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N° 2737 L’ACTION 0 61e année du 29 novembre 0 au 19 décembre 2007 Prix : 3s (20 F) FRANÇAISE 0 paraît provisoirement les premier et troisième jeudis de chaque mois 10, rue Croix-des-Petits-Champs, 75001 Paris – Téléphone : 01-40-39-92-06 – Fax : 01-40-26-31-63 – Site Internet : www.actionfrancaise.net Tout ce qui est national est nôtre

Prochain numéro BANLIEUES,BANLIEUES, TRANSPORTS,TRANSPORTS, UNIVERSITÉSUNIVERSITÉS de L’AF 2000 : jeudi 20 décembre 2007

L'ESSENTIEL Intérêt national Page 2 POLITIQUE FRANÇAISE – Sarkozy flingue Chirac L’ÉDITORIAL par Aristide LEUCATE OMENTOUX DE MICHEL FR – Le pouvoir d’achat (PAGE 3) dans l'impasse de l’euro par Henri LETIGRE d’abord ! Page 4 POLITIQUE ÉTRANGÈRE – Comment sortir de l'impasse au Liban ? – Le retour de Nawas Sharif au Pakisan HOMMAHOMMAGEGE par Pascal NARI ÀÀ PIERREPIERRE PUJOPUJO

DIMANCHE PAR 2 DÉCEMBRE 2007 Mgr LE DUC DE VENDÔME PIERRE LAFARGE KOMNEN BECIROVIC SÉBASTIEN LAPAQUE

GRAND DIDIER BÉOUTIS ARISTIDE LEUCATE

BANQUET STÉPHANE BERN JEAN-BAPTISTE MORVAN

DES AMIS ANNE BERNET HOUCHANG NAHAVANDI DE STÉPHANE BLANCHONNET THIBAUD PIERRE L’ACTION BERNARD BONNAVES RENÉ PILLORGET FRANÇAISE THIERRY BOUCLIER PHILIPPE DE SAINT-ROBERT ÉDOUARD BOULOGNE JOSEPH SANTA-CROCE EN HOMMAGE À PIERRE CHAUMEIL JEAN DUTOURD ABBÉ GUILLAUME DE TANOÜARN PIERRE PUJO JEAN-PHILIPPE CHAUVIN DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE ROMAIN VINDEX Palais de la Mutualité, PAUL-MARIE COÛTEAUX MICHEL FROMENTOUX 24, rue Saint-Victor, PAGES 5 À 14 Paris 5e. JEAN-PHILLIPE DELLUS ÉLIE HATEM

GRÉGOIRE DUBOST TONY KUNTER M 01093 - 2737 - F: 3,00 E Voir page 16 3:HIKLKJ=XUXUUU:?m@h@n@h@a; POLITIQUE FRANÇAISE BIOÉTHIQUE Coup de tonnerre ! Sarkozy Le pouvoir d’achat ■ C’est certainement la meilleure nouvelle des dix der- flingue Chirac dans l’impasse de l’euro nières années. Jan Wilmut, père de Dolly, le premier mammifère ls ont osé ! par qu’une fois re- ’ambition par hésion face à la cloné, a décidé de renoncer au Jacques Chi- Aristide LEUCATE devenu “simple” présiden- Henri LETIGRE réalité inflation- clonage humain comme mé- Irac, ci-devant citoyen, le prési- Ltielle de re- niste. Les gains thode de reproduction de l’être président de la République, s’est dent de la République pourrait lancer l’économie française en supposés de ces quelques ré- vu signifier, le 21 novembre, par répondre de ses actes devant la augmentant le pouvoir d’achat des formes seront inférieurs à la humain, et à défaut de création le juge d’instruction Xavière Si- justice ordinaire. consommateurs va se heurter à hausse réelle des prix. L’opposi- des lignées de cellules souches méoni, sa mise en examen pour de nombreuses contradictions. Les tion aux réformes sarkoziennes embryonnaires. détournement de fonds publics et n’en sera que plus forte. Rappelons de quoi il s’agit. faux en écriture publique. La ma- Il faut abattre L'opposition L’Allemagne est depuis les an- Cloner signifie créer des em- Chirac ! aux réformes nées soixante le laboratoire éco- bryons sans l’aide de sperma- Nicolas Sarkozy de Nicolas Sarkozy nomique de la Communauté eu- tozoïdes en injectant le noyau voit d'un mauvais Aussitôt dit, aussitôt fait, pour- pourrait ropéenne. Les grèves qui s’y dé- de n’importe quelle cellule dans rait-on dire. Sauf, qu’entre temps, roulent sont le signe que l’enjeu œil que son ennemi s'accentuer. un ovule. Ce qui permettrait intime aille il y eut la condamnation d’Alain va se déplacer sur le front social. peut-être de fabriquer des em- Juppé, le 1er décembre 2004, par Les cheminots germaniques ré- bryons humains pour les utili- siéger au Conseil la cour d’appel de Versailles, à grandes orientations économiques clament une augmentation de ser pour l’expérimentation. Et constitutionnel. quatorze mois de prison avec sur- de Nicolas Sarkozy se résument 31 % de leur salaire ! 31 %, c’est même de créer en laboratoire sis et un an d’inéligibilité. S’en- à deux principes qui ne résisteront aussi l’ampleur de la hausse du un être humain coupé de toute gistrate qui s’était déjà fait un nom suivit sa déroute aux élections lé- pas aux réalités : replacer la prix de l’essence en France au paternité, ce qui n’a pas encore dans l’ombre du juge Van Ruym- gislatives de juin 2007, exorde à France au cœur de l’Union euro- cours des deux dernières années. été réalisé et n’est peut-être pas beke, dans l’affaire ELF-Frégates une mort politique annoncée, sa péenne et réformer nos structures Nous sommes très loin d’une de Taïwan, peut désormais se tar- réélection à la mairie de Bordeaux pour libérer les forces productives. hausse du pouvoir d’achat, n’en réalisable. guer d’être parvenue à faire tom- Les attaques verbales du Pré- déplaise au président “suractif”. ■ Le savant pose quatre af- ber l’ancien chef de l’État sous les sident à l’encontre de la BCE res- firmations : fourches Caudines de la Justice. tent sans lendemain. Le gouver- 1) En clonant, nous ris- nement ayant choisi de relancer la LE PRIX quons de transmettre ou d’in- construction européenne, il ne sau- duire des maladies génétiques. Quand Chirac rait aller jusqu’à la véritable rup- HUGUES CAPET 2) Les lignées de cellules était intouchable ture en abandonnant l’euro... Or, 2007 souches embryonnaires n’ont cette monnaie censée nous pro- aucun intérêt vis-à-vis des cel- Il est fait grief à ce dernier, téger de la hausse des prix mène ■ Il a été décerné au Cercle lules souches dites adultes, que lorsqu’il était maire de Paris, aujourd’hui dans une impasse. de l’Union Interalliée par les l’on trouve partout et qui n’ont d’avoir, entre 1983 et 1995, re- La faiblesse (officielle) de l’in- membres du Jury sous la pré- pas les mêmes inconvénients. cruté et rémunéré pas moins de flation ne provient pas de la force sidence de S.A.R. la Prin- 3) Il est possible de trans- trente-cinq chargés de mission, de l’euro, mais de l’ouverture des cesse Béatrice de Bourbon former les cellules souches tous occupant des emplois fictifs. frontières aux produits de mau- des Deux Siciles à MAX On se souvient que les deux man- vaise qualité, qui inondent nos adultes de manière à ce qu’elles GALLO, ancien ministre, dats de Jacques Chirac furent marchés depuis 1986 et l’aban- aient la même efficacité que les membre de l’Académie fran- émaillés de rebondissements ju- don par la France et les autres cellules embryonnaires. diciaires, au point que les plus Jacques Chirac États européens de toute souve- çaise, pour son ouvrage 4) Ce type de manipula- hautes autorités juridictionnelles Les déboires judiciaires de l’ancien raineté en matière de commerce LOUIS XIV le Roi-Soleil paru tions pose un problème d’ordre de l’État s’en sont mêlées pour président de la République extérieur. L’inflation moyenne a aux éditions XO.La tradition- moral. tenter de lui sauver la mise. Le portnt atteinte à l’image donc été trompeuse. Le prix des nelle soirée de remise du Prix Ainsi, le “pape” du clonage 22 janvier 1999, le Conseil consti- de la France à l’étranger. produits importés de Chine et au lauréat se déroulera le lundi renonce à cloner des êtres hu- tutionnel, alors présidé par Ro- d’Asie du Sud-Est a compensé 4 février 2008 dans le Salon mains, estimant que c’est à la land Dumas (qui en démission- en mars 2008, étant loin d’être ac- dans l’indice de l’INSEE la forte Foch du Cercle de l’Union In- fois inutile et immoral, même er nera le 1 mars 2000 à cause de quise. Puis survint, dans la fou- augmentation des biens sans sub- teralliée au nom d’hypothétiques béné- sa mise en examen dans l’affaire lée, la mise en examen retentis- stitut étranger (immobilier notam- fices thérapeutiques. ELF), jugea que « le président sante de Dominique de Villepin ment). Étant donné l’ampleur des Or, Mme Valérie Pécresse de la République, pour les actes dans la nauséabonde et glauque importations, ce processus arrive vient d’inaugurer I-Stem, dirigé accomplis dans l’exercice de affaire Clearstream. Les chira- à son terme. par le docteur Peschanski pour ses fonctions et hors les cas quiens historiques, les fidèles de précisément faire les re- de haute trahison, bénéficie la première heure, éliminés les cherches auxquelles Wilmut d’une immunité ; pendant la uns après les autres, la tentation Effet pervers vient de renoncer. I-Stem est fi- durée de ses fonctions, sa res- est grande de vider Chirac lui- ponsabilité pénale ne peut être même des couloirs de la Répu- La force de l’euro, qui va de 10, rue Croix-des-Petits-Champs, nancé pour moitié par l’argent 75001 Paris mise en cause que devant la blique. Ça défouraille pour un rien pair avec la faiblesse du dollar, a du contribuable et pour l’autre Tél. : 01-40-39-92-06 • Fax : 01-40-26-31-63 Haute Cour de justice ». En et ça flingue dans tous les coins même un effet pervers rarement moitié par le Téléthon. Pes- I.S.S.N. 1166-3286 mars 2001, le juge Halphen, après et recoins du sarkoland. évoqué. Les pays exportateurs de chanski est lui-même payé par • Directeur : Pierre Pujo = avoir, en franc-tireur, convoqué Il est vrai que Nicolas Sarkozy, pétrole et de matières premières, l’Europe pour faire les re- • Secrétaire de rédaction : Chirac en qualité de témoin, dut voit d’un mauvais œil, par qui commercialisent des produits Michel Fromentoux cherches sur ce créneau : ce- se rétracter par une ordonnance exemple, que son ennemi intime dans la devise américaine mais lui du clonage embryonnaire dit • Politique : Georges Ferrière, du 25 avril 2001 dans laquelle il aille siéger au Conseil constitu- importent des produits européens, Yves Lenormand “thérapeutique”. se déclarait incompétent pour ins- tionnel (comme il le fit récemment souffrent de la chute entamée par • Politique étrangère : Pascal Nari Rappelons cette phrase de truire sur la participation de pour valider les tests ADN), quand le dollar en 2003. Ils ont réagi en • Économie : Henri Letigre, Peschanski dans Sciences et Jacques Chirac à la commission bien même la Constitution lui en augmentant les prix. La mondiali- Serge Marceau. Avenir de septembre 2005 des infractions qui lui étaient re- donne le droit. Ce, d’autant plus, sation et son modèle de course • Enseignement, famille : (p. 44) : « De pouvoir dé- prochées. La Cour de cassation, que l’actuel président du Conseil au gaspillage ont fait le reste... Michel Fromentoux, chef de rubrique montrer l’utilité du clonage, dans un arrêt de son Assemblée constitutionnel, Jean-Louis De- L’offre limitée ne peut faire face à • Sciences et société : Guillaume Chatizel, plénière du 10 octobre 2001, par- bré, est un proche de Jacques une demande en pleine expan- mais, ça je suis capable de • Outre-mer : Pierre Pujo acheva le système immunitaire du Chirac. Or, le président Sarkozy sion, amplifiée par l’organisation le faire sur-le-champ. » Ap- • Médecine : Jean-Pierre Dickès président de la République, en y ne peut, à l’évidence, laisser le d’une production qui éloigne de paremment, Wilmut, le premier • Livres : René Pillorget, Anne Bernet, biologiste à avoir tenté une telle introduisant, toutefois, une nuance cheval de Troie Chirac dans la plus en plus le lieu de consom- Pierre Lafarge, Philippe Aleyrac, dont nous voyons aujourd’hui les place, au risque, plus tard, de voir mation du lieu de fabrication, ce démonstration, nous dit exac- Romaric d’Amico conséquences avec la mise en l’invalidation de lois le mettre en qui induit une consommation crois- tement le contraire. C’est un • Arts-lettres-spectacles : examen de Chirac. sérieuse difficulté. sante de carburant... Le mythe de Renaud Dourges, Monique Beaumont véritable coup de tonnerre dans Les hauts magistrats, exci- La mise en examen de Chirac l’euro, barrière contre l’inflation, • Cinéma : Alain Waelkens le monde du “scientifiquement pant du fait que celui-ci était « élu n’est pas passée inaperçue à est mort en 2007 : le prix du plein • Combat des idées : Pierre Carvin, correct”. par le peuple pour assurer, no- l’étranger. Son impact est d’ailleurs le confirme sans appel. Jean-Philippe Chauvin tamment, le fonctionnement ré- tel qu’elle remet singulièrement La modernisation des struc- • Art de vivre : Pierre Chaumeil Dr Jean-Pierre DICKÈS gulier des pouvoirs publics et en cause le rôle que s’était assi- tures productives passe, notam- • Chroniques : Jean-Baptiste Morvan, François Leger Président de la continuité de l’État », en gné l’ancien président de la Ré- ment, par la détaxation des heures • Rédacteur graphiste : Grégoire Dubost l’Association catholique conclurent qu’aucun juge ne de- publique au sein d’instances in- supplémentaires et l’allongement • Photos : François Tabary des Infirmières vait l’attraire dans les prétoires ternationales onusiennes. du nombre d’années de travail des et Médecins « pendant la durée de son man- régimes spéciaux. Mais ces deux Abonnements, publicité, promotion : dat ». Cela voulait donc dire [email protected] réformes ne peuvent emporter l’ad- Monique Lainé

