LeMonde Job: WMQ0511--0001-0 WAS LMQ0511-1 Op.: XX Rev.: 04-11-97 T.: 11:06 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0515 Lcp: 196 CMYK
LE MONDE INITIATIVES Taux de pénétration en %
a Le téléphone 35,83 portable au travail 6,58 a Emploi : 18 pages 15,34
d’annonces classées ITALIE FRANCE FINLANDE
CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16414 – 7,50 F MERCREDI 5 NOVEMBRE 1997 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI
Lionel Jospin parie sur un accord rapide Dangereux entre tous les patrons routiers et la CFDT face-à-face Les protestations se multiplient en Europe contre le blocage des routes françaises entre UNE RÉUNION a eu lieu au mi- mardi, pendant deux heures, sur Saddam Hussein nistère des transports, mardi un barrage cédétiste au sud du 4 novembre dans la matinée, Mans. Lionel Jospin envisageait entre tous les syndicats des chauf- de s’exprimer sur le conflit à l’As- et l’ONU feurs routiers et l’Unostra, seule semblée nationale. Le premier mi- organisation patronale à avoir ac- nistre pourrait manifester la vo- LE FACE-À-FACE entre l’Irak et
MICHEL DENANCE/ARCHIPRESS cepté cette première rencontre lonté du gouvernement de faire les Nations unies s’est poursuivi, paritaire depuis le début du respecter les accords signés et mardi 4 novembre, à quelques a ARCHITECTURE conflit. La principale organisation d’assurer la libre circulation aux heures de l’ultimatum lancé par patronale, l’UFT, qui regroupe frontières. Bagdad contre les ressortissants plus de 80 % des entreprises de La situation française perturbe américains membres de la Le Berlin rouge transport, a toutefois promis à les échanges de marchandises Commission spéciale des Nations Jean-Claude Gayssot, ministre en entre de nombreux pays euro- unies chargée du désarmement de charge de ce secteur, de participer péens. L’Espagne en est parti- l’Irak (UNSCOM). L’Irak a deman- de Renzo Piano aux négociations susceptibles de culièrement victime. Son gouver- dé à ces commissaires de quitter s’ouvrir dans la journée de mardi. nement a demandé à la France son territoire au plus tard le 5 no- LE COUP D’ENVOI de la re- René Petit, président de la d’assumer « la responsabilité de vembre. Le secrétaire général des construction du cœur historique FNTR, principale composante de tous les coûts entrainés par la Nations unies, Kofi Annan, a dé- de Berlin a été donné lors de l’UFT, a déclaré au Monde que sa grève ». pêché une mission à Bagdad pour l’inauguration du siège d’une fi- fédération est prête à signer un A Bruxelles, on met en avant la- tenter de faire revenir le président liale de Daimler-Benz, sur la Pots- accord qui pourrait ressembler au responsabilité de la Commission Saddam Hussein sur sa décision. damerplatz. L’immeuble, de céra- protocole accepté le 2 novembre européenne, chargée de veiller au Alors que de nouveaux sites mi- mique rouge, est dû à l’architecte par l’Unostra. Le gouvernement respect de la libre circulation dans litaires irakiens ont été interdits Renzo Piano. Les travaux s’éten- espère obtenir le paraphe de la le marché unique. Le cabinet du aux commissaires américains, dront, d’ici à l’an 2000, à la place CFDT, principale organisation re- commissaire chargé des trans- l’Irak a menacé d’abattre l’avion de Leipzig et à la place de Paris. En présentative des salariés, afin ports estime nécessaire de parve- américain U2 qui doit effectuer 1999, le Parlement s’installera au d’étendre l’accord, par arrêté, à nir à un « code de bonne deux missions de surveillance, Reichstag. l’ensemble de la profession. conduite » pour ce type de conflit. mercredi et vendredi. Le ministre des transports s’est Lire page 31 rendu, dans la nuit de lundi à Lire pages 6 à 8 Lire page 2
a Drogue La NASA remercie Sojourner, le petit robot martien Emploi : et hépatite C POUCE ! A partir du 4 novembre, les res- mandons si cet ordinateur s’amorce correcte- Mars Pathfinder a confirmé plusieurs infor- 500 000 drogués seraient infectés, en ponsables américains de la mission Mars ont ment », explique Richard Cook, le responsable mations recueillies par les sondes Viking en la femme inégale décidé d’abandonner les tentatives quoti- de la mission. 1976. « Mars apparaît de plus en plus comme Europe, par le virus de l’hépatite C. diennes de communication avec la sonde Même si Pathfinder et son robot demeurent une planète qui a été très semblable à la LES FEMMES sont les pre- p. 4 Pathfinder et le robot Sojourner, la petite mer- définitivement muets, les responsables de la Terre », explique Matthew Golombek, respon- a mières victimes des diffi- veille technologique pesant une vingtaine de mission peuvent malgré tout s’estimer satis- sable du programme scientifique. Dans un cultés du marché de l’emploi en livres. Les scientifiques ont tout essayé et ont faits. Cette mission, qui a coûté « seulement » lointain passé, elle a été dotée de cycles clima- France. Plus touchées que les a fini par se lasser. Arrivés sur Mars, dans la val- 200 millions de dollars (environ 1,2 milliard de tiques et d’eau en abondance, des conditions hommes par le chômage et la pré- Responsabilité lée d’Ares, le 4 juillet, les deux engins restent francs), a fonctionné bien au-delà des objec- qui ont créé une grande variété de roches. A carité, elles sont souvent désespéremment silencieux depuis le 27 sep- tifs initiaux. Le module d’atterrissage était cette époque, une atmosphère plus chaude contraintes de travailler à temps hospitalière tembre, malgré les efforts de la NASA pour re- prévu pour durer trente jours, et le robot une qu’aujourd’hui a généré des nuages et des sai- partiel. Parmi les 20-24 ans, la si- Un arrêt du Conseil d’Etat étend la res- prendre contact avec eux. semaine. Or tous deux ont été opérationnels sons. tuation devient critique : le chô- ponsabilité sans faute des hôpitaux aux Plusieurs explications ont été avancées par pendant près de trois mois. Depuis le 4 juillet, « Le relief de la planète a été modelé par mage concerne 21,7 % des garçons accidents d’anesthésie générale. p. 12 les spécialistes du Jet Propulsion Laboratory Mars Pathfinder a envoyé 2,6 milliards de bits l’écoulement d’une grande quantité d’eau li- contre 31 ,4 % des filles et l’écart ne (JPL) de la NASA, à Pasadena (Californie), d’information à Pasadena, ce qui inclut plus quide, qui a structuré et aggloméré les roches », cesse d’augmenter. Quatorze ans pour expliquer ce silence persistant. Les scien- de 16 000 images prises depuis le module d’at- ajoute le spécialiste. La découverte de sable après le vote de la loi sur l’égalité tifiques ont d’abord pensé à une défaillance terrissage et 550 par le robot Sojourner. Les près du site d’atterrissage confirme que des des salaires, l’écart de rémunéra- a Marchés: nervosité de la batterie du module d’atterrissage, qui deux engins ont transmis à la Terre plus de processus météorologiques tels que le vent et tion entre hommes et femmes est Le rebond sur les places financières aurait perturbé l’horloge de l’engin et limité la 15 analyses chimiques de roches, et une masse l’érosion ont créé et modifié certains paysages de 27,2 % (il était de 33 % en 1984). mondiales se poursuit, mais Hongkong quantité d’énergie disponible. Le système de d’informations sur les vents et les conditions martiens. De surcroît, les données recueillies Le collectif national pour les communication de l’engin aurait aussi pu être climatiques qui règnent sur Mars. par la sonde Pathfinder permettront peut-être droits des femmes, qui n’a pas d’in- reste fragile. p. 22 et 25 dégradé par les très basses températures La mission est un succès sur le plan tech- d’évaluer la densité et la masse du cœur de la terlocuteur spécifique au gouver- comprises entre – 30o C et – 50o C régnant ac- nique, malgré l’interruption des communica- planète, et, par là, de déterminer si son noyau nement, appelle à une manifesta- tuellement sur Mars. Enfin, le fonctionnement tions. L’analyse des roches permettra peut- est liquide ou solide. tion, samedi 15 novembre. a L’Alsacienne de l’ordinateur de bord de la sonde a pu être de dire s’il y a eu de la vie sur Mars en des des Aurès connaître des défaillances. « Nous nous de- temps très reculés. En attendant, la mission Christiane Galus Lire page 11 Enfant déportée, femme séquestrée, Alsacienne chassée des Aurès, Liliane Fonctionnaires vit dans une HLM près de Troyes. p. 17 A l’heure de l’Egypte ADIEU Bonaparte... L’idée de cé- lentendus entre les deux peuples, sous Vichy a lébrer le 200e anniversaire de l’expé- liés par une amitié séculaire, mais Faillite d’un dition française en Egypte, en juil- séparés par d’énormes différences let 1998, a été vite écartée après économiques et culturelles. courtier nippon l’émotion suscitée au Caire par une En 1995, selon les indicateurs de la Sanyo Securities est le premier courtier telle perspective. Commémore-t-on Banque mondiale, le produit inté- japonais à faire faillite depuis la se- une invasion militaire, fût-elle por- rieur brut par habitant a été 31,6 fois conde guerre mondiale. p. 23 teuse de modernité ? Rectifiant le tir, plus élevé en France qu’en Egypte. les deux pays ont opté pour une for- Même en appliquant les correctifs mule plus éclectique : la célébration liés au coût de la vie, le rapport reste de deux siècles d’échanges culturels, de 1 à 5,5. Certes, l’économie égyp- a Les prix sous le signe des « horizons parta- tienne connaît un boom qui attire gés ». Une centaine de manifesta- les investisseurs étrangers, notam- littéraires tions, étalées sur un an et commen- ment français, avec une croissance JEAN-PIERRE AZÉMA Le prix Femina a été attribué à Domi- cées en France par des spectacles de de 5 % au cours des deux dernières musiques et de chants traditionnels années. L’HISTORIEN Jean-Pierre Azé- nique Noguez, le Médicis à Philippe égyptiens, se poursuivront de part et Mais la manne dont profitent les ma a déclaré, lundi 3 novembre, au Le Guillou. p. 32 d’autre de la Méditerranée. nouveaux riches et les classes procès Papon, que Vichy fut « une Un événement très attendu vien- moyennes est loin d’atteindre les belle époque » pour les fonction- dra s’inscrire naturellement dans ce plus défavorisés. La précarité a ten- naires « choyés par le pouvoir ». a programme : l’inauguration, à Paris, dance, au contraire, à s’élargir et à « La police a manifesté un grand Le goût des guides des nouvelles salles égyptiennes du s’aggraver. Près d’un quart de la po- zèle pour arrêter les juifs étrangers, Jean-Pierre Quélin a feuilleté les guides Musée du Louvre, à la veille de pulation se trouve en dessous du ni- a-t-il dit. Les fichiers étaient très bien gastronomiques 1998 : le Michelin fait Noël. veau de pauvreté extrême, souligne tenus. La responsabilité des préfets loi, les autres la police. p. 29 De manière symbolique, c’est au Philippe Fargues, directeur du est lourde. L’administration a fait Louvre qu’a commencé, le 26 octo- Centre d’études et de documenta- preuve d’une efficacité redoutable. » Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 9 F ; Autriche, bre, le voyage d’une semaine de tion économique, juridique et so- 25 ATS ; Belgique, 45 FB ; Canada, 2,25 $ CAN ; cent dix lectrices et lecteurs du ciale (Cedej), l’un des organismes Lire pages 14 et 20 Côte-d’Ivoire, 850 F CFA ; Danemark, 15 KRD ; Espagne, 225 PTA ; Grande-Bretagne, 1 £ ; Grèce, Monde, accompagnés de six journa- français les plus actifs en Egypte. 450 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 2900 L ; Luxembourg, listes, « à la rencontre de l’Egypte et Quant aux différences culturelles 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; Pays-Bas, International ...... 2 Finances/marchés .. 25 3 FL ; Portugal CON., 250 PTE ; Réunion, 9 F ; des Egyptiens ». Ceux d’aujourd’hui entre les deux pays, les lecteurs du France ...... 6 Aujourd’hui...... 27 Sénégal, 850 F CFA ; Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,10 FS ; comme ceux d’hier : « Il n’y a pas Monde ont pu les mesurer au cours Tunisie, 1,2 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. Société ...... 11 Jeux ...... 30 une Egypte pharaonique, une Egypte d’une rencontre avec le cheikh Tan- Carnet...... 15 Météorologie...... 30 copte, une Egypte musulmane... mais tawi. Annonces classées.. 15 Culture ...... 31 une seule Egypte », a fait remarquer Régions ...... 16 Guide...... 33 aux participants Aly Maher El Sayed, Robert Solé Horizons ...... 17 Abonnements...... 34 ambassadeur à Paris. La focalisation Entreprises ...... 22 Kiosque...... 34 des Français sur la seule période an- Lire la suite page 20 et le puzzle Communication ...... 24 Radio-Télévision..... 35 tique est en effet une source de ma- de l’Alexandrie antique page 27 LeMonde Job: WMQ0511--0002-0 WAS LMQ0511-2 Op.: XX Rev.: 04-11-97 T.: 10:49 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0472 Lcp: 196 CMYK
2 INTERNATIONAL LE MONDE / MERCREDI 5 NOVEMBRE 1997
PROCHE-ORIENT Pour la vembre, de trois sites en Irak, après menaçant d’abattre l’avion de re- la crise. Une délégation comprenant d’autre choix que de respecter à la deuxième journée consécutive, des que les autorités de Bagdad en connaissance américain U2, dont des trois diplomates de haut rang a été lettre les résolutions de l’ONU. b LES inspecteurs de la Commission de eurent interdit l’accès aux experts de missions sont prévues mercredi et dépêchée à Bagdad, où elle devait ar- ÉTATS-UNIS souhaiteraient éviter le l’ONU chargée de désarmer Bagdad nationalité américaine. La veille, vendredi. b LES NATIONS UNIES mul- river mardi soir, pour expliquer aux recours à une solution militaire (Unscom) se sont retirés, mardi 4 no- l’Irak avait fait monter la tension en tiplient les efforts pour désamorcer autorités irakiennes qu’elles n’ont – qu’ils n’excluent pas. L’ONU a chargé une délégation de faire entendre raison à l’Irak Bagdad maintenait, mardi 4 novembre, sa décision d’expulser tous les membres américains de la commission spéciale chargée de son désarmement, l’Unscom. Les autorités irakiennes ont aussi menacé d’abattre l’avion de reconnaissance qui participe aux inspections
BAGDAD a multiplié, mardi cun à défendre ses droits. » Le pré- riser un avion américain U2 d’ef- les responsabilités des conséquences 4 novembre, les signes d’obstina- sident irakien a présidé ensuite une fectuer deux missions de surveil- de votre décision d’envoyer un avion tion tout en demandant « un dia- réunion du commandement géné- lance, mercredi et vendredi, espion au-dessus de l’Irak, parti- logue », quelques heures avant l’ar- ral de l’armée, en présence de son au-dessus du territoire irakien. Le culièrement quand notre DCA est rivée à Bagdad, mardi 4 novembre, fils Qoussaï, lequel dirige la garde représentant irakien à l’ONU, Ni- partout en alerte en prévision d’une de la mission dépéchée par les Na- républicaine, corps d’élite de l’ar- zar Hamdoun, a affirmé que possible agression », a ajouté tions unies, Cette dernière est char- mée irakienne. Au même moment, « l’Irak s’attend à une agression mi- M. Hamdoun. M. Butler a cepen- gée de transmettre au président la radio irakienne affirmait que «le litaire des Etats-Unis », et que, « en dant confirmé dans la soirée qu’il Saddam Hussein la réprobation peuple irakien est déterminé à dé- conséquence, l’entrée d’un avion es- avait autorisé les deux prochaines « unanime » du Conseil de sécurité, fendre son indépendance et sa sou- pion américain dans le ciel irakien missions de l’U2, en dépit de ces après les menaces qu’il formule veraineté ». ne peut être acceptée ». menaces. « L’U2 a été autorisé à ac- contre les ressortissants américains Cette détermination a été aussi- M. Hamdoun, dans une lettre complir sa mission », a précisé à la membres de la commission spé- tôt éprouvée par le nouveau sujet adressée au chef de l’Unscom, Ri- presse M. Butler, en sortant d’une ciale de l’ONU chargée du désar- de crispation qui est né, lundi soir, chard Butler, a demandé l’annula- réunion du Conseil de sécurité te- mement de l’Irak (Unscom). entre les Nations unies et l’Irak tion des vols de l’avion incriminé. nue à huis clos. Comme la veille, les inspecteurs après la décision de l’ONU d’auto- « Il doit être clair que vous assumez Lundi soir, enfin, un porte-parole du désarmement des Nations unies du Pentagone a annoncé que les se sont retirés de trois sites mili- Etats-Unis ont décidé de déployer taires après que les autorités ira- Boom sur les masques à gaz en Israël des chasseurs supplémentaires kiennes en eurent interdit l’accès pour renforcer leurs forces aé- aux inspecteurs américains, a an- Les Israéliens sont venus en masse ces derniers jours dans les centres riennes chargées de l’application noncé à New York un porte-parole publics de distribution de masques à gaz, après l’aggravation de la crise de la zone d’exclusion aérienne de l’ONU. Revenant sur la mission entre l’Irak et l’ONU, a rapporté, lundi 3 novembre, le quotidien Yediot dans le nord de l’Irak. Mais le dépêchée en Irak, le secrétaire gé- Aharonot. En moyenne, quelque six mille Israéliens viennent chaque porte-parole a assuré que les pro- néral des Nations unies, Kofi An- jour faire vérifier leurs masques à gaz, ou les échanger contre de nou- chains déploiements, prévus en nan, a dit, lundi soir, « espérer » veaux modèles, alors que ce chiffre n’était que de deux mille le mois Turquie, n’avaient « absolument que « la date-butoir [du 5 no- cision (...) et pas négocier », a ajouté tions unies. « Nous voulons un ac- dernier, a ajouté le journal. Plus de deux cent mille Israéliens ne dis- rien à voir » avec la crise actuelle vembre] ne sera pas mise à exé- M. Annan. cord clair » pour lever « complète- posent pas de masques à gaz distribués par l’armée à la population et entre les Etats-Unis et l’Irak à pro- cution pendant que l’équipe est à Au cours d’une réunion du ment » l’embargo, notamment des dizaines de milliers possèdent des masques qui nécessitent une ré- pos des inspections des sites mili- Bagdad ». L’Irak a sommé les conseil des ministres, lundi soir à pétrolier, imposé par l’ONU depuis vision pour être efficaces, selon le Yédiot. taires irakiens. Le Pentagone a ré- commissaires américains de quitter Bagdad, Saddam Hussein a cepen- 1990. « Il n’y a pas d’autre voie que Les Israéliens ont peur d’une éventuelle utilisation d’armes cemment rapporté plusieurs le pays au plus tard à cette date. dant estimé que l’ONU doit « s’en- celle-ci, a ajouté M. Hussein, selon chimiques par l’Irak depuis que ce dernier a tiré une quarantaine de violations par l’aviation irakienne Les émissaires onusiens « doivent gager dans un dialogue visant à défi- l’agence irakienne INA, s’ils ont re- missiles balistiques – tous conventionnels – sur Israël durant la guerre de la zone d’exclusion du nord de discuter avec les autorités irakiennes nir clairement les droits et les cours à d’autres méthodes, y compris du Golfe. Ces derniers avaient causé des dommages dans la région de l’Irak, au-dessus du 36e paral- de la nécessité de revenir sur leur dé- engagements » de l’Irak et des Na- l’usage de la force, Allah aidera cha- Tel Aviv et fait des dizaines de blessés. – (AFP.) lèle. – (AFP, Reuter.) Saddam Hussein aura l’occasion d’exposer ses griefs NEW YORK (Nations unies) crétaire général de l’ONU, Kofi Annan, et retirer ses troupes du Koweït entraînerait sarmement de l’Irak puissent être fermés un sont réticents à recourir à la force, ce de notre correspondante de l’Egypte, de reporter « de quelques la guerre, le président irakien ne l’avait par un ». Cette approche est aussi prônée même diplomate avertit : « Il ne faut pas Officiellement, la délégation de l’ONU jours » le délai imparti aux membres amé- pas cru. Il en paie encore les consé- par Paris. sous-estimer l’opinion publique aux Etats- supposée arriver, mardi 4 novembre, à ricains de l’Unscom pour qu’ils quittent le quences. Si la crise devait se terminer par une Unis, qui est de nouveau remontée contre Bagdad, est chargée de « faire territoire irakien, faute de quoi ils se- L’ambassadeur d’Irak auprès de l’ONU, nouvelle action militaire, l’Egypte, en tant Saddam Hussein. » comprendre » aux dirigeants irakiens la raient expulsés. Nizar Hamdoun, a affirmé au Monde, lun- que seul membre arabe du Conseil de sé- La délégation de l’ONU, composée du détermination du Conseil de sécurité de di, que son pays « cherche à se faire en- curité, est le pays qui a le plus à perdre représentant spécial du secrétaire géné- l’ONU à « ne pas céder » au chantage. APPROCHE FRANCO-RUSSE tendre par la communauté internatio- face à son opinion publique. « En Egypte, ral, l’ancien ministre des affaires étran- Mais dans le même temps, elle offre à Une autre possibilité existe, qui consis- nale ». Selon lui, « toute l’attention est a confié au Monde l’ambassadeur égyp- gères algérien, Lakhdar Brahimi, du vice- l’Irak l’occasion d’« exposer ses griefs » terait à autoriser Bagdad, dès le mois pro- centrée sur la crise actuelle, personne ne tien, Nabil El Araby, personne ne ministre suédois des affaires étrangères et contre la Commission spéciale de l’ONU chain, à vendre du pétrole pour un mon- traite du problème de fond », c’est-à-dire comprend pourquoi l’Irak est toujours sous ancien secrétaire général adjoint de chargée de son désarmement (Unscom), tant supérieur aux 2 milliards de dollars le maintien des sanctions contre l’Irak. embargo. Il faut que l’on puisse voir la lu- l’ONU, Jan Eliasson, et de l’ancien ambas- devant une sorte de forum international. par semestre que lui octroie la formule M. Hamdoun devait partir pour Bagdad mière au bout de ce tunnel. » sadeur argentin aux Nations unies, Emilio « La délégation ne va pas à Bagdad pour dite « pétrole contre nourriture ». Pour avec la délégation de l’ONU, mais il s’est Cardenas – dont la présence a été exigée négocier », disait un diplomate occidental l’heure, l’idée est « inacceptable » pour vu refuser un visa d’entrée par le Koweït, PESSIMISME par Washington –, devrait retourner, di- de haut niveau à New York lundi soir, Washington, le porte-parole du départe- où font escale les délégués. Malgré la bonne volonté exprimée par manche, à New York. A l’ONU, on espère « mais rien ne l’empêche d’écouter ». Se- ment d’Etat, James Rubin, refusant de Interrogé sur la possibilité d’une nou- un grand nombre de pays, y compris les que M. Hussein la recevra lui-même. lon ce diplomate, une solution possible « lier » le désarmement de l’Irak aux velle approche du dossier irakien au Américains – qui affirment aujourd’hui En attendant les résultats de la visite de pour éviter un affrontement militaire et « ventes de pétrole à but humanitaire ». Conseil de sécurité, l’ambassadeur russe à n’avoir jamais envisagé le renversement la délégation, le président irakien a, en la « sauver la face de Bagdad, mais aussi de Mais une telle « voie de sortie » n’est pas l’ONU, Serguei Lavrov, est resté solidaire du régime irakien –, l’atmosphère à personne du président de l’Unscom, Ri- Washington », pourrait être de donner totalement exclue, à la condition que le de ses partenaires. « Bagdad doit avant l’ONU reste pessimiste. « Sept ans d’expé- chard Butler, un vis-à-vis aussi déterminé l’occasion aux Irakiens « de dire tout ce président irakien accepte d’« écouter la tout revenir sur sa décision d’exclure les rience montrent que chaque geste de que lui à ne rien céder. En réponse à la qu’ils veulent, devant des interlocuteurs at- voix de la raison », disent des diplomates. Américains de l’Unscom, a-t-il dit. Sans compromis est interprété à Bagdad comme menace irakienne d’abattre les avions-es- tentifs ». Un précédent existe, qui n’est pas très quoi, personne ne peut faire quoi que ce de la faiblesse de la part du Conseil de sé- pions américains U2 brandie, lundi soir, Si l’Irak accepte d’emprunter ainsi encourageant : lorsque, en janvier 1991, le soit pour lui. » « Si l’Irak est raisonnable curité », se plaignait un diplomate. « Pour par Bagdad, M. Butler a affirmé que ces « l’échelle qui pourrait lui permettre de secrétaire général de l’ONU, Javier Perez sur ce point », a ajouté le diplomate russe, le moment, l’Irak réclame d’être écouté, si appareils continueraient leurs missions. descendre pas à pas », il agréerait officiel- de Cuellar, s’était rendu à Bagdad pour Moscou continuera de plaider au Conseil l’on accepte cela, il demandera plus. » lement ou de facto, à la demande du se- expliquer à M. Hussein que son refus de de sécurité pour que « les dossiers du dé- Tout en admettant que les Etats-Unis Asfané Bassir Pour Washington agite la menace d’une action militaire sans la souhaiter WASHINGTON donner une chance aux efforts di- compte tenu des positions anté- missiles de croisière contre des de notre correspondant plomatiques en cours, tout en rieures du Conseil de sécurité. cibles irakiennes, mais pour quel L’épreuve de force entre l’Irak soulignant qu’il ne s’agit pas de « Mais ce n’est pas la politique sur résultat ? Les Irakiens y sont prêts, et le Conseil de sécurité des Na- négocier ce qui n’est pas négo- laquelle les Etats-Unis souhaitent et, avec un peu de chance, ils remo- tions unies prend une nouvelle ciable. La Maison Blanche a ainsi mettre l’accent », a-t-il précisé. biliseront l’opinion arabe en leur fois la forme d’un face-à-face refusé tout net une invitation au Si M. Hussein fait la sourde faveur », ajoute ce diplomate. entre Bagdad et Washington. Tout « dialogue » lancée, lundi 3 no- oreille, il est probable qu’un Richard Hass, directeur des en affirmant qu’ils privilégient une vembre, par le président Saddam consensus se dessine au sein du études de politique étrangère à la solution pacifique, les Etats-Unis Hussein. Les Etats-Unis exigent Conseil de sécurité en faveur de Brookings Institution, reconnaît multiplient les menaces de moins que celui-ci se conforme aux réso- nouvelles sanctions, comme l’in- que les Etats-Unis prendraient un en moins voilées d’une frappe mi- lutions du Conseil de sécurité, terdiction faite à certains respon- sérieux risque à agir seuls. litaire, afin d’obliger le président dont les termes vont lui être rap- sables du régime de Bagdad de « Contrairement à ce qui se passe à irakien à revenir sur sa décision pelés par la mission envoyée à quitter le territoire irakien. Une propos de l’Iran ou de Cuba, ex- d’interdire aux observateurs amé- Bagdad par le secrétaire général telle interdiction, brandie comme plique-t-il, la force des sanctions ricains de participer aux missions de l’ONU, Kofi Annan. Le seul dia- une menace dans la résolu- contre l’Irak réside dans le fait de la commission spéciale de logue possible « doit consister à tion 1134 du Conseil de sécurité, qu’elles sont multilatérales. Si l’ONU chargée du désarmement expliquer clairement par quels avait entraîné une abstention de l’Amérique décide d’intervenir uni- de l’Irak (Unscom). L’administra- moyens il (Saddam Hussein) doit se la France, de la Russie et de la latéralement, elle affaiblit la posi- tion Clinton se sert de la suren- plier à la volonté de la communau- Chine. tion unitaire de la communauté in- chère du Congrès pour faire té internationale », a indiqué le Au-delà de sanctions diploma- ternationale. Saddam Hussein a comprendre à Bagdad et aux alliés porte-parole de la présidence, tiques, la plupart des experts s’ac- probablement calculé cela : il pense des Etats-Unis que l’option mili- Mike McCurry. cordent à reconnaître que l’on que les effets négatifs de l’utilisation taire est sérieusement envisagée. entre dans le domaine d’une esca- de la force seront plus graves pour La Maison Blanche préférerait « POUR QUEL RÉSULTAT ? » lade aux effets très incertains, la coalition que pour l’Irak. » cependant que le président irakien Si l’Irak ne change pas de posi- comme l’a montré la précédente Le danger, ajoute M. Hass, est comprenne que son nouveau défi tion « dans les prochains jours, a « punition » infligée par Washing- que l’administration Clinton béné- ne le mène nulle part. L’adminis- précisé James Rubin, le porte-pa- ton à Bagdad, en septembre 1996, ficie d’un soutien quasi unanime tration américaine sait que l’unité role du département d’Etat, alors, après que les troupes irakiennes du Congrès pour engager, le cas du Conseil de sécurité face aux le Conseil de sécurité doit être prêt furent intervenues dans le nord de échéant, des frappes militaires. Ce nouvelles provocations irakiennes à prendre des mesures fermes », l’Irak. consensus, estime-t-il, « accroît la serait mise à rude épreuve si Was- afin d’obliger les Irakiens à res- « Cela n’a pas modifié le rapport probabilité » d’une action mili- hington tentait d’obtenir à l’ONU pecter la volonté de la commu- de forces dans le Kurdistan irakien, taire, même si le souhait de l’ad- un vote en faveur de sanctions nauté internationale. S’ils per- rappelle un diplomate européen. ministration Clinton est de trou- militaires. L’unité du Conseil se- sistent dans leur refus, les Erbil (la principale ville du Kurdis- ver le moyen de faire plier rait aussi fragilisée si les Etats- Etats-Unis se réservent le droit de tan) n’a pas changé de camp, et les Saddam Hussein, sans se démar- Unis décidaient une action mili- recourir à une action militaire uni- Irakiens ont marqué un point. Les quer de ses alliés. taire unilatérale contre Bagdad. latérale, ce qui, selon M. Rubin, ne Américains peuvent de nouveau en- Washington s’efforce donc de pose pas de problème particulier, voyer une ou plusieurs salves de Laurent Zecchini LeMonde Job: WMQ0511--0003-0 WAS LMQ0511-3 Op.: XX Rev.: 04-11-97 T.: 11:04 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0473 Lcp: 196 CMYK
INTERNATIONAL LE MONDE / MERCREDI 5 NOVEMBRE 1997 / 3 La phrase du président chinois sur les « erreurs » Le premier ministre du parti suscite de multiples interrogations néo-zélandais a remis Une révision de la ligne sur la répression de Tiananmen aurait de lourdes implications sa démisssion La tournée aux Etats-Unis du président Jiang Ze- image de chef d’Etat à l’envergure internatio- gédie de Tiananmen. Ce débat est lourd min, qui s’est achevée dimanche 2 novembre, au- nale. Mais M. Jiang a surtout relancé les inter- d’implications pour le jeu intérieur chinois en rai- ra permis au numéro un chinois de conforter son rogations sur le jugement officiel relatif à la tra- son du rôle joué, en 1989, par feu Deng Xiaoping. M. Bolger a perdu le contrôle du Parti conservateur
PÉKIN de manière générale à ce texte an- M. Jiang. Il lui faudrait trouver à la mais il a reconnu avoir « appris » AUCKLAND se mesurent en degrés de « that- de notre correspondant cien, ou plus précisément à la situa- fois une formule dégageant la res- bien plus au contact direct de la de notre correspondante chérisme », Jenny Shipley fait fi- Jiang Zemin a-t-il voulu amorcer tion de 1989, imputable non pas à ponsabilité de Deng Xiaoping – « démocratie américaine » qu’à la dans le Pacifique Sud gure de « dure ». Il y a six ans, son un débat interne au régime chinois Mao mais à Deng ? Il a eu la pru- dont la « théorie » en matière de lecture de dossiers. Il sort ainsi très Ce « coup »-là est arrivé sans effigie était brûlée dans la rue en vue de réviser le jugement offi- dence de n’en rien dire. On exclut, à développement est le nouveau dog- légèrement, sans se compromettre prévenir. Lundi 3 novembre en fin après que la ministre de la sécurité Pékin, que M. Jiang ait simplement me du régime – et un bouc émis- pour autant, du rôle de figure de de journée, les journalistes poli- sociale eut réduit drastiquement ANALYSE adopté une posture destinée à désa- saire. cire robotisée que lui dessinent ses tiques de Wellington, la capitale les allocations. Vers une éventuelle morcer une pression extérieure de- La mise hors de cause de Deng est services de propagande. de la Nouvelle-Zélande, étaient venue trop forte au cours de son possible. Il suffit d’affirmer, comme M. Jiang n’a toutefois pas paru soudain tous d’accord : Jenny Shi- SATISFECIT DE LA BOURSE remise en cause voyage aux Etats-Unis. On peut au certains indices le suggéraient lors inaugurer par ce voyage une ap- pley, ministre des transports, dis- La Bourse a salué ce change- des rôles respectifs contraire imaginer qu’il ait fait des événements, que le patriarche proche différente de la Chine envers posait du soutien d’une majorité ment, qui devrait se traduire par de M. Deng ou de M. Li usage de cette pression – suivant en n’était pas complètement informé le monde extérieur, où Pékin re- des élus du Parti national (conser- un nouveau « coup de barre à cela un exemple donné autrefois par de la situation, voire qu’il a été cherche avant tout la source de flux vateur) pour détrôner le premier droite », en gagnant 3 %. Réuni Deng – pour servir des intérêts de sciemment désinformé par quelques technologiques et financiers, sans ministre, Jim Bolger. Dans la soi- mardi matin, le Parti national a dé- ciel sur le drame de Tiananmen ? Ou politique intérieure. bureaucrates trop zélés. Dès lors, véritable intention de fournir des rée, c’était chose faite : le chef du cidé que le premier ministre sor- bien a-t-il seulement cherché, en Quelles qu’aient été ses inten- qui ? Le partisan de la répression contreparties. Ainsi, les appels du gouvernement, en poste depuis tant resterait en fonction jusqu’à chef politique sensiblement plus tions, M. Jiang a de facto rouvert le qu’était alors l’ancien maire de Pé- pied auxquels il s’est livré à l’inten- sept ans, remettait sa démission. la fin du mois pour permettre au libre de ses mouvements mainte- dossier des circonstances qui l’ont kin, Chen Xitong, récemment jeté tion de l’Amérique des affaires Théoriquement Jim Bolger avait nouveau gouvernement de s’orga- nant que Deng Xiaoping est parti, à porté au pouvoir en 1989. Sa re- en prison par M. Jiang pour corrup- évoquent-ils la démarche chinoise encore deux ans devant lui, à la niser. Logiquement, Jenny Shipley se démarquer de la ligne strictement marque ambiguë fait suite aux ap- tion, serait un premier fusible envers l’Europe occidentale : les in- tête d’une coalition de plus en deviendra donc premier ministre officielle qui interdit tout débat à ce pels qui avaient été émis en Chine commode. Mais ce personnage est citations à l’investissement des dé- plus impopulaire face à un Parti début décembre. Elle dirigera un sujet, afin de personnaliser sa fonc- même, avant le 15e congrès du parti, un peu mince pour expliquer des tenteurs de la technologie dans travailliste repassé en tête des gouvernement remanié mais tou- tion ? tenu à la mi-septembre, pour une déplacements de troupes venues de l’« immense marché chinois » ne sondages d’opinion. jours fondé sur l’accord de coali- Impossible encore à dire. Mais la révision des événements de Tianan- tout le pays, comme ce fut le cas, s’accompagnent pas de promesse Mais le voyage en Europe du tion passé entre le Parti national et « petite phrase » de M. Jiang pro- men – officiellement considérés pour reprendre la place Tiananmen. d’ouverture plus large qu’il n’est né- premier ministre a permis aux le New Zealand First, petit parti noncée à Harvard, aux Etats-Unis, comme une « émeute contre-révolu- Il faudrait à M. Jiang viser plus haut, cessaire à Pékin pour capter des sa- « lieutenants et hommes de main » nationaliste qui détient la clé du reconnaissant que le Parti commu- tionnaire » justement réprimée par et c’est le premier ministre sortant, voirs afin de les reproduire. de Jenny Shipley de préparer en pouvoir au Parlement. Mais le chef niste chinois n’est pas infaillible («Il l’armée. Li Peng, très en pointe dans la ré- Cette logique s’explique par la « grand secret », ce « coup sans ef- de file de cette formation, furieux va sans dire que nous pouvons avoir pression de 1989, qui risquerait alors certitude qui anime la direction fusion de sang », cette « embus- d’avoir été tenu à l’écart du des défauts et même faire des er- RETOURNEMENT DE VERDICT d’être visé. Rien n’indique encore chinoise que le sous-développement cade », selon les expressions de la « coup » qui se fomentait, a décla- reurs ») a d’ores et déjà commencé à Pareille révision n’est pas a priori que M. Jiang ait emprunté ce sentier du pays est dû avant tout à l’intru- presse nationale. Certes, les ambi- ré que son parti ne ferait connaître nourrir de réelles interrogations sur totalement impossible. Le meilleur de guerre. sion des puissances occidentales tions de Jenny Shipley étaient sa position que dans une semaine. le sort que compte faire la Chine de exemple est le retournement de ver- Durant son voyage américain, Il dans son univers au XIXe siècle, et connues. Avec seulement dix ans Helen Clark, chef du Parti tra- l’après-Deng à la tragédie de Tia- dict que Deng lui-même avait opéré s’est cependant démarqué de M. Li que ses maîtres d’alors ont seule- de vie politique, Jenny Shipley, vailliste qui a le vent en poupe, es- nanmen. La non-infaillibilité du par- en 1978, peu après être revenu au dans la façon d’affronter la houle ment commis une erreur tactique en quarante-cinq ans, une forte père profiter de la crise. «Je ti n’est pas, en soi, un fait nouveau. pouvoir et avant même d’en contrô- protestataire. Le premier ministre se refusant à une ouverture modé- femme, enseignante de formation, compte toujours être la première C’est Deng lui-même qui l’avait in- ler tous les leviers, à propos d’une s’était rendu célèbre pour la ma- rée. Dans cette optique, c’est cette reconnue pour son efficacité et sa femme élue premier ministre », dit- troduite en juin 1981 sous la forme précédente émeute survenue sur la nière cassante dont il avait inter- « addition » que l’Occident, Amé- franchise, a déjà eu la charge de elle. Les prochaines élections, en d’une « résolution » du comité cen- même place Tiananmen du vivant rompu une visite en Allemagne, en rique en tête, est censée continuer trois importants portefeuilles mi- 1999 ou avant, se passeront donc tral qui faisait le tri entre les erreurs de Mao, en avril 1976. De « contre- 1994, en raison de manifestations de payer aujourd’hui à coups de nistériels (sécurité sociale, santé entre femmes, dans le pays qui fut et les accomplissements positifs de révolutionnaire », l’événement est du hostiles à son endroit. M. Jiang, lui, transferts de technologie financés publique et transports). Dans ce en 1893, la première démocratie à l’œuvre de Mao. jour au lendemain devenu « révolu- a exigé seulement de Washington de par ses soins. pays qui a réformé son économie leur donner le droit de vote. Mais M. Jiang, explicitement in- tionnaire ». Toutefois, concernant ne pas voir les manifestants. Non de la manière la plus radicale au terrogé sur Tiananmen, se référait-il 1989, la tâche est plus difficile pour seulement il dit les avoir entendus, Francis Deron monde, où les positions politiques Florence de Changy La recrudescence des combats fait craindre une nouvelle famine en Somalie NAIROBI gouvernement central, ou même auxquelles la faction d’Aïdid a re- chercher à affaiblir Hussein Aïdid l’Ethiopie) qui, en juin, ont chassé de notre correspondant Deux régions que la paix n’ait été rétablie en fusé de se joindre, Addis-Abeba a pour l’amener à la table des négo- les islamistes de la région du Gedo en Afrique de l’Est où règne l'insécurité Somalie. Le général Aïdid s’auto- lancé deux opérations militaires ciations, ou bien de créer une où ils s’étaient établis en 1992, ne La recrudescence des combats DJIBOUTI Golfe d'Aden proclamait président – tout dans le sud de la Somalie contre zone tampon sur sa frontière pour décident d’appuyer leurs frères de entre milices rivales, depuis le comme son rival de Mogadiscio- une base arrière du mouvement éliminer les menaces terroristes ? la province du Bas Juba qui se mois d’août, dans le sud-ouest de nord Ali Mahdi – et s’emparait de islamiste éthiopien, Al Ittihad, au- « Quoi qu’il en soit, les Ethiopiens battent pour le contrôle du port la Somalie, entretient une insé- Baidoa, en septembre 1995, en teur de plusieurs attentats à la jouent aux apprentis sorciers, de Kisimayo contre une milice du curité grandissante qui a chassé s’alliant à quelques sous clans lo- bombe, notamment dans la capi- avance un expert de la région, car clan Majertine, pourtant égale- plus de cinquante mille villageois. caux. Il mourait en août 1996, une tale, ces derniers mois. Et depuis les milices qu’ils arment et qu’ils ment allié à Addis-Abeba. Face à ÉTHIOPIE Et leur exode n’est pas sans rap- OCÉAN semaine après avoir été blessé sur quelque temps, plusieurs sources entraînent risquent tôt ou tard l’activisme de l’Ethiopie, qu’il ac- peler les signes avant-coureurs de INDIEN la ligne de front, dans des d’information font état d’armes d’échapper à leur influence et de se cuse de préparer « une nouvelle in- l’hécatombe de 1992, quand la combats contre son ancien allié et fournies par l’Ethiopie à toutes les battre pour leur propre compte. » tervention » en Somalie, Hussein guerre et la famine ont tué près de BAKOL financier, Osman Atto. factions hostiles à Aïdid et aux is- Un responsable humanitaire Aïdid, ancien « marine », se trois cent mille personnes en So- BAY MOGADISCIO Aujourd’hui, après une série de lamistes. craint, par exemple, que les guer- cherche aussi des parrains et s’est malie. Selon les témoignages de Baidoa SOMALIE conférences de paix et plusieurs L’objectif de l’Ethiopie est-il de riers du clan Marehan (aidés par rendu récemment en Libye. On es- déplacés arrivés à Mogadiscio, la accords non respectés de cessez- time qu’il a aussi les faveurs de capitale, les combattants écument KENYA Équateur le-feu, rien n’a fondamentalement Khartoum, le régime islamiste la région, tuant le bétail et pillant changé et malgré de multiples La difficulté d’acheminer l’aide alimentaire soudanais étant en froid avec Ad- les greniers où la dernière récolte 200 km tentatives de médiation (éthio- dis-Abeba depuis 1995. vient tout juste d’être stockée. Les pienne, kenyane, égyptienne ou Distribuer des vivres est une entreprise risquée en Somalie, où Ce réarmement pourrait entraî- paysans qui tentent de résister italienne – sans compter celles de l’aide étrangère est généralement considérée comme appartenant à ner une extension des combats sont abattus. venue en quelques mois « ville l’ONU), les rivalités politico-cla- tous et donc au premier village venu, alors que la propriété d’un dans le Sud-Ouest et provoquer L’organisation non gouverne- mouroir », fut l’épicentre. A niques restent vives. Néanmoins, clan ou de ses membres est rarement détournée à cause des repré- l’exode de milliers d’autres dépla- mentale Action contre la faim l’époque, l’armée de l’ex-pré- une certaine stabilité prévaut dans sailles éventuelles. Pour réduire les pertes, le Programme alimen- cés. Mais si une famine générali- (ACF) assiste les déplacés de Mo- sident Siad Barre, chassé de Mo- les deux tiers des régions de So- taire mondial (PAM) a donc « privatisé » son assistance et mis au sée frappe à nouveau la Somalie, gadiscio démunis de tout. Elle es- gadiscio en janvier 1991, et celle malie où l’Union européenne et le point un système de « monétisation ». Pour chaque distribution, le il n’est pas sûr que la communau- time qu’ils sont déjà mille cinq du clan Hawiyes, conduite par le CICR peuvent financer les projets PAM conclut un marché avec les hommes d’affaires à qui il confie, té internationale se mobilise,
cents dans les camps, auxquels il général Aïdid (le père de Hussein de réhabilitation. en échange d’une caution bancaire, la mission d’acheminer des comme en 1992, les milieux huma- faut ajouter tous ceux qui ont Aïdid), s’affrontaient dans le sud Mais l’ingérence croissante – di- vivres dans un village. « Ainsi, on est sûr que l’aide arrive, explique un nitaires relevant la fatigue des do- trouvé refuge auprès de parents. et le sud-ouest du pays, dévastant plomatique et militaire – de employé de l’agence. Mais on ne peut pas contrôler si elle est bien dis- nateurs, de plus en plus indiffé- L’ONG française « redoute une dé- les villages sur leur passage. Six l’Ethiopie est un nouveau facteur tribuée aux nécessiteux car, pour des raisons de sécurité, il est difficile rents à l’interminable conflit térioration de la situation nutrition- mois plus tard, à partir de d’inquiétude pour certains obser- de vérifier sur place. » Si les troubles persistent dans le sud-ouest, les somalien. nelle si la poursuite des combats juin 1992, la famine frappait la ré- vateurs. Tout en parrainant des responsables du PAM reconnaissent qu’il n’est pas sûr que ce sys- empêche les paysans de préparer gion et plusieurs dizaines de mil- négociations intersomaliennes tème de distribution puisse continuer à fonctionner. Jean Hélène les prochaines semailles ». liers de personnes mouraient Le Comité international de la avant que la communauté inter- Croix-Rouge (CICR) a lancé un nationale ne se mobilise. programme d’assistance pour ces déplacés éparpillés dans les zones INGÉRENCE ÉTHIOPIENNE limitrophes du Bay et du Bakol. En pillant la manne humani- Ces deux régions touchées par taire, les chefs de guerre soma- l’insécurité sont d’autant plus dif- liens avaient alors reconstitué leur ficiles d’accès que de nombreuses trésor de guerre, grâce aussi au pistes ont été minées. Depuis le racket des organisations carita- meurtre d’un médecin portugais tives obligées de se placer sous de Médecins sans frontières leur protection pour pouvoir in- (MSF), en juin, à Baidoa, les tervenir. Afin de mettre fin au dé- agences humanitaires ont dû éva- tournement de l’aide, les Etats- cuer leurs expatriés de la ville. La Unis décidaient, en dé- branche française de MSF a an- cembre 1992, d’envoyer trente noncé, le 24 octobre, son retrait mille soldats, dans le cadre d’une définitif de Somalie, constatant vaste opération humanitaire des que le meurtre restait impuni. Nations unies, également proté- Les combats dans le Bay et le gés par plusieurs milliers de Bakol mettent aux prises des mi- « casques bleus ». lices rivales du clan local des Ra- Après avoir lancé une infruc- hanweyn, également soutenues tueuse chasse à l’homme contre le par les deux principaux chefs de général Aïdid – irrité de n’être pas guerre somaliens, Hussein Aïdid, reconnu comme l’homme fort de qui contrôle Mogadiscio-sud, et la Somalie –, qui exigeait le départ Ali Mahdi, qui tient Mogadiscio- des « occupants », les « marines » nord, deux frères ennemis issus de se retiraient, en mars 1994, non la même confédération clanique sans avoir perdu une trentaine des Hawiyes. d’hommes en s’attaquant aux mi- Des affrontements similaires liciens pro-Aïdid. Et les derniers avaient été à l’origine de la grande « casques bleus » quittaient Mo- famine de 1992, dont Baidoa, de- gadiscio, en mars 1995, sans qu’un LeMonde Job: WMQ0511--0004-0 WAS LMQ0511-4 Op.: XX Rev.: 04-11-97 T.: 10:47 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0474 Lcp: 196 CMYK
