Les Branquignols Fut Une Troupe De
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Les Branquignols fut une troupe de comédiens créée par Robert Dhéry et Colette Brosset parmi lesquels on comptait Louis de Funès, Jean Lefebvre, Jean Carmet, Jacqueline Maillan, Michel Serrault, Micheline Dax, Christian Duvaleix, Pierre Olaf, Jacques Legras, Robert Rollis, Roger Caccia, Pierre Tornade, Annette Poivre... à la fois comédiens, musiciens et chansonniers. 1 Elle fut active des années 40 au début des années 70. Leurs spectacles avaient aussi un parfum de scandale car ils comportaient systématiquement de jolies filles dévêtues, ce qui était audacieux pour l'époque. Leur nom reprend l'expression branquignols qui désigne à la fois des personnes excentriques, se mettant dans des situations tragi-comiques ou se plaisant à les provoquer, mais aussi des individus qui n'inspirent pas confiance, soit par manque de sérieux, soit par manque d'intelligence. 2 Nous voici à la fin de la guerre. Robert a envie de percer mais la période n'est guère propice. Grâce aux encouragements d’Alibert, il monte «Trois de la marine» et a la fierté de faire beaucoup rire Marcel Pagnol, Raimu et Charpin. Paris est libéré, le cinéma aussi ! Quelques 3 petits rôles se présentent, comme dans «Le merle blanc» 1944) : "J’étais un acteur d’omoplates, mais je gagnais ma vie en observant les monstres, et Saturnin Fabre en était un, inégalable !". Une ravissante partenaire débutante, Martine Carol, lui donne la réplique dans «En êtes- vous bien sûr ? ». Colette est également au générique. Pierre Braunberger choisit Robert Dhéry pour incarner Filochard, aux côtés de Maurice Baquet (Ribouldingue) et de Rellys (Croquignol) dans le premier des deux 4 épisodes tirés des histoires des fameux Pieds Nickelés (1947). A la demande du producteur, Robert assiste le metteur en scène. Colette est encore de l’aventure. Pendant le tournage, le jeune couple a la belle idée de fabriquer leur petite Catherine. Beau succès également pour les films ! Enfin, le couple sort de l’anonymat. Suprême récompense, on fait appel à Robert pour mettre en scène Bourvil à l’Alhambra. Celui, qui n’était qu’une voix à la radio, devient rapidement célèbre. Robert a 5 écrit un texte loufoque, «Les gaufrettes». Il s’agit d’une série de sketchs où tout se “casse la gueule”. Après plusieurs refus, il le fait lire à Jean Richard. Celui-ci, une fois remis de ses rires, pousse Georges Herbert à monter le spectacle. Gérard Calvi compose la musique, Francis Blanche écrit les chansons et tous les amis 6 sont appelés en renfort. Une ravissante et toute timide Micheline Dax chante les couplets. A cette bande de copains se joignent Pierrette Rossi, la fille de Tino, Rosine Luguet, fille d’André, Christiane Minazzoli, mais aussi Raymond Bussières inséparable d’Annette Poivre. Henri Bernstein, employeur de Robert, le traite de “Guignol” ! Voilà un nom pour remplacer «les gaufrettes» que personne n’a envie de conserver. Un jour, un oncle de Colette, assistant à la répétition, lance : "Robert ! il est un peu branque ton 7 Guignol !" Merci tonton ! Le 20 avril 1948, au théâtre La Bruyère, la première des «Branquignols» est un moment épique ! Robert, metteur en scène, joue ailleurs, et c’est l'heure précise choisie par Catherine pour venir au monde ! Sur scène pourtant, tout se passe formidablement bien ! Quand Robert arrive, il annonce la naissance et mesure en même temps le succès de sa pièce ! C'est le bonheur ! Tous les acteurs se précipitent à la maternité pour embrasser Colette et le bébé. C’est cela, les 8 Branquignols ! Le spectacle est surréaliste, complètement loufoque. Il se jouera plus de mille fois ! Bourvil, l’ami fidèle, prête Etienne Lorin, un de ses musiciens pour quelque temps. Celui-ci ne voulant plus repartir, Bourvil entre dans le jeu et, de temps en temps, sans prévenir, traverse la scène du théâtre La Bruyère en lançant à 9 son musicien : "Je t’attends à la fin du spectacle » !". Bientôt, un autre farfelu se joint à la troupe. Il s’appelle Michel Serrault. Laquelle troupe variera inévitablement avec le temps et les tournées … En 1949, Robert Dhéry adapte les «Branquignol» (s) pour le cinéma. Des noms viennent s’ajouter, comme ceux de Pierre Destailles, Raymond Souplex, Pauline Carton, Gabriello et Carette. Mais le film déçoit le public autant que le réalisateur : "il fut ce qu’il devait être : un machin 10 sympathique, bricolé à la diable". Les aventures “branquignolesques” se poursuivront sur la scène, avec «Dugudu» (musique de Francis Blanche), «Jupon Vole» qui s’expatriera à Londres sous le titre de «La plume de ma tante» (750 représentations) avec un succès mémorable, y compris auprès de sa Très 11 Gracieuse Majesté. Cette dernière impose qu’aucune coupure ne soit faite ! Les comédiens osent donc présenter le fameux numéro de