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LE MONDE INITIATIVES Taux de pénétration en %

a Le téléphone 35,83 portable au travail 6,58 a Emploi : 18 pages 15,34

d’annonces classées ITALIE FINLANDE

CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16414 – 7,50 F MERCREDI 5 NOVEMBRE 1997 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI

Lionel Jospin parie sur un accord rapide Dangereux entre tous les patrons routiers et la CFDT face-à-face Les protestations se multiplient en Europe contre le blocage des routes françaises entre UNE RÉUNION a eu lieu au mi- mardi, pendant deux heures, sur Saddam Hussein nistère des transports, mardi un barrage cédétiste au sud du 4 novembre dans la matinée, Mans. Lionel Jospin envisageait entre tous les syndicats des chauf- de s’exprimer sur le conflit à l’As- et l’ONU feurs routiers et l’Unostra, seule semblée nationale. Le premier mi- organisation patronale à avoir ac- nistre pourrait manifester la vo- LE FACE-À-FACE entre l’Irak et

MICHEL DENANCE/ARCHIPRESS cepté cette première rencontre lonté du gouvernement de faire les Nations unies s’est poursuivi, paritaire depuis le début du respecter les accords signés et mardi 4 novembre, à quelques a ARCHITECTURE conflit. La principale organisation d’assurer la libre circulation aux heures de l’ultimatum lancé par patronale, l’UFT, qui regroupe frontières. Bagdad contre les ressortissants plus de 80 % des entreprises de La situation française perturbe américains membres de la Le Berlin rouge transport, a toutefois promis à les échanges de marchandises Commission spéciale des Nations Jean-Claude Gayssot, ministre en entre de nombreux pays euro- unies chargée du désarmement de charge de ce secteur, de participer péens. L’Espagne en est parti- l’Irak (UNSCOM). L’Irak a deman- de Renzo Piano aux négociations susceptibles de culièrement victime. Son gouver- dé à ces commissaires de quitter s’ouvrir dans la journée de mardi. nement a demandé à la France son territoire au plus tard le 5 no- LE COUP D’ENVOI de la re- René Petit, président de la d’assumer « la responsabilité de vembre. Le secrétaire général des construction du cœur historique FNTR, principale composante de tous les coûts entrainés par la Nations unies, Kofi Annan, a dé- de Berlin a été donné lors de l’UFT, a déclaré au Monde que sa grève ». pêché une mission à Bagdad pour l’inauguration du siège d’une fi- fédération est prête à signer un A Bruxelles, on met en avant la- tenter de faire revenir le président liale de Daimler-Benz, sur la Pots- accord qui pourrait ressembler au responsabilité de la Commission Saddam Hussein sur sa décision. damerplatz. L’immeuble, de céra- protocole accepté le 2 novembre européenne, chargée de veiller au Alors que de nouveaux sites mi- mique rouge, est dû à l’architecte par l’Unostra. Le gouvernement respect de la libre circulation dans litaires irakiens ont été interdits Renzo Piano. Les travaux s’éten- espère obtenir le paraphe de la le marché unique. Le cabinet du aux commissaires américains, dront, d’ici à l’an 2000, à la place CFDT, principale organisation re- commissaire chargé des trans- l’Irak a menacé d’abattre l’avion de Leipzig et à la place de Paris. En présentative des salariés, afin ports estime nécessaire de parve- américain U2 qui doit effectuer 1999, le Parlement s’installera au d’étendre l’accord, par arrêté, à nir à un « code de bonne deux missions de surveillance, Reichstag. l’ensemble de la profession. conduite » pour ce type de conflit. mercredi et vendredi. Le ministre des transports s’est Lire page 31 rendu, dans la nuit de lundi à Lire pages 6 à 8 Lire page 2

a Drogue La NASA remercie Sojourner, le petit robot martien Emploi : et hépatite C POUCE ! A partir du 4 novembre, les res- mandons si cet ordinateur s’amorce correcte- Mars Pathfinder a confirmé plusieurs infor- 500 000 drogués seraient infectés, en ponsables américains de la mission Mars ont ment », explique Richard Cook, le responsable mations recueillies par les sondes Viking en la femme inégale décidé d’abandonner les tentatives quoti- de la mission. 1976. « Mars apparaît de plus en plus comme Europe, par le virus de l’hépatite C. diennes de communication avec la sonde Même si Pathfinder et son robot demeurent une planète qui a été très semblable à la LES FEMMES sont les pre- p. 4 Pathfinder et le robot Sojourner, la petite mer- définitivement muets, les responsables de la Terre », explique Matthew Golombek, respon- a mières victimes des diffi- veille technologique pesant une vingtaine de mission peuvent malgré tout s’estimer satis- sable du programme scientifique. Dans un cultés du marché de l’emploi en livres. Les scientifiques ont tout essayé et ont faits. Cette mission, qui a coûté « seulement » lointain passé, elle a été dotée de cycles clima- France. Plus touchées que les a fini par se lasser. Arrivés sur Mars, dans la val- 200 millions de dollars (environ 1,2 milliard de tiques et d’eau en abondance, des conditions hommes par le chômage et la pré- Responsabilité lée d’Ares, le 4 juillet, les deux engins restent francs), a fonctionné bien au-delà des objec- qui ont créé une grande variété de roches. A carité, elles sont souvent désespéremment silencieux depuis le 27 sep- tifs initiaux. Le module d’atterrissage était cette époque, une atmosphère plus chaude contraintes de travailler à temps hospitalière tembre, malgré les efforts de la NASA pour re- prévu pour durer trente jours, et le robot une qu’aujourd’hui a généré des nuages et des sai- partiel. Parmi les 20-24 ans, la si- Un arrêt du Conseil d’Etat étend la res- prendre contact avec eux. semaine. Or tous deux ont été opérationnels sons. tuation devient critique : le chô- ponsabilité sans faute des hôpitaux aux Plusieurs explications ont été avancées par pendant près de trois mois. Depuis le 4 juillet, « Le relief de la planète a été modelé par mage concerne 21,7 % des garçons accidents d’anesthésie générale. p. 12 les spécialistes du Jet Propulsion Laboratory Mars Pathfinder a envoyé 2,6 milliards de bits l’écoulement d’une grande quantité d’eau li- contre 31 ,4 % des filles et l’écart ne (JPL) de la NASA, à Pasadena (Californie), d’information à Pasadena, ce qui inclut plus quide, qui a structuré et aggloméré les roches », cesse d’augmenter. Quatorze ans pour expliquer ce silence persistant. Les scien- de 16 000 images prises depuis le module d’at- ajoute le spécialiste. La découverte de sable après le vote de la loi sur l’égalité tifiques ont d’abord pensé à une défaillance terrissage et 550 par le robot Sojourner. Les près du site d’atterrissage confirme que des des salaires, l’écart de rémunéra- a Marchés: nervosité de la batterie du module d’atterrissage, qui deux engins ont transmis à la Terre plus de processus météorologiques tels que le vent et tion entre hommes et femmes est Le rebond sur les places financières aurait perturbé l’horloge de l’engin et limité la 15 analyses chimiques de roches, et une masse l’érosion ont créé et modifié certains paysages de 27,2 % (il était de 33 % en 1984). mondiales se poursuit, mais Hongkong quantité d’énergie disponible. Le système de d’informations sur les vents et les conditions martiens. De surcroît, les données recueillies Le collectif national pour les communication de l’engin aurait aussi pu être climatiques qui règnent sur Mars. par la sonde Pathfinder permettront peut-être droits des femmes, qui n’a pas d’in- reste fragile. p. 22 et 25 dégradé par les très basses températures La mission est un succès sur le plan tech- d’évaluer la densité et la masse du cœur de la terlocuteur spécifique au gouver- comprises entre – 30o C et – 50o C régnant ac- nique, malgré l’interruption des communica- planète, et, par là, de déterminer si son noyau nement, à une manifesta- tuellement sur Mars. Enfin, le fonctionnement tions. L’analyse des roches permettra peut- est liquide ou solide. tion, samedi 15 novembre. a L’Alsacienne de l’ordinateur de bord de la sonde a pu être de dire s’il y a eu de la vie sur Mars en des des Aurès connaître des défaillances. « Nous nous de- temps très reculés. En attendant, la mission Christiane Galus Lire page 11 Enfant déportée, femme séquestrée, Alsacienne chassée des Aurès, Liliane Fonctionnaires vit dans une HLM près de Troyes. p. 17 A l’heure de l’Egypte ADIEU Bonaparte... L’idée de cé- lentendus entre les deux peuples, sous Vichy a lébrer le 200e anniversaire de l’expé- liés par une amitié séculaire, mais Faillite d’un dition française en Egypte, en juil- séparés par d’énormes différences let 1998, a été vite écartée après économiques et culturelles. courtier nippon l’émotion suscitée au Caire par une En 1995, selon les indicateurs de la Sanyo Securities est le premier courtier telle perspective. Commémore-t-on Banque mondiale, le produit inté- japonais à faire faillite depuis la se- une invasion militaire, fût-elle por- rieur brut par habitant a été 31,6 fois conde guerre mondiale. p. 23 teuse de modernité ? Rectifiant le tir, plus élevé en France qu’en Egypte. les deux pays ont opté pour une for- Même en appliquant les correctifs mule plus éclectique : la célébration liés au coût de la vie, le rapport reste de deux siècles d’échanges culturels, de 1 à 5,5. Certes, l’économie égyp- a Les prix sous le signe des « horizons parta- tienne connaît un boom qui attire gés ». Une centaine de manifesta- les investisseurs étrangers, notam- littéraires tions, étalées sur un an et commen- ment français, avec une croissance JEAN-PIERRE AZÉMA Le prix Femina a été attribué à Domi- cées en France par des spectacles de de 5 % au cours des deux dernières musiques et de chants traditionnels années. L’HISTORIEN Jean-Pierre Azé- nique Noguez, le Médicis à Philippe égyptiens, se poursuivront de part et Mais la manne dont profitent les ma a déclaré, lundi 3 novembre, au Le Guillou. p. 32 d’autre de la Méditerranée. nouveaux riches et les classes procès Papon, que Vichy fut « une Un événement très attendu vien- moyennes est loin d’atteindre les belle époque » pour les fonction- dra s’inscrire naturellement dans ce plus défavorisés. La précarité a ten- naires « choyés par le pouvoir ». a programme : l’inauguration, à Paris, dance, au contraire, à s’élargir et à « La police a manifesté un grand Le goût des guides des nouvelles salles égyptiennes du s’aggraver. Près d’un quart de la po- zèle pour arrêter les juifs étrangers, Jean-Pierre Quélin a feuilleté les guides Musée du Louvre, à la veille de pulation se trouve en dessous du ni- a-t-il dit. Les fichiers étaient très bien gastronomiques 1998 : le Michelin fait Noël. veau de pauvreté extrême, souligne tenus. La responsabilité des préfets loi, les autres la police. p. 29 De manière symbolique, c’est au Philippe Fargues, directeur du est lourde. L’administration a fait Louvre qu’a commencé, le 26 octo- Centre d’études et de documenta- preuve d’une efficacité redoutable. » Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 9 F ; Autriche, bre, le voyage d’une semaine de tion économique, juridique et so- 25 ATS ; Belgique, 45 FB ; Canada, 2,25 $ CAN ; cent dix lectrices et lecteurs du ciale (Cedej), l’un des organismes Lire pages 14 et 20 Côte-d’Ivoire, 850 F CFA ; Danemark, 15 KRD ; Espagne, 225 PTA ; Grande-Bretagne, 1 £ ; Grèce, Monde, accompagnés de six journa- français les plus actifs en Egypte. 450 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 2900 L ; Luxembourg, listes, « à la rencontre de l’Egypte et Quant aux différences culturelles 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; Pays-Bas, International ...... 2 Finances/marchés .. 25 3 FL ; Portugal CON., 250 PTE ; Réunion, 9 F ; des Egyptiens ». Ceux d’aujourd’hui entre les deux pays, les lecteurs du France ...... 6 Aujourd’hui...... 27 Sénégal, 850 F CFA ; Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,10 FS ; comme ceux d’hier : « Il n’y a pas Monde ont pu les mesurer au cours Tunisie, 1,2 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. Société ...... 11 Jeux ...... 30 une Egypte pharaonique, une Egypte d’une rencontre avec le cheikh Tan- Carnet...... 15 Météorologie...... 30 copte, une Egypte musulmane... mais tawi. Annonces classées.. 15 Culture ...... 31 une seule Egypte », a fait remarquer Régions ...... 16 Guide...... 33 aux participants Aly Maher El Sayed, Robert Solé Horizons ...... 17 Abonnements...... 34 ambassadeur à Paris. La focalisation Entreprises ...... 22 Kiosque...... 34 des Français sur la seule période an- Lire la suite page 20 et le puzzle Communication ...... 24 Radio-Télévision..... 35 tique est en effet une source de ma- de l’Alexandrie antique page 27 LeMonde Job: WMQ0511--0002-0 WAS LMQ0511-2 Op.: XX Rev.: 04-11-97 T.: 10:49 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0472 Lcp: 196 CMYK

2 INTERNATIONAL LE MONDE / MERCREDI 5 NOVEMBRE 1997

PROCHE-ORIENT Pour la vembre, de trois sites en Irak, après menaçant d’abattre l’avion de re- la crise. Une délégation comprenant d’autre choix que de respecter à la deuxième journée consécutive, des que les autorités de Bagdad en connaissance américain U2, dont des trois diplomates de haut rang a été lettre les résolutions de l’ONU. b LES inspecteurs de la Commission de eurent interdit l’accès aux experts de missions sont prévues mercredi et dépêchée à Bagdad, où elle devait ar- ÉTATS-UNIS souhaiteraient éviter le l’ONU chargée de désarmer Bagdad nationalité américaine. La veille, vendredi. b LES NATIONS UNIES mul- river mardi soir, pour expliquer aux recours à une solution militaire (Unscom) se sont retirés, mardi 4 no- l’Irak avait fait monter la tension en tiplient les efforts pour désamorcer autorités irakiennes qu’elles n’ont – qu’ils n’excluent pas. L’ONU a chargé une délégation de faire entendre raison à l’Irak Bagdad maintenait, mardi 4 novembre, sa décision d’expulser tous les membres américains de la commission spéciale chargée de son désarmement, l’Unscom. Les autorités irakiennes ont aussi menacé d’abattre l’avion de reconnaissance qui participe aux inspections

BAGDAD a multiplié, mardi cun à défendre ses droits. » Le pré- riser un avion américain U2 d’ef- les responsabilités des conséquences 4 novembre, les signes d’obstina- sident irakien a présidé ensuite une fectuer deux missions de surveil- de votre décision d’envoyer un avion tion tout en demandant « un dia- réunion du commandement géné- lance, mercredi et vendredi, espion au-dessus de l’Irak, parti- logue », quelques heures avant l’ar- ral de l’armée, en présence de son au-dessus du territoire irakien. Le culièrement quand notre DCA est rivée à Bagdad, mardi 4 novembre, fils Qoussaï, lequel dirige la garde représentant irakien à l’ONU, Ni- partout en alerte en prévision d’une de la mission dépéchée par les Na- républicaine, corps d’élite de l’ar- zar Hamdoun, a affirmé que possible agression », a ajouté tions unies, Cette dernière est char- mée irakienne. Au même moment, « l’Irak s’attend à une agression mi- M. Hamdoun. M. Butler a cepen- gée de transmettre au président la radio irakienne affirmait que «le litaire des Etats-Unis », et que, « en dant confirmé dans la soirée qu’il Saddam Hussein la réprobation peuple irakien est déterminé à dé- conséquence, l’entrée d’un avion es- avait autorisé les deux prochaines « unanime » du Conseil de sécurité, fendre son indépendance et sa sou- pion américain dans le ciel irakien missions de l’U2, en dépit de ces après les menaces qu’il formule veraineté ». ne peut être acceptée ». menaces. « L’U2 a été autorisé à ac- contre les ressortissants américains Cette détermination a été aussi- M. Hamdoun, dans une lettre complir sa mission », a précisé à la membres de la commission spé- tôt éprouvée par le nouveau sujet adressée au chef de l’Unscom, Ri- presse M. Butler, en sortant d’une ciale de l’ONU chargée du désar- de crispation qui est né, lundi soir, chard Butler, a demandé l’annula- réunion du Conseil de sécurité te- mement de l’Irak (Unscom). entre les Nations unies et l’Irak tion des vols de l’avion incriminé. nue à huis clos. Comme la veille, les inspecteurs après la décision de l’ONU d’auto- « Il doit être clair que vous assumez Lundi soir, enfin, un porte-parole du désarmement des Nations unies du Pentagone a annoncé que les se sont retirés de trois sites mili- Etats-Unis ont décidé de déployer taires après que les autorités ira- Boom sur les masques à gaz en Israël des chasseurs supplémentaires kiennes en eurent interdit l’accès pour renforcer leurs forces aé- aux inspecteurs américains, a an- Les Israéliens sont venus en masse ces derniers jours dans les centres riennes chargées de l’application noncé à New York un porte-parole publics de distribution de masques à gaz, après l’aggravation de la crise de la zone d’exclusion aérienne de l’ONU. Revenant sur la mission entre l’Irak et l’ONU, a rapporté, lundi 3 novembre, le quotidien Yediot dans le nord de l’Irak. Mais le dépêchée en Irak, le secrétaire gé- Aharonot. En moyenne, quelque six mille Israéliens viennent chaque porte-parole a assuré que les pro- néral des Nations unies, Kofi An- jour faire vérifier leurs masques à gaz, ou les échanger contre de nou- chains déploiements, prévus en nan, a dit, lundi soir, « espérer » veaux modèles, alors que ce chiffre n’était que de deux mille le mois Turquie, n’avaient « absolument que « la date-butoir [du 5 no- cision (...) et pas négocier », a ajouté tions unies. « Nous voulons un ac- dernier, a ajouté le journal. Plus de deux cent mille Israéliens ne dis- rien à voir » avec la crise actuelle vembre] ne sera pas mise à exé- M. Annan. cord clair » pour lever « complète- posent pas de masques à gaz distribués par l’armée à la population et entre les Etats-Unis et l’Irak à pro- cution pendant que l’équipe est à Au cours d’une réunion du ment » l’embargo, notamment des dizaines de milliers possèdent des masques qui nécessitent une ré- pos des inspections des sites mili- Bagdad ». L’Irak a sommé les conseil des ministres, lundi soir à pétrolier, imposé par l’ONU depuis vision pour être efficaces, selon le Yédiot. taires irakiens. Le Pentagone a ré- commissaires américains de quitter Bagdad, Saddam Hussein a cepen- 1990. « Il n’y a pas d’autre voie que Les Israéliens ont peur d’une éventuelle utilisation d’armes cemment rapporté plusieurs le pays au plus tard à cette date. dant estimé que l’ONU doit « s’en- celle-ci, a ajouté M. Hussein, selon chimiques par l’Irak depuis que ce dernier a tiré une quarantaine de violations par l’aviation irakienne Les émissaires onusiens « doivent gager dans un dialogue visant à défi- l’agence irakienne INA, s’ils ont re- missiles balistiques – tous conventionnels – sur Israël durant la guerre de la zone d’exclusion du nord de discuter avec les autorités irakiennes nir clairement les droits et les cours à d’autres méthodes, y compris du Golfe. Ces derniers avaient causé des dommages dans la région de l’Irak, au-dessus du 36e paral- de la nécessité de revenir sur leur dé- engagements » de l’Irak et des Na- l’usage de la force, Allah aidera cha- Tel Aviv et fait des dizaines de blessés. – (AFP.) lèle. – (AFP, Reuter.) Saddam Hussein aura l’occasion d’exposer ses griefs NEW YORK (Nations unies) crétaire général de l’ONU, Kofi Annan, et retirer ses troupes du Koweït entraînerait sarmement de l’Irak puissent être fermés un sont réticents à recourir à la force, ce de notre correspondante de l’Egypte, de reporter « de quelques la guerre, le président irakien ne l’avait par un ». Cette approche est aussi prônée même diplomate avertit : « Il ne faut pas Officiellement, la délégation de l’ONU jours » le délai imparti aux membres amé- pas cru. Il en paie encore les consé- par Paris. sous-estimer l’opinion publique aux Etats- supposée arriver, mardi 4 novembre, à ricains de l’Unscom pour qu’ils quittent le quences. Si la crise devait se terminer par une Unis, qui est de nouveau remontée contre Bagdad, est chargée de « faire territoire irakien, faute de quoi ils se- L’ambassadeur d’Irak auprès de l’ONU, nouvelle action militaire, l’Egypte, en tant Saddam Hussein. » comprendre » aux dirigeants irakiens la raient expulsés. Nizar Hamdoun, a affirmé au Monde, lun- que seul membre arabe du Conseil de sé- La délégation de l’ONU, composée du détermination du Conseil de sécurité de di, que son pays « cherche à se faire en- curité, est le pays qui a le plus à perdre représentant spécial du secrétaire géné- l’ONU à « ne pas céder » au chantage. APPROCHE FRANCO-RUSSE tendre par la communauté internatio- face à son opinion publique. « En Egypte, ral, l’ancien ministre des affaires étran- Mais dans le même temps, elle offre à Une autre possibilité existe, qui consis- nale ». Selon lui, « toute l’attention est a confié au Monde l’ambassadeur égyp- gères algérien, Lakhdar Brahimi, du vice- l’Irak l’occasion d’« exposer ses griefs » terait à autoriser Bagdad, dès le mois pro- centrée sur la crise actuelle, personne ne tien, Nabil El Araby, personne ne ministre suédois des affaires étrangères et contre la Commission spéciale de l’ONU chain, à vendre du pétrole pour un mon- traite du problème de fond », c’est-à-dire comprend pourquoi l’Irak est toujours sous ancien secrétaire général adjoint de chargée de son désarmement (Unscom), tant supérieur aux 2 milliards de dollars le maintien des sanctions contre l’Irak. embargo. Il faut que l’on puisse voir la lu- l’ONU, Jan Eliasson, et de l’ancien ambas- devant une sorte de forum international. par semestre que lui octroie la formule M. Hamdoun devait partir pour Bagdad mière au bout de ce tunnel. » sadeur argentin aux Nations unies, Emilio « La délégation ne va pas à Bagdad pour dite « pétrole contre nourriture ». Pour avec la délégation de l’ONU, mais il s’est Cardenas – dont la présence a été exigée négocier », disait un diplomate occidental l’heure, l’idée est « inacceptable » pour vu refuser un visa d’entrée par le Koweït, PESSIMISME par Washington –, devrait retourner, di- de haut niveau à New York lundi soir, Washington, le porte-parole du départe- où font escale les délégués. Malgré la bonne volonté exprimée par manche, à New York. A l’ONU, on espère « mais rien ne l’empêche d’écouter ». Se- ment d’Etat, James Rubin, refusant de Interrogé sur la possibilité d’une nou- un grand nombre de pays, y compris les que M. Hussein la recevra lui-même. lon ce diplomate, une solution possible « lier » le désarmement de l’Irak aux velle approche du dossier irakien au Américains – qui affirment aujourd’hui En attendant les résultats de la visite de pour éviter un affrontement militaire et « ventes de pétrole à but humanitaire ». Conseil de sécurité, l’ambassadeur russe à n’avoir jamais envisagé le renversement la délégation, le président irakien a, en la « sauver la face de Bagdad, mais aussi de Mais une telle « voie de sortie » n’est pas l’ONU, Serguei Lavrov, est resté solidaire du régime irakien –, l’atmosphère à personne du président de l’Unscom, Ri- Washington », pourrait être de donner totalement exclue, à la condition que le de ses partenaires. « Bagdad doit avant l’ONU reste pessimiste. « Sept ans d’expé- chard Butler, un vis-à-vis aussi déterminé l’occasion aux Irakiens « de dire tout ce président irakien accepte d’« écouter la tout revenir sur sa décision d’exclure les rience montrent que chaque geste de que lui à ne rien céder. En réponse à la qu’ils veulent, devant des interlocuteurs at- voix de la raison », disent des diplomates. Américains de l’Unscom, a-t-il dit. Sans compromis est interprété à Bagdad comme menace irakienne d’abattre les avions-es- tentifs ». Un précédent existe, qui n’est pas très quoi, personne ne peut faire quoi que ce de la faiblesse de la part du Conseil de sé- pions américains U2 brandie, lundi soir, Si l’Irak accepte d’emprunter ainsi encourageant : lorsque, en janvier 1991, le soit pour lui. » « Si l’Irak est raisonnable curité », se plaignait un diplomate. « Pour par Bagdad, M. Butler a affirmé que ces « l’échelle qui pourrait lui permettre de secrétaire général de l’ONU, Javier Perez sur ce point », a ajouté le diplomate russe, le moment, l’Irak réclame d’être écouté, si appareils continueraient leurs missions. descendre pas à pas », il agréerait officiel- de Cuellar, s’était rendu à Bagdad pour Moscou continuera de plaider au Conseil l’on accepte cela, il demandera plus. » lement ou de facto, à la demande du se- expliquer à M. Hussein que son refus de de sécurité pour que « les dossiers du dé- Tout en admettant que les Etats-Unis Asfané Bassir Pour Washington agite la menace d’une action militaire sans la souhaiter WASHINGTON donner une chance aux efforts di- compte tenu des positions anté- missiles de croisière contre des de notre correspondant plomatiques en cours, tout en rieures du Conseil de sécurité. cibles irakiennes, mais pour quel L’épreuve de force entre l’Irak soulignant qu’il ne s’agit pas de « Mais ce n’est pas la politique sur résultat ? Les Irakiens y sont prêts, et le Conseil de sécurité des Na- négocier ce qui n’est pas négo- laquelle les Etats-Unis souhaitent et, avec un peu de chance, ils remo- tions unies prend une nouvelle ciable. La Maison Blanche a ainsi mettre l’accent », a-t-il précisé. biliseront l’opinion arabe en leur fois la forme d’un face-à-face refusé tout net une invitation au Si M. Hussein fait la sourde faveur », ajoute ce diplomate. entre Bagdad et Washington. Tout « dialogue » lancée, lundi 3 no- oreille, il est probable qu’un Richard Hass, directeur des en affirmant qu’ils privilégient une vembre, par le président Saddam consensus se dessine au sein du études de politique étrangère à la solution pacifique, les Etats-Unis Hussein. Les Etats-Unis exigent Conseil de sécurité en faveur de Brookings Institution, reconnaît multiplient les menaces de moins que celui-ci se conforme aux réso- nouvelles sanctions, comme l’in- que les Etats-Unis prendraient un en moins voilées d’une frappe mi- lutions du Conseil de sécurité, terdiction faite à certains respon- sérieux risque à agir seuls. litaire, afin d’obliger le président dont les termes vont lui être rap- sables du régime de Bagdad de « Contrairement à ce qui se passe à irakien à revenir sur sa décision pelés par la mission envoyée à quitter le territoire irakien. Une propos de l’Iran ou de Cuba, ex- d’interdire aux observateurs amé- Bagdad par le secrétaire général telle interdiction, brandie comme plique-t-il, la force des sanctions ricains de participer aux missions de l’ONU, Kofi Annan. Le seul dia- une menace dans la résolu- contre l’Irak réside dans le fait de la commission spéciale de logue possible « doit consister à tion 1134 du Conseil de sécurité, qu’elles sont multilatérales. Si l’ONU chargée du désarmement expliquer clairement par quels avait entraîné une abstention de l’Amérique décide d’intervenir uni- de l’Irak (Unscom). L’administra- moyens il (Saddam Hussein) doit se la France, de la Russie et de la latéralement, elle affaiblit la posi- tion Clinton se sert de la suren- plier à la volonté de la communau- Chine. tion unitaire de la communauté in- chère du Congrès pour faire té internationale », a indiqué le Au-delà de sanctions diploma- ternationale. Saddam Hussein a comprendre à Bagdad et aux alliés porte-parole de la présidence, tiques, la plupart des experts s’ac- probablement calculé cela : il pense des Etats-Unis que l’option mili- Mike McCurry. cordent à reconnaître que l’on que les effets négatifs de l’utilisation taire est sérieusement envisagée. entre dans le domaine d’une esca- de la force seront plus graves pour La Maison Blanche préférerait « POUR QUEL RÉSULTAT ? » lade aux effets très incertains, la coalition que pour l’Irak. » cependant que le président irakien Si l’Irak ne change pas de posi- comme l’a montré la précédente Le danger, ajoute M. Hass, est comprenne que son nouveau défi tion « dans les prochains jours, a « punition » infligée par Washing- que l’administration Clinton béné- ne le mène nulle part. L’adminis- précisé James Rubin, le porte-pa- ton à Bagdad, en septembre 1996, ficie d’un soutien quasi unanime tration américaine sait que l’unité role du département d’Etat, alors, après que les troupes irakiennes du Congrès pour engager, le cas du Conseil de sécurité face aux le Conseil de sécurité doit être prêt furent intervenues dans le nord de échéant, des frappes militaires. Ce nouvelles provocations irakiennes à prendre des mesures fermes », l’Irak. consensus, estime-t-il, « accroît la serait mise à rude épreuve si Was- afin d’obliger les Irakiens à res- « Cela n’a pas modifié le rapport probabilité » d’une action mili- hington tentait d’obtenir à l’ONU pecter la volonté de la commu- de forces dans le Kurdistan irakien, taire, même si le souhait de l’ad- un vote en faveur de sanctions nauté internationale. S’ils per- rappelle un diplomate européen. ministration Clinton est de trou- militaires. L’unité du Conseil se- sistent dans leur refus, les Erbil (la principale ville du Kurdis- ver le moyen de faire plier rait aussi fragilisée si les Etats- Etats-Unis se réservent le droit de tan) n’a pas changé de camp, et les Saddam Hussein, sans se démar- Unis décidaient une action mili- recourir à une action militaire uni- Irakiens ont marqué un point. Les quer de ses alliés. taire unilatérale contre Bagdad. latérale, ce qui, selon M. Rubin, ne Américains peuvent de nouveau en- Washington s’efforce donc de pose pas de problème particulier, voyer une ou plusieurs salves de Laurent Zecchini LeMonde Job: WMQ0511--0003-0 WAS LMQ0511-3 Op.: XX Rev.: 04-11-97 T.: 11:04 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0473 Lcp: 196 CMYK

INTERNATIONAL LE MONDE / MERCREDI 5 NOVEMBRE 1997 / 3 La phrase du président chinois sur les « erreurs » Le premier ministre du parti suscite de multiples interrogations néo-zélandais a remis Une révision de la ligne sur la répression de Tiananmen aurait de lourdes implications sa démisssion La tournée aux Etats-Unis du président Jiang Ze- image de chef d’Etat à l’envergure internatio- gédie de Tiananmen. Ce débat est lourd min, qui s’est achevée dimanche 2 novembre, au- nale. Mais M. Jiang a surtout relancé les inter- d’implications pour le jeu intérieur chinois en rai- ra permis au numéro un chinois de conforter son rogations sur le jugement officiel relatif à la tra- son du rôle joué, en 1989, par feu Deng Xiaoping. M. Bolger a perdu le contrôle du Parti conservateur

PÉKIN de manière générale à ce texte an- M. Jiang. Il lui faudrait trouver à la mais il a reconnu avoir « appris » AUCKLAND se mesurent en degrés de « that- de notre correspondant cien, ou plus précisément à la situa- fois une formule dégageant la res- bien plus au contact direct de la de notre correspondante chérisme », Jenny Shipley fait fi- Jiang Zemin a-t-il voulu amorcer tion de 1989, imputable non pas à ponsabilité de Deng Xiaoping – « démocratie américaine » qu’à la dans le Pacifique Sud gure de « dure ». Il y a six ans, son un débat interne au régime chinois Mao mais à Deng ? Il a eu la pru- dont la « théorie » en matière de lecture de dossiers. Il sort ainsi très Ce « coup »-là est arrivé sans effigie était brûlée dans la rue en vue de réviser le jugement offi- dence de n’en rien dire. On exclut, à développement est le nouveau dog- légèrement, sans se compromettre prévenir. Lundi 3 novembre en fin après que la ministre de la sécurité Pékin, que M. Jiang ait simplement me du régime – et un bouc émis- pour autant, du rôle de figure de de journée, les journalistes poli- sociale eut réduit drastiquement ANALYSE adopté une posture destinée à désa- saire. cire robotisée que lui dessinent ses tiques de Wellington, la capitale les allocations. Vers une éventuelle morcer une pression extérieure de- La mise hors de cause de Deng est services de propagande. de la Nouvelle-Zélande, étaient venue trop forte au cours de son possible. Il suffit d’affirmer, comme M. Jiang n’a toutefois pas paru soudain tous d’accord : Jenny Shi- SATISFECIT DE LA BOURSE remise en cause voyage aux Etats-Unis. On peut au certains indices le suggéraient lors inaugurer par ce voyage une ap- pley, ministre des transports, dis- La Bourse a salué ce change- des rôles respectifs contraire imaginer qu’il ait fait des événements, que le patriarche proche différente de la Chine envers posait du soutien d’une majorité ment, qui devrait se traduire par de M. Deng ou de M. Li usage de cette pression – suivant en n’était pas complètement informé le monde extérieur, où Pékin re- des élus du Parti national (conser- un nouveau « coup de barre à cela un exemple donné autrefois par de la situation, voire qu’il a été cherche avant tout la source de flux vateur) pour détrôner le premier droite », en gagnant 3 %. Réuni Deng – pour servir des intérêts de sciemment désinformé par quelques technologiques et financiers, sans ministre, Jim Bolger. Dans la soi- mardi matin, le Parti national a dé- ciel sur le drame de Tiananmen ? Ou politique intérieure. bureaucrates trop zélés. Dès lors, véritable intention de fournir des rée, c’était chose faite : le chef du cidé que le premier ministre sor- bien a-t-il seulement cherché, en Quelles qu’aient été ses inten- qui ? Le partisan de la répression contreparties. Ainsi, les appels du gouvernement, en poste depuis tant resterait en fonction jusqu’à chef politique sensiblement plus tions, M. Jiang a de facto rouvert le qu’était alors l’ancien maire de Pé- pied auxquels il s’est livré à l’inten- sept ans, remettait sa démission. la fin du mois pour permettre au libre de ses mouvements mainte- dossier des circonstances qui l’ont kin, Chen Xitong, récemment jeté tion de l’Amérique des affaires Théoriquement Jim Bolger avait nouveau gouvernement de s’orga- nant que Deng Xiaoping est parti, à porté au pouvoir en 1989. Sa re- en prison par M. Jiang pour corrup- évoquent-ils la démarche chinoise encore deux ans devant lui, à la niser. Logiquement, Jenny Shipley se démarquer de la ligne strictement marque ambiguë fait suite aux ap- tion, serait un premier fusible envers l’Europe occidentale : les in- tête d’une coalition de plus en deviendra donc premier ministre officielle qui interdit tout débat à ce pels qui avaient été émis en Chine commode. Mais ce personnage est citations à l’investissement des dé- plus impopulaire face à un Parti début décembre. Elle dirigera un sujet, afin de personnaliser sa fonc- même, avant le 15e congrès du parti, un peu mince pour expliquer des tenteurs de la technologie dans travailliste repassé en tête des gouvernement remanié mais tou- tion ? tenu à la mi-septembre, pour une déplacements de troupes venues de l’« immense marché chinois » ne sondages d’opinion. jours fondé sur l’accord de coali- Impossible encore à dire. Mais la révision des événements de Tianan- tout le pays, comme ce fut le cas, s’accompagnent pas de promesse Mais le voyage en Europe du tion passé entre le Parti national et « petite phrase » de M. Jiang pro- men – officiellement considérés pour reprendre la place Tiananmen. d’ouverture plus large qu’il n’est né- premier ministre a permis aux le New Zealand First, petit parti noncée à Harvard, aux Etats-Unis, comme une « émeute contre-révolu- Il faudrait à M. Jiang viser plus haut, cessaire à Pékin pour capter des sa- « lieutenants et hommes de main » nationaliste qui détient la clé du reconnaissant que le Parti commu- tionnaire » justement réprimée par et c’est le premier ministre sortant, voirs afin de les reproduire. de Jenny Shipley de préparer en pouvoir au Parlement. Mais le chef niste chinois n’est pas infaillible («Il l’armée. Li Peng, très en pointe dans la ré- Cette logique s’explique par la « grand secret », ce « coup sans ef- de file de cette formation, furieux va sans dire que nous pouvons avoir pression de 1989, qui risquerait alors certitude qui anime la direction fusion de sang », cette « embus- d’avoir été tenu à l’écart du des défauts et même faire des er- RETOURNEMENT DE VERDICT d’être visé. Rien n’indique encore chinoise que le sous-développement cade », selon les expressions de la « coup » qui se fomentait, a décla- reurs ») a d’ores et déjà commencé à Pareille révision n’est pas a priori que M. Jiang ait emprunté ce sentier du pays est dû avant tout à l’intru- presse nationale. Certes, les ambi- ré que son parti ne ferait connaître nourrir de réelles interrogations sur totalement impossible. Le meilleur de guerre. sion des puissances occidentales tions de Jenny Shipley étaient sa position que dans une semaine. le sort que compte faire la Chine de exemple est le retournement de ver- Durant son voyage américain, Il dans son univers au XIXe siècle, et connues. Avec seulement dix ans Helen Clark, chef du Parti tra- l’après-Deng à la tragédie de Tia- dict que Deng lui-même avait opéré s’est cependant démarqué de M. Li que ses maîtres d’alors ont seule- de vie politique, Jenny Shipley, vailliste qui a le vent en poupe, es- nanmen. La non-infaillibilité du par- en 1978, peu après être revenu au dans la façon d’affronter la houle ment commis une erreur tactique en quarante-cinq ans, une forte père profiter de la crise. «Je ti n’est pas, en soi, un fait nouveau. pouvoir et avant même d’en contrô- protestataire. Le premier ministre se refusant à une ouverture modé- femme, enseignante de formation, compte toujours être la première C’est Deng lui-même qui l’avait in- ler tous les leviers, à propos d’une s’était rendu célèbre pour la ma- rée. Dans cette optique, c’est cette reconnue pour son efficacité et sa femme élue premier ministre », dit- troduite en juin 1981 sous la forme précédente émeute survenue sur la nière cassante dont il avait inter- « addition » que l’Occident, Amé- franchise, a déjà eu la charge de elle. Les prochaines élections, en d’une « résolution » du comité cen- même place Tiananmen du vivant rompu une visite en Allemagne, en rique en tête, est censée continuer trois importants portefeuilles mi- 1999 ou avant, se passeront donc tral qui faisait le tri entre les erreurs de Mao, en avril 1976. De « contre- 1994, en raison de manifestations de payer aujourd’hui à coups de nistériels (sécurité sociale, santé entre femmes, dans le pays qui fut et les accomplissements positifs de révolutionnaire », l’événement est du hostiles à son endroit. M. Jiang, lui, transferts de technologie financés publique et transports). Dans ce en 1893, la première démocratie à l’œuvre de Mao. jour au lendemain devenu « révolu- a exigé seulement de Washington de par ses soins. pays qui a réformé son économie leur donner le droit de vote. Mais M. Jiang, explicitement in- tionnaire ». Toutefois, concernant ne pas voir les manifestants. Non de la manière la plus radicale au terrogé sur Tiananmen, se référait-il 1989, la tâche est plus difficile pour seulement il dit les avoir entendus, Francis Deron monde, où les positions politiques Florence de Changy La recrudescence des combats fait craindre une nouvelle famine en Somalie NAIROBI gouvernement central, ou même auxquelles la faction d’Aïdid a re- chercher à affaiblir Hussein Aïdid l’Ethiopie) qui, en juin, ont chassé de notre correspondant Deux régions que la paix n’ait été rétablie en fusé de se joindre, Addis-Abeba a pour l’amener à la table des négo- les islamistes de la région du Gedo en Afrique de l’Est où règne l'insécurité Somalie. Le général Aïdid s’auto- lancé deux opérations militaires ciations, ou bien de créer une où ils s’étaient établis en 1992, ne La recrudescence des combats DJIBOUTI Golfe d'Aden proclamait président – tout dans le sud de la Somalie contre zone tampon sur sa frontière pour décident d’appuyer leurs frères de entre milices rivales, depuis le comme son rival de Mogadiscio- une base arrière du mouvement éliminer les menaces terroristes ? la province du Bas Juba qui se mois d’août, dans le sud-ouest de nord Ali Mahdi – et s’emparait de islamiste éthiopien, Al Ittihad, au- « Quoi qu’il en soit, les Ethiopiens battent pour le contrôle du port la Somalie, entretient une insé- Baidoa, en septembre 1995, en teur de plusieurs attentats à la jouent aux apprentis sorciers, de Kisimayo contre une milice du curité grandissante qui a chassé s’alliant à quelques sous clans lo- bombe, notamment dans la capi- avance un expert de la région, car clan Majertine, pourtant égale- plus de cinquante mille villageois. caux. Il mourait en août 1996, une tale, ces derniers mois. Et depuis les milices qu’ils arment et qu’ils ment allié à Addis-Abeba. Face à ÉTHIOPIE Et leur exode n’est pas sans rap- OCÉAN semaine après avoir été blessé sur quelque temps, plusieurs sources entraînent risquent tôt ou tard l’activisme de l’Ethiopie, qu’il ac- peler les signes avant-coureurs de INDIEN la ligne de front, dans des d’information font état d’armes d’échapper à leur influence et de se cuse de préparer « une nouvelle in- l’hécatombe de 1992, quand la combats contre son ancien allié et fournies par l’Ethiopie à toutes les battre pour leur propre compte. » tervention » en Somalie, Hussein guerre et la famine ont tué près de BAKOL financier, Osman Atto. factions hostiles à Aïdid et aux is- Un responsable humanitaire Aïdid, ancien « marine », se trois cent mille personnes en So- BAY MOGADISCIO Aujourd’hui, après une série de lamistes. craint, par exemple, que les guer- cherche aussi des parrains et s’est malie. Selon les témoignages de Baidoa SOMALIE conférences de paix et plusieurs L’objectif de l’Ethiopie est-il de riers du clan Marehan (aidés par rendu récemment en Libye. On es- déplacés arrivés à Mogadiscio, la accords non respectés de cessez- time qu’il a aussi les faveurs de capitale, les combattants écument KENYA Équateur le-feu, rien n’a fondamentalement Khartoum, le régime islamiste la région, tuant le bétail et pillant changé et malgré de multiples La difficulté d’acheminer l’aide alimentaire soudanais étant en froid avec Ad- les greniers où la dernière récolte 200 km tentatives de médiation (éthio- dis-Abeba depuis 1995. vient tout juste d’être stockée. Les pienne, kenyane, égyptienne ou Distribuer des vivres est une entreprise risquée en Somalie, où Ce réarmement pourrait entraî- paysans qui tentent de résister italienne – sans compter celles de l’aide étrangère est généralement considérée comme appartenant à ner une extension des combats sont abattus. venue en quelques mois « ville l’ONU), les rivalités politico-cla- tous et donc au premier village venu, alors que la propriété d’un dans le Sud-Ouest et provoquer L’organisation non gouverne- mouroir », fut l’épicentre. A niques restent vives. Néanmoins, clan ou de ses membres est rarement détournée à cause des repré- l’exode de milliers d’autres dépla- mentale Action contre la faim l’époque, l’armée de l’ex-pré- une certaine stabilité prévaut dans sailles éventuelles. Pour réduire les pertes, le Programme alimen- cés. Mais si une famine générali- (ACF) assiste les déplacés de Mo- sident Siad Barre, chassé de Mo- les deux tiers des régions de So- taire mondial (PAM) a donc « privatisé » son assistance et mis au sée frappe à nouveau la Somalie, gadiscio démunis de tout. Elle es- gadiscio en janvier 1991, et celle malie où l’Union européenne et le point un système de « monétisation ». Pour chaque distribution, le il n’est pas sûr que la communau- time qu’ils sont déjà mille cinq du clan Hawiyes, conduite par le CICR peuvent financer les projets PAM conclut un marché avec les hommes d’affaires à qui il confie, té internationale se mobilise,

cents dans les camps, auxquels il général Aïdid (le père de Hussein de réhabilitation. en échange d’une caution bancaire, la mission d’acheminer des comme en 1992, les milieux huma- faut ajouter tous ceux qui ont Aïdid), s’affrontaient dans le sud Mais l’ingérence croissante – di- vivres dans un village. « Ainsi, on est sûr que l’aide arrive, explique un nitaires relevant la fatigue des do- trouvé refuge auprès de parents. et le sud-ouest du pays, dévastant plomatique et militaire – de employé de l’agence. Mais on ne peut pas contrôler si elle est bien dis- nateurs, de plus en plus indiffé- L’ONG française « redoute une dé- les villages sur leur passage. Six l’Ethiopie est un nouveau facteur tribuée aux nécessiteux car, pour des raisons de sécurité, il est difficile rents à l’interminable conflit térioration de la situation nutrition- mois plus tard, à partir de d’inquiétude pour certains obser- de vérifier sur place. » Si les troubles persistent dans le sud-ouest, les somalien. nelle si la poursuite des combats juin 1992, la famine frappait la ré- vateurs. Tout en parrainant des responsables du PAM reconnaissent qu’il n’est pas sûr que ce sys- empêche les paysans de préparer gion et plusieurs dizaines de mil- négociations intersomaliennes tème de distribution puisse continuer à fonctionner. Jean Hélène les prochaines semailles ». liers de personnes mouraient Le Comité international de la avant que la communauté inter- Croix-Rouge (CICR) a lancé un nationale ne se mobilise. programme d’assistance pour ces déplacés éparpillés dans les zones INGÉRENCE ÉTHIOPIENNE limitrophes du Bay et du Bakol. En pillant la manne humani- Ces deux régions touchées par taire, les chefs de guerre soma- l’insécurité sont d’autant plus dif- liens avaient alors reconstitué leur ficiles d’accès que de nombreuses trésor de guerre, grâce aussi au pistes ont été minées. Depuis le racket des organisations carita- meurtre d’un médecin portugais tives obligées de se placer sous de Médecins sans frontières leur protection pour pouvoir in- (MSF), en juin, à Baidoa, les tervenir. Afin de mettre fin au dé- agences humanitaires ont dû éva- tournement de l’aide, les Etats- cuer leurs expatriés de la ville. La Unis décidaient, en dé- branche française de MSF a an- cembre 1992, d’envoyer trente noncé, le 24 octobre, son retrait mille soldats, dans le cadre d’une définitif de Somalie, constatant vaste opération humanitaire des que le meurtre restait impuni. Nations unies, également proté- Les combats dans le Bay et le gés par plusieurs milliers de Bakol mettent aux prises des mi- « casques bleus ». lices rivales du clan local des Ra- Après avoir lancé une infruc- hanweyn, également soutenues tueuse chasse à l’homme contre le par les deux principaux chefs de général Aïdid – irrité de n’être pas guerre somaliens, Hussein Aïdid, reconnu comme l’homme fort de qui contrôle Mogadiscio-sud, et la Somalie –, qui exigeait le départ Ali Mahdi, qui tient Mogadiscio- des « occupants », les « marines » nord, deux frères ennemis issus de se retiraient, en mars 1994, non la même confédération clanique sans avoir perdu une trentaine des Hawiyes. d’hommes en s’attaquant aux mi- Des affrontements similaires liciens pro-Aïdid. Et les derniers avaient été à l’origine de la grande « casques bleus » quittaient Mo- famine de 1992, dont Baidoa, de- gadiscio, en mars 1995, sans qu’un LeMonde Job: WMQ0511--0004-0 WAS LMQ0511-4 Op.: XX Rev.: 04-11-97 T.: 10:47 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0474 Lcp: 196 CMYK

4 / LE MONDE / MERCREDI 5 NOVEMBRE 1997 INTERNATIONAL Vietnam : le typhon « Linda » Athènes et Ankara tentent de rétablir a fait au moins 178 morts HANOÏ. Le typhon « Linda » a fait au moins cent soixante-dix-huit morts un processus de normalisation et un millier de disparus dans le sud du Vietnam, selon un décompte pro- visoire annoncé, mardi 4 novembre, par des responsables locaux. Près de vingt mille habitations auraient été détruites. Des dizaines de milliers Après une série d’incidents bilatéraux, les chefs des deux gouvernements se sont rencontrés d’hectares de riziculture ont été submergés dans la région la plus fertile du Vietnam. Le bilan pourrait être beaucoup plus lourd. Les autorités locales Les premiers ministres grec et turc, qui se ren- Crète, sont tombés d’accord pour renouer le dia- Ankara, à propos de la délimitation des eaux ter- ont en effet perdu le contact avec plus de mille bateaux. La plupart des contraient lundi 3 novembre en marge de la réu- logue entre leurs deux pays. Des incidents n’ont ritoriales, des manœuvres militaires dans la ré- victimes sont des pêcheurs qui se trouvaient à bord d’embarcations au nion des dirigeants des Etats balkaniques en cessé ces derniers mois d’opposer Athènes et gion ou de Chypre. moment du passage du typhon. Des unités de la marine de guerre et de l’armée de l’air ont été mobilisées ATHÈNES mel avait été obtenu sous la pres- priotes grecs d’installer des mis- et de plaintes mutuelles. Ankara a pour les secours. Le président Trân Duc Luong a adressé, mardi, un mes- de notre correspondant sion des Etats-Unis, très inquiets siles S 300 achetés au début de accusé les Grecs et les Chypriotes sage de sympathie aux habitants des régions sinistrées, dont certaines Les premiers ministres grec et après l’incident de janvier 1996 à l’année à la Russie. Ankara, qui se grecs de « jouer avec le feu » et de étaient encore coupées du monde. « Linda » est une tempête tropicale turc, Costas Simitis et Mesut Yil- propos de la souveraineté contes- sent menacé par les missiles, a dé- se diriger vers « une possibilité ac- qui s’est abattue, dimanche, près des côtes sud-vietnamiennes, avant de maz, sont convenus lundi 3 no- tée de l’îlot rocheux d’Imia-Kar- claré que leur implantation serait crue d’incidents, y compris un af- se transformer en typhon, le plus violent depuis près d’un siècle. – (AFP, vembre de relancer les différents dak pour les Turcs (dans le Dodé- un casus belli, tandis que le chef frontement armé ». La Grèce a par Reuter.) processus de dialogue bilatéral, canèse). Les deux pays avaient d’état-major turc, Ismaïl Hakki ailleurs dénoncé de multiples vio- gelés ces derniers mois par une sé- alors frôlé un conflit armé, évité Karadayi, dénonçait au sein de lations de son espace aérien par rie d’incidents et de menaces. de justesse par l’intervention per- l’Alliance un axe Athènes-Moscou des chasseurs turcs, démenties par Le gouvernement danois devra livrer A l’issue d’un long tête-à-tête sonnelle de Bill Clinton. dirigé contre Ankara. la Turquie qui ne reconnaît pas les d’une heure et demie tenu en MM. Simitis et Yilmaz sont éga- Après un échec des discussions, mêmes limites qu’Athènes. marge d’un sommet balkanique lement convenus d’appliquer un fin septembre, au siège de l’ONU, A la fin des manœuvres, la des documents relatifs à Maastricht réuni à Héraklion, en Crète, Cos- accord signé en 1988 par les chefs entre les deux ministres des af- Grèce a protesté contre le harcèle- tas Simitis a qualifié l’entretien de de la diplomatie des deux pays faires étrangères grec, Théodore ment par des F 16 turcs de l’avion COPENHAGUE. La Cour suprême du Danemark a ordonné, lundi 3 no- « fructueux ». La rencontre, a-t-il pour établir des « mesures de Pangalos, et turc, Ismaïl Cem, sous du ministre grec de la défense qui vembre, au gouvernement de livrer la plupart des documents relatifs au cependant ajouté, « n’a pas abouti confiance ». De même, ils ont af- les auspices du secrétaire d’Etat revenait de Chypre. Quelques traité de Maastricht à dix citoyens qui ont intenté un procès contre le pre- à un résultat qui change la situa- firmé leur volonté de réfléchir Madeleine Albright, le ton n’a ces- jours plus tard, c’est le général Ka- mier ministre Poul Nyrup Rasmussen, pour avoir fait adhérer, en 1993, le tion ». Il a accepté une invitation « dans le cadre de l’OTAN » sur les sé de monter entre les deux rives radayi qui affirmait qu’un navire pays à l’Union européenne, a-t-on appris de source judiciaire. de M. Yilmaz à se rendre à Ankara mesures à prendre pour réduire la de l’Egée. grec avait tenté d’éperonner un Les sept juges ont donné raison aux plaignants qui réclamaient ces docu- « à une date qui sera fixée par la tension et éviter tout incident M. Pangalos a accusé la Turquie sous-marin turc en mer Egée. ments pour prouver, selon eux, que le gouvernement avait accepté, lors voie diplomatique » et « à condi- pendant les manœuvres militaires de suivre « une politique inaccep- M. Pangalos a minimisé l’affaire et des négociations sur le traité de Maastricht, un transfert de souveraineté à tion que cette visite puisse débou- en mer Egée. table qui fait penser à celle de l’Al- rejeté les accusations turques en l’UE plus étendu que ne l’autorise la Constitution. Les avocats des plai- cher sur un résultat positif ». lemagne hitlérienne de l’entre-deux appelant Ankara à « ne pas gnants, Me Christian Harlang et le professeur Ole Krarup, avaient affirmé M. Yilmaz, a dit M. Simitis, a pro- APRÈS L’IMPASSE guerres » et qualifié de « voleur, commettre de folie en provoquant en juin que « la participation du Danemark, pendant vingt-cinq ans d’adhé- posé un « dialogue global » sur Le chef du gouvernement grec a assassin et violeur la partie de l’es- intentionnellement un grave in- sion du Danemark au Marché commun et à l’Union européenne, était anti- l’ensemble des différends « pour par ailleurs souhaité la poursuite tablishment politico-militaire en cident en Egée ». constitutionnelle, ayant entraîné un transfert de souveraineté trop impor- dépasser les problèmes », tandis d’un processus entamé au prin- Turquie qui met en doute les fron- En arrivant dimanche en Crète, tant ». que « nous maintenons notre poli- temps par la mise en place d’une tières en mer Egée », tandis que le Mesut Yilmaz n’excluait pas la tique de rapprochement pas à commission d’experts des deux vice-premier ministre turc Bulent possibilité d’un « conflit armé par DÉPÊCHES pas », a déclaré le premier mi- pays chargée d’examiner les mo- Ecevit étendait le différend gréco- accident », en raison de plusieurs a CROATIE : le président croate Franjo Tudjman a proposé une série nistre grec. Son homologue turc dalités d’un dialogue gréco-turc. turc d’Imia-Kardak « au partage exercices militaires turcs et grecs d’amendements constitutionnels, dont une interdiction à son pays de s’est félicité de « la bonne volonté La Grèce attend une réponse équitable des eaux et des ressources qui se déroulent actuellement en se joindre à une éventuelle nouvelle Yougoslavie ou à une union d’Etats mutuelle ». d’Ankara aux propositions qu’elle sous-marines de l’Egée. Si ce diffé- mer Egée. Sa rencontre, lundi avec balkaniques. Selon un communiqué publié, lundi 3 novembre, par Les deux hommes se sont mis a déposées, a indiqué M. Simitis. rend ne pouvait être réglé équita- son homologue grec, immédiate- l’agence officielle Hina, cette clause interdirait à la Croatie de faire partie d’accord pour poursuivre « l’ac- La rencontre intervient après blement, une situation plus tendue ment saluée à Washington, qui a de toute union avec un autre pays « qui pourrait conduire à la restauration cord de Madrid » que M. Simitis et l’impasse, cet été, des pourparlers pourrait surgir entre la Turquie et la envoyé ces dernières semaines d’une Yougoslavie fédérale ou, en d’autres termes, à une forme quelconque le président turc, Suleyman Demi- chypriotes, de plusieurs incidents Grèce », a affirmé M. Ecevit. plusieurs émissaires dans la région d’union d’Etats balkaniques ». Les autorités croates cherchent rel, ont conclu en marge du som- et des déclarations incendiaires de En octobre, des manœuvres mi- pour calmer les esprits, a sans constamment à définir leur pays comme un Etat d’Europe centrale et non met de l’OTAN, en juillet, et dans part et d’autre qui ont gelé « l’es- litaires communes entre Athènes doute, pour le moment du moins, comme un Etat balkanique. – (AFP.) lequel les deux pays excluaient le prit de Madrid ». Les Turcs sont et Nicosie, liées depuis 1993 par désamorcé une telle éventualité. a POLOGNE : le Père Henryk Jankowski, curé de la paroisse Sainte- recours à la force pour résoudre montés en flèche à la fin de l’été un pacte de défense, ont aussi été Brigitte de Gdansk, proche des chantiers navals, a été mis sous tutelle leur contentieux. Cet accord infor- contre la détermination des Chy- l’occasion de plusieurs incidents Didier Kunz pour un an par la hiérarchie catholique, en raison de propos antisémites. Il avait affirmé dans une homélie, le 26 octobre, qu’« il ne fallait pas accep- ter la minorité juive au gouvernement ».–(AFP.) a ITALIE : a ITALIE : sept membres présumés de la mafia sicilienne, Un rapport de l’Observatoire européen des drogues et toxicomanies dont un prêtre, ont été arrêtés, mardi 4 novembre, à Palerme (Sicile), a-t- on appris de source policière. Parmi les mafieux arrêtés figure don Mario Frittitta, un prêtre palermitain, ancien confesseur du « parrain » Pietro dénombre 500 000 toxicomanes atteints de l’hépatite C en Europe Aglieri, considéré comme le numéro un de Cosa Nostra jusqu’à son arres- tation, en juin. Le prêtre, qui célébrait des messes dans le refuge d’Aglieri CARENCES des campagnes de nouveaux cas de sida chez les toxi- 1 % à 2 % la proportion d’héroïno- Royaume-Uni). Regrettant « l’ab- quand celui-ci était en cavale, est soupçonné de complicité avec Cosa prévention face au développement comanes a tendu à se stabiliser ou manes mourant chaque année de sence de connaissances suffisantes Nostra. – (AFP.) de l’hépatite, manque de connais- à diminuer ces dernières années. surdose, d’accident, suicide ou sur les effets à long terme de la plu- a VATICAN : Jean Paul II a nommé Mgr Sergio Sebastiani président sances scientifiques sur les Caractérisé par « une capacité in- malaise liés à l’usage de cette part de ces produits », l’OEDT in- de la préfecture pour les affaires économiques, c’est-à-dire « ministre des drogues de synthèse, dépenses pu- fectieuse de 50 à 100 fois supérieure drogue. Ce taux peut atteindre 3 % vite, là encore, les instances poli- finances » du Saint-Siège. Il succède au cardinal américain Edmund Szo- bliques considérables mais peut- à celui du sida », le virus de l’hépa- à 4 % dans les pays où, comme le tiques à se doter des moyens de ka, récemment promu président de la commission pour l’Etat du Vatican. être inadaptées des politiques tite peut en effet demeurer long- Portugal et la Belgique, les risques recherche qui permettront d’adap- Mgr Sebastiani était secrétaire général du comité chargé du Jubilé de conduites dans l’Union euro- temps actif, compte tenu de sa liés à la contamination VIH sont ter leurs campagnes de préven- l’an 2000, charge désormais confiée à Mgr Crescenzio Sepe, actuel secré- péenne : le deuxième rapport an- plus forte résistance à l’air libre : il restés élevés. tion, de répression et de soins. taire de la congrégation pour le clergé. – (AFP.) nuel de l’Observatoire européen suffit qu’un héroïnomane plonge Avec la même prudence épidé- a ALLEMAGNE : les ministres de la défense d’Allemagne, de France et des drogues et toxicomanies l’aiguille contaminée de sa se- miologique, l’Observatoire évalue de Pologne ont approuvé, lundi 3 novembre à Weimar, un programme (OEDT), qui a été présenté mardi ringue personnelle dans la cuillère entre 750 000 et 1 million la popu- L’agence triennal de travail qui prévoit, outre des exercices communs des trois ar- 4 novembre à Lisbonne, invite les à usage collectif dans laquelle ses lation d’héroïnomanes dans l’en- mées, un effort sur la formation des cadres militaires dans le but de favo- ministres européens de la police, compagnons de défonce opèrent semble des pays-membres. Dans communautaire riser le processus de rapprochement de Varsovie avec l’Alliance atlan- de la justice et de la santé à réo- leur mélange d’eau et drogue pour la plupart d’entre eux, l’héroïne tique. rienter leurs politiques nationales que le virus se propage. « arrive toujours en tête pour des in- de Lisbonne appelle a ALGÉRIE : alors que la police s’est déployée en force, lundi 3 no- et communautaires afin de mieux L’agence communautaire de Lis- dicateurs tels que les demandes de vembre, dans les rues d’Alger pour briser dans l’œuf toute manifestation répondre aux évolutions en cours bonne, qui est opérationnelle de- traitement, les décès liés à la les responsables de de l’opposition, six partis politiques ont appelé à une nouvelle marche na- sur le Vieux Continent. puis 1995, demande aux autorités drogue, les contaminations au VIH tionale le 13 novembre dans la capitale. Le ministère de l’intérieur avait Dans son état des lieux pour des quinze pays membres d’ins- ou à l’hépatite ». Livrant une pre- l’Union européenne mis en garde dimanche les partis protestataires, affirmant qu’il ne tolére- 1996, l’Observatoire souligne ainsi taurer des méthodes de calcul mière synthèse des informations rait plus les rassemblements non autorisés. – (AFP. Reuter.) la sous-estimation des dangers comparables sur le nombre de dé- disponibles sur les traitements de à rationaliser a CONGO : le président Denis Sassou Nguesso a formé, dimanche causés par l’hépatite C. Bien que cès liés aux drogues, en vue d’ob- substitution à l’héroïne, le rapport 2 novembre, un gouvernement d’« union nationale » qui se caractérise rarement considérée comme une tenir un standard commun pour indique que, « entre 1993 et 1996, leurs politiques par la nomination à des postes-clés de ses partisans des Forces démocra- maladie à risques par les toxi- cet indicateur-clé des actions pu- ces traitements ont triplé dans tiques et patriotiques (FDP), dont la plupart avaient déjà exercé des res- comanes, le développement de bliques. Malgré l’absence de don- l’Union européenne, passant de ponsabilités durant sa première présidence (1979-1992). Le nouveau gou- cette épidémie s’est accompagné nées fiables, les experts de l’OEDT 73 000 à plus de 200 000 personnes Du côté des trafics, l’Europe vernement compte trente-deux membres, dont un proche de de graves lésions au foie et de can- estiment que « les consommateurs traitées », principalement par la reste le plus gros marché mondial l’ex-président Lissouba et un proche de l’ex-premier ministre Kolelas. cers. « On estime à un demi-million réguliers d’héroïne sont confrontés à méthadone. pour l’achat d’héroïne, qui pro- M. Sassou Nguesso s’est réservé le ministère de la défense. – (AFP.) le nombre d’usagers de drogues en un risque mortel qui peut être vingt Si l’héroïne continue de poser vient principalement d’Asie du Europe infectés actuellement par à trente fois plus fort que pour l’en- les problèmes de santé publique Sud Est. Après les Etats-Unis, elle l’hépatite C », notent les experts de semble de la population du même les plus graves, le cannabis reste la demeure le deuxième marché pour l’OEDT, alors que l’apparition de âge ». En moyenne, ils évaluent de drogue illégale la plus répandue la cocaïne, en provenance d’Amé- dans l’Union européenne. Entre rique latine. Le Maroc est toujours 13 % et 15 % des adultes disent en « la source principale » pour la ré- avoir déjà consommé en France, sine de cannabis. Certains pays en Espagne et en Allemagne de d’Europe centrale et orientale, ain- l’Ouest (21 % au Royaume-Uni et si que les Etats baltes, sont enfin 31 % au Danemark). Les pourcen- devenus des producteurs de pre- tages augmentent nettement chez mier plan pour les drogues synthé- les Européens les plus jeunes. En- tiques. viron 40 % des Danois âgés de Sur la base d’une étude conduite seize à quarante-quatre ans dé- en France, qui a évalué que les dé- clarent avoir fait l’expérience du penses budgétaires liées à la lutte cannabis. S’agissant de la cocaïne, contre les drogues se sont élevées moins de 1 % des adultes disent en à environ 700 millions d’écus en avoir déjà consommé dans des 1995 (Le Monde du 10 mars), pays comme la Finlande, la Bel- l’OEDT a estimé, par extrapola- gique et la France, au lieu de 2 % tion, le total des dépenses corres- au Danemark et au Royaume-Uni, pondantes à quelque 4 milliards avec une pointe à 3 % en Espagne. d’écus à l’échelle de l’Union euro- Les drogues de synthèse – les péenne. « Ce qui justifie pleinement amphétamines, en premier lieu, le développement de recherches suivies par l’ecstasy – ont eu le fiables », a commenté Georges Es- vent en poupe, ces dernières an- tievenart, directeur de l’Observa- nées, au sein des jeunesses d’Eu- toire, en recommandant de pro- rope. Touchant des « secteurs non gresser vers la mise en place d’«un marginalisés de la société », la véritable système d’information eu- consommation de ces molécules ropéen, global, cohérent et per- fabriquées en laboratoire arrive au manent » qui offrira, à terme, «un deuxième rang des drogues les instrument de rationalisation de la plus consommées (Le Monde du décision politique en cette matière si 19 juin). En moyenne, 3 % des difficile, mais si vitale pour l’avenir adultes de l’Union déclarent avoir de nos sociétés ». fait l’expérience des amphéta- mines (0,7 % en France, 8 % au Erich Inciyan LeMonde Job: WMQ0511--0005-0 WAS LMQ0511-5 Op.: XX Rev.: 04-11-97 T.: 10:35 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0475 Lcp: 196 CMYK

INTERNATIONAL LE MONDE / MERCREDI 5 NOVEMBRE 1997 / 5 M. Blair prépare un programme sécuritaire pour lutter contre la criminalité La délinquance juvénile s’étend dans les quartiers populaires des grandes villes britanniques Confronté à une hausse de la délinquance, no- la criminalité ». Le ministre de l’intérieur, qui sive pour les coupables et plus favorable aux tamment juvénile, le gouvernement travailliste s’oppose à toute libéralisation sur l’usage de victimes. Depuis mai, la population carcérale a de Tony Blair promet d’être « impitoyable avec drogues, prépare une nouvelle loi plus répres- augmenté de 2 500 personnes.

