28, 32, 35, 43, vue d’un drapeau bleu, blanc et sportifs entre les deux pays. La sans aucun doute possible le der- Groupe E : Molde FK (Nor.)-Real Madrid Berlin (All.). Un tirage au sort, effectué vendredi numéro complémentaire : 40. Pas de (Esp.)0-1 ; Olympiakos (Grè.)-Porto (Por.) 1-0. rouge. France est championne du monde nier véritable enjeu sportif du mil- 5 novembre à Genève, déterminera la composition gagnants pour 6 numéros. Rapports Classement : 1. Real Madrid, 13 points ; 2. Porto, des quatre groupes de quatre équipes qui se ren- Surprenant ? Au début, pas tant de football, l’Australie détient le lénaire. La preuve : les deux pays 12 pts ; 3. Olympiakos, 7 pts ; 4. Molde FK, 3 pts. contreront comme pour la première phase par mat- pour 5 nos et le compl. : 1 459 355 F, que cela. Après tout, le XV de titre mondial de cricket, ramené cet ne s’affrontent pas seulement ce Groupe F : Bayern Munich (All.)-Glasgow Rangers ches aller-retour entre le 23 novembre et le 222 477 ¤ ; pour 5 nos : 8 940 F, (Eco.) 1-0 ; Valence (Esp.)-PSV Eindhoven (P.- France a eu le mérite de pousser les été de la lointaine Angleterre. samedi 6 novembre sur la pelouse 22 mars 2000. Les deux premiers de chaque poule 1 362 ¤ ; pour 4 nos et le compl. : B.)1-0. participeront aux quarts de finale. os All Blacks dans le fossé. Une La France possède Marie-José de Cardiff. Ils se retrouveront un Classement : 1. Valence, 12 points ; 2. Bayern Mu- b Les clubs reversés en Coupe de l’UEFA : 342 F, 52,13 ¤ ; pour 4 n : 171 F, prouesse dont l’Australie lui sera Pérec, double championne olym- mois plus tard à Nice, en finale de nich, 9 pts ; 3. Glasgow Rangers, 7 pts ; 4. PSV Bayer Leverkusen (All.), Arsenal (Ang.), Borussia 26,06 ¤ ; pour 3 nos et le compl. : éternellement reconnaissante. pique du 400 m. L’Australie peut la Coupe Davis de tennis. Qui l’em- Eindhoven, 4 pts. Dortmund (All.), Sturm Graz (Aut.), Olympiakos 34 F, 5,18 ¤ ; pour 3 nos : 17 F, 2,59 ¤. Entre les deux voisins du Pacifique, compter sur Cathy Freeman, portera ? Aux dernières nouvelles, Groupe G : Willem II Tilburg (P.-B.)-Bordeaux 0-0 ; (Grè.), Glasgow Rangers (Eco.), Spartak Moscou Second tirage : 15, 18, 20, 21, 24, 29, Sparta Prague (RTC.)-Spartak Moscou (Rus.)5-2. (Rus.) et Galatasaray (Tur.). Ces huit équipes, qui la rivalité atteint des proportions double championne du monde du les bookmakers donneraient l’Aus- Classement : 1. Sparta Prague, 12 points ; 2. Bor- ont terminé troisièmes de leur groupe respectif, numéro complémentaire : 22. Rap- quasi fanatiques lorsqu’il est ques- 400 m. La France a collectionné tralie favorite, à 3-1, pour le titre deaux, 12 pts ; 3. Spartak Moscou, 5 pts ; 4. Wil- participeront aux 16es de finale de la Coupe de ports pour 6 nos : 13 014 720 F, tion de rugby. Il n’empêche, la fi- 564 médailles depuis la création mondial de rugby. Mais la surface lem II Tilburg, 2 pts. l’UEFA en guise de lot de consolation. 1 984 081 ¤ ; pour 5 nos et le compl. : Groupe H : Chelsea (Ang.)-Hertha Berlin (All.) b Les clubs éliminés : NK Maribor (Slové.), AIK os nale de la Coupe du monde 1999 des Jeux olympiques d’été, dont avantage nettement les hommes 2-0 ; Galatasaray (Tur.)-Milan AC (Ita.) 3-2. Stockholm (Suè.), Boavista (Por.), Croatia Zagreb 63 315 F, 9 652 ¤ ; pour 5 n : 6 675 F, inspire aux Australiens des réac- 176 en or. L’Australie traîne encore de Guy Forget. Alors ? En Austra- Classement : 1. Chelsea, 11points ; 2. Hertha Ber- (Cro.), Molde FK (Nor.), PSV Eindhoven (P.-B.), 1 017 ¤ ; pour 4 nos et le compl. : tions plutôt singulières. en route (293, dont 87 en or), mais lie, on s’en réjouit d’avance. lin, 8 pts ; 3. Galatasaray, 7 pts ; 4. Milan AC, Willem II Tilburg (P.-B.) et Milan AC (Ita.), qui ont 296 F, 45,12 ¤ ; pour 4 nos : 148 F, 6 pts. terminé derniers de leur groupe respectif, sont éli- « On va se régaler, ce sera un plus pour très longtemps. A en 22,56 ¤ ; pour 3 nos et le compl. : b Les clubs qualifiés pour la deuxième phase minés de toute compétition européenne pour cette match magnifique, il en est toujours croire une étude publiée récem- Alain Mercier de l’épreuve : Lazio Rome (Ita.), Dynamo Kiev saison 1999-2000. 30 F, 4,57 ¤ ; pour 3 nos : 15 F, 2,28 ¤. LeMonde Job: WMQ0511--0030-0 WAS LMQ0511-30 Op.: XX Rev.: 04-11-99 T.: 10:31 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 20Fap: 100 No: 0447 Lcp: 700 CMYK

30 / LE MONDE / VENDREDI 5 NOVEMBRE 1999 AUJOURD’HUI-MODES DE VIE L’alimentation bio aborde une crise de croissance Le succès d’une agriculture nouvelle, dite « raisonnée », qui bannit l’utilisation systématique d’engrais chimiques, vient concurrencer les pionniers de l’alternatif

AU ROYAUME du bio, l’am- Apparemment complémen- bio redoutent l’agriculture raison- biance n’est pas aussi euphorique taires, agriculture biologique et née et ses ambiguïtés : des pro- qu’on pourrait le penser. Encore agriculture raisonnée sont, en fait, duits de meilleure qualité qu’au- marginale (un peu moins de 6 mil- des formules concurrentes. Syno- paravant (notamment du point de liards de francs sur un marché de nyme d’un assez vague ensemble vue du goût), offrant de plus 800 milliards), la consommation de bonnes pratiques agricoles, la grandes garanties de traçabilité et de produits dont la culture ou seconde est beaucoup moins bien moins chers que ce que l’on l’élaboration a banni pesticides et contraignante et, surtout, autre- peut trouver au rayon bio. autres produits industriels va en- « L’agriculture raisonnée est une core progresser cette année de bonne chose, mais à condition qu’il quelque 20 %, mais ses promo- Aujourd’hui, n’y ait pas de méprise. Cela signifie teurs s’apprêtent à affronter des qu’il faut qu’elle soit rapidement

vents contraires. Victime de son l’éventualité de voir définie par un cahier des charges SITTLER/REA PASCAL succès, cette filière qui cultive tou- précis », insiste Olivier Mugler, di- Les professionnels du bio se demandent s’ils ne risquent pas, jours son origine « alternative » surgir un « scandale recteur de Biocoop, une chaîne de tôt ou tard, d’être victimes à leur tour de la sensibilité exacerbée doit faire face à l’offensive de la cent quatre-vingt-sept supermar- des consommateurs en matière de sécurité alimentaire. grande distribution et de l’agri- bio » n’est plus une chés bio qui réalise un chiffre d’af- culture classique, qui ont entamé faires de 500 millions de francs. Elle confronte l’alimentation des produits issus de l’agriculture certificats néerlandais et alle- un discret mea culpa pour mieux question saugrenue Pour l’heure, cette menace ne nuit bio à sa première crise de crois- biologique s’est quelque peu ter- mands... Aujourd’hui, l’éventuali- contre-attaquer en brandissant la pas le moins du monde à l’agri- sance, en mettant à nu l’ambiva- nie. L’Académie de médecine té de voir surgir un « scandale bannière de « l’agriculture raison- ni un sujet tabou culture biologique, toujours inca- lence d’un phénomène davantage soupçonne, en effet, certaines cé- bio » n’est plus une question sau- née ». pable de répondre à la demande. porté par l’hédonisme du consom- réales bio d’être porteuses de my- grenue ni un sujet tabou. « Pro- La litanie des scandales alimen- Dans les hypermarchés, des pro- mateur que par son engagement cotoxines, en raison de l’absence ducteur ou importateur indélicat, taires, qui s’est allongée ces der- ment plus rentable que la pre- duits dûment estampillés « bio » en faveur de pratiques plus de conservateurs. pollution accidentelle ? Tôt ou tard, niers mois, ne fait plus seulement mière, définie par un cahier des cohabitent avec leurs ersatz « rai- conformes au respect des équi- Pour sa part, l’Institut national il y aura un problème. Et ce jour-là, les affaires de l’agriculture biolo- charges très précis et sanctionnée sonnés », moins contraignants et libres naturels. « Jusqu’alors, les de la consommation (INC) a fait tout le monde nous tombera des- gique, la vraie, celle qui bannit les par le désormais fameux label AB générateurs de marges autrement gens achetaient du bio car les pro- grand bruit en publiant dans sa re- sus », prédit Claude Dumont, or- produits chimiques, se soucie de (agriculture biologique). plus rémunératrices. Feutrée, la duits sont de qualité et sont suppo- vue 60 millions de consommateurs ganisateur du Salon Marjolaine. ne pas épuiser les terres et s’ef- Sans le crier sur les toits, les concurrence n’en est pas moins sés être meilleurs pour la santé que (no 327, avril 1999) une étude si- force de garantir la « traçabilité » professionnels de l’alimentation déstabilisante. les produits standard – ce qui n’a, gnalant la présence – certes, à un de ses produits. Le concept d’agri- d’ailleurs, jamais pu être établi. Si, faible niveau de concentration – Le phénomène bio culture raisonnée, décliné avec demain, sont proposés des produits de pesticides dans neuf aliments une belle discipline lors du dernier Le vin sans soufre tarde à s’imposer presque aussi bons et moins chers, bio sur un total de cinquante étu- en chiffres Salon de l’agriculture, chasse sur ce sera le caractère plus écologique diés. Par ailleurs, la teneur en les mêmes terres. Cette concep- L’argument n’est pas facile à médiatiser, mais il est bien connu des des produits bio qui différenciera dioxine des laits bio serait compa- b Chiffre d’affaires : plus de tion qui préconise, sans plus de initiés : le vin bio, parce qu’il ne contient pas de soufre, ne donne les deux familles. Soyons réalistes : rable à celle des laits convention- 5,5 milliards de francs précision, la non-utilisation systé- pas la gueule de bois. En dépit de cette précieuse caractéristique et l’essentiel de la clientèle bio ne s’in- nels. Même chose pour les salades (840 millions d’euros) dont 40 % matique d’engrais chimiques, en dépit de ses indéniables qualités gustatives, le vin « issu de raisins téresse pas à cet aspect des et le nitrate. réalisés par les produits céréaliers. constitue une version « allégée » de l’agriculture biologique » (il n’existe pas de label officiel) n’a pas choses », constate un expert, en L’INC, qui considère que «les b Exploitations spécialisées : du productivisme agricole effréné encore acquis en France ses lettres de noblesse. La majeure partie marge du salon Marjolaine, «le agriculteurs conventionnels res- environ 7 500 sur tel qu’on le connaît depuis près de la modeste production française (moins de 300 000 hectolitres, ré- premier marché bio de France » pectent mieux les indications de do- 270 000 hectares. d’un demi-siècle. Cette nouvelle partis entre cinq cents viticulteurs) est exportée, principalement qui doit réunir cinq cents expo- sage », estime que les pesticides b Surface cultivée : en France, approche « attrape-tout », mais vers l’Allemagne. sants et accueillir quelque 60 000 d’origine naturelle, comme les fer- l’agriculture bio occupe 0,6 % des aux contours très flous, est relayée Les néo-ruraux pleins de bonne volonté qui, hier, élaboraient un visiteurs, du 6 au 14 novembre, tilisants organiques utilisés par les espaces. Le chiffre est de 8 % en par le syndicalisme agricole domi- breuvage bio, plutôt râpeux, ont fait place à des viticulteurs confir- dans l’enceinte du Parc floral de exploitants bio, ne sont pas au- Suède et en Autriche, 3,3 % en nant de la FNSEA, appuyée par la més, à la recherche d’une diversification plus rémunératrice que la Paris. dessus de tout soupçon. Conclu- Italie et 2 % en Allemagne. grande distribution et soutenue production de vins classiques. Pratiquement tous les vignobles (Bor- Face à l’émergence du producti- sion de 60 millions de consomma- b Distribution : 40 % des produits par les industriels de l’agroalimen- deaux, Alsace, Loire, Bourgogne) proposent aujourd’hui des vins visme « raisonné », une partie du teurs : acheter bio « c’est faire le bio sont vendus dans les grandes taire. bio. On trouve également des champagnes et des cognacs. mouvement est tentée par une ra- choix de préserver l’environne- surfaces, le reste est distribué par dicalisation – qui n’épargne pas ment » mais « rien ne permet de les réseaux spécialisés. tout à fait le salon Marjolaine – supposer que la consommation de alors que les « réalistes » estiment ces produits est bénéfique pour la qu’une attitude trop fermée santé ». Pour lui, l’avenir de la filière compromettrait le devenir du bio La réglementation européenne, passe surtout par une meilleure en tant que mouvement consumé- qui risque d’atténuer la rigueur de organisation et par l’émergence riste. la législation française (notam- de marques crédibles, capables de Les professionnels se de- ment dans le domaine des produc- garantir la qualité du produit. mandent également s’ils ne tions animales), constitue un C’est ce à quoi tentent de parvenir risquent pas, tôt ou tard, d’être autre sujet d’inquiétude pour les des enseignes telles que Distri- victimes à leur tour de la sensibili- professionnels. borg (numéro un français et euro- té exacerbée des consommateurs Sans oublier la difficulté de véri- péen pour les poulets et les œufs) en matière de sécurité alimen- fier la qualité des produits impor- ou encore les chaînes indépen- taire. Une susceptibilité qu’ils ont tés. On a vu des céréales rou- dantes Biocoop ou Naturalia. largement contribué à entretenir. maines se transformer en « blé Au cours des derniers mois, l’aura bio » grâce à l’obtention de faux Jean-Michel Normand Les « modernistes » et les « patchoulis » au salon Marjolaine N’EN DÉPLAISE aux apparences, il n’y a pas un clairs et lumineux. Ce ne sont plus des bénévoles Salon mais deux Salons Marjolaine. Autour du mais des salariés qui accueillent les acheteurs. Pour « plus grand marché bio de France » – ses fioles répondre aux attentes d’une nouvelle clientèle – qui d’huile de noisette, ses tartares d’algues, ses n’est pas seulement originaire, loin s’en faut, des crèmes de châtaigne, ses constructeurs de maisons milieux très aisés – les produits bio sont de plus en en bois massif et ses militants du feng shui – deux plus élaborés (plats cuisinés, épicerie fine) et élar- sensibilités coexistent. D’abord, les fidèles de la gissent leur éventail (bières, moutardes, produits première heure, ceux qui n’ont jamais manqué un de la mer, spécialités italiennes). seul Salon Marjolaine depuis sa création, en 1976, Fait nouveau, les producteurs s’adressant à une et se pressent dans les « ateliers » dont le succès ne clientèle qui n’a pas forcément beaucoup d’affinités se dément pas. Cette année encore, le programme avec les grands classiques de la « culture bio » des débats fait dans le folklore ésotérique : l’énergie doivent aussi soigner la présentation de leurs den- de l’eau, la détection des maladies par la radiesthé- rées, sensiblement plus chères (de 20 % à plus de sie, le rebirth, la réflexologie faciale, donner un sens 100 %) que les produits ordinaires. Ces pratiques à sa vie, la relaxation comme alternative aux médi- provoquent quelques débats, car le recours à des caments... emballages sophistiqués se traduit généralement Sur l’autre rive, les « modernistes » organisent en par l’utilisation de matières (le Cellophane ou les parallèle des « conférences » consacrées à des sujets briques Tetrapak, par exemple) difficilement recy- plus classiques et moins hermétiques (les orga- clables. « Les consommateurs se sont autocondition- nismes génétiquement modifiés, comment sortir nés ; on ne peut aller contre leurs habitudes d’achat, du nucléaire, la charte du bio, l’Etat impuissant...) à plaide Olivier Mugler, directeur de la chaîne Bio- l’initiative des grandes organisations de la mou- coop. Mais ce n’est pas une raison pour mettre du co- vance bio, au premier rang desquelles l’association lorant dans la charcuterie bio, dont la couleur un peu Nature et Progrès, fondatrice du Salon Marjolaine marron perturbe toujours les novices. Avant que sa et qui fête ses trente-cinq ans. saveur ne les convainque. » Impossible, désormais, d’ignorer ceux que les vé- LES ATTENTES D’UNE NOUVELLE CLIENTÈLE térans du bio appellent « les Parisiens » avec une Entre ces deux cultures, le courant semble passer pointe de dédain. « En fait, il existe deux clientèles », de moins en moins. Nombre d’exposants refusent assure Anne Andrault, chargée de sélectionner les ouvertement de diffuser auprès des visiteurs le dé- exposants à Marjolaine pour le compte de Nature pliant qui récapitule le programme des « ateliers ». et Progrès. Celle des villes moyennes, qui dispose « Cette année, l’atmosphère devrait être un peu de temps pour choisir tranquillement dans le maga- moins au patchouli et à la galette de céréales », se ré- sin ce qu’elle va manger, et celle des grandes agglo- jouit une « moderniste », qui avoue pourtant «ne mérations, plus pressée, qui découvre l’alimenta- pas souhaiter voir disparaître le côté un peu baba- tion bio. « Nous devons asseoir notre crédibilité pour cool qui fait aussi le charme de Marjolaine ». être pris au sérieux par de nouveaux consommateurs, Cette défiance à l’égard du « folklore écolo » va mais, prévient-elle, en évitant absolument de tomber au-delà de l’anecdote. A mesure que les structures dans la normalité complète. » Sans son côté un peu coopératives se transforment en SARL, nombre de brut, le bio perdrait sans doute beaucoup de sa sa- professionnels de l’alimentation biologique consi- veur. dèrent en effet que l’heure est venue de changer l’image d’une famille de produits qui doit s’adapter J.-M. N. à une clientèle mieux informée, plus large et moins militante. ૽ Salon Marjolaine, du samedi 6 au dimanche Le bio ne peut plus ignorer le marketing. Loin du 14 novembre au Parc floral de Paris. Entrée : joyeux fouillis des échoppes d’antan, les nouveaux 45 F (tarif réduit : 30 F). Renseignements : 01-45- magasins de la chaîne Canal Bio sont pimpants, 56-09-09. LeMonde Job: WMQ0511--0031-0 WAS LMQ0511-31 Op.: XX Rev.: 04-11-99 T.: 11:03 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 20Fap: 100 No: 0448 Lcp: 700 CMYK

AUJOURD’HUI LE MONDE / VENDREDI 5 NOVEMBRE 1999 / 31 ------Arrivée d’une perturbation 05 NOVEMBRE 1999 Oslo Stockholm LE CARNET Prévisions Moscou Ensoleillé VENDREDI. Les hautes pres- Températures le matin entre – 1 et vers 12h00 DU VOYAGEUR sions sur la France se décalent vers + 5 degrés, l’après-midi entre 12 et l’est et une perturbation active 14 degrés. Peu aborde la Bretagne dans la nuit de Poitou-Charentes, Aquitaine, Belfast nuageux a POLOGNE. Lot, la compagnie na- jeudi à vendredi. Elle intéressera le Midi-Pyrénées. – Le matin, le so- Liverpool tionale polonaise, et Air France ont Dublin nord-ouest du pays vendredi, et leil brillera après dissipation des Varsovie Kiev conclu un accord d’échanges de apportera pluie et vent soutenu. brouillards. Les nuages arriveront sièges dans leurs avions afin de ga- Amsterdam Berlin Brèves Bretagne, pays de Loire, ensuite rapidement, avec de la éclaircies rantir aux passagers une plus Journée plu- pluie parfois orageuse sur Poitou- Londres grande disponibilité de places et Basse-Normandie. – 5 o Bruxelles vieuse et venteuse. Le vent de sud- Charentes et Aquitaine. Les rafales 0 Prague plus de flexibilité dans le choix des ouest atteindra 100 km/h en ra- de vent de sud-ouest seront assez Couvert horaires entre Paris et Varsovie (vols fales sur les côtes. Quelques éclair- fortes. Températures fraîches le Paris Strasbourg Vienne quotidiens). Lot dessert, par ailleurs, Budapest cies sur la Bretagne l’après-midi, matin et de 15 à 21 degrés l’après- Brume la capitale au départ de Lyon et mais entrecoupées d’averses. midi. Nantes Nice, tandis que Cracovie bénéficie Berne brouillard Nord-Picardie, Ile-de-France, Limousin, Auvergne, Rhône- Bucarest de 4 vols par semaine depuis Paris. Centre, Haute-Normandie, Ar- Alpes. – Sur le Limousin, après Lyon La formule « avion + voiture » de la Milan Belgrade dennes. – Dès le matin, ciel cou- quelques brouillards, le ciel se Sofia Averses Lot permet de réserver un véhicule vert et pluie dans la matinée, sou- couvrira, avec de la pluie. Sur l’Au- Toulouse Istanbul en kilométrage illimité, à l’arrivée tenue par moment et orageuse. Le vergne et Rhône-Alpes, ciel peu du vol, pour 26 dollars (23 euros) vent de sud-ouest sera fort, jus- nuageux après la dissipation des Rome Pluie pour les premières 24 heures. Ré- qu’à 100 km/h sur les côtes. Les brouillards. Températures de 12 à Barcelone Naples servation : 01-47-42-05-60. o Madrid températures, fraîches le matin, 15 degrés. 40 a ALLEMAGNE. Avis aux lève-tôt. monteront entre 10 et 12 degrés Languedoc-Roussillon, Pro- Lisbonne Athènes Orages Lufthansa accorde, en classe af- l’après-midi. vence-Alpes-Côte d’Azur, faires, 20 % de réduction aux passa- Champagne, Lorraine, Alsace, Corse. – Après quelques averses Séville gers dont les vols décollent avant Bourgogne, Franche-Comté. – en Corse le matin, temps bien en- Tunis Neige 7 heures du matin. Promotion ap- Froid le matin et brouillards. Le soleillé sur l’ensemble des régions Alger plicable de Paris, Toulouse et Lyon, soleil brillera ensuite avant l’arri- méditerranéennes. Températures vers Francfort, Munich et Stuttgart. vée des nuages dans l’après-midi. entre 15 et 18 degrés. Rabat 0o 10o 20o Vent fort Tél. : 0802-020-030.

PRÉVISIONS POUR LE 05 NOVEMBRE 1999 PAPEETE 24/30 S KIEV 1/7 S VENISE 10/16 P LE CAIRE 16/25 N Ville par ville, les minima/maxima de température POINTE-A-PIT. 24/30 S LISBONNE 15/20 S VIENNE 5/11 S NAIROBI 17/29 S et l’état du ciel. S : ensoleillé ; N : nuageux ; ST-DENIS-RÉ. 20/27 S LIVERPOOL 6/13 P AMÉRIQUES PRETORIA 21/31 S EUROPE LONDRES 6/12 P BRASILIA 20/29 S RABAT 15/24 S C : couvert ; P : pluie ; * : neige. AMSTERDAM 5/11 N LUXEMBOURG 4/11 N BUENOS AIR. 10/22 S TUNIS 14/23 P FRANCE métropole NANCY 1/13 N ATHENES 13/19 P MADRID 8/17 S CARACAS 25/31 C ASIE-OCÉANIE AJACCIO 9/18 S NANTES 6/15 P BARCELONE 11/18 S MILAN 10/14 C CHICAGO 5/16 S BANGKOK 22/26 P BIARRITZ 8/20 S NICE 12/19 S BELFAST 4/9 P MOSCOU -4/5 N LIMA 16/20 S BEYROUTH 19/24 N BORDEAUX 4/18 N PARIS 3/11 P BELGRADE 6/14 S MUNICH 6/14 C LOS ANGELES 13/21 S BOMBAY 23/32 S BOURGES 3/14 N PAU 4/20 S BERLIN 3/12 S NAPLES 14/20 P MEXICO 8/20 S DJAKARTA 26/31 P BREST 9/12 P PERPIGNAN 4/17 S BERNE 6/11 N OSLO 3/8 P MONTREAL 1/13 S DUBAI 22/31 S CAEN 7/12 P RENNES 7/14 P BRUXELLES 3/12 P PALMA DE M. 11/21 S NEW YORK 5/15 S HANOI 17/26 S CHERBOURG 7/13 P ST-ETIENNE 6/16 S BUCAREST 3/9 C PRAGUE 4/11 C SAN FRANCIS. 11/17 S HONGKONG 21/27 S CLERMONT-F. 3/15 N STRASBOURG 3/13 S BUDAPEST 5/11 S ROME 12/19 P SANTIAGO/CHI 8/23 S JERUSALEM 17/25 P DIJON 2/14 N TOULOUSE 2/16 S COPENHAGUE 5/8 S SEVILLE 14/24 S TORONTO 5/11 S NEW DEHLI 19/31 S GRENOBLE 4/14 S TOURS 3/13 P DUBLIN 4/11 P SOFIA 6/12 N WASHINGTON 2/17 S PEKIN 7/18 S LILLE 5/11 P FRANCE outre-mer FRANCFORT 7/12 S ST-PETERSB. 4/8 * AFRIQUE SEOUL 9/18 S LIMOGES 5/14 N CAYENNE 22/32 S GENEVE 8/12 S STOCKHOLM 6/8 N ALGER 10/24 S SINGAPOUR 26/31 C LYON 6/15 S FORT-DE-FR. 25/31 C HELSINKI 4/8 N TENERIFE 17/21 S DAKAR 24/29 S SYDNEY 15/23 S MARSEILLE 9/17 S NOUMEA 21/26 S ISTANBUL 12/14 N VARSOVIE 1/9 S KINSHASA 23/29 S TOKYO 11/18 S Situation le 4 novembre à 0 heure TU Prévisions pour le 6 novembre à 0 heure TU

VENTES Des services de table à tous les prix LA VAISSELLE du XIXe et du dé- élevés. A l’inverse, les modèles réali- rivent souvent incomplets sur le du XIXe siècle. Peint à la main par semble soit complet justifient une composé de quatre-vingts pièces, est but du XXe siècle agrémente au- sés pour des collectivités comme les marché, ce qui constitue un élément Rousseau et Louis Millet, il présente estimation de 50 000 à 60 000 francs annoncé entre 10 000 et 12 000 francs jourd’hui la table des amateurs d’an- Wagons-Lits ou la Compagnie tran- de moindre valeur. sur chaque pièce un motif différent : (7 650 à 9 150 euros). Ce prix peut (1 500 à 1 800 euros) ; même prix cien. Dans les ventes publiques, dans santlantique, qui comprennent par- A Gien, lundi 15 novembre, une volatile, insecte ou écrevisse, rehaus- être divisé par cinq quand il s’agit de pour un autre service de Gien de les foires et salons ou en boutique, ils fois plusieurs centaines de couverts, vente de mobilier classique propose sé de motifs végétaux ou floraux, modèles fabriqués en nombre. cent quatre-vingt-dix pièces ornées disposent d’un large choix de décors, sont divisés en lots accessibles à des plusieurs services et parties de ser- inscrits dans un liseret bleu qui orne Un service en faïence de Gien à d’entrelacs bleus et blancs, réalisé de qualité et de prix. Peintes à la sommes modiques. Les exemplaires vices anciens. Le plus beau est un le bord de ces faïences. Le soin ex- décor bleu et blanc – à la ferronnerie vers 1900. main ou au pochoir, à partir du XIXe, les plus courants, qui comptent modèle de cent quatre-vingts pièces ceptionnel apporté au décor, la réus- – dans le goût de Rouen, avec, au Les productions des années 50 se faïences et porcelaines d’autrefois douze ou vingt-quatre couverts, utili- en faïence fine de la manufacture de site de la composition, inspirée par le centre, un monogramme surmonté révèlent encore moins chères : un restent appréciées pour les tables de sés par plusieurs générations, ar- Creil-Montoreau, qui date du milieu japonisme, et le fait que cet en- d’une couronne, datant de 1880 et service de cent cinquante pièces en fête, où leur beauté délicate ac- porcelaine de Limoges à décor de compagne à merveille la bonne poissons entourés de dorure est esti- chère. Calendrier 18e arrondissement, samedi 6 et Adjudications réalisé en 1928, à décor de jets d’eau mé de 5 000 à 6 000 francs (760 à L’habitude bourgeoise des grandes dimanche 7 novembre. en émaux polychromes : 430 000 F 900 euros). Les parties de service se réceptions, où l’on recevait couram- ANTIQUITÉS-BROCANTE Tél. : 01-47-05-33-22. Vente de la Manufacture de Sèvres, (65 553 ¤). vendent à tout petit prix : vingt- ment une soixantaine de personnes, b Cabourg (Calvados), du b Saint-Rémy-lès-Chevreuse jeudi 28 octobre, à Drouot b Vase Ruhlmann, émaux quatre assiettes en faïence de Gien à a engendré la fabrication de services vendredi 5 au dimanche (Yvelines), samedi 6 et dimanche b Statuette « L’Hiver » par Raoul polychromes mauve et bleu sur décor – au chardon – en camaïeu adéquats, à vingt-quatre, quarante- 7 novembre. Tél. : 02-31-23-86-69. 7 novembre. Tél. : 02-37-43-58-26. Larche, en émail monochrome fond rose, 1931 : 120 000 F (18 293 ¤). bleu, datées 1890-1900, sont estimées huit ou même cent couverts. Ils ac- b Roubaix (Nord), du vendredi 5 belge, 1907 : 8 000 F (1 219 ¤). b Vase Mayodon, forme créée en entre 1 000 et 1 200 francs (150 à compagnent des séries d’assiettes au dimanche 7 novembre, COLLECTIONS b Bonbonnière « melon », en 1941, décor de 1960 : 32 000 F 180 euros), et six tasses en faïence et (plates, à dessert et creuses), des Tél. : 06-07-42-61-80. b Surgères (Charente-Maritimes), naturel, de 1901 : 8 000 F (1 219 ¤). (4878 ¤). leurs soucoupes, au sigle de la plats de différentes formes et dimen- b Aubusson (Creuse), samedi 6 et minéraux et fossiles, samedi 6 et b Garniture de toilette b Vase Gensoli, décor de Compagnie des wagons-lits, approxi- sions, et ce que les spécialistes ap- dimanche 7 novembre. dimanche 7 novembre. Tél. : comprenant trois éléments dans personnages silhouettés mativement de 1900, entre 1 000 et pellent les « pièces de forme » : sou- Tél : 05-46-95-01-46. 05-46-07-26-88. leurs coffrets, exécutée en 1938 : polychromes sur fond blanc, 1955 : 1 500 francs (150 à 230 euros). pières, verseuses, saucières, jattes, b Toulouse (Gers), du samedi 6 b Bordeaux (Gironde), Salon du 5 000 F (762 ¤). 21 000 F (3201 ¤). etc. Produits par toutes les manufac- au dimanche 14 novembre. disque, samedi 6 et dimanche b Vasque de suspension b Vase Diane à double corps, créé Catherine Bedel tures, ces services voient leur prix Tél. : 05-61-21-93-25. 7 novembre. Tél. : 05-56-81-33-02. Depoorter à corps demi-sphérique, par Ettore Sottsass, décor augmenter selon le nombre de b Pujol (Haute-Loire), samedi 6 et b Lyon-Chassieu (Rhône), émail belge et blanc rehaussé d’or, polychrome orange et violet sur ૽ Dimanche 14 novembre, hôtel des pièces, la beauté du décor et l’an- dimanche 7 novembre. véhicules de collection, samedi 6 1926 : 15 000 F (2 286 ¤). fond blanc, intérieur doré, 1994 : ventes de Gien. Etude Renard, 35, cienneté. Tél. : 05-53-70-54-48. et dimanche 7 novembre. b Vasque de suspension « Fleurs 16 000 F (2439 ¤). quai de Nice, Gien, tél. : 02-38-67-01- Les plus importants, destinés aux b Lyon (07) (Rhône), samedi 6 et Tél. : 04-72-74-93-80. et spirales », émail monochrome b Vase Rapin, décor de glaneuses 83. Exposition la veille sur place, de repas fastueux, offrent le plus dimanche 7 novembre. b Poitiers (Vienne), autos blanc rehaussé d’or, 1921 : 7 500 F sur fond de paysage, émaux 10 heures à 12 heures et de 14 heures souvent une grande finesse d’exé- Tél. : 04-78-03-49-03. miniatures, samedi 6 et dimanche (1 143 ¤). polychromes rehaussés d’or, 1936 : à 18 heures, et le dimanche matin de cution et peuvent atteindre des prix b Paris, rue des Martyrs, 7 novembre. Tél. : 05-49-51-61-80. b Vase monumental Ruhlmann, 120 000 F(18 293 ¤). 10 heures à 12 heures.

Ł SOS Jeux de mots : MOTS CROISÉS PROBLÈME No 99262 3615 LEMONDE, tapez SOS (2,23 F/min). L’ART EN QUESTION No 142 En collaboration avec

– 7. Un aller sans retour possible. Etant donné. – 8. Article. Dans la gamme. Le samarium. – 9. A perdu Des histoires très populaires pas mal de temps. – 10. Pour se C’EST après la seconde guerre refaire une bonne santé. Ruminent mondiale, avec Tesuka Osamu, en forêt. – 11. Sont nommés pour que la bande dessinée japonaise, le occuper la charge. – 12. Potion manga (littéralement « image magique. Découpage du temps. drôle »), prend sa réelle dimension. Auteur inventif, Tesuka dé- Philippe Dupuis montre qu’il est possible d’élabo- rer des récits capables de plaire SOLUTION DU No 99261 aux adultes, en publiant, en 1953, une adaptation en manga de Crime HORIZONTALEMENT et châtiment, de Dostoïevski. S’adressant alors aussi bien aux I. Gérontophile. – II. Anode. Fi. enfants qu’aux adultes, le manga Nus. – III. Li. Effacés. – IV. Vernis- va devenir le premier produit sage. – V. Amiante. Ardu. – culturel populaire du Japon. En VI. Nette. Ta. – VII. Aède. Staff. mettant l’accent sur les personnes – VIII. Sol. Impérial. – IX. Ex. Etui. et les comportements, la culture Anne. – X. Sous-estimées. diffusée par le manga apparaît comme porteuse de valeurs huma- MAISON DU JAPON VERTICALEMENT nistes. Tsuge Yoshiharu, HORIZONTALEMENT nion. – IX. Rencontres entre deux Le manga japonais est, avant « La Famille Lee », bons conducteurs. Préparer pour 1. Galvanisés. – 2. Enième. Oxo. – tout, un produit de presse. Une Chikuma Shobô, 1993, page 285, I. Témoin de son temps. récolter plus tard. – X. Marquée en 3. Ro. Rital. – 4. Odonate. Es. douzaine d’hebdomadaires et des Présenté à l’exposition « Manga », Maison de la culture – II. C’est beaucoup trop pour surface. Le Monde, Libé, L’Express – 5. Né. Inédite. – 6. Est. Emus. – centaines de mensuels spécialisés du Japon, à Paris, jusqu’au 18 décembre. vivre heureux. Relève les plats et les autres. 7. Offset. Pit. – 8. Pifa. Ase. envahissent chaque jour les plats. – III. Pousse à agir rapide- – 9. Aga. Tram. – 10. Incertaine. kiosques, les librairies, les maga- achète un mangashi tous les jours. Réponse dans Le Monde du ment. Contre tout. – IV. Tranquille. VERTICALEMENT – 11. Lue. Fane. – 12. Essoufflés. sins. Un « bon » lecteur de manga Créée en 1968, la revue Shônen 12 novembre. Défend les intérêts de la base, en Jump, l’un des plus importants principe. Presses. – V. Donnons de 1. Se comporter comme un hebdomadaires de manga, enre- Réponse du jeu no 141 paru la voix. Mesure à la base de la cafard. – 2. Reconnue pour sa gistra en 1995 des tirages record. dans Le Monde du 29 octobre. Muraille. – VI. Pour les intimes de valeur ou bien très fatiguée. – 3. Quels ont été ces tirages ? mademoiselle Gardner. Sur les Criera à l’étable. Flûte de roseau. b Deux millions et demi d’exem- C’est l’académicien Roger bornes. Piège routier. – VII. En – 4. Clameur. Auxiliaire de pre- plaires, Caillois qui demanda au joaillier Charente-Maritime. Désinfecterai. mière importance. – 5. Aide à la b Cinq millions d’exemplaires. Jean Vendôme de représenter – VIII. Dure chez les gens sévères. résistance. Démonstratif. – 6. Pas b Six millions et demi d’exem- une pieuvre stylisée sur son D’un auxiliaire. Exprimer une opi- encore atteintes par la célébrité. plaires. épée. LeMonde Job: WMQ0511--0032-0 WAS LMQ0511-32 Op.: XX Rev.: 04-11-99 T.: 08:41 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 20Fap: 100 No: 0449 Lcp: 700 CMYK

32 CULTURE LE MONDE / VENDREDI 5 NOVEMBRE 1999

FESTIVAL Longtemps réfrac- jourd’hui à l’écriture de chansons, TENDANCE sera fortement repré- One, Presence, Merz et Emiliana jourd’hui. b INTIK, jeune groupe de taires au format couplet-refrain des ce qui leur permet, en s’entourant sentée au 12e Festival des Inrockup- Torrini. b LA POP la plus tradition- rap algérien, subira son baptême chansons pop et rock, les artistes d’instrumentistes, de livrer enfin tibles, qui a lieu du 5 au 10 no- nelle sera également conviée avec du feu devant le public parisien du issus de la mouvance des musiques des performances scéniques dignes vembre à Paris, Lille, Nantes et Travis, quatre Ecossais laborieux festival, son premier album devant électroniques se convertissent au- de ce nom. b CETTE NOUVELLE Toulouse, avec Moby, Archive, Day hier, inspirés et triomphateurs au- être publié en janvier. Les laborantins de l’électronique se convertissent à l’écriture de chansons Programmé du 5 au 10 novembre à Paris, Lille, Nantes et Toulouse, le 12e Festival des Inrockuptibles convie plusieurs musiciens (Archive, Moby, Day One, Presence, Merz, Emiliana Torrini), qui, après s’être essayés aux ambiances sonores, reviennent au classicisme pop et au format couplet-refrain AU DÉBUT des années 90, les déchaînements des performances zélateurs de la révolution électro- rock. Entouré d’un bassiste, d’un nique promettaient, en même percussionniste, d’un batteur, temps que la fin du rock, celle du jouant lui-même du clavier et de « format archaïque » de la chan- la guitare, ce lointain descendant son. Les DJ et autres laborantins de Herman Melville (l’auteur de des home-studios devaient balayer Moby Dick) brasse sur scène ses le classicisme pop, rayer le cou- multiples influences. Pionnier de plet-refrain de leur paysage so- la scène techno new-yorkaise, vite nore et faire triompher texture, excommunié par les puristes ambiance, boucles et maelström parce qu’incapable de s’en tenir à de rythmes... A l’écoute, pourtant, un genre identifiable, Moby s’est des disques produits aujourd’hui d’abord laissé tenter par le mili- par beaucoup d’enfants de la tech- tantisme radical. « J’ai eu la même no – des Chemical Brothers à réaction avec la dance music à la Death in Vegas, d’Alex Gopher à fin des années 80 qu’avec le punk à Fatboy Slim –, et au regard de la la fin des années 70, explique-t-il. programmation – les cas très sym- J’avais l’impression de m’impliquer boliques d’Archive, Moby, Day dans un mouvement si excitant et One, Presence, Emiliana Torrini nouveau qu’il devait faire table rase ou Merz – de la nouvelle édition du passé. J’ai aimé la techno en du Festival des Inrockuptibles, qui réaction à l’archaïsme du rock. En aura lieu du 5 au 10 novembre, à vieillissant, j’ai compris qu’on pou- CORINNE DAY SMALL Paris, Lille, Nantes et Toulouse, on Le groupe Archive et Moby. La techno devait tuer le rock, les DJ s’entourent aujourd’hui d’instrumentistes sur scène. vait être séduit par un style sans en constate que les adeptes du rejeter un autre. J’aime aujourd’hui soundwriting et des sculptures so- un titre évocateur, son premier al- elle et quelques autres, cet acti- vistes en chef, Darius Keeler et poussaient à peindre des am- toutes les musiques. » nores se convertissent de plus en bum, Love in the Time of Science, viste du sampler a donné à la Daniel Griffiths, ont troqué leur biances. Le jeu très direct de Mat plus au songwriting, cet artisanat en partie produit par Roland Or- house et au dub les formes de blouse d’alchimiste contre celle nous a obligés à nous concentrer LE BLUES ET LA MACHINE qui recommande de s’exprimer en zabal, l’ancien Tears for Fears, chansons séductrices et vapo- d’artisan consciencieux. Dans une sur des morceaux structurés. » Un L’éclectisme de Moby l’a long- chansons. manque des audaces qui ont fait reuses. Merz, quant à lui, a intégré espèce de retournement « post- autre bouleversement aura été temps conduit dans un parcours Ce n’est pas un hasard si l’heb- de Björk une artiste visionnaire. les ordinateurs à ses talents de moderne », Take my Head, leur l’embauche d’une nouvelle voca- erratique, jusqu’à Play, son nouvel domadaire initiateur de ce festival Autre parrainage, celui qui unit multi-instrumentiste et à son goût nouvel album, s’est réconcilié avec liste, Suzanne Wooder. « Avec Ros- album, fusion assez fascinante de itinérant met en avant ce phéno- Day One à Massive Attack, des collages dadaïstes, pour des formats plus traditionnels. ko et Roya, nos précédents chan- complaintes diaphanes chantées mène, sur scène et dans ses co- groupe-clé des années 90 pour composer un premier opus épo- « Londinium est une œuvre d’art teurs, les voix étaient juste une par l’artiste et de morceaux lonnes. Depuis leur création, en avoir œuvré magnifiquement au nyme qui résonne de références à en tant que telle, explique Darius décoration, un ingrédient de plus construits à partir d’échantillons 1986, Les Inrockuptibles se sont rapprochement de la club culture la new wave des années 80 et Keeler. Il avait plus à voir avec des dans nos sculptures sonores. Su- de voix puisés dans les archives toujours plus intéressés aux au- et de l’intimisme. Hébergé par le anime les beats futuristes d’éner- paysages qu’avec de vraies chan- zanne possède une éducation musi- d’Alan Lomax, ethno-musicologue teurs qu’aux genres musicaux en label – Melankolic – créé par les gie humaniste. sons. » cale plus traditionnelle et une passionné par la préhistoire des tant que tels. Si le magazine a fini stars de Bristol, originaire de la D’autres ont dû effectuer des grande richesse harmonique, elle a musiques populaires américaines. par chroniquer rap et techno, c’est même ville, ce duo distille en labo- métamorphoses pour s’approcher DES CONCERTS ENFIN FRÉQUENTABLES accentué cette tendance pop. » Montés en boucle par les ma- pour en présenter des individuali- ratoire une musique aussi char- de la chanson. En 1997, Archive L’évolution musicale de ces Autre conséquence de ces mu- chines, blues primitif, gospel, tés qui, par la personnalité de leur nelle que cérébrale. Charles Webs- publiait un premier album, Londi- Londoniens aura correspondu à la tations, les concerts longtemps country rustique, mélopée amé- écriture, élargissaient le cercle de ter, le leader de Presence, s’est nium, qui affirmait son dédain du transformation du duo en un vrai statiques et ennuyeux des labo- rindienne fournissent des incanta- leurs fans potentiels. Certains ac- offert, à l’occasion de son album classicisme pop. Aux couplets et groupe. Premier déclic, l’arrivée rantins de l’ère électronique ont tions d’une puissance mystique et cuseront Les Inrocks de vouloir à All Systems Gone, les services de refrains, il préférait les climats, les d’un batteur, Matheu Martin. fini par devenir tout à fait fré- viscérale. tout prix reproduire leur grille Shara Nelson, autre chanteuse dé- bidouillages de sons et de fré- « Auparavant, admet Darius Kee- quentables. Ceux de Moby, par « Pourquoi ne pas concilier song- d’écoute pop sur des styles qui couverte par Massive Attack. Avec quences. Aujourd’hui, les archi- ler, les samples et les boucles nous exemple, n’ont rien à envier aux writing et expériences sonores ?, re- s’étaient volontairement éloignés vendique Moby. Dans le passé, de ces structures, de ces voix et de quelqu’un comme Brian Eno y est ces mélodies. Mais plus qu’un parvenu. L’électronique peut aider genre musical, plus qu’une obses- à composer de meilleures chan- sion commerciale (pop comme Travis, une pop écossaise entre euphorie et sanglots sons. » L’art du DJ, qu’il a lui- pop-ulaire), la pop n’est-elle pas GLASGOW dées. Les chansons de son successeur ont quatuor équilibre subtilement spleen et vivaci- même pratiqué après avoir joué d’abord un territoire ouvert à tous de notre envoyé spécial provoqué le déclic, des singles comme Writing té mélodique. Rock agile et folk frémissant dans des groupes et avant d’enre- les styles ? Seule condition pour y « Avez-vous vu ma maman ? » : Fran Healy To Reach You, Driftwood ou Why Does It Always provoquent une sympathique ferveur. gistrer des disques, offre-t-il des pénétrer : baisser son drapeau de n’est plus le leader de Travis, phénomène pop Rain On Me, possédant la jolie faculté de A l’occasion, l’affection peut tourner au dé- atouts à ces nouveaux songwri- militant, parler en son propre nom britannique du moment (plus de 500 000 transformer la délicatesse intimiste en mo- lire. Quand le groupe lâche ses plus brillants ters ? « Enfermé dans sa chambre, plutôt que sous le diktat d’une tri- exemplaires vendus de leur nouvel album, The ment fédérateur. refrains – l’irrésistible balancement de Drift- on a tendance à imaginer qu’on bu (rock, rap, techno...). Le genre Man Who), mais un gamin de Glasgow, hilare, wood, les miroitements très Byrds de Turn –, crée la plus belle musique du n’y est plus une fin en soi, mais un fêtant au milieu de ses copains et de sa famille PSYCHÉDÉLISME PASTEL ou son plus gros tube, Why Does It Always Rain monde. En étant DJ, on apprend moyen, un langage utilisé au pro- son retour triomphal dans sa ville natale. Deux Loin de l’arrogance communément affichée On Me, petite merveille d’autodérision, enton- immédiatement ce qui est efficace fit d’un instinct de parolier, d’ar- heures plus tôt, ce 5 octobre, les cœurs des par les rockstars anglaises, les Ecossais parlent né en chœur par la salle entière. Les filles ou pas. J’aime ce côté utilitaire de rangeur, de musicien... quatre musiciens avaient dû battre au galop en à leur public comme à des potes. De cet accent montent sur les épaules de leurs boyfriends, la musique, l’idée qu’elle puisse ac- montant sur la scène du Barrowland. Dans rocailleux né entre la lande et les usines dé- qui lancent au ciel leur pinte en plastique compagner les gens dans leur vie RETOURNEMENT « POST-MODERNE » cette salle à la façade bardée de néons, parfait saffectées – et qui disparaît par miracle au mo- comme pour déclencher la pluie (houblonnée) quotidienne. » Le New-Yorkais est Nombre des invités du festival exemple des ballrooms géants construits au ment du chant –, Fran Healy plaisante, dont parle la chanson. Même si elles frôlent persuadé que les meilleurs au- utilisent ainsi le vocabulaire créé Royaume-Uni dans les années 70, ils avaient s’émeut (« J’aimerai être dans la salle avec vous souvent les sanglots, les chansons de Travis teurs-compositeurs de cette fin de sur les pistes de danse pour écrire vu défiler toutes leurs idoles, de Radiohead pour voir ça ») et fête le résultat du match de couvent toujours une gaieté latente. Fran Hea- siècle marient plusieurs compé- leur propre histoire. Comme aux Manic Street Preachers. Cette fois, la nuée foot de la soirée (Ecosse-Bosnie : 1-0). En fond ly ne dit pas autre chose quand, avant de clore tences. « Les artistes les plus inté- Björk, Emiliana Torrini est née à d’adolescents – légèrement dominée par la de scène, il montre des photos d’enfance de un ultime rappel, il s’adresse à ses fans : ressants de ces dix dernières années Reykjavik. Comme elle et comme gent féminine, mais également armée de chaque membre du groupe, comme pour « N’ayez jamais peur d’être triste, mais n’oubliez – Massive Attack, Portishead, Tric- le collectif d’alchimistes cintrés pintes de bière – est là pour eux. mieux mesurer le chemin parcouru. Musicale- pas qu’il est aussi important d’être heureux. » Et ky, Prodigy... – sont souvent des mu- – Gus Gus – dont cette Italo-Islan- Il y a deux ans, rien ne laissait présager un ment, sa gentillesse dérape parfois dans des le groupe de finir, euphorique, avec un I’m So siciens qui sont devenus DJ avant de daise fut un temps la chanteuse, tel engouement. Le premier album de Travis, mélodies fleur bleue, trop pertinemment éclai- Happy, bondissant comme une gigue écos- se remettre à écrire. » Une façon Emiliana Torrini s’aventure dans Good Feeling, ne se démarquait pas outre me- rées d’un psychédélisme pastel. Mais le plus saise. pas idiote de se décrire lui-même. des chansons au romantisme acti- sure des clichés de la britpop. Mélodies et hu- souvent, assumant dignement l’héritage pop vé par l’électronique. Mais, malgré meurs juvéniles n’y étaient jamais transcen- local – d’Orange Juice à Teenage Fan Club –, le S. D. Stéphane Davet Intik, ou la marche en avant du rap algérois Six jours de musique à Paris et en région b Paris Le 6 novembre : DANS UN STUDIO parisien, ils fin, de reggae et de chaâbi. Le pire rap donc je suis, diffusé sur Arte le voler / Assoiffés de joie et de liberté / Le 5 novembre : L’Aéronef, 20 heures : Archive, répètent, plongés dans le noir. qu’il puisse leur arriver, c’est la 26 octobre. On aimerait croire à Par ce diabolique système qui est en La Cigale, 18 heures : P18, Intik, Moby, Emiliana Torrini, Dernière ligne droite avant le complaisance des critiques et du cette vision idyllique d’une grande train de nous diriger. » (Va le dire à Patrice. Terranova. grand saut en avant, après quel- public, émus par ces poètes de la famille se serrant les coudes en ta mère). Invités à Marseille par Le Divan du monde, 22 h 30 : Six Tarif : 60 F et 90 F. ques apparitions furtives en février rue venus d’un pays où le drame terre hostile, pourtant, on re- Imhotep, du groupe IAM, pour By Seven, Travis, Kevin Rowland. Forfait : 120 F. au Divan du Monde ou dans des quotidien n’en finit pas. Le meil- marque que, si les copains d’Ham- participer au festival Logique Hip Le 6 novembre : Tél. : 03-28-38-50-50. opérations montées par Radio No- leur, ils sont en train d’y goûter. ma sont plusieurs fois cités dans la Hop, ils ont quitté l’Algérie en no- La Cigale, 17 heures : Pavement, b Nantes va. Ils sont quatre, âgés de vingt à Programmés au Festival des Inroc- conversation, le nom de MBS, qui vembre 1998. Depuis, ils n’y sont The Flaming Lips, Muse, Day One, Le 7 novembre : vingt-quatre ans, viennent d’Alger kuptibles, ils sortent en janvier en est déjà à son troisième album, pas retournés et comptent les Radar Bros. L’Olympic, 20 heures : et font du rap, tressé de raggamuf- leur premier album chez Saint est lui, soigneusement occulté. jours : « Nous sommes comme un Le Divan du monde, 22 h 30 : Pavement, The Flaming Lips, George, distribué par Sony. Les groupes jouant la carte ha- palmier qu’on essaierait de planter Katerine, France Cartigny, Ben Muse, Day One. Peu importe si, déjà, la concur- sardeuse du rap en Algérie sont-ils en Sibérie. » Une image, juste pour Christophers. Le 8 novembre : rence pointe son nez, si dans le une cible potentielle ? « Peut-être, évoquer le mal du pays. Car ils ont Le 7 novembre : L’Olympic, 20 heures : Archive, métro fleurissent les affiches an- répond Youssef. Mais nous ne la reconnaissance du cœur pour La Cigale, 17 heures : Archive, Moby, Emiliana Torrini, nonçant le nouveau disque de sommes que des petits grains de tous ceux qui les ont aidés. A Mar- Moby, Emiliana Torrini, Terranova. MBS (chez Island), autre nom re- sable essayant de faire quelque seille, à Paris, à Angoulême, à Ar- Terranova, Merz. Tarif : 75 F et 100 F. péré de la scène rap algéroise. chose pour leur pays. Certains ont cueil, où, accueillis en résidence, Le Divan du monde, 22 h 30 : The Forfait : 120 F et 150 F. « On trouve actuellement une qua- pris le maquis des armes, nous on a ils ont animé des ateliers. Les Intik Micronauts, Mike Ladd, Presence, Tél. : 02–40-43-20-43. rantaine de groupes qui font du hip- pris le maquis de la chanson, nous n’étaient donc pas chez eux pour Clones. b Toulouse hop, affirme Youssef, dit « Dark- nous battons pour la paix. » Avec le référendum du 16 septembre. Tarif : Cigale, 140 F ; Divan du Le 9 novembre : man », porte-parole d’Intik. Beau- des mots tranchants, trop crus De toute façon, ils n’y auraient pas monde, 110 F. Le Bikini, 21 heures : Pavement, coup sont basés à Alger. Il y a une pour les animateurs radio qui pré- participé. « Là où il y a le doute, on Forfait abonnés Inrockuptibles : France Cartigny, Muse, Day One. vraie solidarité entre nous, aucun fèrent s’autocensurer pour éviter s’abstient », déclare Reda, le fon- 350 F les trois jours à La Cigale. Le 10 novembre : esprit de compétition. On a tous le les ennuis. On n’est pas encore dateur du groupe. « Les Algériens Tél. : 01-42-44-16-16. Le Bikini, 21 heures : Archive, même truc à partager ensemble. » près d’entendre sur les ondes à Al- ont pris l’habitude d’être bernés, b Lille Emiliana Torrini, Terranova, Merz. Comme avec les rappeurs de Sar- ger : « Je parle des enfants qui ont c’est à dire bercés, quelque part », Le 5 novembre : Tarif : 120 F. celles, de Marseille et de Londres été calcinés et de mes sœurs qui ont renchérit Youssef, en écho. L’Aéronef, 20 heures : Pavement, Forfait : 200 F. de qui Philippe Roizès les a rap- été violées / (...) On est comme des The Flaming Lips, Muse, Day One. Tél. : 05-61-55-00-29. prochés dans son documentaire Je oiseaux en cage qui ne peuvent plus Patrick Labesse LeMonde Job: WMQ0511--0033-0 WAS LMQ0511-33 Op.: XX Rev.: 04-11-99 T.: 10:31 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 20Fap: 100 No: 0450 Lcp: 700 CMYK