4 / LE MONDE / MERCREDI 5 NOVEMBRE 1997 INTERNATIONAL Vietnam : le typhon « Linda » Athènes et Ankara tentent de rétablir a fait au moins 178 morts HANOÏ. Le typhon « Linda » a fait au moins cent soixante-dix-huit morts un processus de normalisation et un millier de disparus dans le sud du Vietnam, selon un décompte pro- visoire annoncé, mardi 4 novembre, par des responsables locaux. Près de vingt mille habitations auraient été détruites. Des dizaines de milliers Après une série d’incidents bilatéraux, les chefs des deux gouvernements se sont rencontrés d’hectares de riziculture ont été submergés dans la région la plus fertile du Vietnam. Le bilan pourrait être beaucoup plus lourd. Les autorités locales Les premiers ministres grec et turc, qui se ren- Crète, sont tombés d’accord pour renouer le dia- Ankara, à propos de la délimitation des eaux ter- ont en effet perdu le contact avec plus de mille bateaux. La plupart des contraient lundi 3 novembre en marge de la réu- logue entre leurs deux pays. Des incidents n’ont ritoriales, des manœuvres militaires dans la ré- victimes sont des pêcheurs qui se trouvaient à bord d’embarcations au nion des dirigeants des Etats balkaniques en cessé ces derniers mois d’opposer Athènes et gion ou de Chypre. moment du passage du typhon. Des unités de la marine de guerre et de l’armée de l’air ont été mobilisées ATHÈNES mel avait été obtenu sous la pres- priotes grecs d’installer des mis- et de plaintes mutuelles. Ankara a pour les secours. Le président Trân Duc Luong a adressé, mardi, un mes- de notre correspondant sion des Etats-Unis, très inquiets siles S 300 achetés au début de accusé les Grecs et les Chypriotes sage de sympathie aux habitants des régions sinistrées, dont certaines Les premiers ministres grec et après l’incident de janvier 1996 à l’année à la Russie. Ankara, qui se grecs de « jouer avec le feu » et de étaient encore coupées du monde. « Linda » est une tempête tropicale turc, Costas Simitis et Mesut Yil- propos de la souveraineté contes- sent menacé par les missiles, a dé- se diriger vers « une possibilité ac- qui s’est abattue, dimanche, près des côtes sud-vietnamiennes, avant de maz, sont convenus lundi 3 no- tée de l’îlot rocheux d’Imia-Kar- claré que leur implantation serait crue d’incidents, y compris un af- se transformer en typhon, le plus violent depuis près d’un siècle. – (AFP, vembre de relancer les différents dak pour les Turcs (dans le Dodé- un casus belli, tandis que le chef frontement armé ». La Grèce a par Reuter.) processus de dialogue bilatéral, canèse). Les deux pays avaient d’état-major turc, Ismaïl Hakki ailleurs dénoncé de multiples vio- gelés ces derniers mois par une sé- alors frôlé un conflit armé, évité Karadayi, dénonçait au sein de lations de son espace aérien par rie d’incidents et de menaces. de justesse par l’intervention per- l’Alliance un axe Athènes-Moscou des chasseurs turcs, démenties par Le gouvernement danois devra livrer A l’issue d’un long tête-à-tête sonnelle de Bill Clinton. dirigé contre Ankara. la Turquie qui ne reconnaît pas les d’une heure et demie tenu en MM. Simitis et Yilmaz sont éga- Après un échec des discussions, mêmes limites qu’Athènes. marge d’un sommet balkanique lement convenus d’appliquer un fin septembre, au siège de l’ONU, A la fin des manœuvres, la des documents relatifs à Maastricht réuni à Héraklion, en Crète, Cos- accord signé en 1988 par les chefs entre les deux ministres des af- Grèce a protesté contre le harcèle- tas Simitis a qualifié l’entretien de de la diplomatie des deux pays faires étrangères grec, Théodore ment par des F 16 turcs de l’avion COPENHAGUE. La Cour suprême du Danemark a ordonné, lundi 3 no- « fructueux ». La rencontre, a-t-il pour établir des « mesures de Pangalos, et turc, Ismaïl Cem, sous du ministre grec de la défense qui vembre, au gouvernement de livrer la plupart des documents relatifs au cependant ajouté, « n’a pas abouti confiance ». De même, ils ont af- les auspices du secrétaire d’Etat revenait de Chypre. Quelques traité de Maastricht à dix citoyens qui ont intenté un procès contre le pre- à un résultat qui change la situa- firmé leur volonté de réfléchir Madeleine Albright, le ton n’a ces- jours plus tard, c’est le général Ka- mier ministre Poul Nyrup Rasmussen, pour avoir fait adhérer, en 1993, le tion ». Il a accepté une invitation « dans le cadre de l’OTAN » sur les sé de monter entre les deux rives radayi qui affirmait qu’un navire pays à l’Union européenne, a-t-on appris de source judiciaire. de M. Yilmaz à se rendre à Ankara mesures à prendre pour réduire la de l’Egée. grec avait tenté d’éperonner un Les sept juges ont donné raison aux plaignants qui réclamaient ces docu- « à une date qui sera fixée par la tension et éviter tout incident M. Pangalos a accusé la Turquie sous-marin turc en mer Egée. ments pour prouver, selon eux, que le gouvernement avait accepté, lors voie diplomatique » et « à condi- pendant les manœuvres militaires de suivre « une politique inaccep- M. Pangalos a minimisé l’affaire et des négociations sur le traité de Maastricht, un transfert de souveraineté à tion que cette visite puisse débou- en mer Egée. table qui fait penser à celle de l’Al- rejeté les accusations turques en l’UE plus étendu que ne l’autorise la Constitution. Les avocats des plai- cher sur un résultat positif ». lemagne hitlérienne de l’entre-deux appelant Ankara à « ne pas gnants, Me Christian Harlang et le professeur Ole Krarup, avaient affirmé M. Yilmaz, a dit M. Simitis, a pro- APRÈS L’IMPASSE guerres » et qualifié de « voleur, commettre de folie en provoquant en juin que « la participation du Danemark, pendant vingt-cinq ans d’adhé- posé un « dialogue global » sur Le chef du gouvernement grec a assassin et violeur la partie de l’es- intentionnellement un grave in- sion du Danemark au Marché commun et à l’Union européenne, était anti- l’ensemble des différends « pour par ailleurs souhaité la poursuite tablishment politico-militaire en cident en Egée ». constitutionnelle, ayant entraîné un transfert de souveraineté trop impor- dépasser les problèmes », tandis d’un processus entamé au prin- Turquie qui met en doute les fron- En arrivant dimanche en Crète, tant ». que « nous maintenons notre poli- temps par la mise en place d’une tières en mer Egée », tandis que le Mesut Yilmaz n’excluait pas la tique de rapprochement pas à commission d’experts des deux vice-premier ministre turc Bulent possibilité d’un « conflit armé par DÉPÊCHES pas », a déclaré le premier mi- pays chargée d’examiner les mo- Ecevit étendait le différend gréco- accident », en raison de plusieurs a CROATIE : le président croate Franjo Tudjman a proposé une série nistre grec. Son homologue turc dalités d’un dialogue gréco-turc. turc d’Imia-Kardak « au partage exercices militaires turcs et grecs d’amendements constitutionnels, dont une interdiction à son pays de s’est félicité de « la bonne volonté La Grèce attend une réponse équitable des eaux et des ressources qui se déroulent actuellement en se joindre à une éventuelle nouvelle Yougoslavie ou à une union d’Etats mutuelle ». d’Ankara aux propositions qu’elle sous-marines de l’Egée. Si ce diffé- mer Egée. Sa rencontre, lundi avec balkaniques. Selon un communiqué publié, lundi 3 novembre, par Les deux hommes se sont mis a déposées, a indiqué M. Simitis. rend ne pouvait être réglé équita- son homologue grec, immédiate- l’agence officielle Hina, cette clause interdirait à la Croatie de faire partie d’accord pour poursuivre « l’ac- La rencontre intervient après blement, une situation plus tendue ment saluée à Washington, qui a de toute union avec un autre pays « qui pourrait conduire à la restauration cord de Madrid » que M. Simitis et l’impasse, cet été, des pourparlers pourrait surgir entre la Turquie et la envoyé ces dernières semaines d’une Yougoslavie fédérale ou, en d’autres termes, à une forme quelconque le président turc, Suleyman Demi- chypriotes, de plusieurs incidents Grèce », a affirmé M. Ecevit. plusieurs émissaires dans la région d’union d’Etats balkaniques ». Les autorités croates cherchent rel, ont conclu en marge du som- et des déclarations incendiaires de En octobre, des manœuvres mi- pour calmer les esprits, a sans constamment à définir leur pays comme un Etat d’Europe centrale et non met de l’OTAN, en juillet, et dans part et d’autre qui ont gelé « l’es- litaires communes entre Athènes doute, pour le moment du moins, comme un Etat balkanique. – (AFP.) lequel les deux pays excluaient le prit de Madrid ». Les Turcs sont et Nicosie, liées depuis 1993 par désamorcé une telle éventualité. a POLOGNE : le Père Henryk Jankowski, curé de la paroisse Sainte- recours à la force pour résoudre montés en flèche à la fin de l’été un pacte de défense, ont aussi été Brigitte de Gdansk, proche des chantiers navals, a été mis sous tutelle leur contentieux. Cet accord infor- contre la détermination des Chy- l’occasion de plusieurs incidents Didier Kunz pour un an par la hiérarchie catholique, en raison de propos antisémites. Il avait affirmé dans une homélie, le 26 octobre, qu’« il ne fallait pas accep- ter la minorité juive au gouvernement ».–(AFP.) a ITALIE : a ITALIE : sept membres présumés de la mafia sicilienne, Un rapport de l’Observatoire européen des drogues et toxicomanies dont un prêtre, ont été arrêtés, mardi 4 novembre, à Palerme (Sicile), a-t- on appris de source policière. Parmi les mafieux arrêtés figure don Mario Frittitta, un prêtre palermitain, ancien confesseur du « parrain » Pietro dénombre 500 000 toxicomanes atteints de l’hépatite C en Europe Aglieri, considéré comme le numéro un de Cosa Nostra jusqu’à son arres- tation, en juin. Le prêtre, qui célébrait des messes dans le refuge d’Aglieri CARENCES des campagnes de nouveaux cas de sida chez les toxi- 1 % à 2 % la proportion d’héroïno- Royaume-Uni). Regrettant « l’ab- quand celui-ci était en cavale, est soupçonné de complicité avec Cosa prévention face au développement comanes a tendu à se stabiliser ou manes mourant chaque année de sence de connaissances suffisantes Nostra. – (AFP.) de l’hépatite, manque de connais- à diminuer ces dernières années. surdose, d’accident, suicide ou sur les effets à long terme de la plu- a VATICAN : Jean Paul II a nommé Mgr Sergio Sebastiani président sances scientifiques sur les Caractérisé par « une capacité in- malaise liés à l’usage de cette part de ces produits », l’OEDT in- de la préfecture pour les affaires économiques, c’est-à-dire « ministre des drogues de synthèse, dépenses pu- fectieuse de 50 à 100 fois supérieure drogue. Ce taux peut atteindre 3 % vite, là encore, les instances poli- finances » du Saint-Siège. Il succède au cardinal américain Edmund Szo- bliques considérables mais peut- à celui du sida », le virus de l’hépa- à 4 % dans les pays où, comme le tiques à se doter des moyens de ka, récemment promu président de la commission pour l’Etat du Vatican. être inadaptées des politiques tite peut en effet demeurer long- Portugal et la Belgique, les risques recherche qui permettront d’adap- Mgr Sebastiani était secrétaire général du comité chargé du Jubilé de conduites dans l’Union euro- temps actif, compte tenu de sa liés à la contamination VIH sont ter leurs campagnes de préven- l’an 2000, charge désormais confiée à Mgr Crescenzio Sepe, actuel secré- péenne : le deuxième rapport an- plus forte résistance à l’air libre : il restés élevés. tion, de répression et de soins. taire de la congrégation pour le clergé. – (AFP.) nuel de l’Observatoire européen suffit qu’un héroïnomane plonge Avec la même prudence épidé- a ALLEMAGNE : les ministres de la défense d’Allemagne, de France et des drogues et toxicomanies l’aiguille contaminée de sa se- miologique, l’Observatoire évalue de Pologne ont approuvé, lundi 3 novembre à Weimar, un programme (OEDT), qui a été présenté mardi ringue personnelle dans la cuillère entre 750 000 et 1 million la popu- L’agence triennal de travail qui prévoit, outre des exercices communs des trois ar- 4 novembre à Lisbonne, invite les à usage collectif dans laquelle ses lation d’héroïnomanes dans l’en- mées, un effort sur la formation des cadres militaires dans le but de favo- ministres européens de la police, compagnons de défonce opèrent semble des pays-membres. Dans communautaire riser le processus de rapprochement de Varsovie avec l’Alliance atlan- de la justice et de la santé à réo- leur mélange d’eau et drogue pour la plupart d’entre eux, l’héroïne tique. rienter leurs politiques nationales que le virus se propage. « arrive toujours en tête pour des in- de Lisbonne appelle a ALGÉRIE : alors que la police s’est déployée en force, lundi 3 no- et communautaires afin de mieux L’agence communautaire de Lis- dicateurs tels que les demandes de vembre, dans les rues d’Alger pour briser dans l’œuf toute manifestation répondre aux évolutions en cours bonne, qui est opérationnelle de- traitement, les décès liés à la les responsables de de l’opposition, six partis politiques ont appelé à une nouvelle marche na- sur le Vieux Continent. puis 1995, demande aux autorités drogue, les contaminations au VIH tionale le 13 novembre dans la capitale. Le ministère de l’intérieur avait Dans son état des lieux pour des quinze pays membres d’ins- ou à l’hépatite ». Livrant une pre- l’Union européenne mis en garde dimanche les partis protestataires, affirmant qu’il ne tolére- 1996, l’Observatoire souligne ainsi taurer des méthodes de calcul mière synthèse des informations rait plus les rassemblements non autorisés. – (AFP. Reuter.) la sous-estimation des dangers comparables sur le nombre de dé- disponibles sur les traitements de à rationaliser a CONGO : le président Denis Sassou Nguesso a formé, dimanche causés par l’hépatite C. Bien que cès liés aux drogues, en vue d’ob- substitution à l’héroïne, le rapport 2 novembre, un gouvernement d’« union nationale » qui se caractérise rarement considérée comme une tenir un standard commun pour indique que, « entre 1993 et 1996, leurs politiques par la nomination à des postes-clés de ses partisans des Forces démocra- maladie à risques par les toxi- cet indicateur-clé des actions pu- ces traitements ont triplé dans tiques et patriotiques (FDP), dont la plupart avaient déjà exercé des res- comanes, le développement de bliques. Malgré l’absence de don- l’Union européenne, passant de ponsabilités durant sa première présidence (1979-1992). Le nouveau gou- cette épidémie s’est accompagné nées fiables, les experts de l’OEDT 73 000 à plus de 200 000 personnes Du côté des trafics, l’Europe vernement compte trente-deux membres, dont un proche de de graves lésions au foie et de can- estiment que « les consommateurs traitées », principalement par la reste le plus gros marché mondial l’ex-président Lissouba et un proche de l’ex-premier ministre Kolelas. cers. « On estime à un demi-million réguliers d’héroïne sont confrontés à méthadone. pour l’achat d’héroïne, qui pro- M. Sassou Nguesso s’est réservé le ministère de la défense. – (AFP.) le nombre d’usagers de drogues en un risque mortel qui peut être vingt Si l’héroïne continue de poser vient principalement d’Asie du Europe infectés actuellement par à trente fois plus fort que pour l’en- les problèmes de santé publique Sud Est. Après les Etats-Unis, elle l’hépatite C », notent les experts de semble de la population du même les plus graves, le cannabis reste la demeure le deuxième marché pour l’OEDT, alors que l’apparition de âge ». En moyenne, ils évaluent de drogue illégale la plus répandue la cocaïne, en provenance d’Amé- dans l’Union européenne. Entre rique latine. Le Maroc est toujours 13 % et 15 % des adultes disent en « la source principale » pour la ré- avoir déjà consommé en France, sine de cannabis. Certains pays en Espagne et en Allemagne de d’Europe centrale et orientale, ain- l’Ouest (21 % au Royaume-Uni et si que les Etats baltes, sont enfin 31 % au Danemark). Les pourcen- devenus des producteurs de pre- tages augmentent nettement chez mier plan pour les drogues synthé- les Européens les plus jeunes. En- tiques. viron 40 % des Danois âgés de Sur la base d’une étude conduite seize à quarante-quatre ans dé- en France, qui a évalué que les dé- clarent avoir fait l’expérience du penses budgétaires liées à la lutte cannabis. S’agissant de la cocaïne, contre les drogues se sont élevées moins de 1 % des adultes disent en à environ 700 millions d’écus en avoir déjà consommé dans des 1995 (Le Monde du 10 mars), pays comme la Finlande, la Bel- l’OEDT a estimé, par extrapola- gique et la France, au lieu de 2 % tion, le total des dépenses corres- au Danemark et au Royaume-Uni, pondantes à quelque 4 milliards avec une pointe à 3 % en Espagne. d’écus à l’échelle de l’Union euro- Les drogues de synthèse – les péenne. « Ce qui justifie pleinement amphétamines, en premier lieu, le développement de recherches suivies par l’ecstasy – ont eu le fiables », a commenté Georges Es- vent en poupe, ces dernières an- tievenart, directeur de l’Observa- nées, au sein des jeunesses d’Eu- toire, en recommandant de pro- rope. Touchant des « secteurs non gresser vers la mise en place d’«un marginalisés de la société », la véritable système d’information eu- consommation de ces molécules ropéen, global, cohérent et per- fabriquées en laboratoire arrive au manent » qui offrira, à terme, «un deuxième rang des drogues les instrument de rationalisation de la plus consommées (Le Monde du décision politique en cette matière si 19 juin). En moyenne, 3 % des difficile, mais si vitale pour l’avenir adultes de l’Union déclarent avoir de nos sociétés ». fait l’expérience des amphéta- mines (0,7 % en France, 8 % au Erich Inciyan LeMonde Job: WMQ0511--0005-0 WAS LMQ0511-5 Op.: XX Rev.: 04-11-97 T.: 10:35 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0475 Lcp: 196 CMYK
INTERNATIONAL LE MONDE / MERCREDI 5 NOVEMBRE 1997 / 5 M. Blair prépare un programme sécuritaire pour lutter contre la criminalité La délinquance juvénile s’étend dans les quartiers populaires des grandes villes britanniques Confronté à une hausse de la délinquance, no- la criminalité ». Le ministre de l’intérieur, qui sive pour les coupables et plus favorable aux tamment juvénile, le gouvernement travailliste s’oppose à toute libéralisation sur l’usage de victimes. Depuis mai, la population carcérale a de Tony Blair promet d’être « impitoyable avec drogues, prépare une nouvelle loi plus répres- augmenté de 2 500 personnes.
LONDRES sonnes. Il faut dire que la délin- légitimerons l’usage de la drogue. ser au travers ». Les parents pour- de notre correspondant quance juvénile représente une Au moment où l’on s’efforce de ré- ront être sanctionnés pour le Lors du récent congrès annuel part considérable, et croissante, de duire et de contrôler l’usage de l’al- comportement de leurs enfants. du Labour à Brighton, la boutique la criminalité en Grande-Bretagne, cool et de la nicotine, comment du parti exposait des tasses de en raison, en particulier, du peut-on justifier la légalisation PROGRESSION DE L’ALCOOLISME couleur verte sur lesquelles était nombre de familles éclatées et de d’autres drogues dangereuses ? » De telles mesures sont criti- imprimé « Tough on crime » : impi- jeunes sortis de l’école sans forma- D’où le projet d’une nouvelle loi quées par des organismes de dé- toyable avec la criminalité. Leur tion et qui ne trouvent pas de tra- sur la criminalité et les troubles de fense des droits de l’homme, qui succès a été tel que le stock en a vail. D’où une augmentation des l’ordre public qui sera bientôt pré- ont dénoncé, par exemple, le pro- été vite épuisé. « Tough on crime, délits et des crimes qui – si l’on ex- sentée aux Communes et qui est jet de couvre-feu à Hamilton tough on the causes of crime » est cepte les crimes de sang – placent en grande partie destinée à rame- comme une violation des droits un des slogans les plus populaires désormais l’Angleterre et le Pays ner, manu militari, les jeunes dans des jeunes. Mais c’est à l’institu- de Tony Blair et de son ministre de de Galles au premier rang des pays le droit chemin. « Cela fait partie trice rendue invalide par un bam- l’intérieur, Jack Straw. Un homme développés. Il y a aujourd’hui plus d’une série de mesures qui nous per- bin de six ans, aux journalistes pour qui la loi et l’ordre ne sont de vols à Londres qu’à New York. mettent de lutter contre les causes dont la voiture a été attaquée à pas de vains mots et que l’on pré- de la criminalité en améliorant les coups de pierre par des gamins de sente parfois comme un père CARTON JAUNE mesures en faveur de l’éducation et dix ans dans une banlieue chaude, fouettard pour les enfants pas L’option sécuritaire est donc pa- de l’emploi des jeunes, mais qui as- aux citadins terrorisés par des sages. riculièrement populaire. Comme surent aussi que ceux qui bandes de loubards ou aux poli- La délinquance juvénile, un l’explique un député travailliste : commettent des délits et terrorisent ciers qui s’inquiètent de la pro- fléau qui ravage en particulier les « En dépit de ma profonde objec- les gens de ce pays soient traités gression de l’alcoolisme et de la quartiers populaires et défavorisés tion au “tout répressif”, je dois re- comme ils le méritent par notre sys- drogue, y compris chez des préa- des grandes villes, est une des connaître que l’immense majorité tème judiciaire », a expliqué aux dolescents, que s’adresse avant cibles favorites du Home Secreta- de mes électeurs vivant dans des députés le premier ministre Tony tout Jack Straw. ry, le ministre de l’intérieur. A Ha- grands ensembles voudrait que l’on Blair, mercredi 29 octobre. Car, selon lui, la première des li- milton, près de Glasgow, la police aille encore plus loin que Jack En vertu de ce texte, les tribu- bertés est d’être « libéré de la a tenté trois expériences de Straw. » naux pourront placer les jeunes peur ». Et « ce n’est pas seulement couvre-feu pour les jeunes de Dénonçant le « relativisme mo- délinquants de douze à quatorze la vie des victimes qui est détruite moins de seize ans, avec des résul- ral », partisan de la « tolérance zé- ans – et dans certains cas en des- par la délinquance juvénile, mais tats mitigés. A Ailesbury, dans la ro », M. Straw veut « mettre un sous de dix ans – dans des centres c’est aussi la vie de ces jeunes délin- vallée de la Tamise, les bobbies terme à la culture de l’excuse » qui jusqu’à leur jugement au lieu de quants. Nous ne servons en rien ces ont adopté un programme néo-zé- permet aux jeunes « loubards » de les renvoyer chez eux avec un enfants en excusant leur comporte- landais inspiré des coutumes mao- passer au travers des mailles du fi- simple avertissement. ment ou en nous berçant dans le ries et qui met face à face les let de la justice et il entend « tuer Plutôt que de les arrêter des di- rêve qu’en grandissant ils s’en sorti- jeunes délinquants et leurs vic- la délinquance dans l’œuf ». «Il zaines, voire des centaines, de fois, ront ». Dans un pays où les préro- times. Mais M. Straw a aussi pro- faut restaurer des normes de pour les relâcher ensuite, la police gatives du ministre de l’intérieur mis, à Brighton, de reprendre la lé- comportement plus claires et meil- leur délivrera désormais une sorte demeurent considérables – y gislation dans un sens à la fois plus leures. Nous ne pouvons plus laisser de carton jaune la première fois, compris dans le domaine judi- répressif pour les coupables et les escrocs fixer les règles du jeu. » Il puis un carton rouge qui les ren- ciaire –, les juges à perruque vont plus favorable aux victimes. De- est aussi ferme face à la campagne verra vers un jugement expéditif. devoir s’adapter à l’intransigeance puis son arrivée aux affaires, dé- en faveur de la décriminalisation Finis les « avertissements sans frais de M. Straw. but mai, la population carcérale a de la drogue : « Nous ne décrimi- et sans fin », il leur faudra aban- augmenté d’environ 2 500 per- naliserons, ni ne légaliserons, ni ne donner « l’idée qu’ils peuvent pas- Patrice de Beer Louise Woodward, nouvelle coqueluche des médias LONDRES pleines pages. Lundi 3 novembre, tous les ta- brocarder la justice de l’ancienne colonie rené- de notre correspondant bloïds ont titré sur elle ; même le grivois Daily gate. On suppute sur les chances de voir le juge Quelques jours après la condamnation à per- Star lui a trouvé un peu de place entre deux sou- revenir sur le verdict du jury, voire de libérer la pétuité, vendredi 31 octobre, de Louise Wood- tien-gorge bien remplis. Les éditorialistes se « victime » sur le champ. La vie des parents du ward, cette adolescente anglaise au pair aux sont penchés sur son sort. L’avocat qui s’occupa nourrisson est épluchée, à la recherche du Etats-Unis jugée pour le meurtre du petit Mat- du divorce de Lady Di, Anthony Julius, s’est aus- moindre travers, et la vie du bébé ne semble pas thew, un nourrisson dont elle avait la garde, si mis de la partie dans le Guardian pour rame- faire le poids face à celle d’une Anglaise continue d’émouvoir la presse de Grande-Bre- ner un peu de raison dans un débat frisant l’hys- condamnée à passer au moins quinze ans dans tagne. Le procès a été télévisé en direct chaque térie nationaliste : « Ne pas apprécier le verdict un pénitencier décrit comme un enfer digne jour par la chaîne câblée Sky News, qui a été ne veut pas dire que la justice ait été mal ren- d’une prison du tiers-monde. jusqu’à filmer, pendant trois après-midi, la salle due », écrit-il. « Même si le scepticisme n’est pas Il est surprenant de voire la presse se lancer d’audience vide dans l’attente de la décision du immérité, le chauvinisme est totalement hors de comme une meute sur les jurés – qui ont déclaré jury. Le spectacle était d’autant plus envoûtant propos. » Louise « coupable » à l’unanimité – pour leur que l’un des acteurs principaux n’était autre que faire dire que le jugement est inique et dénon- Me Barry Scheck, un des avocats auxquels l’an- COLLECTE D’ARGENT cer ceux qui les ont poussés à condamner. Dans cien champion de football américain O. J. Simp- Que reproche, en fait, une opinion britan- cette atmosphère de nouvelle bataille d’Angle- son dut d’être acquitté pour le meurtre de son nique chauffée à blanc par ses médias à la jus- terre, rares sont ceux qui gardent leur sang- ex-épouse. tice américaine ? Tout simplement d’avoir froid. Comme le chroniqueur de l’Express, Peter Ce fait divers – qui aurait été sans doute sans condamné une jeune Anglaise, qui continue à Hitchens : « Ce n’est pas bien de vociférer pour importance s’il s’était déroulé entre Britan- clamer son innocence. Les Anglais se sont pris exiger sa libération, seulement parce qu’elle est niques au Royaume-Uni – envahit l’actualité. de passion pour elle comme ils l’avaient fait britannique, jeune et femme, écrit-il. Il ne faut pas Pas un bulletin d’actualité qui ne s’ouvre sur le pour une jeune femme condamnée en Thaï- blâmer la justice américaine (...). Les Etats-Unis visage de cette jeune fille joufflue ; pas un jour- lande pour trafic d’héroïne ou pour des hooli- sont plus démocratiques que nous, ils ont aban- nal – des plus sérieux jusqu’aux tabloïds – qui ne gans ivres emprisonnés en Italie ou en France donné la politique pénale inefficace et libérale qui titre sur son sort : dès vendredi, l’unique quoti- pour violences d’après-match. Au point que Hil- régit encore notre ministère de l’intérieur ! » dien du soir, l’Evening Standard, avait publié une lary Clinton, de passage à Londres, a dû s’éclip- Quelle que soit l’ultime décision du juge, mar- manchette de 10 centimètres de haut : « Guilty » ser par une porte de secours pour échapper à di 4 novembre, jour où la défense devrait de- (coupable). Il citait Me Stephen Jakobi, un avocat des manifestants qui mettaient dans le même mander au juge d’annuler le verdict, d’ordonner spécialisé dans la défense des Britanniques à sac les violations des droits de l’homme en un nouveau procès ou de réduire la peine, on l’étranger, selon lequel le procès avait été un Chine et aux Etats-Unis. n’a pas fini d’entendre parler de Louise Wood- spectacle digne des sorcières de Salem : «Le L’affaire Woodward est une aubaine pour la ward. Un feuilleton judiciaire « live », c’est telle- Massachusetts n’est-il pas la patrie de la chasse presse. Les tabloïds font de la surenchère pour ment palpitant ! aux sorcières ? » savoir lequel recueillera le plus d’argent pour ve- Le Times du lendemain lui consacrait quatre nir à son aide. Tous les moyens sont bons pour P. de B. Le président belge d’une banque luxembourgeoise a été incarcéré La justice soupçonne de vastes opérations d’évasion fiscale
BRUXELLES 4000 comptes, ouverts par des in- français. Une grande partie de cette déclaré « indigné » par le sort fait à de notre correspondant dustriels, des commerçants, des fortune se trouvant dans le coffre son président. « Rien ne justifie cette Damien Wigny, cinquante-cinq membres des professions libérales de banques luxembourgeoises, ce arrestation », a-t-il ajouté. ans, président du directoire de la demeurant pour la plupart en serait Damien Wigny qui aurait L’Association des banques et KB-Lux, filiale luxembourgeoise de Flandre, où la Kredietbank est for- personnellement conseillé sa banquiers luxembourgeois (ABBL) la troisième banque belge, la Kre- tement implantée. Ces clients trou- cliente et mis au point les sytèmes prend également fait et cause pour dietbank, a été interpellé, samedi vaient dans la discrétion de l’éta- complexes lui permettant de rapa- M. Wigny et s’élève contre une pro- 1er novembre, dans sa maison du blissement luxembourgeois un bon trier des fonds en Belgique en cédure qui, selon elle, « constitue Brabant et incarcéré à la prison de moyen de mettre leur patrimoine échappant à l’impôt. Rita Verstrae- une nouvelle tentative d’entacher la Forest à Bruxelles. Une série de mobilier à l’abri des convoitises du ten est inculpée de fraude fiscale et réputation financière de la place ». chefs d’inculpation lui ont été noti- fisc belge. avait été incarcérée pendant trois L’ABBL se refuse à croire qu’«un fiés par le juge Jean-Claude Leys, semaines en avril. banquier luxembourgeois ait à se jus- tous relatifs à des opérations d’éva- VIVE ÉMOTION Damien Wigny, qui réside depuis tifier devant des autorités étrangères sion fiscale de Belgique vers le L’implication personnelle de Da- vingt-cinq ans au Luxembourg, est pour des faits entrant dans l’exercice Luxembourg, le plus grave d’entre mien Wigny dans cette filière a été un personnage très connu dans les de sa profession sur le territoire du eux étant celui d’« association de mise en lumière par le juge Leys au milieux financiers et politiques Luxembourg ». malfaiteurs avec circonstance aggra- cours d’une enquête menée au belges. Fils du baron Pierre Wigny, Le juge Leys, de son côté, est bien vante d’en être le chef et l’instiga- printemps sur les tribulations de la une éminence sociale-chrétienne décidé à poursuivre son combat teur ». fortune de Rita Verstraeten, ri- qui occupa plusieurs postes minis- contre l’évasion fiscale massive Depuis plus de six mois, la justice chissime héritière de Roger Gosset, tériels, dont celui de ministre des dont souffre la Belgique, et qui per- belge travaille sur le dossier de la ex-magnat belge de l’industrie du affaires étrangères, dans les an- mettrait, selon lui, de réduire l’im- KB-Lux, sur la base de listings des tabac. Mme Verstraeten, une an- nées 50 et 60. Son arrestation a pôt direct de « 2 000 francs à clients de la banque qui lui ont été cienne coiffeuse, prostituée occa- provoqué une vive émotion dans 2 500 francs (français) par ménage » fournis par des employés en rup- sionnelle, avait hérité en 1991 des les milieux bancaires de Bruxelles et s’il était mené efficacement. ture de ban avec leur entreprise. Il avoirs de son amant, Roger Gosset, de Luxembourg. Le porte-parole de s’agit d’une liste d’environ équivalant à 450 millions de francs la KB-Lux, Jean-Marie Barthel, s’est Luc Rosenzweig LeMonde Job: WMQ0511--0006-0 WAS LMQ0511-6 Op.: XX Rev.: 04-11-97 T.: 10:57 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0476 Lcp: 196 CMYK
6 FRANCE LE MONDE / MERCREDI 5 NOVEMBRE 1997
TRANSPORTS Le conflit des journée de mardi 4 novembre, le gou- GANISATION PATRONALE, l’Union des b LA COMMISSION EUROPÉENNE est nir un code conduite pour ce type de chauffeurs-routiers, qui ont mis en vernement tentant d’obtenir la signa- fédérations de transport paraît avant chargée de veiller au respect de la libre conflit. L’Espagne a demandé à la place près de cent quarante barrages ture de la CFDT et des organisations tout soucieuse de refaire son unité et circulation, souligne-t-on à Bruxelles. France d’assumer « la responsabilité de sur l’ensemble du territoire, était sus- patronales sur le protocole d’acord éta- de reprendre le contrôle des relations Au cabinet du commissaire chargé des tous les coûts entraînés par cette ceptible d’évoluer rapidement dans la bli le 2 novembre. b PRINCIPALE OR- sociales dans ce secteur (lire page 7). transports, on explique qu’il faut défi- grève » (lire page 8). Le gouvernement tente de réunir la CFDT et les organisations patronales L’Union des fédérations de transport, qui avait quitté les négociations le 31 octobre, ne s’est pas rendue à la nouvelle réunion organisée mardi 4 novembre au matin avec les principaux syndicats de salariés. Elle a accepté cependant le principe de nouvelles discussions
LE GOUVERNEMENT tente de taire depuis le début du conflit, nistre pour étendre l’accord à l’en- au 1er novembre », explique Roger distribution. Les forces de l’ordre plique M. Yverneau. Le ministre faire signer rapidement le proto- mais elle a accepté le principe de semble de la profession. « Nous ne Poletti, secrétaire général de la sont intervenues, sans incident, des transports n’a pas hésité à se cole d’accord du 2 novembre par sa présence à de futures négocia- signerons pas l’accord mardi matin branche route de FO. Il dénonce pour faire lever plusieurs bar- rendre, pendant deux heures, lun- la CFDT et par les organisations tions, probablement mardi après- en l’absence de l’UFT mais, puis- l’implication de l’Etat dans la né- rages. Alors que douze des treize di soir, sur un barrage CFDT situé patronales, afin de pouvoir midi ou mercredi matin. Elle n’ex- qu’elle est disposée à revenir autour gociation, et notamment la pré- raffineries françaises étaient blo- dans la zone industrielle sud du l’étendre, par arrêté, à l’ensemble clut plus de parvenir à un accord de la table, nous attendrons sa pré- sence active, la nuit de samedi à quées par des barrages, le risque Mans (lire ci-dessous). de la profession. La négociation proche du protocole rédigé dans la sence », affirmait mardi matin dimanche, de Francis Rol-Tanguy, de pénurie a poussé les préfec- Lionel Jospin est susceptible de préalable ayant échoué, le gouver- nuit du 1er au 2 novembre par François Yverneau, secrétaire fé- directeur du cabinet de M. Gays- tures à prendre des mesures de ra- délivrer, dès mardi après-midi, à nement ne désarme pas dans sa l’Unostra, l’autre organisation pa- déral de la branche route de la sot, et d’Alain Lhostis, son conseil- tionnement à titre préventif, l’Assemblée nationale, un mes- volonté de voir, malgré tout, le tronale – minoritaire –, et par les CFDT. Pour autant, la CFDT re- ler social. « Les représentants du comme la limitation du montant sage sur les engagements que conflit des routiers réglé à bref dé- principaux syndicats. fuse de renégocier en deçà de l’ac- ministre des transports ont tenté de des ventes de carburant et l’inter- peuvent prendre les pouvoirs pu- lai. Le cabinet du premier ministre Côté syndical, seule la CFDT se cord existant. Au contraire, elle faire reporter la date de mobilisa- diction des jerrycans et autres ré- blics de faire respecter les accords a donc multiplié les contacts, lundi reconnaît pleinement dans ce pro- envisage « d’autres avancées pour tion, acceptée par la CFDT, et ont cipients auxiliaires. syndicats-patronat et un éventuel 3 novembre, dans la soirée, avec jet d’accord, qui prévoit une ré- les salariés du transport de voya- chaperonné la rédaction du proto- En cas de signature dans les pro- nouveau coup de pouce fiscal, les représentants patronaux. Le munération de 10 000 francs au geurs, une modification des dates cole », affirme M. Poletti. La fédé- chaines heures entre la CFDT et mais le gouvernement est déter- ministre des transports, Jean- 1er juillet 2000, sur la base de de hausse des salaires et une clarifi- ration CGT, quant à elle, s’est ren- les syndicats patronaux, l’in- miné à se montrer ferme sur la li- Claude Gayssot, est déjà parvenu 200 heures de travail mensuel, cation des grilles de classement due à la réunion de mardi matin connue réside dans l’attitude des berté de circulation. M. Jospin est à faire rasseoir la principale orga- pour la catégorie la mieux rému- dans la profession ». pour demander un « changement chauffeurs-routiers sur le terrain. notamment très attentif au fait nisation patronale, l’UFT, à la nérée des chauffeurs-routiers. Force ouvrière refuse le projet de l’ordre du jour ». La CFDT compte sur sa forte pré- que la circulation ne doit pas être table des négociations. L’accord envisage également une d’accord, à la rédaction duquel La plupart des barrages laissent sence pour mieux expliquer «un stoppée aux frontières : des Certes, l’organisation patronale hausse générale rétroactive de 5 % elle a collaboré, mais dont elle a passer les voitures, mais bloquent accord historique ». « Il faut savoir consignes dans ce sens ont été (qui regroupe la FNTR, la CLTI, la au 1er novembre. La signature du rapidement dénoncé les modali- les camions et ciblent les points être courageux. Il s’agit d’un accord données aux préfets des départe- FFOCT et les déménageurs de la syndicat le plus représentatif et tés. « L’accord se traduit pour les névralgiques : axes stratégiques, qui offre des avancées fortes mais ments concernés. CSD) a refusé de se rendre, mardi celle, probable, d’autres syndicats, deux cent mille chauffeurs de base dépôts de carburant et raffineries, qui avait été signé trop tard pour matin, à la première réunion pari- comme la CFTC, suffisent au mi- par une hausse limitée à 120 francs zones industrielles ou centres de être expliqué aux routiers », ex- Christophe Jakubyszyn
TROIS QUESTIONS À Un premier test social majeur pour Lionel Jospin Joël Le Coq n’oublie jamais RENÉ PETIT LE PREMIER test social de ront un ultimatum dont la date-bu- rer le maintien de l’ouverture et de Pourquoi la FNTR (Fédération grande envergure auquel est toir est fixée au 2 novembre, le la libre circulation aux frontières. Il de « prendre le pouls du terrain » 1 nationale des transporteurs confronté Lionel Jospin depuis gouvernement tente, en vain, d’ob- s’agissait d’envoyer un message eu- routiers), dont vous êtes le pré- qu’il est entré à l’hôtel Matignon tenir des résultats dans une négo- ropéen clair à nos partenaires qui IL EST l’auteur de la déclaration hésitant. « Dans un conflit, dit-il, il sident, a-t-elle refusé de se est aussi, pour lui, un test politique. ciation à froid entre les partenaires risquent d’être les plus touchés : la plus controversée de ce début de faut prendre sans cesse le pouls du rendre à la réunion de négocia- L’opinion y est d’autant plus atten- sociaux de la branche. La confé- l’Espagne, le Portugal, la Belgique conflit. Dimanche 2 novembre, terrain, apprécier les choses rapide- tion avec les syndicats de routiers tive que, là aussi, des comparaisons rence sur les salaires, l’emploi et le et la Grande-Bretagne. après la négociation avec l’organi- ment pour s’adapter. Cette année, la prévue mardi 4 novembre ? s’imposeront : pour la troisième temps de travail n’a-t-elle pas Même si l’opposition est relative- sation des petits patrons routiers position des syndicats est plus déli- – Notre position s’inscrit dans année consécutive, les pouvoirs montré que le pays n’est pas en- ment muette, M. Jospin a tenu a cate qu’en 1996. Sur les barrages, les celle de l’UFT, qui représente 80 % publics doivent affronter un conflit core habitué aux négociations pré- montrer, lundi, qu’il s’implique lui- PORTRAIT gens sont très en colère, car ils ont des dirigeants du secteur. Cette social qui affecte les transports. ventives ? Le patronat des grandes même dans le dossier : il a renoncé accumulé la frustration des engage- réunion était prévue, à l’origine, En 1995, c’est pour Alain Juppé, entreprises de transports veut-il à se rendre à une séance du conseil Le chef de la CFDT- ments non tenus. Cela peut déraper à pour parapher le protocole d’ac- qui déclenche la grève de la SNCF venger le CNPF dont le président, général de la Haute-Garonne dont route revendique tout moment, comme en 1992. » cord négocié dans la nuit de sa- en mettant en cause le système de Jean Gandois, estimait avoir été il est un élu. Mis à part que cela 15 000 adhérents et la Cette année-là, les syndicats medi à dimanche par le syndicat retraite des cheminots. Un an plus « berné » par le gouvernement sur pouvait lui épargner de tomber plupart des barrages avaient perdu le contrôle du mou- patronal l’Unostra, qui reven- tard, en 1996, M. Juppé a, de nou- les trente-cinq heures ? Toujours malencontreusement sur un bar- vement au profit de coordinations dique 5 000 adhérents, et les prin- veau, les mains dans le cambouis. est-il que les gros transporteurs rage, sa décision de rester à Paris spontanées et « jusqu’au-bou- cipaux syndicats de salariés. Je ne Cette fois, ce sont les routiers qui campent sur leur intransigeance et lui facilite les communications et Unostra, Joël Le Coq, secrétaire gé- tistes ». C’est la hantise de ce mili- pense pas que l’Unostra et la transforment les routes de France rompent les négociations. traduit sa volonté de gérer le néral de la branche route de la tant de quarante-sept ans, à la CFDT, qui est aujourd’hui la seule en un immense bouchon : deux conflit au plus près. Et avec le plus CFDT, a parlé d’« accord histo- CFDT depuis 1977 au sein de à se reconnaître dans le proto- cent cinquante barrages sont dres- MESSAGE EUROPÉEN de doigté. Il n’est pas nécessaire, en rique » à propos du protocole éla- l’agence mancelle de Calberson. cole, paraphent cet accord dès sés au plus fort du mouvement. M. Jospin ne se résigne, cepen- effet, d’offrir à l’opinion, comme boré. Euphorie ou manque de som- Membre de l’exécutif de la Fédé- mardi matin. Mais en ce qui nous Après douze jours de conflit, les dant, ni à la passivité ni au pour- en 1992, l’image d’un char de l’ar- meil après une nuit de ration générale des transports et de concerne, il n’est évidemment pas syndicats et le patronat signent six rissement. Par des voies officielles mée délogeant un camion d’un négociation ? Après avoir appelé à l’équipement (FGTE), bastion des question que nous discutions à protocoles d’accords, dont un sur et officieuses, le gouvernement ex- barrage. surseoir au déclenchement de la « durs » de l’opposition à la ligne partir d’un accord à l’élaboration la retraite à cinquante-cinq ans. Les prime la volonté de voir le patronat Reste l’expression orale. En grève générale, le dirigeant syndical confédérale, le secrétaire de la duquel nous n’avons pas partici- employeurs proposent de payer revenir à la table de négociation. bonne logique, celle-ci ne devrait fera marche arrière, constatant que branche route se flatte d’avoir su pé. une prime de 3 000 francs plutôt Sans attendre, M. Jospin est en pas tarder. M. Jospin saisira-t-il la la base rejette le compromis. trouver une point d’équilibre entre que d’augmenter les salaires. Un an contact régulier avec M. Gayssot, séance de questions d’actualité au Aujourd’hui, pourtant, il persiste les pro-Notat et les tenants de «la Vous avez pourtant indiqué après, c’est sur ce dernier engage- un dispositif d’information a été gouvernement à l’Assemblée natio- et se dit toujours prêt à signer : «Le logique des blocs ». Sa culture syndi- 2 au ministre des transports, ment, non respecté, que se cristal- mis en place au ministère des nale, mardi 4 novembre, ou celle contenu de cet accord est historique. cale reste imprégnée d’un principe : lundi, que vous étiez prêts à rou- lisent la colère et la détermination transports, une cellule d’informa- de mercredi pour répondre aux at- C’est la première fois que les « le refus de l’affrontement ». Et ça vrir les négociations. des chauffeurs. tion des partenaires européens de tentes des grévistes, à l’inquiétude 10 000 francs pour deux cents heures marche, selon lui : la CFDT-route, – C’est exact, mais nous devons Le gouvernement a tenté de la France, notamment via Internet, de leurs patrons et aux interroga- par mois sont clairement indiqués, principal meneur du conflit de 1996, d’abord consulter nos adhérents prendre les devants. Dès le mois a été installée et les directeurs de tions de l’opinion ? Aux premiers, il sans contrepartie d’annualisation. revendique quinze mille adhérents pour savoir sur quelles bases. C’est d’août, le ministre des transports, cabinets des ministères concernés devrait montrer sa volonté de faire C’est aussi la première fois qu’une or- et, « depuis 1996, on constate un ce que nous sommes en train de Jean-Claude Gayssot, est intervenu (intérieur, transports, affaires respecter les accords, et aux autres, ganisation patronale, l’Unostra, se rythme de progression de 30 % des faire ce mardi matin 4 novembre. dans une réunion de ministres à étrangères et affaires européennes, rappeler ce que le gouvernement a désolidarise des autres pour jouer le adhésions ». Aussi, quand il voit son Je vous rappelle que nous avions l’occasion du débat sur l’alourdis- économie et solidarité) se ren- déjà mis sur la table avec l’allège- jeu de la négociation. Ce compromis, « camarade » Roger Poletti, de FO, quitté les négociations, le 31 octo- sement de la taxation du gazole ré- contreront tous les jours à Mati- ment de la taxe professionnelle à on peut en faire un point d’ancrage se précipiter à nouveau cette année bre, à la suite d’un incident de clamée par la ministre de l’environ- gnon autour du directeur du cabi- hauteur de 800 francs par camion. fort avant de reprendre les dis- devant les micros et les caméras, séance, mais aussi parce qu’il sem- nement, Dominique Voynet. Alerté net du premier ministre, Olivier A l’opinion, enfin, il devrait mon- cussions avec l’UFT. » L’autre orga- M. Le Coq sourit : « Allez voir sur le blait clair que la grève et les bar- sur le climat tendu dans la profes- Schrameck, jusqu’à la fin du conflit, trer que, là comme ailleurs, il fait nisation patronale a rejeté le texte terrain : les trois quarts des barrages rages routiers auraient lieu de sion, M. Gayssot demande qu’on pour en faire l’analyse. de la politique. négocié par l’Unostra. sont toujours tenus par la CFDT ! » toute façon. Et nous ne voulions n’alourdisse pas la barque. Nouveauté : dès le 1er novembre, Cela dit, M. Le Coq se veut avant pas nous engager dans une véri- Prévenu que les routiers dépose- le choix politique a été fait d’assu- Olivier Biffaud tout pragmatique, quitte à paraître Pascal Galinier table surenchère. Il faut mainte- nant repartir d’où nous étions res- tés. Nous n’étions pas très loin d’un accord sur la base d’une ré- Visite-surprise de Jean-Claude Gayssot au barrage du Mans munération de 10 000 francs pour deux cents heures et d’une aug- LE MANS pas. Ça, je le ressens comme vous. » Il stigmatise vous attend. Un gouvernement proche des sala- mentation immédiate de 5 %. Il de notre envoyé spécial le « dumping social et le dumping économique riés, soi-disant... » M. Gayssot, qui aime à se dé- est possible que nous aboutissions Lundi 3 novembre, à 23 h 30, Jean-Claude qui dominent cette corporation, les magouilles où finir comme « communiste ministre », confirme finalement à quelque chose qui y Gayssot a rendu une visite-surprise aux rou- l’on fait faire n’importe quoi », ces chargeurs qui que la déclaration commune pour un accord ressemble. tiers qui, au Mans, occupent l’entrée d’un dé- réussissent à imposer des prix trop bas car « il y était une avancée. pôt pétrolier. Sans préfet ni policiers, le mi- a toujours des transporteurs qui acceptent ». «Il « On doit franchir un cap. Soyez assurés que la Attendez-vous du gouverne- nistre de l’équipement et des transports, revêtu vaut mieux que les deux organisations paraphent démarche du gouvernement est de créer les 3 ment qu’il s’implique davan- d’un parka, est venu fumer quelques cigarettes tout accord, ça enlèverait la suspicion, espère le conditions pour qu’il y ait un progrès sur les sa- tage dans la négociation ? auprès d’un brasero pour écouter la « base ». ministre. Même paraphé, le gouvernement met- laires, un assainissement de la profession et une – Sur le plan financier, nous n’at- Avertis à la dernière minute, les grévistes CFDT tra tout en œuvre pour que cet accord soit non harmonisation européenne qui nous permette de tendons rien. Nous n’étions d’ail- l’ont accueilli debout dans le brouillard de la seulement appliqué, mais vérifié, contrôlé. » mieux nous défendre ! » leurs pas demandeurs de l’allège- zone industrielle Sud. La discussion, qui a duré Tout le monde a intérêt à assainir cette cor- Le ministre écoute, soupire, tente parfois de ment de taxe professionnelle de une heure et demi, s’est conclue par de vigou- poration, poursuit le ministre. « Ça vaut le coup détendre l’atmosphère : « Eh ! On ne s’installe 800 francs par camion, qui repré- reux « Salut ! » de la part du ministre, serrant d’avoir le gouvernement de ce côté-là », lâche-t- pas dans le conflit, hein ! » Tutoie un chauffeur : sente le montant d’un péage al- des mains et répétant : « Vous pouvez compter il. Les grévistes répondent : « Oui, mais faut « En tout cas, t’as vu arriver le ministre ! » S’en- ler-retour sur Paris-Marseille ! En sur nous. Alors, je compte sur vous aussi. » avoir la confiance. On parle de deux cents heures, tend répondre : « Est-ce suffisant ? » Fait appel revanche, l’Etat doit jouer son Les grévistes ont expliqué comment plus per- alors qu’en réalité, les gars en font deux cent au sens de la responsabilité, invoque l’emploi, rôle de régulateur en faisant res- sonne n’a confiance maintenant : « En 1996, quatre-vingts. » « Vous avez raison, enchaîne le pays bloqué, dit que « lorsqu’un conflit dure, pecter la législation par l’en- des choses avaient été acquises et signées. La M. Gayssot. Il faut de la transparence. Les ob- on n’est jamais sûr qu’il se termine dans les meil- semble de la profession. Je pense prime des 3 000 francs n’a pas été payée, les jectifs, on doit les fixer ensemble, salariés et en- leures conditions ». Les grévistes lui rappellent qu’il pourrait judicieusement ap- heures supplémentaires non plus. Les gens se treprises. S’il y a cette démarche, on peut faire qu’ils ne sont pas là par plaisir, dans le froid, la porter sa contribution dans le sentent floués. » L’accord, tel qu’il se dessinait grandir l’idée d’une harmonisation européenne nuit, loin de chez eux. Les syndicalistes fi- conflit en cours en proposant dimanche à la table des négociations, était jugé par le haut. » Les grévistes répondent : « Oui, nissent par confier qu’ils n’ont pas envie de re- d’encadrer les temps d’attente intéressant, mais comment avoir confiance ? mais nous, on veut que les choses changent réel- vivre 1992, le conflit le plus dur, qui avait oppo- que nous font subir les chargeurs, « Surtout quand l’UFT, qui représente les plus lement. On veut deux cents heures payées sé les routiers aux forces de l’ordre. Le ministre et notamment la grande distribu- grosses entreprises, s’en va ! », soulignent les dé- 10 000 francs, on veut un taux horaire garanti. » dit : « Moi non plus ! » Et puis s’en va dans le tion. légués. Le ministre reconnaît que « la confiance, c’est brouillard, en n’oubliant pas les grands « Allez, M. Gayssot juge le climat « insupportable, ces sûrement le mot ». Il ponctue ses arguments par salut ! » Propos recueillis par salariés qui n’en peuvent plus, ce mépris qui des « honnêtement... ». Un gréviste ose dire : Christophe Jakubyszyn consiste à dire : “ On va faire ”, et puis on ne fait « Il y a eu un changement de gouvernement. On Dominique Le Guilledoux LeMonde Job: WMQ0511--0007-0 WAS LMQ0511-7 Op.: XX Rev.: 04-11-97 T.: 10:55 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0477 Lcp: 196 CMYK
FRANCE LE MONDE / MERCREDI 5 NOVEMBRE 1997 / 7
Des mesures pour limiter la mise à sec des stations-service
