Le Retour De La 7\350Me Compagnie.Wps
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Comme pour illustrer le proverbe "à tout malheur, quelque chose est bon", suite au décès de Pierre Mondy, TF1 a rediffusé le premier film de la trilogie de la 7e compagnie. Déprogrammer un film hollywoodien pour rendre hommage à un comédien français n'était pas arrivé depuis bien longtemps. C'est dire l'importance que tenait Pierre Mondy dans l'espace culturel français. Homme de théâtre, de télévision et du cinéma, rarissimes sont ceux qui n'ont pas entendu parler de lui ou ne l'ont pas vu jouer, jusque dans les jeunes générations. Bien sûr, on peut critiquer le choix du film choisi pour lui rendre hommage. Certains auraient préféré revoir les longue jambes de Mireille Darc, mais la 7e compagnie reste un incontournable de sa carrière, comme le Gendarme de Saint-Tropez, dans lequel il failli jouer, le fut pour d'autres. Mais la trilogie de la 7e compagnie tient une place bien à elle dans l'espace culturel français. Elle est un hymne à la France des antihéros et Pierre Mondy en est le héros. La 7e compagnie commence par une France en déroute, qui fuit les bombes et se cache dans les bois. La 7e compagnie n'est pas une unité d'élite, constituée de commandos lourdement armés allant au feu sans peur. Elle est une unité de transmission, un lien entre un terrain mouvant et un état-major qui recule au fur et à mesure que le front se rapproche. Dans La 7e compagnie le Chef Chaudard, Tassin, et Pithiviers ne sont pas non plus des va-t-en-guerre, ils sont les acteurs malgré eux d'une France en guerre. C'est par hasard qu'ils se retrouvent seuls devant prendre des initiatives, se battre, affronter l'ennemi et même tuer. Le tueur, il est professionnel, c'est Tassin, un presque émigré au coeur tendre se battant pour la France. Pithiviers, ce cantonnier fier de son métier m'en rappelle un autre. C'était en 1983, au service militaire, lui aussi était cantonnier, lui aussi était fier. Il ne savait ni lire ni écrire mais voulait faire son service militaire comme les autres. Il le fit et y apprit à lire et à écrire. Le chef Chaudard aussi est fier de son métier de quincailler. Mais il fait plus dans l'ustensile de cuisine dit-il. Lui aussi m'en rappelle d'autres croisés ici et là. Comme lui et comme eux, moi aussi, il m'arrive, non pas de gonfler mon CV, mais de mettre en avant ceci ou cela, plus valorisant. C'est en cela que le chef Chaudard et ses acolytes nous sont sympathiques, ils nous ressemblent. Comme pour mieux les rendre antihéros, Robert Lamoureux leur a mis un vrai guerrier à coté en la personne du bel aviateur bourreau des coeurs délaissés pour cause de guerre. A eux tous, ils ne gagneront pas la guerre mais aideront la France à se battre pour sa liberté et sa dignité. D'audaces en gaffes, ils retourneront à la vie civile dans le troisième film. Dans une France au double visage, ils resteront eux-mêmes, simples, faisant simplement leur métier. La simplicité des moeurs, l'amour de leur métier et le sens du devoir sont leurs guides de film en film. Antihéros, leur entourage l'est aussi. La simplicité et la discrétion sont aussi les maîtres mots et la protection de ces résistants du quotidien. Eux ont choisi de se battre vraiment, à leur façon, pour leur liberté, leur dignité mais aussi pour celle des autres. C'est en cela que la 7e compagnie est intemporelle. Elle nous rappelle que ce n'est pas forcément ceux qui se montrent à la télévision, monopolisent les micros des radios, s'affichent en pleine page dans les journaux qui font que la vie s'améliore. Les antihéros comme le chef Chaudard, Tassin et Pithiviers, ils sont des milliers et plus dans la France d'aujourd'hui. Ils n'ont pas fait de grandes écoles, ils n'ont pas de grandes responsabilités, mais ils sont fiers de ce qu'ils sont et font. Eux aussi sont discrets et vivent avec des moeurs simples dans une France compliquée à l'avenir aussi incertain qu'en temps de guerre. D'ailleurs la guerre n'est pas si loin quand ils ouvrent leur journaux, radios et télévisions. Plaisanter, rire puis s'arrêter dans un silence d'excuse, comme Pithiviers voyant un cimetière en haut du mur, sont des moments déjà vécus, en croisant un fauteuil roulant ou un brancard par l'un dans un hôpital, par l'autre au détour d'un couloir. Voilà pourquoi des acteurs comme Pierre Mondy vont nous manquer et que l'on regardera à nouveau avec plaisir ses films, désuets pour certains, mais si rafraichissants pour tous ceux qui aspirent à une vie simple d'antihéros dans un monde pacifié. Film de 1973 Durée : 91 minutes Ecrit et réalisé par Robert Lamoureux chez Gaumont International Musique originale de Henri