Kosovo Est Bien Membres De L’OTAN Étaient Réunis Maire

LeMonde Job: WMQ1304--0001-0 WAS LMQ1304-1 Op.: XX Rev.: 12-04-99 T.: 11:15 S.: 111,06-Cmp.:12,11, Base : LMQPAG 48Fap:100 No:0383 Lcp: 700 CMYK

LE MONDE ÉCONOMIE

a Les ratés

des 35 heures ACTIVE:LMQPAG busy a Emploi : 16 pages d’annonces classées

55e ANNÉE – No 16862 – 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE MARDI 13 AVRIL 1999 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI

La guerre continue, la diplomatie s’avance A Paris, b Les alliés renforcent leur dispositif militaire et ouvrent une semaine de contacts diplomatiques Jean Tiberi b Ils cherchent à introduire la Russie dans une négociation b Washington s’oppose menace le RPR à une intervention au sol b Notre document : six jours à Pristina, avec Ibrahim Rugova AU DIX-NEUVIÈME jour des d’ouvrir bombardements de l’OTAN sur la Yougoslavie, lundi 12 avril, les al-

REUTERS liés ouvrent une deuxième front : les hostilités celui de la diplomatie, avec le sou- FACE AUX MANŒUVRES de ci d’associer la Russie. Ils enten- ses rivaux potentiels – Edouard L’otage daient le faire en partant d’une Balladur, Françoise de Panafieu –, position de force : 82 nouveaux dont il soupçonne qu’ils sont en- appareils doivent venir se joindre couragés par la direction du RPR, de Milosevic aux quelque 500 avions déjà enga- le maire de Paris, Jean Tiberi, RENATE FLOTTAU, correspon- gés dans les frappes. Ils souhaitent pourrait annoncer rapidement sa dante à Belgrade de l’hebdoma- aborder cette semaine de contacts candidature à sa propre succes- daire allemand Der Spiegel, a passé diplomatiques en affichant leur sion en 2001. « Il faut casser le ca- six jours dans la maison d’Ibrahim unité. Pour la première fois depuis lendrier par des actions inopinées », Rugova, investie par la police le début de l’opération « Force al- a déclaré au Monde Bernard Bled, serbe, à Pristina. Elle apporte ainsi liée », le 24 mars, les ministres des secrétaire général de la Ville et la preuve que le chef modéré des affaires étrangères des dix-neuf l’un des principaux lieutenants du Albanais du Kosovo est bien membres de l’OTAN étaient réunis maire. M. Bled se dit persuadé que l’otage de Slobodan Milosevic. lundi à Bruxelles pour présenter « le jeu trop bien huilé du RPR, s’il Bouleversé, le chef kosovar dit, de un front uni face à Belgrade. Mar- va à son terme, exclut Jean Tiberi ». retour de Belgrade où il est apparu di, la secrétaire d’Etat américain, M. Tiberi, lui, a accusé ses rivaux, à la télévision au côté du président Madeleine Albright, doit ren- sans les nommer, de « recréer [un] yougoslave : « Quelle carte puis-je contrer à Oslo son homologue climat inacceptable » et les a pré- encore jouer contre Belgrade ? Mi- russe, Igor Ivanov. Enfin, jeudi, les venus qu’en continuant à agir ain- losevic joue avec moi au chat et à la Quinze de l’Union se réuniront au b La Russie rentre dans le jeu diplomatique p. 2 et 18 b La mobilisation humanitaire en France p. 6 si, ils « prendraient une responsabi- souris. Il veut me faire passer pour sommet, cependant qu’une ses- b Bilan militaire et humanitaire depuis le 24 mars p. 3 b R.-V. Pilhes répond à B.-H. Lévy p. 16 lité grave sur le plan de la vie un traître. » sion du G 8 (les sept pays les plus b Washington contre des troupes au sol p. 3 b Entretien : un tournant « antisouverainiste » p. 18 politique ». industrialisés et la Russie) sur le b Reportage chez les Serbes de Bosnie p. 4 b Editorial : « Où est la presse unique ? » p. 19 Lire pages 14 et 15 Kosovo est en préparation. b Comment Vragoli (Kosovo) a été « purifié » p. 5 b Chroniques: Alain Rollat ; Pierre Georges p. 34 et 38 Lire page 10

a Russie : la justice A Paris, église Saint-Sava : « Les Serbes n’ont jamais perdu une seule guerre ! » Tempêtes suisse déterminée PAR PRÉCAUTION, la police a fermé les frandes. Certains ont apporté des fleurs. Les decin de trente et un ans, s’insurge : « Qui Carla Del Ponte, le procureur général extrémités de la rue du Simplon (18e arron- fidèles vont ensuite brûler leurs cierges dans s’est soucié des centaines de milliers de réfugiés sur l’île Seguin dissement), où les Serbes de Paris se ras- une pièce attenante. Sur le mur, devant les de Croatie et de Bosnie qui ont été accueillis en suisse, qui enquête sur la corruption en semblent, dimanche 11 avril, pour fêter la bougies, une photo d’un monastère du Koso- Serbie ? Pourquoi l’OTAN n’a-t-elle pas appuyé CINQUANTE des soixante- Russie, assure au Monde qu’« aucune Pâque orthodoxe. La longue liturgie ne vo. A la sortie, les familles reçoivent le tradi- les étudiants serbes quand ils faisaient grève a dix hectares appartenant à affaire ne [la] dépasse ». p. 7 commence qu’à 10 heures, mais, dès 8 h 30, tionnel cadeau de Pâques : des œufs durs contre Milosevic ? » Ici, le président serbe Renault doivent être réaménagés à des petits groupes se forment aux abords de peints en rouge. Dans l’église, prêtres et n’est pas aimé, mais tous font bloc autour de Boulogne et Meudon, deux l’église Saint-Sava. La tension est perceptible, diacres vont et viennent, entrent et sortent lui : « Nous sommes attaqués, et c’est notre pré- communes de l’ouest parisien. a Charles Pasqua et les quelques journalistes présents sont par les portes de l’iconostase, cette cloison sident. Mais il faudra le juger après la guerre. » Que faut-il faire de ces lieux de priés d’être discrets. « Vous vous rendez couverte d’icônes qui sépare le chœur de la Dehors, des petites filles en costume tradi- mémoire et de combats ouvriers ? sans alliés à gauche compte qu’ils sont entrés dans l’église avec une nef. L’assistance est debout, plutôt distraite. tionnel – corsage blanc et gilet brodé – De réflexions avortées en déci- caméra et des micros ! Ils feraient mieux d’aller De temps à autre, les fidèles se signent, tan- posent pour la photo. Tout comme les habi- sions brouillonnes, les dirigeants M. Pasqua assure que c’est M. Chevè- voir ce qui se passe à Belgrade... », commente dis que résonnent les psalmodies en slavon, tants de Belgrade, les familles arborent sur la de Renault, l’Etat, les maires de six nement qui a interdit aux « souverai- un membre du service d’ordre. Pour tout le les chants de la chorale et le bruit de l’encen- poitrine une cible en papier. On se plaint de la communes du Val-de-Seine, la di- monde, ici, l’OTAN est l’adversaire, et la soir à grelots. Des femmes prient devant les « désinformation » et du « racisme anti- rection départementale de l’équi- nistes » de gauche de s’allier avec lui France une seconde patrie qui a déçu, en ac- icônes où brûlent des lampes. serbe ». Une dame à cheveux blancs, qui n’est pement ont fini par laisser place à pour les européennes. p. 11 ceptant de « suivre les Américains qui veulent A quelques mètres de là, au sous-sol, une pas d’origine serbe, est venue par sympathie : une polémique grandissante. Le mettre un pied dans les Balkans ». permanence est installée pour récolter une « A l’école, les enfants qui ont des noms slaves 6 mars, l’architecte Jean Nouvel, Très vite, une queue se forme devant Saint- « aide humanitaire » en faveur des Serbes. On sont ridiculisés par leurs camarades... » Un publiait dans Le Monde un article, a Moins de voitures Sava. Elle atteindra bientôt une centaine de fait signer une pétition pour la paix et on dis- jeune homme muni d’un brassard aux cou- « Boulogne assassine Billan- mètres. Respectant la tradition, les ortho- tribue des tracts, dont un « appel des femmes leurs yougoslaves plastronne : « Cette guerre, court ». Le 11, son confrère Bruno en Ile-de-France doxes serbes, pratiquants ou non, défilent serbes aux mères françaises ». Vivres et médi- nous allons la gagner. Depuis la défaite du Ko- Fortier lui répondait. Le point sur dans l’église. Ils achètent à l’entrée quelques caments s’entassent dans des cartons. La sovo, les Serbes n’ont jamais perdu une seule cette opération dont l’île Seguin Le préfet de région présente, lundi cierges artisanaux, puis traversent la petite communauté serbe espère faire partir un ca- guerre ! » reste l’emblème. 12 avril, les orientations du futur plan nef, embrassent l’icône de la résurrection pla- mion pour Belgrade dans quelques jours. Des de déplacements urbains, qui privilégie cée devant le chœur et déposent des of- jeunes trient les médicaments. Serge, un mé- Xavier Ternisien Lire pages 30 et 31 les transports en commun. p. 13 POINT DE VUE a « Rom » en France Le vainqueur La loi Chevènement fait de la plupart des Tsiganes roumains exilés en France Guerre juste et paix juste d’Augusta des immigrés en situation irrégulière. Reportage à Saint-Ouen. p. 12 par Walter Veltroni A crise balkanique a ra- responsable ». Si ce sont là les vivé la discussion sur la règles (et il est difficile de ne pas a Un militaire L « guerre juste » : quand, être d’accord avec Cassese), l’in- et dans quelles condi- tervention armée de l’Alliance au pouvoir au Niger tions, l’usage de la force dans les atlantique en Yougoslavie ne peut rapports internationaux peut-il être considérée que comme légi- Le commandant Wanké, soupçonné être légitimé ? Antonio Cassese, time. d’être l’instigateur de l’assassinat du juge au Tribunal international de De mon point de vue cepen- président Baré Maïnassara vendredi, a La Haye pour les crimes de guerre, dant, sur le plan politique, il im- été nommé à la tête du Niger, di- a parlé ces jours derniers de porterait bien davantage, plutôt JOSÉ MARIA OLAZABAL manche 11 avril, par l’armée. p. 8 l’émergence d’une nouvelle doc- que de discuter de la « guerre trine qui doit conduire à une révi- juste », de réfléchir sur la « paix GRÂCE à sa régularité, l’Espa- sion de la Charte des Nations juste ». Car c’est la paix, et non la gnol José Maria Olazabal a rem- unies. guerre, qui est l’objectif vers le- porté pour la deuxième fois de sa a La concurrence Selon Cassese, l’usage de la quel doit tendre, toujours, toute carrière, dimanche 11 avril, le Mas- force est légitime « seulement action politique. Or, la paix, pour ters de golf d’Augusta, aux Etats- dans le téléphone lorsque cinq conditions bien pré- être véritable, doit être «juste»: Unis. Autres vainqueurs d’un riche Les opérateurs de télécommunications cises sont réunies : 1) si l’Etat contre elle doit être fondée sur le respect week-end sportif : le cycliste ita- lequel la force est employée a violé des droits de l’homme fondamen- lien Andrea Tafi dans Paris-Rou- multiplient les offres à destination des de façon très grave, massive et ré- taux. Autrement, elle n’est pas la baix et le Finlandais Mika Hakki- particuliers. p. 20 pétée les droits de l’homme fonda- véritable paix et peut même deve- nen dans le Grand Prix du Brésil mentaux ; 2) si le Conseil de sécurité nir complaisance et abdication, de formule 1. Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 9 F ; Autriche, a sommé plusieurs fois sans résultat hypocrites et viles, devant l’injus- 25 ATS ; Belgique, 45 FB ; Canada, 2,25 $ CAN ; Côte-d’Ivoire, 850 F CFA ; Danemark, 15 KRD ; cet Etat de mettre fin aux mas- tice, l’abus de pouvoir, l’oppres- Lire pages 26 à 28 Espagne, 225 PTA ; Grande-Bretagne, 1 £ ; Grèce, sacres ; 3) si toutes les tentatives sion. 500 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 2900 L ; Luxembourg, 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; Pays-Bas, d’une solution diplomatique paci- International ...... 2 Météorologie-Jeux .... 29 3 FL ; Portugal CON., 250 PTE ; Réunion, 9 F ; fique sont demeurées vaines ; 4) si Sénégal, 850 F CFA ; Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,10 FS ; Lire la suite page 16 France-Société...... 10 Culture...... 30 Tunisie, 1,2 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. l’emploi de la force est le fait d’un Régions ...... 13 Guide culturel ...... 32 ensemble d’Etats et non d’une seule Horizons ...... 14 Carnet...... 33 puissance, et si la majorité des Etats Walter Veltroni, ancien mi- Entreprises ...... 20 Kiosque ...... 34 de l’ONU n’est pas opposée à un tel nistre italien des biens culturels, est Communication ...... 22 Abonnements...... 34 usage ; 5) si le recours à la guerre président du Parti démocratique de Tableau de bord...... 23 Radio-Télévision...... 35 reste la seule solution face à la la gauche (PDS, ex-Parti commu- Aujourd’hui ...... 26 Immobilier/annonces 36 poursuite des massacres par l’Etat niste). LeMonde Job: WMQ1304--0002-0 WAS LMQ1304-2 Op.: XX Rev.: 12-04-99 T.: 11:15 S.: 111,06-Cmp.:12,11, Base : LMQPAG 48Fap:100 No:0384 Lcp: 700 CMYK

2 INTERNATIONAL LE MONDE / MARDI 13 AVRIL 1999

KOSOVO Les ministres des af- ment de l’opération « Force alliée » le européens des affaires étrangères « Abri allié » (Allied Harbour), qui pré- cursion ofﬁcielle de l’Alliance dans le faires étrangères des dix-neuf pays 24 mars. Mardi, la secrétaire d’Etat doivent se réunir. b LES BOMBARDE- voit le déploiement de quelque 8 000 domaine civil. b D’APRÈS LE HCR, membres de l’OTAN devaient se réu- américaine Madeleine Albright de- MENTS de l’OTAN continuent avec soldats en Albanie, a été approuvée 630 000 Albanais du Kosovo ont quit- nir lundi 12 avril à Bruxelles pour la vrait rencontrer son homologue russe des moyens qui vont être encore ren- dimanche par le Conseil permanent té la province depuis mars 1998. (Lire première fois depuis le déclenche- Igor Ivanov. Mercredi, les ministres forcés. b L’OPÉRATION humanitaire de l’OTAN. Il s’agit de la première in- notre éditorial page 19.) Les frappes continuent, les Alliés cherchent une solution diplomatique Réunis lundi 12 avril, les ministres des affaires étrangères de l’OTAN veulent réafﬁrmer leur unité et leur stratégie militaire. En dépit des critiques, ils jugent que la guerre aérienne reste la seule possible. Après dix-neuf jours de frappes, l’Alliance va engager des avions supplémentaires

UNE SEMAINE diplomatique Russie) est par ailleurs en cours de 630 000 Albanais du Kosovo ont deux civils Albanais et fait plu- gova, à Pristina. On lira en pages 14 ment renforcer leur contribution chargée s’est ouverte lundi 12 avril préparation par l’Allemagne. quitté la province depuis mars sieurs blessés dans quatre villages et 15 une traduction de l’article que aux forces aériennes participant autour de la crise du Kosovo, pa- b L’opération humanitaire 1998. Quant au nombre de Koso- albanais. Tirana s’est déclaré dis- Mme Flottau, correspondante dans aux frappes, actuellement fortes de rallèlement au maintien de la pres- « Abri allié » (Allied Harbour) a été vars déplacés de leurs foyers mais posée à autoriser l’Alliance à les Balkans de Der Spiegel, a écrit 600 appareils. Londres a déjà an- sion militaire de l’OTAN sur les approuvée dimanche par le restés dans la province, il varie du contrôler l’ensemble de son espace pour l’hebdomadaire allemand. noncé qu’il envoyait le porte- forces serbes. L’Alliance renforce Conseil permanent de l’OTAN. simple au double selon les aérien, tous les ports et les infras- b Les Etats-Unis ont annoncé avions Invincible en mer Adria- son dispositif militaire aérien et af- Cette opération dans le domaine sources : 200 000 selon le HCR et tructures militaires. Elle réclame au cours du week-end qu’à la de- tique. D’après le New York Times, firme que les raids commencent à civil, la première du genre depuis 400 000 d’après l’Armée de libéra- enfin un plan Marshall pour les mande du commandant suprême l’OTAN prévoit plusieurs semaines briser l’unité du commandement la création de l’Alliance atlantique tion du Kosovo (UCK). Balkans après la fin de la crise. des forces alliées en Europe, le gé- de campagne aérienne. yougoslave. en 1949 limitée au domaine mili- b La Hongrie bloque, depuis b Ibrahim Rugova, le chef mo- néral Wesley Clark, ils allaient dé- b Le secrétaire américain à la b Les ministres des affaires taire, prévoit le déploiement de samedi, à sa frontière avec déré des Albanais du Kosovo, fait ployer 82 avions supplémentaires défense, William Cohen, a affirmé étrangères des dix-neuf pays quelque 8 000 soldats en Albanie, l’Ukraine un convoi de 73 camions l’objet de pressions et de menaces en Europe pour participer aux que les plans de l’OTAN pourraient membres de l’OTAN devaient réaf- pour « assurer la sécurité de l’arri- acheminant de l’aide humanitaire de la part des autorités yougo- bombardements en Yougoslavie. être modifiés « très rapidement », si firmer leur unité face au président vée de l’aide humanitaire, de son russe et biélorusse vers la Yougo- slaves, affirme la journaliste alle- D’après le porte-parole du Penta- le recours à des forces terrestres au yougoslave, Slobodan Milosevic, transport et de sa distribution aux slavie. Budapest a fait valoir que mande, Renate Flottau, qui a passé gone, Kenneth Bacon, d’autres Kosovo s’avérait nécessaire. Pour lundi 12 avril à Bruxelles lors de réfugiés ». L’OTAN agira « en sou- l’énorme quantité de gas-oil six jours dans la maison de M. Ru- pays de l’Alliance devraient égale- le moment toutefois, l’OTAN leur première réunion depuis le dé- tien » des autorités locales et du (56 tonnes) qu’ils transportaient et continue d’exclure une telle inter- clenchement de l’opération Haut-Commissariat des Nations cinq camions militaires chargés de vention. D’après le porte-parole de « Force alliée » le 24 mars. Dans la unies pour les réfugiés (HCR), qui taxis blindés ne pouvaient passer Le propriétaire d’un journal indépendant l’Alliance, Jamie Shea, l’unité et le soirée, la secrétaire d’Etat améri- continue d’avoir le rôle pilote dans pour une livraison humanitaire. moral des forces armées yougo- caine, Madeleine Albright, devait l’aide aux réfugiés. Pour Moscou, cette initiative est assassiné à Belgrade slaves commencent à connaître présider un dîner, auquel devaient b Le flot des réfugiés qui conti- due à la récente adhésion de la des craquements. participer ses homologues des nuent d’arriver du Kosovo s’est Hongrie à l’OTAN. Slavko Curuvija, propriétaire de Dnevni Telegraf, un quotidien in- b Malgré le mauvais temps qui pays voisins de la Yougoslavie af- quelque peu tari. Quelque b Le président du Monténé- dépendant interdit par les autorités serbes, a été assassiné, di- a régné sur la Yougoslavie au fectés par le conflit : l’Albanie, la 4 200 personnes sont arrivées dans gro, Milo Djukanovic, a prévenu manche 11 avril, à Belgrade, a annoncé la police dans un communi- cours du week-end, l’OTAN a Bosnie, la Bulgarie, la Croatie, la la nuit de samedi à dimanche par le Belgrade, dans un entretien publié qué diffusé par l’agence yougoslave Tanjug. Le journaliste a été tué continué sa campagne de bombar- Macédoine, la Hongrie, la Rouma- poste-frontière de Morina, dans le lundi par le quotidien britannique par balles, à l’entrée de l’immeuble où il habitait, selon le communi- dements aériens. Dans la nuit de nie et la Slovénie. Elle doit ren- nord de l’Albanie, où le nombre de The Daily Telegraph, que toute ten- qué qui ne donne pas d’autre indication. Une source sûre avait indi- dimanche à lundi, plusieurs cibles contrer mardi à Oslo son homo- réfugiés s’élève désormais à près tative de renversement de son qué auparavant à l’AFP que deux inconnus avaient tiré sur Slavko ont été visées dans la région de logue russe, Igor Ivanov. Un de 400 000. D’après le HCR, la gouvernement plongerait la petite Curuvija et que sa femme, qui l’accompagnait, avait été assommée Belgrade – épargnée samedi et di- sommet des chefs d’Etat et de gou- frontière entre la Yougoslavie et la république du sud de la Yougo- d’un coup de crosse de pistolet par l’un des assaillants. manche peut-être à cause de la vernement des quinze pays Macédoine était « complètement slavie dans une guerre civile. L’Al- Dnevni Telegraf a été interdit de publication à l’automne 1998, en Pâque orthodoxe –, notamment la membres de l’Union européenne fermée dimanche du côté yougo- banie, de son côté, a demandé à vertu d’une nouvelle loi très restrictive sur l’information pour des raffinerie de Pancevo et l’aéroport est prévu jeudi. Une réunion des slave ». En conséquence, aucun Al- l’OTAN d’intervenir « pour neutra- écrits jugés subversifs. Le journal, connu pour son esprit critique à militaire de Batajnica, au nord- ministres des affaires étrangères banais n’est entré en Macédoine, liser » les unités d’artillerie serbes l’égard du pouvoir du président Slobodan Milosevic, ainsi que son ouest de Belgrade. La région de des pays membres du G 8 (les sept pays qui accueille quelque opérant à proximité de sa fron- propriétaire s’étaient vu infliger plusieurs fortes amendes. Interdit Pristina a également été la cible de pays les plus industrialisés et la 120 000 Kosovars. D’après le HCR, tière, après des tirs qui ont tué en Serbie, le journal avait continué de paraître au Monténégro. tirs. Réintégrer la Russie dans le jeu diplomatique L’OTAN obtient des moyens BRUXELLES layées par quelques responsables les ministres réunis à Bruxelles en général Wesley Clark, ayant obtenu de notre correspondant politiques notamment au sein du profiteront pour « resserrer les bou- l’envoi de 82 avions supplémen- supplémentaires pour des raids Pour la première fois depuis le Congrès américain, embarrassent lons » dans ce domaine, selon l’ex- taires de l’US Air Force expliquera déclenchement de la campagne de quelque peu les gouvernements, pression d’un diplomate. que ces renforts permettront frappes aériennes en Yougoslavie, qui se sont attachés, au cours du « d’optimiser » les frappes aé- aériens en profondeur les ministres des affaires étrangères week-end, à persuader leurs man- « FISSURES » riennes. des dix-neuf pays membres de l’Al- dants que le choix de la guerre aé- Un double message devrait donc Le second message visera à per- SUR LA DEMANDE du général profondeur du territoire qui, en ef- liance devaient se réunir lundi rienne était la seule stratégie adé- être envoyé de Bruxelles par le suader l’opinion que l’OTAN Wesley Clark, commandant su- fet, exigent d’aligner beaucoup de 12 avril au siège de l’OTAN, à quate. Conseil atlantique. Tout d’abord, il cherche une « sortie de crise » et prême des forces alliées en Europe, matériels très diversifiés et qui mobi- Bruxelles. Cette réunion ouvre une La réunion de Bruxelles devrait convient de persévérer, sans excès que la diplomatie va reprendre plusieurs pays membres de l’OTAN lisent un grand nombre d’équipages. phase plus intense sur le plan di- donc être l’occasion de rendre d’impatience, dans la voie militaire l’initiative. Des éléments des divers ont accepté de procurer des moyens Ces frappes, entre autres, parce plomatique, préparée pendant le « plus visible » cette stratégie quel- choisie. Javier Solana, le sécrétaire « remue-méninges » pratiqués aus- aériens supplémentaires au bénéfice qu’elles se font sur de longues dis- week-end par de multiples que peu brouillée par la politique général de l’OTAN, a affirmé que si bien à Bruxelles au sein du de l’opération « Force alliée ». C’est tances au-dessus de la Yougoslavie, contacts téléphoniques entre les de communication pratiquée au « des fissures commencent à appa- Conseil atlantique, qu’à Dresde à la surtout le cas des Etats-Unis, qui ont requièrent des avions de soutien, dirigeants occidentaux (Jacques siège de l’Alliance. Celle-ci a d’ail- raître au sein du haut-commande- réunion du G 8 avec les Russes ou annoncé leur intention de déployer comme des ravitailleurs en vol – les Chirac par exemple s’est entretenu leurs été sévèrement étrillée ce ment de l’armée yougoslave », en se encore dans les multiples contacts quatre-vingt-deux avions de plus, Etats-Unis vont en rajouter trente- depuis vendredi avec Kofi Annan, week-end par Rudolf Scharping, le référant à des rapports de services téléphoniques bilatéraux entre les parmi lesquels vingt-quatre F-16 ar- neuf –, qui tournent au-dessus de Gerhard Schröder, Massimo D’Ale- ministre allemand de la défense, et de renseignements. De son côté, le principaux chefs d’Etat de l’Al- més de missiles antiradars, quatre l’Adriatique et qui délivrent du car- ma, puis avec Tony Blair et de nou- liance, sont évoqués publiquement. avions d’attaque au sol A-10 Thun- burant à l’aller et au retour de veau avec Massimo D’Alema, qui Ainsi un « plan allemand » suggè- derbolt, six appareils Prowler de chaque sortie. lui-même avait parlé aux dirigeants Tony Blair : aller au-delà de Rambouillet rerait de mettre sous tutelle de guerre électronique, le reste étant russes, et enfin avec Bill Clinton di- l’OSCE un éventuelle force interna- des avions de ravitaillement en vol et « KILL BOX » manche). Le début de la semaine Les Albanais du Kosovo ne voudront plus jamais laisser Slobodan tionale de rétablissement de la paix des appareils de transport. Mais la préparation et l’exécution sera marqué aussi par la rencontre Milosevic diriger la province et il faut désormais dépasser l’accord au Kosovo. Madeleine Albright a La Grande-Bretagne, de son côté, de ces frappes nécessitent que prévue mardi à Oslo entre la secré- de Rambouillet, estime le premier ministre britannique dans le ma- pour sa part évoqué une « évolu- a décidé d’acheminer en mer Adria- l’OTAN dispose, pour chaque mis- taire d’Etat américaine Madeleine gazine Newsweek. Dans cet effort, « la Russie a un rôle unique et de tion » de l’accord de Rambouillet, tique son porte-aéronefs Invincible, sion, d’une panoplie variée de Albright et son homologue russe, premier plan à jouer », ajoute M. Blair. « Après toutes leurs souffrances qui pourrait inclure notamment sur lequel sont embarqués sept moyens aériens. C’est le cas des mis- Igor Ivanov, La réunion ministé- endurées, il est clair que les Kosovars albanais ne feront plus jamais une forme de « protection » des avions Harrier à décollage et atterris- sions CAS (close air support) ou Kill rielle de l’OTAN devait être l’occa- confiance à Milosevic pour qu’il dirige à nouveau le Kosovo ; toute solu- édifices religieux orthodoxes sage verticaux et une dizaine d’héli- Box entreprises depuis la semaine sion d’une manifestation collective tion politique devra reconnaître ce fait », déclare M. Blair. Il pense que serbes dans le cadre d’un règle- coptères lourds Sea King. La France, dernière sur le territoire kosovar. d’unité et de détermination des la communauté internationale « doit maintenant commencer à prépa- ment politique de la crise. L’accord enfin, a rajouté à sa soixantaine Pour atteindre des forces blindées, membres de l’Alliance pour at- rer le plus long terme, à partir de l’accord de Rambouillet accepté par devrait être unanime entre Occi- d’avions en Italie et sur le porte- en mouvement ou à l’arrêt, qui se ca- teindre l’objectif qu’ils se sont fixé : l’Armée de libération du Kosovo (UCK), mais rejeté par Milosevic ». Il dentaux pour tenter de trouver le avions Foch quatre avions Mirage mouflent de surcroît, il faut, par l’acceptation par Slobodan Milose- estime qu’il « n’y a pas d’alternative » aux frappes aériennes et qu’il chemin d’une réintégration de la 2000-D d’attaque tout temps au sol. exemple, que des OA-10 (avions dé- vic des cinq conditions exigées faut « continuer jusqu’au succès ». Un envoi massif de troupes au sol Russie dans le jeu diplomatique. Ces renforts – sans compter les rivés de l’A-10 d’attaque, mais desti- pour l’arrêt des frappes. Il est de- « prendrait du temps » et risquerait de faire de nombreuses vic- vingt-quatre hélicopères d’attaque nés à authentifier la cible) soient ap- mandé aux dirigeants serbes d’ar- times ; « ce n’est pas notre plan », dit-il. Luc Rosenzweig Apache que les Américains dé- pelés au préalable à identifier et à rêter les combats au Kosovo, de re- placent d’Allemagne, mais qui ne se- désigner l’objectif, puis que des tirer leurs forces de la province, ront pas en service avant plusieurs avions d’attaque ou d’appui-feu (ar- d’accepter la présence d’une force jours – devraient porter à quelque six més de canons, de missiles guidés internationale de paix, de per- Canberra demande la libération de deux « humanitaires » cent quatre-vingts le nombre avec précision et de roquettes) mettre le retour des réfugiés et la d’avions de l’OTAN consacrés aux cherchent à « matraquer » leurs ob- mise en œuvre d’un accord poli- AUCKLAND humanitaire que par le gouvernement. raids contre la Serbie et le Kosovo. jectifs et, enfin, que, au-dessus d’eux, tique visant à l’établissement d’un de notre correspondante Le porte-parole de Care Australia affirme que Steve Cette armada comprend plusieurs des avions de défense aérienne as- Kosovo multiethnique et pacifique. dans le Pacifique Sud Pratt « n’est pas un espion ». Il travaille pour l’ONG catégories d’appareils, des avions de surent la couverture du raid au cas Cette affirmation d’unité sur les Le ministre australien des affaires étrangères, depuis six ans et était en poste en Yougoslavie depuis combat proprement dits et des où. En dépit des frappes sur leurs ra- objectifs est à elle seule une vic- Alexander Downer, a convoqué, lundi 12 avril, l’am- six ans. Avant de rejoindre Care, il s’est occupé des avions de soutien. Le plus gros de dars de défense aérienne, qui étaient toire sur l’autre camp, de l’avis de bassadeur yougoslave à Canberra, Dragan Dragoljilo- fonctions d’intendance au sein de l’armée austra- cette flotte aérienne, environ quatre chargés de coordonner la riposte, les diplomates au siège de l’OTAN, qui vic, pour demander officiellement la libération des lienne où il a atteint le rang de commandant. Dans cent quatre-vingts appareils, est Serbes continuent d’expédier locale- voient là l’échec de la stratégie du deux Australiens, employés de l’association humani- son intervention télévisée, il est d’ailleurs présenté fourni par les Etats-Unis. ment des missiles sol-air au jugé, en dirigeant serbe visant à diviser la taire internationale Care, Steve Pratt, 49 ans, et Peter comme « Major Pratt ». Care se dit une association espérant que l’autodirecteur du mis- coalition réunie contre lui. Wallace, 30 ans, détenus par les Serbes depuis leur purement humanitaire, d’aucune politique ni d’au- RÉVISIONS TECHNIQUES sile repérera lui-même sa proie. disparition au cours d’un voyage à proximité de la cune religion. A l’origine de la requête du général Outre les avions de ravitaillement, « RESSERRER LES BOULONS » frontière avec la Croatie le 31 mars. « J’ai affirmé à l’ambassadeur yougoslave que les ac- Clark, la volonté de l’OTAN de tenir ces missions CAS bénéficient aussi Les ministres présents à Dimanche 11 avril, Steve Pratt est apparu à la télé- cusations contre M. Pratt sont tout simplement gro- compte de trois considérations : l’indes moyens d’écoute et de brouil- Bruxelles devraient aussi évaluer, vision serbe, pâle et tendu. Après avoir décliné son tesques. Nous avons fait une enquête poussée, ici et à tensification des raids, dès que les lage électronique que constituent les avec les responsables de l’opéra- identité et sa date de naissance, il a déclaré avoir utili- l’étranger, et je peux vous assurer que nous n’avons pas conditions météorologiques le per- appareils Prowler américains, Torna- tion « Force alliée », les chances sé sa mission humanitaire comme couverture à la moindre trace d’un engagement quelconque de mettent ; la nécessité d’avoir une do ECR allemands et Gabriel fran- d’atteindre ces objectifs avec la « quelques missions de renseignement ». Selon ABC M. Pratt avec des activités d’espionnage comme le pré- plus grande capacité de frappe au sol çais. En règle générale, les raids de méthode jusqu’ici employée. La ré- (Australian Broadcasting Corporation), Steve Pratt est tend le gouvernement yougoslave », a déclaré le mi- et dans la profondeur du territoire l’OTAN ont jusqu’à présent mobili- sistance du pouvoir serbe à dix- accusé d’avoir espionné les déplacements des mili- nistre australien des affaires étrangères à l’issue de yougoslave ; et le fait que le potentiel sé, chaque jour, entre cent et cent neuf jours de bombardements in- taires et de la police yougoslave avant et pendant les son entretien avec l’ambassadeur yougoslave. Ce der- aérien, déjà engagé sur place, a be- cinquante avions de tous les types. tensifs suscite en effet des interro- bombardements. Au cours de son intervention, il s’est nier a, quant à lui, affirmé avoir demandé la relâche soin de révisions techniques régu- Chaque mission CAS – qui est spéci- gations dans les opinions déclaré « désolé » pour ces actions en ajoutant qu’il des deux Australiens à son gouvernement, tout en dé- lières qui l’immobilisent au sol mo- fique et dont la fréquence devrait publiques des pays engagés. Les avait toujours condamné le bombardement de la You- clarant à la presse : « S’ils ont eu des activités hors la loi, mentanément et qui sont liées à augmenter –, peut aller jusqu’à ré- prises de position en faveur d’un goslavie par l’OTAN. Il ne fait en revanche aucune je ne peux pas dire à mon gouvernement de les relâ- l’intensité et à la densité de son em- clamer, à elle seule, pas moins de engagement terrestre pour mettre mention de son plus jeune confrère Peter Wallace. Ses cher. » ploi, jour et nuit, depuis, mainte- trente à cinquante appareils. fin à la répression contre la popula- aveux ont été accueillis avec la plus grande méfiance nant, une vingtaine de jours. tion civile albanaise au Kosovo, re- en Australie tant par les responsables de l’organisme Florence de Changy Ce sont les frappes au sol et dans la Jacques Isnard LeMonde Job: WMQ1304--0003-0 WAS LMQ1304-3 Op.: XX Rev.: 12-04-99 T.: 10:36 S.: 111,06-Cmp.:12,11, Base : LMQPAG 48Fap:100 No:0385 Lcp: 700 CMYK

L’OTAN CONTRE LA SERBIE LE MONDE / MARDI 13 AVRIL 1999 / 3 630 000 réfugiés depuis mars 1998 Bilan humanitaire et militaire dans les Balkans ° BOSNIE- RFY 44 HERZÉGOVINE SERBIE depuis le début des opérations de l’OTAN le 24 mars MONTÉNÉGRO RÉFUGIÉS données gouvernementales you- une zone résidentielle située à EXACTIONS Selon le Haut-Commissariat goslaves font également état de 200-300 mètres de sa cible, le prin- Depuis le début des raids de 36 000 de l’ONU pour les réfugiés 50 000 réfugiés du Kosovo à l’inté- cipal central téléphonique de Pris- l’OTAN, très peu d’observateurs BULG. (HCR), le nombre de Kosovars qui rieur du territoire de la Serbie. Le tina, a précisé le porte-parole de indépendants se trouvent à l’inté- 25 000 KOSOVO ont quitté la province serbe à ma- HCR ne peut qu’en prendre acte, l’Alliance atlantique, David Wilby, rieur du Kosovo. Malgré cette ab- jorité albanaise depuis le début de faute d’avoir pu vérifier ces infor- lors de son point presse quotidien. sence de témoins directs, de nom- la crise en mars 1998 a atteint le mations. Aucun chiffre n’est dis- Deux jours plus tôt, l’OTAN avait breux dirigeants occidentaux ont chiffre de 630 000 personnes, dont ponible en ce qui concerne les dé- admis qu’une « faute », liée à un affirmé que des massacres et des M e la répartition est la suivante : placés à l’intérieur du Kosovo défaut de guidage lors d’un raid, exactions étaient commis par les r MACÉDOINE A – Albanie : 309 500 réfugiés s’y lui-même. lundi 5 avril à Aleksinac en Serbie, forces serbes à l’intérieur de la d r 291 000 trouvent actuellement (dont avait provoqué des pertes civiles. province serbe à majorité alba- i a 18 500 qui s’y trouvaient avant les BOMBARDEMENTS Selon Tanjung, il y aurait eu naise. Les réfugiés, qui se voient t 103 400 i frappes de l’OTAN du 24 mars) Selon l’OTAN, quelque 150 ob- 12 morts et une cinquantaine de priver de leurs papiers et des q u TIRANA – Macédoine : 119 400 per- jectifs ont été touchés par les blessés dans cette agglomération plaques d’immatriculation de e ALBANIE 16 000 sonnes (contre 16 000 avant le bombardements aériens depuis le de 20 000 habitants. leurs voitures quand ils en pos- 24 mars) début de la guerre le 24 mars. L’un Selon l’AFP, les corps calcinés sèdent une, insistent pour leur 50 km 18 500 GRÈCE – Monténégro : 61 000 per- des deux plus hauts chefs mili- de cinq des douze personnes part sur les pressions multiples sonnes (contre 25 000 avant le taires de l’OTAN, le général Klaus tuées lors d’un bombardement de exercées par les forces serbes NOMBRE DE RÉFUGIÉS - AUTRES PAYS 24 mars) Naumann, qui préside le comité l’OTAN mercredi sur Pristina, pour les contraindre au départ. In- – Autres pays : près de militaire, a affirmé que les frappes chef-lieu du Kosovo, ont été reti- timidations, armes braquées sur DEPUIS LE 24 MARS 1999 près de140 000 140 000 personnes s’étaient réfu- de l’Alliance ont détruit 50 % des rés vendredi des décombres d’une les hommes – quand ces derniers (premier jour des frappes réfugiés en Europe giées dans les autres pays euro- cibles fixes visées et en ont « forte- maison. Selon les autorités serbes ne sont pas séparés du reste de de l'OTAN) 140 000 de mars 1998 péens entre mars 1998 et mars ment endommagé » 40 %. Le locales, il s’agit d’un couple appar- leur famille – reviennent très DE MARS 1998 à mars 1999 1999. porte-parole de l’OTAN, Jamis tenant à la minorité turque, Mesut souvent dans les déclarations de AU 24 MARS 1999 Sources : HCR – En Serbie, d’autre part, les Shae, a indiqué samedi que la et Djinia Gashi, et de leur trois ceux qui franchissent la frontière. Source : HCR moitié des Mig 29, les avions les filles âgées de 6, 7 et 9 ans. Tou- Les dirigeants allemands dé- plus modernes de l’armée yougo- jours à Pristina, des dizaines de noncent en termes particulière- slave, les deux tiers de ses QG, la stèles funéraires et des croix de ment forts les exactions Le HCR est accusé de manquer à sa mission moitié de son stock de carburant marbre ont volé en éclats, des os- commises, depuis le début des sont détruits et que sa défense aé- sements et fragments de cadavres opérations. Bonn a entrepris un LE HAUT-COMMISSARIAT des Nations unies aux sence du HCR. Aucun enregistrement préalable n’a été rienne est désorientée, tandis que ont été éparpillés dans le cime- enregistrement systématique des réfugiés (HCR) est la cible de critiques qui dénoncent effectué, les familles ont été dispersées, les lieux de desti- les lignes de communication de tière orthodoxe, à la suite des témoignages des réfugiés sur les l’insuffisance de son action auprès des réfugiés du Ko- nation imposés ». l’armée sont coupées, obligeant raids menés mercredi par l’OTAN crimes commis par les forces sovo en Albanie et en Macédoine. Les reproches les MSF rappelle que l’OTAN « reste une organisation les soldats serbes à se replier sur sur le chef-lieu du Kosovo. serbes. Le secrétaire d’Etat au mi- plus virulents ont été formulés le 9 avril par l’organi- militaire, partie au conflit » et réclame que le mandat des systèmes de fortune, comme Selon les médias serbes, trois nistère de la défense Walter Kol- sation humanitaire Médecins sans frontières (MSF), de protection et d’assistance des réfugiés « soit rendu le téléphone portable. civils, dont un bébé, ont été tués bow a indiqué dimanche qu’un fi- qui, dans un communiqué, a appelé le Haut Commis- au HCR », qu’ils soient installés dans des camps de L’OTAN a perdu un avion, un lors d’un bombardement par chier de photos montrant les saire des Nations unies pour les réfugiés, Mme Sadako l’OTAN ou dans les autres sites. F-117 américain, dont le pilote a l’OTAN des villages de Merdare et villages détruits avait été créé. Ogata, à « faire en sorte que le HCR remplisse son man- Par ailleurs, selon une information diffusée di- été récupéré lors d’une opération Mirovac, près de Podujevo (nord- Les Etats-Unis ont publié le dat et assure aux réfugiés l’assistance et la protection manche 11 avril par la chaîne de télévision britannique commando quelques heures après est du Kosovo). 7 avril les noms de neuf officiers appropriées ». BBC, les autorités macédoniennes réclament aux res- le « crash ». Plus de 600 avions Cent vingt-quatre personnes serbes soupçonnés d’avoir Les Etats impliqués dans la crise n’ont pas fait état ponsables de la force de l’OTAN basée en Macédoine participent désormais aux raids. ont été blessées, dont plusieurs di- commis des crimes de guerre et publiquement de griefs envers l’agence de l’ONU de prendre sous leur contrôle la gestion des camps de Trois GI ont d’autre part été faits zaines grièvement, lors d’un bom- des crimes contre l’humanité. pour les réfugiés. Dans certains milieux gouverne- réfugiés situés en Macédoine et plus particulièrement prisonniers par l’armée yougo- bardement par l’OTAN de l’usine L’OTAN a présenté, dimanche mentaux, on s’étonne cependant des défaillances du celui de Brazda-Stenkovac, où sont concentrés slave à la frontière avec la Macé- Zastava, à Kragujevac (centre de 11 avril, deux photographies aé- HCR dans ce qui est la première de ses fonctions, à trente-huit mille réfugiés. doine, le 31 mars. la Serbie), dans la nuit de jeudi à riennes de la localité de Pusto Se- savoir l’identification et l’enregistrement des réfugiés. Ce camp a été édifié et est géré pour le moment par Selon l’agence russe Tass, qui vendredi, selon la Radio-télévi- lo, au sud du Kosovo, où l’armée On souligne que c’est là la mission spécifique du HCR, les soldats de l’OTAN et les ONG présentes sur le ter- cite, vendredi, des « sources mili- sion serbe. Plusieurs civils ont été serbe a opéré. Sur ces photogra- qui seul a le pouvoir de conférer un statut internatio- rain. La police macédonienne, d’origine slave et no- taires influentes russes », les pertes blessés par un raid de l’OTAN phies apparaissent, près d’une nal de réfugié aux personnes déplacées. Le départ toirement pro-serbe, s’est jusque-là montrée plutôt de l’OTAN depuis le début de dans le sud du Kosovo jeudi route, des traces de terrassement. vers un pays européen de certains groupes de Koso- brutale envers les Albanais déportés. Selon le quoti- l’opération militaire s’élèvent à après-midi, a affirmé le Centre « Cela pourrait indiquer la pré- vars réfugiés en Albanie a ainsi été retardé en fin de dien espagnol El Pais, le Haut-Commissariat aux réfu- 50 hommes. d’information serbe à Pristina, sence possible de fosses semaine dernière, le pays d’accueil ayant exigé que le giés insiste pour que des soldats de l’Alliance puissent chef-lieu de la province. Le village communes », a explicité, avec pru- HCR procède préalablement à ces formalités d’enre- patrouiller à l’intérieur des camps de réfugiés. Les au- VICTIMES CIVILES de Lubizda, à 3 km au nord de dence, un officier allemand à gistrement. torités macédoniennes auraient consenti à ce que Selon l’OTAN, une bombe a Prizren, a été bombardé dans Bruxelles. En mission normale, un L’organisation Médecins sans frontières insiste sur quelques soldats de l’OTAN, équipés d’armes légères touché, vendredi, une petite zone l’après-midi, et plusieurs civils ont avion, ou un satellite espion, est ce point : l’évacuation des réfugiés de la zone de patrouillent à pied et de jour uniquement à l’intérieur d’habitations de Pristina, la capi- été blessés, tandis que cinq mai- capable de détecter avec facilité Blace, à la frontière entre le Kosovo et la Macédoine, du camp, mais insistent pour que leur présence soit tale du Kosovo, y faisant peut-être sons ont été détruites, selon Tan- un terrain fraîchement remué. – « s’est faite dans des conditions inacceptables et en l’ab- contrôlée par la police macédonienne. des victimes. La bombe a touché jung. (AFP, AP, Reuters.) Washington répond aux critiques et réaffirme qu’il n’est pas question d’envoyer des troupes au sol WASHINGTON toujours possible. par le général Clark, commandant dait que ces hélicoptères soient seraient nécessaires, que les pertes donnent tous les moyens pour de notre correspondant Les avions américains représen- suprême des forces de l’OTAN, opérationnels « d’ici à quelques pourraient être très élevées et que écraser un ennemi diabolisé Alors que le débat sur le conflit teront désormais 480 des 680 mis à pour attaquer les blindés serbes au jours ». l’intensité des combats serait totale, comme d’isolationnistes selon les- au Kosovo s’intensifie aux Etats- la disposition de l’OTAN. L’appel Kosovo devaient être déployés Touché par les critiques – venues de maison en maison, de village en quels l’Amérique n’a aucun intérêt Unis à la veille de la rentrée parle- aux ressources de la Garde natio- dans les huit jours avec leur logis- tant de militaires que des rangs ré- village », a-t-il déclaré. M. Gore a à verser son sang et son argent mentaire, le Pentagone a annoncé, nale intervient au moment où le tique de 2 000 soldats et de batte- publicains et démocrates – contre réaffirmé que l’éventualité d’une dans une guerre qui ne la concerne samedi 10 avril, l’envoi de nou- Pentagone indique qu’il pourrait ries de missiles. Puis on a expliqué sa décision de ne pas déployer de action terrestre n’était toujours pas. veaux avions. Les militaires esti- faire appel à des réservistes. Les pi- que, en raison de l’engorgement troupes au sol, Bill Clinton devait pas à l’ordre du jour en dépit de la On peut toutefois remarquer ment qu’il faut s’attendre à une lotes d’avions ravitailleurs étaient des transports − utilisés en priorité préciser sa position lundi aux diri- pression croissante du Congrès et que les bruits d’escalade militaire guerre longue. En même temps, on jusqu’à présent des volontaires. pour aider les réfugiés −, de la mé- geants du Congrès. Nous ne nous des experts militaires. et les déclarations sur la nécessité voit apparaître quelques indices de téo ou des pesanteurs bureaucra- sommes pas laissés prendre à l’im- de se débarrasser d’un Milosevic possibles compromis en vue de la PESANTEURS BUREAUCRATIQUES tiques, le délai serait prolongé à proviste, s’efforce d’expliquer l’ad- BRUITS D’ESCALADE diabolisé interviennent alors que fin des bombardements. C’est ce Alors que le renforcement des deux semaines, voire un mois. ministration : « L’OTAN a étudié Pour expliquer les difficultés, le l’on recommence à parler de solu- dont Madeleine Albright s’entre- capacités de bombardement de la Les réticences de l’armée de l’envoi de troupes au sol dans un en- secrétaire à la défense a évoqué tion politique. Les porte-parole tiendra mardi 13 avril à Oslo avec Serbie s’accélère, l’imbroglio sur terre, dont dépendent les Apache, vironnement non permissif ; ces des contraintes imposées par les mentionnent désormais l’envoi son homologue russe Igor Ivanov, l’envoi d’hélicoptères d’attaque seraient à l’origine de cette incerti- plans sont sur étagère et peuvent alliés au sein de l’OTAN : « J’aurais d’une force internationale au Ko- qui a indiqué au cours du week- AH-64A Apache vers l’Albanie se tude. Dimanche, toutefois, le gé- être remis à jour rapidement si né- pu recommander quelque chose de sovo après la fin des hostilités et end qu’une solution politique était poursuit. Ces appareils réclamés néral Clark a indiqué qu’il s’atten- cessaire », a déclaré le porte-parole différent si seulement les Etats-Unis non plus d’une force de l’OTAN. du Conseil national de sécurité. avaient eu la responsabilité de cette Ce qui ne les empêche pas néan- Dans un entretien avec le maga- action. » moins de prétendre ensuite que les zine Newsweek, le vice-président Les critiques portent à la fois sur deux termes ont un sens identique Al Gore affirme que cette option a l’attitude américaine dans l’année ou de rappeler que Washington été étudiée, mais a été rejetée qui a précédé le conflit et sur la demeure hostile à toute force sous Brève trêve de pâques à la RTS parce que « trop coûteuse ». «Nous conduite des opérations. Elles l’égide des Nations unies. avons effectué une simulation qui viennent de jusqu’au-boutistes qui CE DIMANCHE de Pâques, selon le calendrier or- La primauté était bien sûr donnée à la poésie et aux montre qu’au moins 100 000 soldats veulent que les Etats-Unis se Patrice de Beer thodoxe, la télévision de Belgrade aura essayé, pour chansons célébrant la « fière Serbie ». Les enfants, quelques instants, de faire oublier que les avions de symbole d’innocence, étaient tout particulièrement l’OTAN n’ont pas suspendu leurs missions au-dessus présents à l’écran. On les a ainsi vus assister à une re- de la Yougoslavie. Tout en rapportant que « la plus présentation d’un « théâtre de guerre », créé à leur grande fête chrétienne ne se déroule pas dans la paix et intention dans un parc de Belgrade, « afin qu’ils ne les attaques ont continué sur le Kosovo », le journal té- comprennent pas ce qui se passe autour de nous » au lévisé s’est contenté, dans ses premiers bulletins, de dire du metteur en scène à l’origine de cette initia- montrer, comme seules images d’une nouvelle action tive. de l’OTAN, celles de trois missiles abattus « comme des mouches ». Deux d’entre eux sont tombés dans L’ANGE DE LA RÉSURRECTION des champs où « les semailles ont pu reprendre après Ils étaient aussi les tout premiers à apparaître sur l’intervention d’une équipe de déminage de l’armée ». la scène dressée sur la place de la République à Bel- Comme pour être plus proche du message d’espoir grade, où leur succédaient chorales religieuses et rattaché à la fête de Pâques, un reportage faisant chanteurs populaires. Les rares détails rappelant la état de la visite d’une délégation gouvernementale guerre étaient un enfant de 4 ou 5 ans en tenue mili- sur le site de l’usine de production automobile Zasta- taire complète et le célèbre Ange de la résurrection va, détruite le 9 avril à Kragujevac, citait les paroles de Milesevo, lui aussi frappé de la cible que portent de Mirko Marjanovic, premier ministre serbe, affir- tous les spectateurs-manifestants. mant que « le gouvernement aidera à la reconstruc- Toutefois, en fin d’après-midi, ce sont à nouveau tion de tout ce qui a été détruit par les criminels du des visages d’enfants qui sont apparus les premiers, nouvel ordre mondial, qui ont surpassé les fascistes al- mêlés aux images de missiles qui s’abattent, d’explo- lemands ». sions et de ruines, dans un reportage consacré aux De même, durant l’émission programmée ce di- sites civils touchés ces derniers jours. Malgré les manche après-midi, les ponts touchés par les frappes pertes matérielles subies, c’est avant tout le souci de sont réapparus, intacts, grâce aux clichés d’un photo- leur protection qui revenait dans les bouches des graphe artistique, accompagnés d’un commentaire adultes. précisant qu’ils seraient « reconstruits encore plus Et, comme pour marquer que cette pause de quel- grands et plus beaux ». Toutes autres images de déso- ques heures avait peut-être cessé, un passant décla- lation dues à la guerre, largement reprises ces der- rait que, à la vue d’un pont détruit, il avait eu la sen- niers jours, avaient donc laissé la place, en ce début sation qu’« on nous avait pris notre enfance ». De fait, d’après-midi, à une atmosphère plus sereine. le bulletin d’information suivant a de nouveau fait Si le noir était de rigueur dans les studio de la télé- une plus large place aux derniers événements liés au vision de Belgrade pour les présentatrices, musi- conflit. ciens, chanteurs et autres invités, le programme était quant à lui celui d’un dimanche après-midi normal. Hector Forest LeMonde Job: WMQ1304--0004-0 WAS LMQ1304-4 Op.: XX Rev.: 12-04-99 T.: 11:16 S.: 111,06-Cmp.:12,11, Base : LMQPAG 48Fap:100 No:0386 Lcp: 700 CMYK

4 / LE MONDE / MARDI 13 AVRIL 1999 L’OTAN CONTRE LA SERBIE a A PÂQUES, DANS BELGRADE EN GUERRE, UN JOURNALISTE ASSASSINÉ Principale fête du calendrier orthodoxe, Pâques a été célébrée par les Belgradois, dans la nuit de samedi 10 à dimanche 11 avril, avec une émotion particulière. A l’issue de la procession, le patriarche Pavle a reçu l’hommage de cosaques russes. Les manifestations contre les frappes aériennes de l’OTAN se sont multipliées tout le week-end, des Belgradois se massant à nouveau sur un pont sur la Save dimanche soir. L’Alliance a démenti que les bombardements aient été réduits en ﬁn de semaine en raison des fêtes de la Pâque orthodoxe.

Slavko Curuvija était l’un des journalistes les plus courageux de Yougoslavie. Il a été assassiné, dimanche 11 avril, en plein centre de Belgrade. Propriétaire du « Dnevni Telegraf », il ne cachait pas son opposition à Slobodan Milosevic et essayait de regrouper la résistance serbe à la folie nationaliste. Le régime avait cherché à faire taire son quotidien en l’accablant d’amendes. Plusieurs témoins assurent avoir vu des policiers entourer son corps recouvert immédiatement après le meurtre.

PETAR KUJUNDZIC PETAR PHOTOS REUTERS IVAN MILUTINOVIC IVAN PETAR KUJUNDZIC PETAR EMIL VAS Sur les côtes d’Albanie, le traﬁc des réfugiés vers l’Italie se poursuit

VLORA 10 000 Kosovars dans la seule ville l’eau courante ou des aliments. Pour kurdes du PKK, partant de Turquie jours meilleurs. Ces quatre derniers que, « par beau temps, [ils peuvent] de notre envoyé spécial de Vlora (100 000 habitants) vienne le moment, nous avons une dizaine vers l’Italie en passant par l’Albanie. jours, 280 personnes seulement au- parfois en charger 50 ». Le travail Sokol Koçiu semble satisfait. Res- fragiliser une agglomération où l’on de suspects. » Les forces de police Ou celle, à partir de la Grèce, « qui raient fait le voyage à partir de étant plus difficile du fait de la di- ponsable de la police pour l’en- avait recensé plus de 2 000 morts étant concentrées autour des faisait passer un peu tout le monde, toute la côte albanaise. La collabo- ligence accrue de la police italienne, semble de la région de Vlora, dans lors des troubles de 1997. On re- camps de réfugiés, leur responsable des Marocains aux Chinois ». ration active de la police italienne, il demande maintenant plus doutait aussi que les Kosovars sait que des délinquants peuvent en qui bâtit sur une île voisine un d’argent. Il sait aussi qu’il trans- REPORTAGE viennent grossir les rangs des mil- profiter dans d’autres zones. « Pour 180 « SCAFS » complexe ultramoderne visant à porte souvent autre chose que des « Nous aidons les gens liers de clandestins qui, à certaines le moment, en travaillant douze Le responsable de la police renforcer la surveillance et la pro- passagers. « Il y a de la drogue, des périodes, franchissent chaque mois heures par jour au lieu de huit, nous chiffre à 180 le nombre de « scafs » tection du littoral, a permis ces suc- armes. » A-t-il peur ? « Parfois, à partir. S’ils peuvent la mer à bord de bateaux ultrara- tenons la situation en main» , pré- utilisés, au plus fort du trafic, par cès. comme tout le monde. » « La moitié s’acheter des faux pides pour débarquer en Italie. Ces cise Sokol, qui regrette toutefois les passeurs. Ces « scafistes » pou- Besnik sourit quand on lui parle de la ville vit de cela, explique-t-il en papiers, c’est leur droit » « scafs » – « motoscafo » en italien – l’interruption, pour cause de vaient à l’époque transporter de cette « victoire » policière. A riant ; toutes les maisons en construc- sont pilotés par des Albanais qui guerre, des investissements prévus 20 000 personnes par mois. Une seize ans, il a déjà un passé de tion que vous voyez sont financées amassent de petites fortunes grâce dans sa ville, comme la construc- histoire circulait alors à Vlora. « scafiste » et ne paraît absolument par l’argent des scafistes. » le sud de l’Albanie, ce quadragé- à ce trafic. tion de deux hôpitaux et la réfec- « Pourquoi le poisson coûte-t-il si pas troublé par les problèmes de Besnik doit mettre fin à l’entre- naire élégant constate que, pour le « Nous n’avons aucun problème tion du port. cher en Albanie ? Parce que tous les conscience. « Nous aidons les gens tien. Ses parents l’attendent. Ils ne moment du moins, les événements avec les réfugiés, explique Sokol Ko- Grâce à une collaboration accrue bateaux sont utilisés pour transporter qui veulent partir. S’ils ont assez sont pas au courant de ses activités du Kosovo n’ont entraîné dans sa çiu. Nous cherchons seulement à re- avec la police italienne, le trafic des les clandestins. » d’argent pour s’acheter des faux pa- maritimes et tiennent précisément circonscription ni recrudescence de pérer les personnes des services se- clandestins s’est presque totale- Aujourd’hui, selon Sokol Koçiu, il piers, c’est leur droit. Nous, nous l’hôtel où sont logés certains poli- la criminalité ni accélération des crets yougoslaves qui auraient pu ment arrêté, s’enorgueillit Sokol ne reste que quatre « scafs » en ser- sommes moins chers. » Il s’em- ciers italiens... chargés de former la passages clandestins vers l’Italie s’infiltrer. Il nous faut être prêts à em- Koçiu, qui estime avoir démantelé vice. Les autres ont été soit confis- brouille – volontairement, sans police albanaise. toute proche. Beaucoup crai- pêcher des actes terroristes comme plusieurs filières, comme celle, or- qués, soit mis au garage par leurs doute – dans les chiffres, parle de gnaient que l’arrivée de près de des sabotages, l’empoisonnement de ganisée par les indépendantistes propriétaires qui attendent des 500 dollars par passager et précise José-Alain Fralon A Banja Luka, avec les Serbes de Bosnie : « Ici, on ne pense pas BANJA LUKA mais résolu à ne plus revivre la de mon voisin... ». Il ne comprend Sarajevo, les massacres de Srebre- de notre envoyé spécial guerre. « On a pris conscience de pas ce que veulent les Albanais. nica et l’horreur des purifications Dans les rues de Banja Luka, ca- certaines choses », disent pudique- « Ils ont déjà tout au Kosovo, l’élec- ethniques. « Personne ne peut me pitale de la République serbe de ment deux étudiantes. tricité gratuite, leurs écoles, leur uni- défendre de penser que mes amis Bosnie (RS), quelques milliers de Dans son bureau de ministre de versité. Et puis, le Kosovo a toujours musulmans et croates me manquent l’information, Rajko Vasic n’a pas été serbe. Comme la Bosnie, d’ail- aujourd’hui. Personne n’avait le REPORTAGE de mots assez durs contre Slobo- leurs. La nation serbe est la plus an- droit de les chasser ». Ce farouche dan Milosevic. « Il récolte ce qu’il cienne en Bosnie. Les musulmans, on opposant à Milosevic ne décolère « Les Américains sont sème. C’est un tyran, un féodal qui peut dire que ce sont des "restes" des pas : « Tout se passe comme si l’Al- comme un éléphant sape les fondements du peuple serbe. Serbes ». liance avait demandé à Milosevic ce dans un magasin Déjà, pendant la guerre en Bosnie, qu’elle pouvait bien faire pour le de porcelaine » j’avais dit que lui et le SDS [le parti TROP TARD renforcer. Ça fait dix ans que la nationaliste de Karadzic] étaient Pendant la guerre, lui, simple communauté internationale le consi- des croque-morts. On a essayé de combattant, s’est rendu compte dère comme un interlocuteur sé- personnes ont manifesté les pre- m’assassiner deux fois pour ça ». que Croates, Serbes ou Bos- rieux ; en vingt-quatre heures, on le miers jours des frappes aériennes Dans la rue, Milan, un pompier, an- niaques, « finalement, on s’est bat- satanise et on fait souffrir 10 millions de l’OTAN contre la Serbie. Cer- cien soldat de l’armée serbe en tus pour de petits groupes de profi- de personnes à cause de ses er- tains ont donné leur sang. L’an- Bosnie, remâche son amertume : teurs ». Il a du mal aujourd’hui à reurs ! ». goisse du coup de téléphone a res- « On a dû faire la guerre en Bosnie. vivre avec 200 marks (102 euros) Selon lui, l’intervention de surgi, la nuit. « J’ai entendu mon Résultat : tout a été détruit, les gens par mois, son salaire de pompier. Il l’OTAN arrive trop tard. « les Amé- frère pleurer à Belgrade », se désole sont séparés. On vit moins bien regarde le résultat des frappes à la ricains se comportent comme des un homme. « Les bombes tombent ; qu’avant. Tous les jours, je téléphone télévision, ahuri. « Ce que les mili- éléphants dans un magasin de por- l’important, c’est que les étoiles ne à un copain musulman : il me dit taires de l’OTAN commettent, des celaine : la force brute, sans prendre tombent pas », rassure le quotidien que c’est pareil de son côté. On nous gens normaux ne le feraient ja- en considération l’histoire, la psycho- local Oslobodjene (à ne pas a trompés. Tu peux être nationaliste mais ». Il est convaincu que per- logie des groupes ethniques de la ré- confondre avec le journal du même tant que tu veux, mais si ton ventre sonne ne devrait engager une gion. Rambouillet a été trop super- nom publié à Sarajevo), pour qui est vide... ». guerre contre les Serbes : « les ficiel ». Ses amis de Belgrade, ces frappes constituent « le ballon Sur les murs fleurissent des af- autres ont toujours été battus ». Il opposants au régime, ont oublié d’essai de l’américanisation de cette fiches intitulées « Voici l’avenir » : hésite : « Enfin, aujourd’hui, cette qu’« ils étaient opposants, et voilà le partie du monde ». La grande mos- un dessin représente le drapeau de force est puissante ». Et plaisante : résultat ». Comme de nombreux quée du centre-ville a été rasée la communauté internationale par- « De toute façon, nous, les Serbes, on Belgradois, ils portent des badges pendant la guerre de Bosnie, rem- tiellement, puis entièrement recou- peut devenir les meilleurs amis du en forme de cible au revers de leur placée par des baraques de foire. A vert de vert, la couleur de l’islam. monde avec ceux contre qui on était veste. « Ici, on ne pense pas de ma- midi, toute la ville, « ethniquement Milan se souvient : en 1992, il n’est en guerre ». Milan ne veut plus en- nière rationnelle. C’est notre grand épurée », s’installe autour de tables pas allé « volontairement » à la tendre parler de nationalisme. malheur, nuance-t-il. On fait tout à dans la rue ; on y boit le café, avec guerre. « On m’a forcé, explique-t- Spasoje Perovic, lui, est l’un des l’émotion. On n’a pas appris ce sentiment étrange de se sentir à il. Ah, si j’avais refusé, de même que rares journalistes serbes indépen- qu’après un premier pas, il y en a la fois attaqué et épargné, solidaire mon voisin, de même que le copain dants à avoir dénoncé le siège de 150 autres », ironise-t-il. LeMonde Job: WMQ1304--0005-0 WAS LMQ1304-5 Op.: XX Rev.: 12-04-99 T.: 11:09 S.: 111,06-Cmp.:12,11, Base : LMQPAG 48Fap:100 No:0387 Lcp: 700 CMYK

L’OTAN CONTRE LA SERBIE LE MONDE / MARDI 13 AVRIL 1999 / 5 Les 1 500 villageois de Vragoli (Kosovo) ont tous été chassés vers la frontière albanaise Le 9 avril, à 8h 30, ce bourg rural paisible a été vidé de ses habitants par les miliciens serbes Ils sont 1 500 à avoir pris, à bord de leurs trac- lage paisible par des miliciens qui les ont invi- passer cette communauté soudée qui a tout teurs et de leurs modestes voitures, le chemin tés à « rejoindre Clinton » en Albanie. La fron- perdu. Sauf l’espoir de retrouver son environ- de l’exil, chassés brutalement de leur petit vil- tière s’est subitement ouverte pour laisser nement brisé.

MORINA (Albanie) région du Kosovo à forte pré- vivaient « heureux ». Lui regrette telas, vêtements et quelques de notre envoyé spécial sence serbe. Mais au-delà des hy- toujours ses études de médecine vivres dans les remorques. Mais, Il est aux commandes du petit pothèses apparaît surtout l’his- interrompues il y a six ans, faute « terrorisé », Mustapha grimpe tracteur vert. Elle est assise sur toire d’un village, unique jusque de moyens, alors qu’il ne lui res- sur le tracteur de son frère sans ses genoux. Une pluie glaciale dans sa banalité. tait à passer que trois certificats. oser prendre sa trousse médicale. Vragoli étend ses 180 maisons le Mais puisque, au dispensaire, les Hamid se voit interdire l’accès de REPORTAGE long de la route reliant Pristina à patients l’appellaient « Docteur », la chambre où ses parents, impo- « Allez chercher Pec. Comme nombre de villages et qu’à Kosovo Polje les médecins tents, sont allongés. Les voitures albanais, il dispose d’une mos- serbes le reconnaissaient presque neuves sont confisquées, les bi- vos tracteurs et vos quée, d’une école et d’une place comme l’un des leurs, il se conso- joux arrachés. voitures, ne préparez où l’on se retrouve pour parler lait. « L’autre jour, une collègue A 9 h 30, la file s’ébranle. « Vous rien, et vite ! » lorsque le temps le permet. Deux serbe m’a même embrassé parce allez en Albanie, vous n’avez qu’à magasins d’alimentation se que je l’avais aidée à trouver des remercier Clinton », leur a-t-on livrent une douce concurrence, médicaments pour un patient », dit. C’est donc vers le sud qu’ils se tombe par intermittence. Les re- laissant même de la place à la dit-il. Aussi ronde que souriante, dirigent, au rythme lent des ma- morques sont recouvertes de coopérative agricole. Avec, en sa femme, infirmière à l’hôpital de chines agricoles. Les 114 véhicules bâches et les vitres des voitures outre, une rivière poissonneuse et Kosovo Polje, exerçait entre un sont surchargés : à 26 dans la re- remontées. Mais eux ne semblent un petit dispensaire pour les soins chef serbe et des collègues des morque de l’oncle de Mustapha, pas plus importunés que des ga- de base, Vragoli ne peut guère se deux communautés. « Nous nous 25 dans celle tirée par le tracteur mins qui pataugent dans la boue. vanter de sortir de la norme. entendions bien, nous déjeunions de Hamid, à 7 dans la petite Yugo Chacun à leur tour, ils mordent Si ce n’est, peut-être, sa situa- ensemble, ça n’a jamais posé le de Mehdi, il est difficile de respi- dans leur sandwich. Entre chaque tion, à 11 kilomètres de Kosovo moindre problème », confie-t-elle. rer, impossible de se reposer. Les bouchée, elle se retourne, l’em- Polje et à moins d’une vingtaine Sur les bords de la Sitnica, à la bébés pleurent, les adolescents brasse et éclate de rire. Le pay- de Pristina, au cœur de ce que les sortie du village, Serbes et Alba- ont faim, les vieux s’épuisent. sage n’a rien d’éblouissant. Droit Serbes considèrent comme le ber- nais pêchaient ensemble. L’atmo- Les premiers kilomètres sont les devant eux trône la cheminée ceau de leur civilisation. C’est là, sphère s’est régulièrement dégra- plus difficiles. Les policiers et les d’une vieille usine aujourd’hui dé- au « Champ des merles », que, en dée au cours des dix dernières miliciens crient, insultent, récla- saffectée. Un peu plus haut, trois 1389, ils ont subi leur défaite my- années, mais Mustapha veut en- ment argent et papiers d’identité. petits abris de pierre rappellent thique face aux armées otto- core croire à « l’intelligence des Les coups sont rares mais les ré- que l’on est bien en Albanie, le manes. C’est là aussi que, en juin hommes ». cits d’atrocités qui circulent de- pays des Aigles aux 340 000 bun- 1989, Slobodan Milosevic a Avec les frappes aériennes de puis une semaine et les menaces kers. Pas de quoi s’extasier, donc. construit sa carrière en se faisant l’OTAN, l’escalade a été instanta- suffisent. Le canon pointé vers la Mais, pour aujourd’hui, cela suffit le chantre du Kosovo serbe. La ré- née. La veille déjà, deux hommes, tête de son fils, un habitant du vil- largement à leur bonheur. gion est majoritairement alba- partis travailler le matin, avaient lage accepte ainsi de remettre Vingt heures auparavant, Mus- naise, mais les Serbes y repré- mystérieusement disparu. Aussi, 1 000 marks à un officier. Beau- tapha et Ismete ne semblaient sentent presque 40 % de la en ce 26 mars, ni Ismete ni Hamid coup abandonnent passeports et avoir aucune chance d’atteindre cartes d’identité sur simple de- l’Albanie. Pendant trois jours, les mande. « Je ne sais pas pourquoi je Serbes avaient bouclé la frontière « Un officier serbe m’a dit en riant ne leur ai pas donné ça, frissonne de Morina, principal point de sor- Mustapha en exhibant son passe- tie des réfugiés kosovars. Une que c’était la guerre et que, si on gagne, port yougoslave. Trois fois, on me trentaine de personnes avaient l’a réclamé. J’ai dit qu’on me bien été autorisées à passer mais ce sont eux qui partiront » l’avait déjà pris. Ils ne m’ont pas de façon si inattendue qu’au fouillé. » poste-frontière rien n’était prêt Personne ne songe à s’éloigner pour les accueillir. Or, vendredi population, contre 10 % sur l’en- ni aucun autre habitant du village de la route indiquée par les poli- 9 avril, à 21 heures, quand les semble du territoire. employé en ville ne s’est rendu à ciers. Certains jureront même Serbes ont relevé leurs barrières, L’école n’est pas reconnue par son travail. Les premières nou- avoir été « escortés » tout au long ce ne sont pas deux ou vingt per- le pouvoir central et ne bénéficie velles de villages évacués, de mai- du chemin. En réalité, les fonc- sonnes qu’ils ont laissé s’engouf- d’aucune subvention. Un bon sons brûlées, dans le nord ou à tionnaires serbes n’occupent que frer, mais 1 500. Les policiers alba- nombre d’habitants se sont vus Pec, sont parvenues à Vragoli. La les carrefours. Il est difficile, tou- nais ont attendu les renforts progressivement écartés des em- petite communauté a commencé tefois, de les ignorer tant sont nécessaires à l’enregistrement de plois publics, à commencer par à vivre au ralenti, refermée sur omniprésentes les traces de leur cette foule imprévue. Pendant Mehdi, le patron local de la Ligue elle-même. passage : des maisons qui brûlent une heure et demie, les réfugiés démocratique du Kosovo (LDK). Le 2 avril, sonne la première près de Dakovica, alors que le sont donc restés confinés dans Cet ancien cheminot, âgé de cin- alerte sérieuse. Ce jour-là, une convoi fait route vers le sud- l’espace de deux cents mètres qui quante et un ans et père de quatre centaine de miliciens entrent à ouest ; puis, après un changement sépare les deux postes-frontières. enfants, a été remercié voilà huit Vragoli. Ils réunissent les hommes brutal de direction, vers le sud- A 22 h 30 enfin, Mustapha, Ismete ans. Son engagement politique et leur demandent de rendre leurs est, et le passage de la ville de et tous les habitants du village de n’a évidemment rien fait pour armes. « Nous n’en avions pas, as- Prizren où, sur des kilomètres, Vragoli sont entrés en Albanie. l’aider à retrouver un emploi. De- sure Mehdi. Ils sont entrés dans les des voitures et des tracteurs calci- Pourquoi eux ? Pourquoi main- puis, la culture de son champ et la maisons, ont cherché mais n’ont nés sont abandonnés, des sacs de tenant ? Pourquoi ces 1 500 ru- solidarité familiale ont pris le re- rien trouvé. Alors ils nous ont don- farine éventrés, des vêtements, raux poussés vers l’exil alors lais. né une heure pour évacuer les des chaussures, des couvertures même que des dizaines de milliers D’autres s’en sont mieux sortis. lieux. Puis ils sont partis. » Les ha- dispersés sur la chaussée. «On d’autres Albanais du Kosovo, je- Abdullah, quarante ans, ensei- bitants décident de ne pas obéir, avait l’impression d’être arrivés jus- tés sur les routes, étaient « invi- gnait les mathématiques au col- de rester unis quoi qu’il arrive, qu’ici par miracle », résume Mus- tés » à rentrer chez eux ? Le Haut- lège professionnel du village. Ha- mais chacun redoute d’en payer tapha. Une chance qu’il faut en- Commissariat des Nations unies mid, quarante-huit ans, avait les conséquences. Mustapha en- tretenir à chaque crevaison, à pour les réfugiés (HCR) et les or- conservé son emploi de mécani- terre ses livres de médecine. Meh- chaque panne d’essence. Le véhi- ganisations humanitaires s’inter- cien aux chemins de fer de Koso- di s’installe chez son frère : les fe- cule est immédiatement aban- rogent. Ceux-là n’ont pas été trop vo Polje. Quant à Mustapha et Is- nêtres de sa maison, sur la donné et ses passagers répartis maltraités ; ils proviennent d’une mete, mariés depuis six mois, ils grand-route, sont mitraillées dans le reste du convoi. chaque nuit par les miliciens Il faudra douze heures aux ha- serbes. Le village est à présent bitants de Vragoli pour avaler les coupé en deux. On s’aventure en- 180 kilomètres qui mènent à la de manière rationnelle » core dans les chemins, de part et frontière. Dans leur malheur, ils d’autre de la voie asphaltée, mais se savent pourtant privilégiés. A Devant le Parlement, un député commis à Sarajevo, à Srebrenica, plus personne n’ose la traverser. l’exception des parents de Hamid, social-démocrate rappelle que ont fait endosser aux Serbes une Abdullah ne donne plus de cours. sur le sort desquels lui-même ne l’OTAN n’est pas la communauté noire étiquette. Le riche paysan qui Mustapha se limite aux consulta- se fait guère d’illusions, et de cinq internationale. « Moi, j’ai voit sa terre brûler aujourd’hui en tions d’urgence, « dix en une se- autres personnes, tous les villa- condamné les trois nations serbe, Serbie va sortir de sa phase de romaine ». Les champs sont laissés geois s’en sont sortis. Aucune ma- croate et bosniaque pour ce qui mantisme. Nous ne pouvons rien en friche. ladie grave ne s’est déclenchée et, s’est passé en Bosnie. L’OTAN est- faire isolés. Qu’est-ce que j’ai à ga- Enfin le couperet tombe, ven- selon les médecins présents sur elle venue défendre les 200 000 ré- gner à dire chaque jour : je suis dredi 9 avril, à 8 h 30. Mustapha place samedi, les séquelles psy- fugiés serbes qui ont fui la Krajina Serbe ! je suis Serbe ! si je ne peux s’est faufilé chez son cousin pour chologiques pourraient être ré- en 1995. C’est vraiment le double dialoguer avec le monde. C’est dif- regarder les informations du ma- duites. Si bien que, aujourd’hui, langage ». Membre du Parti radi- ficile de faire comprendre aux tin à la télévision, Ismete lave le c’est collectivement et avec en- cal (nationaliste), Ljiljana Saino- Serbes que la présence de bases al- sol et Abdullah scrute l’horizon core une lueur d’espoir que ces vic, elle, appelle tous les Serbes à liées n’a pas empêché l’Allemagne depuis la fenêtre lorsque des quelque 1 500 personnes envi- défendre leur patrie : « Notre mère de se bâtir une prospérité ou que coups de feu retentissent. Les mi- sagent leur avenir. D’abord un est en danger. Si l’OTAN fait des- les Grecs, en adhérant à l’OTAN, liciens sont 150 cette fois. Ils campement provisoire, « n’im- cendre son infanterie, ce sera l’in- n’ont pas renié leur identité ortho- brisent les fenêtres, tirent dans les porte où mais tous ensemble », a cendie mondial. » doxe ». Rajko Vasic reste persuadé portes, hurlent à tous les habi- expliqué Mehdi au représentant que la Yougoslavie aurait pu se tants de sortir. Sur la place, ils du préfet qui l’a reçu. « UNE NOIRE ÉTIQUETTE » transformer en social-démocratie opèrent un tri, hommes d’un côté, Et puis, dès que la situation le Dans son bureau, le ministre de tout en gardant son armée puis- femmes et enfants de l’autre. permettra, ils rentreront à Vrago- l’information reste convaincu que sante. « Malheureusement, le « Leur chef nous a dit que nous li. Car, même si les habitants d’un les États-Unis et les alliés dispo- diable est venu chercher ce qui lui n’avions pas obéi à leurs ordres, village voisin, chassés également saient d’autres moyens pour faire appartient ». que nous allions donc être punis », et arrivés quelques heures plus chuter Milosevic. Le président de la République raconte Mustapha. Sa longue car- tard à Morina, leur ont affirmé A ses yeux, l’ardeur des frappes, serbe de Bosnie, Nikola Poplasen casse se voûte, son visage aiguisé avoir vu toutes leurs maisons brû- l’absence d’opposition réelle vont (Parti radical), a été démissionné s’assombrit. « J’ai pensé qu’ils aller, ils rêvent déjà de retour. «On faire sortir, une fois de plus, le di- pour non-respect des accords de laient nous tuer, là, sur place. Nous construira d’abord des baraques », rigeant de Belgrade gagnant, Dayton. Le gouvernement, dirigé nous sommes regardés avec Ismete. explique Mustapha. « Et puis un « mais gagnant sur un territoire par Milorad Dodik (social-démo- On s’est compris. » officier serbe m’a dit en riant que brûlé ». « Je souhaite que les Serbes crate), assure l’intérim. C’est donc avec soulagement c’était la guerre, et que si on gagne, réalisent que Milosevic n’a été le Pour l’instant, la Republika que Mustapha entend le chef pa- ce sont eux qui partiront », affirme président que de son propre ré- Srbska s’attend à connaître la plus ramilitaire leur intimer l’ordre Hamid. L’anecdote circule dans le gime, et pas de tous les Serbes, grave récession depuis sa nais- d’avancer. La colonne s’ébranle, campement. Avec succès. Musta- qu’ils verront où il les mène, dit-il. sance : la quasi-totalité de ses en- progresse pendant cinq minutes. pha et Ismete n’approuvent pas Nous sommes bien placés ici pour treprises travaillaient exclusive- Puis tombe un contre-ordre : «Al- vraiment. Mais même eux la rap- le savoir : sa politique a fait en sorte ment avec Belgrade. lez chercher vos tracteurs et vos portent. qu’il n’y ait plus de Serbes ailleurs voitures, ne préparez rien, et qu’en ex-Yougoslavie. Les crimes Dominique Le Guilledoux vite ! » A la hâte, chacun jette ma- Nathaniel Herzberg LeMonde Job: WMQ1304--0006-0 WAS LMQ1304-6 Op.: XX Rev.: 12-04-99 T.: 11:19 S.: 111,06-Cmp.:12,11, Base : LMQPAG 48Fap:100 No:0388 Lcp: 700 CMYK

