Une Mythologie Européenne Sous Le Signe De La Croix Gammée. L'imaginaire Européen Des Patries Charnelles Dans Les Romans
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Une mythologie européenne sous le signe de la croix gammée. L’imaginaire européen des patries charnelles dans les romans de Saint-Loup Pierrick Deschamps To cite this version: Pierrick Deschamps. Une mythologie européenne sous le signe de la croix gammée. L’imaginaire européen des patries charnelles dans les romans de Saint-Loup. Histoire. 2007. dumas-00277637 HAL Id: dumas-00277637 https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-00277637 Submitted on 6 May 2008 HAL is a multi-disciplinary open access L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est archive for the deposit and dissemination of sci- destinée au dépôt et à la diffusion de documents entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, lished or not. The documents may come from émanant des établissements d’enseignement et de teaching and research institutions in France or recherche français ou étrangers, des laboratoires abroad, or from public or private research centers. publics ou privés. Pierrick DESCHAMPS Une mythologie européenne sous le signe de la croix gammée. L’imaginaire européen des patries charnelles dans les romans de Saint-Loup. Mémoire de Master 1 « Homme, Sociétés, Technologies » Mention : Histoire et Histoire de l’art Spécialité : Histoire des relations et échanges culturels internationaux (R) Sous la direction de M. Bernard BRUNETEAU Année universitaire 2006-2007 Pierrick DESCHAMPS Une mythologie européenne sous le signe de la croix gammée. L’imaginaire européen des patries charnelles dans les romans de Saint-Loup. Mémoire de Master 1 « Homme, Sociétés, Technologies » Mention : Histoire et Histoire de l’art Spécialité : Histoire des relations et échanges culturels internationaux (R) Sous la direction de M. Bernard BRUNETEAU Année universitaire 2006-2007 Au seuil de cette étude, je souhaiterais adresser mes remerciements à l’égard de Bernard Bruneteau, dont les conseils furent déterminants et qui mit à ma disposition certains de ses ouvrages. Je tiens également à remercier Dominique Venner et Pierre Vial pour avoir eu l’amabilité de me répondre et d’avoir bien voulu me faire partager leurs « mémoires » de Saint-Loup. Sommaire : Introduction 2 Première partie : La vision politique de Saint-Loup 8 Chapitre 1. Le mythe de l’unité originelle 10 1. Le mythe ayaniste de Thulé ou la perfection des origines 12 2. Le mythe de la décadence 16 3. le défi européen, « redevenir ce que l’on est » 23 Chapitre 2. L’Europe bastion 28 1. La steppe ou les limites de l’Europe 28 2. la vision obsidionale 41 Chapitre 3. La nécessité de dépasser un cadre national obsolète 50 1. La nation est morte ! 51 2. Les frontières poreuses 57 3. La vision européenne de Saint-Loup, l’Europe des patries charnelles 64 Seconde partie : Un discours idéologique 73 Chapitre 4. Le racisme comme axiome politique 74 1. L’affinité raciale comme primat du politique 74 2. L’élite raciale et le surhomme 82 3. La mystique de la race 94 Chapitre 5. Rénover le discours de l’extrême droite française 107 1. Pérenniser la mémoire du IIIe Reich et de la collaboration 112 2. Donner à l’extrême droite un nouveau mythe mobilisateur : l’Europe 131 3. S’arrimer aux régionalismes 138 Chapitre 6. Un discours métapolitique 148 1. La montagne et le « goût de la peau de l’aurochs » 150 2. La saga de la SS 156 3. Un discours édifiant 165 Conclusion 171 Sources 177 Bibliographie 181 Annexes I « l’Europe ne se fera que si ses éducateurs réussissent à lui faire adopter un système de valeurs , c'est-à-dire à lui faire considérer comme supérieur, comme souverainement estimable, un certain ensemble de manières d’être, de formes d’existence, de façon de penser ; manières d’être et façons de penser qui devront, pour toucher l’imagination populaire, se symboliser dans certains faits historiques, surtout dans certains personnages historiques, auxquels nous sommes fondés, en raison du caractère quasi religieux, quasi sacré qu’ils devront prendre, à donner, pour les faits, le nom de mythes, et pour les personnages, le nom de héros. (…) nous ne ferons l’Europe que si (…) nous nous employons à créer des mythes et des héros européens, à faire une mythologie européenne. (…) Mais une mythologie, le mot le dit lui- même, implique un élément de foi, de déformation du vrai, d’irrationalité. (…) l’Europe ne se fera pas avec la pure raison, pas plus qu’aucune réalité terrestre. Elle exigera, comme la nation, la mise en œuvre d’un élément d’irrationalité, de mysticisme, de religion. » 1 Julien Benda 1 Julien Benda, « Créons des mythes et des héros européens », L’Europe nouvelle , 18 février 1933, cité par