droit DOSSIER VIVRE EN liberté BIDONVILLE "----. ... M__ .. R_r_._Io'_'... R"P,

N M RE 1972. N- 315. PRIX 2.50 FRANCS Au delà des frontières épaules devant le massacre de Mais les femmes rousses ne éditorial trois millions de Bengalis doivent être acceptées que lors­ (<< Moins de bouches inutiles qu'on a constaté que leur trans­ Tous ici, suivons avec beau­ à nourrir», dit-on). alors qu'on piration axillaire n"exhale pas dans ce coup d'intérêt les activités de s'indigne par exemple (et à une odeur forte.» « Droit et liberté», qui corres­ juste titre) devant la répres­ En quoi les préjugés d'au­ nUlllèro jourd'hui sont-ils . moins risi­ pondent très exactement à sion en Ulster. La mentalité bles que ceux d'hier? nos vues. Par la presse et la reste moyennâgeuse en géné­ A.G. AGENCE POUR L'EMPLOI raI. Ce qui se passe près de radio, nous avons pu suivre 93-Saint-Denis les activités concluantes et nous, à propos de compatriotes OU POUR LA SÉLECTION Il a rallu l'extension que prend notre ou de personnes de même ap­ RACIALE 7 , Mouvement sur le plan inter­ partenance politique ou reli­ Une affiche imprimée Une série de documents accablants national. gieuse a mille fois plus d'im­ l'Agence nationale pour remploi couvre creer des lOols Les membres de l'Union portance que les drames et les' Bravo pour le vote de la loi certaines pratiques racistes condamnées internationale des métis, par souffrances des peuples loin· antiraciste! Mais il faudra veil­ par la loi (pages 4 et 5) . son président : tains. ler à son application en France R. MERCIER et faire la même chose ailleurs . 1 A paix va-t-elle enfin triompher en Indochine? On l'espère; on s'interroge. Mais Nicolas RIGONAUX après tant de paroles violées, de faux-semblants destinés à couvrir une escalade Dakar (Sénégal). 89-Courlon-sur-Yonne J'ai vu, en Belgique, appo­ LES VOIX DES MORTS L sée sur un café de Roslaur, une A la Réunion les morts ont droit de vote. toujours plus cruelle de l'intervention des Etats-Unis, seuls les faits comptent. affiche imprimée (donc éditée L'expérience prouve, hélas! qU 'un accord n'apportera des garanties suffisantes que le Recevant régulièrement C'était connu . En voici la preuve ... (page 7) . Souvenirs amers à de nombreux exemplaires) jour où le retrait des forces américaines et l'élimination des régimes dictatoriaux qu'elles Il Droit et liberté », j'apprécie portant la mention : «Etablis­ votre effort considérable dans sement Interdit aux Nord­ R.F.A. : soutiennent, auront atteint un point de non-retour. Il y a très longtemps, je fus L'activité fébrile déployée par le conseiller de M. Nixon se fonde sans aucun la lutte que vous menez. Votre Africains. » LES COUPS DE LA DROITE action mérite plus que simples confrontée avec cette idéologie Que prévoit la loi belge doute sur des préoccupations de politique intérieure, à la veille des élections présiden­ éloges, et je m'y associe de que j'appellerais un christia­ contre ça? En Allemagne Fédérale, la campagne élec­ tielles. On peut se demander, pourtant, par-delà les motivations immédiates, si le tout cœur. nisme sans péril. Pierre LE BIHAN torale bat son plein . Une analyse des moment n'est pas proche où, effectivement, les dirigeants américains se trouveront Mes souvenirs sont vivaces. 92-Clichy forces en présence, des intérêts en jeu devant la nécessité de renoncer à leur aventure vietnamienne. Ben:u FELDMAN A l'éQlise - je fus élevée, au N.D.L.R. A l'initiative du (page 9). Car l'énormité des moyens mis en œuvre engendre des problèmes économiques Bucarest (Roumanie) . cours de ma jeunesse par des régime, les Portugais se per­ M.R.A.X. (Mouvement contre sérieux dans un pays où, derrière la façade de la prospérité, 30 millions de personnes - catholiques - on me repro­ mettent toute action tendant le raCisme, fantisémitill11e et dont 8 millions de noirs - végètent au-dessous du seuil de la pauvreté. A l'échelle J'ai eu l'occasion de lire chait mes onglnes JUives, à rendre de plus en plus dure la xénophobie), homologue 1* hft·gml--- plusieurs fois votre revue, et je oubliant celles du christia­ et insupportable la vie des au­ belge du M.R.A.P., une propo­ internationale, la poursuite de la guerre et les méthodes employées sapent gravement la trouve plus que valable : elle nisme. J'étais le bouc émis­ tochtones en Angola : arresta­ sition de loi comparable 6 celle VIVRE EN BIDONVILLE le prestige des Etats-Unis. Sur le terrain , surtout, la situation n'est guère encourageante est nécessaire et sa diffusion, saire de toutes les misères, tions arbitraires, persécutions, qui a été votée en France est Une série de témoignages vivants, recueil­ pour le Pentagone. On se b,at à 18 kilomètres de Saigon. Au Nord, les bombardiers au-delà des frontières de la j'étais à la fois idolâtre, per­ injustices, bref l'Angolais vit déposée depuil de longuel lis «sur le tas ». Un document humain ne sèment pas la mort impunément : depuis le début du conflit, c'est le 4.000· qui France, serait, à mon sens à verse, menteuse, hypocrite, en constante mort lente. années devant le Parfement. (pages 13 à 20). vient d'être abattu. Et l'héroisme du peuple n'est nullement entamé par le déluge de promouvoir. Pouvez-vous me sans respect humain, dépour­ Comme étudiant je' me suis Nous trenll11ettOntl finforma­ fer et de feu qui s'abat sur lui. faire savoir les moyens que vue d'intelligence.. . Tout ce VU dans l'impossibilité totale tion ci-deaus 6 nos amis bal­ SCULPTURES AFRICAINES vous proposez. que je faisais était critiqué. de continuer mes études, telle­ ges, qui ne manqueront . pal UELS que soient les prochains événements, il reste que la guerre au Vietnam Que je fasse bien ou mal, peu ment le racisme bat son plein d'en tenir compte danl leur A travers une exposition, l'art africain se constitue le plus atroce massacre que l'humanité ait jamais connu. Depuis Paul BOURGEOIS imR0rte : le bien, c'était pour dans les universités, écoles action. révèle et révèle toute une civilisation au Q longtemos, les B 52 ont largué plus de bombes sur ce petits pays martyr qu'il liège (Belgique). me faire valoir, le mal, c'était supérieures et toute institution grand public (pages 21 et 22). n'en est tombé sur l'Europe pendant la Seconde Guerre mondiale. La fin tragique ma perversité qui ressortait. scolaire en Angola. de M. Susini. délégué général de France à Hanoï, confirme, s'il en était besoin, que Fallait-il continuer à vivre Les idées et le papier Damnée, vouée à l'ignominie MOULOUD FERAOUN les pilotes américains ont pour mission de raser systématiquement les villes et de éternelle, incapable d'aimer, dans un milieu si hostile? Comme au Moyen Age terroriser la population. Ecoles, hôpitaux, églises, rien n'échappe à la destruction. j'étais celle que l'on bousculait Non, je ne rai pas pu. J'ai constaté avec beaucoup Il y a dix ans, cet écrivain algérien tombait Il Nous tuons des bébés, des femmes, des vieillards, c'est injustifiable! Il s'est écrié, sans courtoisie, celle que l'on Ayant terminé mes études de peine que le dernier numéro sous les coups de l'O.A.S ... Un portrait Une autre forme de racisme regarde pour la critiquer. secondaires, je me suis réfu­ de « Droit et liberté» était im­ attachant, l'œuvre d'un être déchiré par la à son retour d'Indochine, M. Ramsey Clark, ancien ministre de la Justice des Etats­ est mal connue; c'est celle qui Puis la Bible devint mon gié en 1969 au Zaïre - ex­ primé sur du papier moins guerre coloniale (pages 23-24). Unis. blanc et moins fort que d'habi­ oppose tantôt les Français du livre de chevet, j'y retrouvais Congo - où j'ai vécu grâce à Dans cette guerre « presse-bouton», les derniers perfectionnements de la tude. Je suppose que c'est pour nord de la Loire à ceux du raide de compatriotes trouvés technique et de la science sont mis au service de l'imagination la plus diabolique, ma joie et mon identité raison d'économie. La presse En couverture : Midi, tantôt ceux des régions perdues. sur place. Toujours en Afrique, pour rendre toujours plus « rentable» la machine à exterminer. Si bien que le transport sous-développées à ceux des libre doit faire face à des diffi­ Un centre de l'Agence nationale pour aujourd'hui en République cen­ de déportés vers de faux appareils à douches propageant du gaz Zyklon B, pratiqué régions développées. Les habi­ M."'. DESTREZ cultés de plus en plus graves, remploi (photos Gérald Bioncourt). Paris (17·) trafricaine, je me débats corps je le sais. J'espère que vous naguère, apparaît comme une entreprise artisanale au regard des résultats instantanés tants des vallées à ceux des et Ame pour continuer mes parviendrez à surmonter les que procurent le napalm, les bombes à billes, I.es défoliants, ou encore l'octol, cet plateaux, etc. études. vôtres, car il faut que votre Il y a quelques années, alors explosif superpuissant qui projette une poussière invisible de particules mortelles. Mateul CHIACO revue soit lue partout. Et. il faut que je prenais un billet d'auto­ Une mort lente C'est trop peu de parler de génocide. Les savants et les juristes ont dO créer Bangui (R.C.A.) que la générosité de vos lec­ bus à la gare routière d'Auxerre teurs assure la diffusion de vos des mots nouveaux : biocide, écocide, pour traduire la destruction de toute vie, pour Saint-Sauveur de Pui­ Nul n'ignore la situation qui idées généreuses. du milieu de vie, qui caractérise la guerre menée par les forces américaines à des saye, on me dit ironiquement: prévaut actuellement en An­ Du lait et des couleurs Georges DEROY milliers de kilomètres de leur pays. . «Vous serez bien runique gola. Depuis des années, une Paris-19· passager, pour aller dans ce insurrection armée s'est dé­ MENSUEL OMMENT peut-on rester insensible à ces crimes contre l'humanité? Nous pays de sauvages 1» Effecti­ clenchée dans mon pays. La Voici un extrait du «Traité N.D.L.R.-II est vrai que noui J20. rue Saint-Denis - Paris (2<) sommes concernés par cette expédition coloniale d'une violence sans vement le quotidien départe­ révolution a engendré une lutte de l'allaitement », du Dr A .B. avonl dei difficultés et que le Tél. 231·()9..S7 - C.C.P. Pam ~70-98 C précédent, qui, dirigée contre la liberté d' un peuple, représente une menace Martan, publié à Paris en mental avait publié quelques achamée, véritable guerre qui soutien actif de nOI lecteurs ABONNEMENTS 1899, chapitre : «Le choix pour l'avenir de tous. La dénonciation des criminels d'hier perdrait toute signification met aux prises d'un côté les est indilpensabla pour BlSurer mois auparavant, un reportage d'une nourrice ». • Ull an : 25 F si elle n'avait pas pour objectif d'empêcher qu'ils soient imités et dépassés dans effrayant sur la Puisaye ... Ici, nationalistes angolais qui «Quelques personnes attri­ l'existence de • Droit et liber­ • Abonnement de soutien : 50 F l'horreur, par leurs émules d'aujourd'hui et de demain. té.. Mail le changement de on a tendance à qualifier de veulent se libérer du joug colo­ buent une grande importance Antilles, Réunion, Maghreh, Afiiquefrall' C'est pourquoi la conscience universelle doit demeurer mobilisée. C'est pourquoi « barbares» les habitants des nial, et de l'autre, les colonia­ papier, pour le demier numéro, cophone, Laos, Cambodge, NO/(l'elle-Calé­ à la couleur des cheveux; le M.R.A.P., dénonçant partout les atteintes _aux droits et à la vie des hommes et des villages situés au plus à une listes portugais qui , eux, pré­ elles pensent que les brunes n'était pal volontaire. Il est dQ dOllie : 25 F. Allfres pays : 35 F. peuples, quelles que soient les victimes, quels que soient les bourreaux, prend une dizaine de kilomètres, dans le tendent perpétuer leur œuvre sont meilleures nourrices que 6 une erreur de fimprfmerfe, Cltal1gemeill d'adresse : 1 F. GAtinais. d'esclavage en terre angolaise. les blondes (...). La pratique qui ..t en effet fort regretta­ Directeur de publication : Albert Lévy part active à la lutte pour la paix au Vietnam. Réaction raciste également, Plus forts sur le plan straté­ montre qu'il importe peu qu'une ble et qui, noUI felpéronl, ne Imprimerie la Haye celle qui consiste à hausser les gique, maTtres et seigneurs du nourrice soit brune ou blonde. sa renouvellera plui. Albert LEVY.

2 DROIT ET LIBERTÉ - N° 315 - NOVEMBRE 1972 3 discriIninalions Aussi, après examen du problème 2. Si l'on évalue à 700000 ou tion» nationale, politique et ethnique par sa commission juridique, le 800000, le nombre réel des chômeurs parmi les immigrés. Il y a donc une M.R.AP. a décidé, comme l'y auto­ totaux ou partiels en France, on cons­ apparente contradiction entre l'organi­ rise la loi, de déclencher des pour­ tate que près de la moitié sont des sation d'une immigration continue et Agence pour l'emploi ... suites contre les employeurs qui se jeunes n'ayant pas encore travaillé et les affirmations relatives à la «dé­ livrent à des discriminations, en se qui cherchent un emploi correspondant fense» des Français contre l'afflux des constituant partie civile. à leur C.AP. ou à leur diplôme. Par étrangers. ailleurs, une importante proportion des Est-ce la faute des immigrés '1 chômeurs sont des cadres moyens, 4. Tout se passe, en fait, comme si ou pour la sélection raciale 1 certains milieux responsables enten­ Mais l'action contre les discrimina­ techniciens, ingénieurs ne parvenant pas à se recycler. Dans ces cas là, les daient rejeter sur « les étrangers» la tions, il faut en avoir conscience, ne responsabilité des difficultés écono­ AS de gens de couleur Il ••. un ou plusieurs préposés, qui, sauf Pour un poste de manœuvre, de immigrés ne sont pas en concurrence saurait se réduire à l'action judiciaire. miques actuelles, pour détourner d'une (( Depuis que notre revue existe, motif légitime, aura refusé d'embau­ peintre en bâtiment, de gardien de 'avec les Français. S'il est des profes­ Les faits que nous dénonçons se situent analyse approfondie et empêcher les il nous est arrivé bien des cher ou aura licencié une personne à nuit, ou de distributeur de prospec­ sions (métallurgie, textile), où une telle P actuellement dans le cadre d'une cam­ changements demandés dans les cou­ concurrence existe effectivement, le fois de dénoncer les pratiques racistes raison de son origine ou de son appar­ tus, on ne voit guère quel « motif pagne de grande envergure tendant à sous-emploi actuel y est imputable à ches les plus diverses de la population. d'employeurs, de logeurs, de proprié­ tenance ou de sa non-appartenance à légitime» permettrait d'exiger que le présenter les travailleurs immigrés des conditions économiques et poli­ Dans le même temps, accuser les taires de cafés ou d'hôtels. Ces discri­ une ethnie, une nation, une race ou candidat possède obligatoirement la comme une menace pour le gagne­ tiques bien précises. étrangers de « manger le pain des minations sont désormais interdites en une religion déterminée, ou aura sou­ nationalité française. Et quand l'em­ pain des Français. Ce seraient eux les France, en vertu de la loi élaborée par mis une offre d'emploi à une condi­ ployeur précise qu'il recherche des Francais» tout en en faisant venir tou­ responsables des difficultés économi­ 3. On répète fréquemment dans les jours plus, permet d'entretenir des le M.RAP. dès 1959, votée cet été travailleurs cc européens Il, il entend: tion fondée sur l'origine, l'apparte­ ques, du chômage! A cette campagne, cercles officiels que les immigrés sont - enfin! - par l'Assemblée nationale nance ou la non-appartenance une de toute évidence, écarter les ori­ divisions, des pressions, des tensions à qui alimente dans l'opinion des pré­ indispensables à l'économie française; et le Sénat unanimes, publiée le l ar ethnie, une nation, une race ou une ginaires d'Afrique Noire et d'Afrique qui figurent précisément parmi les jugés souvent tenaces, il convient de le Via Plan, comme les précédents, « avantages». que tire le patronat du juillet 1972 au Journal officiel. religion déterminée. Il du Nord, ainsi que les citoyens fran­ répondre par une argumentation précise prévoit une augmentation constante Nous avons constaté que la crainte çais des D.O.M. recours à la main-d'œuvre immigrée. Nul doute : le délit est avéré, le et sérieuse. Quelques observations élé­ (100000 par an environ) du nombre des lourdes sanctions prévues par cette scandale est patent. Ces tentatives plus ou moins hypo­ Il faut en finir avec les atteintes mentaires peuvent être soumises à la des étrangers appelés à travailler dans loi, avait fait cesser, dans quelques On ne saurait en accuser, bien en­ crites de tourner la loi méritent quotidiennes aux droits et à la dignité réflexion de chacun. notre pays. Ce même processus a lieu cas individuels, des comportements tendu, les agents (400 à Paris) qui d'être sanctionnées sévèrement, si des travailleurs étrangers ou « de cou­ 1. D'abord, il doit être clair que le par exemple, en Allemagne Fédérale, discriminatoires. Tel café du Quartier l'on veut empêcher que celle-ci reste leur» ! Le M.R.A.P. est résolu à mener sont en relation avec les employeurs chômage n'a pas pour cause la pré­ en Belgique, aux Pays-Bas et dans les Latin, naguère réticent, sert maintenant et avec les chômeurs se présentant lettre morte et que le racisme ne jusqu'au bout le combat nécessaire, sence des immigrés. Aux Etats-Unis, où pays nordiques. Les nouvelles mesures tous les clients, sans distinction d'ori­ s'instaure ouvertement et pour long­ certain de recevoir, pour cela le sou­ pour demander du travail. Ces employés l'immigration est infime, on compte gouvernementales (la circulaire Fonta­ gine et de « couleur». Il suffit parfois temps dans notre pays. tien de tous ceux en France, pour qui sont tenus d'exécuter les ordres de leurs plus de cinq millions de chômeurs. Ce net appliquée depuis le 15 septembre) d'un simple coup de fil pour que l'au­ l'égalité et la fraternité ne sont pas supérieurs, lesquels dépendent de la phénomène plonge ses racines dans les semblent viser non pas à réduire l'im­ teur d'un délit raciste, invité à réfléchir Direction nationale, elle-même contrôlée de vains mots. OFF,n données fondamentales du système migration, mais à mieux la contrôler, / sur les conséquences possibles de son par le ministère des Affaires sociales. O"EMPlOI .u:-a?:t-b n ,l~. économique. à réaliser plus facilement une «sélec- Louis MOUSERON acte, change d'attitude. Mais il n'en Nous savons d'ailleurs que beaucoup, est pas toujours ainsi. aux différents niveaux d'exécution, Et le mauvais exemple vient de haut. réprouvent les directives qui leur sont ))~---, Comment ne pas s'indigner et s'inquié­ imposées en violation de la loi. r---« Pas de chambre pour vous ter, trois mois à peine après la pro­ Déjà, au mois d'août dernier, la N travailleur algérien pées. Ce qui est certain, c'est En sortant nous avons croisé Flandre, place Roger-Salen­ mulgation de la loi. de voir celle-ci C.G.T. avait dénoncé une opération de nous téléphone : que la loi du 1er juillet offre trois jeunes gens qui étaient gro, Dunkerque, mon épouse délibéremment bafouée par un orga­ l'Agence Nationale pour l'Emploi qui U Il Cherchant un loge­ désormais aux victimes de également à la recherche est rentrée seule pour deman­ nisme d'Etat qui devrait avoir justement visait à recruter pour Citroën 1 600 ment, je me suis présenté ces discriminations la possi­ d'une chambre. Très surpris, der une chambre. On lui pour mission de veiller à son appli­ O.S., en excluant les Africains noirs et déjà dans une multitude bilité de se défendre. Cette nous avons pu constater que confirma à la réception que cation? les Nord-Africains. Il apparaît mainte­ d'agences immobilières. Dans loi joue le rôle d'un révéla­ l'hôtel qui était soi-disant la chambre nO 6, à 30 F, Le M.R.AP., ayant eu connaissance nant que cette pratique n'était pas certaines, on me dit que les teur : grâce à elle, des plaies complet pour nous, ne l'était était disponible pour deux des discriminations systématiques pra­ exceptionnelle, mais qu'elle traduit, propriétaires ne veulent pas jusque-là secrètes se dévoi­ pas pour les autres clients, personnes. On lui a présenté tiquées par l'Agence Nationale pour au contraire une volonté délibérée de d'étrangers, ou d'Arabes, ou lent. Et la purulence du qui, je dois le préciser, étaient deux fiches à remplir et l'Emploi, a décidé d'en appeler à l'opi­ « sélection» au service des employeurs d'Algériens, et on me refuse racisme apparaît, suintant de de couleur blanche. n'ayant pas ma carte d'iden­ nion publique. Le 14 octobre, il a com­ racistes. tout service. Dans d'autres, tous les replis de notre société. «Voulant m'assurer qu'il tité, mon épouse m'a appelé muniqué à la presse les photos d'une Quand des méthodes inacceptables on me donne des adresses, et - Significative à cet égard ne s'agissait pas d'un malen­ à l'extérieur. Je suis donc dizaine de formulaires, puisés parmi sont ainsi généralisées dans un service alors je me heurte aux refus est une lettre que nous rece­ tendu, je suis retourné à la rentré également dans le hall beaucoup d'autres, où l'Agence, se public, c'est à l'ensemble des usagers, En application de la loi du 1er juillet 1972, les « restrictions des propriétaires, qui avan­ vons de M. Moussa Dirié, réception pour demander de réception. La réflexion pliant aux exigences de certains em­ à tous les démocràtes qu'il appartient prié de nationalité» ne sont plus indiquées sur le volet de droite cent, pour se justifier, les demeurant dans les Yvelines, des explications. J'ai été faite par la personne à la ployeurs, transcrit en toutes lettres d'intervenir pour y mettre fin. de sortir immédiatement et, réception se passe de tout (codé) des formulaires de l'Agence nationale pour l'emploi. arguments les plus hypocri­ et dont voici l'essentiel : leurs « restrictions» xénophobes et ra­ à mon ' refus, le propriétaire commentaire : «Je regrette, Mais ces mêmes indications figurent désormais en clair tes ... » cistes. m'injuria, tenta de me bruta­ mais dans ces conditions, il (ainsi que les restrictions raciales) sur le volet de gauche, «Ayant dû effectuer un En se . plaçant sur un tel terrain, Un étudiant en médecine déplacement de deux jours à liser et enfin menaça de faire n'y a plus de chambre de l'Agence - comme les employeurs qui à la rubrique des « renseignements complémentaires ». nous signale des chambres Annonces : le M.RA.P. Dunkerque, les 9 et 10 sep­ appel à la police, ce dont je disponible. )1 Il existe à Paris dix centres interprofessionnels de dont les propriétaires, pas­ la sollicitent - décide donc dè juger tembre, mon épouse et moi l'ai prié (..• ) « Ayant déjà subi une pre­ les candidats (Africains, originaires des engage des poursuites l'Agence nationale pour l'emploi (et plusieurs dizaines dans sant des annonces dans les avons cherché un hôtel pour «La police arriva sur les mière expérience, nous n'avons départements d'outre-mer) non d'après la région parisienne). Quand une offre d'emploi est enregistrée organismes universitaires, in­ nous loger. Je me suis pré­ lieux et nous emmena au pas insisté, mais sommes leur qualification, leur aptitude à effec­ Violant également les nouvelles par l'un d'eux, elle est adressée à tous les autres. Jusqu'à diquent : « Pas d'étrangers» senté, accompagné d'un ami commissariat où, à la suite retournés directement au tuer un travail, mais d'après le lieu de dispositions législatives, de nom­ ces derniers temps, cette communication se faisait sous la ou « Pas d'hommes de cou­ de nationalité française à de nos témoignages, elle dut commissariat )1... leur naissance ou la pigmentation de breuses annonces publiées par les forme d'une photocopie du volet de gauche; depuis peu, leur» . l'Hôtel Lunik, 32, rue des reconnaître que l"mcident leur pea u. Or, la loi du 1sr juillet journaux retiennent l'attention. Nous les offres sont groupées dans un bulletin, sans indication Cela n'est pas nouveau, Arbres, Dunkerque. était déplorable et indigne M. Dirié ayant saisi le 1972 condamne explicitement dans son l'avons déjà souligné dans notre der­ des « renseignements complémentaires»; lorsqu'un candidat certes. Et on ne peut affirmer «Le propriétaire nous a d'un pays comme la France. M.R.A.P., celui-ci a déposé article 7 cc toute personne amenée par nier numéro; nous pourrions en ' citer semble convenir à l'offre, c'est téléphoniquement que les que les pratiques racistes se reçu avec les mots: «U n'y « Nous avons continué nos une plamte en se constituant sa profession ou ses fonctions à em- , une grande quantité ' parues depuis, éventuelles «restrictions» sont transmises, sur demande, soient brusquement dévelop- a pas de chambre pour vous )1. recherches. et. à l'Hôtel de partie civile. ployer pour elle-même ou pour autrui, tant à Paris qu'en province. par le centre où elles ont été.enregistrées.