2 L’Action Française 2000 n° 2737 – du 29 novembre au 19 décembre 2007 SIGNES ÉDITORIAL DES TEMPS

Égalité INTÉRÊT NATIONAL D’ABORD ! Nicolas Sarkozy a plusieurs fois insisté sur sa nouvelle ne banlieue qui commence à brûler, des fins de carrière, compléments de retraite) façon d’envisager la diplo- une grande grève des transports dont par dont certains sont légitimes mais qui, envi- matie : parler “franchement” on ne sait si elle est “suspendue” ou Michel FROMENTOUX sagés dans un climat de surenchère, finiront des sujets qui fâchent avec ses U interlocuteurs étrangers. Au réellement terminée, des facultés encore blo- par coûter cher au budget français et par sub- quées par des syndicats étudiants... et, pour parce qu’elle semble ne plus y croire elle- stituer des “privilèges” à d’autres “privilèges”. nom de quoi il a interpellé son gérer tout cela, un président de la République même. Avec cela quid du “service minimum” qui avait homologue chinois à propos de parti parler “gros sous” avec les Chinois et se Qui plus est, ceux qui gouvernent cette été annoncé comme déjà une victoire du la peine de mort : « Je ne vous préparant à signer, probablement le 13 dé- France semblent n’avoir de cesse d’abandon- quinquennat ? demande pas de l’abolir com- cembre, le fameux “mini-traité” européen de ner le destin national à une Europe apatride et Il ressort aussi de ces journées de grève plètement, mais d’accentuer Lisbonne qui réduira la souveraineté de la désincarnée qui ne représente absolument rien que les syndicats officiels, soudain convertis le mouvement qui s’esquisse France et donc les possibilités pour celle-ci de à leurs yeux.... Comment, dès lors, avoir en- au réformisme, ne représentent et donc ne tout doucement ». Fort bien. résoudre elle-même et selon son génie propre vie de s’intégrer à un pays qui lui-même se contrôlent plus leur “base “, nettement révo- Mais on ne sache pas qu’il ait les crises qu’elle traverse. désintègre et se liquéfie ? lutionnaire. Dans un pays qui, au nom de prin- tenu le même discours à ses L’heure n’est pas à l’euphorie en cette fin N’oublions pas que, quelques jours avant, cipes guidés par un individualisme foncier ne “amis” américains... 2007, et la prétendue miraculeuse “méthode la Marseillaise avait été sifflée au stade de disposent pas de vraies organisations profes- Sarkozy” a du plomb dans l’aile. France lors d’un match France-Maroc et cela, sionnelles, l’évolution vers toujours plus de Absence dit Ivan Rioufol dans Le Figaro du 23 no- lutte des classes peut-elle être empêchée ? vembre, « dans l’indifférence générale », le Une fois n’est pas coutume, De nouveau public ne soutenant « que les footballeurs il nous faut partager l’opinion les banlieues... musulmans ». C’est dire combien il est grave Non à la mondialisation d’Olivier Besancenot : « La que le pouvoir lui-même pousse à la déli- des intelligences vraie force de Sarkozy, c’est Nous espérons encore en ce mardi matin quescence du sentiment national. pas qu’il est partout, c’est que l’embrasement soudain de Villiers-le-Bel Autre domaine où la méthode Sarkozy ré- qu’une partie de la gauche ne provoquera pas une montée de la violence vèle sa nullité : celui de la réforme universi- est nulle part ». Mais on dans les banlieues comme on en connut il y a Les “égoïsmes taire . Des gauchistes irresponsables et tout à pourrait nuancer : la gauche juste deux ans. Il faut toutefois réfléchir sur catégoriels” fait minoritaires “bloquent” certaines facultés, n’est pas nulle part, elle est au le fait qu’il ait suffi que deux jeunes impru- exerçant une sorte de terrorisme sur les étu- gouvernement, au FMI et dans dents roulant trop vite et sans casque en mini- Ivan Rioufol, dans le même article, rap- diants qui veulent aller en cours. Ils préten- les commissions créées par motocross se télescopent malencontreuse- proche cette Marseillaise sifflée du « com- dent s’opposer à la loi Pécresse sur l’autono- Sarkozy. Ce régime bipolaire ment avec une voiture de police et qu’ils y portement insurrectionnel » d’une extrême mie des universités qu’ils n’ont pour la plu- qui n’a plus qu’un seul pôle trouvent la mort, pour qu’aussitôt les “jeunes” gauche qui, n’hésitant pas à saboter les voies part même pas lue. Les agitateurs patentés pourra-t-il longtemps survivre ? de la cité et des cités environnantes accusent ferrées, s’est obstinée à entretenir dans le pays savent que depuis vingt ans tous les gouver- les policiers de meurtre et déclenchent une un « égoïsme catégoriel » poussant jusqu’au nements ont cédé devant l’agitation étudiante. émeute sanguinaire. Beaucoup croyaient que dernier moment les grévistes de la SNCF et M. Sarkozy fera-t-il exception ? D’ores et déjà Intégrisme ces horreurs ne se reproduiraient plus parce de la RATP à durcir leurs positions. l’homme “qui ne recule pas”, a cédé au moins que depuis deux ans les gouvernements avaient Bien sûr l’immense majorité des Français pour un point, celui de la sélection à l’entrée Au Soudan, une institutrice versé beaucoup d’argent aux banlieues diffi- qui en avaient assez de “marcher” (dans les de l’université. L’idéologie est toujours là : en- britannique a été arrêtée parce ciles. Comme si des moyens matériels pou- deux sens du mot : mettre un pied devant trer en fac ne se mérite pas, c’est un droit. qu’elle avait choisi un ours en vaient, à eux seuls, offrir à des populations dé- l’autre et se laisser duper), ou d’aller à bicy- Le système d’autonomie établi par la loi peluche comme mascotte de la racinées le sentiment d’appartenir à une pa- clette ou de poireauter sur un quai de gare, se Pécresse met tout simplement les universités classe et qu’elle avait laissé les trie.... On le sait aujourd’hui : l’intégration sont réjouis de la fin (?) des grèves de no- sous la coupe des puissances d’argent, les féo- enfants le baptiser Mohammed. n’est pas partout pour demain. vembre. Les commentateurs, pour leur part, dalités anarcho syndicales ont ainsi toute la- Pour les autorités de Karthoum, Bien sûr M. Sarkozy, au pouvoir depuis ne cessent de louer la “méthode Sarkozy”. À titude pout y imposer leur loi et pour forma- il s’agit d’une intolérable seulement six mois, ne peut avoir résolu un bien observer les choses, il semble qu’une fois ter les esprits dans le sens de la mondialisa- représentation du prophète qui problème aussi profond. Mais en a-t-il pris au encore, l’esbroufe ait tenu lieu de règle de tion , ce que les jeunes d’Action française doit être punie de 40 coups de moins le chemin ? Se rend-il seulement compte conduite : M. Sarkozy devait absolument avoir dénonceront vigoureusement ce samedi 1er dé- fouet et des mois d’emprison- de la grande réforme intellectuelle, morale, le dernier mot pour ne pas perdre la face de- cembre dans une réunion publique (voir page nement. Charmant pays... éducative qui s’impose d’urgence ? vant l’opinion, mais le tissu national n’en sort 15) en définissant ce que devrait être la véri- Le malheur dépasse de beaucoup les ques- nullement renforcé. table autonomie : la possibilité hors de la tu- Tabac tions de police ou d’équipement : ces popula- Car il se flatte de n’avoir pas cédé tout en telle de l’État, de retrouver un esprit de corps, tions, par l’école, par les médias, par le spec- se vantant d’en être arrivé à ce que dans ce qui permette à chaque université, par le libre tacle même de la rue, voient le plus souvent conflit il n’y ait « ni vainqueurs ni vaincus ». choix des programmes et des recrutements, de Une petite phrase fait la France comme un pays apostat, qui ne montre En fait le président n’est pas un adepte du prin- s’élever à l’excellence. Il est temps d’en finir actuellement un tabac chez les nulle fierté de son passé, qui même se repent cipe est est no no : pour lui une chose peut co- avec les idéologies égalitaristes. buralistes, en croisade contre d’avoir été l’un des flambeaux de la civilisa- habiter avec son contraire, ce qui est vrai avec Crise des banlieues, crise sociale, crise uni- l’interdiction totale de fumer tion, un pays, en somme, qui n’a rien de grand ce qui est faux, des affirmations justes et né- versitaire... Toute crise est destinée à sombrer dans les lieux publics à compter à transmettre. C’est ainsi que la France se prive cessaires avec la négation de ces affirmations. dans des compromis jamais satisfaisants tant du 1er janvier 2008 : “Interdire elle-même des moyens de se faire respecter et Ainsi a-t-on, au plus fort des grèves, réclamé qu’aucune instance, aucune force, aucune au- de fumer dans les endroits où aimer de populations auxquelles nos élites po- non pas la reprise du travail, mais demandé torité indépendante vis-à-vis des clans, des on vend du tabac, c’est litiques, intellectuelles, et même souvent, hé- une « dynamique de reprise du travail » groupes de pression et des humeurs de l’opi- quand même curieux”. Et à las, religieuses, sont incapables de faire com- (sic).... Ainsi M. Sarkozy a-t-il pu soutenir que nion n’est là pour placer les négociations sous qui doit-on cette petite phrase prendre qu’être Français, cela se mérite comme la réforme des “régimes spéciaux” était in- le seul terrain du bien commun national. M. frappée au coin du bon sens ? un honneur. dispensable sans donner tort à ceux qui la re- Sarkozy peut bien bomber le torse, ni la ré- Nicolas Sarkozy lors d’un Le fait qu’à Villers-le-Bel, les “jeunes” se fusaient mordicus. C’est pourquoi il fait pro- publique ni son gadget de “mini traité euro- déplacement en Lozère en soient acharnés à incendier, outre les voitures, céder durant ces deux semaines à une foule péen” ne lui donneront la possibilité de faire octobre 2006. une école et une bibliothèque toute neuve donne de négociations en vue de “compensations”, beaucoup mieux. La vraie crise est d’abord toute la mesure de cette haine à l’égard d’une “accommodements” “adaptations”, “aména- celle du régime. Guillaume CHATIZEL France qui ne sait pas faire goûter sa culture gements” (compte-épargne, accompagnement ■

NOTRE SOUSCRIPTION POUR L’A.F.

n Ce numéro est tout à fait exceptionnel. main. Notre journal ne peut vivre que de votre Tous nos amis le garderont comme un té- générosité. Plus que jamais, après le mal- LISTE N° 16 moignage historique. Nous l’avons conçu et heur qui nous frappe et en souvenir du grand réalisé, non sans émotion, avec toute la vé- disparu, nous comptons sur votre soutien Virements réguliers : Gal Jacques le C & C. Schépens, 100 ; Bernard Philips, 100 ; nération que nous éprouvons pour Pierre pour réaliser un journal toujours plus at- Groignec, 15,27 ; Louis Petit, 30,49 ; Mme Mme Marie-Christiane Leclercq-Bourin, 80 ; Pujo, mais aussi dans un esprit d’espérance, trayant et plus combatif que jamais. Aidez- Marie-Magdeleine Godefroy, 22,87 ; Mme Roger Beaudeloche, 45 ; Mme Yvonne Dakin, tel qu’il eût souhaité nous voir nous prépa- nous ! Tatiana de Prittwitz, 45,73 ; 50 ; Mme Francine Remacle Ebroussard, 50. rer à continuer son œuvre. L’esprit en somme Michel FROMENTOUX Pour les “60 Bougies”: Charles Marsal, qui nous animera tous au grand banquet de 60 ; Gérald Wailliez, 60 ; Total de cette liste : 989,33 s dimanche prochain à la Mutualité. * Prière d’adresser vos dons à Mme Geneviève En hommage à Pierre Pujo : Alain Le Liste précédentes : 33 884,24 s Comme Pierre l’a fait durant tant d’an- Castelluccio, L’Action Française 2000, 10, rue Marchand 100 ; Mlle Chantal Mallard, 60 ; Total : 34 873,57 s nées, il nous faut encore vous tendre la Croix-des-Petits-Champs, 75001 Paris. Étienne Pastre, 100 ; Mlle Inès Michel, 80 ; Total en francs : 228 747,60 F

L’Action Française 2000 n° 2737 – du 29 novembre au 19 décembre 2007 3 POLITIQUE ÉTRANGÈRE

a fin du mandat du prési- dent Lahoud et l’incapa- LIBAN PAKISTAN Lcité du parlement libanais de lui choisir à la majorité qua- Le retour de lifiée un successeur, ouvre une nouvelle période de crise et d’in- Comment sortir de l'impasse ? certitude dans ce pays qui n’a Nawas Sharif vraiment jamais connu depuis si le camp chrétien donnait son par détacher Damas, où règne un plus de quarante ans une si- aval préalable au choix du pré- Pascal NARI système socialisant et séculier, lat. Or, ce sont les partis de la des ayatollahs de Téhéran. Sans le relais syrien majorité et plus particulièrement de la république islamique. Cette L’, s’il s’exprime les ayatollahs seront les députés chrétiens, qui n’ont dernière s’en sert comme mon- d’une seule voix, s’il fait com- retenu aucun des trois noms naie d’échange dans sa politique prendre aux Syriens qu’il serait privés de moyens suggérés par le cardinal, pour- nucléaire. Elle a besoin d’un an prêt à négocier avec eux d’une de s'ingérer tant des personnalités neutres à dix-huit mois pour posséder manière globale, sauf sur l’in- tant au Liban de compromis. Cela avec tous “sa bombe”, toute nouvelle crise dépendance reconnue du Liban qu'en Palestine. les dangers et conséquences dans la région l’aiderait à pro- qui serait non négociable, pour- Le coup pourrait que l’on devine. longer le sursis actuel qui consti- rait créer la fracture salvatrice tue sa planche de salut. Pour- entre Téhéran et Damas. Cela leur être fatal. tant, au cours de la crise ac- porterait un coup décisif, autant Détacher tuelle, le Hezbollah qui a tout de sinon plus qu’un bombardement tuation de paix et d’équilibre. Damas même besoin d’une certaine désormais ouvertement envi- Selon les traditions consti- de Téhéran cote de confiance dans l’opinion sagé, au régime de Téhéran. ■ L’apaisement que nous tutionnelles libanaises, héritées libanaise, a été relativement mo- Mais une telle négociation glo- avions laissé espérer dans de la fin du mandat français et Les efforts sur place de la di- déré, apportant même son sou- bale inclut les Israéliens et l’éva- notre dernier numéro est en le célèbre “pacte national”, le plomatie française, l’appel direct tien à Michel Aoun, ménageant cuation du plateau du Golan. Tel route au Pakistan : non sans chef de l’État devrait être ma- du président Sarkozy au chef de surtout le cardinal Sfeir. Aviv l’envisage, l’évoque même difficultés ni attentats sanglants ronite, le chef du gouvernement l’État syrien Bachar El Assad, Cela étant, quel que soit l’in- mollement. perpétrés par des groupus- sunnite et celui du parlement les efforts du cardinal Sfeir n’ont fluence de Téhéran sur la scène Autrement dit, l’évacuation cules islamistes. chiite. La majorité qualifiée re- pas eu de résultats. Y aurait-il libanaise, elle est très grande, du plateau du Golan, une paix Si l’état d’urgence n’a tou- quise pour l’élection du prési- une autre porte de sortie ? On elle ne peut s’exercer que par durable entre la Syrie et l’État jours pas été levé – épée de dent impose une certaine en- pourrait l’envisager. l’intermédiaire et en tout cas hébreu, la normalisation des rap- Damoclès tenue par le géné- tente intercommunautaire entre ports avec Damas assortie d’une ral-président Musharraf et les députés appelés à le dési- aide économique à ce dernier, l’état-major de l’armée – les gner. Dans le cas de figure ac- contre une stabilisation défini- prisonniers politiques ont été tuel la majorité (simple) parle- tive au Liban, la stabilisation tous libérés, Mme Bhutto a mentaire composée de sunnites, aussi en Palestine et l’isolement commencé sa campagne pour druzes et une partie du “camp de Téhéran. Sans le relais sy- les élections de janvier et, sur- chrétien” avait besoin des suf- rien les ayatollahs seront privés tout, Nazaw Sharif, l’autre frages d’au moins une partie de de moyens de s’ingérer tant au grand “leader” politique, éter- la minorité prosyrienne – chi’ites Liban qu’en Palestine. Le coup nel rival de Bénazir, est ren- et la formation politique du gé- pourrait leur être fatal. tré dimanche soir de son long néral maronite Aoun – pour pou- exil. Cette fois-ci, le pouvoir voir élire le chef de l’État. Le ne l’a pas empêché de dé- “camp chrétien” malgré les ef- Le “grand jeu” barquer. forts des diplomaties occiden- Le jeu de Musharraf et de tales, française surtout, et la mé- Ce “grand jeu” est, dit-on, sé- l’armée ne manque pas d’ha- diation du cardinal Sfeir, n’a pas rieusement envisagé par la di- bileté. Sharif passe pour anti- réussi à se mettre d’accord sur plomatie française. Au Quai américain, ce qui est exces- une personnalité susceptible de d’Orsay on est conscient de l’en- sif. Il était difficile de l’écarter satisfaire “ceux d’en face”, pro- jeu. Il est vrai qu’on y connaît de la scène politique pakista- syriens ou présentés comme tels mieux la région que les Améri- naise au moment où on y joue Le général Aoun, maronite et cains. à la démocratie. En revanche patriote au passé anti-syrien que Néanmoins, il faut convenir sa présence équilibre l’in- l’on connaît, avait l’appui des que c’est un jeu ou une action fluence de Bénazin Bhutto et chi’ites et, semble-t-il, de Da- de longue durée et de caractère ouvre même, nous disait ce mas. La majorité n’en veut pas. fondamental et structurel. La dimanche soir un connaisseur Cela aurait pu être la solution France s’y est engagée. Mais il des méandres pakistanais, la du moindre mal surtout si on faudrait trouver une solution d’ur- perspective d’un ticket de re- connaît la flexibilité récente et gence au Liban qui puisse faci- change, Musharraf-Sharif le pragmatisme d’Aoun. D’où liter l’action de longue durée. voire d’une solution de “grande l’impasse. Elle pourrait durer Si Paris réussit à débloquer coalition”. sauf si au cours des derniers dans l’immédiat la crise liba- Tout est possible. Rien jours c’est-à-dire avant la fin no- naise, il aura remporté un suc- n’est exclu. L’affaire est à vembre, une issue pouvait être cès considérable qui lui per- suivre. À l’inverse de tous les trouvée On entrerait sinon dans mettra de mieux s’impliquer sur commentateurs notre inquié- une période de tous les dan- la scène proche-orientale. En tude est plutôt mesurée car, gers. revanche, si l’impasse perdure au Pakistan, le pire sera tou- Cette issue s’était dessinée Le Hezbollah, totalement in- avec la totale complicité de Da- au Liban, cela sera un revers jours évité grâce à l’armée. lorsque la minorité a laissé en- féodé à Téhéran avec ses mas. La grande solution diplo- pour la diplomatie française et Même si c’est par définition tendre qu’elle accepterait le can- soixante mille combattants sur- matique, celle qu’aurait prati- un échec pour l’Occident. provisoire. didat d’union suggéré par le très armés et entretenus par les aya- quée un Richelieu ou un Tal- Les journées que nous vi- P.N. respecté cardinal Nasrollah Sfeir tollahs, joue naturellement le jeu leyrand, ne serait-elle pas de vons sont donc décisives. ■

TARIF DES ABONNEMENTS LEE TRÉSORRÉSOR (paraît les 1er et 3e jeudis de chaque mois) L T 1. Premier abonnement 5. Abonnement de soutien France (un an) ...... 76 s (un an) ...... 150 s DEDE LL’A’ACTIONCTION FRANÇAISEFRANÇAISE 2. Premier abonnement 6. Étudiants, ecclésiastiques, Étranger (un an) ...... 85 s chômeurs (un an) ...... 45 s UJO 3. Abonnement ordinaire (un an) . 125 s 7. Outre-mer (un an)...... 135 s Sous la direction de Pierre P 4. Abonnement de six mois ...... 70 s 8. Étranger (un an) ...... 150 s Avec Sarah BLANCHONNET, Stéphane BLANCHONNET, Grégoire DUBOST, Michel FROMENTOUX, Vincent GAILLÈRE, Pierre LAFARGE, BULLETIN D’ABONNEMENT Aristide LEUCATE, Alain RAISON, Francis VENANT Nom ...... Prénom ...... Adresse ...... Depuis sa fondation en 1899, l'école d'Action française a produit Code postal ...... Ville ...... un nombre considérable d'ouvrages de critique historique, politique, Tél...... Courriel ...... littéraire, qui, ensemble, constituent un trésor. Trente et un de ces ouvrages ont été Entourez le numéro correspondant à votre abonnement sélectionnés pour faire l'objet d'articles publiés dans L'Action Française 2000 en 2004 et 2005... Bulletin à retourner à L’Action Française 2000 10, rue Croix-des-Petits-Champs, 75001 Paris – C.C.P. Paris 1 248 85 A

4 L’Action Française 2000 n° 2737 – du 29 novembre au 19 décembre 2007 L’AF EN DEUIL

Déjà plus de deux semaines se sont écoulées depuis ce matin du 10 novembre où Pierre Pujo nous a quittés HOMMAHOMMAGEGE ÀÀ pour la Maison du Père. Nous mesurons chaque jour un peu plus combien il nous manque. Mais dans nos cœurs, nous l’entendons sans cesse PIERREPIERRE PUJOPUJO nous dire que nous avons une œuvre à continuer. À LA MADELEINE C’est pourquoi les articles Cortège et les témoignages que de Jeanne d’Arc, LE 16 nous rassemblons dans ce mai 2006 numéro d’hommage à notre NOVEMBRE directeur trop tôt disparu sont empreints d’une En présence de tristesse contenue mais Mgr le comte de Paris, aussi d’une ferme volonté duc de France d’aller de l’avant. Ils émanent d’hommes et de ■ Les obsèques de Pierre Pujo femmes de toutes ont été célébrées le vendredi 16 sensibilités politiques et de novembre 2007 à 9 heures, à toutes générations. Paris, en l’église de la Made- Certains surprendront nos leine où les fidèles se sont ras- lecteurs habituels, mais semblés en nombre malgré nous avons voulu les l’heure matinale et les difficul- reproduire dans toute leur tés causées par les grèves des spontanéité : n’est-ce pas transports. Des amis sont ve- la caractéristique d’un riche nus de toute la France, même personnalité que de pouvoir d’Outre-mer, ne craignant pas être jugée de différentes façons ? de voyager la nuit durant pour assister à la cérémonie qui s’est D’ailleurs tous ces textes tenue en présence, notamment, convergent pour louer de Mgr le comte de Paris, duc Pierre Pujo de n’avoir de France, SAR le prince Sixte- jamais dévié dans son combat pour l’intérêt Henri de Bourbon Parme, SAI national. C’était, au la princesse Vinh Thuy. Derrière temporel, sa seule grande eux, à gauche de la nef centrale, passion, la mission qu’il se trouvaient les responsables savait avoir reçue par sa du Comité directeur de l’Action naissance au sein d’une française et les rédacteurs de famille toute vouée à la L’AF 2000 ; à droite s’était ré-

France. Pour accomplir sduroi.com unie la famille de Pierre : sa librement donc pleinement sœur Marielle Pujo, ses cousins, cette mission il a neveux et filleuls. courtoisement, mais La messe fut dite par le père

vigoureusement, défendu Photo lesmanant François de Charnacé, qui rap- l’indépendance de l’Action pela que Pierre Pujo avait été française dont il n’a jamais voulu qu’elle fût liée ou membre du service d’ordre de inféodée à quelque la Madeleine. L’homélie fut pro- idéologie ou quelque intérêt noncée par l’abbé Guillaume de particulier ou quelque parti Le 16 novembre Tanoüarn, qui dépeint le portrait politique, quelles que à la Madeleine fidèle d’un « moine soldat » fussent par ailleurs les dont l’abnégation force l’admi- affinités intellectuelles ou ration. L’absoute, célébrée se- spirituelles qui pouvaient lon le rite traditionnel, fut suivie exister. d’une longue procession. À l’is- C’est en ce sens que nous sue de la cérémonie, un éloge disions dans notre dernier rédigé par Paul-Marie Coûteaux numéro qu’il était salua la mémoire d’un homme “capétien”. On peut même ayant consacré sa vie à la plus dire qu’en dépit de noble des causes, « celle de l’apparente rigidité de sa la France, de son unité, de sa pensée, Pierre Pujo aura souveraineté et finalement de rassemblé, tant autour de sa grandeur ». Un dernier hom- sa dépouille mortelle le vendredi 16 novembre en mage fut rendu à Pierre lors de l’église de La Madeleine que l’inhumation, en fin de matinée, dans les pages qui suivent, dans le cimetière de Ferrières- des Français dont certains en-Gâtinais (Loiret), en présence ne se parlaient plus mais du maire de la ville, Marius qui, au-delà des étiquettes Charnay. Photo Louis Monier qui divisent, se prévalent de De cette journée, en dépit du leur seule qualité de chagrin, nous nous efforcerons Français. Ces derniers de retenir le soutien manifesté resteront toujours par les collaborateurs du jour- reconnaissants à celui qui, LE PRINCE JEAN, DUC DE VENDÔME nal, les sympathisants et les mi- se dépensant jusqu’à son litants d’AF, parmi lesquels on dernier souffle, a réellement Lettre à Marielle Pujo comptait d’ailleurs de nombreux donné sa vie pour que, jeunes, et dont la mobilisation dans les générations à Chère Mademoiselle, vous assurer de mes pensées et de ma prière venir, ce beau nom de C’est avec beaucoup de tristesse que j’ai ap- en ce moment difficile pour vous-même et pour au service de la France et Français reste l’honneur pris le décès de votre frère Pierre Pujo. Nous ses proches. du Roi constitue la meilleure d’une vie. nous voyions quelquefois et je savais son indé- Avec mes sentiments attristées. preuve de fidélité à la mémoire de Pierre Pujo. Michel FROMENTOUX fectible attachement à notre famille. Je voulais VENDÔME G.D.

