2

N° 2701 0 e L‘ACTION 60 année du 18 au 0 31 mai 2006 Prix : 39 (20 F) FRANÇAISE 0 paraît provisoirement les premier et troisième jeudis de chaque mois 10, rue Croix-des-Petits-Champs, 75001 œ Téléphone : 01-40-39-92-06 œ Fax : 01-40-26-31-63 œ Site Internet : www.actionfrancaise.net Tout ce qui est national est nôtre

Notre dossier LA MONARCHIE ET LA L’AFFAIRE CLEARSTREAM QUESTION SOCIALE par Michel Fromentoux Pierre Lafarge Bertrand Lambert La guerre p. 7 à 9

L'ESSENTIEL Page 4 L’AFFAIRE CLEARSTEAM – L.État vacille par Aristide LEUCATE des gangs – L’autre scandale par Henri LETIGRE Pages 5 et 6 L’éditorial de (page 3) POLITIQUE ÉTRANGÈRE – Ratko Mladic, le général incessible par le colonel (CR) Patrick BARRIOT La christianophobie au Festival de Cannes – Iran : vers la confrontation vec la projection du Da ésotérique mêlant mythe du Passion, avec Marie-Madeleine ; au crime, pour protéger son men- par Houchang NAHAVANDI Vinci Code, le Festival de complot et thèmes antichré- ils auraient eu des enfants dont songe officiel et appuyer sa do- Page 10 ACannes s‘est ouvert le 17 tiens ». Le 15 mai sur Europe 1, l‘un aurait fondé la dynastie mé- mination. Ces élucubrations com- COMBAT DES IDÉES mai sous le double signe du blas- le cardinal Poupard, préfet de la rovingienne, Carolingiens et Ca- mencent en effet avec l‘assassinat phème et de la bêtise. L‘ouvrage Congrégation pontificale de la Cul- pétiens n‘étant plus que des usur- au Louvre du dernier grand maître – Le républicanisme de Dan Brown dont est tiré le film ture, a parlé de « fariboles », se pateurs. du —Prieuré de Sion“ dont Léo- de Jefferson a été dénoncé dès sa sortie l‘an scandalisant de ce que la culture nard de Vinci aurait été l‘un des par Pierre CARVIN dernier par le cardinal archevêque chrétienne soit tombée si bas qu‘il affidés (d‘où le titre de l‘“Œuvre“). Pages 11, 12 et 13 de Gênes, Mgr Tarcisio Bertone, y ait tant de monde à prendre au Elucubrations Pour accentuer le côté —légende HISTOIRE comme un « tissu de mensonges sérieux des affirmations mille fois noire“, l‘assassin est un moine de de mauvais goût ». Dans le Fi- réfutées et qui ne reposent sur rien. Ce terrible secret serait gardé l‘Opus Dei, lequel, chacun le sait, – Témoignage garo-Magazine du 13 mai, Jean Tout part en effet de l‘hypo- dès lors par le —Prieuré de Sion“, n‘est en rien un ordre monastique, pour l’Action françaises Sévillia a clairement montré qu‘il thèse farfelue d‘une relation amou- contre lequel l‘Église depuis deux mais incarne toute sauvegarde de par Antoine MURAT ne s‘agissait que d‘un « fatras reuse de Jésus, ayant survécu à la mille ans serait prête à tout, même la Tradition chrétienne sur laquelle – De Gaulle et les guerres il s‘agit de jeter l‘opprobre, fût-ce franco-françaises en multipliant les anachronismes. par Pierre PUJO Voilà dans ses grandes lignes ce que des gens ayant du temps à – Les militants bretonnants perdre iront voir sur les écrans. Si au risque de la guerre Commémoration du 29 mai 2005 le bon sens n‘a pas totalement par Pierre LAFARGE cessé d‘être en France la chose la – Hommage à Lundi 29 mai 2006 à 18 h 45 mieux partagée, espérons que la par Anne BERNET débilité et la grossièreté de l‘at- taque antichrétienne révolteront Page 14 maint spectateur qui aura l‘im- CHRONIQUE pression que l‘on se moque de lui. – Entre la poire Reste toutefois que pour quiconque et le fromage se sent catholique et français, ce OUI À LA FRANCE film voulant anéantir la divinité par Jean-Baptiste MORVAN du Christ et faisant passer l‘Église LES GRANDS pour un repaire de menteurs et de TEXTES POLITIQUES Rendez-vous devant le siège de TF1, criminels, est une offense qui ne – L’autorité naturelle devra pas restée impunie. et le fondement du politique 1 quai du Point du Jour à Boulogne-Billancourt. par Francis VENANT Michel FROMENTOUX Manifestation organisée par le Forum pour la France, Page 16 comprenant 25 organisations dont l’Action française. ACTION FRANÇAISE M 01093 - 2701 - F: 3,00 E – Le Cortège Voir page 16 de Jeanne d’Arc du 14 mai par Jacques CÉPOY 3:HIKLKJ=XUXUUU:?c@r@a@b@k; POLITIQUE FRANÇAISE

INTÉGRATION ? Dalil Boubakeur, “nationaliste français” musulman

I Nous lisons sur le blog de fois qu’il fait ainsi tretien il y a signe fleur-de-lysé de l’Action fran- Jean-Philippe Chauvin, “roya- référence à cet « quelques années. çaise (alors rebaptisée Restaura- liste et fier de l’être” (http:// amour maurras- Tout comme je me tion nationale), et que les roya- www.u-blog.net/jpchauvin) : sien » de la France souviens que les listes lui ont souvent rendu hom- : il l’évoquait ré- premiers musul- mage au “carré musulman” du Dalil Boubakeur est l’actuel rec- cemment dans un mans rencontrés cimetière de la région parisienne teur de la grande Mosquée de Pa- article du Monde, dans ma vie et où il avait été enterré… Ce timbre des Postes (fran- ris. Depuis de nombreuses années, et il affirmait à l’au- avec lesquels j’ai « Le peuple de France est un çaises ?) présente deux vi- il défend une conception “fran- tomne dernier la conversé partici- composé », affirmait Jacques sages inversés de femmes çaise” de l’islam et, bien que je nécessité d’un « is- paient, comme Bainville en ouverture de son His- noires séparés par les étoiles sois fort réservé sur la religion mu- lam nationaliste moi, à l’université toire de France : le pays doit être d’un drapeau “européen”, avec sulmane avec laquelle je ne suis français » pour d’été royaliste aimé par ceux qui en réclament la cette seule légende : L’INTÉ- guère en accord théologique, j’ap- faire face au risque “Camp Maxime protection, et cela quel que soit le GRATION. S’agirait-il d’exalter précie sa position intransigeante de dérive islamiste Real del Sarte”, au régime en place. La position de Dalil Boubakeur l’intégration des immigrés à sur la nécessité pour les musul- de certains jeunes tout début des an- Dalil Boubakeur a le mérite de rap- l’Europe ? Erreur profonde ! mans vivant en France d’être res- des « banlieues chaudes ». Il est nées quatre-vingt : il s’agissait de peler cette vérité humaine et poli- Des Africains peuvent s’inté- pectueux de son histoire nationale d’ailleurs fort dommage que les Chahisse D., de l’île d’Anjouan, de tique. grer à la France, l’adopter et de ses héritages religieux. Dans journalistes, mais aussi les poli- Zaïdou Bamana, de Mayotte, etc. comme leur patrie, mais non à un récent article paru dans Le Point tiques, n’aient guère prêté atten- C’est d’ailleurs Pierre Pujo, in- Dans son commentaire de la “l’Europe”, construction juri- (jeudi 20 avril 2006), il rappelle tion à ces propos, peu conformistes amovible directeur (depuis 1966…) “Charte du culte musulman en dique artificielle, sans passé et cette position éminemment poli- au regard du “politiquement cor- de la presse maurrassienne, qui France” publiée en 1994, Dalil sans âme. tique : « Il existe en France un rect” actuel… me les avait présentés et qui me Boubakeur parlait déjà de « l’at- véritable islam national et pa- Je me souviens d’ailleurs que vantait les mérites des musulmans tachement tout maurrassien des triotique de par le sang versé la première fois que j’ai entendu « nationalistes français » : il est musulmans à la France ». Plus des musulmans durant la Pre- parler de Dalil Boubakeur, c’était vrai, d’ailleurs, que le premier mu- anciennement, à Alger, avant la IRAN mière Guerre mondiale. Un dans les colonnes d’Aspects de la sulman français d’origine algé- Seconde Guerre mondiale, il y amour de la patrie aussi fort que France, hebdomadaire royaliste rienne assassiné en métropole avait des mu- Le choc celui de Maurras ou de Barrès.» d’Action française, journal auquel dans les années cinquante (par le sulmans. des ambitions Ce n’est d’ailleurs pas la première il a accordé au moins un grand en- FLN), Miloud Boudjelal, portait l’in- P.P. I Notre ami Houchang Naha- vandi, ancien ministre du Shah, vient de publier un ouvrage im- LE CRÉNEAU portant et documenté où il re- trace les tentations de moder- nisation de l’Iran depuis le La maladie française vestisseurs étrangers sont donc en pratique to- Au nom de quoi, ceux de la “deuxième classe” XVIIIe siècle. Il analyse la ré- talement dénuées de sens. Elles privent le pays auront le droit de venir se faire exploiter en “pre- volution islamique de 1979 et G MICHEL SCHIFRES se lamente, dans un d’un afflux de capitaux étrangers au nom de prin- mière classe” pesant ainsi inexorablement sur les la menace actuelle de l’isla- éditorial du FIGARO MAGAZINE (5/5/06), sur cipes surannés et perturbent le fonctionnement rémunérations de leurs collègues occidentaux. » misme radical pour le monde. une « malédiction de la présidentielle » : « Tout du grand marché européen. » Ouvrons les bras aux “plombiers polo- Au moment où les ambi- se passe, chaque fois ou presque, comme si le Heureusement, a poursuivi le commis- nais” ! Et tant pis pour les travailleurs fran- tions nucléaires de l’Iran des débat devait être pollué par une affaire. Il ne s’agit saire, « la Commission européenne [a] un rôle çais ! Pour qu’il n’y ait pas de concurrence ayatollahs suscite la tension in- pas de jouer les offusqués : la politique se traite d’arbitre et un sifflet ». Elle a « une compétence déloyale, les travailleurs étrangers doivent ternationale que l’on sait, l’ou- rarement en gants blancs. Il serait naïf de croire exclusive pour se prononcer sur les fusions de être embauchés aux mêmes conditions que vrage de Houchang Nahavandi qu’elle ignore les coups fourrés et les embus- dimension communautaire ». Elle « ne restera les Français. permet de comprendre les don- cades : la détestation de l’autre y est plus ré- pas inerte ». nées de la situation. pandue que l’amour du prochain. Certes, mais Certes, les dirigeants d’une entreprise doi- P.P. pourquoi ne parvenons-nous donc jamais à ob- vent chercher à la faire prospérer, mais ils ne Un moralisme pervers * Éd. Aquilion, 28 euros. tenir une discussion sereine ? Pourquoi, chez peuvent le faire au détriment des travailleurs nous, est-il si rare de vivre une campagne calme nationaux qu’elle emploie. Le sophisme de G PIERRE-ANDRÉ TAGUIEFF fustige, dans axée uniquement sur la confrontation ? Cette M. Almunia est un peu un peu gros ! une tribune du FIGARO (9/5/06) « l’immigra- maladie française est non seulement pitoyable, tionnisme, dernière utopie des bien-pensants ». elle est aussi suicidaire. ». Pour ces derniers, « l’immigration serait un phé- La “maladie française”, c’est la démocra- Plombier polonais nomène inéluctable et positif ». Ce qui a pour tie. Ce que déplore Michel Schifres est lié au conséquences : « Disparition de l’action poli- 10, rue Croix-des-Petits-Champs, tempérament politique des Français dont les G LE 1er MAI, plusieurs pays d’Europe occi- tique, effacement de la volonté politique, annu- 75001 Paris Tél. : 01-40-39-92-06 • Fax : 01-40-26-31-63 défauts sont accentués par la démocratie. On dentale ont levé les restrictions à l’entrée de lation de la liberté de faire des choix, avènement I.S.S.N. 1166-3286 ne changera pas le tempérament national par travailleurs venus de l’Est. La France, pour de l’impolitique. » des admonestations. Il vaudrait mieux re- sa part, ne les a supprimées que partielle- Taguieff observe encore : « La vertu chré- • Directeur : Pierre Pujo connaître qu’en France le pouvoir suprême, ment. Cette suppression sera chez nous « tienne de charité se conjugue avec le devoir d’hos- • Secrétaire de rédaction : Michel Fromentoux dont l’enjeu est l’objet de toutes les convoi- progressive ». L’U.N.I.C.E. (Confédération des pitalité sans limites pour donner un fondement • Politique : Georges Ferrière, tises, devrait être en quelque sorte séques- entreprises européennes), dont le président d’allure morale à l’ouverture [à l’immigration]. Yves Lenormand tré entre les mains d’un roi héréditaire, au est Ernest-Antoine Seillière, souhaiterait que La rhétorique sentimentale remplace ainsi le cou- • Politique étrangère : Pascal Nari lieu d’être livré à la compétition des politi- la France s’ouvre davantage. LA LETTRE DE rage politique. La générosité abstraite, au nom • Chronique militaire : Bernard Guillerez ciens. B.R.N. souligne ce passage de sa déclaration des grands principes et des bonnes intentions, • Économie : Henri Letigre, du 28 mars : « La libre circulation des tra- chasse tout souci des responsabilités. Car, après Serge Marceau. vailleurs est une liberté fondamentale garantie l’ouverture, comment faire pour intégrer les nou- • Enseignement, famille : Sophisme par le traité. [...] Les fédérations membres de veaux arrivants, alors que la “société plurielle” Michel Fromentoux, chef de rubrique • Sciences et société : Guillaume l’U.N.I.C.E. sont favorables sans réserves à la qui s’annonce offre le spectacle d’une fragmen- Chatizel, G LA LETTRE DE BASTILLE RÉPUBLIQUE levée immédiate des restrictions à l’accès des tation conflictuelle ? L’éthique de la conviction, • Outre-mer : Pierre Pujo NATION (B.R.N.) (24/4/06) rapporte que le 28 citoyens des nouveaux États membres au mar- surtout si elle est forcée, n’est pas une politique. • Médecine : Jean-Pierre Dickès mars, le jour même où se déroulaient à tra- ché du travail. » Si la mauvaise conscience de l’Occidental sup- • Livres : René Pillorget, Anne Bernet, vers toute la France des manifestations mas- Le plus fort est que les centrales syndicales posé nanti n’est pas suffisamment réveillée, une Pierre Lafarge, Philippe Aleyrac, sives contre le contrat première embauche françaises plaident aussi pour l’ouverture to- deuxième salve de moralisme peut être tirée sous Romaric d’Amico (C.P.E.), le commissaire européen chargé de tale des frontières. La Lettre de B.R.N. s’en la forme d’un chantage du type : “Si vous refu- • Arts-lettres-spectacles : Léon Camus, l’Économie, l’Espagnol Joaquin Almunia, don- étonne : « Ainsi Guy Juquel, pour la C.G.T., plaide- sez l’ouverture totale des frontières et la régula- Renaud Dourges, Monique Beaumont • Cinéma : Alain Waelkens nait une conférence à Paris, à Sciences-Po. t-il explicitement pour “arrêter les mesures transi- risation de tous les sans-papiers qui en font la • Combat des idées : Pierre Carvin, Il stigmatisait le “patriotisme économique”, toires et ouvrir complètement le marché du travail” demande, alors vous êtes mû par la peur de Jean-Philippe Chauvin « autrement dit la propension supposée de cer- ; son homologue cédétiste affirme pour sa part qu’ l’autre, vous êtes atteint par le virus de la xéno- • Art de vivre : Pierre Chaumeil tains gouvernements nationaux à s’abriter der- “on ne peut plus considérer que l’ouverture de l’Eu- phobie et du racisme”. » • Chroniques : Jean-Baptiste Morvan, rière des “ligues Maginot” économiques ». Pour rope c’est pour la libre circulation des entreprises Le mécanisme de la culpabilisation de l’Oc- François Leger lui, « la responsabilité des dirigeants d’une en- et des capitaux, et pas pour les travailleurs”. Comme cidental est ici bien analysé. Il est temps de • Maquettiste : Grégoire Dubost treprise est de la faire prospérer : il est de leur s’il ne s’agissait pas précisément des deux faces rétablir la priorité du politique sur le faux mo- • Photos : François Tabary devoir de faire abstraction des frontières et des de la même médaille ! Il convient, nous dit-on, ralisme où se noie une bonne partie des élites Abonnements, publicité, promotion : origines nationales de la firme. Les politiques de d’empêcher qu’il y ait des “citoyens européens de françaises. Monique Lainé défense des champions nationaux contre les in- première et deuxième classe”. Jacques CÉPOY