4 DROIT ET LIBERTÉ - N° 315 - NOVEMBRE 1972 5 haines

( D' ((Ordre-noUVeaU)) en ((front national)) réunion

Une campagne raciste se prépare naguère la campagne présidentielle de l'assimilation des étrangers Il comme en France, à la faveur des prochaines Tixier-Vignancour, etc. un « souci majeur», dans la Il protection • élections législatives. On annonce la de la communauté Il. Il Rien ne sert de Les VOIX des morts création d'un « front national», qui veiller aux frontières, est-il dit, si une entend présenter 400 candidats, et dont Le langage tenu par ce « front», qui invasion spécifique et légale change la composition est, à elle seule, tout un est « national» comme l'était le « socia­ la nature et le particularisme de la L aura fallu le renversement de trois muni­ comment des urnes ont été remplies aux programme. Qu'on en juge par les noms lisme» que l'on sait, n'a rien d'original. nation française Il. Comme toujours, cipalités de la majorité, un voyage de législatives de 1967. (Elu : M . Gabriel Macé, .-.----==-=5'-'-- M:= -.Œ:".=o ;:'5f~ de ses participants : François Brigneau, Dans les commentaires d' Ordre M . Michel Debré - député de la Réu ­ V· République .) On apprend que les articles -- -'- . ----'- -_.- --'--"'1 '\' « l'extrême-droite s'efforce d'exciter la ~- ..Jo". # •.•. _, .i:;:.~tl;L J , ._ 't, : . I du Code électoral réprimant la fraude sont .. . rédacteur en chef de « » et diri­ nouveau», initiateur de cette campagne , xénophobie, le nationalisme, en misant nion - et l'inculpation de deux de ses proches inapplicables à la Réunion. Ainsi. si vous geant d' « » ; Jean- Marie il est question de Il discipline Il, de sur les instincts les plus obscurs, sur les amis politiques pour que le scandale (ou plutôt les scandales) éclate au grand jour ... « entrez dans l'assemblée électorale avec Le Pen, qui fut à la tête pendant de Il hiérarchie Il, de Il sélection Il. La nation frustrations subies par les victimes d'une et nous parvienne. Et ce , malgré de multiples une arme ... », vous ne serez nullement pas­ longues années de groupes d'extrême­ est conçue comme « une communauté société brutale et injuste, dont elle est tentatives d'étouffement des milieux offi­ sible d'arrestation conformément à l'ar­ droite aux sigles variables, aujourd'hui de langue, d'intérêts, de race, de sou­ elle-même un produit. ciels , peu désireux de voir s'étaler dans les ticle L. 61 (aboli) ! éditeur de disques tels que les « Chants venirs». Il est fait appel à la Il France journaux l'art et la manière de se faire élire du Troisième Reich», apologie du nazis­ silencieuse Il pour « faire échec au Une extrême vigilance s'impose donc à la Réunion (quand on appartient à certaines Du suppléant me interdite à la vente; Guy Ribeaud , communisme». Enfin , dénonçant « le pour barrer la route à ces provocatiom formations politiques), peu soucieux aussi au secrétaire particulier proche ami de Georges Bidault, qui fut vice», « les copains», les « voleurs», à la haine et à la violence. Une nouvellE de voir la Justice démasquer et sanctionner certains bénéficiaires de ce « système élec­ avec Soustelle, l'un des plus émin_ents la « pourriture» et défendant l' « ordre fois se pose la question des limite! Comment, dans ces conditions, s'étonner jusqu'au-boutistes de la guerre d'Algérie; naturel» dans le style démagogique que la loi doit apporter à ces menées toral», dont les profitables trafics s'accom­ pagnent en général d'une insolente impu­ de la corruption régnant dans l'île et de l'ava­ Claude Jeantet, adjoint de Doriot sous propre à ce genre de formations, « Ordre antidémocratiques, dangereuses pour lanche de scandales qui font surface en ce nité. La liste s'allongerait que cela n'apporte­ l'occupation, passé ensuite par le pouja­ nouveau», lors de son dernier Conseil la sécurité de la population et pour moment? rait rien de plus au raisonnement de ceux qui disme; Roger Holleindre qui « anima» national , présente Il l'immigration et l'avenir de notre pays. La révélation - du moins à Paris - nous dénoncent les conséquences du statut colo­ Trois moyens de frauder en est faite à l'occasion du dernier voyage nial en vigueur dans les D.O.M ., en dépit de M . Michel Debré à la Réunion . de la « départementalisation )1. Encore un ciDletière ju~C prorané On savait depuis longtemps ce dépa rte­ Le premier touche son suppléant, M . Sers , ------=--~~ ment d'outre- mer (D.O.M .) propice aux avocat, qu i retira , dit-on, d'une affaire d'héri­ Nous apprenons qu'une vingtaine de Des faits semblables s'étalent produits En dépit des protestations des fraudes électorales en tous genres, l'auto­ tage dont il s'occupe , de substantiels béné­ Et la démocratie? tombes du cimetière israélite de Sarre­ en avril , au cimetière juif de Belfort ; matique unanimité politique des électeurs fices , sans rapport avec des honoraires nor­ communautés juives concernées, ces Elle confirme qu'à La Réunion, plus par­ Union (Moselle) ont été profanées à au même moment, le monument aux différentes affaires sont restées sans paraissant aux observateurs pour le moins maux. Le second vise le secrétaire parti­ suspecte . Mais on manquait de preuves. Or, ticulièrement, sont bafoués impunément les la fin du mois d'août. Les socles de déportés de la ville avait été souillé. suite. La police ne dispose-t-elle donc culier du ministre, qui émargeait sur le bud­ aujourd'hui. c'est documents en main que get départemental au titre de fonctionnaire droits d'un peuple à décider de son sort ; que pierres tombales ont été renversés et d'aucun indice lui permettant de dé­ nous sommes en mesure de parler. Ces (3 000 F par mois) sans occuper aucune certains n'hésitent pas à user et abuser de fracassés ; les plaques de marbre En avril également, des actes de couvrir les tristes individus qui se livrent chiffres , ces fac-similés révélateurs ont été ( fonction ». Le troisième met à l'avant-scène méthodes inadmissibles, où l'obscurantisme portant les noms des morts ont été vandalisme étaient constatés dans le à de tels actes, directement imités des rendus publics par les nouvelles municipa­ le maire de Saint-Paul, inculpé pour fraudes le dispute à l'absolutisme, pour imposer leur brisées. cimetière israélite de Biesheim. nazis? lités d'Un ion démocratique (Saint-Louis , et délits multiples, mais toujours en place. présence, bâtir des fortunes sur la misère d'une île , alors que sont régulièrement frap­ Le Port, La Possession). Le quatri ème - moins récent - intéresse pés ceux qui tentent de protester contre ces Ils établissent, répertorient les principal es l'un des cogérants de la clinique de Saint­ Vieilles inCânties à Grenoble méthodes à l'honneur pour maintenir en Benoît (U .D.R.), inculpé pour pratique illicite manquements graves à la loi , qui réclament, place les tenants d'une politique donnée, tout simplement, le respect des Droits de Une revue mensuelle « Echos-Région» rapacité, d'esprit d'intrigue, de ténacité, d'autrui Il. d'avortement et fausses déclarations à la quand, manifestement, la majorité de la Sécurité sociale , pratique fort lucrative à l'Homme et de la Démocratie . diffusée gratuitement dans l'Isère à d'orgueil ombrageux et de mesquinerie, On le voit rien ne manque au population s'affirme mécontente de cette ce que l'on sait ... Etc. Dominique DELHOUME des fins publicitaires, disserte, dans son de feinte assurance et de maladive « portrait» du juif, tel que le trace clas­ politique et désire en changer. numéro de septembre sur les origines inquiétude, et surtout 1... ) cette propen­ siquement la propagande antisémite Outre le procédé pour ainsi dire « cl as­ D.O.M.-T.O.M.------I de Ch ri stophe Colomb. sion à Il bluffer Il, à s'entourer de mystère la plus odieuse. Il est vrai que l'auteur sique» qui consiste à gonfler les résultats Se demandant si le célèbre explora­ et à se parer de connaissances qu'il de l'article n'hésite pas à se référer pendant le « transfert » des urnes, les moyens teur était juif, l'auteur de l'article, qui était loin de posséder. Il à Roger Peyrefitte, dont le livre « Les de truquer les listes électorales son t au signe « Tancrède», écrit notamment : Poussant plus loin encore son « ana· Juifs» est un énorme ramassis de tous nombre de trois : 1° Maintien sur la liste de personnes ne Enfin abrogée! Il En l'absence bien évidente de toute lyse», « Echos- Région)1 affirme que les stéréotypes racistes, du Moyen Age devant plus y figurer soit pour avoir perdu preuve matérielle, c'est dans l'étude du Il le folklore israélite abonde en carac­ à l'hitlérisme .. . la « capacité électorale », soit pour avoir L'Assemblée nationale a abrogè ce à huit ou dix mille kilomètres du lieu caractère de Colomb que l'on peut tères de ce genre, plus roublards quitté la commune. 10 octobre, l'ordonnance du 15 oc­ où ils vivaient. acquérir la conviction presque absolue qu'intelligents, plus industrieux qu'entre­ Le comité du M.R.A.P. de Grenoble 2° Introduction de personnes « fictives » tobre 1960, qui permettait aux pré­ Depuis des années, le gouverne­ de son origine juive. Il Et d'énumérer prenants, plus hâbleurs que savants, examine les mesures qui permettront n'ayant aucune existence à l'état- civil. fets des départements d'outre-mer ment s'obstinait à refuser l'abrogation les traits qui caractérisent, selon lui, la mais merveilleusement aptes à tirer de faire comprendre à « Echos-Région» 3° Maintien de personnes décédées de­ de muter d'office en métropole les de l'ordonnance. Mais certains qui « judéité» : Il mélange de faste et de parti de leurs relations et de la crédulité que ces temos- Ià sont révolus. puis longtemps (Voir notre document). ne l'ont jamais dénoncée dans le Pour montrer l'ampleur du phénomène fonctionnaires Il dont le comportement passé, pris d'une tardive indignation, - connu de tous à la Réunion - les respon­ est de nature à troubler l'ordre De Touvier à Pétain ... sables des trois villes citées plus haut pré­ public Il. n'ont pas hésité à la déclarer Il scélé­ sentent des chiffres, dont voici un échan­ Ce texte d'exception visait, au rate Il lors du débat récent à l'Assem­ Après le président de la République , Allant plus loin encore, les deux lea­ militaires, d'invalidité et des VictImes tillon. D'après les données statistiques de départ, au Il maintien de l'ordre Il en blée nationale. M . Valéry Giscard d'Estaing, MM . Ser­ ders des « réformateurs» non contents de guerre, seuls les militaires français l'I.N .S.E.E., 45 % de la population de Saint­ Algérie. En fait, il légalisait l'arbitraire, Cependant, lors du vote final, la van-Schreiber et Lecanuet demandent de la grâce accordée à Touvier, se pro­ morts pour la France devant l'ennemi Louis ont 21 ans et plus : soit 12 500 à donnant au gouvernement le pouvoir majorité s'est opposée à ce que les à leur tour que soit jeté « le voile de noncent pour le transfert des cendres ont droit à sépulture dans un cimetière 13000 adultes en âge de voter. Or, malgré de bannir des D.O.M. les fonction­ fonctionnaires victimes de l'arbitraire les efforts déjà accomplis par la nouvelle l'oubli» sur les crimes de la « collabora­ de Pétain à Douaumont. Ils rejoignent national? Ont-ils oublié que Pétain livra naires dont les idées ne se confor­ reçoivent réparation et puissent municipalité pour régulariser la situation, tion» et de l'O.A.S. A quelques mois en cela la campagne menée par « Riva­ le pays, ses richesses, sa jeunesse, ses maient pas aux conceptions officielles, recouvrer le poste qu'ils occupaient malgré les radiations opérées en 1971 , des élections, leur prise de position ne roi» et autres anciens pétainistes. hommes à l'ennemi? Ont-ils oublié la avant leur mutation injustifiée. De 15 000 « électeurs » demeurent encore ins­ et d'exclure de la fonction publique serait-elle pas guidée par un calcul poli­ répression sanglante contre les résis­ crits sur les listes ! ceux qui n'acceptaient pas le poste telles dispositions, a estimé le gou­ tique? M. Pompidou , quant à lui, a Ne savent-ils pas qu'au terme de tants, la chasse aux juifs, la , la En parcourant les documents rassemblés choisi pour eux du jour au lendemain, vernement, auraient coûté trop cher. affirmé, on le sait, qu'il n'en était rien . l'article L. 498 du Code des pensions division Charlemagne? par les nouvelles municipalités, on découvre

