Le magazine, de r.mitie peuples

lE PEN! OMMAIRE

DIFFERENCES, Janvier, Bonne Année! ÇA SE LIT, ÇA SE RELIE! ACTUEL 8 POINT CHAUD Juifs d'URSS: une rencontre sans précédent. Pour la première fois dans l'histoire, et à l'initiative de Différences, des personnalités soviétiques et françaises se sont rencontrées pour Vaus n'en pouvez plus : depuis près parler des problèmes auxquels sont confrontés les juifs en URSS. de cinq ans que vous collectionnez Ni monologue ni langue de bois, du dialogue. Différences, il yen a partout, sur toutes les RENCONTRE ___ 20 Morte par hasard en Lorraine. JEAN étagères, dans des tiroirs, aux quatre coins de ROCC/A votre appartement. Et puis, bien sûr, quand », vous avez besoin d'un article, d'un Jœuf : petite ville de Moselle où il arrive qu'on tue les femmes renseignement, d'une référence, ils se dans les commissariats, puis qu'on dise que c'est un accident. trouvent toujours dans le numéro que vous n'arrivez pas à retrouver. Elle n'est pas facile, la vie du collectionneur! DOSSIER Rassurez-vous, ces temps-là sont terminés. Désormais, vous pourrez archiver vos 26 Les bons apôtres de la grande trouille. DUPOND­ DURAND, CLA/RE RODIER Différences dans de somptueuses reliures, et Tout, vous saurez tout sur la nouvelle et l'extrême droite leurs les classer par année. relais, leurs journaux, leurs hommes. Avec, en prime, u~ petit N'HESITEZ PAS, offrez-vous manuel du gagneur de procès contre Le Pen. un demi-mètre de Différences, PARFUMS classés dans leurs reliures, à l'abri des gribouillages du petit dernier...... ,. CULTURES ia.:170F. 36 TENDANCES La casse de l'oncle Tom. DANIEL CHAPUT lM.àl'ltranger : 200 F. . Du bon nègre des premiers temps de Hollywood aux pubs black et JE COMMANDE ... RELIURES 61tW1$: 100 F. branchées d'aujourd'hui, en passant par le cinéma noir américain DE DIFFERENCES, EttldÙllil$et cildmeurs, 1 an : 140 17. actuel, il y a du rififi dans les poncifs. Heureusement qu'il nous 611Wis: 80 F reste l'oncle Ben's. au prix de : 'i.fo;ndre UIU photocopie des eartes d'étudi41it 79 F l'une, port inclus ou depoÙllGge). .. 38 L'ÉVÉNEMENT On s'écrit, on se fait une paix? CHER/FA 138 F les deux Soutie,. ·· 20017. L'un est juif, l'autre arabe. L'un est psychanalyste, l'autre 177 F les trois A./J(Jntléme1t# d'1u!1Utétlt' ~ 1 .00fJ F. écrivain. Depuis des années, J. Hassoun et A. Khatibi s'écrivent. Algérie: 14 diMrs.Belj:ique: 140 FB. Pour faire quoi ? Le même livre ... SOIT UN CHEQUE DE F. Canada : 3 dolhus. Maroc: 10 dirhmns. l'I/(IIJt;ITÉ AU JtIUIIIIAI. . Pb,rtfOj~omIJJo~#Ü)'n - pho~vtl,.ê .....• DÉCOUVERTES impression: Pep, 17, plact 'dé. villiers, RÉFLEXION ___ 93100 Montreuil. Tél. : 42.87.31.00 42 L'arrivée du jour de gloire. JEAN-LOU/S A renvoyer à Différences, service Des gens simples et dévoués sauront vous aider et C"mnaission paritaire n' 63634 SAGOT-DUVAUROUX vous ~ guider vers vos aspirations. lSSN 0247-9095. abonnements, 89, rue Oberkampf, 75011 ~uit~ d~ notre ré?exi~n s~r les apports de la République à DépM légal : 1986-1 1 antIraCISme. Le repubhcamsme nouveau est arrivé. Paris, tél.: (1) 48.06.88.33. S'il vous Urédaction ne peut être tenue pour r~ble.. manque des anciens numéros, téléphonez­ des textes, documents et pbotosconfiés. 44 HISTOIRE M. L. K. canonisé. ROBERT PAC nous, vous saurez ceux qui sont encore . ONT PARTICIPE A CE NIIMERO : YORO N'O/AYE, DOLORES ALOIA, ROBERT PAC . II y a deux façons d'honorer Martin Luther King: lui offrir un fête disponibles. YVES THORAVAl, AlAIN RAUCHVARGER, JULIEN ' nationale, ou continuer la lutte. Les deux existent aux Etats-Unis. L'Agence de voyages « Détente et Culture»- BOAl, STEPHANE JAKIN, MAHAMOUO AHMED, 60, rue Oberkampf - 75011 Paris - Tél. : PIERRE VALLEE, JEAN ROceIA, JOEllE TAVANO, MARGUERITE ROLlINUE, JEAN-lOUIS SA­ Reliure en bàlacron gris, Différences, imprimé 357.00.55 - est prête à vous accueillir de 9 h GOT-OUVAUROUX; CHRISTIANE nANCIE, ODILE jaune sur la couverture et au dos, emplacement au 30 à 19 h 30 (sans interruption) (C. lic. nU AMBRY,CHERIFA, CHANTAL LANGEARO. VOUS dos pour numérotation des reliures, format total GRAND JEU CONCOURS ___ 220 mm x 290 mm x 40 mm. 12 numéros par AI839). PllfJTO COIJVERTURE: 51 reliure. Différences a cinq ans. Pour fêter ça, on vous offre un voyage à deu~ à New York, un micro-ordinateur, des disques, des livres, des Jouets. Poussez pas, il y en aura pour tout le monde ... Différences - n° 52 - Janvier 1986 • D/TOR/AL

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Vous pourrez dire que vous avez été gâtés pour cette fin d'année. Il On n'a pas lésiné sur les friandises. En entrée, un scoop mondial. A notre connaissance, c'est la première fois au monde qu'on arrive à faire asseoir à la même table des Nous voulons faciliter votre vie représentants soviétiques et des personnalités occidentales, pour débattre de la situation des juifs en URSS. Pas pour se convaincre, ni en facilitant vos déplacements. pour se décerner des brevets. Simplement pour mettre au contact des thèses pami les plus tranchées du débat idéologique planétaire de cette Toujours tous les jours. fin de siècle. C'est fait. Vous disposez maintenant d'un document unique, qui permet enfin de se faire une opinion en toute connaissance de cause. Plat de résistance, si on peut dire, en ces mois électoraux : un dossier sur l'extrême-droite et ses petits camarades de jeux. C'est bien utile de ~ Pour mieux vivre Paris et l'Ile·de·France. savoir qui est qui au moment où beaucoup s'apprêtent à faire de l'immigration le menu des prochaines législatives. Vous aurez au Centre d'Information Téléphonique (CIT): 346014.14. moins la liste des ingrédients. Huit pages de plus, sans supplé­ ment de prix et services compris, au milieu de toutes les rubriques habituelles. Nous avons pensé qu'au dessert, un petit voyage à New York équipements 8as·c® IMPRIMERIE faciliterait la digestion. C'est espaces gares notre grand jeu-concours d'abon­ 1 WEIL nement. Faites connaître Diffé­ gamme 117, rue des Pyrénées rences, et Différences vous fera 75020 PARIS connaître la grosse pomme. Bon gueuleton donc, et pour le bicar­ Valoriser bonate de soude, téléphonez­ nous. D l'image de marque de la SNCF. LES TISSVS Mieux accueillir sa clientèle. 47071760

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Tel. 256 16·85 _15 · 7] Il Différences~~---- - n°~~~~~~---- 52 - Janvier 1986 ------~------~------' NBREF Il a plu sur l'Ethiopie grande inquiétude de l'é­ quipe médicale, c'est un palu­ disme très sévère qui fait des ravages parmi les enfants. Le chiffre le plus éloquent du bilan provisoire de la mis­ LE PAYS OU sion, c'est l'évolution du taux de mortalité : il est passé de 50 morts par mois pour 1 000 habitants à 3 pour 1 000. Rappelons, à titre de compa­ L'HERBE POUSSE raison, que le taux de morta­ lité en France est de 8 pour 1 000 par an. C'est dire tout Les petites tentes rondes sont toujours là, ce qui a été fait et tout ce qui reste à faire. la chaleur toujours aussi suffocante, S'il y a du monde autour du mais les enfants jouent dans la rivière. dispensaire, ce n'est rien à Sur les rives de l'Awash, où s'est installé côté de l'effervescence qui règne autour des deux autres SOS-Enfants sans frontières, bâtiments: les centres de re­ la vie a repris ses droits. nutrition et la cuisine atte­ nante. Dans le plus grand des deux centres, l'équipe de ais, l'Ethiopie question à l'ordre du jour à queline Bonheur, la preSi­ SOS/ESF nourrit les enfants est verte!» Addis-Abeba, c'est les pro­ dente de l'association, de re­ de moins de 80 % de leur Telle est la jets de développement. tour d'une mission sur le poids normal pour leur taille «M et, dans l'autre, les enfants première réflexion qui vient à La meilleure illustration de terrain, «c'est quasiment le l'esprit lorsqu'on survole le tout cela reste, sans nul doute jour et la nuit ». les plus dénutris, à moins de pays pour la troisième fois en le formidable travail ac­ On savait que les populations 70 % de leur poids normal. un an. En effet, la couleur compli par les équipes de nomades, les Afars, étaient Sur de grands plateaux de dominante au début de cette SOS Enfants sans frontières un peu les laissés-pour­ bois, le personnel éthiopien, année était incontestable­ depuis leur installation en compte de la famine. Comme embauché sur place par l'as­ ment le marron rougeâtre, à février de cette année. ils refusent à toute force de se sociation, distribue de grands perte de vue. Couleur du sol, Comme le constate Jac- sédentariser, il était très dif- bols de riz, du lait enrichi, mais aussi couleur des vête­ des biscuits vitaminés donnés par l'UNICEF. Les enfants ments des paysans: une Sur de grands plateaux de bois, simple étoffe enroulée autour prennent deux à quatre repas du corps, blanche à l'origine, des bols de riz, du lait enrichi, par jour selon la gravité de mais qui prenait très vite la des biscuits vitaminés leur état, et sont accom­ couleur de la terre tant la pagnés par leur mère qui poussière uniformisait toutes ficile de leur faire parvenir triste revers de la médaille - reçoit également une ration choses. En six mois, les vête- une aide. Poussés par la faim, plus de vingt personnes sont de nourriture. Des bracelets ments n'ont pas changé, mais plusieurs milliers d'entre eux mortes noyées. Les petits en plastique de couleur indi­ la terre, elle, a reçu les pluies avaient établi leur campe- ruisseaux alentour débor­ quent la situation nutrition- Gi bienfaisantes et l'herbe a re- ment sur les rives de la rivière dent, les enfants s'éclabous­ nelle de l'enfant et facilitent ~ couvert le pays en quelques Awash et SOS Enfants sans sent joyeusement dans les grandement le travail. Par'" ~.-.-.;,;;;./,...~~ jours. frontières avait choisi de tra- mares. Autour du puits, c'est aill~urs,ces enfants sont ré- rivière et s'occuper des popu- s'amoncellent sur les bureaux Pourtant, la réalité n'est pas vailler avec eux. l'affluence colorée des guhèrement pesés et me- lations qui vivent là. Les des responsables. Il faudra partout la même et, d'une Comment décrire en quel- femmes remplissant leurs surés ; on les retire du centre échanges pourront se faire sans doute quelques mois région à l'autre, d'une asso- ques mots le changement seaux et discutant des affaires de renutrition lorsqu'ils ont beaucoup plus aisément avant qu'une politique ciation humanitaire à l'autre, phénoménal que perçoit le du village. Retour des ha­ ret~ouvé leur poids normal. entre villages. Ensuite, il faut globale ne soit décidée et le discours et la situation visiteur fraîchement arrivé à bitudes nomades ancestrales. Mamtenant, c'est l'avenir qui améliorer la situation sani- appliquée. diffèrent. Une affirmation en Gewané? Les petites tentes Au milieu du village s'est préoccupe Jacqueline Bon- taire. Le but de l'association Pendant ce temps, à Gewané, commun, toutefois, et de rondes sont toujours là, la construit un dispensaire de­ heur et toute son équipe. Il est de construire un dispen- les enfants jouent au soleil, première importance: par- chaleur est toujours aussi suf- va nt lequel la file d'attente est évident que la situation saire en dur et d'y laisser les bergers reprennent le tout où les ONG (Organisa- focante et les enfants tou- s'allonge dans les premiers d'urgen~e est sur le point de dans un premier temps, u~ chemin des pâturages avec tions non gouvernementales) jours aussi accueillants. C'est rayons du soleil. Jean-Louis, se termmer. Il a fallu inter- médecin et une infirmière leurs troupeaux. Plus de sont installées depuis plu- la vue de la rivière qui sur- Emmanuelle et Isabelle, le venir vite, nourrir et soigner. pour former des auxiliaires charniers pour brûler les ca­ sieurs mois, cela va mieux et prend le plus. Au mois de médecin et les deux infir­ Cel~ a é,té ~ait; et bien fait. de santé qui prennent en davres d'animaux morts de Les crues ont renversé l'on songe à fermer les janvier, il fallait descendre le mières, arrivent pour com­ AUJourd hUi, c est en termes charge les populations par la faim, plus de bébés squeletti­ le bac et tué « vieux» camps. Et si l'on long de la berge sur deux ou mencer la consultation. de développement que le suite. Tous ces projets sont ques et de mères au regard vingt personnes découvre une nouvelle trois mètres pour atteindre le Moins de monde qu'aupara­ problème se pose. rédigés; ils n'attendent que vide et questionnant. Plus de poche, c'est-à-dire une région bac et traverser. Aujour- vant, une pathologie dite Tout ?'abord, il faut l'accord du gouvernement vieillards assis par terre à non assistée où les popula- d'hui, l'eau est montée jus- classique pour le tiers monde constrUire une pass~relle éthiopien pour se mettre en attendre la mort, mais des tions sont très démunies, les qu'en haut et les crues ont été et des médicaments en pour remplacer le bac vétuste place. Lequel gouvernement anciens assis sous l'arbre à interventions sont rapides, telles que le bac rudimentaire nombre suffisant pour et dangereux. Ainsi, les hésite encore sur la marche à palabres pour gérer les af- équipes pourront accéder fa- suivre vis-à-vis de ces cen- faires de la communauté. 0 SOSIESF, 56, rue de Tocqueville ..• L-, ______rodées et efficaces. En fait, la s'est renversé deux fois et - soigner~ __ tout------le monde.__~~ La cilement à l'a t '1' dIt· d 75017 Paris. Tél. : 43.80.80.80. 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• r------Juifs qi'URSS TABLE RONDE

Différences: Les citoyens juifs limités de façon variable. C'est vrai que la majorité des encore abouti. Les chiffres que vous donnez quand au d'Union soviétique se sont vu nationalités sont liées à un territoire ou une langue, mais on succès des juifs dans les divers secteurs de la vie soviétique attribuer lors de ln Révolution de trouvera des juifs à tel ou tel poste de responsabilité dans sont sans doute justes. Mais comment expliquez-vous que 1917, ln nationalité juive. Ce toutes les régions. 272 000 citoyens juifs aient quitté le pays, et que des concept de nationalité est dou­ S'il y a cinq ou dix fois plus de juifs à Moscou qu'à dizaines de milliers de demandes de visa soient en De gaUChe à droite: Samouil Zivs, professeur blement inlUlbituel : par rapport Birobidjan, c'est qu'ils l'ont choisi ainsi, au nom de la instance? à ln conception française de liberté de circulation. Samouil Zivs : Sur les quotas pour les étudiants, je veux de droit à Moscou, le grand rabbin Adolphe nationalité, et par rapport aussi La nationalité juive apparaît sur les papiers d'identité, vous raconter une anecdote. Le 7 novembre 1983, le Chayevitch, Aviva Koutchinsky, présidente du ES aux autres nationalités soviéti­ comme le passeport, qui correspond à votre carte d'iden­ Monde a publié un article où il disait que dans telle Comité de soutien aux juifS d'URSS et Pierre ques, fondées sur l'apparte­ tité. Mais elle apparaît comme toutes les autres nationa­ université, il n'y avait pas de juifs. Il y avait deux moyens JUIFS nance à un territoire et une lités, et cela ne créé de problème à personne. Les juifs sont de répondre. Ou bien écrire au directeur du Monde et de Krausz, responsable de la Commission antisé­ lnngue. Le Birobidjan comptant représentés dans tous les secteurs de la vie sociale, dire que c'était faux. Ou bien se rendre à l'université, mitisme du MRAP. trop peu de citoyens juifs pour économique et politique. Ils sont en tête de toutes les demander à rencontrer les -....,..,..,...-.",..,.== ...... ,...... ,-..,..,.,...,...... ,...." EN URSS constituer une référence, üfaudra nationalités pour le niveau d'études, et représentés aux étudiants juifs qui y sont s'interroger sur ln définition de postes de haut niveau dans la proportion de 10 à 30 fois inscrits et leur traduire l'ar­ ln nationalité juive et ses critères. Qui est juif? Que signifie plus que leur importance numérique dans la population. Il ticle. Ce que j'ai fait. Une pratiquement l'appartenance à cette nationalité? y a, par exemple, 4200 professeurs agrégés de nationalité quinzaine d'entre eux ont Une approche chiffrée nous semble aussi nécessaire: juive, pour 3600 en 1970. Le nombre d'étudiants dans les écrit au Monde, qui a d'ail­ combien y a-t-il de juifs en Union soviétique? Pourquoi leur universités augmente. leurs publié la lettre, mais en nombre semble-t-il marquer une continuelle diminution ? Aviva Koutchinsky : Je me dois, avant tout, de faire une omettant de porter les noms, Quelle est la répartition géographique de la populntion juive mise au point. Je suis présidente du Comité de solidarité à consonance juive, des si­ en URSS ? Peut-on parler de communauté, de groupe ou de avec les juifs d'Union soviétique. Notre tradition recom­ gnataires. Pas d'étudiants population ? mande de tout tenter pour survivre, d'aller jusqu'au juifs à Moscou et Léningrad Quelle approche socio-économique peut-on faire de la dialogue avec ceux qui, comme vous, je pense, mettent en . en médecine? Je suis sûr que populntion juive (secteurs d'activité, composantes sociales, danger une communauté. Je suis très proche des refuzniks c'est faux, et qu'il y en a moyennes d'âge, etc.) ? et je suis venue dans le seul espoir de l'amorce d'un beaucoup. Il n'y a pas de Le fait que la nationalité juive apparaisse sur les papiers débouché. Pour reprendre ce que disait M. Samouil Zivs, quotas à l'université. Et si les d'identité ne peut-il favoriser l'antisémitisme d'ordre privé, je rappelle quelle expérience tragique a été la tentative étudiants se rassemblent sou­ par exemple, quand une personne antisémite en prend d'instauration d'un Etat juif au Birobidjan. Je signale aussi vent par nationalité pour pré­ connaissance? Cette distinction ne peut-elle, d'autre part, ce fait : il n'y a aucun étudiant juif dans les facultés de parer les examens, ça ne favoriser, officiellement ou non, la pratique de quotas ou de médecine à Moscou et à Léningrad. signifie pas qu'il y ait des discriminations dans des entreprises, des institutions ou des examens de niveau différent. universités, comme certains l'affirment? Le nombre global des étu­ Samouil Zivs : Ce premier dialogue ne va sans doute pas Aviva Koutchinsky : « Lev Ovichtcher diants augmente plus vite que aboutir à convaincre tout le monde. Mais les faits reflètent le nombre d'étudiants juifs, la réalité. C'est pourquoi nous tâcherons de vous donner le vit comme un paria c'est pourquoi la proportion plus de faits possibles, en mettant de côté les passions. parce qu'il a voulu émigrer. » de ces derniers a diminué ; Sur cette première série de questions, commençons par c'est une question de quelques chiffres: il y a 1 811 000 juifs en Union Pierre Krausz : Je releverai, quant à moi, deux points. nombre. Et s'il n'y avait pas soviétique, soit 0,69 % de la population totale. Quant à D'après les statistiques officielles soviétiques, qui sont un afflux permanent d'étu­ leur répartition géographique, chacun se souvient du passé. anciennes, et je m'en excuse, entre 1970 et 1974, le nombre diants juifs dans nos univer­ Avant la Révolution, les juifs devaient vivre dans des zones d'étudiants en URSS a augmenté de 3 %. Celui des sités, comment aurions-nous limitées, qu'ils ne pouvaient quitter sans se convertir, ou étudiants juifs à baissé de 18 % dans la même période. On tant d'éminents savants juifs. accéder à la guilde des marchands. En 1918, après a remarqué une baisse de 43 % des diplômés juifs. Ma Regardez ce journal (M. Zivs l'abolition de ces restrictions, ils se sont répartis sur tout le question est celle-ci: y a-t-il des quotas d'entrée et des tend la Pravda du territoire. Il y en a 500 000 à Moscou, 700 000 pour toute la examens sur mesure pour les étudiants juifs? D'autre part, 7 novembre 1985). A chaque république de Russie, 600 000 en Ukraine, le reste dans les en ce qui concerne les rapports des juifs avec le reste de la fête nationale, le journal pu­ autres républiques. Dans les mass media français, on population, outre les écrits des Korneev sur lesquels nous blie la liste des lauréats annonce 3000000 de juifs, je n'ai jamais compris reviendrons (en particulier cet article de 1981 où il affirme d'Etat de l'année. Ecoutez pourquoi. que la majeure partie des ventes d'armes dans le monde tous ces noms (M. Zivs La nationalité juive ? Elle est difficile à comprendre pour sont le fait des banquiers juifs), je cite un manuel d'histoire énumère les noms à conso­ qui est habitué au concept français de nationalité, qui contemporaine à destination d'adolescents, qui dit: « Les nance juive). correspond pour vous à la citoyenneté. La nationalité, en Juifs ne sont pas un peuple ancien, ils n'existaient pas Aviva Koutchinsky: Lev URSS, est le reflet du caractère particulier de notre pays, auparavant (. . .). Depuis, ils ne font qu'accaparer le pouvoir Ovichtcher a eu quinze elle sert à tenir compte des différences, chaque nationalité (.. .). Les juifs ne se sont pas battus pendant la guerre. » médailles soviétiques, et regroupe les citoyens d'une même ethnie, et elles sont plus Qu'en pensez-vous? maintenant, il vit comme un paria parce qu'il a voulu pas pareil. Quant à Korneev, il s'agit d'une erreur de de cent. Avant la Révolution, il n'y avait que deux sortes Roland Rappaport: Si je suis ici, c'est parce que j'ai émigrer. traduction. C'est impossible de publier ça en URSS. De .... de sujets du tsar, les « Russes orthodoxes» et les participé de très près à la tentative de défense de plus, Korneev a commis des erreurs terribles, que j'ai