CULTURE LE MONDE / VENDREDI 5 NOVEMBRE 1999 / 33 Cheikh Hamza Chakour, voix sacrée La diffusion de la musique sur de la Grande Mosquée de Damas Internet au cœur Le Théâtre de la Ville reçoit le chanteur et l’ensemble instrumental Al-Kindî de deux colloques DAMAS (SYRIE) ture : « Au début, il y a eu des et samaï), des improvisations (ta- L’ACCÈS gratuit à la musique de notre envoyé spécial remous chez certains cheikhs quand qasim) sculptées par Julien Jalaled- sur le réseau Internet notamment Il faut savoir se perdre dans le on a commencé à introduire des din Weiss et ses compagnons, su- par téléchargement, la présence de souk Al-Hamidieh, se laisser por- instruments dans les séances de perbes d’élégance et de sites illégaux et la question de la ter par la foule compacte le long chant religieux. Mais si elle est res- délicatesse, notamment Muham- rémunération des différents ayants de sa longue rue pavée où se pectueuse du nom de Dieu qui est mad Qadri Dalal (oud) et Ziyad droit du secteur (auteurs, inter- vendent tissus chatoyants et robes prononcé et du chant, la musique Kadi Amin (nay). Ils s’imprègnent prètes, producteurs...) ont été les de mariée. Tout au bout, après la ne peut qu’améliorer la prière. » du chant ample, de la voix de thèmes centraux de deux récents cohue, la frénésie, il y aura la ré- basse puissante et profonde de colloques tandis que des actions compense, un havre de paix, une ÉVASION ET ÉLÉVATION Hamza Chakour, grisés, emportés contre les pirates se multiplient. invite à la méditation : la grande Au début des années 90, le mu- encore plus haut lorsque deux der- La Sacem (Société des auteurs, mosquée des Omeyyades. Haut sicien et compositeur français Ju- viches tourneurs commencent leur compositeurs et éditeurs de mu- lieu de culte islamique, achevée au lien Jalaleddin Weiss vient le trou- envoûtant mouvement giratoire. sique), le Groupement européen début du VIIIe siècle, elle est ver pour lui proposer une Entre les chaises, un homme se des sociétés d’auteurs et composi- construite à l’emplacement où collaboration. Hamza Chakour faufile pour offrir à chacun quel- teurs (Gesac) et le Sénat avaient s’élevait auparavant une église et l’accueille en confiance. Il trouve ques gouttes de café parfumé à la organisé, mardi 26 octobre, un col- abrite le mausolée du prophète chez ce virtuose du qanoun (ci- cardamone. Là, dans la douceur loque au Palais du Luxembourg sur Yahya (Jean-Baptiste). Dans la thare orientale à cordes pincées) la du soir, Damas montre son autre le thème « La gestion collective salle de prière, immense, on se re- même envie de faire connaître la visage, loin du tumulte urbain, des des droits d’auteur à l’ère du nu- pose ou on bavarde entre amis, on musique sacrée en la présentant uniformes et des portraits du pré- mérique et de la mondialisation » déambule, on prie. Des enfants sur scène. Depuis leur rencontre à sident placardés partout. durant lequel il fut rappelé la né- courent sur les tapis et se pour- Damas, Hamza Chakour s’est plu- cessité d’être vigilant et ferme face suivent dans la cour, provoquant sieurs fois produit avec Julien Ja- P. La. à la volonté des Etats-Unis et de un envol de pigeons. laleddin Weiss et son ensemble certains pays européens de faire Ce mélange de spiritualité et de instrumental Al-Kindî. Sans jamais ૽ Le 6 novembre à 17 heures, d’Internet une zone de non-droit décontraction, c’est exactement ce empiéter sur le calendrier des Théâtre de la Ville, 2, place du où la musique pourrait être copiée, qu’inspire le cheikh Hamza Cha- fêtes religieuses. Début octobre, Châtelet, Paris 4e . Mo Châtelet. détournée et diffusée sans une kour, chef de la chorale des muns- juste après la cérémonie évoquant Tél. : 01-42-74-22-77. 95 F. Cheikh juste rémunération de ses créa- hiddin (hymnodes) de la Grande l’élévation du Prophète, à la Hamza Chakour et l’ensemble Al- teurs. A plusieurs reprises, les in- Mosquée des Omeyyades de Da- Grande Mosquée des Omeyyades, tervenants ont ainsi souhaité que

Kindî en tournée : Dijon (le 30 no- NICOLAS NILSSON mas. Considéré comme l’un des Hamza Chakour s’en ira rejoindre vembre), Châteauroux (le 2 dé- Le cheikh Hamza Chakour (debout, au centre), les politiques établissent claire- meilleurs interprètes syriens de l’ensemble Al-Kindî pour un cembre), Saint-Barthélémy d’An- chef de la chorale des munshiddin, au côté du musicien ment la responsabilité des opéra- chants religieux, il donne l’image concert au Théâtre de la Ville à Pa- jou (le 3), Brest (le 9), Marly-le-Roi et compositeur français Julien Jalaleddin Weiss, teurs, qui, bien que prévenus d’une d’un homme affable, simple, ai- ris, qui l’avait déjà accueilli en (le 10). devant la Grande Mosquée des Omeyyades, à Damas. irrégularité ou d’un acte de pirate- mant volontiers évoquer l’époque 1993. rie (copie et diffusion non autori- où il était aussi champion sportif. Un samedi soir de septembre, à sée par exemple), n’auraient pas Récitant du Coran, muezzin, hym- Damas, du côté de Bab Touma TROIS QUESTIONS À... monde arabe digne d’intérêt, qui Le joueur de nay Abd al-Salâm fait diligence. node, il a été, souligne-t-il, le pre- (porte Saint-Thomas), dans le fut aussi le père fondateur de la Safar, avec qui j’ai fait deux mier Syrien à assurer un pro- quartier chrétien, quelques privilé- JULIEN JALALEDDIN théorie scientifique de la musique disques en compagnie justement HARCÈLEMENT DE SITES gramme de chants religieux à la giés ont eu un avant-goût de ce arabo-musulmane. de Hamza Chakour (chez Long Dis- Conviés par la Société civile des télévision. Chanteur officiel du que sera ce concert parisien, pro- WEISS tance et Network). Il est mort le producteurs de phonogrammes président de la République Hafez longement scénique du double al- Dans quel esprit avez-vous mois dernier. C’était le flûtiste le (SPPF) et l’hebdomadaire profes- El-Assad, qui en février a inauguré bum consacré à la liturgie soufie Français, d’origine alsacienne 2 fondé l’ensemble Al-Kindî ? plus inventif, celui qui avait le sionnel Musique info hebdo, mer- son cinquième septennat, il inter- de la Grande Mosquée des 1 et suisse, vous vous êtes fait Al-Kindî est conçu comme un phrasé le plus inspiré en taqasim. credi 27 octobre, à l’hôtel Golden prète aussi un répertoire profane, Omeyyades que Hamza Chakour une spécialité du répertoire sa- takht, un petit ensemble, consti- Plusieurs personnes m’avaient par- Tulip, les producteurs indépen- comme les muwashshahât (chants et l’ensemble Al-Kindî viennent vant arabo-musulman. Comment tué d’un qanoun, d’un oud, d’un lé de Hamza Chakour comme dants ont eux aussi abordé cette classiques arabo-andalous), et se d’enregistrer à Damas (Les Der- cette passion est-elle née ? nay et d’un riqq [tambour à cym- étant l’un des grands chanteurs re- question de la responsabilité dans produit dans des fêtes privées. viches tourneurs de Damas, chez Tout a commencé quand j’ai balettes]. Depuis sa formation, Al- ligieux de Damas. Peu de temps leur convention intitulée : « Pro- Disciple de Taofiq Mounajed et Chant du Monde). Installés dans la écouté un disque du luthiste ira- Kindî a accompagné de grandes après notre rencontre, nous avons ducteurs de phonogrammes face à de Saïd Farhat, Hamza Chakour se cour d’une somptueuse villa res- kien Munir Bashir. Après avoir sui- voix du chant classique sacré et commencé à travailler sur le réper- l’Internet », mais ils ont surtout place dans la continuité d’Abd al- taurée, typiquement damascène, vi l’enseignement de maîtres profane : les Syriens Hamza Cha- toire soufi. C’est un hymnode à axé leur journée de travail sur des Ghâni al-Nâbulsî, grand soufi da- avec son bassin et son iwan, une égyptiens, tunisiens, turcs, liba- kour, Adib Daiykh, Omar Sarmini multiples facettes, dans la tradi- exemples et des démonstrations. mascène qui, au XVIIe siècle, prô- voûte ouverte sous laquelle ont nais, syriens et irakiens, j’ai fondé et Sabri Moudalal, mais aussi le tion des chanteurs syriens, qui De nombreux diffuseurs de mu- na l’introduction de l’instrumenta- pris place les chanteurs et les mu- en 1983 un ensemble instrumen- maître de Bagdad Husayn al-Aza- peuvent interpréter aussi bien un sique sur Internet se sont ainsi suc- tion dans les confréries mystiques siciens, ils écoutent... Ils suivent tal. Je l’ai baptisé Al-Kindî, en ré- mi ou le Tunisien Lotfi Bouchnak. répertoire profane que sacré. cédé à la tribune pour présenter en Syrie. Loin, très loin des fonda- les pistes d’évasion, voire d’éléva- férence à ce philosophe du qui un site de vente de phono- mentalistes, Hamza Chakour re- tion, qui leurs sont suggérées. Des IXe siècle, originaire de Bagdad, Qui vous a amené jusqu’à Propos recueillis par grammes sur Internet, qui un sys- vendique le même esprit d’ouver- préludes instrumentaux (bachraf premier philosophe hellénisant du 3 Hamza Chakour ? Patrick Labesse tème de cryptage et de suivi des morceaux sur le réseau, qui un site de téléchargement. Bob Khon, président de e-music, une société Marie Chouinard, chamane moderne de la danse québécoise américaine de diffusion de la mu- sique au format MP3 (vendus s’incarnent dans une expression chorégra- classique – commence à concevoir, presque prètes, je me projette en eux pour créer une 99 cents, 1 ¤ le morceau), a envoyé LES SOLOS 1978-1998, de Marie Choui- phique unique. par hasard, ses premiers solos. « J’avais danse proche de ce qu’ils sont intimement, ra- des signes pour une coopération nard. Axel Morgenthaler, Alain Lortie (lu- La Québécoise aime à se définir comme abandonné les cours de classique et je conti- conte Marie Chouinard. Je les mets ainsi en au coup par coup avec les produc- mières). Théâtre de la Bastille, 76, rue de une antenne. « Une antenne mobile, précise- nuais à m’entraîner quotidiennement à la contact avec eux-mêmes dans ce qu’ils ont de teurs, en soulignant le « formidable la Roquette, Paris 11e . Mo Bastille. Jus- t-elle. A partir d’une position du corps très pré- barre. Et c’est en faisant les exercices les plus plus rare. Peut-être est-ce cela qui leur donne outil de promotion » que pouvait qu’au 7 novembre, à 21 heures, le di- cise, je capte les échos du monde, j’ajuste tous académiques que tout à coup, des gestes to- le désir de se risquer ensuite à faire une re- devenir Internet, résumant ainsi le manche, à 17 heures. Tél. : 01-43-57-42-14. mes sens pour me faire le réceptacle des vibra- talement incongrus ont commencé à m’échap- cherche personnelle. » Irène Stamou, d’ori- fonctionnement de nombreux dif- De 80 F (12,20 ¤) à 120 F (18,29 ¤). EN DE- tions d’où va surgir un mouvement original. » per. J’ai bien tenté d’abord de revenir à la nor- gine grecque, compose elle aussi une œuvre fuseurs et gestionnaires de sites DANS, de Ginette Laurin. Hans Peter Bo- Elle se dresse comme en arrêt, pointant la male mais çà a été plus fort que moi. C’est à part, entre la Grèce et le Canada, pays où qui estiment qu’une réglementa- den (lumières). Carmen Alie, Denis La- main gauche pour fouiller l’espace, prête à se ainsi que s’est élaboré mon premier solo dont elle a immigré à l’âge de six ans. Pièce d’exil tion globale est un frein au déve- voie (costumes). En tournée dans le cadre laisser saisir par une nouvelle organisation je ne savais même pas à l’époque que c’en était transfigurant le déracinement, son Duo De- loppement de la diffusion de la du festival Iles de Danses : le 20 (Ris- du corps. Emetteur-récepteur, cette chamane un et que j’ai intitulé Cristallisation. » La cho- vouring Muses palpite d’une volupté retenue. musique sur le Net. Orangis), le 23 (Sartrouville), le 26 (Long- moderne creuse à la racine cette zone de l’in- régraphe en a ainsi imaginé une trentaine Il y est question d’un voyage dans l’in- Enfin, la Fédération internatio- jumeau). Tél. : 01-42-65-06-58. De 60 F dicible, immense et mouvante située aux li- depuis vingt ans sans rien changer à sa conscient, d’infini, d’intimité, de ventre qui nale de l’industrie phonogra- (9,15 ¤) à 135 F (20,58 ¤). mites de la conscience. Toujours en quête de conduite artistique. se soulève pour chanter. Remontant leur tee- phique (IFPI) a annoncé, dans un ce grand mystère qu’est le vivant – c’est en ce shirt, les deux danseurs ondulent dans un communiqué publié à Londres, En octobre, lors du récent Festival interna- sens qu’elle définit sa danse comme sacrée –, « CÉLÉBRATION DU VIVANT » mouvement de houle majestueux. Suavité jeudi 28 octobre, une action en di- tional de Nouvelle danse de Montréal, on a Marie Chouinard est une anomalie. A Montréal, parmi les chorégraphes de la discrète de ce poème élégiaque dont la grâce rection d’une vingtaine de pays. pu mesurer à quel point les femmes oc- Au début des années 80, les pionniers nouvelle génération – Lynda Gaudreau, Hé- agit comme la réminiscence d’un rêve de Cette organisation, qui regroupe la cupaient le terrain. Marie Chouinard, une de Edouard Lock, Jean-Pierre Perreault, Paul- lène Blackburn, Danièle Desnoyers, Jocelyne Grèce antique. plupart des producteurs et distri- leurs chefs de file, est actuellement à Paris. André Fortier, Ginette Laurin, etc. se pro- Montpetit –, on remarquait l’impact de Ma- Danse d’offrande proche de l’esprit des so- buteurs de musique, a décidé de Manteau de fourrure blanche sur une longue jettent plutôt dans une danse-théâtre à l’ar- rie Chouinard chez deux de ses ex-inter- los ou des spectacles de groupe de Marie harceler individuellement les sites jupe de cuir noir assortie d’une tunique bi- raché. Avec la volonté plus ou moins prètes, Irène Stamou et Dominique Porte. Ce Chouinard. « Ma danse traduit d’abord un illégaux, commerciaux ou person- zarrement bouffante, l’élégance brute et so- consciente d’imposer une identité québé- souci du geste en prise avec les couches pro- émerveillement face au monde, dit cette der- nels, qui offrent de la musique phistiquée de la chorégraphe est à l’image de coise loin des modèles américains du mini- fondes de l’être, Dominique Porte en a fait nière. Sans parler exactement de prière, c’est protégée par des droits, et les ser- sa danse crue, modelée avec une impeccable malisme et de l’abstraction, ils imposent leur visiblement son but secret dans son solo au- une célébration du vivant dans ce qu’il a de veurs qui hébergent ces sites. rigueur. Animalité, instinct, portés à l’incan- originalité dans la performance, le dépasse- tour de la calligraphie Sept gouttes et des plus universel. » D’une manière plus générale, l’IF- descence par une écoute de soi si fine, une ment physique. A l’époque, seule dans son poussières. PI entend combattre les pratiques perception du monde si spongieuse, qu’ils studio, Marie Chouinard – formée à la danse « Quand je chorégraphie pour mes inter- Rosita Boisseau actuelles de groupes puissants qui font de la musique en accès gratuit un produit d’appel (c’est alors la publicité et le trafic générés sur les Demande de saisie d’un texte sites qui permettent de gagner de Des places à 50 francs le jeudi dans les théâtres nationaux en 2000 l’argent) qui, par ricochet, banalise APRÈS la musique (Le Monde nion) et des projets artistiques L’incidence du lancement du ta- l’acte créatif comme l’ont souligné de Rebatet et Pierre-Antoine Cousteau daté 24-25 octobre) et la danse (Le prenant en compte le renouvelle- rif à 50 francs (7,62 ¤) les jeudis à dans ce même communiqué plu- Monde du 29 octobre), Dominique ment des publics. partir du 1er janvier 2000 dans les sieurs artistes (Princess Erika, Ca- LES ÉDITIONS BERG INTERNATIONAL ont été assignées, mardi Wallon, directeur de la musique, de La création en direction des théâtres nationaux (Comédie-Fran- therine Ringer, Larusso, Les Né- 2 novembre, devant le tribunal de grande instance de Paris par le lé- la danse, du théâtre et du spectacle jeunes publics constitue désormais çaise, Chaillot, Odéon, Colline et gresses vertes...). gataire universel de Lucien Rebatet, Pierre Darrigrand, et le fils et de vivant au ministère de la culture, a une « obligation partagée » par tous Théâtre national de Strasbourg) se- Pierre-Antoine Cousteau (frère du commandant), Jean-Pierre Cous- présenté le 27 octobre le budget les centres dramatiques. Autre- ra intégralement prise en charge Sylvain Siclier teau, à propos de la publication du livre Dialogues de « vaincus ». Ce consacré au théâtre, au cirque et ment dit, les CDN pour l’enfance et par le budget. L’extension de la texte inédit de Lucien Rebatet et Pierre-Antoine Cousteau – précédé aux arts de la rue pour l’année la jeunesse, au nombre de six, de- mesure à d’autres lieux subven- d’une ample étude de Robert Belot, biographe de Rebatet (Seuil, 2000. L’essentiel des mesures nou- vraient progressivement réintégrer tionnés fera l’objet d’une concerta- 1994) – a été rédigé entre janvier et décembre 1950 à la maison cen- velles va à la création, pour laquelle la règle commune. Les scènes na- tion par établissement. trale de Clairvaux, où les deux anciens collaborateurs, d’abord est réaffirmé le rôle central des tionales et les scènes convention- Le budget des arts de la rue est condamnés à mort à la Libération, purgeaient une peine de prison à compagnies, au nombre de 624. nées – avec 65 lieux, leur réseau augmenté de 4 millions de francs perpétuité. Une enveloppe nouvelle de 12 mil- « ne devrait pas être élargi avant (609 796 ¤) et les arts du cirque Dans cet ouvrage, ne reniant rien de leur adhésion au fascisme, les lions de francs (1,83 millions d’¤) plusieurs années » – bénéficient de voient leur dotation augmentée de deux hommes reprochent à Hitler d’avoir trahi ses propres principes leur sera attribuée, en « continuité 13,6 millions de francs de mesures 3 millions de francs (457 347 ¤). En développés dans Mein Kampf et s’en prennent notamment, avec une totale » avec 1999. nouvelles. Une soixantaine de ce qui concerne les enseignements Place de la Bastille grande violence, à Jean-Paul Sartre et Jean Genet. Les ayants droit, re- Les centres dramatiques natio- scènes seront retenues pour un artistiques, 3,5 millions de francs présentés par Me Yehochoua Lewin, demandent la saisie et le retrait naux (CDN) bénéficieront de conventionnement triannuel. On supplémentaires (533 571 ¤) seront de la vente du livre, sous astreinte de 500 F (76 ¤) par jour et par ou- 5,9 millions de francs (9 millions devrait y trouver Saint-Gaudens consacrés à approcher l’objectif 3 - 7 Nov vrage, pour toute infraction constatée. Me Jean-Claude Zylberstein, d’euros) de mesures nouvelles qui (arts de la rue), le Théâtre Massalia d’une « généralisation de l’accès à Ouvert Tous les Jours 11h à 20h Nocturne Vendredi 5 jusqu’à 22h pour les éditions Berg devrait plaider l’abus de droit moral. L’au- financeront la construction de bâti- (jeune public), les Bernardines la découverte de l’art théâtral ». dience du référé est fixée au 5 novembre. ments (notamment à Toulouse, Bé- (Marseille) et le Théâtre Garonne thune et Saint-Denis de la Réu- (Toulouse). Jean-Louis Perrier Joël Garcia Organisation - Tél: 01 56 53 93 93 LeMonde Job: WMQ0511--0034-0 WAS LMQ0511-34 Op.: XX Rev.: 04-11-99 T.: 08:41 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 20Fap: 100 No: 0451 Lcp: 700 CMYK

34 / LE MONDE / VENDREDI 5 NOVEMBRE 1999 CULTURE Un hommage au galeriste Jean-Robert Arnaud SORTIR PARIS 4 novembre au 19 décembre. Du mardi au samedi, à 19 h 30 ; le Savannah Bay dimanche, à 15 h 30. Tél. : et à la revue « Cimaise » Gisèle Casadesus et Martine Pascal 01-44-95-98-10. De 60 F à 130 F. ont triomphé à Chaillot en 1995 Cheb Aïssa avec cette version de Savannah Bay Originaire de Saïda, comme son (Le Monde du 4 février 1995) mise parrain , Cheb Aïssa est Une exposition à Angers raconte son combat en faveur de la création contemporaine en scène par Jean-Claude Amyl – la l’une des nouvelles voix du raï. première que Marguerite Duras ait Installé à Marseille depuis 1993 (il Une exposition à Angers raconte l’action, mé- de tableaux a été l’un des premiers, en Europe, à des modes, sa revue, Cimaise, défendit l’abstrac- écrite, et qui n’avait jamais été était de l’aventure musicale dédiée connue, de Jean-Robert Arnaud en faveur de la comprendre l’importance d’un relais dans les mu- tion lyrique dans les années 50 et contribua à faire jouée (Madeleine Renaud et Bulle à la cité phocéenne, présentée par création contemporaine depuis 1951. Ce marchand sées et les galeries de l’étranger. A contre-courant connaître les créations d’autres continents. Ogier avaient créé la seconde Serge Hureau à la Cité de la version de la pièce). Les deux musique en décembre 1997), il lerie, puis une revue, un dédain toujours verbaux, avec une éner- aussi de l’Afrique (lorsque Olivier comédiennes reprennent au vient de sortir un deuxième album LES ANNÉES DE COMBAT, dans pour le passé, dès lors qu’il s’agit gie qui manque aujourd’hui, et qui Le Corneur organisa, quelque théâtre du Rond-Point cette tout à fait convaincant le cadre du 18e Salon d’Angers, du sien. Ce qui fait que son action ferait passer certaines polémiques temps avant le MoMa, une exposi- Savannah Bay qui est la leur : un (Nouara/Globe Music). salle Chemellier, boulevard de la dans le domaine de l’art, depuis récentes sur l’art contemporain tion confrontant l’art tribal et l’art rêve de théâtre. Avec la voix de New Morning, 7-9, rue des Résistance-et-de-la-Déporta- 1951, est largement ignorée des pour d’aimables bluettes... Les col- contemporain), du Japon, et sur- Piaf qui chante Les Mots d’amour, Petites-Ecuries, Paris 10e. tion, 49035, Angers. Tél. : 02-41- grandes rétrospectives. Rares sont lectionneurs descendaient dans tout des Etats-Unis. et deux femmes qui se donnent à Mo Château-d’Eau. Le 5, à 21 heures. 05-41-49. Ouvert tous les jours de celles qui citent la revue Cimaise, l’ancienne cave à charbon pour « A chaque nouvelle vague de na- l’échange murmuré d’une histoire Tél. : 01-45-23-51-41. 130 F. 10 heures à 19 heures, jusqu’au où s’aiguisèrent les plumes de Mi- découvrir le meilleur de l’abstrac- tionalisme, écrit la critique améri- du passé qui s’écrit au Kenny Werner Trio 7 novembre. Entrée libre. Cata- chel Ragon ou de Pierre Restany. tion de l’après-guerre. caine Dore Ashton, qui fut long- conditionnel ; avec des mots Un pianiste de la grâce, de la logue, édition Ville d’Angers et Plus rares encores, qui le créditent temps la correspondante d’amour légers, aériens – un vol de vivacité et de l’intelligence, auteur Présence de l’art contemporain de la première exposition des new-yorkaise de la revue, je me re- nuages d’ouate dans un ciel d’été ; d’un univers personnel où (PACA), 120 p., 120 F (18,29 ¤). Américains Jack Youngerman et « Il n’y avait pas porte vers cette période de la galerie avec Gisèle Casadesus et Martine l’héritage de l’histoire moderne du Ellsworth Kelly, ou du Suisse Jean Arnaud et de Cimaise, où il n’y Pascal, mère et fille, jazz passe en filigrane. ANGERS Tinguely... Il faut dire qu’il n’aime de place pour tout avait pas de place pour tout ce qui merveilleusement aimantes. Au duc des Lombards, 42, rue des de notre envoyé spécial pas les commémorations et que, si aurait pu limiter si peu que ce soit Théâtre du Rond-Point, 2 bis, avenue Lombards, Paris 1er. Mo Châtelet. Les C’est une petite grande exposi- l’ignorance l’agace, il ne tient pas ce qui aurait pu l’ouverture du compas artistique ou Franklin-Roosevelt, Paris 8e. 5, 6, 8 et 9 novembre, à 20 h 30 et tion, qui fait penser à la première plus que cela à laisser sa trace intellectuel. » Mo Franklin-D.-Roosevelt. Du 22 h 30. Tél. : 01-42-33-22-88. 80 F. scène de Little Big Man, ce film dans l’histoire de l’art. limiter l’ouverture Il semble que ces préoccupa- d’Arthur Penn où un jeune univer- Jean-Robert Arnaud a accordé, tions ne soient plus de mise, tant sitaire plein de préjugés vient in- souvenir du parti dont il fut un du compas artistique cette période cruciale de l’art en GUIDE terviewer un survivant des guerres temps le compagnon de route, son France est occultée, sinon daubée. indiennes. Ce qu’il lui apprend n’a soutien sans participation à l’ex- ou intellectuel » « Sommes-nous les dinosaures rien du politiquement correct vé- position, et s’en est retourné culti- d’une époque révolue ? », s’inter- FESTIVALS CINÉMA Parc de La Villette, Espace Charlie-Parker, hiculé à la faculté. Qui croisera ver son jardin, du côté de Lis- roge John Koenig dans le cata- Paris 19e.Mo Porte-de-la-Villette. Les 5 l’exposition d’Angers sans se re- bonne. C’est donc à quelques Quarante ans de vie artistique logue ? On sait, depuis Spielberg, Festival international du film d’Amiens et 6, à 20 heures ; le 7, à 17 heures. Tél. : e 08-03-07-50-75. 80 F. porter à son catalogue sera déçu, fidèles, comme Jean-Pierre Ar- parisienne, débutée dans les an- que ces bestioles renaissent par- Cette 19 édition propose une section compétition fiction (24 longs et courts Ensemble InterContemporain ou, pis, passera à côté d’une belle naud (un homonyme), qui s’em- nées 50 : ces Indiens d’au- fois, encore très redoutables : ce métrages) et une compétition documen- Berg : Kammerkonzert. Projection du histoire. Car la prestation, en elle- ploie depuis plusieurs années, à jourd’hui, au regard de l’histoire qu’enseignent les années de taire (longs et courts métrages de l’espace film Rashomon d’Akira Kurosawa. Hae- même, est modeste : une soixan- Angers, à revisiter les années 50, et de l’art que dominent les Yankees. combat de Cimaise et de la galerie francophone). Deux rétrospectives : Sun Kang (violon), Pierre-Laurent Aimard taine de tableaux plutôt abstraits, le peintre américain John Franklin Arnaud fut pourtant, avec sa ri- Arnaud, c’est que la liberté, l’éner- «D’Easy Rider à Apocalypse Now : la (piano), Pierre Boulez (direction). une douzaine de sculptures, un Koenig, l’ami de la première vale, devenue amie, Denise René, gie, le goût pout les cultures multi- contestation et la contre-culture dans le Théâtre musical de Paris, 1, place du Châ- telet, Paris 1er.Mo Châtelet. Le 5, à peu de documentation : le point heure, que l’on doit donc cette vi- l’un des premiers marchands de ples, autres ou exogènes, la polé- cinéma américain des années 70 » et « Vi- cente Blasco Ibañez et le cinéma muet ». 20 heures. Tél. : 01-40-28-28-40. De 40 F à de vue de Fabrice à Waterloo, ou site. Elle est d’importance. Koenig tableaux européens à comprendre mique, ne sont pas l’apanage de la Trois hommages : Delmer Daves (cinéaste, 180 F. de Dustin Hoffmann à Little Big parle, à propos de la galerie Ar- l’importance d’un relais dans les jeunesse d’aujourd’hui, mais celui Etats-Unis), Alexis Damianos (metteur en Orchestre philharmonique de Radio- Horn. Il faut donc, comme dans le naud, de la librairie d’Adrienne galeries et les musées de l’étran- de la jeunesse tout court. Que l’in- scène de théâtre et de cinéma, Grèce), France film, revenir en arrière. Monnier. ger, stratégie brillamment déve- tolérance dans la critique est une Samba Félix N’Diaye (cinéaste, Sénégal). Œuvres de Ravel, Bartok, Jolivet. L’Indien, c’est Jean-Robert Ar- La comparaison n’est pas mau- loppée ensuite par les Américains vertu, et la tolérance dans les rap- Bureau du festival, place Léon-Gontier, Maison de Radio-France, 116, avenue du Président-Kennedy, Paris 16e.Mo Passy. naud, né en 1920 à Alger. Il a gardé vaise : Jean Genet venait souvent Sydney Janis et Leo Castelli. Sa re- ports humains un art de vivre. 80 Amiens. Du 5 au 14 novembre. Tél. : 03-22-71-35-70. Le 5, à 20 heures. Tél. : 01-42-30-15-16. de sa courte carrière de spahi chez Arnaud pour recopier, à la vue fut la première à défendre Il faut donc aller à Angers, non 100 F. (dans l’armée Leclerc, d’Afrique du main, ses propres textes, et reven- l’abstraction lyrique d’après- pour réparer une injustice, mais TROUVER SON FILM Les Jeunes Solistes Nord jusqu’en Allemagne), un ca- dait aux bibliophiles ses manus- guerre, à une époque où domi- pour se souvenir que la première Vivier : O ! Kosmos, Love Songs, Jesus er- ractère parfois abrupt qui ne lui crits tout neufs. Les critiques s’en- naient art géométrique et réalisme boutique de Jean-Robert Arnaud Tous les films Paris et régions sur le Mini- barme dich, Chants. Rachid Safir (direc- tel, 3615-LEMONDE ou tél. : 08-36-68-03- vaut pas que des amitiés. Et de sa tassaient dans l’arrière-salle pour socialiste. Elle fut la première à était située rue du Regard. tion). 78 (2,23 F/min). Maison de Radio-France, 116, avenue du vie engagée dans la création des comités de rédaction houleux. initier ses lecteurs aux arts autres, VERNISSAGES Président-Kennedy, Paris 16e.Mo Passy. contemporaine, à travers une ga- Ils y échangeaient des horions, pas venus du reste de l’Europe, mais Harry Bellet Le 6, à 18 heures. Tél. : 01-42-30-15-16. Brésil baroque 50 F. Petit-Palais, Musée des beaux-arts de la Isabelle Benhadj Quartet Ville de Paris, avenue Winston-Churchill, Petit Opportun, 15, rue des Lavandières- er o Les « Noces de sang » de Lorca portées à l’incandescence Paris 8e. Mo Champs-Elysées-Clemenceau. Sainte-Opportune, Paris 1 .M Châtelet. Tél. : 01-42-65-12-73. De 10 heures à Les 5 et 6, à 22 h 30. Tél. : 01-42-36-01-36. 17 h 40 ; nocturne jeudi jusqu’à 80 F. toires pour ses marionnettes, qu’il manipule voile noir : elle a été fiancée à un jeune homme P 18, Intik, Mishka NOCES DE SANG, de Federico Garcia Lorca. dans le métro, ce qui lui permet de se payer des qui en a finalement épousé une autre. Noces de 20 heures. Fermé lundi et fêtes. Du 4 no- vembre au 6 février. De 25 F à 50 F. La Cigale, 120, boulevard Rochechouart, Mise en scène : Omar Porras-Speck. Avec stages chez Jacques Lecoq ou à la Cartoucherie sang, ou le drame d’un amour. Le jour du ma- Paris 18e. Mo Pigalle. Le 5, à 18 h 30. Tél. : Eva Perez Castro, Céline Le Pape, Nicole Sei- de Vincennes. Cette vie dure cinq ans. Jusqu’au riage, la fiancée part avec celui qu’elle n’a ja- ENTRÉES IMMÉDIATES 01-49-25-89-99. 157 F. ler, Valérie Liengme, Anne-Cécile Moser, moment où le Colombien décide d’aller visiter mais cessé d’aimer. Fuite dans la nuit, caval- Lamb, D-Moon Le Kiosque théâtre : les places du jour Raffaele Passerini, Joan Mompart, Abder le nord de l’Europe. En chemin, il passe par la cade furieuse des chevaux qui poursuivent les Elysée-Montmartre, 72, boulevard Roche- vendues à moitié prix (plus 16 F de chouart, Paris 18e.Mo Anvers. Le 5, à Ouldhaddi, Omar Porras-Speck, Bartek So- Suisse. Y rencontre sa femme. S’arrête. amants, duel au couteau entre les deux commission par place). Place de la Made- 19 h 30. Tél. : 01-55-07-06-00. 100 F. zanski, Dominique Mercier-Balaz, Sébastien Ensemble, ils créent une compagnie, le Tea- hommes rivaux, leur mort. Et pour finir, la leine et parvis de la gare Montparnasse. Pavement, Muse, Day One, The Flaming Revel. tro Malandro, et présentent leurs spectacles : mère seule, agenouillée, les mains serrées au- De 12 h 30 à 20 heures, du mardi au sa- Lips THÉÂTRE DES ABBESSES, 31, rue des Ab- Ubu roi, de Jarry ; La Tragique histoire du doc- tour d’un bâton, qui parle pour elle, tandis que medi ; de 12 h 30 à 16 heures, le di- La Cigale, 120, boulevard Rochechouart, e o besses, Paris 18e .Mo Abbesses. Tél. : 01-42-74- teur Faust, de Marlowe ; La Visite de la vieille l’enveloppent des pétales de sang. manche. Paris 18 . M Pigalle. Le 6, à 17 heures. Roméo et Juliette 22-77. Jeudi 4, vendredi 5 et samedi 6 à dame, de Dürrenmatt. En 1995, Claude Stratz, La musique des Rolling Stones, Their Satanic Tél. : 01-49-25-89-99. 157 F. de William Shakespeare, mise en scène de Charles Trénet 20 h 30 (dernière). 95 F (14,48 ¤) et 140 F le directeur de la Comédie de Genève, invite Majestic Requiest, introduit et clôt ces Noces de Stuart Seide, avec Frédéric Cherbœuf, Ju- Salle Pleyel, 252, rue du Faubourg-Saint- (21,34 ¤). Durée : 1 h 15. Omar Porras-Speck, qui met en scène Othello sang qui se jouent sur une estrade habillée de lie-Anne Roth... Honoré, Paris 8e. Les 4, 5 et 6 novembre, à – Shakespeare pour sa première prestation draps blancs. Mais ce décor presque élémen- Théâtre des Amandiers, 7, avenue Pablo- 20 h 30. Tél. : 01-45-61-53-00. De 250 F à Quelle est cette terre qu’ils martèlent de leurs dans un « vrai » théâtre ! En 1997, la compagnie taire se révèle, sous les jeux de lumière, une Picasso, 92 Nanterre. RER Nanterre-Pré- 475 F. pieds, au rythme d’un galop ? Quelle est cette Malandro s’installe dans une usine qu’elle réa- magnifique boîte à magie. Le feu embrase les fecture. Du 5 novembre au 10 décembre. Festival de l’accordéon Du mardi au samedi, à 20 h 30 ; le di- nuit d’or qui les enveloppe, jusqu’à les rendre ménage. Elle y créée Strip-tease, de Slawomir planches mal équarries, une lune d’argent illu- avec Yvette Horner, Michel Pruvot, Louis manche, à 16 heures. Tél. : 01-46-14-70-00. Corchia. Mrozek. Puis viennent les Noces de sang, qui mine la nuit, l’éclat bleu d’un tissu annonce la fous ? Quels sont ces chants qui les appellent, De 55 F à 140 F. Zénith, 211, avenue Jean-Jaurès, Paris 19e. comme le souvenir d’une vieille tristesse ? Ces nous ramènent au Théâtre des Abbesses. fiancée. Chaque personnage est humain et ani- Les Rencontres des cultures urbaines Mo Porte-de-Pantin. Les 6 et 7, à 14 h 15. mots qui leur transpercent le corps ? Ce sont mal : servante-autruche, fiancée-antilope, fian- Six compagnies de danse hip-hop. Tél. : 01-42-08-60-00. 230 F. ceux des Noces de sang, de Federico Garcia Lor- À LA VIE À LA MORT cé - porc-épic, rival-cheval, père-morse... A ca, que le metteur en scène Omar Porras-Speck Carnaval, rite, cavalcade, offrande primitive, chaque instant, ils étonnent. Souvent, ils porte à l’incandescence, dans sa présentation legs émotif : Lorca vu par Omar Porras-Speck émeuvent. Parfois, ils bouleversent sans que au Théâtre des Abbesses. Le public ne s’y est s’éloigne peut-être du mot à mot de la pièce, l’on puisse dire pourquoi ils sont bouleversants pas trompé. Il est venu en rangs serrés, pen- mais il garde son ossature, son rythme, sa pul- à un moment plutôt qu’à un autre. Cela tient dant le mois d’octobre où tant de pièces ont sation. Cœur et sang, à la vie à la mort : il y a sans doute à ce qui assure la force de ces Noces occulté ce spectacle qui restera cependant quelque chose de sacré dans la mise en scène de sang – le mystère d’un conte sans cesse re- comme l’un des plus marquants de la rentrée de Noces de sang. Mais ce sacré est trempé dans nouvelé – et à la force de conviction des comé- théâtrale. une folie furieuse de l’instant, des corps en diens, qu’il faut tous citer : Eva Perez Castro, Omar Porras-Speck tient le rôle de l’inconnu mouvement, du chant profane. Avec Omar Por- Céline Le Pape, Nicole Seiler, Valérie Liengme, dans la saison : il est à l’affiche à Paris pour la ras-Speck, Lorca s’enracine dans la terre de la Anne-Cécile Moser, Raffaele Passerini, Joan première fois. Il a créé Noces de sang à Genève, grande tragédie, version tribale. Mompart, Abder Ouldhaddi, Bartek Soznaski, où il vit depuis 1990. Il a grandi dans les rues de La mère (Eva Perez Castro, extraordinaire re- Dominique Mercier-Balaz, Sébastien Revel et Bogota, il aurait voulu faire des études, il gard de braise) maudit les couteaux qui ont tué Omar Porras-Speck lui-même. Après leur sé- n’avait pas un sou, il est parti. À vingt ans, en son mari et un de ses fils. Elle sait qu’elle ne jour parisien, ils partiront en tournée au Japon. 1985. Grand bond vers l’Europe. Paris, Omar peut retenir auprès d’elle le seul fils en vie ; il va Porras-Speck se débrouille. Il invente des his- se marier avec une jeune fille sur qui pèse un Brigitte Salino LeMonde Job: WMQ0511--0035-0 WAS LMQ0511-35 Op.: XX Rev.: 04-11-99 T.: 08:41 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 20Fap: 100 No: 0452 Lcp: 700 CMYK

RADIO-TÉLÉVISION LE MONDE / VENDREDI 5 NOVEMBRE 1999 / 35 JEUDI 4 NOVEMBRE GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

20.55 RDA, la grande braderie. 15.55 Le Maître de musique aa TÉLÉVISION DÉBATS [2/2]. Histoire MUSIQUE Gérard Corbiau (Belgique, 1987, ARTE de la Treuhand, 1990-1994. Arte 95 min) &. Ciné Cinémas 3 19.00 Voyages, voyages. Le Pérou. 21.00 Le Cerveau, 21.05 Notre siècle. [3/9]. 21.00 Piano récital 17.25 Le Petit César aa TF 1 cet inconnu. Forum Planète 1918-1928 : Les années jazz. TV 5 Zoltan Kocsis. Muzzik Mervyn LeRoy (EU, 1930, N., 19.45 Arte info, Météo. v.o., 85 min) &. Ciné Classics o 21.30 Les Mystères du cerveau. Planète 18.25 Exclusif. 20.15 360 , le reportage GEO [4/4]. 23.35 Débat à Chemnitz. Arte 21.40 Les Chieftains en concert. 18.50 Le Petit Chose aa 22.30 Du rugby et des hommes. Lors du Festival interceltique 19.00 Etre heureux comme... 20.45 Thema. Maurice Cloche (France, 1938, Allemagne : une unité très divisée. [5/5]. Vivement dimanche. Planète de Lorient. Mezzo 19.05 Le Bigdil. MAGAZINES N., 90 min) &. Ciné Classics 20.55 RDA, la grande braderie [2/2]. 23.00 Les Authentiques. 22.25 Charles Trenet, au Printemps 19.30 La Grande Course 19.55 L’Air d’en rire. 21.50 Les Années du Mur 18.20 Nulle part ailleurs. Avec Il était une fois la truffe. Odyssée de Bourges. En 1987. Paris Première autour du monde aa 20.00 Journal, Météo. Film. Margarethe von Trotta &. Flaming Lips, Cheb Mami. Canal + 23.25 119 balles plus trois. Planète 20.40 5 millions pour l’an 2000. 23.35 Débat à Chemnitz. 23.00 Jazz Summit. Muzzik Blake Edwards (Etats-Unis, 1965, Allemagne : une unité très divisée. 18.30 et 21.30 L’invité de PLS. 23.45 Nuit Titanic. Le Cinéma 150 min) &. Cinétoile 20.45 Une femme d’honneur. Daniel Cohn-Bendit. LCI de James Cameron. Canal + Coupable idéal. 0.40 L’Ile du Diable. THÉÂTRE 20.45 Un, deux, trois aaa Film. Fridrik Thor Fridriksson (v.o.). &. 20.05 Temps présent. Paroles 23.45 Mémoires de France. Billy Wilder (Etats-Unis, 1961, 22.35 Made in America. de Tchétchènes. Renens, Vaud. TSR [8/12]. Histoire 23.40 Il faut qu’une porte N., 120 min) &. Histoire La Colère du tueur. 20.55 Envoyé spécial. Allergies 0.15 Histoires naturelles. Téléfilm. Michael Preece %. M6 alimentaires : les enfants en première Fous de nature. TF 1 soit ouverte ou fermée. 0.15 Histoires naturelles. Pièce d’Alfred de Musset. Festival 18.25 Stargate SG-1 &. ligne. Pour quelques degrés de plus. 0.15 N.U. Histoire Fous de nature. Violons d’Amazonie. 19.15 Unisexe. P-s : Bébés sur ordonnance. France 2 TÉLÉFILMS SPORTS EN DIRECT FRANCE 2 19.50 La sécurité sort 22.20 Pulsations. Les phobies. RTBF 1 20.45 Le Complot du silence. de la bouche des enfants. 22.20 Faxculture. Carte blanche ème 17.50 Football. 19.54 Le Six Minutes, Météo. 20.00 Football. Coupe de l’UEFA Gene Levitt. 13 RUE Montpellier - La Corogne. au comédien Jean-Quentin Châtelain. (32e de finale). Match retour. 20.10 Une nounou d’enfer &. Invité : Jacques Weber. TSR 22.35 Made in America. 20.00 Journal, Météo. Celtic Glasgow-Lyon. Eurosport La Colère du tueur. 20.40 Décrochages info, Passé simple. 23.20 Si j’ose écrire. Les renoncements. 20.30 Basket-ball. Euroligue masculine Michael Preece. %. TF 1 20.55 Envoyé spécial. Allergies 20.55 X-Files, aux frontières du réel. Invités : Jacqueline Harpman, Elisa re re alimentaires : les enfants en première Brune, Stéphane Lambert. RTBF 1 (1 phase, 1 journée retour). Groupe Le grand jour &. A cœur perdu %. C : Asvel - Ulker Istanbul. Pathé Sport ligne. Pour quelques degrés de plus. 23.25 Prise directe. A Toulouse. France 3 SÉRIES Violons d’Amazonie. 22.45 Les Jeudis de l’angoisse. 20.45 Rugby. Coupe du monde 1999. Dangereuse alliance 23.25 Le Club. Yves Boisset. Ciné Classics P-S : Bébés sur ordonnance. Afrique du Sud - Nouvelle Zélande. 20.55 X-Files, aux frontières du réel. 23.05 Expression directe. Film. Andrew Fleming ?. 0.35 Saga-Cités. Match pour la 3e place. Canal + vert Le grand jour. A cœur perdu. %. M6 0.30 L’Heure du crime. Et la lumière fut. France 3 23.15 Marion a 21.30 Zoé, Duncan, Jack & Jane. Film. Manuel Poirier &. La mort est sans rancune &. DANSE The Trouble with Jane DOCUMENTAIRES (v.o.). Série Club 1.00 Journal, Météo.

