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N° 2696 0 e L‘ACTION 60 année du 2 au 15 0 mars 2006 Prix : 39 (20 F) FRANÇAISE 0 paraît provisoirement les premier et troisième jeudis de chaque mois 10, rue Croix-des-Petits-Champs, 75001 Paris œ Téléphone : 01-40-39-92-06 œ Fax : 01-40-26-31-63 œ Site Internet : www.actionfrancaise.net Tout ce qui est national est nôtre

Notre dossier L’ÉCHÉANCE ÉLECTORALE DE 2007 ACTUALITÉ DE JACQUES BAINVILLE par Gérard BAUDIN Michel FROMENTOUX Villepin défie Pierre HILLARD Yves LENORMAND Pierre PUJO (pages 7 à 10) L'ESSENTIEL la démocratie Page 2 PÉTITION L’éditorial de Pierre PUJO (page 3) – Reconnaissance pour le sacrifice des Gardes Suisses Pages 4 et 5 POLITIQUE FRANÇAISE GRIPPE AVIAIRE – Les délocalisations continuent Une vraie crise de communication par Henri LETIGRE – Le Tigre dans la balance i elle n‘est pas encore une en inaugurant le Salon de l‘Agri- simistes de l‘Organisation mon- tion selon laquelle les volatiles par Aristide LEUCATE crise sanitaire, la crise de la culture ? Ce n‘est pas certain. D‘au- diale de la Santé qui estime que le étaient interdits d‘accès au Salon – Enquête : Sgrippe aviaire est d‘ores et tant que les médias répètent en virus pourrait, dans le pire des cas, de l‘Agriculture, combien de fois les immigrés parlent (II) déjà une crise de la communica- boucle que les volailles sont inter- faire jusqu‘à 100 millions de morts. en a-t-on entendu les raisons ? La par Ahmed tion qui semble bien difficile à ré- dites au Salon de l‘Agriculture, poule n‘est pas devenue un animal soudre. L‘absence de message ras- comme si le poussin était devenu féroce et traverser un poulailler ne RACHID-CHECHROUN surant de la part des autorités sa- un animal nuisible. Avoir peur représente pas un risque mortel. La Page 6 nitaires serait à coup sûr interprété Est-on rassuré par les messages de la poule ? protection des visiteurs n‘est donc POLITIQUE ÉTRANGÈRE comme un signe inquiétant. Mais du Centre d‘information des pas le premier motif d‘excluion des – Moyen Orient : les risques il semble également que tout mes- viandes qui met tous ses moyens Si la crise de la grippe aviaire poules qui sont indésirables avant d’un embrasement sage rassurant, augmentant le pour répéter que « en France, la est une véritable crise de commu- tout pour éviter la propagation de par Pascal NARI —bruit“ médiatique de cette affaire, consommation de viandes de vo- nication, dont il sera difficile de la maladie : le Salon rassemblant – Les Serbes soit également interprété comme lailles ne présente pas de risque sortir, c‘est parce que nous sommes des animaux de toute la France, il solidaires de Mladic un signe inquiétant... de contamination de l‘homme assaillis de messages et d‘infor- aurait suffi d‘un seul animal ma- L‘opinion publique est-elle réel- par le virus de la grippe aviaire mations qui finissent par être tous lade pour que la maladie reparte, par Pierre PUJO lement rassurée lorsque Jacques H5N1 originaire d‘Asie » ? Il n‘est mélangés. avec les volatiles, aux quatre coins Page 11 Chirac et Dominique Busserau pas certain que leur message fasse Si on a entendu cent fois à la du pays. RELIGION mangent des aiguillettes de volailles oublier les prévisions les plus pes- télévision et à la radio l‘informa- De la même façon, les prévi- – Guides pour un Carême sions de l‘O.M.S., si elles doivent par Anne BERNET être prises très au sérieux, doivent COMBAT DES IDÉES être replacées dans leur véritable contexte. Tant que la maladie ne – Retrouver l’homme concret UNE LUTTE SANS PITIÉ se transmet que de l‘animal à par Michel FROMENTOUX I Dominique de Villepin n’a pas tardé à réagir. À mise à l’unité, les intérêts nationaux s’affrontent l‘animal, comme c‘est le cas au- Pages 12 et 13 peine connu le projet d’O.P.A. hostile de la société férocement. jourd‘hui, il n‘y a aucun risque ARTS-LETTRES- italienne sur Suez, il a annoncé le rapprochement, Au même moment, toujours dans le domaine d‘épidémie mortelle. SPECTACLES préfigurant la fusion, entre Gaz de France – dont énergétique, le géant allemand E.ON lance une – Journée de lecture : l’État détient 80,2 % du capital – et Suez. Son ob- O.P.A. hostile contre la société espagnole Endesa. Les mémoires jectif est de sauvegarder « l’indépendance énergé- Il est relayé par le groupe catalan Gas Natural Impuissance du commandant Guillaume tique de notre pays » qui est « un enjeu stratégique poussé par le gouvernement Zapatero. Les Espa- du gouvernement par Pierre LAFARGE pour la France ». Cette fusion conduira à « créer un gnols ne souhaitent pas passer sous la coupe des Depuis 2003, alors que la – Vocations des tout premiers groupes mondiaux de l’énergie ». Allemands dans un secteur essentiel. Ils opposent Patriotisme économique exige ! Il n’est pas conce- à E.ON une réglementation qui préserve les inté- grippe aviaire sévissait dans toute par Anne BERNET vable que dans le domaine de l’énergie la France rêts espagnols, ce qui n’est pas du goût de la Com- l‘Asie, elle n‘a fait que 170 cas hu- Page 14 dépende de décisions prises à l’étranger. Il fallait mission adepte de la libre-circulation des capitaux. mains et 92 morts. Une moyenne LES GRANDS immédiatement bloquer le projet italien. Et voici que l’on apprend maintenant que les de 30 morts par an dans le TEXTES POLITIQUES La gauche et les syndicats vont crier au “bra- institutions européennes ont aidé l’Indien Mittal à monde... Voilà de quoi rame- – Qu’est-ce qu’une nation ? dage” du service public et protester contre la di- se construire un empire en rachetant les usines par Stéphane BLANCHONNET minution de la part de l’État dans le capital de la sidérurgiques des pays de l’Est libérés du com- Guillaume CHATIZEL nouvelle société, du fait de la fusion. Mais l’es- munisme. Tony Blair lui-même y a mis la main. Page 16 (suite page 2) sentiel n’est-il pas de conserver le contrôle de C’est ainsi que Mittal a entrepris récemment de HISTOIRE l’État français suivant des modalités à définir ? s’emparer d’Arcelor, firme franco-hispano-luxem- – Le faux lynchage Les Italiens, qui comptaient mettre la main sur bourgeoise. Il n’y a pas de solidarité entre Euro- M 01093 - 2696 - F: 3,00 E de Léon Blum une grande société française, sont furieux de se péens, mais une lutte sans pitié. par Pierre JUHEL voir évincés. Dans une Europe prétendument pro- A.F. et Pierre PUJO 3:HIKLKJ=XUXUUU:?m@g@t@g@a; O.M.C. – O.G.M. POLITIQUE FRANÇAISE (suite) Mai 2003 : Les États-Unis, le Canada et l’Argentine déposent une GRIPPE AVIAIRE plainte contre le moratoire décrété en 1998 par Bruxelles pour proté- ger le consommateur européen en prétendant que ce texte s’appa- rente à une mesure protectionniste. Une vraie crise de communication 7 février 2006 : Dans un rapport de 1050 pages, l’O.M.C. condamne Suite de la page 1 l’U.E et l’invite fermement à se mettre en conformité. L’O.M.C. rendra son verdict définitif dans les prochains mois, dé- ner l‘épidémie au rang de ma- Nigéria, le Niger et peut-être le Ke- d‘homme à homme et non plus seu- cision qui devrait être contestée en appel puisqu’en mai 2004 l’U.E a ladie rare... Et parmi ces nya sont touchés à leur tour. Au lement de l‘animal à l‘homme. On levé son moratoire par une nouvelle législation qui autorise neuf pro- morts, tous vivaient en contact Nigéria, il semble que la maladie pourrait alors craindre que l‘épi- duits transgéniques réservés à l’alimentation animale. Toutefois, l’ab- étroit avec des volailles et aucun a pu gagner l‘ensemble du pays zootie ne devienne une terrible pan- sence de consensus politique entre les Vingt-Cinq (Allemagne, Au- n‘a contracté la maladie par simple avant même que des mesures sa- démie qui, selon les scénarios les triche, France, Grèce et Luxembourg demeurent farouchement hos- ingestion d‘un poulet rôti. nitaires aient pu être prises. La dif- plus inquiétants, pourrait toucher tiles aux O.G.M) fragilise la position européenne. Mais les éléments rationnels ficulté à mettre en Œuvre des me- 25 à 30 % des 6,4 milliards d‘hu- Entre risque de famine mondiale, résistance accrue simultanément ont peu de prise pour rassurer les sures efficaces de protection peut mains et causer jusqu‘à 100 mil- aux pesticides, insecticides et aux maladies, principe de précaution et consommateurs. D‘autant que les faire craindre la propagation aux lions de décès. intérêts de Monsanto, se trouvera-t-il quelque bonne âme susceptible consommateurs ont le choix. Même pays voisins. Même plusieurs jours Globalement, il semble que les de nous présenter une synthèse honnête sur la question ? s‘ils ont bien compris qu‘il n‘était après l‘alerte, les autorités locales autorités ont bien géré la crise en pas dangereux de manger de la avouaient leur incapacité à faire France, conciliant l‘exigence de viande de volaille, ils préfèrent, par fermer les marchés de volaille... transparence et le principe de pré- O.M.C. – États-Unis – U.E précaution, se rabattre sur le pois- En Afrique, le virus pourrait caution. Mais on peut légitimement (suite) son, le bŒuf, le porc... S‘il faut ten- provoquer un lourd bilan sur des se demander si la communauté in- ter de limiter la casse, rien ne populations malnutries, affaiblies ternationale n‘aurait pas dû faire En 1998 l’U.E dépose une plainte contre les foreigns sales cor- semble donc pouvoir enrayer tota- par d‘autres maladies et ne béné- preuve d‘une plus grande mobili- porations, dispositif mis en place par les États-Unis pour permettre à lement un tel mouvement de désaf- ficiant pas de services de santé suf- sation pour aider l‘Afrique. Car si leurs entreprises d’enregistrer les bénéfices réalisés à l’exportation faction pour la viande de volaille. fisants. Surtout, la possible multi- le danger n‘est pas dans nos as- dans des paradis fiscaux. Alors que la consommation de plication de cas humains constitue siettes, il pourrait en revanche ve- En 2000, l’O.M.C condamne les États-Unis qui seront déboutés volaille a déjà chuté de 25 à 30 % une véritable inquiétude pour les nir des pays, en Afrique ou en Asie, en appel par le jugement de 2003 qui permet l’Union d’appliquer une par rapport à la même période de experts car le virus pourrait finir où les hommes sont au contact du surtaxe de 4 milliards $ sur les importations d’outre Atlantique. 2005, le gouvernement —accom- par muter vers une forme humaine virus. Les Américains ripostent en octobre 2004 par une nouvelle loi, le pagne“ donc cette crise, impuis- qui pourrait se transmettre Guillaume CHATIZEL Job Act qui instaure une période de transition jusqu’à fin 2006, date sant à l‘enrayer, par une première à laquelle tout rentrera dans l’ordre… ou presque. enveloppe de 52 millions d‘euros En effet, une clause du Job Act permettra aux grandes sociétés d‘aides aux éleveurs. américaines de continuer à bénéficier d’avantages fiscaux sur toutes La découverte de quelques cas les ventes finalisées à partir de contrats antérieurs au 17 octobre d‘oiseaux sauvages, puis celle d‘un 2003. élevage de dindes de l‘Ain, conta- A priori ce détail paraît anodin… sauf dans le cas de marchés qui minés par le virus H5N1, ne chan- donnent lieu à de longues négociations techniques et commerciales. gent pas le niveau d‘alerte et sont Par exemple Boeing bénéficierait de réductions fiscales de 615 mil- sans conséquence pour le consom- lions $ au titre des livraisons à venir, initiées par des lettres d’inten- mateur. Ils ont au contraire permis tion d’achat antérieures au 14 octobre 2003. de constater en grandeur nature la En vertu de cette remarque, en date du 13 février 2006, l’O.M.C rapidité et l‘efficacité des mesures donne raison à l’U.E… Victoire ? Pas encore ; il reste encore trente de diagnostic et de confinement. jours à l’O.M.C pour entériner son verdict définitif et deux mois aux Etats-Unis pour se mettre en conformité… Délai largement suffisant pour inventer un nouveau Job Act. L’Afrique Déjà huit années de procès… Monsieur Racine, Les Plaideurs sont en grand danger toujours actuels ! Pierre JEANTHON Il faut s‘inquiéter en revanche de la situation africaine. Après le

Pétition pour la reconnaissance du sacrifice des Gardes suisses

I « Le 10 août 1792, le roi Louis XVI est avec sa famille au palais des soit transférée à la Chapelle Expiatoire, construite sur le lieu du charnier Tuileries, défendu par 1.100 Gardes suisses et quelques-uns des Gardes qui recueillit leurs dépouilles et y soit fixée, signe visible du devoir de mé- nationaux et gendarmes restés fidèles au Roi. Danton, qui veut en dé- moire notre pays ». coudre avec ce monarque qui refuse de signer certains décrets, mobilise 10, rue Croix-des-Petits-Champs, environ 17.000 hommes et les envoie aux Tuileries. G 75001 Paris Tél. : 01-40-39-92-06 • Fax : 01-40-26-31-63 Alors que les Gardes suisses viennent de surmonter victorieusement I.S.S.N. 1166-3286 le premier assaut, Louis XVI leur donne l’ordre de cesser le feu et de re- Cette pétition pour la reconnaissance de sacrifice des Gardes Suisses gagner leur caserne à Courbevoie. En chemin, ils sont massacrés, as- sera transmise : • Directeur : Pierre Pujo sassinés par les assaillants du palais, puis atrocement mutilés par une – à Monsieur le Président de la Confédération Helvétique par l’intermé- • Secrétaire de rédaction : Michel Fromentoux foule en folie. diaire de Son Excellence, Monsieur l’Ambassadeur de Suisse en France, • Politique : Georges Ferrière, 630 Gardes meurent ainsi, et 156 sont faits prisonniers. Sans défense, – à Monsieur le Maire de Paris, Yves Lenormand ils seront à leur tour assassinés puis mutilés dans leur prison lors des – à Monsieur le Ministre de la Culture du Gouvernement français, • Politique étrangère : Pascal Nari massacres du 2 septembre 1792. Leurs corps seront jetés dans un vaste – et à toutes les autorités que les rédacteurs de la pétition jugeront bon • Chronique militaire : Bernard Guillerez charnier, à l’endroit où Louis XVIII fit construire la Chapelle Expiatoire. de contacter pour obtenir la pose de cette plaque sur les murs de la Cha- • Économie : Henri Letigre, C’est une simple goutte de sang, puisque la Révolution française fera pelle Expiatoire. Serge Marceau. entre 600.000 et 800.000 victimes. Mais l’heure de toutes les repentances, • Enseignement, famille : du débat sur la colonisation au refus de célébrer le bicentenaire de la vic- ONT DÉJÀ SIGNÉ (entre autres) : Mgr Nicolas THEVENIN (Prélat d’Honneur Michel Fromentoux, chef de rubrique • Sciences et société : Guillaume toire d’Austerlitz, est peut-être aussi celle d’assumer entièrement notre de Sa Sainteté), Michel DÉON, de l’Académie française, Jean RASPAIL, écrivain, Chatizel, passé. président de l’Union nationale pour la célébration solennelle du Bicentenaire de la • Outre-mer : Pierre Pujo En témoignage de reconnaissance et d’amitié au peuple suisse, les mort de Louis XVI, François BLUCHE, historien, écrivain, Ghislain de DIESBACH, • Médecine : Jean-Pierre Dickès signataires demandent que la plaque à la mémoire des Gardes suisses, écrivain, Jean de VIGUERIE, historien, Florence de BAUDUS, écrivain, Pierre • Livres : René Pillorget, Anne Bernet, dévoilée en France par le président de la Confédération Helvétique, M. PUJO, président du Comité directeur de l’Action française, directeur de L’Action Pierre Lafarge, Philippe Aleyrac, Samuel SCHMID, le 18 novembre 2005, actuellement conservée aux In- Française 2000, Michel FROMENTOUX, directeur de l’Institut d’Action française, Romaric d’Amico valides et portant l’inscription suivante : Marc VANDESANDE, Website des Manants du Roi), Michel MICHEL, maître-as- • Arts-lettres-spectacles : Léon Camus, sistant à l’Université de Grenoble, Guy MENUSIER, journaliste, correspondant en Renaud Dourges, Monique Beaumont • Cinéma : Alain Waelkens « Invictis pax-per vitam fortes, sub iniqua morte fidele » Suisse de L’Action Française 2000, Jean-François COLLIN, président de l’ADI- • Combat des idées : Pierre Carvin, À la loyauté et au courage des Suisses MAD, Jean-Christophe VALLET (à l’origine de la pétition à la mémoire des Gardes Jean-Philippe Chauvin En l’honneur de tous ceux qui ont vaillamment combattu suisses), Olivier PICHON, directeujr de la rédaction de Monde & Vie, Camille GA- • Art de vivre : Pierre Chaumeil et se sont sacrifiéspour rester fidèles à leur serment LIC, directrice de Rivarol, rédacteur en chef d’Écrits de Paris. • Chroniques : Jean-Baptiste Morvan, lors des journées des 10 août, 2 et 3 septembre 1792 François Leger Sont tombés en combattant avec vaillance * Les signatures sont à envoyer à : « Pétition Gardes Suisses » Cidex 62, • Maquettiste : Grégoire Dubost et reposent en ce lieu : 21250 CORBERON • Photos : François Tabary 26 officiers, environ 760 soldats ou par mail à : [email protected] Abonnements, publicité, promotion : Ont survécu grâce à l’habileté de leurs amis : * Pour en savoir plus, voir L’Action Française 2000 du 1er décembre 2005, Monique Lainé 16 officiers, environ 350 soldats » l’article de Guy C. Menusier.