2 L’Action Française 2000 n° 2701 – du 18 au 31 mai 2006 SIGNES ÉDITORIAL DES TEMPS Argumentaire LA GUERRE DES GANGS Une fois n’est pas coutume, plaignons les parlementaires de l’UMP : en 2007, lorsqu’ils re- uand finira-t-on de rêver à la démo- Aujourd‘hui l‘autorité du gouvernement tourneront sur les marchés pour cratie idéale où les candidats aux fonc- est très affaiblie et l‘on voit mal comment il tenter de séduire le chaland avant tions publiques se livreraient entre pourra continuer à agir jusqu‘à l‘élection pré- Q les législatives, il leur faudra ex- eux à un affrontement loyal en s‘interdisant sidentielle. Après l‘échec du contrat première les coups bas à l‘encontre de leurs adver- embauche, la mise en cause de M. de Ville- pliquer pourquoi ils n’ont pas tenu saires ? pin dans l‘affaire Clearstream, le projet de leur promesse d’abroger les 35 Les Américains y croient, mais leurs dé- loi sur l‘immigration est fortement contesté heures, pourquoi ils se sont enli- clarations vertueuses ne les empêchent pas par la gauche et l‘on se demande s‘il ira jus- sés dans le CPE et pourquoi ils parfois d‘enfreindre les règles établies et les qu‘à son terme. Tout ce qui vient du gou- ne se sont pas associés à la mo- usages. Avec une bonne dose d‘hypocrisie, vernement est systématiquement contesté par tion de censure qui aurait permis la morale est sauve ! des groupes minoritaires qui finissent par en- de faire tomber les duettistes Vil- En France, tous les moyens sont bons pour traîner l‘opinion. lepin-Sarkozy et d’épargner au éliminer l‘adversaire ou le mettre en échec... M. Sarkozy ne cesse depuis des mois de pays une crise de régime. L’ar- pour assurer aussi à son parti un financement PAR saper les initiatives du Premier ministre et gumentaire de campagne ne sera occulte. L‘essentiel est de ne pas se faire PIERRE PUJO l‘on voit mal comment ils pourraient conti- pas facile à trouver... prendre. nuer à appartenir au même gouvernement.? Quand le ministre de l‘Intérieur —s‘en remet à la justice“ en parlant de sa volonté de —la- Démocratie Une lutte tent jour après jour les épisodes de cette af- ver son honneur“, il ne songe en réalité qu‘à inexpiable faire qui se déroule comme une histoire po- prolonger l‘affaire et à confondre son rival. On imagine aisément les vives licière. Des juges alimentent le feuilleton en Ces derniers jours il semblait hésiter entre protestations qu’aurait émises la Dominique de Villepin s‘est fait prendre. distillant des révélations ou en laissant pu- accepter le poste de Premier ministre et quit- communauté internationale si Yas- La chose n‘est pas confirmée, mais il est blier dans la presse des documents de l‘ins- ter le gouvernement. Dans la première hy- soupçonné depuis plusieurs semaines d‘avoir truction et ils annoncent des perquisitions pothèse, il risquait l‘impopularité qui s‘at- ser Arafat avait décidé de nom- fait enquêter par les services spéciaux sur Ni- dans les ministères. Pourtant la matière pé- tache au bout d‘un certain temps à tout pre- mer autoritairement son succes- colas Sarkozy dont le nom figurait sur un lis- nale est maigre. Il n‘y a d‘instruction ouverte mier ministre. Dans la seconde, il s‘exposait seur plutôt que de passer par les ting de gens ayant un compte au Luxembourg que pour « dénonciation calomnieuse » et à être marginalisé. Ce n‘était pas bon pour urnes. Mais c’est pourtant pour et touchant des commissions à l‘occasion de personne n‘a été inculpé de ce chef. la réalisation de son projet présidentiel qui avoir voté que la Palestine est au- gros contrats commerciaux avec l‘étranger. constitue sa seule préoccupation. Il a donc jourd’hui punie par la communauté Il était alors ministre des Affaires étrangères décidé de rester au gouvernement jusqu‘à internationale qui a décidé de cou- (en janvier 2004) et avait le droit de deman- Tempête nouvel ordre. M. Chirac n‘a pas fini de su- per les vivres au Hamas. Et der cette enquête dont le résultat a été néga- dans le microcosme bir les conséquences de son imprudence lors- puisque les Palestiniens ont “mal” tif. Rien de répréhensible dans cela. qu‘il a laissé M. Sarkozy s‘emparer de la pré- voté, les hôpitaux palestiniens Évidemment M. de Villepin aurait pu pré- Cela n‘empêche pas l‘affaire de déclen- sidence de l‘U.M.P. manquent désormais de tout et le venir Nicolas Sarkozy qu‘un soupçon pesait cher un grand hourvari dans la classe poli- pays est au bord d’une vraie ca- sur lui. Mais l‘occasion était bonne d‘entra- tique, la droite et la gauche se livrant à leurs tastrophe sanitaire. ver les ambitions présidentielles de son col- joutes habituelles. Il reste que les intérêts fon- Un climat lègue au sein du gouvernement Raffarin en damentaux de la France ne sont pas en cause, d’anarchie jetant la suspicion sur son honnêteté. Entre mais seulement l‘avenir politique de M. Sar- Ours rivaux dans une élection dont l‘enjeu est aussi kozy et celui de M. de Villepin. Seul le —mi- On est parvenu à une situation de blocage important que celle du chef de l‘État, on ne crocosme“, selon l‘expression de Raymond où le régime est devenu incapable d‘assurer La bataille de l’ours pyrénéen se fait pas de cadeaux ! Il serait bien éton- Barre, est concerné. Le peuple français re- un gouvernement normal du pays. Trop de nant que M. Sarkozy ne profite pas de son garde ébahi le duel entre le numéro 1 et le reculades, trop de démissions devant les res- n’est-elle pas la bataille entre des passage à l‘Intérieur pour se renseigner sur numéro 2 du gouvernement et se demande ponsabilités de la part de nos gouvernants ruraux, qui respectent la nature le passé et sur les activités des gens qui pour- comment le pays peut encore être dirigé dans ont développé un climat d‘anarchie dans le mais ont appris à la domestiquer, raient un jour lui nuire dans sa carrière po- ces conditions. pays et rendu impuissants ses dirigeants. et des urbains qui rêvent de na- litique. La démocratie, c‘est chez nous, la Le scandale n‘est pas dans cette histoire Les juges cherchent à faire reconnaître ture à l’état sauvage ? Puisque guerre des gangs ! obscure de listing trafiqué et dans l‘affron- un pouvoir judiciaire surveillant le fonction- l’ours n’est pas une espèce me- L‘un des vices de notre démocratie, c‘est tement entre deux chefs de bande pour nement de l‘exécutif. Le Parlement, après nacée, on ne voit pas en tous cas que les hommes investis du pouvoir sont ten- conquérir le poste suprême. Cet affrontement avoir voté des lois, est invité à se rétracter. pour quelle raison il serait indis- tés d‘utiliser à des fins personnelles les est normal en démocratie. Bien sûr, la France Le président de la République promulgue une pensable d’en réintroduire dans moyens mis à leur disposition pour servir le en pâtit. Si l‘on veut en mettre le pays à l‘abri, loi et demande ensuite qu‘elle ne soit pas ap- les Pyrénées si les habitants n’en pays. Ainsi des intérêts électoraux viennent- il faut abolir l‘élection au suffrage universel pliquée. Les institutions se détraquent. On veulent pas. À moins que l’on ils interférer avec les intérêts nationaux. direct du chef de l‘État et revenir à la mo- ne peut s‘étonner que les Français rejettent veuille également, au nom du re- Depuis trois semaines, les grands médias narchie héréditaire. Le vrai scandale est que de plus en plus une classe politique de droite tour à l’état sauvage, réintroduire écrits et parlés sont pleins de l‘affaire Clears- la fonction suprême soit l‘objet d‘une com- et de gauche qui vit à leurs dépens et s‘en- des rats dans nos villes et des pu- tream, du nom de la banque luxembourgeoise pétition entre des aventuriers de la politique fonce dans ses querelles de clans. naises dans nos lits ! qui tiendrait les comptes suspects. Ils racon- et que cette lutte se prolonge durant des mois. I Services NOTRE SOUSCRIPTION POUR L’A.F. LISTE N° 7 très spéciaux Virements réguliers : Jean- Michel de Love, 7,62 ; Vincent Sans être expert en matière Requiem Claret-Tournier, 15 ; Mme Bellegarde, d’espionnage, on peut s’étonner 15,24 ; Joseph Lajudie, 20. de la profusion de notes du gé- Mme Marie-Magdeleine Godefroy, néral Rondot citées par les mé- pour un photocopieur 22,87 ; Georges Delva, 25 ; Mme dias dans l’affaire Clearstream. Le Marie-Christiane Leclercq 28 ; Louis général souffrait-il de trous de mé- I Dans chacun de nos numéros, nous solli- Ces trois appareils sont pour nous des ou- Petit, 30,19 ; Mme Tatiana de moire l’obligeant à tout noter ? citons la générosité de nos lecteurs pour le tils de travail indispensables. Nous allons donc Prittwitz, 45,73 ; Jacques Bentégeat, Certaines notes sont même stu- journal de l’Action française. Leurs dons nous devoir acquérir un matériel neuf ; coût : 10 000 53,36. péfiantes comme celle du 19 juillet permettent d’alimenter une souscription in- euros. Comme nous ne possédons pas de ré- Jean-Louis Pichery, 15 ; Robert 2004 sur laquelle l’agent secret dispensable à la vie du journal. Nous pour- serves, nous devons nous endetter. Alors, nous Legrand, 15,24 ; Jean-Louis aurait écrit cette phrase de Do- Chantôme, 20 ; Roger Beaudeloche, suivons ainsi notre combat national. faisons appel avec insistance à nos amis pour minique de Villepin : « Si nous Aujourd’hui nous sommes confrontés à des qu’ils nous permettent de faire face à ce coup 20 ; François Lannes, 30 ; Georges apparaissons, le président de soucis financiers pressants. De façon impré- dur pour nos finances. Merci d’avance ! Chauvet, 50 ; Jean Guillemin, 40 ; la République et moi, nous sau- vue notre photocopieur à grand débit a rendu P.P. Mlle Marie-Suzanne de Benque tons. » À qui veut-on raisonna- l’âme. Grâce à lui nous imprimions tracts, af- N.B. 1) Les 10 000 euros que nous demandons d’Agut, 80 ; Vincent Claret-Tournier, fiches, lettres, articles, documents de toutes s’ajoutent à la somme déjà recueillie pour notre 100. blement faire croire qu’un membre sortes. souscription et destinée à couvrir d’autres dé- des services secrets note ce genre Simultanément, l’ordinateur des abonne- penses. Total de cette liste : 633,55 9 de phrase et conserve précieu- ments a cessé de fonctionner. Comme le pho- Listes précédentes : 13 895,14 9 sement ses notes dans l’attente tocopieur, il va falloir le changer. 2) Prière d’adresser les versements à Mme Gene- d’une perquisition ? Le télécopieur doit aussi être remplacé car viève Castelluccio, L’A.F. 2000, 10 rue Croix-des- Total : 14 528,69 9 il se fait vieux et est fatigué. Petits-Champs, 75001 Paris. Total en francs : 95 301,96 F Guillaume CHATIZEL

L’Action Française 2000 n° 2701 – du 18 au 31 mai 2006 3 L’AFFAIRE CLEARSTREAM L’État vacille L’autre scandale

i “l’affaire” par se soit trouvé en a médiatisation des affaires par Le pays le plus riche de l’Eu- ne visait Aristide LEUCATE possession de de comptes bancaires fictifs Henri LETIGRE rope des Vingt-cinq a construit sa Sque le per- procès-verbaux Ldes dirigeants d’une Répu- nouvelle fortune en organisant la sonnel politique, nous n’aurions d’audition du général Philippe blique à l’agonie cache une réa- Clearstream est donc une so- fuite légale des capitaux des éco- alors qu’une impression de “déjà Rondot, ancien fonctionnaire de lité encore plus sombre : celle d’un ciété bancaire internationale qui nomies actives du Vieux continent. vu”, habitués que nous sommes, la DGSE, normalement couverts système financier international mis gère les compensations entre Quelle que soit la réalité des listes par le sacro-saint secret de l’ins- en place par les tenants d’une Eu- banques et grandes bourses eu- de noms sur lesquelles la classe Ou comment truction ? La Justice et le Pou- rope sans frontière. ropéennes ; elle facilite les opé- politique française spécule, une le pouvoir exécutif, voir partent en quenouille ! rations boursières des organismes certitude dépasse cette bouffon- Clearstream qui souhaitent que les frontières nerie : des milliers de Français for- l’autorité judiciaire disparaissent, pour le plus grand tunés utilisent ce type d’officine et quelques Des robins est une société profit de sa clientèle. pour contourner notre fiscalité. représentants décrédibilisés bancaire La liste des actionnaires d’ori- L’Union européenne, qui, au nom du pouvoir législatif internationale gine est très révélatrice : la du pacte de stabilité, menace de se retrouvent La mise en cause du juge qui facilite Deutsche Börse (propriétaire de la sanctionner la France lorsque son liés à une affaire d’instruction Van Ruymbeke au- les opérations bourse de Francfort) détenait à elle déficit budgétaire dépasse les 3 % tant que l’empressement du garde seule 50 % du capital, le reste du PIB, a donc favorisé un sys- sordide, des Sceaux à diligenter une en- boursières étant entre les mains d’une cen- tème de fuite des capitaux, rédui- politico-mafieuse, quête via l’Inspection générale des organismes taine de banques européennes sant les recettes de l’État qu’elle aux multiples des services judiciaires (en at- souhaitant opérant sur les marchés boursiers. réprimande. ramifications tendant une éventuelle sanction la disparition Pourquoi avoir établi cette Clearstream, ou pour être pré- internationales. disciplinaire prononcée par le des frontières. banque, appartenant à une société cis son ancêtre, la Cedel, est née Conseil supérieur de la magistra- allemande, en dehors de la Ré- dans les années soixante, lorsque ture), ne suscite guère l’étonne- publique fédérale ? L’objectif est la construction européenne nais- sous nos cieux “ripoublicains”, à ment. Soupçonné d’avoir suggéré Fondamentalement, le vrai simple : profiter pleinement de deux sante encourageait les mouve- la probité exemplaire de nos à Jean-Louis Gergorin, vice-pré- scandale ne porte pas sur le fait avantages parfaitement légaux que ments de capitaux internationaux hommes et femmes politiques, sident d’EADS (société Euro- que le ministre de l’intérieur pos- procurent la législation européenne à l’intérieur de l’Europe des Six. pris les doigts dans la confiture sède ou non des comptes au et le droit luxembourgeois. Les basses oeuvres de ce projet mais s’en remettant invariable- Luxembourg, ou même que le Pre- profitent d’abord à ceux qui parti- ment et hypocritement à la sa- mier ministre se serve de fausses cipent pleinement à cet affairisme : gesse de la justice de “not’pays”. listes pour salir son concurrent banquiers, hommes d’affiaires, Mais quand c’est cette même jus- dans la course à l’Élysée ; le vrai fonctionnaires européens, mi- tice qui est embarquée dans la scandale est constitué par l’exis- nistres et autres politiques... tourmente des affaires, on doit y tence même de Clearstream. voir, immanquablement, un indice sérieux de décrépitude de l’auto- “Blanchisserie” rité de l’État. Compensation Le succès en a inspiré beau- Cette société bancaire de droit coup d’autres, dont la nature des Chirac n’est plus luxembourgeois est ce que nous transactions est non seulement le garant appelons une société de com- liée aux avantages fiscaux mais de la Justice Le juge Van Ruymbeke pensation. En pratique, cette offi- également à une volonté de blan- Une cible à abattre ? cine se charge de transactions éco- chir l’origine de leurs fortunes. N’oublions pas, en effet, que péenne de l’Aéronautique, de la nomiques de toute nature entre Plusieurs enquêtes conclues par depuis les premiers temps de la Défense et de l’Espace, émana- deux clients. À l’origine, ce type des non-lieux viennent de s’ache- monarchie capétienne, toute jus- tion du groupe Lagardère) de lui d’entreprise était nécessaire pour Le Luxembourg ver sans que nous puissions cer- tice émane du chef de l’État. Ce envoyer une lettre anonyme com- les règlements de livraisons entre Une aubaine pour des affairistes ner les causes de ces classe- pas toujours scrupuleux... principe cardinal, formalisé par les portant un certain nombre d’in- deux partenaires distants, mais ments sans suite : absence de légistes de l’Ancien Régime, s’est formations compromettantes vi- cette activité basée sur les flux En effet, l’Europe garantit la li- preuves, destruction ou dissimu- perpétué sous la République au sant des hautes personnalités po- réels (achat et vente de produits) berté de circulation des capitaux. lation des éléments sensibles, ou point que la Constitution du 4 oc- litiques, des industriels, les est aujourd’hui largement insuffi- Dans le cadre de l’Acte unique, bien volonté de préserver la place tobre 1958 érige naturellement le services secrets, la société Clears- sante pour assurer une activité suf- entré en vigueur en 1993, ceux-ci du Luxembourg, qui craint qu’un président de la République en tream (dénoncés comme ayant fisante aux banques internationales ont même bénéficié d’une ouver- procès ne ruine en quelques mois « garant de l’indépendance de blanchi des commissions occultes qui nous intéressent. ture des frontières anticipée au 1er une réputation de blanchisserie l’autorité judiciaire » (article 64). provenant de la vente de frégates L’immense majorité des tran- juillet 1990. Les affairistes avaient irréprochable acquise en seule- Quid, dans ce cas, lorsque le à Taiwan par l’entreprise Thom- sactions qu’elles prennent désor- tellement besoin de brasser les ment vingt ans ? premier magistrat d’une nation son, en 1991), Van Ruymbeke mais en charge proviennent de fortunes amassées dans toutes En tout cas, cette pseudo-af- n’est plus en mesure de sauve- constitue alors idéalement la cible mouvements purement financiers : sortes de transactions qu’ils ne faire aura révélé que notre classe garder ce Bien commun qu’est la à abattre. achat et vente d’obligations, de SI- pouvaient plus se permettre de pa- politique est parfaitement au cou- Justice ? Le président Chirac a Il est vrai que certains repré- CAV, d’actions, de bons du trésor tienter... rant du fonctionnement de ces fi- démontré, depuis son accession sentants de la classe politique ont et autres titres boursiers qu’elles Le plus scandaleux réside ce- lières de l’argent de la honte. à l’Élysée, qu’il n’était pas légi- des raisons de lui en vouloir, beau- “compensent” pour leurs clients, pendant dans l’hypocrisie du droit Pourquoi chercher à salir plu- time à tenir la main de justice. coup ayant manqué d’achever leur au gré des opérations que réali- luxembourgeois en matière de fis- sieurs politiciens avec une liste L’imbroglio politico-judiciaire que carrière politique derrière les bar- sent entre elles les grandes calité et de régime bancaire. de comptes bancaires dans ce représente le scandale Clears- reaux. Il ne nous revient pas, dans banques. type de structure, alors que la loi tream, à l’occasion duquel le han- ces colonnes, d’apporter une quel- Le principe d’origine se rap- autorise parfaitement l’ouverture neton élyséen se voit soupçonné, conque appréciation morale ou ju- proche de la chambre de com- Paradis fiscal d’un compte au Luxembourg ? à présent (selon le Canard En- ridique sur un dossier dont l’opa- pensation, qui gérait autrefois les Pourquoi nier détenir cette forme chaîné), de posséder un compte cité le dispute allégrement à la chèques bancaires. Chaque jour L’Europe n’ayant pas su gérer de compte avec une telle vigueur, bancaire nippon à la Tokyo Sowa complexité. Toutefois, il est per- ouvrable, toutes les banques d’une la fin du charbon et de l’acier qu’elle sinon par crainte d’une mauvaise Bank, sur lequel auraient été ver- mis de s’interroger sur l’état de région française se réunissaient avait pris à sa charge, le Grand image aux yeux de l’opinion pu- sés 300 millions de francs (soit déliquescence des institutions éta- pour s’échanger les chèques re- Duché, qui dépendait de ces res- blique ? environ 45,5 millions d’euros ayant tiques, dans la mesure où la Jus- çus par leurs clients (le Crédit lyon- sources, a dû se reconvertir dans Pour de véritables hommes transité par l’organisme luxem- tice ne bénéficie plus, désormais, nais remettait par exemple à la la finance. Pour attirer les capi- d’État, la grandeur pour sortir de bourgeois de compensation qu’est de cette virginité nécessaire à la BNP les chèques provenant de taux, il a mis en place une légis- cette farce ne serait pas d’éclair- la société Clearstream), ne peut sérénité de son office. Nous igno- cette banque pour qu’elle débite lation inspirée des paradis fiscaux : cir ce misérable roman de gare, qu’affaiblir la fonction présiden- rons le dénouement de cette af- les comptes de ses clients et in- absence de taxe, comptes non pu- mais de rétablir les frontières fi- tielle, tant elle devient de plus en faire, mais nous sommes certains versement). Mais au lieu de régler bliés et anonymes, etc. Tout est nancières de la France, afin que plus haïssable. qu’elle contribuera à décrédibili- la somme due par le montant de possible comme en Suisse ou au le travail des Français ne serve Il n’est donc pas surprenant ser l’institution judiciaire et ses ro- ces chèques, l’une des deux Liechenstein. Avec une différence plus à enrichir les officines légales qu’une fois de plus, une institu- bins aux yeux d’une opinion pu- banques se contentait de payer la de taille : les États européens, ou mafieuses de la haute finance tion aussi fondamentale de la pro- blique déjà écoeurée par cette différence (le Crédit lyonnais, par comme la France, l’Allemagne ou européenne. Mais la grandeur ou cédure pénale, tel que le secret pourritique française, aux relents exemple, “compensait” l’écart entre la Belgique, ne peuvent pas inter- les hommes d’État peuvent-ils en- de l’instruction, soit transgressée. frelatés de IIIe République. Vite, l’addition de tous les chèques BNP dire à leurs ressortissants d’ouvrir core jouer un rôle en république ? Comment expliquer, en effet, que le Roi ! et les siens, si le montant de ces des comptes dans ce paradis des le quotidien vespéral de référence I derniers leur était inférieur). transactions pourries. I

4 L’Action Française 2000 n° 2701 – du 18 au 31 mai 2006 POLITIQUE ÉTRANGÈRE

e Tribunal Pénal International En cas de flambée nationaliste (TPI) pour l’ex-Yougoslavie Ratko Mladic, déclenchée par le TPI, la commu- Lvient de franchir les bornes. nauté internationale aura beau jeu Son ingérence politico-judiciaire de stigmatiser ces incorrigibles na- dans les affaires intérieures d’un le général incessible tionalistes serbes, incapables de ré- État souverain, la Serbie-et-Monté- sipiscence, et de justifier deux pu- négro, provoque à Belgrade une nica qui ne lui a pas livré le géné- par pulation serbe. Nous l’affirmons, nitions décidées de longue date : grave crise politique de nature à ral Mladic. Mme Del Ponte avait en le colonel (CR) nous y étions. Cette foule immense le coup de force contre Mladic et mettre en péril la paix civile. effet exigé que la Serbie livrât son Patrick BARRIOT criait son deuil mais deux phrases l’indépendance du Kosovo. Ce pro- général avant le 30 avril. étaient régulièrement scandées : cédé s’est avéré efficace pour éli- L’ingérence Deuxième acte : la suspension radical de Vojislav Seselj et du Parti « Nous ne donnerons pas le Ko- miner le président Slobodan Milo- irresponsable des négociations. Sur la base du socialiste de l’ex-président Slobo- sovo » et « Nous ne donnerons sevic. Le TPI a accrédité dans un du TPI, rapport de Carla Del Ponte et par dan Milosevic conduirait à la for- pas Mladic ». Le Kosovo et le gé- premier temps la thèse que Slobo- ou comment mesure de rétorsion, Bruxelles dé- mation d’un nouveau gouvernement, néral Mladic sont deux composants dan Milosevic refusait de prendre cide de geler le processus de rap- qui se libérerait du joug de Bruxelles inaliénables et incessibles de l’iden- son traitement pour justifier ensuite menacer prochement avec l’Union eu- tité serbe (1). Imaginons, les mesures de rétorsion qui ont la paix civile ropéenne. Le commissaire à toutes proportions gardées, conduit à sa mort. En d’autres dans un État l’Elargissement Olli Rehn dé- 6 millions de personnes ma- termes : s’il était malade, c’était de souverain clare : « Il est décevant que nifestant dans les rues de sa faute, et il n’a eu que ce qu’il mé- Belgrade n’ait pas encore Paris pour exiger le respect ritait (2). De la même manière, le Résumons les faits. Des négo- réussi à localiser, arrêter de la souveraineté de la gouvernement serbe (ou du moins ciations visant à conclure un accord et transférer Ratko Mladic France ! Quel dirigeant ose- ceux qui essaient de sauvegarder de stabilisation et d’association à La Haye. » Le commis- rait dire alors que « ce n’est la souveraineté nationale au sein (ASA), préalable à l’adhésion de la saire européen met directe- pas la rue qui gouverne » ? de ce gouvernement) est accusé de Serbie-et-Monténégro à l’Union eu- ment en cause les services L’arrestation ou la mort refuser le traitement prescrit par le ropéenne, ont été ouvertes en oc- de sécurité serbes et exige de Ratko Mladic, survenant TPI pour “soigner la démocratie”. tobre 2005 et devaient en principe que « les forces de sécu- après l’assassinat judiciaire S’il refuse d’avaler la potion, tant pis déboucher sur un accord avant la rité et l’armée soient tota- de Slobodan Milosevic, pour- pour lui, il en subira les amères fin de l’année 2006. Elles étaient lement soumises au Les obsèques de Slobodan Milosevic à Belgrade rait déboucher sur un regain conséquences ! menées côté serbe par le vice-Pre- contrôle démocratique du (cliché Balkans Info) de tension nationaliste qui Loin de contribuer à la paix et à mier ministre Miroljub Labus, pro- gouvernement ». Notons “Nous ne donnerons pas Mladic !” serait aussitôt exploité par la la réconciliation dans les Balkans, européen militant et homme lige du l’arrogance de conquistador affichée et de La Haye, répondant ainsi à “communauté internationale” pour le TPI avive les rancoeurs, ai- TPI. Le procureur Carla Del Ponte par Carla Del Ponte et Olli Rehn l’aspiration démocratique de la ma- justifier de nouvelles sanctions guillonne les haines et répand les a saisi cette occasion pour déclen- lorsqu’ils exigent « le contrôle dé- jorité du peuple serbe. Mme Del contre la Serbie. ferments de discorde et de guerre cher une crise gouvernementale en mocratique » des forces de sécu- Ponte a donc réussi à déclencher civile en humiliant le peuple serbe. Serbie. rité d’un État souverain. une crise gouvernementale sévère Une fois de plus, l’Europe met la Voici les trois actes d’une bien Troisième acte : la crise gou- en Serbie mais il y a plus grave : Flambée Serbie en quarantaine. Mais les mauvaise pièce que l’on pourrait in- vernementale. Miroljub Labus, elle pourrait également provoquer nationaliste Serbes peuvent néanmoins se ré- tituler “L’ingérence irresponsable du chargé des négociations pour la par- un soulèvement populaire. En quoi jouir de cette quarantaine car ce TPI, ou comment menacer la paix tie serbe, démissionne de son poste cette crise, qui fait apparemment Or deux dossiers brûlants doi- sont eux, et eux seuls, qui échap- civile dans un État souverain”. de vice-Premier ministre. Reprenant obstacle à ses exigences, lui est- vent être traités d’ici à la fin de l’an- peront à la contamination. les termes du procureur du TPI et elle en réalité profitable ? née : l’élimination physique des pré- du commissaire européen, il stig- tendus criminels de guerre serbes I Crise du matise Vojislav Kostunica et les ser- et l’indépendance du Kosovo. Le gouvernement vices de sécurité serbes arguant Menace premier dossier pourrait bien servir (1) Général Ratko Mladic, préfaces du que « le gouvernement a trahi les de soulèvement à régler le deuxième au détriment, général Pierre-Marie Gallois et du co- Premier acte : le rapport du pro- plus hauts intérêts du pays » en bien entendu, du peuple serbe. De lonel Patrick Barriot, Éditions du Ver- cureur du TPI. Le 3 mai 2006, Carla ne parvenant pas à arrêter Ratko Lors des funérailles de Slobo- quelle manière ? La tactique du TPI jus (Balkans-Infos), à paraître pro- Del Ponte remet à la Commission Mladic. Or cette démission désta- dan Milosevic à Belgrade, le samedi est de rendre les Serbes respon- chainement. européenne un rapport “négatif” sou- bilise la fragile coalition au pouvoir 18 mars, entre 500 000 et 700 000 sables de leurs maux afin que l’opi- (2) Me Jacques Vergès et colonel Pa- lignant la mauvaise coopération de dirigée par Vojislav Kostunica. personnes étaient réunies devant le nion publique n’éprouve pas le trick Barriot : Comment le Tribunal Belgrade avec le Tribunal. Elle n’hé- Le retrait du parti de Miroljub La- Parlement de Belgrade (et non moindre sentiment d’injustice ni de de La Haye a éliminé Slobodan Milo- site pas à qualifier de « double dis- bus (G17) de la coalition pourrait quelques dizaines de milliers comme compassion à leur égard, et qu’elle sevic, ou l’assassinat judiciaire mé- cours » les déclarations du Pre- hâter l’arrivée au pouvoir des par- les médias ont tenté de le faire approuve les sanctions les plus dicalement assisté, L’Âge d’Homme, mier ministre serbe Vojislav Kostu- tis nationalistes. L’alliance du Parti croire), soit près de 10 % de la po- dures. 2006, 32 pages.