COLLECTION CHRISTOPHE L. RADIO 18.30 Giselle. 21.30 Urgences. Cœurs meurtris. %. TSR 20.15 360o , le reportage GEO. [4/4]. Arte Ballet. Chorégraphie de Patrice Bart. 21.00 Si j’avais un million aa FRANCE 3 22.20 Alfred Hitchcock présente. Ernst Lubitsch, Norman Taurog, 20.15 Une île et des hommes. Odyssée Musique d’Adam. Par le ballet Effets spéciaux. 13ème RUE du Teatro alla Scala. L’Orchestre Stephen Roberts, Norman McLeod 18.20 Questions pour un champion. FRANCE-CULTURE 20.45 Thema. Allemagne : e et James Cruze, William Seiter du Teatro alla Scala, 23.15 3 planète après le Soleil. 18.48 Un livre, un jour. une unité très divisée. Arte dir. Paul Connelly. Mezzo Scaredy Dick. Série Club et H. Bruce Humberstone. 20.30 Décibels. Avec Gary Cooper, 18.55 Le 19-20 de l’information, Météo. 21.20 Expresso - Poésie sur parole. George Raft (EU, 1932, N., 20.05 Fa si la. 21.30 Les Entretiens Alfred Hitchcock v.o., 85 min) &. Paris Première 20.33 Tout le sport. 21.05 Les Cousins aa avec François Truffaut. Claude Chabrol (France, 1958, 20.37 Le Journal de l’Open de Paris. 22.10 Carnet de notes. Méli-mélodies. N., 110 min) &. Canal Jimmy 20.55 Consomag. 22.30 Surpris par la nuit. 22.00 Les Fugitifs aa 21.00 Un homme presque parfait 0.05 Du jour au lendemain. CANAL+ PARIS PREMIÈRE FRANCE 2 Francis Veber (France, 1986, Film. Robert Benton. &. 90 min) &. Cinétoile 22.50 Météo, Soir 3. FRANCE-MUSIQUES 20.40 Nuit Titanic 21.00 Si j’avais un million aa 23.15 Marion a 22.05 The Half-Naked Truth aa Gregory La Cava (EU, 1932, N., 23.25 Prise directe. Pour célébrer sa naissance il y a Un vieux millionnaire, qui se croit Un couple de bourgeois parisiens, 20.00 Rendez-vous d’aujourd’hui. v.o., 80 min) &. Ciné Classics 0.35 Saga-Cités. Et la lumière fut. Par l’Orchestre national de France, quinze ans, la chaîne cryptée offre à l’article de la mort et ne veut pas sans enfant, se prend d’affection 22.30 Thelma et Louise aa 1.00 Espace francophone. dir. Marc Foster, Jean-François Heisser, Ridley Scott (Etats-Unis, 1991, Ecrans francophones. piano : Œuvres de Stravinsky, à ses abonnés une programmation laisser sa fortune à sa famille, choi- pour une adolescente (Coralie Té- v.o., 130 min) %. Cinéfaz Boucourechliev, Debussy. spéciale sur le naufrage du siècle. sit au hasard dans l’annuaire du té- tard) qui vit dans le village où ils 22.35 Robocop aa CANAL + 22.30 Jazz, suivez le thème. Avec, en ouverture, pour la pre- léphone huit personnes à qui il fait possèdent une maison de cam- Paul Verhoeven (Etats-Unis, 1987, 23.00 Le Conversatoire. 100 min) ?. Ciné Cinémas 2 mière fois à la télévision, le film de envoyer un chèque de 1 million de pagne. Pour la sortir de son milieu f En clair jusqu’à 20.40 22.55 Orange mécanique aaa 18.20 Nulle part ailleurs. RADIO CLASSIQUE James Cameron, champion des Os- dollars. Sur le thème l’argent fait-il modeste, ils convainquent ses pa- Stanley Kubrick (GB, 1971, v.o., 20.30 Le Journal du cinéma. cars et du box-office en 1997. En ou non le bonheur, huit sketches rents de la leur confier temporaire- 130 min) !. Ciné Cinémas 3 20.15 Les Soirées. Œuvres de Gershwin. 0.15 Mars Attacks ! aa 20.40 Nuit Titanic. complément, un portrait du réali- inégaux, signés de sept réalisa- ment. Une observation fine du pa- Titanic 20.40 Portraits musicaux. La Princesse Tim Burton (Etats-Unis, 1996, Film. James Cameron &. Marie, de Couperin, C. Rousset, sateur et des documentaires iné- teurs, avec Ernst Lubitsch en rasitage des différences de classes 105 min) %. Ciné Cinémas 2 23.45 Le Cinéma de James Cameron. clavecin ; Œuvres de Rameau, De Visée, Aubert, Mozart... dits, parmi lesquels Titanic, 1912, maître d’œuvre. En version origi- par les liens affectifs. Un film de 1.00 La Patrouille perdue aa 0.35 Titanic 1912. John Ford (Etats-Unis, 1934, 0.45 Atlantique latitude 41 a 22.30 Les Soirées... (suite). un film d’archives anonyme. nale sous-titrée. Manuel Poirier. N., 70 min) &. Ciné Classics Film. Roy Ward Baker (v.o.) &. Œuvres de Lalo, Chausson, Fauré.

VENDREDI 5 NOVEMBRE GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

18.15 Télé notre histoire. 23.15 Récital de gala à Covent Garden. DÉBATS [1/2]. Marcel Bluwal. Histoire Par l’Orchestre du Royal Opera House TÉLÉVISION LA CINQUIÈME/ARTE 18.20 Cinq colonnes à la une. Planète de Covent Garden, dir. Asher Fisch. 21.00 Les Duos de la réussite. Avec Placido Domingo, Leontina 14.35 La Cinquième rencontre... Invités : Thierry Roland ; 18.35 Journal intime Vaduva, Lilian Watson, Angela TF 1 Les enfants adoptés à l’étranger. Jean-Michel Larqué. Forum Planète de chimpanzés. [6/6]. TMC Gheorghiu, Susan Graham, 16.00 Vive la retraite ! Veronica Villarroel... Paris Première 14.40 et 19.00 Etre heureux comme... 21.10 Imbert - Julliard. LCI 16.30 Alf. &. 20.15 Un job sanglant, le polar, 14.45 Arabesque. &. 23.15 The Wall. 16.55 Le Magazine ciné. 22.00 Les Sans-papiers. l’auteur et son privé. Concert à Berlin, le 21 juillet 1990. 15.40 Sydney Police. &. Invités : Christophe Caresche, Sekou Valérie Wilson Wesley 17.25 100 % question. Avec Pink Floyd ; Sinead O’Connor ; 16.40 Sunset Beach. &. Diabate, Ababacar Diop, Jean-Pierre et Tamara Hayle. Arte Bryan Adams ; Cyndi Lauper ; 17.55 Côté Cinquième. Garson, Thierry Mariani, Emmanuel 17.30 Melrose Place. &. 20.30 DMB 91 au cœur The Scorpions ; Thomas Dolby ; 18.30 Mammifères marins. Terray. Forum Planète 18.25 Exclusif. Joni Mitchell. Canal Jimmy 19.00 Tracks. 23.00 Lorsque la littérature de l’armée Rouge. Planète 19.05 Le Bigdil. 19.45 Arte info, Météo. s’approprie le réel. 20.35 Naissance d’un tambour. Muzzik 19.55 L’Air d’en rire, Clic et net. TÉLÉFILMS 20.15 Un job sanglant, le polar, Invités : Philippe Vilain, Marc Petit, 20.45 Lieux mythiques. 20.00 Journal, Rugby, Boom, Météo. l’auteur et son privé. Raphäel Sorin, éditeur ; [5 et 6/10]. Histoire 18.15 Les Disparus de Saint-Agil. 20.48 5 millions pour l’an 2000. Anne Carrière. Forum Planète 20.45 L’Homme de ma vie. 21.00 Nomades. Sibérie, Jean-Louis Benoît. TV 5 20.50 Trafic infos. les derniers chamans. Odyssée Téléfilm. Thomas Bohn. &. 19.05 Attends-moi. COLLECTION CHRISTOPHE L. 20.55 Les Années tubes. MAGAZINES 21.30 Aventures en Amazonie. François Luciani. Ciné Cinémas 22.10 Grand format. 23.15 Sans aucun doute. Sur les rives de la Volga. [1/2]. Planète 20.45 L’Homme de ma vie. 12.35 Thelma et Louise aa Ridley Scott. Avec Susan Sarandon, Ruinés par injustice. 23.40 Un jour... le Nil aaa 14.35 La Cinquième rencontre... Thomas Bohn. Arte Famille, école : Les enfants adoptés 21.35 Les Tambours de Tokyo. Mezzo Gena Davis (Etats-Unis, 1991, 1.05 Les Coups d’humour. Film. Youssef Chahine (v.o.). &. à l’étranger. La Cinquième 21.45 Yougoslavie, suicide 20.55 La Spirale. Miguel Courtois. %. M6 125 min) %. Cinéfaz 15.15 Le Vrai Journal. OGM : pourquoi, d’une nation européenne. 21.00 Le Dernier Missile. 14.05 Quand la ville dort aaa FRANCE 2 M6 en France, les plantes transgéniques [1/6]. La fièvre nationaliste Hans Horn. %. Canal + John Huston (Etats-Unis, 1950, sont-elles toujours classées « secret (1987-1989). Histoire 21.05 L’Eléphant blanc. N., 115 min) &. Cinétoile 13.55 Derrick. &. 15.20 La Belle et la Bête. &. défense » ? Visite du président chinois 21.50 L’Europe des pèlerinages. Gianfranco Albano [1 et 2/2]. Festival 14.20 Mars Attacks ! aa 15.00 Le Renard. &. en France. Procès Andréotti. 16.10 et 1.20 M comme musique. [10/11]. El Rocio. Odyssée 23.00 Mes dix-sept ans. Tim Burton (Etats-Unis, 1996, 16.05 La Chance aux chansons. 17.35 Les Bédés de M6 Kid. Enquête sur les aides publiques v.o., 105 min) %. Ciné Cinémas 3 destinées à financer l’installation 22.10 Grand format. Philippe Faucon. %. Téva 17.10 Des chiffres et des lettres. 18.25 Stargate SG-1. &. de l’usine Smart à Sarreguemines. Sur les rives de la Volga. Arte 15.20 Accusée, levez-vous a 17.40 et 22.50 Un livre, des livres. 19.15 Unisexe. Invité : Pouria Amirchahi. Canal + Basil Dearden (GB, 1962, 22.45 La Renaissance. [3 et 4/6]. SÉRIES N., v.o., 90 min) &. Ciné Classics 17.45 Cap des Pins. &. 19.54 Le Six Minutes, Météo. 17.00 Les Lumières du music-hall. La liberté de l’esprit. Histoire 18.15 Hartley, cœurs à vif. &. 20.10 Une nounou d’enfer. Colette Renard. 23.10 Partir sur la route des îles. 17.20 Le Caméléon. TSR 16.15 Robocop aa Sacha Distel. Paris Première Paul Verhoeven (Etats-Unis, 1987, 19.10 1000 enfants vers l’an 2000. 20.40 Décrochages infos, Politiquement Time Out in the Grenadines. Odyssée 18.25 Stargate SG-1. Les Nox. M6 18.20 Nulle part ailleurs. 100 min) ?. Ciné Cinémas 2 19.15 Qui est qui. rock. 23.30 Artrafic. [3/3]. 19.30 Clair de lune. 19.30 Le Faucon maltais aa 19.50 Un gars, une fille. &. Invités : Patrice ; Corinne Cobson ; Affaires en cours. Planète 20.55 La Spirale. Pierre Bordage ; Dominique La nuit du mort-vivant. Série Club John Huston (Etats-Unis, 1941, 20.00 Journal, Image du jour, Téléfilm. Miguel Courtois. %. 0.30 Les Mystères du cerveau. Planète Rocheteau. Canal + 19.55 New York Undercover. N., v.o., 100 min) &. Cinétoile Météo, Point route. 22.45 Players, les maîtres du jeu. &. Opération poubelle. 13ème RUE 19.00 Tracks. 20.30 King Kong aaa 20.55 P. J . Maternité. &. 23.35 Total Security. &. Merian C. Cooper et Ernest Dream : Andreas Vollenweider. SPORTS EN DIRECT 20.10 Une nounou d’enfer. 21.55 Avocats et associés. 0.25 Chapeau melon et bottes de cuir. Tribal : Les analphabètes. La grande épreuve. M6 B. Schoedsack (Etats-Unis, 1933, N., Live : Busi Mhlongo. Arte v.o., 100 min) &. Ciné Classics Parole d’honneur. &. 13.25 Tennis. Open messieurs de Paris. 20.15 Friends. Celui qui se souvient. RTL 9 22.55 Bouche à oreille. 20.05 C’est la vie. Quarts de finale. France 3 Les métiers ont un sexe. TSR 20.20 Happy Days. 23.05 Bouillon de culture. Mémoire RADIO 15.30 et 18.00 Tennis. Open messieurs Richie ira-t-il à Venise ? Série Club des dieux, mémoire des hommes. 20.50 Thalassa. de Paris. Quarts de finale. Eurosport 20.45 Stargate SG-1. 0.25 Journal, Météo. Aux couleurs de la mer. Les réfugiés. Série Club FRANCE-CULTURE En direct. France 3 20.30 Handball. Championnat de D 1 masculine (6e journée). 20.50 Jesse. The Cheese Ship (v.o.). Téva FRANCE 3 21.00 Recto Verso. Dunkerque - Chambéry. Eurosport 19.30 Appel d’air. Avec Philippe Sollers. Paris Première 20.50 First Wave. Sujet 117. 13ème RUE A l’occasion de l’exposition : 13.25 Tennis. Open de Paris. Sigmund Freud, Culture et conflit. 20.55 P.J. Maternité. France 2 21.05 T’as pas une idée ? DANSE 16.30 Keno. Vienne, entre nostalgie et modernité. 21.30 Au-delà du réel, Avec Amélie Nothomb. Canal Jimmy 16.35 Les Minikeums. 20.30 Black & Blue. 22.00 Faut pas rêver. 20.45 Sergeant Early’s Dream. l’aventure continue. 17.40 Le Kadox. Invité : Gilles Anquetil. L’homme aux yeux violets. Guinée : Les bas-fonds. Ballet. Chorégraphie de Christopher 18.13 Comment ça va aujourd’hui ? 21.20 Expresso, Poésie sur parole. France : Les murs de pêches. Bruce. Par la Rambert Dance Attractions pour touristes. Série Club 21.30 Multidiffusion. Angleterre : Les anges de Salisbury. Company. Mezzo 21.55 Avocats et associés. 18.20 Questions pour un champion. Invitée : Cecilia Bartoli. France 3 Parole d’honneur. France 2 18.48 Un livre, un jour. 22.10 Carnet de notes. 23.05 Bouillon de culture. MUSIQUE 22.30 Super Jaimie. [1 et 2/2]. 18.55 Le 19-20 de l’information, Météo. 22.30 Surpris par la Nuit. Mémoire des dieux, Bienvenue Jaimie (v.o.). 13ème RUE 20.05 Fa si la. mémoire des hommes. Invités : o 22.45 Players, les maîtres du jeu. FRANCE-MUSIQUES Jean-Yves et Marc Tadié, Jean-Pierre 19.25 Concertos n 1 et 2, de Haydn, par 20.33 Tout le sport.

Victimes de la mode. M6 COLLECTION CHRISTOPHE L. Vernant, Jean Malaurie. France 2 Rostropovitch. Par the Academy of 22.55 La Quatrième dimension. 20.50 Thalassa. Aux couleurs de la mer. 19.07 A côté de la plaque. 23.15 Sans aucun doute. St Martin in the Fields, dir. Mstislav L’auto-stoppeur. 21.00 Donnie Brasco aa Rostropovitch, violoncelle. Mezzo 22.00 Faut pas rêver. 20.00 A l’affiche. Ruinés par injustice. TF 1 Le dernier vol. Série Club Mike Newell. Avec Al Pacino, Concert donné par l’Orchestre 20.59 Soirée Richard Bona. Muzzik 23.35 Total Security. Johnny Depp, Michael Madsen (EU, 23.00 Météo, Soir 3. philharmonique de Radio France, 1.00 Le Club. Yves Boisset. Ciné Classics 1996, 125 min) ?. Ciné Cinémas 1 21.30 Joe Zawinul Les joies du mariage. M6 23.20 Barracuda Film. Philippe Haïm. ?. dir. Marek Janowski. 0.25 Chapeau melon et bottes de cuir. 21.00 Petits arrangements Œuvres de Ravel, Bartok, Jolivet. DOCUMENTAIRES & the Zawinul Syndicate. 22.30 Alla breve. Lors du festival Sons d’Hiver. Muzzik Le chevalier de la mort. M6 avec les morts aa CANAL + 0.50 Seinfeld. Pascale Ferran (France, 1994, 22.45 Jazz Club. 17.40 Les Authentiques. 22.45 Tay¨fa et Gaelic Storm. 105 min) &. Ciné Cinémas 2 Le trio de Kenny Werner. Il était une fois la truffe. Odyssée Lors du Festival interceltique. Mezzo La petite odeur (v.o.). &. Canal + 15.15 Le Vrai Journal. 21.10 Le Grand Sommeil aaa 16.00 Attention bandits Howard Hawks (Etats-Unis, 1946, Film. Claude Lelouch. &. RADIO CLASSIQUE N., v.o., 115 min) &. Cinétoile 17.45 C’est ouvert le samedi. 23.40 Un jour... le Nil aaa 20.15 Les Soirées. Suite pour orchestre no 1 Youssef Chahine (Egypte - URSS, 1970, f En clair jusqu’à 21.00 BWV 1066, de Bach, par l’Orchestra v.o., 105 min) &. Arte 18.15 Flash infos. of the Age of Enlightenment, dir. Frans Brüggen. 23.40 The Half-Naked Truth aa 18.20 Nulle part ailleurs. 20.40 Quatuor Takács. Œuvres de Haydn, FRANCE 3 HISTOIRE ARTE Gregory La Cava (Etats-Unis, 1932, 20.30 Allons au cinéma ce week-end. N., v.o., 80 min) &. Ciné Classics Dvorák, Wolf, Schubert, Dohnanyi. 21.00 Le Dernier Missile. 22.40 Zarzuela : Viento es la Dicha 20.50 Thalassa 21.45 Yougoslavie, suicide 23.40 Un jour... le Nil aaa 0.30 Le Maître de musique aa Téléfilm. Hans Horn. %. Georges Pernoud fait escale, ce d’une nation européenne C’est Nasser qui décida de détour- Gérard Corbiau (Belgique, 1987, de Amor. Opéra de J. de Nebra. 95 min) &. Ciné Cinémas 2 22.40 Sept ans au Tibet. Par la Capilla Peñaflorida et l’Ensemble soir, au Musée d’Orsay, où a lieu, La chaîne du câble et du satellite ner le cours du Nil en faisant Film. Jean-Jacques Annaud. &. baroque de Limoges, dir. Christophe 0.45 Possession aa 0.50 Seinfeld. &. Coin, Maite Arruabarrena (Zefiro). du 6 novembre au 16 janvier 2000, rediffuse chaque vendredi pendant construire le haut barrage d’As- Andrzej Zulawski (France - Allemagne, l’exposition « Aux couleurs de la six semaines la remarquable série souan. De gigantesques travaux 1981, 120 min) !. Ciné Cinémas 1 1.05 Le Tour du monde mer », en association avec le ma- documentaire dirigée par Brian furent accomplis avec l’aide des SIGNIFICATION DES SYMBOLES en 80 jours aa gazine de France 3. Sur le thème Lapping. Un an d’enquête, quinze Soviétiques. L’inauguration eut Michael Anderson (Etats-Unis, Les codes du CSA Les cotes des films 1956, 125 min) &. Cinétoile de la mer, elle réunit quelques- équipes de télévision mobilisées, lieu le 15 mai 1964. Ce film de Yous- & Tous publics a On peut voir unes des plus belles œuvres im- des témoignages inédits et l’inter- sef Chahine, coproduction entre 2.45 Orange mécanique aaa % Accord parental souhaitable aa A ne pas manquer Stanley Kubrick (GB, 1971, ? aaa pressionnistes de Courbet, Manet vention de spécialistes. La Fièvre l’Egypte et l’Union soviétique, v.o., 130 min) !. Ciné Cinémas 3 Accord parental indispensable Chef-d’œuvre ou classique 3.10 La Charge ou interdit aux moins de 12 ans Les symboles spéciaux de Canal + ou Cézanne. Ces tableaux nous nationaliste, premier volet, pro- commande officielle, devait célé- ! Public adulte DD Dernière diffusion emmènent à Etretat, Trouville ou grammé aujourd’hui, s’intéresse à brer l’événement. Il fut interdit par de la brigade légère aa Interdit aux moins de 16 ans d Sous-titrage spécial pour Tony Richardson (Grande-Bretagne, # Belle-Île. la période 1987-1989. la censure à sa sortie. En v.o. 1968, 125 min) &. Cinétoile Interdit aux moins de 18 ans les sourds et les malentendants LeMonde Job: WMQ0511--0036-0 WAS LMQ0511-36 Op.: XX Rev.: 04-11-99 T.: 11:03 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 20Fap: 100 No: 0453 Lcp: 700 CMYK

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VENDREDI 5 NOVEMBRE 1999 Un nouveau massacre relance le débat Ni beef, ni black ! par Pierre Georges sur le contrôle des armes à feu aux Etats-Unis ET DONC, pour suivre l’exquis match, et ne fut point simple for- feuilleton judiciaire du temps, le malité. Que s’y passa-t-il ? On pilier Franck Tournaire, soup- suppose que le bon Tournaire, dû- Deux personnes sont mortes et deux autres ont été grièvement blessées dans la tuerie de Seattle çonné vaguement de morsure ment chapitré, fit serment encore d’oreille en lieu public sur adver- et encore de sa totale vertu. Qu’il NEW YORK treillis, l’agresseur a aussitôt pris la ciers après leur avoir tenu tête après le massacre du lycée de Lit- saire au sol et sans défense, a été parsema à tout hasard ses décla- de notre correspondante fuite à pied, entraînant mercredi pendant cinq heures. Agé de qua- tleton, dans le Colorado, ils po- promptement et bien jugé par la rations de quelques émouvants Après la rubrique « massacres à matin, à travers le chantier naval et rante ans, célibataire, il vivait avec saient la même question sur les plus autre instance du rugby. Il a « Votre Grâce ». Que les sages, ses l’école », passablement fournie ces les quartiers résidentiels environ- son père, son frère, ses 17 fusils et écoles. bénéficié pleinement de la pré- juges, qui n’étaient pas des juges derniers mois, les médias améri- nants, une chasse à l’homme qui ses poissons rouges dans une rue Paradoxalement, la criminalité somption d’innocence, phéno- d’ailleurs, mais les féroces cains ont ouvert la rubrique « mas- s’est poursuivie dans la nuit. dont le nom n’a échappé à per- est en chute constante aux Etats- mène inouï qui montre qu’il existe commissaires aux affaires discipli- sacres au travail », alimentée cette Le chef de la police de Seattle, sonne : Easy Street, dans un quar- Unis depuis sept ans et le nombre encore, de par le vaste monde, naires, se passèrent et repassèrent semaine par deux drames terrible- Norm Stamper, a mis en garde les tier nommé Paradise. d’homicides n’a jamais été aussi une justice humanisée. L’affaire se les images du match. Qu’ils ment similaires, malgré les milliers habitants du quartier rentrant chez Il travaillait depuis quinze ans faible depuis trente-deux ans ; jugea à huis clos. Ce qui n’autorise convinrent qu’il avait vraiment été de kilomètres qui les séparent. eux à l’issue de leur journée de tra- comme technicien chez Xerox où mais personne n’a encore pu expli- pas vraiment à en faire un très bon, ce match, mais que telle Vingt-quatre heures après le vail et leur a demandé de « prendre son emploi n’était pas menacé, en quer pourquoi des adolescents ou compte-rendu fidèle. Mais n’inter- n’était pas la question. Qu’ils ad- meurtre, mardi 2 novembre à Ho- des précautions supplémentaires ». dépit d’un incident au cours du- des employés contrariés éprouvent dit en rien le conte rendu. mirent que rien, dans ces images, nolulu, de sept personnes dans un « Il est possible qu’il pénètre dans un quel il avait endommagé un ascen- subitement le besoin de tuer au- Avant que de comparaître de- ne prouvait que le suspect ait entrepôt de l’entreprise Xerox par appartement ou une maison et peut- seur en 1993. Hawaï est un des tour d’eux. vant ses juges, Franck Tournaire mordu. Comme rien ne prouvait un employé qui avait vidé son être est-il en train de nous regarder Etats aux lois les plus restrictives Le président Clinton n’a pas non avait dû se soumettre à deux obli- qu’il ne l’ait pas fait. Ou tenté de chargeur sur ses collègues, un in- à la télévision », a-t-il déclaré. sur les armes à feu et la criminalité plus l’explication, mais, tout en gations. La première, de fond, le faire. Et, enfin, que nul témoin connu a tué deux hommes et en a « Nous n’avons pas d’indications se- violente y est particulièrement présentant ses condoléances aux consista, devant ses supérieurs de l’accusation n’était venu pré- blessé deux autres à l’aide d’un se- lon lesquelles il aurait quitté le sec- faible. familles des victimes mercredi, il a hiérarchiques français, à jurer ses senter le reliquat de corps du délit. mi-automatique 9 mm dans le bu- teur,a ajouté le chef de la police. lancer un nouvel appel à l’adop- grands dieux et sur « ce qu’il avait Et c’est ici que l’affaire devient reau d’un chantier naval de Seattle. Nous présumons qu’il est toujours à « NOUS NE COMPRENONS PAS » tion de mesures de contrôle des de plus cher » que jamais, au admirable. Deux hommes, deux L’homme, activement recherché pied et coincé dans ce quartier. » En dépit du nombre inférieur de armes à feu : « Nous devons faire grand jamais, il n’avait mordu ce arbitres du match, l’Ecossais Jim par la police depuis lors, n’était pas Dans les vingt écoles les plus victimes, l’incident de Seattle a eu mieux, s’est écrié M. Clinton. Nous grand pendard de All Black pour Fleming et le juge de touche, l’An- connu de ses victimes et n’a fourni proches, les enseignants ont reçu plus de retentissement que celui devons admettre que nous avons ac- lequel il n’avait d’ailleurs qu’es- glais Brian Campsall, s’en vinrent aucune explication à son geste. «Il l’ordre de ne laisser sortir aucun d’Honolulu, à cause de l’effet de cepté de tolérer un niveau de vio- time et considération. Le serment déposer. Et ils le firent, nonobs- est entré et il a commencé à tirer, enfant jusqu’à ce qu’une armada répétition, de « déjà vu », comme lence bien plus élevé que nous ne le était d’importance, qui fit qu’on le tant toute considération mes- c’est tout ce que nous savons », a dé- d’autobus scolaires, réquisitionnés disent les Américains en utilisant devrions. Je ne crois pas que nous crut. Et il est bon parfois que les quine hors sujet, en faveur du pré- claré la porte-parole de la police de dans toute la ville, vînt les recueillir l’expression française. « Sommes- comprenions vraiment à quel point avocats soient convaincus de l’in- venu en affirmant qu’ils ne Seattle, sur la côte ouest des Etats- pour éviter qu’un seul d’entre eux nous en sécurité sur les lieux de tra- les Etats-Unis sont plus violents que nocence de leur client. Cela aide à l’avaient vu manger « ni beef, ni Unis, Pam McKammon. Agé d’une ne rentrât à pied chez lui. vail ? » ont demandé les présenta- d’autres pays. » l’éloquence et au sentiment grati- black ». Franck Tournaire qui, trentaine d’années, blanc, mal rasé La veille, le meurtrier d’Honolu- teurs des journaux télévisés, ou- fiant de défendre une juste cause. sage précaution, n’avait point dé- et mal habillé sous une veste de lu avait fini par se rendre aux poli- bliant peut-être que, il y a six mois, Sylvie Kauffmann Seconde obligation, de forme, missionné du XV de France, était celle-là, Franck Tournaire dut se blanchi. Et l’affaire de l’oreille ter- raser de près. Se coiffer enfant minée. sage. Endosser son magnifique A propos, nous vient à l’esprit costume XXL de premier commu- une furieuse envie de tirer, sinon niant. Bref, tout faire pour offrir la de mordre, les oreilles des pro- meilleure impression sur ses grammateurs TV. A l’heure de ces juges. Comportement élémentaire lignes, ce jeudi, la retransmission du justiciable, tant l’habit déjà fait du match All Blacks-Afrique du la moitié de l’innocence. On ima- Sud, n’est pas prévue, sauf sur Ca- gine plus facilement le mordeur nal vert ! Canal +, chaîne-mère, chez un pilier en tenue de combat qui ne répugne pas à infliger le et à la mine farouche que chez un plus nanard des matches de foot- brave garçon jovial et parfumé. ball, a choisi de diffuser l’admi- Elémentaire. rable Titanic. Peut-on faire remar- Puis vint l’audience, qui dura quer ici que l’on connaît déjà la fin fort longtemps, autant qu’un du film ? Reprise du travail à l’usine Renault de Flins LA GRÈVE suivie pendant quatre jours par 10 % des salariés de l’usine Renault de Flins (Yvelines) a pris fin jeudi 4 novembre. Le mouvement a ralenti de 50 % la production quotidienne des 1 800 Twingo et Clio fa- briquées sur le site. Les grévistes réclamaient une avance sur leur in- téressement aux bénéfices du groupe. Ils craignent que la prise de par- ticipation dans le constructeur automobile japonais Nissan, déficitaire et fortement endetté, pèse sur le montant de cette prime. En 1998, les salariés avaient touché 905 francs d’intéressement par tranche de 1 000 francs de salaire mensuel brut. Un salarié gagnant 10 000 francs brut par mois touchait donc une prime de 9 050 francs. Selon la CFDT, le montant de cette prime pourrait chuter de 40 % cette année. Craignant que le conflit s’étende, la direction a accordé une avance de 1 000 francs sur la prime locale d’intéressement, basée sur les résultats de l’usine. Les syndicats ont aussi obtenu des garanties sur les évolu- tions de carrière des jeunes embauchés et la tenue de réunions pari- taires sur les conditions de travail. La CFDT a appelé, jeudi 4, à des arrêts de travail d’une heure par équipe à Cléon (avec la CGT) et à Douai (avec FO), toujours sur le thème du paiement d’une avance de 3 600 francs sur la prime d’in- téressement. Laura Flessel championne du monde d’épée LA FRANÇAISE Laura Flessel a remporté, mercredi 3 novembre à Séoul, le titre de championne du monde à l’épée, battant en finale la Suissesse Diana Romagnoli (15-10). L’épéiste du Racing Club de France gagne, à vingt-huit ans, la cinquième médaille d’or de sa carrière, après avoir été double championne olympique (en individuel et par équipe) à Atlanta, en 1996, et double championne du monde à La Chaux-de- Fonds (Suisse) en 1998. « Depuis les Jeux, elle a surtout progressé men- talement et dans la gestion de la compétition », a indiqué l’entraîneur na- tional Bernard Lataste. La Guadeloupéenne tentera un troisième dou- blé historique, samedi 6 novembre, lors de l’épreuve par équipe. A l’épée masculine, Hughes Obry, champion sortant, et Rémy Del- homme, tenant du titre européen, sont tombés dès le premier tour. Le chevronné Eric Srecki (quintuple médaille d’or aux JO et championnats du monde) a chuté au deuxième tour.

DÉPÊCHES a CYCLISME : l’Italien Marco Pantani a été entendu, mercredi 3 novembre, pendant près de trois heures par la brigade antistupé- fiants de Florence. Le double vainqueur du Tour d’Italie et du Tour de France 1998, exclu du dernier Giro pour un hématocrite supérieur aux normes, a été entendu comme témoin dans le cadre d’une enquête sur le dopage menée par le procureur Guido Soprani. a TENNIS : l’Américain Pete Sampras, souffrant du dos, a annoncé, mercredi 3 novembre, son retrait de l’Open de Paris. « Je vais rentrer à la maison, prendre quatre ou cinq jours de repos et voir comment la bles- sure va évoluer », a-t-il déclaré. Outre l’Américain, huit autres têtes de série ont disparu, mercredi, de la compétition : Evgueni Kafelnikov, Todd Martin, Greg Rusedski, Richard Krajicek, Marcelo Rios, Alex Cor- retja, Carlos Moya et Karol Kucera.

Tirage du Monde daté jeudi 4 novembre 1999 : 490 641 exemplaires. 1 – 3 LeMonde Job: WOC1199--0001-0 WAS POC1199-1 Op.: XX Rev.: 03-11-99 T.: 14:46 S.: 75,00-Cmp.:04,08, Base : LMQPAG 34Fap: 100 No: 0074 Lcp: 700 CMYK

VENDREDI 5 NOVEMBRE 1999

L’IMPOSSIBLE BENJAMIN PÉRET LES MASQUES ET LES HORLOGES SÉLECTION Hommage rendu au poète, révolutionnaire Norbert Elias réfléchit La liste optimiste, par Guy Prévan, Dominique sur l’expérience des « poches » Rabourdin et Richard Walter p. III et la mesure du temps p. IX parus en octobre p. XII à XV

SUPPLÉMENT AU MONDE DU VENDREDI 5 NOVEMBRE 1999. No 17037 - DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : JEAN-MARIE COLOMBANI - IMPRIMERIE LE MONDE LeMonde Job: WOC1199--0002-0 WAS POC1199-2 Op.: XX Rev.: 03-11-99 T.: 14:46 S.: 75,00-Cmp.:04,08, Base : LMQPAG 34Fap: 100 No: 0075 Lcp: 700 CMYK

actualités bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb b bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb sommaire Livres en fête b LITTÉRATURES Péret Benjamin, révolu- Folio Junior lance douze titres pour en finir avec le millénaire tionnaire permanent de Guy Prévan (p. III) n 1977, Folio lance « Folio junior », n’est pas du tout un livre pour enfants, c’est neaux que du Lucifer de la Bible, un person- Trois cerises la première collection de livres en un roman pour tout le monde, donc qu’on le nage de fiction qui incarne le dévoiement de et une sardine format de poche destinée aux relise et qu’on s’en délecte, on le prêtera à la la magie vers sa branche noire plutôt qu’un présentation de Dominique 10/14 ans ; fin 1999, la collection en jeune classe si elle mérite. Il en va un peu de corrupteur d’âmes. Et c’est oublier surtout Rabourdin estE à son millième titre, 350 auteurs au cata- même du texte de Le Clézio, intitulé Pawana, l’humour, qui fait bon ménage ici avec le fris- et Richard Walter (p. III) logue, 72 millions d’exemplaires vendus. destiné à l’origine au metteur en scène son, le mythe et le fantastique, témoin la ma- Mille titres pour l’an 2000, cela sonne bien. Ils Georges Lavaudant pour le théâtre : si vous nière dont Harry se venge d’une tante Hermann Hesse. Romans et nouvelles ne sont pas tous disponibles, mais parents et connaissez des adultes qui aiment les livres odieuse comme il n’est pas permis. Dans ce Tous les romans en enfants disposent en permanence d’un choix illustrés, voilà un cadeau de Noël tout trouvé. troisième opus – qui est la chronique de la un seul volume (p. IV) de plus de six cents ouvrages. Comme tout se Et comme les enfants ne sont plus ce qu’ils troisième année d’études de Harry Potter à Le Gardien du verger fête, Gallimard Jeunesse lance douze titres étaient, ils prendront patience en lisant L’Es- Poudlard, le collège des sorciers, comme les de Cormac McCarthy (p. IV) pour en finir avec un millénaire et aborder prit du tigre de Melvin Burgess, dont le pre- deux précédents étaient respectivement « Est-il vivant l’autre, avec des auteurs très différents, de fa- mier livre, Junk, a été un best-seller, âpre et celles de la première et de la deuxième années ou est-il mort ? » çon « dosée et délibérée », dit Christine Baker bouleversant (et dont on trouvera, toujours (les quatre volumes suivants traiteront des et autres nouvelles – qui veille sur les collections jeunesse de Gal- chez Gallimard mais dans la collection quatre années restantes avant l’obtention du de Mark Twain (p. IV) limard –, pour bien marquer l’éclectisme de « Frontières », un autre texte, La Déroute), ou diplôme) –, Joanne K. Rowling réussit le tour Folio junior. en découvrant le premier épisode de Dément, de force de se renouveler tout en utilisant le La Part belle Le no 1000, le plus emblématique, c’est Zazie un roman-feuilleton qui en comportera six, et même canevas, les mêmes personnages, le de Dominique Sigaud (p. V) dans le métro, de Raymond Queneau, illustré surtout en se jetant sur Harry Potter et le pri- même univers parallèle et cependant connec- Hommes en guerre par Roger Blachon. Que, par ailleurs, « La bi- sonnier d’Azkaban, dont le succès mondial est té au nôtre, alors que son héros se mesure à la d’Andreas Latzko (p. V) bliothèque Gallimard » publie Les Fleurs un des phénomènes de la littérature de jeu- traîtrise et répare deux erreurs judiciaires. Comment la mélancolie bleues, du même sieur Queneau, avec une nesse mais qui vient d’être interdit en Caro- Plutôt que du diable, n’est-ce point de Harry est arrivée à Mogador, mention qui dit curieusement « En 2000, Za- line du Sud (Etats-Unis) parce qu’il perpétue Potter lui-même que se défient les censeurs ou le septième songe zie passe le bac », est sans doute le fruit d’une des images diaboliques... américains ? Sa popularité ne se mesure pas de Hassan sorte de mauvaise coordination, d’autant Or, s’il est bien question, dans les trois pre- seulement aux 13 millions d’exemplaires ven- d’Alberto Ruy-Sánchez (p. V) qu’on ne voit pas bien ce que Zazie a à voir miers volumes de la saga des Harry Potter, dus à travers le monde en deux-trois ans. Il y a Livraisons (p. VIII) avec Les Fleurs bleues... même si c’est au pro- d’un certain Voldemort – qui ne doit pas être plus révélateur : la cicatrice en forme d’éclair gramme du bac. nommé et qu’on ne désigne que par la péri- que les enfants se collent sur le front en hom- b ROMANS POLICIERS Si le film de Louis Malle a quelque peu vieilli, phrase « Tu-sais-qui » –, c’est une figure bien mage à leur nouvelle idole... Harjunpaa et les lois le roman, lui, garde tout son charme, mais ce plus proche du Sauron du Seigneur des an- J. Ba. et M. Si. de l’amour bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb de Matti Yrjana Joensuu (p. VI) Vaines recherches en bref d’Hugues Pagan (p. VI) Livraisons (p. VI) Edifices biographiques b Esprit. Les éditions Actes Sud lancent « Le Souffle de l’esprit », une b SCIENCE-FICTION collection dirigée par Christian Dumais- Le Temps des genévriers Trois vies : Sartre, Camus et Proust Lvowski. Cette collection se veut « le re- de Kate Wilhelm (p. VII) La Route des rêves ue demande-t-on à la biogra- Yves Tadié vient se placer dans la lignée des flet de l’ouverture des uns aux autres, à de Tad Williams (p. VII) phie d’un écrivain ? D’être nombreuses « vies » racontées de l’auteur travers la prière et la réflexion, et des di- Livraisons (p. VII) sûre, complète, nouvelle, syn- de la Recherche, qui avait lui-même choisi vers mouvements spirituels de notre thétique, intelligente... Et puis d’élever sa propre matière biographique au temps ». A raison de six titres par an b JEUNESSE Q aussi, bien écrite et composée, rang de l’art. Tadié pose d’emblée la ques- − vendus entre 29 F (4,42 ¤) et 39 F Livraisons (p. VIII) agréable à lire, ne négligeant ni l’époque ni tion, pour définir son projet : « Pourquoi (5,94 ¤) chacun −, les trois premiers ou- le milieu... Et puis encore de présenter des une nouvelle biographie de Proust ? » Ici, vrages sont : Paroles, de l’abbé Pierre, b ESSAIS vues sur les origines, la genèse et la forma- c’est la comparaison et le degré de nou- Exercices du matin, d’Henry Bauchau, et Du temps tion du sujet considéré, de trouver enfin un veauté qui décideront d’abord de la qualité Zen : l’éveil au quotidien, de Roland Yu- de Norbert Elias (p. IX) juste équilibre entre la vie et l’œuvre. du travail. En l’espèce, l’étude récente des no Rech. Ecrits politiques Contrat difficile à remplir, du moins en manuscrits justifiait cette approche. «En b Premier prix des lecteurs Femina de Jürgen Habermas (p. X) toutes ses clauses. Mais il est une pierre 1978, le pionnier Herbert Lottman s’intéressa Hebdo - Le Livre de poche. Femina Pensées d’angle sans laquelle l’édifice biographique à Camus en tant qu’homme. J’ai tenté de le Hebdo − publication du groupe Hachette de Georg C. Lichtenberg n’est qu’une construction artificielle : la cerner sans oublier qu’il fut d’abord écri- Filipacchi Médias − et Le Livre de poche (p. X) prise de conscience du rapport forcément vain », écrit Olivier Todd en tête de son Ca- − filiale d’Hachette Livre − se sont asso- La Première Géographie de l’Occident singulier que l’auteur entretient avec son mus, dans ces phrases qui sont à la fois un ciés pour créer un prix des lecteurs. Il a d’ Idrîsî (p. X) sujet. Conscience d’où naîtra un point de hommage, un discret reproche et une dé- été attribué par un jury présidé par Ber- La Guerre des langues vue en même temps qu’une méthode. claration d’intention. Le livre parie donc sur nard Werber, à Christian Signol pour La et les politiques Celle-ci n’aura ainsi aucun besoin d’être dé- une synthèse et un équilibre − et accessoire- Lumière des collines. linguistiques finie a priori, ou de se positionner dans les ment sur l’appui d’une documentation iné- bNouvelle collection en Espagne. de Louis-Jean Calvet limites d’un savoir approximatif, comme la dite. Sous le titre « Nueva Narrativa », une (p. XI) psychologie ou la sociologie. Mais quelles que soient les questions collection de livres de poche vendus Byron Des trois importantes biographies parues qu’elles soulèvent, ces trois biographies ont 750 pesetas (29,57 F [4,51 ¤]) va rassem- de Giuseppe Tomasi chez Gallimard et reprises dans la collection en commun de présenter leur sujet de la bler pendant deux ans, à raison d’un Di Lampedusa (p. XI) « Folio », celle de Sartre par Annie Cohen- manière la plus fiable possible, avec les par- titre par semaine, les livres les plus ven- Triomphe de Dionysos. Solal est la plus ancienne − 1985, cinq ans tis pris qui s’imposent. dus pendant les années 90 : de Tous les Anthologie de l’ivresse après la mort de l’auteur des Mots (1). Les Patrick Kéchichian noms, du Prix Nobel de littérature José Textes rassemblés deux autres, celle de Camus par Olivier Saramago, au Journal de Bridget Jones, par Sébastien Lapaque Todd (2) et le Proust de Jean-Yves Tadié (3) (1) Sartre, 1905-1980, d’Annie Cohen-Solal, avec d’Helen Fielding, en passant par Demain et Jérôme Leroy (p. XI) Livraisons (p. VIII) ont paru en 1996. Dans sa préface à ce qui une postface inédite (Folio-Essais, no 353, 976 p. dans la bataille pense à moi, de Javier reste la première biographie de Sartre, An- 73 F [11,12 ¤]). Marías, ou Pleine Lune, d’Antonio Mu- b nie Cohen-Solal notait que le peu de recul (2) Albert Camus, une vie, d’Olivier Todd (Folio, ñoz Molina. SÉLECTION temporel exposait le livre « à toutes les tem- no 3263, 1 188 p., 65 F [9,91 ¤]). b Le prochain « Monde des livres La liste des livres de poche pêtes et à tous les vents contraires ». (3) Marcel Proust, de Jean-Yves Tadié (Folio, deux de poche » paraîtra avec « Le Monde parus au mois d’octobre De fait, au contraire de l’exercice inaugural volumes, nos 3213 et 3214, 885 p. et 576 p., 45 F des livres » daté du vendredi 10 dé- (p. XII à XV) d’Annie Cohen-Solal, la biographie de Jean- [6,86 ¤] chacun). cembre.

II - LE MONDE DES POCHES - VENDREDI 5 NOVEMBRE 1999 LeMonde Job: WOC1199--0003-0 WAS POC1199-3 Op.: XX Rev.: 03-11-99 T.: 14:46 S.: 75,00-Cmp.:04,08, Base : LMQPAG 34Fap: 100 No: 0076 Lcp: 700 CMYK

littérature bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb b bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb L’impossible Benjamin Péret

PÉRET BENJAMIN, son ami sa désillusion : « Ici on retourne RÉVOLUTIONNAIRE PERMANENT tout doucement à l’ordre bourgeois. Tout le de Guy Prévan. monde s’avachit lentement. » Lucide, trop Ed. Syllepse, « Les Archipels lucide, Péret pressent le désastre à venir. du surréalisme », Incorrigible Benjamin ! Affecté en 1940 92 p., 50 F (7,62 ¤). à l’état-major de la XIe région militaire à Nantes, il fait disparaître du fichier des TROIS CERISES ET UNE SARDINE suspects les noms de tous les trotskistes et suivi d’autres poèmes leur substitue des patronymes de curés. Ce de Benjamin Péret, « jeu surréaliste » lui vaudra un séjour à la présentation de Dominique Rabourdin prison de Rennes. En décembre 1941, il ar- et Richard Walter. rive au Mexique, où il résidera jusqu’à la Ed. Syllepse, « Les Archipels fin 1947. Quelles que soient les vissicitudes du surréalisme », de son existence, Péret demeure, selon 92 p., 50 F (7,62 ¤). Guy Prévan, « d’un optimisme révolution- naire à l’épreuve des pires catastrophes ». n ne peut séparer, chez lui, le Et il militera encore et toujours, parti- poète du militant révolution- culièrement en Espagne pour aider son ca- naire », notait Jean-Louis Bé- marade Grandizo Munis, incarcéré. Péret douin mais – et il convient de saluera les émeutes qui secouent l’empire leO souligner – jamais il ne confondit les post-stalinien. De la Pologne en juin 1956, rôles et c’est peu dire que Benjamin Péret « les ouvriers de Poznan se sont soulevés (1899-1959) méprisa au plus haut point la contre la tyrannie du parti russe », à l’octo- poésie de circonstance, fût-elle au ser- bre hongrois, « Budapest n’est que le terme vice de la Résistance, et dans Le Déshon- d’un voyage entrepris par Staline et les siens neur des poètes, publié à Mexico en 1945, vers 1923 ». La guerre d’Algérie et le retour il écrivait : « Les ennemis de la poésie ont au pouvoir du général de Gaulle en 1958

eu de tout temps l’obsession de la sou- INTÉRIEUR) (COUVERTURE ET DÉTAIL ILLUSTRATION MATTOT : LORENZO seront les derniers combats de cet irréduc- mettre à leurs fins immédiates, de l’écraser tible bretteur qui, jamais, ne désespéra de sous leur dieu, ou, maintenant, de l’en- Les tribulations que l’organe du PCF est « un journal illi- l’utopie. chaîner au ban de la nouvelle divinité sible ». Pierre Drachline brune ou « rouge » – rouge-brun de sang d’un poète, Face au conflit qui oppose, à partir de séché. » la disparition de Lénine, en janvier 1924, (1) Entre autres recueils : Entre chien et loup, Le Poète (1), ancien militant trotskiste, révolutionnaire Staline et ses sbires à l’opposition de Pont de l’Epée ; Le Bestiaire galant, Chambelland. auteur d’une savoureuse Confession gauche menée par Trotski, Péret ne met- (2) Plasma, 1980. d’Aragon (2), maître d’œuvre du tome V optimiste, tra pas longtemps à choisir son camp. (3) Association des amis de Benjamin Péret/Li- des Œuvres complètes de Péret (3) ras- Dès la fin des années 20, sa ligne de vie brairie José Corti, 1989. semblant les « textes politiques », Guy revues et corrigées est tracée. Il luttera contre le capitalisme (4) Association des amis de Benjamin Péret/Le Prévan nous donne à lire ici un essai do- et contre le stalinisme. « La conscience Terrain vague, 1989. cumenté, enlevé, subtil, polémique à par Guy Prévan, nette. Et la rage au ventre », note Prévan, l’occasion, écrit en toute subjectivité qui n’oublie jamais de souligner que l’ac- b mais de quelle manière ! Désormais, Dominique tivité militante n’anesthésia pas la créati- extrait pour découvrir qui fut Péret − l’homme, vité du poète. Péret est, sans conteste, le poète et le révolutionnaire −, une seule Rabourdin celui qui bouleversa le plus le langage Tête de gifle adresse, ce Péret Benjamin, révolution- dans le groupe surréaliste. S’il n’hésite Ah que les os sont maigres par temps naire permanent, qui éclaire aussi, et Richard Walter. pas à utiliser dans ses poèmes l’invective de pluie preuves à l’appui, la réponse − « Ces deux ou l’injure, la beauté n’est jamais loin, quand les pépinières de nez grecs mots d’ordre pour nous n’en font Hommage truculent cachée dans l’ombre de cet échorché-vif retentissent du cri strident des œufs qu’un »− que faisait André Breton à ceux que Jean Schuster appelait joliment rouges qui cherchaient à opposer le « transfor- « l’élu des mots ». qui parfois pleurent des larmes de bif- mer le monde » de Marx au « changer la Trois Cerises et une sardine rassemble, tecks vie » de Rimbaud. outre l’œuvre qui donne son titre à l’an- parfumés comme une bête de somme A la question « Débuts de la vie ? », Pé- thologie, des poèmes extraits de deux re- quand les pommes demandent justice ret répondit un jour : « Guerre de 1914, ce cueils de Péret, De derrière les fagots et quand les lorgnons crèvent les yeux qui a tout facilité ! » Incorporé en 1917, il (1934) et Je ne mange pas de ce pain-là des ministres restera à jamais marqué par cette bou- (1936). Dominique Rabourdin et Richard de la troisième république cherie et il n’aura de cesse de vitupérer Walter ont eu l’heureuse idée de repro- où les princes se cachent comme des tous les patriotismes. Ainsi, lors du « pro- duire aussi quelques pages de Benjamin, pots ébréchés cès » intenté par les dadaïstes à Barrès, le l’impossible (4), volume qui réunissait des dans des recoins d’armoires 13 mai 1921, en la salle des sociétés sa- textes parus après la disparition du avec les nouveau-nés de la bonne vantes à Paris, il sera témoin à charge et poète, le 18 septembre 1959 dont André qui ne veut pas être renvoyée tiendra, en uniforme allemand, le rôle du Breton en 1950 disait dans son Anthologie Ah que les os sont gras « soldat inconnu ». Mais 1917, ce fut aus- de l’humour noir : « J’en parle de trop près quand les lampions de feutre si octobre. L’onde de choc de la révolu- comme d’une lumière qui, jour par jour, bâillent comme des haricots tion russe ne pouvait que bouleverser cet trente ans durant, m’a embelli la vie. » quand les nombrils se font tailler la ennemi de l’ordre établi. Péret, qui survit Le 19 juillet 1936 commence, en Es- barbe vaille que vaille en collaborant à des pagne, ce qui allait devenir la « révolution et les cheveux journaux, paiera cher ses engagements. trahie ». Péret part le 2 août. Il combattra chez le tondeur du quartier Congédié du Petit Parisien en 1925 à la dans les rangs du POI. Le 11 août, il écrit qui n’a jamais vu de pareils caniches suite de la « Lettre de Claudel » et du à Breton : « Si tu voyais Barcelone telle si bien dressés à avaler le sucre manifeste des surréalistes contre la qu’elle est aujourd’hui, émaillée de barri- comme des aveugles au coin d’un quai guerre du Maroc, il sera remercié de cades, décorée d’églises incendiées dont il des bicyclettes dans un cimetière L’Humanité l’année suivante pour avoir ne reste plus que les quatre murs, tu serais ou des musiciens dans un égout refusé de se désolidariser de Breton, cou- comme moi, tu exulterais. » Quelques se- Extrait de « Trois Cerises et une sardine pable d’avoir écrit dans Légitime défense maines plus tard, il ne dissimule pas à suivi d’autres poèmes », p. 20.

