Journal des débats

Le lundi 8 décembre 1986 Vol. 29 - No 73 Table des matières

Affaires courantes

Déclarations ministérielles Amendements au projet de loi 140 - Loi modifiant la Charte de la langue française Mme Lise Bacon 4875 M. Pierre Marc Johnson 4876 Mme Lise Bacon (réplique) 4877 Présentation de projets de loi Projet de loi 235 - Loi modifiant la charte de la ville de Granby 4877 Renvoi à la commission de l'aménagement et des équipements 4877

Dépôt de documents Amendements au projet de loi 140 - Loi modifiant la Charte de la langue française 4877

Dépôt de pétitions Requêtes demandant de faire respecter la Charte de la langue française 4878 Demande de maintenir les écoles de transition sur le territoire de Chambly 4878

Questions et réponses orales Indexation des prestations et réforme de l'aide sociale 4879 Exemptions à la Loi sur les heures d'affaires 4882 Le progrès des négociations dans les secteurs public et parapublic 4884 Fonds de recherche et de développement à Québec Téléphone 4886 Épandage de purin de porc à Kingsbury 4887 La fermeture de la ville de Schefferville 4889 Vente des actifs de SOQUEM à Cambior 4889

Avis touchant les travaux des commissions 4890

Afffaires du jour

Projet de loi 147 - Loi modifiant la Loi sur la délimitation des circonscriptions électorales Adoption 4891 M. Jacques Rochefort 4891 M. Michel Gratton 4892

Projet de loi 139 - Loi modifiant la Loi sur la protection de la jeunesse concernant l'adoption internationale Adoption du principe 4892 Mme Thérèse Lavoie-Roux 4892 Mme Cécile Vermette 4896 M. 4900 M. Jacques Rochefort 4902

Affaires prioritaires Motion de censure proposant que l'Assemblée blâme le gouvernement d'affaiblir le caractère français du Québec, de démanteler les instruments de développement économique et d'avoir renié ses promesses électorales à l'égard des jeunes 4905 M. Pierre Marc Johnson 4905 M. 4909 M. Guy Chevrette 4913 Mme Lise Bacon 4916 M. Jacques Brassard 4920 M. Michel Gratton 4922 M. Pierre Marc Johnson (réplique) 4923 Table des matières (suite)

Projet de loi 139 - Loi modifiant la Loi sur la protection de la jeunesse concernant l'adoption internationale Reprise du débat sur l'adoption du principe 4925 Mme Thérèse Lavoie-Roux (réplique) 4925 Renvoi à la commission des affaires sociales 4927

Mise aux voix de la motion de censure 4928

Projet de loi 142 - Loi modifiant de nouveau la Loi sur les services de santé et les services sociaux Adoption du principe 4929 Mme Thérèse Lavoie-Roux 4929 M. Pierre Marc Johnson 4935 M. Christos Sirros 4943 M. Jean-Pierre Charbonneau 4946 Motion de report 4950 M. Christos Sirros 4951 M. Jacques Rochefort 4953 Mme Thérèse Lavoie-Roux 4958 M. Claude Filion 4960 M. Reed Scowen 4963 M. Jacques Brassard 4966 M. Jean A. Joly 4967 M. François Gendron 4969 M. Michel Gratton 4970 Reprise du débat sur l'adoption du principe M. 4971 M. Claude Filion 4975 Motion de scission 4977 M. Jacques Rochefort 4980 M. André Boulerice 4985 M. Guy Chevrette 4989 M. Roger Lefebvre 4990

Ajournement 4991 4873

Dix heures huit minutes) qu'il était ministre délégué à la Réforme électorale - je vous prie d'aller vérifier, je Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît: ne pourrais pas vous donner la date exacte - Un moment de recueillement. et leader du gouvernement. Il avait procédé Veuillez vous asseoir. de cette façon, c'est-à-dire par une Nous allons maintenant procéder aux déclaration ministérielle, pour annoncer son iffaires courantes. Déclarations ministériel- intention d'apporter des modifications, des 2S. Mme la ministre des Affaires culturelles. amendements à un projet de loi qui était déjà devant l'Assemblée nationale. M. Chevrette: Question de règlement. Le Président: Si vous me le permettez, j'avais reçu dans les délais requis la demande Le Président: Sur une question de et l'avis de déclaration ministérielle de Mme èglement, M. le leader de l'Opposition. la ministre des Affaires culturelles. J'avais également remarqué qu'étaient attachées des M. Chevrette: M. le Président, nous copies de projets d'amendements à un projet avons reçu dans les délais une déclaration de loi qui est actuellement déposé en cette inistérielle pour l'annonce d'amendements Chambre. J'ai étudié la question avant de législatifs. J'ai beau remonter dans le temps me présenter ce matin et je suis prêt à pour voir si c'est une coutume du Parlement conclure immédiatement. D'abord, dans un l'amender un projet de loi par le biais d'une premier temps, une déclaration ministérielle déclaration ministérielle et je n'ai pas trouvé est extrêmement large et Mme la vice- de précédent en la matière. Je comprends première ministre peut faire une déclaration que, dans le discours inaugural de décembre ministérielle sur ce sujet. dernier, Mme la vice-première ministre avait Quant aux documents, à la suite de longuement expliqué qu'on légiférerait votre allusion, M. le leader de l'Opposition, beaucoup mieux en cette enceinte, qu'on cela prendra le consentement. Si Mme la aurait des projets de loi bien préparés, qu'on vice-première ministre veut les déposer, ce aurait des lois qui répondraient aux sont des projets d'amendements et non pas aspirations des citoyens et citoyennes du des amendements. Ce ne sont que des Québec. Aujourd'hui, on crée un précédent en documents pour consultation à cette étape-ci amendant un projet de loi par déclaration de la déclaration ministérielle et cela ministérielle sachant que, lorsqu'un projet de exigera un consentement de l'autre côté de loi est déposé, ce n'est qu'en commis- la Chambre. sion parlementaire qu'on peut parler de Advenant le cas où vous ne donniez pas recevabilité ou de non-recevabilité desdits votre consentement, M. le leader de amendements. Je suis surpris de cette l'Opposition, Mme la vice-première ministre procédure. pourra toujours déposer lors des affaires courantes un peu plus tard ce matin, au Le Président: M. le leader du gouverne- dépôt de documents, ses projets d'amende- ment, sur cette question de règlement. ments tels qu'attachés à sa déclaration ministérielle. Je voudrais bien que ce soit M. Gratton: M. le Président, le but de clair. Il ne s'agit pas d'amendements au la déclaration ministérielle de Mme la vice- projet de loi mais plutôt de documents première ministre, ce matin, n'a rien à voir déposés qui devraient être considérés, par avec le fait d'amender le projet de loi 140. tous et chacun de vous en cette Chambre, s'agit d'annoncer les amendements. C'est comme des projets futurs d'amendements à évident que seule l'Assemblée nationale, au ce projet de loi. moment approprié, pourra procéder à M. le leader de l'Opposition. l'adoption des amendements. Il n'y a donc absolument rien à reprocher à cette M. Chevrette: M. le Président, est-ce procédure. On fait une déclaration que vous me permettez de vous rappeler ministérielle pour que l'ensemble de la d'abord votre décision en ce qui regarde la population, l'ensemble de l'Assemblée dimension des soins dentaires qu'on voulait nationale soit saisie des amendements au ajouter au projet de loi 74? Ce que je veux moment le plus opportun et le plus rapide- bien faire remarquer ici, c'est le statut des ment possible. amendements qui sont déposés ou qui le D'ailleurs, M. le Président, je citerais, seront. Nous n'avons pas l'intention de nous à titre de précédent, une déclaration opposer au dépôt, mais ce que je voudrais semblable de M. Marc-André Bédard alors bien entendre de votre bouche, M. le 4874

Président, c'est que vous réitérez votre posi- M. Chevrette: Oui, M. le Président. tion face au projet de loi 74 où vous avez Quant aux absences, comme préambule à bel et bien dit que les amendements n'ont mon intervention, avec douze ou treize aucune valeur et que le Parlement a devant ministres absents toute la semaine passée, je lui exclusivement le projet de loi déposé en pense bien qu'on n'a pas de leçon à tirer de bonne et due forme au moment de son dépôt ce côté-ci de la Chambre. en Chambre. Des voix: Ah! Le Président: M. le leader du gouverne- ment. Le Président: Une dernière intervention.

M. Gratton: M. le Président, je peux M. Chevrette: Cela dit, M. le concevoir que si on parle du contenu des Président, le leader du gouvernement n'a pas amendements qui peuvent être jugés répondu du tout à la demande que je vous ai irrecevables parce qu'ils représentent un faite. Je vous ai fait une demande principe autre que celui qui est déjà inscrit concernant le statut ou la valeur juridique dans un projet de loi, à l'étape ultérieure, des amendements. Quand je vous réfère à c'est-à-dire au moment de leur présentation votre décision concernant l'inclusion des soins pour étude ou pour adoption à l'Assemblée dentaires comme coupure, l'impôt sur les nationale, le Président sera appelé à trancher enfants, au projet de loi 74, il faut être bien sur la recevabilité. Mais au moment d'une clair. Je vous demande si les amendements déclaration ministérielle, les seules règles qui déposés sont nuls et non avenus au point de régissent nos déclarations ministérielles sont vue juridique tant et aussi longtemps que la les articles 55 et 56 de notre règlement. Il commission parlementaire, qui doit disposer n'y a rien, M. le Président, dans les articles sur le fond, n'en a pas pris connaissance 55 et 56 qui limite le ministre qui veut faire officiellement. C'est là la question et non une déclaration ministérielle quant au pas les articles 55 et 56 qui parlent de contenu de la déclaration. déclaration ministérielle. On a eu le contenu Je dis donc que même - et je ne de la déclaration ministérielle. On l'a présume pas de la déclaration que va faire étudiée, M. le Président, et je vous ai posé Mme la vice-première ministre - s'il devait une question quant au statut juridique des se révéler que, parmi les amendements dont amendements qui sont déposés. elle veut saisir l'Assemblée nationale ou informer l'Assemblée nationale de son M. Gratton: M. le Président. intention de présenter des amendements, même s'il s'en trouvait parmi ceux-là qui Le Président: M. le leader du gouverne- étaient irrecevables en fonction de quelque ment. article de notre règlement que ce soit, ce n'est pas à ce moment-ci qu'il faudrait en M. Gratton: Si cela peut aider à juger, mais au moment de les soumettre pour clarifier les choses, je suis tout à fait adoption à l'Assemblée nationale ou à une d'accord avec le leader de l'Opposition en commission parlementaire. Donc, au moment supposant qu'il prétend que les amendements de la déclaration ministérielle, il n'y a rien n'ont aucun statut juridique à partir du qui empêche Mme la ministre d'informer les moment où ils sont déposés en même temps membres de l'Assemblée, la population, de que la déclaration ministérielle. Je lui donne ses intentions, même si ce sont des raison. Effectivement, les amendements ne intentions législatives. À moins que le leader peuvent pas être considérés avant que de l'Opposition ne m'indique que c'est pour l'article de notre feuilleton qui porte sur le donner la chance aux membres de l'Opposi- projet de loi 140 soit appelé. En supposant, tion qui sont absents présentement de venir par exemple, qu'à la suite de la déclaration en Chambre pour en prendre connaissance ministérielle le gouvernement décidait de ne plus tard... pas appeler l'article du feuilleton en question, évidemment, les amendements ne Des voix: Ha! Ha! Ha! seraient pas considérés. Donc, leur statut juridique, quant à moi, ne commencera à M. Gratton: ...M. le Président, je dirai exister qu'au moment où l'Assemblée natio- qu'on devra procéder immédiatement. nale ou une de ses commissions sera saisie de la demande d'étudier le projet de loi 140. Le Président: Une dernière... Le Président: M. le leader de l'Opposi- M. Chevrette: M. le Président, sur les tion, une dernière petite intervention. Je suis absences. prêt à rendre ma décision.

Le Président: Un instant! Une dernière M. Chevrette: Oui. Vous aviez dit que intervention, M. le leader de l'Opposition. c'éteit la dernière puis vous avez redonné la parole à l'autre. 4875

Le Président: Oui, mais vous aviez protection et la promotion du fait français apporté un argument nouveau. au Québec. Pour notre formation politique, les principes et objectifs de cette législation M. Chevrette: C'est pour cela que j'ai compris que vous pourriez me donner une correspondent toujours à notre philosophie, en autre occasion. ce sens qu'il revient à l'État de prendre les moyens nécessaires pour assurer la Le Président: D'accord, mais une francisation du Québec. dernière fois. (10 h 20) M. Chevrette: M. le Président, cela va Enfin, dans son message inaugural du 16 plus loin que cela. Si je comprends bien nos décembre dernier, le nouveau gouvernement a règles de procédure et notre règlement, le clairement indiqué son intention d'adopter Parlement n'en est même pas saisi officielle- des mesures qui feraient en sorte que ment, même s'il y a dépôt, si on se base sur l'administration publique se caractérise par nos règlements. Cela sert une conférence de son efficacité en procédant, le cas échéant, presse de Mme la vice-première ministre, à des modifications des structures mais ce n'est pas juridiquement reconnu administratives. comme contenu accepté et déposé officielle- En janvier dernier, j'ai clairement ment en cette Chambre. exprimé mon intention de procéder a une révision du cadre institutionnel de la Charte Le Président: Je suis entièrement d'ac- de la langue française. Et le 20 juin, j'ai cord. M. le leader de l'Opposition, je vous formé un groupe de travail présidé par M. donne entièrement raison, surtout avec les Gilles Lalande, dont la réflexion fut axée remarques que j'avais mentionnées. Je donne autour de trois points majeurs: Examiner les également raison au leader du gouvernement. fonctions des organismes chargés de Je l'avais mentionné au tout début, il s'agit l'application de la Charte de la langue de simples documents déposés pour consulta- française, étudier de près leur cadre tion. La recevabilité d'aucun de ces futurs institutionnel et leur structure administrative projets d'amendements, s'il y a lieu, n'a été et enfin, regarder de près aussi le thème de prononcée et ce n'est pas à cette étape-ci la francisation en milieu de travail. ce matin que je vais me prononcer sur la Ce rappel me semble nécessaire pour recevabilité. bien démontrer que la rédaction du projet de Maintenant, M. le leader de l'Opposi- loi 140 modifiant la Charte de la langue tion, je vais ajouter une autre chose: Si Mme française n'est pas le fruit d'improvisation ou la vice-première ministre insiste pour déposer d'une quelconque tentative du gouvernement ses futurs projets d'amendements ce matin d'altérer ou de diminuer l'importance du fait concernant la déclaration ministérielle, elle a français au Québec. Bien au contraire, le besoin de votre consentement. Sinon, elle le projet de loi 140 prévoit un réaménagement fera sans votre consentement, mais au dépôt des structures administratives et fera en de documents et c'est comme un simple do- sorte que seule la gestion de la politique cument pour consultation. Cela n'a aucune linguistique québécoise soit modifiée afin autre valeur ce matin. Cela va? Alors, Mme d'en renforcer l'application. la vice-première ministre, en déclaration Ainsi, ma volonté d'aborder la gestion ministérielle. de la politique linguistique n'altère en rien Amendements au projet de loi 140 l'essence ou la nature même de la charte. 11 faut bien comprendre que les missions et les Mme Lise Bacon objectifs qui sont actuellement dévolus aux différentes composantes administratives sont Mme Bacon: Merci, M. le Président. Lors- non seulement préservés, mais certains qu'il fut élu le 2 décembre 1985, le gouver- d'entre eux seront renforcés par le biais nement libéral s'est engagé à assurer un lea- d'ajouts qui auront comme conséquence d'en dership dans la gestion des affaires de l'État. améliorer la gestion. Pour y arriver, le gouvernement du Québec a Cette constatation ne m'a tout de pris des mesures en vue de redresser une si- même pas empêchée d'analyser et de tuation difficile aussi bien sur le plan écono- considérer les commentaires et les mique que social, en ce qu'il fallut restaurer suggestions formulés par des organismes, des cette confiance entre l'État et les citoyens. groupements ou des personnes à titre C'est également sous le sceau de la individuel à l'égard du projet de loi 140. responsabilité que fut abordé le dossier C'est dans ce contexte que je désire linguistique dont la pièce législative majeure déposer en cette Chambre, aujourd'hui, des remonte à l'adoption, sous un gouvernement amendements qui préciseront certains points, libéral, de la loi 22 qui proclamait le de manière à préciser les objectifs et a français langue officielle du Québec. renforcer les moyens mis de l'avant dans le Par la suite, le gouvernement qui nous projet de loi 140. a précédés a fait adopter la loi 101 dont Parmi les amendements, on constatera l'objet essentiel est le même que celui de la un ajout à l'article 116 qui précise que tout loi 22, à savoir la reconnaissance, la mandat confié à l'Office de la langue 4876 française doit découler des avis, des d'enrichir le projet de loi 140 modifiant la constatations, des conclusions, des études ou Charte de la langue française et qui, j'en des recherches que lui transmet le haut suis sûre, répondra aux interrogations comité. Cet amendement fera en sorte suscitées au cours des dernières semaines. d'assurer un trait d'union entre l'Office de la langue française et le haut comité. Le Président: Merci, Mme la vice- À l'article 117, nous proposons un première ministre. Sur la déclaration amendement pour faire en sorte que des ministérielle de Mme la vice-première directives données par le ministre et portant ministre, je vais reconnaître maintenant M. sur les objectifs et les orientations de le chef de l'Opposition. M. le chef de l'office, lesquelles auront été approuvées par l'Opposition. le gouvernement, puissent faire l'objet d'un débat à la commission de la culture dans les M. Pierre Marc Johnson 30 jours du dépôt de ladite directive. En outre, nous précisons à l'article M. Johnson (Anjou): M. le Président, le 156.6 que le rapport des activités de l'Office 13 novembre dernier, le gouvernement de la langue française doit inclure les déposait à la date limite du dépôt des objectifs et orientations de l'office pour projets de loi le projet de loi 140, alors que l'année qui vient. le projet de loi 142 avait été déposé la À l'article 118h, nous désirons dissiper veille. tout malentendu en remplaçant l'expression Depuis ce temps, la vice-première "non francophone" par les mots "d'une langue ministre elle-même, ainsi que d'autres autre que française". membres du gouvernement ont accusé de Nous reformulons l'article 169 et façon systématique l'Opposition d'être supprimons l'article 170. En vertu de responsable des réactions extrêmement l'amendement proposé, nous allégeons le négatives que ces projets de loi ont processus de redressement. En effet, si les soulevées un peu partout dans la population, efforts de conciliation entrepris par opposition qui s'est manifestée non seulement l'enquêteur auprès du présumé contrevenant dans les centrales syndicales, mais également sont infructueux, l'enquêteur transmet le au Conseil du patronat, par les réserves du dossier au procureur général, afin que celui- maire de Montréal, par des commissions ci en fasse l'étude et intente, s'il y a lieu, scolaires, par le maire de Hull, par la des poursuites pénales. Ce processus ne Chambre de commerce de Montréal et de forcera pas le président de l'office à plus en plus par d'autres groupes, y compris adresser une dernière mise en demeure au un certain nombre de grands universitaires du présumé contrevenant. Québec qui ont étudié ces questions à fond À l'article 185, où l'on prévoit que le depuis un certain nombre d'années. M. le Haut Comité de la langue française Président, on nous accusait, à ce moment, de conseillera le ministre sur la politique partisanerie, on nous accusait même de québécoise de la langue française, sont désinformation, sans compter ce week-end ajoutés les mots suivants: "ainsi que sur les noir auquel se seraient livrés ces moyens propres à assurer le rayonnement irresponsables qu'auraient été ceux qui dans le monde francophone". véhiculent l'information aux yeux du premier D'autre part, nous précisons à l'article ministre et des membres du caucus libéral. 186 que les francophones hors Québec et Ce matin, nous assistons à une volte- ceux de la francophonie internationale seront face qui donne raison à l'Opposition quant au des membres associés du haut comité et caractère improvisé, mal fait et risible du n'auront pas le droit de vote. processus gouvernemental en matière Par ailleurs, un amendement précisera linguistique. Ces amendements, à première aux articles concernés qu'un des membres du vue, puisque, encore une fois, nous ne haut comité en sera le président et non le pouvons en être saisis juridiquement, secrétaire général. techniquement, dans notre procédure parle- À l'article 187, nous précisons que le mentaire, avant la commission pour l'étude haut comité doit faire part au ministre, au article par article, au départ, à l'égard de la moins annuellement, de ses constatations et vision que nous exposions que ce gouverne- de ses conclusions sur l'évolution de la ment assimilait tous les non-francophones à situation linguistique au Québec. la minorité de langue anglaise, nous donnent Nous introduisons le nouvel article raison quant à cet argument. Ils nous 188.1 qui a pour effet d'obliger le ministre à donnent raison quant au caractère complète- rendre publics, dans un délai raisonnable, les ment alambiqué du processus de poursuites avis, constatations et conclusions qu'il a que la loi 140 venait modifier. Ils nous reçus du haut comité, de même que les donnent raison quant au caractère un peu études et les recherches que celui-ci lui a farfelu du Haut Comité de la langue transmises. française où on aurait demandé à des gens Voilà, M. le Président, l'essentiel des de l'extérieur du Québec de se prononcer sur amendements que je désire déposer en vue des questions internes en matière 4877 linguistique. Ils donnent raison à notre aime pas! argumentation selon laquelle la vision que le gouvernement avait en ce qui concerne les Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! directives en matière linguistique était une Tin de la déclaration ministérielle. Nous vision dirigiste et imprudente. allons continuer les affaires courantes. C'est précisément parce que dans Présentation de projets de loi. M. le l'improvisation parfaite la ministre vient leader du gouvernement. donner raison à une partie de l'argumentaire de l'Opposition que nous considérons que ce M. Gratton: M. le Président, je vous gouvernement fait preuve d'improvisation en prierais d'appeler l'article h du feuilleton, matière de politique linguistique, qu'il ferait s'il vous plaît. preuve d'improvisation dans les projets de loi 140 et 142, qu'il fait preuve d'improvisation Projet de loi 235 dans cette déclaration ministérielle quant à sa nature et à sa portée juridique. Le Président: II s'agit d'un projet de loi En conclusion, M. le Président, devant d'intérêt privé. Si vous me permettez, j'ai cette volte-face du gouvernement, nous reçu le rapport du Directeur de la dirons au gouvernement: Retournez faire vos législation. Ce dernier a constaté que l'avis devoirs. Établissez une politique linguistique a été publié conformément aux règles de et refaites ce projet de loi pour qu'on en fonctionnement concernant les projets de loi discute sereinement au printemps. d'intérêt privé. Je dépose ce rapport. M. le député de Shefford propose le Des voix: Bravo! projet de loi privé portant le numéro 235, Loi modifiant la charte de la ville de Le Président: Je remercie M. le chef Granby. L'Assemblée accepte-t-elle de se de l'Opposition. Mme la vice-première saisir de ce projet de loi? ministre. Une voix: Oui, M. le Président. Mme Lise Bacon (réplique) Le Président: Adopté. M. le leader du Mme Bacon: II fait plaisir de constater gouvernement. la belle unité du parti de l'Opposition, le Parti québécois, sur ce sujet important, M. Renvoi à la commission de le Président. C'est là seulement qu'il peut se l'aménagement et des équipements retrouver! Il semble que le chef de l'Opposition M. Gratton: M. le Président, je fais soit tout à fait malheureux que nous ayons motion pour que le projet de loi soit déféré été à l'écoute de la population et que nous à la commission de l'aménagement et des ayons apporté des changements au projet de équipements et que le ministre des Affaires loi que nous avons déposé. C'est évident que municipales en soit membre. cela dérange un peu les arguments dont il s'est servi depuis le début, depuis le dépôt Le Président: Est-ce que cette motion même du projet de loi 140. Lui est d'accord de déférence est adoptée? avec le projet de loi 142 et le député de Mercier est d'accord avec le projet de loi Des voix: Adopté. 140 et ils font un plat des discussions que nous avons eues depuis le début. Le Président: Adopté. Dépôts de (10 h 30) documents. M. le leader du gouvernement. M. le Président, il est facile pour le Parti québécois d'exploiter à son avantage M. Gratton: Pourriez-vous reconnaître les sentiments de méfiance que peuvent avoir Mme la vice-première ministre pour qu'elle certaines personnes. Ce n'est pas moi qui le puisse déposer les amendements dont elle a dis, c'est M. Marcel Adam de La Presse. parlé dans sa déclaration ministérielle? C'est facile aussi quand on sait que l'ex- gouvernement péquiste avait lui-même Le Président: Mme la vice-première commencé à édenter la loi 101 pour faire ministre. Document de consultation. droit aux doléances justifiées des anglophones et qu'il songeait à lui apporter des amende- Amendements au projet de loi 140 ments semblables à ceux que projette le gouvernement libéral. On se dit que c'est de Mme Bacon: M. le Président, j'ai bonne guerre, mais ce n'est pas moins l'honneur de déposer les projets d'amende- hypocrite pour autant. ments à la loi 140.

Des voix: Bravo! Le Président: Tel que mentionné, dépôt de documents pour consultation. Est-ce qu'il Une voix: Cela paraît qu'elle ne nous y a d'autres dépôts de documents? 4878

Dépôts de rapports de commissions. Des voix: Ah! Dépôts de pétitions. M. le chef de l'Opposition. M. Johnson (Anjou): ...invoquant les faits suivants: Requêtes demandant de faire "Que la Charte de la langue française a respecter la Charte de la toujours fait l'objet d'un large consensus au langue française sein de la population du Québec; "Que le gouvernement a fait subir de M. Johnson (Anjou): M. le Président, multiples reculs à la langue française au j'ai l'honneur de déposer l'extrait d'une péti- Québec et tion adressée à l'Assemblée par 101 péti- "que le nombre de violations de la tionnaires résidents du comté d'Anjou Charte de la langue est en croissance... invoquant les faits suivants: "Que la Charte de la langue française a Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! toujours fait l'objet d'un large consensus au sein de la population du Québec; M. Johnson (Anjou): ...et "concluant à "Que le gouvernement fait subir de ce que l'Assemblée nationale du Québec multiples reculs à la langue française et "que demande au gouvernement de faire respecter, le nombre de violations de la Charte... dans son esprit et dans sa lettre, la Charte de la langue française et de cesser de Le Président: M. le chef de l'Opposi- favoriser, de multiples façons, le recul de la tion. Si vous me le permettez, on est à langue française au Québec." l'étape des dépôts de pétitions et j'aimerais bien entendre le contenu de la pétition de Le Président: Pétition déposée. M. le chef de l'Opposition. M. le député de Taillon, toujours à l'étape des dépôts de pétitions. Une voix: C'est sa majorité, M. le Président. Demande de maintenir les écoles de transition sur Des voix: Ha! Ha! Ha! le territoire de Chambly

Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! M. Filion: C'est bien cela, M. le Président. Je crois comprendre que les Une voix: On pourrait en avoir 119... leaders ont discuté ensemble pour me permettre de déposer une pétition que j'ai Le Président: M. le chef de l'Opposi- reçue de 7000 personnes de mon comté. tion. Cette pétition, cependant, n'obéissant pas à toutes les règles que vous avez fixées la M. Johnson (Anjou); ...invoquant les semaine dernière, je requiers donc le faits suivants: consentement de cette Assemblée pour le "Que la Charte de la langue française a dépôt de cette pétition. toujours fait l'objet d'un large consensus au sein de la population du Québec; Le Président: Est-ce qu'il y a consente- "Que le gouvernement fait subir de ment, M. le leader du gouvernement? multiples reculs à la langue française au Québec et M. Gratton: Oui, M. le Président, même "que le nombre de violations de la si cette pétition n'est pas conforme aux Charte de la langue est en croissance et règles de pratique, nous consentons volontiers "concluant à ce que l'Assemblée à ce qu'elle soit déposée. nationale du Québec demande au gouverne- ment de faire respecter, dans son esprit et Le Président: M. le député de Taillon, dans sa lettre, la Charte de la langue vous avez la parole. française et de cesser de favoriser, de multiples façons, le recul de la langue M. Filion: Je remercie le leader du française au Québec." gouvernement. J'ai l'honneur de déposer l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale par 7000 pétitionnaires Le Président: Pétition déposée. résidents du territoire de la commission M. le chef de l'Opposition, une deuxiè- scolaire régionale de Chambly. Cette pétition me pétition? invoque les faits suivants: "Que la commission scolaire régionale M. Johnson (Anjou): M. le Président, de Chambly vise dans ses objectifs la j'ai l'honneur de déposer l'extrait d'une péti- fermeture des écoles secondaires de quartier tion adressée à l'Assemblée nationale par 101 au profit des polyvalentes; pétitionnaires résidents du comté de Saint- "Que les parents ont fait part de leur Laurent... volonté inébranlable de conserver l'école 4879

Saint-Jean-Baptiste ainsi que les autres M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le écoles de transition et Président, comme je l'ai indiqué la semaine "Concluant à ce que soient maintenues dernière, il s'agit de l'indexation annuelle dans leur forme actuelle l'école Saint-Jean- qui, contrairement aux propos du député de Baptiste ainsi que toutes les autres écoles de Verchères au printemps, n'a absolument pas transition sises sur le territoire de la été abolie, qui est ajustée en fonction des commission scolaire régionale de Chambly. mesures qui étaient contenues dans le budget du ministre des Finances du printemps Le Président: Pétition déposée. dernier, spécialement en ce qui a trait à la taxe de vente qui était appliquée à l'huile à M. Filion: Merci. chauffage et qui tient compte également de certaines mesures de réajustement quant aux Le Président: Est-ce qu'il y a d'autres allocations familiales fédérales. pétitions? Ce matin il n'y aura pas d'intervention Le Président: M. le député de portant sur une violation de droit ou de Verchères, en additionnelle. privilège ou sur un fait personnel. Avant de procéder à la période de M. Charbonneau: Cette fois-ci c'est questions et réponses orales j'avise clair, M. le Président. Dans ce cas-là, est-ce immédiatement les membres de cette qu'il y a d'autres mesures temporaires - Assemblée que M. le ministre délégué à la puisqu'on ne peut pas parler d'une mesure Privatisation aura un complément de réponse temporaire dans ce cas-là - que vous à apporter à la question que lui posait envisagez, faisant suite à la déclaration du vendredi dernier M. le député de Bertrand premier ministre, en attendant que la concernant le dossier de Cambior. À cette réforme de l'aide sociale intervienne? étape-là, M. le ministre délégué à la Privatisation avait pris avis de la question. Le Président: M. le ministre de la Nous allons maintenant procéder à la Main-d'Oeuvre, de la Sécurité du revenu et période de questions orales. du Travail. Je reconnais M. le député de Verchères en principale. M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, je ne comprends pas l'interpréta- QUESTIONS ET RÉPONSES ORALES tion qu'en fait le député de Verchères. L'indexation n'est pas une mesure tempo- Indexation des prestations et raire, c'est une mesure qui s'applique à réforme de l'aide sociale chaque année et elle est permanente.

M. Charbonneau: M. le Président, on a M. Charbonneau: M. le Président, la eu d'abord la promesse du gouvernement à question était claire. l'égard de la parité de l'aide sociale, promesse ajournée. On a eu par la suite la Le Président: M. le député de promesse de la réforme globale de l'aide Verchères, en additionnelle. sociale et on a eu des promesses de mesures temporaires. M. Charbonneau: Vous avez déclaré que La semaine dernière le ministre a été vous mettriez en place des mesures un peu sauvé par la cloche. Il ne nous a pas temporaires en attendant l'entrée en vigueur expliqué très clairement de quelle indexation de la réforme de l'aide sociale. Aujourd'hui il parlait quand il parlait d'une indexation vous nous dites que ce n'est pas une mesure comme mesure temporaire à entrer en temporaire. Je vous demande s'il y a une ou vigueur prochainement. des mesures temporaires que vous envisagez Je voudrais savoir aujourd'hui, et je et quelles sont ces mesures temporaires pense que les 700 000 assistés sociaux du puisque ce n'est pas l'indexation annuelle de Québec voudraient le savoir également, si l'aide sociale. c'est l'indexation prévue normalement le 1er janvier 1987, l'indexation annuelle qui fait Le Président: M. le ministre de la suite à l'abolition de l'indexation Main-d'Oeuvre, de la Sécurité du revenu et trimestrielle ou si c'est une indexation du Travail. différente et, donc, qui correspondrait (10 h 40) effectivement à une mesure temporaire en M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le attendant que la réforme de l'aide sociale Président, le premier ministre a indiqué en soit mise en application. cette Chambre que, quant à la parité, quant à la réforme, quant au programme APTE, Le Président: M. le ministre de la etc., des annonces seraient faites à la fin de Main-d'Oeuvre, de la Sécurité du revenu et novembre ou au début de décembre. du Travail. Nous avons également indiqué que le rapport Forget avait une incidence 4880 importante quant au déménagement possible mis au travail pour évaluer l'incidence de ce de clientèles de l'assurance-chômage à l'aide déplacement des clientèles et que, dès sociale ou vice versa. Le rapport Forget a demain, il y aura une rencontre entre le été rendu public la semaine dernière. Nos ministre concerné et le premier ministre. gens se sont mis immédiatement à l'étude de Est-ce qu'on peut agir plus rapidement? ce rapport. Quant à la réforme comme telle, il y aura demain rencontre entre le ministre Une voix: Bon! Voilà: concerné et le premier ministre au bureau de celui-ci. Le Président: M. le député de Verchères, en additionnelle. Le Président: M. le député de Verchères, en additionnelle. M. Charbonneau: Vous étiez prêts, il y a un an, à agir. Cela fait un an qu'on M. Charbonneau: Que voulait dire le attend. Est-ce que... ministre lorsque, récemment, il a parlé, à l'égard des mesures temporaires, d'une Le Président: Un instant: M. le député indexation de taxe d'ici à la fin de 1986 ou de Verchères, en additionnelle. S'il vous le début de 1987? Que voulait-il dire plaît, une question additionnelle. lorsqu'il a parlé de cela à des journalistes? M. Charbonneau: Est-ce que vous Le Président: M. le ministre de la entendez parler au premier ministre et Main-d'Oeuvre, de la Sécurité du revenu et discuter avec lui de mesures temporaires à du Travail. mettre en oeuvre et en application d'ici à ce que la réforme puisse, elle, être M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je opérationnelle? renvoie le député de Verchères au budget déposé par le ministre des Finances au Le Président: M. le ministre de la printemps. Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu et ministre du Travail. Le Président: M. le député de Verchères, en additionnelle. M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'entends discuter avec le premier ministre, demain, de M. Charbonneau: En additionnelle, M. le l'ensemble des mesures qui touchent à l'aide Président. Puisqu'il n'y a pas de mesure sociale, y compris l'indexation qui sera temporaire, quand le ministre entend-il annoncée d'ici peu pour l'an prochain. Quant déposer son projet de réforme globale et est- aux attentes dont vous parlez, les assistés ce qu'il entend respecter l'engagement du sociaux vous ont entendu suffisamment premier ministre, à savoir qu'en attendant longtemps qu'ils ont décidé de se débarrasser l'entrée en vigueur de la réforme de l'aide de vous autres l'année passée. sociale il y aurait des mesures temporaires, particulièrement pour les moins de 70 ans, Des voix: Ha! Ha! Ha! étant donné que le gouvernement n'est pas prêt à leur accorder la parité? Des voix: Bravo!

Le Président: M. le ministre de la Le Président: M. le député de Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu et Verchères, en additionnelle. ministre du Travail. M. Charbonneau: Est-ce que le ministre M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le entend indiquer au premier ministre que sa Président, cela ne me fait rien que le député compréhension de la parité de l'aide sociale, de Verchères pose des questions à répétition, selon le mémoire qu'il a présenté cet été, mais je lui demanderais d'accorder une signifie qu'il s'agit d'une parité conditionnelle certaine importance aux réponses que nous et qu'à cet égard il s'agit du statu quo? Est- lui donnons. Je viens de lui indiquer, il y a ce qu'après un an vous allez vous résoudre à quelques instants, quant au dépôt d'un projet dire la vérité aux 700 000 assistés sociaux de réforme de l'aide sociale, que le premier du Québec? ministre avait parlé de la fin novembre ou du début décembre, qu'on avait déjà indiqué Le Président: M. le ministre de la très clairement en cette Chambre que le Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu et rapport Forget aurait une incidence à moyen ministre du Travail. M. le ministre, vous et à long terme sur les bassins de clientèles avez la parole. de l'aide sociale et qu'on ne peut présenter une réforme sans tenir compte de ces M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le incidences à moyen et à long terme, que le Président, je vous ferai remarquer que le rapport Forget a été déposé la semaine député de Verchères a perdu un peu passée, qu'immédiatement nos gens se sont l'évolution du dossier au cours de l'année. 4881

Lorsque nous avons hérité du dossier, il y Le Président: M. le ministre de la avait effectivement 700 000 personnes qui Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu et dépendaient de l'aide sociale au Québec. Je ministre du Travail, je vous demande de vous ai annoncé - je pense que je l'ai retirer les deux allusions que vous venez de annoncé suffisamment clairement, vendredi, il faire quant aux propos du député de y a deux semaines - que ce nombre avait Verchères dans sa dernière question. S'il vous baissé de 57 000 depuis mars l'an passé. plaît, M. le ministre. Sans commentaires, s'il Donc, vous pourriez... vous plaît.

Des voix: Bravo! M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, je retire mes propos en M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...parler maintenant qu'ils sont contraires à la vérité. d'une clientèle qui a diminué de près de 10 %. Ceux qui y demeurent ont encore Le Président: M. le député de besoin de l'aide de l'État et de l'intervention Verchères, question additionnelle. de l'État, surtout les jeunes de moins de 30 ans qui sont condamnés à vivre avec la M. Charbonneau: Question additionnelle, discrimination que vous avez établie dans le M. le Président. Comment le ministre peut-il système et qui méritent toute l'attention du utiliser les adjectifs qu'il a utilisés... gouvernement. Contrairement à votre chef qui s'est déjà prononcé contre la parité de Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! l'aide sociale, l'actuel chef du gouvernement est pour la parité de l'aide sociale et, pour M. Charbonneau: ...quand, dans son lui comme pour le ministre concerné, parité document, on lit à la page 4 "Les veut dire justice et égalité. bénéficiaires qui refuseraient de participer à une mesure de maintien ou de développement Le Président: M. le député de de l'employabilité... Verchères, question additionnelle. Le Président: Vous êtes sur une M. Charbonneau: Est-ce que le ministre question additionnelle et déjà vous avez sait, en fanfaronnant, que le système qu'il dépassé le temps permis. Sur une question de veut changer a été mis en place par son règlement, M. le député de Verchères. Vous chef en 1974, d'une part? D'autre part, est- êtes sur une question additionnelle. ce qu'il va cesser de raconter des histoires aux gens quand les documents qu'il M. Charbonneau: M. le Président, je présente... sais que je suis sur une question addi- tionnelle. Je sais par ailleurs que c'est un M. Chevrette: II a commencé deux fois sujet important qui concerne beaucoup de par "est-ce que". gens et je sais que j'ai posé la question dans les formes. Je terminais la citation qui n'est Le Président: À l'ordre! À l'ordre! À pas longue, M. le Président. l'ordre! M. le leader de l'Opposition, j'allais intervenir exactement sur ce sujet. M. le Le Président: Bon. Alors, vous devez... député de Verchères, vous avez la parole. M. le leader du gouvernement. Concluez avec votre question. M. Gratton: Question de règlement, M. M. Charbonneau: Est-ce que le ministre le Président. On retrouve la définition d'une va cesser de raconter des histoires à la question complémentaire dans notre règle- population et nous avouer clairement, comme ment. Elle ne permet pas qu'on cite des il le fait dans ses documents qu'il signe au extraits de déclarations antérieures. Conseil du trésor et au cabinet, que la parité dont il parle et dont il parlait en Des voix: ... campagne électorale est essentiellement ce qui existe actuellement et qu'il n'y a pas de M. Gratton: Bien non. Quand on posait changement? des questions, nous, dans l'Opposition, on ne faisait jamais cela. Et j'invite le député, M. Le Président: M. le ministre de la le Président... Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu et ministre du Travail. Le Président: À l'ordre! À l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre! Je voudrais comprendre M. Paradis (Brome-Missisquoi): De mon la question de règlement. M. le leader du siège, j'affirme que les propos du député de gouvernement. Verchères sont faux et mensongers. M. Gratton: Si on veut faire état de M. Charbonneau: Alors, M. le déclarations antérieures ou d'engagements Président... antérieurs, on le fait dans le préambule. 4882

Mais au moment où on pose une question intervention... vous aviez commencé à lire complémentaire, il faut absolument respecter des propos qu'a sûrement prononcés, à un l'article 78 qui dit qu'il est permis de poser moment donné, M. le ministre de la Main- une ou plusieurs questions complémentaires - d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, mais d'ailleurs, il y en a eu plusieurs de posées - vous vous exposez à faire plus qu'une et que ces questions doivent être brèves, question complémentaire quand vous prenez précises et sans préambule. Donc, M. le ce procédé. Je pense que, dans le passé, cela Président, le fait de citer un extrait, même a été fait aussi. Il est vrai que vous pouvez, bref, même court, d'un document quelconque, à l'intérieur d'une question additionnelle, selon moi, ne répond pas aux exigences de peut-être faire allusion et même en citer l'article 78. quelques mots, mais de là à faire la lecture, là vous venez directement en principale, et M. Chevrette: M. le Président, sur la vous dépassez le temps qui est extrêmement question de règlement. restreint pour une additionnelle. Maintenant, quant à votre thème de ce Le Président: M. le leader de l'Opposi- matin, M. le député de Verchères, nous tion. sommes rendus à la neuvième. Si je compte la principale, cela fait déjà plusieurs M. Chevrette: Je m'excuse, M. le questions. C'est ce pourquoi je vous dis: Président, mais pour autant que la question Posez votre question additionnelle, mais très est sous forme interrogative et correcte, on très brièvement, M. le député de Verchères. peut demander... M. Charbonneau: La question est la Le Président: À l'ordre! suivante. Comment le ministre peut-il concilier ses écrits et son mémoire au M. Chevrette: ...si le ministre maintient Conseil des ministres avec les propos qu'il une déclaration qu'il a faite. C'est tout à tient depuis un an sur la parité de l'aide fait dans la forme. Si on prenait la voie sociale? Comment concilie-t-il le fait que tracée par le savant leader de l'Opposition dans son mémoire les gens qui ne qui, durant ses neuf ans... participeront pas à des mesures d'employabi- lité verront leurs prestations diminuer avec Une voix: Du gouvernement. la situation actuelle qui fait en sorte que les gens ont la parité à condition de participer à M. Chevrette: Du gouvernement. Telle- des mesures de relèvement de l'employabili- ment savant, M. le Président... té?

Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît: Le Président: M. le ministre de le Cela commençait à être intéressant. M. le Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu et leader de l'Opposition, vous avez la parole. du Travail.

M. Chevrette: M. le Président, vous M. Paradis (Brome-Missisquoi): Essen- remarquerez que j'ai parlé de sa sagesse tiellement, ce que le député de Verchè- mais que je n'ai pas parlé d'un exemple à res a de la difficulté à saisir, c'est cette suivre. Cela dit, si vous deviez suivre discrimination dont sont victimes les jeu- exactement ce qu'il propose, on ne pourrait nes à l'aide sociale. Le jeune qui est âgé jamais poser de question sur ce qu'un de 29 ans, 364 jours et moins est traita ministre déclare, ce qui est tout à fait différemment de celui qui est âgé de 30 an: farfelu, M. le Président. Cette sagesse s'est et 1 heure. L'engagement électoral du Part vite transformée en une méconnaissance des libéral du Québec, en combinant l'abolitior faits. de la discrimination à cause de l'âge avec le programme APTE, c'est de faire en sorte Le Président: M. le leader du gouverne- que les gens soient traités, quel que soit leui ment. âge, sans discrimination, de façon juste el égale. M. Gratton: On peut référer à une déclaration antérieure ou à un engagement Le Président: En principale maintenant antérieur. Ce que je dis, c'est qu'on ne peut M. le député de Bertrand. pas les citer dans le cadre d'une question complémentaire. Autrement, cela devient une Exemptions à la Loi sur question principale. les heures d'affaires (10 h 50) Le Président: Non, je vais rendre ma M. Parent (Bertrand): Merci. Le 2: décision avant. Ce pourquoi j'étais intervenu, juillet dernier, le ministre de l'Industrie el M. le député de Verchères, c'est que vous du Commerce donnait avis dans la Gazette dépassiez le temps. Vous aviez déjà interrogé officielle de l'adoption d'un prochain règle- une première fois, au tout début de votre ment ayant pour objet d'exclure de 4883 l'application de la Loi sur les heures un équilibre doit être recherché. J'espère, M. d'affaires, entre autres, les halles le Président, le trouver fort bientôt. d'alimentation, ceux qui oeuvraient anté- rieurement au 12 janvier 1985, de même Le Président: M. le député de Bertrand, que la vente d'articles neufs d'une valeur de en additionnelle. moins de 20 $ dans les marchés aux puces. Est-ce que le ministre de l'Industrie et du M. Parent (Bertrand): Puisque le Commerce peut nous dire quand il entend ministre de l'Industrie et du Commerce faire adopter ce projet de règlement? reconnaît qu'il y avait beaucoup de consultation, pourquoi le 23 juillet dernier a- Le Président: M. le ministre de t-il déposé cet avis dans la Gazette l'Industrie et du Commerce. officielle pour procéder à un changement de réglementation manifestant, par le fait M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, même, une volonté politique de changer la M. le Président, comme on le sait, ce loi et le statu quo actuel? problème des heures d'affaires ou heures d'ouverture, notamment les heures d'ouver- Le Président: M. le ministre de ture le dimanche dans certains secteurs l'Industrie et du Commerce. d'activité commerciale, donne lieu à des consultations très larges, qu'il s'agisse de M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): M. le détaillants indépendants, qu'il s'agisse de Président, il ne s'agit pas de changer la loi. ceux qui, sous une bannière quelconque, font Il s'agit d'adopter un règlement en vertu de des affaires, qu'il s'agisse des établissements la loi, première des choses. relativement petits situés sur des coins de Deuxièmement, je rappelle au député rue, de façon indépendante, ou dans des que le processus de prépublication d'un marchés publics, qu'il s'agisse des habitudes règlement vise à donner avis aux des consommateurs ou consommatrices et intervenants éventuels que le gouvernement qu'il s'agisse des employés engagés dans tous envisage - c'est un projet - de faire adopter ces commerces, tout cela représente un un règlement encadrant une activité potentiel considérable pour une consultation commerciale d'une certaine façon afin de que, quant à moi, comme ministre donner aux gens intéressés l'occasion de faire responsable, je continue à mener. valoir leur point de vue. C'est ce qu'un grand nombre d'entre eux - j'en ai évoqué Le Président: M. le député de Bertrand, quelques-uns - ont su faire depuis le 23 en additionnelle. juillet. Les consultations se poursuivent.

M. Parent (Bertrand): Le ministre ne Le Président: M. le député de Gouin, reconnaît-il pas qu'en multipliant ainsi les en additionnelle. exemptions à la Loi sur les heures d'affaires, il ouvre la porte à un déséquilibre de la M. Rochefort: Oui, M. le Président. structure traditionnelle du commerce au Compte tenu des réponses du ministre de Québec en désavantageant les petits l'Industrie et du Commerce, pourquoi commerçants, les petits détaillants en n'accepte-t-il pas de tenir publiquement alimentation au profit de quelques grands cette consultation à l'occasion d'une centres? commission parlementaire où toutes ces consultations pourront être faites publique- Le Président: M. le ministre de ment pour l'ensemble des membres de l'Industrie et du Commerce. l'Assemblée nationale?

M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Le Le Président: M. le ministre de l'Indus- député de Bertrand est tombé dans le même trie et du Commerce. travers que son collègue de Verchères. Il n'a pas écouté la réponse. Ce que j'ai indiqué, M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): M. le c'est que les consultations se poursuivent, Président, nous savons qu'à l'occasion des que nous sommes l'objet, comme gouverne- derniers amendements à cette loi il y avait ment, de demandes extrêmement variées, eu de très larges consultations qui avaient diverses, et qu'il faut nous assurer que nous donné lieu à la longue liste d'exceptions que trancherons dans le respect de la liberté de dénonçait le député de Bertrand. commerce, dans le respect de l'accessibilité Nous avons hérité de cette situation qui possible des consommatrices aux heures où fait état d'une loi et d'un très grand nombre cela fait l'affaire des consommatrices pour d'exceptions. Il s'agissait de voir, à compter se procurer certains biens, dans le respect du du 30 juin, date limite où une série mode de vie des employés, des propriétaires d'exceptions venaient à échéance, comment de petites entreprises et de petits nous pouvions faire durer Une situation qui commerces. J'ai expliqué au député que c'est semblait acceptable, comment nous pouvions quelque chose de passablement complexe où alternativement la modifier quelque peu, 4884 comment nous pouvions essentiellement entre l'État et ses employés. trouver l'équilibre dans un champ extrême- Depuis lors, les centrales convoquent la ment restreint. Car il ne s'agit pas là d'un presse l'une après l'autre pour nier ces faits, remaniement complet de la loi et des règle- affirmant que, s'il y a des intentions, cela ments, mais bien d'une adresse particulière à ne se vérifie pas aux tables de négociation l'endroit de certains secteurs, certains et que les mandats ne correspondent pas aux établissements, dans certaines activités fuites stratégiques de la part du gouverne- économiques, en l'occurrence, la vente ment. d'aliments au détail. Il ne s'agit pas d'un M. le Président, entre-temps, d'autre changement considérable et je dirais global à part, il y a des bénéficiaires qui vivent dans la loi, mais bien de certains ajustements et l'anxiété parce qu'on sait très bien qu'une nous procédons aux consultations avec les grève dans la fonction publique et en personnes plus immédiatement touchées par particulier dans le domaine de la santé et des ajustements éventuels. des services sociaux fait beaucoup plus mal, même si elle n'est pas effective quand elle Le Président: M. le député de Bertrand, est annoncée. Je pense que la ministre en additionnelle. pourrait corroborer mes dires en ce sens que beaucoup de bénéficiaires sont inquiets tant M. Parent (Bertrand): En additionnelle et aussi longtemps ou bien qu'elle soit au ministre délégué aux PME. Est-ce que le annulée officiellement, qu'elle soit reportée ministre peut nous dire s'il est d'accord avec ou qu'elle soit effective. les modifications qui seront apportées par le (11 heures) projet de règlement par rapport à sa position Ma question s'adresse donc au président de défendre les petits commerçants au du Conseil du trésor qui de jour en jour Québec? annonce que cela va bien. Est-ce que les centrales ont tort d'affirmer que les mandats Le Président: M. le ministre délégué ne reflètent pas la fuite stratégique du aux Petites et Moyennes Entreprises. M. le Conseil du trésor? ministre, vous avez la parole. Le Président: M. le président du M. Vallerand: Je pense que mon Conseil du trésor, vous avez la parole. collègue du ministère de l'Industrie et du Commerce a apporté tous les éléments M. Gobeil: M. le Président, je voudrais suffisants pour rassurer l'ensemble des agents d'abord corriger le député de Joliette. Il n'y économiques visés par le projet de règle- a pas eu de fuite stratégique du Conseil du ment. À la fois, l'énumération qu'il a faite trésor. Comme il l'a mentionné, il y a un de la consultation qu'il est à conduire... article dans deux journaux de fin de semaine Je pense qu'on peut dès lors être qui mentionnait un accord imminent. Quant à assuré que l'ensemble des agents économiques moi, j'ai dit depuis quelques mois que nous et au premier chef - M. le député de avions aux tables de négociation tous les Bertrand, je le reconnais et je vous félicite éléments pour en arriver à des conventions de l'avoir souligné - les petits commerçants signées et je suis toujours optimiste qu'on qui seront principalement appelés à conjuguer puisse y arriver. Le journaliste qui a écrit avec ce nouveau règlement et cette nouvelle cet article a, j'imagine, recueilli des réforme dans l'esprit, comme l'a expliqué renseignements là où il a pu en recueillir. Il mon collègue du ministère de l'Industrie et fait son travail et je ne peux que l'en du Commerce, du respect de l'évolution des féliciter. Quant à savoir si un accord est habitudes de consommation auprès de imminent, j'ose croire que nous arriverons à l'ensemble des consommateurs et con- des conventions négociées le plus rapidement sommatrices du Québec, dans le respect, possible à l'avantage de tous les citoyens et citoyennes de la province de Québec. également, des arrangements commerciaux de l'ensemble des commerces de détail du Québec, dans le respect, dis-je, de l'ensemble Le Président: M. le leader de l'Opposi- des considérations implicites à ce règlement tion, en additionnelle. en voie d'évolution... Merci. M. Chevrette: Est-ce que le président Le Président: M. le leader de l'Opposi- du Conseil du trésor, qui affirme que tous tion, en principale. les éléments sont rendus aux tables, peut nous affirmer que les six éléments pouvant Le progrès des négociations conduire à un accord dans les meilleurs dans les secteurs public délais sont dans les mandats aux tables de et parapublic négociation?

M. Chevrette: M. le Président, dans La Le Président: M. le président du Presse et Le Soleil de samedi, on pouvait Conseil du trésor. lire sous un gros titre: Accord imminent 4885

M. Gobeil: M. le Président, je veux tionnelle. Si la raison fondamentale de bien croire que le député de Joliette et les l'échec des négociations présentement, c'est membres de l'Opposition souhaiteraient que qu'il n'y a pas de mandat et qu'il n'y a pas ça aille mal dans les négociations, mais ce de dépôt aux tables, alors que le ministre n'est pas le cas. Je ne crois pas qu'on doive nous dit que les mandats sont tous en en cette Chambre discuter de six éléments possession de ses porte-parole, qu'attend-il, ou de douze éléments, quels qu'ils soient, qui comme ministre responsable, pour éviter ces ont fait l'objet d'un article dans un journal grèves et qu'attend-il pour que ces dépôts ou dans plusieurs journaux. soient effectifs aux tables, puisque la raison fondamentale, à ce qu'on me dit, c'est qu'il Le Président: M. le leader de l'Opposi- n'y a pas concordance entre les affirmations tion, en additionnelle. et les dépôts? Qu'attend-il pour faire déposer ses porte-parole, pour éviter la grève, M. Chevrette: M. le Président, est-ce l'anxiété, etc.? que le président du Conseil du trésor peut nous dire, tout en félicitant le journaliste qui Le Président: M. le président du a écrit ces six éléments, que ces éléments Conseil du trésor. font partie du mandat et que c'est la faute de ses porte-parole si ce n'est pas rendu aux M. Gobeil: M. le Président, si la tables de négociation? députée de Maisonneuve était en cette Chambre, elle pourrait poser des ques- Le Président: M. le président du tions au ministre des Transports concernant Conseil du trésor. Quebecair. J'aimerais quand même faire remarquer que les députés d'Abitibi et ceux M. Gobeil: M. le Président, le député du côté ministériel sont là ce matin. de Joliette va me forcer à regretter M. le Président, le député de Joliette l'absence du député d'Abitibi-Ouest. n'est pas sans savoir que dans toute négociation concernant les conventions Le Président: À la question, M. le collectives, les deux parties ne sont pas président du Conseil du trésor. nécessairement d'accord la première journée des négociations et qu'il y a, au fur et à M. Gobeil: M. le Président, les mandats mesure des discussions, une évolution vers sont constitués de plusieurs éléments, des ententes. C'est ce qui se passe actuelle- beaucoup plus que de six éléments. Les ment, comme dans toute autre négociation et demandes syndicales sont constituées aussi de comme cela s'est passé généralement dans beaucoup plus que de six éléments. Certains les négociations des secteurs public et de ces éléments peuvent faire partie de parapublic. Exception faite de 1982, c'est mandats ou, d'autres, de demandes; c'est un généralement ce qui se passe. ensemble. Nous considérons, aux tables de J'ai dit et je répète en cette Chambre négocation, l'ensemble des demandes dans le que les négociations qui se passent aux cadre des mandats qui sont dégagés. Je tables évoluent très bien. Les deux parties répète pour le bénéfice du député de Joliette négocient intensément et cela principalement que c'est aux tables que cela se passe et depuis les derniers jours. Les deux parties que c'est aux tables que cela doit se passer. semblent avoir le désir très fort - je peux affirmer cela pour le côté patronal et j'en ai Le Président: M. le leader de l'Opposi- aussi le sentiment pour ce qui est du côté tion, en additionnelle. syndical - d'en arriver à des conventions négociées et tous les efforts sont faits dans M. Chevrette: M. le Président, pour le ce sens. bénéfice du président du Conseil du trésor, nos collègues de Duplessis et d'Abitibi-Ouest Une voix: Adopté, M. le Président. seraient ici s'il y avait un meilleur service à Quebecair. Le Président: M. le chef de l'Opposi- tion, en additionnelle. Le Président: En additionnelle, M. le leader de l'Opposition. M. Johnson (Anjou): En additionnelle, M. le Président. Au-delà du cours de secondaire M. Chevrette: Ma question est la V que le ministre veut nous faire en matière suivante... de relations du travail, est-ce que le ministre pourrait nous dire... Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre, s'il vous plaît; À l'ordre, s'il vous Le Président: En additionnelle, M. le plaît! M. le leader de l'Opposition, en addi- chef de l'Opposition. Votre question, M. le tionnelle. chef de l'Opposition, en additionnelle. À l'ordre, s'il vous plaît! M. le chef de M. Chevrette: M. le Président, en addi- l'Opposition, en additionnelle. 4886

M. Johnson (Anjou): M. le Président, si Fonds de recherche et de cela ne plaît pas au président du Conseil du développement à Québec Téléphone trésor, très bien! Au niveau du cours qu'il nous donne, sixième année primaire, en M. Tremblay (Rimouski): M. le matière de négociation, est-ce que le Président, ma question s'adresse au ministre président du Conseil du trésor pourrait nous des Communications. En mai et juin dernier, dire simplement et clairement si les mandats le ministère des Communications avait qu'il a évoqués ici, à l'Assemblée nationale suggéré certaines recommandations à la et dans les couloirs devant les journalistes, Régie des services publics quant à la se sont traduits concrètement par des dépôts création d'un fonds de recherche et de là où, comme il le dit, cela doit se faire, développement provenant de la compagnie c'est-à-dire à la table de négociation? Québec Téléphone. Le 10 novembre dernier, la Régie des services publics ordonnait à Le Président: M. le président du ladite compagnie de créer un fonds de Conseil du trésor. recherche et de développement en télécommunications. L'entreprise Québec M. Gobeil: M. le Président, le chef de Téléphone située dans mon comté emploie l'Opposition conviendra avec moi que je 2000 personnes et dessert 210 000 usagers répondais au député de Joliette lorsqu'il dans le Bas-Saint-Laurent, la Gaspésie, la invoque que mes réponses étaient des Côte-Nord, la Beauce et Portneuf. La réponses d'un élève de secondaire V. recherche et le développement économique et régional représentent un élément majeur dans Des voix: Primaire! une région comme la mienne. Ma question s'adresse au ministre des Communications. Le Le Président: À la question, M. le ministre peut-il nous dire si Québec ministre. Téléphone a l'intention d'aller de l'avant avec ce programme? Si oui, quelles sont les M. Gobeil: M. le Président... démarches en cours?

Le Président: Si vous me permettez, Le Président: M. le ministre des j'ai beaucoup de difficulté à avoir des Communications. questions et des réponses ce matin; c'est lundi. M. le président du Conseil du trésor. M. French: M. le Président, dans le litige qui traînait depuis deux ans entre la Une voix: Passons au primaire Régie des services publics et Québec maintenant. Téléphone concernant le taux de rendement acceptable sur le capital que peut accepter M. Gobeil: M. le Président, je répondrai le régulateur vis-à-vis de l'industrie qui au chef de l'Opposition et j'essaierai d'avoir détient un monopole, le ministère des une réponse d'universitaire. Les mandats qui Communications a recommandé à la Régie ont été dégagés initialement par le Conseil des services publics avec le concours de du trésor et amendés au fur et à mesure des Québec Téléphone qu'une façon de réduire le discussions aux tables de négociation ont été taux de rendement serait de créer un fonds exposés très clairement à la partie syndicale. de recherche et de développement en région Je suis sûr également que le chef de d'une somme de 10 000 000 $. Cette l'Opposition comprendra qu'en cours de suggestion a été retenue par la Régie des négociation, nous devons, vis-à-vis des services publics. Québec Téléphone l'accepte, centrales syndicales, utiliser ce qu'on appelle le projet va de l'avant et, le 10 décembre, il la méthode d'exploration. Je puis affirmer au y aura dépôt par Québec Téléphone pour chef de l'Opposition que les unités approbation des lignes directrices financières syndicales, les centrales syndicales et les et comptables de gestion du fonds. représentants syndicaux connaissent la posi- Dans quatre mois, il y aura dépôt de la tion du gouvernement dans la majorité sinon politique de gestion du fonds et des critères dans toutes les matières. d'acceptation du projet. Les discussions sont Quand je dis la majorité, il y a en cours entre le ministère des exception pour les salaires potentiels de 1987 Communications du Québec, la Régie des et 1988 qui pourraient faire l'objet de services publics et Québec Téléphone pour négociations après une entente de principe préparer des projets concrets dans le secteur sur les matières, incluant la matière salariale des télécommunications. Nous sommes très de l'année 1986. heureux de ce développement qui est, croyons-nous, un des plus larges projets de Le Président: En principale, je recherche et de développement jamais reconnais un député de la formation entrepris dans les régions périphériques du ministérielle, M. le député de Rimouski. Québec. Nous savons combien importants sont (11 h 10) ces efforts de recherche et de développe- Une voix: L'autoroute, l'autoroute! ment pour la création d'emplois et pour les 4887 retombées économiques, plus particulièrement sans relâche. Des tests ont été faits, des en région périphérique. échantillonnages ont été pris, dès le 22 novembre, et d'autres échantillonnages, Le Président: En principale, Mme la quatre jours plus tard, soit le 26 novembre. députée de Johnson. Le 24 novembre, il y a eu une enquête totale du ministère. Deux personnes y ont Épandage de purin de été engagées à temps plein. Elles ont fait porc à Kingsbury sept visites et cinq inspections sur tous les lieux d'épandage de l'endroit. Mme Juneau: Merci, M. le Président. Nous agissons avec la plus grande Avec l'arrivée au pouvoir du gouvernement priorité, avec la plus grande fermeté pour libéral, les citoyens et citoyennes du Québec déceler d'abord les coupables et ensuite, pour devraient pratiquement être immunisés contre rétablir la situation normale. Vendredi certains problèmes environnementaux graves. dernier, nous avons pu émettre un Pour la deuxième fois en neuf mois, les communiqué pour aviser tous les gens de citoyens du village de Kingsbury dans le l'endroit que l'eau était potable à nouveau. comté de Johnson vivent des heures d'inquiétude à cause de l'épandage de purin Le Président: Mme la députée de de porc. Le 18 novembre dernier, il y a eu Johnson, en additionnelle. un épandage massif; on parle de 100 000 à 125 000 gallons de purin qui ont été Mme Juneau: Je parle d'une situation déversés sur un terrain en pente et grave. Des familles complètes ont été rocailleux et cela avec l'approbation, par malades et il me parle d'enquête. Je veux téléphone, du ministère de l'Environnement savoir si le ministre va réagir et de façon régional. Le ministre est-il au courant que ferme afin que cette chose-là ne se les citoyens du village de Kingsbury ont été reproduise plus, et que nos familles dans les privés d'eau potable durant quinze jours villages de cette région ou ailleurs au d'affilée? Qu'entend-il faire pour qu'une Québec ne soient plus malades parce que le catastrophe semblable ne se reproduise plus? ministre ne prend pas ses responsabilités.

Des voix: Bravo! Des voix: Bravo! Bravo! Bravo! Le Président: M. le ministre de Le Président: M. le ministre de l'Environnement. l'Environnement. À l'ordre, s'il vous plaît: J'ai très bien saisi la question de Mme la députée de M. Lincoln: M. le Président... Johnson. M. le ministre de l'Environnement. Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! M. Lincoln: M. le Président, le 17 À l'ordre, s'il vous plaît! novembre, il y a eu effectivement une M. le ministre de l'Environnement. requête de la firme Porcherie de l'Est au ministère de l'Environnement pour un M. Lincoln: M. le Président, je suis épandage de purin de porc. Cet épandage a prêt, comme ministre de l'Environnement, à été sollicité par l'inspecteur municipal de accepter toutes les responsabilités de mon l'environnement de l'endroit qui a ministère et je le fais. En même temps, il communiqué avec le ministère. Le ministère ne faudrait pas que la députée commence à a fait connaître toutes les normes qui charrier. Ce n'est pas la première fois que s'appliquaient dans ce cas. L'épandage a été cela se produit. Cela fait trois ans qu'il y a fait selon les directives du ministère dans là des épandages, c'est la quatrième fois que des cas semblables qui s'appliquent à toutes cela se produit. Ne venez pas nous dire les porcheries du Québec. Le 18 novembre, qu'on a des solutions miracles aux épandages un conseiller municipal a porté plainte. Les de purin de porc au Québec. services du ministère se sont enquis de la Mme la députée, pour la première fois situation ainsi que l'inspecteur municipal de depuis que ce gouvernement est en place, les l'Environnement qui n'a détecté aucune faille ministres de l'Environnement et de l'Agricul- dans le système d'épandage selon les normes ture se parlent souvent. Nous avons fait un du ministère. Le 21 novembre, on a comité... communiqué avec le ministère de l'Environnement pour dire que vers 16 heures Des voix: Oh! Oh! Oh! on décelait que l'eau potable de la municipalité était impropre à la M. Lincoln: Attendez, attendez ma consommation. Urgence-Environnement a été réponse, vous avez demandé notre solution. sur place tout de suite, ce 21 novembre. Puis, Urgence-Environnement a fait participer Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! tous les services du ministère. À partir du 21 novembre, le ministère a travaillé presque M. Lincoln: Nous avons un comité 4888 permanent entre le ministre de l'Agriculture, ment, cela porte drôlement à confusion. ses fonctionnaires et moi-même. Nous allons M. le leader du gouvernement. trouver des solutions. Mais je serais malhonnête envers la population de dire que M. Gratton: M. le Président, je d'un jour à l'autre on aura trouvé des rappellerai au député de Terrebonne que le solutions miracles pour les épandages de mot "impropice" n'existe nulle part. purin de porc dans toute la province de Québec. Des voix: Ha! Ha! Ha! On a mis cette chose en grande priorité, au ministère. Vous dites qu'il ne M. Gratton: Même quand on parle de faudrait pas faire d'enquête. En même purin. temps, il faut savoir ce qui s'est passé. On a envoyé là tous les fonctionnaires du Le Président: M. le député de ministère. On se penche aussi sur cette Terrebonne. question d'aviculture avec l'UPA et avec le ministère de l'Agriculture de façon continue M. Blais: C'est votre gouvernement qui depuis quelques mois. Tout de même, si vous est "impropice", M. le Président. avez des solutions miracles à ces problèmes, produisez-les. Le Président: M. le ministre. Il y a 8000 producteurs de porc dans cette région. Il faudrait presque 8000 M. Lincoln: Je suppose, M. le Président, inspecteurs pour empêcher des déversements que c'est là une pollution de langage de la sauvages. C'est vrai. On en a cinq. On fait part... notre possible avec nos moyens, mais la solution permanente c'est de négocier Des voix: Ha! Ha! Ha! quelque chose avec le ministère de l'Agriculture, ce que nous faisons de façon Une voix: II y a des normes là-dedans. continue. Je prends un engagement envers notre Une voix: Oui, il y a des normes. population et les autres que ce qui se passe depuis des années sera corrigé dans un temps Le Président: À la question, s'il vous raisonnable. plaît!

Des voix: Bravo! Bravo! Bravo! M. Lincoln: Oui, là aussi, il y a des normes à respecter. Je suppose que vous Le Président: M. le député de parlez d'eau impropre. Terrebonne, en additionnelle. Une voix: Oui, oui. M. Blais: Plutôt que de se fâcher et de venir le visage purpurin, le ministre pourrait- M. Lincoln: L'eau impropre dans les il prendre réellement ses responsabilités et régions agricoles, on ne l'a pas découverte demander à ses inspecteurs d'appliquer les hier. Cela existe déjà. J'ai déjà dit au normes de sorte que l'épandage ne se fasse député qui vient de poser une question que pas sur des terrains rocailleux qui conduisent nous nous assurons, de la façon la plus ferme le purin directement à la rivière et ainsi possible, que les épandages soient faits selon rendre l'eau "impropice" à la consommation? les normes. Là, il y a une présomption d'accusation formelle contre les propriétaires Des voix: Bravo! Bravo! Bravo! de la porcherie qui ont épandu du purin le 17 novembre. Pourtant, il n'est pas clair que Le Président: M. le député de ce soit ça la cause fondamentale du Terrebonne, avant de permettre au ministre problème. C'est pourquoi il y a enquête du de l'Environnement de répondre à la ministère. On ne peut pas accuser a priori question, j'aimerais que vous retiriez le des gens lorsqu'ils sont censés avoir suivi les qualificatif employé quant au visage de M. le normes. Nous sommes en train de faire une ministre, sinon on n'en finira plus. enquête intensive sur la question. Deux (11 h 20) échantillonnages ont été pris par les M. Blais: M. le Président, question de laboratoires du ministère. L'eau est potable règlement, s'il vous plaît! Le mot "purpurin", actuellement. Je regrette beaucoup, autant c'est un qualificatif qui veut dire rouge que la députée, que cela se soit produit. Ce pourpre, et c'est très parlementaire, M. le qu'il faut, ce sont des solutions à long terme Président. et nous les prenons avec le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de Des voix: Ha! Ha! Ha! l'Alimentation afin que cette situation ne se répète plus. Elle s'est répétée bien plus Le Président: Vous comprendrez que, longtemps avant et ce n'est pas nous qui dans le contexte du sujet débattu actuelle- l'avons inventée, madame. 4889

Le Président: Une dernière question Bourse. Après vérification, j'ai constaté qu'il très brève, M. le député de Jonquière. n'en était rien et je désire corriger les faits. En conséquence, si l'Opposition désire La fermeture de la ville toujours que je dépose ce document de de Schefferville McNeil, Mantha, il me fait plaisir de le déposer en cette Chambre. M. Dufour: Vendredi dernier, en réponse M. le Président, le député... à ma question concernant la mise en tutelle de Schefferville, le ministre des Affaires Le Présidents Si vous me permettez, municipales, dans sa réponse lue, a seulement est-ce qu'il y a toujours consentement pour rappelé les faits connus lorsqu'il nous a déposer le document? arraché la loi concernant la fermeture de Schefferville et il n'a rien changé. En Une voix: ... agissant ainsi, est-ce que le ministre reconnaît que sa décision de fermer Le Président: Oui? Alors, document Schefferville était prématurée ou aurait-il déposé. des faits à cacher? M. Fortier: Le député de Bertrand Des voix: Oh! m'avait également posé une question à propos d'un énoncé de la firme McLeod Le Président: M. le ministre des Young and Weir ayant trait à la chute de Affaires municipales et responsable de production à la mine Doyon. Il me posait l'Habitation. cette question: Est-ce que le ministre a pris connaissance de ce commentaire et si oui, Une voix: Ni l'un ni l'autre. comment peut-il expliquer que quelques mois plus tard, le 24 septembre, les dirigeants de M. Bourbeau: M. le Président, la la mine Doyon annonçaient non pas une décision de fermer éventuellement la ville de baisse de la production mais une Schefferville a été prise par le gouvernement augmentation de 50 %? après mûre réflexion. Je ne peux pas dire M. le Président, je crois que la qu'elle était prématurée. La décision est en question est sérieuse et j'aimerais apporter train d'être mise en application, et cela se un complément de réponse. Dans le rapport fait au fur et à mesure des mois. Je ne vois de McLeod Young and Weir daté du 7 pas en quoi le député peut prétendre que octobre 1985, l'évaluation de cette firme nous agissons d'une façon prématurée. s'appuyait sur une production estimée de 87 000 onces d'or en 1986-1987. Or, au mois Le Président: Fin de la période des de mars, McLeod Young and Weir constate questions et réponses orales. la possibilité d'une chute substantielle de la Je vais maintenant reconnaître, tel production de la mine Doyon à la suite de qu'annoncé antérieurement, M. le ministre l'examen de rapports internes du gestionnaire délégué à la Privatisation en réponse à une de la mine Doyon, qui est Lac Minerais et question sur Cambior. M. le ministre. non pas Cambior, comme vous le savez. Par conséquent, l'évaluation de Cambior Vente des actifs de SOQUEM à Cambior effectuée par McLeod Young and Weir datée du 23 avril 1986 présume d'une M. Fortier: M. le Président, l'Opposition production de 80 000 onces d'or en 1986. En me demandait jeudi et vendredi dernier un plus, une baisse importante de la production dépôt de documents et j'ai profité du week- est prévue en 1989, soit au moment où la end pour faire le point avec mes production à ciel ouvert devrait être fonctionnaires sur le sujet. H me fait plaisir terminée. de dire au député de Bertrand qu'en ce qui C'est donc dire, M. le Président, qu'au concerne la convention entre SOQUEM et mois d'avril, à la suite d'une visite a la Cambior nous n'avons aucune hésitation à mine Doyon, McLeod Young and Weir a pu déposer ce document en cette Chambre. constater qu'il y aurait baisse de production Nous l'avions reçu, mais il y avait une faute puisque, comme je l'ai indiqué vendredi typographique. Le document a été retourné dernier, il y aurait nécessité d'exploiter la aux avocats et, incessamment, je pourrai le mine en souterrain et, en conséquence, que déposer en cette Chambre. On me dit que ce les coûts de production seraient augmentés. pourrait être demain ou après-demain. Dès M. le Président, ce qu'il faut noter, que je recevrai la copie, je la déposerai en c'est que ce qui a été annoncé le 24 cette Chambre. septembre dernier - et je remercie le député En ce qui concerne le document de de sa question, parce je crois qu'il s'agit là McNeil, Mantha, j'avais été porté à croire d'un élément de réponse qu'il est important que ce document incluait des annexes de donner à la population - ce n'était pas contenant des jugements de valeur sur des une annonce en ce qui a trait à la compagnies aurifères québécoises cotées à la production de la mine mais plutôt à une 4890 augmentation de la production du moulin qui dans le passé. est en surface de la mine. C'est donc dire (11 h 30) qu'au sujet de l'augmentation de 50 % de la C'est donc dire - et le député sera production de la mine Doyon, il importe de d'accord avec moi quand on parle des préciser qu'il s'agit d'une augmentation de réserves minières - que ces chiffres évoluent 50 % de la capacité de la production du dans le temps et que c'est à la suite de cet moulin de la mine et que cette capacité sera intérêt subit pour la mine Doyon de la part portée à 3300 tonnes par jour au lieu de de Lac Minerais et de Cambior, par le fait 1500 tonnes par jour. qu'il y a eu des forages récents qui ont Cette augmentation sera financée par indiqué un potentiel plus important et un un investissement de 16 000 000 $ dont la filon extrêmement riche dans la partie ouest moitié sera financée par Cambior. Je précise de la mine... c'est à partir de ces données immédiatement que n'eût été du fait qu'il y que Lac Minerais et que Cambior ont a eu émission d'actions et que nous avons pu déterminé de profiter de cette aubaine et laisser dans Cambior une encaisse d'activer la production de la mine. Je vous importante, que cette augmentation de remercie, M. le Président. production à la mine même - je parle de l'augmentation du moulin - ce qui augmente Le Président: Merci, M. le ministre. Fin la rentabilité globale de la mine, cet de la période de questions et du complé- investissement n'aurait pu se faire, parce que ment, tel qu'annoncé. SOQUEM n'avait pas les moyens financiers Nous allons continuer les affaires de le faire et que ce n'est qu'à la suite de courantes. Ce matin, il n'y aura pas de vote la privatisation de Cambior que cette de reporté. opération a pu se faire. Je vous remercie, Motions sans préavis. À l'ordre, s'il M. le Président. vous plaît! Motions sans préavis. Le Président: Merci, M. le ministre. M. Avis touchant les travaux des le député de Bertrand, question additionnelle. commissions. M. le leader du gouvernement.

