UNIVERSITE D’ANTANANARIVO ECOLE SUPERIEURE DES SCIENCES AGRONOMIQUES DEPARTEMENT AGRICULTURE
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Mémoire de fin d’étude En vue de l’obtention du diplôme d’Ingénieur agronome Option AGRICULTURE
Présenté par : Heriniaina RAMAHEFARISON
Soutenu le 28 juin 2004 Promotion : RAITRA (1999-2004)
- 1 - REMERCIEMENTS
L’aboutissement de ce mémoire a vu la contribution de plusieurs personnes que je tiens à remercier de tout cœur.
Plus particulièrement j’adresse
- Ma profonde gratitude à Madame RAHAJARITOMPO RABEHARISOA Lilia, Chef de service Radioagronomie et Professeur à l’Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques, qui malgré ses multiples fonctions a accepté de présider cette soutenance de mémoire.
- Mes sincères reconnaissances à Monsieur RAKOTONDRAVELO Jean Chrysostome, mon tuteur dont les appuis –conseils et assistance m’ont toujours été d’un grand soutien durant les différentes étapes de réalisation de ce mémoire.
- Mes vifs remerciements à Monsieur RAZANAKOLONA Harison, Directeur du centre FIFAMANOR, d’avoir accepter de siéger parmi les jury.
- Mes salutations les plus distinguées à Madame RASOAMAMPIONONA Berthe, Madame RAZAFIMANANTSOA Marie Paule et à Monsieur ANDRIARIMALALA Zakariasy Imanoela pour les soutiens moraux qu’ils m’ont apportés.
- Un très grand merci à ma famille d’avoir toujours été là pour moi durant mes cinq années d’études.
- 2 - Résumé
Malgré les changements et les progrès réalisés au cours du dernier quart du siècle, des milliers d’hommes vivent encore prisonniers de conditions de pauvreté absolue : sous alimentés, illettrés, malades, entassés dans des quartiers sordides, au taux de mortalité infantile très élevé et avec une espérance de vie très faible. Des conditions qui les placent au dessous du seuil concevable pour un être humain. Manifestement les actions de développement ont failli à leur rôle. Ces actions ne cadraient pas avec le contexte écologique, socio-économique des zones où elles étaient entreprises et de ce fait n’ont pas pu aboutir aux résultats escomptés. Plus précisément, les paquets d’innovations techniques et organisationnelles n’ont été accessible que pour certains groupes de personnes et n’intéressaient que quelques secteurs. Contextes naturels, histoire et ruralité des sociétés construisent une identité et créent la disparité d’une région à l’autre et même d’une exploitation à une autre. Chacune des différentes zones et catégories a été conduit à faire des choix différents pour l’organisation de leurs productions et pour l’intégration des innovations vue qu’elles n’ont pas les mêmes moyens de production, ni les mêmes disponibilités en foncier et en travail. Nous avons abordé cette question de variabilité dans la région d’Andranomanaletra, une zone à hautes potentialités agronomiques grâce à son climat et ces ressources pédologiques. Cette zone est également caractérisée par une forte présence d’acteurs de développement. Les exploitations agricoles de la zone d’étude sont très hétérogènes et montrent des intérêts et capacités différents pour intégrer les innovations techniques et organisationnelles . Les caractéristiques structurelles d’une catégorie déterminent dans une large mesure le choix des productions et des techniques que les exploitations de cette catégorie peuvent adopter . Cette variabilité résulte des interactions des plusieurs facteurs notamment spatial, temporelle et ressources foncières et financières. L’enclavement a aussi participé à creuser l’écart entre région. Cette hétérogénéité des systèmes de production est l’un des facteurs limitant l’aboutissement des précédentes interventions qui n’ont pas tenu compte de cela. Désormais, les acteurs de développement doivent adopter des stratégies permettant de viser toutes les catégories surtout les plus démunies afin qu’il y ait un réel développement.