6 DROIT ET LIBERTÉ - N° 3t5 - NOVEMBRE 1972 7 Des faits qui ... Proche-Orient R.F~.------• Un gardien de la paix a été condamné le 2 octobre dernier à 6 mois de prison L'engrenage Les coups sourds avec sursis : il avait tiré sur NE nouvelle attaque israélienne contre le Liba n et la Syrie a eu lieu le 15 octobre. son voisin de palier, M. Ayadi Les bombardements aériens contre des bases palestiniennes et - affirme-t-on à Agrebi. U trouvait « agaçante )1 Beyrouth - contre des camps de réfugiés, auraient fait dix tués et une quinzaine la musique orientale que fai ­ U de blessés, pour la plupart civils . de la droite sait jouer celui-ci ! L'opération a paru d'autant plus injustifiée qu'à la suite d'un accord avec les autorités • Sept réfugiés basques libanaises, les organisations militai res pa lest iniennes se sont éloignées de la frontière espagnols ont été dernière ­ d'Israël et ont cessé leurs activités da ns ce secteur. Le gouvernement israélien déclare MM. Stop h, Prem ier ministre de la R.D.A. ment expulsés de France de que « désormais, la seule présence de saboteurs en Syrie et au Liban, qu'ils attaquent façon plus que cavalière : le ou non les frontières d'Israël, doit être considérée comme une provocation ». et Willy Brandt. Cha nceli er de la R.F.A. délai de rigueur leur fut re­ La tension entre donc dans une phase plus aiguë. L'occupation par Israël de terri­ L faut « tout faire pour empêcher la droite de gagner les élec­ avant les élections législatives. La R.D.A: fait tout pour arriver à fusé ; l'arrêté administratif n'a toires arabes entraîn e inévitablement une résistance des populations, qui se traduit par pas été motivé, ce qui interdit tions » : telle est la consigne de toutes les forces démocratiques une élaboration rapide, entre autre parce que cela renforcerait des actions de guerilla, mais aussi par des attentats aveugles, selon la tactique et les I considérablement le gouvernement Brandt vis -à-vis de l'opposition tout recQurs. Où est donc la en République Fédérale Allemande pour les élections 'législa­ conceptions des différents groupes. Les rafles, les arrestations et autres mesures qui de droite. Et le fait que la R.D.A. et la R.F.A. seront, sans doute, belle réputation qui fit de tives qui auront lieu le 19 novembre prochain. s'ensuivent créent, dans ces territoires , une incitation supplémentaire à la lutte nationale, prochainement admises à l'O.N .U. apparaîtra comme l'un des notre pays une terre d'asile Cinq partis politiques se présenteront, dont les deux partis selon un processus bien connu. En portant également la riposte dans les pays voisins, résultats heureux de cette nouvelle politique de l'Allemagne lëdérale universellement reconnue ? qui forment actuellement le gouvernement, mais n'ont plus la et en assimilant l'ensemble des Pa lestiniens à des terrori stes, les dirigeants israéliens à l'égard de l'Allemagne démocratique et des autres pays socialistes. • Deux jeunes Israéliens prennent le risque de rompre le cessez-le-feu et de renforcer les éléments les plus majorité au Parlement: le S.P.D. (parti social-démocrate d'Alle­ de 18 ans ont demandé à béné­ extrémistes dans le monde arabe, tels .Ies commandos de « Septembre Noir », auteurs magne) et le F.P.D. (parti libéral-démocrate). Plusieurs députés de Mais pour ne pas se couper des masses qui, dans leur grande ficier du droit d'asile politique de l'odieux attentat de M ünich . Le cycle des violences se perpétue donc ; et, plus de la coalition gouvernementale ont été accueillis au sein de l'opposition majorité, sont favorables à une politique de rapprochement avec en Suède : Us refusent de cinq ans après la guerre des Six Jours, il faut bien constater que rien n'est résolu. de droite, dans la C.D.U.-C.S.U. (Union chrétienne-démocrate les pays socialistes, la C.D.U.-C.S.U. attaque le gouvernement faire leur service militaire en Ne peut-on pas rompre ce tragique .engrenage ? Il apparaît évident que la seule solu­ et Union chrétienne-socialiste, l'aile bavaroise de la C.D.U.), non avant tout dans le domaine de la politique intérieure. Les mesures Israel et de « participer ainsi tion possible repose sur la prise en considération réal iste de toutes les données poli­ sans que celle-ci ait été accusée d'avoir offert des sommes impor­ sociales et économiques prises par la coalition S.P.D.-F.D.P. tantes aux transfuges, chose d'autant plus vraisemblable qu'un tel au conflit armé israélo-arabe )1. tiques de la situation, en particu lier le droit d'Israël à l'existence et à la sécürité, comme n'ont, en effet, conduit à aucune amélioration essentielle pour la les droits nationaux du peuple pa lestinien . Seule l'application de la résolution votée cas fut révélé, tin 1970. Le parti néo-nazi, le N.P.D. (parti national­ population. Dans de nombreuses couches règne un mécontentement unanimement par le Conseil de sécurité, le 22 novembre 1967, peut ouvrir la voie ~ démocrate d'Allemagne), qui, lors d'élections régionales, avait re ­ profond dont le parti chrétien-démocrate s'efforce de tirer profit, donnent ... une paix juste et durable. cueilli jusqu'à 7,9 % des voix, se présentera comme opposition oubliant qu'il fut, durant vingt ans, le promoteur de mesures et d'extrême-droite. • Il n'y aura pas de prix Mais, tandis que les dirigeants d'Israël renforcent l'implantation juive dans les terri­ d'attitudes parfaitement anti-démocratiques. Depuis sa fondation, c'est la premiére fois que le Parti commu­ Nobel de la Paix cette année: toires occupés et mettent au point la multipli cation de leurs interventions « dans des en­ L'anticommunisme continue à porter ses Iruits en Allemagne niste, le D.K.P. participera en tant que tel aux élections pour le ainsi en a décidé le Comité droits inattendus » ; que les Palestiniens, divisés, s'interrogent sur les formes à donner à fédérale: l'interdiction du K.P.D. n'est pas levée; les communistes, Bundestag, le Parlement Ouest-Allemand. Mais la clause anti-démo­ norvégien du prix Nobel. leur lutte nationale ; et que des initiatives communes des grandes puissances ne sem­ et ceux que l'on soupçonne de l'être n'ont pas le droit de travailler cratique des 5 % (chaque parti pour être représenté au Parlement • Par décision du Conseil blent pas prévisibles, l'espoir demeure encore bien faible de voir se préciser les bases dans les services publics, notamment dans l'enseignement ; toute d'une issue pacifique. doit avoir un minimum de 5 % des voix) retiendra, sans doute, un de commandement de la révo­ unité d'action avec les communistes est défendue aux adhérents du certain nombre d'électeurs de voter pour lui, par crainte que leurs lution, annoncée par Radio­ S.P.D. Les lois d' urgence adoptées avec les voix des chrétiens­ voix ne soient « perdues ». Bagdad le 27 septembre, les démocrates et des sociaux-démocrates privent le peuple ouest­ Après une longue période de guerre froide particulièrement tëtes religieuses juives seront allemand de droits démocratiques fondamentaux. Une telle poli­ intense en R.F.A., du fait de l'existence d'un Etat socialiste sur le considérées comme officielles tique ne se dirige pas seulement contre les communistes et les Dangereux transferts sol allemand, après vingt ans de gouvernement chrétien-démocrate, en Irak, ce qui entraînera la syndicats, mais se tourne finalement aussi contre les sociaux­ la coalition S.P.D.-F.D.P. a dû tenir compte de la volonté de paix fermeture des administrations démocrates eux-mêmes, comme l'a démontré déjà si tragiquement Les remous créés par le drame de Münich n'ont pas fini de se manifester. Parmi les du peuple allemand. Pour la première fois dans l'histoire de la et des entreprises privées. l'Histoire allemande. errements les plus graves auxquels nous assistons, il faut dénoncer la transposition du R.F.A. après la signature et la ratification des traités avec l'U.R.S.S. • Le rabbin Meir Kahane, conflit du Proche-Orient sur le plan ethnique et religieux, et son transfert géographique, et la Pologne, un gouvernement reconnaît l'intangibilité des fron­ Que ce danger existe toujours, les attaques violentes de toute la dirigeant de la « Ligue de dé­ tendant à en fa ire un affrontement mondial entre « J uifs» et « Arabes». tières existantes, notamment la frontière occidentale de la Pologne droite contre le gouvernement S.P.D.-F.D.P. en témoignent. Bien fense juive ., qui se livre de­ En France, au moment où, dans certains milieux juifs, on se mobilise contre le « ter­ et la frontière entre la R.D.A. et la R.F.A. Ces accords n'ont pas que le N.P. D. ait perdu des partisans, le « Rechlskarlell )) (( carlel puis plusieurs années à des rorisme arabe », des lettres de menaces - flétries comme des provocations par les orga­ seulement une importance primordiale pour le peuple allemand, des droites))) compte encore toute une agglomération de groupes activités terroristes aux Etats­ nisations palestiniennes - parviennent à des groupements ou à des personnalités mais aussi pour les autres peuples européens, préoccupés du main­ et de forces plus ou moins ouvertement néo-nazis qui ont, cepen­ Unis, a reconnu dans une inter­ israélites, sous la signature : « Organisation Septembre Noir, section France ». Pa ral­ dant, tendance à se regrouper dans la C.D. U. -C.S. U. Des slogans view qu'il était un agent du tien de la paix et voyant dans le refus de l'Allemagne d'Adenauer lèlement, un certain « Front populaire de libération juif , Talion, Promotion Judas d'accepter les frontières existantes une cause possible de conflit comme : « Brandt au mur! », « Balayez l'ordure rouge! » ou « Pen ­ F.B.I. Il a été interrogé, en Macchabée » menace les ambassades arabes. Et une « Armée de libération juive» dez les traîtres! », la terreur ouverte, les actes criminels prouvent Israël, sur ses relations avec armé. De la même façon, les accords des quatre grandes puissances annonce dans un tract : « Nous ferons sauter tous les sièges des Palestiniens et leurs sur Berlin-Ouest portent-elles un coup aux « revanchards ». s'il en était besoin, le caractère fasciste de l'Aktion Widerstand la Mafia. refuges arabes, comme les sièges des compapnies aérien nes et les ambassades. » Si, dans cette nouvelle politique envers les pays socialistes, les (Action résistance) et des autres organisations d'extrême-droite. • Cent cinquante jeunes L'attentat contre la « Librairie Palestine», à Paris, perpétré au nom de la « Terreur gens et jeunes fiUes israéliens, considérations économiques jouent certainement un grand rôle, Afin que ces forces ne se dispersent pas, la C.D.U., et particuliè­ juive », s'inscrit dans le cadre de ces excitations malsaines. Il convient de souligner que il faut considérer aussi que le gouvernement de la R.F.A. ne peut rement sa branche bavaroise, la C.S.U., servent de plus en plus de appartenant à des kibboutzim diverses organisations juives représentatives, telles que le C.R.I.F. et l'U.J .R.E., ont se passer ni de l'opinion à l'intérieur du pays, ni de l'opinion structure d'accueil à toute l'opposition de droite. Franz Josef du parti travailliste, ont décidé vigoureusement exprimé leur réprobation. mondiale - surtout après l'attribution à Brandt du Prix Nobal de la Strauss, président de la C.S.U., secondé par le puissant cartel de de jeûner pendant trois jours Le M .R.A .P., quant à lui, «condamne une nouvelle fois le recours è la violence Paix - qui soutient tous les efforts susceptibles d'établir une paix presse Springer, ne dissimule guère son mépris pour une politique pour la tëte du Ramadan, avec aveugle comme une perversion de la lutte politique, une méthode inefficace et dange­ durable. Contrairement à la politique du gouvernement chrétien­ de coexistence pacifique et sa haine des institutions démocratiques. des paysans arabes pour favo­ reuse, créant l'insécurité pour les populations, nuisant è la solution des problimes démocrate qui tentait de faire croire à la p'opulation ouest-allemande Seule l'unité la plus large des forces démocratiques peut permettre riser le rapprochement entre posés. Il que la R.D.A., comme Etat indépendant, n'existait pas et qu'elle d'éviter un retour de la droite au gouvernement ouest-allemand, une Israéliens juifs et arabes. Le communiqué du M .R.A.P . (6 octobre 1972) ·précise encore: tcTransposer en était partie intégrante de la R.F.A., la coalition S.P.D.-F.D.P. a résurgence de groupes néo-nazis prêts à tout pour faire éclater .. France le conflit du Proche-Orient, ne peut qu'inciter au racisme, aussi bien antijuif entamé des négociations. Il est fort possible que ces négociations leurs nostalgies et leurs haines. qu'~nti - arabe et favoriser les éléments qui misent sur un climat de violences propice a penser aboutiront à un accord fondamental entre les deux Etats allemands Dagmar T ANEK. aux diversions, è la confusion, aux aventures antidémocratiques.))

DROIT ET LIBERTÉ - N° 315 - NOVEMBRE 1972 9 8 LE PAVILLON Roger Maria Editeur 5, rue Rollin - 75005 PARIS - Tél. : 326-84-29 C.C.P. Paris 10.865-02

• Albert Norden : LE SECRET DES GUERRES. Genèse et techniques de l'agression. Pré- face de l'abbé Jean Boulier. -.. _. .. . . _...... 33,00 F • Dr Bernard Muldworf : LIBERTÉ SEXUELLE ET NÉCESSITÉS PSyCHOLOGIQUES...... 10,O~ F • Dr Janine Neboit-Mombet : QUI ÉTAIT LE MARQUIS DE SADE 7 Préface d'Hubert Juin. 21 ,00 F • André Sève, avec la collaboration de Maurice Programme commun et racisme Agulhon et Lucien Sève : PERSPECTIVE DE L'HISTOIRE. Chronologie graphique - Précis d'Histoire de la Civilisation. Préface Parmi les mesures contenues dans le Programme com­ de Jean Bruhat ...... 20,00 F mun de gouvernement de la gauche, signalons succincte­ ment celles qui sont relatives au racisme : 1 r. partie, 1 : « Le plan prévoira le nombre de travailleurs Nous avons reçu la photo ci-dessus d'un corres­ • Gilette Ziegler: AMOURS, COMPLOTS ET pondant belge. Il s'agit de l'entrée d'un dancing de RÉVOLUTIONS. 21 chroniques de l'Histoire immigrés accueillis chaque année afin de définir les mesures de France. Préface d'Alain Decaux ...... 20,00 F économiques et sociales à prendre. Les travailleurs immigrés Lievin, ville où résident de nombreux travailleurs mineurs bénéficieront des mêmes droits que les travailleurs français. nord-africains. • Jérôme Favard et Jean Rocchi : SCAN­ lIOn a peine à imaginer qu'en 1972, des individus DALES A L'O.R.T.F. Préface de Marcel La loi garantira leurs droits politiques, sociaux et syndi­ du type de ce patron de dancing puissent encore avoir Bluwal...... 7,50 F caux». 3 8 partie, 1 : « La liberté de conscience et des cultes sera le droit de telles choses Il, commente notre ami. • Lydia Laine: POUR UN JOUR INSOLENT garantie ( ... )). suivi de POÈME POUR UNE CITÉ D'UR- Les discriminations raciales et antisémites et leurs expres­ GENCE. Collection « Poètes et Poésie»...... 16,00 F « sions seront interdites et réprimées par la loi». 48 partie, Il : « Renonciation à la force de frappe nu­ Le racisme existe aussi chez certains noirs; qui songe à le Pour MM. les libraires .- ODÉON-DIFFUSION cléaire stratégique sous quelque forme que ce soit». nier? Mais comme l'a dit le président Nyerere : l'Afrique « Cessation de toute vente d'armes et matériels de guerre entière n'est pas responsable des crimes de tel ou tel chef aux gouvernements colonialistes, racistes ou fascistes (Afrique d'Etat africain et de ses acolytes. Amin, qui expulse les du Sud, PortuÇlal. Espagne, Grèce)). Indiens, qui sacrifie l'économie de son pays, qui provoaue des V : « (. .. ) pour le retrait total des forces américaines incidents frontaliers, est un chef de gang et un criminel, mais [du Viêt-nam] ( ... )). Vorster ou les extrémistes de droite français et anglais (qui PIEDS « [Le gouvernement] s'efforcera de contribuer au rétablis­ feignent de s'indiçtner) ne valent pas mieux. sement de la paix et de la sécurité au Proche-Orient, dans le respect du droit à l'existence età la souveraineté de tous les Etats de la région, notamment de l'Etat d'Israël, SENSIBLES ainsi que des droi!s nationaux du peuple de Palestine. " Chili : le chaos de la réaction fondera son activité en ce sens sur la résolution du Conseil Les chausseurs du super-confort de sécurité du 22 novembre 1967». Sur injonction de leurs directions, les membres du Parti et de élégance VI : « Le gouvernement reconnaîtra le droit à l'auto­ r démocrate chrétien, du Parti national et du mouvement détermination des peuples des D.O.M. et des T.O.M . d'extrême-droite Patrie et liberté» sont passés, depuis peu, Choix UNIQUE en CHEVREAU, ( ... )) (suivent des précisions sur ce point). « « des paroles aux actes» ! Alors que les premiers organisent en SPORTS et en TRESSÉ MAIN VII : « [La France] appliquera les décisions internationales prises à l'encontre des gouvernements colonialistes et un savant marasme économique en coupant le ravitaillement Femmes du 35 au 43 - Hommes du 38 au 48 racistes d'Afrique du Sud et de Rhodésie». - « grève» des transporteurs, « grève» des commerçants - 6 largeurs différentes les derniers fomentent provocations sur provocations s'atta­ quant même, comme le rapporte « Le Monde» du 18 octobre, (9") GARE SAINT-LAZARE, 81 , rue St-Lazare (Mo Camps de concentration en Ouganda à un ioaillier de Santiago qui avait la double tare d'être <