.. L-~- « appartenant ______à une autre religion~ __ ~ ~~, dont __ ~~~les droits étaient ______Chtcharanski,~ avec ______le soutien du MRAP. Nous n'avons~ pas __ __ Samouil Zivs : Une médaille et être lauréat d'Etat, ce n'est dénoncées en 1981. Différences - n° 52 - Janvier 1986 .. Juifs cl'URSS

Différences : La Constitution soit pour des raisons religieuses. Je peux dire, en toute montrant que tout est pour le mieux dans le meilleur des soviétique garantit à la fois la responsabilité, que chaque personne qui veut pratiquer la mondes. J'aimerais que le rabbin nous dise s'il y a des Les juifs peuvent-ils vivre leur foi librement? 1iberlé de culte et la 1iberlé de foi juive en a la pleine possibilité. Je comprends votre difficultés, des retards, de son point de vue. propagande antireligieuse. méfiance, mon devoir n'est pas de vous convaincre Adolphe Chayevitch : Sur le Comité des religions auprès du Oui, répond le grand rabbin de Moscou, mais Dans ce cadre, il faut s'inte1TO­ immédiatement de mon point de vue. Peut-être qu'en Conseil des ministres de l'URSS, je soulignerai que cette le problème antisémite se pose comme ger sur la pratique religieuse des allant à Moscou on voit mieux les choses, on est plus instance permet, dans un pays où la religion est séparée de partout ailleurs. «Mais, je ne peux quand juifs en URSS. Est-eUe soute­ convaincu. l'Etat, d'avoir un interlocuteur pour les problèmes qui se ES nue, suit-eUe une courbe mon­ Un des buts de mon voyage était de rencontrer M. Sirat, le posent à nous sans avoir de contact direct avec l'Etat. C'est même pas sortir dans la rue et crier" liberté à tante ou desce1UÛlnte qui soit grand rabbin de France. Il a dû partir à cause de ses avec le Comité que nous réglons tous nos problèmes Chtcharanski !" » comparable à ceUe des autres obligations. Pour des raisons que vous connaissez, le grand matériels. Pour Marc PRATIQUES religions en URSS, ou à ceUes rabbin de Paris n'a pas voulu me recevoir. C'est regret­ Feldman, je ne connais pas d'autres pays industrialisés où table. Je les invite à Moscou. Je leur garantis un accueil ce fait, mais selon la loi en RELIGIEUSES l'on assiste à une désaffection bien meilleur que celui que j'ai reçu à Paris en tant que URSS, je peux vous dire des pratiques religieuses ? rabbin. Ici, vous pensez qu'on me contrôle, mais je fais ce qu'on peut prier hors de la Nous nous interrogeons sur les que je veux, je parle à qui je veux, notre synagogue est synagogue. Des réunions de facilités offertes auxjuifs pour vivre leur foi. Nous savons que ouverte à tous. prières dans des apparte­ trois universités enseignent l'hébreu. Mais l'enseignement Pierre Krausz : J'ai trois questions à ajouter: quel est le ments ont lieu là où il y a une ordinaire de l'hébreu et de ses rudiments, en particulier aux rôle exact de la section « judaïsme» du comité d'Etat des petite communauté. Mais ces enfants, est-il autorisé et encouragé dans les villes où vivent Cultures? Sur les lieux de culte : M. Marc Feldmann avait réunions doivent être décla­ les juifs? En quels lieux, dans quelles conditions peut-il se réuni chez lui en 1983 un groupe pour la prière du rées officiellement au Comité dérouler? Chabbat ; le KGB a débarqué et a signifié aux participants des affaires religieuses. Je La publication des ouvrages religieux en hébreu est-elle qu'on ne devait pratiquer le culte qu'à la synagogue; les suppose que la réunion de M. assurée ? Les synagogues sont-elles assez nombreuses ? Le participants se sont vu infliger quinze jours de prison. Feldman n'était pas dé­ fait qu'aucun séminaire ne soit à même de former les rabbins Troisième question, sur l'hébreu: je cite le livre blanc sur clarée. sur le territoire soviétique est-il compatible avec le maintien de les juifs d'URSS qui nous a été remis lors de notre Samouil Zivs : C'est la loi. l'activité religieuse? Peut-on trouver aisément de la nour­ rencontre récente avec M. Zamiatine: « L'étude de l'hé­ Roland Rappaport: Il faut riture cachère ? breu permet une préparation idéologique sur des bases changer la loi. Quelles sont les relations de l'importante communauté juive nationalistes, mais aussi une préparation originale à une Samouil Zivs: Peut-être, soviétique avec les communautés des autres pays ? possible adaptation en Israël» ; quand M. Begun a été peut-être. Le grand rabbin de France, M. Sirat, déclare n'avoir jamais arrêté, on a confisqué chez lui des documents sur l'histoire eu la possibilité de rencontrer les autorités religieuses juive; enfin, il n'y a pas de journaux en hébreu en URSS, Guerman Golovko: Cette soviétiques. Cela est-il souhaitable? même le journal du Parti communiste israélien n'est pas en autorisation préalable, c'est vente. Qu'en pensez-vous? pour éviter la prolifération des sectes, qui étaient tradi- Le grand rabbin Adolphe Chayevitch : Comme représen- tionnelles en Russie, et qui tant de la partie religieuse de notre délégation, je peux ont parfois des comporte- vous parler de la pratique religieuse des juifs en URSS. Je ments inhumains. suis né dans le Birobidjan. J'ai été formé à Moscou puis à Roland Rappaport : « Nous ne sommes pas Aviva Koutchinsky : Les pri- Budapest, où j'ai terminé le séminaire en 1980, depuis je prêt à accepter que l'on nous peigne sonniers de Sion n'ont pas travaille à Moscou. tout en couleurs vives» droit, en Union soviétique, à Les livres religieux sont imprimés à Moscou, comme la la nourriture cachère en Thora bilingue, en hébreu avec traduction en russe (il prison ; le livre de prières de montre plusieurs livres religieux). Chaque année, nous Yossif Begun lui a été confis- éditons un calendrier hébraïque. Nous fabriquons le pain Alexandre Adler: Pour ma première intervention, je feraI qué dans sa prison. Auto- azyme de Pâques dans la communauté. A Moscou, aussi une remarque préalable. Je viens ici avec un esprit risez-vous la communauté comme dans d'autres synagogues, travaillent des sacrifi- constructif. On peut polémiquer, mais si les Soviétiques juive de France à aider ces cateurs rituels pour la viande cachère. Il y a aussi dans ma veulent dialoguer, dialoguons. prisonniers à accomplir ce synagogue le bain rituel. Je ne saurai vous dire exacte- Je prendrai deux points de comparaison qui se situent en commandement? En tant ment combien de gens viennent, nous ne comptons pas, URSS et dans un autre pays de l'Est, pour garder les que rabbin, il me semble que mais par exemple avant les fêtes du Nouvel An, les 1100 proportions. En Hongrie, le grand rabbin est membre du vous devriez tout faire pour places de la synagogue sont toujours prises. Chaque jour, parlement. L'accès à l'enseignement religieux y est beau- qu'on leur rende leurs objets viennent à peu près 70 à 80 personnes à la synagogue, de coup plus large, et l'hébreu largement diffusé. Pourquoi de culte. Un rabbin ne doit-il 200 à 500 le samedi. Pour les grandes fêtes religieuses, pas en URSS? Deuxième exemple: les imams, des pas réagir quand un juif est synagogues et rues avoisinantes sont pleines, les jeunes autorités religieuses musulmanes, en URSS, peuvent faire calomnié? Nathim Virshuvski a emprunté un livre à la Un baptême. gens dansent, c'est très beau. le pèlerinage de La Mecque et des stages de formation. synagogue et a été condamné pour détournement de bien Je discute à la synagogue avec tous ceux qui viennent me Est-ce possible pour les autorités religieuses juives? Ces public et emprisonné. Qu'avez-vous fait? Et, par ailleurs, voir, je connais bien leurs problèmes. J'en connais qui mêmes dirigeants musulmans appartiennent au Soviet des combien célébrez-vous de mariages religieux ou de bar- vivaient chez nous et sont désormais en Israël et aux nationalités. Pourquoi pas la même chose pour les juifs? mitzva ? I!I Etats-Unis. Je ne veux pas parler de façon péremptoire. Roland Rappaport : Aucun de nous n'est prêt à accepter Adolphe Chayevitch : Concernant la question de M. Adler, iii L-P_a_rm__ i_t_o_u_s_c_e_u_x_q~u_i __ so_n_t~p_ar_t_is~,_a_u_c_u_n __ n_e~p~r_é_te_n_d __ q~u_e __ ce______~q~u_e __ l'_o_n __ n_o_u_s~p_e~ig~n_e __ t_o_u_t_e_n __ c_o_u_l_eu __ rs__ v_iv_e_s_,_e_n __ n_o_u_s ______J~·e~co~n-n-a-i-s-b-i~e~n~l~a-s~i-tu-a~t-io_n~e~n~H-o-n~g~r-ie-,-I-a--si-tu-a-t-io-n~y--es-t------______~ III Différences - n° 52 - Janvier 1986 r------Juifs Q'URSS,------. TABLE RONDE

favorable et c'est bien comme ça. Le grand rabbin est Différences : 20 % des juifs membre du parlement, il y a cela aussi en Israël ou aux soviétiques déclarent le yiddish R?land Rappa~ort .: A partir du moment où 20 % de juifs declarent le ylddhlsh comme langue maternelle il nous Etats-Unis. C'est parce qu'il y a des systèmes économiques comme langue maternelle. Ce politiques différents, des traditions différentes. Je ne pourcentage est largement su­ semble impo~si~le de n0ll:s .satisfaire du fait qU'il n'existe veu~ aucune aSSOCiatIOn non relIgieuse. C'est un problème qui se pas parler de ce qui se faisait avant mon arrivée. J'ai périeur à celui des autres pays pos~ ~ans le cadre de la revendication de leur identité par re~ueilliyhéritage et je m'attache à ce que chaque croyant européens. Comment la cul­ pUisse vivre selon la Thora, s'il le désire. ture juive se perpétue-t-elle ? les. JUifs. Quelle possibilité ont-ils d'apprendre, de pro­ Les musulmans qui vont à La Mecque, c'est bien. J'ai eu Nous savons que beaucoup de dUIre, de transmettre leur propre culture, dans l'autonomie et avec des moyens suffisants ? plusieurs fois la possibilité d'aller en Israël, si quelqu'un ES publications sont éditées au L'hébreu n'est bien sûr pas interdit, mais m'avait invité là-bas. Mais il n'y a pas de relations Birobidjan. Peut-on se les pro­ Alex~ndre ~~Ier : Un de vos auteurs disait en 1950 qu'il fallait, en IItterature, substituer à la dialectique du bien et peut-on l'enseigner? diplomatiques entre nos deux pays. ACTIVITES curer aisément ailleurs? Le C'est bien de dire ce qui va bien, mais il serait faux de dire Birobidjan est-il le centre du mal celle du bien et du qu'il n'y a pas de problèmes. Ils existaient et malheureuse­ unique ou essentiel de la cul­ meilleur. Ne peut-on suivre ment ils ne disparaissent pas. Il y a des antisémites en CULTURELLES ture yiddish? Qu'en est-ü du cela, et se poser la question URSS. On ne met pas de bombes dans les synagogues théâtre, des films, etc. ? de la revendication identi­ comme chez vous, mais il se passe des choses qui suscitent Comment les juifs d'Union soviétique vivent-ils leur judéité? taire juive dans un pays où l'indignation, pas seulement des juifs. Il y a des conflits En dehors des communautés confessionnelles, existe-t-il des l'assimilation a été très forte. entre les nationalités, et parmi ceux-là des manifestations associations culturelles non religieuses, où les juifs peuvent se Peut-être faudrait-il songer, d'antisémitisme. rencontrer et perpétuer leur culture ? comme dans beaucoup La grande majorité de la population juive n'est pas On parle parfois de renaissance de l'identité juive en Union d'autres pays industrialisés, à religieuse. Cela m'émeut en tant que rabbin. Je comprends soviétique. Est-ce le cas, et est-elle encouragée? une culture juive, laïcisée et russophone, comme forme chaque personne qui peut, ou veut, vivre ici ou en URSS. moderne d'une conscience Je suis pour le droit au regroupement familial. Je regrette juive. que des jeunes soient partis, aient quitté ma synagogue. Je Samouil ~ivs : Il n'y a pas de kaddish pour le yiddish (1) en pense que beaucoup de ceux qui sont partis auraient pu URSS, bien que sa pratique décline dans la population Samouil Zivs: Mme Kout­ aider les juifs soviétiques, plus qu'en partant à New York et juive. Shalom Aleichem est publié en 24 langues en URSS, chinski, vous avez évoqué à l'étranger faire du commerce. 542 éditions de ses livres ont vu le jour, l'ensemble atteint Markich. Sa mort est une Je fais très peu de barmitzva, et sur vingt mariages, il y en a neuf millions d'exemplaires. Il y a quelques mois la grande tragédie, ainsi que quinze qui se font sur l'insistance des grands-parents. J'en télévision a présentés Tévié le laitier, avec le plus grand pour tous ceux qui sont morts suis préoccupé. Mais je ne peux pas sortir dans la rue et acteur soviétique, M. Oukanov, celui qui joue toujours le sous Staline. Une grande tra­ gédie, reconnue depuis long­ tirer les juifs à la synagogue, ou crier Liberté à Chtcha­ rôle de Joukov le Violon sur le toit est joué en yiddish par temps. ranski, nous avons des gens qui s'occupent de leurs l'ensemble dramatique de Moscou. Sovietische Heimland, Pour l'hébreu : les gens que problèmes. revue yiddish, publiée chaque mois. Il y a une imprimerie yiddish à Moscou. Nous produisons des abécédaires vous appelez les « prisonniers de Sion », c'est une liste que Adolphe Chayevitch : « La grande majorité yiddish. Nous avons édité l'an dernier un dictionnaire académique russe/yiddish (il montre l'un et l'autre). les organisations interna­ de la population juive en URSS Il n'y a pas d'associations culturelles non religieuses, pas tionales établissent à vingt et plus qu'il n'yen a pour les Ouzbeks ou les autres un noms, et parmi elles, des n'est pas religieuse» personnes jugées pour les n~tionalités. Nous croyons qu'il est plus important que délits les plus divers. Il n'y a Je vous suis très reconnaissant de me conseiller de n'Importe quel enfant de dix ans connaisse les paroles de chants yiddish. aucun professeur d'hébreu m'occuper plus d'eux et de faire des actions concrètes. Mais condamné parce qu'il ensei­ En fa~t, dans les pratiques culturelles, on ne se pose plus la en tant que rabbin, j'ai déjà tant de problèmes que j'en suis gnait l'hébreu. Virshuvski a parfois désespéré. J'ai commencé mes études tard, l'étude question de savoir si les auteurs sont juifs ou pas, il appartiennent à l'héritage soviétique, on a transgressé les été condamné pour vol de me prend trop de temps et la religion veut que je ne donne livres, pas parce qu'il était que des conseils compétents. barrières du ghetto psychologique. L'hébreu n'est pas une langue parlée en Europe de l'Est. croyant. Il y a des tas de Samouil Zivs : Nous ne sommes pas à une instruction, mais savants qui font des travaux à une table ronde. Le judaïsme en URSS n'a pas de statut Le yiddish est une langue nationale, une langue maternelle. Les juifs de l'URSS et du monde parlent beaucoup de avancés sur l'hébreu en ni privilégié, ni discriminatoire. Il n'y a pas non plus de URSS. prélat catholique dans les députés, mais on a le plus grand langues. D'ailleurs, s'il n'y avait pas l'hébreu, les juifs en Aviva .Koutchinski : Je ne veux pas être savante, je veux respect pour les dignitaires religieux. Israël ne pourraient pas se comprendre. Un immigré à son arrivée à Tel-Aviv. pouvOlr apprendre l'hébreu sans aller en prison. je ne veux Oui, il y a en fait une interdiction des objets du culte dans Aviva Koutchinsky: Nous savons bien que le yiddish, les prisons, mais pas seulement pour les juifs. C'est malgré des périodes difficiles - on se souvient de Markich - p~s êt~e marginalisée parce que j'ai exprimé mon désir différent de certaines législations internationales, mais c'est est honoré en URSS. Mais, pour reprendre vos paroles, d ~~mlgrer. ~e ne p,eux ad~ettre que le théâtre juif de c'est miracle qu'il n'y a pas de kaddish pour l'hébreu. LenI.ngrad SOlt ferme, son directeur matraqué à plusieurs comme ça et je ne peux rien vous en dire de plus. repnses. Sur Virshuvski, il a été arrêté pour vol, les cinq livres étaient Begun et d'autres ont mis l'hébreu au centre de leurs très précieux. C'est la communauté religieuse qui a porté revendications. Bien sûr, aucun texte n'interdit l'hébreu ~a~ouil .Z!VS : ~i je ve~x apprendre l'hébreu, je le fais à mais on arrête ceux qui l'enseignent. ' 1 UnIversite ou Je le fats chez moi. Mais, si j'organise à plainte. Je suis allé sur place à Kiev pour négocier, mais ils Le pr~~ent compte ren~u est forcément incomplet. Citons simple­ ont maintenu leur plainte, déposée par le président de la propos .des c~)U.rs d'hébreu des Oulpan, des services clandestms, SI Je me sers de l'hébreu pour d'autres ment 1 mterventIon de Pierre Paraf, président d'honneur du MRAP communauté. (1) Kaddish : prière des morts. qui a fait part des impressions recueillies lors de trois voyages e~ Il Il problèmes, alors ça devient autre chose. URSS, en 1931, 1947 et 1970. Différences - n° 52 - Janvier 1986 r------Juifs d'URSS------TABLE RONDE

Sur le point des associations culturelles. Chez nous, on ne Lerner, son cas est connu, était chef de département dans publique dans un domaine sensible, celui du rassemble­ fait pas d'associations, on fait autrement, il y a des cercles, la recherche spatiale, une fonction sensible, où il était en me~t de candidats à l'émigration. Il a été condamné pour des troupes d'artistes amateurs yiddish qui sillonnent le possession de beaucoup de secrets. espIonnage dans un procès qui devait être public, mais que pays. C'est notre spécificité, une autre façon de s'orga­ Alexandre Adler: Dix ans après, ça m'étonnerait. .. nous n'avons pu approcher. Quant à l'accusation, je vois niser. Oui, M. Adler, vous avez raison, il nous faut adopter Samouil Zivs : Vous n'êtes pas spécialiste, moi non plus. mal, avec la vie publique qui était la sienne, comment il Les personnes qui demandent la dialectique du bien et du meilleur. Mais Azbel a pu partir parce qu'une commission d'experts, aurai~ pu espionner. Chtcharanski est maintenant en prison à émigrer en Israël, et dont le visa et non pas l'Etat, a décidé que l'évolution technologique depUIS de longues années. Quoi qu'il ait fait, est-il normal était à un tel stade que les informations qu'il possédait que son droit de visite, établi à une fois tous les six mois lui est refusé, se voient souvent devenaient caduques. Essas a pu partir ces jours derniers. soit régulièrement refusé? Craint-on encore l'espion n'age marginalisées socialement. M. Gorbatchev déclare que l'URSS va examiner les cas du fond de sa prison ? Le dans un esprit humanitaire. Rien ne permet de douter de ce harcèlement infligé à Chtcha­ Différences: Le nombre des qu'il a dit. ranski, qui est très soutenu autorisations de voyage à Mais j'ai là un numéro récent d'un journal français, la Vie. ici, ne pourrait-il pas évoluer, l'étranger et de visas d'émigra­ On y dit que 400 000 personnes ont posé une demande de comme la loi soviétique le tion s'est considérablement ré­ visa. Même les services israéliens ne parlent jamais de plus permet, et s'acheminer vers duit ces dernières années. De de 50 000 accueils possibles. Il faut simplement comparer le une mesure de libération an­ ES plus de 50 ()()() visas accordés en nombre de départs effectués, et le nombre de demandes à ticipée ? 1979, nous en sommes à 800 l'OVIR en suspens. pour les neuf premiers mois de Alexandre Adler : Quel chiffre de demandes en suspens Aviva Koutchinski : M. Zivs, VOYAGES l'année 1985. Plusieurs milliers donnez-vous? je vous cite : « A présent, la de demandes restent en suspens, Samouil Zivs : Pas plus de 4000, moins de 2 % par rapport réunification des familles est A dit-on. Quels sont les critères aux demandes satisfaites. Dans le questionnaire, je ne pour l'essentiel terminée.» d'aJtribution de ces visas? La peux accepter qu'on dise que les départs suivent la courbe Non, M. Zivs, j'ai ici un L'ETRANGER courbe d'attribution des visas des relations Est-Ouest. C'est prendre le juge soviétique document (supplément à Ac­ semble suivre1le mouvement des pour une machine, c'est inadmissible. Et qu'est-ce que ça tualité Juive, 30 septembre relations Est-Ouest, et celui des veut dire être marginalisé? Un juif qui a demandé à partir 1985) qui est un document événements du Proche-Orient. Est-ce un hasard ? ne perd pas son logement. flagrant. Vous y verrez des Les personnes qui se voient refuser un visa d'émigration sont Quant aux juridictions internationales, l'URSS a signé cas terribles de familles souvent marginalisées dans la société: elles perdent leur les deux textes cités, mais l'un des articles prévoit des encore séparées. Zlepak, emploi ou y renoncent, n'ont pas d'espoir de promotion; elles restrictions en ce qui concerne la sécurité nationale. Elle 16 ans d'attente, la famille sont l'objet de virulentes campagnes hostiles; elles peuvent n'a pas signé le protocole facultatif sur les juridictions Kulbak, Yosef Kahman, rencontrer des problèmes de logement, d'études pour leurs internationales, mais présente chaque année un rapport, Leizgold, les filles de enfants. Comment éviter cette marginalisation qui finit par ce que les Etats-Unis, qui n'ont pas signé non plus, ne font Mme Raskin, Ida Nudel, mettre ces personnes en contravention avec les lois ? même pas. condamnée à quatre ans en L'URSS est signataire de la Déclaration universelle des droits Sibérie pour avoir mis à sa de ['homme et a ratifié le Pacte international des droits de fenêtre un écriteau deman­ l'homme. L'une et l'autre affirment: « Toute personne a le Samouil Zivs : « VOUS prenez le juge dant un visa, Mme Osnis, droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir soviétique pour une machine, privée de son fils depuis dans son pays. »Nous savons que, partout dans le monde, la treize ans. Je ne vous dis pas libre circulation des personnes se trouve limitée pour des c'est inadmissible » que l'URSS a le monopole de raisons politiques ou économiques. l'antisémitisme, je vous dis Mais quand un individu s'estime lésé dans l'application d'un Roland Rappaport: M. Zivs a donné pour exemple la seulement, M. Zivs : laissez des droits définis par les textes de l'ONU, il peut avoir recours situation de Marc Azbel. Information exacte, mais incom­ sortir les juifs qui veulent à une juridiction internationale créée à cet effet. Les refusniks plète. Je l'ai rencontré. Jusqu'en décembre 1972, il était vraiment partir. Vous nous ont-ils accès à ce recours ? chef de section à l'Académie des sciences. Le 8 décembre parlez de secret d'Etat. Mais Pierre Krausz : Je voudrais apporter quelques précisions à 1972, il a demandé un visa. Dès qu'il a annoncé son désir, il parmi ces gens, il y a des ces questions. Je cite un texte de M. Zivs : « Actuellement, a perdu l'ensemble de ses fonctions. Il est parti le 5 juillet ouvriers. Un ouvrier chauffa­ l'absolue majorité de ceux qui souhaitaient partir l'ont fait. » 1977. giste détient-il des secrets Alexandre Adler: Le gouvernement soviétique a dit qu'il Pourquoi un professeur de hautes fonctions a-t-il voulu d'Etat? ne voyait pas d'inconvénient à ce que les juifs partent en quitter tout cela en sachant les risques qu'il encourait? Israël. Quels moyens nouveaux, quels nouveaux circuits Parce que, dit-il, même dans l'exercice de ses fonctions, et Guerman Golovko : Je vois que vous êtes intéressé par le L'arrivée à l'aéroport de Jérusalem. compte-t-il mettre en place? au contraire de ses collègues, il n'avait jamais eu la destin des juifs en Union soviétique et je peux comprendre Samouil Zivs : 272 000 juifs sont partis depuis la fin de la possibilité des répondre aux invitations étrangères. A votre intérêt. Mais peut-être savez-vous qu'il y a des juifs guerre, en grande majorité pour des raisons familiales. Je chaque demande de voyage, on lui posait tant de qui voudraient revenir en URSS et ne le peuvent pas. ne reviendrai pas en détail sur les terribles déplacements de contraintes qu'il lui semblait impossible de les surmonter. Avez-vous publié une ligne sur eux ? population opérés par la Seconde Guerre mondiale. Je dis Chtcharanski, maintenant. Il est entré à l'université en Aviva Koutchinsky : Il est possible que ça existe, mais ce que 98 % de ceux qui ont voulu partir l'ont fait. Il y a des 1966. En 1972, il a désiré émigrer. Sachant qu'on lui n'est pas le même problème. Ceux qui veulent revenir ont personnes qui n'ont pas la permission de partir, en objecterait son travail de mathématicien, il a démissionné le choix. Ceux à qui on refuse de partir n'ont aucun choix. particulier pour des raisons de secret d'Etat. Le professeur lui-même, prenant un autre travail, et menant une activité Charles Palant : Je rappelle que M. Zamiatine, quand nous Différences - n° 52 - Janvier 1986 r------Juifs (j'URSS------.