LONDRES sonnes. Il faut dire que la délin- légitimerons l’usage de la drogue. ser au travers ». Les parents pour- de notre correspondant quance juvénile représente une Au moment où l’on s’efforce de ré- ront être sanctionnés pour le Lors du récent congrès annuel part considérable, et croissante, de duire et de contrôler l’usage de l’al- comportement de leurs enfants. du Labour à Brighton, la boutique la criminalité en Grande-Bretagne, cool et de la nicotine, comment du parti exposait des tasses de en raison, en particulier, du peut-on justifier la légalisation PROGRESSION DE L’ALCOOLISME couleur verte sur lesquelles était nombre de familles éclatées et de d’autres drogues dangereuses ? » De telles mesures sont criti- imprimé « Tough on crime » : impi- jeunes sortis de l’école sans forma- D’où le projet d’une nouvelle loi quées par des organismes de dé- toyable avec la criminalité. Leur tion et qui ne trouvent pas de tra- sur la criminalité et les troubles de fense des droits de l’homme, qui succès a été tel que le stock en a vail. D’où une augmentation des l’ordre public qui sera bientôt pré- ont dénoncé, par exemple, le pro- été vite épuisé. « Tough on crime, délits et des crimes qui – si l’on ex- sentée aux Communes et qui est jet de couvre-feu à Hamilton tough on the causes of crime » est cepte les crimes de sang – placent en grande partie destinée à rame- comme une violation des droits un des slogans les plus populaires désormais l’Angleterre et le Pays ner, manu militari, les jeunes dans des jeunes. Mais c’est à l’institu- de Tony Blair et de son ministre de de Galles au premier rang des pays le droit chemin. « Cela fait partie trice rendue invalide par un bam- l’intérieur, Jack Straw. Un homme développés. Il y a aujourd’hui plus d’une série de mesures qui nous per- bin de six ans, aux journalistes pour qui la loi et l’ordre ne sont de vols à Londres qu’à New York. mettent de lutter contre les causes dont la voiture a été attaquée à pas de vains mots et que l’on pré- de la criminalité en améliorant les coups de pierre par des gamins de sente parfois comme un père CARTON JAUNE mesures en faveur de l’éducation et dix ans dans une banlieue chaude, fouettard pour les enfants pas L’option sécuritaire est donc pa- de l’emploi des jeunes, mais qui as- aux citadins terrorisés par des sages. riculièrement populaire. Comme surent aussi que ceux qui bandes de loubards ou aux poli- La délinquance juvénile, un l’explique un député travailliste : commettent des délits et terrorisent ciers qui s’inquiètent de la pro- fléau qui ravage en particulier les « En dépit de ma profonde objec- les gens de ce pays soient traités gression de l’alcoolisme et de la quartiers populaires et défavorisés tion au “tout répressif”, je dois re- comme ils le méritent par notre sys- drogue, y compris chez des préa- des grandes villes, est une des connaître que l’immense majorité tème judiciaire », a expliqué aux dolescents, que s’adresse avant cibles favorites du Home Secreta- de mes électeurs vivant dans des députés le premier ministre Tony tout Jack Straw. ry, le ministre de l’intérieur. A Ha- grands ensembles voudrait que l’on Blair, mercredi 29 octobre. Car, selon lui, la première des li- milton, près de Glasgow, la police aille encore plus loin que Jack En vertu de ce texte, les tribu- bertés est d’être « libéré de la a tenté trois expériences de Straw. » naux pourront placer les jeunes peur ». Et « ce n’est pas seulement couvre-feu pour les jeunes de Dénonçant le « relativisme mo- délinquants de douze à quatorze la vie des victimes qui est détruite moins de seize ans, avec des résul- ral », partisan de la « tolérance zé- ans – et dans certains cas en des- par la délinquance juvénile, mais tats mitigés. A Ailesbury, dans la ro », M. Straw veut « mettre un sous de dix ans – dans des centres c’est aussi la vie de ces jeunes délin- vallée de la Tamise, les bobbies terme à la culture de l’excuse » qui jusqu’à leur jugement au lieu de quants. Nous ne servons en rien ces ont adopté un programme néo-zé- permet aux jeunes « loubards » de les renvoyer chez eux avec un enfants en excusant leur comporte- landais inspiré des coutumes mao- passer au travers des mailles du fi- simple avertissement. ment ou en nous berçant dans le ries et qui met face à face les let de la justice et il entend « tuer Plutôt que de les arrêter des di- rêve qu’en grandissant ils s’en sorti- jeunes délinquants et leurs vic- la délinquance dans l’œuf ». «Il zaines, voire des centaines, de fois, ront ». Dans un pays où les préro- times. Mais M. Straw a aussi pro- faut restaurer des normes de pour les relâcher ensuite, la police gatives du ministre de l’intérieur mis, à Brighton, de reprendre la lé- comportement plus claires et meil- leur délivrera désormais une sorte demeurent considérables – y gislation dans un sens à la fois plus leures. Nous ne pouvons plus laisser de carton jaune la première fois, compris dans le domaine judi- répressif pour les coupables et les escrocs fixer les règles du jeu. » Il puis un carton rouge qui les ren- ciaire –, les juges à perruque vont plus favorable aux victimes. De- est aussi ferme face à la campagne verra vers un jugement expéditif. devoir s’adapter à l’intransigeance puis son arrivée aux affaires, dé- en faveur de la décriminalisation Finis les « avertissements sans frais de M. Straw. but mai, la population carcérale a de la drogue : « Nous ne décrimi- et sans fin », il leur faudra aban- augmenté d’environ 2 500 per- naliserons, ni ne légaliserons, ni ne donner « l’idée qu’ils peuvent pas- Patrice de Beer Louise Woodward, nouvelle coqueluche des médias LONDRES pleines pages. Lundi 3 novembre, tous les ta- brocarder la justice de l’ancienne colonie rené- de notre correspondant bloïds ont titré sur elle ; même le grivois Daily gate. On suppute sur les chances de voir le juge Quelques jours après la condamnation à per- Star lui a trouvé un peu de place entre deux sou- revenir sur le verdict du jury, voire de libérer la pétuité, vendredi 31 octobre, de Louise Wood- tien-gorge bien remplis. Les éditorialistes se « victime » sur le champ. La vie des parents du ward, cette adolescente anglaise au pair aux sont penchés sur son sort. L’avocat qui s’occupa nourrisson est épluchée, à la recherche du Etats-Unis jugée pour le meurtre du petit Mat- du divorce de Lady Di, Anthony Julius, s’est aus- moindre travers, et la vie du bébé ne semble pas thew, un nourrisson dont elle avait la garde, si mis de la partie dans le Guardian pour rame- faire le poids face à celle d’une Anglaise continue d’émouvoir la presse de Grande-Bre- ner un peu de raison dans un débat frisant l’hys- condamnée à passer au moins quinze ans dans tagne. Le procès a été télévisé en direct chaque térie nationaliste : « Ne pas apprécier le verdict un pénitencier décrit comme un enfer digne jour par la chaîne câblée Sky News, qui a été ne veut pas dire que la justice ait été mal ren- d’une prison du tiers-monde. jusqu’à filmer, pendant trois après-midi, la salle due », écrit-il. « Même si le scepticisme n’est pas Il est surprenant de voire la presse se lancer d’audience vide dans l’attente de la décision du immérité, le chauvinisme est totalement hors de comme une meute sur les jurés – qui ont déclaré jury. Le spectacle était d’autant plus envoûtant propos. » Louise « coupable » à l’unanimité – pour leur que l’un des acteurs principaux n’était autre que faire dire que le jugement est inique et dénon- Me Barry Scheck, un des avocats auxquels l’an- COLLECTE D’ARGENT cer ceux qui les ont poussés à condamner. Dans cien champion de football américain O. J. Simp- Que reproche, en fait, une opinion britan- cette atmosphère de nouvelle bataille d’Angle- son dut d’être acquitté pour le meurtre de son nique chauffée à blanc par ses médias à la jus- terre, rares sont ceux qui gardent leur sang- ex-épouse. tice américaine ? Tout simplement d’avoir froid. Comme le chroniqueur de l’Express, Peter Ce fait divers – qui aurait été sans doute sans condamné une jeune Anglaise, qui continue à Hitchens : « Ce n’est pas bien de vociférer pour importance s’il s’était déroulé entre Britan- clamer son innocence. Les Anglais se sont pris exiger sa libération, seulement parce qu’elle est niques au Royaume-Uni – envahit l’actualité. de passion pour elle comme ils l’avaient fait britannique, jeune et femme, écrit-il. Il ne faut pas Pas un bulletin d’actualité qui ne s’ouvre sur le pour une jeune femme condamnée en Thaï- blâmer la justice américaine (...). Les Etats-Unis visage de cette jeune fille joufflue ; pas un jour- lande pour trafic d’héroïne ou pour des hooli- sont plus démocratiques que nous, ils ont aban- nal – des plus sérieux jusqu’aux tabloïds – qui ne gans ivres emprisonnés en Italie ou en France donné la politique pénale inefficace et libérale qui titre sur son sort : dès vendredi, l’unique quoti- pour violences d’après-match. Au point que Hil- régit encore notre ministère de l’intérieur ! » dien du soir, l’Evening Standard, avait publié une lary Clinton, de passage à Londres, a dû s’éclip- Quelle que soit l’ultime décision du juge, mar- manchette de 10 centimètres de haut : « Guilty » ser par une porte de secours pour échapper à di 4 novembre, jour où la défense devrait de- (coupable). Il citait Me Stephen Jakobi, un avocat des manifestants qui mettaient dans le même mander au juge d’annuler le verdict, d’ordonner spécialisé dans la défense des Britanniques à sac les violations des droits de l’homme en un nouveau procès ou de réduire la peine, on l’étranger, selon lequel le procès avait été un Chine et aux Etats-Unis. n’a pas fini d’entendre parler de Louise Wood- spectacle digne des sorcières de Salem : «Le L’affaire Woodward est une aubaine pour la ward. Un feuilleton judiciaire « live », c’est telle- Massachusetts n’est-il pas la patrie de la chasse presse. Les tabloïds font de la surenchère pour ment palpitant ! aux sorcières ? » savoir lequel recueillera le plus d’argent pour ve- Le Times du lendemain lui consacrait quatre nir à son aide. Tous les moyens sont bons pour P. de B. Le président belge d’une banque luxembourgeoise a été incarcéré La justice soupçonne de vastes opérations d’évasion fiscale

BRUXELLES 4000 comptes, ouverts par des in- français. Une grande partie de cette déclaré « indigné » par le sort fait à de notre correspondant dustriels, des commerçants, des fortune se trouvant dans le coffre son président. « Rien ne justifie cette Damien Wigny, cinquante-cinq membres des professions libérales de banques luxembourgeoises, ce arrestation », a-t-il ajouté. ans, président du directoire de la demeurant pour la plupart en serait Damien Wigny qui aurait L’Association des banques et KB-Lux, filiale luxembourgeoise de Flandre, où la Kredietbank est for- personnellement conseillé sa banquiers luxembourgeois (ABBL) la troisième banque belge, la Kre- tement implantée. Ces clients trou- cliente et mis au point les sytèmes prend également fait et cause pour dietbank, a été interpellé, samedi vaient dans la discrétion de l’éta- complexes lui permettant de rapa- M. Wigny et s’élève contre une pro- 1er novembre, dans sa maison du blissement luxembourgeois un bon trier des fonds en Belgique en cédure qui, selon elle, « constitue Brabant et incarcéré à la prison de moyen de mettre leur patrimoine échappant à l’impôt. Rita Verstrae- une nouvelle tentative d’entacher la Forest à Bruxelles. Une série de mobilier à l’abri des convoitises du ten est inculpée de fraude fiscale et réputation financière de la place ». chefs d’inculpation lui ont été noti- fisc belge. avait été incarcérée pendant trois L’ABBL se refuse à croire qu’«un fiés par le juge Jean-Claude Leys, semaines en avril. banquier luxembourgeois ait à se jus- tous relatifs à des opérations d’éva- VIVE ÉMOTION Damien Wigny, qui réside depuis tifier devant des autorités étrangères sion fiscale de Belgique vers le L’implication personnelle de Da- vingt-cinq ans au Luxembourg, est pour des faits entrant dans l’exercice Luxembourg, le plus grave d’entre mien Wigny dans cette filière a été un personnage très connu dans les de sa profession sur le territoire du eux étant celui d’« association de mise en lumière par le juge Leys au milieux financiers et politiques Luxembourg ». malfaiteurs avec circonstance aggra- cours d’une enquête menée au belges. Fils du baron Pierre Wigny, Le juge Leys, de son côté, est bien vante d’en être le chef et l’instiga- printemps sur les tribulations de la une éminence sociale-chrétienne décidé à poursuivre son combat teur ». fortune de Rita Verstraeten, ri- qui occupa plusieurs postes minis- contre l’évasion fiscale massive Depuis plus de six mois, la justice chissime héritière de Roger Gosset, tériels, dont celui de ministre des dont souffre la Belgique, et qui per- belge travaille sur le dossier de la ex-magnat belge de l’industrie du affaires étrangères, dans les an- mettrait, selon lui, de réduire l’im- KB-Lux, sur la base de listings des tabac. Mme Verstraeten, une an- nées 50 et 60. Son arrestation a pôt direct de « 2 000 francs à clients de la banque qui lui ont été cienne coiffeuse, prostituée occa- provoqué une vive émotion dans 2 500 francs (français) par ménage » fournis par des employés en rup- sionnelle, avait hérité en 1991 des les milieux bancaires de Bruxelles et s’il était mené efficacement. ture de ban avec leur entreprise. Il avoirs de son amant, Roger Gosset, de Luxembourg. Le porte-parole de s’agit d’une liste d’environ équivalant à 450 millions de francs la KB-Lux, Jean-Marie Barthel, s’est Luc Rosenzweig LeMonde Job: WMQ0511--0006-0 WAS LMQ0511-6 Op.: XX Rev.: 04-11-97 T.: 10:57 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0476 Lcp: 196 CMYK

6 FRANCE LE MONDE / MERCREDI 5 NOVEMBRE 1997

TRANSPORTS Le conflit des journée de mardi 4 novembre, le gou- GANISATION PATRONALE, l’Union des b LA COMMISSION EUROPÉENNE est nir un code conduite pour ce type de chauffeurs-routiers, qui ont mis en vernement tentant d’obtenir la signa- fédérations de transport paraît avant chargée de veiller au respect de la libre conflit. L’Espagne a demandé à la place près de cent quarante barrages ture de la CFDT et des organisations tout soucieuse de refaire son unité et circulation, souligne-t-on à Bruxelles. France d’assumer « la responsabilité de sur l’ensemble du territoire, était sus- patronales sur le protocole d’acord éta- de reprendre le contrôle des relations Au cabinet du commissaire chargé des tous les coûts entraînés par cette ceptible d’évoluer rapidement dans la bli le 2 novembre. b PRINCIPALE OR- sociales dans ce secteur (lire page 7). transports, on explique qu’il faut défi- grève » (lire page 8). Le gouvernement tente de réunir la CFDT et les organisations patronales L’Union des fédérations de transport, qui avait quitté les négociations le 31 octobre, ne s’est pas rendue à la nouvelle réunion organisée mardi 4 novembre au matin avec les principaux syndicats de salariés. Elle a accepté cependant le principe de nouvelles discussions

LE GOUVERNEMENT tente de taire depuis le début du conflit, nistre pour étendre l’accord à l’en- au 1er novembre », explique Roger distribution. Les forces de l’ordre plique M. Yverneau. Le ministre faire signer rapidement le proto- mais elle a accepté le principe de semble de la profession. « Nous ne Poletti, secrétaire général de la sont intervenues, sans incident, des transports n’a pas hésité à se cole d’accord du 2 novembre par sa présence à de futures négocia- signerons pas l’accord mardi matin branche route de FO. Il dénonce pour faire lever plusieurs bar- rendre, pendant deux heures, lun- la CFDT et par les organisations tions, probablement mardi après- en l’absence de l’UFT mais, puis- l’implication de l’Etat dans la né- rages. Alors que douze des treize di soir, sur un barrage CFDT situé patronales, afin de pouvoir midi ou mercredi matin. Elle n’ex- qu’elle est disposée à revenir autour gociation, et notamment la pré- raffineries françaises étaient blo- dans la zone industrielle sud du l’étendre, par arrêté, à l’ensemble clut plus de parvenir à un accord de la table, nous attendrons sa pré- sence active, la nuit de samedi à quées par des barrages, le risque Mans (lire ci-dessous). de la profession. La négociation proche du protocole rédigé dans la sence », affirmait mardi matin dimanche, de Francis Rol-Tanguy, de pénurie a poussé les préfec- Lionel Jospin est susceptible de préalable ayant échoué, le gouver- nuit du 1er au 2 novembre par François Yverneau, secrétaire fé- directeur du cabinet de M. Gays- tures à prendre des mesures de ra- délivrer, dès mardi après-midi, à nement ne désarme pas dans sa l’Unostra, l’autre organisation pa- déral de la branche route de la sot, et d’Alain Lhostis, son conseil- tionnement à titre préventif, l’Assemblée nationale, un mes- volonté de voir, malgré tout, le tronale – minoritaire –, et par les CFDT. Pour autant, la CFDT re- ler social. « Les représentants du comme la limitation du montant sage sur les engagements que conflit des routiers réglé à bref dé- principaux syndicats. fuse de renégocier en deçà de l’ac- ministre des transports ont tenté de des ventes de carburant et l’inter- peuvent prendre les pouvoirs pu- lai. Le cabinet du premier ministre Côté syndical, seule la CFDT se cord existant. Au contraire, elle faire reporter la date de mobilisa- diction des jerrycans et autres ré- blics de faire respecter les accords a donc multiplié les contacts, lundi reconnaît pleinement dans ce pro- envisage « d’autres avancées pour tion, acceptée par la CFDT, et ont cipients auxiliaires. syndicats-patronat et un éventuel 3 novembre, dans la soirée, avec jet d’accord, qui prévoit une ré- les salariés du transport de voya- chaperonné la rédaction du proto- En cas de signature dans les pro- nouveau coup de pouce fiscal, les représentants patronaux. Le munération de 10 000 francs au geurs, une modification des dates cole », affirme M. Poletti. La fédé- chaines heures entre la CFDT et mais le gouvernement est déter- ministre des transports, Jean- 1er juillet 2000, sur la base de de hausse des salaires et une clarifi- ration CGT, quant à elle, s’est ren- les syndicats patronaux, l’in- miné à se montrer ferme sur la li- Claude Gayssot, est déjà parvenu 200 heures de travail mensuel, cation des grilles de classement due à la réunion de mardi matin connue réside dans l’attitude des berté de circulation. M. Jospin est à faire rasseoir la principale orga- pour la catégorie la mieux rému- dans la profession ». pour demander un « changement chauffeurs-routiers sur le terrain. notamment très attentif au fait nisation patronale, l’UFT, à la nérée des chauffeurs-routiers. Force ouvrière refuse le projet de l’ordre du jour ». La CFDT compte sur sa forte pré- que la circulation ne doit pas être table des négociations. L’accord envisage également une d’accord, à la rédaction duquel La plupart des barrages laissent sence pour mieux expliquer «un stoppée aux frontières : des Certes, l’organisation patronale hausse générale rétroactive de 5 % elle a collaboré, mais dont elle a passer les voitures, mais bloquent accord historique ». « Il faut savoir consignes dans ce sens ont été (qui regroupe la FNTR, la CLTI, la au 1er novembre. La signature du rapidement dénoncé les modali- les camions et ciblent les points être courageux. Il s’agit d’un accord données aux préfets des départe- FFOCT et les déménageurs de la syndicat le plus représentatif et tés. « L’accord se traduit pour les névralgiques : axes stratégiques, qui offre des avancées fortes mais ments concernés. CSD) a refusé de se rendre, mardi celle, probable, d’autres syndicats, deux cent mille chauffeurs de base dépôts de carburant et raffineries, qui avait été signé trop tard pour matin, à la première réunion pari- comme la CFTC, suffisent au mi- par une hausse limitée à 120 francs zones industrielles ou centres de être expliqué aux routiers », ex- Christophe Jakubyszyn

TROIS QUESTIONS À Un premier test social majeur pour Lionel Jospin Joël Le Coq n’oublie jamais RENÉ PETIT LE PREMIER test social de ront un ultimatum dont la date-bu- rer le maintien de l’ouverture et de Pourquoi la FNTR (Fédération grande envergure auquel est toir est fixée au 2 novembre, le la libre circulation aux frontières. Il de « prendre le pouls du terrain » 1 nationale des transporteurs confronté Lionel Jospin depuis gouvernement tente, en vain, d’ob- s’agissait d’envoyer un message eu- routiers), dont vous êtes le pré- qu’il est entré à l’hôtel Matignon tenir des résultats dans une négo- ropéen clair à nos partenaires qui IL EST l’auteur de la déclaration hésitant. « Dans un conflit, dit-il, il sident, a-t-elle refusé de se est aussi, pour lui, un test politique. ciation à froid entre les partenaires risquent d’être les plus touchés : la plus controversée de ce début de faut prendre sans cesse le pouls du rendre à la réunion de négocia- L’opinion y est d’autant plus atten- sociaux de la branche. La confé- l’Espagne, le Portugal, la Belgique conflit. Dimanche 2 novembre, terrain, apprécier les choses rapide- tion avec les syndicats de routiers tive que, là aussi, des comparaisons rence sur les salaires, l’emploi et le et la Grande-Bretagne. après la négociation avec l’organi- ment pour s’adapter. Cette année, la prévue mardi 4 novembre ? s’imposeront : pour la troisième temps de travail n’a-t-elle pas Même si l’opposition est relative- sation des petits patrons routiers position des syndicats est plus déli- – Notre position s’inscrit dans année consécutive, les pouvoirs montré que le pays n’est pas en- ment muette, M. Jospin a tenu a cate qu’en 1996. Sur les barrages, les celle de l’UFT, qui représente 80 % publics doivent affronter un conflit core habitué aux négociations pré- montrer, lundi, qu’il s’implique lui- PORTRAIT gens sont très en colère, car ils ont des dirigeants du secteur. Cette social qui affecte les transports. ventives ? Le patronat des grandes même dans le dossier : il a renoncé accumulé la frustration des engage- réunion était prévue, à l’origine, En 1995, c’est pour Alain Juppé, entreprises de transports veut-il à se rendre à une séance du conseil Le chef de la CFDT- ments non tenus. Cela peut déraper à pour parapher le protocole d’ac- qui déclenche la grève de la SNCF venger le CNPF dont le président, général de la Haute-Garonne dont route revendique tout moment, comme en 1992. » cord négocié dans la nuit de sa- en mettant en cause le système de Jean Gandois, estimait avoir été il est un élu. Mis à part que cela 15 000 adhérents et la Cette année-là, les syndicats medi à dimanche par le syndicat retraite des cheminots. Un an plus « berné » par le gouvernement sur pouvait lui épargner de tomber plupart des barrages avaient perdu le contrôle du mou- patronal l’Unostra, qui reven- tard, en 1996, M. Juppé a, de nou- les trente-cinq heures ? Toujours malencontreusement sur un bar- vement au profit de coordinations dique 5 000 adhérents, et les prin- veau, les mains dans le cambouis. est-il que les gros transporteurs rage, sa décision de rester à Paris spontanées et « jusqu’au-bou- cipaux syndicats de salariés. Je ne Cette fois, ce sont les routiers qui campent sur leur intransigeance et lui facilite les communications et Unostra, Joël Le Coq, secrétaire gé- tistes ». C’est la hantise de ce mili- pense pas que l’Unostra et la transforment les routes de France rompent les négociations. traduit sa volonté de gérer le néral de la branche route de la tant de quarante-sept ans, à la CFDT, qui est aujourd’hui la seule en un immense bouchon : deux conflit au plus près. Et avec le plus CFDT, a parlé d’« accord histo- CFDT depuis 1977 au sein de à se reconnaître dans le proto- cent cinquante barrages sont dres- MESSAGE EUROPÉEN de doigté. Il n’est pas nécessaire, en rique » à propos du protocole éla- l’agence mancelle de Calberson. cole, paraphent cet accord dès sés au plus fort du mouvement. M. Jospin ne se résigne, cepen- effet, d’offrir à l’opinion, comme boré. Euphorie ou manque de som- Membre de l’exécutif de la Fédé- mardi matin. Mais en ce qui nous Après douze jours de conflit, les dant, ni à la passivité ni au pour- en 1992, l’image d’un char de l’ar- meil après une nuit de ration générale des transports et de concerne, il n’est évidemment pas syndicats et le patronat signent six rissement. Par des voies officielles mée délogeant un camion d’un négociation ? Après avoir appelé à l’équipement (FGTE), bastion des question que nous discutions à protocoles d’accords, dont un sur et officieuses, le gouvernement ex- barrage. surseoir au déclenchement de la « durs » de l’opposition à la ligne partir d’un accord à l’élaboration la retraite à cinquante-cinq ans. Les prime la volonté de voir le patronat Reste l’expression orale. En grève générale, le dirigeant syndical confédérale, le secrétaire de la duquel nous n’avons pas partici- employeurs proposent de payer revenir à la table de négociation. bonne logique, celle-ci ne devrait fera marche arrière, constatant que branche route se flatte d’avoir su pé. une prime de 3 000 francs plutôt Sans attendre, M. Jospin est en pas tarder. M. Jospin saisira-t-il la la base rejette le compromis. trouver une point d’équilibre entre que d’augmenter les salaires. Un an contact régulier avec M. Gayssot, séance de questions d’actualité au Aujourd’hui, pourtant, il persiste les pro-Notat et les tenants de «la Vous avez pourtant indiqué après, c’est sur ce dernier engage- un dispositif d’information a été gouvernement à l’Assemblée natio- et se dit toujours prêt à signer : «Le logique des blocs ». Sa culture syndi- 2 au ministre des transports, ment, non respecté, que se cristal- mis en place au ministère des nale, mardi 4 novembre, ou celle contenu de cet accord est historique. cale reste imprégnée d’un principe : lundi, que vous étiez prêts à rou- lisent la colère et la détermination transports, une cellule d’informa- de mercredi pour répondre aux at- C’est la première fois que les « le refus de l’affrontement ». Et ça vrir les négociations. des chauffeurs. tion des partenaires européens de tentes des grévistes, à l’inquiétude 10 000 francs pour deux cents heures marche, selon lui : la CFDT-route, – C’est exact, mais nous devons Le gouvernement a tenté de la France, notamment via Internet, de leurs patrons et aux interroga- par mois sont clairement indiqués, principal meneur du conflit de 1996, d’abord consulter nos adhérents prendre les devants. Dès le mois a été installée et les directeurs de tions de l’opinion ? Aux premiers, il sans contrepartie d’annualisation. revendique quinze mille adhérents pour savoir sur quelles bases. C’est d’août, le ministre des transports, cabinets des ministères concernés devrait montrer sa volonté de faire C’est aussi la première fois qu’une or- et, « depuis 1996, on constate un ce que nous sommes en train de Jean-Claude Gayssot, est intervenu (intérieur, transports, affaires respecter les accords, et aux autres, ganisation patronale, l’Unostra, se rythme de progression de 30 % des faire ce mardi matin 4 novembre. dans une réunion de ministres à étrangères et affaires européennes, rappeler ce que le gouvernement a désolidarise des autres pour jouer le adhésions ». Aussi, quand il voit son Je vous rappelle que nous avions l’occasion du débat sur l’alourdis- économie et solidarité) se ren- déjà mis sur la table avec l’allège- jeu de la négociation. Ce compromis, « camarade » Roger Poletti, de FO, quitté les négociations, le 31 octo- sement de la taxation du gazole ré- contreront tous les jours à Mati- ment de la taxe professionnelle à on peut en faire un point d’ancrage se précipiter à nouveau cette année bre, à la suite d’un incident de clamée par la ministre de l’environ- gnon autour du directeur du cabi- hauteur de 800 francs par camion. fort avant de reprendre les dis- devant les micros et les caméras, séance, mais aussi parce qu’il sem- nement, Dominique Voynet. Alerté net du premier ministre, Olivier A l’opinion, enfin, il devrait mon- cussions avec l’UFT. » L’autre orga- M. Le Coq sourit : « Allez voir sur le blait clair que la grève et les bar- sur le climat tendu dans la profes- Schrameck, jusqu’à la fin du conflit, trer que, là comme ailleurs, il fait nisation patronale a rejeté le texte terrain : les trois quarts des barrages rages routiers auraient lieu de sion, M. Gayssot demande qu’on pour en faire l’analyse. de la politique. négocié par l’Unostra. sont toujours tenus par la CFDT ! » toute façon. Et nous ne voulions n’alourdisse pas la barque. Nouveauté : dès le 1er novembre, Cela dit, M. Le Coq se veut avant pas nous engager dans une véri- Prévenu que les routiers dépose- le choix politique a été fait d’assu- Olivier Biffaud tout pragmatique, quitte à paraître Pascal Galinier table surenchère. Il faut mainte- nant repartir d’où nous étions res- tés. Nous n’étions pas très loin d’un accord sur la base d’une ré- Visite-surprise de Jean-Claude Gayssot au barrage du Mans munération de 10 000 francs pour deux cents heures et d’une aug- LE MANS pas. Ça, je le ressens comme vous. » Il stigmatise vous attend. Un gouvernement proche des sala- mentation immédiate de 5 %. Il de notre envoyé spécial le « dumping social et le dumping économique riés, soi-disant... » M. Gayssot, qui aime à se dé- est possible que nous aboutissions Lundi 3 novembre, à 23 h 30, Jean-Claude qui dominent cette corporation, les magouilles où finir comme « communiste ministre », confirme finalement à quelque chose qui y Gayssot a rendu une visite-surprise aux rou- l’on fait faire n’importe quoi », ces chargeurs qui que la déclaration commune pour un accord ressemble. tiers qui, au Mans, occupent l’entrée d’un dé- réussissent à imposer des prix trop bas car « il y était une avancée. pôt pétrolier. Sans préfet ni policiers, le mi- a toujours des transporteurs qui acceptent ». «Il « On doit franchir un cap. Soyez assurés que la Attendez-vous du gouverne- nistre de l’équipement et des transports, revêtu vaut mieux que les deux organisations paraphent démarche du gouvernement est de créer les 3 ment qu’il s’implique davan- d’un parka, est venu fumer quelques cigarettes tout accord, ça enlèverait la suspicion, espère le conditions pour qu’il y ait un progrès sur les sa- tage dans la négociation ? auprès d’un brasero pour écouter la « base ». ministre. Même paraphé, le gouvernement met- laires, un assainissement de la profession et une – Sur le plan financier, nous n’at- Avertis à la dernière minute, les grévistes CFDT tra tout en œuvre pour que cet accord soit non harmonisation européenne qui nous permette de tendons rien. Nous n’étions d’ail- l’ont accueilli debout dans le brouillard de la seulement appliqué, mais vérifié, contrôlé. » mieux nous défendre ! » leurs pas demandeurs de l’allège- zone industrielle Sud. La discussion, qui a duré Tout le monde a intérêt à assainir cette cor- Le ministre écoute, soupire, tente parfois de ment de taxe professionnelle de une heure et demi, s’est conclue par de vigou- poration, poursuit le ministre. « Ça vaut le coup détendre l’atmosphère : « Eh ! On ne s’installe 800 francs par camion, qui repré- reux « Salut ! » de la part du ministre, serrant d’avoir le gouvernement de ce côté-là », lâche-t- pas dans le conflit, hein ! » Tutoie un chauffeur : sente le montant d’un péage al- des mains et répétant : « Vous pouvez compter il. Les grévistes répondent : « Oui, mais faut « En tout cas, t’as vu arriver le ministre ! » S’en- ler-retour sur Paris-Marseille ! En sur nous. Alors, je compte sur vous aussi. » avoir la confiance. On parle de deux cents heures, tend répondre : « Est-ce suffisant ? » Fait appel revanche, l’Etat doit jouer son Les grévistes ont expliqué comment plus per- alors qu’en réalité, les gars en font deux cent au sens de la responsabilité, invoque l’emploi, rôle de régulateur en faisant res- sonne n’a confiance maintenant : « En 1996, quatre-vingts. » « Vous avez raison, enchaîne le pays bloqué, dit que « lorsqu’un conflit dure, pecter la législation par l’en- des choses avaient été acquises et signées. La M. Gayssot. Il faut de la transparence. Les ob- on n’est jamais sûr qu’il se termine dans les meil- semble de la profession. Je pense prime des 3 000 francs n’a pas été payée, les jectifs, on doit les fixer ensemble, salariés et en- leures conditions ». Les grévistes lui rappellent qu’il pourrait judicieusement ap- heures supplémentaires non plus. Les gens se treprises. S’il y a cette démarche, on peut faire qu’ils ne sont pas là par plaisir, dans le froid, la porter sa contribution dans le sentent floués. » L’accord, tel qu’il se dessinait grandir l’idée d’une harmonisation européenne nuit, loin de chez eux. Les syndicalistes fi- conflit en cours en proposant dimanche à la table des négociations, était jugé par le haut. » Les grévistes répondent : « Oui, nissent par confier qu’ils n’ont pas envie de re- d’encadrer les temps d’attente intéressant, mais comment avoir confiance ? mais nous, on veut que les choses changent réel- vivre 1992, le conflit le plus dur, qui avait oppo- que nous font subir les chargeurs, « Surtout quand l’UFT, qui représente les plus lement. On veut deux cents heures payées sé les routiers aux forces de l’ordre. Le ministre et notamment la grande distribu- grosses entreprises, s’en va ! », soulignent les dé- 10 000 francs, on veut un taux horaire garanti. » dit : « Moi non plus ! » Et puis s’en va dans le tion. légués. Le ministre reconnaît que « la confiance, c’est brouillard, en n’oubliant pas les grands « Allez, M. Gayssot juge le climat « insupportable, ces sûrement le mot ». Il ponctue ses arguments par salut ! » Propos recueillis par salariés qui n’en peuvent plus, ce mépris qui des « honnêtement... ». Un gréviste ose dire : Christophe Jakubyszyn consiste à dire : “ On va faire ”, et puis on ne fait « Il y a eu un changement de gouvernement. On Dominique Le Guilledoux LeMonde Job: WMQ0511--0007-0 WAS LMQ0511-7 Op.: XX Rev.: 04-11-97 T.: 10:55 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0477 Lcp: 196 CMYK

FRANCE LE MONDE / MERCREDI 5 NOVEMBRE 1997 / 7

Des mesures pour limiter la mise à sec des stations-service

LILLE-LESQUIN Centre régional de transport L’Union des fédérations de transport LE HAVRE ROUEN STRASBOURG Seine- Pont de l'Europe Maritime raffinerie Reichstett en proie à des flottements internes Manche Calvados FRANCILIENNE Barrage filtrant Brie-Comte-Robert Le monde patronal porte des appréciations divergentes Côtes- Orne d'Armor LE MANS Mayenne Haute- sur le conflit en cours avec les syndicats de routiers Morbihan Marne Sarthe Loiret L’UNION des fédérations de été « lancier », selon la formule ont fait front commun avec la LORIENT transport (UFT) qui, depuis le dé- de Roger Poletti, le négociateur FNTR [ndlr : composante de Loire- Indre- but du conflit des routiers, avait de FO, d’un CNPF entré dans une l’UFT qui représente les petites Atlantique SAINT-NAZAIRE et-Loire réuni ses composantes sur une logique de guerre ? Outre qu’elle entreprises] », analyse Claude position de fermeté, va-t-elle par- surestime largement le pouvoir Debons, secrétaire général ad- Indre venir à maintenir son unité de du Conseil national du patronat joint de la Fédération des trans- Vienne ANNECY vues ? Montrée du doigt depuis français sur ses branches profes- ports CFDT, chargé de l’action re- LA ROCHELLE qu’elle a claqué la porte des né- sionnelles, cette explication mé- vendicative. Charente- Rhône CHAMBÉRY gociations, vendredi 31 octobre, canique « oublie qu’un conflit rou- En 1996, la FFOCT (Fédération Puy-de- Marit. FEYSIN accusée par FO et la CGT d’avoir tier pénalise d’autres branches que française des organisateurs et Dôme un mandat du CNPF – dont elle ce soit dans les carburants, dans commissionnaires de transport) est membre – pour mener une l’agro-alimentaire, dans l’automo- et ses 3 000 membres, comme la BRIVE Dordogne politique du pire, soumise à de bile », souligne un membre du CLTI (Chambre syndicale des Lot fortes pressions des pouvoirs pu- conseil exécutif du CNPF. loueurs et transporteurs indus- BORDEAUX Ardèche blics, l’organisation patronale du triels) et ses 1 600 adhérents, Gironde secteur routier se dit désormais CELLULE DE CRISE avaient décidé de négocier, obli- DÉPOTS Alpes- prête à négocier. Elle n’exclut pas Si effet mécanique il y a, il joue geant la FNTR (Fédération natio- DE CARBURANT Gard Marit. BLOQUÉS Bches- de prendre comme point de dé- plutôt dans l’autre sens. L’Union nale des transports routiers) et PAR LES GRÉVISTES du-Rhône part le texte élaboré, en son ab- des industries métallurgiques et ses 10 000 affiliés à se rallier. Chez LACQ Var sence, vendredi, par sa rivale mi- minières (UIMM), la principale nombre d’adhérents de la FNTR, Aude PUGET S/ARGENS noritaire, l’Unostra, avec les fédération du CNPF, réputée la position des deux autres syndicats. pour ses positions conservatrices, composantes avait été perçue BIRIATOU Pyr. Frontière NARBONNE Inflexible à la veille du week- a ainsi profité du conflit des rou- comme un « lâchage », voire franco-espagnol Orientales end, l’UFT lâche ainsi du lest, tiers pour diffuser un communi- comme un stratagème des quitte à entretenir un peu plus la qué au canon, invitant ses adhé- « grands » sur le dos des « pe- INTERVENTIONS MESURES PRÉFECTORALES DE RÉQUISITION confusion sur ses motivations. rents qui seraient « victimes » des tits ». Pour éviter de nouvelles ac- DES FORCES DE L'ORDRE OU DE LIMITATION DE VENTE DES CARBURANTS L’organisation patronale a-t-elle barrages des routiers de « de- cusations et ne pas risquer un Source : AFP mander l’intervention des forces de éclatement de l’UFT, la CLTI et la l’ordre pour les faire cesser » et à FFOCT se sont alignées cette an- « porter plainte en cas de délits ». née sur la FNTR. Le CNPF, lui-même, s’en est te- Ceci n’a toutefois pas empêché Les premières conséquences économiques se font déjà sentir nu pour sa part à une position les légers flottements dans les plus convenue, annonçant la mise prises de position respectives de- CHANGEMENT d’époque. Plutôt que de marchandises : des transporteurs nongrévistes ritime). Ces arrêts seront reconduits ou non en en place d’une « cellule de crise ». puis lundi. Ainsi, interrogé lundi faire des provisions de sucre et de pâtes, les n’ont pu sortir des zones industrielles où ils fonction de la livraison de ses sous-traitants. « Dans un secteur soumis à une 3 novembre sur LCI, à l’issue de Français préfèrent désormais stocker du pé- sont implantés ; d’autres ont peur de rester Les industriels du jouet et des produits de concurrence internationale in- l’entrevue de la délégation de trole. Fuel domestique, essence, chacun a fait bloqués et refusent de s’aventurer sur les Noël, eux, sont à cran. La période est vitale tense, où de nombreuses entre- l’UFT avec le ministre des trans- le plein en prévision de la grève des routiers. routes. pour eux : ils réalisent 60 à 70 % de leur chiffre prises sont en situation délicate, ports Jean-Claude Gayssot, Jean Dans le Sud-Ouest et dans l’Ouest, plusieurs Cette pénurie de camions inquiète les indus- d’affaires au cours de deux derniers mois de cette grève risque de provoquer des Chabrerie, le président de la stations-service sont en rupture de stocks et triels. La grande distribution, qui a constitué l’année. Les livraisons ont commencé et tout dépôts de bilan avec leur incidence FFOCT, se disait d’accord pour ont des difficultés à se réapprovisionner. des stocks de précaution ces deux dernières se- doit être installé dans les magasins vers le 15 néfaste sur l’activité et sur l’em- revenir discuter « probablement Les dépôts de carburant et les raffineries ont maines, n’a ressenti aucune gêne lundi 3 no- novembre. S’ils ne trouvent pas de moyens ploi », s’est borné à déclarer la dès demain », tout en prenant des été, en effet, une des premières cibles des rou- vembre. Mais en amont les premières diffi- d’acheminer leurs marchandises, une grande confédération patronale dans un précautions. « Le calendrier pré- tiers. Sur les treize raffineries françaises, une cultés se font déjà sentir. Les mareyeurs, les partie de leur activité risque d’être compro- communiqué publié lundi 3 no- voit une réunion demain dans la seule, celle de Reichstett près de Strasbourg, producteurs de volailles ou de primeurs, qui mise. vembre. matinée. Nous souhaiterions plutôt peut fonctionner librement, après avoir été dé- doivent livrer au jour le jour, n’ont, lundi, pu « C’est la troisième année consécutive que S’agirait-il alors d’une affaire une réunion dans l’après-midi, de gagée par les forces de l’ordre. Toutes les transporter que 30 à 50 % de leurs tonnages ha- nous ne pouvons pas travailler normalement. Il y de climat, l’UFT se sentant d’au- façon à avoir le temps de consulter autres ont été bloquées par des barrages dès bituels, selon Philippe Cousseau, président de a deux ans, cela m’a coûté 35 millions de francs, tant plus légitime dans une posi- un peu nos entreprises », précisait- les premières heures de la grève, dimanche. la commission logistique de l’Association na- l’an dernier 24 millions. Combien cette année ? tion dure que le CNPF a adopté, il. « Cela ne nous empêche pas de fonctionner nor- tionale des industries agro-alimentaire. « Si le Que vais-je dire à mes clients étrangers, cette avec le fameux sommet sur les « M. Chabrerie a parlé trop malement. Nous pouvons toujours livrer par conflit persiste, les industries des produits ultra- fois ? Ils ne vont plus avoir confiance », s’indigne 35 heures, une posture plus mus- vite », nous déclarait, mardi 4 no- train, par bateau, par pipe-line », explique-t-on frais, qui n’ont aucune capacité de stockage, se- Jean-Louis Berchet, président d’une société de clée ? Peut-être. Mais le spectre vembre au matin, Jean-Paul De- chez Elf. Mais la livraison des points de distri- ront obligées très vite d’arrêter leur production », jouets. du conflit de 1996 a surtout joué. neuville, délégué général de la bution risque d’être difficile, l’accès aux sta- affirme-t-il. Enervés, tous les patrons réclament une fin « Le patronat du transport a été FNTR, qui précisait la position de tions-service ne pouvant se faire que par la rapide du conflit, ou au moins le respect de la très déstabilisé par le conflit de l’an sa fédération : « Si la CFDT et route. UNE PÉRIODE VITALE liberté de circulation. Certains soulignent aussi dernier. Ils cherchent à reprendre l’Unostra signent un accord, il n’y De l’avis de beaucoup d’industriels, la tac- Les secteurs travaillant en flux tendu la nécessité de donner de meilleures conditions la main. Ce qui est révélateur c’est aura rien à négocier. Nous nous en tique employée par les routiers est beaucoup commencent aussi à avoir quelques problèmes. de travail aux routiers. Pourtant, de leur propre l’attitude de départ de la FFOCT et remettrons à la procédure d’exten- plus perturbante que l’an dernier, les grévistes Si Peugeot pense pouvoir continuer à travailler aveu, pratiquement aucun d’entre eux ne prête de la CLTI [ndlr : les deux compo- sion. Si l’accord n’est pas signé, ayant choisi, cette fois, de bloquer quelques normalement encore quelques jours, Renault a attention aux conditions de travail qu’ils im- santes de l’UFT qui rassemblent alors, nous reviendrons à la table points névralgiques comme les zones indus- déjà dû modifier sa production. Faute de pièces posent lorsqu’ils passent un contrat avec un les grandes entreprises du sec- de discussions, mais après avoir re- trielles et les centres de gros. Dès le premier et aussi de personnel, le constructeur a inter- transporteur. teur]. En 1996, ils avaient plutot çu un mandat de nos adhérents ». jour, les entreprises ont eu des difficultés à rompu mardi ses chaînes de fabrication à montré leur volonté de sortir de trouver des camions pour acheminer leurs Douai (Nord), Sandouville et Cléon (Seine-Ma- Martine Orange l’archaïsme social. Cette année, ils Caroline Monnot Près de cent quarante barrages avant une éventuelle reprise des négociations MARDI 4 NOVEMBRE, à 7 h 30, de Rouen et de Notre-Dame-de- quence du blocus était la paralysie sionnement en carburant se po- Roche-Maurice, levé lundi par les dans l’agglomération toulousaine. le Centre national d’information Gravenchon étaient inaccessibles de l’usine Renault de Douai. Au saient dans le pays minier entre gendarmes mobiles, était à nou- La zone de Lespinasse, à la sortie routière (CNIR) dénombrait cent aux poids lourds. Les raffineries nord de Lille, les chauffeurs étran- Lens, Arras et Douai. A Calais, les veau bloqué mardi matin par les nord de Toulouse, est la plus expo- trente-deux barrages filtrants et Total, Mobil, Esso et Shell sont gers ont été « libérés » lundi à la accès au tunnel sous la Manche routiers FO, CGT et FNT. Les sée, en raison de la présence du cinq barrages bloquants, ces der- bloquées, ainsi que le terminal fer- frontière. Une compagnie de CRS sont restés libres, à la différence de chauffeurs CFDT ont organisé dépôt d’hydrocarbures Total, blo- niers visant à interdire les accès à ry du Havre. La préfecture de a « allégé » le blocus du centre in- ceux du port. A Boulogne-sur-Mer, deux barrages, à Carquefou, sur qué dès dimanche soir. La préfec- des zones industrielles et à des dé- Seine-Maritime insistait sur la né- terégional de transport de Lesquin. premier port de pêche français, les l’A 11, en direction de Paris, et près ture signale que « certains barrages pôts d’hydrocarbures. Hormis un cessité de négocier avec les rou- Les CRS protègent également la mareyeurs ont dû stocker leurs du siège régional de la FNT. En sont tenus par des syndicalistes barrage, levé lundi matin par les tiers le passage des camions-ci- raffinerie de Marbryck, mais les achats du matin, tandis que quel- Maine-et-Loire, trois barrages étrangers à la profession », notant forces de l’ordre, sur la Franci- ternes. Les usines Renault de grands carrefours économiques ques rares camions d’importation ceinturent Angers, tandis que dans la présence de militants CFDT de lienne, en Seine-et-Marne, l’Ile-de- Cléon et de Sandouville ont an- restent paralysés, comme le Mar- ont pu accéder à la gare de marée. la Sarthe la principale zone indus- Météo-France ou de la SNCF. Le France était relativement épargnée noncé des arrêts partiels de pro- ché d’intérêt national de Lomme, b En Loire-Atlantique, le blo- trielle du Mans (usine Renault et syndicat Sud PTT et l’union dépar- par le conflit, les régions les plus duction. dans la banlieue de Lille, où il était cage de la raffinerie Elf de Donges, siège des Comptoirs modernes) est tementale CGT ont, par ailleurs, touchées étant Nord - Pas-de-Ca- b En Nord - Pas-de-Calais, où prévu que la livraison des denrées sur l’estuaire de la Loire, touche paralysée. appelé leurs militants à « témoi- lais, Champagne-Ardenne, la l’on comptait une quinzaine de périssables puisse se faire mardi tout l’ouest de la France. Celui du b En Midi-Pyrénées, les bar- gner leur solidarité » aux grévistes. Haute-Normandie et les Pays de la barrages, la principale consé- matin. Les problèmes d’approvi- dépôt d’hydrocarbures de La rages filtrants se sont concentrés Aux Halles du Sud-Ouest (nouvelle Loire, ainsi que Rhône-Alpes. dénomination du MIN) de Tou- Dans de nombreux départements, louse, on craint un tarissement les préfets ont pris des mesures de progressif de l’approvisionnement rationnement du carburant, réqui- « Il faut en finir avec cette vie de galérien » si le conflit perdure. sitionnant des stations-service b Dans les Bouches-du- pour préserver l’approvisionne- VOREPPE (Isère) l’agglomération grenobloise. Sur la RN 75, à Gayssot a la décence de ne pas laisser pourrir Rhône, la mobilisation est crois- ment des véhicules prioritaires. de notre envoyé spécial quelques centaines de mètres de l’autoroute la situation. » Aujourd’hui, Hélène n’a qu’une sante. Mardi matin, les piquets b En Bretagne, la mobilisation « Ne citez pas mon nom dans votre journal. Lyon-Grenoble laissée libre à la circulation, seule obsession : achever les trois années qui bloquaient toujours les raffineries s’est étendue de Rennes à tous les Mon patron est un cinglé », demande instam- le début de matinée fut embouteillé de part lui restent à passer sur les routes et prendre et dépôts pétroliers (Lavéra, Fos La axes de la région dans la journée ment Hélène, cinquante-deux ans, dont et d’autre du mince barrage filtrant formé sa retraite. « Certains mois, explique-t-elle, je Mède), à l’exception de la Shell de lundi. La préfecture du Morbi- trente-trois passées au volant de son camion par une poignée de camions. Ceux-ci ont tar- peux faire 23 000 kilomètres à mon compteur. Berre, gardée par les gendarmes han refusait de parler de blocage au service d’une dizaine de chefs d’entre- dé à apparaître tout au long de la journée. Ce n’est pas avec huit heures de route par jour mobiles. Les zones industrielles de de la zone portuaire de Lorient, prise ou d’artisans transporteurs. Elle a été « Les patrons sont prudents. Ils retiennent leurs qu’on fait ça. Personne ne vient contrôler notre Vitrolles restent interdites aux dont les trois accès sont néan- stoppée par ses collègues au carrefour de Vo- véhicules dans les parcs. Mais il faudra bien travail. Quand on se fait prendre, nos patrons, poids lourds, ainsi que la zone fret moins tenus par quelques poi- reppe (Isère), lundi 3 novembre à 11 heures qu’ils sortent un jour pour honorer leurs qui sont en mêche avec les politiques, font en- de l’aéroport de Marignane. Dans gnées de manifestants. Mardi ma- du matin. Chaleureusement accueillie par contrats de transport. Ce jour-là, on pourra terrer les dossiers par la police ou la justice. » le nord du département, les gré- tin, trois dépôts de carburants des militants CFDT, dont elle ne partage pas vraiment en découdre avec eux », explique le En fin de carrière, son salaire est de vistes (essentiellement cégétistes) brestois ont été bloqués.Dès la toujours les convictions ou les combats, elle responsable syndical. Il aimerait bien, 7 700 francs brut. « Une misère que je bloquent la nouvelle zone d’activi- nuit de dimanche à lundi, CRS et s’est rangée sagement sur le bord de la route comme lors du conflit de 1996, pouvoir dis- complète avec mes 240 francs de frais de dé- té de Salon-de-Provence, où se gendarmes avaient pris position et elle a rallié « une bataille qui va durer », poser d’une armée de poids lourds autour de placements quotidien, indique Hélène. On trouve la plate-forme de distribu- autour du dépôt de carburant de pronostique-t-elle. son carrefour qui, lundi soir, n’en comptait économise le moindre sou. Dans nos camions, tion deContinent. Vern-sur-Seiche, près de Rennes, « Vis-à-vis de leurs patrons, les chauffeurs qu’une vingtaine. on emporte désormais cafetière, réchaud et fri- b A Puget-sur-Argens, dans le toujours tenu par les manifestants préfèrent se faire bloquer plutôt que d’entrer go. Il faut en finir avec cette vie de galérien. » Var, les routiers ont négocié avec mardi matin. Alors que, faute de volontairement dans le mouvement. Ainsi ils « CETTE FOIS, ON EN A VRAIMENT MARRE » Elle raconte aussi à ses collègues chauffeurs les responsables du dépôt d’hydro- relève, le barrage de Mondevert, peuvent espérer toucher tout ou partie de leur « Les barrages, je les ai tous faits, explique que son camion, qui transporte dans ses carbures et la gendarmerie son ou- près de Rennes, a été levé par la salaire », explique Pierre Rulle, cinquante- Hélène à ses collègues qui se sont réunis au- cuves vingt-cinq tonnes de « colle écolo- verture entre 8 heures et CFDT, un nouveau barrage s’éle- neuf ans, un ancien routier de la SNCF, à la tour d’un feu allumé au milieu du carrefour gique », destinées à une papeterie, n’a pas le 17 heures, au cas par cas, pour des vait mardi entre Dol-de-Bretagne retraite depuis quatre ans, aujourd’hui tréso- qu’ils occupent. Cette fois, on en a vraiment chauffage. « Une punition de mon patron camions réquisitionnés. Dans le et Dinan. rier du syndicat CFDT-route de l’Isère. marre. Cette lutte est vitale pour nous tous. De- parce que j’ai élevé la voix, explique-t-elle en Vaucluse, un nouveau barrage b En Haute-Normandie, une Les militants de cette organisation et leur puis plusieurs années, nos conditions de travail souriant. Rassurez-vous, j’en ai vu d’autres et s’est formé mardi matin au sud trentaine de barrages étaient re- leader, Jean-Pierre Remy, tiennent depuis di- et nos rémunérations n’arrêtent pas de se dété- il ne fait ce soir que moins cinq degrés. » d’Avignon. censés mardi matin. Les zones in- manche soir ce rond-point stratégique instal- riorer. En 1996, Pons [alors ministre des trans- dustrielles et portuaires du Havre, lé sur l’une des principales voies d’accès à ports] avait laissé mourir le conflit. Cette fois, Claude Francillon De nos correspondants LeMonde Job: WMQ0511--0008-0 WAS LMQ0511-8 Op.: XX Rev.: 04-11-97 T.: 11:05 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0478 Lcp: 196 CMYK

8 / LE MONDE / MERCREDI 5 NOVEMBRE 1997 FRANCE

La Commission de Bruxelles entend veiller Pour Alain Madelin, au respect de la libre circulation « ce n’est plus une grève, L’Espagne demande à Paris de compenser les pertes financières de ses producteurs et transporteurs c’est une insurrection » En raison de la situation géographique de la l’Europe. L’Espagne est ainsi pratiquement cou- conflit des routiers français. Il démontre la néces- France, les barrages sur ses routes perturbent la pée du reste de l’Union. Les instances bruxel- sité d’une harmonisation sociale parallèlement à circulation des poids lourds dans l’ensemble de loises ne peuvent donc être indifférentes au la libéralisation du trafic de marchandises. La majorité dénonce l’attitude du patronat

LA GRÈVE des routiers français, ils ont accepté une proposition de LA PLUPART des responsables Villiers, président du Mouvement qui paralyse une partie importante directive concernant les qualifica- de l’opposition demeurent dans pour la France, a jugé, lundi du trafic routier européen, suscite tions des chauffeurs routiers. une prudente expectative depuis 3 novembre, dans un communi- de vives réactions dans les pays On est conscient à Bruxelles de le début du conflit des routiers. Ce qué, que « le devoir et le rôle du voisins de la France. Elle aura né- la nécessité de fixer des règles so- n’est pas le cas, cependant, d’Alain gouvernement sont d’assurer la libre cessairement des développements ciales minimales pour éviter des Madelin. Dans un point de vue circulation des biens et des per- au niveau de l’Union européenne. distorsions de concurrence. Or les publié par Le Figaro du sonnes ». Anne-Marie Idrac, secré- Si elle oblige à mieux préciser les positions sont très éloignées. Ni 4 novembre, le président de taire générale de Force démocrate règles de libre circulation, elle ré- les transporteurs néerlandais, qui Démocratie libérale estime que ce et secrétaire d’Etat aux transports vèle aussi combien il est dange- ont une place très forte sur le mar- mouvement social pose « le pro- dans le gouvernement d’Alain reux d’aller de l’avant dans l’ou- ché européen, ni les Britanniques blème du droit de grève et de ses Juppé, a estimé, le même jour, sur verture des marchés sans les ne sont prêts à accepter trop de limites ». « Aujourd’hui, ce n’est Europe 1, que « le gouvernement mesures d’accompagnement qui contraintes. plus une grève, c’est une insurrec- s’est mis en difficulté » en ne parve- s’imposent pour éviter une C’est ce que font valoir les orga- tion », affirme l’ancien ministre, nant pas « à éviter la grève », et a concurrence sauvage qui engendre nisations patronales françaises, pour qui « tolérer cette dégénéres- jugé « particulièrement malsain » de graves tensions sociales. A qui affirment qu’elles ne peuvent cence du droit de grève, c’est accep- qu’il intervienne « directement quelques semaines du sommet satisfaire les demandes de leurs ter le règne de la force et de la vio- dans la négociation ». A l’inverse, pour l’emploi de Luxembourg, elle salariés sans risquer de perdre à lence. » Roselyne Bachelot, député (RPR) démontre la nécessité pour les nouveau des parts de marché en M. Madelin juge donc « urgent du Maine-et-Loire, a jugé de la Quinze de s’entendre sur les règles Europe. d’adapter l’exercice de la grève au responsabilité de « l’opposition de du jeu minimales du modèle social Evoquant ce problème, le mi- monde moderne » en le subordon- ne rien envenimer pour l’instant » européen. nistre français des transports, nant à cinq conditions : la grève et a estimé qu’il « est du rôle du Dans l’immédiat, la France fait Jean-Claude Gayssot, a réclamé devrait être « décidée avec toutes gouvernement de faciliter au maxi- figure d’accusée. Les gouverne- une « réorientation de l’Europe les garanties de représentativité et mum la négociation salariale ». ments espagnol et néerlandais ont dans le sens du social, du progrès, de démocratie », « la liberté du tra- officiellement protesté lundi 3 no- de l’emploi en particulier ». « Ac- vail doit être assurée », « l’ordre FAIRE PRESSION SUR L’UFT vembre auprès des autorités fran- gnols pour empêcher les importa- ter la concurrence sauvage. Les tuellement, a-t-il dit, c’est le vent du public doit être respecté », « les ser- Les élus de la majorité, eux, s’en çaises contre le blocage des grands tions de la péninsule Ibérique. ministres des transports des Quin- libéralisme qui prend le pas. Si cette vices publics essentiels doivent être sont pris à l’attitude d’une partie axes de circulation qui traversent La situation est suivie de très ze, qui ont entériné en 1996 un ac- libéralisation n’est pas accompa- en mesure de fonctionner » et «le du patronat. François Hollande, l’Hexagone. La ministre néerlan- près à Bruxelles, où l’on rappelle cord minimum sur le temps de gnée d’une harmonisation des président de la République » doit premier secrétaire délégué du PS, daise des transports, Annemarie que la Commission est chargée de conduite, n’ont pas paru parti- conditions sociales par le haut, cela pouvoir « différer une grève pour a appelé le CNPF à « faire pres- Jorritsma, a demandé la tenue veiller au respect de la libre cir- culièrement pressé, ces derniers va vers le détonateur social. » les cas qui menacent l’intérêt géné- sion » sur l’Union des fédérations d’un conseil extraordinaire des mi- culation dans le marché unique. mois, de progresser. Lors de leur ral ». de transport (UFT) pour qu’elle nistres des transports européens. Sans vouloir s’immiscer dans le dernier conseil, le jeudi 9 octobre, Henri de Bresson Sans aller aussi loin, Philippe de revienne « au plus vite à la table de Elle souhaite également y voir conflit franco-français ni vouloir négociations », et a estimé « para- abordée la question du paiement porter atteinte au droit de grève, doxal qu’une organisation patro- d’indemnités pour les pertes en- on indique que des discussions nale fasse peser sur la vie des entre- gendrées aux transporteurs des sont en cours avec Paris sur les Les entreprises européennes tentent de s’adapter prises des risques si sérieux ». autres pays de l’Union euro- mesures à prévoir pour les routiers Robert Hue, secrétaire national du péenne, reprochant à la France de européens. Au cabinet du commis- UN INCIDENT a opposé, lundi 3 novembre, les « entièrement indemnisés par l’Etat néerlandais ». Parti communiste, a approuvé ne pas avoir tenu ses promesses saire chargé des transports, Neil routiers français à leurs collègues espagnols lorsque Si la plupart des syndicats patronaux ont critiqué l’attitude du gouvernement et a de dédommagement après la Kinnock, ancien président du Parti ces derniers ont forcé un barrage situé sur l’auto- le blocus, quelques syndicats européens, comme la jugé « tout à fait inacceptable » et grève de 1996. travailliste britannique, on estime route A 6, au nord de Lyon. Les forces de police branche transport de la plus grande centrale néer- « tout à fait irresponsable le A Madrid, un porte-parole du nécessaire de parvenir, dans le fu- sont aussi intervenues à plusieurs reprises, notam- landaise, le FNV, se sont déclarés solidaires des rou- comportement du patronat routier, ministère des affaires étrangères a tur, avec les partenaires sociaux à ment pour dégager les frontières. Devant la multi- tiers français. Le président des transitaires autri- notamment l’UFT ». Les Verts ont indiqué que « l’Espagne tient à ce une sorte de code de conduite plication des entraves à la circulation sur le sol fran- chiens a même estimé que cette action avait « une estimé, dans un communiqué, que que la France assume la responsa- pour ce type de conflit. çais, les entreprises de transport routier certaine justification car [les routiers français] sont « les routiers sont à l’avant-garde bilité de tous les coûts entraînés par européennes s’emploient à mettre sur pied des solu- très mals rémunérés par rapport à leur temps de tra- de la lutte pour la réduction du cette grève ». Les Espagnols, qui « DÉTONATEUR SOCIAL » tions de rechange au blocus mis en place par les vail ». C’est en Espagne que la grève a provoqué la temps de travail ». sont coupés du reste de l’Europe Au-delà de cet aspect, il apparaît camionneurs français. plus vive inquiétude. Le pays exporte en ce moment Enfin, à l’extrême droite, le par la grève, sont d’autant plus fu- aussi que les négociations en cours Les routiers britanniques gagnent le continent par quelque 200 000 tonnes de fruits et légumes par bureau politique du Front national rieux que le mois de novembre est pour harmoniser le fonctionne- la Belgique ; les constructeurs automobiles alle- semaine. Selon la coordination d’agriculteurs et a condamné, dans un communi- habituellement le plus important ment de « l’Europe des trans- mands comptent utiliser le train, l’avion, ou plus d’éleveurs (COAG), le préjudice pourrait atteindre qué, « les méthodes illégales prô- pour les exportations agricoles na- ports » doivent être accélérées. simplement des camionnettes. Au Portugal, des l’équivalent de 90 millions de francs pour la seule nées par les organisations syndicales tionales. Le blocage des routiers D’ici à 1998, le marché des trans- entreprises comme Ford-Volkswagen ont accru les région d’Andalousie. En riposte, l’Association espa- de transporteurs routiers qui français vient s’ajouter à la guérilla ports doit être entièrement libéra- stocks et réservé des places sur des navires ou des gnole des jeunes agriculteurs (Asaja) a appelé à peuvent ruiner notre économie déjà que les producteurs français lisé au niveau européen, et l’on est avions. Aux Pays-Bas, le KNV (regroupant les cent boycotter les produits français, craignant que le blo- malade » et a jugé « scandaleux » d’agrumes du Midi livrent périodi- loin d’être parvenu au niveau de plus grosses entreprises de transport du pays) a, cus n’entraîne « un traumatisme économique » dans que l’Etat observe « sans réagir des quement aux transporteurs espa- réglementation suffisant pour évi- pour sa part, demandé que les transporteurs soient leur secteur. – (AFP.) syndicats sortir de la légalité ». LeMonde Job: WMQ0511--0009-0 WAS LMQ0511-9 Op.: XX Rev.: 04-11-97 T.: 10:30 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0479 Lcp: 196 CMYK

FRANCE LE MONDE / MERCREDI 5 NOVEMBRE 1997 / 9 Les militants socialistes sont appelés à voter pour le congrès de Brest Trois motions sont présentées au choix des adhérents du parti, celle de la coalition jospiniste et rocardienne réunie autour de François Hollande paraissant assurée d’obtenir la majorité. La Gauche socialiste espère dépasser nettement 10 % des mandats Avant le congrès national du Parti socia- d’orientation. La motion A, présentée par terrand : Pierre Mauroy, Laurent Fabius, Gauche socialiste. Les congrès fédéraux se vembre, le premier secrétaire national, les liste, qui se réunira du 21 au 23 novembre à François Hollande, premier secrétaire délé- Michel Rocard et Edith Cresson. La mo- réuniront le 15 novembre. A l’issue des premiers fédéraux et les secrétaires de sec- Brest, les militants votent dans les sec- gué, et la quasi-totalité des courants est tion B émane d’une partie des anciens amis votes, des assemblées désigneront pour tion. Le conseil national se réunira le tions, à partir du mardi 4 novembre et jus- soutenue par Lionel Jospin et quatre an- de Jean Poperen, Marie-Thérèse Mutin et chaque motion les candidats au conseil na- 29 novembre pour élire le bureau national qu’au 14 novembre, sur les trois motions ciens premiers ministres de François Mit- Alain Vidalies. La motion C est celle de la tional. Les militants éliront, le 27 no- et le secrétariat national.

À MOINS de trois semaines du tion B défendue par Marie-Thérése tions avec le Parlement, d’une ma- tourage de M. Hollande assure que minorités. La motion B aura du tiques entre sa contribution et sa congrès du Parti socialiste, à Brest Mutin et une partie des poperé- jorité jospino-rocardienne qui, les inquiétudes sont « totalement mal à atteindre les 5 % requis pour motion. La décision sur les du 21 au 23 novembre, la fébrilité nistes ; la motion C de la Gauche avec les amis de Martine Aubry et dissipées » et M. Jospin, au retour être représentée au conseil natio- 35 heures, le 10 octobre, lui a retiré est loin d’être au rendez-vous alors socialiste. En novembre 1994, le de Pierre Mauroy et de plusieurs du sommet sur l’emploi de Luxem- nal, à moins de faire la synthèse au du « grain » à contester, mais Ju- que les militants votent, à partir du précédent congrès, à Liévin, avait petits courants – Agir en socia- bourg du 21 novembre, a pris ses congrès. Entre les ralliés à la mo- lien Dray a de nouveau braqué la mardi 4 novembre, sur les trois marié une orientation très à listes, Changer, Partages – lui assu- dispositions pour être à Brest. tion A et les tenants de la mo- direction du PS, en s’en prenant, à motions en compétition : la mo- gauche et un appel à Jacques De- rera le concours de 51 % des Au-delà du bloc majoritaire de tion B, le courant poperéniste est l’Assemblée, au plafonnement des tion A de François Hollande, pre- lors pour qu’il soit candidat à l’Ely- 204 membres du conseil national 51 %, restera à régler la répartition déchiré. Nathalie Poperen, la allocations familiales et à la CSG mier secrétaire délégué et de la sée. (auxquels s’ajoutent les 102 pre- des places pour tous ceux qui ont veuve de l’ancien maire de Mey- élargie. quasi-totalité des courants ; la mo- Depuis, Lionel Jospin a porté di- miers fédéraux). En l’absence de rejoint, le 27 septembre, la mo- zieu, dans le Rhône, a fait savoir Moins à l’aise, depuis le 10 octo- gnement les couleurs socialistes à « hollandistes » labellisés – excep- tion A, comme les fabiusiens, les énergiquement à qui de droit que bre, pour alimenter le couplet des la présidentielle de 1995, avant de tés Jean-Yves Le Drian, maire de amis de Louis Mermaz, d’Henri nul ne pouvait se présenter en hé- « reculades » du gouvernement – Le renouvellement reprendre, le 14 octobre 1995, la di- Lorient, et les clubs Témoin –, il Emmanuelli, de Jean-Marie Bockel ritier de Jean Poperen. terme qu’elle se garde de re- rection du PS, et de gagner les devra compter d’abord sur l’appui et d’anciens poperénistes, comme prendre dans sa motion, tout en des fédérations élections législatives le 1er juin 1997. des amis de Lionel Jospin et s’ef- Michel Debout et Jean-Louis Cot- LA DIRECTION BRAQUÉE réaffirmant ses désaccords de fond Après deux ans, il laisse à M. Hol- forcera sûrement de renouveler et tigny. Les discussions sur les places La Gauche socialiste espère sur l’Europe, l’immigration, la sé- La direction du PS espère un lande un parti en état de marche. de féminiser le secrétariat national au sein du premier cercle jospino- conserver son capital de 8 873 voix curité sociale et les privatisa- renouvellement de 30 % des pre- L’élection de M. Hollande, premier qu’il avait élargi le 14 juin. rocardien sont en cours. Dans le (16,19 %), de la convention de dé- tions –, la Gauche socialiste incri- miers secrétaires fédéraux. secrétaire délégué depuis le 14 juin, deuxième cercle, Laurent Fabius, cembre 1996 sur l’économie. Elle se mine les conditions du débat. Dans Deux des trois principales fédé- qui sera opposé, le 27 novembre ACTE D’AUTORITÉ qui tient à ses 28,84 % de Rennes donne une fourchette large entre son bulletin A gauche du 23 octo- rations vont changer de « pa- devant le suffrage direct des mili- Pour autant, M. Hollande ne en 1990 – mais qui n’a que 22,06 % 10 % et 20 %. Un récent « poin- bre, elle s’en prend, aux « verrouil- tron ». Dans la première, celle tants, à Jean-Luc Mélenchon, veut pas être réduit à un rôle de au conseil national sortant – sait tage » la crédite de 12 %-15 %, mais leurs, petites mains plus ou moins du Pas-de-Calais, critiquée pour porte-parole de la Gauche socia- porte-parole du premier ministre. que sa place résultera du solde le fabiusien Claude Bartolone lui habiles dans l’art du bétonnage ». son fonctionnement et où plu- liste, apparaît comme un adoube- Son premier acte d’autorité a été entre le bloc majoritaire et les attribue « autour de 10 % ». Dure- Ses animateurs reconnaissent, ce- sieurs élus ont maille à partir ment voulu par M. Jospin dès sa de maintenir le choix de Brest, scores des motions B et C. ment combattue pour avoir pendant, qu’ils ont pu défendre avec la justice, Daniel Perche- nomination à Matignon. malgré l’avis très réservé de Pour l’heure, l’insuffisance de la commencé à dénoncer les « renie- leur motion dans la grande majori- ron, membre du secrétariat na- Même si, à travers la motion A, M. Jospin qui redoutait de voir le mobilisation de la motion A, qui ments » de M. Jospin dès le 12 juin, té de fédérations, l’ostracisme tional, va passer la main et pro- le PS affiche clairement son réfor- congrès siéger sous la garde de s’efforce de montrer son homogé- privée de ses protections habi- n’ayant joué que dans une dizaine pose Serge Janquin, député de la misme, sans s’avouer encore so- CRS en raison des troubles sociaux néité, fait craindre une faible parti- tuelles parmi ceux qui, comme d’entre elles. dixième circonscription, rocar- cial-démocrate, la poursuite de la provoqués par la restructuration cipation, lors des votes sur les mo- M. Emmanuelli, se situaient à do-jospiniste, pour lui succéder. rénovation doctrinale, engagée à des arsenaux. Aujourd’hui, l’en- tions, qui jouerait en faveur des proximité, elle a atténué ses cri- M. N. Le trésorier, Jacques Mellick, an- travers trois conventions en 1996, cien maire de Béthune, condam- est renvoyée, pour l’essentiel, né à cinq ans d’inéligibilité, sou- après Brest. Congrès de réorgani- tient la Gauche socialiste. Si sation et non de réorientation, François Bernardini devrait res- Brest permettra principalement de ter à la tête des Bouches-du- préciser le rôle du parti – « parti- Rhône, toujours en crise, le jos- soutien, parti-acteur, parti relais » – piniste Marc Dolez devrait suc- face à un gouvernement auquel il céder au mauroyiste Bernard se flatte d’être associé étroitement, Roman dans le Nord. de mesurer les marges de ma- La Gauche socialiste risque de nœuvre – et d’autorité – de perdre ses trois fédérations (Es- M. Hollande et d’apprécier le poids sonne, Vendée, Jura). Le premier des courants. fédéral du Jura, Roger Touvet, a Brest va ainsi consacrer l’abou- déjà rejoint la motion A, mais la tissement de la démarche de Lionel Gauche socialiste espère, avec Jospin en dotant François Hol- son député Yann Galut, conqué- lande, grâce au rôle actif de Daniel rir le Cher. Vaillant, ministre chargé des rela- A Lille, les récitations convenues de l’abécédaire socialiste LILLE tin avait adopté un registre plus de notre envoyé spécial sobre, en souhaitant d’emblée la Pour ce conseil fédéral élargi, réussite du gouvernement. «Ça réuni lundi 3 novembre à Lille de- commence bien et j’espère que ça vant une bonne centaine de mili- va continuer », a avancé la députée européenne hostile à un « pôle de REPORTAGE gauche » au sein du PS. « Jean Po- Mme Lienemann, peren, dont je me recommande, au- rait été heureux de voir les résultats passionnée, de la conférence du 10 octobre », a contre M. Cambadélis, assuré Mme Mutin, en expliquant pédagogue aussitôt qu’« une bonne loi doit être soutenue par un rapport de forces, par le mouvement social ». tants, les défenseurs des trois mo- Au passage, elle n’a pas oublié la tions du congrès de Brest – défense de la laïcité, en déplorant Jean-Christophe Cambadélis pour « les incursions du pape chez nous la A, Marie-Thérèse Mutin pour sans réactions des laïcs ». la B et Marie-Noëlle Lienemann Pédagogue, M. Cambadélis a re- pour la C – se sont livrés au jeu de trouvé des accents de campagne rôle attendu. Passionnée et viru- électorale : « La gauche a su vous lente, Mme Lienemann a essayé de séduire. Elle sait visiblement s’entre- convaincre que la Gauche socia- tenir, alors évitez de lui nuire », a- liste n’est pas « une chapelle » t-il lancé en présentant la mo- composée « d’allumés de la tête » tion A comme « la motion la plus à et qu’elle souhaite le succès de gauche » du PS face à un gouver- Lionel Jospin. Mais face aux trois nement socialiste. « Ce qui me « urgences » – sociale, démocra- plaît, c’est que nous avons réussi à tique et idéologique – que la dépu- reprendre le flambeau de la réforme tée européenne a décelées, le gou- qui avait commencé en 1981-1982 vernement n’a pas fait les bons avec Pierre Mauroy », a souligné le choix. député de Paris, en voyant dans la « Est-ce que nous restons un parti politique de « redistribution » du qui veut rompre avec le capitalisme gouvernement, une « rupture avec ou est-ce que nous voulons faire de le système capitaliste généralisé ». l’accompagnement social du libéra- S’étant placé bien à gauche, lisme ? », a interrogé Mme Liene- M. Cambadélis a ensuite fait la le- mann, en assurant que la Gauche çon à Mme Lienemann. « Quel est le socialiste avait « contribué » à la gouvernement qui a mis en place victoire électorale du 1er juin, en Maastricht ? Marie-Noëlle, le volet amendant le programme du PS sur social, il était où ? », a-t-il interpel- l’Europe ou les 35 heures. « Le re- lé la ministre en charge du loge- niement d’Amsterdam était une ment dans le gouvernement de faute grave », a répété le maire Pierre Bérégovoy. « Si le gouverne- d’Athis-Mons, en dénonçant ment applique le programme amen- l’adoption d’un pacte qui annonce dé par la Gauche socialiste, a-t-il « l’austérité pour l’éternité ». Avec enchaîné, encore faudrait-il que l’ouverture de capital de France vous le votiez ! Sur le moindre sujet, Télécom, a-t-elle ajouté, « on vous il y a une position contradictoire de a théorisé que le service public la Gauche socialiste. » L’estocade n’était plus nécessaire ». Bref, ce est venue en final. « Une autre co- gouvernement « dérape ». « Fort hérence nous conduit à la mise en heureusement » vinrent les minorité dans le pays, a martelé 35 heures, mais attention, a préve- M. Cambadélis. Je pense que c’est nu Mme Lienemann, « certains ca- dangereux pour l’expérience de la marades voudraient nous imposer gauche et que cela nous mène à des l’annualisation »... situations de défaite. » Un peu intimidée devant un pu- blic volontiers frondeur, Mme Mu- Michel Noblecourt LeMonde Job: WMQ0511--0010-0 WAS LMQ0511-10 Op.: XX Rev.: 04-11-97 T.: 10:49 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0480 Lcp: 196 CMYK

10 / LE MONDE / MERCREDI 5 NOVEMBRE 1997 FRANCE

Martine Aubry promet un projet de loi La « coloniale » et des crédits pour la lutte contre l’exclusion ne veut pas disparaître Robert Hue souligne les « avancées » de la politique gouvernementale pour la santé et la solidarité L’inspecteur des troupes de marine craint Lors du débat, lundi 3 octobre, à l’Assemblée na- tine Aubry a annoncé qu’un projet de loi par l’« ensemble du gouvernement » et compor- que la restructuration de l’armée de terre tionale, sur le bugdet santé, solidarité et emploi « chiffré » sur l’exclusion serait déposé en fé- tera « plusieurs lois annexes », a expliqué le mi- (d’un montant de 73,16 milliards de francs), Mar- vrier 1998. Ce « programme de lutte » sera porté nistre de l’emploi et de la solidarité. n’aboutisse à une banalisation de son arme

LORS DES DÉBATS sur le projet Le budget santé, la pauvreté et l’exclusion ». dée) a jugé insuffisant les 185 mil- APRÈS l’inspecteur de l’infante- pour l’avenir de l’armée de terre, je de loi de financement de la Sécuri- En annonçant, pour février, «un lions de francs consacré à ce rie (Le Monde du 31 octobre), c’est suis persuadé que personne n’a in- té sociale – le texte est soumis mar- solidarité, ville projet de loi central », « un pro- secteur, surtout au regard des son homologue des troupes de térêt à sa disparition.[...] Ce serait di 4 novembre au vote –, l’opposi- en milliards de francs gramme de lutte contre les exclu- 64 milliards de francs que doivent marine, le général de division Mi- absurde [...] de laisser perdre un tel tion n’avait pas ménagé Martine sions qui sera porté par l’ensemble rapporter à l’Etat les taxes sur l’al- chel Fruchard, qui fait part de sa outil. Il est en tout cas de ma res- Aubry. Le ton des discussions a été BUDGET GLOBAL : du gouvernement, qui sera chiffré, cool et les cigarettes. mauvaise humeur. Dans l’ordre du ponsabilité de le préserver et je m’y beaucoup plus courtois, lundi, 73,16 milliards de francs qui portera sur plusieurs années et Bernard Kouchner, secrétaire jour qu’il a adressé à ses subor- emploierai en m’appuyant sur le pour l’adoption du bugdet santé, (+ 3,1 % par rapport à 1997) qui comportera plusieurs lois an- d’Etat à la santé, a souligné l’effort donnés au moment de prendre ses “noyau dur” que constituent nos solidarité et ville (PS, PC et RCV nexes », la ministre de l’emploi et consenti dans la lutte contre la responsabilités et que vient de re- formations, fort des compétences, votant « pour », UDF et RPR SOLIDARITÉ de la solidarité a rassuré M. Hue. toxicomanie (plus de 1 milliard de produire la revue L’Ancre d’or, il de la générosité et de l’abnégation « contre »). 63,6 Elle a aussi donné satisfaction à francs, soit près de 8 % de hausse) s’en prend, sans le citer nommé- de nos “marsouins” et de nos “bi- D’un montant de 73,16 milliards dont : - RMI 25,3 (+ 4,5 %) Serge Janquin (PS, Pas-de-Calais), et a estimé qu’« il faut doucement ment, au haut commandement gors”. » de francs, en hausse de 3,1 %, ce - Alloc. adultes handic. rapporteur de la commission des préparer un débat » sur ce sujet à qu’il soupçonne de vouloir nier budget a été l’occasion d’une inter- 23,9 (+ 4,7 %) affaires sociales, qui avait jugé «un l’Assemblée nationale. Le secré- « l’identité » de son arme dans la UNE « SOMME DE COMPÉTENCES » vention de Robert Hue, la pre- peu courte » la provision de taire d’Etat a par ailleurs répondu restructuration de l’armée de L’inspecteur des troupes de ma- mière depuis son entrée à l’Assem- 225 millions de francs destinée à aux sévères critiques de Jérôme terre. rine ne peut pas être plus clair : blée nationale. Le secrétaire cette future loi. « Les crédits seront Cahuzac (PS, Lot-et-Garonne) qui Avec la Légion étrangère, les l’âme de son arme doit être sauve- national du PCF a salué « une in- bien évidemment supérieurs », a dé- a dénoncé, dans un rapport au « marsouins » (l’infanterie) et les gardée. Même ceux qui désap- flexion non négligeable » du projet 5,3 claré Mme Aubry. Mais il avait aussi nom de la commission des fi- « bigors » (l’artillerie) des an- prouvent le général Fruchard du gouvernement pour la solidari- 3,6 déploré que l’allocation aux nances, les « conditions d’opacité » ciennes troupes coloniales sont le louent le courage de sa position. té et la santé. Mais ces « avan- adultes handicapés ne soit aug- dans lesquelles ont été détermi- fer de lance des interventions ex- Le chef d’état-major de l’armée cées », a-t-il souligné, « ne peuvent 0,7 mentée que de 1,11 %, même si les nées les rémunérations des direc- térieures, en Afrique notamment. de terre, le général d’armée Phi- suffire à l’évidence à rattraper les re- SANTÉ VILLE AUTRES crédits qui y sont consacrés teurs des agences régionales de Avec, aussi, les honneurs ou les lippe Mercier, qui n’appartient pas tards considérables ». Aussi, il a Source : projet de loi de finances croissent globalement de 4,5 % par l’hospitalisation (Le Monde du avantages attachés à leurs cam- à cette arme, vient, distinction re- suggéré quelques mesures visant à rapport à 1997. 4 novembre) : le gouvernement «a pagnes outre-mer sous la forme de lativement exceptionnelle, d’être « dégager des ressources nouvelles » supplémentaires pour les plus hauts Au cours de ce débat, la droite a prévu de fixer une base réglemen- décorations et de primes. Or la promu « caporal d’honneur » de la comme l’« extension de l’impôt sur revenus accroîtrait également les surtout porté ses critiques sur les taire lors de la première révision de réorganisation de l’armée de terre « colo ». Il persiste, pour autant, la fortune aux biens professionnels », ressources de l’Etat ». M. Hue a ap- politiques de prévention, notam- leur contrat », a annoncé a pour conséquence la disparition dans son ambition de réaliser qui, selon le député du Val-d’Oise, pelé de ses vœux « une grande poli- ment les sommes affectées à la M. Kouchner. des spécificités des différentes l’amalgame des armes pour en « doublerait son rendement », tique dotée de moyens suffisants lutte contre l’alcoolisme et le taba- armes la composant. La profes- faire des forces d’action et de pro- comme « la création de tranches pour lutter enfin efficacement contre gisme. Jean-Luc Préel (UDF, Ven- Bruno Caussé sionnalisation implique « une ges- jection homogènes, qui répondent tion [des personnels] par compé- aux besoins. Certes, il reconnaît tences », et non plus par armes, ce l’« identité », les « spécificités » des qui implique « un certain décloi- troupes de marine ou encore la sonnement des armes et des corps « richesse d’une expérience acquise dans le déroulement d’une car- sur tous les théâtres d’opérations ex- rière », comme on le reconnaît à la térieures ». Mais c’est pour mieux direction des personnels militaires faire comprendre aussitôt après, de l’état-major. Pour créer des uni- dans un ordre du jour, que la « co- tés professionnelles destinées à lo » ne doit pas chercher à se sin- l’action extérieure, on puisera in- gulariser, mais plutôt à trans- différement dans des « réserves » mettre son savoir-faire aux autres de forces, selon les besoins et les armes : « C’est cette somme de spécialités. compétences qui constitue le pré- « Chacun voit bien, écrit le géné- cieux capital de votre arme, que je ral Fruchard, que les choses [la ré- vous demande de faire partager forme de l’armée de terre] ne se- dans l’intérêt de l’ensemble de notre ront pas forcément faciles. [...] armée de terre. » Parce que notre arme représente la meilleure réponse aux défis lancés Jacques Isnard Marc Blondel (FO) sera candidat aux élections prud’homales à Paris FORCE OUVRIÈRE compte gagner deux points par rapport aux der- nières élections prud’homales, en 1992, (20,46 %), lors du scrutin du 10 décembre, a affirmé son secrétaire général, Marc Blondel, lundi 3 no- vembre, devant l’Association des journalistes de l’information sociale. « C’est à notre portée si nous résistons à Paris », a estimé le secrétaire géné- ral de FO, qui sera candidat dans la capitale dans la section encadrement. M. Blondel entend montrer son « intérêt » pour une institution dont « l’influence va aller s’accroissant » en raison du refus du patronat de né- gocier sur les 35 heures, en tentant de « tenir l’équilibre entre les deux images », soit de « tranquilité », soit « protestataire », qui s’offrent aux syndicats. FO a déposé 14 000 candidatures, et la campagne lui coûtera environ 12 millions de francs.