M. Parent (Bertrand): Oui, question Avis touchant les travaux additionnelle. À la suite des réponses que le des commissions ministre me fournit, comment peut-il expliquer que tous les tableaux de l'étude M. Gratton: Oui, je désire aviser McLeod Young and Weir, dans les prévisions l'Assemblée qu'aujourd'hui, après les affaires budgétaires 1986-1987-1988, prévoyaient, pour courantes, jusqu'à 13 heures, de 15 heures à l'évaluation des actifs aurifères, une 18 heures et de 20 heures à 24 heures, à la production de 160 000 onces d'or et qu'à la salle Louis-Joseph-Papineau, la commission de suite de cette annonce, en septembre l'aménagement et des équipements poursuivra dernier, on parle maintenant d'une l'étude détaillée des projets de loi suivants production, dès 1986, de 205 000 ou 210 000 et ce, dans l'ordre indiqué: Premièrement, le onces d'or par rapport aux prévisions qui projet de loi 127, le Code de la sécurité étaient faites dès le mois d'avril dernier? routière; deuxièmement, le projet de loi 121, Loi concernant certaines rétrocessions de Le Président: M. le ministre délégué à droits dont le gouvernement est devenu la Privatisation. titulaire par expropriation avant le 1er avril 1976 et finalement, le projet de loi 144, Loi M. Fortier: M. le Président, ce qu'il modifiant la Loi sur les transports. faut savoir, c'est si Lac Minerals, le À la salle Louis-Hippolyte-Lafontaine, gestionnaire de cette mine, s'est intéressé la commission de l'économie et du travail davantage à la production de la mine Doyon, procédera à l'étude détaillée du projet de loi récemment, c'est dû au fait qu'un juge 119, Loi modifiant la Loi sur les relations de ontarien a décidé il y a quelques mois que la travail dans l'industrie de la construction. mine Emlo qui lui appartenait auparavant ne Finalement, de midi à 13 heures, de lui appartenait plus; d'où un intérêt subit 15 heures à 18 heures et de 20 heures à pour la mine Doyon, puisque c'est une mine 24 heures, à la salle du Conseil législatif, la qui n'est pas contestée par le jugement de la commission de l'agriculture, des pêcheries et cour ontarienne. de l'alimentation procédera à l'étude Récemment, en plus, il faut indiquer - détaillée de deux projets de loi dans l'ordre je crois que le député a pu en prendre suivant: Premièrement, le projet de loi 132, connaissance mais c'est bien de le rappeler - Loi modifiant la Loi sur la protection du que des forages récents qui ont été faits territoire agricole et, deuxièmement, le dans la partie ouest de la mine ont projet de loi 117, Loi modifiant de nouveau déterminé qu'il y avait un filon qui n'était la Loi sur la protection sanitaire des pas connu et qu'en conséquence, les réserves animaux. minières dans la mine Doyon étaient plus considérables que celles que nous connaissions M. Chevrette: M. le Président... 4891

Le Président: M. le leader de l'Opposi- suis prêt à reconnaître le premier tion. intervenant sur l'adoption du projet de loi 147. M. le leader du gouvernement. M. Chevrette: ...c'est une remarque que je veux faire publiquement quand même M. Gratton: M. le Président, je pense parce que je dois parler cet après-midi, et que tout a été dit autour de ce projet de loi notre formation a présenté une motion de 147, à moins que le porte-parole de l'Opposi- blâme. Je comprends que pour le leader du tion n'ait des remarques ou des questions à gouvernement c'est important que ses poser. Je pense que, quant à nous, nous commissions fonctionnent, mais il me semble sommes prêts à procéder à l'adoption du que lorsqu'une formation politique propose une projet de loi. motion de blâme, en particulier dans une fin de session où la durée n'est que de deux La Vice-Présidente: M. le député de heures, il est important qu'il y ait suspension Gouin. - j'en fais une demande expresse au leader du gouvernement - pour que de 15 heures à M. Jacques Rochefort 17 heures, pour la motion de blâme, on puisse véritablement permettre à notre M. Rochefort: Oui, Mme la Présidente. formation politique d'être en Chambre pour Je croyais qu'on faisait un autre projet de permettre de plaider sur le fond de cette loi avant celui-ci. Quelques commentaires motion de blâme. pour dire au ministre responsable de la Réforme électorale qu'il reste de moins en M. Gratton: M. le Président... moins de temps avant l'ajournement de nos travaux pour la période des fêtes et qu'en Le Président: M. le leader du gouverne- conséquence j'imagine que nous devrons nous ment. reparler dans les prochains jours pour que nous puissions satisfaire le voeu formellement M. Gratton: ...j'ai déjà indiqué au exprimé par l'Opposition et accepté tout leader de l'Opposition que j'étais prêt à aussi formellement par le ministre discuter de possibilité de ce côté, mais il responsable de la Réforme électorale en ce n'est quand même pas pour me demander sens qu'avant l'ajournement de Noël, nous d'acquiescer à une demande qui ferait en puissions, comme Assemblée dans son sorte qu'on suspende les travaux de trois ensemble, en venir aux objectifs de la commissions pendant une durée de deux Chambre quant au mandat, à la durée et à heures au moment où on a toutes les la date de la commission parlementaire qui indications, toutes les raisons de croire qu'il devra étudier l'ensemble de la question de la s'agit, du côté de l'Opposition, de faire de délimitation des circonscriptions électorales. l'obstruction systématique. Je dis que je suis Je veux rappeler aussi que nous prêt à discuter avec le leader de l'Opposi- attendons, entre autres, du ministre tion. Je vais m'assurer qu'on puisse faire les responsable de la Réforme électorale un choses convenablement, mais au moment où document qui était en préparation à son on se parle, il n'est pas question de changer secrétariat. Cela nous permettra de bien les avis que je viens de donner avant que définir ce mandat pour que les membres de j'en aie discuté avec le leader de l'Opposi- cette Assemblée qui sont intéressés à tion. participer aux travaux de la commission puissent rapidement s'entendre sur l'ensemble Le Président: Renseignements concer- des éléments qui devront encadrer les nant les travaux de l'Assemblée. travaux de cette commission parlementaire Affaires du jour. Fin des affaires pour que celle-ci puisse fonctionner efficace- courantes. ment dans un esprit constructif de saine Affaires du jour. collaboration, selon le voeu également Aux affaires du jour, M. le leader du partagé par l'ensemble des membres de cette gouvernement. Assemblée d'en arriver à des consensus autour de cette question. M. Gratton: Je vous prie d'appeler Tel que nous l'avons prévu dans un l'article 60 du feuilleton, s'il vous plaît. amendement qui a été ajouté au projet de loi au moment de son étude article par Projet de loi 147 article, dès que les consensus auront été élaborés par les membres de la commission Adoption de l'Assemblée nationale, la Commission de la représentation électorale pourra, dès ce Le Président: À l'article 60, au moment, entreprendre ses travaux pré- feuilleton, il s'agit de l'adoption du projet de liminaires pour préparer ce qu'on appelle loi 147, Loi modifiant la Loi sur la dans la loi le rapport préliminaire, pour que délimitation des circonscriptions électorales, celui-ci puisse être déposé dans des délais présenté par M. le ministre du Revenu. Je assez brefs, afin de nous permettre 4892 d'atteindre l'objectif que nous nous sommes préparation d'un projet de loi qui devra, lui, fixé, soit celui d'en arriver au plus tard à la être voté avant le 1er mai prochain pour fin de 1988 ou tout au plus au début de amender la loi actuelle sur la représentation l'année 1989 avec un décret dans la Gazette électorale et ce, à partir des engagements, officielle du Québec quant aux nouvelles des ententes, ou des accords qui auront pu délimitations des circonscriptions électorales être dégagés entre les deux formations du Québec. En ce sens, nous attendons ce politiques représentées à l'Assemblée document du ministre. nationale au cours de cette commission Nous souhaitons participer à la parlementaire. préparation de ce mandat, de la durée et du moment de la commission pour que, je le La Vice-Présidente: Je crois comprendre répète, nous puissions rapidement travailler qu'à ce stade-ci, le débat étant clos, nous autour de cette question à partir des allons donc passer à l'adoption du projet de ententes formellement intervenues entre les loi. Est-ce que le projet de loi 147, Loi membres de l'Assemblée nationale, parti- modifiant la Loi sur la délimitation des culièrement entre le ministre responsable circonscriptions électorales, est adopté? de la Réforme électorale ainsi que moi- (11 h 40) même, à titre de porte-parole de ma Des voix: Adopté. formation politique, en ce sens que nous légiférerons à compter de la prochaine La Vice-Présidente: Adopté. M. le session en priorité sur les consensus, c'est-à- leader du gouvernement. dire sur les accords qui seront intervenus entre les deux formations politiques au cours M. Gratton: Mme la Présidente, je vous de la commission parlementaire qui sera demande d'appeler l'article 24 du feuilleton. tenue au mois de janvier ou février prochain. À partir de ces éléments, Mme la Projet de loi 139 Présidente, nous sommes prêts à procéder à l'adoption en troisième lecture du projet de Adoption du principe loi 147. Mais, je réitère que nous souhaitons qu'on nous transmette le document en La Vice-Présidente: À l'article 24, il question rapidement, que nous soyons associés s'agit de l'adoption du principe du projet de à l'élaboration du mandat de la commission loi 139, Loi modifiant la Loi sur la parlementaire pour que nous puissions en protection de la jeunesse concernant faire un mandat formel de l'Assemblée l'adoption internationale. Mme la ministre de nationale avant l'ajournement de nos travaux, la Santé et des Services sociaux. le 19 décembre prochain. Merci. Mme Thérèse Lavoie-Roux La Vice-Présidente: Merci, M. le député de Gouin. M. le ministre responsable de la Mme Lavoie-Roux: Mme la Présidente, Réforme électorale, est-ce que vous avez le projet de loi 139 que je présente d'autres commentaires à faire concernant le aujourd'hui devant cette Chambre vise à projet de loi 147? modifier la Loi sur la protection de la jeunesse en ce qui a trait à l'adoption M. Michel Gratton internationale. Dans son esprit, ce projet accorde au gouvernement le pouvoir de M. Gratton: Oui, Mme la Présidente, préciser par règlement les modalités tout simplement pour vous dire que, d'intervention du Directeur de la protection effectivement, je reconnais que nous avons de la jeunesse ou d'un organisme reconnu par pris les engagements dont parle le député de la ministre dans le processus d'adoption Gouin. Dès cette semaine, ou en tout cas, au internationale. Il prévoit également une plus tard la semaine prochaine, je le infraction contre une personne qui fait entrer rencontrerai avec le document dont il a ou contribue à faire entrer au Québec un parlé et qui est présentement en préparation enfant né hors du Québec en contravention au secrétariat à la réforme électorale. Nous des dispositions de la loi et de ses règle- examinerons ensemble le libellé d'un mandat ments d'application. à donner à la commission. Nous aviserons du Je voudrais simplement rappeler que ce moment et de la durée de ladite commission n'est pas la première fois que nous discutons qui, comme je l'ai indiqué, siégera au plus d'adoption internationale au Québec et que, tard au début de février, mais ce sera dans le passé, alors que j'étais moi-même probablement plutôt la troisième semaine de porte-parole de l'Opposition en cette janvier. Donc, tout cela sera fait et on matière, j'ai constamment concuru, dans l'annoncera de façon officielle et formelle l'intérêt des enfants, à appuyer toute mesure ici, à l'Assemblée nationale, avant que nous qui visait à améliorer le processus de nous quittions pour l'ajournement des fêtes. l'adoption internationale. Je reconnais d'emblée que le travail de On doit se rendre à l'évidence que, cette commission servira ensuite à la malgré le fait que nous ayons légiféré dans 4893 cette Chambre à quelques reprises sur blème. À la suite de cette hausse de l'adoption internationale, l'adoption d'enfants demandes d'adoption internationale, un domiciliés hors Québec continue à susciter premier problème relatif au statut de une grande incertitude. L'apparente confusion l'enfant s'est posé d'une façon de plus en dans ce dossier justifie donc la présente plus aiguë. L'absence de lignes directrices intervention législative en même temps dans ce dossier a conduit le législateur à des qu'elle commande la réaffirmation de modifications en 1980 et, ensuite, en 1983. certains principes de base relatifs à L'égalité de tous les enfants devant la loi l'institution de l'adoption. Parmi ces est un des principes de base de ces principes fondamentaux, le gouvernement modifications. Des changements importants tient à réitérer le fait que l'adoption sont apportés aux règles relatives à plénière a seule droit de cité au Québec. l'affiliation, en espérant instaurer une Cette politique gouvernementale s'appuie sur uniformité dans le processus et les effets de le respect des droits de l'enfant et de son l'adoption. intérêt. L'adoption plénière confère en effet Ce souci d'assurer l'égalité des enfants à tous les enfants l'égalité devant la loi en se manifeste dans toute cette approche. Il leur accordant les mêmes droits et édicte, entre autres, des dispositions en ce obligations, quelle que soit l'origine de leur sens que l'adoption constitue un moyen pour naissance. intégrer l'enfant à une nouvelle famille et En regard de ce qui précède, je me lui assurer les mêmes droits qu'à un enfant permettrai ici d'apporter quelques éléments, dont la filiation est établie par le sang. afin d'assurer une perspective complète du Un des buts principaux de cette dossier. Historiquement, l'adoption existait réforme est que la situation juridique de chez certains peuples afin de permettre à l'enfant par rapport à ses parents adoptifs une personne d'entrer dans une famille par soit clairement établie. De nouvelles une action légale. L'adoption était alors modifications législatives en 1983 se situent conçue dans l'intérêt de la famille adoptive dans la même lignée que celles de 1981. Les car elle visait à assurer la transmission du débats de l'Assemblée nationale de cette nom, la perpétuité de la famille. Cette époque ont clairement fait ressortir institution perdit de son importance avec la l'intention du législateur dans le projet de loi réorganisation du pouvoir en ce qui a trait 55 du temps. aux États. Elle devint plutôt un moyen de À ce moment - je suis heureuse de le secourir des enfants sans famille ou réitérer aujourd'hui - je constatais avec abandonnés. Les lois devaient alors satisfaction que le projet de loi présenté par sanctionner une nouvelle réalité. L'adoption le gouvernement antérieur était dans la est conçue non plus en faveur de la famille adoptive, mais en faveur de l'enfant. bonne direction et qu'il posait, pour Jusqu'en 1970, le Québec fait adopter des l'adoption des enfants étrangers, les mêmes enfants dans différents États américains et conditions qu'à l'égard des enfants québécois en Europe, particulièrement en France. À et que seule l'adoption plénière était partir de cette date, cependant, le reconnue en droit québécois. phénomène de l'adoption d'enfants étrangers Cependant, en même temps qu'on a par les Québécois commence à prendre de voulu éviter les adoptions boiteuses et peu plus en plus d'ampleur. La baisse du taux de claires quant aux démarches suivies, les natalité, entre autres, le support accru aux dispositions du projet de loi 55 à la familles monoparentales et l'évolution des reconnaissance des adoptions prononcées par mentalités contribuent à allonger la liste des un tribunal étranger soulèvent des difficultés couples postulant pour une adoption d'application et d'interprétation et c'est la internationale, compte tenu que le nombre raison pour laquelle le gouvernement doit d'enfants adoptables au Québec diminue, intervenir de nouveau aujourd'hui. C'est là contrairement à ce que nous avions connu l'objectif du projet de loi 139. dans les années quarante, cinquante et même Entre autres mesures, à cette fin, le 19 soixante. novembre 1986, le gouvernement approuvait une directive émise aux établissements en Compte tenu de la progression rapide vertu de la Loi sur la protection de la de cette problématique, un certain nombre jeunesse afin d'assurer l'atteinte des objectifs de problèmes ont émergé tant d'ordre social de l'intervention sociale en matière que psychologique, juridique et diplomatique. d'adoption internationale. Cette directive, Mme la Présidente, réaffirme les mesures La Vice-Présidente: Je m'excuse, Mme législatives concernant l'égalité des enfants la ministre. J'ai une question de règlement devant la loi et le fait qu'ils ont tous les concernant le quorum. Je vais donc vérifier mêmes droits et obligations, qu'il s'agisse si effectivement il y a quorum. Nous avons d'un enfant né au Québec ou hors Québec. quorum présentement. Mme la ministre, vous Elle réaffirme aussi que l'adoption pouvez continuer. consacre la rupture complète du lien de filiation avec la famille d'origine et la Mme Lavoie-Roux: Un premier pro- création d'un lien de filiation unique qui unit 4894

l'enfant à l'adoptant. C'est ce qu'on désigne dévolues par le Code civil, par le Code de sous l'appellation "adoption plénière". Cette procédure civile et par la Loi sur la directive vise également à informer les protection de la jeunesse: par exemple, futurs adoptants que l'adoption d'un enfant l'examen des futurs adoptants. Le rôle du né hors Québec est possible lorsque l'État Directeur de la protection de la jeunesse est d'origine de l'enfant permet qu'un résident donc circonscrit par les responsabilités qui québécois puisse y obtenir un jugement lui sont attribuées particulièrement. d'adoption plénière ou lorsque le gou- L'article 72.2 de la Loi sur la vernement du Québec a conclu un accord protection de la jeunesse prévoit la avec un État en vue d'un placement au reconnaissance d'un organisme du Québec aux Québec pour une adoption au Québec d'un fins de l'adoption d'un enfant domicilié hors enfant domicilié dans cet État. Québec. Des jugements récents du Tribunal Mme la Présidente, les avantages liés de la jeunesse et certaines difficultés vécues au fait que notre Code civil a établi l'assise par les organismes dans d'autres pays nous de l'adoption internationale par une adoption démontrent sans l'ombre d'un doute que nous dite plénière sont nombreux. L'enfant n'a devons circonscrire le cadre dans lequel qu'une seule filiation et tous les enfants sont un organisme peut agir: par exemple, égaux devant la loi, puisque l'enfant né hors l'accompagnement des enfants, l'accompagne- Québec bénéficie des mêmes droits que ment des adoptants, l'aide aux adoptants en l'enfant québécois adopté. Le consentement termes de support, conseil et assistance. des parents d'origine et les exigences des Compte tenu de l'importance d'encadrer ces autres pays sont respectés. La sécurité organismes pour leur intervention au Québec psychologique et juridique de l'enfant et de et dans les pays étrangers et compte tenu ses parents adoptifs est assurée. des difficultés d'une permanence de leurs L'adoption privée. Les trafics d'enfants membres, il semble nécessaire qu'ils agissent dans les pays sont freinés et les adoptions dans le cadre d'une entente avec le ministre juridiquement contestables évitées. Cette dans laquelle seront déterminées les directive, qui précise notamment les responsabilités selon leur compétence et situations où le Secrétariat de l'adoption habileté. internationale et le Directeur de la Il est de ma responsabilité d'élaborer protection de la jeunesse peuvent intervenir des règles qui doivent guider l'action de ces doit être envisagée conjointement avec deux organismes. Il est donc essentiel d'avoir le autres mesures, dont certaines sont précisé- pouvoir habilitant de réglementer les condi- ment prévues au présent projet de loi, à tions et les modalités selon lesquelles le savoir: d'abord, circonstancier les conditions Directeur de la protection de la jeunesse et et modalités selon lesquelles le directeur ou un organisme reconnu peuvent agir en un organisme reconnu peut intervenir en matière d'adoption internationale. Les matière d'adoption internationale; deuxième- difficultés d'application nous amènent à ment, clarifier l'infraction relative au fait de conclure que le secrétariat à l'adoption faire entrer ou de contribuer à faire entrer exerce notamment les responsabilités au Québec un enfant né hors Québec et ce, suivantes à titre de représentant de la contrairement aux prescriptions de Loi sur la ministre de la Santé et des Services sociaux: protection de la jeunesse; la nécessité de les accords avec les pays étrangers, la clarifier les conditions et modalités reconnaissance et l'entente avec des d'intervention du Directeur de la protection organismes au Québec, la vérification et de la jeunesse et d'un organisme reconnu l'interprétation des lois étrangères, la origine d'une imprécision tant au Code civil détermination des documents nécessaires à la qu'à la Loi sur la protection de la jeunesse. preuve au Québec, par exemple, du consente- (11 h 50) ment donné par les parents d'origine, de Ces lois stipulent que les requérants l'adoptabilité de l'enfant et de l'acceptation ont le choix de procéder par l'un des en vue de l'entrée de l'enfant au Québec et intermédiaires suivants: le ministre de la enfin, la finalisation du processus d'adoption Santé et des Services sociaux par le truche- dans le pays étranger et au Québec. ment du secrétariat à l'adoption, le Dans ce contexte, le Secrétariat à Directeur de la protection de la jeunesse et l'adoption internationale est un agent un organisme reconnu. Conséquemment, la loi régulateur et de coordination et est impliqué ne précise pas à quelles étapes du processus dans le processus d'adoption du début jusqu'à chacun des intermédiaires devrait intervenir la fin. C'est pourquoi le pouvoir de régle- compte tenu des responsabilités qu'il doit mentation précisera les conditions et assumer en vertu de la loi ou d'une entente modalités selon lesquelles le Directeur de la avec le ministre. Ces responsabilités sont protection de la jeunesse et un organisme dans une approche complémentaire inhérente reconnu peuvent intervenir en matière à la compétence et aux habiletés de chacun. d'adoption internationale. Conséquemment, Le Directeur de la protection de la ces diverses mesures nous permettront de jeunesse assume tout au long du processus clarifier le rôle de chacun des intervenants: des responsabilités déterminantes qui lui sont secrétariat à l'adoption, Directeur de la 4895 protection de la jeunesse et un organisme de la Justice, ce dernier a été dans reconnu. l'impossibilité de procéder, du fait que Avant de passer à la deuxième disposi- l'article 135.1 tel que rédigé, ne permet pas tion, j'aimerais ouvrir une parenthèse, d'identifier et de prouver les actes faits au particulièrement pour les parents qui Québec. La sanction pénale, de même que attendent depuis longtemps la possibilité l'obligation civile imposée aux adoptants d'adopter un enfant sur le plan international d'être évalués et de procéder à l'adoption et qui doivent subir les contraintes très par un intermédiaire reconnu, ne peuvent dures du temps. On sait fort bien que des recevoir d'application pratique et plusieurs parents qui prennent la décision d'adopter un adoptions se font actuellement sans respecter enfant s'y préparent pendant un an ou deux ces conditions. avant que n'intervienne une décision. Finale- Pour que l'adoption se fasse dans ment, le processus leur paraît très long et l'intérêt de l'enfant et le respect de ses on est porté à en tenir le Secrétariat à droits, il est essentiel non seulement de l'adoption internationale de même que le mesurer les éléments juridiques, mais égale- Directeur de la protection de la jeunesse ment les aspects psychologiques et sociaux. responsables des lenteurs de tout le processus L'examen et l'intervention d'un intermédiaire de l'adoption. visent à préciser cet objectif. Pour s'assurer Sans vouloir dire que tous et chacun que les adoptants respectent ces obligations, sont à l'abri de quelque reproche que ce il est nécessaire de préciser l'infraction déjà soit, parce qu'il faudrait vraiment à ce prévue au paragraphe c de l'article 135.1 de moment-là être très présomptueux, je pense la Loi sur la protection de la jeunesse. qu'il est important que le nombre d'enfants Enfin, j'ai envisagé d'autres moyens disponibles pour une adoption plénière dans pour favoriser l'adoption d'un enfant né hors les pays étrangers soit quand même limité et Québec. Tel que prévu à la Loi sur la que, du côté du Secrétariat à l'adoption protection de la jeunesse, le Secrétariat à internationale et du Directeur de la l'adoption internationale, en collaboration protection de la jeunesse, des efforts soient avec le ministère des Relations inter- fournis pour accélérer le processus. Je peux nationales, s'engagent dans une démarche les assurer que tous les efforts seront faits intensive avec les pays étrangers dans le en ce sens-là. Il reste quand même une respect des principes que consacrent nos réalité: l'adoption des enfants au plan textes législatifs et ceux de ces pays pour international est une opération complexe qui faciliter l'adoption d'enfants et leur procurer demande à être traitée avec tous les égards un milieu parental, familial et affectif. qu'une telle opération peut vouloir dire. Ces accords avec les pays étrangers Encore une fois, le nombre d'enfants visent à permettre, entre autres, le place- que les pays sont prêts à laisser aller pour ment au Québec, pour une adoption au une adoption internationale est quand même Québec, comme je le disais il y a quelques très limité. Si on y ajoute le cas des pays moments, d'un enfant orphelin ou déclaré qui n'acceptent que l'adoption simple, c'est- abandonné par une autorité judiciaire de à-dire qui ne désirent pas une rupture du l'État où il est domicilié. Cette démarche lien de filiation avec la famille d'origine, la s'inscrit dans la ligne des déclarations situation se complique encore davantage. internationales et est conforme aux demandes C'est dans ce sens-là que nous prévoyons des autres pays. conclure des ententes avec certains pays ou À titre de ministre de la Santé et des certains États pour clarifier cette situation, Services sociaux, j'ai la responsabilité, en de sorte que les enfants qui seront laissés matière d'adoption internationale, de pour adoption dans ces États où l'on ne considérer les droits et les intérêts de toutes prévoit que l'adoption simple, pourront être les parties: l'enfant, tout d'abord, les parents adoptés comme des enfants dont le statut d'origine et les futurs adoptants. d'enfant abandonné ou d'orphelin est Conséquemment, les divers moyens que vraiment reconnu, de sorte que, dans ces j'ai envisagés visent à assurer le respect des cas-là aussi, on pourra, après entente avec droits de l'enfant et de son intérêt, à les États, procéder à une adoption plénière. apporter la sécurité juridique et Nous pensons que cela permettrait de psychologique à cet enfant et aux adoptants clarifier ces situations extrêmement ambiguës québécois et à garantir le respect de la et de contrer aussi, nous l'espérons, ces volonté des parents d'origine et du pays où démarches qui se font privément, la plupart est domicilié l'enfant. du temps, j'en suis convaincue, avec de très bonnes intentions, mais qui, néanmoins, Ces moyens se situent également dans créent des difficultés juridiques pour l'enfant une optique de collaboration de tous les que les parents pensent adopter d'une façon intervenants: mon ministère, par le tout à fait régulière. Secrétariat à l'adoption internationale et les directeurs de la protection de la jeunesse, le Quant à l'infraction qui est également ministère des Communautés culturelles et de prévue, c'est parce que, à la suite de l'Immigration, le ministère des Relations certaines demandes d'enquêtes au ministère internationales et le ministère de la Justice. 4896

J'espère donc, en terminant, Mme la autre continent la tradition purement et Présidente, que cette Chambre sera unanime franchement québécoise et de l'éduquer. Cet à reconnaître que les effets d'une adoption enfant, peu importe l'éducation qu'il recevra prononcée ou reconnue au Québec doivent au Québec, aura toujours ce lien conférer à l'enfant et à ses parents adoptifs d'appartenance au continent où il est né et les mêmes droits et obligations qu'une où ses parents naturels vivent. filiation par le sang et que c'est la On ne peut en faire fi, on ne peut responsabilité du gouvernement de mettre en passer outre à cela, parce que la majorité oeuvre les moyens nécessaires pour que soit des parents qui ont adopté des enfants respecté ce principe fondamental. Je me venant de continents étrangers ont toujours permets de souligner à cette Chambre que respecté cette vision des choses. Ils ont les lois les plus modernes et les énoncés de toujours respecté le lieu d'origine des enfants principe des grands organismes internationaux qu'ils avaient adoptés. Il est important et s'orientent en ce sens. Merci, Mme la essentiel pour ces enfants de conserver leur Présidente. lieu d'origine et de conserver aussi une (12 heures) partie du patrimoine qui est celui de leur La Vice-Présidente: Merci, Mme la coin de naissance. ministre de la Santé et des Services sociaux. Nous arrivons maintenant à l'adoption Mme la députée de Marie-Victorin. internationale et ce n'est pas facile, Mme la Présidente, pour les parents qui décident Mme Cécile Vermette d'adopter un enfant. Il y a de nombreuses heures d'anxiété et d'angoisse et un Mme Vermette: Mme la Présidente, en cheminement long et parfois pénible avant ce qui concerne la Loi modifiant la Loi sur d'arriver à prendre une décision, à savoir si, la protection de la jeunesse concernant oui ou non, ils sont capables d'adopter un l'adoption internationale, il est important de enfant ou si, oui ou non, ils se sentent la se rappeler une époque fort heureuse au responsabilité d'éduquer un enfant qui vient Québec alors qu'il n'y avait vraiment pas de d'un autre continent, soit par rapport à sa problème quant à l'adoption, puisque le couleur, soit par rapport à la culture, soit Québec était un pays qui avait des enfants par rapport à un contexte qui n'est pas en abondance et même une source particulier au nôtre, mais qui a tous ses d'approvisionnement pour l'ensemble des effets d'entraînement. Les parents doivent parents hors Québec qui voulaient avoir des faire une démarche afin de vraiment savoir s'ils ont la capacité, s'ils ont aussi toute enfants et qui étaient incapables, par les l'expertise et l'appui nécessaire pour arriver voies naturelles, de sang, d'en avoir. à prendre leur décision. Il y a eu une époque où, effectivement, les problèmes n'étaient pas ceux dont nous Effectivement, l'adoption est un avons aujourd'hui à discuter. C'était chez phénomène complexe, une démarche complexe nous que l'adoption se faisait le plus facile- qui demande beaucoup de concertation et de ment. Les parents qui avaient manifesté le collaboration. Premièrement, quand on voeu de pouvoir jouir de la paternité et de regarde le processus de l'adoption, je pense la maternité par le biais de l'adoption que, quand on veut un enfant hors du pouvaient facilement trouver ici, au Québec, Québec, il faut vraiment faire l'objet d'une l'enfant qui pouvait répondre à leur voeu, à démarche. Ce n'est jamais facile, les objets leur souhait et à leurs aspirations. de démarche parce que, chaque fois, les Aujourd'hui, nous sommes dans un parents doivent démontrer qu'ils sont contexte fort différent. De plus en plus, vraiment aptes à élever et éduquer des avec le taux de natalité au Québec, il est enfants. Ils doivent démontrer qu'ils ont aussi la capacité, l'intégrité morale pour élever très difficile de trouver ici, sur place, les ces enfants et cela constitue un dossier. enfants qui pourraient faciliter l'adoption pour ces parents désireux de jouer un rôle Il y a actuellement beaucoup d'organis- important auprès de ces enfants. mes bénévoles qu'on appelle les organismes Nous devons donc faire appel de plus intermédiaires qui travaillent dans des pays en plus à l'adoption internationale et nous différents qui font justement cette recherche devons faire appel à des pays pour des d'enfants aptes à l'adoption pour ces parents raisons souvent économiques et aussi pour qui sont ici en voie de les faire et espèrent des raisons humanitaires. Ces raisons font pouvoir élever et éduquer des enfants qu'il y a une disponiblité en ce qui concerne d'autres pays d'origine. l'adoption internationale et favorisent ces Donc, Mme la Présidente, je pourrais familles qui veulent vraiment fonder un foyer vous dire un peu le processus. Premièrement, et éduquer des enfants selon les coutumes et l'État fait l'objet d'un accord avec le les traditions du Québec. Mais voilà, aller Québec; l'organisme bénévole accrédité par dans des pays autres que le Québec implique le gouvernement du Québec identifie les pour ces parents une certaine démarche. Ce enfants, constitue le dossier de l'enfant. n'est pas toujours facile d'imposer à un Selon la réception, selon le besoin de la liste enfant dont les racines appartiennent à un des postulants par le secrétariat à l'adoption, 4897 selon certains critères des pays, il faut circonspects devant des situations, parce qu'il s'inscrire sur une liste au DPJ, au y va de l'avenir d'un enfant. On ne peut pas département de la protection de la jeunesse déplacer un enfant de son pays d'origine pour qui appartient à un CSS. Et c'est là qu'on l'introduire dans un foyer d'accueil ou dans commence à faire enquête, qu'on monte le un foyer d'adoption, pour le mettre dans des dossier et qu'on prend toutes les considé- situations pires que ce qu'il pourrait vivre rations des parents. dans son pays d'origine, bien sûr, et nous en Selon la réception des postulants, on sommes tous conscients. achemine cela au secrétariat à l'adoption Nous sommes conscients qu'il faut y selon les critères des pays d'origine. Encore aller prudemment. La prudence est de mise, là, on fait une autre évaluation des effectivement. Il ne faut pas non plus postulants, soit par région ou par pays et à encourager certains abus de la part peut-être ce moment-là la décision de la DPJ accepte de parents naturels ou quelquefois de parents ou refuse les postulants. Ceci étant fait, on malheureusement qui se veulent des transmet au secrétariat à l'adoption des requérants ou des postulants à l'adoption. évaluations qui sont positives. Et il y a un Oui, Mme la Présidente, tout cela doit être jumelage qui se fait dans les pays d'origine pris en considération. Tout cela a été pris en et est transmis au secrétariat à l'adoption, à considération, des efforts ont été faits en ce l'organisme reconnu qui doit informer le sens et on nous a donné une loi pour DPJ. permettre, justement, que ces abus ne se La DPJ, doit informer les requérants et produisent pas. C'est pour cela aussi que des informe le secrétariat à l'adoption qui évaluations sévères qui demandent certains accepte ou refuse la proposition. Le départe- délais aux parents et aux requérants existent. ment de la protection de la jeunesse informe Je conviens avec ces parents de leur le Secrétariat à l'adoption. L'organisme anxiété et je conviens aussi avec les parents reconnu ou le postulant - parce que les de leur impatience à savoir si oui ou non parents ne peuvent aller d'eux-mêmes c'est possible qu'ils puissent enfin caresser le chercher un enfant, il faut qu'ils passent par rêve le plus important de leur vie, et enfin un organisme reconnu - accompagne l'enfant pouvoir le réaliser. Je pense que personne ne au Québec et la DPJ ou le secrétariat à met en doute cette attente, personne ne met l'adoption à ce moment est avisé. À ce en doute cette impatience et tous nous moment-ci, la dernière étape, c'est le place- cherchons à trouver les solutions les plus ment de l'enfant chez les requérants. propices, les plus probables pour permettre à Alors, vous pouvez voir que c'est un ces parents de pouvoir concrétiser le plus processus assez complexe qui est long en rapidement possible leur rêve qui souvent, termes de délai parce qu'il y a justement malheureusement, est l'aboutissement d'un des ententes entre pays. Il y a aussi tout le très long cheminement. processus d'évaluation, d'une part, des Très souvent, avant d'adopter un requérants et des postulants et aussi on enfant, on y réfléchit longtemps. Il y a regarde les possibilités et les disponibilités à des conséquences importantes et des l'intérieur des autres pays. conséquences graves à la responsabilité de Tout ce temps, des délais s'accumulent. l'éducation, à la responsabilité morale Autant de délais pour les parents qui, avant d'éduquer un enfant. Je pense que les gens la phase de décision, devaient justement se qui veulent avoir des enfants le font décider à savoir si oui ou non ils se sérieusement et le font dans un élan sentaient aptes, habiles, capables d'accepter d'amour, dans un élan de partage et dans un les différences que pouvait inclure cette élan charitable aussi. À mon avis, il n'y a adoption. Une fois le processus fait, une fois que de nobles sentiments en cause quand on cette démarche faite, s'enclenche justement veut adopter un enfant. le processus officiel, tantôt par la Direction Par contre, Mme la Présidente, depuis de la protection de la jeunesse, tantôt par le le mois d'août dernier, le Secrétariat à secrétariat à l'adoption. l'adoption internationale a interdit les (12 h 10) adoptions d'enfants de certains pays, En effet il a pu arriver, au cours de notamment, le Guatémala, la république tout ce processus, certains malencontreux Dominicaine, l'Équateur, le Mexique et le accidents. Je pense qu'actuellement toutes Brésil parce que la loi sur l'adoption de ces les décisions ont toujours été prises à l'égard pays n'est pas compatible avec la Loi sur d'un enfant et des parents qui voulaient l'adoption du Québec. Ce que demande justement rendre la vie heureuse, actuellement le ministère de la Santé et des harmonieuse à un enfant, des parents qui Services sociaux par la voie du Secrétariat à voulaient donner un contexte chaleureux, l'adoption internationale, c'est que les gens quelquefois même, je pourrais dire, douillet à rendent leur loi sur l'adoption conforme à un enfant, pouvoir l'aimer, le chérir et le celle du Québec. Cette demande va à caresser. L'enfant a droit à la qualité de vie l'encontre de l'article 622.1 du Code civil du d'un milieu familial uni et stable. C'est Québec. Il est stipulé que le Tribunal de la pourquoi nous sommes - c'est vrai jeunesse, appelé à reconnaître un jugement 4898 d'adoption rendu hors du Québec, s'assure La reconnaissance d'un jugement que ce jugement a pour effet, en vertu de la d'adoption prononcé à l'étranger est régi par loi étrangère, de créer une filiation. Si l'article 622.1 du Code civil. Le lien de l'adoptant est domicilié au Québec au filiation dont il est question à cet article moment de l'adoption, le tribunal s'assure, en doit nécessairement s'entendre au sens du outre, que la demande a fait l'objet d'un droit québécois, articles 628 et 629 du Code examen par le département de la protection civil. Donc, le législateur a posé à cet de la jeunesse, et que l'adoptant a agi par article l'exigence de la rupture du lien de l'intermédiaire du ministre de la Santé et filiation avec le parent d'origine. des Services sociaux, du Directeur de la Le projet de loi 139, Mme la protection de la jeunesse et d'un jugement Présidente, donne le pouvoir de régle- reconnu par le ministre à cette fin. Ce que mentation au ministre qui viendra appliquer dit cet article, c'est que le Tribunal de la ce décret. Je comprends mal le système jeunesse doit vérifier que le jugement parlementaire qui veut qu'on puisse édicter d'adoption crée un lien de filiation en vertu des décrets et après adopter les lois qui de la loi étrangère. C'est l'interprétation auront des règlements dont on ne peut donnée dans le jugement du juge Dorion qui connaître la teneur actuellement. Pourquoi conteste et dénonce le rôle et les attitudes passer à de telles actions alors que tous du secrétariat à l'adoption. savent fort bien que les règlements peuvent Effectivement, le secrétariat à l'adop- se faire sans être acceptés par la majorité tion ne joue probablement pas actuellement des membres de l'Assemblée nationale? le rôle qu'il serait appelé à jouer. Son Pourquoi aussi tous ces changements sans rôle doit être repensé, modifié, mais pour ce faire appel à l'ensemble des gens qui sont faire, je pense qu'il est important qu'il y ait conscients que des améliorations s'imposent consultation pour savoir quelle est la dans le domaine de l'adoption internationale, meilleure façon pour le secrétariat à des parents qui sont d'accord pour qu'on l'adoption de jouer ce rôle et de permettre à puisse ouvrir le dialogue pour améliorer la l'ensemble des parents désireux d'élever une formule, parce qu'eux aussi doivent vivre famille, désireux d'aider et d'aimer des l'anxiété, eux aussi se sentent pris de enfants, de le faire le plus rapidement panique vis-à-vis de certaines attitudes? possible au moment où le processus de Les principaux concernés, ces parents demande est déclenché. pour qui l'intérêt est de prendre soin d'un Le mandat du secrétariat à l'adoption enfant et de donner le plus d'amour possible, est un mandat d'intermédiaire et celui-ci ne ces parents pour qui le sens de la vie prime peut s'arroger les droits qui sont accordés au toute autre intention, je pense qu'il aurait Tribunal de la jeunesse et par la suite été décent de prendre en considération leurs décider de couper tout lien avec les pays appels pour pouvoir écouter ce qu'ils ont à dont la loi sur l'adoption n'est pas dire avec d'autres intervenants du milieu. compatible avec les lois du Québec. Il (12 h 20) revient au Tribunal de la jeunesse de II faut voir souvent à quel point ces s'assurer que la loi étrangère créera un lien parents so sentent désemparés. Nous vivons d'affiliation pour l'enfant. actuellement un contexte assez spécial au La demande est forte au Québec pour Québec. À cause du mauvais fonctionnement l'adoption d'enfants et parce qu'on a oublié et des embûches mis par le secrétariat à certains pays dont les lois ne correspondaient l'adoption, certains couples font des pas à celle du Québec, un grand nombre adoptions privées, d'autres déménagent au d'enfants ne pourront plus faire l'objet Nouveau-Brunswick ou en Ontario et utilisent d'adoption et un grand nombre de parents des mécanismes juridiques de ces provinces seront lésés dans leurs aspirations les plus pour faire l'adoption. Ils sont reçus de façon naturelles et les plus profondes. plus humaine et leurs dossiers sont traités En effet, le décret 172886 adopté le 19 plus rapidement. Dans le même sens, novembre 1986 par le gouvernement - ce l'organisme Monde-Enfants propose des décret-ci - vient faire en sorte que enfants à des parents de l'Ontario ou du l'adoption simple est interdite, c'est-à-dire Nouveau-Brunswick privant ainsi les parents que si le lien d'adoption créé n'est pas celui du Québec d'enfants à adopter. du Québec, l'adoption est interdite. On vient Il est important de repenser le rôle du ainsi de léqaliser une pratique qui existait au secrétariat à l'adoption, du Directeur de la mois d'août dernier. Pourquoi la loi 139, protection de la jeunesse et des organismes actuellement, alors qu'au mois de novembre reconnus, afin de rendre leur intervention on émettait un décret à cette fin? Déjà, au plus efficaces. Des correctifs sont mois de novembre on stipulait que l'adoption nécessaires, et il revient au gouvernement de plénière avait seul droit de cité au Québec. légiférer de façon responsable et non pas de Les articles 628 et 629 du Code civil sont procéder par règlements comme il est très clairs à cet égard. Le législateur ne proposé dans le projet de loi 139. Je pense laisse subsister qu'un seul lien de filiation, que le gouvernement ne fait pas face à ses celui qui unit l'adopté et l'adoptant. reponsabilités par de tels processus. Il aurait 4899

été plus avantageux d'entreprendre une pénalités. Actuellement, c'est un gouverne- commission parlementaire à cet effet et ment, il ne faut pas se le cacher, qui n'y va d'ouvrir le dialogue avec les principaux pas de main morte pour les pénalités. Je intéressés qui ne demandent pas mieux que dirais même qu'il y va avec des dents de d'améliorer la situation dans laquelle ils se loup. Quelquefois, je pourrais même parler sentent plus souvent qu'autrement victimes. des dents de la mer. Comment peut-on se donner autant de Le projet de loi 139 prévoit des pouvoirs par réglementation? Où s'exerce la pénalités qui seront imposées à ceux qui démocratie? Le gouvernement nous démontre, voudraient faire une adoption privée sans une fois de plus, le peu de soucis qu'il a des passer par les intermédiaires. Très souvent, problèmes et des revendications des citoyens les couples sont forcés de faire des adoptions du Québec. Le gouvernement légifère à la privées à cause des politiques du secrétariat sauvette par décret dans un domaine aussi à l'adoption. Que ce soit pour retarder délicat que l'adoption internationale d'un l'entrée de l'enfant au Québec, les longs enfant. C'est d'enfants que nous parlons et délais dans l'évaluation des adoptants et des non pas de marchandises, de denrées. Ce enfants découragent les adoptants. Le sont des gens, ce sont des couples qui sont gouvernement devrait s'engager à régulariser impliqués dans le processus. Le gouvernement le plus tôt possible le statut des enfants a l'obligation morale de les écouter, de entrés au Québec plutôt que de traiter les légiférer en gouvernement responsable au vu adoptants en voleurs d'enfants en leur et au su de tous et non pas d'imposer ses imposant des pénalités, alors qu'ils sont eux- volontés par décrets et par règlements. Le mêmes victimes d'injustice. gouvernement agit en provocateur en disant Le projet de loi 139 ne légifère pas. aux gens: Vous n'êtes pas d'accord avec nos Les dispositions législatives seront dans les règlements, alors contestez devant les règlements. Nous demandons que les tribunaux! Je pense qu'une telle attitude de correctifs demandés par les adoptants, ces la part d'un gouvernement n'est pas une couples québécois désirant adopter un enfant attitude responsable. Quand on connaît les à l'étranger, soient apportés. Nous voterons coûts d'une contestation devant les tribunaux en faveur du projet de loi 139 et verrons à et quand on connaît dans quelle situation ce que les demandes et les intérêts des très souvent sont ces parents - ce ne sont couples soient entendus, et que ceux-ci ne pas toujours les parents les plus aisés et les soient pas brimés dans leur droit fondamental familles les plus aisées qui veulent vraiment de fonder une famille. adopter des enfants, ce sont des parents qui Mme la Présidente, il y a plein de ont du coeur au ventre, pour qui la notion causes en suspens actuellement. Il y a plein de famille est importante et qui ont le désir de parents au Québec qui ne savent pas ce de faire, des enfants, des adultes avertis et qui va arriver de leurs demandes et, s'ils responsables pour notre société - c'est leur pourront, un jour, réaliser leur voeu le plus rendre très mauvais service que de leur cher, le plus important dans la vie, celui de donner tout à fait comme seul moyen de créer un foyer et de donner de l'amour recours de contester devant les tribunaux. autour d'eux et de faire rayonner ces enfants Il y avait des moyens beaucoup plus pour qu'enfin ils puissent devenir des adultes simples. Il y avait une façon beaucoup plus responsables et leur permettre de jouer respectable soit celle qui permettait juste- pleinement leur rôle dans la société du ment d'entendre ces parents et d'ouvrir une Québec, notre pays, un pays d'avenir et un commission qui favorisait à l'ensemble des pays prospère. principaux intéressés un dialogue qui aurait Je pense que nous devrions aider ces permis d'améliorer les situations actuelles parents et nous devrions les écouter. Mme la que tout le monde est d'accord pour ministre, on fera notre possible pour que ces améliorer. Je pense que, déjà, un grand pas parents puissent être entendus et nous vous aurait été fait. Je crois que, quelquefois, on demanderons de prendre les moyens et les peut avoir réticence à ouvrir le dialogue mesures nécessaires pour qu'enfin on ne lorsque cela va dans tous les sens et dans prenne les parents, les adoptants, pour des toutes le directions. S'il y a un consensus, voleurs d'enfants, mais qu'on les accepte que ce soit les parents qui soient réquérants comme des gens responsables pour qui la vie, d'une adoption, que ce soit les gens pour qui donner de l'amour fait partie de appartenant à la protection de la jeunesse ou leurs priorités et demeure le plus grand que ce soit les principaux organismes, tous objectif de leur vie. Il faut qu'enfin leurs sont d'accord qu'il faut améliorer cette voix soient entendues pour leur permettre de situation, se mettre à table, discuter réaliser le rêve le plus important. ensemble et trouver les meilleurs moyens qui Il faudra repenser le secrétariat à permettraient justement à ces parents de l'adoption et il faudra vérifier avec les faire en sorte d'alléger leur anxiété et principaux intéressés la somme des problèmes d'alléger aussi tout le processus qu'ils ont à qu'ils ont dû vivre avant de pouvoir vraiment subir pour adopter un enfant. se sentir les parents des enfants qu'ils Le projet de loi 139 prévoit des avaient adoptés. Il y a là matière à réflexion 4900

et il y a là aussi une expertise considérable compte tenu de leur lieu d'origine auquel ils qui permettra d'arriver à trouver des ne pourront jamais renoncer, parce qu'on ne solutions beaucoup plus adaptées et beaucoup peut jamais renoncer à ses racines. Mme la plus humaines que ce projet de loi qu'on Présidente, je vous remercie. nous passe après décret et tout simplement pour permettre des règlements à la sauvette, La Vice-Présidente: Merci, Mme la au vu et au su de personne. députée de Marie-Victorin. M. le député de (12 h 30) Laurier. Mme la Présidente, j'espère que nos voix seront entendues par la ministre et M. Christos Sirros qu'elle fera en sorte que ces parents pourront, de concert avec les principaux M. Sirros: Merci, Mme la Présidente. Je organismes intéressés, avec les gens qui dois commencer en disant que je n'ai pas travaillent à l'intérieur de la DPJ, trouver très bien compris si l'Opposition est pour ou ces solutions qui permettront de rétablir la contre le projet de loi en question. J'ai cru situation, d'ouvrir d'autres pays qui ne font comprendre, dans une certaine partie du qu'une banque d'avantages pour l'ensemble discours de la députée de Marie-Victorin, que des parents désireux d'avoir un enfant. Je le gouvernement était accusé par l'Opposition rappelle qu'actuellement, dans les pays du de traiter les enfants comme s'ils étaient Guatemala, de la république Dominicaine, en matière à commerce, qu'on émettait des Équateur, au Mexique, au Brésil, parce que amendes, qu'on faisait des lois et des la loi d'adoption de ces pays n'est pas amendes avec des dents de loup pour ceux compatible avec l'adoption au Québec, les qui vont à l'encontre des lois en matière demandes ne peuvent être considérées. d'adoption. À la toute fin, la députée nous a Depuis le mois d'août dernier, dans ces pays, assurés qu'elle était convaincue que la adopter des enfants est interdit pour les ministre était de bonne foi dans toute cette Québécois et Québécoises qui désirent jouer affaire et la réponse à savoir si l'Opposition leur rôle de parents et fonder un foyer. Les est pour ou contre, moi, en tout cas, je ne parents adoptants sont trop malheureusement l'ai pas eue. En essayant de mêler toutes les considérés comme des voleurs d'enfants, alors choses ensemble, nous nous mêlons nous- que leur seul but est de fonder une famille, mêmes quelquefois. J'aimerais simplement ce qui, pour certains d'entre eux, représente rappeler à la députée de Marie-Victorin que d'énormes déboursés, dans certains cas, des les amendes qu'elle a dénoncées tout à sommes allant jusqu'à 10 000 $ ou l'heure ne sont pas des amendes comme 15 000 $. telles, qui sont prévues ici, mais des J'ose espérer qu'on pourra permettre a amendes déjà reconnues et qui existent dans l'ensemble des gens concernés et de bonne le projet de loi 55 adopté en 1983. Le projet volonté... Comme je connais la ministre qui de loi actuel ne vient, finalement, est une ministre de bonne volonté, je sais qu'opérationaliser de façon réelle le principe qu'elle va prendre ses responsabilités et faire qui a été consacré dans le projet de loi 55. en sorte que ces familles qui sont si C'est un pouvoir de réglementation que le désireuses de communiquer avec elle, de gouvernement se donne afin de pouvoir discuter avec elle pour faire valoir leur identifier à quelle étape chaque organisme va problèmes et de trouver des solutions intervenir dans le processus d'adoption pour pratiques, viables et humaines. Je sais qu'elle éviter d'avoir des situations qui sont au prendra la bonne décision pour que ces gens- détriment de l'intérêt des enfants, parce là puissent être entendus et que nous qu'il peut y avoir confusion quant au statut puissions nous repencher plus tard sur le légal de l'enfant selon les conditions qui projet, une fois que tout aura été bien prévalent dans leur pays d'origine. cerné, une fois qu'on aura trouvé des Il est clair que ce n'est pas la solutions, non pas de dernière minute et de première fois qu'on parle d'adoption en cette rapidité, mais des solutions qui permettront Chambre. Nous l'avons fait en 1980 et en de répondre vraiment aux aspirations de ces 1983. Cette Chambre se souviendra d'avoir parents. De cette façon, l'adoption fait le choix, à ce moment, d'accorder à internationale sera beaucoup plus humaine et l'adoption plénière le droit de cité au permettra aux parents et à ces enfants de Québec au détriment de l'adoption simple. pouvoir vivre d'une façon beaucoup plus C'est un choix que la Chambre avait fait à humaine et sans heurts. l'unanimité à ce moment-là, puisque Je termine en disant à la ministre que l'adoption simple ne rompt pas le lien notre plus grand souhait est que les enfants naturel avec la famille d'origine de l'adopté, qui viendront ici au Québec seront dans une qui conserve ainsi des droits et des terre accueillante, une terre qui leur obligations relativement à cette dernière. permettra de devenir de bons citoyens, qui Avec l'adoption simple, le lien juridique avec répondra aux objectifs des parents et qui le parent d'origine demeure. Même si les permettra de trouver des moyens de liens sont socialement rompus dans le vécu favoriser la plus grande intégration possible, quotidien, l'adopté a un statut juridique 4901 différent de celui de l'enfant québécois. de procurer à des familles des enfants L'adoption plénière, quant à elle, abandonnés mais bien de trouver pour un consacre la rupture complète du lien de enfant abandonné une famille. C'est une filiation avec la famille d'origine et la distinction importante dans l'approche que création d'un lien de filiation unique qui unit nous devons avoir à l'égard de l'adoption l'enfant à l'adoptant. Il ne subsiste donc internationale." aucun lien juridique ou social avec la famille L'actuelle ministre de la Santé et des d'origine. Les articles 628 et 629 de notre Services sociaux, critique de l'Opposition à Code civil sont clairs à cet égard, Mme la l'époque, affirmait dans le même sens: "Le Présidente. problème qui se pose pour les parents du L'option de l'adoption plénière avait Québec qui désirent adopter un enfant c'est donc et a toujours pour but d'assurer la vraiment de concilier - il ne faut jamais sécurité psychologique et juridique de perdre cela de vue - ce désir fort légitime l'enfant et de ses parents adoptifs. Pour un d'une famille de vouloir adopter un enfant et enfant né hors Québec, de nombreux le droit des enfants eux-mêmes. S'il y a un problèmes peuvent se poser du fait d'être choix à faire entre les deux, c'est le droit adopté dans un pays autre que celui dont il de l'enfant qui doit être d'abord considéré et est originaire. Or, plus sa situation juridique qui ne doit pas être soumis à toutes sortes sera incertaine, davantage il se sentira d'aléas qui émanent des meilleures intentions écartelé entre son pays et sa famille du monde." d'origine d'une part et son pays et sa famille Au moment où a été adopté le projet d'adoption d'autre part. de loi 55, l'Opposition et le gouvernement en Il est donc essentiel de pallier place étaient tous deux d'accord avec le l'insécurité liée au fait que l'enfant puisse principe de la priorité à accorder à l'unité légalement appartenir à deux familles. Il familiale pour le bien-être et le développe- importe également que la famille adoptive ment de l'enfant et le droit de l'enfant à puisse bénéficier d'une certaine stabilité, une qualité de vie dans son milieu d'origine. parce que ce qui guide le projet de loi que Ils étaient d'accord aussi pour reconnaître nous avons devant nous, c'est effectivement que la vie dans un milieu familial stable et l'intérêt premier de l'enfant. Il faut qu'on uni du pays d'origine de l'enfant, même si puisse s'assurer que les adoptions sont des les conditions de vie sont difficiles, doit être adoptions plénières pour que l'enfant puisse préférée à l'adoption internationale. Il est avoir cette stabilité psychologique, ainsi que également essentiel que soient respectés la la famille. Sans cela, on peut souvent se volonté et le consentement des parents retrouver dans des situations qui nuisent à biologiques d'un enfant susceptible d'être l'enfant et à son épanouissement. adopté, en toute connaissance des effets et Outre la normalisation du statut de conséquences de l'adoption. l'enfant adopté, les principes fondamentaux (12 h 40) de l'adoption posent d'autres constats. Lors En présence d'un enfant abandonné, de la deuxième lecture du projet de loi 55, l'adoption peut par ailleurs constituer pour en 1983, le ministre de l'époque disait à ce cet enfant un moyen approprié de retrouver propos: "II faut s'assurer que le premier droit un milieu familial susceptible de lui fournir d'un enfant, du tiers monde ou d'ailleurs, est les éléments nécessaires à un épanouissement d'abord d'appartenir à une famille et cette harmonieux. Il n'en demeure pas moins que famille, dans la meilleure des hypothèses, de plus en plus d'organismes internationaux doit être sa famille d'origine, dans son pays prennent officiellement position et s'in- d'origine." quiètent du nombre d'enfants qui partent Le principe de l'adoption internationale en adoption transnationale. Ainsi, les 33 pays est identique à celui de l'adoption locale. Il représentés au douzième congrès de vise à procurer, sur une base stable, à l'Association internationale des magistrats de l'enfant qui en est privé, l'environnement la jeunesse et de la famille, tenu en août familial, parental et affectif requis pour dernier au Brésil, ont adopté à l'unanimité réaliser son épanouissement personnel et lui des résolutions qui visent à aider, à assurer le maximum de sécurité. Dans ce supporter la famille et à éviter au maximum contexte, les droits des adoptants sont de retirer l'enfant de son milieu. L'adoption secondaires à ceux de l'enfant, Mme la internationale est considérée comme une Présidente. Le bonheur du couple qui peut solution exceptionnelle. être ainsi réalisé ou la volonté de personnes La Déclaration universelle des droits de désireuses de contribuer à apaiser la misère l'enfant en 1959, la Convention de La Haye ne doit être considéré que comme des effets du 15 novembre 1965 et le projet de secondaires. Le respect de la personne de déclaration sur les principes sociaux et l'enfant, sujet de droit à part entière, juridiques applicables à l'adoption et au commande une telle orientation. L'ex- placement familial d'enfants sur le plan ministre responsable du projet de loi 55, national et international de l'ONU, daté du 8 l'actuel chef ' de l'Opposition, mentionnait septembre, abondent tous dans le sens des effectivement à cet effet: "II ne s'agit pas principes affirmés au Code civil du Québec 4902 et à la Loi sur la protection de la jeunesse. fique. Les pays du tiers monde acceptent de plus En terminant, j'aimerais simplement en plus mal de jouer le rôle de pourvoyeurs répéter que ce qui guide ce projet de loi d'enfants ou, dans certains cas, de se faire c'est effectivement l'intérêt premier des des complices tacites, par leur incapacité enfants. C'est un projet de loi qui permettra d'agir, de trafic d'enfants. effectivement d'opérationaliser sans am- En plus de l'aspect essentiel du respect biguïté, de clarifier les ambiguïtés qui de l'égalité et des droits de l'enfant par la existent quant au statut de l'enfant adopté reconnaissance d'un lien de filiation unique, par adoption internationale, de s'assurer que les modifications législatives de 1983 étaient c'est l'adoption plénière qui est la règle au donc justifiées par des motifs très sérieux. Québec, parce que c'est l'adoption plénière On a voulu, en identifiant légalement les qui permet une filiation unique qui sert le intermédiaires, freiner les adoptions faites mieux l'enfant et sa famille. Merci. par des intermédiaires privés et le trafic d'enfants dans les pays en palliant à La Vice-Présidente: Merci, M. le député l'exploitation des couples trop empressés de Laurier. M. le député de Gouin. d'adopter un enfant étranger. On a voulu également s'assurer du respect de la portée M. Jacques Rochefort du consentement des parents d'origine. En même temps qu'on a voulu éviter M. Rochefort: Merci, Mme la Prési- les adoptions boiteuses et peu claires quant dente. Je voudrais prendre un certain nombre aux démarches suivies, les dispositions de la de minutes pour aborder quelques-uns des loi 55 de l'époque relativement à la éléments qui me semblent particulièrement reconnaissance des adoptions prononcées par importants dans le cadre de l'étude du projet un tribunal étranger soulèvent des difficultés de loi 139 et qui traitent de cette question d'application et d'interprétation. Ce dernier de l'adoption internationale. point est d'ailleurs l'objet de nombreux Il faut voir, à partir même du court litiges. Depuis 1983, il semble, malgré la débat que nous avons connu ici depuis la volonté du législateur voulant assurer la dernière heure et aussi à partir de sécurité psychologique et juridique de nombreuses remarques, de nombreuses l'enfant et de ses parents adoptifs, qu'il représentations qu'ils nous ont faites dans subsiste de nombreuses interprétations des nos circonscriptions électorales à l'occasion règles applicables à l'adoption internationale, de rencontres avec des groupes organisés qui notamment en ce qui concerne la notion sont directement concernés par ces questions, d'intermédiaire et le rôle qui lui est confié. combien la question de l'adoption interna- De nombreuses situations confuses ont amené tionale est une question importante. C'est ces ambiguïtés. une question qui touche à un nombre de plus C'est compte tenu de cette situation et en plus grand de familles du Québec et qui du fait qu'ils doivent attendre de trois à suscite non seulement un intérêt qui est cinq ans avant d'accueillir un enfant que grand mais qui suscite beaucoup certains requérants, pour la plupart qui ont d'insatisfactions, qui suscite beaucoup de connaissance des exigences de la loi et des frustrations chez les hommes et les femmes conséquences de leur décision, ont alors qui doivent vivre avec les règles que nous adopté privément l'enfant dans le pays avons adoptées - oui, je le reconnais, comme étranger. Plus souvent qu'autrement, c'était le disait le député de Laurier - à l'unanimité une adoption simple. Un bon nombre des membres de cette Chambre au cours des d'enfants se trouvent donc présentement au dernières années. Québec dans une situation irrégulière, c'est- Comme me le disait récemment un à-dire sans l'autorisation du secrétariat, avec couple de mon comté pour lequel j'ai déjà ou sans jugement d'adoption émanant du pays communiqué avec la ministre de la Santé et d'origine, avec ou sans examen du Directeur des Services sociaux, comme il me le disait, de la protection de la jeunesse. la décision d'adopter un enfant est au fond L'adoption internationale exige donc une encore plus difficile et plus profonde et plus assise juridique sans laquelle tout modèle compliquée surtout pour un couple que celle d'intervention risque d'être voué à de décider d'avoir un enfant naturellement l'incertitude, l'insécurité, sinon l'échec à long lorsqu'on le peut. Non seulement doivent-ils terme. Il faut donc affirmer de nouveau et prendre cette décision d'en arriver à ce avec force la position du législateur à stade qui est celui de dire puisque nous compter de 1980 et la règle de droit qui a n'aurons pas d'autres enfants ou pour été édictée. Le gouvernement actuel veut, d'autres raisons nous souhaitons définitive- par le projet de loi qui est devant nous, ment, après mûre réflexion, adopter un réaffirmer cette volonté d'assurer la sécurité enfant, mais une fois que cette décision est psychologique et juridique de l'enfant et de prise, reconnaissons que pour des raisons ses parents adoptifs en apportant les modifi- objectives que ce couple entre dans une cations nécessaires à la loi afin que son mécanique qui est longue, complexe, délicate application soit encore plus claire et spéci- et s'échelonne sur un certain nombre 4903 d'années. Finalement, contrairement à un ces mécanismes, cela pourrait être fait dans couple qui peut ou qui décide d'avoir des une forme et à partir d'un processus parle- enfants naturellement, où l'attente est mentaire qui irait chercher un plus large généralement de neuf mois de grossesse et, à appui chez ceux et celles qui sont directe- l'occasion, de quelques mois qui précèdent ce ment concernés, qui fassent en sorte qu'on début de grossesse, pour ces hommes et ces connaisse mieux la procédure et les fonde- femmes qui ont décidé de constituer une ments de cette procédure pour diminuer famille à partir d'un enfant adopté, pour des considérablement ces sources d'insatisfaction, raisons à eux, ce temps d'attente est très d'amertume, de frustration, de déception que long dans bon nombre de cas et c'est très vivent trop souvent les hommes et les difficile à supporter, sûrement tout autant femmes qui ont choisi de fonder ou de que pour un couple qui tente d'avoir compléter leur famille grâce à l'adoption naturellement des enfants et pour qui ça internationale. En ce sens, Mme la prend un certain temps à y parvenir. Présidente, je veux personnellement suggérer Comme je le disais, l'ensemble des à la ministre de la Santé et des Services démarches, des procédures à suivre, des sociaux, à son groupe parlementaire, que évaluations qui sont faites font en sorte nous choisissions ce sujet pour réaliser un qu'on se retrouve avec des situations où bon mandat d'initiative de la commission ou nombre de ces couples sortent de cette d'une sous-commission de la commission des expérience, de vivre tout le processus affaires sociales de notre Assemblée pour d'adoption, insatisfaits, frustrés, déçus et que, profitant d'un sujet qui n'est pas l'objet parfois même, malheureusement, amers de d'un débat partisan, mais d'un débat de toute cette expérience personnelle qu'ils ont société important, nous puissions, au cours du dû vivre avec souvent, pour aboutissement, printemps qui s'en vient, confier à une sous- après quatre, cinq ou six années, une réponse commission de la commission des affaires négative. sociales un mandat d'initiative, donc, un Je crois que nous devons être sensibles mandat donné conjointement par l'Opposition à ces difficultés humaines très grandes que et la majorité ministérielle à un groupe de vivent ces hommes et ces femmes qui représentants de ces deux formations subissent un processus comme celui-là. politiques pour faire le point sur cette Malgré les gestes qui ont été posés, malgré question. le geste que la ministre nous demande de Comme je le disais tantôt, c'est pour poser ce matin et auquel nous souscrivons, je entendre les hommes et les femmes qui ont crois que nous devons poser, comme eu et qui gèrent ces mécanismes et pour Assemblée nationale, un geste plus large, entendre les hommes et les femmes qui ont plus important, plus profond, qui, d'une part, subi avec ou sans succès ce processus et nous permettrait de nous refaire une tête sur pour discuter avec des groupes, des cette question. Justement peut-être de faire associations et des individus qui ont des un premier bilan de ces nouveaux propositions à nous faire pour améliorer ces mécanismes, de ces nouvelles procédures que mécanismes que nous avons mis en place. nous avons mis en place au cours des Ensuite, entre nous les membres de dernières années, au cours duquel aussi nous l'Assemblée, pour que nous puissions, dans la pourrions discuter, d'une part, avec les mesure du possible, apporter des amende- hommes et les femmes qui ont eu à ments, apporter des changements à ces administrer, à gérer ce processus, que ce mécanismes qui iraient dans le sens de soit le Secrétariat à l'adoption, que ce soit donner une plus grande satisfaction, de les directions de la protection de la jeunesse faciliter les choses tout en maintenant des qui sont impliquées dans ce processus. principes clairs, importants et fondamentaux (12 h 50) auxquels nous tenons tous comme membres Nous pourrions aussi de le faire avec de cette Assemblée et comme membres de les hommes et les femmes qui ont vécu avec la société tout entière. Cela pourrait aussi plus ou moins de succès tout ce processus au minimum faire oeuvre pédagogique, c'est- comme parents qui ont fait une demande à-dire permettre à des gens de se faire d'adoption et qui ont été pendant une entendre et permettre aux membres de période x, y, z, en attente d'un enfant et l'Assemblée de mieux expliquer et de mieux qui ont connu un résultat positif ou négatif justifier les choix qui seront faits quant aux et qui ont donc eu l'occasion de réfléchir à processus qui devront être maintenus ou qui toutes les implications, à toutes les devront être respectés. Nous ne pouvons conséquences de ce vécu, de subir ce long maintenir, en ce qui me concerne, ce climat, processus pour eux, et qui pourrait venir cet état d'esprit qui entoure l'adoption éclairer les membres de l'Assemblée internationale depuis un certain nombre de nationale sur des modifications qui pourraient mois au Québec. être apportées à ces différents mécanismes Je le répète, je ne fais de reproche à que nous avons préparés au cours des personne. Je constate humainement qu'il y a dernières années. un problème et que nous devons reconnaître Si jamais nous décidions de maintenir qu'il y a un problème. Nous devons être 4904 sensibles aux situations que vivent et que réflexions entourant les questions de démo- nous témoignent les familles qui ont vécu graphie. des expériences, à l'occasion malheureuses. Donc, je conclus mon intervention - Compte tenu de l'importance que nous puisque non pas mon temps mais le temps de accordons, oui, aux enfants concernés et de notre Assemblée semble s'achever - en disant l'importance aussi que nous accordons aux que nous souscrivons au projet de loi. Tant hommes et aux femmes qui choisissent de mieux si ce projet de loi peut permettre de fonder ou de compléter leur famille par régler un certain nombre de cas qui l'adoption internationale, qui choisissent de pourraient survenir dans les semaines et les poser un geste pleinement normal qui est mois qui viendront. Nous en serons fiers. celui d'avoir une famille, nous devons pouvoir Nous voulons aussi qu'on saisisse cette leur permettre de le faire dans un cadre où, occasion d'avoir justement un débat qui ne dès le départ, ce sera source de joie, ce soit pas source de discussions partisanes sur sera source de motivation, ce sera source de une question importante pour un assez grand déploiement d'énergies nouvelles, de mo- nombre d'hommes et de femmes du Québec, tivations autour de l'avènement heureux pour qu'on se penche, dans un cadre non qui est l'arrivée d'un enfant dans une famille partisan, sur cette question et que nous en et non pas d'en arriver à un aboutissement arrivions à des consensus avec les de la venue ou du souhait de la venue d'un intervenants, avec les hommes et les femmes du Québec qui vivent, qui ont vécu ou qui enfant qui est toujours un événement seront appelés un jour à vivre ce processus, heureux, comme nous y arrivons à l'occasion pour en arriver à quelque chose de plus par des processus d'adoption internationale positif en termes d'aboutissements et de avec des résultats qui ne sont pas résultats, et qui tiendra compte de nos satisfaisants et des résultats qui sont plutôt réflexions et des décisions que nous devrons source souvent, malheureusement, de prendre dans les prochains mois, autour de déceptions et de frustrations, même si je notre politique de la famille et autour des reconnais que dans bon nombre de cas aussi, réflexions que nous menons quant à l'état de l'aboutissement est heureux et que ces gens la démographie au Québec. fondent des familles qui rendent heureux parents et enfants et qui font aussi que, de Je conclus en souhaitant que non seule- cette façon, les Québécois et les Québécoises ment nous adoptions ce projet de loi, Mme fondent de plus en plus de familles qui, faut- la Présidente, mais qu'aussi nous donnions il le rappeler, sont le centre important de suite rapidement à cette suggestion que je vie de l'ensemble de notre société. Donc, je fais à l'Assemblée pour que l'adoption fais cette suggestion en mon nom personnel internationale soit vraiment un sujet positif, afin que nous nous donnions un mandat un sujet encourageant, un sujet motivant d'initiative par une sous-commission de la pour l'ensemble des hommes et des femmes commission des affaires sociales pour étudier qui choisissent de fonder ou de compléter ces questions. leur famille de cette façon. Je vous Je veux aussi dire qu'en ce qui me remercie. concerne, il faudra réfléchir à cette question avec en tête continuellement cette La Vice-Présidente: Merci, M. le député préocuppation, de plus en plus forte dans de Gouin. Mme la ministre de la Santé et notre société et ici même a l'Assemblée des Services sociaux. nationale, d'en arriver à une politique de la famille au Québec. Lorsqu'on parle d'adoption internationale on parle aussi de la famille du Mme Lavoie-Roux: Mme la Présidente, Québec. Lorsqu'on parle de la famille au compte tenu de l'heure, j'aimerais demander Québec on doit aujourd'hui parler de plus en l'ajournement du débat pour que je puisse plus de la nécessité d'en arriver à une exercer mon droit de réplique, qui sera politique de soutien aux familles du Québec. relativement bref, mais qui doit être fait. Je veux qu'on ait cette préoccupation aussi Merci. lorsque nous discutons de cette question de l'adoption internationale de la même façon La Vice-Présidente: Est-ce que cette qu'il faut trouver une façon de l'intégrer à cette nouvelle réflexion de politique de la motion est adoptée? population compte tenu de l'état de la démographie au Québec où on a un taux de Des voix: Adopté. natalité de plus en plus faible, c'est-à-dire une diminution effarante de notre taux de natalité. Si l'on veut trouver d'autres moyens La Vice-Présidente: Adopté. Compte de continuer à se développer, à grandir et à tenu de l'heure, nous allons suspendre nos grossir comme peuple il faut alors intégrer travaux jusqu'à 15 heures cet après-midi. la question de l'adoption internationale dans cette préoccupation quant à nos politi- (Suspension de la séance à 13 heures) ques de population et donc quant à nos 4905