10 DROIT ET LIBERTÉ - N° 315 - NOVEMBRE 1972 11 échec à la sédition, pour éviter la paralysie économique et celle les personnes et les peuples. Que tous ... fassent preuve d'ima­ DROIT ET LIBERTÉ - N° 315 - NOVEMBRE 1972 du système de communications. Un appel solennel a été dif­ gination et de créativité. Il fusé: qu'ils agissent de l'intérieur ou de l'extérieur, tous ceux Ils rappellent que Il la première forme de la charité fraternelle qui ne respecteront pas les décisions de la majorité du peuple réside dans l'exercice de la justice Il. chilien devront rendre des comptes. Ils affirment que si un net progrès a été réaliSé pour le logement, CI il reste beaucoup à faire dans le domaine de O.A.S. : la continuité l'hygiène et des conditions sanitaires Il. Et terminent ainsi : CI Par-dessus les frontières et par-delà les ethnies, travaillons en Marseille, jeudi 3 octobre: Jean-Jacques Susini, ex-dirigeant à créer une même communauté humaine, œuvrons pour l'union de l'O.A .S., ex-éminence grise de Salan , est arrêté . Motif: il entre les peuples et la paix du monde Il. aurait trempé dans l'assassinat de Raymond Gorel , ex-trésorier L'évêque d'Ajaccio, de son côté , également dans une « lettre de l'O.A.S . (( Cimeterre» pour ses amis) . pastorale 1), attire l'attention des catholiques de Corso sur la Sinistre suite à une dramatique aventure, mais suite qui ne présence dans leur île de musulmans étrangers qui constituent manque pas de logique, si l'on y réfléchit. Car les méthodes de maintenant 8 % de la population. Aux statistiques officielles l'O.A.S. - crimes, terreur, chantage, vols - exigeaient des de fin 1971 , il y aurait en Corse 19 500 musulmans, soit hommes prêts à tout. Susini, à son procès , ne s'était-il pas 17.487 Marocains, 1 025 Tunisiens, près de 900 Algériens et proclamé « un national-socialiste» ? 82 Turcs. Ceci non compris les immigrations saisonnières Se « reconvertir» en gangster ne représentait pas pour lui (vendanges et récoltes de fru its) ou clandestins, ni les deux et ses acolytes un e transformation radicale de ses activités. villages de harkis. La paix venue , l'indépendance de l'Algérie, le gang se scinda , L'évêque en conclut que CI la Corse est devenue un des lieux des rivalités surgirent, avec ce qui s'ensuit : poursuites infer­ ou l'Islam et le christianisme peuvent se rencontrer en un nales, règlements de comptes", Gorel détenteur du « trésor», dialogue fécond Il. Il réclame de ses diocésains une attitude fruit à la fois de vols et de dons volontaires, a laissé sa vie dans d'accueil fraternel qui CI retentisse sur l'ensemble de leurs cette bataille pour le partage du butin . comportements Il. Bien des catholiques « traditionnels » sont encore fort étonnés de tous ces gestes de compréhension amicale et d'accueil, Lettre ouverte contre l'apartheid et qui sont pourtant dans la droite ligne de l'esprit évangélique , si souvent bafoué au cours des siècles d'intolérance. 333 pasteurs et professeurs de théologie et 1 02 laïcs appar­ tenant aux Eglises rattachées à la Fédération protestante de France , viennent d'adresser une lettre ouverte aux représentants des sociétés huguenotes d'Afrique du Sud venant célébrer en France le souvenir des huguenots. Ce texte exprime l'angoisse de nombreux chrétiens devant l'apartheid en Afrique du Sud, et leur solidarité avec ceux qui combattent ce système inhu­ main. En voici un bref extrait : « Nous avons appris que vous venez en France pour célébrer le souvenir des huguenots qui, en XVIIe siècle, furent persécutés pour avoir préféré « obéir à Dieu qu'aux hommes». Statisticiens, sociologues, journalistes, photographes en font souvent l'objet de leurs enquêtes ... « Nous sommes troublés cependant de penser que les Eglises Oue l'on parle d' cc habitations de fortune Il, de cc bidonvilles Il ou de cc micro-bidonvilles Il, chiffres, réformées auxquelles vous appartenez sont actuellement descriptions, reportages abondent. divisées sur une base raciale , et qu'elles apportent un soutien Mais il est rare que les victimes de ce mode particulier de cc logement Il puissent faire savoir eux­ théologique à la thèse « chrétienne-nationale» d'une « mission» de la minorité blanche sud-africaine, mission de tutelle et de mêmes ce que sont leurs infâmes conditions d'existence. Pourtant, lorsqu'il se trouve un auditeur domination, imposée à vos compatriotes de couleur. pour enregistrer leur témoignage, .Ie document prend une extraordinaire intensité. Il crie le quotidien Cette conception de la « mission nationale» d'une minorité fait de poussière et de boue, de misère et d'angoisse, d'humiliations et de révolte contenue. Il exprime raciale ne nous paraît pas seulement une erreur politique et aussi l'espoir, la volonté de changement. En clair, il accuse. une faute morale : il est très grave qu'elle se couvre d'une Certes, des bidonvilles disparaissent, en fonction des impératifs de l'urbanisme et de la lutte menée interprétation religieuse qui en fait, à nos yeux, une perversion - Au secours! de la foi chrétienne au t hentique. » pour améliorer l'habitat des immigrés; lutte de ces derniers, mais aussi des populations voisines indi­ « Nous ne faisons , en cela , que redire ce que 78 théologiens gnées de l'existence de ces ghettos inhumains; lutte des municipalités concernées, des syndicats, de votre pays ont dit, en 1968, à leurs compatriotes, en des associations telles que le M.R.A.P. déclarant solennellement l'incompatibilité de l'apartheid et de Mais à la destruction devrait correspondre la construction de logements décents en nombre suffi­ la foi chrétienne ... » Le Code de la nationalité sant. Il n'en est rien. Les habitants chassés des baraq'ues disloquées se regroupent alors plus ou moins « Hors de l'écoute de la Parole de Dieu , et de l'obéissance loin, dans des cc micro-bidonvilles Il; d'autres îlots poussent à proximité des zones industrielles; ailleurs, de la foi, telle que nous la discernons aujourd'hui chez la L'Assemblée nationale a adopté à l'unanimité, le 11 octobre, ce sont les cc bidonvilles verticaux Il, immeubles vétustes surpeuplés, qui pullulent. En fin de compte, minorité chrétienne persécutée d'Afrique du Sud, toute célé­ un projet de loi complétant et modifiant le Code de la nationalité bration des témoins exilés, persécutés, accusés de « subver­ française. les efforts des pouvoirs publics ne font guère reculer cette plaie, cet aspect particulièrement cruel sion» que furent les huguenots, n'est à nos yeux que dérision Dans l'ensemble, ce projet est un pas en avant: il assouplit de la crise générale du logement en France. et .. balayure ". » les conditions d'acquisition et de ré pudiation de la nationalité Ce drame vécu, il apparaît à chaque page du livre de Monique Hervo et Marie-Ange Charras, française. Il introduit de nouvell es possibilités tenant à la cc Bidonvilles Il, (Ed. Maspéro), dont l'essentiel est fait de la simple reproduction de témoignages Les évêques et la situation des immigrés naissance , la filiation , le mariage. recueillis à la source. Alain Gaussel en a extrait un certain nombre (1), montage qui constitue notre Désormais, un individu ayant acquis la nationalité française Les deux evêques de Montpellier ont publié une « lettre jouit des mêmes droits que le citoyen français, à dater du jour dossier de ce mois. pastorale» à l'occasion des vendanges. Ils insistent sur les de l'acquisition - à une exception près : s'il peut être électeur, devoirs des « Héraultais » à l'égard des saisonniers espagnols il lui faudra attendre 10 ans pour être éligible et 5 ans pour (1) Texte paru également dans « Dossiers pour notre temps». (plus de 30000) . accéder à la fonction publique. CI Il faut ... élargir le dialogue, créer un courant d'amitié entre Enfin , la règle de la double nationalité a été adoptée

12 13 ~I~e en bldon~lI'e je suis en train de penser à ça, jusqu'à ce quand je travaille la nuit, comme le chan « - Quand il n'y a pas d'eau à la maison, que j'arrive là. Et quand je vois que ça va, tier n'est pas loin de La Folie, des fois je je suis aveugle, je ne vois rien, je ne com­ alors mon cœur commence à aller un peu sors pour regarder s'il n'y a pas le feu au prends rien, parce que, surtout à La Folie, La peur du feu ... mieux. Sans ça, toute la journée, je n'ai bidonville ... Ma parole, c'est vrai, je ne suis quand j'allume une allumette, si le feu prend goût de rien, je ne suis pas dans la vie, pas tranquille et je sors de mon travail pour avec de l'eau à la maison, je peux me dé­ quoi ! » regarder s'il n'y a pas le feu au bidonville. brouiller, mais si je n'ai pas d'eau, c'est COUTONS d'abord la petite Yas­ Le feu, au bidonville, ce n'est pas une des bêtises; même avec la bougie, je ne « - On a toujours peur du feu et c'est ça Et ici, à chaque fois qu'il y a des pompiers compliqué. C'est pour ça que je ne peux pas mina qui, en quelques mots, évo­ peur de gosse, c'est le quotidien, l'angoisse suis pas tranquille. Au travail, ou quand je que moi je voulais te dire. Chaque fois que qui klaxonnent, on est obligé de sortir de rester, ni la nuit, ni le jour, sans eau. Et E que tout un climat : permanente : vais faire une course, je vous assure que je vais au travail, je pense: « Ce soir, est-ce la baraque pour regarder. Même si on est quand. il n'yen a pas, il n'y a rien à faire, « - J'aimerais aller en bâtiment car « - Il Y en a partout, à droite, à gauche, je pense toujours au feu. D'abord, j'ai dit que je trouverai la baraque à sa place, couché, il faut qu'on sorte pour voir ce qui je suis obligé d'y aller et de remplir tous j'aurais une chambre toute seule; je sérais de tous les côtés, et s'il y a le feu, je ramasse à ma fille, la plus grande, qui a treize ans : ou bien rien du tout? » Parce que ça m'est se passe.» mes bidons. Après que je les ai remplis, je bien propre et je dormirais tranquille parce les enfants et ma femme et je laisse tout : « Si tu vois le feu dehors ou dedans, tu déjà arrivé une fois: quand je suis rentré le Qu'est-ce qui est plus fort que lefeu, dit suis contente.» qu'il n'y a pas de feu comme ici. Dans La il faut partir. Comme ce monsieur qui a n'as besoin de rien prendre, rien que tes soir, je n'ai plus rien trouvé du tout! Et la devinette populaire, c'est l'eau : Folie (1), il y a toujours le feu. Une fois, perdu trois enfants: je pense toujours à lui, frères et sœurs, c'est tout. » Et je lui redis dans la nuit, il y a eu le feu, et je ne pou­ et c'est pas une fois par mois mais tous les ça tous les jours. Des fois je sors le matin, vais même pas me lever; on aurait dit jours, tous les matins, et je crois que s'il y je vous assure, je vais jusque là-bas au • que j'avais de « l'eau dans mes pieds» avait le feu comme ça, moi aussi je per­ coin et je retourne jusque dedans pour re­ L'eau une obsession tellement j'avais peur. Il y avait des mon­ drais toute la famille! Je fais toujours atten­ garder si je n'ai pas laissé la bougie allu­ • sieurs qui criaient et un qui était monté tion, mais qu'est-ce que je peux faire si mée, je regarde encore une fois partout, et Mais l'eau, au bidonville, c'est comme d'heure, une heure si tu attends, pour cher­ tant c'est pas honteux! Pourquoi avoir sur notre baraque. Ici, j'ai peur, beaucoup. ça brûle, avec les enfants? J'en sauve un alors là, je ressors. J'ai peur parce que s'il le feu, une obsession : cher un bidon de flotte. C'est pour ça que honte alors que, justement, nous luttons J'aimerais bien loger dans le bâtiment parce ou j'en sauve deux, ou j'en sauve trois ... arrive un feu et puis qu'ils dorment, « - C'est trop difficile : vous savez, ici c'est difficile et qu'il n'y a pas de moyens pour tenir le mieux possible? C'est la mi­ que c'est bien propre; et puis aussi parce Combien je vais pouvoir en sauver? » après ... » on cherche de l'eau avec les charrettes, il que je parte, même un jour! » sère du logement et c'est plutôt honteux qu'ici, pour le W.C., il faut aller dans une faut les tirer et puis c'est loin aussi de pour les gens, pour tous ceux qui nous lais­ boîte, c'est pas comme dans le logement, Mais, comme s'il ne sujJisait pas de la l'eau. Des fois, on trouve à peu près vingt menace du feu, de l'esclavage physique des sent comme ça. Mais' eux ne pensent pas où on va aux cabinets. Et pour chercher personnes ; des fois trente, des fois cinq, ça, au contraire! Ils disent que c'est de l'eau, il y a des fois où des Arabes, quand corvées de l'eau, voici qu'intervient le re­ six; ça dépend des jours. Mais le plus sou­ gard des autres: notre faute.» ils me rencontrent, poussent le carrosse vent, ça arrive qu'il y ait trente gars. J'y Mais les autres qui regardent, ils regar­ avec moi parce que je n'y arrive pas: c'est vais le soir quand j'ai fini mon travail : je « - Quand ma femme me dit : « Tu vas dur parce que ce n'est pas comme un chercher de l'eau», moi j'aime les prisons dent sans savoir, ils regardent sans com­ rentre, je prends ma petite « voiture» et je prendre: chemin où tu vas au robinet et voilà, tu vais chercher de l'eau. Alors, naturellement, mieux que ça, ma parole! J'aime la pri­ ouvres, tu cherches de l'eau et puis tu il y a beaucoup de gens; c'est normal parce son mieux que de chercher de l'eau parce « - Les gens qui ne connaissent pas le reviens... Alors, est-ce que tu sais quel qu'ils rentrent tous vers six heures, six que tu pousses la charrette devant tout le bidonville parlent mal de nous; parce qu'ils jour on va avoir le logement? » heures et demie. Mais même maintenant monde qui te regarde! » sont dans un bâtiment ou dans un H.L.M., (il est 21 heures), si vous allez regarder la Une honte qui pourtant devrait être la des fois ils se moquent même de nous. fontaine, vous la trouverez toujours pleine. honte des autres : Mais eux, ils ne peuvent pas vivre, comme On attend des fois une heure, une heure et « - Les gens qui ont tout ce qu'il faut nous ici dans un bidonville, parce que je demie et à minuit, il y en a encore qui vont chez eux ne comprennent pas et ne se ne dirai pas qu'ils ne sont pas capables ou chercher de l'eau. Je vous dis bien à minuit Une « rue »... ou une heure du « soir» : tu en vois et c'est normal parce qu'ils ne peuvent pas en chercher à un autre moment quand ils tra­ vaillent en équipe. « - Si je m'en vais dans un magasin et « - Toujours, je pense au feu: par exem­ « Et si je suis malade, je pense que je ne que je vois des choses qui me plaisent, je ple, je ne peux pas dormir bien. Chaque vais pas à l'hôpital jusqu'à temps que je voudrais bien les acheter, mais je ne peux jour~ je dors trois heures et je vais dehors m'en vais au cimetière, direct. Je ne peux pas les mettre dans La Folie, parce que La parce que j'ai peur qu'il y ait des voisins qui pas aller à l'hôpital parce que si je laisse Folie, pour nous, c'est comme si ça n'exis­ aient oublié les bougies; s'ils les mettent mes gosses, ma femme ne peut pas aller Un camp de tôles tait pas à cause du feu: on a toujours peur à côté des cartons, le feu s'allume, alors chercher l'eau. Comment voulez-vous de brûler». tout le quartier va brûler. Je ne dors pas qu'elle fasse? Elle ne peut pas laisser rouillées « J'ai peur du leu depuis le matin quand tranquille parce que chaque fois ça arrive trois gosses et aller à la fontaine! Ça, (Orly) ~~...... =..:. je sors jusqu'au soir quand je rentre chez comme ça. Déjà, une fois, les baraques, c'est impossible à cause du feu. » moi. Si ça arrive, le feu, derrière moi, je chez nous au bidonville, ont brûlé et il y a « - Chaque fois que le patron me dit : rendent pas compte de ce que c'est que de qu'ils ne sont pas des êtres humains, je n'en . sortirai comme ça : je n'ai même pas mes eu trois enfants qui sont morts là-dedans . « Tu vas aller sur un chantier en dehors de ne pas avoir d'eau. Alors, eux, au lieu de sais rien, mais pour vivre dans un cabanon affaires. Le matin, je prends avec moi seu­ C'est à cause de ça que je ne peux pas Paris », alors, à cause de la flotte, je dis : dire : « les pauvres», ils vous regardent comme ça, il faut vraiment être courageux; lement mon passeport et tous mes papiers. dormir bien, parce que je pense toujours : « Non, Monsieur, je ne peux pas parce que d'un air! L'air de dire : « Ah ! forcément, il faut vraiment avoir du courage! Vous Ah oui! que j'ai peur du feu malgré qu'on « Et si je brûlais! » Je ne sais pas si c'est je n'ai pas de flotte à la maison, et c'est moi ce sont des Algériens! » ou « Ah ! celle-là voyez, par exemple, pour moi et pour ma fasse attention! Quelquefois, on couche moi qui pense comme ça pour le feu, mais qui dois chercher la flotte pour que les c'est une putain, elle vit avec les Arabes ». femme même, on a toujours honte quand on même avec nos vêtements, je ne retire je crois que tout le monde ici pense « avec enfants puissent vivre». Même pour aller Moi, je vous jure, je n'irai plus à la fon­ a de la visite. Quand il vient quelqu'un pas mes affaires et je couche comme ça à ça ». à Paris, pour voir les amis, ou pour aller, taine. Avant j'y allais parce que c'était rue chez nous, on est toujours gêné, toujours cause du feu. La nuit, s'il arrivait quelque moi tout seul, en vacances au Maroc, je ne de la Garenne et qu'il n'y avait pas de mai­ emmerdé parce qu'on est dans un bidon­ chose, on brûlerait! C'est mieux qu'on « - On a toujours peur du feu, surtout peux pas y aller à cause de la flotte parce sons, qu'il n'y avait rien, pas de Français, et ville et qu'on n'a aucune chose de valeur couche avec nos affaires, comme ça si le l'hiver avec les poêles, et depuis le matin que, dans la maison, il n'y a personne qui que c'était des musulmans comme nous qui peut être présentée à ces invités. On a feu arrivait la nuit, on sortirait et on parti­ jusqu'au soir, mon cœur n'est pas à sa peut aller chercher l'eau. La flotte est trop qui ètaient là. Tout le monde connaissait des vieilles valises parce que d'ailleurs, Dans un bidonville de Villeneuve-le-Roi le feu rait tout de suite.» place. Parce que je pense toujours que si loin; c'est pas à côté de nous, tu com­ la misère et on était tous pareils. Mais rue c'est bon pour le bidonville; et puis, on ne est passé par là ... « - Je ne peux pas laisser la lampe à es­ ça ne vient pas de chez moi, ça :vient de prends ! Si c'était à côté de nous, même les de Chevreuil, jamais j'irai. D'abord, je ne peut pas acheter, parce que c'est du gaspil­ sence à mes enfants quand je n'y suis pas: chez l'autre; si ça ne vient pas de chez enfants iraient chercher la flotte, même pourrai plus maintenant car je suis trop lage. C'est-à-dire qu'on a honte, forcément, (1) je ne l'allume pas, je cache l'essence, je l'autre, ça vient de chez l'autre encore et L'un des bidonvilles de Nanterre, actuel­ ma femme, mais c'est trop loin pour eux. fatigué, mais quand même je n'irai pas oui, parce qu'on est dans un bidonville ... jusqu'au soir quand je descends du train, lement rasé. cache tout parce que j'ai peur qu'ils fassent Il faut une demi-heure, trois quarts parce que c'est honteux. Mon Dieu! Pour- Mais au fond. non, je n'ai pas honte du

