Les Cahiers Du RSA 302 Par Jean-Claude Afflard Les Réaliser Au Mieux : Avec Son Sens Constructeur… Car Bien Trop Maladroit Brique De L’Appareil
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Les précurseurs, des amateurs ? Les précurseurs, Ces tout premiers constructeurs ont des constructeurs amateurs ? d’ailleurs laissé une trace en appor- Pas vraiment ! tant avec eux les noms maritimes des diverses pièces des aéroplanes qu’ils Histoire n dit souvent que les premiers construisaient. Comme rien n’exis- Oaviateurs étaient de purs ama- tait, il fallait tout inventer et pour teurs. Dans le sens ou un constructeur cela ils se sont inspirés de ce qu’ils amateur imagine, conçoit, construit connaissaient le mieux : les bateaux. et essaye lui-même sa construction, il s’agit effectivement d’amateurisme. Les noms des diverses pièces maritime ont étés également utilisés pour les Si Ferber, Lillienthal, les Frères Ga- tout nouveaux aéronefs et de ce côté briel et Charles Voisin, et quelques rien n’a changé ! Ainsi, la voilure, rares autres dont l’histoire n’a pas le gouvernail, l’étambot, les lisses retenu les noms, étaient bien de et les cadres (du fuselage), l’hélice, véritables constructeurs Amateurs, il les ailerons, la dérive, tous ces noms est aussi des noms restés tout aussi sont communs aux deux construc- célèbres qui n’ont rien d’amateurs : tions, bateau et avions. Ils ont étés citons Blériot, Ader, Santos-Dumont, apportés par ces ouvriers inventifs et et bien d’autres encore, totalement adroits, tous d’excellents ébénistes, Otto Lilienthal. incapable de dessiner le moindre plan en fait, les meilleurs professionnels (à l’exception d’Ader) ou de mettre la de l’époque. peu puissants et poussifs. Quant aux main à la pâte… techniques de pilotage, elles étaient Ils sont entrés dans l’histoire encore totalement inconnues En ce qui concerne les noms restés Et, le plus souvent, les fragiles aéro- dans l’histoire, les choses sont bien planes ne parvenaient pas à s’élever. différentes. Malgré une course folle, ils restaient cloués au sol ou, pire, s’éparpillaient Santos Dumont employait une équipe après un saut de puce bien insuffi- de quatre menuisiers et mécaniciens sant pour décider le client à faire un sous la direction de Machuron et chèque. Tout le travail fourni, toutes Chapin ; Ferber avait pour ouvrier les dépenses consenties, tous les sa- Burdin ; Blériot employait Peyret et L’hydravion canard Voisin en 1911. laires promis aux ouvriers, tout était Collin ; Ader avait une équipe nom- réduit à néant. Ils rentraient alors breuse et compétente, dirigée par chez eux en se demandant bien com- S’ils se contentaient de donner de va- Espinosa et Vallier. ment expliquer à leurs épouses que la gues directives à leurs équipes d’ou- paye promise depuis des mois se fera vriers, ces derniers étaient tous très encore attendre. spécialisés en construction nautique, et débauchés des chantiers navals de Seul un court vol correct permettait, Meulan ou de Sartrouville (78, bords dans le meilleur des cas d’empocher de la Seine), ces ouvrier ébénistes un peu d’argent et ça n’est qu’à ce hautement qualifiés étaient de véri- moment béni que des salaires étri- tables passionnés, et il le fallait pour qués pouvaient enfin être versés avec quitter une bonne boite avec un bon un retard considérable. Jusque là, les salaire garanti, pour se lancer dans ouvriers et leurs familles devaient une vie d’aventure mal payée, et sans Demoiselle de Santos Dumont en 1907 se contenter de quelques maigres avenir. En effet, à cette époque, nul avances pour vivre, ou plutôt sur- ne pouvait prédire quel était l’avenir vivre. qui attendait l’aviation naissante et Gabriel Voisin écrit dans son livre encore totalement balbutiante. (1) : « Santos-Dumont était certes un Un vocabulaire en héritage mécanicien instinctif, mais il n’avait Une aventure incertaine qu’une petite culture scientifique et Honneur à ces courageux ouvriers qui ne pouvait absolument pas exécuter ont travaillé sans plans ni dessins, Les constructeurs d’aéroplanes les dessins préalables de ses ma- avec les seules indications pas tou- vivaient chichement, les rentrées chines, et sans son ingénieux méca- jours très claires de leurs patrons, d’argent étaient rares et toujours nicien Chapin, on se demande bien ce ils ont réussis à construire