1 TABLE RONDE

l'avons rencontré, s'était engagé sur deux promesses, celle blissement ~~ disparaît peu à peu d'Europe occidentale, et Samouil Zivs : Korneev a été licencié de son poste. d'une table ronde, qui a été tenue, et celle d'examiner la d'URSS, au profit d'un sionisme définissable comme une Alexandre Adler: C'est la première fois qu'on le dit. liste des cas. Nous attendons que cet engagement soit sympathie naturelle des juifs pour un Etat d'Israël. Depuis quand ? également tenu. Mais nous savons que toutes les questions La confusion en URSS n'est-elle pas là ? D'autant que la Samouil Zivs : Deux ans, je crois. posées ne trouveront pas de réponse aujourd'hui. communauté juive soviétique a une importance capitale Albert Levy: Ce qui me frappe dans ce problème, c'est la Samouil Zivs: Nous n'avons pas examiné la question dans le monde juif. Sous couvert d'antisionisme en URSS, dramatisation qui se cristallise autour du sionisme en comme je le souhaitais, en mettant face à face et sans on a voulu mettre en doute le patriotisme soviétique des URSS: vous éditez des brochures, des livres, qui contien­ passion le chiffre des départs et le chiffre des attentes. Tant juifs d'URSS, qui est pourtant puissant. nent de violentes dénonciations du sionisme mais nous ne pis. Mais sur Chtcharanski, je pourrais vous parler des En n'imaginant pas qu'on pouvait éprouver à la fois trouvons pas urie mobilisation aussi forte co~tre l'antisémi­ heures de détails que vous ignorez; ce n'est pas utile ici. Je sympathie pour l'Etat d'Israël et patriotisme soviétique, tisme. Y a-t-il en URSS des monuments commémorant retiens vos sentiments, ils trouveront à notre retour, je ne l'URSS s'est privée des nombreuses sympathies qui lui !'extermination -des juifs comme le Mémorial du martyr juif dis pas de résultats concrets immédiats, mais un reflet. étaient acquises. L'URSS va-t-elle évoluer? Limiter ses Inconnu que vous avez visité hier ? critiques du sionisme ? Je prends acte de la condamnation de Korneev. Mais nous Samouil Zivs: C'est l'essence du problème, peut-on être avons de nombreux documents émanant entre autres du patriote et soutenir l'existence d'Israël. Certainement oui, Comité antisioniste, qui assimilent le sionisme au nazisme Différences : Depuis un certain et nous l'avons manifesté de 1948 à 1967. L'existence ce qui est anti-historique. Certains sionistes ont collaboré nombre d'années, l'Union d'Israël et son droit à exister restent le point de vue officiel, avec les nazis dans les camps et les ghettos, mais aussi soviétique a renforcé sa lutte et le point de vue de la population. d'autres juifs qui n'étaient pas sionistes. Cela devient les contre le sionisme. Il n'est pas sionistes, collaborateurs des nazis. Et l'on dérape parfois question ici de discuter de ln du sioniste au juif. validité ou non de l'idéologie Dramatisation aussi sur l'émigration. Il y a des juifs qui sioniste, ni de ln politique de Alexandre Adler: « Sous couvert ve'!lent partir, on présente cela comme un drame, et ceux l'Etat d'Israël. Mais, sous cou­ qUI veulent revenir en URSS ont du mal à le faire. A LUTTE vert d'antisionisme, de nom­ d'antisionisme en URSS, on a voulu mettre Ne pourrait-on pas laisser ceux qui veulent partir faire leur breux textes nous sont parvenus en doute le patriotisme soviétique expérience : voyager sans être condamnés, choisir ? CONTRE LE dans ln fin des années soixante­ des juifs d'URSS » Si l'on discutait du sionisme au plan doctrinal, sans ces dix qui amalgament sionisme et dramatisations et ce schématisme, un grand pas serait judaïsme et reprennent des franchi ... SIONISME poncifs connus de l'antisémi- Pourquoi, dès lors, le refus du sionisme chez la plupart des Samouil Zivs : Vous parlez de dramatisation. J'ai lu dans tisme : juif (ou sioniste) cos- juifs d'URSS? C'est à cause des thèses israéliennes du une revue italienne récente : deux millions de juifs de par mopolite, cupide et avide de pouvoir, dominant la politique, « rapatriement », selon lesquelles le départ en Israël ne le monde voudraient rentrer en URSS, mais ne le peuvent l'économie, les médias, etc. Les autorités soviétiques ont-elle serait que le retour vers la vraie patrie. Ce sionisme-là, les pas ... réagi à la publication des ces textes? Leurs auteurs ont-ils été juifs d'URSS dans leur immense majorité ne peuvent A propos du nazisme, nous avons dénoncé certains condamnés? l'accepter, car cela nie leur enracinement dans l'histoire et sionistes collaborateurs des nazis, mais nous ne faisons pas Plus récemment, nous avons eu connaissance de textes où le la société de l'URSS. Les juifs d'URSS disent: «Nous l'amalgame. Quant au monument, pour moi il n'y a pas de sionisme est assimilé au nazisme, où « les sionistes» sont n'appartenons pas à un autre peuple qui a une autre patrie, martyr juif inconnu, sa famille sait qui il est et comment il rendus globalement complices des crimes hitlériens et assi- nous sommes soviétiques ». Mais il faut comprendre les est mort. Plutôt que faire des monuments, peut-être milés par nature à l'extrême droite fasciste. N'est-ce pas là juifs d'URSS quand ils s'entendent dire, comme dans la faudrait-il ne plus faire la guerre. une généralisation inacceptable? Vie: 300 000 juifs sont déjà partis, 400 000 voudraient Charles Palant conclut, rappelle que ce débat n'est qu'un Existe-t-il en Union soviétique des structures de lutte contre partir, soit plus d'un tiers des juifs en URSS. C'est nier leur début. D'autres rencontres seront nécessaires. Pourquoi les manifestations de l'idéologie antisémite? Et dans ce cas, attachement à leur patrie. pas à Moscou ? Les Soviétiques acquiescent. quelle est leur action? Pour Korneev, j'ai déjà publiquement condamné ses Alexandre Adler: Quelques rappels. Jusqu'en 1926, le erreurs, en particulier quand il affirme que le génocide n'a mouvement sioniste n'était pas interdit en URSS. Je fait que deux millions de morts. LES PARTICIPANTS constate qu'il y a eu là quelques années où les sionistes, Roland Rappaport : Comme Faurisson. Mais Faurisson a d'ailleurs pour beaucoup engagés dans la Révolution, ont été condamné en France. Or, on a encore édité Korneev en Pierre Krausz, responsable de la commission antisémi- pu s'exprimer. 1981. Editer un livre, en Union soviétique, c'est étatique. tisme et néonazisme du MRAP ,. Roland Rappaport, En 1948, très nombreux étaient, parmi les sionistes qui se Samouil Zivs : Si un Korneev trouve quelque part en URSS avocat de Chtcharanski, Mme Aviva Koutchinski, battaient en Palestine pour la création d'un Etat, les amis un éditeur aussi ignorant que lui de l'ampleur du génocide, présidente du Comité de soutien aux juifs d'URSS ,. de l'Union soviétique. Le premier ambassadeur d'Israël en ce n'est pas la faute de l'Etat soviétique, ni du comité Charles Lederman, président de l'UJRE ,. Albert Lévy, URSS, Mme Golda Meir, fut chaleureusement accueillie. antisioniste, qui, par ailleurs, s'est engagé dès sa création secrétaire général du MRAP, Alexandre Adler,journa- On reconnaît, de haut en bas, Alexandre Adler, Guennan Golovko, Roland Jusqu'en 1952, les relations se sont dégradées, au moment dans la lutte contre l'antisémitisme. liste, spécialiste de l'URSS,. Adolphe Chayevitch, Rappaport, Charles Palant. Cet article étant rédigé sur la base de notes, il peut comporter quelques imprécisions. Nous publierous incessamment les actes le plus trouble de l'histoire de l'URSS. Les accusations Pierre Krausz: Vous condamner Korneev ici. Y a-t-il grand rabbin de Moscou,. Samouil Zivs, professeur de intégraux de cette rencontre. J.-M. O. portées dans ces années contre le sionisme ne seront plus moyen de le condamner à Moscou? droit à Moscou,. Guerman Golovko, proFesseur d'éco- reprises sous cette forme, mais depuis 1970, le sionisme Samouil Zivs : Sur le plan juridique, c'est difficile. Mais sur 'J ' apparaît, aux yeux des Soviétiques, comme une menace le plan social, il est déconsidéré et privé de ses fonctions. nomie politique à Moscou. considérable contre les institutions soviétiques et la paix Roland Rappaport : Ce n'est pas seulement une contesta- Le débat était présidé par Charles Palant, membre de la II!I mondiale. tion des chiffres de l'holocauste, ce sont des écrits présidence du MRAP, les questions préparées par _ Ces accusations sont sans fondement. Le sionisme « d'éta- antisémites qui tombent sous le coup de la loi. Jean-Michel OHé, rédacteur en chef de Différences. II!I ~------~------~~~~~~~------~-Différences - n° 52 - Janvier 1986 ENCONTRE ______~

Jœuf, en Moselle une ville, une bavure

Une femme meurt la sortie poisson et pistolets sur la riat. Elle est complètement Restent les petits enfants, le à temps des « suspects », c'est­ sonnée, pieds nus. On l'a père, invalide du travail après d'un commissariat. Et aussitôt, toutes à-dire, en gros, tous les embarquée tout à l'heure, 37 ans d'usine, et les frères les autorités de la ville organisent le silence, jeunes de la région, et en suprême délicatesse, avec aînés, dont Rachid, celui qui particulier les frères Aou­ une seule chaussure au pied. va en fac, qui a réussi, qui se clament l'accident et organisent le non-lieu. dache. Méthodes dont la vir­ Il est près de minuit. bat avec Ahcène pour qu'on Roland Passevant a enquêté. tuosité nécessite un entraîne• Elle refuse, on la comprend, n'enterre pas leur mère une ment quasi quotidien. de se faire raccompagner par seconde fois. Rachid : «A vant la mort de ceux qui l'ont si bien traitée Depuis le 15 août 1984 à ma mère, j'étais contrôlé trois ces dernières heures. Elle Jeeuf, le pourcentage de chô• ou quatre fois par jour à part à pied, groggy, dans la meurs, de divorces, a Jœuf » Une famille repérée, direction opposée à celle de continué d'augmenter. On parce que les enfants en ont sa maison. Quelques cen­ continue de démolir ce qui marre, et le disent, parce que taines de mètres plus loin, reste de l'usine Sacilor qui a leur mère les défend. elle s'écroule. fait vivre la ville après le Puis, un ordre de perquisi­ règne de Wendel, dont on a tion, au nom d'un fils aîné, déboulonné la statue sur la pour enquête sur un vol de Ou diabète place. bijoux. Le frère aîné a quitté qui ressemble plus Retrouvons Lorenzo, l'Ita­ la maison depuis quatorze à du gaz... lien venu à Jeeuf, il y a MORTE PAR HASARD ans, tout le monde le sait à 1 longtemps: «Je sais qu'un Jeeuf, y compris la police. jour, un chauffeur du ra­ Pour perquisitionner les trois Une voiture de police, qui massage scolaire a fait des­ pièces du logement des Aou- passait par là dit le rapport, cendre loin de chez lui un des dache, un petit bout de mais probablement la suivait fils Aoudache qui chahutait maison collé au mur de l'en- de loin, la ramasse et la dans le car. A vec le fils d'une EN LORRAINE ceinte de l'usine désaffectée, conduit chez elle. Là, ça ne famille française, il ne l'aurait il y a ce 14 août 1984 pas va pas bien. Elle finit par sûrement pas fait, par crainte moins de onze policiers, ce demander à sa fille d'appeler de la réaction des parents. » qui donne une densité de les pompiers, qui viennent. C'est probablement la même forces de l'ordre au mètre «Faites pas de chiqué» dit chose pour le commissariat carré non négligeable. Bruta- l'un d'eux à Mme Aoudache de Jeeuf. Ce sont sans doute lités, bousculades de la mère qui crache du sang. Elle des policiers comme les ,;SII...... __ ~L et des gosses, premiers j~ts meurt à une heure trente à de gaz lacrymogènes. Ce l'hôpital, au matin du ______C 0 ro n, co ron, «simple bavure» et des mœurs, de cultu,", et un man­ n'est plus une perquisition, 15 août. coron, et encore coron... complicités dans l'appareil que d'efforts pour arriver à c'estune expédition punitive. Premier rapport du médecin Jeeuf-Homécourt-Auboué, judiciaire et policier pour la plus de compréhension. De On embarque tout le monde, qui la reçoit, notant une forte création pur de Wendel, une couvrir. La mort de Mme part et d'autre. » sauf les enfants les plus pe- odeur de gaz imprégnée dans agglomération de Moselle qui Aoudache y prend force de Dans cette région de maîtres tits. Au commissariat, on en- ses vêtements, et c'est le a vécu, et est morte, de la symbole: c'est toute une ré- de forges, qui construisaient chaîne les aînés au radiateur, début de la valse des officiels, sidérurgie. En janvier 1985, gion qu'on asphyxie, une des tout, du logement à l'église, on jette la mère menottée et le verrouillage de l'affaire. l'INSEE notait que près de plus énormes bavures écono- pour leurs gens, où police et dans un vestiaire. Encore des Depuis, un peu partout, c'est 20 % de la population avait miques de ces vingt dernières justice ont le réflexe de se gaz, beaucoup de gaz dans le le silence. «Morte de crise quitté la ville. Une opération années. Jeeuf, comme toute méfier de l'ouvrier qui mani­ vestiaire, malgré les instruc- subite de diabète », veut dire région morte. Mais il n'y a la Lorraine, c'est un vieux feste ou se rebiffe, on a sans tions du ministère de l'Inté- la justice. Expertises mal ou pas que la sidérurgie qui pays d'immigration. Autre- doute pris l'habitude de rieur qui proscrivent absolu- vite faites, contre-expertises meure en Lorraine. En août fois, des Italiens et des Polo- penser plus à l'ordre qu'à la ment leur emploi ailleurs non demandées, policiers in­ 1984, Ouardia Aoudache nais, puis des Magrhébins. justice. Pour Passevant, il n'y qu'à l'air libre. terrogés par leurs propres autres, aussi mal formés que Une journée ordinaire, entre vivante au commissa- Non pas qu'une origine a pas de doute: au commis­ Quelques instants plus tard, collègues, pas de reconstitu­ les autres. Sans doute avec à Jœuf, une ville malade riat de Jeeuf. Elle en sortira étrangère« dédouane» auto- sariat de Neuilly-sur-Seine, c'est l'affolement. Seule dans tion au commissariat, il faut des Français et ailleurs qu'en de la sidérurgie. pour mourir, quelques heures matiquement de tout ra- Mme Aoudache ne serait pas son cagibi, Mme Aoudache a lire le bouquin de Passevant Lorraine, ils auraient mis plus tard. Probablement cisme. Même si l'on est plus morte, un soir de 15 août. tenté, dérisoirement, de se pour comprendre comment, plus de formes. Mais ici, c'est Ouardia Aoudache rentre gazée, mais à la moderne, au sensible au problème. Que s'est-il passé? Chaque suicider avec la cordelette de doucement, de pression en la crise, et les Aoudache sont vivante au commissariat. gaz lacrymogène dans un ves- «Les Algériens, dit Lorenzo moment de cette journée est sa robe. On téléphone au silence, d'autocensure en arabes. D Après ... tiaire. interviewé par Passevant, ils bizarre. Au départ, il y a juge, qui réclame sa libéra- désir de calme, on s'ache­ Jean ROCCIA Il faut lire le livre que Roland ne viennent pas chez moi.» une police formée aux tion immédiate. Un médecin mine vers un non-lieu, une passe, qui ne juge pas utile de «mort par hasard », qui de- (1) Morte par Iwsard, de Roland Passevant consacre à cette Et s'il le déplore, il ne peut méthodes «Starsky and Passevant, éditions Liana Uvi, 31, affaire (1). Journaliste à TF1, que constater: « On ne peut Hutch» de l'interpellation en la faire hospitaliser. Mme vrait être prononcé ces jours- rue de l'Abbé-Grégoire, 75006 Paris. Il iii... L-______~l~a~~~"1 enquêté _____ au- delà______de la ~ pas ______nier des oppositions~ ______de haute voltige, queues ~ de Aoudache sort du commissa- ci (2). (2) Et tant mieux si on se trompe••• ~D~iffi~e~'r-en-c-e-s---n~o~5~2---J~a-n-vl~.e-r~19~8~6~------______-J OuRMÉMmRE ______~ __~