’administrateur de la Comédie-Fran- toire, des faits, de la justice internatio- çaise, Marcel Bozonnet, vient de dé- PETER HANDKE CENSURÉ nale… Comme si pour lui, plus rien n’avait Lprogrammer la pièce de Peter Handke, d’existence. » On demeure atterré devant Voyage au pays sonore ou l’Art de la ques- de tels raccourcis. Sur quoi reposent les ac- tion, qui devait être mise en scène début Le Nouvel Ostracisme cusations de « déni de l’Histoire, des faits, 2007 au Vieux-Colombier. de la justice internationale » ? Cette sanction fait suite à un article de foule et c’est à la demande des représen- uniquement à jeter l’anathème sur Peter Ruth Valentini paru dans Le Nouvel Obser- tants de la famille qu’il a prononcé quelques Handke. Quand on se présente à la fois sous vateur du 6 avril 2006. À vrai dire, il ne s’agit phrases en langue serbe. La journaliste du les traits d’un enquêteur, d’un procureur et Les intellectuels pas d’un article mais d’un libelle ne com- Nouvel Observateur était-elle à Pozarevac d’un juge d’application des peines, il convient muets portant pas plus de six phrases venimeuses, le 18 mars ? Si oui, elle affabule. Si non, de citer des témoins à charge qui ont réel- en bord gauche de la page 102, dans la ru- elle rapporte des ragots. Dans les deux cas, lement vu les faits, des traductions fidèles En résumé, six phrases de calomnie dans brique “sifflets”. Ruth Valentini “siffle” donc sa crédibilité de journaliste est mise à mal. et un acte d’accusation moins fantaisiste. le Nouvel Observateur suffisent pour que Peter Handke pour avoir participé aux ob- Nous mettons au défi M. Bozonnet de citer l’administrateur de la Comédie-Française dé- sèques de Slobodan Milosevic le samedi 18 clairement et publiquement les propos aux- programme la pièce de l’un des plus grands mars à Pozarevac. Elle insulte le dramaturge « Grimper au rideau » quels il fait référence (traduits du serbe en dramaturges de notre époque. Espérons que autrichien en affirmant, avec des accents allemand puis de l’allemand en français par cet hebdomadaire n’écrira pas six phrases bien connus de procureur, qu’il est « fidèle L’administrateur de la Comédie-Fran- des individus dont on peut apprécier l’ob- contre Harold Pinter dont les déclarations au Boucher des Balkans et à sa propre çaise, dont « le sang n’a fait qu’un tour » jectivité et la rigueur). Les accusations por- en faveur de Slobodan Milosevic sont sans position révisionniste », qu’il « approuve quand il a lu l’article, a donc décidé de pu- tées sont suffisamment graves et lourdes de ambiguïté : son prix Nobel pourrait lui être le massacre de Srebrenica et autres nir Peter Handke pour sa présence aux ob- conséquences pour que l’on exige des pré- retiré ! crimes commis au nom de la purifica- sèques de Slobodan Milosevic. Marcel Bo- cisions. Dans la Grèce antique les proscriptions tion » et qu’« avec son hommage au des- zonnet a déclaré : « Aller à l’enterrement Nous avons noté, mot à mot, en langue étaient inscrites sur des morceaux de terre pote, le poète a définitivement creusé la était un geste très fort. J’étais stupéfait. serbe, la déclaration très courte faite par Pe- cuite, aujourd’hui elles sont inscrites dans tombe de son honneur perdu ». J’ai lu ensuite la traduction de ses dé- ter Handke le 18 mars à Pozarevac. Un juge les pages du Nouvel Observateur. À ce jour Dans cette brève philippique, la journa- clarations publiées par l’hebdomadaire impartial pourrait constater que rien dans les aucun écrivain dans la patrie de Voltaire, au- liste du Nouvel Observateur décrit Handke allemand Focus, qui sont édifiantes. Ça, propos de Peter Handke n’est susceptible cun dramaturge, aucun chroniqueur, aucun « brandissant le drapeau serbe, se pres- plus tout le reste, que je n’avais pas lu de « faire grimper au rideau » un admi- rédacteur de bloc-notes hebdomadaire n’a sant pour toucher le corbillard et y dé- avant : il y a de quoi grimper au ri- nistrateur de la Comédie-Française, à moins vraiment pris la défense de Peter Handke poser sa rose rouge ». Or à aucun mo- deau. » (1) que ce dernier n’y soit prédisposé par un aussi injustement attaqué. ment, et nous pouvons l’affirmer car nous Nous aimerions savoir ce que M. Bo- quelconque don de la nature. Pour M. Bo- P.B. étions à ses côtés le 18 mars, Peter Handke zonnet entend par ces « déclarations édi- zonnet, « la présence de Peter Handke n’a brandi le drapeau serbe ni déposé la fiantes » qui font « grimper au rideau » aux obsèques de Milosevic est un ou- (1) René Solis : « Peter Handke censuré pour moindre rose rouge sur le cercueil de l’ex- et ce qui se cache derrière « tout le reste ». trage aux victimes » et « Il y a dans la un voyage de trop », Libération, samedi 29 et président serbe. Peter Handke était dans la Il s’agit de vagues sous-entendus destinés position de Handke un tel déni de l’His- dimanche 30 avril 2006, page 37.

L’Action Française 2000 n° 2701 – du 18 au 31 mai 2006 5 POLITIQUE ÉTRANGÈRE

’épreuve de force entre une gime, de renforcer sa mainmise partie de la communauté in- IRAN répressive sur la population au Lternationale et le régime de nom de l’intérêt national, de réduire Téhéran devient de plus en plus in- les oppositions intérieures ou ex- évitable. Tout laisse à penser que Vers la confrontation térieures au silence et apporteront les dirigeants islamistes la cher- de l’eau au moulin des éléments chent, la souhaitent et y voient un Le régime de Téhéran par De nombreux pays du monde, les plus extrémistes du pouvoir. moyen de consolider leur régime et cherche à fabriquer des armes Houchang NAHAVANDI occidentaux notamment, ont besoin On éloignera peut-être le dan- d’occulter les difficultés croissantes nucléaires. À l’inverse de ce qui du pétrole iranien. Mais le régime ger nucléaire. Mais le régime isla- auxquelles le pays fait face. s’était passé en Irak, les rapports des armes nucléaires et ne mena- de Téhéran a davantage besoin des miste aura le bon prétexte d’agiter Téhéran veut de l’Agence internationale de l’éner- cent aucun pays. revenus pétroliers pour une arme ses réseaux subversifs en Irak, au gie atomique de Vienne, organe in- Il faut donc empêcher le régime à double tranchant. Liban, en Palestine et dans certains se sanctuariser, dépendant et impartial, sont de plus de Téhéran de parvenir à ses fins. On a oublié volontairement que pays d’islam et aussi en . acquérir un pouvoir en plus alarmants dans ce sens. Mais comment ? l’Iran importe pour 40 % de ses be- Est-ce la conséquence recher- de chantage Les informations dont on dispose soins, environ cinq milliards de dol- chée ? et accéder le corroborent. Le régime islamiste Condamnation lars par an, du pétrole raffiné, ses On voit bien la responsabilité à une position aura, vraisemblablement, “ses” raffineries ne fonctionnant que par- de ceux qui ont ouvert la boîte de bombes d’ici deux à quatre ans. pour la forme tiellement. Pandore de l’islamisme radical. Le dominante au sein Voilà le danger. Des restrictions dans ce do- monde continue à payer cher l’épi- de la mouvance On s’oriente vers une condam- maine mettraient rapidement le ré- sode de Neauphle-le-Château qui radicale et violente nation de Téhéran par le Conseil gime en difficulté. était le commencement de tout. du monde Régime de sécurité des Nations-Unies. La Le “danger” de la fermeture du Une fois de plus je tiens à musulman. subversif nécessité de l’accord unanime des détroit d’Osmuz n’est qu’une plai- mettre en garde contre ce “re- cinq “Grands” rend improbable un santerie. Quiconque connaît la ré- mède” pire que le mal. Précisons ou reprécisons L’Iran n’est menacé par aucun texte ferme et dissuasif. gion et le détroit en sait le carac- Par une politique de fermeté et quelques données. pays, voisin ou non. Le régime de tère médiatique. quelques mesures bien ciblées sur La maîtrise totale de la tech- Téhéran n’est pas un État de droit, On s’oriente, malheureusement, le plan diplomatique, mesures que nologie nucléaire est un droit ab- ses connexions avec les réseaux vers des frappes “chirurgicales”, au- l’on connaît “en privé” et fait sem- solu et inaliénable de l’Iran. Le terroristes islamistes sont avérées. trement dit la destruction ciblée des blant d’ignorer officiellement, il fau- régime impérial s’y était déjà attelé Il ne s’en cache d’ailleurs pas, et installations nucléaires iraniennes. drait amener le régime de Téhéran et à juste titre. Mais il le faisait en même, s’en vante ouvertement. Les États-Unis, Israël et quelques à céder. Et pas seulement sur le conformité avec le traité de non Son objectif est de se sanctua- autres puissances occidentales plan nucléaire. prolifération nucléaire que l’Iran avait riser comme on dit, comme la Co- semblent s’y préparer. Les discours Par un soutien politique et mé- signé, donc sous contrôle interna- rée du Nord. Mais également d’ac- menaçants de M. Ahmadinéjad, per- diatique aux opposants extérieurs tional. Quant à l’enrichissement quérir un pouvoir de chantage, et sonnage, hélas, illuminé mais pour et intérieurs il faudrait favoriser une d’uranium, que le pays possède en d’accéder à une position dominante l’instant à même de flatter les sen- évolution significative voire un chan- abondance, il se faisait dans le non pas dans le monde musulman, timents patriotiques d’un certain gement du régime en Iran. Les Ira- cadre d’un accord avec la France mais au sein de la mouvance radi- nombre d’Iraniens, fournit le pré- niens seront délivrés et le monde et non en cachette. Il s’agissait de cale et violente de ce dernier, de texte officiel de cette intervention. retrouvera la tranquillité. fournir les ressources nécessaires pouvoir agiter et actionner dans l’im- Ahmadinéjad : un provocateur C’est un provocateur. Certains Occidentaux, aux aux centrales nucléaires en punité les réseaux subversifs dans Il est probable que des sanc- États-Unis surtout, prétendent œu- construction, dont deux par les Fran- le monde. Objectif affiché déjà par tions seront prises. Pour la forme vrer dans ce sens. Ce qui se fait çais. Khomeyni et repris régulièrement et sans effet. Elles seront détour- Dommages est tout à fait le contraire de ce qui L’Iran impérial n’avait aucun depuis. Pour des raisons mercan- nées et ne feront souffrir que la collatéraux devrait être fait. Ce n’est pas en la- projet d’utilisation militaire de tiles on a détourné les regards en masse de la population déjà victime bélisant quelques officines et en l’énergie nucléaire. C’était son Occident. Or, il n’y a pas de pire du régime. On évitera soigneuse- Une telle intervention pourrait créant quelques centres de “recru- droit, certes, mais contraire à sa po- aveugle que celui qui ne veut pas ment les mesures politiques pou- détruire les installations nucléaires tement” (sic) d’opposants, immé- litique de développement et à sa voir. vant infléchir le régime. L’hypocri- iraniennes. Les dommages colla- diatement discrédités par ce fait, diplomatie. Il proposait, en revanche, Si l’Iran était un État pacifique, sie des “grands intérêts” fera le téraux qu’elle provoquerait seraient que l’on pourra ressusciter une op- de dénucléariser la région. Ce qui respectueux des droits humains et reste. immenses, car ces installations sont position fiable et crédible capable eut été un facteur d’apaisement, des règles de base du droit inter- En Occident, un certain nombre disséminées dans les tissus urbains de prendre le relais. mais visait Israël. Cette attitude n’a national, il n’aurait pas lancé son d’”experts” mettent en garde contre et pour certaines – à Ispahan no- Face à l’islamisme radical et dé- pas été étrangère au mécontente- programme du nucléaire militaire. le danger de l’utilisation par le ré- tamment – proches des monu- vastateur, c’est le mouvement na- ment du monde occidental à l’égard Je dirai même que si c’était le cas, gime de Téhéran de “l’arme du pé- ments historiques inscrits au patri- tional et patriotique qu’il faudrait de l’Iran et à l’appui donné au mou- cela n’aurait pas représenté un dan- trole”, l’Iran étant le quatrième pro- moine de l’humanité. soutenir. On en est loin, et pour vement islamiste et à Rouhallah ger particulier. La Grande-Bretagne, ducteur mondial. Ignorance ou plu- Ces frappes auront surtout cause. Khomeyni pour déstabiliser le pays. la France, l’Inde, Israël... possèdent tôt intoxication ! pour effet de consolider le ré- I

EXPOSITION La Russie est de retour

Pour ne pas oublier a Russie va présider le G8. Face à ce retour spectaculaire, retour de la Russie sur la scène les Serbes du Kosovo C’est un ruineux succès de les Américains ont-ils raison de réa- internationale et sa puissance Lprestige pour ce grand pays. gir comme vient de le faire le vice- retrouvée, devrait faire place à une I C’ est une bien émouvante ex- multi-ethnique qui devait « sur- Une consécration aussi pour le président Dick Chenay en accu- véritable politique de dialogue et position qui s’est ouverte le 12 mai gir des décombres provoqués président Poutine. sant la Russie de « manque de de partenariat. Et le mépris de cer- dans les sous-sol de l’église mé- par les bombes humanitaires À ce même moment le prési- démocratie », de se servir de tains milieux européens se trans- tropole serbe à Paris. de l’OTAN larguées sur la Ser- dent russe, dans son discours an- l’arme énergétique (pétrole, gaz) former en regret face à une poli- Dans une vaste salle bien bie », souligne la notice de l’ex- nuel devant la Douma, a tenu un comme instrument de leur politique, tique nationale et nationaliste qui, éclairée on y découvre les pho- position. langage tout à fait en phase avec de se réarmer excessivement? jusqu’à nouvel ordre, n’est ni agres- tographies que Dragan Tomich, Le vernissage de celle-ci a eu les succès politiques, diplomatiques sive ni expansioniste et ne prétend reporter-photographe, a prises au lieu le 11 mai en présence de Mgr et économiques de son pays. guère à dicter sa loi au monde. Kosovo de 1999 à 2006. Elles re- Luka évêque du diocèse de Croissance économique re- Humiliation La politique pétrolière russe latent la vie des Serbes et des France et d’Europe occidentale marquable, hausse constante du n’est pas plus “intéressée” ni “dom- Roms dans les enclaves où ils de l’Église orthodoxe serbe, et de niveau de vie de la population et Le langage humiliant de cer- inatrice” que celle des grandes sont enfermés depuis sept ans. Peter Handke, écrivain autrichien ; diminution des inégalités sociales, tains milieux gaucho-intellectuels multinationales. La presse russe Après la honteuse agression de Kosta Cristitch et Dragan Tomich, modernisation dans tous les do- européens à l’égard de la Russie, n’est pas plus au service des puis- l’OTAN au printemps 1999, ils l’auteur des photographies, ont maines, le lancement d’une poli- est-il convenable ? Il ne le semble sants que celle de tel ou tel pays. n’ont pas voulu fuir en Serbie mais pris la parole pour présenter l’ex- tique nataliste que les pays occi- pas. Les citoyens n’y sont pas plus sur- se sont blottis autour de leurs position. Ne manquez pas d’aller dentaux auraient tout intérêt à Après la chute du bolchevisme veillés que dans certains pays don- sanctuaires et de leurs cimetières. la visiter. Vous y découvrirez ce imiter, excédent budgétaire, retour et la période Eltsine, la Russie sem- neurs de leçons. Et les dirigeants La plupart vivent misérablement, que la presse écrite et parlée vous sur la scène internationale. ble reprendre un chemin en phase pas plus corrompus et manipula- car ils ne peuvent plus aller tra- cache le plus souvent en France. Vladimir Poutine a raison de avec ses traditions nationales et teurs qu’ailleurs. vailler dans leurs champs sous dire qu’il est en train de constru- historiques. Elle ne pouvait pas être Ayons un minimum de respect peine d’être agressés par les Al- P.P. ire une « maison Russie » une petite ou moyenne puissance pour un pays qui a retrouvé son banais. Leurs enfants vont à solide. Il renforce également la au service des multinationales et identité et sa place. C’est peut- l’école dans des autocars aux *Jusqu’au 11 juin 2006, du lundi au puissance militaire russe, proclame offrir le spectacle de pitrerie de ses être le grand tort de la Russie de vitres grillagées, ou bien dans des samedi de 8 h 30 à 13 h 30 et de 16 la convertibilité totale du rouble qui dirigeants ou la société d’un Gor- Poutine aux yeux des mondial- blindés de la KFOR. On est bien heures à 19 heures, 23 rue du Sim- devient ainsi une monnaie inter- batchev finissant. istes... loin de l’avènement de la société plon, Paris XVIIIe . nationale ; deux signes de puis- L’énervement montré par l’ad- sance. ministration américaine, devant le Pascal NARI