6 / LE MONDE / MARDI 13 AVRIL 1999 L’OTAN CONTRE LA SERBIE

DÉPÊCHES La mobilisation record des Français pour les Kosovars CHARNIERS a Les Etats-Unis disposent d’images satellite prouvant l’exis- Lundi 12 avril, la Croix-Rouge française estimait à au moins 6 000 tonnes le total des dons alimentaires. tence de charniers au Kosovo, selon la chaîne de télévision améri- Six milles personnes se sont engagées à héberger des réfugiés caine ABC, qui cite des sources militaires. La chaîne parle d’une Le mouvement de solidarité des Français en la Croix-Rouge française indiquait que plus en provenance du monde entier. Par ailleurs, dons alimentaires étant désormais impor- centaine d’endroits où la terre a faveur des réfugiés du Kosovo fera date de 6 000 tonnes de produits alimentaires lui plus de 300 000 personnes ont téléphoné ces tants, d’autres types de collectes devraient été retournée. Ils sont disposés en dans l’histoire du mouvement humanitaire. étaient parvenues. La Croix-Rouge interna- derniers jours aux numéros verts mis en être organisées dans les prochains jours, por- deux rangées rectilignes et sont Rarement, dans le passé, s’était manifesté tionale s’attendait pour sa part à devoir place par le gouvernement ; 6 000 ont propo- tant cette fois sur les vêtements, les médica- similaires aux charniers retrouvés, dans tout le pays un tel élan. Lundi 12 avril, acheminer dans les Balkans 150 000 tonnes sé d’héberger des réfugiés kosovars. Les ments et les produits d’hygiène. après la guerre, en Bosnie-Herzé- govine, toujours selon ABC qui LES FRANÇAIS continuent de se Charles Josselin, avait précisé que la toujours la plus pertinente », ex- que les dons de paquets de pâtes ou n’a toutefois pas montré mobiliser en faveur des Kosovars. France avait déjà acheminé plique Isabelle Rivolet, d’Action de conserves aient la préférence des Pour aider les réfugiés d’images. Les photos prises par Le mouvement de solidarité, massif 500 tonnes d’aide humanitaire en contre la faim (ACF). Français. les satellites américains sont depuis le week-end de Pâques (Le Albanie et en Macédoine. Plusieurs Les réserves de nourriture étant Mais le public se mobilise aussi Le ministère des affaires d’une grande précision et per- Monde du 10 avril), s’est accentué milliers de tonnes supplémentaires désormais importantes, d’autres pour héberger des réfugiés. «On étrangères a mis en place une mettent de lire jusqu’à l’inscrip- une semaine plus tard. A tel point sont en attente d’un départ ; ce qui collectes pourraient être organisées n’a pas vu ça depuis les boat cellule d’urgence et de veille avec tion figurant sur une plaque d’im- que la journée du samedi 10 avril fe- pose des problèmes de transport et dans les jours à venir, portant cette people », assurait, samedi, le secré- un numéro vert : 0-800-77-50-47. matriculation. Samedi 10 avril, le ra date dans l’histoire de l’action de distribution. Les organisations fois sur les vêtements, les médica- taire d’Etat à la santé et à l’action Un autre numéro vert, concernant Pentagone a rendu publiques des humanitaire. Des dizaines d’entre- non gouvernementales (ONG) ments ou encore les produits d’hy- sociale, Bernard Kouchner. Le gou- l’accueil des réfugiés, a été photos satellite montrant des prises, de municipalités, d’associa- cherchent donc à adapter au mieux giène. S’agissant des dons d’argent, vernement a mis en service deux installé : 0-800-845-800. groupes de Kosovars albanais tions ont proposé leurs services. cette aide avec les besoins recensés la mobilisation est massive. Lundi numéros verts, un pour l’accueil des b Action contre la faim : 4, rue campant sur des collines après Des milliers de bénévoles se sont sur le terrain. « La solidarité fonc- matin, la Croix-Rouge comptabili- Kosovars, l’autre pour les dons. En Niepce, 75014 Paris, tél. : avoir fui leurs villages. – (AFP.) manifestés. Dans tout le pays, les tionne à plein. Les propositions ar- sait un peu plus de 56 000 chèques, moins de deux jours, le premier a 01-43-35-88-88. clients des supermarchés ont acheté rivent de partout. C’est très agréable, d’un montant moyen d’environ reçu près de 300 000 appels ; 6 000 b Comité français pour l’Unicef : TRACTS des tonnes de pâtes et de riz. Dès le même si l’aide proposée n’est pas 400 francs. Il semble bien, toutefois, fiches faisant état de propositions 3, rue Duguay-Trouin, 75006 Paris, a Pour la première fois depuis le début de l’après-midi, certains d’hébergement ont été remplies ; tél. : 01-44-39-77-77. lancement de l’opération « Force rayons étaient vides et de nom- 3 000 propositions ont été reçues au b Croix-Rouge française : 1, alliée », les avions de l’OTAN (Or- breux magasins en rupture de stock. Le soutien croissant de l’opinion cours de la seule journée de samedi. place Henry-Dunant, 75008 Paris, ganisation du traité de l’Atlan- Les spécialistes de l’action humani- Les directions départementales tél. : 01-44-43-11-00. tique nord) ont lâché 2,5 millions taire mettent ce phénomène sur le Le soutien de l’opinion publique à l’intervention de l’OTAN en des affaires sanitaires et sociales b Fondation de France : 40, de tracts en Yougoslavie, pour ex- compte de la proximité du conflit Yougoslavie s’est sensiblement renforcé au terme de la deuxième (DDASS) assurent le suivi des dos- avenue Hoche, 75008 Paris, tél. : pliquer aux Serbes les raisons des et, plus encore, sur l’émotion susci- semaine du conflit. Selon le dernier sondage d’Ipsos (réalisé les 9 et siers. La communauté albanophone 01-44-21-31-00. raids. Les tracts précisent que les tée par les images d’exode. 10 avril auprès d’un échantillon de 946 personnes pour Le Journal du de France est sollicitée pour réser- b Médecins du monde : 62, rue alliés mettront fin aux bombarde- Lundi matin, la Croix-Rouge fran- dimanche du 11 avril), près de trois Français sur quatre (72 %) ap- ver le meilleur accueil possible. Les Marcadet, 75018 Paris, tél. : ments si le président yougoslave çaise estimait à au moins prouvent désormais l’intervention de l’OTAN, soit 9 points de plus DDASS visiteront ensuite les héber- 01-44-92-15-15. cesse les hostilités, retire ses 6 000 tonnes le total des dons ali- qu’une semaine auparavant et 15 points de plus que les 26 et geants potentiels – qui ne seront b Médecins sans frontières : 8, forces du Kosovo, permet aux ré- mentaires ; soit dix fois plus que 27 mars. Seulement 19 % des personnes interrogées la désap- pas contactés avant une dizaine de rue Saint-Sabin, 75011 Paris, tél. : fugiés de regagner leurs foyers, pour la Roumanie en 1989. La prouvent. De même, 73 % (contre 21 %) approuvent la participation jours – pour évaluer leurs capacités 01-40-21-29-29. accepte une force internationale Croix-Rouge internationale, elle, militaire de la France à cette intervention. En outre, près d’un Fran- d’accueil. L’hébergement – pour b Secours catholique : 106, rue de maintien de la paix et un cadre s’attendait à recevoir dans les Bal- çais sur deux (49 %) estime que l’intervention militaire de l’OTAN est une période de un à trois mois – est du Bac, 75007 Paris, tél. : politique pour l’autonomie du kans 150 000 tonnes en provenance « en train de réussir », contre 29 % qui jugent qu’elle en train à la charge des accueillants. 01-45-49-73-00. Kosovo. – (AFP.) du monde entier. d’échouer. Enfin, deux personnes interrogées sur trois (65 %) se dé- b Secours populaire français : 9, Interrogé dimanche sur RMC, le clarent favorables à une intervention terrestre au Kosovo si les Philippe Broussard rue Froissart, 75003 Paris, tél. : SOLIDARITÉ ministre délégué à la coopération, frappes aériennes se révélaient insuffisantes pour régler la crise. (avec AFP.) 01-44-78-21-00. a A l’occasion de la commémora- tion de la Shoah, mardi 13 avril, le Mouvement juif libéral de France organise une collecte de denrées alimentaires pour les réfugiés du La Croix-Rouge française A Orléans, la solidarité sous la ronde des Transall Kosovo, en lien avec la Croix- ORLÉANS Depuis le 3 avril, 25 points de collecte ont été ou- Rouge. Cette opération aura lieu de notre correspondant régional verts dans le Loiret, la plupart à l’entrée des centres place des Martyrs-Juifs-du-Vélo- face à un « élan gigantesque » Dans le ciel, un Transall amorce sa descente. De- commerciaux, les autres dans des mairies. Vingt drome-d’Hiver, à Paris (métro Bir- DU « JAMAIS VU », un phéno- ne compte plus en tonnes mais en puis le début de la guerre, les Orléanais guettent le tonnes ont déjà été collectées. Le siège de la Croix- Hakeim) où, comme tous les ans, mène « exceptionnel »... A Saint- centaines, voire en milliers de vol lourd de ces gros avions de transport militaire. Rouge à Orléans, rue d’Illiers, est un beau caphar- seront lus de manière ininterrom- Ouen-l’Aumône (Val-d’Oise), au tonnes ! Au passage, on apprend Basés à Bricy (Loiret), ils sont de tous les conflits, de naüm : voitures, camionnettes sur le trottoir, mon- pue les noms de tous les déportés poste de commandement opéra- que le Sud-Est est la région la plus toutes les catastrophes depuis des décennies. Dès le ceaux de colis en attente. Jamais Myriam Neveu, la juifs de France. tionnel de la Croix-Rouge française, généreuse à ce jour, que l’Ille-et-Vi- 1er avril, cinq appareils se sont envolés pour Tirana, nouvelle présidente, qui s’est engagée en 1976 « sur bénévoles et permanents n’ont pas laine se distingue aussi, que les quatre autres vers Skopje le 3, chargés de matériel le pont de la Croix-Rouge » et qui « a fait » toutes les MONTÉNÉGRO souvenir d’une telle solidarité avec Bouches-du-Rhône battent record humanitaire pour les réfugiés. campagnes « depuis le Sahel jusqu’[au cyclone] a Le Parti démocratique des so- un peuple en détresse. Jamais ils sur record... Une société de trans- Samedi 10 avril, dans une grande surface de la Mitch en passant par la Roumanie », n’a vu une telle cialistes (DPS, au pouvoir) du n’ont compté autant de paquets de port rapide propose ses services, des périphérie : les clients déposent leurs dons dans vague de solidarité. On trie jusqu’à 3 heures du ma- président monténégrin Milo Dju- pâtes, de riz, de barquettes de fruits chauffeurs routiers sont prêts à tra- une dizaine de caddies sous la surveillance d’un bé- tin. L’équipe est passée de cinquante à cent béné- kanovic ne participera pas à la secs... Jamais, non plus, il n’ont eu à vailler « à l’œil », les Restos du cœur névole de la Croix-Rouge. A l’entrée du magasin, un voles. La plupart se présentent spontanément. session du Parlement yougoslave prévoir autant de cartons, à orches- offrent 80 tonnes de riz, une marque second bénévole distribue une liste de produits Comme Lucette, quarante ans, graphiste en publi- qui doit statuer, lundi 12 avril, sur trer autant de camions, à recevoir de mousse à raser débloque plu- types (riz, pâtes, savon...). Baptisée « Un colis pour cité au chômage : « C’est l’émotion qui m’a fait venir. une éventuelle adhésion de la autant de promesses de dons. sieurs tonnes de marchandise... chaque famille », l’opération de la Croix-Rouge, Mon père a été en “stalag”, il m’a raconté des hor- Yougoslavie à l’Union Russie-Bé- Georges Métayer, délégué national Il reste désormais à transporter lancée avec La Poste, se déroule dans la discrétion. reurs. On est forcé de faire une corrélation entre ce larus, a annoncé, dimanche, un à l’organisation et au secourisme, tout cela vers les Balkans. Un pre- Une mère de famille musulmane a laissé un chariot qui s’est passé il y a cinquante ans et ces images d’au- haut responsable du DPS. «Le évoque un « élan gigantesque », in- mier avion devrait partir, mercredi rempli à ras-bord. jourd’hui. » Myriam ajoute : « Les gens donnent DPS n’a pas contribué et ne contri- comparable, par son ampleur, avec 14 avril, à destination de Tirana (Al- Malgré les colis qui s’amoncellent, Louise, une parce qu’ils ont peur. Ce mot de “camps” les fait tres- buera pas au chaos constitutionnel les opérations menées ces dernières banie), avec une cargaison – symbo- jeune retraitée, qui centralise la collecte à l’entrée saillir. » et juridique, aux réunions qui années. lique – de vingt tonnes. D’autres le d’un « hyper » du centre-ville, semble déçue. Elle Dans la cour, Bruno, la trentaine, est en sueur. tendent à défendre une mauvaise L’idée de départ, lancée le 2 avril, suivront, mais il faudra aussi des di- pense qu’on pourrait faire plus. L’égoïsme ambiant SDF, originaire de Toulouse, il a fait halte à Orléans, politique et qui sont porteuses de était pourtant simple : récolter des zaines et des dizaines de camions la révolte. Hier encore, une de ses voisines lui a lan- vendredi soir, dans un foyer social de la ville. Au pe- mauvaises intentions et de déci- produits alimentaires de base et pour emporter une cargaison totale cé : « J’espère bien que ces Albanais ne vont pas tous tit matin, explique-t-il, des « recruteurs » sont pas- sions au message apocalyptique », constituer des colis « types », sus- évaluée à au moins 6 000 tonnes ! débouler en France. Heureusement que notre pré- sés dans les chambrées, signalant que la Croix- a déclaré Miodrag Vukovic, pré- ceptibles de nourrir une famille ko- « Nous organiserons tout cela de ma- sident a bien chapitré Jospin sur la question. » Ou- Rouge avait besoin de bras. Il a été le seul volon- sident du Comité exécutif du Parti sovare pendant plusieurs jours. Les nière progressive, car il faut tenir trée, Louise lui a répondu « ce qu’elle avait sur le taire. démocratique des socialistes. – 1 200 comités locaux sont entrés en compte des difficultés de distribution cœur ». Myriam va sûrement consacrer toutes ses va- (AFP.) action, mobilisant au total quarante sur place », prévient M. Métayer, Dans une autre grande surface, proche du quar- cances d’enseignante dans l’opération. Pour elle, mille personnes, notamment à la avant d’annoncer la prochaine tier populaire de La Source, Monique, une jeune une urgence : trouver une aide logistique auprès RESPONSABILITÉ RUSSE sortie des supermarchés. Depuis, la phase de la mobilisation : « Nous al- retraitée, est débordée. De toutes parts, des mains des collectivités locales ou des entreprises. Au stan- a L’un des deux plus hauts chefs générosité a suivi une courbe ascen- lons maintenant demander aux gens se tendent pour offrir des paquets. « Il y a un élan dard, les appels affluent pour accueillir des réfugiés. militaires de l’OTAN, le général dante, jusqu’à atteindre, samedi les produits d’hygiène dont les réfugiés extraordinaire », dit-elle. Une vieille femme passe On leur communique un numéro vert du Quai Klaus Naumann, s’en est vive- 10 avril, une forme d’« apothéose », ont besoin. » en ronchonnant : « Nous, on ne nous a jamais aidés d’Orsay (lire ci-dessus). ment pris à la Russie qui « n’a pas selon M. Métayer. en 1939-45 ! » Propos vite oubliés. On donne de bon assumé sa responsabilité pour la Ph. Br. cœur et sans s’épancher. Régis Guyotat paix et la stabilité dans le sud-est « DÉBORDÉS PAR LE VOLUME » de l’Europe » selon lui. Avant Les installations de Saint-Ouen- même le début des frappes de l’Aumône en témoignent. Des di- l’OTAN, le 24 mars, Moscou a zaines de palettes s’alignent sous le Les ONG sont réservées sur l’initiative humanitaire de l’OTAN « refusé de collaborer de manière hangar, frappées d’inscriptions di- constructive à la mise en œuvre verses : « pâtes », « sardines », LE PLAN « Abri allié » prévoyant gérant soulève les réserves de plu- de prestataire de services pour l’une les humanitaires. Le principe capital d’un accord », déclare le président « sucre », « riz »... Ces produits, des- le déploiement de 8 000 soldats des sieurs ONG. des partie au conflit. Nous avons de la Croix-Rouge est celui de la du comité militaire de l’OTAN tinés aussi bien aux réfugiés des pays membres de l’OTAN en Alba- Dans un communiqué diffusé di- d’ailleurs décidé de ne pas accepter neutralité et de venir en aide à tous dans l’édition, datée du lundi camps qu’aux familles albanaises nie pour « assurer la sécurité de manche 11 avril à Tirana, Médecins d’argent public de pays membres de ceux qui en ont besoin. Si le conflit 12 avril, du quotidien allemand accueillant des Kosovars, ont été l’arrivée de l’aide humanitaire, de sans frontières (MSF) a été la pre- l’OTAN pour nos actions au Koso- devenait terrestre et durait, la situa- Die Welt. A propos de la mise en collectés en région parisienne. Pour son transport et de sa distribution » mière à se prononcer contre le mé- vo ». tion de mélange des humanitaires garde lancée par le président la province, il existe d’autres centres aux réfugiés du Kosovo suscite des lange des genres. « Tandis que Comme MSF, Action contre la avec le dispositif de l’OTAN ne serait russe Boris Eltsine aux Occiden- de stockage, gérés en partenariat débats au sein des organisations l’aide logistique immédiate de faim, par la voix de son directeur plus compatible avec notre taux contre une nouvelle guerre avec La Poste. non gouvernementales (ONG). l’OTAN a été vitale dans cette crise, général Jean-Luc Bodin, estime que éthique. » mondiale (Le Monde daté 11- L’ensemble du dispositif est tou- Même si les alliés ont, jusqu’à les militaires et les Etats membres de « le Haut Commissariat aux réfugiés 12 avril), « je tiens pour irrespon- tefois coordonné depuis ce « PC » présent, nié que la mission « Abri l’OTAN ne devraient pas diriger ou [HCR] doit reprendre son rôle de « NE PAS ÊTRE HYPOCRITE » sable une telle menace sortant de où s’activent entre trente et qua- allié », qui va se dérouler parallèle- être perçus comme dirigeant des leader et coordonner l’ensemble des Pour sa part, Jacky Mamou, pré- la bouche d’un homme politique rante personnes, presque toutes bé- ment à « Force alliée », pourrait camps de réfugiés, estime MSF. Si moyens humanitaires ». « C’est sous sident de Médecins du monde, est responsable », a déclaré l’officier névoles. « Sur le terrain, nos équipes être l’avant-garde d’une opération cette perception existe, les camps ne le contrôle des Nations unies et non plus nuancé : « Si la mission “Abri supérieur allemand. – (AFP.) sont débordées par le volume », se ré- terrestre au Kosovo, cette double peuvent pas être considérés comme de l’OTAN que doivent être assurées allié” peut aider à la stabilisation jouit M. Métayer. Dans l’euphorie, il casquette d’humanitaire et de belli- des zones humanitaires neutres et l’aide et la protection des droits des des camps et éviter que les réfugiés MANIFESTATION leur sécurité pourrait être en danger réfugiés, nous a déclaré M. Bodin. ne soient envoyés aux quatre coins a De deux cents à trois cents per- dans l’avenir. » Nous aurons du mal à travailler du monde, nous n’y sommes pas hos- sonnes, dont une majorité d’intel- dans des camps qui seraient entière- tiles, nous a-t-il déclaré. Il ne faut lectuels français et de membres « PRINCIPE DE NEUTRALITÉ » ment gérés sous la bannière de pas être hypocrite, la sécurisation de de la communauté albanaise, ont Pour le directeur des opérations l’OTAN. Ce serait de mauvais si- l’aide dans le nord de l’Albanie est manifesté, samedi 10 avril, à Paris, de MSF, Jean-Hervé Bradol, gnaux, qui feraient perdre sa neutra- une nécessité, car des braquages se place de la Sorbonne, « pour le « l’OTAN a manipulé l’humanitaire lité à l’humanitaire. Même si seuls sont déjà produits. Il est vraisem- soutien au peuple du Kosovo, dans sa communication depuis le les militaires peuvent fournir la logis- blable que l’OTAN fera la même contre l’épuration ethnique ». Le début des frappes en utilisant des ar- tique nécessaire, chacun doit faire ce chose qu’en Macédoine, où elle rassemblement était organisé, à guments moraux au lieu d’expliquer qu’il sait faire. » passe rapidement le relai au HCR et l’appel du Comité Kosovo et, mis ses objectifs politiques à l’opinion Interrogé par Le Monde, le pro- aux humanitaires dans les camps. » à part une poignée de militants du publique. Les mêmes arguments au- fesseur Marc Gentilini, président Leurs réserves émises, les ONG Mouvement des jeunes socialistes raient dû justifier une action au Kur- de la Croix-Rouge française, se dé- attendent donc les prochains jours (MJS), la seule force politique distan et cela n’a pas été le cas. Il clare pour sa part « perplexe devant pour affiner leurs positions, tout en française venue apporter son sou- faut coordonner et organiser dans la la confusion entre humanitaire et gardant comme priorité l’aide aux tien à cette initiative était celle durée l’aide aux réfugiés et la pro- militaire. La mobilisation des Fran- réfugiés. des Verts, représentés notam- tection de leurs droits. Mais les ONG çais risque d’être cassée par une dé- ment par Noël Mamère et Yves ne doivent pas être réduites au rôle cision prise sans concertation avec Paul Benkimoun Cochet. LeMonde Job: WMQ1304--0007-0 WAS LMQ1304-7 Op.: XX Rev.: 12-04-99 T.: 11:14 S.: 111,06-Cmp.:12,11, Base : LMQPAG 48Fap:100 No:0389 Lcp: 700 CMYK

INTERNATIONAL LE MONDE / MARDI 13 AVRIL 1999 / 7 Les ramiﬁcations de l’affaire Carla Del Ponte, procureur général de la Confédération suisse « Il est question de corruption, de blanchiment d’argent Mabetex menacent et de ce que les Russes appellent “ abus de pouvoir ” » le régime de Boris Eltsine Depuis l’automne 1998, Mme Del Ponte, pro- Suisse par des personnalités russes de premier tion, elle s’est pour la première fois exprimée à cureur général de la Confédération hélvétique, plan. Pourchassée par les médias russes depuis ce sujet, en recevant Le Monde, le 9 avril, à collabore avec ses homologues russes pour re- sa dernière visite à Moscou, liée notamment à Berne. Elle se dit déterminée à pousuivre l’en- La classe politique est en ébullition trouver la trace des fonds placés illégalement en l’affaire Mabetex qui met le Kremlin en ébulli- traide judiciaire avec le parquet russe.

LES AUTORITÉS russes, sollici- té » du procureur, suspendu une « Le 2 avril, votre homologue beaucoup de documentation. En al- oui. Mais, il y a d’autres affaires. Quand je recevais des commissions tées par l’OTAN pour éteindre l’in- nouvelle fois par Boris Eltsine. Ev- russe Iouri Skouratov était une lant à Moscou, je voulais chercher Des commissions rogatoires russes rogatoires concernant l’ opération cendie balkanique, restent surtout gueni Primakov, dont les rapports deuxième fois mis à l’écart. Son des informations pour savoir si ont déjà été exécutées dans le cadre « Mains propres » en Italie, au dé- anxieuses d’étouffer le feu domes- avec le président se sont tendus et enquête sur la corruption de très cette documentation était perti- de deux autres enquêtes, qui, appa- but, je tenais le compte. Mais à tique. Il fut allumé par Iouri Skou- qui est soupçonné de tirer les fi- hauts fonctionnaires russes, nente avec l’enquête en cours en remment, touchent aussi des per- force d’additionner des millions et ratov, le procureur général de Rus- celles du parquet, doit déclarer, le proches de Boris Eltsine, se pour- Russie. De plus, j’ai transmis sonnes haut placées. Seulement la des millions, j’ai fini par arrêter. sie, qui enquête, aidé par la justice 7 avril, que Iouri Skouratov doit suit-elle néanmoins ? d’autres commissions rogatoires, presse ne s’en est pas saisie et cela – S’agit-il de sommes aussi im- suisse, sur plusieurs affaires, dont « bien sûr, quitter son poste, car – D’abord, je n’ai pas perdu es- émanant de mes collègues des can- s’est passé sans clameurs, ce qui est portantes avec la Russie ? celle de la société de construction toute cette agitation destabilise » le poir que M. Skouratov soit réinstal- tons suisses. bien. – C’est des sommes impor- suisse Mabetex. Elles permettraient pays... lé dans ses fonctions. Je le connais – N’êtes-vous pas au cœur – Avez-vous transmis des docu- tantes... Très importantes. de dérouler l’écheveau des compli- Depuis deux mois, le duel entre depuis deux ans et je lui fais entiè- d’une affaire politiquement ex- ments ou fait d’autres perquisi- – Votre attention avait-t-elle cités entre hauts responsables poli- le procureur et le Kremlin met la rement confiance. Quand je suis al- plosive, une sorte de « Kremlin- tions dans le cadre de l’affaire déjà été attirée sur les personnes tiques, « oligarques » et crime or- classe politique en ébullition. Mal- lée à Moscou (du 23 au 25 mars), il gate » qui vous dépasse... ? Mabetex ? concernées avant que M. Skoura- ganisé en Russie. En soulignant gré de nouveaux gages aux m’a dit que la cassette vidéo – Aucune affaire ne me dépasse. – Oui, il y a eu d’autres perquisi- tov ne vous informe de ses en- que ces affaires portent aussi sur communistes (escalade verbale sur compromettante (sur des ébats Je suis concernée quand il s’agit tions... Mais je ne peux pas vous en quêtes ? des opérations de blanchiment et le Kosovo et mandats d’arrêt sexuels supposés de M. Skouratov) d’une procédure pénale et que de dire plus. Nous n’avons pas encore – Oui. L’Office fédéral de la police abus de pouvoir (voir ci-contre), le contre deux oligarques réfugiés à était fausse. Les magistrats qui tra- l’argent sale peut être introduit transmis de documents à Moscou. avait déjà fait nombre de rapports procureur général de Berne, l’étranger, Boris Berezovski et vaillent avec lui sont toujours en dans les banques suisses. Je suis Mais j’ai déjà rédigé une ordon- des citoyens russes ayant des activi- Mme Carla Del Ponte, confirme une Alexandre Smolenski), la Douma place et je reste en contact avec consciente qu’il s’agit ici d’une af- nance de transmission. Selon la lé- tés en Suisse, où ils avaient implan- partie de ces soupçons. en veut plus et prépare un vote sur eux. faire très sensible, mais ce n’est pas gislation suisse, les personnes ou les té des sociétés et brassé beaucoup En septembre, quand le pro- la procédure de destitution de Bo- – Mais l’un d’eux, Mikhaïl Katy- moi qui mène l’enquête : je ne fais sociétés concernées sont averties et d’argent. Les rapports émettaient cureur Skouratov, qui fut l’instru- ris Eltsine. chev, chef des enquêtes, ne vient- qu’aider mes homologues russes. peuvent faire recours auprès de des doutes, signalant que cela pou- ment docile du Kremlin pendant D’autres ténors de la politique il pas d’être écarté de ce poste ? notre tribunal fédéral, si elles ne vait être de l’argent sale. Mais, en trois ans et demi, s’est attaqué à ce font marche arrière dans leur sou- – Non, d’après mes informations, souhaitent pas que ces pièces soient Suisse, la corruption de fonction- matériel explosif, le pouvoir en tien à Iouri Skouratov, dont le M. Katychev n’a pas été écarté de « A force transmises à Moscou. Trois ou naires étrangers n’est pas punis- Russie avait changé, après la crise maire de Moscou Iouri Loujkov. son enquête, ou plutôt de ses en- quatre recours sont déjà arrivés au sable, comme d’ailleurs nulle part d’août 1998 : les communistes de la Avec l’ancien premier ministre Vik- quêtes. Je me suis renseignée, il m’a d’additionner Tribunal fédéral. en Europe. Là, nous sommes un Douma, renforcés, avaient imposé tor Tchernomyrdine et d’autres, il dit qu’il continuait à travailler. – Cela veut dire que les per- peu « coincés ». Nous ne pouvons Evgueni Primakov à la tête du gou- évoque désormais les « luttes de – Quel était le but de votre der- des millions sonnes concernées peuvent refu- pas ouvrir des enquêtes, nous de- vernement. Le procureur Skoura- pouvoir » qui se cachent derrière nière visite à Moscou ? ser que le détail de leur compte vons nous limiter à l’entraide judi- tov, entouré de magistrats proches les « affaires » pour justifier la né- – J’avais besoin de voir M. Skou- et des millions, bancaire soit communiqué ? ciaire. Cette situation devrait chan- de ces communistes, pouvait se cessité de ne pas leur accorder ratov et ses adjoints, de recueillir – Oui. ger. La Suisse vient en effet de sentir protégé et Carla Del Ponte d’importance. Or tous deux, mais des informations sur les enquêtes j’ai fini par arrêter » – N’est-il question que de cor- signer une convention de l’OCDE pouvait croire au miracle : l’appari- aussi le patriarcat de Moscou, le en cours à Moscou. Or, comme ruption dans cette enquête ? sur la lutte contre la corruption. tion à Moscou d’un alter ego hon- sulfureux conseiller de la mairie de vous le savez, il est difficile de faire – Il est question de corruption, de – Iouri Skouratov, juste avant nête aux mains déliées. Mais Moscou Iossif Kobzon, Boris Bere- cela au téléphone... J’ai trois – A Moscou, on vous a déjà ac- blanchiment d’argent et de ce que d’être suspendu, avait parlé de M. Skouratov a été acculé à la dé- zovski et bien d’autres, sont sus- commissions rogatoires sur la cor- cusée de faire le jeu des commu- les Russes appellent « abus de pou- “ trente ou quarante personnali- mission le 2 février. Le 17 mars, le ceptibles d’apparaître dans les ra- ruption de hauts fonctionnaires à nistes ? voir », notion plus large que la cor- tés russes connues, possédant des Conseil de la Fédération refusait mifications de l’affaire Mabetex. exécuter. – Mon travail n’a rien à voir avec ruption. comptes en Suisse alimentés par d’entériner cette démission. Le soir « Chacun comprend que Skouratov – Vous parlez de l’« affaire Ma- la politique. Nous avons eu d’autres – Existe-t-il des évaluations l’argent du milieu ”. Qu’en est-il ? même, une vidéo sur les ébats secoue une barque où tout le monde betex », cette société de construc- cas sensibles avec le Pakistan et fiables sur le montant d’argent – C’est le parquet russe qui en- sexuels d’un « homme ressemblant a quelque chose à cacher, qu’il peut tion suisse soupçonnée d’avoir l’Italie. Ou on reste objectif, ou on sale russe déposé en Suisse ? quête en Russie. Je ne suis pas au au procureur » apparaît à la télévi- provoquer l’écroulement du ré- versée des pots-de-vin à de très change de métier. – Il y en a. En 1995, notre minis- courant des détails. Il est toutefois sion. M. Skouratov poursuit cepen- gime », résume Lilia Chevtsova, hauts fonctionnaires proches du – Dans « l’affaire Mabetex », tère de la justice avait demandé à possible que nous recevions dant ses enquêtes. La riposte du analyste au centre américain Car- Kremlin en échange de marchés ? vous n’avez reçu que trois un groupe d’enquêteurs de faire un d’autres commissions rogatoires. » Kremlin tombe le 2 avril, par une negie de Moscou. – C’est une enquête dans laquelle commissions rogatoires ? rapport. On parlait de 40 à 50 mil- « enquête » précipitemment ou- figure aussi cette entreprise, mais il – Dans cette affaire de corruption liards de dollars. Pour la Suisse, il Propos recueillis par verte dans la nuit sur la « morali- Sophie Shihab n’y a pas qu’elle. J’ai déjà réuni liée à des travaux de construction, n’y a pas de statistiques précises. Agathe Duparc LeMonde Job: WMQ1304--0008-0 WAS LMQ1304-8 Op.: XX Rev.: 12-04-99 T.: 10:43 S.: 111,06-Cmp.:12,11, Base : LMQPAG 48Fap:100 No:0390 Lcp: 700 CMYK

8 / LE MONDE / MARDI 13 AVRIL 1999 INTERNATIONAL L’ancien chef de la garde présidentielle Le premier ministre russe dément avoir une ambition présidentielle est nommé par l’armée à la tête du Niger MOSCOU. Le premier ministre russe, Evgueni Primakov, est « résolu- ment contre » la procédure de destitution du président Boris Eltsine, qui pourrait être examinée par la Douma jeudi 15 avril. Dans une intervention télévisée, samedi 10 avril, M. Primakov a jugé cette procé- Le commandant Wanké a organisé l’assassinat du président Baré Maïnassara dure « contre-productive et dangereuse ». « Je veux que le président aille jusqu’au terme de son mandat constitutionnel et suis catégoriquement Le commandant Daouda Mallam Wanké a été porte-parole de l’armée, ce Conseil est mis en a été suspendue et les principales institutions opposé à la tenue d’élections présidentielle et législatives anticipées », a- nommé, dimanche 11 avril, chef de l’Etat par le place pour neuf mois. Il détient les pouvoirs exé- républicaines ont été dissoutes. Les élections lo- t-il dit. Face aux rumeurs qui, ces derniers jours, annonçaient son li- Conseil de réconciliation nationale. Selon le cutif et législatif. La Constitution du 12 mai 1996 cales du 7 février ont été annulées. mogeage, le premier ministre a réaffirmé qu’il n’avait « ni l’ambition ni le souhait de participer à l’élection présidentielle ». « Je ne m’agrippe pas NIAMEY dentielle ont affirmé que la mort du non plus à mon fauteuil de premier ministre », a-t-il ajouté. Dimanche, de notre envoyé spécial président était accidentelle. Le chef un sondage d’opinion réalisé pour la chaîne de télévision NTV indi- Vendredi 9 avril, le commandant de la garde a cependant été nom- quait que M. Primakov, en cas d’élection présidentielle, l’emporterait Tili Gaoh était un homme redouté mé, dimanche soir, à la tête de largement au second tour. – (Corresp.) dans tout le Niger. Responsable de l’Etat. la sécurité rapprochée du président Les obsèques du président Maï- de la République, l’opposition le nassara avaient eu lieu dans la ma- Nouveau massacre de civils présentait comme l’exécuteur des tinée. A la levée du corps, des élé- basses œuvres du régime. Di- ments de la garde − l’unité qui a manche, le commandant Tili est sur organisé l’attentat − côtoyaient la au Timor oriental, selon un groupe une chaise roulante et la hiérarchie famille et les proches du défunt. Le militaire a quitté la capitale, Nia- chef d’état-major, Moussa Mou- mey, pour assister aux obsèques du mouni Dermakoye, absent du pays indépendantiste président Baré Maïnassara (Le lors de l’assassinat, gardait un mu- Monde daté 11 et 12 avril), dans son tisme total. Il a refusé d’assumer la DJAKARTA. Un porte-parole indépendantiste du Timor oriental a ac- village natal. direction du Niger, afin de ne pas cusé, dimanche 11 avril, des soldats indonésiens d’avoir tué treize civils Amputé d’une jambe, touché aux cautionner l’assassinat du pré- qui se déplaçaient en minibus dans l’ancienne colonie portugaise. Ma- bras et au visage, le commandant sident. Il a été limogé par le nou- nuel Carrascalao, président du Mouvement pour la réconciliation et Tili est resté à l’hôpital. Il raconte veau chef de l’Etat. l’unité des Est-Timorais, a déclaré depuis Dili, la capitale du territoire, l’attentat qui a coûté la vie au géné- L’armée nigérienne, comme que ce nouveau massacre avait eu lieu la veille à Ermera, à 25 km de ral Ibrahim Baré Maïnassara, lui- beaucoup d’autres dans la région, Dili, à peu près au moment où un militant indépendantiste était assas- même arrivé au pouvoir à la suite est malade. De ne pas être payée siné dans la même région. Les civils auraient été tués parce qu’on les d’un coup d’Etat, le 27 janvier 1996. régulièrement, d’être mal équipée, soupçonnait d’aider les rebelles séparatistes. Le président s’apprêtait à embar- et − spécifité nigérienne − d’avoir Ermera est situé à quelques kilomètres de Liquisa, où 25 personnes quer dans un hélicoptère à destina- assumé vingt années de pouvoir de- auraient été assassinées le 6 avril, selon l’évêque Carlos Belo. D’autres tion de l’ouest du pays. « J’ai enten- sur Ibrahim Baré Maïnassara. «La qu’à la voiture et une nouvelle rafale puis l’indépendance en 1960, ce qui ont avancé le chiffre de 5 à 57 morts. Devant l’escalade des violences, du deux coups de feu, raconte le première rafale à touché le président l’a tué. » fait de chaque officier supérieur un Mgr Belo, prix Nobel de la paix 1996, a annoncé samedi qu’il suspen- commandant. Je me suis tourné vers et m’a broyé la cheville. J’ai appelé le L’attentat a été commis à la mi- préfet ou un ministre potentiel. dait sa médiation entre les partisans de l’intégration au sein de l’Indo- les soldats que nous venions de passer chauffeur. Il a foncé, mais il a trailleuse de calibre 12,7. Le Déjà, en 1996, le président Baré nésie et les Timorais favorables à l’indépendance. – (Reuters.) en revue. Je n’ai pas deviné que les commis l’erreur d’ouvrir sa porte et il commandant affirme ne pas être avait été lui-même auteur d’un tirs venaient d’un autre côté. » a été touché. Le président était en- animé par l’esprit de vengeance, coup d’Etat en Afrique francophone Répondant à ces tirs, sans doute core vivant, il récitait des versets du mais espérer que la justice militaire après la vague de démocratisation. En Colombie, des pluies diluviennes un signal, deux automitrailleuses Coran et disait “ ça va, ça va ”. Deux suivra son cours. Le premier mi- Aujourd’hui, c’est le chef de sa sont apparues et ont ouvert le feu officiers ont essayé de le porter jus- nistre et le chef de la garde prési- garde personnelle, le commandant Daouda Mallam Wanké, qui accède provoquent 25 morts et 41 disparus au pouvoir après avoir organisé PROFIL présenté par ceux qui le connaissent comme un «bla- l’assassinat de son prédécesseur. BOGOTA . Huit personnes ont été tuées, trois blessées et une autre a gueur jovial » aimant raconter des histoires pour dis- Les bailleurs de fonds, dont le Ni- disparu dimanche lors de glissements de terrain en Colombie, portant DAOUDA MALLAM WANKÉ, traire ses amis. Jusqu’à dimanche, officiers et hommes ger dépend étroitement, sont restés à 25 morts et 41 disparus le dernier bilan des victimes provoquées par politiques nigériens estimaient qu’il ne pouvait pas as- discrets face à cette entorse aux les pluies torrentielles qui s’abattent sur le pays, ont annoncé les auto- NOUVEL HOMME FORT sumer les plus hautes charges de l’Etat, car il n’avait règles qui sont censées régir la nou- rités. Selon le bureau gouvernemental de prévention des catastrophes, pas un grade suffisamment élevé dans l’armée. Le pré- velle Afrique. Ce sont les autres les pluies ont touché depuis deux semaines 8 des 32 départements du Le commandant Daouda Mallam Wanké, nommé, sident Maïnassara était colonel lorsqu’il est arrivé au pays africains – Togo, Côte d’Ivoire, pays, faisant déborder les principaux cours d’eau. Les localités les plus dimanche 11 avril, chef de l’Etat du Niger par un pouvoir par un coup d’Etat le 27 janvier 1996 avant Nigeria – qui ont protesté le plus vi- affectées se situent dans les départements de Cauca, Narino, Valle Conseil de réconciliation nationale composé unique- d’être promu général. goureusement contre l’assassinat (sud-ouest) et Cundinamarca (centre), dont Bogota est la capitale et ment de militaires, a la réputation d’être un soldat Le commandant Wanké était à ses côtés lors de ce du président Baré. Des Etats qui ne où les autorités civiles ont décrété l’état d’alerte maximale. – (AFP.) modeste, intègre et ferme. coup d’Etat réalisé par douze officiers qui avaient for- sont pas tous irréprochables quant Silencieux depuis l’assassinat, vendredi, du président mé un Conseil de salut national. Nommé chef de la au respect des règles démocra- Ibrahim Baré Maïnassara par la garde présidentielle garde présidentielle par le défunt président, il ne tiques. Mais au fil des années, un Le Zimbabwe rompt ses relations qu’il dirigeait, le commandant Wanké avait cependant s’était plus mêlé ouvertement de politique. Homme tabou s’était instauré en Afrique de affirmé que la mort du président était « un malen- de terrain, le commandant Wanké – né à Yelou en l’Ouest : celui du recours ouvert à la contreux accident ». Une thèse démentie par tous les 1954, dans la région de Gaya, à 170 kilomètres au sud violence contre les responsables de avec le FMI et la Banque mondiale témoignages recueillis à Niamey. Plusieurs sources di- de Niamey – est de l’ethnie haoussa-tchanga, comme l’Etat. En le brisant, les nouveaux plomatiques ont affirmé qu’il avait pris part lui-même l’était le général Maïnassara. maîtres du Niger font courir un HARARE. Le parti au pouvoir au Zimbabwe a décidé de couper les à l’assassinat de l’homme qu’il avait la charge de pro- De 1974 à 1977, il a fréquenté l’Ecole d’application grand risque à leur pays et à la ré- ponts avec le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mon- téger. Son absence, dimanche, aux obsèques du chef du génie en Algérie, puis l’Académie militaire d’Ant- gion. diale (BM) au terme de vains efforts pour obtenir un financement de de l’Etat défunt a été remarquée. sirabe de 1980 à 1983. Il est ensuite entré à l’Ecole ces deux organismes au cours des derniers mois, a rapporté di- Peu connu des Nigériens, le commandant Wanké est d’application des artilleurs en France. – (AFP, Reuters.) Thomas Sotinel manche 11 avril un journal gouvernemental. Le Sunday Mail cite le ministre de l’industrie et du commerce, déclarant que d’autres sources de financement devaient être recherchées. Le FMI et la Banque mondiale ont été les principaux bailleurs de fonds du Zimbabwe depuis les ré- L’Inde teste son missile Agni-2 formes engagées en 1991 en faveur de l’économie de marché. Les deux Un « faucon » médiatique antiaméricain institutions ont suspendu une aide de quelque 53 millions de dollars depuis sept mois en raison de la politique suivie par Harare de redistri- à capacité nucléaire bution des terres et de son implication militaire dans le conflit en Ré- a été élu gouverneur de Tokyo publique démocratique du Congo. – (AFP, AP.) TOKYO dont le mandat expire en sep- NEW DELHI « Personne ne peut faire pression sur de notre correspondant tembre. de notre correspondante nous, et l’Inde ne fera aucun DÉPÊCHES Dans les élections, dimanche A Osaka, où le gouverneur sor- en Asie du Sud compromis avec qui que ce soit sur a IRAK : des chasseurs américains F-18 ont attaqué dimanche 11 avril, pour le renouvellement tant « Knock » Yokoyama, un Près d’un an après avoir procédé sa sécurité nationale. » 11 avril deux sites de missiles air-sol dans le sud de l’Irak en réponse à du mandat de gouverneur dans comédien populaire, a été réélu, le à cinq essais nucléaires, l’Inde a Puissances nucléaires, l’Inde et le une attaque par missile contre des avions de la coalition samedi et des douze préfectures, les yeux PLD n’avait pas pu présenter de testé, officiellement avec succès, Pakistan poursuivent chacune un tirs de DCA dimanche, a-t-on appris auprès du Commandement cen- étaient tournés vers Tokyo. Le candidat. Le recul du PLD est aussi dimanche 11 avril, une version programme de développement de tral des forces américaines (USCC), basé en Floride. Selon Bagdad, scrutin y a toujours eu une signi- sensible dans les conseils géné- améliorée de son missile balistique missiles. Au grand dam de l’Inde, deux Irakiens ont été tués et neuf autres blessés dans ces raids. – fication politique ; il est en outre raux, alors que les communistes y de moyenne portée, l’Agni-2. « Au- qui accuse Islamabad de bénéficier (AFP.) le premier test électoral depuis doublent leurs sièges. jourd’hui est un grand jour pour d’un soutien technique chinois, le a IRAN : le chargé d’affaires irakien à Téhéran a été convoqué, di- l’arrivée au pouvoir du premier La victoire de M. Ishihara ra- l’Inde », s’est félicité le ministre de Pakistan avait, le 6 avril 1998, testé manche 11 avril, au ministère des affaires étrangères après l’assassinat ministre, Keizo Obuchi, en juillet mène au centre de l’arène poli- la défense, Georges Fernandès, qui le Ghauri, missile balistique de samedi du général iranien Ali Sayad Chirazi, revendiqué par les Moud- 1998. Aussi, l’élection de Shintaro tique une personnalité qui tranche a précisé que l’Agni-2, d’une por- 1500 km de portée. jahidine du Peuple, basés en Irak. Les autorités iraniennes ont « pro- Ishihara, vedette médiatique (ro- par ses formules emportées. En re- tée supérieure à 2000 km, avait été testé » auprès du diplomate contre « le soutien de l’Irak au groupe ter- mancier populaire et ancien mi- nonçant à son siège parlementaire tiré d’une île de la baie du Bengale RENTRÉE PARLEMENTAIRE roriste des Moudjahidine du Peuple » et affirmé que « de tels incidents nistre) qui cultive une image de il y a quatre ans, M. Ishihara avait à 9 h 47 locales, emportant une L’Agni – dont le nom signifie affectent irréparablement les relations bilatérales ». – (AFP.) « faucon » pourfendeur des bu- déclaré : « Le Japon est devenu un charge substantielle, et avait at- « feu » en sanscrit – avait été testé a Le président iranien, Mohamad Khatami, a accepté, dimanche reaucrates et champion d’un Ja- pays d’eunuques. » teint son point d’impact onze mi- pour la première fois en 1992 dans 11 avril, de se rendre en visite officielle à Bonn, à l’invitation du chan- pon « viril », sachant tenir tête Après avoir reçu le prix littéraire nutes plus tard. Toujours selon une version de 1500 km. Après un celier Gerhard Schröder. L’invitation lui a été transmise par le ministre aux Américains, d’un Japon qui Akutagawa en 1956, à l’âge de M. Fernandès, l’Agni, qui est prévu troisième test en 1994, le pro- à la chancellerie, Bodo Hombach, en visite à Téhéran depuis samedi. peut dire non (titre d’un pamphlet vingt-trois ans, pour le roman La pour recevoir une charge nucléaire gramme avait été un moment in- – (AFP.) qu’il a publié en 1989) est révéla- Saison du soleil inspiré du Diable au ou conventionnelle de 1000 kg, est terrompu devant les critiques in- a RUSSIE : un garde-frontière russe a été tué dimanche dans une es- trice du malaise ressenti par corps de Raymond Radiguet, il désormais opérationnel. ternationales, mais avait été carmouche avec des contrebandiers, rapporte Interfax. L’échange de beaucoup de Japonais inquiets de commença à la fin des années 60 Le Pakistan, conformément à relancé en 1997. Le missile, d’une tirs près de l’île de Chechen, dans la mer Caspienne, a blessé deux l’enlisement du pays dans une une carrière politique à la droite du l’engagement pris lors de la visite longueur de 20 mètres, a été vu autres gardes. Le trafic pour le caviar est très intense dans la région, crise qui se traduit par des muta- PLD. Son nationalisme est plus ro- du premier ministre indien, M. Atal pour la première fois en public qui est le principal producteur d’esturgeons. L’espèce est très menacée tions sociales douloureuses. Avec mantique que doctrinaire. C’est Bihari Vajpayee, à Lahore, le 17 fé- cette année lors du défilé militaire par la surexploitation et la pollution. – (AP.) un taux de participation (57,8 %) surtout sa personnalité qui a déci- vrier, avait été préalablement aver- du jour de la République, le 26 jan- supérieur à 1995, les électeurs ont dé de l’issue de l’élection, même si ti de ce lancement. Il n’en a pas vier. Le film diffusé sur ce dernier voté pour M. Ishihara en espé- son courroux de voir le Japon de- moins vivement réagi. « Nous test montre le missile lancé d’une Un million de décès liés au travail rant ouvrir une brèche dans cette venir une « colonie des Etats-Unis » sommes décus et inquiets », a affir- rampe mobile. Sa portée lui per- grisaille, écrit l’Asahi. « Si Tokyo a des échos dans une frange de la mé le chef de la diplomatie pakis- met théoriquement d’atteindre en change, le Japon changera », a population agacée par l’arrogance tanaise, M. Sartaj Aziz, qui a ajou- profondeur le Pakistan et certaines chaque année, selon le BIT promis le nouveau gouverneur. américaine. « Dans la crise de té : « Nous avions décidé la retenue, parties de la Chine. Avec le Prithvi M. Ishihara, soixante-six ans, a confiance actuelle, son machisme mais, maintenant, le Pakistan devra (à la portée de 150 à 200 km), GENÈVE. Il y a chaque année plus d’un million de décès liés au travail, été élu avec une confortable rassure », estime le commentateur décider dans les deux ou trois jours l’Agni devrait être la pièce maî- tandis que des centaines de millions de travailleurs dans le monde avance (+ 30 % des voix) sur ses politique Minoru Morita. comment répondre à ce test. » Les tresse du système de lancement sont victimes d’accidents et exposés à des produits dangereux, selon le adversaires Kunio Hatoyama C’est la première fois que Tokyo Etats-Unis, qui, comme chacun des des armes nucléaires indiennes. Bureau international du travail (BIT). A la veille du Congrès mondial (Parti démocrate) et Yoichi Masu- a un gouverneur anti-américain et membres du Conseil de sécurité de Ce test intervient à un moment sur la santé et la sécurité du travail de Sao Paulo (Brésil), le BIT fait zoe (indépendant). Le piètre ré- perçu, en Chine et en Corée, l’ONU, avaient été aussi avertis, où le gouvernement, dirigé par les état de 250 millions d’accidents professionnels annuels entraînant des sultat du candidat du parti gou- comme un nationaliste. Dans ses l’ont regretté, appellant les deux nationalistes hindous du Bharatiya arrêts de travail. Quelque 3 000 personnes sont tuées chaque jour vernemental (libéral démocrate), nouvelles fonctions, M. Ishihara parties à ne pas s’engager dans une Janata Party (Parti du peuple in- « par leur travail ». L’amiante est à elle seule responsable du décès de Yasushi Akashi, ancien secrétaire devra cependant s’attaquer à des course aux armements. dien), est menacé, du fait de la 10 000 travailleurs par an, selon l’organisation. général adjoint des Nations problèmes concrets tels que le dé- Face à la détermination de l’Inde défection probable d’un de ses Douze millions d’accidents professionnels touchent des enfants qui unies, arrivé en quatrième posi- ficit alarmant d’un budget qui à poursuivre un programme de principaux alliés. La rentrée parle- travaillent et chaque année 12 000 en moyenne sont mortels. Le tion, va provoquer des turbu- s’élève à près du double de celui de dissuasion crédible, les Etats-Unis mentaire, jeudi, permettra de voir nombre de décès liés au travail dépasse les moyennes actuelles des lences au sein de sa direction em- New York : 6 300 milliards de yens s’étaient récemment résignés à la si cet acte donnera un répit au morts par accidents de la route (990 000), par les conflits armés pêtrée dans ses luttes internes. (48 milliards d’euros) en 1998. voir poursuivre ses tests de mis- gouvernement de M. Vajpayee. (502 000), par la violence (563 000) et par le sida (312 000), affirme le Mais cela ne devrait pas affecter siles balistiques. Balayant les cri- BIT. – (AFP.) la position du premier ministre Philippe Pons tiques, M. Fernandès a affirmé : Françoise Chipaux LeMonde Job: WMQ1304--0010-0 WAS LMQ1304-10 Op.: XX Rev.: 12-04-99 T.: 10:54 S.: 111,06-Cmp.:12,11, Base : LMQPAG 48Fap:100 No:0392 Lcp: 700 CMYK

10 FRANCE-SOCIÉTÉ LE MONDE / MARDI 13 AVRIL 1999

PARIS La préparation des élec- noncer sa candidature aux élections son parti, c’est-à-dire par Philippe théâtre d’un conflit apparemment événements sans bouger, mais elle tions européennes donne lieu, à Pa- municipales de 2001 afin de couper Séguin et Nicolas Sarkozy. b PARMI insoluble entre le maire de l’arron- recèle aussi des conflits, tel celui que ris, à un regain de tension au sein de court aux manœuvres de ses rivaux, les arrondissements « fragiles » de dissement, Jean-François Pernin le président du groupe socialiste du la droite et, principalement, du RPR. qu’il estime encouragées ou, du la droite, où la décision pourrait se (UDF), et le député, Jean de Gaulle Conseil de Paris, Bertrand Delanoë a Le maire, Jean Tiberi, envisage d’anmoins, tolérées par la direction de faire dans deux ans, figure le 12e, (RPR). b LA GAUCHE observe les failli provoquer dans le 5e. Guerre des nerfs entre l’Hôtel de Ville et la direction du RPR Craignant d’être pris de court, au lendemain des élections européennes de juin, par une offensive de ses rivaux, Jean Tiberi envisage d’engager ouvertement la bataille en déclarant sa candidature à sa propre succession comme maire de la capitale PRIS en tenaille entre la direc- tagé sur l’opportunité d’une dé- Si cette thèse l’emporte, M. Tiberi les réseaux locaux, militants ou pour l’instant, mais M. Balladur, RPR s’est agitée autour de l’idée tion du RPR, dont il sait qu’elle claration de candidature avant les pourrait, dès les prochains jours, associatifs, risquent de basculer, manœuvré par Nicolas Sarkozy », que, si le maire de Paris ne respec- n’a pas l’intention de le choisir élections européennes. Jean- se déclarer candidat et publier la travaillés au corps par les rivaux analyse M. Bled, qui pense avoir tait pas l’accord prévoyant que le comme candidat à sa propre suc- François Legaret, adjoint chargé liste de « ses » vingt chefs de file potentiels du maire en place. convaincu M. Tiberi sur ce point. candidat sera désigné par la cession, et les élus de base, tentés des finances, a défendu une posi- d’arrondissement. Ainsi, dans le 9e, M. Tiberi de- Cet armistice présenterait l’avan- commission d’investiture de la de rejoindre des réseaux ennemis tion « légitimiste », consistant à vrait prendre parti en faveur du tage, au sein de la majorité muni- Rue de Lille, il pourrait se voir ex- s’ils le sentent en position de fai- ne pas troubler la campagne eu- ARMISTICE TEMPORAIRE député Pierre Lellouche (RPR), en cipale, de préserver les relations clu du parti. blesse, Jean Tiberi adresse som- ropéenne de Philippe Séguin, « Son travail de gestion de la guerre ouverte avec Vincent Rei- de M. Tiberi avec son premier ad- Cette éventualité laisse de mation sur sommation à son comme celui-ci l’a fermement de- Ville ne suffit plus. Il faut montrer na (RPR), porte-parole de la fédé- joint, Jacques Dominati, pré- marbre les partisans de la ligne propre parti. Durant la dizaine de mandé dans une lettre écrite, le l’existence d’une organisation poli- ration, qui s’est mis à dos, aussi, sident du groupe DL. Celui-ci ne « dure ». « M. Séguin n’a pas exclu jours qui ont précédé la séance du 26 mars, à l’intention des adhé- tique autour de lui », estime le maire de l’arrondissement, Ga- se cache pas d’attiser les braises M. Toubon en 1998. Il n’a pas exclu Conseil de Paris, lundi 12 avril, le rents de la fédération RPR de Pa- M. Bled, qui affirme que les briel Kaspereit (RPR). Dans le 4e, sous la bouilloire RPR, dont les Charles Pasqua, pourtant candidat maire de Paris a tenu de multiples ris. « Il faut casser le calendrier par « noyaux durs » de cette organisa- pourquoi ne pas soutenir Laurent divisions, ici ou là, peuvent servir contre lui aux européennes. Pour- réunions, en petit comité, afin de des actions inopinées », estime au tion sont déjà en place. Le danger Dominati, lieutenant d’Alain Ma- ses intérêts, comme dans le 12e ar- rait-il vraiment exclure M. Tibe- trouver la riposte la mieux adap- contraire Bernard Bled, secrétaire vient des « ventres mous » consti- delin à Démocratie libérale ? «Il rondissement (lire ci-dessous). ri ? », ironise M. Bled. Ce dernier tée à la stratégie de déstabilisa- général de la Ville, persuadé que tués par certains arrondissements présente l’avantage de tenir le ter- Le 9 avril, au cours d’une confé- avait été un des principaux arti- tion dont il estime faire l’objet. « le jeu trop bien huilé du RPR, s’il en proie à des rivalités de per- rain... Le véritable adversaire de rence de presse préalable à la sans de la riposte à l’offensive Son proche entourage est par- va à son terme, exclut Jean Tiberi ». sonnes. Laissés dans l’incertitude, M. Tiberi n’est pas M. Madelin, séance du Conseil, M. Tiberi a dis- Toubon, il y a un an, préconisant tillé des avertissements visant Quatre arrondissements gagnables par la gauche clairement l’ancien premier mi- Une pression croissante depuis 1995 nistre. Flanqué de deux de ses ad- Agitation sur les bancs joints, Philippe Goujon, principal b Aux élections municipales de capitale, avec 39,61 % des lieutenant de M. Balladur à Paris, de l’UDF parisienne e 1995, les listes d’union de la suffrages contre 35,49 % à celle de e 18 et Patrick Trémège, qui œuvre gauche, sous la conduite de son adversaire socialiste, 17 pour M. Madelin dans le 14e ar- Un des enseignements atten- Bertrand Delanoë, avaient Marie-Pierre de la Gontrie. Le 19e rondissement, le maire s’en est dus des élections européennes emporté six des vingt scrutin proportionnel confirme 9e 10e pris aux « entourages », qui font sera la mesure – donnée par le arrondissements avec 46,46 % des l’ancrage à gauche des six 8e du « zèle excessif ». « Que certains score de la liste de François suffrages, la majorité ayant réalisé arrondissements conquis aux 2e s’intéressent à leurs ambitions per- Bayrou – du poids, dans la capi- un score de 47,90 %, et le Front municipales de 1995. Il recoupe le 1er 3e e sonnelles, je trouve ça ridicule, af- tale, de l’UDF. Dirigé par Yves 11e 20 national, 5,62 %. scrutin majoritaire des législatives 16e 7e fligeant et condamnable. Il faut Galland (Parti radical), qui avait b Deux ans plus tard, aux en révélant la progression de la 4e que cela s’arrête. Ce qui s’est passé participé à la tentative de élections législatives, la gauche a gauche dans les 4e, 13e, et 6e il y a quelques mois [l’offensive « putsch » de Jacques Toubon transformé l’essai des municipales 14e arrondissements. Le 2e, peu e manquée de Jacques Toubon] a (RPR), le groupe UDF du e 5 en prenant sept des dix-neuf peuplé, est moins révélateur de la 15 12e laissé un effet déplorable. On a re- Conseil de Paris, dont l’effectif sièges occupés par la majorité progression globale de la gauche. trouvé l’union. Ceux qui s’amusent est de neuf membres, avait voté e municipale depuis 1993. Elle Le 12e, en revanche, crée la 14 13e à recréer ce climat inacceptable contre le budget de M. Tiberi, progresse dans les surprise : droite RPR-UDF prendraient une responsabilité fin 1998. arrondissements de l’est et (37,37 %) et gauche plurielle grave sur le plan de la vie poli- M. Galland a bien l’intention obtient au premier tour 42,14 % (37,27 %) sont au coude à coude. tique », a insisté M. Tiberi. de faire entendre sa différence. des suffrages exprimés, contre Pour la première fois, le PS M. Goujon, blême, n’a pas réagi ; Par écrit, il a demandé à M. Ti- 40,97 % à la droite. envisage la possibilité de gagner ARRONDISSEMENTS ARRONDISSEMENTS ARRONDISSEMENTS M. Trémège, goguenard, non beri de réunir de nouveau, et b Aux élections régionales de cet arrondissement, à condition SOCIOLOGIQUEMENT GAGNÉS PAR LA GAGNABLES PAR LA plus. « régulièrement », l’intergroupe 1998, la liste conduite par Edouard de bénéficier d’un élan de la ANCRÉS À DROITE GAUCHE EN 1995 GAUCHE EN 2001 de la majorité municipale, insti- Balladur arrive en tête dans la gauche dans la capitale. MENACES D’EXCLUSION tué pour ressouder celle-ci La veille, un sondage publié par après la dissolution du groupe Valeurs actuelles (daté 10-16 avril), dissident présidé par M. Tou- réalisé par l’institut Louis-Harris bon entre avril et juillet 1998. les 29 et 30 mars auprès d’un « Nos éventuelles divergences Bertrand Delanoë en quête d’une rampe de lancement pour 2001 échantillon de 557 personnes re- n’ont plus aucune chance d’être UN DISCRET tête-à-tête, le 31 mars, entre ballottage aux élections législatives de 1997. Si sommet dans un arrondissement névralgique présentatif de la population pari- réglées préalablement aux Bertrand Delanoë, sénateur et président du Mme Cohen-Solal s’exprime dans ce journal de de la bataille municipale : affronter M. Tiberi, sienne inscrite sur les listes élec- séances plénières, au cours des- groupe socialiste du Conseil de Paris, et Lyne section, c’est en tant que conseillère régionale qui, s’il n’est plus maire du 5e, n’en a jamais lâ- torales, désignait M. Balladur quelles apparaissent malheureu- Cohen-Solal, adversaire de Jean Tiberi aux et uniquement sur le thème de l’environne- ché les rênes, serait plus porteur que de figurer comme « meilleur candidat pour sement nos désaccords », pré- élections législatives de 1997, a évité l’embra- ment. A aucun moment n’est rappelé son en bonne position sur la liste de M. Vaillant. les électeurs de droite », avec 27 % vient M. Galland. sement de la fédération socialiste de la capi- combat contre le maire de Paris. Cette paru- D’autant que la deuxième place pourrait, pari- d’opinions favorables. Après lui, tale. Pendant plusieurs jours, en effet, l’hypo- tion a coïncidé avec le sentiment que les rela- té oblige, revenir à une femme et que les par- M. Madelin (26 %), M. Sarkozy thèse d’une candidature de M. Delanoë aux tions se tendaient entre Daniel Vaillant, maire tenaires du PS revendiqueront de figurer, eux (16 %) et Françoise de Panafieu des sanctions impitoyables contre élections municipales de 2001 dans le 5e arron- du 18e arrondissement et ministre des rela- aussi, au sommet. (15 %), M. Tiberi fermant la les frondeurs. A cette occasion, dissement, fief historique du maire de Paris, a tions avec le Parlement, et M. Delanoë, en « C’est méconnaître les équilibres politiques marche avec 6 %. M. Bled M. Tiberi avait brisé l’image agité les secrétaires de section et dérouté deuxième place sur sa liste en 1995. Quand il de l’arrondissement que d’envisager un tel cas conteste la valeur des sondages d’homme faible et indécis qui lui quelques militants de l’arrondissement en s’agissait, cette année-là, pour la gauche, de de figure », proteste M. Delanoë, qui affirme publiés ces temps-ci, en souli- collait à la peau. question. gagner deux ou trois arrondissements – elle en que, s’il est candidat à Paris en 2001, ce sera gnant notamment qu’ils sont ef- S’il mettait ses menaces à exé- La place accordée à M. Delanoë dans le pre- a finalement emporté six –, il était relative- « en deuxième place sur la liste du 18e et nulle fectués sur des échantillons de cution, aujourd’hui, le maire de mier numéro du journal des socialistes du ment facile de s’entendre. Maintenant que la part ailleurs ». « Jamais je ne quitterai Mont- population peu nombreux. Paris démentirait une autre opi- 5e arrondissement, intitulé 5e autrement, est en mairie de Paris semble accessible à la gauche, martre », jure-t-il, reconnaissant volontiers M. Séguin a exprimé sa crainte nion répandue à son sujet : le « lé- grande partie à l’origine de ce trouble. les rivalités s’exacerbent. la « légitimité de Lyne Cohen-Solal à conduire d’une « municipalisation » de sa galiste », le « légitimiste » qui ne Conseiller du 18e arrondissement, celui qui fut la liste socialiste dans le 5e arrondissement ». campagne européenne à Paris. manque pas une occasion de le chef de file du PS aux municipales de 1995 « JAMAIS JE NE QUITTERAI MONTMARTRE » Il n’empêche que celle-ci a préféré prendre M. Tiberi, qui avait paru souscrire s’abriter derrière le formalisme s’exprime sur deux des quatre pages, dont la MM. Delanoë et Vaillant étant tous deux des les devants en provoquant une rencontre à cette analyse, est désormais ten- des institutions, se révélerait, première en quasi-totalité, photographie à candidats potentiels à la succession de M. Ti- avec le sénateur, pour lui faire part de sa dé- té de profiter du phénomène et de contre toute attente, capable l’appui. Deux des questions qui lui sont posées beri, il semble plausible, dans les rangs socia- termination à transformer, en 2001, son essai l’accentuer en se déclarant candi- d’entrer en rébellion contre son portent spécifiquement sur l’arrondissement listes, qu’ils aient intérêt à développer chacun des législatives. dat à sa propre succession sans propre camp ! où Mme Cohen-Solal avait créé la surprise en une stratégie personnelle. M. Delanoë, dans attendre le 13 juin. Après ses me- mettant M. Tiberi, pour la première fois, en ce contexte, pourrait rechercher un combat au P. S . naces de vendredi, la direction du Pascale Sauvage Les querelles intestines de la droite offrent une chance à la gauche dans le 12e arrondissement POUR PRENDRE Paris en 2001, A droite comme à gauche, on est cru de 2001 n’aura pas été suffi- quête d’un point de chute pour agression par M. Pernin fils, qui se- candidat de Démocratie libérale la gauche devra non seulement d’accord pour en faire le point né- samment porteur pour le PS et ses Jean de Gaulle, député sortant des ra élu comme prévu. par la fédération parisienne du conserver les six arrondissements vralgique du combat de 2001. «La alliés. Un avertissement, un an Deux-Sèvres, qui souhaitait se La guerre est déclarée. Aux lé- parti d’Alain Madelin. Jean Tiberi qu’elle a remportés en 1995, mais gagne de Paris nous fera gagner le avant l’échéance présidentielle. faire élire à Paris. Jean-François gislatives de 1997, M. Bechter, avec ne parvient pas à vider la querelle aussi en gagner d’autres : le 13e, où 12e plutôt que l’inverse », estime La guéguerre quotidienne qui Pernin, dont il était convenu qu’il le maire comme suppléant, se pré- entre M. Bechter et M. de Gaulle, elle a été largement majoritaire Eric Chevaillier, conseiller régional oppose le maire UDF, Jean-Fran- succéderait à son père à la mairie, sente contre M. de Gaulle, se- dont on estime, à la fédération aux législatives et aux régionales ; et secrétaire de la section PS de çois Pernin, soutenu par son pre- est le suppléant du petit-fils du gé- condé par M. Burriez. Chaque RPR de Paris, qu’il revient à le 14e, à sa portée « sur le papier ». l’arrondissement, où il milite de- mier adjoint RPR, Jean-Pierre néral de Gaulle, dont l’arrivée, se- séance du conseil d’arrondisse- M. Chirac de l’arbitrer. Pour garder Paris, il est un arron- puis vingt ans. Pour lui, le vrai test Bechter, au député RPR Jean de lon lui, « ouvre une période bi- ment donne lieu à des incidents, En face, le PS cherche un candi- dissement que la droite ne doit politique se joue là : si la gauche Gaulle, soutenu par l’adjoint au zarre ». Le nouveau député et le soit que M. de Gaulle et ses alliés dat. Dominique Strauss-Kahn, pas perdre : le 12e, qui, aux élec- échoue dans cet arrondissement maire de Paris, Jean-Pierre Burriez maire, M. Pernin père, ne s’en- n’y assistent pas, soit qu’ils pressenti pendant quelques mois, tions régionales de 1998, a mis au sociologiquement ancré à droite (DL), inquiète l’Hôtel de Ville tendent pas. contestent le maire. Plusieurs ad- aurait renoncé, d’un commun ac- coude à coude gauche « plurielle » mais en proie aux déchirements de comme les états-majors du RPR, joints « gaullistes » ont été privés cord avec les militants locaux : un et coalition RPR-UDF. l’équipe municipale, c’est que le de DL et de l’UDF. L’arrondisse- TRACTS ANONYMES de délégation ; des tracts ano- candidat de cette envergure, trop ment a toujours cultivé le parti- Le divorce est consommé nymes circulent sur les uns comme menaçant, risquerait de ressouder cularisme d’une forte rivalité entre lorsque la famille Pernin découvre sur les autres. M. Cabana doit user la droite contre lui. La section so- centristes et gaullistes. Sous l’au- – la création d’une association de de son autorité pour rétablir cialiste garde aussi en mémoire la torité de Pierre de Bénouville financement de la campagne de l’ordre en séance. Claude-Annick candidature de Pierre Joxe, chef de (RPR), la « synthèse » des deux fa- M. de Gaulle étant publiée au Jour- Tissot (RPR), qui a montré sa dé- file des socialistes pour la Mairie milles avait pu se réaliser : le cen- nal officiel – que M. de Gaulle envi- termination, au conseil régional, de Paris, en 1989, et qui avait été triste Paul Pernin règne sur la mai- sage de se présenter en 1995 à la face à l’ancien président de celui- « parachuté » au dernier moment rie à partir de 1983 ; la mairie d’arrondissement. L’accord ci, Michel Giraud (RPR), est dans l’arrondissement. Traumati- circonscription législative est défi- RPR-UDF prévoit que la liste soit muette. « La droite vole très bas, ça sée par cette expérience malheu- nitivement attribuée au RPR en conduite par le RPR, mais que la abîme ses réseaux locaux, qui sont reuse, la section, qui s’estime au- 1988, date du retour au scrutin ma- mairie revienne à l’UDF. Finale- légitimistes et n’aiment pas le dé- jourd’hui reconstruite, souhaite se joritaire. ment, Camille Cabana conduit la sordre », constate M. Chevaillier. mettre au service d’un(e) candidat En 1993, M. de Bénouville décide liste, où le député figure en qua- Conscient et ravi de l’enjeu qu’il (e) d’un certain poids, mais dési- de ne pas se représenter. Son sup- trième place. M. Burriez, alors à représente pour 2001, M. Pernin reux(se) de s’implanter durable- pléant, M. Bechter, par ailleurs l’UDF, lance l’idée d’être candidat, « travaille » l’arrondissement, le ment dans l’arrondissement. conseiller général de Corrèze, est mais ne va pas au bout de cette seul que l’UDF ait conservé dans la évincé par Jacques Chirac, en démarche, ressentie comme une capitale. M. Burriez a été intronisé P. S . LeMonde Job: WMQ1304--0011-0 WAS LMQ1304-11 Op.: XX Rev.: 12-04-99 T.: 11:30 S.: 111,06-Cmp.:12,11, Base : LMQPAG 48Fap:100 No:0393 Lcp: 700 CMYK

FRANCE-SOCIÉTÉ ¼ LE MONDE / MARDI 13 AVRIL 1999 / 11

M. Pasqua rend M. Chevènement responsable La diversité de la liste de la rupture de ses contacts à gauche de M. Hollande n’efface pas M. de Villiers espère un rapprochement durable avec le sénateur RPR les divergences en son sein M. Pasqua et M. de Villiers ont officialisé, same- ment pour la France et l’indépendance de l’Eu- de-Seine s’est employé à convaincre ses parti- di 10 avril, la constitution d’une liste commune rope. Alors que le député de Vendée se satisfait sans qu’en l’état une alliance avec la gauche aux élections européennes, baptisée Rassemble- pleinement de cet accord, le sénateur des Hauts- « souverainiste » n’était pas possible. Les militants ont approuvé sa composition LA CONTRACTION était inévi- nion de ses relais de campagne, un « Votez Charles Pasqua... et Philippe térieur aurait, alors, indiqué à ses SAGEMENT, Lionel Jospin s’est faire ». « L’Europe respectera les table. Du Rassemblement pour la vieux chant des grognards de de Villiers. » M. Guaino était de amis qu’il avait déjà informé le assis au premier rang, entre Jean- nations mais elle devra écarter les République, cofondé, en 1976, par l’Empire : « On va leur percer le ceux qui conseillaient à M. Pasqua premier ministre de son intention Pierre Chevènement, présent en effroyables dérives du nationa- Charles Pasqua, et du Mouvement flanc, ranplanplan... » Plus sérieu- d’élargir ses thèmes de campagne de démissionner du gouverne- tant que président du Mouvement lisme », a lancé l’ancienne ministre pour la France, présidé par Phi- sement, la veille au soir, l’ancien en reprenant celui de la « fracture ment en cas d’engagement de des citoyens (MDC), et Roger-Gé- de François Mitterrand. lippe de Villiers, est né, vendredi ministre avait pris soin d’apaiser sociale » qu’avait développé avec forces terrestres en Yougoslavie et rard Schwartzenberg, représen- Avant de décliner le programme 9 avril, le « Rassemblement pour les craintes d’un groupe relative- bonheur Jacques Chirac lors de que, par conséquent, il fallait faire tant le Parti radical de gauche commun, M. Hollande a longue- la France et (en plus petits carac- ment important de jeunes immi- l’élection présidentielle de 1995. corps autour de lui. C’est à partir (PRG). Comme eux, il s’est ment évoqué le conflit du Kosovo. tères) l’indépendance de l’Eu- grés de la seconde génération qui de cet épisode, rapporté par contenté, en spectateur, de faire « Notre Europe, fondée sur la dé- rope ». L’intitulé de la liste Pas- militent à ses côtés depuis plu- « PORTES OUVERTES » M. Pasqua, que les contacts entre- monter l’applaudimètre au gré des mocratie, peut-elle tolérer l’épura- qua-Villiers vaut pour sieurs mois et qui digèrent diffici- M. Pasqua est donc contraint de tenus notamment avec Max Gallo interventions de la convention du tion ethnique à ses portes ?, a-t-il l’après-13 juin. lement l’accord avec le député de s’expliquer. « Nous ne serons pas et Didier Motchane se seraient ré- Parti socialiste, samedi 10 avril, à lancé. Peut-elle accepter les actes Le député de Vendée, en tout Vendée. « A peine ont-ils quitté la plus à droite, a-t-il assuré. Ce qui a vélés vains. « Il est difficile au- la Mutualité, à Paris. Sur scène, d’un régime qui met à mal les équi- cas, ne cache pas que l’accord pas- cité des 4 000 qu’ils se retrouvent au changé, c’est mon positionnement jourd’hui pour les gens de gauche sous un grand panneau carmin re- libres fragiles de la région des Bal- sé avec le sénateur des Hauts-de- Puy-du-Fou. Le film va un peu vite personnel. Je suis conduit à repré- de sortir des appareils partisans », a prenant le slogan du programme kans, au risque d’une déflagration Seine aura « des lendemains ». Les pour eux », reconnaît un proche de senter la gauche à moi tout seul. » expliqué le sénateur des Hauts-de- commun PS-MDC-PRG, générale ? Peut-elle fermer les yeux élections européennes sont, pour M. Pasqua. « Il faudra que nous allions un peu Seine, dimanche, aux militants de « Construisons notre Europe » (Le sur la déportation d’une population lui, des « élections intermédiaires », Autre mécontent, l’ancien plus loin avec Villiers dans la dis- Demain la France. Monde du 10 avril), les quatre- d’un territoire où elle a toujours vé- avant l’élection présidentielle. commissaire au Plan Henri Guai- cussion sur l’organisation de la so- M. Pasqua redoute aussi qu’en vingt-sept candidats de la liste de cu (...) ?». L’alliance conclue avec M. Pasqua no préfère, pour l’heure, se réfu- ciété française », a-t-il promis. A raison de la guerre dans les Bal- François Hollande, approuvée par élargit la clientèle potentielle de gier dans « un silence sidéral ». En l’attention des « amis du MDC », il kans les pressions exercées par les militants avec 87,78 % de votes MOBILISER LES OPINIONS M. de Villiers et, observe ce der- milieu de semaine, il avait préparé a souhaité que « les portes restent l’entourage du président de la Ré- favorables sur 48 717 suffrages ex- Pour le premier secrétaire, c’est nier sans ambages, « je suis le plus une batterie de tracts sur la baisse ouvertes ». M. Pasqua justifie l’ac- publique sur François Bayrou, tête primés (avec une participation de parce que les socialistes ré- jeune ». De ce côté-ci du nouveau des charges, la protection sociale, cord du 9 avril par le fait que, la de la liste UDF, finissent par abou- 44,05 %), avaient pris place. Mais pondent trois fois non qu’ils « ont « RPF », les choses sont parfaite- la lutte contre le chômage, la dé- veille, dans un point de vue publié tir à un rapprochement avec le seuls les quatre premiers ont pris approuvé la décision de l’Europe de ment claires. Le député était de- fense du service public. Vendredi, par Le Monde, Bernard-Henri Lévy RPR et Démocratie libérale. Au- la parole : Pervenche Berès, Sami rechercher une solution diploma- mandeur d’un accord et, après un correctif a été apporté à la invitait à « chasser le Chevènement quel cas, il pourrait être marginali- Naïr (MDC), Catherine Lalumière tique avec le processus de Ram- avoir recherché, en vain, les possi- conclusion des ces argumentaires : de notre tête ». Le ministre de l’in- sé. L’accord passé avec M. de Vil- (PRG), obligée par une fracture de bouillet et de recourir à la force, le bilités d’un large rassemblement, liers demeure toutefois fondé sur la cheville à s’exprimer dans un temps nécessaire pour y revenir ». M. Pasqua y est venu. Plus tôt que une commune identité de vues fauteuil roulant, et M. Hollande. M. Hollande, qui participera, mer- prévu et, sondages à l’appui, en M. Séguin et le « nanisme politique de l’Europe » contre le traité de Maastricht, Sans touche musicale ni fausse credi 14 avril, à Bruxelles, à une acceptant la parité. « Sans dire un contre celui d’Amsterdam et note. réunion socialiste européenne, a mot ni faire un geste, j’ai bénéficié Dans un entretien au Journal du dimanche du 11 avril, Philippe Sé- contre l’intervention de l’OTAN en Devant une salle peu réactive, souhaité qu’en sorte une « initia- de l’implosion du FN. Avec Pasqua, guin estime que la « vraie prise de conscience » provoquée par le Yougoslavie. Il ne saurait s’élargir M. Naïr a expédié rapidement les tive » en faveur des réfugiés, « afin nous faisons œuvre de salubrité pu- conflit du Kosovo « est celle du nanisme politique de l’Europe ». Ré- en direction de Charles Millon, désaccords sur les traités de Maas- de mieux coordonner les actions et blique, nous sommes en situation de pondant à François Bayrou, qui souhaite la mise en place d’une président de La Droite et candidat tricht et d’Amsterdam. « Inutile de de mieux mobiliser les opinions pu- bloquer le développement du Front communauté européenne de défense (CED), il juge « extraordinaire potentiel aux élections euro- dissimuler ces divergences, a souli- bliques », et pour appuyer l’« idée national », se félicite M. de Villiers que, quarante-cinq ans plus tard, certains aient encore la nostalgie de péennes. M. de Villiers, qui aurait gné le vice-président du MDC. d’une grande conférence sur la en rêvant pour la liste d’« un score la soumission ». Le président du RPR ajoute que si la mise en place sans doute été moins intransi- Mais devant le nouveau paysage paix, la stabilité et la sécurité dans à deux chiffres ». d’une défense européenne, « est nécessaire, elle n’est pas suffisante ». geant, a reconnu, dimanche, sur français et européen, nous avons les Balkans ». Chez M. Pasqua, en revanche, le M. Séguin indique qu’en raison de la crise yougoslave il s’impose- Radio J, qu’il ne fallait pas donner fait le choix de nous tourner vers M. Hollande a plaidé pour un changement de stratégie, bien que ra, durant la campagne européenne, « une certaine retenue à l’égard le « sentiment d’un salmigondis » l’avenir. » « Si notre liste réunit des débat sur l’Europe de la défense : prévisible, mérite quelques expli- du gouvernement compte tenu de l’accord qui existe sur ce dossier (...) en acceptant sur la liste quelqu’un sensibilités différentes, a-t-il assuré, « Ne le laissons pas s’échapper ou cations. Avec l’aplomb qui le ca- entre le premier ministre et le président de la République ». « Notre liste qui s’est prononcé en faveur du elle est fondée sur un accord poli- alors nous n’aurons plus le droit de ractérise dans les situations diffi- se présentera comme la seule liste soutenant ces positions sans la traité d’Amsterdam. tique de fond. Ce n’est pas une jux- nous plaindre de la dépendance à ciles, M. Pasqua a entonné, moindre restriction », ajoute-t-il en proposant un débat à François taposition de positions diverses ou l’égard de l’OTAN et des Etats- dimanche 11 avril, lors d’une réu- Hollande. Jean-Louis Saux contradictoires, c’est l’expression Unis ». Présentant le programme d’une convergence sur l’essentiel ». PS-MDC-PRG « en cohérence avec M. Naïr a rappelé sobrement son la politique du gouvernement de analyse divergente de la crise du Lionel Jospin », afin d’obtenir une Kosovo. « Le règlement de cette majorité « de gauche » à Stras- M. Mégret se pose en défenseur de la famille traditionnelle crise européenne ne doit pas échap- bourg, M. Hollande a observé : LES CENT TRENTE mégrétistes réunis, di- destruction de la cellule familiale. Donc de la conquête, de volonté d’exister ». Le récent débat per aux Européens », a-t-il observé, « Certains chercheront les diver- manche 11 avril, à La Madeleine (Nord) ont re- Nation. Donc de la civilisation européenne. Par et l’adoption de la loi sur le PACS ont bien évi- en tirant la conclusion que, « pour gences et les nuances. Il en demeure gretté les temps, trop lointains à leur goût, où l’« abandon d’une véritable politique familiale demment été l’objet des foudres mégrétistes. A combattre vraiment la nation eth- sûrement mais nous présentons un les instituteurs « pouvaient encore taper avec au profit d’une politique sociale », mais égale- leurs yeux, en effet, le pacte civil de solidarité nique, il ne faut pas nier la nation, texte commun qui nous rassemble leur règle sur les doigts des enfants », où le père ment par une politique favorisant l’« invasion est « un mariage bis » destiné « à détruire la fa- mais lui opposer la nation ci- tous ». Victorieux à l’applaudi- de famille régnait en maître sur la famille tan- d’immigrés », comme n’ont pas manqué de le mille », mais aussi une porte ouverte « à l’im- toyenne ». mètre, M. Hollande n’avait plus dis que les femmes vaquaient à leurs fourneaux déplorer les différents orateurs. migration » par le biais de « PACS de complai- Plus en connivence, et avec plus qu’à remercier ceux qui ont voulu, avec leurs derniers-nés accrochés à leurs jupes. M. Mégret l’a rappelé : pour le FN-MN, la fa- sance ». de succès à l’applaudimètre, « un moment, et un moment seule- Le Front national-Mouvement national, prési- mille, qui ne s’entend que comme « française » Mme Lalumière a affirmé que, de la ment », faire « un bout de chemin » dé par Bruno Mégret organisait en effet, dans et avec « un père, une mère et des enfants », CLARTÉ DU VOTE ET MAIN TENDUE crise du Kosovo, « pourrait sortir avec les socialistes. la banlieue de Lille, son deuxième conseil ré- nombreux si possible, « constitue le fondement M. Mégret a profité de l’occasion pour reve- une nouvelle Europe si nous avions gional, sur le thème de la famille, après celui organique de la nation (...), les forces vives de la nir sur la campagne électorale européenne en la clairvoyance et la volonté de le Michel Noblecourt qu’il avait tenu sur l’immigration, le 28 mars, à France ». Aussi, quand « elle se disloque, c’est la fustigeant tant Philippe Séguin que la liste me- Nice (Le Monde du 30 mars). nation qui périclite ». L’Etat se doit donc, pour née par Charles Pasqua et Philippe de Villiers. Il Soupçonnés de vouloir jeter aux orties l’or- la préserver, d’intervenir en renforçant les a mis en doute la sincérité du premier, qui, thodoxie programmatique frontiste, Bruno aides diverses, qui ne doivent plus être sou- « après avoir été contre Maastricht, se déclare Mégret et ses partisans profitent de la période mises aux conditions de ressources, principe aujourd’hui européen ». Et il a souligné les dis- électorale européenne pour rappeler qu’il n’en égalitaire que rejette violemment le FN – MN. torsions entre les positions du président du est rien. Deux autres conventions sont prévues, Les pouvoirs publics doivent également, se- Mouvement pour la France – « qui s’était illus- l’une à Metz, l’autre à Bordeaux, sur le « so- lon M. Mégret, restaurer l’autorité paternelle, tré comme chevalier blanc des valeurs tradition- cial » et la « sécurité ». notamment en instaurant un revenu maternel nelles notamment familiales » – et Charles Pas- au moins égal au SMIC qui permettrait aux qua, « partisan, lui, de ce PACS » comme « de la « UN PÈRE, UNE MÈRE ET DES ENFANTS » femmes d’éduquer leurs enfants et, explique-t- régularisation des clandestins ». M. Mégret a Pour tout nationaliste extrémiste, l’« âge d’or il, de « diminuer le chômage » en libérant des donc invité les électeurs de M. de Villiers à s’inde la famille », comme l’a souligné Philippe Ey- postes de travail. Plus encore, continue ce terroger sur la « clarté de leur vote » et à saisir mery, conseiller régional du Nord-Pas-de-Ca- grand admirateur de Napoléon, l’État doit la main qu’il leur tend... lais, débute avec le régime de Pétain et conti- « mettre en œuvre une politique fondée sur l’élan nue jusqu’en 1958. Au-delà commence la psychologique (...), une politique d’expansion, de Christiane Chombeau Accord entre la culture et l’éducation nationale sur les enseignements artistiques