DÉPÊCHES a PATRONAT : le Centre des jeunes dirigeants d’entreprise (CJD) a appelé l’ensemble du patronat, lundi 3 novembre, à « reprendre l’initia- tive sur la loi des 35 heures », prévenant que si le CNPF adoptait une atti- tude « de blocage régulière », le CJD « contesterait sa position ». Le CJD a lancé « un appel à une rencontre patronale », le 3 décembre, à Paris, « pour que, dans son contenu, cette loi allie la compétitivité économique et la performance sociale ». « Le CNPF est agité par des courants divers, dans lesquels nous ne nous reconnaissons pas », a déclaré Jean-Marie Gorse, président du CJD. a EXTRÊME DROITE : Jean-Marie Le Pen, président du Front natio- nal, se rendra du 7 au 9 novembre en Roumanie, sur invitation du Parti de la grande Roumanie. Romania Mare, qui affiche des options ouverte- ment antisémites, anti-hongroises et anti-tsiganes, réclame la création d’une grande Roumanie, dans laquelle seraient compris la Moldavie et les territoires du nord de la Bukovine situé en Ukraine. a BOURSE : Valéry Giscard d’Estaing, a estimé, mardi 4 novembre sur Europe 1, que la crise boursière allait « entraîner un ralentissement de la croissance un peu partout ». L’ancien chef de l’Etat évalue ce ralentisse- ment « à 1 % au Japon et à un demi-point ou trois quarts de point dans les autres pays industriels, dont la France ». LeMonde Job: WMQ0511--0011-0 WAS LMQ0511-11 Op.: XX Rev.: 04-11-97 T.: 08:31 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0481 Lcp: 196 CMYK

11 SOCIÉTÉ LE MONDE / MERCREDI 5 NOVEMBRE 1997

INÉGALITÉS Les femmes sont inscrites à l’ANPE et sont moins bien ans après le vote de la loi, de 27 %. chômeuses, sous-employées, surex- permarché, ne croit pas que le les premières à être victimes des dif- indemnisées. Au fil des ans, l’écart b DANS UN ENTRETIEN, MAYA SUR- ploitées, et appelle à une manifesta- temps partiel soit une aspiration fé- ficultés du marché de l’emploi. Elles de rémunération avec les hommes DUTS, du Collectif national pour les tion pour l’emploi des femmes le minine, mais bel et bien une forme représentent plus de la moitié des s’est un peu réduit mais il demeure droits des femmes, explique en quoi samedi 15 novembre. b VALÉRIE, de précarité imposée par des em- chômeurs, restent plus longtemps élevé : il est actuellement, quatorze celles-ci sont les plus mal loties : sur- caissière à temps partiel dans un su- ployeurs qui jouent la flexibilité. Les femmes sont toujours désavantagées dans la course à l’emploi Elles sont plus touchées que les hommes par le chômage et la précarité et sont souvent contraintes de travailler à temps partiel. L’écart de rémunération avec leurs collègues masculins, qui s’est réduit depuis dix ans, s’élève encore à 27 %

« TOUS LES CLIGNOTANTS sont Junter-Loiseau, responsable de Les grandes perdantes du marché de l'emploi tion qui résume les craintes de ses au rouge. Quel que soit l’angle sous l’unique chaire sur les études fé- collègues. « Oui, nous sommes sans lequel on prend le problème de ministes de France à l’université TAUX DE CHÔMAGE DES HOMMES ET DES FEMMES TAUX D'ACTIVITÉ doute des privilégiées puisque nos l’emploi des femmes, le mot de dé- de Rennes. C’est un moyen d’entrer DES FEMMES DE 25 A 49 ANS revenus dépassent 25 000 francs gradation s’impose. » Danièle Ker- sur le marché du travail et une par ménage, écrit Isabelle Scema- en pourcentage en pourcentage goat soupire, presque découragée. technique pour en sortir. » Or le 14,2 ma. Mais, non, nous ne sommes pas Cette sociologue, directrice de re- temps partiel est une machine à 15 des nanties. Le coût des réformes 15 80 11,1 77 cherches au CNRS, reconnaît fabriquer de la précarité : il im- 71 cumulées signifie forcément une re- avoir une nature combative, mais plique un salaire partiel – un sala- mise en cause complète de notre or- 12 les évolutions récentes du marché rié à temps partiel sur deux gagne12 ganisation familiale (...), des em- de l’emploi ne l’incitent guère à moins de 4 300 francs brut par plois de garde à domicile et (...) l’optimisme. En France, les mois, selon l’Insee –, une indemni- conduit à remettre en question le 9 femmes, qui représentent moins sation partielle du chômage et, à 9 travail de l’un des deux parents. de la moitié des actifs (45 %), re- terme, une retraite partielle. 1985 1994 1997 C’est encore une fois la place de la présentent plus de la moitié des Quant à l’égalité profession- Source : Insee femme dans le monde du travail qui chômeurs (51 %). Le chômage des nelle, quatorze ans après le vote 6 6 en souffrira. » femmes dépasse de quatre points de la loi, rares sont celles qui ÉCART DE SALAIRE Dans son seul centre parisien celui des hommes, elles restent osent encore la revendiquer. En HOMMES - FEMMES – dans la capitale, les problèmes plus longtemps inscrites à l’ANPE moyenne, l’écart de rémunéra- 3 3 en pourcentage de garde d’enfants sont beaucoup et elles sont moins indemnisées. tions entre les hommes et les plus marqués qu’ailleurs –, elle a 50 80

La situation des jeunes est pire en- femmes est aujourd’hui de 27,2 %. 77 recueilli plus de deux cents signa- core : parmi les 20-24 ans, le chô- Il se réduit, certes, puisqu’il était0 0 tures. 33 mage concerne 21,7 % des gar- de 33 % en 1984, mais est-ce suffi- 27,2 Que faire ? « Une manifesta- çons, contre 31,4 % des filles, et cet sant ? Les études conduites par les 19851986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1997 tion », répondent les plus à écart ne cesse d’augmenter. écoles de commerce prouvent que gauche, promptes à se mobiliser les jeunes diplômées trouvent des sur le pavé parisien pour dénoncer HOMMES FEMMES ENSEMBLE IDÉES REÇUES postes moins bien rémunérés que 1950 1984 1997 ces discriminations et réclamer Le temps partiel touche de plein leurs camarades masculins titu- Source : Insee Source : ministère emploiSource et solidarité : Insee une réduction massive et immé- fouet les femmes, qui repré- laires du même diplôme. diate du temps de travail avec em- sentent 85 % des personnes tra- Paradoxalement, malgré ces Alors que le taux d'activité des femmes va en augmentant régulièrement, elles sont aussi les plus touchées bauches correspondantes. « Favo- vaillant à temps partiel. Beaucoup obstacles, les femmes sont de plus par le chômage (14,2% de la population active contre 11,1% pour les hommes). Quant à l'égalité des salaires, riser la mixité des emplois-jeunes d’entre elles subissent cette situa- en plus nombreuses dans le quatorze ans après le vote de la loi, elle n'est toujours pas effective (27,2% d'écart). pour qu’une fois de plus on n’assiste tion plus qu’elles ne la choi- monde du travail. Aujourd’hui, pas à la relégation des jeunes filles sissent : contrairement à une idée elles sont 11,5 millions à travailler, dans des emplois dits féminins », reçue, ce ne sont pas les femmes soit près de deux fois plus qu’en perdue. Elles disent s’ennuyer Même les plus privilégiées ciable. » Car les femmes, à tous les indique pour sa part Rose-Marie actives mères de famille qui en bé- 1960. Entre 25 et 49 ans, 80 % même si tout le travail domestique souffrent de ces évolutions. Quel niveaux, continuent à assumer la Van Lerberghe, déléguée générale néficient, alors que, souvent, elles d’entre elles ont une activité pro- leur incombe. Toutes racontent que soit leur niveau de formation, quasi-totalité du travail domes- à l’emploi et à la formation pro- y aspirent. Dans tous les pays de fessionnelle. Le chômage est, de qu’elles se sont senties reconnues quelles que soient leurs compé- tique et éducatif de la famille. fessionnelle. l’Union européenne, ce sont les ce fait, devenu d’autant plus dur à par leur entourage le jour où elles tences, elles n’accèdent que peu, « Dès qu’une femme réduit son Mais cette intention affichée femmes âgées de moins de 25 ans accepter. « Il est faux de considérer ont eu leur premier emploi. » ou très peu, au niveau suprême de temps de travail, ne serait-ce que est-elle à la hauteur du pro- et plus de 55 ans qui sont les plus que les femmes supportent mieux le la hiérarchie. Si deux cadres sur d’une heure par jour, explique Da- blème ? Elle ne suffira pas, en tout frappées par ce phénomène. «Le chômage que les hommes, affirme SONNETTE D’ALARME cinq sont des femmes, seuls cinq nièle Kergoat, elle assume la totali- cas, à statisfaire toutes celles qui temps partiel n’est pas une méthode la sociologue Dominique Schnap- On cherche en vain une lueur dirigeants d’entreprise sur cent té du travail domestique. Son dénoncent l’absence de prise en pour concilier la vie familiale et la per. Autant que les hommes, les d’espoir. Rien. Le tableau est noir. sont de sexe féminin. « La majori- compagnon cesse de l’aider. Toutes compte politique des obstacles vie professionnelle, analyse Annie femmes ont un sentiment de dignité Les syndicats, de Force ouvrière à té des femmes cadres sont ambi- les enquêtes l’attestent. » rencontrés par les femmes. Le fait la CGC en passant par la CFDT, tieuses, mais elles considèrent que que Martine Aubry, la ministre de font part de leur inquiétude. Sur le le temps de travail est l’obstacle ORGANISATION FAMILIALE l’emploi et de la solidarité, qui est Deux emplois sur cinq dans l’Union européenne terrain, l’humeur est morose. Le majeur à leur évolution de carrière, La réforme de l’allocation de théoriquement en charge des Centre national d’information et explique Marie-Jeanne Vidaillet, garde d’enfants à domicile droits des femmes, ne se soit pas b Europe : les femmes femmes sur dix travaillent. Elles de documentation des femmes et de la CGC. Le surinvestissement en (AGED) leur est donc préjudi- rendue au colloque du CNIDFF, occupent aujourd’hui deux sont 81,7 % à avoir une activité des familles (CNIDFF) estime qu’il temps qui est demandé dans les en- ciable. Chez Paribas, une cadre su- du 21 au 23 octobre, a été ressenti emplois sur cinq dans l’Union professionnelle avec un enfant, faut désormais tirer la sonnette treprises françaises leur est préjudi- périeure a fait circuler une péti- comme un affront par les cen- européenne. Le taux de 76,8 % avec deux enfants, 50 % d’alarme. « Ce sont les femmes les taines de participants. chômage des femmes est avec trois enfants. Neuf plus fragiles qui s’adressent à nous, De la conférence sur l’emploi partout plus élevé que celui des femmes « inactives » sur dix ont celles qui, loin de l’emploi, risquent Toujours pas de déléguée interministérielle aux emplois-jeunes, elles hommes. Les femmes une expérience professionnelle. le plus d’être marginalisées et de re- cherchent vainement la moindre représentent entre 49 % et 82 % Un chef d’entreprise sur quatre joindre le monde de l’exclusion, in- Sur l’échiquier politique, de gauche à droite, on déplore l’absence mention concernant les femmes. des travailleurs à faibles est une femme. Les chômeuses diquait Jacqueline Perker, sa pré- d’un interlocuteur. Dans le milieu associatif, des plus conservateurs Ce silence est d’autant plus éton- revenus dans les Etats représentent 14,2 % de la sidente, lors d’un colloque aux plus gauchistes, on réclame sa nomination. Le fait qu’il n’y ait nant que l’on ne cesse de dénon- membres. Près de 28 % des population active, contre 11,1 % organisé en octobre à l’Assemblée toujours pas de déléguée interministérielle aux droits des femmes cer le chômage des cadres, les dif- femmes travaillent à mi-temps, pour les hommes. Un étudiant nationale pour le vingt-cinquième six mois après la formation du gouvernement de Lionel Jospin est ficultés des jeunes, la mise à contre seulement 4 % des sur deux est de sexe féminin. La anniversaire du réseau. Et le risque unanimement dénoncé. Les services administratifs chargés de ce l’écart des seniors du monde du hommes. Sur les seize millions proportion des familles est réel. » Le service des droits des secteur n’ont pas de directives. travail ou l’exclusion des sans- de petites et moyennes monoparentales s’élève à 13,2 % femmes dit la même chose. Officiellement, au gouvernement, on répond qu’on cherche la qualifications...Bien qu’elles re- entreprises de l’Union, entre 20 du total des familles. 86,2 % « Même si tout le monde paie, les « perle rare » et que beaucoup de personnalités sollicitées ont refu- présentent 45 % de la population et 30 % sont dirigées par des d’entre elles sont dirigées par femmes font plus les frais que les sé. En attendant, le dossier reste traité par Martine Aubry, ministre active, les femmes, elles, semblent femmes. une femme. Au total, plus d’un hommes de l’adaptation du marché de l’emploi et de la solidarité. Le résultat est que la France est le seul invisibles. b France : dans la tranche million de femmes élèvent de l’emploi », indique sa directrice, pays d’Europe à ne pas avoir au sein de son gouvernement une per- d’âge des 25-49 ans, huit seules leurs enfants. Aline Godard. sonne chargée de ce secteur. Michèle Aulagnon

TROIS QUESTIONS À.... La place des femmes dans le 2 monde économique est-elle Valérie, caissière, dix-huit heures par semaine parce qu’il n’y a pas le choix MAYA SURDUTS menacée ? Oui, elle est mise en cause par le dé- QUAND elle réalise qu’elle est individuel, n’est-ce pas ? », ajoute-t- dien », analyse-t-elle. Les ambitions ont des enfants et doivent gagner leur Le Collectif national pour les veloppement du travail à temps caissière dans un supermarché de- elle comme pour se rassurer. de Valérie se situent ailleurs. Très vie. Le temps partiel est peut-être res- 1 droits des femmes, dont vous partiel, qui n’est pas choisi mais le puis trois ans, Valérie panique. «Au Depuis trois ans, tous les jours sensibilisée aux questions de l’em- senti comme une aspiration, mais, êtes responsable, appelle à une plus souvent imposé. C’est vrai à début, c’était du temporaire, pour me sauf le dimanche, Valérie se rend ploi et du chômage du fait de sa concrètement, il n’y a pas d’alterna- manifestation le samedi 15 no- l’échelle européenne, et nous crai- permettre de prendre un apparte- dans un supermarché du douzième propre expérience, elle veut travail- tive. C’est ça ou rien. » Le fait que les vembre pour l’emploi des gnons fort que ce soit aussi le cas ici, arrondissement à Paris, pour « tenir ler à l’ANPE ou à l’inspection du tra- entreprises soient incitées à em- femmes. L’emploi n’est-il pas un compte tenu du fait que dans le sec- PORTRAIT la caisse » de 11 h 30 à 14 h 30. vail. Le nombre de candidats aux ployer du personnel à temps partiel problème pour les deux sexes ? teur des services, par exemple, les Trois heures de travail par jour, concours administratifs ne cessant lui paraît « terrible ». Nous pensons que toute améliora- embauches se font à temps partiel. « Une aspiration ? donc dix-huit heures par semaine de croître, la sélection est impi- « Quand je regarde autour de moi, tion de l’emploi pour les femmes Nous ne voulons pas du modèle Concrètement, il n’y a pour un salaire mensuel de toyable. « L’an dernier, je suis arrivée que je pense à l’autonomie de ces ira dans le bon sens pour tous. néerlandais, où les femmes sont en- pas d’alternative. 2 400 francs. Avec une allocation-lo- jusqu’à l’admissibilité pour le femmes, j’ai peur, dit Valérie. Beau- Nous prenons l’initiative, car nous trées en masse sur le marché de C’est ça ou rien » gement et une aide de ses parents, concours de l’ANPE. J’ai échoué dans coup ne peuvent pas quitter leur sommes les première concernées. l’emploi, mais à temps partiel. Nous elle s’en sort. Mais la vie est mono- la dernière ligne droite. Nous étions compagnon si elles le veulent. A Les femmes sont les plus mal lo- analysons cela comme un recul. tone, avec un vrai week-end une ou plus de 4 000 candidats pour 180 2 400 francs par mois, elles sont ties : sur-chômeuses, sous-em- ment en attendant d’avoir un vrai tra- deux fois dans l’année et la pression postes », Valérie repassera le complètement dépendantes. » ployées, sous-payées, sur-exploi- Le fait qu’il n’y ait toujours pas vail, explique cette jeune femme continue de la direction pour varier concours cette année, avec une in- Trop âgée pour un emploi-jeune, tées et, parfois, harcelées ou 3 d’interlocuteur au sein du brune de vingt-huit ans. Quand je ses horaires – « Je refuse systémati- quiétude : « Mes études commencent Valérie pourrait s’arrêter de travail- victimes de violences sexuelles gouvernement vous pose-t-il pro- réalise que ce provisoire dure, ça me quement » – ou pour travailler les à dater. » ler pour toucher le RMI. Financière- dans l’entreprise. Or, depuis trente blème ? casse complètement. » Titulaire d’un jours fériés – « Quand j’ai besoin ment, ce serait quasiment équi- ans, les femmes jouent un rôle C’est un handicap. Nous ne BTS de commerce et d’une maîtrise d’argent, j’accepte ». « Dans ce type « MÉPRIS QUOTIDIEN » valent. Mais elle veut pouvoir considérable dans le monde comprenons pas. Nous avons d’économie, Valérie sait bien qu’elle de poste, la pression pour davantage Ces trois années de travail à « défendre son parcours » en entre- économique, y compris dans des contribué, comme les autres ac- « n’aurait jamais dû connaître cela ». de flexibilité, pour l’annualisation du temps partiel dans la grande distri- tien. Elle reconnaît aussi que ceux postes qualifiés. Nous voulons teurs du mouvement social de « Mais le problème est collectif, pas temps de travail, on la vit au quoti- bution, Valérie estime aujourd’hui qui vivent sa situation encore plus conserver cette place afin de ga- 1995, à l’arrivée au pouvoir de ce qu’elle ne pourra jamais les oublier. mal qu’elle sont ses parents. Ils rantir notre autonomie financière, gouvernement. Mais nous ne « Les relations avec les clients sont dif- n’ont fait d’études ni l’un ni l’autre, malgré des incitations au retour à voyons pas beaucoup de signes en ficiles, on est confronté au mépris ont commencé à travailler très la maison comme l’allocation pa- notre direction. Pourquoi n’y a-t-il quotidien », raconte-t-elle. Les rap- jeunes dans de grandes entreprises rentale d’éducation et l’augmen- toujours pas de délégué intermi- ports avec la direction sont em- et sont devenus cadres. Pour leur tation du temps partiel. La réduc- nistériel chargé de ce dossier, six Retrouvez preints de peur – « Il n’y a même fille unique qui avait de bons résul-

tion du temps de travail – nous mois après la constitution du gou- 2,23 F/mn plus de section syndicale ». tats scolaires, qui a adoré ses études soutenons le projet des 35 heures vernement ? Il ne suffit pas d’avoir La notion de temps partiel choisi d’économie, ils rêvaient d’un avenir dans l’idée d’aller jusqu’à des femmes à des postes-clés au nos offres d’emploi la « fait rigoler ». Parmi les caissières radieux. « Quand ils voient que je me 32 heures par semaine – est un vé- gouvernement pour poser et ré- de son supermarché, aucune n’a été retrouve à faire ce boulot, ils le vivent ritable projet de société. Il doit te- soudre le problème des femmes embauchée à temps plein. « Je suis mal, raconte Valérie. D’ailleurs, on a nir compte des femmes. Nous dans la société. très atypique, analyse-t-elle. La ma- même du mal à en parler ensemble. » sommes pour une société égali- jorité des filles avec lesquelles je tra- taire et mixte. Propos recueillis par M. A. 3615 LEMONDE vaille n’ont pas de qualification. Elles M. A. LeMonde Job: WMQ0511--0012-0 WAS LMQ0511-12 Op.: XX Rev.: 04-11-97 T.: 10:17 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0482 Lcp: 196 CMYK

12 / LE MONDE / MERCREDI 5 NOVEMBRE 1997 SOCIÉTÉ

Le Conseil d’Etat élargit la notion Le report inattendu de responsabilité sans faute des hôpitaux du procès en assises Cette avancée jurisprudentielle s’appliquerait dans le cas des accidents anesthésiques de Dany Leprince Le Conseil d’Etat a rendu, lundi 3 novembre, viennent lors d’une anesthésie générale. Rap- estimé que la responsabilité d’un hôpital était un arrêt qui étend la responsabilité sans faute pelant le principe d’égalité des usagers de- engagée dès lors qu’un patient avait été ad- des hôpitaux aux accidents graves qui sur- vant le service public, le Conseil d’Etat a mis dans un établissement. La date d’une session ultérieure n’a pas été fixée

DEPUIS 1993, le Conseil d’Etat a responsabilité sans faute, et son ne permet de penser que le pa- sie générale devait être exclue du LE MANS par un mouvement de grève des admettait que la responsabilité condamne l’hôpital à verser tient y soit particulièrement exposé, champ de la jurisprudence Bian- de notre envoyé spécial avocats peut également s’expliquer d’un hôpital puisse être engagée, 150 000 francs à Mme Mehraz. est la cause directe de dommages chi, sous prétexte que cette der- Le procès de Dany Leprince, ac- par la nature particulière de l’af- même en l’absence de faute. Lundi Cette juridiction applique ainsi sans rapport avec l’état initial du nière ne s’appliquerait qu’à des cusé des meurtres de son frère, de faire. Le 5 septembre 1994, les 3 novembre, après avoir rejeté la l’arrêt Bianchi, rendu par le patient comme avec l’évolution pré- actes de soins courants ne présen- sa belle-sœur et de deux de ses corps de Christian Leprince, âgé de requête de l’hôpital Joseph-Imbert Conseil d’Etat le 9 avril 1993. visible de son état, et présentant un tant pas de difficultés particulières nièces, commis le 4 septembre 1994 trente-quatre ans, de sa femme d’Arles, il a étendu cette jurispru- Comme l’a rappelé le commissaire caractère d’extrême gravité ». d’exécution. Or l’anesthésie géné- à Thorigné-sur-Dué, a été renvoyé, Brigitte, trente-six ans, et de deux dence aux accidents graves qui du gouvernement – le magistrat L’hôpital, qui s’est pourvu en rale est un acte médical soumis au lundi 3 novembre, à une session ul- de leurs filles, Audrey, sept ans, et surviennent lors d’une anesthésie chargé de présenter l’affaire –, Va- cassation auprès du Conseil même régime juridique que l’arté- térieure de la cour d’assises de la Sandra, dix ans, étaient découverts générale. L’hôpital lui demandait lérie Pécresse, cet arrêt a constitué d’Etat, a considéré que la jurispru- riographie, qui a donné lieu à l’ar- Sarthe. L’audience allait commen- affreusement mutilés à leur domi- d’annuler un arrêt de la cour d’ap- une « avancée remarquable » de la dence Bianchi ne devait pas s’ap- rêt Bianchi, et qui n’est pas un acte cer avec près d’une heure de retard cile de La Groie. Le meurtrier avait pel de Lyon le condamnant à ver- jurisprudence du Conseil d’Etat, pliquer au cas d’espèce. Son avo- de soins courant. La haute juridic- lorsque le président, Patrick Chau- utilisé un couperet de boucher ser à la mère d’une jeune victime, qui avait « longtemps exclu, par cat, Me Didier Le Prado, a fait tion a donc jugé que la jurispru- vel, a lui-même évoqué la grève pour décimer une famille au cours Mme Mehraz, la somme de principe, l’engagement d’une res- valoir que cette jurisprudence dence Bianchi pouvait jouer à des avocats prévue pour le jeudi d’une scène d’une violence inouïe 150 000 francs. ponsabilité sans faute dans le do- n’impose pas d’indemniser «un chaque fois qu’un accident sur- 6 novembre, en précisant que le qui semble avoir eu pour unique Le 9 avril 1980, Djamel Mehraz, maine médical ». patient qui n’était pas à proprement vient lors d’une anesthésie géné- défenseur de Dany Leprince, témoin la troisième enfant du âgé de cinq ans, de famille musul- parler un malade, mais subissait, en rale et qu’il a des conséquences Me Jean-Louis Pelletier, avait an- couple, Solène, alors âgée de deux mane, est hospitalisé à Arles, pour PRINCIPE D’ÉGALITÉ dehors de toute indication médi- d’une extrême gravité. noncé son intention de se joindre à ans. subir une circoncision sous anes- La mise en œuvre de la jurispru- cale, une opération liée à des exi- Le commissaire du gouverne- ce mouvement. Si la grève des thésie générale. Au cours de l’in- dence Bianchi, qui, dans l’esprit de gences religieuses » et relevant de ment avait toutefois prévenu que transporteurs routiers avait provo- LA « CONTINUITÉ DES DÉBATS » tervention, il est victime d’un arrêt ses concepteurs, devait rester la « convenance personnelle ». Le cette avancée jurisprudentielle ne qué quelques retards parmi les cin- Le 7 septembre 1994, Dany Le- cardiaque. Il sombre dans un marginale, est strictement enca- Conseil d’Etat a répondu que dès serait pas « de nature à mettre en quante-quatre témoins cités, le prince passait des aveux partiels en coma profond dans lequel il reste drée par une série de conditions lors que l’hôpital avait accueilli le péril les finances des établissements magistrat a estimé que, devant reconnaissant avoir tué son frère pendant un an avant de mourir. La légales à remplir. La responsabilité patient, sa responsabilité devait hospitaliers » : elle ne s’applique- cette seule circonstance, « nous au- Christian. Il devait par la suite re- mère de l’enfant engage des pour- sans faute ne peut jouer que être engagée dans les mêmes rait que dans des cas très rares où rions relevé le défi », en indiquant venir sur ses déclarations en s’affir- suites devant la juridiction admi- lorsque « l’exécution d’un acte mé- conditions que pour les autres ma- « l’énoncé des circonstances qui ont que l’hébergement des jurés dans mant totalement innocent, malgré nistrative. L’instruction ayant dé- dical nécessaire au diagnostic ou au lades, en vertu du principe d’égali- entraîné le dommage provoque un un hôtel du Mans avait été prévu de nombreux témoignages à montré qu’il n’y avait ni faute traitement du malade, et qui pré- té des usagers devant le service sentiment de scandale et d’indigna- pour la durée du procès. charge dont celui de sa propre médicale, ni faute dans l’organisa- sente un risque dont l’existence est public. tion ». En revanche, l’absence du défen- épouse. tion du service, la cour administra- connue mais dont la réalisation est L’avocat de l’hôpital estimait en seur de l’accusé au quatrième jour Sans aveux et sans constatation tive d’appel de Lyon estime qu’il y exceptionnelle et dont aucune rai- outre que la pratique de l’anesthé- Rafaële Rivais des débats était présentée comme matérielle indiscutable, l’audience un obstacle incontournable. Elle s’annonçait, pour l’accusation, imposait une suspension d’au- comme une suite d’éléments à dience, suivie d’une deuxième pour charge dont l’empilement progres- le dimanche et d’une troisième sif a pu paraître incompatible avec pour le jour férié du 11 novembre. un procès interrompu à trois re- « Cela commence à faire beau- prises. Mais la défense, devant un coup », approuvait l’avocat géné- dossier incontestablement difficile, ral, Jean-Claude Thin, en considé- a, elle aussi, invoqué le principe de rant que tant de suspensions la « continuité des débats » en cour « peuvent nuire à la continuité et à d’assises, consacré par le code de la sérénité des débats ». De son cô- procédure pénal, car c’est l’ac- té, Me Pelletier évoquait le risque cumulation ininterrompue de pe- de « paralysie » du procès en no- tites incertitudes qui donne nais- tant qu’il était difficile de « tron- sance au doute. çonner » les débats. Ce report inattendu provoqué Maurice Peyrot

Une grève nationale des avocats le 6 novembre

Un mouvement de grève nationale des avocats devrait paraly- ser, jeudi 6 novembre, la grande majorité des juridictions fran- çaises. Les avocats feront la grève des audiences, mais assure- ront la défense dans les affaires mettant en jeu la liberté des personnes. Lancé à l’appel de la Conférence des bâtonniers, du Conseil national des barreaux, du barreau de Paris, du Syndicat des avocats de France, de la Confédération nationale des avocats et de l’Union des jeunes avocats, ce mouvement vise à « inter- peller les pouvoirs publics » sur la situation « catastrophique et dé- sastreuse » de la justice. Les avocats, qui souhaitent une « ré- forme ambitieuse et d’ensemble de la justice », entendent dénoncer l’engorgement des tribunaux, la durée des procédures, le manque de magistrats et de greffiers et réclamer une réforme de la carte judiciaire et une modernisation de l’équipement des tri- bunaux. Cette grève nationale fait suite à une série de mouvements de protestation qui ont émaillé, depuis juillet, les juridictions fran- çaises, de Pontoise à Toulouse en passant par Grasse et Mont- pellier. Elle devrait être plus ou moins suivie par les cent quatre- vingts barreaux de France. Pour l’heure, seuls les ordres des avo- cats de Paris et de Lyon, qui n’appartiennent pas à la Conférence des bâtonniers, ont annoncé qu’ils ne participeraient pas à la grève, tout en exprimant leur solidarité avec leurs confrères. LeMonde Job: WMQ0511--0013-0 WAS LMQ0511-13 Op.: XX Rev.: 04-11-97 T.: 11:04 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0483 Lcp: 196 CMYK

SOCIÉTÉ LE MONDE / MERCREDI 5 NOVEMBRE 1997 / 13 Surmortalité des 15-34 ans Les évêques s’interrogent sur les suites en Provence-Alpes-Côte d’Azur SELON l’observatoire régional pour la santé en Provence-Alpes-Côte à donner aux Journées mondiales de la jeunesse d’Azur (PACA), la mortalité des 15-34 ans est supérieure de 35 % au taux national pour les hommes et de 32 % pour les femmes, soit 334 décès sup- plémentaires. Ces chiffres placent cette région au vingt-deuxième et der- La question des « filières parallèles » de formation des prêtres sera aussi débattue à Lourdes nier rang pour la mortalité dans cette tranche d’âge. Le sida en est l’une des principales causes. Les décès enregistrés en 1994, de l’ordre de 745, sont L’assemblée annuelle des évêques s’est ouverte ter un texte, intitulé « Vivre ensemble », du s’interroger sur la formation des prêtres et sur- deux fois plus fréquents que dans la moyenne nationale. mardi 4 novembre à Lourdes et se tiendra à huis Comité épiscopal des migrations, faire le point tout sur les suites à donner au succès des Jour- Les homicides et morts violentes suspectes (359 , soit 40 % de plus que la clos jusqu’au lundi 10 novembre. Elle doit adop- du dialogue de l’Eglise avec l’islam de France, nées mondiales de la jeunesse. moyenne nationale), les tumeurs de la vessie (+ 19 %), l’insuffisance rénale (+ 9 %), les troubles du rythme et insuffisance cardiaque (+ 6 %) et les tu- LES ÉVÊQUES de France, réunis vé. Les défenseurs de la « pasto- surtout territoriale, autour de séminaire « international » d’Ars, meurs du poumon (+ 5 %) sont les autres pathologies révélant des taux à Lourdes, pourraient être guettés rale » des jeunes estiment que le communautés géographiques qui recrute et nomme de jeunes plus élevés en région PACA. par l’euphorie. Le succès des deux succès des JMJ a confirmé la vitalité stables. Or, la mobilité et la fluidité prêtres qui, pour certains, avaient visites consécutives du pape à des mouvements et des aumône- des appartenances sont croissantes. été refusés par leur diocèse d’ori- DÉPÊCHES Reims (1996) et à Paris, le chiffre ries. Les autres affirment, au La « civilisation paroissiale » est gine. Ces « parachutages » irritent a JUSTICE : la chambre d’accusation de la cour d’appel d’Aix-en-Pro- mythique du million dépassé par les contraire, que ces structures ne morte pour de bon. Si le catholi- les autres évêques et le clergé local. vence a rejeté, lundi 3 novembre, la demande de mise en liberté de Robert participants aux Journées mon- sont plus « missionnaires », ne cor- cisme résiste en ville, il déprime à la Des groupes dotés de structures Lagier, un colleur d’affiches du FN, soupçonné d’avoir tué, à Marseille en diales de la jeunesse (JMJ), la pro- respondent plus à l’état de la « de- campagne. Une « sociabilité affini- internationales fortes (Opus Dei, février 1995, un jeune comorien de dix-sept ans, Ibrahim Ali. Mario d’Am- motion de Thérèse de Lisieux mande » aujourd’hui, notamment taire » se substitue à la « sociabilité Chemin néo-catéchuménal, brosio, autre militant du FN mis en examen pour « tentative d’homicide vo- comme « docteur de l’Eglise », le celle des plus jeunes, indifférents à territoriale ». On va à la messe ou communautés charismatiques, Fo- lontaire et port illégal d’arme », a aussi été maintenu en détention. retentissement de l’acte de « repen- « l’idéologie des étiquettes » (pro- on se marie en dehors de sa pa- colaris, Communion et Libération, a PÉDOPHILIE : un instituteur de Meudon (Hauts-de-Seine), Marcel tance » de Drancy : autant d’événe- gressistes/conservateurs). roisse d’origine. On ne consulte etc.) ont compris depuis longtemps Cléran, a été condamné, lundi 3 novembre, par le tribunal correctionnel de ments qui ont rehaussé le prestige plus « son curé», mais « son jé- l’intérêt qu’ils pouvaient trouver à Nanterre, à quatre ans d’emprisonnement, dont deux avec sursis, et une de l’Eglise de France à un niveau MOBILITÉ ET FLUIDITÉ suite » ou « son dominicain» ! l’éclatement des formes de repré- mise à l’épreuve de trois ans, pour des agressions sexuelles sur dix-huit pe- qu’elle n’avait pas atteint depuis Les études menées lors des ras- Le futur prêtre lui-même choisit sentation territoriale de l’Eglise. Le tites filles de six ans et des violences habituelles sur quatre petits garçons longtemps. « L’archevêque de Paris semblements du Champ-de-Mars son séminaire. Ce phénomène a pouvoir de ces communautés trans- du même âge. a hissé la France au niveau de la Po- et de Longchamp attestent en effet pris une telle ampleur que les versales est grandissant à Rome et a POLLUTION : un pic de pollution par dioxine d’azote de niveau 2, logne », disait un observateur flat- la montée d’une demande à l’égard évêques ont inscrit pour la première en France. Sans doute l’évêque provenant essentiellement de la circulation automobile, a été atteint, lundi teur au lendemain des JMJ, en de l’Eglise, que Danièle Hervieu-Lé- fois au menu de leur assemblée de reste t-il le gardien de l’unité dans le 3 novembre dans l’après-midi, à Lyon, et s’est dissipé dans la soirée vers comparant les foules de Czestocho- ger, sociologue, qualifie de « socia- Lourdes les « filières parallèles » de secteur géographique dont il a la 21 heures. A Mulhouse, la pollution atmosphérique due aux particules wa et de Longchamp. bilité pèlerine ». Celle-ci s’exprime formation des prêtres, selon l’ex- charge. En réalité, c’est tout un fines en suspension dans l’air a dépassé, lundi, le seuil d’information des L’épiscopat ne verse pourtant pas par des formes de présence en des pression de Mgr Georges Gilson, le fonctionnement monolithique, au- populations (80 microgrammes par mètre cube). dans le triomphalisme. Il se de- lieux privilégiés (monastères, pèleri- président de la commission des mi- tour des piliers traditionnels (la pa- a OURS : les deux oursons orphelins de l’ourse slovène Mellba, intro- mande plutôt comment transfor- ), à l’occasion d’événements nistères ordonnés. Ces filières se roisse, les mouvements, le sémi- duite en 1996 dans les Pyrénées et abattue fin septembre par des chasseurs mer cette mobilisation de jeunes, exceptionnels et émotionnels. A développent autour de communau- naire), qui se trouve aujourd’hui français, ont été adoptés par leur congénère Giva et leur vie ne semble plus dont il n’ignore pas le caractère par- suivre la sociologue, les jeunes se- tés nouvelles (comme celle des menacé par la montée d’affinités en danger, a annoncé, lundi 3 novembre, le gouvernement de la Generali- tiel et éphémère, en engagement raient venus à Longchamp moins frères de Saint-Jean) ou d’évêques électives dans un catholicisme de tad de Catalogne. Cinq chasseurs qui traquaient un cerf, dimanche, sur le volontaire et durable dans l’Eglise. pour témoigner d’une identité ca- conservateurs comme Mgr Léonard plus en plus « self-service ». versant espagnol des Pyrénées, ont aperçu Giva en compagnie des deux Les observateurs les plus réalistes tholique que pour vivre un événe- à Namur (Belgique) ou Mgr Ba- oursons orphelins de Mellba, dont on était sans nouvelles depuis le 19 oc- s’interrogent sur l’écart croissant ment à la dimension planétaire, re- gnard, de Belley (Ain), fondateur du H. T. tobre. entre les formes traditionnelles haussé par la personnalité d’appartenance à l’Eglise catholique exceptionnelle d’un pape qu’ils ap- et les attentes qui s’expriment dans plaudissent sans adhérer à toutes toute une partie de la jeunesse, ses idées. croyante ou non. Pour l’avenir, la question est donc Déjà, lors de la préparation des de savoir comment les évêques JMJ, un désaccord avait opposé les vont « gérer » des formes d’adhé- représentants des réseaux histo- sion au catholicisme, qui sont de riques aux partisans d’un « marke- plus en plus précaires et plurielles, ting » direct et large auprès des dans la jeunesse et au-delà. L’his- jeunes. Le résultat a donné raison toire et le droit de l’Eglise ont pré- aux derniers et le conflit s’est aggra- paré l’appareil clérical à une gestion

COMMENTAIRE d’être à nouveau imposé à l’en- semble des travaux de Lourdes, se- « COMMUNICATION » lon une disposition qui est loin de faire l’unanimité chez les évêques et ET HUIS CLOS n’a jamais été mise aux voix. La crainte des « réductions » média- L’assemblée des évêques va s’in- tiques est devenue le parfait alibi terroger à Lourdes, pour la première d’un huis clos qui est une régression fois depuis 1980, sur un sujet capital par rapport à la pratique antérieure. pour l’image de l’Eglise : sa commu- L’embellie entre l’Eglise et les mé- nication et ses rapports avec les mé- dias, constatée lors des Journées dias. Le débat est étalé sur deux ans mondiales de la jeunesse, aura donc et commence prudemment par un été de courte durée. Faut-il en dé- « inventaire ». Mais voudrait-elle duire que seule la médiatisation de contredire les plus beaux discours rassemblements consensuels autour sur son ouverture à la société et sa du pape – commentés par des confiance dans les médias que la hié- prêtres et même un évêque rarchie catholique ne s’y prendrait « consultants » – est jugée conve- pas autrement. nable et que les professionnels, Non seulement ce débat sur la curieux des débats internes à l’Eglise, communication n’a été précédé sont priés de changer de métier ? d’aucune consultation de profes- sionnels. Mais un strict huis clos vient Henri Tincq

Des « comités locaux d’éducation » prépareront la carte scolaire LE RÈGNE de la calculette pour fin d’année scolaire et après la ren- déterminer les ouvertures et les fer- trée pour établir un bilan. Les comi- metures de classes à l’école pri- tés devront, à la demande de la mi- maire est révolu. Il faudra tenir nistre, disposer de tous les compte de critères qualitatifs, et éléments démographiques, sociaux, non plus seulement du nombre voire économiques, qui permettent d’élèves, pour élaborer la carte sco- de prévoir les évolutions locales, laire. Ce changement de méthode, ainsi que des orientations éduca- promis par Ségolène Royal au mo- tives nationales. ment où elle annonçait la réouver- Deux priorités sont confirmées ture de huit cents classes pour la pour la préparation de la rentrée rentrée (Le Monde du 27 août), 1998 : les secteurs ruraux, où un ef- vient d’être précisé par la ministre fort particulier de regroupement déléguée aux enseignements sco- pédagogique entre communes a été laires dans une circulaire aux ins- accompli, et les zones urbaines dif- pecteurs d’académie en date du ficiles. « Les moyens seront répartis 28 octobre. (...) sans critère rigide de moyenne Des comités locaux d’éducation, départementale », précise la cir- composés d’une vingtaine d’élus lo- culaire. De plus, un effort parti- caux, parents d’élèves, directeurs culier est demandé pour accueillir d’école et enseignants, se concerte- les enfants de moins de trois ans à ront trois fois par an, sous la res- l’école maternelle dans les zones ponsabilité des inspecteurs. Sans se défavorisées, comme prévu dans la substituer aux instances officielles loi d’orientation de 1989. que sont les comités techniques pa- Sur ces critères, Ségolène Royal ritaires départementaux (CTPD) et avait annoncé 815 ouvertures de les conseils départementaux de classes pour la rentrée et 447 réou- l’éducation nationale (CDEN), les vertures, dont les académies de nouveaux comités créés par Créteil (109 classes) et de Lille Mme Royal, « informels » et (104 classes) avaient été les plus « consultatifs », travailleront en grandes bénéficiaires. Un tiers des amont pour préparer les décisions réouvertures concernait les mater- de réorganisation de la carte sco- nelles et deux tiers les écoles élé- laire. mentaires. Pour la préparation de la Ils seront consultés avant les prochaine carte, que Mme Royal au- CTPD et les CDEN du début de ra à gérer entièrement, la ministre a l’année civile, lorsque sont prises assuré qu’elle participerait « à plu- les premières décisions d’ouverture sieurs comités locaux d’éducation ». et de fermeture de classes, au prin- temps avant les réajustements de Béatrice Gurrey LeMonde Job: WMQ0511--0014-0 WAS LMQ0511-14 Op.: XX Rev.: 04-11-97 T.: 10:15 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0484 Lcp: 196 CMYK

14 LE PROCÈS PAPON LE MONDE / MERCREDI 5 NOVEMBRE 1997 Maurice Papon affirme avoir été « choqué » par les lois anti-juives Directeur de cabinet de Maurice Sabatier lorsque celui-ci est nommé secrétaire général de l’administration au ministère de l’intérieur, il affirme avoir accompli, en 1941, un « acte anti-allemand » en acheminant clandestinement du courrier entre les deux zones

BORDEAUX de questions. » Maurice Papon ne début de procès, de l’amitié des Mais le magistrat devient plus cer, pour resituer son parcours les pièces n’ont pas été versées et de notre envoyé spécial revient pas sur ce point. Il est deux hommes]. Mais je ne m’oc- direct. « Lorsque les fonctionnaires dans le temps : qu’il avait adhéré brandissent quatre « pelures » Bon pied, bon œil. Après quatre maintenant 18 heures. L’ancien cupais pas du courrier concernant étaient nommés à ce moment-là, avant guerre à la Ligue d’action d’époque, des copies de corres- heures et demie de débats autour ministre est debout, une main l’Algérie. Sabatier, par ses origines n’étaient-ce pas la preuve d’une universitaire républicaine et socia- pondances entretenues entre juin de la déposition de l’historien dans la poche, micro ajusté au [NDLR : né à Oran], voulait être en adhésion à Vichy ? » L’accusé hé- liste présidée par Pierre Mendès et septembre 1941 entre l’amiral Jean-Pierre Azéma, Maurice Pa- bout des doigts, s’éclaircissant la prise directe sur ces questions-là. » site à répondre. Puis marmonne à France et où il a eu « l’honneur de Darlan, alors vice-président du pon se lève, lundi 3 novembre, voix. L’ancien haut fonctionnaire Le président Castagnède fait côté du sujet. Enfin finit par dire : connaître Georges Pompidou » ; Conseil, et Maurice Sabatier, agis- pour répondre à l’invitation du de Vichy s’explique sur son par- mine d’être surpris. Maurice Saba- « La logique le voudrait. » A cet que, entre 1938 et 1940, il a partici- sant pour le compte du secrétaire président Jean-Louis Castagnède. cours au sein de l’administration tier, par ses fonctions, supervisait instant, Maurice Papon fait pivo- pé au Jacobin, un hebdomadaire d’Etat à l’intérieur. Le rituel, désormais, est im- vichyssoise entre 1940 et 1942. Dé- la direction des cultes et de l’Algé- ter son fauteuil et manque de s’af- « par excellence contre le pacte de Le président lit alors les lettres muable. L’ancien ministre pose sa mobilisé en 1940 alors qu’il se rie. Maurice Papon n’a-t-il pas eu à faisser. Le président lui suggère de Munich » ; et que, en 1939, il a relatives à « l’acheminement clan- main gauche sur la tige du micro, trouvait en Syrie, Maurice Papon a connaître, en ce cas, la prépara- s’asseoir. « Non, non. Je vous re- abrité un camarade juif autrichien destin de correspondance privée et, lentement, très lentement, se intégré le ministère de l’intérieur à tion de l’arsenal législatif antisé- mercie de votre sollicitude. » Puis qui s’était exilé après l’Anschluss. entre les deux zones imputé à dresse face à ses juges, avant de son retour en France comme chef M. Maurice Papon », signalé par lâcher de sa voix feutrée par l’âge : de bureau à la sous-direction des « BLESSÉ PERSONNELLEMENT » les Allemands, qui constitue, selon e « Je n’ai pas d’observation sur le té- affaires départementales et Henri Amouroux porte plainte contre M Boulanger Maurice Papon reprend. « Cela les services de l’amiral Darlan, un moignage, auquel j’adhère à 80-90 communales. Elevé au grade de me permet donc de vous répondre « grave danger [pour] le gouverne- pour cent. Vous m’avez invité à dé- sous-préfet en février 1941, il a em- L’écrivain et journaliste Henri Amouroux a annoncé son intention que, par mon itinéraire politique, ment lui-même », ainsi que la ré- crire la période de 1940 à 1942, et, prunté, en mars, le sillage de Mau- de porter plainte en diffamation contre l’avocat Gérard Boulanger de toute évidence, cette législation ponse de Maurice Sabatier. «Un sur cela, je suis naturellement à rice Sabatier, dont il est le direc- qui l’a, estime-t-il, « déshonoré » lors de l’audience du procès Papon, vichyssoise m’a non seulement cho- acte de résistance ? », questionne votre disposition. » teur de cabinet, lorsque celui-ci est vendredi 31 octobre. Me Boulanger, avocat des parties civiles, avait qué, mais même blessé personnelle- le président. « Il faut appeler les C’est tout. Où donc peuvent nommé secrétaire général de l’ad- affirmé que M. Amouroux avait été « frappé d’une peine de six mois ment. Par réaction intellectuelle, choses par leur nom. Un engage- bien résider les 10-20 pour cent ministration au ministère de l’inté- de suspension » de sa carte de journaliste, en 1949, pour avoir travail- mais aussi affective, car (...), à côté ment antiallemand, dont d’ailleurs susceptibles de marquer une dif- rieur. Maurice Sabatier et Maurice lé, pendant l’Occupation, pour le journal collaborationniste de Bor- de moi, il y avait mon ami Maurice malheureusement je ne me suis pas férence d’interprétation ? L’ancien Papon quitteront Vichy pour Bor- deaux La Petite Gironde. Affirmant que M. Amouroux avait participé, Lévy. La législation antijuive a dé- débarrassé, et je le regrette. » secrétaire général de la préfecture deaux en mai-juin 1942, respecti- entre 1942 et 1944, à « des séances quotidiennes à la Propaganda terminé notre position vis-à-vis de Bertrand Favreau, avocat de la de la Gironde ne le dit pas. Est-ce vement nommés préfet régional et Staffel », l’avocat a déclaré que l’écrivain-journaliste avait écrit son Vichy. Nous avons pris nos distances partie civile, s’inquiète de savoir sur cette réflexion que l’accusé secrétaire général de préfecture. livre, Quarante millions de pétainistes, « pour se sentir moins seul ». avec la Révolution nationale. Avec pourquoi tout cela ne figure pas écouta en fronçant les sourcils et lui, nous n’avons pas attendu qu’il y au dossier. « J’en avais parlé briè- en glissant sa main gauche en cor- MAQUIS DES SERVICES ait des mouvements de résistance. vement au magistrat instructeur, net à l’oreille ? A un avocat de la Le président Castagnède, avec mite spécifique en vigueur en Al- l’accusé demande s’il peut « reve- Nous avons essayé de bâtir quelque mais je n’en fais pas de drapeau. partie civile qui lui demandait si grande prudence, essaie de distin- gérie ? « Nous n’avions aucun nir sur trois points » qui lui « pa- chose... C’est dans ces conditions C’est M. Sabatier qui m’a remis à un fonctionnaire avait, au mo- guer la réalité qui se cache derrière pouvoir hiérarchique sur le gouver- raissent importants parce qu’ils que j’ai fait l’expérience de ma pre- l’époque ces doubles de lettres. » ment des déportations, conscience le maquis des services administra- nement général de l’Algérie, aucun marquent les bornes d’une fidélité mière erreur... » Alors, dans la confusion, une de ce qu’il faisait, Jean-Pierre Azé- tifs de l’époque, où Maurice Papon pouvoir de contrôle (...). Bien sûr, idéologique à partir de 1942 ». Une erreur ? La cour est éton- montagne de questions semblent ma répondait. « Je suppose que ce- nage, encore aujourd’hui, comme j’étais au courant, comme tous mes « Sans difficultés », répond le pré- née. « En 1941, je me suis fait épin- poindre du côté du parquet géné- la devait faire un choc. [Avec les un poisson dans l’eau. « Vous étiez collègues, comme Maurice Lévy. sident, qui veut néanmoins maîtri- gler par le gouvernement français ral, qui annonce qu’il s’apprête lui rafles et les déportations], on directeur de cabinet de Maurice Sa- Mais à aucun moment je n’ai été ser ses questions et différer les pour une affaire de courrier clan- aussi à verser de nouvelles pièces. change de vitesse, on est sur une batier... » « C’est un titre un peu l’ouvrier de cet ouvrage. » Le pré- trois points. destin que j’avais organisé entre les Mais il se fait tard. Et le président autre planète. Quand on enlève les pompeux, disons que j’étais comme sident reconnaît volontiers qu’au « Comment avez-vous vu le pre- deux zones. Sabatier m’a sauvé d’un Castagnède suspend les débats, enfants à leur mère, quand on voit son secrétaire. Je m’occupais du vu du dossier d’instruction, le ser- mier statut des juifs ? », demande- premier désastre. D’ailleurs, les ordonnant une reprise exception- dans quelles conditions... Même si courrier. » L’ancien haut fonction- vice où officiaient MM. Sabatier et t-il. « Je vous répondrai, mais, juste- lettres de Darlan sont au dossier. » nelle, mercredi, en matinée, pour on ne savait pas ce qui se passait à naire précise : « J’avais comme ad- Papon était « une institution tech- ment, cela me donne l’occasion de Mais le président n’a pas connais- tenir son calendrier. Auschwitz-Birkenau, on pouvait au joint Maurice Lévy [un fonction- nique (...) sans caractère poli- revenir sur ces trois points », re- sance de cet élément. Les avocats moins se poser un certain nombre naire dont un frère a témoigné, en tique ». prend l’ancien ministre. Et d’énon- de Maurice Papon confirment que Jean-Michel Dumay Les préfets étaient « des vice-rois qui régnaient dans les départements », selon Jean-Pierre Azéma BORDEAUX cations et le pouvoir, des vice-rois lon son expression, de la déporta- 1942 – le sabordage de la flotte à magne que des bras pour le ser- témoin brosse alors le tableau de de notre envoyé spécial qui règnent dans les départements tion des juifs ? L’historien rap- Toulon, la perte de l’empire et de vice du travail obligatoire (STO), l’« évolution de l’opinion » sous Il a soixante ans, un costume de français. » Puis il décortique les pelle l’engrenage de la l’Algérie – : Vichy apparut pro- puis « des hommes, des femmes et l’Occupation. Il affirme que les velours marron, une écharpe, un ferments qui sous-tendent l’idéo- collaboration, « qu’Hitler ne vou- gressivement comme « un roi des enfants juifs ». rafles de 1942 – 42 000 juifs dépor- pull à col roulé. Enseignant à l’Ins- logie pétainiste de la « Révolution lait pas », et les événements de nu », n’ayant à offrir à l’Alle- Mains agrippées à la barre, le tés cette année-là, dont 10 500 is- titut d’études politiques de Paris, nationale » : le refus de l’indivi- sus de la zone sud non occupée – l’historien Jean-Pierre Azéma dé- dualisme, le goût des élites, l’anti- « vont choquer » et provoquer pose deux heures durant sans être intellectualisme, l’anti-industria- « un net sursaut ». « La police a interrompu, lundi 3 novembre, lisme, la primauté des bonnes manifesté un grand zèle pour arrê- devant la cour d’assises de la Gi- mœurs, le nationalisme jacobin. ter les juifs étrangers. Les fichiers ronde. Comme pour Robert Pax- étaient très bien tenus. La respon- ton, chacune de ses paroles est « APARTHEID À LA FRANÇAISE » sabilité des préfets est lourde. L’ad- précieusement consignée, en Cette France nouvelle, explique ministration a fait preuve d’une ef- notes, par la cour et les jurés. l’historien, cloue au pilori l’« en- ficacité redoutable. » Et de citer les « En historien », Jean-Pierre nemi intérieur », l’« anti-France », couleurs, bleue, jaune, utilisées, Azéma pointe tout d’abord deux qui rassemble, dans une même ou les quatre entrées du fichier de pièges, qu’il veut éviter : l’« ana- exclusion, « protestants, francs- la préfecture de police de Paris : chronisme » et l’« effet pervers du maçons, métèques et juifs ». Cette 600 000 noms répertoriés par balancier de la mémoire ». Puis, conception, dit-il, engendre une ordre alphabétique ou par rues, fort de cette mise en garde, il véritable législation d’« apartheid professions ou nationalités. aborde le fond : le « trauma- à la française », aboutissant, sous tisme » de la défaite de 1940 assi- la houlette du garde des sceaux « UNE QUESTION PARMI D’AUTRES » milé à « la plus grave crise d’identi- Raphaël Alibert, au premier statut Sur ces éléments de contexte, té nationale du XXe siècle », la des juifs du 3 octobre 1940. l’historien veut apporter « quel- confiance populaire dans le maré- Mais Jean-Pierre Azéma met en ques points de repère par rapport chal Pétain, l’instauration d’un garde. « Si la conception du monde aux préfectures ». « régime autoritaire », le « calcul allemande est raciale, affirme-t-il, « Les préfets ont considéré la géopolitique » de la collaboration celle de Vichy ne l’est pas. La ques- question juive, certes comme une d’Etat. tion juive n’est pas centrale, elle est question épineuse, mais comme « L’administration est enfin un dossier parmi d’autres. Apar- une question parmi d’autres », dit- seule. Elle a un pouvoir incontes- theid, ségrégation, oui ; extermina- il. « Le corps préfectoral était dé- table, remarque-t-il. C’est une belle tion, non. » Comment les gouver- chiré : comment vivre avec l’ennemi époque pour les fonctionnaires. nants qui prônaient l’exclusion dans un régime autoritaire ? » Se- Celle de la montée des préfets, des politique, économique et sociale lon lui, il n’existait que peu de fonctionnaires particulièrement des juifs se sont-il faits les préfets collaborationnistes – une choyés par les honneurs, les gratifi- « complices avérés, patents », se- vingtaine – et peu de résistants. « La majorité était entre les deux », composant « une série d’attitudes dans l’accommodation ». Portrait d’une administration sur fond d’Occupation Puis il décrypte la complexité du vocable « résistants » : « des CERTAINS PROCÈS pour toire de Vichy. Pourtant, le rôle à libérés, par la suppression du Par- couvre ici – et légitime peut-être – de proscription. Au-delà d’une gaullistes gaulliens, des commu- crimes contre l’humanité laissent la fois néfaste et stratégique du lement, du contrôle des élus. Mais une bien réelle épuration. continuité administrative cho- nistes, des individuels à la tête de une œuvre de référence. De celui fonctionnaire, neutre et efficace à la période technocratique corres- Dès le 17 juillet 1940, les em- quante entre l’Occupation et la Li- grands réseaux et des vichysto-ré- d’Eichmann, en 1961, était né le la fois, dans les atrocités de la se- pond surtout à celle de Darlan plois publics sont ainsi interdits à bération, dont les indulgences ont sistants ». Il s’attarde sur cette fameux Rapport sur la banalité du conde guerre mondiale n’avait (décembre 1940-avril 1942). Marc- tous ceux qui ne sont pas nés de été souvent dénoncées – le reclas- dernière catégorie, dont «on mal de Hannah pas manqué d’être souligné par Olivier Baruch suit l’évolution de parents français. L’hérédité fait sement de Maurice Papon en parle trop, parce que tout le monde Arendt. De les historiens. On se souvient par l’administration tout au long de une entrée spectaculaire dans une offre un exemple criant –, l’étude veut en être ». A titre d’illustra- ceux des exemple comment Raul Hilberg – cette séquence courte mais mou- loi et une administration fran- de Marc-Olivier Baruch révèle le tion, il dresse un portrait-robot du tueurs de juifs relayé par le film Shoah de Claude vementée. Du coup, son livre de- çaises jusque là, au moins théo- contre-modèle de ce que devrait président François Mitterrand, du 101e batail- Lanzmann – avait mis en lumière vient une véritable histoire de Vi- riquement, gouvernées selon les être une fonction publique dans qu’il ne cite pas nommément, lon de la police la fonction remplie par les admi- chy vue par le bas. principes de l’égalité et de la li- une société régie par les droits de mais que tout le monde re- allemande, Les nistrations des chemins de fer berté des individus. La prise en l’homme. connaît : un homme qui, en 1942, Hommes ordi- dans le processus de mise à mort NOUVELLE FIGURE compte de l’origine s’impose éga- En cela aussi réside l’actualité se vit proposer une place au naires de des juifs d’Europe. Le régime de Vichy invente une lement avec le statut des juifs de cet ouvrage, que renforce commissariat général aux ques- Christopher Browning. A celui du L’étude des archives de trois nouvelle figure de fonctionnaire, d’octobre 1940, qui aboutit au re- l’analyse détaillée des projets, y tions juives qu’il refusa, au profit grand commis Maurice Papon ministères – l’intérieur, les fi- très politisé, qui ne se réduit pas lèvement de près de 3 400 fonc- compris constitutionnels, classés d’un poste au commissariat géné- s’attachera sans doute le travail nances et l’éducation – et une au simple technicien. Un brillant tionnaires. sans suite, comme ceux des gou- ral au reclassement des prison- magistral de Marc-Olivier Baruch, somme impressionante de lec- commentateur juridique du statut Comme le montre Marc-Olivier verneurs d’éventuelles provinces niers de guerre [NDLR : dont il cité comme témoin à Bordeaux : tures ont permis à Marc-Olivier des juifs, Maurice Duverger, en Baruch, la routine de l’exclusion ressucitées. Dans ce « Vichy vir- démissionna en janvier 1943]. «Ce Servir l’Etat français ; l’administra- Baruch – lui-même haut fonction- fournit en 1941 une définition as- fonctionnera jusqu’au bout. tuel » se lisent les intentions à refus lui a permis ensuite de sauter tion en France de 1940 à 1944 naire d’une quarantaine d’années sez claire : le fonctionnaire de L’épuration touchera aussi les long terme d’un régime qu’on au- le pas et de devenir un vichysto-ré- (Fayard, 180 F). – de dresser un portrait global du type nouveau doit être conforme francs-maçons, dont des listes de rait bien tort de ne considérer que sistant. » Sur le cas précis de l’an- Ce livre de plus de sept cents fonctionnement de l’administra- « au caractère autoritaire et au ca- noms – véritable entreprise de dé- sous sa face rassurante de « pé- cien président, l’historien ajoute : pages comble avant tout une la- tion sous l’Occupation. Robert ractère organique du nouveau ré- lation officielle – sont régulière- taudière », selon l’expression de « authentique ». cune : avec l’économie, l’adminis- Paxton avait déjà évoqué dans sa gime politique instauré à la suite de ment publiées dans le Journal offi- François Mitterrand. tration était longtemps demeurée France de Vichy la jubilation des la révolution de 1940 ». Le phrasé ciel : 18 000 personnes seront J.-M. Dy une « terre inconnue » de l’his- technocrates « enfin seuls », enfin lisse du positivisme juridique re- victimes de cette forme moderne Nicolas Weill Dessin : Noëlle Herrenschmidt LeMonde Job: WMQ0511--0015-0 WAS LMQ0511-15 Op.: XX Rev.: 04-11-97 T.: 09:54 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0485 Lcp: 196 CMYK