L’Action Française 2000 n° 2737 – du 29 novembre au 19 décembre 2007 5 HOMMAGE À PIERRE PUJO

Nous prions donc en sachant que la communion des saints n’est pas un vain mot dans la récitation de « Un moine soldat » notre Credo. Nous prions parce que nous savons que c’est le der- nier moyen qui nous reste de ma- Homélie prononcée nifester à Pierre notre gratitude en l’église de la Madeleine pour sa fidélité à transmettre. Nous prions parce que nous sa- le 16 novembre 2007 vons que la prière des uns pour les autres a une grande efficacité, et cette messe qui se célèbre au- ous pleurons aujourd’hui venu un excellent débatteur, tou- par l’abbé mais, c’est à l’extérieur qu’elle jaillit jourd’hui, c’est la plus belle des Pierre Pujo. Il n’était pas jours modéré, et précis. Oui, en- Guillaume de TANOÜARN dans une ouverture continuelle prières ! Ce n’est pas une prière Nseulement directeur de core, à travers cette précision, on aux personnes. Pierre était aussi simplement humaine, c’est la L’Action Française. Il a souhaité découvre ce goût pour la vérité. pas le partisan aveugle d’une vé- sur la fin de sa vie une sorte de prière même de Jésus-Christ. Tout consciemment, personnellement, Quelle était cette vérité ? rité fossilisée, on est le héraut ,et, symbole vivant, Il aurait pu se dra- à l’heure, à la consécration, c’est intimement vouer sa vie à la trans- Dans un texte de conférence à bien des titres, le héros sans per dans sa toge et mettre entre Jésus lui-même qui dira : « Ceci mission de cette méthode de pen- qu’il avait intitulé « Être d'Action peur, d’une vérité ancienne et tou- lui et le monde extérieur trois est mon corps livré , pour lui. sée qu’est l’empirisme organisa- française », Pierre cite dès la jours nouvelle, vérité qui ne se ré- portes de bureau bien fermées. Ceci est mon sang versé jus- teur de . première ligne une formule de tracte pas sur elle-même, vérité Comme une sorte de gourou ! qu’à la dernière goutte. » Nous sommes ici dans une Charles Maurras, donnée sans ré- qui n’est pas de celles auxquelles Mais, pour tous ceux qui l’ont Alors si nous ne savons pas église ; Dieu sait si Pierre était férence, et à laquelle, manifeste- il conviendrait de faire allégeance. connu, il était absolument le prier, ou bien si nous ne sommes sensible à la différence entre le Qui dira les drames, le sang ré- contraire, infiniment accessible, pas chrétiens - car l’Action fran- spirituel et le temporel. Il ne s’agit pandu par cette religion séculière toujours prêt à répondre, perdant çaise étant laïque et non chré- pas pour moi d’exalter cette po- Mgr le comte de Paris, qu’est l’idéologie ! deux heures avec un jeune de ren- tienne, il doit y avoir ce matin un litique, mais de montrer la beauté duc de France Rien d’idéologique dans cette contre et se frottant les mains en certain nombre d’entre vous qui de ce service qui suppose, avant vérité, qui ne se rétracte pas dans disant : « Je crois qu’on a fait ne sont pas chrétiens -, laissons- tout, la foi en un ordre qui dé- des idées ou des formules toutes du bon travail. » nous simplement porter. Laissons- passe les volontés humaines et faites, mais qui se diffuse comme Son nationalisme n’était pas nous porter par cette offrande, par qui se laisse observer par la rai- une méthode. Utiliser cette mé- étroit. Vous savez, la rhétorique ce sacrifice de Jésus-Christ. Nous son politique. thode aujourd’hui, cela suppose actuelle nous amène fréquemment Pierre a été ce soldat debout l’humilité et la charité. L‘humilité à associer ce substantif et cet ad- dans sa guérite disant et redisant pour recommencer sans cesse jectif. Non, son nationalisme était inlassablement quelles sont, ici et l’analyse, sans se gargariser de ouvert sur tous, sur le monde, sur

maintenant, les conditions mots mille fois entendus, et la tous ceux dans lesquels il devi- sduroi.com concrètes de l’identité nationale, charité pour transmettre cette nait la passion pour la France ou sans jamais rien chercher pour lui- analyse. C’est dans cette pers- la fidélité à une monarchie. On même, même pas les honneurs, pective que même lorsqu’il s’agit connaît la passion que Pierre a sduroi.com

même pas une mise en avant ; je d’un combat intrinsèquement po- eue pour Mayotte, cette petite île Photo lesmanant ne parle pas d’argent. litique, comme celui de Pierre, on des Comores qui a voulu rester Avec un désintéressement qui peut comprendre l’étrange réso- française. Mais à l’Action fran- pourrait devenir proverbial parmi nance de la formule évangélique çaise, il n’y avait pas que des Ma- nous, il n’a songé toute sa vie, et Photo lesmanant : « Celui qui fait la vérité vient horais. Il y avait, sous sa férule, semble-t-il depuis une prise de à la Lumière. » Si cette formule tous ceux que la France intéres- conscience en son adolescence, ment, il identifie sa démarche d’hé- de Notre-Seigneur est vraie, elle sait, à qui la France importait. Je à l’âge de quinze ans, qu’à don- ritier. « Je me vois accusé de l’est, je dirais, à un titre particu- pense, par exemple, à cette ami- ner ce qu’il savait bien qu’il ne pos- mettre en avant la politique », lier de celui pour lequel nous tié de trente ans pour Houchang SAR le prince Sixte-Henri sédait pas lui-même, la beauté de disait Maurras, repris par “son cher prions ce matin. Nahavandi, venu d’Iran, qui doit de Bourbon Parme l’idée maurrassienne comme seuls Petros” comme le vieux Charles Alors on a accusé Pierre de être ici ce matin, et pour combien ceux qui l’ont vraiment étudiée au l’appelait. « Mais dans cette pas- toutes sortes de défauts. On l’a d’autres connus et inconnus. rebours de tous les préjugés, en sion de la politique, il y a, tout accusé en particulier d’intransi- Sous son autorité, l’Action ne trouvons pas les mots, nous s’éloignant comme de la peste de en haut, la passion de la vérité. geance. Pierre était intransigeant française na jamais été un repaire ne savons pas comment prier. Je toute facilité idéologique, ont pu La vérité ! Quelque chose de sur cet esprit d’Action française, de vieux Français déphasés, ou dirai : au moins, nous savons que la comprendre. sacré dont ma vie a été fasci- de douairières emperlousées. Elle nous ne savons pas prier ! Lais- Oh ! Pierre n’était pas un ora- née, tout entière. » a toujours été jeune ! Les locaux, sons-nous porter par le Christ qui teur, il le savait, mais il était de- Et Pierre commentait, je cite : encore aujourd’hui, sont remplis prie son Père, pour chacun d’entre « Il ne s’agit pas de la vérité de jeunes, qui, si j’ose dire, sont nous : « ceci est mon corps li-

personnelle, subjective, mais sduroi.com les rois à l’Action française. Et je vré, mon sang versé » pour PADRE CHRISTIAN de la vérité objective, celle qui crois que la présence de très vous, et particulièrement aujour- BOUCHACOURT se dégage des faits. » Je dirais : nombreux jeunes ce matin rend d’hui, pour celui qui, un jour, lors- celle à laquelle on adhère que hommage à ce zèle pour trans- qu’il avait quinze ans, a décidé de UPÉRIEUR DU DISTRICT S cela nous plaise ou non, que cela Photo lesmanant mettre, à cette charité qui s’ani- donner sa vie à quelque chose de D'AMÉRIQUE LATINE manifeste ou non notre person- mait au plus secret du cœur de plus grand que lui. ■ DE LA FRATERNITÉ SACERDOTALE nalité, notre désir d’épanouisse- Pierre Pujo. SAINT-PIE X ment. Dans la continuité de son Que ceux qui l’ont critiqué en Buenos Aires, histoire familiale, Pierre gardait fassent donc autant. 17 novembre 2007 une conscience aiguë de ce Pierre avait du mal à se dé- JEAN-MARIE LE PEN Je voudrais vous qu’avait pu être… oui j’emploie le fendre lui-même et cette étonnante présenter ainsi qu’à tous ceux terme, la conversion de son père discrétion était en contraste avec Jean-Marie Le Pen prie qui collaborent à l’Action Maurice au nationalisme et à L’abbé le caractère tranché de son en- Mme Marielle Pujo d’accepter française, mes condoléances Maurras. Il s’est souvenu toute sa Guillaume de Tanoüarn gagement. Discrétion, en particu- ses plus amicales et vous assurer de mes vie de la manière dont Maurice lier également dans sa foi chré- condoléances pour la mort de ferventes prières lors de la Pujo avait rejeté le libéralisme qu’il tienne, très profonde, dans sa pra- Pierre Pujo. célébration de la messe pour avait fait sien pourtant au cours sur ce que signifiait être d’Action tique chrétienne, ici à la Madeleine C’est un grand patriote et le repos de l’âme de Pierre de sa propre jeunesse. « Le li- française, mais cette intransi- comme l’a rappelé le père de un homme de cœur et de Pujo, mais aussi pour vous béral, écrit Pierre Pujo, capitule geance, il ne l’a jamais pratiquée Charnacé tout à l’heure, très ré- convictions qui disparaît. Il a tous qui menez ce noble sur toutes les valeurs tout en par intérêt personnel, uniquement gulière. Je pense aussi à ce pè- été digne, toute sa vie, de son combat catholique et politique se présentant comme partisan par souci de transmettre, comme lerinage de Chartres qu’il a fait à père Maurice que j’ai connu contre la désagrégation de de la famille, de la patrie, et de un moine soldat, sans compromis, pied aussi longtemps qu’il l’a pu. quand j’étais étudiant, notre pays. Que Dieu et les la religion. » La grandeur, je cet esprit d’Action française dans Pierre était un moine soldat, un immédiatement après la saintes et saints de France crois, de Pierre Pujo, ne l’oublions toute sa souplesse d’observation laïc, pas un curé raté mais un laïc guerre 39-45, du temps de la l’accueillent dans son paradis pas aujourd’hui, c’est qu’il n’ a ja- et dans toute sa rigueur de pres- profondément chrétien. Et c’est persécution et qu’ils suscitent dans la mais voulu être, en ce sens, un cription, et aussi dans sa prodi- pourquoi nous prions à son in- de Charles Maurras. jeunesse française une élite libéral. Et que libéral, il l’a été en gieuse ouverture à l’événement et tention avec confiance. Je ne pourrai être près de vaillante capable de un autre sens, dans sa généro- aux personnes, dans l’extraordi- Pour lui le voile s’est déchiré. vous lors des obsèques de reprendre, faire briller et sité, dans ce don de chaque jour naire liberté d’esprit que confère Il rencontre aujourd’hui son Sei- vendredi, mais j’ai demandé à transmettre le flambeau de qu’il avait fait de lui-même. la méditation de l’œuvre de Maur- gneur, le Roi du Ciel, et je pense ma fille Marine de me l’idéal que Pierre Pujo et vous Lorsqu’on ambitionne d’ob- ras, en dehors des caricatures. que nous pouvons redire à son représenter officiellement. Je tous défendez avec tant server chaque jour la vérité qui se Il ne m’appartient pas de son- sujet avec confiance la parole de suis de cœur avec vous dans d’ardeur et portez si haut. ■ dégage des faits pour dire les der cette liberté intérieure que, Jésus : « Celui qui vient à moi, les pensées. conditions du bien public, on n’est chez Pierre, je devine très grande, je ne le jetterai pas dehors. »

6 L’Action Française 2000 n° 2737 – du 29 novembre au 19 décembre 2007 HOMMAGE À PIERRE PUJO

Messeigneurs, Mesdames, Chers compatriotes, Il est des hommes dont il n’est Éloge funèbre de Pierre Pujo point nécessaire d’apprendre la mort pour qu’éclate en pleine lu- prononcé le 16 novembre 2007 mière la noblesse de leur conduite, leur fidélité à eux-mêmes, leur opi- devant le cercueil niâtreté, leur rectitude. Non, Pierre Pujo, vous à qui je m’adresse à à l’issue de la cérémonie des funérailles travers vos amis innombrables qui en l’église de La Madeleine sont désormais les gardiens de votre esprit, nous n’avions pas be- soin de ce chagrin dans lequel contre l’Allemagne puis au long par connu et un autre âge d’or que toute la puissance de l’émotion vous nous plongez aujourd’hui de la cruelle guerre d’Algérie, ce Paul-Marie COÛTEAUX* vous ne connaîtrez pas. Mais cet qui nous étreint en ce jour de pour vous reconnaître comme ce principe d’unité des Français, âge d’or de la France recouvrant deuil, tandis que nous pensons à que vous étiez, une grande âme, vous parvîntes à l’imposer tou- der la souveraineté de la France, sa pleine souveraineté et réta- vous et que nous vous pleurons. et un grand cœur. jours, au point même de rappe- car vous saviez que c’était ce blissant la légitimité incontestable Soyez assuré que ce non ma- « Être grand, disait Shakes- ler, en retraçant dans un bel ou- point majeur, la souveraineté na- de son chef, nous le connaîtrons gnifique vibre en nos cœurs et peare, c’est épouser une grande vrage les cinquante années d’Ac- tionale et populaire, qui, dans les un jour. Car elle est dans la na- que rien ne nous fera dévier de querelle. » Vous fûtes grand par tion française, que celle-ci avait terribles circonstances d’abandon ture des choses. À la fin de votre cet impérissable combat. cette querelle et vous le fûtes aussi su jeter aux orties rancunes et que nous connaissons et qu’il vie, vous avez assuré l’essentiel. Oui, Pierre, vous fûtes comme par la constance avec laquelle vous rancœurs au point d’appeler à vo- faudra désormais affronter sans Vous avez su assurer votre suc- Jeanne ; et vous voici à présent l’avez servie depuis l’âge de quinze ter oui en 1958 lors du référen- vous, demeure l’essentiel du com- cession en désignant un homme près d’elle, votre Jeanne, notre ans lorsque vous avez assisté à dum par lequel De Gaulle pro- bat de la France ; vous saviez jeune encore, mais déjà remar- reine de France ! l’arrestation de votre père, Mau- posa une nouvelle constitution à que ce combat-là constituait le quable, et, par-dessus tout, vous rice Pujo, et que vous avez décidé * Député français ce jour-là qu’un autre Pujo se de- au Parlement européen vait de saisir le flambeau. C’est ce Place des Pyramides le 14 mai 2006 jour sans doute que vous êtes de- De g. à d. : Paul-Marie Coûteaux, SAR le prince Sixte-Henri de Bourbon Parme, Pierre Pujo venu un homme, au sens où un homme ne l’est vraiment que s’il JEAN DUTOURD reconnaît ce qui le dépasse, ce qui doit ordonner toutes ses forces, et DEL’ACADÉMIE FRANÇAISE ce qu’il incarnera pour toujours aux Lettre à Michel Fromentoux yeux des autres hommes. Cher Monsieur, Et, certes, la cause à laquelle J’ai été profondément affecté vous avez sacrifié des jours et des par la mort de votre directeur jours et des années de votre vie, et ami Pierre Pujo. Je le toute votre vie, même, et jusqu’à connaissais depuis longtemps votre santé même, cette cause est et nous avions une grande la plus noble qui soit : c’est celle conformité d’esprit. de la France, de son unité, de sa Ma santé malheureusement souveraineté et finalement de sa ne me permet pas de prendre grandeur, grandeur chrétienne, part à votre banquet du c’est-à-dire pour elle-même, pour 2 décembre et j’en suis les Français dispersés à travers la désolé. Néanmoins, je serai planète, à Anjouan et ailleurs, et près de vous par la pensée. finalement pour le monde. À vous, cher Monsieur, avec toute mon amitié. Comme Jeanne