6 L’Action Française 2000 n° 2701 – du 18 au 31 mai 2006 DOSSIER LA MONARCHIE ET LA QUESTION SOCIALE

LES CONQUÊTES SOCIALES DE 1936 ? Seule la Monarchie QUELLE IMPOSTURE ! I Au moment où l’ensemble des forces de “gauche” s’ap- est "populaire" ! prêtent à fêter le soixante- dixième anniversaire des événements de 1936, il es “conquêtes” du Front po- par des salaires de misère, pas même de se déchristianiser, apparut au convient de resituer dans la pulaire… Laissez nous rire ! Michel FROMENTOUX de repos dominical, menace XIXe siècle le socialisme, lequel longue histoire de l’écono- LTout juste des mesures, constante de chômage… n’était qu’un avatar du libéralisme mie sociale et industrielle de certes pas toutes mauvaises, mais ou profession étant l’une des Pratiquement personne dans profitant de la destruction des so- la France ce qui s’est réelle- accordées par des démagogues bases fondamentales de la le monde politique ni dans celui ciétés concrètes pour préconiser ment passé cette année-là, et aux abois à des semeurs de Constitution française, il est dé- des affaires n’avait conscience de l’étatisme, la lutte des classes, et de démonter les mythes qui troubles beaucoup plus désireux fendu de les rétablir en fait sous la cruauté d’un tel sort. C’était pour les plus “avancés”, l’idée que assoient la campagne qui d’exploiter la misère ouvrière que quelque prétexte ou quelque l’avènement du libéralisme, cette seule la violence peut arracher aux vient. de lui porter remède. En fait, plu- forme que ce soit. » Donc inter- patrons des concessions. Pour qui- Vraiment, 1936 a été un épi- sieurs des lois votées en 1936- diction aux citoyens de prendre conque s’enferme dans une telle phénomène, et s’il a été ca- 1937 auraient pu l’être depuis long- délibérations ou conventions sur optique, le Front populaire peut tastrophique du point de vue temps, si les débats n’avaient été « leurs prétendus intérêts com- évidemment apparaître comme économique, politique, diplo- bloqués par… la gauche, et, bien muns » (sic) lesquelles seraient une victoire du “peuple”… Lequel matique et militaire (nous le souvent, le centre. « inconstitutionnelles, attenta- déchanta bien vite ! verrons dans un prochain À cela rien d’étonnant pour qui- toires à la Liberté et à la Décla- dossier de L’Action Fran- conque fait remonter la question ration des droits de l’homme et çaise 2000), il n’a apporté, sociale à sa véritable origine, c’est- de nul effet ». À la pointe sur le plan social, que ce qui à-dire 1789. Il s’est agi cette an- du combat social se préparait en dehors des née-là de conditionner les Fran- équipes arrivées alors au çais à être “libres”, libres non plus “Martyrologe Il serait temps de rendre jus- pouvoir. au rythme des vieilles libertés, na- ouvrier” tice à ceux qui, les premiers, vou- Quelle imposture de la part turelles, familiales, corporatives, lurent briser cette spirale infernale, des francs-maçons et de la provinciales, paroissiales, mais de De ce jour, l’historien Jean Du- et à qui les classes laborieuses ne gauche ! Ni les uns ni les la “Liberté” d’hommes sans at- mont a daté le commencement savent pas qu’elles doivent beau- autres ne peuvent être quali- taches et sans transcendance, ré- d’un « martyrologe ouvrier ». Le comte de Chambord coup plus qu’aux hommes de fiés de forces de progrès ; ni duits à l’état d’individus, libres de Car la loi fut votée sur fond de ré- L’auteur du premier grand texte 1936. N’oublions jamais que le pre- les uns ni les autres ne peu- tout, même de mourir de faim. Cet pression de grèves d’ouvriers ré- social en 1865 mier grand texte social date du 20 vent prétendre à l’innovation individualisme forcené eut sa clamant du pain ! Les décennies philosophie issue des principes de avril 1865, deux ans avant le Ca- sociale ou au respect des charte dans la Déclaration des qui suivirent furent celles de la ré- 1789, fondée sur la raison indivi- pital de Karl Marx ; il émanait de travailleurs. droits de l’homme du 26 août 1789, volution industrielle : plus les pa- duelle divinisée, toute tournée vers l’héritier des Capétiens, Henri V, au nom de laquelle furent votés, trons devenaient puissants, plus l’exaltation de l’individu, considé- Comte de Chambord, et, sous Le combat deux ans plus tard, le décret Al- l’ouvrier restait isolé. Le travail de- rant toute solidarité comme une forme d’une Lettre sur les Ouvriers, des royalistes larde supprimant les corporations vint une marchandise dont le prix contrainte, et professant que de la réclamait contre les nouveaux féo- et jurandes, ainsi que les maîtrises, variait selon le mécanisme de la recherche par chacun de son bien daux la reconstitution de corpora- Les royalistes français ont les octrois et les aides, et surtout libre concurrence. Le règne absolu particulier sortirait le bien général, tions libres, sous l’arbitrage d’un inspiré tout ce qui a été fac- ce monstre de sottise que fut, le de Mammon…. avec le retour à comme si le “Progrès” faisait au- État fort et indépendant. En teur de progrès depuis trois 14 juin 1791, la loi Le Chapelier l’esclavage : enfants de dix ans tomatiquement concourir l’addition somme, des organisations de mé- siècles en France. Ce sont proclamant : « L’anéantissement douze heures par jour à l’usine, des égoïsmes à l’intérêt général. tiers, au sein desquelles, dans la eux qui se sont engagés de toutes espèces de corpora- hommes et femmes trimant qua- Dans ce monde soumis à la loi complémentarité des ser- dans la bataille législative tions de citoyens du même état torze à seize heures par jour pour d’airain, et, qui plus est, en train vices, patrons et employés pour le respect du travailleur et de sa famille. On observe une filiation permanente entre leur réflexion et la ge- nèse des solutions appor- Les catholiques au service des pauvres tées aux problématiques des I les centres d’accueil et les maisons de retraite, est un mouvement rapports économiques et so- On ne retracera pas ici la totalité des ini- La Jeunesse mariale les œuvres médicales et maternelles, certains éducatif et apostolique placé sous le signe de ciaux. Quant au Comte de tiatives prises par les catholiques pour pal- services hospitaliers (enfants paralysés) et chi- la Vierge Marie, fondé à la suite du message Paris, il s’est lui-même illus- lier les effets désastreux d’un libéralisme tré par la force de sa pensée débridé et des quasi guerres civiles appa- rurgicaux... de Catherine Labouré lors des apparitions de sociale. rues depuis la Révolution. Faisons cepen- Tout cela est financé par des fondations et la rue du Bac. C’est en fait, depuis 1968, la Les prétendues conquêtes dant quelques rappels, sur deux thèmes : des legs, des dons, des cotisations, relayant nouvelle appellation des Enfants de Marie Im- de juin 1936 n’étaient, pour la Société philanthropique et la spiritualité - et relayés par - des œuvres publiques et pri- maculée. la plupart, pas au programme vincentienne. vées. Ces efforts sont par ailleurs largement La Société de Saint Vincent de Paul a de gouvernement de Front soutenus par de vieilles familles traditionnel- été créée en 1832 par le Bienheureux Frédé- populaire issu des élections La Société lement royalistes. ric Ozanam. Malgré quelques coups d’arrêt du mois de mai ; elles ont (comme avec la circulaire Persigny, interdisant philanthropique les associations en 1861), elle regroupe au- été concédées suite aux La spiritualité émeutes dans la rue et aux jourd’hui 1 050 “conférences” en France, et 12 grèves dans le seul secteur Sans refaire l’histoire de la Société phi- vincentienne 437 actifs. privé. lanthropique, on rappellera cette phrase em- Les frères de Saint Vincent de Paul sont À l’heure où le MEDEF tente blématique de son action, comme de toutes On ne peut évoquer les graves crises po- regroupés dans une congrégation créée en de revenir à un libéralisme les actions charitables inspirées par la charité litiques et économiques de ces 250 dernières 1845 par des royalistes catholiques : Jean Léon économique et social dé- des chrétiens : « Le silence, qui convient années sans parler de la postérité spirituelle le Prévost, Clément Myionnet et Maurice Mai- bridé, soyons certains et au bienfaiteur, sert mal la bienfaisance. » de Saint Vincent de Paul. Les royalistes furent gnien. Venant en aide à la jeunesse ouvrière, fiers des contributions déci- À l’opposé, nos révolutionnaires, libéraux et longtemps les plus nombreux et les plus ac- ils ont compté des martyrs à la Commune. sives de nos pères dans le francs-maçons, sont prompts à mettre leurs tifs parmi ces œuvres admirables, comme dans Les Louises de Marillac forment un mou- progrès social et la cohésion actes en valeur, quitte à les inventer et à créer celles de Malte et des chevaliers du Saint Sé- vement né en 1909 à Paris, en particulier grâce de notre société. Nous de- des mythes, comme celui des acquis sociaux pulcre, ainsi qu’au sein de l’Ordre de Saint La- à l’abbé Lenert, curé de Saint-Nicolas-du-Char- vrons rester extrêmement vi- de 1936. zare. Citons-les : donnet. Lorsque les “Louises de Marillac” se gilants et actifs pour proté- La Société philanthropique a été fondée L’Association internationale des chari- joignent aux Conférences de Saint Vincent de ger notre pays de tous les en 1780. Richement dotée dans les dernières tés (AIC) est l’héritière des Confréries de la Paul, le mouvement adopte une nouvelle ap- errements libéraux, qu’ils années du règne de Louis XVI par la meilleure charité, créées en 1617 à Chatillon-les-Dombes, pellation en France: la Société de Saint Vin- soient patronaux, euro- noblesse, elle fut persécutée à la Terreur, puis qui sont composées de dames, et dont la pre- cent de Paul - Louise de Marillac. péistes, d’inspiration améri- reconnue d’utilité publique en 1839. Au cours mière responsable est Louise de Marillac. Les Fils de la Charité sont à l’origine des caine ou mondialiste, et de- des années et même des siècles - elle est Au sein de la Congrégation de la Mis- religieux de Saint Vincent de Paul ayant quitté e meurer fidèles aux grandes maintenant dans sa 226 année ! - elle a tou- sion, on retrouve les Lazaristes depuis 1625, la Congrégation en 1918. Ils oeuvrent en fa- traditions capétiennes dont jours imaginé et géré les œuvres et établis- dont les œuvres, considérables, se concen- veur de l’évangélisation du monde ouvrier. Pré- Saint Louis demeure l’un des sements dont le besoin se faisait sentir. Elle trent aujourd’hui sur des missions à l’étran- sents dans onze pays sur trois continents, ils symboles, lui qui confia à fut à l’origine de maintes mesures sociales, ger. comptent en France vingt-six paroisses. Étienne Boileau la rédaction telles que les “habitations économiques”, an- Les Filles de la Charité, servantes des Les Auxiliaires de la charité viennent en du premier Livre des Métiers. cêtres des HLM. dames, du peuple, de la noblesse ou de la aide au clergé dans ses œuvres sociales, dans De nos jours, elle poursuit son activité dans bourgeoisie, ont été créées officiellement en les paroisses ouvrières. Bertrand LAMBERT divers domaines : les habitations économiques, 1663. B.L.

L’Action Française 2000 n° 2701 – du 18 au 31 mai 2006 7 DOSSIER LA MONARCHIE ET LA QUESTION SOCIALE

Seule FACE AU PRAGMATISME la Monarchie DES ROYALISTES est "populaire" ! Les socialistes utopiques

1848 pour que ses propositions urieusement, si l’histoire of- par d’ateliers sociaux, en fait des co- N’ayant aboutissent. ficielle occulte les réactions Bertrand LAMBERT opératives maîtrisées par les ou- jamais adhéré En 1872, tous les élus monar- et réalisations concrètes vriers et contrôlées par l’État. Ce C e à l’individualisme chistes soutinrent une proposition des royalistes au XIX siècle, les Nord et de l’Est. Mais ils évo- fut la première proposition d’une foncier de loi d’Ambroise Joubert interdi- “historiens” des questions sociales quaient déjà la nécessité d’une l’utopie destructrice : l’appropria- des principes sant d’employer des enfants de et les syndicalistes révolutionnaires école libérée du clergé ou du pa- tion collective par les travailleurs de 1789, moins de 10 ans et de faire tra- glosent volontiers sur les socia- tron, gratuite et obligatoire. de leurs instruments de travail. vailler la journée entière des en- listes utopiques. les catholiques fants de moins de 13 ans. La I royalistes gauche y fit échec. Au milieu Mutualité sont plus libres La même année, le baron du XIXe siècle, que "la gauche" Chaurand, député de l’Ardèche, il ne restait Proudhon fait cependant figure L’ESSOR d’envisager déposait une proposition de loi sur plus de références, d’exception, étant donné son hos- le repos dominical. Projet refusé, tilité à la gratuité et à la centrali- ÉCONOMIQUE une politique hormis chez les “modérés” s’étant courageu- sation : il était partisan de la liberté e sociale sement abstenus. les royalistes... des familles pour l’éducation et la DU XIX SIÈCLE audacieuse. Quant à Albert de Mun, il mul- création d’écoles, refusant toujours Certes, ces innovations ne tiplia entre 1886 et 1891 les pro- Il en surgissait de partout dans la mainmise de l’État. C’est découlent pas spécifiquement de se rencontreraient pour ré- positions de loi réduisant le temps cette période du milieu du XIXe d’ailleurs en cela qu’il est moderne l’action des royalistes et des ca- soudre, dans le souci du bien de travail des enfants et des siècle ! Ils étaient déboussolés, car et porteur d’avenir, et que les roya- tholiques, mais la liste ci-dessous commun et sans tout attendre de femmes. Il scandalisa ses col- tout un monde politique, écono- listes du XXe siècle lui doivent illustre combien le XIXe siècle fut l’État, les questions relatives aux lègues en préconisant dès 1890 mique et social avait été mis à bas ; beaucoup. novateur dans sa reconstruction salaires, aux heures de travail, à la journée de 8 heures ! Ses pro- il ne restait plus de références, hor- – hélas sauvage – de l’économie l’entraide, aux caisses de retraite, positions sur la suppression, par mis chez les royalistes. La crise et de la société françaises : à l’apprentissage, etc. exemple, du travail de nuit pour de 1825 avait introduit la misère - institution du Crédit foncier et Ces leçons réalistes, tirées de les femmes et les enfants n’abou- et ses conséquences prolongées, du Crédit mobilier, la grande tradition royale et chré- tirent qu’après 1900. et l’industrialisation était en marche - croissance phénoménale du tienne, ne furent hélas pas écou- Il faut encore dire que c’est à en dehors de tout cadre social : il secteur textile, tées par ceux qui, contre pourtant la droite catholique et monarchiste fallait répondre à cette situation - progrès spectaculaire des in- une forte opposition de gauche, qu’on doit les premières lois sur nouvelle. dustries chimique et métallur- votèrent en 1884 la loi Waldeck les logements insalubres (22 avril gique, - développement décisif du che- Rousseau autorisant les syndicats, 1850), sur les caisses de retraite min de fer, et accroissement cor- mais sans préciser si ceux-ci se- (18 juin 1850), sur les sociétés de Bavardages respondant des espaces écono- raient verticaux, donc mixtes, ou secours mutuels (15 juillet 1850), miques, horizontaux, purement ouvriers, sur les accidents du travail (1898), Face aux Blancs du Midi, aux - introduction du timbre poste, additionnant des individualismes sur les retraites ouvrières (1902)… industriels catholiques, aux congré- progression spectaculaire du dans un esprit de lutte des classes. Citons aussi Léon Harmel qui prit gations, aux royalistes de partout, courrier, C’est hélas ce mauvais esprit qui la première initiative de salaire fa- les socialistes utopiques firent - ouverture au public du télé- prévalut à une époque où, de milial (1891) dans son usine de beaucoup de bruit, mais réalisè- Pierre-Joseph Proudhon graphe électrique, 1809 - 1865 toutes façons, les pères ou grands- Val des Bois, suivi en 1910 par les rent peu, du moins durablement. - organisation des premières pères des hommes de 36 se sou- Michelin à Clermont Ferrand. Émile Par leurs bavardages, ils sont les Il proposa par exemple l’asso- compagnies maritimes, ciaient beaucoup plus de créer de Romanet, à Grenoble, entre lointains ancêtres de nos gau- ciation dans la mutualité, comme - développement des ports, l’école laïque pour apprendre au 1917 et 1920, alla plus loin: il mit chistes. cela existait au moins depuis le - développement de la "société peuple à penser “républicain”, que au point avec d’autres patrons le Charles Fourier, Louis Blanc, début du XIXe siècle dans certaines de consommation" avec, par exemple, Hachette (Bibliothèque d’aider ce même peuple à vivre système des caisses de compen- Varlin et Proudhon avaient en com- entreprises ou régions : création rose et Bibliothèque des chemins décemment dans ses familles, ses sation, premier exemple d’alloca- mun d’envisager un type de so- d’associations libres de produc- de fer ), usines et ses ateliers. tions familiales, suivi en 1921 par ciété fondé sur la constitution de teurs indépendants, sans inter- - triomphe des grands magasins, Toutefois, les grandes idées Charles de Montgolfier dans ses coopératives ouvrières de pro- vention de l’État. Voilà qui l’oppose - traité de libre échange avec l'An- lancées par le comte de Cham- papeteries d’Annonay. Il fallut at- duction, un peu à l’image de ce à Marx, dont il faut rappeler qu’il gleterre, bord ne restèrent pas lettre morte, tendre 1932 pour que le système que les royalistes avaient créé est totalement antisyndical, mal- - création du Crédit lyonnais et toute une cohorte de catholiques fût appliqué à tous les salariés. dans le monde agricole du Midi et gré la réputation qu’on lui fait. Marx, de la Société générale, sociaux en était imprégnée : Fré- En 1930, six ans avant le Front du Vivarais, notamment. dont nous ne reparlerons pas ici, - introduction du chèque, déric Le Play, Maurice Maignen, populaire, Xavier Vallat, député de Ils partageaient aussi – c’est tant il fut inexistant dans la pra- - apparition du Marché, au sens Albert de Mun et surtout René de l’Ardèche, s’acharnait à faire pas- essentiel pour le système d’orga- tique sociale jusqu’en 1936... contemporain, la Tour du Pin, marquis de La ser dans la loi sur les assurances nisation qu’ils préconisaient – la Louis Blanc, lui, rédigea un vé- - ouverture des marchés exté- Charce, militèrent pendant des dé- sociales en discussion l’idée que volonté d’encourager l’éducation ritable programme politique, “l’or- rieurs, cennies pour un ordre social chré- le travailleur doit se préoccuper de ouvrière, depuis longtemps déve- ganisation du travail”. À la diffé- - deux expositions universelles en 1855 et 1867. tien. Ils aidèrent largement le pape l’avenir des siens, donc avoir l’es- loppée par les religieux, ainsi que rence des royalistes et des proud- I Léon XIII dans la préparation de prit d’économie et la volonté par certains patrons royalistes du honiens, il préconisait la création son encyclique Rerum novarum d’épargne, et se créer un patri- (15 mai 1891) qui, juste un siècle moine. Son contre-projet fut re- après l’ignoble loi Le Chapelier, poussé, mais en dépit de son ca- dénonçait la « misère imméri- ractère individualiste, la loi fut vo- Le décret d’Allarde tée » et rappelait aux États leur tée contre l’opposition d’une devoir de laisser se constituer des grande partie du patronat, de l’ex- et la loi Le Chapelier (juin 1791) organisations professionnelles. trême gauche, et de la CGT ! Qu’en conclure, sinon que I Dès le début de la Révolution, tion de compétence et de com- crétaires, ni syndics, tenir des comme apôtres du combat social, les lois d’Allarde et Le Chapelier pagnonnage des métiers de l’im- registres, prendre des arrêtés Pionniers les bavards du Front populaire font plantent le décor social de ce que primerie en fut un bel exemple. ou délibérations, former des rè- des lois sociales bien pâle figure, et même une in- sera la politique économique et L’individualisme politique et glements sur leurs prétendus quiétante figure…, comparés aux sociale des libéraux, et partant des le libéralisme économique sont intérêts communs. » L’action des catholiques so- Français fidèles aux grandes tra- révolutionnaires. les deux principes sur lesquels Cette loi est étroitement liée ciaux, presque tous royalistes, ditions capétiennes. Sous prétexte de supprimer s’appuie la loi Le Chapelier pour au décret d’Allarde, dont le pre- connut aussi une réelle efficacité les privilèges exorbitants des interdire toute association de sa- mier article supprime les corpo- au Parlement, et ce, dès le début Michel FROMENTOUX “maitres” (des corporations), la lariés ou d’employeurs. Elle pré- rations. du XIXe siècle. Le 22 décembre servitude du compagnonnage, la cise : Heureusement, ces disposi- 1840, Alban de Villeneuve Barge- * Lire : dureté et la longueur de l’appren- « Les citoyens d’un même tions seront très vite contournées, mon, alors député du Nord, de- - Xavier Vallat : La Croix, les Lys et tissage, ces lois anéantissaient un état ou profession, les ouvriers et leur application ne sera pas tou- mandait de ramener la journée de la peine des Hommes, Éditions type d’organisation solidaire qui et compagnons d’art quel- jours assurée, sauf pour briser des travail de 15 à 12 heures , pro- Ulysse, Bordeaux, 1982. avait permis, jusqu’au XVIIIe siècle, conque ne pourront, lorsqu’il foyers de révolte ou de grève posait un repas au milieu de la - Antoine Murat : Le catholicisme de créer des artisanats modernes se trouveront ensemble, se éventuels. journée, et réclamait un jour de re- social en France, Éditions Ulysse, et performants. La longue tradi- nommer ni présidents, ni se- B.L. pos par semaine. Il fallut attendre 1980.