LILLE-LESQUIN Centre régional de transport L’Union des fédérations de transport LE HAVRE ROUEN STRASBOURG Seine- Pont de l'Europe Maritime raffinerie Reichstett en proie à des flottements internes Manche Calvados FRANCILIENNE Barrage filtrant Brie-Comte-Robert Le monde patronal porte des appréciations divergentes Côtes- Orne d'Armor LE MANS Mayenne Haute- sur le conflit en cours avec les syndicats de routiers Morbihan Marne Sarthe Loiret L’UNION des fédérations de été « lancier », selon la formule ont fait front commun avec la LORIENT transport (UFT) qui, depuis le dé- de Roger Poletti, le négociateur FNTR [ndlr : composante de Loire- Indre- but du conflit des routiers, avait de FO, d’un CNPF entré dans une l’UFT qui représente les petites Atlantique SAINT-NAZAIRE et-Loire réuni ses composantes sur une logique de guerre ? Outre qu’elle entreprises] », analyse Claude position de fermeté, va-t-elle par- surestime largement le pouvoir Debons, secrétaire général ad- Indre venir à maintenir son unité de du Conseil national du patronat joint de la Fédération des trans- Vienne ANNECY vues ? Montrée du doigt depuis français sur ses branches profes- ports CFDT, chargé de l’action re- LA ROCHELLE qu’elle a claqué la porte des né- sionnelles, cette explication mé- vendicative. Charente- Rhône CHAMBÉRY gociations, vendredi 31 octobre, canique « oublie qu’un conflit rou- En 1996, la FFOCT (Fédération Puy-de- Marit. FEYSIN accusée par FO et la CGT d’avoir tier pénalise d’autres branches que française des organisateurs et Dôme un mandat du CNPF – dont elle ce soit dans les carburants, dans commissionnaires de transport) est membre – pour mener une l’agro-alimentaire, dans l’automo- et ses 3 000 membres, comme la BRIVE Dordogne politique du pire, soumise à de bile », souligne un membre du CLTI (Chambre syndicale des Lot fortes pressions des pouvoirs pu- conseil exécutif du CNPF. loueurs et transporteurs indus- BORDEAUX Ardèche blics, l’organisation patronale du triels) et ses 1 600 adhérents, Gironde secteur routier se dit désormais CELLULE DE CRISE avaient décidé de négocier, obli- DÉPOTS Alpes- prête à négocier. Elle n’exclut pas Si effet mécanique il y a, il joue geant la FNTR (Fédération natio- DE CARBURANT Gard Marit. BLOQUÉS Tarn Bches- de prendre comme point de dé- plutôt dans l’autre sens. L’Union nale des transports routiers) et PAR LES GRÉVISTES du-Rhône part le texte élaboré, en son ab- des industries métallurgiques et ses 10 000 affiliés à se rallier. Chez LACQ Var sence, vendredi, par sa rivale mi- minières (UIMM), la principale nombre d’adhérents de la FNTR, Aude PUGET S/ARGENS noritaire, l’Unostra, avec les fédération du CNPF, réputée la position des deux autres syndicats. pour ses positions conservatrices, composantes avait été perçue BIRIATOU Pyr. Frontière NARBONNE Inflexible à la veille du week- a ainsi profité du conflit des rou- comme un « lâchage », voire franco-espagnol Orientales end, l’UFT lâche ainsi du lest, tiers pour diffuser un communi- comme un stratagème des quitte à entretenir un peu plus la qué au canon, invitant ses adhé- « grands » sur le dos des « pe- INTERVENTIONS MESURES PRÉFECTORALES DE RÉQUISITION confusion sur ses motivations. rents qui seraient « victimes » des tits ». Pour éviter de nouvelles ac- DES FORCES DE L'ORDRE OU DE LIMITATION DE VENTE DES CARBURANTS L’organisation patronale a-t-elle barrages des routiers de « de- cusations et ne pas risquer un Source : AFP mander l’intervention des forces de éclatement de l’UFT, la CLTI et la l’ordre pour les faire cesser » et à FFOCT se sont alignées cette an- « porter plainte en cas de délits ». née sur la FNTR. Le CNPF, lui-même, s’en est te- Ceci n’a toutefois pas empêché Les premières conséquences économiques se font déjà sentir nu pour sa part à une position les légers flottements dans les plus convenue, annonçant la mise prises de position respectives de- CHANGEMENT d’époque. Plutôt que de marchandises : des transporteurs nongrévistes ritime). Ces arrêts seront reconduits ou non en en place d’une « cellule de crise ». puis lundi. Ainsi, interrogé lundi faire des provisions de sucre et de pâtes, les n’ont pu sortir des zones industrielles où ils fonction de la livraison de ses sous-traitants. « Dans un secteur soumis à une 3 novembre sur LCI, à l’issue de Français préfèrent désormais stocker du pé- sont implantés ; d’autres ont peur de rester Les industriels du jouet et des produits de concurrence internationale in- l’entrevue de la délégation de trole. Fuel domestique, essence, chacun a fait bloqués et refusent de s’aventurer sur les Noël, eux, sont à cran. La période est vitale tense, où de nombreuses entre- l’UFT avec le ministre des trans- le plein en prévision de la grève des routiers. routes. pour eux : ils réalisent 60 à 70 % de leur chiffre prises sont en situation délicate, ports Jean-Claude Gayssot, Jean Dans le Sud-Ouest et dans l’Ouest, plusieurs Cette pénurie de camions inquiète les indus- d’affaires au cours de deux derniers mois de cette grève risque de provoquer des Chabrerie, le président de la stations-service sont en rupture de stocks et triels. La grande distribution, qui a constitué l’année. Les livraisons ont commencé et tout dépôts de bilan avec leur incidence FFOCT, se disait d’accord pour ont des difficultés à se réapprovisionner. des stocks de précaution ces deux dernières se- doit être installé dans les magasins vers le 15 néfaste sur l’activité et sur l’em- revenir discuter « probablement Les dépôts de carburant et les raffineries ont maines, n’a ressenti aucune gêne lundi 3 no- novembre. S’ils ne trouvent pas de moyens ploi », s’est borné à déclarer la dès demain », tout en prenant des été, en effet, une des premières cibles des rou- vembre. Mais en amont les premières diffi- d’acheminer leurs marchandises, une grande confédération patronale dans un précautions. « Le calendrier pré- tiers. Sur les treize raffineries françaises, une cultés se font déjà sentir. Les mareyeurs, les partie de leur activité risque d’être compro- communiqué publié lundi 3 no- voit une réunion demain dans la seule, celle de Reichstett près de Strasbourg, producteurs de volailles ou de primeurs, qui mise. vembre. matinée. Nous souhaiterions plutôt peut fonctionner librement, après avoir été dé- doivent livrer au jour le jour, n’ont, lundi, pu « C’est la troisième année consécutive que S’agirait-il alors d’une affaire une réunion dans l’après-midi, de gagée par les forces de l’ordre. Toutes les transporter que 30 à 50 % de leurs tonnages ha- nous ne pouvons pas travailler normalement. Il y de climat, l’UFT se sentant d’au- façon à avoir le temps de consulter autres ont été bloquées par des barrages dès bituels, selon Philippe Cousseau, président de a deux ans, cela m’a coûté 35 millions de francs, tant plus légitime dans une posi- un peu nos entreprises », précisait- les premières heures de la grève, dimanche. la commission logistique de l’Association na- l’an dernier 24 millions. Combien cette année ? tion dure que le CNPF a adopté, il. « Cela ne nous empêche pas de fonctionner nor- tionale des industries agro-alimentaire. « Si le Que vais-je dire à mes clients étrangers, cette avec le fameux sommet sur les « M. Chabrerie a parlé trop malement. Nous pouvons toujours livrer par conflit persiste, les industries des produits ultra- fois ? Ils ne vont plus avoir confiance », s’indigne 35 heures, une posture plus mus- vite », nous déclarait, mardi 4 no- train, par bateau, par pipe-line », explique-t-on frais, qui n’ont aucune capacité de stockage, se- Jean-Louis Berchet, président d’une société de clée ? Peut-être. Mais le spectre vembre au matin, Jean-Paul De- chez Elf. Mais la livraison des points de distri- ront obligées très vite d’arrêter leur production », jouets. du conflit de 1996 a surtout joué. neuville, délégué général de la bution risque d’être difficile, l’accès aux sta- affirme-t-il. Enervés, tous les patrons réclament une fin « Le patronat du transport a été FNTR, qui précisait la position de tions-service ne pouvant se faire que par la rapide du conflit, ou au moins le respect de la très déstabilisé par le conflit de l’an sa fédération : « Si la CFDT et route. UNE PÉRIODE VITALE liberté de circulation. Certains soulignent aussi dernier. Ils cherchent à reprendre l’Unostra signent un accord, il n’y De l’avis de beaucoup d’industriels, la tac- Les secteurs travaillant en flux tendu la nécessité de donner de meilleures conditions la main. Ce qui est révélateur c’est aura rien à négocier. Nous nous en tique employée par les routiers est beaucoup commencent aussi à avoir quelques problèmes. de travail aux routiers. Pourtant, de leur propre l’attitude de départ de la FFOCT et remettrons à la procédure d’exten- plus perturbante que l’an dernier, les grévistes Si Peugeot pense pouvoir continuer à travailler aveu, pratiquement aucun d’entre eux ne prête de la CLTI [ndlr : les deux compo- sion. Si l’accord n’est pas signé, ayant choisi, cette fois, de bloquer quelques normalement encore quelques jours, Renault a attention aux conditions de travail qu’ils im- santes de l’UFT qui rassemblent alors, nous reviendrons à la table points névralgiques comme les zones indus- déjà dû modifier sa production. Faute de pièces posent lorsqu’ils passent un contrat avec un les grandes entreprises du sec- de discussions, mais après avoir re- trielles et les centres de gros. Dès le premier et aussi de personnel, le constructeur a inter- transporteur. teur]. En 1996, ils avaient plutot çu un mandat de nos adhérents ». jour, les entreprises ont eu des difficultés à rompu mardi ses chaînes de fabrication à montré leur volonté de sortir de trouver des camions pour acheminer leurs Douai (Nord), Sandouville et Cléon (Seine-Ma- Martine Orange l’archaïsme social. Cette année, ils Caroline Monnot Près de cent quarante barrages avant une éventuelle reprise des négociations MARDI 4 NOVEMBRE, à 7 h 30, de Rouen et de Notre-Dame-de- quence du blocus était la paralysie sionnement en carburant se po- Roche-Maurice, levé lundi par les dans l’agglomération toulousaine. le Centre national d’information Gravenchon étaient inaccessibles de l’usine Renault de Douai. Au saient dans le pays minier entre gendarmes mobiles, était à nou- La zone de Lespinasse, à la sortie routière (CNIR) dénombrait cent aux poids lourds. Les raffineries nord de Lille, les chauffeurs étran- Lens, Arras et Douai. A Calais, les veau bloqué mardi matin par les nord de Toulouse, est la plus expo- trente-deux barrages filtrants et Total, Mobil, Esso et Shell sont gers ont été « libérés » lundi à la accès au tunnel sous la Manche routiers FO, CGT et FNT. Les sée, en raison de la présence du cinq barrages bloquants, ces der- bloquées, ainsi que le terminal fer- frontière. Une compagnie de CRS sont restés libres, à la différence de chauffeurs CFDT ont organisé dépôt d’hydrocarbures Total, blo- niers visant à interdire les accès à ry du Havre. La préfecture de a « allégé » le blocus du centre in- ceux du port. A Boulogne-sur-Mer, deux barrages, à Carquefou, sur qué dès dimanche soir. La préfec- des zones industrielles et à des dé- Seine-Maritime insistait sur la né- terégional de transport de Lesquin. premier port de pêche français, les l’A 11, en direction de Paris, et près ture signale que « certains barrages pôts d’hydrocarbures. Hormis un cessité de négocier avec les rou- Les CRS protègent également la mareyeurs ont dû stocker leurs du siège régional de la FNT. En sont tenus par des syndicalistes barrage, levé lundi matin par les tiers le passage des camions-ci- raffinerie de Marbryck, mais les achats du matin, tandis que quel- Maine-et-Loire, trois barrages étrangers à la profession », notant forces de l’ordre, sur la Franci- ternes. Les usines Renault de grands carrefours économiques ques rares camions d’importation ceinturent Angers, tandis que dans la présence de militants CFDT de lienne, en Seine-et-Marne, l’Ile-de- Cléon et de Sandouville ont an- restent paralysés, comme le Mar- ont pu accéder à la gare de marée. la Sarthe la principale zone indus- Météo-France ou de la SNCF. Le France était relativement épargnée noncé des arrêts partiels de pro- ché d’intérêt national de Lomme, b En Loire-Atlantique, le blo- trielle du Mans (usine Renault et syndicat Sud PTT et l’union dépar- par le conflit, les régions les plus duction. dans la banlieue de Lille, où il était cage de la raffinerie Elf de Donges, siège des Comptoirs modernes) est tementale CGT ont, par ailleurs, touchées étant Nord - Pas-de-Ca- b En Nord - Pas-de-Calais, où prévu que la livraison des denrées sur l’estuaire de la Loire, touche paralysée. appelé leurs militants à « témoi- lais, Champagne-Ardenne, la l’on comptait une quinzaine de périssables puisse se faire mardi tout l’ouest de la France. Celui du b En Midi-Pyrénées, les bar- gner leur solidarité » aux grévistes. Haute-Normandie et les Pays de la barrages, la principale consé- matin. Les problèmes d’approvi- dépôt d’hydrocarbures de La rages filtrants se sont concentrés Aux Halles du Sud-Ouest (nouvelle Loire, ainsi que Rhône-Alpes. dénomination du MIN) de Tou- Dans de nombreux départements, louse, on craint un tarissement les préfets ont pris des mesures de progressif de l’approvisionnement rationnement du carburant, réqui- « Il faut en finir avec cette vie de galérien » si le conflit perdure. sitionnant des stations-service b Dans les Bouches-du- pour préserver l’approvisionne- VOREPPE (Isère) l’agglomération grenobloise. Sur la RN 75, à Gayssot a la décence de ne pas laisser pourrir Rhône, la mobilisation est crois- ment des véhicules prioritaires. de notre envoyé spécial quelques centaines de mètres de l’autoroute la situation. » Aujourd’hui, Hélène n’a qu’une sante. Mardi matin, les piquets b En Bretagne, la mobilisation « Ne citez pas mon nom dans votre journal. Lyon-Grenoble laissée libre à la circulation, seule obsession : achever les trois années qui bloquaient toujours les raffineries s’est étendue de Rennes à tous les Mon patron est un cinglé », demande instam- le début de matinée fut embouteillé de part lui restent à passer sur les routes et prendre et dépôts pétroliers (Lavéra, Fos La axes de la région dans la journée ment Hélène, cinquante-deux ans, dont et d’autre du mince barrage filtrant formé sa retraite. « Certains mois, explique-t-elle, je Mède), à l’exception de la Shell de lundi. La préfecture du Morbi- trente-trois passées au volant de son camion par une poignée de camions. Ceux-ci ont tar- peux faire 23 000 kilomètres à mon compteur. Berre, gardée par les gendarmes han refusait de parler de blocage au service d’une dizaine de chefs d’entre- dé à apparaître tout au long de la journée. Ce n’est pas avec huit heures de route par jour mobiles. Les zones industrielles de de la zone portuaire de Lorient, prise ou d’artisans transporteurs. Elle a été « Les patrons sont prudents. Ils retiennent leurs qu’on fait ça. Personne ne vient contrôler notre Vitrolles restent interdites aux dont les trois accès sont néan- stoppée par ses collègues au carrefour de Vo- véhicules dans les parcs. Mais il faudra bien travail. Quand on se fait prendre, nos patrons, poids lourds, ainsi que la zone fret moins tenus par quelques poi- reppe (Isère), lundi 3 novembre à 11 heures qu’ils sortent un jour pour honorer leurs qui sont en mêche avec les politiques, font en- de l’aéroport de Marignane. Dans gnées de manifestants. Mardi ma- du matin. Chaleureusement accueillie par contrats de transport. Ce jour-là, on pourra terrer les dossiers par la police ou la justice. » le nord du département, les gré- tin, trois dépôts de carburants des militants CFDT, dont elle ne partage pas vraiment en découdre avec eux », explique le En fin de carrière, son salaire est de vistes (essentiellement cégétistes) brestois ont été bloqués.Dès la toujours les convictions ou les combats, elle responsable syndical. Il aimerait bien, 7 700 francs brut. « Une misère que je bloquent la nouvelle zone d’activi- nuit de dimanche à lundi, CRS et s’est rangée sagement sur le bord de la route comme lors du conflit de 1996, pouvoir dis- complète avec mes 240 francs de frais de dé- té de Salon-de-Provence, où se gendarmes avaient pris position et elle a rallié « une bataille qui va durer », poser d’une armée de poids lourds autour de placements quotidien, indique Hélène. On trouve la plate-forme de distribu- autour du dépôt de carburant de pronostique-t-elle. son carrefour qui, lundi soir, n’en comptait économise le moindre sou. Dans nos camions, tion deContinent. Vern-sur-Seiche, près de Rennes, « Vis-à-vis de leurs patrons, les chauffeurs qu’une vingtaine. on emporte désormais cafetière, réchaud et fri- b A Puget-sur-Argens, dans le toujours tenu par les manifestants préfèrent se faire bloquer plutôt que d’entrer go. Il faut en finir avec cette vie de galérien. » Var, les routiers ont négocié avec mardi matin. Alors que, faute de volontairement dans le mouvement. Ainsi ils « CETTE FOIS, ON EN A VRAIMENT MARRE » Elle raconte aussi à ses collègues chauffeurs les responsables du dépôt d’hydro- relève, le barrage de Mondevert, peuvent espérer toucher tout ou partie de leur « Les barrages, je les ai tous faits, explique que son camion, qui transporte dans ses carbures et la gendarmerie son ou- près de Rennes, a été levé par la salaire », explique Pierre Rulle, cinquante- Hélène à ses collègues qui se sont réunis au- cuves vingt-cinq tonnes de « colle écolo- verture entre 8 heures et CFDT, un nouveau barrage s’éle- neuf ans, un ancien routier de la SNCF, à la tour d’un feu allumé au milieu du carrefour gique », destinées à une papeterie, n’a pas le 17 heures, au cas par cas, pour des vait mardi entre Dol-de-Bretagne retraite depuis quatre ans, aujourd’hui tréso- qu’ils occupent. Cette fois, on en a vraiment chauffage. « Une punition de mon patron camions réquisitionnés. Dans le et Dinan. rier du syndicat CFDT-route de l’Isère. marre. Cette lutte est vitale pour nous tous. De- parce que j’ai élevé la voix, explique-t-elle en Vaucluse, un nouveau barrage b En Haute-Normandie, une Les militants de cette organisation et leur puis plusieurs années, nos conditions de travail souriant. Rassurez-vous, j’en ai vu d’autres et s’est formé mardi matin au sud trentaine de barrages étaient re- leader, Jean-Pierre Remy, tiennent depuis di- et nos rémunérations n’arrêtent pas de se dété- il ne fait ce soir que moins cinq degrés. » d’Avignon. censés mardi matin. Les zones in- manche soir ce rond-point stratégique instal- riorer. En 1996, Pons [alors ministre des trans- dustrielles et portuaires du Havre, lé sur l’une des principales voies d’accès à ports] avait laissé mourir le conflit. Cette fois, Claude Francillon De nos correspondants LeMonde Job: WMQ0511--0008-0 WAS LMQ0511-8 Op.: XX Rev.: 04-11-97 T.: 11:05 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0478 Lcp: 196 CMYK
8 / LE MONDE / MERCREDI 5 NOVEMBRE 1997 FRANCE
La Commission de Bruxelles entend veiller Pour Alain Madelin, au respect de la libre circulation « ce n’est plus une grève, L’Espagne demande à Paris de compenser les pertes financières de ses producteurs et transporteurs c’est une insurrection » En raison de la situation géographique de la l’Europe. L’Espagne est ainsi pratiquement cou- conflit des routiers français. Il démontre la néces- France, les barrages sur ses routes perturbent la pée du reste de l’Union. Les instances bruxel- sité d’une harmonisation sociale parallèlement à circulation des poids lourds dans l’ensemble de loises ne peuvent donc être indifférentes au la libéralisation du trafic de marchandises. La majorité dénonce l’attitude du patronat
LA GRÈVE des routiers français, ils ont accepté une proposition de LA PLUPART des responsables Villiers, président du Mouvement qui paralyse une partie importante directive concernant les qualifica- de l’opposition demeurent dans pour la France, a jugé, lundi du trafic routier européen, suscite tions des chauffeurs routiers. une prudente expectative depuis 3 novembre, dans un communi- de vives réactions dans les pays On est conscient à Bruxelles de le début du conflit des routiers. Ce qué, que « le devoir et le rôle du voisins de la France. Elle aura né- la nécessité de fixer des règles so- n’est pas le cas, cependant, d’Alain gouvernement sont d’assurer la libre cessairement des développements ciales minimales pour éviter des Madelin. Dans un point de vue circulation des biens et des per- au niveau de l’Union européenne. distorsions de concurrence. Or les publié par Le Figaro du sonnes ». Anne-Marie Idrac, secré- Si elle oblige à mieux préciser les positions sont très éloignées. Ni 4 novembre, le président de taire générale de Force démocrate règles de libre circulation, elle ré- les transporteurs néerlandais, qui Démocratie libérale estime que ce et secrétaire d’Etat aux transports vèle aussi combien il est dange- ont une place très forte sur le mar- mouvement social pose « le pro- dans le gouvernement d’Alain reux d’aller de l’avant dans l’ou- ché européen, ni les Britanniques blème du droit de grève et de ses Juppé, a estimé, le même jour, sur verture des marchés sans les ne sont prêts à accepter trop de limites ». « Aujourd’hui, ce n’est Europe 1, que « le gouvernement mesures d’accompagnement qui contraintes. plus une grève, c’est une insurrec- s’est mis en difficulté » en ne parve- s’imposent pour éviter une C’est ce que font valoir les orga- tion », affirme l’ancien ministre, nant pas « à éviter la grève », et a concurrence sauvage qui engendre nisations patronales françaises, pour qui « tolérer cette dégénéres- jugé « particulièrement malsain » de graves tensions sociales. A qui affirment qu’elles ne peuvent cence du droit de grève, c’est accep- qu’il intervienne « directement quelques semaines du sommet satisfaire les demandes de leurs ter le règne de la force et de la vio- dans la négociation ». A l’inverse, pour l’emploi de Luxembourg, elle salariés sans risquer de perdre à lence. » Roselyne Bachelot, député (RPR) démontre la nécessité pour les nouveau des parts de marché en M. Madelin juge donc « urgent du Maine-et-Loire, a jugé de la Quinze de s’entendre sur les règles Europe. d’adapter l’exercice de la grève au responsabilité de « l’opposition de du jeu minimales du modèle social Evoquant ce problème, le mi- monde moderne » en le subordon- ne rien envenimer pour l’instant » européen. nistre français des transports, nant à cinq conditions : la grève et a estimé qu’il « est du rôle du Dans l’immédiat, la France fait Jean-Claude Gayssot, a réclamé devrait être « décidée avec toutes gouvernement de faciliter au maxi- figure d’accusée. Les gouverne- une « réorientation de l’Europe les garanties de représentativité et mum la négociation salariale ». ments espagnol et néerlandais ont dans le sens du social, du progrès, de démocratie », « la liberté du tra- officiellement protesté lundi 3 no- de l’emploi en particulier ». « Ac- vail doit être assurée », « l’ordre FAIRE PRESSION SUR L’UFT vembre auprès des autorités fran- gnols pour empêcher les importa- ter la concurrence sauvage. Les tuellement, a-t-il dit, c’est le vent du public doit être respecté », « les ser- Les élus de la majorité, eux, s’en çaises contre le blocage des grands tions de la péninsule Ibérique. ministres des transports des Quin- libéralisme qui prend le pas. Si cette vices publics essentiels doivent être sont pris à l’attitude d’une partie axes de circulation qui traversent La situation est suivie de très ze, qui ont entériné en 1996 un ac- libéralisation n’est pas accompa- en mesure de fonctionner » et «le du patronat. François Hollande, l’Hexagone. La ministre néerlan- près à Bruxelles, où l’on rappelle cord minimum sur le temps de gnée d’une harmonisation des président de la République » doit premier secrétaire délégué du PS, daise des transports, Annemarie que la Commission est chargée de conduite, n’ont pas paru parti- conditions sociales par le haut, cela pouvoir « différer une grève pour a appelé le CNPF à « faire pres- Jorritsma, a demandé la tenue veiller au respect de la libre cir- culièrement pressé, ces derniers va vers le détonateur social. » les cas qui menacent l’intérêt géné- sion » sur l’Union des fédérations d’un conseil extraordinaire des mi- culation dans le marché unique. mois, de progresser. Lors de leur ral ». de transport (UFT) pour qu’elle nistres des transports européens. Sans vouloir s’immiscer dans le dernier conseil, le jeudi 9 octobre, Henri de Bresson Sans aller aussi loin, Philippe de revienne « au plus vite à la table de Elle souhaite également y voir conflit franco-français ni vouloir négociations », et a estimé « para- abordée la question du paiement porter atteinte au droit de grève, doxal qu’une organisation patro- d’indemnités pour les pertes en- on indique que des discussions nale fasse peser sur la vie des entre- gendrées aux transporteurs des sont en cours avec Paris sur les Les entreprises européennes tentent de s’adapter prises des risques si sérieux ». autres pays de l’Union euro- mesures à prévoir pour les routiers Robert Hue, secrétaire national du péenne, reprochant à la France de européens. Au cabinet du commis- UN INCIDENT a opposé, lundi 3 novembre, les « entièrement indemnisés par l’Etat néerlandais ». Parti communiste, a approuvé ne pas avoir tenu ses promesses saire chargé des transports, Neil routiers français à leurs collègues espagnols lorsque Si la plupart des syndicats patronaux ont critiqué l’attitude du gouvernement et a de dédommagement après la Kinnock, ancien président du Parti ces derniers ont forcé un barrage situé sur l’auto- le blocus, quelques syndicats européens, comme la jugé « tout à fait inacceptable » et grève de 1996. travailliste britannique, on estime route A 6, au nord de Lyon. Les forces de police branche transport de la plus grande centrale néer- « tout à fait irresponsable le A Madrid, un porte-parole du nécessaire de parvenir, dans le fu- sont aussi intervenues à plusieurs reprises, notam- landaise, le FNV, se sont déclarés solidaires des rou- comportement du patronat routier, ministère des affaires étrangères a tur, avec les partenaires sociaux à ment pour dégager les frontières. Devant la multi- tiers français. Le président des transitaires autri- notamment l’UFT ». Les Verts ont indiqué que « l’Espagne tient à ce une sorte de code de conduite plication des entraves à la circulation sur le sol fran- chiens a même estimé que cette action avait « une estimé, dans un communiqué, que que la France assume la responsa- pour ce type de conflit. çais, les entreprises de transport routier certaine justification car [les routiers français] sont « les routiers sont à l’avant-garde bilité de tous les coûts entraînés par européennes s’emploient à mettre sur pied des solu- très mals rémunérés par rapport à leur temps de tra- de la lutte pour la réduction du cette grève ». Les Espagnols, qui « DÉTONATEUR SOCIAL » tions de rechange au blocus mis en place par les vail ». C’est en Espagne que la grève a provoqué la temps de travail ». sont coupés du reste de l’Europe Au-delà de cet aspect, il apparaît camionneurs français. plus vive inquiétude. Le pays exporte en ce moment Enfin, à l’extrême droite, le par la grève, sont d’autant plus fu- aussi que les négociations en cours Les routiers britanniques gagnent le continent par quelque 200 000 tonnes de fruits et légumes par bureau politique du Front national rieux que le mois de novembre est pour harmoniser le fonctionne- la Belgique ; les constructeurs automobiles alle- semaine. Selon la coordination d’agriculteurs et a condamné, dans un communi- habituellement le plus important ment de « l’Europe des trans- mands comptent utiliser le train, l’avion, ou plus d’éleveurs (COAG), le préjudice pourrait atteindre qué, « les méthodes illégales prô- pour les exportations agricoles na- ports » doivent être accélérées. simplement des camionnettes. Au Portugal, des l’équivalent de 90 millions de francs pour la seule nées par les organisations syndicales tionales. Le blocage des routiers D’ici à 1998, le marché des trans- entreprises comme Ford-Volkswagen ont accru les région d’Andalousie. En riposte, l’Association espa- de transporteurs routiers qui français vient s’ajouter à la guérilla ports doit être entièrement libéra- stocks et réservé des places sur des navires ou des gnole des jeunes agriculteurs (Asaja) a appelé à peuvent ruiner notre économie déjà que les producteurs français lisé au niveau européen, et l’on est avions. Aux Pays-Bas, le KNV (regroupant les cent boycotter les produits français, craignant que le blo- malade » et a jugé « scandaleux » d’agrumes du Midi livrent périodi- loin d’être parvenu au niveau de plus grosses entreprises de transport du pays) a, cus n’entraîne « un traumatisme économique » dans que l’Etat observe « sans réagir des quement aux transporteurs espa- réglementation suffisant pour évi- pour sa part, demandé que les transporteurs soient leur secteur. – (AFP.) syndicats sortir de la légalité ». LeMonde Job: WMQ0511--0009-0 WAS LMQ0511-9 Op.: XX Rev.: 04-11-97 T.: 10:30 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0479 Lcp: 196 CMYK
FRANCE LE MONDE / MERCREDI 5 NOVEMBRE 1997 / 9 Les militants socialistes sont appelés à voter pour le congrès de Brest Trois motions sont présentées au choix des adhérents du parti, celle de la coalition jospiniste et rocardienne réunie autour de François Hollande paraissant assurée d’obtenir la majorité. La Gauche socialiste espère dépasser nettement 10 % des mandats Avant le congrès national du Parti socia- d’orientation. La motion A, présentée par terrand : Pierre Mauroy, Laurent Fabius, Gauche socialiste. Les congrès fédéraux se vembre, le premier secrétaire national, les liste, qui se réunira du 21 au 23 novembre à François Hollande, premier secrétaire délé- Michel Rocard et Edith Cresson. La mo- réuniront le 15 novembre. A l’issue des premiers fédéraux et les secrétaires de sec- Brest, les militants votent dans les sec- gué, et la quasi-totalité des courants est tion B émane d’une partie des anciens amis votes, des assemblées désigneront pour tion. Le conseil national se réunira le tions, à partir du mardi 4 novembre et jus- soutenue par Lionel Jospin et quatre an- de Jean Poperen, Marie-Thérèse Mutin et chaque motion les candidats au conseil na- 29 novembre pour élire le bureau national qu’au 14 novembre, sur les trois motions ciens premiers ministres de François Mit- Alain Vidalies. La motion C est celle de la tional. Les militants éliront, le 27 no- et le secrétariat national.
À MOINS de trois semaines du tion B défendue par Marie-Thérése tions avec le Parlement, d’une ma- tourage de M. Hollande assure que minorités. La motion B aura du tiques entre sa contribution et sa congrès du Parti socialiste, à Brest Mutin et une partie des poperé- jorité jospino-rocardienne qui, les inquiétudes sont « totalement mal à atteindre les 5 % requis pour motion. La décision sur les du 21 au 23 novembre, la fébrilité nistes ; la motion C de la Gauche avec les amis de Martine Aubry et dissipées » et M. Jospin, au retour être représentée au conseil natio- 35 heures, le 10 octobre, lui a retiré est loin d’être au rendez-vous alors socialiste. En novembre 1994, le de Pierre Mauroy et de plusieurs du sommet sur l’emploi de Luxem- nal, à moins de faire la synthèse au du « grain » à contester, mais Ju- que les militants votent, à partir du précédent congrès, à Liévin, avait petits courants – Agir en socia- bourg du 21 novembre, a pris ses congrès. Entre les ralliés à la mo- lien Dray a de nouveau braqué la mardi 4 novembre, sur les trois marié une orientation très à listes, Changer, Partages – lui assu- dispositions pour être à Brest. tion A et les tenants de la mo- direction du PS, en s’en prenant, à motions en compétition : la mo- gauche et un appel à Jacques De- rera le concours de 51 % des Au-delà du bloc majoritaire de tion B, le courant poperéniste est l’Assemblée, au plafonnement des tion A de François Hollande, pre- lors pour qu’il soit candidat à l’Ely- 204 membres du conseil national 51 %, restera à régler la répartition déchiré. Nathalie Poperen, la allocations familiales et à la CSG mier secrétaire délégué et de la sée. (auxquels s’ajoutent les 102 pre- des places pour tous ceux qui ont veuve de l’ancien maire de Mey- élargie. quasi-totalité des courants ; la mo- Depuis, Lionel Jospin a porté di- miers fédéraux). En l’absence de rejoint, le 27 septembre, la mo- zieu, dans le Rhône, a fait savoir Moins à l’aise, depuis le 10 octo- gnement les couleurs socialistes à « hollandistes » labellisés – excep- tion A, comme les fabiusiens, les énergiquement à qui de droit que bre, pour alimenter le couplet des la présidentielle de 1995, avant de tés Jean-Yves Le Drian, maire de amis de Louis Mermaz, d’Henri nul ne pouvait se présenter en hé- « reculades » du gouvernement – Le renouvellement reprendre, le 14 octobre 1995, la di- Lorient, et les clubs Témoin –, il Emmanuelli, de Jean-Marie Bockel ritier de Jean Poperen. terme qu’elle se garde de re- rection du PS, et de gagner les devra compter d’abord sur l’appui et d’anciens poperénistes, comme prendre dans sa motion, tout en des fédérations élections législatives le 1er juin 1997. des amis de Lionel Jospin et s’ef- Michel Debout et Jean-Louis Cot- LA DIRECTION BRAQUÉE réaffirmant ses désaccords de fond Après deux ans, il laisse à M. Hol- forcera sûrement de renouveler et tigny. Les discussions sur les places La Gauche socialiste espère sur l’Europe, l’immigration, la sé- La direction du PS espère un lande un parti en état de marche. de féminiser le secrétariat national au sein du premier cercle jospino- conserver son capital de 8 873 voix curité sociale et les privatisa- renouvellement de 30 % des pre- L’élection de M. Hollande, premier qu’il avait élargi le 14 juin. rocardien sont en cours. Dans le (16,19 %), de la convention de dé- tions –, la Gauche socialiste incri- miers secrétaires fédéraux. secrétaire délégué depuis le 14 juin, deuxième cercle, Laurent Fabius, cembre 1996 sur l’économie. Elle se mine les conditions du débat. Dans Deux des trois principales fédé- qui sera opposé, le 27 novembre ACTE D’AUTORITÉ qui tient à ses 28,84 % de Rennes donne une fourchette large entre son bulletin A gauche du 23 octo- rations vont changer de « pa- devant le suffrage direct des mili- Pour autant, M. Hollande ne en 1990 – mais qui n’a que 22,06 % 10 % et 20 %. Un récent « poin- bre, elle s’en prend, aux « verrouil- tron ». Dans la première, celle tants, à Jean-Luc Mélenchon, veut pas être réduit à un rôle de au conseil national sortant – sait tage » la crédite de 12 %-15 %, mais leurs, petites mains plus ou moins du Pas-de-Calais, critiquée pour porte-parole de la Gauche socia- porte-parole du premier ministre. que sa place résultera du solde le fabiusien Claude Bartolone lui habiles dans l’art du bétonnage ». son fonctionnement et où plu- liste, apparaît comme un adoube- Son premier acte d’autorité a été entre le bloc majoritaire et les attribue « autour de 10 % ». Dure- Ses animateurs reconnaissent, ce- sieurs élus ont maille à partir ment voulu par M. Jospin dès sa de maintenir le choix de Brest, scores des motions B et C. ment combattue pour avoir pendant, qu’ils ont pu défendre avec la justice, Daniel Perche- nomination à Matignon. malgré l’avis très réservé de Pour l’heure, l’insuffisance de la commencé à dénoncer les « renie- leur motion dans la grande majori- ron, membre du secrétariat na- Même si, à travers la motion A, M. Jospin qui redoutait de voir le mobilisation de la motion A, qui ments » de M. Jospin dès le 12 juin, té de fédérations, l’ostracisme tional, va passer la main et pro- le PS affiche clairement son réfor- congrès siéger sous la garde de s’efforce de montrer son homogé- privée de ses protections habi- n’ayant joué que dans une dizaine pose Serge Janquin, député de la misme, sans s’avouer encore so- CRS en raison des troubles sociaux néité, fait craindre une faible parti- tuelles parmi ceux qui, comme d’entre elles. dixième circonscription, rocar- cial-démocrate, la poursuite de la provoqués par la restructuration cipation, lors des votes sur les mo- M. Emmanuelli, se situaient à do-jospiniste, pour lui succéder. rénovation doctrinale, engagée à des arsenaux. Aujourd’hui, l’en- tions, qui jouerait en faveur des proximité, elle a atténué ses cri- M. N. Le trésorier, Jacques Mellick, an- travers trois conventions en 1996, cien maire de Béthune, condam- est renvoyée, pour l’essentiel, né à cinq ans d’inéligibilité, sou- après Brest. Congrès de réorgani- tient la Gauche socialiste. Si sation et non de réorientation, François Bernardini devrait res- Brest permettra principalement de ter à la tête des Bouches-du- préciser le rôle du parti – « parti- Rhône, toujours en crise, le jos- soutien, parti-acteur, parti relais » – piniste Marc Dolez devrait suc- face à un gouvernement auquel il céder au mauroyiste Bernard se flatte d’être associé étroitement, Roman dans le Nord. de mesurer les marges de ma- La Gauche socialiste risque de nœuvre – et d’autorité – de perdre ses trois fédérations (Es- M. Hollande et d’apprécier le poids sonne, Vendée, Jura). Le premier des courants. fédéral du Jura, Roger Touvet, a Brest va ainsi consacrer l’abou- déjà rejoint la motion A, mais la tissement de la démarche de Lionel Gauche socialiste espère, avec Jospin en dotant François Hol- son député Yann Galut, conqué- lande, grâce au rôle actif de Daniel rir le Cher. Vaillant, ministre chargé des rela- A Lille, les récitations convenues de l’abécédaire socialiste LILLE tin avait adopté un registre plus de notre envoyé spécial sobre, en souhaitant d’emblée la Pour ce conseil fédéral élargi, réussite du gouvernement. «Ça réuni lundi 3 novembre à Lille de- commence bien et j’espère que ça vant une bonne centaine de mili- va continuer », a avancé la députée européenne hostile à un « pôle de REPORTAGE gauche » au sein du PS. « Jean Po- Mme Lienemann, peren, dont je me recommande, au- rait été heureux de voir les résultats passionnée, de la conférence du 10 octobre », a contre M. Cambadélis, assuré Mme Mutin, en expliquant pédagogue aussitôt qu’« une bonne loi doit être soutenue par un rapport de forces, par le mouvement social ». tants, les défenseurs des trois mo- Au passage, elle n’a pas oublié la tions du congrès de Brest – défense de la laïcité, en déplorant Jean-Christophe Cambadélis pour « les incursions du pape chez nous la A, Marie-Thérèse Mutin pour sans réactions des laïcs ». la B et Marie-Noëlle Lienemann Pédagogue, M. Cambadélis a re- pour la C – se sont livrés au jeu de trouvé des accents de campagne rôle attendu. Passionnée et viru- électorale : « La gauche a su vous lente, Mme Lienemann a essayé de séduire. Elle sait visiblement s’entre- convaincre que la Gauche socia- tenir, alors évitez de lui nuire », a- liste n’est pas « une chapelle » t-il lancé en présentant la mo- composée « d’allumés de la tête » tion A comme « la motion la plus à et qu’elle souhaite le succès de gauche » du PS face à un gouver- Lionel Jospin. Mais face aux trois nement socialiste. « Ce qui me « urgences » – sociale, démocra- plaît, c’est que nous avons réussi à tique et idéologique – que la dépu- reprendre le flambeau de la réforme tée européenne a décelées, le gou- qui avait commencé en 1981-1982 vernement n’a pas fait les bons avec Pierre Mauroy », a souligné le choix. député de Paris, en voyant dans la « Est-ce que nous restons un parti politique de « redistribution » du qui veut rompre avec le capitalisme gouvernement, une « rupture avec ou est-ce que nous voulons faire de le système capitaliste généralisé ». l’accompagnement social du libéra- S’étant placé bien à gauche, lisme ? », a interrogé Mme Liene- M. Cambadélis a ensuite fait la le- mann, en assurant que la Gauche çon à Mme Lienemann. « Quel est le socialiste avait « contribué » à la gouvernement qui a mis en place victoire électorale du 1er juin, en Maastricht ? Marie-Noëlle, le volet amendant le programme du PS sur social, il était où ? », a-t-il interpel- l’Europe ou les 35 heures. « Le re- lé la ministre en charge du loge- niement d’Amsterdam était une ment dans le gouvernement de faute grave », a répété le maire Pierre Bérégovoy. « Si le gouverne- d’Athis-Mons, en dénonçant ment applique le programme amen- l’adoption d’un pacte qui annonce dé par la Gauche socialiste, a-t-il « l’austérité pour l’éternité ». Avec enchaîné, encore faudrait-il que l’ouverture de capital de France vous le votiez ! Sur le moindre sujet, Télécom, a-t-elle ajouté, « on vous il y a une position contradictoire de a théorisé que le service public la Gauche socialiste. » L’estocade n’était plus nécessaire ». Bref, ce est venue en final. « Une autre co- gouvernement « dérape ». « Fort hérence nous conduit à la mise en heureusement » vinrent les minorité dans le pays, a martelé 35 heures, mais attention, a préve- M. Cambadélis. Je pense que c’est nu Mme Lienemann, « certains ca- dangereux pour l’expérience de la marades voudraient nous imposer gauche et que cela nous mène à des l’annualisation »... situations de défaite. » Un peu intimidée devant un pu- blic volontiers frondeur, Mme Mu- Michel Noblecourt LeMonde Job: WMQ0511--0010-0 WAS LMQ0511-10 Op.: XX Rev.: 04-11-97 T.: 10:49 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0480 Lcp: 196 CMYK
10 / LE MONDE / MERCREDI 5 NOVEMBRE 1997 FRANCE
Martine Aubry promet un projet de loi La « coloniale » et des crédits pour la lutte contre l’exclusion ne veut pas disparaître Robert Hue souligne les « avancées » de la politique gouvernementale pour la santé et la solidarité L’inspecteur des troupes de marine craint Lors du débat, lundi 3 octobre, à l’Assemblée na- tine Aubry a annoncé qu’un projet de loi par l’« ensemble du gouvernement » et compor- que la restructuration de l’armée de terre tionale, sur le bugdet santé, solidarité et emploi « chiffré » sur l’exclusion serait déposé en fé- tera « plusieurs lois annexes », a expliqué le mi- (d’un montant de 73,16 milliards de francs), Mar- vrier 1998. Ce « programme de lutte » sera porté nistre de l’emploi et de la solidarité. n’aboutisse à une banalisation de son arme
LORS DES DÉBATS sur le projet Le budget santé, la pauvreté et l’exclusion ». dée) a jugé insuffisant les 185 mil- APRÈS l’inspecteur de l’infante- pour l’avenir de l’armée de terre, je de loi de financement de la Sécuri- En annonçant, pour février, «un lions de francs consacré à ce rie (Le Monde du 31 octobre), c’est suis persuadé que personne n’a in- té sociale – le texte est soumis mar- solidarité, ville projet de loi central », « un pro- secteur, surtout au regard des son homologue des troupes de térêt à sa disparition.[...] Ce serait di 4 novembre au vote –, l’opposi- en milliards de francs gramme de lutte contre les exclu- 64 milliards de francs que doivent marine, le général de division Mi- absurde [...] de laisser perdre un tel tion n’avait pas ménagé Martine sions qui sera porté par l’ensemble rapporter à l’Etat les taxes sur l’al- chel Fruchard, qui fait part de sa outil. Il est en tout cas de ma res- Aubry. Le ton des discussions a été BUDGET GLOBAL : du gouvernement, qui sera chiffré, cool et les cigarettes. mauvaise humeur. Dans l’ordre du ponsabilité de le préserver et je m’y beaucoup plus courtois, lundi, 73,16 milliards de francs qui portera sur plusieurs années et Bernard Kouchner, secrétaire jour qu’il a adressé à ses subor- emploierai en m’appuyant sur le pour l’adoption du bugdet santé, (+ 3,1 % par rapport à 1997) qui comportera plusieurs lois an- d’Etat à la santé, a souligné l’effort donnés au moment de prendre ses “noyau dur” que constituent nos solidarité et ville (PS, PC et RCV nexes », la ministre de l’emploi et consenti dans la lutte contre la responsabilités et que vient de re- formations, fort des compétences, votant « pour », UDF et RPR SOLIDARITÉ de la solidarité a rassuré M. Hue. toxicomanie (plus de 1 milliard de produire la revue L’Ancre d’or, il de la générosité et de l’abnégation « contre »). 63,6 Elle a aussi donné satisfaction à francs, soit près de 8 % de hausse) s’en prend, sans le citer nommé- de nos “marsouins” et de nos “bi- D’un montant de 73,16 milliards dont : - RMI 25,3 (+ 4,5 %) Serge Janquin (PS, Pas-de-Calais), et a estimé qu’« il faut doucement ment, au haut commandement gors”. » de francs, en hausse de 3,1 %, ce - Alloc. adultes handic. rapporteur de la commission des préparer un débat » sur ce sujet à qu’il soupçonne de vouloir nier budget a été l’occasion d’une inter- 23,9 (+ 4,7 %) affaires sociales, qui avait jugé «un l’Assemblée nationale. Le secré- « l’identité » de son arme dans la UNE « SOMME DE COMPÉTENCES » vention de Robert Hue, la pre- peu courte » la provision de taire d’Etat a par ailleurs répondu restructuration de l’armée de L’inspecteur des troupes de ma- mière depuis son entrée à l’Assem- 225 millions de francs destinée à aux sévères critiques de Jérôme terre. rine ne peut pas être plus clair : blée nationale. Le secrétaire cette future loi. « Les crédits seront Cahuzac (PS, Lot-et-Garonne) qui Avec la Légion étrangère, les l’âme de son arme doit être sauve- national du PCF a salué « une in- bien évidemment supérieurs », a dé- a dénoncé, dans un rapport au « marsouins » (l’infanterie) et les gardée. Même ceux qui désap- flexion non négligeable » du projet 5,3 claré Mme Aubry. Mais il avait aussi nom de la commission des fi- « bigors » (l’artillerie) des an- prouvent le général Fruchard du gouvernement pour la solidari- 3,6 déploré que l’allocation aux nances, les « conditions d’opacité » ciennes troupes coloniales sont le louent le courage de sa position. té et la santé. Mais ces « avan- adultes handicapés ne soit aug- dans lesquelles ont été détermi- fer de lance des interventions ex- Le chef d’état-major de l’armée cées », a-t-il souligné, « ne peuvent 0,7 mentée que de 1,11 %, même si les nées les rémunérations des direc- térieures, en Afrique notamment. de terre, le général d’armée Phi- suffire à l’évidence à rattraper les re- SANTÉ VILLE AUTRES crédits qui y sont consacrés teurs des agences régionales de Avec, aussi, les honneurs ou les lippe Mercier, qui n’appartient pas tards considérables ». Aussi, il a Source : projet de loi de finances croissent globalement de 4,5 % par l’hospitalisation (Le Monde du avantages attachés à leurs cam- à cette arme, vient, distinction re- suggéré quelques mesures visant à rapport à 1997. 4 novembre) : le gouvernement «a pagnes outre-mer sous la forme de lativement exceptionnelle, d’être « dégager des ressources nouvelles » supplémentaires pour les plus hauts Au cours de ce débat, la droite a prévu de fixer une base réglemen- décorations et de primes. Or la promu « caporal d’honneur » de la comme l’« extension de l’impôt sur revenus accroîtrait également les surtout porté ses critiques sur les taire lors de la première révision de réorganisation de l’armée de terre « colo ». Il persiste, pour autant, la fortune aux biens professionnels », ressources de l’Etat ». M. Hue a ap- politiques de prévention, notam- leur contrat », a annoncé a pour conséquence la disparition dans son ambition de réaliser qui, selon le député du Val-d’Oise, pelé de ses vœux « une grande poli- ment les sommes affectées à la M. Kouchner. des spécificités des différentes l’amalgame des armes pour en « doublerait son rendement », tique dotée de moyens suffisants lutte contre l’alcoolisme et le taba- armes la composant. La profes- faire des forces d’action et de pro- comme « la création de tranches pour lutter enfin efficacement contre gisme. Jean-Luc Préel (UDF, Ven- Bruno Caussé sionnalisation implique « une ges- jection homogènes, qui répondent tion [des personnels] par compé- aux besoins. Certes, il reconnaît tences », et non plus par armes, ce l’« identité », les « spécificités » des qui implique « un certain décloi- troupes de marine ou encore la sonnement des armes et des corps « richesse d’une expérience acquise dans le déroulement d’une car- sur tous les théâtres d’opérations ex- rière », comme on le reconnaît à la térieures ». Mais c’est pour mieux direction des personnels militaires faire comprendre aussitôt après, de l’état-major. Pour créer des uni- dans un ordre du jour, que la « co- tés professionnelles destinées à lo » ne doit pas chercher à se sin- l’action extérieure, on puisera in- gulariser, mais plutôt à trans- différement dans des « réserves » mettre son savoir-faire aux autres de forces, selon les besoins et les armes : « C’est cette somme de spécialités. compétences qui constitue le pré- « Chacun voit bien, écrit le géné- cieux capital de votre arme, que je ral Fruchard, que les choses [la ré- vous demande de faire partager forme de l’armée de terre] ne se- dans l’intérêt de l’ensemble de notre ront pas forcément faciles. [...] armée de terre. » Parce que notre arme représente la meilleure réponse aux défis lancés Jacques Isnard Marc Blondel (FO) sera candidat aux élections prud’homales à Paris FORCE OUVRIÈRE compte gagner deux points par rapport aux der- nières élections prud’homales, en 1992, (20,46 %), lors du scrutin du 10 décembre, a affirmé son secrétaire général, Marc Blondel, lundi 3 no- vembre, devant l’Association des journalistes de l’information sociale. « C’est à notre portée si nous résistons à Paris », a estimé le secrétaire géné- ral de FO, qui sera candidat dans la capitale dans la section encadrement. M. Blondel entend montrer son « intérêt » pour une institution dont « l’influence va aller s’accroissant » en raison du refus du patronat de né- gocier sur les 35 heures, en tentant de « tenir l’équilibre entre les deux images », soit de « tranquilité », soit « protestataire », qui s’offrent aux syndicats. FO a déposé 14 000 candidatures, et la campagne lui coûtera environ 12 millions de francs.