14 DROIT ET LIBERTÉ - N° 315'- NOVEMBRE 1972 15 tout parce que ce n'est pas de ma faute, et je suis intelligent, celui qui dit toujours ça, d'acheter un logement que d'habiter là, dans d'ailleurs il n'y a pas que moi. J'ai essayé, et bien c'est lui qui est bête et c'est lui qui leurs baraques.» Ils ne se rendent pas j'ai fait toutes les démarches, j'ai demandé est ignorant! D'ailleurs, c'est pas moi, qui compte qu'avec le prix d'une voiture, on ne :La police détruit tout partout, j'ai fait tout mon possible mais je ai fait le bidonville: ils sont gênés de l'avoir peut pas obtenir un logement, qu'on n'a n'ai jamais eu de réponse, alors ça ne me chez eux, ils n'ont qu'à s'adresser au gou­ pas une maison. On n'a que ce seul plaisir, « - Si j'arrange encore, la police va baraque et lui ont dit: « Maintenant tu n'as de lègumes, à l'abri de sa clôture à claire­ fait plus de la honte. Au fond,je suis dégagé vernement pour que le bidonville soit rasè. alors on le prend. Mais les gens ne disent passer et ils vont à nouveau démolir! qu'à la refaire encore une fois. » voie, qui permettait à la police de vérifier définitivement de ça parce que je sais que, Une fois, j'ai été à la mairie, j'ai vu une pas : « Au moins, ils ont ça comme plai­ Pourquoi casser des baraques? Je n'ai « - On n'a pas le droit; autrefois, c'était aisément ce qui se faisait derrière, se vit si je suis toujours dans un bidonville, même demoiselle pour faire mes cartes de soin : sir! » au contraire, ils nous critiquent.» pas la tête pour comprendre la « vérité» pareil, mais maintenant, c'est interdit, tout piètiner avec l'explication que, der­ si quelqu'un me demande pourquoi, ou que « Oh ! C'est le bidonville! Toujours pareil ! « - Au moins, le dimanche, on va très de La Folie, j'en ai marre. » interdit. » rière cette palissade, elle pouvait cons­ je vois quelqu'un qui me regarde, je sais - Ah! Oui, je dis, on est du bidonville. loin du bidonville, ça nous fait changer de « - Et puis, quand il pleut, ça coule par­ truire une baraque! Qui pourra vous expli­ quoi répondre: « Ce n'est pas de ma faute ». Mais vous, qu'est-ce que vous faites ici? vie. tout dans la pièce, surtout chez moi... Donnons juste un instant la parole aux quer comment cela peut aider à la résorp­ « - C'est pas tout à fait du racisme, mais Vous travaille?:? Eh bien, c'est moi qui regarde. Mais pour monter sur le toit pour auteurs de l'enquête : tion des bidonvilles? ces gens-là qui nous critiquent, ils croient vous paye ;' en fait, c'est pas moi qui vous On emmène les gosses et on va loin ... arranger, je ne peux pas, j'ai peur de la « - Que peuvent penser, par exemple, « - Un enfant ne peut pas, psychologi­ qu'on n'a aucune valeur parce qu'on paye, d'accord, mais c'est moi qui vous On s'évade un peu, voilà. police; s'ils me trouvent là-haut, ils vont les femmes de La Folie à qui est arrivée la quement, se développer normalement dans habite dans un bidonville. Le gars qui fais du travail et vous, vous touchez votre - Et quand on va beaucoup plus loin, me le démolir. Même le toit, je ne peux mésaventure suivante : parmi les anciennes un tel climat. Un petit Algérien de cinq ans habite dans un bidonville, il n'a pas de va­ paye à la fin du mois, vous passez à la on a l'impression d'être comme tout le pas l'arranger et je ne peux rien dire. Ils ne familles, certaines, dans leur cour, prenaient nous a répondu un jour: « Papa n'est pas là leur devant eux. Mais pour moi, ces g('ns-là, caisse; et moi, je viens ici, je vous apporte monde : là, ça y est, on est comme tout le nous logent pas mais ils ne veulent pas grand soin de faire pousser quelques lè­ il est parti chercher un bâtiment», et de­ je dis, et je peux vraiment vous l'affirmer, les papiers pour me les faire parce que monde, on se sent sauvé, on croit qu'on nous laisser faire, je ne comprends pas. » gumes, n'oubliaient jamais d'y réserver un vant nos demandes d'explications, il h c'est des ignorants; parce que s'ils sont j'habite dans un bidonville. » est sauvé. « - Si je monte une baraque, je vais dé­ carrè pour les fleurs. Elles étaient naturel­ continué: « Je ne veux pas que papa achète vraiment intelligents, ils penseront : c'est « - Et regardez comment les gens sont! - Oui, on a un soulagement. penser des sous, peut-être 200000 ou lement fières de ces parcelles ornées de une maison, tu sais bien, les maisons on les un être humain comme les autres, qu'il On n'a rien, on n'a pas le plaisir d'avoir - C'est vrai, ça nous fait quelque 300000 F, et après-demain la police va plusieurs variétés de fleurs. Or, la police casse, le bâtiment on peut pas le casser. » un beau logement, on n'a le plaisir de chose. Au moins, les gens, quand ils me habite au bidonville ou ailleurs, c'est tou­ venir et démolir, alors c'est pas la peine. vint anéantir toutes ces plantations. Ce serait trop facile de citer bien d'autres jours pareil. Je vous dis pas « tous », mais rien, mais on peut se permettre d'avoir une regardent, ne pensent pas que je suis du On est « coincés». Même pour faire des L'une de ces femmes recommença cepen­ propos d'un sens similaire entendus de la il y en a quelques-uns qui croient que si voiture d'occasion puisque, avec le prix bidonville, tandis qu'ici : « Oh! C'est des .waters, et la police m'a dit: « Non, atten­ dant à semer ses graines, mais l'équipe Z bouche de tout jeunes gosses. On pourrait on habite dans le bidonville, c'est fini, on ne d'une voiture, on n'a pas un logement : gens des bidonvilles, c'est des sauvages, tion : si tu fais les waters, on va tout vint à plusieurs reprises saccager complè­ èvoquer également le cas de très jeunes comprend rien, on ne sait rien, on est des alors, les gens, qu'est-ce qu'ils disent? « Ah! c'est des « cloches» qui ne sont capables démolir ». Oui, pour les cabinets, les waters, tement son « jardin». Une Algérienne âgée, enfants qui refusent de sortir sans leur bêtes. D'après moi, et je ne vous dis pas que Ils ont de belles voitures! Ils feraient mieux de rien faire.» même pour ça, ils m'ont dit non! » ayant planté, elle aussi, un magnifique carré mère, de crainte de rencontrer les démo- « - Ah! Mais vous n'avez pas le droit de toucher à ça ! Toutes les fois que je vais Le regard des autres demander à la police, ils me disent: « Non, pas le droit.» Je me demande toujours : Et s'ils regardent les chaussures, ils veut pas, on a trop peur. Il n'y a rien à nettoierait pour que ce soit bien propre, on « Mais pourquoi?» et ils me répondent : ne savent pas : faire, on n'a pas le droit. S'ils nous trouvent ferait les murs avec les carreaux de plâtre « Il n'y a pas le droit», alors nous, on' Sur un chantier. « - C'est vrai, on cire les chaussures en train d'arranger ou d'agrandir un tout et on mettrait la peinture, tandis qu'on a reste comme ça ... pour qu'elles soient bien propres, mais elles petit peu, enfin de faire propre ou bien de peur qu'ils nous cassent la baraque, « ~es rats habitent en haut sur le toit, au sont quand même toujours tachées. Moi mettre une petite' fenêtre, ou même qu'ils alors, on laisse comme ça, il vaut mieux. « premier étage» et moi j'habite en bas à par exemple, j'aime bien avoir mes souliers ne trouvent que du ciment ou des car­ Moi, c'est en cachette que j'arrange, autre­ la cave parce qu'eux, ils ont le droit! Ils convenables quand je rencontre des Fran­ reaux de plâtre dans la cour, ils nous cas­ ment je ne pourrais pas : j'ai mis les car­ sont montés au « premier étage », mais nous çaises parce que tu sais, ceux qui ne sont sent tout. C'est pour ça qu'on a beaucoup reaux de plâtre par-dedans et contre le bois, on n'a pas le droit parce que ce monsieur­ pas du bidonville, ils regardent toujours nos peur : on n'a pas le droit de rien faire, comme ça à l'extérieur, pour la police, la là, l'agent de police, m'a dit : « VOU)) chaussures. J'ai tout le temps l'impression pas moyen. Ils ne nous laissent pas, baraque était toujours en bois comme n'avez pas le droit»; mais les rats, vous, qu'on regarde mes chaussures et tu vois, j'ai autrement on arrangerait très bien, on avant. » vous avez le droit. » honte quand elles sont pleines de boue : « - On n'a pas le droit. Moi, j'ai mis pourtant je fais tout mon possible pour trois ou quatre planches en dessous de la qu'elles ne soient pas pleines de terre, mais Le logement des migrants porte pour que l'eau du chemin ne rentre il y a toujours de la boue. On arrive à pas par la porte, mais la police est venue l'herbe et on commence à essuyer les chaus­ Il 3.3 % des étrangers vivent en bidonville proprement dit et 9.5 % en chambres et ils les ont arrachées. Mais la police ne meublées que l'on peut pour la plupart qualifier de bidonvilles verticaux (soit un sures avec, et puis des fois on prend des vient pas ici' sans ordre, il faut qu'il y ait un total d'environ 400000 personnes à l'heure actuelle).)1 chiffons avec nous pour les frotter quand ordre; elle ne vient pas au bidonville indi­ Il Certaines nationalités sont particulièrement défavorisées. notamment les on est sorti du bidonville. Il y en a qui pren­ Portugais et les Algériens. Parmi ces derniers. 55.1 % seulement. au lieu de 97 % viduellement : c'est un ordre donné par le nent même des godasses de rechange : les des Français. vivent dans des logements dits Il ordinaires )1 et 32 % au lieu de 1.3 % Gouvernement. Pourtant moi, je ne suis pas messieurs qui travaillent les prennent dans en chambres meublées. en hôtels ou en garnis.)I un nouveau, j'habite ici depuis quatre ans leur sac; ils traversent le bidonville et CI ••• Outre les 3.3 % vivant en bidonvilles ou assimilés et I~ 9.5 % en chambres et demi.» après, ils mettent les chaussures sales dans meublées ou en garnis. 7.5 % des étrangers vivent dans des logements dits CI ordi­ « - C'est exactement comme sion était le sac et prennent les autres qui sont bien, naires Il qui n'ont même pas l'eau courante. Cela signifie que plus de 20 % de la des gangsters! Il Y a un gars qui habitait pour aller à Paris. Moi, j'aimerais bien avoir population étrangère. soit plus de 650 000 personnes. vit dans des taudis et que tout près de la route et une voiture est en­ tout le temps mes souliers propres mais pour certaines nationalités le pourcentage est plus élevé.)I trée dans sa baraque et l'a arrachée, alors comme' ils sont toujours sales, j'ai honte Il En effet. si on étudie simplement les 386 160 Il ménages)l (au sens I.N.S.E.E.l il est allé au commissariat pour faire faire parce que, quand on vous voit, on ne re­ d' Algériens. Espagnols. Portugais recensés en 1968. 5.2 % vivent en bidonvilles ou un papier comme quoi il avait le droit de équivalents. 14.7 % en chambres meublées ou hôtels garnis et près de 10 % sont garde que vos chaussures et ça, c'est vrai. » l'arranger. La police est venue pour voir si en logements CI ordinaires)l sans eau. Ainsi. 30 % environ des étrangers de ces c'était bien un accident de voiture. Après, Et quand le passant, regardant les bara­ nationalités vivent dans des logements CI mauvais)) par nature. Il il a remonté sa baraque mais, bien sûr, ques vétustes, accuse peut-être .l'insouciance Il 56.8 % des étrangers vivent en état de surpeuplement et 26.8 % de façon des habitants qui pou"aient au moins les critique. La proportion atteint 78.3 % pour les Marocains. 77.5 % pour les Por­ comme celle qu'il avait avant était trop entretenir, sait-il la vérité? tugais. 76.9 % pour les Tunisiens. 70.8 % pour les Yougoslaves et 65.9 % pour petite pour lui, il l'a prolongée de 50 cm ! « - On voudrait bien arranger propre­ les Turcs.)I Mais une fois qu'elle a été finie, quand hi ment, mais on a peur parce que si les agents « Hommes et Migrations», n° 117 : « Les mal-logés». police est revenue, ils ont mesuré et ils ont Maurice Cantacuzène viennent, ils vont tout casser, alors on ne trouvé 50 cm de plus, alors ils ont démoli la

16 DROIT ET LIBERTÉ - W 315 - NOVEMBRE 1972 17 La « décence)) obligatoire n~e en bidonville Aux termes de la circulaire nO 172 du En l'absence de moyens suffisants de 23 février 1972, émanant du ministère contrôle, et de critères précis, de multiples du Travail, et applicable depuis le 15 sep­ entorses à cette réglementation sont tembre, tout nouvel immigrant devra possibles. Et l'on peut compter sur l'esprit (( Si je deviens fou ))... fournir une attestation d'hébergement de suite du patronat pour en trouver les (( assuré dans des conditions décentes et modalités. à un prix normal Il pour séjourner et tra­ Il est à craindre, en particulier, qu'un " . vailler dans votre pays. Le logement sera logement dit (( décent Il ne soit accordé garanti par l'employeur, dont 1'(( attesta­ à l'immigrant que pour obtenir la validation tion Il, fera partie intégrante du contrat du contrat de travail, et qu'après un de travail certain temps, celui qui en avait bénéficié soit remplacé par des nouveaux venus. L'insuffisance et le caractère rectrictif Ce système des (( immeubles-tiroirs Il est d'une telle mesure tombent sous le sens. d'ailleurs déjà pratiqué. De toute façon, sont en France habitent en bidonville, D'abord elle ne concerne que les nouveaux dans la mesure où l'employeur fournit dans la baraque. » et ça, c'est mauvais arrivants. Les immigrés vivant déjà en lui-même le logement, il dispose de pour le Gouvernement français. Et moi, France devront donc se contenter de leurs moyens de pressions accrus. je pense que c'est pas bon pour la France, taudis actuels. Mais surtout, on ne voit La nouvelle (( circulaire Fontanet Il et non pas pour nous. C'est mauvais pour pas en quoi cette (( obligation Il exprimée risque donc d'aboutir à la fois, dans l'état sur le papier pourra changer la réalité si actuel des choses, à des brimades admi­ elle parce qu'il y a beaucoup de touristes elle n'est pas assortie de mesures nistratives supplémentaires et à une Après le passage qui passent à côté de chez nous et qui concrètes en matière de constructions de exploitation renforcée, l'immigrant ne des démolisseurs regardent les baraques, ici à côté de Paris! logements et de foyers. Or, de cela, il pouvant être admis à travailler que s'il Et toutes les fois, ils prennent des photos n'est pas question. s'en remet totalement à remploveur. L'argument économIque ? puis, les gosses ne seraient pas tout le des enfants et des hommes qui habitent « - En 56, moi j'étais fort parce que je temps malades: ici je ne paye pas de loyer, les bidonvilles de la France et ils les appor- ne logeais pas ici, j'habitais bien et mainte­ mais je paye les médicaments et le méde­ nant si j'ai attrapé la maladie, c'est à cause cin. Et la Sécurité Sociale va me rem­ de la cabane; je ne l'ai pas attrapée ail­ bourser tout ça : alors moi j'ai perdu, et la chez toi.» Et pourquoi? C'est une honte, leurs. Et regarde mes gosses comment ils Sécurité Sociale c'est pareil. » ça, mon vieux ; moi je vous dis franche­ ,f ~,'"!'(~" sont? Par année, je dépense des 300 000 Le prestige de la France : ment, je ne suis pas content tout à fait. Je à 400000 F, rien que de médicaments pour « - La Belgique, les Espagnols avec n'ai pas été à l'école. Je ne suis pas un gars En attendant les bulldozers, à Nanterre. Q) les enfants avec le toubib, sans compter Franco, les Italiens qui sont à côté de la qui fait de la politique, mais j'ai quand c 'Q) moi. Alors, au lieu de payer un loyer! Et France, disent : « Regarde, les garçons qui ml..ne un peu quelque chose dans la tête. N lisseurs. Que tous les gosses du monde ::J C'est une honte qu'ils nous laissent vivre U soient impressionnés par la police, c'est ë'" encore dans l'ordre normal des choses, comme ça, que tu sois obligé de te cacher 1--Contre les ghettos-----, comme un chacal. Il faut nous loger. u'" mais là où cela devient particuliérement Q) Comme moi : s'ils ne peuvent pas nous u grave, c'est quand l'enfant rattache à cette Le relogement des travailleurs immi­ des moyens pour les écoles devant '':: loger et qu'ils disent : « Allez, fous-moi ::J impression diffuse une autorité pouvant grés : un problème d'importance sur le accueillir leurs enfants, etc. plan des relations inter-communautaires, Dans un autre cas, à Houilles (Yvelines), le camp», mettons demain matin, même ~ _~iÎllllliil être menaçante, tout un contexte réelle­ qui peut donner lieu aux meilleures et une situation comparable donne lieu à aujourd'hui, je suis volontaire pour repar­ ment et concrétement menaçant: l'arrache­ A Conflans-Sainte-Honorine. aux pires réactions. d'autres réactions, ouvertement xéno­ tir; je n'ai pas peur, je n'ai pas honte, et Dans une épave de péniche clous ou la masse que ces hommes balan­ phobes celles-là. Les autorités préfecto­ cent négligemment au bout de leur bras, A Chelles (Seine-et-Marne), les pou­ puis c'est tout. » voirs publics, à la suite de multiples pro­ rales ont décidé de créer sur le territoire les enfants de ces bidonvilles ont déjà vu de cette commune une cité de transit, testations, se sont enfin résolus à détruire « - J'ai vu comment vivent les gens et ce qu'ils pouvaient faire. Non seulement en le bidonville dit des Coudreaux, et de Un comité (( de défense Il des riverains de marge des autres enfants par leur mode la future cité s'est créé. Ses mots d'ordre: comment je vis moi. J'ai vu comment vi ­ reloger les immigrés intéressés dans un vent les gosses des gens et j'ai vu comment d'habitat, ils grandissent en outre dans une groupe d'immeubles, à eux seuls réservés. (( Les étrangers envahissent votre pays, atmosphére telle qu'elle privilégie avec grèvent le budget communal au détriment vivent mes gosses. J'ai vu comment dor­ Manifestement, ce n'était pas là la des Français, apportent le désordre, ment les gosses des gens et j'ai vu com- évidence les rapports de force et de vio­ meilleure solution : les risques qu'elle menacent notre sécurité, etc. Il, Un quo­ lence. Chez l'enfant encore plus que chez comporte sont faciles à délimiter. D'une tidien local apporte sa caution à cette ... un coin de dortoir ... l'adulte, c'est donc un mal irréparable.» part, danger de recréation d'un ghetto campagne (Le rr courrier républicain Il, Non contents de démolir, les policiers: (( vertical Il, de manifestations d'hostilités 27-9-72). Des pétitions circulent, une tent en Amérique, en Belgique, en Italie : « - Ici, ils entrent comme ils veulent. Je de la part des habitants de la région sou­ manifestation est même organisée devant sais bien qu'ils n'ont pas le droit, mais ils vent porteurs d'idéologie raciste, et la mairie. « Regarde les gars qui travaillent en France, entrent quand même. Si j'ai fait quelque élimination de toute possibilité de contacts Fort heureusement, plusieurs associa­ regarde où ils habitent! Ils habitent dans humains, d'intégration des immigrés dans chose, d'accord; mais ici ils entrent dans la tions, dont le M.R.A.P., ont réagi, expli­ les baraques.» Ça, c'est pas bon pour la le tissu urbain et la vie sociale. D'autre quant à la population que la (( concentra­ France, c'est la premiére « catégorie» ; cour puis dans la maison. Pourquoi ça ? part, asphyxie certaine de l'infrastructure Pourquoi ? Qu'est-ce que j'ai fait? Si j'ai tion Il des immigrés dans un nouveau alors, pourquoi elle laisse les bidonvilles sociale et scolaire, déjà notoirement ghetto n'est certes pas une solution chez elle?» fait quelque chose, d'accord : « Tu as fait insuffisante. acceptable, mais qu'on ne saurait les ça, tu as volé ça». Mais eux, ils entrent, Le réquisitoire véhément de l'aide , Il convenait donc de réagir, afin de rendre responsables de cette situation, et maçon: ils s'en foutent : ils nous regardent comme prévenir : c'est là l'attitude adoptée par que, de toute façon, les calomnies « - Ça fait dix -sept ans que je suis en des esclaves, c'est pareil. » une majorité d'associations (dont le répandues à leur égard sont indignes et train de perdre ma santé sur la maçonnerie: Sur chacun des thèmes évoqués et sur M.R.A.P.), d'organisations politiques de relèvent de la propagande raciste. ça fait quand même un bon moment de­ quelques autres, il y aurait dans l'ouvrage gauche, de syndicats, de représentants Une modification d~ projet a été sug­ puis dix-sept ans et je n'ai rien « gagné» « Bidonvilles» des dizaines de citations à des habitants de la localité et de ceux du gérée : scission de la cité de transit en recueillir qui se complètent ou, par leur ré­ bidonville, Tous ont fait leurs les revendi­ deux ou trois unités disséminées dans la pour être comme tout le monde dans une pétition se reriforcent. Que choisir pour cations des travailleurs immigrés : un commune. Cette proposition semble vraie maison avec mes enfants. Souvent, CI: logement décent, en H.l.M. ou autre, recueillir une large approbation. « ...Ies sanitaires. ( L'architecture» en bidonville o clore ce dossier ? on nous dit : Tu n'as qu'à rester là-bas