Bourtayre Acteurs principaux: - Jean Lefebvre (Pithivier) - Pierre Mondy (Chaudard) - Aldo Maccione (Tassin) - Pierre Tornade (Dumont) - Robert Lamoureux (Blanchet) - Eric Colin (Duvauchel) - Jacques Marin (l'épicier) - Paul Bisciglia (le père) - Alain Doutey (Carlier) - Robert Dalban (le fermier) - Florence Blot (la doctoresse) Lors de la débâcle de juin 1940, la septième compagnie de transmission, camouflée dans un bois, est capturée par les Allemands. Seuls trois hommes partis en éclaireurs échappent à l'ennemi : les soldats Pithiviers (Jean Lefebvre) et Tassin (Aldo Maccione) et le sergent-chef Chaudard (Pierre Mondy). Pithiviers, Tassin et le sergent-chef Chaudard établissent une liaison téléphonique entre leur position d'observation et le bois où la 7e compagnie est regroupée. Malheureusement le fil traversant la route, s'étant soulevé lors de l'abattage d'un arbre, bloque une colonne allemande qui a tôt fait de comprendre la situation et d'encercler la 7e compagnie. S'ensuivent alors de nombreuses tentatives des trois soldats pour ressortir du piège dans lequel ils sont tombés. Ils rencontrent le lieutenant Duvauchel (Érik Colin), pilote de chasse dont l'avion a été abattu, et qui prend le commandement du groupe. Par hasard, en passant dans une bourgade, ils croisent une dépanneuse de chars allemande et sont forcés par une maladresse de Pithiviers de se battre. Surpris par leur présence, les Allemands n'ont pas le temps de répondre et sont tués par Tassin. Les quatre hommes prennent alors le véhicule et pendant leur escapade vers le front, tentent de comprendre le fonctionnement du véhicule, en particulier du canon positionné au- dessus du chauffeur. Par un pur hasard ils sont aiguillés sur le mauvais chemin et rattrapent une colonne de prisonniers français surveillés par des soldats allemands, qui n'est autre que la 7e compagnie. Le trio les dépasse et force les Allemands qui les surveillent à avancer plus vite devant leur véhicule, laissant sans surveillance les soldats français, qui s'empressent de disparaître dans le bois longeant la route. Ainsi la 7e est libérée. Le fim se termine sur une scène se déroulant quatre ans plus tard, en juin 1944, depuis un avion piloté par le lieutenant Duvauchel, les trois compères sont parachutés sur la France. Pithiviers ayant glissé dans l'avion (la glissade est un ressort comique récurrent du film), les trois hommes tombent prématurément de l'appareil. Anecdotes : Robert Lamoureux a écrit son film en se basant sur une partie de son histoire personnelle vécue pendant la débâcle de juin 1940. Comme dans les autres films qu'il a réalisés, Robert Lamoureux joue un rôle dans Où est passé la Septième compagnie ?, celui d'un personnage secondaire, le Colonel Blanchet. Le scénario situe les héros dans la forêt de Machecoul (Loire-Atlantique). En réalité, le film n'a pas été tourné à Machecoul ; la majorité des scènes ont été tournées dans le sud de la région parisienne, dans les Yvelines et en Essonne, dans les environs de Cerny et La Ferté-Alais, ainsi que vers Jouars- Pontchartrain et Rochefort-en-Yvelines. La célèbre scène de l'épicerie a quant à elle été tournée à Bazoches-sur-Guyonne. Les blindés allemands sont en fait des modifications en contreplaqué sur la base du char américain M24 Chaffee, les semi- chenillés sont maquillés sur la base des Halftracks américains de la Seconde Guerre mondiale de type M3. La scène du combat aérien de Duvauchel a été très probablement tournée près de La Ferté-Alais, où se situe la collection d'avions anciens de Jean Salis. Comme il n'existait plus aucun avion de chasse français de 1940 en état de vol, ce sont plusieurs North American T-6 Texan, avion d’entraînement militaire américain de 1937, qui tiendront lieu d'avions français (probablement un Bloch MB.152) et de ses adversaires allemands (probablement des Messerschmitt Bf 109), grâce à des peintures de camouflage et marquages adéquats. On notera également l'apparition furtive d'un Messerschmitt Bf 108 Taifun construit sous licence en France dans l'immédiat après-guerre par la SNCAN. La scène finale du parachutage est basée sur un fait réel : Des parachutistes SAS français furent parachutés en Bretagne par groupes de trois, dès la nuit précédant le débarquement du 6 juin 1944 et les jours suivants, pour neutraliser le réseau ferré breton dans le cadre du débarquement en Normandie. Avec cette réserve que les héros du film sautent en plein jour et sont vêtus d'uniformes américains, alors que les paras de la France libre, intégrés dans les SAS, étaient équipés d'uniformes anglais et sautaient de nuit. Répliques célèbres : - Alors comme ça, vous vous battez dans la forêt de Machecoul..