2 L’Action Française 2000 n° 2696 – du 2 au 15 mars 2006 SIGNES ÉDITORIAL DES TEMPS

C.P.E./C.N.E.. VILLEPIN DÉFIE LA DÉMOCRATIE Apporter un peu de sou- plesse aux conditions d’em- bauche et de licenciement est epuis juin 2005, Dominique de Ville- dicats et les partis de gauche n‘ont pas présenté une bonne chose pour l’écono- pin se pavanait en affichant une cote de de contre-projet sérieux. Ils s‘adonnent à un mie. Mais les C.N.E. et C.P.E., Dpopularité supérieure à 50 % œ élevée conservatisme social borné et cherchent à faire projets adoptés à la va-vite, n’ont pour un chef de gouvernement. la fin de fé- de l‘obstruction au Parlement. En dernier res- pas été suffisamment réfléchis. vrier, il a perdu 11 % par rapport à janvier et sort, ils invitent les gens à descendre dans Il faut notamment s’assurer que tombe à 42 %. Il n‘atteint pas les profondeurs la rue... la liberté de mettre fin à ces de l‘impopularité de Jean-Pierre Raffarin dans Ces gesticulations sont appelées à faire long contrats de travail ne puisse pas les derniers temps de son ministère, mais la feu. Les Français sont peut-être sceptiques sur s’opposer à la protection des chute est impressionnante. l‘efficacité du nouveau contrat. Cependant de- femmes enceintes et des sala- puis un quart de siècle on a essayé en vain tel- riés malades. Sans garde-fou, lement de formules pour remédier au chômage ces dispositifs risquent de ra- Le fiasco persistant des jeunes qu‘ils se disent qu‘ils peu- mener la protection des futures du “Clemenceau” vent faire l‘essai de la nouvelle formule. Celle- mères et des malades en deçà PAR ci a la mérite de ne rien coûter au Budget, de ce qu’elle était au XIXe Il ne suffit pas d‘invoquer l‘inconstance de PIERRE PUJO contrairement aux emplois-jeunes du gouver- siècle ! l‘opinion. Les mésaventures de l‘épave du Cle- nement Jospin. menceau ont leur part dans la grogne des Fran- çais à l‘égard de ceux qui les dirigent. Il est in- États-Unis croyable que cette affaire ait été si mal conduite Les Américains coulent leurs vieux navires La trahison pour aboutir au fiasco que l‘on sait. Ne pou- irrécupérables, ce qui est une fin glorieuse. Ils de Sarkozy Contraint par la justice, le vait-on prendre toutes les assurances pour que se moquent des règlements internationaux sur Pentagone se dit prêt à fournir l‘opération de démantèlement de l‘ancien porte- la pollution des océans. Sans en faire une pra- On se serait attendu à ce que le plan pour la liste des prisonniers détenus avions soit menée à bonne fin dans toutes ses tique générale, la France pourrait s‘en inspirer l‘emploi des jeunes œ destiné particulièrement sur sa base de Guantanamo, à modalités ? Il a manqué visiblement quelqu‘un pour l‘ex-Clemenceau... dont l‘épave va en- aux jeunes des banlieues sans qualification œ Cuba. Il était temps ! Depuis l’ou- pour suivre le dossier, écarter les embûches, en core nous coûter très cher avant de disparaître. soit relayé par l‘U.M.P., le parti de la majo- verture de ce centre de déten- bref assumer les responsabilités jusqu‘au bout, Vous voyez le tollé que susciterait une telle dé- rité. Or celui-ci se borne à remplir le service tion en 2002, même la Croix- avec le souci de préserver le prestige de la cision ? Le gouvernement n‘osera pas... L‘odys- minimum. Il a, bien sûr, rejeté la mention de Rouge ne parvient pas à France. L‘échec précédent de la tentative de sée de l‘ex-Clemenceau va donc continuer au- censure mais n‘a guère fait campagne dans connaître la liste des détenus et démantèlement du navire en Grèce justifiait tour de l‘Afrique. Il n‘a pas fini d‘être mal- l‘opinion pour expliquer et justifier les pro- le motif de leur détention... une vigilance particulière. mené au gré des vents, et des lâchetés de nos jets du Premier ministre. Son patron, Nicolas Comme à l’époque des camps On nous dit que quatre ministères, la Dé- gouvernants ! Sarkozy, a d‘autres soucis que de faire réus- allemands, soviétiques ou viet- fense, les Finances, les Affaires étrangères, sir la politique du gouvernement auquel il ap- namiens... l‘Environnement se sont penchés sur le dos- partient. Il ne s‘intéresse qu‘à sa candidature sier, donnant chacun leur avis. Sans doute. Mais La comédie à l‘élection présidentielle de 2007. Cette ce qui a manqué, c‘est un responsable qui, au parlementaire échéance doit marquer pour lui une —rupture“ Antisémitisme moins, publie un chiffre indiscutable sur la et non une étape dans la continuité d‘une ac- quantité d‘amiante recelée par le navire. Cette L‘épizootie de la grippe aviaire qui frappe tion entreprise aujourd‘hui. Il signifie à M. de La France a-t-elle déjà ou- mésaventure est révélatrice de l‘irresponsabi- l‘élevage des volailles en métropole, et les mé- Villepin que les décisions de maintenant se- blié la ridicule situation dans la- lité qui règne au sein du gouvernement. faits du moustique chikungunya dans l‘île de ront remises en cause lorsque lui, Sarkozy, quelle l’avait mise la fausse Le résultat est que la France est apparue en la Réunion qui, lui, frappe les humains, contri- aura accédé au pouvoir suprême. agression antisémite du R.E.R. infraction à l‘égard des règlements internatio- buent, bien sûr, aussi à déprécier la cote du Pre- Cette trahison larvée du ministre de l‘In- D en juillet 2004 ? On n’hésite naux, qu‘elle s‘est fait bafouer par le Green- mier ministre. On lui reproche soit d‘en faire térieur n‘est pas le moindre handicap du Pre- pourtant pas à qualifier d’anti- peace qui cultive la haine multiséculaire des trop, soit pas assez. Il est placé sous la dépen- mier ministre. Celui-ci a cru l‘an dernier pou- sémite le crime commis par le Anglais à l‘égard de la marine française, et dance d‘une opinion fragilisée par les médias voir s‘attaquer à l‘un des problèmes de fond “gang des Barbares” de Ba- qu‘elle a reçu un camouflet des autorités de audiovisuels qui, en montrant des blouses de la société française, le chômage, sans tenir gneux sous prétexte qu’ils choi- l‘Inde où le navire devait être démantelé. blanches manipulant des cadavres d‘animaux compte de la proximité des élections de 2007 sissaient des victimes juives On observera que, chaque année, des di- ou maniant des insecticides, rassurent et in- dont la campagne en fait, avait commencé. parce que les juifs sont réputés zaines de bateaux, militaires et civils, sont dé- quiètent à la fois. Dans la foulée, il a souhaité que 2006 fût « une avoir de l’argent. Il faut pourtant mantelés dans les pays du tiers-monde dont la Ce sont cependant les discussions autour année utile » pour l‘emploi. Louable inten- être bête, bien plus qu’antisé- main d‘Œuvre est bon marché et qui récupè- du —contrat première embauche“ qui polarisent tion ! C‘était pourtant s‘engager dans un pari mite, pour choisir ainsi les vic- rent ainsi de la ferraille, et que ces chantiers ne principalement les mécontentements. La gauche impossible que d‘affecter de croire que la sur- times d’un enlèvement. soulèvent pas l‘émoi qui s‘est manifesté lors- a trouvé là un terrain pour se rassembler alors enchère électoraliste, soit de la gauche, soit qu‘on a su que l‘ex-Clemenceau allait être traité qu‘elle est minée par de graves divisions in- des centristes de François Bayrou, soit de Ni- Guillaume CHATIZEL à Alang sur la côte ouest de l‘Inde. La France ternes et les ambitions concurrentes de ses chefs. colas Sarkozy, ne viendrait pas troubler l‘opi- avait en théorie pris toutes les précautions, en Cela nous vaut la comédie parlementaire ha- nion. Lui-même va-t-il au bout de la réforme faisant notamment enlever une partie de bituelle à laquelle M. de Villepin a souhaité du code du travail pour améliorer le marché l‘amiante contenue dans le bateau. Nos diri- mettre un terme en recourant à l‘article 49-3 de l‘emploi ? Ne faudrait-il pas alléger les Le 25 mars geants se voulaient sans reproches aux yeux de la Constitution pour faire adopter son pro- charges fiscales et sociales des entreprises pour à Cotignac (Var) : des écologistes. Cela n‘a pas empêché ceux-ci jet global sur l‘emploi des jeunes. qu‘elles puissent embaucher plus aisément ? de désigner notre pays comme un agent de pol- La gauche reproche au contrat première em- M. de Villepin n‘est pas en mesure d‘opérer Journée lution des mers, contribuant en outre à miner bauche de donner des coups de canif dans le un bouleversement qui serait pourtant salu- la santé des populations du tiers-monde... droit du travail en accroissant la précarité des taire pour les salariés comme pour les entre- d’Action On s‘en prend à la France parce qu‘elle est emplois au nom de la flexibilité. Mais pour- prises. Il ne peut toucher aux scléroses fran- faible, parce qu‘elle ne sait pas défendre son quoi la réglementation existante ne pourrait- çaises car il n‘a ni l‘autorité ni le temps pour française prestige dans le monde, parce que ses dirigeants elle pas être modifiée si des résultats bénéfiques cela. Voir page 15 ont perdu toute espèce de fierté nationale. peuvent en découler ? On observe que les syn- I

NOTRE SOUSCRIPTION POUR L’A.F. Légion des “Mille” : Pierre Foache, 50 ; Jean Guillemin, 40 ; Milloz, 150 ; Jacques Bentégeat, Christian Jousse, 40 ; Mme Monique nous répondront. Sans le journal, il 155 : Pierre Cervoni, 200 ; Jean Labadie, 30 ; Mme Henriette Petit florilège n’y aurait plus d’Action française ! Foyard, 150 ; Marc Chaunier, 152 ; Lecumberri, 15 ; François Leger, 50 ; Votre aide est urgente. P.P. Jean Frère, 200 ; Joseph Lajudie, Jacques Lesaint, 30 ; Jean-Marie I Les dons que nous recevons pour – « Pour continuer la lutte entre 200 ; Gal Jacques le Groignec, 200 ; Loubert, 75 ; Gabriel Louvrier, 20 ; notre souscription sont parfois ac- tous ces individus qui veulent suppri- N.B. – Prière d’adresser les verse- Jean Coudert, 500 ; Anonyme, 800 ; Mme Cécile Metzger, 100 ; Mme Yvette ments à Mme Geneviève Castelluc- compagnés de mots sympathiques. mer notre liberté de penser et qui pour- Anonyme, 2.000. Midy, 50 ; Jacques Pascal, 30 ; Mlle cio, L’A.F. 2000, 10 rue Croix-des- Petit florilège : rissent les esprits faibles qui les écou- Mme Marcelle Arnaud, 100 ; Mme Perrot, 100 ; Jean-Baptiste Morvan, Petits-Champs, 75001 Paris. – « Merci pour ces pages récon- tent » C.J. (95). Jeanne Baston, 50 ; André Blay, 50 ; 30,50 ; Mme Francine Remacle- fortantes, parfaitement informées, no- – « J’espère que cette souscrip- LISTE N° 2 Jean-Philippe Bonneton ; Edmond Broussard, 50 ; Gaston Thomas, 20. tamment sur le Proche-Orient et sur tion atteindra le chiffre souhaité [55.000 Cahu, 40 ; anonyme, 100 ; Georges l’actualité littéraire (Anne Bernet) » Y.D. euros] car il est bien difficile pour un Virements réguliers : Gal Chauvet, 100 ; Bruno Colrat, 100 ; Total de cete liste : 6 568,33 9 (72). journal de vivre sans aide capitaliste Jacques le Groignec, 15,24 ; Mme Anne-Marie Defosse, 45,73 ; Liste précédente : 1 531,84 9 – « Pour que l’Action française ou gouvernementale » P.M. Paris (7e). Mme Marie-Magdeleine Godefroy, Robert Delaitre, 30 ; Serge Delannoy, puisse continuer sa mission au service Merci à tous ceux qui ont ré- 22,87 ; Louis Petit, 30,49 ; 40 ; Claude Delisle,100 ; Mlle Simone Total : 8 100,17 9 de la France et pour la défense de nos pondu à notre appel du début fé- Mme Tatiana de Prittwitz, 45,73 ; Degisors-Terrisse, 77 ; Yves Demas, valeurs » J.F. (21). vrier et merci d’avance à ceux qui Jacques Bentégeat, 53,86. 80 ; François Drougard, 30 ; Michel Total en francs : 53 133,63 F

L’Action Française 2000 n° 2696 – du 2 au 15 mars 2006 3 POLITIQUE FRANÇAISE

es réponses à un ques- A.H. – Je suis prudent. Nous tionnaire distribué du 1er avons été roulés dans la farine au 31 décembre 2005 La crise des banlieues par les gouvernements de gauche D e dans le 20 arrondissement de Pa- comme de droite. Je suis dubita- ris à forte concentration d’immi- tif. grés, il ressort que : – 55 % désapprouvent les Les immigrés parlent… (2) G émeutes de banlieues, Troisième entretien. Mme K. – 82 % réprouvent les in- I La flambée de violences qu’ont connue gnification de l’événement et éclairer le âgée de 37 ans, enseignante, cendies de voitures ; à l’automne dernier les banlieues françaises comportement des jeunes campés dans universitaire, mariée à un Fran- – 78 % sont contre la vio- çais de souche, deux enfants, n’a pas été une crise passagère. Ses causes nos banlieues et rejetant l’intégration dans lence ; militante dans un parti politique – 77 % refusent la discrimi- venaient de loin, et le feu aujourd’hui couve la société française. Il a présenté dans notre de gauche depuis des années. nation positive ; sous la cendre. dernier numéro (A.F. 2000, 16 février) le ré- – 49 % craignent la répéti- Notre collaborateur Ahmed Rachid Che- sultat de son enquête auprès de la première A.R.C. – Que pensez-vous des tion des émeutes. kroun, Marocain de naissance et Français génération d’immigrés. Il part aujourd’hui émeutes ? Cette génération est une gé- de cœur, a enquêté dans les milieux immi- à la rencontre de la deuxième génération. Mme K. – C’est une surprise. Per- nération charnière entre la pre- grés pour essayer de comprendre la si- A.F. sonne n’a vu venir. C’est un mière et la troisième. Nous séisme politique. Je regrette que sommes en présence d’un profil les politiques et les médias aient particulier et précis. En gros, les tifier le comportement agressif des par B.M. – C’est nul. Ce sont des pa- réagi par la haine. Le pays s’est immigrés de la deuxième géné- immigrés de la troisième généra- Ahmed RACHID CHEKROUN roles pour calmer le jeu. C’est tac- coupé d’une partie de sa jeunesse. ration adoptent un comportement tion. tique. Les jeunes attendent des social et un mode de vie occi- Pour illustrer ce ressentiment B.M. – L’argument avancé par ce actes. Il faut une volonté politique A.R.C. – Que pensez-vous de dentalisé. Bien qu’ils soient atta- fort endurci à l’égard du régime, dernier ce sont les raisons bud- pour résoudre ce problème. la discrimination positive ? chés au pays d’origine, leur hori- nous avons choisi de sélection- gétaires. Mais la vraie raison : on Mme K. – Je ne suis pas d’accord. zon c’est la France. A la différence ner trois interlocuteurs. dont les ne peut pas titulariser un cher- G Je veux l’égalité des droits et de- de la première, ils aspirent à réus- propos méritent d’être relevés cheur de confession musulmane voirs. J’ai beau être française, ma- sir économiquement et culturel- Deuxième entretien. Il s’agit riée à un Français, militante dans lement. G de A. H. âgé de 51 ans, marié, un parti de gauche, cela ne Porteurs d’ambition, ils dési- un enfant, universitaire, franco- change rien à ma condition. Je rent une meilleure visibilité et une Premier entretien. B.M. est marocain, enseignant dans un reste toujours l’arabe de service. participation réelle. Mais dans les un Franco-algérien, âgé de 47 collège. faits ils se heurtent à des obs- ans, né en France, Ingénieur, A.R.C. – On sent beaucoup de tacles sérieux. Ce sont eux qui marié à une Française, deux en- A.R.C. – Que pensez-vous des déception dans vos paroles, ont été à l’origine d’initiatives et fants, chercheur au C.N.R.S. émeutes ? pouvez-vous en dire plus ? de campagnes civiques visant à A.H. – Il fallait s’y attendre. C’est Mme K. – Je ne suis pas persua- l’égalité des citoyens devant la loi. Ahmed RACHID CHEKROUN. – dans la logique des choses. On dée d’être traitée comme les Cela se passait dans les années Que pensez vous des a tout fait pour liquider ceux qui autres militants par mon propre 1981 juste après l’arrivée de la émeutes ? étaient porteurs de culture du dia- parti de gauche. Je suis même gauche au pouvoir. B.M. – Je ne suis pas d’accord logue. Maintenant ils ont affaire à persuadée du contraire. Je m’ex- N’ayant pas pu accéder à des sur la forme choisie et la méthode des barbares qui ne savent que plique. Dans un passé récent, le responsabilités dans des syndi- utilisée mais j’approuve le mé- détruire. Tout cela est voulu. Les hasard a voulu que je me pré- cats et partis politiques et restés contentement. La société fran- gouvernements de gauche sente à une élection législative confinés dans le champ associa- çaise n’aime pas ses enfants comme de droite ont cru résoudre partielle. Probablement parce que tif, ils ont fini par cultiver la dé- d’origine maghrébine et africaine. ce problème en achetant la paix personne n’y croyait. ception et l’amertume à l’égard de Nous vivons dans une société qui Campés dans la société française, sociale par l’argent. Le résultat du premier tour a mais révoltés la société française. n’a pas encore tourné la page co- surpris tout le monde : j’étais en Composés de cadres, d’uni- loniale et qui n’assume pas son travaillant dans le secteur de la A.R.C. – Êtes-vous pour la dis- deuxième position juste après le versitaires, de salariés qualifiés, passé. défense nationale. Je l’ai su des crimination positive ? candidat sortant, lui aussi de de chefs d’entreprises..., ils étaient années après. J’ai dû attendre A.H. – Bien sûr que non ! Je veux gauche. Au deuxième tour la ques- autrefois l’objet d’admiration de A.R.C – Êtes-vous pour la dis- que mon beau-père chercheur l’égalité des citoyens devant la loi. tion s’est posée s’il fallait que je leurs parents et familles à cause crimination positive ? comme moi soit à la retraite pour Vouloir favoriser ceux qui sont is- me maintienne. Et après avoir de la réussite scolaire. Mais B.M. – Avant d’en arriver là, il faut savoir la vérité. sus de l’immigration est une dé- consulté mes camarades locaux comme ils n’ont pas pu concréti- déjà appliquer tout simplement la magogie et une insulte pour ces du parti et la population qui m’a ser leurs aspirations, ils ne sont loi. Prenez mon cas, je suis cher- A.R.C. – Que faites vous ac- derniers. Enseignant dans un col- soutenue, j’ai pris ma décision de plus un modèle attractif ni pour la cheur au C.N.R.S. depuis une di- tuellement ? lège particulièrement difficile, je rester pour le deuxième tour par première ni pour la troisième gé- zaine d’années. Chaque année, B.M. – Je suis chef d’entreprise perçois un salaire de misère avec respect pour les électeurs. Ce qui nération. je dois renouveler mon contrat. Mais je me heurte à des discri- un statut précaire. Pourtant je suis m’a valu l’exclusion par la direc- Leur déception est d’autant Au bout de dix ans, je suis parti minations flagrantes avec le ban- docteur en troisième cycle. Je de- tion nationale du parti. plus justifiée que les familles se ne pouvant pas accepter l’idée et quier, les commanditaires, les mande l’égalité devant la loi. Point Je suis allée jusqu’au bout. Le sont saignées à blanc pour leur l’angoisse de vivre dans l’incerti- concurrents… final... résultat du deuxième tour a été donner toutes les chances de tude. édifiant : Il ne me manquait pas réussir par une formation et une A.R.C. – Quelles sont les rai- A.R.C. – Que pensez-vous des A.R.C. – Que pensez-vous des beaucoup de voix pour être élue ! éducation.. Voyant le sort qui leur sons avancées par votre em- mesures du gouvernement de mesures du gouvernement de fut réservé, ils en viennent à jus- ployeur ? Villepin ? Villepin ? (à suivre)

produit industriel est libre de circuler dans couple “franco-allemand” dans la façon dont œ Importations en hausse de 8,7 % à Europe toute l’Union à l’inverse du service déma- elle entendait conduire sa politique euro- 925,6 milliards euros incohérente ? térialisé. péenne. œ Exportations en hausse de 7,5 % à Le risque de “dumping social” existe De part et d’autre du Rhin les instituts 786,1 milliards euros Depuis 1993, l’U.E fonctionne selon le pourtant dans les deux cas… Y aurait-il eu de statistiques décortiquent 2005 : œ D’où un excédent commercial de 160,5 principe de la libre circulation des citoyens, polémique si au lieu du “plombier polonais”, milliards euros qui génère 0,9 % de crois- des capitaux et des marchandises. Donc si il s’était agi du “serrurier hollandais” ? 1 – En France selon l’INSEE : sance j’achète une table en Italie, je ne réglerai Autrement dit, les réserves justement œ Importations en hausse de 9,2 % à œ Cause principale : hausse de la pro- aucun frais de douane et je m’acquitterai formulées à l’encontre de la directive Bol- 382 milliards euros (1) duction manufacturière et, pour la première d’un prix comprenant la matière première kenstein sont peut-être une conséquence œ Exportations en hausse de 4,1 % à fois depuis 1995, de l’investissement pro- plus la valeur ajoutée dont une composante de l’élargissement intempestif de l’Europe 355,5 milliards euros ductif. principale est le coût de la main-d’œuvre. bruxelloise, petit monstre administratif sans œ D’où un déficit du commercial de 26,5 Sans même faire référence aux sujets Ce coût résulte de la législation sociale, âme et de plus bloc économique hétéro- milliards euros qui coûte 0,5 % de crois- strictement politiques (O.T.A.N, ouverture fiscale… en vigueur en Italie et finalement gène. sance à l’Est….) les chiffres ci-dessus illustrent la avec cette table j’ai acheté un peu de ser- œ Cause principale : recul de la pro- “dysharmonie” d’un vieux couple. vices made in Italy sans que personne y duction manufacturière de 1,1 % sur un an, Pierre JEANTHON trouve à redire. Ce qui n’aurait pas été le Un couple d’où perte d’emplois et stagnation de l’in- cas si, avant la refonte de la directive Bol- bien las vestissement dans le secteur industriel. (1) Est-il politiquement correct de souligner kenstein, j’avais fait appel à un artisan eu- que certains ne sont pas mécontents d’une ropéen non français. Dès son accession à la Chancellerie, 2 – En Allemagne selon la DIHF (Fé- telle hausse des importations parce qu’elle En conclusion le service incorporé à un Angela Merkel a relativisé l’importance du dération des Chambres de Commerce) : limite l’inflation….. ?