ENTRE 500 ET 1 000 ATELIERS vendredi 9 avril, Catherine Traut- 50 % d’élèves pourront progressive- institutions culturelles à s’engager d’expression artistique devraient mann, ministre de la culture et de ment bénéficier d’un tel enseigne- dans ces programmes de sensibili- être créés dans les lycées généraux la communication, et son collègue ment, au lieu de 3 % actuellement. sation. et professionnels dès la rentrée de l’éducation nationale, Claude La réforme a prévu un programme Sans mésestimer les obstacles 1999, en application de la réforme Allègre, ont précisé les conditions de soixante-douze heures dans statutaires liés à la qualification de qui concernera les classes de se- de la collaboration entre les deux l’année sous la forme d’ateliers ou- ces intervenants et leur collabora- conde d’abord, puis de première et institutions qui entendent « démo- verts à plusieurs champs artis- tion avec les enseignants, les deux de terminale. Ils s’ajouteront aux cratiser l’accès à la culture » dès tiques : sensibilisation à l’architec- ministres se sont engagés à multi- 680 options artistiques déjà im- l’école. ture et à l’espace urbain, les arts plier les échanges et surtout à y ap- plantées dans les établissements. Dans les lycées généraux et pro- appliqués, le théâtre, la danse, la porter les financements conjoints Lors d’une conférence de presse, fessionnels, M. Allègre espère que musique, le cinéma, l’écriture... correspondants. Le plan qu’ils ont présenté prévoit également une ÉQUIPEMENTS sensibilisation à l’image dès le plus Des conventions seront signées jeune âge, le développement de la entre les rectorats et les directions musique dans les écoles primaires, régionales de l’action culturelle en liaison avec les conservatoires et (DRAC) pour le recrutement de les écoles de musique, ainsi que professionnels ou d’étudiants spé- deux festivals nationaux consacrés cialisés dans les différents do- au chant choral et au théâtre. Enfin, maines sur la base des projets défi- outre le renforcement des activités nis avec les élèves. Mme Trautman a culturelles dans les universités, le également précisé qu’une partie du plan ministériel insiste sur la for- plan de 4 milliards de francs prévu mation spécifique des enseignants, pour la rénovation des lycées de- en formation initiale et continue, vrait être consacré à l’équipement dans les instituts universitaires de d’installations culturelles dans les formation des maîtres (IUFM). établissements. Elle a par ailleurs indiqué son intention d’inciter les Michel Delberghe LeMonde Job: WMQ1304--0012-0 WAS LMQ1304-12 Op.: XX Rev.: 12-04-99 T.: 10:45 S.: 111,06-Cmp.:12,11, Base : LMQPAG 48Fap:100 No:0394 Lcp: 700 CMYK

12 / LE MONDE / MARDI 13 AVRIL 1999 FRANCE-SOCIÉTÉ A Saint-Ouen, des familles tsiganes d’origine roumaine La hausse des prix pétroliers pèse sur l’inflation LES PRIX à la consommation vivent dans des conditions d’extrême précarité PRIX À LA CONSOMMATION ont progressé de 0,4 % en mars, selon l’indice provisoire publié, variations mensuelles en % lundi 12 avril, par l’Insee. Ce ré- + 0,4 % La Ville de Paris, propriétaire du terrain, a pris un arrêté d’expulsion sultat mensuel, le plus élevé depuis septembre 1996, porte Médecins du monde (MDM) intervient une fois puis la chute du communisme, la crise écono- Chevènement, qui a durci leurs conditions de sé- le glissement annuel des prix à 0,3 par semaine dans un camp tsigane où l’eau a été mique en Roumanie a accentué les discrimina- jour, rend plus difficiles leurs allers-et-retours 0,4 % contre 0,2 % fin février. 0,3 C’est la remontée sensible des

coupée et où les épidémies se développent. De- tions dont ces familles sont victimes. La loi entre la Roumanie et la France. 0,2 cours du pétrole brut, qui se 0,1 0,1 0,1 0,1 ON NE DEVINE PAS leur pré- Beaucoup repartent en Roumanie, sont appréciés de près de 0 sence avant d’avoir franchi l’entrée pour quelques mois, laissant par- 50 % depuis un mois et demi,

du terrain où ils sont installés. A fois, sur le camp, femmes ou en- qui est à l’origine de cette in- - 0,1 l’abri des regards, derrière de hauts fants. version de tendance. Les prix murs, trois cents Tsiganes rou- L’aggravation des conditions des produits pétroliers, à la d’hygiène pousse aussi au départ. pompe, ont ainsi augmentré de - 0,3 REPORTAGE Un robinet d’eau avait été installé 1 % au cours du seul mois de sur le trottoir durant l’été mais il mars, alors que sur les douze - 0,4 De jour le terrain vague n’a pas résisté aux premiers gels derniers mois, ils accusent une A M J J A S O ND J FM est déserté pour le métro de novembre. La facture est restée baisse de 3,8 %. Dans sa note 1998 99 où femmes et enfants impayée, l’eau a définitivement été de conjoncture publiée le Source : Insee vont « travailler » coupée. Depuis, les occupants s’ali- 26 mars, l’Insee estime qu’à la mentent dans les jardins ouvriers fin du mois de juin, le rythme annuel de l’inflation devrait encore situés en face du terrain. Les or- avoisiner 0,4 %. mains dont une moitié d’enfants dures ont été ramassées en mai vivent depuis un an sur le site d’une et juin 1998 par la municipalité, ancienne usine électrique, rue des grâce à des containers déposés à Bateliers à Saint-Ouen (Seine- l’entrée du camp. Mais l’état du sol Mobilisation massive des chasseurs Saint-Denis). L’impression de déso- des beaux quartiers et du métro pa- sion, arthrose, maux de tête. Elle a empêche tout ramassage mécanisé La défense des « intérêts de la chasse » a rassemblé, samedi 10 avril lation et la puanteur des tas d’or- risien où femmes et enfants vont quitté la Roumanie pour la France à l’intérieur du camp, assure le doc- à Toulouse, vingt mille personnes, selon la police, et trente-cinq dures qui s’étalent entre les cara- « travailler » : la manche, les jon- afin de sortir son fils de prison. Ses teur Mario Salvy, directeur des af- mille selon les organisateurs, lors d’une manifestation organisée vanes désossées saisissent d’un quilles, la récup’. Restent des cinq autres enfants vivent avec elle faires sanitaires de la ville. Il est par la fédération des chasseurs de la Haute-Garonne. Pierre Fu- coup. Ils ont été chassés de Saint- hommes, quelques femmes, des sur le camp. Une autre femme truffé d’énormes trous – les anciens ziès, président de la fédération de chasse de la Haute-Garonne, a Denis au printemps 1998, quelques enfants et des adolescents qui amène sa fillette de huit ans qui sous-sols de l’usine – qui servent à averti que « si on ne nous écoute pas, (...) on passera à la vitesse su- semaines avant le coup d’envoi de traînent. « ne mange plus ». Elle parle quel- la fois de dépôts d’ordures et de la- périeure ». Les chasseurs réclament principalement un maintien la Coupe du monde de football. Le La situation sanitaire, sur le ques mots de français, explique trines. strict de l’application de la loi du 3 juillet 1998 – contraire à la ré- camion de Médecins du Monde camp, est alarmante. Plusieurs cas qu’elle a aussi mal à la tête, qu’elle La ville rappelle les propositions glementation européenne –, qui fixe les dates d’ouverture et de (MDM) qui leur rend visite chaque de tuberculose et d’hépatite B ont vit en France depuis cinq ans, à formulées en août 1998 par Pau- fermeture de la chasse aux oiseaux migrateurs, ainsi que l’ouver- jeudi matin est leur seul véritable été recensés, une épidémie de gale Saint-Ouen depuis six mois, qu’elle lette Fost, alors maire communiste ture « immédiate » de négociations avec le gouvernement. Consi- lien avec leur pays « d’accueil ». sévit depuis des mois. Avec deux a tourné dans d’autres camps, à de Saint-Ouen, concernant l’amé- dérant que « Matignon a peur des Verts », les chasseurs ont fustigé Serrées les unes contre les autres, infirmières de MDM, comme Cergy, Nanterre, Saint-Denis. Avec nagement d’aires d’accueil dans la Dominique Voynet, ministre de l’environnement, qui, selon eux, par groupes de cinq ou six, une chaque jeudi matin, le docteur Ni- sa fille aînée, quinze ans, elle fait la petite couronne parisienne et la re- refuse de négocier. soixantaine de caravanes sont visi- colas Gruat attend dans son ca- manche sur les Champs-Elysées, cherche de solutions « au plan na- blement habitées comme le sug- mion que les « clients » arrivent. La tous les jours, dix heures d’affilée. tional ». « Ces familles roumaines, gèrent les portes closes, le linge qui médecine humanitaire est une mé- Les plus jeunes restent au camp et expliquait alors la maire, n’ont ni le sèche, les auvents bricolés. Une decine lente : quatre heures de sta- vont au « camion-école » qui sta- statut de gens du voyage ni de droits Les policiers hors de cause après centaine d’autres, au moins, à tionnement pour cinq à six pa- tionne tous les vendredis. juridiquement et administrativement l’abandon, portes et fenêtres arra- tients. établis. Il faut donc des règles natio- le décès d’un jeune homme à Paris chées, ont sans doute servi de bois Une jeune femme de dix-huit ans « FAIRE LES PARE-BRISE » nales applicables par tous. » Le pre- de chauffage. Rachetées on ne sait voudrait récupérer le carnet de san- Daniel, dix-sept ans, se dé- mier ministre avait alors été saisi. LE PARQUET du tribunal de grande instance de Paris a mis, same- où, tractées avec les moyens du té de son fils de six mois, hospitali- brouille en français, appris au col- Cela, visiblement, n’a eu pour seul di 10 avril, « hors de cause » les policiers qui ont interpellé Souley- bord, ces caravanes ont été rassem- sé. Elle a « repris » l’enfant « pen- lège en Roumanie où ses parents effet que d’allonger la durée de vie mane Fofana, dans la nuit de jeudi à vendredi, square Léon, dans blées sur le terrain en quelques se- dant que les infirmières mangeaient « possèdent une maison ». Il «fait du camp. le 18e arrondissement de Paris. Agé de dix-neuf ans, le jeune maines, quand le camp s’est instal- dans leur bureau ». Sans papiers, les pare-brise » avec deux cousins. « D’habitude, les Roms sont virés homme est décédé après s’être « lui-même tiré une balle » au ni- lé. « Les Roms arrivent sans rien, elle avait peur d’avoir à payer. Elle Gagne « à peu près 100 francs par en quelques semaines, un mois ou veau du thorax, a conclu l’Inspection générale des services (IGS), souvent à pied, explique Félicia, l’in- n’ose pas retourner à l’hôpital «à jour ». Son père a un titre de séjour deux maximum. Là ça dure depuis saisie à la demande du parquet. La mort est intervenue dans les terprète roumaine de Médecins du cause de la police et du juge ». Le « pour un mois encore ». Ensuite ils presque un an », remarque Cathe- locaux de la police judiciaire à la suite d’une hémorragie interne Monde. Ils rachètent les caravanes carnet de santé délivré aux enfants repartiront sans doute. rine, infirmière bénévole. Proprié- (Le Monde daté 11-12 avril). sur place à des familles retournées nés en France est souvent la seule Depuis quelques semaines, le taire du terrain, la Ville de Paris a Dans la nuit de jeudi à vendredi, armé d’un revolver 357 Magnum, au pays ou parties ailleurs. Beaucoup trace de leur existence. La plupart camp se vide. Certains s’en vont, pourtant obtenu du préfet un arrê- Souleymane Fofana manifestait des intentions suicidaires, square ont des maisons, en Roumanie. » des adultes, eux, sont expulsables vers Londres ou Dublin, où les té d’expulsion. Mais il n’a pas été Léon. Un coup de feu est parti au moment de son interpellation. D’un côté, les familles venues de d’un jour à l’autre. Du coup, les en- conditions d’accueil, affirment-ils, exécuté. Les descentes de police se La balle a traversé son corps et blessé l’un de ses camarades. En- la région de Timisoara, plus loin, un fants servent de « boucliers » et sont meilleures qu’en France. sont seulement intensifiées rue des tendu par l’IGS sur son lit d’hôpital, celui-ci a confirmé, selon les groupe originaire d’Arad : les Tsi- sont envoyés en première ligne D’autres mettent le cap sur l’Es- Bateliers, accélérant le départ de enquêteurs, le déroulement des faits. ganes se sont regroupés par région pour « travailler ». pagne, où les travaux saisonniers et nombreuses familles. ou par village. Dans la journée, le Une femme de quarante-cinq ans la saison touristique vont re- DÉPÊCHES terrain vague est déserté au profit monte dans le camion. Hyperten- prendre après la pause de l’hiver. Christine Garin a INDÉPENDANTS : l’industriel Gérard Bourgoin, vice-pré- sident du Centre national des Indépendants (CNI), a été élu pré- sident de ce mouvement, samedi 10 avril, lors de la réunion de son comité directeur, à Paris. Succédant à Jean Perrin, M. Bourgoin est La loi Chevènement contraint les Roms au séjour irrégulier maire de Chailley (Yonne) et vice-président du conseil général de l’Yonne. LA FIN du régime communiste plus d’un million de ressortissants nées 90, au moment où ont été re- communiste mais profondément a SAINT-OUEN : Jacqueline Dambreville (PCF) a été élue maire et la chute de Ceausescu, en 1989, roumains auraient profité de visas distribuées les terres nationalisées. ancrée. de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), dimanche 11 avril. Mme Dam- ont jeté par familles entières les touristiques pour émigrer illégale- Dans de nombreux villages, une Entre 1988 et 1997, la demande breville succède à Paulette Fost (PCF), maire de Saint-Ouen de- Tsiganes d’origine roumaine – les ment à travers l’Europe de l’Ouest rumeur s’était répandue selon la- d’asile roumaine est passée de puis vingt ans. Agée de quarante-deux ans, elle est conseillère mu- Roms – sur les routes de l’exil. Di- en 1991 et 200 000 auraient formulé quelle une disposition de la loi fa- moins de 1 000 par an à près de nicipale depuis 1995. Elle a été la candidate du PCF aux élections rection l’Europe de l’Ouest. Esti- une demande d’asile entre 1991 et vorisait les familles nombreuses... 5 000 et elle représentait alors en- législatives de 1997, dans la circonscription enlevée par Bruno Le- mée à 6 à 8 millions d’individus, 1993. En France, la population tsi- Les discriminations qui ja- viron 20 % de la demande totale roux (PS). cette population, largement gane roumaine est estimée à envi- lonnent le quotidien des Tsiganes d’asile. Depuis l’été 1998, la loi a 35 HEURES : le patronat de la métallurgie (UIMM) brandit à concentrée en Roumanie, forme ron 1 500 personnes. en Roumanie – difficultés d’em- Chevènement sur l’immigration a, nouveau la menace d’une remise en cause des conventions collec- depuis le début des années 90 des bauche, tracasseries administra- toutefois, complètement boulever- tives, dans le dernier numéro de son mensuel Actualité, publié contingents importants de deman- « POINTS D’ATTACHE » tives, agressions physiques – ne sé la donne. Jusque-là, moins de vendredi 9 avril. L’UIMM estime ainsi qu’il « conviendrait d’envi- deurs d’asile. Leur principale desti- En Roumanie, durant la période sont pourtant pas le seul motif de 1 % des demandeurs d’asile rou- sager une remise en cause des conventions collectives » si la seconde nation : l’Allemagne, puis l’Italie et communiste, les Tsiganes étaient leur départ massif à l’étranger. mains, Tsiganes et non-Tsiganes, loi sur les 35 heures ne prévoit pas « les modifications législatives l’Espagne, où subsistent de gros gi- massivement recrutés dans les em- Comme les autres catégories de obtenaient, in fine, l’asile politique. nécessaires à l’extension de l’intégralité des dispositions des accords sements de travail clandestin ; la plois les moins qualifiés, travaux migrants roumains, ils aspirent à Mais tous profitaient de procé- de branche ». France, enfin, où la pression mi- de voirie ou travaux agricoles sai- de meilleures conditions de vie, dures d’instruction des dossiers a CORSE : un attentat a gravement endommagé les locaux de gratoire s’est accentuée après sonniers. Sédentarisés par l’emploi mises à portée de main par l’ou- très longues ainsi que d’un sys- la perception de Prunelli di Fiumorbu (Haute-Corse), dans la nuit l’adoption par l’Allemagne de me- durant des décennies, ils ont été verture des frontières. Et, même tème de recours suspensif, qui leur de samedi 10 à dimanche 11 avril, faisant suite à une série d’ac- sures dissuasives et répressives sur les premiers exposés aux mesures s’ils ne sont pas des « gens du permettait de bénéficier de titres tions non revendiquées depuis la fin de la trêve électorale du le séjour illégal. brutales de licenciement et la dé- voyage » au sens traditionnel du de séjour provisoires, parfois pen- FLNC-Canal historique. Le ministre de l’économie et des finances, Selon un rapport de juin 1998 sur gradation de leurs conditions de terme, puisqu’ils ont des « points dant un an ou plus. Or la loi Che- Dominique Strauss-Kahn, et le secrétaire d’Etat au budget, Chris- « les dynamiques migratoires rou- vie a renforcé leur marginalisation. d’attache », maisons ou villages, vènement a étendu la procédure tian Sautter, ont condamné « ce lâche attentat ». maines », d’Olivier Brachet, direc- Les auteurs rapportent, par très identifiés, où ils séjournent ré- « prioritaire » – c’est-à-dire accélé- a DROGUE : deux personnes teur du Comité rhodanien d’ac- exemple, que des incidents graves gulièrement, ils renouent aussi, en rée – de détermination du statut de ont été écrouées, samedi cueil des réfugiés et de défense du ont eu lieu contre les Tsiganes, en reprenant la route, avec une tradi- réfugié à certains pays censés avoir 10 avril, après la saisie la veille droit d’asile, et de Rachid Benattig, Roumanie, au début des an- tion gommée pendant la période renoué avec la démocratie. La de deux kilos d’héroïne – ainsi Roumanie est considérée comme que 100 grammes de cocaïne, telle. L’appel devant la commission 447 cachets d’ecstasy, du can- de recours des réfugiés a par ail- nabis, 142 buvards d’acides et L’obligation pour les communes d’aménager leurs perdu son caractère suspen- une somme d’argent de près de sif. Résultat : les demandes d’asile 10 000 francs –, dans le cadre émanant de ressortissants rou- du démantèlement par la gen- des aires d’accueil pourrait être renforcée mains, toujours rejetées dans plus darmerie d’un réseau de trafic de 99 % des cas, le sont dans des de drogue à Marly (Moselle) et ON NE SAIT PAS précisément tants d’aménager des aires d’ac- les initiatives intempestives d’élus délais désormais très courts et les dans la région messine. combien de groupes de Tsiganes cueil et à tous les départements viennent régulièrement, comme familles déboutées se retrouvent, a JUSTICE : Elisabeth Guigou d’origine roumaine tournent au- d’adopter un « schéma départemen- durant l’été 1998, rappeler aux très vite, en situation irrégulière. a demandé aux avocats de ne tour des grandes villes de France. tal d’accueil des gens du voyage ». communautés non sédentaires – de Le durcissement de la loi a donc pas « donner une importance Rejetés par la communauté des moins en moins nombreuses – eu un effet immédiat. L’Office disproportionnée » aux propos « gens du voyage » elle-même, sans « MUSCLER » LA LOI qu’elles sont indésirables. Le secré- français de protection des réfugiés tenus le 1er avril par la juge Eva représentants ni porte-parole, fra- En réalité, un quart seulement taire d’Etat au logement, Louis Bes- et apatrides avait enregistré 504 Joly qui semblait mettre en gilisés par leur statut de demandes communes concernées et un son, laisse entendre, depuis plu- demandes d’asile émanant de Rou- cause leur probité. « Si les pro- deurs d’asile, ils sont relégués dans tiers des départements ont rempli sieurs mois, qu’il faudrait manie en janvier 1998. Ce chiffre pos tenus vous ont choqués, ce des habitats de fortune, bâtiments cette obligation légale. Soit un total « muscler » sa loi, notamment en était tombé à 265 en juin et à 67 en dont je suis consciente, gardons- désaffectés et friches industrielles. de 10 000 emplacements (dont 825 imposant des délais pour l’aména- décembre. A partir de ces chiffres, nous de leur donner une impor- La non-application de la loi Bes- en Ile-de-France et 5 000 dans les gement des aires, voire en sanc- peut-on extrapoler une baisse des tance disproportionnée, compte son de 1990 accentue la compéti- communes de moins de 5 000 habi- tionnant en cas de refus. Un projet flux d’entrée ? Olivier Brachet tenu des circonstances dans les- tion pour les places de stationne- tants), pour une population esti- de texte est prêt mais le gouverne- pense que oui. « La mendicité se quelles ils ont été tenus et rap- ment au sein de la population mée à environ 260 000 personnes, ment ne semble pas pressé de re- pratique par définition sur la voie portés », a déclaré la ministre nomade « patentée » et margina- dont 80 000 itinérants, 70 000 semi- mettre sur le tapis du Parlement un publique, fait-il remarquer. Elle est de la justice, samedi 10 avril, lise un peu plus cette communauté. sédentaires et 110 000 sédentaires. débat dont se passeraient bien les donc très difficile à pratiquer sans lors de l’assemblée mensuelle Cette loi du 31 mai 1990 sur le droit Expulsions musclées, tranchées élus. statut régulier. » du Conseil national des bar- au logement fait obligation aux creusées autour des terrains pour reaux. communes de plus de 5 000 habi- en empêcher l’accès aux caravanes : Ch. G. Ch. G. LeMonde Job: WMQ1304--0013-0 WAS LMQ1304-13 Op.: XX Rev.: 12-04-99 T.: 08:47 S.: 111,06-Cmp.:12,11, Base : LMQPAG 48Fap:100 No:0395 Lcp: 700 CMYK

13 RÉGIONS LE MONDE / MARDI 13 AVRIL 1999 Un projet de désaccoutumance à la voiture pour l’Ile-de-France Le préfet de région devait présenter, lundi 12 avril, les orientations du futur plan de déplacements urbains. Ce document vise à réduire, d’ici cinq ans, l’usage de l’automobile dans l’agglomération parisienne en privilégiant les transports en commun L’ÈRE de la voiture triomphante plus en plus fréquent, et pour le gagés par le préfet, par les parti- autobus. Pour cela, une véritable vront inciter les habitants aux plai- réapproprient leurs quartiers ». va peut-être s’achever dans la ré- moindre trajet, de l’automobile culiers ou les associations. révolution est demandée à la sirs de la marche. L’harmonisation des réglementa- gion parisienne. L’avant-projet du par les Franciliens. Les dispositions du PDU de- RATP et aux opérateurs privés La SNCF, elle aussi, va devoir tions locales pour les livraisons plan de déplacements urbains Grâce à la loi sur l’air, le PDU se- vraient ainsi entrer en vigueur pour la gestion de leurs lignes de s’adapter aux contraintes du PDU. des marchandises devrait per- (PDU), dont l’élaboration, en Ile- ra, dès l’an 2000, le texte de réfé- dans les cinq prochaines années, à banlieue. Le réseau ferré devra ainsi être ex- mettre de sortir de l’anarchie ac- de-France, revient à l’Etat rence pour les 1 283 maires d’Ile- l’issue d’ultimes concertations En petite couronne, les entre- ploité « de façon à mieux desservir tuelle. Les plates-formes logis- − contrairement aux autres ré- de-France, les huit conseils géné- avec les collectivités locales, et au prises de transports vont devoir sur l’ensemble de la journée les tiques multimodales devront être gions − devait être présenté, lundi raux et le conseil régional. Tous les terme d’une enquête publique qui mettre rapidement en place un ré- zones denses de banlieue ». La préservées face à la spéculation 12 avril, par Jean-Pierre Duport, le documents d’urbanisme et tous les s’achèvera en juin 2000. Elles se- seau de rocades à « haute qualité SNCF se voit invitée, de cette fa- foncière qui menace souvent de préfet de région. Ses grandes plans de circulation devront alors ront d’autant plus facilement ap- de service », avec des « bus rapides çon, à contribuer à un volet im- les faire disparaître en zone dense. orientations, qui seront discutées être « compatibles » avec les pres- plicables qu’elles concernent es- et confortables, réguliers et fré- portant du PDU : celui de l’urba- L’avant-projet de PDU envisage par les collectivités locales, sont criptions du PDU édicté par l’Etat. sentiellement des infrastructures quents, même aux heures creuses et nisme. Les représentants de l’Etat des mesures directement destinées susceptibles, selon la préfecture, Faute de quoi, les élus risqueront existantes : le PDU de la préfec- le week-end ». Des lignes express, souhaitent en effet « reconstruire à compliquer l’usage de l’automo- d’inverser une tendance qui pa- des recours devant le tribunal ad- ture de région impose, en effet, un ouvertes entre les villes de ban- la ville sur la ville » en proche ban- bile afin d’inverser les pratiques raissait inéluctable : le recours, de ministratif, qui pourront être en- partage de la voirie au profit des lieue, préfigureront le tracé du lieue, afin que « les habitants se actuelles. Ainsi une hausse impor- « Grand Tram », la rocade de tante et fortement dissuasive du tramways, proposée par l’Etat à la tarif des amendes est-elle suggé- région, et qui ne pourra être ache- L’accessibilité rée. Les communes sont invitées à Réduire les émissions polluantes ou améliorer vée que dans une douzaine d’an- limiter les possibilités de station- nées. toujours en retard nement pour les non-résidents. En grande couronne, ce sont de Enfin, le PDU propose de revenir nouvelles lignes qui devront être Une enquête de l’Association de façon radicale sur les réglemen- la circulation : des exigences contradictoires créées ou restructurées dans tous des paralysés de France (APF), tations qui ont incité, ces dernières À QUELQUES MOIS de l’échéance fixée par la loi A cette date-butoir, l’ensemble de la procédure les centres urbains. Le bus devra publiée dans le cadre du salon années, les entreprises franci- sur l’air, l’élaboration des plans de déplacements ur- d’adoption des plans (consultation des assemblées ter- alors être capable d’assurer les dé- Mobicity, à Paris du 8 au 11 avril, liennes à proposer des places de bains (PDU) semble s’accélérer. Selon un bilan publié ritoriales, enquête publique et approbation par le pré- placements internes à ces confirme l’indigence des trans- stationnement à leurs salariés. par le Groupement des autorités responsables des fet) devra être bouclé ; à défaut, c’est au préfet que re- communes, et non plus unique- ports en commun en matière Comme dans de nombreux pays transports (GART), « toutes les villes qui sont dans l’obli- vient la tâche d’élaborer le PDU. ment le rabattement vers les gares. d’accessibilité aux personnes étrangers, les employeurs vont gation d’élaborer un PDU ont lancé la démarche ». Jean- Mais les deux ministères concernés ont une diffé- « Le bus peut être un moyen de handicapées. Sur trente-huit être encouragés à mettre en place, Claude Gayssot, ministre de l’équipement, des trans- rence d’appréciation sur les objectifs des PDU : celui transport rapide et efficace s’il cir- villes de plus de 60 000 habi- pour leur personnel, des plans de ports et du logement, a confirmé que 40 % des auto- des transports met l’accent sur la priorité aux trans- cule dans un couloir réservé », rap- tants, vingt-cinq sont qualifiées déplacement excluant le recours à rités urbaines seront en mesure d’approuver leur plan ports en commun, alors que celui de l’environnement pelle Chantal Duchêne, respon- d’« inaccessibles », six de « par- la voiture individuelle. dans les délais et plus de 65 % avant la fin du premier insiste sur la « diminution du trafic automobile », ins- sable des infrastructures et des tiellement accessibles » (Lyon, La présentation de l’avant-pro- semestre 2000. crite dans la loi : une circulaire aux préfets, qui devait transports à la direction régionale Tours, Nîmes, Caen, Saint- jet de PDU intervient quelques être envoyée fin décembre 1998 pour leur préciser les de l’équipement. Etienne et Troyes) et sept d’« ac- jours après la requête de l’associa- LES OBJECTIFS EXPLICITES DE LA LOI SUR L’AIR enjeux des plans, avec notamment des objectifs de ré- cessibles » (Grenoble, Stras- tion régionale des usagers des Ce bilan tranche quelque peu avec la première esti- duction des émissions polluantes à atteindre, est tou- TRACÉS PIÉTONNIERS SÉCURISÉS bourg, Nantes, Lille, Toulouse, transports (Fnaut Ile-de-France) mation établie, fin décembre 1998, par le ministère de jours en discussion entre les deux ministères. Grâce au PDU, la politique en Bordeaux et Valence). Selon la devant le tribunal administratif de l’environnement et l’Agence de l’environnement et de Or les textes sont clairs : le PDU vise à repenser la faveur du vélo devrait enfin sortir même enquête effectuée en Paris contre Philippe Massoni, pré- la maîtrise de l’énergie (Ademe), qui montrait que les place de la voiture en ville, en diminuant le trafic auto- des micro-opérations à caractère 1996, trente et une villes de plus fet de police de Paris, pour « ca- villes accusaient un retard certain : seules un quart des mobile, et en facilitant les circulations non polluantes. électoraliste, menées ici et là sans de 60 000 habitants étaient rence » dans l’exercice de ses mis- agglomérations avaient alors entamé leur réflexion En décembre 1998, France Nature Environnement aucune cohérence. Le réseau des « inaccessibles ». Depuis la loi du sions en matière de circulation et (Le Monde du 18 décembre 1998). La loi sur l’air du avait ainsi saisi le ministère de l’environnement pour pistes cyclables sera dorénavant 30 juin 1975, l’accessibilité est de stationnement. La Fnaut re- 30 décembre 1996 prévoit que toutes les aggloméra- protester contre le contenu des PDU en cours de dis- conçu pour assurer le rabattement pourtant obligatoire. L’APF de- proche au préfet un « laxisme » et tions de plus de 100 000 habitants devront avoir adop- cussion, reprochant aux services chargés des trans- sur les gares, et des liaisons à tra- mande « simplement que les tex- des « interventions » qui constitue- té, avant le 1er janvier 2000, leur projet de plan, afin de ports dans les collectivités locales et à ceux du minis- vers la zone dense de l’aggloméra- tes soient respectés et appliqués » raient « un frein à l’instauration définir « les principes de l’organisation des transports de tère de n’envisager ces plans que comme une tion et à l’intérieur des villes, ainsi et rappelle qu’à Paris seuls cinq d’une politique de priorité aux personnes et de marchandises, de la circulation et du réorganisation des transports en commun. qu’une desserte de proximité dans taxis sur quatorze mille sont ac- transports collectifs ». stationnement, dans le périmètre des transports ur- les quartiers. Enfin, les chemine- tuellement accessibles aux per- bains ». Sylvia Zappi ments piétons « sécurisés » de- sonnes à mobilité réduite. Christophe de Chenay LeMonde Job: WMQ1304--0014-0 WAS LMQ1304-14 Op.: XX Rev.: 12-04-99 T.: 11:02 S.: 111,06-Cmp.:12,11, Base : LMQPAG 48Fap:100 No:0396 Lcp: 700 CMYK

14 / LE MONDE / MARDI 13 AVRIL 1999 HORIZONS ENQUÊTE

Le quotidien populaire « Bild Zeitung » l’a baptisée « la journaliste la plus courageuse d’Allemagne ». Renate Avec Rugova, Flottau, cinquante-quatre ans, correspondante de l’hebdomadaire « Der Spiegel » en ex-Yougoslavie depuis otage de Milosevic à Pristina douze ans, a refusé de quitter le pays après les MERCREDI 31 MARS uniforme pose deux bouteilles de A 20 heures, Rugova est appelé. sa colère, refuse de s’asseoir, Mi- situation, espère son soutien. attaques de l’OTAN : A Pristina, après la septième limonade sur la table : « Nous On lui propose d’aller le lende- losevic a pesté comme un ogre Mais l’Américain réagit de façon « Je resterai jusqu’à ce nuit de bombardements, règne autres Serbes, nous sommes aussi main matin à Belgrade. Le pré- – contre Clinton, les médiateurs plutôt vague. Si les Serbes veulent qu’ils me jettent l’anarchie. Dans les rues, les re- des humains », dit-il, presque en sident de la Yougoslavie Slobodan américains Hille et Holbrooke, bien organiser le transport de Ru- doutables commandos « Tigers » s’excusant. Dehors, d’autres véhi- Milosevic veut lui parler, « pour mais surtout contre le chancelier gova jusqu’à la frontière, il est dehors ». Cette du tchéknik serbe Arkan font la cules blindés passent. Est-ce discuter d’une solution à la crise ». Schröder. Du temps de Helmut prêt à l’attendre de l’autre côté. journaliste d’origine chasse aux Albanais. La police qu’on vient nous chercher ? Rugova y consent, à contre-cœur, Kohl, d’après Milosevic, l’OTAN Rugova s’adonne à son passe- serbe parle serbe aide aux expulsions. Elle Puis, vers 16 h 30, arrive le et conscient qu’il n’a pas d’autre n’aurait jamais bombardé son temps préféré : la diversité miné- couramment le passe systématiquement au commandant de la police spé- choix. pays. rale du Kosovo. Sa collection de peigne fin les quartiers albanais. ciale. Ses instructions sont La nuit, nous dormons à même Avec magnanimité, le tsar des minéraux est immense. Le Kosovo serbo-croate et La marmite de rumeurs bouil- brèves : la police occupe les pièces le sol, pressés comme des sar- Serbes promit à son hôte Rugo- compte, en raison des trésors de l’albanais. Elle a réussi lonne de nouvelles effrayantes. du bas et le second étage. Nous dines, les uns contre les autres. va : « On ne vous touchera pas un son sol, dit-il fièrement, parmi les depuis le début des Une radio occidentale annonce restons au premier étage « sous Rugova s’assoupit sur le canapé cheveu, nos soldats s’en portent ga- pays les plus riches du monde. Il a que le leader albanais Ibrahim protection policière », tous dans devant lui, un mouchoir étendu rants. » Rugova contresigna un réparti quelques cristaux, éme- bombardements en Rugova serait blessé ou même une seule pièce. sur la tête –, une vieille habitude. communiqué préparé, selon le- raudes et autres pierres pré- Yougoslavie deux mort. Fehmi Agani aussi, un En chuchotant, nous conve- Les attaques aériennes de la nuit quel il était favorable à une solu- cieuses dans de petits verres rem- « coups » proche de Rugova, que je connais nons, Rugova et moi, qu’il serait ne sont pas trop violentes, elles tion par « des moyens politiques ». plis d’eau. Quelques gouttes de très bien, aurait été assassiné. trop dangereux de révéler mainte- cela sur le visage, sermonne-t-il, extraordinaires. Tout cela est-il vrai ? nant mon identité de journaliste. font l’effet d’une cure de jou- D’abord, le lundi J’ai encore parlé avec Rugova il Adnan lui-même croit que je suis A 20 heures, Rugova est appelé. vence. 29 mars, « la dernière y a deux jours. Il s’agissait de par- une amie de la famille. Adnan est Adnan appelle le cabinet de Mi- interview non faire une dernière fois notre en- désigné par la police comme le On lui propose d’aller à Belgrade. losevic. Il demande à nouveau un tretien de la fin de semaine der- « médiateur » entre Rugova et ses geste humanitaire, une sortie censurée » du chef nière. Le leader albanais, nouveaux « protecteurs ». De Slobodan Milosevic veut lui parler, sous protection vers Skopje. Mais modéré kosovar désespéré par l’expulsion de son l’extérieur, on entend le bruit des Milosevic veut poursuivre les en- Ibrahim Rugova, alors peuple hors du Kosovo, deman- vitres des fenêtres brisées, de la « pour discuter d’une solution à la crise ». tretiens à Belgrade. Rugova ré- que des rumeurs dait à l’Alliance atlantique de ris- destruction des portes. La police plique : ce n’est qu’à Skopje où se quer le tout pour le tout et «de occupe manifestement toutes les Rugova y consent, à contre-cœur, conscient trouvent ses conseillers et les alarmantes couraient menacer, en cas de besoin, d’une maisons environnantes. membres du LDK qu’il peut déci- sur sa vie. L’entretien a destruction complète de la Serbie». L’antenne satellite est dé- qu’il n’a pas d’autre choix der d’une poursuite des dis- été réalisé juste avant Donc, encore une visite chez connectée, le cable de la télévi- cussions avec Milosevic, ou même Rugova. Ma voiture est restée de- sion et le fil du téléphone sont ar- d’un accord éventuel. On rappele- que Rugova ne soit puis le début des attaques aé- rachés du mur. « Avez-vous une semblent viser des cibles assez Ce n’est qu’un « slogan », expli- ra. contraint par le riennes sur le parking près du radio ? », hurlent-ils. Nous répon- loin du centre ville. qua-t-il plus tard devant un verre Nous attendons, évidemment président Serbe Grand hôtel. Le signe « 40-P » sur dons que non. Quant aux télé- de whisky. Cela ne signifie rien. en vain. « Milosevic joue avec moi la plaque minéralogique signale à phones mobiles, ils sont hors JEUDI 1ER AVRIL Par « des moyens politiques », il au chat et à la souris », reconnaît Milosevic d’apparaître à chaque policier que le proprié- d’usage depuis le début des at- Rugova est irrité. Il a été réveillé comprend en effet la signature amèrement Rugova. « En ayant ses côtés, le 1er avril, à la taire de la voiture est un repré- taques aériennes. Puis la machine bien trop tard pour partir à Bel- serbe de l’accord de Rambouillet suffisamment troublé le monde télévision serbe. Publié sentant des médias allemands. Il de propagande serbe se met en grade. Quand il dort, c’est profon- et la garantie de l’autonomie du avec notre prétendu accord, il veut le lundi suivant, cet serait maintenant insensé de se marche. Radovan Urosevic, de la dément, même quand les enfants Kosovo par des troupes de la paix. me faire passer auprès de mon déplacer dans Pristina avec une centrale de médias serbes, ren- font du bruit dans la pièce depuis Au reste, il se dit persuadé que les peuple pour un traître.» Mais Ru- entretien a achevé de telle pancarte. contre certains collègues fidèles des heures. Les enfants ne parlent politiciens occidentaux n’accor- gova a conscience d’être encore dissiper les derniers Je descends donc à pied jus- au régime. Rugova doit apparaître que l’albanais. En 1990, les Alba- deront eux aussi aucune impor- un interlocuteur de valeur : c’est doutes sur la liberté de qu’au quartier albanais Velanja, devant les caméras et le monde nais du Kosovo ont commencé à tance à sa signature. seulement si les Albanais accep- afin de vérifier la rumeur. Il est un pour assurer qu’il est en bonne installer leurs propres écoles dans Rugova n’est pas seulement fu- taient un nouveau tour de table parole dont jouirait le peu avant onze heures. La rue où santé et qu’il est un homme libre. des maisons privées : le « serbe » rieux, mais il a l’air d’être profon- que l’OTAN pourrait arrêter les leader albanais. se trouve la résidence de Rugova, Tout autre propos ne serait jamais est pour eux une langue étran- dément déprimé ce jour-là. Le bombardements. Surtout, Mme Flottau a peinte en blanc, semble étrange- diffusé par la radio d’Etat. Et nous gère. A 9 heures, départ dans la voyage de Pristina à Belgrade à Il y a de la soupe aux haricots passé six jours dans la ment vide et abandonnée. J’ai ap- mettrait tous en danger de mort. BMW de la police serbe. Rugova travers des villages vides aux mai- blancs et l’on respire un peu. La pris plus tard que tous les Alba- Pour autant, nos protecteurs est inquiet de la façon dont l’opi- sons abandonnées l’a choqué. On radio allemande parle d’une ini- maison d’Ibrahim nais qui y vivent en ont été serbes ne paraissent pas parti- nion albanaise accueillera sa ren- ne voyait pas même un chien sur tiative des USA, de l’Allemagne, Rugova à Pristina, du violemment chassés le matin culièrement heureux. Ils auraient contre avec Milosevic. les routes, dit-il dégoûté. Il de la France et de l’Italie : on in- 31 mars au 5 avril. Pour même par la police serbe. très peur, confie l’un d’eux, aussi Nous restons assis toute la ajoute, résigné : « Je suis un pré- viterait Rugova avec sa famille Après un long moment, Rugova bien des attaques de l’OTAN que journée en silence sur les fauteuils sident sans peuple. Quelle carte afin de vérifer sa « liberté». Mais vérifier les rumeurs sur ouvre. Il est prêt à dire à la popu- d’une possible action de libéra- et les chaises. La femme de Rugo- puis-je encore jouer contre Bel- ce n’est qu’un feu de paille, qui Ibrahim Rugova – lation albanaise, sur mon magné- tion des Albanais demeurés à va, Fana, coupe du pain de la grade ? Quel sens y a-t-il encore à s’éteint vite. Entretemps, Rugova blessé, mort, en fuite –, tophone, qu’il est en vie et que les Pristina. veille et le fait griller dans le four. rester comme le dernier héros à lutte contre un début de grippe. expulsés ne doivent pas perdre A 19 heures, comme tous les Nous mangeons tous dans un Pristina ? » Il veut prier Belgrade Nous l’appelons le « virus Milose- elle s’est rendue au l’espoir en un avenir meilleur. jours, le courant est coupé à Pris- même plat en fer blanc. Il y a une de l’évacuer avec sa famille pour vic». domicile du chef Quand je veux m’en aller, le tina. L’eau, il n’y en a que pendant maigre soupe au vermicelle en sa- des raisons humanitaires, sous Le soir, nous discutons sur la modéré des Albanais du beau-frère de Rugova surgit dans quelques heures. La grande fa- chet. une bonne protection, à Skopje. possibilité de ma fuite. Mais livrer Kosovo peu avant que la pièce et pose son doigt sur ses mille de Rugova remplit à peu Quand Rugova revient vers De là, estime le leader des alba- à ce moment mon identité serait lèvres en signe d’avertissement. près vingt bouteilles par jours en 18 h 30, il est visiblement boule- nais, il pourrait mieux influer sur beaucoup trop risqué. Le monde la police serbe Nous descendons prudemment guise de réserves. Nous restons versé. Milosevic l’a manifeste- le développement de la crise du croira finalement que Rugova a li- n’investisse la maison. les marches depuis le premier assis à la lueur d’un néon que le ment utilisé aux seules fins de sa Kosovo, inciter ses compatriotes à brement demandé une protection Dissimulant son étage et observons, au coin d’un fils de Rugova, Menem, un génie propagande. En tout cas, il n’a pas revenir. C’est là que ses compa- serbe. Rugova croit toujours à un mur, les voitures des policiers et de la technique, maintient en acti- fait de proposition concrète en gnons de lutte politique sont de- départ vers la Macédoine. Je dois identité aux policiers les véhicules blindés s’approcher vité avec des batteries pendant vue d’une solution pacifique. puis longtemps. alors continuer d’agir en membre serbes, la de la maison puis s’arrêter devant une heure. Puis c’est au tour de la Des images de Rugova, souriant Rugova ne comprend pas que de la famille, camouflée d’un fou- correspondante du elle. combinaison de batterie suivante amicalement, en conversation l’OSCE ait pu abandonner les Al- lard sur la tête, et avec un enfant « Spiegel » y est restée, Deux douzaines de soldats de la d’entrer en action. Elle ressemble avec Milosevic sont présentées à banais sans tambours ni trom- dans les bras. police spéciale serbe en des- au projecteur d’un stade de foot- l’opinion mondiale déconcertée. pettes, et les livrer sans défense vivant, avec la famille cendent. Ils tambourinent contre ball. En fait, raconte Rugova, qui, dans aux bouchers serbes. SAMEDI 3 AVRIL d’Ibrahim Rugova, le le portail de fer, puis l’arrachent Jusqu’à une heure du matin, L’ambiance est oppressante, départ du leader brutalement. Trois hommes en nous restons assis autour d’une comme le temps qu’il fait. Tous uniforme se précipitent dans la grande table. Nous ne parlons sont assis, apathiques, sur leurs albanais pour sa maison et nous poussent tous au qu’en chuchotant. Quelques uns chaises. Milosevic exige à nou- rencontre forcée avec rez-de-chaussée dans une pièce piquent du nez de fatigue sur leur veau la venue de Rugova. Cette Slobodan Milosevic à qui servait auparavant aux confé- assiette. D’autres cherchent à ré- fois-ci, il doit mettre en scène Belgrade, et son retour. rences de presse. chauffer l’ambiance par quelques avec le chef de la délégation serbe Nous, c’est-à-dire dix-sept per- blagues isolées. Le fils de Rugova, lors des négociations pour la paix Elle a profité d’une sonnes : Rugova, sa femme Fana Menem, chante : « Nous sommes de Rambouillet, Ratko Markovic, TOMASEVIC/REUTERS visite de l’ambassadeur avec leurs trois enfants, deux les derniers en ville.» un show pour la presse à Bel- de Russie avec des sœurs avec leurs familles et Ad- grade. Le leader des Albanais re- nan K. Merovci, l’homme à tout VENDREDI 2 AVRIL fuse. Le vice-premier ministre journalistes au domicile faire et le chef du protocole de Cela devient de plus en plus dé- yougoslave, Nikola Sainovic, est d’Ibrahim Rugova pour Rugova, qui était par hasard ce sespéré. Nous fixons les murs où envoyé sur Pristina. s’éclipser, avant de matin-là dans la maison du leader sont accrochés les diplômes de Le monde est troublé, mainte- subir deux albanais. Parmi les sept enfants, Rugova, le tableau d’un combat- nant que l’on connaît l’interview l’un vient juste d’avoir dix-huit tant chrétien du nom de « Bog- du Spiegel où Rugova parle en fa- interrogatoires musclés mois. dan », le grand drapeau albanais, veur de l’intervention de troupes de la police serbe. Elle a Il est midi. Nous restons là en les lambris du plafond. De temps au sol. Cela sonne tout à fait au- pu ensuite rejoindre silence pendant que deux poli- en temps, nous relevons un peu trement que l’accord avec Milose- ciers casqués et vêtus de gilets de les jalousies pour voir si le cordon vic et le prétendu appel commun Belgrade. protection gardent leurs armes de police est toujours dans la rue. pour une cessation de l’attaque Mère de deux garçons, pointées sur nous, menaçantes. Pas de changement. Parmi nous, de l’OTAN. Il me semble que Ru- Renate Flottau, déclare : Un troisième s’adresse grossière- certains marchent nerveusement gova surestime l’état de l’infor- ment à Rugova : « Eh oui ! Mon- dans la pièce. Nous écoutons pru- mation à l’Ouest quand il croit « Mon hobby, c’est mon sieur Rugova, c’est la politique qui demment, avec les écouteurs, les que « maintenant, ils savent préci- boulot » a tout foutu en l’air. » Ses deux ca- radios étrangères. La rencontre de sément dans quelle situation je me marades lui font signe de se rete- Rugova et de Milosevic est tenue trouve ». nir : « La ferme ! ce n’est pas notre par la plupart des médias étran- Sainovic arrive vers 21 heures, problème.» gers comme un coup de propa- sans proposition concrète. Mais le D’un coup de crosse de fusil, la gande serbe. monde doit apprendre demain caméra de surveillance au-dessus A onze heures, la ligne de télé- que les « discussions avec les Alba- de l’entrée est arrachée. Que va-t- phone est réinstallée. Mais la po- nais » vont se poursuivre. il advenir de nous maintenant ? lice est aux écoutes. Elle inter- Rugova, dit-il d’un ton plein Cela fait des jours que courent à rompt tout appel douteux. Adnan de dérision, est bien sûr un Pristina des rumeurs de liquida- parvient à avoir l’ambassadeur homme libre. Il peut bien aller tions ciblées par des commandos des Etats Unis à Skopje, Christo- en Macédoine. Il devrait pourtant d’exécution. L’un des hommes en La maison d’Ibrahim Rugova à Pristina. pher Hill. Il cherche à lui décrire la faire attention à ce que, LeMonde Job: WMQ1304--0015-0 WAS LMQ1304-15 Op.: XX Rev.: 12-04-99 T.: 11:03 S.: 111,06-Cmp.:12,11, Base : LMQPAG 48Fap:100 No:0397 Lcp: 700 CMYK

HORIZONS-ENQUÊTE LE MONDE / MARDI 13 AVRIL 1999 / 15

La rencontre entre Slobodan Milosevic et Ibrahim Rugova, le 1er avril, au palais présidentiel à Belgrade. REUTERS

sur la route, des Serbes furieux L’ambassadeur russe refuse. Il ron. Le soulagement est de Pourtant, ni la voiture ni le sac Je suis contente quand point le de tourisme sur des kilomètres, pourraient bien « mettre en n’a obtenu, dit-on, de Belgrade courte durée. Deux personnes n’arrivent. Une heure plus tard, matin. chargées à craquer de réfugiés al- scène » toutes sortes de péripé- aucune garantie concernant la des « forces de sécurité» sur- un employé de la police m’em- banais. « D’où viennent-ils ? », ties possibles. Un avertissement sécurité pour ce jour-là. Sa visite gissent, confisquent mon passe- poigne par les cheveux : dans la MARDI 6 AVRIL demande le conducteur de bus on ne peut plus clair. est reportée à lundi. Nous res- port, et me conduisent pour in- voiture de police ! « Qu’est-ce que Les visages des « forces de sé- étonné. « Ils ont été chassé pen- Nous entendons à la radio que tons assis en silence devant notre terrogatoire dans la salle à tu cherches donc ici, toi qui es Al- curité» qui m’ont promis la resti- dant la nuit de la frontière macé- le secrétaire général de l’OTAN, « menu de Pâques », du riz avec manger du Grand hôtel. Il y a lemande ? » Attente au contrôle tution de la voiture et du sac, donienne », dit un soldat en uni- Javier Solana, désire entrer en du poulet. Une fois par jour, les deux hommes, l’un avec un béret de police. Les hommes en uni- sont devenus de glace. Un em- forme vert. La caravane de contact avec Rugova afin de sa- protecteurs serbes autorisent un de tricot noir, l’autre avec une formes sont agités : on attend les ployé de l’høtel me conseille de misère s’étend à l’infini, de Gnji- voir pour de bon s’il est favorable beau-frère de Rugova à monter casquette à visière, et une troupes au sol de l’OTAN, as- déguerpir rapidement. On a des lane jusqu’à presque Bujanovac. à une poursuite ou à une cessas- des provisions du congélateur de blonde, ayant à peine la tren- surent-ils, enthou siastes, en doutes sur mon séjour des six « Allez en Turquie ! », raillent les sion des attaques de l’OTAN. Ru- la cave. Plus tard, nous man- taine. brandissant leurs poings en l’air. dernières nuits. On prétend que passagers du bus en colère. gova réagit distraitement. Les Tous, ajoutent-t-ils, quitteront le je dois être liquidée. Le voyage se poursuit, passant nouvelles de la radio l’intéressent Kosovo dans des cercueils. Rasa, de la police serbe de Bel- devant la caserne détruite de Les- à peine. Il cherche à cacher son « Je suis un président sans peuple. Mes poches sont inspectées. grade, veut m’aider. Ma secré- kovac. Puis sur l’« Autoput » qui amertume. Il n’arrive pas à Mon corps de même. Puis on me taire l’a alarmé. Il conseille, au conduit à Nis. A peu près quinze comprendre comment tous ceux Quelle carte puis-je encore jouer restitue mon passeport –, je ne lieu de ma voiture et de mon sac autobus avec des « volontaires » qui lui ont fait la cour pendant devrai pas sortir du Grand hôtel. avec mon ordinateur, mon appa- viennent à notre rencontre. Les des années, l’on décoré de leurs contre Belgrade ? On ne veut pas avoir de pro- reil photo et mon argent liquide, passagers du bus les saluent avec prix et se sont fait photographier blèmes avec moi. Pristina s’est de sauver « plutôt ma tête ». Ra- les mains tendues et des cris de avec lui de façon très médiatique, Quel sens y a-t-il encore à rester transformée. Maintenant, sa : « Tire-toi, monte tout de suite sympathie. En plein centre de regardent à présent impuissants chaque Serbe porte une arme, le dictateur serbe l’humilier. Pas comme le dernier héros à Pristina ? » chacun se sent appelé à être un plus que la nouvelle selon la- super héros patriotique. Les « Milosevic joue avec moi au chat quelle l’Ouest voudrait accueillir femmes en uniforme noir se 100 000 réfugiés albanais. geons également les croutes de L’« interrogatoire » est brutal et comportent comme les Ama- et à la souris (...) « Maintenant, le reste va aussi pain laissées par les enfants, éhonté. « Quel service secret y a-t- zones de l’univers. s’enfuir du Kosovo », dit-il, « car grossièrement cuites dans le il derrière le Spiegel ?» « Nous sa- Une grande partie du person- En ayant suffisamment troublé le monde chacun rêve de s’installer à foyer. vons que vous êtes une espionne.» nel serbe de l’hôtel s’est enfuie l’Ouest. » Aucun ne reviendra. Vers minuit, l’OTAN bom- « Comportez-vous correctement, depuis longtemps, y compris les avec notre prétendu accord, Son fil Menem appelle cela sati- barde, cette fois-ci à proximité sinon les choses se passeront vingt collaborateurs du centre de riquement un « nettoyage eth- immédiate. La maison a tremblé. mal. » « Nous savons tout sur vous presse établi au premier étage. il veut me faire passer nique humanitaire » du Kosovo. Tout le monde saute de son cou- dans les dix dernières années. » L’hôtel est plein de militaires, de chage et s’assoie à nouveau à Les interrogateurs s’intéressent policiers, de volontaires d’Arkan auprès de mon peuple pour un traître » DIMANCHE 4 AVRIL table. Nous craignons que les principalement au lieu de mon et de membres de la police spé- C’est Pâques. Rugova se sent Serbes ne fassent sauter la rési- séjour pendant les derniers jours ciale. Je crois reconnaître l’un de nouveaux pour quelques ins- dence de Rugova pour en accuser et les dernières nuits. Je dis que d’eux. Il était l’un des assaillants dans l’autobus pour Belgrade.» Il Nis, entre des immeubles tassés tants le « président » d’un peuple plus tard l’OTAN. j’étais avec les réfugiés à la fron- de la résidence de Rugova. Lui s’occupera pour qu’on me laisse les uns contre les autres, le centre de deux millions de personnes. Il tière macédonienne. Puis on me aussi paraît m’avoir remarquée. passer aux postes de contrôle sur de commandement de la police a raconte fièrement qu’il a fait de LUNDI 5 AVRIL confronte avec presque tous les A la fin de l’après-midi, une em- la route. été détruit. La précision de la fête catholique de Pâques une Peu avant l’arrivée de l’ambas- contacts que j’avais eus ces dix ployée de l’hôtel me prend à part. Le départ du bus est dans cinq l’OTAN, reconnaît Dragan, est fête d’Etat au Kosovo. Les éco- sadeur russe Yuri Kotow, Rugova dernières années, et que j’étais « Vous devez disparaître. Vous minutes, et la gare routière est au « fantastique». liers albanais auraient eu, comme voit une possibilité pour moi de censée avoir utilisés pour mes n’êtes plus en sécurité ici. » Je té- moins à quarante minutes à Puis on continue vers Belgrade. à l’Ouest, des vacances à ce mo- fuir. On attend de nombreux « activités d’espionnage ». Mon léphone à Belgrade, prie ma se- pieds. Et c’est de nouveau l’un Il n’y a plus maintenant que la ment de l’année. journalistes au second étage, là travail d’information avait été crétaire serbe de demander au- des rares Serbes qui ne me re- police militaire qui contrôle, et Fana, sa femme, colore trente où la rencontre doit avoir lieu. Je dans tous les cas « hostile à près du ministre de l’information garde pas comme « hostile à exclusivement des soldats en uni- œufs dans une décoction de devrais me tenir derrière Rugova l’Etat ». L’interview avec Rugova, Komnemic si je peux rentrer en l’Etat » qui m’y obtient un billet forme qui voyagent en bus. On peaux d’oignons. Les policiers quand il s’y rendra et me mêler surtout, fâche les hommes de la Yougoslavie après être allée en « non-régulier », conjure le cherche des déserteurs. Les nou- serbes avaient apporté les œufs alors aux journalistes. Le plan sûreté hors de toute mesure. Ils Macédoine. conducteur du bus et m’installe velles évoquent mille cinq cents la veille, avec du lait pour les en- réussit. Les journalistes atten- connaissent aussi tous mes Komnenic est membre du SPO, dans le car de Pristina à Belgrade, soldats allemands en Macédoine fants et de l’eau minérale. Les en- daient en haut, je suis soudain contacts avec des commandants le parti de Vuk Draskovic long- entre des soldats serbes, des poli- qui auraient, dit-on, jeté bas fants peignent les œufs pendant parmi eux, tout naturellement, de l’UCK. temps courtisé à l’Ouest comme ciers et des patriotes de la pre- leurs armes et fui en Grèce. Per- que Rugova espère en un appel j’attends quelques minutes puis Notre conversation est visible- offrant une alternative à Milose- mière ligne. sonne n’en doute dans le bus, libérateur de Belgrade. Il arrive quitte la première la résidence. ment transmise par un micro vic. Mais le ministre de l’informa- A côté de moi est assis Dragan. non plus que des autres an- vers midi. Mais il ne contient que Un employé de la police me dedans une autre pièce. Une heure tion s’indigne seulement de ce Je lui déclare que je suis une jour- nonces de soutien venu du l’information selon laquelle il mande d’où je viens : «De la après, l’homme au béret noir qu’une Serbe de pure race puisse naliste suisse. Au moins la Suisse monde entier pour la Serbie. doit recevoir le soir l’ambassa- conférence de presse avec l’am- quitte la pièce, revient après s’abaisser à travailler pour une ne bombarde-t-elle pas avec les Vers 20 h 30, on aperçoit Bel- deur russe avec Sainovic. bassadeur russe », répondis-je. quelques minutes et s’excuse rédaction allemande. Qu’est-ce Alliés. Dragan dit qu’il ne grade, presque comme Las Vegas Les sœurs de Fana sont assises «OK», dit-il en me laissant pas- pour le « comportement quelque que cette journaliste allemande comprend plus le monde depuis après des semaines d’obscurité par terre et mélangent de la fa- ser. Je respire à nouveau pour la peu brutal des forces de sûreté» –, peut donc avoir à faire au Koso- que l’OTAN bombarde. Dans le totale à Pristina. La vie semble rine et de l’eau pour cuire comme première fois l’air pur, je vois le on a été seulement troublé par vo ! bus, la radio est mise à fond. battre normalement. Personne chaque jour dix miches de pain. soleil après six jours et me dirige ma disparition. La voiture Je reste donc dans ma Clinton est comparé avec Hitler, ne réagit au déclenchement de Près du four électrique, un four à vers le Grand hôtel. comme le sac vont aussitôt arri- chambre 505 au Grand hôtel, l’OTAN avec les terroristes. l’alarme stridente, signalant une charbon est là, au cas ou le cou- Ma voiture n’est plus sur le ver. On espère en outre quelque dormant comme toujours depuis Toute nouvelle au sujet de mai- attaque aérienne imminente. On rant serait coupé. Le bébé de huit parking. Mon sac a disparu de la chose de positif sur les Serbes l’attaque aérienne avec mes sons serbes détruites ou d’avions s’est habitué à la guerre. mois est placé dans une serviette chambre. A la réception, on est dans le prochain Spiegel. Je pour- chaussures, mon anorak et la de l’OTAN abattus est com- de bain nouée, les parents le prévenant. On s’est fait du souci. rai alors continuer à travailler lampe de poche à la main. Les at- mentée avec un fort « Ohé ! » ou Renate Flottau bercent pour l’endormir. Pendant Le sac va arriver, ma voiture a été comme journaliste au Kosovo. taques aériennes sont plus « Hoho ! » la journée, on le promène dans le mise pour des raisons de sûreté, Manifestement, un « supérieur » proches cette nuit, mais les mis- Soudain, nous voyons devant (Traduit de l’allemand par landeau à travers la pièce pour par la dépanneuse, sur un par- avait décidé d’user de clémence à siles ne passent pas immédiate- nous des colonnes de tracteurs, Denis Thouard) l’apaiser. king éloigné de 500 mètres envi- mon endroit. ment devant la fenêtre de l’hôtel. petites camionnettes et voitures © Der Spiegel LeMonde Job: WMQ1304--0016-0 WAS LMQ1304-16 Op.: XX Rev.: 12-04-99 T.: 08:47 S.: 111,06-Cmp.:12,11, Base : LMQPAG 48Fap:100 No:0398 Lcp: 700 CMYK

16 / LE MONDE / MARDI 13 AVRIL 1999 HORIZONS-DÉBATS

derrière ce qui se passe ces jours- ci, il y a la trame toujours vivante Guerre juste des vieux conflits, l’entrelacs des Le Chevènement que nous avons dans notre tête identités et des intérêts de populations qui ont exercé une influence et paix juste décisive sur la dialectique entre par René-Victor Pilhes Orient et Occident, entre religions diverses, entre modèles différents ES lecteurs de ce journal Conseil national de la résistance. l’Amérique ! Quant à celle-ci, elle est Henri Lévy hors de lui, c’est que la de civilisation. l’auront évidemment Cette fois, s’ils en doutaient encore, la plus puissante nation que le démocratie, ce soit aussi la Répu- Suite de la première page Si l’on regarde les problèmes compris : l’article de Ber- ils sont édifiés. L’oukase est tombé. monde ait connue et le fait pesam- blique, c’est l’idée qu’un Etat digne dans cette optique, il apparaît clai- L Et sur une cible de choix. Ceux qui ment sentir en tous domaines et de ce nom ait les moyens de gouver- nard-Henri Lévy « Chas- La « paix juste » est l’objectif rement que I’Europe ne peut pas ser le Chevènement de notre tête » s’interrogent sur la pertinence et tous lieux : pourquoi n’a-t-on pas le ner un peuple, adossé à un Parle- vers lequel tend la nouvelle ne pas jouer un rôle central dans (Le Monde du 8 avril) n’avait pas l’opportunité de ces bombarde- droit de la critiquer sous peine d’être ment souverain librement élu, c’est gauche démocratique, en ce mo- ces événements. Se taire sur les pour objet de nous éclairer sur la ments sont les suppôts de ces « sol- aussitôt assimilé à Jean-Marie Le Pen le droit de ce peuple à être dirigé par ment à la tête de presque toutes persécutions serbes au Kosovo et grave question du Kosovo. Il visait à dats de Milosevic qui (...) remettent en par Bernard-Henri Lévy ? des hommes par lui délégués et se- les nations européennes. Une attendre que la stratégie de Milo- faire mal, à tuer les conceptions poli- œuvre le geste du tri contre lequel s’est Comment les gens qui ont lon les lois votées en son nom et à la gauche qui cherche dans l’éthique sevic s’affirme dans toute sa lucidi- tiques du ministre de l’intérieur, une pensée l’Europe d’après Auschwitz ». combattu leur vie durant fascisme, majorité par ces hommes, et non par des droits de l’homme les para- té dévastatrice signifierait, entre certaine idée qu’il se fait de la Répu- Notre apprenti-sorcier grossit ainsi mètres d’un nouvel internationa- autres, enterrer toute réflexion sé- blique, de la vocation et du rôle de la les bataillons racistes, antisémites, lisme. rieuse sur le futur élargissement France dans ce monde convulsif, bouffeurs de République, cette Bernard-Henri Lévy veut les droits La gauche européenne se trouve de l’Europe. C’est justement main- égaré, ravagé par l’injustice, les op- gueuse. aujourd’hui face à la responsabili- tenant, au cœur de la crise, que pressions diverses, la misère souvent Cependant, Bernard-Henri Lévy de l’homme mais pas ceux du citoyen. té de guider le difficile passage l’Europe – la classe dirigeante eu- extrême. est trop avisé pour ignorer cela, vers ce nouveau système de rap- ropéenne – doit faire entendre sa Quelques précautions calculées au même si, aveuglé par sa hargne, le Soudain, on comprend mieux sa détestation ports entre les nations. Dans le voix et parler un langage commun, trébuchet ne changent rien à l’af- sentiment de son importance et son monde entier, certes, mais avant si elle ne veut pas étouffer un faire. Par exemple : « Chevènement, espèce de fanatisme, il n’en aperçoit du ministre de l’intérieur, tout en Europe. L’engagement grand projet politique entre les Le Pen, même combat ? Je ne dis pas pas tous les dangers. Alors, pourquoi pour les droits de l’homme ne frontières provinciales d’une aire cela. » Merci pour lui, Monseigneur. feint-il de l’ignorer et s’abandonne-t- de ce républicain sourcilleux connaît pas de frontières et doit de libre-échange dépouillée des Moyennant quoi, Bernard-Henri Lé- il à pareille exécration, pour ne pas s’étendre de la Birmanie au Rwan- ambitions qui en ont accompagné vy distingue un « pacte secret » entre dire plus, de ce ministre ? Pourquoi da, de la Chine au Kurdistan. Mais l’inspiration et le développement. ceux qui condamnent les frappes de donne-t-il à entendre qu’aux yeux de vichysme, colonialismes en tous des aréopages lointains et non élus, il doit absolument commencer, Naturellement, il ne s’agit pas l’OTAN, d’où qu’ils viennent, tous ce dernier, mieux valait laisser dé- genres, peuvent-ils et pourront-ils par conséquent sans légitimité dé- après la leçon de Sarajevo, par la d’un processus spontané. L’« ingé- unis par leur haine de l’Amérique. porter les Kosovars plutôt que de supporter cela ? Ils ne le peuvent et mocratique. Voilà pourquoi Ber- décision de considérer comme in- rence humanitaire » a besoin d’un Puis, n’y tenant plus, il conclut : bombarder ? Jean-Pierre Chevène- ne le pourront plus. Tout simple- nard-Henri Lévy tire à vue sur ceux supportable la violation systéma- cadre juridique moins précaire et « Chasserons-nous enfin le Chevène- ment a-t-il jamais posé la question ment. Il y a des insinuations qui qui incarnent cette idée-là, sans tique et planifiée de ces droits au d’un projet politique à la fois plus ment de notre tête et le Milosevic du en ces termes ? Qu’on soit ici obligé valent accusations et qui ne doivent nuances : la nation, c’est de la graine cœur même de l’Europe. hardi et plus mûri. Mais il n’em- cœur de l’Europe ? » Il fallait oser. de le préciser est infiniment déso- pas être lancées à la légère. Pour fasciste. Tout le monde dans le C’est ce qui a été et ce qui est le pêche que seule une forte légitimi- Bernard-Henri Lévy a osé. Car, s’il lant. l’Europe, ce n’est pas en avoir une même sac. mobile de l’intervention armée de té politique, sur la base d’un est fort risqué de lui chatouiller un Les articles abondent dans notre « vision torve » que de la concevoir Ce qu’il souhaite ardemment, non l’OTAN dans les Balkans, à la- consensus autour de cette inter- orteil, lui, par contre, s’accorde presse, qui exposent en long et en en s’appuyant sur un réalisme élé- sans quelque fébrilité, c’est que, quelle nous avons exprimé, avec vention – autour de cette vision du toutes les libertés, se permet toutes large en quoi ces frappes de l’OTAN mentaire : elle s’unira peut-être un dans l’avenir, les concepts de nation angoisse, mais aussi avec une conflit que nous vivons actuelle- les outrances. ont été préparées et décidées en dé- jour, mais par ses peuples et leurs et d’Etat volent en éclats. Bernard- conscience sereine, notre adhé- ment – sera la garantie que l’Eu- Pour lui donc, le président du pit du bon sens, en quoi elles ont propres initiatives, non par une Henri Lévy veut les droits de sion. La seule raison fondamentale rope ne déléguera plus à d’autres Mouvement des citoyens a tout bon- précipité le nettoyage du Kosovo par monnaie ou des expéditions guer- l’homme mais pas ceux du citoyen. qui a justifié le recours à la force a le rôle politique qui lui revient. nement de la graine fasciste. Indif- les miliciens et les policiers serbes rières étroitement contrôlées par les Soudain, on comprend mieux sa été la nécessité d’une « ingérence Tout cela rend encore plus dra- férent au drame du Kosovo, il ar- après que l’OSCE eut reçu instruc- Américains, en vertu d’un « droit détestation du ministre de l’intérieur, humanitaire » qui soit en mesure matique, s’il est possible, l’épreuve pente les couloirs du pouvoir en tion de quitter le territoire, en quoi, d’ingérence » à leur discrétion, dans de ce républicain sourcilleux, de bloquer la violence systéma- que nous devons affronter. Elle rêvant à une France nationale et so- enfin, elles rendent l’avenir plus un monde où les droits de l’homme homme de gauche irréprochable, tique exercée sur le peuple du Ko- met en cause l’Italie, de même que cialiste. J’invite les lecteurs à bien qu’incertain et font du dictateur un sont bafoués, violés, à peu près par- gouvernant sérieux et responsable, sovo. Une action criminelle qui les autres grandes nations euro- méditer ce qui suit : voilà la punition, héros national. tout. de ce Chevènement que nous avons durait depuis des mois et avait dé- péennes, en la plaçant devant ses le jugement, encourus par tous ceux Les opposants serbes à Milosevic Où cette « politique de la morale » dans notre tête, serviteur passionné jà causé deux mille morts et près responsabilités primordiales qui, aujourd’hui, se réfèrent à la Ré- ne sont pas les derniers à expliquer conduira-t-elle l’OTAN la prochaine de notre belle et impérissable de- – qu’elle ne doit jamais oublier – : volution de 1789, aux combats de cela. Les auteurs de ces articles se fois ? M. Chevènement a posé cette vise : « Liberté, égalité, fraternité ». préserver l’identité tutélaire et celle-ci contre les monarchies coali- tromperaient-ils qu’ils ne mérite- question, à sa manière, à ses col- La gauche l’autonomie de notre civilisation sées, à la Déclaration des droits de raient pas pour autant d’être asso- lègues ministres. Où est son crime ? et, en même temps, réaffirmer le l’homme et du citoyen (c’est moi qui ciés au « pacte secret » qui unirait les Est-ce passible d’excommunication ? René-Victor Pilhes est écri- européenne rôle international de notre pays souligne), à la France libre et au contempteurs systématiques de En vérité, ce qui met Bernard- vain. dans la Méditerranée et en direc- se trouve aujourd’hui tion de l’Europe balkanique. C’est aussi pour cette raison que face nous devons – et en premier lieu le gouvernement italien – jouer un à la responsabilité rôle dans l’Alliance. Personne n’est Pierre, Pascal, Régis, les autres et le Kosovo assez myope pour écarter cet ar- de guider le difficile gument. Au demeurant, il est clair par Christophe Gallaz que notre adhésion aux choix et passage vers aux orientations de l’OTAN ne ré- ’INDÉCENCE de l’intelli- transcender toutes les contin- permet à certains pays de déguiser devoir qui consiste à prêter, à cette pond pas seulement aux obliga- gentsia parisienne ex- gences. leurs fantasmes ou leurs empêche- même image, la matérialité boule- un nouveau système tions auxquelles nous avons sous- ploitant depuis plus de La mode est assez forte, et dure ments intimes, tout en soutenant versante d’un congénère. C’est dire crit, mais qu’elle est aussi la L depuis suffisamment longtemps, leur volonté de rayonner à large à quel point nous nous adonnons quinze jours les événe- de rapports condition pour que l’Italie soit ac- ments du Kosovo pour organiser pour avoir déjà transformé l’organi- échelle. Les « valeurs fondamen- machinalement, dans nos sociétés tivement présente dans les nou- ses jeux de positionnement spéci- gramme et les agissements de tales » signifient ainsi beaucoup claironnant la vertu, à la version entre les nations veaux équilibres mondiaux qui se fiques à longueur de tribunes libres maints Etats. Depuis la première moins fréquemment le désir de pro- non dictatoriale, banale et quoti- mettent en place. Il n’y rien de publiées dans la presse est totale moitié des années 80, époque à la- téger la personne humaine que le dienne, donc infiniment intolérable, scandaleux là-dedans. C’est au autant que consternante. Pierre ré- quelle le gouvernement français dé- souci de s’affirmer sur la scène inde ce qu’on nomme en cas de crime d’un demi-million de réfugiés contraire la base d’une vision poli- pond à Pascal qui réplique à Jean- cida d’instituer un ministère qui ternationale. Les pays de l’OTAN imposé le nettoyage ethnique. fuyant en désordre dans les forêts tique dotée du souffle nécessaire François dont la thèse lui paraît s’occupât non seulement de la santé ont visiblement cédé à ce schéma. Voilà pourquoi nous sommes de- et les montagnes. Si l’on voulait pour dominer les événements en sous-tendre celle de Régis au mo- publique mais aussi de l’action hu- Ils ont commencé de bombarder le venus incapables d’une solidarité réagir, il n’y avait pas d’autre voie évitant de se laisser dominer ment même où le ministre Jean- manitaire, y compris à l’extérieur territoire de l’ex-Yougoslavie au qui ne soit pas réparatrice. Notre qui puisse être empruntée dans par eux. Pierre cite un auteur allemand des frontières hexagonales, les «va- nom des « valeurs fondamentales », prise en compte de l’autre au préa- l’immédiat que l’usage de la force, L’aide humanitaire aux réfugiés d’une manière propre à conforter leurs fondamentales » sont devenues mais faute d’être eux-mêmes plei- lable et consubstantiellement, et limité et contrôlé, avec pour but du Kosovo, dans laquelle l’Italie se l’affreux Le Pen selon Bernard-Hen- globales au sens où l’entendraient, nement sensibles à la substance hu- non pas a posteriori, lorsque cet de contraindre le pouvoir serbe à trouve au premier rang, n’est pas, ri. On pensait que le trou noir du à propos de leur business et de son maine qui réside en leur propre autre est réduit à l’état de martyr et modifier radicalement son atti- dans ce contexte, une intervention crime et de la détresse absolus, à expansion, les plus forcenés cheva- sein, ils n’ont songé qu’après coup, donc d’icône définitivement neutra- tude. En même temps, nous avons mineure ou secondaire. Au quelques centaines de kilomètres de liers de la finance et de l’industrie. c’est-à-dire trop tard, aux popula- lisée, semble impossible. Nos insti- toujours soutenu que toutes les contraire : à côté de l’inévitable in- la capitale française, y ferait taire tutions caritatives internationales se solutions politiques possibles de- tervention militaire et de l’indis- d’un coup tous les petits ego verna- sont d’ailleurs majoritairement spé- vaient être poursuivies et encoura- pensable initiative politique pour culaires. On se trompait. De même qu’existent aujourd’hui des avions cialisées dans l’industrie du dédom- gées. Ce n’est pas un hasard si la « paix juste », l’organisation des Cette circonstance médiocre est magement sanitaire, qui est évi- nous avons apporté notre entier secours aux populations martyri- pourtant éclairante. Elle nous rende guerre furtifs, l’usage par l’Occident demment plus spectaculaire et plus soutien à toutes les tentatives poli- sées par la purification ethnique, seigne sur la manière dont les «va- mobilisateur au moment des col- tiques, de celle du premier mi- outre qu’elle est un devoir moral leurs fondamentales », ce corps de des « valeurs fondamentales » a pour effet lectes. nistre russe Evgueni Primakov aux impérieux, est aussi un investisse- principes diffus au nom desquels Tel est l’accomplissement de initiatives du Vatican, et que nous ment pour l’avenir, la construc- l’OTAN s’est lancée dans l’opéra- de rendre la personne humaine furtive l’horreur annoncée naguère par les avons proposé une réflexion tion, au moment le plus drama- tion qu’on connaît, sont désormais « musulmans » des camps de commune de tous les leaders so- tique, de bases solides pour une instrumentalisées. A vrai dire, la concentration nazis, ces « Musel- cialistes européens. amitié et une coopération entre les catastrophe humanitaire a pris au Et puisque cette période-là fut tions jetées dans un surcroît de dé- männer » qui n’étaient ni des resca- Nous voulons que les réfugiés deux rives de l’Adriatique, qui Kosovo des proportions telles, en aussi celle d’un désenchantement tresse par leur intervention. pés ni des déjà-morts, mais des albanais du Kosovo rentrent chez constitue une cheville essentieIle termes de chiffres et de gravité, qu’il généralisé quant à la splendeur so- Tout le drame est là. Entendons- entre-deux dénués de tout au point eux ; qu’ils vivent dans des condi- de la nouvelle politique de sécurité faut l’analyser non plus seulement ciale de l’économie, on peut en dé- nous clairement. Il fallait sans au- d’avoir perdu jusqu’à la parole qui tions de sécurité et sans le cauche- en Europe. comme une conséquence fortuite duire une loi de corrélation facile à cun doute agir d’urgence contre les leur aurait permis de se dire. mar d’une nouvelle odieuse purifi- Telle est donc la véritable portée des bombardements auxquels l’Al- formuler : plus nos communautés entreprises criminelles de Slobodan Furtifs, aujourd’hui, non seule- cation ethnique ; que les droits des des problèmes que nous avons à liance procède depuis la fin du mois se sentent habitées d’incertitudes, Milosevic. Mais il aurait fallu le faire ment les avions de l’Amérique per- Kosovars soient garantis dans le affronter. Nous sommes en plein de mars sur le territoire de l’ex-You- plus elles s’efforcent, par l’intermé- à la faveur d’une planification qui formante, donc, mais aussi les mul- contexte d’une stabilité de toute la dans un défi politique et straté- goslavie, ou comme leur dérapage diaire de leurs classes dominantes, soit aussi compassionnelle à l’égard titudes civiles auxquelles les nations région balkanique. Voilà le but à gique décisif, qui concerne l’avenir imprévisible, mais comme un fait de brandir la morale comme un ca- des populations civiles en danger plus favorisées ne portent secours poursuivre, voilà la « paix juste » de la civilisation européenne et la qui pourra témoigner durablement licot salvateur. d’exode forcé qu’elle s’est révélée qu’après les avoir vues plongées pour laquelle nous nous sommes fonction que notre continent des mécanismes psychologiques et Pourquoi ? Parce qu’il en va, pour militaire à l’encontre des positions dans l’anonymat comme si c’étaient engagés. Par l’action politique : pourra assumer sur la scène inter- structurels caractérisant notre ces communautés tremblantes qui serbes. Réflexion tragiquement non des choses, privées de leur autono- même si, dans certains cas, celle-ci nationale dans les prochaines dé- époque. sont les nôtres, d’enjeux sérieux. Il menée. Pourquoi, encore une fois ? mie, gagées sur les échiquiers du peut se voir obligée de recourir à cennies. Nous sommes engagés Un processus schizophrénique en va du sentiment qu’elles ont Parce que, aujourd’hui, les popula- pouvoir, jouées par les dictateurs de la force, elle ne doit jamais abdi- dans une épreuve qui peut mar- semble à l’œuvre dans nos sociétés d’elles-mêmes et de leur survie telle tions civiles n’existent plus. Elles l’heure contre leurs justiciers du quer son rôle directeur. quer, pour le meilleur ou pour le modernes, occidentales en tout cas, qu’elles l’imaginent et la définissent. sont une instance imperceptible. moment, commentées de loin par Il est tout à fait évident que de pire, l’avenir de toute une classe qu’on peut aisément décliner : Cette circonstance est durablement Elles sont occultes. Elles échappent des exégètes à plastron, bombar- l’issue de cette guerre découleront dirigeante et, avec celle-ci, l’avenir moins leurs élites possèdent de re- valide. Grâce aux droits de aux radars usuels de nos percep- dées par des missiles high-tech, dé- des conséquences à long terme, de cette gauche démocratique et pères intérieurs et manifestent l’homme, la France dispose d’un ré- tions sensibles dans une proportion cimées au bout de la mitraillette ou dans la mesure où s’affirmera ou des valeurs que nous avons choisi d’aptitude à la pensée patiente et servoir éthique qu’elle n’est pas qu’accroissent indirectement – voilà à l’arme blanche, pourchassées sur non cette « société civile euro- de construire. discrète, plus elles font l’exhibition près d’épuiser, pouvant à l’envi se le scandale sur lequel il faut reve- les routes du Kosovo puis entassées péenne » – pour reprendre l’heu- C’est sans aucun doute – je vou- d’une opinion militante et finale- féliciter de constituer le berceau nir – les palabres à teneur cir- dans des camps. Ces dizaines de reuse expression de Giorgio Ruf- drais le dire sans rhétorique – ment narcissique sur la scène pu- planétaire des Lumières et leur constanciellement microcosmique milliers d’enfants qui pleurent, ces folo – qui devrait élargir les l’épreuve la plus difficile que la gé- blique. Moins elles se sentent aptes conservatoire patenté. Les Etats- de Pierre, Pascal, Jean-François, Ré- femmes recrues de fatigue, ces vieil- frontières actuelles de l’Union po- nération aujourd’hui « au pou- à l’infléchissement réel des proces- Unis, pétris d’une histoire moindre, gis et Jean-Pierre confortant l’af- lards effarés, ces mourants couchés litique et monétaire. Il est indubi- voir » en Europe ait jamais eu à sus économiques et politiques mo- ont choisi de procéder différem- freux Le Pen selon Bernard-Henri. dans l’herbe après avoir franchi des table que le destin de l’Europe, en affronter. La surmonter avec équi- delant la société qui les entoure, ment : ils s’abritent derrière les pan- De même qu’existent aujourd’hui éternités de cailloux et de boue, et tant que sujet politique capable de libre, sagesse et morale signifiera plus elles se vouent à la production neaux publicitaires du bien défini des avions de guerre furtifs, l’usage toutes leurs chaussures percées, jouer un rôle actif à l’époque de la jeter les bases d’une nouvelle ère de credo universels chatoyants. Et selon les Ecritures, afin de régenter par l’Occident des « valeurs fonda- sous le bal des hélicoptères qui globalisation, pourra tirer de cet de notre histoire commune. moins elles savent percevoir les dé- plus efficacement, dans la recherche mentales » a donc pour effet de jouissent dans l’urgence et le rire de événement une légitimité nouvelle gâts et les bénéfices éventuels de la de ses intérêts bien compris, le reste rendre la personne humaine furtive. Hitler. ou, au contraire, la plus doulou- Walter Veltroni mondialisation culturelle, plus elles de la planète. Son image est surabondamment reuse remise en cause. (Traduit de l’italien essaient d’exhausser leur silhouette Autrement dit, la promotion des diffusée sur tous les téléviseurs de la C’est bien toute l’histoire de ce par François Maspero.) en s’affirmant comme les déposi- normes stipulant l’harmonie des planète, mais les spectateurs que Christophe Gallaz est écri- siècle qui nous délivre cette vérité : © La Stampa taires d’une fonction propre à peuples a souvent valeur d’alibi, qui nous sommes ont démissionné du vain et chroniqueur. LeMonde Job: WMQ1304--0018-0 WAS LMQ1304-18 Op.: XX Rev.: 12-04-99 T.: 10:01 S.: 111,06-Cmp.:12,11, Base : LMQPAG 48Fap:100 No:0400 Lcp: 700 CMYK