Bernard Bruneteau, Histoire de l’idée européenne au premier XX e siècle , op. cit. , p. 120-121. Introduction. Saint-Loup... ce nom n’est plus guère connu aujourd’hui. S’il est désormais difficile de mettre la main sur nombre de ses romans, dans les années 1960 et 1970 il était aisé de se les procurer, de même que ceux de Jean Mabire ou de Jean Raspail. Principalement publiés par les Presses de la Cité 2 les romans de Saint-Loup, dont l’un faillit obtenir le prix Goncourt 3, étaient alors connus et lus par un large public. Cependant, depuis les années 1980, les ouvrages portant le nom de Saint-Loup ont disparus des étals des libraires. Ce brusque revirement, qui fit s’éclipser un écrivain pourtant populaire, tient en grande partie au passé de son auteur, lorsque celui-ci signait encore de son véritable nom, Marc Augier. En effet, si la personne de Marc Augier est peu connue, lorsqu’elle est évoquée c’est invariablement avec des qualificatifs tel que « l’hagiographe des Waffen-SS », « l’ancien LVF »… Ainsi, le peu de fois où on la fait intervenir, la figure de Marc Augier est aussitôt renvoyée au fond des oubliettes de l’histoire, stigmatisée au nom de son passé sulfureux. Au seuil de cette étude, il est donc impératif de présenter de façon succincte l’auteur de nos sources, figure aujourd’hui méconnue du grand public 4. Marc Augier est né à Bordeaux, le 19 mars 1908, de parents issus de familles d’industriels. Durant sa jeunesse, il contracte la passion de la moto et de l’automobile, et se lance dans une carrière journalistique, publiant à partir de 1928 dans la Dépêche du Midi , puis dans l’ Illustration et Sciences et voyages . Le Marc Augier des années 1930 est donc un journaliste sportif, grand voyageur et pacifiste. Et c’est durant cette période où Augier parcourt l’Europe en moto et découvre l’alpinisme qu’il acquiert la sensibilité européenne qui sera sienne sa vie durant. Politiquement il se situe dans le champ magnétique de la SFIO, sans pour autant y être encarté, et devient, en 1936, chargé de mission auprès de Léo Lagrange, ministre de la jeunesse et des sports du gouvernement Blum. Parallèlement, il est aussi l’animateur du mouvement des auberges de jeunesse, étant le responsable du Cri des Auberges , le journal du CLAJ (Centre Laïc des Auberges de la Jeunesse). 2 Bien que nous ayons sollicité à plusieurs reprises des renseignements sur les chiffres de ventes des romans de Saint-Loup et leurs éventuelles traductions, la maison d’édition n’a jamais souhaité nous répondre. Le nom de Saint-Loup étant par ailleurs introuvable sur le catalogue de la maison d’édition disponible sur internet. 3 Il s’agit de La nuit commence au Cap Horn , Plon, 1952. Le prix fut refusé à Saint-Loup en raison de son passé sulfureux. 4 Au cours de notre étude, nous ferons appel à des aspects plus détaillés de cette biographie, afin d’éclairer le contenu des romans. A partir de 1938 il s’éloigne de la SFIO, s’intéressant aux mouvements de jeunesses des totalitarismes. Il semble que la dérive qu’opéra Marc Augier s’explique en partie par la lecture de La Gerbe des Forces d’Alphonse de Châteaubriant, qui paraît avoir convertit l’animateur ajiste en admirateur de l’Allemagne hitlérienne. C’est ainsi que durant l’Occupation, Augier s’associe à Châteaubriant et à l’Allemand Mülhausen afin de faire paraître l’hebdomadaire La Gerbe , publication éminemment collaboratrice. En parallèle Augier anime les jeunes de l’Europe Nouvelle, et fin 1941, s’engage dans la LVF. Revenu du front de l’Est, il se fait le promoteur de la collaboration, puis rejoint la SS Charlemagne, pour finalement être le compagnon de route des dernières heures du III e Reich. A la fin de la guerre Marc Augier parvient à se cacher en Italie, où il trouve refuge chez les pères salésiens de Turin, passe ensuite en France, se réfugie chez les moines de la rue de la Source. Condamné à mort par contumace pour intelligence avec l’ennemi à la Libération, il collecte l’argent nécessaire à son départ et quitte l’Europe en 1946 pour l’Argentine, alors paradis des anciens alliés des régimes fascistes européens. En 1947 il fut conseiller technique pour les troupes de montagnes argentines, faisant alors connaissance de Peron. Mais son expérience de l’Argentine ne l’enchante guère, et en 1951 il retourne en Europe, séjournant dans le Val d’Aoste. C’est en 1953 qu’il revient en France, bénéficiant de l’amnistie. Cette même année il est pressenti pour le prix Goncourt, avant qu’une campagne de presse ne mette en lumière son passé collaborationniste. Dès lors il s’attela essentiellement à la rédaction de ses romans, publiés à partir de 1946 sous le pseudonyme de Saint-Loup. Dans la préface à son ouvrage Götterdämmerung , Marc Augier explique l’origine de ce nom de plume.