(Reprise à 15 heures) Au sujet de l'emploi, il n'y a pas eu de création d'emplois au Québec, en chiffres Motion de censure proposant que absolus, depuis que le gouvernement libéral l'Assemblée blâme le gouvernement est là. En effet, le mois de janvier 1986 d'affaiblir le caractère français du était un mois record, depuis un certain Québec, de démanteler les instruments nombre d'années, quant au nombre d'emplois de développement économique et d'avoir que nous avions atteint, c'est-à-dire renié ses promesses électorales 2 890 000 emplois au Québec. Au mois de à l'égard des jeunes novembre, donc, onze mois plus tard, il y a encore 2 890 000 Québécoises et Québécois Le Président: Veuillez vous asseoir, s'il au travail. Cela s'appelle l'échec d'une vous plaît! En vertu d'un ordre de cette politique en matière d'emploi qui devait, Assemblée de jeudi dernier et également en priorité prioritaire là-dessus aussi, M. le vertu de l'article 304 du règlement, le chef Président, donner de l'espoir, du travail, une de l'Opposition présente cet après-midi une façon de vivre sa vie de façon satisfaisante motion de blâme qui se lit comme suit: "Que pour des milliers de nos concitoyens. Au cette Assemblée blâme le gouvernement moins 80 000 personnes déçues, puisqu'on libéral d'affaiblir le caractère français du avait promis 80 000 emplois. Québec, de démanteler les instruments de Deuxièmement, le gouvernement libéral développement économique dont s'est dotée n'a rien fait pour les jeunes depuis qu'il est la société québécoise et qu'elle le blâme en place. Non seulement n'a-t-il rien fait, également d'avoir renié les promesses mais également, jusqu'à maintenant il n'a pas électorales du Parti libéral, notamment à répondu aux attentes qu'il avait suscitées. l'égard des jeunes et de ceux et celles dont Qu'on pense, par exemple, à la réforme de la situation économique et sociale est l'aide sociale, à cette promesse faite à fragile." quelque 75 000 assistés sociaux de moins de Sur cette motion de blâme, en vertu de 30 ans, qu'ils et qu'elles bénéficieraient de l'article 304 de notre règlement, je vais la parité de l'aide sociale, c'est-à-dire qu'au reconnaître le proposeur, c'est-à-dire le chef lieu de recevoir 163 $ par mois, ces gens-là de l'Opposition. auraient autour de 455 $ par mois. Rien n'est fait dans ce domaine encore. M. Pierre Marc Johnson On assiste essentiellement à un retour sur la planche à dessin commandé par le M. Johnson (Anjou); Merci, M. le premier ministre à l'égard du ministre du Président. Je relis le texte de cette motion Travail et de la Main-d'Oeuvre, comme on dont vous avez fait lecture pour m'assurer assistera sûrement, d'ici à quelques jours, à que nos collègues d'en face, en particulier, un ordre de retour sur la planche à dessin à aient l'occasion d'y réfléchir un peu: "Que la ministre des Affaires culturelles pour cette Assemblée blâme le gouvernement qu'elle refasse ses devoirs en matière libéral d'affaiblir le caractère français du linguistique. Québec, de démanteler les instruments de La parité de l'aide sociale n'a pas été développement économique dont s'est dotée accordée. On a même renié formellement ces la société québécoise et qu'elle le blâme promesses. Un gouvernement qui, à l'élection, également d'avoir renié les promesses s'est présenté avec des priorités prioritaires électorales du Parti libéral, notamment à et n'en fait rien. l'égard des jeunes et de ceux et celles dont Les frais de scolarité, même chose. On la situation économique et sociale est la plus n'est pas obligé d'attendre, on n'a qu'à fragile." entendre ce qui se passe dans un pays Cette motion traduit notre déception et comme la France, un pays où on dit que la celle de la population à l'égard d'un gouver- jeunesse est tout aussi démobilisée que la nement qui promettait de faire de l'emploi, jeunesse québécoise, mais qui n'a pas accepté de la jeunesse, de la santé, des finances qu'un gouvernement s'en prenne aux règles publiques et de la langue sa priorité qui permettent l'accessibilité à l'enseigne- "prioritaire". C'était tellement une priorité ment supérieur. Et pourtant, ce gouverne- "prioritaire" que le résultat, dans l'ensemble ment, qui avait promis le gel des frais de de ces secteurs, est un échec non seulement scolarité pendant la campagne électorale, a pour le gouvernement, mais pour les citoyens permis que le ministre de l'Éducation qui, après un an de vie de ce gouvernement autorise l'augmentation des frais dits libéral, se retrouvent avec des promesses afférents, les frais d'inscription, de papeterie brisées, des espoirs déçus, des attentes et autres. À ma connaissance, M. le auxquelles on n'a pas répondu et un Québec Président, ces frais qui ont été augmentés de qui, en pratique, s'affaiblit. Il s'affaiblit sur façon extrêmement substantielle partout sur le plan linguistique, en termes d'emplois et le territoire du Québec dans les universités en termes d'instruments collectifs que nous ne l'ont pas été dans un contexte d'inflation nous sommes donnés pour faire progresser le particulière au cours de l'année dans ses Québec depuis un certain nombre d'années. produits ou ses productions de services 4906 universitaires. Cette conception qu'a le gouvernement Un gouvernement qui, à l'égard des tout à fait idéologique, tout à fait jeunes, était censé produire la Corporation doctrinaire du développement économique est d'investissement jeunesse dont on connaît en train non seulement de faire perdre des l'historique, qui a été créée avant la emplois, non seulement de gaspiller un dernière élection par le gouvernement qui a potentiel d'argent qui servirait à investir, à précédé celui de l'actuel premier ministre, la développer et à créer de l'emploi, mais est Corporation d'investissement jeunesse qui en train de priver le Québec d'un certain visait à dire à ces gens d'affaires qui sont nombre d'instruments. préoccupés par l'état de l'emploi des jeunes (15 h 10) d'aujourd'hui, je le sais: Puisque vous en êtes II n'y aurait pas à Windsor, Québec, préoccupé, impliquez-vous. Il ne manquait près de Sherbrooke dans les Cantons de l'Est, que les mesures fiscales pour appliquer ce un investissement de près de projet. Les personnes étaient contactées, les 1 000 000 000 $ qui va permettre à Domtar objectifs étaient donnés, la sensibilisation et d'être une entreprise qui demeure même la mobilisation de ce milieu étaient concurrentielle sur le marché américain s'il prêtes et, douze mois après, M. le Président, n'y avait pas eu Dofor, société d'État. rien n'est encore fait, sinon probablement un Pourquoi? Ce n'est pas compliqué. Quand la spectacle électoraliste que nous réserve le Société générale de financement, par Dofor, premier ministre mercredi prochain, je crois, et la Caisse de dépôt et placement avec des gens du milieu des affaires, pour contrôlent une multinationale comme Domtar, nous apprendre que la Société d'investisse- cela permet que les décisions de nouveaux ment jeunesse va voir le jour, douze mois en investissements se fassent en fonction des retard. Des centaines d'emplois, des milliers intérêts des Québécois. d'espoirs gaspillés à des fins partisanes pour Je le dis en tout respect pour les gens faire une belle fin d'année pour le Parti du milieu des affaires qui appartiendraient à libéral. Ce n'est pas une belle fin d'année d'autres groupes ou d'autres tendances, il est pour les jeunes. évident que vous ne pouvez pas demander à Un gouvernement qui, en même temps, des gens du Wisconsin, de Chicago, de ne se préoccupe pas des régions, on l'a vu, l'Alberta, de la Colombie britannique et que ce soit dans la réduction des budgets surtout pas de l'Ontario, quand ils ont le dans le secteur du transport, dans le secteur choix dans l'implantation entre deux sites, un de l'aménagement, dans le secteur du au Québec et un dans leur coin, vous ne développement régional, dans le secteur du pouvez pas leur demander de choisir, pour la transport aérien, avec la gaffe monumentale couleur de nos yeux, que ce soit au Québec. de Quebecair qui, elle, fait partie de cet Le développement économique est un autre volet pour lequel, M. le Président, nous rapport de forces, M. le Président. L'histoire blâmons l'actuel gouvernement de son du Québec est marquée par une vision des inaction ou de ses actions négatives. intérêts supérieurs de l'économie canadienne, En termes d'emplois, qu'est-ce que la par l'État fédéral, le gouvernement ontarien, privatisation a donné depuis un an au le grand système bancaire, une vision qui Québec? Cela a donné 737 emplois directs n'avait de supérieur que le lac qui porte ce qui ont été perdus à la suite de ces quatre nom et qui est en Ontario. Un des privatisations: dans Cambior, 30 employés de contrepoids que les Québécois ont trouvé SOQUEM; dans la raffinerie de sucre, 143 depuis 20 ans pour s'assurer que des investis- pertes d'emploi sans compter, évidemment, sements massifs se fassent sur leur les effets sur les producteurs agricoles; dans territoire, c'est la participation de l'État Quebecair, 274 emplois; au Manoir Richelieu, québécois à ces investissements, au contrôle on n'en parle même pas, près de 300 de ces décisions économiques, pour faire employés qui sont remis en cause. jouer un réseau d'intérêts parce qu'il n'y a En soi, M. le Président, la privatisation rien de mauvais en soi dans un réseau ne génère pas d'emplois. Quand on décide de d'intérêts; s'il sert les intérêts de la privatiser une entreprise qui appartient à collectivité, en termes d'emplois, c'est une l'État, ce à quoi on assiste c'est au déplace- bonne chose. ment d'une masse d'épargne au Québec vers Ma foi, M. le Président, si j'étais vice- le contrôle d'une entreprise existante et non président, moi, d'une entreprise ontarienne, pas de nouveaux investissements. Les d'une banque, par exemple, ayant son siège 150 000 000 $ de Cambior, c'est de l'argent social à Toronto, le gros de ses activités à qui est passé des goussets d'un certain Toronto, quand je prends des décisions, je nombre de personnes qui avaient de m'arrangerais sûrement pour qu'elles soient l'épargne, ou des entités corporatives qui en du domaine de la rentabilité et qu'elles aient avaient, qui est passé simplement pour des retombées structurantes à moyen et à acheter le contrôle d'opérations existantes. long terme sur mon entreprise, qu'on puisse Pas un emploi de créé. Au contraire, des en tirer des profits. emplois perdus chez les entreprises qui ont Si j'avais le choix entre deux sites été privatisées. équivalents, je choisirais le site qui va 4907 donner des emplois à mes beaux-frères, mes me dit qu'il va y penser. Je comprends belles-soeurs, mes cousins et mes amis. C'est qu'avec ce qu'ils sont en train de faire, M. normal. C'est comme cela que ça marche le Président, qu'il préfère faire cela le soir dans le secteur privé. Le secteur privé au et de préférence la nuit. Pas le soir, la nuit! Canada est concentré en Ontario. Et un des Ce sont des gens qui ne sont pas très forts, contrepoids à cela, ce n'est pas compliqué, M. le Président, sur le plan de l'application c'est l'État québécois. Ce n'est pas par des lois, surtout pas en matière linguistique: idéologie que l'État québécois est présent la mollesse, le mauvais signal envoyé dans la dans l'économie. Il a été là, pour des fins de société, non seulement le set carré auquel développement économique, dans une relation participe la ministre qui m'a l'air d'être, de rapport de forces avec l'Ouest canadien comme on dit dans les sets carrés, la et, particulièrement, l'Ontario. câleuse du set carré. Un autre qui joue du Ce gouvernement, M. le Président, fait ruine-babines. Je pense ici, M. le Président, semblant de ne pas comprendre. Il est en à cette politique linguistique que cherchait le train d'aller chercher un gain de capital ministre des Communications auprès du rapide, vite fait dans des grands secteurs ministre de la Justice, qui nous explique que, d'intervention de l'État québécois qui servent poursuit, poursuit pas, cela dépend des à investir à nouveau et à créer des emplois? semaines pendant que se détériore la Pourquoi? Pour régler les problèmes de situation. finances publiques, nous dit le premier Un gouvernement visiblement mal à ministre. Je lui en reparlerai dans quelques l'aise avec cette question, pas bien dans sa minutes. peau. Pourquoi? Parce que, M. le Président, On va de scandale en scandale dans il n'a pas d'orientation claire en matière cette approche. Le scandale des 60 plaintes linguistique et parce qu'il veut tout ramener de groupes de citoyens dans les régions à la à des questions de nature technique, alors Commission des transports fédérale, dans le que la question linguistique se pose bien au- cas de Quebecair. La perte de cette delà des dimensions techniques chez nous. présence québécoise au chapitre des ligues Ce n'est pas inscrit dans la loi 101 majeures de l'industrie aéronautique au que, quand vous allez chez un dépanneur de Canada. Quand on sait que la compagnie la rue Saint-Laurent à Montréal, on devrait Pacific Western, qui vient d'acheter CP Air, a s'adresser à vous en français d'abord. Cela été formée à partir de l'équivalent de ne sera jamais stipulé dans les lois du Quebecair par le gouvernement de l'Alberta, Québec. On n'a pas besoin de faire cela. Si il y a un certain nombre d'années. Quand on certains pays ont choisi de le faire, si sait maintenant qu'il y a au Canada certains pays se battent encore autour de ce l'équivalent d'un monopole partagé - pas type d'enjeu, on ne fera pas cela au Québec. partagé dans le secteur privé - entre Air On le sait. On n'est pas en Albanie, ici. Ce Canada et CP Air, maintenant contrôlé par ne sera jamais inscrit dans la loi que les Pacific Western, dont l'origine est albertaine gens doivent d'abord s'adresser à vous en et qui a été privatisée non pas d'une façon français, mais cela se passait, M. le aussi irresponsable que ce qu'on a vu ici, M. Président, depuis une dizaine d'années. Des le Président, mais par une dilution graduelle efforts systématiques étaient faits par les du capital auprès des citoyens de l'Alberta. gens de la communauté anglophone ou les Cela a donné un instrument puissant à gens des communautés culturelles qui, de l'Ouest. plus en plus, avaient tendance à s'intégrer Le Québec, depuis que ce gouvernement dans leur vie de tous les jours à la majorité est en place, a fait exactement le contraire. québécoise sur le seul territoire où il y a Les Québécois sont maintenant condamnés à une majorité de francophones en Amérique faire voler des avions des années cinquante du Nord. dans les régions en donnant de mauvais Ce n'est pas non plus, M. le Président, services, tout cela au nom de la marqué dans la loi 101 que de grandes privatisation, alors qu'on a perdu près de 300 entreprises dans le secteur des emplois hautement payés, importants, dans le communications au Québec - je pense par secteur de l'aviation au Québec. Les exemple à Cossette et associés pour ne francophones ont toujours dû se battre pour nommer que celle-là - devraient faire les être présents dans le secteur aérien au campagnes nationales pour les produits de Canada et au Québec. Le gouvernement, lui, consommation, je pense ici à de grandes a jeté le gant parce qu'il ne voulait pas se chaînes de restauration, de nourriture sur le battre. pouce ou de "fast food", si je veux bien me Quant à la langue, M. le Président, faire comprendre. Ce n'est pas marqué dans nous aurons abondamment le temps de traiter la loi 101. Mais cela se passe. Pourquoi? de cette question dans les jours qui viennent Alors qu'il y a dix ans, les grandes à moins que le leader du gouvernement ou le entreprises américaines ou canadiennes premier ministre ne nous impose d'en traiter faisaient faire la conception, le dessin, la la nuit. Je pense qu'ils préfèrent l'obscurité. planification, les conseils juridiques à Je vois le premier ministre qui sourit, et qui Toronto; elles envoyaient tout cela à Québec 4908 et des traducteurs s'en occupaient. des promesses irresponsables, un maqui- Maintenant, quand une grande entreprise gnonnage. J'ai entendu celui qui dirige canadienne décide de faire une campagne de aujourd'hui le gouvernement dans un débat à publicité massive, elle s'adresse directement la radio expliquer qu'il n'y avait pas de à des entreprises québécoises. Je pense à problème avec ses promesses. Il y aurait certaines entreprises, comme celle que j'ai 1 200 000 000 $ de revenus de plus l'année nommée tout à l'heure, qui ont suivante. Il avait oublié de dire qu'il y aurait 100 000 000 $ de chiffres d'affaires. Qu'est- également des dépenses de plus, ce ce que c'est? Ce sont des emplois pour nos superéconomiste qui, dans le fond, s'est diplômés de cégep en communications; ce révélé un mauvais comptable. C'est encore sont des emplois pour nos diplômés pire. universitaires dans le secteur de la Les finances publiques. Depuis 1981, il conception graphique, de la conception y a une impasse financière qui varie entre publicitaire; ce sont des emplois pour les 500 000 000 $ et 700 000 000 $ tous les équipes de radio et de télévision qui ans. Le précédent gouvernement ne s'en est réalisent les produits de publicité jamais caché. Cela lui a valu, au coeur de la commerciale; ce sont des Québécois qui ont crise économique, en 1982, une période ces emplois. Ce n'est pas marqué dans la loi extrêmement difficile avec les syndicats des 101. Pourquoi cela arrivait-il, M. le secteurs public et parapublic. Pourquoi? Président? Cela arrivait depuis dix ans, et de Parce qu'il y avait une crise économique et plus en plus. que le rythme de croissance des dépenses Comme ce n'est pas marqué dans la loi publiques, particulièrement depuis le passage 101 que ce sont des francophones sortis de du gouvernement I de celui qui le dirige de l'École des hautes études commerciales qui 1970 à 1976, que cette croissance des devraient diriger les grandes entreprises dépenses publiques s'est sédimentée de façon multinationales sur le territoire du Québec, telle qu'il y a, d'année en année, ce qui deviennent, pour prendre l'expression problème d'environ 600 000 000 $ à américaine, "senior executive officer" d'une 700 000 000 $ d'impasse financière. grande maison de courtage, par exemple, Le premier ministre nous dit qu'il y a pour un ancien président de l'École des un trou de 1 200 000 000 $. Ah! M. le hautes études commerciales. Ce n'est pas Président, il change. Des fois, c'est marqué dans la loi qu'ils devaient être là, 2 000 000 000 $ et, des fois, c'est mais cela se passait depuis dix ans. 1 700 000 000 $. Je vais prendre une de ses Pourquoi? Parce qu'il y avait une volonté déclarations récentes, un trou de collective, parce qu'on ne peut pas privatiser 1 200 000 000 $. Je vais vous dire comment la langue au Québec. On ne peut pas faire c'est arrivé. Il y a une impasse financière de de la question linguistique qu'un enjeu des 600 000 000 $ et il y a une marge de personnes; on ne peut pas transformer cet manoeuvre inexistante de 600 000 000 $. On enjeu collectif fondamental, comme le fait la additionne la marge de manoeuvre inexistante ministre des Affaires culturelles, en une que proposait le premier ministre pendant la espèce de société du bon parler français, M. campagne électorale et l'impasse financière. le Président. Savez-vous ce que cela donne, M. le (15 h 20) Président? Cela donne le trou que le premier C'est une histoire de rapport de forces ministre essaie de décrire, alors qu'il oublie, là aussi. Il faut que la collectivité manifeste notamment, que le 28 novembre 1985 il avait son attachement au fait qu'on veut que cela promis publiquement, solennellement, avec se passe en français au Québec. Je suis son coeur, profondément convaincu, et de la d'accord que des Québécois soient bilingues, hauteur de toute la fonction à laquelle il trilingues; mes enfants seront bilingues et aspirait tant, que jamais il n'invoquerait probablement trilingues, M. le Président. l'état des finances publiques pour revenir sur Mais je veux que le Québec soit français, ses promesses. Comme cela était convaincant par exemple, et il faut que cela vienne du le 28 novembre 1985, mais comme cela est gouvernement. désolant aujourd'hui! Déception, confusion dans le secteur Voici un gouvernement, je le disais tout linguistique et, finalement, des finances à l'heure, qui n'est pas très fort en droit. publiques. Ah! la nouvelle priorité prioritaire Quand on voit un Solliciteur général qui, au du gouvernement, M. le Président. Elle gré de ses entrevues ou des questions qui lui n'existait pas pendant l'élection la priorité sont posées en commission parlementaire, prioritaire des finances publiques. Le premier déclare des choses qui remettent en cause, ministre tirait des milliards par les fenêtres au moins en apparence, sa connaissance du chaque fois qu'il ouvrait la bouche devant un droit, quand on a un ministre de la Justice auditoire. C'est à coups de dizaines de qui fait une politique gouvernementale millions que cela coulait de source du côté officielle de ne pas appliquer la loi en du Parti libéral, ces grands gestionnaires matière linguistique, quand on a une ministre libéraux qui étaient train de troquer chargée de l'application de la loi 101 qui littéralement leur appétit du pouvoir contre dépose, aujourd'hui, 17 projets d'amendement 4909

à un projet de loi de 34 articles, ce n'est pourrez, en vertu de l'article 212, demander pas du monde fort en droit qu'on a en face d'intervenir à la fin et, également, si vous de nous. voulez poser une question au premier Quant au premier ministre, au sujet de ministre à la fin de son intervention, vous ses promesses, il plaidera sans doute l'état pourrez le faire en vertu de l'article 213. des finances publiques. Je lui dirai ceci: II ignore, lui aussi, un principe fondamental de M. Johnson (Anjou): ... notre droit qui s'applique à son incapacité de répondre à ses engagements et à ses Le Président: Si vous me le permettez, promesses à l'égard des jeunes, à l'égard de je pense que le chef de l'Opposition a eu la création d'emplois au Québec, à l'égard de toute la latitude pour s'adresser à cette la qualité de nos services, à l'égard de la Assemblée et son droit a été très bien réponse aux besoins des personnes qui sont respecté. J'aimerais pouvoir entendre égale- les besoins les plus criants dans une société. ment le premier ministre. M. le premier Il y a un principe de droit qu'il devrait ministre. pourtant connaître, lui qui a également fait du droit: Nul ne peut invoquer sa propre M. Bourassa: M. le Président, je turpitude. Merci, M. le Président. respecte votre décision mais je peux vous dire que, de mon côté, si le chef de Le Président: Je remercie le chef de l'Opposition trouve matière à poser une l'Opposition. Sur la même motion de blâme, question, avec le consentement... D'accord, je vais maintenant reconnaître M. le premier parfait, je ne crains pas les questions du ministre. chef de l'Opposition. Ce que je voudrais lui M. le premier ministre, vous avez la dire, c'est qu'il devrait s'excuser auprès de parole. M. Karamanlis. S'il y a un homme politique en Grèce qui a combattu durant des M. Robert Bourassa décennies pour le retour à la démocratie dans ce pays, c'est bien lui. M. Bourassa: M. le Président, en (15 h 30) écoutant le chef de l'Opposition, je me Je me demande, en écoutant le chef de rappelais une remarque que m'avait faite le l'Opposition, s'il est très proche de la réalité premier ministre de Grèce, en 1975, M. politique québécoise. Il semble bien qu'à Karamanlis, alors que nous discutions du l'écouter durant au-delà de vingt minutes, il système parlementaire dans lequel nous a très peu trouvé, dans l'action du gouverne- devons travailler. Il m'avait dit, quand on ment depuis un an, des raisons, une attitude parlait des responsabilités à la fois du ou des gestes positifs. pouvoir et de l'Opposition, que le problème Je dis qu'il est loin de la réalité dans notre système politique, c'est que si politique, parce qu'on doit quand même l'Opposition n'était pas démagogue elle serait constater que l'ensemble des études obligée de dire qu'elle est d'accord avec le scientifiques qui sont faites ou les sondages gouvernement. révèlent encore une très nette majorité de la En écoutant le chef de l'Opposition... population qui appuie le gouvernement du Québec. Plus que cela - je ne le dis pas M. Johnson (Anjou): Ce n'était pas pour causer du déplaisir au chef de l'Opposi- l'époque des colonels? tion - je lisais dans un journal, alors que M. Samson, journaliste, approfondissait l'étude Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! d'un sondage publié, que près de 40 % des gens de son parti sont satisfaits du M. Bourassa: M. le Président, je gouvernement libéral. Ce ne sont pas des demanderais au chef de l'Opposition de chiffres qui sont de nature à apaiser les respecter le premier ministre, M. Karamanlis. inquiétudes du chef de l'Opposition sur son Je pense qu'il tombe très mal en l'associant leadership. au régime des colonels alors que lui-même, Je voudrais, M. le Président, très durant plusieurs décennies... brièvement répondre aux propos du chef de l'Opposition sur la question linguistique. Je M. Johnson (Anjou): Question de règle- dis "très brièvement", parce que la ministre ment, M. le Président. responsable de l'application de la loi 101 doit également prononcer un discours, durant ce Une voix: Je comprends donc! débat, sur cette question. Je voudrais quand même, encore une fois, parce que j'ai les Le Président: M. le chef de l'Opposi- textes devant moi... Quand le chef de tion. l'Opposition continue de dire que le À l'ordre, s'il vous plaît! gouvernement actuel veut bilinguiser le S'il y a des propos, M. le chef de Québec, je ne crois pas qu'il contribue, l'Opposition, que vous voulez rétablir à la fin comme il devrait le faire comme chef de de l'intervention du premier ministre, vous l'Opposition, à l'harmonie sociale qu'on doit 4910 rechercher, qu'on soit dans l'Opposition ou au peut-être le plus mal placé en cette pouvoir. Chambre pour donner des leçons au Le chef de l'Opposition se souvient du Procureur général. discours qu'il a prononcé devant Alliance Le chef de l'Opposition a probablement Québec le 1er juin, alors qu'il mentionnait en pris connaissance d'un article hier sur les anglais, parce que tout son discours, poursuites qui ont été prises par le Procureur malheureusement - je vais le citer en anglais général. On a entamé des procédures le 12 - était en anglais, il n'y avait aucune version septembre dernier, alors que le Procureur française de son texte... Tout son discours général a pris des poursuites contre un avait été prononcé en anglais, pas une seule restaurant de la rue Sainte-Catherine Ouest phrase en français. Il était à ce moment-là qui annonçait ses produits dans des termes dans une phase intensive de son double jugés anglophones: "smoked meat". Le langage, au début de juin, quelques jours restaurant a été poursuivi, on a vu cela hier. avant la démission forcée de son chef. Je On dit même dans l'article que le député de dirais qu'à ce moment-là le chef de Mercier fréquente régulièrement ce restau- l'Opposition mentionnait "by law", comme rant et que lui-même demande également du quoi on devait avoir une loi, "by law", on "smoked meat". devait avoir une loi qui se trouverait à M. le Président, je crois qu'avec des inscrire - le chef de l'Opposition l'a admis exemples comme ceux-là, qui ont été rendus lui-même - les droits de la minorité publics hier... Qu'est-ce que le chef de anglophone à des services sociaux de santé l'Opposition demande de plus? On poursuit et des services sociaux. quand même des établissements et on leur Donc, c'est lui-même, quelques mois demande d'annoncer "boeuf mariné" au lieu avant l'élection, au mois de juin 1985, qui de "smoked meat". Cela a été fait par le demandait, qui s'engageait, qui affirmait présent gouvernement. solennellement qu'on devait avoir une loi M. le Président, j'aime mieux donner telle que nous la proposons, dans le projet de des faits concrets que de m'en tenir à des loi 142, qu'on devait avoir une loi donnant généralités, comme le font souvent nos amis ce droit à la minorité anglophone, une loi, à d'en face. Je veux simplement donner un toutes fins utiles, humanitaire. Et son geste, exemple concret très très récent dont on a évidemment, avait été fortement apprécié. pris connaissance hier dans le cas de Je vois une déclaration de M. Michael l'application de la loi. Ce n'est pas ridicule. Goldbloom, président d'Alliance Québec, qui Est-ce que le chef de l'Opposition n'accepte qualifie d'historique, presque les larmes aux pas que le Procureur général aille à ce point yeux, l'offre de Johnson de négocier entre pour faire respecter la loi 101, le caractère Québécois. M. Michael Goldbloom. Je ne sais français du Québec? Il me semble qu'il y a pas si le chef de l'Opposition se souvient de un exemple très concret qui devrait ses déclarations. convaincre le chef de l'Opposition s'il était Je pourrais citer également une objectif. déclaration de M. René Lévesque, le 17 mai Donc, je disais tantôt que la ministre 1985, qui mentionnait également que le responsable va parler de cette question-là. gouvernement du Québec était prêt à J'ai l'intention plutôt de parler de questions s'engager à inscrire dans ses lois économiques cet après-midi pour répondre fondamentales le droit de la minorité aux propos du chef de l'Opposition sur le anglophone de recevoir dans sa langue les bilan économique après la première année. Je soins de santé et les services sociaux, ainsi ne suis évidemment pas d'accord avec le que son droit à ses propres institutions chef de l'Opposition qui dit qu'absolument culturelles et éducatives. Voilà un point sur rien n'a été fait. Nous avons cette année lequel le chef de l'Opposition était d'accord une croissance réelle plus élevée que celle avec son ancien chef. Je voudrais le rappeler qui avait été prévue, 3,4 %, plus élevée que à la mémoire du chef de l'Opposition; cela celle du Canada qui est prévue pour être pourra, je l'espère, contribuer à donner une 3,2 %, plus élevée que celle des grands pays allure plus positive aux débats sur le projet d'Europe dont la moyenne est de 2,9 %, plus de loi 142. élevée que celle des États-Unis qui est M. le Président, je n'accepte pas les prévue pour être 2,6 %. Je pense que 3,4 % reproches du chef de l'Opposition sur la non- est une performance très acceptable qui a observance de la loi 101. J'ai eu l'occasion permis également 56 600 mises en chantier de lui mentionner à plusieurs reprises toutes de logements pour 1986 par rapport à 48 700 les poursuites qui ont été prises pour faire pour 1985. Ce sont des résultats qui parlent observer la loi. J'ai eu l'occasion de rappeler par eux-mêmes. au chef de l'Opposition qu'il était ministre On peut mentionner, je le fais briève- de la Justice, qu'il a fait prescrire des ment parce que j'en ai parlé à plusieurs causes, qu'il a accepté systématiquement des reprises, les hausses des investissements reports, avant même que le jugement beaucoup plus élevées que prévu. C'était Boudreault ne soit connu. Je voudrais quand prévu à 3,6 % au mois de janvier, c'est même dire au chef de l'Opposition qu'il est rendu à 7,4 %. Je pourrais donner toute une 4911 autre série de faits. Le nombre très élevé 400 000 000 $, qui équivalait aux promesses d'émissions de REA, les hommages qui ont du Parti libéral. Nous avions pris, d'une été rendus à l'administration du Québec par façon définitive et ferme, pour des journaux très réputés ou des revues 400 000 000 $ de promesses dont la plupart comme le New York Times et Time ont été remplies. Magazine qui disait qu'il y avait un nouvel esprit, un nouveau dynamisme au Québec. Des voix: Ha! Ha! Et cette confiance beaucoup plus forte dans l'avenir économique du Québec, on la Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! constate également par 63 000 nouveaux emplois. Je ne vois pas comment le chef de M. Bourassa: Oui, M. le Président. On l'Opposition peut conclure au fait qu'il n'y a pourra mentionner à l'Opposition tantôt les pas d'emplois nouveaux au Québec. Il est réductions d'impôt. Ce que je dis au chef de probablement la seule personne à pouvoir l'Opposition, c'est que nous n'avons pas soutenir une telle affirmation. Tout le monde trouvé un écart de 400 000 000 $, nous prévoit de 60 000 à 65 000 nouveaux avons trouvé un écart de 1 700 000 000 $. emplois au Québec en 1986. Comment peut-il Si nous avions trouvé un écart de prendre le risque d'affecter autant sa 400 000 000 $, je crois que la situation crédibilité économique qui n'était pas déjà aurait été relativement facile. Dans les états tellement forte, en soutenant aujourd'hui financiers qui ont été rendus publics au mois qu'aucun emploi ne sera créé au Québec en de novembre, on ne mentionnait pas un 1986, alors que tout le monde reconnaît qu'il déficit prévisible de 4 700 000 000 $. Ce y en aura 63 000 ou un minimum de 60 000, n'est pas le déficit dont on parlait. On calculé sur onze mois? parlait d'un déficit d'environ (15 h 40) 3 000 000 000 $ pour 1986-1987 d'où le Si on veut discuter maintenant, dans le manque à gagner, d'où le trou de cas de la situation économique, du chômage 1 700 000 000 $. Il faut quand même dire des jeunes, je dis au chef de l'Opposition, à que nous avons à faire face à ce déficit qui l'ancien premier ministre qui a mentionné les a fait doubler le service de la dette. Alors gestes qu'il avait posés concernant la Société que nous avions un service de la dette, il y d'investissement jeunesse, que là aussi nous a dix ans, d'environ 7,7 %, il est maintenant avons fait preuve de beaucoup de de 15,7 %. C'est la situation financière que détermination. Beaucoup de gestes ont été nous avons retrouvée, 15,7 % que nous posés, et j'y reviendrai jeudi ou vendredi à sommes obligés d'affecter dans notre budget l'occasion du débat sur le projet de loi. On au service de la dette à cause de peut mentionner la hausse du salaire l'administration de ces tristes sires durant minimum qui favorise les jeunes d'une façon environ neuf ans. toute spéciale. On peut mentionner le gel Il nous faut également tenir compte des frais de scolarité. Il reste quand même qu'il y a eu des baisses dans les paiements que nous avons des frais de scolarité qui de péréquation. On les connaît, je l'ai sont les plus bas en Amérique du Nord et mentionné. Évidemment, l'Opposition a que, malgré cela, nous avons maintenu le gel décidé, pour des raisons qui demeurent des frais de scolarité. On peut mentionner obscures, de ne pas soulever cette question, les subventions accrues aux jeunes de ne pas appuyer le gouvernement pour agriculteurs, les bourses qui ont été réclamer ses droits dans les paiements de accordées pour les étudiants des régions péréquation. Un silence total, absolu de la éloignées. Nous avons deux projets de loi: le part du Parti québécois sur des demandes Conseil permanent de la jeunesse et la très légitimes du gouvernement du Québec de Société d'investissement jeunesse. Je pense récupérer son butin auprès du gouvernement qu'on peut dire, M. le Président, quand on fédéral. J'espère qu'il n'y a pas des regarde l'ensemble de ces mesures, qu'on a connivences de caisses électorales qui plus fait pour les jeunes du Québec depuis un pourraient expliquer ce silence de l'Opposi- an que vous avez fait durant neuf ans de tion, M. le Président. pouvoir, de 1976 à 1985. Ce que je dis, c'est que nous avons M. le Président, le chef de l'Opposition trouvé une situation financière extrêmement a voulu traiter - je dois constater son difficile et que nous avons décidé en même courage - de la question des finances temps d'éliminer les dépenses superflues. Pas publiques. Il s'est référé au débat que nous question pour nous de gaspiller des millions avons eu l'année dernière. Si le chef de et des millions de dollars à la télévision pour l'Opposition veut simplement refléter la dire: On se donne des forces, alors qu'on réalité, il sait fort bien que tout le débat de s'affaiblissait, alors qu'on coupait le budget l'année dernière durant la campagne de l'Office des personnes handicapées de électorale - j'y reviens, parce qu'il a quand 1 000 000 $, de 17 %. À ce moment-là, le même mentionné ce fait - portait sur une gouvernement du Parti québécois gaspillait marge de manoeuvre, soit de 150 000 000 $, des millions et des millions de dollars à la qui équivalait à ses promesses, ou de télévision pour exprimer sa vanité, alors qu'il 4912 coupait 147 000 000 $ dans les hôpitaux. En plus, M. le Président, alors que Quelle était l'administration du secteur Dofor n'a donné que 5 000 000 $ de revenus hospitalier? Je vois le leader de l'Opposition à la Société générale de financement, on qui était ministre des Affaires sociales. souhaite pouvoir permettre à la Société Quelle était sa solution aux problèmes générale de financement de récolter hospitaliers? 100 000 000 $ qui lui permettront de Je me souviens de sa déclaration qui continuer son rôle de développement avait suscité un immense éclat de rire au économique. Québec: On va remplacer les directeurs Je pourrais répondre sur tous les généraux des hôpitaux par des personnes en aspects des critiques du chef de l'Opposition. chômage. C'était là sa solution pour faire Je pense que j'ai mentionné certains faits face aux problèmes dans les hôpitaux. De tantôt sur le développement régional. Le notre côté, M. le Président, on a présenté chef de l'Opposition rigolait un peu sur les des budgets, on a augmenté pour près de engagements du gouvernement. On s'est 1 000 000 000 $ parce que nous considérons engagé à réduire l'impôt sur le revenu. On que les soins de la santé sont des soins l'a fait. Dans le cas de l'essence, étant essentiels. donné qu'on parle de développement régional, Dans le domaine économique, nous on a posé une première étape. On a réduit avons réorienté la Société générale de finan- la surtaxe sur l'essence dans les régions cement. Nous la gardons comme un périphériques. Je crois que c'est un fait bien instrument de développement économique. On concret. Dans le cas des primes d'assurances, le voit dans le cas de Marine Industrie, on le on a éliminé la taxe de vente de 9 % sur voit dans le cas de Pétromont, on le voit les primes d'assurances dans le secteur de la dans d'autres projets d'usines dont on a pris santé, de la maladie ou des accidents. Je me connaissance ces jours récents, notamment souviens que le chef de l'Opposition trouvait dans l'est de Montréal. On s'aperçoit qu'on que cette mesure ne créait pas d'emplois veut garder le rôle économique à la Société mais cette mesure se trouve à améliorer la générale de financement. Parfois, il nous justice sociale dans notre société. faut évidemment trouver des fonds. Demain, Quant aux investissements à venir, j'ai il nous faudra, à la suite de cet exemple par déjà eu l'occasion de mentionner Norsk excellence de déprivatisation dommageable Hydro. Il y a Matane. Il y a la question des pour le Québec, l'amiante - voilà une investissements pour la région de Montréal. déprivatisation très dommageable pour le On sait qu'au début de la semaine dernière, Québec - rembourser comptant 170 000 000 $ le maire de Montréal, M. Doré et moi-même à cause des gestes de l'ancien gouver- avions exprimé notre accord pour permettre nement. et encourager le gouvernement fédéral à Donc, M. le Président, nous n'avons pas faire adopter sa législation sur les brevets, l'intention de démolir l'État. Au contraire, parce qu'on sait que l'adoption de cette nous voulons, par exemple, dans le cas de législation va permettre, dans le domaine de Dofor, permettre à la société québécoise de la recherche, d'augmenter substantielle- faire un gain collectif. Pas question de ment les investissements au Canada et, vendre Dofor pour payer l'épicerie. Est-ce notamment, au Québec. Le maire de que je devrai encore expliquer au chef de Montréal est d'accord avec le gouvernement l'Opposition que les profits vont être inscrits du Québec pour donner son accord à ce comme gains de capital, comme profits projet de loi. budgétaires et que le gain qui sera fait pour (15 h 50) le gouvernement du Québec aura pour but de II y a toute la question de la haute réduire les besoins financiers, de réduire la technologie, il y a la question du développe- dette du Québec? Donc, je crois que le chef ment nordique du Québec, notamment la de l'Opposition devrait comprendre qu'il n'est phase 2 de la Baie James. On doit constater pas question dans ce cas de prendre cet que l'accueil qui est fait aux possibilités argent, étant donné que, dans notre cas, on québécoises demeure très positif et très a mis fin à cette pratique d'emprunter à encourageant. Tout cela, M. le Président, long terme pour financer des dépenses dans un climat de stabilité politique. Je crois courantes; 4 622 000 000 $ ont été qu'il est important de le mentionner parce empruntés à long terme pour financer des que le chef de l'Opposition n'en a pas parlé, dépenses courantes. Non seulement on met et pour cause. Parce qu'avec les propositions fin à cette pratique qui a existé durant neuf de son parti pour ce qui a trait à la ans avec l'ancien gouvernement, mais on va stabilité politique, sa proposition d'un haut utiliser les gains de capital que nous pouvons conseil de la république - voilà qui va faire dans ces entreprises pour réduire la contribuer à la stabilité politique du Québec, dette, de manière à réduire un peu le un haut conseil de la république au Québec - service de la dette et à diminuer le fardeau avec ses variations vis-à-vis de l'avenir pour les jeunes d'aujourd'hui des rembourse- constitutionnel du Québec, que ce soit le ments qu'ils devront faire dans une "beau risque" ou que ce soit, par exemple, génération. au mois de septembre, son affirmation 4913 comme quoi la souveraineté n'est plus à deux faces. Cela est clair. nécessaire au développement du Québec, M. le Président, avant les élections, alors qu'il a voté pour une résolution en sens que disait-il? "Nous allons tout mettre en contraire, il y a deux semaines, avec toutes oeuvre, nous allons injecter dans l'économie, ces contradictions et ces variations, il n'est nous allons faire en sorte qu'il y ait un pas étonnant que le chef de l'Opposition ait regain de vie économique au Québec." décidé de ne pas parler de stabilité politique. Qu'ont-ils fait après les élections? Ils ont Nous, nous en parlons, parce que notre coupé dans les programmes de la SDI. Au position est claire et précise et qu'elle va lieu de 1100 entreprises québécoises qui contribuer à augmenter la confiance dans seront soutenues, ce sera 400 annoncées par l'avenir québécois. Donc d'un côté, M. le le ministre de l'Industrie et du Commerce. Président, nous avons ce réalisme, ce Qu'ont-ils fait au Fonds de développement dynamisme, cette stabilité avec le gouverne- régional qui aidait nos petites et moyennes ment du Parti libéral. De l'autre, nous avons entreprises dans nos régions à sauver des cette duplicité, ce cynisme et cette emplois, à en créer? Ils ont coupé hypocrisie. Voilà pourquoi la population garde 13 500 000 $ au Fonds de développement encore la plus grande confiance dans le régional. M. le Président, avant ce n'est pas gouvernement actuel, et voilà pourquoi nous pareil comme après pour eux autres. On allons continuer de travailler avec la plus appelle cela quoi? De l'hypocrisie pure et grande détermination au bien collectif de simple. tous les Québécois. On a dit également: II faut absolument injecter dans le réseau routier. Mme la vice- Le Président: S'il vous plaît! Je première ministre appuyait là-dessus parce remercie le premier ministre. Sur la même que c'était générateur d'emplois que motion de blâme présentée par le chef de d'injecter des sommes d'argent dans la l'Opposition, je vais maintenant reconnaître construction et dans la réfection de nos le leader de l'Opposition. routes. 2 000 000 000 $ de promesses électorales de leur côté. Qu'ont-ils fait après M. Guy Chevrette l'élection? Coupures de 73 000 000 $ dans le domaine de la construction et de la M. Chevrette: M. le Président, parlant réfection de notre réseau routier. Ce qui d'hypocrisie, c'est à peu près la première veut dire quoi? Une perte de 6500 emplois, fois que je vois un homme sans sourire parce que le rapport Middlemiss nous dit présenter autant de faussetés en l'espace de qu'à chaque 80 000 000 $, c'est au moins 25 minutes, et ce, sans rire et en essayant 7000 emplois qu'on crée. de faire croire à la population que tout ce M. le Président, à partir de leurs qu'il émet ce sont des vérités. propres chiffres, on leur démontre que leurs Nous allons nous en parler quelque peu, engagements antérieurs aux élections par parce que je me souviendrai toujours de la rapport aux coupures réelles faites après les vice-première ministre qui, dans son discours élections c'est encore une fois de inaugural - parce que son chef avait manqué l'hypocrisie, du double langage. On a promis le bateau dans Bertrand et qu'il devait se d'améliorer le réseau routier. On a promis de présenter un peu plus tard dans Saint-Laurent construire des routes pour 2 000 000 000 $. - qui disait en cette Chambre: "D'ici 1990, On trouve le moyen dès la première année le gouvernement va créer 400 000 emplois de couper 73 000 000 $ et de faire perdre avec toute l'énergie..." Elle ressemblait un des emplois ainsi à au moins 6500 Québécois peu à son chef quand elle énonçait ce qui auraient pu travailler. Cela, c'est dans principe, cette volonté politique de créer des nos régions, c'est dans les milieux ruraux, emplois. "Nous allons mettre tout en oeuvre semi-ruraux, semi-urbains que travaillent ces pour créer des emplois pour les jeunes." Cela gens. Ce gouvernement les avait fait rêver fait un an, et on disait cela avant les avant; voici les résultats après: hypocrisie, élections. M. le Président. Depuis lors, quel est le résultat? Après, Qu'est-ce qu'on avait dit à Saint-Hilaire c'est 20 000 emplois de moins que la dans la région du comté de Verchères? On dernière année du gouvernement précédent. avait dit: Soyez sans crainte. C'est le C'est 60 000 emplois au maximum que premier ministre lui-même qui avait dit: II y créera ce gouvernement cette année, alors aura au moins une commission parlementaire qu'au dire du premier ministre, il y a une avant qu'on procède à une vente quelconque reprise économique. C'est effrayant comme de la raffinerie. Cela c'était avant les le climat est bon. Au lieu de 82 000 emplois élections. C'était écrit noir sur blanc. Après comme le gouvernement du Parti québécois a les élections, on vend la raffinerie sans créés, il s'en tirera en fin de décembre avec commission parlementaire, sans même rendre à peine 60 000 et il va être chanceux si public le contrat de vente parce qu'on a c'est 60 000 . Et il trouve le moyen de se peur qu'on découvre les vrais dessous de la vanter. Si cela n'est pas de l'hypocrisie, mon vente. On appelle cela comment, M. le père dirait tout au moins que c'est un visage Président? On appelle cela de l'hypocrisie. 4914

Je vais continuer. On avait dit égale- ment 865 000 000 $ et ne pas couper les ment qu'il nous fallait absolument se dégager soins dentaires aux jeunes, dans la santé des une marge de manoeuvre de 600 000 000 $. dents de nos enfants? Mais non. Où est-ce Le chef du gouvernement ridiculisait le chef qu'ils les ont injectés? Ils ne peuvent pas le de l'Opposition quand celui-ci lui disait: Vous dire. Où est-ce qu'ils ont déposé ou injecté n'aurez pas vos 600 000 000 $. Voyons! Cela des sommes d'argent? On ne comprend plus n'existe- pas. Il a dit: Cela existe, il n'y a rien. Parce que quand on fait le tour de pas de problème. Plus que cela, le 29 chacune de nos régions... On constate des novembre, que disait le premier ministre aux compressions de 1 500 000 $ à l'hôpital journalistes qui lui disaient: M. le premier régional de Joliette, 350 000 $ au centre ministre, lorsque vous allez être élu le 2 d'accueil voisin, 60 000 $ dans l'autre. Ils décembre, allez-vous invoquer le fait que ont coupé 21 postes dont 3 aux soins c'est l'administration précédente qui est intensifs à l'hôpital régional de Joliette. Et, responsable? Non, non, je prends l'engage- ils ont injecté 873 000 000 $? Mais où? Où, ment solennel devant tous les Québécois de M. le Président? Hypocrisie! On cherche! ne pas invoquer le fait que c'est Qu'est-ce qu'il cache? Quelqu'un cache, l'administration précédente. Je sais qu'il quelqu'un est hypocrite; sinon, il rend tout existe une marge de manoeuvre et je public. n'invoquerai pas cela, M. le Président. Il n'y (16 heures) a pas une cassette, il n'y a pas une fois Donc, M. le Président, discours avant qu'il ne se lève en Chambre avec ses 26 ou et réalité après. Ils ont coupé le lait dans 27 tourtereaux pour nous servir la les écoles et, grâce aux fédérations des perpétuelle cassette: C'est la faute de producteurs de lait, on a réussi à le l'ancien gouvernement. maintenir, mais pas grâce à eux autres. Ils M. le Président, c'est cela qui l'a forcé ont injecté dans les services. Ils coupent le d'ailleurs... Il se connaît lui-même, parce lait aux enfants. Je pourrais continuer d'en qu'il a pris l'engagement, durant la campagne énumérer une série. Ils ont dit, pour les électorale, quand il a vu que les journalistes services en régions: Les régions du Québec étaient sceptiques vis-à-vis ces ballounes seront traitées correctement. Un ministre qui qu'il gonflait un peu partout, il a dit: Je vient de la ville pour traiter des régions. prends l'engagement de respecter mes Ponction dans le Fonds de développement engagements. Imaginez-vous, M. le Président! régional, abolition des services de Radio- Quelle colonne vertébrale? Quel homme Québec, services aux initiatives jeunesse public fort? Quel chef d'État avons-nous? coupés. Qu'ont-ils dit des médias Quelle parole a-t-il? Hypocrisiel Tartuferie! communautaires? Le ministre se lève et dit: Je continue. Qu'est-ce qu'il avait fait? Peut-être. Je vais me battre et je verrai. Il avait pris l'engagement, comme je le Cela fait des "mosus" d'engagements pour disais tantôt, de ne pas invoquer... Et tous soutenir nos régions. Discours d'avant, M. le ses ministres, même ce matin, même en son Président, réalité d'après. On appelle cela de absence, ils ont réussi à apprendre la l'hypocrisie, de l'hypocrisie pure et simple. cassette: II n'y en a pas un qui ne se lève La parité de l'aide sociale, je vois le sans dire que c'est la faute de l'ancien premier ministre payer des autobus pour gouvernement. Vous devez avoir hâte de amener des jeunes au centre Paul-Sauvé, commencer à conduire le Québec. Vous devez 5000 jeunes pour se faire acclamer! Je avoir le courage de prendre vos décisions et demande au jeune: Qu'est-ce que tu fais là? de les assumer pleinement. Il me semble Il me dit: Je ne le sais pas, ils ont payé qu'après un an, vous pourriez changer votre mon passage. Ils sont venus applaudir un chef cassette, parce que l'aiguille commence à qui leur promettait la parité de l'aide être éméchée un tant soit peu. sociale. Que se passe-t-il après? Après, le M. le Président, le chef du gouverne- ministre du Travail et ministre de la Main- ment et ses ministres se promenaient dans d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu a fait tout le Québec et disaient: Nous allons un travail tout croche, le premier ministre améliorer les services. Nous allons baisser les l'a renvoyé sur le banc: Va refaire tes impôts, baisser le déficit et améliorer les travaux! services. C'est pour cela que le premier On ne sait plus si c'est en 1988 ou en ministre voyait des marges de manoeuvre 1989 qu'il y aura une parité. On ne sait pas partout. Il promettait tout. Donc, M. le quel type de parité, mais, là, c'est clair que Président, qu'ont-ils fait? Il vient de se lever c'est reculé. Le rapport Forget leur sert il y a à peine quelques minutes pour dire: d'échappatoire pour le moment, mais voici la Nous avons injecté près de 1 000 000 000 $ réalité: Avant, ils disaient aux jeunes: Votez dans la santé et les services sociaux. Vous pour nous autres. Parité, sans autre n'auriez pas pu injecter un peu moins et ne promesse. Quelle est la réalité d'après? Rien! pas couper les soins dentaires? Au lieu de Hypocrisie, M. le Président! Mensonge vis-à- vous vanter d'avoir injecté 873 000 000 $ vis de la jeunesse québécoise. On a illusionné dans le domaine de la santé et des services les jeunes Québécois. On a même désindexé sociaux, vous n'auriez pas pu injecter seule- les assistés sociaux aux trois mois, comme 4915 cela était, pour faire une seule indexation 81 % sur les plaques d'immatriculation et annuelle. Cela profite à qui? Sûrement pas sur le permis de conduire, ce n'est pas une aux assistés sociaux. On a trouvé bon de taxe, cela! Bien non! Ces gens-là n'ont pas faire une chose: leur lancer les "Boubou augmenté les taxes! Ils ont fait 10 $ de macoutes" après. C'est cela la réalisation de cadeau aux bas salariés de 20 000 $ et la campagne électorale par rapport aux moins et 875 $ aux gros. Ils ont amélioré le engagements du premier ministre, M. le sort des Québécois, M. le Président: 10 $ Président. pour un salarié de 20 000 $ et moins, en le Amélioration des prêts et bourses. Cela surtaxant de 9 % pour l'huile à chauffage, faisait partie intégrante du discours inaugural en surtaxant le permis de conduire, en de Mme la ministre: Nous allons améliorer surtaxant l'immatriculation, mais en les prêts et bourses. Vous savez tout le s'assurant, par exemple, que l'essence va dynamisme qu'on lui connaît, ce cher rapporter tout autant en la gelant au premier ministre. Il a coupé 24 000 000 $ plafond, au point le plus élevé, même si cela et il leur en avait promis 25 000 000 $. baisse ailleurs. C'est cela qu'a fait ce Promesse avant, réalité après! Il est non gouvernement. Hypocrisie! seulement à 25 000 000 $ de sa promesse., il Dans la défense du fait français, on a est à 49 000 000 $ maintenant de l'engage- été obligé d'arrêter le ministre de ment qu'il a pris. C'est effrayantl Comment l'Éducation qui s'apprêtait à amnistier la appelle-t-on cela? Promettre avant et faire province au complet, une certaine nuit. Les autre chose après, dans le sens inverse? amendements - une loi très bien préparée Hypocrisie. Il faut le dire, il faut appeler les par Mme la ministre! - 14 amendements choses par leur nom. déposés, ce matin: affaiblissement des Dans les salles d'urgence la semaine structures. Et on va arriver aux services tout dernière, on a dit qu'on avait passé des jours à l'heure. Cela va bien à part cela. Ils ont épouvantables à Maisonneuve-Rosemont, ce voulu améliorer le climat de travail. Tout va qu'on avait jamais vu. Ce n'est pas grave, bien au Québec! Quand les jeunes ont cela va bien! Ils ont injecté 873 000 000 $ débrayé dans les universités, c'était vraiment et ils ne coupent nulle part. Cela va bien, pour rien. C'était pour faire respecter leur cela empire partout! engagement. Voyons! Faut-il être absent de M. le Président, prenons les handicapés, ce monde! la priorité des priorités que disait le premier Les employés de la construction qui ministre. C'est une question de bon sens et déambulaient la semaine dernière devant le de civilisation, disait-il. Il faut qu'un parlement, c'est parce que les relations du gouvernement se respecte vis-à-vis d'eux. On travail sont bonnes au Québec. Voyons! Les se promène un peu partout, dans tous les grèves, ce matin, dans les hôpitaux, c'est bureaux de comté pour entendre: On ne peut parce que cela va bien! C'est excellent pas rien faire! Le président du Conseil du comme climat de relations du travail. Le trésor a coupé. Ce n'est pas cela qu'on leur soutien scolaire qui est en grève toute la disait avant, on disait: Priorité des priorités. journée demain. Cela va très bien! Voyons! Pourquoi les handicapés se promènent-ils? Je lis se sont targués d'améliorer les relations suppose que c'est toute une "gang" de du travail. personnes qui ne comprennent rien. Elles En Chambre, qu'est-ce qu'on fait durant viennent toutes nous voir, chacun dans nos ce temps? Voici ce que disait la vice- comtés, pour dire que le gouvernement a première ministre: "...et l'Assemblée bien fait, qu'il a réalisé la priorité des nationale va également changer. Elle sera priorités? Hypocrisie, M. le Président! beaucoup plus rigoureuse et innovatrice dans Trompe-l'oeil vis-à-vis de ces gens l'exercice de ses fonctions - c'est Mme la handicapés de notre société! vice-première ministre qui parle, au mois de M. le Président, je pourrais parler de décembre dernier, il y a un an - il y aura l'amélioration des services. Ils ont sans doute moins de lois; il y aura, par contre, amélioré les services au Québec en coupant plus de temps consacré pour contrôler l'ad- les cliniques de MTS à Lévis, en gelant ministration publique." C'est elle qui disait toutes les subventions aux maisons de jeunes; cela. c'est sans doute une amélioration des Ce gouvernement a placé le leader du services! Les groupes de femmes qui avaient gouvernement, qui admettait à La Presse une politique de financement ont subi ces samedi dernier qu'il y avait eu un trou mêmes gels. On ne tient même pas compte législatif, qu'il y avait des problèmes, dans du taux d'occupation. Dans notre région, il y une situation où il a même de la difficulté à a une seule maison de femmes, un seul programmer son menu de fin de session. Il se centre d'accueil pour femmes, et il n'a demande comment il va réussir à passer tout absolument rien, M. le Président! cet amalgame de lois de dernière minute: les Je continuerais en parlant des taxes. Ils projets de loi 140, 142, soi-disant de gros n'ont aucunement augmenté les taxes, bien projets de loi. Nous allons innover, nous non! Les 9 % sur l'huile à chauffage, ce allons étudier d'une façon correcte, le n'est pas une taxe, cela! L'augmentation de législatif pourra mieux contrôler l'exécutif. 4916

Ils attendent à la dernière minute pour nous n'avait pas de leçon à recevoir, du simple présenter des projets de loi importants pour fait que son identité, ses options politiques, l'avenir du Québec. On pense nous passer le ses orientations ne remettaient nullement en bulldozer, on s'imagine qu'on va faire notre cause le bien-être de la société québécoise. travail à la sauvette. Nous allons faire notre (16 h 10) travail comme il le faut. J'ai voulu durant Par exemple, dans le secteur culturel quelques minutes vous démontrer ce qu'était que je connais bien, j'ai constaté, au cours le vrai visage de l'hypocrisie. Merci. de ma tournée des régions, combien l'ancien gouvernement a carrément négligé de se Des voix: Bravo! préoccuper du développement des artistes et créateurs qui vivent en dehors des grands Le Président: Je remercie le leader de centres urbains, car ce gouvernement était l'Opposition. Avant de céder la parole à d'abord préoccupé de sa bonne visibilité Mme la vice-première ministre, je voudrais nationale, de sa visibilité d'État souverain, simplement faire une mise au point. C'est de sa visibilité de grand rêve, et il est par inadvertance et inattention de ma part si demeuré sourd aux besoins réels des citoyens je ne suis pas intervenu, M. le leader de et des citoyennes vivant en régions. l'Opposition, au tout début de votre Ce gouvernement, qui brandissait bien intervention, lorsque vous avez fait dire des haut l'étendard de l'identité, l'autonomie faussetés à la dernière intervention qui culturelle, a laissé s'empoussiérer sur les s'adressait directement à un membre de tablettes pendant des années des demandes cette Assemblée. Je n'ai pas l'intention de du milieu, créant ainsi chez les Québécois et vous demander de retirer vos paroles mais, les Québécoises un sentiment d'insécurité et pour ne pas que votre intervention serve d'incertitude face au développement culturel d'antécédent et de précédent, je rappelle de leurs régions. Ce gouvernement avait simplement aux membres de cette Assemblée cette aptitude de ne pas entendre les que faire dire des faussetés à quelqu'un de problèmes des citoyens, de ne pas voir la cette Assemblée a été retenu trois fois réalité en face. Après un certain temps, comme non parlementaire en vertu des cette politique de l'autruche a créé ce articles 35.6 et 35.7. Au tout début de votre climat d'insécurité, d'incertitude qui a intervention, le qualificatif que vous aviez conduit ces savants rêveurs là où vous le employé, c'est faire dire des faussetés au savez le 2 décembre 1985. dernier discours qui s'adressait directement Bien au contraire, l'esprit du présent au premier ministre. Je ne suis pas gouvernement imprègne cette sécurité intervenu, parce que j'étais à prendre des recherchée dans les milieux politique, notes. On me l'a fait remarquer et je voulais économique, social ou culturel, parce qu'il faire cette mise au point. Si j'avais eu assume le leadership nécessaire à cette connaissance de ces mots, M. le leader de stabilité et à cette prospérité de l'ensemble l'Opposition, j'aurais demandé immédiatement du Québec. Le présent gouvernement a choisi que vous les retiriez. cette voie, convaincu qu'il répond aux Je vais reconnaître sur la même besoins et aux aspirations des Québécoises et motion Mme la vice-première ministre. des Québécois en créant les conditions favorables au développement économique, Mme Lise Bacon social et culturel de toutes les régions du Québec. C'est précisément sous le thème de Mme Bacon: M. le Président, on me la stabilité que je pourrais résumer permettra de resituer le contexte dans lequel l'ensemble des actions entreprises par notre s'inscrit le débat d'aujourd'hui. Je n'ai pas gouvernement tout au long de cette première l'intention de tomber dans le même genre de année du présent mandat. démagogie que le leader de l'Opposition. Il Sur la question plus particulière de la s'agit, pour l'Opposition, de reprocher au langue française, notre gouvernement a présent gouvernement d'avoir tenté clairement indiqué qu'il entendait maintenir d'apporter un éclairage nouveau dans le les mêmes principes tout en renforçant les dossier à la lumière de l'évolution des moyens d'application de la Charte de la mentalités, de l'évolution aussi des attitudes langue française. Nous avons donc également tant collectives qu'individuelles. On se insisté sur cette recherche d'un consensus souviendra que le mandat du gouvernement dans la population afin de faire évoluer notre qui nous a précédés s'est principalement culture, notre façon de vivre, nos attitudes caractérisé par ce climat d'insécurité, par ce dans le sens de la paix et de l'harmonie. climat d'incertitude qu'il a réussi à créer Notre message demeure le même en ce sens dans tous les dossiers importants qu'il a que nous ne craignons pas d'affronter les menés. Mais, avant tout, cette incertitude défis tels qu'ils se présentent. Nous ne engendrée par les actions, les orientations du craignons pas non plus de susciter ces gouvernement du Parti québécois était discussions qui s'inscrivent dans l'évolution d'abord d'ordre politique. À maintes reprises, normale d'une société, une évolution marquée j'ai indiqué que le présent gouvernement au coin de la tolérance et de l'ouverture vis- 4917