18 / LE MONDE / MARDI 13 AVRIL 1999 HORIZONS-ENTRETIENS

2000 DÉBATS POUR LE SIÈCLE À VENIR Bertrand Badie, professeur des universités à l’Institut d’études politiques de Paris « La Realpolitik classique qu’on connaît depuis deux siècles s’estompera » L’intervention de l’OTAN en Serbie renforce la thèse de ce spécialiste des relations internationales, qui prévient que la globalisation de l’économie et de la communication entraîne un recul irrémédiable de la primauté de la souveraineté nationale au profit des valeurs communes à l’humanité « Dans un livre paru en jan- conclut par un échec politique – en capable de l’incarner. L’ONU reste universelles prennent aussi en vier, vous annoncez le recul gé- avalisant d’une manière ou d’une très loin de l’utopie du « gouver- compte leurs intérêts nationaux. néral, à l’avenir, de la souverai- autre l’épuration ethnique au Ko- nement mondial ». En revanche, Ils revendiquent ipso facto un droit neté comme notion centrale des sovo –, la banalisation de l’ingé- ce que la mondialisation ne peut de décision pour ce qui relève de relations internationales. Trois rence peut être remise en cause. réaliser encore sur le plan poli- l’intervention et ce qui en est ex- mois plus tard, l’intervention ar- Mais une doctrine a été énoncée, tique, on tente déjà de le clu. C’est déjà le cas : observez la mée de l’OTAN en Serbie, quoi qui correspond à un vrai boulever- construire à des échelons régio- différence entre le traitement de la qu’on en pense, fait effective- sement. Ses remises en cause naux. C’est vrai de l’Union euro- question kosovare et de la ques- ment fi de la souveraineté d’un ponctuelles ne renverseront pas la péenne comme d’autres intégra- tion kurde ou palestinienne par les Etat sur son territoire. Vous de- tendance de fond. tions politico-économiques Etats-Unis. vez trouver là comme une – Quel rôle joue la globalisa- spatialement délimitées. Prodi a – Pourtant, on vous sent plutôt confirmation éclatante de votre tion de l’économie dans ce recul raison de parler d’irréversabilité. en empathie avec l’idée d’une pronostic ? de la souveraineté ? érosion des souverainetés natio- – Du point de vue du dépasse- – Elle favorise l’interdépendance nales. ment de la souveraineté des Etats, des Etats et tend à enlever à la sou- « Par son ampleur, – Oui, parce qu’à côté des l’attaque de l’OTAN n’est pas une veraineté toute signification opé- risques évoqués il y a une prise de première. On peut voir des précé- rationnelle. Ce mouvement ira l’offensive alliée conscience générale de la notion dents dans l’intervention conduite croissant. Cependant, on lie trop de droit universel. Je suis frappé du par les Etats-Unis pour rétablir la vite globalisation et économie. Ce contre la Yougoslavie fait que chez ceux qui dénoncent démocratie en Haïti en 1994, ou qui me paraît dominant, c’est la les frappes de l’OTAN, on sent un dans la résolution 688 de l’ONU, globalisation de la communication constitue malaise. Les souverainistes ont qui, en 1991, instaurait un devoir par l’abolition des distances, qui mauvaise conscience. Il y a vingt d’assistance aux Kurdes irakiens. jusqu’ici garantissait aux gouver- un tournant ans, c’eût été impensable. Le de- Mais, par son ampleur et son ca- nants le quasi-monopole de l’ac- voir d’agir face à la barbarie de- ractère guerrier, l’offensive alliée tion diplomatique. Aujourd’hui, “antisouverainiste” » vient un acquis pratique, qui se contre la Yougoslavie constitue un dans le monde du satellite, d’Inter- conjugue avec la constitution du tournant “antisouverainiste”. Elle net, des mouvements financiers et Tribunal pénal international et la indique de nouvelles lignes de d’images continus, l’individu est – Mais ce monde sans souve- judiciarisation du système interna- fracture dans la pratique interna- directement projeté sur la scène raineté n’est pas sans risques. tional. Regardez aussi l’affaire To- tionale des années à venir. internationale. Le Kosovo envahit – Evidemment, un monde où les tal en Birmanie. On juge inadmis- » Rambouillet prévoyait l’envoi l’espace public, prend de vitesse souverainetés nationales sont di- sible qu’une entreprise collabore de troupes étrangères sur le sol l’action diplomatique, plus lente et minuées, ou démantelées, peut en- avec une junte déconsidérée. d’un Etat qui n’en voulait pas, afin fortement parasitée par les intérêts traîner des risques majeurs. Dans L’évolution récente des relations de protéger une population dont nationaux. L’économie s’est facile- un tel monde, les communautés entre les Etats-Unis et la Chine est l’existence était mise en danger par ment adaptée à cette globalisation, politiques ne délibèrent plus, ou également frappante. En quelques un pouvoir politique “souverain”. quand la diplomatie court encore seulement partiellement. Si, finale- mois, les difficultés se sont ac- Ainsi, avant même l’offensive ar- derrière. ment, les citoyens votent sans que cumulées, avec un retour en force mée, la communauté internatio- – Ce même 24 mars où l’OTAN leurs élus aient prise sur les de la question des droits de nale juge de son devoir d’interve- commençait de bombarder la grandes décisions, il y a là une l’homme. Il y a là une rupture pro- nir parce qu’elle considère que les Serbie, les Lords britanniques dangereuse régression qui entraîne fonde et éminemment positive, qui “valeurs communes de l’humani- confirmaient leur refus de re- un essoufflement de la conscience entravera de plus en plus le jeu té” sont en jeu. Ça, c’est fonda- connaître l’immunité souve- politique des individus. S’ils n’ont “réaliste” des relations internatio- mentalement nouveau : la diplo- raine au général Pinochet. Le plus la maîtrise du processus poli- nales. matie ne se détermine plus en même jour, Romano Prodi, dési- tique, ils auront tendance à se ré- » D’où l’émergence de la notion fonction des seuls intérêts natio- gné à la tête de la Commission fugier dans d’autres identifications de responsabilité. Une fois la pri- naux, mais à partir de principes qui de Bruxelles, déclarait « irréver- – ethniques, religieuses... Or ce re- mauté de la souveraineté mise en s’élèvent au-dessus de la concep- sible » le fait que « l’harmonisa- pli identitaire est souvent à l’ori- cause, il faut bien la remplacer par tion réaliste classique des Etats, tion des politiques pourrait exiger gine du chaos ou de crises graves. un principe normatif nouveau. Ce celle qui fonde la communauté in- que les pays [européens] aban- – Ne peut-on craindre un substitut sera façonné par l’inter- ternationale. Les diplomates sont donnent de nouvelles parts de sou- monde où le plus fort imposerait dépendance croissante entre les entrés à reculons dans l’affaire ko- veraineté ». ce qui entre ou n’entre pas dans Etats, qui créera progressivement

sovare. Mais, à un moment, les SIGG DESSIN IVAN – Oui, la concordance dans les la catégorie des droits universels des obligations nouvelles, les- Etats, contraints par l’espace pu- temps des trois événements est protégés ? quelles donneront corps à la no- blic international, se sont trouvés – Sous réserve d’inventaire, on jourd’hui, il affirme la primauté du frappante. Le processus d’intégra- – Ce risque est évident. Car la tion de responsabilité. Ce phéno- piégés par leur acceptation, non peut considérer que ce qui se passe principe de responsabilité. C’est tion régionale est une première responsabilité dont je parle et la mène entièrement nouveau dite, des nouvelles règles du jeu in- depuis vingt jours marque une une évolution qui, jamais, n’avait tentative concrète de réponse au communauté internationale que je articule différemment le système ternationales, qui exige la protec- rupture considérable, exprimée été exprimée comme telle à un tel dépassement de la souveraineté postule ne sont encore ni l’une ni international et l’articulera de plus tion de certaines valeurs de l’hu- par les gouvernements et les intel- niveau, et qui fait jurisprudence. reine, le lieu où se réalisent pra- l’autre institutionnalisées. Les en plus. Il s’avérera progressive- manité. lectuels. Voyez le cas de Jacques Cela ne signifie pas pour autant tiquement les mécanismes de la Etats qui agissent comme les bras ment que l’on ne peut plus être in- » Cela pose d’ailleurs un pro- Chirac : politiquement, il est issu que le processus sera linéaire. Si mondialisation. En soi, celle-ci est séculiers d’une communauté inter- différent à la violation des droits blème, qui s’aggravera à mesure d’un courant souverainiste, or au- l’opération contre la Serbie se une idée, sans produit politique nationale dépositaire des valeurs fondamentaux, aux problèmes que la souveraineté sera remise en écologiques, au développement, cause : user de la force pour réta- aux périls démographiques, etc., blir des “droits universels”, et plus chez soi et chez les autres. seulement pour protéger ses seuls » Quand Kissinger demande, en intérêts, est coûteux. D’où la doc- Un observateur des mutations de la diplomatie évoquant la guerre au Kosovo, de trine du "zéro mort". Comment AGRÉGÉ de relations internationales, Bertrand Ba- d’éthique – qui tendent à bouleverser les relations in- revenir au « réalisme », son exi- persuader des Etats qui n’ont pas die, quarante-huit ans, est professeur des universités à ternationales classiques. gence tombe à plat, à contre-cou- d’intérêt national à se faire les vi- l’Institut d’études politiques de Paris. Sous l’influence La « clause sociale » de l’OMC ou la convention rant. Sur le fond, les raisons de la caires d’intérêts universels pour de sociologues comme Georges Lavau et Pierre Birn- contre la corruption de l’OCDE, note-t-il, vont dans le Realpolitik de l’OTAN d’agir au lesquels ils devront payer sans être baum, il a entrepris, avec plusieurs de ses collègues, de même sens que le refus de reconnaître l’immunité au Kosovo sont effectivement très sûrs de ne pas subir des coûts su- mettre à plat les mutations que subissent les relations général Pinochet, l’exigence de faire juger les diri- faibles. C’est donc bien que la périeurs à ce que leurs opinions internationales et interétatiques à la lumière des bou- geants Khmers rouges par un tribunal international et, Realpolitik a pris un coup dans publiques peuvent admettre ? leversements technologiques et sociaux du monde bien entendu, le refus d’accepter l’épuration ethnique l’aile. A l’avenir, la Realpolitik clas- – « La souveraineté [des Etats] moderne. Ces relations, explique-t-il dans son dernier au Kosovo. sique, celle que l’on connaît depuis prétendait autrefois régner en ouvrage, Un monde sans souveraineté – Les Etats entre De père persan, M. Badie s’est également beaucoup deux siècles, s’estompera. Il faut maître absolu » et tend à devenir ruse et responsabilité, paru chez Fayard en janvier, intéressé à l’islam politique (Les Deux Etats, Fayard, espérer qu’elle ne sera pas rempla- « un principe parmi d’autres dont sortent de plus en plus du champ de la diplomatie réa- 1987) et aux flux transnationaux (Le Défi migratoire, cée par le chaos, mais par le plusieurs la contredisent directe- liste. Elles sont désormais soumises à la nécessité de Presses de Sciences-Po, 1994, et La Fin des territoires, triomphe de la responsabilité. » ment », écrivez-vous. Vu sous cet prendre en compte le jeu d’une série de forces sociales Fayard, 1995). angle, l’affaire du Kosovo ouvre- – la communication, l’économie, les flux culturels et Propos recueillis par t-elle une ère nouvelle ? religieux, les mouvements d’opinion, les problèmes BERTRAND BADIE S. C. Sylvain Cypel Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères, au « Grand Jury RTL-“Le Monde”-LCI » « Les Russes pourraient peut-être s’associer à une force dans le cadre des Nations unies » « Les gestes des Occidentaux talement – grâce à Mikhaïl Gorba- savent qu’ils ont un certain sine, le premier ministre Prima- auxquels on peut parvenir. La réu- sovars et des Serbes côte à côte, en direction de la Russie font-ils tchev, puis, en tant que Russie, nombre d’étapes à franchir. Cette kov – sont des personnalités fortes, nion des ministres n’est pas encore sans oublier les autres minorités. Il partie de la recherche d’une so- avec Boris Eltsine –, les pays occi- affaire du Kosovo vient à un très qu’ils sont capables de résister à ce programmée ; nous y travaillons. faut une sécurité internationale. lution au conflit avec la Serbie dentaux n’ont pas commis l’erreur mauvais moment pour eux. Ce moment, de canaliser ces emporte- – Les Russes vous ont-ils dit Aucun des deux groupes ne peut ou bien ont-ils pour fonction de absolument tragique qui avait été n’est pas de leur faute, c’est pas de ments, sans perdre de vue leur cap qu’ils ne pourraient accepter faire confiance aux forces de sé- ménager les dirigeants russes ? commise après la première guerre la nôtre, c’est un fait. D’une façon stratégique dont je parlais il y a un une offensive terrestre de curité des autres, c’est tout à fait – Il ne s’agit pas de “ménager” mondiale par rapport à l’Alle- ou d’une autre, nous rétablirons ce instant. l’OTAN ? impensable. Les projets antérieurs les Russes. Il s’agit, d’abord, de les magne. Au contraire, l’idée a pré- dialogue stratégique à long terme » Nous sommes en train de tra- – Ils l’ont dit publiquement, na- parlaient presque exclusivement respecter, mais, surtout, de travail- valu qu’il fallait accompagner cette avec la Russie, qui n’est pas rom- vailler avec eux à une réunion dans turellement, mais je vous rappelle d’une force de l’OTAN. Les Russes ler avec eux, parce qu’ils sont mutation, ce long changement. Pe- pu. Cela aura une utilité immédiate laquelle les différents ministres que les autorités américaines pourraient peut-être s’associer à utiles. Ils sont même, à nos yeux, tit à petit, la Russie a été associée pour le Kosovo et une utilité bien concernés pourraient se retrouver disent quasiment tous les jours une force qui serait déterminée indispensables pour la suite : ils aux sommets des Sept, devenus plus vaste, après, pour l’Europe en pour aller plus loin dans la requ’une telle offensive n’est pas dans le cadre des Nations unies. sont une composante de la sécuri- sommets des Huit dans ces cir- général. cherche de la solution. Par prévue ni programmée. C’est une des pistes sur lesquelles té, donc de la stabilité, en Europe ; constances. Là où nous avons – Ne faut-il pas, quand même, exemple, cela pourrait être les mi- – Les Russes reprennent-ils à nous travaillons. ils ont été des membres très actifs peut-être été moins pertinents – redouter les conséquences du nistres des pays du G 8. On est leur compte les cinq points de – Le cadre de l’ONU suppose, du Groupe de contact pendant mais tout le monde s’est un peu conflit avec la Serbie sur le pou- dans une phase où les dirigeants l’OTAN, qui sont devenus, aussi, de toute façon, l’accord des toute la période politico-diploma- trompé, y compris les dirigeants voir de M. Eltsine, qui est ébran- russes peuvent montrer que leur ceux de l’ONU ? Russes... tique et ils ont partagé exactement russes –, c’est sur le type de poli- lé ? pays va jouer un rôle, et leur opi- – Pour ce qui concerne le cessez- – Il faut que ce règlement ait le les mêmes analyses que nous, les tique économique qu’il fallait dé- – En dépit des difficultés qu’il a nion peut se ressouder autour le-feu, oui, sans problème. Pour ce maximum d’autorité et de crédibi- mêmes objectifs ; ils ont fait pres- velopper sur les décombres de pu connaître, je crois que M. Elt- d’eux sur ce plan. qui concerne le droit au retour des lité. Donc, la réponse normale, sion eux aussi, avec tous les l’économie soviétique. sine garde une grande autorité – Y a-t-il eu des contacts préli- réfugiés, oui, naturellement. Pour c’est le Conseil de sécurité. C’est ce moyens dont ils disposaient, sur – Quand M. Eltsine parle de morale en Russie. C’est un vrai dé- minaires ? ce qui concerne le principe d’un dont nous parlons avec nos parte- Belgrade. Malheureusement, ils “guerre mondiale”, cela fait peur, mocrate, le peuple russe le sait. La – Il y a eu une réunion au niveau accord politique, oui, puisqu’ils ont naires russes et aussi, naturelle- n’ont pas réussi à fléchir l’obstina- non ? Russie n’a pas envie de se laisser des directeurs politiques. On a ré- élaboré avec nous ce qu’on a appe- ment, avec les Américains et avec tion de Belgrade. Ils se sont retirés – Il faut remettre ce propos dans entraîner dans des aventures. Na- fléchi au type de conclusion aux- lé les accords de Rambouillet. les autres membres, permanents de cette démarche à partir du mo- son contexte. Il faut en tenir turellement, sur le spectre de la vie quelles on pourrait aboutir. On ne » Ensuite, on arrive à un point ou non, du Conseil de sécurité. » ment où nous avons, nous, pensé compte, mais il ne faut pas oublier politique russe, il y a aussi des na- peut pas faire une réunion des mi- qui a été la difficulté principale de qu’on n’avait pas d’autre choix que le cap stratégique des dirigeants tionalistes ou des leaders qui nistres des Huit – ni du Groupe de Rambouillet : les conditions de la Propos recueillis par d’employer la force. russes, qui est de faire en sorte que peuvent vouloir utiliser le trauma- contact, d’ailleurs, le problème est sécurité dans le Kosovo de demain. Anita Hausser, » Depuis que l’Union soviétique la Russie s’intègre de plus en plus tisme de l’opinion. Je crois que les le même – si l’on ne s’est pas mis Il est évident qu’on ne peut pas Patrick Jarreau a commencé à changer fondamen- dans la communauté mondiale. Ils dirigeants russes – le président Elt- d’accord à l’avance sur les résultats imaginer, sans transition, des Ko- et Olivier Mazerolle LeMonde Job: WMQ1304--0019-0 WAS LMQ1304-19 Op.: XX Rev.: 12-04-99 T.: 10:39 S.: 111,06-Cmp.:12,11, Base : LMQPAG 48Fap:100 No:0401 Lcp: 700 CMYK

HORIZONS-ANALYSES LE MONDE / MARDI 13 AVRIL 1999 / 19 Le risque de l’indépendance sans la paix au Timor 0 123 21 bis, RUE CLAUDE-BERNARD - 75242 PARIS CEDEX 05 LA NÉGOCIATION d’un règle- voir central à Djakarta ne constitue Timorais entre l’autonomie et proposition de « large autonomie » Tél. : 01-42-17-20-00. Télécopieur : 01-42-17-21-21. Télex : 206 806 F ment timorais a vraiment besoin qu’une incitation supplémentaire l’indépendance n’est pas une aux Timorais n’était pas prête. Tél. relations clientèle abonnés : 01-42-17-32-90 d’un coup de fouet. A Djakarta, un aux yeux de certains galonnés. manœuvre dilatoire. Ainsi pour- La responsabilité de l’ONU, qui Internet : http : //www.lemonde.fr régime de transition éprouve, par Voilà sans doute pourquoi rait-il mieux tenir en laisse ceux n’a jamais reconnu l’annexion du ÉDITORIAL définition, du mal à imposer une Xanana Gusmao, le plus influent qui, à Djakarta comme au Timor- Timor-Oriental, est importante. politique avancée, il est vrai, sans de tous les Timorais, a pris le Oriental, souhaitent repousser Les tensions continuent de s’exa- grande conviction. Sur place, une risque d’appeler les indépendan- tout règlement. cerber sur un territoire où les Indo- pesante incertitude fait le jeu de tistes à reprendre les armes pour Les Indonésiens ne peuvent pas nésiens font encore la loi tout en Où est la presse unique ? ceux qui ne veulent pas d’un règle- mettre terme à des exactions per- se faire d’illusions sur la volonté de se déclarant prêts à s’en retirer. Un ment dont l’inconnue n’est pas pétrées par des milices pro-indo- l’immense majorité de quelque départ brutal de l’Indonésie pour- ANS la bataille en assassinat : comment lire en « fait tant l’issue – probablement l’indé- nésiennes. Alors que la négocia- huit cent mille Est-Timorais d’accé- rait provoquer une catastrophe qui cours au Kosovo, divers » le meurtre, dimanche soir pendance – que les modalités. A tion tendait à s’essouffler à New der à l’indépendance. Djakarta rappellerait l’anarchie laissée der- l’opinion serbe 11 avril, de Slavko Curuvija, pro- l’ONU et dans les chancelleries, York, sous les auspices de l’ONU, il demande, en priorité, d’éviter un rière eux par les Portugais en 1974- D priétaire du Dnevi Telegraf, quoti- compte, évidem- l’intérêt est ailleurs. Les risques de a révélé ainsi sa frustration, référendum sur ce sujet, dont le 1975 et qui avait provoqué un ment. Or elle est manipulée, pri- dien indépendant interdit par les dérapages n’en sont que plus répondu à l’appel de ses fidèles et résultat serait probablement une appel d’air que l’armée indoné- sonnière d’une propagande effi- autorités ? sérieux, ainsi que l’ont prouvé les tenté de réveiller une communauté gifle après plus de vingt ans de sienne avait alors comblé. Pour cace. S’il y a une « presse unique » Le seul média de masse qui raids récents de miliciens pro- internationale qui, elle aussi, a ten- politique d’intégration. C’est le survivre, le Timor-Oriental a à dénoncer, une pression média- règne sur l’opinion est la télévision indonésiens contre des civils, dance à s’assoupir. Le « prisonnier principal objet de la négociation besoin de la coopération de Dja- tique unidimensionnelle à criti- d’Etat. Comme au temps du ré- même si leur bilan demeure de Djakarta », en fait assigné à des modalités d’une « consultation karta et d’une aide internationale, quer, c’est à Belgrade qu’il faut les gime communiste, cette télévision controversé. résidence depuis février dans la générale » qui doit reprendre à y compris d’une force d’interposi- chercher. Les Serbes, la majorité unique impose l’ordre des choses Certes, il n’y a guère de raisons capitale indonésienne, a surtout New York le 20 avril, sous l’égide tion, pendant au moins quelques d’entre eux, ne savent rien de ce schizophrène caractéristique des de croire au miracle sur un terri- voulu souligner la nécessité d’une de l’ONU, entre l’Indonésie et le années. Pour éviter l’indépendance qui se passe au Kosovo. Ils pouvoirs totalitaires : il n’y a toire pauvre que les Indonésiens intervention de « casques bleus » Portugal, l’ancien colonisateur. sans la paix. ignorent les campagnes d’épura- qu’une « réalité », celle que recrée ont conquis en 1975 et mis au pas au Timor-Oriental pendant la Cette négociation a subi quelques tion ethnique. Ils n’ont pas vu les la propagande et qui supplante la dans les années suivantes au prix phase de transition, qu’il souhaite retards, Djakarta avançant que sa Jean-Claude Pomonti images de villages incendiés par simple vérité des faits. Dans une de 200 000 victimes – le quart de la relativement longue, avant l’indé- l’armée. Ils n’ont pas lu les récits folle entreprise de déréalisation, le population de l’époque. Comme le pendance. Les tensions sont trop des réfugiés. Ils n’ont pas entendu réel y est soumis à l’idéologie, ef- président Suharto n’avait jamais fortes pour qu’une simple force de les témoignages de ces familles facé, tenu à distance, gommé des obtenu la reconnaissance de police internationale maintienne Le lapeintre par Solotareff auxquelles on a dit : « C’est le trac- têtes. Mots volés, mensonges l’annexion, en 1976, de la « vingt- l’ordre pendant et après une teur ou la mort. » Pas une histoire d’Etat, mise en scène, tout est ré- septième province » de l’Indoné- « consultation des Timorais » qui de massacre n’a filtré. Les Serbes sumé dans l’épisode Ibrahim Ru- sie, sa chute ne pouvait que se tra- pourrait avoir lieu au plus tôt en ne connaissent que la version du gova, comme le montre le docu- duire, à terme, par l’abandon de ce juillet et sous une forme encore régime : des bases de l’Armée de ment de l’hebdomadaire Der qui fut, pendant plus de deux indéterminée. libération du Kosovo (UCK) dé- Spiegel que nous publions en décennies, le boulet de la diploma- truites au cours d’opérations de pages « Horizons ». Le malheu- tie de Djakarta. L’offre, le 27 jan- LA BONNE FOI DE DJAKARTA « pacification » (ce qui voudrait reux leader kosovar est condamné vier, par M. Habibie, le successeur Le gouvernement indonésien dire une guérilla kosovare active au rôle qui fut celui d’Alexandre de Suharto, d’un choix aux Timo- – on pouvait s’y attendre – a réagi dans toute la province), des mal- Dubcek dans la Prague occupée rais entre une « large autonomie en menaçant de le renvoyer dans heureux fuyant les bombarde- par l’armée soviétique en 1968. interne » et l’indépendance n’a une prison où il a déjà passé sept ments de l’OTAN (ce qu’aucun ré- En temps de guerre, la presse donc surpris que par sa rapidité et des vingt années auxquelles il a été fugié n’a confessé une fois passée occidentale n’est certes pas à l’abri l’absence apparente de concerta- condamné. Dewi Fortuna Anwar, la frontière). de la désinformation. Mais on ne tion préalable avec ses diplomates conseillère du président Habibie, a Communiste d’appareil, formé à saurait, en cultivant une posture et ses généraux. Mais elle était jugé « très malheureux » son appel l’agit-prop stalinienne, Slobodan sceptique généralisée, mettre à dans les cordes. aux armes et affirmé qu’il ne pour- Milosevic mène depuis 1989, date équivalence la diversité des mé- Ce qui s’est passé depuis est plus rait qu’« enflammer » les choses de son arrivée au pouvoir, un dias « occidentaux » et l’unicité préoccupant. Dominés par la peur, alors que la présidence indoné- combat essentiel à sa survie : la des médias serbes, comme sont les civils indonésiens qui admi- sienne était « très sérieuse » dans guerre contre les médias serbes et tentés de le faire certains médio- nistrent l’ancien territoire portu- sa quête d’une « solution paci- le pluralisme de l’information. Ce logues. La presse « occidentale » gais n’ont plus que l’envie d’être fique ». L’avocat du leader indé- fut vrai durant le conflit bos- souligne les faiblesses et contra- rapatriés, au risque de désorgani- pendantiste a rétorqué que Xanana niaque. C’est encore plus vrai pour dictions de l’OTAN, de même ser la fonction publique, l’ensei- Gusmao « ne voulait pas relancer la le Kosovo. Depuis des mois, le ré- qu’elle rapporte non seulement le gnement et le commerce du terri- guerre, mais qu’il n’avait pas le gime harcèle la presse. Les radios drame des Kosovars, mais aussi toire. Les militaires, qui coiffent choix parce que, alors qu’il œuvrait et journaux indépendants ont été l’angoisse des Belgradois sous les cette administration semblent plus en faveur de la réconciliation natio- fermés. Les journalistes non sou- bombes. Faute de l’admettre, les retors : installés sur place depuis nale, les militaires avaient continué mis vivent dans un climat de ter- critiques univoques de la presse plus de vingt ans, y entretenant de tuer des gens ». reur : amendes, emprisonne- « occidentale » versent, paradoxa- quelques intérêts, ils paraissent La bonne foi de M. Habibie, à ments, tabassages. Et maintenant lement, dans la propagande. tentés par le baroud d’honneur qui deux mois de délicates élections revient à armer leurs supplétifs générales en Indonésie, n’est peut- 0123 est édité par la SA LE MONDE locaux afin de faire pencher la être pas en cause. Mais, pour éviter Président du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie Colombani Directoire : Jean-Marie Colombani ; Dominique Alduy, directeur général ; balance en faveur de l’autonomie. la multiplication des dérapages, le Noël-Jean Bergeroux, directeur général adjoint Politique du pire ? C’est peut-être chef de l’Etat indonésien a besoin Directeur de la rédaction : Edwy Plenel le cas sur un territoire bien pauvre de s’assurer qu’il est suivi à domi- Directeurs adjoints de la rédaction : Thomas Ferenczi, Pierre Georges, Jean-Yves Lhomeau et dont l’armée indonésienne a été cile, notamment par ses forces Directeur artistique : Dominique Roynette si longtemps le maître incontesté. armées. C’est la seule façon de Secrétaire général de la rédaction : Alain Fourment Rédacteurs en chef : En outre, l’affaiblissement du pou- convaincre que le choix offert aux Alain Frachon, Erik Izraelewicz (Editoriaux et analyses) ; Laurent Greilsamer (Suppléments et cahiers spéciaux) ; Michel Kajman (Débats) ; Eric Le Boucher (International) ; Patrick Jarreau (France) ; Franck Nouchi (Société) ; Claire Blandin (Entreprises) ; Jacques Buob (Aujourd’hui) ; Josyane Savigneau (Culture) ; Christian Massol (Secrétariat de rédaction) Rédacteur en chef technique : Eric Azan Le Rwanda, une société traumatisée Médiateur : Robert Solé Directeur exécutif : Eric Pialloux ; directeur délégué : Anne Chaussebourg CINQ ANS après le génocide au organisations internationales de appelaient clairement les popula- lamentables de l’histoire de Conseiller de la direction : Alain Rollat ; directeur des relations internationales : Daniel Vernet ; Rwanda, les plaies restent défense des droits de l’homme, tions à s’engager dans le massacre, l’Organisation. L’inaction mili- partenariats audiovisuels : Bertrand Le Gendre béantes. Dans le pays même, Human Rights Watch et la Fédéra- les autorités (territoriales, militaire, politique et diplomatique ne Conseil de surveillance : Alain Minc, président ; Michel Noblecourt, vice-président

125 000 personnes restent déte- tion internationale des droits de taires, partisanes) prenaient publi- s’est d’ailleurs pas arrêtée avec le Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet (1969-1982), nues dans l’attente d’un procès l’homme, viennent d’apporter leur quement en charge l’organisation génocide. Les auteurs montrent André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994)

improbable. En 1997 et 1998, contribution à ce travail en des massacres. comment l’ONU a délibérément Le Monde est édité par la SA Le Monde 1 118 personnes ont été jugées et à publiant Aucun témoin ne doit sur- Aucun témoin ne doit survivre passé sous silence le massacre de Durée de la société : cinquante ans à compter du 10 décembre 1994. ce rythme, il faudra cent cinquante vivre, un énorme ouvrage qui veut décrit longuement ce mécanisme dizaine de milliers de Hutus Capital social : 985 000 F. Actionnaires : Société civile Les Rédacteurs du Monde, Fonds commun de placement des personnels du Monde, ans pour que justice soit rendue mettre au jour les causes, le mis en place au niveau national, commis par le FPR au cours de sa Association Hubert-Beuve-Méry, Société anonyme des lecteurs du Monde, aux 500 000 à 800 000 Rwandais déroulement, les mécanismes et mais aussi dans chacune des pré- conquête du Rwanda. Les diri- Le Monde Entreprises, Le Monde Investisseurs, morts entre le 7 avril et le 21 juillet les effets immédiats du génocide fectures du Rwanda. Cette minutie geants tutsis se sont certainement Le Monde Presse, Iéna Presse, Le Monde Prévoyance, Claude Bernard Participations. 1994. Les victimes, survivants de de 1994. permet de corriger certaines idées souvenus de cette indulgence, familles massacrées, propriétaires reçues : même si le génocide rwan- lorsque, au printemps 1997, ils ont spoliés pendant les mois de ter- GÉNOCIDE À CIEL OUVERT dais reste pauvre en moyens maté- décidé l’extermination des réfu- ILYA50 ANS, DANS 0123 reur, sont logées à la même Celui-ci fut déclenché dans la riels si on le compare à l’industrie giés hutus rwandais qui erraient enseigne que les assassins présu- nuit du 6 au 7 avril, après que de la mort des camps nazis, toutes dans les jungles du Zaïre. més : une poignée d’entre elles l’avion ramenant à Kigali le pré- les victimes n’ont pas été assassi- A l’intérieur, le FPR apparaît Pondichéry, Karikal et le blocus indien seulement ont été indemnisées sident Juvénal Habyarimana eut nées à l’arme blanche par des pay- comme un maître magnanime qui par des tribunaux débordés, minés été abattu au-dessus de l’aéroport sans en furie. L’armée et la police admet la participation de Hutus à SELON des voyageurs arrivés des douaniers et des policiers impi- par l’inexpérience des magistrats de la capitale rwandaise. Le pré- du régime Habyarimana ont pro- son gouvernement, mais chacun récemment à La Nouvelle-Delhi et toyables. et les pressions du pouvoir poli- sident Habyarimana était hutu, cédé à des assassinats de masse à des ministres hutus vit sous la venant de Pondichéry et de Karikal, Un malaise très vif est ressenti tico-militaire. Pas plus que la jus- membre d’une ethnie qui repré- la grenade ou avec des armes à menace de dénonciations pour les Etablissements français en Inde par la population, qui n’a pas tardé tice, la paix n’est revenue. Ces cinq sente entre 85 % et 90 % des 8 mil- répétition. Ce point permet complicité de génocide, comme ce font actuellement l’objet d’un véri- à s’apercevoir que la tolérance bri- dernières années, les bandes lions de Rwandais. Les Tutsis d’écarter l’idée selon laquelle la fut encore le cas ces derniers jours table blocus économique. On sait tannique d’avant 1941 a été rempla- armées issues de l’appareil génoci- étaient environ 600 000. Au pou- totalité de la population hutue a pour le premier ministre Pierre- que l’accord douanier signé entre la cée par une volonté systématique, daire de 1994 ont continué, avec voir depuis 1973, dirigeant d’un été partie prenante des massacres. Célestin Rwigema. Cette instru- France et l’Inde britannique en 1941 utilisée à des fins politiques, de blo- une intensité variable selon la for- parti naguère unique, en difficulté Ceux-ci ont impliqué des milliers mentalisation politique des procé- et dénoncé l’année dernière par cus qui ne respecte même pas le tune des armes, leurs incursions à face à la vague de démocratisation de personnes − probablement des dures judiciaires pour génocide l’Inde nationale a cessé d’être en droit au transit entre les enclaves, l’intérieur du Rwanda, massacrant qui balayait l’Afrique, le président dizaines de milliers, dont beau- sape la confiance des victimes et vigueur depuis le 1er avril de cette prévu par la convention de Barce- les victimes qui leur avaient Habyarimana avait choisi de coup agissaient sous la des accusés dans le système judi- année. lone de 1921, dont l’Inde est signa- échappé, provoquant et justifiant renforcer son pouvoir en contrainte − mais, comme le dit un ciaire et contrecarre les effets thé- Selon ces voyageurs, les autorités taire. la politique de répression san- s’appuyant sur les divisions eth- témoin tutsi, « il y a une différence rapeutiques des procès sur une douanières et policières indiennes Certains observateurs suggèrent glante des maîtres de Kigali, le niques. L’histoire coloniale du entre hutu et assassin ». société rwandaise encore profon- appliquent les règlements avec la l’envoi sur place d’un informateur Front patriotique rwandais (FPR), Rwanda le lui permettait : « histo- En désignant clairement les cou- dément traumatisée. plus grande rigueur et font désor- neutre et le recours éventuel aux qui a pris le pouvoir en juin 1994, riens » et « ethnologues » belges pables, on montre par le même mais des enclaves françaises de Nations unies, car ils estiment chassant par les armes les respon- (le Rwanda et le Burundi furent coup leurs complices. Aucun Thomas Sotinel Pondichéry et Karikal autant de qu’une atmosphère de liberté est sables du génocide. des colonies de Bruxelles) ou fran- témoin ne doit survivre revient une places assiégées. Non seulement nécessaire pour le référendum La gangrène s’est communiquée çais ont produit tout un corpus à fois de plus sur les compromis- les marchandises de première prévu le 11 décembre prochain, à toute l’Afrique centrale. Le l’idéologie nauséabonde opposant sions des responsables de la poli- PRÉCISION nécessité ne sont plus importées du référendum qui se trouve selon eux conflit rwandais est directement à les Tutsis « hamitiques » (et donc tique africaine française avec les territoire indien, mais elles ne cir- vicié par la politique délibérée de l’origine des deux guerres qui ont proche des Européens) aux Hutus partisans du Hutu Power au nom STRAFOR FACOM culent même plus entre les villages, pressions et de mesures vexatoires ravagé le Zaïre du président bantous. Renversant ce complexe du vieil antagonisme entre franco- Dans l’article « Valeur du jour » séparés par des bandes de territoire de la part des autorités indiennes. Mobutu, puis l’actuelle Répu- d’infériorité, se nourrissant du res- phones et anglophones (les diri- (Le Monde du 10 avril) sur Strafor indien sévèrement surveillées par (13 avril 1949.) blique démocratique du Congo de sentiment provoqué par la mytho- geants tutsis, élevés en Ouganda, Facom, nous avons omis de préci- Laurent-Désiré Kabila, en 1996- logie coloniale, les partisans du parlent anglais), sur la fraternité ser que certaines citations (Fima- 1997 et en 1998. Par un jeu absurde Hutu Power appelèrent au géno- des armes qui unissait militaires lac « n’a pas les moyens financiers 0123 SUR TOUS LES SUPPORTS d’alliances à coloration ethnique cide des Tutsis dès le début des français et Hutus dans la lutte nécessaires au développement » du Télématique : 3615 code LEMONDE ou affairiste, une dizaine de pays années 90. contre le FPR, au point d’aveugler groupe alsacien et Strafor «a Documentation sur Minitel : 3617 code LMDOC ou 08-36-29-04-56 − qui comptent presque tous Ainsi est né un crime unique les premiers, qui préférèrent ne besoin de plusieurs milliards de parmi les plus pauvres du monde − dans l’histoire du monde : un rien voir des préparatifs du géno- francs pour assurer sa croissance ») Le Monde sur CD-ROM : 01-44-08-78-30 sont aujourd’hui impliqués dans génocide public, au grand jour. Là cide. Mais aussi sur l’hypocrisie ne se trouvent pas dans le commu- Index et microfilms du Monde : 01-42-17-29-33 ces conflits dont personne n’entre- où les nazis, les Khmers rouges, des autorités belges et l’impuis- niqué publié à l’issue de son Le Monde sur CompuServe : GO LEMONDE voit l’issue. Face à cette impossi- ont cherché le secret, les inter- sance délibérée des Nations unies. conseil d’administration par Stra- Adresse Internet : http : //www.lemonde.fr blité d’envisager l’avenir, il faut ahamwes (les milices hutues) et les Le traitement de la crise rwan- for Facom mais proviennent de une fois de plus se retourner vers idéologues ont procédé au grand daise par l’ONU restera sans doute l’un des porte-parole de cette Films à Paris et en province : 08-36-68-03-78 le passé. Deux des principales jour. Les médias du génocide comme l’un des chapitres les plus société. LeMonde Job: WMQ1304--0020-0 WAS LMQ1304-20 Op.: XX Rev.: 12-04-99 T.: 10:57 S.: 111,06-Cmp.:12,11, Base : LMQPAG 48Fap:100 No:0402 Lcp: 700 CMYK

20 ENTREPRISES LE MONDE / MARDI 13 AVRIL 1999

TÉLÉCOMMUNICATIONS tel, Télé 2 et 9 Télécom partent à l’as- gique, c’est une approche de marke- achetées dans le commerce et per- nutes téléphoniques. Ne pouvant pas Les opérateurs de téléphonie fixe saut de ce marché. b LES CONCUR- ting qui est nécessaire pour séduire mettent d’appeler de n’importe quel produire eux-mêmes les minutes de- tentent de concurrencer France Télé- RENTS s’étaient concentrés, les particuliers. b LES CARTES pré- combiné. b LA MULTIPLICATION du mandées par leurs clients, les opéra- com sur le marché des particuliers. Un jusque-là, sur la cible des seules en- payées sont en plein essor et visent la nombre des opérateurs a conduit à la teurs trouvent chez leurs concurrents an après le lancement du 7 de Cege- treprises. Plus qu’un effort technolo- même clientèle. Elles peuvent être création de véritables Bourses des mi- la « marchandise » qui leur manque. La concurrence téléphonique fait son entrée dans les foyers La bagarre commerciale pour la conquête du grand public ne portait jusqu’à présent que sur les mobiles. Un an après la fin officielle du monopole de France Télécom, de nouveaux opérateurs commencent à courtiser les particuliers EN FRANCE, il aura fallu at- n’aborde pas le marché des parti- liards de francs, mais 40 marchés de pour les Allemands. La baisse des tendre plus d’un an après l’ouver- culiers sur un plan technique, mais 1 milliard ». Tout est envisageable, prix devrait les inciter à téléphoner ture de la téléphonie fixe à la sur un plan marketing. » même des forfaits à prix élevé plus. Toutefois, d’ici à deux ou concurrence pour que les opéra- Télé 2, par exemple, a recruté un (800 francs par exemple) pour des trois ans, le marché de la télépho- teurs privés s’intéressent aux directeur marketing, Jean Dona- appels illimités dans toute l’Eu- nie fixe devrait être affecté par la 23 millions de particuliers abonnés dieu, qui s’occupait précédemment rope. L’opérateur Kast Telecom (ti- montée en puissance de la télé- au téléphone. Ce marché, estimé à de la promotion de la poupée Bar- tulaire d’un préfixe à quatre phonie mobile et de l’Internet. Les 40 milliards de francs, est, jusqu’à bie chez Mattel. Kertel, la filiale de chiffres) projette également de for- opérateurs préparent donc des présent, contrôlé à hauteur de Pinault-Printemps-Redoute, a dé- muler ses propositions en été 1999. offres convergentes incluant ces 97 % par France Télécom, le 7 de cidé de matérialiser son offre sous Il le fera en association avec Siris, trois modes de communication. Cegetel (groupe Vivendi) ayant, la forme d’un petit boîtier, le Ker- qui dispose du préfixe 2. L’offre de Seuls France Télécom et le pour sa part, séduit 780 000 abon- box. Branché sur le téléphone, il Kast Telecom tentera de se distin- groupe Cegetel en ont pour l’ins- nés. Mais l’annonce, le 2 mars, par permet de sélectionner automati- guer par les services : messagerie tant les moyens. Les autres doivent Télé 2 d’une offre simple et at- quement l’opérateur (France Télé- unifiée, assistant personnel. conclure des partenariats, dans le trayante a fait l’effet d’une com ou Kertel) le plus avantageux domaine d’Internet comme pour la bombe : 44 centimes la minute en fonction de l’appel. Le 9 avril, POTENTIEL DE CROISSANCE téléphonie mobile. C’est ce que re- partout en France, sauf à l’inté- 9 Télécom a dévoilé son offre. Ce Siris, qui, jusqu’à présent, cherche 9 Télécom. Son partenaire rieur d’un même département, nouvel opérateur ne veut pas se s’adresse uniquement aux entre- naturel devrait être Bouygues Tele- toute la journée. En deux se- présenter comme un « hard dis- prises, pourrait ainsi toucher le com, puisqu’ils ont un actionnaire maines, Télé 2 a séduit counter », mais comme un généra- grand public sans investissement commun, Telecom Italia. Mais 75 000 clients et vise 1 million liste. Son offre pour les particuliers supplémentaire. Omnicom, opéra- Bouygues Telecom a préféré s’al- d’abonnés fin 1999. comporte un système de fidélisa- teur français détenteur du pré- lier à Siris pour proposer de la télé- Les Français ne sont pas encore tion (remise de 3 % après un an) et fixe 5, a adopté la même dé- phonie fixe à ses clients. habitués à faire jouer la concur- d’incitation à la consommation marche. En novembre 1998, il a Pour négocier de telles alliances, rence. « Tant que les communica- (remises de 5 % à 10 % en fonction confié à Carrefour le soin de pro- les opérateurs qui se lancent sur le tions locales restent contrôlées par du montant de la facture). Pour sa poser au public une offre de télé- marché des particuliers devront France Télécom, il est difficile cher l’abonné. Les modalités tech- nications. Puis ils ont attaqué le part, Esprit Telecom, filiale du communications. être en position de force. C’est d’avoir accès au client », estime niques pour faciliter l’accès direct marché des entreprises. Maintenant, groupe américain GTS-Esprit Tele- Tous ces nouveaux concurrents pourquoi leurs ambitions sont im- Pascal Bourgue, porte-parole de au client sont en cours d’examen ils se tournent vers les particuliers, com et titulaire du préfixe 6, de- partent du constat que le marché portantes : chacun d’entre eux 9 Télécom, filiale de Telecom Italia. par l’Autorité de régulation des té- un marché de masse, afin de remplir vrait lancer son offre aux parti- de la téléphonie fixe résidentielle veut rapidement obtenir 1 million La concurrence est théoriquement lécommunications (ART). leurs tuyaux », estime Karine Susi- culiers en juin 1999. Pierre-Henri conserve un potentiel de crois- d’abonnés, soit 4 % de part de mar- ouverte sur le marché local mais, « Depuis un an, les nouveaux en- ni, responsable de l’activité télé- Drevon, directeur général d’Esprit sance. Car les Français téléphonent ché total. techniquement, il faut encore pas- trants ont investi massivement pour communications auprès de la so- Telecom France, estime « qu’il peu : 700 minutes par an, contre ser par France Télécom pour tou- déployer des réseaux de télécommu- ciété d’études de marché IDC. «On n’existe pas un marché de 40 mil- 1 200 pour les Britanniques et 1 400 Enguérand Renault Le succès des cartes prépayées, rivales des télécartes Les minutes, une denrée qui se vend comme à la Bourse DEPUIS PLUS D’UN AN, les son budget. Les cartes sont bien count, les bureaux de tabacs et SI LES OPÉRATEURS de télécommunications se communications longues distances (hors département) particuliers peuvent acheter dans adaptées aux populations étran- les Relais H. RSL Com, filiale d’un livrent à une féroce concurrence pour conquérir la en France depuis le 1er janvier 1998 », précise Pierre- les bureaux de tabac, les Relais H, gères résidant en France, qui opérateur américain, est un ac- clientèle, ils n’en entretiennent pas moins d’étroites José Billotte, le président d’Executive Telecom. Ce dans la grande distribution (et peuvent utiliser des cartes pré- teur discret de ce marché. Ce qui relations entre eux. Qu’ils soient de taille internatio- dernier pense que l’année 1999 verra le marché se bientôt à La Poste) de nouvelles payées aux tarifs avantageux ne l’empêche pas d’être numéro nale ou locale, tous achètent et vendent des minutes structurer. Les quantités et les destinations de- cartes prépayées. Ces cartes of- pour certaines destinations. deux du secteur, avec 1,2 million de télécommunications à leurs concurrents suivant vraient se standardiser. Surtout, la notion de qualité frant un crédit de communica- La clé de la réussite réside dans de cartes vendues. Mais il ne veut leurs besoins de capacité vers telle ou telle destina- des communications devrait prendre de l’impor- tions, émises par des opérateurs le marketing de l’offre et dans le pas apparaître en première ligne tion. La minute de télécommunication est devenue tance alors qu’actuellement seule la variable du prix privés, font concurrence aux tra- réseau de distribution. Intercall a et a élaboré une gamme de pro- un produit banalisé qui se négocie comme tel. est prise en considération. ditionnelles télécartes à puce de distribué 4,13 millions de cartes duits pour des revendeurs spécia- Il existe même des endroits où les opérateurs né- Ce marché attire des habitués de la Bourse. Fina- France Télécom. Si ces dernières en 1998 (chiffre d’affaires de l’ac- lisés. Disposant de son propre ré- gocient leur « marchandise ». Dans le centre de Pa- cor, un courtier en produits financiers, a lancé en ne sont utilisables que dans les tivité 160 millions de francs) dans seau téléphonique en France, il ris, la société Telehouse héberge, sur 1 000 mètres janvier 1999, une nouvelle activité baptisée Fin- cabines téléphoniques, les cartes les bureaux de tabacs, les grands peut remplir ses « tuyaux » pour carrés, des machines appartenant à la plupart des phone, spécialisée dans le courtage de minutes télé- prépayées permettent d’appeler magasins, Tati et Leader Price. les appels internationaux et na- opérateurs présents en France. Toutes ces machines phoniques. Finphone intervient dans deux do- de n’importe quel combiné (fixe, Mais elle réalise également des tionaux. sont connectées entre elles et s’échangent des mi- maines : la négociation de liaisons louées (lignes mobile, cabine téléphonique), en cartes promotionnelles pour France Télécom, l’opérateur nutes. Un opérateur ayant besoin de minutes pour téléphoniques affectées à un grand consommateur tapant un code. toutes les sociétés qui le désirent. historique, ne pouvait pas rester une destination précise peut ainsi trouver son bon- de télécommunications, comme une banque ou une Ce marché est d’accès facile. sans réagir. En juin 1998, il a lancé heur. Il achemine ensuite l’appel vers son propre ré- multinationale) et le courtage de minutes de Les nouveaux entrants n’ont pas DANS LA GRANDE DISTRIBUTION sa carte prépayée baptisée « Le seau et facture son client. « En se regroupant sur un communications. besoin d’acquérir de licence Kertel, qui a vendu près de ticket de téléphone ». Cette carte même plateau, les opérateurs évitent d’installer des Alain Beluche, directeur international de Finacor d’opérateurs auprès de l’Autorité 600 000 cartes, s’appuie sur le ré- est la seule à offrir des tarifs in- lignes téléphoniques spécialisées entre eux, ce qui est et responsable de cette activité, reconnaît que le de régulation des télécommuni- seau de distribution de Pinault- téressants sur les communica- très coûteux », souligne James Shibduth, directeur de marché est encore difficile d’accès. « Actuellement, il cations (ART), ni d’investir lour- Printemps-Redoute. Mais il tions locales. « Pour toutes les Telehouse France. est entre les mains d’opérateurs de télécommunica- dement dans des infrastructures écoule également des cartes via destinations, France Télécom ap- Cette filiale d’un groupe présent à Londres tions, de grossistes ou de vendeurs de cartes prépayées. ou un sytème de gestion de la la grande distribution (Carrefour, plique ses tarifs, majorés de (60 000 mètres carrés) et aux Etats-Unis se borne à Tous ces intervenants se livrent à une concurrence fé- clientèle. C’est le choix qu’a fait Promodès), les Relais H, et vient 14%», explique Marc Fossier, di- accueillir les opérateurs et ne veut pas leur faire de roce qui conduit à une baisse continuelle des tarifs. Il Intercall, le leader français dans le de signer un accord avec Cetelem recteur de la division publiphonie concurrence en négociant lui-même des minutes. n’y a pas encore de contrats standards ni de produits secteur. D’autres, comme Omni- (filiale de Paribas spécialisée dans et cartes. Vendu à 250 000 exem- Une autre société, Executive Telecom, pratique aussi dérivés pour acheter à terme de la capacité télépho- com ou Kertel, la filiale de Pi- le crédit à la consommation). plaires en 1998, « Le ticket de té- l’hébergement. Mais elle joue également le rôle nique et ainsi spéculer à la hausse ou à la baisse des nault-Printemps-Redoute, ont Omnicom, qui a débuté son acti- léphone » devrait atteindre 2 mil- d’acheteur « en gros » de minutes pour le compte prix », précise M. Beluche. Ce n’est qu’une question décidé de faire de la carte pré- vité de cartes prépayées en sep- lions d’unités en 1999. des clients qu’elle abrite. de temps. payée le premier vecteur pour tembre 1998, les commercialise « Ce marché est apparu il y a cinq ans avec la dé- toucher le grand public. via Carrefour, Casino, Interdis- E. R. réglementation internationale et s’est étendu aux E. R. Selon l’observatoire créé par Ténor (organisation professionnelle) et Cesmo (cabinet de conseil en télécommunications), Olivetti marque un point dans son offensive sur Telecom Italia le nombre de cartes prépayées ne dépassait pas 1,8 million en 1997, MILAN 60,4 milliards d’euros), avait an- de l’époque où la société était pu- devait approuver, fin avril, la plus git, l’OPA pourra être lancée dans contre 113 millions de télécartes correspondance noncé qu’il ne lancerait pas son blique et détenait le monopole des importante des mesures de dé- les derniers jours du mois d’avril. France Télécom. En 1998, les pre- Le week-end a été amer pour offre si certaines des mesures de télécommunications –, n’ont pas fense, l’OPA de Telecom Italia sur Olivetti recueillera automatique- mières atteignaient 10,5 millions, Franco Bernabè, l’administrateur défense projetées par Telecom Ita- participé à l’assemblée. Le gouver- sa filiale de téléphonie mobile TIM. ment les actions si plus de 67 % du les secondes avaient fléchi à délégué de Telecom Italia. L’assem- lia étaient approuvées par l’assem- nement de Massimo D’Alema avait En revanche, le conseil « évaluera capital adhèrent à son offre, et y 105 millions. En un an, les cartes blée générale convoquée, samedi blée. Franco Bernabè pourrait ce- annoncé depuis plusieurs jours sa les propositions que le marché pour- renoncera en cas d’adhésion de prépayées ont généré 383,5 mil- 10 avril, pour approuver le plan de pendant avoir d’autres cartes en « neutralité », mais son absence a rait lui présenter ». La presse ita- moins de 35 % des actionnaires. lions de minutes de téléphone et défense contre l’offre publique réserve, y compris l’arrivée d’un favorisé de fait Olivetti. Franco lienne a unanimement interprété Roberto Colaninno et Franco un chiffre d’affaires de 92 mil- d’achat (OPA) d’Olivetti n’a pas pu chevalier blanc. Bernabè n’a pas pu davantage cette annonce comme la prochaine Bernabè risquent tous les deux leur lions d’euros (604 millions de se tenir, le quorum n’ayant pas été Selon la législation italienne, une compter sur le « noyau dur » de ses entrée en lice d’un chevalier blanc image et leur carrière dans cette francs). atteint. Du coup, la voie se dégage société qui fait l’objet d’une OPA actionnaires – des banques et des étranger – British Telecom, Deut- bataille. Le premier a suscité Selon l’étude de Ténor/Cesmo, pour Olivetti : le groupe d’Ivrea, ne peut adopter de mesures de dé- assurances, ainsi que l’Ifil de la fa- sche Telekom ou l’espagnol Telefo- nombre de critiques fin mars, le nombre de cartes prépayées qui prépare la plus importante fense qu’avec l’approbation d’ac- mille Agnelli –, qui est venu le sou- nica. lorsque Olivetti a liquidé une parti- devrait s’élever à 27 millions en OPA jamais conçue en Italie (pour tionnaires détenant au moins 30 % tenir mais ne représente que 5,64 % Cet épisode représente une pre- cipation significative qu’il détenait 1999, avec un chiffre d’affaires de du capital, le quorum des pré- du capital. Surtout, le plan de dé- mière victoire pour Roberto Cola- dans... Telecom Italia, sans avertir 225 millions d’euros, et connaître, sences à l’assemblée étant fixé à un fense de Telecom Italia n’a su ninno, le patron d’Olivetti, qui a, lui immédiatement la Consob. Et cer- les deux années suivantes, un tiers. C’est sur son plan industriel convaincre, malgré une campagne aussi, utilisé de pleines pages publi- tains aspects de son offre suscitent rythme de croissance semblable. et surtout sur la conversion des ac- massive de publicité, ni les petits citaires pour tenter de convaincre encore des doutes dans la commu- Aux Etats-Unis, le marché de la tions sans droit de vote en actions porteurs ni les investisseurs institu- les actionnaires de son adversaire. nauté financière, notamment carte prépayée devait atteindre ordinaires que Telecom Italia de- tionnels. Le groupe d’Ivrea a déclaré que l’énorme endettement qui résulte- 5 milliards de dollars (4,6 mil- vait obtenir samedi le feu vert de l’annulation de l’assemblée marque ra de l’opération ou le fait que, s’il liards d’euros) en 2000, avec ses actionnaires. Or ceux qui se CESSION D’ACTIFS « le désintérêt et les doutes du mar- recueille plus de 35 % mais moins 500 millions de cartes. sont présentés à Turin ne représen- Au cours d’une conférence de ché concernant les mesures présen- de 67 % d’adhésions à son offre, Pour Claude Benchetrit, le pré- taient que 22,38 % du capital. L’as- presse improvisée, samedi matin, tées par le management de Telecom Olivetti restera libre de prendre ou sident d’Intercall, le produit ré- semblée a donc été immédiate- Franco Bernabè a tenté d’expliquer Italia ». Olivetti avait annoncé qu’il non le contrôle de Telecom Italia. pond aux besoins des consomma- ment annulée, tout comme la les options qui lui restent. La direc- renoncerait à son OPA en cas d’ap- Mais M. Bernabè, qui n’a pas réussi teurs. La carte prépayée, pratique réunion de dimanche en dernière tion du groupe va continuer à cé- probation de la conversion des ac- à mobiliser ses actionnaires autour à utiliser et facile à trouver, offre convocation, qui n’a totalisé que der des actifs, notamment sa filiale tions d’épargne en actions ordi- de son projet, vient de perdre une une grande indépendance (pas de 17,29 % du capital. de télévision à péage Stream, dont naires et de l’OPA sur TIM. A la fin manche. Il semble qu’il manque contrat avec un opérateur). Sur- Pour les dirigeants de Telecom la vente est attendue dans les pro- de la semaine dernière, le groupe a encore l’élément décisif qui per- tout, elle permet de contrôler ses Italia, la défaite est d’importance. chains jours. Mais le conseil d’ad- présenté à la Consob (la commis- mettra aux marchés de choisir leur dépenses. En achetant une carte Les deux principaux actionnaires, ministration n’envisage pas, dans sion des opérations boursières) le camp. de 50 francs ou de 100 francs, on le Trésor public (3,43 %) et la l’immédiat, de convoquer une nou- dossier, presque complet, qui décrit peut téléphoner sans dépasser banque centrale (2,29 %) – vestige velle assemblée, y compris celle qui son offre. Si aucun obstacle ne sur- Marie-Noëlle Terrisse LeMonde Job: WMQ1304--0021-0 WAS LMQ1304-21 Op.: XX Rev.: 12-04-99 T.: 10:48 S.: 111,06-Cmp.:12,11, Base : LMQPAG 48Fap:100 No:0403 Lcp: 700 CMYK

ENTREPRISES LE MONDE / MARDI 13 AVRIL 1999 / 21 IBM est condamné à réintégrer L’usine Le « call center » européen britannique d’Air France emploiera des salariés mal reclassés de Peugeot 240 personnes à Londres La société informatique devrait se pourvoir en cassation travaille Le groupe informatique IBM avait incité quarante-cinq pel de Montpellier a accusé IBM de dol. Dans un juge- salariés, dont l’emploi était supprimé, à intégrer une ment très sévère, elle condamne IBM à réintégrer ces La CGT parle de main-d’œuvre à bas prix société qui n’a, en fait, jamais fonctionné. La cour d’ap- salariés et à leur verser d’importantes indemnités. sept jours sur sept LONDRES rope après l’Allemagne, mais LA CONFUSION entre « sup- té. Tous seront licenciés pour motif elle ». Au 31 juillet 1994, « aucune L’USINE Peugeot de Ryton, au de notre correspondant à la City Londres, première place finan- pressions d’emplois » et « licencie- économique en février 1995. Avec étude des opérations de production cœur de l’Angleterre, est, depuis le L’ouverture par Air France, en cière européenne, est aussi un ments » met souvent hors d’eux les l’appui de la CFDT, vingt salariés évoquées, ni aucune étude de mar- 9 avril, le premier site automobile avril, d’un centre de réservation carrefour des liaisons aériennes dirigeants d’entreprises. Entre les demandent leur réintégration de- ché relative à la vente de ces moni- européen à travailler sept jours sur européen à Londres s’inscrit dans avec les Etats-Unis, l’Afrique et le mesures d’âge et les reclassements vant les prud’hommes. Le tribunal teurs n’ont été effectuées ». Les sala- sept. La filiale britannique de Peu- la stratégie des compagnies aé- Proche-Orient. dans d’autres les déboute et leur accorde une in- riés, au printemps 1994, « n’ont eu geot, qui emploie 6 000 personnes, riennes de rationalisation des entreprises, les demnité de 3 000 francs. Mais, le pour information que des déclara- a embauché 900 ouvriers supplé- centres d’appel actuellement dis- BILLETS ÉMIS DE BOMBAY grands 1er avril, devant la cour d’appel de tions rassurantes de leur employeur, mentaires. L’objectif est de produire séminés en Europe. La CGT ac- En Amérique du Nord, Air groupes ar- Montpellier, les salariés ont obtenu tant sur la naissance d’un parc 150 000 véhicules cette année, dont cuse la compagnie de vouloir tirer France est en train de concentrer rivent souvent gain de cause. Selon eux, IBM scientifique que surl’installation sur les deux tiers exportés. C’est le ré- profit de la déréglementation du ses activités de réservation à Mia- à éviter que les France avait connaissance, au pre- ce parc d’une société constituée par sultat du succès de la 206 et de l’ac- marché du travail en Grande-Bre- mi (qui couvrira aussi l’Amérique salariés dont mier semestre 1994, de la situation des groupes puissants, sans qu’il soit cord sur le temps de travail conclu tagne, où le coût de la main latine) et à Montréal. « Le trans- ils se séparent précaire de DSIE et les a trompés porté à leur connaissance que ces en 1997. « L’extension de notre activi- d’œuvre est devenu l’un des plus port aérien se mondialise. Des ser- se retrouvent en s’abstenant de les en informer. “groupes puissants” n’avaient ap- té le week-end couronne plusieurs bas de la zone OCDE. vices comme les réservations au té- inscrits à l’ANPE. IBM est de ceux- Ils demandent donc annulation du porté aucune garantie financière au années d’augmentation de la produc- « Avec 275 langues parlées, léphone se déplacent facilement là : il a supprimé plusieurs milliers contrat de résiliation et retour à la soutien de leurs engagements ». tivité. Nous avons atteint aujourd’hui Londres est probablement l’une des dans les pays où la main d’œuvre d’emplois ces dernières années, situation antérieure ainsi que des Pour le juge, « ce mécanisme les meilleurs niveaux européens », villes les plus cosmopolites en Eu- est bon marché et où les syndicats sans prononcer un seul licencie- dommages et intérêts. dans lequel une des parties, supé- déclare Richard Parnham, directeur- rope. C’est l’endroit idéal pour le sont faibles. Aujourd’hui, grâce ment pour motif économique. rieure à l’autre en raison de sa taille général de Peugeot Motor Compa- recrutement de personnel poly- aux progrès technologiques et à Outre des mesures d’âge excep- « MANŒUVRES » internationale, de ses capacités à ny. glotte. Cette initiative souligne l’abaissement du coût des commu- tionnelles – dès 51 ans –, le groupe De son côté, IBM soutient qu’au appréhender les systèmes financiers notre volonté d’être une compa- nications, la location géogra- s’est efforcé de retrouver un em- jour de la signature des protocoles, et économiques, a conduit l’autre gnie vraiment européenne », a dé- phique importe peu », insiste un ploi aux « IBMers » dont il se sépa- l’intention frauduleuse n’était pas partie, en position d’infériorité tant claré Thierry Verdier, le directeur analyste de la City. Ainsi British rait. Mais cette obsession du reclas- établie. Il refuse la réintégration, pour son individualité que pour ses Échec du nouveau European call center Airways a son centre de réserva- sement a connu un raté de taille à prétendant que cette mesure n’est difficultés d’accès aux renseigne- londonien, qui doit employer tion principal à Newcastle, dans Montpellier. En 1994, la firme y a pas prévue par le code du travail et ments financiers et économiques, à 240 personnes. Dans un premier le nord de l’Angleterre, alors que supprimé 800 emplois et a créé un que son plan social n’ayant pas été souscrire un engagement dont elle a sur les 35 heures temps, le site de Wembley, dans l’émission d’une partie des billets parc industriel sur lequel elle a, annulé, les actes subséquents ne été persuadée qu’il lui permettrait de la banlieue nord de la capitale, se fait à Bombay, en Inde. entre autres, attiré une société, peuvent pas l’être. Enfin, comme conserver un emploi, s’analyse traitera les appels du public et Fiscalité souple, faibles charges DSIE, qui entendait fabriquer et les indemnités de départ étaient comme un dol ». En conséquence, des agences de voyage provenant sociales, personnel flexible... En vendre des écrans d’ordinateurs, en élevées, il refuse les dommages et le juge condamne IBM à réintégrer au Crédit agricole du Royaume-Uni et de l’Irlande. France, les syndicats considèrent partenariat avec une société sud- intérêts demandés. Le tribunal ne les salariés à compter d’un délai de LES SYNDICATS du Crédit agri- A partir de l’été, le champ d’opé- que le call center de Wembley il- coréenne. Moyennant subventions, l’a pas suivi. Pour lui, il convient de quinze jours suivant la notification cole doivent se prononcer, mardi ration sera étendu aux réserva- lustre la volonté d’Air France, DSIE, dont le dirigeant est un an- rechercher si le consentement des du présent arrêt, sous astreinte 13 avril, sur un projet d’accord sur tions originaires d’Allemagne, dont le capital a été en partie ou- cien d’IBM, devait reprendre 45 sa- salariés a été recueilli par erreur ou d’un montant de 1 000 francs par les 35 heures qui prévoit 10 300 em- d’Autriche, de Belgique, d’Es- vert au public, de réduire ses lariés d’IBM. Le 30 mai 1994, cha- dol. jour et par salarié. Par ailleurs, en bauches sur trois ans et le maintien pagne, d’Italie et de Suisse. Parmi coûts salariaux en prévision cun d’eux signe un protocole dit de Pour le tribunal, « le dol est une raison du « comportement fraudu- des salaires. Après consultation de les langues utilisées, outre le d’une possible deuxième tranche. « résiliation conventionnelle du cause de nullité de la convention leux » et du préjudice subi par les leurs mandants, les responsables de français, l’anglais, l’italien, l’espa- Mais l’annonce de la création contrat de travail », accompagné lorsque les manœuvres pratiquées salariés, IBM est condamné à ver- la CFDT, favorables à la signature, gnol et l’allemand, le suisse alé- d’un millier d’emplois au hub d’un avenant spécifiant que la rési- par l’une des parties sont telles qu’il ser entre 100 000 et 400 000 francs ont constaté que 80 % des sections manique, le flamand et le catalan. d’Air France à Charles-de- liation ne vaut que si le salarié est évident que, sans ces manœuvres, d’indemnités à chacun des vingt y sont opposées, en raison surtout Air France suit l’exemple des Gaulle-2 aurait eu raison de signe un contrat à durée indétermi- l’autre partie n’aurait pas contrac- plaignants. L’entreprise, qui ex- de l’accroissement de la flexibilité. compagnies américaines TWA et l’hostilité du ministre des trans- née avec DSIE. Ce sera chose faite. té ». Pour le juge, IBM a, « notam- plique que le principal dirigeant de Ce syndicat, principale organisation Delta, qui ont concentré leurs ré- ports, Jean-Claude Gayssot, à Quelques semaines de vacances sement du fait de son caractère multi- DSIE « y a cru », va exécuter ce ju- de la banque, ne signera donc pas le servations pour toute l’Europe à cette délocalisation outre- ront même accordées aux salariés. national, la possibilité d’avoir de gement, même si elle envisage de texte. FO, la FGSOA et la CGC ont Londres. Pour Air France, la Manche. Mais, dès la rentrée de sep- façon rapide et sûre des informa- se pourvoir en cassation. également décidé de ne pas le si- Grande-Bretagne est non seule- tembre, ceux-ci s’aperçoivent que tions sur d’autres entreprises suscep- gner tel quel. La CGT et la CFTC ment le deuxième marché en Eu- Marc Roche DSIE n’a quasiment aucune activi- tibles de travailler avec elle ou pour Frédéric Lemaître avaient quitté la négociation. LeMonde Job: WMQ1304--0022-0 WAS LMQ1304-22 Op.: XX Rev.: 12-04-99 T.: 09:26 S.: 111,06-Cmp.:12,11, Base : LMQPAG 48Fap:100 No:0404 Lcp: 700 CMYK