VENDREDI 5 NOVEMBRE 1999 - LE MONDE DES POCHES - III LeMonde Job: WOC1199--0004-0 WAS POC1199-4 Op.: XX Rev.: 03-11-99 T.: 14:46 S.: 75,00-Cmp.:04,08, Base : LMQPAG 34Fap: 100 No: 0077 Lcp: 700 CMYK

littératures bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb b bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Lecteur Tout Hesse dans ses romans à charge Une œuvre entière hantée par l’accomplissement de soi EST-IL VIVANT HERMANN HESSE. études, rompt avec ses parents et s’en- sation qui a failli à tous ses devoirs et a OU EST-IL MORT ? ROMANS ET NOUVELLES gage comme commis dans une librairie. fauché la génération expressionniste. Dès et autres nouvelles Traduit de l’allemand par E. Beaujon, C’est là qu’il acquiert sa formation d’au- lors, il met toute son énergie dans le dé- (IS HE LIVING J. du Cheyron de Beaumont, J. Delage, todidacte, lit Heine, découvre Tolstoï et veloppement du moi, valeur refuge et sal- OR IS HE DEAD ? F. Delmas, P.Hofer-Bury, L. Jumel, Dostoïevski. Dans un élan romantique, il vatrice. C’est certainement en grande par- and other short stories) J. Lambert, J. Martin, J. Pary, D. Riboni tourne aussi le dos à la société de son tie à cause de cette affirmation répétée de Mark Twain. et B. Burn. temps, à l’Allemagne impériale de Guil- qu’il ne cesse de séduire la jeunesse à par- Traduit de l’anglais Le Livre de poche, laume II et décide d’être écrivain. Son tir des années 1970, après une longue (Etats-Unis), préfacé et coll. « La pochothèque », 1 874 p., 165 F premier roman, publié en 1904, est un période d’oubli. Demian, l’un de ses plus annoté par Julie Pujos. (25,15 ¤ ). succès : Peter Camenzind. Dans un mé- beaux romans, marque cette quête d’une Gallimard, « Folio lange de rousseauisme et de nietz- vérité personnelle et infrangible. Mais bilingue », 246 p., 50 F ne chose est sûre : ça ne tient schéisme, le personnage principal ex- c’est Siddharta (1922) qui fait de lui un vé- (7,62 ¤). pas dans la poche. Tous les ro- prime son mépris pour la ville et ses ritable maître à penser pour toute une gé- mans de Hermann Hesse en un valeurs frelatées. Deux ans plus tard, il nération ébranlée par le premier conflit On nous dira ce que l’on seul volume ! Mais pourquoi publie L’Ornière, où il évoque les mo- mondial. Bien que le syncrétisme qu’il voudra mais Mark Twain pasU ? Il est certainement l’auteur allemand ments difficiles de son adolescence. Nou- opère entre l’Orient et l’Occident soit as- est surtout et avant tout « classique » le plus apprécié en dehors veau succès. Est-ce la peur de s’enliser sez flou, il a de quoi séduire face à l’ef- l’auteur des Aventures de des frontières de l’espace linguistique ger- dans le conformisme ? Toujours est-il fondrement des valeurs intellectuelles et Huckleburry Finn et des manique, loin devant Thomas Mann, qui que, en 1911, il entreprend un voyage en spirituelles en Europe. Après l’âpre Loup Aventures de Tom Sawyer est même en train de se faire distancer par Inde, renouant d’une certaine façon avec des steppes où l’homme est confronté à (GF-Flammarion, Folio Ju- son fils Klaus Mann, lequel a longtemps le monde de ses parents et de ses grands- toutes les possibilités de son moi dans un nior, Livre de poche...), ce souffert de l’ombre de son père. Est-ce à parents, longtemps prédicateurs et mis- fantastique jeu de miroirs, Narcisse et qui l’a sans doute trop vite dire que Hesse est plus actuel ? Sans au- sionnaires dans ces terres lointaines. Ce Goldmund (1930) marque un apaisement catalogué en auteur de cun doute. Moins par son écriture que par voyage est un tournant. A son retour, en et installe la réflexion dans un Moyen Age livres pour enfants. Or, lui- ses préoccupations, qui recouvrent en proie à un sentiment de solitude de plus imaginaire. Narcisse incarne le penseur même, en rédigeant ces ro- partie celles de la génération présente. S’il en plus grand (perceptible dans Ross- réservé et ascétique. Son ami, le sculpteur mans inspirés de son ado- y avait une filiation à faire, Thomas Mann halde) guetté par la dépression, incertain Goldmund, est plus intuitif, plus jouis- lescence, les destinait à un serait du côté de Goethe et de la grande sur sa vocation, il tente une thérapie seur, plus fragile aussi. Si les deux amis ne public adulte. Que l’on bourgeoisie négociante. Hesse, au toute nouvelle : la psychanalyse. Le mé- sont finalement que deux aspects d’un n’hésite donc pas, si on ne contraire, est dans la lignée de Schiller, un decin auquel il se confie est un disciple de même personnage qu’il s’agit de réconci- les a jamais lus, à se les autre Souabe d’ascendance relativement Jung. Cette théorie lui ouvre « la perspec- lier en soi-même, ils sont pourtant loin procurer : il s’y montre modeste, tous deux ont reçu une rigou- tive d’une réintégration de l’homme dans le d’être des allégories ; ce sont des indivi- plus proche de Dickens reuse éducation piétiste (protestante), cosmos... vers une sorte de mysticisme natu- dus complexes qui s’envient, s’attirent, se que d’Hector Malot. tous deux se sont révoltés contre leur mi- raliste qui dépasse le dogmatisme dans le- repoussent et laissent finalement ce ro- De son vrai nom, Samuel lieu d’origine et ce qui leur semblait être quel il a été élevé », note Jean-Louis Ban- man ouvert. L’individu a toujours été sa Langhorne Clemens, il une intolérable répression de leur moi. det dans sa préface. préoccupation première, « jamais l’Etat, choisit son pseudonyme en A quinze ans, le jeune Hermann Hesse La première guerre mondiale ne fait la société ou l’Eglise ». fonction d’un vieux terme fuit l’institut où il devait poursuivre ses qu’accentuer son dégoût pour une civili- Pierre Deshusses de navigation employé sur le Mississippi, où il fut un bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb temps pilote. Né en 1835, mort en 1910, sa vie s’ins- crit entre deux passages de la comète de Halley, ce qui l’avait conduit à se croire investi d’un destin mysté- Des bruits et des hommes rieux et surnaturel. Journa- liste, voyageur, aventurier, Cormac McCarthy fait se rencontrer des personnages à la dérive et à contretemps il a écrit des centaines de nouvelles, dont celles tra- LE GARDIEN DU VERGER ra à déclencher les rencontres que l’on croit personnage est ailleurs, un extraordinaire duites ici et qui montrent (The Orchard Keeper) encore nécessaires. L’incertitude s’installe à personnage aux multiples visages. Représen- un goût immodéré pour le de Cormac McCarthy. mesure que l’on découvre que ces pauvres té dans les moindres détails, avec une préci- macabre, l’absurdité, le Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par hères divaguent comme des épaves. Il y a ce sion démoniaque, il nous entraîne malgré grotesque. Son talent de François Hirsch et Patricia Schaeffer. gamin, chassant et pêchant par monts et par nous dans un flot de phrases abruptes et ful- conteur le conduit souvent Seuil, « Points », 284 p., 39 F ( (5,95 ¤). eaux, souvent mouillé jusqu’aux os, tendant gurantes, jaillissant d’un langage pourtant à employer un style très (Première édition : Editions de l’Olivier/ ses pièges à de rares rats musqués et d’im- déjà torrentiel. Le vertige tourne parfois au particulier, destiné à susci- Seuil, 1996) probables visons. Il y a ce jeune homme, ex- ralenti : l’œil, ne pouvant suivre ce rythme ter chez le lecteur − traité exilé plein de superbe, conduisant à ton- effréné, est forcé à l’arrêt, à une lecture comme l’auditeur d’une ’est à quelques miles à l’est de neaux ouverts des voitures chargées d’alcool lente ; et, guidés par des mots projecteurs qui histoire − l’attente de la Knoxville, Tennessee, que Cor- prohibé. Et puis il y a le vieux, gardien d’un rompent notre aveuglement, nous sommes à chute. Il aime « faire au- mac McCarthy a situé le décor de verger délabré depuis belle lurette, fantôme nouveau submergés par les faits et gestes de thentique », prendre son son premier roman qui débute en traînant ses secrets dans les bois, « poussant ce personnage qui a pour noms vent, pluie, public à partie, donner des 1934,C un an après sa naissance : autour d’une en avant sa propre présence comme un petit arbres, animaux, terre, boue, moisi. précisions irréfutables, petite localité, Red Branch, nichée dans une enfant ». C’est alors seulement qu’a lieu la ren- présenter le narrateur vallée cernée de montagnes et balafrée par On finit même par douter de leur exis- contre attendue ; avec John Wesley, Sylder et comme un témoin. Il faut une rivière tumultueuse, où végètent « des tence, l’auteur se gardant consciencieuse- Ownby, humains jetés à la dérive par une ci- rendre hommage à la tra- gens émaciés,... avec une expression qui n’était ment de peindre leur visage, s’abstenant au- vilisation barbare et vaniteuse, reflétée dans ductrice car il n’est jamais ni d’espoir, ni de stupeur, ni de désespoir ». tant que possible de les nommer autrement ces « nuages roulant leurs ventres noirs jusqu’à simple de devoir « coller » C’est là que vivent trois curieux person- que par d’impersonnels pronoms, les dé- ce que la masse ne soit plus qu’un énorme ul- à la langue originale pour nages, montrés par touches successives, al- pouillant de sentiments, les identifiant plus cère », dans une plongée au cœur des vis- permettre aux lecteurs de lant et revenant au gré des paragraphes. par leurs déplacements que par leurs actes, cères du monde. faire une lecture en vis-à- Leurs chemins ne cessent de se croiser, mais effaçant les traces du temps, exacerbant au Jean-Louis Aragon vis et profiter ainsi de la sa- à contretemps. Les pages défilant, on se de- contraire les repères topographiques. ૽ Les autres romans de McCarthy sont publiés veur du texte. mande quand le narrateur, traquant ses créa- « Pourtant le temps durait, et la pluie. » Jus- chez « Points »/Seuil et aux Editions de M. Si. tures comme un chasseur à l’affût, se décide- qu’à ce que l’on comprenne que le véritable l’Olivier.

IV - LE MONDE DES POCHES - VENDREDI 5 NOVEMBRE 1999 LeMonde Job: WOC1199--0005-0 WAS POC1199-5 Op.: XX Rev.: 03-11-99 T.: 14:46 S.: 75,00-Cmp.:04,08, Base : LMQPAG 34Fap: 100 No: 0078 Lcp: 700 CMYK

littérature bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb b bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Une vie avec errements Rêves Les voyages trompe-la-vie, trompe-la-mort de Dominique Sigaud cruels LA PART BELLE personne ne l’attend vraiment. Elle part comme si rien de tendre et de sincère COMMENT de Dominique Sigaud. sans rien dire, ne donne pas de nou- n’avait de prise. Et toujours les pays de LA MÉLANCOLIE EST Gallimard, « Frontières », velles, ne prévient pas quand elle re- violence et de haine où l’on voit agonir ARRIVÉE À MOGADOR, 132 p., 32 F (4,88 ¤). vient. Une vie faite d’allers-retours. Elle de petits enfants. Où les photos ne sont ou le septième songe est là, ou elle n’est plus là. Elle a l’air pas regardables. Où le risque et la peur de Hassan i la collection s’appelle « Fron- forte comme ça, son sac sur l’épaule, les font oublier les vides. Un temps. La soli- (De cómo llegó a tières » c’est parce que les livres yeux bien ouverts, sans montrer la peur tude est autre. « Un revolver ne devrait Mogador la melancolía, qu’on y publie se situent entre que lui donne un enfant soldat, un « en- pas être utilisé pour tuer, jamais ; juste o el septimo sueño les rives de l’adolescence qui fant de vingt ans » armé et prêt à tirer. rappeler la mort possible. Comme une de Jazán) s’éloignentS et celles de la maturité qui Mais au fil des brefs chapitres qui frontière pour représenter le passage. d’Alberto Ruy-Sánchez. approche. La Part belle de Dominique suivent, on la sent vaciller depuis cette Fermer une frontière ou utiliser un revol- Bilingue. Sigaud y a trouvé une place évidente. force naissante qui la fait bifurquer à ver revient au même. Certaines choses ne Texte français, traduit Mais ce texte est à la frontière aussi de dix-sept ans d’une vie trop tracée par sont pas là pour servir. Le corps d’une de l’espagnol (Mexique) la vie et de la mort. On le sait d’emblée. des parents trop parents, trop peu mo- femme n’est pas fait pour être violé. Un par Gabriel Iaculli. Parce que c’est ainsi qu’à l’adolescence dèles, trop peu terribles. Impuissants à miroir n’est pas fait pour s’y voir. Une Editions du Rocher, 62 p., arrive l’envie d’en finir, de se coucher, aider, à écouter, à aimer. photrographie n’est pas faite pour mon- 34 F (5,18 ¤). de ne pas aller plus loin, de s’arrêter Les échappatoires ne sont jamais les trer. Un livre n’est pas fait pour dire. Le trop tôt. A la frontière encore de la mé- bonnes, les galères se suivent, à peine soleil au zénith n’est pas fait pour être re- Le calligraphe Hassan moire, celle que l’on écrit pour mieux effleurées d’un mot – elle n’est pas du gardé. Tout est ailleurs, les enfants le écrit, ou plutôt dessine l’effacer. Celle que l’on traque et que genre à raconter ce que seuls les psy- savent ; la terre colle aux pieds de quel- « des filigranes, des laby- l’on trace pour retrouver celui ou celle chiatres sont payés pour entendre, pas que côté de la frontière qu’on se trouve. » rinthes, des lettres in- qu’on a été et qui nous a permis de de- les lecteurs de bonne volonté – et le Et puis avec la même pudeur tran- conscientes d’être des venir ce que l’on est. constat : « Tout m’abandonne, je vais quille et le même goût de la saveur des lettres, des mots en ébulli- Dominique Sigaud dépeint ses avoir trente ans ; autant mourir. C’est ce mots, elle renonce au désespoir, elle tion... » surgis de ses voyages, qui l’ont éloignée de Paris, de que je dis pour finir, ce n’est pas la pre- abandonne le métier qui l’a conduite songes, « poussé par une sa famille, de ce qu’elle refusait, mière fois. » Remettant l’exécution à aux frontières de tous les dangers, «un force muette ». Chaque voyages volontaires et têtus, dans les plus tard, au lendemain, elle reconnaît homme, un visage, un nom – des paroles, nuit, il voyage, perdu endroits les plus éprouvants du monde, que « mourir [l’] ennuie ». Elle joue à la un lit, des gestes. L’étonnement. Et de « dans son labyrinthe là où l’on se bat, là où l’on meurt, là où roulette russe avec les mots « si dans six l’étonnement est né l’enfant ». Ce n’est d’encre », et il trace les lé- l’on tue. Correspondante de guerre, cor- mois, ça ne va pas mieux, je me tue. Ça pas dans ce livre là, mais on sait qu’elle gendes qui ont conduit la respondante du réel, journaliste par ac- s’appelle l’espoir ». Toujours, il y a les a changé, qu’elle a écrit plusieurs ro- mélancolie à Mogador, cident comme on se casse une jambe, trous noirs, les peurs, ce mur de marbre mans (1), qu’elle a trouvé sa place dans ville cernée de dunes in- prête à fuir toutes les rédactions où elle auquel on se heurte, des années durant. le monde. franchissables. Ceux qui se sent trop mal à l’aise, trop mal vue, La psychanalyste, P., à l’écoute immo- Martine Silber essaient de les traverser trop mal aimée, elle s’est envoyée elle- bile de miroir et qui n’aura un mot meurent inexorablement, même au milieu des guerres et des tendre que quand elle ne pourra plus (1) L’Hypothèse du désert, La vie là-bas, comme et leurs squelettes s’y conflits pour échapper, pour être ail- non plus supporter les séances. Les ren- le cours de l’oued, Blue Moon. Tous chez Galli- fondent dans le sable. Les leurs que là où on l’attend, que là où contres amoureuses. Rares les amitiés mard. âmes des morts rôdent autour de la ville et ca- bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbressent au passage les vi- vants qui montent sur les remparts pour les saluer. Un prince chinois a dé- Bordel cosmique cidé, dit la légende, de les franchir coûte que coûte avec toute sa cour. Et tous Un livre irremplaçable sur la guerre et la responsabilité collective furent engloutis. A quelles fins s’était-il lancé dans HOMMES EN GUERRE qu’on enfonce ses bottes dans une boue ce recueil paru pour la première fois en une aventure dont il sa- (Menschen im Krieg) de sang et de boyaux, que les rafales de Suisse en 1917. Ce n’est pas la Somme, ce vait si bien qu’elle le mè- d’Andreas Latzko. mitrailleuses coupent les corps en deux, n’est pas la Marne, juste un front oublié nerait à sa perte ? De Traduit de l’allemand par Martina alors on se rend compte que « les mots ne mais qui, sous la plume de Latzko, songe en songe, la main Wachendorff et Henri-Frédéric Blanc. vont plus aux choses ». La guerre n’est d’ail- condense les horreurs de tous les conflits. de Hassan va trouver une Edition Agone, 167 p., 68 F (10,37 ¤). leurs qu’un euphémisme utilisé par ceux Pas d’avions, pas de tanks, c’est à peine si forme ou une autre de vé- (Première édition : Titanic, 1994). qui la déclarent et ne la font pas ; il fau- l’on voit l’ennemi ; ces nouvelles sont sur- rité. drait dire : « fabrique à mutilés », « usine à tout des récits d’après-combat, quand le Le texte coule comme le u’est-ce qui fait qu’un profes- cadavres », « école de l’absurde ». feu a cessé et que les images reviennent au temps dans un sablier, seur de philosphie oublie Pla- « Celui qui écrivit ce livre sort à peine de milieu des râles des blessés. limpide, calme, merveil- ton et Kant ? Qu’un jeune pay- l’enfer : il halète : ses visions le poursuivent, il S’il y a des figures nobles dans ces pages, leusement traduit, empor- san devienne une brute porte incrusté en lui la griffe de la douleur. elles ne peuvent faire oublier la horde fré- tant l’imagination dans Q sanguinaire ? Qu’un composi- Andreas Latzko restera au premier rang des nétique : les officiers avides de gloire qui son rêve cruel. Cette nou- teur d’opéra ne sache plus que crier ? témoins qui ont laissé le récit véridique de la mènent leurs hommes à l’abattoir, les poli- velle est une parcelle du Quelle force supérieure peut opérer un re- Passion de l’homme, en l’an de disgrâce ticiens dans leurs salons, les généraux talent d’Alberto Ruy-Sán- tournement aussi radical ? La guerre. Elle 1914 », a écrit Romain Rolland à propos de planqués, les agioteurs rusés, et même les chez, romancier et es- transforme tout, fait admettre l’invraisem- ce livre. femmes : « Leur cruauté à elles, ce fut une sayiste mexicain dont on blable comme inévitable, au point que des Andreas Latzko, écrivain hongrois d’ex- jolie surprise... Il y a des suffragettes qui ont trouvera, chez le même millions d’hommes sains de corps et d’es- pression allemande, est né à Budapest en giflé des ministres, foutu le feu à des musées, éditeur, deux romans, Les prit vont s’entasser en chantant dans des 1876. En 1902, il s’installe à Berlin où sont qui se sont fait enchaîner aux réverbères Visages de l’air et Les wagons à bestiaux, la fleur au fusil. Mais montées peu après plusieurs de ses pièces pour le droit de vote !... Et pour les hommes, Lèvres de l’eau, mais quand l’horreur se déchaîne, il est trop de théâtre. La première guerre mondiale le rien... Tu en connais une seule qui se soit je- comme pour chacune de tard. D’un coup, toutes les valeurs sont in- surprend à Goritz, province située de part tée devant le train pour son mari ? Pas une ces collections où ne fi- versées : la sensibilité devient lâcheté, la et d’autre de l’actuelle frontière entre l’Ita- qui ait insulté un ministre pour nous, pas gure qu’un texte forcé- brutalité héroïsme, la lucidité folie. Quand lie et la Slovénie mais qui appartenait, à une qui se soit collée sur les rails ! On n’a pas ment court, le prix peut on est au cœur de la mêlée, qu’on entend l’époque, à l’Empire austro-hongrois. C’est eu besoin d’en repousser une seule ! » paraître excessif. le sifflement meurtrier des schrapnells, le cadre de la plupart des six nouvelles de P. D s M. Si.

VENDREDI 5 NOVEMBRE 1999 - LE MONDE DES POCHES - V LeMonde Job: WOC1199--0006-0 WAS POC1199-6 Op.: XX Rev.: 03-11-99 T.: 14:46 S.: 75,00-Cmp.:04,08, Base : LMQPAG 34Fap: 100 No: 0079 Lcp: 700 CMYK

romans policiers bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb b bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb b livraisons Flop chez les flics Les enquêtes de Matti Yrjana Joensuu et Hugues Pagan b TOUT POUR TITOU, de Violaine Bérot Elle a fait un bébé toute seule. Les mecs, elle en a eu sa dose. L’homme de HARJUNPAA ET LES LOIS l’atmosphère moite et survoltée de l’hôtel sa vie, ce sera son fils. Définitivement. Elle l’appellera Titou. Il la délivrera DE L’AMOUR de police de la capitale nordique, le quoti- un peu des brumes de son job au supermarché. Seulement voilà. A l’arri- de Matti Yrjana Joensuu. dien de cette course désespérante et illu- Traduit du finnois par Paula soire. Et les affres de son héros. Parce vée, ce n’est pas un, mais deux bébés qui se présentent. Les petits chats, et Christian Nabais, qu’Harjunpaa, qui tente de faire son métier on les noie. Mais les enfants ? On a beau décider de ne pas se laisser im- Gallimard, « Série noire », honnêtement, sait bien que la police est pressionner, de reléguer l’intrus dans la buanderie, tout pour Titou, rien 270 p., 49 F (7,47 ¤). désarmée, qu’elle arrive toujours trop tard. pour l’autre, le destin finit toujours par vous rattraper... Difficile d’imagi- (Inédit.) Pour constater les dégâts. Et qu’après ner plus noir que cette terrifiante histoire. Violaine Bérot enferme peu à VAINES RECHERCHES chaque arrestation, souvent chèrement ac- peu son lecteur dans un écheveau de soliloques mortifères. Celui de la de Hugues Pagan. quise, rien ne change fondamentalement. mère, bloquée dans son délire. Celui de Titou, pris au piège du triangle in- Rivages/Noir, Le premier épisode de la série, Le Fils du fernal, condamné à la noyade. Celui de l’enfant du placard, vivant par- 187 p., 52 F (7,93 ¤). policier, paru voici deux ans dans la même delà les tombeaux. Au fond du trou, perce pourtant une pâle lumière. Vi- (Première édition : Fleuve noir, 1984.) collection, le faisait assister, impuissant, à brante et bouleversante. Celle d’une humanité étouffée, d’une tendresse la dérive meurtrière de deux adolescents. u’il était rassurant, le flic du po- Dans Les Lois de l’amour, c’est à un escroc mutilée. Tout pour Titou est un livre d’une force singulière. Court, dense, lar de papa ! Sûr de son fait et particulièrement abject qu’il se trouve implacable. Violaine Bérot écrit comme on boxe. Droit au cœur. Direct à de sa vocation. Sans aucun confronté. Un professionnel de la séduc- l’âme. doute sur sa mission. Fier de tion, passé maître dans l’art du chantage (Zulma, 123 p., 59 F [8,99 ¤]. Inédit.) Q son insigne ou de sa carte pro- aux sentiments et qui profite du désarroi fessionnelle, il croyait au droit, à la justice, affectif de femmes célibataires, veuves ou b CHIENS ET LOUVES, de Jean-Pierre Perrin à l’ordre, à la morale. Tout était clair à divorcées. L’occasion pour Joensuu, dépas- On ne sait guère, au début, où va ce roman des nuits qui ne finissent pas, l’époque. Les bons, les méchants, le bien, le sant de très loin l’anecdote, de pointer, à l’écriture fluide et classique. Francis, le héros, ancien otage au Liban, se mal, tout ça... Un cadavre bien propre dans avec des mots d’une beauté désespérée, la laisse convaincre par un colonel en retraite des services de renseignement la bibliothèque. Un corps bien saignant au solitude engendrée par nos modes de vie et de participer à l’enlèvement, à Paris, d’un de ses anciens geôliers afin de le fond d’une ruelle borgne. Qu’importe ! celle, plus essentielle, inhérente à tous les L’enquête était rondement menée. Les gy- êtres humains. Le livre, dans ces condi- contraindre à révéler le sort d’autres otages disparus sans laisser de rophares comme les « petites cellules tions, ne peut se conclure autrement que traces. Mais le récit bifurque très vite. Dans un coin perdu de Franche- grises » tournaient à plein régime. Et hop ! sur un constat d’échec. Une fois de plus, Comté où l’homme doit être enfermé, Francis tombe bientôt sur d’autres Deux cent cinquante pages plus tard, «bon l’inspecteur Harjunpaa rentrera tard dans sales secrets vieux d’un demi-siècle, d’autres cadavres sans sépulture. Le Dieu, mais c’est bien sûr ! », l’affaire était la nuit retrouver sa femme Elisa endormie roman prend alors toute sa force. Dénonçant le tabou des bavures bouclée et l’assassin sous les verrous. Le depuis longtemps. Certain, quant à lui, commises à la Libération, Jean-Pierre Perrin joue avec talent des pay- lecteur pouvait dormir tranquille. La mo- qu’il ne trouvera pas le sommeil. Certain sages renfrognés de la Haute-Saône engloutie par l’automne, de l’atmo- rale était sauve et tout rentrait dans l’ordre. aussi que le jour viendra prochainement où sphère déprimante des champs et des forêts harassés de pluie, pour dire Aujourd’hui, allons donc ! Tout le monde il rangera le dossier de l’enquête « dans un jusqu’à la nausée la violence et la barbarie qu’expriment les périodes sait bien que le crime paie. Que la morale des classeurs sur la tranche desquels était est fluctuante. Et « l’ordre » fondamentale- marqué à l’encre de Chine noire : Vaines Re- troubles. Et la banalité du mal. ment injuste. Etonnez-vous alors que les cherches ». (Gallimard, « Série noire », 275 p., 41 F [6,25 ¤]. Inédit.) héros soient fatigués. Mal dans leur peau. On ne s’étonnera guère que Vaines Re- En conflit permanent avec leurs supérieurs cherches soit aussi le titre du quatrième ro- b CHIENS DE LA NUIT, de Kent Anderson hiérarchiques et leur conscience. Margina- man d’Hugues Pagan, paru en 1984 au Chiens de la nuit raconte le quotidien brûlant d’une patrouille de nuit, lisés, comme Harry Bosch, le flic rebelle du Fleuve noir et que Rivages réédite au- dans les quartiers nord de Portland, au milieu des années 70. Une jungle département de police de Los Angeles, jourd’hui. A l’instar de Joensuu, Pagan, qui sinistrée, envahie, à la tombée du soir, par des meutes de chiens errants, imaginé par Michael Connelly. Solitaires et fut lui aussi inspecteur de police, décrit l’in- faméliques et sauvages. Dévastée par la pauvreté et la violence. Hantée mortellement lucides, comme l’inspecteur gratitude du travail des flics, balancés par par des hordes de paumés, de junkies, de fous, de brutes et d’assassins, Charlie Resnick que John Harvey a placé à une société qui ne les tolère que comme un tous désespérés, incurables. Précis, terrifiant, épuisant, décrit à hauteur Nottingham, symbole de la débine postin- mal nécessaire, aux avant-postes d’un d’homme, dans une sorte de corps à corps avec le pourrissement, la souf- dustrielle. Ou carrément démissionnaire, combat douteux et perdu d’avance. Chro- comme Fabio Montale, le flic des quartiers nique de la bêtise et de la chiennerie ordi- france et la mort, leurs odeurs, leur poisse et leurs horreurs, Chiens de la nord de Marseille, que Jean-Claude Izzo a naires, le récit, où s’entrecroisent de multi- nuit est un livre d’une force rarement égalée. Un roman furieux. A l’image fini par tuer à l’issue de sa troisième aven- ples affaires, rend avec l’énergie du de son héros, Hanson, vétéran du Vietnam, devenu flic pour ne pas deve- ture. Sans doute pour abréger ses souf- désespoir le chaos d’une ville vue du nir fou ou finir en taule. Hanson que l’auteur décrivait dans Sympathy for frances. Ils sont comme les vrais, les flics commissariat de police. Sans fioritures. the Devil, son premier roman, affichant dans sa piaule de soldat cette du polar d’aujourd’hui. Au cœur des Chez Pagan, comme chez Joensuu, la mort phrase du général Giap : « Il meurt cent mille personnes tous les jours dans contradictions d’une société qui se dé- n’est pas propre. Elle colle. Elle suinte. Elle le monde. Une vie humaine n’a aucune importance. » charge sur eux des problèmes qu’elle ne hurle. Embarqué dans cette sale guerre, (Traduit de l’anglais − Etats-Unis − par Jean Esch, Livre de poche, 544 p., parvient pas à résoudre. Flics, assistants so- l’inspecteur Schneider (le héros de La Mort 42 F [6,40 ¤]. Première édition : Calmann-Lévy, 1998.) ciaux, infirmiers, confesseurs, tuteurs, dans une voiture solitaire, premier roman de grands frères... l’auteur) poursuit sa vie de somnambule, Mais que peut la police contre la dé- les yeux grands ouverts sur la nuit. Une b LES FRIGOS ONT HORREUR DU VIDE, d’Elise Fugler glingue de nos sociétés urbaines, contre la nuit peuplée « de souvenirs qui font mal, de Le titre, Les Frigos ont horreur du vide, vous accroche immanquablement. misère et l’exclusion, contre la solitude mo- nostalgies lancinantes, d’amours inachevées, Les premières pages, gentiment foldingues, légères comme un rayon de rale, quand ce n’est pas la difficulté d’être d’histoires sans lendemain, d’amis dispa- soleil sur le Père-Lachaise, vous retiennent définitivement. Avant de vous ou d’aimer ? Pas grand-chose. Et c’est bien rus », comme l’écrit Jean-Pierre Deloux entraîner, à l’instar de l’héroïne, Alice (forcément Alice), dans une histoire le problème de l’inspecteur Timo Harjun- dans le dossier que la revue Polar a récem- minutieusement extravagante. Tout commence donc au cimetière du paa, héros de la remarquable série du Fin- ment consacré à Pagan (Rivages, mai 1999). Père-Lachaise par un après-midi ensoleillé. Alice s’est installée au calme landais Matti Joensuu, dont le deuxième La voix rauque, urgente du livre, le sang sur un banc quand un groupe de gosses vient inopinément lui marcher épisode, Les Lois de l’amour, sort au- mêlé du regard, aussi brutal que sensible, sur les baskets. La meute hurlante se dispute un mystérieux objet qu’Alice jourd’hui en français. La trentaine déjà l’insoutenable tendresse de certaines pages usée, Harjunpaa est un flic sans gloire. Un laissent le lecteur passablement bousculé finit par confisquer. Mal lui en prend, car il s’agit d’un doigt humain. soutier de la police d’Helsinki. En perma- quand il voit, à la dernière ligne, la voiture L’histoire brutalement s’accélère. Les péripéties, à faire pâlir Rocambole nence aux prises avec la surcharge de tra- du héros, qui a choisi la démission, s’éloi- de jalousie, s’enchaînent sur le mode marabout-bout de ficelle. Le lecteur vail, le manque chronique de moyens ma- gner en direction du sud. Il faut lire (ou re- n’y croit pas une seconde, ne comprend pas tout, mais s’amuse autant tériels et humains, les pesanteurs lire) Pagan. C’est à l’évidence un des tous que l’auteur à cette histoire qui, on l’a compris, tient plus de la carabis- bureaucratiques, le travail de fourmi, épui- premiers auteurs du polar français contem- touille que de la tragédie. sant et cafardeux. Joensuu, qui fut lui- porain. (Baleine, « Canaille/Revolver », 171 p., 45 F [6,86 euros]. Inédit.) même enquêteur de la P. J., excelle à rendre Michel Abescat

VI - LE MONDE DES POCHES - VENDREDI 5 NOVEMBRE 1999 LeMonde Job: WOC1199--0007-0 WAS POC1199-7 Op.: XX Rev.: 03-11-99 T.: 14:46 S.: 75,00-Cmp.:04,08, Base : LMQPAG 34Fap: 100 No: 0080 Lcp: 700 CMYK

science-f iction bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb b bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Intrigues parallèles livraisons b Les mondes complexes de Kate Wilhelm et Tad Williams b LE CODEX ATLANTICUS no 7 LE TEMPS DES GENÉVRIERS jeu, aux Etats-Unis, d’une lutte entre Chaque numéro du Codex Atlanticus, qui s’affiche comme une « revue de Kate Wilhelm. pacifistes et droite militariste. Dans cet de littérature fantastique », apporte son lot de révélations. Eric Dussert, Traduit de l’anglais (Etats-Unis) imbroglio, une jeune femme ne rate pas qui semble bien s’être spécialisé dans l’archéologie littéraire, a retrouvé par Sylvie Audoly, l’occasion qui lui est offerte : «Je me dans le recueil Histoires joyeuses et funèbres (1886) un très curieux texte collection « Présence du futur », suis assise sous un genévrier et je me suis érotique de Maurice Talmeyr intitulé Le Protoxyde. Cet incunable tiré de Denoël, 320 p., 42 F (6,40 ¤). dit que ce jour était arrivé, cet instant (Première édition : Denoël, 1980) unique où une seule personne pouvait l’oubli est suivi d’une kyrielle de nouvelles brèves, écrites avec élégance, prononcer quelques paroles magiques qui et même un certain dandysme anglophile pour la Fumoscopie de Phi- LA ROUTE DES RÊVES changeraient tout. » Ce plaidoyer huma- lippe Gindre, qui met en scène les fameux Coolter et Quincampoix, de de Tad Williams. niste n’a rien perdu de sa force, ni de l’Institut d’ethnocosmologie appliquée... Deux d’entre elles méritent, tome 1 : La Maison de l’ancêtre son charme. Le passage du temps l’a pour la qualité de leur facture et l’originalité de leur thématique, une tome 2 : La Pierre de l’adieu même bonifié. Bien peu d’ouvrages ré- mention particulière : Infiniment bleu, de Christophe Grès, dont l’hé- Traduit de l’anglais (Etats-Unis) cents ont sa profondeur... roïne est Sarah Bernhardt confrontée à un rôle difficile, et La Tragédie par Jacques Collin, Tad Williams est un auteur américain du musée des sciences naturelles de Vienne, de Philippe Bastin, qui ima- Pocket, « Fantasy », 444 p., 44 F (6,71 ¤) de Fantasy qui s’est fait remarquer dans gine une très insolite révolte des animaux. Le tout compose un en- (Première édition : Rivages, 1996-1997) les pays anglo-saxons grâce à une trilo- gie intitulée Memory, Sorrow and Thorn, semble de haute tenue, serti dans une maquette extrêmement soignée ate Wilhelm fait partie de ces traduite en France aux éditions Rivages et splendidement illustrée. L’objet est beau, à la hauteur de son conte- quelques écrivains qui, dans sous le titre générique de L’Arcane des nu... (22, avenue Georges-Pompidou, 39100 Dôle, 32,80 F, 5 ¤). les années 70-80, ont apporté épées. Le deuxième tome de cette trilo- à la science-fiction, avec leur gie est aujourd’hui réédité par Pocket. b SOLARIS, de Brian Jacques sensibilitéK féminine, des tonalités nou- L’Arcane des épées est un ouvrage de Même si cette collection s’adresse en priorité aux enfants, l’amateur velles, des approfondissements psycho- Fantasy dans la descendance directe du adulte de fantasy ne doit pas dédaigner de s’y plonger (d’ailleurs, la ja- logiques, une autre manière d’aborder fameux Seigneur des anneaux de J.R.R. quette annonce dix ans et plus sans autre précision !), car il s’agit d’un les thèmes du genre, une qualité d’écri- Tolkien. Il y est question d’une terre ar- bel et bon exemple de « fantasy animalière ». Un jeune blaireau, pri- ture plus subtile. Elles ont ouvert la voie rivée à un moment de civilisation qui sonnier de Sigrif le Furet, chef d’une bande de coupe-jarrets, réussit, à des auteurs comme Connie Wills, Lisa correspond à notre Moyen Age et sur avec la complicité du faucon Cresserel, à se libérer du joug cruel du bri- Goldstein ou Pat Murphy (est-ce un ha- qui s’abat une puissance maléfique, sard si Kate Wilhelm a préfacé le recueil celle d’Ineluki, le Roi de l’Orage, et de gand et le blesse grièvement à la patte. Dès lors, Sigrif n’a plus qu’une de nouvelles de Pat Murphy Points of de- ses séides. Cette terre est peuplée de idée fixe : se venger de celui qui l’a rendu invalide et qui parcourt le parture ?), qui tiennent aujourd’hui le races diverses : des humains, des trolls, monde en justicier sous le nom de Solaris... On retrouve, dans ce roman haut du pavé. des sithis ; morcelée en royaumes ou scindé en trois parties, les hauts lieux de l’univers animalier créé par Il est bien que ces pionnières ne duchés divers ; elle a connu une histoire l’auteur : l’abbaye de Rougemuraille et la forteresse de Salamandas- soient pas oubliées, surtout si, comme agitée. Tad Williams a créé là un monde tron ; et c’est entre ces deux pôles que Brian Jacques tisse une intrigue Kate Wilhelm, elles ont donné des complexe, possédant ses propres my- fertile en péripéties et en rebondissements, qui vante, ainsi que l’af- œuvres de la qualité de Hier les oiseaux, thologies, et il a poussé le détail (ou firme son narrateur, le « prix inestimable de l’amitié » (trois tomes : Le La Couvée Huysman ou ce Temps des ge- l’imitation de Tolkien) jusqu’à fournir Sauveur à tête d’or, L’Orphelin maudit, Le Jugement du guerrier, traduit névriers, que Denoël réédite opportuné- des appendices détaillés qui sont loin ment, alors que la revue Galaxies publie d’être inutiles au lecteur, tant l’œuvre de l’anglais par Emmanuelle Lavabre, Mango Poche, « Rougemu- dans son no 14 (1) sa plus récente nou- regorge, comme un roman russe, d’une raille » ; chaque tome : 156 p., 30 F, 4,57 ¤). velle sous le titre « Une chance à sai- multitude de noms propres... Le héros sir ». Le thème des manipulations biolo- du cycle, Simon l’orphelin, d’extraction b LE FRÈRE DES DRAGONS, de Charles Sheffield giques et de la génétique est l’un de modeste, mène, avec l’aide de quelques Dans cet excellent roman – sans conteste le meilleur livre de son auteur ceux que Kate Wilhelm a traité de façon compagnons, une quête qui doit lui per- traduit en France –, Charles Sheffield a imaginé une Amérique du privilégiée. Elle le prouve encore dans mettre de contrer les forces du mal. XXIe siècle en proie à deux fléaux : une terrible récession économique « Une chance à saisir », un texte hanté Mais, à partir du schéma tolkienien, Tad qui a accru de façon drastique la ségrégation sociale entre une poignée par cette formule d’un des protago- Williams a choisi de multiplier les in- de riches, les cent princes, et une multitude de miséreux, d’une part ; nistes principaux : « Les gènes sont les trigues parallèles, si bien que la quête de une dramatique dégradation de l’environnement, d’autre part. Les res- maîtres secrets de l’univers »... Simon n’occupe qu’une partie du récit Le temps des genévriers n’appartient pas et que le lecteur suit en même temps les ponsables de cet état de fait ont trouvé un bouc émissaire : les hommes au même registre. C’est un ouvrage destinées de bien d’autres personnages de sciences qu’on a exilés dans les zones très polluées qui servent de d’une grande richesse, ouvertement po- ou groupes de personnages, qui ne sont décharges au continent tout entier et où s’entassent tous les exclus de litique − il dénonce les mensonges, les pas moins fertiles en péripéties et ava- cette société radicalement inégalitaire. Sur cet arrière-plan de déglingue secrets, les paranoïas, les manipulations nies que la quête du jeune homme. sociale, Charles Sheffield conte l’odyssée d’un survivant-né envoyé en et les complots dont sont coutumières L’auteur a de l’invention, de l’imagina- mission d’espionnage dans l’une de ces réserves-bagnes et qui, outre- les classes dirigeantes −, et qui porte un tion, et on sent bien qu’il tient en main passant sa mission, va rendre justice à l’humanité tout entière (traduit regard attentif et chaleureux sur la fa- les nombreux fils narratifs qui tissent sa de l’anglais – Etats-Unis – par Guy Abadia, Livre de poche, « Science- çon qu’ont les Indiens de vivre en har- trilogie. Mais, si l’on pénètre avec inté- fiction », 314 p., 42 F, 6,40 ¤. Première édition : Laffont 1994). monie avec la nature, même quand rêt dans son univers romanesque et si celle-ci se montre peu généreuse. Et l’on s’y promène un bon moment avec c’est le cas dans le futur proche décrit plaisir, on finit par être agacé par une b AXIS MUNDI, de Charles Aïvar par Kate Wilhelm, où une sécheresse dé- certaine enflure un peu vaine, par ce Nestiveqnen est un petite maison d’édition qui s’est attachée à faire vaste les Etats-Unis depuis si longtemps qu’il faut bien appeler l’obésité un peu connaître de nouveaux auteurs dans les domaines de la SF ou de la fan- qu’elle a eu de profondes répercussions confuse du récit. Trop, c’est trop. Plutôt tasy : Nicolas Cluzeau, Patrick Eris, Alexis M. et aujourd’hui Charles Aï- sur le paysage chaque jour plus déser- que de chercher à savoir ce qu’il advien- var. On aimerait pouvoir saluer sans réserve les romans qu’elle publie, tique et sur l’économie dont les laissés- dra des personnages dans le troisième mais cela nécessiterait d’abandonner tout sens critique. Tout n’est pas pour-compte sont regroupés dans des tome, on préférera relire son premier parfait dans ce gros roman trop touffu qui démarre sur des chapeaux de villes nouvelles concentrationnaires, où roman traduit, La Légende du noble chat roue mais s’enlise assez vite dans une intrigue trop sinueuse. Pourtant, règnent la violence et la plus noire mi- Piste-Fouet, une remarquable fantasy l’auteur, incontestablement, sait écrire ; il a un imaginaire personnel sère. Parallèlement, un programme spa- animalière, qu’un éditeur serait bien dans lequel on perçoit l’influence d’un écrivain comme Clive Barker. S’il tial de station orbitale, un temps aban- inspiré de rééditer. donné, est relancé, mais la collaboration Jacques Baudou parvient à mieux maîtriser l’espace et l’économie du roman et à créer entre les quatre grandes nations n’est un univers moins artificiel, moins lourdement métaphorique (L’Axiome, pas dépourvue d’arrière-pensées, et un (1) Le clou de ce numéro est un dossier consa- Le Gouffre), Charles Aïvar ne devrait pas tarder à nous donner une mystérieux message à la provenance in- cré à Ian McDonald, l’auteur remarquable de œuvre de qualité (Nestiveqnen éd., « Horizons fantastiques », tome I, certaine, trouvé en orbite, devient l’en- Desolation road et de Etat de rêve. 362 p., 49 F, 6,56 ¤).