DÉPÊCHES a PATRONAT : le Centre des jeunes dirigeants d’entreprise (CJD) a appelé l’ensemble du patronat, lundi 3 novembre, à « reprendre l’initia- tive sur la loi des 35 heures », prévenant que si le CNPF adoptait une atti- tude « de blocage régulière », le CJD « contesterait sa position ». Le CJD a lancé « un appel à une rencontre patronale », le 3 décembre, à Paris, « pour que, dans son contenu, cette loi allie la compétitivité économique et la performance sociale ». « Le CNPF est agité par des courants divers, dans lesquels nous ne nous reconnaissons pas », a déclaré Jean-Marie Gorse, président du CJD. a EXTRÊME DROITE : Jean-Marie Le Pen, président du Front natio- nal, se rendra du 7 au 9 novembre en Roumanie, sur invitation du Parti de la grande Roumanie. Romania Mare, qui affiche des options ouverte- ment antisémites, anti-hongroises et anti-tsiganes, réclame la création d’une grande Roumanie, dans laquelle seraient compris la Moldavie et les territoires du nord de la Bukovine situé en Ukraine. a BOURSE : Valéry Giscard d’Estaing, a estimé, mardi 4 novembre sur Europe 1, que la crise boursière allait « entraîner un ralentissement de la croissance un peu partout ». L’ancien chef de l’Etat évalue ce ralentisse- ment « à 1 % au Japon et à un demi-point ou trois quarts de point dans les autres pays industriels, dont la France ». LeMonde Job: WMQ0511--0011-0 WAS LMQ0511-11 Op.: XX Rev.: 04-11-97 T.: 08:31 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0481 Lcp: 196 CMYK
11 SOCIÉTÉ LE MONDE / MERCREDI 5 NOVEMBRE 1997
INÉGALITÉS Les femmes sont inscrites à l’ANPE et sont moins bien ans après le vote de la loi, de 27 %. chômeuses, sous-employées, surex- permarché, ne croit pas que le les premières à être victimes des dif- indemnisées. Au fil des ans, l’écart b DANS UN ENTRETIEN, MAYA SUR- ploitées, et appelle à une manifesta- temps partiel soit une aspiration fé- ficultés du marché de l’emploi. Elles de rémunération avec les hommes DUTS, du Collectif national pour les tion pour l’emploi des femmes le minine, mais bel et bien une forme représentent plus de la moitié des s’est un peu réduit mais il demeure droits des femmes, explique en quoi samedi 15 novembre. b VALÉRIE, de précarité imposée par des em- chômeurs, restent plus longtemps élevé : il est actuellement, quatorze celles-ci sont les plus mal loties : sur- caissière à temps partiel dans un su- ployeurs qui jouent la flexibilité. Les femmes sont toujours désavantagées dans la course à l’emploi Elles sont plus touchées que les hommes par le chômage et la précarité et sont souvent contraintes de travailler à temps partiel. L’écart de rémunération avec leurs collègues masculins, qui s’est réduit depuis dix ans, s’élève encore à 27 %
« TOUS LES CLIGNOTANTS sont Junter-Loiseau, responsable de Les grandes perdantes du marché de l'emploi tion qui résume les craintes de ses au rouge. Quel que soit l’angle sous l’unique chaire sur les études fé- collègues. « Oui, nous sommes sans lequel on prend le problème de ministes de France à l’université TAUX DE CHÔMAGE DES HOMMES ET DES FEMMES TAUX D'ACTIVITÉ doute des privilégiées puisque nos l’emploi des femmes, le mot de dé- de Rennes. C’est un moyen d’entrer DES FEMMES DE 25 A 49 ANS revenus dépassent 25 000 francs gradation s’impose. » Danièle Ker- sur le marché du travail et une par ménage, écrit Isabelle Scema- en pourcentage en pourcentage goat soupire, presque découragée. technique pour en sortir. » Or le 14,2 ma. Mais, non, nous ne sommes pas Cette sociologue, directrice de re- temps partiel est une machine à 15 des nanties. Le coût des réformes 15 80 11,1 77 cherches au CNRS, reconnaît fabriquer de la précarité : il im- 71 cumulées signifie forcément une re- avoir une nature combative, mais plique un salaire partiel – un sala- mise en cause complète de notre or- 12 les évolutions récentes du marché rié à temps partiel sur deux gagne12 ganisation familiale (...), des em- de l’emploi ne l’incitent guère à moins de 4 300 francs brut par plois de garde à domicile et (...) l’optimisme. En France, les mois, selon l’Insee –, une indemni- conduit à remettre en question le 9 femmes, qui représentent moins sation partielle du chômage et, à 9 travail de l’un des deux parents. de la moitié des actifs (45 %), re- terme, une retraite partielle. 1985 1994 1997 C’est encore une fois la place de la présentent plus de la moitié des Quant à l’égalité profession- Source : Insee femme dans le monde du travail qui chômeurs (51 %). Le chômage des nelle, quatorze ans après le vote 6 6 en souffrira. » femmes dépasse de quatre points de la loi, rares sont celles qui ÉCART DE SALAIRE Dans son seul centre parisien celui des hommes, elles restent osent encore la revendiquer. En HOMMES - FEMMES – dans la capitale, les problèmes plus longtemps inscrites à l’ANPE moyenne, l’écart de rémunéra- 3 3 en pourcentage de garde d’enfants sont beaucoup et elles sont moins indemnisées. tions entre les hommes et les plus marqués qu’ailleurs –, elle a 50 80
La situation des jeunes est pire en- femmes est aujourd’hui de 27,2 %. 77 recueilli plus de deux cents signa- core : parmi les 20-24 ans, le chô- Il se réduit, certes, puisqu’il était0 0 tures. 33 mage concerne 21,7 % des gar- de 33 % en 1984, mais est-ce suffi- 27,2 Que faire ? « Une manifesta- çons, contre 31,4 % des filles, et cet sant ? Les études conduites par les 19851986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1997 tion », répondent les plus à écart ne cesse d’augmenter. écoles de commerce prouvent que gauche, promptes à se mobiliser les jeunes diplômées trouvent des sur le pavé parisien pour dénoncer HOMMES FEMMES ENSEMBLE IDÉES REÇUES postes moins bien rémunérés que 1950 1984 1997 ces discriminations et réclamer Le temps partiel touche de plein leurs camarades masculins titu- Source : Insee Source : ministère emploiSource et solidarité : Insee une réduction massive et immé- fouet les femmes, qui repré- laires du même diplôme. diate du temps de travail avec em- sentent 85 % des personnes tra- Paradoxalement, malgré ces Alors que le taux d'activité des femmes va en augmentant régulièrement, elles sont aussi les plus touchées bauches correspondantes. « Favo- vaillant à temps partiel. Beaucoup obstacles, les femmes sont de plus par le chômage (14,2% de la population active contre 11,1% pour les hommes). Quant à l'égalité des salaires, riser la mixité des emplois-jeunes d’entre elles subissent cette situa- en plus nombreuses dans le quatorze ans après le vote de la loi, elle n'est toujours pas effective (27,2% d'écart). pour qu’une fois de plus on n’assiste tion plus qu’elles ne la choi- monde du travail. Aujourd’hui, pas à la relégation des jeunes filles sissent : contrairement à une idée elles sont 11,5 millions à travailler, dans des emplois dits féminins », reçue, ce ne sont pas les femmes soit près de deux fois plus qu’en perdue. Elles disent s’ennuyer Même les plus privilégiées ciable. » Car les femmes, à tous les indique pour sa part Rose-Marie actives mères de famille qui en bé- 1960. Entre 25 et 49 ans, 80 % même si tout le travail domestique souffrent de ces évolutions. Quel niveaux, continuent à assumer la Van Lerberghe, déléguée générale néficient, alors que, souvent, elles d’entre elles ont une activité pro- leur incombe. Toutes racontent que soit leur niveau de formation, quasi-totalité du travail domes- à l’emploi et à la formation pro- y aspirent. Dans tous les pays de fessionnelle. Le chômage est, de qu’elles se sont senties reconnues quelles que soient leurs compé- tique et éducatif de la famille. fessionnelle. l’Union européenne, ce sont les ce fait, devenu d’autant plus dur à par leur entourage le jour où elles tences, elles n’accèdent que peu, « Dès qu’une femme réduit son Mais cette intention affichée femmes âgées de moins de 25 ans accepter. « Il est faux de considérer ont eu leur premier emploi. » ou très peu, au niveau suprême de temps de travail, ne serait-ce que est-elle à la hauteur du pro- et plus de 55 ans qui sont les plus que les femmes supportent mieux le la hiérarchie. Si deux cadres sur d’une heure par jour, explique Da- blème ? Elle ne suffira pas, en tout frappées par ce phénomène. «Le chômage que les hommes, affirme SONNETTE D’ALARME cinq sont des femmes, seuls cinq nièle Kergoat, elle assume la totali- cas, à statisfaire toutes celles qui temps partiel n’est pas une méthode la sociologue Dominique Schnap- On cherche en vain une lueur dirigeants d’entreprise sur cent té du travail domestique. Son dénoncent l’absence de prise en pour concilier la vie familiale et la per. Autant que les hommes, les d’espoir. Rien. Le tableau est noir. sont de sexe féminin. « La majori- compagnon cesse de l’aider. Toutes compte politique des obstacles vie professionnelle, analyse Annie femmes ont un sentiment de dignité Les syndicats, de Force ouvrière à té des femmes cadres sont ambi- les enquêtes l’attestent. » rencontrés par les femmes. Le fait la CGC en passant par la CFDT, tieuses, mais elles considèrent que que Martine Aubry, la ministre de font part de leur inquiétude. Sur le le temps de travail est l’obstacle ORGANISATION FAMILIALE l’emploi et de la solidarité, qui est Deux emplois sur cinq dans l’Union européenne terrain, l’humeur est morose. Le majeur à leur évolution de carrière, La réforme de l’allocation de théoriquement en charge des Centre national d’information et explique Marie-Jeanne Vidaillet, garde d’enfants à domicile droits des femmes, ne se soit pas b Europe : les femmes femmes sur dix travaillent. Elles de documentation des femmes et de la CGC. Le surinvestissement en (AGED) leur est donc préjudi- rendue au colloque du CNIDFF, occupent aujourd’hui deux sont 81,7 % à avoir une activité des familles (CNIDFF) estime qu’il temps qui est demandé dans les en- ciable. Chez Paribas, une cadre su- du 21 au 23 octobre, a été ressenti emplois sur cinq dans l’Union professionnelle avec un enfant, faut désormais tirer la sonnette treprises françaises leur est préjudi- périeure a fait circuler une péti- comme un affront par les cen- européenne. Le taux de 76,8 % avec deux enfants, 50 % d’alarme. « Ce sont les femmes les taines de participants. chômage des femmes est avec trois enfants. Neuf plus fragiles qui s’adressent à nous, De la conférence sur l’emploi partout plus élevé que celui des femmes « inactives » sur dix ont celles qui, loin de l’emploi, risquent Toujours pas de déléguée interministérielle aux emplois-jeunes, elles hommes. Les femmes une expérience professionnelle. le plus d’être marginalisées et de re- cherchent vainement la moindre représentent entre 49 % et 82 % Un chef d’entreprise sur quatre joindre le monde de l’exclusion, in- Sur l’échiquier politique, de gauche à droite, on déplore l’absence mention concernant les femmes. des travailleurs à faibles est une femme. Les chômeuses diquait Jacqueline Perker, sa pré- d’un interlocuteur. Dans le milieu associatif, des plus conservateurs Ce silence est d’autant plus éton- revenus dans les Etats représentent 14,2 % de la sidente, lors d’un colloque aux plus gauchistes, on réclame sa nomination. Le fait qu’il n’y ait nant que l’on ne cesse de dénon- membres. Près de 28 % des population active, contre 11,1 % organisé en octobre à l’Assemblée toujours pas de déléguée interministérielle aux droits des femmes cer le chômage des cadres, les dif- femmes travaillent à mi-temps, pour les hommes. Un étudiant nationale pour le vingt-cinquième six mois après la formation du gouvernement de Lionel Jospin est ficultés des jeunes, la mise à contre seulement 4 % des sur deux est de sexe féminin. La anniversaire du réseau. Et le risque unanimement dénoncé. Les services administratifs chargés de ce l’écart des seniors du monde du hommes. Sur les seize millions proportion des familles est réel. » Le service des droits des secteur n’ont pas de directives. travail ou l’exclusion des sans- de petites et moyennes monoparentales s’élève à 13,2 % femmes dit la même chose. Officiellement, au gouvernement, on répond qu’on cherche la qualifications...Bien qu’elles re- entreprises de l’Union, entre 20 du total des familles. 86,2 % « Même si tout le monde paie, les « perle rare » et que beaucoup de personnalités sollicitées ont refu- présentent 45 % de la population et 30 % sont dirigées par des d’entre elles sont dirigées par femmes font plus les frais que les sé. En attendant, le dossier reste traité par Martine Aubry, ministre active, les femmes, elles, semblent femmes. une femme. Au total, plus d’un hommes de l’adaptation du marché de l’emploi et de la solidarité. Le résultat est que la France est le seul invisibles. b France : dans la tranche million de femmes élèvent de l’emploi », indique sa directrice, pays d’Europe à ne pas avoir au sein de son gouvernement une per- d’âge des 25-49 ans, huit seules leurs enfants. Aline Godard. sonne chargée de ce secteur. Michèle Aulagnon
TROIS QUESTIONS À.... La place des femmes dans le 2 monde économique est-elle Valérie, caissière, dix-huit heures par semaine parce qu’il n’y a pas le choix MAYA SURDUTS menacée ? Oui, elle est mise en cause par le dé- QUAND elle réalise qu’elle est individuel, n’est-ce pas ? », ajoute-t- dien », analyse-t-elle. Les ambitions ont des enfants et doivent gagner leur Le Collectif national pour les veloppement du travail à temps caissière dans un supermarché de- elle comme pour se rassurer. de Valérie se situent ailleurs. Très vie. Le temps partiel est peut-être res- 1 droits des femmes, dont vous partiel, qui n’est pas choisi mais le puis trois ans, Valérie panique. «Au Depuis trois ans, tous les jours sensibilisée aux questions de l’em- senti comme une aspiration, mais, êtes responsable, appelle à une plus souvent imposé. C’est vrai à début, c’était du temporaire, pour me sauf le dimanche, Valérie se rend ploi et du chômage du fait de sa concrètement, il n’y a pas d’alterna- manifestation le samedi 15 no- l’échelle européenne, et nous crai- permettre de prendre un apparte- dans un supermarché du douzième propre expérience, elle veut travail- tive. C’est ça ou rien. » Le fait que les vembre pour l’emploi des gnons fort que ce soit aussi le cas ici, arrondissement à Paris, pour « tenir ler à l’ANPE ou à l’inspection du tra- entreprises soient incitées à em- femmes. L’emploi n’est-il pas un compte tenu du fait que dans le sec- PORTRAIT la caisse » de 11 h 30 à 14 h 30. vail. Le nombre de candidats aux ployer du personnel à temps partiel problème pour les deux sexes ? teur des services, par exemple, les Trois heures de travail par jour, concours administratifs ne cessant lui paraît « terrible ». Nous pensons que toute améliora- embauches se font à temps partiel. « Une aspiration ? donc dix-huit heures par semaine de croître, la sélection est impi- « Quand je regarde autour de moi, tion de l’emploi pour les femmes Nous ne voulons pas du modèle Concrètement, il n’y a pour un salaire mensuel de toyable. « L’an dernier, je suis arrivée que je pense à l’autonomie de ces ira dans le bon sens pour tous. néerlandais, où les femmes sont en- pas d’alternative. 2 400 francs. Avec une allocation-lo- jusqu’à l’admissibilité pour le femmes, j’ai peur, dit Valérie. Beau- Nous prenons l’initiative, car nous trées en masse sur le marché de C’est ça ou rien » gement et une aide de ses parents, concours de l’ANPE. J’ai échoué dans coup ne peuvent pas quitter leur sommes les première concernées. l’emploi, mais à temps partiel. Nous elle s’en sort. Mais la vie est mono- la dernière ligne droite. Nous étions compagnon si elles le veulent. A Les femmes sont les plus mal lo- analysons cela comme un recul. tone, avec un vrai week-end une ou plus de 4 000 candidats pour 180 2 400 francs par mois, elles sont ties : sur-chômeuses, sous-em- ment en attendant d’avoir un vrai tra- deux fois dans l’année et la pression postes », Valérie repassera le complètement dépendantes. » ployées, sous-payées, sur-exploi- Le fait qu’il n’y ait toujours pas vail, explique cette jeune femme continue de la direction pour varier concours cette année, avec une in- Trop âgée pour un emploi-jeune, tées et, parfois, harcelées ou 3 d’interlocuteur au sein du brune de vingt-huit ans. Quand je ses horaires – « Je refuse systémati- quiétude : « Mes études commencent Valérie pourrait s’arrêter de travail- victimes de violences sexuelles gouvernement vous pose-t-il pro- réalise que ce provisoire dure, ça me quement » – ou pour travailler les à dater. » ler pour toucher le RMI. Financière- dans l’entreprise. Or, depuis trente blème ? casse complètement. » Titulaire d’un jours fériés – « Quand j’ai besoin ment, ce serait quasiment équi- ans, les femmes jouent un rôle C’est un handicap. Nous ne BTS de commerce et d’une maîtrise d’argent, j’accepte ». « Dans ce type « MÉPRIS QUOTIDIEN » valent. Mais elle veut pouvoir considérable dans le monde comprenons pas. Nous avons d’économie, Valérie sait bien qu’elle de poste, la pression pour davantage Ces trois années de travail à « défendre son parcours » en entre- économique, y compris dans des contribué, comme les autres ac- « n’aurait jamais dû connaître cela ». de flexibilité, pour l’annualisation du temps partiel dans la grande distri- tien. Elle reconnaît aussi que ceux postes qualifiés. Nous voulons teurs du mouvement social de « Mais le problème est collectif, pas temps de travail, on la vit au quoti- bution, Valérie estime aujourd’hui qui vivent sa situation encore plus conserver cette place afin de ga- 1995, à l’arrivée au pouvoir de ce qu’elle ne pourra jamais les oublier. mal qu’elle sont ses parents. Ils rantir notre autonomie financière, gouvernement. Mais nous ne « Les relations avec les clients sont dif- n’ont fait d’études ni l’un ni l’autre, malgré des incitations au retour à voyons pas beaucoup de signes en ficiles, on est confronté au mépris ont commencé à travailler très la maison comme l’allocation pa- notre direction. Pourquoi n’y a-t-il quotidien », raconte-t-elle. Les rap- jeunes dans de grandes entreprises rentale d’éducation et l’augmen- toujours pas de délégué intermi- ports avec la direction sont em- et sont devenus cadres. Pour leur tation du temps partiel. La réduc- nistériel chargé de ce dossier, six Retrouvez preints de peur – « Il n’y a même fille unique qui avait de bons résul-
tion du temps de travail – nous mois après la constitution du gou- 2,23 F/mn plus de section syndicale ». tats scolaires, qui a adoré ses études soutenons le projet des 35 heures vernement ? Il ne suffit pas d’avoir La notion de temps partiel choisi d’économie, ils rêvaient d’un avenir dans l’idée d’aller jusqu’à des femmes à des postes-clés au nos offres d’emploi la « fait rigoler ». Parmi les caissières radieux. « Quand ils voient que je me 32 heures par semaine – est un vé- gouvernement pour poser et ré- de son supermarché, aucune n’a été retrouve à faire ce boulot, ils le vivent ritable projet de société. Il doit te- soudre le problème des femmes embauchée à temps plein. « Je suis mal, raconte Valérie. D’ailleurs, on a nir compte des femmes. Nous dans la société. très atypique, analyse-t-elle. La ma- même du mal à en parler ensemble. » sommes pour une société égali- jorité des filles avec lesquelles je tra- taire et mixte. Propos recueillis par M. A. 3615 LEMONDE vaille n’ont pas de qualification. Elles M. A. LeMonde Job: WMQ0511--0012-0 WAS LMQ0511-12 Op.: XX Rev.: 04-11-97 T.: 10:17 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0482 Lcp: 196 CMYK
12 / LE MONDE / MERCREDI 5 NOVEMBRE 1997 SOCIÉTÉ
Le Conseil d’Etat élargit la notion Le report inattendu de responsabilité sans faute des hôpitaux du procès en assises Cette avancée jurisprudentielle s’appliquerait dans le cas des accidents anesthésiques de Dany Leprince Le Conseil d’Etat a rendu, lundi 3 novembre, viennent lors d’une anesthésie générale. Rap- estimé que la responsabilité d’un hôpital était un arrêt qui étend la responsabilité sans faute pelant le principe d’égalité des usagers de- engagée dès lors qu’un patient avait été ad- des hôpitaux aux accidents graves qui sur- vant le service public, le Conseil d’Etat a mis dans un établissement. La date d’une session ultérieure n’a pas été fixée
DEPUIS 1993, le Conseil d’Etat a responsabilité sans faute, et son ne permet de penser que le pa- sie générale devait être exclue du LE MANS par un mouvement de grève des admettait que la responsabilité condamne l’hôpital à verser tient y soit particulièrement exposé, champ de la jurisprudence Bian- de notre envoyé spécial avocats peut également s’expliquer d’un hôpital puisse être engagée, 150 000 francs à Mme Mehraz. est la cause directe de dommages chi, sous prétexte que cette der- Le procès de Dany Leprince, ac- par la nature particulière de l’af- même en l’absence de faute. Lundi Cette juridiction applique ainsi sans rapport avec l’état initial du nière ne s’appliquerait qu’à des cusé des meurtres de son frère, de faire. Le 5 septembre 1994, les 3 novembre, après avoir rejeté la l’arrêt Bianchi, rendu par le patient comme avec l’évolution pré- actes de soins courants ne présen- sa belle-sœur et de deux de ses corps de Christian Leprince, âgé de requête de l’hôpital Joseph-Imbert Conseil d’Etat le 9 avril 1993. visible de son état, et présentant un tant pas de difficultés particulières nièces, commis le 4 septembre 1994 trente-quatre ans, de sa femme d’Arles, il a étendu cette jurispru- Comme l’a rappelé le commissaire caractère d’extrême gravité ». d’exécution. Or l’anesthésie géné- à Thorigné-sur-Dué, a été renvoyé, Brigitte, trente-six ans, et de deux dence aux accidents graves qui du gouvernement – le magistrat L’hôpital, qui s’est pourvu en rale est un acte médical soumis au lundi 3 novembre, à une session ul- de leurs filles, Audrey, sept ans, et surviennent lors d’une anesthésie chargé de présenter l’affaire –, Va- cassation auprès du Conseil même régime juridique que l’arté- térieure de la cour d’assises de la Sandra, dix ans, étaient découverts générale. L’hôpital lui demandait lérie Pécresse, cet arrêt a constitué d’Etat, a considéré que la jurispru- riographie, qui a donné lieu à l’ar- Sarthe. L’audience allait commen- affreusement mutilés à leur domi- d’annuler un arrêt de la cour d’ap- une « avancée remarquable » de la dence Bianchi ne devait pas s’ap- rêt Bianchi, et qui n’est pas un acte cer avec près d’une heure de retard cile de La Groie. Le meurtrier avait pel de Lyon le condamnant à ver- jurisprudence du Conseil d’Etat, pliquer au cas d’espèce. Son avo- de soins courant. La haute juridic- lorsque le président, Patrick Chau- utilisé un couperet de boucher ser à la mère d’une jeune victime, qui avait « longtemps exclu, par cat, Me Didier Le Prado, a fait tion a donc jugé que la jurispru- vel, a lui-même évoqué la grève pour décimer une famille au cours Mme Mehraz, la somme de principe, l’engagement d’une res- valoir que cette jurisprudence dence Bianchi pouvait jouer à des avocats prévue pour le jeudi d’une scène d’une violence inouïe 150 000 francs. ponsabilité sans faute dans le do- n’impose pas d’indemniser «un chaque fois qu’un accident sur- 6 novembre, en précisant que le qui semble avoir eu pour unique Le 9 avril 1980, Djamel Mehraz, maine médical ». patient qui n’était pas à proprement vient lors d’une anesthésie géné- défenseur de Dany Leprince, témoin la troisième enfant du âgé de cinq ans, de famille musul- parler un malade, mais subissait, en rale et qu’il a des conséquences Me Jean-Louis Pelletier, avait an- couple, Solène, alors âgée de deux mane, est hospitalisé à Arles, pour PRINCIPE D’ÉGALITÉ dehors de toute indication médi- d’une extrême gravité. noncé son intention de se joindre à ans. subir une circoncision sous anes- La mise en œuvre de la jurispru- cale, une opération liée à des exi- Le commissaire du gouverne- ce mouvement. Si la grève des thésie générale. Au cours de l’in- dence Bianchi, qui, dans l’esprit de gences religieuses » et relevant de ment avait toutefois prévenu que transporteurs routiers avait provo- LA « CONTINUITÉ DES DÉBATS » tervention, il est victime d’un arrêt ses concepteurs, devait rester la « convenance personnelle ». Le cette avancée jurisprudentielle ne qué quelques retards parmi les cin- Le 7 septembre 1994, Dany Le- cardiaque. Il sombre dans un marginale, est strictement enca- Conseil d’Etat a répondu que dès serait pas « de nature à mettre en quante-quatre témoins cités, le prince passait des aveux partiels en coma profond dans lequel il reste drée par une série de conditions lors que l’hôpital avait accueilli le péril les finances des établissements magistrat a estimé que, devant reconnaissant avoir tué son frère pendant un an avant de mourir. La légales à remplir. La responsabilité patient, sa responsabilité devait hospitaliers » : elle ne s’applique- cette seule circonstance, « nous au- Christian. Il devait par la suite re- mère de l’enfant engage des pour- sans faute ne peut jouer que être engagée dans les mêmes rait que dans des cas très rares où rions relevé le défi », en indiquant venir sur ses déclarations en s’affir- suites devant la juridiction admi- lorsque « l’exécution d’un acte mé- conditions que pour les autres ma- « l’énoncé des circonstances qui ont que l’hébergement des jurés dans mant totalement innocent, malgré nistrative. L’instruction ayant dé- dical nécessaire au diagnostic ou au lades, en vertu du principe d’égali- entraîné le dommage provoque un un hôtel du Mans avait été prévu de nombreux témoignages à montré qu’il n’y avait ni faute traitement du malade, et qui pré- té des usagers devant le service sentiment de scandale et d’indigna- pour la durée du procès. charge dont celui de sa propre médicale, ni faute dans l’organisa- sente un risque dont l’existence est public. tion ». En revanche, l’absence du défen- épouse. tion du service, la cour administra- connue mais dont la réalisation est L’avocat de l’hôpital estimait en seur de l’accusé au quatrième jour Sans aveux et sans constatation tive d’appel de Lyon estime qu’il y exceptionnelle et dont aucune rai- outre que la pratique de l’anesthé- Rafaële Rivais des débats était présentée comme matérielle indiscutable, l’audience un obstacle incontournable. Elle s’annonçait, pour l’accusation, imposait une suspension d’au- comme une suite d’éléments à dience, suivie d’une deuxième pour charge dont l’empilement progres- le dimanche et d’une troisième sif a pu paraître incompatible avec pour le jour férié du 11 novembre. un procès interrompu à trois re- « Cela commence à faire beau- prises. Mais la défense, devant un coup », approuvait l’avocat géné- dossier incontestablement difficile, ral, Jean-Claude Thin, en considé- a, elle aussi, invoqué le principe de rant que tant de suspensions la « continuité des débats » en cour « peuvent nuire à la continuité et à d’assises, consacré par le code de la sérénité des débats ». De son cô- procédure pénal, car c’est l’ac- té, Me Pelletier évoquait le risque cumulation ininterrompue de pe- de « paralysie » du procès en no- tites incertitudes qui donne nais- tant qu’il était difficile de « tron- sance au doute. çonner » les débats. Ce report inattendu provoqué Maurice Peyrot
Une grève nationale des avocats le 6 novembre
Un mouvement de grève nationale des avocats devrait paraly- ser, jeudi 6 novembre, la grande majorité des juridictions fran- çaises. Les avocats feront la grève des audiences, mais assure- ront la défense dans les affaires mettant en jeu la liberté des personnes. Lancé à l’appel de la Conférence des bâtonniers, du Conseil national des barreaux, du barreau de Paris, du Syndicat des avocats de France, de la Confédération nationale des avocats et de l’Union des jeunes avocats, ce mouvement vise à « inter- peller les pouvoirs publics » sur la situation « catastrophique et dé- sastreuse » de la justice. Les avocats, qui souhaitent une « ré- forme ambitieuse et d’ensemble de la justice », entendent dénoncer l’engorgement des tribunaux, la durée des procédures, le manque de magistrats et de greffiers et réclamer une réforme de la carte judiciaire et une modernisation de l’équipement des tri- bunaux. Cette grève nationale fait suite à une série de mouvements de protestation qui ont émaillé, depuis juillet, les juridictions fran- çaises, de Pontoise à Toulouse en passant par Grasse et Mont- pellier. Elle devrait être plus ou moins suivie par les cent quatre- vingts barreaux de France. Pour l’heure, seuls les ordres des avo- cats de Paris et de Lyon, qui n’appartiennent pas à la Conférence des bâtonniers, ont annoncé qu’ils ne participeraient pas à la grève, tout en exprimant leur solidarité avec leurs confrères. LeMonde Job: WMQ0511--0013-0 WAS LMQ0511-13 Op.: XX Rev.: 04-11-97 T.: 11:04 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0483 Lcp: 196 CMYK
SOCIÉTÉ LE MONDE / MERCREDI 5 NOVEMBRE 1997 / 13 Surmortalité des 15-34 ans Les évêques s’interrogent sur les suites en Provence-Alpes-Côte d’Azur SELON l’observatoire régional pour la santé en Provence-Alpes-Côte à donner aux Journées mondiales de la jeunesse d’Azur (PACA), la mortalité des 15-34 ans est supérieure de 35 % au taux national pour les hommes et de 32 % pour les femmes, soit 334 décès sup- plémentaires. Ces chiffres placent cette région au vingt-deuxième et der- La question des « filières parallèles » de formation des prêtres sera aussi débattue à Lourdes nier rang pour la mortalité dans cette tranche d’âge. Le sida en est l’une des principales causes. Les décès enregistrés en 1994, de l’ordre de 745, sont L’assemblée annuelle des évêques s’est ouverte ter un texte, intitulé « Vivre ensemble », du s’interroger sur la formation des prêtres et sur- deux fois plus fréquents que dans la moyenne nationale. mardi 4 novembre à Lourdes et se tiendra à huis Comité épiscopal des migrations, faire le point tout sur les suites à donner au succès des Jour- Les homicides et morts violentes suspectes (359 , soit 40 % de plus que la clos jusqu’au lundi 10 novembre. Elle doit adop- du dialogue de l’Eglise avec l’islam de France, nées mondiales de la jeunesse. moyenne nationale), les tumeurs de la vessie (+ 19 %), l’insuffisance rénale (+ 9 %), les troubles du rythme et insuffisance cardiaque (+ 6 %) et les tu- LES ÉVÊQUES de France, réunis vé. Les défenseurs de la « pasto- surtout territoriale, autour de séminaire « international » d’Ars, meurs du poumon (+ 5 %) sont les autres pathologies révélant des taux à Lourdes, pourraient être guettés rale » des jeunes estiment que le communautés géographiques qui recrute et nomme de jeunes plus élevés en région PACA. par l’euphorie. Le succès des deux succès des JMJ a confirmé la vitalité stables. Or, la mobilité et la fluidité prêtres qui, pour certains, avaient visites consécutives du pape à des mouvements et des aumône- des appartenances sont croissantes. été refusés par leur diocèse d’ori- DÉPÊCHES Reims (1996) et à Paris, le chiffre ries. Les autres affirment, au La « civilisation paroissiale » est gine. Ces « parachutages » irritent a JUSTICE : la chambre d’accusation de la cour d’appel d’Aix-en-Pro- mythique du million dépassé par les contraire, que ces structures ne morte pour de bon. Si le catholi- les autres évêques et le clergé local. vence a rejeté, lundi 3 novembre, la demande de mise en liberté de Robert participants aux Journées mon- sont plus « missionnaires », ne cor- cisme résiste en ville, il déprime à la Des groupes dotés de structures Lagier, un colleur d’affiches du FN, soupçonné d’avoir tué, à Marseille en diales de la jeunesse (JMJ), la pro- respondent plus à l’état de la « de- campagne. Une « sociabilité affini- internationales fortes (Opus Dei, février 1995, un jeune comorien de dix-sept ans, Ibrahim Ali. Mario d’Am- motion de Thérèse de Lisieux mande » aujourd’hui, notamment taire » se substitue à la « sociabilité Chemin néo-catéchuménal, brosio, autre militant du FN mis en examen pour « tentative d’homicide vo- comme « docteur de l’Eglise », le celle des plus jeunes, indifférents à territoriale ». On va à la messe ou communautés charismatiques, Fo- lontaire et port illégal d’arme », a aussi été maintenu en détention. retentissement de l’acte de « repen- « l’idéologie des étiquettes » (pro- on se marie en dehors de sa pa- colaris, Communion et Libération, a PÉDOPHILIE : un instituteur de Meudon (Hauts-de-Seine), Marcel tance » de Drancy : autant d’événe- gressistes/conservateurs). roisse d’origine. On ne consulte etc.) ont compris depuis longtemps Cléran, a été condamné, lundi 3 novembre, par le tribunal correctionnel de ments qui ont rehaussé le prestige plus « son curé», mais « son jé- l’intérêt qu’ils pouvaient trouver à Nanterre, à quatre ans d’emprisonnement, dont deux avec sursis, et une de l’Eglise de France à un niveau MOBILITÉ ET FLUIDITÉ suite » ou « son dominicain» ! l’éclatement des formes de repré- mise à l’épreuve de trois ans, pour des agressions sexuelles sur dix-huit pe- qu’elle n’avait pas atteint depuis Les études menées lors des ras- Le futur prêtre lui-même choisit sentation territoriale de l’Eglise. Le tites filles de six ans et des violences habituelles sur quatre petits garçons longtemps. « L’archevêque de Paris semblements du Champ-de-Mars son séminaire. Ce phénomène a pouvoir de ces communautés trans- du même âge. a hissé la France au niveau de la Po- et de Longchamp attestent en effet pris une telle ampleur que les versales est grandissant à Rome et a POLLUTION : un pic de pollution par dioxine d’azote de niveau 2, logne », disait un observateur flat- la montée d’une demande à l’égard évêques ont inscrit pour la première en France. Sans doute l’évêque provenant essentiellement de la circulation automobile, a été atteint, lundi teur au lendemain des JMJ, en de l’Eglise, que Danièle Hervieu-Lé- fois au menu de leur assemblée de reste t-il le gardien de l’unité dans le 3 novembre dans l’après-midi, à Lyon, et s’est dissipé dans la soirée vers comparant les foules de Czestocho- ger, sociologue, qualifie de « socia- Lourdes les « filières parallèles » de secteur géographique dont il a la 21 heures. A Mulhouse, la pollution atmosphérique due aux particules wa et de Longchamp. bilité pèlerine ». Celle-ci s’exprime formation des prêtres, selon l’ex- charge. En réalité, c’est tout un fines en suspension dans l’air a dépassé, lundi, le seuil d’information des L’épiscopat ne verse pourtant pas par des formes de présence en des pression de Mgr Georges Gilson, le fonctionnement monolithique, au- populations (80 microgrammes par mètre cube). dans le triomphalisme. Il se de- lieux privilégiés (monastères, pèleri- président de la commission des mi- tour des piliers traditionnels (la pa- a OURS : les deux oursons orphelins de l’ourse slovène Mellba, intro- mande plutôt comment transfor- nages), à l’occasion d’événements nistères ordonnés. Ces filières se roisse, les mouvements, le sémi- duite en 1996 dans les Pyrénées et abattue fin septembre par des chasseurs mer cette mobilisation de jeunes, exceptionnels et émotionnels. A développent autour de communau- naire), qui se trouve aujourd’hui français, ont été adoptés par leur congénère Giva et leur vie ne semble plus dont il n’ignore pas le caractère par- suivre la sociologue, les jeunes se- tés nouvelles (comme celle des menacé par la montée d’affinités en danger, a annoncé, lundi 3 novembre, le gouvernement de la Generali- tiel et éphémère, en engagement raient venus à Longchamp moins frères de Saint-Jean) ou d’évêques électives dans un catholicisme de tad de Catalogne. Cinq chasseurs qui traquaient un cerf, dimanche, sur le volontaire et durable dans l’Eglise. pour témoigner d’une identité ca- conservateurs comme Mgr Léonard plus en plus « self-service ». versant espagnol des Pyrénées, ont aperçu Giva en compagnie des deux Les observateurs les plus réalistes tholique que pour vivre un événe- à Namur (Belgique) ou Mgr Ba- oursons orphelins de Mellba, dont on était sans nouvelles depuis le 19 oc- s’interrogent sur l’écart croissant ment à la dimension planétaire, re- gnard, de Belley (Ain), fondateur du H. T. tobre. entre les formes traditionnelles haussé par la personnalité d’appartenance à l’Eglise catholique exceptionnelle d’un pape qu’ils ap- et les attentes qui s’expriment dans plaudissent sans adhérer à toutes toute une partie de la jeunesse, ses idées. croyante ou non. Pour l’avenir, la question est donc Déjà, lors de la préparation des de savoir comment les évêques JMJ, un désaccord avait opposé les vont « gérer » des formes d’adhé- représentants des réseaux histo- sion au catholicisme, qui sont de riques aux partisans d’un « marke- plus en plus précaires et plurielles, ting » direct et large auprès des dans la jeunesse et au-delà. L’his- jeunes. Le résultat a donné raison toire et le droit de l’Eglise ont pré- aux derniers et le conflit s’est aggra- paré l’appareil clérical à une gestion
COMMENTAIRE d’être à nouveau imposé à l’en- semble des travaux de Lourdes, se- « COMMUNICATION » lon une disposition qui est loin de faire l’unanimité chez les évêques et ET HUIS CLOS n’a jamais été mise aux voix. La crainte des « réductions » média- L’assemblée des évêques va s’in- tiques est devenue le parfait alibi terroger à Lourdes, pour la première d’un huis clos qui est une régression fois depuis 1980, sur un sujet capital par rapport à la pratique antérieure. pour l’image de l’Eglise : sa commu- L’embellie entre l’Eglise et les mé- nication et ses rapports avec les mé- dias, constatée lors des Journées dias. Le débat est étalé sur deux ans mondiales de la jeunesse, aura donc et commence prudemment par un été de courte durée. Faut-il en dé- « inventaire ». Mais voudrait-elle duire que seule la médiatisation de contredire les plus beaux discours rassemblements consensuels autour sur son ouverture à la société et sa du pape – commentés par des confiance dans les médias que la hié- prêtres et même un évêque rarchie catholique ne s’y prendrait « consultants » – est jugée conve- pas autrement. nable et que les professionnels, Non seulement ce débat sur la curieux des débats internes à l’Eglise, communication n’a été précédé sont priés de changer de métier ? d’aucune consultation de profes- sionnels. Mais un strict huis clos vient Henri Tincq
Des « comités locaux d’éducation » prépareront la carte scolaire LE RÈGNE de la calculette pour fin d’année scolaire et après la ren- déterminer les ouvertures et les fer- trée pour établir un bilan. Les comi- metures de classes à l’école pri- tés devront, à la demande de la mi- maire est révolu. Il faudra tenir nistre, disposer de tous les compte de critères qualitatifs, et éléments démographiques, sociaux, non plus seulement du nombre voire économiques, qui permettent d’élèves, pour élaborer la carte sco- de prévoir les évolutions locales, laire. Ce changement de méthode, ainsi que des orientations éduca- promis par Ségolène Royal au mo- tives nationales. ment où elle annonçait la réouver- Deux priorités sont confirmées ture de huit cents classes pour la pour la préparation de la rentrée rentrée (Le Monde du 27 août), 1998 : les secteurs ruraux, où un ef- vient d’être précisé par la ministre fort particulier de regroupement déléguée aux enseignements sco- pédagogique entre communes a été laires dans une circulaire aux ins- accompli, et les zones urbaines dif- pecteurs d’académie en date du ficiles. « Les moyens seront répartis 28 octobre. (...) sans critère rigide de moyenne Des comités locaux d’éducation, départementale », précise la cir- composés d’une vingtaine d’élus lo- culaire. De plus, un effort parti- caux, parents d’élèves, directeurs culier est demandé pour accueillir d’école et enseignants, se concerte- les enfants de moins de trois ans à ront trois fois par an, sous la res- l’école maternelle dans les zones ponsabilité des inspecteurs. Sans se défavorisées, comme prévu dans la substituer aux instances officielles loi d’orientation de 1989. que sont les comités techniques pa- Sur ces critères, Ségolène Royal ritaires départementaux (CTPD) et avait annoncé 815 ouvertures de les conseils départementaux de classes pour la rentrée et 447 réou- l’éducation nationale (CDEN), les vertures, dont les académies de nouveaux comités créés par Créteil (109 classes) et de Lille Mme Royal, « informels » et (104 classes) avaient été les plus « consultatifs », travailleront en grandes bénéficiaires. Un tiers des amont pour préparer les décisions réouvertures concernait les mater- de réorganisation de la carte sco- nelles et deux tiers les écoles élé- laire. mentaires. Pour la préparation de la Ils seront consultés avant les prochaine carte, que Mme Royal au- CTPD et les CDEN du début de ra à gérer entièrement, la ministre a l’année civile, lorsque sont prises assuré qu’elle participerait « à plu- les premières décisions d’ouverture sieurs comités locaux d’éducation ». et de fermeture de classes, au prin- temps avant les réajustements de Béatrice Gurrey LeMonde Job: WMQ0511--0014-0 WAS LMQ0511-14 Op.: XX Rev.: 04-11-97 T.: 10:15 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0484 Lcp: 196 CMYK
14 LE PROCÈS PAPON LE MONDE / MERCREDI 5 NOVEMBRE 1997 Maurice Papon affirme avoir été « choqué » par les lois anti-juives Directeur de cabinet de Maurice Sabatier lorsque celui-ci est nommé secrétaire général de l’administration au ministère de l’intérieur, il affirme avoir accompli, en 1941, un « acte anti-allemand » en acheminant clandestinement du courrier entre les deux zones
BORDEAUX de questions. » Maurice Papon ne début de procès, de l’amitié des Mais le magistrat devient plus cer, pour resituer son parcours les pièces n’ont pas été versées et de notre envoyé spécial revient pas sur ce point. Il est deux hommes]. Mais je ne m’oc- direct. « Lorsque les fonctionnaires dans le temps : qu’il avait adhéré brandissent quatre « pelures » Bon pied, bon œil. Après quatre maintenant 18 heures. L’ancien cupais pas du courrier concernant étaient nommés à ce moment-là, avant guerre à la Ligue d’action d’époque, des copies de corres- heures et demie de débats autour ministre est debout, une main l’Algérie. Sabatier, par ses origines n’étaient-ce pas la preuve d’une universitaire républicaine et socia- pondances entretenues entre juin de la déposition de l’historien dans la poche, micro ajusté au [NDLR : né à Oran], voulait être en adhésion à Vichy ? » L’accusé hé- liste présidée par Pierre Mendès et septembre 1941 entre l’amiral Jean-Pierre Azéma, Maurice Pa- bout des doigts, s’éclaircissant la prise directe sur ces questions-là. » site à répondre. Puis marmonne à France et où il a eu « l’honneur de Darlan, alors vice-président du pon se lève, lundi 3 novembre, voix. L’ancien haut fonctionnaire Le président Castagnède fait côté du sujet. Enfin finit par dire : connaître Georges Pompidou » ; Conseil, et Maurice Sabatier, agis- pour répondre à l’invitation du de Vichy s’explique sur son par- mine d’être surpris. Maurice Saba- « La logique le voudrait. » A cet que, entre 1938 et 1940, il a partici- sant pour le compte du secrétaire président Jean-Louis Castagnède. cours au sein de l’administration tier, par ses fonctions, supervisait instant, Maurice Papon fait pivo- pé au Jacobin, un hebdomadaire d’Etat à l’intérieur. Le rituel, désormais, est im- vichyssoise entre 1940 et 1942. Dé- la direction des cultes et de l’Algé- ter son fauteuil et manque de s’af- « par excellence contre le pacte de Le président lit alors les lettres muable. L’ancien ministre pose sa mobilisé en 1940 alors qu’il se rie. Maurice Papon n’a-t-il pas eu à faisser. Le président lui suggère de Munich » ; et que, en 1939, il a relatives à « l’acheminement clan- main gauche sur la tige du micro, trouvait en Syrie, Maurice Papon a connaître, en ce cas, la prépara- s’asseoir. « Non, non. Je vous re- abrité un camarade juif autrichien destin de correspondance privée et, lentement, très lentement, se intégré le ministère de l’intérieur à tion de l’arsenal législatif antisé- mercie de votre sollicitude. » Puis qui s’était exilé après l’Anschluss. entre les deux zones imputé à dresse face à ses juges, avant de son retour en France comme chef M. Maurice Papon », signalé par lâcher de sa voix feutrée par l’âge : de bureau à la sous-direction des « BLESSÉ PERSONNELLEMENT » les Allemands, qui constitue, selon e « Je n’ai pas d’observation sur le té- affaires départementales et Henri Amouroux porte plainte contre M Boulanger Maurice Papon reprend. « Cela les services de l’amiral Darlan, un moignage, auquel j’adhère à 80-90 communales. Elevé au grade de me permet donc de vous répondre « grave danger [pour] le gouverne- pour cent. Vous m’avez invité à dé- sous-préfet en février 1941, il a em- L’écrivain et journaliste Henri Amouroux a annoncé son intention que, par mon itinéraire politique, ment lui-même », ainsi que la ré- crire la période de 1940 à 1942, et, prunté, en mars, le sillage de Mau- de porter plainte en diffamation contre l’avocat Gérard Boulanger de toute évidence, cette législation ponse de Maurice Sabatier. «Un sur cela, je suis naturellement à rice Sabatier, dont il est le direc- qui l’a, estime-t-il, « déshonoré » lors de l’audience du procès Papon, vichyssoise m’a non seulement cho- acte de résistance ? », questionne votre disposition. » teur de cabinet, lorsque celui-ci est vendredi 31 octobre. Me Boulanger, avocat des parties civiles, avait qué, mais même blessé personnelle- le président. « Il faut appeler les C’est tout. Où donc peuvent nommé secrétaire général de l’ad- affirmé que M. Amouroux avait été « frappé d’une peine de six mois ment. Par réaction intellectuelle, choses par leur nom. Un engage- bien résider les 10-20 pour cent ministration au ministère de l’inté- de suspension » de sa carte de journaliste, en 1949, pour avoir travail- mais aussi affective, car (...), à côté ment antiallemand, dont d’ailleurs susceptibles de marquer une dif- rieur. Maurice Sabatier et Maurice lé, pendant l’Occupation, pour le journal collaborationniste de Bor- de moi, il y avait mon ami Maurice malheureusement je ne me suis pas férence d’interprétation ? L’ancien Papon quitteront Vichy pour Bor- deaux La Petite Gironde. Affirmant que M. Amouroux avait participé, Lévy. La législation antijuive a dé- débarrassé, et je le regrette. » secrétaire général de la préfecture deaux en mai-juin 1942, respecti- entre 1942 et 1944, à « des séances quotidiennes à la Propaganda terminé notre position vis-à-vis de Bertrand Favreau, avocat de la de la Gironde ne le dit pas. Est-ce vement nommés préfet régional et Staffel », l’avocat a déclaré que l’écrivain-journaliste avait écrit son Vichy. Nous avons pris nos distances partie civile, s’inquiète de savoir sur cette réflexion que l’accusé secrétaire général de préfecture. livre, Quarante millions de pétainistes, « pour se sentir moins seul ». avec la Révolution nationale. Avec pourquoi tout cela ne figure pas écouta en fronçant les sourcils et lui, nous n’avons pas attendu qu’il y au dossier. « J’en avais parlé briè- en glissant sa main gauche en cor- MAQUIS DES SERVICES ait des mouvements de résistance. vement au magistrat instructeur, net à l’oreille ? A un avocat de la Le président Castagnède, avec mite spécifique en vigueur en Al- l’accusé demande s’il peut « reve- Nous avons essayé de bâtir quelque mais je n’en fais pas de drapeau. partie civile qui lui demandait si grande prudence, essaie de distin- gérie ? « Nous n’avions aucun nir sur trois points » qui lui « pa- chose... C’est dans ces conditions C’est M. Sabatier qui m’a remis à un fonctionnaire avait, au mo- guer la réalité qui se cache derrière pouvoir hiérarchique sur le gouver- raissent importants parce qu’ils que j’ai fait l’expérience de ma pre- l’époque ces doubles de lettres. » ment des déportations, conscience le maquis des services administra- nement général de l’Algérie, aucun marquent les bornes d’une fidélité mière erreur... » Alors, dans la confusion, une de ce qu’il faisait, Jean-Pierre Azé- tifs de l’époque, où Maurice Papon pouvoir de contrôle (...). Bien sûr, idéologique à partir de 1942 ». Une erreur ? La cour est éton- montagne de questions semblent ma répondait. « Je suppose que ce- nage, encore aujourd’hui, comme j’étais au courant, comme tous mes « Sans difficultés », répond le pré- née. « En 1941, je me suis fait épin- poindre du côté du parquet géné- la devait faire un choc. [Avec les un poisson dans l’eau. « Vous étiez collègues, comme Maurice Lévy. sident, qui veut néanmoins maîtri- gler par le gouvernement français ral, qui annonce qu’il s’apprête lui rafles et les déportations], on directeur de cabinet de Maurice Sa- Mais à aucun moment je n’ai été ser ses questions et différer les pour une affaire de courrier clan- aussi à verser de nouvelles pièces. change de vitesse, on est sur une batier... » « C’est un titre un peu l’ouvrier de cet ouvrage. » Le pré- trois points. destin que j’avais organisé entre les Mais il se fait tard. Et le président autre planète. Quand on enlève les pompeux, disons que j’étais comme sident reconnaît volontiers qu’au « Comment avez-vous vu le pre- deux zones. Sabatier m’a sauvé d’un Castagnède suspend les débats, enfants à leur mère, quand on voit son secrétaire. Je m’occupais du vu du dossier d’instruction, le ser- mier statut des juifs ? », demande- premier désastre. D’ailleurs, les ordonnant une reprise exception- dans quelles conditions... Même si courrier. » L’ancien haut fonction- vice où officiaient MM. Sabatier et t-il. « Je vous répondrai, mais, juste- lettres de Darlan sont au dossier. » nelle, mercredi, en matinée, pour on ne savait pas ce qui se passait à naire précise : « J’avais comme ad- Papon était « une institution tech- ment, cela me donne l’occasion de Mais le président n’a pas connais- tenir son calendrier. Auschwitz-Birkenau, on pouvait au joint Maurice Lévy [un fonction- nique (...) sans caractère poli- revenir sur ces trois points », re- sance de cet élément. Les avocats moins se poser un certain nombre naire dont un frère a témoigné, en tique ». prend l’ancien ministre. Et d’énon- de Maurice Papon confirment que Jean-Michel Dumay Les préfets étaient « des vice-rois qui régnaient dans les départements », selon Jean-Pierre Azéma BORDEAUX cations et le pouvoir, des vice-rois lon son expression, de la déporta- 1942 – le sabordage de la flotte à magne que des bras pour le ser- témoin brosse alors le tableau de de notre envoyé spécial qui règnent dans les départements tion des juifs ? L’historien rap- Toulon, la perte de l’empire et de vice du travail obligatoire (STO), l’« évolution de l’opinion » sous Il a soixante ans, un costume de français. » Puis il décortique les pelle l’engrenage de la l’Algérie – : Vichy apparut pro- puis « des hommes, des femmes et l’Occupation. Il affirme que les velours marron, une écharpe, un ferments qui sous-tendent l’idéo- collaboration, « qu’Hitler ne vou- gressivement comme « un roi des enfants juifs ». rafles de 1942 – 42 000 juifs dépor- pull à col roulé. Enseignant à l’Ins- logie pétainiste de la « Révolution lait pas », et les événements de nu », n’ayant à offrir à l’Alle- Mains agrippées à la barre, le tés cette année-là, dont 10 500 is- titut d’études politiques de Paris, nationale » : le refus de l’indivi- sus de la zone sud non occupée – l’historien Jean-Pierre Azéma dé- dualisme, le goût des élites, l’anti- « vont choquer » et provoquer pose deux heures durant sans être intellectualisme, l’anti-industria- « un net sursaut ». « La police a interrompu, lundi 3 novembre, lisme, la primauté des bonnes manifesté un grand zèle pour arrê- devant la cour d’assises de la Gi- mœurs, le nationalisme jacobin. ter les juifs étrangers. Les fichiers ronde. Comme pour Robert Pax- étaient très bien tenus. La respon- ton, chacune de ses paroles est « APARTHEID À LA FRANÇAISE » sabilité des préfets est lourde. L’ad- précieusement consignée, en Cette France nouvelle, explique ministration a fait preuve d’une ef- notes, par la cour et les jurés. l’historien, cloue au pilori l’« en- ficacité redoutable. » Et de citer les « En historien », Jean-Pierre nemi intérieur », l’« anti-France », couleurs, bleue, jaune, utilisées, Azéma pointe tout d’abord deux qui rassemble, dans une même ou les quatre entrées du fichier de pièges, qu’il veut éviter : l’« ana- exclusion, « protestants, francs- la préfecture de police de Paris : chronisme » et l’« effet pervers du maçons, métèques et juifs ». Cette 600 000 noms répertoriés par balancier de la mémoire ». Puis, conception, dit-il, engendre une ordre alphabétique ou par rues, fort de cette mise en garde, il véritable législation d’« apartheid professions ou nationalités. aborde le fond : le « trauma- à la française », aboutissant, sous tisme » de la défaite de 1940 assi- la houlette du garde des sceaux « UNE QUESTION PARMI D’AUTRES » milé à « la plus grave crise d’identi- Raphaël Alibert, au premier statut Sur ces éléments de contexte, té nationale du XXe siècle », la des juifs du 3 octobre 1940. l’historien veut apporter « quel- confiance populaire dans le maré- Mais Jean-Pierre Azéma met en ques points de repère par rapport chal Pétain, l’instauration d’un garde. « Si la conception du monde aux préfectures ». « régime autoritaire », le « calcul allemande est raciale, affirme-t-il, « Les préfets ont considéré la géopolitique » de la collaboration celle de Vichy ne l’est pas. La ques- question juive, certes comme une d’Etat. tion juive n’est pas centrale, elle est question épineuse, mais comme « L’administration est enfin un dossier parmi d’autres. Apar- une question parmi d’autres », dit- seule. Elle a un pouvoir incontes- theid, ségrégation, oui ; extermina- il. « Le corps préfectoral était dé- table, remarque-t-il. C’est une belle tion, non. » Comment les gouver- chiré : comment vivre avec l’ennemi époque pour les fonctionnaires. nants qui prônaient l’exclusion dans un régime autoritaire ? » Se- Celle de la montée des préfets, des politique, économique et sociale lon lui, il n’existait que peu de fonctionnaires particulièrement des juifs se sont-il faits les préfets collaborationnistes – une choyés par les honneurs, les gratifi- « complices avérés, patents », se- vingtaine – et peu de résistants. « La majorité était entre les deux », composant « une série d’attitudes dans l’accommodation ». Portrait d’une administration sur fond d’Occupation Puis il décrypte la complexité du vocable « résistants » : « des CERTAINS PROCÈS pour toire de Vichy. Pourtant, le rôle à libérés, par la suppression du Par- couvre ici – et légitime peut-être – de proscription. Au-delà d’une gaullistes gaulliens, des commu- crimes contre l’humanité laissent la fois néfaste et stratégique du lement, du contrôle des élus. Mais une bien réelle épuration. continuité administrative cho- nistes, des individuels à la tête de une œuvre de référence. De celui fonctionnaire, neutre et efficace à la période technocratique corres- Dès le 17 juillet 1940, les em- quante entre l’Occupation et la Li- grands réseaux et des vichysto-ré- d’Eichmann, en 1961, était né le la fois, dans les atrocités de la se- pond surtout à celle de Darlan plois publics sont ainsi interdits à bération, dont les indulgences ont sistants ». Il s’attarde sur cette fameux Rapport sur la banalité du conde guerre mondiale n’avait (décembre 1940-avril 1942). Marc- tous ceux qui ne sont pas nés de été souvent dénoncées – le reclas- dernière catégorie, dont «on mal de Hannah pas manqué d’être souligné par Olivier Baruch suit l’évolution de parents français. L’hérédité fait sement de Maurice Papon en parle trop, parce que tout le monde Arendt. De les historiens. On se souvient par l’administration tout au long de une entrée spectaculaire dans une offre un exemple criant –, l’étude veut en être ». A titre d’illustra- ceux des exemple comment Raul Hilberg – cette séquence courte mais mou- loi et une administration fran- de Marc-Olivier Baruch révèle le tion, il dresse un portrait-robot du tueurs de juifs relayé par le film Shoah de Claude vementée. Du coup, son livre de- çaises jusque là, au moins théo- contre-modèle de ce que devrait président François Mitterrand, du 101e batail- Lanzmann – avait mis en lumière vient une véritable histoire de Vi- riquement, gouvernées selon les être une fonction publique dans qu’il ne cite pas nommément, lon de la police la fonction remplie par les admi- chy vue par le bas. principes de l’égalité et de la li- une société régie par les droits de mais que tout le monde re- allemande, Les nistrations des chemins de fer berté des individus. La prise en l’homme. connaît : un homme qui, en 1942, Hommes ordi- dans le processus de mise à mort NOUVELLE FIGURE compte de l’origine s’impose éga- En cela aussi réside l’actualité se vit proposer une place au naires de des juifs d’Europe. Le régime de Vichy invente une lement avec le statut des juifs de cet ouvrage, que renforce commissariat général aux ques- Christopher Browning. A celui du L’étude des archives de trois nouvelle figure de fonctionnaire, d’octobre 1940, qui aboutit au re- l’analyse détaillée des projets, y tions juives qu’il refusa, au profit grand commis Maurice Papon ministères – l’intérieur, les fi- très politisé, qui ne se réduit pas lèvement de près de 3 400 fonc- compris constitutionnels, classés d’un poste au commissariat géné- s’attachera sans doute le travail nances et l’éducation – et une au simple technicien. Un brillant tionnaires. sans suite, comme ceux des gou- ral au reclassement des prison- magistral de Marc-Olivier Baruch, somme impressionante de lec- commentateur juridique du statut Comme le montre Marc-Olivier verneurs d’éventuelles provinces niers de guerre [NDLR : dont il cité comme témoin à Bordeaux : tures ont permis à Marc-Olivier des juifs, Maurice Duverger, en Baruch, la routine de l’exclusion ressucitées. Dans ce « Vichy vir- démissionna en janvier 1943]. «Ce Servir l’Etat français ; l’administra- Baruch – lui-même haut fonction- fournit en 1941 une définition as- fonctionnera jusqu’au bout. tuel » se lisent les intentions à refus lui a permis ensuite de sauter tion en France de 1940 à 1944 naire d’une quarantaine d’années sez claire : le fonctionnaire de L’épuration touchera aussi les long terme d’un régime qu’on au- le pas et de devenir un vichysto-ré- (Fayard, 180 F). – de dresser un portrait global du type nouveau doit être conforme francs-maçons, dont des listes de rait bien tort de ne considérer que sistant. » Sur le cas précis de l’an- Ce livre de plus de sept cents fonctionnement de l’administra- « au caractère autoritaire et au ca- noms – véritable entreprise de dé- sous sa face rassurante de « pé- cien président, l’historien ajoute : pages comble avant tout une la- tion sous l’Occupation. Robert ractère organique du nouveau ré- lation officielle – sont régulière- taudière », selon l’expression de « authentique ». cune : avec l’économie, l’adminis- Paxton avait déjà évoqué dans sa gime politique instauré à la suite de ment publiées dans le Journal offi- François Mitterrand. tration était longtemps demeurée France de Vichy la jubilation des la révolution de 1940 ». Le phrasé ciel : 18 000 personnes seront J.-M. Dy une « terre inconnue » de l’his- technocrates « enfin seuls », enfin lisse du positivisme juridique re- victimes de cette forme moderne Nicolas Weill Dessin : Noëlle Herrenschmidt LeMonde Job: WMQ0511--0015-0 WAS LMQ0511-15 Op.: XX Rev.: 04-11-97 T.: 09:54 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0485 Lcp: 196 CMYK