- 3 - Liste des abréviations
CI : Consommation Intermédiaire
ESSA : Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques
PB : Produit Brut
PCD : Programme Communal de Développement
PRN : Pie Rouge Norvégienne
RA : Revenu Agricole
RA/A : Revenu Agricole par Actif RNA : Revenu Non Agricole
RNA/A : Revenu Agricole par Actif
SE : Système d’Elevage
SC : Système de Culture
VAB : Valeur Ajoutée Brute
VAN : Valeur Ajoutée Nette
- 4 - Liste des tableaux et cartes
Tableau 01 : Les principaux acteurs de développement et leurs activités
Tableau 02 : Occupation de l’espace pour la partie orientale
Tableau 03 : Occupation de l’espace pour la partie occidentale
Tableau 04 : Calcul du seuil de reproduction
Carte 01 : Zone d’étude
Carte 02 : Commune rurale d’Ambano
Carte 03 : Commune rurale d’Ambohimiarivo
Carte 04 : Commune rurale d’Andranomanelatra
Carte 05 : Les principaux types de sols d’Antsirabe
- 5 - Liste des photos
Photo 01 et 02 : Paysages de la zone d’étude Photo 03 et 04 : Sols érodés et versants colonisés par les cultures et habitations Photo 05 : Rivière de Manandona et les rizières qu’elle inonde Photo 06 : Puit à Samiadala Photo 07 : Route d’Ambohimiarivo Photo 08 : Maison traditionnelle à Morarano Photo 09 : Dispositif TAFA Photo 10 : Vaches PRN de FIFAMANOR Photo 11 et 12: Rizières et tanety de la zone orientale Photo 13 et 14 : Rizières et tanety de la zone occidentale Photo 15 : Soro-kahitra Photo 16 :Asa soritra Photo 17 : Confection de balais et vente de bois de chauffe Photo 18 et 19: SC associant arbres fruitiers et cultures vivrières Photo 20 et 21 : SC associant cultures vivrières et cultures de rente Photo 22 et 23 : Mais et tomate ; principales cultures de la zone d’étude Photo 24 et 25 : Elevage bovin Photo 26 et 27 : Elevage porcin Photo 28 et 29: Elevage avicole
- 6 - Liste des figures
Figure 01 : Courbes des données climatiques
Figure 02 : Toposéquence de la zone orientale
Figure 03 :Toposéquence de la zone occidentale
Figure 04 :Facteurs influençant le système de production végétale
Figure 05 : Facteurs influençant le système de production animale
Figure 06 : Typologie des systèmes de production de la zone orientale
Figure 07 : Typologie des systèmes de production de la zone occidentale
Figure 08 : Courbe d’élaboration du revenu de la catégorie 01
Figure 09 : Courbe d’élaboration du revenu de la catégorie 02
Figure 10 : Courbe d’élaboration du revenu de la catégorie 03
Figure 11 : Courbe d’élaboration du revenu de la catégorie 04
Figure 12 : Courbe d’élaboration du revenu de la catégorie 05
Figure 13 : Courbe d’élaboration du revenu de la catégorie 06
Figure 14 : Courbe d’élaboration du revenu de la catégorie 07
Figure 15 : Courbe d’élaboration du revenu de la catégorie 08
Figure 16 : Courbe d’élaboration du revenu de la catégorie 09
Figure 17 : Courbe d’élaboration du revenu de la catégorie 10
Figure 18 : Disponible par bouche des 10 catégories
Figure 19 : Revenu par actif des 10 catégories
- 7 - Table des matières
INTRODUCTION...... 10 I – La zone d’étude fait partie des Hautes Terres malgaches...... 12 I-1- Localisation géographique : partie sud du Vakinakaratra...... 12 I- 2-Etudes du milieu physique : ancien bassin lacustre ...... 17 121-La Géologie : socle cristallin ancien surmonté d’un volcanisme ...... 17 122- La morpho-pédogenèse : une vaste pénéplaine entre deux chaînes montagneuses . 18 123- Un climat tropical d’altitude ...... 21 1231- Climat favorable à des cultures diversifiées ...... 21 1232- L’érosion, la grêle et la non maîtrise de l’eau : principales contraintes climatiques ...... 23 124- Ressources naturelles : dégradation de la couverture végétale...... 24 126- Hydrographie : l’eau source de bienfait et de catastrophe...... 25 127-Des infrastructures rares ...... 25 I – 3- Etudes démographiques...... 26 131-Un territoire marqué par le passé...... 26 132-Une population homogène ...... 27 133-Des logements assez frustres ...... 28 134 - Beaucoup d’ acteurs de développement...... 29 135 -Conclusion partielle ...... 33 II- Résultats des études :évolutions et caractéristiques des systèmes agraires ...... 33 II- 1- Les limites et contraintes de l’étude...... 34 II –2- Les transformations du système agraire ...... 34 II-3- Le système agraire actuel, ses caractéristiques et ses composantes...... 35 231-La pression foncière...... 36 232-Des équipements agricoles réduits au strict minimum ...... 36 233-Une main d’œuvre rare mais bon marché...... 37 234-Des systèmes de culture diversifiés ...... 37 2341-Généralités ...... 37 2342-La diversité des cultures : contraintes et atouts du milieu naturel ...... 38 2343-L’occupation de l’espace : la mise en valeur du territoire...... 38 2344 - Les rizières : des espaces productifs rythmés par les crues et décrues des eaux ...... 38 2345- Tanety supports des cultures pluviales ...... 42 2346 -La gestion de la fertilité ...... 48 235- Les systèmes d’élevage...... 52 2351- Elevage bovin...... 52 2352- Elevage porcin ...... 53 2353- Aviculture ...... 53 236- Les activités para -agricoles...... 55 237 – Conclusion partielle...... 56 III-La variabilité des systèmes de production ...... 57 III -1- Les facteurs de la variabilité...... 57