J’ai compris de quelle trempe vous étiez lorsque j’ai vu avec PROBITÉ quelle constance vous serviez la mémoire de Jeanne, quand vous ET FIDÉLITÉ organisiez quand venait le mois de mai, contre tant d’adversité, la ■ Pierre Pujo nous a quittés, fête nationale de Jeanne d’Arc. je tiens à vous dire la peine et Comme elle, vous saviez que le la France, aussi imparfaite et in- cœur, donc l’avenir du mouve- avez veillé à la relève, à cette ma- le regret que j’éprouve à cette plus sûr moyen de sauver la accomplie que demeura cette ment politique dont vous avez gnifique jeunesse d’Action fran- disparition, quelles que soient France, de restaurer la légitimité constitution, et tout en estimant, réussi, par votre lucidité, à pré- çaise qui est l’une des plus belles par ailleurs ce qu’il est convenu de l’État et la souveraineté de la je vous cite, que « le régime ré- server les chances pour l’avenir, promesses de la France au XXIe d’appeler nos “divergences nation était de faire couronner son publicain n’a pas résolu le pro- là où tant d’autres auraient failli. siècle. Et vous avez aussi, d”’opinion” sur bien des sujets, prince. Comme elle, vous vous em- blème des institutions fran- quelques jours avant de mourir, mais certes pas sur notre atta- ployâtes à restaurer dans les çaises ». résumé l’essentiel en donnant chement indéfectible à la sou- cœurs le principe royal, jusqu’à Comme Jeanne, vous vous La relève pour titre à votre dernier éditorial veraineté de la France, sous Reims. Comme elle, vous avez êtes battu jusqu’au bout, et quel- de L’Action Française cette ex- quelque régime qu’elle soit. voulu réunir, autour des idées quefois physiquement, tel un che- Oui, Pierre, comme Jeanne, clamation magnifique : « Non, J’ai entendu Pierre Pujo simples du Bien commun, de la valier de la fière escouade partie vous avez assuré le lien entre un c’est toujours non !» Cette pour la première fois, lorsque res publica, un peuple qui, sans de Vaucouleurs, pour sauvegar- âge d’or que vous n’avez pas phrase raisonne en nous avec j’étais étudiant, à l’occasion relâche, cherche à se réunir au- d’un “meeting” contre la Com- tour d’un État impartial. munauté européenne de dé- Comme Jeanne, vous avez fense (CED), que nos efforts constamment veillé à l’unité na- PIERRE PUJO ET L’ACADÉMIE conjoints permirent alors de re- tionale et vous le fîtes au-delà jeter. Ce sont ces souvenirs des déchirures innombrables que ■ Pierre Pujo était un habitué du quai Conti. Non vénérable assemblée. Il savait le choix des Im- qui comptent. Ce genre de ren- de malheureuses conjonctures, point qu’il ait jamais pensé revêtir l’habit vert mais mortels désormais plus sûr que celui des jurés dez-vous, nous ne les avons et finalement une Providence qui il savait l’Institut étroitement lié à l’histoire de l’Ac- Goncourt. Effectivement, Léon Daudet n’a pas été jamais manqués. fut avec vous fort sévère, vous a tion française et tenait à maintenir ce lien. D’an- remplacé parmi ces derniers. Lorsque je pense à Pierre imposées au sortir de la guerre ciens militants royalistes (Michel Déon, Michel Passionné comme chacun sait par la franco- Pujo, je n’ai que deux mots Mohrt) et des sympathisants monarchistes (Jean phonie, Pierre était également un grand défen- pour exprimer ma sympathie Dutourd) y siègent toujours actuellement. Il avait seur des humanités. Il tenait comme à la prunelle et mon admiration, probité et JACQUES MYARD connu Michel Déon, jeune collaborateur du jour- de ses yeux au dictionnaire de grec ancien que fidélité, au prix d’une vie qui nal, à la table familiale, durant la guerre. L’auteur lui avait offert Maurras, enrichi d’une calligraphie apparaîtra à beaucoup comme DÉPUTÉ DE LA NATION des Poneys sauvages le saluait toujours d’un dédiée « à son ami Petros », dédicace qui sou- effacée, mais qui demeurera Paix à son âme. Paix à un « Comment vas-tu mon cher Pierre ?» lignait la forte prééminence des termes relatifs au exemplaire. homme de convictions. Paix à S’il se réservait les entrées sous la Coupole Bien sur ceux se rattachant au Mal dans ledit dic- un ardent défenseur de la et la journée annuelle des distinctions, notre cher tionnaire. Belle leçon d’espérance. Philippe de SAINT ROBERT nation libre et maîtresse de directeur m’envoyait chaque année à la procla- Membre du Haut Conseil son destin. mation du Grand Prix du roman décerné par la Pierre LAFARGE de la Francophonie

L’Action Française 2000 n° 2737 – du 29 novembre au 19 décembre 2007 7 HOMMAGE À PIERRE PUJO

POURSUIVRE Témoignage des cadres LE NOBLE COMBAT D’ACTION FRANÇAISE

■ L’Action française vient de du Comité directeur perdre, en Pierre Pujo, un chef, un serviteur zélé et in- et du CRAF transigeant de la cause. L’ayant connu depuis qua- rante-cinq ans, ayant été un proche collaborateur depuis PIERRE PUJO NE NOUS QUITTERA JAMAIS SUR LA DENTELLE DU REMPART… les années quatre-vingt-dix, je peux témoigner mon ad- ■ Étudiant en droit à Paris et sé- les rares politiques français à ■ J’ai découvert L’Action Fran- presse quotidienne, du temps miration envers cet infati- duit par le combat patriotique de s’être occupé de l’Outre-mer dé- çaise Hebdo alors que j’étais passé aussi à écouter toutes gable combattant. l’Action française, j’ai rencontré laissé hélas par les dirigeants encore lycéen au début des les émissions politiques à la Pierre est né d’Action Pierre Pujo grâce à Olivier d’Au- républicains, préoccupés plutôt années quatre-vingt-dix. À radio ou à la télévision, à la française, il a vécu pour l’Ac- zon, un camarade de promotion. par les enjeux électoraux. Grâce cette époque, notre journal re- synthèse, guidée par sa longue tion française, il est parti en Depuis, après une formation à lui, Mayotte est restée dans le prenait son titre historique en expérience, son flair politique Action française. Sans aucun idéologique et politique dans le giron de la France. même temps que sa maquette et sa solide formation maur- doute, ce n’est pas pour dé- cadre des cercles de l’Action Depuis 1996, il m’a associé comme son contenu se déve- rassienne et bainvillienne. La plaire à la divine Providence française, après une étude ap- à ce combat à l’occasion de l’af- loppaient et se rajeunissaient. troisième, c’était son obstina- en laquelle sa foi était grande profondie des œuvres de Maur- faire anjouanaise. Il m’a présenté Mais ce changement, s’il re- tion à ne pas s’écarter de la et qui l’accueillera en bon ras que Pujo m’a conseillées, j’ai à ses amis comoriens et m’a per- tint mon attention, ne fit pas à ligne du seul intérêt national serviteur. été amené à collaborer au jour- mis d’épouser la cause como- lui seul de moi un abonné puis et à rappeler sans se lasser nal Aspects de la France. J’ai rienne que je continue à dé- un militant, enfin un cadre du que cet intérêt ne serait jamais Il s’en est allé rejoindre été épaulé et formé par Pierre fendre. Cela m’a conduit à faire mouvement royaliste. Cet en- servi pleinement tant que sub- les siens dans la patrie cé- qui cadrait mes analyses, en se la connaissance de Bob Denard gagement et cette fidélité que sisterait le régime des partis leste. À la suite de Charles donnant tout le temps et la pa- et de le défendre dans ses dé- j’ai conservés, je crois que j’en et tant que ne serait pas res- Maurras, « son combat fut tience nécessaires. boires judiciaires, jusqu’à sa mort suis d’abord redevable à la lec- tauré l’arbitre naturel et im- pour une patrie, pour un L’amitié qui nous a liés m’a il y a une vingtaine de jours. ture des éditoriaux de Pierre partial, le chef légitime qui fit roi, les plus beaux qu’on permis de découvrir son per- Défenseur du monde fran- Pujo. Si depuis quinze ans je la France et pourrait seul la re- ait vus sous le ciel, la sonnage, sa grande générosité cophone et fidèle aux liens sé- n’ai pas toujours lu tous les faire : le roi capétien. France des Bourbons, de de cœur, sa fidélité dans l’ami- culaires de la France avec le numéros du journal in extenso, Maurras concevait le rôle Mesdames Marie, Jeanne tié, l’écoute des autres, le sa- pays du Cèdre, Pierre Pujo était j’ai rarement manqué le ren- du nationalisme comme une d’Arc et Thérèse et Mon- crifice de soi au service de la un grand ami du Liban. Il a dé- dez-vous hebdomadaire puis sorte de régence dans l’attente sieur Saint-Michel ». nation, la modération dans l’ana- fendu la souveraineté de ce pays bimensuel avec cette page 3 du retour à la monarchie. La Je m’incline respectueu- lyse et le jugement des êtres, le menacé par ses détracteurs, où pendant tant d’années, vocation de l’Action française sement à sa mémoire et j’in- courage dans l’expression de avec courage et ténacité. Il était Pierre Pujo nous a clairement est depuis l’origine d’être le fer vite les aînés comme les ses idées et de sa pensée, la un grand ami de feu Raymond et inlassablement indiqué le de lance de cette action de dé- jeunes générations à pour- défense des intérêts supérieurs Eddé qui maintenait, pour sa cap de l’intérêt national au mi- fense et de conservation de suivre – dans l’unité – le de la France avant toute autre part, des liens privilégiés avec lieu des remous idéologiques, l’héritage. À la place éminente noble combat d’Action fran- considération. la famille de France à laquelle des tempêtes partisanes et de qu’il a occupée à la tête du çaise. Vive la France, vive Fils de , fonda- Pierre Pujo était aussi attaché. toutes les contingences de journal de l’Action française et le Roi ! teur de l’Action française, il a en En 1991, il a reçu le président l’actualité. plus spécialement en sa qua- effet acquis l’amour de la France libanais sortant, Amine Gemayel, Trois notes suffisent à lité d’éditorialiste, Pierre Pujo depuis le berceau. Il me parlait au Banquet annuel de l’Action rendre l’esprit et la manière de a parfaitement incarné ce rôle. Bernard BONNAVES de sa jeunesse, de sa famille, française, en affirmant la soli- ses éditoriaux car comme Il fut vraiment et conformément Camelot du Roi de Maurras qu’il avait connu et darité franco-libanaise, au Pa- toutes les choses vraiment à l’étymologie du mot, le lieu- Membre du qui était, avec son père, son lais des congrès de la Porte de grandes et vraiment belles, le tenant du roi. Comité directeur mentor. Il incarnait ainsi la légi- Versailles. À maintes reprises, il commentaire de l’actualité po- de l’Action française timité du mouvement d’AF qu’il a rencontré le général Michel litique par Pierre Pujo frappait Stéphane Ancien secrétaire général a réussi à sauvegarder en bra- Aoun et publié dans L’Action d’abord par sa simplicité et sa BLANCHONNET du mouvement vant les interdits et en surmon- Française Hebdo ses articles et constance. La première note, tant les difficultés de tout genre. des entretiens, éclairant l’opinion c’était son impartialité, qui le Le combat monarchique qu’il me- publique française sur la réalité rendait capable de louer sin- nait à long terme ne l’a pas em- de la situation au Liban et au cèrement la bonne action en L'ŒUVRE D'UNE VIE ! pêché, en attendant le roi, d’œu- Proche-Orient. faveur de la France d’un ad- vrer pour la sauvegarde de la Pierre Pujo, l’une des plus versaire ou d’un homme de souveraineté de la France me- grandes figures du nationalisme gauche – fût-il communiste – ■ Tel Cyrano emportant dans sa mort, j'ai découvert un nacée de dilution voire de dis- français, nous a certes quittés comme de blâmer la mauvaise l'autre vie, son "panache", c'est homme d'une très grande luci- parition au sein de l’Union eu- mais son souvenir restera vivant action d’un ami ou d’une per- sa fidélité que "sans un pli, sans dité, avec une stratégie poli- ropéenne. tant qu’il y a des Français qui sonnalité proche de sa sensi- une tache" Pierre a emportée. tique très précise : cette stra- Pierre Pujo défendait aussi portent le flambeau qu’il nous a bilité. La deuxième, c’était son Tout le monde pensait que tégie qui avait dicté ses choix l’image et le rôle de la France transmis : celui de l’amour de art à passer de l’observation, l'Action française battait au politiques toute sa vie, et son sur la scène internationale, ainsi la nation. nourrie de ses lectures des dé- rythme du cœur de Pierre Pujo. sacrifice permanent. que la francophonie. Il est parmi Élie HATEM pêches, des articles de la Pendant des années il a effec- Il nous appartient mainte- tivement été le chef d'un or- nant de reprendre le combat chestre dont les instruments et qu'il a mené pendant tant d'an- les musiciens n'ont pas toujours nées, ce grand combat pour la LE PRAGMATISME DE PIERRE PUJO réussi a s'accorder. Son cœur France ! Et de le reprendre s'est maintenant arrêté, et l'Ac- avec la meilleure arme qui soit tion française continue, car et qu'il nous a laissée, qui lui ■ Pierre Pujo nous a quittés. Qu’il à l’appel des sirènes régiona- velles libertés aux patries lo- Pierre a réussi, et cela contre avait été remise par ses pères : me soit permis, en guise de der- listes en se référant à la décla- cales. Quitte à passer pour un tous ses ennemis, à maintenir l'Action française. nier hommage à celui qui fut ration des félibres fédéralistes centralisateur, il n’a jamais suc- cet héritage qui lui avait Pierre rejoignez tous ceux avant tout un ami, de rapporter de Frédéric Amouretti. Il ne le combé à la tentation facile de été confié. qui comme vous ont œuvré un fait précis. fit pas car, contrairement à dénigrer l’État. Il l’a dit. Il l’a écrit. Bien sûr on pouvait ne pas pour la France, et asseyez-vous Pierre n’a pas manqué d’en- d’autres, il avait compris que Sur cette question essentielle, être d'accord avec certaines de à la table de ceux qui firent l'Ac- nemis, surtout parmi ceux qui au- nous n’étions plus en 1892. Les les idées de Maurras ne pou- ses prises de position, on pou- tion française, qui doivent être raient dû le soutenir. Il lui fut no- temps ont changé. L’Union eu- vaient plus être défendues sans vait critiquer, se moquer même, bien heureux de pouvoir dis- tamment reproché d’avoir été in- ropéenne est là. Sa volonté de adaptation. mais personne ne peut lui re- cuter, rire et chanter avec vous, capable d’adapter la pensée de détruire les nations, par la pro- Dans ce domaine, comme tirer le dévouement, tout au mais à nous que vous avez lais- Maurras aux évolutions de notre motion du régionalisme sous dans beaucoup d’autres, l’em- long de sa vie, à une cause qu'il sés, vous manquerez. époque. Rien n’est plus inexact. toutes ses formes, est évidente. preinte laissée par Pierre Pujo savait plus grande. L’exemple du débat sur les iden- Face à ce danger, Pierre avait ne s’effacera jamais. Pour avoir eu la chance de Thibaud PIERRE tités régionales le démontre. conscience qu’il fallait recons- côtoyer le politique qu'il était, Secrétaire général du En fidèle maurrassien, Pierre truire l’autorité de l’État avant Thierry BOUCLIER au plus près des confidences, Centre royaliste aurait pu facilement succomber d’envisager d’accorder de nou- Avocat à la Cour les dernières semaines avant d'Action française