à-vis d'autres cultures, vis-à-vis d'autres tout en voulant assurer l'efficacité des traditions et vis-à-vis d'autres façons de ressources. C'est précisément la voie du vivre. Cette façon d'assumer la gestion des courage politique qui a guidé notre action affaires de l'État ne nous empêche toutefois dans le but de répondre à l'intérêt de pas de respecter davantage les acquis du l'ensemble de la population. passé et de renforcer ses aspects positifs. Cette façon de susciter des débats du Dans le dossier linguistique, nous avons côté de l'Opposition ne fait qu'engendrer tenu compte de cette volonté de la confusion dans la mesure où l'on tente de population québécoise de conserver les élé- convaincre la population qu'une pièce ments essentiels, non seulement à la survie législative aurait pour effet de modifier le du français, mais également à son développe- visage français du Québec, alors qu'un ment, à son épanouissement dans le sens de examen attentif et un tant soit peu honnête l'excellence, de la rigueur dans la dimension du projet de loi 140 démontre clairement que d'un français écrit et parlé de qualité. Ce notre volonté consiste à prendre les moyens concept d'excellence est celui d'une langue nécessaires pour nous assurer que d'usage de qualité au Québec, non dans le l'administration de la Charte de la langue sens restrictif où on en parlait encore il y a française puisse être faite avec rigueur et quelques années, à savoir de tenir un langage équité. châtié dans les salons, mais bien une langue Mais qu'est-ce donc que ce réflexe de française capable de traduire ce que nous fausse pudeur de l'Opposition qui la pousse à ressentons, ce que nous vivons quotidienne- refuser tout ajustement de nos mécanismes ment, au travail comme à la maison. institutionnels pour en accroître la La première condition pour être fier de performance? Cette fausse pudeur c'est cette notre langue, c'est de nous assurer que nous tentative de manipulation de l'opinion disposons d'un outil suffisamment développé publique qui tend à faire croire que le et moderne pour véhiculer, et cela, dans tous gouvernement libéral veut affaiblir la Charte les domaines de l'activité humaine... Si nos de la langue, alors que justement il la parents étaient fiers de parler la langue renforce. Belle tactique de l'Opposition qui française, ainsi que l'ont proclamé nos plus veut ainsi masquer l'inaction des dernières éminents écrivains et penseurs, tels les Henri années du gouvernement péquiste par son Bourassa, chanoine Groulx et, plus manque de courage politique. Car il faut récemment, Félix-Antoine Savard, c'est que bien que la population le sache un jour ou cette langue était celle d'usage dans leur vie l'autre, M. le Président: sitôt la loi 101 de travail d'abord. Notre grand défi au votée, l'ancien gouvernement s'était empressé Québec c'est de faire en sorte que la langue de tout faire pour éviter que sortent sur la française s'adapte aux nouveaux secteurs de place publique les problèmes rencontrés par développement économique et social. Valo- l'application de la charte. riser la francisation au Québec est et À cette époque, l'ancien gouvernement demeurera un pur discours académique si ne voulait surtout pas soulever de nouveau le nous, comme peuple francophone, n'avons pas débat linguistique, évidemment, puisqu'il cette volonté, cette détermination de parler voulait conserver intacte sa belle image de français dans nos milieux de travail gouvernement qui a, lui, réglé le problème respectifs. Je pense ici particulièrement au linguistique au Québec. secteur de la haute technologie où la langue Cette époque de jeu de cache-cache est d'usage est, à l'échelle internationale, révolue. La réalité c'est que l'ancien prioritairement l'anglais. D'ailleurs, à ce gouvernement n'a su que faire avec le sujet les autres pays francophones, dont la problème des illégaux dans les écoles. La France, rencontrent aussi les mêmes réalité c'est que l'ancien gouvernement a difficultés que nous. imposé un moratoire de près d'une année en À l'égard du dossier linguistique, deux 1982 à la Commission de la protection de la solutions s'offraient au gouvernement du langue, qui s'appelait Commission de Québec. D'une part, nous pouvions écarter surveillance dans le temps, concernant toutes les discussions sur le mode de gestion l'application de l'article 58 sur l'affichage. de la Charte de la langue française. Cette Soit dit en passant, de quel droit le ministre voie du statu quo nous semblait inadéquate d'alors, le père de la loi 101, avait-il imposé dans la mesure où les lacunes, les lenteurs à un organisme qu'il voulait autonome un d'application de la loi n'auraient pas été moratoire qui a bloqué tout le processus relevées à temps pour ensuite corriger la normal d'enquête et de poursuite en matière situation. d'affichage? La réalité c'est que. l'ancien D'autre part, l'option de moderniser gouvernement a de nouveau imposé un l'administration de la Charte de la langue moratoire dans les faits en 1984 lorsque les française s'offrait à nous. Cette voie poursuites, eu égard à l'article 58, ont été d'action que nous avons privilégiée offrait suspendues parce qu'une cause sur ce sujet l'avantage de maintenir les acquis du passé, était devant les tribunaux. La réalité, encore de protéger aussi les principes et les une fois, c'est que les sondages nous objectifs de la Charte de la langue française montrent et démontrent que la francisation 4918 au Québec accuse un ralentissement depuis sur le plan politique, pourrait apporter 1982 et que ce constat n'a pas ému l'ancien quelques bénéfices à court terme, si minces gouvernement au point d'en alerter l'opinion soient-ils. Comment comprendre, par exem- publique, comme vous le faites maintenant ple, cette façon de relier le projet de en dénonçant avec tant de larmes de modification des structures administratives de crocodile, la main sur le coeur, M. le la charte à la question de l'affichage au Président, l'affaiblissement du fait français Québec? Certes, nous comprenons aisément sous un gouvernement libéral. que le rôle de l'Opposition consiste à (16 h 20) susciter des débats dans les règles parle- Mais, enfin, qu'a donc fait l'ancien mentaires. De telles batailles entre gouvernement en 1982, en 1983, en 1984 et formations politiques s'acceptent facilement en 1985 pour corriger la situation? Rien, car dans la mesure, toutefois, où elles sont ce bon gouvernement se préoccupait d'abord menées avec rigueur, mais aussi avec de ses querelles de famille pour savoir qui sincérité. Or, j'ai toutes les raisons de croire partira avec l'héritage du père, ce qui fait que la stratégie de l'Opposition consiste, à que, lorsque j'entends le chef de l'Opposition ce stade-ci, à s'accrocher à cette bouée qui s'émouvoir devant les problèmes linguistiques détournerait l'attention des problèmes inter- au Québec maintenant, je souris - oui, M. le nes auxquels elle doit faire face, soit Président, je souris - et permettez-moi de ne cette crise d'identité qui perdure depuis le pas qualifier en cette Chambre les référendum de 1980. sentiments que recouvre ce sourire. Notre gouvernement continuera d'agir La réalité, c'est que le gouvernement en fonction des intérêts de la population du Parti québécois n'a pas eu le courage de québécoise et de maintenir ce climat de faire appliquer sa propre loi en matière confiance qui a caractérisé la première linguistique, traumatisé qu'il était après le année de pouvoir. Nous nous engageons à référendum. Aujourd'hui, en 1986, je poursuivre nos efforts en vue d'assurer la m'étonne donc que l'Opposition veuille ainsi prospérité de l'ensemble du Québec aussi résister à toute initiative dont l'objectif bien sur les plans social, économique que consiste à raffermir la Charte de la langue culturel. Nous poursuivons cet élan entrepris française et à accentuer la francisation du le 2 décembre 1985 en vue d'assurer la paix Québec. Dans un état moderne, dans une linguistique au Québec et d'offrir à toutes société où tout évolue si rapidement, il faut les Québécoises et à tous les Québécois une faire face aux défis qui se présentent et qualité de vie culturelle. Malgré les critiques s'inscrivent en évolution avec elle; sinon, les apportées par l'Opposition, notre gouverne- actions entreprises par l'État risquent d'être ment maintiendra cette confiance acquise rapidement déphasées par rapport aux auprès de la population en cherchant à réalités. améliorer sa qualité de vie. Cette qualité de Je dis aussi à l'Opposition que, dans un vie, à son tour, passe par l'amélioration du État moderne, différents moyens doivent être climat économique, du climat politique et du pris pour garder intacts des principes, des climat social au Québec. Des pas importants principes d'une législation tout en renforçant ont été franchis depuis le début de notre son administration et ce, au nom de mandat et d'autres défis s'offriront à nous. l'efficacité et de l'efficience des ressources. Notre intention est d'y faire face d'une C'est probablement là un concept qui façon aussi rationnelle que possible. Voilà ce échappe à l'Opposition et, d'ailleurs, n'est-ce que j'appelle, M. le Président, une pas une difficulté propre à cette formation orientation claire et précise afin d'assumer politique de ne pouvoir s'adapter à la volonté nos responsabilités dans le meilleur intérêt populaire? Je pense ici à sa thèse de toute la population québécoise. indépendantiste qui l'aura empêchée d'acqué- Quant à la protection du visage rir la confiance de la population le 2 français au Québec, comme je le démontrais décembre 1985 et que ce parti a de nouveau précédemment, je me demande de plus en maintenue dans son programme lors de ses plus si l'ancien gouvernement a accompli récentes assises. Mais il est vrai que, quant tous ses devoirs. Il a failli à sa tâche et a à être assis entre deux chaises, aussi bien réussi à masquer ses faillites jusqu'à la fin que ce soit du côté de l'Opposition! de son mandat. Mais nous voilà rendus à Je dirai également que ce n'est pas l'heure de vérité. Bien sûr, s'apercevant que uniquement une crise de confiance qui sévit la rigidité de la charte contrevenait à au sein du Parti québécois, mais que c'est certaines réalités, on a consenti, en 1983, à véritablement une crise d'identité en ce que des assouplissements en adoptant la loi 57. les troupes sont toujours divisées entre elles. Mais ce gouvernement n'a pris aucune Incapable de retrouver son équilibre entre la initiative pour ajuster et renforcer la souveraineté, d'une part, et l'association, législation qui doit assurer la francisation au d'autre part, cette formation politique Québec. reflète toujours cette incertitude d'autrefois. Je crois que la population a parfaite- Je comprends aisément que l'Opposition ment compris la ligne d'action de notre gou- tente de s'accrocher à la moindre bouée qui, vernement. Elle a très bien saisi notre 4919 volonté de maintenir et de renforcer le pouvoir et aujourd'hui, en souhaitant qu'une caractère français au Québec. Somme toute, telle attitude passe inaperçue. je suis loin d'être sûre que l'ancien gouver- Or, la population québécoise n'est pas nement ait assumé ses responsabilités comme dupe d'une telle stratégie. Si le gouverne- gardien de notre langue car il y a une ment actuel a choisi d'agir dans ce dossier, différence énorme entre le fait de proclamer c'est que plusieurs lacunes apparaissaient de bien haut un principe, énoncer des objectifs plus en plus évidentes. Si l'ancien gouverne- et tout mettre en oeuvre en vue de les faire ment avait été plus rigoureux dans l'adminis- respecter. Plus progresse le débat, moins la tration de sa propre loi, s'il avait été plus sincérité de l'Opposition me paraît évidente. ferme dans sa volonté de régler les C'est dans ce contexte que doivent être problèmes et s'il avait fait preuve d'un saisies les intentions exprimées par notre courage politique au lieu de décréter un gouvernement, soit de vouloir rectifier le tir moratoire sur les poursuites, on pourrait de la politique linguistique du Québec et prendre plus au sérieux les remarques corriger aussi les lacunes de l'ancien gouver- formulées aujourd'hui par l'Opposition, dont nement. En fin de compte, la population le laxisme s'est confirmé dans le passé. québécoise comprend la portée de nos (16 h 30) intentions et ne s'offusque pas de cet effort En effet, non seulement l'analyse de de redressement et aussi de cet effort de l'Opposition, en regard du projet de la loi modernisation de l'application de la Charte 140, par exemple, ne colle-t-elle pas à la de la langue française. réalité, mais avec un peu de recul, on Quant au visage français du Québec, le s'aperçoit que l'ancien gouvernement du Parti gouvernement du Québec a maintes fois québécois ouvrait les portes plus grandes que réitéré son intention non seulement d'en nous le faisons maintenant. Rappelons-nous assurer la prédominance, mais également de que le chef de l'Opposition actuel s'était lui- la renforcer en ce qui concerne la qualité. même engagé à donner à la minorité Cependant, la protection et la promotion du anglophone la garantie législative qu'elle veut français au Québec ne sauraient être obtenir en matière de soins de santé et de assumées uniquement par le gouvernement. services sociaux dans sa langue. Ce dernier pourra créer les conditions Comment interpréter les hauts cris de favorables à l'épanouissement du français au l'Opposition aujourd'hui, alors que le chef du Québec dans la mesure où les citoyennes, les Parti québécois ouvrait lui-même une telle citoyens partageront à titre individuel cette porte? Pourtant, il ne craignait pas qu'un tel responsabilité. engagement crée un second réseau de soins Par ailleurs, le débat créé autour de la de santé au Québec, ou encore faut-il en question linguistique au cours des dernières déduire que son sens humanitaire s'est semaines commence à être démystifié. transformé à ce point avant et après le 2 Certains observateurs de la scène politique décembre 1985? québécoise ont bien saisi la portée des Quant au projet de restructuration des changements que le gouvernement veut organismes qui sont voués à la protection de apporter. Ils ont aussi analysé la stratégie de la Charte de la langue française, l'ex- l'Opposition dans ce dossier. À cet effet, je ministre des Communautés culturelles et ne citerai qu'un passage significatif d'un député du comté de Mercier convenait en éditorial du quotidien La Presse du 4 janvier dernier qu'il fallait en revoir décembre dernier dans lequel Marcel Adam l'administration, révision qu'il aurait sans constate, et je le cite: "II est donc facile doute désiré refaire lui-même, et c'est lui- pour le Parti québécois d'exploiter à son même qui le disait. Une autre volte-face de avantage ce sentiment de méfiance en l'Opposition qui arrive mal à assurer une l'accusant - le gouvernement - de vouloir cohérence dans ses propos d'hier et ses neutraliser la loi 101 pour mieux bilinguiser propos d'aujourd'hui. Une autre volte-face qui le Québec. Quand on sait que l'ex-gouverne- se compare à celle portant sur leur option ment péquiste avait lui-même commencé à politique qui, au gré des années, au gré des édenter la loi 101 pour faire droit aux conjonctures, évoluait dans le sens d'un doléances justifiées des anglophones et qu'il opportunisme que la population a vite songeait à lui apporter des amendements compris le 2 décembre 1985 en accordant sa semblables à ceux que projette le gouverne- confiance à un gouvernement libéral. ment libéral, on se dit que c'est de bonne D'un autre côté, l'argument de guerre, mais ce n'est pas moins hypocrite l'Opposition manque de contenu, et j'en pour autant." prendrai pour seule preuve la question de Cette constatation me paraît impor- l'affichage commercial. Plusieurs affirmations tante dans le cadre du présent débat. À ont été faites au cours des dernières partir de celle-ci, en effet, j'y vois là une semaines. Un fait demeure, l'affaiblissement attitude négative qui caractérise bien l'Oppo- du français à Montréal ne date pas du 2 sition en ce qu'elle croit pouvoir changer de décembre 1985. Les inventaires effectués par masque aussi facilement entre le moment où l'un ou l'autre des médias ou des organismes le gouvernement du Parti québécois était au chargés de l'application de la charte ont 4920 démontré que l'État devra surveiller de près lement et sans équivoque, sans réserve, les tendances et évolutions de la langue à créer au Québec 400 000 emplois lors de française, surtout si elles dérogent aux son mandat, s'il était élu à la tête du principes et modalités de la loi. gouvernement. Cela fait 80 000 emplois par Le président de la Commission de la année, à supposer bien sûr qu'il fasse les protection de la langue française constatait, cinq années d'un mandat normal. 80 000 il y a quelque temps, une recrudescence des emplois par année; 400 000 emplois au cours plaintes portées à son attention concernant de son mandat. l'affichage. Il faut bien comprendre qu'il Quelques jours plus tard, le 17 s'agit de plaintes et non de situations qui novembre 1985, toujours en campagne auraient subitement évolué depuis le 2 électorale, cette fois-ci au Centre Paul- décembre 1985. Que s'est-il donc passé, M. Sauvé, devant quelques milliers de jeunes le Président, avant le 2 décembre 1985? La rassemblés pour cette occasion, le même loi était-elle rigoureusement respectée et le chef du Parti libéral leur promettait tout suivi des dossiers était-il assuré de façon aussi formellement des jobs. Nous allons, étanche par l'ancien gouvernement du Parti disait-il - et je le cite - vous redonner québécois? II y a quelque chose de confiance en vous redonnant le droit au défectueux dans l'argumentation de l'Opposi- travail. La création d'emplois pour les tion, et on prend un malin plaisir à nous jeunes, telle était, disait le chef du Parti démontrer un affaiblissement du français au libéral, la priorité des priorités de son Québec, mais on oublie, comme par hasard, gouvernement s'il était élu le 2 décembre de nous illustrer la façon dont a été 1985. Cela fait plus d'un an. administrée la Charte de la langue française Aujourd'hui, qu'en est-il de ces deux sous l'ancien gouvernement. engagements majeurs au plan économique? En Or, dans la présente discussion, c'est matière de création d'emplois, on le sait précisément là que le bât blesse. Je souhaite maintenant, les statistiques sont là pour le donc que la sincérité domine dans un tel confirmer, au cours de sa première année, le débat, que l'Opposition puisse nuancer ses gouvernement libéral créera tout au plus propos et tenter de situer les constatations 60 000 emplois, peut-être moins comme le d'aujourd'hui dans leur véritable contexte, signalait tantôt mon collègue de Joliette. soit dans celui de l'évolution administrative Cela tournera autour de 55 000, maximum d'un dossier. En d'autres termes, la présence 60 000 emplois. On est à 20 000, à 25 000 de la langue française a évolué entre le emplois en dessous de l'objectif, de moment où furent adoptés les principes de la l'engagement formel pris par le chef du loi 22 aussi bien que de la loi 101, et les Parti libéral en novembre 1985, en pleine conclusions de certaines études qui dénotent campagne électorale. que les affaiblissements datent bien avant le Quant aux jeunes, M. le Président, il 2 décembre 1985, on dit même depuis 1982. faut constater qu'ils ont été bernés, trompés Il faudrait reconsidérer tous les gestes et qu'ils attendent toujours que le administratifs posés depuis l'adoption de la gouvernement se souvienne, que le loi 101 et vérifier le suivi des enquêtes et gouvernement se rappelle de sa priorité des des déclarations de certains ministres de priorités, comme le chef du Parti libéral le l'époque pour vérifier si tout a été fait, si disait si bien en novembre 1985. Entre- l'ancien gouvernement a assumé entièrement temps, ces jeunes, une bonne partie en tout ses responsabilités dans le dossier. cas, continuent de recevoir leur chèque de Voilà, M. le Président, le véritable bien-être social, toujours au même niveau, enjeu dans le débat d'aujourd'hui. Pour sa toujours au même montant. Car on le sait, part, le gouvernement actuel assumera ses ils attendent encore la réalisation de la responsabilités dans le sens d'une véritable promesse de la parité de l'aide sociale pour protection et promotion de la langue les jeunes assistés sociaux de 30 ans et française au Québec dans l'intérêt de moins. Si on faisait aujourd'hui le même l'ensemble de la poulation québécoise. Merci. rassemblement au Centre Paul-Sauvé, je pense que l'atmosphère serait sans doute Le Président: Je remercie la vice- moins euphorique. On danserait un peu moins. première ministre. Le dernier des Au Centre Paul-Sauvé ce serait pas mal intervenants du côté de l'Opposition, sur la moins joyeux et, si on pouvait y compter, y même motion, est le député de Lac-Saint- dénombrer autant de pancartes qu'à l'époque, Jean. M. le député, vous avez la parole. les inscriptions auraient peut-être changé. M. le Président, comment expliquer cet M. Jacques Brassard échec lamentable au plan économique de la première année du mandat du gouvernement M. Brassard: M. le Président, le 12 libéral en matière de développement novembre 1985, l'an dernier en pleine économique? Comment l'expliquer? Je pense campagne électorale, le chef du Parti libéral qu'on doit l'expliquer par le fait que ce devant les membres de la Chambre de gouvernement, qui nous promettait en période commerce de Montréal s'engageait formel- électorale, une politique globale, une 4921 politique cohérente de développement consommateurs québécois. économique, une politique stimulante de Quebecair. Non seulement on liquide les création d'emplois n'a accouché, à toutes actifs, M. le Président, en vendant les fins utiles, que d'une politique de meilleurs appareils de l'entreprise, non seule- démantèlement des outils économiques du ment on abandonne des activités jugées Québec. Au lieu d'une politique globale et rentables - je pense en particulier au nolise- cohérente de développement économique et ment, aux vols nolisés - mais également, en de création d'emplois, ce gouvernement n'a privatisant Quebecair, on le sait, on crée du accouché finalement que d'une politique de chômage en mettant à pied plusieurs liquidation de nos instruments de déve- centaines de personnes et, surtout - il ne loppement économique. On a assisté à la faut pas l'oublier - cette action a eu comme mise en vigueur, à la mise en route d'une conséquence une dégradation, une dété- mise en vente, d'une mise à l'encan des rioration considérable, substantielle des sociétés d'État québécoises qu'on avait mises services aériens dans les régions du Québec. en place au cours des 25 dernières années, Les régions s'en sont vite rendu compte et sans se préoccuper le moindrement du monde ont d'ailleurs multiplié les plaintes auprès de des impacts positifs, du rôle bénéfique que la Commission fédérale des transports pour jouaient ces sociétés d'État dans la société obtenir, à tout le moins, des audiences québécoise, particulièrement en régions. publiques sur la privatisation de Quebecair. (16 h 40) Le plus ironique dans tout cela, M. le C'est cela la politique ambitieuse de Président, c'est que le ministre qui a relance, de. développement économique, de procédé à cette privatisation de Quebecair, création d'emplois qu'on nous promettait au si néfaste aux régions, c'est le titulaire du cours de la campagne électorale 1985. Cela développement régional. C'est un peu bizarre se réduit maintenant, depuis plusieurs mois, et un peu ironique de constater cela. cette politique ambitieuse se résume à une Cambior. En privatisant les principaux vente de feu, à une vente à l'encan de nos actifs de SOQUEM, on le sait, on trouve instruments économiques, de notre patrimoine moyen - on l'a mentionné et révélé, ici, en économique, M. le Président. Or, non cette Chambre - de sous-évaluer d'au moins seulement la politique de privatisation de ce une cinquantaine de millions la valeur des gouvernement tient lieu de politique de actions de Cambior. développement économique, mais, en plus, il faut constater que cette politique de Une voix: Ce n'est pas vrai. privatisation est carrément improvisée, bâclée à maints égards, mal préparée, mal Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! planifiée, une politique brouillonne, dépourvue À l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre, s'il vous de rigueur à plusieurs titres et, surtout, une plaît! M. le ministre, je ne vous ai pas politique de privatisation sans qu'elle ne soit donné la parole. On est sur une motion de accompagnée d'une analyse sérieuse, d'une blâme. Le règlement prévoit que, si vous analyse en profondeur des conséquences, des avez une question à poser ou une impacts sur les économies régionales. Je intervention à faire, vous le ferez après. pense que tout le monde constatera, tout le Vous pourrez aussi intervenir sur la même monde reconnaîtra que les retombées motion s'il reste du temps à votre formation économiques majeures en matière d'inves- politique, mais vous ne pouvez intervenir à tissement et en matière de création cette étape-ci. d'emplois des sociétés d'État se sont d'abord et avant tout produites en régions. Ce sont M. Brassard: Cela fait mal à les économies régionales qui ont bénéficié l'encanteur en chef! d'abord et avant tout de l'action des sociétés M. le Président, en mettant en vente d'État et le gros des emplois, la plus grande les actions de Cambior, on a sous-évalué la proportion des emplois créés par les sociétés valeur de ces actions. C'est l'État, c'est la d'État, on les retrouvait dans les économies collectivité qui perd dans cette opération. régionales. Or, on privatise, M. le Président, Manoir Richelieu, M. le Président. La on liquide les sociétés d'État sans analyse première des privatisations du gouvernement sérieuse, profonde, des impacts de ces libéral. Qu'en dire, sinon que cette action a actions sur les économies régionales. bouleversé socialement toute une région du Passons-les rapidement en revue, M. le Québec. Pourquoi? Parce qu'on a ignoré Président - je pense que c'est utile - et l'esprit même du Code du travail. On a mis examinons-en rapidement les effets: Raf- de côté, on a ignoré la présence d'un finerie de sucre. Non seulement on ferme syndicat et l'existence même d'une une entreprise, non seulement on crée du convention collective en vendant le Manoir chômage en mettant des gens à pied, mais, Richelieu. en plus, on crée du même coup une situation Dofor, M. le Président. La vente des de monopole dans le secteur du sucre et tout actions Donohue et Domtar détenues par la le monde sait qu'une situation de monopole Société générale de financement par Dofor ne peut être que néfaste et nuisible aux est, à notre point de vue, carrément, propre- 4922 ment scandaleuse parce que le gouvernement Le Président: Je remercie le député de a annoncé clairement son intention d'utiliser Lac-Saint-Jean. Le dernier intervenant sur la le fruit de cette privatisation pour renflouer même motion est le leader du gouvernement. à coups de centaines de millions la caisse du ministre des Finances; donc, de payer M. Michel Gratton l'épicerie, comme on l'a mentionné tantôt. C'est là une action proprement indécente. Si, M. Gratton: M. le Président, si je au moins, on utilisait ces centaines de comprends bien, je dispose de quatre millions pour faire du développement minutes... économique dans les régions, pour permettre à la Société générale de financement d'ouvrir Une voix: Consentement. de nouvelles pistes de développement, d'occuper de nouveaux créneaux de M. Gratton: ...et je vous dirai que c'est développement économique. Mais non, on va amplement de temps pour dire tout le s'en servir pour payer l'épicerie, pour sérieux que je pense de cette motion du chef renflouer la caisse du ministre des Finances. de l'Opposition. Le sérieux et l'à-propos Enfin, Madelipêche. Plus de 1000 d'une motion qui, à ce moment-ci, vient emplois aux Îles-de-la-Madeleine qui sont en répondre au désir de qui? péril. On ne peut pas obtenir du gouver- S'il faut en croire une étude récente nement la garantie que ces quelque 1000 menée par le Conseil du patronat, deux emplois seront maintenus. Également, des personnes sur trois qu'on rencontre dans la activités de transformation dans le secteur rue ou dans les centres commerciaux se des pêches sont mises en danger puisqu'on disent satisfaites du travail du gouvernement vend Madelipêche en plusieurs lots. Lorsque actuel. On peut donc se demander si la nous examinons l'action du gouvernement en motion de censure, une quatrième au cours matière de privatisation, nous avons raison de la dernière année, depuis le mois de mars de parler de liquidation, de dilapidation de dernier - on sait que l'Opposition ne dispose notre patrimoine économique. Certains vont que de six pour l'ensemble d'une session et jusqu'à parler de vandalisme. Nous avons voilà qu'on en a une quatrième aujourd'hui, même raison de parler de vandalisme. C'est quatrième qui regroupe les trois premières... pour cette raison que nous dénonçons cette On en a eu une qui portait sur les jeunes, absence de véritable politique économique une autre motion du mercredi portait sur la cohérente de la part du gouvernement libéral privatisation; évidemment, il y en a eu une qui se résume à une politique de autre sur la langue et, aujourd'hui, on n'est démantèlement, à une politique de liqui- pas trop sûr de quoi on devrait blâmer le dation d'outils économiques, d'instruments gouvernement, alors, on fourre tout cela dans économiques dont on s'est doté au cours des la motion fourre-tout et on dit: Voici la 25 dernières années et qui ont eu des effets quatrième. C'est un amalgame des trois bénéfiques en matière d'investissements et de premières. Cela ne fait pas sérieux. Et quand création d'emplois, particulièrement dans les on pense que deux personnes sur trois sont économies régionales. satisfaites du gouvernement, il faut donc Il y a plus d'un an, à l'occasion de la trouver les raisons de la présentation de campagne électorale, ce gouvernement, cette motion seulement dans le désir des surtout par la voix de son chef, s'engageait membres du Parti québécois. formellement à créer 400 000 emplois au (16 h 50) cours de ce mandat. Cette promesse n'a pas Or, fait assez curieux - et le premier été tenue, le gouvernement n'a pas tenu ministre l'a signalé tantôt - un sondage parole en matière de création d'emplois. SORECOM publié en fin de semaine nous Mais, surtout, ce gouvernement, par la voix disait que 36 % des personnes qui se disent de son chef, lors de la campagne électorale prêtes à voter pour le Parti québécois, qui, de 1985, s'engageait à créer des emplois quand on leur demande leur intention de pour les jeunes du Québec, à faire en sorte vote, disent qu'elles voteraient pour le Parti que les jeunes trouvent des emplois et québécois s'il y avait une élection demain, quittent l'aide sociale. Or, on est obligé, avouent être satisfaites du travail effectué aujourd'hui, de reconnaître que ces par le premier ministre et son gouvernement. promesses majeures du gouvernement en Donc, ce n'est pas l'ensemble des matière économique, ces engagements péquistes qui motivent le chef de l'Opposi- formels en matière de création d'emplois et tion à présenter sa motion, mais seulement en matière de développement économique 64 % puisque 36 %, eux, sont en désaccord, n'ont pas été tenus mais ont été remplacés 36 % des péquistes sont en désaccord avec par une politique de démantèlement, de le chef de l'Opposition. Évidemment, il peut dilapidation de notre patrimoine économique. peut-être se consoler de savoir que, dans le Je pense que, devant ces actions, ce gouver- même sondage, on révèle que 57 % des nement mérite d'être blâmé. Merci, M. le sympathisants péquistes voient dans le chef Président. de l'Opposition actuel le meilleur chef politique. Comme le disait Jacques Samson 4923 dans sa chronique, samedi, c'est un peu Ce n'est pas à cause du Parti québécois, ce mince, mais le chef de l'Opposition peut n'est pas à cause de l'Opposition, ce n'est dormir en paix puisque Jean Garon ne pas à cause de la manipulation, comme l'a recueille que 7 %, lui. répété la vice-première ministre, c'est à Le danger qui guette le chef de l'adoption de la loi 101 ou à peu près. Ce l'Opposition, n'est-ce pas justement, alors n'est pas à cause du Parti québécois, ce qu'il y en a déjà 36 % qui ne sont pas n'est pas à cause de l'Opposition, ce n'est d'accord sur sa façon de faire les choses, pas à cause de la manipulation, comme l'a notamment, par sa motion de blâme répété la vice-première ministre, c'est à aujourd'hui, qu'il risque que les autres 64 %, cause de l'incohérence de ce gouvernement. quand ils constatent le manque de contenu Et cela, les Québécois l'ont senti depuis un de l'Opposition et de son chef, commencent, certain nombre de semaines et de mois. eux aussi, à se poser des questions? Le chef Heureusement que le ridicule ne tue de l'Opposition, à tort et à travers, à partir pas, car la vice-première ministre et une de discours comme ceux qu'on vient demi-douzaine d'autres ministres seraient d'entendre qui s'appuient sur des désirs de déjà morts depuis quelques semaines. l'Opposition plutôt que sur des faits... On parle d'une crise linguistique au Québec. Où Une voix: Nommez-les! existe-t-elle? Uniquement dans l'esprit de ces M. Johnson (Anjou): La personne la plus messieurs qui la voudraient bien, qui la partisane que je connaisse en face, celle qui souhaitent, la crise linguistique, mais qui occupe le poste de vice-première ministre et devront nécessairement convaincre la responsable du dossier linguistique, est population que, dans le projet de loi 142, on précisément la personne qui rend ce débat fait plus que ce que l'actuel chef de partisan, celle qui avait réussi à passer à l'Opposition lui-même s'était engagé à faire, travers ses crédits au mois de mars en ne non seulement dans le document de son parti, de son gouvernement quant à ses disant pas un mot sur le français langue de propositions constitutionnelles, mais égale- travail et qui se contentait de parler de la ment en cours d'élection, devant Alliance Société du bon parler français. Québec et également durant la campagne L'incohérence ne vient pas du Parti électorale. québécois. La vice-première ministre pourra bien faire des procès d'intention, revenir au On y reviendra à l'occasion des débats référendum ou même en 1962, si cela sur le projet de loi 142. Le chef de l'amuse, à l'époque du RIN. Ce que je sais, l'Opposition crie au loup sur le projet de loi M. le Président, c'est qu'elle et même le 142, et les gens finiront par savoir - ils premier ministre sont en train de couvrir de commencent déjà à le savoir - que le chef ridicule le gouvernement du Québec, de l'Opposition crie au loup sans raison suffisamment pour que le journal Le Monde justifiable. Ils vont continuer de percevoir en ait fait état mercredi dernier. Je ne que, quand le chef de l'Opposition crie au pense pas que le Parti québécois ait loup sur le projet de loi 140, là non plus, ce manipulé le journal Le Monde récemment lui n'est pas justifié. qui dénonçait la situation de confusion Quand cela arrivera - et cela va venir, linguistique dans laquelle le gouvernement du je fais confiance à l'intelligence des Québec avait plongé le Québec depuis un Québécois - on comprendra que la seule certain nombre de mois. raison pour le chef de l'Opposition de Le premier ministre nous parle des s'acharner sur la question de la langue, c'est poursuites au sujet des "smoked meat" pour pour raffermir son leadership. L'ayant démontrer ce qui, à ses yeux, serait ridicule constaté, la population fera de nouveau, dès mais en disant que, quant à lui, il est fier la première occasion, ce que nous ferons cet de ce ridicule alors que la solution n'est pas après-midi, soit le renvoyer, comme nous, en de poursuivre les gens qui affichent "smoked votant contre la motion de censure du chef meat", bien que j'avoue franchement que je de l'Opposition, à ses devoirs en l'invitant à ne vois pas vraiment le genre de traduction faire beaucoup mieux s'il veut se mériter la qu'on ferait de ce merveilleux plat inventé confiance des Québécois. par des gens de la rue Saint-Laurent à une certaine époque et qui est popularisé Le Président: Je remercie M. le leader maintenant en Amérique du Nord. La solution du gouvernement. Maintenant, pour son droit serait de se débarrasser de son Procureur de réplique sur la motion, je vais général et d'en trouver un qui appliquera reconnaître M. le chef de l'Opposition. adéquatement, fermement et intelligemment la loi. M. Pierre Marc Johnson (réplique) M. le Président, ce gouvernement n'a pas vu que le Québec entier est inquiet, pas juste le Parti québécois, pas seulement M. Johnson (Anjou): Malheureusement, on l'Opposition, mais l'ensemble des citoyens du parle encore de la langue au Québec, dix ans Québec sont préoccupés parce qu'ils sentent après l'adoption de la loi 101 ou à peu près. la mollesse de ce gouvernement en matière 4924 linguistique, ils sentent l'incohérence, ils comprends le premier ministre qui doit être voient qu'il y a absence de fermeté et de préoccupé en ce moment. Quand on regarde volonté. Cela inquiète les Québécois et avec ce qui se passe sur le plan économique au raison, M. le Président. Québec en dépit de l'augmentation des Est-ce que nous aurions participé, investissements par rapport à l'année 1985, heureusement, depuis quelques semaines à grâce, notamment au secteur immobilier et sensibiliser l'ensemble des Québécois à cela? grâce à certains grands projets comme Oui, je le souhaite, j'en suis même convaincu Domtar et comme Pechiney, en dépit du fait et j'en suis extrêmement fier. C'est cela le que le taux de chômage est plus ou moins rôle d'une Opposition. Je suis d'autant plus stable ou même légèrement réduit, mais on heureux qu'aujourd'hui la vice-première l'explique par le fait qu'il y a moins de gens ministre, dans son discours, nous a livré un qui se déclarent en recherche d'emploi parce magnifique éloge funèbre du projet de loi qu'ils sont tannés d'en chercher, en dépit de 140. tout cela, M. le Président, sur le plan de Sur la privatisation, à peu près pas un l'emploi, cela stagne au Québec depuis douze mois. Si j'étais premier ministre du Québec, mot du premier ministre. Pas une réponse à je serais préoccupé par cela et je suis sûr cette affirmation que nous faisons que le que le premier ministre du Québec est processus de privatisation, mal enclenché là préoccupé par cela, mais il devrait arrêter aussi comme dans le reste parce qu'il n'est de dire que cela va bien. Qu'il vienne au pas accompagné d'une politique économique printemps, au retour de la session, avec une adéquate en termes de recherche de création politique économique cohérente, autre chose d'emplois sur le territoire québécois, cette que des propos verbeux ou du "name- politique de privatisation se solde non seule- dropping" de sa dernière rencontre à New ment par des pertes d'emplois mais simple- York avec son club de fans d'Hydro-Québec. ment par le déplacement de capital sans Qu'il vienne avec autre chose que le rêve de investissement et sans création d'emplois paver la Côte-Nord au grand complet pour additionnels. régler les problèmes économiques du Québec. Le super négociateur avec le fédéral! Qu'il vienne avec une vision cohérente, des Beau succès dans la péréquation, beau succès créneaux de développement économique au dans Matane, beau succès dans le bois Québec, de l'ajustement des programmes de d'oeuvre, le gâchis du bois d'oeuvre où le sécurité du revenu et des régimes sociaux au gouvernement du Québec s'est conduit, Québec dans une perspective de création comme le disait un ancien membre de cette d'emplois, d'une négociation intelligente avec Assemblée qui en a été le doyen longtemps, le gouvernement fédéral en matière de comme des pee wee autour de la question du création d'emplois et en matière de pouvoirs libre-échange, notamment quant à la question pour le Québec dans ce secteur. Qu'il vienne du bois d'oeuvre où on en apprend tous les avec cela, M. le Président, et on le croira. jours au premier ministre dans ce dossier, En attendant, cependant, nous considérons lequel de toute évidence, ne suit pas le qu'il faut blâmer ce gouvernement après un dossier. an d'absence de gouvernement. Ce qui est plus dramatique, c'est au niveau de l'emploi. Pitoyable démonstration que nous fait le premier ministre que, par Le Président: Je remercie M. le chef rapport à l'ensemble de l'année 1985, en de l'Opposition. dépit de ses promesses, il sera au minimum Sur la motion de censure présentée par 20 000 emplois en dessous de ce qu'il M. le chef de l'Opposition, en vertu de prévoyait. Pitoyable de voir que le premier l'article 304, est-ce que cette motion est ministre du Québec n'accuse pas publique- adoptée? ment le coup qu'il y a au mois de novembre 1986, pas un emploi de plus que ce qu'il y Des voix: Adopté. avait au mois de janvier sur le territoire du Québec. Une voix: Oui, adopté. Heureusement que le mois de janvier a été bon. Heureusement que février a été M. Gratton: M. le Président, je voudrais bon, suite de l'ancien gouvernement, à moins suggérer... qu'on ne prétende qu'en l'espace de quelques jours ils aient tout modifié pour créer des Le Président: M. le leader du gouverne- emplois en l'espace de 30 jours. Et heureuse- ment. ment, M. le Président, parce que plus les mois avancent dans l'année, plus le taux M. Gratton: Je présume que l'Opposi- moyen de création d'emplois baisse. Heureusement que l'année finit dans quelques tion veut, exige un... jours; sans cela, on finirait peut-être à 5000 Une voix: Ils ne sont même pas cinq. ou à moins 5000. (17 heures) M. Gratton: ...vote enregistré, M. le Triste, M. le Président, parce que je Président. Je ferai remarquer qu'il n'y a pas 4925 le nombre de cinq députés requis par le Projet de loi 139 règlement. Nous pourrions donc défaire cette motion de censure. M. le Président, je pense Reprise du débat sur que nous dirons tout simplement: Rejeté. l'adoption du principe

Le Vice-Président: Très bien. J'appelle Le Président: La motion présentée par maintenant l'article 24 du feuilleton. Nous M. le chef de l'Opposition, en vertu de reprenons le débat sur la motion de Mme la l'article 304, motion de censure, est rejetée. ministre de la Santé et des Services sociaux M. le leader du gouvernement. voulant que le principe du projet de loi 139, Loi modifiant la Loi sur la protection de la M. Gratton: M. le Président, je jeunesse, soit maintenant adopté. Dans le suggérerais que nous suspendions nos travaux cadre de ce débat, nous en sommes à la quelques minutes afin de donner à Mme la réplique de Mme la ministre. Je cède donc ministre de la Santé et des Services sociaux la parole à Mme la ministre de la Santé et l'occasion de se rendre ici. Effectivement, on des Services sociaux. m'informe qu'elle est en route. Donc, ce sera une question de quelques minutes. Mme Thérèse Lavoie-Roux (réplique)

Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je Le Président: Est-ce qu'il y a consente- voudrais prendre quelques minutes pour la ment pour suspendre les travaux de cette réplique dans le débat sur le projet de loi Assemblée pendant quelques minutes? 139 qui modifie la Loi sur la protection de la jeunesse concernant l'adoption interna- Une voix: Oui. tionale. Je voudrais tout simplement, peut-être Le Président: M. le whip... Suspension pour l'intérêt des personnes qui nous quelques minutes. Merci. écoutent et qui sont certainement préoccupées par toute cette question de (Suspension de la séance à 17 h 3) l'adoption internationale, rectifier certains faits que la députée de Marie-Victorin a affirmés ce matin. Elle a sans aucun doute (Reprise à 17 h 13) peut-être créé l'impression que nous impo- serions nos lois à d'autres pays qui ne Le Vice-Président: Veuillez prendre reconnaissent que l'adoption simple. Je vois place, s'il vous plaît. Nous allons reprendre ici le chef de l'Opposition, qui a déjà été nos travaux. M. le leader du gouvernement. l'un des parrains des modifications qui avaient été apportées à la loi sur l'adoption M. Gratton: M. le Président, avant de internationale. À cette occasion, nous avions vous demander d'appeler l'article 24 du réaffirmé le principe de la reconnaissance feuilleton, j'aimerais faire une mise au point. uniquement de l'adoption plénière, c'est-à- Je m'excuse auprès du chef de l'Opposition. dire de l'adoption qui rompt tous les liens Tantôt, j'ai indiqué que la motion de blâme entre l'enfant adopté et ses parents, ce que ou de censure était rejetée mais, effective- ne reconnaît pas l'adoption simple, comme ment, nous avions informé l'Opposition que le c'est la coutume dans un certain nombre de vote enregistré sur la motion se tiendrait à pays, ayant pour résultat de créer des 17 h 45. Donc, les députés seront invités à problèmes ici aux enfants qui sont adoptés, venir voter sur la motion de censure du chef quant à leur statut juridique, et également de l'Opposition à 17 h 45. Cela étant dit, aux parents qui sont les adoptants et qui M. le Président, je vous prierais d'appeler peuvent aussi faire face à des réclamations l'article 24 du feuilleton et de reconnaître de la part des parents d'origine. Mme la ministre en réplique. Alors, il ne s'agira pas pour le Québec d'imposer sa loi à d'autres pays. Au contraire, si les pays veulent continuer de Le Vice-Président: Très bien, M. le reconnaître uniquement l'adoption simple, je leader du gouvernement. Simplement, pour pense que c'est leur décision mais, en ce qui être clair, disons que le vote qui avait été a trait au Québec, nous voulons réaffirmer le enregistré sur la motion comme devant être principe de l'adoption plénière et, dans ce rejetée est donc révoqué. Au procès-verbal, sens, reconfirmer l'égalité de tous les nous consignons qu'à la demande de l'Opposi- enfants du Québec. Qu'ils soient des enfants tion il y aura vote enregistré sur la motion adoptés ou des enfants naturels, tous les de censure. À la demande du leader du gou- enfants sont sur le même pied et on a à vernement, ce vote aura lieu à 17 h 45. leur endroit les mêmes obligations. Alors, les démarches que nous voulons Une voix: C'est cela. faire sont les suivantes: D'une part, il y a déjà des pays qui, comme le Québec ou 4926

comme les autres provinces du Canada, ne dans une situation assez ambiguë ici, de reconnaissent que l'adoption plénière. Dans le même que les parents qui les ont adoptés se cas des autres pays qui ne reconnaissent que retrouvent aussi dans un état d'incertitude l'adoption simple, comme un bon nombre de qui, je pense n'est bon ni pour les enfants ni pays de l'Amérique centrale, nous voulons pour les adoptants. Ces cas seront considérés avec eux signer des ententes qui feront que un par un et nous nous efforcerons de l'adoption simple pourrait avoir, dans le cas trouver la solution la plus humaine possible des enfants abandonnés ou orphelins, l'effet dans les circonstances. de l'adoption plénière s'ils sont adoptés au Je voudrais également dire, M. le Québec. Président, que s'il est vrai qu'il y a des Cela m'apparaît très important de parents qui ont éprouvé des difficultés et qui rectifier cette chose. Il ne s'agit pas en éprouvent encore, particulièrement dans le d'imposer nos lois à d'autres, mais, de nous cas des enfants qui sont entrés ici avec une assurer que les enfants qui sont ici au perspective d'adoption simple et dont le Québec comme enfants adoptés auront le jugement d'adoption n'a pas encore été même statut que tous les autres enfants du rendu, il faut bien aussi parler de toutes les Québec et que, même parmi les enfants familles - le député de Gouin le mentionnait adoptés, il n'y aura pas deux classes d'ailleurs ce matin - et de tous les parents d'enfants. qui ont eu l'occasion d'adopter non seulement Je voudrais également revenir quelque un enfant, mais souvent plusieurs enfants et peu sur le rôle du Secrétariat à l'adoption pour qui l'opération a été - le terme est internationale. Ce secrétariat qui fut créé peut-être un peu particulier - pour qui la sous l'ancien gouvernement et peut-être au démarche a été très satisfaisante et qui ont, moment où le chef de l'Opposition actuel à partir de l'adoption internationale, était ministre des Affaires sociales, si je ne constitué des familles qui peuvent s'épanouir m'abuse, à moins qu'il ait été créé au au Québec dans les meilleures conditions moment où le Dr Laurin était ministre des possible. En même temps que l'on examinera Affaires sociales, en tout cas, cela a été toute la question de l'adoption simple, je créé sous l'ancien gouvernement. Ce matin, pense qu'il faut penser également à ces on l'a fortement critiqué. Oubliant sans familles où l'adoption a été un succès. doute que le secrétariat a toujours agi selon En dernier lieu, M. le Président, il y a la volonté politique des gouvernants qui eu ce matin une proposition du député de étaient en place et que, s'il s'est créé des Gouin en ce sens qu'on puisse examiner toute ambiguïtés et des confusions, c'est que peut- cette question de l'adoption internationale être les indications que l'on a données au dans un contexte beaucoup plus large, peut- moment de ces problèmes, au Secrétariat de être plus détendu, non pas dans un forum qui l'adoption internationale, les directives ou les peut risquer d'être plus partisan, quoique je orientations n'ont pas toujours été très pense que de part et d'autre de la Chambre, claires. on admettra que quand cette question de Je pense que le rôle du secrétariat n'a l'adoption internationale a été soulevée à pas à être mis en cause parce qu'il a été quelques occasions, nous nous sommes créé, compte tenu d'un vacuum ou d'un vide toujours efforcés justement d'adopter une qui existait dans tout le domaine de attitude non partisane. Dans ce cas-là l'adoption internationale au moment où les comme dans le cas de la protection de la Québécois recouraient de plus en plus à jeunesse où nous avions établi ou créé une l'adoption internationale, compte tenu du fait commission non partisane pour réexaminer que les enfants libres pour l'adoption au toute la Loi sur la protection de la jeunesse, Québec devenaient de plus en plus rares et je pense qu'à la suite de la suggestion du qu'en même temps les familles exprimaient député de Gouin, un exercice similaire ce désir de se tourner vers d'autres pays pourrait se faire au sujet de l'adoption pour adopter des enfants. internationale, cela m'apparaît une proposi- Dans le cas du Secrétariat à l'adoption tion intéressante. internationale, comme je le disais ce matin, Ce qui n'existait pas au moment où peut-être y a-t-il des choses qui peuvent nous avions pour une première fois créé une être modifiées quant à son fonctionnement, commission non partisane dans le cas de la mais quant à son existence même, je pense protection de la jeunesse, aujourd'hui nos qu'il ne saurait être question, à ce moment- règles parlementaires nous le permettent par ci, de la remettre en cause. Maintenant, il le truchement des commissions parle- est un autre point qui reste. C'est celui de mentaires, soit à partir de la décision d'une tous les cas d'adoption simple qui ont été commission de prendre un mandat d'initiative faits depuis 1983. Ils seront considérés cas pour se pencher sur toute cette question de par cas parce que ces enfants, pour un bon l'adoption internationale. Cela intéresserait nombre d'entre eux, sont parfois rentrés à au plus haut point les organismes qui l'occasion d'une adoption privée. Il n'y a pas travaillent dans ce domaine. Cela permettrait de jugement d'adoption qui a été accordé peut-être aussi d'envisager des solutions dans leur cas, si bien qu'ils se retrouvent nouvelles, des solutions qui auraient des 4927 répercussions à moyen et à long terme qui M. Gratton: M. le Président, compte soient plus importantes que strictement les tenu qu'il est 17 h 30 et qu'un vote est corrections que nous devons faire aujourd'hui, prévu à 17 h 45, il était de notre intention compte tenu de la confusion qui a été créée de proposer l'amorce du débat sur le principe - là-dessus, je corrigerais le député de Gouin du projet de loi 142, mais, plutôt que de - non seulement dans les derniers mois, mais faire subir à Mme la ministre une depuis 1983, après les modifications qui interruption de son discours à quinze minutes avaient été adoptées, encore une fois, à de son début, je suggère qu'on suspende et l'unanimité, avec le désir de corriger une qu'on reprenne à 20 heures, tout en ayant situation malencontreuse peut-être à certains pris le vote à 17 h 45. égards qui s'était développée jusqu'à ce moment-là. On a tenté de la corriger en Renvoi à la commission 1983; nous sommes encore obligés de la des affaires sociales corriger en 1986. Si une réflexion de la part des Avant d'en faire la proposition membres de la commission des affaires formelle, il y a lieu que je propose de sociales pouvait permettre des solutions plus déférer le projet de loi 139 à la commission stables et à plus long terme, cela serait fort des affaires sociales pour étude détaillée. M. souhaitable. Mais le député de Gouin, que je le Président, je fais maintenant la suggestion remercie pour sa suggestion constructive, que nous suspendions la séance jusqu'à connaît les règles de fonctionnement des 17 h 45. commissions et il ne saurait relever de la ministre de décider des mandats d'initiative Le Vice-Président: Très bien. que les commissions ou la commission des affaires sociales veut bien se donner. Mais, M. Johnson (Anjou): M. le Président, sachant au moins que j'éprouve une certaine c'est parce que... sympathie, pour ne pas dire une sympathie certaine, à l'endroit d'un tel mandat Le Vice-Président: Un instant! Simple- d'initiative, il reviendra maintenant aux ment pour être dans les formes, cette membres de la commission des affaires motion de déférence est-elle adoptée? sociales de faire le nécessaire et de s'entendre, s'ils le peuvent, pour travailler Des voix: Adopté. sur un tel mandat d'initiative. M. le Président, je suis fort consciente Le Vice-Président: Adopté. M. le chef que, en dépit des amendements ou des de l'Opposition. pouvoirs de règlement qui seront accordés à la ministre par ces modifications à la Loi M. Johnson (Anjou): M. le Président, en sur la protection de la jeunesse, tous les fait, il resterait quinze minutes à la problèmes ne seront pas résolus, mais je ministre, je trouve que c'est assez long pour crois que l'ensemble de l'Assemblée nationale annoncer le retrait du projet de loi. Quinze se réjouira sans doute que soit réaffirmé de minutes, cela devrait être assez. nouveau et sans ambiguïté que, dans le cas du Québec, notre règle quant à l'adoption Le Vice-Président: M. le leader du internationale est la règle de l'adoption gouvernement. plénière pour assurer justement aux enfants adoptés qu'ils ont les mêmes droits que tous M. Gratton: M. le Président, non merci les enfants du Québec et que particulière- au chef de l'Opposition. On pourrait entamer ment les enfants adoptés de pays étrangers autre chose aussi, mais nous avons aient également les mêmes droits que les communiqué avec le bureau du leader et enfants adoptés au Québec. Je vous nous avons convenu qu'il serait plus utile de remercie, M. le Président. suspendre. Le Vice-Président: Le débat étant clos Le Vice-Président: D'accord, il y a à cette étape de l'étude du projet de loi, la donc consentement. Nous allons suspendre nos motion d'adoption du principe du projet de travaux pour quinze minutes environ et nous loi 139, Loi modifiant la Loi sur la allons reprendre pour le vote à 17 h 45. protection de la jeunesse concernant Nous suspendons nos travaux pour quelques l'adoption internationale, proposé par Mme la instants. ministre de la Santé et des Services sociaux, est-elle adoptée? (Suspension de la séance à 17 h 30) Des voix: Adopté. (Reprise à 17 h 45) Le Vice-Président: Adopté. M. le leader du gouvernement. Le Vice-Président: Veuillez vous asseoir, s'il vous plaît! 4928

À l'ordre, s'il vous plaît! Le Vice-Président: Que les députés qui sont contre la motion veuillent bien se lever, Mise aux voix de la s'il vous plaît! motion de censure Le Secrétaire adjoint: MM. Bourassa Nous allons maintenant procéder à la (Saint-Laurent), Gratton (Gatineau), Pagé mise aux voix de la motion de censure (Portneuf), Levesque (Bonaventure), Mme présentée par M. le chef de l'Opposition en Bacon (Chomedey), M. Ryan (Argenteuil), vertu de l'article 304 du Règlement, motion Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), MM. Paradis qui se lit comme suit: "Que cette Assemblée (Brome-Missisquoi), Côté (Rivière-du-Loup), blâme le gouvernement libéral d'affaiblir le Savoie (Abitibi-Est), Vallerand (Crémazie), caractère français du Québec, de démanteler French (Westmount), Côté (Charlesbourg), les instruments de développement économique Ciaccia (Mont-Royal), Johnson (Vaudreuil-Sou- dont s'est dotée la société québécoise et langes), Vallières (Richmond), Gobeil (Verdun), qu'elle le blâme également d'avoir renié les Picotte (Maskinongé), Fortier (Outremont), promesses électorales du Parti libéral, Mme Bégin (Bellechasse), MM. Cusano (Viau), notamment à l'égard des jeunes et de ceux Vaillancourt (Orford), Dauphin (Marquette), Philibert (Trois-Rivières), Mme Dougherty et celles dont la situation économique et (Jacques-Cartier), MM. Scowen (Notre-Dame- sociale est fragile." de-Grâce), Sirros (Laurier), Doyon (Louis-Hé- Que les députés qui sont pour la motion bert), Middlemiss (Pontiac), Beaudin (Gaspé), veuillent bien se lever, s'il vous plaît! Cannon (La Peltrie), Chagnon (Saint-Louis), Lemire (Saint-Maurice), Paradis (Matapédia), Le Secrétaire adjoint: MM. Johnson Mme Pelchat (Vachon), MM. Rivard (Rose- (Anjou), Chevrette (Joliette), mont), Polak (Sainte-Anne), Audet (Beauce- Nord), Bélisle (Mille-Iles), Mmes Hovington Le Vice-Président: À l'ordre, s'il vous (Matane), Trépanier (Dorion), Bélanger (Mé- plaît! gantic-Compton), MM. Fortin (Marguerite- Un instant, s'il vous plaît! Il n'y a pas Bourgeoys), Parent (Sauvé), Gervais (L'As- de consentement? Non. Alors, que les deux somption), Mme Bleau (Groulx), MM. Bradet députés qui sont entrés après le début de la (Charlevoix), Camden (Lotbinière), Mme mise aux voix... Dionne (Kamouraska-Témiscouata), MM. Far- rah (Îles-de-la-Madeleine), Després (Limoilou), Une voix: On ne peut pas entrer Forget (Prévost), Gardner (Arthabaska), Gau- pendant un vote. vîn (Montmagny-L'Islet), Gobé (Lafontaine), Hamel (Sherbrooke), Dubois (Huntingdon), Bis- Le Vice-Président: Ils ne peuvent pas sonnet (Jeanne-Mance), Hains (Saint-Henri), entrer non plus. Je leur demande de sortir. Houde (Berthier), Kehoe (Chapleau), Mme Le- gault (Deux-Montagnes), MM. Leclerc (Tas- Une voix: Ils ne peuvent pas sortir non chereau), Hétu (Labelle), Joly (Fabre), Le- plus. mieux (Vanier), Messier (Saint-Hyacinthe), Poulin (Chauveau), Richard (Nicolet), Trem- Le Vice-Président: Je leur demande de blay (Rimouski), Tremblay (Iberville), Thérien sortir de l'Assemblée, puisqu'il n'y a pas (Rousseau), Théorêt (Vimont), Saint-Roch consentement. (Drummond).

Une voix: II y a consentement quant à nous. Le Vice-Président: II n'y a aucune abstention? Une voix: C'était sa fête. Le Secrétaire: Pour: 21 Une voix: On ne peut pas s'attendre à Contre: 74 autre chose. Abstentions: 0

Le Vice-Président: Très bien. Le Vice-Président: La motion est Le Secrétaire adjoint: M. Perron (Du- rejetée. plessis), Mme Blackburn (Chicoutimi), MM. Considérant l'heure tardive, nous allons Jolivet (Laviolette), Garon (Lévis), Rochefort suspendre nos travaux jusqu'à ce soir, 20 (Gouin), Charbonneau (Verchères), Mme Ju- heures. neau (Johnson), MM. Brassard (Lac-Saint- Jean), Filion (Taillon), Gauthier (Roberval), (Suspension de la séance à 17 h 52) Godin (Mercier), Mme Vermette (Marie-Victo- rin), MM. Paré (Shefford), Claveau (Ungava), Boulerice (Saint-Jacques), Blais (Terrebonne), (Reprise à 20 h 3) Dufour (Jonquière), Parent (Bertrand), Des- biens (Dubuc). La Vice-Présidente: À l'ordre! 4929

M. le ministre de l'Énergie et leader reconnaissance du droit et des mesures pour adjoint du gouvernement. le faire valoir, un élément majeur intervient du fait que le bénéficiaire pourra effective- M. Ciaccia: Mme la Présidente, je vous ment les obtenir en langue anglaise. demanderais d'appeler l'article 27, s'il vous Cet engagement, nous l'avons annoncé plaît. lors du discours d'ouverture, et, sur ce point, nous recevons l'appui de la population et des Projet de loi 142 différents intervenants du réseau de la santé et des services sociaux qui, s'ils ont exprimé Adoption du principe des réserves quant aux modalités d'appli- cation, ont quand même fait consensus La Vice-Présidente: Â l'article 27 du sur le principe d'un tel projet. Et les feuilleton, il s'agit de l'adoption du principe différentes associations d'établissements nous du projet de loi 142, Loi modifiant de ont toutes manifesté sans exception qu'elles nouveau la Loi sur les services de santé et partageaient les préoccupations du gouverne- les services sociaux, qui a été présenté par ment à l'origine du projet de loi 142, qui la ministre de la Santé et des Services vise à assurer aux bénéficiaires de la sociaux le 12 novembre dernier. Mme la communauté anglophone du Québec l'accès à ministre. des services de santé et des services sociaux dans leur langue. M. Rochefort: Je m'excuse auprès de Mme la Présidente, on a voulu assimiler Mme la ministre de la Santé et des Services ce projet de loi à un projet linguistique. Au sociaux mais j'imagine que la ministre a un contraire, il s'agit d'un projet de loi qui vise discours important à faire, Mme la à faciliter l'accès de la minorité anglophone Présidente, suffisamment important pour à des services de santé et des services qu'on ait quorum. sociaux dans leur langue. Cette minorité d'expression anglaise demande particulière- La Vice-Présidente: Je vais vérifier. ment pour les personnes les plus démunies, J'ai vérifié, nous sommes treize. qu'il s'agisse des personnes âgées, des Comme il y a quorum, Mme la ministre, personnes handicapées souffrant d'une vous pouvez commencer. déficience mentale ou autre, ou des jeunes en besoin de protection ou en difficulté Mme Thérèse Lavoie-Roux d'apprentissage, que ces gens puissent avoir accès, dans des limites évidemment Mme Lavoie-Roux: Mme la Présidente, raisonnables et compte tenu de l'organisation le projet de loi 142, modifiant de nouveau la des services et de la disponibilité des Loi sur les services de santé et les services ressources, à des services dans leur langue. sociaux, a pour objet de prévoir le droit à En 1971, l'adoption de la Loi sur les toute personne d'expression anglaise de services de santé et les services sociaux a recevoir dans sa langue des services de santé permis l'attribution de droits précis formulés et des services sociaux, compte tenu de comme un ensemble et portant notamment l'organisation et des ressources des établisse- sur les services de santé et les services ments qui les dispensent. Il prévoit en outre sociaux. À ce chapitre, l'article 4 de la Loi des modalités qui permettront d'assurer ces sur les services de santé et les services services. sociaux énonce que toute personne a droit de Ce que nous voulons faire par ce projet recevoir des services de santé et des de loi, c'est de garantir l'exercice d'un droit, services sociaux adéquats sur les plans à la consacrer dans la loi le droit pour la fois scientifique, humain et social avec minorité anglophone de recevoir des services continuité et de façon personnalisée, compte dans le domaine de la santé et des services tenu de l'organisation et des ressources des sociaux dans sa langue. Un droit qui n'est établissements qui dispensent ces services. pas constitutionnellement ou légalement Le libellé de ces dispositions légis- reconnu n'a pas de portée opératoire réelle. latives accorde à toute personne le droit Et s'il est vrai que, dans les faits, ces de recevoir des services de santé et des services leur sont, même actuellement, dans services sociaux à toutes les étapes de sa une large mesure, prodigués dans leur langue, vie, selon sa situation et ses besoins. Quand ils demeurent néanmoins soumis à la bonne le législateur a ainsi voulu reconnaître ce volonté de celui ou de celle qui dispense les droit à la santé énoncé à l'article 4 de la services. Loi sur la santé et les services sociaux, il Pour le gouvernement, cette recon- avait comme préoccupation d'assurer à naissance du droit aux services pour les l'ensemble de la population répartie sur tout personnes d'expression anglaise permettra de le territoire du Québec des services de santé prendre des mesures susceptibles de favoriser et des services sociaux suffisants répartis de l'exercice de ce droit. Actuellement, le façon à répondre adéquatement aux besoins dispensateur de services a la discrétion de qu'on voulait alors couvrir. C'est donc le les offrir ou non en langue anglaise. Par la texte de l'article 4 de cette loi qui 4930 matérialise ce droit aux services dans un personne est en droit de recevoir toute sa énoncé très général exprimant un principe vie durant les services requis par sa condi- fondamental. tion physique, psychologique ou sociale. De La teneur des dispositions législatives plus, la dispensation des services sociaux et contenues dans la Loi sur les services de des services de santé doit s'effectuer dans le santé et les services sociaux, qui concèdent plus grand respect des droits fondamentaux à toute personne le droit de recevoir des de la personne. Ces droits sont protégés à la services de santé et des services sociaux, fois par la Loi sur les services de santé et reconnaît en quelque sorte l'existence d'un les services sociaux et par la Charte des droit public à l'obtention de services. Il droits et libertés de la personne. s'agit d'un droit qui découle directement de Par ailleurs, à la limite, on pourrait la loi, qui en fixe l'accessibilité et l'étendue. affirmer que, compte tenu de l'obligation de Cependant, il serait erroné de soutenir fournir des services adéquats sur les plans à que tous les services doivent nécessairement la fois scientifique, humain et social, les être tous rendus. En effet, la loi prévoit que établissements qui disposent de l'organisation chacun a droit à des services et non aux et des ressources nécessaires devraient services ou à tout service. Certaines limites pouvoir offrir des services dans la langue sont établies par la loi, par les permis que parlée du bénéficiaire lorsque celui-ci est détiennent les établissements, par les plans dans l'incapacité de s'exprimer en français d'organisation, par les budgets et par les ou, encore, lorsque la complexité du cas circonstances. Il faut se rappeler, Mme la exige un dialogue dans sa langue, même si le Présidente, que les ressources, tant humaines bénéficiaire peut s'exprimer dans un français que matérielles, ne sont pas illimitées et usuel, c'est-à-dire adéquat pour des activités qu'elles varient d'un établissement à l'autre. courantes, mais insuffisant lorsqu'il s'agit Néanmoins, dès que des services sont fournis, d'un problème délicat d'ordre social. C'est ils doivent respecter des critères scientifique, d'ailleurs pour cette raison humanitaire que humain et social. Ils doivent l'être avec nous nous penchons sur des mesures de continuité et de façon personnalisée. meilleure accessibilité à des services de Ce droit aux services énoncé à l'article santé et des services sociaux aux 4 de la Loi sur les services de santé et les communautés culturelles. services sociaux a un impact majeur quant à S'appuyant sur le choix social qui est à la qualité des services qui doivent être la base même de la Loi sur les services de dispensés aux bénéficiaires, car c'est au nom santé et les services sociaux, le projet de loi du bénéficiaire que le droit est énoncé. 142 vise à préciser les règles légales pour Quelle est la portée de l'article 4 en assurer le respect du droit à des services de matière d'accessibilité à des services de santé et des services sociaux aux citoyens santé et des services sociaux en langue d'expression anglaise. Notre gouvernement anglaise? Pour répondre à cette question, il veut reconnaître que les personnes apparte- faut tenir compte des autres dispositions de nant à la communauté d'expression anglaise la loi et seul l'article 5 de cette loi fait ont le droit de recevoir dans leur lan- référence à la langue et il se situe dans le gue les services de santé et les services même esprit que l'article 10 de la Charte sociaux et nous l'avons réaffirmé dans le des droits et libertés de la personne. Cet discours inaugural de décembre 1985. article n'a pour effet que de conférer à une Mais la question centrale n'est pas une personne d'expression anglaise le droit à des question linguistique. L'enjeu est plutôt la services de santé et des services sociaux possibilité pour une personne de recevoir des dans sa langue. Il a simplement pour effet services de santé et des services sociaux de lui conférer le droit à des services de adéquats, de déterminer comment ce droit santé et des services sociaux sans distinction aux services peut recevoir une application fondée sur la langue. concrète et, dans le cas présent, s'il y a lieu Conséquemment, si le principe de de reconnaître explicitement une relation l'article 4 devait se lire isolément, nous ne entre la prestation des services de santé et pourrions, en matière de santé et de services des services sociaux et la langue dans sociaux en langue anglaise, lui donner une laquelle ces services sont dispensés. grande portée. Pour conférer un véritable Il n'y a pas de doute que notre gouver- effet opératoire à l'article 4, d'autres nement doit s'assurer et assurera, à l'instar dispositions doivent édicter des obligations du gouvernement qui nous a précédés, que le complémentaires. français demeure la langue commune de tous Excusez-moi un instant, Mme la les Québécois et occupe dans toutes les Présidente. sphères de l'activité humaine au Québec la place prééminente qui lui revient. La Vice-Présidente: Est-ce que cela va? Cependant, le gouvernement, tout en tentant de traduire ces objectifs dans le Mme Lavoie-Roux: Je vous remercie, vécu quotidien, doit se rappeler qu'il existe Mme la Présidente. En effet, dans le cadre au Québec une population qui appartient à la des obligations établies par la loi, toute communauté anglophone, soit qu'elle soit de 4931 culture et de langue maternelle anglaises, frontalières. Que l'on songe, par exemple aux soit qu'au fil des ans elle se soit intégrée à francophones et peut-être aussi à certains cette communauté. Cette dernière réalité anglophones de la région de la baie des illustre bien une situation de fait véritable, à Chaleurs qui vont chercher des services savoir que certains de nos programmes fréquemment au Nouveau-Brunswick; que l'on sociaux d'intégration à la communauté pense à la population des Îles-de-la- francophone n'ont pas atteint, Mme la Madeleine qui va .chercher des services à Présidente, certaines catégories bien précises l'Île-du-Prince-Édouard ou encore à la Basse de la population. et Moyenne Côte-Nord qui vont chercher des Je pense ici aux diverses mesures services à Terre-Neuve. Et que dire de la d'intégration prévues dans les lois 22 et 101, population de l'agglomération de Montréal où, que l'on retrouve dans les secteurs du travail depuis des décennies, des francophones et des et de l'éducation et qui, pour des raisons allophones vont chercher des services historiques, entre autres, que nous régulièrement dans les établissements connaissons bien, n'ont pas atteint des hospitaliers de langue anglaise. Pourtant, catégories de la population québécoise, personne jusqu'à ce jour n'a prétendu qu'il notamment une partie des communautés s'agissait-là d'un outil d'anglicisation. culturelles, en particulier, la plus âgée. Je recevais des chiffres, Mme la À ce chapitre, on ne saurait dire que Présidente, que j'aurai l'occasion de donner les mesures proposées par notre gouverne- plus en détail en commission parlementaire, ment visent à favoriser l'intégration des lors de l'étude article par article, sur la allophones à la communauté d'expression fréquentation des personnes autres que celles anglaise comme certains ont pu le croire ou appartenant à la communauté anglophone ou l'ont laissé entendre, puisque la langue dans à la minorité anglophone et qui fréquentent laquelle les services de santé et les services les institutions anglophones, de Montréal. sociaux sont dispensés n'a d'autre objectif - C'est dans une proportion d'environ un tiers et ceci est très important - que d'assurer d'anglophones, un tiers de francophones et un des services adéquats au sens de la Loi sur tiers de membres des communautés les services de santé et les services sociaux. culturelles que l'on fréquente ces institutions De plus, il convient de le rappeler, la langue anglophones, sans que pour autant on ait crié de travail et de l'éducation sont les outils à la catastrophe. qui ont été privilégiés à deux reprises par le (20 h 20) législateur pour assurer l'intégration à la D'ailleurs, il conviendrait peut-être de majorité francophone. Concernant les services faire une digression pour se demander de santé et les services sociaux à la pourquoi un si grand nombre d'allophones minorité anglophone, nous estimons qu'il vont chercher leurs services dans les s'agit d'un droit que nous voulons assurer institutions anglophones, sinon que ces pour nos concitoyens anglophones et que dernières, depuis déjà longtemps, ont intégré l'exercice de ce droit ne met nullement en à leur personnel un grand nombre de péril l'avenir de la langue et de la culture personnes d'origines autres que française et française. anglaise. Il convient de dire, Mme la Ce droit ne saurait donc devenir un Présidente, que les institutions francophones, élément d'intégration des allophones à la aussi sensibilisées à cette réalité et bien que communauté anglophone. D'ailleurs, dans les sensibilisées à cette réalité, pour des raisons régions à l'extérieur de Montréal, on peut que l'on connaît, n'ont amorcé que plus affirmer que le problème de l'intégration des récemment une semblable démarche. D'où la allophones ou des communautés culturelles - nécessité pour elles, et elles y croient, je préfère de beaucoup cette terminologie d'accentuer leurs efforts dans ce domaine. que le mot "allophone" - à la communauté Mme la Présidente, ce qui nous anglophone ne se pose pas, puisque la apparaît important, c'est d'assurer à la totalité, à quelques exceptions près s'il en personne d'expression anglaise... Je sais que existe, s'est intégré à la communauté ce terme, qui a été utilisé dans la loi 101 francophone. Certes la région de l'Outaouais pour parler de la communauté d'expression peut faire exception. Mais personne, Mme la anglaise, prête souvent à discussions. Mme la Présidente, ne s'est interrogé jusqu'à ce jour Présidente, pour nous, dans le domaine de la sur le fait que, non seulement des santé et des services sociaux, assurer à la allophones, mais aussi des francophones de personne d'expression anglaise, c'est assurer cette région, vont chercher dans les à cette personne qui peut le mieux exprimer établissements anglophones de l'Ontario leurs ses besoins dans cette langue lorsqu'elle services médicaux, précisément parce qu'on requiert des services de santé ou des s'est davantage inquiété de la proximité de services sociaux, de pouvoir le faire dans la services adéquats que de leur dispensation langue anglaise. Sachant fort bien que la dans la langue anglaise, le recours à ces langue est un outil de communication services étant presque toujours, sinon privilégié dans ces domaines, c'est d'ailleurs toujours, de nature temporaire. pour cette raison que mon ministère, comme Il en va de même pour d'autres régions je le mentionnais plus haut, a formé un 4932 comité de travail qui examine le problème culturelles et éducatives, ainsi que le droit de l'accès des bénéficiaires des communautés de recevoir des services de santé et des culturelles à des services de santé et des services sociaux dans sa langue. Pour ce services sociaux dans leur langue. D'ailleurs, dernier - et ce sont ses mots - ce droit leurs recommandations devraient me parvenir n'était aucunement négociable. au cours des premiers mois de la nouvelle Plus encore, en campagne électorale, le année. premier ministre d'alors avait promis, dans Certains ont soulevé le fait que cette une entrevue au journal The Gazette du garantie devrait exister pour tous. Si elle mercredi 13 novembre 1985, de faire adopter existe pour les anglophones inscrits dans la une loi pour assurer ce droit. Il avait loi, elle devrait aussi exister pour les déclaré, et je cite en anglais: "And I think membres des communautés culturelles. we should guarantee by law in Québec, in Nous croyons, Mme la Présidente, que fundamental rights, the right for English- seule la minorité anglophone peut se speaking people to get health and social réclamer d'un tel droit en raison de facteurs services in their language." Je n'ose croire, historiques que nous connaissons tous comme aujourd'hui, que cet engagement relevait d'un d'ailleurs dans les autres provinces du opportunisme électoral mais, bien au Canada, bien qu'avec plus de difficultés, il contraire, qu'il reflétait les convictions faut l'admettre, seules les minorités profondes du chef de l'Opposition. francophones peuvent réclamer de leurs D'ailleurs, faudrait-il rappeler que, gouvernants et de façon législative des même au moment du débat sur la loi 101, le services en français dans le domaine de seul amendement - mais je pense qu'il était l'éducation ou encore dans le domaine de la de taille - que le gouvernement d'alors avait santé et des services sociaux. accepté était de permettre aux enfants Mme la Présidente, je reconnais que présentant des troubles d'apprentissage graves des efforts sont déployés dans le réseau de pouvoir recevoir des services en langue actuel des établissements de santé et des anglaise si ceci se révélait la meilleure services sociaux à l'endroit des anglophones mesure pour eux. Ce sont de ces problèmes et des communautés culturelles. Je m'en que nous parlons aujourd'hui quand nous réjouis et je les encourage à poursuivre leurs parlons de dispensation de services de santé efforts dans le même sens. Je pense qu'il est et de services sociaux. important de se doter d'un cadre juridique Il ne s'agit pas non plus dans la loi qui consacre le droit à des services en 142, comme certains voudraient le croire, langue anglaise et que nous puissions, à d'établir ou de créer de nouvelles institutions l'intérieur, rendre ce droit opératoire en anglophones. On sait que le Québec compte faisant des arrangements ou en planifiant sur déjà un bon nombre de ces institutions, dont le plan administratif des mesures qui font l'ancien gouvernement avait d'ailleurs que ces gens pourront véritablement recevoir reconnu le statut particulier par des amende- des services dans leur langue. ments à la loi 101, mais strictement au D'ailleurs, Mme la Présidente, de telles niveau de la communication interne dans ces considérations devraient recevoir l'appui établissements. Il s'agit plutôt, avec la incontesté de l'Opposition en cette Chambre, collaboration des conseils régionaux de la puisqu'en juin 1985, l'actuel leader de santé et des services sociaux, de coordonner l'Opposition, alors ministre des Affaires les ressources existantes pour permettre que sociales, avait lui-même évoqué en cette la "livraison" des services en anglais soit plus Chambre, en- réponse à une question, la accessible à la population de langue anglaise. possibilité pour chaque bénéficiaire de Qu'il suffise de dire que dans certaines recevoir les services de santé et les services régions du Québec, à l'extérieur de la grande sociaux dans sa langue. Il avait énoncé, et je région montréalaise - qu'on pense à la cite: "Je pense que c'est acquis au niveau du péninsule gaspésienne, à la Côte-Nord, aux gouvernement. II n'y a personne qui conteste Cantons de l'Est et à l'Outaouais - se cela de ce côté. Je pense que ce qu'il y a retrouvent des groupes significatifs de gens d'important au niveau de la santé et des de langue anglaise qui y sont établis depuis services sociaux, c'est que le bénéficiaire ait plusieurs générations. L'ex-ministre des une qualité de services." Affaires sociales lui-même a été témoin que, Également - nous avons eu l'occasion même à Montréal où, normalement, ces de l'évoquer en cette Chambre, il y a ressources existent, il y avait de la place quelques jours - l'actuel chef de l'Opposition pour de l'amélioration dans la coordination avait pris, vis-à-vis de la minorité des services et des ressources pour, précisé- anglophone, un engagement semblable au ment, permettre que les personnes âgées, les nôtre alors qu'en juin 1985 toujours, dans le enfants ayant besoin de protection, puissent contexte des propositions constitutionnelles recevoir des services en langue anglaise. Il du gouvernement dont il faisait partie à titre s'agit donc d'assurer, là où sont requis des de ministre de la Justice et des Affaires services spécialisés requis par des personnes canadiennes, il avait inclus le droit de la handicapées, des services psychiatriques, des minorité de langue anglaise à ses institutions services spécialisés pour des jeunes qui ont 4933 des problèmes ou pour des personnes âgées, services de santé et des services sociaux en que ces services puissent être corrigés par langue anglaise dans les établissements qu'il une meilleure coordination des ressources indique, compte tenu de l'organisation et des tant au niveau régional qu'au niveau inter- ressources de ces établissements. régional. À ce chapitre, des modifications seront La commission Charbonneau, d'ailleurs, proposées au projet initial visant à avait fait des recommandations très précises circonscrire l'exercice du droit reconnu à la à ce sujet, demandant que l'on rende plus communauté d'expression anglaise de recevoir accessibles à la communauté anglophone, aux en langue anglaise des services de santé et enfants et aux parents qui éprouvaient des des services sociaux. Ainsi, nous nous problèmes, des services dans leur langue. Elle proposons d'inclure à l'article 2 du projet de avait d'ailleurs étendu cette recommandation loi une disposition qui permettra l'exercice également aux enfants des communautés du droit reconnu dans la mesure où le culturelles. prévoit un programme d'accessibilité visé par Le projet de loi 42 vient donc corriger la loi. la situation existante et ne crée pas de Également, l'article 3 sera modifié afin nouveaux établissements ni de système de prévoir la possibilité pour un conseil parallèle de services sociaux et de santé, régional, dans l'élaboration d'un programme comme je l'ai mentionné précédemment. Il d'accès à des services de santé et des permettra de désigner les établissements qui services sociaux en langue anglaise, de auront le mandat particulier d'offrir des collaborer non seulement conjointement avec services sur le plan régional à leur les établissements mais conjointement avec communauté d'expression anglaise, mais tous d'autres conseils régionaux le cas échéant. Il ces établissements devront continuer - je est évident que certaines régions du Québec tiens à le dire - de respecter la Charte de où la population anglophone est en si petit la langue française. Ils devront offrir en nombre ne pourront, à l'intérieur, désigner de français, comme ils le font présentement, à ces établissements et qu'elles devront le la population du Québec tous les services faire conjointement avec d'autres régions. qu'ils dispensent. Ces modifications que nous proposons et Le projet de loi 42 n'entraînera pas la ces mesures que nous avançons sont création de nouveaux établissements dont le nécessaires afin de se situer dans un mandat sera de desservir la communauté contexte où un droit est énoncé et des d'expression anglaise. Il prévoit un mesures concrètes sont prises pour en assurer mécanisme par lequel les conseils régionaux l'exercice. mettront au point, à la suite de consultations La question centrale est de reconnaître avec leurs établissements, des plans réalistes une relation entre d'une part la prestation de en vue d'assurer les services dans les services de santé et de services sociaux et régions. Il n'obligera pas chaque établisse- d'autre part la langue dans laquelle ces ment à offrir des services en anglais ou à services sont dispensés. Concrètement, la avoir du personnel bilingue. Cependant, si les dispensation des services englobe l'ensemble services et le personnel ne sont pas offerts des gestes et des actions qui constituent le au sein d'une région en particulier, il exigera tissu de communication entre le dispensateur que le conseil régional détermine la façon la de services et un bénéficiaire. Il ne peut plus efficace d'assurer que ces services s'agir simplement dans ce domaine que de soient accessibles d'une manière ou d'une poser des gestes ou d'appliquer des autre à la population d'expression anglaise. Il techniques, mais le dispensateur de services ne fait aucun doute que tous les réaménage- doit au premier chef entrer en ments nécessaires se feront dans le contexte, communication avec le bénéficiaire. tel que décrit par la loi, des ressources Dans le domaine des services de santé disponibles existantes dans le secteur des et des services sociaux, il ne faut pas affaires sociales. oublier qu'il s'agit d'une intervention dont (20 h 30) l'un des principaux éléments est d'établir la Pour le législateur, la reconnaissance du communication entre les personnes, et non droit aux services implique donc de prendre une action mécanique, et ceci plus les mesures susceptibles de favoriser particulièrement dans des gestes qui doivent l'exercice de ce droit, notamment par la être posés et qui sont véritablement assis sur désignation par règlement, pour la région que une communication entre le dispensateur et le gouvernement indique, d'établissements qui le bénéficiaire. sont tenus de rendre accessibles en langue Comme je l'ai évoqué précédemment, anglaise des services de santé et des services Mme la Présidente, du strict point de vue sociaux. Ces établissements seront désignés humain, il ne faut pas oublier que le parmi ceux reconnus en vertu du paragraphe bénéficiaire de services de santé et de f de l'article 113 de la Charte de la langue services sociaux est un être vulnérable. française. Également, par l'élaboration par un Mentionnons à titre d'exemple l'enfant en conseil régional en collaboration avec les besoin de protection, la personne âgée ou la établissements d'un programme d'accès à des personne handicapée. Nonobstant toute 4934 considération juridique, il serait pour le décrets - je pense que le chef de l'Opposi- moins contraire à l'équité d'exiger que, en tion s'en souviendra sans doute plus de lutter pour régler un problème particulièrement en matière de construction essentiel, cette personne soit dans d'immeubles où la moindre modification du l'obligation de lutter pour faire valoir son projet de construction entraîne des demandes droit d'obtenir des services en langue d'autorisation supplémentaires, ont toujours anglaise. Tout devrait au contraire converger été données par le Conseil des ministres sur à éviter qu'elle doive s'en préoccuper. recommandation préalable du Conseil du Du côté du bénéficiaire, le droit aux trésor. Le projet de loi prévoit que ces services n'a pas d'autre limite que celle des autorisations seront dorénavant données par besoins. Du côté de la société, il existe une le Conseil du trésor plutôt que par le limite évidente, soit celle des possibilités; gouvernement au terme de décrets. De plus, mais encore faut-il que toutes les possibilités pour alléger davantage la démarche, le projet existantes soient explorées et exploitées. de loi prévoit que le Conseil du trésor Pour le gouvernement, cette recon- pourra en outre déléguer au ministre de la naissance à toute personne d'expression Santé et des Services sociaux les pouvoirs anglaise de recevoir des services de santé et d'autorisation que le projet de loi lui des services sociaux dans la langue anglaise attribue. et ce, dans le cadre d'un programme Enfin, en ce qui a trait aux conflits d'accessibilité, implique de prendre des d'intérêts, le projet de loi 142 propose que mesures susceptibles de favoriser l'exercice des modifications soient apportées visant à de ce droit. assouplir les règles relatives aux conflits En cette matière, le rôle de l'État d'intérêts quant aux membres du conseil n'est pas simple. Cependant, je crois que la d'administration d'un établissement public, préoccupation première en matière d'acces- sauf en ce qui concerne le directeur général. sibilité à des services est de viser au Ce dernier doit, en effet, se consacrer à maximum à répondre à des besoins temps plein à l'accomplissement de ses individuels et qu'à cet effet la langue fonctions et être automatiquement membre constitue un élément majeur. Nous retrouvons du conseil d'administration de l'établissement. là l'objectif essentiel de ce projet de loi et On ne peut raisonnablement lui permettre de des mesures qui y sont proposées. posséder un intérêt dans une entreprise qui Je voudrais, avant de clore cette partie met en conflit son intérêt personnel et celui importante du projet de loi 142, indiquer à de l'établissement. Les règles actuelles de l'Opposition, qui manifeste des inquiétudes l'article 95 de la Loi sur les services de vis-à-vis le terme utilisé "personne santé et les services sociaux doivent donc d'expression anglaise", qui est d'ailleurs, je continuer à s'appliquer au directeur général, tiens à le redire, le terme que le gouverne- c'est-à-dire que ce dernier ne peut, en ment antérieur avait retenu dans la Charte aucune façon, se placer en situation de de la langue française au moment des conflit d'intérêts. Si cette situation se amendements apportés en 1985, je crois, que présentait, il devrait alors choisir entre son nous sommes prêts, s'ils ont des amende- intérêt et sa charge d'administrateur. Dans ments qui peuvent faciliter l'identification de son cas, cela signifie qu'il doit également ces personnes... Pour nous, ce sont des choisir entre son intérêt et son poste de personnes qui, au moment où elles requièrent directeur général. des services de santé et des services sociaux, Les règles actuelles prévues à l'article ne se sentent plus capables d'exprimer leurs 95 de la loi sont reprises pour le directeur besoins dans cette langue. Si on trouve une général dans le premier alinéa du nouvel autre définition, nous l'examinerons avec article et ce dernier ne pourra posséder, sous beaucoup d'attention, Mme la Présidente. peine de déchéance de sa charge, un intérêt Il y a également, dans ce projet de loi, direct ou indirect dans une entreprise deux autres modifications qui, par rapport à mettant en conflit son intérêt personnel et ces quatre articles dont je viens de celui de l'établissement. parler, sont évidemment beaucoup moins Quant aux membres du conseil importantes. Par exemple, le projet de loi d'administration d'un établissement public, la modifie les dispositions de la Loi sur les situation est différente. En vertu des règles services de santé et les services sociaux qui actuelles, ces membres ne peuvent posséder assujettissent les établissements publics et aucun intérêt, si minime soit-il, qui entre en privés conventionnés du réseau de la santé à conflit avec celui de l'établissement. En obtenir l'autorisation du gouvernement pour pratique, cela a, dans le passé, privé un poser certains actes juridiques, tels l'acquisi- établissement public de voir siéger à son tion, la construction, la transformation ou la conseil d'administration des personnes exper- démolition d'un immeuble pour les fins de tes dans leur champ d'activité respectif ces établissements, l'aliénation d'un tel oeuvrant au sein d'entreprises qui pourraient immeuble ou son utilisation à d'autres fins. éventuellement être susceptibles de conclure Ces autorisations, qui obligent le des contrats avec l'établissement. Conseil des ministres à adopter de nombreux (20 h 40) 4935