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Pendant les Jeux Le Tigre les délocalisations continuent dans la balance

ors des pré- par Le principal mar- a décision attendue mais par qu’il ne soit pas appliqué en tant cédents Henri LETIGRE ché extérieur de pour le moins curieuse qui a Aristide LEUCATE que tel. Aussi, pourquoi le Conseil LJeux Olym- cette société ve- Lété rendue le 15 février 2006 d’État ne s’est-il pas directement piques d’hiver, la presse écono- nant de s’effondrer, les erreurs stra- par le Conseil d’État (juridiction péennes (effet direct et immédiat adossé au Code de l’environne- mique française publiait un autre tégiques commises par le groupe administrative suprême en France, dans le droit national) du 1er fé- ment français (notamment sur ses tableau des médailles où appa- italien El Fi, qui en contrôlait près en même temps que conseiller du vrier 1993 portant sur les trans- articles L. 541-1 et suivants), à raissaient les marques qui équi- de 75 % du capital, ne lui permet- gouvernement), suspendant l’ex- port des déchets hors des fron- plus forte raison quand il est men- pent les différents skieurs. Cette taient plus d’exister. Le 22 octobre portation vers l’Inde de la coque tières de l’Union européenne et tionné dans les visas de l’arrêt ? année pour les Jeux de Turin, elle suivant, le tribunal de commerce La jurisprudence Nicolo de 1989 est restée fort discrète sur ce ter- de Nanterre décidait de céder la n’avait pourtant d’autre but que de rain très glissant. Les rachats suc- société au groupe SEB, qui avait faire prévaloir une règle juridique déposé la meilleure offre de reprise antérieure sur une règle posté- Tel que fonctionne des restes de Moulinex. Ce der- rieure contraire et non de laisser le virus de la nier ne reprenait pourtant que 1850 le droit national en déshérence. salariés sur 5600, soit 3750 postes mondialisation, supprimés. En moins de sept ans, aucun vaccin de 2001 à 2008, l’industrie fran- Le politique ne permettra çaise du petit électroménager per- prime le droit d'arrêter dra donc 4640 emplois, soit 36 % l'hémorragie. des effectifs pour ces deux seuls Enfin, c’est la seconde critique Progressivement fleurons. que l’on peut faire d’un arrêt à la construction juridique originale, le toutes nos Conseil d’État a refusé « qu’il soit industries La politique enjoint à l’État, comme le de- Le Clemenceau mandent les associations re- seront absorbées du “tout chinois” Le droit national escamoté par la vampirisation quérantes, que la coque de l’ex- des délocalisations. Comment SEB, présenté de l’ex-porte-avions Clemenceau une directive (nécessitant une porte-avions Clemenceau soit comme l’exemple à suivre, a-t-il fi- en vue de son désamiantage, transposition dans le droit natio- rapatriée jusqu’à son port d’at- nalement atteint le même type de semble relever d’une politique ju- nal généralement par le biais d’une tache ». On voit bien là le souci cessifs des fabricants français de résultat que le mauvais élève de risprudentielle bien connue au Pa- loi) du 15 juillet 1975 sur la défi- délicat de ne pas offusquer le matériel de montagne ne permet- la branche ? Les mêmes maux ont lais Royal, celle de la jurisprudence nition juridique de ces mêmes dé- prince et, en définitive, de le mettre tent plus vraiment d’identifier quelle produit les mêmes effets ! La mon- politique. chets. devant ses responsabilités. est la nation productrice. Que ce dialisation ne réserve pas à la Sans entrer dans un débat de Politiquement habile, cette so- soit chez Salomon ou Rossignol, France la fabrication de biens in- fond (que n’a, d’ailleurs, pas tran- lution n’en est pas moins juridi- pour ne citer que les deux plus cé- dustriels. Tel que ce virus fonc- Droit européen ché le Conseil d’État statuant uni- quement illogique : comment, lèbres, les politiques de délocali- tionne, aucun vaccin ne permettra et droit national quement sur une question de ré- après avoir suspendu l’exécution sation ont commencé ; la Rouma- d’arrêter l’hémorragie. Progressi- féré, c’est-à-dire d’urgence), on se d’une décision gouvernementale, nie et l’Espagne, qui ne figuraient vement toutes nos industries se- D’abord, les fondements juri- contentera d’observer que l’allé- ne pas en tirer la seule consé- pas parmi les producteurs de ce ront absorbées par la vampirisa- diques de l’arrêt, si peu contes- geance juridique d’une juridiction quence juridique qui s’imposait type de produits sont ainsi deve- tion des délocalisations. tables qu’ils soient, sont, nonobs- française à une jurisprudence su- alors en ordonnant le rapatriement nues les principales fabricantes de Avant la présentation du der- tant, comme un hommage rendu pranationale (donc d’essence du navire ? Héritier lointain du ces articles sportifs. nier plan de fermeture des trois sans concession par cette haute étrangère) rencontre, à notre sens, Conseil du Roi, le Conseil d’État, Mais les massifs alpins, où sont usines SEB, les syndicats du juridiction nationale au droit euro- une limite : celle du droit national reviviscence napoléonienne, reste installés ces sociétés, la Haute-Sa- groupe dénonçaient “la politique péen communautaire. Le Conseil applicable. En effet, lorsqu’il existe, fidèle à sa tradition de servir le voie pour Salomon et l’Isère pour du tout chinois”. Les entreprises d’État a motivé sa décision en qu’il n’est pas contraire au droit prince, autrement dit la raison d’É- Rossignol, ne sont pas les seuls à ont-elles une autre alternative ? À s’appuyant sur un règlement du européen et qu’il est aussi efficace tat. être victimes de la désindustriali- l’heure de la surconsommation de Conseil des communautés euro- que lui, on conçoit difficilement I sation qui touche notre nation. Fin masse, l’individualisme forcené janvier, une autre société qui a son contraint chaque ménage à col- siège dans la région Rhône-Alpes, lectionner les équipements élec- DANS NOTRE SEB, était à son tour victime de ce triques en choisissant en fonction virus lié à la mondialisation et qui des prix. Les provenances n’ayant COURRIER reste particulièrement dangereux plus aucune importance depuis que pour l’emploi. La direction de SEB l’Union Européenne a imposé son basée à Ecully dans la banlieue “made in EU”, chaque société pour Descendant J’ai assisté à une partie de l’interrogatoire à la T.V. lyonnaise a choisi de fermer une rester compétitive doit produire là d’esclave Ne vous en déplaise, les questions posées étaient usine à Syndicat dans les Vosges où les coûts sont les plus faibles. calmes et précises. Sur deux à trois d’entre elles, le (tout un symbole !) et une autre à La quasi totalité des sites qui vont En 1955, j’étais à la Foire du Havre où je tenais juge est resté muet, ne sachant que répondre. Dampierre dans le Jura. Celles de fermer sont aujourd’hui rentables, un stand de librairie. La Foire était inaugurée par le D’une façon générale, la tendance de la Justice à la Sarthe et de la Mayenne seront SEB dégage 260 millions d’euros secrétaire d’État au commerce extérieur. Cet homme considérer l’aveu comme une preuve serait risible si regroupées, trois usines seront de bénéfice opérationnel, son était un beau Noir, du Togo, je crois, du nom de Dicko. elle n’était tragique. Tout le monde sait bien qu’on peut ainsi fermées d’ici 2008. 890 em- chiffre d’affaires est en croissance Je n’ai retenu qu’une phrase de son discours mais je faire dire n’importe quoi à la plupart des gens quand plois disparaîtront, soit plus de 12% avec près de 2,5 milliards en 2005, ne peux pas l’oublier, même cinquante ans après. Je on sait s’y prendre. des effectifs français de tout le mais pour améliorer ses résultats cite : « Mon grand-père était esclave, et moi je suis Vous me dites : il y avait des supérieurs. Certes groupe, une personne sur huit ! La et complaire aux marchés bour- ministre. C’est à la France que je le dois ». Ce n’est l’un d’eux – procureur, je crois – entendu le lendemain mondialisation est décidément bien siers les marges doivent s’accroître qu’une anecdote mais en ces temps de patrio-maso- ou le surlendemain, a été convaincu par la commis- malheureuse. en transférant les centres de pro- chisme, ce n’est peut-être pas mauvais de le rappe- sion d’avoir écrit “noir” alors que l’interrogé avait dit Et pourtant, il y a, à peine duction dans des zones moins coû- ler... au risque d’aller en prison. “blanc”. « C’est une question d’interprétation sé- quatre ans, SEB apparaissait teuses : en Chine (le groupe mantique », s’est-il contenté de répondre. Résultat : comme le sauveur. C’était l’entre- contrôle aujourd’hui un site à Shan- Edmond CAHU (Isère) deux ans de prison préventive. prise exemplaire qui pouvait sau- ghaï), au Brésil et ailleurs. Les ef- ver Moulinex et démontrer que le fectifs français ne représentent plus Dr André CHARLES (Limoges). virus de la mondialisation n’était que la moitié de l’ensemble du Le juge Burgaud pas une fatalité, mais une oppor- groupe. L’audition publique télévisée du juge Burgaud tunité que nous pouvions saisir. La Sans réaction véritablement pa- Je suis étonné par l’article d’Aristide Leucate concer- n’était, semble-t-il, pas la meilleure façon de pur- réalité économique était déjà fort triotique de la part des pouvoirs nant le juge Burgaud. Cet individu n’a fait que des bê- ger l’affaire d’Outreau et de ses scandaleuses dé- différente de cette présentation mé- publics, la leçon de SEB doit être tises et il a brisé la carrière, le ménage et même la vie rives judiciaires. On donnait ainsi satisfaction à diatique. méditée par l’ensemble des sec- des gens qui avaient le malheur de comparaître de- l’opinion publique, mais le public croyait se trou- Le 7 septembre 2001 le Conseil teurs industriels : la Chine, le nou- vant lui, et il ne manifeste aucun repentir... ver devant un tribunal révolutionnaire... Cela dit, il d’administration de Moulinex- vel atelier du monde, absorbera Vous trouvez ignoble que les acquittés demandent ne faut pas oublier les responsabilités personnelles Brandt déposait le bilan de l’en- d’ici dix ans la totalité des emplois une réparation publique. C’est la moindre des choses, du juge Burgaud et celles de sa hiérarchie qui n’a treprise à la suite de la transmis- du secteur secondaire ! il me semble, car toutes, je dis bien toutes, les pro- pas rempli sa mission. sion du virus de la mondialisation fessions sont responsables en cas de faute, sauf les issu de la dévaluation du rouble. I juges : c’est complètement délirant. A.F.

L’Action Française 2000 n° 2696 – du 2 au 15 mars 2006 5 POLITIQUE ÉTRANGÈRE L'avenir du Kossovo en débat PROCHE ET MOYEN ORIENT I Le décès de Rogova – soi- disant président de la province de Kossovo-Metohija – n’aura aucune incidence sur le déve- Les risques d'un embrasement loppement et l’avenir du Kos- sovo. Les médias certes l’ont pré- a destruction par suite d'une fenser et d'in- par sions internationales "combat" destructeur ils sont unis. senté comme un dirigeant mo- série d'explosions du mauso- jurier » l'islam. Pascal NARI à cause de leur pro- Même en Irak, et surtout contre l'Oc- déré, ce ne fut pas le cas. En Llée d'el Hadi et d'el Askari, Quelques mil- gramme nucléaire cident et les pays musulmans mo- premier lieu il s’agit d’un com- dixième et onzième Imams Chiites, liers de bassidjis, miliciens du ré- militaire. Une très forte tension en dérés et modernisateurs. muniste, ensuite profitant de la à Samara, a fait singulièrement gime des ayatollahs, ont été lancés Irak, détournerait l'attention – c'est Téhéran finance officiellement faiblesse de la Serbie et des er- monter la tension en Irak. dans les rues pour protester et brû- déjà acquis – et engagerait encore et publiquement le Hamas (sunnite) reurs de l’Europe et des États- ler des drapeaux américains. Le davantage Washington sur ce en Palestine et le Hezbollah (chiite) Unis dans la destruction de la Une telle situation porte-parole du gouvernement a théâtre. au Liban. Il n'est un secret pour per- Yougoslavie en 1991, il est de- de crise majeure promis une "vengeance" terrible, Or, selon les experts, Téhéran sonne qu'al-Qaïda a des bases et venu un indépendantiste : en ne restera pas autrement dit, appelé à des réac- n'a besoin que d'un court délai – des soutiens non seulement chez effet cinq États ayant succédé tions violentes. Au Liban, le héz- dix-huit mois au plus – pour fabri- les Palestiniens (chiites ou sunnites) à la Yougoslavie, pourquoi le confinée bollah, relais habituel de Téhéran, quer une bombe opérationnelle. Une mais aussi en Iran (en majorité chiite, Kossovo avec une population à dans la région. a également protesté. Les mani- aggravation de la situation en Irak où les sunnites pourtant constituent 80 % albanophone ne pourrait- festants irakiens, encadrés par les à l'approche d'un débat au conseil une minorité opprimée). il pas y accéder avec ses deux Dès mercredi 22 février jusqu'à miliciens de Mogtada-el-Sadr, de sécurité des Nations-Unies sur La Syrie, laïque et socialisante, millions d’habitants.. (Estonie : ce lundi matin, plus de deux cent proche sinon agent de Téhéran, ce sujet, n'est profitable qu'à la Ré- accorde refuge et soutien à tous les 1.400.000 habitants, Slovénie cinquante personnes ont été tuées prennent également Washington et publique islamique et subsidiaire- noyaux subversifs islamistes dans deux millions, Chypre, Luxem- au cours des affrontements ou par les "sionistes" pour cibles. ment à son allié syrien. son jeu de déstabilisation des pays bourg, Malte moins de un mil- suite d'attentats dans ce malheu- Accusations, naturellement, musulmans modérés et dans sa po- lion) ? reux pays. Sans compter les sol- sans fondement. litique visant à dominer le Liban. Les De retour après le départ de dats américains, au moins une di- Les États-Unis, puissance oc- choses sont bien moins simples en l’armée serbe en 1999, appuyé zaine, semble-t-il ; mais on sait que cupante de l'Irak, et l'État hébreu, Orient. par les responsables funestes les autorités de la "coalition" font subsidiairement, n'ont aucun inté- L'islamisme radical, violent et de l’O.N.U. (Kouchner et suc- tout pour occulter le nombre de leurs rêt a envenimer la situation dans prosélyte, est plus uni qu'on ne le cesseurs), présenté comme un soldats tués dans ce pays ou d'en ce pays, bien au contraire. croit et surtout qu'on ne le dit en Oc- intellectuel évolué face à des parler le moins possible. Devant l'hostilité croissante de cident et surtout dans quelques brigands des campagnes et des l'opinion publique et le fiasco, in- cercles parisiens bien-pensants. montagnes, il fut intronisé contestable, de leur politique, et sur- Les "nazislamistes", comme écrit comme président fantoche de À qui profite tout à l'approche des élections lé- parfois le Figaro, sont soutenus par cette province sous adminis- le crime ? gislatives dont la campagne a pra- les "islamo-gauchistes" qui leur ser- tration internationale (O.N.U.) tiquement démarré aux États-Unis, vent de faire valoir. Cela aussi pa- et sous la protection des armées Ce mausolée avec son dôme les dirigeants de Washington font raît étrange. Mais c'est une réalité. de l’O.T.A.N. en or massif constitue un des lieux tout pour instaurer un semblant de Quand finira-t-on par s'en aper- L’Occident va certainement sacrés pour les musulmans chiites situation normale en Irak, y mettre Le mausolée de Samara cevoir ? trouver un nouveau soi-disant et attire des milliers de pèlerins par en place un gouvernement d'"union dont la coupole a été détruite par une explosion “modéré” pour ouvrir les dis- jour. Sa destruction constitue une nationale" afin de pouvoir au moins le 22 février 2006 cussions et éviter d’avoir comme offense sinon un sacrilège, et a, commencer le retrait de leurs L'impasse interlocuteurs des assassins et donc, provoqué une série de réac- troupes. Cette affaire qui complique Plus l'Irak s'embrasera, plus Té- irakienne des trafiquants trop visibles. tions en chaîne parmi les deux prin- singulièrement la situation, ne pou- héran et Damas se sentiront à l'abri Le rattachement du Kossovo cipales communautés religieuses vait absolument pas venir de leurs des pressions internationales. Des mois après les élections lé- à un autre État et le retour à la irakiennes. Le spectre d'une véri- services. Cela les dessert. G Téhéran a les moyens et les gislatives en Irak, qui étaient sen- situation antérieure étant exclus table guerre civile – la grande han- Les Israéliens aussi ne cher- hommes nécessaires pour com- sées doter ce pays d'un régime "dé- officiellement, il ne reste plus tise de Washington – s'approche chent guère d'ennuis supplémen- mettre un tel forfait. Les premières mocratique" stable, aucun gouver- que deux possibilités : l’indé- de plus en plus dans ce pays. taires de ce côté. On ne voit pas constatations des enquêteurs au- nement n'est mis en place à Bagdad. pendance ou une large décen- Les appels au calme lancés par pourquoi ils chercheraient à désta- raient montré, selon la presse, que L'armée et la police irakiennes tralisation dans le cadre de la les autorités religieuses, le grand biliser davantage l'Irak, devenu le de nombreuses charges explosives créées par les Américains sont Serbie. La première solution ayatollah Sintani en particulier, ne principal vivier du terrorisme isla- avaient été disposées pour atteindre noyautées par les réseaux extré- outre qu’elle créerait un dan- semble pas avoir eu d'effets jusqu'à mique dont ils sont des cibles pri- un maximum d'effet. Travail de pro- mistes, Washington commence à le gereux précédent dans les États présent. vilégiées. fessionnel. constater et tente d'y apporter des européens, serait la création À qui profite, politiquement par- G Samara est à quelques kilo- corrections. Un peu tardivement. d’un État maffieux dans les Bal- lant, ce crime ? Qui a donc pu le mètres de la frontière iranienne. Le Seul, dans ce pays, la région kans. Une large décentralisa- commanditer ou le perpétrer direc- Provocation flux des pèlerins vers ce lieu saint kurde bénéficie d'une certaine sta- tion mettrait le gouvernement tement ? est constant, sans pratiquement au- bilité. Or les Kurdes sont partagés du Kossovo devant ses res- Dès le forfait commis, le régime En revanche, il pourrait s'agir cun contrôle. Le repli des "experts" entre chiites et sunnites qui ne s'op- ponsabilités notamment éco- de Téhéran a accusé officiellement d'une provocation de Téhéran. C'est envoyés pour commettre l'attentat, posent guère entre eux. nomiques. les services spéciaux américains et une vieille méthode des ayatollahs a donc été facile, sans laisser de Aucune perspective de sortie de israéliens – “sionistes” comme on et des islamistes. traces. crise ne se dessine en Irak. Bien au Gérard BEIGBEDER dit à Téhéran pour ces derniers – G Les ayatollahs extrémistes Il est fort probable que l'enquête contraire. À part quelques déclara- d'en être responsables, afin « d'of- sont sous de très sérieuses pres- aboutira aux agents de Téhéran (et tions régulièrement démenties par Damas ?) directement ou à al-Qaïda les événements, Washington n'a pas manipulé par l'une ou/et l'autre ca- de politique visible et lisible dans ce LES SERBES SOLIDAIRES DE MLADIC pitale. Et leurs démentis "indignés" pays qui était supposé servir de "mo- suivront. dèle de démocratie" à tous les pays I 50 000 Serbes ont manifesté à Belgrade le 24 cusation ou bien des combattants morts les armes musulmans. Il n'est devenu que le février, à l’appel du Parti Radical (Parti nationa- à la main ? Le point n’a pas été éclairci. En tout centre d'entraînement du terrorisme liste) pour dénoncer « l’insupportable tyrannie cas, le général Mladic, qui est entré dans la clan- Le jeu islamiste international. de la Haye ». Ils demandaient la libération du fon- destinité il y a plus de dix ans, est devenu une des islamistes Avec une telle impasse en Irak, dateur du Parti Radical Vojislav Seselj qui s’est sorte de héros national en Serbie. la mainmise du Hamas en Pales- rendu volontairement au tribunal international de La rumeur de son arrestation a couru la se- Une fois de plus, quelques "ex- tine, que l'on va accepter voire ai- la Haye et dont le procès n’a pas encore com- maine dernière. Sera-t-il livré à la Haye ? perts" plus ou moins bien intention- der, et la perspective de l'armement mencé trois ans après. Seselj avait tenu en 1992 Le scandale dans cette affaire est que l’Union nés ont évoqué à l'occasion de cet nucléaire du régime de Téhéran, les des discours incendiaires contre la Croatie qui avait européenne suspend son aide à la Serbie à la red- attentat la confrontation entre chiites risques d'un embrasement en entrepris de se séparer de la Yougoslavie et il avait dition du général Mladic. C’est là une atteinte à et sunnites en Irak et ailleurs. Proche et Moyen Orient sont moins recruté des volontaires pour aller combattre à Vu- l’indépendance de la Serbie car un État normal ne Les activistes islamistes, qu'ils théoriques qu'on ne le dit en public. kovar, en Croatie orientale. livre pas ses nationaux, et l’on comprend que la soient simplement sunnites (Hamas Or, une telle situation de crise ma- La manifestation de Belgrade a été aussi l’oc- population se révolte. D’autant que la légitimité du en Palestine), salafistes (manipulés jeure ne restera pas confinée dans casion d’apporter un soutien populaire au général tribunal de La Haye est douteuse. Il a été créé par d'Arabie Saoudite mais pas par son la région. De nombreux pays occi- Ratko Mladic, chef de l’armée bosno-serbe durant les États occidentaux qui ont encouragé le dépe- gouvernement) ou chiites (directe- dentaux, la France particulièrement, la guerre de Bosnie (1992-95), et réclamé par le çage de la Yougoslavie et participé à l’agression ment soutenus par Téhéran), ont de- pourraient être touchés. Et pas seu- tribunal de la Haye pour avoir ordonné le mas- contre la Serbie en 1999. Sa “justice” est sans va- puis longtemps laissé ces diffé- lement par suite d'un nouveau choc sacre de Srebrenica où 7000 musulmans furent leur. C’est une justice de vainqueurs. rences, surtout de conception occi- pétrolier. tués. Étaient-ils des civils comme le soutient l’ac- P.P. dentale et plus particulièrement Prenons garde. parisienne, au vestiaire. Dans leur I