CARNET LE MONDE / MERCREDI 5 NOVEMBRE 1997 / 15

DISPARITION Edmond de Rothschild La passion de la banque

« UN ROTHSCHILD qui n’est pas baron, de 1977 à 1993. En France, Guy, père de David et Edouard de Actif dans l’industrie, le baron groupe a des participations signifi- pâlir la réputation des Rothschild. riche, pas juif, pas philanthrope, pas Edmond de Rothschild présidait la Rothschild. En France, la Compa- avait occupé plusieurs sièges d’ad- catives dans le Club Med, Bolloré, Passionné de voile, il avait plusieurs banquier, pas travailleur, et qui ne Fondation ophtalmologique gnie financière, qui porte au- ministrateurs, dont certains sont Dauphin ou la radio BFM. En af- bateaux très racés. Passionné d’art, mène pas certain train de vie, ce n’est Adolphe-de-Rothschild, un hôpital jourd’hui son nom et celui de son aujourd’hui échus à son fils. Il était faires, il savait aussi reconnaître ses il a laissé au Musée du Louvre – en pas un Rothschild », se plaisait à dire bâti à Paris par son grand-oncle, fils et successeur Benjamin, a obte- administrateur du Club Méditerra- erreurs, comme la liquidation de la dation pour acquitter des droits de le baron Edmond de Rothschild (Le était trésorier de l’Institut de biolo- nu le statut de banque en 1970. née, qu’il aida à démarrer. Il avait Compagnie général du jouet au dé- succession – un ensemble de Monde du 2 juin 1992), mort dans la gie physicochimique, créé par son Contrairement à l’Européenne de coutume de raconter, lorsqu’il a mi- but des années 80. « Il avait mis un meubles du XVIIIe siècle, une étude nuit du 2 au 3 novembre à l’âge de grand-père, était vice-président des banque, la banque de Guy, elle a sé sur Gilbert Trigano, qu’il avait au point d’honneur à payer tout le de Watteau, deux dessins de Frago- soixante et onze ans, des suites Villages de santé et d’hospitalisa- échappé en 1981 à la nationalisa- même moment investi dans les monde rubis sur l’ongle », se sou- nard et le Déjeuner de chasse, de d’une longue maladie. tion en altitude, ou encore présidait tion. Solidaire, Edmond n’a pas hé- grands magasins Inno, en guise de vient un banquier. Et, surtout, il Jean-François de Troy. Passionné de « Je garde surtout le sentiment que l’Œuvre de protection des enfants sité à aider son jeune cousin David parachute s’il devait perdre son pari avait veillé personnellement à la re- vin de Bordeaux, il a redressé le c’était un grand monsieur sur le plan juifs. à recréer, dans les années 80, une sur le Club Med. C’est exactement conversion des mille deux cents sa- château Clarke. Sa deuxième humain. Il considérait qu’à cause de Banquier, il l’était passionnément. banque qui devait devenir Roth- l’inverse qui s’est produit ! Il siégeait lariés du groupe. épouse, l’actrice Nadine Tellier, au- son nom il avait des devoirs envers la Il avait acheté en 1965 la Banque schild et Cie Banque. Il avait moins également aux conseils du groupe Ses affaires se sont également dé- teur de La Baronne rentre à 5 heures, société et non des droits », estime privée à Genève, qui reste l’un des apprécié l’alliance de David et de Hachette, du diamantaire De Beers veloppées en Israël, à qui il avait fait avait enfin largement popularisé un Bernard Esambert, qui a dirigé la pôles important de gestion privée leur cousin Evelyn, qui dirigeait la Consolidated Mines Ltd, de la un don de 2 millions de dollars au certain art de vivre. Compagnie financière Edmond de de son groupe, au baron Van Zuy- célèbre banque d’affaires londo- Compagnie luxembourgeoise de té- moment de la guerre du Kippour. Rothschild, la banque créée par le len, le beau-frère de son cousin nienne NM Rothschild. lédiffusion, et de Publicis. Son Son train de vie, enfin, n’a pas fait Sophie Fay

AU CARNET DU « MONDE » – Colette Cœlo, – Mme Renée Derogy-Weitzmann, – Mme Pierre Wiehn, Communiqués Communications diverses Serge Issa et Anne Cœlo Mme Jacqueline Weitzmann, M. et Mme André Wiehn Naissances et leurs enfants, M. et Mme Pierre-François Weitzmann, et leur fils, – Toutes personnes intéressées aux – Le CBL, 10, rue Saint-Claude, Jean-Claude et Jeannine Cœlo Mme Marianne Weitzmann, Les familles Wiehn et Arbogast, opérations de partage de la succession de Paris-3e, s’associe et invite tous ses Lara SWEERTVAEGHER et leurs enfants, M. Jean Weitzmann, ont la douleur de faire part du décès de membres au deuxième anniversaire de la et Delphine Graulle, Marine, Laura, Tristan, Léa et Ophélie, mort de Y. Rabin avec la Fred BÉNARD me Lucette Olier, M. et M Serge Weitzmann M. Pierre WIEHN, Helen Germaine Fondation Jean-Jaurès : Maison de la sont heureux d’annoncer la naissance de et leurs enfants, chimie, 28, rue Saint-Dominique, ses enfants et petits-enfants, inspecteur général honoraire RUDE-HANSEN, Mme Janine Loiseau de l’administration, Paris-7e, le jeudi 6 novembre, à 20 h 30, Chantal Graulle Joséphine, et ses enfants, commandeur de la Légion d’honneur, avec G. Collomb, E. Barnavi et un docu- et ses enfants, domiciliée : le 30 octobre 1997, à Paris. Jacques et Isabelle Vichniac, ment de la TV d’Israël. Tél. : Sa famille du Tchad, Jacques et Geneviève Caen, survenu le 29 octobre 1997, dans sa Hoffmanns Minde, 01-40-72-21-21. Ses parents et alliés, Les familles Montel, Doubrovsky et quatre-vingt-dixième année. Frederikssundsvej 227, Ses nombreux amis, Chicken, Décès ont la douleur de faire part du décès ont l’immense douleur de faire part du Les obsèques ont eu lieu dans l’intimité DK-2700 Bronshaj, – Yves et Edith Archambault, accidentel de décès de familiale, le 31 octobre, à Saintes. Danemark, – Maison de l’hébreu: Odile Archambault, 01-47-97-30-22. Lire en deux heures, Sabine et Bernard Gaucher-Piola, Serge CŒLO, Jacques DEROGY, Gatérat, née le 21 décembre 1910, maîtriser le langage biblique ou parler chevalier de l’ordre national route de Marennes, israélien en dix séances (ou à Chantal et Jacques Lafond-Grellety, CPR no 211210-0248 Patrick et Françoise Archambault, du Mérite, leur époux, père, grand-père, frère, beau- 17100 Saintes. distance). Stages individuels du profes- Brigitte et Christian Marly, frère, oncle, parent et allié, et décédée seur Jacques Benaudis. Rémi et Frédérique Archambault, survenu à Paris, le 28 octobre 1997. survenu le 30 octobre 1997, à Neuilly. le 21 avril 1997, Caroline et Mourad Lounis, – Mme Suzanne Zémor, Sylvie et Léopold Brugerolle, La cérémonie religieuse sera célébrée L’inhumation aura lieu le mercredi M. et Mme Maurice Zémor, ses enfants, le jeudi 6 novembre, à 15 heures, en 5 novembre, à 15 heures, au cimetière du Arlette et Charles Zémor, fille de M. Christian Freeden Ses nombreux petits-enfants l’église Notre-Dame-de-l’Assomption de Montparnasse (boulevard Edgar-Quinet, Laurence et Bruno Zémor, Alex Rude-Hansen, Soutenances de thèse et arrière-petits-enfants, Passy, 88, rue de l’Assomption, Paris-16e. Paris-14e), où l’on se réunira. Nathalie Holzman, né le 21 juin 1885, en Chine, Leurs familles, – David Alis a soutenu, le 25 octobre Les familles Guiraud, Ozanam, Mace, décédé le 11 février 1964, 1997, sa thèse de doctorat en sciences de Stouff, Archambault, et Auby, L’inhumation aura lieu au cimetière de 37, avenue de la Grande-Armée, ont le regret de faire part du décès de au Danemark, gestion à l’IAE d’Aix-en-Provence sous ont la tristesse de faire part du décès de Colombier-le-Jeune (Ardèche). 75116 Paris. le titre : « Conflits de rôle et régulations (Le Monde du 1er novembre.) Albert ZÉMOR. et de Mme Laetitia Jeanne Marie autonomes du personnel en contact me Valentine Hansen, avec la clientèle : le cas des agents M Henri ARCHAMBAULT, me Les obsèques ont eu lieu dans l’intimité née Colette GUIRAUD, – Le professeur Raoul Tubiana et M , née le 31 mars 1890, généraux d’assurances ». Le jury, née Claude Delay, – Pierre Grise Productions des familles, le 3 novembre, à composé de Mme Bartoli et MM. De- Mme Florence Delay et M. Maurice & Archipel 33 Montpellier. à Ajaccio, Corse, France, survenu le 30 octobre 1997. bruyne, Langeard, Louart, Peretti, Roger Bernart, ont le profond regret de faire part du décédée le 4 mars 1973, et Thévenet (directeur de recherche), lui a Cet avis tient lieu de faire-part. Les obsèques ont eu lieu le lundi Mr. Richard Scott et Mrs, née Isabelle décès de au Danemark, décerné à l’unanimité la mention « très 3 novembre, en la chapelle Notre-Dame- Baillén, honorable » avec les félicitations. Mlle Alexandra Baillén, George REINHART, de-Salut, à Bordeaux-Cauderan. sont invités à envoyer dans le mois qui Mlle Maria Baillén, Anniversaires de décès 39, rue Frantz-Malvezin, me survenu brutalement le 25 octobre 1997, suit leur demande à l’étude de notaire M. et M Herbert Peipers-Carrez, mentionnée ci-dessous avec preuve de 33200 Bordeaux. lle dans sa cinquante-cinquième année. – Il y a trois ans, le 4 novembre 1994, M Jeanne Peipers, disparaissait le liens de parenté. – Marie-France Dietsch-Sellami a soutenu, le 31 octobre 1997, à l’université ont la douleur de faire part du rappel à Ses amis se réuniront le dimanche – Claude et Hélène Burstein, Dieu de Paris-X-Nanterre, sa thèse : « Milieux 9 novembre, à 19 heures, au Musée de la professeur Paul LAGET. Birgitte Arnfred humides pré- et protohistoriques dans leurs enfants et petits-enfants, photo de Winterthur (Suisse), afin de lui Les familles Burstein, d’Oliveira, Mme Jean DELAY, Hammerensgade 1 le Bassin parisien : l’étude des rendre un dernier hommage. Une pensée est demandée à ceux qui diaspores ». Elle a obtenu la mention Stockman, Strygler et Toffin, née Marie-Madeleine CARREZ, sont restés fidèles à son souvenir. DK-1267 Copenhague K ont la douleur de faire part du décès de « très honorable » et les félicitations du er Danemark. jury à l’unanimité. à Paris, le 1 novembre 1997. – Mme Annie Roques, Jacques BURSTEIN-FINER, Sa famille, – Le 5 novembre 1996, Tél. : 00-45-33-13-23-23. La cérémonie religieuse sera célébrée Et ses amis, Fax : 00-45-33-32-20-05. survenu le 2 novembre 1997, à l’âge de en l’église Saint-Philippe-du-Roule, ont la douleur de faire part du décès de Juliette Claire Hélène SERFATI quatre-vingt-neuf ans. 9, rue de Courcelles, le jeudi 6 novembre, Alexandre Giandou a soutenu sa à 11 heures. André ROQUES. nous quittait. thèse : « Histoire d’un partenaire régio- Les obsèques auront lieu le mercredi nal de l’Etat : la Compagnie nationale 5 novembre. L’inhumation aura lieu dans la La cérémonie religieuse aura lieu le Que ceux qui ont connu le Vous pouvez du Rhône (1933-1974) », le 29 octobre On se réunira à la porte principale du sépulture familiale à Bayonne. mercredi 5 novembre, à 13 h 45, au sourire, l’humour et la joie de vivre d’une nous transmettre 1997, à l’université Lyon-II. Il a obtenu la cimetière parisien de Bagneux, à funérarium de l’hôpital Tenon, Paris-20e. resplendissante jeune femme consacrent mention « très honorable » et les félicita- 11 heures. Cet avis tient lieu de faire-part. quelque temps à se souvenir de ce qu’elle vos annonces la veille tions du jury, composé d’Henri Morsel 70, boulevard Soult, était avant novembre 1994. (Lyon-III, directeur de thèse), Dominique 75012 Paris. pour le lendemain Barjot (Paris-Sorbonne), Jean-Paul Bra- De « Dada », vard (Paris-Sorbonne), François Caron son père, jusqu’à 16 h 30 (Paris-Sorbonne), Yves Lequin (Lyon-II) – M. et Mme Georges Schiano, pour elle. et Pierre Savey (directeur général M. et Mme Henri Canillac, honoraire de la CNR). M. et Mme Pierre Dominique Boutin, Mme Denise Schiano, – Il y a dix ans, le 4 novembre 1987, leurs enfants et petits-enfants, Les familles parentes et alliées, Geneviève TERRIOU-ROSSEL ont la douleur de faire part du décès de CARNET DU MONDE nous quittait. Mme André SCHIANO, Téléphones : née Jeanne CONTOPANOS, A tous ceux qui l’ont connue et aimée, 01-42-17-39-80 01-42-17-38-42 nous demandons d’avoir une pensée pour 01-42-17-29-96 survenu le 1er novembre 1997, à Dijon. elle. Fax : 01-42-17-21-36 Les obsèques auront lieu à Leudeville Sa famille. paraîtra exceptionnellement (Essonne), le 5 novembre, à 14 heures. REPRODUCTION INTERDITE M. et Mme Canillac, vendredi 7 daté samedi 8 novembre 45, rue de Semur, 21000 Dijon. EMPLOI SOCIÉTÉ RECHERCHE JURISTE CRÉDIT / Jean-Luc SEBERT, OFFRES DEMANDES CONTENTIEUX professeur SERVICE D’ACCOMPAGNEM. Très urgent, dame recherche à la faculté de médecine d’Amiens COMMERCIALE ENGAGE TPS VACATAIRE emploi de bureau, dactylo 7 ans expérience bancaire nous a quittés à l’âge de quarante-six ans, SÉDENTAIRE Tél. : 01-64-36-12-98. 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16 RÉGIONS LE MONDE / MERCREDI 5 NOVEMBRE 1997 Le site du château de Cheverny est menacé par un vaste projet d’axe routier La modernisation de l’« épine dorsale » nord-sud Vendôme-Blois-Romorantin a été décidée à l’unanimité par le conseil général du Loir-et-Cher. Mais ce projet controversé perturberait la quiétude d’une prestigieuse forêt et d’un édifice qui donna à Hergé l’idée de Moulinsart

BLOIS pour conserver intacts les paysages Une saignée dans les forêts et les vignes ou un « Renaissance’oscope », fi- décisions. (...) Quels que soient les de notre correspondant de vignes et de bois qui s’ouvrent nalement stoppé par le classement aboiements sur le bord de la route, la Autour du château de Cheverny, devant le château, l’allée de sapins Clénord 1 km de l’ensemble du domaine de caravane passera ! » de Nestor à la Castafiore et autres plantés sous Louis XIII, le lavoir et VENDÔME Chambord, le département s’enti- Entre fin de règne et confusion personnages d’Hergé, c’est l’union les chemins de randonnée. Projet d'axe routier cha d’une cité de l’automobile, ra- politique grandissante à l’assem- sacrée pour faire reculer les icono- D957 Vendôme-Romorantin pidement enterrée, non sans que blée départementale, les Chever- clastes qui n’ont que les mots bé- « ÉPINE DORSALE » N10 (3 ou 4 voies) D765 certains protagonistes du projet nois ne savent plus à quel saint se ton et routes à la bouche. Vaisseau C’est précisément là, à quatre n’aient laissé derrière eux quelques vouer. Doivent-ils croire les candi- classique de pierres blanches, le cents mètres des grilles du château, Cour-Cheverny ardoises discrètement épongées. dats à la succession de Roger Goe- château, autour duquel des géo- coupant d’un carrefour giratoire la Rejeté au début de l’été par les maere, qui laissent entendre que le D957 mètres s’affairent depuis quelques ligne droite de sept kilomètres qui Projet chambres consulaires du départe- projet qu’ils ont voté sera remis en jours, fut édifié au début du lui fait face, que « l’épine dorsale » Château ment, dénoncé à l’unanimité par le cause après mars 1998 ? Doivent-ils de XVIIe siècle à l’orée de la Sologne, à routière du Loir-et-Cher devrait se A10 Cheverny Cheverny comité économique et social de la s’attendre à l’ouverture de l’en- quatorze kilomètres au sud de matérialiser par une déviation à A10 N152 région, refusé par les conseils mu- quête publique et s’inquiéter Blois (Loir-et-Cher). Quelque trois quatre voies, après doublement de Allée de nicipaux des communes concer- d’avoir vu débarquer à la mi-octo- D766 Vin de cent cinquante années plus tard, la la route venant de Blois à travers la BLOIS Cheverny sapins nées, combattu par l’association lo- bre une escouade de géomètres ve- symétrie de sa façade inspira le forêt domaniale et la construction AOC Golf cale pour la protection des sites (six nus piqueter le tracé retenu ? Ou père de Tintin pour créer Moulin- d’un viaduc sur le Beuvron, petit D765 cents adhérents, mille deux cents leur faudra-t-il lâcher sur Blois les D956 sart, demeure des ancêtres du capi- affluent de la Loire au cours buco- pétitionnaires), le projet routier soixante-dix chiens de la meute en taine Haddock. Somptueusement lique. N152 continue pourtant de suivre son regrettant, sinon le temps des rois, e ir meublé, ce haut lieu de la chasse à Cet axe routier est le grand pro- o cours. Avec un président du conseil du moins celui d’avant la décentra- L CHEVERNY courre est le troisième monument jet du conseil général de Loir-et- 5 km Vers Romorantin général capable de se fâcher tout lisation ? privé de France en termes de fré- Cher et de son président, Roger rouge : « Quand on a les leviers de quentation : trois cent cinquante Goemaere (RPR). Il s’agit de mettre commande en main, on prend des Jacques Bugier mille visiteurs en 1996. Resté dans à trois ou quatre voies, selon les té économique et social de la ré- plan quinquennal « Loir-et-Cher la même famille depuis les origines, tronçons et selon... les déclarations, gion Centre, estime que le parti pris 2000 », qui engage 800 millions de Cheverny règne toujours sur un la liaison Vendôme-Romorantin via retenu au sud de Blois « serait un francs d’investissements sur la domaine boisé de plus de deux Blois. D’une sous-préfecture à non-sens économique, une aberra- période, dont 550 millions pour la Lionel Jospin définit les priorités mille hectares que seul écorne au- l’autre et, au-delà, de l’axe Le tion en termes de sécurité routière, seule « épine dorsale du départe- jourd’hui un golf de dix-huit trous, Mans-Tours au nord à la future au- sans parler des atteintes liées au site, ment », moyennant une augmenta- entre futaies, taillis et paisibles toroute A 85 (Tours-Vierzon) au inévitables dans ce milieu fragile ». tion annuelle de 3 % de la fiscalité de l’aménagement du territoire étangs. sud, sur quatre-vingt-dix-sept kilo- En Vendômois comme en Sologne, directe et de la vignette automo- Mais un « danger », un vrai mètres, ce grand projet structurant l’absence de véritable concertation bile, un triplement de la dette par CINQ MOIS après le changement ment juge les délais trop courts et « danger » menace... Ici, parmi les permettra, assure le président Goe- avec les élus et les populations lo- habitant en cinq ans et une limita- de majorité, l’ensemble du gouver- abandonne l’idée d’un texte avant mille habitants, l’industrie du tou- maere, « d’asseoir le développement cales, comme le manque de sérieux tion de l’évolution des dépenses nement de Lionel Jospin se saisit les élections cantonales et régio- risme et la viticulture, le calme des économique du département » sans des études préparatoires, sont ré- d’aide sociale. des dossiers de l’aménagement du nales de mars. Au menu, figurent résidences secondaires et la séréni- oublier « que 1 million de francs gulièrement dénoncés chaque fois territoire, traités jusqu’à mainte- également le renouvellement des té des golfeurs font traditionnelle- d’investissements sur la route génère que le projet est remis à l’ordre du « MEZZA VOCE » nant par la seule Dominique Voy- contrats de plan Etat-régions (les ment bon ménage : la place de ou maintient trois emplois par an ». jour. Roger Goemaere, qui ne se re- net : mardi 4 novembre, un déjeu- contrats actuels ont été prolongés l’Eglise a été rendue aux prome- L’utilité du projet a été maintes Mais ces interrogations ne fran- présentera pas en mars 1998, en- ner devait réunir autour de Lionel d’un an par Alain Juppé, jusqu’en neurs, les gîtes ruraux prolifèrent, fois contestée, notamment dans sa chissent jamais les murs de l’hôtel tend laisser une trace tangible de Jospin neuf ministres, intéressés 1999) et la réforme des fonds struc- les autocars se parquent discrète- partie sud. Beaucoup font valoir du département, où règne, depuis son passage à la présidence du plus ou moins directement par les turels européens et de la politique ment derrière les arbres. En déci- que l’ouverture de l’A 85 boulever- près de dix ans, un singulier conseil général de Loir-et-Cher, ce chantiers ouverts au cabinet de la agricole, inscrite sous l’appellation dant un plan de zonage dès 1977, le sera les flux de circulation et que consensus : les budgets y sont que certains de ses « amis » ap- ministre Verts. A ce stade, la dis- Agenda 2000. conseil municipal a fait le choix de l’avenir du bassin d’emplois de Ro- adoptés à l’unanimité d’un conseil pellent, mezza voce, être atteint par cussion devrait amorcer des arbi- la préservation du site. Successive- morantin implique d’autres sché- général qui compte pourtant neuf le « syndrome de Monory », en fai- trages, dont certains demanderont INTENTIONS AUDACIEUSES ment, il s’est opposé à l’implanta- mas. Pierre Trousset, président de élus de gauche (un divers gauche, sant allusion au président du Sénat. du temps et de multiples réunions Mme Voynet et ses conseillers af- tion d’un village de vacances, d’un la chambre de commerce et d’in- huit PS) sur trente. Ainsi fut voté Ainsi, après les coûteuses études interministérielles, sur la méthode, fichent des intentions audacieuses. hypermarché ou de lotissements dustrie de Loir-et-Cher et du comi- en 1996, toujours à l’unanimité, le lancées pour un « Chamborland » le contenu et le calendrier des me- Non contents d’inverser la logique sures à prendre. du texte de M. Pasqua, afin de faire Plusieurs projets de loi, touchant remonter les initiatives de la base, aux élus locaux, à l’aménagement ils semblent désireux d’aller plus du territoire ou à la décentralisa- loin que ce dernier dans le rôle dé- tion, sont en effet annoncés ou en volu aux « pays » et aux grandes gestation. Du côté d’Emile Zucca- agglomérations. Le cabinet de relli et de Jean-Pierre Chevènement, Mme Voynet envisage ainsi une ré- se préparent, pour être déposés au forme qui adjoindrait aux contrats Parlement au printemps 1998, des de plan Etat-régions des contrats textes réformant l’intercommunali- Etat-« pays » et Etat-aggloméra- té ou les interventions économiques tions. Mais, outre son coût, il s’agi- des collectivités. Mais le chantier le rait d’une évolution profonde : elle plus compliqué est sans doute la ré- reviendrait à soulever in fine le pro- vision de la loi Pasqua de février blème de l’avenir des départements, 1995 sur l’aménagement du terri- débat qui tétanise la puissante As- toire et l’opportunité de faire un sociation des présidents de conseils schéma national, entamé mais non généraux (APCG), et ce, à quelques mené à terme par Alain Juppé – et mois des cantonales. Or Lionel Jos- que plusieurs envisagent de rempla- pin, qui a plutôt pacifié le climat cer par des « schémas de services ». avec les élus locaux, considère qu’il Faut-il proposer un seul projet de n’est pas nécessaire d’ouvrir de loi, ou deux, et à quelle échéance ? nouveaux fronts s’il peut l’éviter. Un comité interministériel d’amé- Selon l’expression de l’un de ses nagement et de développement du conseillers, le premier ministre ne territoire (Ciadt) devrait être réuni souhaite pas « engager un débat qui d’ici la fin de l’année. Deux options apparaîtrait comme un grand débat devaient être évoquées à Mati- sur la décentralisation ». Là encore, gnon : soit le Ciadt « valide » un il est donc apparu nécessaire de ca- projet de révision de la loi Pasqua, drer le champ ouvert à la réforme. déposé devant le Parlement au dé- but de 1998 ; soit, compte tenu de la Jean-Louis Andreani complexité du sujet, le gouverne- et François Grosrichard Nicole Péry (PS) est chargée de définir un statut des langues régionales DONNER « un statut politique » Quant aux aspects institutionnels, aux langues régionales en France : il s’agit avant tout de la signature tel est l’un des objectifs de Nicole par la France de la charte euro- Péry, député PS des Pyrénées- péenne des langues régionales et Atlantiques, officiellement char- minoritaires, que le Conseil d’Etat gée de mission dans ce domaine a jugé incompatible avec la Consti- par le premier ministre depuis le tution (Le Monde du 7 février). 29 octobre. Mme Péry – qui avait Mme Péry estime donc nécessaire été nommée par le même Lionel une révision de la Constitution. A Jospin, alors premier secrétaire du défaut, l’élue du Pays basque pro- PS, déléguée nationale du parti pose qu’au moins dans le cadre aux langues régionales – a présen- français les langues régionales dis- té, mardi 4 novembre, les orienta- posent d’un statut reconnu, afin tions de son travail : le premier mi- qu’on ne puisse pas « opposer la nistre demande, a indiqué la langue de la République » aux chargée de mission, « un bilan ex- langues régionales. Une telle re- haustif et objectif de l’enseigne- connaissance lui paraît conforme ment » de ces langues et des pro- aux vœux du premier ministre. La positions afin de donner à cet définition d’un tel statut passerait, enseignement « toute la place qui selon elle, par un dynamisme nou- doit être la sienne ». veau insufflé au Conseil national Lionel Jospin souhaite aussi que des langues et cultures régionales. la réflexion de Mme Péry ne néglige Mme Péry doit déposer son rap- « ni les aspects institutionnels ni les port fin avril 1998. En décembre, aspects culturels » de la question. elle rendra un rapport d’étape sur Sur le second point, Mme Péry les seuls aspects institutionnels de pense qu’il convient de s’appuyer, sa mission. plus qu’on ne l’a fait jusqu’à main- tenant, sur le milieu associatif. J.-L. A. LeMonde Job: WMQ0511--0017-0 WAS LMQ0511-17 Op.: XX Rev.: 04-11-97 T.: 09:09 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0487 Lcp: 196 CMYK

LE MONDE / MERCREDI 5 NOVEMBRE 1997 / 17 HORIZONS PORTRAIT

nière, Liliane a déjà introduit la télévision au village. Au début, elle faisait payer les séances : «Un dinar pour le film, un dinar de plus pour pouvoir s’asseoir sur une chaise. » Lors de son dernier sé- jour à Oued-Taga, à l’automne 1996, un séjour « en touriste » or- ganisé en dépit du danger, elle a compté trois paraboles – « Mais elles sont bien cachées, les gens ont peur des islamistes. »

LLE aussi, en a peur. Ces trois dernières années, la E région s’est vidée. « Quand un jeune s’en va au maquis, on lui demande de revenir tuer des gens de sa famille. C’est la condition pour qu’il soit accepté. Seulement après, il y a toujours un frère ou un oncle qui veut venger les morts. C’est œil pour œil, dent pour dent. Et c’est comme ça que les hameaux se vident, les uns après les autres. Le couteau, là-bas, c’est radical », explique Liliane. Parfois, ce sont des miliciens qui déclenchent les tueries. Un pay- san d’un village voisin a été égor- gé, en septembre, dans son champ, « par quatre hommes avec des cagoules », parce qu’« on le soupçonnait de verser de l’argent aux maquis ». Tout autour d’Oued-Taga, les montagnes menacent. « A partir de 4 heures de l’après-midi, c’est “zone rouge”, plus personne ne circule sur les routes, souligne Liliane. Et dès que le soir tombe, il n’y a plus âme qui vive dans les champs. » Le mari de Liliane, si « gen- til » autrefois, dans les rues de Strasbourg, exige de son épouse qu’elle obéisse à la coutume chaouia et ne sorte plus de la mai- son. Il est prêt, pour cela, à « aller direct aux terroristes » dénoncer l’insoumise. « Les maquisards, il Liliane, l’Alsacienne des Aurès les connaît. Il les a rencontrés en gardant ses moutons », précise Li- liane. Mais le pire, à l’en croire, Après trente-deux ans passés dans les montagnes au sud de Batna, c’est son fils Youcef. « Vous avez vu ses yeux ? Il a des yeux mé- cette ancienne déportée, qui a vécu son enfance dans le camp chants », dit-elle en montrant une photo de son aîné – un grand d’Almstadt, a dû regagner la France. Chassée par son mari et son fils aîné gosse à la moue frimeuse, habillé d’un jogging. « Il ne m’a jamais re- qui menaçaient de la dénoncer aux maquis islamistes proché d’être Française, mais je crois qu’il y a de ça... », souffle Li- liane. Le jeune homme, non I sa mère, Alsa- gamine est restée inconsciente me demandais ce que c’était, tous sonne. Et en décembre 1991, lors puisque j’avais déjà Malika, Hou- content de « martyriser » son frère cienne, n’avait pas plusieurs heures. Ce traumatisme, ces trucs qui pendaient du plafond. des élections législatives, le village ria, Nourredine, et Youcef, qui est cadet, handicapé, dont «il refusé, en 1941, ajouté aux privations et aux mau- J’avais peur que ça me saute au vi- vote comme un seul homme en né en mai. » Rattaché à la petite confisque régulièrement la pen- d’obéir aux diktats vais traitements, est à l’origine sage. En fait, c’était les provisions faveur du Front islamique du salut paroisse catholique de Batna, Phi- sion », voudrait que sa mère lui hitlériens et de re- des crises d’épilepsie dont Liliane accrochées aux poutres : la viande (FIS). lippe Thiriez enseigne le français cède la sienne. « Il est prêt à nous prendre la nationa- souffrira des années durant. et les tomates séchées, le fromage Sur la table de son appartement au lycée de la ville. Grâce à son tuer tous, il l’a dit », insiste-t-elle. lité allemande, la A sa sortie du camp, la jeune en morceaux, les sacs en peau de troyen, l’Alsacienne des Aurès a aide et à ses livres, Liliane renoue La dernière fois qu’ils se sont vus, petite Liliane Ber- rescapée tente de se refaire une bête... » posé un sac en plastique empli petit à petit avec la langue de Vol- la mère et le fils se sont disputés. nardini ne serait existence. Mais le malheur s’ac- Très vite, la jeune citadine dé- d’une poudre vert foncé. « Je l’ai taire. « A force de parler en chaoui, « Quand il a compris que je voulais peut-être jamais devenue, quel- croche. Rien ne marche. Son ma- couvre d’autres aspects, un peu pilé moi-même », dit-elle avec fier- j’avais presque tout oublié !, sourit- récupérer les papiers de son frère, Sque vingt ans plus tard, cette ma- riage avec un Alsacien tourne au moins pittoresques, de l’Algérie té. Le henné, « pour être sûr qu’il elle. Aujourd’hui encore, il me ça l’a rendu fou. Il a menacé d’aller trone aux yeux noircis de khôl, fiasco et s’achève sur un divorce. rurale. Huit jours après son arri- n’y a pas de chimique », doit être manque des mots. Des fois, je rêve au maquis. Je sais qu’un jour, il le posant pour la photo devant son Les deux filles issues de cette vée, elle s’aperçoit que ses papiers acheté en feuilles. Pour le conser- d’un dictionnaire. » fera. » épicerie du village berbère union seront confiées à leur lui ont été volés. « Sur le coup, je ver frais le plus longtemps pos- Les « curés de Batna », qui l’ont Quand elle parle d’Oued-Taga, d’Oued-Taga, au sud de Batna. Et grand-mère paternelle. Liliane se n’ai rien dit, je ne parlais pas en- sible, il suffit de le malaxer avec poussée à se faire soigner à l’hôpi- Liliane dit « chez moi ». Malgré les si le vent de la haine ne s’était pas sent perdue. Rejetée par les siens, core la langue chaouia. Et puis, ils regards fuyants et les ricanements mis à souffler sur l’Algérie au dé- malade et affaiblie, elle est inca- étaient tous de mèche, qu’est-ce étouffés, malgré cette croix chré- but des années 90, celle que les pable de travailler ou de s’occuper que je pouvais faire ? Les cousins « Quand un jeune s’en va au maquis, tienne dessinée, un jour, sur sa gosses du bled se sont mis à trai- d’une maison. Un jour, alors n’avaient fait qu’obéir aux ordres porte, comme une insulte. Liliane ter de « Roumia » (la Française) qu’elle erre dans les rues de Stras- de mon mari », commente Liliane. on lui demande de revenir tuer des gens dit « chez moi » et ne comprend n’aurait peut-être pas connu ce bourg, elle trébuche et s’écroule, A partir de ce jour, la « prison- pas qu’on s’étonne. Quand elle nouvel arrachement : menacée terrassée par une crise. Deux nière », comme elle se qualifie de sa famille. C’est la condition ferme les yeux, ce sont les images par son mari et par son fils aîné hommes se précipitent pour lui elle-même, décide de ne compter du village qui remontent. Elle re- d’être dénoncée aux maquis isla- porter secours. L’un d’eux se que sur ses propres forces. « Pour pour qu’il soit accepté » voit les jeunes, ceux qui venaient mistes, elle a dû quitter, en février nomme Mohammed Amri. Sans le ainsi dire, ils m’ont toujours tri- dans son café-épicerie, jouer aux 1995, les rudes montagnes des Au- savoir encore, il va changer sa vie. chée », soupire-t-elle aujourd’hui. dames ou au « t’en fais pas » (jeu rès où elle avait refait sa vie. « A l’époque, j’étais belle. Il a pris Elle-même devra user de beau- « une ou deux gouttes d’huile tal, vont aussi lui donner l’occa- de dés), et avec qui elle discutait « Quand je pense à tout ça, le soin de moi. Il avait du respect. coup de patience et d’un sens aigu d’olive ». Ce petit sachet de henné sion de s’émanciper des lois du des heures entières. Elle revoit les vertige me prend », dit l’ancienne C’est la première fois que quel- de la ruse pour faire son trou dans est l’un des rares souvenirs que Li- village. « Sortir avec un Arabe, paysages de pierre écrasés de so- déportée. Souvent, le soir, dans qu’un s’occupait de moi avec tant le village et y imposer sa présence. liane a ramenés d’Algérie. Comme mon mari me l’aurait interdit, sou- leil, le petit potager et les vergers son minuscule F 1 de la Chapelle- de gentillesse, explique Liliane. Il toute bonne montagnarde, Liliane ligne-t-elle. Mais avec un Français, en fleurs. « Là-bas, vous prenez Saint-Luc, un quartier HLM de la m’a emmenée dans son meublé et ES étés passent, au rythme sait les vertus des plantes. Long- ça ne posait pas de problème. » une tomate, elle a de la saveur. Ici, banlieue de Troyes (Aube) où elle je suis restée avec lui. J’avais de des moissons (orge et blé), temps, elle s’est confectionné des Avec une joie gamine, elle ac- c’est curieux, on a l’impression de a atterri il y a deux ans, Liliane se quoi manger et un toit sur la tête : L des récoltes de fruits tisanes d’« izri » (armoise compagne le Père Philippe dans manger de l’eau », dit-elle, éton- lève pour avaler un somnifère. je ne demandais pas plus. » Le (pommes, poires et figues), des blanche) pour lutter contre ses ses tournées en montagne. « Ré- née. « La nuit, je vois tout ! lâche-t-elle. 27 octobre 1963, elle s’embarque mariages aussi. « Avant la guerre, crises. gulièrement, il allait rendre visite Elle n’est pourtant pas sûre de Tout ce que j’ai vécu défile dans ma pour Skikda (ex-Philippeville), les fêtes duraient six jours et six C’est aussi grâce à une plante aux femmes françaises pour distri- pouvoir y retourner un jour. tête. Je ne peux pas dormir. » seule avec une valise et son bébé nuits, se souvient-elle. On dansait, – « sa tige donne du lait, j’ai oublié buer l’argent du fonds de solidarité. « Cette violence, il y en a pour C’est dans le camp de concen- de deux mois, Malika. La jeune hommes et femmes séparés, mais son nom » – qu’elle s’avorte, en Avec lui, je suis allée à Aïn Touta, à quinze ou vingt ans avant que ça ne tration d’Almstadt, proche de la mère a vingt-quatre ans. « J’étais c’était bien quand même. Depuis cachette, à la fin des années 60. Merouana, à Barika ! », se rap- s’arrête », lâche-t-elle d’une voix frontière polonaise, que la mère contente, je croyais partir en va- 1994, c’est fini, les gens ont trop « Une vieille du village m’a expli- pelle Liliane, enthousiaste. C’est sourde. « Il y a trop de haine, de Liliane a été déportée avec ses cances. Mohammed ne m’avait peur. Un mariage, maintenant, qué comment il fallait faire. Une une Française de Merouana qui maintenant. Mes gosses, je ne les trois enfants, au début de la se- rien dit, se souvient-elle. Je pensais c’est expédié en une journée. » Les fois placée dans le vagin, la plante, lui donne la recette des berlin- reverrai pas », ajoute-t-elle très conde guerre mondiale. De sa pe- rentrer en France un mois ou deux hivers se suivent, froids et blancs. mélangée à un peu d’huile, fait des- gots. « J’en faisais de toutes les vite. Tragique, extravagante, l’his- tite enfance passée à l’ombre des après, comme tous les touristes ! » A plusieurs reprises, Liliane ac- cendre le sang. » Une méthode couleurs, des rouges, des verts... toire de Liliane Bernardini – citée crématoires, Liliane n’a rien ou- Liliane Bernardini, future épouse couche seule, devant la cheminée, « extrêmement efficace », que J’achetais la teinture à Batna. » dans Vivre en Algérie, des Fran- blié. « J’aidais ma mère à nettoyer Amri, restera en Algérie trente- alors que la neige s’engouffre presque toutes les femmes Est-ce parce qu’ils ont compris çaises parlent (1989-1995), un livre les cadavres, raconte-t-elle. Les os, deux ans. Le temps de naître et de sous la porte. « Je coupais le cor- d’Oued-Taga ont utilisée, un jour que Liliane ne chercherait plus à d’Andrée Dore-Audibert et d’An- ce n’est pas lourd une fois que c’est mourir une deuxième fois. don moi-même, avec une lame, ou l’autre – « sinon, c’est simple, s’enfuir du village, où elle a réussi nie Morzelle, à paraître cet au- brûlé. On les mettait dans une Quand elle arrive à Oued-Taga, rapporte-t-elle. Ma belle-mère elles auraient eu quinze ou vingt à monter une petite épicerie, la tomne aux éditions Karthala – est brouette et on les emmenait au sur les pentes du djebel Mahmel, était là, à côté. La pauvre ! elle gosses ! ». Des gosses, Liliane en première à Oued-Taga ? Ou bien à l’image de l’Algérie et des rela- broyeur. » Elle parle sans violence, à une vingtaine de kilomètres au tremblait plus que moi... » La mort élèvera six – quatre filles et deux parce qu’ils redoutent la réaction tions de ce pays avec la France. d’une voix fruitée, teintée par sud-est de Batna, le hameau ne du président Houari Boumediène, garçons. « Dès que la pilule est sor- de ces « curés français » qu’elle Une histoire-boomerang, où l’on l’accent rugueux de la Moselle. En compte que trois « gourbis ». On y en décembre 1978, n’émeut pas tie, je l’ai prise », souligne-t-elle. fréquente désormais avec assidui- tangue d’une rive à l’autre, d’une 1945, quelques mois avant la Libé- dort par familles entières, sur de grand-monde à Oued-Taga. Les Quand elle veut retrouver une té ? En tout cas, à partir de 1986, blessure à l’autre, avec le senti- ration, alors qu’elle est âgée de six hauts lits tressés en alfa. Il n’y a rumeurs y circulent, comme ail- date, ce sont les enfants qui lui Liliane est un peu plus libre de ses ment trompeur d’une valse à l’in- ans, un officier nazi l’a assommée pas l’électricité – elle ne sera ins- leurs. Les émeutes algéroises servent de boussole. Par exemple, mouvements. Elle va à Batna fini. d’un coup de crosse – « il trouvait tallée qu’en 1993 – ni l’eau cou- d’octobre 1988 – « On a dit qu’il y concernant sa rencontre avec «le « presque une fois par semaine », que je ne travaillais pas assez rante. « La première nuit, je n’ai avait eu au moins cinq cents morts, Père Philippe », Liliane est for- habillée à l’occidentale. Son Catherine Simon vite ». Blessée derrière la tête, la pas fermé l’œil, sourit Liliane. Je vous saviez ? » – n’étonnent per- melle : « C’était à l’automne 1972, commerce marche bien. Pion- Dessin : Maja LeMonde Job: WMQ0511--0018-0 WAS LMQ0511-18 Op.: XX Rev.: 03-11-97 T.: 13:51 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0488 Lcp: 196 CMYK

18 / LE MONDE / MERCREDI 5 NOVEMBRE 1997

(Publicité) LeMonde Job: WMQ0511--0019-0 WAS LMQ0511-19 Op.: XX Rev.: 03-11-97 T.: 13:52 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0489 Lcp: 196 CMYK

LE MONDE / MERCREDI 5 NOVEMBRE 1997 / 19 LeMonde Job: WMQ0511--0020-0 WAS LMQ0511-20 Op.: XX Rev.: 04-11-97 T.: 10:08 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0490 Lcp: 196 CMYK

20 / LE MONDE / MERCREDI 5 NOVEMBRE 1997 HORIZONS-ANALYSES 0 123 21 bis, RUE CLAUDE-BERNARD - 75242 PARIS CEDEX 05 Appel à témoin par Bertrand Poirot-Delpech, de l’Académie française Tél. : 01-42-17-20-00. Télécopieur : 01-42-17-21-21. Télex : 206 806 F Tél. relations clientèle abonnés : 01-42-17-32-90 LA TOUSSAINT, l’hommage rendu aux femme en détresse lui mit de force un nou- chy dont on parle beaucoup ces temps-ci : Internet : http : //www.lemonde.fr Justes en Savoie, le procès de Bordeaux : au- veau-né dans les bras. Sabine Zlatin s’enfuit quatre-vingt-sept ans. Il a fait une carrière ÉDITORIAL tant de raisons d’évoquer certains morts ré- comme une voleuse avec, caché sous sa cape, moins en vue. Il avait pourtant montré qu’on cents, dont la conduite aura sauvé l’honneur, le « morceau de continent » qu’était, à ses pouvait servir l’Etat de l’époque sans consen- pendant la guerre, et rendu l’espoir pour de- yeux, tout être humain. Elle déposa le colis sa- tir à ses ignominies. Le sens de l’ordre serait-il main. cré à l’adresse indiquée, après avoir passé à plus utile à l’avancement que celui de la digni- Il y a un mois disparaissait l’écrivain et cri- son cou une croix confiée par la mère. Le té humaine ? Retraites à l’italienne tique de théâtre Moussa Abadi. Avec sa « morceau de continent » était tsigane. A Bordeaux, Paul-Marcel Wiltzer, c’est son femme, qui serait déportée à Birkenau et Ber- Dès lors que le crime contre l’humanité nom, aurait pu témoigner en personne sur ce E blocage de la réforme réaliser des économies budgé- gen-Belsen, il a sauvé 527 enfants juifs de la existe, le titre de sauveur de l’humanité de- qu’un sous-préfet « savait » de la déportation des retraites en Alle- taires immédiates permettant de région niçoise. Il y fut aidé par l’évêque Ré- vrait exister aussi, pour saluer ce culte de la « vers l’Est » : rien de l’inimaginable réalité, magne et le pas respecter les critères de Maas- mond, oncle de l’historien, et par un préfet, Vie instinctif et héroïque. Toute mort bien sûr, mais assez pour prendre le risque d’y L – même modeste – qui tricht. Les larges possibilités of- Jean Chaigneau ; sans parler des occupants d’homme nous diminue, disait-elle. Sa vie, soustraire, d’autorité et d’urgence, des di- vient d’être fait à Rome vers un fertes aux salariés italiens pou- italiens, dont Laval eut le front de dénoncer le elle, nous grandit. zaines d’enfants ! Il aurait expliqué comment, assainissement du système, ne vaient être jugées exorbitantes, laxisme aux nazis. Le haut fonctionnaire qui trouva et réquisi- en plaçant simplement sa conscience au-des- sauraient mieux illustrer la sa- notamment la pratique des « ba- Il y a un an s’éteignait Sabine Zlatin, une tionna la maison d’Izieu en 1943 – sans de- sus de lois iniques, un grand commis ne per- gesse populaire dont raffole Hel- by-retraités » qui ouvre le droit au émigrée de Pologne qui dirigea avec son mari mander la provenance des enfants ni leur reli- dait même pas sa place. mut Kohl. Quand on lui demande départ dans la pleine force de la maison d’Izieu, dans l’Ain, d’où quarante- gion –, qui leur obtint une institutrice et leur M. Wiltzer n’a pas été cité au procès. Ni l’in- si l’Italie sera qualifiée à temps l’âge après trente-cinq, voire quatre enfants juifs furent expédiés, par Bar- apporta leurs derniers cadeaux de Noël, cet téressé ni les parties civiles n’ont su me dire pour la monnaie unique, le chan- trente ans de cotisations. bie, vers Drancy et Auschwitz. Sans retour, homme qui aurait mérité de figurer parmi les pourquoi. Dommage ! Sa déposition aurait celier répond par un dicton que L’Allemagne n’a jamais douté bien entendu. Auparavant, Sabine Zlatin avait Justes honorés dimanche, vit toujours. Il était été au cœur du débat. S’il est vrai qu’il n’y a lui répétait sa mère : « Il faut re- qu’elle sera dans le premier profité de son état d’infirmière pour sauver sous-préfet de l’Ain. A la Libération, il serait de faute que librement choisie, on aurait eu la garder dans son assiette et pas dans groupe de l’euro. Sans elle, il n’y des centaines d’enfants juifs des camps d’in- nommé à Châtellerault, qu’il sauverait de la preuve vivante que la complicité de crime re- celle du voisin. » Alors qu’en aura tout simplement pas de ternement de la zone sud. Un jour de 1941 où destruction. Il a exactement le même âge prochée à Papon, un de ses collègues, son France les tensions entre parte- monnaie unique en 1999. Sous la elle sortait des gosses du bagne d’Agde, une qu’un autre membre de la préfectorale de Vi- contemporain, s’y était refusé sans hésiter, lui. naires sociaux s’exacerbent – sur houlette de Romano Prodi, l’Italie les 35 heures, sur le transport rou- s’est lancée au contraire dans une tier, etc. –, il n’est pourtant pas course d’obstacles, alors qu’il y a inutile d’y jeter un œil. un an encore on ne donnait pas Les situations allemande et ita- cher de ses chances. Après la ri- Distribution par Cardon lienne ne sont certes guère gueur budgétaire qui a failli en- comparables. A Bonn, la coalition traîner la chute du gouverne- gouvernementale voulait non ment, la réforme des systèmes seulement baisser le montant des sociaux était une des dernières pensions, mais surtout imposer haies à franchir. C’était aussi une une réforme en profondeur afin pomme de discorde avec les de diminuer les charges pesant communistes de Rifondazione, sur les entreprises et transférer dont le soutien est indispensable une partie des coûts sur les im- à la coalition de centre-gauche. Le pôts indirects. Elle a buté sur les patronat italien reproche à Roma- résistances de l’opposition so- no Prodi de s’être contenté de de- ciale-démocrate, majoritaire au mi-mesures, peut-être. Les fonc- Bundesrat, la Chambre des Etats, tionnaires grognent, certes. Mais dont l’accord était indispensable. le président du conseil a obtenu C’est un échec indiscutable, mais l’aval des syndicats. Ce n’est pas qui n’a pas d’effets directs sur le une mince performance. déficit budgétaire allemand. Pour S’il ne saurait y avoir, même en respecter la limite des 3 % à la- Europe, de modèle, le parcours de quelle il est très attaché, le mi- M. Prodi mérite reflexion. Il sou- nistre des finances, Theo Waigel, ligne les vertus du dialogue social. vient d’ailleurs de décréter un gel L’un des défis auxquels Lionel Jos- des crédits. pin se trouve justement confron- Il n’en va pas de même en Ita- té, après d’autres, est de réussir à lie. Les efforts du gouvernement remplacer, en France aussi, une Prodi pour rogner les avantages culture de l’affrontement par une du système des retraites visent à culture du compromis.

0123 est édité par la SA LE MONDE Président du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie Colombani Directoire : Jean-Marie Colombani ; Dominique Alduy, directeur général ; Noël-Jean Bergeroux, directeur général adjoint

Directeur de la rédaction : Edwy Plenel Directeurs adjoints de la rédaction : Jean-Yves Lhomeau, Robert Solé Rédacteurs en chef : Jean-Paul Besset, Pierre Georges, Laurent Greilsamer, Erik Izraelewicz, Michel Kajman, Bertrand Le Gendre Directeur artistique : Dominique Roynette Rédacteur en chef technique : Eric Azan Secrétaire général de la rédaction : Alain Fourment

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Le Monde est édité par la SA Le Monde Durée de la société : cent ans à compter du 10 décembre 1994. Capital social : 961 000 F. Actionnaires : Société civile « Les rédacteurs du Monde ». Association Hubert Beuve-Méry, Société anonyme des lecteurs du Monde, Le Monde Entreprises, Le Monde Investisseurs, Le Monde Presse, Iéna Presse, Le Monde Prévoyance, Claude Bernard Participations.

ILYA50 ANS, DANS 0123 parenthèse provoquée par la time Boutros Boutros-Ghali, qui a d’une trentaine de missions scien- A l’heure catastrophique équipée militaire dirigé la diplomatie égyptienne tifiques sur le terrain. Les lecteurs de Suez, en 1956, le climat n’a ces- du temps d’Anouar El-Sadate du Monde ont pu constater cette Syncope, apocope, prosthèse et métathèse sé de s’améliorer, et les rapports avant de devenir secrétaire géné- présence en bénéficiant de guides de l’Egypte économiques sont en progression ral des Nations unies. Depuis la exceptionnels, qui leur ont fait vi- M. RAYMOND QUENEAU nous ter quatre-vingt-dix-neuf fois dans constante. Les visites du pré- fin de la guerre froide, le Nord ne siter le théâtre même de leurs tra- donne à lire un livre des plus amu- tous les tons possibles et les états Suite de la première page sident Chirac en Egypte ou du se soucie plus beaucoup du Sud. vaux : Jean-Yves Empereur et sants, Exercices de style, qui sont divers de la langue française. Tous président Moubarak en France L’un des moyens de combattre Jean-Pierre Corteggiani à Alexan- des permutations, étourdissantes les tours possibles de la gram- Ce haut responsable religieux, relèvent désormais de la routine. cette indifférence, c’est la franco- drie, François Larché à Karnak, ou de verve et d’adresse. L’anecdote maire et de la syntaxe sont repro- recteur de la prestigieuse univer- Farouk Hosni, ministre égyptien phonie, dont cet Egyptien parfai- Jean-Philippe Lauer à Saqqara, un qui leur donne lieu est fort simple. duits là, syncope, apocope, pros- sité islamique d’El Azhar, au de la culture et peintre, viendra tement trilingue a de bonnes jeune homme de quatre-vingt- Prenant l’autobus encombré, à thèse, métathèse, et toutes les Caire, a confirmé sa réputation exposer ses toiles à Paris en dé- chances de devenir le premier se- quinze ans qui continue de se une heure d’affluence, M. Ray- variations du vocabulaire, acadé- d’ouverture en insistant sur la né- cembre, comme si cela allait de crétaire général, ce mois-ci, à Ha- battre avec fougue pour la créa- mond Queneau distingue parmi mique, argotique ou populacier ; cessité du « dialogue et de la tolé- soi... De part et d’autre, on évite noï. Etant entendu que la franco- tion d’un musée dans ce désert où les voyageurs un jeune homme au toutes ces figures, ces formes, ces rance » et en déclarant que les sujets qui fâchent. Lors de la phonie ne saurait se limiter à la il s’affaire depuis sept décennies... cou démesuré, coiffé d’un cha- déformations, ces caricatures, ces l’Egypte est « en lutte contre le fa- réception des lecteurs du Monde à défense du français : « Elle doit peau mou orné, en place de ruban, acrobaties verbales et ces appro- natisme et le terrorisme ». Ismaïlia, le nom de Ferdinand de défendre la diversité, être connue Robert Solé d’un cordon, et se querellant avec priations de style utilisées et pro- Quoique modéré, son avis sur Lesseps n’a pas été prononcé une des non-francophones et, ainsi, un voisin qui l’a bousculé ; puis posées par un merveilleux posses- l’affaire Salman Rushdie n’en est seule fois par l’amiral Ahmed Ali servir de trait d’union entre le Nord qui, apercevant dans le véhicule seur de toutes les ressources de la pas moins très éloigné de celui de Fadel, président de l’Autorité du et le Sud. » RECTIFICATIFS une place libre, se précipite et va langue, doué au surplus d’un gé- la plupart des Occidentaux. Le canal de Suez. Il a été très disert, En Egypte même, la francopho- s’y asseoir. Deux heures plus tard, nie comique éclatant et observa- cheikh Tantawi est opposé à l’ap- en revanche, sur la transforma- nie n’a plus rien de ses splendeurs CRÉDIT LYONNAIS passant devant la gare Saint-La- teur accompli. pel au meurtre visant l’écrivain, tion continuelle de cette voie de naguère, même si une quaran- Contrairement à ce que nous indi- zare, M. Queneau aperçoit le Exercices de style, dit modeste- mais estime que celui-ci « doit d’eau, qu’un pont devrait franchir taine d’écoles – catholiques pour quions dans notre édition du 31 octo- même type en conversation avec ment M. Queneau : beaucoup rendre des comptes », car «il a au cours des prochaines années la plupart, figurant souvent parmi bre, l’ancien numéro deux du Crédit un camarade, qu’il entend lui dire, mieux, c’est une comédie en cent écrit un livre qui ne contient que pour permettre au chemin de fer les meilleures du pays – conti- lyonnais, François Gille, a bien été montrant l’échancrure de son actes qu’il a tirée de sa mince say- des propos mensongers ». d’atteindre le Sinaï. nuent d’enseigner certaines ma- mis en examen dans l’affaire IBSA manteau : « Tu devrais y faire nète. Interrogé sur l’excision, qui est tières en français. Ici comme ail- mais n’a pas été placé en détention mettre un bouton supplémentaire. » considérée en France comme un LE DÉCLIN DE LA FRANCOPHONIE leurs, l’anglais exerce son provisoire. Par ailleurs, la mission de Ce petit fait sans importance, Emile Henriot crime, le recteur d’El Azhar af- Partenaire économique, la hégémonie, et il ne suffit pas de l’inspection générale des finances sur M. Raymond Queneau va le répé- (5 novembre 1947.) firme que « cette coutume n’a pas France est considérée aussi quatre modestes filières fran- le Consortium de réalisation a été de rapport avec la religion ». L’is- comme un partenaire diploma- çaises dans l’enseignement supé- commandée par l’ancien ministre lam ne demande pas de la prati- tique indispensable, l’Egypte ne rieur public pour rivaliser avec la des finances Jean Arthuis, et non par 0123 SUR TOUS LES SUPPORTS quer, et elle n’est d’ailleurs pas en voulant pas s’enfermer dans un prestigieuse université améri- Dominique Strauss-Kahn. Télématique : 3615 code LEMONDE vigueur dans de nombreux pays tête-à-tête avec les Etats-Unis. caine du Caire. musulmans. Il appartient aux mé- « L’Europe a un rôle à jouer dans Mais la présence culturelle de la GLAXO WELLCOME Documentation sur Minitel : 3617 code LMDOC decins de se prononcer sur l’utili- le processus de paix, affirme Amr France en Egypte ne se mesure Dans Le Monde du 30 octobre, ou 08-36-29-04-56 té ou la nocivité de l’excision, af- Moussa, le ministre des affaires pas au seul baromètre de la fran- nous avons écrit par erreur que Sir Le Monde sur CD-ROM : renseignements par téléphone, 01-44-08-78-30 firme le dignitaire religieux. étrangères, l’un des hommes poli- cophonie. Une partie des activités Richard Sykes, le PDG du groupe Pourquoi tout ce bruit autour tiques les plus populaires de la d’un centre comme le Cedej se Glaxo Wellcome, quittait ses fonc- Index et microfilms du Monde : renseignements par téléphone, 01-42-17-29-33 d’une « question secondaire », qui vallée du Nil. « Sans terre, il n’y a fait désormais en arabe. Quant à tions. Il s’agissait de Sean Lance, di- est « en voie de disparition » ? pas de paix », et cette paix ne peut l’Institut français d’archéologie recteur général du groupe, qui quitte Le Monde sur CompuServe : GO LEMONDE Adresse Internet : http : //www.lemonde.fr Les relations franco-égyp- être « une paix israélienne ». orientale du Caire (IFAO), il oc- le groupe pharmaceutique et est tiennes sont au beau fixe. Aucun La crise du Proche-Orient est cupe toujours une place de pre- remplacé par Robert Ingram. Ce der- Films à Paris et en province : 08-36-68-03-78 conflit sérieux, aucun contentieux aggravée par l’indifférence de la mier plan en égyptologie. La nier présidait la filiale américaine de n’est évoqué au Caire. Après la communauté internationale, es- France ne compte pas moins Glaxo Wellcome. LeMonde Job: WMQ0511--0021-0 WAS LMQ0511-21 Op.: XX Rev.: 04-11-97 T.: 08:31 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0491 Lcp: 196 CMYK

HORIZONS-DÉBATS LE MONDE / MERCREDI 5 NOVEMBRE 1997 / 21

Homosexualité, mariage et famille par Eric Fassin USQU’À présent, les oppo- aux uns ce qu’on accorderait aux maintenir la distinction entre si doit penser la différence des échapper à l’alternative des sexuelle, mais toute famille. En sants déclarés au contrat autres ? A ce modèle français, l’homosexualité et l’hétérosexua- sexes, le mariage n’en est pas né- « quasi-mariages », il faut en sor- effet, la question n’affecte pas les d’union civile et sociale ex- « mixte », Irène Théry préfère, lité n’implique nulle discrimina- cessairement le dernier refuge. tir par le haut, avec plus de droits. seuls homosexuels, toujours pri- J primaient surtout leurs réti- pour cette raison, le modèle scan- tion : c’est simplement préserver Peut-être vaudrait-il mieux, avec Il suffit de renoncer aux « pseu- vés d’un choix : les hétérosexuels cences devant l’homosexualité dinave, qui évite le mélange en ré- la différence entre les sexes au cette différence, penser la discri- do-mariages » pour débattre, aussi, encore condamnés, à moins même. Aujourd’hui s’ouvre un servant un statut particulier aux principe de la famille, et « re- mination sexuelle, dans le double tout simplement, du mariage lui- de rejeter le mariage, à épouser nouveau front : dans un essai couples homosexuels : un contrat connaître la finitude de chaque registre du genre et de la sexuali- même : au lieu de le dédoubler, une institution fondée sur la dis- conjointement publié par la Fon- « absolument égal au mariage », sexe qui a besoin de l’autre pour té. Et peut-être le XXe siècle dé- pourquoi ne pas l’ouvrir, indé- crimination. Il n’est évidemment dation Saint-Simon et par la re- sauf en ce qui concerne les en- que l’humanité vive et se repro- couvre-t-il justement la question pendamment de leur sexualité, à pas question d’enrôler de force vue Esprit, Irène Théry, socio- fants. Bref, tout donner aux ho- duise ». L’anthropologie définit ici familiale chez les homosexuels au tous les couples (ce qui conduirait dans le mariage les homosexuels, logue du droit, veut démontrer mosexuels en tant qu’individus, et un ordre symbolique des sexes et moment où, sous la double im- bien sûr, parallèlement, à ouvrir pas plus que les hétérosexuels, qu’on peut s’opposer à ce contrat rien en tant que familles. de la sexualité, qui est aussi un pulsion des techniques médicales aussi le concubinage) ? mais au contraire d’ouvrir une sans verser dans l’homophobie, Certains redoutent, non sans ordre des choses, immémorial et de contraception et de reproduc- C’est la solution oubliée dans option supplémentaire (à côté voire au nom d’homosexuels peu raison, que cette offensive nou- les débats européens, la troisième d’un concubinage reconnu par le désireux d’« enrégimenter », héri- velle contre le CUCS ne facilite version du mariage des homo- droit, et d’une cohabitation de tiers de Foucault. Cet appel au dé- l’enterrement du projet : plus be- Faut-il instituer sexuels. Cette proposition rigou- fait), un droit, autrement dit, tout bat mérite d’être entendu. soin d’avouer son homophobie reusement universaliste a pour- à la fois une liberté et une re- Son grief est double. D’une pour s’y déclarer hostile. Je crois une filiation «asexuée » tant toute son actualité aux connaissance. part, le CUCS (comme ses ver- qu’elle a au moins le mérite de Etats-Unis, à l’initiative de la Cour On devine ici le bénéfice poli- sions antérieures, le CUC et CUS) faire ressortir l’enjeu majeur, oc- (deux parents, quel que soit leur sexe) ? suprême de Hawaï, même si son tique qu’apporterait à la famille le mélange le sexuel et le non- culté jusqu’ici dans la discussion : avenir politique et juridique reste mariage hawaïen. Les uns se ré- sexuel, les couples et les non- le couple homosexuel est-il une La question peut d’ailleurs incertain, après la réaction qu’ex- jouiraient de voir l’institution fa- couples, les concubins véritables famille, et donc a-t-il droit à l’en- prime le Defense of Marriage Act. miliale, traversée d’une interroga- et les simples cohabitants, fant ? La « prudence tactique » s’inverser : de quel droit Dans le modèle américain, ou tion « homo », renoncer à sa comme pour noyer le poisson de dissuadait hier encore d’aborder plutôt hawaïen, le mariage est au définition hétérosexuelle. la sexualité. C’est rendre impen- la question. Mais le débat lancé refuser d’instituer fondement de la citoyenneté : il D’autres se féliciteraient qu’elle sable tout interdit sexuel – Irène par une spécialiste de la famille doit donc être ouvert à tous, sans retrouve sa place au cœur du Théry le souligne à juste titre – oblige aujourd’hui à la poser, l’homosexualité dans la famille ? discrimination de sexe ou de pacte républicain. Tous devraient mais c’est aussi, paradoxalement, quand elle réclame pour les ho- sexualité. A la différence des mo- approuver qu’enfin la famille ne renoncer à légitimer la sexualité mosexuels le couple sans la fa- dèles français et scandinaves, il laisse personne à la porte. des couples homosexuels. La cri- mille, quitte à jeter, avec le bébé, intangible : il en irait de la culture. tion, les liens qui unissent, de mé- ouvrirait tous les droits liés au Comme le dit fort bien Irène Thé- tique me paraît donc (comme à l’eau du bain. Cette anthropologie de la finitude moire humaine, sexualité et pro- mariage, et d’abord le droit à l’en- ry, dans sa défense de l’institution beaucoup) fondée. D’autre part – Dans les faits, les couples ho- sexuelle doit plus à la tradition création, d’une part, procréation fant. républicaine du mariage : « L’uni- et c’est ici qu’apparaît l’enjeu vé- mosexuels ont déjà des enfants, psychanalytique ou religieuse et filiation, d’autre part, se sont Sans doute, pour défendre le cité du mariage civil, mariage de ritable (et le vrai différend) –, le héritage d’un passé hétérosexuel, qu’aux sciences sociales. Sans distendus. Voilà qui pose sans mariage et la famille contre cette tous les citoyens, est d’abord la ga- contrat refuse de différencier les ou bien, pour les femmes, fruit doute partout les sociétés doute des problèmes éthiques « menace » homosexuelle, invo- rantie pour chacun de n’en être pas couples homosexuels et hétéro- d’une démarche présente. Et pensent-elles la différence des nouveaux ; mais les réponses n’en quera-t-on l’ordre des choses – la un jour exclu. » Est-il meilleure sexuels. toutes les enquêtes menées aux sexes ; mais à quelle fin ? L’an- sont pas inscrites dans le passé de Bible et l’inconscient –, c’est-à- défense du mariage « à l’améri- C’est la logique républicaine Etats-Unis montrent que les en- thropologue Françoise Héritier le nos sociétés. dire la culture ou, moins subtile- caine », ouvert aux couples ho- d’intégration, affirment ses dé- fants ne s’en portent pas plus montre avec force : la pensée de Si la famille n’est pas fondée ment, notre culture, nos mœurs mosexuels ? En France comme fenseurs. Non pas, réplique Irène mal. Il s’agit donc d’une pure la différence sert d’abord à natu- sur l’hétérosexualité, comment et nos traditions, voire, tout sim- aux Etats-Unis, il en va de la ci- Théry : un « mariage-bis » casse- question de droit. Faut-il légiti- raliser l’inégalité des sexes. Faute penser le mariage des homo- plement, la nature. Mais quel toyenneté : Français, encore un rait l’unité et l’unicité du mariage mer cet état de fait et donc insti- d’arguments politiques, voudrait- sexuels ? Il est vrai que le projet principe politique notre Répu- effort pour être républicains. civil républicain. Surtout, ce tuer une filiation « asexuée » on maintenant qu’au nom de la de contrat français définit un blique opposerait-elle à pareil « quasi-mariage » ouvrirait la (deux parents, quel que soit leur culture, elle serve à naturaliser « sous-mariage ». Le contrat ré- mariage ? porte, « inévitablement », à sexe) ? La question peut d’ailleurs l’inégalité des sexualités ? servé aux homosexuels, sur le Ces débats ne concernent pas Eric Fassin est sociologue et l’adoption et aux procréations s’inverser : de quel droit refuser L’anthropologie n’est pourtant modèle scandinave, n’offre pour- exclusivement le mariage homo- américaniste (département de médicalement assistées : com- d’instituer l’homosexualité dans pas un destin ; elle est traversée tant pas une meilleure solution : sexuel, mais tout mariage ; pas sciences sociales, Ecole normale ment, sans discrimination, refuser la famille ? Selon Irène Théry, par l’histoire. Si notre société aus- c’est un « para-mariage ». Pour uniquement la famille homo- supérieure). Kyoto et le retard français par Christian Brodhag

E débat sur l’effet de Trois niveaux de décision s’em- des moyens de contrôle et de po- ceux que l’on aurait fixés de fa- serre est enfin lancé. boîtent : lice ainsi que des sanctions éven- çon plus politique par une taxe ? L’appel des économistes 1) Le choix de stabiliser, à tuelles. Les résultats pourraient être et l’article d’Olivier Go- terme, à deux fois la concentra- – Un outil fiscal, avec diffé- proches, même si les fondements L tion du début de la révolution in- rentes variantes. Le produit de la idéologiques et politiques sont dard (Le Monde du 23 et du 25 octobre) viennent apporter dustrielle : c’est un choix large- taxe peut être entièrement réaf- différents. des contributions plus proches ment arbitraire qui se situe dans fecté dans les pays eux-mêmes, Mais la dynamique qui en ré- des enjeux que les revers de la moyenne des scénarios étu- par exemple à la politique de sulterait pourrait réserver des main méprisants dont nous diés. l’emploi, au nom du principe du surprises : en créant une rareté, avions été gratifiés jusqu’à 2) La répartition de cette double dividende qui propose si- on crée une rente. Malgré leurs présent. La France semble sortir contrainte – il a été décidé (man- multanément de diminuer la bases idéologiques, les citoyens enfin du cercle vicieux dans le- dat de Berlin) de porter d’abord consommation des ressources américains ne pourront accepter quel la sous-information et le l’effort sur les pays développés. rares et de favoriser l’emploi. Il à long terme que cette rente soit manque d’intérêt se renforcent Kyoto décidera explicitement ou peut être totalement ou partielle- empochée par le secteur privé. mutuellement. implicitement de quotas par ment reversé dans l’aide au déve- Les conditions pourraient être Notre pays, absent de cer- pays. loppement (seconde partie de la réunies de la transformer en une taines enceintes, coupé de cer- 3) La méthode permettant proposition d’Anil Agarwall). taxe. tains réseaux, n’avait pas d’atteindre ces objectifs. – Le marché. Les acteurs ou les En Europe, la mise à sa place conscience des réels enjeux du Le problème critique est le pays se voient attribuer un quota d’un outil économique, comme développement durable, qui est point 2, la règle de répartition de pollution, à charge pour eux une écotaxe, permettrait le redé- au cœur de véritables stratégies des quotas de rejets de gaz à ef- d’échanger sur le marché, en ploiement fiscal vers une baisse géopolitiques dont l’actuelle né- fet de serre. La référence consi- vendant ou en achetant ces des charges sociales : faire payer gociation sur le climat n’est que dérée comme équitable est pure- droits à polluer. Le marché de- plus cher l’énergie, et moins le l’élément le plus visible. Ces travail, c’est le double dividende stratégies visent à maîtriser si- d’une politique de développe- multanément les flux financiers, Notre pays, absent de certaines ment durable. les technologies propres, les in- Ce qui deviendrait impossible à formations (Internet) et les ré- enceintes, coupé de certains réseaux, faire coexister avec n’importe seaux d’influence (les ONG). quelle organisation de marchés Dans ces quatre domaines, la n’avait pas conscience de permis, en particulier avec des France accuse un retard préoc- permis gratuits, car cela créerait cupant. Elle n’aide même pas les des réels enjeux du développement durable des distorsions de concurrence pays francophones africains vite inacceptables. dans le secteur d’Internet. La re- Ce n’est pas les droits à polluer cherche-développement dans le ment politique et subjective, vrait permettre l’égalisation des qui sont contestables, mais le domaine de l’énergie consacre mais c’est la base psychologique coûts marginaux et donc calcul des dotations initiales. Une près de 80 % de son budget au de la négociation. Il y a trois ré- conduire à l’investissement opti- méthode progressive fondée à nucléaire, seulement 1,4 % aux férences principales et des va- mal. Mais cette méthode crée terme sur des quotas par tête se- énergies renouvelables et 3,3 % riantes qui peuvent tenir compte une rente qui dépend des quotas rait la plus équitable. aux techniques économes en de leur « applicabilité ». alloués initialement. Elle pourrait être acceptable énergie. La référence actuelle est la di- Une réduction de 15 % condui- par les pays du Sud qui pour- Malgré sa pugnacité et sa minution proportionnelle au rait par exemple à un coût de ré- raient rentrer dans la négocia- conviction, Corinne Lepage n’a point de départ en 1990. Elle a duction de la tonne de carbone tion, et elle ne désavantage pas pu mobiliser ses collègues sur l’avantage de la simplicité : émise à 125 dollars aux Etats- trop la France. Les Etats-Unis de- ces thèmes. Aujourd’hui, Domi- chaque pays développé doit di- Unis, 200 dollars dans l’Union eu- mandent que les pays du Sud nique Voynet semble seule à minuer en 2010 ses rejets de 15 % ropéenne et 350 dollars au Japon. s’impliquent. Ils ont raison : c’est porter l’étendard du développe- selon la proposition européenne, La mise en place d’échanges de nécessaire, même à court terme. ment durable. ou seulement de 0 %, selon la droits à polluer entre ces pays La Chine, par exemple, Alors que c’est le président dernière proposition américaine. pour rapprocher les coûts margi- construit aujourd’hui son infras- Clinton qui s’implique sur la né- La deuxième référence, jugée naux à près de 170 dollars, donc tructure lourde qui fixera son gociation « climat », c’est la mi- comme économiquement ration- optimiser les coûts globaux, per- profil de consommation et donc nistre de l’aménagement du ter- nelle, est celle de l’égalité des mettrait aux Etats-Unis d’être ex- de pollution pour cinquante ans. ritoire et de l’environnement qui coûts marginaux d’élimination portateurs de droits à polluer vis- Se lamenter sur la responsabilité s’exprime, et pas Lionel Jospin du carbone émis qui permet de à-vis de l’Union européenne ou ancienne des pays développés est ou Jacques Chirac. Probable- concentrer les efforts là où ils du Japon. pure rhétorique. Par contre, un ment parce que le thème est per- sont les moins chers. Les plus pollueurs dispose- objectif de convergence à long çu comme faisant strictement La troisième référence, celle raient ainsi d’une sorte de rente terme des impacts par habitant partie de la rhétorique « écolo- d’un quota par tête, lui apparaît qu’on pourrait appeler les « car- est beaucoup plus porteur d’es- giste » définie comme une pro- la plus équitable. C’était la pro- bo-dollars ». poirs, car il peut déboucher sur vince isolée de la réflexion so- position à Rio de l’Indien Anil Les permis négociés pourraient des mécanismes opérationnels, ciale et économique. C’est sans Agarwall. Pour appliquer concrè- être acceptables à condition que comme des... permis négociables. doute pour cela que la globalité tement l’un de ces principes, les quotas soient équitables, que Il doit aussi conduire tout de de l’enjeu n’est pas encore per- trois méthodes peuvent être les prix soient suffisamment inci- suite à des transferts de techno- çue. mises en place : tatifs, et que les moyens de logies. La problématique de Kyoto, la – Des quotas par pays, à charge contrôle et de police existent. conférence des parties de la pour chacun d’entre eux de défi- Pourquoi refuser un mécanisme convention climat de décembre nir politiques et mesures pour at- du marché si celui-ci conduit à Christian Brodhag est prochain, est de réduire les émis- teindre ces objectifs. Il faut aussi des niveaux de prix correspon- président de la Commission fran- sions des gaz à effet de serre. définir au niveau international dant à l’optimum économique, à çaise du développement durable. LeMonde Job: WMQ0511--0022-0 WAS LMQ0511-22 Op.: XX Rev.: 04-11-97 T.: 11:05 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0492 Lcp: 196 CMYK

