L’image de la Perse et des Perses au IVème siècle chez Ammien Marcellin : tradition romaine et tradition arabo-persane : regards croisés Wijdene Bousleh
To cite this version:
Wijdene Bousleh. L’image de la Perse et des Perses au IVème siècle chez Ammien Marcellin : tradition romaine et tradition arabo-persane : regards croisés. Littératures. Université de Strasbourg, 2016. Français. NNT : 2016STRAC001. tel-01294939
HAL Id: tel-01294939 https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01294939 Submitted on 30 Mar 2016
HAL is a multi-disciplinary open access L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est archive for the deposit and dissemination of sci- destinée au dépôt et à la diffusion de documents entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, lished or not. The documents may come from émanant des établissements d’enseignement et de teaching and research institutions in France or recherche français ou étrangers, des laboratoires abroad, or from public or private research centers. publics ou privés. UNIVERSITÉ DE STRASBOURG
ÉCOLE DOCTORALE DES HUMANITES
EA 3094
THÈSE présentée par : Wijdene BOUSLEH
soutenue le : 5 janvier 2016
pour obtenir le grade de : Docteur de l’université de Strasbourg Discipline/ Spécialité : Sciences de l'Antiquité : langue et littérature anciennes
L’IMAGE DE LA PERSE ET DES PERSES AU IVème SIÈCLE CHEZ AMMIEN MARCELLIN. TRADITION ROMAINE ET TRADITION ARABO-PERSANE : REGARDS CROISÉS.
THÈSE dirigée par : Mme CHASSIGNET Martine Professeur, Université de Strasbourg
RAPPORTEURS : M. BAUDOU Alban Professeur, Université Laval, Québec Mme KASSAB-CHARFI Samia Professeur, Faculté des Sciences Humaines et Sociales de Tunis
AUTRES MEMBRES DU JURY : Mme SCHNEIDER Catherine Maître de conférences HDR, Université de Strasbourg
Remerciements
Il est dou d e p i e i i a e o aissa e à tous eu ui o t aid e et soutenue.
Je tie s d a o d à e p i e a p ofo de g atitude à o Di e teu de recherche, Mme Martine CHASSIGNET, qui, depuis mon mémoire complémentaire de Maste , a e ad e tout au lo g de es a es de e he he. Pa sa igueu , elle a app is à app e d e.
Je remercie par ailleurs Mme Samia KASSAB-CHARFI, Mme Catherine SCHNEIDER et M. Alban BAUDOU pour avoir bien voulu accepter de faire partie du ju ha g d alue o t a ail.
Ma gratitude va aussi à mon mari, Faouzi, pour son soutien infaillible et la o p he sio do t il a fait p eu e du a t es lo gues a es, ai si u à es parents. Ils ont toujours cru en moi.
À tous, je dis un très grand merci.
Ma pe s e a e fi à a fille, Is aa, l a ge ui a illu i a ie et a permis de surmonter mes moments de découragement.
Je dédie cette thèse de doctorat aux miens.