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L’ HÉRITIER EXEMPLAIRE Le message Un héros français couvert de gloire dédicaçait un de ses livres à Charles Maurras en ces termes : « Au plus français des Français. » des rédacteurs Pierre Pujo, avec un très petit nombre de nos contemporains, mériterait n digne et fidèle continua- prendre niaisement, Pierre Pujo aujourd’hui un pareil éloge teur de la pensée d’Action publia Un demi-siècle d’Action fran- en raison d’une vie tout Efrançaise, Pierre Pujo, en çaise (éditions Godefroy de entière dévouée à notre dehors des éditoriaux et autres Pierre à l’édifice Bouillon, 1999) et L’Autre Résis- pays sur la voie royale de textes dont il gratifiait régulière- tance : l’Action française sous l’Action française. Au-delà ment le journal, a prêté sa plume son Actualité de la monarchie (édi- cela il fallait convaincre de la juste l’Occupation (éditions Godefroy de de notre chagrin, il demeure à d’autres œuvres collectives ou tions de la Restauration nationale, nécessité du combat royaliste. Bouillon, 2004). Dans ce dernier présent parmi nous par son solitaires. S’il était davantage jour- 1974) et La Monarchie aujourd’hui Pierre Pujo en était hautement opus, Pierre Pujo prétendait « ser- œuvre dont le plus éclatant naliste et commentateur avisé de (éditions France-Empire, 1988, conscient. En ce sens, son der- vir la vérité historique » et témoignage est le maintien l’actualité politique de la France, épuisé, malheureusement). Ainsi, nier grand œuvre a été de collec- « mieux faire comprendre la po- de Mayotte dans l’ensemble il savait également être parfois his- il contribua à sa façon, avec le ter avec l’aide de plusieurs colla- litique d’Action française » tout national et dont la fécondité torien, parfois mémorialiste et tou- style dépouillé qu’on lui connais- borateurs passionnés un Trésor entière centrée sur « la France, s’appréciera tout au long de jours un infatigable redresseur de sait, à une enquête moderne sur de l’Action française (éditions L’Age la France seule ». nos travaux, de nos jours, et torts, notamment lorsque des la monarchie. d’homme, 2006), singulier et ori- Ce combat pour la France éter- tant que notre nation durera. contempteurs républicains, qui ginal petit bijou doctrinal que nelle et capétienne, Pierre Pujo le avaient alors raté une occasion nombre de nos jeunes recrues se- mena aussi Outre-mer. Il en tira Joseph SANTA CROCE de se taire, répandaient leur lo- raient bien inspirées de lire et re- son magnifique et vibrant Mayotte Professeur gorrhée fielleuse et fallacieuse (ou lire pour découvrir la méthode d’Ac- la française (éditions France-Em- à la Faculté libre “bernard-henry-levyesque”) sur tion française, l’empirisme organi- pire, 1993). Dans cet ouvrage de- de Lettres de Paris des personnalités d’AF ou sur la sateur, à l’œuvre. venu de référence pour com- doctrine de salut public de cette prendre l’histoire contemporaine dernière. de Mayotte, Pierre Pujo mettait à La France, plat l’« isolement » dans lequel la France seule ! se trouvait l’île entre les Comores, Politique l’Organisation de l’Unité africaine UN SENS AVERTI d’abord ! Cette méthode fondée sur l’ob- (OUA) et l’Organisation des Na- DE LA TRADITION servation rigoureuse et impartiale tions unies (ONU) face à une Observateur attentif de la vie Le 13 novembre 2005 des faits sociaux en vue d’en dé- France « fatiguée de ses res- Je fis la connaissance de politique nationale et internatio- au Banquet de l’AF gager les constantes et les rup- ponsabilités Outre-mer », écri- Pierre Pujo, à l’automne nale, Pierre Pujo a consacré tures, prend notamment appui sur vait-il. L’autre adversaire de 1968 à Aix-en-Provence, lors quelques belles pages aux Aspects l’histoire. Pierre Pujo n’ignorait Mayotte à cette époque était « la d’un colloque Maurras. Ce de la vie politique (quatre volumes C’est que Pierre Pujo était guère les manipulations auxquelles conscience universelle », pré- fut ainsi qu’il m’ouvrit les édités en 1968 aux éditions de la avant tout soucieux de ne pas lais- pouvait prêter une interprétation cisait-il. Incontestablement, le fils colonnes d’Aspects de la Restauration nationale), que ce fût ser choir le flambeau transmis par hâtive ou idéologique de l’histoire. de Maurice Pujo aura su apporter France. Pierre avait reçu une pour défendre le nationalisme à la son père. Véritable commis de l’in- Pour faire pièce aux accusations durablement sa pierre à l’édifice formation Sciences française ou pour lever le voile im- térêt général, il se devait de ne de collaborationnisme ou d’extré- de l’Action française… politiques. Il connaissait pudique de « l’Allemagne tout pas désemparer dans la promo- misme de droite, anathèmes écu- l’importance des enjeux entière et ses périls ». Sur les tion du gouvernement naturel de lés mais bougrement efficaces à Aristide LEUCATE stratégiques de l’océan pas de Charles Maurras, il publia la France : la monarchie. Mais pour l’égard des gogos qui s’y laissent [email protected] Indien et ce fut là, je pense, l’une des raisons de sa volonté de conserver l’île de Mayotte à la France. Il serait téméraire de ’était la fin de l’été 1984, et laboration à l’AF. Ils ne compre- prétendre définir d’une façon la première fois que j’en- naient pas qu’ils me demandaient trop précise un talent Ctrais dans l’étroit bureau en- d’arrêter de penser, de respirer. toujours renouvelé, qui ne combré que Pierre occupait à l‘AF, Merci, Pierre D’autres, Pierre me décon- cessait de puiser dans contigu à la salle de rédaction. Je seilla de les franchir, me mettant l’histoire et l’actualité des le connaissais depuis dix-huit mois, tionnaire me mèneraient loin, pro- j’avais ce jour-là pris un engage- en garde contre des consé- motifs nouveaux d’intérêt. depuis que la chère Mme Tabary fessionnellement. La seule ques- ment qui, à mes yeux, sinon aux quences que, trop jeune, je ne Une curiosité toujours en avait fait irruption à la vente de tion était, en cette période de crise, siens, était sérieux, mais parce devinais pas, et j’eus le bon sens éveil, une sensibilité Noël du Front national, rue Ber- avec une moitié de diplôme et au- que j’avais appris à aimer Pierre de le croire car il était fidèle à la profonde, qui demeurait nouilli, et fonçant sur moi d’un air cune expérience, de trouver un et parce que j’avais acquis en- devise capétienne « Nous qui sa- discrète, contrôlée par un décidé, m’avait quasiment enle- emploi. Pour être franche, je ne vers lui ce genre de dette morale vons toujours raison garder » et, sens exact de la mesure et vée, non sans déclarer à la can- savais rien faire, sinon écrire, pas qui ne se peuvent payer. par conséquent, de grand conseil. de l’équilibre, témoignaient tonade : « Cette petite est à trop mal. Le métier que j’étais venue lui Mes parents trop tôt disparus, il de vastes connaissances, nous ; c’est une erreur qu’elle Ce fut à peu près ce que je dis demander de m’apprendre, il me tint souvent près de moi le rôle, dont il ne fit jamais un vain soit ici : je vous la reprends. » à Pierre, qui, soudain, m’impres- l’apprit, avec sérieux, avec sé- sinon d’un père qu’il ne préten- étalage. Sans oublier son Puis elle m’avait ramenée rue sionnait terriblement, en essayant cheresse parfois, car il était exi- dait pas remplacer, au moins d’un goût pour les arts (il était ami Croix-des-Petits-Champs. de bafouiller et de rougir le moins geant et, recommençant pour la parrain attentif à ses devoirs. Il du sculpteur Roger Bésus), Que j’appartenais à l’AF, même possible. Cinq minutes après, il dixième fois le même billet d’hu- veilla sur moi, et de plus d’une fa- pour la musique, pour les si, à vingt ans tout juste sonnés, m’avait engagée, de manière in- meur, il m’arriva d’avoir envie de çon. Il m’est arrivé, quelquefois, lettres. Polémiste à je ne le savais pas encore claire- formelle ; je viendrais travailler au pleurer de rage, mais les auto- de m’en agacer, parce que j’avais l’occasion, sans se départir ment, c’était vrai, et, hérédité de journal et à l’imprimerie trois jours matismes professionnels rentrè- l’impression d’être restée la ga- de sa bonne éducation, deux grands-pères camelots du par semaine, jusqu’à la reprise des rent, et la nécessaire ponctualité, mine qui était entrée dans son bu- attaquant les idées qui lui Roi, je n’avais pas tardé à m’y sen- cours. Quand je le quittais, au seuil et l’esprit critique, et la concision. reau deux décennies plus tôt et semblaient absurdes ou tir chez moi pour de bon. Cela ne de son bureau, il me dit, en cli- J’entends encore, longtemps qu’il n’avait pas vue devenir dangereuses, mais en m’empêchait pas, ce jour-là, de ne gnant un peu des yeux derrière après, Marcel Clément me dire : adulte. J’avais dû, ces jours-là, chrétien, respectant toujours pas en mener large car je venais ses grosses lunettes : «Vous sa- « Ah, si c’est Pujo qui vous a oublier ce que la vie, pourtant, les personnes. demander quelque chose à Pierre : vez, la plupart des jeunes que formée, je comprends mieux : s’était brutalement chargée de Un esprit connaissant m’apprendre un métier, à savoir le j’ai formés ont fait de superbes vous sortez de la meilleure m’apprendre : devenir adulte, l’art des nuances, une journalisme. carrières dans le journalisme ou école de journalisme qui soit. » c’est n’avoir plus personne qui modestie souriante, le culte Je suivais alors des études de la littérature. » Et, plus bas, il Ce faisant, Pierre m’avait ou- veille sur vous comme si vous de l’amitié, un sens averti de droit dont je savais déjà, la santé ajouta : « Mais ils sont tous par- vert toutes les portes, ou presque. n’en étiez pas capable. la tradition uni à la volonté de mon père s’altérant, que je ne tis voir ailleurs… » Je me sou- J’évitais d’en pousser certaines, Pierre, pourquoi ne vous ai-je de la rajeunir, ainsi pourrais- pourrais plus les poursuivre long- viens avoir répliqué : « Moi, je ne séduisants miroirs aux alouettes, pas dit combien vous alliez me je caractériser Pierre Pujo. temps. J’allais devoir travailler, et partirai pas. » Et je sais qu’à derrière lesquelles siégeaient des manquer ? Combien vous alliez n’avais pas la sottise de penser l’époque, Pierre ne m’a pas crue. gens dont l’unique exigence, al- nous manquer… René PILLORGET que mes talents d’auteur-compo- Je ne suis pas partie, en ef- lez savoir pourquoi, était, préci- siteur-interprète contre-révolu- fet, et pas seulement parce que sément, que j’interrompe ma col- Anne BERNET

L’Action Française 2000 n° 2737 – du 29 novembre au 19 décembre 2007 9 HOMMAGE À PIERRE PUJO

soixante-dix, il gardait des souve- nirs attendris, parfois amusés, de Le message l’époque précédente. Un autre souvenir : un été, sans doute en 1985 ou 1986, mon ami Éric Letty, alors journaliste à Aspects, et moi-même sommes partis pour Ferrières-en-Gâtinais, des rédacteurs lieu de villégiature familiale de Pierre Pujo. Après un bon repas chez Pierre, celui-ci nous emmena au “son et lumière” de ce gros LE JOURNAL, bourg de l’Orléanais et dans le- Une page vient de se tourner quel il jouait lui-même. Il nous PILIER DE L’AF ! laissa aux premières places et dis- Alors que je venais parut alors dans l’église. Le spec- de découvrir L’Action ’avais lu Pierre Pujo pour la perçait, il me semblait d’autant plus 1997), lorsque, de retour de Ver- tacle commença et plus il avan- Française 2000, l’éditorialiste première fois en juillet 1980, important de rappeler que tout na- sailles ou de Rennes et avant de çait, plus la pluie qui s’était rete- qui m’amena à la conclusion Jquelques jours avant la mort tionalisme était condamné à la dé- partir travailler à Saint-Cyr-l’École nue toute la journée se faisait monarchiste m’inspirait d’un autre grand nom de l’AF rive et à l’échec s’il ne devenait ou aux Mureaux le lundi matin, je drue… Tout d’un coup, la porte de surtout de l’admiration ; d’après-guerre, Pierre Juhel. Il pas, selon la formule consacrée, déposais mon article chez Pierre, l’église s’ouvrit et apparut la grande j’appréciais notamment son m’avait fallu attendre la fête des « intégral » c’est-à-dire s’il ne rue de la Pépinière, juste à côté silhouette de Pierre Pujo, en te- refus des a priori partisans, Rois de janvier 1981, à Nantes, concluait pas à la monarchie. de la gare Saint-Lazare. nue de cardinal, le visage imper- qui le conduira, par exemple à dans le local baptisé “Centre Je devais le revoir très fré- Je me souviens aussi des pe- turbable, semblant fendre la pluie exprimer de la sympathie Pierre Juhel”, pour le rencontrer quemment, et même presque quo- tites réunions amicales que nous qui, par le jeu de lumières, formait tantôt pour Chevènement, physiquement et discuter un rideau mobile et blanchâtre : tantôt pour Le Pen. J’étais loin quelques minutes avec lui : jeune une image surprenante, qui nous d’imaginer qu’il me militant fraîchement “converti” à laissa Éric et moi bouche bée. Il deviendrait bientôt familier ! Il la monarchie, j’étais curieux de faut dire que ce Pujo cardinal avait suffira d’une seule rencontre... rencontrer le directeur de l’heb- quelque chose de totalement “hors Pierre témoignait d’une domadaire royaliste que je ven- du temps” et de très théâtral. Tout grande attention à l’égard des dais tous les dimanches à la sor- compte fait, la tenue de cardinal jeunes recrues et se montrait tie des églises de Rennes. Il avait lui allait vraiment bien… toujours disponible pour fait preuve d’une grande attention La dernière fois que je l’ai vu chacun. De passage à Paris et patience à mon égard, et cela vivant, c’était il y a quelques se- quelques mois après lui avoir m’avait favorablement impres- maines, dans les locaux du jour- parlé pour la première fois, je sionné. C’est d’ailleurs un trait de nal, à l’occasion d’un cercle constatai qu’il se souvenait de caractère qui a marqué tous les d’études que je faisais sur la mo- moi comme si nous nous jeunes qui l’ont connu et ont de- narchie, et j’étais bien loin de pen- étions vus la veille. L’été visé avec lui, ce qui ne l’empê- ser que c’était la dernière fois. suivant, au Camp Maxime chait pas d’être intransigeant, voire Quelques jours auparavant, nous Real del Sarte de 2001, je le têtu au point de décourager ses avions discuté de la “page sociale” contradicteurs… que Frédéric Winkler proposait

découvris toujours prêt à sduroi.com courir ou à chanter le fameux Participant au Camp Maxime pour le journal et, malgré quelques Métinge au milieu des Real del Sarte de 1981 à 1986, réticences de départ, Pierre avait militants. nous avions souvent de longues accepté cette page, au moins pour discussions autour des idées et Camp Maxime Real del Sarte 2004 le numéro à paraître la semaine Sans relâche, il les aura de la façon dont diffuser et amé- Photo lesmanant suivante. exhortés à lire et vendre liorer le journal, et je crois bien que Samedi 10 novembre, à midi : L’AF 2000. Ce leitmotiv ne fut c’est moi qui l’avais convaincu, lors tidiennement dans les années faisions chez lui pour fêter la nou- sortant des cours après quatre pas toujours reçu d’une bonne du camp 1984, à Beuxes, d’ad- quatre-vingt-dix, plus précisément velle année et les rois, vers le mi- heures devant les élèves, je trouve oreille par des apprentis joindre une fleur de lys au car- entre l’automne 1992 et l’automne lieu du mois de janvier, tout comme un message sur mon téléphone camelots indisposés par le touche “Aspects de la France” pour 1997, lorsque je participais acti- d’une nuit où j’avais dormi chez portable. C’est Michel Fromentoux traitement intransigeant de mieux montrer la spécificité roya- vement à la rédaction de L’Action lui avant que nous partions ani- qui m’annonce la mort survenue certains sujets : quoique très liste de cet hebdomadaire : nous Française et aux activités militantes mer ensemble une réunion d’Ac- dans la nuit de Pierre Pujo : son maréchaliste pour ma avions évoqué ce sujet au moins de la Restauration nationale, avant tion française : le soir précédent, message s’achève dans un san- génération, j’ai moi-même été une bonne demi-heure devant la que celle-ci ne se sépare du jour- il m’avait montré quelques photos glot. Une page de l’histoire de l’Ac- confronté à la (petite) censure grange qui nous servait de salle nal. Je me souviens de l’époque de camps qu’il avait prises. Mal- tion française vient de se tourner… du directeur ! Sur l’essentiel, de conférences et, au moment où où je rédigeais la “revue de presse” gré l’éloignement des uns et des cependant, on ne peut que lui un certain nationalisme électoral (en hiver et au printemps 1993 et autres à partir des années Jean-Philippe CHAUVIN donner raison : le journal demeure un pilier irremplaçable pour l’AF, dont il fédère les énergies dans la epuis quelques années, Avec Pierre Pujo, nous avons continuité. je n’écrivais plus dans ce Un combattant exemplaire connu les grands journalistes que Pierre récusait le Dque j’appelle toujours As- furent Jacques Perret, Jacques légalisme, et le souci de pects que pour des notices né- Valmont (que Kléber Hardens “productivité” lui apparaissait crologiques ou des hommages. pour “la seule France” considérait comme le meilleur sans doute trop mercantile. Celui-ci m’est le plus générateur critique littéraire de Paris), Au- Pourtant, en dépit des de peine que j’aurais eu à com- fièrement l’insigne fleurdelysé minutie à relire et à faire lire en phan (à la mémoire infaillible), difficultés financières poser en forme d’hommage, car qu’il tenait de son père. manuscrit son éditorial. La se- les immenses dessinateurs que accablantes, malgré la c’est comme une partie de moi Puis, en 1965, il fut choisi maine même de sa mort, alors furent Ben et l’imprévisible désaffection du public pour la qui vient de me quitter. comme codirecteur du journal qu’il souffrait déjà un véritable mar- Bayard et... tous ceux que presse d’opinion, il a J’ai connu Pierre Pujo bien que dirigeait alors Xavier Vallat. tyre, il en fit de même. Un exemple j’oublie. maintenu la parution régulière avant qu’il soit nommé directeur En 1966, Vallat s’étant retiré, de responsabilité.... et de cou- En tout cas, pressé par la du journal. Ce n’est pas un de notre hebdomadaire. C’était Pierre en devint le directeur. J’en rage, qui ne l’a jamais fait dévier place, je n’ajouterai que quelques mince exploit, cela semble à Sciences Po en 1954. Il en étais déjà le secrétaire de ré- du plus pur nationalisme intégral. mots brefs à l’intention de Ma- même relever du miracle ! partit peu après, avec le diplôme daction avec Louis-François Au- Pour moi, il était surtout un ami, rielle Pujo, à qui je souhaite beau- Quand les corrections se du célèbre institut de la rue Saint- phan et Henri Courmont (un sûr, fidèle, et parfois indulgent. coup de courage avec l’assu- faisaient attendre les soirs de Guillaume. Et je le croisais en « solide trépied » disait de nous J’avais été “vendeur volontaire à rance de nos prières pour elle et bouclage, parce qu’il voulait bavardant au 10 rue Croix-des- Xavier Vallat). la criée” de notre journal, c’est-à- pour Pierre, comme j’en souhaite absolument tout vérifier, je me Petits-Champs où il créa, avec Depuis quarante et un ans, je dire camelot du Roi, comme lui, beaucoup aussi à l’ami Michel suis laissé aller à une notre ami disparu Jean Toublanc, peux l’assurer, Pierre Pujo a de ces camelots qu’avait créés son Fromentoux sur les épaules du- exaspération contenue. Je le mensuel AF Université, or- consacré sa vie à L’Action Fran- père Maurice, que j’ai rencontré quel repose l’avenir du journal m’en repens aujourd’hui, car gane assez justement agressif çaise, relisant chaque ligne, et su- en 1952 et 1953, à Aspects, où il de l’AF. Et l’espoir de nous tous. sa ténacité et son abnégation des étudiants royalistes, dont il pervisant chaque article, exami- aimait sans doute sentir l’atmo- forcent le respect ; pour cela, s’était chargé. nant chaque dessin qui y parais- sphère d’un journal en gestation, Pierre CHAUMEIL Pierre, je vous demande Parfois aussi, il donnait un ar- sait, n’ayant pas l’idée de déléguer où tout le monde le traitait avec le Président d’honneur de pardon. ticle à Aspects dans la ligne à quiconque une parcelle de respect déférent que méritait le co- l’Association professionnelle Grégoire DUBOST droite des grands principes de contrôle. Comme s’il se méfiait de directeur avec Charles Maurras de de la Presse monarchique l’Action française dont il arborait tout le monde, et s’appliquant avec L’AF quotidienne. et catholique