6 L’Action Française 2000 n° 2696 – du 2 au 15 mars 2006 DOSSIER ACTUALITÉ DE JACQUES BAINVILLE L’ESSENCE Un maître DU POLITIQUE I Les années passent, les faits demeurent, ...et leurs de l'Action française conséquences aussi. Soixante-dix ans après sa mort, Jacques Bainville par alors que d’autres jeunes Fran- la droite et la gauche par une continue d’attirer les es- I Nous publions ci-dessous Pierre PUJO çais se rendent outre-Rhin nouvelle façon de concevoir et prits désireux de com- un large extrait de la confé- comme dans la patrie de la phi- de traiter les problèmes poli- prendre quelque chose rence que Pierre Pujo a pro- Jacques Bainville de l’Action losophie, Jacques Bainville, lui, tiques. dans le magma de la poli- noncée lors de la journée française. Il fut et demeure au- est frappé par le contraste poli- Cependant Bainville tardait à tique internationale ac- Jacques Bainville ce samedi jourd’hui l’un de ses maîtres. tique entre l’Allemagne et la rencontrer Maurras. L’occasion tuelle. 25 février (cf. page 10). France. L’Allemagne monar- s’en présente fin mars 1900 Une illumination chique bénéficie d’un régime Plusieurs de ses livres d’ordre qui contraste avec la Ré- Naissance ont été récemment réédi- u fur et à mesure que sa publique française secouée au tés, des études lui ont été vie avançait, Jacques Comment Jacques Bainville même moment par l’Affaire Drey- d’une amitié consacrées, un colloque a ABainville a vu grandir sa a-t-il rencontré Maurras ? Au prin- fus et qui laisse se développer eu lieu ce samedi 25 fé- notoriété personnelle comme temps 1899, il a vingt ans. Re- une campagne de dénigrement Lucien Moreau, ami de Maur- journaliste politique, chroniqueur venant d’Allemagne, il achète à de l’Armée. Bainville revient donc ras, donne une conférence au vrier : les avertissements littéraire et artistique, économiste, la gare frontière d’Igney-Avricourt, royaliste en France, alors qu’il a café “Le Procope” sur l’empirisme toujours coulés dans des et, bien sûr historien. Il ne colla- en Lorraine annexée, la Gazette été élevé dans une famille ré- organisateur. Maurice Barrès y formules de métal plein borait pas seulement à L’Action de France. Il y découvre un ar- publicaine radicale installée à a invité Jacques Bainville. Après du compagnon de Charles Française, mais aussi au Capi- ticle de Maurras qu’il lit ardem- Vincennes. la conférence, Henri Vaugeois Maurras et de Léon Dau- tal, à la Liberté, et à la Revue ment. En effet, il vient d’effectuer L’Action française vient alors entraîne Bainville au Café de det n’ont jamais cessé Universelle, etc. La précision de son second séjour en Allemagne de se fonder autour d’Henri Vau- Flore où Maurras a ses habitudes d’intriguer et de séduire son information, la sûreté de son où il a recueilli des informations geois et Charles Maurras. De- et qui a vu la naissance de l’Ac- les intelligences sentant tion française l’année précédente. venir le déclin de la civili- Maurras est frappé de la jeu- sation. nesse et en même temps, de la par maturité de la nouvelle recrue de Michel FROMENTOUX l’A.F. Maurras, qui fait le récit de cette rencontre dans son ouvrage Au signe de Flore, ajoute : Jadis chaque matin, l’ar- « C’est par Henri Vaugeois que ticle de Jacques Bainville commencèrent six grands à la Une de L’Action Fran- lustres de collaboration in- çaise était dévoré par les cessante et, à travers les biens fonctionnaires du Quai et les maux de la vie une ami- d’Orsay, voire par les mi- tié vive et fidèle entre Bainville nistres eux-mêmes. Au- et moi. » jourd’hui, toute une nou- Entre Maurras et Bainville, il velle génération trouve n’existe pas pourtant d’affinités dans son œuvre un enri- naturelles. Maurras est proven- chissement et une clef çal. Il a commencé son engage- pour comprendre les ment politique par la Déclaration maux dans lesquels crou- des Félibres fédéralistes en 1892. pit sans même s’en Il est venu à la Monarchie par le souci de retrouver et de défendre rendre compte notre vieux les libertés locales et provinciales. continent. Bainville, lui, est un homme du Nord de la France. Ses attaches Au moment où une “Eu- familiales sont dans le Valois et rope” babélique court les la Lorraine. Il est avant tout plus folles aventures et conscient du rôle de l’État dans risque de s’abîmer dans la formation de la nation fran- un mondialisme déshuma- çaise. Il se rallie néanmoins à la nisant, Bainville vient Le comité directeur de L’Action Française réuni en 1908 autour de la marquise de Mac-Mahon. formule maurrassienne : « l’Au- nous redire que les na- Debout, de gauche à droite : Jacques Bainville, Léon Daudet, torité en haut, les libertés en tions sont des facteurs de Maurice Pujo, Lucien Moreau et Léon de Montesquiou. bas ». stabilité, d’expérience, de Assis à gauche : Bernard de Vesins, à droite : Charles Maurras Par ailleurs, Maurras et Bain- mesure, indispensables à ville sont de tempéraments très l’équilibre du monde. Et jugement, la clarté de son style pour l’ouvrage qu’il prépare sur puis juillet 1899, elle possède sa différents. Bainville n’est pas un plus particulièrement la le faisaient apprécier d’un très Louis II de Bavière. Il est attiré revue à laquelle Bainville envoie polémiste et ne sera jamais un nation française, fruit de vaste public bien au delà des dis- par la vie de ce monarque qui a des chroniques bibliographiques. militant. Il laisse parler les faits mille cinq cents ans d’His- ciples de Charles Maurras. mal supporté la centralisation Il a découvert chez les bouqui- lesquels, pour lui, ont une charge toire, « œuvre de la volonté D’où la tentation de certains prussienne qui s’est abattue sur nistes du théâtre de l’Odéon Trois de conviction suffisante. Il ne et de l’intelligence » de nos de présenter Bainville comme un son pays après la proclamation idées politiques publiées par désavouera pas pour autant les rois toujours prêts à dé- écrivain indépendant qui se se- de l’empire allemand en 1871. Maurras en 1898 et sa lecture actions des Camelots du Roi. fendre la paix contre les rait forgé lui-même sans se sou- Le roi s’est réfugié dans la mu- lui fait l’effet d’une révélation. Il impérialismes des grands mettre à une quelconque in- sique en soutenant son ami Ri- y trouve la condamnation du ro- Tous au service empires. fluence extérieure. Certains ad- chard Wagner qui compose à mantisme politique, de la per- mirent volontiers Bainville et cette époque ses grands opéras versité de Chateaubriand et de de la France Bainville nous ramène aux goûtent ses écrits mais rejettent inspirés de la mythologie alle- Michelet et l’exposé de l’empi- sources de la saine poli- Maurras, trop compromettant mande et il s’est mis à construire risme organisateur, que Maurras En 1900, Jacques Bainvillle tique, celle qui sait se dé- avec son Action française. des châteaux fantastiques. In- a puisé chez Sainte-Beuve et vient donc agrandir le cercle des Pourtant Jacques Bainville quiet de ses dépenses, le gou- qu’il préconise d’appliquer à l’ana- fondateurs de l’Action française. barrasser des idéologies est demeuré royaliste toute sa vernement bavarois lui retira ses lyse des faits politiques. C’est Comme ils sont divers ! Divers et des partis-pris autant vie durant. Malgré ses nom- pouvoirs jusqu’à ce qu’il mourût une illumination pour Bainville, par les tempéraments et, aussi que des groupes de pres- breuses relations parmi le per- dans des circonstances mysté- comme c’en sera une pour beau- par la formation intellectuelle. sion financiers ou média- sonnel républicain, il a été jus- rieuses en 1886. Il n’empêche, coup de jeunes de l’époque. Charles Maurras, c’est le dia- tiques, celle qui, hors de qu’au bout aussi royaliste que les châteaux du roi Louis II font Maurice Pujo a raconté la révo- lecticien implacable, formé à la tout électoralisme, est es- Maurras. Et puis, après son élec- aujourd’hui la fortune touristique lution mentale que provoqua philosophie de saint Thomas sentiellement guidée par tion à l’Académie française, le de la Bavière ! Maurras chez les intellectuels de d’Aquin. Henri Vaugeois, lui, est le souci réaliste du bien 28 mars 1935, il a rendu cet hom- Bainville publie son ouvrage sa génération. Maurras faisait venu de la philosophie idéaliste commun : chose éminem- mage à Maurras : « Hormis le sur Louis II de Bavière en 1899. découvrir le réel à leur esprit em- allemande qu’il a rejetée en ment royale ! jour, je lui dois à peu près Il s’est plu en Allemagne. brumé par l’idéalisme allemand même temps qu’il se déclarait I tout ». L’expression est forte ! Il La vie à Berlin, notamment, et le romantisme. Les fondateurs contre le clan dreyfusard. n’est pas permis de séparer lui a paru agréable. Cependant, de l’Action française dépassaient C’est un homme exalté qui

L’Action Française 2000 n° 2696 – du 2 au 15 mars 2006 7 DOSSIER ACTUALITÉ DE JACQUES BAINVILLE Un maître de l'Action française

a la passion de convaincre ; Tous ces jeunes hommes, leur rendrait leurs libertés confis- volution, contre la Révolution. nifester car elle est dans la lo- il a entraîné avec lui Mau- dans leur diversité, auraient pu quées par la République au nom L’esprit critique, les méthodes gique des choses. rice Pujo, de huit ans son cadet, former un mélange détonnant et d’une Liberté abstraite. pensives de la science, un na- Maurras va confirmer Bain- imprégné lui aussi de philoso- le groupe des fondateurs de Dans son commentaire, turalisme dépouillé de tout ville dans son royalisme. Bain- phie allemande et en réaction l’.A.F. aurait alors éclaté rapide- Maurras souligne le prix fort at- dessein antireligieux, en même ville avouera publiquement trente contre les menées dreyfusardes. ment. Il n’en fut rien. Leur colla- ans plus tard qu’il était royaliste Maurice Pujo est de tempéra- boration dura des décennies, et avant de l’avoir rencontré, « mais ment placide mais obstiné. Il y a seule la mort y mit fin. La supé- sans vous je ne le serais pas aussi Léon de Montesquiou, venu riorité intellectuelle de Maurras resté. À l’âge que j’avais, ex- du positivisme, dialecticien ri- ne suffit pas à expliquer le main- pliquait-il, on s’emballe facile- goureux, Frédéric Amouretti, pro- tien de leur cohésion. Chacun ment. Le tout est de tenir. vençal, historien, confident de d’entre eux, quels que fussent Maurras m’a maintenu. » Fustel de Coulanges. Amouretti ses origines, son tempérament, La communion d’esprit entre est l’auteur de la meilleure dé- n’avait qu’une pensée directrice : Charles Maurras – qui a trente- monstration des bienfaits de la le service de la France en diffu- deux ans – et son cadet – qui en monarchie capétienne : « Ci- sant la seule doctrine qui pût as- a vingt et un – se fonde sur leur toyens, on vous a raconté que surer son avenir. Ils avaient tous commune adhésion à la méthode nos rois étaient des monstres. un esprit d’abnégation qui les fai- de l’empirisme organisateur et Il y eut parmi eux, il est vrai, sait s’effacer devant l’œuvre de aux idées positives que Bainville des hommes faibles, peu in- salut public qu’était l’Action fran- a commencé à découvrir en li- telligents, plusieurs médiocres, çaise. sant Trois idées politiques. Ce débauchés, et peut-être deux qui intéresse Bainville, c’est de ou trois méchants. Il y en eut découvrir les rapports néces- peu qui fussent des hommes Vers le Roi saires qui découlent de la nature remarquables. La plupart fu- des choses. Il s’attachera dans rent des hommes d’intelli- À ce moment, les fondateurs ses articles et ses ouvrages à gence moyenne et conscien- de l’Action française n’ont pas souligner les relations de causes cieux. Regardez leur œuvre : encore rallié la Monarchie, même à conséquences, les enchaîne- c’est la France ». Ce propos Henri Vaugeois, qui est le direc- ments entre les faits. Cependant, sera illustré par l’Histoire de teur de l’A.F. Seul Maurras est il ne pratique pas un détermi- France que Bainville publiera en royaliste. Il accueille avec en- nisme sans réserves. Il admet, 1922. Frédéric Amouretti mourut thousiasme Jacques Bainville qui, comme Maurras, que la volonté dans la force de l’âge en 1903. lui, l’est déjà. d’un homme, ou un sursaut na- Il avait transmis à Bainville le Bainville répond en août 1900 tional, peuvent empêcher un pays message de Fustel. à L’Enquête sur la Monarchie que d’être plongé dans le malheur. Parmi les fondateurs de l’A.F., Maurras a lancée dans La Ga- Ce sera tout l’effort de l’Action Jacques Bainville (à gauche) reçoit son épée d’académicien il y a encore Lucien Moreau, venu zette de France. Il est d’accord en octobre 1935 des mains de François Leger (à droite), française d’entreprendre d’« in- du protestantisme ; c’est-à-dire avec Maurras sur le caractère de alors secrétaire général des étudiants d’AF, verser la mécanique de nos de l’un des “quatre États confé- salut public que représente l’ins- en présence de M. Bonvoisin, maire de Vincennes. malheurs ». Et, à la fin de son dérés” qui, selon Maurras te- titution d’une monarchie hérédi- discours de réception à l’Acadé- naient la République. Il appar- taire, traditionnelle, antiparle- taché à l’adhésion de Bainville temps que de tout dessein re- mie française, en novembre tient à la famille qui possède la mentaire et décentralisée. Mais au projet monarchique : ligieux, voilà les causes es- 1935, alors qu’il est dans l’anti- Librairie Larousse. il estime que les Français ne sont « M. Jacques Bainville per- sentielles des derniers événe- chambre de la mort, Jacques Léon Daudet ne rejoindra plus royalistes et que pour les sonnifie pour moi, écrit-il, l’une ments intellectuels. » Et Maur- Bainville proclame : « Pour les l’A.F. qu’en 1905 avec sa forte convertir au royalisme il faut leur des toutes premières fleurs du ras estime que bientôt la renaissances il est encore de personnalité, son tempérament montrer comment la Monarchie vaste, lent et profond travail concordance entre « les tradi- la foi ». chaleureux et truculent, sa verve pourrait leur apporter la réforme opéré dans la sève philoso- tions mystiques » et « la tra- de polémiste. judiciaire et décentralisatrice qui phique française, depuis la Ré- dition positive » devra se ma- Pierre PUJO

Éloge de l'amitié

Le texte que l’on va lire est celui de l’allocution pro- sir que j’aie eu depuis longtemps dans ma chienne Je veux simplement, dans cette circonstance, le noncée le 4 avril 1935 au cours de la cérémonie organi- de vie ». Entre nous, il avait même dit un autre mot lui répéter devant nos camarades présents et dispa- sée par l’Action française pour fêter l’élection de Jacques que “chienne”. Et il avait raison. L’existence de cha- rus, devant ceux que je vois avec les yeux du corps, Bainville à l’Académie française. cun de nous n’est belle que de la part que nous pre- devant Maurice Pujo (le tiers d’un siècle d’amitié, avec nons à ce qui arrive de bon à ceux qui nous sont lui aussi, un véritable “Règne de la “grâce”, une es- Mesdames, mes chers amis, chers. thétique de l’affection), et devant ceux que je revois Il y a vingt-huit ans, depuis la fondation du jour- avec les yeux de l’esprit, Léon de Montesquiou, Henri Je suis trop ému pour vous remercier autrement nal, que nous sommes assis, Léon Daudet et moi, à Vaugeois, Lucien Moreau, la primitive école de la pe- que par des phrases maladroites de votre présence la même table de travail. Rue de la Chaussée-d’An- tite revue grise, qui était déjà grande par le culte unique et de tant de témoignages affectueux. Laissez-moi tin, rue Caumartin, rue de Rome, rue du Boccador, des idées. seulement vous dire que ce n’est pas moi que l’on cette table magique est toujours revenue. Je crois Et ce sont les idées qui ont rassemblé, dans la gé- fête aujourd’hui, mais l’amitié et la fidélité. que, si on voulait la scier, elle résisterait comme du nération qui suit la nôtre, cette jeunesse à qui je dois Ce matin, dans un faisceau de palmes trop géné- granit, bien qu’elle ne soit que de bois blanc. une très grande joie. Au nouvel académicien, les étu- reuses, Pampille m’en a décerné une qui me touche Nous sommes tous différents ici. Nous avons nos diants de France veulent bien offrir son épée. Rien ne entre toutes. Elle a rappelé délicatement, avec des façons de voir les choses, nos goûts personnels, nos pouvait le toucher davantage. je sais aussi que Maxime mots de poète comme elle seule sait en trouver, que, manières de penser et de travailler et nous ne nous Real del Sarte doit ciseler la garde de cette arme sym- depuis plus d’un quart de siècle, nous étions tous chicanons jamais sur l’accessoire. Nous ne sommes bolique. En le remerciant, j’évoque encore le temps unis dans la bonne et dans la mauvaise fortune, dans pas libéraux, mais nous respectons, nous aimons où je l’ai vu débuter dans la bataille et dans l’art, svelte les jours de bonheur et dans les jours de malheur. même la liberté de chacun de nous. C’est ce qui fait comme un de ces éphèbes florentins du peintre illustre Oui, je crois que si nous avons montré quelque chose, notre harmonie. dont il porte et perpétue le nom. c’est que l’amitié n’est pas une chimère. Sans un nuage ! S’il y a vingt-huit ans que nous Mesdames, mes chers amis, je vous dis merci pour Ce n’est pas non plus un mérite. C’est la plus nous faisons vis-à-vis, Léon Daudet et moi, il s’en est cette fête de l’amitié et du souvenir, pour cette inti- grande douceur de l’existence. Jeudi dernier, quand écoulé trente-cinq depuis que j’ai rencontré Charles mité, pour cette affection à laquelle vous avez asso- Léon Daudet est venu m’embrasser, il m’a dit un mot Maurras “au Signe de Flore”. cié les miens, pour tant de paroles bienveillantes qui qu’il me permettra de citer, parce que c’est tout lui, J’ai pu, une fois, lui adresser un livre avec cette resteront toujours gravées dans ma mémoire. avec son cœur, sa bonne humeur, son magnanime dédicace que, sauf le jour, je lui devais à peu près détachement de lui-même : « Voilà le plus grand plai- tout. Jacques BAINVILLE

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ACTUALITÉ DE JACQUES BAINVILLE Un modèle pour comprendre l’avenir