coup d'Etat militaire de 1980 BOYCOTI __ Voilà l'engagement pris par M. _PAS D'ECOLE_ pour avoir torturé des prison­ Nabih Berri, chef du mouve­ M. Mohamed Arbane voit niers. Ces sanctions sont jugées Plusieurs chaînes de grands ma­ ment chiite Amal et ministre ses trois enfants refusés à insuffisantes par les cinq pays gasins britanniques décident un libanais de la Justice dans une l'inscription dans les européens - dont la France - qui boycottage des marchandises interview réalisée le écoles de Montfermeil, avaient déposé une plainte sud-africaines pour protester 29 novembre dernier et diffusée par suite d'une décision contre la Turquie devant la Cour contre le régime de l'apartheid, dans le cadre du magasine Ven­ municipale. Le maire de européenne des droits de à la demande de la Confédéra­ dredi sur FR3. Il s'abstient ce­ la commune estime qu'il y l'homme (6 décembre). tion des syndicats britanniques. pendant, de fixer une date plus a trop d'immigrés chez Danemark: le Parlement da­ précise pour la libération de lui. Bien que se sachant __ AIDES __ nois vote à la majorité la rupture Kauffman, Seurat et des deux en contradiction formelle des relations commerciales avec diplomates. Au même moment, avec la loi, qui oblige que Une délégation du Secours po­ l'Afrique du Sud (13 décembre). un médecin français d'origine tout enfant de six à seize pulaire français arrive à Paris libanaise arrive à Beyrouth pour ans soit scolarisé en après un séjour en Tanzanie. _ PAS CONTENTE - tenter une nouvelle médiation Pour Gisèle Bosquet et Thierry (13 décembre). France, le maire annonce L'Assemblée européenne dans une conférence de presse Gombeaud, il s'agissait de déter­ miner les formes d'aide à ap­ adopte un texte commun du qu'il n'y a pas lieu de faire toute groupe communiste et apparentés _ CHEROKEES une histoire du cas Arbane, porter aux familles noires ayant fui l'Afrique du Sud, ainsi et du groupe socialiste sur le Mme Wilma Mankiller succède- puisque l'inscription a déjà été qu'aux victimes de l'apartheid respect de la souveraineté de au chef Ross Swimmer à la tête refusée à... trente-trois enfants l'Angola, condamnant toute de nationalité étrangère. Plainte dans le pays même de la nation cherokee qui (7 décembre). aide qui serait accordée à l'U­ compte 67000 membres. C'est est déposée par le MRAP NITA (mercenaires soutenus (30 novembre). la première fois dans l'histoire _ ASSOCIATION _ par l'Afrique du Sud) par l'admi­ des Indiens cherokee qu'une nistration Reagan dans le but de femme accède à ce poste de _ATIENTION L'Inde, le Pakistan, le Bangla­ déstabiliser un gouvernement responsabilité (14 décembre). - desh, le Sri-Lanka, le Népal, le reconnu internationalement Après avoir longuement exposé Bhoutan et la république des (13 décembre). le programme du RPR, Charles Maldives créent une association SIDA __ _ TOUT ISLAM _ Pasqua, président de ce groupe d'Asie du Sud pour la coopéra­ au Sénat et invité des jeunes tion régionale. Objectif: amé­ Les deux millions de musulmans Lors d'un congrès à Francfort, qui vivent en France cherchent à dirigeants d'entreprise membres liorer l'entente entre les pays et l'association des médecins alle­ du Maxim's Business Club lutter contre la pauvreté s'organiser. Cinq mille croyants mands « Prévenir le SIDA » ré­ venus de toute la France se conclut : « Les immigrés ne sont (9 décembre). clame le tatouage d'une croix pas ici chez eux. Ils sont chez rencontrent à Lyon sous la prési­ (gammée) sur le bas-ventre des dence du recteur de la mosquée nous. Nous n'avons pas à nous _COLLOQUE_ porteurs de SIDA. «La chose plier à eux, mais eux doivent de Paris, Cheikh Abbas, pour Vif succès du colloque du assortie d'une interdiction de se accélérer le processus de créa­ respecter nos lois. » déplacer dans la République ». (2 décembre). MRAP sur les problèmes actuels tion d'un Comité supérieur isla­ soulevés par les campagnes sur Curieuse réminiscence mique devant jouer le rôle d'in­ Paris, 7 décembre: le départ à la Bastille, de la marche pour ou contre l'immigration. On a (13 décembre). terlocuteur des pouvoirs publics l'égalité des droits. Une semaine avant, on était parti de Barbès. _LUNETIES NOIRES_ parlé égalité des droits, identité _ÇAMARCHE_ (14 décembre). Le général Jaruzelski en visite à nationale, démographie, presta­ Paris pour un séjour de vingt­ tions sociales (9 décembre). Plus de trois cents manifestants CADAVRE __ quatre heures au cours duquel il ONU __ d'une Marche pacifique pour la s'entretien avec le président de paix (plus de 2 000 kilomètres à Le cadavre de Mikel Zabalza, ELLES ETAIENT DEUX... travers l'Amérique centrale) soupçonné d'appartenir à l'ETA la République. Le Premier mi­ Journée internationale des droits ' actualité nous empêche de rendre compte plus nistre se dit troublé, le président quittent Panama à destination militaire et arrêté par la garde avant des deux marches qui ont sillonné Paris de l'homme à l'initiative de de Mexico. Les marcheurs se civile est retrouvé flottant dans juste ». Cette nouvelle forma­ gées depuis des mois, auxquel­ L affirme que cette visite est l'ONU. L'assemblée générale le 30 novembre et le 7 décembre. Rappelons simplement normale (3 décembre). heurtent aux forces de l'ordre la rivière Bidassoa, au Pays tion condamne toute ségrégation les le MRAP a pris une part très des Nations unies à New York aux abords de la base américaine basque. La famille et les amis de raciale, le maintien de l'état active (21 décembre). que la première était à l'initiative du collectif adopte une convention interna­ Howard. A Costa-Rica, le mi­ Mikel refusent de croire la thèse d'urgence et les détentions poli­ Deux attentats à Vienne et pour les droits civiques des immigrés. Partie de Barbès, tionale contre l'apartheid et _ FASSBINDER nistre de l'Intérieur Enrique de la police selon laquelle « Za­ tiques (16 décembre). Rome font 18 victimes. L'OLP elle a rassemblé quelques milliers de personnes. toute discrimination raciale dans Obregon interdit toute manifes­ balza s'était évadé le est mise hors de cause. Israël La deuxième partait de la Bastille, une semaine plus tard, La pièce de Werner Fassbinder- les sports. Elle a demandé au tation des marcheurs. Ceux-ci 26 novembre, faussant com­ annonce des représailles. Ça à l'initiative de SOS-Racisme. Là, quelques dizaines est autorisée à être jouée. Elle conseil de sécurité de l'ONU de seront rejoints au Nicaragua par pagnie à trois gardes qu'il devait continue (27 décembre). prendre des mesures imposant _PROTESTA_ de milliers de personnes ont défilé sous la pluie avait été interdite un mois aupa­ le révérend J esse Jackson conduire à une cache d'armes de Une famille marocaine pend la et les écrans vidéo géants. Manifestation ravant parce que jugée antisé­ des sanctions économiques à l'é­ (13 décembre). l'ETA militaire dans une zone Le mouvement de protestation crémaillère de son nouveau lo­ d'ailleurs raccourcie par l'explosion de bombes mite (6 décembre). gard du régime raciste d'Afrique vers ces derniers jours en montagneuse» (15 décembre). s'accentue gement au Puy. Chacun sait dans les grands magasins, du Sud et demandé la convoca­ AVIE __ Haïti, toujours dirigée à vie par qu'il s'agit là d'une coutume tion en juin 1986 d'une confé­ le président Jean-Claude Duva­ spécifiquement musulmane, in­ c'est-à-dire à l'arrivée prévue du cortège. _ NEGLIGENCES rence mondiale sur les sanctions La cour d'assises de Nicosie RSA __ Bien avant que la police exclue l'hypothèse d'un lien contre Pretoria. La France s'est (Chypre) prononce son verdict lier. Arrestations et manifesta­ tolérable en France. Du coup, le - tions se succèdent. L'état de voisin sort sa carabine et tire entre les deux événements, notre presse nationale l'avait Six policiers turcs, accusés d'avoir abstenue lors des trois scrutins, dans le procès des meurtriers de torturé à mort un suspect, sont avec les Etats-Unis et une ving- t roi sis r a é 1i e n s tué sie Pour la première fois depuis le siège a été décrété, principale­ dans le tas: deux morts. Une écartée, elle d' habitude si friande de ce genre de condamnés à trois mois de taine de pays occidentaux 25 septembre dernier dans leur début?e la ~agu: de contesta- ment dans le centre du pays. bonne partie de la presse affirme rapprochement (on en voudra pour preuve l'attribution rison chacun, non pour avoir h d 1 d L tion, cmq nous viennent d'être Une manifestation de soutien est qu'il ne s'agit pas d'un crime P (10 décembre). yac tans e port e arnaca. d " l'b rapide de l'explosion d'un avion américain à torturé leur victime, mais pour Les trois meurtriers, deux Pales- con amnes a mort par es tn u- organisée à Paris (20 décembre). raciste. Chacun sait que tous les Terre-Neuve au Jihad islamique). Mais là, rien. Pas un avoir fait preuve de «négli- GAFFE ? ____ tmiens. et un Anglais, sont naux sud-africains. Au même Français qui pendent la cré­ journal, pas le moindre petit boùt de radio pour dire que, gence» en laissant le cadavre con d amnes"1 a a pnson. a " vie moment, naissance de la pre- maillère sont impitoyablement peut-être, éventuellement, on ne sait jamais, il pourrait y dans les locaux du commissariat « L'OLP n'est pas représentative (13 décembre). mière organisation juive sud- __ ENVRAC __ fusillés (27 décembre). de police de Mardin, près de la de l'ensemble du peuple palesti- africaine qui s'oppose à l'apar- La fin de l'année 1985 est fixée le avoir, sous réserve d'enquête, un soupçon de provocation, un début de rapport entre les bombes et la frontière syrienne. nien », déclare Roland Dumas, OTAGES ____ theid. Les Juifs pour la justice Les enfants de couples séparés 31 décembre à minuit D'autre part, le gouvernement ministre des Relations exté- sociale appellent, par une réso- vivant en Algérie pourront pas­ (31 décembre). manif· turc annonce que 450 policiers rieures, à l'issue d'une visite « Je peux dire que j'ai une grande lution, au remplacement du ser Noël avec leurs mères res­ Comme si, depuis que l'extrême droite a pignon sur vote, _ et soldats ont été condamnés à officielle de deux jours en Israël chance d'obtenir la libération des système actuel par « une société tées en France. C'est le premier MAHAMOUO AHMEO WAAOANE la possibilité d'attentats fascistes avait disparu du champ Il 1 (10 iii L-~des peines ____ de~ prison ____ depuis~ __le ~ ______décembre).~ ______otages~~ français ______avant Noël » : non raciale, démocratique ~ et résultat des négociations enga- et ROBERT PAC · des hypothèses... 0 Différences - n° 52 - Janvier 1986 DE6UE&E ______~

REVUE , Dakar, pas d'accord EUROPEENNE L'AGNEAU DORE DES MIGRATIONS INTERNATIONALES CRÉATIONS PARIS-CUIR TÉL. 206.89.17 Oignes groupées) ,

Editorial FABRICANT-GROSSISTE- VENTE DIRECTE Volume 1 . N" 1 L'ENLEVEMENT DE SABINE Septembre 1985 A. Bastenier et F. Da.selto : SPÉCIALISTE DE LA FOURRURE Organisations musulmanes de Belgique et insertion sociale des populaltons Immigrées CATALOGUE GRATUIT SUR DEMANDE M.A. Hily et M. Poinard : Foncllons et enjeux du mouvement associatif portugais en France avillon Baltard à No­ C'est reparti. On tremble dans les chaumières: R. Fibbi : Les associations Ital iennes en gent, samedi 7 décem­ SUisse. en phase de transition Claude Brasseur et Stéphanie vont-ils gagner le Paris-Dakar? H. Boubakri : Modes de gestion et Prêt-à-porter hommes-femmes bre. A l'abri des au­ relnvesllssements chez les commerçants P Au milieu du concert d'échappements libres, tunISiens à Par is 10 % de remise à la caisse gustes ferrailles préservées F. Zamora et A. Lebon: Combien de la forumisation des halles il y a encore des gens pour penser d"étrangers ont quitlé la France entre 1975 VÊTEMENTS CUIR - MOUTON RETOURNÉ de Paris, Thierry Sabine, el 1982 ? BLOUSONS - VESTES - MANTEAUX qu'il est absurde de transformer l'Afrique en piste de cirque. Y. Charbit et C. Bertrand: Les enfants de grand mufti de l'avenl'lue au migrants resiés ou revenus dans les pays xx· siècle, annonce aux d "origlne du bassin médIterranéen journalistes zémus que, cette S. Ardittis : Pour une régulat ion concertée des courants de compétences entre pays en année, le Paris-Dakar sera développement et pays d'emploi Ouvert du lundi au samedi de 10 heures à 19 heures, philanthrope, ou ne sera pas. gara, défoncé l'an dernier, lien, bonjour les dégâts! Si l'on n'a pas réussi à aider J.M. Dinand : Les travailleurs sans papiers sans interruption aux Etats-Unis. Grâce à une organisation sa­ touj ours pas réparé, Spectateurs accidentés, infini­ l'Afrique à se développer, on C. Gorgeon : Immigration clandestine et tellite, le Pari du cœur, pas 620 000 F de travaux en vue. ment moins considérés que les est, en revanche, toujours ca­ bidonvilles en Guyane. les Haïtiens à moins de cent pompes à eau En attendant, les camions qui vedettes égarées pour qui l'on pable, vingt-cinq ans après la Cayenne 44, rue des Vinaigriers (dans la cour) Chronique na 1 : seront généreusement dona­ ravitaillent la région doivent mobilise, à grands frais, ar­ décolonisation, de la sillonner Université de Poitiers Recherches en Europe sur les migrations 75010 Paris tionées aux pays africains tra­ se payer des détours de plu­ mées, médecins et ambu­ à loisir pour le grand profit UA CNRS. 1145 internationales. (G. Simon). Métro: Gare de l'Est - Jacques Bonsergent versés par le rallye. sieurs heures. lances,. pistes défoncées, des firmes automobiles et Quelques jours auparavant, Un exemple parmi des di­ ponts endommagés, alors que pour le plaisir d'y voir "trans­ sous l'auguste placoplâtre zaines d'autres. Ils ne mâ• la faiblesse du réseau de trans­ pirer du beau monde". Voilà d'une salle de réunion pa­ chent pas leurs mots, les port est l'un des problèmes ce qu'un tel spectacle conduit risienne, se retrouvaient responsables du collectif: essentiels des pays africains. à penser. Ça suffit! » les membres du collectif « Chaque premier janvier, les Thierry Sabine répond à cela Chaussures Pa'dak (1). Pa'dak, PAs coûteux bolides du rallye par la dialectique du plaisir : D'ACcord avec le PAris mondain Paris-Dakar s'élan­ Des pistes il suffirait de voir les Pari­ DAKar. C'est tout simple. cent toujours plus nombreux à endommagées siens se geler les miches le Tout ce que notre pays la conquête de l'Afrique sous­ 1 soir du 31 décembre, au dé­ compte d'associations « tiers­ développée. Sur un lac salé ou part du rallye, et les Africains mondistes », ou à peu près, dans un désert, peu importe A ces avatars s'ajoute l'impact applaudir béatement au était là pour s'opposer à la que l'on s'amuse à gaspiller de éminemment pervers sur les passage des voitures, au nom MINELLI tenue du rallye. Enfin, pour l'énergie, à se perdre et à se populations locales, attirées de leur sens de la fête (qui, 120 points de vente dans toute la France mettre en place une dyna­ retrouver sous l'œil bienveil­ par cette vitrine trompeuse comme chacun sait, est inscrit mique qui, à terme, permette lant de certains médias. d'une société de consomma­ dans leurs gènes) pour com­ de peser sur les organisateurs Mais quand le rallye Paris­ tion qui leur est de plus en prendre que les détracteurs PARIS et BANLIEUE TOULON LE HAVRE et les pouvoirs publics pour Dakar aborde le rivage sahé- plus inaccessible. du rallye ne sont que des LYON CANNES CHARLEVILLE MEZ. transformer, ou interdire, le pisse-vinaigre qui veulent dé­ MARSEILLE NICE POITIERS rallye dans les années à cider à la place des autres. GRENOBLE BAYONNE AMIENS venir ... Pourtant, ils n'ont pas l'air STRASBOURG ROUBAIX RODEZ BORDEAUX ALBI AJACCIO Pourquoi interdire? D'abord INcol\&. UN VONT PAS fool6IJSE.M"EQ.t)&.11 coincé, les gens de Pa'dak. Ils ROUEN CASTRES BESANÇON pour les dommages que ça F'A i $ Ufif PlU AVt;c:. TouTE.$ ... &:$ Q,"1'011'. ont même organisé un réveil­ TOURS NIORT ST-QUENTIN cause aux pays traversés, lon pour se faire connaître. LILLE EPERNAY ANGERS même si les gouvernements ·Afrf.tlliO)f1 &if.!.i.'''N<:JM ÎqU&S qu" ROANNE Quand on verra des bolides REIMS AIX-EN-PROVENCE t;. A E NT l1. A.i toi E. MULHOUSE BOURGES LIMOGES concernés, ravis des bé­ 1.1.. africains traverser à deux BREST NANCY VALENCIENNES néfices immédiats de l'opéra­ cents à l'heure nos beaux RENNES DAX BELFORT tion, laissent, de , plus ou villages d'Auvergne, on CHAMBÉRY ANGLET LE MANS moins bon gré, passer les (2) 0 VICHY PAU TROYES pourra causer. .. CLERMONT-FERRAND LORIENT BEAUVAIS autos. Paris-Dakar, c'est AVIGNON ANGOULÊME CAMBRAI 500 000 litres d'essence ré­ JEAN ROCCIA DIJON BASTIA LE PUY quisitionnés sur place, qui VALENCE CAEN MILLAU NIMES CHERBOURG ST-GENIS manquent ensuite pendant (1) Voir leur manifeste dans le cour- 1 MONTPELLIER BOULOGNE SIMER MONTBELIARD des semaines, voire des mois. rier de Différences n° 50, décembre BEZIERS CHARTRES DIEPPE Ce sont des routes défoncées, 1985. 1 TOULOUSE LA ROCHELLE THIONVILLE pas réparées. Un technicien (2) Collectif PA'DAK, cio B. Dau­ LENS TOURCOING VERDUN bigney, 72, chemin des Bornes, 78260 malien cite le cas du pont au Etang-la-Ville. Rense.·gnements. au Il Siège social MINELLI S.A. 2 bd Dubois, 28109 DREUX, tél. : 37/42.10.23. Il lRp~ie:d~de~la~f~al~a~is~e~d~e~B~i~a~n~d~a-~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~::!_~45~.~23~.23~.7~7~. ____=- ______J ..., · Différences - n° 52 - Janvier 1986 l' EXTRÊME DROITE : Ils sont tous là, tous ceux qui nous prédisent la disparition de la France, la mort de l'Occident, le chaos universel et l'augmentation des impôts. Tous ceux qui ont peur . des Arabes, des Noirs, des juifs et des sociétés nationalisées. La nouvelle droite, ceux qui y restent, ceux qui réjoignent l'extrême droite, leurs journaux, leur procès. Mais, rassurez-vous, on vous donne l'antidote.

" . LES APOTRES DE LA GRANDE TROUILLE

iii 1 ------~D~@~é~-nce-s -~nO~~~-J~an~vie~r 1~~~------~ - LES MEANDRES DE LA NOUVELLE DROITE

Toute la presse en parlait en A l'automne 1983, avec l'élection de Dreux, l'émergence 1979, ce fut même la grande du Front national suscite de la part des hommes politiques révélation de cet été-là: il exis­ des prises de positions diverses. Le club de l'Horloge, tait une « nouvelle droite ». Sous après un délai d'attente (plus que de réflexion), a organisé cette appellation aussi vague le 1er octobre 1984, à Paris, une conférence-débat sur le que trompeuse, on englobait thème Opposition ,' ne pas se tromper d'adversaire, au principalement le Groupement cours de laquelle M. Le Gallou devait affirmer: «L'opposi­ de recherche et d'études pour tion ne saurait ( .. .) sans s'affaiblir, ni se diviser, rejeter la civilisation européenne aujourd'hui le courant formé sur sa droite par les exaspérés (GRE CE) et le club de du socialisme et les déçus de l'opposition. » Le fascisme l'Horloge. Ce regroupement était bien normal puisque ce étant considéré comme un avatar, sinon le fils du socialisme dernier était une création du GRECE. S'adressant plus (depuis le colloque tenu sur ce thè~e en novembre 1983~, particulièrement à la classe politique, le club de l'Horloge cette prise de position est tout à frut naturelle ; comme il ne pouvait pas avoir la même stratégie culturelle, baptisée était tout à fait naturel aussi d'inviter J-P. Stirbois à venir « métapolitique », mais les buts étaient encore bien les s'exprimer lors du cinquième séminaire politique du club mêmes. En outre, les deux principaux dirigeants du club, (26 mars 1985) consacré à l'immigration (2). Yvan Blot (président) et Jean-Yves Le Gallou (secrétaire général) y avaient appartenu ou collaboré. La filiation des « Le vide intellectuel frappe deux mouvements, bien que constamment niée, a été prouvée. Toutefois cette belle unité semble avoir volé en l'ensemble de l'éventail éclats ; on ne peut plus parler de la «nouvelle droite» comme on le faisait il Y a six ans. D'où un parcours sinueux. politique••• » Ainsi, la campagne de presse de 1979, en dépit de certains de ses excès et de certaines assimilations hâtives, avait tout Peut-être sommes-nous maintenant mieux à même de de même mis l'accent sur les dangers que représentait ce comprendre le ralliement d'un certain nombre de courant de pensée pour la démocratie. On conçoit membres de l'honorable Club de la rue de Stockholm au aisément qu'il était alors gênant pour des hauts fonction- Front national (de la rue d'à-côté). Il y avait déjà un naires briguant des mandats politiques, comme Y. Blot et précédent en la personne d'Olivier d'Ormesson, mais il J -y. Le Gallou, que l'on rappelle non seulement leurs n'avait jamais été qu'un membre connu du club de origines, mais, concernant Y. Blot, son appartenance au l'Horloge. Quand l'adhésion de Jean-Yves Le Gallou au noyau dur de la nouvelle droite qu'est le GRE CE. Sans Front national fut annoncée à la presse, début septembre, A la fête Bleu, blanc, rouge, du Front national, des compter que le patronat, qui avait largement subventionné les « fiançailles » étaient déjà connues de tous. En tant « bons Français », « bien pensants » . le club de l'Horloge, ému par le néonazisme intellectuel du qu'auteur de la Préférence nationale et nègre d'Alain Yvan Blot, ex-président du Club de l'Horloge, GRECE, risquait de retirer ses billes. Griotteray (3), nous avions pu constater combien ses thèses La création en juillet 1979 de l'association les Nouveaux sur l'immigration étaient proches de celles de Le Pen. D'un et en quête d'une idéologie nouvelle pour la droite. Républicains a été la réponse tactique du club de l'Horloge autre côté, ce dernier, se trouvant en mal d'inspiration, gence avec le Mouvement nationaliste révolutionnaire afin de se démarquer du GRECE. Avec l'arrivée de la proposa un plan antichômage en dix.-huit propo~itions , dont regard de ce qui les rassemble : ils forment un même (MNR) de Jean-Gilles Malliarakis, «ordinairement consi­ gauche au pouvoir, on peut dire que son influence a été en au moins la moitié n'était qu'un SImple plagIat du pro- courant national-libéral. C'est à ce courant que le GRECE déré comme le doctrinaire et animateur du courant grandissant : n'est-il pas à l'origine de nombreux slogans et gramme préconisé ... par le club de l'Horloge (4). s'oppose prioritairement, comme par provocation. Mais ils néofasciste français» (6). Les premières approches se propositions repris ensuite aussi bien au RPR qu'à l'UDF A la même période, un remaniement discret à la tête du s'adressent tous à la même sensibilité «nationale»; s'ils voulurent discrètes : J.-0. Malliarakis collabora à la revue « La lutte se situe aujourd'hui entre les républicains et les Club avait vu le remplacement d'Yvan Blot (futur élu RPR sont concurrents ce n'est peut-être que dans la radicalité de la nouvelle droite sous le pseudonyme de Gilles de marxistes », «Socialisme et fascisme, une même famille? », du Pas-de-Calais à l'Assemblée nationale) par Henry de des moyens. Certains clivages doctrinaux ne jouent Kassos, 0. Faye du GRECE a donné une interview à Jeune t Lesquen et de M. Le Gallou par Michel Leroy. Jean-Yves peut-être qu'en façade. 0 ec . d F Nation solidariste, le journal du MNR ; en octobre 1984, puis Parallèlement, le GRECE subit une perte d'influence; le Le Gallou est maintenant bien intégré au sem u ront c'est au tour d'A, de Benoist d'être interviewé dans ce MARCEL DURAND 10 mai 1981 et les recompositions de la droite qu'il a national ; conseiller du président, il est membre du comité entraînées font qu'il perd progressivement sa principale central et s'est vu confier la rédaction du programme avec journal, devenu depuis janvier organe de la Troisième voie, (1) Cf. le Mcmcle, 7 déeembn 1983, qui rellCl compte du XVU' colloque en rappel du groupe terroriste italien Terza posizione, et, du GRECE qui .'est tenu à Venailles. tribune de vulgarisation : le Figaro Magazine. Alors qu'il Bruno Gollnisch, premier universitaire à avoir rejoint le bien entendu, au titre du colloque du GRECE de novembre (2) Cf. JIztIcle 31 n° 8, mai 1985, p. 8 qui reIlCl compte de ce IlémiDaire : espérait que l'opposition, tirant des conclusions de sa Front national. Il ne s'y sentira pas seul non plus, puisque 1983. Des interventions publiques ont lieu en commun, le «La salle (... ) semblait préférer au "Di racisme, Di laxisme", de défaite, puiserait dans ses travaux pour renouveler son Bruno Mégret, ancien membre du conseil d'administration 3 mars à Genève sous l'érode du cercle Proudhon, et le M.1Iamunm, les thèses plu énergiques, de rejet, pr&aées par arsenal idéologique, le GRECE est contraint de dresser un du club de l'Horloge, ancien président-fondateur de ",. J.-P. Stirbois. • constat d'échec : «Le vide intellectuel frappe l'ensemble l'association les Nouveaux Républicains, président des 9 mars à Paris. Cela n'est pas sans nous étonner, nous qui (3) Le « nègre . de lIOIl Uvze les lmmJgrétJ: le clJoc (Paris, Plon, 1984) étions habitués à une grande prudence du GRECE. En n'est autre que Je_-Yves Le Gallou, affirme M. TagDieff clau la de l'éventail Politique ,' avoué, à gauche, par le débat lancé comités d'Action républicaine et de la Confédération des quelque sorte il s'agit d'un retour aux sources. nrt'1le les Tem..,. modemes, n° 465, avril 1985, p. 1780 à 1842. cet été dans Le Monde (sur « Le silence des intellectuels de associations républicaines (CODAR) a annoncé son rallie- L'unité de la « nouvelle droite» est donc bien mise à mal. Et (4) Cf. le Mcmcle, 12 jufD 1985, qui fait l'analyse de ces propositiODS. gauche»J, il est mis en évidence, à droite, par l'incapacité ment, ainsi que celui d'un certain nombre de clubs (5). . (5) Lon des «1JeCODds états généraux de l'opposition., ollJlUlisés à manifeste des états-majors politiques de s'évader des De son côté le GRECE, fort déçu par l'évolution de la drOite pourtant, bien qu'étant passé au Front national, M. Le l'iDitiative du CODD, qui se IIOIlt tenu le 23 novembre 1985 à Paria. Gallou est toujours membre du conseil d'administration du Br1IDo Mégret aurait obtenu de figurer en tête de la liste du Front préoccupations immédiatement électorales» (1). Dès lors, qui ne voit pas qu'« opposer le libéralisme au socialism~ club de l'Horloge, ses idées n'ont pas changé. Ce qui le utiODal clau l'Isère (posItiOD éUgihle). il va se consacrer à la définition d'une « troisième voie pour revient combattre le stade ultime de l'égalitarisme en lUl à sépare des autres membres du Club, membres du RPR ou (6) P.-A. TagDieff, op. cit., p. 1795 ; mais lI1lI' cet aspect mal COIUlU de ______.. __t»_,_a __ am__ o_r_cé __ un__ e __ l'extrême cIroite on pourra COIIS1Ilter ausi avec: profit JIztIcle 31, n° 7, _, III ~lE~~~o~p~e~»~. ~op~po~san~~t~~l_e_s_t_ad_e~p_r_é_c_é_d_en co_n_v_e_r~- de l'une des composantes de l'UDF, est insignifiant au avrill98S, p. 3 et n° 9, jufD 1985, p. 3. .. ~D~iffiueZ'r=en~c~~~-~n~o 5~2~-~Ja~n~v7k-r~1~98~6~----~------~------~~--~~~~~~------__~ - , LES PROCES DE JEAN-MARIE