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L’HÉRITIER ■ Pierre Pujo vient de nous Témoignages quitter : j’en, apprends la nou- velle peu après la Toussaint et le soir de ce 11 Novembre qui, en mon enfance, illus- trait particulièrement la lutte de journalistes de la patrie. Le fils de Maurice Pujo aura été pour nous le modèle STÉPHANE BERN et l’exemple de l’héritier. Pierre n’était pas d’extrême droite Lettre à Thibaud Pierre Nous avons la ferme et an- Monsieur cienne conviction que la qua- le Secrétaire général, lité essentielle de l’héritier, ’est une certitude que vous cée Hoche à Versailles en juin Éloigné de la vieille maison de la aviez après avoir passé 1989, avec des militants lepé- rue Croix-des-Petits-Champs, on C’est avec tristesse et émotion c’est d’être le défenseur ac- Cdix minutes en tête-à-tête nistes furieux contre les royalistes ne pouvait quand même pas ou- que j’ai appris la disparition de tif et vigilant du bien dont il avec lui dans son bureau : rétif parce que Pierre avait refusé d’ap- blier tout ce qu’on lui devait : une Pierre Pujo que j’ai bien connu est le bénéficiaire. Et nous, à tout sectarisme, étranger aux peler à voter pour la liste du Front conception fière et noble de la po- au moment du Millénaire ses amis et compagnons, un outrances oratoires coutumières national à l’occasion des élections litique, le goût des idées, certains capétien, il y a vingt ans, destin immémorial nous en- chez certains patriotes, allergique européennes. Nous avions dix- sens du combat. Il est vrai que lorsque nous organisions la titulature des jeunes princes à gage sous la même bannière. à toutes les expressions du ra- huit ans. Nous rêvions de barri- nous nous moquions. Mais au- cisme, trop subtil pour croire aux cades mystérieuses dressées jourd’hui, j’entends Pierre Boutang Amboise. Je garde le souvenir Les desseins de la Pro- diverses théories du complot, pour le Roi. Nous lisions Karl Marx me dire : « Ne vous moquez pas d’un homme de conviction, vidence m’ont assigné une Pierre n’était pas d’extrême droite. et , épatant les trop de Pierre Pujo. Quand il fidèle à la tradition politique, royaliste sincère et dévoué... existence rarement pari- Toute sa vie, il s’est fait un devoir filles et nos profs de philo, pas sera mort, vous le regretterez. » éminemment respectable à sienne, et les jours où j’ai ren- de maintenir la spécificité du cou- peu fiers de nous savoir regardés Il y avait des paradoxes, chez rant royaliste en se tenant loin des avec autant de mépris par la Pierre. N’avoir jamais été membre ces titres, d’autant qu’il ne contré Pierre Pujo furent ceux extrêmes, sans se soucier des droite-fric que par la droite-faf. de l’Action française, ou en avoir tomba jamais dans le piège des réunions, congrès ou quolibets venus du Front natio- Avec les Béruriers Noirs, nous été exclu, était ainsi le meilleur d’une alliance avec le FN. camps champêtres de Maine, nal. Il savait que, d’Henri IV à chantions : « La jeunesse em- moyen de bien s’entendre avec Certes, je ne partageais pas de Normandie ou de Louis XVIII, le roi de France a tou- merde le Front national » dans lui. J’ai écrit plusieurs livres sur sa vision d’une monarchie française réactionnaire, mais Guyenne. Comme rats de jours été un “apaiseur”, un mo- les rallyes versaillais. Les jeunes Georges Bernanos, j’y dis je respectais en Pierre Pujo le narque de “juste milieu” : c’est le gens propres sur eux encartés à quelque mal de Charles Maurras ville et rats des champs du militant discret, honnête, propre même du principe royal. l’UNI nous prenaient pour des et de la dictature agricole du ma- bon La Fontaine, les fidèles courageux et loyal. Désaxez la clef de voûte, et la gauchistes. Nous terrorisions les réchal Pétain : Pierre n’a jamais de l’AF se retrouvent en ces monarchie tombe — dans ses socialistes en leur rappelant que empêché qu’on en parle en bien Croyez bien, Monsieur le lieux au cœur de l’été ou au Mémoires d’outre-tombe, Cha- Mitterrand avait été d’AF. Au ly- dans L’Action Française. À l’in- Secrétaire général, que je penchant de l’automne. teaubriand le montre bien à pro- cée, il n’y avait guère que certains verse, je connais des maurras- partage votre deuil et celui de l’Action française et je veux, Puisque c’est maintenant pos de Charles X. Cette com- vieux profs communistes qui nous siens orthodoxes dont les lourds préhension profonde de la tradi- témoignaient de la sympathie : et fatigants ouvrages à la gloire en cette triste circonstance, le temps des adieux et le tion capétienne dont témoignait ils n’avaient pas oublié Honoré du Martégal ont été taillés en vous adresser ainsi qu’à sa temps des au revoir, je vou- Pierre impressionnait beaucoup d’Estienne d’Orves ni le rôle joué pièces par ses soins. Cher vieux famille, mes plus sincères drais offrir à notre ami les feu Mgr le comte de Paris. Pierre par les royalistes dans la Résis- Pujo ! Il savait probablement qu’il condoléances. images et paysages de nos avait du bien public une concep- tance. Et ils savaient qu’un mili- y avait des choses à liquider dans Avec mes pensées fidèles, retrouvailles anciennes, tion classique, “athénienne”, qui tant formé à l’école d’Action fran- l’héritage de l’AF — l’antisémi- mais attristés. quelque chanson florale en- lui interdisait de se laisser séduire çaise, c’était toujours un militant tisme d’État, le mythe pétainiste, par les violences verbales et qui qui ne se laisserait jamais duper la nostalgie de l’Algérie française. core au cœur de l’automne. l’a conduit à soutenir la candida- par le programme bête et borgne Mais il considérait que c’était à La chronique de la Toussaint ture de Jean-Pierre Chevènement du Front national. lui de décider quand et comment était sans doute la dernière lors de l’élection présidentielle de Gérard Leclerc et quelques tourner certaines pages. Il l’a fait YVES CHIRON qu’il ait eu à apprécier, je lui 2002. À cette occasion, Pierre autres pourraient le dire avec moi : à sa manière, de façon calme et Au moment du décès de dédie pour adieu la fleur de s’est encore une fois attiré les on pouvait avoir été exclu de l’Ac- secrète. Et c’est un peu grâce à Pierre Pujo, je m’associe chrysanthème qui ornait foudres des journaux lepénistes. tion française par Pierre Pujo, ac- lui, aujourd’hui, grâce au travail pleinement à l’hommage que cet essai. Il en avait l’habitude. En 1988, ils cusé d’anarchisme, de romantisme de toute sa vie, que royco ne rime ne manqueront pas de lui l’accusaient déjà d’être “chira- ou de “bernanosisme”, on n’en pas avec facho. adresser nos amis et lecteurs. Jean-Baptiste MORVAN quien”. Je me souviens d’une ba- gardait pas moins du respect pour Vingt ans de collaboration à garre générale, à la sortie du ly- lui — et même de la tendresse. Sébastien LAPAQUE AF Hebdo puis AF 2000 m’ont permis d’apprécier, tout à la fois, sa gentillesse, sa pertinence politique et sa ous, les Serbes de France, fidélité à Maurras. Comme l’a nous partageons la dou- HORS DE FRANCE dit excellemment Jean Nleur que ressentent de Madiran : « Il méritait d’être nombreux Français après la dis- plus aimé qu’il l’a été. » parition de Pierre Pujo. Durant le L’ami des Serbes calvaire qu’a enduré notre peuple – avec la désintégration violente l’occupation de la province Marie Gallois, Louis Dal- de Chirac tombées avec celles de de la Yougoslavie, l’isolement et et la dévastation de son hé- mas, Patrick Barriot, Mau- Clinton, Blair et Schröder). la haine universelle dont il a fait ritage chrétien par les al- rice Pergnier, Jean-Paul Homme de haute morale et de l’objet et qui a explosé pendant bano-kosovars. Il écrivait Bled, Patrick Besson, ou fidélité, Pierre Pujo a vécu cet en- la guerre menée par l’OTAN pour notamment : « Une pro- comme les regrettés Ga- gagement de son pays, contre-na- lui arracher sa terre sacrée, le Ko- jection saisissante de dia- briel Kaspereit, Vladimir ture et contre l’histoire, comme une sovo – Pierre Pujo a fait preuve positives par Ljubisa Fo- Volkoff et Paul-Marie de la aberration, pire, comme une tra- à notre égard d’une constance et lic sur les cent douze Gorce), à ce que nous ne hison. Grâce à la pléiade des d’une fidélité exemplaires ; il nous églises détruites par les désespérions pas de la hommes de conscience et de vé- a ouvert les colonnes de L’Action terroristes albanais a per- France au moment où, gui- rité dont il faisait partie, et grâce Française 2000 alors que nous mis de se rendre compte dée par ses choix euro- à tout ce que cette nation – dis- étions frappés d’ostracisme par- de tout ce qu’a perdu le péistes et atlantistes et vic- pensatrice des plus hautes valeurs tout ailleurs, et il s’est rendu ré- patrimoine de l’humanité. time d’une tourbe d’impos- de civilisation au monde – nous a gulièrement à nos réunions Le plus fort est que ces teurs sévissant dans son apporté, nous avons persévéré franco-serbes pour nous appor- destructions ont été opé- Le monument de Belgrade opinion publique, elle a re- dans notre foi en la France, cette ter le soutien de sa parole géné- rées après l’installation dédié à la France joint la coalition contre la France éternelle que Pierre Pujo reuse et fervente. des troupes de la KFOR. Serbie, son allié de deux portait en lui et dont il aura été, Évoquant sous le pseudonyme L’OTAN s’est déshonorée. De- voyait dans les églises profanées guerres mondiales et dont la ca- durant toute son existence ter- de Jacques Cepoy, dans L’AF vant ces ravages, l’Europe chré- ou détruites autant de nouveaux pitale, Belgrade, est la seule mé- restre, le combattant et le mis- 2000 du 3 avril 2003, la soirée à tienne s’est tue. » Mais Pierre stigmates du Christ. tropole étrangère où se dresse un sionnaire. la Sorbonne consacrée au Kosovo Pujo, lui, ne s’est point tu ; bien Ainsi a-t-il contribué, avec monument à sa gloire (lequel, heu- le 26 mars précédent, il dénonçait au contraire, ce grand chrétien quelques autres (comme Pierre- reusement, a survécu aux bombes Komnen BECIROVIC

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– d’être officiellement invité à par- ticiper aux cérémonies du “150e an- niversaire du rattachement volon- La plus grande taire de Mayotte à la France”, en présence de Louis Le Pensec, mi- nistre socialiste de l’Outre-mer. Les Mahorais l’accueillirent avec cha- France leur et amitié. Être français pour être libres « PIERRE M'A L’artisan du maintien Pierre eut aussi une autre grande DONNÉ LA FORCE joie : celle de voir Mayotte, par la loi du 11 juillet 2001, accéder au sta- D'ESPÉRER de Mayotte dans la France tut stable et tant désiré de "collecti- EN L'AVENIR » vité départementale" française. Ce es historiens de la France nateurs, réussissant à obtenir, dans çaise, la situation de cette terre fran- fut l'aboutissement de vingt-sept an- Pierre est parti tôt. Il nous d’outre-mer pourront créditer la loi du 18 novembre 1974, la sub- çaise ultramarine demeurait encore nées de luttes acharnées, la geste manque. J’ai rencontré Pierre LPierre Pujo d’avoir été l’un des stitution, à la formule « la popula- très fragile. Une loi de décembre de Pierre Pujo, qui restera une de en 1981, alors que j’étais aux tout principaux acteurs de deux tion des Comores sera consul- 1976 avait différé à un délai de trois ses œuvres politiques majeures. Les prises avec des difficultés grands succès s’agissant de tée », celle-ci : « les populations ans la consultation des Mahorais sur jeunes générations mahoraises, qui administratives. Il m’a aidé, Mayotte : son arrimage définitif à des Comores seront consultées ». le statut de leur île – département, connaissent la sécurité et un niveau accompagné dans mes la métropole, son accession au sta- Un pluriel très opportun qui allait ser- territoire ou autre formule. Une autre de vie sans égal dans l'océan In- démarches, soutenu tut le plus proche possible du dé- vir d’assise juridique au comptage loi de décembre 1979 renvoyait cette dien, devront se souvenir du nom moralement, donnant de sa partement : celui de “collectivité dé- des voix île par île… Quant à Pierre consultation à un nouveau délai, de Pierre Pujo, du combat constant, personne, de son temps, son partementale”. Pujo, il entamait, dans les colonnes cette fois de cinq ans. À l’été de intelligent et désintéressé qu'il a énergie et souvent de sa poche Lorsque, alerté par une amie, d’Aspects et même au-delà, une vi- 1984, le président Mitterrand enta- mené pour que le slogan de leurs sans jamais rien demander en Pierre Pujo participe, le 12 sep- goureuse campagne de presse en mait avec Ahmed Abdallah des né- aînés des années soixante-dix échange ou en retour. tembre 1974, au domicile de Me Val- faveur de ce qu’il appelait « Mayotte gociations visant à céder Mayotte à « Nous voulons rester Français pour Pierre m’a ouvert son cœur, léry-Radot, l’avocat qui a défendu la française », n’hésitant pas no- la République des Comores… Pierre être libres » devînt réalité. montré le chemin de l’amitié Younoussa Bamana, à la réunion tamment à interpeller le président Pujo et moi allions, lui poursuivre ce profonde, l’amour indéfectible constitutive du Comité pour l’auto- de la République V. Giscard d’Es- combat, moi l’y rejoindre. Didier BÉOUTIS de la France, le sens de détermination du peuple mahorais, taing, le 24 octobre, lors d’une ré- Toujours remarquablement in- Conseiller municipal du l’engagement politique au en présence des délégués de la po- union de presse à l’Élysée. formé, Pierre continuait son re- 13e arrondissement de Paris service de toutes les terres de pulation Marcel Henry et Adrien Gi- marquable travail de veille et d’alerte France, de l’abnégation. Pierre raud, il ne connaît pas le dossier de journalistique, tandis que je multi- m’a donné la force de croire, Mayotte. Il va cependant s’investir La joie du cent- pliais les initiatives – création d’une ADRIEN GIRAUD d’espérer en l’avenir... Jamais il rapidement et complètement dans cinquantenaire publication, organisation à travers SÉNATEUR DE MAYOTTE n’a failli dans ses multiples et ce combat qui paraît, pour beau- la France de réunions, débats, ex- divers engagements, tant coup, perdu d’avance. Mayotte ver- Après de nombreuses péripé- positions – pour mieux faire Lettre à la famille de P. Pujo nationaux que personnels. sus le monde entier, on mesure le ties – notamment la déclaration uni- connaître aux Français l’île aux par- Avec le décès de Pierre Pujo, Pierre, tu es et tu resteras déséquilibre… latérale d’indépendance des Co- fums. Dans le même temps, la les Mahorais viennent de dans nos cœurs. Nous ne En métropole, deux personnes mores en juillet 1975 – au cours des- faillite de la République comorienne perdre un ami sûr et un sou- t’oublierons pas. Mes pensées sauront, chacune dans son domaine, quelles P. Pujo aidera pleinement était devenue patente, tandis que tien fidèle de leur volonté de accompagnent ta sœur Marielle donner consistance et succès au les Mahorais, ceux-ci, confirmèrent, le nouveau député de Mayotte, demeurer dans la souverai- Pujo, sa famille, toutes celles et combat pour Mayotte française : il lors d’un référendum, le 8 février Henry Jean-Baptiste, se battait sans neté de la France. Nous ceux qui t’ont rencontré, connu, s’agit de René Peyrou, le directeur 1976, par 99 % des voix, leur dé- relâche pour le développement l’avons accueilli à plusieurs approché ou qui ont travaillé adjoint du président du Sénat Alain cision de demeurer français. de l’île… reprises à Mayotte, comme avec toi. Poher, et de Pierre Pujo, le direc- Lorsque, en octobre 1984, avec En avril 1991, Pierre Pujo eut nous avons apprécié en Chahisse DHOIFFIR teur d’Aspects de la France. R. Pey- plusieurs amis, je décidai de créer la joie – mais ce n’était que justice toutes occasions ses déclara- rou s’est employé à mobiliser les sé- une Association pour Mayotte fran- compte tenu des services rendus tions et ses articles de presse en faveur de Mayotte française et de son accession au statut de département ierre Pujo, à l’âge de 77 Notre dernière rencontre date d’outre-mer. ans, est mort samedi, le 10 d’avril 2006. J’étais à Paris, et je La population de Mayotte me Pnovembre, anniversaire, Un hommage donnais, un soir, assez tard, une charge de présenter à la fa- notamment de la mort du géné- causerie sur la Guadeloupe aux mille et aux amis de Pierre ral De Gaulle, dont la politique fut de la Guadeloupe membres de l’Association des Pujo nos condoléances pro- souvent critiquée par lui, mais Écrivains catholiques de langue fondément attristées. avec lequel il partageait un même ment discuté - une dizaine d’étu- Quoi qu’il en soit, il travaillait française, près de Denfert-Ro- amour, sans faille, de la France, diants de cette France d’outre-mer, avec ardeur, à la tâche qu’il s’était chereau. et aussi, toutes choses égales, qu’il avait en haute estime, et à la- assignée, estimé de tous, y com- Malgré l’heure, et les travaux un de ces caractères, qui se font quelle il vouait une sorte d’amour, pris de ceux qui le combattaient, d’une longue journée, Pierre ar- rares aujourd’hui dans le domaine je le dis sans rien exagérer. mais connaissaient l’âme qui était riva, courbé, douloureux, mais Mme TAOUÈS de la politique, et que l’on désigne Pierre Pujo était royaliste. Il la sienne, pas seulement celle souriant. Sa santé déclinait de- TITRAOUI ET d’un mot en voie de déshérence était le fils de Maurice Pujo, l’un d’un écrivain et militant politique, puis quelque temps déjà. Il s’était BERNARD COLL et qui est la “grandeur”. des chefs historiques du mouve- mais celle d’un homme bon (tel fait accompagner d’un de ses Au cours d’un voyage en Gua- ment de l’Action française avec est mon sentiment personnel in- filleuls, jeune homme attentif et POUR JEUNE PIED-NOIR deloupe, en 1980 ou 1981, à l’oc- Charles Maurras. Et surtout, time à son égard) dont les pas- déférent. Il avait voulu, malgré les Nous sommes très touchés casion d’un congrès de l’Asso- Pierre Pujo, qui interrompit une sions et l’ardeur étaient tempé- soucis, la douleur, m’honorer de par l’annonce du décès de ciation internationale des Jour- carrière dans la banque pour rées par son christianisme ca- son amitié, et par delà ma per- Pierre Pujo. La grande famille nalistes de langue française, qui poursuivre l’œuvre de ses tholique, vraiment vécu. sonne, ce que je pouvais repré- de ceux qui aiment la France s’était tenu dans notre départe- maîtres, ne croyait pas que la Ce soir-là que j’évoquais plus senter ce soir-là pour les per- vient de perdre l’un de ses ment d’outre-mer à l’hôtel Méri- royauté eût quelque chose de haut, après la conférence avec les sonnes présentes : la France, la plus ardents défenseurs pour dien de Saint-François, il avait pris commun avec la tyrannie, no- jeunes Guadeloupéens et Maho- vieille France ultramarine. Je lequel nous avions une contact avec moi. [...] Dans les tamment de celles qui saccagè- rais, il était tard, et nous nous sé- (nous) ne saurais l’oublier. grande estime et admiration. jours qui suivirent je lui fis visiter rent le XXe siècle : le nazisme et parions tous, amicalement. Je vis Une chute dans le métro pari- Les Français d’Algérie n’ont la Guadeloupe et connaître le communisme. Il était trop lu- alors Pierre reprendre le chemin sien il y a quelques mois devait pas oublié son combat et quelques amis. cide pour croire à la possibilité de son bureau tout proche. Le tra- accélérer le déclin, sans altérer celui de l’Action française Je devais le revoir par la suite d’une restauration de la monar- vail l’attendait. La sortie d’un jour- l’activité journalistique, et amicale dans les moments les plus une quinzaine de fois, le plus sou- chie en France, à court ou moyen nal ne supporte pas les délais, de ce “manant du roi”. Je me fonde difficiles qu’ils ont vécus. vent à Paris, dans son petit bu- terme. Mais il tenait à ce que la même engendrés par d’autres ac- sur notre foi commune pour lui Nous vous prions de bien reau du journal de l’Action fran- tradition royale fût maintenue tivités et soucis estimables. Je pen- adresser, par delà tous les es- vouloir adresser, au nom de çaise, où dans quelque petit res- contre vents et marées, pour ser- sai à Victor Hugo, poète pas très paces, le témoignage de mon es- notre association et au nôtre, taurant qui jouxte la rue vir, le cas échéant quand vien- à l’honneur, pourtant, dans sa fa- time, de mon amitié fidèle. Fidèle ! à la famille de Pierre Pujo, à Croix-des-Petits-Champs. Ou en- draient des jours difficiles. C’était mille de pensée : « Ceux qui vi- un mot qui lui va si bien. ses parents et amis, nos très core, dans ce café, en 1985, face une conviction discutable, peut- vent, ce sont ceux qui luttent sincères condoléances et nos aux locaux de l’AF, où il avait ren- être, mais respectable, qui fut (….) ceux qui marchent pensifs, Édouard BOULOGNE pensées les plus fraternelles. contré - et avec eux passionné- celle, aussi, de Charles De Gaulle. épris d’un but sublime » ! lescrutateur.com