La connais- par façonnent et le flexes idéologiques et religieux au I Nous publions ci-dessous sance et l’impré- Pierre HILLARD conduisent à émer- cours des âges entraînant les Réflexions un large extrait de la confé- gnation de la “mé- ger sous tel ou tel mêmes conséquences, il est pos- rence prononcée ce samedi thode” bainvillienne sont de salubrité angle, entraînant des conséquences sible ensuite de les appliquer à notre 25 février par Pierre Hillard de Jacques Bainville publique. En effet, le grand reproche positives ou négatives selon les époque afin d’aboutir aux conclu- lors de la journée Jacques que nous pouvons faire au dernier sources auxquelles il se réfère. sions qui s’imposent. Le seul para- Les révolutions, même les Bainville (cf. page 10). carré cherchant à défendre la France Comme le précise Bainville : « D’or- mètre qui change est celui de l’évo- plus profondes, ne changent des rois et les valeurs classiques, dinaire en politique, les effets sont lution des techniques. En réalité, les pas le caractère des peuples e musicien allemand Richard c’est l’incapacité à utiliser les outils aperçus quand ils commencent à techniques modernes ne font qu’ac- ni leurs intérêts dans le monde. Wagner disait qu’il croyait en intellectuels de Bainville pour les ap- se produire, c’est-à-dire quand il célérer les ambitions politiques sans G Dieu et en Beethoven. L’au- pliquer à notre époque. Beaucoup est trop tard ». Par exemple, les en dénaturer le fond. Bainville en L C’est la grande vertu des teur de ces lignes peut affirmer qu’il sont très forts pour expliquer com- événements de Mai 68 entraînant conclut que « ce qui nous oblige monarchies héréditaires de croit en Dieu et en …Jacques Bain- ment cet homme a analysé les pro- une inversion des valeurs morales à remettre nos pas dans les pas ville. En effet, si un homme a pu blèmes de son temps, mais se ré- dans la société n’ont pas surgi bru- de nos prédécesseurs, ce sont les porter leur renouvellement marquer son époque, c’est bien ce vèlent sauf exception plutôt légers talement passés les douze coups de éternels besoins de la politique. dans leur propre principe, de Lorrain né à Vincennes (1879-1936). quand il s’agit de procéder de la C’est la nature humaine. Qu’on se suivre le mouvement du temps Il est rare de trouver dans l’histoire même manière pour cerner les conforme donc à ses lois, que l’on et, à chaque génération causes et les conséquences de notre consulte l’expérience. On n’a ja- d’hommes, de se régénérer La connaissance chute actuelle. C’est pourquoi, nous mais trouvé d’autre moyen de elles-mêmes. et l’imprégnation nous attacherons à aligner les dif- réussir dans les affaires, et les G de la "méthode" férents points d’une méthode de rai- hommes de génie eux-mêmes ont Le mot qui livre la cause bainvillienne sonnement qui doivent être ceux de reçu leurs meilleures inspirations de tous nos malheurs, c’est le tous les défenseurs de la cause na- de l’intelligence profonde et de mot : élection. Et l’opposition sont de salubrité tionale. l’application opportune des pré- publique. est logée exactement à la cédents qu’ils avaient étudiés ». même enseigne que le gou- vernement. Comme lui, elle a d’un pays une intelligence politique Observation besoin d’être réélue. Et pour aussi pure au service du bien com- Psychologie des faits l’être, elle se sert de toutes les mun. Avec sa capacité d’analyse, humaine armes qui lui tombent sous la de déduction et de projection dans Le premier point à souligner est main, sans regarder si quel- l’avenir, on peut presque dire que la la méthode et l’observation des faits. Jacques Bainville Enfin, le quatrième point dé- quefois ces armes ne sont pas France n’avait pas besoin de ser- Cela doit se faire sans l’ombre d’un Dessin illustrant la couverture coulant du précédent est l’absolue du livre de Christophe Dickès : empoisonnées, si ce n’est pas vice de renseignements. Il suffisait sentiment particulier, débarrassé de nécessité de connaître la psycholo- Jacques Bainville la patrie qu’elle atteindra avec de lire du Bainville pour être ren- toute passion, presque avec déta- gie humaine. Cette dernière ne L’Europe d’entre deux guerres elles... seigné sur les événements à venir. chement et libre de toute référence (Éd. Godefroy de Bouillon) change pas au cours des âges. Ce L’art qu’avait cet homme pour dé- à une quelconque idéologie. Ce n’est qui change en bien ou en mal, c’est G nouer les liens apparemment inex- guère évident car nous sommes des minuit. En fait, ils sont le résultat l’éducation. Depuis toujours, l’hu- La civilisation est toujours tricables d’un enjeu sont confondants êtres de chair et de sang. La pente d’une dégradation sur plusieurs dé- manité est soumise aux tentations un capital. Elle est ensuite un par la logique acérée doublée d’une fatale est d’introduire dans l’étude cennies de l’enseignement parallè- et aux excès. Cependant, il est des capital transmis. Car les clarté de langage qui fait dire après de tous (ndlr : souligné par nous) lement à la montée en puissance époques, plutôt rares, où les socié- connaisances, les idées, les chaque lecture que la conséquence les faits une gêne ou un embarras des principes naturalistes et nomi- tés humaines sont relativement maî- perfectionnements techniques, de tel ou tel événement ne peut être en raison de nos convictions per- nalistes de 1789 véhiculés par les tresses de leurs passions tandis qu’à la moralité se capitalisent que celle présentée par Bainville. sonnelles. Cette caractéristique se différentes Républiques. L’arrivée d’autres périodes bien plus fré- comme autre chose. Capitali- doit d’être combattue par un entraî- d’une jeunesse nombreuse après quentes, elles en sont esclaves. Sur sation et tradition, – tradition Une méthode nement permanent. Bossuet disait 1945 intoxiquée par les principes ré- le fond, la nature humaine ne change c’est transmission, – voilà deux que « le plus grand dérèglement volutionnaires face à l’ancienne gé- pas car animée des mêmes désirs, termes inséparables de l’idée de l’esprit consiste à voir les nération “bien comme il faut” en ap- des mêmes pulsions surtout quand de civilisation. Que l’un ou Cela est d’autant plus net que choses telles qu’on le veut et non parence, mais sans réelle convic- ils se greffent sur des principes re- l’autre vienne à manquer, et la nous vivons une époque accablée telles qu’elles sont ». Chez tion et véritable élévation sur le fond, ligieux ou idéologiques. On retrouve civilisation est compromise. par une décrépitude politique totale. Jacques Bainville, ce dérèglement a permis cette explosion du prin- des permanences dans le passé qui Toute grande destruction, toute On peut même dire que les écrits n’existe tout simplement pas. Une temps 68 dont nous continuons à permettent de mieux saisir les sou- sédition de l’individu, toute de ce grand maître qui était lus des grandes qualités de cet homme subir l’effet de souffle nauséabond. bresauts de notre époque. En fait, rupture brutale avec le passé même par le personnel de la IIIe Ré- est d’avoir su observer les faits sans comme le rappelle Bainville, sont également funestes pour publique ne peuvent même plus être se dérober. Il le disait lui-même : « Il « l’homme, à toutes les époques la civilisation. compris par les générations décé- n’y a de vrai que l’analyse des Expérience et dans tous les siècles, se res- rébrées de ce début de XXIe siècle. choses (…). En politique, il s’agit semble, il a les mêmes passions, G Le titre de l’ouvrage du philosophe de ne pas se tromper, de ne pas Le troisième point est l’expé- il raisonne et il se comporte de la Pauvre siècle que le nôtre, Marcel de Corte L’intelligence en pé- regarder les choses à travers des rience en politique. Comme l’a dit même manière dans les mêmes s’il s’imagine que l’histoire l’a ril de mort prend une résonance par- lunettes colorées, selon les doc- souvent avec insistance Bainville, cas. C’est le point capital. Hors attendu pour lui poser des pro- ticulièrement douloureuse pour les trines, les préférences et les illu- « Il n’y a pas de politique nouvelle. de là, il n’y a qu’erreur et fantai- blèmes vieux comme les pas- quelques personnes fidèles à une sions personnelles ». En ce do- Il y a la politique tout court, fon- sie ». sions humaines et qui remon- tournure d’esprit classique qui était maine, son ouvrage Les consé- dée sur l’expérience historique, Nous espérons que ces divers tent à l’origine des peuples. monnaie courante du temps où la quences politiques de la paix sur la connaissance des hommes éléments qui ont fait la force de G France était grande. annonçant vingt ans à l’avance la et des peuples ». La connaissance Jacques Bainville rendent service Cependant, comme le dit Seconde Guerre mondiale est un de l’histoire de France est un point aux personnes ayant le cœur haut Le désarroi de l’esprit pu- l’adage, “la roue tourne”. En atten- modèle du genre. incontournable comme l’étude du placé, curieuses et soucieuses de blic n’est que le reflet de l’in- dant des jours meilleurs, il s’avère passé de nombreux pays car « les connaître les vraies raisons qui font certitude qui règne au gou- utile de comprendre le mystère Bain- morts gouvernent les vivants » l’histoire de l’humanité. Cependant, vernement. ville. En effet, si les prédictions de Principe comme se plaisait à le dire Auguste de son vivant, il n’eut pas d’influence G cet homme se sont révélées justes, de causalité Comte. Cependant, cette connais- majeure sur la classe politique de On ne doit jamais déses- celles-ci ne sont pas le fruit du ha- sance ne s’appuie pas uniquement son époque. Soixante-dix ans après pérer. L’histoire nous montre sard. Cette capacité à saisir le réel Le deuxième point qui compose sur la mémorisation des dates et des sa mort, sa méthode ne fait pas une suite de décadences et de est le résultat d’une méthode, d’une la méthode bainvillienne, c’est le événements. En fait, il faut impéra- beaucoup d’émules. Il est vrai aussi renaissances. Ce qu’elle manière de raisonner. Plusieurs élé- principe de causalité. Étudier un fait tivement connaître l’état d’esprit qui que Bainville en avait pris son parti. n’avait peut-être pas encore ments entraient en jeu et se combi- conduit automatiquement à se po- animait les acteurs politiques durant Ne disait-il pas : « Qui lit ? Qui com- montré, c’est un monde aussi naient permettant à Bainville de dé- ser la question de son origine. Cette la période étudiée. Il en résulte une prend ce qu’il lit ? Et qui croit ce sûr de lui-même, aussi fier de livrer un message quasi biblique. caractéristique est largement igno- connaissance approfondie des dif- qu’il a compris ? » ses progrés et brisant en aussi Mozart disait qu’il réunissait les notes rée car très souvent, l’esprit se ré- férents thèmes idéologiques et reli- peu de temps une machine qui s’aimaient pour faire de la mu- vèle paresseux pour remonter le gieux structurant leur mode de pen- I aussi compliquée qui a peut- sique. Bainville a procédé de la cours du temps. Un événement po- sée (catholique, protestant, maçon- être échappé aux mains de même manière dans le domaine de litique ne surgit jamais ex nihilo. En nique, etc) et se répercutant ensuite * Auteur de La décomposition des na- ceux qui se flattent de la la science politique qui chez lui était fait, il est le fruit de toute une série sur leurs activités politiques. Compte tions européennes, aux Editions Fran- conduire. devenue un art. d’impacts qui au cours du temps le tenu qu’on retrouve les mêmes ré- çois-Xavier de Guibert.

L’Action Française 2000 n° 2696 – du 2 au 15 mars 2006 9 DOSSIER ACTUALITÉ DE JACQUES BAINVILLE

OUVRAGES DE JACQUES BAINVILLE Les éditions L'homme de lettres Godefroy de Bouillon ont réédité ces dernières années plusieurs ouvrages du grand historien : u’est-ce que Jacques « Bref, ce langage était aussi dif- par on s’aperçoit que nulle part l’es- – Histoire de France Bainville aimait le férent des autres que peut l’être prit conservateur de Voltaire ne Gérard BAUDIN – Napoléon plus ? – Le vrai. – des grognements des animaux la s’exprime mieux que dans ce ré- «Q – Les dictateurs Après le vrai ? – La langue fran- voix des oiseaux parleurs. Nous Au seuil du siècle est encore un cit dialogué où l’on croirait lire çaise ? – Et qu’est-ce que Bain- ne tardâmes pas à savoir que recueil d’études littéraires rassem- quelquefois un article d’Henri Ro- – Petite histoire ville mettait au-dessous de rien ? c’était celui des Français… » blées par des amis. À côté d’une chefort. » de France – Le faux. – Et immédiatement au Mais Bainville n’a rien d’un pu- démolition de Zola on trouve des Voltaire est un immense écrivain – Bismarck niveau du rien ? – La démocra- riste qui aimerait en esthète le lan- pages de très haute tenue sur Ver- gâté par d’immenses défauts ; Bain- – Les conséquences tie » gage pour lui-même. Le français est laine et Bourget. Une saison chez ville s’est approprié beaucoup de politiques de la paix un instrument magnifique mais Thespis rassemble les articles de qualités de Voltaire sans que les dé- ainsi que l’ouvrage Hors « …la vie des mots n’est pas in- critique dramatique parues dans fauts l’aient atteint. dépendante de la vie des idées » L’Action Française entre 1912 et de Christophe Dickès : de la civilisation, (L’idée de la civilisation) 1914. Bainville se mit à cette tâche – Jacques Bainville. point de littérature ; sans enthousiasme, puis, comme il L’écrivain L’Europe entre deux sans une bonne dit, « prit goût au métier ». Il était guerres (1919-1936) Lecteur civilisation, capable de s’adapter à tout. Il au- On pense aux contes délicieux En vente à nos bureaux, pas de bonne et critique rait pu assurer à lui seul la publica- ou subtils du recueil La Tasse de 10 rue littérature. tion d’un journal, de l’éditorial aux Saxe où Polioute représente un Croix-des-Petits-Champs, Dans Le critique mort jeune, titre mots croisés ! sommet de l’art, à Jaco et Lori, chef- 75001 Paris évocateur, des amis rassemblèrent d’œuvre du roman voltairien dénué Tél : 01 40 39 92 06 Ce petit dialogue imaginé par en 1925 les articles de critique lit- de voltairianisme. Mais combien Charles Maurras dans sa Préface téraire que Bainville écrivit pour la d’autres travaux de Bainville se pré- au recueil posthume intitulé Lec- revue Minerva à l’âge de vingt-trois sentent sous la forme de fables : nera les pouces et les Français tures justifie l’objet de notre étude. ans. On lit dans la Préface : « De- « Le fisc et le contribuable chan- préféreront se donner les appa- À côté de l’historien, à côté de l’éco- puis longtemps j’ai cessé d’être tent éternellement le duo de Vin- rences de la pauvreté plutôt que nomiste, à côté du spécialiste de la critique littéraire. Je ne crois pas cent et de Mireille. “Si tu veux me de travailler pour l’Etat… » Cer- politique étrangère appliquant à l’ac- que ce fût ma vocation ». Que ce prendre, dit Magali, je me ferai tains de nos contemporains ne pré- tualité une analyse si finement et si ne fût pas sa vocation, nous l’ac- anguille et je me cacherai sous fèrent-ils pas le chômage au travail puissamment éclairée par l’Histoire cordons, mais nous nous permet- les rochers dans la mer. – Alors, écrasé d’impôts divers ? Cette pe- qu’elle en paraît souvent prophé- tons de corriger la modestie de l’ex- répond l’amoureux, je serai le pê- tite fable parue dans Candide en tique, l’homme de lettres n’est pas pression en disant “sa vocation prin- cheur avec son filet. – Si tu es le 1925 et reprise dans le recueil post- une facette secondaire du talent de cipale”, et nous constatons que la pêcheur avec son filet, je serai hume Doit-on le dire ? n’est qu’un Bainville. critique ne cessa, sous différentes l’oiseau qui s’envole. – Si tu es exemple entre mille de cette tour- formes, de le rattraper à travers toute l’oiseau qui s’envole, je serai le nure d’esprit qui poussait Bainville sa carrière de journaliste et d’écri- chasseur avec son fusil. – D’oi- à s’exprimer à travers la fiction. Le La langue vain. seau je deviendrai l’herbe qui se conte était sa forme naturelle d’ex- française Qui tient la rubrique Les livres cache dans les prés. – Eh bien ! pression. N’a-t-il pas écrit dans Le dans la Revue mensuelle d’Action Je deviendrai l’eau qui l’arrosera. Jardin des Lettres : « L’homme qui Jacques Bainville fut élu Le parfait écrivain qu’il fut aimait Française ? Jacques Bainville. Quel à l’Académie française en 1935 – L’eau ne court pas après le est doué d’un grand talent litté- sa langue d’un amour lucide, sa- est le lecteur infatigable qui rend nuage qui s’envole là-bas, bien raire finit par recourir à la fantai- vant et passionné. Maurras écrivait compte des publications en alter- Le deuxième volume du Jardin loin. – Le vent va plus vite que le sie et à la fable comme au moyen qu’un jour tous les écoliers de nance avec Henri Massis pour la des Lettres est consacré à la langue nuage et te saisira”… » le plus rapide et peut-être le plus France apprendraient par cœur Revue Universelle à partir de 1929 ? et à l’art d’écrire ; Boileau y paraît La course aux métamorphoses complet de traduire sa pen- l’éloge du français par les subtils Encore Bainville. Livres récents, au premier rang. Le premier volume peut continuer longtemps. Dans la sée » (T. I) ? perroquets Jaco et Lori dans le ro- livres anciens, romans, poésie, es- accorde la place d’honneur à Vol- chanson, c’est l’amoureux qui finit Nous avons voulu mettre en lu- man qui porte leur nom. Ils avaient sais, histoire et philosophie, rien taire, à l’auteur de Candide, de par être vainqueur. Magali ira cher- mière quelques aspects trop négli- entendu dans la forêt les idiomes n’échappe à la sûreté de son juge- L’Homme aux quarante écus : « … cher refuge dans la mort. « Bien, gés du génie de Jacques Bainville. des Indiens et, au port, plusieurs ment, et pour le remplacer, lorsque on a cru longtemps qu’il fallait riposte Vincent ; moi, je serai la C’est un homme de Lettres, c’est langues d’Europe, les unes trop la mort lui arracha la plume des classer l’Homme aux quarante terre et je t’aurai. » un fin lettré. L’étude L’idée de la ci- rudes, les autres trop proches de la mains, il ne fallut pas moins que écus dans la littérature prérévo- vilisation qu’il publia dans la Revue musique. Ils perçoivent enfin des Léon Daudet. Et le critique littéraire lutionnaire, celle qui combattait Universelle nous révèle une des sons qui coulent naturellement de paraît souvent dans les chroniques les abus de l’ancien régime. La démocratie sources de sa pensée : hors de la lèvres qu’ils ne déforment pas : de Candide. Quand on y regarde de plus près, au niveau du rien civilisation, point de littérature ; sans une bonne civilisation, pas de bonne Pourquoi Bainville raconte-t-il à littérature ; la démocratie abîme la ses lecteurs cette charmante his- bonne civilisation, puis la fait re- UNE JOURNÉE BAINVILLE toire empruntée à Mistral ? Il en fait tourner à la barbarie. Charles Maur- un apologue fiscal ! « Le fisc sera ras a dit de son côté : « Notre na- l’occasion du 70e anniver- par Pierre Pujo a fait ensuite justice moins heureux que Vincent. tionalisme commença par être es- saire de sa mort, une jour- Yves LENORMAND d’un Bainville qui serait resté en Lorsque le contribuable sera en- thétique… » Si, comme disait Ànée consacrée à Jacques marge de l’Action française alors que, tré sous terre, le fisc sera qui- Clemenceau, la Révolution est un Bainville a été organisée dans les locaux de Chré- depuis le début du siècle jusqu’à sa mort, il fut le com- naud. Où il n’y a rien, dit un vieux bloc, la Civilisation représente un tienté-Solidarité par Richard Haddad. Cela nous a pagnon fidèle de Maurras, de Daudet et de Maurice proverbe, le roi perd ses droits. tout dont la Politique est la clef de permis d’écouter quatre orateurs de grande classe. Pujo à qui il reprochait seulement de préférer les vins Quand il n’y aura plus que des voûte. Le premier intervenant fut Christophe Dickès français aux vins italiens ! pauvres, le percepteur se tour- I qui a consacré son mémoire de maîtrise et sa Michel Hubault, conseiller régional F.N., a essayé thèse d’histoire au grand historien. Il a rappelé que de répondre à cette question : Quelle politique étran- ce fut son séjour en Allemagne en 1900 qui ren- gère pour la France ? Un exercice périlleux. Autant il TARIF DES ABONNEMENTS dit Bainville royaliste. Dès qu’il vit la guerre arri- a été excellent dans la comparaison qu’il a dressée (paraît les 1er et 3e jeudis de chaque mois) ver, il comprit qu’elle serait longue. À quarante entre l’Europe d’aujourd’hui et celle de 1936, autant 1. Premier abonnement 5. Abonnement de soutien ans, en 1919, il était au zénith de sa renommée. la solution qu’il a proposé : créer une alliance occi- France (un an) ...... 76 9 (un an) ...... 150 9 Il prédit l’arrivée d’un socialisme national en Alle- dentale entre l’Europe, la Russie et l’Amérique du 2. Premier abonnement 6. Étudiants, ecclésiastiques, 9 9 magne et publia l’année suivante son chef-d’œuvre : Nord, face à l’islamisme a suscité des réactions. Étranger (un an) ...... 85 chômeurs (un an) ...... 45 3. Abonnement ordinaire (un an) . 125 9 7. Outre-mer (un an)...... 135 9 Les conséquences politiques de la paix, dans le- Si l’on admet qu’une alliance puisse exister contre 4. Abonnement de six mois ...... 70 9 8. Étranger (un an) ...... 150 9 quel il annonçait tout ce qui allait se passer jus- le terrorisme islamiste, on ne peut réduire l’islam à l’is- qu’en 1939. lamisme. L’islamisme lui-même n’est pas un tout mo- BULLETIN D’ABONNEMENT Pierre Hillard a traité ensuite de Bainville nolithique comme on le constate en Irak actuellement Nom ...... Prénom ...... comme modèle pour comprendre l’avenir. Il a dé- où les extrêmistes sunnites s’opposent aux extrêmistes Adresse ...... taillé sa méthode à base d’observations des faits chiites. Ben Laden lui-même préfère sans doute les ...... Tél...... sans faire intervenir les sentiments. Il s’appuyait Américains aux hérétiques que sont pour lui les aya- Ville ...... Code postal...... aussi sur l’expérience politique, recherchait les tollahs. Ne simplifions donc pas trop les choses. Entourez le numéro correspondant à votre abonnement causes en tenant compte de la psychologie. I Bulletin à retourner à L’Action Française 2000 10, rue Croix-des-Petits-Champs, 75001 Paris – C.C.P. Paris 1 248 85 A

10 L’Action Française 2000 n° 2696 – du 2 au 15 mars 2006 RELIGION COMBAT DES IDÉES Guides Retrouver pour un Carême l'homme concret