22 COMMUNICATION LE MONDE / MARDI 13 AVRIL 1999 Young & Rubicam est devenue la nouvelle référence publicitaire mondiale Dans un entretien au « Monde », Edward Vick, PDG du groupe publicitaire américain, que l’hebdomadaire « Advertising Age » vient d’élire « réseau de communication de l’année », explique sa vision du métier et juge la communication de l’OTAN NEW YORK table pour financer leur croissance. marès à Cannes [Le festival interna- novembre, nous avons acquis Knowlton a été chargée de dis- de notre envoyée spéciale Nous avons ainsi annoncé, le tional de la publicité qui a lieu en l’agence Kang & Lee, qui se déve- tiller les “bonnes images” de la La cinquantaine dynamique, Ed- 5 avril, l’acquisition pour 175 mil- juin, chaque année] cette année, loppe, elle, sur le marché asiatique guerre du Golfe, en 1991. Que ward Vick est depuis décembre lions de dollars (162,3 millions d’eu- c’est symbolique pour attirer les ta- américain. Nous aimerions vrai- pensez-vous aujourd’hui, en 1997 PDG du groupe américain ros) de KnowledgeBase Marketing, lents. En revanche, nous avons de ment nous adjoindre une agence de tant que publicitaire et vétéran Young & Rubicam, constitué des une grosse entreprise de gestion de sérieux projets d’acquisition dans la communication destinée aux Afro- du Vietnam, de la communica- réseaux Young & Rubicam pour la bases de données. communication médicale, où on Américains. Nous réalisons, depuis tion de l’OTAN sur l’engagement publicité, Landor pour le design, – Envisagez-vous d’autres ac- nous a fait plusieurs propositions. un an seulement, que nous avons des alliés au Kosovo ? Burson Marsteller pour les rela- quisitions à court terme ? Nous n’avons pas encore pris de une agence hispanique sans avoir – En dehors du fait politique, tions publiques, Wunderman Cato – Brand Dialogue, notre société décision pour l’instant. pour autant de stratégie sur ces l’OTAN a un véritable problème de Johnson pour le marketing rela- de communication interactive qui – Faites-vous partie de ceux questions. Or, si vous prenez les relations publiques, de gestion de tionnel, etc. Donné moribond il y a emploie déjà trois cents personnes, qui croient au développement Afro-Américains, les Hispaniques sa communication et de l’image trois ans en raison de son image va continuer à grandir organique- de la publicité ethnique ? et les Asiatiques, ils constituent qu’elle donne de son intervention. vieillotte, le groupe new-yorkais ment et par acquisitions. Nous – C’est une discipline à laquelle presque la majorité de la popula- Le Kosovo, ce sont des sables mou- brigue aujourd’hui la quatrième n’envisageons pas d’étoffer Landor, nous accordons une attention sou- tion des Etats-Unis ! EDWARD VICK vants dans lesquels nous avançons place du marché, devant le japonais notre réseau de design, ni notre ré- tenue. Nous avions le groupe Bra- – S’agit-il d’une nouvelle centimètre par centimètre, comme Dentsu, et se distingue par ses per- seau publicitaire. Nous essaierons vo pour la communication destinée mode publicitaire qui pourrait – Il y a des valeurs communes au Vietnam. Pour sa communica- formances financières et son orga- seulement d’améliorer notre pal- à la communauté hispanique. En être exportée en Europe ? largement partagées, comme chez tion, l’OTAN a pris le sujet à l’en- nisation à contre-courant. En six – La question n’est pas nouvelle, vous en Europe. Et puis parfois il vers. Ils ont fait de grandes déclara- mois et après avoir introduit 42 % et je pense que c’est spécifique- faut parler, pour être plus précis, tions sur ce qu’ils voulaient faire et de son capital à Wall Street – une Soixante-quinze ans de publicité ment américain. Pendant deux plus persuasif, différemment à une aligné les armes les plus sophisti- autre tranche pourrait être cédée cents ans, l’Amérique a été un mel- communauté ou à une autre, quées en pensant que cela allait au public dans les prochaines se- b L’agence de publicité Young pour les desserts Jell-O. ting-pot. Ce qui voulait dire que, comme vous distinguez en Europe être facile parce qu’au Panama et, maines –, Young & Rubicam est & Rubicam, rappelle b En 1980, Young & Rubicam lorsque les réfugiés arrivaient un Allemand d’un Français. Dans finalement, dans le Golfe aussi, ça devenue la nouvelle référence pu- l’hebdomadaire américain devient le numéro un mondial de la d’autres pays au début du siècle, ils certains cas, vous pouvez parler à avait été facile. Au Kosovo, ce n’est blicitaire. Advertising Age (daté du publicité, devant un autre se fondaient dans la masse et tous les Européens d’une seule pas le cas ! Or, le leadership, c’est « Quel bilan faites-vous de 2 novembre 1998), a été créée en américain, J. Walter Thompson, et s’ “américanisaient”. Aujourd’hui, voix, dans d’autres cas, il est préfé- pour une grande part de la commu- votre introduction en Bourse ? 1923 par John Orr Young et achète le bâtiment de Madison les segments de population d’ori- rable d’utiliser des références qui nication. Vous devez savoir ce que – Tous les indicateurs demandés Raymond Rubicam. Leur première Avenue. gine étrangère comme les Afro- leur sont propres. Chez nous la si- vous êtes en train de faire et en- aux entreprises cotées en Bourse réalisation, une brochure b Quatre ans plus tard, et après Américains, les Hispaniques ou les tuation est analogue. Il y a dix ans, suite vous communiquez. Cela sont au rendez-vous. C’est une publicitaire, explique comment dix ans de croissance Asiatiques sont tellement impor- nous n’avions pas les médias qui étant, les relations publiques ne bonne surprise ! Après avoir vécu fabriquer à la maison ses propres ininterrompue, Young & Rubicam tants qu’ils déterminent la société : nous permettaient d’atteindre ces peuvent pas se substituer à une pendant soixante-quinze ans en lacets de chaussures. affiche des profits en forte baisse, ils ne se mélangent plus et re- communautés de façon spécifique. mauvaise stratégie, elles n’ont ja- toute indépendance, nous avons b Cinq ans plus tard, les deux ce qui l’oblige à fermer l’agence de tiennent de plus en plus de leur Nous utilisions donc les médias de mais réussi à vendre un mauvais franchi le pas de la cotation pu- associés s’installent dans le San Francisco (Calfornie) et à propre culture au lieu de former un masse avec une certaine déperdi- produit. L’OTAN doit s’attendre à blique sans savoir vraiment ce qui bâtiment que le groupe occupe vendre celle de Cincinnati (Ohio). pays homogène. C’est vraiment tion. Grâce à la multiplication des un retournement de l’opinion pu- nous attendait. La seule chose que encore au 285 Madison Avenue, à b En 1998, Young & Rubicam, qui a une situation unique. médias, notamment ethniques, blique. Surtout s’il est question de nous savions était qu’il nous fallait, New York. renoué avec la croissance, a réalisé – Ne craignez-vous pas en dé- nous pouvons segmenter davan- l’envoi de troupes au sol. » nous aussi, faire partie de ces b En 1951, Young & Rubicam une marge brute de 1,522 milliard coupant la société américaine tage. groupes capables de mettre d’im- conçoit et produit le premier spot de dollars, en progression de 10 % en tranches “ethno-marketing” – L’agence de relations pu- Propos recueillis par portantes sommes d’argent sur la télévisé en couleurs aux Etats-Unis par rapport à 1997. de nourrir les discriminations ? bliques américaine Hill & Florence Amalou Le plan de l’AFP sera présenté en novembre Marathon Productions à l’assaut du marché américain REDONNER confiance et impo- des départs à partir de cinquante- base des rapports définitifs de ONZE MILLE professionnels, mande Vox a acquis 130 épisodes. ploiter son savoir-faire sur le ser un mode de gestion plus rigou- sept ans. Eric Giuily a également chaque groupe ». étrangers à 85 %, se retrouvent au L’international est la vraie prime time. reux. Le nouveau président de prévu de soumettre un budget Tous les axes de développement Marché international des pro- source de bénéfices de Marathon La mise au point d’un système l’Agence France Presse (AFP), Eric 1999 « en équilibre ». seront analysés, qu’il s’agisse de grammes de télévision (MIP TV) Productions. Elle reprend à son de « double tournage où deux Giuily, élu le 9 mars, a esquissé les Son plan doit « être présenté au l’international, le multimédia, du 12 au 17 avril à Cannes. Malgré profit la stratégie habituelle des équipes réalisent chacune, en pa- grandes orientations de sa straté- conseil d’administration mi-no- l’emploi de la langue anglaise, leur faible nombre, les exposants productions américaines : rentabi- rallèle, quatre épisodes par mois » gie à cinq ans, au cours du comité vembre, pour être appliqué dès l’an l’importance donnée aux sports et français font bonne figure. C’est le liser une série sur le marché natio- permet à Marathon Productions d’entreprise du jeudi 8 avril et qui 2000 ». Il a promis « une large à l’économie. Quatre ou cinq cas de Marathon Productions, qui nal puis la vendre à prix compétitif d’être « la seule société à être ca- sera soumis au conseil d’adminis- concertation et un dialogue appro- groupes, réunissant chaque fois occupe un des plus gros stands du à l’étranger. Ainsi, Marathon Pro- pable de fournir 40 épisodes de tration du 14 avril. Le nouveau fondi au sein de l’entreprise ». « toutes les composantes de marché. Sans tapage, cette société ductions négocie la série de 52 minutes par an à une chaîne ». PDG a souhaité trancher avec la Concrètement, des groupes de tra- l’agence, rédaction, service de production, créée en 1990 par 6 000 francs (914,7 euros) à Même « les Américains n’y par- gestion passée de Jean Miot, en af- vail pluridisciplinaires seront mis commercial, technique, etc., seront Olivier Brémond et Pascal Breton, 216 000 francs (32 929 euros) l’épi- viennent pas », signale Pascal Bre- firmant qu’il ne reprendrait pas à en place à la mi-avril et la rédac- impliquées », a-t-il indiqué. s’est imposée comme un des lea- sode suivant les territoires. ton. Ce système permet aussi une son compte le plan qui impliquait tion du plan « s’effectuera sur la M. Giuly ne fera pas appel à un ca- ders sur le marché français de la Le succès de Sous le soleil a attiré « économie d’échelle de 15 % ». Les binet extérieur pour élaborer son fiction pour la télévision. l’attention des majors améri- autres « gros chantiers » de Mara- plan stratégique, même si des per- Marathon Productions n’a pas caines. « Notre stratégie est relayée thon Productions sont les sonnalités extérieures pourront cherché, dès son lancement, la par un grand studio américain, la « grosses séries internationales co- AVRIL 1999 être consultées « en fonction de compétition frontale avec ses Paramount », annonce Marathon produites en anglais » et les longs- leurs compétences sur le sujet ». concurrents. Plutôt que de s’enga- Productions. « Après avoir analysé métrages. La société prépare pour LE MONDE ger sur le secteur encombré et pé- toutes les séries européennes, la Pa- la télévision Les Voyages de Gulli- SUIVI MENSUEL rilleux du prime time – l’après ramount a estimé que la série a une ver avec le renfort de Canadiens et diplomatique Afin de « recentrer l’agence sur 20 h 30 –, la jeune société a chance de réussir sur le marché d’Allemands. ses clients » et « être plus collectif d’abord exploré le créneau pro- nord-américain », précise Pascal L’IDÉOLOGIE dans les procédures de décisions », metteur du day time – la journée – Breton. Cet engouement pourrait DÉVELOPPER LE DESSIN ANIMÉ le président a proposé la nomina- et spécialement la fin d’après-mi- même déboucher sur une miniré- Toutefois, Marathon Produc- DE L’INSÉCURITÉ tion de deux directeurs généraux di. volution culturelle. « Pour la pre- tions n’oublie pas de travailler ses Ce vent punitif qui vient d’Amérique adjoints, l’un chargé de l’informa- Selon Olivier Brémond et Pascal mière fois, s’enthousiasme le co- points forts. La société, installée par Loïc Wacquant tion, l’autre de la gestion de la Breton, « le 18-20 heures réalise fondateur de Marathon depuis ses débuts sur les marchés Les renseignements généraux découvrent les quartiers coordination. Denis Brûlet, actuel 40 % des recettes publicitaires de la Productions, ils ont l’idée de dou- de la fiction, du documentaire et par Vincent Laurent directeur de l’information, devrait télévision ». Sous le soleil, série bler la série pour la vendre à un de l’animation, vient de recruter Trappes, la ville qui tient être promu directeur général ad- produite par Marathon Produc- network ou bien à une importante Vincent Chalvon-Demersay. En par Nicolas Truong joint tandis que le second sera tions, est la reine de cette tranche chaîne du câble qui financerait le compagnie de Jacqueline Tordj- choisi à l’extérieur de l’agence. Par horaire. Après 103 épisodes de doublage. » Mais la société devrait mann, il a relancé Saban France, Le « moyennement répressif » des Pays-Bas ailleurs, « le commercial, le déve- 52 minutes, diffusé le samedi sur financer elle-même le doublage de devenu en dix ans « le plus gros par Josine Junger-Tas loppement et la communication TF 1, Sous le soleil enregistre la série pour la vendre directe- producteur français d’animation ». sont séparés et rattachés directe- « 34 % de parts d’audience sur l’en- ment à un network. M. Chalvon-Demersay prendra a UNION EUROPÉENNE : A Bruxelles, une Commission ment au président ». semble des foyers », précise Pascal Marathon Productions ne se li- une « participation progressive au chasse l’autre, par Bernard Cassen. Pour répondre aux critiques très Breton. Performante en audience, mite pas à Sous le soleil. D’autres capital de Marathon Productions » a PROCHE-ORIENT : Inventaire des accords d’Oslo, sévères du rapport de l’inspection la série l’est aussi par son coût : séries, telle Extrême limite, déjà en détenu aujourd’hui par Olivier par Alain Gresh. – Un titre de propriété inaliénable sur la terre, générale des finances rendu public chaque épisode est livré pour troisième diffusion le samedi à Brémont (43 %), Pascal Breton par Monique Chemillier-Gendreau. – Enjeux démographiques, en juillet 1998, le PDG de l’agence 2,9 millions de francs. TF 1 devrait 16 h 30 sur TF 1, ou 25 degrés sud, (21 %) et Gérard Bremont (36 %). Il par Youssef Courbage. – Un engagement plus prononcé de met en place lundi matin des indi- prochainement signer avec Mara- toujours sur TF 1, le mercredi à souhaite « développer le pôle ani- l’Union européenne, par Miguel Angel Moratinos. cateurs financiers et de gestion thon Productions pour une année 14 h 40, assurent les revenus de mation en visant le marché inter- a EUROPE : Décolonisation inachevée en Irlande du Nord, plus précis. Un coordinateur sera supplémentaire. Marathon Productions. En 1998, national ». Le budget moyen de- par Robbie McVeigh. – En Italie, la transition politique s’accélère, nommé par filiale et un comité de elle a réalisé 200 millions de francs vrait atteindre 40 millions de par Guido Moltedo. suivi de ces filiales se réunira tous « ÉCONOMIES D’ÉCHELLE » de chiffre d’affaires (30,49 millions francs (6,098 millions d’euros). a les deux mois. Le PDG compte Après être devenue « la plus d’euros) et 4 millions de francs de Son objectif est que « Marathon CARAÏBES : Consensus introuvable à Porto Rico, par James aussi mettre en place avant la fin longue série de ce format jamais résultat net. Les ventes à l’étran- Productions soit considérée à parts Cohen. de l’année « un suivi mensuel des produite en France », selon Pascal ger ont rapporté 38 millions de égales comme une société de fic- a CIVILISATION : La leçon des peuples premiers, par Jean résultats et performances » du Breton, Sous le soleil a aussi séduit francs. Olivier Brémond et Pascal tions, de documentaires et d’ani- Malaurie. groupe. les télévisions étrangères. Elle a Breton prévoient une hausse de mation ». été achetée par plus de 30 pays 40 % des revenus tirés de l’inter- En vente chez votre marchand de journaux - 24 F - 3,66 ¤ Nicole Vulser dont l’Allemagne. La chaîne alle- national. Marathon songe à ex- Guy Dutheil

0123 http://www.lemonde.frhttp://www.lemonde.fr interactif ” Le football en temps réel.” LeMonde Job: WMQ1304--0023-0 WAS LMQ1304-23 Op.: XX Rev.: 12-04-99 T.: 11:40 S.: 111,06-Cmp.:12,11, Base : LMQPAG 48Fap:100 No:0405 Lcp: 700 CMYK

FINANCES ET MARCHÉS ¼ LE MONDE / MARDI 13 AVRIL 1999 / 23

EUROPE

TABLEAU DE BORD ÉCONOMIE

FRANCFORT DAX 30 LONDRES FT 100 PARIS CAC 40

SISTDRH RQRSDIT

b BANQUES POPULAIRES : la TRUPDVH

SPRQ RQTQ

AFFAIRES CFTC a, comme la CGC, signé un TRUR Net recul et une aggravation du déﬁcit, a indi-

SIPI RPVI

accord sur les 35 heures aux TQQP qué le ministre d’Etat aux affaires

RWWW RPHH Banques populaires, adhérentes à TIWH des ﬁnances.

INDUSTRIE des exportations

RVUT RIIW l’Association française des THRW

b RHÔNE-POULENC : la Food banques. Pourtant, les fédérations aLETTONIE : l’indice des prix à la RUSR RHQU SWHU chinoises

and drug administration (FDA), CFDT, CGT,FO et CFTC avaient consommation pour le mois de RTQP QWST

autorité américaine de décidé de ne signer aucun accord [[[SUTT [[[ [[[au premier trimestre mars en Lettonie a afﬁché une lé-

IQ tF PR pF IP eF IP tF PR pF IP eF règlementation des médicaments, a d’entreprise sur ce thème, car ils IQ tF PR pF IP eF gère progression de 0,1 %, comparé refusé, vendredi 9 avril, contestent l’accord de branche sur Indices cours Var. % Var. % LES EXPORTATIONS chinoises ont à février, a indiqué, vendredi, l’Of-

l’approbation d’un médicament de les 35 heures signé par le seul Europe 10 h 15 f se´lection 12/04 09/04 31/12 continué à subir de plein fouet l’im- ﬁce letton des statistiques.

HDIS IHDST

Rhône-Poulenc contre les rhumes SNB-CGC. EUROPE i y y SH QTWSDIV pact de la crise ﬁnancière asiatique,

± QTVIDUR HDIS IHDVW

d’origine allergique, l’ébastine, EUROPE y SH avec une baisse de près 8 % au cours a LITUANIE : les investissements

± QIUDQQ HDHI TDQS vendu sous la marque Kestine. EUROPE i y y QPR du premier semestre de cette année, étrangers directs en Lituanie se

RÉSULTATS ± HDPW W

EUROPE y TSQ QHRDQR a rapporté, lundi 12 avril, la presse sont chiffrés à 6,5 milliards de lits

± RQRSDIT HDRI IHDPI

b PHARMACIE : les syndicats de b SNPE : la Société nationale PARIS geg RH ofﬁcielle chinoise. Selon les der- (1,38 milliard d’euros), soit un inves-

HDHH FFFF FFFF

l’industrie pharmaceutique des poudres et explosifs a an- PARIS wshgeg nières statistiques douanières citées tissement per capita de 439 dollars,

± PWIWDHU HDQS WDVW

(85 000 salariés) ont accusé, noncé, lundi, un quasi doublement PARIS fp IPH par Le Quotidien du peuple, les ex- a annoncé, vendredi, l’Ofﬁce natio-

HDHH FFFF FFFF

vendredi, le patronat de la branche de son bénéﬁce net 1998, à PARIS fp PSH portations chinoises ont atteint nal des statistiques. Les Etats-Unis

HDHH FFFF FFFF

de mener « dans l’impasse » les 94,6 millions de francs (14,42 mil- PARIS igyxh wegri 37,3 milliards de dollars (34,5 mil- se placent à la tête des plus grands

SQVDWW HDPQ HDIP

négociations sur les 35 heures et lions d’euros), contre 50 millions AMSTERDAM ei liards d’euros) au cours du premier investisseurs, devant la Suède et la

± ± QQPQDPR HDPP SDRR

ont « dénoncé » son attitude, jugée de francs en 1997. BRUXELLES fiv PH trimestre de cette année, soit une Finlande.

SISTDRH HDTQ QDHV

« consternante et irresponsable ». FRANCFORT he QH baisse de 7,9 % par rapport à la

TRUPDVH HDSR IHDHQ

LONDRES pi IHH même période l’an dernier. « Une a BRÉSIL : le ministère brésilien

± IHHURDHH HDPV PDRI

b RENAULT : le président du MADRID ygu igrexqi baisse du commerce extérieur, en des mines et énergies a annoncé

QTWTUDHH HDST SDIT

groupe français, Louis Schweitzer, AGENDA MILAN wsfiv QH particulier des exportations, aura une une probable nouvelle hausse des

± UQTIDTH HDQR PDVI a déclaré dans une interview au ZURICH s inﬂuence négative sur la croissance combustibles de quelque 7,5 % d’ici quotidien La Tribune du 12 avril tout en augmentant les pressions sur à la ﬁn avril, pour compenser la dé- MARDI 13 AVRIL qu’il n’excluait pas de céder sa AME´ RIQUES l’expansion de la demande inté- valuation du real face au dollar et participation de 22,5 % dans le a ALLEMAGNE : commmerce exté- rieure », relève le journal, citant des l’augmentation du prix du pétrole constructeur de camions nippon rieur en février. NEW YORK Dow Jones NEW YORK Nasdaq ¤URO / DOLLAR experts économiques chinois. sur le marché international.

Nissan Diesel. Renault, a-t-il a ETATS-UNIS : statistiques des Après avoir longtemps constitué a L’ancien ministre brésilien des

IHIUQDE PSWQDHS

précisé, « n’a pas vocation à avoir ventes au détail, des prix à la IDHV l’un des principaux moteurs de la ﬁnances et actuel consultant inter-

IHIWU PSWQ

deux ﬁliales poids lourds ». consommation, et des salaires en IDIU croissance chinoise, contribuant national à la banque américaine

WWVP PSPR mars. IDIS pour environ 2 % à l’augmentation Merrill Lynch, Marcilio Marques

b VOLKSWAGEN : le a JAPON : rapport mensuel de la WUTT PRSS IDIQ de 8,8 % du PIB chinois enregistré Moreira, a estimé, vendredi, que le

constructeur automobile Banque du Japon. en 1997, les exportations chinoises produit intérieur brut (PIB) brésilien WSSI PQVT

allemand a enregistré une hausse a RÉSULTATS : comptes trimes- IDII avaient, pour la première fois de- va reculer de 1 % à 2 % cette année,

WQQT PQIU

de 10 % de ses ventes au premier triels d’Intel. IDHW puis quinze ans, enregistré une soit une baisse inférieure à celle de

WIPH PPRV

trimestre de 1999. [[[ [[[IDHU [[[croissance quasi nulle (+ 0,5 %) l’an 4 % prévue dans l’accord révisé

IP tF PR pF W eF IP tF PR pF W eF IQ tF PR pF IP eF dernier, en raison de l’impact de la entre le Brésil et le FMI. b SHANGHAI GM : le MERCREDI 14 AVRIL crise ﬁnancière asiatique. a Indices cours Var. % Var. % joint-venture entre General EUROPE : commerce extérieur de Ame´rique 10 h 15 f se´lection 09/04 veille 31/12 a Les Etats-Unis et la Chine ont a PÉTROLE : le déclin de la pro-

Motors et la Shanghai l’Euro-11 en janvier. ± IHIUQDVR HDPQ IHDVI E´TATS-UNIS hy tyxi signé, samedi, l’accord commercial duction non OPEP et les prix bas

Automotive Industry Coporation a ETATS-UNIS : stocks des entre- « pourraient créer les IQRVDQS HDQQ WDTW E´TATS-UNIS 8 SHH qui ouvre le marché chinois au blé, à du pétrole

a commencé, lundi 12 avril, à prises en février. conditions d’un nouveau choc pétro- PSWQDHS HDUT IVDPT E´TATS-UNIS xehe gywysi la viande et aux agrumes améri-

a lier vers 2002 »,

produire en série des modèles de ALLEMAGNE : commerce de dé- ± TVVWDUU HDTP TDPQ TORONTO i sxhi cains, a annoncé le bureau de la re- estime la banque

± IIQPWDHH IDPH TU voitures de tourisme Buick. tail en février. SAO PAULO fyie présentante américaine pour le d’investissement américaine Pru-

a QHRDIV IDIR QHDVR RÉSULTATS : comptes de 1998 du MEXICO fyve commerce (USTR). dential Securities, citée dans le bi-

b Le Pétrole et le gaz ± RRRDRI I QDQR COMPAQ : le groupe BHV, de Mannesmann, Continen- BUENOS AIRES wiev mensuel français

arabes. IPQDRT HDHR THDQR informatique a averti les marchés tal ; résultats trimestriels d’Apple. SANTIAGO se qixiev a CORÉE DU SUD : le président

± ± RPIPDHV HDWH IPDHR boursiers qu’en raison d’un CARACAS gesev qixiev sud-coréen, Kim Dae-jung, a an- ralentissement des ventes, son noncé, lundi, que Séoul envisageait a UNION EUROPÉENNE : le chô- bénéfice au premier trimestre serait JEUDI 15 AVRIL de rembourser au Fonds monétaire mage dans les quinze pays de moitié moindre que prévu. a FRANCE : balance des paiements ASIE - PACIFIQUE international (FMI) 7,7 milliards de l’Union européenne a baissé en fé- de janvier. dollars supplémentaires d’ici la fin vrier 1999, pour s’établir à 9,6 % de ¤ a ALLEMAGNE : conseil de la Bun- TOKYO Nikkei HONGKONG Hang Seng URO / YEN de l’année. Il s’est dit confiant dans la population active, contre 9,7 % en

FINANCES desbank. ITSHUDRH IQHDHV IIURRDUR la capacité de l’économie nationale janvier 1999, selon les chiffres pu-

b KOKUMIN BANK : les autorités a ITALIE : production industrielle de renouer avec une croissance de bliés vendredi par Eurostat, l’ofﬁce ITVSS IQR

bancaires japonaises ont placé, en février. IIWIR 2 % cette année après la grave ré- statistique de l’UE. Dans les onze ITIST IQP

dimanche 11 avril, sous tutelle cette a ESPAGNE : prix à la consomma- IIQRU cession de 1998 (– 5,8 %, selon des pays de la zone euro, le chômage

ISRSU IQI

petite banque de Tokyo tion en mars. IHUVH chiffres encore provisoires). est resté en février au même niveau

IRUSV IPW

(750 employés, 40 succursales), a RÉSULTATS : comptes déﬁnitifs IHPIQ pour le deuxième mois de suite, soit

IRHSW IPV menacée d’effondrement après des de 1998 de Clarins, Merck, Deutsche WTRT a ARABIE SAOUDITE : le chô- 10,5 % de la population active. Eu-

retraits massifs consécutifs à des Telekom ; résultats trimestriels de IQQTH IPT WHUW mage en Arabie saoudite a plus rostat estime que 16,3 millions de

articles de presse spéculant sur une General Motors, Ford, Delta Air- [[[ [[[ [[[que doublé depuis 1993, et s’établit personnes étaient au chômage dans IP tF PR pF IP eF IQ tF PR pF IP eF

faillite prochaine de l’établissement. lines, Carrefour. IP tF PR pF IP eF actuellement à 27 % de la popula- l’UE en février 1999, et 13,5 millions Indices cours Var. % Var. % tion active, a indiqué, dimanche à dans la zone euro. Zone Asie 10 h 15 f

b NASDAQ : la Bourse se´lection 12/04 09/04 31/12 Djeddah, le directeur de l’université

ITSHUDRH PDHU IWDPS

électronique américaine, qui VENDREDI 16 AVRIL TOKYO xsuuis PPS du roi, Abdel Aziz, a ÉTATS-UNIS : l’indice des prix à

± IIURRDUR IDRP ITDVV

regroupe les valeurs a EUROPE : réunion des ministres HONGKONG rexq ixq la production en mars aux Etats-

HDHH FFFF IWDRS SINGAPOUR es swi

technologiques, est prête pour le des ﬁnances à Dresde jusqu’au a ÉMIRATS ARABES UNIS : les Unis a augmenté de 0,2 %, et l’indice

VHDPI HDHT PQDSI SE´OUL gywysi sxhi

basculement informatique de l’an 18 avril. Emirats arabes unis vont adopter de base (hors énergie et alimenta-

± QHQVDPH HDUI UDWW SYDNEY evv yhsxesi

2000. Le Nasdaq a conclu, samedi, a JAPON : masse monétaire en en 1999 un budget fédéral en hausse tion) est demeuré inchangé, a an-

PUDTV HDHR UDUW BANGKOK i

avec succès une série de tests étalés mars. par rapport à l’année précédente, noncé, vendredi, le département du

QRTHDRU HDST IQDPT BOMBAY ixssi sxhi

sur quatre week-ends consécutifs a ETATS-UNIS : production indus- prévoyant notamment une aug- travail. Sur douze mois, les prix à la

± PIRIDPT IDQU QDTV WELLINGTON xiERH en mars et avril. trielle et mises en chantier en mars. mentation des dépenses publiques production sont en hausse de 0,8 %.

VALEUR DU JOUR SUR LES MARCHÉS Taux de change fixe zone ¤uro Hors zone ¤uro

¤uro contre f Taux contre franc f Taux ¤uro contre f 09/04

HDISPRS UDRQPQ FRANC...... TDSSWSU ¤URO ...... COURONNE DANOISE.

´ QDQSQVS VDRIPH DEUTSCHEMARK ...... IDWSSVQ DEUTSCHEMARK ...... COUR. NORVEGIENNE

Action Gucci ´ QDQVUUR VDWRRH PARIS NEW YORK LIRE ITALIENNE (1000). IDWQTPU LIRE ITAL. (1000) ...... COUR. SUEDOISE ......

Discussions ` QDWRPQV QVDHQT PESETA ESPAG. (100).... IDTTQVT PESETA ESPAG. (100) .... COURONNE TCHEQUE

en dollars à New York L’INDICE CAC 40 de la Bourse de L’INDICE DOW JONES de la

QDPUIWH IDUITP ESCUDO PORT. (100).... PDHHRVP ESCUDO PORT. (100).... DOLLAR AUSTRALIEN .

RDUTUHQ IDTPHP

envenimées 76 Paris a ouvert en baisse, lundi Bourse de New York s’est légère- SCHILLING AUTR. (10).. IDQUTHQ SCHILLING AUTR. (10).. DOLLAR CANADIEN ....

90 ´ ´ VDQPVWR PDHPIP

12 avril, de 0,70 %, à 4 332,43 points. ment replié, vendredi 9 avril, après PUNT IRLANDAISE...... HDUVUST PUNT IRLANDAISE...... DOLLAR NEO-ZELAND

le 9 avril ´ ´ PDWUTTH QPQDUH

Vendredi, la Bourse de Paris avait avoir progressé de 1,11 % la veille, FLORIN NEERLANDAIS PDPHQUI FLORIN NEERLANDAIS DRACHME GRECQUE .. IDTPTHU PSQDQQ

autour de Gucci FRANC BELGE (10) ...... RDHQQWW FRANC BELGE (10) ...... FLORINT HONGROIS ..

IDIHQPR RDPWIV 80 terminé la séance en hausse de sous l’effet de la baisse des taux en MARKKA FINLAND...... SDWRSUQ MARKKA FINLAND...... ZLOTY POLONAIS...... APRÈS AVOIR occupé les pré- 0,75 %, l’indice CAC 40 marquant Europe. Victime de prises de béné- toires, c’est sur le terrain de la 4 363,14 points après avoir enregis- ﬁce, le Dow Jones a ainsi cédé 70 Cours de change croise´s communication que se poursuit la tré un record absolu dans la mati- 0,23 %, à 10 173,84 points. L’indice guerre que se livrent les groupes née grâce à l’ampleur de la baisse composite Nasdaq et le Standard Cours Cours Cours Cours Cours Cours 12/04 10 h 15 f DOLLAR YEN(100) ¤URO FRANC LIVRE FR. S.

LVMH et Pinault Printemps Re- 60 des taux directeurs décidée par la and Poor’s 500 ont, de leur côté,

DOLLAR ...... FFFF HDVQPVI IDHVQSH HDITSIT IDTITQS HDTUTQT

doute (PPR) pour le contrôle de Banque centrale européenne. poursuivi leur progression pour YEN ...... IPHDHUSHH FFFF IQHDHVHHH IWDVQSHH IWRDISHHH VIDPPSHH ¤ HDWPPWQ HDUTVUT FFFF HDISPRS IDRWPIS HDTPRSS

Gucci. Dimanche 11 avril, le numéro 50 terminer à des niveaux histo- URO......

un du luxe mondial a réafﬁrmé, riques. L’indice Nasdaq a gagné FRANC...... TDHSRTH SDHRPSS TDSSWSU FFFF WDUVUHH RDHWTSH LIVRE...... HDTIVTV HDSISPH HDTUHPH HDIHPIS FFFF HDRIVSS

dans un comuniqué, que le groupe FRANCFORT 0,76 %, à 2 593,05 points, et le FRANC SUISSE ...... IDRUVSH IDPQIIS IDTHPHH HDPRRIH PDQVWIH FFFF dirigé par François Pinault avait pris 40 LUNDI 12 AVRIL, la Bourse alle- Standard and Poor’s a monté de le contrôle de Gucci, ce qui « rend mande progressait de 0,42 %, à 0,33 %, à 1 348,35 points. impraticable toute OPA sur cette so- 30 5 155,50 points. Vendredi, la Bourse Taux d’inte´reˆt(%) Matif ciété ». de Francfort avait proﬁté de l’as- M JAJSONDJ FM A Taux Taux Taux Taux Volume dernier premier Pour appuyer ses propos, le TAUX Taux 09/04 f Cours 10 h 15 f

1998 99 souplissement monétaire euro- j. j. 3 mois 10 ans 30ans 12/04 prix prix

Notionnel 5,5 PDSU QDWS RDVR

groupe présidé par Bernard Arnaut péen. L’indice DAX avait clôturé LES MARCHÉS OBLIGATAIRES FRANCE ...... PDUW

Source : Bloomberg WTDTR WTDQR

JUIN 99...... RSPQ

PDTP QDVS RDUW

cite un « procès-verbal du directoire au-dessus du seuil des 5 100 points, européens étaient bien orientés, ALLEMAGNE .. PDST

RDWW RDRT RDQV GDE-BRETAG. SDPS Euribor 3 mois

du PPR en date du 19 mars » sera désormais consolidé dans les SPW WUDQV WUDQU PDWH RDHW SDHQ qui au- à 5 133,92 points, en hausse de lundi 12 avril, à l’ouverture, conti- ITALIE...... PDWQ JUIN 99......

HDHW IDSQ FFFF

rait « reproduit des propos de Serge comptes de PPR. 1,31 %. nuant à bénéﬁcier des effets posi- JAPON...... HDIW

´ RDQV SDHQ SDRR

Weinberg, président du directoire, an- Dans une interview diffusée lundi tifs de la baisse des taux en Eu- ETATS-UNIS... RDTT HDVI PDQP QDUT

nonçant explicitement la prise de SUISSE...... HDUQ Pe´trole PDTH QDWV RDVS sur Radio Classique, Pierre Godé, rope. Les rendements des PAYS-BAS...... PDUS contrôle du groupe Gucci ». Selon ce chargé par LVMH des négociations LONDRES obligations à dix ans, qui évoluent En dollars f Cours Var. %

document, trois membres du comité avec Gucci, s’est par ailleurs plaint LA BOURSE de Londres a terminé à l’inverse du prix, se détendaient 09/04 veille

FFFF

stratégique de Gucci seraient dési- que l’opération menée par PPR soit en hausse, vendredi, soutenue par respectivement de 0,055 %, à Matie`res premie`res BRENT (LONDRES) ...... IRDVT

HDQH « un transfert de contrôle qui permet WTI (NEW YORK) ...... ITDTP

gnés par PPR. Le géant du luxe a de- Wall Street et après avoir atteint un 3,898 %, en France, et de 0,044 %, à Cours Var. % PDHW LIGHT SWEET CRUDE .... ITDSW mandé d’annuler la prise de 40 % de à un tiers d’acquérir le pouvoir dans nouveau sommet historique dans la 3,801 %, en Allemagne En dollars f 09/04 veille

Gucci par PPR, grâce à une aug- la société sans payer la prime de matinée, au lendemain de la baisse ME´TAUX (LONDRES) $/TONNE FFFF

mentation de capital réservée, ce contrôle ». Une analyse que l’on re- des taux d’intérêt britanniques. CUIVRE 3 MOIS...... FFFF Or

HDQW

« L’augmentation MONNAIES ALUMINIUM 3 MOIS ...... IPVR

± HDWV

qui a dilué à environ 20 % la partici- fute chez Gucci : L’indice Footsie 100 avait clôturé en PLOMB 3 MOIS ...... SHQ

Cours Var %

FFFF SQHH ¤

pation du groupe de LVMH dans le de capital réservée à PPR s’est faite hausse vendredi de 0,54 %, à LUNDI 12 AVRIL en début de ma- ETAIN 3 MOIS ...... En uros f 09/04 08/04

± HDRW

au prix de 75 dollars l’action soit une ZINC 3 MOIS...... IHII

HDTH

designer italien. , 6 472,8 points. tinée, le dollar pâtissait de la pers- OR FIN KILO BARRE ...... VRHH

± HDRQ

NICKEL 3 MOIS ...... SHQV

C HDVR

« Les arguments avancés par LVMH prime de 13 % par rapport au cours OR FIN LINGOT...... VRPH

pective d’une nouvelle baisse de ME´TAUX (NEW YORK) $/ONCE

± HDIR

ne résistent pas à l’examen » avant l’annonce de l’opération. » ONCE D’OR (LO) $ ...... PVHDTH ± HDPH

, a rétor- ARGENT A TERME ...... RDWU

l’indice Dow Jones. Il se négociait ` C HDTH PIECE FRANCE 20 F...... SHDTH

HDIH

TOKYO PLATINE A TERME ...... UWSVSDWP ` C HDSW qué lundi matin M. Weinberg, joint Gucci juge qu’une OPA de LVMH à 120,43 yens, contre 120,90 yens PIECE SUISSE 20 F...... SIDIH

´ ` C PDPR Le Monde GRAINES DENREES $/BOISSEAU PIECE UNION LAT. 20 F . SHDIH

par . Il minimise l’impor- est possible car environ 3 milliards APRÈS LES GAINS enregistrés au vendredi soir et après s’être échan- ´ PTT HDHW ` ± HDUH BLE (CHICAGO)...... PIECE 10 DOLLARS US ... PVP

tance de son entrée dans le conseil de dollars du capital de Gucci est es- PIVDUS HDRT ` ± PDRT cours des semaines précédentes, la gé à 121,25 yens jeudi soir. L’euro MAI¨S (CHICAGO)...... PIECE 20 DOLLARS US ... RUS

C HDQU IQQDW ` HDRV stratégique de Gucci et précise que sentiellement aux mains de fonds de Bourse de Tokyo a marqué une proﬁtait de cette baisse du dollar SOJA TOURTEAU (CHG.). PIECE 50 PESOS MEX...... QII

PPR est minoritaire dans le conseil pension, pour lesquels « le seul argu- pause, lundi, les investisseurs pre- pour retrouver des couleurs. La SOFTS $/TONNE

IDUT

ment est le prix ». CACAO (NEW YORK)...... IHWV

de surveillance. De plus, le terme de nant une partie de leurs bénéﬁces. devise européenne se traitait à ´ FFFF CAFE (LONDRES) ...... IRTR Cotations, graphiques et indices en temps

« prise de contrôle » FFFF mentionné par L’indice Nikkei a cédé 2,1 %, pour 1,0833 dollar, contre 1,0797 ven- SUCRE BLANC (PARIS) ... IWT re´elsurlesiteWebdu«Monde». LVMH fait allusion au fait que Gucci Laure Belot et Joël Morio ﬁnir à 16 507,40 points. dredi. www.lemonde.fr/bourse LeMonde Job: WMQ1304--0024-0 WAS LMQ1304-24 Op.: XX Rev.: 12-04-99 T.: 10:50 S.: 111,06-Cmp.:12,11, Base : LMQPAG 49Fap:100 No:0406 Lcp: 700 CMYK

24 / LE MONDE / MARDI 13 AVRIL 1999 I FINANCES ET MARCHÉS

STOXX 653 sur un an sur 5 jours EURO STOXX 50 sur un an sur 5 jours

QTWSDIV

VALEURS EUROPE´ENNES QHRDQR

QIS QTWS

QRQW

PWR QHSDPQ

b La valeur Dresdner Bank a ga- soire de son site de production QTTWDPQ QTWSDIV

QIVR

gné, vendredi 9 avril, 2,9 %, à d’éthylène au Texas. Parallèle- PUQ QTVWDTI QHRDQR QTSWDQP

PWPW 38,53 euros, après la publication ment, les spéculations des opéra- PSQ

de ses résultats. La troisième teurs se poursuivent sur un éven- QHQDTI QHHDSR PTUR PQP QHPDWS

banque allemande a enregistré tuel rachat de Union Carbide par QTRRDSU

PRIW

une amélioration de son proﬁt net BASF, bien que la société alle- PIP [[[[[[[[ [[[[[[[[

ww t v IQ esv W ygF IP esv ww t v en 1998 de 55,4 %, à 1,858 milliard mande ait démenti. PH esv W ygF IP esv de deutschemarks. b L’action Preussag a baissé, ven-

b Enaco e IDPI FFFF hu QUDTU FFFF qf IQDUW FFFF L’action a cédé, vendredi, dredi, de 3,6 %, à 509 euros. Les EURO DISNEY /RM p CARLSBERG AS -A SMITHS IND PLC

e ASSURANCES e C RDV HDTQ hu WRDVT FFFF p IHUDT FFFF

10,7 %, à 7,81 euros, après que la nouvelles actions et obligations FINNAIR ps CHR. HANSEN HLD STMICROELEC SIC

e ± e qf PDRR FFFF ps IUDUS HDPV xy RDPV FFFF SI FFFF G WIMPEY PLC CULTOR -1- AGF /RM p TANDBERG DATA A

chaîne de supermarchés espagnole convertibles que le groupe de tou- e ± PHDQS FFFF hu RIDUI IDWW p PUDV FFFF qf e IIDPS FFFF GRANADA GROUP P DANISCO ALLEANZA ASS s THOMSON CSF /RM

e e e p UPDRS FFFF p PPWDS FFFF hu TIDSQ FFFF eut diminué ses estimations de risme s’apprête à lancer pour- C PWV HDVS HERMES INTL DANONE /RM ALLIANZ AG hi WILLIAM DEMANT

e ± s HDTP FFFF q ITDIQ FFFF RHSDWS HDUQ IQDQT FFFF croissance des bénéﬁces pour l’an- raient affaiblir la valeur des ac- HPI DELTA DAIRY ALLIED ZURICH qf f DJ E STOXX TECH P

e C

xv PWDI HDSP qf IHDPS FFFF ISDRS FFFF

née ﬁscale qui s’achèvera en mai, tions existantes. HUNTER DOUGLAS DIAGEO ASPIS PRONIA GE q

e C e xv PRDUS QDIQ q PHDUH FFFF IPWDQ FFFF KLM ELAIS OLEAGINOU AXA /RM p

en raison d’une baisse de ses b La valeur ING Groep a proﬁté e RDPR FFFF p IQRDQ FFFF qf SERVICES COLLECTIFS ISDPU FFFF LADBROKE GRP ERID.BEGH.SAY / CGU qf

IHDSW FFFF qf QDRR FFFF p e PQDVS FFFF MOULINEX /RM GREENCORE GROUP p IHDUP FFFF ventes au mois de décembre 1998. vendredi, comme de nombreuses CNP ASSURANCES ANGLIAN WATER qf

e C e xy PDHU FFFF xv RRDS HDTV

IVDTV FFFF NCL HLDG HEINEKEN i VDQW FFFF

b Le titre BASF a grimpé, vendre- actions du secteur bancaire, de la CORP.MAPFRE REG BRITISH ENERGY qf

e PQQDI FFFF q PUDVH FFFF p e C

hi IIWDS HDVR

PATHE /RM HELLENIC BOTTLI C IDUH IDUW

di, de 6,8 %, à 38,90 euros, après baisse des taux en Europe décidée ERGO VERSICHERU CENTRICA qf

qf IDSW FFFF q VDQT FFFF RWDUR FFFF q e PENTLAND GRP HELLENIC SUGAR C VDVI IDSH ETHNIKI GEN INS EDISON s

e e qf QDUQ FFFF ps QPDS FFFF l’annonce par son rival Equistar jeudi 8 avril. Le titre a pris 2,8 %, à C SDR HDWQ PERSIMMON PLC HUHTAMAEKI I VZ s e QRI FFFF FONDIARIA ASS ELECTRABEL fi

e C

hi SIS IDHV qf IPDPP FFFF IHRDSR FFFF PREUSSAG AG KERRY GRP-A- hu e IVDVT FFFF Chemicals de la fermeture provi- 53,20 euros. FORSIKRING CODA ELECTRIC PORTUG

C e qf QDSR FFFF s HDWS IDHT

FFFF FFFF RANK GROUP MONTEDISON xv e PQDQR FFFF FORTIS AMEV NV ENDESA i

± e gr PIHDRP HDIS gr ITUQDWU FFFF C QV HDTT s e SAIRGROUP N NESTLE N C IPS HDQS GENERALI ASS EVN e

WDIS FFFF s IDQS FFFF hu e

IWU HDIS SAS DANMARK A/S PARMALAT e e VSDPS FFFF

GENERALI HLD VI GAS NATURAL SDG i

UQDPU FFFF

CIBA SPEC CHEM gr

e e e p TRDQ FFFF p SVDS FFFF PDU FFFF

SEB /RM PERNOD RICARD / s

SDWR FFFF

Code Cours % Var. INA HAFSLUND -A- xy

RSHDWH HDRI

10 h 33 CLARIANT N gr e

12/04 C

SVHDSR HDUT ps WDR PDUQ f ¤ gr

WDHT FFFF

pays en uros veille THE SWATCH GRP RAISIO GRP V qf QDSI FFFF

e IRISH LIFE HAFSLUND -B- xy C

QSDS PDTH

DEGUSSA-HUELS hi

± gr IPVDTW HDPR xy SDVQ FFFF

IIDQV FFFF THE SWATCH GRP RIEBER & SON -B qf e IQDSU FFFF

LEGAL & GENERAL IBERDROLA i

ISDQR FFFF

DYNO INDUSTRIER xy

e qf IDTI FFFF qf TDHR FFFF C

IWI IDVU hi e WILLIAM BAIRD TATE & LYLE C RDSI IDQS

AUTOMOBILE MUENCH RUECKVER ITALGAS s

RTQRDPU FFFF

EMS-CHEM HOLD A gr e

qf IHDPP FFFF PIDRW FFFF

TDUP FFFF

WILSON BOWDEN UNICER R qf TDVQ FFFF

e NORWICH UNION NATIONAL GRID G qf C

i QTDWH FFFF TVDP IDQR

AUTOLIV SDR HENKEL KGAA VZ hi

RIDS IDVW qf TDPV FFFF e e C

SP PDQT

WOLFORD AG UNIGATE PLC ps UDPH FFFF

e POHJOLA GRP.B NATIONAL POWER qf C

fi QVDU HDUV VDRW FFFF

BASF AG ICI qf

qf HDUT FFFF xv TSDR IDRH

± IPDRP HDTH

WW/WW UK UNITS UNILEVER qf e ± IRSDUS HDQH

e e PRUDENTIAL CORP OESTERR ELEKTR e C C

hi TQV HDIT SDRI HDIW

BMW KEMIRA ps

HDPV qf VDRT FFFF ISWDWS e C

IHDPS HDWW

f DJ E STOXX CYC GO P UNILEVER s

IHDST FFFF

e RAS POWERGEN qf C

± hi PQDPS HDPI WDRQ UDRT

CONTINENTAL AG LAPORTE qf

PQIDRI HDTS

VDUP FFFF

f DJ E STOXX F & BV P qf UDVI FFFF

e ROYAL SUN ALLIA SCOT POWER qf C

hi VUDTS HDIU WDQR FFFF

DAIMLERCHRYSLER PERSTORP -B- i

ps PWDW FFFF

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e e SAMPO -A- SEVERN TRENT qf ± s QDI IDSW IDPS FFFF

FIAT SNIA s

± PIURDWU HDUI gr e

IUPDT FFFF

e e PHARMACIE SWISS RE N SUEZ LYON EAUX/ p

s IDSW FFFF TI FFFF

FIAT PRIV. SOLVAY fi

PWDIP FFFF

PSDHR FFFF

e SEGUROS MUNDIAL SYDKRAFT -A- i

qf RDPU FFFF fi RU FFFF

PHDTV FFFF

LUCAS VARITY TESSENDERLO CHE ASTRA -A- i BIENS D’E´QUIPEMENT

i ITDWR FFFF

IUDRR FFFF

e SKANDIA FOERSAE SYDKRAFT -C- i C

p RRDRW FFFF QIUDST HDHP

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MICHELIN-B- /RM f DJ E STOXX CHEM P ASTRA -B- i

xy UDHI FFFF

i IPDIQ FFFF

IQDSP FFFF

e ABB AB -A- STOREBRAND THAMES WATER qf

p IRUDV FFFF

TPDRT FFFF

PEUGEOT /RM ELAN CORP qf

TIRDQS HDVP gr e

i IPDIQ FFFF

IRUDU FFFF

e ABB AB -B- SWISS LIFE BR TRACTEBEL fi C

s PDTV HDQU

PWDWR FFFF

PIRELLI GLAXO WELLCOME qf

hu ITVDIV FFFF ± e

gr IPUUDST IDTW

IRDQ FFFF

e ´ ABB BADEN TOPDANMARK AS UNION EL.-FENOS i

QQDU FFFF p e C

RPDW PDIR

RENAULT CONGLOMERATS HOECHST AG hi

C hu PSDPW FFFF

gr RUSDWS SDUH

IHDWT FFFF

e ADECCO CHESEREX TRYG-BALTICA UNITED UTILITIE qf

p UTDS FFFF

ISUTDWH HDQT

VALEO /RM NOVARTIS N gr

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AKER RGI -A- xy e ± TIPDRU HDQI gr e

p PUDS FFFF

RVR HDVQ

e ALSTOM ZURICH ALLIED N VIAG hi C hi TPDU HDQP

IHQDTH FFFF

VOLKSWAGEN e NOVO NORDISK B hu

p RVDQ FFFF

CGIP /RM C C HDQP

QRWDRU e gr IHRQDQR HDTT

PQWDP FFFF

ALUSUISSE LON G f DJ E STOXX INSU P VIVENDI/RM p

PRDPT FFFF

i e

PHDP FFFF

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HDWV IDHI

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C qf RDIT FFFF

HDIQ

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i e C

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VOLVO -B- e ORION B ps

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D’IETEREN SA fi PSDIT FFFF

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± HDHW PTUDVW e

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f DJ E STOXX AUTO P e RHONE POUL./RM p

RIDS FFFF

GAZ ET EAUX /RM p MEDIAS PRDUI FFFF

ATLAS COPCO -B- i

± ITVSPDRS HDRV

e ROCHE HOLDING gr

IUU FFFF

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VDIW FFFF

ATTICA ENTR SA q VDHP FFFF

BSKYBGROUP qf

± IIPUVDVI HDQT

ROCHE HOLDING G gr

VDUT FFFF

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IHDHP FFFF

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BANQUES e CANAL PLUS /RM p

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e SANOFI /RM p

TT FFFF

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TDVI FFFF

BBA GROUP PLC qf

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e CARLTON COMMUNI qf C

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HAGEMEYER NV xv

IQDQI FFFF

xy e

BERGESEN C

IRDP IDUW

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e qf ______

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ABN AMRO HOLDIN xv SMITHKLINE BEEC

PDHR FFFF

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IWDTI FFFF

BONHEUR xy e IVPDS FFFF

HAVAS ADVERTISI p

qf RRDHP FFFF

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ALLIED IRISH BA qf ZENECA GROUP

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INVESTOR -A- i e

QS FFFF

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INDEPENDENT NEW s NOUVEAU C

QWQDHR HDRP

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INVESTOR -B- i

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QHDQ FFFF

e LAGARDERE SCA N p

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COOKSON GROUP P C VDQW HDRV

e MEDIASET s MARCHE

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IWDQS FFFF

e PEARSON qf

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BANCO ESSI R ´

IRDRH FFFF

MYTILINEOS HOLD q ENERGIE

UIQIDHR QDTR

DAMPSKIBS -B- hu

VDUU FFFF

e REED INTERNATIO qf Cours % Var.

SUDP HDTV

BANK AUSTRIA AG e

QTDTI FFFF

NORSK HYDRO xy 12/04 10 h 33 f ¤

VDWP FFFF hu IHQTHDIV FFFF

AKER MARITIME xy DAMSKIBS SVEND en uros veille

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REUTERS GROUP qf

IWDPT FFFF

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IRHDWI HDVV

OERLIKON-BUEHRL gr

SDQS FFFF qf PDIH FFFF

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SCHIBSTED xy

PVDHQ FFFF

BANK OF PIRAEUS q

IRDHQ FFFF

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ISDSI FFFF xy SDTV FFFF

BP AMOCO qf DET SONDENFJ NO AMSTERDAM

RDSP FFFF

e TELEWEST COMM. qf

QSDW FFFF

BANKINTER R i

IPDHI FFFF

ORKLA -B- xy

IQDTI FFFF qf TDWW FFFF

BURMAH CASTROL qf ELECTROCOMPONEN e ±

p IVPDP FFFF PSDP

TF1 AIRSPRAY NV PDQQ

PVDTH FFFF

BARCLAYS PLC qf e

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SONAE INVESTIME e e C

i QHDUP FFFF hi VQ SDHT

CESPA EQUANT NV C

qf VDUU FFFF

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e UNITED NEWS & M ANTONOV IDSR C

SRDS QDVI

hi e

BAYR.HYPO-U.VER C

SPDP HDQV

VEBA AG hi e C

xv IUUDQ HDPV IPDQ FFFF

e @uliite WOLTERS KLUWER C/TAC ±

s SDTR IDRH

BCA FIDEURAM C

HDTR

f DJ E STOXX CONG P PRPDPV

qf UDVI FFFF IDII

e WPP GROUP CARDIO CONTROL WDI ± SDSQ IDPS

BCA INTESA s

QIWDRW HDQS ±

IQDWS

e f DJ E STOXX MEDIA P CSS IDUT IDRT FFFF BCA ROMA s

FFFF

e HITT NV TDS IRDQP FFFF

BCO BILBAO VIZC i TE´LE´COMMUNICATIONS

± IWDS

e INNOCONCEPTS NV PDSH IPDPS FFFF

BCO CENTRAL HIS i

qf ISDUT FFFF

IUDWS

BRITISH TELECOM http://www.lemonde.fr BIENS DE CONSOMMATION NEDGRAPHICS HOLD HDST e SVDS FFFF

BCO POPULAR ESP i

qf IP FFFF

FFFF

CABLE & WIRELES e PDPS C POLYDOC QUDU IDHU e xv

PHDPP FFFF

BCO SANTANDER i AHOLD

± hi RHDS HDWV

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DEUTSCHE TELEKO PROLION HOLDING HDPW

PDPH FFFF e qf PVDSV FFFF

BCP R ASDA GROUP PLC

i VVDVW FFFF

± TDTS

EUROPOLITAN HLD RING ROSA HDUS IWDQI FFFF e q

USDSS FFFF

BNP /RM p ATHENS MEDICAL

p VIDQ FFFF

± HDV

FRANCE TELECOM e SDVV C RING ROSA WT

TIDWW IDRT e e VT FFFF

CCF /RM p AUSTRIA TABAK A

q PPDHT FFFF

± IPDV

HELLENIC TELE ( e UCC HOLDING NV HDUV ± hi TT HDWW

QDTQ FFFF

CHRISTIANIA BK xy BEIERSDORF AG

e C

QWDS IDPV

KONINKLIJKE KPN xv e

RTDW FFFF e p UDPS FFFF

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FFFF FFFF

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qf UDQT FFFF

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PORTUGAL TELECO e BRUXELLES

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COMMERZBANK hi La Bourse au quotidien : CASINO GP /RM

± QTTDQT HDVS

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gr IRWQDTI HDVS PDIS FFFF ± IHQDTH HDUU

DEN DANSKE BK hu CFR UNITS -A- ENVIPCO HLD CT

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TELE DANMARK hu e p SIQ FFFF PIDS FFFF

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DEN NORSKE BANK xy CPT MODERNES /R FARDEM BELGIUM ABC

ISVDP FFFF

TELECEL e fi VT FFFF FFFF e RDI C

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DEUTSCHE BANK A hi DELHAIZE INTERNOC HLD

e C

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TELECOM ITALIA s l’actualité des entreprises e p QIIDI FFFF FFFF e IQ

IRT FFFF

DEXIA CC fi ESSILOR INTL /R INTL BRACHYTHER B

± SDRT QDSQ

TELECOM ITALIA s e fi TSRDS FFFF FFFF e IIDS

IPVDS FFFF

DEXIA FCE RM p ETS COLRUYT LINK SOFTWARE B

RQDRI FFFF

TELEFONICA i

qf PDPH FFFF FFFF e PDR C

QW PDQT

DRESDNER BANK hi FYFFES PAYTON PLANAR

± T QDSR

TIM s e fi QSDHS FFFF

VDI FFFF UUDPH FFFF

ERGO BANK q les cotations en direct GIB SYNERGIA

± IUDWU HDRW

VODAFONE GROUP qf

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HDRR

f DJ E STOXX TCOM P TVUDW

qf WDQU FFFF PQDRP FFFF FOERENINGSSB A i IMPERIAL TOBACC

e ps IRDI FFFF

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FOKUS BK xy les informations ﬁnancières... KESKO OY FRANCFORT

p TTR FFFF

± IPDQW HDWS qf L’OREAL /RM ± IPIDHS

HALIFAX 1&1AG&CO.KGAA RDQS

CONSTRUCTION e

IWDU FFFF

± QIDVQ PDIH

qf MODELO CONTINEN ± PHH HSBC HOLDS AIXTRON HDWW

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i SQDVS FFFF TIDIU FFFF q PAPASTRATOS CIG ± TQ

IONIAN BK REG.S ACCIONA AUGUSTA BETEILIGUN PDQQ

TQR FFFF e p C

i IPDQV FFFF USDQS HDUV

hu PROMODES /RM ACESA REG C QP JYSKE BANK REG BB BIOTECH ZT-D HDTQ

qf WDVS FFFF

± q IRDQH FFFF QVDQS HDQS

hu RECKITT & COLMA AKTOR SA ± IUDU KAPITAL HOLDING BB MEDTECH ZT-D PDPI

QDTW FFFF e e qf

C ps IRDQ HDUH TQDW FFFF

fi SAFEWAY FFFF KBC BANCASSURAN ASKO OY BERTRANDT AG TH

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i PIDRS FFFF IRDUR FFFF qf SAINSBURY J. PL

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s UDPR IDSR SDIV HDUU

ps SEITA /RM

AUTOSTRADE ± ITI

MERITA e CE COMPUTER EQUIPM HDHU

p IPRDI FFFF

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s SDSQ IDPS UPDIH FFFF q SMITH & NEPHEW

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s SDUS HDIU

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p STAGECOACH HLDG BICC PLC ± PPP

NATEXIS CENIT SYSTEMHAUS HDVW

SDHI FFFF

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± QWDPW HDQQ

ENTERPRISE OIL FLUGHAFEN WIEN e e

i IVDQR FFFF

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xy TDTT FFFF

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i TAMRO ±

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NORDBANKEN HOLD BOUYGUES /RM EDEL MUSIC E 98 PDQI

qf IDUV FFFF

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e qf C

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s BPB TESCO PLC FFFF

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± VSDS HDPV

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qf IDWP FFFF

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ROYAL BK SCOTL CARADON e EM.TV & MERCHANDI VVS

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fi VUDVS FFFF

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HDQV

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IPDVR FFFF

PETROLEUM GEO-S xy e

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e IFIL s COMMERCE DISTRIBUTION ± p ITWDQ FFFF

gr QHUDRW HDVI

FFFF

UBS REG COLAS /RM e HUNZINGER INFORMAT WTDW

RTDV FFFF

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e IMI PLC qf ±

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ROYAL DUTCH CO xv

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e ISS INTL SERV-B hu ± i RUDV FFFF

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C QDQH IPDQT FFFF PHQDS

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WDQQ FFFF

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WWDSU HDTV

e KOEBENHAVN LUFT hu i QP FFFF PVDPH FFFF q e

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f PUWDRT KON.NEDLLOYD e ±

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qf LAHMEYER e

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e CONTINENTE LOESCH UMWELTSCHUT SDR

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f DJ E STOXX ENGY P PTSDPW

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e e C ±

hi QI PDPI PVDP HDQT hi e C IQP FFFF HOCHTIEF ESSEN p IDRU MAN AG TW IVDWH FFFF ASSIDOMAEN AB i GUILBERT /RM MUEHLBAUER HOLDING

SERVICES FINANCIERS e C gr PRIDII FFFF hi IQIDU IDIS

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qf WDVS FFFF

± IHVRDTU HDRH gr e 3I ± e IUDT IDIP e hi ± QQDRR FFFF HOLDERBANK FINA IIW HDPI RQSDS FFFF BEKAERT fi METALLGESELLSCH JERONIMO MARTIN PLENUM

e e fi TTDT FFFF

IIIDW FFFF p ALMANIJ e e ps IVDV FFFF ± ± hi QUH IDVT UI IMETAL /RM SDQQ RDSI FFFF BILTON qf METRA A KARSTADT AG PSI

e q QQDSP FFFF

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e s ALPHA FINANCE ± qf QDRP FFFF qf IPDWR FFFF TR ITALCEMENTI QDVT RRDP FFFF BOEHLER-UDDEHOL e MORGAN CRUCIBLE KINGFISHER QIAGEN NV

WDHU FFFF

e qf

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e e p IPS FFFF

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BUHRMANN NV xv NKT HOLDING METRO SACHSENRING AUTO

PVDU FFFF

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BUNZL PLC OCEAN GROUP qf NEXT PLC SALTUS TECHNOLOGY

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CART.BURGO PENINS.ORIENT.S qf PINAULT PRINT./ SCM MICROSYSTEMS

e qf SDTI FFFF

± IPQ IDTH

hi CAPITAL SHOPPIN e C ± s UDQP IDHV HDSS PHILIPP HOLZMAN QTV xy IQDQI FFFF QDIP FFFF

ELKEM ASA, OSLO PREMIER FARNELL qf RINASCENTE SER SYSTEME

fi TTDV FFFF

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PHDI FFFF SDV FFFF PILKINGTON PLC ps IPDII FFFF

q STOCKMANN A SERO ENTSORGUNG PHDHS FFFF

ELVAL RAILTRACK qf

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INPARSA RANDSTAD HOLDIN xv

p RIDP FFFF

IDSV FFFF qf CPR /RM

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JOHNSON MATTHEY qf W.H SMITH GRP SOFTM SOFTWARE BER

ITPDVH FFFF

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SUPERFOS ± PHS HDRW PWDQH FFFF

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REXAM qf

qf TDPV FFFF

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BARCO fi

IWDHT FFFF

e SANDVIK -B- i

± TDPS IDSU

e s

VDSR FFFF

URALITA i MEDIOLANUM FFFF FFFF

PSDQS FFFF

SIDENOR q

TDQR FFFF

BRITISH AEROSPA qf

RUSDWS IDTV

e SAURER ARBON N gr qf TDTT FFFF

WDT FFFF i MEPC PLC

FFFF VALENCIANA CEM FFFF

PWDHI FFFF

SILVER & BARYTE q e

ITPDP FFFF

CAP GEMINI /RM p

PSDHR FFFF

e e SCANIA AB -A- i i PQ FFFF

ITW HDIP e METROVACESA

FFFF WIENERB BAUSTOF FFFF

IDVR FFFF

SMURFIT JEFFERS qf

WPDIU FFFF

COLOPLAST B hu

PSDIT FFFF

e SCANIA AB -B- i ± xv TDPS IDSU

SDWW FFFF

e WILLIAMS qf MEDIOLANUM FFFF FFFF

IHDWQ FFFF

SONAE INDUSTRIA

IVDPS FFFF

COLT TELECOM NE qf

IRPUDVT HDRR

e SCHINDLER HOLD gr p WUDQS FFFF

HDHW

e f IWQDRP PARIBAS FFFF

DJ E STOXX CNST P FFFF IHDRP FFFF

SOPORCEL e

QVDR FFFF

DASSAULT SYST./ p

gr ISIQDTS FFFF

ITDRQ FFFF

PROVIDENT FIN qf SCHINDLER HOLD

FFFF FFFF

IIDTV FFFF

i e

SSAB SW ST A FR C

HDWT IDHS

e FINMECCANICA s

SR FFFF

e p

± PIDRS HDWP

e RODAMCO NV xv SCHNEIDER /RM FFFF FFFF WDHV FFFF

STORA ENSO -A- ps e ±

ST QDII

e FRESENIUS MED C hi C

s IDHI PDHP

PPDWV FFFF

e SCHRODERS PLC qf SEAT-PAGINE GIA FFFF

CONSOMMATION CYCLIQUE FFFF WDP FFFF

STORA ENSO -R- ps

WDII FFFF

GAMBRO -A- i

e qf VDUH FFFF

TPDS FFFF

SEFIMEG N /RM p SECURICOR

FFFF FFFF

PIDHV FFFF

SVENSKA CELLULO i e e

PPH FFFF xv QTDUS FFFF

ACCOR /RM p GETRONICS

i IRDWQ FFFF VHDPS FFFF

e SIMCO N /RM p SECURITAS -B- FFFF FFFF

IUR FFFF

THYSSEN hi e ± ±

UU HDTS hu QIDUS PDRV

ADIDAS-SALOMON hi GN GREAT NORDIC

± qf RDUW FFFF

VTRDPQ IDHV

SLOUGH ESTATES SGS GENEVA BR gr

FFFF FFFF

WDIU FFFF

i e TRELLEBORG B C

QDPP HDTQ q THDVW FFFF

ALITALIA s INTRACOM N

p IPI FFFF

QDTR FFFF

e UNIBAIL /RM SHANKS & MCEWAN qf FFFF FFFF

QPDS FFFF fi e e UNION MINIERE C

QH HDRR xv UQDPS IDHI

AUSTRIAN AIRLIN e KON. PHILIPS EL

e e s HDRW FFFF

UQDHS FFFF

e UNIM SIDEL /RM p FFFF FFFF

± PRDR IDPI

UPM-KYMMENE COR ps

TRDSV FFFF xy VDTV FFFF

BANG & OLUFSEN hu MERKANTILDATA

i WDWP FFFF

RDRQ HDQR

e VALLEHERMOSO qf FFFF

BTR SIEBE FFFF IQDTV FFFF

USINOR p

RDVH FFFF qf VDSU FFFF

BARRATT DEV PLC qf MISYS

SDVW FFFF

qf e

PHH FFFF WOOLWICH PLC p

FFFF FFFF

PWDWP FFFF

VIOHALCO q SITA /RM QDHT FFFF xy IDVW FFFF

BEAZER GROUP qf NERA ASA

± HDHT

f PSTDSV IPDTW FFFF

e DJ E STOXX FINS P i C FFFF FFFF

PVDPR HDII

VOEST-ALPINE ST e e SKF -A- IDUP FFFF xy PWDIQ FFFF BENETTON GROUP s NETCOM ASA

i IQDRU FFFF

± HDIU

f ITIDVV SKF -B- e DJ E STOXX BASI P ± IHDIT FFFF ps UUDV SHDTH BERKELEY GROUP qf NOKIA -A-

PUDRS HDRW

SOPHUS BEREND - hu e TDWP FFFF ps ISUDS FFFF

BRITISH AIRWAYS qf NOKIA -K-

e e C

IVDS HDPU

ALIMENTATION ET BOISSON STORK NV xv CODES PAYS ZONE EURO IDWS FFFF qf UDWT FFFF BRYANT GROUP PL qf NYCOMED AMERSHA

THPDRS IDHQ

CHIMIE e SULZER FRAT.SA1 gr e FR : France - DE : Allemagne - ES : Espagne ± SH FFFF qf TDWP FFFF xv PRDWS HDTH CHARGEURS RM p ALLIED DOMECQ OCE

ISDRQ FFFF e i e IT : Italie - PT : Portugal - IR : Irlande SVEDALA C IPDHV FFFF p VTDS FFFF qf TDPP FFFF s PDWS PDHV AGA -A- i CLUB MED. /RM ASSOCIATE BRIT OLIVETTI

LU : Luxembourg - NL : Pays-Bas - AT : Autriche hu WTVUDRS FFFF IPDHV FFFF qf HDTR FFFF qf IPDRP FFFF qf RDHW FFFF AGA -B- i COATS VIYELLA BASS SVENDBORG -A- ROLLS ROYCE

FI : Finlande - BE : Belgique.

TDIW FFFF e e qf e C IQUDW FFFF qf IIDST FFFF e RHDVW HDIS p SHV FFFF AIR LIQUIDE /RM p COMPASS GRP BBAG OE BRAU-BE T.I.GROUP PLC SAGEM

QVDTR FFFF e e xy e FFFF FFFF qf PDSH FFFF p QRVDI FFFF hi PSH FFFF

AKZO NOBEL xv COURTAULDS TEXT BONGRAIN /RM TOMRA SYSTEMS SAP AG CODESPAYSHORSZONEEURO

e e e ± e C C e TW HDSH ± QVDU HDUV hi PIDT HDPQ e RVDHI HDQI hi PVS FFFF

BASF AG hi DT.LUFTHANSA N BRAU-UNION VA TECHNOLOGIE SAP VZ CH : Suisse - NO : Norve`ge - DK : Danemark

e e C ps IHDPP FFFF QUDU HDIQ i IWDIP FFFF qf IQDPS FFFF qf IHDSI FFFF

BAYER AG hi ELECTROLUX -B- CADBURY SCHWEPP VALMET SEMA GROUP GB : Grande-Bretagne - GR : Gre`ce - SE : Sue`de.

e C C ± IQDUQ FFFF qf UDHV FFFF hu QU IDUW QQWDVP HDUQ hi TQ HDTR BOC GROUP PLC qf EMI GROUP CARLSBERG -B- f DJ E STOXX IND GO P SIEMENS AG LeMonde Job: WMQ1304--0025-0 WAS LMQ1304-25 Op.: XX Rev.: 12-04-99 T.: 11:13 S.: 111,06-Cmp.:12,11, Base : LMQPAG 49Fap:100 No:0407 Lcp: 700 CMYK

FINANCES ET MARCHÉS I LE MONDE / MARDI 13 AVRIL 1999 / 25

C C ± ± ± RUDPU QIHDHU HDUV HDHP TR TR RIWDVI FFFF PDVH PHH IWWDIH IQHTDHI HDRS IHDVQ BIC...... RTDWH GROUPE PARTOUCHE ... S.I.T.A ......

C C ± ± ± VS SSUDST FFFF UDPS IQP IQH VSPDUR IDSI IQDUQ IIDQV IIDPS UQDVH IDIR VDWH BIS...... VS GUILBERT...... SKIS ROSSIGNOL......

C C C C ± ± USDQS RWRDPT HDPT UDRI RHH RHU PTTWDUR IDUS TDSR ITUDQH ITT IHVVDVW HDUU PHDPV B.N.P...... USDSS GUYENNE GASCOGNE... SOCIETE GENERALE......

C C C ± ± ± ITUDWH IIHIDQS IDHV QDRS PIS PQQ ISPVDQV VDQU ISDVH IPPDTH IPPDSH VHQDSS HDHV VDSI VALEURS FRANC¸AISES BOLLORE ...... ITTDIH HACHETTE FILI.ME...... SOC.FONC.LYON.# ......

C C C C ± ± QSH PPWSDVS HDSR VDIT IVPDSH IVRDQH IPHVDWQ HDWV PWDQQ IRSDPH IRVDRH WUQDRR PDPH PPDIR BONGRAIN ...... QRVDIH HAVAS ADVERTISIN ...... SODEXHO ALLIANCE......

C C ± ± ± PQT ISRVDHT HDRP QRDQW IIIDWH IIH UPIDSS IDTW PVDVV UIDSH UIDSH RTWDHI FFFF TDIT BOUYGUES ...... PQU IMETAL ...... SOGEPARC (FIN) ......

C C C C

± PUDUS IVPDHQ FFFF RIDPP ISDVS IT IHRDWS HDWR ISDWT PRDWS PSDSH ITUDPU PDPH IHDTU b L’action Alstom chutait de 2,51 %, à 26,81 euros, lun- BOUYGUES OFFS...... PUDUS IMMEUBLES DE FCE ...... SOMMER-ALLIBERT......

C ± ± ± ± ±

SDSV QTDTH HDVV IPDTU TWDIH TTDSH RQTDPI QDUT IUDWH QSDIH QS PPWDSV HDPV QDQR

di 12 avril, en début de séance. Pourtant, de nombreux BULL#...... SDTQ INFOGRAMES ENTER .... SOPHIA ......

C C C ± ± ± PVPDSH IVSQDHV HDVU PIDSH PHDWT PHDUU IQTDPR HDWH ISDWR SSDIH STDVS QUPDWI QDIU IIDUW CANAL + ...... PVS INGENICO ...... SPIR COMMUNIC. # ......

C C C bureaux d’études, parmi lesquels Salomon Smith Bar- C ± ± ITIDSH IHSWDQU HDRQ IVDIR PPDHT PPDIH IRRDWU HDIV HDRS VIDSH VIDWH SQUDPQ HDRW QPDTQ CAP GEMINI ...... ITPDPH INTERBAIL...... STRAFOR FACOM......

C C C ± RSDRP PWUDWR FFFF IPDRP PVH PVHDIH IVQUDQR HDHQ PDUI IUPDTH IUPDTH IIQPDIV FFFF IDQU

ney, Schroder, CPR Finance et Merrill Lynch, ont relevé CARBONE LORRAINE..... RSDRP INTERTECHNIQUE...... SUEZ LYON.DES EA ......

C C C C

± ± UPS RUSSDTW HDPU IPDUS THDSH THDTH QWUDSI HDIT HDRI IWVDPH IWWDSH IQHVDTQ HDTS IHDTR

leur opinion sur le titre. CARREFOUR ...... UPU ISIS ...... SYNTHELABO ......

C C ± ± ± ± VVDRH SUWDVU HDTI HDQW VU VTDVH STWDQU HDPP VDTQ WUDWH WU TQTDPV HDWI PHDWR CASINO GUICHARD ...... VVDWS JEAN LEFEBVRE ...... TECHNIP......

C C ± ± SRDUS QSWDIR HDQT FFFF VU VU SUHDTV FFFF HDII PUDVH PV IVQDTU HDUI PQDRU b A l’ouverture du marché lundi, la valeur Bic se re- CASINO GUICH.ADP ...... SRDWS KLEPIERRE...... THOMSON-CSF......

C C C C C ± PHPDQH IQPU IDPP RDHT IWR IWSDRH IPVIDUR HDUP UDRP III IIIDTH UQPDHS HDSR PWDQI

dressait légèrement de 1,28 %, à 47,5 euros, après avoir CASTORAMA DUB.(L...... PHRDVH LABINAL...... TOTAL ......

C C

± ± ± ±

VSDIH SSVDPP IDHR UDSV WH VWDPS SVSDRR HDVQ IHDPS IPI IPHDRH UVWDUU HDRW QDHS

perdu 6,2 %, à 46,9 euros, vendredi 9 avril. La dévalua- C.C.F...... VT LAFARGE...... UNIBAIL ......

C C C ± ± ± IRU WTRDPT HDTV SDQR QHDQH QHDVH PHPDHQ IDTS IRDWR IIH IIHDQH UPQDSP HDPU PDRU CEGID (LY) ...... IRT LAGARDERE...... UNION ASSUR.FDAL ......

C C C C C ± TDVR RRDVU HDSV IDQQ TPDHS TPDVH RIIDWR IDPH QDPH IQDTV IQDTH VWDPI HDSV RQDUT tion du real brésilien a pesé sur les ventes du groupe au CERUS...... TDVH LAPEYRE ...... USINOR......

C C C C

± RW QPIDRP IDRR RDQT RP RIDVS PURDSP HDQS IPDIH UTDSH UTDSH SHIDVI FFFF IQDWP

premier trimestre 1999. Son chiffre d’affaires s’est ins- CGIP ...... RVDQH LEBON (CIE)...... VALEO ......

C C ± ± ± SH QPUDWV FFFF TDIQ PHRDTH IWVDWH IQHRDUH PDUV IIDWI PVDUT PWDIH IWHDVV IDIV IPDRP

crit en baisse de 6 %, à 273 millions d’euros par rapport CHARGEURS...... SH LEGRAND ...... VALLOUREC......

C ± ± ± ± ± QW PSSDVP HDSI RRDIP IISDVH IISDSH USUDTQ HDPS IRDVV PVDQS PVDPS IVSDQI HDQS QDSV CHRISTIAN DALLOZ ...... QVDVH LEGRAND ADP ...... VIA BANQUE ......

C C

± ± ± ± IIRDPH URWDIH HDSP PIDPQ QVDVU QVDPV PSIDIH IDSI VDQQ PQWDPH PQU ISSRDTP HDWI UDIW au premier trimestre 1998. CHRISTIAN DIOR ...... IIRDVH LEGRIS INDUST...... VIVENDI ......

C C C

± ± ± UVDTS SISDWI HDIP IHDTW IPI IPIDSH UWTDWW HDRI HDWU IPDVV IPDVP VRDHW HDRT RDRU

b L’action Canal Plus se négociait en hausse de 1,37 %, CIC -ACTIONS A...... UVDSS LOCINDUS...... WORMS (EX.SOMEAL .....

C C C C C ± SIDSH QQUDVP Q VDPV TTR TST RQHQDHV IDPH TDRW IVU IWI IPSPDVV PDIQ RDTH CIMENTS FRANCAIS ...... SH L’OREAL ...... ZODIAC EX.DT DIV ......

C C ± à 288,9 euros lundi en début de matinée. Le titre avait ± UTDSH SHIDVI QDTS PSDQH PQTDIH PQRDTH ISQVDVV HDTQ QWDIR CLARINS ...... UWDRH LVMH MOET HEN......

C C ± ± VUDRH SUQDQI IDHR IRDIU ITPDIH ITHDIH IHSHDIW IDPQ RDSQ

déjà enregistré un gain de 4,20 %, à 285 euros, vendredi CLUB MEDITERRANE .... VTDSH MARINE WENDEL ......

C C ± ±

PQDTU ISSDPU HDUS VDSU RDQV RDRH PVDVT HDRS PS

9 avril, suite aux informations parues dans le Financial CNP ASSURANCES ...... PQDVS METALEUROP ......

C C C ± TQDVH RIVDSH HDIS IHDQV RRDRW RRDSH PWIDWH HDHP QHDTI COFLEXIP...... TQDWH MICHELIN......

C C ± ± IUR IIRIDQU PDUU PDWS QPDUS QQDIT PIUDSP IDPS SDRI Times selon lesquelles le groupe français aurait fait une COLAS ...... ITWDQH MONTUPET SA......

C C ± ± PDIS IRDIH IDRI IHDVP IHDSW IHDRU TVDTV IDIQ PHDIQ

offre d’environ 110 millions de dollars pour racheter les COMPTOIR ENTREP...... PDIP MOULINEX ......

C C ±

RIDSH PUPDPP HDUP SDSI SI SI QQRDSR FFFF UDIH

abonnés du bouquet satellite italien Stream auprès de CPR ...... RIDPH NATEXIS......

C C ± % Var. ISDQH IHHDQT IDTH IVDTH IRDUW IRDVS WUDRI HDRH FFFF

CRED.FON.FRANCE ...... ISDSS NEOPOST...... Pre´ce´dent Cours Cours % Var.

31/12 C C International ± ± f QIDUW PHVDSQ HDIP IPDPH PSDSI PTDIH IUIDPH PDQI IQDSI

Telecom Italia. CFF.(FERRAILLES) ...... QIDUS NORBERT DENTRES...... en ¤uros en ¤uros en francs veille

(1)

C C ± ±

QVDQH PSIDPQ HDIQ IWDHS PTDTV PTDPH IUIDVT IDUW IRDST

b La valeur CCF restait relativement stable, à 85,95 eu- CREDIT LYONNAIS...... QVDQS NORD-EST......

C C C ± ± STDVH QUPDSV HDQS WDIP UQDSS UQDSS RVPDRT FFFF HDRU IIUDIH IIUDSH UUHDUS HDQR QSDPI CS SIGNAUX(CSEE)...... SU NORDON (NY)...... AMERICAN EXPRESS......

C C C ros (− 0,06 %), lundi matin, après les déclarations dans C ± ± TT RQPDWQ HDTH WDSV IUR IVH IIVHDUP QDRR IVDII UVDSH UV SIIDTS HDTQ IVDPU DAMART ...... TSDTH NRJ # ...... A.T.T. #......

C C C ± ± ±

PQHDVH ISIQDWS HDST SDQU VDIH V SPDRV IDPQ UDQV ISDSH ISDTT IHPDUP IDHQ SDWR le Journal des Finances du président de la banque fran- DANONE...... PPWDSH OLIPAR...... BARRICK GOLD #......

C C C C

± IQVDSH WHVDSH HDQT PHDQI WUDQS WUDUH TRHDVU HDQS QIDWQ PTDPT FFFF FFFF FFFF HDIS

çaise, Charles de Croisset, indiquant que le CCF, doté DASSAULT-AVIATIO ...... IQV PARIBAS...... CROWN CORK ORD.#.....

C C ± ± ± ± QU PRPDUH QDTR UDTI PQQDIH PQQ ISPVDQV HDHR PDHI IWDWS PHDHR IQIDRS HDRS VHDHS DASSAULT SYSTEME...... QVDRH PATHE...... DE BEERS # ......