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SON DERNIER MÉTINGE Je fais malheureusement Militants d’hier partie de ces personnes trop jeunes pour avoir bien connu Pierre Pujo. La première fois que je l’ai rencontré, c’était au CMRDS 2006, lorsqu’il était et d’aujourd’hui... arrivé durant le bref exposé que je faisais sur l’histoire du Normandie Niémen. ■ À seize ans et des poussières, un qu’il le pouvait, il chantait et nous J’eus ainsi l’insigne tractage de jeunes gens bien ha- nous époumonions à chanter avec honneur d’assister à son billés, drôles et portant la canne lui ; nous avions l’impression que dernier “métinge” et de (tous au CJB) me fit venir au 10 rue « Un exemple pour nous tous » cet homme connaissait mille refrains disputer une âpre partie de Croix-des-Petits-Champs. L’atmo- par cœur ! pétanque avec lui. Dans cette sphère au siège de l’AF était un mé- Il ne saisissait pas ce que fai- cour chargée d’histoire du lange de franche rigolade, de grande Fidèle à ses idées, disponible jour, alors que nous partions avec sait une chronique sur l’art contem- château de Lignières, il nous camaraderie et d’activités militantes pour chacun, toujours enthousiaste casques et cannes pour réparer une porain dans le journal de l’Action narra quelques anecdotes menées tambour battant. C’était en et ne cessant de demander à injustice, il nous demanda de faire française, mais il consentait qu’elle édifiantes de son formidable 1986-1987 ; «L’AF revient !» connaître les gens qui partageaient attention à ne pas trop blesser nos s’y tînt : nous étions fier qu’il l’ac- parcours politique. Tout était le slogan, puis vinrent « La ses vues, il était bienveillant sans adversaires, supérieurs en nombre cepte tout en se demandant à quoi d’abord ses visites à Charles France bouge » et « Génération être paternel ; son attitude nous et plus lourdement “équipés”, sûr cela pouvait servir ! Comme pour Maurras à la clinique de Maurras »… inspirait un grand respect et nous que nous sortirions vainqueurs à un tout monarchiste, la liberté était son Saint-Symphorien, puis J’ai rencontré Pierre Pujo le jour aimions à le taquiner ; malicieux, il contre cinq ! Ce fut le cas. Peut- principe premier. l’interpellation de Charles De même de mon arrivée, ce fut un n’était pas dupe et s’amusait comme être grâce à son attitude et à la J’ai vu Pierre donner, pardon- Gaulle lors d’une conférence choc ! Il m’apprit ce qu’était l’esprit un potache. conviction qu’il avait que de jeunes ner, aider, travailler, jouer, chanter de presse à l’Élysée, et enfin des et mille autres Un jour, il m’expliqua avec beau- gens bien formés idéologiquement et rire. Je ne l’ai jamais vu aigri, son voyage à Mayotte, ou en choses. Bourreau de travail, il était coup de gentillesse et de patience ne peuvent que remporter une ba- mauvais, agressif ou égoïste. Vingt- Nouvelle-Calédonie, je ne me un exemple pour nous tous, lycéens, que cela ne se faisait pas de jeter taille de rue sur des voyous et-un ans après notre rencontre je rappelle plus exactement, étudiants. Il insistait toujours pour quelqu’un dans la Seine sous pré- sans idéaux. suis heureux des souvenirs qu’il me avec Jacques Chirac, que les activités militantes ne se texte qu’il vendait sur son “petit” Pierre était un chanteur hors laisse. Souvenirs que je me dois de son camarade substituent pas à nos obligations stand de “petites” guillotines en bois, pair : à chaque fin de banquet, à conter à mon fils. à Sciences Po Paris. scolaires et familiales, mais nous même en plein “petit” bicentenaire chaque session de formation, à Ses paroles gorgées de ne l’écoutions que d’une oreille… de la Révolution française. Un autre chaque camp d’été… à chaque fois Jean-Philippe DELLUS souvenirs passionnants s’envolaient entre ces murs centenaires et résonnaient en ■ Je conserverai un souvenir ému vegarder l’héritage national, et moi comme un écho du de ma première rencontre avec rappeler la solution monar- passé : j’étais en face d’un de Pierre Pujo. C’était le 6 avril 2006, Un gardien du temple d’AF chique », telle est la loi d’airain scan- ces hommes qui avaient dans les locaux du journal. Quand dée inlassablement par ce cerbère traversé tous les grands il apprit que je menais une recherche lumineux d’une tradition cautionnée événements de ce siècle, et sur l’héritage contre-révolutionnaire Jamais il n’aurait songé à se encore citer à l’envi « les Maistre, par la raison et par l’histoire. Tel est qui, s’ils n’avaient pas pu les dans la pensée de Charles Maur- mettre en avant, son expérience de- Bonald, Blanc de Saint-Bon- le talisman qu’il délivrait humblement influencer tous, les avaient ras, il n’hésita pas un instant à me vant simplement servir d’exemple à net… » et rendre cette Contre-Ré- à la jeunesse. À trop vouloir le pré- vécus intensément. consacrer généreusement toute une « quiconque voulant travailler à volution toute nationale en rappe- server, ce gardien du temple finit La mort impitoyable, après-midi afin de me recevoir dans nos renaissances ». Il refusa ainsi lant qu’au-delà de ces legs intellec- toutefois par en fermer les portes à comme elle le fera pour l’intimité de son bureau. Bien qu’ac- tout compromis avec la très média- tuels d’importance, « l’héritage à double tour. Beaucoup respectaient chacun d’entre nous, vous a cablé par le poids des années et tique droite populo-nationaliste, ac- proprement parler, c’est la nation Pierre Pujo plus qu’ils ne l’aimaient. saisi, magnifiant votre l’usure d’une vie de combats poli- tiviste et scabreuse, de peur de française ». Beaucoup continueront à le suivre, destinée. Puisse votre tiques, il se livra avec énergie et sombrer dans la compromission, Chaque semaine, son éditorial mais sous un aspect peut-être ra- exemple d’abnégation et de sympathie à un autoportrait qui té- dans laquelle tant se sont abîmés montrait la voie à suivre devant l’agi- jeuni, qui lui ferait retrouver cette vi- courage exalter notre moignait de la force de conviction et se perdent encore aujourd’hui. Il tation individualiste et pseudo-libé- vacité, ce fabuleux tourbillon qui fit jeunesse pour continuer à avec laquelle il aura défendu contre préférait la vivacité d’esprit contre- rale d’une république qui, acculée à les heures de gloire, au XXe siècle, servir la France et son Roi. vents et marées l’orthodoxie de la révolutionnaire, seule capable de choisir un règne, avait selon lui pré- de l’AF de Charles Maurras et pensée d’Action française pendant maintenir la nation, leçon qu’il de- féré celui des sectes et des mafias. Maurice Pujo. Romain VINDEX près d’un demi-siècle. vait à Charles Maurras. Je le revois « Continuer le combat, pour sau- Tony KUNTER

’est en juillet 1979, six mois devenu ce qu’il a toujours été, après la prise du pouvoir HORS DE FRANCE pourrait jouer dans la stabilisation Cen Iran par l’ancien hôte de et la tranquillité d’une région si im- Neauphle-le-Château, que j’ai portante pour l’équilibre et la paix réussi, enfin, à atteindre la France Le soutien aux patriotes iraniens dans le monde. Il croyait que l’axe et à m’installer à Paris. Un long Paris-Téhéran devrait constituer, exil commençait, qui dure toujours. Téhéran, le monstre qu’elles moi nous sommes rencontrés lon- Le soutien de l’AF et de Pierre une fois l’Iran redevenu iranien, J’avais été condamné à mort par avaient tant aidé à installer, et ne guement. Des souvenirs com- Pujo aux efforts des patriotes ira- c’est-à-dire fidèle à ses traditions le régime islamiste, et ma tête mise tenaient guère à ce que les pa- muns, certains professeurs que niens ne nous a jamais fait défaut. et à son histoire, l’un des facteurs à prix, pour l’équivalent de 200 triotes iraniens puissent s’expri- nous avions suivis (à Paris no- De nombreux Iraniens ont béné- déterminants de la politique ré- 000 dollars à l’époque. mer et “gêner” la nouvelle orien- tamment), ne manquaient pas. ficié du soutien moral, politique et gionale et internationale. L’œuvre La France était et reste mon tation diplomatique de Paris ; Pierre Pujo et moi avions vécu le affectif des réseaux de l’Action que Richelieu et Abbas le Grand second pays ; Thomas Jefferson le désenchantement ne tardera Quartier latin de l’après-guerre et française au cours des années dif- avaient commencée devrait conti- ne disait-il pas « tout honnête pas à venir, mais c’est une surtout des années cinquante. Il ficiles qui ont suivi la révolution nuer, disions-nous souvent. homme a deux pays, le sien et autre histoire. était étonné d’apprendre que Maur- en Iran. Merci pour tout ce qu’il a fait la France » ? Paris était pour moi Il était alors difficile, ce qui reste ras et Bainville avaient été traduits Dès le début elle avait com- dans ce sens. C’est un hommage la ville de ma jeunesse. J’y avais encore le cas dans certains mi- en persan. Lycéen, je les avais pris le danger de l’islamisme ra- ému de reconnaissance à sa lu- fait toutes mes études supérieures, lieux conformistes, de critiquer le lus. L’Iran iranien et la France sont dical et la nécessité impérieuse de cidité et sa fidélité que je lui rends connaissais tant de personnes y régime révolutionnaire et totalitaire tellement proches, et sur tant de le combattre par tous les moyens, aujourd’hui. Il avait de la France, compris dans la sphère du pou- instauré en Iran. Saint-Germain- points ! surtout politiques et médiatiques. de son rôle dans le monde et de voir, au Quai d’Orsay, et surtout des-Prés avait pris fait et cause C’est ainsi que Pierre Pujo pu- Son analyse de la crise afghane, ce qu’elle peut donner et recevoir dans les milieux intellectuels et pour Khomeyni. Sartre, Simone de blia dans Aspects de la France un de l’invasion de l’Irak et de l’in- dans ses relations avec les autres universitaires. Beauvoir et autres Michel Foucault long entretien avec une photo prise stabilité que les islamistes tentaient nations, une idée que je partage Le gouvernement ne faisait ne pouvaient avoir tort. à Paris, ce qui gênait beaucoup de provoquer en Afrique du Nord, entièrement et crois qu’il faudrait alors aucun obstacle à l’arrivée, C’est alors, après deux articles certains milieux puisqu’elle “prou- au Liban et en Palestine était juste poursuivre et continuer sans hé- massive, des Iraniens qui fuyaient publiés l’un dans Le Figaro et vait” ma présence dans la capitale et surtout prémonitoire. L’histoire sitation. la terreur et la barbarie islamiste. l’autre dans L’Aurore grâce à française. Nos liens communs, a, hélas, sur ces sujets comme Mais la plupart ont depuis quitté Hugues Vassal, habitué de Téhé- mon amitié pour l’AF et son équipe, sur bien d’autres, donné raison au Houchang NAHAVANDI la France : les autorités, sous Va- ran, cousin de Pierre Pujo et grand mon apport, si modeste, à son ac- journal. Ancien recteur de l’université léry Giscard d’Estaing, avaient en- reporter des magazines illustrés tion, commencèrent alors. Ils du- Pierre Pujo avait profondément de Téhéran, ancien ministre core des illusions sur le régime de de l’époque, que Pierre Pujo et rent depuis vingt-huit ans. conscience du rôle que l’Iran, re- du shah d’Iran

L’Action Française 2000 n° 2737 – du 29 novembre au 19 décembre 2007 13 HOMMAGE À PIERRE PUJO

à Ferrières-en-Gâtinais dans la de- meure ancestrale. Trente-six ans Cet homme si rigide dès qu’il s’agissait du combat pour la France avait, comme je l’ai écrit dans le dernier numéro, beaucoup plus de cœur qu’on l’a dit. Je n’ou- blierai jamais un voyage dans ma de collaboration voiture dans les années quatre- vingt, époque où je vivais un ter- rible drame personnel ; lors d’un ’est depuis septembre Parfois même il m’a fait souf- par je l’ai plus d’une fois taquiné pour arrêt dans une boutique au bord 1972 que j’avais l’honneur frir. L’Action française est une école Michel FROMENTOUX son refus de se mettre à l’ordina- de la route, Pierre avait acheté Cde travailler quotidienne- d’humilité, et c’est parce que je l’ai teur et à Internet, alors que moi- pour m’offrir une très belle assiette ment aux côtés de Pierre Pujo. vite compris que j’ai “tenu le coup” même j’ai dû m’y mettre à un âge représentant le premier envol J’avais alors vingt-neuf ans. J’ai presque quarante ans. Que le bon déjà avancé. Aujourd’hui quand je d’une montgolfière. Il savait que déjà raconté dans le numéro des Dieu compte au crédit de Pierre regarde sur un de ses manuscrits rien ne pouvait plus consoler mon “60 bougies” d’Aspects de la Pujo d’avoir offert à son principal son écriture fatiguée et quasi illi- âme d’Ardéchois, compatriote des France (7 juin 2007) comment, ré- collaborateur l’occasion de se dis- sible, mon exaspération de le voir frères Montgolfier. Je me souviens pondant à un vœu exprimé à An- cipliner l’âme ! J’ai eu, je l’avoue, écrire à la main se change en une aussi avec émotion des voyages nonay par l’ancien directeur Xa- des moments de colère, le plus vive émotion devant ce témoi- qu’il fit en août 1992 et 1993 à An- vier Vallat une semaine avant sa souvent rentrée, mais pas tou- gnage d’une si tenace volonté nonay au cœur de mes vacances mort (6 janvier 1972) j’avais quitté jours ! Le sentiment de servir un d’écrire jusqu’au bout de ses sur mon sol natal. La première an- la pétaudière qu’était en train de homme qui lui-même s’oubliait to- forces. née, étant allé l’attendre à la gare devenir l’enseignement et accepté talement pour servir ce qui est plus Je reste fier aussi des mo- de Valence, je l’avais transporté les propositions de Pierre Pujo. haut que nous tous, à savoir la ments d’effervescence que j’ai vé- sur la rive ardéchoise du Rhône J’écrivais depuis déjà un an ré- France, m’apaisait en quelques 1976 : Pierre Pujo cus intensément aux côtés de jusqu’au sommet de la montagne gulièrement dans le journal mais heures. D’ailleurs, j’avais trouvé et Michel Fromentoux Pierre : les congrès et les ban- de Crussol. Son agilité m’avait désormais j’allais avoir non seu- une petite astuce pour faire par- à l’imprimerie d’Aspects quets d’AF, la campagne pour étonné. Puis nous sommes allés lement à noircir mais à fabriquer fois passer une idée qui m’était Mayotte française, celle pour la ensemble, toujours sur les mon- les pages, donc à entrer dans les chère et dont je prévoyais que nières années la responsabilité pra- défense de l’école libre, celle, tagnes, prier à La Louvesc le grand arcanes du lieu saint que me sem- Pierre l’estimerait hors du cadre tiquement entière du dossier des constante, mais plus vive que ja- saint Jean-François Régis que tant blait être une imprimerie de de nos préoccupations essentiel- quatre pages centrales. mais ces derniers temps, contre d’âmes rustiques n’ont jamais prié presse. Quelques années comme lement politiques. J’écrivais dans La fabrication d’un journal la construction d’une Europe apa- en vain. Le soir, à Annonay, nous adjoint de Norbert Multeau, puis le texte que je lui soumettais un comme le nôtre, riche de moyens tride et mercantile. avaient rejoints Stéphane Blan- bien vite comme seul secrétaire propos volontairement exagéré ; intellectuels beaucoup plus que fi- Et comment ne pas voir se dé- chonnet, alors tout nouveau mili- de rédaction, j’appris à connaître alors il m’expliquait que cela – je nanciers, était chaque semaine, rouler dans ma tête les souvenirs tant, et ses amis Nicolas et Da- chaque jour un peu plus le fils de le savais ! - ne pourrait pas pa- puis ces dix dernières années des moments de détente passés vid, puis, le lendemain, avec les Maurice Pujo, dont quelques an- raître, puis j’acceptais de négocier chaque quinzaine, une ample co- ensemble ! Bien sûr ceux des abbés Guillaume de Tanoüarn et nées auparavant je ne me serais et la formule que nous trouvions médie aux cent actes divers ; nous camps Maxime Real del Sarte, Gérald Duroisin nous vécûmes pas même senti digne de délacer ensemble gardait quand même avons vécu des moments parfois mais aussi plus personnellement, une magnifique soirée d’AF dans la chaussure. une grande partie de ma pensée... burlesques comme par exemple des dîners qu’il m’invitait à prendre un restaurant de la ville. D’autres dans les pages pré- Pardon pour ce tout petit péché. le jour où le patron d’une de nos chez lui le mardi soir après le la- J’aurais évidemment mille cédentes ont exalté son courage, J’ai vécu trente-six années réel- imprimeries avait vidé l’atelier de beur du “bouclage” du journal ; autres souvenirs à évoquer. J’ar- sa ténacité au service de la France, lement exaltantes. Pierre Pujo me toutes les machines pour les “dé- c’était Mme Maurice Pujo (toujours rête ici, essuyant une larme. Cet la pureté de ses convictions. Je faisait trimer mais me manifestait localiser”... Je ne me rappelle plus présente dans mes souvenirs) qui, homme a marqué ma vie pendant n’y reviendrai pas, sinon pour dire sa confiance en maintes occasions, par quel miracle les ouvriers qui en excellente cuisinière, avait éta- trente-six ans. Presque autant que que je suis bien placé pour affir- par exemple en me confiant la ré- nous estimaient fort réussirent bli cette coutume, que continua, mon père que je perdis quand mer qu’aucun n’a exagéré. Les oc- daction de l’éditorial lorsqu’il était quand même à sortir le numéro. en non moins bonne cuisinière, la j’avais trente-deux ans. Puissent- casions pour moi d’admirer la sû- en voyage ou lorsque, chose très Pierre se fit prier longtemps sœur de Pierre, Marielle, jusqu’à ils l’un et l’autre prier Dieu de me reté de son jugement se sont mul- rare, il prenait un peu de repos. De avant d’adopter les moyens mo- ces derniers temps. Je n’oublie garder la force d’être digne de ce tipliées d’année en année. même en m’accordant ces dix der- dernes de fabriquer le journal et pas non plus les journées passées qu’ils m’ont légué ! ■