les pre- conditionnées par la vente d’une que Santos aurait pu réaliser. » mières machines volantes et sans eux machine volante, à condition d’avoir l’aviation ne serait pas ce qu’elle est prouvé devant le « client » qu’elle Louis Ferdinand Ferber était un re- aujourd’hui... Le monde actuel de volait effectivement. Ceci arrivait ra- marquable mathématicien, mais il l’aviation leur doit tout ! Ils peuvent rement, les avions de l’époque étant n’avait pas le moindre don pour le être fiers de l’œuvre qui, de fragile servis par des moteurs fragiles, lourds, dessin. Son mécanicien Bourdin savait et incertaine, est devenus grandiose. saisir les pensées de son patron pour 44 - Les Cahiers du RSA 302 par Jean-Claude Afflard les réaliser au mieux : avec son sens constructeur… car bien trop maladroit brique de l’appareil. inné de la construction il faisait des si l’on en croit son chef d’équipe qui C’est pourtant le miracles. disait de lui « qu’il avait deux mains nom de Farman qui gauches ». L’expression est restée ! restera dans l’his- toire. Il est vrai que Même certains qui ne c’est lui qui a com- construisaient pas pris pour la première foi la manière de faire Une fois l’avion construit, il fallait décoller un aéroplane… l’essayer… et là, le courage, et quel- pas mal quand même ! quefois l’inconscience plus l’adresse Mais désolé si cela n’a rien à du patron faisait merveille… ou tour- voir avec la construction. nait au drame ! Biplan Ferber en 1908. Nous leur devons beaucoup D’autres ont laissé un nom sans avoir la moindre connaissance en la ma- Il fallait tout de même un sacré ca- Louis Blériot, ingénieur de Centrale, tière. Leur compte en banque bien ractère doublé d’un dévouement sans n’a jamais fait le moindre dessin. Son garnis et une solide motivation pour limite pour travailler dans l’aviation à mécanicien Peyret disait « Je n’ai ja- monter dans ces machines incertaines cette époque ! mais eu le moindre dessin ou croquis les ont fait entrer dans l’histoire de de Louis, il donnait des conseils, et on l’Aviation. Nous, les constructeurs amateurs du réalisait au mieux ses idées, ça mar- 21e siècle, qui marchons sur les traces chait.. ou pas ! » lointaines de ces ouvriers hors du commun, devons être conscient de ce qu’ils nous ont apporté et, à titre personnel, je leur porte une profonde admiration. Farman Voisin en 1908. Jean-Claude AFFLARD [email protected] Ce fut le cas d’Henri Farman, cou- Sources : Blériot XI en 1909. reur cycliste renommé, qui a acheté Archives du MAE du Bourget. un aéroplane aux frères Voisin et l’a « Mes 10.000 cerfs-volants » de Ga- fait voler à Issy les Moulineaux, exé- briel Voisin. Seul Clément Ader avait une solide cutant le premier circuit fermé sur un « Icare » numéros spéciaux sur Blé- formation technique, et ses plans kilomètre. Remportant alors le prix riot, Santos Dumont, Voisin, Ader, étaient remarquables. Ceci explique Archdeacon-Deutsch de la Meurthe, il Ferber et Caudron. la rapidité de réalisation de ses inven- avait pris soin de peindre son nom en Photos Wikimedia Common tions. Cellule ou moteur étaient au grosses lettres sur les surfaces verti- préalable réfléchis et étudiés en dé- cales des empennages. Très utile pour tail. L’équipe qui assurait la construc- les photos, et la publicité, mais Voi- tion n’avait qu’à suivre à la lettre les sin n’avait pas oublié de maintenir en plans sans se poser de question : tout lettres plus petites la marque de fa- s’assemblait avec précision, ce qui était très loin d’être le cas pour les Plus de 210 STC dans le monde! - 62 ateliers de révision dans autres constructeurs. le monde - 150 millions d’heures de vol pour les hélices MT-Propeller - Plus de 70.000 pales d’hélice en service - 37 ans de production et révision chez MT-Propeller - 30 différents modèles certifiés Tecnam P92 avec MTV-33 (variable) d’hélice - Disponible pour avions, Eole de Clé»ment Aderr en 1890. dirigeables, engins à coussin d’air et soufflerie Flugplatzstr. 1 Reste que ce patron était bien inca- 94348 Atting / Allemagne pable d’exécuter la moindre pièce, Diamond DA20-C1 avec MT 175 (fixe) Tel.: +49-(0)9429-9409-0 même simple. Il était un concepteur MT GREEN - FLY FLY Fax: +49-(0)9429-8432 remarquable mais en aucun cas un www.mt-propeller.com [email protected] Maule M6 avec MTV-9 Les Cahiers du RSA 302 - 45.