CARNET LE MONDE / MERCREDI 5 NOVEMBRE 1997 / 15
DISPARITION Edmond de Rothschild La passion de la banque
« UN ROTHSCHILD qui n’est pas baron, de 1977 à 1993. En France, Guy, père de David et Edouard de Actif dans l’industrie, le baron groupe a des participations signifi- pâlir la réputation des Rothschild. riche, pas juif, pas philanthrope, pas Edmond de Rothschild présidait la Rothschild. En France, la Compa- avait occupé plusieurs sièges d’ad- catives dans le Club Med, Bolloré, Passionné de voile, il avait plusieurs banquier, pas travailleur, et qui ne Fondation ophtalmologique gnie financière, qui porte au- ministrateurs, dont certains sont Dauphin ou la radio BFM. En af- bateaux très racés. Passionné d’art, mène pas certain train de vie, ce n’est Adolphe-de-Rothschild, un hôpital jourd’hui son nom et celui de son aujourd’hui échus à son fils. Il était faires, il savait aussi reconnaître ses il a laissé au Musée du Louvre – en pas un Rothschild », se plaisait à dire bâti à Paris par son grand-oncle, fils et successeur Benjamin, a obte- administrateur du Club Méditerra- erreurs, comme la liquidation de la dation pour acquitter des droits de le baron Edmond de Rothschild (Le était trésorier de l’Institut de biolo- nu le statut de banque en 1970. née, qu’il aida à démarrer. Il avait Compagnie général du jouet au dé- succession – un ensemble de Monde du 2 juin 1992), mort dans la gie physicochimique, créé par son Contrairement à l’Européenne de coutume de raconter, lorsqu’il a mi- but des années 80. « Il avait mis un meubles du XVIIIe siècle, une étude nuit du 2 au 3 novembre à l’âge de grand-père, était vice-président des banque, la banque de Guy, elle a sé sur Gilbert Trigano, qu’il avait au point d’honneur à payer tout le de Watteau, deux dessins de Frago- soixante et onze ans, des suites Villages de santé et d’hospitalisa- échappé en 1981 à la nationalisa- même moment investi dans les monde rubis sur l’ongle », se sou- nard et le Déjeuner de chasse, de d’une longue maladie. tion en altitude, ou encore présidait tion. Solidaire, Edmond n’a pas hé- grands magasins Inno, en guise de vient un banquier. Et, surtout, il Jean-François de Troy. Passionné de « Je garde surtout le sentiment que l’Œuvre de protection des enfants sité à aider son jeune cousin David parachute s’il devait perdre son pari avait veillé personnellement à la re- vin de Bordeaux, il a redressé le c’était un grand monsieur sur le plan juifs. à recréer, dans les années 80, une sur le Club Med. C’est exactement conversion des mille deux cents sa- château Clarke. Sa deuxième humain. Il considérait qu’à cause de Banquier, il l’était passionnément. banque qui devait devenir Roth- l’inverse qui s’est produit ! Il siégeait lariés du groupe. épouse, l’actrice Nadine Tellier, au- son nom il avait des devoirs envers la Il avait acheté en 1965 la Banque schild et Cie Banque. Il avait moins également aux conseils du groupe Ses affaires se sont également dé- teur de La Baronne rentre à 5 heures, société et non des droits », estime privée à Genève, qui reste l’un des apprécié l’alliance de David et de Hachette, du diamantaire De Beers veloppées en Israël, à qui il avait fait avait enfin largement popularisé un Bernard Esambert, qui a dirigé la pôles important de gestion privée leur cousin Evelyn, qui dirigeait la Consolidated Mines Ltd, de la un don de 2 millions de dollars au certain art de vivre. Compagnie financière Edmond de de son groupe, au baron Van Zuy- célèbre banque d’affaires londo- Compagnie luxembourgeoise de té- moment de la guerre du Kippour. Rothschild, la banque créée par le len, le beau-frère de son cousin nienne NM Rothschild. lédiffusion, et de Publicis. Son Son train de vie, enfin, n’a pas fait Sophie Fay
AU CARNET DU « MONDE » – Colette Cœlo, – Mme Renée Derogy-Weitzmann, – Mme Pierre Wiehn, Communiqués Communications diverses Serge Issa et Anne Cœlo Mme Jacqueline Weitzmann, M. et Mme André Wiehn Naissances et leurs enfants, M. et Mme Pierre-François Weitzmann, et leur fils, – Toutes personnes intéressées aux – Le CBL, 10, rue Saint-Claude, Jean-Claude et Jeannine Cœlo Mme Marianne Weitzmann, Les familles Wiehn et Arbogast, opérations de partage de la succession de Paris-3e, s’associe et invite tous ses Lara SWEERTVAEGHER et leurs enfants, M. Jean Weitzmann, ont la douleur de faire part du décès de membres au deuxième anniversaire de la et Delphine Graulle, Marine, Laura, Tristan, Léa et Ophélie, mort de Y. Rabin avec la Fred BÉNARD me Lucette Olier, M. et M Serge Weitzmann M. Pierre WIEHN, Helen Germaine Fondation Jean-Jaurès : Maison de la sont heureux d’annoncer la naissance de et leurs enfants, chimie, 28, rue Saint-Dominique, ses enfants et petits-enfants, inspecteur général honoraire RUDE-HANSEN, Mme Janine Loiseau de l’administration, Paris-7e, le jeudi 6 novembre, à 20 h 30, Chantal Graulle Joséphine, et ses enfants, commandeur de la Légion d’honneur, avec G. Collomb, E. Barnavi et un docu- et ses enfants, domiciliée : le 30 octobre 1997, à Paris. Jacques et Isabelle Vichniac, ment de la TV d’Israël. Tél. : Sa famille du Tchad, Jacques et Geneviève Caen, survenu le 29 octobre 1997, dans sa Hoffmanns Minde, 01-40-72-21-21. Ses parents et alliés, Les familles Montel, Doubrovsky et quatre-vingt-dixième année. Frederikssundsvej 227, Ses nombreux amis, Chicken, Décès ont la douleur de faire part du décès ont l’immense douleur de faire part du Les obsèques ont eu lieu dans l’intimité DK-2700 Bronshaj, – Yves et Edith Archambault, accidentel de décès de familiale, le 31 octobre, à Saintes. Danemark, – Maison de l’hébreu: Odile Archambault, 01-47-97-30-22. Lire en deux heures, Sabine et Bernard Gaucher-Piola, Serge CŒLO, Jacques DEROGY, Gatérat, née le 21 décembre 1910, maîtriser le langage biblique ou parler chevalier de l’ordre national route de Marennes, israélien en dix séances (ou à Chantal et Jacques Lafond-Grellety, CPR no 211210-0248 Patrick et Françoise Archambault, du Mérite, leur époux, père, grand-père, frère, beau- 17100 Saintes. distance). Stages individuels du profes- Brigitte et Christian Marly, frère, oncle, parent et allié, et décédée seur Jacques Benaudis. Rémi et Frédérique Archambault, survenu à Paris, le 28 octobre 1997. survenu le 30 octobre 1997, à Neuilly. le 21 avril 1997, Caroline et Mourad Lounis, – Mme Suzanne Zémor, Sylvie et Léopold Brugerolle, La cérémonie religieuse sera célébrée L’inhumation aura lieu le mercredi M. et Mme Maurice Zémor, ses enfants, le jeudi 6 novembre, à 15 heures, en 5 novembre, à 15 heures, au cimetière du Arlette et Charles Zémor, fille de M. Christian Freeden Ses nombreux petits-enfants l’église Notre-Dame-de-l’Assomption de Montparnasse (boulevard Edgar-Quinet, Laurence et Bruno Zémor, Alex Rude-Hansen, Soutenances de thèse et arrière-petits-enfants, Passy, 88, rue de l’Assomption, Paris-16e. Paris-14e), où l’on se réunira. Nathalie Holzman, né le 21 juin 1885, en Chine, Leurs familles, – David Alis a soutenu, le 25 octobre Les familles Guiraud, Ozanam, Mace, décédé le 11 février 1964, 1997, sa thèse de doctorat en sciences de Stouff, Archambault, et Auby, L’inhumation aura lieu au cimetière de 37, avenue de la Grande-Armée, ont le regret de faire part du décès de au Danemark, gestion à l’IAE d’Aix-en-Provence sous ont la tristesse de faire part du décès de Colombier-le-Jeune (Ardèche). 75116 Paris. le titre : « Conflits de rôle et régulations (Le Monde du 1er novembre.) Albert ZÉMOR. et de Mme Laetitia Jeanne Marie autonomes du personnel en contact me Valentine Hansen, avec la clientèle : le cas des agents M Henri ARCHAMBAULT, me Les obsèques ont eu lieu dans l’intimité née Colette GUIRAUD, – Le professeur Raoul Tubiana et M , née le 31 mars 1890, généraux d’assurances ». Le jury, née Claude Delay, – Pierre Grise Productions des familles, le 3 novembre, à composé de Mme Bartoli et MM. De- Mme Florence Delay et M. Maurice & Archipel 33 Montpellier. à Ajaccio, Corse, France, survenu le 30 octobre 1997. bruyne, Langeard, Louart, Peretti, Roger Bernart, ont le profond regret de faire part du décédée le 4 mars 1973, et Thévenet (directeur de recherche), lui a Cet avis tient lieu de faire-part. Les obsèques ont eu lieu le lundi Mr. Richard Scott et Mrs, née Isabelle décès de au Danemark, décerné à l’unanimité la mention « très 3 novembre, en la chapelle Notre-Dame- Baillén, honorable » avec les félicitations. Mlle Alexandra Baillén, George REINHART, de-Salut, à Bordeaux-Cauderan. sont invités à envoyer dans le mois qui Mlle Maria Baillén, Anniversaires de décès 39, rue Frantz-Malvezin, me survenu brutalement le 25 octobre 1997, suit leur demande à l’étude de notaire M. et M Herbert Peipers-Carrez, mentionnée ci-dessous avec preuve de 33200 Bordeaux. lle dans sa cinquante-cinquième année. – Il y a trois ans, le 4 novembre 1994, M Jeanne Peipers, disparaissait le liens de parenté. – Marie-France Dietsch-Sellami a soutenu, le 31 octobre 1997, à l’université ont la douleur de faire part du rappel à Ses amis se réuniront le dimanche – Claude et Hélène Burstein, Dieu de Paris-X-Nanterre, sa thèse : « Milieux 9 novembre, à 19 heures, au Musée de la professeur Paul LAGET. Birgitte Arnfred humides pré- et protohistoriques dans leurs enfants et petits-enfants, photo de Winterthur (Suisse), afin de lui Les familles Burstein, d’Oliveira, Mme Jean DELAY, Hammerensgade 1 le Bassin parisien : l’étude des rendre un dernier hommage. Une pensée est demandée à ceux qui diaspores ». Elle a obtenu la mention Stockman, Strygler et Toffin, née Marie-Madeleine CARREZ, sont restés fidèles à son souvenir. DK-1267 Copenhague K ont la douleur de faire part du décès de « très honorable » et les félicitations du er Danemark. jury à l’unanimité. à Paris, le 1 novembre 1997. – Mme Annie Roques, Jacques BURSTEIN-FINER, Sa famille, – Le 5 novembre 1996, Tél. : 00-45-33-13-23-23. La cérémonie religieuse sera célébrée Et ses amis, Fax : 00-45-33-32-20-05. survenu le 2 novembre 1997, à l’âge de en l’église Saint-Philippe-du-Roule, ont la douleur de faire part du décès de Juliette Claire Hélène SERFATI quatre-vingt-neuf ans. 9, rue de Courcelles, le jeudi 6 novembre, Alexandre Giandou a soutenu sa à 11 heures. André ROQUES. nous quittait. thèse : « Histoire d’un partenaire régio- Les obsèques auront lieu le mercredi nal de l’Etat : la Compagnie nationale 5 novembre. L’inhumation aura lieu dans la La cérémonie religieuse aura lieu le Que ceux qui ont connu le Vous pouvez du Rhône (1933-1974) », le 29 octobre On se réunira à la porte principale du sépulture familiale à Bayonne. mercredi 5 novembre, à 13 h 45, au sourire, l’humour et la joie de vivre d’une nous transmettre 1997, à l’université Lyon-II. Il a obtenu la cimetière parisien de Bagneux, à funérarium de l’hôpital Tenon, Paris-20e. resplendissante jeune femme consacrent mention « très honorable » et les félicita- 11 heures. Cet avis tient lieu de faire-part. quelque temps à se souvenir de ce qu’elle vos annonces la veille tions du jury, composé d’Henri Morsel 70, boulevard Soult, était avant novembre 1994. (Lyon-III, directeur de thèse), Dominique 75012 Paris. pour le lendemain Barjot (Paris-Sorbonne), Jean-Paul Bra- De « Dada », vard (Paris-Sorbonne), François Caron son père, jusqu’à 16 h 30 (Paris-Sorbonne), Yves Lequin (Lyon-II) – M. et Mme Georges Schiano, pour elle. et Pierre Savey (directeur général M. et Mme Henri Canillac, honoraire de la CNR). M. et Mme Pierre Dominique Boutin, Mme Denise Schiano, – Il y a dix ans, le 4 novembre 1987, leurs enfants et petits-enfants, Les familles parentes et alliées, Geneviève TERRIOU-ROSSEL ont la douleur de faire part du décès de CARNET DU MONDE nous quittait. Mme André SCHIANO, Téléphones : née Jeanne CONTOPANOS, A tous ceux qui l’ont connue et aimée, 01-42-17-39-80 01-42-17-38-42 nous demandons d’avoir une pensée pour 01-42-17-29-96 survenu le 1er novembre 1997, à Dijon. elle. Fax : 01-42-17-21-36 Les obsèques auront lieu à Leudeville Sa famille. paraîtra exceptionnellement (Essonne), le 5 novembre, à 14 heures. REPRODUCTION INTERDITE M. et Mme Canillac, vendredi 7 daté samedi 8 novembre 45, rue de Semur, 21000 Dijon. EMPLOI SOCIÉTÉ RECHERCHE JURISTE CRÉDIT / Jean-Luc SEBERT, OFFRES DEMANDES CONTENTIEUX professeur SERVICE D’ACCOMPAGNEM. Très urgent, dame recherche à la faculté de médecine d’Amiens COMMERCIALE ENGAGE TPS VACATAIRE emploi de bureau, dactylo 7 ans expérience bancaire nous a quittés à l’âge de quarante-six ans, SÉDENTAIRE Tél. : 01-64-36-12-98. 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16 RÉGIONS LE MONDE / MERCREDI 5 NOVEMBRE 1997 Le site du château de Cheverny est menacé par un vaste projet d’axe routier La modernisation de l’« épine dorsale » nord-sud Vendôme-Blois-Romorantin a été décidée à l’unanimité par le conseil général du Loir-et-Cher. Mais ce projet controversé perturberait la quiétude d’une prestigieuse forêt et d’un édifice qui donna à Hergé l’idée de Moulinsart
BLOIS pour conserver intacts les paysages Une saignée dans les forêts et les vignes ou un « Renaissance’oscope », fi- décisions. (...) Quels que soient les de notre correspondant de vignes et de bois qui s’ouvrent nalement stoppé par le classement aboiements sur le bord de la route, la Autour du château de Cheverny, devant le château, l’allée de sapins Clénord 1 km de l’ensemble du domaine de caravane passera ! » de Nestor à la Castafiore et autres plantés sous Louis XIII, le lavoir et VENDÔME Chambord, le département s’enti- Entre fin de règne et confusion personnages d’Hergé, c’est l’union les chemins de randonnée. Projet d'axe routier cha d’une cité de l’automobile, ra- politique grandissante à l’assem- sacrée pour faire reculer les icono- D957 Vendôme-Romorantin pidement enterrée, non sans que blée départementale, les Chever- clastes qui n’ont que les mots bé- « ÉPINE DORSALE » N10 (3 ou 4 voies) D765 certains protagonistes du projet nois ne savent plus à quel saint se ton et routes à la bouche. Vaisseau C’est précisément là, à quatre n’aient laissé derrière eux quelques vouer. Doivent-ils croire les candi- classique de pierres blanches, le cents mètres des grilles du château, Cour-Cheverny ardoises discrètement épongées. dats à la succession de Roger Goe- château, autour duquel des géo- coupant d’un carrefour giratoire la Rejeté au début de l’été par les maere, qui laissent entendre que le D957 mètres s’affairent depuis quelques ligne droite de sept kilomètres qui Projet chambres consulaires du départe- projet qu’ils ont voté sera remis en jours, fut édifié au début du lui fait face, que « l’épine dorsale » Château ment, dénoncé à l’unanimité par le cause après mars 1998 ? Doivent-ils de XVIIe siècle à l’orée de la Sologne, à routière du Loir-et-Cher devrait se A10 Cheverny Cheverny comité économique et social de la s’attendre à l’ouverture de l’en- quatorze kilomètres au sud de matérialiser par une déviation à A10 N152 région, refusé par les conseils mu- quête publique et s’inquiéter Blois (Loir-et-Cher). Quelque trois quatre voies, après doublement de Allée de nicipaux des communes concer- d’avoir vu débarquer à la mi-octo- D766 Vin de cent cinquante années plus tard, la la route venant de Blois à travers la BLOIS Cheverny sapins nées, combattu par l’association lo- bre une escouade de géomètres ve- symétrie de sa façade inspira le forêt domaniale et la construction AOC Golf cale pour la protection des sites (six nus piqueter le tracé retenu ? Ou père de Tintin pour créer Moulin- d’un viaduc sur le Beuvron, petit D765 cents adhérents, mille deux cents leur faudra-t-il lâcher sur Blois les D956 sart, demeure des ancêtres du capi- affluent de la Loire au cours buco- pétitionnaires), le projet routier soixante-dix chiens de la meute en taine Haddock. Somptueusement lique. N152 continue pourtant de suivre son regrettant, sinon le temps des rois, e ir meublé, ce haut lieu de la chasse à Cet axe routier est le grand pro- o cours. Avec un président du conseil du moins celui d’avant la décentra- L CHEVERNY courre est le troisième monument jet du conseil général de Loir-et- 5 km Vers Romorantin général capable de se fâcher tout lisation ? privé de France en termes de fré- Cher et de son président, Roger rouge : « Quand on a les leviers de quentation : trois cent cinquante Goemaere (RPR). Il s’agit de mettre commande en main, on prend des Jacques Bugier mille visiteurs en 1996. Resté dans à trois ou quatre voies, selon les té économique et social de la ré- plan quinquennal « Loir-et-Cher la même famille depuis les origines, tronçons et selon... les déclarations, gion Centre, estime que le parti pris 2000 », qui engage 800 millions de Cheverny règne toujours sur un la liaison Vendôme-Romorantin via retenu au sud de Blois « serait un francs d’investissements sur la domaine boisé de plus de deux Blois. D’une sous-préfecture à non-sens économique, une aberra- période, dont 550 millions pour la Lionel Jospin définit les priorités mille hectares que seul écorne au- l’autre et, au-delà, de l’axe Le tion en termes de sécurité routière, seule « épine dorsale du départe- jourd’hui un golf de dix-huit trous, Mans-Tours au nord à la future au- sans parler des atteintes liées au site, ment », moyennant une augmenta- entre futaies, taillis et paisibles toroute A 85 (Tours-Vierzon) au inévitables dans ce milieu fragile ». tion annuelle de 3 % de la fiscalité de l’aménagement du territoire étangs. sud, sur quatre-vingt-dix-sept kilo- En Vendômois comme en Sologne, directe et de la vignette automo- Mais un « danger », un vrai mètres, ce grand projet structurant l’absence de véritable concertation bile, un triplement de la dette par CINQ MOIS après le changement ment juge les délais trop courts et « danger » menace... Ici, parmi les permettra, assure le président Goe- avec les élus et les populations lo- habitant en cinq ans et une limita- de majorité, l’ensemble du gouver- abandonne l’idée d’un texte avant mille habitants, l’industrie du tou- maere, « d’asseoir le développement cales, comme le manque de sérieux tion de l’évolution des dépenses nement de Lionel Jospin se saisit les élections cantonales et régio- risme et la viticulture, le calme des économique du département » sans des études préparatoires, sont ré- d’aide sociale. des dossiers de l’aménagement du nales de mars. Au menu, figurent résidences secondaires et la séréni- oublier « que 1 million de francs gulièrement dénoncés chaque fois territoire, traités jusqu’à mainte- également le renouvellement des té des golfeurs font traditionnelle- d’investissements sur la route génère que le projet est remis à l’ordre du « MEZZA VOCE » nant par la seule Dominique Voy- contrats de plan Etat-régions (les ment bon ménage : la place de ou maintient trois emplois par an ». jour. Roger Goemaere, qui ne se re- net : mardi 4 novembre, un déjeu- contrats actuels ont été prolongés l’Eglise a été rendue aux prome- L’utilité du projet a été maintes Mais ces interrogations ne fran- présentera pas en mars 1998, en- ner devait réunir autour de Lionel d’un an par Alain Juppé, jusqu’en neurs, les gîtes ruraux prolifèrent, fois contestée, notamment dans sa chissent jamais les murs de l’hôtel tend laisser une trace tangible de Jospin neuf ministres, intéressés 1999) et la réforme des fonds struc- les autocars se parquent discrète- partie sud. Beaucoup font valoir du département, où règne, depuis son passage à la présidence du plus ou moins directement par les turels européens et de la politique ment derrière les arbres. En déci- que l’ouverture de l’A 85 boulever- près de dix ans, un singulier conseil général de Loir-et-Cher, ce chantiers ouverts au cabinet de la agricole, inscrite sous l’appellation dant un plan de zonage dès 1977, le sera les flux de circulation et que consensus : les budgets y sont que certains de ses « amis » ap- ministre Verts. A ce stade, la dis- Agenda 2000. conseil municipal a fait le choix de l’avenir du bassin d’emplois de Ro- adoptés à l’unanimité d’un conseil pellent, mezza voce, être atteint par cussion devrait amorcer des arbi- la préservation du site. Successive- morantin implique d’autres sché- général qui compte pourtant neuf le « syndrome de Monory », en fai- trages, dont certains demanderont INTENTIONS AUDACIEUSES ment, il s’est opposé à l’implanta- mas. Pierre Trousset, président de élus de gauche (un divers gauche, sant allusion au président du Sénat. du temps et de multiples réunions Mme Voynet et ses conseillers af- tion d’un village de vacances, d’un la chambre de commerce et d’in- huit PS) sur trente. Ainsi fut voté Ainsi, après les coûteuses études interministérielles, sur la méthode, fichent des intentions audacieuses. hypermarché ou de lotissements dustrie de Loir-et-Cher et du comi- en 1996, toujours à l’unanimité, le lancées pour un « Chamborland » le contenu et le calendrier des me- Non contents d’inverser la logique sures à prendre. du texte de M. Pasqua, afin de faire Plusieurs projets de loi, touchant remonter les initiatives de la base, aux élus locaux, à l’aménagement ils semblent désireux d’aller plus du territoire ou à la décentralisa- loin que ce dernier dans le rôle dé- tion, sont en effet annoncés ou en volu aux « pays » et aux grandes gestation. Du côté d’Emile Zucca- agglomérations. Le cabinet de relli et de Jean-Pierre Chevènement, Mme Voynet envisage ainsi une ré- se préparent, pour être déposés au forme qui adjoindrait aux contrats Parlement au printemps 1998, des de plan Etat-régions des contrats textes réformant l’intercommunali- Etat-« pays » et Etat-aggloméra- té ou les interventions économiques tions. Mais, outre son coût, il s’agi- des collectivités. Mais le chantier le rait d’une évolution profonde : elle plus compliqué est sans doute la ré- reviendrait à soulever in fine le pro- vision de la loi Pasqua de février blème de l’avenir des départements, 1995 sur l’aménagement du terri- débat qui tétanise la puissante As- toire et l’opportunité de faire un sociation des présidents de conseils schéma national, entamé mais non généraux (APCG), et ce, à quelques mené à terme par Alain Juppé – et mois des cantonales. Or Lionel Jos- que plusieurs envisagent de rempla- pin, qui a plutôt pacifié le climat cer par des « schémas de services ». avec les élus locaux, considère qu’il Faut-il proposer un seul projet de n’est pas nécessaire d’ouvrir de loi, ou deux, et à quelle échéance ? nouveaux fronts s’il peut l’éviter. Un comité interministériel d’amé- Selon l’expression de l’un de ses nagement et de développement du conseillers, le premier ministre ne territoire (Ciadt) devrait être réuni souhaite pas « engager un débat qui d’ici la fin de l’année. Deux options apparaîtrait comme un grand débat devaient être évoquées à Mati- sur la décentralisation ». Là encore, gnon : soit le Ciadt « valide » un il est donc apparu nécessaire de ca- projet de révision de la loi Pasqua, drer le champ ouvert à la réforme. déposé devant le Parlement au dé- but de 1998 ; soit, compte tenu de la Jean-Louis Andreani complexité du sujet, le gouverne- et François Grosrichard Nicole Péry (PS) est chargée de définir un statut des langues régionales DONNER « un statut politique » Quant aux aspects institutionnels, aux langues régionales en France : il s’agit avant tout de la signature tel est l’un des objectifs de Nicole par la France de la charte euro- Péry, député PS des Pyrénées- péenne des langues régionales et Atlantiques, officiellement char- minoritaires, que le Conseil d’Etat gée de mission dans ce domaine a jugé incompatible avec la Consti- par le premier ministre depuis le tution (Le Monde du 7 février). 29 octobre. Mme Péry – qui avait Mme Péry estime donc nécessaire été nommée par le même Lionel une révision de la Constitution. A Jospin, alors premier secrétaire du défaut, l’élue du Pays basque pro- PS, déléguée nationale du parti pose qu’au moins dans le cadre aux langues régionales – a présen- français les langues régionales dis- té, mardi 4 novembre, les orienta- posent d’un statut reconnu, afin tions de son travail : le premier mi- qu’on ne puisse pas « opposer la nistre demande, a indiqué la langue de la République » aux chargée de mission, « un bilan ex- langues régionales. Une telle re- haustif et objectif de l’enseigne- connaissance lui paraît conforme ment » de ces langues et des pro- aux vœux du premier ministre. La positions afin de donner à cet définition d’un tel statut passerait, enseignement « toute la place qui selon elle, par un dynamisme nou- doit être la sienne ». veau insufflé au Conseil national Lionel Jospin souhaite aussi que des langues et cultures régionales. la réflexion de Mme Péry ne néglige Mme Péry doit déposer son rap- « ni les aspects institutionnels ni les port fin avril 1998. En décembre, aspects culturels » de la question. elle rendra un rapport d’étape sur Sur le second point, Mme Péry les seuls aspects institutionnels de pense qu’il convient de s’appuyer, sa mission. plus qu’on ne l’a fait jusqu’à main- tenant, sur le milieu associatif. J.-L. A. LeMonde Job: WMQ0511--0017-0 WAS LMQ0511-17 Op.: XX Rev.: 04-11-97 T.: 09:09 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0487 Lcp: 196 CMYK
LE MONDE / MERCREDI 5 NOVEMBRE 1997 / 17 HORIZONS PORTRAIT
nière, Liliane a déjà introduit la télévision au village. Au début, elle faisait payer les séances : «Un dinar pour le film, un dinar de plus pour pouvoir s’asseoir sur une chaise. » Lors de son dernier sé- jour à Oued-Taga, à l’automne 1996, un séjour « en touriste » or- ganisé en dépit du danger, elle a compté trois paraboles – « Mais elles sont bien cachées, les gens ont peur des islamistes. »
LLE aussi, en a peur. Ces trois dernières années, la E région s’est vidée. « Quand un jeune s’en va au maquis, on lui demande de revenir tuer des gens de sa famille. C’est la condition pour qu’il soit accepté. Seulement après, il y a toujours un frère ou un oncle qui veut venger les morts. C’est œil pour œil, dent pour dent. Et c’est comme ça que les hameaux se vident, les uns après les autres. Le couteau, là-bas, c’est radical », explique Liliane. Parfois, ce sont des miliciens qui déclenchent les tueries. Un pay- san d’un village voisin a été égor- gé, en septembre, dans son champ, « par quatre hommes avec des cagoules », parce qu’« on le soupçonnait de verser de l’argent aux maquis ». Tout autour d’Oued-Taga, les montagnes menacent. « A partir de 4 heures de l’après-midi, c’est “zone rouge”, plus personne ne circule sur les routes, souligne Liliane. Et dès que le soir tombe, il n’y a plus âme qui vive dans les champs. » Le mari de Liliane, si « gen- til » autrefois, dans les rues de Strasbourg, exige de son épouse qu’elle obéisse à la coutume chaouia et ne sorte plus de la mai- son. Il est prêt, pour cela, à « aller direct aux terroristes » dénoncer l’insoumise. « Les maquisards, il Liliane, l’Alsacienne des Aurès les connaît. Il les a rencontrés en gardant ses moutons », précise Li- liane. Mais le pire, à l’en croire, Après trente-deux ans passés dans les montagnes au sud de Batna, c’est son fils Youcef. « Vous avez vu ses yeux ? Il a des yeux mé- cette ancienne déportée, qui a vécu son enfance dans le camp chants », dit-elle en montrant une photo de son aîné – un grand d’Almstadt, a dû regagner la France. Chassée par son mari et son fils aîné gosse à la moue frimeuse, habillé d’un jogging. « Il ne m’a jamais re- qui menaçaient de la dénoncer aux maquis islamistes proché d’être Française, mais je crois qu’il y a de ça... », souffle Li- liane. Le jeune homme, non I sa mère, Alsa- gamine est restée inconsciente me demandais ce que c’était, tous sonne. Et en décembre 1991, lors puisque j’avais déjà Malika, Hou- content de « martyriser » son frère cienne, n’avait pas plusieurs heures. Ce traumatisme, ces trucs qui pendaient du plafond. des élections législatives, le village ria, Nourredine, et Youcef, qui est cadet, handicapé, dont «il refusé, en 1941, ajouté aux privations et aux mau- J’avais peur que ça me saute au vi- vote comme un seul homme en né en mai. » Rattaché à la petite confisque régulièrement la pen- d’obéir aux diktats vais traitements, est à l’origine sage. En fait, c’était les provisions faveur du Front islamique du salut paroisse catholique de Batna, Phi- sion », voudrait que sa mère lui hitlériens et de re- des crises d’épilepsie dont Liliane accrochées aux poutres : la viande (FIS). lippe Thiriez enseigne le français cède la sienne. « Il est prêt à nous prendre la nationa- souffrira des années durant. et les tomates séchées, le fromage Sur la table de son appartement au lycée de la ville. Grâce à son tuer tous, il l’a dit », insiste-t-elle. lité allemande, la A sa sortie du camp, la jeune en morceaux, les sacs en peau de troyen, l’Alsacienne des Aurès a aide et à ses livres, Liliane renoue La dernière fois qu’ils se sont vus, petite Liliane Ber- rescapée tente de se refaire une bête... » posé un sac en plastique empli petit à petit avec la langue de Vol- la mère et le fils se sont disputés. nardini ne serait existence. Mais le malheur s’ac- Très vite, la jeune citadine dé- d’une poudre vert foncé. « Je l’ai taire. « A force de parler en chaoui, « Quand il a compris que je voulais peut-être jamais devenue, quel- croche. Rien ne marche. Son ma- couvre d’autres aspects, un peu pilé moi-même », dit-elle avec fier- j’avais presque tout oublié !, sourit- récupérer les papiers de son frère, Sque vingt ans plus tard, cette ma- riage avec un Alsacien tourne au moins pittoresques, de l’Algérie té. Le henné, « pour être sûr qu’il elle. Aujourd’hui encore, il me ça l’a rendu fou. Il a menacé d’aller trone aux yeux noircis de khôl, fiasco et s’achève sur un divorce. rurale. Huit jours après son arri- n’y a pas de chimique », doit être manque des mots. Des fois, je rêve au maquis. Je sais qu’un jour, il le posant pour la photo devant son Les deux filles issues de cette vée, elle s’aperçoit que ses papiers acheté en feuilles. Pour le conser- d’un dictionnaire. » fera. » épicerie du village berbère union seront confiées à leur lui ont été volés. « Sur le coup, je ver frais le plus longtemps pos- Les « curés de Batna », qui l’ont Quand elle parle d’Oued-Taga, d’Oued-Taga, au sud de Batna. Et grand-mère paternelle. Liliane se n’ai rien dit, je ne parlais pas en- sible, il suffit de le malaxer avec poussée à se faire soigner à l’hôpi- Liliane dit « chez moi ». Malgré les si le vent de la haine ne s’était pas sent perdue. Rejetée par les siens, core la langue chaouia. Et puis, ils regards fuyants et les ricanements mis à souffler sur l’Algérie au dé- malade et affaiblie, elle est inca- étaient tous de mèche, qu’est-ce étouffés, malgré cette croix chré- but des années 90, celle que les pable de travailler ou de s’occuper que je pouvais faire ? Les cousins « Quand un jeune s’en va au maquis, tienne dessinée, un jour, sur sa gosses du bled se sont mis à trai- d’une maison. Un jour, alors n’avaient fait qu’obéir aux ordres porte, comme une insulte. Liliane ter de « Roumia » (la Française) qu’elle erre dans les rues de Stras- de mon mari », commente Liliane. on lui demande de revenir tuer des gens dit « chez moi » et ne comprend n’aurait peut-être pas connu ce bourg, elle trébuche et s’écroule, A partir de ce jour, la « prison- pas qu’on s’étonne. Quand elle nouvel arrachement : menacée terrassée par une crise. Deux nière », comme elle se qualifie de sa famille. C’est la condition ferme les yeux, ce sont les images par son mari et par son fils aîné hommes se précipitent pour lui elle-même, décide de ne compter du village qui remontent. Elle re- d’être dénoncée aux maquis isla- porter secours. L’un d’eux se que sur ses propres forces. « Pour pour qu’il soit accepté » voit les jeunes, ceux qui venaient mistes, elle a dû quitter, en février nomme Mohammed Amri. Sans le ainsi dire, ils m’ont toujours tri- dans son café-épicerie, jouer aux 1995, les rudes montagnes des Au- savoir encore, il va changer sa vie. chée », soupire-t-elle aujourd’hui. dames ou au « t’en fais pas » (jeu rès où elle avait refait sa vie. « A l’époque, j’étais belle. Il a pris Elle-même devra user de beau- « une ou deux gouttes d’huile tal, vont aussi lui donner l’occa- de dés), et avec qui elle discutait « Quand je pense à tout ça, le soin de moi. Il avait du respect. coup de patience et d’un sens aigu d’olive ». Ce petit sachet de henné sion de s’émanciper des lois du des heures entières. Elle revoit les vertige me prend », dit l’ancienne C’est la première fois que quel- de la ruse pour faire son trou dans est l’un des rares souvenirs que Li- village. « Sortir avec un Arabe, paysages de pierre écrasés de so- déportée. Souvent, le soir, dans qu’un s’occupait de moi avec tant le village et y imposer sa présence. liane a ramenés d’Algérie. Comme mon mari me l’aurait interdit, sou- leil, le petit potager et les vergers son minuscule F 1 de la Chapelle- de gentillesse, explique Liliane. Il toute bonne montagnarde, Liliane ligne-t-elle. Mais avec un Français, en fleurs. « Là-bas, vous prenez Saint-Luc, un quartier HLM de la m’a emmenée dans son meublé et ES étés passent, au rythme sait les vertus des plantes. Long- ça ne posait pas de problème. » une tomate, elle a de la saveur. Ici, banlieue de Troyes (Aube) où elle je suis restée avec lui. J’avais de des moissons (orge et blé), temps, elle s’est confectionné des Avec une joie gamine, elle ac- c’est curieux, on a l’impression de a atterri il y a deux ans, Liliane se quoi manger et un toit sur la tête : L des récoltes de fruits tisanes d’« izri » (armoise compagne le Père Philippe dans manger de l’eau », dit-elle, éton- lève pour avaler un somnifère. je ne demandais pas plus. » Le (pommes, poires et figues), des blanche) pour lutter contre ses ses tournées en montagne. « Ré- née. « La nuit, je vois tout ! lâche-t-elle. 27 octobre 1963, elle s’embarque mariages aussi. « Avant la guerre, crises. gulièrement, il allait rendre visite Elle n’est pourtant pas sûre de Tout ce que j’ai vécu défile dans ma pour Skikda (ex-Philippeville), les fêtes duraient six jours et six C’est aussi grâce à une plante aux femmes françaises pour distri- pouvoir y retourner un jour. tête. Je ne peux pas dormir. » seule avec une valise et son bébé nuits, se souvient-elle. On dansait, – « sa tige donne du lait, j’ai oublié buer l’argent du fonds de solidarité. « Cette violence, il y en a pour C’est dans le camp de concen- de deux mois, Malika. La jeune hommes et femmes séparés, mais son nom » – qu’elle s’avorte, en Avec lui, je suis allée à Aïn Touta, à quinze ou vingt ans avant que ça ne tration d’Almstadt, proche de la mère a vingt-quatre ans. « J’étais c’était bien quand même. Depuis cachette, à la fin des années 60. Merouana, à Barika ! », se rap- s’arrête », lâche-t-elle d’une voix frontière polonaise, que la mère contente, je croyais partir en va- 1994, c’est fini, les gens ont trop « Une vieille du village m’a expli- pelle Liliane, enthousiaste. C’est sourde. « Il y a trop de haine, de Liliane a été déportée avec ses cances. Mohammed ne m’avait peur. Un mariage, maintenant, qué comment il fallait faire. Une une Française de Merouana qui maintenant. Mes gosses, je ne les trois enfants, au début de la se- rien dit, se souvient-elle. Je pensais c’est expédié en une journée. » Les fois placée dans le vagin, la plante, lui donne la recette des berlin- reverrai pas », ajoute-t-elle très conde guerre mondiale. De sa pe- rentrer en France un mois ou deux hivers se suivent, froids et blancs. mélangée à un peu d’huile, fait des- gots. « J’en faisais de toutes les vite. Tragique, extravagante, l’his- tite enfance passée à l’ombre des après, comme tous les touristes ! » A plusieurs reprises, Liliane ac- cendre le sang. » Une méthode couleurs, des rouges, des verts... toire de Liliane Bernardini – citée crématoires, Liliane n’a rien ou- Liliane Bernardini, future épouse couche seule, devant la cheminée, « extrêmement efficace », que J’achetais la teinture à Batna. » dans Vivre en Algérie, des Fran- blié. « J’aidais ma mère à nettoyer Amri, restera en Algérie trente- alors que la neige s’engouffre presque toutes les femmes Est-ce parce qu’ils ont compris çaises parlent (1989-1995), un livre les cadavres, raconte-t-elle. Les os, deux ans. Le temps de naître et de sous la porte. « Je coupais le cor- d’Oued-Taga ont utilisée, un jour que Liliane ne chercherait plus à d’Andrée Dore-Audibert et d’An- ce n’est pas lourd une fois que c’est mourir une deuxième fois. don moi-même, avec une lame, ou l’autre – « sinon, c’est simple, s’enfuir du village, où elle a réussi nie Morzelle, à paraître cet au- brûlé. On les mettait dans une Quand elle arrive à Oued-Taga, rapporte-t-elle. Ma belle-mère elles auraient eu quinze ou vingt à monter une petite épicerie, la tomne aux éditions Karthala – est brouette et on les emmenait au sur les pentes du djebel Mahmel, était là, à côté. La pauvre ! elle gosses ! ». Des gosses, Liliane en première à Oued-Taga ? Ou bien à l’image de l’Algérie et des rela- broyeur. » Elle parle sans violence, à une vingtaine de kilomètres au tremblait plus que moi... » La mort élèvera six – quatre filles et deux parce qu’ils redoutent la réaction tions de ce pays avec la France. d’une voix fruitée, teintée par sud-est de Batna, le hameau ne du président Houari Boumediène, garçons. « Dès que la pilule est sor- de ces « curés français » qu’elle Une histoire-boomerang, où l’on l’accent rugueux de la Moselle. En compte que trois « gourbis ». On y en décembre 1978, n’émeut pas tie, je l’ai prise », souligne-t-elle. fréquente désormais avec assidui- tangue d’une rive à l’autre, d’une 1945, quelques mois avant la Libé- dort par familles entières, sur de grand-monde à Oued-Taga. Les Quand elle veut retrouver une té ? En tout cas, à partir de 1986, blessure à l’autre, avec le senti- ration, alors qu’elle est âgée de six hauts lits tressés en alfa. Il n’y a rumeurs y circulent, comme ail- date, ce sont les enfants qui lui Liliane est un peu plus libre de ses ment trompeur d’une valse à l’in- ans, un officier nazi l’a assommée pas l’électricité – elle ne sera ins- leurs. Les émeutes algéroises servent de boussole. Par exemple, mouvements. Elle va à Batna fini. d’un coup de crosse – « il trouvait tallée qu’en 1993 – ni l’eau cou- d’octobre 1988 – « On a dit qu’il y concernant sa rencontre avec «le « presque une fois par semaine », que je ne travaillais pas assez rante. « La première nuit, je n’ai avait eu au moins cinq cents morts, Père Philippe », Liliane est for- habillée à l’occidentale. Son Catherine Simon vite ». Blessée derrière la tête, la pas fermé l’œil, sourit Liliane. Je vous saviez ? » – n’étonnent per- melle : « C’était à l’automne 1972, commerce marche bien. Pion- Dessin : Maja LeMonde Job: WMQ0511--0018-0 WAS LMQ0511-18 Op.: XX Rev.: 03-11-97 T.: 13:51 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0488 Lcp: 196 CMYK
18 / LE MONDE / MERCREDI 5 NOVEMBRE 1997
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LE MONDE / MERCREDI 5 NOVEMBRE 1997 / 19 LeMonde Job: WMQ0511--0020-0 WAS LMQ0511-20 Op.: XX Rev.: 04-11-97 T.: 10:08 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0490 Lcp: 196 CMYK
20 / LE MONDE / MERCREDI 5 NOVEMBRE 1997 HORIZONS-ANALYSES 0 123 21 bis, RUE CLAUDE-BERNARD - 75242 PARIS CEDEX 05 Appel à témoin par Bertrand Poirot-Delpech, de l’Académie française Tél. : 01-42-17-20-00. Télécopieur : 01-42-17-21-21. Télex : 206 806 F Tél. relations clientèle abonnés : 01-42-17-32-90 LA TOUSSAINT, l’hommage rendu aux femme en détresse lui mit de force un nou- chy dont on parle beaucoup ces temps-ci : Internet : http : //www.lemonde.fr Justes en Savoie, le procès de Bordeaux : au- veau-né dans les bras. Sabine Zlatin s’enfuit quatre-vingt-sept ans. Il a fait une carrière ÉDITORIAL tant de raisons d’évoquer certains morts ré- comme une voleuse avec, caché sous sa cape, moins en vue. Il avait pourtant montré qu’on cents, dont la conduite aura sauvé l’honneur, le « morceau de continent » qu’était, à ses pouvait servir l’Etat de l’époque sans consen- pendant la guerre, et rendu l’espoir pour de- yeux, tout être humain. Elle déposa le colis sa- tir à ses ignominies. Le sens de l’ordre serait-il main. cré à l’adresse indiquée, après avoir passé à plus utile à l’avancement que celui de la digni- Il y a un mois disparaissait l’écrivain et cri- son cou une croix confiée par la mère. Le té humaine ? Retraites à l’italienne tique de théâtre Moussa Abadi. Avec sa « morceau de continent » était tsigane. A Bordeaux, Paul-Marcel Wiltzer, c’est son femme, qui serait déportée à Birkenau et Ber- Dès lors que le crime contre l’humanité nom, aurait pu témoigner en personne sur ce E blocage de la réforme réaliser des économies budgé- gen-Belsen, il a sauvé 527 enfants juifs de la existe, le titre de sauveur de l’humanité de- qu’un sous-préfet « savait » de la déportation des retraites en Alle- taires immédiates permettant de région niçoise. Il y fut aidé par l’évêque Ré- vrait exister aussi, pour saluer ce culte de la « vers l’Est » : rien de l’inimaginable réalité, magne et le pas respecter les critères de Maas- mond, oncle de l’historien, et par un préfet, Vie instinctif et héroïque. Toute mort bien sûr, mais assez pour prendre le risque d’y L – même modeste – qui tricht. Les larges possibilités of- Jean Chaigneau ; sans parler des occupants d’homme nous diminue, disait-elle. Sa vie, soustraire, d’autorité et d’urgence, des di- vient d’être fait à Rome vers un fertes aux salariés italiens pou- italiens, dont Laval eut le front de dénoncer le elle, nous grandit. zaines d’enfants ! Il aurait expliqué comment, assainissement du système, ne vaient être jugées exorbitantes, laxisme aux nazis. Le haut fonctionnaire qui trouva et réquisi- en plaçant simplement sa conscience au-des- sauraient mieux illustrer la sa- notamment la pratique des « ba- Il y a un an s’éteignait Sabine Zlatin, une tionna la maison d’Izieu en 1943 – sans de- sus de lois iniques, un grand commis ne per- gesse populaire dont raffole Hel- by-retraités » qui ouvre le droit au émigrée de Pologne qui dirigea avec son mari mander la provenance des enfants ni leur reli- dait même pas sa place. mut Kohl. Quand on lui demande départ dans la pleine force de la maison d’Izieu, dans l’Ain, d’où quarante- gion –, qui leur obtint une institutrice et leur M. Wiltzer n’a pas été cité au procès. Ni l’in- si l’Italie sera qualifiée à temps l’âge après trente-cinq, voire quatre enfants juifs furent expédiés, par Bar- apporta leurs derniers cadeaux de Noël, cet téressé ni les parties civiles n’ont su me dire pour la monnaie unique, le chan- trente ans de cotisations. bie, vers Drancy et Auschwitz. Sans retour, homme qui aurait mérité de figurer parmi les pourquoi. Dommage ! Sa déposition aurait celier répond par un dicton que L’Allemagne n’a jamais douté bien entendu. Auparavant, Sabine Zlatin avait Justes honorés dimanche, vit toujours. Il était été au cœur du débat. S’il est vrai qu’il n’y a lui répétait sa mère : « Il faut re- qu’elle sera dans le premier profité de son état d’infirmière pour sauver sous-préfet de l’Ain. A la Libération, il serait de faute que librement choisie, on aurait eu la garder dans son assiette et pas dans groupe de l’euro. Sans elle, il n’y des centaines d’enfants juifs des camps d’in- nommé à Châtellerault, qu’il sauverait de la preuve vivante que la complicité de crime re- celle du voisin. » Alors qu’en aura tout simplement pas de ternement de la zone sud. Un jour de 1941 où destruction. Il a exactement le même âge prochée à Papon, un de ses collègues, son France les tensions entre parte- monnaie unique en 1999. Sous la elle sortait des gosses du bagne d’Agde, une qu’un autre membre de la préfectorale de Vi- contemporain, s’y était refusé sans hésiter, lui. naires sociaux s’exacerbent – sur houlette de Romano Prodi, l’Italie les 35 heures, sur le transport rou- s’est lancée au contraire dans une tier, etc. –, il n’est pourtant pas course d’obstacles, alors qu’il y a inutile d’y jeter un œil. un an encore on ne donnait pas Les situations allemande et ita- cher de ses chances. Après la ri- Distribution par Cardon lienne ne sont certes guère gueur budgétaire qui a failli en- comparables. A Bonn, la coalition traîner la chute du gouverne- gouvernementale voulait non ment, la réforme des systèmes seulement baisser le montant des sociaux était une des dernières pensions, mais surtout imposer haies à franchir. C’était aussi une une réforme en profondeur afin pomme de discorde avec les de diminuer les charges pesant communistes de Rifondazione, sur les entreprises et transférer dont le soutien est indispensable une partie des coûts sur les im- à la coalition de centre-gauche. Le pôts indirects. Elle a buté sur les patronat italien reproche à Roma- résistances de l’opposition so- no Prodi de s’être contenté de de- ciale-démocrate, majoritaire au mi-mesures, peut-être. Les fonc- Bundesrat, la Chambre des Etats, tionnaires grognent, certes. Mais dont l’accord était indispensable. le président du conseil a obtenu C’est un échec indiscutable, mais l’aval des syndicats. Ce n’est pas qui n’a pas d’effets directs sur le une mince performance. déficit budgétaire allemand. Pour S’il ne saurait y avoir, même en respecter la limite des 3 % à la- Europe, de modèle, le parcours de quelle il est très attaché, le mi- M. Prodi mérite reflexion. Il sou- nistre des finances, Theo Waigel, ligne les vertus du dialogue social. vient d’ailleurs de décréter un gel L’un des défis auxquels Lionel Jos- des crédits. pin se trouve justement confron- Il n’en va pas de même en Ita- té, après d’autres, est de réussir à lie. Les efforts du gouvernement remplacer, en France aussi, une Prodi pour rogner les avantages culture de l’affrontement par une du système des retraites visent à culture du compromis.
