La Droite Aujourd'hui
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La Droite aujourd'hui JEAN-PIERRE APPARU La Droite aujourd'hui Albin Michel © Éditions Albin Michel, 1979 22, rue Huyghens, 75014 Paris ISBN 2-226-00873-X La DroiteDroite aujourd 'hui vue par A.D.G. • René Andrieu • Philippe Ariès Alain Bayard • Maurice Bardèche Alain de Benoist • Pierre de Boisdeffre Gérard Bonnot • Jean-Louis Bory • Alain Bosquet Jean Bourdier • Raymond Bourgine Pierre Boutang • Cabu • Jean Cau • Pierre Chaunu Rémy Chauvin • Jean-François Chiappe Maurice Clavel • Copi • Henri Coston • Pierre Daix Jean Daniel • Frédéric Dard • Michel Debré Michel Déon • Jean-Marie Domenach Jacques Duquesne • Jean Dutourd • Jean Duvignaud Jean-Claude Faur • Pascal Gauchon Raoul Girardet • Michel Giroud Jean Gourmelin • Michel Gurfinkiel Éric Houllefort • Claude Imbert Jacques Laurent • Jean-Clarence Lambert Michel Marmin • Michel Mourlet François Nourissier • Louis Pauwels Jean-Marie Le Pen • Michèle Perrein Pierre Pujo • Pinatel • Jacky Redon • Reiser René Rémond • Bertrand Renouvin LouisMichel Rougier de Saint • Saint-Loup Pierre Philippe de Saint Robert • Pierre Sergent Philippe Sollers • François Solo Georges Suffert • Olivier Todd Jean-Claude Valla • Dominique Venner Le pasteur Viot • Wolinski Pour, dans l'ordre de sortie de scène : Cédric, Gilbert, Jacqueline. dans l'ordre d'entrée en scène : Thierry, Benoist, Lison. Avertissement I éloge, ni pamphlet, La Droite aujourd'hui n'est pas davantage un livre d'histoire. Alors un essai, un dossier, une enquête? Assurément Ntout cela, mais surtout un regard sur la vie quotidienne du mot « droite ». La première partie : « Héritier ayant perdu son chemin cherche les origines de son héritage », propose sous forme de trois brefs discours une écriture du doute. La deuxième : « La droite, disent-ils...», est une photographie sans retouches. A chacun d'en tirer profit, de s'en inquiéter, de se situer. Pour ce faire, j'ai laissé parler, j'ai interviewé des personnalités qui, à des titres divers, sont régulièrement des « moments » de notre actualité; leurs interventions, leurs commentaires politiques, journalistiques, d'en- seignants, de romanciers, de dessinateurs — font que le public, soit par acceptation, soit par rejet, se marque en fonction de leurs positions. J'ai essayé de m'effacer derrière leur parole; parfois il a été nécessaire de glisser des questions : ces interventions n'ont eu pour but que de pro- longer le discours, jamais de le marquer; au-delà il était évidemment hors de question d'établir une analyse, des commentaires sur ces propos. Tout livre sur un sujet tel que celui-ci ne doit pas être « bouclé », « mâché », « digéré ». Il doit laisser sa part à l'insatisfaction, au manque. Prenant ainsi son sens plein, il laisse possible l'interrogation en chacun d'entre nous. L'écriture n'est pas digression, elle est engagement. Que signifieraient une analyse, une exégèse des positions prises en ce chapitre? Pourquoi apporter — sur ces discours — une parole qui se voudrait essentielle, radicale, certaine : vérité? Pourquoi donner une interprétation? J'ai voulu l'image de nos jours, et en reproduisant le discours de ceux que j'avais sollicités et que j'interrogeai, susciter une remise en question et une « réflexion intelligente ». Il faut nous regarder, nous entendre pour ce que nous disons, jusqu'à l'incohérence, jusqu'au ridicule. La vie n'est pas neutre; si ce livre devient meurtre de la droite, je dirai tant mieux car aussi bien il ne sera jamais éloge de la gauche, mais ten- tative « en dehors ». Droite et gauche qui nous sont proposées ne signi- fient plus rien et si ces mots doivent persister nous nous devons d'en changer la couleur. On pourra s'étonner qu'une seule femme prenne la parole. On pourra s'étonner que tel « grand nom » — politique ou non — soit absent alors qu'il paraîtrait ici important. On pourra s'étonner enfin que tel parti politique, tel mouvement ou syndicat ne soit pas représenté, son inter- vention étant capitale et par là des thèmes importants n'ont pu être abor- dés. Je tiens à préciser que toutes, que tous ont été pressentis. Certaines, certains, n'ont pas trouvé essentiel, utile, de figurer et de prendre posi- tion, parfois même après un premier accord. Je ne puis être juge de leur décision. J.