Si les règles concernant les conflits J'entendais cet après-midi, d'ailleurs, d'intérêts dans le cas des membres du dans ce contexte la collègue de la ministre conseil d'administration étaient moins de la Santé et des Services sociaux nous rigoureuses, ces experts pourraient être dire: Comment peut-on susciter des incités à devenir membres de conseils inquiétudes chez les Québécois en matière d'administration d'établissements publics et d'affichage alors que nous discutons de la loi contribueraient ainsi à enrichir de leurs 140 ou de la loi 142 touchant les organismes connaissances et de leur expérience les d'application de la langue française ou débats et les prises de décision de ces touchant le projet de sa collègue, la ministre conseils. de la Santé et des Services sociaux? Il est donc souhaitable d'assouplir les Mme la Présidente, la réponse est règles relatives aux conflits d'intérêts en ce simple. C'est le premier ministre lui-même qui a trait à tout membre du conseil d'admi- qui sème la confusion. Chaque fois que nous nistration d'un établissement public autre que avons soulevé les malhabiletés de ce gouver- le directeur général. Voilà, Mme la Prési- nement, son côté éléphant dans un magasin dente, les principales dispositions que prévoit de porcelaine, son côté presque inconscient le projet de loi 142 en matière de services dans toutes les mesures touchant la question de santé et de services sociaux en anglais, linguistique, c'est le premier ministre lui- d'autorisations aux établissements et de même qui en revenait à la question de conflits d'intérêts. l'affichage. La confusion qui a été créée au En conclusion, vous me permettrez de Québec depuis cinq mois autour du débat réaffirmer que, tout en adhérant aux linguistique provient, d'une part, de la principes qui assurent la primauté du français volonté très claire de ce gouvernement de dans toutes les sphères d'activités au mettre au pas une partie importante de Québec, notre gouvernement ne s'est jamais l'opinion publique qui réclame que le Québec dérobé à sa tâche de faire valoir les droits- soit français et, deuxièmement, de la de la minorité anglophone. Nous demeurons confusion entretenue par le chef du Parti convaincus de l'appui de la population dans libéral et un certain nombre de ses collègues cette démarche qui ne fait aucun accroc à qui nous ont tout le temps parlé d'affichage la Charte de la langue française, mais alors qu'on discutait d'autre chose. permet d'assurer à la minorité anglophone Et aujourd'hui on viendrait s'en plainde. l'accessibilité à des services de santé et des Aujourd'hui, la ministre de la Santé et des services sociaux dans sa langue. Merci, Mme Services sociaux voudrait nous faire croire la Présidente. que son projet de loi n'a pas de portée linguistique alors que, le jour de son dépôt, La Vice-Présidente: Merci, Mme la le premier ministre faisait des déclarations ministre de la Santé et des Services sociaux. sur les districts bilingues. Mme la Présidente, M. le chef de l'Opposition. il s'agit d'un projet de loi linguistique dans la logique interne du premier ministre M. Pierre Marc Johnson comme dans les faits. Malheureusement, encore une fois, les rouges viennent remettre M. Johnson (Anjou): Mme la Présidente, en question un certain nombre de choses nous voilà encore à nouveau en train de acquises ou que les Québécois ont parler de la question linguistique. La ministre considérées comme acquises depuis plusieurs aura bien tenté de nous expliquer que son années. projet de loi est essentiellement un projet Quand on discute des questions relevant du secteur des affaires sociales, linguistiques, quand on discute des rapports mais elle n'aura pas été très convaincante, entre communautés linguistiques au Canada étant donné qu'elle a passé au moins la et au Québec, en particulier, il faut avoir à moitié de son exposé à plaider en matière l'esprit qu'il n'y a pas de symétrie et de linguistique. Car, Mme la Présidente, il s'agit réciprocité de situation entre la minorité bel et bien d'un projet de loi en matière anglophone du Québec et les minorités hors linguistique, dans un contexte où ce n'est pas Québec qui sont francophones. Je m'explique. le Parti québécois, l'Opposition, quels que Peut-être faut-il faire ces rappels soient les motifs qu'on veuille imputer à historiques, malheureusement, alors que ce celui qui vous parle ou à sa formation débat s'enclenche autour de quelque chose politique, qui a soulevé un tollé depuis un qui relève essentiellement, là aussi, du droit certain nombre de semaines et de mois, mais collectif et non pas des droits individuels, c'est bel et bien le Parti libéral qui soulève c'est-à-dire du droit des minorités. On sait à nouveau la question linguistique au Québec qu'il n'y a même pas un siècle, il y avait dans le contexte que nous connaissons une majorité de gens d'expression française aujourd'hui, autour de ces deux projets de loi au Manitoba. On sait, Mme la Présidente, et autour de ces états d'âme du premier mi- qu'aujourd'hui ils sont moins nombreux que nistre - je l'ai déjà évoqué - qu'on entend à d'autres minorités ou communautés culturel- tout bout de champ, chaque fois qu'un micro les. lui est planté sous le nez. On sait que ces minorités ont été 4936 dépouillées de façon systématique au cours langue anglaise du Québec. Ces services, des années jusqu'à tout récemment de leurs Mme la Présidente, ils existent depuis la droits en matière scolaire, de leurs droits en Conquête, au milieu du XVIIIe siècle, et cela matière de santé, de leurs droits dans les ne... J'entends Mme la ministre dire: Oui, institutions démocratiques du Manitoba, depuis les Plaines d'Abraham. Bien, c'est un comme ce fut le cas en Ontario, mais que, fait: Depuis les Plaines d'Abraham, il y a depuis quelques années, au nom d'une des services à la communauté de langue certaine vision "pancanadianiste", du anglaise du Québec en matière de santé et bilinguisme et du multiculturanisme, on a de services sociaux. Cela a commencé restauré pour ce qui reste des minorités probablement le jour où ils ont enterré francophones hors Québec un certain nombre Wolfe; et ils ont installé probablement un de droits bien aléatoires, bien illusoires dans petit hôpital militaire dans le champ certains cas, et qui exigeront pendant des d'Abraham. Cela a dû commencer là. années que la Cour suprême statue sur des Mme la Présidente, aujourd'hui il y a le nuances pour savoir s'il y aura un Royal Victoria à Montréal, le Montreal commissaire d'expression française au sein General, le Montréal Children's, le d'une commission scolaire. Sherbrooke Hospital. Il y a également Ce n'est pourtant pas le cas de la l'Hôpital communautaire de Pontiac. Il y a minorité anglophone du Québec. Ce n'est pas 38 établissements de santé de langue l'anglais qui est en danger au Québec, ou anglaise: 31 centres hospitaliers, 3 CLSC, 2 même les services en langue anglaise qui centres de services sociaux, Ville-Marie sont en danger au Québec. C'est le français Social Services et également le CSS juif dont en Amérique du Nord qui est en cause, et une bonne partie de la clientèle, on le sait, c'est toujours par ce biais qu'il faut est de langue anglaise, mais qui obtient aussi approcher les questions visant à concilier les des services dans la langue souvent partagée droits collectifs et les droits individuels, ou par les gens de la communauté juive, qui est à harmoniser les relations entre les le yiddish dans bien des cas ou même communautés. l'hébreu dans certains cas absolument Dans un contexte comme celui-là, Mme exceptionnels. Il y a 38 centres d'accueil la Présidente, un gouvernement et, au pour personnes âgées, 14 centres de premier chef, celui qui dirige le gouverne- réadaptation. Tout cela Mme la Présidente ment a une responsabilité considérable, une coûte des centaines de millions. Vous n'avez responsabilité qui doit l'amener à avoir une pas entendu celui qui vous parle, à l'époque attitude claire, une attitude ferme, une où il était ministre des Affaires sociales ou volonté manifeste et perçue comme étant qu'il occupait quelque autre fonction, s'en manifeste dans notre société. Une volonté plaindre. aussi qui s'appuie sur le plus large consensus Je considère que ce peuple sur ce possible. Je ne dis pas l'unanimité. Il n'y territoire, depuis qu'il a vécu sa aura jamais, dans quelque société différenciation sur le continent, a toujours démocratique que ce soit, unanimité quand il fait en sorte qu'en pratique, depuis je dirais s'agit d'aménager à un second niveau, qui est un certain nombre d'années, autour de la celui du droit au-delà des faits, les rapports Révolution tranquille, on traite correctement, entre collectivités. Particulièrement, dans un adéquatement, d'une façon dont nous pouvons contexte où les Québécois francophones se être fiers comme collectivité face à considèrent comme minoritaires en Amérique n'importe quelle province canadienne et face du Nord, ce qui est un fait et ce qui sera probablement à la plupart des États un fait dans la nuit des temps, à tout américains... L'État québécois et la jamais. collectivité québécoise ont consacré des Aussi, dans un contexte où la minorité ressources gigantesques dans le secteur de la anglophone du Québec, depuis un certain santé à l'égard de la communauté de langue nombre d'années, connaît une situation de anglaise du Québec. minorisation sur le plan des chiffres, dans la Ce n'est donc pas le caractère mesure où cette communauté est affectée humanitaire instantané de ce projet de loi aussi par une situation démographique, qui est en cause, bien que je considère qu'il comme un exode qui fut extrêmement y a une certaine vision humaniste, que je important au milieu des années soixante et à suis prêt à partager dans ses considérations la fin des années soixante-dix. Or, qu'en est- quant à la recherche de certaines garanties il de la minorité anglaise au Québec en pour la communauté et cette minorité matière de santé et de services sociaux? historique qui a des droits bien particuliers (20 h 50) dans notre société. Mais, ce n'est pas son D'abord les services sont là. Ils caractère humanitaire immédiat qui est en existent; ils coûtent des centaines de millions cause. Si nous n'adoptions pas cette loi d'ici à l'État. Il ne faut quand même pas venir Noël, cela ne changera rien à Harvey Barken nous dire ici qu'on est en train de fonder la à l'Hôpital général de Montréal. Cela ne Croix Rouge. Les services de santé et les changera rien pour la direction du Royal services sociaux existent pour la minorité de Victoria, du Children's Hospital, du Queen 4937

Mary, du St. Mary ou des autres. Louis du Parc, que le député de Laurier connaît bien, 40 % du personnel sont Une voix: Côte-des-neiges. affectés à des services aux clientèles qui ne sont ni francophones ni anglophones, qu'au M. Johnson (Anjou): Côte-des-neiges, CLSC de Côté Saint-Luc, on y dispense des pardon. Le centre hospitalier Côte-des-neiges, services dans douze langues différentes, pas dont le nom a été francisé. Dans son nom, seulement en français et en anglais. Par on le sait. exemple, au CSS de la Gaspésie et des Îles- de-la-Madeleine, il y a 15 % des postes, La Vice-Présidente: À l'ordre, s'il vous c'est-à-dire cinq postes unilingues anglais et plaîtl M. le chef de l'Opposition. sept bilingues pour donner des services à une population dans le Bas-du-Fleuve, qui est une M. Johnson (Anjou): Merci. Si vraiment minorité historique d'une certaine importan- la ministre était préoccupée par des ce. questions de nature purement humanitaire La ministre devrait plutôt consacrer son plutôt que des questions d'aménagement de énergie, non pas à demander au Parlement droits entre collectivités, dont elle devient le de siéger en catastrophe jour et nuit sur ces fer de lance parce que sa collègue la vice- projets linguistiques, mais devrait peut-être première ministre, ministre des Affaires passer son temps auprès de son collègue du culturelles, est incapable peut-être de Conseil du trésor pour dégager des susciter une certaine affection de ce côté-ci ressources, obtenir une planification du de la Chambre ou de la part de l'opinion réseau des CLSC qui permette que de plus publique... Mais la ministre, elle, de la Santé en plus le réseau des CLSC au Québec offre et des Services sociaux devient le fer de des services dans la langue première des lance d'une législation linguistique dont les communautés culturelles, que ce soit en buts sont essentiellement juridiques et non grec, en portugais, en arménien, en italien, pas des buts humanitaires - qu'on se pour l'ensemble, par exemple, des comprenne bien - dans sa traduction communautés hispaniques qui sont des gens concrète, dans la réalité. Car, si la ministre de plus en plus nombreux chez nous, en était vraiment intéressée par la dimension de espagnol. Pourtant, la ministre a choisi une la dispensation de services de santé et de autre voie. services sociaux dans une autre langue que le Pour notre part, nous croyons que c'est français, elle mettrait beaucoup plus cela la vraie priorité sur le plan de l'énergie d'énergie à s'assurer que continue ce qui se fait en ce moment dans le réseau des qu'il faut mettre: S'assurer que les ententes affaires sociales, notamment, à l'égard des administratives, le réseau des CLSC, donnent communautés culturelles, car les commu- de plus en plus de services dans de plus en nautés culturelles aussi bénéficient de plus plus de langues pour les communautés en plus de services importants dans leur culturelles. C'est plus important que de dire langue. dans une loi: Tenons pour acquis que les établissements de langue anglaise du Québec, En effet, Mme la Présidente, si les eux, auront cette mission de desservir les fonds restent limités, s'il y a encore des populations des communautés culturelles en ressources à y mettre, et on connaît les anglais, alors qu'il faut avoir une certaine disponibilités budgétaires de la collectivité, il vision du cheminement du Québec pour les n'en demeure pas moins que le Conseil années à venir. régional de la santé et des services sociaux Ce cheminement, Mme la Présidente, du Montréal métropolitain a mis sur pied un c'est celui d'une situation démographique que programme d'accessibilité aux services de nous connaissons, d'une diminution du taux de première ligne dans les CLSC où se retrouve natalité au Québec. On ne réglera pas le une forte proportion des communautés problème des établissements anglophones ou culturelles au Québec et cela, sous l'ancien visant à desservir les communautés gouvernement, Mme la Présidente, puisqu'on culturelles par une augmentation du taux de aime tant en parler de l'autre côté. Tout natalité des francophones, mais constatons cela s'est traduit par des services accordés les faits. aux non-francophones non anglophones du (21 heures) Québec dans leur langue. Je ne dirais pas de Les faits, c'est que, de plus en plus, façon généralisée, je ne dirais pas avec l'assurance qu'il n'y a pas à l'occasion des les francophones se reproduisent de moins en situations sur le plan clinique qui deviennent moins. Deuxièmement, le Québec sera une difficiles. Il n'y a peut-être pas tant de terre qui se peuplera largement par psychiatres d'origine arménienne, par l'immigration. Je suis de ceux et celles qui exemple. Il n'y a peut-être pas tant de croient que l'immigration au Québec est un travailleurs sociaux qui viennent des pays phénomène sain, un phénomène dont nous d'Europe de l'Est qui parlent des langues avons besoin comme société, comme comme le serbo-croate, par exemple. Mais il territoire et comme peuple, et auquel il nous n'en demeure pas moins qu'au CLSC Saint- faudra nous adapter adéquatement. Je ne suis pas de ceux qui pensent que les immigrants 4938 sont des voleurs de "jobs". Je suis de ceux L'un des objectifs auxquels la ministre qui savent que la plupart de celles et ceux de la Santé et des Services sociaux prétend qui choisissent de venir s'établir chez nous souscrire de même que ses collègues, bien se trouveront un emploi plus rapidement, qu'il faudrait peut-être qu'elle enseigne investiront rapidement et atteindront rapide- quelque chose à sa collègue de l'Immigration ment un degré d'autosuffisance économique et des Communautés culturelles, l'une des en vue d'en faire des citoyens productifs. choses auxquelles les Québécois souscrivent, La question qui se pose, c'est de savoir c'est qu'il faut favoriser l'intégration, et non si cette ouverture que nous devons pas l'assimilation, des nouveaux arrivants au manifester comme société à l'égard de Québec à la majorité. Il faut donc traduire l'immigration conduira graduellement les cela dans des politiques d'immigration certes, communautés culturelles à cheminer en dans des politiques dans un ministère comme français au Québec ou à cheminer en langue celui des Communautés culturelles qui anglaise au Québec. Nous croyons, pour notre favorisent l'épanouissement de ces commu- part, que la langue commune des Québécois, nautés. Mais aussi, il faut le traduire surtout quand on regarde l'avenir du Québec, dans d'autres secteurs, y compris en matière quand on voit les courbes démographiques, sociale. C'est là qu'intervient le projet de loi quand on voit la pression en matière de la ministre. d'immigration, devra être le français et On regarde un document du Parti qu'en conséquence la société, pour s'y libéral daté du mois de novembre 1985, signé ajuster, doit prendre des moyens dans tous par M. Dauphin et M. Sirros. Je cite le les secteurs d'activité humaine. document sous la signature de l'actuel député C'est ce qui m'a amené et c'est ce qui de Laurier et du député de Marquette. On y a amené notre parti à suggérer récemment, lit cette phrase: "II faut reconnaître dans un document que nous avons rendu l'existence et la pérennité des institutions de public il y a quelques semaines, qu'en services sociaux et de santé d'expression matière d'immigration il fallait s'assurer que anglaise qui offrent de nombreux services ceux qui veulent venir s'établir chez nous aux minorités culturelles." savent qu'ils viennent s'installer dans une Cette vision est celle du Parti libéral société française. Il faut qu'ils le sachent et c'est la base du projet de loi que nous avant de venir. Je dirais presque, sans avons devant nous. C'est dire que nous allons considérer qu'un immigrant en devenir n'a maintenant, dans notre système de santé et pas de droits avant d'obtenir un statut, qu'il de services sociaux, assigner une mission va de soi qu'il faut informer ceux qui particulière au réseau d'établissements veulent venir s'établir au Québec qu'ils vont anglophones du Québec de desservir les vivre dans une société à majorité française communautés culturelles en anglais. Et c'est mais qui, par ailleurs, est une société cela, l'aberration de ce projet de loi. C'est minoritaire en Amérique du Nord. Cela cela qui est inacceptable, ainsi qu'un certain implique donc un certain nombre de nombre d'autres choses dans ce projet de loi. cheminements, pour ne pas dire de C'est dans ce projet, dans la mesure où contraintes. Cela a amené la ministre de nous pouvons constater que, non seulement l'Immigration et des Communautés culturelles c'est la conviction intime, profonde, à dénoncer notre approche quand nous disions convaincue du Parti libéral que ces établisse- que nous étions convaincus qu'en matière ments ont une mission qu'ils ont déjà d'immigration il fallait favoriser non pas accomplie, mais on vient maintenant le exclusivement, mais favoriser dans notre confirmer dans une loi qui pourra, elle, faire politique d'immigration l'entrée de groupes l'objet de recours judiciaires aux fins plus facilement "francophonisables". d'affectation de ressources additionnelles. La ministre de l'Immigration et des Car, en ce moment, il faut voir comment Communautés culturelles a dénoncé notre cela se passe. Quand la ministre de la Santé document en disant que c'était de la et des Services sociaux a 12 000 000 $ d'ar- discrimination. C'est faire preuve d'ignorance gent de monopoly ou autres à distribuer aux de l'existence dans nos lois de dispositions établissements, dans un secteur d'activité qui prévoient précisément, depuis l'entente donné, disons pour la région de Montréal, Cullen-Couture en 1977, que le critère de comment cela se passe-t-il? l'apprentissage du français, à l'exception des La ministre dit: J'ai 12 000 000 $ pour réfugiés qui sont toujours des gens qui le perfectionnement des appareils diagnosti- arrivent dans des conditions d'extrême ques, radiologiques et électrophysiques. Bon! vulnérabilité, que le critère de connaissance Son ministère lui remplit plein de docu- du français est un critère qui entre en ligne ments, et il y a plein d'experts qui de compte dans la sélection de l'immigration, regardent cela. Elle va au Trésor, et ce qui est normal. Tous les pays civilisés du elle se fait dire par les ingénieurs monde pratiquent une approche en matière du Trésor que ce n'est pas nécessaire mais, d'immigration qui va dans le sens des néanmoins, elle finit par remporter une objectifs démocratiquement définis dans cette bataille; il faut bien qu'elle en remporte de collectivité. temps en temps. 4939

Qu'est-ce qui se passe le lendemain? Le tionnel à ces établissements qui visent à lendemain, le Conseil régional de la santé et aller chercher plus de clientèle. C'est vrai des services sociaux se réunit. Ils ont des pour Notre-Dame aussi, c'est vrai pour tout commissions administratives et ils décident le monde:. les établissements du réseau de l'allocation des budgets entre les veulent plus de clientèle parce qu'ils veulent différents établissements. Vous savez, ce ne grossir, parce que ce sont de grosses sont pas des petites luttes. Quand le Royal machines, parce qu'ils sont convaincus qu'ils Vic et le Notre-Dame se prennent aux sont les meilleurs et, ma foi, s'ils n'étaient cheveux pour savoir qui va avoir les millions, pas convaincus qu'ils sont les meilleurs, ils c'est épique, cela! La ministre, d'ailleurs, a ne devraient pas être là. C'est comme ça dû commencer à y goûter un peu depuis un qu'on maintient un système intéressant en an. termes de qualité pour nos concitoyens. Mais ils veulent grandir. Et voici un instrument, Mme Lavoie-Roux: Pas encore. dans ce projet de loi, qui donne un moyen additionnel pour aller chercher des M. Johnson (Anjou): Cela va venir. ressources. C'est imprudent. La ministre me Quand ces géants des réseaux décident de se fait signe que non, mais c'est ça que son battre entre eux pour avoir les ressources projet de loi va permettre. Ce n'est peut- que l'État met à leur disposition dans le être pas son intention en ce moment, mais si développement, il y a des arbitrages, pour ce n'est pas son intention pourquoi a-t-elle prendre un anglicisme, "excruciants" qui se mis ça dans le projet de loi? Parce que c'est font autour des tables. Qu'arrivera-t-il avec peut-être improvisé un peu aussi, comme le ce projet de loi? Il arrivera que dans reste de ce que fait ce gouvernement en certains programmes, un établissement matière linguistique, Mme la Présidente. anglophone, insatisfait de l'arbitrage autour La communauté anglaise demande de la table du CRSSS, pourra dire: Moi, je depuis un certain nombre d'années - et je considère, en vertu de l'article 2 ou de crois que le député de Notre-Dame-de-Grâce, l'article 6 ou de l'article 8 du projet de loi qui connaissait bien Darcy Colson et d'autres de la ministre, que je devrais avoir des qui ont oeuvré en santé et services sociaux ressources additionnelles pour remplir la au Québec au CSSVM et ailleurs - et a nouvelle mission qu'on m'a donnée. Et puis il commencé cette revendication de façon ira en Cour supérieure. Et puis il demandera assez précise quelque part en 1978-1979. à un juge de statuer au lieu de la ministre Cela venait essentiellement autour de ou de la conférence administrative du l'appréhension qu'avait la communauté de CRSSS. Au détriment de qui cela va-t-il se langue anglaise de la dilution de l'importance faire? Cela va se faire, par définition, au du CSS Ville-Marie - Ville-Marie Social détriment d'autres établissements, donc, des Services, qui est le CSS de langue anglaise établissements francophones de Montréal. de Montréal - dans le cadre de la complétion du réseau des CLSC; et ils voyaient se diluer Des voix: Oh! Oh! Voyons donc! l'importance de l'armature institutionnelle que la communauté de langue anglaise avait M. Johnson (Anjou): C'est cela, parce au moment où on ferait graduellement les que l'argent, la ministre ne peut l'inventer. transferts vers les CLSC. Je comprends que le premier ministre nous Deuxièmement, cette revendication, annonçait tout à l'heure qu'il avait distribué véhiculée par Alliance Québec en particulier 1 000 000 000 $ de plus pour la santé. Je et fort bien, dans des dossiers fortement suis sûr que la ministre aurait aimé que ce étoffés, dans un langage pondéré mais dans soit vrai; elle n'aurait pas de problème, si des demandes qui demeuraient, dans certains c'était vrai. cas, assez radicales, ces demandes également arrivent dans un contexte où la communauté Mme Lavoie-Roux: 1 000 000 $. de langue anglaise est préoccupée quant à son nombre, particulièrement au tournant des M. Rochefort: C'est faux. années soixante-dix~quatre-vingt, alors qu'au- delà de 75 000 Québécois d'expression M. Johnson (Anjou): Le premier ministre anglaise avaient quitté notre territoire, a dit 1 000 000 000 $ cet après-midi. Vous comme il y en avait eu un nombre à peu ne le saviez pas? Il vous a fait un cadeau de près équivalent dans le milieu des années 275 000 000 $ lors d'un discours tout à soixante, pour des considérations de nature l'heure. Mais ce n'est pas grave, il est économique et aussi des considérations habitué, il en a fait pour des milliards de reliées à ce qui se passe au Québec: le fait même pendant la campagne électorale. que des gens ne se reconnaissaient pas dans (21 h 10) ce qui se passait. Tout cela se traduit Ce projet de loi, assignant une mission par un vieillissement prématuré d'une spécifique aux établissements anglais du communauté donnée sur un plan Québec, non seulement confirmera-t-il ce qui démographique, ce qui est le cas, entre existe déjà mais il donnera un moyen addi- autres, pour la communauté juive du Québec 4940 où une personne sur cinq est âgée de plus de adressé à Alliance Québec en disant que dans 65 ans. La communauté de langue anglaise un Québec qui de plus en plus se francise, appréhende une situation de cette nature. qui de plus en plus devient de fait un État Elle veut donc réagir, elle sent le Québec se français d'Amérique du Nord, je comprends franciser de plus en plus, elle sent ses l'aspiration légitime de la minorité historique nombres diminuer, elle sent le vieillissement de langue anglaise beaucoup mieux, disons-le, précoce de la communauté pouvant se faire, que ce ne fut le cas de ceux qui dirigeaient elle sent ses établissements comme voyant le Manitoba ou l'Ontario à l'égard des graduellement une diminution de leur budget francophones. Je comprends cette recherche éventuel compte tenu des nombres qui de garantie, sur le plan juridique, d'une diminuent. Elle réagit donc, elle réagit donc, minorité qui, de plus en plus, se sent vivre dans le cas d'Alliance Québec, d'une façon comme une minorité. Et c'est ce qui m'a très précise, très ouverte d'ailleurs, je dois amené à dire que nous serions prêts à le dire, et très honnête dans la façon de consentir à la minorité de langue anglaise de formuler ses objectifs, bien qu'on pourrait telles garanties, "by law", mais "in avoir de longues discussions sur les études fundamental laws". Et les lois fondamentales, statistiques publiées par Alliance Québec. au Québec, sont des lois d'aménagement de Cette volonté réaffirmée d'une vocation droit collectif et ne prétendent pas venir en santé et services sociaux devient: Nous régler des pseudo-questions humanitaires à voulons compenser la diminution des l'égard de la communauté de langue anglaise. anglophones d'origine dans notre communauté Ce dont on parle, Mme la Présidente, par une intégration de plus en plus et si le député de Notre-Dame-de-Grâce et importante des gens des communautés d'autres veulent être parfaitement honnêtes, culturelles à l'intérieur de la communauté ils citeront ce texte d'Alliance Québec dans anglophone du Québec. Ce n'est pas une toutes les parties qui touchent la question de absurdité en soi parce que, historiquement, la reconnaissance des droits et ils y verront cela a été ainsi longtemps au Québec. La quoi, Mme la Présidente? Ils y verront que force économique, une certaine approche le contexte dont nous parlons est un Québec culturelle dans le milieu anglophone du qui se francise de plus en plus. Est-ce le Québec et, il faut bien le dire, pendant des cas? Est-ce le cas en ce moment? Je ne le décennies, un certain repli sur eux-mêmes, pense pas. Pas depuis un an. Ce n'est pas des Canadiens français à l'égard de ces cela le climat, pas avec la résurgence des questions ont fait que de plus en plus, documents unilingues qui arrivent dans nos pendant des années, jusqu'à quelque part au boîtes aux lettres, pas avec la résurgence de début des années soixante, les nouveaux l'utilisation de formules qui consacrent la Québécois s'intégraient surtout à la notion qu'au Québec cela se passe en anglais communauté de langue anglaise. Cela a comme en français de façon indistincte. changé de façon extrêmement importante au Même des formulaires du ministère du milieu des années soixante-dix, entre autres Travail sont imprimés de façon bilingue. J'en avec la loi 101 et une volonté qui ai reçu un récemment. En voici un. Même le accompagnait la loi 101 non seulement de ministère du Travail sent le besoin de publier l'intégration scolaire des nouveaux arrivants, des formulaires bilingues. Est-ce que cela mais également de dispensation de services ressemble à un Québec qui se francise de dans des langues tierces autres que le plus en plus? Non, et que ce soit les français et l'anglais par le réseau public annonces des grandes compagnies de québécois formé essentiellement ou très distribution alimentaire, que ce soit les majoritairement d'établissements francopho- grands magasins à rayons qui se targuent nes. dans leur campagne de publicité de jouer C'est dans un contexte comme celui-là avec la loi ou presque. Je ne peux pas dire que se posent toutes ces questions qui qu'on vit un contexte où le Québec se préoccupent la ministre, dans un contexte francise de plus en plus depuis un an. Je historique où le gouvernement précédent, y pense que nos concitoyens de la minorité de compris celui qui vous parle, s'est adressé à langue anglaise du Québec ne se sentent pas Alliance Québec, et il faudrait peut-être exactement rejetés de ce temps-ci, surtout d'abord... Je vous enverrai la version pas par le gouvernement du Québec actuel. française du texte. Il semble que les services Est-ce qu'il y a une politique de recherche du premier ministre qui, linguistique aussi? Non, il n'y a pas de habituellement, ont eu avec le CAD et politique linguistique de ce gouvernement. d'autres la réputation d'être efficaces, ne le Aucun document; des extraits, des bribes, à sont pas. Il existe une version française du gauche et à droite, encore une fois, texte à Alliance Québec, étant donné que d'improvisation d'une demi-douzaine de j'ai dit quand même quelques mots en ministres ou d'adjoints parlementaires français aussi à Alliance Québec, je pensais intéressés à ces questions. Quelque chose de que je devais rendre cette politesse à un solide, de cohérent, de clair, qui affirme auditoire qui était largement bilingue. cette volonté d'un Québec français à tous les C'est dans ce contexte que je me suis niveaux et d'une volonté de soutien, d'appui 4941 aux communautés culturelles dans un amendements ce matin, un travail bâclé, mal cheminement avec la majorité francophone, fait, improvisé, des travaux mal planifiés de je ne vois rien de cela. Le contexte est la part d'un leader, un goulot d'étranglement profondément différent et cette inquiétude en fin de session qui rend impossible toute grandissante dans la population du Québec discussion normale, en profondeur, toute qui, je le disais cet après-midi au premier présence des intervenants, celles et ceux qui ministre, sent qu'il y a un affaiblissement de font le consensus. Quant à la loi 142, je le la volonté, des reculs. Je ne dis pas que le rappellerai, les associations qui appliquent les premier ministre s'y complaît. Je sais que services de santé et services sociaux au c'est un homme sensible même si, à Québec, l'Association des hôpitaux du l'occasion, je ne le trouve pas toujours sensé Québec, l'Association des centres de services sur un certain nombre de choses. C'est une sociaux du Québec, la Fédération des CLSC question d'opinion. C'est un homme sensible du Québec, l'Association des centres et il sent le malaise en ce moment. Il sait d'accueil du Québec, toutes ces associations que c'est son parti qui l'a créé. ont exprimé de fortes réserves sur ce projet (21 h 20) de loi et trois d'entre elles ont demandé au Le Québec ne vit plus tout à fait à gouvernement de surseoir pour le moment à l'heure de la loi 101. Ce gouvernement a l'adoption de ce projet de loi. Le seul fait en sorte, le Parti libéral a fait en sorte consensus qui existe est un consensus contre que le Québec ne vive plus à l'heure de la la précipitation du gouvernement dans cette loi 101. Il n'a pas à s'étonner de l'inquiétude question. de nos concitoyens. Il faut donc plus de En plus de cela, Mme la Présidente, on temps pour travailler adéquatement autour de va nous faire siéger la nuit pour discuter cette question délicate, complexe de d'une chose qui, pourtant, a besoin du plein l'aménagement des droits des communautés jour au Québec, si on veut que cela fasse entre elles. Ce n'est surtout pas dans le l'objet d'un minimum de consensus dans la climat de fin de session qu'il faut faire cela, société. Il faut se donner du temps. Il faut Mme la Présidente. C'est d'autant moins le se donner plus de temps que n'est prêt à en temps que le Parlement est déjà saisi d'un prendre le gouvernement. projet de loi comme le projet de loi 119 en La minorité francophone d'Amérique du matière de construction, qui a amené 5000 Nord est essentiellement concentrée sur le personnes à manifester bruyamment contre territoire québécois. Si, dans son histoire, l'autre jour, comme le projet de loi 150 sur elle a été exploitée jusqu'à tout récemment les forêts, qui en ce moment fait l'objet de ou, enfin, dans une perspective historique, récriminations des principales associations quelque part autour des années cinquante, représentant l'industrie forestière, comme le néanmoins, elle a su tranquillement projet de loi 124 sur les soins dentaires, ce s'affranchir de son état de sous-développe- gouvernement qui, comprenez-vous, se ment en sachant aussi être respectueuse de vantait, à 15 heures cet après-midi, d'avoir sa minorité historique la plus importante, qui injecté 1 000 000 000 $ de plus dans la est la minorité de langue anglaise. Le santé, mais qui demande à la ministre de la gouvernement, en agissant avec une telle Santé et des Services sociaux, la députée de précipitation, prétendrait faire fi de cette L'Acadie, de couper 8 000 000 $ dans les évolution historique. Il présente un projet de soins dentaires pour les enfants, comme s'il loi qui à nouveau, je le rappelle, non seule- n'avait pas assez d'argent. ment ne fait pas le consensus, sauf celui Le Parlement est déjà saisi de projets contre son adoption, mais il présente égale- de loi importants et, à moins de dix jours de ment un projet de loi qui va donner une la fin de nos travaux, est-ce qu'on prétendra mission qui déborde largement ce que régler dans un climat adéquat, avec des devraient faire les établissements existants études, des appréciations, les impacts du réseau de la santé et des services concrets de cette législation? Encore une sociaux. fois et en principe, la notion de trouver des Non pas que les allophones, les gens aménagements des droits de la minorité de des communautés culturelles ne puissent pas langue anglaise au Québec est loin d'être une fréquenter les établissements de langue notion qui nous répugne, au contraire. Mais anglaise. Au contraire. Le principe de base encore faut-il avoir les instruments et le de notre loi, c'est qu'un individu choisit contexte propice pour le faire. Ces l'établissement où il veut aller. Cela doit instruments ne sont pas là. On a essayé de rester comme cela. Qu'on soit de quelque nous présenter cela à la sauvette. La origine que ce soit, si on veut aller à ministre nous disait encore tout à l'heure l'hôpital le plus près, ou l'hôpital où on que c'était une loi humanitaire, alors que connaît un médecin, ou celui où on connaît c'est une loi qui affecte profondément les des gens du personnel, c'est le droit le plus droits linguistiques sur le territoire du strict des citoyens que de le faire, sauf, il Québec. faut le reconnaître, en psychiatrie où c'est Quand on regarde le projet de loi 140 sectorisé comme on le sait depuis de dans ce même contexte, 34 articles, 17 nombreuses années. Pour l'ensemble des 4942

services de santé, le citoyen a le droit de responsables de toute la législation lin- choisir son établissement. Ce n'est pas cela guistique sur le territoire québécois. Nous qu'on remet en cause. Ce qu'on remet en n'avons pas cette revendication dans le cause, c'est la volonté que démontre ce dossier constitutionnel du gouvernement. II a gouvernement d'assigner une mission par- abandonné cette revendication. ticulière au réseau d'établissements anglo- (21 h 30) phones du Québec en ce qui a trait à la II n'y a pas d'urgence à adopter les desserte de services auprès des communautés projets de loi 140 et 142. Pourquoi le culturelles, qui ne pourra se traduire, d'une gouvernement n'attend-il pas au printemps? Il part, que par une bilinguisation systémique, n'y en a pas d'urgence sinon la précipitation je ne dis pas systématique, je dis systémique, de votre improvisation. Il faut une politique une bilinguisation de système d'une partie du globale en matière linguistique. Il faut la réseau, ce gui n'est pas souhaitable, recherche d'un consensus, et ce ne sont pas deuxièmement, par un appel de ressources les propos fielleux de la vice-première qui ne pourra se faire qu'au détriment des ministre à l'égard de l'Opposition et du Parti autres éléments du réseau. québécois qui iront chercher un consensus. Au nom des droits de la minorité de Ce ne sont pas des attitudes aussi partisanes langue anglaise, on voudra accaparer des et chauvines que celles que nous avons vues ressources additionnelles pour desservir les cet après-midi qui permettront au Parti communautés culturelles, alors que celles-ci libéral d'aller chercher un consensus, ni dans doivent être desservies par l'ensemble du le Parlement, ni chez les intervenants réseau, donc, les établissements francophones, majeurs au Québec. dans la pleine mesure du possible des moyens Si le premier ministre veut vraiment un des ressources disponibles. Car il faut que le débat non-partisan, comme le prétendait la réseau français, notamment celui des CLSC, vice-première ministre, pourquoi ne pas de plus en plus donne des services dans leur convoquer au printemps une commission langue à l'ensemble des communautés parlementaire? Pourquoi ne pas faire en culturelles du Québec. sorte que vous accompagniez cette volonté Pour nous, il y aurait trois préalables à de garantir dans la législation les droits une loi qui traite de cette question. Le d'une minorité historique d'une demande en premier, c'est de reconnaître qu'il s'agit ici matière constitutionnelle, qui dirait une fois d'un aménagement de droit collectif. Je sais pour toutes qu'on est assez du grand monde que c'est une notion qui répugne à un au Québec pour être les seuls à décider en certain nombre de nos collègues d'en face matière linguistique sans se le faire imposer qui ne croient pas au concept de droit par le reste du Canada? collectif. Mais, il s'agit vraiment de rapports Dans la mesure, Mme la Présidente, où entre deux groupes et il faut donc prendre le gouvernement ne veut pas prendre le les instruments juridiques qui vont de pair temps qu'il faut sur un sujet aussi important, avec la réalité que l'on veut modifier, et aussi fondamental, nous devrons considérer non pas prétendre passer par le biais des lois qu'il s'agit d'une vaste entreprise en matière de santé et de services sociaux, d'improvisation à la sauvette, mal planifiée changer le mandat des établissements, créer et quelque peu irresponsable, et que c'est le des perturbations sur le plan de l'appel des gouvernement du Parti libéral du Québec qui ressources. provoque un climat désagréable autour de Deuxièmement, il faut que ces droits cette question, un climat qui fait sortir des fondamentaux d'une minorité, non pas les fantômes des armoires. Pourquoi? Parce que gens d'expression anglaise, mais bel et bien le gouvernement en cette matière montre la communauté d'expression anglaise du qu'il n'est pas digne de la confiance des Québec, puissent être intégrés à une loi Québécois en matière linguistique. C'est aussi fondamentale. Celle que j'évoquais devant simple que cela. Alliance Québec, il y a plus d'un an, et dont Je suggérerais à la ministre non pas j'ai réitéré l'importance pour le Québec, d'amender son projet de loi, mais de c'est une constitution écrite interne du s'amender elle-même et de ne pas prétendre Québec. C'est là que va l'aménagement des que ce projet de loi est essentiellement un droits des collectivités. Pas dans une loi qui petit projet omnibus dans le secteur des peut être changée par une simple majorité affaires sociales. C'est un aménagement du Parlement. majeur dans le temps et dans notre histoire Troisièmement, nous pourrions souhaiter, en matière de droits entre les collectivités, Mme la Présidente, que le gouvernement Mme la Présidente. Il me semble que le accompagne cette préoccupation à l'égard projet de loi 142 et le projet de loi 140 d'une confirmation et d'une garantie juridique méritent mieux que le traitement de nuit de services existants au Québec, d'une que vous voulez leur donner. revendication en matière constitutionnelle qui fait qu'une fois pour toutes on obtienne que La Vice-Présidente: Merci, M. le chef l'Assemblée nationale du Québec, les élus des de l'Opposition. M. le député de Laurier. citoyens du Québec soient les seuls 4943

M. Christos Sirros c'était là une remarquable absence de cohérence et de compréhension, parce qu'il a M. Sirros: Mme la Présidente, je dois cité - j'aurais dû lui demander de me laisser dire que depuis à peu près 50 minutes une copie - ce qui était, semble-t-il, signé maintenant, j'essaie de voir dans le discours de ma main où je disais que les institutions du chef de l'Opposition ce qui avait rapport anglophones ou les communautés culturelles avec le projet de loi 142. Je dois vous dire, pourraient avoir recours aux services des Mme la Présidente, que je n'ai pas trouvé institutions anglophones. La majeure partie grand-chose. Je m'attendais que le chef de du discours du chef de l'Opposition a porté l'Opposition fasse une motion de report et sur quelque chose qui n'est nulle part dans la j'aurais compris le sens de sa motion, parce loi, à savoir que la loi donne un mandat que cela aurait donné à l'Opposition le temps spécifique aux établissements anglophones de et une raison pour faire une motion de desservir les communautés culturelles, les report. Ce serait pour leur donner l'occasion communautés culturelles devant, dorénavant, de faire leur devoir et de trouver quelque s'adresser au réseau anglophone au Québec chose à dire contre ce projet de loi. pour avoir des services sociaux et de santé. Le chef de l'Opposition a parlé sur tout Mme la Présidente, il n'y a rien de et sur rien. Le chef de l'Opposition nous a plus faux. Il n'y a absolument rien dans le ramenés sur les Plaines d'Abraham, a passé projet de loi qui donne un mandat spécifique par le Manitoba, a parlé de l'intégration de aux institutions anglophones, par rapport aux façon générale, a lié le projet de loi 140 au communautés culturelles. Le seul mandat projet de loi 142 et finalement, est abouti à spécifique qui est donné aux institutions dire qu'une des raisons pour lesquelles il est "anglophones", entre guillemets, est contre ce projet de loi, c'est parce qu'on effectivement d'offrir des services sociaux et aurait dû l'inscrire dans la loi fondamentale, de santé en langue anglaise. dans une constitution qui, selon ses paroles, Le projet de loi affirme que toute ne pourrait pas être changée par n'importe personne d'expression anglaise a le droit de quel gouvernement. recevoir des services sociaux et de santé en J'ai essayé de comprendre la logique de langue anglaise, compte tenu de tout cela, Mme la Présidente, parce que si l'organisation et des ressources de on demande que l'on inscrive quelque chose l'établissement qui dispense ces services. dans une constitution pour que ce soit au- Nous l'avons admis et la ministre l'a fait delà des capacités de chaque gouvernement tout à l'heure. C'est pour cela que je ne de changer quelque chose chaque fois qu'il y comprends pas pourquoi le chef de l'Opposi- a une Législature, j'imagine que l'on accorde tion dit qu'il y a effectivement des une certaine importance à ce que l'on veut personnes qui ne sont pas de race anglo- qui soit inscrit dans la constitution. Je vois saxonne, qui sont d'origine grecque, italienne mal pourquoi on serait contre l'adoption du ou portugaise, mais qui, pour une raison ou projet de loi, si on est prêt à aller jusqu'à pour une autre, dans une situation, auront l'inscription dans la constitution des lois besoin des services sociaux et de santé pour fondamentales. Où est la logique? Pendant 50 plusieurs raisons. Par exemple, le fait minutes on nous a parlé de façon générale qu'elles soient arrivées ici avant tout ce qui sur la question linguistique. On a beau s'est passé ici au Québec depuis les dix ou essayer de dire et de faire comprendre à quinze dernières années, elles se retrouvent l'Opposition qu'il ne s'agit pas d'un projet de dans une situation où elles ne comprennent loi linguistique... L'Opposition peut jouer le pas le français. C'est vrai, Mme la jeu qu'elle a choisi de jouer en essayant de Présidente, il en existe des personnes comme faire en sorte que la population assimile le cela. J'en connais beaucoup. Ma mère, par projet de loi 140, le débat sur les affiches, exemple, en est une. Cela fait 30 ans qu'elle avec la question des réseaux de la santé et est ici, elle ne parle pas un mot de français, des services sociaux présentée dans le projet très peu d'anglais, j'ajouterais. Il est vrai de loi 142. Ils savent que c'est foncièrement, que le projet de loi donnera le droit à ces je ne dirais pas malhonnête, parce que vous personnes qui ont besoin de services, qui allez me dire que ce n'est pas parlementaire, n'arrivent pas à comprendre le français ou à mais ce n'est foncièrement pas correct, Mme s'exprimer, de s'adresser à un établissement la Présidente, parce que nous parlons ici où on leur parlera en anglais pour recevoir effectivement des réseaux de la santé et des des soins. services sociaux. Nous ne disons pas que les L'Opposition oublie continuellement une affiches devant les magasins devraient être chose. C'est d'une clientèle qu'on parle. On en français, en anglais, unilingues, ou quoi ne parle pas, je le répète, d'un projet de loi que ce soit, nous parlons des réseaux de la linguistique, on parle d'un projet de loi qui santé et des services sociaux. touche le réseau de la santé et des services Le chef de l'Opposition a passé une sociaux. Posez-vous la question: Qui s'adresse partie de son discours qui devait traiter en aux réseaux? Pourquoi? Vous pouvez compter quelque sorte de la loi 142 à parler des très spécifiquement les clientèles qui communautés culturelles. J'ai trouvé que s'adressent aux réseaux. Ce sont les malades 4944 qui vont dans les hôpitaux, les personnes grec, parce qu'il y a effectivement une âgées pour les soins d'hébergement, les différence entre la communauté d'expression malades psychiatriques, les handicapés anglaise et les autres communautés intellectuels, les handicapés physiques, les culturelles. Toutes les communautés cul- familles en situation de crise, les enfants turelles le comprennent et sont prêtes à mésadaptés sociaux - le député de Verchères l'accepter. se reconnaîtrait là-dedans à la suite du rapport Il y a aussi une chose dans ce projet Charbonneau - ce sont des gens qui vivent de loi dont l'Opposition ne parle presque tous, sans exception, une situation de crise jamais. C'est la première fois qu'un gouver- physique ou psychologique. nement prend la peine de mettre dans une (21 h 40) loi le fait que les services seront organisés Parlons maintenant des communautés dorénavant en tenant compte aussi de culturelles et de toute cette argumentation l'aspect socioculturel et linguistique. Vous qui est faite autour de l'intégration des aurez remarqué qu'il n'est pas fait mention communautés culturelles dans la société de quelle langue on parle. Mais on parle québécoise francophone. Depuis toujours, j'ai bien des particularités socioculturelles et appuyé ce principe - je l'appuie toujours au linguistiques des clientèles. Savez-vous ce sein de la communauté grecque et de toutes que cela fait? Ce n'est pas très difficile à les autres communautés culturelles - que voir. Cela fait en sorte que, dans une région l'avenir et le présent au Québec, c'est en ou dans les services où c'est possible, on français que cela se passe. Mais il faut aussi peut effectivement adapter des services pour comprendre quelque chose, quand on parle les Grecs, pour les Italiens, pour les d'intégration. L'intégration ne se fait pas à Portugais. Je vais vous donner des exemples. travers le réseau des services de santé et Les personnes âgées grecques - je vais des services sociaux. Ce sont des établisse- prendre cette communauté parce que je la ments qui sont là pour venir en aide aux connais mieux que les autres - sont aussi individus qui vivent une situation de crise, un placées en institutions d'hébergement, par problème, un déséquilibre physique ou exemple. Mais savez-vous ce qui arrive? J'ai psychologique. L'intégration se fait par les vécu des cas personnels quand je travaillais à écoles et le marché du travail. Ce n'est pas titre d'agent de relations humaines où j'ai eu parce que le chef de l'Opposition ou le Parti à placer des personnes âgées qui ont fait une québécois ou quiconque voudrait voir, par demande de placement. Savez-vous ce qui exemple, le patient psychiatrique d'une arrive? Elles sont placées deux ou trois dans communauté culturelle qui arrive à parler un une institution francophone ou quelquefois peu l'anglais... Ce n'est pas parce qu'on va même anglophone; deux ou trois ici, trois ou lui dire d'aller se faire traiter par un quatre là-bas, quelquefois une toute seule, psychiatre unilingue français qu'il va mieux etc. Savez-vous ce qui arrive à ces gens-là? s'intégrer à la communauté québécoise Ce n'est pas leur intégration dans la francophone. communauté francophone qui est favorisée Le projet de loi parle, et je le répète, quand on les met dans un centre d'accueil particulièrement de situations vis-à-vis des francophone, mais c'est leur vie qui est individus qui s'adressent au réseau. Quand on écourtée parce que, finalement, elles se nous sort l'argument qu'on va bilinguiser le retrouvent dans un endroit où elles ne réseau, on oublie une chose: le réseau est reconnaissent rien: ni la langue, ni la composé d'institutions. Toutes les institutions nourriture, ni d'autres personnes avec sont régies, entre autres, par la Charte de la lesquelles elles peuvent parler. Est-ce que ce langue française, la loi 101, qui fait en sorte serait trop demander à un gouvernement de que la langue du travail est le français, voir à l'organisation de ces services en demeure le français et demeurera le tenant compte également des aspects français. La langue des services, oui, elle socioculturels et linguistiques des clientèles peut s'adapter aux besoins des clientèles. Il y de telle sorte qu'on pourrait regrouper ces a une distinction qui est faite, c'est vrai, personnes, qui sont éparpillées ici et là dans dans le projet de loi par rapport à la les centres d'accueil, dans ce cas-ci, dans un communauté anglophone. C'est vrai et je endroit où il y aurait d'autres personnes, pense qu'il n'y a pas un membre de quelque d'autres patients avec lesquels elles pourraient communauté culturelle que ce soit, autre que communiquer, alors que l'établissement serait la communauté anglaise, qui va réclamer les plus en mesure d'engager du personnel qui mêmes droits historiques que la communauté pourrait parler la langue, sans pour autant anglaise. Il n'y a personne d'autre qui a le changer le fait que la langue de travail de même vécu. Étant d'origine grecque moi- ces gens demeurerait le français. Parce que même, je sais fort bien que je ne réclamerai le réseau demeure francophone. pas, au nom de la communauté grecque ou Il peut y avoir des institutions qui de quelque autre communauté culturelle que desservent des clientèles en anglais ou dans ce soit, que le Québec inscrive dans ses lois d'autres langues. Il n'y a rien, dans tout ce le droit à tout citoyen d'origine grecque de que le chef de l'Opposition a dit, qui met en recevoir des services sociaux et de santé en opposition le fait qu'il y a des institutions 4945 qui sont reconnues comme dispensant des de lier ce projet de loi à un débat qui est services en anglais et les efforts qui peuvent effectivement émotif, à un débat où les être faits par le réseau d'offrir des services passions sont vite ranimées, d'assimiler ce dans d'autres langues. Il n'y a rien dans le projet de loi à tout le reste, d'utiliser des projet de loi - je le répète et je vous mets mots comme "intégration aux communautés au défi de me montrer où cela se trouve - culturelles anglaises" et d'affirmer toutes qui donne un mandat particulier aux sortes de choses qui ne sont aucunement établissements anglophones pour desservir les dans le projet de loi. Je vous le répète, communautés culturelles. C'est vrai que, s'il aucune mission particulière n'est donnée aux y a des gens des communautés culturelles qui établissements anglophones pour desservir les parlent anglais mieux que français ou ne communautés culturelles. parlent pas français et ont besoin de se faire (21 h 50) soigner, le projet de loi va leur donner le S'il n'y a pas de mission particulière droit d'aller se faire traiter dans une langue qui est donnée, il n'y a pas non plus, d'un entre ces deux, l'anglais et le français, qu'ils autre côté, un empêchement quelconque aux comprennent. Où est la chose sorcière là- établissements plus reconnus comme fran- dedans? Où est la chose méchante là-dedans? cophones, si vous voulez, de ne pas À moins qu'on soit rendu, de l'autre desservir ces communautés culturelles. côté, à faire équivaloir l'intégration à Qu'est-ce qui empêcherait, par exemple, le l'écrasement. Le débat sur l'intégration n'a Centre de services sociaux de Montréal aucune place dans ces discussions-ci. Je vous métropolitain - ils ont commencé dans cette répète que l'intégration, si vous connaissez le voie et tant mieux, ils devraient être moindrement le vécu, se fait à l'école, encouragés à continuer - à engager du pendant les années d'école et les études; personnel qui va refléter la composition des c'est à ce moment qu'on va commencer à communautés culturelles? Ce sera tout à fait orienter les gens du côté français. Et au naturel et spontané pour les membres de ces travail. Ce n'est pas en allant chercher les communautés culturelles de s'adresser à ces services d'un médecin, d'un psychiatre, d'un institutions qui peuvent leur parler dans une travailleur social, d'un service de placement, langue et une culture aussi - parce que ce d'un centre de réadaptation, ce n'est pas en n'est pas juste une question de traduction - demandant à la famille qui vient de vivre qu'ils peuvent comprendre. C'est pour ça que une crise d'aller voir un travailleur social tout ce débat autour de l'intégration, je le avec lequel ils ne peuvent pas communiquer trouve foncièrement malhonnête. Car il qu'on va intégrer les gens. n'existe pas de débat sur l'intégration quand Quand on parle d'un projet de loi on parle de services de santé et de services humanitaire, c'est dans ce cadre qu'on en sociaux. parle. Si la condition humaine vous préoccupe Mme la Présidente, je vous répéterai, le moindrement, vous accepterez que la pour qui veut bien le voir, que c'est la langue dans ce domaine n'est pas le débat première fois qu'un projet de loi vient linguistique dont il s'agit quand on parle des donner une ouverture réelle spécifiquement affiches. La langue, dans ce domaine, est un aux communautés culturelles en permettant instrument de thérapie, ni plus ni moins, un l'organisation des services en fonction des instrument absolument essentiel pour des caractéristiques socioculturelles et lin- services adéquats. guistiques des clientèles. Si vous jumelez C'est avec beaucoup d'incrédulité que ça avec le comité dont la ministre a parlé, j'entendais tous ces arguments concernant les qui est en train d'examiner toute la question communautés culturelles depuis le moment où de l'accessibilité des services sociaux on a annoncé que ce projet de loi serait spécifiquement aux communautés culturelles, présenté. Je vous le répète, la faille est ça aussi c'est la première fois que ça se fait énorme quand on parle de ce projet de loi en fonction des services sociaux et de santé comme d'un instrument d'intégration à la parce que, jusqu'à maintenant, on a laissé les société anglophone. Je pense que la personne choses aux établissements, qui avaient la qui va prendre quelques minutes, de façon bonne volonté de le faire et je les en sereine et objective, pour regarder de qui on félicite. parle, de quel genre de situation on parle et Je reviendrai, dans une seconde, sur un pourquoi ces gens ont recours à des services, autre argument avancé contre ce projet de elle va vite comprendre qu'il ne faudrait pas loi. Cela a parfois été laissé aux conseils faire des débats sur l'intégration des régionaux qui rédigeaient des rapports, mais communautés culturelles du côté anglophone jamais ça n'avait été amené au niveau ou francophone dans le cadre de ce projet de politique. loi, à moins qu'on ne vise qu'à faire du Le débat autour des communautés capital politique à court terme et à courte culturelles et de l'accessibilité des services vue. sociaux date, j'en ai une connaissance Cela ne peut s'expliquer autrement que personnelle parce qu'une des premières par le fait qu'on a vu, du côté de l'Opposi- choses que j'avais faites quand j'étais tion, une occasion en or, en quelque sorte, directeur général du CLSC Parc Extension 4946 fut effectivement d'organiser un colloque sur faire. cette question-là avec deux autres CLSC. En conclusion, je trouve très dommage C'était en 1978. Depuis 1978, les colloques, que l'Opposition ait choisi de parler de ce les études, les discussions, les rapports au projet de loi dans le cadre du débat niveau des établissements, au niveau des linguistique. Il y a un débat linguistique au groupes communautaires, etc., etc., ont été Québec et c'est vrai qu'il ne sera jamais répétés, mais jamais il n'y a eu une volonté clos comme tel, mais je m'attendrais que les expresse au niveau politique d'agir. gens adultes, quand on parle de choses - ce n'est pas pour faire pleurer les gens mais Une voix: C'est faux! c'est la réalité - en termes de personnes qui sont dans un besoin spécifique par rapport à M. Sirros: Ce n'est pas faux, Mme la leur situation personnelle, psychologique ou Présidente, ce n'est pas faux, c'est tout à physique, à ce que les gens adultes arrivent fait vrai. Des choses ont été faites au à faire la part des choses et qu'on arrête de niveau des établissements et, encore une crier et de nous blâmer pour ce que vous fois, je félicite les gens qui les ont faites. voulez. Si le choix est d'aller dans un sens, On a eu récemment des représentations qui par exemple, dans les affiches ou autres, ce nous ont été faites en disant: Comme on fait sont des choses qui nous démarquent. Mais déjà des choses, pourquoi adoptez-vous un quand on parle effectivement de choses projet de loi? comme le projet de loi 142, où on parle des services sociaux et de santé à la La Vice-Présidente: Pourriez-vous communauté d'expression anglaise, à toute conclure, M. le député de Laurier? Votre personne d'expression anglaise, cela peut temps est écoulé. inclure des membres de communautés culturelles qui, pour des raisons historiques, M. Sirros: Mon Dieu! ça passe vite, ont appris cette langue jusqu'à maintenant et j'aurais beaucoup à dire, Mme la Présidente. ont besoin de services. Je pense, Mme la Présidente, qu'on devrait trouver ce qu'on Des voix: Consentement! Consentement! reconnaît dans le Québec tout entier et le Consentement! Québec francophone, la générosité, la compréhension et l'humanisme. Je vous dis, La Vice-Présidente: Est-ce que... Mme la Présidente, que ces qualités sont mal représentées ici par les gens de l'Opposition. M. Charbonneau: Mme la Présidente... Merci, Mme la Présidente. Une voix: Quelques minutes! Consente- La Vice-Présidente: Merci, M. le député ment. de Laurier. M. le député de Verchères. M. Charbonneau: Mme la Présidente, si le député prend cinq minutes de plus, est-ce M. Jean-Pierre Charbonneau qu'il consentirait à ce que j'aie le même temps pour lui donner la réplique? M. Charbonneau: Merci, Mme la Présidente. Oui pour la générosité, oui pour M. Gendron: Mme la Présidente... l'humanisme, mais non pour la bêtise. Le député de Laurier, dans toute son La Vice-Présidente: M. le leader adjoint intervention, nous a donné l'impression - de l'Opposition. c'est cela qui nous choque profondément à l'égard de ce projet de loi, outre des M. Gendron: Comme leader adjoint de divisions fondamentales dont je parlerai un l'Opposition, je pense qu'on peut offrir au peu plus tard - qu'actuellement on vit dans député qui a la parole qu'il dépasse son une société qui n'offre pas aux groupes temps de quelques minutes. On conviendra du minoritaires des services dans leur langue. fair-play nécessaire dans certains cas de ce C'est comme si, en écoutant le député de côté-ci de la Chambre, mais on jugera Laurier, au Québec il n'existait pas chaque cas au mérite. Je ne veux pas en d'établissement qui donne des services de faire une politique. santé et des services sociaux en langue anglaise. C'est comme si, au Québec il n'y M. Sirros: Mme la Présidente, je n'avais avait pas d'établissement, en particulier à pas l'intention de prendre beaucoup plus de Montréal, qui donne des services dans des temps que ce qui m'était alloué. Il y en a langues différentes, grecque, portugaise, peut-être pour quelques minutes. Si le député allemande, vietnamienne, etc. On pourrait de Verchères éprouve par la suite le besoin prendre toute une série de langues qui sont de parler pour une ou deux minutes addi- actuellement utilisées dans les établissements tionnelles afin de s'assurer qu'il aura tout le de santé et de services sociaux du Québec. temps voulu pour dire ce qu'il aura à dire, C'est comme si cette réalité n'existait pas ce ne sera pas moi qui l'empêcherai de le actuellement. On écoutait le député de 4947