’il est de par saints, et de son ire un ou- par sont librement bon ton, Anne BERNET expérience per- vrage de Michel FROMENTOUX dégagés de cette Sdans les sonnelle. LMarcel De double relation médias, de signaler respectueu- À son installation en Occident, Corte (1905-1994) est l’un des rares de soi à soi et de soi-même au survolé l’histoire, notamment celles sement l’ouverture du ramadan, et découvrant que ces textes écrits bonheurs qui raniment notre espé- monde qui constitue la structure des corporations de jadis, conçues celle du Carême est en général dans les fers, et remis difficilement rance en ces temps de débâcle in- et le mystère essentiels de et vécues comme soumission au passée sous silence, quand elle à des proches, connaissaient une tellectuelle, morale et politique. À l’homme ». Or, « l’esprit possède destin, auréolées de valeurs reli- n’est pas prétexte à une surabon- étonnante publicité, l’archevêque force de ramener les esprits vers les le terrible pouvoir de s’incarner gieuses, mais ayant malheureuse- dance de plaisanteries douteuses les reprit afin de les peaufiner et permanences de l’ordre naturel, le dans la totalité concrète de ment dégénéré en monopoles col- et d’insultes à l’encontre du chris- de donner ainsi aux croyants un philosophe belge dont nous mar- l’homme pour l’illuminer de sa lectifs avant de disparaître sous le tianisme. Ce n’est pas la moindre véritable instrument de prière et quions récemment (1) le centenaire flamme ou de s’en désincarner joug d’un libéralisme ignorant les fi- contradiction du laïcisme ambiant de méditations. Avec une remar- de la naissance, parvient à nous pour s’infléchir sur soi-même en nalités naturelles de l’économie, Mar- et militant. Si vous avez, cette an- quable économie de moyens, des convaincre envers et contre tout que un tout autonome [...] L’homme cel De Corte dénonce cette Histoire née, décidé que ces quarante et mots simples et doux, le cardinal le monde artificiel dont la carcasse est toujours susceptible d’être soi “majusculaire”, ce vertige emportant quelques jours nous séparant de Van Thuan invite son lecteur à démocratique n’est qu’un décor de ou de n’être pas soi en fonction l’humanité vers tel “point Omega” Pâques ne seront ni vains ni sté- s’élever. Cela n’a l’air de rien, et théâtre, dont les fureurs technocra- de sa liberté ». avec toujours plus de démocratie..., riles, pour vous et pour les autres, pourtant, ce petit livre, dans son tiques et totalitaires sont un aveu Telle est l’énigme de cette “li- ce mythe entraînant dans l’abîme il est des livres aptes à vous aider mélange de douceur et d’exigence, d’impuissance et dont nous refusons berté” dont les hommes d’aujour- « les seules histoires qui soient au quotidien en portant votre prière vise à rien moins qu’à faire des de nous accoutumer, n’aura de d’hui, fort mal dans leur peau, croient réellement, celle de l’homme en et vos méditations. saints. toutes façons jamais le dernier mot. jouir quand ils se fondent dans la chair et en os, celle de son âme, C’est pourquoi nous ne saurions masse : « La masse n’est pas un celle de son corps et de ses corps trop louer les Éditions de Paris et être : elle est un devenir pur et de surcroît liés à son être : sa fa- Calendrier L’enseignement plus particulièrement Jean-Claude simple, un passage de l’existence mille, son métier, sa profession, perpétuel des Chartreux Absil, directeur de la collection Phi- humaine au néant d’existence hu- son cadre de travail, son envi- losophia perennis, d’avoir réédité maine [...] un phénomène patho- ronnement natal ». Trois cent soixante cinq médi- Même but avec Vivre dans l’in- l’un des maîtres livres de Marcel De logique secondaire consécutif à À plusieurs reprises, Marcel De tations bibliques propose, pour timité du Christ, dans la collection Corte datant de 1964, L’homme l’infection primaire de la liberté, Corte revient sur l’idée que la pre- chaque jour de l’année, une pho- Sagesse des Chartreux, ouvrages contre lui-même, que Jean Madiran, qui l’aggrave et qui la supplante. » mière cause des maux du monde tographie de Fabian Da Costa, tirés des enseignements des dans un avant-propos inédit, pré- Notre époque est aussi celle moderne est politique. Il est urgent icône, statue ou paysage, en lien maîtres des novices de cet ordre sente comme « le livre des secrets d’une crise du bon sens, privé des de renouer avec une politique res- avec les saisons ou les fêtes reli- contemplatif exigeant. L’on se trom- de santé mentale à l’usage des appuis d’une expérience vécue. Ce pectueuse des vrais enracinements gieuses, accompagnée d’une ci- générations intermédiaires entre qui entraîne alors une crise des de la vie sociale, donc capable d’ar- tation des Écritures. Chacun, se- une civilisation qui achève de élites : les hommes d’aujourd’hui ne bitrage en vue du bien commun, lon son tempérament, se laissera mourir et ce qui viendra ensuite ». connaissent plus un type d’homme donc soustraite aux pressions que inspirer par l’image qui chante la complet que chacun pourrait imiter la démocratie entretient sans cesse. beauté de la Création, ou directe- avec ses moyens et qui engendre- « Une bonne politique, dit-il, peut ment par la parole du Créateur. Quelle liberté ? rait ainsi, comme autrefois le che- protéger presque indéfiniment Conçu sur le principe du calendrier valier ou l’honnête homme, une co- contre l’usure du temps et contre perpétuel, le livre peut s’entamer Il faudra bien qu’un jour l’homme hérence dans l’individu et dans la les orages de l’existence cet en- à la date de votre choix, et se re- arrête cette guerre qu’il s’est décla- société. Le drame est que, « ne semble de précieux impondé- prendre d’année en année. rée à lui-même quand au XVIIIe convergeant plus vers un type, rables que nous appelons civili- siècle il s’est amputé de sa relation les élites actuelles n’ont plus sation ». à la nature pour y substituer un ap- d’autres ressources que de re- Douceur pareil de prothèse sous le poids du- courir à des techniques artifi- et exigence perait en pensant que l’école de quel « l’homme se déshumanise cielles d’élévation sociale ». C’est Contre ces moines destinés aux plus et la nature se dénature ». Marcel alors le règne de l’argent et du di- la démocratie Trois cent soixante cinq jours grands renoncements ne saurait De Corte montre que, de la trans- plôme... des grands d’espérance constituait, à l’origine, intéresser des laïcs vivant dans le formation des rapports de l’homme Les pages où Marcel De Corte le journal de captivité de l’arche- monde contemporain. avec son milieu naturel (sa famille, analyse la crise de l’enseignement nombres vêque coadjuteur de Saigon, Mgr Ces méditations, dont le pre- sa religion, sa cité, sa profession, moderne seraient à mettre sous les François-Xavier Nguyen Van mier volume couvre la période li- sa patrie) découle la transformation yeux de nos ministres de l’Éduca- Or cette mission vraiment royale Thuan, emprisonné en 1975 par turgique allant de l’Avent à la Se- des rapports de l’homme avec ses tion. Ils comprendraient peut-être de tri entre les changements, de maine de la Passion, parle de Jé- semblables (l’abstraction juxtapose pourquoi, à cause de leurs systèmes maintien de l’unité organique, d’ar- sus, de Sa Mère, de saint les hommes artificiellement, sans désincarnés, arrachant les intelli- ticulation entre la tradition et les nou- Jean-Baptiste, à travers l’Évangile, les lier) qui engendre à son tour la gences aux réalités, « la culture veautés, est rendue impossible par et de ce que leur exemple peut transformation de la relation de était jadis ce qui reste quand on « la démocratie des grands nous offrir, à nous, aujourd’hui. Il l’homme à Dieu : quand l’homme a tout oublié, elle est maintenant nombres et des vastes espaces » n’écarte pas les difficultés, et est défiguré et dilué, comment re- ce qui manque lorsque l’on a tout qui engendre « une blessure in- même, il les soulève, car il croit connaître et aimer le Christ ? appris »... curable dans l’âme humaine [parce ses disciples intelligents. Il y a là Ainsi est-on arrivé – chose qu’elle] attribue au citoyen une des pages bouleversantes sur l’at- unique dans l’Histoire – à « l’idolâ- compétence qui dépasse titude du Christ face à la destinée trie du collectif ». De ce malheur Le mal constamment les bornes de son humaine, à la souffrance et à la il serait vain d’incriminer la seule est politique savoir effectif et qui n’est soute- mort. D’un niveau certes plus technique. C’est l’éclatement des nue par aucune relation vivante élevé, ce livre reste cependant ac- cadres traditionnels de l’existence, Le cadre d’un article ne peut em- avec la réalité [...] Elle brise les cessible au plus grand nombre. Le « avec, dit l’auteur, son résultat ; brasser la richesse des réflexions liens réels qui unissent l’homme les communistes et qui passa les second tome, qui courra des Ra- l’anémie de l’être humain amputé de Marcel De Corte analysant le dé- à la nature, à ses semblables, à treize années suivantes dans leurs meaux à la Pentecôte devrait sor- de ses rapports vitaux, qui a dé- clin du bonheur (dont l’homme a Dieu, et le divise lui-même en le geôles, avant d’être finalement li- tir prochainement. terminé l’avènement de la tech- perdu le sens en s’écartant d’une transformant en un être hybride béré, le jeune prélat se révélant I nocratie [ ...] Si l’homme se mé- morale ayant sa source dans la vie où se juxtaposent un ange irréel moins dangereux en liberté que canise c’est parce qu’il s’est et en lui substituant une mythologie et un animal réel. » dans sa cellule, où il convertissait * Danielle Noël et Fabian Da d’abord dévitalisé. » du changement perpétuel), ou dé- Tels sont les “secrets” que bien ses gardiens. Dans cette solitude Costa : 365 méditations bibliques, Les conséquences de cette vo- nonçant le mythe du progrès (au- des foyers observant encore la loi terrible, en proie aux mauvais trai- Presses de la Renaissance, 768 lonté démoniaque de l’homme d’être jourd’hui déconnecté de l’homme en naturelle et les obligations surnatu- tements, Mgr Van Thuan, qui avait p., 28 euros (183,67 F). autre chose que ce que Dieu veut chair et en os, donc vide de sens, relles peuvent entendre et trans- de qui tenir, car il comptait dans * Mgr François-Xavier Nguyên Van faire de lui sont évidemment mor- réglé par un « cortège de mettre. Marcel De Corte, et nous son ascendance maternelle plu- Thuan : 365 jours d’espérance, Le telles dans tous les domaines. Par spectres » dont les puissances po- avec lui, sommes sûrs qu’il n’est pas sieurs martyrs brûlés vifs dans leur Sarment, 950 p., 29,50 euros exemple, Marcel De Corte peut dia- litico-technocratiques dirigent la temps de désespérer. église pour avoir refusé d’abjurer, (193,51 F). gnostiquer une « pathologie de la danse mécanique). I parvint, jour après jour, avec des * Un chartreux : Vivre dans l’inti- liberté », qui vient de ce que nos La lumineuse étude de l’accélé- moyens de fortune, à rédiger des mité du Christ, tome I, Presses de contemporains « se veulent des ration de l’histoire qui clôt l’ouvrage * Éditions de Paris, 310 pages, méditations quotidiennes, nourries la Renaissance, 210 p., 15 euros hommes nouveaux dans un est de nature à remettre les plus en- 24 euros. de l’Évangile, de l’exemple des (98 F). monde nouveau, parce qu’ils se têtés les pieds sur terre : après avoir (1) A.F. 2000, du 2 juin 2005.

L’Action Française 2000 n° 2696 – du 2 au 15 mars 2006 11 JOURNÉE CINÉMA THÉÂTRE DE LECTURE LES FILMS Au café-théâtre Les mémoires DE MARS du commandant Guillaume

G RENAISSANCE. – Une “curiosité”, I Tout contre les grilles du Luxembourg il est un petit café sympa- l faisait particu- par et il est peu après ce dessin animé français en trois thique, dit “café-philo” où l’on discute à perte de soirée... mais au lièrement froid, Pierre LAFARGE rayé des cadres. dimensions, en fait des person- sous-sol une cave devient cabaret l Là pas de discussions existen- Ice matin de dé- Désireux de nages réels redessinés en noir et tielles mais un théâtre humoristique parfois cruel. Ce n’est plus Jeanne cembre 2002. La chapelle du Val continuer la lutte pour l’Algérie fran- blanc façon très B.D. actuelle, de la Mince telle que Paul Guth la peignait mais, sur des textes de Chris de Grâce, rue Saint-Jacques, était çaise, il rejoint l’O.A.S. Il est ar- Christian Volckman. L’histoire se Pages et Colette Stern interprétés par cette dernière, les mésaventures trop petite pour contenir la foule rêté le 24 mars 1962 en Algérie et passe à Paris, dans un futur proche, de Coco, petite provinciale venue à l’assaut de Paris ; ses heurs et venue adresser un dernier adieu condamné à huit ans de réclusion comme on dit. Là, un policier et son malheurs et, avec ceux-ci et ceux-là, elle prétend bien nous surprendre, à Pierre Guillaume. Pour notre criminelle. Libéré en avril 1966, il équipe sont chargés de retrouver nous faire rire. jeune génération, il était le Crabe commence alors une carrière d’ar- une brillante scientifique qui a mis En robe blanche et argent, style Mary Quant des seventies, tur- Tambour, immortalisé par le roman mateur en Afrique. au point un élixir de jeunesse éter- ban idem et châle crocheté – hypermode – elle roucoule, se trémousse, et le film de Pierre Schoendoerf- nelle. Une découverte très convoi- joue de sa voix haut perchée de petite fille, se moque d’elle-même et fer. Il était aussi une voix familière tée qui lui a valu d’être kidnappée, de tous : les copines, les hommes, la télé, les journaux, les impres- sur les ondes de Radio Courtoi- mais par qui ? C’est ce que va es- sarii.... dans un lange beauf restitué. Bardot attardée ou Lolita rava- sie. sayer de découvrir le policier soli- geuse, elle lance à la volée des “bisous, bisous” archiploucs. (J’en Né en 1925, sur les bords de taire qui se retrouve bientôt plongé demande pardon aux grands-mères qui utilisent ce terme... mais, il y la Rance dans une malouinière de au cœur d’un terrible complot qui a manière). Saint-Servan, fils de général, Pierre le conduira dans un monde inter- Entre deux mésaventures de Coco, une belle jeune femme blonde, Guillaume devait s’illustrer dans le lope de mafieux russes patibulaires du nom de Delphine, entrouvre le rideau. Gageons que bientôt, si delta du Tonkin et dans les djebels ayant des accointances avec le quelque producteur a l’ouïe fine, elle sera elle aussi, “en haut de l’af- algériens. P.D.G. d’un consortium pharma- fiche”. Sorti de l’École navale en 1948, ceutique pas très clair... Elle bouge agréablement, chante ses propres textes d’un joli timbre le jeune enseigne de vaisseau Une fois passées les premières et sais alterner sourire et émotion. Faute de moyens, sans doute, elle Guillaume se retrouve dès l’année minutes d’adaptation à cette tech- a enregistré ses musiques et se fait accompagner d’un C.D. Lors- suivante chef de section amphibie nique de dessin animé singulier, on qu’un producteur lui prêtera sa scène, espérons qu’il lui offrira aussi en Indochine. Il est fait chevalier se laisse prendre à cette histoire de pianiste et guitariste... Ce sera une aubaine et elle pourra montrer ce de la Légion d’honneur à vingt- science-fiction complexe et envoû- qu’elle sait faire, Avec fraîcheur et enthousiasme. À suivre. cinq ans et participe au sauvetage tante aux rebondissements mul- On n’oublie pas non plus quelques poèmes, dits avec flamme par de 25 000 catholiques tonkinois tiples. Une sorte de Metropolis à ne Gérard Duval en intermède ; entre autre La Pêche à la baleine de désireux de fuir l’avancée com- Fruit de longs entretiens avec pas manquer ! Jacques Prévert. Baleines pour baleines, j’aurais préféré celles de muniste à l’automne 1954, autour Elisabeth Escalle, ces mémoires Paul Fort. de Phat Diem. En 1956 il tente de auraient peut-être mérité un plus G LA PEUR AU VENTRE – Sur un Monique BEAUMONT rallier la France sur une jonque grand travail d’écriture, mais ils thème du film Le million (1931) de chinoise mais l’aventure s’achè- constituent néanmoins un témoi- René Clair (un gagnant du gros lot * Nouveau Théâtre de Colette. Renseignements : 01 43 25 21 81. Delphine : vera sur la côte somalienne. gnage irremplaçable car sans à la loterie courait après son billet 06 18 15 83 88. concessions sur un certain nombre qui passait de main en main), La de faits historiques. Le comman- peur au ventre, de Wayne Kramer, Algérie française dant Guillaume, modèle d’officier, est l’histoire d’un policier, Paul Wal- restera comme le symbole d’une ker, marié et père de famille, infiltré D.V.D. En mars 1957, son frère, chef génération prête à sacrifier vie et dans un gang de trafiquants de d’un commando de parachutistes honneurs pour le seul bien de leur drogue qui doit retrouver un revol- coloniaux, est tué en Algérie, il ob- patrie. ver compromettant qui passe de La demoiselle d’Avignon tient de le remplacer. En 1960 il main en main (celles du fils de son est fait officier de la Légion d’Hon- I voisin russe fan de John Wayne dans I Lors de sa première diffusion en 1974, Jean Dutourd écrivit de La neur. Au printemps suivant, le lieu- le film Les Cow-Boys, mais violent Demoiselle d’Avignon que c’était un chef-d’œuvre de télévision po- tenant de vaisseau Guillaume est * Pierre Guillaume : Mon âme à Dieu. et acoquiné avec des gangsters, pulaire. Pourtant, pas de violence, pas de sexe, pas de vulgarité dans un des rares marins à basculer Mon corps à la patrie. Mon Honneur d’un maquereau, d’une prostituée, cette histoire ressemblant à un conte de fées : un diplomate, fran- dans le putsch d’Alger. Il écope de à moi, Éd. Plon et XO, 400 p., 19,90 d’un cuistot latino...), sous peine çais, tombe amoureux d’une jeune fille en ignorant qu’elle est une quatre ans de prison avec sursis euros. d’être démasqué. Tout ça en une princesse venue d’un royaume nordique. Il demande à devenir am- nuit. C’est dire s’il a du pain sur la bassadeur de France du pays de sa bien-aimée tandis que celle-ci se planche... Un polar bien fichu mais retrouve gouvernante de deux gamins insupportables à Paris. Chas- d’une violence extrême, aussi bien sés-croisés, quiproquos, rires et sourires ponctuent les six heures Inventaire de la Grande Guerre en images qu’en dialogues (gros- de cette charmante comédie. Marthe Keller est une délicieuse prin- siers et réduits au minimum), dont cesse Koba et Louis Velle, dont l’épouse Frédérique Hébrard a écrit scé- sous la direction on ressort complètement cassé. nario et dialogue, est parfait dans le rôle de ce diplomate amoureux transi. de François Lagrange G LES AUTRES SORTIES. Le succès indéniable de ce feuilleton (99,04 % de téléspectateurs – Une nouvelle version de la cé- satisfaits selon un sondage de l’époque), prouve que les Français ont I Tenter un inventaire de ce conflit Bien sûr, tout est survolé d’as- lèbre PANTHÈRE ROSE, avec cette conservé un penchant certain pour la monarchie. majeur qui ouvrit le XXe siècle peut sez haut, et si la vue d’ensemble est fois Steve Martin en catastrophique sembler une gageure, compte tenu intéressante, elle ne permet pas de inspecteur Clouseau à la place du Renaud DOURGES des milliers de livres, d’articles, souligner certains aspects impor- regretté Peter Sellers, et Jean Reno Références : d’études déjà publiés sur la ques- tants. Il n’y a, par exemple, aucune dans le rôle de son adjoint, sans – La demoiselle d’Avignon. 2 D.V.D. Durée totale : 6 heures. Distribution Koba mention de la participation de l’Ac- oublier la chanteuse Beyoncé du Films Vidéo. tion française à l’Union sacrée, ou groupe Destny Child’s en vamp de des campagnes de Léon Daudet service, qui se lancent tous à la re- contre les trahisons. cherche du célèbre diamant. En revanche il y a nombre d’ap- – Un remake plutôt lourdingue proches pertinentes mais concises et qui n’était pas utile, signé Shawn Concours littéraire sur la philosophie et la guerre, sur Levy : THE WOODSMAN, de Nicole les croyances et la religion, sur Kassel, histoire tout en retenue (et “Arts et lettres de France” l’avant et sur l’arrière des champs d’actualité) d’un pédophile, Kevin de bataille. C’est parfois assez anec- Bacon, qui tente de se réinsérer L’association culturelle internationale “Arts et Lettres de France”, dotique et éclectique, en touchant dans la société après douze ans organise son grand concours international littéraire annuel. Il est ou- aux déplacements de populations ou de prison et maîtriser ses “pul- vert jusqu’au 30 octobre 2006, date de clôture de rigueur. Il comporte à l’artisanat de tranchée. L’article sur sions” ; les rubriques suivantes : poésie, contes, nouvelles, romans, pièce de la littérature et la guerre est parti- – DESTINATION FINALE 3, thril- théâtre, essais, biographies et ouvrages historiques. Une section tion. Pourtant le pari peut sembler culièrement remarquable et rappelle ler horrifique et bien saignant de jeunes est également ouverte pour les moins de 18 ans. réussi pour cet ouvrage encyclopé- comment les écrivains du XXe siècle, James Wong dans lequel une nou- dique qui, en une centaine d’articles, Drieu la Rochelle, Gilles, Giono, Apol- velle bande d’ados ayant échappé Les candidats peuvent obtenir le règlement général de participa- fait le tour de la question sous ses linaire, et tant d’autres ont été mar- à l’accident mortel sur un grand 8 tion, contre une enveloppe timbrée, portant leur nom et adresse, à : aspects historiques, politiques, mili- qués par ces événements. Cette en- de fête foraine, se retrouve pour- taires, sociologiques et artistiques. cyclopédie sera, sinon indispensable, suivi par la Grande Faucheuse qui ARTS ET LETTRES DE FRANCE De plus, d’importants cahiers ico- du moins utile. veut récupérer son dû... Secrétariat au Concours nographiques thématiques en cou- Philippe ALEYRAC 61 rue Kléber leur font de cette somme un assez Alain WAELKENS 33800 BORDEAUX beau livre. * Universalis, 608 pages, 40 euros.