- 8 - 311-Le facteur historique ...... 57 312-Le facteur spatial...... 58 313-Le facteur temporelle ...... 58 314-Le facteur projet...... 58 315-Facteur élite...... 59 316-Le facteur ressources en capital ...... 59 III -2- Typologie des systèmes de production...... 62 321- Les critères de différenciation...... 62 322- Les différentes catégories de système de production...... 65 323-Le seuil de reproduction...... 95 III-3 Les perspectives d’avenir...... 101 331-Les propositions de développement...... 101 332- Modèle de projet ...... 102 3321- Les missions du projet ...... 102 3322- Les composantes du projet et leurs activités...... 103 CONCLUSION...... 105 BIBLIOGRAPHIE...... 106 Annexes - Données climatiques - Résultats d’analyse du sol - Fiche d’enquête - Compte d’exploitation des 10 catégories
- 9 - INTRODUCTION
En milieu rural la pauvreté se présente sous plusieurs formes: obsolence des moyens de production, raréfaction des pâturages, pénurie d’eau potable, carence de la couverture sanitaire, insécurité juridique, manque de participation aux processus décisionnels…et cette liste est loin d’être complète. Certains de ces problèmes datent de plusieurs décennies, d’autres sont récents. Ainsi la libéralisation des marchés a creusé les écarts au sein de la population rurale. Certains producteurs, disposant de ressources importantes, peuvent réagir avec souplesse aux évolutions du marché et font partie des gagnants. Les autres figurent parmi les perdants, ils doivent vendre aux prix les plus bas et acheter aux prix les plus élevés ; les difficultés financières, l’endettement et l’insécurité alimentaire les frappent de plus en plus durement.
Depuis l’indépendance et même avant, la pauvreté et le retard des zones rurales sont au cœur des débats relatifs à la politique de développement. Pendant des années et même des décennies, des programmes ambitieux destinés à améliorer les conditions de vie en milieu rural ont occupé une place de choix de l’activité des organismes de développement et des bailleurs de fond. Mais pour la plupart, ces programmes s’intéressaient à un seul secteur. Il y avait aussi les projets visant à promouvoir l’agriculture et introduire de nouvelles méthodes de production et de nouvelles variétés. On avait espéré que toutes ces nouveautés finiraient par améliorer les conditions de vie de la population dans son ensemble. Or l’expérience a montré que ces projets manquaient d’envergure. Il restait d’autres freins : mauvais raccordement aux infrastructures de communication, accès insuffisant au marché et pénurie de capital. Autre défaillance de ces projets était qu’ils collaboraient uniquement avec les paysans considérés comme modernes, dans l’espoir que les innovations feraient rapidement tache d’huile. Toutefois cet espoir s’est révélé illusoire. Les problèmes de l’espace rural sont tellement polymorphes qu’il serait vain de chercher une solution miracle. Le niveau de vie des producteurs reste alors très bas et ils ne disposent pas de ressources financières suffisantes pour améliorer leurs moyens de production. L’appui aux petites exploitations agricoles, pourvoyeurs principaux d’emplois est essentiel. Apparemment semblable, les exploitations sont très différenciées. Cette différenciation engendre des intérêts différents et des capacités différentes pour intégrer les innovations techniques ou organisationnelles. Il importe de comprendre ce que chaque catégorie
- 10 - d’agriculteur a intérêt à faire et ce qu’elle a les moyens de faire pour pouvoir élaborer des propositions d’amélioration qui cadrent avec leurs systèmes de production. (Jean Chrysostôme RAKOTONDRAVELO 1999)
Notre question générale de travail porte sur la diversité des situations agraires d’une région. Nous avons choisi les paysages ruraux et les exploitations paysannes rurales de le région d’Andranomanelatra plus précisément de la commune rurale d’Ambohimiarivo constituant la zone orientale, et celles d’Andranomanelatra et partiellement d’Ambano, la zone occidentale. L’objectif des études faites dans le cadre de ce mémoire est donc de mettre en exergue cette variabilité intra et inter zone. Pour la réalisation du diagnostic technique permettant d’obtenir les données et renseignements utiles, quatre types de sources d’information ont été utilisées : recherches bibliographiques, observations du paysage, entretiens avec des informateurs privilégiés et discussions avec les paysans suivies des enquêtes des ménages choisis à partir de la typologie.