C C C C ± RS PWSDIV IDVH HDHT QRDSH QRDSH PPTDQI FFFF PRDHI SRDSH SR QSRDPP HDWI ISDQV de 5 milliards de francs de cash, examinait plusieurs ac- DE DIETRICH...... RRDPH PECHINEY ACT ORD ...... DU PONT NEMOURS.....

C C C ± ± ± URDVH RWHDTT HDPT QSDTV SVDSH STDIH QTUDWW RDIH IDQS SSDUS STDHS QTUDTT HDSQ VDWR

quisitions. DEVEAUX(LY)# ...... US PERNOD-RICARD...... FORD MOTOR # ......

C C C ± ± FFFF FFFF FFFF QDIV IRUDVH IRTDQH WSWDTU IDHI IHDWI IHR IHQDIH TUTDPW HDVT IUDRP DEV.R.N-P.CAL LI...... IHDUH PEUGEOT...... GENERAL ELECT. #......

C C ± ± ± ± IPVDWH VRSDSQ HDQI IDVP ITHDTH ISWDQH IHRRDWR HDVH PDIR VIDHS UWDPS SIWDVS PDPP PWDPV DEXIA FRANCE ...... IPVDSH PINAULT-PRINT.RE...... GENERAL MOTORS # .....

C ± ± ± ± TDHP QWDRW FFFF QWDQI US URDWH RWIDQI HDIQ VDIS UDIS UDHW RTDSI HDVQ QVDUR DMC (DOLLFUS MI)...... TDHP PLASTIC OMN.(LY) ...... HITACHI #......

C C

± ± ± PSDUH ITVDSV FFFF SDSH TWDRS TW RSPDTI HDTR IRDTH IUQDSH ITTDPH IHWHDPH RDPH SDHS

RE`GLEMENT MENSUEL DYNACTION...... PSDUH PRIMAGAZ...... I.B.M # ......

C C C ± ± ±

WTDPH TQIDHQ HDRT ISDUT TQR TPTDSH RIHWDSU IDIV IDIP TPDWS TIDVS RHSDUI IDUR IHDUR

______ECIA...... WSDUS PROMODES...... ITO YOKADO #......

C C C ± ± ± THDIH QWRDPQ HDSV IIDHP ISQ ISPDSH IHHHDQQ HDQP HDHT IVDWR IV IIVDHU RDWT PRDWI EIFFAGE ...... SWDUS PUBLICIS #...... MATSUSHITA #......

C C C ± ± ± IPR VIQDQW HDHV PSDVV IT ITDHI IHSDHP HDHT RDWV RQDQR RIDUH PUQDSQ QDUV PVDIV ELF AQUITAINE ...... IPRDIH REMY COINTREAU...... MC DONALD’S #......

v xhs IP esv Cours releve´sa` 10 h 15

C C C C ± ± QRDIH PPQDTV HDSV QQDPH QQDUH QQDUT PPIDRS HDIU IIDUT UTDIH UTDRH SHIDIS HDQW PHDHQ ERAMET ...... QRDQH RENAULT ...... MERCK AND CO # ......

C C C ± ± ±

IQRDUH VVQDSU HDPW VDTI UPDUH UQDWH RVRDUS IDTS VDUH TDWQ TDUS RRDPV PDSW RIDVH ERIDANIA BEGHIN...... IQRDQH REXEL...... MITSUBISHI CORP...... viquidtion X PQ vril

C C C ± ± ± QIS PHTTDPT IDPS TDHV IRDSH IRDQH WQDVH IDQU IHDQQ VTDVS VTDHS STRDRS HDWP IQDPP ESSILOR INTL ...... QIIDIH RHODIA ...... MOBIL CORPORAT.#......

C ± ± ± ± PWS IWQSDHU FFFF HDUU RQDIH RPDSP PUVDWI IDQR QDHI IIWDSH IIV UURDHQ IDPS PWDHQ ESSILOR INTL.ADP...... PWS RHONE POULENC A...... MORGAN J.P. # ......

C ± ± ± ± UP RUPDPW IDQT HDQR WW IHP TTWDHV QDHQ PDPW IPDVQ FFFF FFFF FFFF QDHP ESSO...... UQ ROCHEFORTAISE CO ..... NIPP. MEATPACKER......

C C C ± ± % Var. ± RRQ PWHSDVW IDVQ PIDRS PDRQ PDRW ITDQQ PDRT HDRH QPDPR QPDII PIHDTQ HDRH PWDTR

Pre´ce´dent Cours Cours % Var. EURAFRANCE...... RQS ROCHETTE (LA) ...... PHILIP MORRIS # ......

31/12 C C France C ± ± f ± IDPP V HDVP IHDWH SI SHDUH QQPDSU HDSV RDWT WQDTH WQ TIHDHR HDTR IUDHS

en ¤uros en ¤uros en francs veille EURO DISNEY...... IDPI ROYAL CANIN...... PROCTER GAMBLE ......

(1)

C C ± ± FFFF FFFF FFFF IQDIP IHIH WWW TSSQDHI IDHV QDTV IUDSH FFFF FFFF FFFF QDVR EUROPE 1...... PPS RUE IMPERIALE (L...... SEGA ENTERPRISES ......

C C C C ± ± ISH WVQDWR FFFF IDTH IDRR IDRU WDTR PDHV QTDII QUDSH QUDSH PRSDWV FFFF UDRI SR SQDSH QSHDWR HDWP QSDIT B.N.P. (T.P)...... ISH EUROTUNNEL...... SADE (NY) ...... SCHLUMBERGER #......

C C ± ± ± ± ± ± IRPDIH WQPDII HDHU IDVU IHHDVH IHH TSSDWT HDUW IDRU SHV SHI QPVTDQR IDQU IIDIU WRDUS WP THQDRV PDWH SHDRR CR.LYONNAIS(TP) ...... IRPDPH FIMALAC SA...... SAGEM SA...... SONY CORP. #......

C C C ± ± ± RHW PTVPDVT IDTS IDWR IWDPR IWDTH IPVDSU IDVU WDVT ISHDSH IRWDSH WVHDTT HDTT PRDPU RENAULT (T.P.)...... RISDWH FINEXTEL...... SAINT-GOBAIN......

C C C ± ± IVPDSH IIWUDIP FFFF HDTS TR TRDVH RPSDHT IDPS UDQT UQDVH UR RVSDRI HDPU QDWQ SAINT GOBAIN(T.P...... IVPDSH FIVES-LILLE...... SALVEPAR (NY) ......

C C C

± ± FFFF FFFF FFFF QDWU VIDQH VHDUS SPWDTW HDTU IWDPU ISTDQH ISSDPH IHIVDHS HDUH IHDTP

THOMSON S.A (T.P ...... IRW FRANCE TELECOM...... SANOFI ...... ABRE´VIATIONS

C ± ± PPH IRRQDII FFFF IWDPR TSI TSI RPUHDPV FFFF RDVW RVDTH RVDTH QIVDVH FFFF IVDHR

ACCOR ...... PPH FROMAGERIES BEL...... SAUPIQUET (NS) ......

B = Bordeaux; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille; Ny = Nancy; Ns = Nantes.

C C ± ± ± ± SHDTH QQIDWI HDUV HDSV IISH IIRH URUUDWI HDVT PRDTS SR SPDSH QRRDQV PDUU IDSR AGF ...... SI GALERIES LAFAYET ...... SCHNEIDER SA......

C C

± ± ± ± ITDSI IHVDQH IDSS IVDPT UT USDSH RWSDPS HDTS TDPT RWDVH RWDUS QPTDQR HDIH IIDUI AIR FRANCE GPE N ...... ITDUU GASCOGNE...... SCOR...... SYMBOLES

C C ± ± ± IQV WHSDPP HDHU IIDUH TH SWDSH QWHDPW HDVQ PDTU TRDQH TRDQH RPIDUV FFFF WDQH

AIR LIQUIDE ...... IQUDWH GAUMONT #...... S.E.B...... 1 ou 2 = cate´gories de cotation - sans indication cate´gorie 3 ; a coupon

C C C ± ± ± IIRDUH USPDQV HDVT WDWU RIDSH RIDQH PUHDWI HDRV VDUV TPDSH TQ RIQDPS HDVH RDTS

ALCATEL ...... IISDUH GAZ ET EAUX ...... SEFIMEG CA...... de´tache´; b droit de´tache´; # contrat d’animation ; o = offert ;

C C ± ± ± ± PTDVS IUTDIP PDQT QRDRS IHP IHI TTPDSP HDWV HDQW TIDIS TH QWQDSU IDVV IPDRT

ALSTOM...... PUDSH GECINA...... SEITA...... d = demande´; x offre re´duite ; y demande re´duite ; d cours pre´ce´dent.

C C C ± ± ±

PPT IRVPDRT HDRR WDWU QRDQH QRDWS PPWDPT IDVW PWDTH IHDTU IHDTS TWDVT HDIV Q

ALTRAN TECHNO. #...... PPS GEOPHYSIQUE ...... SELECTIBANQUE...... `

C ± ± ± DERNIERE COLONNE RM (1) : VUDVS SUTDPT FFFF IQDUR PSDVW PSDVW ITWDVQ FFFF PIDQP QU QTDWV PRPDSU HDHS SHDPW ATOS CA...... VUDVS GRANDVISION ...... SFIM......

C C C ± ± ± IPW VRTDIV HDPQ RDRS IPU IPQDIH VHUDRV QDHU IUDHI RRDIH RQDVH PVUDQI HDTV WDTT AXA...... IPWDQH GROUPE ANDRE S.A ...... SGE...... Lundi date´ mardi : % variation 31/12 ; Mardi date´ mercredi : montant du

C C C C ± ± IPSDWH VPSDVS HDUP IDRS IVDVH IWDHU IPSDHW IDRQ V UQDHS UPDVH RUUDSR HDQR HDUT BAIL INVESTIS...... IPS GR.ZANNIER (LY) ...... SIDEL...... coupon en euros ; Mercredi date´ jeudi : paiement dernier coupon ;

C C C ± ± ± IHHDUH TTHDSS IDIH ISDQH VVDTS VVDWH SVQDIS HDPV HDST ISW ISSDUH IHPIDQQ PDHU IDUH BAZAR HOT. VILLE ...... WWDTH GROUPE GTM ...... SILIC CA ...... Jeudi date´ vendredi : compensation ; Vendredi date´ samedi : nominal.

C C ± ± SQDSH QSHDWR FFFF UDTU RQ FFFF FFFF FFFF IPDTU VHDPS VI SQIDQQ HDWQ RDUV BERTRAND FAURE...... SQDSH GPE VALFOND ACT...... SIMCO......

C C ± QRRDQV HDWR STDVH QUPDSV FFFF ISPDVH IHHPDQH HDSP IIDPW URDHT PDTQ GUILLEMOT #...... SPDSH CRCAM TOUR.P....d M6-METROPOLE.. COFIDUR #......

C PDHQ QDQQ RR PVVDTP FFFF PDIH IQDUV FFFF QQDTH PPHDRH FFFF GUYANOR ACTI .... HDQI CROMETAL...... d MEDASYS DIGI .... CORA INDUSTR....d

SECOND C ± SQUDVV HDSR FFFF FFFF FFFF IPV VQWDTP IDSV IQH VSPDUR FFFF NOUVEAU HF COMPANY...... VP DAPTA-MALLIN.... MANITOU # ...... DELACHAUX S...... d

C ± QSUDVP QDQI ST QTUDQR IDUS RS PWSDIV FFFF QQ PITDRU FFFF SRDSS ______d HIGH CO...... GROUPE J.C.D ...... MANUTAN...... DELMON INDUS ..

C ± ±

PTWDWW VDSQ URDIS RVTDQW I WSDWS TPWDQW FFFF IVDSH IPIDQS HDPU

´ HOLOGRAM IND .. RIDIT ´ DAUPHIN OTA ..... MARC ORIAN...... d DIGIGRAM #...... ± PSDSV FFFF QWDVH PTIDHU FFFF RT QHIDUR IDWI RWDUH QPTDHI FFFF

MARCHE IGE + XAO...... QDWH MARCHE DECAN GROUPE... MARIONNAUD P . DISTRIBORG G.....

± ± QSDRP FFFF SP QRIDIH HDIW PTDHI IUHDTI QDTT RQDWH PVUDWU FFFF ILOG # ...... SDRH DU PAREIL AU...... MECATHERM #.... EMIN-LEYDIER.....

C ± ± ISDRI RDHV QQ PITDRU FFFF QQDWH PPPDQU IDUQ PV IVQDTU PDIV

IMECOM GROUP .. PDQS EXPAND S.A...... MGI COUTIER...... FLAMMARION S...

ixhihs W esv

v xhs IP esv

C ± IITDRQ IDQQ WIDUS THIDVR IDUU IPP VHHDPU FFFF WDIH SWDTW FFFF INFONIE...... IUDUS L ENTREPRISE...... MICHEL THIER .... GRAVOGRAPH...... d

C C

± IRWDST HDRR QRDTH PPTDWT HDPV WDWW TSDSQ HDIH PHDVS IQTDUU FFFF

INFOTEL #...... PPDVH ETAM DEVELOP.... NAF-NAF #...... GPE GUILLIN ......

Â letionF

ne se Cours releve´sa` 17 h 35 Une se´lection. Cours releve´sa` 10 h 15

± ± ± IPRDTQ RDHR VRDTH SSRDWR HDRU PQR ISQRDWR PDSH IUDQH IIQDRV FFFF LEXIBOOK #...... IW EUROPEENNE C ... PENAUILLE PO..... JEANJEAN # ...... d

C C C ± RVDVU HDTT RI PTVDWR HDUQ PQDSH ISRDIS IDUQ QH IWTDUW HDQQ JOLIEZ-REGOL...... UDRS EUROP.EXTINC..... PHYTO-LIERAC .... HBS TECHNOLO ..

Cours Cours % Var. Cours Cours % Var. IDQI FFFF RU QHVDQH FFFF UH RSWDIU FFFF IPW VRTDIV FFFF

JOLIEZ-REGOL...... HDPH EXEL INDUSTR..... POCHET...... d HOT.REG.PARI .....d

Valeurs f en ¤uros en francs veille Valeurs f en ¤uros en francs veille

± ± ± SUDQQ IDUW IRS WSIDIR FFFF TPDVH RIIDWR IDVU WHDWS SWTDSW HDHS LACIE GROUP...... VDUR FACTOREM...... d RADIALL #...... HUREL DUBOIS....

± ± IRQDQQ HDRS IS WVDQW FFFF TQ RIQDPS IDUI IPTDUH VQIDIH FFFF SW QVUDHI FFFF IPIDWH UWWDTI FFFF ADLPARTNER # .... PIDVS MEDIDEP #...... ADA...... FACTOREM NV.....d RALLYE(CATHI ..... IDI...... d

C C C ± IIVDHU IDIV SDWH QVDUH FFFF UUDHS SHSDRI HDTR PHDUH IQSDUV PDRU QSDIW PQHDVQ QDHU PP IRRDQI FFFF AB SOFT...... IV MILLE AMIS #...... d AIGLE # ...... FAIVELEY # ...... REYNOLDS...... IMV TECHNOLO...d

C C C ITPDTV QDII UDWS SPDIS FFFF SV QVHDRT FFFF RDPS PUDVV FFFF PRDIH ISVDHW HDSR PRDUS ITPDQS HDPH ALPHAMEDIA...... PRDVH MONDIAL PECH ... ALGECO #...... FINACOR...... d RUBIS #...... INTER PARFUM....

C ± ± QIDWS IDRS VDSH SSDUT IDIT UIDWS RUIDWT HDHT UQDVS RVRDRP FFFF IIQDSH URRDSI FFFF RT QHIDUR FFFF ALPHA MOS ...... RDVU NATUREX...... APRIL S.A.#( ...... FINATIS(EX.L ...... d SABATE SA # ...... IPO (NS) # ...... d

C C ± ± WVQDWR IDQS SWDRS QVWDWU IDHV SWDWH QWPDWP HDPS ISW IHRPDWU FFFF TP RHTDTW RDTI PIDQV IRHDPR FFFF ALTAMIR & CI...... ISH OLITEC ...... ARKOPHARMA # .. FININFO...... d SEGUIN MOREA... LABO.PHARMYG...d

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26 AUJOURD’HUI LE MONDE / MARDI 13 AVRIL 1999

SPORTS L’équipe de France de (22-36), samedi 10 avril, au Stade de gleterre (21-10), les Français in- d’intelligence tactique d’une équipe pu signer le onzième grand chelem rugby, qui restait sur deux grands France, face à l’Ecosse, lauréate de quiètent à moins de six mois de la à forte tradition de jeu. b L’ANGLE- de leur histoire. b EN 2000, le tournoi chelems d’afﬁlée, termine à la der- l’épreuve grâce à une meilleure dif- Coupe du monde 1999. b DANS SON TERRE, battus, dimanche 11 avril, à des Cinq nations deviendra tournoi nière place du Tournoi des cinq na- férence de points. b DEJA BATTUS ANALYSE pour Le Monde, Jean Trillo Wembley, par le pays de Galles (31- des Six nations à la faveur de l’entrée tions 1999, ayant subi une défaite par le pays de Galles (34-33) et l’An- fustige le manque de combativité et 32), à la dernière minute, n’ont pas en compétition du XV d’Italie. Le XV de France au bord de la crise de nerfs après sa défaite face à l’Ecosse La victoire du XV du Chardon (36-22) consacre le beau rugby de mouvement des Ecossais, qui s’adjugent le dernier Tournoi des cinq nations de l’histoire. L’équipe de France ne parvient pas à surmonter ses étranges déﬁciences et prend la dernière place de la compétition

« RIDICULE. » C’est le mot de la compatriotes ont augmenté leur sur des moments positifs, sur des vic- fin d’Emile Ntamack, l’arrière du avantage d’une seule pénalité de toires, avance le capitaine, Raphaël XV de France. C’est le dernier mot Kenny Logan (52e), avant de sortir Ibanez. Aujourd’hui, on se met dans d’un invraisemblable Tournoi des sous l’ovation, gênée mais sincère, des situations qu’on n’a pas l’habi- cinq nations qui a vu l’équipe de du public parisien. Pour cette der- tude de vivre. » Ces Bleus n’ont plus France plonger, en un mois, dans nière des Cinq Nations, l’ambiance que de maigres certitudes ; ils un abysse de doute et de déraison. du Stade de France renvoyait tentent de « recoller les morceaux » C’est la seule conclusion possible étrangement à l’atmosphère de la en attendant de sortir de leur er- après la consternante prestation der du Parc des Princes, où, en no- rance, mais le moindre grain de des Tricolores, qui ont concédé, sa- vembre 1997, les spectateurs sable fait tout voler en éclats. La medi 10 avril, face à l’Ecosse, leur avaient accordé un triomphe iden- sortie de Richard Dourthe contre le troisième défaite consécutive (22- tique aux Sud-Africains de Nick pays de Galles, celle de Thomas 36) dans le tournoi 1999, son troi- Mallett, bourreaux de cette équipe Castaignède contre l’Ecosse ont sième revers d’affilée au Stade de de France jamais à l’aise au mo- provoqué les mêmes périodes de France, après les rencontres avec ment d’envoyer les génériques de flottement. « On se sent impuissants, l’Australie (21-32) et le pays de fin. on est maladroits, avoue Emile Nta- Galles (33-34). Ridicules furent ensuite les atta- mack. On est incapables d’enchaîner Ridicule fut la défense française, quants français. Avant de sortir sur les actions. Quand ce n’est pas à qui, pendant une demi-heure, offrit blessure (entorse du genou), dès la cause de la discipline, c’est la tech- aux trois-quarts écossais toute la 2e minute, Thomas Castaignède nique qui faillit. » Et quand elle place nécessaire, et même davan- avait pourtant démontré qu’il y au- s’abandonne, cette équipe ne fait tage, pour aller inscrire cinq essais rait des intervalles à prendre, cet malheureusement pas les choses à au pied des poteaux, par Martin après-midi-là, dans la défense écos- moitié : c’est la débandade. Leslie (9e, 27e), Alan Tait (11e, 23e) et saise. La France termine à la toute der- Greg Townsend (14e). Point de pla- nière place du Tournoi des cinq na- cages des troisième ligne, point de UN RUGBY JUBILATOIRE tions, comme en 1969 : c’était déjà résistance du côté des centres, des D’une formidable accélération, il au lendemain d’un grand chelem, réactions naïves à la moindre avait envoyé à l’essai Emile Nta- mais en 1999, à quelques mois de la feinte : pourquoi s’embarrasser de mack, puissant, opportuniste. Plus Coupe du monde, ce coup de blues mouvements compliqués, devaient tard, après un essai de Christophe laisse perplexe. Pour dédramatiser se dire les Glenn Metcalfe, Greg Juillet (21e) sur une mêlée à la situation, les Français lorgnent Townsend et autres Alan Tait, tout 2 mètres de la ligne écossaise, REUTERS volontiers vers le parcours des surpris de traverser le premier ri- c’était au tour de Christophe Do- Malgré les efforts d’Emile Ntamack, le Quinze de France a subit le jeu brillant des Ecossais Bleus d’Aimé Jacquet, oubliant au deau et le reste de la défense fran- minici de percer jusque dans l’en- passage que, s’ils n’enthousias- çaise plein champ, « comme dans but adverse (29e). Mais ensuite, que appuis solides et soutien per- lippe Carbonneau, lui aussi blessé Après deux grands chelems, le XV maient pas les foules, ces Bleus-là du beurre ». Cinq essais écossais de précipitations, que d’erreurs de manent. Un rugby jubilatoire, au- au genou, « tomber » un ballon de France avait connu un automne avaient toujours dégagé une im- entre la 9e et la 27e minutes: du ja- débutants ! Gagnés par la panique, quel les Français n’ont pu résister. tout seul, en voulant jouer rapide- mitigé – une victoire sur l’Argen- mense force morale et perdaient mais-vu, ni à Paris ni à Murrayfield. guettés par le spectre d’une nou- On a vu, côté français, Philippe ment une pénalité. « Cela ne m’était tine et une défaite assez encoura- fort peu de matches. Le rugby tri- « Incroyable ! », s’esclaffait Gavin velle déculottée, les coéquipiers de Carbonneau obligé de contourner pas arrivé depuis que je jouais en mi- geante contre l’Australie –, puis colore a moins de six mois pour Hastings à la mi-temps. Raphaël Ibanez ont encore bre- un de ses partenaires pour essayer nimes », confessera-t-il, penaud. l’hiver avait débuté par un net suc- soigner sa déprime ; moins de six L’ancien arrière du XV d’Ecosse, douillé un jeu incohérent. de relancer le jeu. On a vu, après L’équipe de France de Jean- cès en Italie et par une belle dé- mois pour donner raison à John aujourd’hui consultant à la BBC, Rétifs au magistral cours de rug- plusieurs temps de jeu, le pilier Claude Skrela et Pierre Villepreux monstration de courage en Irlande. Telfer, l’entraîneur écossais, qui af- avait rapidement fait ses comptes : by simple et efficace des Ecossais, Franck Tournaire hériter d’un bal- est au bord de la crise de nerfs. De- Pas de quoi déprimer ! Et pourtant, firmait, samedi, que ses joueurs son pays n’avait jamais marqué au- ils se sont souvent enferrés, tête lon en position d’ailier, et ne pas puis le début de la saison interna- tout s’est effondré en une mi- n’avaient pas eu affaire à une tant de points (33) face à la France, baissée et « qui m’aime me suive », savoir quoi en faire. On a vu le de- tionale, elle vit dans la fébrilité, temps face au pays de Galles, le équipe de France « normale ». et il restait 40 minutes à jouer. Elle quand leurs adversaires s’ingé- mi de mêlée parisien Chritophe plongée dans une étonnante dé- 6 mars. furent beaucoup plus calmes. Ses niaient à jouer debout, tête haute, Laussucq, rentré à la place de Phi- prime que rien ne justifie vraiment. « Ce groupe avait toujours vécu Eric Collier

Fin de saison compromise pour Philippe Carbonneau et Thomas Castaignède L’Angleterre échoue, à Londres, aux portes du grand chelem LONDRES l’attente de l’achèvement des travaux du Millenium pénalités transformées (6 pour Neil Jenkins côté Le demi de mêlée de l’équipe de France et de Brive, Philippe Car- de notre envoyé spécial stadium de Cardiff, sert depuis deux saisons Gallois et 4 pour Jonny Wilkinson côté Anglais), les bonneau, a quitté la pelouse du Stade de France juste avant la mi- Les chœurs gallois n’ont pas que de la voix : ils d’antre galloise, on aurait pu croire l’espace de hommes de Lawrence Dallaglio et de Rob Howley, temps, samedi 10 avril, victime d’une entorse au genou qui pourrait ont aussi de l’oreille et chantent a capella sans ja- deux heures que l’âme de l’Arms park s’était réin- les deux capitaines, ont rappelé à ceux du Français l’éloigner des terrains pendant six mois et donc compromettre sa mais perdre ni le rythme, ni la mesure. En ces carnée dans ce quartier du nord de Londres, tandis Raphaël Ibanez que le rugby n’est pas seulement participation à la Coupe du monde, disputée en octobre-novembre. périodes troublées où la planète rugby se cherche que ressurgissaient les folles envolées du rugby gal- un jeu de balle. C’est aussi un sport de combat et Thomas Castaignède, sorti dès la 2e minute, également à cause un nord, eux savent, dans les grands moments, lois des années 70. d’engagement physique, un jeu de conquête du d’une entorse au genou, devrait être rétabli dans six ou sept se- puiser au souvenir de leurs ancêtres, de quoi ragail- ballon et d’occupation de terrain où la complexité maines, trop tard pour le Top 16 (la phase finale du championnat de lardir quinze bonshommes. Comme pour célébrer L’HEURE DE LA RENAISSANCE des règles n’interdit pas la simplicité des gestes. France), qu’il dispute actuellement avec son club de Castres. Ces un événement – le dernier match du tournoi à cinq En guise d’ultime salut, de dernier coup de cha- Peut-être est-ce cette simplicité que Graham deux blessures viennent s’ajouter à la longue liste d’internationaux nations –, ils avaient convoqué, dimanche 11 avril, peau à ce bon vieux Five Nations Championship, qui Henry, l’entraîneur néo-zélandais du XV du pays blessés cette année. Selon Jean-Claude Skrela, onze joueurs titu- sur le gazon ardent de Wembley, l’esprit de ce rug- deviendra dès le 5 février 2000, avec l’entrée de de Galles, a su réinculquer à ses hommes. Au fil laires l’année dernière manquaient à la fin du match contre by monté du fond de leurs mines centenaires et l’Italie, le Six Nations Championship, Gallois et An- des semaines, ceux-là sont parvenus à retrouver l’Ecosse. aujourd’hui fermées. glais ont offert un spectacle comme ce sport nous confiance et efficacité. Au cours des dernières an- C’est là, dans ce pays de vertes vallées noircies en a rarement proposé ces derniers mois dans l’hé- nées, ils avaient pourtant touché le fond, hésitant TOURNOI DES CINQ NATIONS par la poussière de charbon, que, le 1er janvier 1910, misphère nord. Au-delà du score serré (32-31) ac- entre débâcle (51-0 contre la France, il y a un an) et naissait le tournoi des Cinq nations. Ce jour-là, quis par les Gallois à la dernière minute sur un es- faillite (96-13 contre les Springboks). Après des dé- FRANCE 22 ÉCOSSE 36 dans le stade de Swansea, les Gallois recevaient la sai du centre Scott Gibbs transformé par buts difficiles – deux défaites contre l’Ecosse et Samedi 10 avril • Stade de France, à St-Denis • Temps ensoleillé • Terrain excellent France, enfin admise par les Lords du vénérable In- l’insatiable buteur Neil Jenkins, privant ainsi les contre l’Irlande – les Neil Jenkins, Rob Howley, • Public enthousiaste • 78 918 spectateurs • Arbitre : M. Thomas (PdG). ternational Board, à participer à l’épreuve reine du Anglais d’une 24e victoire dans le tournoi et d’un Scott Quinnell et autres Shane Howarth ont réussi LES ÉQUIPES « noble game ». Une épreuve sans autre enjeu que onzième grand chelem, les deux équipes ont livré à vaincre les favoris du tournoi. A entendre les FRANCE Entraîneurs : Skrela et Villepreux • Ntamack • Garbajosa ; Giordani celui de la compétition pure et du plaisir de venir à un match d’une époustouflante intensité. Les Gal- chants gallois qui faisaient vibrer les gradins du (Lombard, 63e) ; Comba ; Dominici • Castaignède (Aucagne, 3e) ; Carbonneau (Laussucq, bout de l’adversaire. Du cœur, les Gallois n’en lois débordaient d’énergie et multipliaient les initia- vieux stade de la capitale anglaise, on peut penser 39e) • Labit ; Juillet ; Castel (Benetton, 56e) • Cléda (Auradou, 56e) ; Brouzet • Tournaire ; manquent pas. Et quand ils le mettent à l’ouvrage tives tandis que les Anglais – comble d’hérésie ! – qu’en enterrant le tournoi des Cinq nations les e Ibanez (cap.) ; Califano (Marconnet, 56 ) sur un terrain de rugby, rien, pas même quinze An- allaient jusqu’à jouer des pénalités à la main... Avec « diables rouges » ont également sonné, di- ÉCOSSE Entraîneurs : Telfer • Metcalfe • C. Murray ; Tait ; J. Leslie ; Logan • glais parfaitement organisés et plutôt bien inspirés, cinq essais à inscrire au solde de cette rencontre, manche, pour cette dernière à Wembley, l’heure de

ye Townsend ; Armstrong (cap.) • M. Leslie ; Reid ; Pountney (Walton, 74 ) • Grimes ; S. ne saurait calmer leur ferveur qui leur valut, jadis, trois pour les Anglais (Dan Luger, 3e minute, Steve la renaissance. Murray (Reed, 80e) • Burnell ; Bulloch ; Hilton (Graham, 67e) le surnom de « diables rouges ». Dimanche à Hanley 21e et Richard Hill 40e), et deux pour les LE MATCH y 1re MI-TEMPS Wembley, ce temple du football anglais, qui, dans Gallois (Shane Howarth 47e et Scott Gibbs 87e ), dix

yyy Yves Bordenave ÉCOSSE FRANCE 12ere MI-TEMPS MI-TEMPS

yyPOSSESSION DE LA BALLE TOTAL 47 % 53 % Une affaire de crédibilité 49y % 51 % IL Y A des jours où l’on ne devrait offensives, nous ont fait découvrir reux, des inhibitions ont tétanisé Écosse 1999 (22-36) ajoute à l’imbro-

TEMPS PASSÉy DANS LE CAMP ADVERSE pas vivre. France-Écosse représentait toute l’étendue de leur talent. Partis cette équipe dont la grande carcasse glio. L’encadrement de l’équipe de

y y , , , , 41 min. 05 (21 32 + 19 33) 43 min. 47 (20 58 + 22 49) le match du rachat pour une équipe de leurs 22 mètres, ils ont joué délibé- a sonné creux. La dynamique d’un France remis en cause par ses revers 0 qui avait eu beaucoup de mal à rément le rugby offensif qu’ils avaient groupe est complexe, son alchimie successifs a encore le temps de trou-

yyy 20 donty10 10 NOMBRE D'ACTIONS DANS LES 22 M ADVERSES 26 dont 14 12 vaincre l’Irlande et perdu ses deux choisi. Plus vifs, plus rapides, leur jeu fait une part importante au hasard. ver la solution – un équilibre théra- 19 dont 11 8 ACTIONS OFFENSIVES POSITIVES 27 dont 14 13 s’est développé avec une étonnante Ce groupe très « propre », porteur peutique entre les anxiolytiques yy yyy ANALYSE facilité, d’autant que les Français ont des valeurs de notre rugby, est en avant une bonne dose d’euphori-

10dont 5 5 ACTIONS DÉFENSIVES DÉCISIVES 9 dont y6 3 Il y a des jours où on fait preuve d’une faiblesse défensive train de perdre sa crédibilité. sants – et sauver la situation en vue 83dont 5 BALLES RÉCUPÉRÉES 12 dont 6 6 indigne d’un match international. La performance est liée à l’amal- de la Coupe du monde. En faisant

y aimerait entraîner Avec une promptitude stupéfiante, game de plusieurs facteurs. Com- l’inventaire des possibilités de cette LES POINTS HOMMES DU MATCH l’équipe de France et des Écossais volants nous ont flanqué ment peut-on expliquer la mutation, équipe, en recherchant l’efficacité et FRANCE : 3 essais de Nta- Christophe Dominici, en plein Gregor Townsend a parfaite- mack (2e), Juillet (21e), Domini- naufrage tricolore, s'est distin- ment orchestré le jeu réaliste puis il y en a d’autres... par terre et même mis plus bas que en une saison, des Écossais, et, à l’in- le réalisme, on va surtout s’aperce- ci (28e) ; 2 transformations gué par sa combativité, sa vé- et performant des Écossais, terre. En face d’eux, une lourde pha- verse, la dégringolade des Français ? voir qu’il faudra réapprendre à avan- (21e, 28e) et 1 pénalité d'Auca- locité et sa capacité à donner notamment lors de la pre- lange de laborieux vêtus de blanc Il existe une raison. Il faut absolu- cer. Pour cela, point de recette mi- gne (40e). de la profondeur au jeu. La ful- mière demi-heure. Investi des ÉCOSSE: 5 essais de M. Leslie gurance de ses accéléra- pleins pouvoirs en matière autres rencontres du Tournoi des partait à la chasse aux papillons. ment la déceler pour que survive racle. Il suffit de retrouver les (9e, 27e), Tait (11e, 23e), Town- tions lui a permis de s'infiltrer d'ébauches des offensives, il cinq nations. Il fallait donc sortir de Le XV du chardon, en pleine l’équipe de France. Peu de jeu collec- fondements du jeu, la notion de send (14e) ; 4 transformations dans la défense écossaise, et a marqué un essai et en a of- l’abîme pour vaincre le XV du char- confiance, a libéré systématique- tif, peu de joueurs de niveau inter- combat surtout qui servira toujours (9e, 11e, 14e, 27e) et 1 pénalité d'aplatir dans l'en-but. fert un autre à Martin Leslie. de Logan (52e). don avec la manière. Les Français ont ment, au placage, des ballons qui ont national, pas d’intelligence tactique, de base à un jeu plus flamboyant. Il y LE FAIT DU MATCH En inscrivant cinq essais en moins de PénalitésFAUTES en faveur de réussi d’entrée de jeu, par une percée permis de donner du rythme et d’ou- trop de fautes techniques indivi- a des jours où on aimerait entraîner 30 minutes, les Écossais ont déclenché un festival offensif Pénalités en faveur de la de Thomas Castaignède, à prendre le vrir de grands espaces. Des Écossais duelles, un manque d’enthousiasme l’équipe de France et puis il y en a et prouvé leur fraîcheur physique en plus France : 10 (6+4), dont 1 match en main pour une victoire que de grand vent, l’air léger, limpides et et de fraîcheur physique, un calen- d’autres... tentée (1+0) et 1 transformée de leur talent. En profitant des mal- (1+0). adresses adverses, Martin l’on entrevoyait déjà facile. Cet essai libres, se sont joués de Français confi- drier trop chargé, beaucoup de bles- Pénalités en faveur de Leslie et ses coéqui- flamboyant sera la seule action fran- nés dans un air raréfié. Le rythme et sés, le professionnalisme naissant ou Jean Trillo l'Écosse : 8 (4+4), dont 2 piers ont mis en éviden- çaise dans la tradition. Et les Écossais, l’habileté des adversaires les ont dé- encore la dépression du surmené, la tentées (0+2) et 1 transformée ce les failles de la dé- (0+1). fense française. qui, sur les matches précédents, passés. L’équipe s’est défaite. Les surchauffe, le trop-plein ? Comparer ૽ Jean Trillo, ancien international, Infographie : Le Monde avec Pierre Lepidi avaient laisé entrevoir leurs qualités gestes naturels sont devenus doulou- Écosse-France 1998 (16-51) et France- a été entraîneur du XV de France. LeMonde Job: WMQ1304--0027-0 WAS LMQ1304-27 Op.: XX Rev.: 12-04-99 T.: 10:36 S.: 111,06-Cmp.:12,11, Base : LMQPAG 49Fap:100 No:0409 Lcp: 700 CMYK

AUJOURD’HUI-SPORTS LE MONDE / MARDI 13 AVRIL 1999 / 27 La Coupe L’assiduité de José Maria Olazabal triomphe du Masters d’Augusta de France Le golfeur espagnol a su économiser ses gestes pour dominer ses adversaires, sur l’un des parcours les plus rapides de football fait du monde, dont les organisateurs avaient encore augmenté les difficultés rêver les clubs L’Espagnol José Maria Olazabal s’est imposé 70, 71, 282) et de trois coups l’Australien cours avait été durci par les organisateurs et plus régulier, celui qui a su éviter les fautes pour la deuxième fois lors des Masters d’Au- Greg Norman (71, 68, 71, 73, 283). En tête de- également rallongé de près de 40 mètres. Ce irrémédiables. C’est une belle revanche sur gusta, disputé du 8 au 11 avril. Avec une puis la fin de la deuxième journée, le joueur, sont surtout les greens particulièrement rale sort pour le Basque, victime d’une grave de deuxième carte de 280 (70, 66, 73, 71, – 8), il devance de âgé de trente-trois ans, a résisté aux at- pides et tourmentés qui ont perturbé les blessure au pied qui l’a tenu dix-huit mois deux coups l’Américain Davis Love III (69, 72, taques de ces principaux adversaires. Le par- joueurs. La victoire est revenue au golfeur le éloigné des parcours. division QUAND la balle s’est engouffrée le vice de vous en éloigner. Chaque Américain d’un triple bogey (trois Il fallait un golf plus pépère, plus dernier jour, quand seize joueurs IL EST d’ores et déjà établi dans le dix-huitième trou du par- putt était un saut dans l’inconnu. coups au-dessus du par) qui valait mûri, pour vaincre dans ces Mas- se tenaient encore en cinq coups et qu’un club de deuxième division cours, dimanche 11 avril, Jose Ma- Les greens d’Augusta passent pour d’être médité. Le champion métis ters, celui d’un renard de trente- que la meute hurlait à ses trousses. disputera la finale de la 82e Coupe ria Olazabal a à peine laissé affleu- les plus rapides du monde. Les pro- n’était plus qu’un pauvre hère te- trois ans, par exemple. La carte de L’Américain Davis Love III et l’Aus- de France, le 15 mai, au Stade de rer sa joie. Point de ces sauts de jectiles, mêmes les plus adroits, ri- naillé par la peur de mal faire, Jose Maria Olazabal (70, 66, 73, 71, tralien Greg Norman, ses princi- France. Les quarts de finale, joué cabri excité, de ces plongeons exu- cochaient sur cette carapace et s’en ânonnant ses gammes, moulinant 280, – 8) n’a pour mérite qu’une as- paux adversaires, ont tenté de le du jeudi 8 au dimanche 11 avril, bérants dans les bras de proches, allaient finir leur course dans d’indes coups de club étriqués. Le ta- siduité constante. Le Basque est ce- pousser à la faute. Ils n’ont réussi leur ont sourit. de ces hurlements qui font ressem- hospitalières bordures. « La balle lentueux attaquant s’était joué des lui qui aura commis le moins d’er- qu’à se perdre eux-mêmes. Surtout Sedan, invaincu depuis douze bler les golfeurs à de vulgaires est arrivée comme un papillon atter- difficultés du parcours en 1997, reurs. Il n’a jamais tenté d’outrager Greg Norman qui, après qu’un matches, toutes compétitions footballeurs. Juste une accolade rissant sur la pointe des pieds », di- l’année de sa victoire (18 au-des- le parcours, s’est coulé entre les ra- eagle (deux coups au-dessus du confondues, n’a pas tremblé fraternelle avec son caddie, un sa- sait joliment l’Australien Greg Nor- sous du par, record absolu). Deux vissants massifs d’azalées, de gly- par) l’eut positionné en tête au contre Grand Rouen (CFA2), di- lut de la casquette au public et man pour décrire une de ses plus années plus tard, le parcours l’a racines, de forsythias et de cornouil- trou numéro 13, s’est sabordé sur manche. Victoire nette : 2-0 (Alex l’homme s’est éclipsé pour cacher belles approches. Mais, le plus mené à sa condition d’humain fail- lers. Onze participations et une les deux trous suivants par deux Di Rocco à la 21e et Christophe ses larmes. souvent, la même balle glissait lible et à une dix-huitième place victoire en 1994 aux Masters bogeys successifs (un coup au-des- Borbiconi à la 52e ). Ce succès en- L’Espagnol a pour habitude comme un pet sur une toile cirée. peu en rapport avec sa valeur. l’avaient instruit que ce cadre en- sus du par). jolive une saison qui pourrait bien d’économiser ses gestes. Au golf, L’un après l’autre, les têtes brû- Idem pour son concurrent en tête chanteur était une tromperie. Alors voir les Ardennais, actuels troi- c’est en général une qualité, lées du drive, les kamikazes du put- du classement mondial, son l’impétrant s’est présenté avec « JE SUIS TRÈS, TRÈS FIER DE MOI » sième du championnat de D2, re- puisque la victoire y sourit à celui ting grimpaient sur le bûcher des compatriote David Duval. Son jeu l’humilité d’un pénitent dans « Ollie », comme l’ont surnom- joindre l’élite. qui sait en faire le moins possible. vanités. Premier jour, première vic- flamboyant, mais par trop erra- l’Amen Corner, où les trous 11, 12 mé par commodité les Américains, Après sa victoire (2-0, Johnny Sur le parcours d’Augusta, du 8 au time de marque : Tiger Woods. Un tique, sur le sol miné de Géorgie, et 13 ne pardonnent rien aux mor- continuait, lui, d’usiner son golf Ecker à la 49e et Etienne Mendy, 11 avril, la sobriété était plus encore excès de confiance au trou numéro ne le conduira qu’à une sixième veux. d’honnête homme. Au trou numé- sur penalty, à la 66e ) contre An- la clé de la victoire. Quiconque huit s’est soldé pour le prodige place. Olazabal n’aura pas flanché le ro 16, Davis Love III réussisait un goulême (National), samedi, à Poi- quittait l’ombre des magnolias qui birdie d’anthologie sur une ap- tiers, Nîmes, finaliste malheureux bordent le club-house pour se diri- proche, sa balle effectuant un vien 1996 face à Auxerre (D1) mais ger vers le départ du trou numéro PROFIL celé finalement une excroissance veriano Ballesteros. Ce dernier est rage à angle droit sur la pente ex- autorisé à jouer la Coupe des un s’engageait dans un improbable osseuse qu’il s’est empressé de ra- aussi bouillonnant que son jeune trême du green avant de mourir coupes en raison de la qualifica- voyage intérieur. Il convenait d’être LE RETOUR GAGNANT boter. associé est calme : la paire fonc- dans le trou. Arrivant au même tion des Bourguignons en Ligue sûr de son coup de canne et plus Jusqu’à cette interruption forcée, tionne à merveille. Les victoires in- par 3 avec la partie suivante, le des champions, se prend égale- encore de ses nerfs. Le soixante- José Maria Olazabal revient d’un le golf avait toujours été l’unique dividuelles s’accumulent également Basque obtenait un résultat iden- ment à rêver. troisième Masters devait échoir à long voyage. « Il m’est difficile d’ex- raison de vivre de « Txema », qui le mènent à la consécration en tique avec deux coups sans apparat Pour Le Mans, en revanche, la un homme tranquille. primer ce que je ressens, surtout comme l’appellent ses amis basques 1994 avec un succès au Masters, jus- mais de parfaite facture. performance est inédite. Jamais, le après ce par quoi je suis passé », dé- de Fontarabie, son lieu de rési- qu’à dimanche son seul titre d’un Jose Maria Olazabal est ainsi res- club n’a atteint pareil niveau de- EXCÈS DE CONFIANCE clarait-il, dimanche 11 avril en en- dence. Fils d’un jardinier du golf tournoi du Grand Chelem. En té impavide jusqu’au trou 18. puis sa création, sous sa forme ac- Après trois jours d’une compéti- dossant pour la deuxième fois le royal de San Sebastian, Olazabal a 1995, l’Espagnol n’avait pas encore L’Américain Mark O’Meara, tenant tuelle, en 1972. « C’est l’année ou tion opaque, et à l’orée de ce di- blazer vert du vainqueur. touché un club à deux ans. Il a ga- trente ans mais déjà près de 8 mil- du titre, n’avait plus qu’à lui re- jamais », avait lancé l’entraîneur manche du couronnement, cette Un voyage immobile, cloué dans gné son premier argent en jouant lions de dollars de gains quand sa mettre, comme l’exige la tradition, Marc Westerloppe, jeudi, après la donnée seule était claire. Depuis le un fauteuil. Dix-huit mois à se le caddie de la bonne société locale. douleur au pied a commencé à le le blazer vert du vainqueur. L’Es- victoire (3-1) contre Laval (D2). jeudi 8 avril, la fine fleur de la pla- croire perdu pour le golf, à gamber- Elève surdoué, il passe profession- tenailler. Elle s’est compliquée vite pagnol pouvait glisser dans la Quant aux Nantais, vainqueurs nète golfique paraissait bien dé- ger sur la fragilité de la gloire. Vic- nel à dix-neuf ans, en 1985, juste d’une hernie discale. poche le chèque de 720 000 dollars, de Guingamp (2-0, Olivier Mon- pourvue sur les greens énigma- time d’une douleur tenace au pied après avoir disputé son premier Son retour à la compétition, au (668 000 euros) du lauréat. « Je suis terrubio à la 29e et Yves Deroff à la tiques d’Augusta. Les joueurs apparue en 1995, l’Espagnol ne Masters comme amateur. début de 1997, lui a donc semblé un très, très fier de moi », a enfin admis 90e ), samedi, ils voient là l’occa- avaient beau étudier le terrain, pouvait plus marcher l’année sui- Sa carrière prend vite un tour retour à la vie. Mais les résultats se le champion. Après s’être soumis sion de fournir un palmarès, riche s’éloigner, se rapprocher, se mettre vante. « La salle de bains était à glorieux. A vingt et un ans, il est sé- faisaient encore attendre. « Etre ici pendant quatre jours aux caprices d’une seule victoire en Coupe de à genou, s’allonger presque, tritu- 3 mètres de mon lit mais il me fal- lectionné pour la Ryder Cup, l’af- à cet instant est émouvant », a-t-il d’une balle et au diktat d’un par- France (1979) et de cinq places de rer leurs trajectoires en tous sens, lait ramper pour y parvenir, se sou- frontement bisannuel qui oppose déclaré lors de la cérémonie de clô- cours, le golfeur méritait bien cette finalistes. le mystère restait entier. Aucune vient l’intéressé. j’ai bien cru termi- une sélection européenne à une sé- ture. pointe d’orgueil. Le tirage au sort des demi-fi- pente ne semblait devoir mener au ner dans une chaise roulante. » Un lection américaine. Il fait équipe nales aura lieu le 18 avril. Les mat- trou. Toutes, au contraire, avaient praticien allemand clairvoyant a dé- avec son compatriote et modèle Se- B. H. Benoît Hopquin ches se joueront les 27 et 28 avril. LeMonde Job: WMQ1304--0028-0 WAS LMQ1304-28 Op.: XX Rev.: 12-04-99 T.: 11:08 S.: 111,06-Cmp.:12,11, Base : LMQPAG 49Fap:100 No:0410 Lcp: 700 CMYK

28 / LE MONDE / MARDI 13 AVRIL 1999 AUJOURD’HUI-SPORTS Guillaume Auger a fait son apprentissage Nouveau succès des Kawasaki aux 24 Heures du Mans moto de « flahute » sur les pavés de Paris-Roubaix L’ÉQUIPAGE FRANCO-ANGLAIS composé de Bertrand Sébileau, Steve Hislop et Chris Walker a donné à Kawasaki, dimanche 11 avril, sa deuxième victoire d’affilée dans les 24 Heures du Mans motocyclistes, la première épreuve du championnat du monde d’endurance. En s’im- Le jeune Français a renoncé peu après la tranchée d’Arenberg posant pour la huitième fois sur le circuit Bugatti, les « motos vertes » nourrissent l’espoir de détrôner Honda, neuf fois vainqueur de La 97e édition de Paris-Roubaix s’est achevée, di- 1998, a monopolisé le podium. La victoire est re- coureurs français ont fini la course. Le premier l’épreuve mancelle. Au terme d’une course à rebondissements – que manche 11 avril, sur un nouveau triomphe de venue à Andrea Tafi, les Belges Wilfried Peeters d’entre eux, Emmanuel Magnien (Française des l’écurie a dominé de bout en bout –, la ZX7RR no 11 a nettement de- l’équipe italienne Mapei, qui, comme en 1996 et et Tom Steels complétant le palmarès. Seuls sept Jeux), a pris la 26e place. vancé deux Suzuki d’usine, de 8 et 28 tours. Cette 22e édition restera marquée par l’hécatombe des motos officielles. Sur les sept engagées ROUBAIX pei. Soixante kilomètres avant l’arri- c’était « un peu la déception ». Car il d’apprentissage, mais c’est un gros au départ, trois seulement ont franchi la ligne d’arrivée. La Kawasaki de notre envoyé spécial vée, Guillaume Auger avait mis pied ne faut pas le pousser beaucoup moteur, et, quand tous les facteurs se- de la Guyot Motorcyle Team se classe quatrième et, fait rare dans les « QUAND on arrive en tête dans le à terre. Trop loin de tout. Ejecté du pour qu’il explique que Paris-Rou- ront réunis – physique, mental et annales de la course, une Yamaha de la catégorie Stocksport (série) vélodrome à Roubaix, ça doit donner peloton dès la tranchée d’Arenberg baix le « fait rêver ». « C’est la plus chance –, il sera parmi les potentiels s’est hissée en 5e position. les frissons... » L’Italien Andrea Tafi, (Nord), 40 kilomètres plus tôt. Faute belle à mes yeux, la plus dure aussi », grands de Paris-Roubaix. Duclos-Las- victorieux di- d’avoir su jouer des coudes pour avouait-il trois jours avant le départ salle lui-même l’a dit. » manche 11 aborder en bonne position ce lami- de « la reine des classiques », tout en L’intéressé admet volontiers qu’il Démâtage d’un concurrent avril, de la noir et ses pavés, qui étaient pris en citant des images qui l’ont marqué : a « encore beaucoup de choses à ap- classique cy- sens inverse afin de réduire les le final entre Gilbert Duclos-Lassalle prendre ». Mais son début de saison cliste Paris- risques d’accidents, après celui dont et Franco Ballerini en 1993 et la vic- 1999 a d’ores et déjà été marqué par de la course autour du monde Roubaix, ne avait été victime le Belge Johan Mu- toire de Frédéric Guesdon en 1997. « un numéro ». démentirait seeuw (Mapei), en 1998. En 1998, pour sa première partici- C’était sur le Tour méditerranéen, certainement « J’ai attrapé dans les derniers les pation à Paris-Roubaix, le « grand », où Guillaume Auger en a épaté plus après le départ de la dernière étape pas ces propos pavés et quand je suis sorti de là, avec comme on l’appelle chez BigMat d’un dans le peloton en emportant un rien rêveurs de Guillaume Auger. quatre autres coureurs, on a essayé de Auber 93 (1,94 m pour 83 kilos), une étape en solitaire, après 25 kilo- LE NAVIGATEUR AMÉRICAIN BRAD VAN LIEW (Balance Bar) a dé- Le jeune coureur français – il a vingt- recoller au paquet, on voyait les voi- avait également connu la déception. mètres d’échappée sous le mistral : il mâté dimanche 11 avril au large des côtes de l’Uruguay peu après le dé- trois ans – de la formation BigMat tures devant, mais on n’a jamais pu. « Je voulais absolument finir mon pre- n’a pas brillé en amateurs dans les part de la quatrième et dernière étape d’Around Alone, course à la Auber 93, lui, devra encore attendre On a ensuite roulé à une quinzaine, mier Paris-Roubaix chez les profes- épreuves contre-la-montre pour voile autour du monde en solitaire avec escales (Le Monde daté 11 et avant de connaître cette sensation. mais, de toute façon, depuis le début, sionnels, j’étais arrivé 60e à 26 minutes rien ! 12 avril). Après avoir entendu un craquement, il a expliqué qu’il était C’est devant un écran de télévision, ça roulait trop vite devant. C’était de Franco Ballerini mais j’avais été Mais le qualificatif de « flahute », sorti sur le pont pour constater que le mât s’était rompu et pendait à quelques mètres de la piste du vé- dur », faisait valoir Guillaume Auger, déclaré hors délai », se souvient-il. dont on le gratifie, remonte aussi à dans l’eau. Le Français Jean-Pierre Mouligné, qui était le concurrent le lodrome roubaisien, qu’il a suivi le qui admettait que « dans la tête Pour autant, à écouter son direc- la 7e place qu’il a décrochée, en 1998, plus proche de lui à environ 18 milles, s’est détourné de sa route pour final victorieux du coureur de la Ma- c’était pas ça non plus ». La faute à teur sportif, Stéphane Javalet, rien dans Kuurne-Bruxelles-Kuurne, une lui porter secours. Avant cette avarie, Van Liew était deuxième des voi- un genou douloureux, suite à une n’est perdu pour Guillaume Auger, épreuve dans la plus pure tradition liers de classe II derrière Jean-Pierre Mouligné (Cray Valley). Marc chute, deux jours plus tôt. qui n’en est qu’à sa deuxième saison belge. « J’aime bien cette ambiance », Thiercelin, à bord de Somewhere, se trouvait en tête de l’étape et de- LE CLASSEMENT Alors, forcément, pour ce coureur dans les rangs des professionnels : confie-t-il, reconnaissant qu’en 1998 vançait de 25 milles l’Italien Giovanni Soldini (Fila) en classe I. CYCLISME bourguignon (il est natif de Joigny, « C’est de la graine de flahute, ces il avait été « impressionné » le matin non loin d’Auxerre, dans l’Yonne), coureurs durs au mal. Il est en période au départ de Paris-Roubaix : il s’était Paris-Roubaix DÉPÊCHES Seuls 66 coureurs, sur 183 partants, ont rallié Rou- « trouvé entre Johan Museeuw et a ALPINISME : le Français Jean-Christophe Lafaille a réalisé en baix, dimanche 11 avril, après 273 km (dont Franco Ballerini », deux des figures solitaire la première ascension du « bouclier » des Grandes Jorasses 51,5 km de pavés) d’une course disputée sous le Charly Mottet renonce à diriger l’équipe de France de proue de ce type de course. dans le massif du Mont-Blanc, une voie de 400 mètres située sous soleil. A propos d’ambiance, il ne lui dé- l’éperon Croz (4 208 mètres). Parti vendredi 2 avril, l’alpiniste de 33 ans Classement : 1. Andrea Tafi (Ita. /Mapei), les Charly Mottet, trente-six ans, a annoncé, dimanche 11 avril, qu’il plairait pas, non plus, de découvrir a atteint le sommet vendredi 9 avril, par très mauvais temps. 273 km en 6 h 44 min 15 s (moyenne : 40,519 km/ démissionne de son poste de directeur sportif de l’équipe de France celle du Tour de France. Mais il lui a BASKET-BALL : Bourg-en-Bresse (ProB), difficile vainqueur de h) ; 2. Wilfried Peeters (Bel/Mapei), à 2 min 14 s ; 3. Tom Steels (Bel. /Mapei), à 2 min 26 s ; 4. de cyclisme. L’ancien champion a déclaré à l’Agence France Presse faudra patienter là aussi. « Je n’y suis Dijon (ProA) 74-73, a créé, vendredi 9 avril, l’unique surprise des hui- George Hincapie (EU/Motorola), m. t. ; 5. Jo Planc- (AFP) avoir pris cette décision pour « des raisons personnelles et fami- pas prévu cette année si l’équipe y est tièmes de finale de la Coupe de France. Strasbourg, en passe de retrou- kaert (Bel. /Lotto), m. t. ; 6. Léon Van Bon (P-B/ liales », et non pas par rapport au contexte actuel du cyclisme qui retenue, révèle-t-il. Mais si on me de- ver sa place parmi l’élite, demeure le seul autre club de ProB qualifié Rabobank), m. t. ; 7. Frank Vandenbroucke (Bel/ Cofidis), m. t. ; 8. Andrei Tchmil (Bel. /Lotto), à traverse une grave crise à la suite de l’affaire Festina. Il s’est refusé à mandait d’y aller je ne dirais pas après sa victoire à Nantes (ProB) 80-73. Le match au sommet des 2 min 40 s ; 9. Johan Museeuw (Bel. /Mapei), m. tout autre commentaire. « Les prochains Championnats du monde non. » quarts de finale opposera Pau-Orthez à Villeurbanne, mercredi t. ; 10. Lars Michaelsen (Dan. /La Française des sont maintenant dans moins de six mois et je ne voulais pas attendre Dans l’immédiat, en 1999, le Tour 14 avril. Jeux), à 2 min 53 s ; 26. Emmanuel Magnien (Fra. davantage », a-t-il ajouté. L’ancien champion occupait la fonction de de l’Avenir figure à son programme. a BOXE : le Français Julien « Bobo » Lorcy a ravi la ceinture de /La Française des Jeux), à 4 min 37 s ; 31. Thierry Gouvenou (Fra. /BigMat Auber 93), à 5 min ; 44. directeur sportif au sein de la Fédération française de cyclisme (FFC) Cela tombe sans doute bien : Sté- champion du monde des poids légers (WBA) à son compatriote Jean- Anthony Rokia (Fra. /Cofidis), à 13 min 39 s ; 46. depuis 1997, date à laquelle il avait succédé à Bernard Thévenet. phane Javalet le considère ni plus ni Baptiste Mendy, samedi 10 avril, sur le ring dressé au Palais omnisports Florent Brard (Fra. / Festina), m. t. ; 56. Christophe Pour ses débuts, aux Championnats du monde de Saint-Sébastian moins comme « l’avenir du vélo ». de Paris-Bercy. Jean-Baptiste Mendy, âgé de 36 ans, a été arrêté par Mengin (Fra. /La Française des Jeux), m. t. ; 57. (Espagne), Laurent Brochard sur route et Laurent Jalabert dans le l’arbitre à la 6e reprise, alors qu’il était mené aux points. Houari Amri, Christophe Bassons (Fra. /La Française des Jeux) ; 61. Stéphane Barthe (Fra. /Casino), m. t.... contre-la-montre avaient gagné deux médailles d’or. Philippe Le Cœur son manager, a annoncé qu’il allait poser réclamation pour non-respect du règlement dans un choc de têtes. a CYCLISME : le coureur français Gregory Vollet, vainqueur à Syd- ney de la deuxième manche de la Coupe du monde de cross country- VTT 1999, dimanche 11 avril, a pris la tête du classement de la compéti- Un nouveau tiercé de l’équipe Mapei tion. Le Clermontois, qui a accéléré à deux tours de la fin, s’est imposé ROUBAIX toire à Johan Museeuw – et deuxième en 1998, garde que la base et la visière, Andrea Tafi af- avec 7 secondes d’avance sur l’Australien Cadel Evans, détenteur de la de notre envoyé spécial Andrea Tafi a réalisé son rêve : s’imposer sur firme être « transformé » lorsqu’il roule sur les Coupe du monde. Pour la troisième fois en quatre éditions, les pavés du nord avec le maillot de champion pavés. Mais c’est sur une portion de route as- a FOOTBALL : le FC Barcelone a effectué un grand pas vers son l’équipe italienne Mapei s’est adjugé Paris- d’Italie sur les épaules. Comme le fit son phaltée qu’il a construit sa victoire, lâchant ses deuxième titre consécutif de champion d’Espagne, en s’imposant à Roubaix, dimanche 11 avril. Pour la troisième compatriote Francesco Moser. Cette image compagnons sur une longue accélération Tenerife (2-3), samedi 10 avril au cours de la 29e journée. Le Barça fois en quatre éditions, les coureurs de la pre- avait marqué un Andrea Tafi encore ado- après 236 kilomètres de course et après une compte sept points d’avance sur le Celta Vigo, auteur d’une belle vic- mière formation mondiale ont trusté les trois lescent. « Peut-être qu’un jour moi aussi... », crevaison qui l’a rejeté un moment du groupe toire devant le Real Madrid (5-1), et huit sur Valence, qui a dû se premières places de « la reine des classiques ». avait-il laissé échapper à la veille de l’épreuve. de tête. Le visage barré par un perpétuel ric- contenter du match nul (1-1) contre l’Extremadura. Après le Belge Johan Museeuw, en 1996, et Réputé pour son tempérament d’attaquant, tus, Andrea Tafi n’a pas usurpé le surnom de a L’AS Rome s’est imposée (3-1) face à la Lazio Rome, leader du l’Italien Franco Ballerini, en 1998, c’est à nou- Andrea Tafi en a apporté la preuve. Il a contri- « Mobylette » qu’on lui donne dans le pelo- championnat d’Italie, dimanche 11 avril, lors de la 28e journée. Malgré veau un Italien, Andrea Tafi, trente-deux ans, bué à faire voler en éclats, dans la tranchée ton. cet échec, le premier en 16 matches, les joueurs de la Lazio conservent qui a fait triompher les couleurs d’une équipe d’Arenberg, un peloton lancé aux trousses de Encore faudrait-il être absolument sûr de la la tête du classement mais ne comptent plus que 4 points d’avance sur transalpine fortement irritée, une semaine six échappés matinaux, parmi lesquels figurait nature du carburant avec lequel il fonctionne. le Milan AC, victorieux de Parme (2-1), qui s’est hissé à la deuxième plus tôt, d’avoir été dominée au Tour des Tom Steels. Une première sélection dont ont Depuis un certain printemps 1994 et la domi- place au détriment de la Fiorentina, tenue en échec face à Bari (2-2). Flandres et impliquée dans une affaire de colis été victimes Franco Ballerini, Andrei Tchmil, nation qu’exerçait une autre équipe italienne, Bologne, adversaire de Marseille en demi-finales de Coupe UEFA, a d’amphétamines. Johan Museeuw, Peter Van Petegem... C’est la Gewiss, dont on a su depuis qu’elle devait obtenu le match nul à Turin contre la Juventus (2-2) et pointe à la hui- Auteur d’une échappée solitaire de 37 kilo- encore lui qui, plus tard, en attaquant sur les beaucoup à la chimie, les tiercés comme ceux tième place. mètres. Andrea Tafi a devancé ses coéquipiers pavés de Mons-en-Pévèle (Nord), a permis réussis par la Mapei laissent un drôle d’ar- a Newcastle, grâce à deux buts d’Alan Shearer, s’est qualifié pour belges Wilfried Peeters et Tom Steels. Déjà d’isoler six hommes en tête. rière-goût. la finale de la Coupe d’Angleterre en battant Tottenham (2-0) après classé troisième à Roubaix en 1996 – la direc- Repérable entre tous, avec sa position très prolongations, dimanche 11 avril. Dans l’autre demi-finale, Manchester tion de Mapei lui avait imposé de laisser la vic- allongée sur le vélo et une casquette dont il ne Ph. L. C. United et Arsenal n’ont pu se départager (0-0) après prolongations, et rejoueront mercredi 14 avril à Birmingham. a Le Bayern Munich, toujours en course en Ligue des champions et en Coupe nationale, a été tenu en échec (1-1) sur son terrain par Schal- ke 04, samedi 10 avril, lors de la 25e journée du championnat d’Alle- Au Grand Prix du Brésil, Hakkinen dame le pion à son rival, Schumacher magne. Le Bayer Leverkusen, vainqueur (2-1) de l’Eintracht Francfort, UN BREF MOMENT d’hésita- Voitures les plus élaborées et les bourne, le duel Hakkinen-Schuma- Neuf voitures, sur vingt et une a profité de ce faux pas pour réduire son retard (13 points) sur les Ba- tion. Le Grand Prix du Brésil n’en plus puissantes du plateau depuis cher n’eut pas lieu. Interlagos allait au départ, ont terminé cette varois, invaincus depuis le 21 novembre. est qu’à ses premiers kilomètres, le début de la saison dernière, les signer le véritable début du cham- deuxième course de l’année. Mal- a HANDBALL : l’équipe néerlandaise de Nieuwegein a battu la for- dimanche 11 avril sur le circuit McLaren/Mercedes ont peu pro- pionnat du monde 1999. gré des séances d’essais remar- mation féminine de Nîmes (24-21), en demi-finales aller de la Coupe d’Interlagos, lorsque la monoplace gressé dans le domaine de la fiabi- Tout se passa au 42e tour. quées et un prodigieux début de des villes samedi 10 avril. Le match retour se disputera le dimanche conduite par lité. « J’ai bien cru que c’était fini. L’abandon de Rubens Barrichello, course de Rubens Barrichello, au- 18 avril à Nîmes. Mika Hakki- Mais l’équipe m’a dit par radio de au grand dam des dizaines de mil- cune Stewart-Ford n’est allée jus- a HOCKEY SUR GLACE : Amiens s’est imposé à Reims (1-3) samedi nen, en tête de continuer », expliquera-t-il plus liers de spectateurs, rendait la si- qu’au bout. La progression de 10 avril lors du deuxième match de la finale du championnat de France. la course, tard. tuation plus lisible. Michael Schu- l’écurie de Jackie Stewart devrait Les Amiénois, qui mènent 2 victoires à 0, ont pris une option pour le donne l’im- macher avait ravitaillé quatre tours permettre à l’un de ses deux pi- titre, qui se dispute au meilleur des cinq matches. pression d’être JEU PRÉFÉRÉ plus tôt. Seul en tête, Mika Hakki- lotes d’emporter prochainement, a SPORTS ÉQUESTRES : la Néerlandaise Anky Van Grunsven s’est victime de ho- Ce bref instant de flottement al- nen poussait sa voiture aux limites, et peut-être même cette saison, le adjugé, pour la quatrième fois, la finale de la Coupe du monde de dres- quets. Peu lait ouvrir la porte à d’autres re- comme le faisait son rival la saison premier grand prix de son histoire. sage, dimanche 11 avril à Dortmund (Allemagne). La cavalière, vice- avant, son bondissements. Rétrogradé à la passée, pour gagner quelques « Le fait de mener la course m’a championne olympique de 31 ans, a devancé l’Allemande Isabell coéquipier de l’équipe McLaren/ troisième place derrière le Brési- poussières de seconde. Le Finlan- rappelé le temps de la F3. Un po- Werth, double championne olympique. Mercedes, l’Ecossais David Coul- lien Rubens Barrichello (sur Ste- dais ravitaillait à son tour et repar- dium était envisageable. Je pense a TENNIS : l’Espagnol Albert Costa, tête de série no 4 et vainqueur thard, était resté immobilisé sur la wart/Ford) et l’Allemand Michael tait avec une bonne centaine de que nous avons montré que nous de Jérôme Golmard en demi-finales (6-4, 6-4), a gagné le tournoi grille de départ pour un problème Schumacher (Ferrari), Mika Hakki- mètres d’avance sur l’Allemand. Le pouvions mener une course », se sa- d’Estoril, première épreuve de la saison sur terre battue du circuit ATP, de boîte. A quoi pense Hakkinen à nen se retrouvait dans la position tour était joué. McLaren/Mercedes tisfaisait Rubens Barrichello. en battant l’Américain Todd Martin (no 2) 7-6 (7/4), 2-6, 6-3, dimanche cet instant précis ? du « chasseur ». Lui qui, en 1998, venait de prendre Ferrari à son jeu L’autre satisfaction du jour, du 11 avril en finale. Le 7 mars à Melbourne, pour la dut subir les attaques de son pour- préféré : celui de la stratégie de côté des « petites écuries », est ve- a TENNIS DE TABLE : l’équipe masculine du Caen TTC a remporté première épreuve de la saison, les suivant de l’écurie Ferrari, allait, course. nue de chez Prost-Peugeot. En ter- la Ligue des champions européenne en s’imposant, dimanche deux voitures à la robe argentée fort de son titre de champion du « Quand je me suis retrouvé der- minant 6e, Olivier Panis offre le 11 avril, au Borussia Düsseldorf par 4 victoires à 3. Le capitaine Damien n’avaient pu terminer la course en monde, mettre la pression sur son rière Mika après mon ravitaille- premier point de la saison à Eloi et ses coéquipiers s’étaient imposés au match aller en Normandie. raison de problèmes mécaniques. adversaire le plus cher. A Mel- ment, je pouvais juste pousser, at- l’équipe française. Un petit rien qui a VOLLEY-BALL : l’équipe de Poitiers, qui avait terminé en tête de tendre et espérer qu’il fasse une signifie beaucoup. « En dépit d’une la phase régulière, s’est qualifiée pour les demi-finales du champion- faute. Mais il a fait une belle pénalité de dix secondes qui lui a été nat de France en battant Tourcoing par 3 sets à 0, dimanche 11 avril à RÉSULTATS suke Takagi (Jap., Arrows), à trois tours ; 9. Marc course », commentait Michael infligée en raison d’un départ trop domicile. Les Poitevins affronteront Cannes au tour suivant, les 17, 24 AUTOMOBILISME Gene (Esp., Minardi-Ford), à trois tours. Les autres Schumacher. L’Allemand devra-t-il rapide et malgré un calage moteur et 25 avril. L’autre demi-finale opposera, aux mêmes dates, Sète à Pa- Formule 1 : Grand Prix du Brésil concurrents n’ont pas été classés. attendre que son écurie rattrape lors du premier ravitaillement, Oli- rès-Volley. Championnat du monde des pilotes : 1. Eddie Ir- (deuxième épreuve du Championnat vine (Irl.), 12 points ; 2. Mikka Hakkinen (Fin.), son retard en matière de puissance vier a réussi à remonter en étant du monde) 10 pts ; Heinz-Harald Frentzen (All.), 10 pts ; 4. et de mécanique pure ? Tout toujours constant et rapide. Il a fait 1. Mika Hakkinen (Fin., McLaren-Mercedes), les Ralph Schumacher (All.), 7 pts ; 5. Michael Schu- comme à Melbourne au mois une très belle course », saluait Alain a LOTO : résultats des tirages n° 29 effectués samedi 10 avril. 309,024 km en 1 h36 min 3 s 785 (moyenne : macher (All.), 6 pts ; 6. Giancarlo Fisichella (Ita.), de mars, les deux monoplaces de Prost, impatient d’en découdre à Premier tirage : 7, 20, 29, 35, 41, 44, numéro complémentaire : 33. Pas de gagnant pour 6 numéros. 192,994 km/h) ; 2. Michael Schumacher (All., Fer- 3 pts ; 7. Rubens Barrichello (Bré.), 2 pts ; 8. Pedro Rapports pour 5 numéros et le complémentaire : 1 252 040 F, 190 872,26 ¤ ; 5 numéros : 7 775 F, rari), à 4s9; 3. Heinz-Harald Frentzen (All., Jor- de la Rosa (Esp.), 1 pt ; 9. Olivier Panis (Fra.), 1 pt. la Scuderia ont couru jusqu’au dra- nouveau. Le prochain Grand Prix 1 185,29 ¤ ; 4 numéros et le complémentaire : 342 F, 52,13 ¤ ; 4 numéros : 171 F, 26,06 ¤ ; 3 numéros dan-Mugen Honda), à un tour ; 4. Ralf Schumacher Championnat du monde des constructeurs : 1. peau à damier. Grâce à sa 5e place, sera celui de Saint-Marin. Il aura et le complémentaire : 34 F, 5,18 ¤ ; 3 numéros : 17 F, 2,59 ¤. (All., Williams-Supertec), à un tour ; 5. Eddie Irvine Ferrari, 18 points ; 2. McLaren-Mercedes et Jordan- l’Irlandais Eddie Irvine conserve la lieu, le 2 mai à Imola (Italie). Second tirage : 14, 28, 30, 37, 39, 40, numéro complémentaire : 25. Rapports pour 6 numéros : (Irl., Ferrari), à un tour ; 6. Olivier Panis (Fra., Mugen Honda, 10 pts ; 4. Williams-Supertec, 7 pts ; 30 903 735 F, 4 711244 ¤ ; 5 numéros et le complémentaire : 103 960 F, 15 848,59 ¤ ; 5 numéros : Prost-Peugeot), à un tour ; 7. Alexander Wurz 5. Benetton-Supertec, 3 pts ; 6. Stewart-Ford, tête du championnat du monde 9 775 F, 1 490,18 ¤ ; 4 numéros et le complémentaire : 392 F, 59,76 ¤ ; 4 numéros : 196 F, 29,88 ¤ ; 3 (Aut., Benetton-Supertec), à deux tours ; 8. Torano- 2 pts ; 7. Arrows et Prost-Peugeot, 1 pt. des pilotes. Frédéric Potet numéros et le complémentaire : 36 F, 5,48 ¤ ; 3 numéros : 18 F, 2,74 ¤. LeMonde Job: WMQ1304--0029-0 WAS LMQ1304-29 Op.: XX Rev.: 12-04-99 T.: 11:29 S.: 111,06-Cmp.:12,11, Base : LMQPAG 49Fap:100 No:0411 Lcp: 700 CMYK

AUJOURD’HUI LE MONDE / MARDI 13 AVRIL 1999 / 29 ------Net rafraîchissement 13 AVRIL 1999 Oslo Stockholm LE CARNET Prévisions Moscou Ensoleillé MARDI, une dépression assez modérée ou des averses. On pour- vers 12h00 DU VOYAGEUR creuse va rester stationnaire entre ra entendre le tonnerre et il neige- l’Ecosse et la Scandinavie. Après le ra à partir de 500 mètres. Une ac- Peu passage d’une perturbation active calmie temporaire se produira à la Belfast nuageux a AVION. Programme d’été étoffé sur le pays, le ﬂux s’oriente au mi-journée. Il fera de 7 à 9 degrés. Liverpool pour la compagnie KLM qui aug- Dublin nord-ouest et un rafraîchissement Poitou-Charentes, Aquitaine, Varsovie Kiev mente ses fréquences au départ s’ensuivra. Un front secondaire Le temps sera Midi-Pyrénées. – Amsterdam Berlin Brèves d’Amsterdam vers les Etats-Unis actif balaiera la France mardi. incertain avec des averses surtout éclaircies avec, notamment, un pont aérien sur les côtes. Il neigera sur les Py- Londres (4 vols quotidiens), en collaboration Bretagne, pays de Loire, 50 o Bruxelles Basse-Normandie. – Le temps rénées à partir de 1200 mètres. Il Prague avec Northwest, pour Detroit, aéro- deviendra de plus en plus agité fera de 8 à 13 degrés. Couvert port offrant des correspondances avec des averses qui seront parfois Limousin, Auvergne, Rhône- Paris Strasbourg Vienne vers 200 villes américaines. Fré- Budapest orageuses à la mi-journée sur la Alpes. – Les nuages seront nom- Brume quences plus nombreuses, aussi, Normandie. il fera de 9 à 12 de- breux avec des averses qui donne- Nantes vers le Pérou, l’Equateur, la Chine Berne brouillard grés. ront de la neige au-dessus de 800 à Bucarest (ouverture de Shanghaï), la Syrie, le 1000 mètres. Il fera de 7 à 12 de- Lyon Liban, le Kenya et l’Afrique du Sud. Nord-Picardie, Ile-de-France, Milan Belgrade Centre, Haute-Normandie, Ar- grés. Sofia Averses Depuis la France, des vols en transit dennes. – Le temps sera chao- Languedoc-Roussillon, Pro- Toulouse Istanbul à Amsterdam (ou Detroit pour tique avec à la mi-journée le pas- l’Amérique du Nord) sont possibles vence-Alpes-Côte d’Azur, Corse. Pluie sage d’une limite pluvieuse et – En Corse, le temps sera très agité Rome au départ de Clermont-Ferrand, instable. Des coups de tonnerre se le matin avec des averses fré- Barcelone Naples Le Havre, Lyon, Marseille, Mul- feront entendre et il neigera sur quentes accompagnées d’orages. 40 o Madrid house, Nantes, Nice, Paris, Stras- les Ardennes à partir de Le pourtour méditerranéen aura Lisbonne Athènes Orages bourg et Toulouse. Tarifs uniques 500 mètres. il fera de 7 à 11 degrés. un ciel mitigé, partagé entre quelle que soit la ville française Le vent de secteur ouest sera très nuages et éclaircies. La tramon- Séville d’embarquement et promotions fort avec 100 km/h sur les côtes. tane et le vent d’ouest soufﬂeront Tunis Neige vers 50 destinations (dernier départ Champagne, Lorraine, Alsace, très fort le matin entre 100 et Alger le 12 juin, retour le 25 juin). Réser- Bourgogne, Franche-Comté. – Le 120 km/h, puis s’atténueront un vations tél. : 01-44-56-18-18, 3615 ciel sera très agité avec de la pluie peu. Rabat 0o 10o 20o Vent fort KLM et site Internet : www.klm.fr

PRÉVISIONS POUR LE 13 AVRIL 1999 PAPEETE 25/30 S KIEV 7/14 P VENISE 10/16 C LE CAIRE 15/25 S Ville par ville, les minima/maxima de température POINTE-A-PIT. 23/29 S LISBONNE 13/23 S VIENNE 9/14 C MARRAKECH 15/30 S et l’état du ciel. S : ensoleillé ; N : nuageux ; ST-DENIS-RÉ. 23/28 S LIVERPOOL 6/11 P AMÉRIQUES NAIROBI 16/26 N EUROPE LONDRES 7/11 C BRASILIA 17/28 S PRETORIA 16/26 N C : couvert ; P : pluie ; * : neige. AMSTERDAM 7/8 P LUXEMBOURG 3/7 P BUENOS AIR. 12/22 S RABAT 12/24 S FRANCE métropole NANCY 3/9 P ATHENES 11/18 S MADRID 3/24 S CARACAS 23/29 N TUNIS 11/21 S AJACCIO 6/16 N NANTES 8/12 P BARCELONE 8/17 S MILAN 8/19 N CHICAGO 4/9 C ASIE-OCÉANIE BIARRITZ 8/12 P NICE 10/17 N BELFAST 3/8 P MOSCOU 9/15 C LIMA 18/24 S BANGKOK 25/29 P BORDEAUX 8/13 P PARIS 5/11 P BELGRADE 10/16 N MUNICH 2/10 C LOS ANGELES 10/14 N BOMBAY 23/31 S BOURGES 4/11 P PAU 7/12 P BERLIN 2/11 C NAPLES 10/16 N MEXICO 15/27 S DJAKARTA 27/30 P BREST 9/11 P PERPIGNAN 9/17 N BERNE 4/11 P OSLO -5/9 C MONTREAL 0/7 S DUBAI 19/28 S CAEN 7/9 P RENNES 6/12 P BRUXELLES 7/10 P PALMA DE M. 5/19 S NEW YORK 8/14 N HANOI 23/29 N CHERBOURG 7/9 P ST-ETIENNE 2/11 P BUCAREST 8/17 N PRAGUE 3/11 C SAN FRANCIS. 9/15 S HONGKONG 23/24 P CLERMONT-F. 3/11 P STRASBOURG 5/9 P BUDAPEST 10/16 S ROME 9/17 N SANTIAGO/CHI 2/25 S JERUSALEM 14/22 S DIJON 4/10 P TOULOUSE 5/12 P COPENHAGUE 3/7 C SEVILLE 13/31 S TORONTO 1/10 S NEW DEHLI 24/40 S GRENOBLE 4/12 P TOURS 4/11 P DUBLIN 3/9 C SOFIA 7/13 N WASHINGTON 9/17 N PEKIN 7/14 P LILLE 4/9 P FRANCE outre-mer FRANCFORT 4/9 P ST-PETERSB. -2/5 P AFRIQUE SEOUL 7/13 P LIMOGES 3/10 P CAYENNE 24/28 P GENEVE 4/12 P STOCKHOLM -3/6 S ALGER 7/22 S SINGAPOUR 26/30 P LYON 5/11 P FORT-DE-FR. 24/28 S HELSINKI -3/3 C TENERIFE 14/21 N DAKAR 20/25 S SYDNEY 15/20 N MARSEILLE 7/16 N NOUMEA 23/28 P ISTANBUL 10/16 S VARSOVIE 6/11 C KINSHASA 23/31 P TOKYO 15/18 C Situation le 12 avril à 0 heure TU Prévisions pour le 14 avril à 0 heure TU