12 L’Action Française 2000 n° 2696 – du 2 au 15 mars 2006 ARTS-LETTRES-SPECTACLES Vocations

e droit au bonheur », reine d’Espagne morte à dix-neuf par garde, de préférence issu du Tiers Saint-Jean, aumônier-adjoint des cette utopie inscrite en ans après avoir régné six mois sur Anne BERNET Monde, Plunkett rappelle, lui, que pompiers de Paris sorti de leurs «Ltoutes lettres dans la le cœur d’Alphonse XII. les vues du Très-Haut n’ont rien en rangs, en glane au fil des jours et constitution des États-Unis d’Amé- Cette promenade nostalgique et commun avec les élucubrations de d’expériences souvent dramatiques rique, s’avère, dans le monde ac- documentée dans les annales de manique, il fait l’impasse sur les dé- spécialistes autoproclamés d’une auxquelles il sait donner un sens. tuel issu des Lumières, de plus en l’Assomption, loin d’être réservée buts de ce jeune prêtre patriote, qui religion qu’ils méconnaissent et ca- Du feu de Dieu est un témoignage plus irréaliste. Faut-il, alors, admettre aux anciennes de l’institution, éclaire ne cachait pas ses sympathies de ricaturent à l’envie. d’une double vocation au service du que le vrai bonheur est à chercher avec finesse un siècle et demi d’édu- droite, au point que l’on crût d’abord C’est un florilège d’absurdités et prochain en péril et à celui de Dieu. Ailleurs ? cation des filles. que le IIIe Reich trouverait en lui un de contrevérités qui a salué dans la En entrant dans les ordres, le père allié naturel… Erreur absolue. Mgr presse l’élection du successeur de Marie-Angel croyait faire le sacrifice von Galen était trop profondément définitif de son métier de sapeur. Le Rechristianiser Paroisse rurale chrétien pour supporter le pro- Ciel lui a donné l’occasion de le re- la société gramme nazi, et de trop bonne prendre, sous un autre angle. Les J’avais, à la Toussaint, signalé souche pour tolérer les accommo- anecdotes rassemblées dans ces Cette conviction viendra tôt à la parution, dans une collection des- dements prudents avec un régime pages illustrent les malheurs de Anne-Eugénie Milleret de Brou. Née tinée aux adolescents, du premier dont il avait pourtant compris, d’em- notre époque : solitude insuppor- en 1817 dans une famille de ban- tome d’une biographie de saint blée, qu’ennemi né du catholicisme, table, abandon, pauvreté, rejet des quiers voltairiens fort éloignés du Pie X, qui s’achevait avec l’entrée il n’hésiterait pas à faire des mar- plus faibles, souffrances en appa- catholicisme, la jeune fille, confron- au séminaire de Giuseppe Sarto. tyrs. Il faut lire ses deux sermons rence incompréhensible des inno- tée aux graves revers financiers de Le second volume de l’abbé prononcés en 1936 à Xanten, sanc- cents, accidents et morts frappant son père, puis à la mort prématu- Guillaume Hünermann, Beppo jeune tuaire où reposent Saint Victor et quand on ne les attend pas. À tout rée de sa mère, connaît, à dix-sept prêtre, vient de paraître. L’on re- ses compagnons officiers tombés ce malheur qui déferle sur lui et au- ans, un vide intérieur que rien ne trouve, dans cette seconde partie, dans la persécution de Dioclétien, tour de lui, qu’il regarde en face et paraît à même de combler. Froide- les qualités qui faisaient l’intérêt et sa ferme dénonciation des pouvoirs qu’il n’hésite pas à prendre à bras ment lucide, elle écrit : « Si je mou- le charme du premier : beaucoup qui prétendent s’opposer à la loi de le corps, le moine-pompier oppose rais demain, je serais oubliée de sérieux et d’exactitude histo- Dieu et son appel à l’héroïsme des l’exemple du Christ, sa foi inébran- après-demain ; personne ne vien- riques, un talent spécial pour mettre fidèles pour saisir quel contradic- Jean-Paul II. Et si, en dépit de ces lable, et la puissance de l’eucha- drait prier sur ma tombe. » Les ces atouts à la portée des plus teur se dressa en face d’Hitler. Dans aboiements ineptes et hargneux, ristie. Dans son humilité, sa simpli- consolations humaines, les amitiés, jeunes, un indéniable don de le grand silence qui caractérise trop Benoît XVI était là pour accomplir cité, sa délicatesse, sa joie rayon- l’amour, cette intellectuelle y de- conteur, un esprit hautement ca- souvent les clercs d’aujourd’hui une tâche précise, à savoir appor- nante même au c?ur des ténèbres, meure insensible. tholique qui s’attache à la beauté et confrontés aux empiétements crois- ter une alternative à un modèle de ce petit livre est une grande et ad- à la grandeur du sacerdoce, dis- sants du politique, la figure du bien- société qui a montré ses terribles et mirable leçon de vie chrétienne, en pensateur des trésors de l’Église, heureux Clemens August s’impose sinistres limites ? S’il était là pour même temps qu’une belle médita- de la messe et de l’eucharistie. comme un modèle à suivre. aider à la renaissance en Europe, tion pour le Carême qui débute. S’il pouvait paraître relativement en Occident et dans le monde, d’une aisé d’intéresser des enfants de civilisation catholique digne de ce I douze ou treize ans aux aventures Raisons nom ? Et si c’était cela, précisément, d’un garçon de leur âge, il est plus d’espérer que pressentent tous ceux qui hur- * Florence de Baudus : Le jardin de délicat de les faire entrer dans le lent contre lui, parce qu’ils sont al- l’Infante, Le Rocher, 310 p., quotidien d’un vicaire italien du XIXe C’est dans le même contexte lergiques à cette seule pensée ? 19,90 euros (130,54 F). siècle confronté aux réalités d’une que grandit Josef Ratzinger et il se Même s’il est vain de prétendre * Abbé Guillaume Hünermann : paroisse rurale. L’admirable est que trouva, en avril dernier, des jour- connaître les desseins du Seigneur, Beppo jeune prêtre, Téqui, l’abbé Hünermann parvient à rendre nalistes français pour le lui repro- le livre de Patrice de Plunkett, so- 175 p.,11 euros (72,16 F). accessibles non seulement l’extrême cher. Absurdité parmi tant d’autres lide, argumenté, intelligent, non dé- * Gottfried Hasenkamp : Le Lion de charité de l’abbé Sarto mais ses que relève Patrice de Plunkett dans nué d’humour, donne à ses lecteurs Münster, Téqui, 80 p., 6,80 euros préoccupations sociales, morales son essai Benoît XVI et le plan de quelques raisons valables d’espé- (44,61 F). ou intellectuelles sans être jamais Dieu. Si le monde, en effet, s’est rer. * Patrice de Plunkett : Benoît XVI C’est alors que l’éducation reli- pédant ni ennuyeux. Une vraie réus- étonné, scandalisé, de l’élection d’un et le plan de Dieu, Presses de la gieuse qui lui fut dispensée par site qui incite à attendre la suite avec pape allemand réputé conservateur, Renaissance, 330 p., 19 euros convenance lui apporte un com- impatience. voire traditionaliste, si les médias Moine-pompier (124,63 F). mencement de réponse à ses in- ont fait état d’une prétendue dé- * Père Marie-Angel : Du feu de Dieu, terrogations. Ayant posé, en s’ap- ception des catholiques qui atten- Des signes d’espoir, le père Ma- Presses de la Renaissance, 230 p., puyant sur la raison, le postulat de Un modèle daient, selon eux, un pontife d’avant- rie-Angel, moine de la congrégation 17 euros (111, 51 F). l’existence de Dieu – un Dieu, au à suivre demeurant, plus proche du Grand Horloger que de Celui du catholi- Le 9 octobre dernier, était béa- LUS AUSSI cisme –, Anne-Eugénie en arrive à tifié le cardinal Clemens August von la conviction qu’il serait absurde de Galen, que l’on surnomma “le lion G Mgr André-Mutien Léonard et Henry Haas : peur », Bichelberger invite à relever le défi sans sa part de ne pas entrer entière- de Münster” pour l’héroïsme avec L’ÉVÊQUE ET LE FOU craindre le regard du monde. À aller au devant de ment à Son service. Elle sera reli- lequel ce prélat tint tête, dès son À quoi tient la désaffection des générations ac- tous ceux qui souffrent, et d’une jeunesse morale- gieuse. Elle ignore encore que ce sacre épiscopal en 1933, à l’idéo- tuelles envers la foi catholique ? Qu’est-ce que le ment appauvrie et abandonnée. Nourri de souve- Dieu, qu’elle appréhende sans vrai- logie nazie et à son emprise sur la Mal, le péché, la souffrance, la Croix, l’eucharistie, nirs et d’expériences personnels, ce livre est un ment Le connaître, a déjà des vues société allemande. Force est la sainteté ? Sous forme d’un dialogue profond et guide précieux pour avancer au cœur des ténèbres arrêtées sur elle. d’avouer que l’on ne sait pas grand- poétique, le philosophe Henry Haas, « le fou », pose contemporaines. Florence de Baudus, auteur chose, en France, de la personna- les questions essentielles à l’évêque de Namur. Le- * Presses de la Renaissance, 250 p., 16,62 euros d’essais historiques qui tranchent lité et de l’action de Mgr von Galen. quel lui répond en s’appuyant sur l’enseignement (109 F). par la singularité de leur ton et leur Aussi la traduction du bref ouvrage catholique et son expérience pastorale, sans craindre subjectivité assumée, est une an- de Gottfried Hasenkamp, qui connut de dénoncer les maux de notre époque, ni certaines G Martine Bazin et les s?ur Augustines de Males- cienne élève de l’Assomption, l’évêque de Münster, est-elle la bien- errances de l’Église qui a trop voulu concéder au troit : MONETTE ET LE TABLIER BLEU l’œuvre d’éducation que Mlle Mille- venue, en dépit de ses défauts. En monde moderne et qui aurait besoin de renouer Dès sa prime enfance, dans les années 1900, ret, devenue la Mère Marie-Eugé- effet, Hasenkamp, quoiqu’il affichât avec sa tradition. Un enseignement de haute tenue Yvonne Beauvais entend l’appel de Dieu qui la nie, fonda à Paris en 1839 avec pour d’emblée son intention de travailler spirituelle qui mérite d’être lu et réfléchi. conduira chez les Augustines de Malestroit. Deve- objectif de rechristianiser la société pour la postérité, avait trop tendance * Le Sarment, 300 p., 17,50 euros (127, 90 F). nue la Mère Yvonne-Aimée de Jésus, la religieuse grâce aux femmes de l’aristocratie à considérer nombre de détails et bénéficiera de grâces et de charismes tels que l’É- et de la bourgeoisie formées dans d’événements comme connus de G Roger Bichelberger : LES DOUZE APPELS glise, éblouie et déconcertée, a décidé d’attendre ses maisons. Selon sa méthode, Le tous, de sorte que sa notice bio- Comment aborder le troisième millénaire dans avant toute procédure de béatification. Vers 1930, jardin de l’Infante entrecroise habi- graphique comporte maintes zones une perspective chrétienne ? À tous ceux qui se le Père de La Chevasnerie recueillit d’Yvonne-Ai- lement souvenirs personnels de sa d’ombres, au moins pour le lecteur posent cette question sans savoir y répondre, Bi- mée de précieux souvenirs d’enfance, qu’il publia scolarité et de ses éducatrices, bio- étranger. chelberger offre un programme de vie pour l’enga- en déguisant l’héroïne sous le pseudonyme de Mo- graphie de la Mère Marie-Eugénie S’il insiste, à raison, sur les ori- gement des catholiques en faveur d’une nouvelle nette. Certains épisodes en sont maintenant repris et de ses premières collaboratrices, gines du futur cardinal, issu de la évangélisation. Programme plein de foi, de force et dans ces jolis albums destinés aux tout-petits qui histoire de l’institution de sa fonda- haute noblesse westphalienne, ce d’espérance appuyé sur l’exemple de la Très Sainte mettent en relief l’exercice des vertus chrétiennes tion à nos jours, avec quelques gros qui lui permettra de revendiquer haut Vierge dont l’auteur, membre du tiers-ordre maria- par la fillette. Une réussite tant par les illustrations plans sur les élèves illustres, entre et fort le droit de parler au nom du niste, est un dévot. En réponse au cri de Jean-Paul II que par la qualité du récit et de l’exemple dispensé. autres la princesse Mercedès d’Or- sang allemand, pour mieux condam- le soir de son élection, son fameux « N’ayez pas * Téqui, 32 p., 10,50 euros (68,88 F). léans, fille du duc de Montpensier, ner l’idolâtrie nazie de la race ger-

L’Action Française 2000 n° 2696 – du 2 au 15 mars 2006 13 LES GRANDS TEXTES POLITIQUES

e texte de la conférence pro- développer le sens et la portée. noncée à la Sorbonne le 11 Renan confond la volonté et le dé- Lmars 1882 par Ernest Renan Qu’est-ce qu’une nation ? sir, la volonté et le caprice. Pour et intitulée Qu’est-ce qu’une na- Maurras, l’existence et la survie tion ? est devenu un classique et d’une réalité sociale si objective- la plus incontournable des réfé- I « Une nation est une âme, un principe spi- affaire a droit d’être consulté, c’est l’habitant. Une ment bienfaisante que la nation ne rences pour toute réflexion sur rituel. Deux choses qui, à vrai dire, n’en font qu’une, nation n’a jamais un véritable intérêt à s’annexer saurait être mise en péril par l’opi- l’idée de nation qui dépasse le ver- constituent cette âme, ce principe spirituel. L’une ou à retenir un pays malgré lui. Le vœu des na- nion, même majoritaire, des indi- biage politicien et la superficialité est dans le passé, l’autre dans le présent. L’une tions est, en définitive, le seul critérium légitime, vidus qui la composent. Le natio- médiatique pour s’élever à la hau- est la possession en commun d’un riche legs de celui auquel il faut toujours en revenir. nalisme comme le patriotisme sont teur d’une démarche scientifique. souvenirs ; l’autre est le consentement actuel, le Nous avons chassé de la politique les abs- des devoirs auxquels on ne peut De surcroît, la conférence dans désir de vivre ensemble, la volonté de continuer tractions métaphysiques et théologiques. Que se soustraire sans nuire, au nom son ensemble ne manque ni de sa- à faire valoir l’héritage qu’on a reçu indivis. reste-t-il, après cela ? Il reste l’homme, ses désirs, de la volonté individuelle, à l’inté- veur ni d’actualité pour nos intelli- L’homme, Messieurs, ne s’improvise pas. La na- ses besoins. La sécession, me direz-vous, et, à la rêt même des individus. Il illustre gences contemporaines. À l’heure tion, comme l’individu, est l’aboutissant d’un long longue, l’émiettement des nations sont la consé- cette idée à travers cet apologue, où nos politiciens entretiennent et passé d’efforts, de sacrifices et de dévouements. quence d’un système qui met ces vieux organismes emprunté à Maurice Maeterlinck, exploitent dans leurs basses […] à la merci de volontés souvent peu éclairées. Il dans La Politique naturelle : « Le œuvres électoralistes la “mauvaise Une nation est donc une grande solidarité, est clair qu’en pareille matière aucun principe ne charpentier se garde bien de pla- conscience” nationale et tous les constituée par le sentiment des sacrifices qu’on doit être poussé à l’excès. Les vérités de cet ordre cer au-dessus de sa tête la ferments de divisions et de ran- a faits et de ceux qu’on est disposé à faire encore. ne sont applicables que dans leur ensemble et poutre qu’il veut équarrir : il la cunes entre les Français, ces lignes Elle suppose un passé ; elle se résume pourtant d’une façon très générale. Les volontés humaines met entre ses pieds, pour que de 1882 prennent une dimension dans le présent par un fait tangible : le consente- changent ; mais qu’est-ce qui ne change pas ici- chacun de ses efforts soit mul- prophétique : « L’essence d’une ment, le désir clairement exprimé de continuer la bas ? Les nations ne sont pas quelque chose d’éter- tiplié par le poids des mondes nation est que tous les indivi- vie commune. L’existence d’une nation est (par- nel. Elles ont commencé, elles finiront. La confé- et la force réunie du chœur des dus aient beaucoup de choses donnez-moi cette métaphore) un plébiscite de tous dération européenne, probablement, les rempla- étoiles. Mais le charpentier peut en commun, et aussi que tous les jours, comme l’existence de l’individu est une cera. Mais telle n’est pas la loi du siècle où nous être ivre, ou fou ; il peut se faire aient oublié bien des choses. ». affirmation perpétuelle de vie. Oh ! je le sais, cela vivons. À l’heure présente, l’existence des nations une fausse idée de la gravitation Dans un tout autre domaine, la fa- est moins métaphysique que le droit divin, moins est bonne, nécessaire même. Leur existence est ou n’en avoir aucune idée : s’il çon dont Renan analyse le régi- brutal que le droit prétendu historique. Dans l’ordre la garantie de la liberté, qui serait perdue si le place en haut ce qu’il faut mettre cide de 1793 est un sujet d’émer- d’idées que je vous soumets, une nation n’a pas monde n’avait qu’une loi et qu’un maître. » en bas, la fatigue et l’épuisement veillement devant la richesse in- plus qu’un roi le droit de dire à une province : “Tu lui viendront avant qu’il ait fait épuisable de ce petit texte : « Ainsi m’appartiens, je te prends”. Une province, pour Ernest RENAN, son travail, ou il y aura prodigué pu s’accomplir l’opération la plus nous, ce sont ses habitants ; si quelqu’un en cette Qu’est-ce qu’une nation ? (1882) un temps excessif et un labeur hardie qui ait été pratiquée dans sans mesure, en courant l’histoire, opération que l’on peut d’énormes risques de malfaçon. comparer à ce que serait, en phy- nous avons choisi et qui contient solutions ont été écartées pour leur rement exprimé de continuer la C’est ce qui arrive à l’homme qui siologie, la tentative de faire vivre la célèbre formule du « plébiscite simplisme ou leur absence de vie commune ». Autrement dit, le néglige le concours bienfaisant en son identité première un de tous les jours ». Il s’agit du conformité avec la réalité française, second des deux pôles, le volon- des lois qui économiseraient son corps à qui l’on aurait enlevé le passage-clé de la troisième et der- il reste pour fonder la nation, l’his- tariste, prend le pas sur le premier, effort. Il VEUT tout tirer de son cerveau et le cœur. » Il est vrai nière partie de la conférence. Re- toire, le legs du passé, et le vou- le déterministe, au motif qu’il fond. Esprit borné, cœur vicié, cependant que Renan considère nan vient de rappeler les diverses loir-vivre ensemble qui en est la contiendrait et exprimerait à lui seul il nie les vérités acquises pour comme une possibilité cette aber- mauvaises solutions à la question manifestation dans le présent. Il l’ensemble de la formule. La suivre les chimères qu’il n’a ration d’une France à l’existence « Qu’est-ce qu’une nation ? » apparaît que Renan rejette ainsi le conséquence de cette rupture de même pas inventées. » entièrement conditionnée dans qu’il a rejetées dans ses deux pre- contractualisme pur, qui fait de la l’équilibre est le fameux « plébis- On le voit, pour Maurras, la vo- l’Histoire par l’action de la dynas- mières parties, à savoir : la race, nation une simple association vo- cite de tous les jours » et l’ad- lonté des citoyens ne peut ni créer, tie capétienne et survivant malgré la langue, la géographie, l’écono- lontaire, sans racine historique, et hésion au principe des nationali- ni même maintenir à elle seule le tout à l’ablation de son principe or- mie, la religion. La plupart de ses tient l’équilibre entre la part du pôle tés. Le plus remarquable est que lien social. Pas de politique effi- ganisateur. C’est une idée que analyses sur ces différents points déterministe et du pôle volontariste Renan en perçoit déjà les funestes cace sans reconnaissance des dé- Maurras, pour sa part, rejette éner- sont si lumineuses que nous pou- dans sa définition. conséquences : « La sécession terminismes historiques, pas d’acte giquement en appelant à la res- vons sans crainte dire à leur sujet et à la longue l’émiettement des de volonté digne de ce nom sans tauration de ce principe. Remar- ce que Maurras disait de La Tour nations sont la conséquence prise en compte des contraintes quons quand même que Renan du Pin : « ce n’est pas M. Renan Volontarisme d’un système qui met ces vieux liées au passé. D’ailleurs, n’est-ce explique la survie de cette France qui est d’Action française, c’est l’Ac- organismes à la merci de vo- pas une folie supplémentaire de acéphale par la qualité de l’œuvre tion française qui est de M. Re- Malheureusement, une phrase lontés souvent peu éclairées ». nier les contraintes quand celles- unificatrice de la monarchie : beau nan ». marque un tournant : « Elle sup- Toute l’œuvre de Maurras peut ci sont utiles, bienfaisantes, sources paradoxe mais bel hommage Le mouvement de notre extrait pose un passé ; elle se résume trouver sa légitimité dans cette der- de fierté légitime et de progrès ? aussi ! débute d’ailleurs sur un nouveau pourtant dans un fait tangible : nière phrase dont le maître de l’Ac- Mais venons-en à l’extrait que point d’accord : puisque les autres le consentement, le désir clai- tion française n’aura de cesse de Stéphane BLANCHONNET

CHRONIQUE

a grisaille céleste et le vent de tout près de revoir distinctement leurs noroît forment un couple bien visages et même, qui sait, de re- Lassorti et un ménage durable. Pour Callias et Lambda trouver leurs noms ! Mais il n’est pas Une interminable mélancolie règne besoin de se rappeler ces noms pour encore sur ce mois de février. Et je leur consacrer un brin de prière ra- ne puis compter sur mon journal quo- coupé... Il fallait un effort de réflexion par rielle de “l’Homme qui s’appelle Cal- pide, envolé comme une brise d’au- tidien pour m’offrir un divertissement insistante pour les trouver préfé- Jean-Baptiste MORVAN lias”. Je mettrais comme une inten- tomne... honorable : chaque jour apporte un rables aux personnages des films tion de défi à élire ce trisaïeul sa- Le Seigneur dit à ses auditeurs confortable lot de viols, voire d’as- policiers du temps présent. les “clones”. De prétendus hommes botier à Précy-le-Sec en Bourgogne, qu’ils valent tous bien davantage sassinats, sans parler des exploits Il y a une sorte de souffrance la- de science y trouvent une durable dont un mien parent, les ans pas- que les passereaux que l’on vend des “braqueurs”. Les programmes tente dans l’effort de l’homme ac- exaltation, et trépignent de volupté sés, avait encore conservé les ou- en brochettes sur les marchés, et télévisés restent médiocres, sinon tuel pour retrouver les images d’une “comme une souris lâchée sur un tils. Ou bien encore cette cousine, dont pourtant chaque existence a tout à fait nullards. humanité douée d’une nature au- tambour”, eût dit mon vieil ami Po- un peu bizarre d’esprit mais d’une compté mystérieusement dans les thentique, d’une présence, d’un ca- lydore, amateur de surréalisme po- touchante excellence de cœur qui décrets de la Providence. J’ai perdu ractère non pas nécessairement lémique... Dieu nous garde de l’étouf- parcourait à vélo la moitié du dé- la référence du passage, comptant Les clones prestigieux, mais d’une originalité au fante prolifération des “individus partement pour revoir les éléments bien la retrouver quelque jour. En moins discrète. En somme cette lambda”, nos maîtres de demain, qui dispersés de sa famille ; elle ne man- attendant j’assigne comme lieu de Pour tenter une diversion, j’ai eu vieille expression resurgie d’an- sait ? quait jamais de m’apporter ces cartes rencontre à mes amis, vivants ou recours à Marcel Proust et j’ai rou- ciennes études de Platon, je crois : naïves d’anniversaire ou de Nouvel défunts, les “Hommes qui s’appel- vert l’œuvre aux ultimes chapitres : « L’homme qui s’appelle Callias », An ; j’en retrouve parfois entre les lent Callias”, cette auberge aujour- Le temps retrouvé. Fâcheuse inspi- et qui s’opposerait naturellement à Le sabotier pages d’un carnet ou d’un vieux d’hui disparue sans doute et qui se ration ! Il m’est apparu que mon une création de romancier moderne : de Précy-le-Sec livre... situait dans un faubourg de Rennes. passé personnel ressemblait tragi- « L’individu Lambda », symbole de Et pour les lieux de retrouvailles Elle avait pour enseigne un cygne quement aux rencontres et retrou- présences multiples et indéfiniment C’est encore, paradoxalement du passé, je ne saurais dire pour- tenant entre ses ailes une croix : Au vailles de l’écrivain : trop d’anec- semblables... peut-être, que je vais demander à quoi la première image qui me re- Cygne de la Croix. Le calembour dotes hagardes, de bonshommes et La réalité ayant, apparemment, Proust des leçons de temps retrouvé vient en mémoire est cette cabane enfantin et rustique résonne encore bonnes femmes réduits à des sil- une tendance naturelle à dépasser et les rassurantes physionomies, les de cantonnier, sur la route de Cha- comme une confidence, comme un houettes falotes, comme ce duc de la fiction (et même, comme me di- réconfortantes anecdotes apparem- blis, près de laquelle des gens appel à l’humaine et profonde vé- Guermantes qui avait l’aspect trem- sait un plaisantin, “l’affliction”), notre ment anodines, les paysages indis- comme nous attendaient l’autobus rité... blotant d’une image de papier dé- temps a découvert avec ravissement pensables à la résurrection mémo- d’Auxerre ; il me semble que je suis I