DROIT ET LIBERTÉ - N° 315 - NOVEMBRE 1972 19 18 vi-vre en bldon~I ••e je trouve une mitraillette et que je vais en dehors parce que, quand même, on verrait tuer une douzaine, une quinzaine, ce n'est assez loin, c'est pas comme ici. Quand on cl-vilisations pas de ma faute, parce que ça me fait mal est dans la baraque et même dans la cour, au cœur. Même si je ne suis pas fou, c'est qu'est-ce qu'on voit? Absolument rien, obligé que je devienne fou. Même si je suis ou plutôt si : des baraques! Moi, mon Q) sérieux, quand je vois avec mes yeux, dans rêve, c'est d'avoir une petite fenêtre et c que je puisse regarder dans la rue, ça me ~ la journée, comment habitent tous les gens, Sculptures africaines :J tJ quand je vois qu'ils sont civilisés, qu'ils ont suffirait, et puis aller à l'école. Si on allait ~ C tout et que le soir, en rentrant chez moi, habiter dans un bâtiment, les premiers tU U je trouve la baraque, pas même de l'eau, jours, je sais que je ne dormirais pas de la Une exposition s'ouvre le 8 novembre au musée de l'Orangerie li Paris, sous Q) c'est obligé que je devienne fou et c'est pas nuit; je ne pourrais pas rester dans mon tJ le titre : « Sculptures africaines dans les collections publiques françaises Il. M . Meauzé, '': ma faute. Qu'est-ce que tu veux, c'est le lit. Je n'aurais pas le courage de dormir, :J commissaire général de l'exposition, a bien voulu nous autoriser à publier ici un extrait tU cerveau qui travaille! Même si je suis je crois bien que j'ouvrirais la porte durant de la préface du catalogue. ~ sage, tranquille, sérieux, quand je vois la nuit pour voir l'escalier et réaliser que Un «intérieur ».. . ça, le soir, c'est pas ma faute si un jour c'est bien dans un bâtiment qu'on demeure, ment dorment mes gosses : nous, comme je vais tuer.» que c'est vrai. » Telle est la vertu du sang noir : où il en et seule une vaste confrontation d'œu• les esclaves, on est dix dans une chambre, Le rêve ou la réalité? tombe une goutte, tout refleurit. vres pourrait nous apporter d'autres et les murs. c'est des carreaux de plâtre. Le rêve de la jeune Ourda : « - Mais la vie, c'est comme ça : on Michelet lumières, et quelques certitudes .. . Alors, si je deviens fou, ce n'est pas de ma « ~ D'abord, je rentrerais dans ma cham­ nous laisse pourrir dans les cabanes comme EVANT l'évidence de la scu lpture ... Car les sculptures d'Afrique sont faute ! Si je deviens fou, si un jour mettons, bre, j'ouvrirais la fenêtre et je regarderais des ordures, peut-être exprés. » africaine où en dehors des formes souvent porteuses de signes non encore D déjà acceptées et désormais déchiffrés, « de charges» de consécra­ classiques, l'insolite apparaît encore et tion ou bien magiques non encore défi­ n'a pas fini d'apparaître bien des esprits nies. Sous des apparences allant du craintifs ont tenté d'en isoler les apports, charme à la brutalité, elles cachent une de leur refuser toute filiation , de les faire énergie vierge, celle de cette terre considérer comme intruses dans l'his­ rouge, latéritique, ridée jusqu'à la cra­ toire de l'art, leur réservant peut-être quelure, celle de la haute forêt sombre LA SANTÉ DES une place entre la magie, la sorcellerie à trois étages de voûtes arborescentes, et l'artisanat. contraste permanent de chaleur humide et d'aride sécheresse , d'orages et de Par contre, ceux qui attendent des manifestations de l'inconnu autre chose violences naturelles; tout concourt ici à donner aux formes expressives une MIGRANTS que les rassurantes harmonies qui ber­ force délivrée, une prise de possession cèrent l'enfance de nos sens occi­ de l'espace par le mouvement, par le Il L'opinion publique, facilement xénophobe, au mieux seulement tolérante, imagine rimmigration dentaux, acceptèrent d'emblée tout ce rythme, et aussi parfois, par un besoin des travailleurs étrangers comme la contribution généreuse de nos sociétés industrielles aux que ce nouvel ordre révélait de contacts contraire et passagèrement rassurant, un pays sous-développés •• Cette notion est fausse, dangereuse, malhonn~te. Au corps médical, et d'échanges avec la nature, bref une désir d'attention, de grâce, enfin de pure qui constate sur rhomme les conséquences souvent désastreuses d'une politique d'immigration éthique encore vierge . beauté (dans plusieurs dialectes afri­ laissée au hasard, de rendre compte objectivement de la situation ••• Il Il fallait retrouver l'instinct perdu des Ainsi commence « La Santé des Migrants» livre publié dernièrement par le Comité médical grands rythmes venus du fond des âges, cains un seul mot traduit le beau et le vrai). et médico-social d'aide aux migrants, aux éditions « Droit et Liberté». Ce petit livre, vous ne et que l'Afrique avait gardé intacts: en pouvez l'ignorer: il vous concerne, il nous concerne tous. Il doit être lu, pour saisir l'importance témoignent ces lignes d'Elie Faure : L'aspect le plus important de la sculp­ de cette question. D'ores et déjà la presse en a rendu compte en termes élogieux. Mais sa diffusion « .. . pour obtenir cette force symétrique, ture africaine réside de toute évidence est la tâche de tous. Aux militants, il apportera la documentation de base indispensable ... A ceux le schéma résumé dont les éléments dans les masques, les statues, sta­ qui, conditionnés par la propagande xénophobe, colportent des notions fausses, il apportera parallèles s'équilibrent comme l'édifice tuettes, objets divers de culte dont les l'information objective indispensable. du corps humain ou les figures de la services multiples tant religieux que danse , il faut des centaines de siècles sociaux, commencent à être détermi­ d'obsessions unilatérales, un génie nés et précisés. Les caractères sacrés infaillible de la répétition rythmique de ce vaste Panthéon ont résisté plus abrégée, purifiée, austère . » longtemps qu'ailleurs aux destructions Notre siècle donne la preuve vivante occidentales, à celles d'un christia- BON DE COMMANDE de la prise de ces boutures et nos arts ni me inadapté et vite animisé. Pour plastiques, ainsi que tout un domaine l'Islam dont les concepts abstraits évi­ tent ou minimisent les représentations M ••••••••••••••••....•.••...•..•...••••.••.•...... ••••.•...... •.••.•..••...••.•••...... •••••.•••.•.••...•.•....••.••. de la musique contemporaine, en déri­ vent et y ont trouvé de nouvelles rai­ anthropomorphes, le cas est différent : Adresse ••••••.•••••••••••••••..•••..•••.•••••••••••••..••••••••••••.••••••••••• ~ ••••••••••••••.•••••••••••••••••••.. sons d'être et de nouvelles dimensions. il semble avoir donné, aux formes sou­ passe commande de ...... exemplaires du livre LA SANTÉ DES MIGRANTS Il nous paraît cependant vain de ten­ danaises notamment, une rigueur ma- ~ • au prix de 7 francs l'un Ousqu'à 9 exemplaires) ter ici une étude, même succincte, de thématique dans les courbes compen- .~ • au prix de 5,60 F l'un (commandes atteignant ou dépassant 10 exemplaires) ces phénomènes d'influence dont on a sées, un élan dans les verticales, styli" 'g sant les personnllges mythiques jus- al soit un montant total de F •••.••...... •••••..•••. souvent abusé , confondant les images et l'esprit , les apparences et l'essence. qu'au fût, jusqu'à la colonne. c Paiement par : • chèque bancaire • chèque postal • mandat (rayez les mentions inutiles). Nul doute que les Picasso, Matisse, Il reste cependant un autre domaine, .~ e [Adresser le ben de commande et le paiement à « Droit et Liberté Il, 120, rue Saint-Denis, Paris (2 ). Derain , Lipchitz, Brancusi , Gonzalès et celui des petits objets domestiques et ~ C.C.P. 6070-98 Paris] tant d'autres ont vu les sculptures afri­ tutélaires qui révèlent l'homme africain 1: caines, y ont trouvé réponse à leurs sous un angle aigu, celui de l'observa- ; problèmes plastiques et même pour teur journalier, l'œil-flécheur en perma- ~ certains, une nouvelle optique. nent éveil , celui aussi de sa perméabi- ~ Jean Laude a traité en profondeur lité à ce qui l'entoure, et d"où découle ~ . ce sujet pour la période 1905- 1914, sou'lent un infaillible humour. Ainsi Masque Dogon du Mali . ~ 20 DROIT ET LIBERTÉ - N° 315 - NOVEMBRE 1972 21 ~ ,-___ littérature a-t-il inventé ces innombrables petits bronzes ou laitons fondus à la cire per­ due, servant de poids-contrôle pour vendre ou acheter la poudre d'or allu­ vionnaire, représentation d'animaux dan­ gereux ou familiers, figures de person­ nages ou groupes illustrant un proverbe , Il y a dÏx ans, d"autres enfin purement géométriques qui rejoignent les signes universels déjà identifiés par ailleurs sur d'autres conti­ Mouloud Feraou nents ; . s'y rattachent aussi par leurs dimensions et leur intégration à la vie de tous les jours, les petits objets protecteurs et fonctionnels, mais per­ sonnalisés, tels que les poulies de métier à tisser, les pagnes, les cuillères anthro­ pomorphes, les masques réduits servant d'insignes de grade dans certaines socié­ ERAOUN , ce n'est pas son nom, C'est son nom français; tion de son onglne bâtarde, il échappe à Colomb-Béchar. tés d'initiés, les objets-symboles et les il date de 1890, Il On en a collé un à chaque famille. Il Il Mais sa mère affolée, l'expédie en France. Dans les journaux « charmes» au sens que l'étymologie F fallait contrôler et les officiers des Affaires indigènes du parti Ille peuple de France tendait large .a main au peuple donne à ce mot, bien d'autres encore , ignoraient le kabyle. Alors, à- la karouba des AÎt Chaabane, algérien exploité Il. Il part, aussi soucieux de sa dignité que taillés dans, l'ivoire, l'os, le bois dur et tous les patronymes furent en F.. , Mais Mouloud est un des de ses bagages. Le vieux qui raccompagne à la sortie du village poli pénétré d'huile orange, huile de noms du Prophète. le conseille : CI Le .ecret de la réussite en France c'e.t le culot ••. palme naturelle, ou de n'gula, poudre de Officiellement né le 8 mars, mais sans doute en février, Le commerce, ce n'est pa. mauvai••.. à condition de perdre graines d'un rouge chaud. L'usage, Statuette Ogbani en métal du Nigeria. dans une petite maison basse et noire, comme toutes à Tizi­ la honte. Il Mais Amer ne veut pas perdre la honte. Ils sont de l'amour et le respect qu'en ont eu les Hebei, Mouloud Feraoun est le fils du pauvre. Sous ce titre, plus en plus nombreux à ne pas vouloir la perdre. Il Nou. y utilisateurs s'y traduisent par de mer­ tés exotiques par la plupart, mais qui c'est sa propre existence qu'il raconte. Dans la première part.ie tenons de plus en plus. Mais les anciens .e moquent de nou •... veilleuses patines transparentes et furent bien autrement situées par des du roman sous forme de journal; sous celle de récit dans la Nous finis.on. quand même par la perdre. Il Et l'ironie de Mou­ fluides où la main semble avoir tota­ hommes de génie sachant d'instinct seconde. Il Tous les Kabyles de la montagne vivent uniformé­ loud Feraoun flagelle. Il Les Nord-Africain. découragent toute. lement imprégné la matière de sa force reconnaître tous les signes de l'authen­ ment. Il n'y a ni pauvres ni riches... Il existe... ceux qui .e les bonnes volontés. Le. braves gens qui .'intére•• ent à eux chaude et vitale ... aspect singulièrement ticité, même chez leurs plus lointains .uffi.ent régulièrement et ceux qui pa.sent au gré de la bonne sont chaque foi. déçus et navré•. Il. s'en détournent la mort fascinant que ces témoignages mo­ cousins .. . au mauvai.e fortune, de la misère la plus complète à l'humble dan. l'Ame, le dégoQt dans le cœur, le venin dan. la bouche. destes en apparence, mais qui à l'ana­ ... Bien qu'ici toute œuvre soit de as.urance des favorisés du ciel. Il Mais son père, lui, Il était Alors, ce bon cœur les pous.e irrésistiblement à mettre en garde lyse révèlent souvent des chefs-d'œuvre fonction première destinée à signifier, un véritable gueux. Trois dates de nai.sance pour lui : 1871, d'autres brave. gens ... On le. écoute, on finit par .e demander hors dimensions et gardent dans leur à lier l'acte humain à une cosmogonie Porte Baoulé. Serpent lovp. 73, 76 ... Bien entendu, ne sait ni lire ni écrire. Il Dès 1910, il pourquoi toute. les bonne. villes de France continuent exiguïté la rigueur et la sûreté des universelle, rien n'interdit au sculpteur, a pris le chemin de la France. d'accueillir dans leurs bas-quartiers une graine .i malfai.ante. Le titre même de cette manifesta­ grands rythmes. guidé par cette nécessité, de recher­ Pourquoi il. ne resteraient pas chez eux au lieu de venir infester tion laisse donc entrevoir son contenu : Une telle exposition ne peut avoir la cher la forme pure, l'architecture contras­ les pays bien poliCés. Il Mais Amed Mouloud Feraoun répond elle ne prétend pas représenter tous les prétention que d'exprimer et de révéler tée, la variation inventée, qui éclaire Changer le monde ... sans morgue : Il La Kabylie est un cadavre rongé ju.qu'au styles à ce jour connus des ethnies de au public de nombreux aspects de la le style, le rajeunit et lui apporte le cartilage. Plu. qu'un cadavre : un .quelette. Il faut bien que renouveau dans la maîtrise. l'Afrique noire, elle est constat et bilan ... création plastique d'Afrique noire, par Ce sont Les Chemin. qui montent qui analysent la condition nous la fuyion•• Il Chaque artiste africain , qu'on rap­ .. , Plus de trois cents pièces, dont les témoignages dont nous sommes, à du Il travailleur étranger Il. Comme Amer, le fils de Madame, C'est que l'Algérien a des compatriote. privilégié. : Français, pelle forgeron, artisan, potier ou de tout beaucoup de petites dimensions, for­ divers titres, les dépositaires et au sens le fils d'une Française, le père du Fils du pauvre, Ramdame, ils disent aux Français de France: IC L'Algérie, c'est nou•. Voyez autre nom, ' est un créateur unique. meront cet ensemble présenté de façon le plus noble, les conservateurs. aurait pu dire: Il Nous savons. Nou. somme. bêtes, mai. nous ce que nous en avons fait. Il Mais que les Kabyles assurent William Fagg , pour le Nigéria en a déjà à éviter le lassant déroulement géo­ Les collections françaises, celles des savons quand même. Tu quittes le pays de la faim; tu vas au qu'eux aussi sont Algériens, ils leur assènent: CI Vous en êtes 7 musées d' Etat, des musées municipaux personnalisé plusieurs de façon précise , graphique, comme si l'Afrique noire ne C'est bon. Tas d'indigènes, que suppo.ez-vou. 7 Nous .omme. pouvait être abordée que par le Sénégal. paradis des hommes. Il Le père fit, écrit en 1953 Mouloud dans les ethnies Yoruba; nous avions Il et d'histo'ire naturelle, des facultés de Feraoun , Il une vingtaine de voyage. en tout, le dernier s'est Français, nous. Arrière et garde à vou. ! nous-mêmes tenté, lors de la création la Guinée, le Mali et ainsi de suite lettres avant que l'ethnologie ne soit terminé par un accident que j'ai relaté dan. Le Fils du pauvre, du musée d'Abidjan , une semblable comme nous le montrent tous les ma­ définie, montrent l'intérêt que de trop et la pension de 74,40 F (revalorisée 2 000 F). Il Se sentir libéré ... rares esprits ont eu pour ces œuvres démarche en partant de riches séries de nuels, toutes les monographies et comme, il faut le dire, toutes les expo­ Dans Les Chemins qui montent, le Fils de Madame sera 10nQtemps r.onsidérées comme curiosi- masques Baoulé, Yaouré, Gouro. Le drame de Feraoun, celui qui le conduira à la mort, est celui sitions jusqu'ici nous l'ont montrée. vaincu par le destin. C'est que pour lui l'ennemi a double visage. du Fils de Madame: par son père, fils de la terre kabyle, par sa Nous pensons que cette optique de Enfant de son village, il s'affirme : 1111 faut bien tenir à son pay., mère, fils de France. Mouloud, enfant de ce village et de cette voyageur occidental à sens unique est être fier de son origine, ne pas se renier Il Mais cc certains ... vie que les Jours de Kabylie modèlent avec une émotion Le 2se Bal annuel périmée et qu'il est plus important de tout au moins Il voudraient se débarrasser de lui. CI Qu'il reste où même l'ironie est tendre ... Il La terre e.t saine, mode.te tenter de confronter, de rappr-ocher et chez les infidèles, ses Il oncles Il ! ... II Et c'est vrai qu'il se dit: de l'Union des Engagés Volontaires et pure comme une pay.anne pauvre mais de bonne nai ••ance.1I d'opposer les styles et les tendances CI Si j'étais né en France, si j'avais vécu là-ba., même n'importe Mais Feraoun est aussi le fils de cette langue et de cette très diverses que nous propose le conti­ quelle vie ... je serais un homme au milieu de million. d'homme., et Anciens Combattants Juifs culture qui lui fournissent son instrument et peut-être son âme nent noir. C'est ce que voudrait expri­ peut-être malheureux, peut-être heureux, un homme quoi, aura lieu de témoin. Le 25 juin 1953, il écrit à son éditeur: Il J'ai toujours mer cette exposition . comme tant d'autres. Il Ici , en Algérie, sa mère ra fait instruire, eu foi en l'homme, particulièrement en l'homme de France, le dimanche 24 décembre Pierre MEAUZE CI Pauvre maman, tu as fait de moi un raté. J'en veux à I-'insti­ généreux et instruit qui repré.entait mon idéal~11 Au long de de 10 h à l'aube, dans les salons de Conservateur du musée des Arts africains tuteur qui t'a ouvert l'appétit, qui t'a fait croire que j'étais intel­ L'HÔTEL HILTON et océaniens, commissaire général de ligent, que je pouvais poursuivre mes études. Il Seule, l'insurrection algérienne, Le Journal de l'instituteur Mouloud l'exposition. celle qui l'aime, mais au lendemain de sa mort, comprendra Feraoun, directeur d'école, retrouve ce long débat de culture 18, avenue de Suffren, Paris. dans sa vérité CI ce cœur noble qui voulait changer la face du et de sang. Mais il lui est devenu un définitif déchirement. [Musée de l'Orangerie, 8 novembre 1972- L'orchestre de la Tour Eiffel dirigé Réservation : U.E.V.A.C.J. monde Il. Du collège, il est renvoyé pour mauvaise conduite, Sa réaction immédiate rejoint les rebelles. L'insurgé, c'est le 26 février 1973, Tous les jours, sauf le P 1 Fabre animera la soirée. 58, rue du Château-d'Eau peuple kabyle. Alors, il dit nous, car Le Fil. du pauvre lui appar- par au PARIS-10" mardi, de 10 heures Il 20 heures. Journée indocilité, lecture de journaux interdits, Alors il devient chef de cellule communiste dans son village. Arrêté, en considéra- ~ Entrée 30 F Tél. : 607-49-26 9ratuite : vendredi 24 novembre 19721.