On le sait, raisonnements Vérité déjà évoqué, il aurait pu saisir l'occasion de faire simplistes et méthode Coué reconnaître sa bonne foi par le tribunal. Or, plutôt que font partie de l'arsenal du d'affronter le fond du sujet, il a essayé de faire annuler la discours de Jean-Marie Le procédure en invoquant son immunité parlementaire en Pen. Ses relations avec la tant que député européen, une première fois, puis en justice n'échappent pas à la appel. Chaque étape prenant quelques mois, il est possible règle : à force de l'entendre que, plus de deux ans après les faits, l'affaire soit finalement clamer partout qu'il gagne plaidée courant 1986 ... tous ses procès contre ceux Il y a aussi la manière d'interpréter les décisions judi­ qui le dénoncent comme ra- ciaires ; si le tribunal de Saint-Quentin condamne pour I-______....J ciste, on finirait par y croire. diffamation un élu municipal qui avait demandé qu'on Il faut dire que, dans l'opération « nettoyage » du Front refuse une salle pour un meeting du Front national afin que national, l'arme des procès tient bonne place ; pour faire la cité n'offre pas «une tribune raciste et antisémite à oublier un passé de leader d'un groupuscule extrémiste, Le M Le Pen ", il s'agit d'une grande victoire. Mais si, dans un Peri a apparemment décidé de faire un tour de France des contexte comparable, le tribunal d'Amiens puis la cour juridictions pour s'y voir décerner un label d'honorabilité. d'appel déboutent Le Pen de sa plainte en diffamation Raciste, fasciste? Injures. Tortures en Algérie? Diffama­ contre le responsable local du MRAP qui avait déclaré, tion. Le Pen connaît bien le droit et sait l'utiliser, y compris dans une interview au Courrier Picard. « Les propos de Le comme menace. S'il vous paraît évident, à vous, que parler Pen sont, en permanence, une incitation au racisme », c'est de l'immigration comme d'une «invasion », comparer qu'il est composé de juges rouges. l'étranger à une « araignée qui pond ses œufs dans le corps Il est vrai que les attaques personnelles contre les insensibilisé de sa proie » relève tout bonnement du magistrats qui ne lui donnent pas toujours raison, comme le racisme, alors, attention : pensez-le, mais ne le dites pas. président Cabié de la 17" Chambre correctionnelle de Vous risquez la poursuite pour diffamation. Paris, font aussi partie des habitudes du leader du Front Ça marche à tous les coups pour Le Pen? Non, bien sûr, national. mais il dispose d'une panoplie complète de techniques, en amont et en aval des procès, pour tourner les choses à son avantage. D'abord, on l'a déjà dit, menacer. Menacer très fort. On l'a Le Front national, c'est Le Pen, Le grand meeting du F .N. Avec, en prime, la parole du père pour vu, à l'Heure de vérité d'Antenne 2, le 16 octobre dernier, le magnétoscope. annoncer que, suite aux « révélations » du Dr Demarquet mais Le Pen, dans le Monde, il attaquait en justice, non seulement son ex-ami et ce journal, mais tous les médias qui avaient relaté ce n'est pas le Front national ? cette interview et, donc, par là, colporté la « diffamation » ; étrange façon de concevoir le journalisme, mais on sait que dans ce domaine, Le Pen n'est pas à cela près. Deuxième méthode, atténuer a posteriori la portée de ses La dernière tactique très en vogue au Front national, c'est propos en arguant du contexte dans lequel ils ont été la dichotomie entre le parti et son chef. Le Pen se veut le tenus; il a dit en public : « Demain, les immigrés s'installe­ rassembleur de tous ceux qui pensent tout bas ce qu'il dit ront chez vous, mangeront votre soupe et coucheront avec bien haut. National Bebdo porte comme sous-titre «le votre femme, votre fille et votre fils. » ? Ce n'est pas du journal de Jean-Marie Le Pen », et on imagine mal ce que cours de ces derniers mois, une sene de décisions racisme, ce sont des propos « virils» qui font partie du deviendrait ce parti sans le moteur que constitue son judiciaires ont prouvé le contraire. Ainsi, ]. -F. Kahn, T. Le «rôle d'un homme politique, c'est-à-dire, introduire la président. Luron, le MRAP, Libération, le canam enchaîné sont sortis CARICATURES gravité des problèmes politiques dans des termes qui Pourtant, ce dernier refuse toujours d'endosser la moindre « blanchis» des chambres correctionnelles où Le Pen les avait traînés. soient compréhensibles par tous " (Heure de vérité, responsabilité concernant ce qu'ont pu faire, ou dire, des Deux plaintes de Le Pen, intérêts à l'insulté. Antenne 2, 14 février 1984). membres de son parti. Au nom de la démocratie .. . De même, il est faux de prétendre que le Front national n'a deux interprétations diffé­ C'était juste pour se faire comprendre... En revanche, ils Ainsi, il ne manque pas, lorsqu'il est accusé de racisme en jamais été condamné pour racisme : tout récemment deux En novembre de la même rentes : tout est relatif, la année, Antenne 2 diffuse un n'ont rien compris, tous ceux qui ont décelé de l'antisémi­ tant que représentant d'un parti, de rappeler son passé de candidats de ce parti aux élections ont été condamnés l'un preuve. En jUillet 1984, une tisme dans la colère de Le Pen contre quatre journalistes résistant, d'ancien combattant et son respect de la loi et des à Strasbourg et l'autre à Dijon, pour provocation 'à la pastiche de Le Pen par publicité pour un mensuel Thierry Le Luron, utilisant cités nommément à la dernière fête Bleu Blanc Rouge du traditions démocratiques. A un tel argument, le tribunal discrimination et diffamation raciste, pour avoir publié parue dans Libération re­ Front national; le fait qu'ils soient tous les quatre juifs n'a d'Amiens, dans un jugement du 31 octobre 1984, a répondu tracts et articles dans lesquels les immigrés étaient force allusions précises: présente Le Pen en uni­ « légion de crânes rasés » , rien à voir, c'est nous qui avons l'esprit mal tourné. qu'un chef de parti «ne peut s'offusquer de faire l'objet présentés comme un danger et une menace pour la France. forme para-militaire, dé­ « chemises noires » etc. La Une autre chose dont Le Pen - et ses avocats - savent tirer d'appréciations critiques et d'attaques, même vives, de la coré d'une croix de fer. La première chambre du tri­ profit, ce sont les aléas et les lenteurs de la procédure. Cité part de ceux qui récusent ses opinions politiques. » On a beau faire, le naturel réapparaît toujours derrière le cour d'appel y voit une bunal civil de Paris n'y voit en justice, en application de la loi qui réprime la Le Pen s'est bien servi de l'arme juridique, mais elle vernIS de la respectabilité ! diffamation et condamne le provocation à la haine raciste, pour quelques-uns de ses commence à se retourner contre lui et il ne peut plus dire, pas de quoi fouetter un chat j directeur de publication à et déboute le plaignant Le Il « propos virils» tenus lors de son passage à l'Heure de sans mentir, qu'il gagne tous ses procès en diffamation. Au CLAIRE RODIER verser des dommages et Pen . D 11/: Différences - n° 52 - Janvier 1986 ------_---.J I -