ASTRONOMIE Les radioastronomes se mobilisent pour ne pas devenir « aveugles »

VÉRITABLEMENT entrée dans que sont les militaires, l’aviation ci- instruments afin d’avertir les “pol- notre satellite présentant par ail- grise pour utiliser le spectre électro- les mœurs scientifiques après la vile et l’audiovisuel. Avec l’explo- Observatoire solognot lueurs” en question. En général, cela leurs l’avantage de ne pas avoir magnétique de manière plus intelli- deuxième guerre mondiale, la ra- sion des télécommunications, cette Orléans se passe bien. Nous tâchons aussi d’atmosphère. Le projet n’est pas gente, et il faut que cela soit financé dioastronomie fut découverte un cohabitation tranquille a volé en d’immuniser nos récepteurs pour farfelu. Avec ses 100 kilomètres de par tous ses utilisateurs, les ministères peu par hasard, en 1931, par l’Amé- éclats. D’autant plus que le mouve- LOIRET supprimer les parasites. Enfin, nous diamètre et sa muraille rocheuse de de la recherche et les agences d’attri- ricain Karl Jansky. Cet ingénieur des ment naturel de la recherche Loire demandons aux opérateurs de ne pas 3 000 mètres, le cratère Saha fait dé- bution des fréquences. » Bell Telephone Laboratories s’aper- pousse à construire des instruments installer trop de relais trop près de jà figure de candidat. « Mais, fait re- En juillet, un symposium interna- çut que des émissions naturelles de plus en plus sensibles alors que, chez nous. » marquer Eric Gérard, même si on tional se tiendra à Vienne, en Au- d’ondes hertziennes provenant de en sens inverse, les émetteurs Mais ces solutions n’auront sait qu’on ira ailleurs un jour, mettre triche, sur le thème de la sauve- la Voie lactée parasitaient les s’avèrent de plus en plus nombreux LOIR- qu’un temps si la sensibilité des ra- une antenne importante sur la Lune garde du ciel astronomique. Après communications transatlantiques. et puissants. Un peu comme si un ET-CHER diotélescopes est multipliée d’ici coûtera très cher et ne pourra se faire avoir dénoncé la pollution lumi- Aujourd’hui, ironie suprême, c’est preneur de son voulait enregistrer Salbris CHER quelques années. Le partage du do- que dans dix ou quinze ans. D’ici là, neuse des grandes villes et les mille contraire qui se passe. La radio- le chant des oiseaux alors qu’un Sauldre Radiotélescope maine hertzien par les comités in- une étape intermédiaire passera par liers de débris laissés en orbite par astronomie, ce regard porté sur la Concorde décolle à côté de lui. ternationaux ad hoc risque égale- le dialogue avec les autres services. le secteur spatial, les scientifiques se Cher Nançay lumière invisible émise par l’Uni- ment de ne pas se révéler Parmi les solutions figurent le partage mobilisent pour que la Terre ne de- vers, est menacée à relativement Vierzon satisfaisant car les émetteurs géographique, qui consiste à créer vienne pas une grande poubelle POLLUTIONS TERRESTRES Auron court terme par le développement « A terme, c’est incompatible, re- Bourges peuvent « baver » dans les bandes une zone de silence autour des obser- électromagnétique. des télécommunications et notam- connaît Eric Gérard, responsable 20 km voisines de celle à laquelle ils sont vatoires, le partage des fréquences ment par les constellations de satel- scientifique du grand radiotéle- autorisés. Ainsi, le réseau Iridium, puisque des bandes sont réservées à Pierre Barthélémy lites dédiées à la téléphonie mobile, scope de Nançay (CNRS-Observa- qui émet dans la bande 1 621,35- la radioastronomie et, en dernier requi envahissent les cieux. A l’heure toire de Paris), un instrument 1 626,5 MHz, est-il dangereusement cours, le partage du temps. » SOLEIL ET LUNE DE LA SEMAINE actuelle, seul le réseau Iridium de unique en Europe, blotti au cœur planétaire, les radioastronomes du proche de la fréquence des 1 612 • vendredi 16 avril 1999 (à Paris) • l’américain Motorola fonctionne, de la forêt solognote. Mais un af- monde entier se serrent les coudes MHz signalant la présence du radi- SE PARTAGER LE TEMPS mais il sera suivi sous peu de frontement avec les opérateurs des pour trouver des solutions. «En cal hydroxyle (OH), si important Se partager le temps non pas au concurrents tels Globalstar, ICO ou constellations de satellites serait sté- préalable, affirme Eric Gérard, il pour l’étude des étoiles en phase fi- niveau de la journée, mais, bien Teledesic. D’ici cinq à dix ans, des rile car le rapport de force est claire- faut que les astronomes descendent nale. plus subtilement, au niveau de la... centaines de satellites déverseront ment à notre désavantage. Chaque de leur tour d’ivoire pour persuader Pour s’affranchir des pollutions seconde. Ce en se basant sur le 7 h 00Lever Coucher 20 h 42 en continu leurs flux d’ondes sur la réseau coûte au bas mot 10 milliards le public de l’intérêt de leurs re- terrestres, certains, tel le radioastro- temps universel, calé sur des hor- Terre, au risque d’« aveugler » les de francs alors que, par exemple, la cherches et justifier l’utilité de telle ou nome français Jean Heidmann, en- loges atomiques ultra-stables. « Une radiotélescopes. rénovation du radiotélescope de telle bande de fréquences. Ensuite, il visagent le grand saut : aller instal- fraction de la seconde serait réservée Pendant longtemps, les scienti- Nançay a coûté 14 millions de francs. faut protéger nos sites. Cela se fait de ler un instrument sur le seul endroit à la radioastronomie et la partie res- fiques n’avaient eu à se partager les Nous avons plutôt intérêt à travailler plusieurs façons. A Nançay, nous à l’abri de toutes les « radio-pollu- tante servirait aux émetteurs, ex- bandes du spectre électromagné- ensemble. » avons installé une antenne pour re- tions » terrestres, la face cachée de plique Eric Gérard. Quoi qu’il en soit, 7 h 35Lever Coucher 21 h 08 tique qu’avec les émetteurs obligés Le problème étant évidemment pérer les émetteurs qui brouillent nos la Lune (Le Monde du 21 janvier), il faut investir dans de la matière (nouvelle lune)

Ł SOS Jeux de mots : MOTS CROISÉS PROBLÈME No 99087 3615 LEMONDE, tapez SOS (2,23 F/min). AFFAIRE DE LOGIQUE PROBLÈME No 116

supplice. Vaut accord. – 7. Bas de gamme. Fermé la nuit. – 8. Portent le chapeau en sous-bois. – 9. Frapper La fontaine avec force. Bien descendu. – 10. In- formateur discret, parfois malveil- lant. Loup de mer. – 11. Permet de romaine partir au quart de tour. – 12. Ouver- UNE FONTAINE est ture sur la table. Les mêmes pour les construite, comme le montre le bons ou les mauvais morceaux. dessin ci-contre, sur six niveaux. A chaque niveau, chaque Philippe Dupuis vasque déverse la moitié de son eau dans chacune des deux SOLUTION DU No 99086 vasques situées juste au-dessous d’elle. La vasque blanche HORIZONTALEMENT (la deuxième en partant de la I. Glandouiller. – II. Recours. Aura. gauche au niveau inférieur) a – III. Agencé. Sciât. – IV. Var. Ripe. recueilli 1 litre. Tri. – V. Ite. Oligo. DB. – VI. La. Ail. Quelle quantité d’eau a-t-on Solution du problème no 115 paru dans Le Monde du 6 avril. Mhs. – VII. Lierre. Emeri. – VIII. Or- versée dans la vasque supé- viétan. Les. – IX. Nées. Titillé. – X. Fé- rieure ? On peut placer au plus 5 pions éloigné de C, D et E de 3, 8 et dérateur. Et s’il y a un nombre quel- noirs à des distances toutes diffé- 6 arcs. C est éloigné de D et E de 10 conque n d’étages ? rentes sur le cercle. et 9 arcs. D est éloigné de E de VERTICALEMENT b En partant d’un point, et en te- 2 arcs. Remarquez que c’est le 1. Gravillons. – 2. Légataire. – Elisabeth Busser nant compte de la symétrie, on voit nombre d’arcs le plus petit qui a été 3. Acéré. Evef (fève). 4. Non. Arise. – et Gilles Cohen qu’il n’existe que 10 distances diffé- pris en compte : ainsi, entre A et E, HORIZONTALEMENT loin que deux dans ses comptes. – 5. Ducroire. – 6. Oreillette. – 7. Us. Pi. © POLE 1999 rentes entre deux points du cercle. on compte 5 arcs et non 16. IX. Moi. Sans effets. Chargé comme Air. – 8. Segmenta. – 9. Lac. Ohm. It. Or, si les distances entre les pions I. Affrontement incertain au une bête. – X. Se fait sentir quand ça – 10. Luit. Selle. – 11. Erard. Relu. – Solution dans Le Monde du noirs sont différentes, il existera A deuxième tour. – II. Mais qui les paie- va mal. On peut compter dessus. 12. Ratiboiser. 20 avril. 1 distance pour 2 pions, 3 pour B ra demain ? Auxiliaire. – III. Repère 3 pions, 6 pour 4 pions, 10 pour sur la côte. Font travailler les cuisses. VERTICALEMENT 5 pions, plus de 10 au-delà. Le E – IV. N’est guère sensible au chant de nombre maximum de pions noirs l’union. Rassemblement de maçons. 1. Se lancer dans les petites af- est donc 5. C – V. Réflexion belle et subtile. – faires. – 2. Finissent par bourreler. b La configuration ci-contre de D VI. Plusieurs tomes sur une galette. Stratégie asiatique. – 3. Sortie d’of- 5 pions comporte 10 distances dif- Même maman mais autre papa. – fice. Fin de verbe. Dérange le chef. – férentes. VII. Plein les mains. En liberté. Liai- 4. Porteur de pomme. – 5. Manifes- En comptant en arcs d’1/21 de cir- sons franciliennes. Couleur locale. – tation des suivants. Ne dépassent conférence, le pion A est éloigné de VIII. Faisons appel. Ne va pas plus pas les quatre ans. – 6. Instrument de B, C, D et E de 1, 4, 7 et 5 arcs. B est LeMonde Job: WMQ1304--0030-0 WAS LMQ1304-30 Op.: XX Rev.: 12-04-99 T.: 09:53 S.: 111,06-Cmp.:12,11, Base : LMQPAG 49Fap:100 No:0412 Lcp: 700 CMYK

30 CULTURE LE MONDE / MARDI 13 AVRIL 1999

URBANISME L’avenir des ter- vel, un groupe d’architectes s’est l’aménagement de 50 hectares à organisée, qui agite toutes les tri- est plus vaste et plus complexe que rains Renault à l’ouest de Paris élevé contre le projet de Bruno For- Boulogne et Meudon. b FORTE- bunes publiques du patrimoine, la la protection de tout ou partie de occupe à nouveau l’attention des tier, lauréat au mois de février, RESSE ouvrière fermée depuis 1992, prochaine étant programmée le cet ensemble, que défend depuis architectes, des urbanistes et des contre Jean-Pierre Buffi et Paul Che- l’île Seguin est le premier motif de 23 avril à Chaillot par l’Institut frandes années le tandem Reichen et aménageurs. Emmené par Jean Nou- metov, d’un concours portant sur cette querelle passionnée, mais bien çais d’architecture. b CAR L’ENJEU Robert. L’île Seguin, moteur en panne des terrains Renault ? L’ancienne forteresse industrielle est au cœur d’une polémique passionnée entre architectes. Faut-il réhabiliter ses bâtiments, symboles de l’épopée ouvrière, ou convient-il plutôt d’installer un vaste jardin et des équipements publics sur les vestiges de ce « Sing Sing pour prolétaires »? GASTON BERGERET L’île Seguin, ex-usine LE 6 MARS, l’architecte Jean l’île Seguin et a largement débordé nique Voynet (promenades pié- les communes et les aménageurs se Pas tout à fait. Jocelyne Riou, vice- Renault, au milieu Nouvel publiait dans ces colonnes les milieux de l’architecture. «Les tonnes sur les berges). chargeant des équipements de présidente (PCF) de la région Ile- de la Seine, un point de vue prenant la défense énervements sont naturels. J’avais Avant même le verdict du jury, proximité. de-France, chargée de l’aménage- entre Boulogne-Billancourt de l’île Seguin, ex-forteresse même pensé qu’ils se manifesteraient les trois projets sont présentés Le problème de fond reste la pro- ment du territoire, rappelle que la et Meudon. ouvrière de Renault plantée au plus tôt », note Jean-Pierre Four- au public, à Sèvres, en 1998. grammation. L’implantation d’une région a son mot à dire sur milieu de la Seine, entre Boulogne- cade, le sénateur et maire (UDF) de 6 000 habitants visitent l’exposition, cité scientifique – unités d’ensei- l’implantation des lieux de des données du théorème, mais il Billancourt et Meudon. Dans sa Boulogne. Il est vrai que l’opération 600 expriment leur avis sur ce plan gnement, laboratoires, logements recherche et des universités, est acquis que, grossièrement, foulée, plusieurs architectes ne s’est pas déroulée dans l’ombre. d’urbanisme présenté d’ailleurs et centre de rencontre pour les comme sur le futur POS de Bou- Renault devrait retrouver dans son devaient à leur tour s’indigner de Un groupe de travail, émanation du comme un réservoir d’idées pour chercheurs – à proximité d’entre- logne. Faut-il conserver les bâti- escarcelle entre 3 et 6 milliards de cette amnésie programmée, et Syndicat intercommunal du Val de les élus, et non comme un plan prises de pointe (micromécanique, ments de l’île Seguin ? Jocelyne francs (760 à 915 millions d’euros). rejoignaient l’association créée par Seine, auditionne plusieurs archi- contraignant. Pour le maire de Bou- informatique, images numériques) Riou estime qu’« un des mérites de Michel Auroy agrémente sa l’auteur de la Fondation Cartier tectes, puis trois équipes sont invi- logne, l’heure n’est plus vraiment semble emporter l’adhésion des Nouvel, c’est de s’être élevé contre la démonstration de quelques postu- pour conserver l’ensemble Seguin. tées à plancher par écrit sur le sort aux discussions : la première étape autorités locales. Mais que conser- politique du bulldozer ». Mais elle lats. Renault tient à son image et Quelle menace pesait donc sur ce des terrains Renault. Paul Cheme- doit commencer en 2000-2001 et ver du passé industriel ? ajoute prudemment qu’une mé- l’architecture en fait partie. « Il ne « krak des Chevaliers » du proléta- tov, qui a déjà été consulté par la s’achever en 2005 au plus tard. Elle moire ne se loge pas nécessaire- faut donc pas rater cette opération. » riat, hissé de facto au rang de Régie ; Jean-Pierre Buffi, qui s’est porte sur l’urbanisation d’un axe « POLITIQUE DU BULLDOZER » ment dans des briques ou du L’objectif de Renault, c’est un déve- monument du patrimoine indus- joliment tiré de la ZAC Bercy ; Meudon-Seguin-Boulogne, qui a Renault gardera son siège social à béton : « L’Ile-de-France est loppement mondial, et celui-ci ne triel et de la mémoire ouvrière ? Un Bruno Fortier enfin, le futur lauréat. l’avantage de fédérer les deux Boulogne, même s’il le déplace du confrontée à une désindustrialisation passe pas par la vente de ces ter- concours d’urbanisme portant sur communes, l’île et les deux rives. Point du Jour vers l’aval du pont de qui atteint un seuil critique. Il faut rains. « Nous ne sommes donc pas 50 des 70 hectares détenus par la UNE CITÉ SCIENTIFIQUE Un transport en commun qui doit Sèvres. La Régie conservera égale- donc inverser les priorités et implan- fébriles, mais vigilants. » Il ne faut firme automobile, et gagné par Les trois architectes enregistrent relier une station du tramway de ment le bâtiment de Vasconi, le ter ici de nouvelles activités. » Peut- pas focaliser son attention sur la l’architecte Bruno Fortier. Le la destruction de presque tous les Meudon à la station de métro Bil- fameux 57 Métal, que la firme veut être un centre de recherche, « mais seule île Seguin, « où il n’y a rien à 11 mars, toujours dans Le Monde, ce bâtiments industriels. Le plan For- lancourt serait l’épine dorsale du reconvertir pour y loger son centre lié à une activité industrielle de garder, sinon la proue et la poupe dernier montait à son tour au cré- tier prévoit la création d’un parc de projet. Une structure indépendante mondial de communication. Seront pointe ». – et encore ». Si l’on veut vraiment y neau, défendant et son projet et la 10 hectares au centre du « tra- pourrait être chargée de la maîtrise a priori sauvés quelques éléments La Régie Renault n’entend pas conserver des structures anciennes, décision par les organisateurs du pèze », dans l’axe des hauts de d’ouvrage déléguée – un appel emblématiques comme la chauffe- non plus rester muette. Michel le vrai débat sera d’ordre écono- concours d’arraser l’essentiel de Saint-Cloud ; le passage de la voie d’offres doit être lancé en ce sens –, rie édifiée par l’architecte Laprade, Auroy, un des responsables de la mique : « Combien cela coûtera- l’île. Fortier lui aussi allait se voir principale de circulation à l’inté- le maire de Boulogne refusant située en proue de l’île Seguin, ainsi firme, commence par donner des t-il ? » Le pôle technologique est soutenu par d’autres grands noms rieur de cet ensemble, ce qui libère toute idée de syndicat d’économie que les constructions de la poupe et chiffres, une avalanche de chiffres une idée intéressante. S’il est bien de l’architecture et du patrimoine. les berges ; la conservation des mixte (SEM), voulant suivre les la ligne des ponts. Mais aussi, sur le qu’il multiplie par le facteur temps pensé, Renault sera présent dans le Querelle d’experts, querelle ponts surélévés qui joignent la rive opérations des ZAC et souhaitant trapèze, la porte Jules-Guesde ou le et la qualité de l’architecture. Le schéma, « mais n’en sera jamais le d’esthètes ? Pas seulement. Jean gauche à la rive droite ; enfin contrôler les opérations privées. bâtiment X à l’origine de la firme. tout donne une énorme équation à moteur ». Nouvel a en effet ouvert un débat l’adoption d’une charte paysagère Renault et le syndicat doivent se Jean Nouvel et ses trublions mis résoudre : le théorème de Renault. nécessaire qui va bien au-delà de conforme aux souhaits de Domi- partager le coût des infrastructures, à part, l’accord serait-il complet ? Le prix n’est pas officiellement une F. E. et E. de R. Vingt ans de projets architecturaux au service de l’image d’une firme L’option de Reichen et Robert : C’EST UNE AFFAIRE qui construira finalement qu’un riser la dot qui va lui échoir. L’entre- posent de réhabiliter en partie les CONSULTÉS par la régie Renault insiste sur la structure particulière remonte loin, et à laquelle ont été module au nom et à l’allure futu- prise arrête la production sur l’île anciennes usines. en 1994, Bernard Reichen et Philippe du sol et du sous-sol de l’île. Lorsque confrontés à des degrés divers les ristes : 57 Métal. « Avec Hanon, Seguin en 1992, décide d’abandon- La crise de l’immobilier rabote Robert proposaient à la firme auto- Louis Renault a commencé à instal- reponsables de Renault, les archi- Renault entrait dans le petit groupe ner Billancourt, achète 150 hectares cependant les ambitions. En 1993, le mobile une réhabilitation des bâti- ler dans les années 20 son usine sur tectes et urbanistes, les hommes des firmes soucieuses de leur image à Guyancourt, près de Saint-Quen- schéma directeur d’Ile-de-France ments industriels de l’île Seguin ces terrains d’origine alluviale, donc politiques et quelques promoteurs. comme Olivetti ou IBM, dit tin-en-Yvelines, pour y construire impose ses règles du jeu, que vien- pour les transformer en logements, peu stables, il a fait dresser sur le On y trouve même François Barré, aujourd’hui Vasconi. L’image, ce son Techno-Centre, mais continue dra compléter celui du Syndicat bureaux ou autres lieux d’activités. pourtour de l’île des murs de six ancien conseiller de la firme au n’était plus seulement la voiture, d’investir sur l’architecture. intercommunal de Val-de-Seine. Une spécialité que les deux archi- mètres de haut, puis a fait combler losange, aujourd’hui directeur de c’était aussi l’environnement archi- L’agence Valode et Pistre coor- En 1990 , à la demande de Michel tectes ont déclinée avec bonheur sur le vide ainsi créé. Ce qui mettait ses l’architecture et du patrimoine au tectural de la Régie, jusqu’alors donne l’édification de la nouvelle Rocard, Jean-Eudes Roullier, alors des sites comme la chocolaterie bâtiments à l’abri des crues de la ministère de la culture, qui surveille confié aux seuls techniciens de la forteresse des blouses-blanches. délégué à la recherche du ministère Noisiel. Le projet est actuellement Seine. de près, assure-t-il, ce qui se passe Direction des travaux neufs et de L’ensemble sera achevé en 1998. de l’équipement, a publié un rap- retravaillé par le seul Philippe dans le Val-de-Seine. l’entretien (DTNE), véritable fromage Pour autant, Renault ne se désin- port intelligent et fort complet sur Robert. « Le vrai potentiel de l’île RUES INTERNES ET PATIOS Dans la corbeille des penseurs, pour ingénieurs sans états d’âme. » téresse pas du sort de ses friches les avenirs possibles des trois sites Seguin, soutient ce dernier, ce sont Ce sont deux à trois mille poteaux on trouve déjà... Jean Nouvel, Mais en 1984, Renault est en diffi- boulonnaises. En 1994, souhaitant Renault, accompagné d’une étude ces 110 000 m2 couverts d’un seul de béton armé longs de quinze appelé à dessiner la péniche du culté après avoir tenté d’investir s’occuper seul de la commercialisa- tout aussi touffue d’Alexandre Che- tenant, trois fois les Halles de Baltard, mètres qui ont ensuite été ancrés Club Renault, et qui devait égale- aux Etats-Unis. Hanon est remercié tion des terrains, le constructeur metoff. Mais de quoi se mêlent cette succession de nefs lamellaires, dans la craie du sous-sol. Ce que ment dessiner le pub du même par Laurent Fabius. Georges Besse organise des consultations. Pas de l’Etat et ses scribes ? Traité avec caractéristiques de sa fonction indus- confirme Patrice Divet, de la société nom sur les Champs-Elysées. Ber- prend la relève et vire Vasconi, trop programme ni de figure imposée. désinvolture, le rapport Roullier trielle, pas l’image de la forteresse que Solétanche-Bachy, qui a ausculté le nard Hanon, directeur, puis pré- bavard à son goût. Renzo Piano livre un projet sensible aura pourtant laissé des traces dans l’on peut avoir de l’extérieur, même si sol : « Si le sous-sol était en mauvais sident du groupe à partir de 1979, qui reprend l’image, adoucie, du l’inconscient collectif : la nécessité la proue et la poupe de l’île sont inté- état, cela se répercuterait au niveau demandera à Norman Foster de DE QUOI SE MÊLE L’ETAT ? paquebot-forteresse et met en d’une cohérence et d’un lien entre ressantes. » des verrières et des structures métal- construire le centre de Swindon, en Après le décès tragique de valeur les splendides coteaux de les trois sites, la création d’un pôle Contrairement à tout ce qui a été liques. Or il n’en est rien. » Pour lui, Grande-Bretagne, et Richard Meier Georges Besse et avec l’arrivée de Meudon. Rogers balance un mani- fort, genre université technologique dit, Philippe Robert table sur la qua- les structures actuelles sont capables sera consulté pour un projet au Raymond Levy, en 1986, la stratégie feste provocateur de collines de pointe, la maîtrise de la circula- lité et le bon état de conservation de supporter une réhabilitation. Point-du-Jour. Quant au Français immobilière de la firme change du urbaines. Tschumi hésite entre tion automobile, le souhait d’une d’une grande partie des bâtiments « En revanche, le maillage des Claude Vasconi, il se voit chargé du tout au tout. C’est alors la folle diverses postures : gratte-ciel et bonne entente entre les parte- existants : « A part l’embarcadère des poteaux devra être complété si on projet Billancourt 2000, soit la réno- période de la spéculation. Avant îlots ouverts sur l’île, néo-pavillon- naires : entreprise, Etat, communes. voitures, face à Meudon, tout le reste décide d’implanter de nouveaux bâti- vation de la totalité du trapèze : une même d’être privatisée (à 54 %), le naire sur Meudon. Seuls de leur peut servir de base à une réhabilita- ments. » bagatelle de 32 hectares dont il ne 15 juillet 1996, Renault pense à valo- espèce, Reichen et Robert pro- F. E. et E. de R. tion. » Mais surtout, l’architecte Philippe Robert propose de LeMonde Job: WDE1599--0001-0 WAS MDE1599-1 Op.: XX Rev.: 10-04-99 T.: 09:36 S.: 111,06-Cmp.:12,09, Base : LMQPAG 22Fap:100 No:0113 Lcp: 700 CMYK

MARDI 13 AVRIL 1999 LES ENJEUX [ LES INITIATIVES

EUROPE Coût du crédit BOUSSOLE HISTOIRE Technologies de TRIBUNES en % l'information Le psychanalyste Jacques 14 Pour Brasilia En 1716, John Law, un aventurier Travailler plus en BRÉSIL dépenses en % du PIB 12 Birouste est l’un des spécialistes et Buenos écossais, propose au régent Philippe 8,3 « boulonnant » 10 7,5 5,8 5,7 chargés d’évaluer la dimension 8 Aires, le coût d’Orléans de reprendre à son compte moins : quand 6 psychosociologique ARGENTINE du crédit l’intégralité de la dette de l’Etat, en une société 4 1992 1995 1992 1995 de la monnaie 09/98 12/98 03/99 s’est envolé. échange du monopole sur ÉTATS-UNIS FRANCE s’oriente unique En Argentine, la croissance recule le commerce extérieur et du droit vers l’immatériel, l’efﬁcacité globale (page IV) suite à l’effondrement des d’émettre du capital employé dans le pays e OFFRES D’EMPLOIS investissements et du déclin du papier augmente (page VIII) de la page IX des exportations monnaie XVIII à la page XXIV (page V) (page VI) siècle Les 35 heures, ça trompe énormément

Les ratés de la mécanique oins de cent jours. bonnes ou mauvaises. Ainsi, elles Pour la loi Aubry La loi Aubry ne tient se libèrent de la contrepartie en sur les 35 heures, emplois, fixée à 6 %, et pro- c’est le délai qui pas ses promesses en mettent tout juste une augmenta- resteM ; non pas pour convaincre, tion moyenne de 2,9 %. En faisant mais pour, tout simplement, dé- matière d’emploi. Si preuve de bonne volonté appa- coller. Enfin..., ajouteront les im- rente, elles caressent aussi, avec patients. A compter du 1er juillet, quelques entreprises d’autres, l’espoir secret d’ama- le montant des aides accordées douer un gouvernement en quête pour l’emploi, sous forme d’un l’appliquent, de succès, au moins théorique, Janvier 1998 : abattement de cotisations so- lors de la discussion de la ciales, va baisser. Pour se mainte- beaucoup en deuxième loi. Des hypothèses optimistes nir ensuite sur un palier, jusqu’au Plus que la délicate question qui tablent sur 31 décembre, à la veille de l’obli- dénaturent l’esprit, des cadres, l’enjeu réside, là, dans gation légale d’appliquer les les heures supplémentaires et leur 150 000 35 heures dans les entreprises de à leur seul profit taxation. Il suffirait que le quota créations d’emplois plus de 20 salariés. annuel passe de 130 heures, Evidemment, le ministère de comme actuellement, à par an l’emploi espère beaucoup que Une fois de plus, les réalités de 180 heures pour que l’on puisse cette incitation financière et cette terrain l’emportent sur les inten- respecter la lettre de la loi tout en échéance vont provoquer une tions. Après avoir protesté énor- travaillant 39 heures par semaine. montée en puissance. A mesure mément, comme après les lois Ainsi en va-t-il de ce que Fran- Face à des carnets de que la date se rapproche, une cer- Auroux ou la cinquième semaine cis Ginsbourger, auteur de commandes incertains, taine fébrilité se manifeste. Le de congés en leur temps, une par- La Gestion contre l’entreprise rappel à l’ordre des inspecteurs tie du patronat tente de retourner (La Découverte, 1998), nomme Défendent la réduction les chefs d’entreprise refusent de s’engager du travail, sommés de se taire de- une obligation à son avantage. « la dernière loi taylorienne ». du temps de travail vant la presse, en est le signe. On échenille les conventions col- Censée servir l’emploi, elle met au mais veulent le sur des quotas d’embauches. Pour le Tout comme les nombreux témoi- lectives ou on étrille les petits jour les blocages du passé et per- maintien du gnages qui font état de l’enregis- OYE moment, beaucoup avantages acquis de l’habitude. met de s’en débarrasser. Ce qui pouvoir d’achat, L U trement précipité d’accords plus serait malgré tout positif si, dans P R passent aux 35 heures D’où les attaques portées contre donc 35 heures S ou moins discutables. Ou la sortie les pauses ou certains jours de le même mouvement, ne se ma- M en grignotant les payées 39. E calculée d’Yves Barou, directeur congés. nifestait une impressionnante ca- temps de travail non adjoint du cabinet de Mme Aubry, Se saisissant donc de l’occasion, pacité à digérer toute réforme. productifs (pauses, reconnaissant que le 1er janvier certaines entreprises qui se congés…) 2000 « ne doit pas être un coupe- mettent en règle refusent les Alain Lebaube ret », et que s’ouvrira alors « une aides pour plusieurs raisons, Lire la suite du dossier pages II et III IC période de transition ». D AT Pour l’heure, le bilan reste mo- N S Y deste et, à certains égards, in- S quiète. Au dernier relevé – le INTERNATIONAL SCHOOL OF MANAGEMENT 3 mars –, il y avait 2 617 accords signés, qui couvraient un effectif ISM Fully Accredited de 825 868 salariés, soit moins de 10 % de ceux qui pourraient être Pour cadres et dirigeants de 30 à 45 ans, diplômés de l’enseignement supérieur, concernés. Mais c’est surtout à le seul MBA accrédité USA Europe compatible avec votre vie professionnelle : propos de l’emploi que les résul- tats sont maigres, puisque l’im- ERNEM Le choix de la V pact officiellement comptabilisé International Executive LES ENTREPRISES E méthode, c’est-à-dire U N porte sur 38 745 emplois supplé- O une loi en deux temps, Master of Business Administration ONT SIGNÉ T mentaires créés, en brut, ou uni- ieMBA G favorise l’attentisme quement préservés. a 520 h de formation intensive en management international : 2 617 ACCORDS des employeurs qui préfèrent connaître diplôme ieMBA accrédité AMBIGUÏTÉ Répartition par taille l’ensemble du Plus préoccupant : ces chiffres b 10 séminaires mensuels à PARIS dispositif avant de seraient encore moindres si l’on b 2 mois à NEW YORK et thèse 45 Salariés en pourcentage s’engager. n’intégrait pas les quatre accords d’entreprises publiques, dont Master of Business Administration 21,5 21,5 EDF-GDF, qui représentent plus de la moitié des effectifs, et ceux in International Management 7,8 d’entreprises, importantes pour la MBA 4,3 a plupart, qui ne réclament pas le Programme intensif, de 12 mois dont 8 mois en FLORIDE : MBA accrédité

- 20 20 à 50 à 200 à + 500 Le Monde/ Jeff Goertzen bénéﬁce des aides. En fait, ce sont 50 200 500 les petites qui, majoritairement, se laissent jusqu’à présent attirer Mars 1999 par la manne ﬁnancière. Doctorate of Business Administration

Infographie : DBA Répartition par activité Au travers de la stratégie des a Séminaires intensifs spécialisés et thèse 38 745 uns et des autres, se révèle toute emplois l’ambiguïté de la loi. Conçue dans d transport 2,6% 1% agriculture et logistique créés ou l’objectif mécanique de produire préservés de l’emploi, celle-ci se trans- Certificats en Management International industrie forme, au mieux, en un extraordi- 33% a Corporate finance a International Marketing services aux 37% naire levier pour la modernisation entreprises des entreprises qui utilisent la a 120 heures à Paris ou à New York et aux 9% flexibilité, parfois à fortes doses. particuliers 17% Et les mesures incitatives qui l’ac- International School of Management Commerce compagnent provoquent un effet 148, rue de Grenelle, 75007 Paris

Ministère de l’emploi et la solidarité - d’aubaine qui peut devenir dan- Tél. : 01-45-51-09-09 – Fax : 01-45-51-09-08 BTP gereux si les employeurs ne Programmes exclusivement gérés par International School of Management USA ISM Internet http://ism-mba.edu email : info@ism-mba-edu

Source : changent rien à leur organisation. LeMonde Job: WDE1599--0002-0 WAS MDE1599-2 Op.: XX Rev.: 10-04-99 T.: 09:36 S.: 111,06-Cmp.:12,09, Base : LMQPAG 22Fap:100 No:0114 Lcp: 700 CMYK

II / LE MONDE / MARDI 13 AVRIL 1999 DOSSIER ̄ LOI AUBRY Beaucoup d’entreprises se résignent aux 35 heures, Questions-réponses mais sans aides, ni obligation d’embauches Quel est le calendrier « sauf difficultés exception- e mettre en conformité vingt minutes de pause journa- ment considéré que les cinq jours défini par la loi nelles ». avec la loi d’ici au 1er jan- Des patrons se livrent lière accordées aux salariés sont de congé supplémentaires attri- 1 concernant le passage En cas de non-respect de la vier 2000, un point c’est désormais retranchées du temps bués aux salariés ayant deux ans aux 35 heures clause relative au maintien de S tout. Beaucoup d’entre- à de véritables de travail. « Grande entreprise de d’ancienneté étaient déjà des et quelles sont les modalités l’effectif, l’administration peut prises n’ont pas d’autre objectif. main-d’œuvre subissant la concur- jours relevant de la réduction du d’attribution des aides aussi dénoncer la convention ou Pas question pour elles de se sou- comptes d’apothicaire rence internationale, nous sommes temps de travail (RTT). Pour les financières ? simplement la suspendre. Dans mettre aux exigences qu’implique obligés de tirer le plus possible sur décompter du temps de travail Les entreprises de plus de ce dernier cas, le versement des le dispositif d’incitation, à savoir pour estimer la durée nos coûts. Il nous a donc fallu faire effectif annuel, elle en a étendu le vingt salariés devront appliquer aides est suspendu jusqu’à ce une réduction d’au moins 10 % du le point exact du temps de travail », bénéfice à tout le personnel. Tout un temps de travail collectif de que l’entreprise respecte les temps de travail avec des du travail explique Jean-Claude Milcent, compte fait, celui-ci continuera à 35 heures au 1er janvier 2000. engagements pris. embauches à hauteur de 6 % de directeur des relations sociales. travailler 38 h 50 par semaine ou Celles ayant un effectif au plus En matière de non-respect des l’effectif concerné. sonnes au lieu de 100 s’il avait « Or nous n’étions pas à 38 h 30, 36 heures s’il est en équipe. Mais, égal à vingt salariés ont jusqu’au engagements d’embauches ou Si le groupe d’assurance CGU appliqué les quotas exigés par la comme le prévoit la convention de par ces artifices, le temps de tra- 1er janvier 2002 pour le faire. de maintien de l’effectif, les syn- France a signé, dès juillet 1998, un loi. la métallurgie, mais à 36 h 45, vail effectif tombe bien à Pour pouvoir bénéficier des dicats signataires de l’accord accord prévoyant une réduction En évitant d’être tributaires des compte tenu des pauses journa- 35 heures. aides, les entreprises doivent peuvent, pour leur part, mener progressive de la durée annuelle aides, les entreprises gardent aussi lières. Il nous restait donc à faire le Théoriquement, la loi interdit, réduire leur temps de travail de une action en responsabilité du temps de travail d’ici à 2000 toute liberté dans le décompte de chemin de 36 h 45 à 35 heures, dans le cadre du dispositif d’inci- 10 % au moins et embaucher contractuelle ou en exécution pour 2 700 de ses 4 000 salariés, il la durée du travail. Avec sa défini- démontre-t-il, s’arc-boutant sur la tation, ces petits calculs, précisant l’équivalent de 6 % minimum de déloyale de l’accord devant les n’a pris aucun engagement en tion de la notion de temps de tra- définition légal du temps de tra- que l’ampleur de réduction doit leur effectif de départ. Les tribunaux. termes d’embauches... et n’a donc vail effectif, le législateur semble vail effectif. L’objectif de la loi, être « appréciée à partir d’un embauches doivent être réalisées pas sollicité les aides de l’Etat. avoir ouvert la boîte de Pandore. c’est les 35 heures. Nous l’avons mode constant de décompte des au plus tard un an après la mise Quel pourrait être le « Confrontés à une concurrence Car le temps de travail du salarié rempli. » éléments de l’horaire collectif ». en place de la réduction du contenu de la seconde loi accrue, explique Benoît Lagarde, est désormais celui mis « à la dis- D’autres n’ont pas hésité à Mais, tant que l’entreprise ne sol- temps de travail (RTT). L’effectif 4 prévue pour fin 1999 ? de la direction des ressources position de l’employeur », « sous ses décompter les jours de congé licite pas les aides, elle n’a pas de atteint doit être maintenu pen- Au plus tard le 30 septembre humaines, nous nous inscrivons directives, sans pouvoir vaquer accordés au-delà du minimum comptes à rendre. dant une durée définie par 1999 et après concertation avec dans une perspective de maintien librement à ses occupations ». Dès légal : par exemple, le pont de « Dès lors que des congés l’accord, qui ne peut être infé- les partenaires sociaux, le gou- de nos effectifs, cherchant à dimi- lors, certains employeurs se sont l’Ascension, les veilles de fêtes ou peuvent être retirés du calcul du rieure à deux ans. vernement présentera au Parle- nuer en douceur notre masse sala- livrés à de méticuleux calculs. les veilles de départ en vacances temps de travail effectif, rien ment un rapport établissant le riale. » L’entreprise compte donc Chez Peugeot, par exemple, les chez Facom. L’entreprise a égale- n’empêche désormais les Combien d’accords bilan de la première loi. La compenser la réduction du temps employeurs de faire valoir qu’ils ont ont été seconde loi, discutée devant le de travail par des gains de pro- pris de l’avance », observe Gilbert 2 signés ? Parlement, portera sur le régime ductivité. Le donnant-perdant de Martine Aubry Fournier, de la CGT. Les grandes Au 3 mars, le nombre d’ac- des heures supplémentaires, les « Non seulement notre producti- entreprises en particulier ne s’en cords atteint 2 617, couvrant un modalités applicables aux cadres vité ne nous permet pas de réaliser Alain Juppé le leur avait refusé, Martine Aubry le leur a concédé. privent pas, « surtout qu’à leurs effectif de 825 868 salariés, soit et aux très petites entreprises, la 6 % d’embauches, mais nous ne Contre leur adhésion rapide aux 35 heures, Peugeot et Renault ont yeux, relève Jean-Pierre Dufour, moins de 10 % des dix millions de formation, les rémunérations sommes pas à l’abri d’un retourne- obtenu des pouvoirs publics 5 à 8 milliards de francs pour le départ de la fédération CFDT de la salariés potentiellement concer- des salariés à temps partiel, le ment de conjoncture et nous ne en préretraite de 30 000 salariés de plus de 57 ans. Quelle aubaine métallurgie, certains acquis se jus- nés. calcul du salaire minimum inter- souhaitons pas nous voir contraints finalement ces 35 heures ! Car si les deux constructeurs n’étaient pas tifient moins aujourd’hui ». 2 444 accords avaient fait professionnel de croissance de rembourser les aides », avance très chauds pour la réduction du temps de travail (RTT), la ministre, Elles s’en privent d’autant l’objet d’une demande d’aide à la (SMIC) horaire et mensuel. pour sa part Gérard Leroux, DRH elle, a toujours été en guerre contre les mesures d’âge ayant recours moins que les partenaires syndi- RTT, 169 étaient éligibles au dis- Par ailleurs, l’idée d’une de Facom, entreprise qui vient au Fonds national pour l’emploi (FNE)... Jusqu’en décembre dernier, caux sont divisés. « Si l’on signe, positif mais ne le sollicitaient période de transition semble d’adopter les 35 heures sans aides, où, le dossier des 35 heures battant de l’aile, il a fallu lâcher du lest. dit Marie-France Boutroue, de la pas, et 4 concernaient des entre- acquise, permettant, temporai- avec l’accord de ses cinq organisa- Mais la récompense est maigre. Certes, les deux entreprises ont CGT, c’est que l’on peut estimer prises publiques non éligibles au rement, un contingent plus élevé tions syndicales (CFDT, CFTC, signé des accords, mais le scénario est a minima. Adieu, par exemple, avoir gagné sur autre chose comme dispositif d’aide. Celles-ci d’heures supplémentaires, qui CGT, FO et CGC). Le premier aux pauses. Renault grignote même des heures de formation. In fine, l’embauche de salariés, le maintien emploient plus de la moitié pourraient par ailleurs être fabricant européen d’outillage à 8 700 jeunes seront recrutés chez Peugeot et 6 000 chez Renault, dont des salaires. » Faute de mieux. (451 634) des effectifs concernés moins taxées qu’aujourd’hui main (1 300 salariés) ne s’est ainsi seulement 3 000 et 2 100 au titre de la RTT. Les embauches restantes par la RTT. Les entreprises de (25 %) entre 35 et 39 heures heb- engagé à recruter que 40 per- viennent compenser les départs en préretraite. Laetitia Van Eeckhout moins de vingt salariés repré- domadaires. sentent 45 % des accords signés. La grande majorité des D’autres pays européens accords (2 416) présente un ont-ils engagé un caractère offensif, conduisant à 5 processus d’abaissement De drôles d’habits pour l’accord textile la création brute de de la durée légale 24 764 emplois. Les accords à 35 heures ? nfin, Guillaume Sarkozy parvient à secteur sinistré qui a pu survivre en raison de proposer à mes salariés 35 heures payées 35, défensifs ont, eux, permis d’en Seule l’Italie, où la durée légale retomber sur ses pieds. En expli- nombreuses subventions publiques, aurait-il auxquelles se rajouteront obligatoirement préserver 13 981. est de 40 heures depuis juin 1997, quant aujourd’hui que son entre- retourné sa veste pour continuer à s’attirer les 3 heures supplémentaires. J’arrive à 38 heures E de travail dont le coût, compte tenu des majora- Aujourd’hui, 90 % des accords avait entamé une démarche prise Tissage de Picardie « sera bonnes grâces gouvernementales ? L’émotion s’accompagnent d’une compen- similaire. A l’automne 1997, les parmi celles à respecter la loi sur les 35 heures... passée, la communication choisie fut de tions de tarif pour les heures supplémentaires, sation salariale totale, mais un alliés communistes de l’ancien tout en continuant à faire travailler les salariés démontrer que, à bien y regarder, l’accord tex- revient à celui du paiement de 38 h 75. Je suis tiers d’entre eux associent une gouvernement Prodi avaient 39 », il reprend sa casquette de leader patronal tile était quasiment similaire à celui de donc à 38 heures payées 39 heures. Cette heure modération des augmentations consenti à voter un budget opposé « non pas à la réduction du temps de l’UIMM et « qu’il fallait simplement que le gou- perdue, je vais la récupérer en productivité, avec futures ou un remodelage des d’austérité à condition que le travail, mais à la loi couperet ». Une position vernement apprenne à mieux lire ». Une inter- une meilleure utilisation des équipements, primes « maison ». Les 10 % temps de travail légal soit porté qui l’avait amené à créer, dès novembre 1997, prétation évidemment combattue par les syn- notamment le samedi... » Officiellement, le d’accords introduisant une à 35 heures en 2001, sans baisse une nouvelle structure patronale, Croissance dicats signataires, qui soulignent, point par patron de Tissage de Picardie a réduit le compensation partielle pré- de salaire. Mais le projet de loi Emploi, qui avait engagé pendant plusieurs point, les avancées obtenues. temps de travail de ses salariés. Officieuse- voient une progressivité de s’est heurté au rejet de deux des semaines une campagne de communication ment, non. l’effort demandé aux salariés en grandes centrales syndicales ita- agressive contre le projet Aubry. TRIBUNAUX « S’il fait cela, réagit violemment Christian fonction du niveau de leur rému- liennes, la CGIL et la CISL, qui Cette figure d’opposant déterminé a été lar- La querelle devrait être tranchée par la Larose, le responsable de la fédération textile- nération. ont reproché au gouvernement gement écornée le 16 octobre 1998, avec la nature des accords qui seront signés dans les habillement-cuir CGT, négociateur de l’accord de se substituer aux partenaires signature de l’accord de branche dans le textile entreprises du secteur (140 000 salariés). Le de branche, je l’emmène aux prud’hommes, car Quelles sont les pénalités sociaux. sur les 35 heures par toutes les organisations gouvernement n’attend pas que des emplois il ne peut pas signer un accord d’entreprise prévues en cas de non- D’autres pays diminuent la syndicales. Le gouvernement fut ravi, tant le soient créés, mais à que les existants puissent moins favorable que l’accord de branche. Or ce 3 respect des obligations durée légale, mais pas à texte lui semblait conforme à l’esprit de la loi, être préservés. A condition que l’esprit de la loi dernier prévoit le maintien du pouvoir d’achat contenues dans la loi ? 35 heures. En Belgique, par contrairement à celui de l’Union des industries ne soit pas détourné... des salariés. En payant les siens 35 heures pour En cas d’absence de mise en exemple, elle est passée de 40 à métallurgiques et minières (UIMM), cloué au Ce que semble bien vouloir faire Guillaume 35 heures, et non 39 pour 35, il le diminue. » Pas œuvre de la RTT ou des 39 heures le 1er janvier. Au Portu- pilori par Martine Aubry. Or le numéro deux Sarkozy, qui négocie actuellement dans son si simple, pourtant, car l’interprétation de embauches, la direction départe- gal, un accord tripartite − patro- de la délégation patronale aux commandes des entreprise. « L’accord de branche prévoit un cette clause pose problème : simple engage- mentale de l’emploi dénonce la nat, syndicats, gouvernement − a négociations n’était autre... que Guillaume contingent annuel de 130 heures supplémen- ment moral ou obligation juridique ? Les tri- convention conclue avec l’entre- fixé la durée à 40 heures à Sarkozy, vice-président de l’Union des indus- taires par salarié − plafond légal actuel −, mais bunaux seront peut-être appelés à trancher. prise. Les aides déjà versées compter du 1er décembre 1997, tries textiles. Du côté du Medef (ex-CNPF), il y qui peut être majoré de 45 heures dans le cadre doivent alors être remboursées, au lieu de 44 heures auparavant. eut, à l’époque, un léger flottement : le textile, d’un accord d’entreprise. Je vais donc pouvoir Marie-Béatrice Baudet Les copies bâclées des chasseurs de primes

ertaines entreprises, par positifs de modulation ou d’annua- fabriquant des accords qui ne elle n’allait pas à nouveau changer 1998). Le risque est alors qu’il les aides alléchées, « On sait bien que, lisation, ces contrôles requièrent tiennent pas longtemps. Dans le d’avis. » Qu’aurait fait l’employeur n’affecte les embauches qu’à cer- C foncent tête baissée. beaucoup d’investissement de la centre de la France, une petite si le premier accord avait été tains secteurs, chez les commer- Elles bâclent le dossier, dans certains cas, part des inspecteurs, dont les effec- société métallurgique d’une cin- accepté par la DDTE ? Licencier au ciaux, par exemple, la RTT étant fraudent ou bien profitent de l’effet tifs sont insuffisants. quantaine de salariés avait ainsi bout de trois mois ? appliquée à l’ensemble du per- d’aubaine. Ainsi, un petit fabricant l’accord, sur le papier, Dans la précipitation, certaines préparé un accord offensif. La Dans d’autres cas, certains sonnel. d’appareils de mesure a rapide- entreprises ne lisent pas les textes DDTEFP lui a demandé des préci- aspects sont négligés dans la négo- Conséquence : « Les secrétaires ment bouclé, avec un salarié man- c’est de la fiction », réglementaires jusqu’au bout, lais- sions. Mais le temps que la procé- ciation, par exemple, l’affectation voient leur charge de travail daté, un accord répondant, dans les sant de côté ce qui les dérange. Par dure suive son cours, l’entreprise des personnes embauchées, parce s’accroître, sans bénéficier de ren- grandes lignes, aux exigences de la dit un inspecteur exemple, des aides majorées avait changé de cap : ayant perdu que « l’employeur ne veut surtout fort. La situation risque de devenir loi. Il manquait néanmoins quel- peuvent être accordées lorsque un marché, elle avait maintenant pas se lier dans un accord », ingérable », prévient-il. La solution : ques précisions, que la direction du travail l’entreprise emploie « au moins besoin d’un accord défensif... explique Michel Miné, juriste en renégocier l’accord, en prévoyant départementale du travail, de 60 % d’ouvriers au sens des conven- « Nous ne nous sommes pas pressés droit social, auteur de Négocier la peut-être de nouvelles embauches, l’emploi et de la formation profes- compenser la RTT sera insuffisant au tions collectives », et selon certaines pour accorder le conventionnement, réduction du temps de travail (Edi- ou bien... frauder en laissant les sionnelle (DDTEFP), chargée de regard de ses besoins, estime un ins- conditions de rémunération. raconte la DDTE, histoire de voir si tions de L’Atelier/VO Editions, secrétaires à 39 heures, sans payer décider si un accord peut ou non pecteur du travail. A terme, les Or, des sociétés « demandent des leurs heures supplémentaires. faire l’objet d’un conventionne- conditions de travail devraient donc aides majorées pour des employés », Il peut y avoir d’autres cas de ment, et donc donner lieu au verse- s’en ressentir, les salariés se retrou- relève une inspectrice du travail, La mécanique des aides* fraudes, flagrants mais pas toujours ment des aides, a demandées à vant surchargés. » On peut craindre faisant allusion à une entreprise qui RÉDUCTION DU TEMPS DE TRAVAIL D'AU MOINS 10% ASSORTIE sanctionnés. Une société bretonne l’employeur. Sans complexe, ce alors qu’ils aient du mal à réduire avait signé un accord avec maintien D'UNE AUGMENTATION OU D'UNE PRÉSERVATION DE 6% DES EFFECTIFS de textile, signataire d’un accord de dernier « n’a pas cessé de nous tan- effectivement leur temps de travail. des salaires, en tablant sur des CONCERNÉS RTT, refuse ainsi d’appliquer un ner pour avoir ce conventionnement, C’est ce qui se produit dans un aides majorées. Une autre n’avait 1re 2e 3e 4e 5e ancien accord de branche pré- car l’entreprise, en croissance, avait établissement bancaire de près de pas inclus, dans l’effectif de départ, année année année année année voyant des majorations de salaire besoin d’embaucher rapidement, 2 000 salariés, contraints de ne plus le nombre moyen d’intérimaires, en période haute de modulation. Montant de l'aide octroyée 9 000 raconte-t-on à la DDTE. Elle avait prendre leurs pauses. Malgré tout, comme l’exigent les textes. par salarié et par année 8 000 Ce qui est illégal, et devrait donc 7 000 6 000 d’ailleurs déjà repéré des candi- l’entreprise perçoit les aides, alors « Je constate qu’un certain d'exécution de la convention 5 000 priver cette entreprise des aides de dats ». qu’au bout du compte le temps de nombre d’entreprises font n’importe (accords signés en 1998 et la loi Aubry. Or, son conventionne- Cet effet d’aubaine peut avoir travail n’est pas réduit autant qu’il quoi, reprend cette inspectrice. au premier semestre 1999) ment est « en cours ». des conséquences négatives. A ne le devrait. Mais ce qui m’étonne le plus, c’est « La DDTE a décidé de conven- voir dans cette loi que les aides, « Dans certains cas, on sait bien que les syndicats, y compris les plus Montant de l'aide octroyée tionner l’accord, déplore l’inspec- 7 000 certains employeurs oublient quelque l’accord, sur le papier, c’est de la favorables à cette loi, n’ont pas été par salarié et par année 6 000 teur du travail, au motif que le préfet d'exécution de la convention 5 000 5 000 5 000 que peu les effets de la réduction fiction », lance un inspecteur du meilleurs que les patrons. Ils craint que, dans le cas contraire, des (accords signés au deuxième du temps de travail (RTT). « Si une travail parisien. Bien sûr, l’adminis- n’auraient pas dû signer certains semestre 1999) problèmes économiques se posent, à entreprise est en pleine expansion, on tration mène des contrôles. Mais accords. » terme, dans l’entreprise. » *Un barème réservé aux entreprises de moins de 20 salariés existe pour les accords peut imaginer que le nombre en matière de durée du travail, sur- D’autres entreprises n’analysent signés en 2000 et 2001. d’embauches prévu par la loi pour tout lorsque interviennent des dis- pas sérieusement leurs besoins, Source : ministère de l'emploi Francine Aizicovici LeMonde Job: WDE1599--0003-0 WAS MDE1599-3 Op.: XX Rev.: 10-04-99 T.: 09:37 S.: 111,06-Cmp.:12,09, Base : LMQPAG 22Fap:100 No:0115 Lcp: 700 CMYK

DOSSIER LE MONDE / MARDI 13 AVRIL 1999 / III Bruno Trentin, ancien secrétaire général du premier syndicat italien ̄ CHRONIQUE « La maîtrise des horaires m’obsède plus par Serge Marti que la réduction du temps de travail » Une dette

« Pensez-vous que la réduction une négociation. Il ne faut pas don- transports et que les commerçants hebdomadaire du temps de tra- ner aux entreprises la possibilité adaptent leurs horaires aux nou- à bon compte vail à 35 heures puisse créer des d’utiliser quand bon leur semble les velles organisations du travail. emplois ? heures supplémentaires, parfois » Nous avons donc négocié avec e temps en temps, au gré des calendriers − ou des modes − La question est très controver- même sans les payer. les administrations et les commer- médiatiques − les riches s’intéressent aux pauvres. Dans sée. Dans le court et le moyen − Pensez-vous que l’on puisse çants. Une des revendications des la perspective du prochain millénaire, une campagne in- terme, peut-être. Si elle s’ac- encore de nos jours organiser le syndicats était que les commerces ternationale, baptisée « Jubilé 2000 », a été lancée compagne d’une augmentation des travail sur une base collective ? soient ouverts le samedi et le di- d’abordD par des organisations chrétiennes, avec l’aval du Vatican, capacités de production, et donc − Personnellement, j’ai des manche. Cela permettait en outre puis par de nombreuses organisations non gouvernementales d’une nouvelle organisation du tra- doutes sur les objectifs d’une réduc- de créer des emplois. Ces négocia- (ONG), pour sensibiliser les « nantis » et obtenir l’effacement de la vail. Dans ce cas, notre expérience tion généralisée et simultanée du tions ont bien marché dans les dette des pays les plus miséreux. L’Eglise a ses fils, tous égaux, races montre que les véritables réduc- temps de travail. Il y a des situa- centres commerciaux, mais cela a et couleurs confondues. L’Amérique, elle, a ses Noirs. Ils sont tions d’horaires, qui ne sont pas tions différentes. Si une enteprise posé des problèmes, parfois de sur- « trente millions d’Américains dont les racines se trouvent en Afrique », contournées par une augmentation ne peut pas augmenter ses parts de vie, aux entreprises familiales. rappelait crûment Bill Clinton, fin mars à Washington, lors d’une des heures supplémentaires, marché ou, pour une raison ou − La loi française permet aux conférence interministérielle américano-africaine visant à apurer peuvent avoir des effets positifs sur pour une autre, ne peut pas aug- ̄ syndicats de mandater un salarié les quelque 70 milliards de dollars de dette publique contractée par l’emploi grâce à l’intensification de menter sa capacité productive, la pour les représenter dans les en- les pays pauvres. En priorité africains. Un plan qui sera soumis aux l’utilisation des capacités de pro- réduction du temps de travail crée Bruno Trentin treprises où ils ne sont pas im- pays riches lors du prochain sommet du G 7 qui se tiendra en juin à duction, qui passe par le travail en une difficulté majeure. De même, la b Secrétaire général de 1988 à 1995 du plantés. Qu’en pensez-vous ? Cologne. équipes ou le samedi, voire le di- pénurie de personnel rend parfois premier syndicat italien, la CGIL − La question de fond est qu’il Naturellement, des esprits chagrins ont aussitôt fait valoir qu’il manche. la réduction du temps de travail (proche du Parti démocratique de la faut avoir la certitude d’un consen- s’agissait là d’une générosité à bon compte puisque l’essentiel de − La réduction a donc comme coûteuse. Surtout que les salariés gauche [PDS], ex-communiste), Bruno tement de la majorité des travail- l’aide publique américaine va à deux pays (l’Egypte et Israël) qu’il corollaire un accroissement de la sont de moins en moins substi- Trentin est à l’origine des « pactes leurs. En Italie, nous avons créé la faut plutôt classer dans la catégorie des alliés stratégiques que dans flexibilité ? tuables. Nous ne sommes plus au sociaux » conclus en 1992 et 1993. représentation syndicale unifiée celle des nations tragiquement nécessiteuses. D’où l’idée des Euro- − Inévitablement. Mais il y a une temps du fordisme. b Agé de soixante-douze ans, ce (RSU), élue par les salariés pour ga- péens, de loin les princi- flexibilité de l’emploi liée à l’utilisa- » Enfin, les horaires dépendent juriste passé par Harvard reste une des rantir à la fois la présence des syn- paux créanciers des pays tion flexible des nouvelles technolo- des qualifications et des profes- personnalités italiennes les plus dicats nationaux dans l’entreprise et fortement endettés − Montant de l'aide publique qu’ils soient africains ou gies, qui peut se justifier. sions. Un chercheur ne peut pas écoutées. le consentement des salariés inté- 70 0,35 » En revanche, il y a des flexibili- être soumis aux mêmes conditions ressés. latino-américains −, de

tés abusives, comme l’utilisation − Début 1998, le gouvernement procéder certes à une en qu’un travailleur à la chaîne. Il faut 60 0,30 sans contrôle des heures supplé- prendre en compte toutes ces dif- proprient le pouvoir de contrôler Prodi avait présenté un projet de annulation (partielle ou %

mentaires. Il y a une idéologie de la férences. C’est pourquoi les accords les horaires. Combien de fois des loi sur les 35 heures comparable totale) des dettes pu- u 50 0,25 ﬂexibilité dont il faut se garder. de branche ne peuvent ﬁxer que ouvriers apprennent le samedi au texte français. Qu’en est-il ad- bliques contractées, PIB

Mais il est évident qu’un salarié ne des lignes directrices. qu’ils vont travailler en équipe dès venu ? mais au prorata de la ri- 40 0,20 d travaillera plus toute sa vie dans la − Mais peut-on réduire la réduc- le lundi ? Combien de réductions du − Ce serait faire injure au texte chesse de chacun des es pays

même entreprise et aux mêmes ho- temps de travail n’existent que sur français de le comparer au projet pays prêteurs. de dollars tion du temps de travail contre 30 0,15 raires. La question est donc : aide-t- l’avis du patronat ? le papier ? Les patrons exercent un italien ! Ce dernier, qui avait été Le but est aussi d’as- d on sufﬁsamment les salariés qui − Formellement, oui, mais si le véritable chantage aux heures sup- réalisé dans des conditions aber- souplir le mécanisme dit 20 0,10 ona passent d’un emploi à un autre ? plémentaires, car les gens ont be- rantes, fait actuellement l’objet « Pays pauvres très en- t

patronat s’y oppose, la réduction milliards Reçoivent-ils la formation néces- du temps de travail risque de n’être soin de travailler le samedi pour d’un examen devant les commiss- dettés » (PPTE), mis en eurs en 10 0,05 saire ? que ﬁctive et ne créera donc pas boucler leurs ﬁns de mois. sions parlementaires. S’il n’est pas place en 1996, à l’initia- − Vous précisez que la réduction d’emplois. » Dans toute l’Europe, la gestion amendé, cela posera un problème tive du Fonds monétaire 0 0 du temps de travail crée des em- − Doit-on forcément choisir des temps de travail échappe aux aux syndicats car, contrairement au international (FMI), de 1990 1997 plois à court terme. Vous êtes entre la réduction du temps de syndicats. Il y a une glissade de l’ho- texte français, il ne prévoit pas d’in- la Banque mondiale et donc sceptique sur ses effets à travail et les augmentations sala- raire contractuel vers l’horaire ef- citation à la négociation. De plus, du Club de Paris, pré- ÉTATS-UNIS ROYAUME-UNI long terme ? riales ? fectif. Il faut se réapproprier la maî- les entreprises de moins de quinze voyant un effacement à

− La réduction du temps de tra- − Le choix est d’augmenter ou trise des temps, car cela a des salariés en sont exclues, et rien n’est hauteur de 80 % des créances bilatérales et multilatérales, et qui, de- vail incite les entreprises à investir non les salaires. Mais il y a une al- conséquences importantes sur la dit sur les heures supplémentaires. puis lors, avance à la vitesse d’un escargot. A ce jour, douze pays sur

et à favoriser le capital par rapport ternative : transférer les charges so- santé du salarié, sur sa vie familiale, » Si ce texte était approuvé, nous les quarante susceptibles de bénéficier de cette disposition ont été au travail. C’est donc un élément de ciales vers l’impôt pour réduire le sociale.... Je pense au temps de tra- aurions une balkanisation des ho- retenus. Mais seulement sept d’entre eux (Bolivie, Burkina-Faso, progrès qui favorise la croissance et coût du travail et donc faciliter la vail, mais aussi à sa programmation raires : il y aurait l’horaire légal, Côte d’Ivoire, Guyana, Mali, Mozambique et Ouganda) ont réelle- donc, in fine, l’emploi. réduction du temps de travail. et, même, au temps de vie du sala- l’horaire contractuel négocié par ment vu la couleur de l’allègement de dette promis ; et ce pour un − Comment calculer aujourd’hui − Pensez-vous qu’au niveau eu- rié. branche, un horaire normal auquel total de 3 milliards de dollars (2,8 milliards d’euros) en termes nets, la durée du travail ? Sur la se- ropéen la réduction du temps de − Les Italiens ont négocié le se réfère ce projet de loi et un ho- indique la Banque mondiale dans son rapport sur l’évolution des maine, le mois, l’année ?... travail reste une question majeure « temps de la ville ». Qu’est-ce que raire effectif. Ma confédération ne flux financiers globaux, rendu public le 7 avril. − Cela dépend. Dans certaines si- pour les syndicats ? cela signifie exactement ? s’oppose pas par principe à l’inter- Pourtant, il y a urgence. Les besoins des pays pauvres, loin de s’at- tuations, on peut négocier une or- − Personnellement, la maîtrise − L’idée de départ est de dire que vention du législateur dans le do- ténuer, se sont aggravés. L’impact de la crise que traversent les pays ganisation sur deux ans. Mais il faut des horaires m’obsède plus que la la négociation du temps de travail maine du temps de travail, mais émergents depuis juillet 1997 et de la chute des prix des matières fixer des limites quotidiennes et réduction du temps de travail. Dans dans une grande entreprise a des s’oppose fermement à ce projet. » premières est beaucoup plus profond que prévu sur les pays en dé- mensuelles, ne serait-ce que pour la métallurgie italienne, les horaires répercussions sur son environne- veloppement (PVD), qui connaîtront cette année leur taux de crois- protéger la santé des travailleurs. La réels sont de 45 heures. Il faut que ment. Il faut que les administrations Propos recueillis par sance le plus bas depuis dix-sept ans, estiment les auteurs de ce do- condition essentielle est qu’il y ait les syndicats et les salariés se réap- restent ouvertes le samedi, que les Frédéric Lemaître cument. Alors que, dans le même temps, l’aide publique consentie par les pays donateurs aux PVD est en chute libre. En 1998, elle a atteint péniblement 32,7 milliards de dollars (30,5 milliards d’euros) contre 33,4 milliards de dollars (31 milliards d’euros) l’année précé- dente. Soit 12 milliards de dollars (11 milliards d’euros) de moins Il y a également de bons élèves... qu’en 1990 ! Dans le même temps, le volume de l’aide consentie par ces généreux donateurs, rapporté au total de leur produit intérieur our elles, le tableau vant, la loi quinquennale de 1993 a sieurs semaines auparavant aux brut, a été ramené de 0,35 % au début de la décennie à 0,22 % en 1998. d’honneur des 35 heures. Certaines entreprises provoqué le même effet repoussoir. salariés et à l’inspection du travail. A ce stade, il est tentant de mettre en parallèle la modicité des Elles ? Toutes les entre- Pourtant, elle offrait un arsenal juri- Le dispositif évite aussi le travail le prêts (fortement subventionnés, il est vrai) consentis avec parcimo- prises qui ont décidé de profitent de la loi dique intéressant en matière de mo- samedi matin. nie aux pays pauvres, et l’aide accordée, sans barguigner, par la faireP de cette contrainte légale une dulation des horaires. Peu de pa- Ce passage flexible aux communauté internationale aux pays émergents en crise : 190 mil- opportunité. Pour commencer, pour améliorer trons s’en sont emparé, alors que 35 heures s’est fait sans baisse de liards de dollars (177 milliards d’euros), dont 63 milliards (58,7 mil- elles épluchent les textes, afin de tous réclament pourtant une meil- rémunération − « 80 % des salariés liards d’euros) actuellement déboursés pour le Brésil, l’Indonésie, la bien en maîtriser la technicité, puis l’efficacité de leur leure combinaison entre présence sont au SMIC, aucun ne pouvait Corée, la Russie et la Thaïlande. Le rapprochement est cruel. L’iné- associent les organisations syndi- des salariés et rythmes de produc- imaginer perdre le moindre franc », quité aussi. cales à leur démarche, remettent à organisation tion. » explique Claude Riedel, déléguée plat leur organisation pour la A l’usine Bata-Hellocourt CGT de l’usine − et avec la création rendre plus performante, et créent en deux catégories : « Celles qui, (860 salariés), à Moussey (Mo- d’une cinquantaine d’emplois, soit de l’emploi. Au passage, bien sûr, dès le départ, viennent nous consul- selle), patronat et organisations 6 % de l’effectif, quota nécessaire elles prennent les aides, sauf rares ter parce qu’elles lient temps de tra- syndicales ont signé un accord sur pour l’obtention des aides finan- exceptions. « Car nous ne sommes vail, organisation et stratégie. Et les les 35 heures qui doit faire rêver cières proposées par la loi. tout de même pas des mécènes », autres, qui affichent d’abord une vi- Martine Aubry. Le dossier a également permis, à justifie tranquillement ce directeur sion technico-juridique ; en clair, en croire Bernard Dupont, secré- des ressources humaines. elles veulent qu’on les aide à élabo- ACTIVITÉ SAISONNIÈRE taire général de Bata, de remettre Qui sont-elles ? En tout cas, une rer un accord. Mais, au cours du Tous les éléments de la bonne à plat les modes de travail. « L’or- minorité pour l’instant. Il suffit de processus, elles réalisent que le dos- copie semblent réunis. Les trois ganisation des chaînes est en train constater l’embarras des consul- sier des 35 heures peut être un levier organisations syndicales (CFDT, d’être changée, explique-t-il. De tants ou des experts pour dénicher intéressant. » CGT, CGC) ont approuvé le texte, même, nous avons revu la circula- ces oiseaux qui restent rares. Ces entreprises ont d’autant qui « donne satisfaction » à la dition de l’information entre le dépar- L’Agence nationale pour l’amé- plus de mérite que, traditionnelle- rection, puisqu’il permet de bien tement marketing et la produc- lioration des conditions de travail ment, le dossier ARTT a mauvaise caler la durée du travail avec la sai- tion. » (Anact) propose depuis longtemps réputation auprès du monde pa- sonnalité de l’activité. L’hiver, On voit mal où le bât blesserait, aux entreprises un appui-conseil tronal. Lancer une réflexion sur la période de fabrication des nu- puisque le contingent annuel en matière d’aménagement et de qualité, aller chercher chez le pieds (vendus l’été), l’usine tourne d’heures supplémentaires par sala- réduction du temps de travail concurrent ce qu’il y a de meilleur, au ralenti : les ouvriers (ouvrières rié a été fixé à 20 heures (le niveau (ARTT). « Les demandes que nous moduler la politique salariale sont d’ailleurs à plus de 70 %) ont be- légal est aujourd’hui de 130). avons reçues depuis la promulga- autant d’outils de management soin de moins de temps que l’été, Même si les syndicats expliquent tion de la loi Aubry sont à 75 % le qui ne rebutent pas les chefs d’en- lorsque les bottes sont sur les que la direction a lâché sur les fait de PME de moins de cinquante treprise. chaînes. heures sup’ grâce à la nouvelle salariés, et à 95 % d’entreprises de « L’ARTT est beaucoup plus Avant l’accord sur les 35 heures, modulation des horaires, l’entre- moins de deux cents salariés », complexe, confirme un patron entré dans les faits le 1er janvier prise n’en était pas une grosse constate Michel Pépin, respon- d’usine. Il suffit de lire la loi sur les 1999, ces à-coups étaient surtout consommatrice. « Notre problème, sable du département « organisa- 35 heures, ses décrets d’application, amortis par le travail le samedi reconnaît Bernard Dupont, c’est tion et temps de travail ». L’expert les arrêtés et les circulaires pour s’en (huit par an au maximum autori- surtout la gestion du sous-travail. » de l’Anact classe ces candidatures rendre compte. Cinq ans aupara- sés par l’accord de branche alors Tous ont en mémoire le plan so- en vigueur). Que s’est-il négocié ? cial de 1997, qui avait vu le départ Une modulation du temps de tra- de 270 salariés (un tiers des effec- Bibliographie vail hebdomadaire (30 à 40 heures) tifs). Pour éviter les licenciements avec deux semaines (au maximum) secs, la direction avait souhaité b La Loi Aubry. Réduire, Frédéric Lelièvre (Gammaprim, 1998, par an où les horaires peuvent mettre en place un accord de RTT aménager, embaucher, de 112 p., 39 F, 5,9 ¤). grimper jusqu’à 42 heures. via la loi Robien. Syndicats et sala- Stéphanie Savel et Jean-Pierre b Réussir les 35 heures, Les temps de réaction pour riés n’avaient pas suivi, à l’époque. Gauthier (Editions d’Organisation, de Bernard Girard et Guy Lautier s’adapter aux baisses ou aux Les 35 heures avec le recrutement 1998, 480 p., 165 F, 25,1 ¤). (Maxima, 1999, hausses de charges sont aussi ré- de 50 jeunes vont aider à redyna- b Négocier les 35 heures, de 408 p., 179 F, 27,3 ¤). duits. La direction est tenue de miser l’entreprise après lui avoir Frédéric Turlan (Liaisons, 1999, 252 p., b Agir sur l’organisation du travail, prévenir les salariés une semaine à donné l’occasion de renouer le 195 F, 29,7 ¤). sous la direction de Michel Pépin l’avance du rythme hebdomadaire dialogue social. On croit rêver... b Les 35 heures en 35 questions, de (Liaisons-Anact, 1998, 90 p., 69 F, choisi, alors que la mobilisation le Robert Holcman, Daniel Delalande, 10,5 ¤). samedi devait être annoncée plu- M.-B. B. LeMonde Job: WDE1599--0004-0 WAS MDE1599-4 Op.: XX Rev.: 10-04-99 T.: 09:37 S.: 111,06-Cmp.:12,09, Base : LMQPAG 22Fap:100 No:0116 Lcp: 700 CMYK