DROIT ET LIBERTÉ - N° 315 - NOVEMBRE 1972 . 23 22 ---+ 'I~es tient. La révolution est vertueuse, les fellaghas redresseurs de torts. L'idéal du maquis : Il Etre libre. Se sentir libéré, l'égal de tous les hommes. Il Comme on le sent proche de cette foule drapée dans une dignité nouvelle, raide comme un habit neuf, Il une foule de Il ramadhan Il où l'on ne voit personne fumer ou Aux sources de priser, qui passe et repasse, indifférente et presque hautaine devant les chars militaires et les camions pleins de soldats. Pourtant, une crainte sournoise s'immisce partout. Alors qu'après deux mois de guerre, il écrivait des maquisards : l'idéologie racÏste lIOn ne les craint pas, on les aime, on les couve Il, le 10 mars 1955, il écrit: Il Les prétentions des rebelles sont exorbitantes, L existe peu d'ouvrages qui ont ana­ sont mineurs parce que incapables ; inca­ plus la tête. Et il paraît symptomatique que décevantes. Elles comportent des interdits de toutes sortes, lysé le problème du racisme sous pables, parce que différents; différents uniquement des interdits, dictés par le fanatisme le plus obtus, I les persécutés ne se contentent plus de la !lutant d'aspects que celui de Colette parce que marqués des stigmates de la grande concession d'une assimilation que le racisme le plus intransigeant, la poigne la plus autoritaire. Il Guillaumin (1). Avec une grande péné­ dépendance. » les couches libérales de telle ou telle popu­ Et le 11 mars, il lance sur son cahier cette plainte et cette inter­ tration elle a réussi à mettre à nu les diffé­ D'une façon minutieuse, on étudie pellation solitaires : Il Il n'est pas possible de pardonner leurs lation voudrait bien leur faire. Dans ce rents éléments de l'idéologie raciste. ensuite les différents mécanismes de mini­ contexte, la phrase prononcée par Cas­ erreurs aux maquisards. Ni leurs injustices. Voilà cent ans que Selon l'auteur, la perception de « l'autre» misation et de justification de la notion sius Clay et citée par l'auteur : « Je n'ai nous subissons tout cela... Alors, messieurs, pourquoi vous comme essentiellement différent, n'existait de race. C'est, entre autres « la nécessité. pas à être ce que vous vo ulez que je sois », battez-vous?.. Vous n'avez pas le droit. Et si vous le prenez pas en Europe avant le XIXe siècle. C'est et son frère le « devoir humain » qui sont est une réplique type de la résistance ce droit, nous vous détesterons. Il Réaction trop immédiate, seulement à partir de cette date-là, que les parrains de l'entreprise coloniale ». accrue de tous les individus et groupes sans doute. Elle monte de l'incertitude où se trouve Feraoun. l'on voit naître une idéologie discrimina­ que l'on veut systématiquement opprimer. Après avoir lancé, rageur Il Je suis plus Français que vous! Il toire. Celle-ci est fondée sur une minimi­ *** à un Il pauvre petit vichyste borné Il et se l'être assuré à lui­ sation systématique des minorités et c'est Si le dix-neuvième est le siècle de la colo­ * même, il s'interroge avec une sorte de désespoir: Il Quand je ** ainsi que l'on tente de justifier la notion nisation massive, il est aussi celui d'une En résumé, l'auteur conclut que malgré dis que je suis Français, je me donne une étiquette que tous les de race. nouvelle forme de l'antisémitisme. Aupa­ une certaine prise de cons cience, le racisme Français me refusent : je m'exprime en français, j'ai· été formé Ce terme est également un élément ravant, les persécutions contre les juifs actuel, quoi qu'on en dise, se nourrit à l'école française. J'en connais autant qu'un Français moyen. relativement moderne du vocabulaire des se fondaient sur une idéologie religieuse. encore aujourd'hui des mêmes sources Mais que suis-je, bon Dieu? Ce peut-il que tant qu'il existe pays dits hautement civilisés. Au X V" et Mais depuis urie centaine d'années, l'idéo­ que cel ui du dix-neuvième siècle. des étiquettes, je n'ai pas la mienne? Qu'on me dise qui je au XVI" siècle il signifiait « simple lignage » logie des persécutants prend une tournure Il paraît donc indéniable qu'une idéolo­ suis. Il l'armée présente partout... et c'est seulement avec Buffon qu'il prend plutôt raciale. Les juifs deviennent une gie raciste fait partie intégrante d'une Enfants kabyles : l'univers le sens de groupe humain. Avec le grand race maudite. société fondée sur l'exploitation de l'homme quotidien de la misère. essor de la biologie - donc sous une éti­ L'auteur souligne les di fférentes étapes par l'homme, et l'ouvrage de Colette Guil­ La peur ... quette « scientifique » - le terme « race » de ce nouvel antisémitisme : de l'affaire laumin a l'incontestable mérite d'avoir su se généralise au cours du XI·Xe et au dé but Dreyfus aux « Protocoles des Sages de clarifier l'image fl oue de cette idéologie du XX" siècle. Cependant il est souvent Sion », de la « France juive » d'Edouard Avec l'escalade du travail forcé, de la torture, du double non seulement néfaste, mais criminelle. confondu avec « ethnie » et « culture ». Drumont à « Mein Kampf» d'Adolf Hitler. terrorisme illustré à Palestro par le bombardement des douars Ida BERGER. Mais bientôt la variété des formes cultu­ « Si en effet. dans les siècles précédents, s'uivi du massacre de dix-sept jeunes Parisiens, Mouloud relles est expliquée et justifiée par la variété il s'agissait de la destruction d'une reli­ Feraoun est saisi d'une peur qui ne le quittera plus. des formes physiques. « C'est explicite­ gion dans son expression humaine, désor­ Ce qui est clair, c'est la force : les droits acquis par la force, (1) Colette G uill aumin: « L'Idéologie raciste, genèse ment la thèse fondamentale du racisme mais il s'agira de la destruction d'un groupe conservés par la force , légitimés par la force ; et partant de là, Car le général Olié vient de l'interroger sur ses travaux litté­ et langage actuel ». Ed. Mouton ; Paris, La Haye, théorique. » humain. » 1972. le circuit infernal oppression-in surrection-répression , Il colères raires et Mouloud Feraoun l'a compris comme un avertissement et une invite à la reconnaissance, c'est-à-dire Il à se boucher Il existe donc désormais une échelle de implacables ... D'où toutes tentative ~'évasion est devenue une valeurs entre les différentes formes phy­ *** utopie Il. Il a peur non d'être tué, mais parce qu'on tue. Il J'ai les oreilles, à fermer les yeux. Rien de plus. Il Mais un honnête A "tt.7J-"OIIS rellOln'elé siques. Curieusement, ce sont toujours des Il paraît difficile de rapporter ici le grand peur du Français, du Kabyle, du soldat, du fellagha. J'ai peur homme, un homme de cœur ne saurait le faire. Il Toute la groupes minoritaires « en situation de nombre d'observations judicieuses que "olre aoonnelDent de moi. Il y a en moi le Français. Il y a en moi le Kabyle. Il question est de savoir... Il répète-t-il. Dans l'un et l'autre camp dépendance et d'infériorité » qui sont contient cet ouvrage si riche. Un des cha­ Voilà ce qui est clair. Et pourtant il voudrait voir. Il Je brûlais de il Il bénéficie de la même estime, de la même confiance, de la « discriminés » (certaines classes sociales, pitres les plus intéressants est consacré à vivre près des maquisards ... de lever tous les doutes à la fois, même méfiance Il, mais en définitive choisit. Il En toute simpli­ les jeunes, les femmes, les juifs, les gens l'analyse de la catégorisation des diffé­ ceux qui me concernent, ceux que m'inspire la révolte. Il Il cité, je me refuse à être du côté du manche. Je préfère souffrir de couleur, etc.). rents groupes discriminés : les catégories passe donc un mois de vacances à son village Tizi-Hibel où avec mes compatriotes que de les regarder souffrir; ce n'est pas le moment de mourir en traître puisqu'on peut mourir en * d'âge (la norme c'est d'être adulte), les il a une maison toute neuve. Il en revient avec ses doutes et ** fem mes, les nègres, les jaunes, les juifs, sans illusions : Il Il n'y a plus que des victimes. Il n'y a plus que victime. Il Si le terme race existe depuis plus d'un les homosexuels, les « basses» classes des coupables, il n'y a plus que des justiciers. On peut être ceci Cela lui sera accordé, mais alors que la guerre s'achève. Il siècle, le mot « raciste » n'est employé que sociales, etc. Cette catégorisation est ou cela tour à tour. On ne peut pas être autre chose. Il écrit.e 5 février : Il Combien va-t-elle exiger de victimes cette fin très proche? Maintenant l'O.A.S. ne prévient plus per­ depuis 1930. L'auteur parle d'une racisa­ entreprise exclusivement par ceux qui ne tion systématique des groupes minoritaires, sonne... Dernière flambée des terrorismes aveugles... Paix se croient pas concernés par un tel clas­ systématiquement infériorisés. à ceux qui sont morts. Paix à ceux qui veulent survivre. Cesse sement d'infériorisation consciente ou PETITES ANNONCES Assassiné par l'O.A.S. En revanche, les groupes dommateurs la terreur. Vive la liberté! Il Ce sont les dernières lignes du inconsciente. Tous les exemples cités sont qui persécutent les minoritaires se per­ extraits de numéros de France -Soir de ces Journal, ce mois-là même remis à l'éditeur. Et le 15 mars Jeune fille possédant C.A .P. employée çoivent eux-mêmes en état de normalité dernières années. Ce n'est pas toucher à la qualité humaine de Mouloud de banque et sténodactylo, cherche 1962, à El Biar, ils étaient six dans les bureaux des centres évidente. Il leur paraît donc parfaite­ Feraoun que de le découvrir dans ses incertitudes et ses an­ Par ailleurs, il est vrai que depuis la emploi. Ecrire : Mlle Hanitouche, 7 , rue sociaux, dont l'inspecteur Mouloud Feraoun. Un commando ment normal d'être de couleur blanche (le goisses secrètes. Lui- même se juge : Il Tandis que je ratio­ O.A.S. entre. Il ne reste dans une cour que six cadavres fin de la dernière guerre, les idéologues Léonard"de-Vinci, Paris (16·). « blanc» n'est pas ressenti comme cou­ racistes ont été obligés de prendre quelques cine ... Il Et il énumère les luttes, les horreurs et conclut : «Le allongés. leur!), d'être chrétien, d'être bourgeois. peuple épouvanté apprend chaque jour un peu mieux que le Nul plus que Mouloud Feraoun ne s'était délié des haines précautions et de ne pas montrer trop Car selon Colette Guillaumin, il eXiste ouvertement leur vrai visage. D'autant Collaboratrice de « Droit & Liberté» Français est le seul responsable .de ses malheurs. Il Mais il inhérentes aux guerres civiles. Mais si c'était à cause de cela ... cherche logement 2 pièces-cui sine­ également un racisme de classe. plus que les anciens « racises», qu'il sort d'écrire : Il Toute la question est de savoir pourquoi se douche à Paris. Té léphoner au journal : Le système de justification de l'idéologie s'agisse de juifs, de noirs, de jaunes, de battent les patriotes, ce qu'ils veulent, ce qu'on leur refuse. Il Jean CUSSAT-BLANC. 231-0 9-57. raciste est le suivant : « Les groupes racisés femmes ou d'ouvriers, lèvent de plus en 24 DROIT ET LIBERTÉ - N° 315 - NOVEMBRE 1972 25 cc La nuit vie du M.R.A.P. clnélDa • • de crista 1)) • VE C La nuit de cristal (1), aucune Congrès • 20-21 Janvier subtilité, aucune contradiction; nous A sommes confrontés avec l'antisémi­ Le prochain congrès du M.R.A.P. aura lieu le samedi 20 Les comités du M.R.A.P. tiendront des assemblées tisme sous sa forme élémentaire, brutale et et le dimanche 21 janvier 1973. locales et départementales pour débattre de ces différents virulente: en 193B, prévoyant et préparant (( L'attentat )) Pour sa préparation quatre commissions nationales sont thèmes, former eux-mêmes, éventuellement des commis­ la guerre, Hitler veut se débarrasser des juifs d'ores et déjà constituées. Elles étudient respectivement : sions, et transmettre leurs observations, suggestions et demeurés en Allemagne et pour cela multi­ 1 ° Les données actuelles du racisme et de la lutte projets aux commissions nationales. plie les mesures vexatoires. En novembre, OMMENT peut-on, en France, antiraciste en France. Les problèmes de l'immigration. Pour donner au débat qui s'ouvre et au congrès lui-même un jeune juif vivant à Paris. Grynszpan, bou­ enlever, torturer, assassiner un leversé par les persécutions subies par .sa 2° Sous-développement, guerre et racisme. Défense toute l'ampleur exigée par les événements actuels et l'im­ C leader politique du tiers monde, famille , se procure un révolver et abat le des droits et de la dignité des hommes et des peuples portance des sujets traités, les adhérents du Mouvement, à l'instigation ou en tout cas, au profit troisième secrétaire de l'ambassade d'Alle­ contre les discriminations et l'oppression raciste. les abonnés à cc Droit et Liberté" sont invités à faire des services secrets américains, puis magne en France. Cela va servir de prétexte 3. Information, éducation et culture dans la lutte contre connaître leur point de vue. Le document servant de base enterrer totalement une affaire aussi à un vaste pogrom. le racisme. de travail à chacune des commissions peut leur être envoyé Le parti national-socialiste et la police. explosive? C'est le thème de « L'Atten­ 4° Structures, implantation et moyens d'action du sur simple demande faite au siège national du M.R.A.P. les S.A., les S.S. organisent des manifesta­ tat», d'Yves Bosset, et en même temps, M.R.A.P. ou à ses comités locaux. tions antisémites « spontanées» : on brûle bien sûr, la reconstitution « romancée» des synagogues, on profane les Tables de la de la « neutralisation» de Mehdi Ben Loi, on brise les vitrines des magasins juifs Barka en 1966. et on pille; hommes et femmes, vieillards et Voilà une œuvre salutaire, et sordide enfants, les juifs sont battus, malmenés pourtant, un témoignage vrai mais De haut en bas, de gauche à droite : Michel Piccoli, et humiliés, voire tués. Sous l'impulsion de Goering, on organise la mainmise sur les insoutenable aussi sur notre « beau Dulkir, Mehdi Ben Barka et Gian Maria Volonte. pays». N'importe quel spectateur lucide « Hommes des pays loin )) biens juifs. On pousse les juifs à émigrer. Mais partir où ? Les autres nations assis­ et un peu honnête en sort avec un goût tions sont intolérables, au sens littéral tent passivement au crime; l'opinion publique de cendre dans la bouche . En effet, on du terme. ETTE année, durant la période des tion sur l'Afrique du Sud et le film « Der­ l'actualité du problème racial, répon­ parfois réagit en France , campagnes de mee­ ne peut qu'être accablé par la vision Seule la vérité compte, intéresse, et vacances (juillet-août), le comité rière la fenêtre», fourni par le M.R.A.P. daient à la question posée en abordant tings, d'affiches, de tracts. Mais le gouverne­ des méthodes d'une certaine police fran­ même nous justifie, seule la vérité vaut C d'entreprise de l'EDF-GDF, la fut le thème dominant de la première les causes historiques, économiques et ment français fait saisir les tracts et arracher çaise, du S.D .E.C .E., des hauts fonc­ la peine qu'on dérange les gens. Voilà C.C.A.S. (Caisse centrale d'activités session. politiques du racisme , surtout parmi les les affiches. Les U.S.A . refusent de modifier tionnaires, par la puissance de destruc­ pourquoi tous les antiracistes et les sociales) a tenté, dans l'une de ses plus Réalisé et mis en scène par Patrick jeunes et les militants syndicaux, d'au­ les loi s sur l'immigration, la France affirme tion de ces machines administratives. défenseurs des opprimés du tiers monde importantes institutions de vacances, à Morelli à partir de documents, de textes tres avouaient manquer d'informations; qu'elle a déjà reçu autant de réfugiés quO elle Ici , les individus ne sont rien et la raison - et d'ailleurs -, doivent se sentir Capbreton , une expérience unique (George Jackson, Langston Hughes, un petit nombre rejetait le spectacle en peut recevoir. Les Pays-Bas sont plus d'Etat prime tout. concernés par ce film courageux et d'animation socio-culturelle. Expérip.nce Prévert, etc.), de chansons, de dialo­ comme « sujet à ne pas aborder pendant accueillants, mais, petit pays déjà surpeu­ d'autant plus importante qu'elle unissait gues et de projections de diapositives, les vacances» ou taxait le montage de plé, ils ne peuvent offrir une véritable solu­ Ces constatations faites, on joue quasi parfait sur le plan esthétique. interprété par Claire Viala, Jean-Chris­ tion au problème des réfugiés. L'Espagne ensuite à mettre un nom sur chaque per­ Ne manquez pas le documentaire qui dans un même collectif d'animation tra­ propagande. Mais tous furent concernés et la Pologne applaudissent Hitler. sonnage de cet inexorable engrenage . le précède: un défilé militaire du 14 juil­ vailleurs et artistes, responsables C.C .A.S. tophe Quel, José Branco par ailleurs personnellement, comme en témoigne C'est un film monstrueux que déroulent Et puis, on se dit que Ben Barka était let, à Paris, les commentaires enthou­ et membres du groupe Organon (groupe compositeur de la musique des chan­ la vivacité des débats tournant autour sous nos yeux les auteurs. Les témoins par­ le troisième, en 1966... C'est cette siastes des spectateurs et, en contre­ professionnel d'animation et de produc­ sons, il fut ioué une vingtaine de fois des lois racistes en vigueur en Afrique Ient, les actes des bourreaux s·éclairent. Le même année qu'ont été assassines point les images de la vraie guerre, tions culturelles animé par Patrick Mo­ dans les autres villages C.C.A.S. de la du Sud qui restent peu connues, de lecteur plonge dans l'obscurité de la rafle Lumumba et Che Guevara... Ainsi les celle des hommes qui brûlent vif, des relli) . région devant environ trois mille per­ l'Irlande, du nazisme, des travailleurs gigantesque, annonciatrice du génocide. trois leaders de la Tricontinentale n'exis­ enfants tués, des fuyards hagards, de la Elle mettait en œuvre des moyens sonnes. immigrés, de la guerre d'Algérie et des De cette descente au x enfers l'on remonte taient plus, ainsi le tiers monde allait, bombe atomique. d'approche différents : des ateliers (jeu Il traite du racisme quotidien : les Jeux Olympiques. En général , il semble mieux armé : il est des leçons d'histoire que durant quelque temps, moins bouger», Cela vous donne un sentiment de et expression, activités féminines, photo, préjugés, les à prtOn la publicité, la que les gens qui ont vu le spectacle l'on n'oublie pas. « honte et de mépris qui vous met admi­ club des jeunes, bibliothèque), des ani­ bande dessinée, des travailleurs immi­ aborderont le racisme avec d'autres don­ M.B. et les luttes de libération être freinées . C'est pourtant de pareils hommes dont rablement dans l'ambiance du film mations ponctuelles (musique, mime) ou grés, de la colonisation, de l'Afrique du nées et plus de conscience . (1) Rita Thalman et Emmanuel Feineirmann les pays sous-développés ont besoin et d'Yves Boisset. qui suit .. . permanentes (sportive, régionale) et des Sud et de la lutte des Noirs en Amé­ La nuit de cristal, Ed. Robert Laffont, collection spectacles (groupe folklorique, cirque, rique du Nord. Chaque représentation Une représentation d' CI Hommes des L'histoire que nous vivons. c'est pour cela que de telles machina- Marie-France ANTO K bals et montages). C'est dans le cadre fut suivie d'un débat dont la dernière pays loin Il a eu lieu le 20 octobre à de ces spectacles qu'à la demande de diapositive du spectacle posant la ques­ Paris (salle Jussieu), pour les person­ la C.C.A.S., le groupe Organon a répété tion suivante : « A qui profite le racis­ nes intéressées à la diffusion de ce spec­ et produit devant les estivants un mon­ me?» fournissait le prétexte. tacle (comités locaux du M.R .A.P., Lu... vu... entendu ... tage sur le racisme Il Hommes des pays Si, parmi les spectateurs touchés, M.J.C., etc.). Pour sa location, s'adresser • A voir: Gilles Vigneault au Théâtre mu­ Arras (1 0) , M etz (du 13 au 20), Montataire loin Il qui, en liaison avec une exposi- beaucoup, pleinement conscients de à Organon . • « Les cinémas africains en 1972» de (8 décembre) , Grenoble (18 , 19 et 20 jan­ Guy Hennebelle, publié - par la revue nicipal Romain Rolland , le 25 novembre « L'Afrique littéraire et artistique », présente à 21 heu res. Prix : 16 F et 10 F pour les vier), Châlons-sur-Marne (16 mars) , Mar­ une intéressante analyse co mparative des adhérents. Ainsi que « Une si belle amitié», seille (19, 20 , 22 et 23 mars). Nimes (21) , Quinzaine de l'iDlDligration à Saint-Denis cinémas nationaux surgis sur ce continent. de Raymond Gerbai , dans le même théâtre, Montpellier (28 et 29) . • Les films de trente pays arabes et afri­ jusqu'au 12 novembre. • L'acteur Robert Le Vigan , qui vient A l'heure où nous mettons sous moments de cette campagne excep­ Philipe : cc Les immigrés Il de Kraemer, cains ont été projetés au 4" Festival inter­ • La pièce « Les Immig rés » réalisée par de mourir en Argentine, avait tenu des rôles presse, la Quinzaine de l'immigration tionnelle : l'art africain, artisanat tradi­ la soirée de cinéma franco-algérien, national de Carthage. C'est à la Syrie et à le Théâtre populaire de Lorraine , sous la dans de nombreux films, avant la guerre. bat son plein, à Saint-Denis. tionnel et plus récent, au syndicat d'initia­ Pa co Ibanez et puis Cilla ... Enfin - mais Ami de Céline et collaborateur de l'occu­ la République démocratique du Congo direction de J . Kraemer poursuit sa tournée D'ores et déjà on peut être assuré tive ; les chroniques hebdomadaires dans cette liste n'est aucunement exhaustive­ qu'est revenu ex aequo le tanit d·or. à travers la France. Elle sera représentée à pant, il s'enfuit à Sigmaringen avec les que cette initiative du comité local du « Saint-Denis-Républicain Il ; les visites les débats passionnés, les prises de Saint- Den is le 27 octobre, dans le cadre responsables vichystes en 1944. Condamné • Jean Ferrat , au Palais des Sports s M.R.A.P., patronnée par la municipalité. dans les foyers de travailleurs immigrés; de la Quinzaine de l'Immigration, puis à à dix ans de prison, il fut libéré au bout de position fraternelles, les exposés et remporté un immense succès . Il a dû pro­ et soutenue par plusieurs dizaines longer son spectacle d'un jour pour satis­ Aubervilliers (28 , 29 , 30 et 31 octobre), à trois; il gagna alors l'Espagne, puis l'Amé­ l'exposition itinérante dans les foyers et recherches dans les écoles. faire à la demande du public. Roubaix (8 novembre) , Tourcoing (9), rique latine. d'associations, fera date. Chacun se comités d'entreprise, etc. Et puis les Nous en donnerons un compte rendu remémorera longtemps I~s grands soirées et galas du Théâtre Gérard complet dans notre prochain numéro.