8 L’Action Française 2000 n° 2701 – du 18 au 31 mai 2006 DOSSIER LA MONARCHIE ET LA QUESTION SOCIALE

UN PRINCE AU CŒUR DES DÉBATS SOCIAUX Le comte de Paris dans les années 1930

’Action française n’a jamais tulées « Les Mé- par vatisme : ils sont 1939) rassemblait le démographe quait ainsi à propos d’une note de négligé la question sociale. tiers français », Pierre LAFARGE aujourd’hui mieux Alfred Sauvy, l’écrivain Raymond Coutrot : « Les ententes d’un type LMais, politique d’abord oblige, défendaient une connus sous le Abellio, l’économiste libéral Jacques particulier que prévoit et qu’es- elle est consciente que l’indépen- vision corporative moderne de la nom de jeune droite, le courant le Rueff, Jean Bichelonne (qui fut mi- père M. Jean Coutrot sont, pour dance nationale est la condition société. plus réactionnaire des non-confor- nistre du Travail de l’État français) nous, bien connues, puisque le d’une véritable réforme sociale. Dès 1935, le comte de Paris mistes. Parmi eux , et Louis Vallon (futur tête de file schéma de l’auteur ressemble Dans les années 1930, si Firmin proposait ainsi une transformation habitué des pages littéraires de des gaulliste de gauche). Son prin- fort à ce que nombre de corpo- Baconnier ou le bâtonnier Marie de profonde du visage social de la L’Action Française, martelait sans cipal animateur fut l’ingénieur Jean ratistes ont déjà mis sur pied. » France : « Il n’est pas de pro- relâche des vérités salvatrices : Coutrot, grand blessé de guerre qui Quelques mois après, dans les Conscient du retard fession, écrivait-il en septembre, « Supprimer la lutte des classes devait se suicider en 1941 et se même colonnes, au sujet d’un nou- social du pays, où la nécessité d’un ordre cor- en maintenant le régime actuel, voir ensuite accusé de façon déli- vel ouvrage de Coutrot, L’Huma- l’héritier poratif n’éclate. » En décembre supprimer la lutte des classes rante par Henri Coston d’être à la nisme économique, Louis Salleron des rois de France dans un entretien à L’Écho de Pa- faisait l’analyse suivante : « Au ris il martelait : « Dites-vous bien stade de l’entreprise il fournit souhaitait éviter que la France est en retard sur des données, des solutions, des les troubles le plan social. » hypothèses dans lesquelles nous de 1936. Le prince Henri voulait éviter à reconnaissons tous les éléments la France les frais d’une révolution du régime corporatif que nous Roux rappelaient sans cesse la marxiste rendue possible par les préconisons.» Sans partager pensée de La Tour du Pin dans les outrances libérales, et que les évé- toutes les analyses de Coutrot sur colonnes du journal, il faut bien nements du printemps 1936 pou- la société ou l’avenir de l’humanité, avouer que la préoccupation quo- vaient laisser redouter à brève Salleron soulignait la parenté entre tidienne de Maurras, Bainville et échéance : « En résumé, d’un la pensée des royalistes sociaux et Daudet était évidemment la dé- côté sous le nom de révolution celle de l’avant-garde économique nonciation du danger allemand et on vous jettera dans l’anarchie d’alors (c’est à X-Crise que l’on de- de la montée de l’hitlérisme face à ou la dictature, de l’autre nous vait l’introduction et la discussion une France désarmée par la Ré- vous proposerons la transfor- des idées keynésiennes en France). publique. mation sociale indispensable, la Ainsi, c’est dès les années 1930 véritable révolution dans l’ordre, que le comte de Paris devait se for- avec une méthode à l’abri de ger, par des qualités incomparables Le Courrier Royal principes qui ont fait leurs d’écoute et d’analyse, les contacts preuves et qui sont inclus dans et la crédibilité qui faciliteraient Un jeune prince, le dauphin la nature elle-même. » Cette mise après la guerre et son retour en d’alors, se voyait dans le même en garde adressée aux Français France un nouveau déploiement

temps chargé par son père, le duc se trouvait justifiée par l’extrême Collection Pierre Lafarge des activités de la Maison de de Guise, de la direction pratique politisation des syndicats profes- France. Bien éloigné de l’image de de la propagande de la Maison de sionnels qui donnait naissance aux Le comte de Paris (à droite) et André Loizillon (à gauche), “Prince rouge” que des âmes ar- France. Le comte de Paris la do- yeux du dauphin à un « syndica- fondateur d’X-Crise, à Berre-l’étang vers 1955. riérées ou médisantes lui accolè- tait à partir de 1935 d’un hebdo- lisme dévié ». Une analyse en- Permanence de contacts noués dès les années 1930. rent, Henri d’Orléans, conjuguait madaire fort pertinent sur les ques- core pertinente aujourd’hui… simplement la doctrine sociale syn- tions sociales : le Courrier Royal. en restant fidèle ou en revenant tête d’un complot synarchique. Cou- thétisée par La Tour du Pin (et qui En tous points conforme aux prin- au libéralisme capitaliste, cela trot fut également le collaborateur était intrinsèquement celle des lé- cipes royalistes français, à l’esprit Non-conformisme est impossible. » de Charles Spinasse au ministère gitimistes du XIXe siècle puis de qui animait le comte de Chambord À la lisière du non-conformisme de l’Économie nationale mis en l’Action française) avec une ana- aussi bien que René de La Tour du Face à la fausse alternative et de la technocratie, le Courrier place par le Front populaire. lyse pertinente de l’actualité socio- Pin, le Courrier Royal se situait, de entre marxisme et libéralisme, et Royal devait porter une attention économique de l’immédiat avant- par le sens politique d’Henri d’Or- aux côtés des héritiers de La Tour particulière aux travaux du groupe guerre. Son ouvrage Le Prolétariat, léans et la qualité de ses collabo- du Pin, le Courrier Royal faisait in- X-Crise fondé en 1931 par deux X-Crise publié en 1937, en demeure un ex- rateurs, à l’avant-garde de la ré- telligemment appel à la plume acé- polytechniciens, Gérard Bardet et cellent exemple. flexion sociale du temps. Chaque rée de jeunes talents qui conciliaient André Loizillon. Entre autres divers Au lendemain des événements semaine, une page ou deux, inti- royalisme et rejet de tout conser- membres, ce groupe (disparu en de 1936, le Courrier Royal remar- I

près la défaite de 1940, l'heure était sémistisme, les persécutions religieuses, au rassemblement de toutes les forces VICHY ET LA CHARTE DU TRAVAIL les délits d’opinion, les privilèges de l’ar- Avives du pays sous l'égide de l'État gent. Un regroupement s’opère entre ceux français. Tout en préparant la libération du des chrétiens et ceux des confédérés qui territoire, des royalistes d'Action française Les organisations précorporatives optent pour la résistance. et des catholiques s'engagent alors dans l'entreprise de relèvement de la France, avec nale ». Elle préconise par plus tard.. Le syndicat de Quel héritage ? l’espoir de mettre en œuvre les projets so- même une « communauté Bertrand LAMBERT base est unique et obliga- ciaux et économiques pensés dans les an- française du travail », « toire, sa véritable fonction nées trente. ouverte à tous les syndicats et toutes les étant d’assurer une représentation au sein À la Libération, les manœuvres des syn- Syndicalistes authentiques, anciens d’X- associations », faisant sienne la formule des comités sociaux, locaux et nationaux. dicats ouvriéristes redémarrent de plus belle, Crise, de , de l’Action française, du syndicalisme chrétien : « le syndicat Mais déjà une mutation s’opère : le Parti mais tout n’est pas perdu, car les chrétiens, des Équipes sociales de Garric, des Équipes libre dans la profession organisée ». communiste sur les ordres de Moscou se en particulier ceux des mouvements ruraux, de Jean de Fabrègues, de la Fédération na- Le 9 novembre 1940, un décret signé radicalise ; la CGT et ses alliés renoncent ont peur de la mainmise marxiste. De plus, tionale catholique... Tous oublièrent leurs de Belin marque la dissolution de la CGT, au service du Bien commun pour se concen- ils ont conservé les réflexes des formations dissensions ! de la CFTC, de la Confédération des syn- trer sur leurs objectifs de reconquête du pou- acquises aux Chantiers de jeunesse, ou Dès 1940, le syndicalisme chrétien dicats professionnels, mais aussi de la Confé- voir après la défaite des Allemands ; ils in- même avant guerre. (CFTC) trouve une place qu’on lui avait tou- dération générale du patronat français, du vestissent les maquis, liquident leurs oppo- Certaines structures corporatives de- jours refusée. Quant à la CGT, elle offre sa Comité des forges, et du Comité des sants, créent le désordre maximum... Dès meurent : les tribunaux des prud’hommes, collaboration au gouvernement du maréchal houillères. 1942, les syndicats ouvriéristes se sont dé- les coopératives de crédit (Crédit mutuel, Pétain : Belin, l’un de ses dirigeants, prend tournés de la Charte du travail. agricole, coopératif), les caisses d’épargne, le ministère de la Production industrielle et Auparavant, le 15 novembre 1940, trois les réseaux de coopératives agricoles et de du Travail, et le syndicat déclare renoncer La Charte du travail syndicalistes chrétiens et neuf “confédé- production... à l’article 1 de ses statuts de 1936, qui lui rés’ avaient signé un manifeste posant six Lorsque De Gaulle reviendra au pouvoir assignait comme but « la disparition du En octobre 1941, Pétain promulgue la principes pour « repenser le syndica- en 1958, ses ministres sociaux et ses grands salariat et du patronat ». La CGT se pro- Charte du travail. Mis au point dans l’ur- lisme » : celui-ci doit être anticapitaliste commis pourront réutiliser, d’abord dans le pose, dès lors, de « défendre les droits gence, le schéma est seulement précorpo- et accepter la subordination de l’intérêt par- milieu agricole, une partie des préconisa- sacrés du travail, de protéger la famille, ratif, fortement inspiré des institutions mus- ticulier à l’intérêt général ; il ne peut pré- tions et maillages préparés par Vichy. et de collaborer à la prospérité natio- soliniennes, ce qui le disqualifiera aisément tendre absorber l’État, ni accepter l’anti- I

L’Action Française 2000 n° 2701 – du 18 au 31 mai 2006 9 RELIGION COMBAT DES IDÉES

L’honneur Le républicanisme de Notre-Dame de Jefferson

aut-il ré- par sie, les réponses es Belles Lettres rééditent par premier discours inaugural de pondre aux Anne BERNET que lui oppose le dans une collection à la fois Pierre CARVIN mars 1801 qui fait l’éloge des Fattaques in- catholicisme de- Lbelle et intéressante intitu- Américains « éclairés par une jurieuses contre la foi chrétienne puis deux mille ans. Familier du lée “les classiques de la liberté” cipes » de 1789 et qui fait de la religion douce, professée et pra- et polémiquer avec les insulteurs, langage des jeunes, le Père Da- un choix de textes de Thomas Jef- fiction politique de l’égalité entre tiquée en effet sous des formes au risque de leur offrir une publi- niel-Ange était des mieux sus- ferson. Père fondateur de la ré- les hommes la prémisse néces- diverses, qui néanmoins incul- cité supplémentaire ? La question ceptible de répondre avec des publique américaine, dont il fut le saire à la déduction de droits in- quent toutes l’honnêteté, la tem- se posait déjà au IVe siècle et les mots simples, relativement, et troisième président de 1800 à hérents à la nature humaine. pérance, la gratitude et l’amour Pères de l’Église l’ont toujours 1808, rédacteur principal de la dé- du genre humain ». On cher- tranchée par l’affirmative. L’hon- claration d’indépendance, Jeffer- chera en vain dans les écrits des neur de Dieu se doit d’être dé- son ne participa pourtant pas à la Représentation révolutionnaires français des équi- fendu publiquement contre ceux rédaction de la constitution, parce et liberté valents de ce plaidoyer certes peu qui l’attaquent publiquement. À que retenu à Paris en tant qu’am- religieuse orthodoxe mais bien réel de la né- plus forte raison celui de la Très bassadeur. cessité de la religion dans le pro- Sainte Vierge Marie. Cependant, nous savons de- jet constitutionnel républicain. Jefferson demeure puis Aristote que la politique est L’honneur de Marie l’inspirateur une science des préférables, et Droits des États se doit d’être force est de constater que le ré- d’un large segment publicanisme d’un Jefferson sus- et pouvoir défendu de la pensée cite moins le dégoût que celui de fédéral publiquement politique ses petits camarades jacobins contre ceux qui et constitutionnelle français. D’abord parce qu’il est Grand défenseur des libertés l’attaquent américaine homme politique avant d’être idéo- individuelles, Jefferson vit dans publiquement. logue, Jefferson n’adule ni la “vo- les États fédérés un frein contre des idées justes, à cette gigan- contemporaine. lonté générale”, ni “la souverai- l’extension du pouvoir central sur tesque imposture. Certes, la pu- neté populaire”, ni la “république les citoyens, qu’il assimile un peu Fort de l’exemple de Saint Jé- blicité faite à cette réponse n’a Sa pensée demeure l’inspira- une et indivisible”, ni aucune de rapidement à une tentation mo- rôme, mais avec toutefois plus pas le même impact que l’ou- trice d’un large segment de la ces entités abstraites qui enténé- narchique des institutions : « Les de modération et de charité, le vrage fautif, mais, que, par mal- pensée politique et constitution- brèrent les cerveaux français de empiètements des gouverne- Père Daniel-Ange a donc choisi heur, vous l’ayez lu et vous soyez nelle américaine contemporaine, l’époque. ments des États tendront vers de répondre à un certain ouvrage laissé ébranler, ou que vous cher- que ce soit chez les progressistes un excès de liberté qui se cor- publié voilà dix-huit mois qui, sous chiez les arguments à opposer ou les conservateurs, ce qui pour- rigera de lui-même […], alors des apparences de sérieux his- aux contradicteurs de tous poils, rait suffire à justifier que l’honnête que ceux du gouvernement fé- torique, relayé par une intense Touche pas à ma Mère !, plai- homme s’y intéresse. Toutefois, déral tendront vers la monar- couverture médiatique, sape pu- doyer vibrant et catholique, dé- si les écrits de Jefferson éclairent chie, qui se fortifiera d’elle- rement et simplement toutes les fense fervente de Notre-Dame, la mentalité politique américaine même de jour en jour au lieu de bases de la foi chrétienne en s’en appuyé sur les textes bibliques, dans son ensemble, le but de l’ou- travailler à leur guérison, prenant à la personnalité de les Pères, l’exégèse, l’histoire, vrage reste d’exposer la profon- comme le montre toute l’expé- Notre-Dame. En effet, nier la vir- vous aidera à combattre cette deur et l’originalité d’un théoricien. rience. » Une meilleure connais- ginité perpétuelle de Marie, nier monstrueuse intoxication des sance de la monarchie française qu’Elle ait conçu du Saint Esprit, âmes, et le mal immense qu’elle aurait pu lui éviter cette erreur. Un engendre. Homme grand lecteur de Jefferson, Alexis des Lumières de Tocqueville, viendra par la suite corriger cette myopie sur la mo- Nouvelle Ève En ce sens, Jefferson ne nous narchie, qui fut sans aucun doute est pas spontanément sympa- en France moins attentatoire aux Il est possible de compléter thique. Incarnant à la perfection libertés que ne le furent les consti- cette lecture par l’excellent Heu- l’homme des Lumières, il cultive tutions jacobines, républicaines et reuse es-Tu, Toi qui as cru, du à l’endroit de la monarchie une Il n’y a pas dans sa pensée bonapartistes qui la suivirent. Père Frédéric Manns, directeur hostilité de principe qui lui fait peu politique d’opposition entre l’ex- Notons enfin que malgré une du Studium biblicum francisca- ou prou assimiler l’Ancien Régime pression directe de la volonté gé- filiation marquée à un républica- num, exégète et spécialiste du à une forme de despotisme cen- nérale et les institutions, erreur nisme agrarien confiant dans la monde biblique, qui s’attache à tralisateur. La jeune république républicaine typiquement française vertu du petit peuple, Jefferson resituer Notre-Dame dans sa vie est née contre la « tyrannie » qui entretient dans nos mentali- partage avec le John Locke du de tous les jours, celle d’une britannique de George III, qui mal- tés la culture de la guerre civile, Second traité du gouvernement jeune fille juive en qui vont s’ac- gré les suppliques de ses sujets ou, pour parler comme quelqu’un civil une attitude ambiguë envers complir les promesses faites à américains, n’a jamais daigné ni qui s’y connaît bien, du coup d’État l’encadrement légal du pouvoir La vouloir épouse, charnellement, Sion. On est loin, très loin, dans les écouter, ni alléger les vexa- permanent. Jefferson rappelle exécutif. Contrairement à la vul- de Saint Joseph, et mère de fa- ce petit livre fervent, accessible tions et les charges qu’il faisait dans une lettre de 1799 à Edmund gate libérale fétichisant la Rule of mille nombreuse, revient à nier et documenté, de la prétention peser sur les colonies. L’Ancien Randolph que les trois branches Law, il y a du décisionnisme chez la divinité de Son Fils, par consé- consistant à « démythifier » la Régime en général ne représente du gouvernement, exécutif, lé- le Virginien. Dans une lettre de quent la réalité de Sa résurrec- Sainte Vierge pour « nous la pour l’américain qu’un enchevê- gislatif et judiciaire, sont égale- 1810, il explique – comme aurait tion et l’accomplissement de la rendre plus proche ». C’est, au trement d’institutions hostiles à la ment légitimes car toutes procé- pu le faire un disciple de Jean Bo- Rédemption. Or, Saint Paul le dit, contraire, précisément parce liberté et à la propriété du plus dent de la volonté de la nation, ce din – qu’il convient parfois de pas- s’il en était ainsi, vaine serait notre qu’Elle est la Nouvelle Ève, la grand nombre. qui fait de la représentation l’or- ser outre la lettre de la Constitu- espérance et nous serions les Femme restaurée dans sa pléni- Pour ce penseur rationaliste gane naturel de son incarnation. tion en cas de nécessité extrême, plus malheureux des hommes. tude première et sa grandeur ab- et moderne dans la tradition in- Jefferson fut le promoteur in- et cela pour le salut du peuple. Et nous savons parfaitement que solue, « la Comblée de grâces, tellectuelle de John Locke, l’ex- fatigable de la liberté religieuse, Les écrits politiques de Jef- tel n’est pas le cas. la Bénie entre toutes », que périence des siècles et l’histoire qu’il considère comme un droit ferson s’adressent donc à tous Notre-Dame atteint à la perfec- n’ont que peu d’autorité face à la naturel. En cela continuateur de les lecteurs soucieux de parfaire tion de Son humanité. raison naturelle. Cela le fait Hume, Locke et Bayle, il se fait leur connaissance de l’esprit du Les réponses Des vérités à lire, à méditer, d’ailleurs pester dans une lettre sceptique quant à la répression peuple américain, mais aussi de du catholicisme et à répandre. de 1810 à William Duane contre étatique de l’erreur : « Soumet- comprendre les ressorts d’une le philosophe empiriste David tez l’opinion à la contrainte : pensée qui s’est construite sur Mais, dans notre époque dé- I Hume, grand inspirateur du cri- qui nommerez-vous vos inqui- l’exigence de liberté, pour para- christianisée et ignorante, le livre tique de la Révolution française siteurs ? Des hommes phraser Tocqueville, sous le seul en question, avec sa prétention * Père Daniel-Ange : Touche pas Edmund Burke, qu’il accuse faillibles, des hommes gouver- regard de Dieu et des lois. affichée « à démonter le mythe à ma Mère !, Le Sarment, 200 p., d’avoir répandu un « toryisme nés par de mauvaises passions, forgé par l’Église », a laissé 14 euros (91,83 F). universel sur terre ». Jefferson par des raisons privées aussi I désemparés les simples, inca- * Père Frédéric Manns : Heureuse parle le langage du droit naturel bien que publiques. » La sépa- pables d’opposer à sa prétendue es-Tu, Toi qui as cru, Presses de moderne, que la déclaration d’in- ration doit être faite entre l’État et * Thomas Jefferson : Écrits poli- modernité, à ses prétendues ré- la Renaissance, 220 p., 16 euros dépendance de 1776 a consacré la religion, mais pas entre société tiques, Les Belles Lettres, 230 vélations, et sa complète héré- (104,95 F). avant nos « immortels prin- et religion, comme l’illustre son pages, 21 euros.