3
INTRODUCTION
4
« Ammien Marcellin a pendant très longtemps été un auteur peu lu et peu tudi … . E deho s d tudes o sa es à des poi ts particuliers, aucune o og aphie d i po ta e e la gue f a çaise a ait t pu li e depuis le XIXème siècle avant la thèse magistrale de Guy Sabbah consacrée à La M thode d A ie Marcellin parue en 1978. Seul Ernest Stein, dans son Histoire du Bas-Empire, dès , a ait pe çu u A ie Ma elli tait, selo lui, le plus g a d g ie littéraire que le monde ait connu entre Tacite et Dante »1. Si l affi atio d E. Stein peut pa aît e uel ue peu po peuse, il e est pas moins vrai que l œu e d A ie , les Res Gestae, commencée vers 380 et achevée vers 3952, ite effe ti e e t d t e tudi e ta t su le pla histo i ue ue su le pla litt ai e. De fait, l ou age, do t le dessei a ou pa l auteu lui-même était de pou sui e l œu e de Ta ite3 et qui ne comportait pas moins de trente-et-un livres, avait pour objet le récit de deux cent quatre-vingt-t eize a es de l histoi e de Rome, du principat de Nerva (96) à la mort de Valens (378). De ces trente-et-un livres, malheureusement, seuls les livres XIV à XXXI, correspondant aux années 353 à , so t pa e us jus u à ous. Ces di -huit livres ont cependant suffi aux Mode es pou u ils el e t tous, sa s e eptio , la pla e i po ta te a o d e pa l histo ie au dig essio s sa a tes do t l œu e est émaillée4. Ces egressus, plus ou moins longs, portent sur les pays étrangers dans lesquels évoluent les acteurs des événements historiques relatés : p o i es d O ie t, Th a e, Gaules, Eg pte… ; ils o t gale e t pou sujet les peuples ui ha ite t. Ammien se
1 Cité par RATTI 2009, p. 319.
2 Pour une datation plus précise, voir infra, n. 62, p. 27.
3 AMM. XXXI, 16, 9.
4 Pou les auteu s d ou ages g au , oi pa e e ple ANDRE-HUS 1974, p. 161 ; MARTIN- GAILLARD 1990, p. 139 ; CIZEK 1995, p. 316 ; ZEHNACKER-FREDOUILLE 2005, p. 427 ; RATTI 2009, p. 352. Pou les auteu s d ou ages sp ifi ues, oi infra, p. 36-40.
5 rattache ainsi à une longue tradition, celle de Polybe, ou, pour en rester à la littérature de langue latine, de César, Salluste ou Tacite.
Les conquêtes de Rome ont eu pour effet, tout au long de son histoire, d a oît e la supe fi ie de l E pire et, parallèlement à cet accroissement, de développer l atta he e e t des Romains pour la connaissance géographique et eth og aphi ue du o de o u d alo s. Leu i t t, d a o d da a tage e t sur le Bassin méditerranéen, la Germanie et la Bretagne, s est e suite d pla e s l O ie t au cours des siècles. Ammien, offi ie de l tat-major romain5, a découvert la Perse et les Perses à deux reprises : lo s u il a accompagné le général Ursicin en Orient, en 353 et 357 sous le g e de l e pe eu Co sta ce II, puis quand il a suivi son successeur, l e pe eu Julie , lo s de l e p ditio de e de ie o t e les Perses de janvier à juin 363, date de la mort de Julien. En consacrant, dans les Res Gestae, plusieurs développements à la Perse et aux Perses, il rejoint la d a he des histo ie s d Ale a d e ui a aie t sui i le o a ue hell isti ue dans ses expéditions ; A isto ule, si l o en croit Strabon, aurait ainsi relaté les coutumes relatives au mariage des jeunes filles pauvres en Inde6.
La digression sur la Perse et ses habitants, sans aucun doute le plus célèbre des egressus d A ien, occupe une place importante au livre XXIII, lui-même consacré aux événements qui vont du d ut de l a jus u au a il de la même année. La description y tient, comme il se doit, une place importante. Cependant, si cette digression qui traite de la Perse et des Perses est le texte d A ie le plus o u, ie d aut es passages leu so t gale e t d olus. Particulièrement nombreux sont, entre autres, les développements consacrés aux acteurs du conflit qui a opposé Rome aux Perses sassanides entre 354, date de la première mention des Perses dans les livres qui nous sont parvenus, et 378, date au-delà de la uelle ous e poss do s plus le te te d A ie . Du a t ette p iode, ˃o ai s et Sassa ides au o t de esse de s aff o te jus u à la o t de Julien, survenue sur le champ de bataille, à Ctésiphon, le 26 juin 363. Les extraits
5 Pou la iog aphie d Ammien, voir Annexe n° 1, p. 414.
6 STRAB. XV, 1, 62.
6