0123 est édité par la SA LE MONDE Président du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie Colombani Directoire : Jean-Marie Colombani ; Dominique Alduy, directeur général ; Noël-Jean Bergeroux, directeur général adjoint
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Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet (1969-1982), André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994)
Le Monde est édité par la SA Le Monde Durée de la société : cent ans à compter du 10 décembre 1994. Capital social : 961 000 F. Actionnaires : Société civile « Les rédacteurs du Monde ». Association Hubert Beuve-Méry, Société anonyme des lecteurs du Monde, Le Monde Entreprises, Le Monde Investisseurs, Le Monde Presse, Iéna Presse, Le Monde Prévoyance, Claude Bernard Participations.
ILYA50 ANS, DANS 0123 parenthèse provoquée par la time Boutros Boutros-Ghali, qui a d’une trentaine de missions scien- A l’heure catastrophique équipée militaire dirigé la diplomatie égyptienne tifiques sur le terrain. Les lecteurs de Suez, en 1956, le climat n’a ces- du temps d’Anouar El-Sadate du Monde ont pu constater cette Syncope, apocope, prosthèse et métathèse sé de s’améliorer, et les rapports avant de devenir secrétaire géné- présence en bénéficiant de guides de l’Egypte économiques sont en progression ral des Nations unies. Depuis la exceptionnels, qui leur ont fait vi- M. RAYMOND QUENEAU nous ter quatre-vingt-dix-neuf fois dans constante. Les visites du pré- fin de la guerre froide, le Nord ne siter le théâtre même de leurs tra- donne à lire un livre des plus amu- tous les tons possibles et les états Suite de la première page sident Chirac en Egypte ou du se soucie plus beaucoup du Sud. vaux : Jean-Yves Empereur et sants, Exercices de style, qui sont divers de la langue française. Tous président Moubarak en France L’un des moyens de combattre Jean-Pierre Corteggiani à Alexan- des permutations, étourdissantes les tours possibles de la gram- Ce haut responsable religieux, relèvent désormais de la routine. cette indifférence, c’est la franco- drie, François Larché à Karnak, ou de verve et d’adresse. L’anecdote maire et de la syntaxe sont repro- recteur de la prestigieuse univer- Farouk Hosni, ministre égyptien phonie, dont cet Egyptien parfai- Jean-Philippe Lauer à Saqqara, un qui leur donne lieu est fort simple. duits là, syncope, apocope, pros- sité islamique d’El Azhar, au de la culture et peintre, viendra tement trilingue a de bonnes jeune homme de quatre-vingt- Prenant l’autobus encombré, à thèse, métathèse, et toutes les Caire, a confirmé sa réputation exposer ses toiles à Paris en dé- chances de devenir le premier se- quinze ans qui continue de se une heure d’affluence, M. Ray- variations du vocabulaire, acadé- d’ouverture en insistant sur la né- cembre, comme si cela allait de crétaire général, ce mois-ci, à Ha- battre avec fougue pour la créa- mond Queneau distingue parmi mique, argotique ou populacier ; cessité du « dialogue et de la tolé- soi... De part et d’autre, on évite noï. Etant entendu que la franco- tion d’un musée dans ce désert où les voyageurs un jeune homme au toutes ces figures, ces formes, ces rance » et en déclarant que les sujets qui fâchent. Lors de la phonie ne saurait se limiter à la il s’affaire depuis sept décennies... cou démesuré, coiffé d’un cha- déformations, ces caricatures, ces l’Egypte est « en lutte contre le fa- réception des lecteurs du Monde à défense du français : « Elle doit peau mou orné, en place de ruban, acrobaties verbales et ces appro- natisme et le terrorisme ». Ismaïlia, le nom de Ferdinand de défendre la diversité, être connue Robert Solé d’un cordon, et se querellant avec priations de style utilisées et pro- Quoique modéré, son avis sur Lesseps n’a pas été prononcé une des non-francophones et, ainsi, un voisin qui l’a bousculé ; puis posées par un merveilleux posses- l’affaire Salman Rushdie n’en est seule fois par l’amiral Ahmed Ali servir de trait d’union entre le Nord qui, apercevant dans le véhicule seur de toutes les ressources de la pas moins très éloigné de celui de Fadel, président de l’Autorité du et le Sud. » RECTIFICATIFS une place libre, se précipite et va langue, doué au surplus d’un gé- la plupart des Occidentaux. Le canal de Suez. Il a été très disert, En Egypte même, la francopho- s’y asseoir. Deux heures plus tard, nie comique éclatant et observa- cheikh Tantawi est opposé à l’ap- en revanche, sur la transforma- nie n’a plus rien de ses splendeurs CRÉDIT LYONNAIS passant devant la gare Saint-La- teur accompli. pel au meurtre visant l’écrivain, tion continuelle de cette voie de naguère, même si une quaran- Contrairement à ce que nous indi- zare, M. Queneau aperçoit le Exercices de style, dit modeste- mais estime que celui-ci « doit d’eau, qu’un pont devrait franchir taine d’écoles – catholiques pour quions dans notre édition du 31 octo- même type en conversation avec ment M. Queneau : beaucoup rendre des comptes », car «il a au cours des prochaines années la plupart, figurant souvent parmi bre, l’ancien numéro deux du Crédit un camarade, qu’il entend lui dire, mieux, c’est une comédie en cent écrit un livre qui ne contient que pour permettre au chemin de fer les meilleures du pays – conti- lyonnais, François Gille, a bien été montrant l’échancrure de son actes qu’il a tirée de sa mince say- des propos mensongers ». d’atteindre le Sinaï. nuent d’enseigner certaines ma- mis en examen dans l’affaire IBSA manteau : « Tu devrais y faire nète. Interrogé sur l’excision, qui est tières en français. Ici comme ail- mais n’a pas été placé en détention mettre un bouton supplémentaire. » considérée en France comme un LE DÉCLIN DE LA FRANCOPHONIE leurs, l’anglais exerce son provisoire. Par ailleurs, la mission de Ce petit fait sans importance, Emile Henriot crime, le recteur d’El Azhar af- Partenaire économique, la hégémonie, et il ne suffit pas de l’inspection générale des finances sur M. Raymond Queneau va le répé- (5 novembre 1947.) firme que « cette coutume n’a pas France est considérée aussi quatre modestes filières fran- le Consortium de réalisation a été de rapport avec la religion ». L’is- comme un partenaire diploma- çaises dans l’enseignement supé- commandée par l’ancien ministre lam ne demande pas de la prati- tique indispensable, l’Egypte ne rieur public pour rivaliser avec la des finances Jean Arthuis, et non par 0123 SUR TOUS LES SUPPORTS quer, et elle n’est d’ailleurs pas en voulant pas s’enfermer dans un prestigieuse université améri- Dominique Strauss-Kahn. Télématique : 3615 code LEMONDE vigueur dans de nombreux pays tête-à-tête avec les Etats-Unis. caine du Caire. musulmans. Il appartient aux mé- « L’Europe a un rôle à jouer dans Mais la présence culturelle de la GLAXO WELLCOME Documentation sur Minitel : 3617 code LMDOC decins de se prononcer sur l’utili- le processus de paix, affirme Amr France en Egypte ne se mesure Dans Le Monde du 30 octobre, ou 08-36-29-04-56 té ou la nocivité de l’excision, af- Moussa, le ministre des affaires pas au seul baromètre de la fran- nous avons écrit par erreur que Sir Le Monde sur CD-ROM : renseignements par téléphone, 01-44-08-78-30 firme le dignitaire religieux. étrangères, l’un des hommes poli- cophonie. Une partie des activités Richard Sykes, le PDG du groupe Pourquoi tout ce bruit autour tiques les plus populaires de la d’un centre comme le Cedej se Glaxo Wellcome, quittait ses fonc- Index et microfilms du Monde : renseignements par téléphone, 01-42-17-29-33 d’une « question secondaire », qui vallée du Nil. « Sans terre, il n’y a fait désormais en arabe. Quant à tions. Il s’agissait de Sean Lance, di- est « en voie de disparition » ? pas de paix », et cette paix ne peut l’Institut français d’archéologie recteur général du groupe, qui quitte Le Monde sur CompuServe : GO LEMONDE Adresse Internet : http : //www.lemonde.fr Les relations franco-égyp- être « une paix israélienne ». orientale du Caire (IFAO), il oc- le groupe pharmaceutique et est tiennes sont au beau fixe. Aucun La crise du Proche-Orient est cupe toujours une place de pre- remplacé par Robert Ingram. Ce der- Films à Paris et en province : 08-36-68-03-78 conflit sérieux, aucun contentieux aggravée par l’indifférence de la mier plan en égyptologie. La nier présidait la filiale américaine de n’est évoqué au Caire. Après la communauté internationale, es- France ne compte pas moins Glaxo Wellcome. LeMonde Job: WMQ0511--0021-0 WAS LMQ0511-21 Op.: XX Rev.: 04-11-97 T.: 08:31 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0491 Lcp: 196 CMYK
HORIZONS-DÉBATS LE MONDE / MERCREDI 5 NOVEMBRE 1997 / 21
Homosexualité, mariage et famille par Eric Fassin USQU’À présent, les oppo- aux uns ce qu’on accorderait aux maintenir la distinction entre si doit penser la différence des échapper à l’alternative des sexuelle, mais toute famille. En sants déclarés au contrat autres ? A ce modèle français, l’homosexualité et l’hétérosexua- sexes, le mariage n’en est pas né- « quasi-mariages », il faut en sor- effet, la question n’affecte pas les d’union civile et sociale ex- « mixte », Irène Théry préfère, lité n’implique nulle discrimina- cessairement le dernier refuge. tir par le haut, avec plus de droits. seuls homosexuels, toujours pri- J primaient surtout leurs réti- pour cette raison, le modèle scan- tion : c’est simplement préserver Peut-être vaudrait-il mieux, avec Il suffit de renoncer aux « pseu- vés d’un choix : les hétérosexuels cences devant l’homosexualité dinave, qui évite le mélange en ré- la différence entre les sexes au cette différence, penser la discri- do-mariages » pour débattre, aussi, encore condamnés, à moins même. Aujourd’hui s’ouvre un servant un statut particulier aux principe de la famille, et « re- mination sexuelle, dans le double tout simplement, du mariage lui- de rejeter le mariage, à épouser nouveau front : dans un essai couples homosexuels : un contrat connaître la finitude de chaque registre du genre et de la sexuali- même : au lieu de le dédoubler, une institution fondée sur la dis- conjointement publié par la Fon- « absolument égal au mariage », sexe qui a besoin de l’autre pour té. Et peut-être le XXe siècle dé- pourquoi ne pas l’ouvrir, indé- crimination. Il n’est évidemment dation Saint-Simon et par la re- sauf en ce qui concerne les en- que l’humanité vive et se repro- couvre-t-il justement la question pendamment de leur sexualité, à pas question d’enrôler de force vue Esprit, Irène Théry, socio- fants. Bref, tout donner aux ho- duise ». L’anthropologie définit ici familiale chez les homosexuels au tous les couples (ce qui conduirait dans le mariage les homosexuels, logue du droit, veut démontrer mosexuels en tant qu’individus, et un ordre symbolique des sexes et moment où, sous la double im- bien sûr, parallèlement, à ouvrir pas plus que les hétérosexuels, qu’on peut s’opposer à ce contrat rien en tant que familles. de la sexualité, qui est aussi un pulsion des techniques médicales aussi le concubinage) ? mais au contraire d’ouvrir une sans verser dans l’homophobie, Certains redoutent, non sans ordre des choses, immémorial et de contraception et de reproduc- C’est la solution oubliée dans option supplémentaire (à côté voire au nom d’homosexuels peu raison, que cette offensive nou- les débats européens, la troisième d’un concubinage reconnu par le désireux d’« enrégimenter », héri- velle contre le CUCS ne facilite version du mariage des homo- droit, et d’une cohabitation de tiers de Foucault. Cet appel au dé- l’enterrement du projet : plus be- Faut-il instituer sexuels. Cette proposition rigou- fait), un droit, autrement dit, tout bat mérite d’être entendu. soin d’avouer son homophobie reusement universaliste a pour- à la fois une liberté et une re- Son grief est double. D’une pour s’y déclarer hostile. Je crois une filiation «asexuée » tant toute son actualité aux connaissance. part, le CUCS (comme ses ver- qu’elle a au moins le mérite de Etats-Unis, à l’initiative de la Cour On devine ici le bénéfice poli- sions antérieures, le CUC et CUS) faire ressortir l’enjeu majeur, oc- (deux parents, quel que soit leur sexe) ? suprême de Hawaï, même si son tique qu’apporterait à la famille le mélange le sexuel et le non- culté jusqu’ici dans la discussion : avenir politique et juridique reste mariage hawaïen. Les uns se ré- sexuel, les couples et les non- le couple homosexuel est-il une La question peut d’ailleurs incertain, après la réaction qu’ex- jouiraient de voir l’institution fa- couples, les concubins véritables famille, et donc a-t-il droit à l’en- prime le Defense of Marriage Act. miliale, traversée d’une interroga- et les simples cohabitants, fant ? La « prudence tactique » s’inverser : de quel droit Dans le modèle américain, ou tion « homo », renoncer à sa comme pour noyer le poisson de dissuadait hier encore d’aborder plutôt hawaïen, le mariage est au définition hétérosexuelle. la sexualité. C’est rendre impen- la question. Mais le débat lancé refuser d’instituer fondement de la citoyenneté : il D’autres se féliciteraient qu’elle sable tout interdit sexuel – Irène par une spécialiste de la famille doit donc être ouvert à tous, sans retrouve sa place au cœur du Théry le souligne à juste titre – oblige aujourd’hui à la poser, l’homosexualité dans la famille ? discrimination de sexe ou de pacte républicain. Tous devraient mais c’est aussi, paradoxalement, quand elle réclame pour les ho- sexualité. A la différence des mo- approuver qu’enfin la famille ne renoncer à légitimer la sexualité mosexuels le couple sans la fa- dèles français et scandinaves, il laisse personne à la porte. des couples homosexuels. La cri- mille, quitte à jeter, avec le bébé, intangible : il en irait de la culture. tion, les liens qui unissent, de mé- ouvrirait tous les droits liés au Comme le dit fort bien Irène Thé- tique me paraît donc (comme à l’eau du bain. Cette anthropologie de la finitude moire humaine, sexualité et pro- mariage, et d’abord le droit à l’en- ry, dans sa défense de l’institution beaucoup) fondée. D’autre part – Dans les faits, les couples ho- sexuelle doit plus à la tradition création, d’une part, procréation fant. républicaine du mariage : « L’uni- et c’est ici qu’apparaît l’enjeu vé- mosexuels ont déjà des enfants, psychanalytique ou religieuse et filiation, d’autre part, se sont Sans doute, pour défendre le cité du mariage civil, mariage de ritable (et le vrai différend) –, le héritage d’un passé hétérosexuel, qu’aux sciences sociales. Sans distendus. Voilà qui pose sans mariage et la famille contre cette tous les citoyens, est d’abord la ga- contrat refuse de différencier les ou bien, pour les femmes, fruit doute partout les sociétés doute des problèmes éthiques « menace » homosexuelle, invo- rantie pour chacun de n’en être pas couples homosexuels et hétéro- d’une démarche présente. Et pensent-elles la différence des nouveaux ; mais les réponses n’en quera-t-on l’ordre des choses – la un jour exclu. » Est-il meilleure sexuels. toutes les enquêtes menées aux sexes ; mais à quelle fin ? L’an- sont pas inscrites dans le passé de Bible et l’inconscient –, c’est-à- défense du mariage « à l’améri- C’est la logique républicaine Etats-Unis montrent que les en- thropologue Françoise Héritier le nos sociétés. dire la culture ou, moins subtile- caine », ouvert aux couples ho- d’intégration, affirment ses dé- fants ne s’en portent pas plus montre avec force : la pensée de Si la famille n’est pas fondée ment, notre culture, nos mœurs mosexuels ? En France comme fenseurs. Non pas, réplique Irène mal. Il s’agit donc d’une pure la différence sert d’abord à natu- sur l’hétérosexualité, comment et nos traditions, voire, tout sim- aux Etats-Unis, il en va de la ci- Théry : un « mariage-bis » casse- question de droit. Faut-il légiti- raliser l’inégalité des sexes. Faute penser le mariage des homo- plement, la nature. Mais quel toyenneté : Français, encore un rait l’unité et l’unicité du mariage mer cet état de fait et donc insti- d’arguments politiques, voudrait- sexuels ? Il est vrai que le projet principe politique notre Répu- effort pour être républicains. civil républicain. Surtout, ce tuer une filiation « asexuée » on maintenant qu’au nom de la de contrat français définit un blique opposerait-elle à pareil « quasi-mariage » ouvrirait la (deux parents, quel que soit leur culture, elle serve à naturaliser « sous-mariage ». Le contrat ré- mariage ? porte, « inévitablement », à sexe) ? La question peut d’ailleurs l’inégalité des sexualités ? servé aux homosexuels, sur le Ces débats ne concernent pas Eric Fassin est sociologue et l’adoption et aux procréations s’inverser : de quel droit refuser L’anthropologie n’est pourtant modèle scandinave, n’offre pour- exclusivement le mariage homo- américaniste (département de médicalement assistées : com- d’instituer l’homosexualité dans pas un destin ; elle est traversée tant pas une meilleure solution : sexuel, mais tout mariage ; pas sciences sociales, Ecole normale ment, sans discrimination, refuser la famille ? Selon Irène Théry, par l’histoire. Si notre société aus- c’est un « para-mariage ». Pour uniquement la famille homo- supérieure). Kyoto et le retard français par Christian Brodhag
E débat sur l’effet de Trois niveaux de décision s’em- des moyens de contrôle et de po- ceux que l’on aurait fixés de fa- serre est enfin lancé. boîtent : lice ainsi que des sanctions éven- çon plus politique par une taxe ? L’appel des économistes 1) Le choix de stabiliser, à tuelles. Les résultats pourraient être et l’article d’Olivier Go- terme, à deux fois la concentra- – Un outil fiscal, avec diffé- proches, même si les fondements L tion du début de la révolution in- rentes variantes. Le produit de la idéologiques et politiques sont dard (Le Monde du 23 et du 25 octobre) viennent apporter dustrielle : c’est un choix large- taxe peut être entièrement réaf- différents. des contributions plus proches ment arbitraire qui se situe dans fecté dans les pays eux-mêmes, Mais la dynamique qui en ré- des enjeux que les revers de la moyenne des scénarios étu- par exemple à la politique de sulterait pourrait réserver des main méprisants dont nous diés. l’emploi, au nom du principe du surprises : en créant une rareté, avions été gratifiés jusqu’à 2) La répartition de cette double dividende qui propose si- on crée une rente. Malgré leurs présent. La France semble sortir contrainte – il a été décidé (man- multanément de diminuer la bases idéologiques, les citoyens enfin du cercle vicieux dans le- dat de Berlin) de porter d’abord consommation des ressources américains ne pourront accepter quel la sous-information et le l’effort sur les pays développés. rares et de favoriser l’emploi. Il à long terme que cette rente soit manque d’intérêt se renforcent Kyoto décidera explicitement ou peut être totalement ou partielle- empochée par le secteur privé. mutuellement. implicitement de quotas par ment reversé dans l’aide au déve- Les conditions pourraient être Notre pays, absent de cer- pays. loppement (seconde partie de la réunies de la transformer en une taines enceintes, coupé de cer- 3) La méthode permettant proposition d’Anil Agarwall). taxe. tains réseaux, n’avait pas d’atteindre ces objectifs. – Le marché. Les acteurs ou les En Europe, la mise à sa place conscience des réels enjeux du Le problème critique est le pays se voient attribuer un quota d’un outil économique, comme développement durable, qui est point 2, la règle de répartition de pollution, à charge pour eux une écotaxe, permettrait le redé- au cœur de véritables stratégies des quotas de rejets de gaz à ef- d’échanger sur le marché, en ploiement fiscal vers une baisse géopolitiques dont l’actuelle né- fet de serre. La référence consi- vendant ou en achetant ces des charges sociales : faire payer gociation sur le climat n’est que dérée comme équitable est pure- droits à polluer. Le marché de- plus cher l’énergie, et moins le l’élément le plus visible. Ces travail, c’est le double dividende stratégies visent à maîtriser si- d’une politique de développe- multanément les flux financiers, Notre pays, absent de certaines ment durable. les technologies propres, les in- Ce qui deviendrait impossible à formations (Internet) et les ré- enceintes, coupé de certains réseaux, faire coexister avec n’importe seaux d’influence (les ONG). quelle organisation de marchés Dans ces quatre domaines, la n’avait pas conscience de permis, en particulier avec des France accuse un retard préoc- permis gratuits, car cela créerait cupant. Elle n’aide même pas les des réels enjeux du développement durable des distorsions de concurrence pays francophones africains vite inacceptables. dans le secteur d’Internet. La re- Ce n’est pas les droits à polluer cherche-développement dans le ment politique et subjective, vrait permettre l’égalisation des qui sont contestables, mais le domaine de l’énergie consacre mais c’est la base psychologique coûts marginaux et donc calcul des dotations initiales. Une près de 80 % de son budget au de la négociation. Il y a trois ré- conduire à l’investissement opti- méthode progressive fondée à nucléaire, seulement 1,4 % aux férences principales et des va- mal. Mais cette méthode crée terme sur des quotas par tête se- énergies renouvelables et 3,3 % riantes qui peuvent tenir compte une rente qui dépend des quotas rait la plus équitable. aux techniques économes en de leur « applicabilité ». alloués initialement. Elle pourrait être acceptable énergie. La référence actuelle est la di- Une réduction de 15 % condui- par les pays du Sud qui pour- Malgré sa pugnacité et sa minution proportionnelle au rait par exemple à un coût de ré- raient rentrer dans la négocia- conviction, Corinne Lepage n’a point de départ en 1990. Elle a duction de la tonne de carbone tion, et elle ne désavantage pas pu mobiliser ses collègues sur l’avantage de la simplicité : émise à 125 dollars aux Etats- trop la France. Les Etats-Unis de- ces thèmes. Aujourd’hui, Domi- chaque pays développé doit di- Unis, 200 dollars dans l’Union eu- mandent que les pays du Sud nique Voynet semble seule à minuer en 2010 ses rejets de 15 % ropéenne et 350 dollars au Japon. s’impliquent. Ils ont raison : c’est porter l’étendard du développe- selon la proposition européenne, La mise en place d’échanges de nécessaire, même à court terme. ment durable. ou seulement de 0 %, selon la droits à polluer entre ces pays La Chine, par exemple, Alors que c’est le président dernière proposition américaine. pour rapprocher les coûts margi- construit aujourd’hui son infras- Clinton qui s’implique sur la né- La deuxième référence, jugée naux à près de 170 dollars, donc tructure lourde qui fixera son gociation « climat », c’est la mi- comme économiquement ration- optimiser les coûts globaux, per- profil de consommation et donc nistre de l’aménagement du ter- nelle, est celle de l’égalité des mettrait aux Etats-Unis d’être ex- de pollution pour cinquante ans. ritoire et de l’environnement qui coûts marginaux d’élimination portateurs de droits à polluer vis- Se lamenter sur la responsabilité s’exprime, et pas Lionel Jospin du carbone émis qui permet de à-vis de l’Union européenne ou ancienne des pays développés est ou Jacques Chirac. Probable- concentrer les efforts là où ils du Japon. pure rhétorique. Par contre, un ment parce que le thème est per- sont les moins chers. Les plus pollueurs dispose- objectif de convergence à long çu comme faisant strictement La troisième référence, celle raient ainsi d’une sorte de rente terme des impacts par habitant partie de la rhétorique « écolo- d’un quota par tête, lui apparaît qu’on pourrait appeler les « car- est beaucoup plus porteur d’es- giste » définie comme une pro- la plus équitable. C’était la pro- bo-dollars ». poirs, car il peut déboucher sur vince isolée de la réflexion so- position à Rio de l’Indien Anil Les permis négociés pourraient des mécanismes opérationnels, ciale et économique. C’est sans Agarwall. Pour appliquer concrè- être acceptables à condition que comme des... permis négociables. doute pour cela que la globalité tement l’un de ces principes, les quotas soient équitables, que Il doit aussi conduire tout de de l’enjeu n’est pas encore per- trois méthodes peuvent être les prix soient suffisamment inci- suite à des transferts de techno- çue. mises en place : tatifs, et que les moyens de logies. La problématique de Kyoto, la – Des quotas par pays, à charge contrôle et de police existent. conférence des parties de la pour chacun d’entre eux de défi- Pourquoi refuser un mécanisme convention climat de décembre nir politiques et mesures pour at- du marché si celui-ci conduit à Christian Brodhag est prochain, est de réduire les émis- teindre ces objectifs. Il faut aussi des niveaux de prix correspon- président de la Commission fran- sions des gaz à effet de serre. définir au niveau international dant à l’optimum économique, à çaise du développement durable. LeMonde Job: WMQ0511--0022-0 WAS LMQ0511-22 Op.: XX Rev.: 04-11-97 T.: 11:05 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0492 Lcp: 196 CMYK
22 ENTREPRISES LE MONDE / MERCREDI 5 NOVEMBRE 1997
MARCHÉS L’embellie sur les plus de 20 % en cinq séances, tandis b UN REGAIN d’optimisme qui tient bre, en faveur de l’Indonésie a été plus rapide de réformes écono- marchés boursiers se confirme. Les que la Bourse de New York gagnait, à l’amélioration de la situation en jugé convaincant. b L’ANNONCE de miques dans le pays. b LE SYSTÈME Bourses mondiales se sont envolées lundi 3 novembre, 232,32 points Asie du Sud-Est. Le plan d’aide de la démission prochaine du premier BANCAIRE des pays développés et au cours des derniers jours. (3,12 %), soit la troisième plus forte 33 milliards de dollars (191 milliards ministre thaïlandais, Chavalit Yong- émergents, enfin, a apparemment b HONGKONG s’est appréciée de hausse, en points, de son histoire. de francs) décidé, vendredi 31 octo- chaiyudh, fait espérer l’adoption bien résisté à la tempête. Le rebond des places boursières se poursuit, même si la nervosité reste forte Le plan d’aide de 33 milliards de dollars (191 milliards de francs) à l’Indonésie et la démission du premier ministre thaïlandais sont bien accueillis par les investisseurs. Le système bancaire des pays développés et émergents semble avoir résisté à la tempête
APRÈS LA PANIQUE, l’eupho- en faveur de l’Indonésie, qui s’est sième trimestre aux Etats-Unis) et rie ? Alors qu’elles avaient lourde- accompagné de l’annonce par Dja- Les places boursières ont regagné plus de 10 % en une semaine la reprise de l’activité en Europe, ce ment chuté lundi 27 et mardi 28 oc- karta de réformes en profondeur de BOURSE DE NEW YORK BOURSE DE HONGKONG BOURSE DE PARIS qui contribue à rassurer les investis- tobre et s’étaient retrouvées au l’économie, a été jugé convaincant indice Dow Jones indice Hang Seng indice CAC 40 seurs sur les places occidentales. bord du krach, les Bourses mon- par les milieux économiques et fi- Dans le sillage du président de la 8 200 15 000 3 100 diales se sont envolées au cours des nanciers. Cet accueil favorable 7 674,40 10 780,78 2 787,96 Réserve fédérale, Alan Greenspan, derniers jours. Hongkong s’est ap- contraste avec celui, très négatif, 8 000 14 000 3 000 qui avait qualifié la tempête préciée de plus de 20 % en cinq réservé au mois d’août au pro- d’« événement salutaire », le pré- 7 800 13 000 2 900 séances, même si elle a reperdu gramme de soutien destiné à la sident de la Bundesbank, Hans 4,21 % mardi 4 novembre. La veille, Thaïlande. 7 600 12 000 2 800 Tietmeyer, a affirmé lundi que l’indice Dow Jones de la Bourse de 7 400 11 000 2 700 « certaines corrections étaient inévi- New York avait gagné 232,32 points IMPRESSION FAVORABLE tables sur les marchés des actions et 7 200 10 000 (3,12 %), soit la troisième plus forte L’action concertée, lundi, des 2 600 que, somme toute, elles se répercute- hausse en points de son histoire. banques centrales du Japon, de Sin- 7 000 9 000 2 500 ront probablement de manière profi- Les places européennes étaient in- gapour et d’Indonésie pour faire re- 6 800 8 000 2 400 table ». certaines mardi en début de mati- monter la roupie a également favo- Les experts restent toutefois pru- née. Paris, Francfort et Londres en- rablement impressionné les dents. Ils soulignent que la situa- registraient des reculs compris opérateurs. Ils ont vu dans cette in- tion financière reste fragile en Asie 07 OCT.10 OCT. 16 OCT. 22 OCT. 28 OCT. 03 NOV. 07 OCT.13 OCT. 16 OCT. 22 OCT. 28 OCT.31 OCT.04 NOV. 07 OCT. 10 OCT.15 OCT.20 OCT.23 OCT. 28 OCT. 03 NOV. du Sud-Est, notamment à Hong- entre 0,40 % et 0,50 %. Lundi, Paris tervention surprise la signature 1997 1997 1997 avait progressé de 1,78 %, Francfort d’Eisuke Sakakibara, vice-ministre kong, et les difficultés économiques Source : Bloomberg de 2,51 % et Amsterdam de 2,70 %. nippon des finances, qui jouit d’une de certains grands pays en dévelop- Si la violence du rebond a surpris excellente réputation sur les mar- tème bancaire a, apparemment, quelles elles travaillent. Mais les émergents, et le fonds du financier pement restent entières. Par les experts, ces derniers mettent en chés financiers internationaux. Leur bien résisté à la tempête financière banques brésiliennes ont finale- George Soros aurait subi une exemple, le redressement de la avant plusieurs éléments de nature optimisme a été renforcé, enfin, par et boursière des derniers jours. Cer- ment honoré leurs paiements, ce moins-value de 2 milliards de dol- Bourse de Sao Paulo et la stabilisa- à expliquer le brusque regain d’op- l’annonce de la démission pro- tains analystes craignaient que des qui a rassuré l’ensemble de la lars –, n’ont pas été suffisantes tion du real n’ont pas réglé le pro- timisme des investisseurs. Le pre- chaine du premier ministre thaïlan- établissements, à la suite de pertes communauté financière internatio- pour déclencher une « crise systé- blème du déséquilibre des comptes mier tient à l’amélioration de la si- dais, Chavalit Yongchaiyudh. Les subies sur les marchés, se re- nale. Les pertes subies lors du mini- mique », selon l’expression des spé- courants brésiliens. Les spécialistes tuation en Asie du Sud-Est, d’où opérateurs espèrent que la fin de la trouvent en situation de faillite. Des krach, aussi importantes soient- cialistes, c’est-à-dire des faillites en s’attendent, dans ce contexte, à une était partie l’onde de choc moné- crise politique à Bangkok permettra rumeurs avaient circulé à ce sujet elles – la Chase Manhattan, l’une chaîne de banques. grande volatilité des cours des ac- taire et boursière. Le plan interna- l’adoption de réformes écono- pour plusieurs banques brési- des plus grandes banques améri- Enfin, les dernières statistiques tions au cours des prochaines se- tional d’aide financière de 33 mil- miques dans le pays. liennes. Leur débâcle aurait placé caines, aurait perdu près de publiées confirment la bonne santé maines. liards de dollars (191 milliards de Le deuxième élément réconfor- en grande difficulté les grandes ins- 200 millions de dollars (1,2 milliard de l’économie américaine (la crois- francs) décidé vendredi 31 octobre tant réside dans le fait que le sys- titutions occidentales avec les- de francs) sur les seuls marchés sance s’est établie à 3,5 % au troi- Pierre-Antoine Delhommais André Orléan, économiste et directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) « Les cours sont le reflet des croyances partagées des acteurs financiers » « La crise financière née en les évolutions de long terme, la li- contemporaine s’est récemment Les cours ne sont pas le reflet des blables. On rapporte que, déjà en Asie s’est propagée, la semaine quidité impose aux agents de s’in- intéressée à ces phénomènes de données économiques fondamen- mai 1931, la crise de la Credit-Ans- dernière, dans le monde entier, téresser en priorité à la psycholo- prophéties autoréalisatrices. Les tales ; ils sont l’expression des talt de Vienne avait débouché sur provoquant lundi 27 octobre sur gie collective du marché. Pour équilibres « de taches solaires » croyances partagées des acteurs une spéculation contre la mon- les places boursières une se- cette raison, on la qualifiera d’au- en sont une illustration exem- financiers. naie allemande essentiellement cousse de grande ampleur sui- toréférentielle. Ce qui intéresse plaire. Il s’agit d’une situation – Ces phénomènes se sont-ils parce que les financiers améri- vie, depuis, par un rebond assez les opérateurs, c’est ce que les théorique où les prix sont corrélés amplifiés ces dernières années ? cains confondaient l’Autriche et spectaculaire. Les marchés sont- autres pensent ou, plutôt, ce que aux taches solaires, non pas parce les déréglementations ont-elles l’Allemagne ! ils irrationnels ? les autres penseront à l’instant que ces taches solaires auraient accru la volatilité financière ? » Pourtant, l’irrationalité de ces – Si l’on pense que les marchés qui suit. Autrement dit, face à un des effets sur la productivité agri- – On assiste à un paradoxe. Un évolutions disparaît si on les ana- ont un rôle essentiellement infor- événement, la question perti- cole, comme le croyait Stanley Je- des avantages supposés d’un mar- lyse, du point de vue de la logique mationnel et qu’en conséquence nente n’est pas tant son effet sur vons à son époque, mais simple- ché financier mondialisé est de autoréférentielle, comme l’ex- il convient de mesurer leurs per- la valeur fondamentale des titres ment parce que les individus permettre une meilleure diversifi- pression d’une défiance générali- formances à leur capacité à for- que l’interprétation que le marché croient qu’il en est ainsi. Même si cation des portefeuilles financiers sée qui teste progressivement la mer des prix qui reflètent fidèle- ANDRÉ ORLÉAN en donnera. Telle est la source des cette relation n’est pas objective- et, ce faisant, une moindre expo- résistance des divers segments du ment les données fondamentales comportements de surréaction. ment vraie, la croyance unanime sition aux risques. Or ce qui est marché mondial. On assiste à une des économies, ils sont certaine- « calme les nerfs de l’épargnant et » Chacun peut croire en son for des acteurs économiques suffit à apparu avec force, c’est au dynamique mondiale qui procède ment irrationnels. Les marchés lui fait courir plus volontiers les intérieur, par exemple, qu’il n’y a la réaliser. contraire l’étroite corrélation par contaminations soudaines ini- sont surréactifs : ils donnent un risques », pour reprendre le mot pas de raisons objectives pour » C’est cette même logique entre tous les marchés : ils ont tiées par la recherche de la liqui- poids démesuré à des événements de Keynes. que les titres français soient forte- qu’on voit à l’œuvre dans les phé- tous chuté simultanément et sont dité. dont le contenu informationnel » Mais la généralisation de ces ment affectés par les événements nomènes financiers : la défiance remontés en même temps, de ma- – Cette volatilité accrue est- est faible, ce qui engendre une prises de position individuelles, du Sud-Est asiatique ; il n’en sera dans telle monnaie conduit à des nière parfaitement synchronisée. elle dangereuse ? très forte volatilité des cours. lorsqu’elles vont toutes dans le pas moins vendeur s’il pense que comportements généralisés de » Cette synchronisation est – Oui, elle l’est. Le risque fonda- » Mais, à mon sens, le marché a même sens, engendre, par effet les autres opérateurs le croient. Il vente qui conduiront à la dépré- dangereuse. Elle montre pleine- mental est de nature systémique. une autre fonction essentielle : di- de composition, des conjonctures s’ensuit une autonomisation des ciation de la monnaie et valide- ment que la recherche de la liqui- Autrement dit, ce qui caractérise minuer le risque de l’investisse- globales instables. La rationalité croyances collectives du marché ront ex post les anticipations de dité se fait désormais à l’échelle la sphère financière, c’est l’étroite ment en lui donnant une forme li- des comportements individuels qui acquièrent, ce faisant, le sta- défiance. mondiale. Les effets de résonance imbrication de tous les marchés, quide. Si l’investisseur ne pouvait débouche sur une irrationalité tut de vérité objective. On » Cette possibilité d’autoréali- deviennent considérables, le pes- de telle sorte qu’un choc d’abord placer son argent que dans des globale. comprend alors l’importance de sation des croyances modifie simisme comme l’optimisme s’ali- local peut produire des effets glo- actifs immobilisés ou difficile- – L’investisseur individuel n’a- l’imitation. Tous les analystes ont alors profondément notre mentant aux quatre coins de la baux. ment négociables, cela constitue- t-il pas intérêt à rechercher le mis, à juste titre, l’accent sur le conception de l’irrationalité fi- planète. On l’a déjà expérimenté » Les canaux de transmission rait, à l’évidence, un obstacle im- meilleur placement ? Pourquoi caractère moutonnier des pa- nancière. On peut démontrer ri- dans le cas mexicain. Tous les sont nombreux. Par exemple, la portant à l’investissement. Telle devient-il moutonnier ? niques boursières. Il s’agit en fait goureusement que certaines analystes ont souligné ce que ces baisse brutale des Bourses de va- est la fonction essentielle des – La logique de la liquidité est d’un mimétisme stratégique. bulles sont tout à fait compatibles comportements avaient d’aber- leurs fragilise les banques et cer- Bourses de valeurs : faciliter l’in- très différente de la logique fon- – D’où l’effet fameux dit « des avec un comportement rationnel rant du point de vue des données tains fonds de placement. De vestissement en le rendant révo- damentaliste. Alors que cette der- taches solaires »... des agents : chacun anticipe la fondamentales, tant les situations même, la défiance peut atteindre cable à tous instants, ce qui nière est tout entière centrée sur – La théorie économique hausse, qui, en effet, se réalise. des divers pays étaient dissem- le marché des changes et obliger les autorités à augmenter leur taux d’intérêt pour défendre leur monnaie, ce qui, à nouveau, fragi- La démission annoncée du premier ministre thaïlandais provoque un soulagement lise le système bancaire et affecte la demande. Le moindre incident BANGKOK ciation de l’accord avec le FMI, qui sibilité serait de faire appel à cas de figure serait donc le main- imprévu peut transformer cette de notre correspondant date seulement du 11 août mais Chuan Leekpai, chef de l’opposi- tien de la majorité actuelle fragilité structurelle en une vague Une phase d’intenses ma- dont les termes sont tout à coup tion parlementaire, qui a déjà été moyennant la nomination, à la d’insolvabilités en chaîne. nœuvres politiques s’est ouverte, jugés trop durs, est dans l’air. Mais premier ministre de 1992 à 1995. tête du gouvernement, non du gé- » On peut mesurer les enjeux lundi 3 novembre à Bangkok, avec le sentiment prévaut, surtout, que Toutefois, Chaovalith souhaite néral Chatichai, qui dit ne pas en d’une telle crise lorsqu’on ob- l’annonce, par le général Chaova- l’actuel gouvernement, qui éviter que Chuan, président du vouloir, mais de l’un de ses lieute- serve aujourd’hui les économies lith Yongchaiyudh, au pouvoir de- compte quatorze nouveaux Parti démocrate, lui succède. En nants. du Sud-Est asiatique. La crise a puis onze mois, qu’il renonçait à la membres depuis le 25 octobre outre, le manque d’enthousiasme L’incertitude continue donc de commencé par le décrochage du direction d’un gouvernement de seulement, a déjà perdu une large manifesté par Chuan Leekpai lui- prévaloir avec, cependant, une dif- baht thaïlandais, le 2 juillet, qui coalition paralysé par des que- part de sa crédibilité. même a ses raisons : l’héritage est férence : cette fois-ci, sur le plan s’est propagé à l’ensemble des relles internes. Le premier mi- dur, un nouveau cabinet ne dispo- politique, les choses commencent pays de la région. Elle a entraîné nistre a, en effet, déclaré qu’il sou- FAUSSE SORTIE ? sera que de quelques mois pour un peu à bouger. Il en faudrait une chute des Bourses, une dé- mettrait sa démission au roi jeudi, Pour peu qu’il ne s’agisse pas faire ses preuves avant des élec- sans doute bien davantage pour préciation des monnaies de une fois adoptées par le Parlement d’une fausse sortie de la part du tions générales et, surtout, Chuan lever une méfiance à l’égard des l’ordre de 30 % et une augmenta- six lois financières liées à l’applica- premier ministre, un abcès aura Leekpai sera contraint de s’allier gouvernants qui n’est pas, certes, tion durable des taux d’intérêt tion du plan de redressement du été crevé. La crise politique, qui avec des membres de la majorité à l’origine de la crise économique (13,5 % en Thaïlande, 24 % aux FMI et trois lois organiques néces- l’emporte sur toute autre considé- actuelle pour obtenir un vote fa- mais qui a tant contribué à l’am- Philippines), qui ont pu fragiliser saires à l’organisation d’élections ration depuis des mois, n’aura pas vorable du Parlement. plifier. En Thaïlande, la donnée davantage un système bancaire anticipées début 1998. pour autant été réglée. Une solu- L’un des hommes-clés de la si- politique demeure dominante, et déjà malade sous le poids des L’indécision de Chaovalith a tion, qui aurait la préférence des tuation est donc le général Chati- les Thaïlandais se retrouvent, une créances douteuses. Cette crise coûté, ces derniers mois, assez militaires, serait la formation d’un chai Choonhavan, soixante-dix- fois de plus, face à leur paradoxe systémique qui affecte la solvabi- cher à la Thaïlande pour que sa gouvernement national ; elle est sept ans, ancien premier ministre favori : l’appel naturel à un chef – lité de nombreux agents privés ne démission, si elle se confirme, ne préconisée par le général Prem (1988-1991), qui dirige le deuxième en l’occurrence le général Prem – pourra se résorber qu’à l’issue soit pas accueillie avec soulage- Tinsulanonda, soixante-dix-sept parti de la majorité, le Chat Patta- que leur système parlementaire, d’un long processus d’assainisse- ment, ainsi que l’a souligné, mardi ans, conseiller privé du monarque na. Les désaccords entre Chaova- garant de leurs libertés, est inca- ment. » 4 novembre, la remontée du baht après avoir été premier ministre lith et Chatichai sont, d’ailleurs, pable de désigner. et de la Bourse de Bangkok. De- de 1980 à 1988. Mais la classe poli- pour beaucoup dans la paralysie Propos recueillis par puis quelques jours, une renégo- tique fait la moue. Une autre pos- gouvernementale. Le troisième Jean-Claude Pomonti Eric Le Boucher LeMonde Job: WMQ0511--0023-0 WAS LMQ0511-23 Op.: XX Rev.: 04-11-97 T.: 10:37 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0493 Lcp: 196 CMYK