PRESSE D'EXTREME DROITE • La presse des nationa­ • La presse des néo-nazis listes conservateurs Les FNE (Faisceaux natio­ LES RELAIS National Hebdo est le nalistes européens), plus journal de Jean-Marie Le connus sous leur ancien Pen. DepuiS le numéro 22, sigle: FANE (Fédération le directeur de la publica­ d'action nationaliste euro­ DU FRONT NATIONAL tion en est Roland Gaucher. péenne), dirigés par Marc Quant à la diffusion réelle Fredriksen, publient Notre de cet hebdomadaire, Europe Combanante, sous vendu en kiosque, les la direction de Claude Do­ chiffres qu'annonce le FN mino. .------, Le Front national (FN) démontrer que le CCFD ne distribue les produits des sont à considérer avec de • Les royalistes dispose d'un hebdomadaire quêtes de carême qu'il collecte que «dans les pays très grandes précautions. Le La Restauration nationale qui depuis septembre 1985 influencés par le communisme ». tirage serait de 100 000 de Pierre Pujo et Guy Stein­ est de nouveau disponible en Ces deux campagnes font suite à divers articles parus exemplaires - ce qui n'est bach publie Aspect de la kiosque. Il s'agit bien en­ dans NH au printemps 1985. Citons, par exemple, en avril pas la vente ... France qui flirte avec le FN. tendu de National Hebdo 1985 (n° 43) un article de Pierre Debray, organisateur des Mais le FN dispose d'autres Cet hebdomadaire se place (NH). Mais le FN dispose Silencieux de l'Eglise et directeur d'une lettre, le Courrier soutiens dans la presse. dans la continuation de actuellement de nombreux hebdomadaire de Pierre Debray. Selon ce dernier, «le Ainsi Minute, dont l'édito­ l'Action française de relais médiatiques qui assu- CCFD utilise une partie de l'argent versé par les fidèles rialiste est François Bri­ Charles Maurras. Pierre L..-______---' rent une large diffusion de pour former des cadres révolutionnaires dans le tiers gneau, ex-leader d'Ordre Pujo est le fils de Maurice son programme et de ses idées. L'on peut en effet noter monde... En France, même cet argent sert à payer une nouveau, et Présent, co­ Pujo, l'un des principaux que certaines campagnes de presse du FN sont relayées, école de subversion comme le journal Sans Frontières ». Le dirigé par ce même Fran­ collaborateurs de Maurras. ou menées simultanément, par certains journaux qualifiés CCFD, qualifié de «pompe à fric ", servirait également çois Brigneau et Jean Ma­ Pour l'année 85, ce journal diran, soutiennent égaie­ d'opposition. selon Pierre Debray à «imposer un pouvoir socialiste en a connu un déficit de France». ment le FN. Derrière Pré­ 700 000 F. 30 000 exem­ National Hebdo du 19 septembre 1985 titrait « Ces manuels Les citations ne manquent pas. L'intérêt de telles réfé­ sent se retrouve par ailleurs plaires sont tirés. La moitié qui pourrissent la jeunesse française ». Dans le Figaro rences est surtout de montrer le jeu de miroir qui s'est la quasi-totalité des catholi­ est vendue sur abonnement. Magazine du 21 septembre 1985 on retrouvait en gros opéré entre les diverses publications citées. A partir d'une ques intégristes: Mgr Le­ La vente militante à la criée titre .. . « Des flagrants délits de désinformation à l'école ». Et campagne de NH d'autres journaux se sont alignés, et ont febvre, qui y publie réguliè­ est une autre des formes de assez curieusement aussi dans Valeurs actuelles des 23-29 amplifié ainsi l'écho du FN. rement ses encycliques, vente. Utilise aussi les ser­ septembre 1985, dans la rubrique politique intérieure, on Autre type de campagne, la question de l'immigration. Le Romain Marie, responsable vices des NMPP. trouvait un article assez cynique de Michel de Jaeghere sur 26 octobre 1985 le Figaro Magazine publiait une « enquête de l'AGRIF (cf. à se sujet les manuels scolaires d'instruction civique. démographique encore jamais réalisée» (sic), dépourvue Différences n° 45). • Autres parutions Voyons de plus près ce que contiennent ces articles. Le de tout fondement scientifique. «Serons-nous encore Monde et Vie défend égaie­ Rivarol a été créé au lende­ main de la libération, par Figaro Magazine déplore que les nouveaux manuels Français dans trente ans?» Tel était le titre du dossier ment les thèses catholiques quelques unes de ses d'instruction civique tiennent moins compte de « la spécifi­ réalisé par Jean Raspail (1), journaliste à Présent (cf. tradition na listes de Mgr Le­ cc victimes »: Lucien Re­ cité française, latine et chrétienne» que « d'une société encadré). febvre. Ce journal paraît cosmopolite dominée par l'immigration maghrébine» (sic). toutes les trois semaines. batet, Pierre Dominique, René Malliavin... A été re­ NH ne supporte pas quant à lui « la conception toute 12 000 exemplaires sont pris en main depuis par particulière de l'éducation civique selon Chevènement ». A chacun son registre., tirés. La publicité ne fournit Tout l'article se condense autour de la question du racisme. que 10 % des dépenses. Camille Galic. De 18 à Rien n'est dit explicitement. Tout l'art consiste à user de à chacun son public Pour palier les difficultés 20 000 exemplaires sont doux euphémismes. Mais ce qui semble gêner l'auteur de financières, il existe une tirés, dont 7 000 sont vendus sur abonnement l'article, c'est « le métissage des cultures ». Bref le racisme S'il est clair que le Figaro Magazine est l'un des relais du souscription de soutien. antifrançais? FN, cela est moins évident pour Valeurs actuelles. Les • La presse des nationa­ (surtout dans les zones rurales). Valeurs actuelles tient un double discours. En apparence, il articles s'y teintent d'un semblant d'objectivité. listes révolutionnaires y a l'objectivité que confèrent les citations; mais le choix de Tout se passe comme si dans cette revue, on donnait la Le MNR (Mouvement natio­ Lectures françaises: dirigé La question est en fait fait bien plus complexe. Ainsi, en naliste révolutionnaire) depuis 1977 par Jean ces citations n'est pas indifférent, ni neutre. Prenons-en parole à Le Pen, sans le remettre en cause le moins du octobre 1985, le Centre d"études et de diffusion de l'UNI quelques-unes au hasard: «L'illustration privilégie le monde. Or, un nom ne peut manquer de nous retenir, c'est dispose d'une publication, Auguy, successeur d'Henri publiait un dossier sur le CCFD. Dès 1982, les CAR Coston. 5 000 exemplaires chromo révolutionnaire », «On ne trouve aucune référence celui de Yann Clerc: tête de liste du FN en Ille-et-Vilaine Troisième Voie, dont le n° 1 (comités d'action républicaine) dénonçaient le caractère date de janvier-février par mois. Il y aurait 4 000 aux pays de l'Est », « Un encadré engage les écoliers à agir, pour les législatives de mars 1986. Ancien secrétaire marxiste des manuels scolaires. Tout semble se passer en leur indiquant notamment l'adresse d'Amnesty Interna- général du Figaro; rédacteur en chef politique de Valeurs 1985. (cf. article) abonnés. Deux librairies à comme si ces groupes de réflexion apportaient l'outil Paris diffusent ce mensuel : tionai », etc. Voilà quelques citations «anodines» de cet actuelles. Il a assumé par le passé des fonctions impor- Le MNR et le PFN (Parti des article. tantes dans plusieurs syndicats de journalistes. théorique à la presse d'opposition, tout en restant dans forces nouvelles) ont une la librairie Grégori et la Si l'on jette un coup d'œil du côté de la province, certaines l'ombre. Ainsi s'élargit notre base de départ, ce qui permet publication commune, librairie française. Une campagne contre le CCFD (Comité chrétien contre la coïncidences méritent d'être soulignées. Ainsi, Gabriel par ailleurs de mieux saisir les raisons d'un tel synchro­ Vaincre. A noter que ces La Vie française: dirigé par faim et pour le développement) a également été orches- Domenech, rédacteur en chef du Méridional, n'a-t-il pas nisme dans les campagnes menées par ces divers deux mouvements sont Bruno Bertez depuis 1982. trée dans de nombreuses publications, à la suite des été pressenti pour figurer aux élections législatives sur la Journaux. D réunis au sein du mouve­ Journal résolument d'oppo­ nombreuses campagnes du FN. Ainsi dans le Figaro liste du FN dans les Bouches-du-Rhône? Pour ce qui est GERMAINE DUPONT ment de jeunesse Jeune sition (alors qu'il était aupa­ Magazine du 26 octobre 1985, un dossier sur le CCFD des radios locales, autres formes de relais médiatique, il est Garde. ravant un journal écono­ titrait: «Charité chrétienne ou subversion marxiste? » Un à noter que Serge de Beketch, rédacteur en chef de (1) leu Rupail, membre du CoDSeÜ national du PFN en 1975 (cf. le Le PNF (Parti nationaliste mique). Ainsi, à la rubrique Monde 16 novembre 1976), fut présent au fonun de la Nouvelle droite culturelle, on notera la pré­ dossier qui se voulait épineux et qui reprochait essentielle- Minute, n'est plus autorisé d'antenne à radio Solidarité, et en man 1975 (Quotidien de Paris 3 man 1975), et a écrit dans français) regroupe la ten­ ment à cette organisation de mener des entreprises non ce depuis plusieurs mois. Il y a un an ou deux le FN était Eléments la revue du GREeE (Droits et Liberté décembre 1977- dance néonazie du FN, ex­ sence de Catherine Fouillet, exemptes d'« a priori idéologiques ». encore reçu cordialement par cette radio locale pari- janvier 1978). Pour plus de reDSeignementa lire aussi dans la revue clue en 1981. Les dirigeants auteur de Moi, j'aime l'ex­ Esprit" Sur un manifeste raciste et réactionnaire» par Jean Belorgey Quant à Lectures françaises de septembre 1985 (cf. sienne, dirigée par Bernadette d'Angevilliers, « radio sont d'anciens SS, comme, trime droite (1982, éd. li­ (juin 1985). Cet article permet de mieux saisir ce personnage, à travers brairie française) ! encadré), il dénonçait également « La mafia des chrétiens d'opposition» s'il en est! Maintenant le torchon brûle entre l'ouvrage qu'il a publié aux éditions Robert Laffont, le Camp des par exemple, Pierre Bous­ _ de gauche », et dressait un tableau des attributions le FN et radio Solidarité, ce qui vaut à cette dernière d'être saints, un ouvrage à la hauteur du personnage, et qui le consacre dans quet. Leur revue est Mili­ les milieux d'extrême droite. tant. GERMAINE DUPONT iii L.:e=ffe.:c:.:tu=ée.:s:....::p:.:a=-r ..:.le::...... ::C~C:..:F~D:...... :e:.:..n:....:..19.:..-8:..-5_e.:...n..:-F_ra_n_c_e_. _C_e_l..,:a,:..-a_f_in_d_e __--.:..p_lu_tô_t_m_al_tr_a_it_é_e_d_a_ns _l_es_li_g_n_es_d_e_~_é_se_n_t_. ____--' Différences - n° 52 - Janvier 1986 Quel est l'endroit d'Europe où l'on peut Marionnettes et ombres d'Asie, au voir, simultanément, des films de Thaï• Louvre des antiquaires (jusqu'au lande, d'Iran, du Viêt-nam, de Turquie, 2 mars 1986). de Kirghizie, de Corée, avec, en prime, L'Egypte pharaonique est à Paris (jus­ une rétrospective historique du cinéma qu'à la fin janvier). Dans la Grande argentin, présenté, entre autres per­ Halle de la Villette, Kodak a recons­ sonnes, par Isabel Sarli, la «bombe titué, comme il l'a fait pour l'une des SY~2~rl"75001 PARIS sexuelle ~~ du Septième Art des années grottes de Lascaux installée à demeure Tél: (1) 42 974321 60-70 !, plus une « carte blanche » à au musée des Antiquités nationales de Youssef Chahine (1) ? : c'est à Nantes, Saint-Germain, à l'identique et gran­ au cru 85 du festival des Trois Conti­ deur nature, le tombeau de Sennefer dit nents, (26 novembre - 3 décembre). «Tombe aux vignes» (XVie siècle Que mon enthousiasme pour la capitale avant J.-C.). Cela grâce à un procédé du Pays de la Loire ne me fasse pas original et révolutionnaire inventé par Paul Oriol oublier que Différences (nostra la firme. C'est moins cher que d'aller Les immigrés : culpa !), n'a pas parlé comme il aurait jusqu'à Louxor. .. fallu des merveilleux spectacles C'est avec plaisir que nous avons appris métèques ou citoyens ? présentés, ces dernières semaines qu'Elisabeth Labrousse, spécialiste du à la Maison des cultures du monde : protestantisme, qui avait accepté de un mois culturel tunisien, et, sur­ répondre aux questions de Différences tout, une série de spectacles de (n° 49) vient d'obtenir le grand prix marionnettes et d'ombres de l'Inde et Moët-Hennessy (100000 F), pour son de Malaisie, ce dernier pays donnant, superbe ouvrage, La Révocation de pour l'une des premières fois en Europe l'édit de Nantes (éd. Payot). BIBLE. La Saga des Juifs d'Afrique du où ils viendront féconder, numérique­ des scènes de Wayang Gedek, mali­ On dit souvent que les expositions de Nord. Ce titre, emprunté à un livre ment, culturellement et religieusement, cieuses scènes mythologico-quoti­ photographies documentaires font précédent d'André Chouraqui peut une communauté juive qui deviendra la diennes en théâtre d'ombres. « pauvre », sinon «boy-scout»: une donner une idée de l'ampleur et du quatrième du monde en importance. On peut se rattraper et prolonger la démonstration contraire à ce préjugé rythme de son dernier et monumental Gageons que cet ouvrage du très talen­ magie de ces spectacles en allant voir est apportée par Architectures indiennes ouvrage Histoire des Juifs d'Afrique du tueux traducteur de la Bible en vingt-six l'exposition, magnifiquement mise en (Ecole des beaux-arts, jusqu'au 19 jan­ Nord, une somme de plus de six cents volumes, entre autres, par ailleurs scène, de cinq cents marionnettes, vier), tant l'agencement d'excellents pages qui retrace amoureusement l'iti­ maire adjoint de Jérusalem, lui-même figures et ombres de toute l'Asie, documents accompagnés de textes clairs néraire exceptionnellement long et natif d'une Algérie qui l'a accueilli avec et intelligents qu'elle nous offre riche, sur plus de deux mille ans, de la chaleur en 1983, deviendra un clas­ constitue une introduction impeccable présence juive en Afrique du Nord. sique, une « bible », oserons-nous dire, au formidable patrimoine architectural Qu'ils soient volontairement venus d'O­ sur le sujet. 0 indien, de 2000 ans avant J.-C. aux rient dans l'Antiquité, ou, dans une très YVES THORAVAL réalisations les plus avant-gardistes 69 F large proportion, des Berbères au­ d'aujourd'hui. tochtones convertis, auxquels sont Histoire des Juifs d'Afrique du Nord, par Nous parlerons au printemps de venus s'ajouter, après 1492, les Sé­ André Chouraqui, éd. Hachette. Vienne, capitale du cosmopolitisme de pharades chassés d'Espagne par le pou­ la fin du XIXe et du début du XX' voir chrétien, les Juifs nord-africains, siècle : en attendant, on peut se donner Paul Oriol de Carthage aux indépendances, en une idée d'une certaine cohabitation passant par Rome, Byzance et l'Islam, FEMMES. Pays mêlés de Maryse Condé des peuples et des religions de l'Empire • ont réussi, contre vents et marées, à (auteur d'origine guadeloupéenne qui a austro-hongrois finissant, en explorant Les immigrés • préserver leur identité religieuse et donné de très bons textes sur l'Afrique) ce qu'était Trieste, ex-grand port de culturelle, même s'ils ont su atteindre, à est un recueil de deux récits, qui nous: l'Empire, actuellement dynamique cité métèques certaines périodes, une symbiose judéo- mettent au sein même de la vie en italienne à la frontière yougoslave, dont arabe dans la langue, les coutumes, les Guadeloupe, depuis le début du siècle une charmante exposition, à la Concier­ ou citoyens ? modes de vie. jusqu'à nos jours: brassage des gerie (jusqu'au 3 février 1986), pré­ Si l'Islam n'a pas toujours été clément peuples, rejet de la colonisation et, ces sentée par la Caisse des monuments pour le judaïsme nord-africain, loin de dernières années, début de luttes dans historiques nous restitue l'atmosphère là, il n'a cependant jamais persécuté les l'espoir d'acquérir l'indépendance. pluri-ethnique chantée par Joyce, Un état de la question, et des Juifs d'une manière aussi terrible et La première histoire qui nous est pré­ Svevo, Saba... 0 réformes engagées, les rappels abjecte que l'Europe chrétienne. Lors- sentée, Pays mêlés, exprime la difficulté YVES THORAVAL historiques indispensables, que la France coloniale s'emparera de la de vie pour les femmes à travers le région, elle offrira, cette fois, une temps, que ce soient Belle, Pourméra la quelques chiffres, un peu (1) Un très intéressant numéro de Cinémaction occasion aux Juifs de rencontrer les folle ou Berthe. C'est une très belle (n° 33) (éd. du Cerf), vient de lui être consacré. d'humour, des critiques et des valeurs modernes et de s'éduquer, mais histoire dominée par l'amour ma­ propositions, voilà le livre de également de prendre des distances ternel: « Le couple mère-fils fournit le Festival des Trois Continents, BP 3306 Paul Oriol. vis-à-vis des nationalismes nord-afri- modèle idéal dont parle le tantrisme. La Nantes, 44033 cedex. cains, source de déchirements à l'heure mère est déesse, principe cosmique fé­ Louvre des antiquaires, place du Palais- des indépendances des trois pays de la minin. Il n'y a pas d'acte sexuel. Chacun Royal, 75002 Paris. région, venant s'ajouter à l'attirance du atteint le bonheur par l'anéantissement Halle de la ViUette, 21I, av. Jean-Jaurès, tout nouvel Etat d'Israël. du moi. » Le second thème du livre 75019 Paris. en librairie ou Pour le demi-million de Juifs nord- (Nanna-Ya) est empreint du souvenir ~ Ecole des beaux-arts, 17, quai Mala- aux Editions Syros, 6 rue africains, parfois dans un climat des révoltes d'esclaves« marrons ». 0 ~ quais, 75006 Paris. Montmartre 75001 Paris 1 d'exode, l'heure sera au départ, pour Pays mêlés. Coll. Monde noir Poche, éd. !il: Conciergerie, 1, quai de l'Horloge, Il III L-______~ ____ ~ __l'_E_ta_t_h_e_'b_r_e_u_e_t_s_u_rt_o_u _t~p_o_u_r_l_a_F_r_an_c_e_, ___]{_a_t_ie_r_. ______J ~~M~a~n~·O~nn~d~n~d~'~~ie~. __ ~~ ______7.~~~OO~I~P~a~rŒ~·.~ ______~======~ Différences - n° 52 - Janvier 1986 vision claire de la politique, n'ont rien à Correspondance craindre de Kahana. juive-arabe Je leur dirai qu'ils travaillent, comme ON S'ECRIT, ON SE FAIT UNE PAIX ? certains le font, avec la gauche israé­ lienne, avec les antisionistes israéliens pour les faire sortir eux aussi de la guerre tribale. Il faut que les Juifs sortent de l'idéologie romantique misé­ Différences: J'ai lu votre livre comme un Jacques Hassoun : Au contraire, il ar­ c'est une tâche d'analyse au sens large, Il faut essayer" d'aller au-delà de la rable, qu'ils sortent de cette dialectique livre iconoclaste qui met en cause un rive souvent qu'un groupe humain use du psychologique à l'historique, en nostalgie. Nous sommes Jacques et moi du tribal pour accéder à ce qu'on a certain nombre de représentations du juif de ses mythes pour imaginer qu'il est passant par l'économique, le social, le différents et semblables à la fois. Il nous appelé le cosmopolitisme ou ce qu'on a et de l'Arabe, l'un par rapport à l'autre, auto-engendré et que sa pensée s'auto­ stratégique... Formuler, préciser cer­ faut reconnaître quelqu'un, y compris appelé il y a trente ans l'internationa­ engendre. Par exemple, une idée court Dans ces temps de et dans la confrontation de leurs histoires, taines questions, les regarder en face ; dans sa détermination d'altérité, avec lisme. Vidons le tribal de sa densité respectives et communes. Qu'est-ce qui beaucoup dans le monde juif selon dans ce regard, l'Autre peut prendre sa son passé, son présent, son devenir, le dramatique. D'autre part, je crois à la guerre et d'invective, laquelle la philosophie juive s'est nour­ vous paraît le plus urgent à détruire ou à place. reconnaître comme tel. Ce petit chan­ nécessité d'un Etat palestinien à côté de une oasis de paix transformer parmi ces représentations rie d'elle-même et uniquement d'elle­ gement, ce frémissement, entraîne, des l'Etat d'Israël, car dans la situation mythiques, théocratiques, politiques? même. Ce n'est pas vrai, depuis la nuit effets, beaucoup d'effets, la preuve: on actuelle, l'idéal d'un Etat unifié et et de dialogue : des temps il y a eu les Araméens, les est en train de faire une interview Jacques Hassoun : Ce qui est à remettre démocratique me semble repoussé à un psychanalyste juif Grecs, qui ont donné de la sève et de la ensemble. A propos de notre corres­ une période éloignée. en cause, pas seulement pour les juifs et consistance au judaïsme, il y a eu les pondance, il faut dire qu'on ne peut pas Différences: Abdelkebir Khatibi, vous et un écrivain arabe les Arabes d'ailleurs, c'est le glissement Babyloniens, la pensée arabe. Sans la lui demander l'impossible. Cette corres­ avez écrit une phrase qui m'a beaucoup s'écrivent pendant qui s'opère lorsqu'un mythe cesse d'être pensée arabe, le judaïsme aurait pondance dit ceci: le dialogue est frappée : « La différence la plus petite et prétexte à écriture, à poésie, ou à rêver, sombré dans un synchrétisme complète­ cinq ans. Aujourd'hui, possible. Il faut aller doucement, vu la plus proche est en même temps la plus et que, au nom de ce mythe,un peuple, ment fou. Il y a eu la modernité avec l'histoire affective ; ces lettres se veu­ cruelle et la plus aveuglante.» Cette ils publient un groupe humain, se transforme en Mendelsohn, Spinoza et d'autres. lent quelque chose qui réconcilie le proposition vous paraît-elle valable pour cc Le Même Livre ». guerriers, en impérialistes. Deuxième Coran et la Bible. On propose du danger, c'est quand un certain nombre la communauté maghrébine en France, Dehors, les Abdelkebir Khatibi: Dans le cas du travail, c'est tout. et, notamment, les jeunes Maghrébins qui de mythes fondateurs, ceux de l'Islam Différences : Bien que votre propos ne archaïsmes ou d'une autre civilisation, se mettent à monde arabe, c'est la notion théocra­ sont violemment pris à partie justement tique de la « oumma » (2), unique et soit pas directement politique, on est tenté au moment où toute une génération théocratiques. ne pas reconnaître l'Autre, à abolir de vous demander ce que vous proposez complètement la notion d'altérité. unifiée autour du territoire, de la reli­ opère un travail d'expression et gion et du pouvoir. Or, cette unité, il concernant le conflit israélo-arabe? d'intégration dans la société fran­ Abdelkebir Khatibi : Pour prolonger ce faut la reposer comme question, par un A vez-vous quelque chose à dire à ceux qui çaise ? qu'explique Jacques, je dirai que la travail sur soi, et, quand je parle de Abdelkebir Khatibi, écrivain vivent au sein de ce territoire conflictuel, Abdelkebir Khatibi: C'est un autre Né au Maroc, Abdelkebir Khatibi, univer­ tâche urgente c'est le travail sur soi. travail sur soi, ce n'est pas un travail les Arabes et les juifs d'Israël? volet que vous soulevez, il faut beau­ sitaire et écrivain, vit à Rabat. Jacques Cela veut dire que le concept de purement sur l'affect, ce qui est d'ail­ Différences : Quelle place tient le rapport Jacques Hassoun : Ce que je pourrais coup de travail pour y répondre, à mon Hassoun, né en Egypte, psychanalyste, société, au Maghreb et au Machreq par leurs très important, mais c'est un judéo-arabe dans cette volonté et cette dire à un Arabe d'Israël, bien que je avis ce travail n'a pas encore été fait. La auteur de plusieurs ouvrages, vit en exemple, a besoin d'être interrogé. A travail sur les sociétés elles-mêmes et nécessité que vous exprimez de redéfinir sois le dernier à donner une quelconque question est ouverte, elle est impensée, France depuis 1954. L'un, arabe, et partir de ses mythes fondateurs une leur devenir. les choses? leçon, c'est qu'il n'y a rien à craindre, autant par les Français que par les l'autre, juif, sont sortis de la vision société accepte plus ou moins les Cette tâche, c'est un changement de Jacques Hassoun: Ce qui est certain, car d'expérience, à chaque fois qu'un étrangers ; les Maghrébins y compris théocratique, le premier à la mort de son groupes, les minorités, les commu­ regard sur la vie, c'est regarder en face à c'est que dans notre histoire, notre peuple a voulu expulser un autre n'arrivent pas à se situer par rapport à père, le second lorsqu'il a commencé à nautés et donc la question de la tolé­ face sa propre société et les composi­ parcours, notre stratégie propre, exis­ peuple, le tuer, le faire disparaître, ce ce territoire, à ce lieu, et à cet imagi­ observer l'aveuglement dans lequel se rance me paraît essentielle. tions qui la structurent et se donner les tentielle, la judaïté ou l'arabité ou peuple s'est couvert de ridicule. Ces naire qui s'appelle la France. Le pro­ trouvait son propre père. La tolérance se débloque aussi par un moyens de l'analyser. La tâche essen­ l'islamité sont des choses très impor­ Palestiniens, qui sont devenus l'intelli­ blème des travailleurs étrangers, des Ils nous offrent aujourd'hui une corres­ travail sur soi, en se dégageant d'un tielle pour moi, parce que nous ne tantes ( ... ). Sans idéaliser, et en ce qui gentsia du Moyen-Orient, qui ont une étrangers tout court, c'est d'abord la pondance qui s'étale sur cinq ans et qu'ils certain archaïsme. sommes pas des hommes politiques, me concerne, sans faire du romantisme, question de la France avec elle-même, destinaient dès le départ à la publication. il y a eu un temps où les communautés de la place de l'étranger dans ce monde Ces lettres qui s'interpellent, se croisent, juives ont vécu dans le monde arabe, qui s'appelle la France. se chevauchent et dialoguent, portent un dans le Machreq que je connais, et il n'y Jacques Hassoun : J'ajouterai unique­ intitulé significatif: Le Même Livre (1). avait pas de problèmes. Et puis, tout à ment deux mots ; la France est en train Ces lettres St rencontrent sur plusieurs coup, il y a la cassure. Et comme par de se séparer d'une partie d'elle-même. territoires, schématiquement: la langue hasard, cette cassure a été contempo­ Aujourd'hui on attaque les Maghré­ raine de la création de l'Etat d'Israël. française, dans laquelle elles sont écrites, - !\ 4E- ).AE,' liVRE bins, les Turcs et les Noirs, mais le le « bilinguisme culturel» arabo-français Pour les amis juifs du Maghreb, c'est le L EiV\ ('\\ discours sous-jacent, qui est clairement des deux auteurs, leur appartenance aux colonialisme, l'anticolonialisme et la fin dit, c'est que messieurs Fabius et Ba­ peuples juif et arabe, enfin, l'histoire - de la colonisation qui ont marqué la dinter ont des ancêtres qui, à deux, trois les histoires - complexe, à la fois réelle cassure. et quatre générations ne sont pas des et symbolique, qu'ils tentent d'analyser. Abdelkebir Khatibi : Deux choses appa­ catholiques romains. En France, c'est Ce même livre se veut «réconcilier la raissent lorsqu'on commence à analyser une chose aberrante, on en revient à Bible et le Coran », mais en sortant des les relations entre les Arabes et les Hugues Capet. D archaïsmes théocratiques et des mythes juifs, les sépharades, en particulier. Ce destructeurs de fraternité pour entrer de rapport s'exprime dans la dénégation, INTERVIEW REALISEE PAR CHERIFA plain-pied dans la tolérance et le regard le refus de l'autre, qui a des fondements de l'Autre. Voici quelques extraits de théocratiques. Cette dénégation se l'interview que nous avons réalisée avec transforme, après le départ des juifs, en (1) Editions de l'Eclat, Paris, 4, passage de la eux. nostalgie chez les juifs eux-mêmes et Main-d'Or, 75011 Paris. chez les Arabes qui sont restés. Or, la (2) « Nation,. pour désigner « La nation arabe ,.. Jacques ~ nostalgie tourne à vide, le monde a ' '·1 1 "1·1 1 . N.B. Nous ne pouvons donner que des extraits de Hassoun <:l cange,lh ya srae, 1 ya a questIOn de la longue interview que les auteurs nous ont El 1IL-______~ __ ~p~SY~C_ha_n_al~ys_te_. ______~ la Palestine. donnée. Qu'ils nous en excusent. ~~----~~~~~------~------~Différences - n° 52 - Janvier 1986 ENDANCES ______------~

C'est avec le scénario ' du film Negro marge du cinéma hollywoodien, se choisissant la voie de l'ouverture, de la L'image du Noir au cinéma et dans la pub Soldier (9) que Carlton Moss franchira mobilisent contre l'apartheid, l'image couleur, du tpétissage, lorsqu'ils ren­ un pas déterminant vers la conquête du Noir fait vendre en Europe. En pub, dent compte de la dimension plurielle positive de l'image du Noir par lui­ c'est la ressemblance qui fait recette et de la société française. 0 même. Dans les années cinquante de pas la différence. «La peau de votre DANIEL CHAPUT peau », chez Lee Cooper, exhale une LA CASSE DE L'ONCLE TOM langueur sensuelle, ou « La femme n'est (1) L'Oncle Tom de Edwin S. Porter. plus une esclave », chez Charles Mos­ (2) L'Oncle Tom de William Robert, sant, distjlle un parfum de liberté. 1914. Je ne parlerai pas des Frères Lissac (12), (3) Naissance d'une nation, 1915. de Moulinex ou du journal Actuel, mais. (4) Saint Louis Blues, 1929. tous les indices concordent, l'image du (5) 1937. black fait une entrée fracassante sur le (6) Vincente Minelli, 1943. marché de la publicité, alors à quand le (7) Andrew Stone, 1943. ciné, la télé ... Poil au nez, car l'Oncle (8) Arthur Lubin, 1947, avec Louis Ben's continue de ressembler étrange­ Amrstrong and his ail stars. ment à l'Oncle Tom et le smurfer­ (9) Stuart Heisler, Franck Capra, Carl­ avaleur-de-yaourt, version moderne du ton Moss, 1941. jazzman, semble perpétuer l'image du (10) Learning Tree, 1970, Shaft, 1971. Noir bouffon ... « Vahiné, c'est gonflé ». (11) Pierre Chenal, 1951, d'après le Rendons grâce aux animateurs du festi­ roman de R. Wright lui-même, Native val d'Amiens de créer l'événement une Son. fois encore. Mais tout reste à faire, (12) Qui, pourtant, pendant la guerre, comme le font certains publicitaires en proclamaient « n'être pas Isaac ». L'HOMME DESCEND DU SWING Le festival d'Amiens entendait Leadbelly (2), avez-vous un mm fé­ rendre un hommage particulier à tiche? Gordon Parks. Un nom qui outre­ Leadbelly peut-être, parce que je suis Atlantique fait figure de symbole, aussi musicien et que je crois que dans la mesure où il a été le premier l'homme descend du swing. réalisateur noir à pénétrer dans le Vous croulez sous les honneurs, êtes­ sanctuaire hollywoodien avec son vous un homme comblé ? fIlm The Learning Tree. Très entouré A part l'extrême-droite qui intente durant sa brève apparition, nous procès sur procès pour que mon livre avons joué des coudes pour parvenir (3) soit retiré des programmes sco­ jusqu'à lui, en anglais dans le texte. laires, je crois que l'Amérique ap­ A Amiens, Gordon Parks, auteur de Leadbelly Votre premier fdm a été une drôle précie mon travaü. 0 revolver à eau, comme dans le film The l'après-fascisme, l'image du héros po­ d'aventure je crois... Comment en Propos recueillis par OC Obscur objet de désir, Sile cinéma hollywoodien est né sitif noir se superposa avec celle de êtes-vous arrivé au cinéma ? sous le double signe du noir et Jazz Singer. Willie Best et Eddie Roth­ chester Anderson en savent quelque Sidney Poitier, remember... Dans la Par l'écriture d'abord. Originaire (1) 1971 (2) 1976 OÙ l'attirance se mêle blanc, l'image du Noir n'y a pas (3) « The Learning Tree JO. chose. chaleur de la nuit, Devine qui vient d'un müieu très pauvre, je voulais de répulsion fonctionné de la même façon que celle dîner. témoigner sur la condition des miens. Cab Calloway dans l'inconscient du Blanc. En effet, le cinéma noir ne Tropiea/isme à gogo Tout comme Carlton Moss, Gordon J'ai écrit un roman à partir des images commence pas seulement avec Richard Parks (10) s'est déplacé à Amiens le que je gardais en tête sur la bande de collectif blanc, Pryor: la première apparition d'un Pour les actrices noires, pas de profil temps de quelques interviews. Qui n'a gosses dont j'étais, qui, livrés à la rue l'image du Noir symbolisait Noir à l'écran remonte à 1903. Il pas aimé son Leadbelly, tourné en ont été très vite confrontés au racisme s'agissait alors d'un bon négro tout lippu ni de cheveux crépus, jusqu'à ce que Lena Horn, bien après Bessie 1976 ? Adaptation fidèle de la vie de ordinaire. Les plans étaient tellement le diable il n'y a pas « frais et moulu» du roman de Bee- Huddie Ledbetter, ce musicien de blues forts que certains amis y voyaient déjà si longtemps encore" cher-Stowe qui, fouetté, humilié, battu Smith (4), touche le jack-pot dans l'ordre et rafle tous les lauriers, avec et de country music qui jouait de la un film. L'idée a cheminé. J'ai com­ à mort, proclamait encore son amour du guitare à douze cordes et qui, sa vie mencé à frapper à quelques portes et Il f au d ra a tten d re maître. L'Oncle Tom (1), stéréotype des films comme Bronze Vénus (5), Cabin in the sky (6) et Stormy Weather durant, lutta contre la ségrégation im­ les rares qui s'ouvraient y mettaient la Jérôme Bosch pour que, number one de la supersérie hollywoo- posée par les Blancs, y compris de condition que les Noirs soient des de péché, cette imagedienne, n'était encore, à l'instar de (7), le film fétiche des générations de jazzmen, avec Fats Waller, Ada Brown derrière les barreaux d'une prison fé­ Blancs. On n'a jamais lâché le mor­ "enne délectable, Bogart, sur l'affiche du festival, qu'un et Cab Calloway. Ouvrant ainsi la voie dérale. C'est ce nouveau type de héros, ceau. Et puis, un jour, c'est arrivé. devl Blanc barbouillé de noir avant les capable de démerde et de révolte que Que pensez-vous de l'image du Noir et les Journées débuts de Sam Lucas, premier acteur de à l'immense Billie Holiday, dans New Orleans (8) et à Diana Ross dans Lady recherche désormais le public noir amé­ dans le cinéma américain d'aujour­ cinématographiques sa génération à interpréter le rôle (2) sing the blues, un film sur la vie de Billie ricain, un peu comme le Richard d'hui? dans sa couleur originale. Wright de Native Son (11) ou mieux, le On revient de loin, les mentalités ont d'Amiens Quand l'image du Noir ne renvoyait pas Holiday. La femme noire, jusque-là, mulâtresse de préférence quand elle ne Eddy Murphy du Flic de Beverly Hills. bien bougé depuis le début du siècle, pour qu'elle fasse l'objet au « buck », figure agressive du mâle surtout après Martin Luther King, les noir dans le film de Griffith (3), elle faisait pas dans le tropicalisme à gogo, faisait la pute ou la grosse mama Smurfer-ara/eur-de-,aourt Black Panthers ... L'image du Noir se d'un panorama critique, renvoyait au bouffon. Au clown, af- rapproche de plus en plus du Noir par le biais fublé d'énormes chaussettes blanches, asexuée qui portait toute la patience du monde sur ses épaules ... « Yes ... Mam­ A l'heure où Melvin Van Peebles, lui-même. d'une rétrospective de pantalons larges et à rayures, de z'elle Scarlett ... so quick. .. Mamz'elle Larry Clark, Charles Lane, les nou­ Après The Learning Tree tourné en . du cl"néma hollywoodl"en" vestes à carreaux et de cra;ates à pois. veaux réalisateurs noirs américains en 1970, vous avez réalisé Shaft (1) et Il L-______~~ ______Pas moyen~ ______de le rater, meme avec un Scarlett ... ». ~ Il Différences - n° 52 - Janvier 1986