VENDREDI 5 NOVEMBRE 1999 - LE MONDE DES POCHES - VII LeMonde Job: WOC1199--0008-0 WAS POC1199-8 Op.: XX Rev.: 03-11-99 T.: 14:46 S.: 75,00-Cmp.:04,08, Base : LMQPAG 34Fap: 100 No: 0081 Lcp: 700 CMYK

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b MAX EST DANS LA LUNE, de Dominique Saint Mars et Serge Bloch littérature Le distrait est une victime idéale des railleries collectives. Négligence ? Indif- b férence ? La situation devient vite désagréable, pis, intenable pour tous les protagonistes. Sans doute plus d’écoute, de compréhension et de dialogue aiderait à trouver la solution. Ce nouveau titre d’une collection résolument b MON IDÉE DU PLAISIR, de Will Self utile est des mieux venus (Calligram, « Ainsi va la vie », 44 p., 29 F [4,42¤]). A Une chose est sûre, Ian Wharton est malade. Mais est-il simplement partir de 8 ans. fou, ou dangereusement psychopathe ? Depuis son enfance, ce consultant en marketing de trente ans est doué − ou frappé − d’eidé- b LE JOBARD, de Michel Piquemal tisme : il a une mémoire photographique hors du commun, à l’image Comment une bande d’enfants pleins d’énergie mais livrés à eux-mêmes par de celle que l’on rencontre parfois chez les autistes, et de nombreuses des parents peu disponibles vont aider un vieil original à réaliser un projet hallucinations qui consistent la plupart du temps en meurtres et énigmatique qui va bouleverser la vie de ce coin de banlieue éteinte. Cette autres sévices, qu’il vit comme s’ils étaient réels, la culpabilité en histoire ordinaire sur l’amitié, l’écoute et la fraternité des rêves partagés moins. « Vous auriez bien envie de vous griser un peu, de temps en pourrait verser dans la fable édifiante. Michel Piquemal sait distiller les re- temps, hein ? Vous aimeriez bien, vous aussi bidouiller les boutons de la bondissements pour que la morale reste légère. Avec une gravité discrète en réalité comme il le fait, prendre vos aises sans remords ?» Mais cet « ex- fil rouge (Milan poche « Junior », 144 p., 28 F [4,27 ¤]). A partir de 11 ans. cès d’imagination » en est-il vraiment un ? Selon l’étrange Dr Gyggle (giggle signifiant à peu près « rire chatouillé »), Ian n’est qu’un « gar- b TRÈS TRÈS LOIN, de Bruno Heitz çon solitaire et raté qui a construit une illusion pour compenser l’ab- Cette première incursion de Bruno Heitz dans la maison aveyronnaise est un sence du père et se punir lui-même du crime œdipien ». Mais il se pour- petit bijou de poésie tendre, où la nostalgie est balayée par la malice et la rait bien que ses hallucinations soient plus réelles qu’on ne l’eût cru... science conjointe du graveur et du coloriste. La 2 CV comme vous ne l’avez (Traduit de l’anglais par Francis Kerline, Seuil, « Points », 392 p., 46 F jamais rêvée... Attention, les petits, à ne pas laisser les grands vous chiper vos [7,01 ¤]. Première édition : éd. de l’Olivier, 1997.) Alexandra Ech- livres ! (éd. du Rouergue, « 12 × 12 », 20 p., 35 F [5,34 ¤]). A partir de 3 ans. kenazi b LE RUGBY A` XV, de Michel Deshors b LA FEMME QUI SE COGNAIT DANS LES PORTES, de Roddy Doyle La Coupe du monde qui s’achève a redonné à chacun l’occasion de préciser Voilà un livre qui cogne dur et dru. Et terriblement juste. Les coups les règles de ce sport magnifique, qui génère des passions aussi puissantes tombent au bon moment et là où il faut pour faire mal. Paula Spencer qu’irrévocables. Dans cette nouvelle collection de Milan, un petit volume, vif a épousé un jour, toute jeune, le plus gentil et le plus beau des et précis, qui devrait circuler de main en main comme un ballon impatient voyous de son quartier. Mais on devine dès les premières pages que d’aller à l’essai (Milan, « Carnets du sport », 48 p., 38 F [5,79 ¤]). A partir de l’histoire d’amour n’a pu que mal finir. Charlo, son mari, est mort. 8 ans. Abattu par la police lors d’un hold-up stupide. Alors, les chapitres vont s’enchaîner en désordre apparent : sous le choc, Paula se sou- b LES FLEURS BLEUES, de Raymond Queneau vient, des éclairs de mémoire viennent ponctuer sa narration, images Excellente surprise dans la nouvelle collection, survitaminée, que Gallimard fortes d’un premier bal, image floue d’une chute, images claires de a récemment lancée en direction des collèges et lycées : parmi les douze nou- souvenirs d’enfance, d’adolescence, images brouillées des médecins veautés de la rentrée, deux Queneau, dont ces Fleurs bleues, présenté et mis qui ne voient aux services d’urgence qu’une jeune femme alcoolique, en jeu par Domenica Brassel et Patrick Garcia. C’est astucieux, érudit, mais victime de plaies et bosses à répétition. Personne ne l’écoute, per- ludique. En un mot, utilisable. Les apprentis bacheliers n’en espéraient pas sonne ne lui demande ce qui a pu lui arriver. Dix-sept ans, battue, co- tant (Gallimard, « La bibliothèque », 384 p., 32 F [4,88 ¤]). A partir de gnée, violée. Sa force, ce sont les enfants. C’est en eux qu’elle va pui- 15 ans. Ph.-J. C. ser l’énergie et le courage qui lui redonneront sa dignité. Sans doute le plus fort et le plus beau roman de Roddy Doyle. (Traduit de l’an- glais par Isabelle D. Philippe, 10/18, 276 p., 47 F [7,17 ¤]. Première édi- tion, Robert Laffont, 1997.) M. Si

b DISCO BISCUITS, anthologie présentée par Sarah Champion essais Si l’on n’est pas rebuté par la couverture tristouille façon pub pour b magazine branché et le papier jaunâtre comme on en trouve mainte- nant rarement, et si l’on regrette aussi l’absence de lexique, voici une bonne façon de s’initier en dix-neuf nouvelles à la nouvelle généra- b LA FIN DU MONDE : une histoire sans fin, de Lucian Boja tion d’écrivains britanniques sous le signe de l’acid house. Rien à voir La fin du monde a déjà eu lieu. Et plus d’une fois, si l’on veut bien avec le sexe, drogues et rock’n’roll des années 60. Les allumés sont considérer la fin de l’Antiquité, celle du Moyen Age et même une déchirés et passent plus de temps dans les toilettes qu’au lit, et, s’ils hypothétique fin des peurs, liée à la confiance absolue dans la ne meurent pas tous, ils sont tous frappés. L’hédonisme annoncé des science, la raison et le progrès, amorcée par les Lumières et pour- amateurs de rave ne laisse pas rêveur mais l’écriture trouble le lec- suivie au XIXe siècle. Des mondes finissent sans cesse qui alimentent teur, il y a une force là qu’on ne peut ignorer même si bien entendu un imaginaire luxuriant, peuplé de comètes imprévisibles, d’astres on n’y trouvera pas forcément sa tasse de thé. (Traduit de l’anglais mystérieux, de maladies nouvelles, de démographies incontrôlées par Aline Azoulay et Céline Cazals. J’ai Lu, « Nouvelle Génération », ou d’armes absolues... L’historien romain Lucian Boja a recensé 318 p., 37 F [5,64 ¤]. Première édition : Alpha bleue éditeur, 1998.)M. Si mythes, terreurs et raisonnements scientifiques qui ont annoncé la fin du parcours. Avec un tel entêtement qu’il est permis de se de- mander s’il n’y a pas là une nécessité de critiquer le présent et de préparer l’avenir. A lire d’urgence. (La Découverte/Poche, 262 p., 62 F [9,45 ¤]. Première édition : La Découverte, 1989).

jeunesse b L’ENSEIGNEMENT DE LA MORALE, de Liliane Maury b Il y eut une loi française, celle du 28 mars 1882, pour imposer l’en- seignement de la morale à l’école primaire. Elle pourrait bien avoir donné à notre enseignement du premier degré une « vitalité » et b UNE PLUME DANS LE WHISKY, d’Antonin Louchard une « dynamique », encore perceptibles aujourd’hui. Liliane Maury, Quelques mois après Bruno Heitz, le peintre et illustrateur Antonin Lou- chargée de recherches au CNRS, montre ici comment la liberté de chard passe au roman. Les lecteurs éblouis de ses Oiseaux (Seuil, 1998, 48 p., conscience et la liberté de pensée ont inspiré, à la fin du XIXe siècle, 69 F [10,52 ¤]) ne s’étonneront pas que son premier héros soit un insuppor- des auteurs de manuels scolaires comme Gabriel Compayré, Paul table corbeau, amateur de cigares et d’alcools variés, qu’une voisine déloyale Bert ou Jules Steeg. Pour que l’égalité des chances dans l’acquisi- abandonne en pension complète au pauvre narrateur. Monsieur Charles, re- tion des connaissances soit effective, il faut d’abord, notait Jules baptisé par l’irascible volatile « Charlie », ne croit pas un seul instant au Ferry, que l’instituteur se fasse éducateur, l’école devenant ainsi talent de plume de ce drôle d’oiseau qui joue les scénaristes maudits de la une « véritable maison d’éducation libérale ». Né avec Destuti haute époque hollywoodienne, mais le réel vacille peu à peu autour de lui si- de Tracy et la première République, le débat sur la place de la mo- tôt que l’énergumène lui fait lire son improbable roman noir. Si le récit mu- rale dans la vie de la République n’est sans doute pas clos au- sarde et n’ose basculer dans la métaphore, savamment préparée par un jeu jourd’hui. Liliane Maury en retrace un épisode déterminant, son en- précoce sur le langage, à la fin l’humour permet tous les rebonds. (Syros, trée à l’école. (PUF. « Que sais-je ? », 128 p. 42 F [6,40 ¤]. Inédit) « Souris humour », 96 p., 21 F [3,20 ¤]. Inédit.) A partir de 8 ans. A. My

VIII - LE MONDE DES POCHES - VENDREDI 5 NOVEMBRE 1999 LeMonde Job: WOC1199--0009-0 WAS POC1199-9 Op.: XX Rev.: 03-11-99 T.: 14:46 S.: 75,00-Cmp.:04,08, Base : LMQPAG 34Fap: 100 No: 0082 Lcp: 700 CMYK

essais bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb b bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Les masques et les horloges

DU TEMPS s’étendre jusqu’aux existentialistes du continu ». Une synthèse intellectuelle qui (Über die Zeit) Norbert Elias XXe siècle, Elias ne reconnaît qu’un est, note Elias, une véritable « perfor- de Norbert Elias. « homme asocial » et même « acosmique, mance » et fait de l’homme une dimen- Traduit de l’allemand a enquêté sur tant son existence paraît indépendante de sion indispensable à l’appréhension de par Michèle Hulin. l’univers physique ». l’univers, la cinquième, au même titre que Pocket « Agora », 256 p., 41 F [6,25 ¤] l’expérience L’approche scientifique du temps ajou- les trois dimensions définissant l’espace et (Première édition : Fayard, 1996) tera à la confusion. Le temps, qui n’est au même titre que le temps lui-même. Le et la mesure « ni visible, ni tangible, et donc ni mesu- temps serait, ainsi, l’un de ces « sym- rable ni observable », sera mathématisé. boles » dont a su se doter l’humanité, à ’homme ne craignait pas d’éton- du temps. Une conceptualisation qui accélérera la travers le flot des générations et dont le ner. Sans doute parce qu’il avait L’homme scission de l’univers en deux blocs irrédu- développement accompagne l’existence L acquis, très tôt, la conscience ai- tibles et dès lors « réellement » distants : collective. Il traduit les efforts déployés guë de se situer « dans une chaîne d’un côté, la « nature » en tant que sys- par les hommes pour se repérer à l’inté- de générations » où chacun apporte sa ne pouvant tème des objets à étudier ; de l’autre, les rieur du flux incessant des événements. Il contribution et tente de faire « avancer un sujets qui avaient eu l’imprudence de définit − tout comme le langage − le carac- peu les choses ». Né en 1897, juif allemand, l’appréhender prendre leurs distances vis-à-vis de cette tère particulier des sociétés humaines où Norbert Elias a traversé toutes les turbu- nature pour mieux la comprendre et qui les individus ne deviennent des personnes lences du siècle avec cette conviction que qu’en le s’en trouveraient ainsi exclus. Depuis Ga- autonomes qu’en assimilant les modèles « la marge de décision des hommes, leur li- lilée et malgré Einstein pour qui le temps sociaux d’autodiscipline. Il reste que les berté, repose, en fin de compte, sur la possi- mathématisant, pouvait se dilater ou se contracter, la no- hommes des sociétés développées ou- bilité qu’ils ont de contrôler (...) les équi- tion restait, pour le moins, « un symbole blient volontiers le rôle qu’ils jouent dans libres plus ou moins flexibles (...) entre les en le concrétisant commode désignant quelque chose de tan- la construction du temps comme dans sa différentes instances d’où procèdent les gible ». Et parce que les sciences phy- mesure. « Dans les sociétés urbanisées, no- contraintes ». par le mouvement siques étaient devenues prépondérantes tamment, les horloges sont produites et uti- Alors qu’il a quitté l’Allemagne dès dans l’explication du monde, le « temps lisées, note Norbert Elias, d’une manière 1933, pour se réfugier en Suisse, puis en des horloges physique », pouvant être représenté par qui rappelle la production et l’utilisation France, puis en Angleterre, Elias publie en des quantités isolables, susceptibles d’être des masques dans de nombreuses sociétés 1939 un ouvrage décisif qui, en raison des mesurées avec une très haute précision, préurbaines : on sait bien qu’elles sont fa- événements, passera à peu près inaperçu. passait de plus en plus, pour le prototype briquées par des hommes, mais leur pré- Über den Prozess der Zivilisation. Le livre, unique du temps. sence n’en est pas moins ressentie comme la en deux volumes, ne sera réédité qu’en A ces approches qu’il jugeait « artifi- manifestation d’une entité non humaine. 1969. Le premier tome sera traduit en cielles » et aux débats « stériles » qu’elles Les masques paraissent incarner les esprits. français en 1973 sous le titre La Civilisation provoquaient, Norbert Elias a voulu op- Les horloges paraissent incarner le temps. » des mœurs ; le second en 1975, sous le titre poser une « théorie du savoir humain liée à Norbert Elias ne faisait pas mystère La Dynamique de l’Occident (1). Elias y l’évolution observable de ce savoir ». Une que, à travers cette enquête sur le temps, prenait comme objet d’investigation so- approche toute sociologique donc, où c’est bien « une théorie sociologique de ciologique les fonctions corporelles et les l’individu n’occupe plus la place centrale vaste portée » qu’il cherchait à développer. manières qu’ont eues les individus de les et où la préoccupation prioritaire n’est Une théorie sociologique du savoir et de gérer, depuis la Renaissance. Il tentait ain- plus de définir ce qu’est le temps mais l’activité de connaissance qui oublie l’in- si de montrer que ces fonctions dites na- bien de préciser « dans quel but les dividu pour ne s’intéresser qu’à l’évolu- turelles, se moucher, cracher, uriner, défé- hommes ont besoin de déterminer le tion de l’humanité dans ses processus quer, copuler... étaient, en réalité, temps ». Sans doute, des sociétés primi- d’apprentissage. Une manière de faire ap- modelées par le contexte historique et so- tives aux sociétés hautement industriali- paraître le développement d’un « fonds cial. Une manière de mettre en évidence sées et urbanisées, est-ce bien la même commun de savoir » qui est inséparable de un processus de civilisation, fait d’engage- nécessité de coordination qui s’inscrit la direction prise par les transformations ment et de distanciation. dans toute mesure du temps. Mais il a fal- de la vie communautaire des hommes et Quand il fait paraître Über die Zeit en lu des siècles, la mise au point d’appareils en grande partie responsable de leur sur- 1984, Norbert Elias, presque nonagénaire, de mesure, et même la création d’Etats vie. n’a plus que six ans à vivre. Mais il situe capables de faire respecter la règle André Meury cette œuvre tardive dans le droit fil de ses commune, pour que se réalise « l’expé- premières recherches : le problème de rience du temps comme flux uniforme et (1) Calmann- Lévy et Pocket « Agora » l’équilibre entre autodiscipline indivi- duelle et contraintes sociales extérieures. Le temps, qui ne se laisse ni voir, ni tou- extrait cher, ni entendre, ni goûter, ni même « respirer comme une odeur », ne relève- L’énigme du « temps », un certain maniement de transformations survenant à l’intérieur ou à l’extérieur rait-il pas de ces « synthèses apprises dans cette notion impliquant que le « temps » existerait de de l’existence humaine, pour lesquelles ils servent d’éta- le cadre d’une société » ? Cela n’avait ja- façon indépendante, voilà à coup sûr un exemple frap- lon de mesure. mais été l’avis des philosophes, convain- pant de la manière dont un symbole largement utilisé Dans notre vie sociale, il est assez facile d’observer sur cus que les hommes avaient toujours ap- peut, une fois détaché de toutes les données obser- ces deux niveaux la relative autonomie du « temps » in- préhendé les séries d’événements comme vables, acquérir une sorte de vie autonome dans le lan- diqué par les horloges : sa relative autonomie en tant autant de « séquences temporelles » inté- gage et la pensée des hommes. Ce qu’on a dit jusqu’ici qu’institution sociale et en tant que dimension d’un grées dans un flux régulier, uniforme et peut contribuer dans une certaine mesure à expliquer mouvement de caractère physique. De même qu’une continu. De Descartes à Kant, et au-delà, cette impression d’une existence indépendante du langue ne peut remplir sa fonction qu’aussi longtemps les êtres humains étaient dotés de modali- temps. Elle est liée, comme on l’a signalé, à ce fait que le qu’elle est la langue commune de tout un groupe hu- tés spécifiques de liaison des événements, « temps », et avec lui toute une série d’institutions so- main et la perdrait si chaque individu se fabriquait son parmi lesquelles se serait trouvé le temps. ciales, est relativement indépendant de tout homme propre langage, de même exactement les horloges ne Une thèse qui dérive, note Elias, d’une considéré en particulier, bien qu’il ne soit certes pas in- peuvent remplir leur fonction que si les configurations conception étroite de l’activité humaine, dépendant des sociétés humaines ou de l’humanité. Elle changeantes formées par leurs aiguilles mobiles − donc, portée par ces philosophes : « Parlant dépend encore d’un autre fait, solidaire du premier, à sa- en un mot, les « heures » indiquées par elles − sont d’expérience, ils avaient en vue celle de l’in- voir que les instruments de mesure du temps, qu’ils communes à l’ensemble d’un groupe humain. Elles per- dividu compris comme une unité parfaite- soient ou non de fabrication humaine, ont un mouve- draient leur rôle d’instruments de mesure du temps si ment autonome, et non pas les expériences ment propre. chaque individu se confectionnait son propre « temps ». et instruments élaborés au cours des siècles Ce sont des mouvements socialement standardisés Telle est l’une des sources de ce pouvoir de contrainte par l’humanité .» Dans cette tradition qui comportent un certain degré d’indépendance vis-à- que le « temps » exerce sur l’individu. « curieusement égocentrique » qu’il voyait vis des autres mouvements et, plus généralement, des Du temps, pages 151 et 152.

VENDREDI 5 NOVEMBRE 1999 - LE MONDE DES POCHES - IX LeMonde Job: WOC1199--0010-0 WAS POC1199-10 Op.: XX Rev.: 03-11-99 T.: 14:46 S.: 75,00-Cmp.:04,08, Base : LMQPAG 34Fap: 100 No: 0083 Lcp: 700 CMYK

essais bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb b bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb La maîtrise Inlassablement, la question allemande

des continents Le refus de l’oubli selon Jürgen Habermas LA PREMIÈRE ÉCRITS POLITIQUES taire, les bonnes excuses détestables, les (Adorno), valent comme autant d’ana- GÉOGRAPHIE de Jürgen Habermas. petits arrangements avec la vérité, les ré- lyses et d’avertissements pour le présent. DE L’OCCIDENT Traduits de l’allemand par Christian surgences, tous signes qui indiquent que On aurait tort de croire qu’ils n’ont d’Idrîsî. Bouchindhomme et Rainer Rochlitz. la question n’est pas réglée. Que peut trait qu’à l’Allemagne, quand bien même Flammarion, « G. F. » Flammation, « Champs », 350 p., 55 F être, désormais, un sentiment national Habermas fait de son pays son principal, 516 p., 66 F (10,06 ¤). (8,38 ¤). (Inédit.) allemand ? Se définit-il par l’attachement pour ainsi dire son unique sujet. Ses in- des citoyens aux universaux démocra- terventions se situent toutes dans le Abû’Abdallâh Muham- euxième étape dans la publi- tiques ? Tient-il à la puissance écono- contexte d’un débat intellectuel national mad al-Idrîsî serait né à cation en poche des écrits ré- mique et à sa glorification narcissique ? sur la question nationale, de sorte qu’al- Ceuta vers 1100 et mort en D cents de Habermas : un vo- Le particularisme germanique se désa- lusions et références extérieures − non Sicile entre 1165 et 1186. lume d’essais politiques suit grégerait-il parce que communications, germaniques − sont extrêmement rares. Ce prince idrisside qui au- les deux volumes d’essais philosophiques déplacements ou concurrence des inter- Par un paradoxe sur lequel il ne s’ex- rait beaucoup voyagé en parus au printemps. Les principes qui prétations empêcheraient que l’on puisse plique pas, un philosophe aussi claire- Afrique, en Asie mineure sont formulés et justifiés dans ceux-ci ne adhérer encore à une identité isolée ? ment convaincu que l’est Habermas des et en Europe avant de sont que mentionnés dans celui-là, où la Avec Jaspers, Habermas appelle de ses dangers que court toute pensée enfer- s’établir en Sicile à la cour critique s’applique à l’évolution idéolo- vœux « la prise de conscience de la situa- mée dans un espace circonscrit se du roi normand Roger II, gique de l’Allemagne dans les années 80 tion mondiale, à savoir que l’idée d’Etat montre ici incurieux de ce qui peut se rédigera, à la demande de − deux textes, datés de 1989 et 1990, national est aujourd’hui le malheur de penser hors sa langue natale et ce qui celui-ci, le Kitâb Nuzhat prennent seuls en compte l’effondre- l’Europe et de tous les continents ». Jaspers peut advenir au-delà des frontières alle- al-mushtâq fî-khtirâq al- ment de la RDA et la réunification. Une écrivit cela en 1960. Habermas le cite en mandes. afâq (L’Agrément de celui méfiance extrême caractérise Habermas 1990. Une décennie plus tard, il n’est que Aussi le lecteur français en est-il réduit qui est passionné pour la dans la totalité de ces essais, confé- trop facile de vérifier la justesse de la à tenter par des parallèles et des transpo- pérégrination à travers le rences, contributions à des colloques ou thèse, dans l’Europe balkanique, en sitions. L’une d’elles s’impose. Analysant monde) que l’on appelle le discours de remerciement pour des prix. Afrique ou en Asie. A cette considéra- la doctrine néoconservatrice et sa cri- plus souvent Kitâb Rujâr Quels que soient les circonstances et tion, apparemment extérieure, ces Ecrits tique de la culture, Habermas dénonce (Le Livre de Roger). Le roi l’angle d’attaque, sa pensée en revient au politiques doivent un considérable sur- comme l’un de ses thèmes centraux cet chrétien qui ne trouvait passé allemand, à ce passé qui ne peut, croît d’intérêt aujourd’hui. Quelques-uns impératif : « Sont dangereux (...) les muta- pas « tout clair, complet et ne doit disparaître et qu’un nom suffit à se lisent essentiellement d’un regard his- tions culturelles, les changements de moti- détaillé » dans les descrip- désigner, Auschwitz. torien : ainsi pouvait-on analyser la si- vation et d’attitude intellectuelle, les glisse- tions de son royaume, « L’histoire ne suit pas librement son tuation au temps jadis, au temps de la lo- ments sur le plan des valeurs et des s’étendant alors sur deux cours, écrit-il. Une barrière composée de gique des blocs, des fusées Pershing et du identités, tout cela étant ramené de façon continents, cherchait fragments moralement indigestes de cette pacifisme, avant la chute de l’URSS, dans hâtive à l’irruption des innovations cultu- moins une récapitulation période semble refouler le flux du temps et la RFA du chancelier Kohl, il y a long- relles dans le monde vécu. C’est pourquoi d’informations dispersées empêcher l’histoire de la République fédé- temps, il y a quinze ans. Mais ceux qui on s’efforce autant que possible de geler le qu’une intelligence théo- rale de connaître le ressac rythmé des sou- traitent de la mémoire du nazisme et de répertoire des traditions. » Les néoconser- rique du monde. venirs pâlissants. » Avec une constance l’extermination, du « courant souterrain, vateurs français ne professent rien Idrîsî s’appuie, non sans inflexible, dans ce qu’il lit, dans ce qu’il défavorable à la civilisation et à l’Occident d’autre. critiquer sévèrement ses voit, Habermas détecte l’amnésie volon- qui parcourt la tradition allemande » Philippe Dagen approximations, sur la tradition des géographes bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb arabes. Il n’en conserve que « le plus certain » et y ajoute une description Les lumières de Lichtenberg systématique de l’Europe, de la Méditerranée à la Baltique, qu’il recueille auprès de voyageurs. Il A la redécouverte d’un maître des aphorismes accumule ainsi plus de cinq mille noms de PENSÉES dère que l’objet privilégié de ses observa- bücher (Brouillons), où, tel un entomolo- fleuves, de chaînes de de Georg C. Lichtenberg. tions en est peut-être totalement dépour- giste du regard, il épingle son butin. Rare- montagnes et d’agglomé- Traduit de l’allemand et présenté vu : l’homme, « cousin de l’ange et du ment méchant, jamais injuste, Lichtenberg rations organisées, pour par Charles Le Blanc. singe ». pratique une ironie tous azimuts qu’il ap- la première fois, selon un Rivages poche, 203 p., 55 F (8,38 ¤). Né en 1742, près de Darmstadt, Georg plique d’abord à lui-même : « La tête est ordre rigoureux définis- (En partie inédit.) Christoph Lichtenberg est le dix-septième chez moi à un pied au moins plus près du sant le type d’habitat, les enfant d’un pasteur gagné aux idées des cœur que chez la plupart des hommes ; de ressources en eau, les ans une critique étonnamment Lumières. Elève anticonformiste et bril- là vient ma grande droiture. » Un bossu ne cultures, les marchés. convenue datant de 1907, Her- lant, il obtient, après la mort de son père, peut pratiquer une autodérision plus radi- C’est la partie la plus D mann Hesse reconnaissait que une bourse qui lui permet de s’inscrire à cale. Conscient d’être à part à cause de neuve du Kitâb − descrip- Lichtenberg était un « écrivain l’université de Göttingen. Devenu mathé- son infirmité, il cultive la distance que lui a tion de l’Afrique du Nord subtil et spirituel », avant d’ajouter qu’il maticien et astronome (un cratère de la imposée la nature, non pour se fermer à la et de l’Europe − qui est ici s’était « donné trop consciencieusement à Lune porte son nom), il est élu membre de société des hommes mais pour mieux la présentée, dans une tra- des petites tâches pour pouvoir achever un l’Académie des sciences de Saint-Péters- voir. Tour à tour leste, acide, lucide et duction de l’arabe, la ouvrage plus important ». Aucune gran- bourg et de Berlin. Il fait des recherches drôle, il relativise les héroïsmes («Les seule à ce jour en fran- deur donc dans les Pensées de Lichten- poussées en électricité et en aérostatique ; nonnes n’ont pas seulement fait un strict çais, datant de 1840, due berg ? La réponse est donnée par l’un des soucieux de vulgarisation, défenseur de vœu de chasteté, elles ont aussi de forts bar- au chevalier Jaubert, mais aphorismes du recueil, en forme d’invoca- l’expérimentation − petite révolution dans reaux à leurs fenêtres »), dénonce les ar- modernisée pour cette tion : « Ciel, fais seulement que je n’écrive l’enseignement des sciences à l’époque −, rangements des hommes autant avec le édition par Anneliese Net. point de livre sur d’autres livres ! » Ne faut- il rédige un manuel de physique adopté ciel qu’avec eux-mêmes ; mais il est ca- A. My il pas y voir une définition de la littérature par toutes les universités, jusqu’à en faire pable d’intégrer les faiblesses des indivi- romanesque à laquelle Hesse faisait sans pâlir d’envie Goethe, qui aurait bien aimé dus dans l’échelle des valeurs et de décris- ૽ Le texte d’Idrîsî est éga- conteste allusion et à laquelle Lichtenberg que Lichtenberg y fasse une place à sa per d’un coup les passions par l’énoncé lement disponible sur cé- ne voulait pas s’associer ? Pourquoi alors théorie des couleurs. A partir de 1765, il d’une vérité toute nue. Limpide, il sait aus- dérom dans la collection critiquer un écrivain au-delà de ses pré- prend l’habitude de consigner tout ce qu’il si être poète : « L’automne raconte à la « Bibliothèque nationale tentions ? Et n’y aurait-il de salut que dans voit dans des carnets publiés seulement terre les feuilles qu’elle a prêtées à l’été. » de France-Sources ». la grandeur ? Surtout lorsque l’on consi- après sa mort, en 1799, sous le titre Sudel- P. D s

X - LE MONDE DES POCHES - VENDREDI 5 NOVEMBRE 1999 LeMonde Job: WOC1199--0011-0 WAS POC1199-11 Op.: XX Rev.: 03-11-99 T.: 14:46 S.: 75,00-Cmp.:04,08, Base : LMQPAG 34Fap: 100 No: 0084 Lcp: 700 CMYK

essais bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb b bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Géopolitique des langues L’apologie

Contre toute « planification linguistique », un essai de Louis-Jean Calvet du vin LA GUERRE DES LANGUES « planification linguistique » qui pourrait leur capacité à préserver le vaste éventail TRIOMPHE et les politiques linguistiques les condamner, qu’ils le veuillent ou non, de leurs fonctions, s’étirant toujours DE DIONYSOS de Louis-Jean Calvet à n’être que des « valets de l’Etat ». entre deux pôles, l’un dit « grégaire » Anthologie de l’ivresse Hachette « Pluriel », L’essai qu’il propose ici, riche de nom- pour exprimer la connivence dans un Textes rassemblés 294 p., 45 F (6,86 ¤) breuses études de cas, réalisées sur tous groupe restreint, l’autre dit « véhi- par Sébastien Lapaque (Première édition : Payot, 1987) les continents, se veut résolument poli- culaire » pour élargir la communication et Jérôme Leroy, tique, engagé dans une « surveillance dé- au plus grand nombre. Mais à côté de Actes Sud, « Babel », aut-il voir dans les mots autant mocratique » où les linguistes auraient à cette gestion in vivo du plurilinguisme, 510 p., 80 F (12,20 ¤) d’armes pour une guerre des jouer un rôle non négligeable. S’il y a où « l’expansion d’une langue est toujours (Inédit.) F langues qui ne serait que le ver- guerre des langues, note Calvet, elle date l’expression d’une autre expansion, mili- sant linguistique d’un conflit des origines. Dès que l’humanité a trans- taire, économique, religieuse, culturelle », Homère et Debord, beaucoup plus vaste, politique, écono- formé ses premiers cris et ses premiers Louis-Jean Calvet remarque, pour s’en Ronsard et Malcolm mique, social, culturel, moteur de l’his- gestes en signes, réalisant peu à peu inquiéter, la multiplication des interven- Lowry, Euripide et Blon- toire ? Depuis le milieu du siècle, l’hypo- d’innombrables protocoles, toute tenta- tions directes et volontaires des pouvoirs din, sainte Thérèse d’Avi- thèse bouleverse la linguistique et... tive de rapprochement, même locale, a politiques dans le domaine linguistique. la et Proust. Qu’est-ce qui divise les linguistes. Quand les uns, dû tenir compte des rapports de forces Sans doute cette gestion in vitro du plu- peut réunir, avec une cin- comme le Français André Martinet ou en présence, des capacités de pouvoir ou rilinguisme ne date-t-elle pas d’hier. La quantaine d’autres aussi l’Américain Noam Chomsky, s’en de négociation. Les « idéologues de la su- castillanisation de l’Amérique latine, dès inattendus, des auteurs tiennent résolument à l’analyse et à la périorité » ont bien vite transformé la Charles Quint, a témoigné d’une inter- aussi différents ? Rabelais description de la langue, de ses struc- différence linguistique en rapport de su- vention programmée sur les langues. répond : « la dive bou- tures, de ses règles, à leurs yeux seules bordination : le plurilinguisme n’a jamais Qu’elle ait été démocratique comme en teille », et Huysmans de dignes de science, d’autres considèrent été vécu que sur le mode de la péjora- Norvège, ou autoritaire comme en Tur- rappeler, à propos du vin, que la « parole », par laquelle une tion. Ainsi, les diglossies affectant au- quie, il est clair désormais, remarque que « Notre Seigneur n’a langue se manifeste, permet aussi de jourd’hui la plupart des sociétés de la Calvet, que « toute planification linguis- pas trouvé de plus auguste cerner « l’aspect social » de la communi- planète seraient-elles – comme autant de tique présuppose une politique ». Les ten- matière pour la transfor- cation. Pour ces tenants de la sociolin- traces laissées par l’Histoire sur les tations de monolinguisme qui se mani- mer en son sang. Il est donc guistique, les faits sociaux sont présents groupes humains – un excellent indica- festent aujourd’hui en Chine, en Inde ou juste, équitable et salutaire à tous les moments dans la vie des teur des multiples possibilités de rap- Guinée, apparaissent ainsi comme au- de l’aimer ! » Le vin, mais langues comme dans leur agonie ou ports sociaux au sein des Etats ou à leurs tant de « pulsions de pouvoir » pour « im- aussi l’alcool sous toutes dans leur mort par transformation, ex- frontières. poser sa langue à ses administrés » quitte ses formes sont ici célé- tinction ou remplacement. Louis-Jean Des banlieues parisiennes aux marchés à en finir, en quelques décennies, avec la brés par des romanciers Calvet n’est pas le moins déterminé de Canton, de Niamey, de Brazzaville, mémoire séculaire portée par les mots et poètes de tout pays, de d’entre eux. Convaincu que s’il y a comme sur les pentes de la Cordillière ou les signes. C’est bien en humaniste, toute époque. Un délec- guerre des langues il faut en chercher les des Andes où le quechua, rescapé de on l’aura compris, que Louis-Jean Calvet table recueil qui n’est pas racines dans la manière dont les sociétés l’empire inca, continue de narguer (mais tente, ici, de relever le défi de Babel : le fait pour les buvaillons humaines ont affronté le plurilinguisme, pour combien de temps ?) le castillan, plurilinguisme vécu comme une malédic- mais pour les lit-sans- il met en garde ses pairs contre toute Louis-Jean Calvet suit les langues sur tion, divine ou non. soif jamais repus de haute compromission imprudente dans une leurs « champs de bataille », il mesure André Meury littérature comme il en est des boit-sans-soif jamais bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb à court d’un chambertin ou d’un gros bleu qui tache, d’une vodka ou La fuite peu glorieuse de Schopenhauer d’un whisky. L’honnêteté et le res- pect de la loi nous im- posent de dire que tous Ou comment à Venise, le philosophe prit peur face à Lord Byron ces amateurs ne sont pas forcément adeptes du BYRON deux chevaux. Nous nous écartâmes et rons toujours rêver sur la rencontre d’Ar- « boire avec modération », de Giuseppe Tomasi Di Lampedusa. Lord Byron passa devant nous avec un ami. thur Schopenhauer et de Lord Byron, mais pour le bonheur Traduit de l’italien L’incroyable beauté de sa personne, le re- tous deux arrivés au cap de la trentaine, qu’ils nous donnent, puisé par Monique Baccelli. gard pénétrant et voluptueux qu’il lança tous deux persuadés que le grand objet dans la dive, il leur sera Ed. Allia, 78 p., 40 F (6,09 ¤). sur Alina, l’effet visible que ce regard eut de la vie est la sensation et que tout est beaucoup pardonné. sur ma jeune amie, me firent comprendre bon pour fuir le « vide important » qui Des vignes du Cantique aissons la parole à Schopenhauer. que la trahison était déjà potentiellement nous menace sans cesse et que nous des cantiques au bouge de Nous sommes en 1818 ; il vient sûre. Le lendemain matin, je jugeai plus trompons dans le jeu, l’amour ou la Londres où nous installe L d’achever la première version du prudent de chercher refuge à Padoue. » guerre. Georges Bataille, de la Monde comme volonté et comme Cette anecdote qui en dit long sur l’in- Sans la présence malencontreuse d’Ali- salle où Socrate ban- représentation et il sait qu’il ne fera jamais croyable séduction de Byron et sur la pu- na, une amitié serait peut-être née entre quette par la grâce de Pla- rien de « meilleur, ni de plus substantiel ». sillanimité de Schopenhauer, Guiseppe le philosophe le plus sombre que l’his- ton au bar où Mailer dé- Il a à peine trente ans. Il décide, en ad- Tomasi, prince de Lampedusa, aimait la toire ait produit et le poète le plus dou- guste un bourbon, voici mirateur de Goethe, son père substitutif, raconter à ses amis qui se réunissaient loureusement cynique du XIXe siècle. Le un florilège à déguster de descendre « dans le pays où fleurissent deux fois par semaine chez lui pour l’en- premier survivra jusqu’à soixante-douze sans modération. les orangers », l’Italie. Goethe l’encourage tendre parler de littérature anglaise. On ans, ressassant avec volupté son pessi- P.-R. L. et lui donne, en guise de viatique, une eût aimé se joindre à eux, car la liberté de misme sarcastique ; le second mourra à lettre de recommandation pour le héros ton, l’humour et l’extrême pertinence de Missolonghi trois mois après avoir fêté ૽ A signaler : Le Vin des romantique sur lequel toute l’Europe a ses jugements sont un régal pour les vrais son trente-sixième anniversaire. Il venait écrivains, trois volumes : les yeux fixés : Lord Byron. amateurs de littérature. Lampedusa va de débarquer dans l’île pour soutenir les Vins de France, Vins d’ail- Accompagné d’une jeune fille, Alina, droit à l’essentiel : la vie de Byron, où il Grecs dans leur lutte contre les Turcs. Un leurs, Alcools du monde. Tex- Schopenhauer croise Byron à Venise. En voit le génie du poète, et l’œuvre, où il lit destin sans doute plus enviable, car plus tes réunis et présentés par dépit de son ardent désir de lier connais- sa défaite. bref et plus fulgurant. Le prince de Lam- Jean-Noël Mouret. Mercure sance, il prend la fuite. Il expliquera plus Ce bref essai sur Byron restera gravé pedusa gardera, lui, pour la fin de sa vie de France, « Le Petit tard pourquoi : « Nous nous promenions dans nos mémoires comme un modèle son chef-d’œuvre Le Guépard, qui ne pa- Mercure », 126 p., 122 p. et sur la plage du Lido, Alina et moi, lorsque d’enchantement littéraire digne de l’au- raîtra qu’au lendemain de sa mort. 122 p., chaque volume 22 F nous entendîmes derrière nous le trot de teur qui l’a inspiré. Et nous, nous pour- Roland Jaccard (3,35 ¤)

VENDREDI 5 NOVEMBRE 1999 - LE MONDE DES POCHES - XI LeMonde Job: WIV4499--0001-0 WAS LIV4499-1 Op.: XX Rev.: 03-11-99 T.: 19:30 S.: 111,06-Cmp.:04,08, Base : LMQPAG 34Fap: 100 No: 0063 Lcp: 700 CMYK

VENDREDI 5 NOVEMBRE 1999

VIVRE EN PHILOSOPHE ACADÉMIE FRANÇAISE La chronique Discours de René Rémond de Roger-Pol Droit et d’Hélène Carrère d’Encausse page V pages VIII et IX PROUST DESSINE page III JEAN DUTOURD ET CLAUDE DUNETON GÜNTER GRASS LUC BOLTANSKI Le Feuilleton de Pierre Lepape page II page IV page VI

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Histoire Le nom et le destin de Louis Althusser n’ont pas fini de hanter ce dernier quart de de la folie siècle. Eric Marty analyse les données d’une question en forme de vertige

pourrait ressembler à un film en ac- un rapport rigoureux institué entre la céléré. En l’espace de quelques an- folie de l’histoire et le risque d’une nées, tous les plans se sont mêlés, le folie de l’intellectuel » (in La Chair plus intime rejoignant et s’accor- des mots, Galilée, 1998). Pour Marty, dant au planétaire. Beaucoup, trau- « la folie d’Althusser ne semble rece- matisés, ont vu leurs certitudes vo- ler aucune dialectique historique pos- ler en éclats. Le collectif s’est défait sible : folie sèche, folie pauvre, folie U n court-circuit. La nuit autour d’un trou noir. C’est comme égoïste, emmurée (...), elle peut même qui tombe sur toute lumière que la si des instruments de calcul et être lue comme la clôture symbolique raison, ou ce qui en avait les appa- d’analyse du monde que l’on pen- ou comme le crépuscule de [la] rences, s’attachait à établir. La folie sait fiables s’étaient soudain révélés, modernité ». comme mise en abyme de la pen- à la lumière de cette accélération, Le film pourrait s’arrêter là. Mais sée. Ou l’inverse. Une pensée qui, sans efficacité ni valeur. Comme si non. A la fin de l’hiver 1985, Althus- cependant, ne perd, au sein même de la « transformation du monde » ser, ce « sujet sans procès », rédige des ténèbres qui l’affectent, ni son à l’égarement il n’y avait qu’un pas. en quelques semaines – « d’abord pouvoir ni ses moyens. C’est au titre Celui qui venait d’être franchi. pour mes amis, et pour moi s’il se de ces figures, plus qu’à celui de la Nous sommes dans les années peut » – un texte autobiographique philosophie – même si on peut le 60-70 à Paris, à l’ombre du Pan- proprement sidérant, dont il ex- déplorer –, que le nom de Louis Al- théon, dans le petit carré de l’Ecole plique le projet : « ... Si je n’avais pas thusser hante sourdement la vie in- normale supérieure. Un homme est eu ce bénéfice [le non-lieu], j’aurais tellectuelle française de ce dernier là, un professeur remarquable, gé- dû comparaître. Et si j’avais dû quart du siècle. Hantise presque néreux et respecté, un philosophe comparaître, j’aurais eu à répondre. muette qui ressemble à une fascina- de réputation internationale, la Ce livre est cette réponse à laquelle tion, ou plutôt à une sidération. Il grande figure intellectuelle d’un autrement j’aurais été astreint. » Il ne faut d’ailleurs pas juger trop vite Parti communiste alors puissant. Al- est encore plusieurs fois interné. Il FONDS LOUIS ALTHUSSER/ARCHIVES IMEC ALTHUSSER/ARCHIVES LOUIS FONDS © NIELSEN JYTTE ou trop sévèrement ce silence : il est thusser est, depuis la publication de meurt le 22 octobre 1990, quelques Pour Marx et du collectif Lire jours après son soixante-douzième té », souligne Marty. L’affirmation Lacan est plus complexe), condense sans exemple fût-il. Il a pressenti Patrick Kéchichian « Le Capital », en 1965, le re- anniversaire. Un an plus tôt, le mur centrale de L’Avenir dure longtemps les données antérieures de l’exis- qu’il fallait aller plus loin, qu’il était présentant d’une ligne de fi- de Berlin était tombé. est celle-ci : « Les hallucinations sont tence et du travail d’Althusser. A temps d’ouvrir le procès qui n’avait à la mesure d’une tragédie qui, au délité au dogme marxiste-léniniste, Mais cette autobiographie, L’Ave- aussi des faits. » C’est, pour Eric partir de ce point focal, de ce pas eu lieu, sous une instance à travers des terribles singularités le penseur intransigeant de l’antihu- nir dure longtemps, édité en 1992 par Marty, un « énoncé philosophique « présent immobile », Eric Marty va présent libre des passions parti- d’une existence, met en crise ce qui manisme théorique et des appareils Olivier Corpet et Yann Moulier- au sens (...) où il promeut une philo- repérer les équivalences entre la fo- sanes. Même sévère et sans conces- avait le poids d’une certitude collec- idéologiques d’Etat. Ses séminaires Boutang (Stock-IMEC), en même sophie matérialiste (au sens althussé- lie et le concept : celui, bien étrange, sion, c’est une forme d’hommage tive, d’une conviction partagée, de la rue d’Ulm, moins publics que temps que le premier volume d’une rien) de la folie ». Le philosophe, de « matérialisme aléatoire », par rendu à la vérité et à celui qui devint d’une croyance. ceux de Lacan ou que le cours de biographie d’Althusser par ce der- sous le masque du dément, s’arroge exemple. A propos notamment de impuissant à la servir : le philo- C’est de ce silence, de cette an- Foucault au Collège de France, sont nier (Grasset), n’est que le chapitre ainsi une vertigineuse latitude. « Ce l’antihumanisme d’Althusser – qu’il sophe Louis Althusser. goisse diffuse à l’échelle d’une gé- l’un des lieux stratégiques de l’intel- initial d’une masse d’écrits pos- qui frappe, de manière générale, c’est rapproche, au sein de la nébuleuse nération, que le livre d’Eric Marty ligence philosophico-politique. La thumes de toute époque qui conti- comment Althusser, tout en étant vic- structuraliste, de Foucault et de Lé- LOUIS ALTHUSSER, tente de nous extraire. Pour cela, théorie y est une pratique. Dans le nuent à voir le jour (toujours Stock- time de la folie, en est en même temps vi-Strauss –, avec Sartre en ligne de UN SUJET SANS PROCÈS l’ouvrage ne propose pas une même temps, les proches, élèves et IMEC, six volumes parus). Leur le maître. » Ce mouvement de re- mire, les analyses d’Eric Marty sont Anatomie d’un passé fresque des années 70, un « Althus- amis d’Althusser, connaissent sa nombre dépasse largement celui tour sur soi dont l’un des buts est de tout à fait éclairantes. très récent ser et son temps », mais l’histoire, fragilité mentale, les nombreux sé- des ouvrages publiés du vivant du prendre la psychanalyse à revers et Mais Eric Marty, répétons-le, ne d’Eric Marty. comme l’écrit Marty, de leur jours en clinique psychiatrique ou philosophe. « De sorte qu’au- de damer le pion des analystes, Re- s’arrête pas à l’étude d’un cas indivi- Gallimard, « L’Infini », 240 p., « entre-dévoration ». A n’en pas chez les psychanalystes, les cures de jourd’hui Althusser est l’un des plus né Diatkine en tête (la relation avec duel, aussi étonnant, énorme et 130 F (19,82 ¤). douter, cet essai suscitera des ques- sommeil et d’électrochocs, les oscil- prolifiques écrivains posthumes de tions, sans doute des révoltes et des lations entre phases maniaques et notre temps », écrit Marty. contestations. Mais il sera difficile dépressives. Ainsi, à l’événement du meurtre, de ne pas saluer l’effort de l’auteur Le matin du dimanche 16 no- s’ajoute un très singulier geste auto- pour réfléchir librement à ce qui est vembre 1980, Louis Althusser sort biographique. Un geste que l’on bien plus large et profond que le en grand désordre de l’appartement pourrait croire rassurant : revenu à « simple » « cas Althusser ». Loin de fonction qu’il occupe à l’école la raison, le fou va donc se raconter des outrecuidances interprétatives, avec sa femme, Hélène Rytmann. Il et s’expliquer... C’est le contraire qui qui ne sont que des balbutiements, vient d’étrangler celle-ci. Interné à a lieu, car « seul ici le fou parle et dit loin des censures désolées, le travail Sainte-Anne, il bénéficie – verbe qui la vérité quoi qu’il dise ». Un jeu de d’Eric Marty prend en compte tous résonne avec une funeste ironie – masques et de leurres se déploie, les visages du philosophe marxiste. d’un non-lieu en février de l’année avec le recours constant au « carna- De ces visages que l’on peut être suivante. On entendra à ce propos valesque ». L’imposture est revendi- tenté de séparer, il montre les traits quelques lamentables com- quée ; elle « n’est pas autre chose communs et postule l’unité. Cette mentaires journalistiques. Le reten- que la pensée mise à nu, la vérité de physionomie reconstituée n’est pas tissement de l’événement est consi- la pensée, son essence, en tant qu’elle rassurante à contempler. Crispée dérable. Confusément, on devine est impossible », écrit l’essayiste. par sa propre angoisse, elle fait que ce drame privé possède, ou re- Une ironie crépusculaire et solip- peur, suscite le recul plus encore couvre, une autre dimension, et siste – Marty insiste sur le caractère que la compassion. Mais, en même qu’on ne l’aperçoit pas encore. « opaque et intransitif » du propos temps, l’énigme est trop forte, d’où Dans un grave et beau texte paru et sur la « posture hermétique » de naît le désir légitime de comprendre en 1993, « Althusser, Don Quichotte celui qui le tient – emporte l’ironiste – comprendre du moins ce qui peut et la scène du texte », Jacques Ran- et, avec lui, son auditeur. Maître de l’être. Certes, avec ce livre, tout cière – qui fut l’un des proches du la partie dont il a établi les règles, n’aura pas été dit, mais rien de ce philosophe –, dans une perspective Althusser dynamite toute idée de qui est connaissable et lisible n’aura opposée à celle d’Eric Marty, expli- « pacte autobiographique ». « Car été, par prudence ou révérence, quait : « Il y a au cœur de l’éclair al- (...) cette autobiographie est moins la laissé à l’écart. thussérien quelque chose dont il est restitution du passé que son halluci- L’histoire de ce que Marty difficile de parler, mais qui est pour- nation à partir du présent – un nomme un « passé très récent » tant central : une pensée de la folie, présent monstrueux, immobile, arrê- LeMonde Job: WIV4499--0002-0 WAS LIV4499-2 Op.: XX Rev.: 03-11-99 T.: 18:03 S.: 111,06-Cmp.:04,08, Base : LMQPAG 34Fap: 100 No: 0064 Lcp: 700 CMYK

II / LE MONDE / VENDREDI 5 NOVEMBRE 1999 le feuilleton

de Pierre Lepape b

mière s’ajoute la nostalgie du « peuple », qui se serait A LA RECHERCHE DU FRANÇAIS PERDU lui aussi évaporé, on ne sait trop comment, avec les de Jean Dutourd. langues régionales et l’argot parisien, peut-être. Le Plon, 234 p., 120 F (18,29 ¤). peuple, comme chacun sait, parlait une langue vigou- reuse, drue, expressive, pittoresque. Laquelle n’était LA MORT DU FRANÇAIS pas le français, cette langue gourmée, raffinée et de Claude Duneton. Déploration froide inventée par une petite caste de privilégiés et de Plon, 152 p., 89 F (13,57 ¤). clercs pour se différencier des ploucs qu’ils domi- naient. omme en 14-18, revoici l’Union sacrée. Les nuques rasées avec les chevelus, les petits- l s’ensuit, dans l’histoire de France racontée par bourgeois avec les prolétaires des rues et et mélancolie Duneton, que le français a une santé fragile. A la des champs, les costumes-cravate avec les différence des autres langues européennes qui bourgerons,C Radio Courtoisie avec Radio Libertaire. seraient, les veinardes, des langues de pleine C’est que l’heure est grave : le français se meurt, le Iterre, cultivées grâce aux soins robustes des peuples français est mort. Quelques braves résistent encore à qui les pratiquent, le français est une chétive plante en la poussée ennemie et se dressent au milieu de la dé- pot, un arbuste d’ornement maigrelet que des jardi- bâcle, mais c’est pour obéir à une tradition toute na- çaise, se moquant comme il sied du ridicule de cer- Alors que Jean Dutourd annonce niers de cour aux gants blancs tiendraient à distance tionale de l’honneur ; ils savent que les carottes sont taines modes langagières, s’attristant comme vous et respectueuse de la plèbe parlante. Impitoyables et pi- cuites, les envahisseurs ont d’ores et déjà gagné : «Ja- moi de voir le visage de la langue enlaidi par de vi- la mort prochaine de la langue toyables jardiniers, à dire vrai, toujours sur le qui-vive dis quand on parlait français », soupire Jean Dutourd ; laines poussées d’acné anglo-saxonnes, le brave aca- afin de préserver la malheureuse anémique du et Claude Duneton reprend en écho : « Le processus démicien transforme ses petits moulinets d’épée en française, victime du cosmopolitisme moindre courant d’air, tranchant les rejetons vul- nécrologique a déjà commencé. » Les croque-morts ne bataille homérique contre les hordes coalisées de gaires, interdisant les pousses populaires, censurant le disputent que sur l’heure de l’issue fatale. l’Etranger. Un mot de travers, ce n’est pas un cuir, c’est à accent anglo-saxon, Claude Duneton vif, l’imagé, le vigoureux. Nos deux Cassandre – qui ont choisi le même édi- un crime ; et ceux qui refusent de prendre ça au tra- Alors, explique Duneton, lorsque vient la bise, teur, celui du général de Gaulle bien sûr, pour lancer gique : des déserteurs. La posture n’est pas nouvelle. la rend effective par la disparition lorsque le souffle du monde extérieur secoue la langue leur fusée de détresse – devraient également tomber pâlotte, il n’y a plus personne pour la défendre. Le d’accord pour désigner à la vindicte les responsables u début de cette année, un excellent lin- même des parlers régionaux peuple français n’oppose aucune résistance à la dispa- du désastre : les intellectuels, parisiens comme il se guiste de l’université de Strasbourg, Charles rition d’une langue qui n’a jamais été la sienne que de doit ; des sophistes, des snobs entichés de moder- Muller, a publié un petit livre amusant et péremptoires de ses chroniques de « bon » langage ne loin, d’en haut, par coercition. Tant qu’à parler la nisme, les indécrottables têtes pensantes des salons et instructif intitulé Monsieur Duquesne et l’or- résistent pas à une simple vérification dans le Littré. langue des autres, celle des dominants, autant se faire des administrations, « des gens pleins d’assurance mais thographeA (1). Comme l’indique son titre, cet ouvrage Un exemple entre dix : « Il n’existe pas, dans la langue un sabir avec de l’anglais : c’est plus facile, ça n’a pas vides de vrai savoir » (Duneton) qui ont imposé au bon traite surtout de la sempiternelle querelle de la gra- française, écrit Dutourd, de verbes “indifférer” ou “in- beaucoup de forme, c’est bien suffisant pour commu- peuple leur langue boursouflée, incolore et barbare. phie de la langue. Mais Charles Muller n’a pas résisté supporter”, lesquels, du reste, seraient des monstruosités niquer le peu qu’on à se dire et le peu qui reste à pen- Mais « le peuple n’a plus la parole » (Dutourd). La au malin plaisir d’y insérer un « caractère » dans l’es- linguistiques et logiques. » Monstruosités que le Littré ser. « France réelle », comme on disait chez les mauras- prit de La Bruyère. Il s’agit d’un dénommé « Plorax », relève néanmoins chez nombre de bons auteurs, chez Duneton a de la verve et de l’imagination. Il essaie siens, a été muselée et chassée de sa langue « vraie ». « donneur de leçons à qui veut l’entendre... car il entend les Goncourt dès 1864 et chez Henry Bataille, qui n’hé- aussi de réfléchir et d’argumenter. Mais ses goûts et Largement étalé en couches épaisses, ce sombre régenter notre langue. (...) Notre françois, souvent ravi- sitait pas à faire dire à l’un de ses personnages : « Cette ses dégoûts, bref, ses passions ont vite fait de trans- vernis nostalgique donne aux deux tableaux une ap- vé, rajeuni, rajusté, sert depuis des siècles à des foules de roulure m’insupporte. » Même chose pour « indiffé- former l’histoire en images d’Epinal. La Mort du fran- parence commune. Mais les ressemblances s’arrêtent gens simples pour exprimer ce qu’ils pensent et ce qu’ils rer ». Mais on sent que ces broutilles n’excitent guère çais est un roman. Le romancier a tous les droits et là. Comme dans une comédie de Molière, nos deux sentent. (...) A toutes les époques, de cette matière le chroniqueur. Elles sont des prétextes. Son combat, Duneton ne s’en prive pas. Il relit l’histoire de la médicastres s’empoignent dès qu’il est question de dé- confuse et bouillonnante, de la masse mouvante du par- son obsession sont ailleurs : dénoncer derrière la fai- langue française du Moyen Age à nos jours avec la li- terminer la maladie et de proposer des remèdes. A ler des rues et des champs, de bons esprits ont su tirer blesse la plus vénielle la griffe du cosmopolitisme à berté d’un Dumas père réinventant Richelieu pour ses quoi bon d’ailleurs ces débats d’école si le patient est des œuvres d’art, ont forgé des objets précieux, qui ont accent anglo-saxon. Trois Mousquetaires. Avec ses héros oubliés, Gaston condamné ? fait le tour du monde et qui bravent le temps. Or, cette Ce n’est pas le cauchemar de Duneton. Pour lui, le Couté, Henri Bauche, Toudis Simons ; sa figure su- Distillée en petits billets à l’ancienne, la consulta- vaillante et joyeuse langue n’obtient du funèbre Plorax pire est déjà arrivé, il y a longtemps : lorsque la langue blime, Louis-Ferdinand Céline, dont on apprend qu’il tion du bon docteur Dutourd a le mérite de la simpli- qu’un regard soupçonneux, sourcilleux, méprisant. Il française « centrale », « officielle » a éliminé par la n’a pas forgé sa langue étrange, mais qu’il l’a ramassée cité. On y sent un réel effort pour ne pas fatiguer le l’aborde avec des délicatesses d’équarrisseur, des ama- force et l’interdit les langues et les parlers locaux. On dans les faubourgs. Avec son traître de mélodrame lecteur avec des arguments. C’est la guerre, laquelle, bilités de pion, avec des dédains de pédant, des mé- est aux antipodes de Dutourd, pour qui la querelle des aussi, ce pauvre Honoré d’Urfé, que personne ne lit on le sait, est ennemie des nuances et souvent des fiances de censeur, une arrogance d’inquisiteur, une langues régionales est une nouvelle invention de l’en- plus depuis deux bons siècles mais dont les préciosités idées ; la guerre contre la patrie française à qui l’on morgue de geôlier. Ce qu’il croit ou croit voir, c’est la nemi mondialiste pour affaiblir la nation française. seraient responsables de notre malheur linguistique prépare « un avenir cosmopolite que l’étranger, aidé de pauvre image d’un corps débile, d’un organisme déla- Pour Duneton, la disparition de l’occitan, de l’artésien présent. nos inlassables traîtres, veut lui imposer ». Il y a donc un bré, d’un esprit embrumé dont il détaille avec un appétit ou du cauchois préfigure et explique la disparition an- On s’amuse. On apprend que si les bébés bretons complot mondial contre la France, relayé à l’intérieur morbide les disgrâces, et qui ne mérite plus que des soins noncée de la langue française. sucent leur pouce plus longtemps que les babies bri- par les sombres desseins des uns et la mollesse inca- palliatifs. » Duneton a beaucoup travaillé et avec passion sur tanniques, c’est parce qu’ils n’entendent pas leur ma- pable des autres, et qui vise, à travers la langue, à tou- Charles Muller, il est vrai, est linguiste. Ce qui suffi- les « patois » et les dialectes de l’Hexagone. Il en a ex- man parler le celte. Et Duneton manie souvent avec cher la France au cœur. rait à le disqualifier aux yeux de Jean Dutourd. Lequel trait des trésors archéologiques. Il a aussi constaté la bonheur et vitalité cette langue française des écoles A partir de ce postulat, la chronique de langage, as- sort son revolver dès qu’on lui oppose un savant : «La mort, en quelques dizaines d’années, de cet occitan dont il écrit tant de mal. sez badine, que rédige Jean Dutourd peut prendre des première des deux guerres réelles de notre temps est celle qu’on parlait dans son village limousin. Une langue et allures de communiqué. S’agaçant comme tout un opposant la science, la technique, l’industrie à la philo- une façon de vivre dont il continue à déplorer la perte, (1) Edité par le Conseil international de la langue française, chacun des multiples accrocs que subit la langue fran- sophie et aux lettres. » De fait, bien des affirmations comme celle de son enfance. A cette nostalgie pre- 11, rue de Navarin, 75009 Paris. 200 p., 90 F (13,72 ¤).

bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Combien de langues et de linguistiques ? Amoureuse, criminelle Entre les quelque cinq mille langues parlées dans le monde s’établissent des relations d’une grande complexité. Louis-Jean Calvet tente de les cerner hors du champ linguistique traditionnel et sainte u’a donc Véronique toutes les forces de sa belle âme, ombien de langues Conakry ou à Yaoundé (et à peu rience faible du plurilinguisme. A écologiques sont spectaculaires, pour séduire autant ? Véronique va donner toute la me- parle-t-on, aujour- près n’importe où en Afrique), ils l’inverse, les étudiants africains et souvent dramatiques : en deux C’est une amoureuse, sure de son génie féminin. Balzac d’hui, dans le sont plus généreux : le nombre sont à tout instant témoins et ac- siècles, plus de deux cents c’est une criminelle et change le monde par ses livres, en monde ? En France, de mille langues, souvent cité, teurs de la pluralité des langues langues autochtones ont Q c’est une sainte. Elle le révélant tel qu’il est ; Véronique lesC étudiants à qui l’on pose la est parfois dépassé. La différence dans leur pays. Tous bilingues disparu... est née bourgeoise, à Limoges, en va changer le monde qui l’entoure, question répondent : de cent à s’explique facilement : les Fran- (au moins), ils tirent de cette ex- Dans un apparent désordre, 1802. Riche, mais « marquée » : fille sa campagne ingrate et infertile de cinq cents, rarement plus. A çais ont, chez eux, une expé- périence quotidienne une intui- Calvet étudie, de façon à la fois d’un ferrailleur, Sauviat, qui doit sa Montégnac, en lui faisant le don de tion moins inexacte du nombre érudite et pittoresque, un grand fortune à la Révolution et à la l’élément féminin par excellence, total des langues du monde. nombre de problèmes de ce type. vente des biens du clergé. Marquée l’eau. Il n’y a pas de solution de Très rares toutefois sont ceux Certains touchent à l’actualité dans sa classe et marquée dans sa continuité entre les larmes que Vé- qui donnent le nombre approxi- linguistique et politique la plus peau : la belle et pâle jeune fille est ronique verse en abondance pour mativement exact : de l’ordre de brûlante. Ainsi pour le serbo- atteinte par la petite vérole. Elle le repentir de son âme et les tra- cinq mille. Pour à peu près deux croate. Langue unique pour les devient laide et brune. Sauf quand vaux d’irrigation auxquels elle se cents Etats. En moyenne, vingt- linguistes, il se diversifie en la passion violente dépense pour la répa- cinq langues par Etat. On voit à deux, voire trois langues selon l’agite, sensuelle ou re- ration de son crime ter- quel point le plurilinguisme est les critères subjectifs de leurs lo- ligieuse : alors « il sem- restre. Sans cesser pour la règle, et le monolinguisme cuteurs en Serbie, Croatie et blait qu’une lumière in- autant, à son corps dé- l’exception. Bosnie. térieure effaçât par ses fendant, de sentir les C’est à partir de ces constata- Reste une question. Les pro- rayons les marques de la effets de l’élément tions que se construit la réflexion blèmes traités par Calvet re- petite vérole. » Véro- contraire : le feu amou- de Louis-Jean Calvet. Entre ces lèvent-ils de la linguistique ? Je nique fait partie de ces reux. C’est une femme cinq mille langues s’établissent vois d’ici certains linguistes êtres d’exception ca- Figures complète, atteignant le en effet des relations d’une ex- « purs et durs » faire la fine pables, dans le men- de la Comédie ciel en transformant la trême complexité. Elles consti- bouche. Ce n’est pas mon cas. Et songe généralisé de la terre, joignant le plus tuent l’objet de l’« écologie des cependant je suis parfois pris comédie humaine, de b pur mysticisme au gé- langues », selon la métaphore à d’un début d’inquiétude. Calvet montrer leur vrai vi- GRASLIN, nie libérateur de la la fois excitante et probléma- n’a-t-il pas tendance à consi- sage, celui de leur être VÉRONIQUE science. Le socialisme tique que Calvet emprunte à Ei- dérer son « écologie » comme la intérieur. de Balzac, c’est Dieu nar Haugen. seule linguistique ? Elle commence pour- plus l’irrigation. Un exemple : le problème liti- On trouve des indices de cette tant par faire comme née Sauviat, « Dans un certain en- gieux de l’« égalité » des langues. tentation dans les jugements, as- tout le monde, elle dis- à Limoges, droit, Véronique aperçut Les linguistes tiennent que sez sommaires et désinvoltes, simule, par obéissance en mai 1802, dans les roides pentes toutes les langues sont égales formulés sur « les structura- aux règles sociales. Ma- morte en 1844 des torrents je ne sais dans leurs fonctions de cognition lismes européen et américain ». riée jeune à un vieux quoi de sévère. Elle se et de communication : on peut se D’autres dans sa définition de la banquier, Graslin, qui Elle n’apparaît surprit à désirer en- donner le moyen de concevoir et langue : c’est « un ensemble de n’aime que sa dot, elle que dans tendre l’eau bruissant de communiquer n’importe quoi pratiques, dans un contexte social a un enfant d’un Le Curé de village dans ces ravines ar-

dans n’importe quelle langue. et historique donné ». Oui, bien ouvrier, Tascheron, DE BALZAC, PARIS 1842/MAISON J.-L. BISSON dentes. “Toujours ai- Mais, du point de vue de la sûr. Mais à ne dire que cela, n’oc- qu’elle aime en secret mer !” Honteuse de ce « valeur d’usage », l’inégalité culte-t-on pas le fait que la et éperdument, comme une mot qui lui fut jeté comme par une règne. On ne peut pas mettre sur langue est aussi un système ? Et amante et comme une mère ainsi voix, elle poussa son cheval avec té- le même plan l’anglais (au- que la description de ce système qu’il sied à la femme balzacienne. mérité vers le premier pic de la Cor- jourd’hui unique langue « hyper- est aussi de la linguistique ? Ou, Elle redevient belle, « le visage cé- rèze. (...) Elle alla s’asseoir sur un centrale »), la petite dizaine de si on veut, une linguistique ? leste, digne de Raphaël ». Pour quartier de roche en laissant errer langues « supercentrales » (par Michel Arrivé financer leur fuite en Amérique, ses regards sur cet espace où la na- exemple le français, le portugais, Tascheron se fait voleur. Il tue par ture se montrait marâtre, et ressentit l’arabe et le chinois), et ces par- POUR UNE ÉCOLOGIE accident ; il est condamné à mort et dans son cœur les mouvements ma- lers au plus haut point « périphé- DES LANGUES DU MONDE exécuté. Débarrassée entre-temps ternels qu’elle avait jadis éprouvés riques » que sont, entre des mil- de Louis-Jean Calvet. de Graslin, Véronique confie sa en regardant son enfant. “Je compris liers d’autres, les langues Plon, 304 p., 159 F (24,23 ¤). passion et son crime à l’abbé alors, dit-elle au curé, que nos âmes aborigènes d’Australie. Que se Bonnet. devaient être labourées aussi bien passe-t-il quand les hasards de ૽ Lire également en page XI du Commence alors sa transfigura- que la terre.” » l’histoire mettent en contact « Monde des poches » l’article d’An- tion. Aussi magnifique et intrépide Elle est enterrée auprès du corps l’anglais et les langues austra- dré Meury sur La Guerre des langues, dans le repentir qu’elle l’était dans de son amant. liennes ? Les conséquences de Louis-Jean Calvet. la passion amoureuse, y jetant Pierre Lepape LeMonde Job: WIV4499--0003-0 WAS LIV4499-3 Op.: XX Rev.: 03-11-99 T.: 19:24 S.: 111,06-Cmp.:04,08, Base : LMQPAG 34Fap: 100 No: 0065 Lcp: 700 CMYK

littératures LE MONDE / VENDREDI 5 NOVEMBRE 1999 / III b livraisons

b PROFESSEUR DE BEAUTÉ, de Robert de Montesquiou et Mar- cel Proust Proust prit comme modèle Robert Proust dessinateur... de Montesquiou pour peindre Char- lus. Ecrivain, l’auteur des Hortensias roust n’est pas doué ils sont vécus. Ils pensent dire, ils ment sous ce nom. C’est une enfermé chez lui, essoufflé et bleus fut surtout un grand dandy fin pour le dessin ni la pein- sont dits. Ce corps frais, insolent, Pour la première fois, expérience en profondeur, anti- vivant la nuit, ne sortant que pour de siècle. Jean-David Jumeau- ture. Il en souffre. Il n’est sportif, désirant, va vieillir et sociale, dont tout veut nous quelques séances perverses, écri- Lafond présente un choix de textes pas doué non plus pour pourrir sur place. Ce duc si sûr de les dessins que l’auteur détourner, à commencer par vant sans cesse, et gribouillant, de de Montesquiou et de Proust ainsi laP musique. C’est un de ses tour- lui, si fier, se résume soudain dans nous-mêmes. Qu’est la littérature temps en temps, des petits dessins que des lettres que les deux écrivains ments. Il se verrait bien en une caricature de vieux lion riche de la « Recherche » à côté d’un enfant qui meurt de dans la marge. N’est-il pas rin- s’échangèrent. Les très beaux petits sculpteur et en architecte, mais les mais en cage : « Il se leva poliment faim ? Rien, et cela nous sera gard, tocard, has been, toqué, volumes de cette maison sont tout grandes cathédrales sont déjà de son siège et je sentis la masse griffonnait en marge répété tous les jours. Face aux décalé ? On le lui fait sentir, il simplement des modèles d’édition construites, le passé est le passé, inerte de trente millions que la immenses souffrances d’une pla- n’écoute rien, il s’obstine. Ce (La Bibliothèque, 9, rue du Docteur- impossible de faire mieux, il fau- vieille éducation française faisait de ses manuscrits nète en folie ? Rien encore. Face David à plume d’encre croit qu’il Heulin, 150 p., 85 F [13 ¤]) drait trouver autre chose. (...) mouvoir, soulevait, et qui se tenait aux grands problèmes financiers possède une fronde capable de bLES ANNÉES PERDUES DE LA La grande question de la littéra- debout devant moi. » et de ses lettres et diplomatiques de l’heure tuer Goliath. Pauvre type, il va se RECHERCHE 1922-1931, correspon- ture, on s’en apercevra de plus en L’œil est là, brillant, plein de vie, (comme dirait M. de Norpois) ? faire écraser, c’est fini tout ça, on dance entre Robert Proust et La plus au fur et à mesure qu’elle de vice, de malice, mais c’est déjà ont été rassemblés. Rien, rien, trois fois rien. Ou ferme. » Nouvelle Revue française aura tendance à disparaître, n’est « l’heure du déclin des regards, où encore : qu’est-ce que la littéra- Philippe Sollers Cette correspondance retrace l’his- pas de savoir « de quoi ça parle » le visage, passé tout entier au-des- Nous publions ture comparée au cinéma, à la toire de l’édition des posthumes, ni « ce que ça raconte » mais : qui sous de l’horizon, ne reçoit plus de télévision, à Internet, à la presse ? ૽ Extrait de L’Œil de Proust, les des- dont s’occupa activement Robert raconte qui ? Autrement dit : qui lumière ». Chacun est connu mais un extrait du texte Moins que rien, un rêve narcis- sins de Marcel Proust, texte de Proust, frère de l’écrivain. Edition détient la maîtrise du récit ? Qui est devenu méconnaissable : sique, une buée, une illusion Philippe Sollers, notices rédigées présentée, établie et annotée par n’est pas raconté par un autre ? Il « Sa nature [Morel] était comme de Philippe Sollers archaïque, à moins de ressembler par Alain Nave, Stock, 160 p., 160 F Nathalie Mauriac Dyer, avec la colla- ne s’agit pas seulement de puis- un papier sur lequel on a fait tant à un script en vue de l’image (et (24,39 ¤) (en librairie le 10 no- boration d’Alain Rivière et Pierre- sance d’information, sans quoi le de plis dans tous les sens qu’il est qui les accompagne encore). Regardez ce maniaque vembre). Edmond Robert (Gallimard, en journalisme ou la biographie impossible de s’y retrouver. » librairie le 18 novembre, 160 p.) fouillée suffirait à régler le pro- Ou encore ce Charlus inattendu bPROUST ET LES AUTRES, blème (et c’est d’ailleurs ce que (mais quel dessin !) : de Christian Péchenard nous pensons aujourd’hui : les « Le baron était non seulement Proust à Cabourg. Proust et son père. « révélations » se succèdent, les chrétien, mais pieux à la façon du Proust et Céleste. Christian Péchenard œuvres s’éclipsent, le « vécu » Moyen Age. Pour lui, comme pour fit paraître ces trois volumes entre direct envahit les publications les sculpteurs du XIIIe siècle, l’Eglise 1992 et 1996. Ce sont des évocations comme une grande marée grise de chrétienne était, au sens vivant du et des enquêtes de l’univers prous- souffrance ou de dépression). Il ne mot, peuplée d’une foule d’êtres tien à partir des trois points de vue s’agit pas non plus d’un conflit ni crus parfaitement réels : prophètes, indiqués dans les titres. (La Table d’une compétition d’interpréta- apôtres, anges, saints personnages Ronde, « La Petite Vermillon », tions (dites-moi quelle est votre de toutes sortes entourant le Verbe 630 p. ; 65 F [9,9 ¤]) origine ou votre position sociale, incarné, sa mère et son époux, le b PROUST. LA CATHÉDRALE DU allongez-vous chez nos psys). Père éternel, tous les martyrs et doc- TEMPS, de Jean-Yves Tadié Non : le qui-raconte-qui de la litté- teurs, tels que leur peuple, en plein Il y a, des portraits de l’écrivain aux rature est bien plus ambitieux, ris- relief, se presse au porche ou rem- différents âges de la vie à ceux de ses qué et terrible, c’est bel et bien plit le vaisseau des cathédrales. contemporains, toute une iconogra- une lutte intense de pouvoir (et Entre eux tous, M. de Charlus avait phie proustienne, maintes fois non pas telle ou telle conception choisi comme patrons intercesseurs reproduite avec quelques variantes du « roman »). Il s’attaque à une les archanges Michel, Gabriel et et (rares) nouveautés. Jean-Yves époque dans toutes ses dimen- Raphaël, avec lesquels il avait de Tadié la présente à nouveau ici sions, et au temps lui-même dont fréquents entretiens pour qu’ils (« Découvertes » Gallimard, 128 p., cette époque est un angle. Ce n’est communiquassent ses prières au 73 F [11,12 ¤]) pas par hasard si Proust multiplie Père éternel, devant le trône de qui Et aussi, quelques albums : Passion les références à des dates très éloi- ils se tiennent. » Proust. L’Album d’une vie, de gnées de celle où il écrit (l’aristo- Qui raconte qui ? Celui qui, Jérôme Picon, qui présente une cratie et son effondrement le « comme un plongeur qui iconographie élargie de Proust (Tex- servent dans ce cadrage), s’il sonde », est capable de déchiffrer tuel, 216 p., 295 F [44,97 ¤]) ; Marcel enchaîne par rapport aux grandes des signes « en relief », a une Proust. La Figure des pays, pho- synthèses récentes (Balzac), s’il chance, dans la solitude et le tographies de François-Xavier n’écrit pas non plus des silence, de s’emparer du vrai récit. Bouchart, présentées par Nadine « Mémoires » mais invente une La plupart des humains, en effet, Beauthéac-Bouchart et Elyane machine à tisser des temps diffé- « croient que la littérature est un Dezon-Jones. Beaux clichés d’un rents en pleine actualité. Or ce jeu de l’esprit destiné à être éli- photographe mort en 1993 sur les temps est le sien, pas celui du miné de plus en plus dans l’ave- lieux réels de l’imaginaire proustien chroniqueur ou de l’historien. nir ». Ils ne se doutent pas qu’elle (Flammarion, 128 p., 198 F [30,18 ¤]) ; De ce point de vue, parfaite- est au contraire le vrai corps, la L’Art de vivre au temps de Proust, ment scandaleux et maintenu avec vraie vie, ou peut-être le pres- de Nadine Beauthéac, photos de une finesse acharnée, la scène de sentent-ils et préfèrent-ils la mort Joël Laiter (Flammarion, en librairie Montjouvain entre Mlle Vinteuil et et l’oubli. Peut-être ? Non, sûre- le 10 novembre, 160 p., 260 F son amie ; celle de la danse, seins ment. Quand Freud, au moment [39,63 ¤]) . contre seins, d’Andrée et d’Alber- même où Proust va mourir en b Gallimard propose, avec la BNF, tine ; celle, encore, de la danse de achevant La Recherche, introduit un CD-ROM Proust dirigé par fascination réciproque entre Char- la pulsion de mort comme «la J.-Y. Tadié (en librairie le 18 lus et Jupien dans la cour de plus pulsionnelle des pulsions », il novembre, 249 F [37,96 ¤]. l’hôtel de Guermantes (suivie du rencontre l’incompréhension b L’exposition « Marcel Proust, bruit de leur accouplement por- majeure de sa vie, une résistance l’écriture et les arts » qui se tiendra cin), ont autant d’importance que bien plus acharnée que celle du 9 novembre au 6 février 2000 à la l’affaire Dreyfus ou la première déclenchée par sa révélation BNF (Tolbiac) donnera lieu à la guerre mondiale, pourtant analy- sexuelle. De même, la littérature, publication d’un catalogue coédité sées dans leurs ramifications au sens de Proust, a peu de chose avec Gallimard et dirigé par Jean- cachées et leurs conséquences. Les à voir avec ce que l’on débite Yves Tadié (en librairie le acteurs de l’Histoire croient vivre, esthétiquement ou industrielle- 10 novembre, 304 p.,350 F [53,35 ¤]). COLL. FAMILLE PROUST, PARIS PROUST, COLL. FAMILLE « Dessin ? (...). Il s’agit d’un Une journée d’étude autour de Mar- appel, d’un graffiti, d’une cel Proust se tiendra samedi caricature, comme s’il voulait, à 20 novembre dans le cadre de cette ce moment-là, ancrer sa vision. exposition, avec Antoine Compa- ... et critique d’art Vision perçante et cruelle. » gnon et Julia Kristeva. Qu’apprennent sur lui ses « Ecrits sur l’art » ? Peu de chose, si ce n’est le temps et le travail qui furent nécessaires pour faire d’un chroniqueur banal l’auteur de la « Recherche »

lecteur quand il pénètre dans le d’Empire, du faubourg Saint-Ger- pour et contre Blanche, les études ÉCRITS SUR L’ART volume où ont été réunis les textes main, de la musique française fin sur Flaubert et sur Baudelaire. de Marcel Proust. qui ont trait, de près ou de loin, à de siècle, des paysages normands, Plus d’atermoiements, plus d’hési- Edition établie l’art – plus souvent de loin. De ce qu’il écrit dans les années 1890 tations. La liberté est entière, le ju- par Jérôme Picon, « l’œuvre immense » –la Re- pèse peu en comparaison du livre gement souverain, les victimes GF Flammarion, 440 p., cherche – à ces articles, la distance à venir. Sans doute vérifie-t-on de nombreuses, les éloges précis et 54 F (8,23 ¤). est trop grande. Même la piété la la sorte la cohérence et la dégagés de toute convention. Ce plus admirative ne pourrait aveu- constance de Proust – vérification Proust-ci, celui qu’il faut lire, sait, ur Proust écrivain d’art, gler au point de tenir pour véri- du reste assez peu surprenante. dans le même paragraphe, exé- l’essentiel n’aurait-il pas tablement nécessaire la lecture Mais ce qui se voit jusqu’à l’évi- cuter Fromentin peintre et écri- été écrit par Proust ? En des premiers articles de Proust, dence, c’est le « travail », la méta- vain et lancer comme une certi- 1919, dans sa préface – as- publiés dans la revue Le Mensuel, morphose au terme de laquelle tude que, face aux portraits de sassineS – à un recueil de critiques revue « extrêmement rare », nous s’écrit la Recherche. « l’admirable Picasso », « se dé- du peintre Jacques-Emile Blanche, prévient-on. L’auteur ne s’y dis- Aussi le lecteur doit-il attendre, gradent un peu dans [son] souvenir il observe que Blanche ne consi- tingue que par ses efforts pour impatiemment, d’atteindre la moi- les plus charmants Carpaccio de dère que l’homme Manet ou donner du chic à sa phrase et par tié du volume, la fin des an- Venise ». Hors Apollinaire, avant l’homme Fantin, comme si la banalité de ses opinions. En nées 1900 à peu près, le Sur la lec- Breton, quel écrivain français eut l’homme et l’artiste se confon- 1890 et 1891, Proust aimait – ou af- ture ou les Impressions de route en cette audace si tôt, en une époque daient. Blanche procède en cela fectait d’aimer – ce qu’il était automobile pour apercevoir sous qui tenait le cubisme pour une fa- comme Sainte-Beuve, comme les convenable d’aimer dans son le chroniqueur un peu long le ro- cétie ? Aucun – ni Gide ni Valéry. adeptes de la critique biogra- monde, le « dessin d’une sûreté mancier en formation. Lequel Subrepticement, des apho- phique, comme tous ceux qui ne merveilleuse » et l’« œil infaillible » chroniqueur défend la liberté du- rismes s’introduisent, qu’il ne savent voir que « l’homme péris- de l’ancien prix de Rome, Dinet et dit romancier ; dégage de l’espace reste plus qu’à ramasser et monter sable, pareil à ses contemporains, les « jolies études de M. Desbou- autour de lui ; dénonce ceux qui – ce que Proust a fait parfois lui- pétri de défauts, auquel une âme tin ». Il ne serait que trop facile pourraient se révéler ses ennemis ; même, les reprenant dans la Re- originale était enchaînée et contre d’objecter qu’il y avait, à Paris, en l’autorise à écrire à la première cherche, à moins qu’il n’agisse à lequel elle protestait, dont elle es- 1890, d’autres œuvres à défendre personne quand il devrait l’inter- l’inverse, du roman vers l’essai. sayait de se séparer, de se délivrer – facile et inutile : Proust les a dé- dire ; le laisse s’immiscer dans l’es- Dans sa préface pour Morand, il par le travail ». Proust continue : fendues plus tard, admirablement, sai au point de l’achever sur une note que « le peintre original, « C’est notre stupéfaction quand dans la Recherche. Il avait alors vision, celle « du Passé familière- l’écrivain original procèdent à la fa- nous rencontrons dans le monde un oublié qu’il s’était jadis égaré au ment surgi au milieu du présent, çon des oculistes ». Dans la Re- grand homme que nous ne connais- point de juger que la virtuosité avec cette couleur un peu irréelle cherche, comme le signale l’édi- sons que par ses œuvres, d’avoir à factice de Besnard aurait « l’éclat des choses qu’une sorte d’illusion teur, il veut que son livre ne soit superposer, à faire coïncider ceci et des beaux Rubens, leur hardiesse, nous fait voir à quelques pas, et qui « qu’une sorte de ces verres grossis- cela, à faire entrer l’œuvre immense avec la grâce, la délicatesse en sont en réalité situées à bien des sants comme ceux que tendait à un (...) dans la donnée irréductible plus ». siècles ». acheteur l’opticien de Combray ». d’un corps vivant tout différent. » Chaque article appelle cette Passé le dernier seuil, celui des Proust, décidément, est le meilleur De la stupéfaction, finissant en conclusion. De la mode, de la Pastiches, viennent enfin les quel- commentateur de Proust. déception, c’est ce qu’éprouve le bonne société, de la noblesse ques articles décisifs, la préface Philippe Dagen LeMonde Job: WIV4499--0004-0 WAS LIV4499-4 Op.: XX Rev.: 03-11-99 T.: 18:34 S.: 111,06-Cmp.:04,08, Base : LMQPAG 34Fap: 100 No: 0066 Lcp: 700 CMYK

IV / LE MONDE / VENDREDI 5 NOVEMBRE 1999 littératures b SCIENCE-FICTION b par Jacques Baudou La force singulière de Sylvia Plath Puzzle Les journaux des années 1950 à 1962, deux recueils inédits de poèmes, Couleurs fantasy et, comme en écho, l’essai de Joanny Moulin sur Ted Hughes familial

manque-t-il deux carnets de la toute nous gisons/ Dos à dos... » Présentant LA FILLE DE L’HOMME LES FABLES DE L’HUMPUR JOURNAUX 1950-1962 fin, l’un ayant été perdu, l’autre – te- ces deux recueils posthumes publiés AU PIANO de Pierre Bordage de Sylvia Plath. nu jusqu’à trois jours avant sa à Londres en 1971, Sylvie Doizelet (The Pianoman’s daughter) J’ai lu, « Millénaires », 416 p., 89 F (13,56 ¤). Avant-propos de Ted Hughes. mort –, détruit par Hughes lui- note : « Chaque nuit une vague vient de Timothy Findley. Traduit de l’anglais (Etats-Unis) même. recouvrir ce qui a été vécu, écrit. Le traduit de l’anglais (Canada) a ressemble à de la « fantasy » : l’intrigue se déroule en France, dans et préfacé par Christine Savinel, Malgré cela, ces quelque cinq poème de la veille a été mis à l’abri. par Isabelle Maillet la province du Périgord, à une époque qui, par bien des aspects, res- Gallimard « Du monde entier », cents pages nous aident à remonter Mais rien ne peut être construit. » Et Le Serpent à plumes, semble à notre Moyen Age féodal et c’est à une église, incarnée 492 p., 185 F, (28,20 ¤). aux sources du mystère Sylvia Plath. l’on bute sur ce constat obsédant : « Fiction étrangère », dans les lais de l’Humpur, que revient la mission de réprimer toute Elles nous conduisent au plus près rien ne se construit ; tout s’effondre 504 p., 119 F (18,14 ¤). Ç transgression de lois sociales très coercitives. Toutes les commu- ARBRES D’HIVER du « vrai moi » de l’écrivain – celui comme les falaises de craie ; «le nautés vivent dans la peur obsessionnelle du Grand Mesle, tout comme le (Winter Trees) qui, note Ted Hugues, « reste en gé- centre ne tient pas ». l y a tellement de pères, dans peuple de l’époque médiévale craignait l’influence du Diable... Mais plusieurs in- de Sylvia Plath. néral muet, enfoui sous le va-et-vient On trouvera des correspondances ce récit ! Le mien, celui de Lily, dices et la référence aux dieux humains donnent à penser que cet état de civi- Traduit par Françoise Morvan des (...) « moi » secondaires et trom- entre ces Journaux et les recherches de celui d’Ede, d’autres encore... lisation est la conséquence d’une régression et que les Fables de Pierre Bordage précédé de LA TRAVERSÉE peurs ». On y voit une jeune femme Ted Hughes telles qu’elles appa- Outre leur paternité, ils ont un se situent dans notre futur. (Crossing The Water) mystérieuse et fragile qui dit « n’ai- raissent dans l’essai de Joanny Mou- seulI point commun : leur habitude de Ça a la couleur de la « fantasy » : les deux héros effectuent un périple qui est traduit par Valérie Rouzeau, mer personne », se juge avec sévérité lin. Leurs conceptions de l’écriture disparaître au moment le plus inatten- aussi une quête. Ils se dirigent contre vents et marées, malgré les nombreuses pé- présentation de Sylvie Doizelet, (« du rien qui fait semblant ») et se semblent quelquefois se répondre. du. » Tel est le constat que dresse ripéties qui émaillent leur voyage mouvementé, vers un lieu où, selon la légende Poésie-Gallimard, éd. bilingue, somme « d’oublier son fichu petit moi Plath veut rassembler ses forces créa- Charlie Kilworth, 29 ans, accordeur colportée par un trouvère, les dieux humains font des apparitions. Ces deux hé- 288 p., 46 F, (7,01 ¤) égocentrique ». Un esprit qui doute trices en « une boule serrée ». Hugues de piano. Incapable d’être père à son ros sont d’une nature un peu particulière et antagoniste. En chacun d’eux coha- de sa capacité à écrire, et « reste dans préconise de considérer l’écriture tour, il part à la recherche du sien bitent une part humaine et une part animale. Véhir le grogne est un homme- TED HUGHES. sa cage à pleurer, impuissant, dans « comme un cent mètres ». « Je veux pour briser « ces cercles qui se ré- cochon tandis que Tia la hurle est une femme-loup. Autant dire que leur tandem LA LANGUE RÉMUNERÉE l’autodénigrement et l’imposture ». écrire parce que je ressens le besoin pètent sans fin ». est à la merci de la faim... Tous les deux sont des « déviants » : ils ont quitté leur de Joanny Moulin. « Mon univers s’écroule, note-t-elle. d’exceller dans un moyen d’expression A travers une « chronologie écla- communauté ; lui pour n’avoir pas accepté de participer à la bacchanale collec- L’Harmattan, « L’Aire Le centre ne tient pas. » (...) de la vie », note Plath, tandis que tée », il « réveille les morts » et tente tive du grut ; elle pour ne pas devenir l’épouse d’une brute et parce qu’elle est anglophone », 320 p., Hughes conseille des exercices consis- de reconstruire le puzzle familial. Sa hantée par les révélations du trouvère. Tous les deux sont entrés en rebellion 170 F., (25,92 ¤) VERTIGE tant à décrire aussi minutieusement grand-mère, Ede, épouse Frederick, contre un ordre social étroit qui bridait leurs aspirations. Et c’est là que la vraie On y voit la peur nue : « Je veux me que possible quelque objet familier, frère de Tom Wyatt, géniteur de Lily. nature du roman pointe le bout de l’oreille : le personnage du déviant appartient ’est la chronique minu- tuer pour fuir toute responsabilité et, puis à « fondre » dessus pour at- Celle-ci refuse ce mariage et le bien plutôt à l’arsenal de la science-fiction qu’à celui de la fantasy. Les derniers tieuse d’une souffrance dans l’abjection, rentrer en rampant teindre à un « idéal de concision et « monde d’hommes » engoncé dans chapitres du livre ne laissent subsister aucun doute : Les Fables de l’Humpur a à vif qui vous saisit à la dans le ventre maternel. » On y sent, d’immédiateté ». Ecriture, mais aussi les convenances qu’il symbolise. l’apparence d’un roman de fantasy, mais il s’agit bel et bien d’un roman de gorge. Une souffrance comme dans La Cloche de détresse, le vision du temps, présence de la Frappée de fréquentes crises d’épi- science-fiction qui traite, de manière très originale, du thème des manipulations d’autantC plus poignante qu’on en vertige d’en finir : « Vraiment, jamais nature, tentative de retrouver ce lepsie, elle entretient une fascination génétiques et de la biotechnologie. Il s’achève, comme il se doit, par la trans- voit toujours l’avers : une formidable je n’ai frôlé le suicide comme à qu’Artaud appelait « une langue étrange pour le feu. Frederick, effrayé gression du tabou suprême : le Grand Mesle. pulsion de vie, ardente et drôle, où se présent, avec ce sang groggy, insom- d’avant les mots » : le livre de Joanny et désarmé, la relègue au grenier. Elle Pierre Bordage ne s’est pas contenté de trousser une histoire passionnante nourrit la frénésie d’écrire. De cette niaque, qui se traîne dans mes Moulin, érudit et précis, donne très multiplie alors les « escapades » et qui, métissée d’animalité, questionne la notion d’humanité. Il a cherché à lui splendide énergie enchâssée dans la veines. » Et puis, parfois d’une phrase envie de s’absorber dans les poèmes fréquente les salles de cinéma : «De donner une forme adéquate ; d’où l’utilisation des fabliaux qui introduisent glace du désespoir, naît la force sin- à l’autre, l’allégresse revient : « Je suis de celui qui fut, jusqu’à sa mort en cette façon, Lily bénéficiait d’une chaque chapitre. Puisqu’il était question de la gent animale, Pierre Bordage a gulière des Journaux de Sylvia Plath. (...) dans l’ébullition joyeuse de quan- 1998, le poète lauréat de la couronne double protection : celle du noir et celle puisé dans notre fonds littéraire – c’est-à-dire dans les récits qui mettent en Son ex-époux, le poète anglais Ted tité de petites marmites sur le feu de britannique. Malheureusement, les de la fiction. » Elle s’invente des rôles. scène des animaux anthropomorphes, du Roman de Renart aux Fables de La Hughes, fut longtemps réfractaire à mon enthousiasme : Byron, les voyages traductions de Hughes sont au- Pourquoi ? « Parce que. Bien sûr, Fontaine – de quoi nourrir le caractère de ses peuples de chimères mi-homme, leur publication. Dans des Carnets in- à venir, Yeats (...) Tout est si merveil- jourd’hui épuisées (2). On rêverait parce que ne suffit pas. Mais c’est le mi-bête. Et le sort qu’il assigne aux corbeaux n’est pas dépourvu, au regard d’un times parus en 1991 (1), le lecteur leux et riche de promesses. » Ce qui pourtant de le lire, lui aussi, dans une seul recours dont on dispose pour sau- célèbre texte de La Fontaine, d’une grande malice... De surcroît, Pierre Bordage français avait pu en avoir un aperçu n’efface jamais la peur de ne pas collection bilingue telle que « Poé- ver l’innocent ou le rêveur. » Mais aus- s’est livré à un travail extrêmement intéressant sur le langage de cette humanité d’une soixantaine de pages relatives réussir à créer, d’être submergée : sie »/ Gallimard. Non loin de Sylvia si pour avoir « n’importe quelle autre hybride. Voilà donc autant de raisons de se plonger dans ce roman qui confirme aux années 1956, 1961, 1962. Mais il « Le temps : vague colossale, la marée Plath – côte à côte ou dos à dos... existence sauf la mienne ». à la fois la qualité de la collection qui le publie et le talent de plus en plus souve- aura fallu attendre dix-sept ans, pour qui déferle sur moi, me noyant, me Florence Noiville Comme dans Le Dernier des fous rain de l’auteur. que soit traduite l’édition anglaise de noyant. » ou Le Chasseur de têtes (1), Timothy 1982, allant de l’entrée de Plath à Les métaphores marines sont (1) La Table ronde. Findley entraîne le lecteur au cœur b LA DERNIÈRE LICORNE, de Peter S. Beagle Smith College, dans le Massachusetts nombreuses dans La Traversée et (2) Signalons néanmoins, parus cette des ténèbres et brosse le portrait Peter S. Beagle est un auteur américain très réputé qui a œuvré avec succès (1950), jusqu’à la veille de son sui- Arbres d’hiver : « Des falaises/ Noires année, New Selected Poems. Lire Ted d’une famille canadienne du début dans la veine de ce que les critiques anglo-saxons appellent la « high fantasy », cide, à Londres, en 1963, à l’âge de et menaçantes, et la mer qui explose/ Hughes, sous la dir. de Joanny Moulin du siècle. Sans fausse note. c’est-à-dire dans l’aire la plus ambitieuse et la plus créative du genre. Hormis une trente et un ans. Encore ces douze Sans fond, sans fin, sans rien face à (Ed. du Temps, 256 p., 95 F., 14,48 ¤) et Emilie Grangeray nouvelle parue dans l’anthologie Fées et gestes, son œuvre est totalement inédite années sont-elles amputées de pas- elle/ Blanchie par le visage des noyés ». pour la jeunesse, Le Géant de fer, ill. de en France. A la lecture de cet ouvrage, qui parut originellement en 1968, on ne sages jugés « trop érotiques » ou Ailleurs : « Le clair de lune, cette fa- Jean Torton, Gallimard, « Folio (1) Les deux titres ont été publiés au peut que le regretter. Car le roman de Peter S. Beagle n’est pas seulement d’une « trop méchants ». Encore y laise de craie/ Au fond de laquelle cadet », 39 F (5,95 ¤). A partir de 6 ans. Serpent à plumes. facture très originale : il ne ressemble à rien d’autre qu’à lui-même. (Tout juste pourrait-on parler d’un certain air de famille avec L’Epée dans la pierre de T. h. bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb White à cause de la place faite aux animaux et d’une certaine distance humoris- tique prise parfois avec les mythes !) mais il possède un charme très particulier, qui tient à son poétique sujet : découvrant qu’elle est la dernière de son espèce sur terre, une licorne entreprend de découvrir ce qui est arrivé à ses sœurs. A la nature des rencontres effectuées tout au long de son périple, de Schmendrick le magicien maladroit à ce chaton qui affirme « un chat n’a jamais donné de réponse Un siècle d’écrivain honnête à qui que ce soit », en passant par Mère Fortune et son Carnaval de Mi- nuit et ce prince Lir qui se découvre tout d’un coup une vocation de héros de Le nouveau Prix Nobel Günter Grass nous livre un album de miniatures qui laissent conte de fées. A l’écriture ciselée de l’auteur qui sait teinter son récit de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, du gris des maléfices au mauve de la nostalgie, en pas- peu de place à son talent de conteur sant par le vert du renouveau. Comment résister à un roman dans lequel un daim aborde la licorne en lui déclarant : « Tu est très belle. Aussi belle que nos Cet ensemble inégal n’exclut pas mères l’avaient dit », et s’enfuit après lui avoir asséné dans un éclat de rire : « Mais MON SIÈCLE de belles réussites, comme le récit je connais quelqu’un d’encore plus beau que toi ! ». (Traduit de l’anglais – Etats- (Mein Jahrhundert) consacré à l’année 1938. Celui qui Unis – par Brigitte Mariot, Denoël, « Lunes d’encre », 316 p., 120 F [18,29 ¤]). de Günter Grass. parle est un lycéen relatant ce qui Traduit de l’allemand est arrivé dans un cours d’histoire, b INTRUSION, de Richard Matheson par Bernard Lortholary le 9 novembre 1989. Se démar- Ce second volume de l’intégrale des nouvelles de Richard Matheson ne et Claude Porcell. quant de l’allégresse générale en- comporte que des textes publiés au cours de l’année 1953 dans des revues poli- Seuil, 346 p., 140 F (21,34 ¤). gendrée par la chute du mur, le cières, de science-fiction ou de fantastiqe qui est sans doute le territoire d’élec- professeur évoque devant ses tion de l’auteur. Mais quelle que soit la nature des nouvelles, la manière de Ri- considérer le titre de élèves ce qui s’est passé exacte- chard Matheson est la même : nul ne sait mieux que lui suggérer une peur cet ouvrage publié en ment cinquante et un ans plus tôt, oppressante à partir d’un dérapage même infime du quotidien : un homme qui Allemagne en juillet un certain 9 novembre 1938 : disparaît dans les toilettes d’un restoroute isolé, une odeur de paille humide, une dernier, on a l’impres- « Comme on savait tous vaguement voix de petite fille venue d’on ne sait où. Quelquefois le quotidien finit par se dé- sionA que Grass, qui vient de rece- quelque chose, mais que personne traquer irrémédiablement comme dans « Escamotage », l’un de ses textes les voir le prix Nobel, le dernier décer- ne savait rien de précis, il nous a plus célèbres, qui ressort d’un fantastique résolument moderne, alors que ses né avant l’an 2000, a choisi de alors expliqué la Nuit de cristal. » textes pour Weird Tales s’inscrivent encore dans la tradition d’Edgar Poe. Une s’enraciner définitivement dans Tollé chez les parents d’élèves de- nouvelle du recueil était encore inédite en France : « Un Mariage », qui méritait une période dont il donne lui- vant cet empêcheur de tourner en bien de ne pas le rester. C’est un petit bijou d’humour noir. (Traduit de l’anglais même les limites. rond qui préfère ressasser le passé – Etats-Unis – par Hélène Collon et Jacques Chambon, Flammarion, « Ima- Le livre étonne d’abord parce plutôt que de s’intéresser au gine », 296 p., 85 F [12,95 ¤]). qu’il détonne. Grass nous propose présent. Mais le professeur sait se non pas un volumineux roman ba- défendre et obtient gain de cause : b RUPTURE DANS LE RÉEL, tome 1 : ÉMERGENCE, de Peter F. Hamilton roque truffé de digressions et d’in- « Un enfant ne peut comprendre la Il est difficile de porter un jugement sur le premier tome de Rupture dans le ventions bouffonnes, mais une fin de l’époque du mur s’il ne sait réel. D’abord parce qu’il s’agit en fait de la première partie d’un énorme volume mosaïque de brefs récits ne dépas- pas quand et où exactement l’injus- appartenant lui-même à une trilogie de grande ampleur, non seulement par son sant pas quatre pages, chapelet de tice a commencé. » Ne pas oublier nombre de pages, mais aussi par sa nature romanesque : un space opera bras- cent miniatures égrenées au ryth- l’Histoire, mais ne pas s’y enfermer sant les mondes, les personnages, les intrigues et les énigmes avec un aplomb me des années révolues. Une façon non plus. La période de la guerre époustouflant. Ensuite parce qu’une bonne partie du volume n’est en fait qu’une de faire un bilan pour celui qui a de 14-18 est illustrée par une sa- longue exposition permettant de faire la connaissance des personnages princi- vu le jour à Dantzig en 1927. voureuse confrontation entre paux et de suspendre l’intérêt du lecteur à deux mystères primordiaux : que se Hommes ou femmes, conserva- Erich Maria Remarque et Ernst passe-t-il réellement sur la planète Lalonde ? Qu’est-ce qui a provoqué le suicide teurs ou progressistes, intellectuels Jünger dans les années 60. Une massif des Laymil ? Le moyen de savoir si l’auteur a réussi son coup, c’est de se ou prolétaires, les personnages qui jeune femme suisse a réussi à les demander si, à l’issue de ces 600 pages, le lecteur a envie de connaître la suite du tiennent tour à tour le rôle de nar- réunir pour une interview. Les « feuilleton ». Indéniablement, la réponse est oui. Mais on attendra cette suite rateur ou de témoin sont multi- deux vieux messieurs, malgré leur pour porter sur l’œuvre une véritable appréciation critique. (Traduit de l’anglais ples, parfois anonymes. La pre- courtoisie, s’opposent avec viru- par Pierre K. Rey et Jean-Daniel Brèque, Robert Laffont, « Ailleurs et demain », mière phrase du récit liminaire WERNER BARTSH/FOCUS/COSMOS lence, chacun campant sur ses po- 622 p., 149 F (22,71 ¤). relatif à la révolte des Boxers, en ont fait de cet Empire torturé une de l’écrivain expressionniste Georg sitions d’antan : profession de foi Chine, est à cet égard programma- république unifiée : traité de Ver- Heym est ainsi présentée, de façon pacifiste d’un côté et affirmation tique : « Moi, échangé contre moi- sailles ; montée du nazisme ; polémique, comme l’emblème d’un élan chevaleresque de l’autre, même, année après année, j’ai été guerre ; terrorisme, réunification, d’une génération perdue. Mais qui pour finalement se retrouver sur là. » D’une façon ou d’une autre, etc. La liste est longue. Il n’est mal- pouvait s’en rendre vraiment des souvenirs d’anciens combat- c’est donc toujours Grass qui gré tout pas aisé de trouver un compte à l’époque ? Souvent, il ne tants et des blagues douteuses, parle, adoptant une des perspec- événement capable de coller à résiste pas à l’envie de faire com- comme si leur monde s’était arrêté tives de narration qu’il affectionne chaque date et, si certains récits menter anachroniquement le pas- là. particulièrement : celle d’en bas, sont émouvants d’intimité, sé à la lumière du présent, tirant Panorama, puzzle ou pastiche des oubliés de l’Histoire. Ce pour- d’autres laissent perplexes, tant ils par exemple, dès 1904, quelques – pain bénit en tout cas pour les rait d’ailleurs être la morale de ces sont énigmatiques, convenus ou bordées sur le libéralisme sauvage auteurs d’anthologies –, cet ou- récits : malheur à qui oublie teintés d’un humour assez lourd, à l’américaine qui envahit l’Eu- vrage ne peut que renforcer l’idée l’Histoire ! comme lorsqu’il choisit de faire rope. Enfin, plus d’un récit se ter- que Grass a déjà rendu compte de L’Histoire est d’abord celle qui parler la Grosse Bertha, qui a don- mine par un « Mais c’est une autre son siècle, avec autrement de force touche directement l’Allemagne, né son nom au canon qui devait histoire », laissant le lecteur sur sa et d’originalité, par son œuvre im- et Grass choisit de ne faire l’im- pilonner Paris. Grass ne sait pas faim et donnant l’impression que mense de romancier, pour laquelle passe sur aucun des événements non plus toujours se défaire du l’auteur est gêné par la contrainte il a été justement couronné. qui – dans le chaos et la douleur – rôle de donneur de leçons. La mort qu’il s’impose. Pierre Deshusses LeMonde Job: WIV4499--0005-0 WAS LIV4499-5 Op.: XX Rev.: 03-11-99 T.: 18:38 S.: 111,06-Cmp.:04,08, Base : LMQPAG 34Fap: 100 No: 0067 Lcp: 700 CMYK

la chronique LE MONDE / VENDREDI 5 NOVEMBRE 1999 / V de Roger-Pol Droit b

DICTIONNAIRE mal en quoi les livres destinés à la PHILOSOPHIQUE On voit se multiplier troisième année pourraient être PERSONNEL Vivre en philosophe réellement plus corsés que ceux de de Fernando Savater. les livres de philosophie la deuxième mais moins que ceux Traduit de l’espagnol de la dernière. Les quatre volumes par Thierry Defize. pour « profanes ». de la première année, qui viennent Grasset-Mollat, de paraître, sont de brefs ouvrages « La Grande Raison », 418 p., Soucieux d’être bien faits, simples à lire, utiles aux 149 F (22,71 ¤). débutants. Mais ni plus ni moins accessibles et séduisants, que des foules d’autres. Considé- « LA PHILOSOPHIE » rés individuellement, ils ont toutes Quatre volumes conservent-ils la capacité sortes de mérites, mais ensemble de la première année ils ne s’imposent comme voie d’ac- (voir références en note) essentielle d’étonner, cès privilégiée à la réflexion philo- Le Pommier, « Quatre sophique ni par leurs thèmes ni à quatre ». de déranger ? par leur ton. Un Platon facile fera aussi bien l’affaire. Ou n’importe arler seulement d’un ef- Eh bien, ça dépend. quel classique simple. Ni pédants fet de mode devient diffi- ni pesants, ces volumes risquent cile : les années passent, rétif aux vérités indiscutables des de pâtir de n’être ni tout à fait sco- P religions, enclin à prendre distance laires ni réellement ludiques. l’intérêt pour la philoso- phie croît. A tort ou à raison, on envers le flot des réponses déjà Si la séduction rate, sans doute demande aux philosophes des prêtes et des commentaires prépa- est-ce à cause d’un malentendu conseils pour mieux conduire son rés. Il convient donc de lire Savater sur la philosophie. Elle n’est pas existence, des outils pour mieux comme on aimerait pouvoir vivre simplement affaire de thèmes. Elle comprendre les situations contem- toujours : jouissant du moment n’a pas non plus à être abordée poraines, pour contrôler le mar- présent, attendant la surprise de nécessairement de manière gra- ché, ou pour y échapper. Parmi ces l’instant d’après. On découvrira de duelle et prudente. « Pour le philo- leurres, un fait redevient heureu- cette manière, entre mille autres sophe, souligne Nietzsche dans le sement de plus en plus évident : remarques, que personne ne songe Gai Savoir, toutes les choses sont l’exercice de la philosophie diffère à annoncer la mort de l’argent, précieuses et sacrées, tous les événe- essentiellement de l’alpinisme de qu’un livre est toujours mû par son ments utiles, tous les jours saints, haut niveau. Accessible à un plus lecteur, que Benjamin Rush, en tous les hommes divins. » Sans né- grand nombre, il entretient infini- 1785, découvrit enfin la définition gliger jamais la rude nécessité du ment plus de liens avec l’amour, la médicale de l’ébriété, ou que le sérieux, des arguments, de la pa- mort, la vie quotidienne, l’action philosophe George Santayana a su tiente et modeste lecture des tex- politique, le travail des sciences, la écrire : « L’air libre est aussi une tes, on n’oubliera pas non plus la création artistique – entre autres. chercheurs renouvellent la ré- tomber amoureux, jouer au golf, de monde, et en séduit bien forme d’architecture. » leçon de Bernard Shaw : « Toute Cette résurgence du souci fonda- flexion sur la citoyenneté. En s’indigner en politique ou être davantage. Evidemment, on peut souhaiter tâche intellectuelle est humoris- mental et multiforme de la philo- Afrique se poursuivent des travaux femme du monde ». Cette formule Son Dictionnaire mêle avec bon- plus sérieux, au moins en appa- tique. » sophie n’a rien de « parisien », ni remarquables, encore souvent d’Ortega y Gasset n’aurait pas dé- heur grandes perspectives et bizar- rence. Plus didactique, mieux or- de singulièrement français. On en méconnus parce que trop peu paré un ouvrage d’Umberto Eco, reries microscopiques. On y croise donné, pédagogique sans être trop (1) Voir par exemple Richard Shuster- trouve des équivalents divers dans diffusés. qui s’inscrit dans cette veine. La des maîtres prévisibles (Diderot, scolaire. C’est en tout cas ce qu’a man, Practicing philosophy. Pragma- presque tous les pays européens. Parmi les dénominateurs phrase figure en exergue du Dic- Voltaire, Spinoza, Nietzsche, par imaginé Nayla Farouki avec la tism and the Philosophical Life, Rou- Des phénomènes analogues sont communs de cette ouverture de la tionnaire philosophique personnel exemple) mais aussi des sil- nouvelle collection « Quatre à tledge, New York, 1997 perceptibles à présent dans plu- philosophie figure la volonté de de Fernando Savater. Cet auteur, houettes moins attendues (Casa- quatre » de la jeune maison d’édi- (2) Voir notamment Philosophy, sieurs régions du monde. Aux s’adresser aux profanes sans pour fort connu aujourd’hui en Es- nova, Rilke, Stevenson). Quelques tion Le Pommier. A première vue, Culture and Education. Asian Societies Etats-Unis, certains philosophes autant renoncer au travail de la pagne, a commencé à l’être en entrées majeures (« démocratie », l’idée est intéressante : pendant in Transition, de Philip Cam, In Suk recommencent à considérer leur pensée. Ce souci d’être populaire deçà des Pyrénées avec la parution « éthique », « universalité ») voi- quatre ans, à raison de quatre vo- Cha, Mark Tamthai, Ramon Reyes, domaine autrement que comme mais pas trivial a déjà, depuis le notamment de Ethique à l’usage de sinent avec des thèmes moins re- lumes par an, une discipline sera APPEND Philosophy Series vol. 2, Ko- une discipline réservée aux seuls temps des Lumières, une longue mon fils et de Politique à l’usage de battus (« argent », « locomotion », expliquée, de manière progressive, rean National Commission for Unes- spécialistes (1). En Asie, des histoire. Le vœu de maintenir, mon fils (Seuil, 1994 et 1995). Les « maladies », « monstres », par à ceux qui souhaitent la découvrir co, 1999. groupes de réflexion cherchent à dans les idées et l’écriture, une raisons de sa popularité ne sont exemple). La meilleure règle est ici sans pour autant retourner sur les définir le rôle spécifique que pour- sorte de gaieté mobile s’inscrit lui pas mystérieuses : Fernando Sava- de se promener au hasard, savou- bancs de l’université. Ainsi le lec- ૽ Les quatre volumes parus sont Ré- rait jouer l’éducation philoso- aussi dans un héritage au long ter déteste le jargon, se méfie des rant les imprévus, les digressions, teur, s’il est assez patient et appli- flexions sur la sagesse de Jean-Michel phique dans les processus de dé- cours, de Lucien à Montaigne et à pédants, s’intéresse à des ques- les soudains éclaircissements. Sa- qué, aurait-il finalement, en seize Besnier, Sur les Chemins de la vérité mocratisation (2). En Amérique Nietzsche. Mais tout repose, en fin tions que tout le monde se pose, vater soutient en effet que la phi- petits livres, tout à la fois : le savoir d’Anne Baudart, Qu’est-ce qu’une latine, en particulier autour du de compte, sur l’intime conviction ne manque pas d’humour, manie losophie est une maladie qui se et le plaisir, la réflexion et le diver- idée ? de Nayla Farouki, Aux origines philosophe chilien Humberto que philosopher est indissociable habilement la provocation et pos- contracte en voyageant : tout phi- tissement, l’éducation et la non- de la philosophie de Catherine Collo- Giannini qui a centré son travail d’une posture singulière face à sède une intelligence aiguë. Inutile losophe, à ses yeux, est d’abord chalance. Avec la philosophie, ça bert (160 p. et 85 F [12,95 ¤] chaque sur la vie quotidienne, de jeunes l’existence, « tout comme courir, de dire qu’il irrite ainsi pas mal cosmopolite, vagabond, déraciné, ne paraît pas convaincant. On voit volume).

bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Qu’est-il arrivé à Clément Rosset ? L’humour du désespoir a des vertus roboratives. On s’en convaincra à travers le récit d’une dépression et un bref traité sur l’identité

éternelle réponse : chacun doit notation sur la maladie comme qui joue avec le tragique et le déri- ROUTE DE NUIT passer à la caisse, pour ne pas dire mauvaise conscience de l’in- soire en instaurant, comme Cio- de Clément Rosset. à la casse. « Savoir vivre, écrit Clé- conscient. Pas la moindre ran d’ailleurs, dont il fut si proche, Gallimard « L’Infini », 114 p., ment Rosset, signifie savoir tout réflexion sur ce qu’on pourrait une logique du pire. Il ne sait que 85 F (12,95 ¤). rendre (à la mort). Il me semble appeler une « morale physiolo- trop bien qu’une théorie philoso- parfois que la dépression y aide un gique » ou, si l’on préfère, sur les phique n’est jamais ni vraie ni LOIN DE MOI peu, en incitant à tout rendre de péchés que l’homme commet en- fausse, mais qu’en revanche, dé- de Clément Rosset. son vivant. » vers sa nature. La dépression est veloppée jusqu’à l’absurde, elle Ed. de Minuit, 94 p., 65 F (9,9 ¤). Il sait aussi qu’un effondrement traitée chimiquement, jamais ana- produit du comique, nous libérant psychique total est parfois la lytiquement, comme si l’injonc- par là même de ses présupposés. aconter ses rêves est condition même d’une renais- tion de saint Augustin sur la vérité Ce qui lui permet de parler en presque aussi ennuyeux sance et qu’il ne serait par ailleurs à chercher et à trouver dans toute liberté, et pour notre plus R que raconter ses tenta- pas très honnête de poursuivre l’homme intérieur n’éveillait au- vif plaisir, des films de Hitchcock, tives de suicide. On est l’enquête qu’il mène depuis son cun écho chez Clément Rosset. de Tintin au pays de l’or noir –il donc légèrement inquiet en ou- adolescence sur l’irrésistible et dé- Les raisons de cet étrange évite- appartient, avec Michel Serres et vrant Route de nuit, où Clément raisonnable aveuglement qui ment, on les trouvera dans un bref Jean-Luc Marion, au cercle très Rosset, pris dans un ouragan dé- pousse les hommes à persévérer essai théorique sur l’identité, inti- fermé des tintinologues avertis – pressif, tente vaillamment de ré- dans l’existence sans avoir éprou- tulé Loin de moi, que Rosset a ou des Mémoires d’un chasseur de sister en dressant une typologie vé cet état de déréliction absolue. choisi de publier conjointement à Tourgueniev. de ses rêves. L’inquiétude se dis- Après plus de neuf années, avec Route la nuit. Il y soutient une Il est exceptionnel de trouver sipe aussitôt, car, si Rosset a mo- des éclipses, certes, de déroute et thèse paradoxale : notre identité un philosophe qui cite dans un mentanément perdu tout goût de de dégoût, de malaise et d’épuise- sociale est notre seule identité même volume David Hume, em- vivre, il n’a pas pour autant laissé ment, il en arrive à la conclusion réelle. Il serait donc vain de cher- piriste anglais du XVIIIe siècle son humour au vestiaire, humour que le plus sage est encore de pac- cher dans les arcanes de l’in- dont il se sent proche, et L’Exor- qui imprègne aussi bien son acti- tiser avec le mal au lieu d’essayer, conscient ou au plus profond de ciste de William Friedkin ou Au vité onirique que le détachement en vain, de l’éradiquer, et d’obte- notre moi des réponses à des cœur de la nuit, l’excellent film avec lequel il l’évoque. nir ainsi une honorable « partie questions qui, pour Clément méconnu de Cavalcanti. Cet oi- Pas de confidences, donc, ni de nulle » – comme au jeu d’échecs, Rosset, sont proprement insen- seau rare, nous l’avons avec Clé- pathos, mais une description lu- où l’échec perpétuel qui conduit à sées. ment Rosset. Comme je lui faisais cide de l’état dans lequel il se la nulle apaise le conflit en neutra- observer que l’un de ses premiers trouve, description ponctuée par lisant une fois pour toutes les LOGIQUE DU PIRE livres, écrit à vingt ans, s’intitulait des séquences cocasses. Ainsi, au forces de l’attaque et celles de la Sous prétexte que l’identité per- Le Monde et ses remèdes, et que restaurant, on lui propose comme défense. sonnelle n’existe pas, il s’ôte tout le dernier aurait pu avoir pour entrée une dépression nerveuse moyen de comprendre sa dépres- titre Clément Rosset et ses en conserve et, comme plat de ré- TRAITEMENT CHIMIQUE sion, poussant le bouchon un peu médicaments, il éclata de rire en sistance, la dépression nerveuse Si sa description de l’état dé- loin, comme il l’admet lui-même, disant que cela résumait parfaite- du chef ; il ose à peine demander à pressif, qui tient à la fois du mythe en pensant contre ses rêves, ce qui ment sa trajectoire philoso- la serveuse si elle ne pourrait pas de Sisyphe (puisqu’il faut, chaque est sans doute la pire manière de phique : on commence par vouloir rajouter un peu de purée. Autre matin, recommencer tout le tra- penser. Bref, il confectionne lui- comprendre le monde et le corri- rêve saugrenu : il joue aux échecs, vail) et de celui de Tantale même la corde avec laquelle il se ger, rêve prétentieux et grandiose mais toutes les pièces ont été rem- (puisque la seule envie qu’on ait pend, ce qui est fascinant de la de lycéen, et on finit par compter placées sur l’échiquier par des an- est de se coucher ; mais que lors- part d’un philosophe aussi rusé ses médicaments disposés sur un xiolytiques et des antidépresseurs. qu’on se couche, c’est pire), est que lui. Risquons une hypothèse : vieil échiquier. Si on ne peut vrai- Il lui arrive aussi de rêver que son d’une précision qui ravira les clini- comme tout penseur, il a long- ment philosopher qu’après avoir miroir ne le reflète plus et de se ciens, en revanche, la perplexité temps cherché sa défaite sans la compris dans sa chair combien on demander s’il n’est pas en train de gagne le lecteur quand il referme trouver, mais il y est enfin parvenu est nul, insignifiant et banal, alors devenir un vampire, ce qui, après le livre. La dimension psycholo- au travers de cette situation limite il faut lire Clément Rosset. Lui tout, pour un philosophe nourri gique, voire sexuelle, en est dra- et de cette position intenable qui, seul pouvait se livrer à des exer- de Schopenhauer, constituerait matiquement absente, comme si finalement, lui ouvrent la voie cices de désespoir aussi une fin tout à fait acceptable. la philosophie, qui est souvent royale de la littérature. caustiques. S’il ne se plaint pas, il lui arrive une forme de puritanisme, rendait Car Clément Rosset n’est ni un Roland Jaccard cependant de porter plainte l’auteur impuissant à parler de ses de ces philosophes aigris qui contre inconnu : pourquoi cela affects. Pas la moindre remarque posent en professeur de morale ni ૽ Voir le grand entretien avec m’arrive-t-il à moi ? Eternelle sur les symptômes qui auraient dû un de ces mystagogues qui car- Clément Rosset dans Le Monde de question de Job. Et non moins le mettre en garde. Pas la moindre burent à l’Etre, mais un humoriste l’éducation de novembre. LeMonde Job: WIV4499--0006-0 WAS LIV4499-6 Op.: XX Rev.: 03-11-99 T.: 18:03 S.: 111,06-Cmp.:04,08, Base : LMQPAG 34Fap: 100 No: 0068 Lcp: 700 CMYK

VI / LE MONDE / VENDREDI 5 NOVEMBRE 1999 essais b Contre le fatalisme A partir de textes de management destinés aux cadres, Luc Boltanski et Eve Chiapello analysent le « nouvel esprit du capitalisme », caractérisé par l’initiative et l’autonomie des acteurs

nouvelée, car l’un ne va pas sans des cadences et des petits chefs) s’est retrouvée dévitalisée. Dans LE NOUVEL ESPRIT l’autre. Conformément à la tradi- et la standardisation de la pro- le même temps, la critique sociale DU CAPITALISME tion wéberienne, Luc Boltanski et duction de masse. En donnant classique, trop décalée, a reflué ; de Luc Boltanski Eve Chiapello accordent un rôle partiellement satisfaction aux l’affaiblissement du syndicalisme et Eve Chiapello. central à l’ensemble d’idées et de exigences de liberté, de créativité et « la crise du modèle des classes Gallimard, « NRF essais », croyances, d’échelles de valeurs et d’authenticité portées par la sociales » survenant de surcroît 844 p., 195 F (29,72 ¤). et d’ordres de grandeurs, qui contestation (et par certains de sur fond d’implosion des régimes rendent le processus d’accumula- ses représentants qui ont accédé communistes. n parle de crise et tout tion du capital tolérable, accep- au pouvoir sous les gouverne- Des signes, cependant, té- semble dit. Le mot fait table, voire souhaitable. Pour ments de gauche), le nouvel es- moignent d’un réveil de la mobi- peur, mais il fait aussi analyser le nouvel esprit du capi- prit du capitalisme correspond en lisation. L’apparition de la notion O talisme qui souffle désormais, ils même temps parfaitement aux d’exclusion et les premières passer l’idée d’une sorte de fatalité, liée à une impla- s’appuient sur la littérature de nouvelles orientations du patro- formes d’action de type humani- cable loi des marchés, contre la- management destinée aux nat et aux nouveaux modes d’or- taire face à la misère ont cédé la quelle il serait fol et vain de vou- cadres. Une littérature dont les ganisation du travail qui se place à de nouveaux mouve- loir s’insurger. Crise pour qui ? maîtres mots sont « réseau », mettent en place. Il y a moins de ments. Constitués autour d’une Crise pourquoi ? Force est de « projet » et « mobilité ». Elle ré- contrôle et d’autoritarisme en ef- cause (la lutte contre le chômage, constater que le capitalisme se cuse la fixité des postes et des fet, avec l’abandon, dans de le droit au logement...), ils porte bien, il est même florissant, fonctions, rejette des principes nombreux secteurs, du principe exercent, par leur action forte- il prospère, se développe, se ré- d’autorité et de hiérarchie jugés hiérarchique fordiste au profit de ment médiatisée, une pression génère ou se rétablit, comme ré- dépassés, dénonce le caractère structures allégées ; la contrepar- sur les réformateurs sociaux. Ils cemment en Asie, après sérieux étroitement quantitatif de la pla- tie est qu’il y a aussi moins de sé- ont aussi pour caractéristique krachs et mauvaises fièvres. Ces nification et promeut l’initiative, curité matérielle et psycholo- d’être isomorphes à ce qu’ils vingt dernières années ont vu le l’autonomie, voire l’auto-organi- gique, plus d’anxiété et plus combattent, en rupture avec les développement des profits pure- sation du temps de travail. Les d’emplois temporaires ou pré- structures de parti et les organi- ment spéculatifs, la déréglemen- critères d’efficacité, qui étaient caires, notamment à travers la fi- sations instituées du mouvement tation des marchés financiers, la ceux du monde industriel des an- lialisation et la sous-traitance ouvrier, ils prennent précisément concentration des entreprises nées 60, sont ainsi remplacés par dans une constellation d’entre- la forme de coordinations et de multinationales et, si la crois- de nouveaux modèles. Ce qui est prises... réseaux... L’avenir est, peut-être, sance n’est plus ce qu’elle était, requis et apprécié, ce sont les ca- dans leur extension et leur inter- les revenus du capital ont bien pacités d’adaptation et l’aptitude « IDÉOLOGIE DOMINANTE » nationalisation. Luc Boltanski et progressé. Ceux du travail, en re- à la communication, le « savoir- Ne serait-ce donc finalement Eve Chiapello ne prétendent pas vanche, ont stagné et la situation être » compte autant que le « sa- qu’un leurre, une douce manière offrir des recettes pour continuer sociale s’est nettement dégradée. voir-faire », qualités personnelles de faire passer la pilule amère la lutte, mais des analyses pour La crise est évidemment de ce cô- et qualifications professionnelles d’une exploitation et d’une alié- mieux l’envisager. Rigoureux té. Montée régulière du chômage, se confondent, tout devient acti- nation renouvelées ? Ce n’est pas dans leur démarche, ils ne nouvelles formes de pauvreté, ac- vité, et il n’y a dès lors plus de si simple : Luc Boltanski et Eve cherchent pas à dissimuler leurs croissement des inégalités, aug- frontière entre travail et vie pri- Chiapello acceptent de parler options « sous un scientisme de mentation de la précarité du tra- vée. Dans ce « monde connexion- d’une « idéologie dominante », façade ». Dans cet ouvrage, vail et inquiétude des salariés, le niste », de nouvelles valeurs s’im- mais à condition de ne pas y voir ample et ambitieux, qui s’inscrit bilan est connu. De La Misère du posent, celles de la « cité par seulement un accessoire de do- dans une grande tradition de so- monde à L’Horreur économique, le projets » où, pour être « grand », mination. Car cette idéologie, qui ciologie théorique et critique, ils dévoilement de cette réalité fait il faut être inventif et branché, sert le capitalisme en le justifiant assument leur point de vue et le même de notables succès d’édi- dynamique et relié. « en termes de bien commun », lui sens de leur travail : leur visée tion. Cependant, si les motifs Ces modèles ne sont pas seule- trace par là même des limites. La n’est pas seulement la connais- d’indignation ne manquent pas, ment destinés à motiver et à mo- référence à un cadre normatif, ré- sance, en mobilisant la réflexion, la résistance critique, elle, fait dé- biliser les cadres, ils se diffusent pondant à des exigences d’équité ils souhaitent « renforcer la résis- faut. Prise de vitesse, elle s’est bien au-delà. Leur force réside ou de justice, implique que tous tance au fatalisme » et favoriser laissé dépasser par les profondes dans la récupération de la « cri- les profits ne sont pas permis. En- « une relance de l’action poli- transformations du capitalisme tique artiste » qui, dans la foulée core faut-il, lorsque le cadre tique ». Face à un capitalisme au cours de ces trente dernières de mai 68, dénonçait la société et change, que dénonciations et re- apte à se transformer, ils plaident années et, plus encore, par les la morale bourgeoises étriquées, vendications suivent le mouve- pour « une critique tenace, mena- changements idéologiques qui les l’aliénation de la vie quotidienne ment. Une partie de sa théma- çante, inventive », qui doit être à ont accompagnées et justifiées. par l’encadrement militarisé des tique ayant été reprise et la fois artiste et sociale. A système rénové, idéologie re- conditions de travail (la tyrannie récupérée, la « critique artiste » Nicole Lapierre

bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Tunisie : les logiques de l’autoritarisme Plus qu’un portrait du président tunisien Ben Ali, Nicolas Beau et Jean-Pierre Tuquoi proposent une radiographie d’un pouvoir sans partage

sormais sous la férule d’un pouvoir naient tributaires du jeu des diffé- tendons pas de miracle de la part de NOTRE AMI BEN ALI sans partage. rentes forces en présence. On sait ce l’Europe. Le dispositif euro-méditer- L’envers Les yeux commencent à se dessil- qu’il en est advenu et le rôle non né- ranéen relève d’un scénario impli- du « miracle tunisien » ler. Le propos des auteurs y contri- gligeable joué à cet égard par la cite de parthénogenèse où l’autori- de Nicolas Beau bue-t-il totalement ? Il participe sainte alliance. tarisme accoucherait de la et Jean-Pierre Tuquoi. d’une démarche dans l’air du temps, Après tout, suggère Notre ami Ben démocratisation. On pénètre ici au La Découverte, 228 p., l’ingérence démocratique, qui pose Ali, l’intérêt bien compris du régime cœur des contradictions de l’illusion 98 F (14,94 ¤). question. « La France, nous disent- ne résiderait-il pas désormais dans démocratique. Elle vante les vertus ils, tolère à deux heures d’avion une une ouverture sans risque au plura- de la société civile mais s’en remet à ’emblée, titre et préface bien douce dictature. » Ils n’hésitent lisme ? L’idée, fort répandue, pos- des processus de mondialisation et donnent le ton. Nul ne pas davantage à mettre en balance tule, bien à tort, une sorte d’irratio- de régionalisation des échanges qui D peut s’y tromper ; c’est le régime tunisien « avec ceux de nalité de l’autoritarisme. Le refus de laminent les sociétés civiles. par la manière forte que l’Irakien Saddam Hussein ou du toute concession en faveur de ca- Sans doute l’Europe multipliera- Nicolas Beau et Jean-Pierre Tuquoi Serbe Milosevic ». Diable ! Delenda naux autonomes d’expression col- t-elle les pressions sur la Tunisie. entendent fustiger le régime tuni- Carthago ? Sans pousser jusqu’à lective ne relève pas, à proprement Elle obtiendra en retour des liftings sien et les complaisances dont il bé- cette extrême, la référence aux deux parler, de choix mais de l’absence de des procédures électorales de na- néficie à Paris, voire à Bruxelles. Par- contraintes de choix. La re- ture à satisfaire son souci des conve- rainé par Gilles Perrault, Notre ami Michel Camau production de l’autorita- nances. Les changements ne Ben Ali se réclame d’un genre, sinon risme procède de configura- peuvent venir que de la société tuni- d’une série, dont l’œuvre inaugu- figures actuelles du « mal » et l’in- tions qui n’imposent pas aux sienne elle-même. Les auteurs, mal- rale, en son temps, fit grand bruit. dignation suscitée par la longévité tenants du pouvoir de choisir entre, gré leur inclination pour l’ingérence Les effets de style, quoi qu’on en d’un régime autoritaire dans notre d’une part, la préservation de leur démocratique, font largement écho pense, ne sauraient entamer la part zone de proximité témoignent intérêt de stabilité et, d’autre part, la à l’action des militants des libertés de vérité de cet ouvrage dérangeant d’une illusion démocratique. La dé- forme du régime. Ce type de situa- et des droits de l’homme qui, bra- qui, plus qu’un portrait mordant du mocratie relèverait de l’impératif tion donne crédit à une logique du vant les intimidations et la répres- président éponyme, offre une radio- moral et de la nécessité pratique. tout ou rien. sion, posent les jalons d’une pos- graphie d’un autoritarisme souvent Une fois délivrées, avec notre aide, Mais alors, objectera-t-on, le par- sible sortie de l’autoritarisme. Ne méconnu. Les auteurs ne se paient de leurs autocrates les sociétés de tenariat euro-méditerranéen n’offri- serait-ce qu’à ce titre, malgré les pas de mots lorsqu’ils décrivent, notre périphérie ne pourraient que rait-il pas aujourd’hui un cadre de malentendus sur les logiques auto- faits à l’appui, les atteintes aux participer à l’unisson démocratique. nature à intimer aux dirigeants tuni- ritaires, cet ouvrage mérite bien plus droits de l’homme et aux libertés, la Procès d’intention ? On relèvera siens de choisir ? N. Beau et J.-P. Tu- que le parfum de scandale qui en- mise sous tutelle des médias et des trois points révélateurs des limites quoi ne sont pas loin d’avaliser ce toure sa parution. associations, la docilité de l’opposi- de l’ingérence démocratique pour la théorème lorsqu’ils soutiennent que tion officielle. Reconnaissons-leur compréhension des logiques de des élections pluralistes devraient ૽ Michel Camau est professeur à également le mérite d’insister sur les l’autoritarisme. être un passage obligé pour coopé- l’université Aix-Marseille-III. ressorts de la régression autoritaire Si l’on en croit nos auteurs, «un rer avec l’Europe et qu’ils soulèvent et de sa méconnaissance. Tout plu- boulevard » s’ouvrait, en 1987, de- la question de la conditionnalité po- Jean-Pierre Tuquoi tôt que les islamistes ! Sous ce mot vant Z. Ben Ali pour édifier la dé- litique de l’aide internationale. N’at- est journaliste au Monde d’ordre, le régime, une grande partie mocratie. A vrai dire, la déposition des élites tunisiennes et les parte- de Bourguiba relevait avant tout naires européens de la Tunisie ont d’une tentative de sauvegarde des formé une sainte alliance contre des intérêts de ses épigones. De ce point outsiders sociaux et politiques stig- de vue, il ne pouvait s’agir d’opter matisés comme « intégristes » et entre l’autoritarisme et la démocra- « terroristes ». Au nom de la dé- tisation. L’objectif des héritiers du fense de « la société civile », la ré- leader déchu était d’élargir les as- pression implacable de la mouvance sises du régime, sans modifier sa islamiste a donné libre cours à la structure, en intégrant des représen- neutralisation des espaces de liberté tants de groupes tenus jusque-là en patiemment conquis durant trois lisière. Cette stratégie qui, dès le dé- décennies. « Je ne sais que deux ma- part, laissait place à l’hypothèse de nières de faire régner l’égalité, écri- l’affrontement et de la répression vait Tocqueville : donner des droits à n’était pas condamnée au succès. Sa chaque citoyen ou n’en donner à per- mise en échec, et, partant, une éven- sonne. » De fait, l’égalité règne dé- tuelle sortie de l’autoritarisme deve- LeMonde Job: WIV4499--0007-0 WAS LIV4499-7 Op.: XX Rev.: 03-11-99 T.: 19:36 S.: 111,06-Cmp.:04,08, Base : LMQPAG 34Fap: 100 No: 0069 Lcp: 700 CMYK

arts LE MONDE / VENDREDI 5 NOVEMBRE 1999 / VII b Portraits volés Un art sans étiquette Reconnu pour son travail sur la guerre, Luc Delahaye a, cette fois, changé son objectif pour saisir, Un recueil d’articles de divers compositeurs à l’insu d’anonymes, la solitude, le silence et l’incommunicabilité de la société définit les enjeux de la musique d’aujourd’hui

guerre, est de ne contenir aucune La Création après la musique L’AUTRE anecdote. Les gens sont silencieux, LA CRÉATION APRÈS contemporaine est donc un recueil de Luc Delahaye. contemplatifs, débarrassés de tout LA MUSIQUE CONTEMPORAINE d’articles, une douzaine, écrits par Texte de Jean Baudrillard. affect. « J’ai volé les photos ; je n’ai Textes réunis et présentés des compositeurs (français, ita- Ed. Phaidon, 192 p., pas piégé les gens », dit Delahaye. Il par Danielle Cohen-Lévinas. liens, belges et russe) soucieux de 195 F (29,73 ¤). ajoute : « On ne peut les regarder en Ed. L’Itinéraire/L’Harmattan, 108 p., définir les principaux enjeux de la face parce qu’ils se sentent atteints 70 F (10,67 ¤). musique savante à l’aube du troi- ongtemps, Luc Delahaye est par le regard. » sième millénaire dans une pers- allé à la guerre. Il en est Plus que des visages, ce sont en l n’est pas que les program- pective que L’Itinéraire a déjà L revenu avec une réputation effet des regards qui sont photogra- mateurs de festival pour matérialisée par une série de de plus passionnant photo- phiés, tournés vers un point I trouver anachronique le concerts à l’occasion d’une tour- graphe de conflits de sa génération aveugle, indéfini, plus près des terme de « musique contem- née européenne. Les points de vue (37 ans). Il a aussi ramené d’ex-You- songes que de la réalité. « Le métro poraine ». Des compositeurs que sont variés, les accents souvent goslavie, de Tchétchénie ou du est un lieu où les gens sont des por- l’on aurait de prime abord ratta- personnels et les contributions, Rwanda des images et un discours traits d’eux-mêmes. Quand ils chés à cette orientation prennent non négligeables. Riccardo Nova atypiques, à l’opposé du prêcheur remontent à la surface, ils prennent aujourd’hui la parole pour certifier fait l’Eloge de la jouissance ; Fausto qui veut soulever les consciences. un masque, font semblant de croire qu’elle ne correspond plus à la réa- Romitelli constate que « le son Les images ? Très proches de l’évé- que tout va bien, adoptent des codes lité de leur production. En amorce dans la musique contemporaine est nement, précises pour éviter l’effet relationnels factices – sinon la vie de ce qui ressemble fort à un “castré” par le formalisme » et symbolique ou décoratif, froides serait intenable. Dans le métro, il n’y manifeste, Michaël Levinas – fon- prône un « son sale, distordu, pour ne pas émouvoir. Des images a pas de relation du tout, je peux dateur et actuel président de L’Iti- violent, visionnaire, que les pour réfléchir ou comprendre et donc y trouver plus de vérité. » néraire – pose donc judicieuse- musiques populaires ont parfois su non pour expliquer ou dénoncer. Le Delahaye rejette la connivence ment la question de la exprimer ». Tous réalisent en fait discours ? « Je suis allé à la guerre qu’il juge factice entre le photo- terminologie doublée de celle du d’une manière ou d’une autre une pour combattre mon inconsistance. graphe et son modèle. « Pour faire statut social du compositeur : variation sur le temps. J’y ai retrouvé une simplicité élémen- un portrait, il ne faut pas connaître la « Mais qu’est-il donc cet art musical Dans des Propos irrévérencieux taire. J’essaie d’être le plus disponible personne. Ou alors on tombe dans la contemporain qui succède à particulièrement spirituels, Claude possible, de faire confiance à la communication. Je trouve insuppor- l’ancienne société de ladite Ledoux envisage de Composer machine photographique et au pro- table le fait d’arriver et de dire : “musique contemporaine” ? Mais l’aujourd’hui ; sans doute en écho cessus d’enregistrement. » “Bonjour, placez-vous comme ça !” » qu’est-il donc cet attachement à au célèbre Penser la musique Cette absence revendiquée Reste que chaque image du livre est l’utopie créatrice ? De quel droit aujourd’hui rédigé il y a quarante répond à la question souvent un procès potentiel de droit à réclamons-nous le soutien financier ans par Pierre Boulez. Didactique, oubliée du style dans le photojour- l’image. Delahaye le sait mais des partenaires et l’oreille attentive Viktor Kissine indique que les nalisme. « A la guerre, toute intention déplace la question : « Dans ce de la société alors que nous compositeurs se sont peu à peu stylistique est malsaine. Le style, c’est débat, on ne s’interroge pas assez sur déployons une liberté esthétique qui libérés d’une chronologie contrai- une façon d’être dans la vie. Si on est la relation entre une personne et son se veut affranchie de tout devoir de gnante et rappelle que l’histoire de clair, ça se voit clairement dans les image. En est-elle vraiment proprié- fonction et de tout service public ? » la musique ne s’apparente pas à

images. » LUC DELAHAYE taire ? Ces personnes, je les distingue, Puis il milite opportunément en un « marathon sportif ; Haydn Il arrive à Delahaye de retourner tueuse et contestable. Ambiguë, moyen que j’ai trouvé pour parler de je les reconnais alors que la société faveur d’une nouvelle espèce de passe le relais à Mozart qui le passe à la guerre. Mais il a aussi voulu puisqu’il s’agit de portraits volés, la solitude, du silence, de l’obscurité fait tout pour les rendre anonymes. » « compositeur trouvère ». Jean-Luc à Beethoven qui, quant à lui, saute vérifier la pertinence de son attitude deux termes souvent opposés. C’est des choses », répond Delahaye, qui a C’est pour cela que Delahaye Hervé se demande plus simple- par-dessus la barrière du roman- sur un sujet et un lieu où il n’a ni du portrait, puisque le visage enva- établi un protocole précis : « Fabri- affirme ne pas faire des portraits ment : « Pourquoi écrire de la tisme puis jette le relais et à Schu- légitimité ni utilité, à l’opposé de la hit le cadre, net et proche du photo- quer un appareil que je cachais dans mais de la reconnaissance. Peu musique aujourd’hui ? » Et répond bert et à Berlioz. C’est ainsi jusqu’à guerre, de l’événement médiatique, maton, en noir et blanc, à quelques un sac, m’asseoir sur une banquette importe les noms, âges et qualités. par une évidence oubliée quelque- notre époque, où la course par du spectaculaire : photographier des centimètres à peine de l’objectif. libre, photographier de la même Ce photographe inclassable, qui fois par excès de théorisation relais se transforme progressivement visages anonymes dans le métro. L’arrière-plan est rejeté dans le flou façon chaque personne assise face à exploite remarquablement les possi- (« Pour l’écouter ! ») avant d’appe- en jogging individuel ». Lyrique, Vous et moi. L’autre. C’est le livre et la maquette du livre, dépouillée moi, tirer toutes les images en format bilités sans fin du style documen- ler à la découverte d’« images Jean-Paul Dessy déclare enfin que qu’il vient de publier – 80 portraits – une image sans marge sur la page 13 cm × 18 cm, les punaiser au mur. » taire, se demande comment conti- sonores ». Philippe Leroux s’asso- la musique contemporaine a vécu accompagnés par un texte aussi de droite face à une page noire – Il ajoute : « Je voulais être froid nuer à vivre ensemble dans un cie à l’un de ses pairs, Christophe et appelle de ses vœux la serré que les images, en forme de intensifie la confrontation, sans comme une machine et j’ai échoué. Je monde où l’échange est impossible. Bruno, par ailleurs docteur en « musique innommée, sans adjectif, manifeste, et d’un essai de Jean voyeurisme, entre le lecteur et la suis sorti épuisé de la tension entre la Peu réjouissant. Il nuance : « Je ne physique théorique, pour démon- inqualifiée ». La musique sans Baudrillard. personne. personne qui me faisait face et son veux pas croire que le monde, c’est trer « que la composition et l’écoute appellation contrôlée que chacun Le résultat est passionnant parce Ce sont des portraits volés, image. » uniquement ça. » C’est pour cela (le plaisir musical) peuvent se goûte en général selon son bon que Delahaye explore une voie sau- puisqu’ils ont été pris à l’insu de La force des images, qui se situent qu’il continue de le parcourir. concevoir comme intimement liées à plaisir. vage, réfléchie et violente, respec- gens. Contestable ? « C’est le seul dans la continuité de son travail à la Michel Guerrin la structure topologique». Pierre Gervasoni

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livraisons

La saga Joachim Intégrale Scriabine QUAND L’ŒUVRE A LIEU, l’art exposé et ses récits autorisés, de Jean-Marc Poinsot Nombre d’œuvres contemporaines n’existent que par et pour Sans fausse note, Brigitte Massin retrace l’histoire Une biographie précise et didactique leur lieu d’exposition, qu’il soit extérieur ou intérieur, privé ou public, galerie ou musée. Cette évolution, née d’un long d’une étonnante lignée de musiciens du compositeur russe par Manfred Kelkel processus réflexif, produit ses effets sur les lieux, les œuvres, les commentaires, le discours historique. Jean-Marc Poinsot, avec lée. Elle fait parler Irène, son amie. de l’excitation provoquée par la lit- un souci de la précision et du détail remarquable, décrit et LES JOACHIM Elle utilise surtout son incomparable ALEXANDRE SCRIABINE térature occulte (la scène chez le analyse ce phénomène en cours. Une famille de musiciens connaissance du milieu pour restituer Un musicien libraire de Bruxelles vaut le détour). (Ed. Musée d’art moderne et contemporain de Genève et de Brigitte Massin. cent cinquante ans de vie musicale, à la recherche de l’absolu Personnage haut en couleur qui Institut d’art contemporain de Villeurbanne, 330 p., 200 F Fayard, 460 p., 150 F (22,86 ¤). en France et en Allemagne. Un siècle de Manfred Kelkel. installe sa maîtresse à proximité du [30,48 ¤].) et demi de créations, d’interpréta- Fayard, « Bibliothèque des grands domicile conjugal en Suisse, qui Ph. D. ans doute la musique est-elle tions, de querelles d’écoles auxquelles musiciens », 412 p., menace d’un duel l’organisateur de le seul air qu’ils ont respiré se mêlent les événements drama- 180 F (27,44 ¤). concerts non rentables ou qui se avec un bonheur véritable. tiques qui secouent l’Europe. Joseph trouve fiché comme terroriste par la S Joachim prend parti contre Wagner ingt ans après avoir publié police helvétique, le compositeur Lui, Joseph Joachim, né juif hongrois en 1831, n’est encore qu’un quand, en 1850, celui-ci rédige, sous une thèse sur Scriabine du Poème de l’extase illustre égale- « ange joufflu », violoniste de dix ans, pseudonyme, son fameux article an- V (soutenue en Sorbonne en ment dans ses œuvres l’observation quand il éblouit Mendelssohn. Il re- tisémite « Le Judaïsme en musique ». 1974), Manfred Kelkel, de Rimski-Korsakov : « Aussi aga- nonce vite à la composition pour Suzanne est l’amie du colonel Pic- mort cette année, livre l’aboutisse- çant que puisse être Scriabine, il est mieux interpréter la musique de ses quart, mélomane de premier ordre, ment de toute une vie de toujours intéressant. » L’ambition amis, Schumann, Berlioz, Brahms et tout au long d’une affaire Dreyfus qui recherches consacrées au composi- analytique de Kelkel est de révéler le concerto de Beethoven «jus- bouleverse la famille Chaigneau. Et teur russe. Son travail, précis et le sens caché des partitions en par- qu’alors incompris ». Elles, Suzanne et quand Roger Désormière fonde, en didactique, permet de suivre non tant du principe que « tout ce qui est Irène, mère et fille, l’une violoniste 1941, le Front national des musiciens, seulement l’évolution personnelle en bas est comme ce qui est en pour faire découvrir Fauré ou César Irène y participe activement. Elle du musicien de sa naissance (à haut » et en recourant abondam- Franck, l’autre chanteuse, incompa- adhère en 1950 au Parti communiste. Moscou le 6 janvier 1872) à sa mort ment à la méthode métrotecto- rable Mélisande puis inlassable pro- Mais c’est, avant tout, pour souli- (le 16 avril 1915 des suites d’une nique inventée par Conus, un des fesseur. Devenu allemand (et protes- gner le « fil lumineux de la progression piqûre de mouche charbonneuse) professeurs de Scriabine. Le résultat tant), Joseph déteste la « musique de de la musique » que Brigitte Massin mais aussi de le situer dans un envi- n’est pas toujours probant mais l’avenir » et le « tapage » des Weima- met en scène un Joseph Joachim cou- ronnement très mouvant. Politique, ouvre parfois des horizons insoup- riens. Il s’éloigne de Liszt et préfère vert d’honneurs, n’entendant dans militaire, religieux, esthétique, tech- çonnés (la fonction de l’accord syn- fonder à Berlin le Quatuor Joachim, Pelléas et Mélisande qu’un « immense nique, voire touristique, le contexte thétique dans Prométhée ou l’inter- qui se fait, de 1869 à 1907, le «pro- désordre ». En 1941, sa petite-fille, fait à chaque fois l’objet d’une défi- prétation ennéaphonique des phète des derniers quatuors de Beetho- Irène, réalisera, avec Jacques Jansen, nition utilement détaillée. La partie Préludes op. 74). ven ». Henri Etcheverry et Roger Désor- biographique serait donc d’une lec- Quant à la dimension générale de Suzanne Chaigneau, fille d’un mière, le premier enregistrement in- ture divertissante si Kelkel n’en- l’œuvre de Scriabine, Kelkel la resti- peintre de Barbizon proche des tégral (vingt 78 tours) de l’opéra. combrait pas sa prose d’expressions tue parfaitement : « Pendant de communards, épouse Hermann Joa- L’œuvre de Debussy qu’on sur- malvenues. Souvent familières longues années, le musicien avait chim, fils de Joseph. A la veille de la nomme, alors, Claude de France, ap- (« Son postulat “Rien n’est, pour moi, porté en lui le projet grandiose de son Grande Guerre, le couple franco-alle- paraît comme le reflet de l’âme fran- au-dessus de moi !” lui allait comme « Mystère » telle une liturgie sacrée mand quitte Paris où, en 1913, est née çaise ; la voix d’Irène – ce « long un gant. »), parfois redondantes qui provoquerait l’embrasement final Irène, pour s’établir à Berlin. Suzanne soupir », écrira Georges Theys – de- (« Il n’avait plu un sou vaillant en du monde. L’humanité en extase renonce ainsi au trio (violon, piano, vient celle d’un pays occupé. Au-delà poche ») ou contradictoires (« avant régénérée par l’acte sacré des initiés, violoncelle) qu’elle avait formé avec des années qui les séparent – Joseph, de finir par accepter la situation, fai- disparaîtrait, s’annulant dans un ses sœurs et, en terre ennemie, ne premier protecteur de Brahms, crée sant contre mauvaise fortune bon tourbillon de l’espace, au sein du compte que sur la musique pour son concerto pour violon, Irène crée cœur ; il rejeta alors comme un Divin. » A propos de ce « happening vaincre l’« infâme souffrance de la cantate de Boulez, Soleil des eaux mufle, la faute sur l’autre »), elles colossal » imaginé par un pré- l’exil ». Quand, à six ans, Irène Joa- – ces deux Joachim, « fiers et têtus » témoignent d’un embarras linguis- curseur du spectacle multimédia chim retrouve la France, elle éprouve mais « jamais sûrs de bien faire », se tique qui va jusqu’à considérer (avec orgue à parfums et clavier à un sentiment d’étrangeté qui ne la passionneront l’un et l’autre pour l’attitude de Stravinsky vis-à-vis de lumières) qui élabore ses formes quitte plus guère. Un sentiment l’enseignement de la musique. Avec Scriabine comme de « l’indifférence globales selon des schémas géomé- qu’elle reconnaît sublimer en incar- la même intransigeance, parce que, hostile ». Compositeur de métier, triques destinés à représenter les nant l’héroïne de Maeterlinck et De- dira Irène, la « musique est un art (...) à Kelkel est pourtant fort convaincant rapports entre la musique et le bussy : « Je ne suis pas d’ici, je ne suis la mesure des éléments, du vent, du ciel quand il « se met dans la peau » de monde, l’on se demande pourquoi pas née là. » de la mer ». Il fallait le talent de Bri- Scriabine afin de rendre compte, Kelkel, compositeur contemporain Pour retracer la saga de cette éton- gitte Massin pour ne pas perdre une dans un style simple et direct, des d’origine allemande, ne fait jamais nante lignée de musiciens, Brigitte note de cette musique dont les Joa- interrogations philosophiques de allusion à Karlheinz Stockhausen et Massin puise dans les archives de la chim auront fait une raison, presque l’artiste, du tiraillement ressenti à Licht, son opéra en sept jour- famille, l’abondante correspondance unique, de vivre. entre deux femmes (Véra, l’épouse nées... de Joseph, le journal de Suzanne exi- André Meury légitime et Tatiana, l’âme sœur) ou P. G i LeMonde Job: WIV4499--0008-0 WAS LIV4499-8 Op.: XX Rev.: 03-11-99 T.: 19:38 S.: 111,06-Cmp.:04,08, Base : LMQPAG 34Fap: 100 No: 0070 Lcp: 700 CMYK

VIII / LE MONDE / VENDREDI 5 NOVEMBRE 1999 académie française b René Rémond reçu à l’Académie française