-P. A. Héritier ayant perdu son chemin cherche les origines de son héritage « La droite aujourd'hui! Des débris qui pissent sur la table en branlant le souvenir du minable Pétain. Mais la gauche ne sera jamais forte que des abdications de la droite. » « A force d'être fasciste, j'ai envie de me présenter ainsi : moi, Dominique de Roux, déjà pendu à Nuremberg. » DOMINIQUE DE Roux, Immédiatement. « L'espace de la droite est l'ailleurs, son temps est à jamais situé dans l'après. La gauche vit dans le présent de son intelligence du temps, son espace est, paradoxalement, le temps de la présence réelle. La séparation entre la gauche et la droite est une sépara- tion antihistorique, elle reproduit en elle-même et en tant que telle, la séparation entre ce monde-ci et l'autre monde. Tout le reste n'est qu'ombre, connivences, malentendu et même à la limite, haute stratégie. » DOMINIQUE DE Roux, L'Ouverture de la chasse. « Il n'est plus un ordre à sauver, il faut en refaire un. » PIERRE DRIEU LA ROCHELLE, Genève ou Moscou. « Rien ne se fait que par la gauche. Et la lumière vient de l'Orient. » PIERRE DRIEU LA ROCHELLE, N.R.F., novembre 1939. « Après tout, ce qui est vieux est près d'une nouvelle jeunesse; l'hiver est près du prin- temps. » PIERRE DRIEU LA ROCHELLE, L'Europe contre les patries. L ne faut pas être de droite. Soyez difforme, fou, infirme, on vous I plaindra; voleur et assassin, on vous trouvera des justifications, mais surtout, ne vous proclamez pas de droite; il n est pas de nos jours tare, crime plus odieux, au point que ceux qui en sont ne le disent pas ou peu, et dans ce dernier cas expliquent jusqu'à se justifier. Sachez encore que si vous êtes de droite, vous êtes conservateur, réactionnaire, fasciste, nazi; cela ne s'écrit pas en mots, chaque moment du temps en est l'illus- tration. Des groupuscules maladroits aux mensonges collectifs, rien ne nous est épargné pour qu'une idée propre de la droite soit à jamais défunte, que dis-je? qu'une idée même de la droite puisse exister. Ce meurtre savant, cet oubli de nous-mêmes s'accompagne de cris — « Qui sommes- nous? », « Où allons-nous? » — de plaintes — « Plus d'absolu, plus de valeurs » — d'adjurations — « Croire, croire enfin ». Peut-on fermer le robinet, tirer la bonde et s'étonner en même temps : « Mon Dieu, il n'y a plus d'eau! »? Dans le genre « Tout mais pas ça », politiquement, l'année 77 fut un révélateur exemplaire; l'éclatement de l'union de la gauche posant le pro- blème de manière troublante. La politique, si à l'aise dans le jeu fuite / accusation, nous offrait — offre encore — un grand spectacle. Marchais : « Vous glissez à droite! » Mitterrand : « Non! c'est vous qui faites le compromis historique avec la droite. » Fabre : « Je serai toujours à gauche. » Giscard, lui, gouvernait au centre tandis que Chirac certifiait « l'alter- nance dépassée ». Ils étaient tous à gauche de leur droite. On connaît la suite... Fabre enquête pour Giscard; Rocard s'en prend à Mitterrand qui se fige en une gauche vertueuse, déportant le rival sous son aile droite, mais restant à la droite — ouf! — du P.C. qui, lui, fraternise lors de plusieurs votes avec le R.P.R.... On y perd son latin! Si la gauche se meurt, je vais perdre ma droite! Ma droite? Pas question de « cracher dans la soupe ». Mais il faut en parler. Par définition, la vie est quotidienne. Chaque jour, chaque heure du temps nous montre des images, nous donne des lectures, fait écouter des gens et regarder des phares. Le résultat est loin de l'absolu rêvé; si loin qu'il ressemble à l'absence. Reniements, plagiats, contradictions, meurtres; peut-être sommes-nous les morts d'autres vivants, connaissons- nous l'enfer. Hors de question de s'en accommoder. Ce que vous nommez droite ne me satisfait point. J'ai connu et pratiqué les mouvements de droite ou plus extrêmes qui se sont succédé depuis 1960, j'ai cessé la-dite pratique. Pour être plus précis, j'ai commencé par l'Algérie fran- çaise; maintenant je serais plutôt contre. D'autres groupes ont suivi, les chefs n'ont pas changé. En eux doit-on lire la droite? Philosophie et combats étriqués. Attirance, sentiments pour collégiens en mal de vivre; là n'est pas ma droite. Je n'y vois que de vieux nostal- giques en quête d'un roi, quelques aigris mal remis du front russe accro- chés à Pétain, des épris de racisme ou de vertus militaires, le tout coiffé de gaullistes en dévotion de croix et récitant l'appel. Il m'importerait peu si les pères ne faisaient des fils. A trente ans d'écart l'habit est différent, mais la tête est la même. Jusqu'où va-t-on aller? Jusqu'à l'arrêt. La droite au faîte de son vide : la confusion des sens, le désir du pouvoir l'emportant sur la croyance en l'Homme. Droite bedonnante de mots, droite morte par non-croyance. Droite ne se mesu- rant à elle que par rapport aux autres. Droite de la faiblesse, ou bien des reniements; droite politique. L'en face? la gauche qui ne vaut guère mieux, clichés, slogans, haines maladroites. Mêmes mots, mêmes noms avancés. Valeurs inventées et qui pourtant leur viennent d'Elle, Elle, je veux dire la droite. Cet en face qui, là où la droite connaît le vide, res- pire la contradiction; cet en face de l'ambiguïté, qui parle d'Elle, qui lit des textes « de droite » comme un roman sur la pédérastie, avec cette atti- rance accompagnée du cri : « Pourvu que je n'en sois pas! » Cet en face qui étudie et parle pour détruire..