1 EOETns ______~

STRASS. Cette nouvelle revue de surprise ou d'ambiguïté qui engen­ devenir le sol même, un bois sublime noire, Black and Blue, annoncée drerait une émotion durable. 0 sur lequel les acteurs nous offrent des à grand renfort de publicité, m'a CHANTAL LANGEARD miracles. fait rêver, je l'avoue, moi qui Black and Blue, TMP-Châtelet jusqu'au Allez assister à celui du onzième orteil aurait tant aimé voir la grande 25 janvier. Tél. : 42.61.19.83. par exemple, au terrible moment ou Joséphine en son temps ... Sihanouk crache à l'ambassadeur des Hélas, le spectacle de Claudio UN SAMPEAH POUR UN BRAVO. A peine Etats-Unis qui le prend de haut: Segovia et Hector Oressoli (que est-on allé au Soleil, écouter, voir « Tenez, voyez les journaux. D'abord le rien n'arrête depuis les succès L'histoire terrible, mais inachevée de Cambodge est petit, ensuite, il est très commerciaux de Tango Argen­ Norodom Sihanouk, roi du Cambodge, petit, le lendemain, je lis qu'il est tino et Flamenco Puro) est loin que déjà on voudrait y retourner. extrêmement petit, le voilà minuscule, d'atteindre son but: la résur­ Comme on va à l'école ouvrir le grand c'est le royaume de poche, c'est un reste gence d'un genre qui est l'osmose du livre d'une histoire si proche de nous. inutile, c'est un onzième orteil, c'est une blues et de la danse jazz. Terrible histoire qui nous laisse assis poussière dans votre œil, c'est une En dépit du talent de certains artistes tout comme les comédiens qui termi­ croûte, c'est un rien! Où est-il? il va exceptionnels, il ne s'agit que d'une nent la deuxième époque du spectacle disparaître. Il a disparu! » Et sur ces succession de tableaux où l'abondance en demeurant face à nous, l'air d'é­ mots Georges Bigot qui incarne Siha­ BRAVO. Pour une fois, un film sélec­ BAYAN KO du cinéaste philippin, Lino films je fais. Je me sentais chez moi. de strass étouffe toute velléité de sen­ couter l'écho des derniers mots d'un des nouk de sembler faire crever une bulle tionné dans plusieurs festivals, le festi­ Brocka, a été tourné clandestinement Tous les policiers du film sont de vrais sualité. Seules rescapées de cette asepti­ leurs: « Tu sais, nous qui sommes de savon. 0 val de Montpellier (qui ne décerne pas en 1984, peu après l'assassinat du leader policiers. Certains ont fermé les yeux sur sation générale, les trois chanteuses morts, nous avons les désirs, mais pas la SERGE HUREAU de prix) puis le festival d'Amiens qui lui de l'opposition Aquino. Lors de sa notre tournage, d'autres ont col/aboré Ruth Brown, Linda Hopkins et Sandra force. » Théâtre du Soleil, Cartoucherie de Vin­ a attribué son Grand Prix, sort dans les présentation au festival de Cannes, activement avec nous. » Les rapports Reaves-Phillips. Pulpeuses et drôles, Spectateurs, avons-nous et le désir et la cennes, en janvier. salles. Ce film, Bâton Rouge est l'œuvre Lino Brocka avait étonné le public par sociaux dans la société philippine sont leur imposant tour de taille n'amoindrit force de bouger de nos sièges et crier d'un jeune réalisateur, Rachid Bou­ sa détermination : continuer à faire des fondés sur de violents affrontements. en rien leur sens fou de l'érotisme, à pour le retour d'un pays à son chareb. Croire à ses rêves, c'est déjà les films, continuer à lutter contre la dic­ Le couple d'ouvriers du film, Luz et faire pâlir d'envie les belles du Crazy peuple, d'un roi à son pays et à ses IMAGE réaliser. Les trois copains, Mozart, tature du président Marcos. Il a choisi Turing, est soumis au bon vouloir de Horse ... deuils? Cette magnifique pièce écrite Abdenour et Karim qui se rendent aux de faire une œuvre qualifiée de « film leur patron qui accorde, paternaliste, A elles, sans aucun doute, nous devons par Hélène Cixous nous en dit long du TARGET. Walter Lloyd, héros du dernier Etats-Unis croient à la possibilité de noir » par la critique française qui lui a un congé à Luz enceinte, Congé sans les moments les plus intenses de la deuil, de la séparation, de la force film d'Arthur Penn, Target, est le contraire créer tout, tout de suite. L'amitié trouvé des ressemblances avec certains solde, à condition que Turing n'adhère soirée, ainsi qu'à certains numéros de vivante des morts sur nos actions, de d'un Rambo. Llqyd, ancien agent de la indéfectible qui unit les trois garçons films américains de John Berry. Ce pas au syndicat. Brocka réussit à filmer claquettes : les prestations du fameux l'exil. CIA, est un homme las de vivre et cousu exclut d'emblée tout racisme pour faire n'est pas là coquetterie d'auteur. l'urgence, l'impasse dans laquelle se Jimmy Slide au sein du groupe des Comble de justesse pour un spectacle de remords. Qu'il ait été blanchi et nanti place à une solidarité militante et «Mais, a-t-il expliqué, cette forme trouvent ses héros et son pays sans Hoofers (deux du film Cotton Club), qui tient et du cirque avec ses garçons d'une nouvelle identité par son employeur joyeuse. Ça nous fait bien plaisir de voir convient le mieux à la modestie du qu'un instant le plaisir du spectateur en ainsi que les duos réunissant le danseur de piste, ses coups de gong de l'or­ qui lui conseille de se faire oublier ne suffit la sortie d'un film distingué par un budget et au type d'histoire que je soit affecté. 0 Georges Hillman, âgé de soixante-dix­ chestre, et de l'opéra avec les mélodies pas à lui faire retrouver la sérénité. TI ne festival créé à l'initiative du MRAP. raconte. J'ai tourné au milieu du petit CHRlsnANE DANCIE huit ans, avec le benjamin de la troupe, de chacun des personnages, Ariane nourrit pas d'esprit de revanche, ses C. D. peuple de Manille qui sait quel genre de Cinéma sans visa, slIr FR3, le 15janpier. le jeune Savion Glover (plus doué que Mnouchkine a su mettre son art à actions passées au service du pays sont lui, tu meurs !). donner, elle aussi, dans une grandeur pour lui source de doutes et de dégoûtS. Dents blanches et sourire béat de sobre, la force de l'essentiel. Rambo ignore le remords, seul le fait agir rigueur, ce spectacle est dans le plus pur Si l'on sent ce spectacle de la lignée des le sentiment d'avoir été floué au Viet-Nam style des revues américaines, dans ce Shakespeare, les rideaux de riches et sa conviction, body-building oblige, qu'elles ont de meilleur - chorégraphie étoffes, les costumes de samouraï ont d'être une bête de guerre. Walter Lloyd, bien réglée, pas une jambe qui dé­ pourtant laissé place à des « vêtements interprété par un Gene Hackmann ridé, passe - et de pire, c'est-à-dire l'absence de tous les jours ». L'important ici va fatigué, souffre d'avoir mis sa propre intelligence au service de coups fourrés. Après tant de mensonges la vie avec une femme et un fils qui n'ont jamais rien su de ses activités est également un tourment. Dans Bonnie and Clyde, Arthur Penn s'en 7, rue Decrés - 75014 Paris était pris au mythe du grand bandit conquérant des cœurs et des coffre-forts. Tél. : (1) 45.40.40.75 Avec Target (la cible, titre qui suggère la détermination de l'agent secret) il tord le Production - Edition - Distribution cou à toutes les raisons d'Etat et autres manœuvres de déstabilisation. Quand son épouse disparaît, Walter pense DISQUES - K7 - VIDEOCASSETTES ARABES qu'on règle son compte à l'ancien agent. Le réalisateur semble vouloir dire que dans un pays vraiment démocrate, et Arthur (Oum Kalsoum -Idir - Warda - Penn n'a jamais cessé de croire à une Amérique à la recherche du bonheur et de Farid El Atrache - Cheb Khaled ... ) la justice, les pères ne devraient pas avoir à rougir devant leurs fils de leurs engage­ ments pour la raison d'Etat. Ce fils qui EGALEMENT DISQUES AFRICAINS, CORSES ... interroge son père est un peu l'image d'une Amérique qui se voudrait toujours jeune et innocente, image perdue maintes fois, Fournisseur des C.E., associations, disquaires, discothèques municipales les films de Penn en font, l'un après l'autre, le constat, mais que pour lui, il ne faut (Catalogue et tarif sur demande) Il" ~======~====~::~::::::~::::~~==::==~~~====~======::~j~am::ru:·s~cesse::::r:d:e!po::urs~m~·vr~e:. ______~C~.~D~. Black and Blue. ~~~~~------~mDifférences - n° 52 - Janvier 1986 de 1835 devant la Chambre louis-philipparde, il explique sort des ouvriers français est plus déplorable que celui des La République et l'antiracisme (II) aux députés convaincus d'avance: « Nous ne devons pas esclaves (c'était un des arguments des propriétaires colo­ oublier (. . .) que ce que nous traitons froidement et sans niaux contre l'abolition) » et dans le plus pur style de la danger à cette tribune touche à la propriété, à la fortune, à la tradition républicaine, ces ouvriers proclament: «C'est vie de nos compatriotes des colonies (NDLR : les Blancs pour obéir au grand principe de la fraternité humaine que propriétaires d'esclaves), que nous devons veiller à leur nous venons de faire entendre notre voix en faveur de nos sûreté, que nous ne devons éveiller dans les esclaves d'autres malheureux frères les esclaves. » Dans les colonies, les L'arrivée du espérances que celles que nous pourrons satisfaire sans esprits s'échauffent. Les propriétaires se cramponnent au commotion pour les colonies, sans ruine pour les propriétés, système et renforcent encore l'étanchéité des barrières sans trouble et sans agitation pour les esclaves. » raciales. Les fuites d'esclaves vers les îles anglaises se . multiplient. Les ateliers sont en effervescence. A côté de notre scrupuleux poète, les industriels de la En février 1848, la monarchie de Juillet tombe sous la jour de betterave apparaissent comme des extrémistes. Ils lancent pression des barricades parisiennes. C'est la République! à la même époque cette réclame humanitaire: « Le sucre Le savant François Arago, vieux républicain et ami de de canne est le vil produit de l'esclavage, tandis que le sucre Schoelcher, est nommé par acclamation ministre de la indigène (français) est le noble produit du travail libre. » Marine et des colonies dans le gouvernement provisoire. e Au milieu de cette grisaille, c'est un républicain farouche, Face aux cris des planteurs qui l'assaillent, il hésite à Victor Schoelcher, qui reprend le flambleau de l'égalité. prendre des décisions révolutionnaires sur la question de En 1838, il participe à un l'esclavage. Schoelcher, qui Au milieu de la concours organisé par la So- arrive à Paris, le 3 mars, grisaille générale ciété pour l'abolition sur le court chez Arago: «Il ne thème: «Quels seraient les faut pas attendre, supplie-t-il, qui règne avant la Olre moyens d'extirper le préjugé sans quoi, au contraire de ce révolution de 1848, barbare et injuste des Blancs -- que vous ont raconté les co- contre la couleur des Afri------____ Lons, c'est la Révolution, le Victor Schoelcher cains ? » Le jury, présidé par --- sang et la ruine aux colonies. reprend le flambeau le duc de Broglie, lui accorde _____ - _ Sur mon honneur, je vous de l'égalité. Ah, quelle est douce, Et pourtant, ce sont bien ces citoyens français qui ont une «mention honorable» ______assure que les colons n'auront cette fin de l'an X, dans chassé l'Anglais de Guadeloupe et l'on rendue à la qui cache mal son embarras. ~ pas à pâtir si l'abolition est En février 1848, la la colonie de Guade­ République. Lorsqu'ils ont compris que le Premier consul Schoelcher a commis deux ___ immédiate. Dans le cas monarchie de loupe! Huit ans après voulait leur arracher une citoyenneté si chèrement payée et indiscr~!io~s. Il a ralPpelé lque ~..;.0 ~ c~mtraire, je ne garantis l'abolition de l'esclavage rétablir l'esclavage, ils se sont battus avec l'énergie du « le prejuge contre a cou eur nen. » Juillet tombe sous par la Convention, le désespoir. des Noirs se lie intimement au Arago, gêné, tend une feuille la pression des tout-Pointe-à-Pitre n'en Leur foi républicaine éclate dans la proclamation pathé­ fait de la domination que de papier à son interlocu- barricades. revient pas de tant s'a­ tique du colonel Delgrès, chef de la résistance: « Et vous, l'homme blanc exerce sur teur: «Tenez, Schoelcher, Quelques mois plus muser, de ces festivités Premier consul de la République, vous, guerrier philosophi­ l'homme noir ». C'est faire installez-vous là; Ecrivez incessantes qui donnent que de qui nous attendions la justice qui nous était due, de l'abolition une condition vous-même ... » Sur papier à tard, la seconde le vertige aux belles pourquoi faut-il que nous ayons à déplorer notre éloigne­ nécessaire à l'anéantissement en-tête de la République République abolit créoles, alors que les ment du foyer d'où partent les conceptions sublimes que du préjugé, et mettre le pou- française, au-dessous de la vents de la nuit apaisent vous nous avez si souvent fait admirer? » voir en accusation. Ensuite, devise Liberté, Egalité, Fra- l'esclavage dans un peu les touffeurs tro­ ses longs développements sur Quand l'insurrection devient un devoir... ternité. Victor Schoelcher toutes les colonies picales. Mais tout le Les Républicains de Guadeloupe sont écrasés, mais ceux l'histoire africaine ont déplu. inscrit: «Le gouvernement monde n'est pas à la fête. de Saint-Domingue, plus nombreux, plus aguerris, mènent Il y évoque la grandeur des provisoire de la République, françaises. Cette Il y a dans la ville un la vie dure aux armées consulaires. Il est significatif que empires soudanais, la valeur d'un Toussaint Louverture, considérant que nulle terre française ne peut plus porter fois sera la bonne. échafaud sur lequel on a Napoléon connaisse sa première défaite militaire face aux rappelle, citant un article, que «sur la rive gauche du d'esclaves, décrète: une commission est instituée auprès du dressé une cage de fer. citoyens insurgés de Saint-Domingue qui chargent derrière Sénégal, on trouve plJs de Nègres sachant lire et écrire ministre provisoire de la Marine et des Colonies pour le drapeau tricolore, en chantant la Marseillaise, les soldats Un condamné y est placé l'arabe (.. .) que l'on ne trouverait dans nos campagnes de préparer dans le plus bref délai « l'acte d'émancipation ». venus de France pour les asservir. La forfaiture de « à cheval sur une lame tranchante, les pieds portant dans paysans sachant lire et écrire ». En invitant la civilisation Le 26 mars, la Martinique apprend que la République est des étriers. Des liens disposés d'une certaine façon Bonaparte coûte cher à la France et à l'humanité. européenne à plus de modestie, il désamorce le cœur même proclamée. L'information soulève les esclaves. Pour eux, le empêchent qu'il ne puisse tomber autrement que perpen­ Saint-Domingue proclame l'indépendance sous le nom de du préjugé et se démarque de l'abolitionnisme paternaliste nouveau régime signifie la liberté. Face aux atermoiements Haïti, le 1er janvier 1804. Trahie, privée de son rêve diculairement, à cheval sur la lame. Pour éviter les des notables auxquels il a confié sa copie. de l'administration qui déclare: « Rien n'est changé jusqu'à atteintes de la lame, le malheureux ( ... ) est obligé de tenir antiraciste, l'ancienne colonie massacrera tous les Blancs l'année suivante. Napoléon lui-même, vaincu par les L'esprit de la République est revenu. Schoelcher côtoie présent. Vous demeurez esclaves jusqu'à la promulgation de les jarrets continuellement tendus ». Il va rester ainsi près des cercles socialistes et l'on retrouve dans son argumenta- la loi », les Martiniquais se révoltent. Le 23 mai, le conseil de 48 heures. Lorsque la fatigue est trop forte, il peuples d'Europe dont il avait failli être le libérateur, se souviendra, à Sainte-Hélène, de cette cuisante et symbo­ tion les préoccupations des ouvriers révolutionnaires de municipal de Fort de-France est contraint de proclamer s'effondre. La douleur le relève. La mort est sa 1848. Aux esclavagistes qui évoquent leur ruine inévitable l'abolition immédiate de l'esclavage. lique défaite : « C'était une grande erreur d'avoir voulu délivrance. soumettre Saint-Domingue par la force. Je devais me en cas d'émancipation, il répond: «Je ne pense pas un Lorsque l'envoyé du gouvernement de la République Ce que fêtent les familles fortunées de Guadeloupe n'a instant à lier la notion de votre profit à celle du salaire mérité accoste à Fort-de-France, le 3 juin 1848, muni de l'acte contenter de la gouverner par Toussaint. » rien à voir avec l'égalité révolutionnaire, et la Républi­ par le travail. » Et il retrouve l'inspiration de la première officiel d'émancipation, il n'y a déjà plus un seul esclave en que ne mérite plus son nom. Bonaparte l'a confisquée Pendant près d'un demi-siècle (du 18 brumaire à la République lorsqu'il écrit, dès 1833: «Pour l'esclave Martinique. L'esprit de la République a réédité l'épopée en France. Il l'abolit outre-mer. Un arrêté consulaire du Révolution de 1848), il n'y a plus de République. Au comme pour le peuple opprimé, l'insurrection est le plus de 1794. Les ouvriers de Paris que le suffrage censitaire 16 juillet 1802 stipule laconiquement : « La colonie de la milieu des minables règlements de compte de la Restaura­ saint des devoirs. » excluaient de la vie publique ont renversé le trône. Les Guadeloupe et dépendances sera régie à l'instar de la tion, la liberté de culte parvient vaille que vaille à se A mesure qu'on approche de 1848, l'opposition républi- esclaves des colonies n'ont pas voulu être en reste et brisent Martinique, de Sainte-Lucie, de Tabago et des colonies maintenir, mais l'esclavage et la traite prospèrent dans les caine se renforce. Son programme colonial a été briève- leurs chaînes. Les uns et les autres redeviennent citoyens. orientales, par les mêmes lois qui y étaient en vigueur en colonies. Même les mouvements philanthropiques qui ment résumé par Schoelcher: abolition immédiate! En Et c'est « au nom du peuple français» que la deuxième 1789. » L'homme qui va périr sur la lame de la cage de larmoient en faveur des pauvres nègres sont anémiés par la 1844, des milliers d'ouvriers parisiens et lyonnais pétition- République décrète, cette fois pour toujours: « L'escla- fer est l'un de ces citoyens français, jadis esclaves, qui médiocrité ambiante. Lamartine, membre influent de la nent en faveur de cette revendication : « Nous éprouvons vage sera entièrement aboli dans toutes les colonies ont osé faire valoir ce « droit de résistance à l'oppres­ Société pour l'abolition de l'esclavage, est un bon exemple ( .. .) le besoin de protester hautement, au nom de la classe françaises ... » 0 sion » proclamé par l'Assemblée nationale après la prise de cet abolitionnisme honteux empêtré dans le « réalisme » ouvrière, contre .les .souteneurs de l'esclavage qui osent JEAN-LOUIS SAGOT-OUVAUROUX de la Bastille. qu'impose la domination du tiroir-caisse. Dans un discours ~p;:;:re:<:'t::en::d:::r-::e..:..,-:e;;;-ux~q~ullr;;a~g:lS:;,se;:-n1ctiieit;n_c_o_n_n_a_is_s_an_c_e_d_e~ca:.:.:us.:::.=.e:...., 2. q.:.:.u=-e..:.:le:....--_--.:p..:'.:o::ch:::a::i::.:n...:a::rti.::·:.cl::e:...:.:...· L~a...:t::.ro:::i:sl:·è:::m:e~R~é~p~u~bl~iq~u~e:.:.______J Il Différences - n° 52 - Janvier 1986 mTmRE ______~