IV / LE MONDE / MARDI 13 AVRIL 1999 EUROPE ̄ APRÈS L’UNION MONÉTAIRE A La Poste, des jeunes enseigneront par Hervé Juvin la monnaie unique au public La loi des champions epuis le 4 janvier, ment de monnaie. L’originalité de la décolle un timbre de son enveloppe ans doute peu de choses font la différence entre Ruggero comme tous les inter- Cent quarante démarche tient aussi au recours aux et, de jeux en exercices, il racontera Raimondi et le ténor d’un opéra national : technique vo- médiaires financiers, « emplois-jeunes » pour épauler les l’euro. cale, présence scénique − et des millions de dollars. D 160 « correspondants euro » dési- Les personnes âgées aussi récla- La Poste calcule les va- emplois-jeunes L’économie du disque, des radios et des télévisions diffuse leurs mobilières de ses clients en gnés dans les directions départe- ment la visite des « ambassadeurs » àS l’infini les draperies vocales du meilleur ; elle n’a pas une minute monnaie européenne et, à la fin du viennent renforcer les mentales et dans les services pos- de La Poste dans leurs foyers, car d’antenne ou de gravure pour les autres qui piétinent derrière, à la mois de juin, elle leur offrira la postaux centraux. Sur les elles se demandent avec inquiétude fois si près et si loin. sibilité de libeller des chèques ou de effectifs affectés à des 5 000 emplois-jeunes recrutés au ni- combien vaudra leur baguette de Dans les économies du spectacle et du sport, le gagnant rafle la tenir une facturation en euros. veau bac + 2 par La Poste d’ici à la pain lorsque le libellé de leur pen- mise. Les nouvelles techniques de diffusion de l’image et du son Comme cette révolution technique tâches pédagogiques fin de l’année et qu’elle souhaite ti- sion de retraite sera divisé par 6,5... ont accéléré un mouvement que le décloisonnement des marchés et politique est aussi affective et tulariser à terme, 140 ont été affec- alors qu’elles n’ont pas encore et le rapprochement des attentes des clients rendaient possible. Là culturelle, La Poste est en train en faveur de l’euro tés à des tâches pédagogiques en toutes renoncé à parler en anciens où le cloisonnement des marchés par les frontières, les cultures et d’enrôler, dans sa tâche pédago- faveur de la monnaie communau- francs ! les coutumes permettait à beaucoup de trouver leur place en haut gique, ses agents mais aussi ceux conseillers financiers, ont suivi des taire. de l’affiche, leur ouverture et la banalisation des produits divisent qui ont le contact facile, c’est-à-dire formations spécifiques à l’euro de- Le 23 mars, « correspondants » et ANALPHABÉTISME le nombre des stars et multiplient leurs gains. les jeunes. puis la fin de l’année 1998, pour être « jeunes » ont été réunis ensemble à Et puis il y a ce qu’on appelle les Dans l’industrie comme dans les services, un grand nombre de Ceux qui voient dans cette dé- capables de rasséréner des clients Paris pour un grand « show » de « publics sensibles », ceux que leur secteurs sont entrés dans une logique de compétition et de vedet- marche seulement une attitude de plus ou moins perdus. formation autour de la philatélie. origine étrangère, le chômage ou tariat qui tire ses lois de l’économie du spectacle ou du sport. L’in- service public se trompent. « Avec le Une campagne exceptionnelle de Une socio-psychologue, Danielle l’analphabétisme excluent de la vie térêt d’être le premier n’est pas seulement de flatter l’ego du pré- passage à l’euro, nous poursuivons communication a été lancée. Elle Rapoport, leur a rappelé les peurs sociale. La Poste les connaît bien, sident ou des administrateurs, mais aussi de susciter la fierté des deux objectifs, explique Jacques Jor- s’est traduite par l’édition d’opus- qu’ils allaient rencontrer : peur de elle qui verse dans ses bureaux leurs salariés et la préférence des clients. Les mouvements qui portent dan, directeur de la Mission Euro à cules comme « L’euro au quoti- perdre une identité collective («le allocations chômage et qui expédie Alstom-ABB au premier rang mondial de la production d’énergie, La Poste. Bien sûr, il s’agit pour nous dien », qui répond aux innom- franc, c’est comme le vin, c’est un les mandats qui font vivre tant de Nokia au premier rang mondial des portables téléphoniques, d’accompagner dans cette mutation brables questions que se posent ou morceau de notre patrimoine »), villages du Sahel. Une maman d’ori- Deutsche Bank Bankers Trust au premier rang mondial des tous les publics, et d’abord les plus se poseront le milliard de clients qui peur de perdre son pouvoir d’achat, gine africaine pourrait s’affoler de banques, qui font courir Vivendi et Suez-Lyonnaise pour le pre- sensibles ; mais nous voulons aussi en entrent, chaque année, dans les peur de l’uniformisation, peur de ne plus recevoir qu’un ou deux bil- mier rang mondial de la distribution d’eau s’analysent aussi profiter pour élargir notre fonds de 17 000 bureaux de poste : « Quand perdre pied. Pour que l’euro ne de- lets en euros au lieu des dix aupara- comme la recherche éperdue de la visibilité et de la légitimité qui commerce aux 370 millions d’Euro- pourrai-je changer mes francs contre vienne pas le bouc émissaire des vant perçus en francs au titre des al- sont l’apanage des champions reconnus. péens, car les gisements de dévelop- des euros ? Y aura-t-il des frais ? Un peurs de l’an 2000, elle les a appelés locations familiales. « Vous aurez un Les champions étaient nationaux, ils sont mondiaux. Seront-ils pement se trouvent à l’international commerçant est-il obligé d’accepter à devenir des « passeurs » qui «fa- rôle d’accompagnateurs, a-t-on an- européens ? Sans surprise, la scène européenne prend la consis- et les postiers en sont de plus en plus un chèque en euros ? Que va-t-il se cilitent le passage du connu vers l’in- noncé aux jeunes, mais vous ne serez tance que l’intégration, les privatisations et la déréglementation convaincus. Autrement dit, l’opéra- passer pour le franc CFA ? Mon pou- connu ». pas seuls et vous devrez aller vers les des secteurs les plus protégés lui donnent. Dans la banque, dans la tion nous permet de concilier les pos- voir d’achat est-il modifié par le pas- Au cours de la réunion, des pos- animateurs sociaux qui encadrent ces poste, l’électricité, les chemins de fer ou les télécommunications, sibilités entrepreneuriales ouvertes sage à l’euro ? Pourrai-je posséder un tiers et des emplois-jeunes vétérans publics en leur offrant vos services, la course est engagée pour devenir le champion européen. Et cette par l’euro avec nos missions de ser- livret d’épargne dans une banque leur ont raconté les publics aux- car ils savent comment s’y prendre. » course touche au premier chef les anciens champions nationaux vice public. » belge ou allemande tout en étant do- quels ils allaient s’adresser. Les as- Les jeunes se montrent enthou- en mal de reconversion, comme en France La Poste, EDF ou GDF, Comment La Poste aurait-elle pu micilié en France ?, etc. » sociations de consommateurs vou- siastes pour la tâche annoncée. Ain- la SNCF. Nombre de sociétés, privatisées ou non, qui détenaient oublier qu’elle est l’une des entre- dront leur entendre dire que les si Zhora semble comme un poisson un monopole de service public passent des accords, achètent des prises publiques les plus proches du JEU services postaux comporteront un dans l’eau dans ses nouvelles fonc- parts de marché hors de leur marché national, préparent des al- terrain ? Le « facteur » ou la « fac- Avec Promodès et Nestlé, La double affichage pour être sûr de tions euro-philatéliques qu’elle liances et fourbissent leurs atouts compétitifs pour se préparer à trice » ne se contente pas d’appor- Poste a conçu pour les élèves de l’absence de manipulation moné- exercera dans les Yvelines : elle ré- leur nouveau rôle. ter courrier, pensions et colis dans CM2 un jeu qui associe l’éducation taire. Comme le leur a demandé cite sans se tromper la valeur d’un Pour les Européens, cette nouvelle économie est d’abord posi- les fermes les plus reculées. Ils sont civique, la construction européenne Antoine Di Maggio, directeur au euro, soit 6,55957 francs ; sa forma- tive. L’objectif de croissance rentable prend le pas sur les objectifs souvent mis à contribution, pour et le maniement de l’euro. La maî- service des timbres et de la philaté- tion de comptable l’y prédispose. de réduction des coûts, des effectifs et de l’endettement. Pour être vérifier la facture d’électricité, par trise de la division à deux chiffres lie, ils devront expliquer aux entre- Quant à Benoit, affecté depuis le premier, il faut grandir, il faut investir, il faut être positif. L’im- exemple. Quand l’euro apparaîtra permet aux élèves de cette classe de prises qu’en affranchissant avec de trois mois à Avignon, il est ravi d’of- pératif d’une gestion rigoureuse de- pour de bon, les postiers se trouve- se livrer aux délices de la conver- « beaux timbres » en euros leur ficier dans les écoles, lui qui voulait Dans l’industrie meure. Avant de créer de la valeur pour ront bombardés de questions sur sion du franc en euros... Tous les courrier de promotion « elles auront faire carrière dans l’animation des l’actionnaire, il faut en créer pour le cette monnaie qui ne ressemble pas médias ont été mis à contribution deux fois plus de retour ». jeunes. A-t-il peur des chiffres et comme dans client et pour les salariés. Une entre- aux bons vieux francs. pour mobiliser, renseigner et for- Autre cible : l’éducation natio- des conversions monétaires ? «Pas prise qui maintient ou augmente son C’est pourquoi les 310 000 pos- mer, depuis une rubrique euro sur nale. Les instituteurs se disent heu- du tout, répond-il, car ce n’est pas un les services, profit par la seule réduction de ses tiers ont tous reçu une formation le site Internet de La Poste jusqu’au reux d’intéresser leurs élèves à la message mathématique que nous coûts est en grand danger de perdre sa générale sur l’histoire de l’Europe et lancement d’un timbre double affi- géographie ou à l’arithmétique à avons à faire passer. » Il faudra juste de nombreux différence. La leçon délivrée par les le traité de Maastricht puis d’Ams- ché franc et euro. D’ici à l’an 2002, l’occasion de la venue d’un jeune entendre les peurs suscitées par grands champions de la croissance ren- terdam. Ceux qui sont en contact cet effort coûtera 800 millions de conférencier féru de philatélie. Ce- l’euro et aider à les dépasser. secteurs sont table lors des dix dernières années est permanent avec le public, comme francs, soit le quart du budget lui-ci commencera par dire aux col- partout méditée. les facteurs, les guichetiers ou les consacré par La Poste au change- lectionneurs en herbe comment on Alain Faujas entrés dans Les champions savent inventer, ils savent créer, et ils sont visionnaires une logique avant d’être gestionnaires. Le grand retour des stratégies de développement de compétition dans des entreprises et chez des dirigeants européens dont beaucoup sem- Jacques Birouste, redresseur de torts monétaires et de vedettariat blaient avoir réduit leur ambition à la réduction des coûts est notable. qui tire ses lois Mais, parce qu’elle déclenche des mécanismes de concentration, de ri- pour euro « refoulé » de l’économie chesse et de pouvoir violents et impré- vus, l’économie des champions pose rès de quatre mois après groupe de Thierry Vissole à réagir, tégorie sociologique, de représen- du spectacle également une question majeure aux sa naissance, l’euro Ce psychanalyste est dès le 7 janvier, aux dérapages tants d’organismes de proximité institutions chargées de garantir le bon reste une monnaie vir- constatés dans les circuits ban- (associations de toute nature). Ils ou du sport fonctionnement du marché. Celui-ci P caires après l’intronisation en fan- seront chargés, dans leur pays res- tuelle pour beaucoup de l’un des spécialistes n’est pas le fait de la nature, mais de la Français. Dans le meilleur des cas, fare de l’euro) ou encore le double pectif, de diffuser la nécessaire in- culture. Il progresse par la loi, l’ordre et la régulation. Et plus les on le voit uniquement s’agiter sur chargés d’évaluer affichage des prix durant la formation, naturellement modulée relations de marché s’étendent, plus il participe à l’instauration de les écrans des salles de marchés ; période pendant laquelle euro et en fonction des particularités relations justes et équitables, plus doit être forte l’autorité char- dans le pire, on lui attribue quanti- la dimension monnaie nationale cohabiteront propres à chacune des populations gée de la concurrence, plus son rôle est essentiel, plus ses pouvoirs té de malédictions : les licencie- en ayant tous deux cours légal. concernées. doivent être à la mesure des enjeux. Laissé à lui-même, le marché ments résultant des fusions-acqui- psycho-sociologique A partir de ce relevé de conclu- « Dans cette démarche qui a me- développe les germes malins de sa propre mort. sitions, les frais bancaires sions permettant de définir des né à la mise en place du programme Les mouvements récents des systèmes bancaires européens l’il- imprévus liés à des opérations de de la monnaie unique « critères de confiance » qui au- de « l’Euro facile », nous avons tiré lustrent ; dans maints pays d’Europe – la Grande-Bretagne, l’Es- conversion ou d’encaissement de ront une représentation physique les leçons de plusieurs expériences pagne, les Pays-Bas, bientôt l’Italie –, trois ou quatre établisse- chèques libellés en euros. Bref, une ciologique de l’euro. « L’entreprise (des logos sur les boutiques prati- positives comme celle du ments détiennent 80 % des parts de marché. Cette concentration a image décalée, sinon fortement n’était pas facile, rappelle-t-il. Il fal- quant le double affichage, une Nord - Pas-de-Calais, explique permis à certains d’afficher des rentabilités exceptionnelles, supé- négative, qu’il s’agit de redresser lait faire monter au créneau la so- charte de confiance signée par les Jacques Birouste. rieures à 20 % de retour sur capitaux propres, qui ont bien peu à au plus vite. ciété civile pour la hisser aux côtés différentes organisations socio- Celle-ci s’est appuyée sur le lien voir avec le marché et beaucoup avec la constitution d’oligopoles. Pour éviter que, pendant la des grosses divisions économiques et professionnelles), sera constitué social fort établi entre le réseau des Demander au marché de jouer tout son rôle dans la détermina- longue période de transition qui monétaires qui avaient accaparé le un bataillon de « médiateurs de caisses d’allocations familiales, les tion des revenus et des prix et l’affectation des ressources en Eu- conduit jusqu’au 1er janvier 2002 débat, intégrer du social dans la dy- confiance », à l’échelon régional maisons de quartier et les associa- rope est un puissant moyen de la performance européenne et l’ou- − date à laquelle les Européens des namique de l’euro, ne pas écarter ou national, constitué de leaders tions de consommateurs, qui a per- til efficace de l’intégration nécessaire des systèmes, des logiques et Onze auront l’euro en poche −, les conflits qui allaient nécessaire- d’opinion représentatifs de leur ca- mis de créer des lieux de tests où, des cultures. Mais cette démarche oblige à penser le marché ceux que l’on classe pudiquement ment naître du difficile rapport à la une fois par semaine, des groupes comme justice et comme équité, à reconnaître la concurrence dans la catégorie des « popula- monnaie, au système de production, constitués majoritairement de comme le moyen de cette justice et de cette équité, et à porter le tions fragiles » (chômeurs, per- aux banques, à la grande distribu- femmes ont réinventé la monnaie, droit de la concurrence, le contrôle et le renforcement de la sonnes en situation de précarité, tion. » simulé le fonctionnement de mar- concurrence au rang des missions essentielles non plus des Etats de handicap, âgées ou proches de Il a fallu deux bonnes années de chés locaux puis transnationaux. nationaux, mais d’organisations compétentes au niveau per- l’illettrisme) basculent irrémédia- relations, parfois houleuses, avec « De même, ce sont les initiatives tinent ; nationales quand il le faut, européennes là où l’Europe est blement dans le camp du refus. les représentants d’associations de lancées dans des clubs de personnes intégrée, mondiales ailleurs. Le droit et le contrôle de la concur- C’est à ce patient travail de re- consommateurs et des secteurs de âgées en Belgique, en Italie, en rence doivent être portés au niveau des ambitions des sociétés mise à niveau et d’analyse, parfois l’économie sociale, sans oublier les Suède, poursuit-il, qui nous ont per- européennes : les plus hautes. Alors, l’Europe pourra être le plus au sens psychanalytique du terme, nécessaires contacts avec les admi- mis de mieux comprendre les enjeux court chemin vers la mondialisation pour les champions que s’emploie à Bruxelles, au sein nistrations des pays membres et, affectifs, symboliques, communau- régionaux. de la DG 24 (direction de la poli- au sein de la Commission de taires, de la pratique monétaire. » tique des consommateurs et de la Bruxelles, avec les responsables Redonner la parole ne suffit pas. protection de leur santé) dirigée des autres directions générales, Il faut aussi consolider la confiance par le commissaire démissionnaire pour que soit enfin élaboré le plan en favorisant l’insertion, la réap- Emma Bonino, une petite quin- de « l’Euro facile », résultat d’in- ̄ propriation. « C’est par la monnaie zaine de « micro-experts » en nombrables travaux, rapports et qu’on est intégré, qu’on entre dans économie, psychologie, sociologie, discussions animées. Jacques Birouste le circuit marchand des solidarités issus de différents pays européens, Certains de ces acquis peuvent b Agé de 55 ans, originaire de et des compensations », souligne ce placés sous l’autorité de Thierry paraître anodins, mais il en va tout Génolac (Gard), Jacques Birouste spécialiste de la psychologie de Vissole, chef de l’unité des services autrement aux yeux des personnes est vice-président de l’université l’argent. financiers auprès de la DG 24. concernées. Ainsi du modèle des Paris-X (Nanterre) où il dirige le L’enjeu est vital. Même lorsqu’ils Professeur de psychologie cli- pièces en euros ou des picto- Laboratoire scientifique de auront été matérialisés, billets et nique à l’université de Nanterre, grammes figurant sur les billets et psychologie des faits culturels. pièces en euros resteront « une psychanalyste (lacanien), auteur destinés à une meilleure identifica- b Psychanalyste de formation, il a monnaie sans histoire, sans visage, de nombreux travaux sur la patho- tion par les mal-voyants, ou en- pratiqué et enseigné à Toulouse, sans installation de terre », insiste logie de la prise de risques, y core des gammes de couleurs que puis à Montpellier. Connu pour Jacques Birouste. Avec le risque compris dans les salles de marchés, peuvent mieux reconnaître les per- ses travaux sur la qu’ils se transforment, pour les po- et sur l’économie de la monnaie, sonnes âgées. psychopathologie appliquée au pulations « fragiles », en une mon- Jacques Birouste fait partie de ces D’autres dispositions sont d’une risque, il a participé à la rédaction naie « refoulée ». A laquelle il faut « redresseurs de torts moné- autre ampleur ; par exemple la de La Monnaie souveraine, sous la redonner souveraineté et identité. taires » soucieux d’évaluer, puis de clause de gratuité des opérations direction de Michel Aglietta et rectifier, la dimension psycho-sode conversion (qui a conduit le André Orléan (Odile Jacob, 1998). Serge Marti LeMonde Job: WDE1599--0005-0 WAS MDE1599-5 Op.: XX Rev.: 10-04-99 T.: 09:37 S.: 111,06-Cmp.:12,09, Base : LMQPAG 22Fap:100 No:0117 Lcp: 700 CMYK

BOUSSOLE LE MONDE / MARDI 13 AVRIL 1999 / V

EUROPE Les chiffres de l’économie mondiale 20 La concentration bancaire se poursuit... ÉTATS-UNIS JAPON ALLEMAGNE BELGIQUE ESPAGNE FRANCE ITALIE PAYS-BAS ROY.-UNI EURO 11 UE 15 sauf au Luxembourg NOMBRE D'ÉTABLISSEMENTS POUR 100 000 HABITANTS EN 1997 PRODUCTION INDUSTRIELLE (en %)

53,5 Sur un an ...... 1,8 (déc.) – 6,0 (déc.) 1,6 (déc.) – 5,3 (déc.) 3,4 (déc.) 0,3 (déc.) – 7,6 (déc.) – 1,7 (déc.) 0,1 (déc.) – 0,2 (déc.) – 0,2 (déc.)

11,3 Sur trois mois ...... 0,3 (déc.) – 0,8 (déc.) 0,1 (déc.) – 0,2 (déc.) 0,4 (déc.) 0,4 (déc.) – 0,8 (déc.) 0,2 (déc.) – 0,3 (déc.) – 0,3 (déc.) – 0,3 (déc.)

10 TAUX DE CHÔMAGE (en %)

6,7 1999...... 4,3 (janv.) 4,3 (sept. 98) 9,1 (janv.) 8,4 (janv.) 17,8 (janv.) 11,6 (janv.) 12,3 (oct. 98) 3,6 (nov. 98) 6,2 (oct. 98) 10,6 (janv.) 9,6 (janv.) 5,6

4,2 PRIX À LA CONSOMMATION (en %) 3,7 2,3 2,1 Sur un an ...... 1,7 (janv.) – 0,1 (juil.) 0,2 (fév.) 1,0 (fév.) 1,8 (fév.) 0,3 (fév.) 1,4 (fév.) 2,0 (fév.) 1,5 (fév.) 0,8 (fév.) 1,0 (fév.) 1,5 1,6 1,4 1,1 0,7 1,1 0,7 0,8 0,4 Sur un mois...... 0,2 – 0,6 0,1 0,2 0,1 0,3 0,2 0,7 0,2 0,3 0,3

0 I e e e e e e e e er e e E IS E B. PIB EN VOLUME 4 trimestre 4 trimestre 4 trimestre 3 trimestre 4 trimestre 4 trimestre 3 trimestre 4 trimestre 4 trimestre 4 trim. 4 trim. CE NE D AL N ARK (dernier trimestre connu, en %) 1998 1998 1998 1998 1998 1998 1998 1998 1998 1998 1998 AG GRÈCE SUÈDE ITALIE SUISSE FRAN LUXEM ROY.-UNESPAG PAYS-BAS IRLAN Sur un an ...... 4,3 – 3,0 2,6 2,2 3,6 2,8 1,2 3,3 1,1 2,4 2,3 BELGIQUE PORTUG FINLANDEAUTRICHE ÉTATS-UN DANEM ALLEM Sur trois mois ...... 1,5 – 0,8 0,4 0,3 0,7 0,7 0,5 1,2 0,1 0,2 0,2

Source : Eurostat DÉFICIT PUBLIC / PIB (en %) a DE 1994 À 1997, le nombre des établissements de crédit installés dans 1997...... 0,1 – 3,3 – 2,7 – 2,1 – 2,6 – 3 – 2,7 – 1,4 – 1,9 – 2,5 – 2,3 l’Union européenne (UE) est passé de 8 446 à 7 933, soit une baisse de 1998*...... 1,4 – 5,5 – 2,1 – 1,3 – 1,8 – 2,9 – 2,7 – 0,9 – 0,6 – 2,1 – 1,5 6 %. Des restructurations – de cette ampleur – ont eu lieu en France, en DETTE PUBLIQUE / PIB (en %) Allemagne, en Italie, au Royaume-Uni ainsi qu’en Belgique et au Dane- 1998...... ND ND 61 117,3 65,6 58,5 118,7 67,7 49,4 73,8 69,5 mark. a IL Y A EU STABILITÉ du nombre d’établissements dans la plupart des BALANCE COURANTE** autres pays, exception faite de l’Irlande où ils ont augmenté grâce à une (en % du PIB annuel) 1er trimestre 2er trimestre 3e trimestre 3e trimestre 3e trimestre 3e trimestre 3e trimestre 3e trimestre 3e trimestre 3e trim. 3e trim. forte incitation fiscale gouvernementale en faveur d’un centre financier à Solde trimestriel 1997...... – 0,4 0,4 0,1 1,4 0,1 0,6 0,6 1,4 0,2 0,4 0,3 Dublin. Solde trimestriel 1998...... – 0,49 0,7 – 0,19 1,13 0,21 0,72 0,91 0,74 0,23 0,39 0,36 a L’IMPORTANCE DU LUXEMBOURG comme centre bancaire international est clairement mise en évidence par l’indicateur, avec 53,5 éta- * prévisions Commission européenne ** y compris les flux intrazones pour UE15 et EURO11. Le chiffre de la balance courante belge inclut celui du Luxembourg. blissements pour 100 000 habitants contre une moyenne de 2,1 dans l’UE. La France se situe à un niveau très bas : 0,7. Source : Eurostat. Pour plus d’informations : http://europa.eu.int/eurostat.html

FRANCE Les chiffres de l’économie française AMÉRIQUE LATINE DERNIER MOIS VARIATION Le coût du crédit s'est envolé au Brésil et en Argentine Près d'une entreprise sur deux innove CONNU SUR UN AN PRIME DE RISQUE PAR RAPPORT AUX OBLIGATIONS AMÉRICAINES dans les services en % CONSOMMATION DES MÉNAGES – 3,4 % (fév.) + 4,6 % ENTREPRISES INNOVANTES DE PLUS DE 10 SALARIÉS 16 en % TAUX D’ÉPARGNE 14,2 % (3e trim. 98) – 5,9 % 14 0102030405060 POUVOIR D’ACHAT DES MÉNAGES + 0,5 % (3e trim. 98) 2,6 % BRÉSIL ACTIVITÉS 12 D'INGÉNIERIE TAUX DE SALAIRE HORAIRE OUVRIER + 0,3 % (4e trim. 98) + 1,2 % 10 INVESTISSEMENT + 1,4 % (4e trim. 98) + 0,4 % TÉLÉCOM. 8 COMMERCE EXTÉRIEUR (en milliards de francs / euros) + 9,477 MdF / + 1,4 milliard d’euros (jan.) – 16,7 % SERVICES (solde cumulé sur 12 mois) + 151,850 MdF / + 23,2 milliards d’euros (98/99) – 7,4 % 6 INFORMATIQUES ARGENTINE ENQUÊTE MENSUELLE SUR LE MORAL 4 ENSEMBLE DES DES MÉNAGES – 7 (fév.) – 21** TROIS SECTEURS 2 ENQUÊTE MENSUELLE DANS L’INDUSTRIE* opinion des chefs d’entreprise – 22 (mars) + 22** 12/97 03/98 06/98 09/98 12/98 03/99 Source : Enquête communautaire. Innovation (CIS2). Sessi sur les perspectives générales Source : Caisse des dépôts et consignations a PRÈS DE LA MOITIÉ des entreprises de services informatiques, de té- TAUX DE CHÔMAGE DES JEUNES (– de 25 ans) 17,3 % (fév.) – 4,6 % a LA CRISE FINANCIÈRE RUSSE de l’été 1998 a gravement affecté lécommunications et d’ingénierie de plus de dix personnes ont innové l’Amérique latine. Le niveau des spreads (écarts de taux d’intérêt entre les technologiquement entre 1994 et 1996, en mettant sur le marché des ser- PART DU CHÔMAGE DE LONGUE DURÉE titres locaux et les titres américains) reﬂète bien l’augmentation de la (UN AN) DANS LE CHÔMAGE TOTAL 38,3 % (fév.) + 0,4 % vices nouveaux ou améliorés, ou en mettant en œuvre des méthodes prime de risque exigée par les investisseurs. nouvelles. Les deux tiers de ces entreprises estiment que la conquête de EMPLOIS AIDÉS DANS LE SECTEUR a AVEC LA DÉVALUATION du real brésilien en janvier dernier et nouveaux marchés ou l’accroissement de parts de marché sont des préoc- MARCHAND 1 054 900 (fév.) – 0,87 % l’adoption du deuxième volet du plan du Fonds monétaire international

cupations importantes dans leur décision d’innover (contre 58 % dans EMPLOIS AIDÉS DANS LE SECTEUR (FMI) début mars, les marchés semblent à nouveau accorder leur l’industrie). NON MARCHAND 383 428 (fév.) – 9,1 % conﬁance au Brésil et à l’Argentine, gros « consommateurs » de capitaux a LA PART DU CHIFFRE D’AFFAIRES consacrée à l’innovation est tou- internationaux. Toutefois, l’année 1999 s’annonce difﬁcile. Les politiques tefois moins élevée chez elles que dans l’industrie manufacturière. Pour INTÉRIM 532 098 + 28,8 % d’austérité se paieront au prix fort : une récession de 5 % au Brésil et de les entreprises des trois secteurs étudiés, les dépenses d’innovation * solde des opinions négatives et positives, données CVS **solde net douze mois auparavant 2 % en Argentine est attendue, selon les scénarios les plus optimistes s’élèvent à 2,6 % du chiffre d’affaires, contre 6 % dans l’industrie. Source : Insee, Dares, Douanes et Unedic. (Caisse des dépôts, risque-pays). ̄ UN CHIFFRE L’Argentine entre en récession dans le sillage du Brésil

2% a dévaluation brésilienne vrier 1998. Textiles, chaussures et reste insuffisant et, à court terme, va se heurter à une forte agitation du mois de janvier va-t- L’investissement et les une partie de l’industrie alimentaire la mise en place des fonds de pen- (les agriculteurs ont déjà commen- elle provoquer en Argen- (comme les produits laitiers, dont sion accroît les charges de l’Etat cé). D’autant que le chômage, qui LA CHUTE DES PROFITS L 86 % des exportations vont au Bré- (qui paye les retraites). Tout avait significativement baissé fin tine une crise comparable DES ENTREPRISES exportations, moteurs à celle qui avait suivi la dévaluation sil) seront touchés aussi. Si certains comme la réorganisation néces- 1997, risque de retrouver les som- AMÉRICAINES mexicaine de décembre 1994, de la croissance, produits de base (notamment les saire de la fonction publique, no- mets de 1996 sinon de 1995. Après cinq années consé- lorsque le PIB argentin avait chuté hydrocarbures) peuvent trouver de tamment dans les provinces. Pour Or la sortie de crise pourrait être cutives de profits à deux de 4,5 % en 1995 ? Les perspectives s’effondrent nouveaux débouchés, ceux-ci ne augmenter les salaires des ensei- plus lente que la précédente : chiffres, les bénéfices des en- actuelles à Buenos Aires semblent compenseront pas les pertes, en gnants, particulièrement mal lotis, contrairement aux affirmations of- treprises américaines ont litté- assez inquiétantes, même si le pro- de plusieurs mois, la production in- raison de la concurrence (des Etats- il a fallu créer un impôt spécial. Les ficielles, le Brésil, dont les achats ralement plongé en 1998 : cessus est différent. dustrielle a reculé de 7,8 % par rap- Unis sur le blé, par exemple, ou du autorités se sont aussi attaquées à avaient, en 1995, été dopés par le 0,8 % l’an dernier, ce qui équi- La crise argentine de 1995 avait port au même mois de l’année pré- Brésil sur les oléagineux). l’évasion fiscale (40 % des impôts « plan real », ne retrouvera vrai- vaut à une chute de 2 % après d’abord été financière. Au début de cédente ; la baisse a été continue Des secteurs économiques tra- dus restent impayés), mais il faut semblablement pas de croissance impôts. Il s’agit de la pire per- l’année, la fuite des capitaux et le depuis l’automne. vaillant pour le marché intérieur, du temps pour la réduire significa- au second semestre 1999 ; la pro- formance de la décennie. retrait des dépôts bancaires avaient Ce recul provient de l’affaiblisse- comme la construction, sont au- tivement. longation de la récession asiatique Cette faiblesse des profits asséché les liquidités, stoppé le cré- ment des moteurs de la croissance : jourd’hui atteints à leur tour : les Le gouvernement a élargi l’as- ne laisse pas espérer une remontée est d’autant plus étonnante dit et étranglé les entreprises. De- l’investissement et l’exportation, taux d’intérêt restent élevés, le mo- siette fiscale et fait voter de nou- de la demande et des prix des ma- que la croissance américaine puis, la moitié des établissements liés entre eux, car ce sont surtout ral des consommateurs est en veaux impôts. Il paraît décidé à tières premières. s’avère parfaitement robuste. ont disparu ; la plupart des survi- les entreprises exportatrices qui baisse et les banques hésitent à maintenir sa politique. Mais, à six Le PIB a crû de 4 % en 1998, et vants sont aux mains de grandes cherchent à se développer et à se prêter, car le taux de mauvaises mois de l’élection présidentielle, il Guy Herzlich le dernier trimestre était banques étrangères, capables de les moderniser. L’investissement, qui créances dépasserait déjà large- même sur un rythme de 6 %. soutenir. avait bondi de 26,5 % en 1997 et en- ment les 4 % généralement avan- Autrement dit, plus les entre- core de 17,5 % au premier semestre cés. prises produisent et vendent, MATIÈRES PREMIÈRES 1998, s’est effondré à la fin de l’an- Les perspectives 1999 seront un moins elles gagnent d’argent. La Banque centrale a imposé à née dernière. La chute a suivi l’es- des enjeux de la rencontre avec les Les raisons de cette appa- tous un ratio de liquidités inhabi- soufflement puis le déclin des ex- experts du Fonds monétaire inter- rente contradiction tiennent tuellement élevé ; elle a augmenté portations consécutif à la crise national (FMI), attendus à Buenos au fait que les industries de ses propres liquidités et s’est assuré asiatique et au retournement des Aires au début d’avril. La récession biens et de services ont de plus une « réserve » supplémentaire au- prix des matières premières depuis va réduire les recettes fiscales – le en plus de mal à augmenter près d’un groupe de grandes 1997. mouvement a déjà commencé – et leurs tarifs. L’inflation qui at- banques internationales. Au total, Plus de la moitié du montant des rendre encore plus difficiles à at- teignait à peine 1 % en 1998 est quelque 22 milliards de dollars exportations argentines provient teindre les objectifs de déficit pu- un facteur de stabilité des prix. (20,5 milliards d’euros) pourraient de produits « de base » ou faible- blic convenus avec le FMI pour Dans le secteur de l’énergie et être injectés dans l’économie, en ment transformés (céréales, oléagi- 1999. Déjà, pour 1998, celui-ci s’est de l’industrie en général, les dépit du conseil monétaire (curren- neux, hydrocarbures, etc.). L’aug- élevé à 1,6 % au lieu de 1,2 %, mal- prix ont plutôt tendance à cy board), qui interdit à l’institut mentation des volumes n’a pas gré des économies supplémentaires baisser. d’émission de jouer le rôle de prê- compensé la chute des prix. Quant de 1 milliard de dollars, l’avance- Parallèlement, les revendica- teur en dernier ressort. aux produits industriels pour les- ment de la perception de l’impôt tions salariales, faibles ces der- En fait, le montant des dépôts quels le Brésil constitue le grand sur le revenu, le retard des rem- nières années, reprennent de s’est maintenu à un bon niveau : en débouché, ils ont déjà souffert au boursements de TVA aux exporta- la vigueur. Avec un taux de mars, il dépassait de 10 % le niveau deuxième semestre 1998 de la lan- teurs. chômage très bas à 4 % du to- du même mois en 1998. Cette crois- gueur de l’économie brésilienne. Si tal de la population active, les sance touchait surtout les comptes les ventes à l’étranger représentent DETTE EXTÉRIEURE syndicats réclament des aug- en dollars, mais la résistance du moins de 10 % du produit intérieur A court terme, pas de danger : mentations et les obtiennent. « modèle économique » argentin, brut argentin, et celles au Brésil l’Etat argentin a déjà couvert ses Compte tenu du fait que les avec une parité entre le peso et le moins de 3 %, leur stagnation ou besoins de financement pour le taux d’intérêt réels demeurent dollar verrouillée depuis 1991, a ac- leur déclin touchent de plein fouet premier semestre 1999. Le FMI, qui élevés et que les entreprises cru la confiance des individus et des d’importants secteurs de l’écono- a accordé un crédit « stand by » de ont emprunté pour investir entreprises. mie. 2,8 milliards de dollars (2,6 mil- massivement, elles se re- Cette fois, c’est l’« économie L’aggravation des difficultés du liards d’euros), ne refusera pas une trouvent pénalisées par des réelle » qui est directement at- grand voisin et le renchérissement nouvelle aide à un « bon élève ». charges d’intérêt très élevées. teinte. Après un premier semestre des produits argentins ont déjà fait Mais la dette extérieure n’a cessé Baisse des profits, salaires et 1998 de quasi-surchauffe, la crois- sentir leurs effets sur l’industrie. de s’accroître (de 29 % du PIB en charges d’intérêt en hausse, sance est tombée à 0,5 % en rythme Première victime : l’automobile, qui 1993 à 39 % fin 1998). Intérêts et croissance plus molle en 1998... annuel sur les trois derniers mois jouit d’un régime douanier avanta- remboursement atteignent la moi- tout cela semble laisser Wall de l’année ; pour le premier tri- geux au sein du Mercosur ; elle a vu tié des recettes d’exportation, bien Street indifférent. Jusqu’à mestre 1999, les projections les plus s’effondrer ses exportations, et la que le gouvernement ait su allon- quand ? optimistes tablent sur un recul de production est tombée en février ger la durée des emprunts. En 0,6 %. En janvier, après une glissade 1999 à la moitié du niveau de fé- hausse, le taux d’épargne interne LeMonde Job: WDE1599--0006-0 WAS MDE1599-6 Op.: XX Rev.: 10-04-99 T.: 09:37 S.: 111,06-Cmp.:12,09, Base : LMQPAG 22Fap:100 No:0118 Lcp: 700 CMYK

VI / LE MONDE / MARDI 13 AVRIL 1999 FUTURS ̄ HISTOIRE ÉCONOMIQUE Autant d’études, autant de contradictions par Laurent Fléchaire et Jacques-Marie Vaslin sur les pays les plus attractifs

ien de tel qu’une bonne Kearney, dont la dernière édition a le numéro du quatrième trimestre L’héritage étude pour convaincre. Selon les uns, été publiée le 17 février. 1998 de sa revue McKinsey Quaterly. R A défaut de pouvoir s’en La méthodologie est complète- L’image ultra-libérale de la offrir une sur mesure, le implanter une usine ment différente, puisqu’elle repose Grande-Bretagne en sort brisée. On document idoine peut se trouver sur la confiance accordée par les di- y apprend que la productivité par de la rue Quincampoix quelquefois dans le vaste choix de au Canada est rigeants de mille grandes entre- habitant y est inférieure de 40 % à celles réalisées pour d’autres. Plu- prises d’Amérique du Nord, d’Eu- celle des Etats-Unis, et de 20 % à ouvent, dans l’imagerie populaire, la Bourse est synonyme de casi- sieurs enquêtes récentes visant à judicieux. Selon les rope et d’Asie. En matière celle de l’Allemagne (mais très lé- no ; le temple de l’argent est assimilé à un théâtre des fortunes vite classer les pays les plus attractifs d’investissement, les Etats-Unis ar- gèrement supérieure à celle de la faites de quelques-uns aux dépens du plus grand nombre. L’aver- pour les entreprises, illustrent ce autres, c’est presque rivent en tête, le Canada n’oc- France). Les auteurs de l’étude attri- sion des Français envers la spéculation trouve son origine dans les phénomène. cupant que... la dix-septième buent cette mauvaise performance événementsS financiers qui vont secouer le royaume après la mort de Le 24 mars, l’ambassade du Ca- la pire des idées. position. aux barrières commerciales, dues Louis XIV. Un aventurier écossais de la finance, un beau parleur séduisant nada à Paris réunissait la presse Sont pris en compte les coûts, soit à des réglementations gouver- et imaginatif va révolutionner les finances françaises. John Law va mettre française pour présenter les résul- Ferait-on dire mais aussi le marché, la croissance nementales britanniques, soit à des en place un mécanisme financier aussi attractif que périlleux, et qui portera tats d’une étude réalisée par KPMG du PNB, et l’environnement poli- dispositions européennes. son nom : le système de Law. L’action de cet épisode fameux de l’histoire sur « Les choix concurrentiels. aux enquêtes tique et économique. Ce qui donne Six industries ou services sont financière se déroule là où cet Ecossais établit sa Banque générale : la rue Comparaison des coûts des entre- à cette étude un avantage certain. analysés en détail : l’automobile, Quincampoix, au cœur du ventre de Paris. prises dans les pays du G7 ». Nul ce que l’on veut ? Car, selon une autre étude, « L’in- l’agroalimentaire, la distribution John Law fait une entrée en scène fracassante en 1716 dans une France doute, à en croire cette étude « par- vestissement international à l’hori- alimentaire, l’hôtellerie, les logiciels financièrement exsangue. Le Roi-Soleil a tiré sa révérence en laissant au rainée » par la Banque royale du données « objectives », l’étude pu- zon 2002 », signée Arthur Ander- et les télécommunications. Les quo- régent Philippe d’Orléans un pays criblé de dettes. Les dernières guerres Canada, l’Ontario Power Genera- blie néanmoins en annexe des ta- sen, les coûts de production ne tas laitiers expliquent partiellement d’Espagne (1702-1712) ont coûté très cher à l’Etat, qui a contracté près de tion et Bell (Canada), c’est bien... au bleaux comparatifs sur les facteurs pèsent que faiblement dans une les mauvais résultats de l’industrie 3 milliards de livres de dettes, soit l’équivalent de dix-huit années de re- Canada qu’il faut aller en priorité de qualité de vie, issus d’une étude décision d’implantation. Les cri- agroalimentaire britannique, esti- cettes du royaume ! Pour s’en sortir, on a recours à des expédients devenus installer une nouvelle usine. Car du World Competitivness Yearbook. tères jugés les plus importants ment les experts de McKinsey. chroniques : entre 1713 et 1715, l’Etat réalise deux banqueroutes successives c’est là que les coûts d’implantation Ces tableaux prennent en compte étant l’accès aux marchés étrangers Alors que KPMG plaçait la Grande- en décidant unilatéralement de supprimer la moitié de ses engagements fi- et de production sont les plus bas. des critères tels que le taux de cri- et la part de marché mondial du Bretagne en tête de son classement. nanciers. L’étude de plus de 150 pages minalité, le coût de la vie. Le Cana- pays envisagé. Dans le domaine du logiciel, les C’est dans cet environnement calamiteux pour la crédibilité et la respec- prend en compte les coûts initiaux da y est encore classé en première Enfin, celui que l’on voudrait mauvais résultats du Royaume-Uni tabilité de l’Etat que John Law fait une proposition au régent : reprendre à (prix des terrains, de la construction position, juste devant la France, contraindre d’aller en Grande-Bre- seraient dus à des contraintes son compte l’intégralité de la dette de l’Etat, en échange du monopole sur des bâtiments) et les coûts de fonc- cette fois-ci ! tagne, et qui serait prêt à aller n’im- d’aménagement du territoire ; elles le commerce extérieur et du droit d’émettre du papier monnaie. Il promet tionnement (main-d’œuvre, trans- Autres études, autres conclu- porte où plutôt qu’outre-Manche, ont freiné le regroupement de pe- des résultats providentiels à la réalisation de son plan : rétablissement des ports, électricité, télécommunica- sions. Ainsi un cadre qui n’aurait trouvera un allié précieux dans tites entreprises en un même lieu. finances, dynamisme retrouvé de tous les secteurs d’activité grâce à l’actions, imposition, etc.). L’analyse aucune envie de s’expatrier au Ca- l’étude « Why is labor productivity Or les entreprises de ce secteur croissement de la monnaie en circulation, augmentation des revenus de est faite pour neuf secteurs indus- nada, mais plutôt aux Etats-Unis, in the United Kingdom so low » tirent souvent profit d’une certaine Son Altesse royale et baisse des charges qui pèsent sur ses sujets. Rien de triels. Le Canada est en tête par- aurait tout intérêt à utiliser le [pourquoi la productivité du travail proximité géographique, d’après moins ! tout, sauf dans le secteur de la Foreign Direct Investment Index, est si faible au Royaume-Uni], pu- McKinsey. L’industrie du logiciel Le financier est auréolé des succès engrangés par la Banque générale, « transformation des aliments », où étude semestrielle du cabinet AT- bliée par le cabinet McKinsey, dans britannique est pourtant en qu’il a fondée en 1716, et utilise les nombreux moyens dont il dispose pour il occupe la deuxième position, der- deuxième position dans l’étude emporter la conviction du premier des Français. D’après la belle formule rière le Royaume-Uni. Le grand ri- Des résultats contradictoires . . . KPMG. Même constat pour l’indus- de l’historien Marcel Marion, « faire de telles offres à l’Etat qui succombait val, les Etats-Unis, n’arrive qu’à la trie des télécommunications, qui COMPARAISON DES COÛTS INDICE sous le poids de la dette, c’était vraiment demander à un mourant s’il voulait troisième place au classement gé- souffrirait de prix trop élevés, ou de D'IMPLANTATION INDUSTRIELLE DE CONFIANCE AT KEARNEY revivre ». Fort de l’appui royal, John Law fonde, en 1717, la Compagnie néral, derrière le Royaume-Uni. La l’hôtellerie, qui ne peut se dévelop- d’Occident, qui deviendra deux ans plus tard la Compagnie des Indes et France se situe en cinquième posi- Indice KPMG per faute de sites. qui détiendra le privilège de pouvoir ex- tion, et le Japon est bon dernier. Les L’objectif des auteurs de l’étude CANADA 92,2 ÉTATS-UNIS 1,64 ploiter seule le commerce avec les Indes, la coûts au Canada seraient ainsi infé- était visiblement de prouver les mé- En 1716, John Law, Chine et la Louisiane, nouvel eldorado rieurs de 7,8 % à ceux aux Etats- ROYAUME-UNI 94,8 ROYAUME-UNI 1,27 rites de la dérégulation. « On aurait dont Law est l’inlassable promoteur en fai- Unis. pu atteindre les mêmes objectifs so- ÉTATS-UNIS 100 un aventurier sant miroiter tous les trésors que recèle le L’étude analyse plus finement la ALLEMAGNE 1,17 ciaux de façon moins coûteuse grâce sol américain. En 1719, le système de Law situation dans 64 villes (46 améri- AUTRICHE 104,1 à une politique fiscale mieux ciblée écossais, propose se met concrètement en place et le finan- caines, trois par pays européens, et FRANCE 0,98 plutôt que par des systèmes régle- cier va bientôt se voir confier, de surcroît, trois japonaises). Pour la France, FRANCE 104,2 mentaires de distorsion de concur- la charge de l’émission de la monnaie et de ITALIE 0,98 au régent Philippe ont été retenues les villes de Valen- ITALIE 104,2 rence », estiment-ils ; ils ont trouvé la perception des impôts. ciennes, Grenoble et Toulouse. Va- les bons chiffres pour appuyer leurs d’Orléans de L’ingéniosité de la proposition de John lenciennes arrive en quatrième po- ALLEMAGNE 108 CANADA 0,91 thèses. Ces données peuvent au- Law réside dans le fait que chacun a l’im- sition du classement européen jourd’hui servir à d’autres causes ! JAPON 121,9 JAPON 0,86 reprendre à son pression d’y trouver son compte : les (derrière trois villes britanniques). créanciers de l’Etat en échangeant leurs Soucieuse de n’intégrer que des Source : KPMG Source : AT Kearney Annie Kahn compte l’intégralité créances contre des actions de la sédui- sante Compagnie des Indes, l’Etat en se de la dette de débarrassant du fardeau que représen- taient ses dettes, et la Compagnie des l’Etat, en échange Indes en voyant ses actions souscrites. A chaque nouvel avantage conféré par le Quand la « start-up » perd le sens du monopole sur le régent au financier écossais, ce dernier émet de nouvelles actions. commerce extérieur Attiré par les projets de Law comme des éphémères par la lumière, les rentiers de- de l’innovation et du droit venus actionnaires se livrent à de folles spéculations autour de l’édifice financier lors que l’attention gé- lowship program » : « L’objectif est qu’elles se réservent, en cas de suc- d’émettre du constitué par John Law. Le cours des ac- nérale se porte au- Le succès peut de donner à quelques dizaines d’ex- cès, un droit de rachat préférentiel tions s’envole. Le palais Brongniart, siège A jourd’hui sur la création perts créatifs, reconnus comme tels dans les années suivant la création : papier monnaie de la Bourse de Paris, n’existe pas encore, d’entreprises à forte va- contrarier la créativité. par leurs pairs, les moyens de se les porteurs du projet touchent et l’on négocie les titres aux abords de leur ajoutée technologique, une consacrer entièrement à l’innovation. alors le bénéfice des stock-options, l’hôtel de Beaufort, siège de la Banque générale, dans la rue Quincampoix. étude confidentielle de l’association Difficile de préserver On ne leur demanderait pas de gérer et le groupe récupère l’activité. Une activité très particulière s’y développe puisqu’on se jette à corps perdu Croissance Plus auprès de ses adhé- une équipe ou un budget, mais on les dans le luxe... et dans la luxure. Aubergistes, prostituées et voleurs ins- rents − une centaine d’entreprises l’esprit des débuts ... traiterait, en termes de rémunération COMMUNICATION tallent leurs activités dans la rue, où la spéculation fait rage. Toutes les françaises − montre que « la plupart et de ressources, comme nos mana- Altran, société de conseil en boutiques se transforment en lieu de négociation et d’échange. Un bossu d’entre elles ont connu un fort ralen- les innovations de l’entreprise. Au gers. » technologie et innovation créée en fait même commerce de sa bosse pour que des affaires puissent être si- tissement de leur développement au rythme de cinq à sept par mois, Les choix de Gemplus ne sont, 1982 et dont l’effectif atteint au- gnées sur sa difformité par de superstitieux spéculateurs. bout de dix ans d’existence », ob- l’entreprise possède aujourd’hui un bien sûr, pas les seuls possibles. jourd’hui 6 000 consultants dans Les tonnes d’or imaginées et autres richesses virtuelles des rives du Mis- serve Anne-Christine Carpentier, portefeuille de 350 brevets. Les in- Thermo Electron, leader mondial treize pays européens, s’est égale- sissippi continuent d’attirer les candidats à une fortune rapide. Chacun déléguée générale de Croissance venteurs sont, là encore, récompen- de l’instrumentation médicale, in- ment développée par création ou veut profiter de l’euphorie ambiante et de la hausse irrationnelle du cours Plus. sés. dustrielle et de laboratoire avec un rachat de 70 entreprises, restées au- des actions. Au plus fort de la hausse, la valeur des titres de la Compagnie Tout se passerait donc comme si, Les fondateurs sont également chiffre d’affaires de 3,9 milliards de tonomes en matière de gestion ; est multiplié par quarante par rapport à leur cours initial ! Le système s’au- une fois parvenues au succès, ces membres du comité technologique, dollars (4,2 milliards d’euros), a été « ce qui évite, affirme Jean-Michel to-entretient puisque la Banque générale, désormais Banque royale, émet entreprises perdaient la fibre de auquel ingénieurs ou chercheurs créée en 1956. Comme au début des Martin, DRH du groupe, toute ten- toujours plus de billets. Grâce à ces billets on peut acheter des actions. Et l’innovation et devenaient peuvent venir présenter leurs idées années 80 la valeur de l’entreprise tation bureaucratique ». grâce aux actions on peut gager des emprunts... pour acheter d’autres ac- « comme les autres » : la créativité une fois par mois. « Il y a dans l’enne pouvait plus croître au même Mais la dispersion des ressources tions. Une bulle spéculative ne peut que prendre forme dans ces condi- se trouve contrariée par le poids treprise des gens qui, au-delà de la rythme, le fondateur, ancien cher- est compensée par la mise en réseau tions. Le talon d’Achille de tout le dispositif est qu’il est uniquement basé des habitudes, la défense des posi- tâche à laquelle ils sont affectés, ont cheur du Massachusetts Institute of d’« un peu moins de 200 personnes, sur la confiance. La pierre angulaire de l’édifice vacillera dès que l’on re- tions acquises, la distribution cla- une vision de l’avenir dans leur do- Technology (MIT), eut l’idée de qui n’ont pas trouvé mieux, pour mettra en cause les capacités de John Law à créer véritablement de la pros- nique des pouvoirs et des res- maine, et ont des projets qui dorment faire de chaque nouveau projet une communiquer, que de se rencontrer périté. Or ce dernier ne peut faire des miracles. Les rêves de richesses ve- sources. sur leurs étagères. » filiale contrôlée par Thermo Elec- souvent et longtemps ». De ce fait, nues d’outre-mer s’évanouissent. Les dividendes des actions de la Le comité peut suivre trois voies : tron, mais avec des stock-options « chaque consultant sait que, quel que Compagnie des Indes versés en décembre 1719 paraissent très décevants TAILLE le stockage, en attendant des jours pouvant représenter 10 à 30 % du soit son problème, il pourra trouver au regard de la valeur des cours. Beaucoup sont déçus et le doute s’installe Consciente de ces écueils, Gem- meilleurs ; le « challenge », c’est-à- capital. quelque part dans le groupe quelqu’un dans les esprits. plus, l’une des rares « start-up » dire la construction d’un prototype L’esprit de la start-up se trouvait pour l’aider ». Afin de perpétuer Paradoxalement, c’est à ce même moment que John Law dispose institu- françaises à avoir atteint une taille purement technologique, sans ainsi renouvelé à chaque étape de la cette culture de communication, tionnellement de tous les pouvoirs, puisqu’il est nommé contrôleur géné- respectable (4 milliards de francs, étude de coût et de marché, au croissance du groupe. Vingt-trois fi- tous les managers du groupe passent ral des impôts et qu’il a désormais la haute main sur les finances du 610 millions d’euros, de chiffre d’af- moyen d’un petit budget ad hoc ; liales ont été créées depuis 1983 ; par l’Institut de management Altran royaume. Mais si on peut être nommé par décret, on ne peut décréter l’op- faires) après onze années d’exis- l’équipe de projet, c’est-à-dire l’at- sept ayant connu des difficultés, (IMA), dont les cours sont assurés... timisme. Certains acteurs influents et hommes de pouvoir, comme le duc tence, a confié à ses fondateurs la tribution des moyens et des leur nombre devrait être ramené à par les cadres dirigeants et fonda- de Bourbon ou le prince de Conti, commencent à vendre leurs titres et à mission de maintenir « l’esprit » du hommes nécessaires pour le mener seize. teurs de l’entreprise, toujours en prendre leurs bénéfices, non fâchés de concourir à la perte de celui qui leur début, alors qu’ils n’ont (pour la à bien jusqu’à la création d’un nou- D’autres entreprises, comme place depuis l’origine. faisait de l’ombre. On s’empresse alors pour sauver ce qu’il est possible de plupart) plus de rôle opérationnel. veau centre de profit. Jean-Pierre Glaxo, suivent une telle politique sauver. L’un d’eux, Jean-Pierre Gloton, Gloton reconnaît toutefois qu’« être d’essaimage, à cette nuance près Antoine Reverchon En mars 1720, la panique succède à l’euphorie, le krach à la bulle spé- est ainsi président d’un comité de cantonné dans l’animation conduit à culative. Mais les émissions en monnaie métallique, en billets et en actions pilotage des boîtes à initiative de être parfois énervé par la lenteur de ont tellement été exagérées que plus rien n’a de valeur. En janvier 1720, la progrès (BIP), variante électronique la mise en place et par le manque de masse des billets en circulation a déjà dépassé le milliard de livres. La des « boîtes à idées » assortie d’une moyens affectés aux projets d’avenir. confusion la plus grande règne alors sur le marché de la rue Quincampoix, procédure très précise (certifiée Il y a là un risque de sclérose. » où empoignades et émeutes sont légion. Les efforts désespérés de John ISO 9000) qui permet de faire émer- Didier Lachaud, le DRH de Gem- Law pour faire renaître la confiance ne font que faire croître le sentiment ger de nouvelles solutions, d’éva- plus, rêve d’ailleurs de permettre à de son impuissance dans l’esprit des spéculateurs. Les artisans renvoient luer leur valeur ajoutée, d’identifier tous les salariés de consacrer 10 à leurs ouvriers et la crise se généralise. En décembre 1720, l’aventurier écos- leurs auteurs et... de les récompen- 15 % de leur temps à des projets si- sais s’enfuit en Belgique. Dans ses bagages, il emporte 5 millions en billets. ser par des primes proportionnelles tués hors de toute contrainte. Malheureusement pour lui, ceux-ci ne valent plus rien. Le système de Law au gain financier obtenu, «car le « C’est utopique, admet-il aussitôt, a vécu. problème majeur est de trouver un car on ne peut pas demander à des John Law meurt à Venise neuf ans plus tard, laissant derrière lui un sou- système d’incitation qui évite l’injus- gens qui sont bouffés par la gestion venir bien sulfureux du monde de la finance, de la spéculation et de la tice ». quotidienne d’être innovants cinq mi- monnaie. Souvenir qui restera longtemps gravé dans la mémoire collective Il est aussi membre du comité des nutes par jour. » française. Tel est l’héritage financier de la rue Quincampoix. brevets : douze personnes sont Aussi veut-il mettre en place en chargées à plein temps de breveter 1999 un nouvel outil, baptisé « fell- LeMonde Job: WDE1599--0007-0 WAS MDE1599-7 Op.: XX Rev.: 10-04-99 T.: 09:37 S.: 111,06-Cmp.:12,09, Base : LMQPAG 22Fap:100 No:0119 Lcp: 700 CMYK

INITIATIVES LE MONDE / MARDI 13 AVRIL 1999 / VII Les salariés américains voient Un coup de main du privé à l’ANPE

MARSEILLE moins, leur préoccupation est dans l’emploi. Tous ceux qui n’au- la vie au bureau en demi-teinte de notre envoyée spéciale Dans la région autre. Ce qui leur importe avant ront pas décroché un contrat à ’est décoiffant un début tout c’est d’accroître leur chance l’issue des trois mois bénéficie- QUELLES COULEURS souhaitez-vous pour votre bureau de demain ? de semaine comme ce- Provence-Alpes-Côte de trouver un emploi, l’un et ront d’un suivi individualisé, ac- Cette question posée aux salariés américains par la Color Association lui-ci... » Patrick Leleu, l’autre étant depuis plus de neuf compagné le cas échéant d’une of the United States, basée à New York, donne une palette de réponses C mois en recherche. formation. Reste qu’après six directeur général de d’Azur, Bouygues où prédominent les couleurs douces et en mi-teinte : on trouve des Bouygues Télécom, est encore se- Pour Michel Destru, délégué mois, quand 280 jeunes seront gris pâle, des rouge clair, des jaune d’or pastel ainsi que des vert-jaune coué par sa rencontre, ce lundi Télécom parraine CFTC, l’un des deux syndicats de passés par les clubs, les fonds se- quasiment transparents. 29 mars, avec un groupe de l’entreprise, « cette opération est ront épuisés. Les résultats de l’enquête publiée par Management Review, la revue de jeunes des quartiers nord de Mar- une formation à la cohérente avec l’image jeune que Au sein de l’ANPE, on s’inter- l’American Management Association qui regroupe un très grand seille. Un public qu’il avoue ne véhicule l’entreprise, tant avec son roge. « C’est une aubaine, cet nombre de directeurs des ressources humaines, ont été analysés par pas bien connaître, bien que son recherche d’emploi personnel qu’à travers sa clientèle. argent qui nous tombe du ciel. un comité d’experts. Les salariés sont effrayés par les couleurs entreprise ait toujours accordé Nous ne recrutons pas, il est vrai, Mais on a un peu le sentiment « froides » et « dures » qu’ils associent au monde des nouvelles une place importante aux jeunes pour les jeunes au sein de cette population ; alors, d’être utilisé pour une campagne technologies et souhaitent recréer dans leurs bureaux une atmosphère dans sa politique de recrutement : justement, c’est bien que nous fas- de pub. Cette opération ne risque- beaucoup plus chaude et douce. Ils privilégient du coup les teintes qui la moyenne d’âge de ses 4 242 en difficulté sions quelque chose pour elle ». t-elle pas de se résumer juste à un permettent les dégradés des couleurs et surtout la réflexion de la collaborateurs est de vingt- Son homologue de FO, Evelyne coup ?, relève un agent, pour le lumière. neuf ans, la plupart occupant des somme a été versée à l’associa- Hobart, insiste sur la nécessité moins dubitatif sur le fait que le emplois qualifiés. tion Institut régional pour la créa- d’impliquer le personnel dans service public puisse être financé L’opérateur vient de s’associer tion d’entreprise (IRCE), qui em- l’opération. « C’est bien de donner par le privé. Qui sait si l’on ne fini- AGENDA à l’Agence nationale pour l’embauche et détache les animateurs de l’argent, dit-elle, mais cela ne ra pas par nous demander de nous ploi (ANPE) de la région Pro- auprès de l’ANPE, cette dernière suffit pas. La recherche d’emploi intéresser à tels jeunes issus de tels b ALTERNANCE. Deux mille contrats en alternance, du CAP à bac + 5, vence-Alpes-Côte d’Azur pour n’étant pas habilitée à recevoir de ces jeunes sera d’autant plus ef- quartiers plus qu’à d’autres ? » seront proposés à des jeunes de 16 à 25 ans, lors du Forum de l’alter- lancer des « clubs pour l’em- des fonds privés. ficace qu’ils seront conseillés. Il y a nance organisé par l’ANPE et la Chambre de commerce et d’industrie de ploi ». Ils accueillent pendant beaucoup de salariés dans l’entre- ÉTHIQUE Paris (CCIP), les 15 et 16 avril, à la Cité des sciences et de l’industrie de La trois mois, à raison de cinq demi- TREMPLIN prise qui peuvent témoigner de la Michel Bernard, directeur géné- Villette, à Paris. Dans un espace « information-conseils », des conseillers journées par semaine, des jeunes Opération de communication ? réalité du monde du travail. Cette ral de l’ANPE, ne cache pas s’être d’orientation aideront les candidats à répondre aux offres formulées en difficulté, issus des quartiers Patrick Leleu s’en défend, bien opération pourrait même être un beaucoup interrogé avant de dans l’espace « entreprises » voisin. défavorisés de la région, afin de sûr. « Nous avons un leitmotiv chez tremplin pour l’intégration de ces conclure : « A partir du moment Renseignements : www.cite-sciences.fr ; 3615 Villette. les entraîner en groupe aux tech- Bouygues Télécom : “aider les jeunes au sein du groupe où c’est nous qui nous chargeons niques de recherche d’emploi. jeunes à aller jusqu’au bout de leur Bouygues. » de la mise en œuvre sur la base de b ENVIRONNEMENT. La prise en compte de l’environnement est-elle Ces séances seront animées, au projet”. Si, en interne, il nous est La direction n’a pris aucun en- nos priorités et de notre éthique, véritablement profitable aux entreprises ? Perspective-Europe, associa- sein des agences locales pour assez facile de l’appliquer, puisque gagement de recrutement. Mais pourquoi n’accepterions-nous pas tion des étudiants de l’Ecole européenne des affaires (EAP), propose, du l’emploi, par des jeunes diplômés notre entreprise est en développe- elle compte promouvoir son ini- que des entreprises nous aident ? » 14 au 16 avril à Paris, un colloque, en anglais, intitulé « How to make en- issus des mêmes quartiers et spé- ment, à l’extérieur de nombreux tiative auprès de ses partenaires Et d’assurer : « Si cette expérimen- vironmental management pay », où interviendront des dirigeants d’en- cialement recrutés pour cette jeunes ont besoin d’un coup de économiques, afin qu’ils ouvrent tation se révèle concluante, il serait treprise (IBM, Shell), des gestionnaires de fonds d’investissement, des opération. pouce. » leurs portes aux jeunes. De dommage qu’elle ne soit pas pro- chercheurs (Insead, Institut Max-Planck) et des membres d’organisa- Bouygues Télécom parraine Laurent et Jean-Paul, qui font même, si elle reconnaît ne pas longée. Dans ce cas, nous trouve- tions internationales. l’initiative à travers un apport de partie d’un des sept clubs mis en avoir informé les salariés de rons, en interne ou en externe, les Renseignements : 01-44-09-35-35 ; www. perspective-europe.org 1 069 177 francs (162 995 euros), place, disent qu’« il y a de grandes l’opération avant que celle-ci ne moyens de la poursuivre. D’autant soit l’équivalent d’un franc par chances » qu’ils se souviennent soit engagée, elle entend faire que Marseille n’est pas la seule ville b INFORMATIQUE. L’université ouverte de la société de l’information client abonné au 4 novembre der- que Bouygues Télécom les a aidés parrainer chaque club par un col- où il y a des jeunes en difficulté. » et des réseaux poursuit ses activités à la Cité des sciences et de l’indus- nier, mais c’est l’ANPE qui assure lorsqu’ils pourront s’offrir un laborateur volontaire. L’ANPE trie, en partenariat avec le Forum français pour la formation ouverte et à son entière mise en œuvre. La portable. Aujourd’hui, néan- table sur 50 % d’insertion durable Laetitia Van Eeckhout distance (FFFOD). Du 1er avril au 24 juin, une série de conférences et d’ateliers thématiques sont organisés, dont l’objectif est d’accompagner les travailleurs vers la société de l’information et de minimiser les effets de l’exclusion sociale qui pourraient résulter de cette transition. Les deux prochaines conférences, qui auront lieu le 15 avril, traiteront des « outils et modalités de la téléprésence » (15 h-16 h 30) et de la meilleure manière « d’apprendre par Internet » (16 h 30-18 h). L’accès est libre et gratuit. Renseignements : [email protected]

b AFRIQUE. La deuxième édition du Forum Cadre Afrique 2000 se tiendra à l’Ecole supérieure de commerce de Paris, le 22 avril. Cette initiative, organisée par les étudiants africains des grandes écoles et des uni- versités françaises, a pour objectif de réunir les entreprises engagées en Afrique ou désirant s’y implanter et de leur faire rencontrer des jeunes appelés à y occuper des responsabilités. Le forum devrait accueillir plus de 500 étudiants. Renseignements : 01-47-00-12-22.

b BANQUE. La première édition du congrès « Banque et ﬁnance élec- tronique 99 » aura lieu les 26, 27 et 28 avril au Palais des congrès de Pa- ris. Au programme, une session plénière qui accueillera des personnali- tés du monde de la banque, de la ﬁnance et de la grande distribution, ainsi que des tables rondes sur le paiement électronique, le paiement à distance, le commerce électronique, etc. Renseignements : 01-53-40-97-09.

b TERRITOIRE. Les universités de Provence, de la Méditerranée, d’Aix- Marseille-III et le conseil régional Provence-Alpes-Côte d’Azur orga- nisent, les 29 et 30 avril à Marseille, un colloque sur le thème : « Métro- politains, encore un effort », au cours duquel le Club d’échanges et de réﬂexions sur l’aire métropolitaine marseillaise présentera les résultats de ses travaux aux acteurs du développement local. Renseignements : 04-91-57-50-57.

b EMPLOIS-JEUNES. L’Alliance Villes Emploi organise, le jeudi 29 avril à Paris, une journée nationale sur le thème « Emplois-jeunes et collecti- vités locales ». La rencontre devrait mobiliser plus de 400 élus locaux et cadres territoriaux aﬁn de mettre à plat les difﬁcultés auxquels ils peuvent être confrontés dans le cadre du programme « Nouveaux services, emplois-jeunes » et leur apporter des réponses méthodologiques et pratiques. Renseignements : 01-47-32-67-17.

b PROTECTION SOCIALE. L’Institut de la protection sociale euro- péenne (IPSE) organise, les 17 et 18 mai à Berlin, un colloque sur le thème : « La protection sociale européenne : les convergences existent- elles ? ». Au programme : l’origine et l’actualité des convergences des systèmes existants. Le débat portera notamment sur les nouvelles straté- gies à mettre en place pour l’assurance-maladie et le ﬁnancement de la protection sociale. Renseignements : 01-40-36-07-65 (fax).

SUR INTERNET

b FINANCE. Le site d’informations ﬁnancières Qualisteam permet de passer à l’acte, c’est-à-dire de s’informer, mais aussi de procéder à des transactions. Il vient en effet de conclure un accord de partenariat avec la banque américaine Compubank. Qualisteam est un répertoire de milliers de liens vers des sites de banques et de places boursières. On peut y être tenu au courant des dernières pa- rutions d’ouvrages économiques et en passer commande grâce à deux autres partenariats conclus avec Global-Investor pour les livres améri- cains et Alapage pour les français. www. qualisteam. com

b EMPLOI. France Energie Emploi est une association de cadres qui aide d’autres cadres à se repositionner professionnellement. Son site, réalisé visiblement sans gros moyens, donne quelques conseils et informations pratiques. Il s’adresse aussi aux entreprises qui recrutent. www. perso. club-internet. fr/fee

b ART. Un site consacré à l’art et à son marché. Les analyses des cotes en France, en Belgique et en Suisse. Informations pratiques sur les mar- chands, les foires et les salons. Réalisé en collaboration avec les revues Le Journal des arts et L’Œil. www. ArtIndex. tm. fr

b MONDE. Le site du célèbre guide Quid est simple et didactique. A la rubrique économie, on peut par exemple comparer les économies de n’importe quel couple de pays choisis. Les critères pris en compte sont simples (PNB, population, exportations, etc.) mais peuvent convenir pour étayer un rapide exposé. Nombreuses cartes. www. quid.fr LeMonde Job: WDE1599--0008-0 WAS MDE1599-8 Op.: XX Rev.: 10-04-99 T.: 09:37 S.: 111,06-Cmp.:12,09, Base : LMQPAG 22Fap:100 No:0120 Lcp: 700 CMYK

VIII / LE MONDE / MARDI 13 AVRIL 1999 TRIBUNES ̄ LIVRES Travailler mieux en « boulonnant » moins par Yves Mamou par Albert Merlin

près avoir longtemps ironisé sur les l’économie classique. La combinaison « baisse « petits boulots » mal payés Dépenses pour les technologies des prix + amélioration des performances » peut Retraites : d’outre-Atlantique, les Français de l'information en % du PIB aboutir à une véritable manne, puisqu’une en- A treprise peut − à la limite − augmenter son ren- s’avouent perplexes devant l’extraordinaire aptitude des Américains à créer des 8,4 dement global sans que cela lui coûte 1 dollar de ÉTATS-UNIS emplois qualifiés, alors que l’Europe s’en révèle 8 plus en coût de capital ! le modèle japonais incapable. On constate, on s’extasie parfois, 8,3 Résultat, l’économie américaine tourne − et mais on n’explique pas. Où sont donc les clés de ROYAUME-UNI croît − avec un stock de capital nettement moins ce contraste confondant ? Microcosme intellec- FRANCE 5,7 pesant que celui de l’Europe. Il n’y a qu’un ennui RÉFORME ET AVENIR DES RETRAITES : tuel et café du Commerce ont trouvé le « truc » : 6 pour les économistes : la partie « amélioration LES ENSEIGNEMENTS DE L’EXEMPLE JAPONAIS, on compte le nombre d’ordinateurs en service des performances » n’est pas mesurée par les de Jean-François Estienne. en Amérique et en Europe, et l’on en déduit que ALLEMAGNE statistiques. Sans doute cet « effet qualité » La Documentation française, « La bibliothèque d’économie nous sommes terriblement en retard. Taylor 4,9 prend-il une large part dans la réalisation des 4 financière », 316 p., 131 F, 20 ¤. n’est pas loin : c’est la vision classique du ma- performances américaines, impossibles à expli- chinisme. quer autrement. Voilà pour la technique. a crise des retraites en France est déjà assez perturbante. Vision simple et rassurante, mais éludant les En outre, les gouvernements du Vieux Faut-il en plus se soucier des difficultés japonaises en ce do- vraies questions : que se passe-t-il dans les 2 Continent ont tous, à des degrés divers, pratiqué maine ? L’ouvrage que Jean-François Estienne, économiste comportements, dans les têtes, dans les proces- 1992 1993 1994 1995 1996 1997 des politiques de sauvetage de secteurs anciens, et démographe, vient de consacrer à ce sujet mérite pourtant sus de décision ? Les Américains eux-mêmes ont Source : Witsa, International Data Corporation, 1998 pour des raisons sociales évidentes ; le retard de leL détour. La Caisse nationale d’assurance-vieillesse, l’Observatoire mis longtemps à comprendre. Rappelons-nous la promotion de l’immatériel fait partie du prix à des retraites et la branche retraite de la Caisse des dépôts et consigna- le fameux « paradoxe de Solow », du nom de ce pital employé dans le pays augmente. L’infor- payer. tions ne s’y sont pas trompés : en cofinançant le travail de Jean-Fran- professeur du Massachusetts Institut of Techno- matique intelligente, c’est la possibilité d’organi- Le contraste entre dynamisme américain et çois Estienne, ils ont voulu élargir leur champ d’expérience. logy (MIT), qui se plaignait naguère de voir ser rationnellement l’entreprise pour langueur européenne se retrouve sur les Le système de retraite japonais a nombre de points communs avec beaucoup d’ordinateurs dans les statistiques s’approcher de l’optimum. Mieux servir le client, courbes de masse monétaire. On ne l’évoque le français : un régime étatique ancien basé sur la répartition, des ré- d’équipement, mais pas la moindre trace de leur faire du « sur mesure » et du « juste à temps », que rarement et, lorsqu’on le fait, c’est pour en gimes spéciaux catégoriels, une représentation paritaire au sein des « productivité» dans la comptabilité nationale. le tout à un moindre coût, et dégager ainsi un tirer un argument de type keynésien, selon le- caisses, des fonds de pension institués depuis 1966 et gérés au sein des Comptabilité : le mot est lâché ! Et, avec lui, supplément de pouvoir d’achat. Tout est là. quel la croissance européenne aurait été délibé- entreprises. La crise qu’il affronte est semblable à la crise française : tous les concepts classiques du calcul écono- Comme il n’y a pas vraiment de limite à l’amé- rément freinée par la Bundesbank et la Banque des prétendants à la retraite trop nombreux pour un trop petit mique, reposant pour l’essentiel sur la loi des lioration des organisations, ni de limite à la bou- de France, par le truchement de politiques trop nombre de cotisants. Quant à la réforme, les calendriers et les mé- rendements décroissants. Le seul ennui, c’est limie de services, l’offre et la demande se restrictives. Comme s’il suffisait de baisser les thodes, ils présentent également de troublantes coïncidences : l’Etat a que la croissance, de nos jours, se nourrit de donnent la main pour conforter le mécanisme taux et de réinjecter des liquidités pour que re- un rôle pilote, la technique du Livre blanc a pour but de créer un moins en moins d’ingrédients matériels et me- des rendements croissants. Mais pourquoi ce naisse l’esprit d’entreprise ! consensus et le recours permanent aux experts est une norme. surables, et de plus en plus de l’incorporation de mécanisme fonctionne-t-il outre-Atlantique et Pour qui observe les réalités industrielles, le Reste que la situation est apparemment moins figée au Japon. Dans matière grise. On le sait, mais on n’en continue pas (ou peu) chez nous ? Avant processus est inverse. Ce que le consensus et sans les criailleries des mieux lotis, le système de re- pas moins à raisonner sur les notions tradition- d’évoquer les explications poli- montrent les courbes de crois- traites a commencé d’évoluer. Et ce mouvement se produit sur le cœur nelles d’efficacité marginale du capital, d’écono- tiques ou « psychologiques », in- Plus une société sance monétaire (+ 8 % l’an aux même du dispositif, à savoir le transfert du risque. Cette notion cen- mies d’échelle, de baisses de coûts asympto- terrogeons-nous sur le niveau des Etats-Unis au cours des cinq der- trale, quasi occultée en France, est révélatrice d’un mode d’organisa- tiques, comme au temps glorieux des hauts prix. Walter Ellis, professeur à s’oriente vers nières années, contre 4 % en Alle- tion sociale. fourneaux. Oxford, a observé qu’un équipe- magne, 2 % en France), c’est le Jean-François Estienne distingue les pays de tradition « bismarc- Pour comprendre à quel point notre univers a ment informatique valant 1 mil- l’immatériel, plus dynamisme de l’offre. Les entre- kienne » et les pays à forte tradition « darwinienne ». Les premiers se changé, rien de tel que de rappeler la fameuse lion de dollars à New York, valait prises américaines ont un besoin caractérisent par un Etat fort, méfiant envers l’agitation sociale et qui « loi de Moore », selon laquelle la densité d’in- 1 million de livres à Londres (soit l’efficacité globale plus vif de crédits parce qu’elles a tenté de la prévenir en organisant la redistribution. En matière de re- trégration des circuits électroniques double tous 65 % de plus), avec un écart du sont plus entreprenantes. Ce rôle traite, le « bismarckisme » se fonde sur la répartition, ce qui signifie les dix-huit mois : illustration parfaite des pro- même ordre à Francfort et à Pa- du capital employé moteur de l’offre, en tendance, que les salariés ont transféré le risque de la vie après le travail à l’Etat cessus multiplicatifs qui sont à l’œuvre dans les ris. Il attribue ce handicap de s’est naturellement accentué avec ou à l’entreprise. La France, l’Allemagne, le Japon sont les meilleurs technologies de l’information. Quant à Internet, l’Europe au fait que le Vieux dans le pays l’apparition de tous les produits représentants de cette catégorie. Les pays anglo-saxons, eux, sont plu- sa raison d’être profonde est évidemment la Continent n’offre que peu de et services nouveaux, dont les tôt « darwinistes » : l’Etat y joue un rôle plus faible, et les individus ont multiplication des connexions, des opérateurs, produits informatiques. De sur- augmente cycles sont singulièrement courts, accepté l’idée de prendre en charge une partie importante des risques et donc des marchés. Et l’on découvre que l’ac- croît, Walter Ellis évoque les mé- ce qui veut dire, à chaque fois, be- inhérents à leur santé ou à leur vieillissement. Le modèle « darwi- cès à ces outils − l’acquisition des techniques − faits des droits de douane sur les composants soin nouveau de liquidités. nien » penche donc, en matière de système de retraite, vers la capitali- ne rencontre aucune barrière, aucune satura- électroniques qui ont persisté en Europe jus- Qu’est-ce qui nous empêche d’en faire au- sation : le risque est celui du marché et il est assumé par l’individu. tion, la familiarité avec une technique facilitant qu’en 1997. Outre-Atlantique, les prix sont non tant ? Rien, sinon nous-mêmes et nos routines, La rupture démographique dans les pays développés pose des pro- généralement l’apprentissage de la seconde et seulement plus bas, mais la baisse tendancielle et aussi nos lubies. Par exemple, l’idée qu’on blèmes aux deux systèmes, mais l’urgence est du côté de la répartition. ainsi de suite... Cela porte un nom : les rende- des tarifs y est plus accentuée. D’où, naturelle- peut se développer en travaillant moins. Il serait L’intérêt de l’expérience japonaise est de montrer que tout système ments croissants. C’est la potion magique qui ment, une économie substantielle sur le coût du temps de proposer un objectif plus engageant : « bismarckien » va devoir évoluer vers plus de « darwinisme ». C’est ce permet la croissance sans rivets ni boulons. Tra- capital. Ce n’est pas tout. A cet avantage, il faut travailler mieux en boulonnant moins. choix qu’ont fait les Japonais, et l’auteur entend nous faire prendre vailler sans boulonner, voilà le vrai « plus ». ajouter l’augmentation des performances, ap- leur démarche au sérieux. Les Japonais ont longtemps copié les Oc- D’où il résulte que plus une société s’oriente portée par chaque génération de hardware et de Albert Merlin est directeur de la rédaction cidentaux. Pourquoi ne serviraient-ils pas de modèle à leur tour ? vers l’immatériel, plus l’efficacité globale du ca- software. Là, nous ne sommes plus du tout dans de la revue « Sociétal ». PARUTION

INTRODUCTION AUX THÉORIES ÉCONOMIQUES, La stabilité des changes, condition de Françoise Dubœuf Retour aux fondamentaux et aux quatre grandes approches des pro- blèmes économiques. Le manuel, qui devrait être fort utile aux étudiants de première ou de deuxième année, débute par la théorie classique avec de la croissance mondiale par Emmanuel Borgues Adam Smith et David Ricardo en vedettes. Enchaîne avec les néoclas- siques et leurs chefs de file Léon Walras et Alfred Marshall, pour finir ans un contexte de mondialisa- coopération entre la Réserve fédérale, la Bun- projections à moyen terme une « parité fonda- avec Karl Marx et sa critique du capitalisme, et enfin John Maynard tion des échanges et de libération desbank et la Banque du Japon, aussi longtemps mentale d’équilibre des échanges » qui n’a Keynes. des mouvements internationaux que leurs politiques monétaires ont été sem- guère de sens, puisque la baisse du dollar jus- Même si les courants fondateurs de la pensée économique ont, bien sûr, D blables, a permis d’organiser un monde tripo- qu’en 1995 n’a pas eu d’incidence sur le considé- de capitaux, les arbitrages effec- été marqués par leur époque, tous nourrissent encore la réflexion théo- tués sur les monnaies et sur les portefeuilles in- laire. rable déficit extérieur des Etats-Unis. En effet, rique. D’ailleurs Françoise Dubœuf présente un certain nombre d’écoles ternationaux de valeurs mobilières ont provo- De même, de 1993 à 1999, les monnaies euro- les échanges extérieurs, depuis Bretton Woods, actuelles (les nouveaux économistes classiques, les monétaristes bud- qué une extrême variabilité des changes. Celle-ci péennes ont convergé vers les parités centrales sont devenus peu sensibles aux taux de change, gétaires, etc.) qui s’inscrivent dans le prolongement des courants qu’elle a fortement accru les primes de risque et, par du SME, alors que l’équivalent de 1 500 milliards les effets élasticité-prix sur le solde commercial expose. suite, les taux d’intérêt réels à long terme. Elle a de dollars (1400milliards d’euros) étaient échan- étant à peu près compensés par les consé- L’auteur, enseignant à la Sorbonne, se montre pédagogue, n’oubliant pas raccourci l’horizon des agents économiques qui gés quotidiennement sur le marché des devises. quences macroéconomiques des changements de faire des rappels historiques et concrets qui permettent au lecteur de privilégient le court terme, lequel peut faire l’ob- Dès lors que les banques centrales ont affirmé de parité ; ou, pour le dire autrement, l’équilihre mieux aborder les théories exposées (La Découverte, 128 p., 49 F, 7,47 ¤). jet d’opérations de couverture. Elle favorise la une volonté de revenir à court ou moyen terme épargne-investissement à long terme jouant dé- M.-B. B. recherche de liquidités, c’est-à-dire les investis- à des parités centrales jugées crédibles par les sormais un rôle fondamental dans cet équilibre, sements de portefeuille. Cet ensemble de fac- agents économiques, la spéculation, encadrée c’est l’insuffisance d’épargne des Etats-Unis et teurs a valorisé le développement de la sphère par les interventions coordonnées de ces non la parité du dollar qui provoque le déficit financière et la constitution de bulles, au détri- banques centrales, s’est révélée stabilisante (re- extérieur. ment de l’incitation à investir. Moins d’investis- tour aux parités centrales) et non déstabilisante En revanche, les taux de change, dès lors qu’ils sements, moins de croissance mondiale. (formation de bulles). sont surévalués, ont un impact très défavorable Contre cette évolution, Ronald McKinnon Non seulement les parités peuvent être sur la conjoncture. En 1995, année où le dollar (The Rules of the Game, 1996, MIT Press) prônait stables, mais il ne faut pas regretter la perte est particulièrement faible, les monnaies euro- le retour à des parités stables – et non pas fixes – d’autonomie des politiques monétaires, illustrée péennes et le yen sont en termes de PPA forte- entre les trois grandes monnaies, dollar, par le célèbre triangle d’incompatibilité : liberté ment surévalués par rapport au dollar, de plus deutschemark (avant la création de l’euro) et des mouvements de capitaux, parités fixes et au- de 25 % pour le deutschemark et de plus de 50 % yen, à savoir des parités qui fluctuent dans une tonomie des politiques moné- pour le yen (alors qu’en bande étroite de quelques points. Elles auraient taires. Une majorité d’écono- Quand, à la fin des « parité fondamentale » pour cible de moyen terme les parités de pou- mistes considère que l’instrument deutsche mark et yen sont voir d’achat (PPA) calculées sur les seuls biens monétaire est particulièrement années 80, la politique prétendument sous-éva- qui s’échangent. Dans cet esprit, les trois efficace en parités flexibles et lués). Cette surévaluation banques centrales doivent s’efforcer de mainte- quand la conjoncture s’affaiblit : monétaire de joue un rôle majeur dans nir des prix stables dans leurs zones respectives l’effet de relance interne de la les difficultés conjonctu- et coopérer lorsque des chocs non liés à des di- baisse des taux d’intérêt est ren- l’Allemagne et du Japon relles des grands pays eu- vergences de politiques monétaires provoquent forcé alors par un effet de ropéens et du Japon. une instabilité des changes. compétitivité externe. s’est écartée de celle des Viser comme cible à Si par exemple s’exerce une pression à la Cependant, en pratique, cette moyen terme la PPA, sur baisse du dollar, les banques centrales de l’Eu- autonomie n’a pas existé en de- Etats-Unis, le résultat les seuls biens échan- rope des Onze et du Japon achèteront des dol- hors des Etats-Unis. Quand, à la geables, a un fondement lars et la Réserve fédérale vendra des euros et fin des années 80, la politique a été négatif pour théorique. C’est la seule des yens ; et vice versa. Quant aux autres pays, monétaire de l’Allemagne et du parité qui permet de ils sont libres de s’associer ou non au dispositif. Japon s’est écartée de la politique l’Europe et funeste comparer sans biais la McKinnon réfute les deux principales cri- monétaire américaine, le résultat structure des prix internes tiques de son système, qui, selon ses détrac- a été négatif pour l’Europe (aug- pour le Japon à celle des prix externes teurs, serait non viable et ne permettrait pas de mentation du chômage) et fu- (elle correspond au pratiquer une politique monétaire autonome. Il neste pour le Japon (qui, jusqu’à une époque ré- concept stricto sensu de compétitivité, c’est-à- explique également pourquoi il faut retenir la cente, était au bord de la déflation). Les dire aux avantages comparatifs mis en avant PPA comme cible de moyen terme des parités, partisans des changes flexibles mettent en avant par Ricardo) et qui n’a aucune influence ni in- et non d’autres modalités normatives. une supériorité illusoire : leur capacité à ac- flationniste ni déflationniste sur le niveau géné- Dans le passé, plusieurs systèmes monétaires croître l’impact d’une politique monétaire, et ral des prix. L’euro et le yen, malgré la remon- fondés sur des parités stables se sont révélés omettent un défaut majeur : leur impact négatif tée du dollar depuis 1995, sont encore un peu viables et compatibles avec la croissance, par sur la croissance à long terme. Il subsiste néan- surévalués. Par un pur hasard, la PPA serait ap- exemple le Gold Standard, qui a fonctionné de moins une « petite autonomie », liée à l’exis- proximativement vérifiée sur la parité de 1 euro 1880 à 1913 ou durant les « vingt glorieuses », de tence des bandes de fluctuations des parités. = 1 dollar. Il est tentant de viser à brève 1950 à 1971. Plus récemment, les accords dits du Rechercher la stabilité des grandes parités a échéance cette cible, puis de réfléchir collecti- Plaza (1985) et du Louvre (1987) ont, pendant toutefois pour condition nécessaire un accord vement aux modalités qui permettraient de la plusieurs années, stabilisé les grandes monnaies entre Etats-Unis, Europe des Onze et Japon sur pérenniser. à l’intérieur de zones cibles approximativement des cibles de parité à viser. Un courant domi- centrées sur les PPA. Pour la première fois, une nant, d’inspiration américaine, définit à l’aide de Emmanuel Borgues est économiste. LeMonde Job: WDE1599--0009-0 WAS MDE1599-9 Op.: XX Rev.: 09-04-99 T.: 16:00 S.: 111,06-Cmp.:12,09, Base : LMQPAG 22Fap:100 No:0121 Lcp: 700 CMYK

REPRODUCTION INTERDITE LE MONDE / MARDI 13 AVRIL 1999 / IX