22 ENTREPRISES LE MONDE / MERCREDI 5 NOVEMBRE 1997

MARCHÉS L’embellie sur les plus de 20 % en cinq séances, tandis b UN REGAIN d’optimisme qui tient bre, en faveur de l’Indonésie a été plus rapide de réformes écono- marchés boursiers se confirme. Les que la Bourse de New York gagnait, à l’amélioration de la situation en jugé convaincant. b L’ANNONCE de miques dans le pays. b LE SYSTÈME Bourses mondiales se sont envolées lundi 3 novembre, 232,32 points Asie du Sud-Est. Le plan d’aide de la démission prochaine du premier BANCAIRE des pays développés et au cours des derniers jours. (3,12 %), soit la troisième plus forte 33 milliards de dollars (191 milliards ministre thaïlandais, Chavalit Yong- émergents, enfin, a apparemment b HONGKONG s’est appréciée de hausse, en points, de son histoire. de francs) décidé, vendredi 31 octo- chaiyudh, fait espérer l’adoption bien résisté à la tempête. Le rebond des places boursières se poursuit, même si la nervosité reste forte Le plan d’aide de 33 milliards de dollars (191 milliards de francs) à l’Indonésie et la démission du premier ministre thaïlandais sont bien accueillis par les investisseurs. Le système bancaire des pays développés et émergents semble avoir résisté à la tempête

APRÈS LA PANIQUE, l’eupho- en faveur de l’Indonésie, qui s’est sième trimestre aux Etats-Unis) et rie ? Alors qu’elles avaient lourde- accompagné de l’annonce par Dja- Les places boursières ont regagné plus de 10 % en une semaine la reprise de l’activité en Europe, ce ment chuté lundi 27 et mardi 28 oc- karta de réformes en profondeur de BOURSE DE NEW YORK BOURSE DE HONGKONG BOURSE DE PARIS qui contribue à rassurer les investis- tobre et s’étaient retrouvées au l’économie, a été jugé convaincant indice Dow Jones indice Hang Seng indice CAC 40 seurs sur les places occidentales. bord du krach, les Bourses mon- par les milieux économiques et fi- Dans le sillage du président de la 8 200 15 000 3 100 diales se sont envolées au cours des nanciers. Cet accueil favorable 7 674,40 10 780,78 2 787,96 Réserve fédérale, Alan Greenspan, derniers jours. Hongkong s’est ap- contraste avec celui, très négatif, 8 000 14 000 3 000 qui avait qualifié la tempête préciée de plus de 20 % en cinq réservé au mois d’août au pro- d’« événement salutaire », le pré- 7 800 13 000 2 900 séances, même si elle a reperdu gramme de soutien destiné à la sident de la Bundesbank, Hans 4,21 % mardi 4 novembre. La veille, Thaïlande. 7 600 12 000 2 800 Tietmeyer, a affirmé lundi que l’indice Dow Jones de la Bourse de 7 400 11 000 2 700 « certaines corrections étaient inévi- New York avait gagné 232,32 points IMPRESSION FAVORABLE tables sur les marchés des actions et 7 200 10 000 (3,12 %), soit la troisième plus forte L’action concertée, lundi, des 2 600 que, somme toute, elles se répercute- hausse en points de son histoire. banques centrales du Japon, de Sin- 7 000 9 000 2 500 ront probablement de manière profi- Les places européennes étaient in- gapour et d’Indonésie pour faire re- 6 800 8 000 2 400 table ». certaines mardi en début de mati- monter la roupie a également favo- Les experts restent toutefois pru- née. Paris, Francfort et Londres en- rablement impressionné les dents. Ils soulignent que la situa- registraient des reculs compris opérateurs. Ils ont vu dans cette in- tion financière reste fragile en Asie 07 OCT.10 OCT. 16 OCT. 22 OCT. 28 OCT. 03 NOV. 07 OCT.13 OCT. 16 OCT. 22 OCT. 28 OCT.31 OCT.04 NOV. 07 OCT. 10 OCT.15 OCT.20 OCT.23 OCT. 28 OCT. 03 NOV. du Sud-Est, notamment à Hong- entre 0,40 % et 0,50 %. Lundi, Paris tervention surprise la signature 1997 1997 1997 avait progressé de 1,78 %, Francfort d’Eisuke Sakakibara, vice-ministre kong, et les difficultés économiques Source : Bloomberg de 2,51 % et Amsterdam de 2,70 %. nippon des finances, qui jouit d’une de certains grands pays en dévelop- Si la violence du rebond a surpris excellente réputation sur les mar- tème bancaire a, apparemment, quelles elles travaillent. Mais les émergents, et le fonds du financier pement restent entières. Par les experts, ces derniers mettent en chés financiers internationaux. Leur bien résisté à la tempête financière banques brésiliennes ont finale- George Soros aurait subi une exemple, le redressement de la avant plusieurs éléments de nature optimisme a été renforcé, enfin, par et boursière des derniers jours. Cer- ment honoré leurs paiements, ce moins-value de 2 milliards de dol- Bourse de Sao Paulo et la stabilisa- à expliquer le brusque regain d’op- l’annonce de la démission pro- tains analystes craignaient que des qui a rassuré l’ensemble de la lars –, n’ont pas été suffisantes tion du real n’ont pas réglé le pro- timisme des investisseurs. Le pre- chaine du premier ministre thaïlan- établissements, à la suite de pertes communauté financière internatio- pour déclencher une « crise systé- blème du déséquilibre des comptes mier tient à l’amélioration de la si- dais, Chavalit Yongchaiyudh. Les subies sur les marchés, se re- nale. Les pertes subies lors du mini- mique », selon l’expression des spé- courants brésiliens. Les spécialistes tuation en Asie du Sud-Est, d’où opérateurs espèrent que la fin de la trouvent en situation de faillite. Des krach, aussi importantes soient- cialistes, c’est-à-dire des faillites en s’attendent, dans ce contexte, à une était partie l’onde de choc moné- crise politique à Bangkok permettra rumeurs avaient circulé à ce sujet elles – la Chase Manhattan, l’une chaîne de banques. grande volatilité des cours des ac- taire et boursière. Le plan interna- l’adoption de réformes écono- pour plusieurs banques brési- des plus grandes banques améri- Enfin, les dernières statistiques tions au cours des prochaines se- tional d’aide financière de 33 mil- miques dans le pays. liennes. Leur débâcle aurait placé caines, aurait perdu près de publiées confirment la bonne santé maines. liards de dollars (191 milliards de Le deuxième élément réconfor- en grande difficulté les grandes ins- 200 millions de dollars (1,2 milliard de l’économie américaine (la crois- francs) décidé vendredi 31 octobre tant réside dans le fait que le sys- titutions occidentales avec les- de francs) sur les seuls marchés sance s’est établie à 3,5 % au troi- Pierre-Antoine Delhommais André Orléan, économiste et directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) « Les cours sont le reflet des croyances partagées des acteurs financiers » « La crise financière née en les évolutions de long terme, la li- contemporaine s’est récemment Les cours ne sont pas le reflet des blables. On rapporte que, déjà en Asie s’est propagée, la semaine quidité impose aux agents de s’in- intéressée à ces phénomènes de données économiques fondamen- mai 1931, la crise de la Credit-Ans- dernière, dans le monde entier, téresser en priorité à la psycholo- prophéties autoréalisatrices. Les tales ; ils sont l’expression des talt de Vienne avait débouché sur provoquant lundi 27 octobre sur gie collective du marché. Pour équilibres « de taches solaires » croyances partagées des acteurs une spéculation contre la mon- les places boursières une se- cette raison, on la qualifiera d’au- en sont une illustration exem- financiers. naie allemande essentiellement cousse de grande ampleur sui- toréférentielle. Ce qui intéresse plaire. Il s’agit d’une situation – Ces phénomènes se sont-ils parce que les financiers améri- vie, depuis, par un rebond assez les opérateurs, c’est ce que les théorique où les prix sont corrélés amplifiés ces dernières années ? cains confondaient l’Autriche et spectaculaire. Les marchés sont- autres pensent ou, plutôt, ce que aux taches solaires, non pas parce les déréglementations ont-elles l’Allemagne ! ils irrationnels ? les autres penseront à l’instant que ces taches solaires auraient accru la volatilité financière ? » Pourtant, l’irrationalité de ces – Si l’on pense que les marchés qui suit. Autrement dit, face à un des effets sur la productivité agri- – On assiste à un paradoxe. Un évolutions disparaît si on les ana- ont un rôle essentiellement infor- événement, la question perti- cole, comme le croyait Stanley Je- des avantages supposés d’un mar- lyse, du point de vue de la logique mationnel et qu’en conséquence nente n’est pas tant son effet sur vons à son époque, mais simple- ché financier mondialisé est de autoréférentielle, comme l’ex- il convient de mesurer leurs per- la valeur fondamentale des titres ment parce que les individus permettre une meilleure diversifi- pression d’une défiance générali- formances à leur capacité à for- que l’interprétation que le marché croient qu’il en est ainsi. Même si cation des portefeuilles financiers sée qui teste progressivement la mer des prix qui reflètent fidèle- ANDRÉ ORLÉAN en donnera. Telle est la source des cette relation n’est pas objective- et, ce faisant, une moindre expo- résistance des divers segments du ment les données fondamentales comportements de surréaction. ment vraie, la croyance unanime sition aux risques. Or ce qui est marché mondial. On assiste à une des économies, ils sont certaine- « calme les nerfs de l’épargnant et » Chacun peut croire en son for des acteurs économiques suffit à apparu avec force, c’est au dynamique mondiale qui procède ment irrationnels. Les marchés lui fait courir plus volontiers les intérieur, par exemple, qu’il n’y a la réaliser. contraire l’étroite corrélation par contaminations soudaines ini- sont surréactifs : ils donnent un risques », pour reprendre le mot pas de raisons objectives pour » C’est cette même logique entre tous les marchés : ils ont tiées par la recherche de la liqui- poids démesuré à des événements de Keynes. que les titres français soient forte- qu’on voit à l’œuvre dans les phé- tous chuté simultanément et sont dité. dont le contenu informationnel » Mais la généralisation de ces ment affectés par les événements nomènes financiers : la défiance remontés en même temps, de ma- – Cette volatilité accrue est- est faible, ce qui engendre une prises de position individuelles, du Sud-Est asiatique ; il n’en sera dans telle monnaie conduit à des nière parfaitement synchronisée. elle dangereuse ? très forte volatilité des cours. lorsqu’elles vont toutes dans le pas moins vendeur s’il pense que comportements généralisés de » Cette synchronisation est – Oui, elle l’est. Le risque fonda- » Mais, à mon sens, le marché a même sens, engendre, par effet les autres opérateurs le croient. Il vente qui conduiront à la dépré- dangereuse. Elle montre pleine- mental est de nature systémique. une autre fonction essentielle : di- de composition, des conjonctures s’ensuit une autonomisation des ciation de la monnaie et valide- ment que la recherche de la liqui- Autrement dit, ce qui caractérise minuer le risque de l’investisse- globales instables. La rationalité croyances collectives du marché ront ex post les anticipations de dité se fait désormais à l’échelle la sphère financière, c’est l’étroite ment en lui donnant une forme li- des comportements individuels qui acquièrent, ce faisant, le sta- défiance. mondiale. Les effets de résonance imbrication de tous les marchés, quide. Si l’investisseur ne pouvait débouche sur une irrationalité tut de vérité objective. On » Cette possibilité d’autoréali- deviennent considérables, le pes- de telle sorte qu’un choc d’abord placer son argent que dans des globale. comprend alors l’importance de sation des croyances modifie simisme comme l’optimisme s’ali- local peut produire des effets glo- actifs immobilisés ou difficile- – L’investisseur individuel n’a- l’imitation. Tous les analystes ont alors profondément notre mentant aux quatre coins de la baux. ment négociables, cela constitue- t-il pas intérêt à rechercher le mis, à juste titre, l’accent sur le conception de l’irrationalité fi- planète. On l’a déjà expérimenté » Les canaux de transmission rait, à l’évidence, un obstacle im- meilleur placement ? Pourquoi caractère moutonnier des pa- nancière. On peut démontrer ri- dans le cas mexicain. Tous les sont nombreux. Par exemple, la portant à l’investissement. Telle devient-il moutonnier ? niques boursières. Il s’agit en fait goureusement que certaines analystes ont souligné ce que ces baisse brutale des Bourses de va- est la fonction essentielle des – La logique de la liquidité est d’un mimétisme stratégique. bulles sont tout à fait compatibles comportements avaient d’aber- leurs fragilise les banques et cer- Bourses de valeurs : faciliter l’in- très différente de la logique fon- – D’où l’effet fameux dit « des avec un comportement rationnel rant du point de vue des données tains fonds de placement. De vestissement en le rendant révo- damentaliste. Alors que cette der- taches solaires »... des agents : chacun anticipe la fondamentales, tant les situations même, la défiance peut atteindre cable à tous instants, ce qui nière est tout entière centrée sur – La théorie économique hausse, qui, en effet, se réalise. des divers pays étaient dissem- le marché des changes et obliger les autorités à augmenter leur taux d’intérêt pour défendre leur monnaie, ce qui, à nouveau, fragi- La démission annoncée du premier ministre thaïlandais provoque un soulagement lise le système bancaire et affecte la demande. Le moindre incident BANGKOK ciation de l’accord avec le FMI, qui sibilité serait de faire appel à cas de figure serait donc le main- imprévu peut transformer cette de notre correspondant date seulement du 11 août mais Chuan Leekpai, chef de l’opposi- tien de la majorité actuelle fragilité structurelle en une vague Une phase d’intenses ma- dont les termes sont tout à coup tion parlementaire, qui a déjà été moyennant la nomination, à la d’insolvabilités en chaîne. nœuvres politiques s’est ouverte, jugés trop durs, est dans l’air. Mais premier ministre de 1992 à 1995. tête du gouvernement, non du gé- » On peut mesurer les enjeux lundi 3 novembre à Bangkok, avec le sentiment prévaut, surtout, que Toutefois, Chaovalith souhaite néral Chatichai, qui dit ne pas en d’une telle crise lorsqu’on ob- l’annonce, par le général Chaova- l’actuel gouvernement, qui éviter que Chuan, président du vouloir, mais de l’un de ses lieute- serve aujourd’hui les économies lith Yongchaiyudh, au pouvoir de- compte quatorze nouveaux Parti démocrate, lui succède. En nants. du Sud-Est asiatique. La crise a puis onze mois, qu’il renonçait à la membres depuis le 25 octobre outre, le manque d’enthousiasme L’incertitude continue donc de commencé par le décrochage du direction d’un gouvernement de seulement, a déjà perdu une large manifesté par Chuan Leekpai lui- prévaloir avec, cependant, une dif- baht thaïlandais, le 2 juillet, qui coalition paralysé par des que- part de sa crédibilité. même a ses raisons : l’héritage est férence : cette fois-ci, sur le plan s’est propagé à l’ensemble des relles internes. Le premier mi- dur, un nouveau cabinet ne dispo- politique, les choses commencent pays de la région. Elle a entraîné nistre a, en effet, déclaré qu’il sou- FAUSSE SORTIE ? sera que de quelques mois pour un peu à bouger. Il en faudrait une chute des Bourses, une dé- mettrait sa démission au roi jeudi, Pour peu qu’il ne s’agisse pas faire ses preuves avant des élec- sans doute bien davantage pour préciation des monnaies de une fois adoptées par le Parlement d’une fausse sortie de la part du tions générales et, surtout, Chuan lever une méfiance à l’égard des l’ordre de 30 % et une augmenta- six lois financières liées à l’applica- premier ministre, un abcès aura Leekpai sera contraint de s’allier gouvernants qui n’est pas, certes, tion durable des taux d’intérêt tion du plan de redressement du été crevé. La crise politique, qui avec des membres de la majorité à l’origine de la crise économique (13,5 % en Thaïlande, 24 % aux FMI et trois lois organiques néces- l’emporte sur toute autre considé- actuelle pour obtenir un vote fa- mais qui a tant contribué à l’am- Philippines), qui ont pu fragiliser saires à l’organisation d’élections ration depuis des mois, n’aura pas vorable du Parlement. plifier. En Thaïlande, la donnée davantage un système bancaire anticipées début 1998. pour autant été réglée. Une solu- L’un des hommes-clés de la si- politique demeure dominante, et déjà malade sous le poids des L’indécision de Chaovalith a tion, qui aurait la préférence des tuation est donc le général Chati- les Thaïlandais se retrouvent, une créances douteuses. Cette crise coûté, ces derniers mois, assez militaires, serait la formation d’un chai Choonhavan, soixante-dix- fois de plus, face à leur paradoxe systémique qui affecte la solvabi- cher à la Thaïlande pour que sa gouvernement national ; elle est sept ans, ancien premier ministre favori : l’appel naturel à un chef – lité de nombreux agents privés ne démission, si elle se confirme, ne préconisée par le général Prem (1988-1991), qui dirige le deuxième en l’occurrence le général Prem – pourra se résorber qu’à l’issue soit pas accueillie avec soulage- Tinsulanonda, soixante-dix-sept parti de la majorité, le Chat Patta- que leur système parlementaire, d’un long processus d’assainisse- ment, ainsi que l’a souligné, mardi ans, conseiller privé du monarque na. Les désaccords entre Chaova- garant de leurs libertés, est inca- ment. » 4 novembre, la remontée du baht après avoir été premier ministre lith et Chatichai sont, d’ailleurs, pable de désigner. et de la Bourse de Bangkok. De- de 1980 à 1988. Mais la classe poli- pour beaucoup dans la paralysie Propos recueillis par puis quelques jours, une renégo- tique fait la moue. Une autre pos- gouvernementale. Le troisième Jean-Claude Pomonti Eric Le Boucher LeMonde Job: WMQ0511--0023-0 WAS LMQ0511-23 Op.: XX Rev.: 04-11-97 T.: 10:37 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0493 Lcp: 196 CMYK

ENTREPRISES LE MONDE / MERCREDI 5 NOVEMBRE 1997 / 23 General Electric intègre La faillite de Sanyo Securities assombrit des activités de Lockheed Martin LE GROUPE américain General Electric a annoncé, lundi 3 novembre, l’avenir des maisons de titres japonaises l’échange de 2,8 milliards de dollars (16,8 milliards de francs) d’actions de Lockheed Martin qu’il détient contre des activités de ce dernier. General Electric intrégrera dans ses structures les activités de moteurs d’avions et de Le courtier laisse un passif de près de 18 milliards de francs distribution d’ordinateurs de Lockheed Martin. Le groupe héritera aussi de la participation détenue par Lockheed Martin dans Globalstar, société de La maison de titres japonaise Sanyo Securities a liards de francs). Cette faillite, la première depuis dont les indicateurs de croissance sont à la baisse, téléphonie mobile par satellites. Les plus-values réalisées sur cette opération déposé son bilan, lundi 3 novembre, laissant un la fin de la deuxième guerre mondiale, intervient et pour le système financier, handicapé par les s’élèveraient à 1 milliard de dollars. passif de 374 milliards de yens (environ 18 mil- à un moment délicat pour l’économie japonaise, contre-performances de la Bourse de Tokyo. General Electric, qui recevra en outre 1,5 milliard de dollars en liquide, était entré au capital de Lockheed Martin en 1993, lorsque cette société s’appelait TOKYO via des filiales). Enfin, la concur- Martin Marietta. correspondance rence étrangère se renforce : La maison de titres japonaise depuis août, les vingt et une socié- DÉPÊCHES Sanyo Securities a déposé son tés de courtage étrangères ins- a REPSOL : un consortium de quatre firmes pétrolières européennes, bilan, lundi 3 novembre, laissant crites au Kabuto-Cho ont dépassé dans lequel l’espagnol Repsol est l’opérateur avec une participation de 32 % un passif de 374 milliards de yens pour la première fois les quatre a signé, lundi 3 novembre, un contrat d’exploration et de production en (environ 18 milliards de francs). grands en volume de transactions. Libye. C’est le premier courtier nippon Le scandale des compensations a ELF : le ministère de l’économie allemand a indiqué, lundi à faire faillite depuis la fin de la illégales et des transactions discré- 3 novembre, qu’il pensait maintenir la subvention de la construction par deuxième guerre mondiale. Les tionnaires effectuées pour le Elf-Aquitaine de la raffinerie de pétrole Leuna, en ex-RDA, malgré la déci- déréglementations en cours dans compte des sokaiya par les quatre sion négative de la Commission européenne. Bruxelles a critiqué sur la le cadre du « big bang » japonais grandes maisons de courtage pèse forme mais pas sur le fond les subventions d’environ 400 millions de marks pourraient entraîner d’autres vic- sur leurs performances. Les per- (1,32 milliard de francs) prévues. times parmi les sociétés les moins quisitions et les arrestations se a LEVI STRAUSS : le fabricant américain a annoncé lundi 3 novembre solides du secteur. Même si le pre- sont poursuivies ces deux der- la fermeture de onze usines aux Etats-Unis et au Canada en 1998 et le licen- mier ministre, Ryutaro Hashimoto, nières semaines aux sièges de ciement de 6 395 salariés, soit plus de 34 % de ses effectifs. Levi’s consacrera a cherché, mardi, à minimiser la Nikko, Yamaichi, et Daiwa, la der- 200 millions de dollars (1,2 milliard de francs) pour couvrir le coût de ces portée de cette faillite en affirmant nière à être « tombée ». licenciements. La fondation créée par le groupe débloquera huit millions de qu’il s’agissait d’un « cas spécial ». Le leader du secteur, Nomura, dollars de dons pour aider les municipalités affectées par ces mesures. sanctionné le premier, a toutes les a MARIE BRIZARD : l’administrateur judiciaire Hubert Lafont a été MOMENT DÉLICAT chances de revenir en force au chargé d’une mission de conciliation entre Marie Brizard, qui a accumulé 56 La faillite de Sanyo intervient à second semestre : ce sont désor- millions de francs de pertes au cours des deux derniers exercices, et ses un moment délicat pour l’écono- mais aux trois autres de subir des partenaires financiers. mie japonaise, dont les indicateurs restrictions dans leurs activités a FRANCE TÉLÉCOM : le forfait de 6 heures de communications de croissance sont à la baisse, et pour les six prochains mois. Les locales aux heures creuses pour 30 francs offert par l’exploitant n’a pas été pour le système financier, handi- résultats du premier semestre 1997 jugé anti-concurrentiel par la Commission européenne, qui examinait une capé par les contre-performances tier. A moins d’un an de leur matu- non bancaires ont servi de relais (d’avril à septembre), qui viennent plainte de Cegetel (groupe Générale des eaux), selon la direction de France de la Bourse de Tokyo : l’indice ration, les prêts subordonnés ne aux banques et aux maisons de d’être publiés, sont inférieurs aux Télécom. Nikkei est à son plus bas niveau sont plus comptabilisés dans le courtage pour toute une série de prévisions : 49 milliards de yens de a NORTHERN TELECOM : le groupe canadien de télécommunications a depuis deux ans. Le ministre des capital : en devenant des dettes à prêts que celles-ci n’étaient pas bénéfices avant impôt pour annoncé lundi 3 novembre une offre d’achat de 586 millions de dollars finances, Hiroshi Mitsuzuka, s’est court terme, ils déséquilibraient le autorisées à attribuer directement. Nomura, 19 milliards pour Daiwa, canadiens (2,4 milliards de francs) sur la totalité du capital de Broadband empressé de déclarer lundi qu’il ratio dettes sur fonds propres de Elles sont également au centre des 2,2 pour Nikko et 2,7 milliards de Networks. Cette société canadienne créée en 1994 est spécialisée dans les avait, « en considération des cir- Sanyo. Le courtier, qui avait dû, en scandales impliquant les sokaiya yens de pertes pour Yamaichi, le technologies de communication de grands volumes de données sur les constances économiques actuelles, 1994, reprendre à son compte plus (maîtres chanteurs). plus mal en point. Sur les dix mai- réseaux sans fil. reçu instruction du premier ministre de 80 milliards de yens de mau- Que le ministère des finances ne sons de titres de second rang, neuf, a SIEMENS : le groupe allemand a conclu lundi 3 novembre la vente de Ryutaro Hashimoto de faire tout ce vaises créances supportées par ses soit pas parvenu, malgré ses dont Sanyo, ont enregistré des sa division de matériel dentaire (2 700 personnes, 900 millions de marks de qui était possible pour maintenir le filiales de crédit non bancaires, se efforts, à obtenir des créanciers et pertes avant impôt au premier chiffre d’affaires) à des investisseurs étrangers. calme sur les marchés et protéger les trouvait déjà dans une situation actionnaires de Sanyo l’assurance semestre 1997. Leur existence a AUTOMOBILE : les immatriculations (utilitaires légers compris) ont investisseurs ». Le Fonds de précaire. La dette du groupe Sanyo d’un sauvetage concerté du cour- comme entités indépendantes diminué de 16,6 %, à 195 000 unités, selon les chiffres définitifs publiés, lundi compensation pour les titres en atteint 838 milliards de yens, a tier est la preuve d’une émancipa- pourrait, à l’instar de Sanyo, être 3 novembre, par le Comité des constructeurs français d’automobiles dépôt a été autorisé à dépasser la déclaré son président, Takashi tion progressive du secteur finan- remise en question une fois que la (CCFA). Pour les seules voitures de particuliers, la baisse est de 18,4 % limite – prévue par la loi – de 2 mil- Ikeuchi. cier, rendue nécessaire par une consolidation du secteur, jugée (165 000 unités). Seul, Citroën affiche des résultats en progression (+9,5 %). liards de yens de compensation Créée en 1910 et connue sous crise prolongée. Un porte-parole inévitable, aura commencé. La a COMPAGNIE BANCAIRE : la filiale britannique du groupe, UCB par maison de courtage, le son nom actuel depuis 1973 après d’une compagnie d’assurances reprise ou non des activités de Group, vient de céder au Credit Suisse First Boston son activité de finance- ministre des finances s’étant une série de fusions, Sanyo Securi- concernée a expliqué qu’il y avait Sanyo par un tiers pourrait en être ment immobilier de maisons de santé, qui comprenait un portefeuille de assuré du soutien des principaux ties fait partie des dix maisons de assez à faire dans son domaine le coup d’envoi. prêts hypothécaires de 3,5 milliards de francs. Cette cession marque le créanciers et actionnaires de courtage de second rang, derrière pour s’abstenir de jouer les pom- retrait total de la Compagnie bancaire du secteur immobilier en Grande- Sanyo (dont trois grandes les quatre grands, Nomura, Daiwa, piers chez les voisins. Brice Pedroletti Bretagne. banques, neuf compagnies d’assu- Nikko et Yamaichi Securities. Avec En outre, le « big bang » ne rance-vie et Nomura) pour subve- 2 500 employés et 70 branches, réserve pas aux maisons de titres nir à tout besoin de liquidité lors Sanyo Securities avait défrayé la des jours très roses. Les réformes du remboursement des clients de chronique dans les années en cours prévoient de déréglemen- Sanyo. d’euphorie financière en se van- ter, à partir d’avril 1998, les C’est le refus de deux compa- tant d’avoir la plus grande salle de commissions de courtage, leur gnies d’assurance-vie de prolonger marché du monde. Les déboires de principale source de revenus. Elles l’échéance de 20 milliards de yens ses filiales non bancaires, impli- impliquent également la dispari- en prêts subordonnés à Sanyo, quées dans les gigantesques prêts tion progressive des barrières res- malgré l’insistance du ministère immobiliers qui ont alimenté la treignant l’activité des banques des finances, qui a, technique- spéculation, lui sont aujourd’hui dans le domaine du courtage (où ment, provoqué la faillite du cour- fatals. Les établissements de crédit elles interviennent pour l’instant Hilton relève son offre sur ITT Sheraton HILTON, contrairement aux précédentes déclara- L’offre du promoteur immobilier est supérieure en tions de ses dirigeants, n’est pas prêt à lâcher prise chiffres absolus, puisqu’elle s’élève à 13,3 milliards dans la bataille boursière qu’il livre depuis janvier de dollars, mais, à la différence de Hilton, Starwood pour prendre le contrôle d’ITT Sheraton. Lundi ne prévoit de verser que 15 dollars comptant par 3 novembre, Steven Bollenbach, PDG de Hilton, a titre, auxquels s’ajoutent 67 dollars sous forme annoncé qu’il relevait son offre. Il propose désormais d’actions privilégiées pour les actionnaires d’ITT. 80 dollars par titre contre 70 dollars précédemment. « Notre offre révisée est clairement supérieure et Cette offre vient contrer l’accord de fusion passé, apporte plus de valeurs, plus de certitudes et un certain lundi 20 octobre, entre ITT Sheraton et Starwood nombre d’avantages supplémentaires pour les action- Lodging afin de créer, au début de 1998, l’un des pre- naires d’ITT », affirmait lundi Stephen Bollenbach. miers groupes mondiaux d’hôtellerie (Le Monde du En ces périodes de tourmente boursière, la nou- 22 octobre). velle offre de Hilton procure surtout une plus-value Paradoxalement, la nouvelle offre de Hilton est, sensible en espèces sonnantes et trébuchantes. Il dans l’absolu, inférieure à celle de Starwood Lodging. semble que la volatilité de Wall Street, au cours de Le prédateur, huitième groupe hôtelier mondial, offre ces dernières semaines, ait encouragé Hilton à dans un premier temps 80 dollars au comptant par repartir à l’assaut d’ITT et de ses hôtels Sheraton, action pour 55 % du capital d’ITT. Dans un second alors qu’au lendemain de la conclusion de l’accord temps, Hilton proposera aux actionnaires d’ITT entre Starwood et ITT, le groupe avait très claire- l’échange des actions restantes sur la base de deux ment écarté l’idée d’une contre-offre. « Aussi long- titres Hilton contre un titre ITT. En outre, les action- temps que les promoteurs immobiliers seront prêts à naires d’ITT recevront un paiement complémentaire payer aussi cher, ils nous battront à chaque fois », au cas où les actions Hilton atteindraient moins de avait alors reconnu Steven Bollenbach. Selon les 40 dollars dans l’année suivant la fusion. Au total, analystes, Starwood n’a pas encore dit son dernier l’offre améliorée de Hilton représente 9,3 milliards de mot. dollars, plus 3,5 milliards de dollars de reprise de dette, soit un total de 12,8 milliards de dollars. François Bostnavaron Deutsche Telekom va coupler téléphone fixe et téléphone mobile RON SOMMER, le président de leur entrée, à la faveur de la libérali- mobile par Mannesmann. Son Deutsche Telekom, a annoncé, lundi sation, sur le marché allemand du réseau « D1 » devrait compter 3 mil- 3 novembre, que l’opérateur alle- téléphone à partir du 1er janvier lions d’abonnés fin 1997, contre mand lancera « d’ici peu » des pres- 1998. 3,3 millions d’abonnés (soit 1 million tations couplées pour l’utilisation La mise en place d’offres de plus que fin 1996) pour le réseau d’un téléphone fixe classique et d’un commerciales associant des services « D2 » de Mannesmann Mobilfunk. téléphone mobile. Les abonnés de téléphonie fixe et de téléphonie Depuis début octobre, T-Mobil auront la possibilité d’avoir le même mobile a été annoncée par Mannes- (5 400 salariés, 5,4 milliards de numéro téléphonique pour leurs mann, O-tel-o, la filiale des groupes marks de chiffre d’affaires en 1996) deux appareils. allemands d’énergie Veba et RWE n’a plus de président. Lothar Hun- Ce type de prestation est déjà (ils exploitent le troisième réseau sel, qui occupait ce poste, a démis- offert en Grande-Bretagne par BT. allemand de téléphone mobile), ou sionné. Officiellement pour « rai- En France, la direction de France encore Viag Interkom, la filiale du sons personnelles ». M. Sommer a Télécom indique que l’exploitant ne groupe allemand d’énergie Viag et annoncé lundi qu’il sera remplacé, à peut offrir un tel couplage fixe- de BT (elle doit déployer le qua- compter de janvier, par Kai Uwe mobile « en raison de notre position trième réseau de téléphonie Ricke, ancien directeur marketing dominante ». mobile). de Talkline, filiale de l’opérateur Avec cette annonce, Deutsche T-Mobil, la filiale de Deutsche TeleDanmark. Telekom se prépare à répliquer aux Telekom, est dominée depuis plus nouveaux opérateurs, qui vont faire d’un an sur le marché du téléphone Philippe Le Cœur LeMonde Job: WMQ0511--0024-0 WAS LMQ0511-24 Op.: XX Rev.: 04-11-97 T.: 08:31 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0494 Lcp: 196 CMYK

24 COMMUNICATION LE MONDE / MERCREDI 5 NOVEMBRE 1997 La publicité interactive fait ses premiers pas à la télévision Les bouquets de programmes numériques TPS et CanalSatellite s’aventurent, par des voies différentes, sur la piste de l’interactivité, un domaine réservé jusque-là à Internet. Renault, Audi et la marque de jouets Lego jouent les pionniers

LA GUERRE que se livrent de- France, l’interactivité publicitaire à disent l’un comme l’autre en Thomson Multimédia, aujourd’hui voir apparaître le mini-catalogue. vendre « entre cent cinquante et puis leur lancement, en 1996, TPS la télévision. Début juillet, le « phase exploratoire », développent directeur multimédia de TPS, la Résultat, la publicité mordait sur deux cents véhicules », selon Thé- et CanalSatellite, les deux opéra- groupe Volkswagen avait essuyé des approches différentes. Pour publicité interactive « permet d’al- l’habillage de la chaîne, voire em- matiques Régies. Au regard de l’in- teurs français de télévision par sa- les plâtres avec sa campagne pour Rémi Collard, le patron de Théma- ler un cran plus loin en disant au té- piétait sur l’émission suivante. A vestissement initial, la rentabilité tellite, porte désormais aussi sur la l’Audi A4, diffusée par Canal Jim- tiques régies, en charge de la publi- lespectateur : “Appropriez-vous le CanalSatellite, on place la publicité est impressionnante : pour conce- publicité interactive. Grâce aux lo- my et Eurosport France sur Canal- cité interactive pour CanalSatellite, produit et comprenez ce qu’il interactive en fin d’écran. «Il ne voir son bandeau, la marque alle- giciels Open TV, pour TPS, et Mé- Satellite. Renault lui avait emboîté « les abonnés sont d’abord là pour est” ». Le téléspectateur se pro- faut pas dépasser une ou deux opé- mande a dépensé 50 000 francs en diahighway, pour CanalSatellite, le pas, du 10 au 24 octobre, en les programmes télévisés ». L’inter- mène dans un espace réservé à la rations à la fois pour éviter que ce frais techniques et 500 000 francs dont sont équipés les décodeurs, transformant un spot publicitaire activité sur CanalSatellite se réduit marque et pioche les informations qui est aujourd’hui spectaculaire ne pour l’achat d’espaces, alors que le plus de sept cent mille foyers pour la nouvelle Kangoo en cata- donc au strict minimum : pas qui l’intéressent, « un peu comme se transforme en kermesse », oppose chiffre d’affaires direct serait d’en- peuvent aujourd’hui manifester logue interactif lorsque le spot d’images, pas de sons. Un premier on peut le faire sur Internet, mais de Rémi Collard, qui prévoit de réali- viron 21 millions de francs. Eric leur intérêt pour un produit pré- était diffusé sur TF 1 et M 6, via bandeau fait la proposition, suivi, façon plus simple et conviviale ». A ser sur CanalSatellite une dizaine Pasquier estime, quant à lui, que senté dans un spot publicitaire : il TPS. De ces deux premières expé- dix secondes plus tard, d’un second l’avenir, il est question d’ajouter du d’opérations de ce genre en 1998 les 140 000 francs de frais tech- suffit d’utiliser la touche OK de la riences françaises, des enseigne- bandeau qui atteste que la de- son : « On s’est rendu compte qu’il mais en contrôlant strictement leur niques dépensés pour la campagne télécommande numérique pour ments peuvent déjà être tirés. mande a été prise en compte. fallait intégrer nos pages interactives mise en œuvre. Kangoo sont « une goutte d’eau obtenir plus d’informations et se TPS et CanalSatellite, qui se Pour Alain Staron, ex-TF 1 et à l’univers sonore de la télévision, si- comparée aux millions de francs in- faire connaître auprès de l’annon- non la différence est trop grande », RENTABILITÉ EXCEPTIONNELLE vestis dans la publicité à la télévi- ceur. Alors que la France accuse un analyse Eric Pasquier, directeur D’autres annonceurs devraient sion ». net retard en matière d’Internet, L’expérience britannique multimédia de Renault. Il re- grossir le flot des candidats, car la La publicité interactive à la télé- elle serait l’un des précurseurs de la connaît que « la publicité interac- publicité interactive allie le diver- vision aurait donc de beaux jours publicité interactive à la télévision. La première et seule autre expérience européenne de publicité in- tive avec Kangoo, c’est la Renault 4 tissement audiovisuel à l’efficacité devant elle. « Même si l’audience Mercredi 12 novembre, trois teractive à la télévision a eu lieu en Grande-Bretagne, en mai 1996. de l’interactivité, la préhistoire ». Le du marketing direct. Elle permet de des chaînes diffusées par câble et sa- spots pour les jouets Lego Les 100 000 foyers abonnés au câble via Videotron dans la région de texte est indigeste – « en raison des recueillir les coordonnées des per- tellite reste relativement confiden- – gammes Lego Scala, Lego Sys- Londres ont pu, pendant huit semaines, décider de la fin d’un spot obligations légales », justifie-t-on sonnes susceptibles d’acheter le tielle, c’est évidemment l’avenir », tem, Duplo Premio – solliciteront publicitaire pour les céréales Frosties de Kellog’s. Conçu comme une chez TPS – et les images sont au produit. La campagne Audi aura observe Philippe Deshons, expert l’intervention du téléspectateur sur leçon de surf par l’agence de publicité J Walter Thompson, cette pu- format vignette. ainsi permis d’identifier deux mille média à Leo Media (BL/LB). Pour les chaînes TF 1, M 6 et Télétoon blicité était destinée aux enfants : le tigre Tony offrait à chaque mo- En outre, l’approche retenue par cinq cents abonnés intéressés par Philippe Guéguan, d’Ogilvy & Ma- diffusées sur TPS. Lego inaugurera, ment clé du spot de choisir la séquence suivante (type de vague, di- TPS met le doigt sur ce qui risque l’A4 (sur les cinq cent quatre-vingt- ther Interactive, c’est « la consécra- en même temps, la « galerie rection de la planche...) en appuyant sur les boutons de la de devenir, « si le système se déve- treize mille abonnés de CanalSatel- tion par un grand média comme la commerciale » que vient juste télécommande. L’effet obtenu était proche du jeu vidéo. Cette publi- loppe », une question cruciale : le lite numérique), et celle de Renault télévision d’une nouvelle forme de d’ouvrir l’opérateur satellitaire sur cité était censée conserver l’attention de jeunes téléspectateurs ha- temps d’antenne alloué à l’interac- deux mille quatre cents abonnés publicité, plus informative, qui son canal 88 en proposant de bitués à quitter le petit écran pendant les plages publicitaires pour tivité. Le spot Kangoo était placé intéressés par la Kangoo (sur les n’existait jusqu’ici que sur le Web ». vendre ses produits en ligne. Lego aller jouer... aux jeux vidéo. L’expérience n’a, selon nos informa- au milieu des autres spots et il fal- deux cent mille abonnés de TPS). est la troisième marque à tester, en tions, pas été renouvelée. lait attendre la fin de l’écran pour Et la campagne A4 aurait permis de Florence Amalou Koultoura, la nouvelle chaîne publique russe MOSCOU constitutions théâtrales de spec- correspondance tacles de Stanislavski, mais aussi Cela tient du miracle. Mais de Jean Vilar, ou la création ciné- Koultoura, la chaîne culturelle matographique dans les provinces russe dont Boris Eltsine avait déci- russes, voilà ce que veut faire dé- dé la création en juin, a commencé couvrir Koultoura. Alors que les à émettre, comme prévu, le 1er no- autres chaînes se fondent dans le vembre. Ce jour-là, à 10 heures du modèle de la télévision commer- matin, les téléspectateurs russes ciale avec moult séries, jeux et talk ont pu entendre une allocution du shows, Koultoura veut redonner sa chef du Kremlin. En l’absence place à la culture russe et se recen- d’une campagne médiatique pour trer sur l’identité nationale. son lancement, c’est Boris Eltsine Contact a été pris avec Arte, dont lui-même qui s’est transformé en l’expérience intéresse beaucoup le présentateur de Koultoura. Une francophone Mikhaïl Chvydkoï. chaîne, a-t-il dit, devant satisfaire Jérôme Clément, le patron de la ceux qui « attendent depuis long- chaîne franco-allemande, a confir- temps un espace de discussion sé- mé, lors de la cérémonie d’inaugu- rieux sur les valeurs spirituelles, la ration de la chaîne : « Ils veulent morale, la foi et l’éducation ». que nous leur apportions une assis- Son allocution a été rediffusée tance technique en matière de pro- six fois pendant le week-end. grammes, que nous réalisions des Koultoura est, il est vrai, une coproductions, des échanges. » chaîne publique et Boris Eltsine en Mais c’est dans l’urgence que les préside le conseil de tutelle. Ce responsables de Koultoura ont dû haut patronage ne lui vaut toute- remplir treize heures d’antenne fois pas de connaître l’opulence. par jour, en puisant dans le fonds La publicité y est prohibée, seul le d’archives de la télévision pu- mécénat étant autorisé. Et elle n’a blique et en programmant des « pas reçu un kopeck de l’Etat », a grands classiques : des films de indiqué le rédacteur en chef de la Rossellini, Bergman, mais aussi du chaîne, Mikhaïl Chvydkoï. cinéma muet des années 20 avec Boris Barnett. L’information ARTE A LA RESCOUSSE culturelle est logiquement mise à Koultoura émet sur le canal au- l’honneur dans quatre journaux paravant réservé à la chaîne de quotidiens de quinze minutes. Saint-Pétersbourg ; VGTRK, la so- La course à l’audience n’est pas ciété nationale de télévision à la- le souci de M. Chvydkoï, qui table quelle elle est rattachée, lui fournit sur 4 à 6 % des téléspectateurs. Le les infrastructures nécessaires. problème sera celui du finance- Mikhaïl Chvydkoï, un ancien cri- ment. Et à l’approche du scrutin tique de théâtre et vice-ministre présidentiel, prévu en 2000, la de la culture, en a défini le chaîne risque de devenir vulné- concept : « Un regard sur la vie au rable : il y aura toujours, disent travers du prisme de la culture. » déjà les mauvaises langues, des Pour lui, la culture ne doit pas être candidats prêts à la secourir finan- rébarbative, ni être le domaine ré- cièrement. servé d’une élite. La musique, la danse, des re- Brigitte Breuillac

DÉPÊCHES a TÉLÉVISION : Leo Kirch veut la majorité dans la chaîne privée Sat 1, dont il possède déjà 43 %, rapporte l’hebdomadaire allemand Der Spiegel du 3 novembre. Le magazine affirme que le groupe Kirch a demandé, jeudi 30 octobre, l’autorisation de racheter les 15 % de Sat 1 détenus par l’éditeur Holtzbrinck dans une lettre à l’Office des cartels. Le groupe de presse Sprin- ger, l’autre grand actionnaire de Sat 1 avec 40 %, réclame, lui, la moitié des parts de Holtzbrinck. a PRESSE : l’hebdomadaire Marianne affiche de bons résultats de vente, six mois après sa création. Le titre de Jean-François Kahn annonce, dans son édition du 3 novembre, une moyenne de ventes en kiosque pour les mois d’août, de septembre et d’octobre de 187 000 exemplaires. Selon Marianne, les résultats des autres hebdomadaires, qui privilégient les abonnements, sont pour la vente en kiosque : Le Nouvel Observateur (84 000 exemplaires), L’Express (75 000), Le Point (74 900), L’Evénement du jeudi (58 000). La diffusion moyenne de Marianne est de 230 000 exemplaires. a L’hebdomadaire professionnel de la communication Stratégies pro- pose une nouvelle formule, réalisée par Nathalie Baylaucq (qui a déjà signé celles du Monde, de La Tribune, de Marianne) dans son édition du 31 octobre. Filiale de Reed Elsevier, Stratégies affiche une diffusion totale payée de 8 923 exemplaires. a Le groupe de presse allemand Grüner und Jahr, filiale de Bertelsmann, est intéressé par la maison d’édition britannique IPC Magazines, mise en vente par Reed Elsevier, rapporte l’hebdomadaire allemand Der Spiegel du 3 novembre. LeMonde Job: WMQ0511--0025-0 WAS LMQ0511-25 Op.: XX Rev.: 04-11-97 T.: 10:48 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0495 Lcp: 196 CMYK

FINANCES ET MARCHÉS LE MONDE / MERCREDI 5 NOVEMBRE 1997 / 25

a LE DOLLAR s’appréciait face au a TOKYO a terminé en hausse de a LA BOURSE de Bangkok était en a LE DOW JONES de la Bourse de New a APRÈS une « semaine noire », la yen mardi matin à 121,86 contre 0,25 % mardi, sur un rebond en fin forte hausse mardi (+ 6,7 %) tandis que York a terminé la séance de lundi en Bourse de Sao Paulo a terminé lundi en 121,42 la veille à New York. Le bil- de séance. Le Nikkei a gagné le baht gagnait 3,4 %, au lendemain de hausse de 232,32 points (+ 3,12 %), à forte hausse de 9,70 %, l’indice Boves- let vert a bénéficié de la crainte 41,16 points pour terminer à l’annonce de la démission du premier 7 674,40, soit la troisième plus forte pa des principales valeurs s’établissant liée à la faillite de Sanyo Securities. 16 500,10 points. ministre Chaovalith Yongchaiyuth. hausse en points de son histoire. à 9 858 points.

CAC 40 CAC 40 CAC 40 MIDCAC NEW YORK LONDRES MILAN FRANCFORT LES PLACES BOURSIE`RES p q p q p p n p Cloˆture 1 mois 1an 1 mois DOW JONES FT 100 MIB 30 DAX 30

Indice CAC 40 sur un an CAC 40/5 jours PRINCIPAUX E´CARTS PRINCIPAUX E´CARTS Indice SBF 250 sur 3 mois AU RE`GLEMENT MENSUEL AU SECOND MARCHE´ Morosité 2787,96 1808,81 3094,01 MAX Cours au Var. % Var. % Cours au Var. % Var. % 1996,30 2818 HAUSSES, 10 h 15 04/11 03/11 31/12 HAUSSES, 10 h 15 04/11 03/11 31/12 2913,95 1941,74 à Paris Zodiac ex.dt divid 1259 + 4,48 – 20,61 Duc # 257,20 + 4,97 .... 2733,89 Infogrames Enter. 855 + 3,88 + 42,50 Vilmorin et Cie # 495 + 4,21 + 16,47 1887,18 2734 + + + LA BOURSE de Paris, à l’image des 2553,82 Cegid (Ly) 642 2,72 8,08 ADA 339,90 3,65 – 17,09 autres places européennes, était Sade (Ny) 192 + 2,67 + 2,23 Altran Techno. # 1609 + 3,20 – 3,47 1832,62 2373,76 Bouygues Offs. 290 + 2,47 + 118,04 Info Realite # 206,20 + 3,10 – 1,71 orientée à la baisse, mardi 4 no- 2651,33 1778,06 Cred.Fon.France 65 + 2,36 – 3,70 vembre, au début des transactions en 2193,70 MIN f g Technip 628 + 2,28 + 28,95 6 nov. 6 mai 3 nov. MM J V L BAISSES, 10 h 15 1723,50 dépit de la vive hausse de Wall Street, Gr.Zannier (Ly) # 135,90 + 2,18 + 15,95 Cerg-Finance SA 275 – 4,51 + 37,50 f7 aouˆt 19 sep. 3 nov.g la veille. En repli de 0,48 % à l’ouver- Primagaz 424 + 2,16 – 30,60 CEGEDIM # 695 – 4,13 + 44,79 ture, l’indice CAC 40 perdait 0,42 % confirmera pas son rally et les prévi- 2 950 points pendant deux ou trois Bongrain 2158 + 1,69 + 7,52 AFE # 452 – 3,62 + 3,90 quelques minutes plus tard à sions de résultats seront moins favo- semaines, puis sur une consolidation Chaine et Trame # 162 – 2,99 + 15,63 Indice second marche´ sur 3 mois 2 776,25 points. rables », prédit-il. Pierre Vignaud, avec un point bas à 2 650 points. Le BAISSES, 10 h 15 Radiall # 622 – 2,81 + 26,68 1712,02 Marine Wendel 640 – 4,47 + 34,45 1941,57 La veille, la Bourse a connu un re- analyste technique chez EIFB, table marché devrait ensuite se stabiliser – + Gaz et Eaux 2305 3,55 14,31 INDICES SBF 120-250, MIDCAC 1886,39 bond à la faveur de la reprise du dol- sur une poursuite de la hausse vers entre 2 820 et 2 950 points. Galeries Lafayette 2615 – 3,14 + 41,65 ET SECOND MARCHE´ lar, de Hongkong et de Wall Street, De Dietrich 260,10 – 2,91 + 33,04 03/11 31/10 Var. % 1831,21 NRJ # 801 – 2,90 + 21,73 Ind. ge´n. SBF 120 1898,12 1867,29 + 1,65 mais des prises de bénéfice ont limité 1776,03 les gains en fin de séance. L’indice Bazar Hot. Ville 511 – 2,66 + 15,11 Ind. ge´n. SBF 250 1808,81 1782,81 + 1,46 Michelin, valeur du jour Comptoir Entrep. 11,20 – 2,60 + 16,66 CAC 40, qui gagnait 2,7 % au plus fort Ind. Second Marche´ 1712,02 1698,68 + 0,79 1720,85 Geophysique 799 – 2,56 + 121,94 Indice MidCac 1505,76 1494,34 + 0,76 de la hausse, a fini sur un gain de APRÈS avoir beaucoup souffert née, l’action Michelin n’a gagné Sat 1650 – 2,07 + 6,79 1665,67 f7 aouˆt 19 sep. 3 nov.g 1,78 % à 2 787,96 points dans un vo- la semaine dernière, l’action du nu- que 0,9 %, à comparer aux 20 % de Cerus Europ.Reun 32,65 – 1,95 + 1,33 Valeurs indus. 2075,73 2042,17 + 1,64 lume de 8,4 milliards de francs, dont méro un mondial du pneumatique hausse de l’indice CAC 40 dans le 1 - Energie 2803,87 2767,77 + 1,30 VALEURS LES PLUS ACTIVES 2 - Produits de base 1984 1958,25 + 1,32 5,7 milliards sur l’indice CAC 40. s’est reprise assez nettement, lundi même temps. Indice MidCac sur 1 mois Les opérateurs restent prudents sur 3 novembre, à la Bourse de Paris. 04/11 Titres Capitalisation 3 - Construction 1781,54 1768,05 + 0,76 SE´ANCE, 10 h 15 e´change´s en F 4 - Biens d’e´quip. 1437,13 1415,95 + 1,50 1505,76 la durée de la hausse qui s’est faite Le titre Michelin a regagné 4,2 % à 1669,55 Michelin sur 1 mois Alcatel Alsthom 54307 37331873 5 - Automobile 2212,65 2182,37 + 1,39 dans un volume moyen et sous l’im- 308,20 francs dans un marché de 308,20 + 370,90 Carrefour 9779 30008350 6 - Biens consom. 3365,54 3292,37 2,22 1620,71 pulsion des professionnels. Pour Gé- 551 000 transactions. Pour bon Rhone Poulenc A 102085 25866986 7 - Indus. agro-alim. 1428,39 1394,90 + 2,40 rard Noël, gestionnaire chez Synal- nombre d’analystes, la valeur, qui a 355,90 Elf Aquitaine 32548 23471958 Services 1931,53 1904,64 + 1,41 1571,88 340,90 B.N.P. 68155 17834569,80 8 - Distribution 3591,52 3541,22 + 1,42 gest, le marché devrait continuer sa cédé 10 % la semaine dernière et a 1523,04 purge et revenir vers 2 650 points en été victime de dégagements, a été 325,90 Axa 44045 17555338,80 9 - Autres services 1264,18 1246,65 + 1,41 Societe Generale 20756 16365515 Socie´te´s financie`res 1383,23 1368,72 + 1,06 1474,21 novembre. « Sur les trois forces qui injustement traitée et devrait pou- 310,90 LVMH Moet Hen. 15812 16001586 10 - Immobilier 744,70 746,19 – 0,20 animent le marché, seuls les taux seront voir atteindre un cours de 295,90 Danone 17554 15858482 11 - Services financ. 1430,37 1410,79 + 1,39 1425,37 f1er oct. 16 oct. 3 nov.g f3 oct. 17 oct. 3 nov.g un facteur de soutien. Mais le dollar ne 400 francs. Depuis le début de l’an- Total 19922 12913661 12 - Socie´te´s invest. 1648,31 1642,44 + 0,36

« Les investisseurs nous disent que NEW YORK LONDRES FRANCFORT New York. Dow Jones sur 3 mois Les valeurs du Dow-Jones Se´lection de valeurs du FT 100 Les valeurs du DAX 30 les turbulences de la semaine der- 7584,02 La faillite de Sanyo 8188 nière n’étaient pas aussi graves que 03/11 31/10 03/11 31/10 03/11 31/10 ce à quoi on s’attendait », a souli- Alcoa 74 73 Allied Lyons 4,98 4,86 Allianz Holding N 397,50 384 7931,29 fragilise Tokyo Allied Signal 36,06 36 Barclays Bank 15,31 14,93 Basf AG 59,90 58,50 gné Mike Driscoll de Hambrecht American Express 79,87 78 B.A.T. industries 5,29 5,21 Bayer AG 61,60 60,50 7674,58 LA BOURSE de Tokyo a terminé and Quist. « La volatilité devrait ce- AT & T 49,93 48,93 British Aerospace 16,26 15,80 Bay hyp&Wechselbk 74 71,50 7417,86 la séance en légère hausse, mardi 4 pendant rester présente pour un pe- Boeing Co 47,68 47,87 British Airways 5,90 5,82 Bayer Vereinsbank 101,80 100 Caterpillar Inc. 52,25 51,25 British Petroleum 8,95 8,64 BMW 1289 1247 7161,15 novembre, les gains des autres tit moment », a-t-il ajouté en préci- f7 aouˆt 19 sep. 3 nov.g places boursières la veille ayant sant que, selon lui, le Dow Jones Chevron Corp. 86,68 82,93 British Telecom 4,57 4,53 Commerzbank 61,30 58,50 Coca-Cola Co 58,25 56,50 B.T.R. 2,08 2,01 Daimler-Benz AG 120 115,50 permis de compenser en partie le offre un seuil de résistance à Disney Corp. 85,50 82,25 Cadbury Schweppes 5,95 6 Degussa 80,50 77,50 dépôt de bilan de la société de 7 600 points. Du Pont Nemours&Co 59,87 56,87 Eurotunnel 0,60 0,60 Deutsche Bank AG 115,10 112,80 Londres. FT100 sur 3 mois 4917,50 courtage Sanyo Securities. L’indice Eastman Kodak Co 63,25 59,87 Forte ...... Deutsche Telekom 33,70 32,30 5305,60 Nikkei – 225 a gagné 41,16 points Exxon Corp. 62,25 61,43 Glaxo Wellcome 12,71 12,78 Dresdner BK AG FR 72,20 70,50 INDICES MONDIAUX 5179,68 (0,25 %) à 16 500,10, après un pic de Ge´n. Motors Corp.H 67,25 64,18 Granada Group Plc 8,27 8,15 Henkel VZ 94,40 89,50 Cours au Cours au Var. Ge´n. Electric Co 67,12 64,56 Grand Metropolitan 5,47 5,38 Hoechst AG 68,75 65,60 5053,75 16 640,96 points. Le contrat de dé- 03/11 31/10 en % Goodyear T & Rubbe 65,18 62,62 Guinness 5,49 5,33 Karstadt AG 599 600 cembre a fini inchangé à 16 460. Paris CAC 40 2794,93 2739,30 + 1,99 Hewlett-Packard 63,50 61,68 Hanson Plc 0,87 0,87 Linde AG 1055 1040 4927,83 New-York/DJ indus. 7584,02 7442,08 + 1,87 IBM 101,62 98,06 Great lc 7,18 7,06 DT. Lufthansa AG 37,85 37,85 Pour sa part, le Dow Jones, prin- 4801,90 cipal indicateur de la Bourse de Tokyo/Nikkeı¨ 16458,90 16458,90 .... Intl Paper 48,06 45 H.S.B.C. 14,82 14 Man AG 524 519 f7 aouˆt 19 sep. 3 nov.g New York, s’est inscrit en clôture Londres/FT100 4917,50 4842,30 + 1,53 J.P. Morgan Co 114,31 109,75 Impe´rial Chemical 8,98 8,80 Mannesmann AG 766 728 Francfort/Dax 30 3854,07 3726,69 + 3,31 Johnson & Johnson 59 57,37 Legal & Gen. Grp 4,92 4,95 Metro 80 75,80 lundi en forte hausse de Frankfort/Commer. 1279,41 1255,71 + 1,85 Mc Donalds Corp. 45,62 44,81 Lloyds TSB 7,53 7,45 Muench Rue N 515,50 502 Francfort. Dax 30 sur 3 mois 232,32 points (+ 3,12 %) à 7 674,40, Bruxelles/Bel 20 2855,99 2855,99 .... Merck & Co.Inc. 90,62 89,25 Marks and Spencer 6,15 6,20 Preussag AG 475 447 3854,07 soit la troisième plus forte hausse Bruxelles/Ge´ne´ral 2380,32 2336,84 + 1,83 Minnesota Mng.&Mfg 92,18 91,50 National Westminst 8,77 8,58 Rwe 77 74,80 4414,35 en points de son histoire. Le Dow Milan/MIB 30 1232 1232 .... Philip Moris 41,56 39,62 Peninsular Orienta 6,94 6,90 Sap VZ 531 513,50 4242,43 Jones a presque retrouvé son ni- Amsterdam/Ge´. Cbs 597,80 586,70 + 1,86 Procter & Gamble C 70,93 68 Reuters 6,58 6,47 Schering AG 176 167,10 + 4070,52 veau d’avant la correction du lundi Madrid/Ibex 35 568,33 560,94 1,30 Sears Roebuck & Co 45,31 41,87 Saatchi and Saatch 1,25 1,25 Siemens AG 109,65 106,10 Stockholm/Affarsal 2301,98 2301,98 .... Travelers 71,56 70 Shell Transport 4,28 4,22 Thyssen 410,50 380,50 3898,60 27 octobre qui l’avait vu perdre Londres FT30 3182,50 3134,50 + 1,51 Union Carb. 46,43 45,68 Tate and Lyle 4,61 4,54 Veba AG 98,40 96,10 554,26 points (– 7,18 %) sur une Hong Kong/Hang S. 11255,10 10623,80 + 5,61 Utd Technol 70,93 70 Zeneca 19,07 18,81 Viag 824 800,50 3726,69 f7 aouˆt 19 sep. 3 nov.g seule séance. Singapour/Strait t 1703,95 1586,07 + 6,92 Wal-Mart Stores 36,31 35,12 Volkswagen VZ 818 782

PARIS PARIS NEW YORK NEW YORK FRANCFORT FRANCFORT US/F US/DM US/¥ DM/F £/F LES TAUXq p p p n q LES MONNAIES p p p p p Jour le jour OAT 10 ans Jour le jour Bonds 10 ans Jour le jour Bunds 10 ans 5,8355 1,7364 121,5000 3,3501 9,7680 Hausse du Matif Repli du dollar LE MARCHÉ OBLIGATAIRE FRANÇAIS a ouvert en par une hausse de l’indice d’activité des directeurs LE DOLLAR était orienté à la baisse, mardi 4 novembre. sont limités car la banque centrale japonaise serait inter- très nette hausse, mardi 4 novembre. Dès l’ouverture, le d’achats des groupes manufacturiers américains Au cours des premières transactions interbancaires, la de- venue, selon les cambistes, pour défendre le yen. Peu contrat notionnel du Matif gagnait 18 centièmes, à (NAPM), n’a pas modifié les anticipations des marchés vise américaine s’échangeait à 5,7913 francs et avant la clôture, le dollar cotait 121,86 yens, progressant lé- 98,86. La veille, il avait perdu 30 centièmes, pénalisé par sur un prochain maintien de taux de la Fed. Les opéra- 1,7295 deutschemark contre respectivement 5,8174 francs gèrement sur sa valeur lors des premiers échanges inter- la reprise des marchés d’actions, qui a retiré au marché teurs guettent surtout la publication, vendredi, des et 1,7361 deutschemark. bancaires à Tokyo (121,72 yens) et sur celle affichée lundi obligataire sa qualité de « valeur refuge ». chiffres du chômage. Le rendement de l’obligation du Quelques heures plus tôt, à Tokyo, le billet vert se raffer- soir à New York (121,42 yens). Les investisseurs sont ache- Sur le marché américain, l’annonce d’une activité plus trésor à 30 ans s’affichait à 6,21 %, pour 6,19 % à la mi- missait face au yen sur le marché des changes, après la fail- teurs sur le dollar, convaincus que la correction du marché soutenue que prévu en octobre aux Etats-Unis, révélée journée et 6,13 % vendredi soir. lite d’une grande maison de titres locale, mais ses gains boursier américain est quasiment terminée.