ENTREPRISES LE MONDE / MERCREDI 5 NOVEMBRE 1997 / 23 General Electric intègre La faillite de Sanyo Securities assombrit des activités de Lockheed Martin LE GROUPE américain General Electric a annoncé, lundi 3 novembre, l’avenir des maisons de titres japonaises l’échange de 2,8 milliards de dollars (16,8 milliards de francs) d’actions de Lockheed Martin qu’il détient contre des activités de ce dernier. General Electric intrégrera dans ses structures les activités de moteurs d’avions et de Le courtier laisse un passif de près de 18 milliards de francs distribution d’ordinateurs de Lockheed Martin. Le groupe héritera aussi de la participation détenue par Lockheed Martin dans Globalstar, société de La maison de titres japonaise Sanyo Securities a liards de francs). Cette faillite, la première depuis dont les indicateurs de croissance sont à la baisse, téléphonie mobile par satellites. Les plus-values réalisées sur cette opération déposé son bilan, lundi 3 novembre, laissant un la fin de la deuxième guerre mondiale, intervient et pour le système financier, handicapé par les s’élèveraient à 1 milliard de dollars. passif de 374 milliards de yens (environ 18 mil- à un moment délicat pour l’économie japonaise, contre-performances de la Bourse de Tokyo. General Electric, qui recevra en outre 1,5 milliard de dollars en liquide, était entré au capital de Lockheed Martin en 1993, lorsque cette société s’appelait TOKYO via des filiales). Enfin, la concur- Martin Marietta. correspondance rence étrangère se renforce : La maison de titres japonaise depuis août, les vingt et une socié- DÉPÊCHES Sanyo Securities a déposé son tés de courtage étrangères ins- a REPSOL : un consortium de quatre firmes pétrolières européennes, bilan, lundi 3 novembre, laissant crites au Kabuto-Cho ont dépassé dans lequel l’espagnol Repsol est l’opérateur avec une participation de 32 % un passif de 374 milliards de yens pour la première fois les quatre a signé, lundi 3 novembre, un contrat d’exploration et de production en (environ 18 milliards de francs). grands en volume de transactions. Libye. C’est le premier courtier nippon Le scandale des compensations a ELF : le ministère de l’économie allemand a indiqué, lundi à faire faillite depuis la fin de la illégales et des transactions discré- 3 novembre, qu’il pensait maintenir la subvention de la construction par deuxième guerre mondiale. Les tionnaires effectuées pour le Elf-Aquitaine de la raffinerie de pétrole Leuna, en ex-RDA, malgré la déci- déréglementations en cours dans compte des sokaiya par les quatre sion négative de la Commission européenne. Bruxelles a critiqué sur la le cadre du « big bang » japonais grandes maisons de courtage pèse forme mais pas sur le fond les subventions d’environ 400 millions de marks pourraient entraîner d’autres vic- sur leurs performances. Les per- (1,32 milliard de francs) prévues. times parmi les sociétés les moins quisitions et les arrestations se a LEVI STRAUSS : le fabricant américain a annoncé lundi 3 novembre solides du secteur. Même si le pre- sont poursuivies ces deux der- la fermeture de onze usines aux Etats-Unis et au Canada en 1998 et le licen- mier ministre, Ryutaro Hashimoto, nières semaines aux sièges de ciement de 6 395 salariés, soit plus de 34 % de ses effectifs. Levi’s consacrera a cherché, mardi, à minimiser la Nikko, Yamaichi, et Daiwa, la der- 200 millions de dollars (1,2 milliard de francs) pour couvrir le coût de ces portée de cette faillite en affirmant nière à être « tombée ». licenciements. La fondation créée par le groupe débloquera huit millions de qu’il s’agissait d’un « cas spécial ». Le leader du secteur, Nomura, dollars de dons pour aider les municipalités affectées par ces mesures. sanctionné le premier, a toutes les a MARIE BRIZARD : l’administrateur judiciaire Hubert Lafont a été MOMENT DÉLICAT chances de revenir en force au chargé d’une mission de conciliation entre Marie Brizard, qui a accumulé 56 La faillite de Sanyo intervient à second semestre : ce sont désor- millions de francs de pertes au cours des deux derniers exercices, et ses un moment délicat pour l’écono- mais aux trois autres de subir des partenaires financiers. mie japonaise, dont les indicateurs restrictions dans leurs activités a FRANCE TÉLÉCOM : le forfait de 6 heures de communications de croissance sont à la baisse, et pour les six prochains mois. Les locales aux heures creuses pour 30 francs offert par l’exploitant n’a pas été pour le système financier, handi- résultats du premier semestre 1997 jugé anti-concurrentiel par la Commission européenne, qui examinait une capé par les contre-performances tier. A moins d’un an de leur matu- non bancaires ont servi de relais (d’avril à septembre), qui viennent plainte de Cegetel (groupe Générale des eaux), selon la direction de France de la Bourse de Tokyo : l’indice ration, les prêts subordonnés ne aux banques et aux maisons de d’être publiés, sont inférieurs aux Télécom. Nikkei est à son plus bas niveau sont plus comptabilisés dans le courtage pour toute une série de prévisions : 49 milliards de yens de a NORTHERN TELECOM : le groupe canadien de télécommunications a depuis deux ans. Le ministre des capital : en devenant des dettes à prêts que celles-ci n’étaient pas bénéfices avant impôt pour annoncé lundi 3 novembre une offre d’achat de 586 millions de dollars finances, Hiroshi Mitsuzuka, s’est court terme, ils déséquilibraient le autorisées à attribuer directement. Nomura, 19 milliards pour Daiwa, canadiens (2,4 milliards de francs) sur la totalité du capital de Broadband empressé de déclarer lundi qu’il ratio dettes sur fonds propres de Elles sont également au centre des 2,2 pour Nikko et 2,7 milliards de Networks. Cette société canadienne créée en 1994 est spécialisée dans les avait, « en considération des cir- Sanyo. Le courtier, qui avait dû, en scandales impliquant les sokaiya yens de pertes pour Yamaichi, le technologies de communication de grands volumes de données sur les constances économiques actuelles, 1994, reprendre à son compte plus (maîtres chanteurs). plus mal en point. Sur les dix mai- réseaux sans fil. reçu instruction du premier ministre de 80 milliards de yens de mau- Que le ministère des finances ne sons de titres de second rang, neuf, a SIEMENS : le groupe allemand a conclu lundi 3 novembre la vente de Ryutaro Hashimoto de faire tout ce vaises créances supportées par ses soit pas parvenu, malgré ses dont Sanyo, ont enregistré des sa division de matériel dentaire (2 700 personnes, 900 millions de marks de qui était possible pour maintenir le filiales de crédit non bancaires, se efforts, à obtenir des créanciers et pertes avant impôt au premier chiffre d’affaires) à des investisseurs étrangers. calme sur les marchés et protéger les trouvait déjà dans une situation actionnaires de Sanyo l’assurance semestre 1997. Leur existence a AUTOMOBILE : les immatriculations (utilitaires légers compris) ont investisseurs ». Le Fonds de précaire. La dette du groupe Sanyo d’un sauvetage concerté du cour- comme entités indépendantes diminué de 16,6 %, à 195 000 unités, selon les chiffres définitifs publiés, lundi compensation pour les titres en atteint 838 milliards de yens, a tier est la preuve d’une émancipa- pourrait, à l’instar de Sanyo, être 3 novembre, par le Comité des constructeurs français d’automobiles dépôt a été autorisé à dépasser la déclaré son président, Takashi tion progressive du secteur finan- remise en question une fois que la (CCFA). Pour les seules voitures de particuliers, la baisse est de 18,4 % limite – prévue par la loi – de 2 mil- Ikeuchi. cier, rendue nécessaire par une consolidation du secteur, jugée (165 000 unités). Seul, Citroën affiche des résultats en progression (+9,5 %). liards de yens de compensation Créée en 1910 et connue sous crise prolongée. Un porte-parole inévitable, aura commencé. La a COMPAGNIE BANCAIRE : la filiale britannique du groupe, UCB par maison de courtage, le son nom actuel depuis 1973 après d’une compagnie d’assurances reprise ou non des activités de Group, vient de céder au Credit Suisse First Boston son activité de finance- ministre des finances s’étant une série de fusions, Sanyo Securi- concernée a expliqué qu’il y avait Sanyo par un tiers pourrait en être ment immobilier de maisons de santé, qui comprenait un portefeuille de assuré du soutien des principaux ties fait partie des dix maisons de assez à faire dans son domaine le coup d’envoi. prêts hypothécaires de 3,5 milliards de francs. Cette cession marque le créanciers et actionnaires de courtage de second rang, derrière pour s’abstenir de jouer les pom- retrait total de la Compagnie bancaire du secteur immobilier en Grande- Sanyo (dont trois grandes les quatre grands, Nomura, Daiwa, piers chez les voisins. Brice Pedroletti Bretagne. banques, neuf compagnies d’assu- Nikko et Yamaichi Securities. Avec En outre, le « big bang » ne rance-vie et Nomura) pour subve- 2 500 employés et 70 branches, réserve pas aux maisons de titres nir à tout besoin de liquidité lors Sanyo Securities avait défrayé la des jours très roses. Les réformes du remboursement des clients de chronique dans les années en cours prévoient de déréglemen- Sanyo. d’euphorie financière en se van- ter, à partir d’avril 1998, les C’est le refus de deux compa- tant d’avoir la plus grande salle de commissions de courtage, leur gnies d’assurance-vie de prolonger marché du monde. Les déboires de principale source de revenus. Elles l’échéance de 20 milliards de yens ses filiales non bancaires, impli- impliquent également la dispari- en prêts subordonnés à Sanyo, quées dans les gigantesques prêts tion progressive des barrières res- malgré l’insistance du ministère immobiliers qui ont alimenté la treignant l’activité des banques des finances, qui a, technique- spéculation, lui sont aujourd’hui dans le domaine du courtage (où ment, provoqué la faillite du cour- fatals. Les établissements de crédit elles interviennent pour l’instant Hilton relève son offre sur ITT Sheraton HILTON, contrairement aux précédentes déclara- L’offre du promoteur immobilier est supérieure en tions de ses dirigeants, n’est pas prêt à lâcher prise chiffres absolus, puisqu’elle s’élève à 13,3 milliards dans la bataille boursière qu’il livre depuis janvier de dollars, mais, à la différence de Hilton, Starwood pour prendre le contrôle d’ITT Sheraton. Lundi ne prévoit de verser que 15 dollars comptant par 3 novembre, Steven Bollenbach, PDG de Hilton, a titre, auxquels s’ajoutent 67 dollars sous forme annoncé qu’il relevait son offre. Il propose désormais d’actions privilégiées pour les actionnaires d’ITT. 80 dollars par titre contre 70 dollars précédemment. « Notre offre révisée est clairement supérieure et Cette offre vient contrer l’accord de fusion passé, apporte plus de valeurs, plus de certitudes et un certain lundi 20 octobre, entre ITT Sheraton et Starwood nombre d’avantages supplémentaires pour les action- Lodging afin de créer, au début de 1998, l’un des pre- naires d’ITT », affirmait lundi Stephen Bollenbach. miers groupes mondiaux d’hôtellerie (Le Monde du En ces périodes de tourmente boursière, la nou- 22 octobre). velle offre de Hilton procure surtout une plus-value Paradoxalement, la nouvelle offre de Hilton est, sensible en espèces sonnantes et trébuchantes. Il dans l’absolu, inférieure à celle de Starwood Lodging. semble que la volatilité de Wall Street, au cours de Le prédateur, huitième groupe hôtelier mondial, offre ces dernières semaines, ait encouragé Hilton à dans un premier temps 80 dollars au comptant par repartir à l’assaut d’ITT et de ses hôtels Sheraton, action pour 55 % du capital d’ITT. Dans un second alors qu’au lendemain de la conclusion de l’accord temps, Hilton proposera aux actionnaires d’ITT entre Starwood et ITT, le groupe avait très claire- l’échange des actions restantes sur la base de deux ment écarté l’idée d’une contre-offre. « Aussi long- titres Hilton contre un titre ITT. En outre, les action- temps que les promoteurs immobiliers seront prêts à naires d’ITT recevront un paiement complémentaire payer aussi cher, ils nous battront à chaque fois », au cas où les actions Hilton atteindraient moins de avait alors reconnu Steven Bollenbach. Selon les 40 dollars dans l’année suivant la fusion. Au total, analystes, Starwood n’a pas encore dit son dernier l’offre améliorée de Hilton représente 9,3 milliards de mot. dollars, plus 3,5 milliards de dollars de reprise de dette, soit un total de 12,8 milliards de dollars. François Bostnavaron Deutsche Telekom va coupler téléphone fixe et téléphone mobile RON SOMMER, le président de leur entrée, à la faveur de la libérali- mobile par Mannesmann. Son Deutsche Telekom, a annoncé, lundi sation, sur le marché allemand du réseau « D1 » devrait compter 3 mil- 3 novembre, que l’opérateur alle- téléphone à partir du 1er janvier lions d’abonnés fin 1997, contre mand lancera « d’ici peu » des pres- 1998. 3,3 millions d’abonnés (soit 1 million tations couplées pour l’utilisation La mise en place d’offres de plus que fin 1996) pour le réseau d’un téléphone fixe classique et d’un commerciales associant des services « D2 » de Mannesmann Mobilfunk. téléphone mobile. Les abonnés de téléphonie fixe et de téléphonie Depuis début octobre, T-Mobil auront la possibilité d’avoir le même mobile a été annoncée par Mannes- (5 400 salariés, 5,4 milliards de numéro téléphonique pour leurs mann, O-tel-o, la filiale des groupes marks de chiffre d’affaires en 1996) deux appareils. allemands d’énergie Veba et RWE n’a plus de président. Lothar Hun- Ce type de prestation est déjà (ils exploitent le troisième réseau sel, qui occupait ce poste, a démis- offert en Grande-Bretagne par BT. allemand de téléphone mobile), ou sionné. Officiellement pour « rai- En France, la direction de France encore Viag Interkom, la filiale du sons personnelles ». M. Sommer a Télécom indique que l’exploitant ne groupe allemand d’énergie Viag et annoncé lundi qu’il sera remplacé, à peut offrir un tel couplage fixe- de BT (elle doit déployer le qua- compter de janvier, par Kai Uwe mobile « en raison de notre position trième réseau de téléphonie Ricke, ancien directeur marketing dominante ». mobile). de Talkline, filiale de l’opérateur Avec cette annonce, Deutsche T-Mobil, la filiale de Deutsche TeleDanmark. Telekom se prépare à répliquer aux Telekom, est dominée depuis plus nouveaux opérateurs, qui vont faire d’un an sur le marché du téléphone Philippe Le Cœur LeMonde Job: WMQ0511--0024-0 WAS LMQ0511-24 Op.: XX Rev.: 04-11-97 T.: 08:31 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0494 Lcp: 196 CMYK
24 COMMUNICATION LE MONDE / MERCREDI 5 NOVEMBRE 1997 La publicité interactive fait ses premiers pas à la télévision Les bouquets de programmes numériques TPS et CanalSatellite s’aventurent, par des voies différentes, sur la piste de l’interactivité, un domaine réservé jusque-là à Internet. Renault, Audi et la marque de jouets Lego jouent les pionniers
LA GUERRE que se livrent de- France, l’interactivité publicitaire à disent l’un comme l’autre en Thomson Multimédia, aujourd’hui voir apparaître le mini-catalogue. vendre « entre cent cinquante et puis leur lancement, en 1996, TPS la télévision. Début juillet, le « phase exploratoire », développent directeur multimédia de TPS, la Résultat, la publicité mordait sur deux cents véhicules », selon Thé- et CanalSatellite, les deux opéra- groupe Volkswagen avait essuyé des approches différentes. Pour publicité interactive « permet d’al- l’habillage de la chaîne, voire em- matiques Régies. Au regard de l’in- teurs français de télévision par sa- les plâtres avec sa campagne pour Rémi Collard, le patron de Théma- ler un cran plus loin en disant au té- piétait sur l’émission suivante. A vestissement initial, la rentabilité tellite, porte désormais aussi sur la l’Audi A4, diffusée par Canal Jim- tiques régies, en charge de la publi- lespectateur : “Appropriez-vous le CanalSatellite, on place la publicité est impressionnante : pour conce- publicité interactive. Grâce aux lo- my et Eurosport France sur Canal- cité interactive pour CanalSatellite, produit et comprenez ce qu’il interactive en fin d’écran. «Il ne voir son bandeau, la marque alle- giciels Open TV, pour TPS, et Mé- Satellite. Renault lui avait emboîté « les abonnés sont d’abord là pour est” ». Le téléspectateur se pro- faut pas dépasser une ou deux opé- mande a dépensé 50 000 francs en diahighway, pour CanalSatellite, le pas, du 10 au 24 octobre, en les programmes télévisés ». L’inter- mène dans un espace réservé à la rations à la fois pour éviter que ce frais techniques et 500 000 francs dont sont équipés les décodeurs, transformant un spot publicitaire activité sur CanalSatellite se réduit marque et pioche les informations qui est aujourd’hui spectaculaire ne pour l’achat d’espaces, alors que le plus de sept cent mille foyers pour la nouvelle Kangoo en cata- donc au strict minimum : pas qui l’intéressent, « un peu comme se transforme en kermesse », oppose chiffre d’affaires direct serait d’en- peuvent aujourd’hui manifester logue interactif lorsque le spot d’images, pas de sons. Un premier on peut le faire sur Internet, mais de Rémi Collard, qui prévoit de réali- viron 21 millions de francs. Eric leur intérêt pour un produit pré- était diffusé sur TF 1 et M 6, via bandeau fait la proposition, suivi, façon plus simple et conviviale ». A ser sur CanalSatellite une dizaine Pasquier estime, quant à lui, que senté dans un spot publicitaire : il TPS. De ces deux premières expé- dix secondes plus tard, d’un second l’avenir, il est question d’ajouter du d’opérations de ce genre en 1998 les 140 000 francs de frais tech- suffit d’utiliser la touche OK de la riences françaises, des enseigne- bandeau qui atteste que la de- son : « On s’est rendu compte qu’il mais en contrôlant strictement leur niques dépensés pour la campagne télécommande numérique pour ments peuvent déjà être tirés. mande a été prise en compte. fallait intégrer nos pages interactives mise en œuvre. Kangoo sont « une goutte d’eau obtenir plus d’informations et se TPS et CanalSatellite, qui se Pour Alain Staron, ex-TF 1 et à l’univers sonore de la télévision, si- comparée aux millions de francs in- faire connaître auprès de l’annon- non la différence est trop grande », RENTABILITÉ EXCEPTIONNELLE vestis dans la publicité à la télévi- ceur. Alors que la France accuse un analyse Eric Pasquier, directeur D’autres annonceurs devraient sion ». net retard en matière d’Internet, L’expérience britannique multimédia de Renault. Il re- grossir le flot des candidats, car la La publicité interactive à la télé- elle serait l’un des précurseurs de la connaît que « la publicité interac- publicité interactive allie le diver- vision aurait donc de beaux jours publicité interactive à la télévision. La première et seule autre expérience européenne de publicité in- tive avec Kangoo, c’est la Renault 4 tissement audiovisuel à l’efficacité devant elle. « Même si l’audience Mercredi 12 novembre, trois teractive à la télévision a eu lieu en Grande-Bretagne, en mai 1996. de l’interactivité, la préhistoire ». Le du marketing direct. Elle permet de des chaînes diffusées par câble et sa- spots pour les jouets Lego Les 100 000 foyers abonnés au câble via Videotron dans la région de texte est indigeste – « en raison des recueillir les coordonnées des per- tellite reste relativement confiden- – gammes Lego Scala, Lego Sys- Londres ont pu, pendant huit semaines, décider de la fin d’un spot obligations légales », justifie-t-on sonnes susceptibles d’acheter le tielle, c’est évidemment l’avenir », tem, Duplo Premio – solliciteront publicitaire pour les céréales Frosties de Kellog’s. Conçu comme une chez TPS – et les images sont au produit. La campagne Audi aura observe Philippe Deshons, expert l’intervention du téléspectateur sur leçon de surf par l’agence de publicité J Walter Thompson, cette pu- format vignette. ainsi permis d’identifier deux mille média à Leo Media (BL/LB). Pour les chaînes TF 1, M 6 et Télétoon blicité était destinée aux enfants : le tigre Tony offrait à chaque mo- En outre, l’approche retenue par cinq cents abonnés intéressés par Philippe Guéguan, d’Ogilvy & Ma- diffusées sur TPS. Lego inaugurera, ment clé du spot de choisir la séquence suivante (type de vague, di- TPS met le doigt sur ce qui risque l’A4 (sur les cinq cent quatre-vingt- ther Interactive, c’est « la consécra- en même temps, la « galerie rection de la planche...) en appuyant sur les boutons de la de devenir, « si le système se déve- treize mille abonnés de CanalSatel- tion par un grand média comme la commerciale » que vient juste télécommande. L’effet obtenu était proche du jeu vidéo. Cette publi- loppe », une question cruciale : le lite numérique), et celle de Renault télévision d’une nouvelle forme de d’ouvrir l’opérateur satellitaire sur cité était censée conserver l’attention de jeunes téléspectateurs ha- temps d’antenne alloué à l’interac- deux mille quatre cents abonnés publicité, plus informative, qui son canal 88 en proposant de bitués à quitter le petit écran pendant les plages publicitaires pour tivité. Le spot Kangoo était placé intéressés par la Kangoo (sur les n’existait jusqu’ici que sur le Web ». vendre ses produits en ligne. Lego aller jouer... aux jeux vidéo. L’expérience n’a, selon nos informa- au milieu des autres spots et il fal- deux cent mille abonnés de TPS). est la troisième marque à tester, en tions, pas été renouvelée. lait attendre la fin de l’écran pour Et la campagne A4 aurait permis de Florence Amalou Koultoura, la nouvelle chaîne publique russe MOSCOU constitutions théâtrales de spec- correspondance tacles de Stanislavski, mais aussi Cela tient du miracle. Mais de Jean Vilar, ou la création ciné- Koultoura, la chaîne culturelle matographique dans les provinces russe dont Boris Eltsine avait déci- russes, voilà ce que veut faire dé- dé la création en juin, a commencé couvrir Koultoura. Alors que les à émettre, comme prévu, le 1er no- autres chaînes se fondent dans le vembre. Ce jour-là, à 10 heures du modèle de la télévision commer- matin, les téléspectateurs russes ciale avec moult séries, jeux et talk ont pu entendre une allocution du shows, Koultoura veut redonner sa chef du Kremlin. En l’absence place à la culture russe et se recen- d’une campagne médiatique pour trer sur l’identité nationale. son lancement, c’est Boris Eltsine Contact a été pris avec Arte, dont lui-même qui s’est transformé en l’expérience intéresse beaucoup le présentateur de Koultoura. Une francophone Mikhaïl Chvydkoï. chaîne, a-t-il dit, devant satisfaire Jérôme Clément, le patron de la ceux qui « attendent depuis long- chaîne franco-allemande, a confir- temps un espace de discussion sé- mé, lors de la cérémonie d’inaugu- rieux sur les valeurs spirituelles, la ration de la chaîne : « Ils veulent morale, la foi et l’éducation ». que nous leur apportions une assis- Son allocution a été rediffusée tance technique en matière de pro- six fois pendant le week-end. grammes, que nous réalisions des Koultoura est, il est vrai, une coproductions, des échanges. » chaîne publique et Boris Eltsine en Mais c’est dans l’urgence que les préside le conseil de tutelle. Ce responsables de Koultoura ont dû haut patronage ne lui vaut toute- remplir treize heures d’antenne fois pas de connaître l’opulence. par jour, en puisant dans le fonds La publicité y est prohibée, seul le d’archives de la télévision pu- mécénat étant autorisé. Et elle n’a blique et en programmant des « pas reçu un kopeck de l’Etat », a grands classiques : des films de indiqué le rédacteur en chef de la Rossellini, Bergman, mais aussi du chaîne, Mikhaïl Chvydkoï. cinéma muet des années 20 avec Boris Barnett. L’information ARTE A LA RESCOUSSE culturelle est logiquement mise à Koultoura émet sur le canal au- l’honneur dans quatre journaux paravant réservé à la chaîne de quotidiens de quinze minutes. Saint-Pétersbourg ; VGTRK, la so- La course à l’audience n’est pas ciété nationale de télévision à la- le souci de M. Chvydkoï, qui table quelle elle est rattachée, lui fournit sur 4 à 6 % des téléspectateurs. Le les infrastructures nécessaires. problème sera celui du finance- Mikhaïl Chvydkoï, un ancien cri- ment. Et à l’approche du scrutin tique de théâtre et vice-ministre présidentiel, prévu en 2000, la de la culture, en a défini le chaîne risque de devenir vulné- concept : « Un regard sur la vie au rable : il y aura toujours, disent travers du prisme de la culture. » déjà les mauvaises langues, des Pour lui, la culture ne doit pas être candidats prêts à la secourir finan- rébarbative, ni être le domaine ré- cièrement. servé d’une élite. La musique, la danse, des re- Brigitte Breuillac
DÉPÊCHES a TÉLÉVISION : Leo Kirch veut la majorité dans la chaîne privée Sat 1, dont il possède déjà 43 %, rapporte l’hebdomadaire allemand Der Spiegel du 3 novembre. Le magazine affirme que le groupe Kirch a demandé, jeudi 30 octobre, l’autorisation de racheter les 15 % de Sat 1 détenus par l’éditeur Holtzbrinck dans une lettre à l’Office des cartels. Le groupe de presse Sprin- ger, l’autre grand actionnaire de Sat 1 avec 40 %, réclame, lui, la moitié des parts de Holtzbrinck. a PRESSE : l’hebdomadaire Marianne affiche de bons résultats de vente, six mois après sa création. Le titre de Jean-François Kahn annonce, dans son édition du 3 novembre, une moyenne de ventes en kiosque pour les mois d’août, de septembre et d’octobre de 187 000 exemplaires. Selon Marianne, les résultats des autres hebdomadaires, qui privilégient les abonnements, sont pour la vente en kiosque : Le Nouvel Observateur (84 000 exemplaires), L’Express (75 000), Le Point (74 900), L’Evénement du jeudi (58 000). La diffusion moyenne de Marianne est de 230 000 exemplaires. a L’hebdomadaire professionnel de la communication Stratégies pro- pose une nouvelle formule, réalisée par Nathalie Baylaucq (qui a déjà signé celles du Monde, de La Tribune, de Marianne) dans son édition du 31 octobre. Filiale de Reed Elsevier, Stratégies affiche une diffusion totale payée de 8 923 exemplaires. a Le groupe de presse allemand Grüner und Jahr, filiale de Bertelsmann, est intéressé par la maison d’édition britannique IPC Magazines, mise en vente par Reed Elsevier, rapporte l’hebdomadaire allemand Der Spiegel du 3 novembre. LeMonde Job: WMQ0511--0025-0 WAS LMQ0511-25 Op.: XX Rev.: 04-11-97 T.: 10:48 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0495 Lcp: 196 CMYK
FINANCES ET MARCHÉS LE MONDE / MERCREDI 5 NOVEMBRE 1997 / 25
a LE DOLLAR s’appréciait face au a TOKYO a terminé en hausse de a LA BOURSE de Bangkok était en a LE DOW JONES de la Bourse de New a APRÈS une « semaine noire », la yen mardi matin à 121,86 contre 0,25 % mardi, sur un rebond en fin forte hausse mardi (+ 6,7 %) tandis que York a terminé la séance de lundi en Bourse de Sao Paulo a terminé lundi en 121,42 la veille à New York. Le bil- de séance. Le Nikkei a gagné le baht gagnait 3,4 %, au lendemain de hausse de 232,32 points (+ 3,12 %), à forte hausse de 9,70 %, l’indice Boves- let vert a bénéficié de la crainte 41,16 points pour terminer à l’annonce de la démission du premier 7 674,40, soit la troisième plus forte pa des principales valeurs s’établissant liée à la faillite de Sanyo Securities. 16 500,10 points. ministre Chaovalith Yongchaiyuth. hausse en points de son histoire. à 9 858 points.
CAC 40 CAC 40 CAC 40 MIDCAC NEW YORK LONDRES MILAN FRANCFORT LES PLACES BOURSIE`RES p q p q p p n p Cloˆture 1 mois 1an 1 mois DOW JONES FT 100 MIB 30 DAX 30
Indice CAC 40 sur un an CAC 40/5 jours PRINCIPAUX E´CARTS PRINCIPAUX E´CARTS Indice SBF 250 sur 3 mois AU RE`GLEMENT MENSUEL AU SECOND MARCHE´ Morosité 2787,96 1808,81 3094,01 MAX Cours au Var. % Var. % Cours au Var. % Var. % 1996,30 2818 HAUSSES, 10 h 15 04/11 03/11 31/12 HAUSSES, 10 h 15 04/11 03/11 31/12 2913,95 1941,74 à Paris Zodiac ex.dt divid 1259 + 4,48 – 20,61 Duc # 257,20 + 4,97 .... 2733,89 Infogrames Enter. 855 + 3,88 + 42,50 Vilmorin et Cie # 495 + 4,21 + 16,47 1887,18 2734 + + + LA BOURSE de Paris, à l’image des 2553,82 Cegid (Ly) 642 2,72 8,08 ADA 339,90 3,65 – 17,09 autres places européennes, était Sade (Ny) 192 + 2,67 + 2,23 Altran Techno. # 1609 + 3,20 – 3,47 1832,62 2373,76 Bouygues Offs. 290 + 2,47 + 118,04 Info Realite # 206,20 + 3,10 – 1,71 orientée à la baisse, mardi 4 no- 2651,33 1778,06 Cred.Fon.France 65 + 2,36 – 3,70 vembre, au début des transactions en 2193,70 MIN f g Technip 628 + 2,28 + 28,95 6 nov. 6 mai 3 nov. MM J V L BAISSES, 10 h 15 1723,50 dépit de la vive hausse de Wall Street, Gr.Zannier (Ly) # 135,90 + 2,18 + 15,95 Cerg-Finance SA 275 – 4,51 + 37,50 f7 aouˆt 19 sep. 3 nov.g la veille. En repli de 0,48 % à l’ouver- Primagaz 424 + 2,16 – 30,60 CEGEDIM # 695 – 4,13 + 44,79 ture, l’indice CAC 40 perdait 0,42 % confirmera pas son rally et les prévi- 2 950 points pendant deux ou trois Bongrain 2158 + 1,69 + 7,52 AFE # 452 – 3,62 + 3,90 quelques minutes plus tard à sions de résultats seront moins favo- semaines, puis sur une consolidation Chaine et Trame # 162 – 2,99 + 15,63 Indice second marche´ sur 3 mois 2 776,25 points. rables », prédit-il. Pierre Vignaud, avec un point bas à 2 650 points. Le BAISSES, 10 h 15 Radiall # 622 – 2,81 + 26,68 1712,02 Marine Wendel 640 – 4,47 + 34,45 1941,57 La veille, la Bourse a connu un re- analyste technique chez EIFB, table marché devrait ensuite se stabiliser – + Gaz et Eaux 2305 3,55 14,31 INDICES SBF 120-250, MIDCAC 1886,39 bond à la faveur de la reprise du dol- sur une poursuite de la hausse vers entre 2 820 et 2 950 points. Galeries Lafayette 2615 – 3,14 + 41,65 ET SECOND MARCHE´ lar, de Hongkong et de Wall Street, De Dietrich 260,10 – 2,91 + 33,04 03/11 31/10 Var. % 1831,21 NRJ # 801 – 2,90 + 21,73 Ind. ge´n. SBF 120 1898,12 1867,29 + 1,65 mais des prises de bénéfice ont limité 1776,03 les gains en fin de séance. L’indice Bazar Hot. Ville 511 – 2,66 + 15,11 Ind. ge´n. SBF 250 1808,81 1782,81 + 1,46 Michelin, valeur du jour Comptoir Entrep. 11,20 – 2,60 + 16,66 CAC 40, qui gagnait 2,7 % au plus fort Ind. Second Marche´ 1712,02 1698,68 + 0,79 1720,85 Geophysique 799 – 2,56 + 121,94 Indice MidCac 1505,76 1494,34 + 0,76 de la hausse, a fini sur un gain de APRÈS avoir beaucoup souffert née, l’action Michelin n’a gagné Sat 1650 – 2,07 + 6,79 1665,67 f7 aouˆt 19 sep. 3 nov.g 1,78 % à 2 787,96 points dans un vo- la semaine dernière, l’action du nu- que 0,9 %, à comparer aux 20 % de Cerus Europ.Reun 32,65 – 1,95 + 1,33 Valeurs indus. 2075,73 2042,17 + 1,64 lume de 8,4 milliards de francs, dont méro un mondial du pneumatique hausse de l’indice CAC 40 dans le 1 - Energie 2803,87 2767,77 + 1,30 VALEURS LES PLUS ACTIVES 2 - Produits de base 1984 1958,25 + 1,32 5,7 milliards sur l’indice CAC 40. s’est reprise assez nettement, lundi même temps. Indice MidCac sur 1 mois Les opérateurs restent prudents sur 3 novembre, à la Bourse de Paris. 04/11 Titres Capitalisation 3 - Construction 1781,54 1768,05 + 0,76 SE´ANCE, 10 h 15 e´change´s en F 4 - Biens d’e´quip. 1437,13 1415,95 + 1,50 1505,76 la durée de la hausse qui s’est faite Le titre Michelin a regagné 4,2 % à 1669,55 Michelin sur 1 mois Alcatel Alsthom 54307 37331873 5 - Automobile 2212,65 2182,37 + 1,39 dans un volume moyen et sous l’im- 308,20 francs dans un marché de 308,20 + 370,90 Carrefour 9779 30008350 6 - Biens consom. 3365,54 3292,37 2,22 1620,71 pulsion des professionnels. Pour Gé- 551 000 transactions. Pour bon Rhone Poulenc A 102085 25866986 7 - Indus. agro-alim. 1428,39 1394,90 + 2,40 rard Noël, gestionnaire chez Synal- nombre d’analystes, la valeur, qui a 355,90 Elf Aquitaine 32548 23471958 Services 1931,53 1904,64 + 1,41 1571,88 340,90 B.N.P. 68155 17834569,80 8 - Distribution 3591,52 3541,22 + 1,42 gest, le marché devrait continuer sa cédé 10 % la semaine dernière et a 1523,04 purge et revenir vers 2 650 points en été victime de dégagements, a été 325,90 Axa 44045 17555338,80 9 - Autres services 1264,18 1246,65 + 1,41 Societe Generale 20756 16365515 Socie´te´s financie`res 1383,23 1368,72 + 1,06 1474,21 novembre. « Sur les trois forces qui injustement traitée et devrait pou- 310,90 LVMH Moet Hen. 15812 16001586 10 - Immobilier 744,70 746,19 – 0,20 animent le marché, seuls les taux seront voir atteindre un cours de 295,90 Danone 17554 15858482 11 - Services financ. 1430,37 1410,79 + 1,39 1425,37 f1er oct. 16 oct. 3 nov.g f3 oct. 17 oct. 3 nov.g un facteur de soutien. Mais le dollar ne 400 francs. Depuis le début de l’an- Total 19922 12913661 12 - Socie´te´s invest. 1648,31 1642,44 + 0,36
« Les investisseurs nous disent que NEW YORK LONDRES FRANCFORT New York. Dow Jones sur 3 mois Les valeurs du Dow-Jones Se´lection de valeurs du FT 100 Les valeurs du DAX 30 les turbulences de la semaine der- 7584,02 La faillite de Sanyo 8188 nière n’étaient pas aussi graves que 03/11 31/10 03/11 31/10 03/11 31/10 ce à quoi on s’attendait », a souli- Alcoa 74 73 Allied Lyons 4,98 4,86 Allianz Holding N 397,50 384 7931,29 fragilise Tokyo Allied Signal 36,06 36 Barclays Bank 15,31 14,93 Basf AG 59,90 58,50 gné Mike Driscoll de Hambrecht American Express 79,87 78 B.A.T. industries 5,29 5,21 Bayer AG 61,60 60,50 7674,58 LA BOURSE de Tokyo a terminé and Quist. « La volatilité devrait ce- AT & T 49,93 48,93 British Aerospace 16,26 15,80 Bay hyp&Wechselbk 74 71,50 7417,86 la séance en légère hausse, mardi 4 pendant rester présente pour un pe- Boeing Co 47,68 47,87 British Airways 5,90 5,82 Bayer Vereinsbank 101,80 100 Caterpillar Inc. 52,25 51,25 British Petroleum 8,95 8,64 BMW 1289 1247 7161,15 novembre, les gains des autres tit moment », a-t-il ajouté en préci- f7 aouˆt 19 sep. 3 nov.g places boursières la veille ayant sant que, selon lui, le Dow Jones Chevron Corp. 86,68 82,93 British Telecom 4,57 4,53 Commerzbank 61,30 58,50 Coca-Cola Co 58,25 56,50 B.T.R. 2,08 2,01 Daimler-Benz AG 120 115,50 permis de compenser en partie le offre un seuil de résistance à Disney Corp. 85,50 82,25 Cadbury Schweppes 5,95 6 Degussa 80,50 77,50 dépôt de bilan de la société de 7 600 points. Du Pont Nemours&Co 59,87 56,87 Eurotunnel 0,60 0,60 Deutsche Bank AG 115,10 112,80 Londres. FT100 sur 3 mois 4917,50 courtage Sanyo Securities. L’indice Eastman Kodak Co 63,25 59,87 Forte ...... Deutsche Telekom 33,70 32,30 5305,60 Nikkei – 225 a gagné 41,16 points Exxon Corp. 62,25 61,43 Glaxo Wellcome 12,71 12,78 Dresdner BK AG FR 72,20 70,50 INDICES MONDIAUX 5179,68 (0,25 %) à 16 500,10, après un pic de Ge´n. Motors Corp.H 67,25 64,18 Granada Group Plc 8,27 8,15 Henkel VZ 94,40 89,50 Cours au Cours au Var. Ge´n. Electric Co 67,12 64,56 Grand Metropolitan 5,47 5,38 Hoechst AG 68,75 65,60 5053,75 16 640,96 points. Le contrat de dé- 03/11 31/10 en % Goodyear T & Rubbe 65,18 62,62 Guinness 5,49 5,33 Karstadt AG 599 600 cembre a fini inchangé à 16 460. Paris CAC 40 2794,93 2739,30 + 1,99 Hewlett-Packard 63,50 61,68 Hanson Plc 0,87 0,87 Linde AG 1055 1040 4927,83 New-York/DJ indus. 7584,02 7442,08 + 1,87 IBM 101,62 98,06 Great lc 7,18 7,06 DT. Lufthansa AG 37,85 37,85 Pour sa part, le Dow Jones, prin- 4801,90 cipal indicateur de la Bourse de Tokyo/Nikkeı¨ 16458,90 16458,90 .... Intl Paper 48,06 45 H.S.B.C. 14,82 14 Man AG 524 519 f7 aouˆt 19 sep. 3 nov.g New York, s’est inscrit en clôture Londres/FT100 4917,50 4842,30 + 1,53 J.P. Morgan Co 114,31 109,75 Impe´rial Chemical 8,98 8,80 Mannesmann AG 766 728 Francfort/Dax 30 3854,07 3726,69 + 3,31 Johnson & Johnson 59 57,37 Legal & Gen. Grp 4,92 4,95 Metro 80 75,80 lundi en forte hausse de Frankfort/Commer. 1279,41 1255,71 + 1,85 Mc Donalds Corp. 45,62 44,81 Lloyds TSB 7,53 7,45 Muench Rue N 515,50 502 Francfort. Dax 30 sur 3 mois 232,32 points (+ 3,12 %) à 7 674,40, Bruxelles/Bel 20 2855,99 2855,99 .... Merck & Co.Inc. 90,62 89,25 Marks and Spencer 6,15 6,20 Preussag AG 475 447 3854,07 soit la troisième plus forte hausse Bruxelles/Ge´ne´ral 2380,32 2336,84 + 1,83 Minnesota Mng.&Mfg 92,18 91,50 National Westminst 8,77 8,58 Rwe 77 74,80 4414,35 en points de son histoire. Le Dow Milan/MIB 30 1232 1232 .... Philip Moris 41,56 39,62 Peninsular Orienta 6,94 6,90 Sap VZ 531 513,50 4242,43 Jones a presque retrouvé son ni- Amsterdam/Ge´. Cbs 597,80 586,70 + 1,86 Procter & Gamble C 70,93 68 Reuters 6,58 6,47 Schering AG 176 167,10 + 4070,52 veau d’avant la correction du lundi Madrid/Ibex 35 568,33 560,94 1,30 Sears Roebuck & Co 45,31 41,87 Saatchi and Saatch 1,25 1,25 Siemens AG 109,65 106,10 Stockholm/Affarsal 2301,98 2301,98 .... Travelers 71,56 70 Shell Transport 4,28 4,22 Thyssen 410,50 380,50 3898,60 27 octobre qui l’avait vu perdre Londres FT30 3182,50 3134,50 + 1,51 Union Carb. 46,43 45,68 Tate and Lyle 4,61 4,54 Veba AG 98,40 96,10 554,26 points (– 7,18 %) sur une Hong Kong/Hang S. 11255,10 10623,80 + 5,61 Utd Technol 70,93 70 Zeneca 19,07 18,81 Viag 824 800,50 3726,69 f7 aouˆt 19 sep. 3 nov.g seule séance. Singapour/Strait t 1703,95 1586,07 + 6,92 Wal-Mart Stores 36,31 35,12 Volkswagen VZ 818 782
PARIS PARIS NEW YORK NEW YORK FRANCFORT FRANCFORT US/F US/DM US/¥ DM/F £/F LES TAUXq p p p n q LES MONNAIES p p p p p Jour le jour OAT 10 ans Jour le jour Bonds 10 ans Jour le jour Bunds 10 ans 5,8355 1,7364 121,5000 3,3501 9,7680 Hausse du Matif Repli du dollar LE MARCHÉ OBLIGATAIRE FRANÇAIS a ouvert en par une hausse de l’indice d’activité des directeurs LE DOLLAR était orienté à la baisse, mardi 4 novembre. sont limités car la banque centrale japonaise serait inter- très nette hausse, mardi 4 novembre. Dès l’ouverture, le d’achats des groupes manufacturiers américains Au cours des premières transactions interbancaires, la de- venue, selon les cambistes, pour défendre le yen. Peu contrat notionnel du Matif gagnait 18 centièmes, à (NAPM), n’a pas modifié les anticipations des marchés vise américaine s’échangeait à 5,7913 francs et avant la clôture, le dollar cotait 121,86 yens, progressant lé- 98,86. La veille, il avait perdu 30 centièmes, pénalisé par sur un prochain maintien de taux de la Fed. Les opéra- 1,7295 deutschemark contre respectivement 5,8174 francs gèrement sur sa valeur lors des premiers échanges inter- la reprise des marchés d’actions, qui a retiré au marché teurs guettent surtout la publication, vendredi, des et 1,7361 deutschemark. bancaires à Tokyo (121,72 yens) et sur celle affichée lundi obligataire sa qualité de « valeur refuge ». chiffres du chômage. Le rendement de l’obligation du Quelques heures plus tôt, à Tokyo, le billet vert se raffer- soir à New York (121,42 yens). Les investisseurs sont ache- Sur le marché américain, l’annonce d’une activité plus trésor à 30 ans s’affichait à 6,21 %, pour 6,19 % à la mi- missait face au yen sur le marché des changes, après la fail- teurs sur le dollar, convaincus que la correction du marché soutenue que prévu en octobre aux Etats-Unis, révélée journée et 6,13 % vendredi soir. lite d’une grande maison de titres locale, mais ses gains boursier américain est quasiment terminée.