Laurier et on avait l'impression de vivre ment par ce projet de loi. dans une société intolérante, dans une (22 heures) société qui ne fait pas de cas de ses On n'a pas eu besoin de ce projet de minorités, et c'est cela qui est choquant, loi au cours des dernières années pour c'est cela qui est humiliant pour un améliorer les services dans les différents Québécois francophone d'entendre ce genre établissements de santé et de services de discours. sociaux à Montréal et dans d'autres régions Le Québec est probablement l'une des du Québec. On a agi. Et, contrairement à ce sociétés les plus ouvertes, les plus tolérantes, que le député de Laurier nous a indiqué, oui les plus généreuses et les plus humanistes qui il y avait une volonté politique et les existent actuellement sur la planète, et il le budgets étaient octroyés par la volonté sait très bien, lui. Mais le genre de discours politique du gouvernement du Parti qu'il vient de tenir, c'est choquant pour moi québécois. À cet égard, le gouvernement du et pour mes compatriotes d'expression Parti québécois a fait plus dans ses années française et de langue française. C'est de pouvoir, malgré le fait qu'il n'ait pas eu humiliant, c'est inacceptable et cela nous l'appui électoral de ces communautés, révolte du plus profond de nos tripes que généralement il a fait plus que le Parti d'entendre ce genre de discours où on a libéral qui, lui, pouvait bénéficier depuis des l'impression que nous, les minorités, on ne générations de l'appui électoral de ces les a pas respectées au Québec, alors qu'on communautés, en plus de l'appui électoral de fait plus au Québec que probablement la communauté anglophone. partout ailleurs en Amérique du Nord et dans On l'a fait malgré tout, malgré le fait la plupart des pays, où les gens qui sont ici que ces gens très majoritairement ne votent représentés à l'Assemblée nationale et qui pas encore pour nous, parce qu'on y croyait, viennent de pays différents, multiples, dont Mme la Présidente. Et c'est pour cela qu'on le député de Laurier, n'en font dans leur y a mis les fonds qu'il fallait. C'est pour propre pays. Il le sait très bien, le député de cela qu'on croit et qu'on croyait qu'il fallait Laurier. C'est cela qui est choquant dans le continuer à développer ces services. Qu'on ne discours et dans le genre de discours qu'on vienne pas aujourd'hui tenir des discours vient d'entendre. comme si ces services n'existaient pas et J'ai ici la liste des établissements qui, que tout à coup, par la grâce libérale, par la à Montréal, donnent des services dans des bonne générosité libérale et la bonne langues étrangères: le CLSC Parc Extension, compréhension libérale, ces services vont le CLSC Saint-Louis du Parc, le CLSC apparaître au Québec, faisant en sorte que Rivière-des-Prairies, le CLSC Outremont, le maintenant on soit une société généreuse, CLSC Centre-ville, le CLSC Côte-des-Neiges, humaniste et tolérante, comme si on ne le CLSC Centre-sud, le CLSC NDG, le CLSC l'était pas maintenant. Côte-Saint-Luc le CLSC Montréal-Nord, le Mme la Présidente, le projet de loi dit CLSC Saint-Léonard, le CLSC La Petite dans son préambule et dans ses articles: "Ce Patrie. Ce sont les CLSC seulement. Le projet de loi modifie de nouveau la Loi sur Centre de services sociaux du Montréal les services de santé et les services sociaux métropolitain, les CSS, le nombre de centres pour tenir compte des particularités linguis- hospitaliers à Montréal qui donnent des tiques d'une région et prévoir le droit à services également dans différentes langues, toute personne d'expression anglaise de pas uniquement en langue anglaise. Quand on recevoir dans sa langue des services de santé pense en plus à tout ce que les anglophones et des services sociaux." C'est cela, Mme la du Québec ont comme services garantis et Présidente. assurés, cela n'a aucune commune mesure Et le député de Laurier vient nous dire avec ce qui existe pour les Canadiens que ce n'est pas un projet de loi linguistique! français dans les autres provinces de ce pays Je m'excuse. C'est un projet de loi que vous défendez tant. Et là on vient essentiellement linguistique dans la mesu- essayer de nous faire la leçon et, en plus, re où on utilise l'expression "personne prétendre que ce projet de loi n'est pas un d'expression anglaise". Ce que nous dénon- projet de loi à portée linguistique, que c'est çons, c'est que ces trois mots signifient un projet de loi uniquement humanitaire dans les faits que nous allons assimiler, concernant des services sociaux et des c'est-à-dire confondre les gens de la services de santé à dispenser. communauté anglo-québécoise avec les gens Le problème, c'est que le projet de loi des communautés ethniques culturelles autres ne dit pas que les services dont nous a parlé qu'anglo-québécoises. C'est cela que l'on dit le député de Laurier sont actuellement par cette expression. C'est la raison pour dispensés. Est-ce que ces services sont laquelle, Mme la Présidente, différentes dispensés comme il faudrait qu'ils le soient? personnes au Québec qui ne peuvent pas être La perfection n'est pas de ce monde et je associées au Parti québécois, qui ont leurs pense que tout le monde admettra qu'il y a responsabilités dans notre société se sont encore place pour améliorer les services. prononcées. Mais ce n'est pas vrai que c'est nécessaire- Il y a un certain nombre d'éditorialistes 4948 au cours des dernières semaines, des derniers difficultés à se familiariser avec la langue jours, qui ont analysé le projet de loi 142. de Molière beaucoup plus complexe, ce La ministre me dit non, alors je vais lui deuxième réseau, unique au Canada, rappeler l'éditorial du 15 novembre 1986 - contribuerait à rendre davantage minori- cela ne fait pas tellement longtemps - "Et taires les francophones qui, du fait de un pas en arrière," signé par Paul-André leur dénatalité, requièrent pour leur Comeau, l'éditorialiste, le rédacteur en chef pérennité l'apport des groupes ethniques du Devoir. Je connais très bien Le Devoir francophonisables." Lui aussi a utilisé parce que j'y ai travaillé et Mme la députée l'expression "francophonisable" qui a été de L'Acadie, qui est ministre de la Santé et décriée par la ministre des Communautés des Services sociaux, connaît très bien Le culturelles. Devoir et cet éditorialiste; elle connaît très Jean-Pierre Proulx qui est un des bien l'influence de ce journal et le sérieux journalistes qui, dans le Québec d'aujourd'hui, que Le Devoir a toujours mis à étudier et à a le plus étudié ces questions, Mme la décortiquer les questions constitutionnelles. Présidente, nous disait à peine pas plus tard Voici ce qu'on dit: "Le projet de loi sur que ce matin, dans Le Devoir: "Le véritable l'offre de services de santé en langue enjeu du projet de loi 142... C'est de la anglaise soulève, lui aussi, inquiétude et bilinguisation du réseau des affaires sociales crainte. Mettre à la disposition de la dont il s'agit." Il ajoutait en conclusion de communauté d'expression anglaise de tels son texte d'analyse: "En clair, la prestation services, cela s'inscrit dans une tradition de des services pourrait donc être exigée non "fair play" dont le Québec a depuis seulement dans les institutions de la longtemps fait la démonstration. Étendre "communauté d'expression anglaise" - ce qui cette disposition à toute personne va de soi - mais encore de la part des d'expression anglaise - et c'est exactement institutions communes", c'est-à-dire même ce que dit le texte de la loi - n'est-ce pas des institutions francophones. "C'est là la émettre un message équivoque en direction véritable innovation de ce projet de loi par des allophones et de tout immigrant rapport à l'économie générale de la loi 101. éventuel?" "Cette innovation risque surtout Et je poursuis la citation, Mme la d'entraîner une bilinguisation officielle plus Présidente. "Il suffira de se dire d'expression ou moins poussée du réseau. L'article 133 de anglaise - définition de la langue d'usage - la Loi constitutionnelle de 1867 - c'est-à-dire pour avoir droit à des services dans cette l'Acte de l'Amérique du Nord britannique, la langue. La porte serait ouverte, dit Paul- constitution canadienne - a eu très exacte- André Comeau, à une évolution dangereuse, à ment cet effet dans le secteur de la justice d'inacceptables retours en arrière et à la où, en pratique, les institutions fonctionnent contestation d'autres dispositions de la loi autant en français qu'en anglais. C'est là- 101 qui prévoient l'intégration des dessus que va porter la bagarre politique car immigrants à la collectivité francophone, c'est vraiment là où les partis se séparent." notamment au chapitre des écoles. L'enjeu Et il a raison. est grave on risque de réduire à néant la Mme la Présidente, vous avez vu possibilité de compenser par l'immigration le comme moi la ministre nous dire que ce déclin démographique des Québécois et des projet de loi n'était pas commenté par les francophones dans l'ensemble de la fédération éditorialistes. Je viens d'en citer trois parmi canadienne." les plus réputés, les plus intègres, et ceux Ce n'est pas un député péquiste qui qui se sont penchés le plus souvent et le écrit cela. C'est le rédacteur en chef du plus profondément sur les questions Devoir, l'un des journaux les plus influents linguistiques. Le député de Laurier va du Québec et l'un des journaux à s'être continuer de prétendre, lui et ses collègues, penché depuis des générations sur la question que le projet de loi 142 est un petit projet linguistique et la défense de la langue de loi mineur qui n'est pas un projet de loi française. linguistique. Voyons donc! Il faut un minimum Jacques Dumais dans Le Soleil, Mme la d'honnêteté intellectuelle et reconnaître les Présidente, disait le lendemain, le 16 choses telles qu'elles sont. Ce n'est pas un novembre: "Le projet de loi 142 crée, dans petit projet de loi. C'est un projet de loi les faits, un deuxième réseau, anglophone majeur parce qu'il concerne la survie de la celui-là, de santé et de services sociaux. Qui communauté francophone du Québec, du plus est, certains de ses articles sont à ce peuple francophone. point libéraux qu'ils permettraient aux On me disait: L'intégration des établissements anglophones d'élargir leur base communautés culturelles ne se fait pas par justificative aux communautés allophones - les services de santé et les services sociaux. c'est-à-dire ethniques autres qu'anglaises - C'est évident qu'elle ne se fait pas unique- que la loi 101 intègre à la majorité ment par les services de santé et les francophone. Compte tenu de l'attrait de services sociaux. Elle se fait par toute une l'anglais pour tout néo-Québécois gagnant une série d'institutions, et de situations, et de Amérique sans frontières, sachant leurs comportements, et de messages que l'on 4949 adresse à ces communautés. Le problème, de Laurier qui nous dit: "Moi, je leur dis que c'est que ce projet de toi, non seulement c'est en français que cela se passe." Mais ce est-il condamnable dans le texte même, dans que vous leur dites quotidiennement et ce le libellé comme je viens de vous l'indiquer, que vous leur dites par ce projet de loi, mais il se situe dans un contexte particulier c'est que c'est en anglais que cela peut se qu'il ne faut pas oublier. Le projet de loi passer au Québec. C'est ce que vous leur 142 intervient un an après la prise du dites. C'est ce que vous leur dites par le pouvoir par le Parti libéral. Un an après un projet de loi 142. arrêt du processus de francisation au Québec. Un an après l'arrêt du processus d'intégration La Vice-Présidente: S'il vous plaît, je des immigrants à la communauté demanderais votre collaboration. Pour éviter francophone, parce que, depuis un an, ce aussi qu'on évite tout affrontement, gouvernement, par ses gestes, par ses j'aimerais aussi qu'on s'adresse à la prési- paroles, par son comportement, c'est-à-dire dence. par le comportement de ses différents M. le député de Verchères. ministres et porte-parole, a fait en sorte que, maintenant au Québec, les communautés M. Charbonneau: Mme la Présidente, culturelles pensent de plus en plus que cela voilà ce qui est profondément inacceptable. peut se faire en anglais, et de plus en plus Voilà ce qui a amené des éditorialistes les comportements qu'on avait dénoncés, qui sérieux à se prononcer. Je ne parlerai même avaient amené le gouvernement du Parti pas des raisons qui ont amené différentes québécois à présenter et à adopter la loi associations dans le secteur de la santé et 101, ces comportements on les retrouve des services sociaux à dénoncer le projet de maintenant visiblement. Il faut vraiment être loi et à en demander le retrait ou tout au déconnecté de la réalité pour ne pas voir ce moins le report, Mme la Présidente. qui se passe depuis un an. Mon collègue le député de Gouin, qui Il s'agit tout simplement de se est le critique de l'Opposition en matière de promener sur la rue Sainte-Catherine à santé et de services sociaux, en parlera plus Montréal, sur la rue Saint-Denis à Montréal, à fond demain puisqu'il est plus au fait que et dans toute une série de quartiers de moi. Mais je voudrais simplement rappeler à Montréal pour se rendre compte de ce qui se ce moment-ci que l'Association des centres passe. Et c'est cela la réalité. d'accueil du Québec, la Fédération des CLSC (22 h 10) du Québec, l'Association des centres de Or, le projet de loi 142 intervient dans services sociaux du Québec et l'Association ce processus, dans ce contexte où la ministre des hôpitaux du Québec se sont tous des Communautés culturelles et de prononcés contre le projet de loi 142 pour l'Immigration s'adresse en anglais aux des raisons supplémentaires aux raisons que communautés culturelles. Où on dit finale- je viens d'invoquer, Mme la Présidente, des ment aux immigrants: Écoutez, si vous vous raisons qui sont liées au fonctionnement intégrez à la communauté anglophone, il n'y administratif et juridique et aux con- a pas de problème. En même temps, ce séquences juridiques et administratives du qu'on dit par le projet de loi 142, non seule- projet de loi à l'égard du fonctionnement. Sans compter le fait que ce projet de loi est ment il n'y a pas de problème, mais on va un vote de blâme à l'endroit des gens qui vous aider, on va vous encourager à le faire. travaillent dans les services de santé et les C'est cela le drame du projet de loi 142. Un services sociaux au Québec et qui se tuent à projet de loi qui se situe dans un contexte l'ouvrage depuis un certain nombre d'années qui est un contexte dangereux, actuellement pour donner un peu plus à chaque jour de un contexte qui va à l'encontre des intérêts meilleurs services de santé et de meilleurs du peuple francophone du Québec. Un services sociaux dans les langues des contexte qui fait en sorte qu'on est dans une communautés culturelles et ethniques du situation de détérioration du français au Québec. Québec et de la situation du peuple francophone ici. C'est ce que les Québécois Je ne dis pas qu'il n'y a pas de francophones sentent. C'est ce qu'ils vous problèmes. Le député de Laurier, la députée disent dans les sondages. C'est ce que les de L'Acadie, ministre de la Santé et des Québécois vivent quotidiennement, en Services sociaux, et moi-même avons particulier ceux qui vivent à Montréal et participé à une commission parlementaire sur dans certaines régions du Québec. C'est cela la protection de la jeunesse et donc sur les qu'on sent. Et ce projet de loi est un jeunes en difficultés. On a été à même de message additionnel aux nouveaux immigrants voir un certain nombre de problèmes. C'est grecs, portugais, vietnamiens, européens, vrai qu'il faut de l'amélioration. Je l'ai dit américains, sud-américains, asiatiques. tantôt. Ce projet de loi est un message addi- Quand on était au gouvernement, on a tionnel, avec tous les messages que le fait des gestes d'amélioration, mais c'est une gouvernement leur adresse depuis un an, chose d'améliorer les services de santé et les malgré la belle profession de foi du député services sociaux dans les différentes langues 4950 des communautés ethniques qui vivent au est temps d'avoir une politique linguistique Québec et qui forment le Québec et que l'on ait des revendications d'aujourd'hui et c'est une autre chose de constitutionnelles claires à l'égard du dossier faire en sorte qu'avec un projet de loi on linguistique. ouvre les portes des institutions de la communauté anglo-québécoise à ces mino- Motion de report rités, qu'on leur donne un message que c'est vers ces institutions-là que maintenant Pour cela, Mme la Présidente, cela elles doivent se diriger. Ce n'est pas cela prend du temps. Pour permettre à la qu'on veut qu'ils comprennent comme ministre de faire ses devoirs et pour message. Ce qu'on veut qu'ils comprennent permettre au député de Laurier de faire c'est que, dans le réseau francophone public également ses devoirs, je vais présenter la du Québec, il y ait partout des possibilités, motion qui suit: En vertu de l'article 240, je là où les communautés sont installées, propose d'amender la motion principale en d'avoir des services dans ces langues. retranchant le mot "maintenant" et en Ce que je pense, c'est que la mère du ajoutant à la fin les mots "dans six mois". député de Laurier, qui parle un petit peu Voilà, Mme la Présidente, la motion de anglais et presque pas le français comme il report que je formule à ce moment-ci pour nous disait, si elle avait un problème et permettre au gouvernement d'aller faire ses qu'elle devait se présenter à son CLSC ou devoirs et d'écouter les gens qui ont des encore dans un hôpital, ce que je pense choses à dire. C'est un projet de loi qu'elle devrait avoir, ce ne sont pas des fondamental. Le député de Laurier, pour services en anglais, ce sont des services en d'autres raisons que moi, me faisait signe grec. C'est ce qu'on a commencé à que oui. Or, les projets de loi fondamentaux développer au Québec au cours des dernières en cette Assemblée nationale - c'est la années et c'est ce qu'il faut continuer de tradition depuis des années - on prend le développer au Québec. Mais non pas un temps qu'il faut pour les faire adopter et on projet de loi qui va faire en sorte que, consulte la population. Avec la motion que je finalement, la mère du député de Laurier va présente, Mme la Présidente, on va donner se diriger vers un hôpital anglophone, un au gouvernement le temps de faire les CLSC anglophone ou un CSS anglophone et choses correctement et d'une façon qui qu'elle va recevoir des services en anglais, respecte la tradition démocratique de ou peut-être en grec, dans un établissement l'Assemblée nationale du Québec. Merci, anglophone où finalement elle va comprendre Mme la Présidente. une chose, elle, qui est une nouvelle arrivante depuis 30 ans, mais qui est restée Des voix: Bravo! une grecque. Elle va comprendre qu'au Québec on est dans un pays anglais. Elle vit M. Sirros: Mme la Présidente, question en Amérique du Nord et la situation c'est de règlement, en vertu de l'article 212. que l'anglais a la place importante et dominante. C'est cela le message que vous La Vice-Présidente: Question de règle- donnez avec le projet de loi 142. C'est ce ment, en vertu de l'article... qui fait que c'est un projet de loi, à nos yeux, inacceptable. C'est ce qui en fait un M. Sirros: En vertu de l'article 212, projet de loi majeur parce qu'il touche j'aimerais brièvement, étant donné que je profondément à notre identité nationale et à crois avoir été mal compris, donner des la survie de notre collectivité. explications. Mes propos ont certainement Le chef de l'Opposition l'a indiqué été déformés. Premièrement, Mme la tantôt. Ce projet de loi intervient à un Présidente, je n'ai jamais dit que le projet moment donné, à un moment particulier où de loi était mineur; j'ai dit que le projet de la situation démographique du Québec est loi était important pour les communautés délicate et où l'avenir du Québec est, entre culturelles, parce que cela permettait autres, aussi lié à l'intégration et à l'accueil l'adaptation des services dans la langue des des nouveaux immigrants. Avec un projet de différentes communautés culturelles, là où loi comme cela, on sent la situation devenir c'est possible. J'ai dit que le projet de loi très dangereuse, Mme la Présidente. était important pour les anglophones et la Ce projet de loi n'est pas un projet de dispensation des services en anglais et j'ai loi urgent. Ce projet de loi mérite d'être dit que le projet de loi était aussi important évalué au mérite et, si la ministre nous dit pour la communauté québécoise francophone qu'il n'y a pas tellement de problèmes, face parce que j'estimais qu'il exprimait la au tollé qui se lève et face aux opinions qui générosité, la compassion et l'humanisme qui ont été émises par toutes les associations caractérisent le peuple québécois bien mieux concernées dans le réseau de la santé et des que l'Opposition du Parti québécois. J'ai dit services sociaux, qu'elle procède à des que la garantie des services en anglais consultations publiques, Mme la Présidente, n'était aucunement incompatible avec le qu'elle dise au chef du gouvernement qu'il développement des services dans d'autres 4951

langues, Mme la Présidente. la minorité anglophone, comme le disaient le Alors, simplement pour rétablir ces Parti québécois et nous-mêmes, à la faits, je sais que, pouvant les déformer, les communauté d'expression anglaise. Si, après membres de l'Opposition peuvent faire toutes un an, le Parti québécois estime que c'est sortes de discours, mais je tenais à faire trop tôt pour statuer sur la question par un cette... projet de loi qui fait essentiellement deux choses: établir un droit, expliciter clairement La Vice-Présidente: Vos remarques que toute personne d'expression anglaise a le étant faites, M. le député de Laurier, je vais droit de recevoir des services sociaux et de maintenant me prononcer sur la recevabilité santé en langue anglaise et, deuxièmement, de la motion de report qui est recevable à mettre sur pied un mécanisme afin de livrer ce stade-ci. Compte tenu qu'il s'agit d'un ces services... Il n'y a rien dans le projet de débat restreint, nous allons suspendre loi - et je le répète - qui donne un mandat quelques minutes pour rencontrer les leaders particulier aux établissements anglophones de chaque groupe parlementaire et pour vis-à-vis des communautés culturelles. Il n'y discuter du temps qui sera réparti aux a rien dans le projet de loi qui dise aux gens groupes. Nous allons suspendre pour quelques qui sont sur le terrain qu'ils n'ont pas fait instants. un bon travail ou qu'ils ne font pas d'efforts afin de rendre les services accessibles aux (Suspension de la séance à 22 h 18) communautés culturelles ou aux anglophones, etc. Par contre, si, effectivement, le travail (Reprise à 22 h 22) se fait sur le terrain d'une certaine façon et qu'arrive un projet de loi à l'Assemblée La Vice-Présidente: À l'ordre, s'il vous nationale qui va dans le même sens et plaît! appuie ce qui se fait sur le terrain, j'ai du Je vais maintenant faire connaître à mal à voir pourquoi les gens sur le terrain le cette Chambre l'entente intervenue concer- reçoivent comme un blâme. Normalement, si nant le débat restreint. Le débat restreint je me place dans cette situation, si je veux serait réparti comme suit: une heure faire quelque chose vis-à-vis des services pour chaque groupe parlementaire sans accessibles en anglais, en grec ou en italien limite de temps par intervention. Si un et que mon gouvernement vienne dire que groupe parlementaire ne prend pas tout son l'organisation des services sociaux et de temps, celui-ci reviendra à l'autre groupe santé doit tenir compte des caractéristiques parlementaire. Je suis prête à reconnaître le socioculturelles et linguistiques des clientèles, premier intervenant. je me sens soulagé. J'aurais bien aimé, au M. le député de Laurier, sur la motion temps où j'étais dans le réseau, avoir le de report. même genre de projet de loi débattu ici en Chambre pour que je puisse m'appuyer, M. Christos Sirros comme intervenant social, sur une loi qui m'aurait donné un appui par rapport à ce M. Sirros: Merci, Mme la Présidente. Je que je voulais faire dans le réseau. Et, devrais remercier le député de Verchères de effectivement, le réseau et les gens qui m'avoir donné l'occasion de parler une essaient d'améliorer l'accessibilité des deuxième fois en présentant cette motion de services sociaux à l'intérieur du réseau report, parce qu'effectivement je n'ai pas dit devraient normalement trouver un appui dans tout ce que j'avais à dire la première fois. ce projet loi. Je ne peux expliquer l'opposi- Je disais dans mon intervention, tout à tion au projet de loi que pat un aveugle- l'heure, que je m'attendais que l'Opposition ment, une incapacité qui a d'ailleurs été très présente une motion de report pour qu'elle bien illustrée par le député de Verchères, trouve des arguments en vue d'appuyer les une incapacité d'aller au-delà des mots, au- raisons pour lesquelles il semble qu'elle soit delà d'un conditionnement qui s'est fait au contre ce projet de loi. Mon discours a été Québec depuis quinze ans. suivi d'une envolée que je ne peux qualifier Je demeure fondamentalement étonné autrement que de démagogique, portant de voir comment les réponses sont condi- encore une fois sur toute la question de tionnées. Aussitôt qu'on a parlé de l'intégration des communautés culturelles, communautés d'expression anglaise, de comme si le projet de loi était un communautés culturelles, de garanties instrument d'anglicisation, et concluant avec linguistiques, tout d'un coup on a fait des une demande de reporter l'étude de ce projet associations qui ne sont pas dans le projet de de loi à une date ultérieure. loi. Ce qui a amené l'Opposition à demander Il y a un an à peine, on a eu une un report qui, je pense bien, leur servira campagne électorale. Durant cette campagne beaucoup plus à trouver des arguments électorale, les deux partis ont pris un sérieux. Je suggère, que quel que soit le engagement à peu près similaire: soit de délai qu'ils demandent, peu importe le garantir des services sociaux et de santé à nombre de mois demandés par l'Opposition, 4952 qu'ils ne trouveront pas d'autres arguments. sociaux et de santé dans plusieurs langues Il est vrai que le projet de loi va faire avec la garantie établie dans la loi à que certaines personnes des communautés l'article 5.1 que "toute personne d'expression culturelles qui comprennent l'anglais et non anglaise a le droit de recevoir en langue pasx le français, pour des raisons de anglaise des services de santé et des services développement, d'immigration il y a plusieurs sociaux, compte tenu de l'organisation et des années, que ces gens, oui, iront vers des ressources des établissements qui dispensent services offerts en anglais s'il n'y a pas de ces services". services dans leur langue. Je répète qu'il n'y On nous a dit également qu'il y aura a rien qui met en opposition la garantie des probablement des difficultés juridiques, qu'on services de santé et des services sociaux en demandera de l'argent et que, si on demande langue anglaise avec le développement des de l'argent, on prendra l'argent des services sociaux et de santé en différentes francophones. C'est faux, Mme la Présidente. langues. Mais il n'est que raisonnable de La ministre a indiqué que, même si déjà on croire que nous ne serons jamais en mesure s'estime très couvert du côté de l'investisse- au Québec, comme partout ailleurs au ment des ressources, avec "compte tenu de monde, de pouvoir garantir tous les services l'organisation et des ressources des établisse- de santé et de services sociaux dans toutes ments qui dispensent ces services", il y aura les langues. davantage pour garantir effectivement qu'on Nous avons quelque chose comme 80 parle de l'organisation des services à communautés culturelles installées au l'intérieur de ce qui existe. Il s'agit d'un Québec. Est-ce que le député de Verchères projet de loi qui veut assurer que des voulait nous dire tout à l'heure qu'on services soient organisés de la façon la plus devrait, au lieu de présenter ce projet de flexible et la plus humaine possible. Il n'y a loi, garantir des services sociaux et de santé aucune raison, outre le désir de l'Opposition dans 89 langues? Il y a quand même une de se trouver un cheval de bataille, qui réalité historique qui caractérise le Québec devrait nous amener à retarder l'adoption de et c'est peut-être ce qui distingue le Parti ce projet de loi. libéral du Parti québécois: nous reconnaissons Je suis convaincu que quiconque - je cette réalité historique qui fait qu'il y a l'ai déjà dit et je le répète - veut bien le effectivement deux peuples fondateurs au voir avec un oeil objectif s'apercevra très Canada et au Québec, deux communautés qui rapidement que ce n'est pas un projet de loi existent côte à côte, depuis fort longtemps. mineur, mais ce n'est certainement pas un Et c'est vrai que la communauté anglaise a projet de loi qui chambarde tout le système. pu et su développer ses propres services Aucun réseau parallèle n'est créé, aucune sociaux et de santé depuis des années. Le structure supplémentaire n'est mise sur pied, chef de l'Opposition lui-même a fait un aucune création de nouveaux établissements, lapsus quand il référait à l'hôpital Queen aucune bilinguisation faite au niveau Mary, je pense, qui était anciennement un hôpital anglophone et qui est devenu un systémique, comme l'a dit le chef de hôpital francophone à cause, effectivement, l'Opposition, parce que toutes les dispositions de la façon dont les services sont organisés, de la loi 101 demeurent en vigueur en ce qui où on ne tient pas compte des carac- concerne la langue du travail. Oui, il y aura téristiques socioculturelles et linguistiques, certains établissements qui dispenseront mais où on tient compte surtout d'un certains services et d'autres l'ensemble de territoire spécifique. leurs services en anglais, mais tous les établissements sont tenus par la loi de Nous croyons qu'il est beaucoup plus dispenser l'ensemble de leurs services en clair, beaucoup plus limpide et beaucoup plus français. raisonnable d'accepter des situations qui sont En conclusion, je ne peux que rejeter évidentes pour qui veut bien les voir. Il y a avec les députés ministériels cette motion de une réalité socioculturelle et linguistique qui report qui n'est qu'une tactique pour retarder entre dans l'organisation des soins de santé le débat, qui donnera peut-être quelques et des services sociaux et on doit tenir heures de plus à l'Opposition afin de trouver compte de cet aspect. Tenir compte de cela des arguments un peu plus sérieux que ceux nous donne également la possibilité, là où qu'elle a présentés jusqu'à maintenant. c'est possible de façon raisonnable, d'offrir Je vous souligne très respectueusement, et de développer des services dans d'autres Mme la Présidente, que l'Opposition se langues que l'anglais. Je le répète, ce n'est trouve un peu mal prise dans ce dossier que parce que l'Opposition du Parti québécois veut bien trouver quelque chose autour de parce qu'elle avait à peu près dit la même quoi ils peuvent s'acharner qu'ils insistent chose: Nous sommes prêts à garantir dans pour voir des choses qui ne sont pas dans la nos lois fondamentales... Le chef de loi. l'Opposition l'a dit tout à l'heure, il aimerait (22 h 30) bien qu'il y ait un jour une constitution du Québec dans laquelle il pourrait mettre la II n'y a rien dans la loi qui mette en garantie de services sociaux et de santé en opposition le développement des services langue anglaise. Nous lui disons que, s'il est 4953 prêt à mettre cette garantie dans une doit être adopté maintenant parce qu'avec le éventuelle constitution, pourquoi ne ferait-il projet de loi 142 adopté et sanctionné on pas un pas de bonne volonté, un geste qui pourrait donner des services, enfin, aux gens montrerait sa bonne foi en acceptant de de la minorité anglophone ou des l'inscrire tout au moins dans une loi qui communautés culturelles du Québec. parle spécifiquement de l'organisation des On ne peut affirmer une telle chose services de santé et des services sociaux? parce que telle n'est pas la situation. Bien Est-ce qu'il y a quelque chose de plus au contraire, au moment où nous parlons, au cohérent, quand on veut garantir des services moment où nous débattons ce projet de loi, sociaux et de santé, que de le mettre dans il y a des services qui sont donnés à la loi qui parle de l'organisation des services l'ensemble des Québécois et des Québécoises de santé et des services sociaux? Si ce n'est sur l'ensemble du territoire québécois, que ce pas le cas, si, parce qu'il n'y a pas une soit pour des problèmes nécessitant constitution dans laquelle le Parti québécois l'utilisation de services de santé ou puisse inscrire ce droit-là, il est contre l'utilisation de services sociaux. D'ailleurs, l'adoption d'un tel projet de loi, je vous dis Mme la Présidente, la Loi sur les services de que c'est une contradiction qui ne tient pas santé et les services sociaux elle-même, debout, autrement que par la démagogie dans celle qui existe, reconnaît cette nécessité de laquelle le Parti québécois sait exceller. donner des services à l'ensemble des Merci, Mme la Présidente. Québécois et des Québécoises. Je me permettrai de lire l'article 5 de cette loi qui Une voix: Très bien: dit: "Les services de santé et les services sociaux doivent être accordés sans distinction La Vice-Présidente: Merci, M. le député ou préférence fondée sur la race, la couleur, de Laurier. le sexe, la religion, la langue, l'ascendance M. le député de Gouin. nationale, l'origine sociale, les moeurs ou les convictions politiques de la personne qui les M. Jacques Rochefort demande ou des membres de sa famille." On a donc déjà une loi qui fait en sorte que M. Rochefort: Merci, Mme la tous les hommes et toutes les femmes qui Présidente. Je désire prendre la parole à ce vivent au Québec ont droit - et ils les moment-ci du débat qui retient l'attention de reçoivent effectivement - à des services de l'Assemblée depuis quelques heures pour venir santé et à des services sociaux qui appuyer la motion du député de Verchères correspondent à leurs besoins. qui vise à reporter au printemps prochain le L'Association des hôpitaux du Québec, débat entourant le projet de loi 142. quant à elle, affirme dans le mémoire qu'elle On pourrait très bien nous dire que a transmis à la ministre de la Santé et des cette motion du député de Verchères visant Services sociaux à la page 2, "De plus, tous à surseoir à l'adoption du principe du projet et non pas quelques-uns - les centres de loi 142 n'est pas admissible pour les gens hospitaliers ont de longue date fourni des du parti ministériel parce qu'il y a urgence services accessibles aux bénéficiaires d'agir maintenant. C'est un motif qu'on d'expression anglaise, compte tenu de leurs aurait pu nous présenter et que n'a pas mis ressources et de leur organisation, conformé- de l'avant le député de Laurier dans ment à l'article 5 de la loi sur la santé et l'intervention qu'il vient de faire sur cette les services sociaux, de même que sans motion de report. discrimination conformément à l'article 5 de Je reconnais là-dessus, là-dessus cette loi." Quand on pense que l'Association spécifiquement, son honnêteté. Il n'a pas dit des hôpitaux du Québec est cette grande qu'il y avait urgence que l'Assemblée association panquébécoise qui regroupe tous nationale du Québec intervienne maintenant, les centres hospitaliers du Québec, incluant avec le projet de loi 142 comme instrument, les centres hospitaliers anglophones comme le dans le cadre des objectifs visés par le Royal Victoria, le Montreal General, le gouvernement et il avait raison de ne pas Montreal Children's Hospital et l'ensemble invoquer l'urgence d'agir parce que j'affirme des centres hospitaliers anglophones que nous qu'il n'y a aucune urgence d'agir avec le connaissons. Ce sont, ensemble, tous les projet de loi 142. Il n'y a personne au membres de l'Association des hôpitaux du Québec, actuellement, qui puisse prétendre - Québec qui viennent affirmer non pas dans et qui prétende, d'ailleurs - ne pas recevoir un mémoire qui date de deux ou trois ans, des services de santé et des services sociaux mais dans leur mémoire personnel à la convenables et satisfaisants, compte tenu des ressources qui existent. ministre de la Santé et des Services sociaux sur le projet de loi 142 qu'ils offrent des On ne peut prétendre, comme l'a fait services dans tous leurs centres hospitaliers à le premier ministre, comme l'a fait, l'ensemble des Québécois de la minorité malheureusement, aussi ta ministre de la anglophone ou des minorités culturelles. Santé et des Services sociaux, lorsqu'on est Qu'est-ce qu'on retrouve dans les franc et sincère, que le projet de loi 142 centres de services sociaux? Dans les centres 4954 de services sociaux, on retrouve non seule- nombre le portugais, le grec, pour être en ment des services en français et des services mesure de donner des services à la en anglais, mais des services dans bon population des différentes communautés nombre des langues des différentes culturelles et des différentes communautés communautés culturelles du Québec et cela, ethniques de l'est de Montréal. non seulement à Montréal, mais partout sur Dans les CLSC, dans les centres locaux le territoire du Québec. de services communautaires, on donne non (22 h 40) seulement des services en français, non Prenons un certain nombre d'exemples. seulement des services en anglais, mais des D'une part, sur le territoire de l'île de services dans bon nombre de langues des Montréal, il y a le Centre de services communautés culturelles de l'île de sociaux Ville-Marie qui donne des services Montréal. Je prendrai à ce titre un premier aux citoyens de l'ouest de l'île de Montréal, exemple qui est le CLSC de ma mais qui donne essentiellement des services à circonscription électorale, le Centre local de l'ensemble des citoyens de la grande région services communautaires la Petite Patrie qui, de Montréal qui ont des besoins en services faut-il le rappeler, est un CLSC qui couvre sociaux en langue anglaise. Il y a le Centre une population francophone à 80 %, 9 % de de services sociaux juifs à la famille, de minorité italienne et 2 % d'autres langues. Montréal qui donne des services sociaux en Qu'est-ce qu'on retrouve dans ce CLSC qui langue anglaise et dans la langue des Juifs couvre un territoire à 80 % francophone? On de l'ouest de Montréal. retrouve du personnel qui parle français Le Centre de services sociaux de la évidemment, mais du personnel qui parle Gaspésie et des Iles-de-la-Madeleine, alors anglais, du personnel qui parle italien, du qu'on retrouve sur son territoire une personnel qui parle espagnol, qui est en population d'à peu près 15 % d'anglophones, mesure de donner des services à l'ensemble a, au sein de son personnel, 15 % de ses des minorités. Et je ne parle pas de deux postes qui sont ou unilingues anglais ou secrétaires qui travaillent pour un cadre. Je bilingues et parfaitement bilingues. Le parle de personnel qui donne des services Centre de services sociaux Laurentides- directement aux bénéficiaires du Centre local Lanaudière a des services, particulièrement de services communautaires la Petite Patrie. dans la région de Lachute, qui correspondent Prenons, par exemple, le service de maintien à la minorité anglophone qu'on retrouve dans à domicile du CLSC la Petite Patrie. Il y a cette région. Le Centre de services sociaux un médecin qui parle anglais et neuf Richelieu, où on retrouve à peu près 11 % de infirmières qui peuvent s'exprimer en anglais; citoyens anglophones, a 15 % de ses postes sur les 29 auxiliaires familiales, six affichés comme postes bilingues pour son s'expriment en anglais, cinq en italien et personnel; on y donne, au moment où on se trois dans une autre langue. Chez les parle, des services dans la langue anglaise en travailleurs sociaux, un s'exprime en anglais, plus des services dans la langue française. Le un en italien et il y a deux travailleurs Centre de services sociaux de la Côte-Nord communautaires qui peuvent s'exprimer dans a à peu près 12 % de ses postes qui sont la langue anglaise. On a des organisateurs affichés bilingues pour donner des services à communautaires qui peuvent s'exprimer en la minorité anglophone de la Côte-Nord; on y italien, qui peuvent s'exprimer en espagnol. retrouve même deux postes avec des C'est dans un CLSC de l'est de Montréal personnes qui sont en mesure de donner des dont 80 % des bénéficiaires sont des services aux Amérindiens qu'on retrouve sur francophones. la Côte-Nord. Le CSSO, Centre de services Prenons d'autres CLSC. Le CLSC Parc sociaux de l'Outaouais, population encore là Extension a des programmes pour l'ensemble d'environ 15 % d'anglophones: 30 % du des minorités qu'on retrouve sur son terri- personnel du Centre de services sociaux de toire. Au CLSC Saint-Louis du Parc, on l'Outaouais sont bilingues; on exige que ces retrouve 30 % du personnel qui est composé postes soient bilingues pour donner des de Néo-Québécois et 40 % si on regroupe services à la minorité anglophone de cette l'ensemble du personnel qui est affecté à des région. services à la clientèle, donc aux Et c'est le cas de l'ensemble des bénéficiaires. On a même un système centres de services sociaux sur l'ensemble du d'accueil au CLSC Saint-Louis du Parc, qui territoire du Québec. On sait que le Centre permet d'accueillir les bénéficiaires dans cinq de services sociaux du Montréal métropo- langues différentes. Le Centre local de litain, le centre des services sociaux, donc, services communautaires de Rivière-des- de l'est de l'île de Montréal, non seulement Prairies reflète la composition culturelle de donne des services aux Québécois de langue son territoire. Le Centre local de services française qui habitent l'est de l'île de communautaires d'Outremont, à cause de Montréal, mais que bon nombre de ses l'importance de la communauté juive qu'on employés, de ses travailleurs sociaux, de ses retrouve sur son territoire, a adapté des organisateurs communautaires parlent anglais, programmes en fonction de la communauté un certain nombre l'italien, un certain juive qu'on y retrouve. Le Centre local de 4955 services communautaires du centre-ville de Ce n'est pas un discours politique. C'est une Montréal où deux personnes de la réalité. Il y a des services qu'on retrouve communauté chinoise siègent au conseil dans toutes ces langues, dans toutes ces d'administration et travaillent à adapter les communautés dans différents CLSC de l'île programmes pour ces différents bénéficiaires. de Montréal. Le Centre local de services Ce n'est pas nous qui avons préparé communautaires Côte-des-Neiges où on cela par notre service de recherche. C'est le retrouve une infirmière juive orthodoxe, où Conseil régional de la santé et des services on retrouve des gens qui donnent des cours sociaux du Montréal métropolitain qui nous a en vietnamien, en espagnol, en portugais, qui fourni ces renseignements, à nous comme à donnent des soirées d'information à l'ensemble des Montréalais et des l'intention des gens qui se sont réfugiés au Montréalaises, pas plus tard qu'au mois Québec, où on retrouve des intervenants d'octobre dernier. L'Office de la langue auprès des familles, qui parlent plusieurs française reconnaît déjà une imposante liste langues. Pensons au CLSC du centre-sud et d'établissements de santé et de services Notre-Dame-de-Grâce, Montréal-Ouest, qui sociaux qui sont reconnus, en vertu de la loi est un pré-CLSC où là aussi on retrouve un 101, pour avoir comme langue de personnel qui reflète parfaitement les communication interne l'anglais et on sait diversités linguistiques et les diversités très bien ce que cela veut dire dans les culturelles qu'on retrouve sur son territoire. faits. Cela veut dire qu'ils offrent, qu'ils Le Centre local de services communautaires fournissent des services de santé et des de Côte-Saint-Luc, qui donne des services services sociaux dans la langue anglaise aux dans plus de douze langues. Celui de gens de la communauté anglophone et qu'ils Montréal-Nord, où on retrouve une fournissent aussi des services à des minorités concentration importante de membres de la culturelles du Québec. communauté haïtienne et italienne, qui On en a une longue liste. Pensons au reflète cette communauté dans son conseil centre hospitalier St. Mary, au centre d'administration et dans son personnel et, hospitalier juif de l'Espérance, à l'Hôpital donc, dans l'ensemble des programmes qu'il chinois de Montréal, à l'Hôpital de Montréal dispense. pour enfants, qu'on appelle le Montreal Pensons au CLSC Saint-Léonard, c'est Children's, à l'Hôpital des convalescents de un CLSC qui donne des cours prénatals aux Montréal, à l'hôpital Douglas, à l'Hôpital femmes haïtiennes, qui a mis sur pied des Général de Lachine, à l'Hôpital Général de groupes d'intervention aux familles italiennes Montréal, à l'Hôpital Général Lakeshore, à qui gardent leurs parents, qui a mis en place l'hôpital général juif-Sir Mortimer B Davis, à un système de dépliants et de chroniques en l'hôpital Grace Dart, au Mont-Sinaï, au italien et en portugais et qui, là aussi, a un Reddy Memorial, au Reine-Élizabeth, au personnel qui reflète parfaitement la Royal Victoria, au Santa Cabrini, au Shriners, composition culturelle de son territoire. à des CLSC, des services sociaux, des Pensons, Mme la Présidente, à ce centres d'accueil d'hébergement pour gigantesque travail qui a été réalisé par le personnes âgées, des centres d'accueil de Conseil régional de la santé et des services réadaptation, cela existe. Cela existe. sociaux, qui a préparé un répertoire, non pas (22 h 50) il y a quatre ans, mais au mois d'octobre Le député de Laurier lui-même, dans dernier. Il a rempli et complété un une entrevue qu'il accordait récemment au répertoire de l'ensemble des services sociaux Journal de Montréal nous disait: Le projet de et des services de santé de première ligne loi 142, c'est pour légiférer le statu quo, disponibles dans l'ensemble des CLSC de l'île pour faire en sorte que la loi corresponde à de Montréal par territoire et par langue. ce qui existe. Je vois le député de Laurier Savez-vous qu'on retrouve tous ces qui hoche la tête, Mme la Présidente. Je le services dans tous ces CLSC, qui sont offerts cite au texte: "Pour nous, le projet de loi en langue anglaise sur l'île de Montréal? 142 ne vient qu'officialiser le statu quo." Savez-vous qu'on retrouve des services dans Citation au texte d'une entrevue qu'il a environ une trentaine de langues, de accordée à Michelle Coudi-Lord, du Journal communautés culturelles différentes les unes de Montréal, le 18 novembre 1986. Cela ne des autres, qu'on retrouve sur l'île de fait pas deux ans. Cela fait quelques Montréal, que ce soient des communautés semaines à peine. africaines, allemandes, arabes, arméniennes, Qu'on ne vienne pas tenter de nous dire autochtones, belges, bulgares, cambodgien- qu'il y a urgence à procéder; qu'on ne vienne nes, chinoises, grecques, haïtiennes, hispa- pas nous présenter le projet de loi 142 nophones, hollandaises, hongroises, indien- comme un projet de loi humanitaire qui nes, italiennes, jamaïcaines, japonaises, nécessite un vote à la vapeur, de toute juives parlant yiddish ou hébreux, polo- urgence, en pleine nuit des membres de naises, portugaises, roumaines, russes, tchè- l'Assemblée nationale parce qu'il y a des ques, turques, ukrainiennes, vietnamiennes, hommes et des femmes qui, au Québec, yougoslaves. Ce ne sont pas des promesses. attendent après l'adoption du projet de loi 4956

142 pour obtenir un service de santé ou pour peuple, parce que les Québécois sont des obtenir un service social. Non, il y a gens généreux, des gens ouverts, des gens qui actuellement des services de santé et des veulent vivre avec les membres de la services sociaux qui sont dispensés aux communauté anglophone du Québec et les membres de la communauté anglophone et membres des communautés culturelles du aux membres des communautés culturelles du Québec et non pas contre eux comme on le Québec, des services qui ont été donnés et fait dans les autres provinces canadiennes à qui ont pris de l'ampleur sous un gouverne- l'endroit des minorités francophones qu'on ment du Parti québécois et qui ont été retrouve dans ces provinces. Ce n'est pas rendus possibles grâce aux efforts des l'apanage des Québécois d'avoir une telle hommes et des femmes qui travaillent dans attitude, au contraire. le réseau de la santé et des services sociaux. On n'a jamais eu besoin d'une loi pour Ces hommes et ces femmes ont fait un le faire. On l'a fait à partir d'une volonté travail colossal pour arriver, à partir collective de respecter les hommes et les d'aménagements administratifs, à partir d'une femmes qui sont dans la minorité anglophone organisation intelligente du réseau de la ou dans les minorités culturelles du Québec, santé et des services sociaux, à donner des tout autant qu'on respecte les gens qui sont services aux gens de la communauté au Québec membres de la majorité anglophone et aux gens des communautés francophone. Pour cela, on n'a pas eu besoin culturelles du Québec. Cela illustre jusqu'à d'un projet de loi, encore moins d'un projet quel point il n'y a pas d'urgence à procéder de loi apporté en catastrophe, à la dernière à l'adoption à la vapeur, en pleine nuit, en minute, à l'Assemblée nationale. catastrophe du projet de loi 142. Ce projet de loi est tellement en On aurait pu aussi nous dire: Bien, catastrophe que nul autre que le premier écoutez, c'est une promesse électorale qui a ministre disait quelques jours après son dépôt fait l'objet d'un large consensus. On a - et je cite la transcription préliminaire du discuté largement avec l'ensemble des Journal des débats, le 27 novembre 1986, intervenants du réseau pour en arriver à ce 14 h 26, à la page R-5303; c'est le premier projet de loi et ce projet de loi est ministre du Québec, le chef du gouverne- l'aboutissement d'un long processus de ment, qui parle du projet de loi 142 déposé consultation, de concertation et d'association quelques jours plus tôt - "J'ai dit tantôt - et de l'ensemble des groupes qui interviennent je le cite au texte - au chef de l'Opposition chaque jour dans le réseau de la santé et que nous étions prêts, nous en avons déjà des services sociaux au Québec. Mais tel discuté, à examiner certaines modifications n'est pas le cas. pour éviter dans un cas - il parle de la loi On s'est limité en campagne électorale 140 - que les sanctions aient moins de à faire une promesse électorale rapide qu'on portée et que, dans l'autre cas, le projet de a très peu mise de l'avant du côté loi - et là on parle du projet de loi 142 - francophone, mais dont on traitait dans les puisse être une passoire." assemblées auprès de la minorité anglophone Donc, le premier ministre reconnaissait, du Québec. Depuis ce temps, rien. Depuis ce dans les jours qui ont suivi le dépôt du temps, il ne s'est rien passé. Jamais la projet de loi 142, qu'il s'agissait dans les ministre de la Santé et des Services sociaux faits non pas d'un projet humanitaire, non n'a associé à ceci, par exemple, les pas d'un projet qui avait pour objectif de associations qui s'intéressent à ces questions, donner des services de santé et des services les associations qui regroupent les hommes et sociaux à la minorité anglophone et aux les femmes qui donnent ces services de santé minorités culturelles du Québec, mais bien et ces services sociaux aux minorités, qui le d'un projet de loi qui, dans le texte connu font à partir de cette ouverture qui a au moment de son dépôt, était une passoire toujours caractérisé les Québécois et les au plan linguistique. Le premier ministre Québécoises en général, cette ouverture nous disait: Je vais apporter des amende- d'esprit qui fait qu'aujourd'hui nous sommes ments pour que ce projet de loi ne soit pas le peuple qui traite le mieux sa minorité une passoire. Où sont-ils, ces amendements9 partout dans le monde occidental parce que Où sont-ils, les amendements qui vont nous sommes un peuple généreux, un peuple permettre que le projet de loi 142 ne soit qui ne marchande pas les services aux pas une passoire au plan linguistique, ne soit minorités, un peuple qui ne négocie pas les pas un panier percé, mais serve bien à services aux minorités, un peuple qui a dispenser des services de santé et des toujours reconnu que c'était nécessaire, que services sociaux aux membres des différentes c'était essentiel et qui n'avait pas besoin minorités du Québec? Où sont-ils, ces d'une loi, qui n'avait pas besoin d'attendre amendements? une loi pour commencer à donner des Ce matin, la ministre des Affaires services aux membres de la communauté culturelles a déposé ici une douzaine anglophone du Québec ou aux membres des d'amendements au projet de loi 140. Qu'a différentes communautés culturelles du fait la ministre de la Santé et des Services Québec; parce que les Québécois forment un sociaux par rapport au projet de loi 142, 4957 qualifié par le premier ministre lui-même projet de loi 142." d'être une passoire au plan linguistique, un (23 heures) panier percé au plan linguistique? Où sont- Trois autres associations, après avoir ils, ces amendements? Ce ne sont même pas passé plus de deux heures dans le bureau de des amendements. La ministre a évoqué la ministre, deux heures au cours desquelles quelques réflexions qui n'apportent abso- la ministre a tenté de les convaincre lument rien de neuf quant à cette préoccu- d'appuyer son projet de loi, non seulement se pation de faire en sorte que le projet sont prononcées sur le contenu du texte du de loi 142 ne soit pas une passoire au plan projet de loi 142, mais sur le contenu des linguistique. explications et de la défense qu'en faisait Non seulement le projet de loi a été devant elles la ministre de la Santé et des apporté en catastrophe, non seulement le Services sociaux. Quelle a été leur projet de loi ne présente d'aucune façon une conclusion? Cela a été: Suspendez, il faut urgence, une nécessité d'être adopté surseoir à l'adoption de ce projet de loi, il maintenant pour donner des services, parce faut interrompre l'étude du projet de loi. qu'ils existent ces services et ils existent Que demandent-elles? Qu'elles puissent en depuis longtemps et ils continueront d'exister discuter dans un autre cadre que celui d'un en ce qui nous concerne, mais ce projet de projet de loi, dans le cadre qui leur a permis loi ne répond même pas, à partir du discours jusqu'à ce jour de donner des services de que nous a fait la ministre, aux attentes du santé et des services sociaux à la minorité premier ministre lui-même qui nous disait: anglophone et aux différentes communautés Oui, il faudrait apporter des amendements culturelles du Québec. importants pour éviter que ce projet de loi Donc, la conclusion, quelle est-elle? ne soit une passoire. Aucune association du réseau de la santé et Du côté du monde de la santé et des des services sociaux n'est venue appuyer, services sociaux, que nous disent ces même du bout des lèvres, le contenu du associations des services de santé et des projet de loi de la ministre. La ministre se services sociaux? L'Association des hôpitaux retrouve seule avec son caucus et son du Québec a fait parvenir un mémoire à la Conseil des ministres pour défendre son ministre de la Santé et des Services sociaux. projet de loi. Personne du monde de la santé Que dit-elle sur le projet de loi, sur le fond? et des services sociaux qui donne déjà ces L'Association des hôpitaux du Québec dit: services à la population ne vient appuyer ce "Cependant, l'Association des hôpitaux du projet de loi. Au contraire, ces gens-là Québec est d'avis que le choix des moyens disent à la ministre: Mme la ministre, nous proposés par les dispositions du projet de loi trouvons odieux que, par votre projet 142, aux articles 1, 2, 3 et 9, demeure de loi, vous veniez porter un jugement discutable. Elle poursuit: "Nous soutenons que d'incompétence et d'insatisfaction sur le l'insertion de l'article 5.1 dans la loi sur la travail que nous avons réalisé au cours des santé et les services sociaux porte atteinte à dernières années en matière de dispensation l'économie générale de la loi et n'ajoute rien de services de santé et de services sociaux de plus à ce que consacre l'effet combiné aux minorités du Québec. Comment la des articles 4 et 5 de la loi. D'ailleurs, une ministre, demain, pourra-t-elle demander à telle insertion risque de saper la portée ces différentes associations, à ces hommes et parapluie de la Charte de la langue française à ces femmes, de venir l'appuyer dans sa et vient mitiger la portée particulière de son volonté, de venir collaborer, d'avoir une application aux établissements de santé et de contribution positive quant aux objectifs services sociaux." Ils poursuivent un peu plus qu'elle recherche alors qu'elle leur dit: Vous loin, toujours les gens de l'Association des ne connaissez rien là-dedans, vous n'avez hôpitaux du Québec: "La Loi sur les services rien fait de bien par rapport à cela et je de santé et des services sociaux n'a pas pour vous considère tellement peu que je ne vous objet de supporter la déclaration des droits associe même pas à l'élaboration de mon fondamentaux généraux, surtout si on les projet de loi? retrouve déjà suffisamment énoncés et Non, Mme la Présidente, ce projet de protégés dans d'autres lois, comme c'est le loi doit retourner sur les tables de travail. cas de l'accès à des services dans une autre Ce projet de loi ne constitue d'aucune façon langue que la langue française, par une urgence. La seule urgence qui entoure le l'application de la Charte de la langue projet de loi 142 est une urgence urgente française. Il s'agirait là d'une insertion pour la ministre de la Santé et des Services qui devient inédite dans l'économie du droit sociaux de retourner faire ses devoirs et, québécois et qui risque de placer les cette fois, de faire ses devoirs avec centres hospitaliers dans une position l'ensemble des hommes et des femmes qui délicate." L'Association des hôpitaux du travaillent chaque jour dans le réseau de la Québec de conclure: "Pour toutes ces santé et des services sociaux pour qu'elle considérations, l'Association des hôpitaux du vienne s'amender du geste odieux qu'elle a Québec se considère justifiée de deman- porté à leur endroit, s'excuser auprès d'eux der le retrait des articles 2, 3 et 9 du et, maintenant, les associer dans une 4958 démarche positive, constructive, dynamique me le rappelle. qui leur permettra d'être encouragés, d'être motivés à faire plus comme ils sont prêts à La Vice-Présidente: À l'ordre! À le faire. Ils sont prêts, d'ailleurs, s'il reste l'ordre, s'il vous plaît! Je demanderais la un certain nombre de problèmes, à corriger collaboration de cette Chambre; le droit de ces problèmes avec la même volonté et la parole est maintenant à Mme la ministre et même détermination qui les a animés j'aimerais bien qu'on respecte son droit de jusqu'aujourd'hui, eu égard à ces services aux parole. Mme la ministre, vous pouvez y aller. minorités. Mais ils veulent le faire de la même façon qu'ils ont réussi admirablement Mme Lavoie-Roux: Et pourtant, il ne bien jusqu'aujourd'hui, à partir d'une s'agissait pas d'un projet de loi bénin, c'était organisation intelligente du réseau, à partir un projet de loi qui venait apporter des d'aménagements administratifs. C'est ce modifications importantes à la loi 27, telle- qu'ils demandent à la ministre de la Santé et ment importantes que pendant les quatre ou des Services sociaux. cinq années qui ont suivi, le gouvernement Je crois que la motion de mon d'alors n'a même pas pu mettre en pratique collègue, le député de Verchères, qui vise à ou édicter les règlements qui devaient suivre reporter de six mois l'étude de ce projet de la sanction de ce projet de loi même cinq loi permettra à la ministre de s'amender et ans après. C'est vous dire, Mme la de passer à cette urgence qui est celle de Présidente, qu'il ne s'agissait pas d'un refaire ses devoirs et, cette fois, non pas les problème très simple. Nous sommes encore à faire à la sauvette, en cachette et dans travailler sur la réglementation de ce fameux l'improvisation, mais les faire avec projet de loi et il y en a une partie qui n'a l'ensemble de ses collaborateurs, avec pas encore fait l'objet de la réglementation. l'ensemble de ces hommes et de ces femmes Je m'étonne. J'entendais le député de dont elle a un besoin absolument essentiel Verchères le mentionner et le député de pour lui permettre de poursuivre dans cette Gouin est revenu avec une foule d'exemples voie qui vise à améliorer la qualité des nous citant tous les organismes ou les services de santé et des services sociaux établissements qui offrent déjà, dans pour l'ensemble des Québécois et des différentes langues, aux communautés Québécoises. Merci. culturelles des services de santé et des services sociaux. Je m'en réjouis, je l'ai La Vice-Présidente: Merci, M. le député d'ailleurs souligné tout à l'heure, j'ai indiqué de Gouin. Mme la ministre de la Santé et les efforts qui avaient été faits. Si tous ces des Services sociaux. services existent, quoiqu'ils aient admis qu'il y avait encore des problèmes - il faut bien Mme Thérèse Lavoie-Roux que je le concède - je me demande quelle est la difficulté viscérale à ce que ce droit Mme Lavoie-Roux: Mme la Présidente, soit inscrit dans une loi, puisque cela ne il est évident que nous allons voter contre la présente aucun problème. Tous les services motion de report présentée par l'Opposition. existent, à vous entendre parler, il n'y a que Cela me fait un peu sourire quand j'écoute quelques problèmes ici et là. Je m'explique les leçons que nous servent tant le critique mal que maintenant on fasse une telle de l'Opposition en matière de santé et de opposition à inscrire, à consacrer dans un services sociaux que d'autres de ses projet de loi l'exercice d'un droit. collègues, quand ils nous disent que nous Vous savez, Mme la Présidente, quand présentons ce projet de loi à la sauvette et cette Chambre a adopté - je n'y étais pas à que nous allons les forcer à discuter des ce moment-là, mais nous avons accepté par neuf articles que contient ce projet de loi la suite - d'autres amendements à la Charte dans des circonstances absolument des droits et libertés de la personne, quand inadmissibles. on a présenté et fait adopter par cette Puis-je rappeler au critique officiel de Assemblée nationale la Charte des droits et l'Opposition en matière de santé et de libertés de la personne, ce n'était pas parce services sociaux, le député de Gouin, de que les droits n'étaient pas respectés ou que même qu'à son chef en particulier, qui était les droits n'existaient pas; au contraire, on a en 1981, ministre des Affaires sociales que voulu consacrer dans une loi l'exercice de dans une période tout aussi courte, on nous droits qui existaient dans les faits. forçait à siéger même en commission parle- Il faut voir ailleurs, il faut voir mentaire alors que le règlement prévoit que d'autres motifs, une autre motivation à cette nous ne pouvons y siéger jusqu'à minuit, nous opposition d'inscrire dans la Loi sur les avons siégé pendant quinze jours sur la loi services de santé et les services sociaux ce 27 jusqu'à 3 heures du matin, une loi qui droit pour les anglophones à recevoir des contenait au-delà de 200 articles. Il a fallu services dans la langue anglaise. Il faut bien l'avaler en quinze jours. concevoir que la loi 65 - je l'ai expliqué longuement après le souper, en fait, à 20 Des voix: Exactement! C'est vrai! Je heures - contient de nombreux autres droits 4959 et que celui-ci vient - si tout cela existe On fait croire à la population qu'on n'a aussi parfaitement que l'Opposition le dit - jamais entendu parler du problème avant inscrire ou consacrer un droit pour la aujourd'hui, non pas dans le projet de loi qui communauté anglophone. est devant nous, je vous le concède, mais On a entendu tout à l'heure le député c'est une discussion qui a cours au Québec de Gouin nous citer l'Association des depuis maintenant de très nombreuses années. hôpitaux du Québec qui a fait une Je vous dirais même qu'il en fut question déclaration il y a une dizaine de jours, ou pendant de longues heures lors du débat sur peut-être quinze jours maintenant. Je la loi 101. Il a été repris au moment de la voudrais vous citer une autre lettre de loi 57, qui venait amender la loi 101. l'Association des hôpitaux du Québec qui est "Tel que nous le précisons dans le arrivée à mon bureau le 4 décembre, c'est mémoire que nous venons de vous tout récent: "Mme la ministre, je voudrais transmettre, une partie des membres de par la présente préciser les vues de l'association identifiée à la communauté l'Association des hôpitaux du Québec à anglophone a contribué au développement du l'égard du projet de loi 142 quant à ses système de santé actuel. Il nous semble dispositions portant sur la question important de protéger et de maintenir en linguistique. Ce projet de loi, que vous avez conséquence l'apport de cette communauté à présenté à l'Assemblée nationale tout notre patrimoine québécois." récemment, est actuellement objet d'études Je vais lire la lettre jusqu'à la fin: "Ce par les députés. qui fait l'objet de nos préoccupations, c'est "Cette précision me semble d'autant que le projet de loi 142 nous semble créer plus importante que Le Devoir, dans son édi- un certain nombre d'imbroglios juridiques et tion du 3 décembre dernier, à l'occasion d'un que le choix des moyens proposés par titre sensasionnaliste, a détourné les certaines de ces dispositions nous semble intentions des représentations que nous discutable. Cependant, nous tenons à venions de faire au nom des hôpitaux du réaffirmer que l'association ne remet nulle- Québec sur ce projet de loi. ment en cause les objectifs poursuivis par le (23 h 10) gouvernement dans ce projet de loi. Recevez, "Nous tenons à vous dire que nous Mme la ministre, l'assurance de mes bons partageons les objectifs clairement exprimés sentiments." par votre gouvernement." Il s'agit de l'Association des hôpitaux La Vice-Présidente: M. le député de du Québec, Mme la Présidente, à savoir de Gouin. mieux adapter les services sociaux aux besoins des populations, en considérant aussi M. Rochefort: Oui, Mme la Présidente, leurs besoins linguistiques. C'est notamment en vertu de l'article 214, est-ce que la le cas de l'importante minorité anglophone ministre pourrait déposer le document dont du Québec où qu'elle soit, dans la mesure, elle vient de citer une partie? évidemment, des possibilités de nos organisations hospitalières. Ceci est prévu Mme Lavoie-Roux: Cela me fait plaisir. dans le projet de loi tel qu'il est présenté à On va en faire une copie étant donné que... cette Assemblée. "Non seulement avons-nous affaire à M. Rochefort: Sûrement qu'on va vous une question de droit social, mais encore laisser votre original, madame, pour vos traitons-nous en cette occasion d'un sujet archives et vos mémoires éventuellement. dont plusieurs volets touchent la dimension humaine des soins et le respect de la Mme Lavoie-Roux: Ce n'est môme pas personne malade." C'est l'Association des un original; c'est déjà une copie. C'est un hôpitaux du Québec qui s'exprime ainsi, Mme communiqué de presse qui a été rendu public la Présidente. d'ailleurs. "C'est là une position que nous avons soutenue depuis longtemps et que nous avons La Vice-Présidente: Document déposé. véhiculée tant au gouvernement actuel qu'au Vous pouvez poursuivre, Mme la gouvernement précédent. C'est ainsi que nous ministre. avons appuyé fortement le mémoire présenté par 29 établissements anglophones en Mme Lavoie-Roux: Mme la Présidente, septembre 1983 à la commission parle- en ce qui a trait aux trois associations mentaire des communautés culturelles et de auxquelles on se réfère souvent, l'Association l'immigration. Il est à souligner que les des centres d'accueil, les CLSC et représentations supportées par notre l'Association des CSS, c'est assez étonnant association à cette époque portaient sur la que ce soit le député de Gouin qui ait appris question de fond, soulevée maintenant par le à cette Chambre qu'ils avaient passé deux projet de loi 142 et sur d'autres aspects heures avec moi. Il semble qu'il est peut- linguistiques toujours d'actualité et perti- être en communication plus directe avec nents!" certains des membres de ces groupes que 4960 peut-être je ne le suis moi-même. De toute J'ai entendu tout à l'heure le chef de façon, il est bien renseigné. l'Opposition parler des droits historiques de Une chose est certaine, j'ai rencontré la communauté anglophone et dire qu'ils ces groupes à leur demande. Nous avons été étaient très particuliers et que les ensemble. C'est le député qui m'a appris que communautés culturelles d'autres origines c'étaient deux heures, parce que je n'avais ethniques ne pouvaient s'y référer à cause de vraiment pas calculé sur ma montre le temps l'histoire. J'ai cru sentir de la part du chef que nous avions passé ensemble... Quand nous de l'Opposition que, sur le fond même, il nous sommes quittés, et, Mme la Présidente, était d'accord pour que la communauté je le dis ici en toute franchise, ces anglophone puisse obtenir ce droit dans la loi personnes nous ont dit qu'elles étaient quant à l'usage de l'anglais dans la livraison d'accord, comme d'ailleurs elles l'indiquent des services de santé et de services sociaux. dans leur télégramme, sur le principe, et je M. le Président, encore une fois, l'ai cité tout à l'heure au texte, sur les l'Opposition nous tient un double langage et objectifs qui sont à l'origine du projet de loi je voudrais savoir comment il se fait que le 142, mais qu'elles avaient eu une perception chef de l'Opposition, qui s'est engagé à erronnée du projet de loi. Nous nous sommes même inscrire dans une loi constitutionnelle quittées sans qu'aucune représentation ne soit ce qu'il considère un droit fondamental pour faite après ces deux heures d'entretien, à la communauté anglophone de recevoir des savoir que nous devions surseoir ou que nous services en langue anglaise dans le domaine devions retirer le projet de loi, ce que, de la santé et des services sociaux veuille d'ailleurs, elles n'ont pas dit. Elles ont aujourd'hui s'opposer à ce que l'Assemblée demandé de surseoir au projet de loi. Ce nationale adopte, par une loi statutaire, ce n'est que 48 heures plus tard que trois des principe du droit à l'usage de l'anglais pour quatre organismes qui sont venus me la communauté anglophone dans la réception rencontrer ont tout à coup fait cette des services de santé et des services sociaux. déclaration, qui, encore une fois, ne met pas en question l'objectif ou le principe du projet Le Vice-Président: Je cède la parole à de loi, mais demande de surseoir au projet M. le député de Taillon. de loi. Je crois que nous aurons amplement le M. Claude Filion temps, durant les jours ou les semaines qui vont suivre, de faire le tour de ce projet de M. Filion: Je vous remercie, M. le loi d'une façon détaillée, avec responsabilité. Président. Je suis heureux de m'associer à la J'ai signalé tout à l'heure aux députés de motion de report présentée par le député de l'Opposition que, s'ils avaient des amende- Verchères et je crois que la ministre de la ments significatifs à apporter et que leur Santé et des Services sociaux vient d'oublier bien-fondé m'apparaissait tout à fait juste, de quoi elle parlait. nous serions ouverts à examiner leurs Je n'ai pas entendu de sa bouche, amendements. durant les quinze à vingt minutes pendant Je voudrais, en terminant, dire, M. le lesquelles elle a parlé, un seul argument qui Président, que, déjà, au discours inaugural, militait en faveur de l'étude immédiate du nous en avons parlé, que c'était notre projet de loi 142. C'est quand même intention de présenter ce projet de loi. Le extraordinaire, M. le Président, que la député de Gouin se rappellera que, lors de ministre de la Santé et des Services sociaux l'étude des crédits, quand il m'a demandé et le député de Laurier avant elle soient quelles étaient mes intentions, je crois - il incapables de présenter à cette Chambre un me faudrait quand même vérifier - j'en ai argumentaire, le plus mince soit-il, pour parlé à ce moment. À plusieurs reprises, j'en convaincre cette Chambre d'agir immédiate- ai parlé publiquement, j'ai dit que c'était ment sur le projet de loi 142. Je trouve cela l'intention de mon ministère de présenter un absolument incroyable. Alors que le Québec tel projet de loi. Alors, je pense qu'on ne lui-même est en état d'instabilité peut pas parler d'un projet de loi qui arrive linguistique, alors que tous les intervenants par surprise et qui prend tout le monde par du milieu des affaires sociales, les surprise. collaborateurs de la ministre, les institutions Encore une fois, M. le Président, je ne avec lesquelles la ministre doit travailler peux m'empêcher de m'interroger sur la sont contre le projet de loi, lui demandent motivation profonde de l'Opposition pour ou d'y surseoir ou de le retirer complète- s'opposer d'une façon aussi vive à l'adoption ment, la ministre de la Santé et des Services d'un principe qui, selon elle - et selon moi sociaux intervenant sur cette motion ne aussi - vient confirmer l'exercice d'un droit trouve même pas un seul argument juste qui, heureusement, existe largement, mais qui susceptible de convaincre les membres viendra quand même le consacrer et le indécis de cette Chambre. Et j'en reconnais mettre à l'abri de l'arbitraire de qui voudrait dans cette Chambre qui sont indécis et qui ne pas respecter ce droit que l'on reconnaît, écoutent avant d'enregistrer un vote. Je je pense, de part et d'autre. trouve cela remarquable. 4961

Je ferai remarquer également à la Québec, de l'AHQ. J'aimerais bien en avoir ministre de la Santé et des Services sociaux la version complète et intégrale. que son interprétation de la position prise Maintenant, une autre chose est par les associations des réseaux d'établisse- fascinante dans le discours de la ministre. ments et d'institutions fait l'objet, de sa Elle nous a dit tantôt: vous savez, la loi 27, part, d'une interprétation pour le moins le ministre des Affaires sociales, l'actuel élastique. D'abord la première chose, c'est chef de l'Opposition l'avait" adoptée en 1981. que ces groupes, la fédération des CLSC, Il l'avait adoptée mais après avoir travaillé l'Association des centres de services sociaux dix ou douze jours. Mais ce que la ministre du Québec, l'Association des centres oublie de dire ou veut oublier, c'est que la d'accueil du Québec et l'ACHAP également, loi 27, en définitive, faisait l'objet d'un ont envoyé un télégramme à la ministre le consensus parmi tous les intervenants du 28 novembre lui demandant d'être entendus réseau des affaires sociales, y inclus les d'urgence. Quelques jours plus tard, le 4 professionnels et, bien plus, l'Opposition décembre, ils envoyaient un télégramme à la d'alors, l'actuel gouvernement a voté pour la ministre, et je pense que cela vaut la peine, loi 27. Il y a une grande différence entre M. le Président, de lire le dernier attendu de légiférer contre et envers tous et légiférer ce télégramme ainsi que la conclusion. avec le consensus, l'appui des intervenants Le télégramme, signé encore une fois d'un réseau ou d'un milieu ou d'un secteur par M. Roger Pednaud, président de l'ACAQ, d'activités. Cela me surprend qu'après un an M. Miville Lapointe, vice-président de de pouvoir, les libéraux n'aient pas encore l'Association des centres de services sociaux appris cette différence fondamentale qu'il y du Québec, M. Paul Leguerrier, président de a dans une loi où on impose d'autorité des la fédération des CLSC du Québec, dit ceci diktats sans recourir, sans chercher non plus et ce n'est pas d'un député de l'Opposition. à faire des consensus, à bâtir au moins un "Attendu que des ajustements sont possibles commencement d'unanimité autour d'un pro- à l'intérieur du cadre actuel sans qu'il soit jet de loi. nécessaire d'adopter une législation spécifique Je trouve cela inquiétant pour l'avenir. aux conséquences imprévisibles pour ce faire, Les institutions parlent de conséquences attendu que les établissements du réseau de imprévisibles. Les éditorialistes, avec mon la santé et des services sociaux ne peuvent collègue de Gouin, les assistés tantôt, parlent s'empêcher de voir dans la présentation de d'effets néfastes. Mais le minimum, quand ce projet de loi une appréciation négative de même, qu'on puisse dire, sans charrier, pour leur action au niveau de l'accessibilité des employer l'expression du député de Laurier, services et de leur capacité de les améliorer, c'est que le monde qui vit et qui vivra avec interprétation négative par la ministre qui cette loi-là n'en veut pas. C'est clair. C'est est la titulaire du portefeuille de la santé simple. C'est cela que tous les intervenants qui doit tous les jours travailler avec des passent leur temps à vous dire. Oui, la loi intervenants qui donnent les services en fin consacre un état de fait en bonne partie. de compte, qui doit coordonner l'ensemble C'est sûr. Mais il ne faut pas oublier, des politiques sur le territoire du Québec en cependant, que c'est une loi qui est du matière de santé et de services sociaux, qui secteur linguistique. C'est cela que le député se plaignent de l'appréciation négative que de Laurier et la ministre oublient. Ce n'est fait la ministre de leur travail." pas une loi où on est en train de parler de Et le télégramme concluait, je cite: bricole. Ce n'est pas une loi où on est en "Pour ces différents motifs, Mme la ministre, train de structurer ou de refaire une partie nous demandons au gouvernement du Québec des structures de l'intérieur d'un centre - j'ajouterais s'il y en a un - de surseoir à d'accueil. l'adoption du projet de loi 142 et d'explorer C'est une loi à portée linguistique. avec nous des avenues de solution plus Actuellement, au Québec - le gouvernement adéquates pour garantir aux bénéficiaires de libéral l'aurait-il oublié? il existe, comme la communauté anglophone et aux bénéficiai- j'ai dit tantôt, un climat d'insécurité res des autres communautés culturelles linguistique particulier. Uniquement à Radio- l'accès aux services de santé et aux services Québec, la semaine dernière, pas besoin de sociaux de qualité auxquels ils ont droit." faire des gros sondages, à l'émission Droit de (23 h 20) parole, 1300 sur 1600 intervenants grosso Or, voilà la demande que font à modo, 1300 ont dit que le français est l'unanimité les intervenants du réseau, actuellement menacé au Québec. II y en a comme on dit en jargon. Les intervenants, ce 300 qui ont dit que le français ne l'était sont quand même eux qui assument la pas. Le visage français du Québec n'était pas direction sur le terrain des établissements où en péril. Cela fait une proportion de 70 % toute la population, quelle que soit son ou 75 % quand même. D'où vient cette origine, se rend pour recevoir les traitements insécurité linguistique, M. le Président? Est- auxquels elle a droit. Mais la ministre met ce que le gouvernement du Parti québécois cela de côté. Elle nous lit une partie de la aurait adopté des lois qui ont créé des lettre de l'Association des hôpitaux du situations génératrices d'angoisse pour la 4962 majorité francophone du Québec? Non. La ministre devrait réaliser que son projet L'insécurité linguistique vient des actes, de loi est une action sectorielle, mais en des omissions, des ballons, des tergiver- l'absence de toute politique linguistique sations, des valses hésitation, des sets cohérente. carrés, comme disait le chef de l'Opposition, Même le ministre des Communications par l'ensemble du gouvernement libéral et il vient de se joindre à nous. Il a confié y en a des pages et des pages. Cela a candidement et sincèrement à un journaliste: commencé par la non-poursuite et cela a Je la cherche, la politique linguistique. Six continué. Maintenant, le gouvernement libéral mois pourraient être utiles, M. le Président, est surpris de déposer un projet de loi et de pour la ministre de la Santé et des Services constater que tout le monde est contre. sociaux pour réaliser que tous les C'est que le Parti libéral a perdu depuis un intervenants qui sont contre son projet de an toute crédibilité en matière linguistique loi, elle doit aller les écouter, elle doit aller et qu'il n'est pas en état de déposer un travailler avec ses principaux collaborateurs projet de loi sur cette question-là, alors que que sont les directeurs des établissements, la population est inquiète et angoissée. Et les directeurs des réseaux. cette angoisse, cette insécurité est d'une La ministre doit sortir de sa tour ampleur telle que plusieurs autres d'ivoire, s'asseoir, expliquer, si son projet de intervenants en dehors du milieu de la santé loi est bon, pourquoi elle ne fait pas une ont dû se prononcer sur les projets de loi commission parlementaire, M. le Président. 140 et 142. Pourquoi ne pas s'asseoir avec les gens et le La Chambre de commerce de Montréal, leur expliquer? C'est ce qu'on a fait avec le je pense qu'on ne pourrait pas les taxer de projet de loi 27. D'ailleurs, à l'époque, on l'a quoi que ce soit à notre égard. Comme, dans expliqué, ce projet de loi et à la fin c'était certains cas, on dit: l'Opposition est l'unanimité pour. Pourquoi refuser de bâtir partisane, je ne pense pas qu'on puisse dire ce consensus? Six mois, M. le Président, ce que le député de Laurier et Mme la ministre n'est sûrement pas trop, comme l'a fort bien puissent dire que la Chambre de commerce explicité le député de Gouin, pour que la fait preuve de partisanerie quand elle ministre de la Santé et des Services sociaux demande au gouvernement Bourassa de constate que les services, actuellement, sont retirer les deux projets de loi. Je ne crois disponibles dans son réseau pour les pas, M. le Président, que tous les communautés culturelles. intervenants, que tous les éditorialistes, qui J'ai noté sans faire la liste: 31 centres se sont prononcés à peu près unanimement hospitaliers qui sont reconnus et où la langue contre les projets de loi 140 et 142, soient de communication est l'anglais, 31 hôpitaux dans l'erreur. Cela ne se peut quand même et pas parmi les plus petits, Royal Victoria, pas que la ministre de la Santé et des etc., 3 centres locaux de services Services sociaux soit la seule au Québec à communautaires, 2 centres de services avoir le bon pas. Cela ne se peut pas que sociaux, 36 centres d'accueil d'hébergement, tout le monde, à part elle, marche d'un 13 centres d'accueil de réadaptation et cela mauvais pas. continue. Et cela continue. En six mois, ce (23 h 30) n'est pas trop pour la ministre pour se Je pense que six mois pourraient être rendre compte qu'elle doit prendre très utiles pour la ministre, peut-être pour connaissance de ce qui a été fait sur le réaliser ce que je viens de dire, pour réaliser terrain. J'ai l'impression qu'elle a été mal qu'actuellement le consensus au Québec non informée à ce sujet-là. seulement ne va pas dans le sens du projet En terminant, M. le Président, six mois de loi 142, mais il va contre. ce n'est pas trop pour la ministre pour se M. le Président, où est l'urgence d'agir rendre compte que son projet de loi est mal pour le gouvernement libéral, pour la ficelé et mal bâti. Déjà elle nous annonce ministre? Pourquoi . ne pas accepter cette des amendements à la pièce. On va arriver motion de report que nous avons déposée? en commission parlementaire peut-être en Évidemment, ils ne nous ont donné aucune pleine nuit, comme ce soir. On voudrait raison. Durant les deux interventions, rien ne légiférer linguistiquement en pleine nuit, dans pouvant nous laisser croire à l'existence l'obscurité. C'est bien le genre du gouverne- d'une seule raison. Moi, je vais lui dire: II y ment libéral, d'ailleurs. Nous, on dit: en a des bonnes pour retarder. Six mois Reportez donc votre projet de loi dans six pourraient être fort utiles pour la ministre, mois. Rendez-vous donc compte que les pour réaliser qu'elle est en train d'agir Québécois et les Québécoises qui travaillent sectoriellement sur les lois linguistiques au dans les hôpitaux et ailleurs ne sont pas des Québec. Or, c'est ce qu'on ne peut pas faire. tartes et un individu, qu'il soit de langue La langue, M. le Président, n'est pas un espagnole, de langue chinoise ou peu dossier à traîter à la pièce, par ballons importe, de langue anglophone, on essaie de d'essai, par petites tentatives, petites lois le comprendre et d'échanger avec lui. Six ici, petites lois là. La langue doit se traiter mois ce n'est pas trop pour se rendre d'une façon cohérente, d'une façon globale. compte, M. le Président, qu'à l'hôpital 4963