Notionnel 5,5 % premie`re e´che´ance, 1 an LE MARCHE´ MONE´TAIRE (taux de base bancaire 6,55 %) MARCHE´ DES CHANGES A` PARIS PARITE´S DU DOLLAR 04/11 03/11 Var. % FRANCFORT : USD/DM 1,7364 1,7250 + 0,66 98,68 Achat Vente Achat Vente DEVISES cours BDF 03/11 % 31/10 Achat Vente 101,44 03/11 03/11 31/10 31/10 Allemagne (100 dm) 335,0100 + 0,02 322 346 TOKYO : USD/Yens 121,5000 120,4100 + 0,90 Jour le jour 3,3750 .... 3,3750 .... E´cu 6,6130 + 0,28 ...... 1 mois 3,53 3,64 3,43 3,53 ´ + MARCHE´ INTERBANCAIRE DES DEVISES 100,40 Etats-Unis (1 usd) 5,8355 1,07 5,5000 6,1000 3 mois 3,69 3,80 3,69 3,80 Belgique (100 F) 16,2410 + 0,01 15,6600 16,7600 DEVISES comptant: demande offre demande 1 mois offre 1 mois 6 mois 3,79 3,90 3,80 3,91 Pays-Bas (100 fl) 297,2000 + 0,04 ...... Dollar E´tats-Unis 5,8135 5,8115 5,7785 5,7765 99,37 1 an 4,07 4,20 3,98 4,10 Italie (1000 lir.) 3,4210 + 0,26 3,1500 3,6500 Yen (100) 4,8417 4,8369 4,8074 4,8037 PIBOR FRANCS Danemark (100 krd) 88,0300 + 0,01 82 92 Deutschemark 3,3513 3,3508 3,3495 3,3490 98,33 Pibor Francs 1 mois 3,5195 .... 3,5195 .... Irlande (1 iep) 8,7125 + 0,49 8,2400 9,0800 Franc Suisse 4,1248 4,1205 4,1116 4,1073 Pibor Francs 3 mois 3,6719 .... 3,6719 .... Gde-Bretagne (1 L) 9,7680 + 1,03 9,2800 10,1300 Lire ital. (1000) 3,4183 3,4165 3,4146 3,4104 97,30 Pibor Francs 6 mois 3,8105 .... 3,8105 .... Gre`ce (100 drach.) 2,1330 + 0,23 1,8500 2,3500 Livre sterling 9,7237 9,7145 9,6848 9,6699 Pibor Francs 9 mois 3,9590 .... 3,9590 .... Sue`de (100 krs) 77,2600 + 0,31 71 81 Peseta (100) 3,9683 3,9642 3,9720 3,9625 Pibor Francs 12 mois 4,1035 .... 4,1035 .... Suisse (100 F) 410,9500 – 0,49 398 422 Franc Belge (100) 16,262 16,238 16,258 16,230 96,26 PIBOR E´CU Norve`ge (100 k) 82,5900 – 0,18 76,5000 85,5000 f4 nov. 6 mai 3 nov.g Pibor E´cu 3 mois 4,5885 .... 4,5885 .... Autriche (100 sch) 47,5980 + 0,02 45,8500 48,9500 TAUX D’INTE´REˆT DES EURODEVISES Pibor E´cu 6 mois 4,6563 .... 4,6563 .... Espagne (100 pes.) 3,9665 + 0,03 3,6500 4,2500 DEVISES 1 mois 3 mois 6 mois Pibor E´cu 12 mois 4,7708 .... 4,7708 .... ´ ´ Portugal (100 esc. 3,2850 + 0,15 2,9000 3,6000 Eurofranc 3,57 3,60 3,73 LES TAUX DE REFERENCE Canada 1 dollar ca 4,1584 + 1,21 3,8200 4,4200 Eurodollar 5,60 5,72 5,74 Taux Taux Taux Indice MATIF Japon (100 yens) 4,8496 + 0,98 4,6400 4,9900 Eurolivre 7,14 7,28 7,44 TAUX 03/11 jour le jour 10 ans 30 ans des prix dernier plus plus premier Finlande (mark) 111,6000 + 0,05 105 116 Eurodeutschemark 3,56 3,80 3,86 E´ che´ances 03/11 volume France 1 5,61 6,22 1,70 prix haut bas prix Allemagne 4,25 5,57 6,20 1,80 NOTIONNEL 5,5 % Grande-Bretagne 7,25 6,54 NC 2,80 De´c. 97 65983 98,68 98,94 98,66 98,92 Italie 6,81 6,25 6,78 2,60 Mars 98 1238 98,14 98,40 98,14 98,20 ` ` Japon 0,48 1,82 NC 0,50 L’OR LES MATIERES PREMIERES Juin 98 2 97,96 97,96 97,96 97,96 ´ E´tats-Unis 5,81 5,84 6,16 3,30 cours 03/11 cours 31/10 INDICES METAUX (New-York) $/once Or fin (k. barre) 58500 58500 04/11 03/11 Argent a` terme 477,30 482,50 PIBOR 3 MOIS Dow-Jones comptant 135,24 .... Platine a` terme ...... De´c. 97 16180 96,23 96,25 96,22 96,24 Or fin (en lingot) 59500 59500 Dow-Jones a` terme 142,80 143,16 Palladium 205,75 208,60 Mars 98 11187 95,95 95,99 95,94 95,98 Once d’Or Londres 311,40 313,80 CRB 240,04 241,64 GRAINES, DENRE´ES (Chicago) $/boisseau Juin 98 4118 95,72 95,74 95,71 95,74 Pie`ce franc¸aise(20f) 341 346 MARCHE´ OBLIGATAIRE Ble´ (Chicago) 360,50 363,25 Sept. 98 2768 95,53 95,55 95,52 95,55 Pie`ce suisse (20f) 342 345 DE PARIS ME´TAUX (Londres) dollars/tonne Maı¨s (Chicago) 279,75 285,25 E´CU LONG TERME Pie`ce Union lat(20f) 338 342 Taux Taux indice Cuivre comptant 1997,50 1990,75 Grain. soja (Chicago) 690,75 717 De´c. 97 334 97,80 98 97,70 98 ` TAUX DE RENDEMENT au 03/11 au 31/10 (base 100 fin 96) Piece 20 dollars us 2400 2300 Cuivre a` 3 mois 1999,50 1996,50 Tourt. soja (Chicago) 223,10 233,10 Mars 98 ...... Fonds d’E´tat 3` a 5 ans 4,22 4,21 98,50 Pie`ce 10 dollars us 1332,50 1335 Aluminium comptant 1603,50 1597,50 GRAINES, DENRE´ES (Londres) £/tonne Fonds d’E´tat 5` a 7 ans 5 4,96 100,09 Pie`ce 50 pesos mex. 2235 2205 Aluminium a` 3 mois 1635 1628 P. de terre (Londres) ...... Fonds d’E´tat 7` a 10 ans 5,47 5,42 101,48 Plomb comptant 590,50 590 Orge (Londres) 76,90 76,90 Fonds d’E´tat 10 a` 15 ans 5,81 5,77 101,20 CONTRATS A` TERME SUR INDICE CAC 40 Plomb a` 3 mois 604 610,50 SOFTS $/tonne Fonds d’E´tat 20 a` 30 ans 6,39 6,35 102,67 dernier plus plus premier E´tain comptant 5470 5552,50 Cacao (New-York) 1603 1578 E´ che´ances 03/11 volume ´ Obligations franc¸aises 5,76 5,73 101,02 prix haut bas prix LE PETROLE E´tain a` 3 mois 5485 5550 Cafe´ (Londres) 1410 1454 Fonds d’E´tat a` TME – 1,95 – 1,96 98,28 Nov. 97 20755 2800 2822 2759 2770 En dollars cours 04/11 cours 03/11 Zinc comptant 1253,75 1233,50 Sucre blanc (Paris) 311,50 312,50 Fonds d’E´tat a` TRE – 2,18 – 2,15 98,86 De´c. 97 969 2801,50 2827,50 2769 2780 Brent (Londres) 20,03 19,93 Zinc a` 3 mois 1263 1262,50 OLE´AGINEUX, AGRUMES cents/tonne Obligat. franc¸. a` TME – 2,20 – 2,03 99,14 Janvier 98 ...... 1 WTI (New York) 21,23 21,10 Nickel comptant 6137,50 6127,50 Coton (New-York) 72,34 72,80 Obligat. franc¸. a` TRE + 0,07 + 0,07 100,14 Mars 98 1351 2827 2827 2791,50 2791,50 Light Sweet Crude 21,06 20,93 Nickel a` 3 mois 6260 6230 Jus d’orange (New-York) 67,20 68,90 LeMonde Job: WMQ0511--0026-0 WAS LMQ0511-26 Op.: XX Rev.: 04-11-97 T.: 10:42 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0496 Lcp: 196 CMYK Page de bourse 1.e : Le monde Quotidien - Montage du mardi 4 novembre 1997 - 10 h 35’ 36’’ Montage 3B2 Diamond 4

26 / LE MONDE / MERCREDI 5 NOVEMBRE 1997 ?????????? 26 / LE MONDE / MERCREDI 5 NOVEMBRE 1997 FINANCES ET MARCHE´ S

CPR ...... 444,20 447 + 0,63 22 Legris indust...... 208 208,90 + 0,43 5 Union Assur.Fdal ...... 646 642 – 0,61 19 Hoechst # ...... 230 228 – 0,86 3,45 Cred.Fon.France ...... 63,50 65 + 2,36???????????? 28 Locindus...... 771 773 + 0,25 63 Usinor ...... 97 96,50 – 0,51 3 I.B.M # ...... 582 584 + 0,34 1,02 ` CAC 40 Credit Lyonnais CI ...... 337,80 337 – 0,23 10 L’Oreal...... 2119 2107 – 0,56 14 Valeo ...... 384,90 387,80 + 0,75 2 I.C.I #...... 88,90 85,10 – 4,27 1,19 REGLEMENT Cred.Nat.Natexis ...... 332,50 332 – 0,15 10 LVMHLE MONDE Moet Hen...... / MERCREDI 1015 5 1010 NOVEMBRE– 0,49 1997 14,60 Vallourec...... 389,50 389 – 0,12 6 Ito Yokado # ...... 286,30 282,10 – 1,46 0,72 CS Signaux(CSEE)...... 200 201,80 + 0,90 5,50 Marine Wendel ...... 670 640 – 4,47 16 Via Banque ...... 165 165,20 + 0,12 12 Kingfisher plc #...... 83,50 83,50 .... 0,61 MENSUEL Damart ...... 3790 3819 + 0,76 65 Metaleurop...... 60,70 61 + 0,49 4 Worms & Cie ...... 498 494,50 – 0,70 9,50 Matsushita #...... 99,50 96,10 – 3,41 0,26 PARIS MARDI 4 NOVEMBRE Danone...... 902 908 + 0,66 17 Metrologie Inter...... 14,15 14,10 – 0,35 .... Zodiac ex.dt divid ...... 1205 1259 + 4,48 10 Mc Donald’s # ...... 265 262,50 – 0,94 0,42 Dassault-Aviation...... 1360 1358 – 0,14 31,50 Michelin ...... 308,20 310,50 + 0,74 3,30 Elf Gabon...... 1092 1093 + 0,09 551,69 Merck and Co # ...... 527 522 – 0,94 2,27 Liquidation : 22 novembre – 0,25 % Dassault Electro ...... 586 587 + 0,17 6,40 Moulinex #...... 130 130 .... 4 ...... Mitsubishi Corp.#...... 49,10 49,20 + 0,20 0,16 Taux de report : 3,50 CAC 40 : Dassault Systemes...... 177 177,10 + 0,05 1,70 Nord-Est...... 117,50 118 + 0,42 5,50 ...... Mobil Corporat.#...... a 422,40 429,50 + 1,68 2,62 Cours releve´s`10h15 a 2781,12 De Dietrich ...... 267,90 260,10 – 2,91 5,30 Nordon (Ny)...... 382 385,80 + 0,99 ...... Morgan J.P. # ...... 659 ...... 4,40 Deveaux(Ly)#...... 566 568 + 0,35 24 NRJ # ...... 825 801 – 2,90 6 ...... Nestle SA Nom. # ...... 8200 8260 + 0,73 78,56 Dev.R.N-P.Cal Li # ...... 45,85 45,50 – 0,76 .... Olipar ...... 67,50 67,15 – 0,51 ...... Nipp. MeatPacker #...... 80 ...... 0,71 Montant Dexia France...... 603 599 – 0,66 15,70 Paribas...... 424,30 422 – 0,54 13 ...... Nokia A ...... 517 523 + 1,16 3,94 VALEURS Cours Derniers % coupon FRANC¸AISES pre´ce´d. cours + – DMC (Dollfus Mi) ...... 111,60 113 + 1,25 4 Pathe ...... 1055 1055 .... 10 ...... Norsk Hydro #...... 319,40 323,90 + 1,40 4,78 (1) Dynaction ...... 151 150 – 0,66 3 Pechiney...... 238,10 238,50 + 0,16 3,30 ...... Petrofina # ...... 2169 2120 – 2,25 49,02 Eaux (Gle des) ...... 702 700 – 0,28 12 Pernod-Ricard ...... 267,40 268,70 + 0,48 4,40 ...... Philip Morris #...... 235 237,40 + 1,02 1,99 B.N.P. (T.P)...... 980 ...... 46,71 Eiffage ...... 273 276,90 + 1,42 28,80 Peugeot ...... 672 668 – 0,59 3 ...... Philips N.V #...... 457,10 458 + 0,19 3,59 Cr.Lyonnais(T.P.) ...... 908 959 + 5,61 44,35 Elf Aquitaine ...... 721 723 + 0,27 14 Pinault-Print.Red...... 2731 2740 + 0,32 32 ...... Placer Dome Inc # ...... 93,40 89,80 – 3,85 0,34 Renault (T.P.)...... 1770 1772 + 0,11 95,36 Eramet...... 243,60 245,50 + 0,77 6,60 Plastic Omn.(Ly) ...... 647 647 .... 8,50 ...... Procter Gamble # ...... 408 410 + 0,49 1,27 Rhone Poulenc(T.P) ...... 2200 ...... 106,28 Eridania Beghin ...... 858 854 – 0,46 33 Primagaz ...... 415 424 + 2,16 8,50 ...... Quilvest...... 311 312 + 0,32 13,93 Saint Gobain(T.P.)...... 1250 1260 + 0,80 71,43 Essilor Intl ...... 1518 1530 + 0,79 14,50 Promodes ...... 1880 1861 – 1,01 14 ...... Randfontein #...... 10,70 10,15 – 5,14 0,62 Thomson S.A (T.P) ...... 945 ...... 44,45 Essilor Intl.ADP...... 1540 1540 .... 15,30 Publicis # ...... 532 530 – 0,37 4,80 Rio Tinto PLC # ...... 76,50 76,40 – 0,13 0,99 Accor...... 1109 1095 – 1,26 20 Esso ...... 519 520 + 0,19 4 Remy Cointreau...... 106 105 – 0,94 4,60 Montant Royal Dutch #...... 313 314,40 + 0,44 2,91 AGF-Ass.Gen.France ..... 305,30 304,10 – 0,39 5 Eurafrance ...... 2365 2370 + 0,21 72 Renault...... 157,50 157,50 .... 3,50 VALEURS Cours Derniers % coupon Sega Enterprises...... 141,10 145,30 + 2,97 0,63 Air Liquide ...... 908 903 – 0,55 14 Euro Disney ...... 7,65 7,60 – 0,65 0,68 Rexel...... 1555 1570 + 0,96 19,60 E´TRANGE`RES pre´ce´d. cours +– (1) Saint-Helena #...... 21,90 ...... 1,51 Alcatel Alsthom ...... 694 688 – 0,86 10 Europe 1 ...... 1200 1200 .... 19 Rhone Poulenc A...... 255 254 – 0,39 3,50 Schlumberger # ...... 520 518 – 0,38 1,10 Atos (ex.Axime) CA...... 653 651 – 0,30 .... Eurotunnel...... 5,60 5,65 + 0,89 .... Rochette (La) ...... 26,45 26,05 – 1,51 1,20 ABN Amro Hol.#...... 118,80 118 – 0,67 1,18 SGS Thomson Micro. .... 429 448 + 4,42 .... Axa...... 400,60 398,20 – 0,59 7,50 Fimalac SA ...... 495 492,90 – 0,42 16 Rue Imperiale(Ly)...... 5570 ...... 120 Adecco S.A...... 1763 1788 + 1,41 13,13 Shell Transport # ...... 42,10 42,40 + 0,71 0,49 Bail Investis...... 770 770 .... 64,40 Finextel...... 108,10 108,40 + 0,27 3,91 Sade (Ny)...... 187 192 + 2,67 12,50 Adidas AG # ...... 839 835 – 0,47 2,71 Siemens #...... 365,50 367,30 + 0,49 3,70 Bancaire (Cie) ...... 738 738 .... 10 Fives-Lille...... 358 358 .... 14 Sagem SA...... 2688 2688 .... 26 American Express ...... 460 457 – 0,65 1,13 Sony Corp. #...... 500 503 + 0,60 1,06 Bazar Hot. Ville ...... 525 511 – 2,66 16 France Telecom ...... 218,80 ...... Saint-Gobain ...... 831 828 – 0,36 17 Anglo American # ...... 260 259 – 0,38 7,14 Sumitomo Bank #...... 64,15 62,95 – 1,87 0,18 Bertrand Faure...... 357,90 358 + 0,02 4 Fromageries Bel...... 4140 ...... 50 Salomon (Ly) ...... 510 510 .... 3,30 Amgold # ...... 268 260 – 2,98 9,96 T.D.K # ...... 478 478,30 + 0,06 0,99 BIC...... 420 417 – 0,71 6 Galeries Lafayette ...... 2700 2615 – 3,14 11 Salvepar (Ny)...... 451 450 – 0,22 18,50 Arjo Wiggins App...... 18 ...... 0,27 Telefonica #...... 160,90 161 + 0,06 1,61 BIS ...... 490 ...... 8 GAN ex.dt sous...... 121,50 122,10 + 0,49 4 Sanofi ...... 559 552 – 1,25 6,60 A.T.T. # ...... 289,90 285,10 – 1,65 1,66 Toshiba #...... 26,05 26,20 + 0,57 0,21 B.N.P...... 263 262,50 – 0,19 5,40 Gascogne (B) ...... 519 520 + 0,19 14 Sat ...... 1685 1650 – 2,07 29 Banco Santander #...... 163,80 164 + 0,12 0,89 Unilever act.Div.#...... 317,90 318 + 0,03 10,60 Bollore Techno...... 755 757 + 0,26 7,50 Gaumont #...... 375 375 .... 2,50 Saupiquet (Ns)...... 500 500 .... 10 Barrick Gold #...... 122,50 118,20 – 3,51 0,35 United Technol. # ...... 409,60 410,30 + 0,17 1,55 Bongrain...... 2122 2158 + 1,69 61 Gaz et Eaux...... 2390 2305 – 3,55 55 Schneider SA...... 313,90 317,40 + 1,11 5 B.A.S.F. # ...... 198,30 198 – 0,15 4,18 Vaal Reefs # ...... 254 245,10 – 3,50 9,64 Bouygues ...... 537 537 .... 17 Geophysique...... 820 799 – 2,56 8 SCOR...... 265 269 + 1,50 10 Bayer # ...... 206,60 204,70 – 0,91 4,19 Volkswagen A.G # ...... 3590 3600 + 0,27 22,14 Bouygues Offs...... 283 290 + 2,47 2 G.F.C...... 522 518 – 0,76 19 S.E.B...... 680 686 + 0,88 11,20 Cordiant PLC...... 11,90 ...... 0,10 Volvo (act.B) # ...... 150,10 ...... 2,25 Bull#...... 66 66 ...... Groupe Andre S.A...... 560 559 – 0,17 6 Sefimeg CA...... 346 348 + 0,57 14,60 Crown Cork ord.# ...... 265 268,90 + 1,47 1,30 Western Deep #...... 122 120,10 – 1,55 3,77 Canal + ...... 1020 1014 – 0,58 20 GROUPE GTM...... 352 352 .... 8 SEITA...... 184,40 184 – 0,21 6,60 Crown Cork PF CV# ...... 251 ...... 2,45 Yamanouchi #...... 141,80 141 – 0,56 0,38 Cap Gemini...... 458 458 .... 2 Gr.Zannier (Ly) # ...... 133 135,90 + 2,18 2,20 Selectibanque ...... 70 71 + 1,42 6 Daimler Benz #...... 398,80 395,40 – 0,85 2,71 Zambia Copper ...... 15,10 14,85 – 1,65 .... Carbone Lorraine...... 1550 1574 + 1,54 18 Guilbert ...... 771 779 + 1,03 12 SFIM...... 981 986 + 0,50 30 De Beers # ...... 141,70 137,50 – 2,96 0,68 ...... Carrefour ...... 3055 3077 + 0,72 26 Guyenne Gascogne...... 1830 1820 – 0,54 30 SGE...... 148,80 148,80 .... 5 Deutsche Bank #...... 382 383 + 0,26 4,44 ...... Casino Guichard...... 319,50 315,50 – 1,25 4,50 Hachette Fili.Med...... 1056 1070 + 1,32 15 Sidel...... 331,20 333 + 0,54 4,50 Dresdner Bank ...... 240,30 240 – 0,12 3,82 ...... Casino Guich.ADP...... 248,10 249 + 0,36 4,75 Havas...... 382 382,50 + 0,13 8,50 Silic CA ...... 820 815 – 0,60 37,34 Driefontein # ...... 42,30 40,85 – 3,42 0,96 ...... Castorama Dub.(Li)...... 608 618 + 1,64 11 Havas Advertising ...... 672 670 – 0,29 13 Simco ...... 420 421 + 0,23 20,76 Du Pont Nemours #...... 337,20 341 + 1,12 1,68 ...... C.C.F...... 340 338 – 0,58 5,80 Imetal ...... 635 634 – 0,15 16 S.I.T.A...... 1090 1095 + 0,45 12 Eastman Kodak # ...... 351 360 + 2,56 2,21 ...... Cegid (Ly)...... 625 642 + 2,72 30 Immeubl.France...... 340 ...... 6 Skis Rossignol...... 112,50 113,90 + 1,24 2,50 East Rand #...... 1,46 1,50 + 2,73 0,10 Cerus Europ.Reun...... 33,30 32,65 – 1,95 10 Infogrames Enter...... 823 855 + 3,88 .... Societe Generale...... 797 790 – 0,87 17,50 Echo Bay Mines # ...... 24,80 24,10 – 2,82 0,15 ABRE´VIATIONS Cetelem...... 640 638 – 0,31 10 Ingenico...... 123 123 .... 3 Sodexho Alliance...... 2971 2950 – 0,70 26 Electrolux #...... 500 500 .... 6,53 B = Bordeaux ; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille ; CGIP ...... 1886 1853 – 1,74 40 Interbail ...... 171 171 .... 17,15 Sommer-Allibert ...... 192 192 .... 4 Ericsson # ...... 265 267 + 0,75 1,30 Ny = Nancy; Ns = Nantes. Chargeurs ...... 389 390 + 0,25 7 Intertechnique ...... 1230 1233 + 0,24 15 Sophia ...... 226,30 228 + 0,75 17,25 Ford Motor # ...... 262 ...... 2,11 SYMBOLES Christian Dalloz...... 684 684 .... 12 ISIS ...... 680 685 + 0,73 .... Spir Communic. # ...... 362,80 367 + 1,15 15 Freegold # ...... 29,95 29,30 – 2,17 1,34 1 ou 2 = cate´gories de cotation - sans indication cate´gorie 3 ; Christian Dior ...... 656 648 – 1,21 9,40 Jean Lefebvre ...... 322 322 .... 10 Strafor Facom...... 390,80 389 – 0,46 7 Gencor act.regr...... 13,10 13 – 0,76 1,36 a coupon de´tache´; b droit de´tache´. Ciments Francais...... 240 243 + 1,25 1,25 Klepierre ...... 780 788 + 1,02 28 Suez Lyon.des Eaux...... 604 599 – 0,82 12 General Elect. #...... 389 387,50 – 0,38 1,32 Cipe France Ly #...... 154 154,20 + 0,12 2,50 Labinal...... 1590 1571 – 1,19 21,50 Synthelabo...... 690 691 + 0,14 5,32 General Motors #...... 381,30 386 + 1,23 2,56 DERNIE`RE COLONNE (1) : Clarins...... 452 455,20 + 0,70 7,20 Lafarge ...... 365 364 – 0,27 10 Technip ...... 614 628 + 2,28 10,50 Gle Belgique # ...... 515 538 + 4,46 14,24 Lundi date´ mardi : % variation 31/12 Club Mediterranee...... 416 423 + 1,68 4,50 Lagardere ...... 166,10 167,20 + 0,66 3,70 Thomson-CSF...... 158,70 157,20 – 0,94 2,80 Grd Metropolitan ...... 53,35 53,20 – 0,28 0,59 Mardi date´ mercredi : montant du coupon Coflexip...... 634 643 + 1,41 1 Lapeyre...... 350 345 – 1,42 5,60 Total ...... 652 652 .... 10,50 Guinness Plc # ...... 52,95 54 + 1,98 0,47 Mercredi date´ jeudi : paiement dernier coupon Colas ...... 849 850 + 0,11 25 Lebon...... 231 ...... 7 UIF ...... 409 413,90 + 1,19 14,68 Hanson PLC reg...... 29,40 29,35 – 0,17 0,30 Jeudi date´ vendredi : compensation Comptoir Entrep...... 11,50 11,20 – 2,60 7,50 Legrand ...... 1085 1077 – 0,73 4,30 UIS ...... 206 204 – 0,97 14,97 Harmony Gold # ...... 20,25 19,95 – 1,48 0,47 Vendredi date´ samedi : nominal Comptoirs Mod...... 2665 2660 – 0,18 24 Legrand ADP ...... 757 757 .... 6,88 Unibail porteur ...... 545 550 + 0,91 29 Hitachi #...... 47,75 46 – 3,66 0,23

OAT 9/85-98 TRA...... 0,482 d ACTIONS Cours Derniers Francarep...... d 279 279 Elyo...... d 330 330 ACTIONS Cours Derniers OAT 9,50%88-98 CA#...... 103,36 3,514 FRANC¸AISES pre´ce´d. cours France S.A...... d 1180 1180 Finaxa ...... 340 339 E´TRANGE`RES pre´ce´d. cours COMPTANT OAT TMB 87/99 CA#...... 2,611 From. Paul-Renard...... d 2050 2050 Gaillard (M)...... d 1521 1521 OAT 8,125% 89-99 #...... 105,60 3,695 y Arbel ...... d 61,95 61,95 Gevelot...... d 1271 1271 Givaudan-Lavirotte...... d 1290 1290 Bayer.Vereins Bank ...... 343 343 Une se´lection Cours releve´s`10h15 a OAT 8,50%90/00 CA# ...... 5,216 x Baccarat (Ny) ...... d 540 540 G.T.I (Transport)...... d 198 198 Grd Bazar Lyon(Ly)...... d 140 140 Commerzbank AG...... 210 210 MARDI 4 NOVEMBRE OAT 85/00 TRA CA#...... 103,10 0,833 o Bains C.Monaco...... 535 537 Immobail...... d 143,60 143,60 Gd Moul.Strasbourg...... d 1725 1725 Fiat Ord...... 18,95 18,95 OAT 10%5/85-00 CA#...... 112,60 4,493 o Bque Transatlantl...... d 183,50 183,50 Immobanque...... d 596 596 Hotel Lutetia...... d 345 345 Gold Fields South...... 106,40 106,40 %%OAT 89-01 TME CA# ...... 101,85 3,846 x B.N.P.Intercont...... d 839 839 Locamion (Ly) ...... d 401,20 401,20 Hotels Deauville...... d 559 559 Kubota Corp...... 19,60 19,60 OBLIGATIONS du nom. du coupon OAT 10% 90-01 ecu...... 114,70 6,959 Bidermann Intl...... d 110 110 Lucia ...... d 48 48 Immeubl.Lyon (Ly)...... d 514 514 Montedison act.ep...... 9,60 9,60 OAT 7,5%7/86-01CA#...... 108,58 2,158 B T P (la cie)...... d 7,60 7,60 Monoprix ...... d 315 315 L.Bouillet (Ly)...... d 300 300 Olympus Optical...... 40 40 Nat.Bq. 9% 91-02...... a .... 0,074 OAT 8,5% 91-02 ecu...... 112,47 5,519 Centenaire Blanzy...... d 384,50 384,50 Metal Deploye...... d 351,10 351,10 Lloyd Continental...... d 9300 9300 Robeco...... 536 539 CEPME 9% 89-99 CA#..... 106,94 1,973 o OAT 8,5% 87-02 CA#...... 115,16 8,081 Champex (Ny)...... d 22,30 22,30 Mors ...... 5,65 5,65 Lordex (Ny)...... d 0,01 0,01 Rodamco N.V...... 167,50 167,50 CEPME 9% 92-06 TSR ...... 3,378 OAT 8,50% 89-19 #...... 0,303 o CIC Un.Euro.CIP ...... 430 421 Navigation (Nle) ...... d 128 128 Matussiere Forest...... 59 59,90 Rolinco...... 526 526 CFD 9,7% 90-03 CB ...... 120,35 7,308 OAT.8,50%92-23 CA#...... 4,564 C.I.T.R.A.M. (B)...... d 2265 2265 Optorg ...... d 348,60 348,60 Moncey Financiere...... d 3055 3055 Sema Group Plc ...... 131 131 CFD 8,6% 92-05 CB ...... 118,50 6,362 d SNCF 8,8% 87-94CA ...... 104,80 6,702 d Generali Fce Assur ...... d 1340 1340 Paluel-Marmont...... d 330 330 M.R.M. (Ly)...... d 413 413 Solvay SA...... 306,60 337,902 d CFF 10% 88-98 CA# ...... 105 0,438 Suez Lyon.Eaux 90...... 950 .... Continental Ass.Ly...... d 544 544 Exa.Clairefont(Ny) ...... d 810 810 Part-Dieu(Fin)(Ly) ...... d 107 107 ...... CFF 10,25%90-01CB# ..... 115 6,655 y ...... Darblay ...... d 506 506 Parfinance...... d 260 260 Pechiney Intl ...... 119 120 ...... CLF 8,9% 88-00 CA#...... 3,975 y ...... Didot Bottin...... d 776 776 Paris Orleans...... d 263,20 263,20 Poliet ...... d 500 500 CLF 9%88-93/98 CA#...... 101,20 6,879 ...... Eaux Bassin Vichy...... d 2700 2976 d Promodes (CI)...... d 1540 1540 Sabeton (Ly)...... d 670 670 ´ CNA 9% 4/92-07...... 122 4,611 ...... Ecia ...... 971 960 PSB Industries Ly ...... 510 509 Samse (Ly) ...... d 879 879 ABREVIATIONS CRH 8,6% 92/94-03...... 115,30 3,087 ...... Ent.Mag. Paris...... d 1360 1360 Rougier # ...... 340 331,50 Sechilienne (Ly)...... d 1170 1170 B = Bordeaux; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille; CRH 8,5% 10/87-88# ...... 105,08 5,752 d ...... Fichet Bauche ...... d 46,60 42,10 o Saga ...... 125 122 Sucr.Pithiviers...... d 3350 3350 Ny = Nancy; Ns = Nantes. EDF 8,6% 88-89 CA# ...... 6,244 ...... Fidei...... 35,90 34,20 S.I.P.H...... d 320,20 320,20 Tanneries Fce (Ny)...... d 300 300 SYMBOLES EDF 8,6% 92-04 #...... 116,30 4,995 y ...... Finalens ...... d 251,50 251,50 Sofragi ...... d 4900 4900 Teleflex L. Dupont...... d 106 106 1 ou 2 = cate´gories de cotation - sans indication Finansder 9%91-06# ...... 122,70 8,532 d ...... F.I.P.P...... d 325 325 Taittinger...... d 3034 3034 Union Gle Nord(Li) ...... d 234 234 cate´gorie 3 ; a coupon de´tache´; b droit de´tache´; Finansd.8,6%92-02#...... 112,85 6,692 d ...... Fonciere (Cie) ...... d 604 604 Tour Eiffel ...... d 282 282 ...... o=offert;d=demande´; x offre re´duite ; Floral9,75% 90-99# ...... 2,832 d ...... Fonc. Lyonnaise #...... 710 719 Vicat...... d 472 472 ...... y demande re´duite ; # contrat d’animation. OAT 88-98 TME CA# ...... 3,846 x ...... Foncina # ...... d 501 501 Caves Roquefort...... d 1900 1900 ......

Cardif SA...... d 800 800 Gautier France # ...... 242 245 NSC Groupe Ny ...... d 800 800 C.E.E #...... 70,10 70 Gel 2000 ...... 51 51 Onet # ...... 821 830 SECOND CFPI # ...... d 380 380 GEODIS #...... d 320 320 Paul Predault #...... 134,70 131,80 NOUVEAU MARCHE´ HORS-COTE Change Bourse (M) ...... 208 209 GFI Industries #...... 1025 1030 P.C.W...... d 19 19 Une se´lection. Cours releve´s`10h15 a Une se´lection. Cours releve´s`10h15 a MARCHE´ CNIM CA#...... 195,70 195,70 Girodet (Ly) #...... d 27 29,75 Petit Boy #...... d 79 79 Codetour...... d 369 369 GLM S.A...... d 244,90 244,90 Phyto-Lierac #...... 209,50 208,90 MARDI 4 NOVEMBRE MARDI 4 NOVEMBRE Une se´lection Cours releve´s`10h15 a Comp.Euro.Tele-CET ..... 240 242 Grandoptic.Photo #...... 948 950 Pochet...... d 600 600 MARDI 4 NOVEMBRE Conflandey # ...... d 307,90 307,90 Gpe Guillin # Ly...... 195 199,50 Poujoulat Ets (Ns) ...... d 230 230 Cours Derniers Cours Derniers C.A. Hte Normandie...... 319 318,90 Kindy #...... 153 155,10 Radiall # ...... 640 622 VALEURS pre´ce´d. cours VALEURS pre´ce´d. cours Cours Derniers C.A. Paris IDF...... 740 739 Guerbet...... 210 210 Robertet # ...... d 1043 1043 VALEURS pre´ce´d. cours C.A.Ille & Vilaine...... 300 300 Hermes internat.1# ...... 389,90 385,50 Rouleau-Guichard...... d 280,30 280,30 Appligene Oncor ...... d 32 32 Eridania-Be´ghin CI...... d 733 733 C.A.Loire Atl.Ns # ...... d 278 278 Hurel Dubois...... d 700 700 Securidev #...... 110 107 Belvedere...... d 645 645 Cre´dit Ge´n.Ind...... d 9,50 9,50 Acial (Ns) #...... d 40 40 C.A.Pas de Calais...... d 545 545 ICBT Groupe # ...... 212 210 Smoby (Ly)#...... 590 590 BVRP...... d 192 192 Ge´ne´rale Occidentale..... d 178 178 AFE #...... 469 452 C.A.du Nord (Li) ...... 520 518 I.C.C...... d 140 140 Sofco (Ly)...... d 12 12 Coil ...... d 181 181 Ste´ lecteurs du Monde.... d 149 163,90 Aigle # ...... 313 313 C.A. Oise CCI...... d 325,60 325,60 ICOM Informatique ...... d 426 426 Sofibus...... d 363,80 363,80 Electronique D2 ...... d 741 741 Via Cre´dit (Banque)...... d 25,30 25,30 Albert S.A (Ns)...... d 149 149 C.A. Somme CCI...... 318,50 310 Idianova...... d 66 66 Sogeparc (Fin)...... 362 365 FDM Pharma n...... d 210 210 ...... Altran Techno. #...... 1559 1609 C.A.Toulouse (B) ...... d 415 415 Int. Computer #...... d 59,50 59,50 Sopra #...... 516 525 Genset...... d 348 348 d Arkopharma# ...... 300 298 Devanlay...... d 630 630 IPBM ...... d 68 68 Steph.Kelian # ...... d 63 63 Guyanor action B ...... 11 11 ´ Montaignes P.Gest...... d 1898 1898 Devernois (Ly)...... d 560 560 M6-Metropole TV ...... 558 562 Sylea ...... 512 510 High Co...... d 170 170 ABREVIATIONS Assystem # ...... 170 170 Ducros Serv.Rapide...... d 51 51 Manitou # ...... 745 739 Teisseire-France...... d 180 180 Infonie ...... d 76 76 B = Bordeaux; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille; Bque Picardie (Li)...... d 800 722 Emin-Leydier (Ly)#...... d 418,50 418,50 Manutan ...... 385 384,90 TF1...... 536 536 Joliez-Regol...... d 76,10 76,10 Ny = Nancy; Ns = Nantes. Bque Tarneaud(B)#...... d 320,10 320,10 Europ.Extinc.(Ly)#...... 396 396 Marie Brizard # ...... 673 678 Thermador Hol. #...... 290 290 Mille Amis ...... d 51 51 SYMBOLES Bque Vernes ...... d 170 170 Expand s.a...... d 567 567 Maxi-Livres/Profr# ...... 33 33 Trouvay Cauvin # ...... 90,50 90,50 Naturex...... d 72 72 1 ou 2 = cate´gories de cotation - sans indication Beneteau # ...... d 850 850 Factorem...... d 620 620 Mecelec (Ly)...... d 58 58 Unilog ...... 804 783 Olitec ...... d 700 700 cate´gorie 3 ; d cours pre´ce´dent ; a coupon B I M P...... d 91 91 Faiveley # ...... 185 187 MGI Coutier # ...... 258,60 252 Union Fin.France ...... 554 565 Picogiga...... d 190,50 190,50 de´tache´; b droit de´tache´;o=offert; Boiron (Ly)...... 288 288,50 Finacor...... d 60 60 Monneret Jouet Ly# ...... d 171,50 171,50 Viel et Cie # ...... 148 148 Proxidis...... d 16,50 16,50 d=demande´; x offre re´duite ; y demande Boisset (Ly) #...... d 700 700 Fininfo ...... d 718 718 Naf-Naf #...... 72 73 Vilmorin et Cie #...... 475 495 R21 Sante´...... d 415 415 re´duite ; # contrat d’animation. But S.A...... 258 256 Fructivie...... 625 623 Norbert Dentres.#...... d 575 575 Virbac...... 448 450 Stelax ...... d 8,50 8,50

Pre´voyance Ecur. D ...... 105,61 105,61 Kaleı¨s Dynamisme...... 1091,50 1070,10 BRED BANQUE POPULAIRE Sensipremie`re C...... 13350,31 13317,02 CIC BANQUES Kaleı¨sE´quilibre ...... 1067,84 1046,90 Fonds communs de placements Avenir Alizes...... 2340,78 2294,88 Kaleı¨sSe´re´nite´ ...... 1039,14 1028,85 SICAV et FCP Francic...... 723,15 702,09 Latitude C ...... 149,77 149,77 Moneden ...... 93309,13 93309,13 E´cur. Capipremie`re C ..... 12133,14 12108,92 CM Option Dynamique.. d 123,13 121,46 Une se´lection Oblig. ttes cate´...... 272,81 268,78 Francic Pierre...... 138,44 134,41 Latitude D...... 136,44 136,44 E´cur. Se´curipremie`re C .. 12098,43 12086,34 Europe Re´gions...... 231,96 225,20 CM Option Equilibre ...... 261,30 258,39 Cours de cloˆture le 3 novembre Cre´d.Mut.Mid.Act.Fr...... 155,30 151,14 Oblitys D ...... 623,57 614,35 ´ Ple´nitude D PEA...... 202,08 197,15 ´ Cred.Mut.Ep.Cour.T...... 925,09 925,09 VALEURS Emission Rachat Cre´d.Mut.Ep.Ind. C ...... 139,48 135,75 Poste Gestion C...... 15007,49 15007,49 Frais incl. net CNCA Cre´d.Mut.Ep.J ...... 23138,49 23138,49 Revenus Trimestr. D ...... 5244,33 5192,41 d CIC PARIS Livret Bourse Inv. D PEA 830,58 806,39 Cre´d.Mut.Ep.Monde ...... 1636,92 1593,11 Solstice D ...... 2352,66 2346,79 ´ d Nord Sud Develop. C...... 2593,70 2588,52 Amplia...... D 120808 120808 Associc ...... 1130,13 1130,13 Cre´d.Mut.Ep.Oblig...... 1885,16 1848,20 AGIPI Nord Sud De´velop. D ..... d 2450,76 2445,87 ´ Atout Amerique...... 193,27 188,56 Cicamonde...... 1546,86 1501,81 Cre´d.Mut.Ep.Quatre...... 1094,28 1072,82 SOCIE´TE´ GE´NE´RALE Agipi Ambition (Axa) ...... 139,48 132,84 MULTI-PROMOTEURS CCBP-CDC Atout Asie...... 93,12 90,85 Converticic...... 402,62 396,67 Fonds communs de placements ASSET MANAGEMENT Agipi Actions (Axa) ...... 113,64 108,23 Patrimoine Retraite C .... 315,11 308,93 Atout Futur C ...... 785,63 766,47 Ecocic...... 1686,81 1637,68 CM Option Mode´ration . d 101,96 100,95 Patrimoine Retraite D.... 305,57 299,58 Atout Futur D...... 739,57 721,53 Mensuelcic...... 10081,55 9981,73 Actimone´taire C ...... 38330,62 38330,62 Sicav Associations C ...... d 2440,58 2440,58 Coexis ...... 1960,74 1927,96 Oblicic Mondial...... 3942,21 3883,95 LCF E. DE ROTHSCHILD BANQUE Actimone´taire D...... 30367,85 30367,85 Dieze...... 2169,59 2133,32 Oblicic Re´gions ...... 1181,86 1164,39 Asie 2000...... 627,27 600,26 Cadence 1 D...... 1057,50 1047,03 BANQUES POPULAIRES Elicash...... D 959225,56 959225,56 Rentacic...... 162,01 159,62 Saint-Honore´ Capital ..... 20034,40 19450,87 Cadence 2 D...... 1061,28 1050,77 Epargne-Unie...... 208,16 203,08 St-Honore´ March. Emer. 796,20 761,91 Cadence 3 D...... 1048,57 1038,19 Valorg...... 2453,06 2416,81 Eurodyn ...... 2627,83 2563,74 St-Honore´ Pacifique...... 679,30 650,05 Capimone´taire C ...... 414,28 413,87 Fonsicav C...... 19847,86 19847,86 Indicia...... d 1681,88 1640,55 Capimone´taire D...... 373,81 373,44 Mutual. de´poˆts Sicav C... 19422,17 19402,77 Mone´.JC...... D 12054,35 12054,35 Sogeoblig C/D ...... 9297,97 9205,91 LEGAL & GENERAL BANK Interoblig C...... 7518 7443,56 3615 BNP Mone´.JD ...... D 11671,14 11671,14 Eurco Solidarite´...... d 1386,41 1372,68 Interse´lection France D.. 712,27 698,30 Oblifutur C ...... 552,86 543,62 Lion 20000 C...... d 17299,08 17299,08 Natio Court Terme...... 14336 14336 Se´curitaux...... d 1846,47 1846,47 S.G. France opport. C ..... 2021,88 1982,24 Oblifutur D...... 529,76 520,90 Lion 20000 D ...... d 16594,43 16594,43 Strate´gie Actions...... d 1105,74 1063,21 Natio Epargne...... 2226,70 2204,65 E´cur. Act. Futur D PEA ... 278,93 273,46 S.G. France opport. D..... 1930,15 1892,30 Oraction...... 1589,97 1551,19 Lion Associations C ...... d 11112,19 11112,19 Strate´gie Rendement ..... d 1988,63 1926,03 Natio Oblig. M.T. C/D .... 858,06 849,56 E´cur. Capitalisation C ..... 253,81 253,81 Sogenfrance C...... 1870,66 1833,98 Revenu-Vert...... 1185,19 1165,38 Lion Associations D...... d 11112,19 11112,19 Sogenfrance D ...... 1709,88 1676,35 Natio Ep. Croissance ...... 3169,87 3107,72 E´cur. Expansion C ...... 83747,35 83747,35 Se´ve´a ...... d 116 113,17 Lion Court Terme C ...... d 26660,22 26660,22 ´ E´cur. Ge´ovaleurs C ...... 3542,54 3473,08 Sogepargne D ...... 297,75 294,80 Natio Ep. Patrimoine ..... 136,92 134,24 Synthe´sis...... 18322,51 17998,54 Lion Court Terme D...... d 24173,81 24173,81 E´cur. Investis. D PEA ...... 222,06 217,71 Soginter C ...... 2427,84 2380,24 Natio Epargne Retraite .. 156,01 152,95 Uni Association ...... D 121,73 121,73 Lion Plus C ...... d 1577,87 1546,93 E´cur. Mone´premie`re ...... 11438,94 11438,94 Amplitude Ame´rique ...... 115,19 112,38 Fonds communs de placements Natio Epargne Tre´sor..... 11316,48 11293,89 Uni Foncier ...... 1399,96 1365,81 Lion Plus D...... d 1505,14 1475,63 E´cur. Mone´taire C ...... 13142,64 13142,64 Amplitude Europe C ...... 166,58 162,52 Favor D ...... d 1368,44 1341,61 Natio Euro Valeurs ...... 1026,20 1006,08 Uni France ...... 836,37 815,97 ´ d E´cur. Mone´taire D...... 12516,69 12516,69 Lion Tresor...... 2465,16 2440,75 Amplitude Europe D...... 163,80 159,80 Sogeliance D ...... d 1695,74 1678,95 Natio Euro Oblig...... 1022,96 1012,83 E´cur. Tre´sorerie C ...... 322,61 322,61 Uni Garantie C ...... 1901,63 1869,84 Oblilion ...... d 2179,19 2157,61 Amplitude Monde C ...... 1014,12 989,39 Sogenfrance Tempo D ... d 225,45 221,03 Natio Euro Opport...... 1045,74 1025,24 E´cur. Tre´sorerie D...... 310,09 310,09 Uni Garantie D...... 1454,44 1430,13 Sicav 5000 ...... 706,53 692,68 Amplitude Monde D...... 967,49 943,89 ...... Natio Inter ...... 1099,61 1078,05 E´cur. Trimestriel D...... 2025,51 2025,51 Uni Re´gions ...... 1632,83 1593 Slivafrance ...... 1180,29 1157,15 Amplitude Pacifique...... 97,69 95,31 ...... Natio Opportunite´s...... 185,51 181,87 E´parcourt-Sicav D ...... 193,72 193,72 Univar C...... D 312,40 312,40 Slivam ...... 582,05 570,64 Elanciel D PEA...... 179,48 175,10 Natio Revenus...... 1116,73 1105,67 Ge´optim C...... 12940,43 12749,19 Univar D ...... D 299,39 299,39 Slivarente...... d 246,63 241,79 E´mergence Poste D PEA 150,91 147,23 SYMBOLES Natio Se´curite´...... 11538,53 11538,53 Ge´optim D ...... 11886,30 11710,64 Univers Actions ...... 242,37 236,46 Slivinter...... 790,86 775,35 Ge´obilys C...... 677,28 667,27 D cours du jour ; d cours pre´ce´dent. Natio Valeurs ...... 1328,97 1302,91 Horizon C...... 2249,49 2205,38 Univers-Obligations ...... 249,54 245,37 Trilion ...... d 5124,34 5058,58 Ge´obilys D ...... 640,79 631,32 LeMonde Job: WMQ0511--0027-0 WAS LMQ0511-27 Op.: XX Rev.: 04-11-97 T.: 11:05 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0497 Lcp: 196 CMYK

27 AUJOURD’HUI LE MONDE / MERCREDI 5 NOVEMBRE 1997

ARCHÉOLOGIE Longtemps né- et Frank Goddio. b UN BALAYAGE tion de l’île d’Antirrhodos. b PLUS À célèbre phare d’Alexandrie. b UNE ros à la côte. b EN 1998, au Petit Pa- gligée, la ville antique d’Alexandrie systématique des fonds sous-marins L’EST, dans la zone de fouilles du NOUVELLE pièce du puzzle a été lais, à Paris, un Ptolémée en pharaon révèle peu à peu ses secrets grâce à dans la partie orientale du port a fort de Qait-Bey, M. Empereur a dé- mise en place par le CNRS avec la lo- découvert sur les zones de fouilles la concurrence que se livrent deux ainsi permis à M. Goddio d’identifier taillé environ 2 000 blocs ouvragés calisation de l’Heptastade, une devrait être le clou d’une exposition archéologues, Jean-Yves Empereur trois bassins et de préciser la posi- près de ce qu’il pense être le site du longue digue qui reliait l’île de Pha- consacrée à la ville antique. Le puzzle de l’Alexandrie antique se met en place La concurrence sauvage entre deux archéologues fait grandement progresser la connaissance de la topographie de la cité mythique, restée largement incertaine, à la différence de celle de ses anciennes grandes rivales de la Méditerranée, Rome et Athènes

ALEXANDRIE responsable du CEA a détaillé près de notre envoyé spécial Les nouveaux contours du port antique 2 000 blocs ouvragés. Il a égale- Alexandrie a toujours fait rêver : ment remonté à la surface 36 frag- Rochers 300 m monuments mythiques : Phare, Zone de fouilles ments monumentaux, dont l’effigie du fort de Qait-Bey Epaves Grande Bibliothèque ; galeries de Rochers d’un Ptolémée en pharaon, haut de portraits : César, Cléopâtre, Marc- Cap de Lochias LIMITES DU RIVAGE huit à dix mètres – il ne lui manque Antoine, Bonaparte.... Plus près de Rochers ACTUEL D'ALEXANDRIE que les jambes – qui devrait être nous, la nostalgie d’un cosmopoli- Rochers El Silsileh exposé à Paris. Si, pour M. Empe- tisme à la Paul Morand et les ro- Site supposé reur, certains blocs de granits gi- mans de Lawrence Durrell du phare d'Alexandrie gantesques peuvent venir de pare- complètent la mythologie. Pour- CONTOURS DES ments du monument, pour son Rochers Bassin 1 tant, à la différence d’Athènes ou TERRES ÉMERGÉES rival, M. Goddio, il s’agit purement de Rome, qui furent ses rivales, Ile Pharos À L'ÉPOQUE ANTIQUE et simplement de remblais, desti- nous ignorons encore le profil de la (ACTUELLEMENT IMMERGÉES) nés, très tardivement, à protéger le cité antique : « Nous avons une Bassin 2 port contre les raids des Croisés.

s bonne connaissance topographique i Grâce à des prospections et à des a ROCHERS AFFLEURANT de la ville ancienne grâce aux des- l mesures électrostatiques et élec- a L'EAU À L'ÉPOQUE ANTIQUE criptions des historiens ou des voya- p tromagnétiques complexes menées s geurs comme Strabon, indique Jean- Grand Port e Yves Empereur, qui fréquente le d etsae(jetée) Heptastade r port égyptien depuis vingt ans. ie ANCIENNES HYPOTHÈSES Ile d'Antirrhodos (?) Bassin 3 t Les rendez-vous Mais les monuments décrits sont r DES LIMITES DU PORT Port a comme suspendus en l’air. On ne sait u ANTIQUE manqués d'Eunoste Q (D'APRÈS LES TEXTES ANCIENS) pas exactement où les placer, faute

de traces sensibles inscrites au sol. Le Rue Alexandrie a longtemps raté re

rôle des archéologues est de les faire 1 son rendez-vous avec l’archéolo- atterrir. » gie. Quand, au dix-neuvième Aiguilles dites de Cléopâtre L’archéologie, qui a longtemps siècle, les grandes missions inter- négligé Alexandrie, est désormais Cæsarum nationales se partagent les sites au rendez-vous. Jean-Yves Empe- archéologiques de la Méditerra- reur, est à demeure depuis sept née orientale, personne ne s’inté- ans, avec pour but de compléter Zone des fouilles Chambre d'albâtre resse à ce port. Ce qui compte patiemment le puzzle de la ville an- de sauvetage depuis 1992 (Tombeau d'Alexandre ? ) alors en Egypte, c’est l’héritage tique. Il travaille notamment au Voie Canopique pharaonique, pas celui de la Grèce hellénistique. De plus, à l’inverse pied du fort de Qait Bey et dans le e faubourg de Gabarri. Depuis peu, il 9 Rue de Rome, l’autre grande métro- a étendu son champ d’action en Franck Goddio explore le grand port, dont seule la partie ouest a été, pour le moment, examinée. Ces fouilles permettent de dessiner une nouvelle configuration pole de l’antiquité, Alexandrie a pleine mer où il a repéré des du port. Jean-Yves Empereur continue l'exploration des environs du fort de Qait-Bey, poursuit ses fouilles de sauvetage à proximité du Cæsarum et entame, laissé peu de traces. En 1897, un au large, des recherches sur des épaves. Le CNRS a réétudié l'emplacement de l'Heptastade. épaves antiques. Enfin, il est le archéologue britannique, maître d’œuvre d’une exposition D. T. Hogarth, vient faire quelques consacrée à cette ville qui se tien- ovale presque parfait, à la suite des conférence de presse, M. Goddio drées qui semblent signaler la pré- légèrement plus à l’ouest. En forme sondages et ne trouve rien de pas- dra à Paris, au Petit Palais, dès le nombreux tremblements de terre fait le bilan de ses découvertes. sence de plusieurs bâtiments im- de L, elle ferme le troisième bassin, sionnant. La cause est entendue : printemps 1998. qui ont affecté la région dès le Elles lui permettent de réviser la portants. A partir du cap Lochias, rectangulaire et doté d’une double ce port n’est pas un terrain pour M. Empereur n’est pas seul à tra- IVe siècle de notre ère. En 1992, topographie du port antique. Le trois bassins se découpent : le pre- sortie. Sur la pointe Est de cette île, les ténors de l’archéologie. Schlie- vailler sur le puzzle. Franck God- M. Goddio a pu, grâce à l’équipe- cap Silsileh (ancien cap Lochias), à mier, sur le flanc même du cap, les plongeurs ont dégagé une série mann lui-même ne fera que pas- dio, l’homme du San-Diego, a en- ment sophistiqué embarqué à bord la fois plus massif et plus long, est presque entièrement fermé par de pieux de bois enfoncés dans le ser. C’est bien plus tard que trois trepris ici, depuis deux ans, des de son catamaran, le Kamiloa, lever prolongé par trois rochers affleu- une digue – M. Goddio y voit le sol ancien. Ces vestiges de pins et générations d’italiens, Giuseppe fouilles archéologiques intensives. une première carte du fond du rant la surface et qui contribuent à port royal –, le second s’appuyant d’ormes ont été analysés et datés : Botti, Evaristo Breccia et Achille Son champ d’action, délimité par port. fermer la baie. sur un promontoir rocheux, per- entre le VIIe siècle et le IVe siècle, Andreani, puis une mission polo- les autorités égyptiennes, est l’inté- Trois ans plus tard, ces re- A l’emplacement de l’ancien ri- pendiculaire à la côte à l’endroit où av. JC, donc avant la fondation de naise conduite dans les années 60 rieur du port oriental. On sait de- cherches de surface sont complé- vage, maintenant sous l’eau, l’on plaçait traditionnellement l’île la ville (331/332 av. JC). L’île a été et 70 par Mieczyslaw Rodziewicz puis longtemps qu’une part de la tées par une équipe de plongeurs. l’équipe de Goddio a répéré un sol d’Antirrhodos. Selon le proprié- ultérieurement nivelée par plu- entameront un patient travail, vieille Alexandrie git au fond de cet Le 20 octobre, au cours d’une dallé couvert de colonnes effon- taire du Kamiloa, cette île est située sieurs couches d’un épais mortier, amplifié aujourd’hui. puis pavée. La présence de nombreux fûts de colonnes et de blocs de granit dans le quartier de Gumruk, une Au croisement des deux principales artères, le tombeau d’Alexandre semble indiquer la présence d’édi- autre découverte a été faite, en fices. Il ne faut pas pousser beau- juin, par une équipe du centre de ALEXANDRIE rumeur en fasse parfois l’instrument de certains rien révélé. En réalité, il se peut que le fameux coup Goddio pour qu’il y voit le recherches géophysiques du CNRS de notre envoyé spécial faits divers, comme celui d’une femme qui fai- monument ait été découvert... en 1914. En effet, palais de Cléopâtre. Sept bases de conduite par Albert Hesse. Il s’agis- Alexandre le Grand fait toujours rêver : en sait la queue devant une salle de cinéma, avec à cette date, on exhuma, dans le cimetière de statues ont été relevées avec des sait de localiser l’Heptastade, cette cent ans, 135 permis de fouilles ont été déposés son mari, non loin de la rue Nabi-Daniel, et qui Terra Santa, un « tombeau d’albâtre » qui fut inscriptions évoquant les empe- digue lancée entre le continent et pour retrouver le tombeau du conquérant. Et la disparut dans une crevasse, comme aspirée par identifié comme étant l’antichambre d’une reurs Commode (161-192) et Cara- l’île de Pharos. La jetée devait son liste n’est pas close. On se souvient de cette ci- la terre. On fit des recherches approfondies tombe à tumulus de grande taille, de style ma- calla (188-217). Autres trouvailles : nom à sa taille : sept stades (envi- toyenne grecque qui, en 1995, avait cherché sa dans les parages. Le sous-sol fut sondé. La po- cédonien, datant du début de l’époque hellénis- deux sphinx et une statue d’Isis de ron 1 200 m). La digue, peu à peu trace dans l’oasis de Siwa. C’est à Alexandrie lice inquiéta le mari. En vain. tique. Les textes anciens situaient la nécropole style nettement ptolémaïques. ensablée, a engendré, au fil des même que la chasse continue de plus belle : un royale à l’intersection des deux principales rues siècles, un véritable isthme sur la- professeur de l’université cairote d’Aïn-Shams CONFUSION de la ville. Or, le « tombeau d’albâtre » se « RELIEFS INATTENDUS » quelle les occupants turcs ont ins- vient de déposer une demande pour explorer « On peut supposer, raconte Jean-Yves Empe- trouve a peu près à l’intersection des deux plus Visiblement, plusieurs siècles de tallé un quartier à partir du les sous-sols de la mosquée Nabi Daniel, et un reur, qu’elle fut emportée, par temps de grosses grandes artères de la cité, si l’on en croit les constructions successives se XVe siècle. archéologue égyptien chevronné, Fawsi El Faka- pluies, fréquentes l’hiver, dans l’une de ces canali- sondages assez précis effectués par le géomètre trouvent entassées ici. M. Goddio D’après les études du CNRS, son harany, a obtenu la même permission pour sations non répertoriées qui alimentent les innom- égyptien Mahmoud El Falaki en 1866. Néan- compte encore trois années de tracé serait assez différent de celui fouiller du côté des Cimetières latins. brables citernes antiques : celles-ci parsèment le moins, aucune inscription ne permet d’affirmer campagne avant de s’attaquer à la qui était communément admis. Parmi les « fous » d’Alexandre, on trouve sous-sol de la cité. Mais la rumeur courut toute la avec certitude qu’il s’agit bien là de la dernière partie occidentale du bassin où il a Elle s’inscrirait exactement dans la toutes les professions. L’un des plus tenaces est ville qu’elle avait été appelée par Alexandre, qui demeure du souverain grec. Saint Jean Chrysos- déjà remarqué des « reliefs inatten- trame des rues dessinées ex nihilo un garçon de café d’origine grec, Stelios Cou- voulait une femme ! » tome ne disait-il pas, dès la fin du quatrième dus ». De plus, il espère bien locali- par Dinocrate de Rhodes, l’urba- moutsos : son dossier officiel de demande de La mosquée Nabi-Daniel est souvent donnée siècle, en parlant d’un point compliqué de théo- ser, sur « son domaine », le phare niste de la ville. C’est encore un permis, ouvert en 1956, ne comporte pas moins comme étant le lieu où se trouverait le tombeau logie, qu’il était aussi obscur que l’emplacement d’Alexandrie. Phare que M. Empe- élément du puzzle qui se met en de 322 documents. Il faut dire que le mythe convoité. Sans doute à cause d’une confusion du tombeau d’Alexandre ? reur situe plutôt à l’emplacement place. d’Alexandre reste populaire dans la cité qu’il a de l’historien arabe Léon l’Africain. Explorés à du fort mamelouk de Qait Bey. fondée il y a vingt-trois siècles. Au point que la plusieurs reprises, les sous-sols de l’édifice n’ont E. de R. Au pied de cette construction, le Emmanuel de Roux Franck Goddio et Jean-Yves Empereur, les deux faces de l’archéologie ALEXANDRIE études alexandrines (CEA). Il est ap- té par la société Hilti (Liechtenstein) avec emphase et approximation. On préviennent et nous agissons dans rive déjà. Quatre publications de de notre envoyé spécial puyé par l’Institut français d’archéo- – machines-outils en tout genre – brocarde cet amateur qui veut faire l’urgence. » Les délais sont brefs : de fouilles sont sous presse. M. Empe- Au fond du port oriental logie orientale (IFAO) basé au Caire. qui le finance. A quelques mètres de de l’archéologie sans archéologues. six mois à un an et demi. Ensuite, les reur est un nonchalant qui galope à d’Alexandrie, des plongeurs ont dé- Son rival, cinquante ans, cheveau- là est ancré le Kamiloa, son catama- M. Goddio se raidit devant les rica- pelleteuses entrent en action. En la poursuite du temps : « On nous couvert, à 5 mètres sous la surface léger autoproclamé, s’est taillé, de- ran bourré d’électronique. Il a ob- nements, met en avant les profes- août dernier, il est encore intervenu propose une dizaine de sites par an, de l’eau, un bombardier britannique puis 1985, un petit empire au large tenu des autorités égyptiennes la sionnels égyptiens avec qui il tra- in extremis pour étudier la nécropole mais nous ne pouvons en fouiller que Bristol datant de la dernière guerre. des Philippines où il a exploré une concession des fouilles sous-ma- vaille officiellement, et fustige ces de Gabbari avant le passage définitif trois. On est en train de rater des oc- L’avion avait dû participer à la ba- douzaine d’épaves avec leur cargai- rines du port est d’Alexandrie. fonctionnaires installés dans leur des bulldozers. casions. Et seul, je manque de taille d’El Alamein qui se produisit sons – dont le San-Diego exposé fromage. En même temps, il rectifie Sa « centrale archéologique » est moyens. » en 1942, à moins de 150 kilomètres avec succès à Paris. Il a fondé l’Insti- AMATEUR BROCARDÉ le tir : lors de sa conférence de située en pleine ville, à l’emplace- Pourtant, il se trouve aujourd’hui du grand port égyptien. Ces tut européen d’archéologie sous- Un rêve inaccessible est au- presse du 20 octobre, il troque le pé- ment d’un ancien théâtre, le Dina, à la tête d’une véritable PME qui hommes-grenouilles comptent par- marine et apprécie les feux de l’ac- jourd’hui à portée de sa main : il a plum contre la tenue plus sobre du au bord d’une excavation où une di- compte entre vingt et cin- mi les acteurs d’une autre bataille, tualité. Côté média, M. Empereur pu forcer la citadelle des institutions scientifique. Sous ses allures de bon zaine de siècles d’histoire se de- quante personnes. Il a ouvert le CEA plus feutrée, qui concerne le passé n’a rien à lui envier : le film qui a été archéologiques centenaires. En 1996, jeune homme un peu mondain, vinent à ciel ouvert. Sous des avec un budget de 200 000 francs. de la cité millénaire. Elle oppose tiré de ses fouilles subaquatiques de avec 1,5 million de dollars (environ c’est un féroce difficile à abattre. bâches, une quinzaine de personnes Cette année, celui-ci atteint 3,5 mil- deux équipes. L’une est menée par Qait Bey a été vu par vingt millions 8,5 millions de francs) donnés par M. Empereur est l’homme des si- dessinent des éléments de poteries, lions de francs. Cet argent, il faut le un archéologue chevronné, Jean- de téléspectateurs et a raflé une Hilti et une trentaine de personnes, tuations difficiles, le pompier volant collent des tessons, identifient des trouver auprès de mécènes – la Fon- Yves Empereur. La seconde, par un quinzaine de récompenses. C’est à il démarre une campagne de quatre de l’Alexandrie antique. « Je n’ai ja- photos, classent des mosaïques ou dation EDF, Elf Aquitaine, Gédéon amateur flamboyant, Franck God- l’occasion de ces travaux, au cours mois, qui reprend en 1997, avec le mais choisi un terrain. Ce sont les pro- enregistrent des fragments d’am- ou France 2. Régulièrement, M. Em- dio. desquels les deux hommes se sont même personnel et 1,2 million de moteurs qui choisissent pour moi, in- phores. pereur organise une tournée de A l’actif du premier, quarante- cotoyés en 1992, que l’irréductible dollars. Il entasse des résultats et dique-t-il. Depuis la libéralisation Les résultats de six opérations conférences pour lever des fonds. Le cinq ans, helléniste formé à l’Ecole différend qui les oppose est né. De- publie un petit livre, A la recherche économique du régime, les im- d’urgence sont là, dans des sacs de marché est étroit. Il faut donc se française d’Athènes, d’innombrables puis 1995, les couteaux sont tirés. de Cléopâtre (Robert Laffont éd.), meubles neufs se multiplient au plastique, des boîtes à cigares ou battre. fouilles en Grèce et à Chypre, et la M. Goddio campe sur l’Océanex, dans lequel il évoque les vestiges du centre-ville. Quand les promoteurs des cartons à chaussures. La mois- création, en 1990, du Centre des un gros cabin-cruiser égyptien affré- palais de la dernière reine d’Egypte tombent sur un site antique, ils nous son de la nécropole de Gabbari ar- E. de R. LeMonde Job: WMQ0511--0028-0 WAS LMQ0511-28 Op.: XX Rev.: 04-11-97 T.: 08:31 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0498 Lcp: 196 CMYK

28 / LE MONDE / MERCREDI 5 NOVEMBRE 1997 AUJOURD’HUI-SPORTS L’équipe de France de hockey sur glace prépare La flotte de la Whitbread les Jeux olympiques dans la morosité panse ses blessures Les problèmes financiers de la fédération handicapent sérieusement les Bleus La première étape de la course Le tournoi international de Morges (Suisse), qui Russie et la Suisse en vue des Jeux olympiques l’équipe nationale semble démotivée par les autour du monde à la voile a usé les équipages. débute mercredi 5 novembre, permettra aux 1998 de Nagano (Japon). Mais, même dirigée dé- conditions de travail que lui impose la drama- hockeyeurs français de rencontrer la Finlande, la sormais par un entraîneur américain de renom, tique situation financière de la fédération. Les bateaux reprendront la mer samedi

HERBERT P. BROOKS a beau nationale suisse fonctionne aussi, 31 octobre), la FFSG l’a laissé par- t-il, nous n’avons plus d’interlo- « CHRIS DICKSON a démission- de renfort. Ce jeune architecte na- être précédé d’une réputation de depuis plusieurs années, sur le tir. cuteur à la fédération. J’ai des dents né. America’s Challenge a déclaré val a d’autres projets. A Douarne- faiseur de miracle, son arrivée à la même mode avec des entraîneurs Elle a également limogé, à la cassées, des angines à répétition et forfait. BrunelSunergy a pris un nez, il met actuellement au point, tête de l’équipe de France, qui af- allemands ou autrichiens. «Au même date, Patrick Francheterre, des problèmes d’infection. Incertain nouveau navigateur. » Du Cap, le avec Bernard Nivelt, un mono- frontera, au tournoi de Morges moins, ces coaches sont basés en le directeur technique national ad- pour Morges, je n’ai pu avoir au té- rédacteur en chef du magazine bri- coque de 60 pieds, Petit Navire, (Suisse), la Finlande, la Russie et la Europe, remarque Philippe Bozon. joint responsable du hockey sur léphone personne d’autre qu’une tannique Yachting World résume dont la mise à l’eau est prévue fin Suisse, du mercredi 5 au dimanche Nos besoins pour une préparation glace, accusé d’avoir rémunéré, secrétaire. On parle d’Antoine Ri- les incidences de la première étape décembre à La Rochelle. 9 novembre, suscite la plus grande aux Jeux ne sont pas compris par avec l’argent de la billetterie de cher [ancien capitaine de l’équipe de la course autour du monde en L’équipage de Toshiba s’est dé- circonspection. « Si la nomination ceux qui procèdent au rétablisse- matchs internationaux et de la de France, trente-six ans, toujours équipages et avec escales, qui a barrassé de Chris Dickson depuis d’un entraîneur de renom suffisait à ment financier de la FFSG. J’ai cru vente d’équipements, l’équipe mé- licencié à Amiens] comme assistant mené dix bateaux de Southampton le 28 octobre. Présentés par l’orga- gagner, ça se saurait, dit Philippe entendre qu’on partait pour Morges dicale indispensable aux Tricolores de Brooks, mais il n’est même pas en Afrique du Sud. Trente et un nisation de la Whitbread comme Bozon, attaquant-pilier de sans médecin pour l’équipe. » pour les championnats du monde au courant de la teneur de son jours de navigation pour le pre- coskippers de Toshiba, Dennis l’équipe de France. A trois mois des Philippe Bozon et ses coéqui- 1997 et dont la présence n’avait éventuelle mission. » mier (EF Language) et trente-sept Conner, le quadruple vainqueur de Jeux olympiques de Nagano, que piers ne s’étonnent plus de la si- pas été prévue par l’administra- pour le dernier (BrunelSunergy) ont la Coupe de l’America, et Chris peut-on espérer alors qu’on y re- tuation : « Pour nous, c’est devenu teur judiciaire. « ON EN A MARRE » aiguisé les humeurs, mis en lu- Dickson remplissaient deux fonc- trouvera les meilleures équipes ja- la routine. » Ces dernières saisons, Philippe Bozon a l’habitude de Malgré ses références indis- mière les problèmes. tions bien distinctes. Le premier a mais engagées au monde et que la succession de trois entraîneurs s’adapter. Il exporte son talent de- cutables, Herbert Brooks, joint par « Ce ne sont jamais les mêmes his- misé sur sa réputation pour sé- Herb Brooks ne nous a jamais vus ? différents à la tête de l’équipe a in- puis des années, s’accommodant téléphone aux Etats-Unis, vendre- toires, expliquait, avant de rentrer duire les sponsors, abandonnant Il aurait fallu commencer à travail- di 31 octobre, n’en savait guère en France, Halvard Mabire, au second la vie à bord. Le tyran- ler dès cet été, essayer des joueurs. plus. Il comptait sur James Tib- membre de l’équipage d’America’s nique Néo-Zélandais, nanti de huit Au lieu de ça, nous avons été ren- Un entraîneur qui n’en est pas à son premier défi bets, l’entraîneur adjoint de Pa- Challenge, mais il y en a toujours, titres de champion du monde de voyés du stage de Pralognan sans trick Francheterre, d’origine amé- même si celles comme la nôtre, heu- « navigation bord à bord », qui l’avoir commencé à cause du L’employeur d’Herbert P. Brooks s’est montré compréhensif. Le ricaine, qu’il a déjà rencontré à reusement, se produisent rare- bannit lecture, musique et chaus- manque de moyens de la fédération. club du championnat américain (NHL) des Penguins de Pittsburgh l’occasion de camps d’entraîne- ment. » Le Français a appris en ar- sures de rechange sur son bateau On n’a pas joué ensemble depuis les sait bien que les instances fédérales nationales ne contractent plus ment, pour le renseigner sur les rivant au Cap qu’un intermédiaire pour éviter toute distraction ou ra- championnats du monde, en mai. » guère d’engagement à long terme, même avec les entraîneurs les joueurs. Prudent, il servait un dis- mexicain du sponsor de son em- lentissement, a rapidement agacé. Comme son prédécesseur qué- plus prestigieux. Il libérera donc son recruteur pour le temps qu’il cours convenu sur son « ouverture barcation avait filé avec la caisse. Vexé par sa sixième place, il a bécois, Dany Dubé, Herbert devra passer avec l’équipe de France. Le sacrifice est mince : quatre- aux propositions, [sa] volonté de ne « On subodorait un problème sé- commencé par expliquer qu’un re- Brooks débarque quelques jours vingts jours, pas même un quart de l’année. pas effectuer de grands change- rieux une dizaine de jours avant tard de deux minutes à la ma- avant la réunion annuelle de L’homme est un habitué des défis et, à cinquante-sept ans, il n’en ments, vu le manque de temps, et l’arrivée, car nous avions effectué nœuvre pouvait creuser un écart Morges, alors que la saison est dé- avait plus à relever dans son pays. Ancien international, brillant d’écouter les joueurs ». des commandes de voile qui n’abou- de deux jours avec les autres jà bien engagée. Mais, redresse- coach de plusieurs équipes universitaires américaines, il a aussi diri- A la FFSG, où l’on se pique vo- tissaient pas », dit-il. concurrents, avant de jeter ment judiciaire de la Fédération gé plusieurs équipes professionnelles. Mais son aura lui vient du lontiers d’offrir aux athlètes de La campagne d’America’s Chal- l’éponge brutalement. « Je ne vois française des sports de glace cinquième titre olympique consécutif qu’il a conduit les Etats-Unis à haut niveau le haut de gamme en lenge pour la Whitbread s’était mal pas l’intérêt de rester, je n’ai pas été (FFSG) oblige, leur mission est dif- remporter, à Lake Placid, en 1980, avec vingt joueurs d’une moyenne matière d’encadrement, on res- engagée. Le budget n’avait été engagé pour faire le garde d’enfants férente. « M. Dubé était aussi res- d’âge de vingt-deux ans choisis seulement huit mois plus tôt parmi sasse à l’envi, comme une formule bouclé qu’à la toute dernière mi- et musarder en queue de flotte », a- ponsable du développement du hoc- une sélection de quatre-vingts amateurs venus de clubs mineurs. magique, une phrase d’Herbert nute mais Halvard Mabire était ar- t-il expliqué. En coulisses, l’équi- key mineur, indique le directeur Brooks passée à la postérité. Juste rivé fin août confiant et déterminé, page avait posé ses doléances : technique national, Patrice Mau- avant la finale des Jeux olym- après sa victoire dans la Course de « C’est lui ou nous. » Seul contre rin. M. Brooks sera très précisément terdit un véritable travail de fond. des différents styles de jeu et de piques de 1980, disputée aux So- l’Europe aux côtés du skipper néo- tous, Chris Dickson a capitulé. Il a payé à des conditions raisonnables Le Finlandais Juhani Tamminen, nouvelles cultures. Il est devenu le viétiques qui venaient de leur infli- zélandais Ross Field. « Sur ce ba- été remplacé par le Britannique pour quatre-vingts journées de tra- ancien international, a imprimé un seul Français à jamais évoluer ger en match amical un cuisant teau, personne n’avait embarqué Paul Stanbridge, embarqué au dé- vail avec l’équipe de France, qui esprit plus offensif à l’équipe de dans le prestigieux championnats échec (10-3), il aurait asséné à ses seulement pour participer, dit-il. part comme chef de quart. s’achèveront après les champion- France. Officiellement, il a été li- américain (NHL), à Saint-Louis disciples de l’équipe nationale Ayant tous plusieurs Whitbread à Ross Field, privé de bateau, ne nats du monde d’avril 1998. » cencié dans le cadre des restric- (Missouri). Puis il s’est installé en américaine : « Messieurs, vous notre actif – pour moi c’était la cin- signera pas de doublé dans la Cette formule, qui réduit le rôle tions budgétaires que la FFSG Suisse, à la Chaux-de-Fonds et à n’avez pas assez de talent pour ga- quième et Ross avait remporté la Whitbread. Pas plus que Chris de l’entraîneur national à celui s’est imposées dès le printemps Lausanne, avant de signer à Mann- gner sur votre seul talent. » Ils dernière édition –, nous étions tous Dickson ne peut rêver de revanche d’un consultant, voire d’un merce- 1996 pour survivre. La saison pas- heim dans le championnat alle- l’avaient emporté. « C’est un un peu mercenaires. » Pour la plu- sur le sort. Lors de la dernière édi- naire, n’est pas particulière à la sée, le Québécois Dany Dubé, uni- mand, avec Christian Pouget, imité homme d’événement, dit Didier part d’entre eux, la course, qui doit tion, le mât de son Tokio s’était bri- France. L’Italie s’est attaché, jus- versitaire, théoricien et tacticien, a par d’autres ténors de la formation Gailhaguet, directeur des équipes arriver à Southampton (Grande- sé, le privant d’une victoire qui qu’en début d’année, les services osé rajeunir le collectif. En cessa- tricolore. de France de patinage et coordina- Bretagne) au printemps 1998, est semblait certaine. D’aucuns du Canadien Brian Lefley, parallè- tion de paiements, sous la tutelle Mais sa voix est lasse, et son teur du programme de prépara- déjà terminée. arguent qu’il avait poussé son ba- lement entraîneur de l’équipe du d’un administrateur judiciaire de- moral, en berne. « Depuis le départ tion olympique. Le schéma ponc- Au contraire de quelques-uns de teau et son équipage au-delà de club de Berne, en Suisse. L’équipe puis début juillet (Le Monde du de Patrick Francheterre, explique- tuel que nous adoptons ne l’a pas ses équipiers, largement encoura- leurs limites. Cette fois, pour ou- empêché de réussir ailleurs. Nous gés par un Ross Field « surpris, dé- blier sa déception, il est parti en devons viser les quarts de finale. çu et en colère », Halvard Mabire safari dans une réserve sud-afri- Premiers réglages à l’occasion du tournoi de Morges Une sixième place est même à la n’a pas répondu aux sollicitations caine. portée de la France. » des bateaux concurrents en quête P. Jo. b Le tournoi de Morges (Suisse), Lemoine, Serge Poudrier, Denis engouement dans tout le pays, Les formules à l’emporte-pièce qui débute mercredi 5 novembre, Pérez, Serge Djelloul, l’audience télévisée avait grimpé et l’esprit commando d’Herbert s’achèvera dimanche 9 novembre. Jean-Christophe Philippin, Karl de match en match atteignant Brooks séduiront sans doute les Outre l’équipe de France, il réunit Dewolf (défenseurs) ; Arnaud 5,2 millions de téléspectateurs plus jeunes recrues. Mais suffi- Un XV de France sans surprise les sélections nationales Briand, Jonathan Zwickel, Robert pour le France-Etats-Unis et les ront-ils à transcender les anciens ? finlandaise, russe et suisse. Ouellet, Stéphane Barin, Anthony clubs recevaient de nouveaux Philippe Bozon promet d’essayer b Cette compétition est le Mortas, Maurice et François amateurs. L’embellie fut de courte d’y croire encore : « L’arrivée d’un pour affronter l’Afrique du Sud premier test grandeur nature pour Rozenthal, Laurent Gras, Richard durée : deux mois plus tard, aux nouveau coach crée toujours une le nouvel entraîneur américain des Aimonetto, Laurent Deschaume championnats du monde, en dynamique positive, car tout le LA SÉLECTION française qui doit affronter l’Afrique du Sud en test- Bleus, Herbert P.Brooks, qui a et Eric Blays (attaquants). Philippe Tchécoslovaquie, la formation monde joue sa place. Comme d’ha- match, le 15 novembre, à Lyon, a été rendue publique, lundi 3 no- remplacé le Suédois Juhani Bozon (souffrant d’une rage de était contrainte de disputer un bitude, on nous demande de faire vembre, à Toulouse. Les sélectionneurs ont retenu un groupe de vingt Tamminen (Patrick Francheterre dents) et Christian Pouget (blessé) match de barrage contre la l’impossible. Chaque fois, on se et un joueurs, où ne figure aucun nouveau nom : avait assuré un intérim de seront absents. Pologne (3-1) pour rester parmi maintient des conditions précaires (), Jérôme Cazalbou (), Fabien Galthié (Colo- quelques mois). Elle lui servira à b A Albertville, aux Jeux l’élite mondiale. grâce à notre gros cœur et à nos miers), Stéphane Glas (Bourgoin), (Harlequins/Ang), établir sa sélection pour les Jeux olympiques de 1992, l’équipe de b Aux Jeux olympiques 1994 de tripes. Une fois de plus, je serai dis- (Brive), Laurent Leflamand (Bourgoin), Jean-Luc olympiques d’hiver de Nagano France s’est illustrée en se Lillehammer (Norvège), l’équipe ponible pour l’équipe de France, Sadourny (Colomiers), Philippe Saint-André (cap./Gloucester/Ang.), (Japon), qui se disputeront du 7 qualifiant pour les quarts de de France avait pris la 10e place. mais, après cette saison, avec les David Venditti (Brive). (Agen), au 22 février 1998. finale. Elle avait été battue par les Lors des championnats du monde plus vieux, nous ferons sérieusement (Agen), (Bègles-Bordeaux), (Harle- b La France sera représentée à Etats-Unis (4-1) et avait 1997, en Finlande, les Bleus le point. A force de donner, on en a quins/Ang.), (Stade toulousain), Didier Casadéi Morges par François Gravel, finalement terminé huitième du avaient fini au même rang, alors marre. » (Brive), (Agen), Raphaël Ibanez (Dax), Christobal Huet et Fabrice Lhenry tournoi olympique. A l’époque, la qu’ils avaient accroché la 11e place (Monferrand), (Stade toulousain), (gardiens de but) ; Jean-Philippe performance avait suscité un en 1996, au Canada. Patricia Jolly (Stade toulousain). LeMonde Job: WMQ0511--0029-0 WAS LMQ0511-29 Op.: XX Rev.: 04-11-97 T.: 08:31 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0499 Lcp: 196 CMYK