14 L’Action Française 2000 n° 2696 – du 2 au 15 mars 2006 L’ACTION FRANÇAISE EN MOUVEMENT

CENTRE ROYALISTE D’ACTION FRANÇAISE

CONFÉRENCES Samedi 25 mars, tous à Cotignac (Var) LE MONDE ÉTUDIANTES Journée d’Action française ET LA VILLE Les conférences étudiantes ont lieu chaque vendredi avec la participation de la JOYEUSE GARDE NAISSANCE à 19 h 15 aux locaux de l’AF. Sous la présidence de S.A.R. le prince Sixte-Henri de BOURBON PARME G Nous sommes heureux d’ap- 3 mars prendre la naissance, le 18 février, L’AF et le racisme - 10 heures : sanctuaire de Notre-Dame-de-Grâces, à Hambourg (Allemagne) de par Francis VENANT messe chantée en grégorien Pauline, fille de M. René Valéry 10 mars - 13 heures : Déjeuner au château, à VINS-sur-CARAMY (Var) MARTINS et de Mme née Wivine Politique d’abord - 14 h 30 : Interventions des orateurs Wailliez. par Philippe CHAMPION Stands, buvette, petite restauration Nos félicitations aux parents et 9 9 grands-parents, en particulier à notre 17 mars Entrée 5 – Étudiants 3 Déjeuner salle des Gardes : 34 9 (Étudiants : 24 9) entrée comprise ami belge toujours fidèle Gérald Le colonel Rémy apôtre Wailliez, et nos vœux pour le nou- de la réconciliation nationale * S’inscrire auprès de Danièle WILKIN, 31 la Laouve, route du Val, veau-né. par Albert SEBBAN 83170 BRIGNOLES (chèque à l’ordre de D.WILKIN). G Thierry et Sophie BOUCLIER par- tagent avec Aymeric, Ombline, As- PIERRE MAGNARD trid et Apolline la joie d’annoncer la A.F. AQUITAINE INSTITUT D‘ACTION FRANÇAISE naissance de Colombe, Bordeaux Directeur Michel FROMENTOUX À L’I.A.F. le 30 janvier 2006. Vendredi 3 mars Nous adressons à notre ami 10, rue Croix-des-Petits-Champs, 75001 Paris. Tél : 01 40 39 92 14 I Le 15 février dernier, l’Institut fidèle Thierry Bouclier et à son à 19 h 30 d’Action Française accueillait Pierre [email protected] épouse toutes nos félicitations avec restaurant Le Xaintrailles, Magnard, professeur émérite à la nos vœux pour Colombe. 114 boulevard Leclerc Mercredi 15 mars 2006 Sorbonne, spécialiste de la philo- 33000 Bordeaux : sophie de la Renaissance. Un re- Conférence de POLITESSE tour aux sources, puisque Pierre DÉCÈS Magnard milita au sein des étudiants Jean ROUX : G d’AF entre 1950 et 1956. Il fut éga- Nous avons appris avec peine le ET MŒURS ACTUELLES décès de Mme Lucienne Anne BRADERIE lement le professeur de philosophie DÉPÉE, qui avait créé en 1945 à de S.A.R. le prince Sixte-Henri de DU PATRIMOINE par Ghislain de DIESBACH Boismorand (Loiret) sur la “Route Bourbon Parme qui avait tenu à être historien bleue” l’Auberge des Templiers et lui PUBLIC présent et à rendre hommage à son avait donné un grand renom. Elle ET FAILLITE à 20 h 30 précises ancien maître. était dans sa centième année. Son Le professeur Magnard nous a fils Philippe lui avait succédé en 1976. DE L’ÉTAT Brasserie Le François-Coppée, premier étage livré ses réflexions sur les concepts Ses obsèques ont eu lieu le 14 fé- 1, boulevard du Montparnasse, 75006 Paris (métro Duroc) de transmission, de tradition et de vrier. Le conférencier dédicacera Participation aux frais : 5 euros. Étudiants et chômeurs : 2 euros son livre La grande braderie patrimoine. Il a opposé la noble fi- De nombreux repas d’Action du patrimoine public français gure du “ménager”, remarquable française s’étaient tenus à l’Auberge des Templiers où nos amis appré- (éd F.X. de Guibert). agent de stabilité sociale et de per- pétuation des traditions – qui suc- ciaient toujours la qualité de l’accueil, * S’inscrire auprès de Vincent du cadre... et de la chère. céda elle-même au XVe siècle à celle Gaillère, 228, rue Lecocq, Nous prions sa famille d’agréer du chevalier – à celle du “bour- 33000 Bordeaux. l’expression de nos vives condo- Tél : 05 57 83 00 29. geois”, qui triomphe depuis 1789 et léances et de nos prières pour le re- Prix du repas : 23 euros; fut le propagateur de l’idéologie du pos de son âme. Étudiants : 18 euros. Progrès. Il a également souligné quels profits l’on pouvait tirer de la pensée italienne de la Renaissance CONFÉRENCES dans ce domaine. SAINT-ÉTIENNE De gauche à droite : Pierre Magnard, Michel Fromentoux, G Les deux prochains rendez-vous S.A.R. le prince Sixte-Henri de Bourbon Parme Pierre LAFARGE de l’ASSOCIATION UNITÉ CAPÉ- Charles Maurras TIENNE seront : Un guide – lundi 6 mars 2006 à 18 h 45 pour notre temps à la Résidence Maxim’s à Paris, 42 Sortir de l’impasse avenue Gabriel, Paris 8e : Philippe Le premier cercle TOURAULT, professeur d’histoire à de formation de la section I C’est à nouveau dans une salle comble que ractérisée par « l’hostilité à toute qualité », elle l’Université d’Angers, parlera d’Anne du Forez se tiendra s’est tenue le 25 février la réunion publique des divise le corps social et place la société dans l’in- de Bretagne, reine de France. le 15 mars 2006 étudiants d’Action française. Rassemblés autour capacité de s’organiser. Il est temps d’entrer en – lundi 13 mars 2006 à 18 h 45 (même adresse) : À l’occasion du sous la direction de Stéphane de Thibaud Pierre, secrétaire général de l’AFE, dissidence ! Blanchonnet, vice-président de cinquantième anniversaire de l’indé- les orateurs ont dénoncé l’impasse que constitue Ironisant sur « Ségolène Royal la mal nom- l'Action francaise. pendance de la Tunisie obtenue sous la démocratie, et proposé une alternative pour en mée » et son projet de « révolution sans risque », le règne de son arrière-grand-père, Rendez-vous à 18 h 30 sortir. Jean-Philippe Chauvun en appelle à un chan- er au Café du Vieux Saint-Étienne, Sa Majesté Lamine I , S.A.R. le Pierre Lafarge s’est livré à l’autopsie du mythe gement s’inscrivant dans la durée, sans fracture, 2 rue du Théâtre. PRINCE FAYÇAL BEY DE de “l’homme providen- pour construire et non TUNISIE parlera de La Tunisie, car- tiel”. A l’approche de la pour détruire. La Ré- refour des civilisations. prochaine élection pré- publique est minée par G Le mercredi 8 mars, dans le cadre sidentielle, celui-ci nour- les préoccupations des conférences de Nouvelles de rit encore bien des illu- électorales : « Ils ne Chrétienté, que dirige l’abbé Alain sions... Pourtant, le pensent qu’à ça, en se LORANS, René MARCHAND et C.R.A.F. débattront Cassociation.R. Adéclar.éeF. choix que nous avons rasant, en s’épilant... l’abbé Patrice LAROCHE à faire n’est pas entre » La monarchie per- sur le thème : Au delà des carica- 1 0, rue Cro ix-des -Pet it s-Cha mps, un politicien ou un mettrait d’arracher la tures, l’Occident face à l’islam. 75001 Pa ri s TÉL : 01-40-13-14-10 – FAX : 01-40-13-14-11 autre, mais « entre un magistrature suprême À 20 heures, Palais de la Mu- Dans la ligne du mouvement fondé tualité, 24, rue Saint-Victor, Paris Ve. par Pierre JUHEL pouvoir légitime et le à cette compétition per- Entrée 5 euros, étudiants DIRECTOIRE chaos ». manente, libérant les 3 euros. PRÉSIDENT : Pierre PUJO Pierre Hillard a énergies et renouant VICE-PRÉSIDENT : Stéphane BLANCHONNET quant à lui souligné avec l’ambition fran- CHARGÉS DE MISSION l’obstination des euro- çaise. FORMATION : Pierre LAFARGE Pierre Hillard pendant son intervention PETITE ANNONCE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DES ÉTUDIANTS : péistes, qui préparent Il incombe aux roya- Thibaud PIERRE G ADMINISTRATION : l’entrée en vigueur d’une constitution européenne listes de convaincre leurs compatriotes de la né- Ami d’A.F. loue ouest Paris, à Mlle de BENQUE d’AGUT dès 2009. Et ce, au mépris des “non” français et cessité d’un changement institutionnel. La tâche 10 min gare Saint-Lazare, appt néérlandais.... Dans ces conditions, qu’est-ce donc est ardue, mais la réussite de l’événement té- 4 pièces 1er étage calme et enso- COTISATION ANNUELLE : que la démocratie ? moigne de la vigueur de notre mouvement : la jeu- leillé. Proximité écoles et lycée. ' MEMBRES ACTIFS (32 ), Sébastien de Kererro remarque qu’on ne sait nesse d’AF est toujours prête à se mobiliser. L’ave- 1 box en option. ÉTUDIANTS, LYCÉENS, CHÔMEURS (16 '), la définir que de façon « vaporeuse ». On ne lui nir nous appartient ! Tel : 06 60 62 50 46 BIENFAITEURS (150 ') connaît d’ailleurs plus d’antonyme aujourd’hui. Ca- G.D.

L’Action Française 2000 n° 2696 – du 2 au 15 mars 2006 15 HISTOIRE TÉLEX

Bruxelles et les OPA Le faux lynchage de Léon Blum

La Commission européenne a ichel Winock, professeur L’article de Mi- par sager bientôt entrer grâce à l’intervention condamné les projets de la France émérite à l’Institut chel Winock est Pierre PUJO couvert de d’ouvriers du bâtiment qui ont et du Luxembourg visant au ren- Md’études politiques de Pa- intitulé Le lyn- sang ». Winock observé la scène depuis le forcement des arsenaux anti-OPA, ris, est, certes, très éloigné des chage de Léon Blum et donne une poursuit : « Grâce aux Monnet toit ». Des ouvriers du bâtiment afin de contrer l'offre de Mittal Steel idées de l’Action française. Du version largement fantaisiste de [qui se trouvent avec Léon Blum venant au secours du chef du sur Arcelor. Lors d'une conférence moins passait-il pour un historien l’incident qui se produisit boule- dans la voiture], à deux agents Parti socialiste, cela fait bien de presse, Charlie McCreevy, le sérieux. On ne peut plus le dire vard Saint-Germain le 13 février de police accourus, et à un at- pour la légende. On les voit mal commissaire en charge du Marché après l’article qu’il a commis dans 1936, lors des obsèques de taché parlementaire qui sort du cependant apercevant de l’agi- intérieur s'est dit opposé à ces me- la revue L’Histoire de février 2006. Jacques Bainville. Une voiture en- ministère [de la Guerre] Léon tation dans la rue et descendant sures qui, selon lui, « représen- Passons sur la description qu’il du toit pour venir au secours tent une régression ». L'Europe fait de l’Action française d’avant d’un homme entouré par la foule renoncera-t-elle un jour à son li- la guerre, tout juste propre à ma- qu’ils ne pouvaient guère re- béralisme dogmatique ? nier l’invective et l’injure et à en- connaître d’en haut... tretenir l’agitation dans la rue. La vérité est très différente. « Maurras s’est fait une spéci- Elle a été rappelée dans As- Brevets ficité d’appeler au meurtre », pects de la France le 20 avril francophobes écrit-il. En fait, en septembre 1935, 1978 qui a publié une lettre de le maître de l’Action française a Pierre Juhel au directeur de Le projet de loi sur la recherche menacé de faire abattre les cent France Soir qui avait donné une est débattu à l’Assemblée natio- quarante parlementaires qui ont version romancée de l’incident, nale depuis le 28 février. A cette voté pour l’application des sanc- sous la signature de Jean La- occasion, les députés pourraient tions décidées par la Société des couture. L’ancien chef des Ca- ratifier le Protocole de Londres, se- nations à l’encontre de l’Italie fas- melots du Roi avait été témoin lon lequel les brevets délivrés par ciste pour avoir envahi l’Éthiopie. de l’incident et avait protégé l’Office Européen des Brevets, ré- Maurras a adopté cette position Léon Blum en le mettant à l’abri digés en anglais, allemand ou fran- non par sympathie pour Musso- dans un immeuble voisin. Nous çais, seraient applicables partout lini mais parce que les parle- Les obsèques de Jacques Bainville reproduisons cette lettre sur un sans traduction. Le Parlement re- mentaires visés risquaient, si leur Michel Winock n’a pas dit la vérité. événement qui eut alors un noncera-t-il à promouvoir “l’inno- vote était suivi, de jeter l’Italie dans treprend de traverser la foule. Léon Blum peut être enlevé aux lyn- grand retentissement et d’im- vation en français” ? C’est la crainte les bras de Hitler, ce qui hélas Blum qui s’y trouve à l’arrière est cheurs et emmené à travers une portantes conséquences. Qui a affichée par le député Jacques survint, et de conduire à la guerre. reconnu. La voiture est immobili- cohue vociférante à la porte de connu Pierre Juhel ne peut Myard, qui entend « combattre cet Winock ne donne qu’une version sée, le chef socialiste invectivé, l’immeuble situé au n° 100 de mettre en doute son honnêteté accord contraire à nos intérêts tronquée de l’affaire de sorte que, « un des agresseurs réussit à la rue de l’Université. En vain, foncière. Son témoignage est économiques et politiques ». sous sa plume, Maurras apparaît arracher un morceau de pare- les concierges n’ouvrent pas. capital. Il est un document pour comme un maniaque de la vio- choc avec lequel il brise la glace C’est dans l’immeuble voisin au l’Histoire. I PACS lence. arrière et frappe à la tête le pas- 98 que le petit groupe finit par

Après avoir mollement com- battu le PACS en 1999, la “droite” se vante aujourd’hui de le conso- Le témoignage de Pierre Juhel lider. Les députés ont adopté en première lecture un projet de loi À Monsieur le Directeur point extrême du plaie, laquelle ne une demi-douzaine environ. Ils ne sur les successions comportant de France-Soir, rassemblement. devait guère avoir sont d’aucune manière interve- plusieurs amendements en ce le 19 novembre 1977 De loin je vis un plus de trois milli- nus. sens. Les signataires d’un PACS groupe s’abriter sur mètres. Vous avez illustré votre page 2, verraient notamment leurs droits Monsieur le Directeur, la chaussée. J’y Je rassurai Léo consacrée au texte de M. Lacou- renforcés en cas de décès, et ils courus et vis Léon Blum, lui dis qu’il ture, en reproduisant une photo- ne seraient plus considérés comme J’ai pris connaissance, dans Blum entouré était à l’abri, que la graphie de l’époque, représentant des célibataires. votre numéro daté du 16 no- d’une vingtaine de police n’allait pas Léon Blum la tête enveloppée de vembre, d’un extrait de l’ouvrage personnes qui l’in- tarder à venir et pansements. Je me souviens que M Jean Lacouture vient de vectivaient. Pour s’occuperait de lui. d’avoir vu alors cette photogra- Abrogation consacrer à Léon Blum. arriver jusqu’à lui, M’étant enquis de phie. Elle m’avait étonné et peiné. Le texte que vous avez re- je dus les écarter savoir s’il avait été Une légère estafilade à l’oreille ne Le ministre de l’Éducation na- produit concerne principalement sans douceur. contusionné, il me justifiait pas une telle débauche tionale a signé le 15 février un dé- l’incident qui se produisit boule- Je pris le chef répondit par signe de bandes Velpau. Adversaire de cret abrogeant l’alinéa de la loi du vard Saint-Germain, le 13 février socialiste par le que non. Le choc Léon Blum, je condamnais sa po- 23 février 2005 visant à enseigner 1936, lorsque la voiture où avait bras pour lui don- nerveux passé, il litique. Je n’avais aucune raison Pierre Juhel le « le rôle positif de la présence pris place Léon Blum fut arrêtée ner confiance. Il ne recouvrait que de mépriser l’homme. J’ai regretté française outre-mer ». Par cette par la foule rassemblée à l’occa- n’avait pas besoin d’aide pour lentement l’usage de la parole. pour lui qu’il se soit prêté à la co- reculade, le gouvernement conclut sion des obsèques de Jacques marcher, n’ayant pas été frappé, Monsieur Lacouture n’a pas médie de la photo-bidon. piteusement douze mois de polé- Bainville. La relation que M. Jean mais semblait prêt à défaillir sous assisté à l’incident, peut-être était- Je pourrais aussi évoquer les miques. Lacouture donne de cette affaire le coup de l’émotion. Je le condui- il très jeune alors... Pour sa rela- étrangetés relevées dans l’action n’est nullement conforme à la vé- sis en direction de l’immeuble sis tion, il s’est référé à des docu- judiciaire qui suivit et serais, éven- rité. 100, rue de l’Université. Alors que ments d’époque et, principalement tuellement, à même de donner Fier Je m’y trouvais, moi, et tiens nous allions entrer sous la voûte, semble-t-il à des articles de la quelques précisions. d’être français à dire ce qui s’est réellement le concierge sans doute redou- presse socialo-communiste de fé- Pourquoi une affaire qui eut, passé. tant des “histoires” referma la vrier 1936 qui, à quelques mois sur le moment, un immense re- Dans un essai publié chez Je dirigeais alors les groupes lourde porte. Blum s’appuyant tou- des élections, grossit démesuré- tentissement, fut-elle si rapide- Fayard, Max Gallo proclame qu’il de Camelots du Roi de la région jours sur mon bras, nous allâmes ment l’affaire à des fins d’exploi- ment étouffée ? est Fier d’être français. Fustigeant parisienne. À ce titre, j’avais la jusqu’à l’immeuble suivant, au nu- tation politique. Je suis persuadé, Monsieur, l’autoflagellation nationale, il pro- charge de la formation et de la méro 98. Là encore, le concierge Je ne saurais mettre en cause que votre souci d’objectivité vous clame son attachement à son mise en route du cortège consti- voulut refermer la porte, mais la bonne foi de M. Lacouture. Je fera porter à la connaissance de « pays chrétien » et réhabilite tué par la foule des Parisiens ve- j’avais pris la précaution de la blo- dois toutefois relever les contre- vos lecteurs les rectifications et notre histoire, dont trop de pages nus suivre le char funèbre. quer avec mon pied. Nous en- vérités de son récit : précisions ci-dessus que, depuis sont noirciés par des élites Les points de rassemblement, trâmes et je demandai au 1) Il n’y avait sur place aucun la mort de Léon Blum, je suis le « convaincues que la France doit publiés par le journal L’Action concierge un siège. Il alla cher- agent de police. seul à pouvoir donner. Je crois se repentir d’avoir été ce qu’elle Française, était échelonnés sur cher dans sa loge le plus beau de 2) Personne n’a eu à “relever qu’il est important de rétablir la a été ». Dénonçant la constitution les deux trottoirs du boulevard ses fauteuils. le blessé sur la chaussée”. Il est vérité historique sur un événe- de mémoires particulières et Saint-Germain, depuis la Chambre Léon Blum avait à l’oreille une demeuré debout pendant toute la ment qui, dans la fièvre pré-élec- « l’émiettement » de la nation « en des Députés jusqu’à la rue de Bel- petite estafilade provoquée par un durée de la scène. torale de 1936, eut de notables communautés rivales », il signe lechasse, d’où devait partir le éclat de la vitre arrière de sa voi- 3) Le “blessé” n’a reçu ni conséquences. un manifeste dans lequel tous les convoi. ture, brisée, je l’ai su ensuite, d’un coups de pieds, ni coups de Veuillez agréer, Monsieur le patriotes pourront se reconnaître, J’étais à la hauteur de la rue coup de canne. Quelques petits poings. Directeur, l’assurance de mes très malgré un regrettable contresens de Bellechasse lorsque j’entendis éclats de verre étaient encore vi- 4) Il y avait effectivement, à distingués sentiments. sur Maurras. une clameur venant de l’extrémité sibles sur le col de son vêtement. proximité, assistant à la scène un G.D. du boulevard Saint-Germain, au Un petit filet de sang coulait de la groupe d’ouvriers du bâtiment, Pierre JUHEL

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