la “pissotière” ! Queen Elisabeth et sa sœur Margaret n’auront aucune honte à avouer avoir bien ri ! La nouvelle revue du couple, «Ah! Les belles bacchantes !», rèvèle Louis de Funès avant de connaître une adaptation cinématographique (1954). On se souvient de la danse “jazzy” si inattendue des moines, une chorégraphie signée De Funès, Colette ayant créé celles des autres 12 ballets. Mais Robert et Colette ne se contentent pas de “branquignoler”. Lui réalise quelques films, comme «La patronne» (1949) avec Annie Ducaux, ou «Bertrand, cœur de lion» (1950) où ils apparaissent ensemble. Et surtout, ils décident de traverser l’océan Atlantique pour présenter «La plume de [leur] tante» … Première à Broadway, au Forest Theater : réaction glaciale de l'audience ! Nos branquignols ignoraient que le public attendait la réaction des critiques pour se 13 manifester, ce qu'ils firent positivement. "Nous étions inondés de bonheur", un bonheur qui s’accentua quand le lendemain, Robert constata une queue interminable devant le théâtre ! Le triomphe se transforme bien vite en un show télévisé, tandis que Robert Dhéry devient le “funny frenchman”. «La plume de ma tante» décrochera le Tony Award du meilleur 14 spectacle musical de l’année 1959. "Pourtant, au bout de 4 ans, nous avions mal à la France". Robert souhaite rentrer, Colette aimerait rester. "Nous nous aimions trop pour imaginer une séparation, même provisoire". Le retour est difficile, le monde du spectacle ayant oublié les Branquignols. Heureusement, le projet cinématographique de «La belle Américaine» (1961) remet les choses à leurs places. Le succès dépasse toutes les espérances ! En France d’abord mais 15 ensuite partout dans le monde, jusqu’au Japon ! Robert devra refuser les suites qu’on ne manqua pas de lui proposer. Il se souvient alors d’un rêve exprimé par l’ami “Fufu” : "Mon rêve serait de danser et chanter dans une comédie musicale". Ce sera «La grosse valse». Parfois, sur scène, Louis s’adresse au public et, parlant de Robert : "Regardez-moi cet imbécile …Il 16 me fait rire, il me fait rire …" Le public était persuadé que ces mots figuraient dans le texte. 500 représentations au Théâtre des Variétés ! En 1964, une idée de Pierre Tchernia aboutit au film «Allez France». La troupe est à nouveau réunie : "Nos pitreries se vendirent bien"! «La communale» (1965) de Jean Lhôte , «Trois hommes sur un cheval» (1969) de Marcel Moussy et «On est toujours trop bons avec les femmes» (1971) de Michel Boisrond relèvent de cette catégorie. 17 Jean Carmet est l'auteur dune bonne partie des dialogues du «Petit baigneur» (1967) qui connaît un succès appréciable puisque 5,5 millions de spectateurs viendront rire aux exploits de Fourchaume / De Funès et de Castagnier / Dhéry, entourés de la bande habituelle. Après 450 représentations sur scène, «Vos gueules les mouettes» (1974), une 18 succession de gags à la manière des premiers triomphes, est une gentille moquerie des Bretons qui n’auront pas vraiment apprécié. Mais l'ensemble est si drôle … En 1973, Colette réalise que les Branquignols ont 25 ans. Et si l’on remettait ça ? Bien sûr, tout le monde a 25 ans de plus, et certains, comme Jack Ary ou Roger Saget, ne sont même plus là … Mais quand on a un chromosome de plus et qu’il s’agit de celui de la rigolade , est- on contraint d’être sérieux ? Branquignol- 19 bis restera à l’affiche deux ans. Comme Béatrix Dussane l’avait prévu, Robert et Colette, ça a formidablement marché ! 20 Colette Marie Claudette Brossé naît à Paris, le 21 février 1922. Son papa Daniel, que tout le monde surnomme “Bouboute”, travaille aux Halles. Il sera, grâce à son métier, l’accueillant cantinier pendant la guerre, des Gélin, Périer, Blier, Reggiani et autres qui viendront se rassasier de la bonne cuisine bien nourrissante de son épouse Marthe que tout ce beau jeune monde aura adoptée. Bouboute abritera pendant la guerre deux américains clandestins et prêtera sa boîte à lettres pour abriter 21 des messages discrets. Généreux, les parents de Colette hébergeront le jeune couple Dhéry au début de leur mariage en 1943. Colette est la sœur cadette de Claude, qui n'est pas le comédien Claude Brosset ! Dès ses premiers pas, ses parents se rendent à l’évidence, leur bout de chou a les pieds “en dedans”. Comme remède, on leur conseille la danse ! C’est ainsi que, toute petite, Colette va apprendre cet art que l’on dit si difficile et devient petit rat à l’opéra. Elle remportera par la suite un 22 premier prix international de la danse, mais comme le dira son clown de mari, elle marchera toujours les pieds “en dedans”. Cependant, cet apprentissage exigeant donnera à la jeune danseuse le goût de la scène. Elle s’inscrit bien vite au fameux Cours Simon. Elle a 16 ans, est alors plutôt 23 menue, blonde avec des yeux tout ronds… Une jolie petite “bille de clown”.