Outre les princes et les prêtres déjà cités Charvet, Maurice de Gattelier, Arnaud dans le compte-rendu des obsèques, on Mathieu, Thomas Renaud, Charles-Henri remarquait dans la nombreuse assistance Cheverny, Maurice de Gattelier, Antoine vendredi 16 novembre à la Madeleine : Remerciements Bruneau, Pierre-Philippe Blanchet, Maria Carrière, Grégoire Dejouy, François-Guillaume Abbé Gérald Duroisin Jarry, Gilles de Beaupte, Guy Courbatère de Gaudric, Frédéric Zarma. Michel Fromentoux, M et Mme Bernard Castelluccio, Marie-Josèphe Faure, Mlles L’ambassadeur Albert Salon, Étienne Bonnaves, Docteur André Charles, M. et Mme Marie-Suzanne et Marie-Élisabeth de Benque Tarride, Christophe Révillard, Patrick S’étaient fait excuser : le père Michel Stéphane Blanchonnet, Élie Hatem, Thibaud d’Agut, Mlle Monique Lainé, le comte Bertrand Pommier Jean-Paul Bled (L’Indépendance), Lelong, Mme Gilbert Pérol, Anne Bernet, Mme Pierre, Me Thierry Bouclier, Philippe de Reviers, Marc Van de Sande, Mlle Anne Henri Fouquereau, Mme Françoise Zemmal. Frangova, Jean Claverie, Michel Carles, Henri Champion, Philippe Prévost, Aristide Leucate, Jacqmin, François Tabary, Mlle Gwénaëlle Duprat, Dr Festal, André Louberssac, Mme Georges Ferrière, Michel Bracciali, René Gauchet. Me Quatrebœufs, délégué de l’Institut de Henri Gept, Me Antoine Murat, Mme de Pillorget, Monique Beaumont, Francis Venant, la Maison Royale de France (Pas-de-Calais), Foucault, Mme Jérôme Lacarrière, Mme Alain Waelkens, Grégoire Dubost, Joseph Frédéric Rouvillois, Sébastien de Courtois, André du Temple,Gérard Frémiot, Christian Christiane Jacquier, Mme Gaillères, M. et Santa Croce, Pierre Bonnefont, Frédéric Christian Brosio (Spectacle du Monde), Franchet d’Espérey, M. et Mme Charvet, M Mme Aymard de Beaumont. Poretti, Sébastien de Kererro, Alain Raison, Laurent Dandrieu (Valeurs actuelles), Jean- et Mme Hervé Véron, Serge Plénier, Mme Komnem Becirovic, Ahmed Rachid-Chekroun. Christophe Buisson (Figaro Magazine). Louis de Pompignan, Gaston de Beaucourt, Parmi les très nombreuses Thierry de Saulieu, Catherine Juhel, Louis condoléances reçues, nous relevons les Mme Nicole Maurras, Jean-Louis Daudet, Frédéric Pons, Mme André Figueras, Jean Juhel, Mme Juhel Pascaud, Henri Juhel, Me noms de Philippe Maine, Renaud Dourges, François Berger (représentant Ernest Berger), Cochet (Présent), Camille Marie Galic Jacques Trémolet de Villers, Me Hugues Thibaud Poinsard, Gérard Bedel, Marc Virginie et Denis About, Michel-Hugues (Rivarol), Jérôme Bourbon (Rivarol), Éric Trousset, Bernadette Molitor, Mlle Christiane Bouteiller, Benoiît Flourîeuse, l’abbé François- Michel, Mme Nicolas Vey. Vatré, François de Sainte Marie (Radio Kooper, M. et Mme Schepens, Mme Maguy Xavier de Dainville, Luc Beyer de Ricke, Courtoisie), Gérard Leclerc (France Brun, Vincent Gaillère, Mme Danielle Charles Saint-Prost, Philippe Sénart, Olivier Nicolas Kayanakis, François-Marie Catholique), Yvan Aumont, Sébastien Pouységur-Wilkin, Mme Marie-Antoinette Grimaldi Philippe Fortabat-Labatut, Pierre Algoud, Jean-Michel Vernochet, Max Jalade. Lapaque (Figaro Littéraire), David Foubert, François, Jean-Christophe Vallet, François Gourinard, Jacques Mourot, Mlle Éric Letty (Le Cri du Contribuable), M. et Mme Patrick de Beaucaron, Mme Dominique Paoli, Bel Ker, Claude Baudard, Manuel Bouchez- Geneviève Perrot. Norbert Multeau, Philippe Luyt, François Marin Axel Tisserand, Cyril de Beketch, Serge Panier, Jean-Luc Bailleul, Hubert Massol Fleutot, André Pertuzio, Louis Monier, Docteur Plénier (ADMP), représentant le général Jacques le Nous remercions aussi nos confrères Xavier Dor, M. et Mme Olivier Dejouy, Groignec et Yann Clerc. qui se sont associés à notre deuil, Jacques de Sansonnetti. M. Aly Abdoulatifou, député de Mayotte, M notammant France Catholique, Présent (Jean et Mme Henri Jean-Baptiste, Didier Béoutis, Pierre de Carmonte, Allen Le Yaouen, Madiran) Rivarol (Camille-Marie Galic), Le M et Mme Jacques Dalibert, Mme Ali Hamidi (Anjouan), Chahisse Dhoiffir, Roger Hugues de Malval, Arnaud Menu, Grégoire Monde , France- Infos, Journal de Mayotte, Geneviève Castelluccio, Giovani et Philippe Bordegaray, Lacroix, Paul Mougenot, Alexis et Adrien Journal de la Réunion.

14 L’Action Française 2000 n° 2737 – du 29 novembre au 19 décembre 2007 L’ACTION FRANÇAISE EN MOUVEMENT

CENTRE ROYALISTE D’ACTION FRANÇAISE

LE MONDE DÉBATTRE ET PROPOSER ET LA VILLE ■ Une fois de plus, nos universités connaissent sitions en faveur d'une autonomie intégrale des des mouvements politiques et syndicaux qui pa- universités et font remarquer que ce malaise étu- ralysent un bon nombre de facultés. L'extrême diant est, comme la crise des banlieues, sympto- DÉCÈS C’est parmi les fidèles des cercles gauche fait du camping sauvage et se livre à des matique de l'impuissance d'un État républicain à Disparition du Nîmois que fut créé en 1989 :le Cercle roya- dégradations, la direction de l'UNEF est coupée bout de souffle. Bien exploitées, les circonstances liste Comte de Chambord, hébergé de sa base, l'UNI initie des référés administratifs actuelles devraient nous permettre de faire des Jean Heyral pendant quelque temps par Jean Hey- contre les blocages et les groupuscules d'extrême progrès sensibles dans l'opinion. Tous au travail ! ● Le 2 avril 2007, ses amis nîmois ral en toute sympathie. droite jouent à se faire peur. Pendant ce temps-là, ont assisté aux obsèques de Jean Jean Heyral présidait la section les étudiants royalistes débattent, font des propo- THIBAUD PIERRE Heyral avec la participation à la cé- nîmoise des Amis de Jeanne d’Arc, rémonie du Maire et du député La- et chaque deuxième dimanche de chaud. En effet, même les personnes mai, il invitait les Nîmois à assister à qui ne partageaient pas ses idées la cérémonie célébrée devant la sta- MESSES POUR BIARRITZ - SAMEDI 8 DÉCEMBRE avaient de l’estime pour l’homme de tue de l’héroïne, et à la messe qui PIERRE PUJO conviction qu’il était : grand patriote, suivait à l’église saint Baudile, face Soirée d'hommage à Pierre Pujo il avait pris position pour l’Algérie fran- au monument. ● Une messe a été dite le lende- çaise et se trouva emprisonné à Avant de nous quitter, Jean Hey- Sous la présidence de Me Philippe FORTABAT-LABATUT main de la mort de Pierre Pujo par Fresnes pendant quelques mois. ral avait confié la présidence de l’As- Avec la participation de Michel FROMENTOUX M. l’abbé Gérald Duroisin, en Et la présence de Vincent GAILLERE Il avait fondé, à Nîmes, les sociation des Amis de Jeanne d’Arc Belgique. Projection de films, allocutions, échange amical, buffet, stands divers Cercles gardois de Diffusion de la à notre ami Michel Baptiste, assurant ● Une messe a également été dite pensée française et occidentale, et ainsi la continuité de l’œuvre à la- À partir de 18 heures - 34, rue de Parme, 64200 Biarritz le vendredi 16 novembre à Fon- recevait dans son centre de seize quelle il avait consacré beaucoup de Prière de s’inscrire avant le 6 décembre par téléphone tainebleau par l’abbé Guilhem Le heures à dix-neuf heures tous ceux temps et d’énergie. au 06 33 92 22 78 ou par courriel : [email protected] Coq de la Fraternité Saint-Pierre. Participation aux frais : 5 euros. Enfants : 2 euros. qui partageaient ses idées. Dès l’en- ● Gérard Bedel nous signale trée des lieux, on trouvait sur une Règlement par chèque à l’ordre de Vincent Gaillère MESSE qu’une messe a été celébrée le 228, rue Lecocq, 33000 Bordeaux table les ouvrages édités par Chiré vendredi 16 novembre à l’abbaye que l’on pouvait acquérir. de Fontgombault pour Pierre ● Une messe sera célébrée pour le Pujo. On a aussi prié pour Charles repos de l’âme de José Antonio Maurras mort un 16 no- PRIMO de RIVERA et le général Fran- vembre.(1952). Vous cherchez un livre de Maurras, Daudet, Bainville, etc. ? cisco Franco BAHAMONDE, le 30 ● Une messe pour Pierre Pujo aura Vous voulez offrir un objet fleurdelysé, porter une cravate aux couleurs de l’AF ? novembre à 19 h 30 en l’église Saint- lieu en l’église Notre-Dame La Offrir des chocolats ou des objets divers pour Noël ? Nicolas-du-Chardonnet, Paris 5e. Dalbade (centre ville de Toulouse) le jeudi 13 décembre 2007, à VENEZ À NOTRE VENTE DE NOËL 18h30. INFORMATION ● Trois messes seront dites aussi STANDS V ARIÉS, BAR pour Henri GEPT (ancien prési- Samedi 8 décembre de 14 heures à 19 heures ● LES CERCLES LITTÉRAIRES DU dent de l’URMP) en l’église Notre- ROSEAU D’OR : conférence d’Oli- Dame La Dalbade (centre ville de Dimanche 9 décembre de 10 heures à 19 heures vier de BOISBOISSEL :Dante, poète Toulouse): - les jeudi 29 novembre et penseur politique, jeudi 6 dé- 2007, à 18 h 30. dimanche 24 fé- Dans les bureaux de l’Action française cembre à 20 heures au Parloir du vrier 2008, à 10 h 30. dimanche 10, rue Croix-des-Petits-Champs - 75001 Paris Colombier, 9 rue du Vieux Colombier, 18 mai 2008, à 10 h 30. M° Palais Royal (Tél.: 01 40 39 92 06) Paris 6e .Entrée libre.

JEUDI 29 NOVEMBRE JEUDI 20 DÉCEMBRE PROCHAINS RENDEZ-VOUS PARIS Cercle à PARIS Cercle Jacques Bainville à 19 h 30 - Écrire la barbarie dans la 19 h 30 – Contact : Fernand Dar- rue Croix-des-Petits-Champs, Pa- rue Croix-des-Petits-Champs, Pa- 19 h 30 – News Café (angle de la littérature contemporaine par l’abbé tois - 06 84 83 76 85. ris 1er (métro Palais Royal). ris 1er (métro Palais Royal). rue d’Assas, métro Notre-Dame- Guillaume de Tanoüarn – News LILLE Cercle d’études à 20 heures LILLE Cercle d’étude à 20 heures des-Champs). Café (angle de la rue Vavin et de MARDI 4 DÉCEMBRE – Contact : Romain Vindex – afe- – Contact : Romain Vindex – la rue d’Assas, métro Notre-Dame- [email protected] ou 06 30 68 43 73. [email protected] ou bien VENDREDI 21 DÉCEMBRE des-Champs). SAINT-ÉTIENNE Cercle d’études 06 30 68 43 73. à 18 heures – [email protected]. MARDI 11 DÉCEMBRE PARIS Conférence à 19 h 30 - 10 VENDREDI 30 NOVEMBRE MARDI 18 DÉCEMBRE rue Croix-des-Petits-Champs, Pa- MERCREDI 5 DÉCEMBRE SAINT-ÉTIENNE Cercle d’études ris 1er (métro Palais Royal). PARIS Conférence à 19 h 30 - La à 18 heures – [email protected]. SAINT-ÉTIENNE Cercle d’études LILLE Cercle d’études à 20 heures banalité du mal par Auguste de LYON Cercle d’études à 18 heures à 18 heures – Contact : frfo- – Contact : Romain Vindex – afe- Contrepont – 10 rue Croix- des-Pe- – Contact : [email protected] MERCREDI 12 DÉCEMBRE [email protected]. [email protected] ou 06 30 68 43 73. tits-Champs, Paris 1er (métro Pa- LYON Permanence salariés à 19 PARIS Dîner-débat du Cercle de lais Royal). heures - Café Leffe (place des Ter- LYON Cercle d’études à 18 heures Flore à 20 heures – Les euro-ré- reaux, métro Hôtel de Ville). – Contact : [email protected] gions contre les nations par Pierre SAMEDI 1ER DÉCEMBRE REIMS Cercle d’études à 21 heures LYON Permanence salariés à 19 Hillard – Restaurant Casa Festa (16 - Contact : 06 17 14 05 43. heures - Café Leffe (place des Ter- rue Jean-Jacques Rousseau, mé- C.R.A.F. PARIS Réunion Publique du Col- RENNES Cercle d’études à 17 reaux, métro Hôtel de Ville). tro Palais Royal) – Réservation : association déclarée lectif pour les libertés étudiantes à heures - Contact : Tudry Lecoant – REIMS Cercle d’études à 21 heures [email protected] ou 19 heures : Pour l’autonomie inté- 06 77 31 60 02. - Contact : 06 17 14 05 43. 06 26 52 20 85. 10, rue Croix-des-Petits-Champs, 75001 Paris grale des universités - Salle ASIEM ROUEN Cercle d’études à 18 h 30 ROUEN Cercle d’études à 18 h 30 TÉL : 01-40-13-14-10 – FAX : 01-40-13-14-11 Dans la ligne du mouvement fondé (6 rue Albert-de-Lapparent, métro - Contact : [email protected]. - Contact : [email protected]. MERCREDI 19 DÉCEMBRE par Pierre JUHEL Ségur). PRÉSIDENT PAR INTÉRIM : Stéphane BLANCHONNET JEUDI 6 DÉCEMBRE JEUDI 13 DÉCEMBRE LYON Cercle d’études à 18 heures SECRÉTAIRE GÉNÉRAL : Thibaud PIERRE DIMANCHE 2 DÉCEMBRE – Contact : [email protected]. CHARGÉS DE MISSION PARIS Cercle Jacques Bainville à PARIS Cercle Jacques Bainville à LYON Permanence hebdomadaire FORMATION : Pierre LAFARGE SECRÉTARIAT GÉNÉRAL DES ÉTUDIANTS : Alexandre Apreval PARIS Banquet des Amis de l’Ac- 19 h 30 – News Café (angle de la 19 h 30 – News Café (angle de la des salariés à 19 heures - Café Leffe Adrien Charvet tion française (toutes les informa- rue d’Assas, métro Notre-Dame- rue d’Assas, métro Notre Dame des (place des Terreaux, métro Hôtel Romain Vindex ADMINISTRATION : tions en page 16). des-Champs). Champs). de Ville). Mlle de BENQUE d’AGUT REIMS Cercle d’études à 21 heures LUNDI 3 DÉCEMBRE VENDREDI 7 DÉCEMBRE VENDREDI 14 DÉCEMBRE - Contact : 06 17 14 05 43. COTISATION ANNUELLE : ROUEN Cercle d’études à 18 h 30 MEMBRES ACTIFS (32 L), GRENOBLE Cercle Bayard à PARIS Conférence à 19 h 30 - 10 PARIS Conférence à 19 h 30 - 10 - Contact : [email protected]. ÉTUDIANTS, LYCÉENS, CHÔMEURS (16 L), BIENFAITEURS (150 L)

L’Action Française 2000 n° 2737 – du 29 novembre au 19 décembre 2007 15 Dimanche 2 décembre 2007 à 12 h 30

GRANDGRAND BBANQANQUETUET DESDES AMISAMIS DEDE LL’A’ACTIONCTION FRANÇAISEFRANÇAISE ENEN HOMMAHOMMAGEGE ÀÀ PIERREPIERRE PUJOPUJO

avec la participation de S.A.I. la princesse VINH THUY et en présence de :

François-Marie ALGOUD, écrivain ; Stéphane BLANCHONNET, vice-président du CRAF ; Alexandre BORITCH, délégué d’A.F. en Bourgogne ; Philippe CHAMPION, journaliste, essayiste ; Paul-Marie COÛTEAUX, député français au Parlement européen ; Michel FROMENTOUX, directeur de l'Institut d'Action française ; Élie HATEM, avocat à la Cour ; Aristide LEUCATE, rédacteur à L’Action Française 2000 ; Houchang NAHAVANDI, ancien recteur de l'université de Téhéran ; Thibaud PIERRE, secrétaire général du C.R.A.F. ; René PILLORGET, professeur émérite de l'université d'Amiens ; Romain VINDEX, rédacteur à L’Action Française 2000. Palais de la Mutualité, 24, rue Saint-Victor, 75005 Paris

Métro Maubert-Mutualité – Autobus : ligne 63. Parkings : place Maubert et boulevard Saint-Germain

Stands variés, dédicaces d’auteurs, etc. Inscription obligatoire (nombre de places limité)

Adultes : 42 euros ; lycéens et étudiants : 21 euros ; enfants : 15 euros. Réservez auprès de l’Action française, 10, rue Croix-des-Petits-Champs, 75001 Paris en joignant un chèque à l'ordre de PRIEP CCP 1248-85 A / Paris. Renseignements : 01 40 39 92 06

Édité par PRIEP S.A. au capital de 59 880 euros – 10, rue Croix-des-Petits-Champs, 75001 Paris – Imprimerie RPN – 93150 Le Blanc-Mesnil Numéro de commission paritaire 0407K86761 – Directeur de la publication : M.-G. Pujo