Pierre-Boucher dans mon comté, quand arrive own language is not a fundamental right. No un membre de la communauté hispanique, on government anywhere can undertake to s'organise pour trouver la personne qui parle provide schooling, health care and the espagnol et on n'a pas eu besoin de la hundreds of other collective benefits it ministre pour faire cela. furnishes in all of the languages represented M. le Président, six mois ce n'est pas in their population. And let it be said too trop pour que la ministre se rende compte that while a number of Canadian provinces qu'il ne faut pas prendre les enfants du bon are making serious and laudable efforts to Dieu pour des canards sauvages. Au Québec, provide French-language health services, the on sait vivre. Merci. need for these efforts is heartbreakingly evident and long overdue. Le Vice-Président: Je cède la parole au No, the elements to Bill 142 are not député de Notre-Dame-de-Grâce. basic rights. They are recognition of a fact, the existence in of a very large M. Reed Scowen minority, 800 000 in number, who speak English, who have been in Quebec for over M. Scowen: Après avoir passé huit ans 200 years, who have contributed enormously dans l'Opposition, M. le Président, je pense to the development of Quebec and continue être capable de reconnaître des motions de to do so and who have, over the years, report farfelues, parce que très created their own network of health and occasionnellement on en a fait nous-mêmes, social services which they use, and which in mais ce soir j'ai vu quelque chose qui était a very important way form part of the une première: le député de Taillon, pour definition of their own community. Bill 142 combler le vide de cette motion de report, a confirms and assures the continued existence relu en grande partie le discours de son chef of something which is already here. de l'Opposition que ce dernier a livré il y a Bill 142 also ensures that all reasonable une heure et demie. C'est une nouvelle idée efforts will be made to provide health and qui n'est jamais venue à l'esprit de l'Opposi- social services to those English-speaking tion libérale, à l'époque. Je trouve que c'est Quebecers living in regions of Quebec which très original, pour lui peut-être mais c'est are not within the reach of these English- exceptionnellement plate pour la population language institutions. qui est obligée d'écouter et cela demeure There is a broad consensus in Quebec légèrement paresseux, à part cela. for such guarantees. A poll conducted by M. le Président, j'ai l'intention SORECOM in September 1984 indicated that d'adresser brièvement la parole aux membres 85 % of the francophone majority - and de la communauté anglophone qui sont très 94 % of anglophones - believes that the influencés, touchés et affectés par ce projet English-speaking community should be able to de loi. Il y a des choses qu'ils doivent receive social services in its own language. comprendre. Par la suite, j'ai l'intention de The preambule to the Charter of the French parler de quelques-uns des arguments qui ont language, Bill 101, speaks specifically of the été avancés par des membres du groupe d'en intention to respect "the institutions of the face contre la loi et pour la motion de English-speaking community of Quebec". The report. Mais laissez-moi d'abord adresser Parti québécois government, and its leader, quelques mots aux anglophones du Québec sur Pierre Marc Johnson, in their constitutional ce projet de loi, pas seulement pour eux, proposals of June 1985, promised to secure mais, pour eux, c'est certainement très the rights of the English-speaking minority to important. receive health care and social services in its Some laws are more important than own language. others. Occasionally, there is one which adds One could ask - and it has been asked a new element to the definition of our tonight on a number of occasions - why society, which helps us to see more clearly legislative guarantees are necessary, if the who we are and what we stand for. Bill 142, institutions and services are already in whose purpose is to provide the English- existence. speaking population of Quebec with (23 h 40) legislative guarantees to hospital, health and The answer is that for a number of social services in their own language - and, years there has been a slow but very to the extent possible, from their own noticeable decline in the availability of institutions - is a law of this kind. English language services. This has come It is a bill which says a great deal about not by design but due to the inevitable about the English-speaking minority. But it process of "homogenization" of health and speaks even more elequently about the social services which has accompanied the nature and the generosity of the francophone gradual transfer of responsabilities, and majority of Quebec. In the final analysis, it funding, from private institutions to the is their law. public sector. The francization of these Let us remember that the right of any services over the past two decades has not minority group to public services in their been the result of language legislation. In 4964

fact, the only reference to help and social ment déçu par l'attitude du chef de services in the Charter of the French l'Opposition, ce soir, qui a renié complète- language is a clause which exempts them ment les engagements qu'il avait pris avant partially from its requirements. The l'élection de décembre 1985. Je pense que le deterioration which has taken place is not temps est arrivé de le rappeler à l'ordre. the product of a government decision to M. le Président, au mois de mai 1985, make Quebec French. It is only the by- le gouvernement du Québec, de M. René product of a decision to standardize the Lévesque, a sorti un document qui était les quality and the procedures of health care propositions de réforme constitutionnelle. services. That is the reason why Bill 142 has Dans ce document, ils se sont engagés received almost unanimous support, even formellement à reconnaître le droit des from those who are most committed to the anglophones et leurs services par voie objectives of Bill 101. législative, advenant une refonte de la What will the new law mean in constitution canadienne. practice? First of all, it affirms the right of Lors de l'élection, le nouveau premier every member of the English-speaking ministre, M. Pierre Marc Johnson, a enlevé community to receive hospital care, health cet engagement de son encadrement care and social services in his own language, constitutionnel et il s'est engagé, formelle- within reason and within the limits imposed ment, devant la population anglophone du by financial resources that are available. To Québec, à donner ces garanties législatives ensure that this right becomes a reality, s'il était élu, même si la constitution du each regional health council is required to Canada n'était pas approuvée. Je pense que evaluate the present availability of services c'est important de citer exactement ce qu'il in its area, to propose an action plan to the a dit. Il a parlé en anglais. Il a été cité en Minister for approval and then to see that anglais mais je vais le traduire en français the plans are carried out. As a result, we pour que ce soit très clair. hope we will soon see the day when nurses M. Johnson a dit: "Je crois que nous who speak only French will be no longer sent devrons garantir par voie législative le droit to English language elementary schools and pour les anglophones d'obtenir les services when elderly anglophones will not be sent to sociaux et de santé dans leur langue." Il a nursing home where only French is spoken. ajouté: "Ce n'est pas nécessaire que ce This is Bill 142. In a way, it does not soit lié au dossier constitutionnel." Quand on seem to be all that important. It does not lui a demandé pourquoi il avait pris cet create a parallel system of health care. That engagement en pleine campagne électorale, il system already exists. It does not commit a dit, et je le cite encore: "J'ai pris la the government to additional funding. It does décision moi-même. J'ai réfléchi là-dessus not imply a reduction in the services pendant deux ans, surtout depuis que je suis available to the francophone majority. devenu ministre des Affaires sociales." But it is an important bill just the M. le Président, c'est la même same, and it will be an important law. personne qui est venue devant nous ce soir, Because it says that despite all of the au moment où elle avait une occasion legitimate concerns and fears that the incroyable d'essayer de rapprocher son parti French-speaking people of Quebec about the des anglophones et des autres groupes future of their own language, the same minoritaires du Québec, il a perdu cette people are quite capable of making a gesture occasion, ce soir, par un discours d'hypocrite, of generosity and fraternity to their English- comme je n'en ai jamais entendu de ma vie. speaking neighbours, on a matter in which Il a dit, premièrement, qu'il n'avait pas they have every right to say no. In doing so, promis de donner les garanties linguistiques they are confirming their acceptance of the avant que la constitution canadienne n'ait presence of the English language community été approuvée par le gouvernement here in Quebec by guaranteeing those québécois. C'est faux. Je viens de le citer services and institutions which are absolutely textuellement dans ce sens. Il s'est dégagé fundamental to the existence of any language de cet engagement en plein milieu de la group. They are making a concrete statement campagne électorale. about the kind of society we want to have Il a donné un autre argument pour here. I do not think is it at all out of place renier ses engagements. Il a dit que c'était at this point for the English-speaking supposé être inscrit dans le cadre d'une minority in Quebec to say that we constitution québécoise. À ma connaissance, understand and we appreciate this gesture M. le Président, il n'existe pas, dans le very much. programme du Parti québécois, l'engagement M. le Président, ce que je viens de de faire une constitution québécoise parce dire, c'était dans le sens d'une note de que vous n'avez pas de programme. La seule remerciement aux membres de la personne qui ait parlé de la question de la communauté francophone du Québec pour le constitution québécoise, c'est le député geste qui est explicité dans le projet de loi péquiste de Vachon avant la dernière élection 142. Je dois vous dire que j'ai été excessive- qui avait fait de cela son cheval de bataille. 4965

Mais l'engagement de faire une constitution (23 h 50) québécoise ne fait pas partie du programme Ce problème a été accentué par du Parti québécois. Donc, c'est de l'arrivée des CLSC qui avaient une tendance l'hypocrisie totale de prétendre qu'on ne doit à être presque uniquement francophones. Je pas garantir les droits en question aux cite celui de Pierrefonds. Quand le CLSC a anglophones avant l'adoption de cette été établi dans ce coin, il y avait une constitution québécoise qui ne fait même pas population qui était à 60 % anglophone, mais partie du programme du Parti québécois. le CLSC était administré par des Le troisième argument qu'il a avancé a francophones, par un conseil d'administration été la nécessité de faire une commission francophone, par un directeur général parlementaire non partisane. M. le Président, francophone et par du personnel francophone le chef de l'Opposition n'a jamais de sa vie qui ne pouvaient aucunement s'identifier avec participé à une commission parlementaire non la population en place. Ces choses étaient partisane. Il n'y participera jamais parce ressenties par la population anglophone de la qu'une telle chose n'existe pas. même façon qu'elles auraient été ressenties Effectivement, M. le Président, une par vous-mêmes si la situation avait été occasion historique que vous allez regretter l'inverse. d'avoir manquée a été perdue ce soir parce C'est ce genre de situation en ville et que la communauté anglophone et les autres même de situations plus pénibles dans les communautés du Québec, qui vont peut-être régions où les institutions anglophones sont un jour vous demander la même chose, et beaucoup plus rares et beaucoup plus limitées avec raison, parce qu'elles vont avoir une dans leurs services, c'est ce genre de raison suffisante pour le justifier, vont se problème, qui est devenu de plus en plus souvenir que vous êtes, ce soir, revenu sur aigu avec l'affaiblissement du réseau, que des promesses que vous aviez faites pendant nous voulons arrêter par l'adoption de ce la campagne électorale et qu'une fois de plus projet de loi. Il n'est pas question de créer vous avez trahi les minorités du Québec pour un réseau parallèle. Le réseau existe déjà. Il des raisons strictement partisanes et n'est pas question de leur donner plus temporaires, surtout en raison du fait que d'argent. Nous voulons simplement nous vous n'avez aucun programme vous-même. assurer que les sommes qui y sont Je suis persuadé que le chef de maintenant consacrées seront garanties. Il l'Opposition est très mal à l'aise après ce n'est pas question de prendre les emplois qu'il a dit ce soir. J'ai l'impression que c'est d'un groupe et de les donner à un autre. quelque chose qui lui a été imposé par son M. le Président, en terminant, je veux caucus qui le rend très mal à l'aise parce répondre à la question qui touche la défini- qu'il avait déjà pris cet engagement. Il tion des personnes d'expression anglaise. Cela donnait l'impression d'être très mal à l'aise, a déjà été dit par mes collègues, la ministre du moins pendant son discours. Je le et le député de Laurier, mais je pense que comprends parfaitement, entouré comme il c'est essentiel de le répéter. Le projet de loi l'est par les personnes en question. a certainement des aspects linguistiques - on M. le Président, laissez-moi vous parle de la langue anglaise, donc, on ne peut expliquer très rapidement pourquoi cette loi pas dire qu'il n'y a rien de linguistique dans est nécessaire. Il n'est pas question de créer le projet de loi - mais ce n'est pas un réseau parallèle parce que le réseau essentiellement un projet relié à la politique existe déjà. Comme vous avez pu le linguistique du Québec. Dès le départ, cela a constater ce soir, les membres de l'Opposi- été bien accepté par tout le monde que tion ont soulevé à maintes reprises l'intégration des anglophones et des l'existence des institutions québécoises. Ce allophones doit se faire par la voie des qui est arrivé au plan linguistique, et ce institutions scolaires et par les institutions n'est la faute de personne, c'est qu'au fil du travail, par le milieu de travail. Je pense des années on a assisté à un affaiblissement qu'on peut dire que, si une personne a passé de ce réseau tout simplement parce qu'il y a 12 ans de sa vie dans le réseau scolaire et eu une concentration, une homogénéisation de 25 ou 30 ans de sa vie dans le réseau ce réseau à cause du fait que c'est devenu francophone du travail et qu'elle arrive à de plus en plus public, de plus en plus dirigé l'âge de 65 ans et qu'elle n'est toujours pas de Québec. En conséquence, les institutions intégrée dans la langue française, on serait formées à l'origine, par exemple, le Centre très mal avisé d'essayer de faire un dernier de services sociaux Ville-Marie, se voyaient effort d'intégration quand elle est malade ou dans une situation où elles étaient obligées âgée et qu'elle a besoin des services sociaux de desservir une population territoriale, et de santé. Je suis retourné en arrière l'ouest de la ville de Montréal, dans toutes jusqu'à la commission Gendron, et cela n'a les langues tandis que les anglophones à l'est jamais été prévu par personne que le réseau de la ville de Montréal n'avaient pas de des affaires sociales doive être un outil de services en anglais. C'était un peu la même transfert linguistique. chose, dans le sens contraire, pour les C'est pourquoi le Parti libéral, le francophones de l'ouest de la ville. gouvernement en place et la ministre de la 4966

Santé et des Services sociaux ont parfaite- a démontré longuement, entre autres le ment raison de vous dire que ce de loi n'est député de Gouin, qu'il y a au Québec de pas un projet de loi à portée linguistique. nombreux hôpitaux, de nombreux établisse- C'est un projet de loi avec des objectifs ments hospitaliers, plusieurs centres locaux humanitaires pour confirmer quelque chose de services communautaires (CLSC), plusieurs qui existe déjà et pour s'assurer qu'il n'y centres de services sociaux (CSS), des aura pas une détérioration causée, comme je centres d'accueil, qui dispensent des services l'ai dit, par l'existence d'une centralisation en anglais. Comme le député de Notre- de plus en plus accrue du système des Dame-de-Grâce vient, d'ailleurs, de le affaires sociales et de la santé. J'espère que, confirmer tous ces établissements, actuelle- dans les prochaines heures et surtout dans ment et depuis fort longtemps d'ailleurs, les prochaines semaines, les membres de dispensent des services sociaux et des l'Opposition vont tenir compte du fait qu'il y services de santé en langue anglaise. Il n'y a a beaucoup de monde et non seulement les donc pas de situation à redresser. Le anglophones qui ont vu l'attitude d'amertume gouvernement n'est pas obligé, dans les qu'ils ont manifestée ce soir envers une circonstances, de se faire redresseur de vaste majorité de la population. Il faut se torts. Il n'y a pas de situation à redresser en rappeler que 85 % des francophones se sont matière de santé et de services sociaux exprimés dans un sondage SORECOM il y a dispensés en langue anglaise. deux ans en faveur des services sociaux et La communauté de langue anglaise au de santé pour les anglophones dans leur Québec a accès à toute la gamme des propre langue. C'est une méfiance non seule- services de santé et des services sociaux; à ment envers le gouvernement, mais c'est une Montréal, c'est bien évident, c'est bien sûr, méfiance envers une bonne partie de la là où elle est concentrée, mais il faut aussi population du Québec. Vous allez le payer signaler que, ailleurs au Québec, la cher à moins que vous ne changiez votre communauté anglophone a également accès à attitude et ce, rapidement. Merci. des services de santé et à des services sociaux dans sa langue. Je pense, entre Le Vice-Président: Je cède la parole à autres, à la Gaspésie, je pense également à M. le député de Lac-Saint-Jean. la basse et à la moyenne Côte-Nord. Le député de Duplessis pourrait nous en parler M. Jacques Brassard longuement. Les petites communautés anglophones qui vivent sur la basse et la M. Brassard; Merci, M. le Président. La moyenne Côte-Nord ont accès à des services motion de report du député de Verchères est de santé et à des services sociaux dans leur on ne peut plus pertinente dans les langue. Il n'y a aucune plainte, d'ailleurs, circonstances pour deux grandes raisons. émanant de ces nombreuses communautés qui D'abord, parce qu'il n'y a pas d'urgence à sont disséminées sur la basse et la moyenne adopter le projet de loi 142 et, en second Côte-Nord. Au Québec, même ailleurs qu'à lieu, parce que, au sujet de ce projet de loi, Montréal, la communauté anglaise a accès à le gouvernement est tout seul à avoir le pas. des services de santé et à des services D'abord, il n'y a pas d'urgence, M. le sociaux dans sa langue. Président. Si on examine la réalité, si on Donc, il n'y a pas urgence. Pourquoi le examine les faits, on se rend compte qu'il gouvernement et pourquoi la ministre sont-ils n'y a aucune urgence à adopter en vitesse, donc si pressés de faire adopter ce projet de rapidement, le projet de loi 142. Doit-on loi? Où est l'urgence? Pourquoi cet adopter rapidement ce projet de loi parce empressement inexplicable à procéder en que, disent certains, il y a là un motif catastrophe? Pourquoi cet empressement à humanitaire? Doit-on se dépêcher d'adopter sortir le bulldozer, le rouleau compresseur, ce projet de loi parce que des citoyens et pour faire adopter ce projet de loi 142 sur des citoyennes de langue anglaise au Québec les services de santé et les services sociaux? sont privés de services sociaux et de services Il n'y a aucune raison, M. le Président, qui de santé dans leur langue? Doit-on adopter justifie le rouleau compresseur, qui justifie rapidement ce projet de loi parce que des l'adoption en catastrophe de ce projet de loi. anglophones au Québec se trouvent lésés dans Il n'y a pas d'urgence! La réalité étant ce leurs droits? Pas du tout, M. le Président! qu'elle est, les faits étant ce qu'ils sont, les Pas du tout! Il n'y a pas de droits lésés. Il citoyens et les citoyennes de langue anglaise n'y a pas de citoyens anglophones qui sont au Québec ont actuellement accès à des privés de services de santé et de services services de santé et à des services sociaux sociaux. II n'y a donc aucun motif soi-disant dans leur langue. Il n'y a donc pas de humanitaire pour adopter en vitesse le projet situation à redresser d'urgence. de loi 142. (minuit) Il n'y a pas actuellement au Québec de Une deuxième raison, M. le Président, communauté anglophone victime de persé- pour adopter cette motion de report cution en matière de services de santé présentée par le député de Verchères, c'est et de services sociaux. Bien au contraire, on qu'il n'y a pas de consensus sur ce projet de 4967 loi linguistique. Je vous signale que, sur un de loi. Les centrales syndicales et beaucoup projet de loi linguistique, il est absolument d'organismes qui ne sont pas directement essentiel, fondamental qu'on puisse faire intéressés, concernés par l'application du largement consensus. C'est trop important, projet de loi ont manifesté également leur c'est trop capital, un projet de loi désaccord. La ministre est toute seule à linguistique, c'est trop fondamental - cela avoir le pas; le gouvernement est tout seul à touche à l'âme même du peuple - pour avoir le pas, seul à vouloir faire adopter ce adopter des projets de loi de cette nature projet de loi. sans consensus, sans que ce soit basé, fondé Devant une telle levée de boucliers, sur un très large consensus. devant une résistance aussi générale, devant Or, il nous faut reconnaître - c'est une absence totale de consensus, ne aussi une réalité - qu'il n'y a pas de convient-il pas, à tout le moins, de retarder consensus sur le projet de loi 142. Par le projet de loi? L'idéal serait de le retirer conséquent, il est sage d'attendre, de prendre purement et simplement. Ce serait cela, la le temps qu'il faut pour examiner un meilleure solution. Mais ne convient-il pas, à problème de cette nature. Aucun intervenant tout le moins, de le retarder de six mois? intéressé à cette question n'est d'accord, n'a C'est l'objet de la motion de report du manifesté son accord à ce projet de loi. député de Verchères et elle est tout à fait La ministre est toute seule. Le pertinente dans les circonstances. gouvernement est tout seul à être d'accord Si le gouvernement refuse de retirer pour faire adopter ce projet de loi. Tous les son projet de loi, à tout le moins, il devrait intervenants qui sont intéressés par le accepter, devant l'absence d'urgence, d'une contenu de ce projet de loi ont manifesté part et, deuxièmement, devant l'absence de leur désaccord et ont demandé qu'il soit consensus, la motion du député de Verchères, retiré. Il y a d'abord l'Association des qui consiste à reporter l'étude de ce projet hôpitaux du Québec. Là-dessus, M. le de loi de six mois. Merci, M. le Président. Président, il est bon de signaler que la ministre a lu avec beaucoup de satisfaction Le Vice-Président: Je cède maintenant une lettre du président de l'Association des la parole au député de Fabre. hôpitaux du Québec, voulant sans doute insinuer qu'il y avait eu un changement M. Jean A. Joly d'opinion de la part de l'Association des hôpitaux du Québec. Pas du tout. M. Joly: Merci, M. le Président. Tour à Dans sa lettre, il est vrai que le tour, on a entendu le député d'Anjou, qu'on président indique qu'il est en accord avec appelle communément le chef de l'Opposition l'objectif poursuivi par le gouvernement, - c'est peut-être temporaire - on a entendu c'est sûr. Mais, dans le mémoire aussi, il aussi le député de Verchères; on a entendu exprimait le même accord. Je vous cite le le député de Gouin. Â écouter tout ce beau mémoire: "Pour toutes ces considérations, et bon monde, dont le chef de l'Opposition l'Association des hôpitaux du Québec se qui nous a fait voyager des plaines considère justifiée de demander le retrait des d'Abraham au Manitoba, on se serait plutôt articles 2, 3 et 9 du projet de loi 142." cru avec un guide touristique. Quant au C'est la dimension linguistique du projet de député de Gouin, je n'ai jamais vu un si loi. Néanmoins, elle réitère qu'elle est petit homme faire tant de dommages par la d'accord avec l'objectif d'assurer l'accessi- parole. bilité des services de santé aux personnes Lorsqu'on nous accuse de tenir un d'expression anglaise. double langage, M. le Président, je pense que C'est ce qu'on retrouve dans la lettre. quand on crache en l'air, nécessairement cela Il n'y a aucune différence entre la lettre nous retombe sur le nez. C'est le cas, ce déposée par la ministre tout à l'heure et le soir, des gens de l'Opposition de cracher en mémoire de l'Association des hôpitaux du l'air. On voudrait nous demander de prouver Québec, aucune différence. Même contenu. l'urgence du projet de loi 142, comme s'il L'Association des centres d'accueil, en était obligatoire de toujours faire adopter désaccord également, demande le retrait. des projets de loi d'urgence. C'est l'Opposi- L'Association des centres de services sociaux tion. Si on écoutait ces gens, on reporterait du Québec, en désaccord, demande le retrait. le projet de loi 142 à six mois. Encore là, La Fédération des CLSC du Québec, en ce ne serait pas encore assez loin. D'après désaccord, demande le retrait. Tous les eux, ils ont tout fait au chapitre du service intervenants intéressés par le contenu du aux minorités, comme on les appelle. projet de loi qui seraient impliqués, Quand je parle du double langage, concernés par son application s'il était j'aimerais quand même que l'on revienne a adopté, ont manifesté, ont exprimé leur ce qui a été dit dans le passé par ces désaccord et ont demandé que ce projet de illustres membres de l'Opposition qui, dans le loi soit retiré. temps, étaient au pouvoir. Pour n'en citer On pourrait citer les éditorialistes qui qu'un mais revenir peut-être à d'autres par sont également en désaccord avec ce projet après, j'ai ici une délaration dans Le Devoir, 4968 du 12 juin 1985, où le ministre de la Santé confus. Étant un jeune parlementaire... et des Services sociaux du temps, qui est aujourd'hui le député de Joliette, qui l'est Une voix: C'est vrai que cela ne t'en encore - je ne sais pas ce qui s'est passé prend pas gros. mais il y a peut-être des gens qui ont manqué d'information dans le comté là-bas... M. Joly: Cela n'en prend pas gros, mais quand c'est constant, je peux vous avouer Des voix: Ha! Ha! que c'est bien dur sur le moral. Hier, je mentionnais que j'ai subi des châtiments dont M. Joly: ...dit: "Le ministère des celui d'écouter le député de Gouin, qui, de Affaires sociales parviendra à s'entendre par sa démagogie, me force à prendre du avec les représentants anglophones sur les recul et à essayer de trouver la vérité. Mais, services à fournir en anglais dans les encore là, la vérité, vous sembliez l'avoir établissements de santé, à condition qu'aucun avant les élections. Encore là, vous posiez à ne cherche à faire une bataille politique votre façon des genres d'approches vers une avec ce dossier. C'est ce qu'a déclaré, hier, clientèle pas mal spéciale qui est celle que le ministre des Affaires sociales. Et je cite, nous voulons continuer de respecter. Mais, M. Guy Chevrette, en réponse aux questions encore là, de façon à les amadouer, vous du député libéral de Brome-Missisquoi, porte- teniez un double langage. parole du parti en matière d'affaires "Prime minister Pierre Marc Johnson sociales." said last night that if the Parti Québécois is Plus loin, on dit: "Chaque bénéficiaire reelected December 2nd, it will pass a law aura la possibilité de recevoir les services guaranteeing English-speaking the right to dans sa langue." health and social services in their own language." Des voix: Ah! Ah! Des voix: Bravo! M. Joly: "C'est acquis au niveau du gouvernement. Les ententes de services sont M. Joly: II l'a dit en français, il l'a possibles pour autant que tous les groupes répété en anglais, puis aujourd'hui il veut évitent de faire des guerres de clocher et prendre du recul. Qu'il fasse attention avec des guerres de religion, a lancé le ministre les reculs, parce qu'il va se retrouver guide Chevrette." touristique, il ne sera pas chef longtemps. Tout ceci pour vous dire, M. le Des voix: Ah! Président, que lorsqu'on cherche à insinuer que le projet de loi 142 peut être une M. Joly: II revenait un peu plus fort en "passoire" linguistique, je vous dis, membres disant: "II faut, dit-il, se mettre à table pour de l'Opposition: ce n'est "pas à soir", ce trouver des solutions concrètes pour assurer n'est "pas à soir" du tout. aux bénéficiaires des services dans leur langue sans pour autant faire des batailles Des voix: Ha! Ha! Ha! politiques, avec des petits "p"." M. Joly: M. le Président, quand on nous Des voix: Oh! Oh! dit, actuellement, qu'en tant que gouverne- ment, on semble faire cavalier seul dans la M. Joly: Double langage, M. le présentation du projet de loi 142, j'aimerais Président. C'est le gouvernement des petits que l'on reprenne ici ce qui se dit dans les "p": parler pour parler, payer pour payer. sondages: 90 % des répondants croient que C'est ce qu'était le gouvernement du temps. les Québécois d'expression anglaise devraient Juste une semaine avant la déclaration avoir le droit de recevoir des services dans du député de Joliette, on dit: "Services leur langue. C'est 90 % et 72 % des sociaux en anglais", encore titré dans Le répondants croient que la communauté Devoir du 6 juin: "Le gouvernement entend d'expression anglaise a le droit de contrôler bien s'assurer que les anglophones du Québec ses institutions tandis que 80 % des reçoivent des services sociaux et des soins répondants croient que le gouvernement de santé dans leur langue. C'est ce qu'a devrait faciliter la dispensation de services déclaré le ministre de la Justice et des en anglais aux Québécois d'expression anglaise Affaires intergouvernementales canadiennes, dans les établissements de langue anglaise. M. Pierre Marc Johnson, en réponse aux Alors, quand on nous dit que l'on fait questions de quelques journalistes." cavalier seul, je me demande ce que cela peut représenter tout ce beau monde, surtout Des voix: Ah! quand en plus on nous dit que plus de 350 (0 h 10) groupes communautaires, municipalités, asso- Une voix: Double langage... ciations, professionnels, églises, écoles et institutions appuient le besoin de garanties M. Joly: M. le Président, je suis un peu législatives pour protéger le service des 4969

établissements sociaux et de santé en anglais pour convaincre les membres ministériels et ont adopté des résolutions à cet effet. d'adopter la motion de report. Je veux Alors, quand on me dit cela, je me sens pas simplement vous signaler qu'une multitude de mal moins seul. S'il y en a qui se sentent raisons justifient l'Opposition de présenter seuls ce soir, c'est peut-être l'Opposition. Il cette motion de report. Je voudrais y en a un qui me mentionnait qu'il était reprendre ce qui a déjà été dit, mais, en prêt à passer pas mal de temps sur le insistant sur deux aspects particuliers. projet. Il dit: Je suis bon pour la nuit. Je Règle générale, lorsque les parle- suis content mais nous on est bons pour la mentaires présentent une motion de report, vie. Alors, vous ne serez pas là longtemps si c'est qu'il n'y a pas d'urgence à débattre de on regarde la politique des deux partis avant ce que nous débattons, ce qui est amené par les élections. Mais je suis content de dire le leader du gouvernement. Dans le présent que ce que l'on avait comme politique avant cas, nous avons une loi où, manifestement, le les élections, c'est exactement ce que l'on gouvernement est complètement seul. C'est est en train de livrer aujourd'hui. C'est tellement exact que, même les intervenants exactement ce que l'on est en train... qui se sont exprimés contre la motion, dans leurs points de vue, ont convenu que, de Une voix: C'est nouveau, cela? toute façon, dans les faits, les éléments prévus à la loi 142 pour offrir à la M. Joly: Non, ce n'est rien de nouveau. communauté anglophone des services dans C'est exactement ce que l'on est en train de leur langue, c'est exactement ce qui se passe garantir à la population. Si on disait que le au Québec depuis de nombreuses années. gouvernement du Québec allait garantir des Quand on fait siéger la Chambre jusqu'à de moyens et des mesures législatives, c'est ce' telles heures, c'est généralement qu'on est que l'on fait. Dans votre cas, c'était exacte- convaincu de la nécessité de faire adopter ment ou à peu près la même chose, sauf rapidement le principe d'un projet de loi qu'aujourd'hui, vous prenez du recul parce pour corriger des lacunes et des choses qui, que vous vous sentez peut-être menacés. dans une société ouverte comme la nôtre, Mais on vous a prouvé hors de tout doute devraient être corrigées. que cela ne vous coûtait rien de plus dans le Dans le présent cas, on n'a pas de fond. Tout ce que l'on fait, c'est de lacunes à corriger. Le député de Fabre, au redistribuer des services. On est en train de lieu de faire rigoler ses collègues ou les reconnaître, mais on est en train de les d'essayer de les faire rigoler, à retardement officialiser. C'est ce qu'on est en train de en certaines occasions, aurait dû nous dire: faire. On est en train de traiter, si vous Quant au projet de loi 142, regardez tous les voulez, nos minorités non pas comme des appuis dont nous bénéficions. Regardez tout gens de deuxième classe, mais comme des le monde qui réclame la nécessité et gens qui font partie intégrante de cette l'urgence d'avoir une loi qui conférerait par grande communauté qu'est le Québec. C'est législation des choses qui, dans les faits, se ce que nous sommes en train de faire, M. le Président. font très bien administrativement, mais qui pourraient être bonifiées par toutes sortes de En conclusion, je pense que, si on nous mesures administratives. D'ailleurs, cela a qualifie de faire ce qu'on appelle des été indiqué par des gens, comme mon promesses rouges, alors qu'ils nous en ont collègue du Saguenay—Lac-Saint-Jean l'expli- fait voir de toutes les couleurs durant neuf quait si bien, qui ont à vivre ce que ans, je suis content d'être associé à ces j'appellerais la dispensation des services. Ces promesses rouges. Je vais sûrement gens ont dit très clairement: On est d'accord m'associer avec le gouvernement pour voter à 100 % avec l'objectif véhiculé, car, d'une pour le projet de loi 142. Je félicite Mme la part, c'est ce qui se fait dans la réalité, ministre de la Santé et des Services sociaux c'est ce qui se passe d'offrir aux pour le courage qu'elle a d'aller de l'avant anglophones... Contrairement aux chiffres que et de faire en sorte qu'au lieu d'avoir un le député de Fabre citait, de notre côté, privilège ou une possibilité de privilège, cela 100 % sont d'accord, pas 70 % ou 90 %, devienne un droit. C'est là qu'on reconnaît 100 % des membres de l'Opposition sont toute cette dimension des gens du Parti pleinement d'accord pour offrir des services libéral. Merci, M. le Président. à la communauté anglophone, comme cela se fait au Québec depuis toujours, dans le Le Vice-Président: Je cède la parole à domaine des services de santé et des M. le député d'Abitibi-Ouest et leader services socio-sanitaires. C'est à 100 % de adjoint de l'Opposition. ce côté-ci. Ce n'est pas cela, le projet de loi. M. François Gendron Dans ce projet de loi, comment se fait-il qu'ils seraient les seuls à se donner raison? M. Gendron: M. le Président, avec le Tous ceux qui ont regardé cela, les temps qui m'est imparti, je n'aurai pas le éditorialistes, ainsi que ceux qui vivent dans temps de faire une très longue plaidoirie ce domaine, ont dit: II y a des dangers. Il ne 4970 faut pas trop faire confiance à ces gens, contexte était à ce point francisant et car, dans votre bilan linguistique, c'est francisé qu'il pouvait se permettre un tel drôlement inquiétant. Un membre dit qu'il engagement. n'y a pas de problème, l'autre en voit, Un an plus tard, tout cela a changé. Le l'autre dit qu'il n'y a pas de politique visage du Québec a changé. linguistique, une autre voudrait parler seule- ment en anglais tout le temps, car, pour Une voix: C'est ton visage qui a elle, c'est ce qui est important au Québec, changé. même si l'on fait croire qu'ils ont beaucoup fait pour la francisation. M. Gratton: Pourquoi? Parce que le (0 h 20) gouvernement a changé. Il nous dit, C'est ce qu'on entend. On pourrait les aujourd'hui, que, de toute façon, son engage- citer. C'est ce qu'on entend qui est ment portait à inscrire ses droits de la écoeurant. Je suis d'accord. On fait communauté anglophone dans une loi confiance à ces gens concernant une loi, fondamentale, dans une loi plus importante alors que, dans les faits, cette offre de qu'une simple loi, comme le projet de loi services a toujours été faite à la 142, qui, lui, peut être modifié par n'importe communauté anglophone. Je pense, M. le quel Parlement. Son engagement portait sur Président, qu'il y a une multitude de motifs l'inscription dans la constitution interne du pour adopter la motion de report. Il est clair Québec et par extension, évidemment, dans qu'en ce qui concerne l'Opposition, on va la constitution du Québec souverain qu'il voter pour la motion de report. souhaite toujours, dit-il à son collègue de Lévis de temps en temps. Le Vice-Président: Je reconnais mainte- M. le Président, le moins qu'on puisse nant M. le leader du gouvernement. dire, c'est que s'il fallait attendre que le chef de l'Opposition réalise ses engagements M. Michel Gratton à l'égard de la communauté anglophone, il risquerait d'attendre pas mal longtemps. M. Gratton: Encore une fois, M. le C'est pour cela qu'on ne fait pas confiance Président, je suis appelé à clore un débat en au Parti québécois, à l'Opposition. À moins quelque quatre minutes et je suis convaincu qu'elle soit prête à nous dire que les volte- que je parviendrai, avec le concours de ceux face de leur côté peuvent se faire aussi qui m'ont précédé, à convaincre, sinon rapidement ou aussi fondamentalement en six l'ensemble, tout au moins, une vaste majorité mois que celles dont on a été témoin depuis des membres de l'Assemblée de défaire cette juin 1985. C'est cousu de fil blanc, M. le motion de report. Président. Je vous dirai, M. le Président, que je Ce que vise à faire le projet de loi serais tenté de l'appuyer, si j'étais convaincu 142, ce n'est pas d'intégrer les communautés que de reporter à six mois l'étude du projet culturelles à la communauté anglophone. de loi 142 pouvait apporter le même C'est faux, c'est archifaux. De le prétendre résultat, le même virage à 90 degrés ou à relève, soit de la malhonnêteté, soit de 180 degrés que celui qu'on a constaté entre l'intérêt strictement partisan de politiciens le discours du chef de l'Opposition au cours qui ne méritent pas, selon moi, ce de la campagne électorale et plus précisé- qualificatif. C'est petit. C'est tellement petit ment devant Alliance Québec en juin 1985 et qu'on n'a pas besoin de se faire soutenir de sa position qu'il nous a expliquée ce soir. façon artificielle par des associations. Nous sommes conscients et confiants que le projet Une voix: Exactement cela! de loi 142 traduit exactement l'engagement électoral que nous, en tant que parti, avons M. Gratton: En juin 1985, durant la pris et que le chef de l'Opposition aussi campagne électorale, le chef de l'Opposition avait pris, la différence fondamentale étant disait clairement: "Nous, du Parti québécois, que nous, avant ou après les élections, nous si nous sommes réélus, garantirons, dans une avons le même discours, ce dont on ne peut loi, le droit de la communauté anglophone à accuser l'Opposition. des services de santé, des services sociaux dans leur langue." C'est exactement ce qu'il Le Vice-Président: Le débat restreint promettait, ce qu'il s'engageait à faire. Ce sur cette motion de report étant terminé, soir, j'ai compris pourquoi le discours avait nous allons procéder à sa mise aux voix. changé à 180 degrés. Il nous a expliqué que, Vote enregistré. Qu'on appelle les députés. quand il avait pris cet engagement devant (0 h 25 - 0 h 30) Alliance Québec. Le Vice-Président: À l'ordre, s'il vous plaît! Veuillez vous asseoir s'il vous plaît! Une voix: En anglais. Nous procédons maintenant à la mise aux voix de la motion de M. le député de M. Gratton: À ce moment le français Verchères visant à reporter de six mois était en progression partout au Québec. Le l'étude de l'adoption du principe du projet de 4971 loi 142, Loi modifiant de nouveau la Loi sur Le Secrétaire: Pour: 12 les services de santé et les services sociaux. Contre: 68 Je vous demanderais votre collabo- ration, s'il vous plaît! Des voix: Bravo! Bravo! À l'ordre, s'il vous plaît! Je demanderais la collaboration de Le Vice-Président: La motion est donc l'ensemble des députés. rejetée. Nous allons maintenant poursuivre le Que les députés qui sont favorables à débat sur l'adoption du principe du projet de cette motion veuillent bien se lever, s'il vous loi 142. Est-ce qu'il y a un député qui veut plaît! intervenir dans le débat pour l'adoption du principe? Oui. Je reconnais maintenant M. le Le Secrétaire adjoint: MM. Chevrette député de Nelligan et ministre de l'Environ- (Joliette), Garon (Lévis), Rochefort (Gouin), nement. Un instant, M. le ministre. Alors, Mme Juneau (Johnson), MM. Gendron (Abiti- MM. les députés ou Mmes les députées qui bi-Ouest), Brassard (Lac-Saint-Jean), Filion doivent quitter, veuillez le faire le plus (Taillon), Gauthier (Roberval), Paré (Shef- rapidement possible s'il vous plaît! Très bien. ford), Dufour (Jonquière), Parent (Bertrand), M. le ministre de l'Environnement. Mme Harel (Maisonneuve). Reprise du débat sur Le Vice-Président: Que les députés qui l'adoption du principe s'opposent à cette motion veuillent bien se lever, s'il vous plaît! M. Clifford Lincoln Le Secrétaire adjoint: MM. Gratton M. Lincoln: M. le Président, j'ai écouté (Gatineau), Pagé (Portneuf), Mme Lavoie- jusqu'à présent les débats qui ont eu lieu sur Roux (L'Acadie), MM. Bourbeau (Laporte), le projet de loi 142 et je dois vous dire que Paradis (Brome-Missisquoi), Côté (Rivière-du- j'ai été peiné de penser que nous revenons Loup), Mme Gagnon-Tremblay (Saint-Fran- faire une bataille linguistique entre nous et çois), MM. Lincoln (Nelligan), French (West- de parler d'anglophones, de francophones et mount), Côté (Charlesbourg), Ciaccia (Mont- d'allophones. Nous de ce côté de la Royal), Vallières (Richmond), Fortier (Outre- Chambre, nous avons toujours voulu, au sein mont), Cusano (Viau), Vaillancourt (Or- du Parti libéral, que les gens essaient de se ford), Dauphin (Marquette), Maltais (Sague- rejoindre comme personnes humaines avant nay), Philibert (Trois-Rivières), Mme tout, en cherchant à trouver des moyens de Dougherty (Jacques-Cartier), MM. Lefebvre se rencontrer et en cherchant à dissiper tout (Frontenac), Scowen (Notre-Dame-de-Grâce), ce qu'il y a de malentendus linguistiques Sirros (Laurier), Doyon (Louis-Hébert), possibles. Je dois vous dire que j'ai trouvé Middlemiss (Pontiac), Beaudin (Gaspé), Can- cela très peinant de penser qu'une loi qui a non (La Peltrie), Chagnon (Saint-Louis), Le- trait aux gens qui ont besoin de soins dans mire (Saint-Maurice), Paradis (Matapédia), la société et qui sont des gens en demande Mme Pelchat (Vachon), MM. Rivard (Rose- de compassion et de soins de santé et de mont), Polak (Sainte-Anne), Audet (Beauce- services sociaux soient en un certain sens les Nord), Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamingue), otages d'une querelle qui n'a rien à voir Bélisle (Mille-Îles), Séguin (Montmorency), avec ce projet de loi. Mmes Trépanier (Dorion), Bélanger (Mégantic- Je suis le député qui a présenté la Compton), MM. Fortin (Marguerite-Bour- résolution sur les services sociaux et de geoys), Parent (Sauvé), Gervais (L'Assomp- santé pour la communauté d'expression tion), Bradet (Charlevoix), Brouillette (Cham- anglaise au sein du Parti libéral et qui l'a plain), Camden (Lotbinière), Després (Limoi- acheminée au sein de nos divers congrès. lou), Mme Dionne (Kamouraska-Témiscouata), Cette résolution est passée par la MM. Farrah (Îles-de-la-Madeleine), Forget commission des services sociaux et de santé (Prévost), Gardner (Arthabaska), Gauvin du Parti libéral. Cela n'a jamais été pour (Montmagny-L'Islet), Gobé (Lafontaine), Ha- nous une question linguistique. C'est peut- mel (Sherbrooke), Dubois (Huntingdon), Bis- être la plus grande fierté que nous ayons sonnet (Jeanne-Mance), Houde (Berthier), comme parti que, lorsque cette résolution a Kehoe (Chapleau), Mme Legault (Deux-Mon- été débattue, tout le parti unanimement, tagnes), MM. Leclerc (Taschereau), Hétu (La- toutes les régions et tous les comtés qui belle), Joly (Fabre), Marcil (Beauharnois), étaient majoritairement francophones comme Messier (Saint-Hyacinthe), Poulin (Chauveau), ils le sont naturellement dans notre parti et Richard (Nicolet), Tremblay (Rimouski), Thé- aussi les comtés qui représentaient les rien (Rousseau), Théorêt (Vimont), Saint-Roch minorités se sont tous rejoints sur cette (Drummond). résolution, parce que cela représentait bien plus et beaucoup plus qu'une affaire de Le Vice-Président: II n'y a aucune langue et de problème linguistique; cela abstention. représentait fondamentalement la consé- cration d'un droit que nous pensions 4972 tout à fait réaliste. C'est dans les si j'ai mal compris, je m'en excuse. circonstances où il y a des institutions Ce que je voulais souligner, M. le d'expression anglaise que nous avions accepté Président, c'est que pour des gens qui sont de garantir cela dans leur expression, non handicapés, pour des malades psychiatriques, pas pour la question linguistique elle-même la langue n'est pas une question linguistique, mais pour les soins de santé spécialisés qu'on mais c'est une question de communication de donne à une certaine communauté. base, presque essentielle et minimale, pour Je pense surtout aux grands malades, se faire comprendre dans des situations où aux vielles personnes ou aux personnes âgées, ils ont besoin de compassion, où ils ont aux handicapés intellectuels et physiques, aux besoin de se valoriser, où ils ont besoin de malades psychiatriques qui cherchent tous les recevoir des soins parfois spécialisés que jours les services spécialisés dans leur langue seules des personnes qui peuvent comprendre parce que dans ce secteur des grands leur mentalité et leur langue peuvent leur malades la langue de communication est la offrir. C'est cela que j'essayais dire. chose la plus importante. Combien de cas je Ce que cette loi essaie de consacrer, pourrais vous citer de handicapés c'est vraiment une réalité essentielle, de intellectuels qui ne peuvent pas dire quelques base. Dans la communauté anglophone, avec mots seulement dans une langue ou une autre ses institutions qui existent aujourd'hui, nous parce qu'ils n'en ont pas les moyens voulons, quant à nous, consacrer un droit que intellectuels. Eux, ils cherchent à nous reconnaissons. communiquer avec des gens spécialisés pour J'ai entendu autour de ce débat que les comprendre et pour les aider à se l'Opposition essayait de soulever des valoriser. Je vous vois, Mme la députée, qui questions d'urgence. Y a-t-il une urgence? secouez la tête. Je sais de quoi je parle. S'il n'y a pas d'urgence, à ce moment-là, J'ai un enfant handicapé, j'ai vécu avec lui faut-il adopter cette loi? Toutes les lois que 20 ans de ma vie, c'est à peine s'il peut nous adoptons ici le sont-elles en urgence? dire trois ou quatre mots en langue anglaise. N'avons-nous pas le droit fondamental, Il faut qu'il se fasse comprendre par des comme parti qui se respecte, de proposer des gens qui puissent l'entraîner à se valoriser. lois lors d'une session parlementaire, que Dans le secteur de la santé et des services vous acceptez ou non? Dans ce cas, il est sociaux... tout à fait ironique que vous ne l'acceptiez (0 h 40) pas, vous qui avez dit et redit que vous M. Dufour: M. le Président. acceptiez l'objectif de la chose et que votre chef a prononcé à deux, trois ou quatre M. Lincoln: Je m'excuse! reprises l'engagement formel qu'il acceptait cette même chose que nous essayons de Mme Juneau: M. le Président. promouvoir. Qu'y a-t-il de tellement drôle ou de Le Vice-Président: Un instant: Avez- tellement extraordinaire pour nous de vous une question de règlement? Un instant! proposer une loi qui découle même des M. le député de Jonquière sur une question fondements et des résolutions de notre parti de règlement. depuis plusieurs années?

M. Dufour: II s'adresse à Mme la Le Vice-Président: Un instant, s'il vous députée de Johnson. J'ai l'impression que, à plaît! D'accord, M. le député, un instant. moins que le règlement ne soit changé, c'est J'entends certains députés qui se relancent au président qu'il doit s'adresser. d'un côté à l'autre de l'Assemblée. Je vous demanderais de respecter notre règlement et Le Vice-Président: Très bien. Il est d'écouter en silence. Si vous avez quelque évident que, au point de vue de notre règle- chose à dire sur le sujet, je vous céderai la ment, aucun député ne peut s'adresser parole à nouveau. Je vous avertis immédiate- directement à un autre député... Un instant! ment que je serai très strict pour le reste du Un instant, s'il vous plaît! Je n'avais pas débat de la soirée si cela se prolonge de cette expressément compris que le député de façon ou que cela s'oriente vers cette façon de Nelligan s'adressait directement à Mme la procéder. Je serais très strict à cet égard. députée de Johnson, comme vous l'avez Je demanderais également à l'ensemble mentionné. Je vais céder la parole à M. le des députés, quand ils s'adresseront... M. le député de Nelligan et je vais effectivement député de Lévis, un instant! Un instant, s'il m'assurer que ce n'est pas le cas. M. le vous plaît! Je demanderai également... Un député de Nelligan. instant! M. le député! M. le député, s'il vous plaît! M. le député de Lévis, je vous M. Lincoln: M. le Président, peut-être mentionne expressément que j'ai demandé à que j'ai mal compris un geste de Mme la l'ensemble des députés leur collaboration, députée, je le conçois et je m'en excuse. Je cela vous comprend et d'autres députés croyais que vous disiez que vous ne également. Notre règlement prévoit que tout compreniez pas ce que j'essayais de décrire; député qui s'adresse à l'Assemblée doit le 4973 faire en s'adressant au président, sans ne comprenez pas la chose. s'adresser directement à quelqu'un d'une Vous aviez pris le même engagement autre formation politique ou même de sa formel sur les services de santé et les propre formation politique. Je serai très services sociaux en langue anglaise que vous sévère à ce point de vue-là. Je serai égale- reniez aujourd'hui, parce que vous venez ment très sévère sur les réactions que les demander des motions de report, comme l'a députés auront dans le cadre des discours. souligné le député de Gatineau, pour six J'interviendrai immédiatement et je sanction- mois; comme si dans six mois, vous aurez nerai tout défaut, tout manquement à notre changé d'option, vous aurez changé d'optique règlement. et vous serez disposés à accueillir la loi 142. M. le député de Nelligan et ministre de Mais non, ce sera la même charade l'Environnement. dans six mois. C'est pourquoi nous allons persister avec cela. Nous pensons que c'est M. Lincoln: M. le Président, je pense la reconnaissance d'un droit tout à fait n'avoir rien dit de sournois, je ne sais pas réaliste d'une communauté qui a des droits pourquoi le député de Lévis s'offense. Tout historiques, qui a un service d'institutions de ce que j'ai dit, c'est que c'était une santé et de services sociaux qu'elle veut voir résolution de notre parti, appuyée à reconnaître dans la loi. La loi pourrait être l'unanimité par notre parti... changée plus tard. Mais, en même temps, cela donne une assise à ces institutions, cela Le Vice-Président: Un instant, M. le donne un droit fondamental à ces gens. Cela député de Nelligan. M. le député de Lévis, je est déjà reconnu du reste par la loi 65 qui vous avertis formellement, comme tout autre vient confirmer toute la chose, comme cela député, de garder le silence absolu et a été le cas pour vous-mêmes qui l'avez d'écouter ceux qui ont à intervenir. Vous reconnu tout à fait ouvertement. interviendrez à votre tour, comme l'ensemble Je plaide pour la personne humaine des autres députés et j'avertirai nommément beaucoup plus que pour le processus des lois. tous les députés qui contreviendront à cette C'est quoi, cette histoire de dire: Cela ne directive. devrait pas être dans une loi, cela devrait M. le ministre de l'Environnement. être dans la constitution. Cela ne devrait pas être dans la loi 142, cela devrait être dans M. Lincoln: M. le Président, comme je la loi 101. Qu'est-ce que c'est que tout le soulignais, je ne sais pas ce qui froisse le cela? Qu'est-ce que cela peut faire, les lois, député qui a fait des remarques tout à les processus et les structures des lois? Ce l'heure. Tout ce que j'ai voulu souligner, sont les humains qui comptent. C'est ce qui c'est que notre parti, au fil des années, est important. Oui, c'est cela. depuis déjà trois, quatre ou cinq ans, a On ne parle pas de bâtiments ici, on ne discuté de cette résolution de la façon la parle pas de routes, on ne parle pas plus ouverte possible, a passé cette d'affiches, on ne parle pas de bilinguisme, on résolution à travers toutes les instances de ne parle pas de structures et on ne parle pas ses congrès, en a fait un engagement de bouts de papier. On parle de gens qui électoral formel et l'a inscrite dans son sont malades et on parle de gens qui discours inaugural de décembre 1985. cherchent à avoir des services. C'est la Quoi donc de plus naturel que nous raison pour laquelle on va adopter la loi 142, fassions suivre cet engagement d'une loi. Les et pour rien d'autre. C'est cela la clé de députés de l'Opposition se sont presque cette loi et nous allons nous battre pour que offusqués qu'on ait présenté une loi qu'on cette loi soit une réalité. On peut dire qu'il avait dit qu'on allait présenter. Mais nous y a des services sociaux en anglais partout, sommes fiers de tenir nos engagements on en a cité des listes. électoraux. Je comprends que vous ne On a dit qu'il y en a en Basse-Côte- compreniez pas la chose, parce que vous, Nord et en Gaspésie. Je pourrais vous dire lorsqu'il s'est agi de votre engagement le qu'il y en a en Gaspésie et en Basse-Côte- plus formel, l'indépendance, vous avez dit: Nord, mais il n'y en a pas pour le handicapé Ah oui, cela continue, mais on ne le met pas intellectuel en Gaspésie qui cherche un dans le programme électoral: une minute, service spécialisé; il n'y en a pas pour le c'est dedans, l'autre minute, ce n'est pas handicapé intellectuel, le vieillard ou le dedans. malade psychiatrique en Basse-Côte-Nord qui Votre chef est d'accord pour cherche un service spécialisé. l'indépendance, mais il ne veut pas la mettre Ces services spécialisés sont donnés par dans le programme. Le chef associé est pour certains centres, surtout dans la grande l'indépendance et voudrait la mettre dans le région de Montréal et parfois dans d'autres programme. Vous n'avez aucune politique grandes régions, mais surtout dans la grande fondamentale sur votre option fondamentale. région de Montréal. Cette loi vient consacrer Je comprends qu'aujourd'hui, vous trouviez le fait, parce que dans ce... cela drôle que nous voulions tenir nos engagements électoraux; c'est parce que vous Des voix: ... 4974