DROIT ET LIBERTÉ - N° 315 - NOVEMBRE 1972 27 26 ~e que "vous pou"Vez Caire Sachez-i

Un TÏeÏI alDÏ . Président de l'Union ""alilte Provençale Des lecteurs nous demandent par­ ampleur. Mais ne pouvez-vous pas, au­ aussi que... 1 Secrétaire de la Fédération r6giOM~ ...dl-Pyr ..... fois ce qu'ils peuvent faire pour aider jourd'hui même, offrir un, deux ou • René SCHWERER, Président de 1. Féd6raHon Mgionale du le M.R.A.P. peut-être cinq ou dix abonnements à guedoc-Méditerranée • A Champagney (Haute-Saône), la lDéconnaÏssable • AI.x TEISSIER, Président du Cercle Saint-Cha,'" (Ni.,....) Nous leur donnons ce mois-ci en des personnes susceptibles de s'intéresser à « Droit & Liberté Il ou avant besoin Journée de la négritude a eu lieu pour • Jean CRES, Président de l'Union Aoyalfs'e Lyonnal •• exemple ces amis qui ont décidé la seconde année consécutive, le 'EST avec une certaine tristesse • Louis de PARDIEU. Président de l'Union Roral1a'e DIIUpft.... SM'Oie d'offrir à CENT PERSONNES de de le lire? DeDiundes que je vois devant moi un vieil Pierre PUJO, Directeur d'Aspects de la France leur connaissance un abonnement d'un Vous pouvez au moins nous com- 20 août, en souvenir de la prise de posi­ Pierre JUHEL, ancien Camelot tion des habitants de la commune contre ami t rès ctier que je reconnais an à « Droit & Liberté Il. Ce geste géné- muniquer 5, 10, 20 ou 100 adresses de et réponses C personnes à qui nous· adresserons notre l'esclavage, dans leur cahier de do­ à peine, tellement il a changé, terrible­ GUY RER OLLE reux, plus efficace qu'un simple don, revue, à titre d'essai, pendant trois mois, léances établi en 1789. En avril 1972, cc Le Droit de vivre Il, ment changé! Je fis sa connaissance, constitue à la fois une aide majeure à organe de la L.I.C.A., a consacré un long et qui, peut-être, s'abonneront ensuite il y a une quarantaine d'années, du côté notre revue, et Wl moyen de développer • Dans Il Témoignage chrétien Il du réquilitoire au M.R.A.P., accusé, entre (surtout si vous leur écrivez personnel­ de la ' rue du Château-d' Eau . Tout de son influence et son action; comme on 27 juillet, une double page de l'abbé autres aménités, cr« abuser ceux qui lui suite, je fus séduit pa r son nom exaltant : lement pour les inciter à le faire). Jean Pihan, vice-président du M.R.A.P. font confiance Il, et de faire preuve de peut espérer qu'une certaine proportion Il Le Droit de Vivre Il ! Comme l'écrivait Autre question : avez-vous réglé vos et du C:L.E.P.R. : Il Ecrasons le raciste (( la malhonnêteté intellectuelle la plus de ces abonnements seront renouvelés, alors Pierre Paraf : lIOn cherchait un Bons de souti·en 1972? Si oui, nous qui sommeille en nous ! Il caractérisée Il. C'est une habitude, dans cette contribution aura des effets du- titre à ce journal. La vieille bénédiction vous en remercions. Sinon, votre ver­ ce journal, de se livrer périodiquement à Au rassemblement maurrassien de Montmajour rables. • Une assemblée d'information sur d'Israël, vers la vie, est tout naturelle­ sement (30 F) nous serait des plus la nouvelle loi contre le racisme, aura ce genre d'attaques contre notre Mouve­ (II Aspects de la France », mai 1972). ment et ses dirigeants. Nous avons ré­ ment venue à nous Il. Tout le monde ne peut évidemment utiles. Hâtez-vous, car le tirage est lieu à Annecy, le 18 novembre, sur l'ini­ pondu en exposant, pour que les lecteurs La lutte cou rageuse qu'il menait effi­ pas prendre Wle initiative d'une telle prévu pour le 9 décembre .•• tiative du comité local du M.R.A.P., du (( Droit de vivre Il puissent en juger, cacement en faveur des persécutés de ~ ______J avec la participation de Me Jean Scha­ quelles sont les modalités et les critères toutes origines avait enthousiasmé mon président de la Fédération du RhOne, pira, membre du bureau national. de notre action. ardeur juvénile, C'est lu i qui a guidé qui a prouvé son antiracisme très par­ Dans un premier temps, (( Le Droit de . ' Présentation du film Il Négritudes Il mes premiers pas dans le combat anti­ ticulier en apportant son actif soutien vivre Il a annoncé (en juillet) que le de Jean Schmidt, le 13 novembre, à raciste - dans la rue, devant le Théâtre M.R.A.P. lui avait adressé un (( message Il, à l'O.A .S. l'école du Saint-Rosaire à Sarcelles; qui lerait publié ultérieurement. Puis, en du Nouvel-Ambigu - contre les camelots Et maintenant, la place d'honneur, Une lettre de M. Maurice Herzog- débat animé par Henri Citrinot, secré­ septembre, paraissait un article ne re­ du roy antisémites, à la tête desquels se dans les colonnes du « Droit de Vivre» taire national du M.R.A.P. produisant pas la moindre ligne de notre trouvait le fielleux , est réservée à Michel de Saint-Pierre - • Répondant à l'invitation de la Fédé­ réponse, et reprenant les mêmes attaques, directeur de ({ L'Action Française », qui oui, je dis bien : le même Michel de Nous avons reçu de M. Maurice ration des Bouches-du-Rhône, Me Emile comme si nous n'avions pas donné le « Je n'ai pas manqué, au sein du dénonçait le juif comme Il étant un corps Saint- Pierre que l'on a entendu, au der­ Pollak a accepté d'apporter son concours moindre mot d'explication. Cela aussi est H€rzog, membre du Comité inter­ C.I.O., de défendre la thèse conforme étranger dans la nation Il. nier rassemblement royaliste de Mont­ une habitude : à plusieurs reprises nous national olympique, la lettre suivante: à vOc vœux. à la commission juridique du M.R.A.P. ({ Le Droit de Vivre» m'avait appris à majour, en juin 1972, faire le panégy­ avonl expérimenté cette méthode, qui « Je me réjouis d'y avoir réussi. et à l'action qu'elle mène pour la dé­ savoir reconnaître mes vrais amis ; ceux conliste à faire soi-même lei demandes rique du doctrinaire antisémite, Charles « Monsieur le Secrétaire Général, « Veuillez croire, Monsieur le Secré­ fense des victimes du racisme. qui, à la fin du siècle dernier, avec Emile et lei réponses, en ignorant totalement le Maurras, prenant ainsi la succession de « Vous m'avez écrit le 17 août 1972 taire Général, à l'assurance de mes • Foyer et loisirs de la jeunesse, asso­ Zola , Jean Jaurès ... , avaient pris le parti feu Xavier Vallat, l'ancien commissaire point de vue de ceux que l'on traine dans à propos de l'affaire de la Rhodésie. sentiments les meilleurs. Il ciation protestante, a organisé à Toulon du capitaine Dreyfus dans la fameuse la boue. C'est la forme la plus confortable aux questions jUives de Vichy, à qui une exposition sur la solidarité entre les affaire qui avait divisé les familles fran­ de la polémique. incombait cette tâche au cours des hommes et le racisme. Dans ce cadre, Nous ne souhaitons pas, quant à n.ous, çaises en deux clans. précédents rassemblements. a eu lieu le 20 octobre, la projection polémiquer avec (( Le Droit de vivre Il. Sans cesse , il me mettait en garde Sans doute, le bien triste conflit du du film It Etranges Etrangers Il, suivie Nos adversaires, ce sont les racistes. contre les faux amis. Vous savez, ces Moyen- Orient fait-il tourner les têtes Nous nous efforçons de combattre avec d'un débat qu'animait Serge Kriwkoski, gens cauteleux qui vous disent: ({VOUS», les plus froides et commettre bien des une égale vigueur toutes les manifesta­ responsable régional du M.R.A.P. vous n'êtes pas comme les autres. Ah ! erreurs. Et cela donne des phrases tion de racisme, toutes les atteintes à la • L'exposition philatélique du « s'ils» étaient tous comme vous». comme celles-ci : « S'il était quelques vie, aux droits et à la dignité des opprimés, M.R.A.P. sur la lutte contre le racisme sans distinctions, sans parti-pris, en Ce cher et fier journal m'avait appris hommes en Afrique, qui portent une tlte do ...... ,- ..... • ~~~~eM~Rtt'gÉJ~~1lJ~..",.", ,"'"' '''''a AI~!~A~É:;''''_ ;ed .. HERMANTIN ,,~.. ~, ; P...... racisme, l'antisémitisme et pour la paix, et pour l'amitié entre les peuples a été quelque lieu qu'elles se produisent. Ne également à ne jamais pactiser avec les sur les épaules et non une pastèque, présentée en septembre au club des faisant pas deux poids deux mesures, antisémites de l'espèce maurrassienne : c'est à une véritable unité qu'ils se COMITE D'HONNEUR Bâtonnier Paul ARRIGHI, Georges AURIC, Claude jeunes de Noisy-le-Sec. Elle sera à évitant les prises de position partielles et les Darquier de Pellepoix, Léon Daudet, consacreraient lI. AVELINE , Roben BALLANGER. Rog er BASTIDE, Jean J'adhère Montpellier du 27 octobre au 5 no­ unilatérales, nous dosons nos ripostel en , Xavier Vallat, etc. , dont le .. . Oui , c'est bien dans Il Le Droit de CASSOU , Aimé CESAIRE. Charles de CHAM BRUN , André fonction de la gravité des faits, et non CHAMSON. Pi erre COT, Lou is DAQUIN, Huben DES­ vembre; à Aytré (Charente-Maritime). désir était de voir tous les juifs exclus Vivre», porte-parole d'une organisation CHAMPS, Henri DESOILLE, Michel DROIT, Maurice au M.R.A.P. d'arrière-pensées politiques. C'est ce qui DRUON, Pasteur André DUMAS, Adolphe ESPIARD , du 2 au 11 décembre, à Bruay-sur­ de la communauté nationale. Malheu­ de lutte contre le racisme, que l'on peut nous différencie des orientations actuelles Henri FAURÉ, Max- Pol FOUCHET, Marcel GROMAIRE, reusement, ils le furent sous l'occupation Nom .. __ ... _... _... _... _... _... _... _... _...... Escaut du 29 décembre au 7 janvier. de la LI.C.A. lire, en juillet 1972, une généralisation André HAURIOU, Pi erre JOXE, Charles-André JULIEN , hitlérienne et l'on sait à quel prix! Alfred KASTLER , Henri LAUGIER . Alain LE LEAP. Michel Nul plus que nous n'est 'persuadé que aussi méprisante, aussi méprisable, dans LEIRIS, Jeanne LEVY, Darius MILHAUD, Th éodore Prénom _...... _.. ._ ...... _... _... _...... _...... _...... notre cause gagnerait à runion de toutes Depuis 1932, date de naissance du un article virulent contre l'Organisation MONOD, Etienne NOUVEAU. Jean PAINLEVE, Marce l NOTRE CARNET PRENANT, Alain RESNAIS. Emmanuel ROBLES, Fran­ Profession .... _.. ._ ... _...... _... _.. ._ ... _... _... _... _... _... . les forces antiracistes. Pour que celles-ci ({ Droit de Vivre», jusqu'à ce jour, j'ai de l'Unité Africaine! çoise ROSAY, Armand SALACROU , Jean- Paul SARTRE , se rencontrent et s'unissent dans un suivi scrupuleusement son enseigne­ laurent SCHWARTZ, Jean SURET-CANALE, Jacqueline Voilà ce qu'il advient, hélas! quand les THOME- PATENOTRE, VERCORS, Dr Pi erre W ERTHEI­ Adresse .... _...... _ ... _... _...... _ ...... Nos deuils combat commun, la condition première est ment. Par contre , mon maître, lui , sem­ ennemis d'hier deviennent (occasionnel­ MER . que ça combat soit mené effectivement, ble s'en être écarté : trop de nouveaux lement) des ({ amis» et vice versa. Nous avons appris avec émotion le danl la clarté, sur le même terrain, par Roben ATIULY, Vin cent AURIOL, Jean DALSACE. Le montant de la carte d·adhésion (à partir de ({ amis » ambigus ont été introduits dans Mais, est-ce à toi, cher et vieux « Droit Georges DUHAMEL. Yves FARGE. Francisque GAY, décés de Jean-Jacques BERNARD, qui tOUI ceu'x qui s'en réclament. Jacques HADAMARD. Georges HUISMAN, Jules ISAAC, 10 francs) est laissé à l'appréciation du sous­ sa maison. Il y avait déjà Me Joannes de Vivre», qui n'as pas pour habitude fut l'un des fondateurs du M.R.A.P., et Nous publions, ci-contre, à ce sujet, le Frédéric JOLIOT-CURIE, Jean LURÇAT, Léon LYON ­ cripteur, selon ses possibilités, compte tenu de Ambre, membre d'honneur du Comité de t'en laisser conter, qu'il faut rappeler CAEN, André MAUROIS. Amiral MUSELlER, Marc membre de son comité d'honneur jusqu'à témoignage attristé de Serge Kriwkoski, SANGNIER. André SPIRE, Général Paul TUBERT. Ch a­ la nécessité d'apporter le soutien le plus effi­ lyonnais de la L.I.C.A ., qui écrivit ce que tu écrivais, en mars 1932, dans noine Jean VIOLLET. ce qu'il fût terrassé par une douloureuse dont toute la famille fut parmi les fonda­ cace à l'action du M.R.A.P. teurs et les responsables de la LI.C.A., sous l'occupation une odieuse brochure ta rubrique « A bout portant» : « Les amis maladie. Fils de l'écrivain Tristan Bernard, et qui évoque le temps où il diffusait les antisémite, et dont les Combattants de nos ennemis sont nos ennemis». MOUVEMENT CONTRE LE RACISME, L'ANTISÉMITISME ET POUR LA PAIX (M.R.A.P.) écrivain lui-même, il avait, sous l'occupa­ e premiers numéros du (( Droit de vivre Il. antinazis d'Israël ont demandé l'arres­ 120, rue Saint-Denis - Paris (2 ) - Téléphone : 231-09-57 - C.C.P. : 14-825-85 Paris tion, été interné à Drancy. Nous exprimons tation. Il y avait aussi Jacques Soust~lIe, Serge KRIWKOSKI. à sa . famille nos sincéres condoléances.

28 DROIT ET LIBERTÉ - N° 315 - NOVEMBRE 1972 29 Diffusion de couture

eaL

Créations Arlette Nastat

vaoe~nastat e 43, rue d'Aboukir, Paris-2 • Tél. : 508-88-60

30 à Rain"tt : 8.P. 233 75 063 Patis cedex 02 soil'te sous l'egide du

., SANlE PUBLiQUE'; de peter NICHOLS 13 m1l

0. ..aUIIIT : ~ MEACURE • \lICTOIt. _ ...... , ...... : 11_ 'IlItAI _ ... HUlU" ...... liE - 0. IlOUIIQEB .. Dr _ BOYO ; ,.... HU"EHOT _ ."OCHAIID : ...... WllElt . ~lfll" f _ CHEVIT - MOllETTE : __ BOH • fOIlU ___ VERON _ 0101 : ...... IIIUCI • MACCAItO UonoI .... vu.c· Or .- 'OUItOU .. __ '0'10 _. Olt _ CAVitE · 0. ~OI"""'U . _ ...- "'"­ o '"' $ • .lAYlI • lhoo _ _ ~"'NOlllHf _ l '_ TII_ LA.LlO' • Ut! _ .-.. a-. IIlllIl _ __ lAfllUII. c-too CAPuu.U • CUlln"l. ~,;r"...... M""" .- .. CIoo HDIITON. l00I:0,, ...... a' : _, __ "Id '"'AM _

Adaptation française : Claude Roy Mise en scène : Jean Mercure Scénographie et costumes : Nicolas Politis Musique: Marc Wilkinson