AUJOURD’HUI-GOÛTS LE MONDE / MERCREDI 5 NOVEMBRE 1997 / 29

BOUTEILLE Les gastronomisants AOC listrac-médoc L’année 1998 vue Château Mayne-Lalande Cru bourgeois par les guides de table a Bernard Lartigue, vigneron à Listrac, est de ceux pour qui les vins du Médoc doivent être aptes au vieillissement, même si la tendance au- LES POURSUIVANTS arrivent. jourd’hui est inverse. Patiemment constitué à partir de 1973, le Châ- Comme toujours chez les seconds, ils teau Mayne-Lalande (sur 17 hectares) est un modeste cru bourgeois donnent des coups de reins terri- dont la vinification n’a rien à envier à certains crus classés. Premier fiants pour oser partager un podium objectif, pour ce vigneron passionné : obtenir des raisins bien mûrs, à la marche suprême louée à vie par sains, dans des conditions de rendement maîtrisées, entre 30 et 50 le grand muet et juge à mortier des hectolitres à l’hectare. Le Château Mayne-Lalande, à l’encépagement choses à peu près comestibles de classique (45 % de merlot, autant de cabernet sauvignon, un peu de l’existence. Voici venue la saison où verdot et de cabernet franc), est élevé à 50 % en barriques neuves pen- les guides gastronomisants viennent dant dix-huit mois. Le millésime 1996 s’annonce superbe, aux tanins rendre les attendus de leur longue et ronds et soyeux ; mais c’est le 1995, au nez intense de fruits noirs, au périlleuse année de mastication. volume étonnant, qui emplit le palais, tout à la fois velouté, fin et Dans sa tour d’ivoire en béton armé charnu, qui doit aujourd’hui retenir l’attention. de l’avenue de Breteuil, le Michelin ૽ Château Mayne-Lalande 1995 : 80 F (par six bouteilles). commence à sucer leur travail avec la Bernard Lartigue, Le Mayne-de-Lalande, 33480 Listrac-Médoc. Tél. : 05- méticulosité des professionnels du 56-58-27-63. Télécopie : 05-56-58-22-41. décorticage des pinces de ce délicat et très savoureux crabe qu’est l’arai- gnée. TOQUES EN POINTE Car c’est ainsi, le Rouge fait la loi, les autres la police. Du moins ont-ils le mérite de dresser leurs procès-ver- baux en toutes lettres et en pleine lu- Bistrots mière. Ce fut l’astuce de ces deux apôtres, Millau et son compère CHEZ JACKY Gault, Gault et son double Millau, de a La vertu première de cette maison est de n’employer que des pro- parler à voix haute de ce qui leur plai- duits frais et de les mettre en œuvre de manière artisanale. Jacky est sait ou non et de dire pourquoi. Dans un ancien boucher. La viande, il connaît ! Pièce de bœuf, tête de veau, les années 70, en face d’un Michelin vers de fortune et de continuer à ac- rer de sang-froid les chefs courageux d’effets de style, le Lebey suit sa car- côte de veau, sans oublier le gibier. Des poissons pour les amateurs, sec de sentence comme un magistrat cueillir les lourds bataillons d’étran- des quelconques, les talentueux des rière d’ouvrage morose et sûr de ses pas moins de cinq plats, dont la fameuse bourride bretonne. Belle castillan, les bonshommes enta- gers, conduits comme un seul tricheurs, les modestes des éclairés. repérages tant ses commentaires cave, choisie chez le producteur, dont l’excellent morgon de Thévenet. maient des conversations de salon homme jusqu’au canard Apicius, Travail de chartreux mis entre les sont prudents. Mais c’est un genre Menu à 188 F. A la carte, compter 250 F. gourmand, lançaient des inconnus, sous les injonctions de Sa Sévérité. mains d’une vaste troupe de person- qui en vaut un autre ; du moins les ૽ Paris. 109, rue du Dessous-des-Berges (75013). Tél. : 01-45-83-71-55. donnaient des conseils, allant jus- Sa Sévérité qu’on avait brocardée nages le plus souvent ordinaires, numéros de téléphone sonnent-ils Fermé samedi et dimanche. qu’à insuffler sous la toque les pré- au moment où elle foudroyait Du- l’élaboration d’un guide peut facile- toujours à la bonne adresse, adresses ceptes d’une cuisine très nouvelle. casse de la récompense ultime dès ment mener à des cueillettes redou- toujours très convenables et présen- AU PET DE LAPIN Révolution. l’arrivée dans la capitale de ce chef tablement incertaines ; le territoire tées avec une précision horlogère. a Bien étrange et finalement sympathique bouchon que ce rendez- De l’abscons et sidéral jugement du Sud, pacha de deux établisse- est vaste et la profession n’est pas la Dur métier que celui de ces tisse- vous d’amateurs de gibier et de bons vins. Etrange quant au décor, fas- de l’intouchable et vertueux manda- ments en même temps – le Louis-XV moins bougeante, c’est vrai aussi. rands prisonniers de leur jacquard, cinant par son absence, mais où l’accueil et le service, tour à tour bon- rin, on passait à la leçon de choses de Monte-Carlo et sa garçonnière de Les ouvrages qui survivent sont ceux filant à longueur d’année un restau- homme et affairé, font oublier le reste. La grande affaire, ici, et parfois expliquée à des clients ordinaires. On l’avenue Raymond-Poincaré – et où priment la modération et une cer- rant à l’endroit, un restaurant à l’en- même la bonne affaire, ce sont les vins. Quelques grands noms, dans avait en prime le sourire de l’hôtesse, qu’aujourd’hui tous portent sur le taine façon de cajoler le propos. vers, égarant un chef par-ci, retrou- de petites années, certes, mais un Haut-Brion, premier cru classé, à la couleur des rideaux, le passé et les bouclier de Brennus. Itou pour Ga- Le Pudlowski, par exemple, attablé vant un sommelier par-là. Paris qui 518 F la bouteille, est, même en 1992, un bon moment assuré. A noter lubies de l’artiste et le parfum de gnaire, joué très tôt gagnant par le à Paris avec constance et assez fin bouge, qui frétille, qui sautille. Rien à également d’intéressants saint-julien (Léoville-Poyferré 1990, 318 F), quelques fleurs glanées dans son jar- Michelin, et qui succombe sous les connaisseur des endroits où l’on sait voir, pourtant, avec la somme que bourgognes rouges (volnay 1er cru, Les Frémiets, de J. Boillot, en 1986 din secret. Le GaultMillau continue félicitations des experts goûteurs de harmoniser l’effort avec le prix à lui livre la deuxième parution du Bottin et 1991), le puligny-montrachet d’E. Sauzet (1986), bref, de quoi appré- ce long labourage fait de jugements cet automne 97. consentir. Livre à dominante gourmand, qui, lui, s’attaque carré- cier un savoureux repas composé d’une hure de sanglier (32 F) et d’un sensés et de coups de trique dont on joyeuse, il patrouille dans la capitale, ment à l’ensemble du territoire. Une honorable civet de garenne (70 F). Desserts d’autrefois, omelette nor- ne sait plus au juste, du fouetteur ou DUR MÉTIER ludion jamais lassé d’y repérer le brique de 1 260 pages, séquencée en végienne et pruneaux déguisés. A la carte, compter 150 F. du fouetté, qui ils frappent tant ils Qui a raison, qui a tort ? D’un côté nouveau bistrot dans le coup, les paliers de respiration départemen- ૽ Paris. 2, rue Dunois (75013). Tél. : 01-45-86-58-21. Fermé dimanche et sont administrés avec délicatesse. un vaisseau amiral bientôt cente- moments d’égarement d’une diva ou taux, avec vues sur le paysage, fêtes lundi. Agacés quand leurs notes chutent naire, soutenu par un sponsor gonflé le saucisson sec du siècle. Il y a votives, cimaises, curiosités en tout – Senderens écope cette année d’un à bloc, de l’autre des frégates rapides comme de l’appétit à écrire et de la genre et bonnes tables. Des étoiles mélancolique 16 sur 20 –, les restau- patrouillant à l’estime et avec les modestie à savoir diriger une plume d’un rouge prononcé signalent les Brasseries rateurs éludent le désagrément en moyens du bord. Au milieu, tout un alerte et fluide. Moins encombré meilleures. Il faudra voir à l’usage. évoquant les à-peu-près d’un peuple d’effrayés en charge de faire CAVES DU MARCHÉ « guide d’humeur » qui mériterait de pour le mieux et d’honorer la Jean-Pierre Quélin a Depuis 1926, la famille Lesage exploite cette maison de confiance : se rénover. Entre ses deux points per- confiance qu’une nation préten- vins fins à emporter et épicerie. Un zinc confortable, une belle salle où dus au GaultMillau et ses trois étoiles tieuse, affamée et gourmande, lui ac- ૽ GaultMillau, 175 F. Le Pudlo, Ram- se restaurer complètent cet emporium qui défie la description. C’est toujours accrochées à la bouton- corde. Le moins qu’on puisse dire est say, 109 F. Guide Lebey, Robert Laf- ouvert dès 5 heures du matin, pour les commerçants du marché nière, le maître du Lucas-Carton a qu’il faut du cran pour se lancer dans font, 119 F. Le Bottin gourmand, Jeanne-d’Arc. Les bons petits plats de brasserie, et surtout pas moins beau jeu de feindre d’ignorer ce re- la mêlée et prétendre pouvoir repé- 198 F. de seize plats du jour, renouvelés, dont le bœuf mode aux carottes, le petit salé en potée, la palette de porc avec salade pommes à l’huile chaudes, et, excusez du peu, quelques venaisons, dont la cuisse de décaféiné, un transformait en granulé. chevreuil (68 F). Un choix heureux de vins – beaujolais et côtes-du- Le café soluble chiffre beaucoup Aujourd’hui, certains solubles rhône, principalement fournis par Henry Fessy, négociant-éleveur à plus important que sont encore issus de cette Saint-Jean-d’Ardrières – contribue à l’ambiance. A la carte, compter Lundi 10 novembre, débutera en France la dans le classique technologie peu coûteuse dite 150 F. semaine des « toqués du café ». café torréfié. de l’« aggloméré », mais les ૽ Paris. 18, place Jeanne-d’Arc (75013). Tél. : 01-45-83-63-01. Deux cent soixante établissements Serait-ce parce meilleurs sont, depuis 1967, sélectionnés par le Bottin gourmand pour qu’un soluble est toujours assez bon pour obtenus par lyophilisation. Le café liquide l’attention qu’ils portent à ce breuvage vont faire un « faux café » ? est congelé à – 50o, puis concassé en fines Gastronomie faire durant cette période œuvre de Toutes ces paillettes ne sont pourtant pas à paillettes ; celles-ci sont introduites dans pédagogue. Outre le fait que la plupart des mettre dans la même tasse. Dans un une chambre sous vide que l’on chauffe. La LE TASTEVIN petits noirs seront offerts à la fin du repas, hors-série consacré aux mondes du café, la glace se transforme en vapeur sans passer a Les choix de nombreux maîtres de logis, lorsqu’il s’agit de décorer un court fascicule réalisé en collaboration revue L’Amateur de bordeaux a retracé les par l’état liquide, laissant sur place de petits salles à manger et salons, sont révélateurs autant de leur propre avec Jean Lenoir, œnologue qui vient de progrès du procédé depuis ses débuts. cristaux de café. conception du décor de table que du goût supposé de leurs clients. A réaliser un coffret olfactif sous le nom de Quand le chimiste japonais Satori Kato Ce procédé conserve bien mieux le parfum, Maisons-Laffitte, au Tastevin, dans un décor néo-bourgeois des an- Nez du café, sera également remis pour faire inventa en 1901 un café soluble, il ne volatil par définition. Il est depuis quelques nées 60, Amélia et Michel Blanchet racontent toujours la même his- du consommateur un véritable dégustateur. dégageait, hélas, aucun arôme au contact années amélioré par un système qui toire culinaire, celle qui fit autrefois leur succès et leur assura la pré- De ces noires agapes sera bien sûr exclu un de l’eau chaude. C’est au début des consiste à récupérer par le froid l’essentiel cieuse étoile Michelin. L’on y retrouve les plaisirs nostalgiques de parent pauvre : le café soluble. Aucun années 30, quand le cours du café s’effondra des huits cents arômes qui s’échappent au raviolis d’escargots de Bourgogne dans leur bouillon persillé, le foie restaurateur n’oserait le mettre à sa carte. au Brésil – à tel point qu’on se servit des moment de la torréfaction, puis de les gras de canard dans sa gelée de sauternes ou bien le canard sauvage C’est à se demander qui consomme les grains comme combustible pour alimenter réincorporer pendant la fabrication du rôti aux pêches de vigne. Nous serons attentifs, aussi, à quelques ac- 7 000 tonnes de ce produit vendues chaque les chaudières des locomotives –, que le soluble. Certains préjugés peuvent partir en cords d’aujourd’hui, la fricassée de sole et queues de langoustine aux année dans notre pays. Les études réalisées gouvernement brésilien se tourna vers un fumée, le café instantané n’est pas si artichauts et crème de chou-fleur et une intéressante noix de ris de par Maxwell sur le sujet montrent que as de la déshydratation, l’usine Nestlé de mauvais. veau aux câpres. Avec les desserts, Michel Blanchet nous parle de seulement 6 % des consommateurs sont Vevey, en Suisse, qui avait déjà fait ses notre enfance, du souvenir des crêpes au Grand Marnier, accompa- aujourd’hui des amateurs exclusifs de preuves avec le lait en poudre. Guillaume Crouzet gnées d’un chaud-froid d’agrumes, et de la tarte au chocolat amer. La soluble. La plupart des Français l’utilisent Après sept ans de recherches, l’ingénieur belle carte des vins réserve quelques bonnes surprises. Menu à 230 F comme moyen rapide de se servir une tasse Ronald Morgenthalter eut l’idée de ૽ Soluble lyophilisé : 214 F environ le kilo (Nes- (à déjeuner en semaine). A la carte, compter 450 F. sans remettre la cafetière en marche dans pulvériser un café traditionnel au sommet café spécial filtre, Maxwell qualité filtre,etc.). ૽ Maisons-Laffitte. 9, avenue Eglé (78600). Tél. : 01-39-62-11-67. Fermé l’après-midi ou en période de vacances. Les d’une colonne d’air chaud. Chaque goutte, Soluble aggloméré : 155 F environ le kilo (Grin- lundi soir et mardi. ventes de café en poudre sont à 20 % du en se déshydratant au cours de sa chute, se go de Jacques , Nescafé sélection, etc.). Jean-Claude Ribaut LeMonde Job: WMQ0511--0030-0 WAS LMQ0511-30 Op.: XX Rev.: 04-11-97 T.: 10:49 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0500 Lcp: 196 CMYK

30 / LE MONDE / MERCREDI 5 NOVEMBRE 1997 AUJOURD’HUI Pluvieux surtout au sud 05 NOVEMBRE 1997 Oslo Stockholm LE CARNET Prévisions Moscou Ensoleillé L’ANTICYCLONE qui avait fait nées, la journée sera pluvieuse. Ail- vers 12h00 DU VOYAGEUR régner pendant plusieurs jours sur leurs, après des éclaircies mati- la France un temps froid et sec est nales, les nuages prendront Peu définitivement parti, et c’est une progressivement le dessus. Ils don- Belfast nuageux a LA RÉUNION. AOM va mettre dépression chargée d’air à la fois neront des pluies l’après-midi, qui Liverpool en place deux vols hebdomadaires Dublin très doux et très humide qui impri- toucheront d’abord l’Aquitaine. Il Varsovie Kiev supplémentaires sur la ligne Paris/ Saint-Denis, qui sera ainsi desser- mera le temps sur notre pays pour fera entre 18 et 20 degrés. Amsterdam Berlin Brèves plusieurs jours. Limousin, Auvergne, Rhône- éclaircies vie par neuf vols par semaine, Bretagne, Pays de Loire, Basse- Alpes. – Le temps sera automnal, Londres dont un vol quotidien non-stop. 50 o Bruxelles Normandie. – Les nuages domine- avec de la pluie, parfois soutenue Prague La compagnie, qui rénove actuel- ront ; ils donneront un peu de sur les versants sud du relief, et du Couvert lement sa classe « affaires » (une pluie. Quelques éclaircies arrive- vent de sud, jusqu’à 100 km/h en Paris Strasbourg Vienne seule classe « Club opale » dans la Budapest ront néanmoins à se glisser. Le rafales. Il fera entre 16 et19 degrés. Brume première cabine de l’avion), per- Nantes mettra également à ses clients ré- vent de sud atteindra 80 km/h en Languedoc-Roussillon, Pro- Berne brouillard rafales. Il fera entre 15 et 18 degrés. vence-Alpes-Côte d’Azur, Corse. Bucarest guliers d’accumuler, grâce à la Nord-Picardie, Ile-de-France, – Le mauvais temps sera quasi-gé- Lyon Milan carte à puce « Capital », des Centre, Haute-Normandie, Ar- néral, avec des pluies importantes, Belgrade Sofia Averses points de vol et de bénéficier de dennes. – La journée sera surtout sur les versants sud du re- Toulouse Istanbul surclassements, de billets gratuits, agréable, soleil et nuages jouant à lief. Le Roussillon et la côte ouest d’excédents de bagages ou de Pluie cache-cache tout au long de la de la Corse seront relativement Rome prestations auprès de partenaires journée. Il fera entre 14 et 17 de- épargnés, avec des nuages, et peu Barcelone Naples extérieurs. grés. de pluie. Le vent de sud soufflera 40 o Madrid a ALLIANCES. La compagnie Champagne, Lorraine, Alsace, fort en vallée du Rhône et sur les Lisbonne Athènes Orages brésilienne Varig vient de re- Bourgogne, Franche-Comté. – La hauteurs du Languedoc, avec des joindre Air Canada, Lufthansa, journée sera maussade, avec un rafales jusqu’à 100 km/h ; le vent Séville SAS, Thai Airways et United Air- ciel gris, et de la pluie. Il fera entre d’est atteindra également 70 km/h Tunis Neige lines au sein de Star Alliance, s’as- 11 et 17 degrés. en rafales sur la Côte d’Azur et le Alger sociant ainsi à leurs tarifs, corres- Poitou-Charentes, Aquitaine, littoral varois. Il fera entre 17 et 19 pondances et programmes de Midi-Pyrénées. – Dans les Pyré- degrés. Rabat 0o 10o 20o Vent fort fidélisation.

PRÉVISIONS POUR LE 05 NOVEMBRE 1997 PAPEETE 25/29 N KIEV -4/1 S VENISE 6/15 N LE CAIRE 17/25 S Ville par ville, les minima/maxima de température POINTE-A-PIT. 24/30 S LISBONNE 13/19 P VIENNE -4/6 N MARRAKECH 17/28 C et l’état du ciel. S : ensoleillé ; N : nuageux ; ST-DENIS-RÉ. 20/26 S LIVERPOOL 11/14 P AMÉRIQUES NAIROBI 15/20 C EUROPE LONDRES 10/16 P BRASILIA 18/30 S PRETORIA 17/32 S C : couvert ; P : pluie ; * : neige. AMSTERDAM 8/13 N LUXEMBOURG 7/12 P BUENOS AIR. 15/23 C RABAT 17/26 P FRANCE métropole NANCY 7/16 N ATHENES 10/15 S MADRID 9/18 P CARACAS 26/30 S TUNIS 17/24 S AJACCIO 12/20 P NANTES 9/18 P BARCELONE 15/20 S MILAN 8/14 P CHICAGO 2/9 C ASIE-OCÉANIE BIARRITZ 10/17 P NICE 10/16 P BELFAST 10/12 P MOSCOU -8/-5 * LIMA 20/24 N BANGKOK 23/29 C BORDEAUX 7/17 N PARIS 7/16 N BELGRADE 0/10 S MUNICH -2/10 N LOS ANGELES 17/25 S BOMBAY 24/35 S BOURGES 6/18 N PAU 7/17 N BERLIN -2/7 P NAPLES 12/20 S MEXICO 12/22 S DJAKARTA 27/33 N BREST 9/16 P PERPIGNAN 14/18 P BERNE 4/10 N OSLO -5/3 C MONTREAL 3/10 S DUBAI 23/31 S CAEN 9/16 N RENNES 9/18 P BRUXELLES 9/13 N PALMA DE M. 14/23 C NEW YORK 5/12 S HANOI 20/25 C CHERBOURG 10/16 N ST-ETIENNE 8/20 N BUCAREST -4/5 C PRAGUE -6/5 N SAN FRANCIS. 13/17 N HONGKONG 17/23 S CLERMONT-F. 7/21 N STRASBOURG 5/12 P BUDAPEST -5/6 S ROME 15/21 S SANTIAGO/CHI 11/23 N JERUSALEM 17/24 N DIJON 6/17 N TOULOUSE 7/19 N COPENHAGUE 1/5 C SEVILLE 17/21 P TORONTO 2/9 C NEW DEHLI 15/26 S GRENOBLE 7/16 P TOURS 6/18 N DUBLIN 11/13 N SOFIA -2/8 S WASHINGTON 1/13 N PEKIN 2/17 S LILLE 7/14 N FRANCE outre-mer FRANCFORT 6/12 P ST-PETERSB. -10/-6 S AFRIQUE SEOUL 7/12 N LIMOGES 8/17 C CAYENNE 23/32 C GENEVE 4/10 N STOCKHOLM -3/5 N ALGER 16/25 S SINGAPOUR 27/32 C LYON 8/19 P FORT-DE-FR. 25/29 P HELSINKI -12/-5 S TENERIFE 17/24 C DAKAR 26/31 S SYDNEY 17/20 C MARSEILLE 12/19 P NOUMEA 20/24 S ISTANBUL 9/12 S VARSOVIE -7/4 S KINSHASA 23/29 P TOKYO 12/20 S Situation le 4 novembre à 0 heure TU Prévisions pour le 6 novembre à 0 heure TU

PRATIQUE Les cartes de crédit des magasins, un impitoyable univers de privilèges SUPERBE, ce pantalon ! Au point sur le montant de son salaire et dé- peut bénéficier de cadeaux (Cora), 18,96 % (cartes Printemps, Galeries en bas de page et en caractères mi- rance : de 0,35 % à 0,50 %, selon les que Michèle G. décide d’en acheter clare un loyer fictif, alors qu’elle est d’un « chèque de fidélité en fin d’an- La Fayette, Monoprix) pour une nuscules. organismes. L’assurance facultative deux d’un coup, dans des couleurs propriétaire. née » (carte Aurore) ou de « Points somme inférieure à 10 000 francs. Le consommateur ignore à couvre la perte ou le vol de la carte, différentes. « Prenez la carte, vous Au moment de signer, elle s’aper- Ciel » qui permettent de gagner des Derrière chaque carte délivrée par combien s’élèvera réellement son mais aussi le décès du titulaire. Pas- aurez la remise de 10 % offerte au- çoit qu’elle doit donner une auto- trajets en avion (carte Cofinoga). un magasin ou un hypermarché, il y crédit, dans la mesure où c’est le sé soixante-cinq ans (chez Cofidis, jourd’hui à tout nouvel adhérent », risation de prélèvement sur son Le nec plus ultra, c’est « la réserve a un organisme de crédit, qui peut « découvert utile » qui déterminera carte 3 Suisses) et soixante-dix ans lui dit la vendeuse des Galeries La- compte bancaire « pour les premiers d’argent permanente », cette d’ailleurs pratiquer un taux dif- le montant du remboursement (chez Cetelem et Cofinoga), il n’est fayette. Par principe, Michèle est 200 francs seulement, vous paierez le somme que l’organisme de crédit férent pour chaque enseigne. Ainsi, mensuel. Le calcul est effectué «en plus possible de souscrire. hostile au principe du paiement dif- reste par chèque », tente de la rassu- gestionnaire de la carte tient à votre les intérêts demandés par Cetelem, appliquant chaque jour du mois au « Grâce aux cartes, je profite des féré. Mais la réduction est at- rer la vendeuse. Michèle reste disposition à tout moment, pour les sont de 14,88 % pour la carte Aurore capital restant dû un taux égal à 1/ réductions, mais je veille toujours à trayante, et la vendeuse insiste tel- ferme sur ses positions : pas de pré- « coups de cœur » ou les coups (Darty, Conforama) et de 16,44 % 365e du taux effectif global », en payer comptant, pour éviter de tom- lement. En trois minutes, la cliente lèvement automatique ! Qu’à cela durs. Pour vanter cette avance de pour la carte Rive gauche du Bon commençant par payer les intérêts. ber dans l’engrenage des intérêts », est dirigée vers le service chargé de ne tienne, « à titre exceptionnel », trésorerie, la publicité joue sur le re- Marché. Cofinoga fait de même, Par exemple, pour un achat de conclut Michèle G. Tant pis pour les la délivrance de la carte. on l’en dispensera. L’affaire gistre de la liberté (« Où je veux, avec un taux de 15,72 % pour les hy- 1 000 francs, le premier versement avantages. D’ailleurs, à y regarder L’employée soumet Michèle à un conclue, la vendeuse soupire : quand je veux », Cofinoga) et de la permarchés Casino et Continent, de 200 francs se décompose de la de près, ils ne sont pas si mirobo- feu roulant de questions : nom, pré- « J’espère que vous n’allez pas vous sécurité : « Une solution rapide pour où la carte est payante, et de manière suivante : 15,80 francs pour lants. On ne peut bénéficier d’un nom, adresse, date de naissance, raviser dans les sept jours ! » vos imprévus » (Cetelem-Aurore), 18,96 % à Inno, Monoprix, BHV, Ga- le paiement des intérêts mensuels chèque fidélité Aurore (1 % du mon- profession, employeur, ancienneté La carte permet un paiement dif- « Avoir l’esprit tranquille » (Cofino- leries Lafayette et Nouvelles Gale- (1,58 %) et 184,20 francs pour le ca- tant des emplettes payées avec la dans l’entreprise, salaire, crédits en féré de ses achats, au comptant au ga). ries, où elle est gratuite. Pour ne pas pital. Le mois suivant, le capital res- carte) qu’à partir de 2 000 francs cours, propriétaire ou locataire de début du mois suivant, ou à crédit. Cet univers de privilèges se paie... effaroucher les consommateurs, les tant dû sera de 815,80 francs. Sur les d’achats cumulés. Sur les 170 000 son logement, montant du loyer... Elle donne aussi droit à des réduc- au prix fort. Régler ses achats à cré- dépliants publicitaires n’indiquent 200 francs, 12,89 francs seront af- porteurs de carte ayant participé à Les mêmes renseignements sont tions à certaines périodes, permet dit ou profiter de la réserve d’argent le plus souvent que les taux d’inté- fectés au versement des intérêts l’opération « Trésors d’Aurore », demandés pour le mari. « Inutile d’être informé à l’avance des pro- implique le versement d’intérêts : rêt mensuels, au lieu du taux effec- (1,58 % de 815,80) et 187,11 francs au 6 400 seulement (soit 3,8 %) ont ga- d’espérer qu’il paiera mes dettes, motions. Certaines cartes offrent de 14,88 % (Carte Pass-Carrefour) à tif global (TEG) annuel, qui plus est, remboursement du capital. Et ainsi gné des bons d’achat. Au Bon Mar- nous avons opté pourla séparation de des services : passage à des caisses de suite, jusqu’à extinction de la ché, la remise de fidélité ne s’ap- biens », lance Michèle. Agacée par réservées, parking gratuit, livraison dette. Avec ce système, les étourdis plique pas aux dépenses cette inquisition, elle décide de re- à domicile, prix préférentiels pour Les cartes en chiffres qui continuent de puiser dans leur d’alimentation, de restaurant ou de noncer à la carte et se dirige vers la des spectacles, des manifestations réserve sans effectuer rapidement voyages. Quant aux « Points ciel » sortie. L’employée la rattrape : sportives et des voyages, abonne- Selon l’Association française des sociétés financières : des versements suffisants pour de Cofinoga, il faut dépenser « C’est dommage pour vos 10 % ; et ments à des magazines à des prix b On compte aujourd’hui 10 millions de porteurs de cartes priva- rembourser s’exposent au risque 43 000 francs pour gagner un aller puis il y a tellement d’avantages... » avantageux et sans contrainte de tives pour 14 millions de cartes en circulation ; d’un « crédit perpétuel ». simple Paris-Nice. Michèle se rassied et décide de ré- durée. De plus, lorsqu’on effectue b Le montant des crédits permanents liés aux cartes privatives Le montant des intérêts est par- pondre n’importe quoi. Elle triche tous ses paiements avec la carte, on s’élevait en 1996 à 33 milliards de francs. fois augmenté de celui de l’assu- Michaëla Bobasch

Ł SOS Jeux de mots : o MOTS CROISÉS PROBLÈME N 97244 3615 LEMONDE, tapez SOS (2,23 F/min). SCRABBLE ᮋ PROBLÈME No 42

123456789101112 niste. Crime ou délit. – 8. Manque d’ardeur et de ferveur. Métal. – I 9. Préposition. Bonne devenue A la recherche du troisième mot patronne. – 10. Firent le ménage II en profondeur. – 11. Indifférent au 1) Vous avez tiré A E L M N S 123456789101112131415 bien et au mal. – 12. Peut faire illu- U. III sion. a) Trouvez et placez un mot A de sept lettres. IV Philippe Dupuis b) Avec ce même tirage, trou- B vez cinq mots de huit lettres en o C H V SOLUTION DU N 97243 les complétant avec sept lettres différentes appartenant à l’un D O VI HORIZONTALEMENT ou à l’autre des deux mots pla- cés sur la grille. E S VII I. Libre-service. – II. Orient. N.B. Dès que vous avez trouvé F T Autel. – III. Gel. Triplera. – IV. une solution, effacez-la avant de VIII Onagres. Ns. – V. Mimées. Carat. – continuer. G I VI. Ase. Tsé. Rôti. – VII. Cm. Réé- 2) Préparation de la grille de H IX crit. – VIII. Héron. Rosati. – IX. la semaine prochaine. VIBRANTE Ubu. Amenât. – X. Entée. Nargue. c) Premier tirage : E A L O R S I S X E. Trouvez un sept-lettres. VERTICALEMENT d) Deuxième tirage : I I U V Q J HORIZONTALEMENT ment à table ou sur le terrain. Le E N. Trouvez un sept-lettres. K temps d’une révolution. – X. 1. Logomachie. – 2. Irénisme. – Solutions dans Le Monde du I. Où l’on trouve des enfants de Entretint les forces. La force était 3. Bilame. Rut. – 4. Ré. Gé. Robe. – 12 novembre. L chœurs mais pas de canards sau- sa raison. 5. Entretenue. – 6. Stressé. – 7. Is. M vages. – II. En deuxième position Ecran. – 8. Rap. Roma. – 9. Vulga- Solutions du problème paru sur l’affiche. – III. Une mesure VERTICALEMENT riser. – 10. Ite. Rotang. – 11. Cer- dans Le Monde du 29 octobre. N pour du beurre. Mis en quaran- nât. Tau. – 12. Elasticité. Chaque solution est localisée taine. – IV. Devient pressant. Une 1. Au départ de tous les best- O Chambre à Moscou. – V. Boule de sellers. – 2. Difficile à retourner. graisse. Rassemblement des gens Démonétisé mais toujours en cir- sur la grille par une référence se Y(E)TI, F 2, 55, faisant BOULEE du voyage. – VI. Démonstratif. culation. – 3. Drogue. Permet de rapportant à sa première lettre. (corne de taureau garnie d’une Pour mettre les restes du feu. s’y retrouver dans les notes. – 4. Lorsque la référence commence boule) et DIAPHONIES ! Reste neutre quand on fait l’addi- Maintiennent les rames. En route. par une lettre, le mot est horizon- b) VIBRANT. tion. – VII. Se retrouve en réac- – 5. La suite d’une raison sociale. tal ; lorsqu’elle commence par un c) HOSTIES – HESITONS, ou tion. Ratât avec familiarité. – VIII. Pousse en bordure. – 6. Son chiffre, le mot est vertical. l’anagramme HISTONES. Grecque toute retournée. Le homme n’arrête pas. Vulgaire a) KILT, D 1, 46 – KIT(S) ou quart d’un écu. – IX. Affronte- sous toutes ses formes. – 7. Pia- YIN(S), 15 A, 47, faisant JALES – Michel Charlemagne LeMonde Job: WMQ0111--0039-0 WAS LMQ0111-39 Op.: XX Rev.: 04-11-97 T.: 08:56 S.: 111,06-Cmp.:04,13, Base : PPDTEXT 46Fap:99 No:0141 Lcp: 196 CMYK

31 CULTURE LE MONDE / MERCREDI 5 NOVEMBRE 1997

ARCHITECTURE L’immeuble mique rouge, qui rappelle des réali- du cœur historique de la ville. D’im- mand sera installé au Reichstag. de l’inauguration de Debis, la re- abritant le siège de Debis, filiale de sations nordiques, est l’œuvre de portants travaux doivent aménager b BERLIN est engagée aujourd’hui construction du château des Hohen- Daimler-Benz, a été inauguré le l’architecte franco-italien Renzo Pia- jusqu’en 2000, outre la Potsdamer- dans une course entre l’avenir et le zollern – qui avait été remplacé par 24 octobre sur la Potsdamerplatz, à no. b IL MARQUE symboliquement platz, la place de Leipzig et la place souvenir, celui de la période nazie un palais de la République – a été Berlin. Ce grand édifice de céra- le coup d’envoi de la reconstruction de Paris. En 1999, le Parlement alle- mais aussi celui de la RDA. La veille annoncée. Une cathédrale de l’esprit d’entreprise sur la Potsdamerplatz L’édifice abritant les locaux de Debis, filiale de Daimler-Benz, a été inauguré en grande pompe à Berlin. Œuvre de l’architecte Renzo Piano, il est le premier jalon de la reconstruction du cœur historique de la cité du Brandebourg

BERLIN le concours sur une idée qui lui était choisie contre treize autres candi- de notre envoyé spécial propre, un projet qui ressemble plu- dats : l’ancien coéquipier de Piano C’est un grand édifice rouge ou tôt, dans ses grandes lignes, à la pro- pour le Centre Pompidou à Paris, Ri- orangé, plus ou moins l’un ou l’autre position de son concurrent espagnol, chard Rogers, l’Espagnol José Rafael selon les lumières et le temps, solide Santiago Calatrava. Coupant la Moneo, le Japonais Arata Isozaki, et nu, sans une trace de gras, sans boucle de la Spree et suivant l’axe l’Américain Richard Meier, et plu- rien où accrocher le regard, sans au- démocratique défini par le Reichstag, sieurs Allemands, dont le Berlinois cun de ces défauts qui vous donnent un vaste ensemble abritera les insti- Hans Kollhoff. Ce sont eux, pour la aussitôt des envies d’alpinisme. Un tutions du gouvernement, principa- plupart, que l’on retrouve à l’œuvre, haut clocher de la même brique de lement le siège de la chancellerie. à côté de Piano, sur le chantier de céramique surcuite annonce fière- En 2000, l’essentiel de ce pro- Debis. Selon le schéma urbain revisi- ment qui en est l’occupant, dominé à gramme pharaonique sera terminé té par le franco-italien, chacun s’est 100 mètres de haut par un cube vert et dès 1998 pour la Potsdamerplatz. mis au travail, avec une réussite ar- de gris aux armes de la firme Debis – Les Berlinois célèbrent régulièrement chitecturale qui s’annonce variable. filiale de Daimler-Benz, chargée, l’avancée du chantier. Ils avaient déjà hors Bourse, de toutes les activités demandé à Christo d’emballer le JUGEMENT DANS UN AN du groupe dans les domaines des Reichstag, un désordre de papier sur Isozaki en a fini avec ses bureaux services, de la communication, et no- le désordre de l’Histoire qui a en- qui attendent toujours preneurs. Ce tamment de l’immobilier. La céra- chanté les habitants mais que n’au- ne seront sans doute pas des ama- mique, qui pourrait être une loin- rait pas apprécié M. Kohl. Puis cela a teurs de courtoisie urbaine, pour ap- taine filiation colorée de l’architecte été au tour de Daniel Barenboïm, précier la découpe glaciale de ce cor- finlandais Alvar Aalto, trouve cepen- congédié de l’Opéra de Paris et appe- ridor de verre dont la teinte sang de dant le moyen de s’enlacer ou de se lé ici pour faire tourner à la baguette, bœuf jure avec les bureaux de Piano. tisser, avec les structures de métal et d’un même mouvement, les quelque Rafael Moneo achève un hôtel Hyatt les éléments de verre. Lorsqu’on re- soixante grues qui balisaient encore qui semble avoir tout perdu de son garde le bâtiment du canal, avec son la Potsdamerplatz. Un ballet mémo- inspiration hispanique sans faire la jeu de feuilles verticales qui grimpent rable auquel le retour de M. Kohl preuve de sa vocation berlinoise. Ro- jusqu’à 95 mètres, on pourrait pen- pour l’ouverture des festivités Debis gers paraît assuré de mieux tirer son ser, en beaucoup plus grand, à une a, en quelque sorte, succédé. épingle du jeu, familier du ping-pong église de Juha Leiviska, un autre ar- Même s’il n’est guère sensible, dit- urbain avec son ancien complice. A

chitecte finlandais qui vient d’obtenir HARF ZIMMERMANN/OSTKREUZ on, aux charmes de la future capi- l’angle de la Potsdamerplatz, on re- le Pritzker Prize. Cette évocation Le siège de Debis, sur la Potsdamerplatz. Architecte : Renzo Piano. tale, le chancelier devait bien ce coup trouve Piano, qui s’élancera vers les nordique provient peut-être aussi de de chapeau à Debis, principal inves- cieux, mais un peu moins vaillam- l’étrange vibration qui anime ces fa- çades intérieures appartiennent au d’employés investissaient le nouveau l’identique, l’Hôtel Adlon. La Pariser- tisseur privé de la ville, qui, avec 7 ment que Hans Kollhoff et sa tour, çades, comme un frémissement même registre que les matériaux ex- siège de Debis. Dans l’ensemble dit platz s’est refermée vers le soleil cou- milliards de deutschemarks (24 mil- monument de fière rigidité qui sera d’arbre à l’automne. Les habitants du térieurs. Entre les deux, les bureaux de la Potsdamerplatz, dont il occupe, chant, reprenant dans sa tenaille la liards de francs) arrive derrière la lui-même dépassé par les œuvres de square des Bouleaux ou les familiers jouent non seulement la carte de la au sud, une modeste parcelle en li- porte de Brandebourg, tragique mo- Deutsche Bahn, les chemins de fer l’investisseur voisin, Sony. C’est Hel- de l’Ircam, à Paris, reconnaissent perfection technique, mais aussi celle sière du Landwehrkanal, l’édifice a nument solitaire à l’époque du mur, allemands (20 milliards de deutsche- mut Jahn, revenu de son agence de alors l’architecte franco-italien Ren- de la transparence et d’une sobriété une importance symbolique ma- passage alors infranchissable entre le marks). Une belle histoire immobi- Chicago, qui a pris ce marché en zo Piano, qui vient d’achever la fon- prussienne. On ne blague pas dans jeure. Tiergarten, jardin poumon de la ville, lière et patriotique pour les uns, une main, avec une détermination for- dation Beyeler, à Bâle (Le Monde du les nouvelles cathédrales. Celle-ci a et la plus célèbre avenue de Berlin, formidable opération de spéculation melle assez ébouriffée. 21 octobre). été inaugurée en grande pompe, le COUP DE CHAPEAU DE M. KOHL Unter den Linden. et de publicité pour les opposants. Pour Sony comme pour Debis, les A l’intérieur, une grande nef pla- 24 octobre, cinq ans après le C’est le premier jalon dans la re- Encore 200 mètres et voici le Sur le terrain de 70 000 mètres car- dés sont jetés. Comme disent les ju- fonnée de verre à 28 mètres de haut, concours organisé par Daimler-Benz construction de l’ancien cœur de Reichstag, incendié par les nazis, re- rés acquis en 1989, Daimler-Benz a ristes : jugement dans un an. On vali- latéralement prolongée par deux et remporté par l’agence de Renzo Berlin, un ensemble formé par le car- construit par le Britannique Norman eu l’élégance d’organiser un dera alors la volonté affirmée de Pia- bas-côtés, ouverte à toutes les lu- Piano avec l’Allemand Christoph refour de la Potsdamerplatz et la Foster pour abriter le Parlement de concours portant sur une surface to- no : « Il faut travailler pour l’unité, pas mières, rétablit la symétrie qui Kohlberger, mais trois ans seulement place de Leipzig, qui doit être re- l’Allemagne réunifiée. Ce brillantis- tale de 340 000 mètres carrés. En oc- pour l’uniformité. » échappe, au dehors, à cette cathé- après le début réel des travaux. Dès construite bientôt selon son plan oc- sime caméléon de l’architecture tobre 1992, l’agence de Renzo Piano, drale de l’esprit d’entreprise. Les fa- le lendemain, plusieurs centaines togonal d’origine. C’est aussi la pre- high-tech réalise, après avoir gagné Renzo Piano Building Workshop, est Frédéric Edelmann mière étape de la gigantesque opération qui, dès 1999, verra le gou- « Reconstruction critique » après la chute du mur vernement allemand réinstallé dans Les grands chantiers pour l’an 2000 son fief d’avant-guerre, et Berlin re- Peu avant la chute du mur, Daimler-Benz s’apprêtait à acquérir un devenir capitale politique, sinon b Hamburger Bahnhof. Gare b Pariser Platz. Académie des arts, (1996) et piscine (1997), de terrain de 40 000 m2, historiquement porteur, mais qui, dans le cul- économique, voire culturelle. devenue Musée d’art de Günther Benisch (pour 1998), Dominique Perrault. de-sac de l’ancienne Allemagne de l’Ouest, risquait de rester diffi- Sous la Potsdamerplatz se trouve- contemporain. Architecte : Joseph ambassade de Grande-Bretagne, de b Musée juif. Architecte : Daniel cilement exploitable. Le contrat n’est pas encore signé lorsqu’en no- ra un important nœud de transports Kleihues (1996). Michael Wilford, et ambassade de Libeskind. Achevé en 1997, resté vembre 1989 le mur s’ouvre. Du jour au lendemain, le prix des ter- en commun, une nouvelle gare, b Friedrichstrasse France, de Christian de vide. rains quadruple. Daimler-Benz réexamine sa stratégie et signe pour Lehrter Banhof, entièrement repen- (Friedrichstadtpassagen). Galeries Portzamparc (pour 1999). b Reichstag (Parlement 70 000 m2, devenant le moteur d’une opération dans laquelle l’Etat sée par l’architecte Meinhard Von Lafayette, de Nouvel et Cattani b Karl-Marx Allee. Restauration allemand). Concours 1992 et 1993. va bientôt s’engager jusqu’à décider le transfert du gouvernement Gerkan. Entre ces deux pôles, la (1996). « Bloc 205 », de Mathias de la plus grande avenue créée Lauréat : Norman Foster. pour l’an 2000. place de Paris sera réédifiée à son Ungers et « Bloc 208 », de Hans dans l’ex-RDA. Sans date Achèvement pour 1999. Le Sénat de Berlin, bien évidemment, s’efforce de jouer son rôle, emplacement d’origine et sur le Kollhoff (1997). d’achèvement prévue. b Spreebogen, quartier organisant un premier concours d’urbanisme, en 1991, remporté par même plan, presque carré. On y b Quartier Schützenstrasse. b Ile des musées. Extension et gouvernemental. Projet l’équipe Heinz Hilmer et Christoph Sattler, un projet qui selon le trouvera l’ambassade de France, la Architecte : Aldo Rossi (1996). réorganisation des cinq musées. d’urbanisme et chancellerie, gagnés principe de la « reconstruction critique », reprend grosso modo le Dresdner Bank et l’Académie des b Alexander Platz. Projet de Concours en 1994. Lauréat : Giorgio par Axel Schultes (1999). tracé des rues, des carrefours et des places, et fixe les hauteurs, que beaux-arts. On y trouve déjà, exé- gratte-ciel suggéré par Hans Grassi (Milan). b Gare Lehrter. Architecte : von les investisseurs s’efforceront bientôt de modifier. crable avatar de la reconstruction à Kollhoff, encore à l’étude. b Lansberger Allee. Vélodrome Gerkan, Mark et Co. (an 2000). Une ville écartelée entre l’avenir et le souvenir BERLIN l’identique des façades, à un pas- de 1933. Ulmann recevra pour cette déjà dans la ville un Musée juif, de notre envoyé spécial tiche simpliste, ce à quoi s’oppose- œuvre le prix Käthe Kollwitz de édifice qui, à travers l’achèvement La « pose » du premier monu- raient une majorité d’historiens et l’Académie des arts de Berlin. spectaculaire de son architecture et ment, le siège de Debis, sur l’an- d’architectes. Oublier la RDA, se La mémoire de la Shoah a l’inachèvement de son projet cultu- cienne Potsdamerplatz, entière- souvenir du nazisme, réunifier souvent été plus vive à Berlin que rel, apparaît, avec ses salles vides, ment rasée à la fin de la guerre, l’horreur et la violence dans un dans le reste de l’Allemagne. L’ou- comme le monument le plus s’inscrit dans le contexte d’une tout indistinct, c’est une tentation verture, il y a vingt ans, d’un Musée émouvant et le plus fort élevé à ce course infernale entre le Berlin de d’une partie des Allemands. Et Ber- provisoire à l’emplacement des bâ- jour pour évoquer l’Holocauste. Le l’avenir et le Berlin du souvenir. lin devient dès lors le champ clos timents de la SS et de la Gestapo, Musée juif a été initialement conçu Entre la cité d’une nécessaire mo- de redoutables querelles aux en- avait marqué la volonté claire de comme une extension du Musée de dernité qui passe par une nouvelle jeux symboliques. regarder en face le passé nazi. la ville de Berlin. Le projet archi- phase de reconstruction et celle Cette « Topographie de la ter- tectural en a été confié à Daniel Li- d’un impossible oubli. Mais tout le « TOPOGRAPHIE DE LA TERREUR » reur », actuellement abritée sous beskind, un « déconstructiviste » monde, ici, n’a pas la même En novembre 1993, Helmut Kohl une tente, va devenir un musée en radical, qui a proposé un projet conception du souvenir ni de l’ave- avait frappé fort, reconvertissant la dur dès 2000. Le projet pour ce Mu- foudroyant, au propre comme au nir. La veille même de l’inaugura- Neue Wache (la Nouvelle Garde), sée d’histoire, ancré dans une si- figuré. Son plan général suit le des- tion de Debis, la ville et la région sur l’avenue Unter den Linden – nistre archéologie, a été choisi sin fracassé d’un éclair et marque du Brandebourg estimaient oppor- chef-d’œuvre néoclassique de l’ar- presque en même temps que celui une volonté de rupture absolue par tun d’annoncer leur accord sur le chitecte Schinkel devenu mémorial pour le Monument de l’Holo- rapport aux règles urbaines de Ber- principe d’une reconstruction du de la RDA –, en Mémorial central causte, remporté en 1995, contre lin. Son directeur a été récemment château des Hohenzollern. Un édi- de la République fédérale. La 527 autres candidats, par un qua- limogé faute d’avoir su imposer un fice qui avait plus ou moins bien flamme fut éteinte et remplacée tuor d’artistes conduits par Chris- programme pour occuper l’espace, franchi la période nazie et l’effon- par un minable agrandissement tine Jackob-Marks : il s’agit d’un ni d’avoir su, vraisemblablement, drement de Berlin, et que la RDA d’un bronze de Käthe Kollwitz, La plan incliné en béton, de 10 000 m2, concilier les demandes des diffé- avait fait sauter en 1953 pour le Mère pleurant son enfant mort à côté des fondations de l’ancienne rents courants de la communauté remplacer par un palais de la Répu- (1937), devenu monument en chancellerie de Hitler. Y seront ins- juive. Libeskind aussi est parti, à blique, « cercueil » de verre fumé, l’honneur de toutes les « victimes crits les noms des 4,2 millions de Los Angeles, mais pour protester, certes esthétiquement navrant et de la guerre et du totalitarisme ». victimes identifiées de la Shoah . lui, contre les pesanteurs d’un ur- amianté, mais qui restait cher à En mars 1995, sur l’autre versant de Un projet aussitôt bloqué, parce banisme et d’une architecture qui nombre d’ex-Allemands de l’Est. l’avenue, Micha Ullmann, venu que trop gigantesque selon le chan- respecteraient les modèles d’un La forme future de l’édifice n’est d’Israël, permettait un beau réta- celier Kohl (Le Monde du 5 juillet). passé par trop inacceptable. Tou- pas définie. Son contenu l’est blissement avec l’affirmation d’une D’autres estimaient qu’on en jours est-il que, resté vide, et s’il (culture, commerces, bureaux...), la mémoire sans mièvrerie. L’artiste avait « assez fait », s’opposant à reste vide, le musée de Libeskind, participation massive d’investis- inscrivait dans la profondeur de la ceux qui pensent qu’à côté de ces présente le mémorial le plus im- seurs privés aussi, de même qu’est place August Babel, sous une dalle monuments devrait exister, à Ber- pressionnant qu’il soit donné de acquis le principe d’un concours. de verre, le vide abyssal d’une bi- lin, un Musée de l’Holocauste qui voir. Seul élément certain : la CDU est bliothèque sans livres ni hommes, à aille au-delà de la « Topographie favorable à une reconstruction à l’emplacement même de l’autodafé de la terreur ». Il existe pourtant F. E. LeMonde Job: WMQ0511--0032-0 WAS LMQ0511-32 Op.: XX Rev.: 04-11-97 T.: 09:09 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0501 Lcp: 196 CMYK

32 / LE MONDE / MERCREDI 5 NOVEMBRE 1997 CULTURE

DÉPÊCHES a ÉDITION : huit des repor- Le Femina à Dominique Noguez, ters-photographes mis en exa- men après la mort tragique de la princesse Diana, ont demandé, lundi 3 novembre, au juge des le Médicis à Philippe Le Guillou référés à Paris, le retrait de plu- sieurs passages du livre-témoi- gnage de Madeleine Chapsal, Ils Le Médicis étranger a été décerné, lundi 3 novembre, à l’Américain l’ont tuée, publié chez Stock. Les photographes estiment que leur T. C. Boyle tandis que le Chinois Jia Pingwa recevait le Femina étranger présomption d’innocence est gravement mise en cause dans APRÈS L’ATTRIBUTION, le phores assez crues, mais qui ne b Pour le Médicis étranger, l’ouvrage. Le substitut du pro- 23 octobre, du grand prix de l’Aca- succombent jamais à la trivialité du l’ouvrage couronné est déjà un suc- cureur de la République a estimé démie française à Patrick Rambaud « con-cul-bite ». L’évocation de cès, avec 11 800 exemplaires vendus que les passages incriminés pour La Bataille (Grasset) (Le son parcours masochiste s’ac- à ce jour. America de l’Américain « s’inscrivent dans le cadre d’une Monde du 25 octobre), la saison des compagne d’une réflexion sur les T. C. Boyle (Grasset) est une fable polémique générale sur la façon prix littéraires d’automne s’est difficultés à tisser sans ridicule le apocalyptique : un couple d’écolos de travailler d’une certaine poursuivie lundi 3 novembre, avec blason d’un corps et à renouveler xénophobes s’y heurte à un immi- presse », sans pour autant pré- l’attribution de deux des plus pres- les strophes d’une littérature gré clandestin en un sordide re- senter ouvertement les photo- tigieux d’entre eux : le Femina et le amoureuse : n’a-t-on pas déjà tout make des Raisins de la colère. C’est graphes comme coupables des Médicis. dit sur ces tourments, qui furent le choc culturel, violent, impi- faits qui leur sont reprochés. b Le Femina, pour la littérature analysés dans Manon Lescaut, toyable, du racisme et de la misère, Jugement le 7 novembre. française, a couronné Dominique Adolphe, Benjamin Constant et du beauf de la middle class et de la a ÉDITIONS MUSICALES : Di- Noguez pour Amour noir (Galli- autres joyaux ? Il y répond avec racaille mexicaine. Un roman sar- dier Varrod quitte Columbia mard, collection « L’infini »), un ro- maestria, et il y a lieu de se réjouir castique, pessimiste, troussé par un France, filiale de Sony Music,

man de grand style sur les affres du du vote d’un jury qui a fait la pro, ancien hippie reconverti dans MARTINE SIMON où il exerçait les fonctions de désir et la damnation d’un homme sourde oreille aux insinuations de la fresque teintée de dérision. Ame- directeur du marketing et de amoureux d’une femme fatale. Le ceux qui s’étonnaient que Noguez rica a déclenché une vive polé- Noguez, brillant corsaire directeur artistique du répertoire narrateur de cette descente aux en- ait exploité quelques pages de l’un mique aux Etats-Unis : il fut repro- local. Cette dernière charge sera fers rythmée d’extases lumineuses de ses précédents romans (Les Der- ché à l’auteur d’avoir dépeint un Erudit (normalien, agrégé de philosophie, docteur en esthétique) et es- désormais assumée par Olivier a été foudroyé près des plages de niers Jours du monde). En ces temps immigrant mexicain sans en être prit corsaire, Dominique Noguez, Prix Femina 1997, est l’auteur d’essais Montfort, directeur du label Co- Biarritz. L’objet de sa passion est étranges où le plagiat fait école, au un lui-même. Reproche ridicule qui « savants » sur Rimbaud, Lénine-Dada, le cinéma, de textes polémistes lumbia. Le départ de Didier une jeune Martiniquaise, vampire nom de quoi reprocher à un auteur masque la véritable raison du rejet : et de romans satiriques, malicieux, libertins, qui fustigent les snobismes Varrod, âgé de trente-six ans, et garce, qui le pousse sur les to- d’approfondir sa propre œuvre ? son discours politiquement incor- culturels. Il avait obtenu le prix Roger-Nimier 1995 pour Les Martagons, ancien journaliste et chroni- boggans de la jalousie, n’hésitant (« Le Monde des livres » du 12 sep- rect. (« Le Monde des livres » du épopée d’une bande de Pieds-Nickelés des temps modernes, adeptes du queur sur France-Inter, « a été pas à lui donner une cassette vidéo tembre). 12 juillet.) T. C. Boyle, qui a mani- canular, semeurs d’un trouble salubre chez éditeurs, politiciens, acadé- décidé d’un commun accord » des chorégraphies pornogra- b Le Femina étranger a été dé- festé, à l’annonce de son prix, son mies et bonnes consciences municipales. avec Columbia. phiques auxquelles elle s’adonne cerné, lui, au Chinois Jia Pingwa soutien aux routiers français en dans un night-club. Pour peindre le pour La Capitale déchue (Stock) : grève (« J’appartiens à la classe ou- carrousel de ses dévotions et sup- l’histoire d’un écrivain célèbre que vrière, et je suis sûr que ce sont mes plices, le romantique à langue verte ses appétits charnels condamnent meilleurs supporters »), est un au- Mourez, l’artiste se charge de votre mémoire Dominique Noguez ose des méta- aux maléfices et à la déchéance. teur plus qu’honorable, mais il se- Bien qu’autocensuré, le roman, rait injuste de ne pas noter que ses DEPUIS LE MOIS DE JUILLET, l’art funéraire a coulé en bronze. Aussi ambitieuse, Roseline Granet taxé de pornographie, est interdit à concurrents directs avaient des une adresse : 121, avenue Daumesnil, dans le 12e ar- propose un monument – L’Homme amoureux de son Les lauréats la vente en Chine. Il s’agit d’un qualités littéraires plus époustou- rondissement de Paris. La galerie qui l’accueille est arbre – de trois mètres de haut. La réalisation d’une beau texte, annonciateur d’un re- flantes encore : Cormac McCarthy encore logée à l’étroit puisqu’elle partage une ar- de ces maquettes coûtera environ 300 000 francs. b Prix Femina français : nouveau de la littérature chinoise. avait signé, avec Le Grand Passage cade du Viaduc des arts avec Perinet, fabricant de « Qu’est- ce qui empêche un amateur d’art de faire Amour noir, de Dominique (« Le Monde des livres » du 17 oc- (l’Olivier), un véritable chef- trompes de chasse. En vitrine, différents modèles exécuter de son vivant son propre mausolée par un ar- Noguez (Gallimard), au premier tobre). d’œuvre, et Robert McLiam Wil- d’urnes prêtes à l’emploi et quelques maquettes de tiste ? », demande Pierre Aubert. tour, par 6 voix contre 2 à Michel b Pour le Médicis français, c’est son, avec Eureka Street (Christian monuments funéraires à réaliser. Ce dernier a longtemps hésité entre sa passion del Castillo, 1 à Marc Trillard, 1 à une œuvre sensuelle et baroque, Bourgois), une fresque grinçante et A l’intérieur, il y en a pour tous les goûts : une va- pour les châteaux d’eau et celle des cimetières. Lydie Salvayre, et 1 à François fêtant elle aussi les vertiges du drolatique pleine de verve, preuve lise en plexiglas, signée John Thiam (7 000 francs), a Cette dernière a été la plus forte. « J’ai choisi les Weyergans (qui ne figurait pas sexe, qui recueille la majorité des que son auteur est l’un des grands pour nom Le Dernier Voyage. Plus sophistiquée, la tombes à cause du côté humaniste de la chose, confie- dans la liste des sélectionnés). suffrages : Les Sept Noms du de demain. mallette d’André Chabot (20 000 francs), Je ne vous t-il. Le culte des morts accompagne l’art depuis ses b Prix Femina étranger : peintre, Vies imaginaires d’Erich Se- b Le Médicis essai, enfin, ho- oublierai jamais, est un véritable petit temple porta- origines. L’art funéraire a été abandonné après la pre- La Capitale déchue, de Jia Pingwa bastian Berg, de Philippe Le Guillou nore Le Siècle des intellectuels de tif pour deux personnes, avec récipient en terre mière guerre mondiale quand la mémoire collective a (Stock), au premier tour, par (Gallimard). Ce deuxième volet Michel Winock (Seuil) : le roman, cuite, ampoule électrique en forme de croix, rose été privilégiée au détriment de la mémoire indivi- 6 voix contre 5 à Svetlana d’un triptyque voué aux transcen- destiné à tout public, des mille et artificielle et photo de couple en tenue de noces. Le duelle. L’industrialisation des réalisations a conduit à Velmar-Jankovic. dances d’une chevalerie flam- un affrontements entre intellec- même artiste propose une urne en forme de sablier la médiocrité actuelle. » Il y a deux ans, M. Aubert b Prix Médicis français : boyante, avec parcours initiatique tuels, de l’affaire Dreyfus à l’idéal transparent (10 000 francs) où le rôle du sable est créait un Conseil international du mobilier et de Les Sept Noms du peintre,de et corps convulsés, retrace les ap- internationnaliste en passant par la joué par les cendres du défunt. l’architecture funéraire dont le but était triple : sau- Philippe Le Guillou (Gallimard), prentissages d’un jeune peintre qui suspicion antisémite, la réaction vegarder ce type de patrimoine, mettre en valeur les au septième tour, par 6 voix s’abîme sous la domination d’un monarchiste, l’adhésion radicale et « POUR PASSER LE TEMPS » cimetières et introduire la modernité dans l’art fu- contre 5 à Jean-Philippe vieux mage dans le sacerdoce de socialiste aux valeurs républicaines. L’inévitable Ben a dessiné dix projets de sépul- néraire. Toussaint. l’art et l’empire frémissant des Cette somme recèle de passion- tures : l’une est ornée d’une boule de cristal « pour Il a donc ouvert sa galerie et sollicité une quaran- b Prix Médicis étranger : corps mâles. Philippe Le Guillou en nants gros plans sur les débuts de lire l’avenir » ; d’autres sont dotées de dispositifs taine d’artistes contemporains. Les œuvres qu’il America, de T. C. Boyle (Grasset), fait beaucoup, multipliant les réfé- l’Action française ou de la NRF, les pratiques : tente-abri – « pour se réfugier en cas de propose sont déclinées dans les styles et les maté- au second tour, par 8 voix contre 3 rences à la légende arthurienne, à jugements inexpiables des surréa- temps pluvieux » –, panier de basket ou lit pour riaux les plus variés ; les pièces sont uniques ou mul- à Cormac McCarthy et 1 à Robert la peinture flamande, à Louis II de listes sur Anatole France ou d’An- « passer le temps ». tiples. Il a déjà une dizaine de clients, dont le dessi- McLiam Wilson. Bavière... Apparemment fasciné dré Gide sur l’URSS et Staline. On L’humour noir n’est pas forcément au rendez- nateur Gus. Celui-ci lui a envoyé, quelques mois b Prix Médicis essai : par Francis Bacon et Julien Gracq, il lui reprochera juste d’avoir traité vous. L’entreprise de Pierre Aubert (trente-neuf avant sa mort, un croquis de son propre monument, Le Siècle des intellectuels,de poursuit une quête un peu hau- l’après-Sartre avec une prudence ans), animateur de cette galerie, est sérieuse. La aujourd’hui en cours de réalisation : un bloc de Michel Winock (Seuil), au taine, un rien cruelle, et semble peut-être excessive. (« Le Monde chapelle mortuaire de Guy de Rougemont est un marbre noir sur lequel repose, en marbre blanc, un cinquième tour, par 7 voix contre avoir franchi ici un pas : les lecteurs des livres » du 12 septembre). ensemble de blocs géométriques d’où émerge une mouchoir dont un coin est noué... 4 à François Taillandier et 1 à le suivront-ils ? (« Le Monde des croix. Le groupe de Marie-Joseph Cotelle-Clère Michel Crépu. livres » du 31 octobre). Jean-Luc Douin – des géants tirant un cercueil – est fait pour être Emmanuel de Roux La Cinémathèque française s’installera au Palais de Tokyo La ministre de la culture annonce les premières mesures en faveur du patrimoine cinématographique

À L’OCCASION de l’inaugura- en discussion pour Chaillot est le exploitant qui ne souhaitait pas tion par les pouvoirs publics de tion, le 6 novembre, de la nouvelle Musée des arts premiers, voulu par continuer de la louer à l’institution leur volonté de donner naissance à salle de la Cinémathèque fran- le président de la République. fondée par Henri Langlois. Il fallait une grande institution vouée à la çaise, le cinéma Le Brooklyn, sur Depuis l’arrivée de Mme Traut- donc trouver une autre « seconde culture cinématographique (dont les Grands Boulevards à Paris, Ca- mann au ministère de la culture, salle ». C’est chose faite avec le la Cinémathèque ne serait qu’une therine Trautmann, la ministre de plusieurs obstacles ont surgi. Le Brooklyn. Enfin, un incendie a, au composante, même de premier la culture, devait préciser ses in- premier est d’ordre budgétaire car mois de juillet, rendu inutilisable la plan). tentions sur la politique de l’Etat l’ancien gouvernement avait déci- salle principale de la Cinéma- Il reste à présent deux questions en faveur du patrimoine cinémato- dé de coupes importantes en cours thèque à Chaillot (Le Monde du en suspens : le choix d’un lieu défi- graphique. d’exercice, entamant d’autant 31 juillet). nitif pour la Cinémathèque et la La salle principale de la Cinéma- toute marge de manœuvre (Le définition des missions et des thèque et les locaux d’accueil né- Monde du 2 juillet). La préparation LIEU DÉFINITIF ? moyens du futur « palais du ciné- cessaires à son fonctionnement se- du budget pour 1998 a en partie le- Les premières mesures de Ca- ma » (quel que soit son nom), su- ront installés – au moins vé cette hypothèque. therine Trautmann permettent de jet sur lequel on n’a guère vu se provisoirement – au Palais de To- Une seconde difficulté est appa- répondre à une attente de nom- mobiliser, jusqu’à présent, les pro- kyo au printemps 1998. Un « palais rue avec la vente de la salle Répu- breux cinéphiles : restaurer les fessionnels du cinéma. du cinéma » sera créé, dont la lo- blic, deuxième lieu de projection moyens de la Cinémathèque fran- calisation devrait être annoncée de la Cinémathèque, à un nouvel çaise. Rassurante aussi l’affirma- J.-M. F. fin novembre. Le patrimoine fera l’objet d’une série de mesures pre- De même que les livres ont les des films : dès 1998 sera restau- nant en compte les possibilités de TROIS QUESTIONS À diffusion de l’audiovisuel, et no- bibliothèques ou que les ta- rée chaque année l’œuvre tamment des nouvelles chaînes bleaux ont les musées, le ciné- complète d’un grand réalisa- thématiques – les télévisions géné- CATHERINE ma doit disposer d’un lieu of- teur, qui sera ensuite largement ralistes n’ayant pas rempli jusqu’ici frant à un public très large diffusée. Outre la projection en leur mission. TRAUTMANN toute la richesse de son passé. salles, je vais encourager la dif- Au moment où est inaugurée C’est pourquoi je suis très atta- fusion à la télévision, en France RETARDS ACCUMULÉS 1 la nouvelle « deuxième salle » chée au projet de Palais du ci- et à l’étranger, des œuvres res- Ces mesures sont une réponse de la Cinémathèque française, néma, dont l’implantation dé- taurées. Un récent accord entre aux retards et à la confusion ac- fermée depuis l’incendie de cet pendra de l’arbitrage sur le Centre national du cinéma cumulés ces douze dernières an- été, avez-vous décidé du futur l’ensemble des grands travaux, (CNC) et Ciné-Cinéfil va dans ce nées, sous la responsabilité des lieu de son installation ? arbitrage qui sera rendu à la fin sens ; d’autres accords sont en quatre ministres de la culture qui Il fallait que la Cinémathèque du mois de novembre. négociation. se sont succédé depuis 1986 : Fran- trouve rapidement un lieu digne La culture cinématogra- Parallèlement, le CNC travaille çois Léotard, Jack Lang, Jacques d’elle tout en tenant compte des 3phique fait actuellement fi- à la résolution des problèmes Toubon et Philippe Douste-Blazy. arbitrages en cours sur les grands gure de parent pauvre au sein juridiques liés à la diffusion du Ces atermoiements se sont dou- travaux (Palais du cinéma, Centre des interventions publiques dans patrimoine. blés des dossiers difficiles de du patrimoine, Musée des arts ce secteur. Comment comptez- Enfin, je déposerai un projet de l’aménagement de la colline de premiers...). J’ai choisi l’ancienne vous y remédier ? loi ouvrant un droit de préemp- Chaillot et de ses différents mu- salle du Palais de Tokyo : la Ciné- Le Palais du cinéma doit être le tion de l’Etat et donnant au Pa- sées (Le Monde daté 12-13 octo- mathèque s’y installera au prin- creuset d’une politique propre- lais du cinéma la possibilité de bre). temps 1998, et y restera jusqu’à la ment culturelle. Dès au- recevoir des dons, des legs ou L’affaire est devenue encore plus réalisation du Palais du cinéma. jourd’hui, je souhaite renforcer des dations. délicate avec le changement de Où en est ce projet, si cette dimension. majorité au Parlement et une nou- 2 souvent annoncé par les pou- D’abord en donnant un nou- Propos recueillis par velle cohabitation – un des projets voirs publics ? veau souffle à la restauration Jean-Michel Frodon LeMonde Job: WMQ0511--0033-0 WAS LMQ0511-33 Op.: XX Rev.: 04-11-97 T.: 09:09 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0502 Lcp: 196 CMYK