Une voix: Va te coucher! santé et des services sociaux dans leur langue. C'est tout ce que cela veut dire. M. Lincoln: ...réseau de service... Cela ne veut pas dire plus que cela. (0 h 50) De dire que cela va bilinguiser le Le Vice-Président: Un instant! Je Québec, que cela va ouvrir tout un réseau déplore ce qui se passe en ce moment à parallèle pour les gens qui ne sont même pas l'Assemblée. Je demanderais aux gens de s'en de langue anglaise présentement, pour les tenir à notre règlement et de maintenir un immigrants, c'est de ne plus reconnaître la décorum en cette Chambre. M. le ministre réalité du Québec. La réalité du Québec, de l'Environnement. aujourd'hui, c'est que tous les immigrants se dirigent de plus en plus vers l'école M. Lincoln: Tout réseau de services ne française. Les cas cités par mon collègue de peut survivre que s'il y a des professionnels Laurier sont des cas actuels ou du passé. Le qualifiés dans ce réseau de services qui vont Québec d'aujourd'hui et de demain est un être intéressés à continuer de le renouveler. Québec francophone, de plus en plus C'est la clef. Si on n'a pas un réseau de francophone, de plus en plus majoritairement services à la communauté anglophone qui va francophone. Ceux d'entre nous qui pouvoir renouveler ses cadres, ses rencontrent les immigrants constatent que professionnels et ses spécialistes, nous n'en ceux-ci, qu'ils viennent de n'importe quel aurons jamais assez pour desservir la pays du monde, la première langue qu'ils communauté, surtout la communauté apprennent, c'est le français, à part leur régionale d'expression anglaise dans les langue d'origine. Dire, aujourd'hui, que ce services spécialisés. réseau va ouvrir toute une panoplie de Je peux vous dire que j'en sais quelque services en anglais aux nouveaux immigrants chose, parce que j'ai oeuvré pendant des au Québec, c'est ignorer complètement la années dans ce domaine comme bénévole. réalité que les immigrants vont devenir Parfois, il était très difficile d'avoir des automatiquement francophones parce que tous services spécialisés dans certaines matières, leurs enfants vont à l'école française et parce qu'il n'y avait pas assez de ces qu'ils se rallient au milieu francophone parce spécialistes. S'il n'y en avait pas assez, qu'ils constatent que la réalité du Québec même dans la grande région de Montréal, d'aujourd'hui est francophone. Même dans les comment pouvez-vous concevoir que des gens centres ou dans les institutions anglophones des régions éloignées puissent trouver ces où les anglophones sont en majorité, comme services en régions? C'est pourquoi nous l'ont fait ressortir la ministre, mon collègue voulons qu'il y ait cette consécration du de Laurier et les autres, la loi 101 s'applique droit de ces gens de recevoir ces services. de toutes les façons. Tous les services sont S'ils ne les trouvent pas sur place, qu'ils donnés en français comme en anglais. puissent se déplacer et aller vers les services Je ne vois pas une seule raison pour qui sont disponibles dans les grands centres. laquelle vous vous inquiétez. Si vous aviez C'est la clef de tout. Même sur la rive sud tellement de raisons de vous inquiéter, ou dans l'est de Montréal, parfois, il y a eu comment se fait-il que votre chef, le chef des exemples où, théoriquement, les services de l'Opposition, ait pris des engagements étaient disponibles, mais, en pratique, ils ne formels répétés? Si vous avez tellement l'étaient pas. d'objections pour ouvrir toute la question aux Je pourrais vous citer des quantités de allophones, si vous avez tellement de cas. Je pourrais vous citer des cas de questions à vous poser par rapport à la handicapés physiques, intellectuels, de bilinguisation du Québec dans les services malades psychiatriques et de vieillards. Mme sociaux en anglais, comment acceptez-vous la députée, qui est aujourd'hui ministre de la de l'inscrire dans votre propre constitution? Santé et des Services sociaux, vous dira aussi Pouvez-vous répondre à cette question? qu'elle et moi avions, dans le temps, N'est-ce pas complètement paradoxal que approché le ministre des Affaires sociales vous veniez nous dire que cette loi est d'alors, qui est aujourd'hui leader de dangereuse, qu'il ne faut pas la laisser là, l'Opposition, pour un cas typique d'une dame qu'il faut la retirer parce que cela va qui ne pouvait pas s'exprimer autrement bilinguiser le Québec? Mais, si on la met qu'en anglais. Elle s'était trouvée dans une dans la constitution du Québec, à ce maison pour personnes âgées. Elle était très moment-là, cela ne va pas bilinguiser le malade et elle ne pouvait pas se faire Québec. Quel genre de logique est-ce? comprendre. C'était aussi malheureux du point de vue des infirmières que du point de Une voix: Péquiste. vue de la dame elle-même. C'était une situation qui ne faisait de bien ni d'un côté Le Vice-Président: En conclusion, M. le ni de l'autre. C'est ce genre de choses que ministre. nous voulons éviter en consacrant le droit à ces personnes de recevoir, lorsque les M. Lincoln: Oui. Je crois, en ressources sont disponibles, des services de conclusion, que, si vous êtes fondamentale- 4975 ment pour l'objectif de cette loi, qui est un présenté par la ministre de la Santé et des objectif réaliste, un objectif noble que vous Services sociaux reçoit des interpréta- avez accepté vous-mêmes, vous devez en tions tout à fait différentes, parfois conscience appuyer cette loi. La reporter à contradictoires, comme c'est le cas main- six mois ne changera rien aux choses. Nous, tenant. de ce parti, qui tenons à nos engagements Je rappellerais également ceci, M. le électoraux, nous allons faire le cheminement Président. J'ai écouté attentivement l'inter- de cette loi et, si vous dites qu'on l'adopte vention du ministre de l'Environnement, le ce soir, c'est vous qui avez créé votre lit, député de Nelligan, qui nous dit: Ce sont parce que c'est vous qui adoptez des motions les personnes qui comptent avant toute de report. Nous disons: Les humains avant chose. C'est le même cas pour nous et c'est les structures. C'est pourquoi nous allons pour cela, M. le Président, que le Québec voter pour cette loi. n'a pas attendu des lois pour faire en sorte que les services puissent être donnés au Des voix: Bravo! Québec, que les meilleurs services et les meilleurs traitements possible puissent être Le Vice-Président: Je cède la parole à donnés à tous les citoyens québécois et M. le député de Taillon. québécoises, peu importe leur langue d'expression. C'est pour cela qu'il s'est bâti M. Claude Filion au Québec des endroits où on reçoit ces services et c'est pour cela que, même en M. Filion: Merci, M. le Président. Cela dehors de ces endroits, aujourd'hui, une a du bon de siéger la nuit à l'Assemblée personne qui vient s'exprimer en anglais ou nationale, on apprend des choses. La dernière en espagnol à l'hôpital Pierre-Boucher, dans fois qu'on a siégé la nuit, on a appris du mon comté, on va trouver une façon de la leader parlementaire - son premier aveu - servir, d'échanger avec ce patient pour que l'abolition du règlement de placement ne comprendre, d'abord, son problème, puis pour créait pas un emploi au Québec. Cette nuit, lui expliquer le traitement ou le diagnostic en écoutant le député de Nelligan, le qui s'impose dans le cas des soins de santé ministre de l'Environnement, un collègue dans les hôpitaux. également de la ministre de la Santé et des (1 heure) Services sociaux, on vient d'apprendre La loi que veut adopter le gouverne- qu'effectivement le projet de loi créait un ment libéral, ce n'est pas celle-là qui va réseau parallèle d'institutions, et c'est changer les attitudes dans les hôpitaux, dana exactement ce qu'il vient de dire. M. le les CLSC, dans les centres d'accueil. Les Président, vous ferez descendre les galées, il personnes qui vont donner les soins, ce n'est l'a dit il y a à peine sept ou huit minutes. Il pas le député de Nelligan, ce n'est pas la a insisté là-dessus, à part cela. Tout ce que ministre non plus, ce sont les infirmiers et vient faire ce projet de loi, c'est de créer les infirmières, les médecins, le personnel, le un réseau parallèle d'institutions pour offrir personnel de bureau, le personnel spécialisé des services aux anglophones. et les professionnels, ceux qui vont donner les soins, ce sont eux qui disent au Le Vice-Président: Un instant, s'il vous gouvernement libérait Retirez le projet de loi plaît, M. le député de Taillon: De la môme 142. Ce n'est pas seulement nous qui le façon que j'ai rappelé tantôt à certains disons. L'Association des centres de services députés de l'Opposition de s'asseoir è leur sociaux, l'Association des hôpitaux du place, d'écouter en silence, et, s'ils voulaient Québec, la Fédération des CLSC du Québec, intervenir, de le faire proprio motu, suivant l'Association des centres d'accueil plus notre règlement, en demandant la parole à l'association des centres privés subventionnés, leur tour, je le répète à ma droite parce que l'ACHAP, ce sont ces groupes qui je viens d'entendre des commentaires sur le représentent les travailleurs et les discours du député de Taillon. Je n'admettrai travailleuses du secteur de la santé qui pas cela, je sanctionnerai et je nommerai seront appelés à donner les soins expressément les noms de ceux qui quotidiennement sur le terrain, qui seront contreviendront au règlement. appelés à recevoir les gens, les Marocains, M. le député de Taillon. les Turcs, les Japonais, les Africains, peu importe. Ce n'est pas le ministre de M. Filion: En ce sens-là, M. le l'Environnement qui va aller traiter les gens Président, s'il faut siéger la nuit - avec les dans les hôpitaux et dans les centres heures, peut-être que la vérité commence à d'accueil. C'est le monde. Et ce monde est sortir - de ce côté-ci, on sera disposé à contre votre projet de loi. faire de longues veilles, si cela peut apporter N'avez-vous pas compris le message qui aux rangs gouvernementaux un peu de a été envoyé depuis le dépôt, depuis le cohérence dans les discours, si cela peut moment où, le 14 novembre, une journée faire en sorte qu'on commence à voir qu'au avant la fin de la date de tombée des Conseil des ministres le projet de loi projets de loi, les organisations sectorielles, 4976 une à une, à tour de rôle et ensemble, ont au gouvernement libéral qui est très féru de expliqué au gouvernement libéral qu'elles ne sondages que la loi 101 était, jusqu'au dépOt veulent pas de son projet de loi qui vient des projets de loi 140 et 142, la loi la plus perturber le climat qui existe présentement socialement et la plus généralement acceptée et le travail qui avait été fait par les par l'ensemble des Québécois. Le premier différentes institutions un peu partout sur le ministre et la ministre de la Santé et des terrain? Services sociaux auraient peut-être avantage, C'est fascinant, cette espèce de double étant très friands de sondages, à prendre langage, non seulement dans le temps, mais connaissance de cette donnée. à l'intérieur du Conseil des ministres et à La loi 101 avait donc réussi à bâtir un l'intérieur de la Chambre. C'est fascinant. édifice légal, socialement accepté et Les personnes passent-elles avant toute acceptable par l'ensemble de la communauté chose? Oui. C'est pour cela que votre projet québécoise. Évidemment, la langue - on l'a de loi, nous, de l'Opposition, sommes contre, souvent mentionné en cette Chambre - c'est car ce qui compte, ce sont les êtres humains fragile, c'est passionnant, cela soulève des sur le terrain. C'est ce qui est important discussions, cela soulève même, dans certains pour l'Opposition et c'est ce que nous avons cas, des passions déréglées. Je pense que défendu depuis neuf ans. c'est tout à fait normal qu'on ait un peu M. le Président, j'ai respecté les droits d'émotivité dans ce débat. Mais ce qui est de parole des intervenants précédents. aussi normal, c'est de réussir à regarder cet J'aimerais beaucoup que vous puissiez, sinon ensemble législatif avec sa raison. On je vais le faire, appeler par son nom le pouvait constater, avant que le gouvernement député qui vient de m'interrompre. libéral dépose ce projet de loi, que cet édifice, si l'on veut, législatif, était, bien Le Vice-Président: Effectivement, M. le sûr, nécessaire, mais était très efficace au député de Viau, je vous demanderais, comme Québec. Depuis dix ans, on avait réussi à je l'ai fait tantôt, de... bâtir une certaine paix sociale. Le député de Nelligan disait tantôt: Je M. Filion: II fait le fou, à part cela! regrette de devoir encore une fois intervenir sur des questions linguistiques. Mais qui a Le Vice-Président: À l'ordre, s'il vous présenté le projet de loi 140? Qui a présenté plaît, M. le député! Je vous demanderais de le projet de loi 142? Ce n'est pas l'Opposi- respecter le droit de parole du député de tion qui l'a fait, c'est le gouvernement Taillon et de ne faire aucun commentaire. libéral. Qui a envoyé des signaux tout Vous les ferez lors de votre intervention. M. croches au Québec, depuis le 2 décembre le député de Taillon. 1985, sinon le premier ministre, qui pourtant devrait se souvenir du genre de dégâts qu'il M. Filion: Je vous remercie, M. le a causés au Québec entre 1970 et 1976 avec Président. On vient, en plus de cela, encore ses tentatives de lois linguistiques? Il devrait une fois, tenter de nous dire que le projet s'en souvenir, mais il l'a oublié, M. le de loi 142 n'est pas une loi linguistique. Président. Aujourd'hui, tous les observateurs, C'est fantastique. Je pense qu'on n'a pas unanimement, lui rappellent à quel point ses besoin de faire un cours de droit pour gestes législatifs, avec ces deux projets de comprendre la portée de la loi. On va seule- loi, sont téméraires. Le député de Saint- ment lire ensemble les notes explicatives du Laurent, premier ministre du Québec, devrait projet de loi 142. se rappeler ce qu'on a vécu un peu partout "Ce projet de loi modifie de nouveau la au Québec entre 1970 et 1976, notamment à Loi sur les services de santé et les services l'occasion du débat sur le projet de loi 22. sociaux pour tenir compte des particularités Mais semble-t-il que la mémoire du premier linguistiques d'une région et prévoir le droit ministre soit courte, là-dessus, comme sur à toute personne d'expression anglaise de ses engagements électoraux d'ailleurs en recevoir dans sa langue des services de santé général, puisqu'il a récidivé en déposant des et des services sociaux". Ce n'est quand projets de loi qui ne font l'affaire de même pas l'Opposition qui a rédigé les notes personne, sauf des députés libéraux, des explicatives du projet de loi. Je continue: "II projets de loi qui ont réussi à bâtir un mur prévoit aussi, pour ces bénéficiaires, les d'opposition non seulement au Parlement, modalités qui assurent l'accessibilité aux mais à l'extérieur du Parlement également. services de santé et aux services sociaux en Unanimement tous les intervenants du réseau langue anglaise". des affaires sociales n'en veulent pas et ce Le projet de loi 142 est, d'abord et sont eux qui vont vivre avec la loi. Ce sont avant tout, une loi linguistique, M. le eux qui vont devoir l'appliquer, le cas Président, donc une loi dans un secteur où le échéant, et ils n'en veulent pas. Quelle sorte Québec avait réussi, depuis 1977, à bâtir un de législation autoritaire est déposée par le équilibre passablement fort de l'ensemble des ministre? Québécois autour des grands acquis qu'avait En ce sens-là, M. le Président, je pense amenés la loi 101. D'ailleurs, je rappellerais que la ministre de la Santé et des Services 4977 sociaux, sans le savoir, a servi de tête de ministère de la Santé et des Services pont pour les lois linguistiques, comme elle sociaux, où des services sont fournis en avait servi de tête de pont pour les coupures anglais et trois centres locaux de services budgétaires dans la santé. Je parle des soins communautaires où il s'abat un travail dentaires. Dans ce cas-ci, peut-être les formidable. Je vais vous citer quelques grands spécialistes en communication de la exemples. Au CLSC Parc Extension, où près tour d'ivoire, du bunker du premier ministre, la moitié de la clientèle est d'origine ont-ils dit: Ah, cela serait bon si c'était la grecque, on n'a pas attendu le projet de loi ministre de la Santé et des Services sociaux 142, on n'en a pas besoin pour créer une qu'on envoyait avec notre petit projet de loi table de concertation interethnique qui a linguistique. Elle va nous passer cela en pour but d'identifier les problèmes communs. douceur, en prétextant qu'il s'agit là d'une Au CLSC Saint-Louis du Parc, où 30 % du loi humanitaire. Je pense que maintenant, personnel est néo-québécois, où près de 30 % surtout à la suite du discours qu'a fait de la clientèle est grecque, il y a rédaction tantôt le député de Nelligan, on peut être et distribution de dépliants dans trois langues certain qu'il s'agit plutôt d'une loi sur les grossesses à risque. Le personnel en linguistique. Ce qui me frappe beaucoup dans place parle trois langues, le réceptionniste, les discours qu'on a entendus ce soir de la la téléphoniste, et on peut y faire l'accueil part du parti ministériel, c'est qu'on ne en cinq langues différentes. C'est au CLSC semble pas capable de distinguer entre les Saint-Louis du Parc. Je pourrais continuer, objectifs d'un projet de loi et les moyens M. le Président, et vous dire ce qui se passe contenus dans un projet de loi pour atteindre dans les deux centres de services sociaux qui soi-disant ces objectifs. Les députés libéraux sont le Centre de services sociaux Ville- qui ont pris la parole ce soir ont tous dit, Marie et le Centre de services sociaux juifs finalement: nous sommes pour cela, les à la famille, les 36 centres d'accueil et services en anglais. À 90 %, disait le député d'hébergement et les 13 centres d'accueil et de Fabre; nous de ce côté, c'est à 100 %, de réadaptation. mais pas seulement en anglais, en espagnol aussi, en grec, en portugais, en chinois, pour On n'avait pas besoin du projet de loi que tout le monde puisse être traité dans un 142 pour offrir des services aux hôpital ou un centre d'accueil d'une façon communautés culturelles et à la communauté convenable. Nous sommes pour cela à 100 % anglophone. On n'avait pas besoin du projet de ce côté-ci. Mais cela, c'est une chose; de loi 142. Pourquoi? Parce que, d'abord et c'est l'objectif du projet de loi. avant tout, ces services sont une affaire d'attitude et de comportement. C'est aussi Mais il faut regarder quels moyens on une affaire de collaboration entre les prend dans la loi pour atteindre ce principe. intervenants, comme le CRSSS de Montréal Dans ce cas-ci, c'est clair. Le projet de loi réussit à le faire. Le projet de loi 142 est a pour effet d'intégrer les communautés une gifle aux intervenants du milieu des af- culturelles aux anglophones et de créer, faires sociales. Je les comprends d'apprécier comme le mentionnait le député de Nelli- de façon très négative le projet de loi 142. gan, un réseau parallèle d'établissements (1 h 10) anglophones comparable à celui existant en En terminant, M. le Président, je matière d'éducation. Ce sont les moyens voudrais vous signaler rapidement ceci. Le contenus dans le projet de loi 142 et c'est projet de loi 142 contient trois choses. dans ce sens que le projet 142 vient, tout Premièrement, il y a la partie linguistique comme le projet de loi 140, briser le qui est l'une des parties les plus importantes consensus social qui était obtenu lors de du projet de loi; deuxièmement, il concerne l'adoption de la loi 101. Il vient également aussi - et on n'en a pas beaucoup parlé - la briser le consensus social qui existait dans tutelle imposée à la ministre de la Santé et les établissements eux-mêmes. des Services sociaux par le président du Je l'ai mentionné tantôt, M. le Conseil du trésor qui, dorénavant, approuvera Président, à l'occasion de la motion de les actes juridiques que doivent poser les report déposée par mon collègue, le député établissements; troisièmement, il contient des de Verchères, et, malheureusement, refusée règles relatives aux conflits d'intérêts des par les gens d'en face, il existe au Québec membres du conseil d'administration. 31 centres hospitaliers reconnus par l'Office Donc, il y a deux parties à ce projet de la langue française et où la langue de de loi: une partie linguistique et une partie communication est l'anglais. Je vais vous administrative. Ce que je suggère donc à épargner l'énumération de cette liste, mais il cette Assemblée, c'est de scinder en deux le y en 31. Parmi les plus importants qui projet de loi 142. sautent aux yeux, on retrouve l'hôpital Royal Victoria, Santa Cabrini, Shriners, Reine- Motion de scission Élizabeth, Reddy Memorial, l'Hôpital neurologique de Montréal, Lachine, Montréal, À cet effet, je dépose, M. le Président, Lakeshore, etc., 31 endroits, des centres hospitaliers, des CH dans le jargon du la motion de scission suivante: Conformément aux dispositions de l'article 241 de nos règles 4978 de procédure, je fais motion pour "que le Le Vice-Président: Très bien, M. le projet de loi 142, Loi modifiant de nouveau ministre. Sur une question de règlement, M. la Loi sur les services de santé et les le député de Taillon. services sociaux, soit scindé en deux projets distincts: un premier projet intitulé Loi M. Filion: Je pense que l'article 212 modifiant de nouveau la Loi sur les services s'applique dans un cas où un député a de santé et les services sociaux concernant prononcé des paroles qui ont été mal l'accessibilité des services de santé et des interprétées. Dans ce cas-ci, j'invite le services sociaux dans une langue autre que député de Nelligan à relire ce qu'il a dit lui- française et comprenant les articles 1, 2, 3, même. 9 et 10, et un second projet intitulé Loi modifiant de nouveau la Loi sur les services Le Vice-Président: Un instant! L'article de santé et les services sociaux comprenant 212 est très clair. On dit: "Tout député cette fois-ci les articles 4, 5, 6, 7, 8 et 10 estimant que ses propos - estimant; donc, du projet de loi." c'est d'après ce qu'il pense - ont été mal Je vous ai remis, M. le Président, une compris ou déformés peut donner de très copie de cette motion de scission. C'est brèves explications sur le discours qu'il a simple: Que la partie linguistique fasse prononcé." Il n'est pas question d'engendrer l'objet d'un projet de loi différent de la un débat à nouveau, de repartir un débat, partie administrative et, si vraiment les gens mais, comme j'ai permis vendredi à d'autres d'en face sont sérieux et cohérents, ils vont députés, à un député de l'Opposition de appuyer cette motion de scission. Je vous corriger certains propos qu'on lui avait remercie. imputés - il estimait que ses propos avaient été mal compris ou déformés et il a fait la Le Vice-Président: Donc, la motion est mise au point, ce que le député de Nelligan, déposée et, avant de me prononcer sur sa le ministre de l'Environnement, vient de recevabilité, je devrai prendre connaissance faire - je pense que c'est dans la teneur de du contenu. Si la partie ministérielle veut notre règlement. Cela clôt la discussion sur bien examiner cette motion, je pourrai l'article 212 que nous avions à ce moment- entendre ses arguments sur la recevabilité, ci. de même que ceux de l'Opposition. M. le Donc, maintenant, sur la motion de député de Nelligan et ministre de scission, M. le leader du gouvernement. l'Environnement. M. Grattons Oui, M. le Président. Il me M. Lincoln: M. le Président, avant que semble qu'en vertu de l'article 241 la motion vous interveniez sur la motion, j'aurais voulu de scission que vient de présenter le député intervenir sur l'article 212 pour rectifier des de Taillon, à sa face même, est irrecevable. propos qui ont été tenus par le député de Je suis donc prêt à entendre votre décision, Taillon qui a complètement déformé ce que M. le Président. j'ai dit. Le Vice-Président: M. le leader de Le Vice-Président: Très bien. Donc, M. l'Opposition. le député, vous pouvez en vertu de l'article 212, si vous estimez que vos propos ont été M. Chevrette: Je voudrais vous lire mal compris ou déformés, donner de très d'abord l'article 205: "Toute motion de fond brèves explications sur le discours que vous peut, sur motion sans préavis, être scindée avez prononcé. Donc, je vous cède la parole. lorsqu'elle contient plusieurs principes pouvant faire chacun l'objet d'une motion M. Lincoln: Cela va être très très bref. distincte. La motion de scission doit indiquer Le député a dit plus d'une fois que j'avais de quelle façon celle-ci s'effectue." soi-disant dit dans mon discours, que la loi M. le Président, je vous réfère aux 142 créerait un réseau parallèle. C'est tout notes explicatives du projet de loi dont les le contraire que j'ai essayé de démontrer. deux premiers paragraphes se lisent comme C'est exactement tout le contraire. Je défie suit: "Ce projet de loi modifie de nouveau la le député de Taillon d'aller chercher les Loi sur les services de santé et les services galées et de me montrer où j'ai dit qu'il y sociaux pour tenir compte des particularités aurait un réseau parallèle qui serait créé. linguistiques d'une région et prévoir le droit C'est sur cela que je voulais intervenir pour à toute personne d'expression anglaise de que le Journal des débats sache tout à fait recevoir dans sa langue des services de santé que ce n'était pas du tout mon intention et et des services sociaux, compte tenu de que ce n'était pas du tout le sens de mon l'organisation et des ressources des établisse- discours de démontrer qu'un réseau parallèle ments qui dispensent ces services. serait créé. "Il prévoit aussi, pour ces bénéficiaires, les modalités qui assurent l'accessibilité aux M. Filion: Question de règlement, M. le services de santé et aux services sociaux en Président. langue anglaise." C'est une chose, c'est un 4979 principe. santé, ce sont les articles 4, 5, 6, 7 et 8 du Au troisième paragraphe, M. le projet de loi 142. Les articles qui touchent Président, c'est bien dit: "Ce projet de loi la dimension linguistique sont les articles 1, modifie en outre les dispositions de la loi qui 3, 9 et 10, parce que c'est la promulgation, obligent un établissement à obtenir donc, il sert aux deux. À sa face même, je l'autorisation du gouvernement pour poser le répète, c'est une belle tentative de la certains actes juridiques afin que cette part du leader du gouvernement, mais, à autorisation soit dorénavant donnée par le cette heure-ci, il devra être contraint de Conseil du trésor. On y prévoit de plus que faire les deux heures qui s'imposent. celui-ci pourra déléguer cette fonction au ministre." Le Vice-Président: Évidemment, je C'est une tout autre chose. C'est une devrai rendre une décision là-dessus. Je vais délégation de pouvoir qui n'a aucunement me retirer quelques instants. Nous allons affaire avec la question linguistique des deux suspendre la séance afin que je puisse rendre premiers paragraphes. ma décision. Le leader du gouvernement Si l'on voulait continuer, on verrait faisait mention d'une décision concernant le qu'il y a véritablement trois principes, contenu juridique des notes explicatives. Cela comme mon collègue de Taillon l'a bien va de soi, évidemment, que les notes exprimé. "Enfin, ce projet de loi assouplit les explicatives sous-tendent certains articles du règles relatives aux conflits d'intérêts au projet de loi. À ce moment-ci, pour rendre sein d'un conseil d'administration d'un ma décision, je dois me référer non pas aux établissement public." notes explicatives, mais aux articles du C'est loin des affaires linguistiques, M. projet de loi, à la lumière de la motion de le Président. Donc, pour répéter l'argument scission que vous avez présentée, M. le du leader du gouvernement, à sa face même, député de Taillon. Sur ce, nous suspendons la la motion est recevable et j'attends votre séance pour quelques instants. décision. (Suspension de la séance à 1 h 24) Le Vice-Président: M. le leader du gouvernement. (Reprise à 1 h 31) M. Gratton: M. le Président, j'ai ici le Recueil des décisions concernant la procédure Le Vice-Président: À l'ordre, s'il vous parlementaire. Quant aux précédents, par plaît! Veuillez prendre place, s'il vous plaît! exemple, le leader de l'Opposition faisait Sur la recevabilité de la motion de valoir que la lecture des notes explicatives scission présentée par le député de Taillon, indique qu'il y a plus d'un principe au projet je déclare dès maintenant cette motion de loi. je vous prierais de lire, au dernier recevable puisque le projet de loi 142 paragraphe, la décision qui a été rendue le présentement à l'étude contient plus d'un 12 juin 1985. À ce moment, le président principe. Nous pouvons, tel que la motion l'a avait accepté la motion de scission. On lit, présenté, les scinder en deux catégories: dans au dernier paragraphe: "Pour déterminer les un premier temps, les services de santé pour principes d'un projet de loi, les notes personnes d'expression anglaise et, dans un explicatives n'ont aucune valeur juridique en deuxième temps, certaines dispositions soi." relatives à des dispositions d'ordre C'est tellement vrai, M. le Président, administratif. En conséquence, la motion est qu'au moment où l'on sanctionne un projet déclarée recevable et cette motion, au sens de loi les notes explicatives disparaissent et de notre règlement, fera l'objet d'un débat n'existent plus dans la loi comme telle. C'est restreint d'un maximum de deux heures et, à donc s'appuyer sur de mauvais arguments que la suite de la rencontre avec les leaders, il de se replier sur les notes explicatives. Elles y a quelques instants... À l'ordre, s'il vous n'ont aucune valeur, comme la décision plaît! précédente le dit. À la suite de la rencontre que j'ai eue avec les leaders il y a quelques instants, il a Le Vice-Président: M. le leader de été convenu que le partage du temps se l'Opposition. ferait moitié moitié pour chaque parti, soit un maximum d'une heure pour chacune des M. Chevrette: Dans la motion présentée formations politiques. Chaque formation n'est par mon collègue de Taillon, vous pouvez y pas limitée, à l'intérieur de son enveloppe, lire que la scission se réfère aux articles quant aux interventions. Sur la motion, je bien précis 1, 2, 3, 9 et 10. Vous verrez que cède la parole à M. le leader du gouverne- les articles de loi... Je ne vais quand même ment. pas lire tout le projet de loi. Les notes explicatives, dans ce cas précis, reflètent M. Gratton: Merci, M. le Président. La exactement les articles. Vous pourrez motion que vient de présenter le député de constater que ce qui regarde les services de Taillon est évidemment une motion dilatoire 4980 qui vise uniquement à retarder le débat de linguistique, donc un panier percé linguisti- fond sur le principe du projet de loi 142 que que. Voilà le projet de loi 142! - est-il utile de le rappeler? - nous avons On décide de nous faire débattre de abordé à 20 heures hier. Je vous indique ces questions de nuit comme si c'était la donc tout de suite, M. le Président, que le façon de discuter des grandes questions dans gouvernement votera contre cette motion de notre société, en plein coeur de la nuit, scission puisqu'il ne saurait... plutôt qu'au grand jour, au vu et au su de tous et de l'ensemble de notre collectivité. Des voix: Bravo! M. le Président, je me lève pour appuyer fortement la motion faite par le M. Gratton: ...cautionner quelque mo- député de Taillon visant à scinder le projet tion ou quelque geste que ce soit posé par de loi 142. Scinder le projet de loi 142, dans l'Opposition pour se défiler devant sa le jargon des parlementaires, c'est prendre responsabilité et son devoir de procéder à un projet de loi omnibus, un projet de loi qui l'étude et à l'adoption du principe du projet contient plusieurs dispositions qui ne sont pas de loi 142. liées les unes aux autres, et le diviser, en J'indique tout de suite, M. le Président, réunissant les dispositions qui concernent un pour que tous les membres de l'Assemblée même sujet, pour en faire deux projets de soient bien informés, que, compte tenu que loi différents. ce débat restreint durera au maximum deux On se rappellera, M. le Président, qu'à heures et compte tenu de l'heure tardive, l'occasion de l'élection du Parti libéral à la nous proposerons l'ajournement du débat direction du Québec la vice-première immédiatement après que ce débat sera ministre en tête et le leader du gouverne- terminé. Nous en reporterons le vote à ment, la suivant de pas très loin, sont venus demain, à la fin de la période des affaires tous les deux nous dire: C'est fini les lois courantes. Je le dis de façon que tant omnibus. On va légiférer de façon claire, de l'Opposition que les membres ministériels de façon ouverte, de façon transparente... M. le l'Assemblée nationale sachent que nous Président, je m'excuse, mais j'ai cru n'avons pas l'intention de poursuivre le débat comprendre que vous aviez fait des rappels à sur le principe du projet de loi au-delà de l'ordre à certains de mes collègues tantôt. cette durée accordée sur la motion de J'imagine que c'est bon pour les deux côtés scission. Ce débat sur l'adoption du principe de la Chambre? reprendra au cours de la séance de mardi qui, normalement, devrait être demain, mais Le Vice-Président: C'est déjà fait, M. qui est aujourd'hui. le député. Allez-y, je vous écoute.

Des voix: Bravo! M. Rochefort: Je souhaiterais, M. le Président, avoir la possibilité de m'exprimer Le Vice-Président: Sur la motion de sans les bruits de fond que certains collègues scission, M. le député de Gouin. font actuellement. M. le Président, on nous l'avait promis: M. Jacques Rochefort fini les projets de loi omnibus, on va légiférer avec des projets de loi qui ne vont M. Rochefort: Je vous remercie, M. le traiter que d'un seul principe, que d'un seul Président. Il est 1 h 35. Le leader du secteur d'activité pour permettre aux gouvernement a choisi de faire débattre d'un membres de l'Assemblée nationale de mieux projet de loi qu'il a présenté comme un légiférer, de légiférer en toute clarté, en projet de loi important - un projet de loi toute limpidité, en toute transparence pour majeur, nous ont dit un certain nombre de permettre à l'ensemble des intervenants de ministres de son équipe - non pas au moment notre société de participer au processus où l'on discute des grandes questions dans législatif, nous disait-on, pour permettre à notre société, mais au moment où il n'y a tous ceux et toutes celles qui auront des personne pour suivre les travaux de choses à dire d'avoir le temps de voir que l'Assemblée nationale. Il veut être bien ces choses sont bien comprises dans le projet certain que ce débat entourant le projet de de loi et non pas cachées à l'intérieur de loi 142, sur lequel le gouvernement se sent bon nombre de dispositions. Deuxièmement, sur la défensive, dont le gouvernement par de plus petits projets de loi, nous reconnaît toutes les faiblesses qui sont à la répétait-on, nous aurons l'occasion de mieux base et dans l'ensemble des articles qu'il associer les groupes au moyen de contient, éveillera le moins grand nombre commissions parlementaires, de mieux possible de Québécois et de Québécoises aux associer les membres de l'Assemblée questions de contenu de ce projet de loi nationale, pour qu'ils puissent mieux précipité, improvisé, mal rédigé. Comme le participer au processus législatif. décrivait le premier ministre lui-même deux M. le Président, il s'agissait là aussi jours après son dépôt, c'est un projet de loi d'une promesse de rouges, donc d'une qui constitue carrément une passoire au plan promesse non tenue. Mais nous avons 4981 l'occasion ce soir de permettre une fois - ce les juges décideront et recevront les ne sera pas une habitude, vous allez pouvoir demandes de clarification ou les plaintes qui maintenir votre attitude de ne pas respecter seront portées devant eux. En conséquence, vos promesses, ne vous en faites pas - à la faire en sorte de distinguer les projets de loi majorité ministérielle de remplir partielle- l'un de l'autre permettrait à la ministre de ment un de ses engagements qui était celui la Santé et des Services sociaux - peut-être de ne plus légiférer par des lois omnibus. avec l'aide du président du Comité de Ce que propose le député de Taillon, législation de son gouvernement - de bâtir un c'est que, d'une part, il y ait un projet de projet de loi parfaitement conforme, en loi qui traite de la question des services de totalité et en exclusivité, au discours qui santé et des services sociaux dans une autre nous est tenu. Là aussi, sur cela comme sur langue que le français, donc qu'un projet de tout le reste, on tient encore un double loi distinct traite de l'ensemble des disposi- langage, un beau discours où on dit: Non, il tions linguistiques que nous retrouvons dans n'y a pas de problème linguistique, et patati le projet de loi 142. et patata. C'est un projet de loi qui, au dire (1 h 40) même du premier ministre, est une passoire, Regrouper l'ensemble des dispositions un panier percé sur le plan linguistique. traitant des dimensions linguistiques du projet Cela permettrait aussi à la ministre de de loi 142 permettrait au gouvernement de la Santé et des Services sociaux de changer sortir de ce carcan de précipitation dans son attitude à l'égard des hommes et des lequel il s'est inséré à la date ultime pour femmes qui, chaque jour au Québec, donnent déposer des projets de loi pour voir leur des services de santé et donnent des services adoption avant le 19 décembre, soit le 13 sociaux aux Québécois et aux Québécoises novembre dernier. Il faut que le gouverne- qui ont besoin d'un soutien en matière ment sorte de ce carcan de précipitation sociale ou en matière de santé. On ne traite dans lequel il s'est inscrit depuis le 13 pas les intervenants du monde de la santé et novembre, eu égard aux dimensions des services sociaux, comme le fait la linguistiques du projet de loi 142. Il faut ministre de la Santé et des Services sociaux. qu'il permette un débat et non pas sur les On ne vient pas déposer à la toute dernière objectifs du projet de loi. Ces objectifs sont minute de notre session parlementaire un tellement partagés par l'ensemble des projet de loi, le déposer en précipitation, en Québécois et des Québécoises que déjà depuis catastrophe, en improvisation, en disant: plusieurs années et plusieurs décennies, par Écoutez, je n'ai pas le temps de discuter leur attitude de réceptivité, de respect des avec vous de ce projet de loi, quand il sera minorités, de générosité et de volonté réelle adopté, vous l'appliquerez bêtement. Ce n'est de partager leur vie et leur société avec les pas comme cela qu'on fait marcher le membres des différentes communautés, ces monde, ni dans le réseau de la santé et des derniers donnent des services à l'ensemble de services sociaux, ni dans tout autre réseau, la population, de minorité anglophone ou ni dans tout autre secteur d'organisation de membres des minorités culturelles du Québec, notre société. Il faut que la ministre de la tant en ce qui concerne les services de santé Santé et des Services sociaux s'amende, que que les services sociaux. Donc, on n'aurait la ministre de la Santé et des Services pas besoin de revenir sur l'objectif du projet sociaux reconnaisse qu'elle a fait une erreur de loi, mais cela permettrait au gouverne- en voulant bousculer ses intervenants, ses ment de refaire son projet de loi, de refaire partenaires du monde de la santé et des un projet de loi 142, quant à ses dispositions services sociaux. Il faut qu'elle vienne leur linguistiques, qui corresponde en tous points dire: Oui, je reconnais que vous avez bien au discours que nous tient la ministre de la fait votre travail dans la dispensation et la Santé et des Services sociaux. Malheureuse- fourniture des services • de santé et des ment, encore une fois, la ministre de la services sociaux à la minorité anglophone et Santé et des Services sociaux nous tient un aux minorités culturelles du Québec. Qu'elle discours, et le projet de loi qu'elle a déposé vienne le reconnaître et leur dire qu'elle est une tout autre chose. reconnaît le bon travail qu'ils ont fait. M. le Président, on a beau trouver Qu'elle vienne avec eux, comme ils lui ont agréables les propos de la ministre de la demandé, voir, à partir des problèmes que la Santé et des Services sociaux, elle ne sera ministre identifie comme des problèmes qui pas toujours ministre de la Santé et des demeurent, quels sont les moyens et les Services sociaux. De plus, lorsque des aménagements administratifs qu'on peut associations, des groupes ou des individus réaliser sur les mêmes bases que celles qu'on réclameront, devant un tribunal, à partir du a utilisées jusqu'à ce jour pour donner des projet de loi voté, les juges n'étudieront pas services en quantité et en qualité suffisantes les questions qui leur seront soumises à aux membres de la communauté anglophone partir des intentions, des discours, des et aux membres des minorités culturelles du appréciations faites par la ministre de la Québec. Il faut que la ministre de la Santé Santé et des Services sociaux, mais c'est à et des Services sociaux réponde à cette partir du contenu même du projet de loi que demande de l'Association des centres 4982 d'accueil du Québec, de la Fédération des ment. Je vous dirai que je suis justement en centres locaux de services communautaires train de démontrer quelle utilisation pourrait du Québec et de l'Association des centres faire le gouvernement s'il distinguait les des services sociaux du Québec, qui lui deux projets de loi l'un de l'autre. Donc, disaient: Mme la ministre, nous vous pour faire ce que je propose, il faut scinder demandons de surseoir et d'interrompre le projet de loi et c'est ce que je tente de l'adoption du projet de loi 142 et de venir démontrer. Évidemment, le député de Laurier explorer avec nous, les intervenants du n'a pas compris, mais là-dessus le premier réseau, Jes avenues de solutions adéquates ministre et moi, nous nous entendons très pour garantir aux bénéficiaires de la bien. Ce n'est pas pour rien qu'il ne l'a pas communauté anglophone et aux bénéficiaires nommé ministre. Je comprends bien le des autres communautés culturelles l'accès premier ministre là-dessus. aux services de santé et aux services sociaux Comme je le disais, cela permettrait de qualité auxquels ils ont droit. donc à la ministre d'aller rechercher l'appui, Dans ce même document, ces la collaboration et le partenariat de ses différentes associations non seulement collaborateurs du réseau de la santé et des reconnaissaient et réitéraient tout le travail services sociaux. On ne peut un jour traiter qu'elles ont fait à ce jour pour donner ces les partenaires du réseau de la santé et des services qui sont effectivement donnés à services sociaux de façon autoritaire et, le l'ensemble de ces personnes, mais lendemain, aller les voir et leur demander: reconnaissaient qu'on n'a pas besoin d'une loi Écoutez, accepteriez-vous de venir vous pour donner des services, puisque le passé asseoir avec nous pour qu'on puisse discuter est garant de l'avenir, que, jusqu'à ce jour, ensemble de l'amélioration de la qualité des la Loi sur les services de santé et les services de santé au Québec? Non, M. le services sociaux, par son article 5, reconnaît Président. Il faut qu'on ait toujours, en tout la nécessité de donner des services à tout le temps, une attitude ouverte, une attitude monde sans discrimination, quelle que soit disponible, une attitude constructive, une leur langue, leur race, leur couleur, leur attitude de confiance et de respect de nos religion, leurs allégeances politiques, etc. et partenaires si l'on veut aussi leur demander qu'à partir de cette disposition législative ils qu'ils donnent la pleine mesure de leurs ont donné des services et ils veulent moyens et de leurs capacités. Je pense qu'en continuer à en donner. Cela permettrait donc distinguant les deux projets de loi la ministre à la ministre de retourner chercher cette aurait l'occasion de changer son fusil adhésion, de rechercher cette confiance, de d'épaule quant à sa façon de travailler avec retrouver cet esprit de collaboration... son réseau et elle pourrait aller rechercher cet appui et cette ouverture d'esprit du Le Vice-Président: M. le député de réseau qui sont nécessaires, peut-être pas à Gouin, je m'excuse. Sur une question de la ministre, mais à l'ensemble des Québécois règlement, M. le député de Laurier. et des Québécoises qui sont aujourd'hui patients dans un hôpital ou bénéficiaires dans M. Sirros: M. le Président, je me un centre d'accueil ou dans un centre local demande simplement si le député a mélangé de services communautaires ou qui sont des ses feuilles. Il me semble que c'est le gens qui n'utilisent pas aujourd'hui des discours sur la motion de report et nous en services de santé et des services sociaux, sommes sur une motion de scission. mais qui pourraient, demain, après-demain, un jour, avoir à faire appel aux services de Une voix: II est tout mêlé. santé et aux services sociaux du Québec. Ils souhaiteront retrouver là un personnel qui est Le Vice-Président: Un instant. Évi- de bonne humeur, un personnel heureux, un demment, M. le député de Gouin, je vous personnel qui se sent respecté, qui se sent ai écouté attentivement et, à un moment reconnu par les autorités gouvernementales. donné, j'ai cru que vous aviez certains Et voilà un bon moyen pour permettre à la arguments qui ressemblaient plus à une ministre d'aller rechercher cette adhésion. motion de report qu'à une motion de (1 h 50) scission. Je comprends, l'argumentation peut Le fait de scinder ces deux projets de fusionner aussi dans ces genres de motion. loi, M. le Président, permettrait aussi à la C'est quand même assez ténu comme ministre de retirer toutes les dimensions distinction. Je vous cède à nouveau la parole linguistiques incorrectes qu'on retrouve dans en vous demandant, M. le député de Gouin, ce projet de loi. si possible de discuter sur la motion de M. le Président, la ministre de la Santé scission principalement. et des Services sociaux vient nous dire: Arrêtez de nous dire qu'on va intégrer à la M. Rochefort: M. le Président, vous me minorité anglophone du Québec les permettrez de féliciter le député de Laurier communautés culturelles du Québec parce pour son intervention profonde et importante qu'on leur dit qu'il sera possible de se faire quant au fond des sujets débattus présente- soigner ou obtenir des services sociaux en 4983 langue anglaise. Elle nous dit que la langue Services sociaux, mais qu'il a décidé de de l'intégration - c'est bien connu - c'est la confier au président du Conseil du trésor. langue de travail et la langue de l'éducation. Effectivement, M. le Président, dans le M. le Président, dans un contexte normal, projet de loi 142, on transfère des pouvoirs dans un climat normal, on pourrait qui sont entre les mains de la ministre de la reconnaître que les propos de la ministre Santé et des Services sociaux, comme de sont justes; mais dans un climat comme celui tous ceux qui l'ont précédée jusqu'à ce jour que nous connaissons depuis le 2 décembre au Québec, qui sont entre les mains aussi du 1985, lors de l'élection du gouvernement gouvernement comme réunion, comme libéral à la tête du Québec, le projet de loi ensemble, comme Conseil des ministres du 142, eu égard à ces dispositions qui font en Québec, on prend ces pouvoirs et on les sorte qu'on dit à l'ensemble des membres des transfère au Conseil du trésor. De quels communautés culturelles du Québec de venir pouvoirs s'agit-il? Il s'agit de la volonté que se faire servir en anglais dans le domaine de des établissements du réseau ont d'acquérir, la santé et des services sociaux, non pas d'aliéner des immeubles, de procéder à des dans votre langue ou en français, mais en immobilisations. Jusqu'à ce jour, sous tous anglais, vient ajouter un nouveau signal aux les gouvernements qui ont précédé l'actuel communautés culturelles comme quoi on ne gouvernement libéral, la ou le ministre de la souhaite pas que cela se passe en français au Santé et des Services sociaux prenait le Québec. Cela est un signal inadmissible et dossier en main et il posait les questions qui a été bien noté par l'ensemble des nécessaires pour bien le comprendre et, éditorialistes du Québec. ensuite, lorsqu'il était d'accord avec le M. le Président, le leader du gouverne- dossier, il allait au Conseil des ministres ment, qui est venu nous faire un petit pour bien sensibiliser l'ensemble des membres discours de clôture sur la motion de report, du Conseil des ministres qui représentent a accusé l'Opposition de tous les maux quant différentes régions du Québec, différentes aux effets linguistiques que nous avons sphères d'activité de l'organisation de notre identifiés dans le projet de loi. Dois-je dire vie en société pour bien les sensibiliser et que, en tentant de nous insulter et de nous les associer à une décision visant à dire oui prêter des propos comme ceux qu'il nous a ou non à un établissement qui voulait prêtés, ce que le leader du gouvernement a construire, aliéner un immeuble, acquérir un fait, c'est qu'il a insulté et pointé du doigt immeuble, ou procéder à des immobilisations. les éditorialistes qui ont vu la portée Cela faisait en sorte que les établissements linguistique inadmissible du projet de loi 142 du réseau étaient défendus par leur ministre et qui l'ont dénoncée à de multiples reprises de la Santé et des Services sociaux et que, jusqu'à ce jour. Évidemment, il est plus de plus, ils étaient certains que le Conseil facile de faire passer ces accusations 3ur le des ministres était sensibilisé à ces questions dos de l'Opposition que de prendre de front importantes d'acquisition, de rénovation d'im- les éditorialistes du Québec; on reconnaît meuble, d'immobilisation dans les mandats encore là l'absence de courage de la qui leur ont été donnés pour mieux servir la formation politique qui dirige le Québec population. depuis le 2 décembre 1985. Ce que le projet de loi 142 nous dit à Or, donc, M. le Président, faire des cet égard, c'est que cette responsabilité ne éléments linguistiques un projet de loi à part sera plus celle de la ministre de la Santé et permettrait au gouvernement d'aller discuter des Services sociaux. Elle ne sera plus celle en commission parlementaire avec les des membres du Conseil des ministres, mais intervenants de l'ensemble de ces questions, bien celle du Conseil du trésor. C'est, pour parce que c'est ce que ces intervenants ont nous, la consécration définitive, déjà bien demandé, permettrait de corriger pour vrai amorcée et vraiment définitive de la tutelle les trous contenus au projet de loi, les de la ministre de la Santé et des Services articles qui sont, au dire même du premier sociaux par le président du Conseil du trésor. ministre, des passoires au plan linguistique. On l'a vu dans les coupures aux différents Cela permettrait de recréer un climat positif programmes de santé, les fermetures de lits et constructif avec l'ensemble des et les abolitions de postes depuis quelques intervenants du réseau de la santé et des mois. On l'a vu dans le programme de soins services sociaux. dentaires dans lequel on coupe de D'autre part, M. le Président, la 8 000 000 $ à 20 000 000 $, sur le dos des ministre, en conséquence d'une telle motion, enfants du Québec. pourrait faire un projet de loi qui amenderait Par ce projet de loi, on s'aperçoit que à nouveau la Loi sur les services de santé et ce sont les tentacules du président du les services sociaux et qui comprendrait les Conseil du trésor qui en prennent un articles contenus au projet de loi 142 morceau additionnel et qui font que pour traitant des conflits d'intérêts et des l'essentiel, finalement, la ministre de la responsabilités que le gouvernement a décidé Santé et des Services sociaux sera non plus d'assumer lui-même, non plus de maintenant sous la tutelle du président du confier à la ministre de la Santé et des Conseil du trésor; à un point tel que les 4984 dispositions du projet de loi 142, sur ces ments du réseau de la santé et des services questions, prévoient que, si jamais, un jour, sociaux. J'avoue, quand on dépose des projets le président du Conseil du trésor accepte de de loi et qu'on dit qu'il faut adopter des reconnaître qu'il s'agit là de questions qui mesures très strictes, très rigides, plus relèvent de la ministre de la Santé et des complètes que celles que nous possédions eu Services sociaux, peut-être acceptera-t-il de égard aux conflits d'intérêts possibles des redéléguer une partie de ses pouvoirs à la membres des conseils d'administration, que ministre de la Santé et des Services sociaux, l'on se demande si, là aussi, ce n'est pas à partir d'un cadre précis et d'obligations encore le double discours. très formelles qu'il lui fera quant au respect (2 heures) des dispositions prévues au projet de loi 142. Je fais adopter des dispositions pour Or, nous disons que cela doit faire l'objet pouvoir tenir un discours comme quoi c'est d'un projet de loi distinct qui doit être bien couvert, mais les dispositions que l'on rediscuté avec l'ensemble des intervenants du fait adopter ne correspondent pas toujours. réseau. Là aussi, il a reçu un désaccord Je ne parle pas de tout le monde, M. le formel de l'Association des hôpitaux du Président, loin de là; je parle d'un certain Québec. nombre d'inquiétudes que nous avons eues et Finalement, ce projet de loi à que bon nombre d'intervenants du réseau de caractère un peu plus administratif, même si la santé et des services sociaux ont eues, à les conséquences sont aussi lourdes pour voir arriver certains hommes et certaines d'autres raisons, comprendrait aussi des femmes à la tête de conseils d'administration dispositions sur les conflits d'intérêts. Là, on à partir des nominations de la ministre de la doit commencer à s'interroger un peu sur les Santé et des Services sociaux. Là, on volontés réelles de la ministre. Cela fait commence à s'interroger et on aura certaines déjà un bon nombre de discours dans lesquels questions à poser à la ministre à l'occasion la ministre de la Santé et des Services de l'étude article par article du projet de sociaux évoque ses préoccupations quant aux loi, parce qu'il faut qu'une fois pour toutes conflits d'intérêts possibles pour les membres elle fasse le point là-dessus et qu'elle des conseils d'administration des établisse- établisse une corrélation directe entre ces ments du réseau de la santé et des services dispositions législatives qu'elle nous fait sociaux. Elle a posé un certain nombre de voter chaque saison ou presque et les gestes sur le plan administratif, eu égard à nominations qu'elle fait. On dénote, disons ces questions. Elle a inclus dans la loi 74 ou donc, pour le moins une absence de 75, au mois de juin dernier, différents élé- cohérence totale et complète entre les ments traitant des conflits d'intérêts dans les nominations qu'elle fait et les dispositions conseils d'administration des établissements qu'elle souhaite voir adopter, eu égard à ces du réseau de la santé et des services questions. sociaux. Aujourd'hui, elle nous arrive avec un Or, M. le Président, en conclusion, nous autre chapitre concernant encore une fois les souhaitons effectivement deux projets de loi: conflits d'intérêts pour les membres des un projet de loi sur les questions conseils d'administration dans les établisse- linguistiques qui doit absolument être reporté ments du réseau de la santé et des services en même temps, du même coup, au sociaux. J'avoue qu'on est sur le point de printemps prochain, parce qu'il n'y a pas demander à la ministre de faire le point une urgence, parce qu'aussi il faut que la fois pour toutes sur ces questions. Qu'elle ministre aille faire des consultations fasse donc état une fois pour toutes de ses publiques, au grand jour, au vu et au su de préoccupations des cas qu'elle voit ou qu'elle tous, pour faire en sorte qu'on en arrive à a peut-être observés au fil des ans dans le un projet de loi qui est non pas une passoire secteur de la santé et des services sociaux. au plan linguistique et non pas un désaveu de On souhaite qu'un jour ou l'autre la ministre ce qui a été fait jusqu'à aujourd'hui en finisse par faire le point sur ces questions de matière de services de santé et de services façon globale, complète et définitive pour sociaux aux minorités culturelles du Québec qu'on sache quelles sont ses réelles et à la minorité anglophone du Québec, mais tracasseries sur ces questions. bien plus un projet de loi qui permettrait de En même temps que la ministre nous poursuivre le travail fort bien réalisé jusqu'à fait adopter ses petits bouts de chapitres aujourd'hui et fort satisfaisant, eu égard à concernant les conflits d'intérêts possibles ces questions. Cela, non pas en serre chaude, dans les conseils d'administration, elle fait en cachette et à la sauvette, dans la beaucoup de nominations aux conseils précipitation et l'improvisation, mais au d'administration. Plusieurs nominations. grand jour, en prenant le temps qu'il faut pour faire en sorte que l'on sorte de là avec Une voix: Oui. On a vu ça. un projet de loi qui n'est pas farci de trous, mais qui ne va pas au-delà du discours et M. Rochefort: Cet été, elle a fait des qui fait en sorte que l'on peut faire un pas nominations dans l'ensemble des conseils réel de plus et non pas des pas de géant d'administration d'à peu près 900 établisse- dans la volonté réelle de ce gouvernement 4985 d'angliciser le Québec. en campagne électorale il n'y a pas eu Deuxièmement, un projet de loi qui d'enjeu, là, on légifère. Est-ce qu'on légifère reprendra les dispositions plus administratives mieux, M. le Président? La question se pose. eu égard à la tutelle que le président du Je vous remercie, M. le Président, Conseil du trésor veut voir définitive sur sa d'imposer l'ordre aux gens d'en face qui ont collègue, la ministre de la Santé et des toujours tendance à ne pas respecter le droit Services sociaux, et eu égard aux conflits de parole de l'Opposition. Donc, légiférer d'intérêts dans les conseils d'administration mieux, soi-disant, mais "mieux" intervient sur dans le monde de la santé et des services des projets de loi dont il n'a jamais été sociaux. Même si on n'est pas d'accord avec question. On était pour consulter et être à l'ensemble de ces dispositions, sûrement pas l'écoute. avec celles traitant de la mise en tutelle Ce matin, d'ailleurs, dans un discours définitive de la ministre de la Santé et des où elle nous faisait part de sa grandeur Services sociaux par le président du Conseil d'âme, la ministre balayait une partie des du trésor, on serait prêts à collaborer pour gens qui, normalement, au Québec, sont ceux permettre au gouvernement, si tel est son que l'on consulte. Elle avait réussi à les désir, d'adopter son projet de loi avant le 19 ramasser dans une injure dont elle seule a le décembre prochain, même si nous aurions là secret. Elle disait: Vous savez, ces aussi des amendements à apporter et des intellectuels rêveurs! Quel mépris envers les représentations à faire pour améliorer le élites d'une société que de traiter les gens projet de loi et faire en sorte que l'on aide d'intellectuels rêveurs! Les intellectuels peut-être la ministre de la Santé et des Services sociaux à sortir du joug et des rêveurs ont bien répondu au projet de loi 142 tentacules du président du Conseil du trésor. que nous présente la ministre de la Santé et des Services sociaux, Mme Lavoie-Roux, en Voilà, M. le Président, des motifs se disant tous et chacun unanimement contre concrets, positifs, constructifs, visant à le projet de loi qu'elle nous présente, lui scinder le projet de loi 142 en deux projets demandant même d'y surseoir. Mon collègue de loi distincts pour permettre à l'ensemble de Laviolette a bien donné la définition du des Québécois et des Québécoises de pouvoir mot "surseoir" qui est d'interrompre le cours, voir un projet de loi respecter ce qui se arrêter, reprendre. C'est facile à "gober", je fait, respecter les volontés du Québec et pense, une explication aussi simple que celle- respecter l'ensemble des intervenants du là; c'est très facile, le député de Lafontaine réseau de la santé et des services sociaux. le sait bien. Mais, on ne l'a pas fait. Je vous remercie. On nous est arrivé avec un projet de loi qui porte sur deux sujets. Autant la vice- Le Vice-Président: Je cède maintenant première ministre que la ministre de la San- la parole à M. le député de Saint-Jacques. té et des Services sociaux avouent donc qu'il s'agit d'un projet de loi omnibus. Il ne faut M. André Boulerice pas nous prendre pour des valises sous prétexte qu'on est 23, au contraire. On se M. Boulerice: M. le Président, il y a un rend bien compte de ce qui se passe an et quelques jours, je siégais pour la officiellement en face et l'on se rend bien première fois à cette Assemblée nationale et compte de ce qui se passe officieusement en le premier discours que j'avais à entendre face. était celui de Mme la vice-première ministre Ce projet de loi a deux portées, M. le qui, de la voix suave qu'on lui connaît, avec Président. Il a une portée linguistique très ce sourire jovialiste qui la caractérise, nous importante dont il ne faut pas sous-estimer parlait de lois improvisées, de lois mal les répercussions sur l'avenir de la rédigées, nous disait qu'il n'était plus francophonie québécoise et une autre partie question, au plus grand jamais, au Québec de qui a des dimensions d'ordre administratif, rédiger des lois omnibus, des lois où il y d'ordre financier qui relève du président du avait tout là-dedans, que tout était pour être Conseil du trésor, le mal aimé ou le d'une étonnante limpidité et d'une malentendant peut-être du Conseil des extraordinaire clarté dans les lois que nous ministres puisqu'il semble qu'aucune des apporterait le nouveau gouvernement du Parti recommandations et qu'aucun des commen- libéral. taires des gens qui l'entourent dans cette On était pour légiférer peu et on était soucoupe planétaire, sous le bunker, ne pour légiférer mieux. Un an et quelques jours soit écouté. Il semble que personne n'écoute après, je dois lever mon chapeau et la les revendications que peuvent poser de saluer, ils ont effectivement bien réussi à façon souvent très légitime et avec beaucoup légiférer peu. Quand on regarde le régime d'intelligence des ministres comme le Metrécal législatif qu'ils nous ont servi, ministre de l'Éducation qui avait pourtant la effectivement, ils ont peu légiféré. Oh, réputation d'être un social-démocrate, la coïncidence, M. le Président, ils ont peu ministre de la Santé et des Services sociaux, légiféré surtout dans des domaines qu'ils la ministre déléguée à la Condition féminine n'avaient pas abordés! Dans les domaines où et même le ministre des Relations 4986 internationales à qui l'on a coupé les budgets qui voient très bien ce qui se passe dans le d'une façon - on va employer un terme champ. Vous savez, les nuages du Complexe médical puisqu'on est en santé - drastique. G peuvent parfois nous couper de la réalité Donc, M. le Président, on est en train de ce qui se passe à terre et surtout le de nous présenter un projet de loi très mal manque d'éclairage de la salle planétaire du rédigé. Au départ, comme le dit en "bunker" peut, également empêcher de voir perroquet ou en porte-à-faux, parce que cela ce qui se passe à l'intérieur. Ces gens lui ne peut pas être un porte-voix, l'honorable ont signifié un non catégorique. collègue de Lafontaine qui s'excite dans le Un projet de loi d'importance qu'on ose fond de la salle malgré l'heure tardive et le même nous présenter à 2 h 15. Est-ce qu'ils sérieux dont ces propos devraient s'entourer, ont peur de venir en discuter en pleine ils sont en train, d'une part, de démentir la clarté et non pas à la noirceur? Est-ce qu'ils vice-première ministre quand elle faisait le ont peur de faire un débat là-dessus? long énoncé de début de session en Accepteraient-ils une invitation à venir faire remplacement du député de Bertrand qui un débat là-dessus? On va choisir un des plus avait été défait à l'élection du 2 décembre beaux petits coins de pays qui puisse exister et qui a dû attendre qu'une porte - comment au Québec. On va faire un débat là-dessus appelle-t-on ce bois que l'on défonce facile- dans le comté de Saint-Jacques, à la salle du ment et qui ne blesse pas dans les films? - Plateau, dans le parc Lafontaine. Je vais en balsa s'ouvre dans le comté de Saint- inviter ma collègue, l'affable députée de Laurent, porte très facile à enfoncer pour Vachon, à venir faire ce débat avec moi, entrer quand on veut venir à l'Assemblée quoique je préférerais avoir Mme la ministre nationale. de la Santé et des Services sociaux. Au lieu de fréquenter les cocktails de Saint-Jacques, (2 h 10) elle pourrait peut-être venir voir les gens de M. le Président ou M. le leader adjoint, Saint-Jacques et on pourrait discuter avec est-ce que vous pouvez lui demander de... les gens des établissements de santé et ceux s'il vous plaît? Je vous remercie. Donc, la des CLSC de mon comté. On pourrait parler porte en balsa du comté de Saint-Laurent a avec les gens du CLSC centre sud, contre été très facilement défoncée par le premier lequel elle portait en commission, il y a ministre au nom duquel Mme la vice- quelques heures, de très graves accusations - première ministre nous faisait part des belles je ne les révélerai pas aujourd'hui, mais on et pieuses intentions du nouveau gouverne- reprendra le débat avec elle - et du CLSC ment. La vertu se retrouvait de ce bord, la centre-ville qui offre des services à nos tarte aux pommes est en train de cuire et, compatriotes d'une autre langue que l'anglais, finalement, on était débarrassé de ces des services en français et des services dans rêveurs intellectuels que nous étions supposés leur langue. Ils reçoivent des services en être parce que nous pratiquions la espagnol, ils en reçoivent même de leur concertation nous, M. le Président. On était député, en espagnol. Le CLSC centre-ville débarrassé de ces gens et maintenant tout donne des services à cause de la présence du irait pour le mieux dans le meilleur des quartier chinois... mondes. Mais le meilleur des mondes, aujourd'hui, on voit ce que cela donne. On a le projet de loi 142 qui est Une voix: Olé! double, je vous le répète, avec un premier volet... J'allais dire "violait". Mon Dieu, M. Boulerice: Olé! Oui, effectivement, quelle explication psychologique au lapsus! dans quelques mois, pour vous, ce sera "Olé!" Avec comme premier vol ou "viol", puisque et "bye-bye"! Au CLSC centre-ville, il y a c'est le terme qu'il faut véritablement une population d'origine chinoise qui reçoit employer... Les lapsus, je vous l'ai dit, ont des services dans sa langue. Avec le projet toujours des racines psychologiques très de loi que nous présente Mme la ministre de profondes et ils nous sont toujours suggérés la Santé et des Services sociaux, le visage par les agissements des gens d'en face. M. le français de Montréal, cela va être du contre- Président, avec un premier volet, là, on dit: plaqué, cela va être du faux plâtre, cela va II y aura des services en langue anglaise être un trompe-l'oeil. À quoi cela va-t-il pour ceux qui ne sont pas d'expression nous servir d'avoir un affichage et de donner française. un maquillage français à Montréal si on On a fait cela sans débat. Mme la commence tranquillement à habituer ces gens ministre de la Santé et des Services sociaux en leur disant: Écoutez, vous êtes malades, a reçu un télégramme. Les établissements du nous sommes désolés, mais le traitement est réseau de la santé et des services sociaux en anglais? Il n'est pas en français et il s'y refusent carrément. Elle a même essayé n'est même pas dans votre langue. Seuls, de les rencontrer pour les faire changer nous sommes capables de bien vous servir, d'idée, M. le Président, et cela a été peine seuls, nous sommes capables de mettre le perdue de sa part. Ce sont des gens qui plâtre ou le cataplasme dans votre langue, connaissent leur métier, des gens qui vivent parce que c'est nous, les établissements sur le terrain quotidiennement et des gens anglophones, qui allons faire cela. C'est la 4987 création d'un deuxième réseau et d'un réseau appartient au premier ministre, je m'en parallèle, et c'est surtout - ce qui est pire excuse. Donc, voilà qu'on va l'adopter encore - nier la compétence des établisse- effectivement en pleine nuit, à deux heures ments de santé de langue française au vingt minutes, en cachette et à la noirceur, Québec, qui, depuis des années, font des sans avoir engagé les discussions et sans efforts considérables pour donner dans les avoir été capable d'expliquer très clairement langues d'origine des services aux au vu et au su de tous qu'il existe au communautés. Québec, pour ce qui est des soins de santé On l'a fait en éducation. Le programme aux communautés, de graves problèmes et un PELO, ce ne sont |ias les gens d'en face qui état d'urgence. ont fait cela (programme d'enseignement des (2 h 20) langues d'origine). Si dans mon quartier les On nous a fait le coup de Beyrouth- jeunes Portugais de première, deuxième et Ouest et de la médecine de guerre pour les troisième génération d'arrivée au Québec urgences. Là, il pouvait peut-être y avoir réapprennent la langue de leur père et nous une question d'urgence mais quand on font bénéficier de leur culture, c'est une regarde les résultats aujourd'hui - je suis mesure adoptée par le gouvernement du Parti bien placé pour les vivre dans deux des plus québécois et non par les gens d'en face. importants hôpitaux de Montréal, soit Notre- Qu'est-ce qu'ils ont fait, eux? Ils n'ont rien Dame et Saint-Luc, centres universitaires fait à ce sujet. d'ailleurs tous les deux - je pense qu'il y a Maintenant on nous présente cela pour des urgences dont la ministre des Affaires des raisons humanitaires. Cela ressemble à sociales devrait s'occuper au lieu d'essayer certains journaux - il y en avait deux à de nous faire croire que le projet de loi 142 l'époque; aujourd'hui il n'en reste plus qu'un qu'elle nous présente revêt un caractère - à certains articles d'éditorialistes ou à une d'urgence tel qu'il faut tout suspendre à presse électronique qui, le 16 novembre 1976, l'Assemblée nationale, qu'il faut apporter sac au matin, cherchaient dans les rues de de couchage et thermos de café et passer Westmount le sang qui coulait, cette pauvre une nuit complète et entière ici pour minorité anglophone égorgée, assassinée. Un discuter d'un projet de loi très mal fait, très peu plus, on était au Congo et nos autobus mal écrit, qui passe à côté, qui a trois, étaient remplis de Lumumba. Ce matin-là, quatre, cinq ou dix volets qui n'ont j'ai pris l'autobus 63 qui descend Côte-des- absolument rien à voir avec le fond de la Neiges et c'était plein de mes compatriotes question, mais qu'elle aimerait bien voir anglophones de Montréal qui continuaient adopter aujourd'hui parce que des discours d'aller travailler chez Eaton, Ogilvy's et à ont été faits là-dessus géographiquement, n'importe quel autre type d'entreprises. Il y dans des endroits bien localisés du Québec. en a qui venaient travailler en français dans Par contre - je suis bien placé pour Saint-Jacques. Je pense que même ceux qui vous en parler ayant passé plus d'une année sont retournés le soir chez eux sont et demie, tous les jours, dans les rues de retournés en excellente santé, du moins la mon comté - c'est drôle, je n'ai jamais même qu'ils avaient lorsqu'ils ont quitté la entendu un candidat du parti d'en face ou maison le matin. d'autres partis, discuter d'un problème Le texte de loi qu'on nous présente comme celui-là et me tracer un portrait tel actuellement va faire qu'en définitive ce de la réalité que j'aurais pu arriver ce soir à gouvernement ne tient pas compte du l'Assemblée et dire: Écoutez, vous avez contexte québécois, un contexte qui est raison, c'est vrai, il y a urgence; il y a des délicat, un contexte dont les équilibres sont gens qui n'ont pas de services, il y a des délicats et qui permet au français de s'y gens qui n'ont pas de soins, il y a des gens épanouir encore plus lorsqu'on lui donne les dont la vie est menacée parce qu'ils ne mesures auxquelles il a droit. Mais on peuvent s'exprimer dans l'une des deux préfère adopter à la vitesse et à la sauvette langues du Québec, le français ou l'anglais. un projet de loi omnibus, à deux volets, en En effet, s'ils ne les parlent pas... ce que pleine nuit, en pleine noirceur. Le whip semble faire un peu trop le député de Notre- adjoint du Parti libéral déjà avoue de façon Dame-de-Grâce, à qui je demanderais de bien très honnête, qu'ils font cela en pleine nuit. vouloir faire silence dans cette Chambre. C'est une élémentaire politesse que nous lui Une voix: Qestion de règlement. Whip rendons avec beaucoup de plaisir, mais il ne en chef! semble pas y avoir réciprocité. Il se pense peut-être encore en commission des Le Vice-Président: Ce n'est pas une institutions avec ses humeurs changeantes; il question de règlement, M. le leader adjoint y a aussi des humeurs changeantes de l'autre du gouvernement. côté. Personne n'est venu, M. le Président, depuis un an et demi, me dire qu'il y avait M. Boulerice: C'est vrai qu'il ne urgence à faire cela. S'il n'y pas urgence à m'appartenait peut-être pas d'apprécier son faire cela... travail et de prendre une décision qui 4988

Le Vice-Président: Un instant, M. le l'a livré à l'ouverture de la première session, député de Saint-Jacques, j'ai un rappel au à ce moment-là, qu'on prêche par l'exemple règlement. M. le leader adjoint du gouverne- et qu'on nous présente un texte de loi qui ment. soit en conformité avec ce grand énoncé de politique qu'elle nous a lancé, drapée dans le M. Lefebvre: II ne serait peut-être pas manteau de la virginité, en nous disant: Ce bête qu'on réexplique au député de Saint- sera maintenant comme ça. Ce n'est pas Jacques qu'il est à parler sur une motion de comme ça qu'on nous présente les projets de scission et non pas sur la motion de report loi. Celui qu'on a actuellement, le projet de qu'on a discutée tout à l'heure. Il parle loi 142, doit être scindé de façon que les d'urgence; alors, il serait peut-être bon qu'il deux parties du texte puissent être mises en change de dossier ou de feuilles, de points consultation auprès des gens du milieu. de repère. On est sur la motion de scission, Il y a peut-être certains milieux que j'aimerais bien qu'on le ramène à la les gens d'en face aiment consulter, mais, pertinence. quant à nous, quand on parle du mot "milieu", on s'entend bien pour dire que ce Le Vice-Président: En, effet, M. le sont les gens directement concernés. Qu'on député de Saint-Jacques, je voudrais vous vienne chez moi parler aux gens du faire part que, depuis quelques moments, Carrefour latino-américain pour savoir s'ils vous êtes plutôt, à mon point de vue, sur le en veulent. Qu'on vienne ensuite en parler fond même du projet de loi 142, alors aux gens du CLSC centre sud, à qui ils sont qu'actuellement nous en sommes au débat en train de dire qu'ils font mal leur travail. restreint sur la motion de scission. Vous Qu'ils prennent le temps de venir faire ça et devez m'expliquer ou expliquer à l'Assemblée après on en rediscutera s'ils jugent encore à les raisons pour lesquelles vous êtes en propos, surtout opportun, mais d'abord et faveur de la scission du projet de loi et non avant tout pertinent de présenter un nouveau pas parler sur le fond même du projet de projet de loi 142. Merci. loi, lequel débat se poursuivra à une autre occasion. M. le député de Saint-Jacques. M. Vallières: Question de règlement, M. le Président. M. Boulerice: Vous m'avez enlevé les paroles de la bouche, M. le Président, mais Le Vice-Président: Oui, M. le whip du je ne vous en voudrai pas; vous connaissez le gouvernement. respect que j'ai envers votre personne. Je suis en faveur de la motion de scission parce M. Vallières: J'aurais une question à que la loi n'est justement pas pertinente, M. adresser au député de Saint-Jacques, s'il me le Président, elle n'est pas pertinente! le permet. La loi touche deux volets complètement distincts l'un de l'autre: il y a des services à Le Vice-Président: M. le député de donner à une population dans des établisse- Saint-Jacques, est-ce que vous consentez à ments et il y a des règles administratives, ce que le whip du gouvernement vous adresse qui existent au niveau des conseils une question? Est-ce que vous y consentez? d'administration ou qui relèvent du Conseil du trésor, s'il s'agit d'engagements M. Boulerice: Saint-Jacques n'a rien à financiers. Si l'on se fie à la logique cacher, M. le Président. exprimée par la vice-première ministre du Québec, la no 2 du gouvernement, le projet Le Vice-Président: Très bien. Je dois de loi doit être "scindu" parce qu'il touche... vous rappeler que cette question doit être brève et que la réponse doit être également Des voix: Ha! Ha! très brève.

M. Boulerice: Oui, oui, "scindu", c'est M. Vallières: Puisque le député de le terme qu'il faut employer. Saint-Jacques appuie la motion de scission, j'aimerais qu'il nous indique laquelle de ces Une voix: Scindé. deux parties de motion il compte appuyer? Quelle partie du projet de loi qui est scindé M. Boulerice: Le gouvernement ne peut compte-t-il appuyer? Qu'il nous dise sur pas se ceindre d'un tel projet de loi, M. le laquelle il est d'accord. Président, ce serait indécent. Ce ne serait sûrement pas une couronne à porter pour lui, Le Vice-Président: M. le député de un projet de loi aussi mal rédigé. C'est donc Saint-Jacques. en contradiction avec l'énoncé gouverne- mental quant aux nouvelles façons de Des voix: Ha! Ha! légiférer au Québec. S'ils ont pris le temps d'écrire un texte, dont la ministre n'est pas M. Boulerice: Je n'ai jamais dit que sortie une seconde d'ailleurs quand elle nous j'appuierais une des deux parties. Je leur ai 4989 dit d'aller refaire leurs travaux; ils sont mal droit de l'individu. Je me suis toujours dit faits. Quand ils reviendront, on verra. cependant que tout cela pouvait s'opérer par voie administrative. Pourquoi ai-je dit que Des voix: Ah bon! cela devait s'effectuer par voie admi- nistrative? Parce que le Québec change Le Vice-Président: Très bien. Je cède de visage dans certains coins. H y a des maintenant la parole au leader de l'Opposi- régions qui étaient à 60 % anglophones il y tion. a quelques années et qui sont à 40 % anglophones présentement. C'est la minorité M. Guy Chevrette francophone d'alors qui est devenue une majorité francophone. Je crains que dans M. Chevrette: Merci, M. le Président. certains milieux on ait l'inverse en tant que Vous me permettrez de résumer en quelques problème. Ce serait difficilement corrigeable phrases ma position sur cette motion de des textes législatifs, alors que sur le plan scission du projet de loi. D'abord, vous me administratif, d'une façon souple, d'une façon permettrez de dire que, tel que rédigé, ce correcte, on peut spontanément, en l'espace projet de loi, à sa face même, indique qu'il d'une semaine au Conseil des ministres, touche à deux choses nettement différentes. modifier par décret des choses et faire en Parler de conflits d'intérêts et parler de sorte de donner des directives ou d'émettre changement d'autorité de la ministre de la des décrets pour que l'on procède de telle et Santé et des Services sociaux par rapport au telle façon. Conseil du trésor, ce sont deux choses qui À mon point de vue, cela se fait, M. le font partie du contexte administratif. Par Président. D'autant plus que dans le texte de ailleurs, parler de l'accessibilité aux soins en loi je me rends compte que l'on parle de langue anglaise, c'est une chose qui peut partage d'argent. Là encore dans les être traitée complètement seule. À mon établissements ou dans les institutions, c'est point de vue, c'est une erreur que de l'avoir extrêmement pénible. J'ai eu à vivre le imprimé de cette façon, parce qu'il ne partage entre VM et MM et j'explique que permet pas un débat correct. On est obligé c'est le CSS Ville-Marie et le CSS Montréal de mêler deux dimensions et je pense que métropolitain. J'avais demandé une étude et cela brouille les cartes. d'ailleurs je demanderai à la ministre C'est pour cette raison fondamentale demain, concernant mon énoncé sur le fond, que, personnellement, je suis pour la scission. de déposer les études qu'ils ont faites quant Je suis aussi pour la scission parce que le à la budgétisation des structures en place. projet de loi, tel que libellé, à mon point de Ce n'est pas toujours facile quand il y a des vue, prête à interprétation en ce sens qu'il notions de territorialité et des notions laisse sous-entendre qu'au moment où on se linguistiques, puis qu'il y a des notions de parle il n'y aurait pas de services en langue conception de travail qui peuvent être anglaise. Je trouve dommage qu'il soit rédigé différentes d'un organisme, d'une institution de cette façon. C'est donner une fausse à une autre quand il s'agit de budgétiser. impression d'un projet de loi. Le législateur Depuis longtemps on me criait sur tous ne doit pas parler pour ne rien dire. Il doit les toits que le CSS Ville-Marie était être clair. Il doit être limpide. surbudgétisé par rapport au CSS Montréal (2 h 30) métropolitain. Malheureusement, les élections Personnellement, ayant occupé le poste sont arrivées et je ne sais pas si l'étude a de ministre de la Santé et des Services été remise à la ministre, mais on n'a pas eu sociaux, j'ai toujours été d'une grande clarté d'étude sur ce point. Mais cela avec quelque groupe que ce soit. Nulle part m'apparaîtrait important. Si jamais le en Amérique du Nord ailleurs qu'au Québec, rouleau compresseur passait et, la voix du l'on ne retrouve autant de services que ceux nombre parlant, ce projet de loi était adopté qui sont donnés à notre minorité anglophone. tel quel, je suis persuadé, M. le Président, Et voici qu'on essaie, par ce projet de loi, qu'on risquerait d'avoir des injustices d'intéger les communautés allophones à la monumentales. minorité anglophone du Québec. Cela Au Québec présentement on n'a pas le m'apparaît une autre erreur fondamentale droit de se payer ce type d'injustice, sous pour un coin de pays qui veut demeurer prétexte que l'on règle des problèmes francophone dans cette mer nord-américaine temporaires. J'ai eu à vivre des expériences anglophone. et personnellement je suis un de ceux qui M. le Président, je regrette qu'on laisse rencontraient régulièrement le comité des sous-entendre ces choses par les textes. Je allophones, comité des allophones, d'ailleurs, le regrette fondamentalement, parce qu'à auquel j'avais octroyé une subvention de mon point de vue cela fausse le débat et je 40 000 $, précisément pour qu'il se penche ne trouve pas cela correct. lui-même sur des politiques d'accessibilité Tout au long de mon règne au aux services sociaux et aux services de ministère de la Santé et des Services santé, M. le Président. On ne me fera pas sociaux, j'ai toujours fortement appuyé sur le accroire que la mère haïtienne qui réside 4990 dans tel quartier n'aimerait pas recevoir ses l'accentuation de la mise sur pied de services dans sa langue. À mon point de vue, programmes. Je pense que même les groupes en ce qui concerne la politique d'embauche, d'allophones sont prêts présentement à faire favoriser l'engagement d'allophones qui des recommandations précises pour pallier peuvent traiter dans leur propre langue, ce ces lacunes existantes. C'est là-dessus qu'on serait une mesure carrément supérieure à ce devrait davantage axer nos débats. que l'on vise par le projet de loi. C'est la même chose pour les italophones et pour les Le Vice-Président: M. le leader adjoint Portugais. du gouvernement. On peut, par des mesures adminis- tratives et avec une volonté politique, M. Roger Lefebvre en arriver à présenter des politiques d'embauche, des politiques de rétention de M. Lefebvre: M. le Président, on a eu personnel allophone à l'intérieur des à débattre tout à l'heure une motion de structures, pour permettre la plus gran- report qui visait strictement à gagner du de accessibilité. Bien souvent, ce qui temps et à reporter le débat à plus tard, car manque présentement, en particulier auprès on n'ose pas, évidemment, débattre le fond des personnes âgées allophones qui ne pour les raisons que j'ai expliquées tout à maîtrisent ni le français ni l'anglais, c'est l'heure. qu'elles n'iront pas nécessairement chercher On a à faire face au même genre de les services sociaux et les services de santé débat lorsqu'on nous présente une motion de sous prétexte qu'elles ne sont comprises par scission qui vise essentiellement, lorsqu'elle a personne. Je l'ai vécu ce problème et je suis sa raison d'être, à diviser en deux un projet profondément touché par ces situations de loi qui contient deux principes qui sont auxquelles on a à faire face. C'est les énoncés qu'on retrouve aux articles 205 inconcevable que l'on ne puisse pas assurer et suivants de nos règlements. dans leur langue, en particulier - je ne parle Le projet de loi 142, M. le Président, pas des jeunes qui peuvent s'intégrer à la contient un principe fondamental, le droit communauté - aux personnes âgées, le droit pour une personne d'expression anglaise de d'avoir des services de qualité. Je suis l'un recevoir des services de santé dans sa de ceux qui favorisent beaucoup la formule langue. Le reste n'est que de l'accessoire qui par le biais administratif. Je ne me suis pas ne contredit pas le principe que je viens démenti là-dessus. d'énoncer et qui ne constitue pas non plus un J'écoutais le député de Fabre citer autre principe que celui auquel je viens de tantôt des extraits de déclarations que j'ai faire allusion. Je m'appuie sur les notes faites; je m'en suis toujours tenu à la explicatives du projet de loi 142 qui dimension administrative, autant devant énoncent le principe et qui, quant au reste, Alliance Québec qu'avec les groupes disent tout simplement que le projet de loi d'allophones. J'avais la conviction que je vise à modifier des dispositions de la loi, pouvais y arriver, M. le Président, comme donc à modifier ce qui existe déjà - il n'y a ministre, à l'époque, parce que je considérais pas de nouveau principe - et également à que ces formules sont souples et qu'elles assouplir des règles, particulièrement quant tiennent compte des réalités et des situations aux conflits d'intérêts. Il n'y a donc qu'un mouvantes. Il y a des populations qui nouveau principe, qu'on veut inclure dans la changent de place en l'espace d'un rien de loi sur les services de santé, et c'est celui temps. Je prends par exemple l'est de qui veut que toute personne d'expression Montréal où l'on sait qu'il y a actuellement anglaise puisse recevoir des soins dans sa une forte concentration d'allophones. Les langue et rien d'autre. CLSC, à ce moment-là, n'ont peut-être pas J'ai particulièrement été impressionné, le même visage qu'ils devraient avoir, ils M. le Président, par les propos du leader de n'ont peut-être pas le visage qu'ils devraient l'Opposition et je tiens pour acquis que, s'il avoir et qu'ils avaient il y a à peine deux ou est logique avec lui-même, il se rappellera trois ans. Il y a eu des explosions de d'abord ce qu'il a dit dans le passé et il se développements domicilaires et je pense qu'il rappellera ce qu'il a dit il y a à peine 15 ou nous faut tenir compte de ces réalités. 20 minutes, à savoir que, dans les faits, il Je ne veux pas prolonger le débat à existe déjà au Québec des services de santé cette heure, M. le Président. J'aurai donnés en anglais. Ce qu'on veut, par le l'occasion de revenir sur le fond et j'espère projet de loi 142, c'est strictement que ma contribution permettra qu'on ait bien reconnaître, par une loi ce qui existe en tête, pour un, mon objectif fondamental effectivement dans les faits. Si le leader de qui est de permettre dans ce Québec à l'Opposition est conséquent avec lui-même, je visage français que les droits individuels tiens pour acquis qu'il devra nécessairement soient protégés, mais qu'on permette, avec approuver le projet de loi 142 ou faire une cette ouverture vis-à-vis des allophones, entourloupette ou une pirouette comme celle qu'ils puissent recevoir les services dans leur qu'il a déjà faite et que le député de Fabre langue par des politiques et par lui a d'ailleurs rappelée ce soir, à savoir que 4991 lui, tout comme le chef de l'Opposition, au travaux de l'Assemblée nationale. cours de l'année 1985, a, à plusieurs reprises, M. le Président, à ces gens qui consacré le principe que l'on retrouve dans manquent de courage, à ces gens qui le projet de loi 142, à savoir que la manquent de cohérence, à ces gens qui communauté anglophone devrait avoir droit à manquent de jugement, qui n'ont aucun des soins de santé dans sa langue. On a eu respect des engagements qu'ils ont pris dans évidemment droit à une autre version le passé - peu importe de quel dossier l'on particulièrement assez troublante, ce soir, discute, c'est toujours la même attitude - je par le chef de l'Opposition. Je dois dis ceci: Dès cet après-midi on aura reconnaître chez le leader de l'Opposition un l'occasion de voter sur la motion de scission peu plus de franchise et j'ose espérer que et c'est bien évident que l'on votera cela se traduira de façon concrète lorsqu'il unanimement contre cette motion, de sorte abordera le débat de fond. que l'on puisse - je pense que c'est pressant M. le Président, évidemment, la motion - débattre du projet de loi 142 qui n'est de scission est mal fondée. On la présente à qu'un moyen de donner à une population qui l'Assemblée nationale ce soir parce qu'on est y a droit des soins de santé dans sa langue. mal à l'aise de discuter du fond du débat. Merci, M. le Président. On est mal à l'aise parce que, comme je viens de le dire, dans le passé on a dit Le Vice-Président: Ceci met fin au exactement le contraire de ce que l'on débat sur la motion de scission présentée par s'apprête à dire. Lorsqu'en campagne M. le député de Taillon. Nous devons électorale on voulait flirter avec la procéder à la mise aux voix de cette motion. communauté anglophone, on ne s'est pas gêné Le vote sera reporté comme un vote pour lui dire: On prendra soin de vous, mes enregistré à demain, pardon, à la prochaine chers amis, on vous donnera ce à quoi vous période des affaires courantes. avez droit. Autrement dit, on vous donnera Sur ce, l'Assemblée nationale ajourne ce que contient le projet de loi 142. À ses travaux à ce mardi 9 décembre, à partir du moment où ces gens se retrouvent 10 heures du matin. dans l'Opposition, dans le but de se bâtir un capital politique en déplaçant encore une fois (Fin de la séance à 2 h 45) le sujet qui est de tenter de faire un débat linguistique autour d'un problème strictement de services de santé, ils sont obligés de se contorsionner et de dire le contraire de ce qu'ils ont dit à plusieurs reprises par plusieurs porte-parole qui n'étaient pas les moindres dans le parti de l'Opposition. Je fais référence au chef de l'Opposition et également au leader de l'Opposition. Vous savez, M. le Président, lorsque j'ai entendu le député de Saint-Jacques faire référence au fait que l'on débattait à 2 h 30 du matin le projet de loi 142, c'est vraiment là que j'ai compris qu'il ne savait pas exactement ce qu'il faisait. Il parlait sur une motion de scission et j'ai eu l'impression qu'il se croyait sur le fond du débat. Depuis 20 heures, hier soir, il y a eu à peine deux heures de débat sur le fond. Tout le reste a été des moyens dilatoires, j'ai eu l'occasion de le mentionner tout à l'heure: motion de report, motion de scission. Évidemment, la population saura juger sévèrement l'Opposition. D'ailleurs, c'est fait, on a eu l'occasion de le voir lors du dernier sondage. Ces gens-là ne sont pas sérieux. Ces gens-là ne visent qu'à obstruer les travaux parlementaires de façon systé- matique. Cela se fait en commission par- lementaire et cela se fait également dans les travaux de la Chambre. La population saura leur rappeler à un moment donné qu'une Opposition doit jouer un râle beaucoup plus positif, doit viser à améliorer la législation et non pas à obstruer de façon constante et systématique, sans raison, les