Notionnel 5,5 % premie`re e´che´ance, 1 an LE MARCHE´ MONE´TAIRE (taux de base bancaire 6,55 %) MARCHE´ DES CHANGES A` PARIS PARITE´S DU DOLLAR 04/11 03/11 Var. % FRANCFORT : USD/DM 1,7364 1,7250 + 0,66 98,68 Achat Vente Achat Vente DEVISES cours BDF 03/11 % 31/10 Achat Vente 101,44 03/11 03/11 31/10 31/10 Allemagne (100 dm) 335,0100 + 0,02 322 346 TOKYO : USD/Yens 121,5000 120,4100 + 0,90 Jour le jour 3,3750 .... 3,3750 .... E´cu 6,6130 + 0,28 ...... 1 mois 3,53 3,64 3,43 3,53 ´ + MARCHE´ INTERBANCAIRE DES DEVISES 100,40 Etats-Unis (1 usd) 5,8355 1,07 5,5000 6,1000 3 mois 3,69 3,80 3,69 3,80 Belgique (100 F) 16,2410 + 0,01 15,6600 16,7600 DEVISES comptant: demande offre demande 1 mois offre 1 mois 6 mois 3,79 3,90 3,80 3,91 Pays-Bas (100 fl) 297,2000 + 0,04 ...... Dollar E´tats-Unis 5,8135 5,8115 5,7785 5,7765 99,37 1 an 4,07 4,20 3,98 4,10 Italie (1000 lir.) 3,4210 + 0,26 3,1500 3,6500 Yen (100) 4,8417 4,8369 4,8074 4,8037 PIBOR FRANCS Danemark (100 krd) 88,0300 + 0,01 82 92 Deutschemark 3,3513 3,3508 3,3495 3,3490 98,33 Pibor Francs 1 mois 3,5195 .... 3,5195 .... Irlande (1 iep) 8,7125 + 0,49 8,2400 9,0800 Franc Suisse 4,1248 4,1205 4,1116 4,1073 Pibor Francs 3 mois 3,6719 .... 3,6719 .... Gde-Bretagne (1 L) 9,7680 + 1,03 9,2800 10,1300 Lire ital. (1000) 3,4183 3,4165 3,4146 3,4104 97,30 Pibor Francs 6 mois 3,8105 .... 3,8105 .... Gre`ce (100 drach.) 2,1330 + 0,23 1,8500 2,3500 Livre sterling 9,7237 9,7145 9,6848 9,6699 Pibor Francs 9 mois 3,9590 .... 3,9590 .... Sue`de (100 krs) 77,2600 + 0,31 71 81 Peseta (100) 3,9683 3,9642 3,9720 3,9625 Pibor Francs 12 mois 4,1035 .... 4,1035 .... Suisse (100 F) 410,9500 – 0,49 398 422 Franc Belge (100) 16,262 16,238 16,258 16,230 96,26 PIBOR E´CU Norve`ge (100 k) 82,5900 – 0,18 76,5000 85,5000 f4 nov. 6 mai 3 nov.g Pibor E´cu 3 mois 4,5885 .... 4,5885 .... Autriche (100 sch) 47,5980 + 0,02 45,8500 48,9500 TAUX D’INTE´REˆT DES EURODEVISES Pibor E´cu 6 mois 4,6563 .... 4,6563 .... Espagne (100 pes.) 3,9665 + 0,03 3,6500 4,2500 DEVISES 1 mois 3 mois 6 mois Pibor E´cu 12 mois 4,7708 .... 4,7708 .... ´ ´ Portugal (100 esc. 3,2850 + 0,15 2,9000 3,6000 Eurofranc 3,57 3,60 3,73 LES TAUX DE REFERENCE Canada 1 dollar ca 4,1584 + 1,21 3,8200 4,4200 Eurodollar 5,60 5,72 5,74 Taux Taux Taux Indice MATIF Japon (100 yens) 4,8496 + 0,98 4,6400 4,9900 Eurolivre 7,14 7,28 7,44 TAUX 03/11 jour le jour 10 ans 30 ans des prix dernier plus plus premier Finlande (mark) 111,6000 + 0,05 105 116 Eurodeutschemark 3,56 3,80 3,86 E´ che´ances 03/11 volume France 1 5,61 6,22 1,70 prix haut bas prix Allemagne 4,25 5,57 6,20 1,80 NOTIONNEL 5,5 % Grande-Bretagne 7,25 6,54 NC 2,80 De´c. 97 65983 98,68 98,94 98,66 98,92 Italie 6,81 6,25 6,78 2,60 Mars 98 1238 98,14 98,40 98,14 98,20 ` ` Japon 0,48 1,82 NC 0,50 L’OR LES MATIERES PREMIERES Juin 98 2 97,96 97,96 97,96 97,96 ´ E´tats-Unis 5,81 5,84 6,16 3,30 cours 03/11 cours 31/10 INDICES METAUX (New-York) $/once Or fin (k. barre) 58500 58500 04/11 03/11 Argent a` terme 477,30 482,50 PIBOR 3 MOIS Dow-Jones comptant 135,24 .... Platine a` terme ...... De´c. 97 16180 96,23 96,25 96,22 96,24 Or fin (en lingot) 59500 59500 Dow-Jones a` terme 142,80 143,16 Palladium 205,75 208,60 Mars 98 11187 95,95 95,99 95,94 95,98 Once d’Or Londres 311,40 313,80 CRB 240,04 241,64 GRAINES, DENRE´ES (Chicago) $/boisseau Juin 98 4118 95,72 95,74 95,71 95,74 Pie`ce franc¸aise(20f) 341 346 MARCHE´ OBLIGATAIRE Ble´ (Chicago) 360,50 363,25 Sept. 98 2768 95,53 95,55 95,52 95,55 Pie`ce suisse (20f) 342 345 DE PARIS ME´TAUX (Londres) dollars/tonne Maı¨s (Chicago) 279,75 285,25 E´CU LONG TERME Pie`ce Union lat(20f) 338 342 Taux Taux indice Cuivre comptant 1997,50 1990,75 Grain. soja (Chicago) 690,75 717 De´c. 97 334 97,80 98 97,70 98 ` TAUX DE RENDEMENT au 03/11 au 31/10 (base 100 fin 96) Piece 20 dollars us 2400 2300 Cuivre a` 3 mois 1999,50 1996,50 Tourt. soja (Chicago) 223,10 233,10 Mars 98 ...... Fonds d’E´tat 3` a 5 ans 4,22 4,21 98,50 Pie`ce 10 dollars us 1332,50 1335 Aluminium comptant 1603,50 1597,50 GRAINES, DENRE´ES (Londres) £/tonne Fonds d’E´tat 5` a 7 ans 5 4,96 100,09 Pie`ce 50 pesos mex. 2235 2205 Aluminium a` 3 mois 1635 1628 P. de terre (Londres) ...... Fonds d’E´tat 7` a 10 ans 5,47 5,42 101,48 Plomb comptant 590,50 590 Orge (Londres) 76,90 76,90 Fonds d’E´tat 10 a` 15 ans 5,81 5,77 101,20 CONTRATS A` TERME SUR INDICE CAC 40 Plomb a` 3 mois 604 610,50 SOFTS $/tonne Fonds d’E´tat 20 a` 30 ans 6,39 6,35 102,67 dernier plus plus premier E´tain comptant 5470 5552,50 Cacao (New-York) 1603 1578 E´ che´ances 03/11 volume ´ Obligations franc¸aises 5,76 5,73 101,02 prix haut bas prix LE PETROLE E´tain a` 3 mois 5485 5550 Cafe´ (Londres) 1410 1454 Fonds d’E´tat a` TME – 1,95 – 1,96 98,28 Nov. 97 20755 2800 2822 2759 2770 En dollars cours 04/11 cours 03/11 Zinc comptant 1253,75 1233,50 Sucre blanc (Paris) 311,50 312,50 Fonds d’E´tat a` TRE – 2,18 – 2,15 98,86 De´c. 97 969 2801,50 2827,50 2769 2780 Brent (Londres) 20,03 19,93 Zinc a` 3 mois 1263 1262,50 OLE´AGINEUX, AGRUMES cents/tonne Obligat. franc¸. a` TME – 2,20 – 2,03 99,14 Janvier 98 ...... 1 WTI (New York) 21,23 21,10 Nickel comptant 6137,50 6127,50 Coton (New-York) 72,34 72,80 Obligat. franc¸. a` TRE + 0,07 + 0,07 100,14 Mars 98 1351 2827 2827 2791,50 2791,50 Light Sweet Crude 21,06 20,93 Nickel a` 3 mois 6260 6230 Jus d’orange (New-York) 67,20 68,90 LeMonde Job: WMQ0511--0026-0 WAS LMQ0511-26 Op.: XX Rev.: 04-11-97 T.: 10:42 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0496 Lcp: 196 CMYK Page de bourse 1.e : Le monde Quotidien - Montage du mardi 4 novembre 1997 - 10 h 35’ 36’’ Montage 3B2 Diamond 4
26 / LE MONDE / MERCREDI 5 NOVEMBRE 1997 ?????????? 26 / LE MONDE / MERCREDI 5 NOVEMBRE 1997 FINANCES ET MARCHE´ S
CPR ...... 444,20 447 + 0,63 22 Legris indust...... 208 208,90 + 0,43 5 Union Assur.Fdal ...... 646 642 – 0,61 19 Hoechst # ...... 230 228 – 0,86 3,45 Cred.Fon.France ...... 63,50 65 + 2,36???????????? 28 Locindus...... 771 773 + 0,25 63 Usinor ...... 97 96,50 – 0,51 3 I.B.M # ...... 582 584 + 0,34 1,02 ` CAC 40 Credit Lyonnais CI ...... 337,80 337 – 0,23 10 L’Oreal...... 2119 2107 – 0,56 14 Valeo ...... 384,90 387,80 + 0,75 2 I.C.I #...... 88,90 85,10 – 4,27 1,19 REGLEMENT Cred.Nat.Natexis ...... 332,50 332 – 0,15 10 LVMHLE MONDE Moet Hen...... / MERCREDI 1015 5 1010 NOVEMBRE– 0,49 1997 14,60 Vallourec...... 389,50 389 – 0,12 6 Ito Yokado # ...... 286,30 282,10 – 1,46 0,72 CS Signaux(CSEE)...... 200 201,80 + 0,90 5,50 Marine Wendel ...... 670 640 – 4,47 16 Via Banque ...... 165 165,20 + 0,12 12 Kingfisher plc #...... 83,50 83,50 .... 0,61 MENSUEL Damart ...... 3790 3819 + 0,76 65 Metaleurop...... 60,70 61 + 0,49 4 Worms & Cie ...... 498 494,50 – 0,70 9,50 Matsushita #...... 99,50 96,10 – 3,41 0,26 PARIS MARDI 4 NOVEMBRE Danone...... 902 908 + 0,66 17 Metrologie Inter...... 14,15 14,10 – 0,35 .... Zodiac ex.dt divid ...... 1205 1259 + 4,48 10 Mc Donald’s # ...... 265 262,50 – 0,94 0,42 Dassault-Aviation...... 1360 1358 – 0,14 31,50 Michelin ...... 308,20 310,50 + 0,74 3,30 Elf Gabon...... 1092 1093 + 0,09 551,69 Merck and Co # ...... 527 522 – 0,94 2,27 Liquidation : 22 novembre – 0,25 % Dassault Electro ...... 586 587 + 0,17 6,40 Moulinex #...... 130 130 .... 4 ...... Mitsubishi Corp.#...... 49,10 49,20 + 0,20 0,16 Taux de report : 3,50 CAC 40 : Dassault Systemes...... 177 177,10 + 0,05 1,70 Nord-Est...... 117,50 118 + 0,42 5,50 ...... Mobil Corporat.#...... a 422,40 429,50 + 1,68 2,62 Cours releve´s`10h15 a 2781,12 De Dietrich ...... 267,90 260,10 – 2,91 5,30 Nordon (Ny)...... 382 385,80 + 0,99 ...... Morgan J.P. # ...... 659 ...... 4,40 Deveaux(Ly)#...... 566 568 + 0,35 24 NRJ # ...... 825 801 – 2,90 6 ...... Nestle SA Nom. # ...... 8200 8260 + 0,73 78,56 Dev.R.N-P.Cal Li # ...... 45,85 45,50 – 0,76 .... Olipar ...... 67,50 67,15 – 0,51 ...... Nipp. MeatPacker #...... 80 ...... 0,71 Montant Dexia France...... 603 599 – 0,66 15,70 Paribas...... 424,30 422 – 0,54 13 ...... Nokia A ...... 517 523 + 1,16 3,94 VALEURS Cours Derniers % coupon FRANC¸AISES pre´ce´d. cours + – DMC (Dollfus Mi) ...... 111,60 113 + 1,25 4 Pathe ...... 1055 1055 .... 10 ...... Norsk Hydro #...... 319,40 323,90 + 1,40 4,78 (1) Dynaction ...... 151 150 – 0,66 3 Pechiney...... 238,10 238,50 + 0,16 3,30 ...... Petrofina # ...... 2169 2120 – 2,25 49,02 Eaux (Gle des) ...... 702 700 – 0,28 12 Pernod-Ricard ...... 267,40 268,70 + 0,48 4,40 ...... Philip Morris #...... 235 237,40 + 1,02 1,99 B.N.P. (T.P)...... 980 ...... 46,71 Eiffage ...... 273 276,90 + 1,42 28,80 Peugeot ...... 672 668 – 0,59 3 ...... Philips N.V #...... 457,10 458 + 0,19 3,59 Cr.Lyonnais(T.P.) ...... 908 959 + 5,61 44,35 Elf Aquitaine ...... 721 723 + 0,27 14 Pinault-Print.Red...... 2731 2740 + 0,32 32 ...... Placer Dome Inc # ...... 93,40 89,80 – 3,85 0,34 Renault (T.P.)...... 1770 1772 + 0,11 95,36 Eramet...... 243,60 245,50 + 0,77 6,60 Plastic Omn.(Ly) ...... 647 647 .... 8,50 ...... Procter Gamble # ...... 408 410 + 0,49 1,27 Rhone Poulenc(T.P) ...... 2200 ...... 106,28 Eridania Beghin ...... 858 854 – 0,46 33 Primagaz ...... 415 424 + 2,16 8,50 ...... Quilvest...... 311 312 + 0,32 13,93 Saint Gobain(T.P.)...... 1250 1260 + 0,80 71,43 Essilor Intl ...... 1518 1530 + 0,79 14,50 Promodes ...... 1880 1861 – 1,01 14 ...... Randfontein #...... 10,70 10,15 – 5,14 0,62 Thomson S.A (T.P) ...... 945 ...... 44,45 Essilor Intl.ADP...... 1540 1540 .... 15,30 Publicis # ...... 532 530 – 0,37 4,80 Rio Tinto PLC # ...... 76,50 76,40 – 0,13 0,99 Accor...... 1109 1095 – 1,26 20 Esso ...... 519 520 + 0,19 4 Remy Cointreau...... 106 105 – 0,94 4,60 Montant Royal Dutch #...... 313 314,40 + 0,44 2,91 AGF-Ass.Gen.France ..... 305,30 304,10 – 0,39 5 Eurafrance ...... 2365 2370 + 0,21 72 Renault...... 157,50 157,50 .... 3,50 VALEURS Cours Derniers % coupon Sega Enterprises...... 141,10 145,30 + 2,97 0,63 Air Liquide ...... 908 903 – 0,55 14 Euro Disney ...... 7,65 7,60 – 0,65 0,68 Rexel...... 1555 1570 + 0,96 19,60 E´TRANGE`RES pre´ce´d. cours +– (1) Saint-Helena #...... 21,90 ...... 1,51 Alcatel Alsthom ...... 694 688 – 0,86 10 Europe 1 ...... 1200 1200 .... 19 Rhone Poulenc A...... 255 254 – 0,39 3,50 Schlumberger # ...... 520 518 – 0,38 1,10 Atos (ex.Axime) CA...... 653 651 – 0,30 .... Eurotunnel...... 5,60 5,65 + 0,89 .... Rochette (La) ...... 26,45 26,05 – 1,51 1,20 ABN Amro Hol.#...... 118,80 118 – 0,67 1,18 SGS Thomson Micro. .... 429 448 + 4,42 .... Axa...... 400,60 398,20 – 0,59 7,50 Fimalac SA ...... 495 492,90 – 0,42 16 Rue Imperiale(Ly)...... 5570 ...... 120 Adecco S.A...... 1763 1788 + 1,41 13,13 Shell Transport # ...... 42,10 42,40 + 0,71 0,49 Bail Investis...... 770 770 .... 64,40 Finextel...... 108,10 108,40 + 0,27 3,91 Sade (Ny)...... 187 192 + 2,67 12,50 Adidas AG # ...... 839 835 – 0,47 2,71 Siemens #...... 365,50 367,30 + 0,49 3,70 Bancaire (Cie) ...... 738 738 .... 10 Fives-Lille...... 358 358 .... 14 Sagem SA...... 2688 2688 .... 26 American Express ...... 460 457 – 0,65 1,13 Sony Corp. #...... 500 503 + 0,60 1,06 Bazar Hot. Ville ...... 525 511 – 2,66 16 France Telecom ...... 218,80 ...... Saint-Gobain ...... 831 828 – 0,36 17 Anglo American # ...... 260 259 – 0,38 7,14 Sumitomo Bank #...... 64,15 62,95 – 1,87 0,18 Bertrand Faure...... 357,90 358 + 0,02 4 Fromageries Bel...... 4140 ...... 50 Salomon (Ly) ...... 510 510 .... 3,30 Amgold # ...... 268 260 – 2,98 9,96 T.D.K # ...... 478 478,30 + 0,06 0,99 BIC...... 420 417 – 0,71 6 Galeries Lafayette ...... 2700 2615 – 3,14 11 Salvepar (Ny)...... 451 450 – 0,22 18,50 Arjo Wiggins App...... 18 ...... 0,27 Telefonica #...... 160,90 161 + 0,06 1,61 BIS ...... 490 ...... 8 GAN ex.dt sous...... 121,50 122,10 + 0,49 4 Sanofi ...... 559 552 – 1,25 6,60 A.T.T. # ...... 289,90 285,10 – 1,65 1,66 Toshiba #...... 26,05 26,20 + 0,57 0,21 B.N.P...... 263 262,50 – 0,19 5,40 Gascogne (B) ...... 519 520 + 0,19 14 Sat ...... 1685 1650 – 2,07 29 Banco Santander #...... 163,80 164 + 0,12 0,89 Unilever act.Div.#...... 317,90 318 + 0,03 10,60 Bollore Techno...... 755 757 + 0,26 7,50 Gaumont #...... 375 375 .... 2,50 Saupiquet (Ns)...... 500 500 .... 10 Barrick Gold #...... 122,50 118,20 – 3,51 0,35 United Technol. # ...... 409,60 410,30 + 0,17 1,55 Bongrain...... 2122 2158 + 1,69 61 Gaz et Eaux...... 2390 2305 – 3,55 55 Schneider SA...... 313,90 317,40 + 1,11 5 B.A.S.F. # ...... 198,30 198 – 0,15 4,18 Vaal Reefs # ...... 254 245,10 – 3,50 9,64 Bouygues ...... 537 537 .... 17 Geophysique...... 820 799 – 2,56 8 SCOR...... 265 269 + 1,50 10 Bayer # ...... 206,60 204,70 – 0,91 4,19 Volkswagen A.G # ...... 3590 3600 + 0,27 22,14 Bouygues Offs...... 283 290 + 2,47 2 G.F.C...... 522 518 – 0,76 19 S.E.B...... 680 686 + 0,88 11,20 Cordiant PLC...... 11,90 ...... 0,10 Volvo (act.B) # ...... 150,10 ...... 2,25 Bull#...... 66 66 ...... Groupe Andre S.A...... 560 559 – 0,17 6 Sefimeg CA...... 346 348 + 0,57 14,60 Crown Cork ord.# ...... 265 268,90 + 1,47 1,30 Western Deep #...... 122 120,10 – 1,55 3,77 Canal + ...... 1020 1014 – 0,58 20 GROUPE GTM...... 352 352 .... 8 SEITA...... 184,40 184 – 0,21 6,60 Crown Cork PF CV# ...... 251 ...... 2,45 Yamanouchi #...... 141,80 141 – 0,56 0,38 Cap Gemini...... 458 458 .... 2 Gr.Zannier (Ly) # ...... 133 135,90 + 2,18 2,20 Selectibanque ...... 70 71 + 1,42 6 Daimler Benz #...... 398,80 395,40 – 0,85 2,71 Zambia Copper ...... 15,10 14,85 – 1,65 .... Carbone Lorraine...... 1550 1574 + 1,54 18 Guilbert ...... 771 779 + 1,03 12 SFIM...... 981 986 + 0,50 30 De Beers # ...... 141,70 137,50 – 2,96 0,68 ...... Carrefour ...... 3055 3077 + 0,72 26 Guyenne Gascogne...... 1830 1820 – 0,54 30 SGE...... 148,80 148,80 .... 5 Deutsche Bank #...... 382 383 + 0,26 4,44 ...... Casino Guichard...... 319,50 315,50 – 1,25 4,50 Hachette Fili.Med...... 1056 1070 + 1,32 15 Sidel...... 331,20 333 + 0,54 4,50 Dresdner Bank ...... 240,30 240 – 0,12 3,82 ...... Casino Guich.ADP...... 248,10 249 + 0,36 4,75 Havas...... 382 382,50 + 0,13 8,50 Silic CA ...... 820 815 – 0,60 37,34 Driefontein # ...... 42,30 40,85 – 3,42 0,96 ...... Castorama Dub.(Li)...... 608 618 + 1,64 11 Havas Advertising ...... 672 670 – 0,29 13 Simco ...... 420 421 + 0,23 20,76 Du Pont Nemours #...... 337,20 341 + 1,12 1,68 ...... C.C.F...... 340 338 – 0,58 5,80 Imetal ...... 635 634 – 0,15 16 S.I.T.A...... 1090 1095 + 0,45 12 Eastman Kodak # ...... 351 360 + 2,56 2,21 ...... Cegid (Ly)...... 625 642 + 2,72 30 Immeubl.France...... 340 ...... 6 Skis Rossignol...... 112,50 113,90 + 1,24 2,50 East Rand #...... 1,46 1,50 + 2,73 0,10 Cerus Europ.Reun...... 33,30 32,65 – 1,95 10 Infogrames Enter...... 823 855 + 3,88 .... Societe Generale...... 797 790 – 0,87 17,50 Echo Bay Mines # ...... 24,80 24,10 – 2,82 0,15 ABRE´VIATIONS Cetelem...... 640 638 – 0,31 10 Ingenico...... 123 123 .... 3 Sodexho Alliance...... 2971 2950 – 0,70 26 Electrolux #...... 500 500 .... 6,53 B = Bordeaux ; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille ; CGIP ...... 1886 1853 – 1,74 40 Interbail ...... 171 171 .... 17,15 Sommer-Allibert ...... 192 192 .... 4 Ericsson # ...... 265 267 + 0,75 1,30 Ny = Nancy; Ns = Nantes. Chargeurs ...... 389 390 + 0,25 7 Intertechnique ...... 1230 1233 + 0,24 15 Sophia ...... 226,30 228 + 0,75 17,25 Ford Motor # ...... 262 ...... 2,11 SYMBOLES Christian Dalloz...... 684 684 .... 12 ISIS ...... 680 685 + 0,73 .... Spir Communic. # ...... 362,80 367 + 1,15 15 Freegold # ...... 29,95 29,30 – 2,17 1,34 1 ou 2 = cate´gories de cotation - sans indication cate´gorie 3 ; Christian Dior ...... 656 648 – 1,21 9,40 Jean Lefebvre ...... 322 322 .... 10 Strafor Facom...... 390,80 389 – 0,46 7 Gencor act.regr...... 13,10 13 – 0,76 1,36 a coupon de´tache´; b droit de´tache´. Ciments Francais...... 240 243 + 1,25 1,25 Klepierre ...... 780 788 + 1,02 28 Suez Lyon.des Eaux...... 604 599 – 0,82 12 General Elect. #...... 389 387,50 – 0,38 1,32 Cipe France Ly #...... 154 154,20 + 0,12 2,50 Labinal...... 1590 1571 – 1,19 21,50 Synthelabo...... 690 691 + 0,14 5,32 General Motors #...... 381,30 386 + 1,23 2,56 DERNIE`RE COLONNE (1) : Clarins...... 452 455,20 + 0,70 7,20 Lafarge ...... 365 364 – 0,27 10 Technip ...... 614 628 + 2,28 10,50 Gle Belgique # ...... 515 538 + 4,46 14,24 Lundi date´ mardi : % variation 31/12 Club Mediterranee...... 416 423 + 1,68 4,50 Lagardere ...... 166,10 167,20 + 0,66 3,70 Thomson-CSF...... 158,70 157,20 – 0,94 2,80 Grd Metropolitan ...... 53,35 53,20 – 0,28 0,59 Mardi date´ mercredi : montant du coupon Coflexip...... 634 643 + 1,41 1 Lapeyre...... 350 345 – 1,42 5,60 Total ...... 652 652 .... 10,50 Guinness Plc # ...... 52,95 54 + 1,98 0,47 Mercredi date´ jeudi : paiement dernier coupon Colas ...... 849 850 + 0,11 25 Lebon...... 231 ...... 7 UIF ...... 409 413,90 + 1,19 14,68 Hanson PLC reg...... 29,40 29,35 – 0,17 0,30 Jeudi date´ vendredi : compensation Comptoir Entrep...... 11,50 11,20 – 2,60 7,50 Legrand ...... 1085 1077 – 0,73 4,30 UIS ...... 206 204 – 0,97 14,97 Harmony Gold # ...... 20,25 19,95 – 1,48 0,47 Vendredi date´ samedi : nominal Comptoirs Mod...... 2665 2660 – 0,18 24 Legrand ADP ...... 757 757 .... 6,88 Unibail porteur ...... 545 550 + 0,91 29 Hitachi #...... 47,75 46 – 3,66 0,23
OAT 9/85-98 TRA...... 0,482 d ACTIONS Cours Derniers Francarep...... d 279 279 Elyo...... d 330 330 ACTIONS Cours Derniers OAT 9,50%88-98 CA#...... 103,36 3,514 FRANC¸AISES pre´ce´d. cours France S.A...... d 1180 1180 Finaxa ...... 340 339 E´TRANGE`RES pre´ce´d. cours COMPTANT OAT TMB 87/99 CA#...... 2,611 From. Paul-Renard...... d 2050 2050 Gaillard (M)...... d 1521 1521 OAT 8,125% 89-99 #...... 105,60 3,695 y Arbel ...... d 61,95 61,95 Gevelot...... d 1271 1271 Givaudan-Lavirotte...... d 1290 1290 Bayer.Vereins Bank ...... 343 343 Une se´lection Cours releve´s`10h15 a OAT 8,50%90/00 CA# ...... 5,216 x Baccarat (Ny) ...... d 540 540 G.T.I (Transport)...... d 198 198 Grd Bazar Lyon(Ly)...... d 140 140 Commerzbank AG...... 210 210 MARDI 4 NOVEMBRE OAT 85/00 TRA CA#...... 103,10 0,833 o Bains C.Monaco...... 535 537 Immobail...... d 143,60 143,60 Gd Moul.Strasbourg...... d 1725 1725 Fiat Ord...... 18,95 18,95 OAT 10%5/85-00 CA#...... 112,60 4,493 o Bque Transatlantl...... d 183,50 183,50 Immobanque...... d 596 596 Hotel Lutetia...... d 345 345 Gold Fields South...... 106,40 106,40 %%OAT 89-01 TME CA# ...... 101,85 3,846 x B.N.P.Intercont...... d 839 839 Locamion (Ly) ...... d 401,20 401,20 Hotels Deauville...... d 559 559 Kubota Corp...... 19,60 19,60 OBLIGATIONS du nom. du coupon OAT 10% 90-01 ecu...... 114,70 6,959 Bidermann Intl...... d 110 110 Lucia ...... d 48 48 Immeubl.Lyon (Ly)...... d 514 514 Montedison act.ep...... 9,60 9,60 OAT 7,5%7/86-01CA#...... 108,58 2,158 B T P (la cie)...... d 7,60 7,60 Monoprix ...... d 315 315 L.Bouillet (Ly)...... d 300 300 Olympus Optical...... 40 40 Nat.Bq. 9% 91-02...... a .... 0,074 OAT 8,5% 91-02 ecu...... 112,47 5,519 Centenaire Blanzy...... d 384,50 384,50 Metal Deploye...... d 351,10 351,10 Lloyd Continental...... d 9300 9300 Robeco...... 536 539 CEPME 9% 89-99 CA#..... 106,94 1,973 o OAT 8,5% 87-02 CA#...... 115,16 8,081 Champex (Ny)...... d 22,30 22,30 Mors ...... 5,65 5,65 Lordex (Ny)...... d 0,01 0,01 Rodamco N.V...... 167,50 167,50 CEPME 9% 92-06 TSR ...... 3,378 OAT 8,50% 89-19 #...... 0,303 o CIC Un.Euro.CIP ...... 430 421 Navigation (Nle) ...... d 128 128 Matussiere Forest...... 59 59,90 Rolinco...... 526 526 CFD 9,7% 90-03 CB ...... 120,35 7,308 OAT.8,50%92-23 CA#...... 4,564 C.I.T.R.A.M. (B)...... d 2265 2265 Optorg ...... d 348,60 348,60 Moncey Financiere...... d 3055 3055 Sema Group Plc ...... 131 131 CFD 8,6% 92-05 CB ...... 118,50 6,362 d SNCF 8,8% 87-94CA ...... 104,80 6,702 d Generali Fce Assur ...... d 1340 1340 Paluel-Marmont...... d 330 330 M.R.M. (Ly)...... d 413 413 Solvay SA...... 306,60 337,902 d CFF 10% 88-98 CA# ...... 105 0,438 Suez Lyon.Eaux 90...... 950 .... Continental Ass.Ly...... d 544 544 Exa.Clairefont(Ny) ...... d 810 810 Part-Dieu(Fin)(Ly) ...... d 107 107 ...... CFF 10,25%90-01CB# ..... 115 6,655 y ...... Darblay ...... d 506 506 Parfinance...... d 260 260 Pechiney Intl ...... 119 120 ...... CLF 8,9% 88-00 CA#...... 3,975 y ...... Didot Bottin...... d 776 776 Paris Orleans...... d 263,20 263,20 Poliet ...... d 500 500 CLF 9%88-93/98 CA#...... 101,20 6,879 ...... Eaux Bassin Vichy...... d 2700 2976 d Promodes (CI)...... d 1540 1540 Sabeton (Ly)...... d 670 670 ´ CNA 9% 4/92-07...... 122 4,611 ...... Ecia ...... 971 960 PSB Industries Ly ...... 510 509 Samse (Ly) ...... d 879 879 ABREVIATIONS CRH 8,6% 92/94-03...... 115,30 3,087 ...... Ent.Mag. Paris...... d 1360 1360 Rougier # ...... 340 331,50 Sechilienne (Ly)...... d 1170 1170 B = Bordeaux; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille; CRH 8,5% 10/87-88# ...... 105,08 5,752 d ...... Fichet Bauche ...... d 46,60 42,10 o Saga ...... 125 122 Sucr.Pithiviers...... d 3350 3350 Ny = Nancy; Ns = Nantes. EDF 8,6% 88-89 CA# ...... 6,244 ...... Fidei...... 35,90 34,20 S.I.P.H...... d 320,20 320,20 Tanneries Fce (Ny)...... d 300 300 SYMBOLES EDF 8,6% 92-04 #...... 116,30 4,995 y ...... Finalens ...... d 251,50 251,50 Sofragi ...... d 4900 4900 Teleflex L. Dupont...... d 106 106 1 ou 2 = cate´gories de cotation - sans indication Finansder 9%91-06# ...... 122,70 8,532 d ...... F.I.P.P...... d 325 325 Taittinger...... d 3034 3034 Union Gle Nord(Li) ...... d 234 234 cate´gorie 3 ; a coupon de´tache´; b droit de´tache´; Finansd.8,6%92-02#...... 112,85 6,692 d ...... Fonciere (Cie) ...... d 604 604 Tour Eiffel ...... d 282 282 ...... o=offert;d=demande´; x offre re´duite ; Floral9,75% 90-99# ...... 2,832 d ...... Fonc. Lyonnaise #...... 710 719 Vicat...... d 472 472 ...... y demande re´duite ; # contrat d’animation. OAT 88-98 TME CA# ...... 3,846 x ...... Foncina # ...... d 501 501 Caves Roquefort...... d 1900 1900 ......
Cardif SA...... d 800 800 Gautier France # ...... 242 245 NSC Groupe Ny ...... d 800 800 C.E.E #...... 70,10 70 Gel 2000 ...... 51 51 Onet # ...... 821 830 SECOND CFPI # ...... d 380 380 GEODIS #...... d 320 320 Paul Predault #...... 134,70 131,80 NOUVEAU MARCHE´ HORS-COTE Change Bourse (M) ...... 208 209 GFI Industries #...... 1025 1030 P.C.W...... d 19 19 Une se´lection. Cours releve´s`10h15 a Une se´lection. Cours releve´s`10h15 a MARCHE´ CNIM CA#...... 195,70 195,70 Girodet (Ly) #...... d 27 29,75 Petit Boy #...... d 79 79 Codetour...... d 369 369 GLM S.A...... d 244,90 244,90 Phyto-Lierac #...... 209,50 208,90 MARDI 4 NOVEMBRE MARDI 4 NOVEMBRE Une se´lection Cours releve´s`10h15 a Comp.Euro.Tele-CET ..... 240 242 Grandoptic.Photo #...... 948 950 Pochet...... d 600 600 MARDI 4 NOVEMBRE Conflandey # ...... d 307,90 307,90 Gpe Guillin # Ly...... 195 199,50 Poujoulat Ets (Ns) ...... d 230 230 Cours Derniers Cours Derniers C.A. Hte Normandie...... 319 318,90 Kindy #...... 153 155,10 Radiall # ...... 640 622 VALEURS pre´ce´d. cours VALEURS pre´ce´d. cours Cours Derniers C.A. Paris IDF...... 740 739 Guerbet...... 210 210 Robertet # ...... d 1043 1043 VALEURS pre´ce´d. cours C.A.Ille & Vilaine...... 300 300 Hermes internat.1# ...... 389,90 385,50 Rouleau-Guichard...... d 280,30 280,30 Appligene Oncor ...... d 32 32 Eridania-Be´ghin CI...... d 733 733 C.A.Loire Atl.Ns # ...... d 278 278 Hurel Dubois...... d 700 700 Securidev #...... 110 107 Belvedere...... d 645 645 Cre´dit Ge´n.Ind...... d 9,50 9,50 Acial (Ns) #...... d 40 40 C.A.Pas de Calais...... d 545 545 ICBT Groupe # ...... 212 210 Smoby (Ly)#...... 590 590 BVRP...... d 192 192 Ge´ne´rale Occidentale..... d 178 178 AFE #...... 469 452 C.A.du Nord (Li) ...... 520 518 I.C.C...... d 140 140 Sofco (Ly)...... d 12 12 Coil ...... d 181 181 Ste´ lecteurs du Monde.... d 149 163,90 Aigle # ...... 313 313 C.A. Oise CCI...... d 325,60 325,60 ICOM Informatique ...... d 426 426 Sofibus...... d 363,80 363,80 Electronique D2 ...... d 741 741 Via Cre´dit (Banque)...... d 25,30 25,30 Albert S.A (Ns)...... d 149 149 C.A. Somme CCI...... 318,50 310 Idianova...... d 66 66 Sogeparc (Fin)...... 362 365 FDM Pharma n...... d 210 210 ...... Altran Techno. #...... 1559 1609 C.A.Toulouse (B) ...... d 415 415 Int. Computer #...... d 59,50 59,50 Sopra #...... 516 525 Genset...... d 348 348 d Arkopharma# ...... 300 298 Devanlay...... d 630 630 IPBM ...... d 68 68 Steph.Kelian # ...... d 63 63 Guyanor action B ...... 11 11 ´ Montaignes P.Gest...... d 1898 1898 Devernois (Ly)...... d 560 560 M6-Metropole TV ...... 558 562 Sylea ...... 512 510 High Co...... d 170 170 ABREVIATIONS Assystem # ...... 170 170 Ducros Serv.Rapide...... d 51 51 Manitou # ...... 745 739 Teisseire-France...... d 180 180 Infonie ...... d 76 76 B = Bordeaux; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille; Bque Picardie (Li)...... d 800 722 Emin-Leydier (Ly)#...... d 418,50 418,50 Manutan ...... 385 384,90 TF1...... 536 536 Joliez-Regol...... d 76,10 76,10 Ny = Nancy; Ns = Nantes. Bque Tarneaud(B)#...... d 320,10 320,10 Europ.Extinc.(Ly)#...... 396 396 Marie Brizard # ...... 673 678 Thermador Hol. #...... 290 290 Mille Amis ...... d 51 51 SYMBOLES Bque Vernes ...... d 170 170 Expand s.a...... d 567 567 Maxi-Livres/Profr# ...... 33 33 Trouvay Cauvin # ...... 90,50 90,50 Naturex...... d 72 72 1 ou 2 = cate´gories de cotation - sans indication Beneteau # ...... d 850 850 Factorem...... d 620 620 Mecelec (Ly)...... d 58 58 Unilog ...... 804 783 Olitec ...... d 700 700 cate´gorie 3 ; d cours pre´ce´dent ; a coupon B I M P...... d 91 91 Faiveley # ...... 185 187 MGI Coutier # ...... 258,60 252 Union Fin.France ...... 554 565 Picogiga...... d 190,50 190,50 de´tache´; b droit de´tache´;o=offert; Boiron (Ly)...... 288 288,50 Finacor...... d 60 60 Monneret Jouet Ly# ...... d 171,50 171,50 Viel et Cie # ...... 148 148 Proxidis...... d 16,50 16,50 d=demande´; x offre re´duite ; y demande Boisset (Ly) #...... d 700 700 Fininfo ...... d 718 718 Naf-Naf #...... 72 73 Vilmorin et Cie #...... 475 495 R21 Sante´...... d 415 415 re´duite ; # contrat d’animation. But S.A...... 258 256 Fructivie...... 625 623 Norbert Dentres.#...... d 575 575 Virbac...... 448 450 Stelax ...... d 8,50 8,50
Pre´voyance Ecur. D ...... 105,61 105,61 Kaleı¨s Dynamisme...... 1091,50 1070,10 BRED BANQUE POPULAIRE Sensipremie`re C...... 13350,31 13317,02 CIC BANQUES Kaleı¨sE´quilibre ...... 1067,84 1046,90 Fonds communs de placements Avenir Alizes...... 2340,78 2294,88 Kaleı¨sSe´re´nite´ ...... 1039,14 1028,85 SICAV et FCP Francic...... 723,15 702,09 Latitude C ...... 149,77 149,77 Moneden ...... 93309,13 93309,13 E´cur. Capipremie`re C ..... 12133,14 12108,92 CM Option Dynamique.. d 123,13 121,46 Une se´lection Oblig. ttes cate´...... 272,81 268,78 Francic Pierre...... 138,44 134,41 Latitude D...... 136,44 136,44 E´cur. Se´curipremie`re C .. 12098,43 12086,34 Europe Re´gions...... 231,96 225,20 CM Option Equilibre ...... 261,30 258,39 Cours de cloˆture le 3 novembre Cre´d.Mut.Mid.Act.Fr...... 155,30 151,14 Oblitys D ...... 623,57 614,35 ´ Ple´nitude D PEA...... 202,08 197,15 ´ Cred.Mut.Ep.Cour.T...... 925,09 925,09 VALEURS Emission Rachat Cre´d.Mut.Ep.Ind. C ...... 139,48 135,75 Poste Gestion C...... 15007,49 15007,49 Frais incl. net CNCA Cre´d.Mut.Ep.J ...... 23138,49 23138,49 Revenus Trimestr. D ...... 5244,33 5192,41 d CIC PARIS Livret Bourse Inv. D PEA 830,58 806,39 Cre´d.Mut.Ep.Monde ...... 1636,92 1593,11 Solstice D ...... 2352,66 2346,79 ´ d Nord Sud Develop. C...... 2593,70 2588,52 Amplia...... D 120808 120808 Associc ...... 1130,13 1130,13 Cre´d.Mut.Ep.Oblig...... 1885,16 1848,20 AGIPI Nord Sud De´velop. D ..... d 2450,76 2445,87 ´ Atout Amerique...... 193,27 188,56 Cicamonde...... 1546,86 1501,81 Cre´d.Mut.Ep.Quatre...... 1094,28 1072,82 SOCIE´TE´ GE´NE´RALE Agipi Ambition (Axa) ...... 139,48 132,84 MULTI-PROMOTEURS CCBP-CDC Atout Asie...... 93,12 90,85 Converticic...... 402,62 396,67 Fonds communs de placements ASSET MANAGEMENT Agipi Actions (Axa) ...... 113,64 108,23 Patrimoine Retraite C .... 315,11 308,93 Atout Futur C ...... 785,63 766,47 Ecocic...... 1686,81 1637,68 CM Option Mode´ration . d 101,96 100,95 Patrimoine Retraite D.... 305,57 299,58 Atout Futur D...... 739,57 721,53 Mensuelcic...... 10081,55 9981,73 Actimone´taire C ...... 38330,62 38330,62 Sicav Associations C ...... d 2440,58 2440,58 Coexis ...... 1960,74 1927,96 Oblicic Mondial...... 3942,21 3883,95 LCF E. DE ROTHSCHILD BANQUE Actimone´taire D...... 30367,85 30367,85 Dieze...... 2169,59 2133,32 Oblicic Re´gions ...... 1181,86 1164,39 Asie 2000...... 627,27 600,26 Cadence 1 D...... 1057,50 1047,03 BANQUES POPULAIRES Elicash...... D 959225,56 959225,56 Rentacic...... 162,01 159,62 Saint-Honore´ Capital ..... 20034,40 19450,87 Cadence 2 D...... 1061,28 1050,77 Epargne-Unie...... 208,16 203,08 St-Honore´ March. Emer. 796,20 761,91 Cadence 3 D...... 1048,57 1038,19 Valorg...... 2453,06 2416,81 Eurodyn ...... 2627,83 2563,74 St-Honore´ Pacifique...... 679,30 650,05 Capimone´taire C ...... 414,28 413,87 Fonsicav C...... 19847,86 19847,86 Indicia...... d 1681,88 1640,55 Capimone´taire D...... 373,81 373,44 Mutual. de´poˆts Sicav C... 19422,17 19402,77 Mone´.JC...... D 12054,35 12054,35 Sogeoblig C/D ...... 9297,97 9205,91 LEGAL & GENERAL BANK Interoblig C...... 7518 7443,56 3615 BNP Mone´.JD ...... D 11671,14 11671,14 Eurco Solidarite´...... d 1386,41 1372,68 Interse´lection France D.. 712,27 698,30 Oblifutur C ...... 552,86 543,62 Lion 20000 C...... d 17299,08 17299,08 Natio Court Terme...... 14336 14336 Se´curitaux...... d 1846,47 1846,47 S.G. France opport. C ..... 2021,88 1982,24 Oblifutur D...... 529,76 520,90 Lion 20000 D ...... d 16594,43 16594,43 Strate´gie Actions...... d 1105,74 1063,21 Natio Epargne...... 2226,70 2204,65 E´cur. Act. Futur D PEA ... 278,93 273,46 S.G. France opport. D..... 1930,15 1892,30 Oraction...... 1589,97 1551,19 Lion Associations C ...... d 11112,19 11112,19 Strate´gie Rendement ..... d 1988,63 1926,03 Natio Oblig. M.T. C/D .... 858,06 849,56 E´cur. Capitalisation C ..... 253,81 253,81 Sogenfrance C...... 1870,66 1833,98 Revenu-Vert...... 1185,19 1165,38 Lion Associations D...... d 11112,19 11112,19 Sogenfrance D ...... 1709,88 1676,35 Natio Ep. Croissance ...... 3169,87 3107,72 E´cur. Expansion C ...... 83747,35 83747,35 Se´ve´a ...... d 116 113,17 Lion Court Terme C ...... d 26660,22 26660,22 ´ E´cur. Ge´ovaleurs C ...... 3542,54 3473,08 Sogepargne D ...... 297,75 294,80 Natio Ep. Patrimoine ..... 136,92 134,24 Synthe´sis...... 18322,51 17998,54 Lion Court Terme D...... d 24173,81 24173,81 E´cur. Investis. D PEA ...... 222,06 217,71 Soginter C ...... 2427,84 2380,24 Natio Epargne Retraite .. 156,01 152,95 Uni Association ...... D 121,73 121,73 Lion Plus C ...... d 1577,87 1546,93 E´cur. Mone´premie`re ...... 11438,94 11438,94 Amplitude Ame´rique ...... 115,19 112,38 Fonds communs de placements Natio Epargne Tre´sor..... 11316,48 11293,89 Uni Foncier ...... 1399,96 1365,81 Lion Plus D...... d 1505,14 1475,63 E´cur. Mone´taire C ...... 13142,64 13142,64 Amplitude Europe C ...... 166,58 162,52 Favor D ...... d 1368,44 1341,61 Natio Euro Valeurs ...... 1026,20 1006,08 Uni France ...... 836,37 815,97 ´ d E´cur. Mone´taire D...... 12516,69 12516,69 Lion Tresor...... 2465,16 2440,75 Amplitude Europe D...... 163,80 159,80 Sogeliance D ...... d 1695,74 1678,95 Natio Euro Oblig...... 1022,96 1012,83 E´cur. Tre´sorerie C ...... 322,61 322,61 Uni Garantie C ...... 1901,63 1869,84 Oblilion ...... d 2179,19 2157,61 Amplitude Monde C ...... 1014,12 989,39 Sogenfrance Tempo D ... d 225,45 221,03 Natio Euro Opport...... 1045,74 1025,24 E´cur. Tre´sorerie D...... 310,09 310,09 Uni Garantie D...... 1454,44 1430,13 Sicav 5000 ...... 706,53 692,68 Amplitude Monde D...... 967,49 943,89 ...... Natio Inter ...... 1099,61 1078,05 E´cur. Trimestriel D...... 2025,51 2025,51 Uni Re´gions ...... 1632,83 1593 Slivafrance ...... 1180,29 1157,15 Amplitude Pacifique...... 97,69 95,31 ...... Natio Opportunite´s...... 185,51 181,87 E´parcourt-Sicav D ...... 193,72 193,72 Univar C...... D 312,40 312,40 Slivam ...... 582,05 570,64 Elanciel D PEA...... 179,48 175,10 Natio Revenus...... 1116,73 1105,67 Ge´optim C...... 12940,43 12749,19 Univar D ...... D 299,39 299,39 Slivarente...... d 246,63 241,79 E´mergence Poste D PEA 150,91 147,23 SYMBOLES Natio Se´curite´...... 11538,53 11538,53 Ge´optim D ...... 11886,30 11710,64 Univers Actions ...... 242,37 236,46 Slivinter...... 790,86 775,35 Ge´obilys C...... 677,28 667,27 D cours du jour ; d cours pre´ce´dent. Natio Valeurs ...... 1328,97 1302,91 Horizon C...... 2249,49 2205,38 Univers-Obligations ...... 249,54 245,37 Trilion ...... d 5124,34 5058,58 Ge´obilys D ...... 640,79 631,32 LeMonde Job: WMQ0511--0027-0 WAS LMQ0511-27 Op.: XX Rev.: 04-11-97 T.: 11:05 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0497 Lcp: 196 CMYK
27 AUJOURD’HUI LE MONDE / MERCREDI 5 NOVEMBRE 1997
ARCHÉOLOGIE Longtemps né- et Frank Goddio. b UN BALAYAGE tion de l’île d’Antirrhodos. b PLUS À célèbre phare d’Alexandrie. b UNE ros à la côte. b EN 1998, au Petit Pa- gligée, la ville antique d’Alexandrie systématique des fonds sous-marins L’EST, dans la zone de fouilles du NOUVELLE pièce du puzzle a été lais, à Paris, un Ptolémée en pharaon révèle peu à peu ses secrets grâce à dans la partie orientale du port a fort de Qait-Bey, M. Empereur a dé- mise en place par le CNRS avec la lo- découvert sur les zones de fouilles la concurrence que se livrent deux ainsi permis à M. Goddio d’identifier taillé environ 2 000 blocs ouvragés calisation de l’Heptastade, une devrait être le clou d’une exposition archéologues, Jean-Yves Empereur trois bassins et de préciser la posi- près de ce qu’il pense être le site du longue digue qui reliait l’île de Pha- consacrée à la ville antique. Le puzzle de l’Alexandrie antique se met en place La concurrence sauvage entre deux archéologues fait grandement progresser la connaissance de la topographie de la cité mythique, restée largement incertaine, à la différence de celle de ses anciennes grandes rivales de la Méditerranée, Rome et Athènes
ALEXANDRIE responsable du CEA a détaillé près de notre envoyé spécial Les nouveaux contours du port antique 2 000 blocs ouvragés. Il a égale- Alexandrie a toujours fait rêver : ment remonté à la surface 36 frag- Rochers 300 m monuments mythiques : Phare, Zone de fouilles ments monumentaux, dont l’effigie du fort de Qait-Bey Epaves Grande Bibliothèque ; galeries de Rochers d’un Ptolémée en pharaon, haut de portraits : César, Cléopâtre, Marc- Cap de Lochias LIMITES DU RIVAGE huit à dix mètres – il ne lui manque Antoine, Bonaparte.... Plus près de Rochers ACTUEL D'ALEXANDRIE que les jambes – qui devrait être nous, la nostalgie d’un cosmopoli- Rochers El Silsileh exposé à Paris. Si, pour M. Empe- tisme à la Paul Morand et les ro- Site supposé reur, certains blocs de granits gi- mans de Lawrence Durrell du phare d'Alexandrie gantesques peuvent venir de pare- complètent la mythologie. Pour- CONTOURS DES ments du monument, pour son Rochers Bassin 1 tant, à la différence d’Athènes ou TERRES ÉMERGÉES rival, M. Goddio, il s’agit purement de Rome, qui furent ses rivales, Ile Pharos À L'ÉPOQUE ANTIQUE et simplement de remblais, desti- nous ignorons encore le profil de la (ACTUELLEMENT IMMERGÉES) nés, très tardivement, à protéger le cité antique : « Nous avons une Bassin 2 port contre les raids des Croisés.