10 L’Action Française 2000 n° 2701 – du 18 au 31 mai 2006 HISTOIRE

I Antoine Murat, avocat avec le terrorisme ? Le témoignage honoraire, a commencé à Témoignage en justice de Maritain, défendant militer dans les camelots du notre maître, vaut d’être lu, ou relu : Roi en 1928 à peine âgé de « Il faut que la bienfaisance de vingt ans. Sa fidélité à pour l'Action française l’acte héroïque que Maurras eut l'Action française – qu'il a l’audace et le courage d’accom- souvent défendue en justice L’héroïsme obtint ce qui parais- par Les comptes rendus permettent de plir soit parfaitement établie. Cela – ne s'est jamais démentie sait inconcevable. L’Action française Antoine MURAT revivre les audiences. Pour qu’un s’impose. Sinon la perfidie aura depuis lors. Retiré aujour- se sacrifia dans l’Union sacrée, et jury – car en ce temps-là les procès grande facilité à changer en mal d'hui à Bordeaux il continue elle se donna tout entière. Un esprit de l’influence de Maurice Barrès à de presse étaient soumis aux as- ce qui fut un remède sauveur. » à s'associer à la vie du jour- aussi remarquable que Pierre Las- la fin de sa vie devrait être exami- sises, afin que ce soit l’opinion pu- La lettre à Schrameck, incomprise, nal et du mouvement d'A.F. À serre interpréta, faussement, le suc- née avec soin, car elle est le résul- blique elle-même qui se prononce – fait sa partie dans le chœur qui mau- la suite d'un long entretien cès militaire français comme le dé- tat d’habiles manœuvriers agissant condamne aussi sévèrement alors dit la cruauté des gens d’A.F. Leur qu'il a eu en janvier 2006 avec menti du jugement qu’il avait porté contre un maître si longtemps res- que la bonne foi méritait l’acquitte- courage effraie les prétendus bien- Pierre Pujo et Philippe sur la totale incapacité du régime ré- pecté. ment, il fallait que l’inculpé inspirât pensants. Prévost qui lui rendaient visi- publicain à soutenir une guerre. J’ai du mépris. L’affaire de Philippe Dau- Le succès total ainsi remporté te, il a souhaité rédiger ses entendu autour de moi, alors que Daudet, det démontre quel degré de haine permit, un peu plus tard, de couper souvenirs de l'entre-deux- j’étais un enfant, d’anciens combat- les campagnes de presse avaient court aux dangers que faisaient cou- guerres. Nous publions ci- tants se dire républicains parce que cible rêvée atteint. rir à la paix et aux rapports franco- dessous son texte, qui la République avait battu l’Allemagne italiens les partisans d’Haïlé Sélas- constitue un précieux témoi- et l’Autriche, et parce qu’elle était à Daudet a été la cible rêvée. Il Assassinats sié, qui agissaient dans l’anonymat. gnage sur les haines déchaî- la tête d’un empire colonial... La suite n’avait cessé d’être au premier rang. La révélation de leurs noms dési- nées contre l'Action françai- a réduit ces illusions à néant. Par son adolescence, il touchait au gnait quels seraient les respon- e se aussitôt après la guerre de La III République avait affaibli milieu des Hugo, Charcot et autres Ces campagnes accompa- sables. [Voir l’enjeu: Mussolini, le 1914-1918. l’armée (affaire Dreyfus, affaire des grands hommes de la république. Il gnaient les meurtres dont étaient vic- Brenner, Dollfuss, puis... l’Anschl- fiches, campagne contre la folie des avait rompu pour mener librement times les hommes d’A.F. Philippe luss...] Le précédent de l’affaire armements) ; elle continua son une carrière d’homme de lettres et Daudet est mort le 25 novembre Schrameck était dans les esprits (6). a victoire due à l’héroïsme des œuvre de mort, elle sabota la vic- de journaliste. Ses trouvailles de 1923. Quelques mois auparavant, combattants devait une partie toire et elle conduisit à la catastrophe style époustouflaient. Il était l’auteur le 22 janvier 1923, Marius Plateau, Lde son être aux actions de de 1940. Vingt années lui suffirent... de L’Avant-guerre. Il s’était battu, à héros et grand blessé de la guerre, “La violence Léon Daudet, de Bainville et de Qui s’opposa à ce crime contre la visage découvert, contre les traîtres, chef des camelots du Roi, avait été au service Maurras. C’était évident pour qui patrie ? Peu à peu, l’Action fran- contre le “joug allemand”. Daudet assassiné par Germaine Berton. de la raison” avait suivi le déroulement du conflit. çaise, qui était à la tête de la résis- enthousiasmait la jeunesse intellec- Celle-ci n’avait pu abattre Maurras Mais un grand nombre de contem- tance, se vit mise à part. tuelle par la beauté, l’imprévu, la le 21 janvier à la messe de Louis L’occasion s’offre de montrer porains avaient vécu – c’est naturel XVI. Elle se rattrapa le lendemain. avec quelle mesure se fait la poli- – au jour le jour, sans bien savoir. En décembre 1923, Germaine tique d’Action française. La violence Les champs de bataille avaient Berton fut acquittée. Je me souviens au service de la raison supplée à gardé les meilleurs. Toute la jeu- de la réflexion que fit, devant moi, l’absence du droit dont souffre notre nesse de France, son élite, son ave- un brave homme qui était un homme régime. Parce que la force est em- nir, était meurtrie ; la plupart avaient brave, à propos de l’assassinat de ployée pour éviter un mal ou arriver été couchés “froids et sanglants” sur Plateau. Les anciens combattants au bien, elle est maniée avec pru- la terre qu’ils avaient défendue. auraient manifesté leur colère si Pla- dence. On la montre pour n’avoir Les responsables du conflit, les teau n’avait pas été d’A.F... Car l’A.F. pas à s’en servir. Nos mains sont idéologues qui s’étaient trompés, les c’est la violence. Tant pis pour ceux pures. Nos maîtres ont rejeté des amis de l’Allemagne, les traîtres (Al- qui osent se défendre ! C’est pour- disciples qui allaient au-delà du juste. merayda), les lâches, les embus- tant presque toujours du même côté Votre père a mis à sa place, c’est- qués, la clique des Caillaux, des que sont les assaillants : la longue à-dire au ban de la société, la Ca- Malvy, Painlevé, Briand et autres po- série des assassinats politiques a la goule. Il a trouvé le nom qui ridicu- liticiens, redoutaient l’avenir. Ils Les Camelots du Roi de Saint-Hippolyte de Salenque vers 1933 gauche pour auteur. L’horrible liste lisait, et donc amoindrissait la force Les militants royalistes de l’entre-deux-guerres avaient à rendre des comptes. Nor- est instructive. mauvaise. Aux camelots, nous nous ont encaissé les coups... malement leur échec aurait dû être Les morts se succèdent. Les vic- sommes séparés d’hommes qui si patent que leur carrière en fût à La révolution russe avait fait puissance et la vérité de son verbe. times sont de droite. Maurras l’a étaient de bonne volonté mais se jamais brisée. s’écrouler un empire. L’esprit révo- Mais, inévitablement, il blessait cer- échappé belle. À sa place, Berger conduisaient facilement en brutes. Les poilus revenaient épuisés, lutionnaire s’incarnait, et il se pro- tains de ceux qu’il étrillait ; et d’au- (4) qui travaille à l’A.F. est abattu : “Nous qui voulons toujours raison fatigués, ayant souffert. Ils aspiraient pageait à travers l’Europe. Le ger- tant plus qu’il avait en général rai- son assassin s’est trompé de cible... garder.” au repos. À la paix. “Unis comme manisme lui apportait des éléments son. Il est absolument nécessaire de pu- La lettre était sévère. Les coups au front” : la devise était belle. Elle d’action, comme aussi les principes Un ouragan de haine se dé- blier la liste des victimes. Elles sont pleuvaient de partout : anarchistes, était vraie, dans son essence. Elle de 1789, l’expérience de la Terreur, chaîna contre lui. C’est quelque ignorées aujourd’hui. Or ces années pacifistes, germanophiles, commu- était aussi fragile, car le temps es- celle de la Commune. L’exemple de chose d’inouï, d’incroyable. Les pires sanglantes sont une terrible leçon. nistes, radicaux, francs-maçons, mé- tompe, efface, et l’oubli s’étend. Les Béla Kun était un échantillon de ces élucubrations étaient soutenues, Rappelons les noms qui nous sont tèques, socialistes, démocrates-chré- deuils et la gloire composaient un forces destructrices... Un peu par- avec méchanceté, voire grossièreté. familiers, à nous seuls, hélas. C’est tiens — et j’en oublie. Il y avait aussi climat où dominait, me semble-t-il, tout les violences éclataient, ajou- On prétendit qu’il était un fainéant, un devoir de mémoire, de piété. Ces l’aide que leur apportaient les timo- le désir de se reposer. Le prix des tant misères, ruines, anarchie et un ivrogne, un goinfre, un noceur, années sont marquées par le sang rés, les tièdes, les ambitieux qui cher- efforts soufferts était un immense mort. Toutes sortes de tendances un cerveau malade, ou, comme d’innocents. L’hécatombe est lourde. chaient des places. besoin de se laisser aller. voyaient le jour : séparatisme rhé- l’écrivait un certain Gaucher, un ob- Sans doute, la supériorité intel- Des élections étaient néces- nan, fascisme italien, entre autres, sédé sexuel... lectuelle de l’A.F. s’imposait. À Pa- saires. Ce fut la Chambre bleu ho- réagissaient pour contenir les périls. La presse de ces années 1920- La lettre ris, le Quartier latin en était l’incon- rizon. Et Déschanel prit la succes- Ce chambardement permettait 1939 est riche de ces horreurs. Elles à Schrameck testable manifestation. Là se pré- sion de Poincaré (1). La camarade- à bien des politiques de masquer sont aujourd’hui oubliées. Tant parait l’avenir, là se renouvelaient rie des tranchées s’atténua, et les leurs échecs, même patents, et de mieux. Mais elles ont fait grand mal. Le Cartel des gauches succède les générations. Chaque année, à politiciens manœuvrèrent de plus en se poser en hommes d’avenir. Tout Il faudrait que des historiens relisent le 11 mai 1924 à la Chambre bleu la rentrée universitaire, la salle Bul- plus librement. Les condamnations était remis en question. Caillaux et ces articles nauséabonds. L’Œuvre horizon. Les tueries se multiplient à lier était comble. Des maîtres, hau- de Caillaux et de Malvy fournissent Malvy pouvaient revenir, Briand, “fi- et Le Canard enchaîné y ont joué Paris, en province, à Marseille... tement qualifiés et respectés, ve- des points de repère. Le prix de la nasser”. un rôle particulièrement sournois. Ainsi, le 23 avril 1925, les commu- naient déclarer publiquement leur trahison n’est pas élevé. Les politiciens de métier ne sa- On ne saurait résumer. Ce dont je nistes tuaient par balle quatre ralliement. Pour le droit, un Martin, vaient pas gouverner bien ; ils sa- me souviens, et dont je garde un membres des un Ernest Perrot, un Charles Be- vaient se faire élire. D’instinct, ils ne sentiment de souffrance, c’est que qui sortaient d’une réunion, rue Dam- noist... Les revues littéraires avaient Désillusions se sont pas trompés sur l’adversaire : les hommes d’Action française rémont. Il y avait des blessés. L’un de nombreux rédacteurs amis de l’Action française. Ils en ont éloigné étaient tous des fanatiques, des vio- d’eux était mon confrère et ami Émile l’A.F., un Thibaudet, un Jouhandeau, Fait capital : aux yeux de la plu- les anciens combattants. Le discours lents, sectaires, sans scrupule, ca- Meaux (plus tard vice-président de un Eugène Marsan, un Henri Mas- part des Français, la République de Ba.ta.clan illustre assez exacte- pables des pires choses, des gens la Légion). Le mal révolutionnaire sis et des philosophes, et des poètes, avait gagné la guerre. Le livre de ment la manœuvre. Pourquoi se sé- aux mœurs dépravées, sans foi ni étendait son empire. et des religieux. Maurras avait été Sembat avait été un cri d’alarme. En parer de la République? loi. J’en était effrayé. Le coup d’arrêt fut donné par la un des fondateurs de la Revue uni- 1913 ce compagnon de Jaurès, qui Ce ne fut pas un éloignement Philippe Daudet est mort dans lettre à Schrameck (5). La menace verselle, à l’origine dirigée conjoin- fut “leader” de L’Humanité, avait été entre hommes qui s’estimaient, mais des conditions qui dénoncent un as- de Maurras porta : le ministre de l’In- tement par Bainville et Maritain. Dau- contraint de reconnaître la néces- une rupture. La coupure allait s’ag- sassinat (3). Son père a cherché la térieur eut peur ; sa reponsabilité det rayonnait chaque semaine dans sité d’un roi pour mener une guerre : gravant. Sans cesse des accusa- vérité. Parmi ceux qu’il accusait, le personnelle entraînait le châtiment ; l’excellent Candide. Toute une jeu- Faites un roi sinon faites la paix. tions répétées tenaient lieu de véri- chauffeur de taxi qui avait transporté il céda. nesse se pressait aux débuts de Je Marcel Sembat admettait la force tés, et de nouveaux griefs servaient l’enfant lui intenta un procès en dif- Une étude brève mais complète suis partout (qui, depuis...). des arguments de Maurras. Ses 250 à rendre crédible ce qui était faux. famation. Chose scandaleuse, Léon serait un enseignement incompa- Mais l’opinion hostile ne déco- pages méritent d’être relues. Elles On divisait : l’affaire de Georges Va- Daudet fut condamné à cinq ans de rable. Comment arrêter une tyran- lérait pas. Elle possédait la confirment Kiel et Tanger. lois (2) est caractéristique. La baisse prison et 1 500 francs d’amende. nie sanguinaire ? Comment en finir puissance, celle du pouvoir et

L’Action Française 2000 n° 2701 – du 18 au 31 mai 2006 11 HISTOIRE JOURNÉE DE LECTURE celle de l’argent (les Lederlin, les Hennessy et tutti quanti). De Gaulle et les guerres Les militants bretonnants La plus grande partie de la presse était ennemie de l’A.F. En tête, au risque de la guerre L’Œuvre, L’Huma, Le Populaire, Le franco-françaises Quotidien, et plus particulièrement pour la province, L’Ouest-Éclair de lain Griotteray voue au gé- les Français puissent vivre et rintemps par démocrate-chré- l’abbé Trochu en Bretagne, La Dé- néral De Gaulle une admi- pour protéger les prisonniers ». 1940 : la Pierre LAFARGE tienne Fédération pêche de Toulouse, Le Populaire du Aration sans borne depuis Le Maréchal n’a pas cessé de ré- PIIIe Répu- régionaliste de Centre, et tant d’autres. Avec un style l’été de 1940 où le chef de la sister aux Allemands s’il n’a pas blique s’effondre tragiquement, li- Bretagne. différent, il y avait Le Temps. France libre, émigré à Londres, pu empêcher toutes leurs exac- vrant la France à l’occupant. Une C’est lorsqu’il aborde le ter- Les mouvements d’opinion se lui apparut comme incarnant la tions. poignée de séparatistes bretons rain culturel que cet ouvrage est fabriquent le plus souvent sans scru- Résistance française. Pourtant, il De Gaulle se flattait d’avoir in- parvient à ce que vingt ans de le plus novateur. Dans ce do- pule ; tout autre est l’effort de re- est loin d’avoir été d’accord avec terdit aux communistes de prendre dérives idéologiques et sépara- maine les initiatives furent nom- chercher le réel, la vérité, le bien. le pouvoir lors de la libération du tistes ont préparé : la collabora- breuses durant la guerre. Et si De Gaulle territoire car, sans lui, « il aurait tion avec l’Allemagne. Définitive- Accusations portait fallu un carnage pour les en ar- ment séparés de l’Action fran- Vitalité bretonne la responsabilité racher ». Il avait quand même çaise depuis les lendemains de vaticanes fait alliance avec eux auparavant la Première Guerre mondiale, une des drames en leur concédant l’exécution de brochette d’autonomistes illumi- Le savant philologue Roparz L’intelligence applaudissait Maur- de 1944 et 1961 ? , ancien ministre de nés pense alors pouvoir obtenir Hemon animait depuis 1925 la ras et elle admirait son œuvre. En l’Intérieur du Maréchal. En 1944, l’indépendance. Heureusement revue Gwalarn ; il fut également 1923, l’Académie française lui pré- lui dans toutes les circonstances ils faillirent le déborder... pour la Bretagne, la période 1940- l’âme de l’hebdomadaire breton- féra un inconnu du monde littéraire. politiques. Ainsi Griotteray a-t-il En avril 1961, De Gaulle n’a 1944 ne se limite pas politique- nant Arvor (1941-1944). Citons Daudet avait imposé son talent d’ora- soutenu les partisans de l’Algérie pas empêché la guerre civile en ment et culturellement à ces ex- encore, comme significatif d’une teur à la Chambre des députés. Il française, parmi lesquels il comp- mettant fin au putsch des géné- cités. certaine vitalité de la culture bre- cessa d’être parlementaire quand se tait plusieurs amis. Il fut, comme raux d’Alger. Si ceux-ci l’avaient Approche culturelle et politique tonne pendant la guerre, l’heb- termina son mandat. l’écrit Pierre Messmer dans sa emporté, ils auraient eu le sou- d’une région à forte identité, le domadaire pour enfants et ado- Le contraste est net. D’un côté présentation du livre un « élec- tien de la grande majorité de la livre de Guimberteau et Le Tallec lescents Ololê des frères Caouis- la raison est satisfaite par la perti- tron libre du gaullisme » ! population y compris des Algé- revient bien entendu sur le sin. nence des démonstrations, dont la Nous respectons la fidélité riens. Les Français auraient re- Conseil national breton fondé en Très bien illustré, ce livre justesse est régulièrement confir- d’Alain Griotteray. Nous contes- trouvé l’esprit patriotique qui avait juillet 1940 ou sur le Parti natio- brosse, sans à priori quelconque, mée par les événements. De l’autre tons la thèse qui sous-tend le pe- inspiré les journées de mai 1958 nal breton de Debauvais et Mor- un tableau très complet du sujet côté se dresse une opposition fa- tit livre de souvenirs qu’il publie et dont De Gaulle s’était détourné drelle. Il évoque le Bezen Perrot, qu’il s’était fixé. Une approche ap- rouche. C’est elle qui gagne sur le aujourd’hui, à savoir que De en trompant les espoirs que beau- de Célestin Lainé dont l’ef- préciable tant le sujet est encore terre à terre. La force matérielle l’em- Gaulle aurait, à deux reprises, coup avaient mis en lui. Il a pro- fectif ne dépassa heureusement aujourd’hui sensible. porte. 1940 approchait. épargné la guerre civile à la voqué la guerre civile, marquée pas les 70 individus. Un véritable séisme se produi- France, en 1944 et en 1961. Et par l’O.A.S., par les poursuites ju- Le régionalisme politique, * Philippe Guimberteau, Cyril Le sit le 25 décembre 1926. Rome si, au contraire, il portait la res- diciaires contre l’élite de notre ar- échappant aux chimères sépara- Tallec : Régionalisme et nationa- condamna l’Action française. Il faut ponsabilité des deux drames mée, par l’abandon des harkis aux tistes, est alors incarné par l’Union lisme en Bretagne, 1940-1944, éd. écrire avec délicatesse des années qu’elle connut alors ? tortionnaires du F.L.N... régionaliste bretonne du marquis Godefroy de Bouillon, 178 p., 22 douloureuses. Si le travail est fait En 1940, De Gaulle aurait pu Que De Gaulle ait par la suite de l’Estourbeillon et par la très euros. comme il doit l’être, dans la sérénité se borner à constituer en Angle- doté la France d’une dissuasion de la vérité, ce sera particulièrement terre une armée qui aurait parti- nucléaire et lancé l’industrie nu- bon. La Providence a permis que cipé plus tard à la libération de la cléaire, on lui en reconnaît vo- l’épreuve – dont les conséquences France. Il a avant tout mené un lontiers le mérite avec Alain Griot- se font encore sentir – soit sur- combat politique contre le maré- teray, mais son nom reste asso- Un petit “saint” montée. Les hommes se sont trom- chal Pétain qu’il a accusé faus- cié à deux guerres civiles dont les pés. L’Église, dont ils ont voulu se sement d’avoir “capitulé” en si- marques, encore maintenant, ne assoiffé de sang servir, s’est prononcée, puis s’est gnant l’Armistice. La guerre civile sont pas effacées. rétractée en 1939. Il n’y a pas eu de de 1944 est sortie de là. On re- dmond Michelet, ancien Le “crime” en question avait condamnation doctrinale. Mais toute grette que Griotteray reprenne à Pierre PUJO garde des Sceaux du gé- une haute justification : conserver la haine a trouvé la plus invraisem- son compte la thèse de la capi- Enéral De Gaulle, sera-t-il l’Algérie à la France et préserver blable justification dans les accusa- tulation. Il n’est pas exact non plus * Alain Griotteray : De Gaulle béatifié ? Il en est question de- une présence chrétienne en tions venant du Vatican. Nous étions de prétendre que, selon Pétain, il encore et toujours, Éd. de l’Âge puis quelques années. Une dé- Afrique du Nord... des misérables. fallait « tout concéder pour que d’Homme, 71 pages. pêche du Vatican en date du 10 Edmond Michelet ne voyait pas Et nous sommes restés fidèles avril 2006 semble annoncer la pro- dans cette justification la moindre à l’Église, à la France, au Roi. À chaine ouverture d’un procès en circonstance atténuante. Il insis- nous-mêmes. NOTE DE LECTURE béatification. Elle s’étend longue- tait : « Si la peine de mort n’est Antoine MURAT ment sur les mérites de cet ancien pas demandée cette fois, il est résistant qui protégea des juifs à escompter, pour tenir compte (1) Paul Deschanel élu président Les hommes de De Gaulle, sous l’Occupation et fut déporté de la hiérarchie des responsa- de la République en 1920 en rempla- au camp de Dachau où il apporta bilités, que les sanctions à en- cement de Raymond Poincaré. leur place, leur rôle du réconfort à ses compagnons visager ultérieurement devront (2) Georges Valois, directeur de la d’infortune. À n’en pas douter, il fit descendre fort bas dans Nouvelle Librairie nationale, se sépare rançois Broche, biographe cettes de De Gaulle, et ajoutent preuve dans ces circonstances tra- l’échelle des peines et gêner par de l’Action française en 1925 et fonde de Maurice Barrès et de encore à la difficulté de se faire giques d’un grand esprit de cha- conséquent l’ensemble de la ré- “le ”. FLéon Daudet, s’intéresse une opinion éclairée sur ce per- rité. pression. [...] Ces diverses rai- (3) Philippe Daudet, fils de Léon dans son dernier ouvrage à la sonnage si controversé. Il l’avait semble-t-il perdu, sons me conduisent à vous de- Daudet et âgé de 14 ans, assassiné personnalité du général De Gaulle Ces hommes étaient-ils au lorsque, devenu ministre de la Jus- mander, au nom du gouverne- par les anarchistes en novembre 1923. sous un aspect original, celui des service de la France ou du pou- tice et garde des Sceaux, il écri- ment, d’examiner le problème à (4) Ernest Berger, trésorier de la hommes qui l’ont entouré et suivi. voir gaullien ? Et le général était- vit le 30 mai 1961 au procureur vous posé, avant que vous n’ar- Ligue d’Action française, assassiné dans Majoritairement basé sur les il plus préoccupé par son pouvoir général Besson à propos du pro- rêtiez définitivement le contenu un escalier du métro Saint-Lazare le 28 souvenirs personnels des inté- autocratique ou la grandeur de la cès des généraux Challe et Zel- et les conclusions de votre ré- mai 1925 (cf. L’AF 2000 du 7/7/2005). ressés, il dresse un portrait par France ? En vérité, le général ler, deux des “putchistes” d’Alger, quisitoire. » (cité par J.R. Tour- (5) Abraham Schrameck, ministre touches du chef de la France libre s’identifiait à la France, une qui se déroulait à ce moment-là noux dans L’Histoire secrète, Plon, de l’Intérieur du gouvernement du Car- et du premier président de la Ve France qu’il rameniait à la “cer- devant le Haut Tribunal militaire. 1962) tel des Gauches. Il laissait les commu- République, sans qu’il puisse s’en taine idée” qu’il s’en faisait. Il demandait au procureur de « ré- Le procureur s’exécuta mais nistes et les anarchistes attaquer im- dégager une image bien nette. On notera en outre une ap- clamer les peines les plus sé- les généraux Challe et Zeller, fort punément les patriotes. Maurras l’ayant Avec ses confidences ambiguës, proche plus que critique des rap- vères » en insistant sur la gravité heureusement, ne furent pas rendu personnellement responsable ses boutades contradictoires, son ports du général avec feu le du “crime” commis par les deux condamnés à mort. Ils demeurè- dans une lettre fameuse, les agressions égocentrisme, sa forte person- Comte de Paris, que ce soit au généraux. Il s’en prenait particu- rent en prison jusqu’en 1968, où cessèrent (1925). nalité, ses aspects impitoyables, moment de la période trouble de lièrement au général André Zeller De Gaulle les gracia. (6) En 1935, Maurras menaça de sa “certaine idée de la France”, l’Afrique du Nord, ou des débuts qui « a mis tout en œuvre pour On peut supposer qu’Edmond faire abattre les cent quarante parle- le général a su faire converger de la Ve République. que le mouvement insurrec- Michelet fut fort dépité de ne pas mentaires qui avaient approuvé les de nombreux talents autour de tionnel qu’avec ses compa- avoir été suivi par les juges. Il reste sanctions décidées par la Société des lui, et s’attacher des collabora- Philippe ALEYRAC gnons il provoquait débouche que, dans une situation de guerre nations contre l’Italie qui avait envahi teurs fidèles. Les différences de sur le terrain gouvernemental, civile, il s’était montré sans pitié à l’Ethiopie. Le vote des parlementaires caractères d’un Malraux, d’un * François Broche : Les Hommes politique, national. Ses mobiles, l’égard d’hommes qui, par pur pa- risquait de jeter l’Italie dans les bras Kœnig, d’un Chaban, d’un Massu, de De Gaulle, leur place, leur rôle ses actes, ses desseins donnent triotisme, s’étaient insurgés contre de l’Allemagne hitlérienne, ce qui d’un Debré, d’un Salan, ne font , Éd. Pygmalion, 276 pages, 21,50 au crime qu’il a perpétré des as- le pouvoir qu’il servait. arriva. que souligner les différentes fa- euros. pects très graves. » P.P.