CULTURE LE MONDE / MERCREDI 5 NOVEMBRE 1997 / 33 Kent Nagano Stéphane Braunschweig présente une vision SORTIR PARIS hommes s’affronter comme Faust et dirige le diable, dans un quartier Dans la jungle des villes, ou misérable ». Théâtre Gérard-Philipe, mélancolique de « Mesure pour mesure » l’Arrière-monde 59, boulevard Jules-Guesde, « Doktor Faust » De Bertolt Brecht, mise en scène de 93200 Saint-Denis. 20 h 30, du mardi Philippe Duclos, avec Nicolas au samedi ; 16 heures, dimanche. Du Une fable shakespearienne où la jeunesse triomphe de l’ordre moral Bouchaud, Eric Caravacca, Jeanne 4 au 30 novembre. Tél. : de Busoni Casilas, Agathe Dronne, Jany 01-48-13-70-00. 70 F et 110 F. Le jeune Claudio et sa fiancée Au cours de la pièce, les deux Gastaldi, David Gouhier, Jean-Louis Paris Combo MESURE POUR MESURE, de Juliette font les premiers les frais hommes mesurent non ce que l’on Grinfeld, Vincent Guédon, Daniel La chanteuse Belle du Berry et le à l’Opéra de Lyon Shakespeare. Mise en scène : de la législation. Parce qu’ils ont croit – la justice –, mais leur propre Martin, Nathalie Nambot, Nicolas trompettiste australien David Lewis Stéphane Braunschweig. Avec « consommé », et quand bien mélancolie. Ils pressentent, Pierson et Antoine Régent. (qui joue avec Arthur H et Jim Hooper, Paul Brennen, Os- même ils sont liés par une pro- sentent puis savent ce qu’ils ne Ecrite en 1921, Dans la jungle des Gianmaria Testa) animent ce DOKTOR FAUST, de Ferrucio Bu- car Pearce, Lisé Stevenson, He- messe de mariage, Claudio doit s’avouaient pas : ils sont vieux, pas villes est l’une des premières pièces « combo » très parisien, mélange soni. Pierre Strosser (mise en len Blatch... être exécuté. Ainsi le décide Ange- seulement en raison de leur âge de Bertolt Brecht. L’écrivain a urbain de swing français, de scène et décors). Avec Dietrich NANTERRE-AMANDIERS, 7, lo, puritain que le Duc charge de – la cinquantaine probablement –, vingt-trois ans, et sous son musette converti au rock, doublé Henschel (Faust), Kim Begley avenue Pablo-Picasso, 92-Nan- ses affaires, prétextant qu’il doit qui du temps de Shakespeare met- anarcho-lyrisme pointe d’une cuisine digne d’un bayou de (Méphistophélès), Eva Jenis (la terre. RER : Nanterre-Préfecture, s’absenter de la ville. En fait, le tait un homme au bord de la l’engagement social qui deviendra La Nouvelle-Orléans. Humour et duchesse de Parme), Nikolai An- puis navette. Tél. : 01-46-14-70-00. Duc se déguise en moine et ob- tombe, mais de l’expérience de sien. C’est la ville contemporaine, clairvoyance, on danse, on reprend drej Schukoff, Chœurs de l’Opé- Du mardi au samedi, à serve en cachette. leurs amours trahies, vaincues, dans ses contrastes, dans son en chœur, et l’on en ressort plus ra de Lyon et du Grand Théâtre 20 heures ; dimanche, à Claudio ne voit qu’une solution : malheureuses. Partagés entre l’en- instabilité, qui vient ici aiguiser les intelligent. de Genève, orchestre de l’Opéra 16 heures. Spectacle en anglais, envoyer sa sœur Isabelle, qui a vie de se venger de ceux qui contradictions et produire la New Morning, 7-9, rue des de Lyon, Kent Nagano (direc- surtitré en français. Durée : choisi la vie de nonne, implorer la commencent dans la vie et la vo- violence. Le metteur en scène Petites-Ecuries, Paris 10e. Mo tion). 3 h 30. Jusqu’au 16. clémence d’Angelo. Angelo fléchit. lonté désabusée de jouir encore, ils Philippe Duclos a pris la pièce sous Château-d’Eau. 20 h 30, les 4, 5 et OPÉRA DE LYON, les 5, 8, 10 no- Séduit par la beauté d’Isabelle, il finissent par céder. l’angle d’« une légende 6 novembre. Tél. : 01-45-23-51-41. vembre à 20 heures ; le 13 à En France, Mesure pour mesure propose un marché : Claudio sera C’est sur cette part cachée de d’aujourd’hui, où l’on verrait deux 110F à 130F. 19 h 30 ; le 16, à 17 heures. Durée : souffre d’une mauvaise réputation. sauvé si Isabelle s’offre à lui. Mesure pour mesure que la mise en 3 h 30. Tél. : 04-72-00-45-45. De C’est une pièce trop bonne, dit-on, Drame. L’amour du frère et de la scène de Stéphane Braunschweig Publicité 65 F à 380 F. qui parle de justice, de pitié, de sœur peut-il supporter ce chan- lève le voile. Construit autour d’un morale. Pourtant, quelques grands tage ? Isabelle ne doute pas que impressionnant escalier noir qui LYON metteurs en scène avouent ressen- son frère préférera la mort. Mais s’ouvre et se ferme, à la manière correspondance tir une fascination pour cette Claudio la récuse : il ne voit pas d’une toile d’araignée, le spectacle Il est parfois dangereux d’être œuvre : Peter Brook l’a montée comment Angelo pourrait s’oc- joue de l’apparente simplicité du trop doué. Pianiste, théoricien, deux fois en Angleterre, Peter Za- troyer ce qui lui est interdit, et il a récit. On semble entrer dans l’enfer professeur, transcripteur, Ferruccio dek en a donné deux versions en envie de vivre, il est jeune. Cette de la justice des hommes : un Busoni (1866-1924) a eu du mal à se Allemagne et une à Paris, à jeunesse touche le Duc, qui sort de monde noir, strident, inquiétant, faire reconnaître comme composi- l’Odéon, en 1991, avec Isabelle sa réserve et intervient, d’une ma- zébré d’éclats rouge et blanc, teur. L’Opéra de Lyon a entrepris Huppert. A son tour, Stéphane nière assez alambiquée, de façon s’offre au regard. Les personnages de tirer de l’ombre les ouvrages ly- Braunschweig s’est pris au jeu. Il a que justice soit rendue. A la fin de s’y accrochent, s’y engluent ou s’y riques de ce musicien inclassable créé Mesure pour mesure à l’invita- Mesure pour mesure, Isabelle n’a débattent comme des insectes. qui disait lui-même « penser en al- tion du Festival international pas perdu sa virginité, Claudio est Puis, par une forme d’alchimie, lemand, mais rêver en italien ». Il d’Edimbourg (Le Monde du acquitté. la vie sourd de la nuit du désir, in- propose, après Arlecchino et Turan- 29 août) et le reprend dans le cadre carnée par des comédiens de pre- dot, son ultime œuvre, Doktor du Festival d’automne. C’est la VIEILLESSES DÉSABUSÉES mière grandeur. Le reproche Faust. En adaptant le mythe, Buso- première fois qu’il travaille dans Si la Bible, avec la loi du talion, souvent énoncé à Stéphane ni s’est souvenu davantage des an- une langue étrangère. empreint Mesure pour mesure Braunschweig de mal choisir ou ciens théâtres de marionnettes que De quoi se mêlent les hommes d’une rhétorique sur le Bien, le Mal mal diriger ses comédiens en de Goethe. Le vieux docteur de- politiques ? D’où vient qu’ils et le traitement que toute société France s’efface à la vision de ce vient un jeune ambitieux, plus sou- veuillent dicter jusqu’à la vie pri- se doit d’accorder à la justice qui spectacle. GUIDE cieux de concrétiser ses désirs im- vée des gens ? Ces questions sous- en découle, un autre thème par- Aguerris dans les meilleures médiats que de courir après tendent l’action de Mesure pour court la pièce d’une manière obsé- compagnies britanniques – Jim l’immortalité. De la tombe de Mar- mesure, qui se situe à Vienne au dante : la jeunesse et les fantasmes Hooper (le Duc), Paul Brennen FILMS NOUVEAUX Poche-Montparnasse, 75, boulevard du guerite à la cour de la duchesse de Moyen Age, mais ce pourrait être qu’elle produit chez des gens d’âge (Angelo) – ou tout juste sortis Montparnasse, Paris 14e . Mo Montpar- Barracuda (*) Parme, il séduit les femmes et rate ailleurs, dans un autre temps. A mûr. Pourquoi, au fond, Angelo d’une école – c’est le cas de Lisé nasse-Bienvenüe. Tél. : 01–45-48-92-27. de Philippe Haïm (France, 1 h 30), avec 110F à 190F. sa vie. Il mourra sous le regard sar- Vienne, donc, le Duc décide de re- s’escrime-t-il contre Claudio et Isa- Stevenson, magnifique Isabelle –, Jean Rochefort, Guillaume Canet, Claire Qui voyez-vous ? castique de Méphisto, son démon- mettre de l’ordre dans la vie pu- belle, si ce n’est pour des raisons les acteurs jouent Shakespeare Keim, Michel Scourneau, Rose Thiery, Cé- Création de Mathilde Monnier et François gardien. blique. Après des années où il a troubles liées à son propre désir comme il se doit : ils donnent à en- cile Cotte. Verret, musique de Jean-Pierre Drouet, La réussite de la soirée est musi- laissé fleurir les maisons closes, il inassouvi ? Pourquoi le Duc cède- tendre une partition mystérieuse Le Bassin de J. W. machines sonores de Claudine Brahem. cale. Pour cet opéra laissé inachevé ressuscite de vieilles lois qui inter- t-il à son désir d’ordre, sinon parce et lumineuse. de Joao César Monteiro (Portugal 2 h 28), Les Abbesses (Théâtre de la Ville), 31, rue par son auteur, Lyon a choisi la disent jusqu’à la fornication avant qu’il sait que son temps est compté avec Hugues Quester, Pierre Clémenti, des Abbesses, Paris 18e. Mo Abbesses. Joao César Monteiro. version complétée par Philipp Jar- le mariage. et qu’il serait vain de s’y opposer ? 20 h 30, le 4. Tél. : 01-42-74-22-77. 95 F à Brigitte Salino Bean 140 F. nach, élève de Busoni. D’écriture Film américain de Mel Smith (Etats Boris Charmatz linéaire, souvent mélodique, flir- Unis,1 h 30), avec Rowan Atkinson, Peter Herses. tant par instants avec l’atonalité, la MacNicol, Pamela Reed, Burt Reynolds, Pe- Théâtre de la Bastille, 76, rue de la Ro- partition est riche et foisonnante. ter Egan, John Mills. quette, Paris 11e. Mo Bastille. 21 heures, le 4. La variété des sonorités, la virtuo- Le Cirque de Calder Tél. : 01-43-57-42-14. 120 F. de Carlos Vilardebo (France, 30 mn). sité des traits orchestraux, l’emploi The Melvins + Guest Copland La Boule noire (salle Valencia-la Cigale), particulier des chœurs (souvent ca- de James Mangold (Etats-Unis, 1 h 35) avec 116, boulevard Rochechouart, Paris 18e. chés) lui donnent son originalité. Sylvester Stallone, Harvey Keitel, Ray Liot- 19 h 30, le 4. Tél. : 01-49-25-89-99. 99 F. Kent Nagano maîtrise cette ma- ta, Robert De Niro. La Tordue tière fourmillante avec une aisance En chair et en os L’Européen, 5, rue Biot, Paris 17e. Mo Place- époustouflante. de Pedro Almodovar (Espagne, 1 h 39), de-Clichy. 20 h30 le 4. Tél. : 01-43-87-97-13. avec Javier Bardem, Francesca Neri, Liberto 80 F. Rabal, Angela Molina, José Sancho, Pene- Charles Aznavour UN MÉPHISTO DOMINATEUR lope Cruz. Palais des Congrès, 2, place Porte Maillot, Dans la première partie, il ins- Keita ! L’Héritage du griot Paris 17e . 20 h30 le 4. Tél. : 01-44-68-44-08. talle l’atmosphère, sombre, pe- de Dani Kouyaté (Burkina Faso, 1 h 34) 274 F à 530 F. sante. Dans la scène de Parme, la avec Sotigui Kouyaté, Seydou Boro, Ab- Thomas Fersen musique est bondissante, avant de doulaye Komboudri, Hamed Dicko, Sey- Théâtre Le Trianon, 80, boulevard Roche- dou Rouamba, Mamadou Sarr. e o se conclure par un impressionnant chouart, Paris 18 . M Pigalle. Tél. : 01-44- Marthe 92-78-03. 20 h 30 le 4. Location Virgin. intermezzo instrumental, une sara- de Jean-Loup Hubert (France, 2 h 01) avec 110 F. bande dirigée avec l’intensité d’une Clotilde Courau, Guillaume Depardieu, marche funèbre. Dans les deux Bernard Giraudeau, Gérard Jugnot, Thé- RÉSERVATIONS derniers tableaux, le chef fait pro- rèse Liotard, Serge Riaboukine. (*) Film interdit aux moins de 12 ans. Haute surveillance gresser la tension sans tomber de Jean Genet, mise en scène de Jean-Bap- dans le pathos ou l’emphase. Les TROUVER SON FILM tiste Sastre, avec Gaël Baron, Nazim Boud- chœurs sont en place, l’orchestre jenah, Vincent Dissez, Eric Petitjean. brille de tous ses pupitres. Ici, à Tous les films Paris et régions sur le Minitel, Théâtre de la Bastille, 76, rue de la Ro- l’encontre de la tradition de Berlioz 3615 LEMONDE ou tél. : 08-36-68-03-78 quette, Paris 11e . Mo Bastille. Du 12 no- (2,23 F/mn) et Gounod, Faust est baryton et vembre au 13 décembre. Tél. : 01-43-57-42- 14. 80 F et 120 F. Méphisto ténor. Dietrich Henschel VERNISSAGES Boy Ge Mendes & Teofilo Chantre tient l’écrasant rôle-titre : le timbre L’Aventure des écritures Artistes du Cap Vert. est chaud, coloré, la voix égale Bibliothèque nationale de France François- New Morning, 7-9, rue des Petites-Ecuries, e o dans tous les registres, capable de Mitterrand, 11, quai François-Mauriac, Pa- Paris 10 . M Château-d’Eau. 20 h 30, le souplesse comme de véhémence. ris 13e. Mo Quai-de-la-Gare. Tél. : 01-53-79- 7 novembre. Tél. : 01-45-23-51-41. 120 F. Face à lui, Kim Begley est un Mé- 59-59. De 10 heures à 19 heures ; dimanche Brigitte Fontaine de 12 heures à 18 heures. Fermé lundi et Auditorium des Halles, Forum des Halles, phisto dominateur et inquiétant. er fêtes. Du 4 novembre au 17 mai. 35 F. Niveau-2, porte Saint-Eustache, Paris 1 . La mise en scène de Pierre Stros- Du 11 au 22 novembre. Tél. : 01-44-68-44- ser manque du sens du fantastique ENTRÉES IMMÉDIATES 08. qui marque le livret et la musique. Liane Foly Elle s’efforce loyalement de ra- Le Kiosque Théâtre : les places du jour ven- Zénith, 211, avenue Jean-Jaurès, Paris 19e. conter une histoire compliquée. dues à moitié prix (+ 16 F de commission Mo Porte-de-Pantin. Du 12 au 20 no- par place). Place de la Madeleine et parvis Sur le plateau, un échafaudage tu- vembre. Tél. : 01-42-08-60-00. Location Vir- de la gare Montparnasse. De 12 h 30 à gin. 241 F. bulaire encadre un tumulus pier- 20 heures, du mardi au samedi ; de 12 h 30 Gilbert Bécaud reux qui concentre l’action, mais à 16 heures, le dimanche. Olympia, 28, boulevard des Capucines, Pa- ses avancées occultent une partie Eloge de l’ombre ris 9e . Mo Opéra. Du 14 au 23 novembre. de la scène. L’esthétique relève des de Junichiro Tanizaki, mise en scène de Tél. : 01-47-42-25-49. Location Virgin. 222 F années 20-30 (l’époque de la créa- Jacques Rebotier, avec Dominique Rey- à 310 F. mond. tion) : longs manteaux, chapeaux Théâtre des Amandiers, 7, avenue Pablo- DERNIERS JOURS mous et Borsalino. Cela reste effi- Picasso, 92 Nanterre. 21 heures, le 4. Tél. : cace, même si on l’a beaucoup vu. 01-46-14-70-00. 80 F à 140 F. 9 novembre : La lune se couche (Moonlight) Allemagne, années 80 Pierre Moulinier de Harold Pinter, mise en scène de Karel Maison européenne de la photographie, Reisz, avec Jean-Pierre Marielle, Nelly Bor- 5-7, rue de Fourcy, Paris 4e . Mo Saint-Paul. geaud, Maryvonne Schiltz, Jean-Pierre Tél. : 01-44-78-75-00. De 11 heures à Moulin... 20 heures. Fermé lundi, mardi et jours fé- Théâtre du Rond-Point Champs-Elysées, riés. 30 F. 2 bis, avenue Franklin-Roosevelt, Paris 8e . 15 novembre : Mo Franklin-D.-Roosevelt. Tél. : 01-44-95- Produire-créer-collectionner 98-10. 80 F à 180 F. Musée du Luxembourg, 19, rue de Vaugi- L’Homme qui rard, Paris 6e. Mo Luxembourg. Tél. : 01-42- de Peter Brook, d’après Oliver Sacks, avec 34-25-95. De 13 heures à 19 heures ; jeudi Maurice Bénichou, Sotigui Kouyaté, Yoshi de 12 h 30 à 21 heures. Fermé lundi. Jus- Oida, Bruce Myers et Mahmoud Tabrizi-Za- qu’au 15 novembre. 20 F. deh (musicien). 16 novembre : Bouffes du Nord, 37 bis, boulevard de la Dans la compagnie des hommes Chapelle, Paris 10o . Mo La Chapelle. Tél. : d’Edward Bond, mise en scène d’Alain 01-46-07-34-50. 50 F à 130 F. Françon, avec Jean-Luc Bideau, Jacques L’Ecornifleur Bonnaffé, Carlo Brandt, Gilles David, Jean- d’après Jules Renard, mise en scène de Ma- Yves Dubois et Michel Aumont. rion Bierry, avec Raphaëline Goupilleau, Théâtre national de la Colline, 15, rue Noémie Kapler, Matthieu Rozé, Gérard Malte-Brun, Paris 20e. Mo Gambetta. Tél. : Maro. 01-44-62-52-52. 110 F à 160 F. LeMonde Job: WMQ0511--0034-0 WAS LMQ0511-34 Op.: XX Rev.: 04-11-97 T.: 10:49 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0503 Lcp: 196 CMYK

34 KIOSQUE LE MONDE / MERCREDI 5 NOVEMBRE 1997 EN VUE

a Une Vénitienne qui demandait L’Europe ébranlée par son passé le divorce parce que sa belle-mère l’exaspérait a obtenu gain de cause, vendredi La Suède et sa neutralité, la Suisse et ses comptes, la France et Vichy : l’hebdomadaire allemand 31 octobre, devant la cour d’appel italienne, au motif que « ce type « Die Zeit » s’interroge sur l’interprétation que chaque pays se fait de son histoire de personnage tyrannique étouffe l’indépendance du mâle et ruine EN DÉPOSANT, mercredi l’heure du procès Papon n’est pas jeté un voile honteux sur son pas- firent au profit de sociétés alle- beaucoup de mariages ». Déjà, la 22 octobre devant les assises de la seule sur la sellette. Dans toute sé. Au contraire. Les « fils des bour- mandes. Cour de cassation avait statué en Gironde, Maurice Druon avait af- l’Europe, explique Die Zeit, « les reaux », pour reprendre l’expres- Depuis la fin de la guerre, la RFA faveur d’une épouse à bout de firmé que le procès Papon profitait mythes du passé sont ébranlés ». La sion douteuse de Maurice Druon, a payé quelque 100 milliards de nerfs jugeant « l’omniprésence de « à l’Allemagne et seulement à l’Al- Suède découvre avec douleur ont été les premiers à demander marks (330 milliards de francs) aux sa belle-mère clairement lemagne ». « Il y a une sorte de pa- combien il était profitable d’être des comptes à leurs pères. victimes du nazisme. Pour une rai- intolérable ». Selon les radoxe, ajoutait-il, à voir au- un pays neutre au temps du son ou pour une autre, certaines estimations des statistiques jourd’hui les fils des victimes IIIe Reich ; la Suisse n’arrive pas à LES « AVATARS DE LA VÉRITÉ » ont été oubliées. Elles réclament européennes, la moitié des devenir les alliés objectifs des fils des faire le compte de ses dettes en- Pourtant, la Vergangenheitsbe- aujourd’hui, non seulement pour Italiens âgés de vingt-cinq à bourreaux. » Il récidive dans le vers les juifs spoliés, et la droite wältigung, le travail sur le passé, l’argent, mais pour la justice. Dans vingt-neuf ans vivent dans les dernier numéro de Die Zeit : «Les commence à trouver que l’addi- n’est jamais achevée. Et Die Zeit un rapport, le gouvernement fédé- jupes de leur mère, et certains gouvernements de Helmut Kohl et ses vieux démons... » L’entretien tion est trop élevée. Aucune Scha- raconte comment, dans un procès ral relève que « de nouvelles répa- d’entre eux dorment dans son lit de son successeur ne m’inquiètent avec l’académicien fait partie d’un denfreude, cette espèce de joie exemplaire, vingt et une survi- rations provoqueraient des charges jusqu’à leur mariage. pas, dit-il. Cependant, qui peut ga- dossier consacré par l’hebdoma- maligne, dans cette énumération, vantes d’Auschwitz réclament à la supplémentaires [pour les entre- rantir que l’Allemagne dans cin- daire libéral de Hambourg au car l’Allemagne n’est pas oubliée. République fédérale une indemni- prises concernées], qui auraient a Les chefs des établissements quante ans ne sera pas reprise par « poids du passé ». La France à On ne saurait lui reprocher d’avoir sation pour le travail forcé qu’elles des conséquences négatives sur le scolaires allemands pourront marché du travail ». Le tribunal de afficher des publicités sur les grande instance de Bonn rendra murs des lycées et des écoles. DANS LA PRESSE LA CROIX LIBÉRATION foire d’empoigne. Apparemment, son jugement cette semaine. Toutefois, les enseignants Bruno Frappat Laurent Joffrin on en est loin. Dans l’éditorial de Die Zeit, Ma- s’alarment des effets désastreux EUROPE 1 a Le secteur du transport routier a Deux modèles se présentent : ce- rion von Dönhoff s’interroge sur de certaines campagnes Alain Duhamel entretient avec la loi des rapports lui d’une liberté totale, agréable aux a THE FINANCIAL TIMES les « avatars de la vérité ». Le pro- commerciales en affirmant, par a Un communiste ministre, c’est très particuliers fondés sur le mé- entreprises, qui fera gagner quel- Ces désordres chez les routiers fran- cès Papon, écrit la vieille dame du exemple, que la promotion du toujours un cas rare : la Ve Répu- pris des textes et le chacun pour ques centimes aux consommateurs, çais, devenus un événement journalisme allemand qui milita hamburger réduirait à néant les blique aura quarante ans l’an pro- soi. Une loi, et une seule, s’im- mais maintiendra une large partie presque annuel, ne sont pas surpre- toute sa vie pour une Allemagne cours d’éducation alimentaire chain, les communistes n’ont par- pose : celle d’un marché où la des chauffeurs dans un état de su- nants : chaque fois que les camion- démocratique, « jette brusquement dispensés dans de nombreuses ticipé au gouvernement que trois brutalité de la concurrence est rexploitation qui ruine leur vie de neurs provoquent des troubles, ils un doute sur l’image que les Fran- institutions. années depuis 1958. Un commu- sans merci. Négociations en po- famille autant que leur pouvoir obtiennent plus ou moins ce qu’ils çais se plaisaient à cultiver d’eux- niste devant faire face à une ker menteur, dialogues-défis, d’achat et qui menace, à force de demandent. Encore plus remar- mêmes et de leur passé. Plus en- a La procédure pour l’annulation grève dans le secteur privé, c’est double langage et surenchères : trajets interminables et mal payés, quable est l’extraordinaire tolérance core : il efface complètement cette du sacrement indissoluble du encore plus rare. Charles Fiter- tout fut mis en place pour le mau- la sécurité de tous. Ou bien un libre- des Français envers ces routiers, qui image. Peut-être pas pour tous, mariage vient d’être fixée par man, déjà ministre communiste vais feuilleton que l’on veut nous échange européen maîtrisé qui in- conduisent régulièrement le pays au mais pour beaucoup ». Faisant aus- l’Eglise catholique à un prix des transports de 1981 à 1984, rediffuser. Dans ce qui est, en terdise le dumping social, qui fasse bord de la paralysie, une tolérance si référence à la relecture de la Ré- forfaitaire de 500 000 francs. avait dû faire face à une situation principe, un conflit de droit privé, respecter des règles communes et qui, à elle seule, explique pourquoi volution française par François Auparavant, seuls les couples de ce genre, mais, à l’époque, la des employeurs et des salariés qui assure aux salariés un mode de le gouvernement et les employeurs Furet, Marion von Dönhoff capables de débourser de fortes grève avait lieu à l’initiative du utilisent un pays entier comme le- vie à peu près décent, quitte à ren- hésitent à imposer une ligne plus conclut : « Nous assistons ainsi à sommes osaient engager des patronat. Jean-Claude Gayssot se vier passif. C’est au pouvoir poli- chérir quelque peu les prix sur le dure. Oui, les chauffeurs sont payés une mutation dans l’interprétation recours en nullité, les autres trouve dans une situation inédite. tique de faire respecter la libre continent. La seconde solution est misérablement. Mais cette situation du passé, à la percée de la vérité. hésitaient à demander à leur curé Le ministre tente de sortir de circulation des personnes et des évidemment la meilleure. A condi- ne fait que refléter les prix du mar- Mais s’agit-il vraiment de la vérité ? des « déclarations de pauvreté ». cette situation en apparaissant marchandises, ainsi que d’impo- tion que le patronat et les autorités ché dans une branche profession- La vérité peut elle varier avec le A la fin des nouveaux procès à comme l’homme du dialogue. Il ser le sérieux du dialogue social européennes le comprennent et nelle surpeuplée. Permettre aux temps ? Ou bien y a-t-il une vérité moindre coût, les juges laisseront joue gros dans l’affaire : le sens dans cette profession. Rester pas- mettent en place les règles sociales routiers de rançonner le pays objective et une vérité subjective ? » les deux parties libres de faire un même de la présence du PC au sif serait s’incliner devant un abus internationales sans lesquelles chaque année ne semble pas une don à l’Eglise pour couvrir les sein du gouvernement. de pouvoir. l’économie de marché n’est qu’une solution idéale. Daniel Vernet frais.

a Un Egyptien de la région SUR LA TOILE d’Assiout, assoiffé par une journée de labeur dans son www.kv5.com BOB SE CONNECTE champ, a ouvert le feu, samedi a Agé de soixante-huit ans, le 1er novembre, sur sa mère, sa mercenaire français Bob Denard, sœur et son épouse, qui avaient Des égyptologues proposent une excursion interactive au cœur du tombeau des fils de Ramsès II sous le coup d’une procédure judi- tardé à lui servir une tasse de thé. ciaire pour l’assassinat de l’ancien Récemment, un Gallois VISITER les tombeaux de la vision panoramique des fouilles et président des Comores en 1989, comparaissait devant la Haute Vallée des Rois, explorer des lieux de ses environs est restituée par est sur le point d’ouvrir son propre Cour de Londres pour avoir rendus inaccessibles par les lois des photographies aériennes, site web, « Bob Denard online ». poignardé sa concubine qui avait égyptiennes sur la protection des prises d’une montgolfière. www. bobdenard.com laissé brûlé le dîner. monuments anciens, et même Les égyptologues n’ont pas ou- suivre le travail des archéo- blié de parler de leur propre his- DOLÉANCES EN LIGNE a A l’origine des temps, les logues... En un mot, aller là où au- toire : une rubrique présente un a Dans le cadre du projet de ré- Indiens Navajos abusaient du jeu. cun touriste n’est jamais allé, tel résumé visuel de l’évolution des forme de l’administration fiscale Les uns voulaient jouer la nuit, est le voyage proposé par le site fouilles dans la région, grâce à un américaine, le Parti républicain a les autres le jour, disait une web « Theban Mapping Project » montage de photographies dont lancé une grande campagne sur légende. Aucun ne triompha, et (TMP), consacré aux fouilles en certaines datent du siècle dernier. Internet. Il a ouvert un site où les c’est pourquoi, depuis, le jour cours sur le chantier archéolo- Par ailleurs, un ensemble de ré- contribuables américains victimes alterne avec la nuit. Les anciens gique King Valley no 5, ou KV5, cits propose une découverte de la des erreurs ou des méthodes ex- de la tribu racontaient volontiers près de l’ancienne Thèbes, à vie quotidienne dans l’ancienne péditives des inspecteurs des im- aux enfants les malheurs de 900 km au sud du Caire. Depuis Thèbes. On apprend par exemple pôts fédéraux pourront apporter Ni’hwiil bihii, le Joueur invétéré ; quelques années, l’équipe du cher- que, en son temps, le pharaon Se- leur témoignage. Les républicains le peuple n’oubliait pas la rixe cheur américain Kent Weeks y ti 1er ordonna le creusement de comptent ainsi confectionner un sanglante qui éclata en 1862 après procède à l’excavation du vaste mines de turquoise, puis organisa « livre des horreurs ». un pari sur une course de tombeau des fils de Ramsès II, et a plusieurs expéditions dans le dé- hillsource.house.gov chevaux entre Indiens et soldats entrepris d’en réaliser une carto- sert à la recherche de trésors en- blancs... Aujourd’hui, mardi graphie détaillée. On sait désor- fouis. Il vient lui-même d’être dé- STARBRIGHT S’ÉTEND 4 novembre, les Navajos, qui, mais que KV5 comporte au moins terré du sable et les images de son a Starbright World, le réseau à vo- déjà, ont mis en service des lignes 110 chambres et corridors sur plu- le site TMP, actualisé au fur et à d’images retrace les différents corps momifié, ainsi qu’une radio- cation ludique financé par Steven d’autobus à destination des sieurs niveaux, ce qui en fait l’une mesure des progrès réalisés sur le stades de l’exhumation et de la re- graphie de son crâne, sont affi- Spielberg reliant six hôpitaux pour établissements de jeu des tribus des découvertes archéologiques terrain, fait largement appel aux constitution d’un squelette. De chées sur Internet. Aujourd’hui, la enfants à travers les Etats-Unis, va voisines, se prononcent sur la les plus importantes du XXe siècle. techniques visuelles : cartes inter- même, il suffit de cliquer sur un valeur de sa dépouille dépasse être repris par le gouvernement construction d’un casino sur leur Pour mieux faire comprendre au actives, modélisations en trois di- point du plan général pour décou- probablement celle du butin qu’il fédéral, qui se propose de réserve. néophyte la complexité de cette mensions manipulables à volonté, vrir un corridor secret ou la convoitait de son vivant. l’étendre à 93 nouveaux établisse- construction souterraine ainsi que montages photographiques dyna- sombre statue d’Osiris trouvée au ments dès l’an prochain. Christian Colombani le fonctionnement du chantier, miques... Ainsi, un enchaînement fond d’un couloir abandonné. La Debra Seagal-Ollivier www. starbright. org

Le secret de Poivre d’Arvor par Alain Rollat IL Y AVAIT du beau linge intel- prime à ma façon. Comme ce inaccessibles en mettant en avant lectuel, la nuit dernière, sur le monsieur. Est-ce que vous me le fait qu’il était arrivé au grand plateau d’« Ex-libris », l’annexe comprenez ? » Cela faisait rire la Descartes lui-même « d’écrire des savante de Patrick Poivre d’Arvor. masse universitaire. conneries sur les animaux ». Il y avait même, par la magie des Cet « Ex-libris », on l’aura Ce rappel rassurant aurait pu archives de l’INA, Jean-Paul compris, se posait la grave ques- fournir le mot de la fin, mais BHL Sartre. Juché sur un bidon, le tion de l’utilité des intellectuels. leva un autre lièvre : « Qu’est-ce maître philosophe haranguait les Dire qu’il n’a pas fait avancer le que cela signifie d’être intellectuel masses populaires : « Il y a cin- débat serait intellectuellement à l’époque de PPDA, Bernard Pi- quante ans que le peuple et les in- malhonnête. Il n’était pas sans vot, Anne Sinclair, Michel Field ? » tellectuels se sont séparés, procla- intérêt de voir des éminences Adossée à de telles références, la mait-il, il faut maintenant qu’ils ne aussi classiques que l’historien question rebondissait de façon fassent plus qu’un ! » C’était en Michel Winock, l’essayiste Pascal scientifique. Merci à BHL de 1970, ce fut un bide. Il y avait aus- Bruckner et le professeur Danièle l’avoir posée. Sinon PPDA n’au- si, sur des images en provenance Sallenave se rallier au jugement rait jamais confié aux masses té- de la même époque, Jacques La- décapant porté par Jean Bric- léspectatrices qu’il a obtenu, can. Le maître psychanalyste ex- mont et Alan Sokal, les deux « grâce à Bergson », 16 sur 20 en pliquait aux élites étudiantes que iconoclastes qui dénoncent l’im- philosophie au baccalauréat. La les meilleures questions sont posture consistant, chez certains portée de cette info n’échappera celles « qui restent en suspens ». Il maîtres à penser, à abuser de la à personne. Pas besoin d’être La- l’expliquait d’une façon laca- terminologie scientifique pour lé- can pour savoir en effet que, se- nienne. C’est-à-dire inintelligible. gitimer les spéculations les plus lon Bergson, l’intelligence de Un étudiant le tournait en déri- gratuites. Jean d’Ormesson cam- l’homme réside dans « la faculté sion en renversant sur son bu- pant prudemment sur son pré de fabriquer des objets artificiels ». reau un paquet de farine et un académique, il n’y eut que Ber- N’est-ce pas la meilleure défini- litre de lait avant de prendre à té- nard-Henri Lévy pour plaider la tion de la télévision, voire de moin ses condisciples : « Je m’ex- cause des manieurs de concepts ceux qui la font ? LeMonde Job: WMQ0511--0035-0 WAS LMQ0511-35 Op.: XX Rev.: 04-11-97 T.: 08:31 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0504 Lcp: 196 CMYK

RADIO-TÉLÉVISION LE MONDE / MERCREDI 5 NOVEMBRE 1997 / 35 MARDI 4 NOVEMBRE FILMS DE LA SOIRÉE NOTRE CHOIX PROGRAMMES

18.55 Maître après Dieu aa 20.55 James Bond contre Dr No aa 22.50 Le Sauvage aa TÉLÉVISION 20.30 8 1/2 Journal. De Louis Daquin (France, 1950, N., De Terence Young (Grande-Bretagne, De Jean-Paul Rappeneau (France, b 22.25 Muzzik 20.45 La Vie en face. 95 min). Ciné Cinéfil 1963, 110 min). France 2 1975, 105 min). France 2 Ludwig II, Vie de couple avec chien. 19.00 Octobre aaa 21.35 La pluie qui chante a 23.05 Sweet Sweetback’s TF 1 21.40 Soirée thématique. le crépuscule des dieux Melvin Van Peebles : De Sergueï Mikhaïlovitch Eisenstein De Richard Whorf (Etats-Unis, 1946, Baadasssss Song aa (Urss, 1927, N., 120 min). Histoire 140 min). France Supervision Devenu roi de Bavière en 1864, à 19.05 Walker, Texas Ranger. Carte blanche à un cinéaste noir. De Melvin Van Peebles (Etats-Unis, 21.45 L’homme qui court. 20.10 Hocus Pocus : 22.00 Made in America a 1971, v.o., 90 min). Arte dix-neuf ans, Louis II sera, vingt- 19.50 et 20.40 Météo. 20.00 Journal, Résultat des courses. 22.10 Classé X. Les Trois Sorcières a De Richard Benjamin (Etats-Unis, 23.50 The Snapper aa deux ans plus tard, déclaré inca- De Kenny Ortega (Etats-Unis, 1994, 1992, v.o., 110 min). Ciné Cinémas 20.45 Sister Act, acte 2. 23.05 Sweet Sweetback’s De Stephen Frears (Grande-Bretagne, pable de gouverner, déposé et Film de Bill Duke. 90 min). Disney Channel 22.10 Superman a 1992, 95 min). Ciné Cinémas Baadasssss Song aa confié à un médecin aliéniste. Vis- Film de Melvin Van Peebles (v.o.). 20.30 La Route semée d’étoiles aa De Richard Donner (Etats-Unis, 1978, a 22.35 Célébrités. 23.55 Monsieur Coccinelle conti a raconté, en brisant parfois la 0.35 La Pluralité des cultures, De Leo McCarey (Etats-Unis, 1944, N., 145 min). RTL 9 De Bernard Deschamps (France, 1938, 0.10 Le docteur mène l’enquête. v.o., 125 min). Ciné Cinéfil 22.25 Ludwig II, N., 90 min). Ciné Cinéfil chronologie, l’histoire d’un souve- 1.05 TF1 nuit, Météo. un frein pour l’Europe ? 1.25 L’ABC de l’horreur. [1/3]. 20.30 Le Maître d’escrime aa le crépuscule des dieux aaa 0.00 Parfait amour aa rain culpabilisé par son homosexua- 1.15 Reportages. De Pedro Olea (Espagne, 1992, De Luchino Visconti (Italie - France - De Catherine Breillat (France, 1996, lité, et qui, en soutenant la musique 90 min). Ciné Cinémas Allemagne, 1973, 230 min). Muzzik 115 min). Canal + M6 de Wagner et en bâtissant des châ- FRANCE 2 20.35 Ali Baba 22.35 Symphonie magique aa 1.25 Le Masque d’or aa 19.00 FX, effets spéciaux : La Série. et les quarante voleurs a D’Andrew L. Stone (Etats-Unis, 1943, De Charles Brabin (Etats-Unis, 1932, teaux insensés, cherche à réaliser un 19.20 1 000 enfants vers l’an 2000. 19.54 6 minutes, Météo. De J. Becker (F., 1954, 95 min). TMC N., v.o., 80 min). Ciné Cinéfil N., v.o., 70 min). Ciné Cinéfil idéal esthétique de substitution. Un 19.25 C’est toujours l’heure. 20.05 Notre belle famille. très grand film, flamboyant, fu- 19.55 Au nom du sport. 20.40 Décrochages info, E=M6 junior. nèbre, chimérique, émouvant. Mé- 20.00 Journal, A cheval, Météo. aa 20.55 Docteur Quinn, femme médecin. ditation sur le pouvoir, la solitude de 20.55 James Bond contre Dr No Daniel [1 et 2/2]. GUIDE TÉLÉVISION Film de Terence Young. l’homosexuel, le drame intérieur de 22.50 La Croisière maudite. 22.45 Un livre, des livres. Téléfilm 4 l’artiste. Admirable interprétation 22.50 Le Sauvage aa de Tommy Lee Wallace [1/2]. 22.25 Naître hutterite. Planète MAGAZINES TÉLÉFILMS d’Helmut Berger et de Romy Film de Jean-Paul Rappeneau. 0.30 Zone interdite. 23.10 Kim’s Story. TSR Schneider. – J. S. 0.35 En fin de compte. Interdit aux moins de dix-huit ans ? 22.35 Célébrités. 23.20 Dubout. Planète 20.30 La Petite Maman. 0.40 Journal, Météo. Invitée : Liane Foly et Caroline Barclay. 0.00 Davantage de lumière. [2/2]. De Patrice Martineau. Festival 0.55 Les Grands Entretiens du Cercle. Liane Foly, le retour. La saga des Spice b 23.30 France 3 Bartabas. Girls. MC Solaar, un rappeur à Los Histoire 22.05 Aime-toi toujours. RADIO De Michael Perrotta. Festival Science 3 : Angeles. Albert de Monaco. Billy Joël. 0.10 Les Barrières de la solitude. FRANCE 3 La leçon de maquillage du top-model Planète 22.50 La Croisière maudite. Etat d’apesanteur FRANCE-CULTURE Amber Valleta. Jean-Marc Barr. Le 4 De Tommy Lee Wallace [1/2]. M6 0.10 Femmes dans le monde. Un document absolument passion- 18.50 Un livre, un jour. mariage d’un Habsbourg en Hongrie. Femmes fidèles. Téva TF 1 nant – extrêmement démythifiant – 20.00 Les Chemins de la musique. SÉRIES 18.55 Le 19-20 de l’information. 22.35 Bouillon de culture. sur l’aventure spatiale, réalisé il y a 20.01 et 22.55 Météo. 20.30 Agora. Anne Delbee. Les hommes, les mots et les produits SPORTS EN DIRECT 21.00 Poésie studio. 18.00 Sliders, quelques années par Maciej Drygas, 20.05 Fa si la chanter. du terroir. Invités : Philippe 20.35 Tout le sport. 22.10 Mauvais genres. Jean-Yves Bochet. Bourguignon ; Gabrielle Cosson ; 17.55 Soir d’Europe. Coupe de l’UEFA les mondes parallèles. de la télévision polonaise. Ceux qui (16e de finale, Matches retour) : 20.50 Que la musique commence. 23.00 Nuits magnétiques. Michel Delaunay ; Pierre Hermé ; Un monde de pyramides. M6 Saint-Pétersbourg. Henri Jayer ; Marcel Lachiver. TV 5 Karlsruhe - Metz, ne l’ont pas vu en juillet sur Canal + 23.05 Soir 3. Liverpool - Strasbourg, 18.15 Friends. Celui qui remplace ne doivent pas manquer cette diffu- 0.05 Du jour au lendemain. 23.30 Science 3. Lyon - Inter Milan, celui qui part. France 2 23.30 Science 3. Etat d’apesanteur. Etat d’apesanteur. France 3 0.48 Les Cinglés du music-hall. OFI Crète - Auxerre 20.45 Murder One : L’Affaire Jessica. sion sur France 3. Le film raconte les 0.25 Magazine olympique. et Bastia - Steaua Bucarest. Canal+ 0.55 Les Grands Entretiens du Cercle. Chapitre IX. Série Club expériences vécues par quelques- 0.55 Rencontres à XV. Bartabas. France 2 FRANCE-MUSIQUE 1.55 Basket-ball. Championnat NBA : 20.55 Docteur Quinn, femme médecin. uns des principaux cosmonautes 1.20 New York District. Seattle - Houston. Canal+ Daniel [1 et 2/2]. M6 russes. A travers leurs témoignages, 20.00 Concert. DOCUMENTAIRES CANAL + Orchestre symphonique de la Radio 20.55 Guerres privées. Remue ménages. des extraits de leurs journaux de de Suède. Œuvres de Franck, Ravel, MUSIQUE Guerres privées. Téva 19.20 Les Oiseaux de la colère. Planète bord, des archives filmées, on revit ̈ En clair jusqu’à 18.00 Debussy. Episode no 4. Série Club 22.30 Musique pluriel. 20.10 Des hommes 21.00 Symphonie pour cordes 21.30 Twin Peaks. les épreuves très dures et très in- 17.55 Football. 18.00 Coupe de l’UEFA. 22.15 Colorado. 16es de finale retour. Concerto pour trompette et orchestre dans la tourmente. de Mendelssohn. Muzzik tenses (certains ont sombré dans la no 2, de Chaynes. McArthur versus Truman. Planète Le chariot et l’éléphant. Série Club Karlsruhe-Metz, Liverpool-Strasbourg, 21.45 Kurt Masur dirige... Mendelssohn : dépression ou l’alcoolisme, d’autres Lyon-Inter Milan, OFI Crète-Auxerre, 23.07 Le Dialogue des muses. 20.35 La Royal Air Force. [5/8]. L’élite : La Symphonie italienne. Muzzik 22.25 Profit. Bastia-Steaua Bucarest. le Fighter Command. Planète Security (v.o.). Canal Jimmy sont restés paralysés), le quotidien 23.55 The Fairy Queen. Mise en scène de 0.00 Parfait amour aa 23.00 Les Disparues de l’île RADIO-CLASSIQUE 20.45 La Vie en face. David Pountney. France Supervision ordinaire, mais aussi l’éblouisse- Film de Catherine Breillat. Vie de couple avec chien. Arte 0.55 Jazz à Vienne. aux mouettes. [5/5]. Série Club ment philosophique et métaphy- 20.40 Les Soirées. 21.05 Le Siècle des hommes. Sounds of Blackness. Paris Première 23.00 Les Anges du bonheur. sique, le violent désir de Terre, et les ARTE La musique dans les films de Michel Les couleurs de la loi. RTBF 1 L’échelle de Jacob. Téva Deville. Œuvres de Haydn, Beethoven, surprises du retour de ces héros. Cet Rossini, Pasculli, Gottschalk, Janacek. 21.25 Hôpital, silence. Planète 23.10 Star Trek : la nouvelle génération. 19.00 The Monkees. VARIÉTÉS avant, pendant et après la mise en 22.30 Les Soirées... (suite). 21.45 L’homme qui court. Arte Evolution (v.o.). Canal Jimmy 19.30 7 1/2. Œuvres de Schubert, Saint-Saëns, 22.00 Yemen, pays de la reine de Saba. 20.50 Que la musique commence. 1.30 Bottom. orbite est aussi un regard sur la so- Pithiviers, diagnostic d’un malaise. Granados, Bizet, De Falla. Paris Première France 3 Culture (v.o.). Canal Jimmy ciété soviétique. – C. H. 20.00 Archimède. Spécial racisme. Chostakovitch.

MERCREDI 5 NOVEMBRE FILMS DU JOUR NOTRE CHOIX PROGRAMMES

13.05 Gangway a 17.30 La Machine 22.10 Le Rideau déchiré aa b 9.05 Planète TÉLÉVISION 0.20 Flash infos. De Sonnie Hale (Grande-Bretagne, à explorer le temps aa D’Alfred Hitchcock (Etats-Unis, 1966, Un automne en Pologne 0.30 Surprises. 1937, N., v.o., 95 min). Ciné Cinéfil De George Pal (Etats-Unis, 1960, v.o., 125 min). Ciné Cinémas 0.40 Une vie normale a 13.15 True Lies, le caméléon a 100 min). Disney Channel 22.40 Bienvenue au paradis a TF 1 Film d’Angela Pope (v.o.). De James Cameron (Etats-Unis, 1994, 17.55 Sois belle et tais-toi a D’Alan Parker (Etats-Unis, 1990, 140 min). Ciné Cinémas De Marc Allégret (France, 1958, N., 135 min). RTL 9 Flânerie poétique 13.45 Les Feux de l’amour. LA CINQUIÈME/ARTE 13.30 Casque d’or aaa 100 min). Festival 22.45 ̈ Crash aa 14.40 TF 1 jeunesse. De Jacques Becker (France, 1952, N., 18.40 L’Affaire Maurizius aa De David Cronenberg (Canada, 1996, 17.05 Savannah. 105 min). TV 5 95 min). Canal+ vers « le centre 13.00 Une heure pour l’emploi. De Julien Duvivier (France, 1953, N., 18.00 Paradis d’enfer. 14.00 Plans de vol. 14.40 Monsieur Coccinelle a 110 min). Ciné Cinéfil 23.20 Maître après Dieu aa 18.30 Mokshû Patamû. 14.30 Business humanum est. De Bernard Deschamps (France, 1938, 19.05 Rendez-vous aa De Louis Daquin (France, 1950, N., du monde » N., 85 min). Ciné Cinéfil D’André Téchiné (France, 1985, 100 min). Ciné Cinéfil 19.05 Walker, Texas Ranger. 15.30 ̈ Le Chant de la Terre. [1/2]. 15.10 La Veuve joyeuse a 85 min). Ciné Cinémas 0.25 Slacker a 19.55 et 20.30 Météo. 16.30 L’Etoffe des ados. ON EST EN POLOGNE. Survi- De Curtis Bernhardt (Etats-Unis, 1952, 20.30 Le Masque d’or aa De Richard Linklater (Etats-Unis, 1989, 20.00 Journal. 17.00 Cellulo. 105 min). France Supervision De Charles Brabin (Etats-Unis, 1932, v.o., 100 min). Arte vante de ses cendres. Cinquante 20.35 Football. aa a 17.30 Au cœur d’Okavango. 15.35 Colonel Blimp N., v.o., 75 min). Ciné Cinéfil 0.40 Une vie normale ans après Alain Resnais, sans Ligue des champions. 17.50 Le Journal du temps. De M. Powell et E. Pressburger (GB, 20.30 L’amour D’Angela Pope (Grande-Bretagne, Lierse (Bel.) - Monaco. 1943, v.o., 160 min). Ciné Cinémas 1996, v.o., 100 min). Canal+ haine, sans cris, Julien Donada 22.40 Les temps forts 18.00 Chercheurs d’aventure. est une grande aventure a des autres rencontres. 18.30 Le Monde des animaux. 15.55 M comme Mathieu aa De Blake Edwards (Etats-Unis, 1988, 0.55 Le Dernier des six a égrène, de-ci, de-là, au fil de ses De Jean-François Adam (France, 1971, 100 min). Ciné Cinémas De Georges Lacombe (France, 1941, visites, des images, des clichés de 0.20 Minuit sport. 19.00 The Monkees. 90 min). Festival N., 90 min). RTL 9 0.50 TF1 nuit, Météo. 19.30 7 1/2. Les petits boulots : 21.05 Le Cri de la soie a lieux de passages obligés de ce 16.05 Symphonie magique aa D’Yvon Marciano (France, 1995, 1.00 Feux croisés aa 1.05 Histoires naturelles. la face cachée du chômage. D’Andrew L. Stone (Etats-Unis, 1943, 100 min). Canal+ D’Edward Dmytryk (Etats-Unis, 1947, pays faussement neuf. Dans Un 20.00 Wild Wild World of Animals. N., v.o., 80 min). Ciné Cinéfil 21.45 Coulez le Bismarck a N., v.o., 90 min). Ciné Cinéfil automne en Pologne, on ne verra 20.25 Sous le ciel de Paris. aaa a FRANCE 2 17.00 Octobre De Lewis Gilbert 2.55 Maniac Cop presque rien des souvenirs fanto- 20.30 8 1/2 Journal. De Sergueï Mikhaïlovitch Eisenstein (Grande-Bretagne, 1960, N., v.o., De William Lustig (Etats-Unis, 1987, 13.50 et 17.30 Un livre, des livres. 20.45 Les Mercredis de l’Histoire. (Urss, 1927, N., 120 min). Histoire 95 min). Ciné Cinéfil v.o., 85 min). Ciné Cinémas matiques qui hantent ces villes de 13.55 Derrick. Octobre rouge : réminiscences terrifiantes. Pas de 15.00 Dans la chaleur de la nuit. Des petits et des grands mensonges. reconstitution de l’Histoire, ni 21.45 Musica. 15.50 La Chance aux chansons. Portrait de Valery Gergiev. GUIDE TÉLÉVISION d’archives ou de témoignages 17.00 Des chiffres et des lettres. 22.45 Karajan dirige Tchaïkovski : d’habitants. Seuls les monuments, 17.35 Qui est qui ? Concerto pour piano no 1 en si bémol. 18.10 Friends. 23.30 Profil. les places, les paysages, une popu- Un doux rebelle : Julien Green [4/4]. 23.30 Bons baisers d’Amérique. TV 5 18.45 C’est l’heure. DÉBATS DANSE lation grouillante, filmée sur le vif, 0.25 Slacker a 0.10 Le Cercle des métiers. 19.15 1 000 enfants vers l’an 2000. Film de Richard Linklater (v.o.). Les métiers de la mort. France 2 aiguisent nos sens. Comment ima- 19.20 et 1.30 C’est toujours l’heure. 20.50 France Europe Express. L’insécurité 0.10 Le Lac des cygnes. Ballet. Téva dans la ville. 0.10 Le Canal du savoir. giner ce pays, il y a vingt ans, il y a 19.50 et 20.45 Tirage du Loto. Les allées de la mode. Paris Première M6 Invités : Jean-Louis Debré ; MUSIQUE cinquante ans ? 19.55 Au nom du sport. Daniel Cohn-Bendit. France 3 Parce que ce voyage initiatique 20.00 Journal, A cheval, Météo. 13.05 M6 Kid. DOCUMENTAIRES 16.35 Des clips et des bulles. 19.00 Mozart en tournée. Munich, au ton poétique se rapproche da- 20.55 Madame le proviseur. MAGAZINES une étape, K 537, dir. Gerd Albrecht, Fantasio, de José Pinheiro. 16.45 Fan de. 15.30 ̈ Le Chant de la Terre. soliste : Homero Francesch. Muzzik vantage d’un florilège d’impres- 22.35 La Vie à l’endroit. Worlds Apart. [1/2]. La Cinquième 17.15 Fanquizz. 13.00 Une heure pour l’emploi. 21.35 Piano Trio, de Mendelssohn. sions ou d’un journal intime, Ju- Comment ça va, l’école ? 18.05 Sliders, les mondes parallèles. La Cinquième 17.35 Des ours dans la ville. Canal+ Concert. France Supervision lien Donada nous invite à partager 23.40 En fin de compte. 19.00 FX, effets spéciaux : La Série. 23.45 Journal, Météo. 14.30 Business humanum est. 17.40 L’Enfant aveugle. [2/2]. Planète 22.10 Mozart, Beethoven, ses doutes. « Je sais, nous avons 19.54 6 minutes, Météo. Côtes du Rhône. La Cinquième 18.30 Le Monde des animaux. 0.10 Le Cercle des métiers. Mendelssohn. Concert, dir. Ton tous vu des photos de camp. Est-ce Les métiers de la mort. 20.05 Notre belle famille. 16.05 Saga-Cités. La Saison du hareng. La Cinquième Koopman. France Supervision La tête de l’emploi. France 3 que le fait d’aller voir va changer 20.35 Elément Terre. 19.00 Les Demoiselles de la nuit. 23.00 Barbara Hendricks à Leningrad. 20.50 Danse avec la vie. Worlds Apart. M6 17.15 Fanquizz. Planète Muzzik quelque chose ? » Lancinante, la FRANCE 3 Téléfilm de Michel Favart. 17.25 Le Club. Anna Karina. Ciné Cinéfil 19.30 Saumialuk, 23.35 Fela Live : A Midsummer Concert. voix répète « J’ai vu », et les 22.35 La Croisière maudite. 13.35 Parole d’Expert. 4 18.00 Stars en stock. Ingrid Bergman. le grand gaucher. Planète France Supervision images ne traduisent rien de ce Téléfilm Marlon Brando. Paris Première 14.20 Va savoir. de Tommy Lee Wallace [2/2]. 19.35 Les Premiers Pas. 0.30 Jazz à Montreux 90. Muzzik que nous savions. Ce qui n’est pas 14.58 Questions au gouvernement. 0.15 Secrets de femme. 18.30 et 19.10 Nulle part ailleurs. Canal+ [2/3]. Spécial comédiens. Festival 16.05 Saga-Cités. 0.50 Sexy Zap. 19.00 De l’actualité à l’histoire. Histoire visible à l’image, il faut l’imaginer, 20.00 Davantage de lumière. THÉÂTRE 16.40 Minikeums. [2/2]. Histoire comme pour fleurir la tombe d’un 20.00 Faut pas rêver. Avec Marie Bunel. 17.45 C’est pas sorcier. Maroc : La Fantasia. France : 20.35 Les Oiseaux 19.15 Poil de Carotte. De Jules Renard. passé occulté : « La mort est par- Convention tzigane. Allemagne : Patrie 18.20 Questions pour un champion. de la colère. Planète Mise en scène de Jacques Renard. tout ici, mais ce qui est étrange, RADIO des nains de jardin. TV 5 France Supervision 18.50 Un livre, un jour. 20.10 Faits divers spécial. Les Enfants de 21.45 Musica. c’est qu’il faut la chercher. » 18.55 Le 19-20 de l’information. Portrait de Valery Gergiev. Arte 19.55 Les Boulingrin. De Courteline. l’année blanche. RTBF 1 Mise en scène de Paul Vecchiali. Cette parabole « léchée » té- 20.02 et 22.35 Météo. FRANCE-CULTURE 20.45 Les Mercredis de l’Histoire. 22.40 Musique dans la ville. France Supervision 20.05 Fa si la chanter. France Supervision moigne de la force de vérité du 20.00 Les Chemins de la musique. Octobre rouge : Des petits et des 20.35 Tout le sport. grands mensonges. Arte 22.45 Musica. Karajan dirige Tchaikovski : documentaire. Ce film de seize mi- 20.30 Agora. Alain Michel. o TÉLÉFILMS 20.45 Consomag. 20.55 Femmes dans le monde. A travers le Concerto pour piano n 1 en si bémol. nutes suffit pour vérifier le talent 21.00 Philambule. Arte 20.50 France Europe Express. L’actualité philosophique. voile. Une femme du Sahel. Téva 18.00 Père et prêtre. de Julien Donada. Et pour décou- L’insécurité dans la ville. 22.45 Hôpital, silence. Planète 22.10 Fiction. 21.00 Envoyé spécial, les années 90. De Sergio Martino [1/2]. Téva vrir la grâce d’un langage cinéma- 22.45 Soir 3. La Part animale, d’Yves Bichet. Les fous à Trieste. 23.25 Frédéric Rossif, la beauté 20.30 La Nuit du coucou. 23.10 Un siècle d’écrivains. L’arrivée des Juifs soviétiques en Israël. tographique sur un sujet si poi- ̈ 23.00 Nuits magnétiques. et la violence du monde. TSR De Michel Favart. Festival Bernard-Marie Koltès : Saint-Pétersbourg. Les camionneuses. Histoire gnant. Des images de massacres et Comme une étoile filante. 23.30 Profil. Un doux rebelle : Julien Green. 20.50 Danse avec la vie. 0.05 Du jour au lendemain. 22.35 La Vie à l’endroit. De Michel Favart. M6 de déportés, il n’y en a point. 0.00 Cinéma étoiles. 0.48 Les Cinglés du music-hall. Comment ça va, l’école ? France 2 [4/4]. Journal d’un siècle (1940-1996). Arte 21.00 Le Meurtrier à ma porte. L’émotion monte et jaillit dans la 0.30 Vivre avec... 22.35 Savoir plus santé. D’Eric Till. TSR 0.45 New York District. La médecine par les plantes. TV 5 scène finale lorsque ce périple vers FRANCE-MUSIQUE SPORTS EN DIRECT 22.35 La Croisière maudite. 23.00 Le Magazine de l’Histoire. 4 De Tommy Lee Wallace [2/2]. M6 le souvenir et la transmission nous 19.30 Prélude. Invités : Dominique Iogna-Prat ; CANAL + 13.30 Tennis. Tournoi messieurs amène au « centre du monde »... 20.00 Concert. Michel del Castillo ; Bartolomé e Bennassar ; Pierre Nora et Saul de Moscou (3 jour). Eurosport SÉRIES Auschwitz, « où aujourd’hui tout 13.35 Décode pas Bunny. Jean Guillou, orgue. Œuvres de Bach, Mozart, Guillou, Liszt. Friedlander. Histoire 18.30 Tennis. Open messieurs est si propre ». Maniant en virtuose 14.25 C + Cléo. de Stockholm (3e jour). Eurosport 18.05 Sliders, les mondes parallèles. 14.30 Lupo Alberto. 21.15 Concert. 23.10 ̈ Un siècle d’écrivains. 14.40 Capitaine Star. Festival international de Toulouse : Bernard-Marie Koltès : Ligue des champions. 4 Un monde de nécrophages. M6 la douceur du texte et les mouve- 20.35 Football. 15.00 Achille Talon. les orgues. Œuvres de Saint-Saëns, Comme une étoile filante. France 3 Lierse (Bel) - Monaco. TF 1 18.15 Friends. Celui qui disparaît de la série. ments de caméra, l’auteur, que 15.20 Le Prince d’Atlantis. Jongen, Guillou. France 2 rien ne lie de près ou de loin à la 15.50 Reboot III. 22.30 Musique pluriel. 20.25 Star Trek : la nouvelle génération. Pologne, pose un regard aigu au- 16.20 Des saules en hiver. Œuvres de Risset, Ofenbauer. SIGNIFICATION DES SYMBOLES : LES CODES DU CSA : Evolution. Canal Jimmy Film d’animation de William Horwood. 23.07 Les Greniers de la mémoire. quel on ne saurait rester indif- ̈ Signalé dans « Le Monde 4 Accord parental souhaitable 20.55 Madame le proviseur. France 2 17.35 Des ours dans la ville. 5 férent. Télévision-Radio-Multimédia ». Accord parental indispensable 22.20 Une fille à scandales. ̈ En clair jusqu’à 21.05 RADIO-CLASSIQUE a On peut voir. ou interdit aux moins de 12 ans Nora démissionne ! (v.o.). 18.20 Cyberflash. aa Ne pas manquer. 6 Public adulte Canal Jimmy 19.30 Classique affaires-soir. aaa Chef-d’œuvre ou classiques ou interdit aux moins de 16 ans Karine Nakache 18.30 et 19.10 Nulle part ailleurs. 22.45 Spin City. 20.30 Le Journal du cinéma. 20.40 Les Soirées. Le Monde publie chaque semaine, dans son supplément daté dimanche-lundi, les pro- La compétition (v.o.). Canal Jimmy Ensemble Europa Galante. grammes complets de la radio et – accompagnés du code ShowView – ceux de la télévision ૽ Autres diffusions : mardi, 1.50 ; 21.05 Le Cri de la soie a Œuvres de Vivaldi, Farina, Haendel. ainsi qu’une sélection des programmes du câble et du satellite. 23.40 Bottom. Burglary (v.o.). Canal Jimmy Film d’Yvon Marciano. 22.35 Les Soirées... (suite). d Sous-titrage spécial pour les sourds et les malentendants. 0.10 New York Police Blues. jeudi, 10.35 ; vendredi, 14.55 ; sa- 22.45 ̈ Crash aa Collegium Musicum de Copenhague. Arnaque princière. Canal Jimmy medi, 16.45 ; dimanche, 12.45. Film de David Cronenberg. Ungdom og Galskab, de Dupuy. LeMonde Job: WMQ0511--0036-0 WAS LMQ0511-36 Op.: XX Rev.: 04-11-97 T.: 10:57 S.: 111,06-Cmp.:04,11, Base : LMQPAG 17Fap:99 No:0505 Lcp: 196 CMYK

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MERCREDI 5 NOVEMBRE 1997 Un lundi rose et noir Le ministère de l’intérieur précise les conditions par Pierre Georges de recrutement des « adjoints de sécurité » TOUT EST ROUTE, tout est groupe Flammarion, à Lagny flux. Prenons les éditions Galli- (Seine-et-Marne). mard. Lundi midi, le bonheur, Les routes étant ce qu’elles 8 250 jeunes seront engagés en 1998 et porteront des armes pendant leur service prix Femina et prix Médicis. sont, la crainte de M. Pujebet fut Lundi soir, l’angoisse. Comment que les quatre semi-remorques NOUVEAUX VENUS dans la riat du département de leur choix. de la police nationale, en particulier Les adjoints sont néanmoins faire pour distribuer d’urgence chargés de tant de lauriers péris- police nationale, appelés à servir Si leur candidature est jugée rece- par îlotage et patrouille » ; « faciliter « tenus, dans le cadre des obligations des milliers d’exemplaires, tout sables n’arrivent jamais au port, dans les commissariats à partir du vable à l’issue d’une enquête admi- le recours et l’accès au service public légales, de prêter assistance à tout chauds, à peine sortis des arraisonnés par quelque piquet 1er décembre, les « adjoints de nistrative, ils sont soumis à des de la police, en participant à représentant de la force publique qui presses, d’Amour noir et des Sept de grève peu au fait de l’actualité sécurité » ont vu leurs conditions de tests psychologiques. Puis à un l’accueil, à l’information et à l’orien- le requiert, d’intervenir de leur Noms du peintre ? littéraire. Et il résuma tout cela recrutement et d’emploi précisées entretien avec l’une des commis- tation du public » ; « soutenir les vic- propre initiative pour porter aide à Le directeur commercial de d’un mot amer : « Pour l’instant, par un décret et deux arrêtés, qui sions de sélection que les préfets times de la délinquance et des incivi- toute personne en danger, d’appré- cette estimable maison, nos prix sont virtuels. » sont publiés au Journal officiel du ont la charge d’instituer. En cas de lités, en les aidant dans leurs hender, si faire se peut, l’auteur Ambroise Pujebet, a confié ses Ce drame de la route imprévu, 4 novembre. succès, les adjoints recevront une démarches administratives » ; d’une infraction flagrante ». Et, «à angoisses à l’AFP. A peine tom- tant, paraît-il, en matière de prix D’une « taille minimale de 1,68 formation professionnelle initiale « contribuer aux actions d’intégra- l’occasion d’événements graves ou bée l’exquise nouvelle, il prit son littéraires, l’impulsion d’achat mètre pour les hommes et de 1,60 de deux mois. tion, notamment en direction des importants, ils peuvent être appelés à téléphone et appela, sans trêve ni suit immédiatement l’énoncé du mètre pour les femmes », âgés de « Recrutés afin de renforcer le ser- étrangers » ; « apporter une aide au servir en tout temps et en tout lieu ». répit, les imprimeries dont les palmarès, montre bien en quel plus de dix-huit ans et de moins de vice public de la sécurité, notamment public sur les axes de circulation, à la « Compte tenu des missions qu’il noms figurent rituellement sur flux tendu vit notre société des vingt-cinq ans au moment de leur dans le cadre partenarial des sortie des établissements d’enseigne- exerce », chaque adjoint « est doté l’avant-dernière page des auteurs. Point de semi, point de recrutement, dotés d’« une constitu- contrats locaux de sécurité, les ment, dans les îlots d’habitation et d’une arme qu’il ne peut porter que ouvrages. A celle d’Evreux (Eure), vente ! On imagine la détresse tion particulièrement robuste » et adjoints de sécurité assistent les fonc- dans les transports en commun ». pendant ses heures de service, s’il est il passa commande : « Vous me des lauréats, leur désarroi d’une bonne acuité visuelle, ainsi tionnaires de la police nationale sous revêtu de sa tenue d’uniforme ». roulez – c’est ainsi qu’on cause en d’otages couronnés, leur déses- que d’un casier judiciaire compa- les ordres et sous la responsabilité PAS DE MAINTIEN DE L’ORDRE Généralement astreints au port de termes de métier – vous me roulez poir de primés-piégés en ce lundi tible avec l’exercice de fonctions desquels ils sont placés », est-il indi- Le décret signé par le premier cet uniforme, les adjoints pourront 60 000 Amour noir. Et fissa ! » rose et noir. policières, ces jeunes gens doivent qué. ministre note que « les adjoints de enfin être autorisés par leur chef de Même motif, même précipitation Allons, les choses devraient être de nationalité française et en Leur emploi permettra de « faire sécurité ne peuvent participer à des service à porter une tenue civile, «à pour Les Sept Noms du peintre. A pouvoir s’arranger et les livres position régulière à l’égard du code face aux besoins non satisfaits en missions de police judiciaire ou de titre exceptionnel » et « lorsque la l’imprimerie de Saint-Amand- trouver le chemin des librairies. du service national. matière de prévention, d’assistance maintien de l’ordre ». L’arrêté para- mission le justifie », sans que ce type Montrond (Cher), il fut demandé Et peut-être le bon M. Pujebet, Aucune condition de diplôme ou et de soutien, particulièrement dans phé le même jour précise le pro- de mission confié à ces apprentis 40 000 exemplaires de prix Médi- en alertant la garnison, n’avait-il de formation n’est cependant exi- les lieux où les conditions de la vie pos : « Ils sont chargés de missions de policiers soit précisé par l’arrêté. cis, vite faits sur l’encre. d’autre souci que d’inciter les gée pour recruter ces agents urbaine nécessitent des actions spéci- prévention, d’assistance et de sou- D’ici à la fin de 1998, 8 250 A moins que le choix n’ait été populations à se précipiter dans contractuels de droit public. fiques de proximité ». tien » ; « Ils ne peuvent participer à adjoints de sécurité seront recrutés inverse, l’Amour dans le Cher et les échoppes aussi sûrement que Les candidats répondant aux pré- Une grande diversité de tâches des missions d’arrestation program- par le ministère de l’intérieur. le Peintre dans l’Eure, c’est ainsi dans les stations-service : vite, cédentes conditions peuvent dépo- leur seront confiées : « participer mée ni à des opérations de maintien que les choses se passèrent. Et, vite, il n’y en aura pas pour tout ser leur dossier dans un commissa- aux missions de surveillance générale de l’ordre ». Erich Inciyan sans problème majeur, les rota- le monde ! tives du temps étant parfaite- Autre conséquence culturelle ment capables de débiter du de la grève des routiers : l’annu- Femina ou du Médicis à 2 000 lation d’une série de concerts par exemplaires/heure. Oasis. Après Lille, le groupe bri- Mais rien ne sert de rouler, tannique devait se produire à encore faut-il distribuer à temps ! Paris, mardi, puis à Angers et à Et c’est là que le pauvre Mon- Bordeaux. Hélas ! comme toute sieur Ambroise commença à se formation de quelque notoriété, faire du souci. Sait-on bien que Oasis ne se déplace qu’en cara- cela représente son poids de vane. En caravane de camions, culture, deux beaux prix litté- précisément, avec tout ce qu’il raires tout neufs et 100 000 exem- faut de chapiteau, d’amplis, de plaires de première urgence ? Un matériel, d’instruments pour vrai poids, un admirable fret. De tenir son rang. Les camions quoi charger quatre semi- d’Oasis sont bloqués à Lille. Ah remorques à destination de la ça ! Si même la route d’Oasis est plate-forme de distribution du coupée, où allons-nous ! Les pays en développement critiquent les marchés boursiers KUALA LUMPUR. Les effets pervers de la globalisation de l’économie et de la spéculation boursière sur les pays sous-déve- loppés ont été dénoncés lors du septième sommet économique des pays du G 15, qui s’est ouvert lundi 3 novembre à Kuala Lumpur, capitale de la Malaisie. Dans un communiqué commun, le G 15 demande au Fonds monétaire international et à la Banque mondiale d’« adopter des réglementations appropriées pour rendre le marché des changes plus ouvert et plus transparent » . Le premier ministre malai- sien a critiqué le « nouvel impérialisme » des marchés financiers. Le président d’Indonésie a pour sa part souligné que les fluctuations récentes sur les marchés des changes et les places boursières « ont réduit à néant, du jour au lendemain, les réalisations économiques et sociales des pays en développement ». Le G 15 (la Malaisie, l’Egypte, l’Inde, l’Indonésie, l’Algérie, l’Argen- tine, le Brésil, le Chili, la Jamaïque, le Mexique, le Nigeria, le Pérou, le Sénégal, le Venezuela, le Zimbabwe et le Kenya), issu des non- alignés, a pour ambition, depuis 1989, de faire contrepoids au G 7 pour mieux défendre les intérêts des pays en développement. – (AFP.)

DÉPÊCHES a TÉLÉVISION : Canal Plus va être indemnisée par les anciens actionnaires de NetHold, la société de télévision à péage avec laquelle elle a fusionné en mars, car un audit a montré que le nombre d’abonnés à la chaîne italienne Telepiù avait été surestimé d’environ 15 %. a PRESSE : l’hebdomadaire L’Express sera doté d’un conseil de surveillance, présidé par le journaliste et écrivain Jacques Duquesne, et d’un directoire, présidé par l’actuel directeur de la rédaction, Denis Jeambar. Le groupe Havas, qui avait renoncé à vendre le magazine, jeudi 30 octobre, a précisé, lundi 3 novembre, que le président de la Société des journalistes de l’hebdomadaire, Vincent Hugeux, figurerait parmi les membres du conseil de surveil- lance. a ESPACE : après une sortie dans l’espace de plus de six heures, les cosmonautes russes Anatoli Soloviev et Pavel Vinogradov ont regagné la station Mir lundi 4 novembre à 10 h 30 (heure française). Les deux cosmonautes ont mis en orbite une réplique miniature de Spoutnik-1 (Le Monde du 8 octobre). Lors d’une prochaine sortie, prévue pour le 6 novembre, les deux cosmonautes devront remplacer un panneau solaire défectueux. – (AFP.)

BOURSE TOUTE LA BOURSE EN DIRECT 36 15 LEMONDE Cours releve´s le mardi 4 novembre,` a 10 h 15 (Paris) FERMETURE OUVERTURE DES PLACES ASIATIQUES DES PLACES EUROPE´ENNES Tokyo Nikkei 16500,10 + 0,25 – 14,78 Cours au Var. en % Var. en % Honk Kong index 10780,78 – 4,21 – 19,85 04/11 03/11 fin 96 Tokyo. Nikkei sur 3 mois Paris CAC 40 2781,12 – 0,25 + 20,10 + + 16500,10 Amsterdam CBS 885,90 0,35 36,66 19604,46 Bruxelles 15119 + 0,20 + 43,02 18781,52 Francfort Dax 30 ...... – + 17958,58 Irlande ISEQ 3699,94 0,02 35,75 Londres FT 100 4891,60 – 0,30 + 18,77 17135,63 Madrid Ibex 35 ...... 16312,69 Milan MIB 30 22304 + 0,22 + 42,09 f7 aouˆt 19 sep. 4 nov.g Zurich SMI 5580,50 – 0,02 + 41,56

Tirage du Monde daté mardi 4 novembre : 513 974 exemplaires 13