neuse entre la terre et l’esprit. L’at- lusion. Les compliments sur mon ac- égard emblématique : Dictionnaire cédent de notre Terreur ou, au Elu le 18 juin 1998 tachement passionné à la France tion passée sont autant de fleurs critique de la Révolution. (...) contraire, pour les condamner soli- inspirera son engagement dans la jetées sur un convoi funèbre. Mes am- Cette conception, il l’a appliquée dairement au motif qu’elles ont pa- au fauteuil Résistance, et plus tard son combat bitions sont mortes. Ma vie politique principalement à l’histoire poli- reillement recouru à la terreur pour l’intégrité du territoire de la est brisée. Tout est vanité. » tique, et singulièrement à celle des d’Etat. (...) de François Furet, patrie. (...) La République. (...) Déclaration assurément exces- idées politiques. (...) François Furet Mais ce qui l’intéresse par-dessus Certes, il fut un adversaire intra- sive : sa vie politique est loin d’être est à l’aise avec les idées politiques. tout, c’est de comprendre les pas- René Rémond essieurs,tout itable de la IVe République dont il a finie. Il dirigera encore quelques- Il excelle à les analyser comme à re- sions des hommes et de découvrir commencement est difficile, et la harcelé sans merci et non sans in- uns des plus importants ministères : constituer la façon dont elles s’as- les connivences, avouées ou ca- est reçu jeudi difficultéM de celui-ci n’est pas la justice les gouvernants. (...) Il fut l’économie et les finances, les af- semblent et s’organisent en sys- chées, qui expliquent le succès de ce moindre assurément. (...) Pour l’un des premiers à instruire le pro- faires étrangères, la défense, et dans tèmes. Il les aime vivantes, quand qui lui est apparu avec le temps 4 novembre l’honneur que vous m’avez fait j’ai cès de ce qu’on appelle aujourd’hui chacun de ces départements il fera elles deviennent des idées-forces et n’être qu’une illusion. (...) Avec Le en outre une raison personnelle la classe politique, avec un pam- sentir son action, mais rien ne suscitent les passions. Il sait d’expé- Passé d’une illusion, c’est tout un sous la coupole. d’en apprécier la gratuité : quarante phlet (...) dont le titre, Ces princes compensera le chagrin d’être écarté rience que la politique n’obéit pas à pan de l’histoire politique et intel- années de commentaires des qui nous gouvernent, est passé dans de la responsabilité majeure. Il n’a la seule raison logique et que l’em- lectuelle de notre siècle qui revit. Cas de figure consultations électorales m’ont en- le domaine public au point que l’ex- pire des idéologies se fonde sur (...) seigné le caractère aléatoire de tout pression est couramment employée toutes sortes de facteurs. (...) Il a Cette ébauche de portrait risque- inédit : le nouveau scrutin. (...) Pourrait-il y avoir façon aujourd’hui sans qu’on en sache aussi appris que, l’histoire échap- rait de proposer une image de lui plus digne de vous témoigner ma toujours l’origine et l’auteur. (...) pant à tout déterminisme, l’histo- dans laquelle ceux qui l’ont bien récipiendaire doit reconnaissance que d’observer reli- Mais, dans son esprit, il n’était pas rien doit se garder d’abuser de connu ne le reconnaîtraient pas gieusement l’autre tradition qui ré- question de renverser la Répu- l’avantage que lui donne la connais- tout à fait, si je ne tentais d’esquis- prononcer l’éloge git cette cérémonie : celle de l’hom- blique : seulement de la restaurer sance de la suite des événements et ser quelques autres traits de sa per- mage à ses prédécesseurs ? Le en corrigeant ses déformations et se défendre de croire que les choses sonnalité. Cet intellectuel, au sens non seulement pluriel s’impose en la circonstance en rétablissant l’équilibre des pou- devaient nécessairement se passer plein du terme, était un homme de puisque je me trouve, exceptionnel- voirs. (...) L’Etat ? Il sait par expé- comme elles ont fait. Il n’a jamais plein vent, amoureux de l’existence. de son prédécesseur lement, héritier d’une double suc- rience l’infortune d’un peuple dont cessé de méditer sur le caractère (...) Ce n’était pas un solitaire, y cession : François Furet, auquel j’ai l’Etat est impuissant. (...). Aussi ad- contingent des événements. (...) compris dans le travail, la recherche direct, mais aussi l’honneur de succéder directement, mire-t-il ceux qui ont patiemment Quant à la Révolution, sujet ma- et l’écriture. (...) a été enlevé à votre amitié quatre édifié l’Etat en France, au premier jeur de sa réflexion, c’est le Cette Révolution française qui fut de Michel Debré mois à peine après que vous l’avez rang desquels le fondateur de votre René Rémond contraire même de la fatalité. La l’objet majeur de sa réflexion est- appelé parmi vous et avant d’avoir Compagnie. (...) Révolution. Elle a été l’objet de son elle aussi de ces utopies auxquelles auquel François pu prononcer l’éloge de celui au- A pressentir ce que l’Etat repré- que cinquante ans, il se sait en me- premier travail d’historien, écrit en il serait temps de signifier leur quel lui-même succédait, Michel sentait pour lui on devine ce qu’il sure de rendre encore d’éminents collaboration avec Denis Richet, lui congé ? (...) Une première réponse Furet avait succédé. Debré. C’est à moi qu’échoit en lui en a coûté d’entrer dans la voie services et souffre de ne pas être aussi trop tôt disparu. Elle sera le découle du récit classique de la conséquence l’office que le destin de la désobéissance. Mesure-t-on employé à la mesure de ses capaci- sujet constant et la source princi- période : comme événement la Ré- Ce dernier, mort ne lui a pas permis de remplir. bien aujourd’hui ce qu’il fallut alors tés. (...) pale de sa méditation sur l’histoire volution a pris fin au 18 brumaire : Rendre hommage à Michel Debré de clairvoyance et de courage à des D’avoir été associé à quelques- des sociétés. L’interrogation sur ce après dix ans d’errances, elle a trou- brutalement n’est pas pour moi seulement me serviteurs de l’Etat pour devenir des uns des événements les plus glo- phénomène étrange d’une rupture vé sa conclusion. (...) Deuxième ré- conformer à la coutume : c’est aussi réfractaires, au nom d’une légitimi- rieux et aussi les plus dramatiques volontaire a dominé sa réflexion et le 12 juillet 1997, acquitter une dette de reconnais- té supérieure à la légalité ? Aussi de notre histoire contemporaine, confère à son œuvre sa cohérence. sance pour une raison dont vous ne n’aura-t-il, la Libération venue, de d’avoir pris une part éminente à Dans ce premier essai, de facture Comment mieux n’avait pu faire son trouverez pas que la mention soit préoccupation plus pressante que quelques-unes des décisions les très classique, certains aspects déplacée en ce jour. L’institution de travailler à reconstituer un appa- plus importantes pour notre avenir étaient déjà assez neufs pour être définir l’histoire telle entrée à l’Académie. que j’ai l’honneur de présider lui reil d’Etat plus efficace. (...) Michel ne faisait que rendre plus doulou- perçus comme provocants et dé- doit en partie l’existence. Chargé à Debré est un réformateur. (...) Or, reux le contraste entre les réussites clencher des controverses qui ne que [François Furet] C’est Hélène la Libération de rénover la forma- par une succession de circonstances éclatantes d’hier et les déceptions s’éteindront pas. S’y laissent aussi tion des élites administratives, il est exceptionnelles, l’histoire lui a don- du présent. Ces sentiments qui nous pressentir quelques-unes des intui- la conçoit qu’en lui Carrère d’Encausse, de ceux qui conçurent alors et vou- né plusieurs occasions d’être asso- le rendent proche suscitent avec tions qui illumineront ses écrits ul- lurent la création de la Fondation cié à des entreprises réformatrices l’estime et la reconnaissance, une térieurs. L’idée d’une révolution qui empruntant récemment élue nationale des sciences poli- ou d’en prendre l’initiative. (...) sympathie dont je présume qu’elle aurait comme échappé à ses au- tiques. (...) Dernier rendez-vous avec l’his- aurait inspiré à François Furet des teurs, l’image, qu’il corrigera plus de ses formules ? secrétaire Si m’échoit ainsi le rôle qui reve- toire, le plus prestigieux et dont les expressions d’autant plus pré- tard, d’une dérive ou d’un dérapage nait à François Furet, je n’aurai pas conséquences sont toujours ac- cieuses que venant de quelqu’un impliquent que les infléchissements (...)« C’est une histoire perpétuelle, la présomption de le remplacer. tuelles : la charge en 1958 comme que rien ne disposait à être proche du processus n’étaient pas inscrits Quel eût été son discours ? J’y ai garde des sceaux de préparer une de Michel Debré. dans le code génétique de la Révo- qui construit qui accueille souvent songé. (...) Quel jugement, nouvelle Constitution. Peu Michel Debré était venu à la poli- lution. Les Lumières ne portent lui qui ne s’était jamais laissé sé- d’hommes ont eu ainsi la chance de tique par la Résistance et il en fit la donc pas la responsabilité de la Ter- ses données à partir l’historien, duire par la grandeur de Charles de pouvoir traduire leurs vues institu- raison de son existence pour avoir reur. François Furet restitue au Gaulle, aurait-il porté sur le fidèle tionnelles en dispositions juridiques vu ruinés par le départ du général cours des événements leur carac- de questions politologue, inconditionnel du général ? (...) et d’en faire la Loi fondamentale de de Gaulle ses espoirs d’un redresse- tère imprévisible, sinon explicable a Deux modèles pour un seul dis- la République. Qui plus est, c’est à ment de la France. François Furet posteriori. En conséquence la Révo- conceptuellement président cours. (...) Mais tout n’opposait-il lui que le président de la nouvelle s’est engagé en politique par espoir lution n’est pas ce bloc infrangible pas le fondateur de la Ve Répu- République confie la tâche de d’une révolution. Et pourtant s’il est qu’il faudrait accepter en totalité ou élaborées. » de la Fondation blique à celui qui critiqua le nou- mettre en pratique le texte qu’il a une œuvre historique dont le prin- rejeter dans sa globalité. (...) Fran- veau régime ? Tout au moins les sé- contribué à rédiger. L’honneur lui cipe d’explication est à l’opposé des çois Furet introduit cette relativisa- Une histoire nationale pare. A commencer par la restera à jamais d’avoir été le pre- postulats de l’idéologie inspiratrice tion qui est le devoir et le propre de différence d’âge. On sait l’impor- mier des premiers ministres de la de son engagement, c’est bien la l’historien, à égale distance des thu- problématique des sciences tance des expériences qui soudent Ve République. sienne. Du retournement de sa ré- riféraires inconditionnels qui une génération. (...) Gaulliste, Mi- flexion d’historien et du détache- croient devoir révérer tous les actes qui a entendu la leçon politiques et retrace chel Debré le fut toujours, François ment du militant, lequel fut la cause de la Révolution, crimes compris, et Furet ne le fut jamais. (...) Michel L’action politique fut et lequel la conséquence ? Il est pro- de l’école contre-révolutionnaire, de Lucien Febvre son itinéraire Debré et François Furet se trou- bable que les deux s’influencèrent qui l’exècre en bloc. (...) vèrent presque toujours dans des la passion de Michel réciproquement, sa recherche fai- Si François Furet n’a cessé d’ap- et de Marc Bloch camps opposés, même quand ils sant prendre conscience à l’histo- profondir le sillon qu’il avait ouvert, eurent les mêmes adversaires. (...) Debré, celle de rien de son désaccord avec une vi- il a parallèlement élargi le champ de Michel Debré n’a jamais varié dans sion déterministe, et l’actualité l’étude par un jeu de comparaisons ponse : celle qu’il a énoncée au ses convictions. (...) Avec cette recti- François Furet fut de politique donnant à l’observateur avec d’autres événements présen- terme de sa magistrale étude d’un tude, qui n’allait pas sans quelque des raisons de douter de la justesse tant quelque analogie. (...) Dans cet siècle d’histoire dans une formule raideur, l’itinéraire de François Fu- comprendre le passé de la ligne suivie par le parti. Cette exercice il est passé maître. (...) La qui fit choc : la Révolution a fini en ret fait un contraste prononcé, mais double évolution atteste avec la ri- Révolution française est loin d’avoir 1880. (...) Mais elle n’est pas finie la liberté avec laquelle il s’est déta- et d’en méditer les gueur de l’intelligence sa capacité à absorbé toute sa capacité d’atten- pour autant comme culture poli- ché de son adhésion première et la édifier une vision personnelle de tion. Il a exploré d’autres champs : tique : deux siècles plus tard la lé- sérénité avec laquelle il en traitera leçons. L’un faisait l’histoire. (...) la démographie l’a intéressé, il a gende révolutionnaire continue quand il en fera l’objet de sa ré- Pour définir cette histoire, je la mené avec Jacques Ozouf des re- d’exercer sur l’imaginaire collectif et flexion d’historien ne font pas l’histoire, l’autre qualifierais d’intellectuelle, si je ne cherches neuves sur l’alphabétisa- la pensée politique une influence moins honneur à sa probité d’esprit craignais que le terme ne fasse tion et l’apprentissage de la lecture. dont François Furet comme citoyen que la fidélité de son prédécesseur à l’écrivait. (...) confusion avec je ne sais quelle Il a porté son regard sur d’autres so- déplorait l’emprise. (...) Heureuse- ses convictions de toujours. construction désincarnée. Or l’his- ciétés, deux en particulier : les ment, estime-t-il, les esprits ont ré- Dernière différence, par laquelle toire que pratique François Furet Etats-Unis et Israël. Il a progressive- cemment évolué et se seraient enfin j’aurais peut-être dû commencer, Le voici à quarante-six ans, assuré n’a rien d’abstrait : elle restitue la ment élargi le cercle de ses compa- soustraits à la tyrannie de la lé- car c’est peut être la clé des autres : de la confiance de l’homme qu’il vie aux êtres et aux choses. Il sait raisons entre la Révolution fran- gende révolutionnaire. (...) La Révo- leurs activités majeures ne se sont admire éperdument et disposant raconter ; il excelle dans l’art, çaise et d’autres, à commencer par lution comme culture politique est pas situées sur le même registre. d’une latitude d’action infiniment combien difficile ! du portrait (...). les deux révolutions anglo- bien finie : c’est sa troisième et der- L’action politique fut la passion de supérieure à celle de ses prédéces- François Furet était de ces histo- saxonnes : la révolution anglaise de nière conclusion. Michel Debré, celle de François Fu- seurs. Le réformateur peut donner riens qui estiment qu’ils n’ont pas 1688 et surtout la révolution d’Amé- Serait-ce se laisser impressionner ret fut de comprendre le passé et libre cours à sa passion de réforme. mené leur démarche jusqu’à son rique. (...) La comparaison entre les par la circonstance exceptionnelle d’en méditer les leçons. L’un faisait Tout est à refaire : l’Etat, l’adminis- terme tant qu’ils n’ont pas prolongé deux révolutions souligne la singu- de ce double hommage que d’ob- l’histoire, l’autre l’écrivait. (...) tration, la justice, l’économie. Et le récit par une réflexion sur le sens larité de la nôtre et explique les ca- server que, si l’interminable débat La politique, qui les a opposés, d’engager son action dans toutes et la portée des événements. Rien ractères originaux de notre culture sur les institutions est aujourd’hui est aussi le lieu où leurs pensées se ces directions. (...) En quelques mois ne caractérise mieux cette visée que politique restée jusqu’à ce jour im- clos et si personne ne cherche plus rejoignent : si leur relation person- sont réformées la carte judiciaire, le titre du livre publié en 1978 et par pressionnée par elle et plus encore dans un changement de régime le nelle au politique n’est évidemment les études de médecine, l’institution lequel il marqua son territoire : Pen- par ses représentations. La même remède aux maux de la société, pas la même, ils croient pareille- hospitalière. (...) ser la Révolution. (...) Cet infinitif qui leçon se dégage de la comparaison nous le devons sans doute, autant ment à l’existence d’un ordre du Après des tâches aussi exaltantes sonne comme un impératif sera en- avec l’autre grand fait révolution- qu’à la maturité de l’esprit public, à politique ayant sa consistance pouvait-il y avoir pour lui autre core le titre de son intervention naire : la révolution d’Octobre. L’es- une Constitution qui a réconcilié les propre, et ne se confondant avec chose que déceptions et regrets ? dans une discussion sur la séquence sentiel de l’œuvre de François Furet deux traditions qui se disputaient aucun autre. (...) Michel Debré et Son éviction, le 15 avril 1962, de la la plus controversée de cette s’ordonne ainsi en deux massifs depuis deux cents ans la référence à François Furet étaient pareillement direction du gouvernement, même époque troublée : Penser la Terreur. correspondant aux deux grandes la démocratie ? François Furet a convaincus que c’est par la poli- assortie d’un hommage flatteur du Comment mieux définir l’histoire révolutions qui ont bouleversé le écrit à propos de la refonte consu- tique que les peuples assument leur général de Gaulle, qui pouvait lais- telle qu’il la conçoit qu’en lui em- cours de l’Histoire : 1789 ; 1917. Loin laire de 1800 : « La France vient de destin au lieu de le subir. (...) Michel ser espérer qu’il lui succèdât un pruntant de ses formules ? (...) de dissoudre l’originalité de la Ré- trouver cette monarchie républicaine Debré (...) était un être de passion, jour, fut pour cet homme plein de « C’est une histoire qui construit ses volution française dans la généralité qu’elle cherche à tâtons depuis d’une passion ardente, inquiète, qui projets et débordant d’énergie, pas- données à partir de questions du phénomène révolutionnaire, le 1789. » La formule définit avec bon- transparaissait dans le vibrato de sionné du bien public, mais aussi conceptuellement élaborées. » Une rapprochement avec la révolution heur le sens de l’événement et rend son éloquence. (...) Sa passion avait doué d’une vive sensibilité et d’une histoire problématique qui a enten- d’Octobre la fait mieux ressortir. compte de son succès. Ne pourrait- trois objets confondus dans un capacité de souffrir égales à son ar- du la leçon de Lucien Febvre et de François Furet met en garde contre elle, avec les réserves qu’impose la même amour : la France, la Répu- deur à vivre, une surprise doulou- Marc Bloch. Une histoire critique les erreurs d’optique qui résulte- différence des temps, s’appliquer blique, l’Etat. (...) Son amour de la reuse dont la blessure ne se cicatrisa qui remet en question les vulgates raient de rapprochements spé- aussi bien au texte de 1958 dont le patrie était total. (...) Cet amour qui jamais. L’ingratitude de ses élec- et ne s’en laisse pas conter par les cieux : il a dénoncé les interpréta- principal rédacteur fut celui-là se refusait à disjoindre la France teurs, quelques mois plus tard, avi- scoliastes : ce qui lui vaudra de te- tions qui établissent entre les deux même dont François Furet aurait dû charnelle des valeurs immatérielles va encore des sentiments que ses naces rancunes. L’adjectif retenu révolutions une fallacieuse relation faire ici l’éloge, et dont je prononce le rendra sourd au discours de Vi- mémoires évoquent en termes pa- pour la grande entreprise menée de de filiation, que ce fût pour justifier le nom, en le rapprochant une der- chy et réfractaire à l’opposition rui- thétiques : « Je ne nourris aucune il- concert avec Mona Ozouf est à cet les crimes soviétiques par le pré- nière fois du sien : Michel Debré ? LeMonde Job: WIV4499--0009-0 WAS LIV4499-9 Op.: XX Rev.: 03-11-99 T.: 19:39 S.: 111,06-Cmp.:04,08, Base : LMQPAG 34Fap: 100 No: 0071 Lcp: 700 CMYK

académie française LE MONDE / VENDREDI 5 NOVEMBRE 1999 / IX b

votre compétence d’historien, sur térieur fut douloureux, et ils y per- thèmes plus précis, plus sociaux votre habileté à manier les archi- dirent plus souvent la foi que l’es- étaient en général les mieux ac- ves, sur votre esprit critique. Mais prit critique. (...) cueillis. Vous auriez pu opter pour il faut aussi souligner que cette Appartenir à une communauté l’histoire sociale, alors si en vogue. Discours de réception d’Hélène Mais une très ancienne curiosité mission a eu des conséquences fondée sur une foi partagée durables pour la conception qu’on constitue déjà un fait social parmi pour la politique au sens large l’a se fait du domaine d’activité de d’autres, relevant de l’Histoire qui chez vous emporté. Sans doute l’historien. Désormais, l’historien les englobe tous. La foi ne vous a n’avez-vous pas été le premier à Carrère d’Encausse explorer la voie de l’histoire poli- pénètre dans les prétoires ; il y est pas seulement écarté du mar- certes appelé comme expert, en xisme, elle vous a contraint à pré- tique, mais avant vous les études l’administrateur remarquable qui enfin à ces activités pédagogiques fait comme témoin. Mais témoin ciser pour vous-même votre menées étaient souvent plus évé- fit traverser à Sciences-Po les an- le rôle que vous avez joué dans les de quoi ? Il n’a eu en général conception de l’homme et des ac- nementielles qu’ancrées dans la nées compliquées qui suivirent la médias. Longtemps il fut de tradi- connaissance de l’événement que tivités humaines. Si l’eschatologie durée, plus anecdotiques qu’atta- nationalisation de 1945, puis la tion, dans l’université, de séparer par ses études. Il y a là un certain marxiste, le déterminisme, la ré- chées à une réflexion sur le lien tempête de 1968 et sauva l’établis- le champ du savoir et de sa trans- détournement de la notion de té- duction de l’explication de la réali- entre vie politique, culture, tradi- sement de la dégradation où ris- mission de celui de l’information. moignage qui n’est pas le fait de té à un principe unique vous tions intellectuelles. Plus que les quaient de l’entraîner des temps Très tôt vous avez choisi de vous l’historien lorsqu’il s’efforce d’ex- étaient étranges, c’est peut-être faits, qu’il vous fallait naturelle- onsieur (...), troublés. Dès ce moment, vous engager dans une collaboration pliquer le passé à des juges ou à aussi parce que vos engagements faut-il vous présenter ici ? Cela fait prenez pied à Sciences-Po où vous suivie avec la presse et les moyens des jurés qui en sont insuffisam- militants vous avaient appris la di- partieM de la tradition : surtout, devenez maître de conférences, de communication audiovisuels. ment informés ; il est de la respon- versité du réel et ouvert à d’autres « L’histoire politique l’exercice peut contribuer à éclai- puis professeur, formant des (...) sabilité de ceux qui l’entendent et dimensions. Ne reconnaissant pas rer vos choix et à montrer ainsi ce pléiades de futurs ministres et de Autre expérience remarquable, sont portés à confondre analyse et le primat absolu de l’économique, ainsi élargie jouit qui, dans un long itinéraire qui grands commis de l’Etat. pendant quatre ans, vous avez sié- témoignage. Cette innovation n’a vous avez porté votre attention vous a vu emprunter de multiples Mais surtout, vous y retrouvez pas fait l’unanimité, tant s’en faut, sur des réalités plus immaté- désormais, grâce avenues, exprime aussi le mieux sa un autre normalien, Jean Tou- et les historiens ont été divisés sur rielles : sur les mécanismes de la cohérence. On imagine générale- chard, qui vient d’abandonner les le nouveau rôle qui leur était pro- formation, de la transmission des à vous, d’une véritable ment que notre pays est partagé relations culturelles à l’étranger posé. L’avenir ne pourra qu’entre- opinions qui sont toujours peu ou par une ligne horizontale délimi- pour se consacrer au développe- tenir ce débat. Par la porte du tri- prou des formes dégradées de la autonomie tant une France du Nord et une ment de la recherche Rue Saint- bunal, l’historien, devenu expert foi. Vous avez voulu comprendre France du Sud. Mais il est une Guillaume. Auteur d’une belle pénètre dans la vie sociale ; il est comment les idées prennent et a conquis autre manière de le considérer : à thèse sur Béranger, Touchard était douteux que ce précédent soit ou- corps, deviennent des forces vi- partir d’un axe vertical qui en sé- un esprit étonnamment novateur blié et une réflexion plus poussée vantes capables de transformer ou ses lettres parerait une partie Ouest, ouverte et fécond. Il comprend alors qu’il s’impose donc à ce sujet. (...) d’infléchir le cours des choses. Vi- sur la mer, et une partie Est qui a faut ouvrir la recherche, ancrer la La foi ancrée en vous dès l’en- sion idéaliste ? vous objectera- de noblesse. » presque toujours subi la menace réflexion commune en des lieux fance, fruit de l’influence mater- t-on. Vous répliquerez que c’est extérieure, les incursions et le joug privilégiés où se combineraient les nelle et de votre propre chemine- seulement là votre façon de re- de l’envahisseur. Vous êtes un disciplines et où se mêleraient ment, aura eu sur vous un effet connaître « la diversité du réel et la ment établir, ce sont les interroga- homme de cette France de l’Est où professeurs et étudiants. Avec des Hélène Carrère d’Encausse remarquable : elle vous aura épar- complexité des évolutions histo- tions sur les faits, et donc l’explo- s’est souvent joué le destin natio- hommes venus d’horizons poli- gné la tentation communiste. riques ». C’est dans cette disposi- ration des ressorts de l’Histoire nal, et où le regard et l’intérêt se tiques et intellectuels différents gé au Conseil supérieur de la ma- Vous êtes né alors que la Révolu- tion d’esprit que vous vous êtes qui vous ont retenu. L’histoire po- portent principalement sur les ho- – lui-même, Alfred Grosser, Raoul gistrature et été vice-président du tion russe installait pour la pre- penché aussi sur le fait religieux litique ainsi élargie jouit désor- rizons français. N’est-ce pas votre Girardet, Maurice Duverger, Jean- comité chargé de réformer la pro- mière fois dans l’Histoire, de ma- qui, par sa dimension sociale, mais, grâce à vous, d’une véritable Franche-Comté natale qui fut la Baptiste Duroselle –, vous faites cédure criminelle. Cette expé- nière durable, une utopie sur trouve une place prééminente autonomie et a conquis ses lettres première étape du Tour de France éclore une science politique ou- rience judiciaire, au sortir de terre. Que d’esprits lucides appa- dans l’Histoire, en particulier dans de noblesse. de ces deux enfants qui, en 1871, verte, pluridisciplinaire. La France l’aventure de Nanterre, vous a vi- remment honnêtes n’en ont pas la nôtre. (...) Observateur et analyste de la vie après la défaite, refusèrent de de- devient ainsi un des lieux avancés vement intéressé, car elle complé- moins succombé à la tentation d’y Essayons à présent de rassem- politique de ce pays, vous l’avez venir allemands et s’en allèrent à de cette discipline à laquelle vous tait votre perception de la société applaudir, voire d’y participer ! Ils bler l’apport dont vos deux disci- été bien entendu aussi de sa vie la découverte du pays dont ils ne allez donner ses lettres de no- globale. Vous découvriez ainsi, en propageront l’illusion que dé- plines vous sont redevables. Le religieuse, composante essentielle voulaient pas se séparer ? blesse (...). d’une mission à l’autre, ses aspects noncera un jour, à la suite de Pa- temps historique que vous avez de son histoire. Vous l’avez étu- Mais c’est Paris qui fut en défini- En 1964 commence une nou- divers que vos études ne vous naït Istrati, de Ciliga, plus tard de voulu couvrir est fort long – près diée sous tous ses aspects pour tive le cadre principal de votre jeu- velle aventure qui ne vous coupe avaient livrés qu’en partie. Chaque de deux siècles, allant de la Révo- bien en mesurer le poids dans nesse et de votre formation. C’est pas pour autant de Sciences-Po. pièce de ce puzzle reconstitué au lution au temps présent, voire à l’identité française. Vous vous êtes là que vous avez grandi, dans une Vous êtes nommé professeur à fil d’une vie est venue enrichir en « La foi ancrée l’actualité la plus immédiate. Le penché sur l’Eglise en tant qu’ins- famille que caractérisaient l’har- Nanterre, associé à l’expérience dernier ressort le savoir et la ré- cadre géographique s’étend, dites- titution, protagoniste au sein de monie, le souci de votre éducation encore révolutionnaire de la créa- flexion de l’historien et du spécia- en vous dès l’enfance, vous, aux deux rives de l’Atlan- l’espace public. Mais aussi sur l’at- et, surtout, de fortes convictions tion d’une université qui se veut liste de la science politique. (...) tique, ce qui n’est pas tout à fait titude des hommes devant le fait catholiques. Votre père, doté « différente ». Au sortir des boule- Universitaire, vous n’avez ja- fruit de l’influence exact. Car si l’Amérique était religieux. Sur la confrontation du d’une grande imagination créa- versements de 1968, vous en de- mais voulu vivre en vase clos. certes au cœur de votre thèse, pouvoir et des écoles de pensée trice – il dessinait remarquable- viendrez président. (...) Dans La Vous êtes aussi et depuis fort maternelle et de votre c’est le regard de l’opinion pu- avec l’institution ecclésiale, avec ment –, votre mère, musicienne Règle et le Consentement, le livre longtemps un militant. Vous avez blique française que vous proje- les croyants. accomplie, vous ont entouré d’une que vous avez consacré à cette ex- consacré beaucoup de votre propre cheminement, tiez sur elle. Le matériau premier Cette préoccupation est au atmosphère combinant les préoc- périence, vous dites comment, du temps aux mouvements de jeu- de votre réflexion, celui qui cœur de vos travaux sur les rap- cupations artistiques et la curiosi- chaos initial, vous avez su tirer nesse catholiques. Très tôt vous aura eu sur vous confère son unité à toute œuvre, ports entre religion et société té intellectuelle. Cette adolescence une situation normale. L’ordre entrez à la JEC, la Jeunesse étu- c’est la France, son histoire, ses – dans un ouvrage récent, vous je- heureuse, des études brillantes au universitaire fut rétabli non par la diante chrétienne. Ce mouvement, un effet remarquable : traditions de pensée, les change- tez les yeux sur toute l’expérience lycée Carnot, puis à Condorcet où force, mais par une pédagogie qui fondé en 1929, trois ans avant que ments qu’elle a vécus au fil des européenne sur l’anticléricalisme, vous préparez l’Ecole normale, conduisit cet ensemble si parti- vous ne le rejoigniez, n’en est elle vous aura épargné deux derniers siècles. C’est la per- celui du passé, mais aussi sur ses c’est la guerre qui y mettra fin. culier à consentir au respect des alors qu’à ses débuts. Dans les manence de votre réflexion sur la formes présentes, sur les change- Dans cette guerre, aspirant, vous règles permettant une vie cercles d’études auxquels vous la tentation France qui explique votre habileté ments intervenus dans l’expres- eûtes déjà la responsabilité des commune. D’emblée, votre ambi- participez, vous commencez à ré- à en voir la diversité autant que les sion et les manifestations de la foi simples soldats placés sous vos tion était claire : transformer Nan- fléchir aux problèmes qui agitent communiste. » grandes lignes de force. chez les catholiques, votre famille ordres. Celui d’une première expé- terre, objet de scandale per- la société française des années 30 : Avant vos travaux sur les mou- spirituelle. Vous décrivez le boule- manent, en une université qui ne la paix et la guerre, la droite et la vements politiques, on tenait vo- versement du paysage religieux fasse plus jamais parler d’elle, si- gauche, les divisions des catho- Koestler, plus tard encore de Sol- lontiers pour acquis qu’une des français où le catholicisme n’est « Avec des hommes non pour l’excellence de son en- liques sur ces questions. (...) jenitsyne, ici même, François Fu- caractéristiques de la vie publique plus désormais qu’une religion seignement. Vous y avez réussi, et Votre engagement militant vous ret. (...) de ce pays était l’existence d’un parmi d’autres – pas toujours la venus d’horizons votre livre explique comment. (...) aura en définitive beaucoup ap- Votre culture religieuse a donc puissant courant de droite. Vous plus visible, ni la plus vivante. Et, Avant de devenir président de porté. Vous lui devez l’expérience nourri une certaine conception de avez fait la démonstration que sans perdre de temps à déplorer politiques l’université de Nanterre, vous et le goût du travail en équipe. À l’homme, ce que, dites-vous, on cette droite recouvrait en réalité une évolution qui vous chagrine n’aviez jamais assumé de respon- Nanterre notamment, vous aurez pourrait appeler en langage pom- des droites. Que le paysage poli- sans doute, vous cherchez les ré- et intellectuels sabilités administratives. Par la grand besoin de cet acquis. Mais peux une anthropologie. Il n’est ponses qui permettront à la suite, elles vont occuper une part aussi, parce que vous avez exercé pas simple, avez-vous écrit dans communauté nationale de préser- différents (...), importante de votre vie. En 1977, alors des responsabilités à un ni- une réflexion sur L’Historien et la « Ne reconnaissant ver un dialogue spirituel au lieu de lorsque Jacques Chapsal quitte la veau élevé, il vous aura fallu réflé- Foi, d’être en même temps « intel- sombrer dans les divisions vous faites éclore direction de Sciences-Po, on vous chir sur les rapports entre l’indivi- lectuel de profession, de satisfaire pas le primat absolu communautaristes. La solution propose de lui succéder. Mais vous du et l’institution, sur l’insertion aux exigences de sa discipline, et que vous proposez, c’est le pro- une science politique avez alors préféré privilégier des de l’action personnelle dans un d’adhérer de tout son être à la de l’économique (...) grès de la laïcité, son acceptation fonctions où la part de l’adminis- ensemble plus vaste. Autre leçon croyance d’une Eglise. Peut-on être par tous les acteurs du jeu social, ouverte, tration ne serait pas si lourde qui vous servira. Enfin, parce que simultanément et du même cœur vous avez voulu gouvernants, Eglises, institutions qu’elle dévorerait tout votre vous avez été alors au contact de membre à part entière de la de toutes sortes, mais aussi par pluridisciplinaire » temps au détriment de la re- milieux multiples, vous avez pris communauté scientifique, et fidèle comprendre comment des individus mieux préparés à cherche et de la réflexion. Bien conscience que la réalité est avant de l’Eglise catholique ? ». La ques- comprendre le sens réel de ce mot. vous en prit puisque, quatre ans tout diversité. L’Eglise a long- tion se pose pour toutes les disci- les idées prennent (...) rience de l’autorité. Au sortir de plus tard, vous fûtes appelé à pré- temps enseigné que l’unité était plines sans exception, mais elle Au terme de cette exploration l’armée, votre avenir se dessine. sider la Fondation nationale des essentielle, et les chrétiens, au présente, pour l’historien, des as- corps, deviennent d’une vie où se mêlent inextrica- Vous serez professeur et vous en- sciences politiques, où vous succé- cours des deux derniers siècles, pects spécifiques fort délicats. blement destin privé et vie intel- seignerez l’histoire. Vous êtes reçu diez – honneur redoutable ! – à ont eu tendance, devant les pro- Heureusement vous appartenez à des forces vivantes lectuelle et professionnelle (...), à Normale, agrégé, et vous allez André Siegfried qui fut, au sein de grès puis le triomphe du rationa- une génération qui bénéficiait déjà comment vous définir, monsieur ? rester rue d’Ulm un temps comme notre Compagnie, avant Henri de lisme, à vivre dans la nostalgie de de l’exemple de quelques grands capables C’est une question à laquelle vous répétiteur, découvrant les sujets à Montherlant, le prédécesseur de cette unité perdue. Votre expé- savants, de grands écrivains qui répondez volontiers. Je suis, dites- traiter en même temps que vos notre confrère Claude Lévi- rience vous aura conduit à rejeter vous avaient ouvert la voie, dé- de transformer vous, un intellectuel engagé ; un élèves ; beaucoup deviendront vos Strauss ; et à François Goguel à ce rêve, les tentations de l’unifor- montrant dans leurs vies et leurs citoyen désireux de contribuer au amis. Ce que vous en retenez, c’est qui vous devez tant dans l’étude et mité, et à privilégier au contraire œuvres qu’on pouvait être un es- ou d’infléchir le cours bien de la cité et de ses contempo- que vous aimez enseigner. (...) la compréhension des opinions le pluriel et le divers dans l’univer- prit éclairé et un croyant sincère. Il rains. En aucun cas un homme re- Durant ces années de vos dé- publiques. Depuis 1981, vous sel. n’empêche que le problème se re- des choses. » présentatif des institutions, même buts universitaires, la chance vous n’avez pas quitté cette fonction. Mais les mouvements de jeu- pose pour chacun. L’historien est si vous reconnaissez le rôle histo- suit, et même vous poursuit. Deux (...). Toujours au chapitre de ces nesse sont un lieu de passage. par nature engagé dans une re- rique qui leur revient. L’intellec- normaliens, nés la même année activités qui combinent adminis- L’âge requiert d’autres engage- cherche positive et critique ; il doit tique était infiniment plus tuel, dites-vous, est celui qui dis- que vous, croisent alors votre che- tration et réflexion, vous avez été ments ; la vie de l’intellectuel, aus- établir des vérités de fait. Le complexe et varié qu’on ne l’avait pose d’un pouvoir d’influence. Ce min et vous offrent chacun un à l’origine de la création de l’Insti- si. Vous vous tournez alors vers le croyant doit adhérer à une vérité supposé. Toute l’histoire politique pouvoir lui impose d’avoir un sens merveilleux présent. Le premier tut d’histoire du temps présent Centre des intellectuels catho- qui lui est enseignée par « une ins- de l’après-guerre a confirmé la aigu de ses responsabilités, et est Jean-Baptiste Duroselle, alors que vous avez présidé de sa créa- liques français que vous préside- titution magistérielle ». On ne peut justesse de vos vues mais il y a beaucoup de discernement. Per- assistant à la Sorbonne, qui va tion, en 1979, à 1990. (...) rez et animerez pendant dix ans. imaginer deux démarches plus op- beau temps que les historiens et mettez-moi cependant de repous- vous y céder sa place, vous intro- Vous n’appartenez à aucune Vos engagements à tous les mo- posées. Pour vos prédécesseurs les analystes politiques les avaient ser au second plan ce titre d’« in- duisant ainsi dans le saint des école, dites-vous. Cette position ments de votre vie expliquent que qui accomplirent leur œuvre au fait leurs. Vos deux ouvrages sur tellectuel » aujourd’hui décidé- saints de l’université française. Je indépendante n’a pas toujours été le cardinal Decourtray ait eu re- début de ce siècle, le dilemme cette question vous ont conduit à ment trop galvaudé, qui sert à dé- crains que les jeunes gens d’au- aisée à tenir alors que dominait cours à vous, en 1989, pour éluci- semblait insoluble. Pouvaient-ils vous pencher sur la droite telle signer les personnalités les plus jourd’hui qui fréquentent la dou- une école historique qui attirait der les protections dont Paul Tou- légitimement soustraire les textes qu’elle s’est formée depuis le dé- diverses, souvent éloignées de zaine d’universités créées dans la dans son sillage tous ceux pour vier avait pu bénéficier au sein de sacrés à la critique historique au but du XIXe siècle. Ils sont précieux toute préoccupation intellectuelle, région parisienne soient inca- qui l’économie et donc le couple l’Eglise. Vous me pardonnerez de nom de la foi ? Pour nombre d’his- pour déchiffrer notre présent. voire les comportements les plus pables de comprendre ce que re- indissociable histoire économique/ ne pas entrer ici dans les détails de toriens croyants, ou de croyants Sans eux, comment comprendre étranges et les moins réfléchis qui présentaient alors le prestige et histoire sociale fournissaient cette affaire, que vous avez expli- dotés d’une culture historique, les évolutions d’hier et d’au- soient. Au lieu de ce nom qui a l’éclat de la Sorbonne. Jean-Bap- toutes les clés, que dis-je, des quée dans un livre, par respect soumettre les Ecritures à ce type jourd’hui ? Quiconque veut analy- perdu beaucoup de sa substance, tiste Duroselle, qui fonda, avec passe-partout, pour comprendre pour la mémoire de confrères dis- d’examen passait pour sacrilège. ser les continuités et les ruptures je préfère vous en appliquer deux Pierre Renouvin, cette discipline le passé et déchiffrer l’avenir. parus et pour ceux, vivants, que ce Les uns se réfugièrent dans un des courants politiques a besoin autres. Vous êtes un grand histo- historique encore inconnue, Comme Jean-Baptiste Duroselle, souvenir peut encore blesser. De monde intellectuel divisé où les de cette vision longue, ancrée rien. Vous êtes un grand universi- l’étude des relations internatio- vous avez choisi de rester à l’écart cette mission qui vous fut confiée, droits de la raison critique et de la dans le passé, confrontant sans taire, titre qui en appelle à la no- nales, vous en aura ainsi ouvert les de cette pensée hégémonique et, je tirerai seulement ici deux foi étaient cantonnés dans deux cesse les phénomènes dans leur blesse des traditions de notre portes ; mais aussi, car son rôle par là, vous avez probablement fa- constats. Tout d’abord, qu’elle té- zones de l’esprit entre lesquelles durée et leurs manifestations dans Université et à leur durée. C’est dans votre vie ne s’arrête pas là, cilité la recomposition d’un pay- moigne de la confiance de l’Eglise toute communication était exclue. l’instant. pourquoi, monsieur, cette Compa- celles de la rue Saint-Guillaume. Il sage historique aujourd’hui plus de France à votre égard, dès lors Mais, chez d’autres, qui refusèrent À vos débuts, vous avez hésité gnie vous convenait. Soyez donc vous présenta à Jacques Chapsal, équilibré et tolérant. Je rattacherai qu’elle décide de se reposer sur un tel cloisonnement, le conflit in- sur l’orientation à prendre : les le bienvenu parmi nous. LeMonde Job: WIV4499--0010-0 WAS LIV4499-10 Op.: XX Rev.: 03-11-99 T.: 19:30 S.: 111,06-Cmp.:04,08, Base : LMQPAG 34Fap: 100 No: 0072 Lcp: 700 CMYK

X / LE MONDE / VENDREDI 5 NOVEMBRE 1999 actualités b L’EDITION FRANÇAISE Novembre Polémique en Italie autour b Tahar Ben Jelloun victime d’un faussaire. Tahar Ben Jelloun – qui avait assigné l’éditeur italien Pironti pour piratage de L’Auberge en Décembre d’Ignazio Silone des pauvres, son dernier roman paru au Seuil (voir Le Monde du e prix Novembre n’est raires attribués et le mot gnazio Silone, l’écrivain italien ne correspondant pas du tout à celui cher d’éventuelles traces de trahison 13 septembre) – a également assi- pas mort : il devient le “Novembre” se référant simple- disparu en 1977 et connu pour du militant révolutionnaire qui, pen- dans ses écrits. gné cet éditeur pour faux et usage prix Décembre. Un ment à l’époque où le prix est décer- son engagement contre tout dant les années 20, représentait le Ainsi, dans le deuxième volume de de faux ; ce dernier, dit-il, ayant communiqué des jurés né ». Et de rappeler que Novembre totalitarisme, a-t-il été un es- Parti communiste italien au Komin- ses Romans et essais, Bruno Falcetto, « imité ma signature sur un simili- préciseL : « Dans l’impossibilité de est également le titre d’un récit de pionI à la solde de la police de Mus- tern et voyageait d’un pays à l’autre qui en a établi l’édition, révèle l’exis- contrat ». En application du code décerner cette année le prix No- jeunesse de Flaubert ! Il demande solini ? Celui qui a participé en 1921 à en tissant la toile des antifascistes en tence d’une ébauche inédite pour pénal français, Tullio Pironti vembre, eu égard à la revendication un renvoi au fond, d’ores et déjà la création du Parti communiste ita- exil. Selon eux, à cette époque, le fu- une pièce théâtrale, où il serait ques- risque trois ans d’emprisonne- de l’appellation par la société qui a saisi. L’ordonnance devant être lien avec Gramsci et qui, après sa tur écrivain était régulièrement en tion de vérité et de manipulation, de ment et 300 000 F d’amende déposé cette marque (1), les jurés de rendue le 4 novembre. rupture avec le stalinisme, a mené contact avec la police de Mussolini, à mystères cachés dans le passé d’un (45 735 ¤). ce prix proclameront le 9 novembre, Quoi qu’il en soit, l’appellation un long combat au nom de la vérité laquelle, sous le nom de code de Se- homme et du scandale provoqué par Alors que Pironti a, dans la presse et tous les prochains mois de no- « prix Décembre » sonne comme et de la liberté a-t-il vraiment dénon- condino Tranquilli, il envoyait des leur découverte. Une curieuse coïn- italienne, traité le romancier de vembre, le prix Décembre », dans un pied de nez de la part du jury, cé ses camarades ? Questions que se notes d’information concernant les cidence, à partir de laquelle, toute- « menteur », Tahar Ben Jelloun, les salons de l’Hôtel Lutétia (2). Le qui compte deux nouveaux posent les Italiens à la suite des allé- principaux dirigeants communistes, fois, selon Falcetto, il ne faut pas tirer « victime d’un piège », a répondu mécène de cette distinction, le membres : Patricia Martin et gations de deux historiens, qui ont leurs activités et leurs objectifs. En de conclusions trop hâtives : «Le que celui-ci était un « escroc ». graveur parisien Cassegrain, avait Pierre Bergé, qui « assurera à titre évoqué à plusieurs reprises, ces der- particulier, un bon nombre de ces thème du mensonge individuel et so- Avant d’ajouter qu’il avait « ruiné unilatéralement décidé de ne pas personnel la dotation du prix » niers mois, une telle hypothèse. Ainsi renseignements auraient été envoyés cial traverse toute l’œuvre de Silone, la carrière du livre en italien » remettre de prix cette année (« Le (200 000 F [30 490 ¤]). la parution du deuxième et dernier par Silone-Tranquilli à l’époque où il mais je ne sais pas si on est autorisé à puisque 3 000 à 5 000 exemplaires Monde des livres » du 10 sep- Emilie Grangeray volume des Romans et essais de Si- se trouvait à Paris en contact avec le lire cela comme un aveu autobiogra- de l’édition pirate auraient été tembre). lone dans la prestigieuse collection milieu des antifascistes italiens phique. Pour le moment, les docu- écoulés avant que Pironti ne pro- Par ailleurs, Cassegrain, ayant (1) La marque a été déposée par Casse- des Meridiani de Mondadori, au lieu réfugiés dans la capitale. ments présentés ne permettent pas de cède, de lui-même, au retrait des pour avocat Me Geoffroy Gaultier, grain à l’Institut national de la proprié- d’être la consécration définitive de Si, pour les deux historiens, l’au- trancher et surtout ne nous disent rien livres de la vente. Par ailleurs, Ei- a assigné en référé, le 28 octobre, té industrielle le 15 octobre 1989. l’auteur de Fontamara, Le Pain et le teur de ces notes retrouvées était sur les motivations d’une éventuelle naudi – éditeur italien de 11 livres Daniel Schneidermann, président (2) En lice : L’Inceste, de Christine An- Vin, Le Secret de Luc et L’Aventure sans aucun doute Silone, cette hypo- trahison de l’écrivain, dont la biogra- de Tahar Ben Jelloun – a anticipé du prix Décembre. Il demande au got (Stock) ; Voyage au bout de la d’un pauvre chrétien, a été l’occasion thèse est fermement écartée par les phie a été probablement beaucoup la sortie de la seule traduction au- tribunal de grande instance de Pa- France, de Claude Askolovitch (Gras- d’une vive polémique qui ternit amis de l’écrivain qui accusent les plus complexe et douloureuse que l’on torisée par le romancier. ris de faire interdiction de « repro- set) ; Egoïstes, de Marie-Odile Beauvais considérablement l’image de cet historiens de forcer l’interprétation pouvait imaginer jusqu’à mainte- b Parfum de littérature. Tel est duire et faire usage de la marque (Denoël) ; A ceux qui nous ont offensés, écrivain célèbre, ami de Gustav Her- de documents pas assez convain- nant. » Et, comme tout le monde, il le nom d’une collection réalisée “prix Novembre” ». Me Georges de Sophie Chérer (éd. de L’Olivier) ; La ling et admirateur de Simone Weil. cants. Pour eux, l’auteur de Fontama- attend désormais les nouvelles par Florent Massot sur une idée Kiejman, pour Daniel Scheider- Vie prodigieuse de Bernard-François En effet, Dario Biocca et Luca Ca- ra n’aurait jamais pu jouer un preuves que Biocca et Canali ont de Mariella Berthéas, conseillère mann, a fait valoir que la marque Balssa, de Jean-Louis Déga (éd. Suber- nali, deux historiens élèves de Renzo double jeu. Pourtant, les accusations promis de présenter dans une bio- en communication culturelle chez « ne contient aucun signe distinctif, vie) et Je voudrais que quelqu’un m’at- De Felice, sur la base de certains do- de Biocca et Canali obligent la cri- graphie qu’ils seraient en train Sephora. Trois livres – tirés à quel- le mot “prix” désignant de manière tende quelque part, d’Anna Gavalda cuments retrouvés dans les archives tique à observer de plus près le par- d’écrire. que 10 000 exemplaires – seront, indifférenciée tous les prix litté- (éd. Le Dilettante). d’Etat, ont tracé un portrait de Silone cours de l’écrivain et surtout à cher- Fabio Gambaro dès le 15 novembre, présentés en coffrets, avec un parfum d’am- bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb bbbbbbbbbbbbbbbbbbb biance de qualité discutable. Dis- ponibles exclusivement dans les 200 points de vente Sephora, les A L’ETRANGER trois premiers titres – vendus 99 F (15 ¤) – sont : Histoires d’Indiens , b AUTOMNE : saison des prix avec une préface de Rossy de Pal- Il était une fois, dans le Nord... Le prix Georg Büchner 1999, doté de 30 000 euros, une des plus ma et le parfum « Sagesse » ; Le hautes distinctions littéraires allemandes, a été remis au romancier Kama-sutra , avec une préface de ous l’impulsion de l’Union régionale des nant parfois de loin, et la majorité des soirées était allemand Arnold Stadler, quarante-cinq ans, l’auteur de J’étais une Patrick Besson et le parfum « Sen- foyers ruraux du Nord - Pas-de-Calais, une composée de personnes extérieures à la commune », fois, Terre de feu et Mon chien, ma truie, ma vie. Le prix espagnol sualité » et Sindbad le Marin avec poignée de bénévoles lançait, en 1993, la souligne Céline Oddos, la jeune coordinatrice du Planeta, doté de 50 millions de pesetas (300 500 ¤), a été attribué à une préface d’Isabelle Autissier et première édition de Conteurs en cam- festival. Espido Freire, âgée de vingt-cinq ans, pour Melocotones helados le parfum « Imaginaire ». pagne,S un festival consacré aux arts du récit et de Pour sa septième édition, le festival est resté fi- (« Pêches glacées »). Toujours en Espagne, le prix Nacional de Lite- Florent Massot, dont l’obsession la parole, implanté en milieu rural. dèle à l’état d’esprit de ses débuts, en privilégiant ratura Infantil a été attribué à Vicente Muñoz Puelles pour un livre est de « rendre plus sensuel le L’idée : proposer pendant plus d’un mois, dans des lieux de diffusion éloignés des grands centres destiné aux enfants de six ans Oscar y el león de correos. L’auteur livre », souhaite, à l’instar de ce toute la région, des spectacles de qualité, suscep- urbains. Présent dans des petites communes et est lauréat du prix de littérature érotique La Sonrisa Vertical en qu’a fait Hachette dans les gares, tibles de toucher non seulement les ruraux mais bourgs de 200 à 1 500 habitants, il proposait plus de 1980. « rendre les mythes plus acces- d’attirer aussi un public citadin à la campagne. Le soixante-dix rendez-vous dans quelque cinquante- b Un manuscrit de Federico García Lorca retrouvé sibles ». Si les premiers résultats pari : démontrer que les communes rurales cinq villages, des Flandres à l’Avesnois en passant La réapparition du manuscrit du Poète à New York de Federico Gar- sont concluants, il entend propo- peuvent elles aussi être des lieux attractifs de diffu- par le Boulonnais et l’Artois. cía Lorca a suscité, on s’en doute, beaucoup d’intérêt en Espagne, ser L’Art d’aimer, d’Ovide, pour... sion culturelle. Un défi dans une région particuliè- Les artistes invités était une vingtaine, conteurs où l’on espère que la Biblioteca nacional ou la Fondation García la Saint- Valentin. L’opération rement industrialisée et urbanisée comme le de renom ou inconnus, venus de la région, de Bre- Lorca s’en rendront acquéreurs lors de la vente aux enchères pré- pourrait également être re- Nord - Pas-de-Calais. tagne, du Pays basque, de Normandie, mais aussi vue le 29 novembre chez Christie’s à Londres. Les poèmes rédigés conduite à l’occasion de la Fête Au fil des années, Conteurs en campagne est de- d’Afrique ou du Canada... Ben Zimet puise dans les entre 1929 et 1930 avaient été confiés au cours de l’été 1936 par des mères. venu un rendez-vous automnal très attendu et sa récits traditionnels yiddish pour raconter et chan- García Lorca à José Bergamín, qui les avaient emportés avec lui lors b Dernière sélection du prix Re- reconnaissance dépasse désormais les frontières ter la condition humaine ; Lucien Gourong, de son exil au Mexique. naudot. Le jury du Renaudot a de la région. Considéré comme l’un des plus im- conteur breton, s’inspire des souvenirs d’une b Feuilletons en série communiqué sa dernière sélec- portants du genre en France, le festival, qui s’est aïeule pour dire la Grande Guerre ; le conteur- Le succès de La Ligne verte de Stephen King, paru en épisodes chez tion : Le Portique, de Philippe De- terminé dimanche 31 octobre, a accueilli plus de chanteur québécois Michel Faubert présente une Pingouin et en France chez Librio, y est sans doute pour quelque lerm (Le Rocher) ; Foraine, de Paul 10 000 personnes, venues écouter dans des grande fresque, fruit de vingt ans de collecte du chose : les journaux américains relancent les feuilletons, la presse Fournel (Seuil) ; L’Enfant léopard, granges, des cafés, des salles des fêtes métamor- Québec jusqu’en Acadie ; et c’est Rémy Boussengui reprenant ainsi le pas sur les éditeurs. Caleb Carr, l’auteur de de Daniel Picouly (Grasset) ; Le phosées en théâtre pour l’occasion, les récits d’une qui parle de « cette terre d’Afrique où les enfants L’Aliéniste, a été sollicité par Time Magazine, qui va publier ainsi un Serment des barbares, de Boualem vingtaine de conteurs. Au total, une cinquantaine recueillent la parole des anciens pour la transmettre nouveau roman se passant cette fois dans le futur, et John Grisham Sansal (Gallimard) et La Petite de villages avaient participé à l’aventure en organi- autour d’eux jusqu’à ce que quelqu’un d’autre s’en en fera autant dans The Oxford American, un journal du Mississippi Fille qui aimait trop les allumettes, sant diverses manifestations. « Le pari a été gagné saisisse ». auquel il collabore. de Gaëtan Soucy (éd. Boréal). Le puisque les citadins se sont déplacés en nombre, ve- Nadia Lemaire b ESPAGNE : un dictionnaire fait main prix sera décerné le 8 novembre. Un nouveau dictionnaire – Diccionario del español actual – fait b Prix littéraires. Le prix Laure bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb l’unanimité. Il a demandé trente années de travail, sans la moindre Bataillon a été décerné à W. G. avance éditoriale à ses concepteurs, Manuel Seco, Olimpia Andrès Sebald et Patrick Charbonneau, AGENDA Sexe », avec notamment la parti- édition du Salon du livre de et Gabino Ramos. Ces deux volumes (4 670 pages, 75 000 entrées) son traducteur, pour Les Emi- cipation d’Elisabeth Badinter, femmes (Mairie du 6e, 78, rue Bo- ont été en majeure partie réalisés à partir de fiches écrites à la grants (Actes sud). Le prix Cabar- b LES 9 ET 10 NOVEMBRE. PLA- Françoise Collin, Kate Millett naparte, 75006 Paris ; tél. : 01-43- main, (les auteurs n’ayant utilisé d’ordinateur qu’à partir de 1994). dès, remis pour la première fois TONOV. A Saint-Denis, Annie (rens. : Université catholique, 20-01-32). Contrairement à beaucoup de dictionnaires, celui-ci a été élaboré cette année, a été attribué à Jean Epelboin, maître de conférences D-85071 Eichstätt, Allemagne ; b DU 18 AU 20 NOVEMBRE. PO- ex nihilo, sans avoir pour point de départ d’autres dictionnaires. Il Rolin pour son ouvrage Traverses à Paris-VIII, organise un colloque tél. : 00-49-8421-93-1797). LOGNE. A Nantes, le Centre de abonde d’exemples tirés de la littérature contemporaine et d’ar- (Nil éditions). Le prix Marguerite consacré à l’écrivain russe An- b LE 14 NOVEMBRE. SURYA. A conseil et de formation pro- ticles de presse et mérite donc pleinement son titre. La première Yourcenar a été décerné à Maryse dreï Platonov (1899-1951), un Paris, Michel Surya présentera fessionnelle organise les « Ren- édition (10 000 exemplaires) a été épuisée en quelques jours. On Condé pour son ouvrage Le Cœur siècle après sa naissance (univer- L’Imprécation littéraire, matério- contres polonaises ». La littéra- peut noter également que la Ortografia de la lengua española s’est à rire et à pleurer (Robert Laffont). sité Paris-VIII, 2, rue de la Liber- logies, 1, publié chez Farrago ture polonaise, le paysage vendue en un mois à plus de 160 000 exemplaires, ce qui révèle un Destiné à récompenser une té, 93256 Saint-Denis ; rens. : 01- (Tschann librairie, 125, boule- éditorial polonais et la poli- véritable intérêt public pour tout ce qui touche à la langue. œuvre de fiction récente, publiée 42-43-80-70 ou 01-45-80-64-40). vard du Montparnasse, 75006 tique du livre en Pologne seront b MEXIQUE : succès de Letras libres en français, par un auteur résidant b DU 10 AU 13 NOVEMBRE. Paris). parmi les nombreux thèmes Après dix mois d’existence, la revue Letras libres a atteint un tirage aux Etats-Unis, ce prix, décerné DEUXIÈME SEXE. A Eichstätt b LE 16 NOVEMBRE. FEMMES. abordés (Cité des Congrès/ de 35 000 exemplaires et va commencer à être diffusée en Espagne. tous les deux ans, est doté par (Allemagne), un colloque est or- A Paris, l’Association française Nantes Atlantique (salle I), 5, rue Son directeur, Enrique Krauze, était l’un des principaux collabora- Yves Saint Laurent de 10 000 dol- ganisé sur le thème : « Pour une des femmes diplômées des uni- de Valmy, 44000 Nantes ; tél. : teurs de Vuelta, la célèbre revue littéraire fondée par Octavio Paz et lars. édition critique du Deuxième versités organise la deuxième 02-40-12-02-38). qui s’était arrêtée à sa mort.