12 L’Action Française 2000 n° 2701 – du 18 au 31 mai 2006 HISTOIRE Hommage à Jean Mabire

l est des articles que l’on vou- racines propres à chaque peuple, par férent. En le relisant, Jean s’en faite maîtrise des classiques, évi- drait n’avoir pas à écrire et les à chaque patrie, à chaque pro- Anne BERNET était inquiété, à tort, car cette demment, des penseurs, des po- Ihommages posthumes que vince. Cette Europe-là n’avait rien étude chronologique du siège des litiques, et de tous ceux qui, de- l’on rend à un ami font d’abord à voir avec le monstre que l’on premier tome parut en 1985. Là légations européennes, à l’été puis deux siècles, dans le grand souvenir de son départ, le ren- nous concocta de Maastricht à encore, au nom de mystérieuses 1900, par les Boxeurs insurgés mouvement des idées, avaient dant, si possible, un peu plus ir- Bruxelles et que Mabire détestait nécessités éditoriales, la réédi- que soutenait la cour impériale choisi de s’engager et de com- réversible. Jean Mabire s’en est comme une trahison insane d’un tion, sous le titre Par -40° devant xénophobe est un très grand ré- battre pour leur terre et leur idéal. allé le 29 mars au soir, discrète- meilleur idéal. Bien au-delà d’une Moscou, fut amputée d’une pre- cit, digne de ces aventures colo- Cela au niveau mondial. Vers ment, dans l’invraisemblable si- vision politique qui, quarante-cinq mière partie passionnante, et très niales d’autrefois propres à ravir 1990, il eut l’idée de mettre tout lence des médias, oublieux de ans après, apparaît périmée, cet éclairante puisqu’elle s’attardait des générations auxquelles l’on cela à la disposition de ses lec- ses grands succès littéraires de essai témoigne avec passion des sur les parcours politiques et les n’avait pas encore expliqué com- teurs, d’abord chaque semaine, jadis pour ne plus voir que “le ré- espoirs et des échecs d’une gé- évolutions qui devaient conduire bien on devrait avoir honte de pa- dans sa chronique de National- prouvé” qu’il était devenu en de- nération. Jean ne les avait pas des anti-communistes primaires reilles entreprises. Cela ne si- Hebdo, puis en volumes. Il tra- meurant fidèle jusqu’au bout aux reniés. et viscéraux, presque tous pa- gnifiait pas, au demeurant, que vaillait aux notices qui compose- choix politiques de sa jeunesse. Ce n’était pas un hasard si triotes et bons catholiques, sur le Mabire fût insensible à la posi- raient le neuvième quand la mort Il eût jugé leur attitude avec tout son premier livre était un essai tion des Chinois et de l’impéra- interrompit cette besogne inlas- le dédain qui s’impose, lui qui te- critique ; ses goûts le portaient trice Tseu Hi ; même, il la com- sable. Sous le titre générique Que nait pour péchés capitaux la sot- vers ce genre. Il devait y revenir prenait, voire la justifiait, car il lire ?, Jean dressait un panorama tise, l’étroitesse d’esprit, le plus tard, entre autres à travers était trop attaché à son pays et inégalé, rassemblant notices bio- manque de cœur et de généro- Rêve d’Europe, une étonnante à sa culture pour ne pas saluer graphiques, étude critiques, et bi- sité. Ces défauts, il est vrai, lui galerie d’écrivains confrontés à des sentiments identiques chez bliographies de sept cents écri- étaient étrangers et il s’étonnait leurs conceptions européennes, autrui. vains, de Chateaubriand à nos toujours de les découvrir chez mais à travers, malheureusement, Toutefois, ce qui le fascinait jours, de toutes langues et de autrui. Jean Mabire est parti, sans l’Occupation dans laquelle ils cru- et l’émouvait, dans cette histoire, tous pays, même si les Français, mobiliser la presse, les radios et rent trouver une occasion prodi- c’était la résistance opiniâtre de et, dans une moindre mesure, les les télévisions qui avaient choisi, gieuse de réalisation. Ce qui res- ce millier d’Occidentaux, civils Britanniques, les Irlandais, les Ita- depuis quinze ans et plus, de sort de ces brèves études, c’est pour la moitié, qui, dans l’attente liens, les Allemands, les Fla- l’ignorer. Sa mort, pour ceux qui d’abord une extraordinaire im- de secours, avaient tenu deux mands et les Scandinaves, se l’aimaient, est un crève-cœur ; pression de confusion intellec- mois et demi face à deux millions taillaient la part du lion. reste son œuvre, foisonnante, tuelle et de sentimentalisme mal de Chinois décidés à massacrer Œuvre de référence irrem- ses livres, cent trente, pour por- géré, une remarquable capacité les « diables blancs étrangers plaçable, prodigieuse, énorme, ter témoignage de l’homme qu’il à prendre les vessies pour des ». Français, Italiens, Russes, Bri- qui eût tendue à l’exhaustivité si fût, et du combat qu’il mena. C’est lanternes. Mabire le disait, avec Jean Mabire (1927-2006) tanniques, Autrichiens, Alle- le temps lui avait été accordée, plus, définitivement, que n’en lais- un mélange d’amusement et de mands, plus quelques Améri- cette somme ne rencontra pas le seront à eux tous les petits per- tristesse. front de l’Est, au nom d’une croi- cains, très en retrait quoique Hol- public qu’elle méritait, injustice sonnages qui avaient décidé de sade contre le bolchevisme, hé- lywood en ait raconté ensuite, stupide qui obligea Jean à errer l’ostraciser. las initiée par l’occupant … Une auquels il convient d’ajouter des d’éditeur en éditeur, afin de pou- Jean ne se destinait pas au L’historien très abondante iconographie Japonais remarquables, avaient voir coûte que coûte en pour- métier des Lettres ; il avait en- militaire compense un peu, sans le ra- découvert, dans le péril et la souf- suivre la publication. La forme de tamé une carrière de graphiste, cheter, ce massacre du texte ini- france partagés, une fraternité la chronique hebdomadaire n’était déjà marquée par son immense Mais le succès lui vint tial qui navrait Mabire. des armes et des sentiments in- sans doute pas la plus propice amour de la Normandie, lorsque d’ailleurs : d’ouvrages d’histoire En parallèle de ces grands attendue. Sans rien renoncer de au travail littéraire et stylistique, l’occasion de devenir journaliste militaire innovants, audacieux, cycles qui s’intéressaient à un leurs traditions et de leurs points mais Mabire savait que l’essen- s’était offerte à lui. Il l’avait sai- précis qui, en abordant la ques- contexte et des personnages de vue respectifs, ces hommes tiel n’était pas là. Il le disait : « Ce sie. Son premier livre, il le rap- tion délicate des volontaires fran- français, et s’inscrivaient dans avaient connu une entente neuve, qui compte, ce n’est pas l’art porta d’Algérie, où, officier de ré- çais sous l’uniforme allemand, une étude des idées et du mili- qui aurait pu, si les gouverne- pour l’art comme l’affirment serve, il avait servi dans un com- sut traiter le sujet avec un tact et tantisme, de droite ou de gauche, ments en avaient tiré la leçon, certains, mais l’influence que mando de chasse, en 1961, et une intelligence rares. La trilogie car nombre de ces hommes ve- donner au siècle naissant un vi- les écrivains exercent, même c’était, paradoxe qui résumerait consacrée aux Waffen SS fran- naient, via le P.P.F. de Doriot, du sage différent. Cependant, et ce à leur cœur défendant, sur toute son œuvre, la confrontation çais ne visait ni l’apologie ni la Parti communiste, au cours des n’était pas le moins surprenant leurs contemporains. L’impor- d’un écrivain, Pierre Drieu La Ro- condamnation et cherchait à sai- années 30, Mabire poursuivit pour ceux qui ne le connaissaient tant, à mes yeux, ce sont les chelle, aux grandeurs et servi- sir un phénomène et à l’expliquer, aussi, par goût parfois, par né- pas, les pages les plus belles du lecteurs tout autant que les au- tudes du combat et aux drames en donnant, autant que possible, cessité quotidienne souvent, des livre, Mabire les consacrait à l’ex- teurs. Il est des livres qui té- de son temps. Que Drieu fût nor- la parole aux survivants. Les études consacrées aux princi- traordinaire archevêque de Pé- moignent et des livres qui mand ajoutait, évidemment, à la chiffres de vente atteints prou- pales unités de prestige de la Se- kin, Mgr Favier, à son clergé, à éveillent. Il est des livres qui fraternité spirituelle que s’était dé- vèrent que le public avait com- conde Guerre mondiale, alle- l’enseigne de vaisseau Paul sont des armes. Il n’est pas de couverte avec lui un Mabire sou- pris les intentions de Mabire. mandes, britanniques ou améri- Henry, et à la poignée de mate- combat politique sans un pro- pirant dans le djebel après les Triomphe éditorial chez Fayard caines. L’une des dernières d’un lots bretons et italiens qui, en- jet culturel. […] les bons livres, pluies cherbourgeoises. puis en poche dans les années genre qui finissait par le lasser fermés dans la cathédrale péki- ce sont sans doute ceux qui 70, La Brigade Frankreich, La di- considérablement concernait les noise, luttèrent pour épargner une font rêver. Mais les meilleurs, vision Charlemagne et Mourir à Panzers de la Garde Noire, cette mort atroce aux milliers de ca- ce sont ceux qui font agir. » Le rêve Berlin s’intéressaient à l’itinéraire division blindée redoutable issue tholiques chinois réfugiés sous Faut-il préciser dans quelle européen d’hommes qui s’étaient trompés de la garde personnelle de Hit- leur protection. Un sacrifice que catégorie, toute sa vie, Mabire a de combat, mais l’avaient payé ler. Dans tous ces récits, Jean l’Église a préféré oublier … travaillé à inscrire ses livres ? De Drieu parmi nous, récemment en sachant périr. Il fallut attendre savait comme nul autre s’inté- cela, il faudra bien, un jour ou réédité, était un livre fondateur, le politiquement correct triom- resser aux destinées individuelles l’autre, que la France lui soit re- et Jean y tenait. C’était aussi un phant pour que d’aucuns s’avi- et aux idées qui avaient conduit Des livres connaissante. livre ambitieux qui mêlait ana- sassent de voir dans ces livres tant de jeunes gens à des enga- « qui font agir » I lyses biographique, littéraire, cri- on ne sait quelle douteuse exal- gements souvent hasardeux mais tique, politique, destiné à dé- tation du nazisme et même d’ac- toujours héroïques, choix qui, Ce sens du récit, cette psy- * Drieu parmi nous, Irminsul, 185 p., montrer comment un romancier cuser Jean d’avoir lui-même porté pour lui, rachetait le reste. Mis chologie, cette capacité à mettre 23 euros (150,87 F). compromis, suicidé le 15 mars l’uniforme honni, sans penser à bout à bout, ces livres forment une histoire en scène sans en * Rêve d’Europe, Irminsul, 125 p. 1945, pouvait avoir encore vérifier sa date de naissance … une prodigieuse revue des travestir ni trahir la vérité histo- le volume, prix non communiqué. quelque chose à dire aux géné- propos qui valurent à leurs au- troupes d’élite de l’époque et une rique, Jean les avait appris à * La division Charlemagne, Gran- rations suivantes et pourquoi. Ce teurs une condamnation méritée somme inégalable d’informations. bonne école, auprès des cher, 340 p., 22,71 euros (149 F). qui comptait aux yeux de Jean, pour diffamation. Devenue in- meilleurs écrivains, parmi les- * Par -40 ° devant Moscou, Gran- et de beaucoup de garçons de trouvable dans sa première édi- quels il comptait à bon droit ceux cher, 395 p., 24 euros (157,43 F). sa génération, adolescents à la tion, la trilogie fut reprise chez La résistance que les snobs, les pseudo-intel- * Les Panzers de la Garde Noire, libération, c’était une tentative Grancher, en une édition certes des Occidentaux lectuels et les imbéciles appel- Grancher, 320 p., 22,71 euros pour concilier la patrie blessée, corrigée de quelques minimes er- lent « les auteurs populaires ». (149 F). méconnaissable même, et un reurs, mais surtout abrégée, ce L’été rouge de Pékin, paru en Longtemps avant que l’on com- * L’été rouge de Pékin, Le Rocher, rêve européen, promesse d’équi- dont ni Mabire ni ses lecteurs ne 1978 et dont il attendait impa- mence à rendre leurs lettres de 460 p., 19,90 euros (130,54 F). libre et de liberté face à l’U.R.S.S. devaient se consoler. Un sort tiemment la réédition qu’il ne de- noblesse à ces genres littéraires * Que lire ? Sept volumes parus, et aux États-Unis. C’était la dé- identique attendait son Histoire vait pas voir, s’il s’inscrit dans jugés inférieurs, Mabire en pos- en cours de réédition chez Dual- fense d’un patrimoine commun, de la L.V.F., écrite en collabora- cette veine de l’étude militaire, sédait une connaissance ency- pha, environ 300 p. le volume, prix d’une sagesse commune, et des tion avec Éric Lefèvre, dont le est cependant d’un esprit très dif- clopédique. S’y ajoutait une par- non communiqué.

L’Action Française 2000 n° 2701 – du 18 au 31 mai 2006 13 CHRONIQUE LES GRANDS TEXTES POLITIQUES Entre la poire L’autorité naturelle et le fromage... et le fondement du politique e langage par bien d’autres jus- vue l’abus d’autorité de la part d’un un droit : celui des valeurs de ordinaire, Jean-Baptiste MORVAN tifieraient une « Puisque aucun homme père ou d’une mère qui voudraient l’homme fort. Par exemple, le droit Ldans ses psychanalyse du n’a une autorité naturelle sur imposer, leur vie durant, des choix de la force brute du nazisme – qui clichés et banalités mêmes, nous vocabulaire figuratif: “tirer des son semblable, et puisque la à leurs enfants, comme il a pu se ne se résume pas à elle –, c’est ménage parfois de singulières carottes” désigne au moins une force ne produit aucun droit, voir en effet (cf. les fils jadis en- l’idéologie nazie. Et cela quand bien surprises, pour peu que l’on s’at- mystification, parfois un abus de restent donc les conventions voyés au monastère sans vocation, même cette dernière valoriserait la tarde à en cerner la significa- confiance. “N’avoir pas même pour base de toute autorité les filles mariées contre toute in- virilité ; en effet, la virilité, qui est tion ; c’est comme les petites un radis” est affligeant ; un légitime parmi les hommes. » clination, etc.) et comme il se voit une vertu, diffère de la force qui, routes et les chemins rustiques “navet” est un film médiocre ou encore aujourd’hui, quoique bien de soi, relève de la pure et simple dont les tournants imprévus nous mauvais, jusqu’au ridicule éven- Jean-Jacques ROUSSEAU que plus rarement. factualité. laissent découvrir des mystères tuellement... En tout état de cause, le fait Revenons à l’énoncé de Rous- soudains... C’est ainsi qu’avant- “Faire le poireau” qualifie Le Contrat social, que celui qui énonce le principe seau. Il appert que s’il est vrai que hier je rencontrai, au hasard des une attente fastidieuse, et ce chapitre IV qu’un père « doit » des « soins » des conventions volontaires peu- propos, l’expression proverbiale même “poireau” nous semble à ses enfants soit celui-là même vent en effet fonder à l’occasion “entre la poire et le fromage”. bien familier, voire irrévérencieux ans cette phrase, Rousseau une « autorité légitime » (celle pour évoquer le Mérite agricole opère la transition décisive d’un président d’une société com- – la seule distinction qu’il m’au- Dentre l’idée, fallacieuse à merciale par exemple), toute auto- On découvre rait plu d’obtenir pour des mo- ses yeux, et qu’il dénonce, que la rité légitime ne se fonde pas sur nombre tifs de piété filiale et atavique, société serait fondée en nature, et ces dernières : les hiérarchies na- de comestibles mais qui malheureusement ne la théorie dite “contractualiste”. turelles, tempérées par une raison accaparés vient qu’exceptionnellement dé- Nous avons eu l’occasion de modératrice, et la force, pourvu par l'esprit corer les gens de plume... voir précédemment (AF 2000 qu’elle se mette au service de la n° 2695 du 16 février 2006) que justice et du bien, s’imposent à toute de dénigrement... Hobbes, lui aussi, pensait que la âme bien née, c’est-à-dire non ré- L’éloge société procédait d’un artifice de la voltée, comme autant d’autorités du melon raison : pour que l’individu garan- légitimes, commodément recon- Le dictionnaire affirme que cette tisse sa survie dans un état de na- naissables et salutaires, ainsi qu’y locution désignerait le moment C’est un réconfort certain que ture mortifère, il fallait qu’il remît, a insisté Maurras dans sa Politique du repas « lorsque la liberté de relire le long et joyeux poème en même temps que tous les autres naturelle. et la gaieté sont plus grandes de Saint-Amand consacré à hommes, sa puissance d’agression ». Mais faut-il voir dans l’ordre l’éloge du melon, où notre et de défense à un Souverain qui, Francis VENANT Jean-Jacques Rousseau des mets qui place la poire avant « long fruit d’or » prend place seul, le protégera et le vengera ef- 1712 - 1778 le fromage un souvenir du ser- entre le « pur aliment du miel ficacement. Mais pour Hobbes, l’in- vice des tables aux siècles sei- » et la « Verte figue sucrée »: dividu, de soi, n’est pas sociable. qui a abandonné ses cinq enfants zième ou dix-septième? Il nous « ... ni la poire de Tours sa- ne manque pas de saveur… On ne TÉLEX plaît davantage de situer le salé crée ». Il faudra que quelque Autorité et s’étonnera pas qu’une âme si dé- avant le sucré ; mais peut-être jour j’enquête sur l’excellence naturée ait la nature en aversion ! Constitution jadis la formule adoptant ici des poires tourangelles. Pour légitimité Pourtant, le sophisme ne saurait l’ordre inverse avait-elle semblé l’instant je relis cette litanie gas- annuler le fait que chacun expéri- européenne plus harmonieuse? tronomique comme une re- La perspective de Rousseau mente en lui-même un respect na- Le 9 mai, un quinzième Une poire peut en appeler vanche sur l’inexplicable ten- est différente et intéresse plus di- turel pour ses parents et accepte pays a ratifié le traité constitu- une autre... Et notre première dance décrite plus haut, et qui rectement peut-être la pensée roya- spontanément le joug le plus sou- tionnel européen : l’Estonie, expression proverbiale me rap- s’acharne à infliger une voca- liste puisqu’elle porte sur l’« au- vent bienfaisant de leur autorité. dont les parlementaires ont sou- pelle aussitôt “garder une poire tion railleuse et satirique à tous torité légitime » – deux notions : tenu le projet par 73 voix contre pour la soif”. Dans les deux cas les vocables désignant les co- l’autorité et la légitimité – que, pour La force une. Devant le Parlement, un la poire conserve un air de sym- mestibles. ainsi dire, nous affectionnons parce groupe de manifestants n’a pas pathique innocence ; ce qui ne Après tout, c’est peut-être un que nous y voyons le fondement et le droit manqué de protester contre un fut pas toujours le cas... Victor devoir moral, intellectuel et fi- de la société bien ordonnée et heu- texte accusé de donner nais- Hugo, lui, refuse le lyrisme mé- nalement politique que de pro- reuse. Seulement il ne les place Passons maintenant à l’idée sance à une Europe fédérale. taphorique: « J’ai dit au long clamer le prestige et la dignité pas où nous les mettons. que la force ne fonde aucun droit fruit d’or – Va ! tu n’es qu’une imprescriptible de ces régals qui Premièrement, Rousseau (chapitre troisième). Le passage poire ! » La poire subit les concourent à l’excellence, à la conteste dans le chapitre second est célèbre, et à juste titre ; son L’UE n’a pas acerbes déformations du crayon suavité du Royaume de France. du Contrat social l’idée qu’il existe ironie mordante est des plus effi- la cote de Daumier, avec la caricature Les comestibles séducteurs, ar- des autorités naturelles fonda- cace et témoigne du génie de son du roi Louis-Philippe. Et sur la tistement disposés devant nos trices ; à (première) preuve (que auteur – un génie hélas le plus sou- Heureusement, l’obstination pente de la satire, le nom du regards charmés, concourent à nous considérerons seule ici) : la vent malfaisant : « Supposons européiste ne déclenche pas fruit va désigner un naïf facile- une familiarité du royaume. Et prétendue autorité paternelle, qui un moment ce prétendu droit. Je l’entousiasme des citoyens : ment dupé ; mais on découvre nous ne concevons pas une ne saurait être que temporaire et dis qu’il n’en résulte qu’un gali- selon la dernière livraison de nombre de comestibles acca- France sans familiarité et sans s’abolit dans une première conven- matias inexplicable. Car sitôt que l’Eurobaromètre, seuls 25 % parés par l’esprit de dénigre- délectations, non plus qu’une tion : « La plus ancienne de c’est la force qui fait le droit, l’ef- des Européens considèrent ment. patrie sans héroïsme et sans re- toutes les sociétés et la seule fet change avec la cause ; toute l’objectif d’une constitution com- Le fromage devient le sym- cherche passionnée d’excel- naturelle est celle de la famille. force qui surmonte la première mune comme un élément-clé bole des profits faciles ou dou- lence en tous les domaines que Encore les enfants ne restent-ils succède à son droit. Sitôt qu’on pour l’avenir. teux, des situations dorées nan- le Seigneur lui a impartis... liés au père qu’aussi longtemps peut désobéir impunément on le ties de bénéfices immérités. Et I qu’ils ont besoin de lui pour se peut légitimement, et puisque le Sécession conserver. Sitôt que ce besoin plus fort a toujours raison, il ne cesse, le lien naturel se dissout. peut s’agir que de faire en sorte numérique Les enfants, exempts de l’obéis- qu’on soit le plus fort. Or qu’est- TARIF DES ABONNEMENTS Le 5 mai 2006, la région Al- er e sance qu’ils devaient au père, le ce qu’un droit qui périt quand la (paraît les 1 et 3 jeudis de chaque mois) sace a annoncé qu’à l’occasion père exempt des soins qu’il de- force cesse ? S’il faut obéir par 1. Premier abonnement 5. Abonnement de soutien de la fête de l’Europe elle re- 9 9 vait aux enfants, rentrent tous la force on n’a pas besoin d’obéir France (un an) ...... 76 (un an) ...... 150 noncerait à son adresse Inter- 2. Premier abonnement 6. Étudiants, ecclésiastiques, également dans l’indépendance. par devoir, et si l’on n’est plus 9 9 net en “.fr” au profit d’un nom Étranger (un an) ...... 85 chômeurs (un an) ...... 45 S’ils continuent de rester unis forcé d’obéir on n’y est plus 3. Abonnement ordinaire (un an) . 125 9 7. Outre-mer (un an)...... 135 9 de domaine en “.eu.” Cette in- 4. Abonnement de six mois ...... 70 9 8. Étranger (un an) ...... 150 9 ce n’est pas plus naturellement, obligé. On voit donc que ce mot titiative est censée s’inscrire c’est volontairement, et la famille de droit n’ajoute rien à la force ; « dans une démarche de BULLETIN D’ABONNEMENT elle-même ne se maintient que il ne signifie ici rien du tout. » construction européenne du Nom ...... Prénom ...... par convention. » La dialectique est admirable – quotidien ». En tout cas, le Adresse ...... Ce texte, si net, se passe de mais elle est aussi un peu vaine. symbole est fort : entre la ...... Tél...... commentaire. Avouons qu’il y a de Car quelle force a jamais revendi- France et l’UE, le conseil ré- Ville ...... Code postal...... quoi faire frémir ! La seule chose qué d’être nuement un droit si ce gional présidé par Adrien Zel- Entourez le numéro correspondant à votre abonnement qui pourrait, à défaut de le justifier, n’est, peut-être, dans les cours de ler a fait son choix. Bulletin à retourner à L’Action Française 2000 l’expliquer quelque peu, serait l’hy- récréation ? En réalité, toute force G.D. 10, rue Croix-des-Petits-Champs, 75001 Paris – C.C.P. Paris 1 248 85 A pothèse que Rousseau avait en énonce non son droit de force mais