Martin Luther King. des années 50 et 60 et du début des années 70 ? Le « rêve » Fête nationale de Martin Luther King a-t-il été tué en même temps que lui ? Il faut se souvenir que le Mouvement noir a dû subir une implacable attaque concertée de la part du gouvernement américain, qui allait du programme anti-pauvreté (dont l'objectif était en fait de se débarrasser d'une certaine catégorie de leaders noirs) à l'assassinat politique (4), au plan Cointelpro du FBI (5) et à l'inondation des commu­ nautés noires par la drogue. Que reste-t-il aujourd'hui de la pensée de Martin Luther King? Il est sûr que son action s'inscrivait parfaitement dans le contexte d'alors de l'histoire des Noirs américains. Il est sûr également qu'elle ne correspondrait plus aux données actuelles. Mais, les idées fondamentales de Martin Luther King sustentent toujours l'essentiel des luttes des Noirs aujourd'hui. Jesse Jackson, Randall Robinson, les héritiers de Déjà, dans son « rêve », à Washington en 1963, il avait devant l'ambassade d'Afrique du Sud aux Etats-Unis. affirmé qu'il n'était pas seulement un leader noir luttant pour les droits civiques de son peuple, mais qu'il s'adressait à tous les Américains. Son mouvement voulait libérer la nation américaine et aider le peuple tout entier à se libérer LUTHER KING CANONISÉ lui-même. Martin Luther King désignait le système A partir de lui-même comme la racine du mal. Il prêchait «une révolution de notre système de valeurs » (6). Par là, il dorénavant, le devenait très dangereux. Au point qu'on n'hésita pas à 15 janvier, jour l'assassiner. Mais son message a été reçu. Et aujourd'hui, les Noirs anniversaire de la luttent pour l'union de tous les Américains, quelle que soit naissance de leur couleur, leur religion, leur philosophie. C'est la Rainbow coalition qui fut le moteur de la campagne M.l. K. est fête électorale de Jesse Jackson en 1984. C'est l'immense succès nationale aux USA. de la marche sur Washington du 27 août 1983 qui réunit Une façon pieuse de trois cent mille personnes de toutes les couleurs, encore Le 15 janvier, jour de la Pour couronner le tout, toujours sous prétexte d'écono­ plus qu'en 1963. l'enterrer. Mais les naissance de Martin Luther mies, l'administration Reagan s'est attaquée méthodique­ Pour Martin Luther King, la situation des Noirs aux héritiers veillent. .. King Jr, est désormais jour ment aux acquis des Droits civiques de 1964. Déjà, c'en est Etats-Unis n'était qu'un aspect d'une oppression mondiale, de fête nationale aux Etats­ fini de 1'« affirmative action» (1), du «busing» (2) et et il prônait l'unité du peuple noir américain avec les et ceux qui luttent Unis. Est-ce à dire que la même de l'intégration scolaire puisque Reagan a décidé peuples du tiers monde en lutte pour leur indépendance. Il en son nom sont nation américaine reconnaît d'accorder des subventions à des établissements pratiquant voulait que le monde devienne une « communauté bien­ légion, à les objectifs de son combat, la ségrégation. Aujourd'hui, il modifie la Loi sur le droit de aimée ». que les Noirs sont enfin de­ vote de 1965, en sorte de priver de leurs droits des millions Là encore, sa pensée est toujours bien vivante de nos jours. commencer par venus des Américains à part d'électeurs appartenant aux minorités ethniques. Le soutien des Noirs va aux Palestiniens. Ils sont Jesse Jackson. entière? Les mouvements néo-nazis, le Ku-Klux-Klan ont pris un actuellement aux avant-postes dans la lutte contre l'apar­ nouvel essor et les Noirs sont toujours leur cible privilé- theid en Afrique du Sud. Depuis plus d'un an, ils Il n'en est rien tout le monde le sait. Les Noirs des giée. Le racisme est toujours inscrit implicitement dans la manifestent devant la Maison Blanche pour exiger la fin de Etats-Unis, après les progrès des années 60, connais.sent législation américaine et le fossé entre les Noirs et les la collaboration économique et militaire des Etats-Unis aujourd'hui la pire situation qu'ils aient vécu.e depUiS la Blancs n'a fait que s'élargir depuis dix ans. avec Pretoria. Tous, députés, élus municipaux, leaders grande dépression de 1930. Dès son premIer budget, Contre toutes ces attaques, la communauté noire réagit, politiques et spirituels, artistes, sportifs, simples citoyens ... Reagan a pratiqué des coupes sombres dans les bud.ge~s évidemment. On assiste aujourd'hui à une multitude Martin Luther King s'était aperçu aussi que la persuasion sociaux, dont les Noirs sont malheureusement les pnncI- d'actions au plan local contre les compressions budgétaires, morale ne suffit pas et que le combat doit s'appuyer sur un paux bénéficiaires, et sans lesquels la majorité d'entre eux les fermetures d'écoles ou d'hôpitaux, pour la défense de pouvoir politique réel. ne peut survivre. l'habitat et la rénovation des quartiers déshérités. Les Depuis le milieu des années 70, tous les mouvements noirs Ainsi, le budget fédéral d'aide sociale a été réduit de vingt pasteurs et les prêtres prennent une place importante dans ont adopté la stratégie électorale et il y a aujourd'hui milliards de dollars depuis trois ans. Les coupes portent ces actions. Les organisations de quartier sont animées par vingt-et-un députés noirs à la Chambre des Représentants principalement sur les tickets alimentaires (food stam~s), des jeunes Noirs progressistes, d'ancien militants du (mais pas un seul sénateur noir), de nombreux maires sur les déjeuners servis aux enfants des écoles, s';lr l'aIde SNCC (3), ou des Panthères noires et, très souvent, par des noirs, y compris dans les grandes villes comme Cleveland, aux familles nombreuses (welfare), sur les subventIOns a~x femmes, dont il faut souligner le rôle grandissant de Chicago, Philadelphie, Atlanta ou Detroit, des juges, des HLM, sur les budgets d'éducations et de sa~té. Les Nous leadership dans les quartiers pauvres. hauts fonctionnaires, etc. Bien qu'ils ne représentent sont les plus frappés par le chômage, deux fOlS plus que les Mais il n'y a pas un grand mouvement national, pas de encore que 1 .% des élus américains et que, le plus souvent, Il t..:B~la~n~c:s::, ~s~u~r ~la~m::o~y~e::n~n:e~n:a:::t:::io::..:n:::a:le:.~ ______l_e_a_d_er_ch_a_r_is_m_a_t_iq..:,u_e_._Q_u_'e_s_t-_il_a_r_n_·v_é_à_Ia_re_'v_o_lu_t_io_n_n_o_ir_e--J ces élus nous sont condamnés à pratiquer l'art du Différences - n° 52 - Janvier 1986 (Suite page OURRŒR ______~~

." .. " :. ~~ : ...... , '::. ,...... , .... . Lamine Senghor avait publié la ~ : ...... ::: . Précisions ...... :: ...... : ....•.....: ...... Violation d'un pays, brochure ...... ~. L'in téressan t article citée par Gustave Gautherot an­ S]lLATITUOE 4S] ...... " ..... :.~ ...... : consacré par Philippe De­ n()T; CR()I'5ÉJ •.•. . .. noncée dans le numéro 1 de juin witte à Lamine Senghor et 1927 de la Race nègre. AGENCE DE VOYAGES Tiemoko Garan Kouyaté Par ailleurs, Bango, le roman de ne donne pas toute la Claude McKay (New York 1927) 2 3 4 5 6 7 8 9 10 dimension de ces person­ est largement inspiré de la bio­ HORIZONTALEMENT: nalités hors série. 1. Vivent dans l'eau. - 2. graphie de Lamine Senghor. Hors de danger. Conjonc­ Lamine Senghor n'est pas Certes, comme le dit Philippe né à Joal mais à Kaolack. Dewitte, « il est temps de redé­ DES PRIX tion. - 3. Pronom relatif. On De retour en France en y battait le blé. - 4. Ha­ 2 couvrir ces pionniers» à condi­ 1922, il milite d'abord au tion de les replacer dans l'am­ bitudes. Contraindre. - 5. ET DES IDEES 3 sein de l'Union intercolo­ biance de l'époque, celle de la Argile. Espace de temps. - 6. niale qui rassemble à Paris résistance haïtienne à l'occupa­ les élites colonisées grou- Pour la rose. Ruminera 4 tion américaine (1915-1934) avec bientôt. -7. Préposition. Ap­ pées autour du Paria. Il adhère les personnalités comme Jean très vite au parti communiste et titude à une chose. - 8. 5 Price Mars, Léon Laleau et le Volumes. Fatigue. - 9. Se dit en 1924 est candidat du PC dans Dr Léo Sajous qui fit la liaison à un ami. Forte tête. Obs­ le XIII' arrondissement (il ob­ avec les milieux parisiens et avec 6 tient 965 voix au premier tour). tacle. - 10. Ville de Belgique. ce remarquable pionnier que fut Boîte à cendres ou à boules. En 1926, Lamine Senghor ne Marc Tovalou Houénou et aussi 7 fonde pas le Comité de défense avec Emile Faure. de la race nègre, mais est élu ROBERT CORNEVIN VERTICALEMENT: 8 président de ce comité qui rem­ Secrétaire perpétuel 1. Orne les prairies. - 2. place la Ligue universelle de de l'Académie des sciences Projectile. Enlève les impu- 9 défense de la race nègre, lequel d'Outre-mer 21, rue de la Roquette - 75011 retés. - 3. Emporte nos an- ~---4-- avait été fondé par Marc Ta- Tél. : 48.06.39.59 - Télex 213 384 cêtres. Note. - 4. Indique la 10 valou Houénou -- l'organe s'ap­ condition. Enduite d'un corps L....---JL-----J'----I_--'-__ pelait alors les Continents et Rappelons à ce propos que l'ar­ gras. - 5. Assis. Dans le nom de villes brésiliennes. - 6. Sert à voir. - 7. Saint qui c'est à la suite du procès Diagne ticle de Philippe Dewitte, forcé­ 13, bd Arago - 75013 fonda l'Oratoire. Désiré. - 8. D'une mer. - 9. Risques. Enfant de Tonnerre. -10. Vu contre les Continents que, sur les ment raccourci pour des besoins conseils de Jacques Doriot, res­ de mise en page, renvoie à sa Tél. : 43.37.46.49. écrit. En Espagne. Pronom réfléchi. ponsable colonial du parti com­ thèse sur les Mouvements nègres muniste et de Me Henri Torrès, en France, à paraître aux écli­ Licence A 1767 défenseur de Tovalou Houénou tions L'Harmattan. , que la transformation (de ligue en comité) eut lieu. En février 1927, Lamine Les Petites M!nonces de Différences 11()T$ fASIEJ Senghor participe au congrès organisé à Bruxelles par la ligue JH cherche emploi dans les Passe Montagne Partir : Do­ Voulez-vous correspondre contre l'oppression coloniale relations publiques ou l'hô• cumentation réservation va­ avec des étrangers dont vous dont le siège était à Berlin tellerie de préférence. Tél. au BE SE CTI HA ElL cances sportives. Et aussi ne connaissez pas la langue ? IP SE ANG AN AT (10 Montbijouplatz). Ce congrès 29.37.24.95, Vincent Pescae­ tout le matériel spécialisé C'est facile! Rens. gratuits EUR CU CE PR ET CE LA CO CA CE débouche sur la création de la locae, avenue Porterat, Mi­ pour s'équiper. 39, rue du contre enveloppe affranchie Ligue anti-impérialiste. Lamine recourt. N° 110. Chemin-Vert, 75011 Paris. CT DI GO GLE HE IS lA INT LU LE fait partie du bureau. à OCI, 123, rue de Royan, Tél. : 48.07.17.46. N° 112. 16710 Saint-Yriex. N° 114. LE NE NG ME ME LO PR RE MM RRE Le comité d'honneur est com- posé de Mme Sun Yat Sen, Ski de fond débutant. Raid de NE ME RFA 01 RC NG PO SO SU TR Albert Einstein, Henri Bar­ Vacances pyrénéennes au A vendre, belle édition du TE RI ON UR UE VO UR UT RGE XA busse, Maxime Gorki, l'Indoné­ 7 j. 1 180 à 1 580 F tout com­ cœur du val d'Aran français. Littré, dictionnaire en quatre sien Mohamed Hatta, Jaha­ pris (cours, matériel, héber­ Maison familiale de vacances volumes édités par l'Encyclo­ warbal Nehru, Messali Hadj, les gement). Soleil. Indiv. et de Méliande. Tél.: paedia universalis, jaquette A partir de la grille ci-dessus, il s'agit de retrouver 20 termes Belges Paul Henri Spaak et groupes. Gîte Ecole, 05100 61.79.40.54. 280 places, crème, 1 500 F. Laisser géométriques. Chaque groupe de lettres ne peut être utilisé Charles Plisnier et l'Allemand Cervière. Tél. : 92.21.00.37. tennis, skis, randonnées pé­ message au 43.42.31.23. qu'une seule fois. Willy Munzenberg. N° 111. destres. N° 113. N° 115. Le discours de Lamine Senghor ------_ 1------à Bruxelles eut un extraordinaire impact. Ce n'est pas Tiemoko Garan Solutions des jeux du numéro précédent Kouyaté mais Lamine Senghor, Tarif: 25 ..' T.T .C. la ligne (26 signes ou espaces) Texte et règlement à à la suite de discussions avec les Différences: 89, rue Oberkampf 75011 Paris Tél. 806.88.33 La chaîne des mots élements antillais, qui fonde le 22 mai 1927 la Ligue de défense Les membres de la Société des amis de Différences bénéficient Coq, col, cil ail, aïe, âne - Veau, velu, vèle, pèle pâle, pare, parc, porc - Seau, veau, velu,. vèle, vile, vi~e.­ Ver, fer, feu, fou, mou - Mou, cou, col, dol, dos, dus, dur. - Ver, mer, mur, dur. - Tante, tmte, pmte, pIete, de la race nègre avec un organe d'une insertion gratuite par an (maximum 5 lignes) pièce nièce. - Noir, noie, voie, rôle, pôle, pâle. - Bleu, blés, bues, mues, murs, mers, vers, vert. mensuel la Race nègre. Tuberculeux, très affaibli, ins­ 1 1 1 1 1 1 1 LJ_ L.L__ L_LL~.----,------,--I--..JI la valeur des lettres tallé avec sa famille à Roque­ 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 I--..J brune-sur-Argens (Var), il fait N = 4, E = 8, U = 0, F = 7, C = 1, A = 9, R = 2. en juillet un dernier voyage à 1 1 1 1 1 1 1 1--.1 Mots croisés Paris. La mort de son fils Sène L 1 1 1 1 (août 1927) ass<;>mbrit ses der- 1 Horizontalement: 1. Adélaïde. - 2. Pucelle. Aa. - 3. Perse. Sots. - 4. Osiers. Ute. - 5. Net. Es. - 6. Ta. Son.- niers mois. Attemt de paralysie L 1 1 7. Erigera. As. - 8. Rude. Iman. - 9. Amènes. Ute. - 10. Santé. - Es. générale en octobre, il meurt le Verticalement: 1. Apporterai. - 2. Dues. Arum. - 3. Ecrin. Ides. - 4. Lésée. Gêna. - 5. Alertée. En. - 6. Il. X ------Il ~ L-______-L______R_is_t._-_7_._D_e_s_._sa_m_._-_8_._0_U_._A_u_._-_9_._A_t_te_n_an_t_e._- __10_._C_a_se_s_, E_s_, ______~ 1 ~25~n~o~ve~m~~br~e~1~9f:2f7=à~F;ré~j~Us~.ï9i~~======~ , T -- n° GENOA ______~

Suite de la page 45 Jusqu'au 12, spectacle vrier, Anita Plessner, Catherine Projection du film de diens, le problème de la terre, l'agriculture. Renseignements: MLK, « le levier qui 7 de chants populaires Raffaeli, Rodolfo de Souza et 15 N. Lilenstein, les Révolu­ a soulevé la de l'Himalaya à la Maison Patrice Thoméré, s'inscrit dans tionnaires du Yiddishland, au CRIDEV, 41, avenue Janvier, des cultures du monde à le cadre de l'exposition Le ba­ centre Georges-Pompidou, pen­ 35000 Rennes. Tél.: conscience de la Paris. Le chant des fous, teau blanc, orgnisé par le centre dant douze jours. 0 99.30.27.20. 0 communauté les Bauls du Bengale, le Georges-Pompidou. Slask, le Ballet national noire» . Chakri et le Bhakha du Après son passage à Beaubourg, de Pologne se produit au ce spectacle sera présenté au One-woman-show de Yo­ 28 Cachemire à l'honneur. 0 Rutebeuf, 16-18, allée Gam­ CECAS de Pavillons-sous-Bois, 15 lande Moreau, dans Sale Lettre de Juliette à Té­ betta, 92110 Clichy. Tél.: du 23 au 26 et le 28 au théâtre Affaire du sexe et du crime. Cette 8 résa, une chorégraphie histoire belge est présentée au 47.39.28.58. 0 de Bernadette Doneux, minicipal de Chartres. En fé­ vrier, seront Théâtre du Tourtour, 20, rue au 18 Théâtre, jusqu'au les Deux Cousines Conversation-rencontre au CAC de Saint-Cyr-l'Ecole le Quincampoix, 75004 Paris. 19. 16, rue Georget­ sur le thème L'Inde: ac­ 1", à l'Agora d'Evry les 18 et 19, Tél. : 48.87.82.48. 0 30 te-Agutte, 75018 Paris. tualité politique et sociale, au le 22 au centre culturel Ro­ Tél. : 42.26.47.47. 0 centre Georges-Pompidou. 0 bert-Desnos à Ris-Orangis, le Dernier soir pour voir Lu­ Jusqu'au 15, représentations 28 février et le 1" mars au CEC 18 crèce Borgia, de Victor 9 du Mystère de la joie de de Val-d'Yerres, le 14 mars au Hugo, d'après une mise en scène l'abbé Pierre, au théâtre des théâtre Claude-Debussy à Mai­ d'Antoine Vitez au Théâtre na­ Mazades à Toulouse. Cette pièce sons-Alfort, le 25 au théâtre tional de Chaillot. 0 de théâtre mise en scène par municipal de Metz, le 27 à Francis Morane, sera reprise au l'Espace planoise à Besançon et Premier Festival de la Com­ théâtre municipal de Grenoble enfin, les 22 et 23 avril à la Musiques actuelles Nice­ 3 media dell'arte, dans le cadre les 17 et 18 janvier, puis le maison de la Culture de Bourges 18 Côte d'Azur. Ce carrefour du 102' anniversaire du carnaval 18 février par le théâtre An­ et le 25 au Théâtre municipal musical propose 29 concerts et de Nice, pendant une semaine dré-Malraux à Rueil-Malmai­ d'Epinal. 0 36 créations à Nice, jusqu'au dans la vieille ville sur le cours son; enfin, les 21 et 22 février Dernier soir pour décou­ 1" mars. 0 Saleya à Nice. 0 par le Théâtre Jean-Vilar à Il vrir Boulevard du mélo­ Spectacle de danse sur les Suresnes. 0 drame, une pièce de Juan Pi­ Pendant trois jours, pré­ 4 épisodes de la Vie de neiro, mise en scène par Alfredo Krishna. Cette danse sacrée du Festival culturel japonais: 21 sentation, par le théâtre Arias, avec Jean Rochefort. des Jeunes Années de Lyon, de Raslila se tient à la Maison des 9 spectacles, réprésentations, Renseignements et réserva­ cultures du monde à Paris. 0 expositions, art et artisanat japo­ la pièce de Akira Sanéto, les compromis, cette stratégie électorale continue d'animer le levier qui a soulevé cette communauté et l'a mise dans la rue tions : théâtre de la Commune à Yeux bleus du dragon, au théâtre L'emploi des immigrés dans nais, salle Athéna à Nice, jus­ Aubervilliers, 2, rue un contexte de crise écono­ combat des Noirs, dans la lignée de la pensée de Martin pour le juste combat. » (7) Et maintenant, les Noirs veulent qu'au 20. 0 des Louvrais, à Cergy-Pontoise. 4 Luther King. Elle a trouvé son apogée dans la candidature une autonomie et une identité politique et culturelle qui Edouard-Poisson, 93300 Auber­ Mise en scène par Maurice mique et de transformation du de Jesse Jackson pour la présidence des Etats-Unis. Cette entraînera une prise de distance par rapport au système et 11, séminaire sur le villiers. Tél. : 48.34.67.67. 0 Yendt et Michel Dieuaide, ce travail, tel est le thème de la Jusqu'au 29, Christian candidature n'a pas été seulement symbolique. Elle a 10 thème Voyages, accueils spectacle sera repris au centre série d'interventions-débats, or­ américain, mais qui restera néanmoins dans le cadre de la dans le tiers monde, plan d'amé­ 13 Peythieu présente les d'action culturelle Pablo-Neruda ganisée par le centre Sèvres, remobilisé électoralement les Noirs qui avaient été décou­ nation américaine. Cette spécificité rendra à l'Amérique sa nagement et développement, or­ Corps électriques, inspiré de à Corbeil-Essonnes, du 27 au jusqu'au 18 mars. Inscriptions et ragés après la première élection de Reagan ; elle a proposé véritable identité humaine. D ganisé par Dev-Tour, à Manhattan Transfert, de John 30 janvier. 0 renseignements : centre Sèvres, aux Américains une autre société fraternelle et juste, ROBERTPAC dos Passos, salle Marcelin-Ber­ l'IFOCAP, 6 bis, avenue Hen­ 35, rue de Sèvres, 75006 Paris. tournée vers tous les peuples qui luttent pour leur (1) A.f.firmaJive action: Quotas à l'embauche des Noirs, des minoritaires et ri-Barbusse, 91210 Draveil. thelot à Montreuil. Une copro­ Tél. : 45.44.58.91. 0 des femmes dans les entreprises travaillant pour le compte du gouverne­ duction CAC Montreuil, CDC Jusqu'au 8 mars, Da­ émancipation, elle a suscité une mobilisation sans précé­ Tél. : 48.24.18.18. 0 Dernière chance d'assister à dent des hommes de progrès et elle a provoqué de profonds ment. Calais et centre culturel de la 21 nielle Vezolles et Alfredo 5 la revue naïve les Tourlou­ (2) Busing : Transport obligatoire des élèves blancs vers des écoles noirs et Jusqu'au 19, représenta­ Courneuve. 0 Arias présentent la Vie de Clara rous. Mis en scène et réalisé remous au sein du parti démocrate. réciproquement mm de réaliser l'intégration scolaire. 10 tions théâtrales de la pièce Jusqu'au 25, Opérette de Gazul, une pièce construite au­ par Jean-Marie Sénia, ce spec­ On conn ait la lutte pour la paix menée par Martin Luther (3) SNCC: Comité de Coordination des Etudiants Non-violents (on d'Halo Svevo, les Deux luxe, un spectacle musical, tour du Théâtre de Clara Gazul, King, sans laquelle il est illusoire de vouloir la justice et la prononçait Snick) qui devint un élément moteur du « Black Power,. sous la 15 tacle traite, entre autres, des direction de Stockely Cannichael. Cousines. Mise en scène par Lau­ chorégraphique et scénographi­ de Prosper Mérimée. Rensei­ rapports du colon avec son piou­ liberté. Aujourd'hui, les mouvements noirs l'ont inscrite en que présenté au Théâtre de la gnements et réservations: (4) Outre les assassinats de Malcolm X et de Martin Luther King, on doit rence Février, cette création, piou, au TEP, 159, avenue Gam­ préalable à leurs luttes. Le 27 août 1983, la Paix figurait en attribuer au FBI le meurtre de 40 militants noirs entre 1968 et 1971. Plus dont les principaux rôles sont Bastille, 76, rue de la Roquette, Théâtre de la Commune à Au­ betta, 75020 Paris. Tél.: tête sur les pancartes et banderoles. de 300 autres furent arrêtés et emprisonnés sans jugement. tenus par Martine Bertrand, 75011 Paris. Tél. : 43.57.42.14. bervilliers. Tél. : 48.34.67.67. 0 43.64.80.80. 0 Quelle que soit la forme que prendra dorénavant la lutte (5) Cointelpro: Programme de contre-espionnage intérieur destiné à André Chaumeau, Laurence Fé- o Clôture de l'exposition des des Noirs aux Etats-Unis, même si elle est éloignée de celle détruire les mouvements noirs, indiens, etc. et à «éliminer,. leurs dirigeants. L'avenir de la protection 9 œuvres inédites de Richard que lui avait donnée Martin Luther King, il reste que Baquié au Centre d'art drama­ (6) In La seule révolution, Paris, Casterman, 1968. 22 sociale: la réponse des celui-ci a été bien davantage qu'un symbole. «Il a été le (7) In Dieu est noir, de Bruno Chenu, Paris, éd. Le Centurion, 1977. jeunes, colloque organisé par la tique contemporain, 61, cours Jean Legrand Mutuelle nationale des étudiants Julien, 13006 Marseille. Tél. : de France, à la Maison de la 91.42.18.01. 0 chimie, 28, rue Saint-Domini­ Jusqu'au 23, Voyage au CUisinier-~onse~eur que, 75007 Paris. 0 12 bout d'un rêve, création 4 chorégraphique qui relate l'his­ toire d'une jeune danseuse abo­ La première de Cosi fan rigène, par la compagnie Brolga 24 tutte, l'opéra de Mozart, et Rosyln Watson, au 18 TOUTE L'ANNEE dirigé par sir John Pritchard, au Théâtre, 16, rue Georget­ Ouvrage collectif Théâtre des Amandiers, 7, te-Agutte, 75018 Paris. Tél.: ils tissent ... . Foie Gras Frais d'Oie et Canard k· . ~:'i?#jh::u-~'

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