14 L’Action Française 2000 n° 2701 – du 18 au 31 mai 2006 L’ACTION FRANÇAISE EN MOUVEMENT

CENTRE ROYALISTE D’ACTION FRANÇAISE

INSTITUT D‘ACTION FRANÇAISE La fête de Jeanne d’Arc LE MONDE Directeur Michel FROMENTOUX à Bordeaux ET LA VILLE 10, rue Croix-des-Petits-Champs, 75001 Paris. Tél : 01 40 39 92 14 e dimanche 14 mai 2006, à 11 souligné la similitude des incertitudes NAISSANCE [email protected] heures, a eu lieu à Bordeaux de son temps et du nôtre. Lla traditionnelle cérémonie or- La République antifrançaise ago- G Capucine, Marie THOUVENIN, Mercredi 31 mai 2006 ganisée par l’AF en hommage à la nise, mais elle demeure capable de fille de nos amis Jean-Pierre et Isa- Sainte de la Patrie. Elle suivait de nuisances, un simple changement belle Thouvenin, née le 25 mai 2005 7e séance du cycle 2005-2006 peu une conférence sur les Jaco- de têtes n’y remédierait en rien. La à Nice, a été baptisée en la cathé- bites dans la France du XVIIIe siècle, solution du problème français réside drale de Vence (Alpes-Maritimes) le prononcée par M. Clarke de Dro- dans le retour à une royauté bien- 14 mai 2006. Proche et Moyen-Orient : mantin, docteur en histoire. faisante, qui bride les ambitions ef- Nous nous associons à la joie En dépit des travaux aux abords frénées et les menaces, extérieures des parents et leur adressons tous l’explosion de la statue, une importante délé- et intérieures, de toute nature. nos vœux pour la petite Capucine. gation s’était réunie, en présence Il est patent que, depuis le 21 d’une protection policière visible. Le avril, le 29 mai et la récente guérilla DÉCÈS par Houchang Nahavandi délégué du Centre royaliste d’Action urbaine, “la voie est libre” en poli- ancien recteur de l‘université de Téhéran française en Aquitaine, Vincent tique. Les adeptes du nationalisme G Nous avons appris avec peine le Gaillère, a procédé au dépôt d’une intégral doivent donc être prêts à décès de notre amie fidèle Mme Jean à 20 h 30 précises gerbe de lys. crier à tous les Français conscients, DESPAX née Simone Nouguès sur- Prenant la parole, il a dénoncé dépositaires d’une parcelle de pou- venu le 30 avril 2006. Ses obsèques cette occasion, le conférencier dédicacera son dernier livre : l’hédonisme ambiant et l’incurie des voir : « Faites un Roi, ou prépa- ont été célébrées dans l’intimité fa- pouvoirs publics, notamment en ma- rez-vous à la guerre civile et so- miliale en la chapelle Sainte-Philo- Iran, le choc des ambitions (Éd Aquilion, 744 p., 28 euros). tière mémorielle et de maintien de ciale ! » mène à Toulon le 4 mai. Brasserie Le François-Coppée, premier étage l’ordre. Il a exalté la figure de Jeanne, Après ces fortes paroles, l’as- Née en 1912, elle était issue d’un 1, boulevard du Montparnasse, 75006 Paris (métro Duroc) pleine d’humilité devant le réel, et sistance a entonné La Marseillaise milieu littéraire et artistique (son père obéissante aux lois et à la constitu- et partagé le verre de l’amitié d’Ac- était compositeur d’opéras à succès). Participation aux frais : 5 euros. Étudiants et chômeurs : 2 euros. tion naturelles de notre Patrie, et tion française. A.F. Aquitaine Étudiante, elle fut très vite attirée par l’Action française où elle se fit la plu- part de ses amitiés et où elle ren- CONFÉRENCES DANS NOTRE contra son futur mari, camelot du Roi. ÉTUDIANTES COURRIER Elle tint longtemps dans le journal quotidien, avec Yvonne Fayard et Les conférences étudiantes Claire Daudet, la rubrique répondant ont lieu chaque vendredi Chirac et le Maréchal Mirages aux questions des lecteurs. Elle ap- à 19 h 15 aux locaux de l’AF. démocratiques procha ainsi et Léon 19 mai À propos de notre dossier sur le maréchal Pé- Daudet qui acceptèrent d’être les té- Augustin Cochin et les tain (numéro 2699) : Je regardais il y a peu une émission consacrée moins de son mariage, en juin 1936. origines de la Révolution à De Gaulle : personnage politiquement funeste, Ayant beaucoup souffert de la di- par Pierre NAVARRE On ne saurait trop louer le général d’armée aé- mais une réflexion m’est venue : un homme ayant vision des Français pendant et après 26 mai rienne le Groignec d’avoir remis en lumière le véri- dit et fait les mêmes choses que lui aurait-il eu la la guerre, veuve à 33 ans, elle fit face Pas de conférence, table rôle du Maréchal qui sut conduire avec hon- même carrière s’il ne s’était pas appelé précisément avec énergie à l’adversité pour éle- permanence neur la politique étrangère de la France, en dépit des De Gaulle ? ver ses trois enfants et travailla dans (pont de l’Ascension) difficultés de tous ordres rencontrées à cette époque “Nos ancêtres les Gaulois”, en 1940, cela faisait le milieu médical. 2 juin si difficile. rêver... Souvent les gens votent contre le plus mau- Elle se rapprocha dans les an- Alors que tous les chefs d’État, jusqu’à François vais des candidats (à leur avis) mais parfois aussi nées soixante-dix de la Fraternité Socialisme et libéralisme Mitterrand, ont tenu à honorer la mémoire du maré- ils votent pour... une illusion. Saint Pie X, à laquelle elle resta fi- par Sébastien de KÉRERRO chal Pétain, Jacques Chirac a pris le parti de s’abs- Tout le monde sait qu’au milieu du XIXe siècle on dèle jusqu’à la fin à travers ses en- 9 juin tenir et cette attitude négative n’a pas manqué de a voté Louis-Napoléon Bonaparte en pensant à l’oncle. gagements à la paroisse de Saint- Géopolitique de la Mer Noire me prévenir à son égard. Et le général Boulanger ? Le pain est symbo- Nicolas du Chardonnet puis au par Philippe CHAMPION Malgré les réticences de ceux qui manipulent lique pour un Français : “Notre pain quotidien”. Pa- prieuré Saint-Maximin à Toulon, où l’opinion en vertu d’une idéologie tendancieuse, il est ris avait eu faim pendant le siège et voici que le “Bou- elle habita à partir de l’année 2000. bon de voir quelques esprits élevés prendre soin de langer” arrivait... Nous prions ses enfants, M. et rétablir la vérité historique. C’est pourquoi Dame Ségolène qui est de gauche Mme Claude Bouthier, Mme Yves Le- mais qui sait plaire aux conservateurs augmente ses clerc, M. et Mme François Despax, Jean-Louis PICHERY (Chambéry) chances avec son nom de Royal. ainsi que ses douze petits-enfants et C.R.A.F. Les Français sont des royalistes qui s’ignorent ses quatorze arrière-petits-enfants Cassociation.R. Adéclar.éeF. Chirac ne s’est pas contenté de s’abstenir et ils sont dégoûtés du personnel de la Ve Répu- de croire à notre profonde sympa- 1 0, rue Cro ix-des -Pet it s-Cha mps, d’honorer le Maréchal. Il a contribué à salir sa blique. Le nouveau mirage peut réussir auprès des thie et à l’assurance de nos prières. 75001 Pa ri s TÉL : 01-40-13-14-10 – FAX : 01-40-13-14-11 mémoire en accusant l’État français d’avoir été électeurs. Reste à savoir si ce serait pour le bien du Dans la ligne du mouvement fondé lle par Pierre JUHEL complice de la persécution des juifs par les na- pays... G M Christiane BERGER, fille aî- DIRECTOIRE zis sous l’Occupation. Dr André CHARLES (Limoges) née d’Ernest Berger, trésorier de la PRÉSIDENT : Pierre PUJO Ligue d’Action française, assassiné VICE-PRÉSIDENT : Stéphane BLANCHONNET à Paris le 26 mai 1925, est décédée, CHARGÉS DE MISSION munie des sacrements de l’Église, à FORMATION : Pierre LAFARGE Ce 15 mai 2006, le tribunal cor- les conclusions de la défense consi- la maison de retraite du Brémien SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DES ÉTUDIANTS : Thibaud PIERRE rectionnel d'Aix-en-Provence a vidé ADIMAD : VICTOIRE dérant que la qualification juridique Notre-Dame, à Illiers-l’Évêque dans ADMINISTRATION : Mlle de BENQUE d’AGUT son délibéré quant à la recevabilité de la citation de Jean- de la poursuite n'était pas précise et vacillait entre crime l’Eure, le lundi 8 mai 2006, à l’âge François Gavoury contre Jean-François Collin, Jean-Pierre de guerre et apologie de crime. En conséquence de ce ju- de 85 ans. COTISATION ANNUELLE : Papadacci et Annie Robert, membres actifs de l'ADIMAD gement, Jean-François Gavoury ne peut plus poursuivre, Les obsèques ont eu lieu le 15 MEMBRES ACTIFS (32 '), (anciens de l'Algérie française). Le tribunal a prononcé la l'action étant désormais prescrite. La citation initiale est ré- mai en l’église Saint-Nicolas du Char- ÉTUDIANTS, LYCÉENS, CHÔMEURS (16 '), nullité de la citation. À ce jour, nous n'avons pas les termes putée n'avoir jamais existé. donnet à Paris. Elles ont été suivies BIENFAITEURS (150 ') du jugement et sous toute vraisemblance, le tribunal a suivi I de l’inhumation au cimetière de Vau- girard dans le caveau de famille. Nous prions son frère, Ernest os amis délégués de l'Ac- toire éphémère, certes, mais vic- Berger, ses neveux, sœur Marie-Vé- tion française pour le Var À Théoule-sur-Mer le 13 mai toire quand même. ronique de la Croix, petite sœur de Net les Bouches-du-Rhône Ce fut une belle victoire où Saint François d’Assise, Gérard Ber- ont assisté à la cérémonie orga- l'unique fois civils et militaires unis ger, frère Raphaël, de la Fraternité nisée le samedi 13 mai au mausolée érigé lutte désespérée pour la sauvegarde de dans un même élan firent tomber la Répu- Saint-Pie X, François Berger et Pierre par l'A.D.I.M.A.D. au pied de Notre-Dame l'unité de la nation. blique. Survint alors l'homme par qui tous Berger tous nos amis fidèles, d’agréer d'Afrique à Théoule-sur-Mer. Cette cérémonie du souvenir se perpé- nos malheurs sont arrivés et qui restera à l’expression de notre profonde Ce mausolée est dédié à la mémoire tuera le 13 mai de chaque année. jamais le symbole des plus grands abais- sympathie et de notre union de des cent-seize combattants de l'Algérie fran- Pourquoi cette date ? Le 13 mai 1958 sements de la France. prières. çaise si tragiquement disparus lors de la est synonyme d'une vraie VICTOIRE. Vic- A.F. Provence I

L’Action Française 2000 n° 2701 – du 18 au 31 mai 2006 15 LE CORTÈGE DE JEANNE D’ARC DU 14 MAI

Photo Arnaud Danloux En tête du cortège L’ESPÉRANCE FRANÇAISE

es chaînes de radio et de termes de la loi du venait la délégation télévision ont fait grand ta- 14 juillet 1920. du Centre royaliste Lpage autour de la préten- Heureusement d’Action française, due “fête de l’Europe” le 9 mai le Cortège tradi- avec ses anima- et de la commémoration de l’es- tionnel rue de Rivoli teurs, notamment clavage, le 10 mai. Elles ont à Paris, ainsi que di- Mlle Monique Lainé, été beaucoup plus discrètes, verses manifesta- Mlle de Benque pour ne pas dire totalement si- tions en province d’Agut, Mme Castel- lencieuses, sur la fête de Jeanne ont montré que le luccio-Rallon, M. et d’Arc qui est pourtant une fête peuple de France Mme Jacques Dali- nationale, cette année le di- n’oubliait pas la bert, etc. manche 14 mai. Sainte de la Patrie. Place des Pyra- La statue de Jeanne d’Arc, Radios et télévisions exal- Le Cortège tra- mides, deux beaux place des Pyramides tent volontiers les abandons ir- ditionnel était ouvert L’Action française, à la pointe du combat coussins de fleurs à Paris réversibles de souveraineté na- par l’Action fran- étaient déposés au tionale exigés par la “construc- çaise, suivi de la Contre-Réforme le colonel Alain Faure, que de- pied de la statue au nom de l’Ac- française. Il a ajouté : « Si des tion européenne”. Elles mettent catholique puis de l’Œuvre fran- vaient rejoindre, place des Pyra- tion française et des Étudiants reliques de notre Sainte çaise. En tête de l’Action mides, Mme Huguette Pérol, d’A.F. Pierre Pujo, dans une étaient retrouvées, c’est à française étaient groupés, S.A.R. le prince Sixte-Henri de brève allocution, a sou- autour de Pierre Pujo, Bourbon Parme et Paul-Marie ligné la signification du S.A.I. la princesse Vinh- Coûteaux, député au Parlement Cortège cette année : Thuy, S.A.R. le prince européen et représentant le Ras- continuer le combat pour Charles-Philippe d’Or- semblement pour l’indépendance la souveraineté de la léans, duc d’Anjou, Élie de la France (R.I.F.). France qui a été victo- Hatem, Bernard Bon- rieux en 2005 et pour naves, Bertrand Lambert, cela rassembler tous les Philippe Prévost, Pierre Le “tabernacle patriotes attachés à l’in- Hillard, Marc Van de de notre dépendance nationale. Sande, Grégoire Dubost, espérance” S.A.R. le prince Les étudiants d’A.F. le comte et la comtesse Sixte-Henri de Bourbon d’Elbée, Ahmed Rachid- Dans le cortège, les étu- Parme a rappelé la place en accusation la France de ja- Chekroun, Alexandre Boritch, diants d’Action française étaient de Jeanne d’Arc dans Dans les rangs du Cortège dis sur le commerce des es- Chahpour Sadlet, Pierre Lafarge, conduits par Thibaud Pierre, puis l’histoire de la Monarchie claves et réveillent ainsi de Saint-Denis qu’elles devront vieilles rancœurs de nature à reposer, auprès de nos rois. dresser les Français les uns Elle est aussi notre souve- contre les autres. En revanche raine ! Et si ce n’est pas à les grands médias se dérobent Saint-Denis, alors à Reims, le lorsqu’une fête comme celle de tabernacle de notre espé- Jeanne d’Arc est de nature à rance. » rassembler tous les Français. Le chant de la Royale a clos Nos dirigeants n’ont pas un la cérémonie. comportement plus honorable. Au pied de la statue de Jeanne Jacques CÉPOY d’Arc de la place des Pyramides, le 14 mai, on cherchait en vain P.S. : Le général Pierre-Marie Gal- une gerbe ou une couronne du lois, souffrant, avait exprimé ses président de la République ou regrets de ne pouvoir participer de quelque ministre. Il est vrai au Cortège en écrivant à Pierre qu’ils sont occupés en ce mo- Pujo : « Ma pensée et mes vœux ment à se disputer à propos de vous accompagnent. » l’affaire Clearstream et ils n’ont Michel Fromentoux et Sté- pas le temps d’honorer Jeanne Place des Pyramides, de g. à d. : le comte d’Elbée, Paul-Marie Coûteaux, phane Blanchonnet, souffrants, d’Arc « symbole du patrio- SAR le prince Sixte-Henri de Bourbon Parme, Pierre Pujo, Élie Hatem, nous ont également exprimé leurs tisme français », selon les SAi la princesse Vinh-Thuy, SAR le prince Charles-Philippe d’Orléans, duc dAnjou regrets.

COMMÉMORATION DU 29 MAI 2005 Lundi 29 mai 2006 à 18 h 45 Oui à la France Rendez-vous devant le siège de TF1, 1 quai du Point du Jour à Boulogne-Billancourt. MANIFESTATION ORGANISÉE PAR LE FORUM POUR LA FRANCE, COMPRENANT 25 ORGANISATIONS DONT L’ACTION FRANÇAISE.

2005 : La “Constitution européenne” est 2006 : Oui à la France Pont d’Issy ; 123, de Marcel Sembat Non à la constitution morte. Nicolas Sarkozy et Ségolène jusqu’à Pont de Billancourt ; 289, de la Royal voudraient la faire revivre, par un Pour manifester votre volonté de faire Porte de Saint-Cloud au Pont de Le 29 mai 2005, le peuple français à vote du Parlement. Nous disons à nou- respecter la victoire que vous avez rem- Billancourt ; Sub B.B. arrêt Pont de dit NON veau NON ! portée en 2005 en faisant triompher le Billancourt. – NON à l’abdication nationale Il est temps de promouvoir une NON, rejoignez-vous le lundi 29 mai 2006 Tranmway : T 2, arrêt Les Moulineaux. – NON à une Europe libérale abolis- autre Europe où les peuples con- à 18 h 45 devant le siège de TF1. R.E.R. C station Issy-Val de Seine. sant nos protections sociales au profit de serveront la maîtrise de leur destin, con- S.N.C.F. (départ gare Montparnasse) : sta- la finance internationale dition de la sauvegarde de leurs libertés. Forum Pour la France tion Issy-Val de Seine. – NON à une classe politique de Assez de renoncements et de repen- ACCÈS : droite et de gauche qui se décharge de tances ! Notre pays doit retrouver la fierté * Les téléspectateurs sont invités à télé- ses responsabilités sur les technocrates de son passé. L’Europe et le monde ont Métro : Marcel Sembat, phoner avant le bulletin d’information de de Bruxelles et de Francfort. besoin d’une France forte. Autobus : 126 de Marcel Sembat jusqu’à 20 heures au 0 825 809 810.

Édité par PRIEP S.A. au capital de 192.085 euros œ 10, rue Croix-des-Petits-Champs, 75001 Paris œ Imprimerie RPN œ 93150 Le Blanc-Mesnil Numéro de commission paritaire 0407K86761 œ Directeur de la publication : Pierre Pujo