Cet ouvrage comporte trois parties dont la première décrit le milieu d’étude . La deuxième partie se concentre sur l’étude des systèmes agraires. Elle en souligne les évolutions, les caractéristiques des systèmes de culture et des systèmes d’élevage et accorde une place particulière aux atouts et contraintes de ces derniers. Enfin la dernière partie traite la grande diversité des systèmes de production en mettant l’accent sur l’état de fonctionnement des différentes catégories, leurs performances et leurs perspectives d’avenir.
- 11 - I – La zone d’étude fait partie des Hautes Terres malgaches
Cette partie est consacrée pour la présentation générale de la zone d’étude. Ainsi nous allons voir successivement la localisation avec comme appui des cartes, suivie des études du milieu physique.
I-1- Localisation géographique : partie sud du Vakinakaratra
La zone d’étude se trouve dans la Préfecture du Vakinakaratra sur les hautes terres centrales entre les :
- Latitudes 21°90 - 22°10S - Longitudes 49°70 – 49°80E
L’altitude moyenne est de 1600m
La région est traversée par la route nationale7. Elle est délimitée :
- au Nord par la commune d’Antanifotsy - au Sud par la commune d’Antsirabe - à l’Est par la chaîne de montagne d’Ambohibehivavy - à l’Ouest par la chaîne d’Ankaratra.
Trois communes rurales à savoir Andranomanelatra, Ambano et Ambohimiarivo sont concernées par l’étude ( cf. cartes n° 1 à 4).
- 12 -
Légendes : Zone d’étude
Carte 01 : Carte tirée des cartes des cartes topographiques au 1/100 000 : feuilles n° 49 et 0-49
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- 16 - I- 2-Etudes du milieu physique : ancien bassin lacustre
Cette partie contient les descriptions géomorphologiques et pédologiques de la zone d’étude.
121-La Géologie : socle cristallin ancien surmonté d’un volcanisme
Cette description géologique a été inspirée des ouvrages de F. BOURGEAT 1973. La géologie de la zone d’étude est le résultat de trois événements majeurs qui ont affecté la roche mère migmatite d’âge archéen de la série d’Ambatolampy :
- Le volcanisme tertiaire, survenant après la fracturation Gondwanienne (phase tectonique de Crétacé). Le soulèvement, le bombement et la fracturation des hautes terres ont repris de l’ampleur. Ainsi débuta le volcanisme qui a formé l’Ankaratra à partir de 7 millions d’années avant Jésus Christ. Il est responsable de la mise en place des basaltes effusifs très fluides mio-pliocènes.
- La phase d’effondrement, responsable de la longue faille du Betampona, provoquée par les nombreuses émissions de laves du massif volcanique
- Le remplissage du bassin par des sédiments volcano- lacustres. C’est un bassin d’effondrement volcano-tectonique qui s’est rempli de sédiments volcano-lacustre fin tertiaire début quaternaire, après l’obstruction des vallées par du volcanisme récent.
La région de Vakinakaratra est constituée essentiellement de roches granito gneissique du socle précambrien. Le substratum sain est matelassé par 20 à 40m de roches pourries coiffées par des sols ferrallitiques rouges acides désaturés, alluminiques, sans indurations ferrugineuses.
Les sols sont profonds et sont caractérisés par une décomposition très poussée des minéraux primaires qui existaient dans la roche mère originelle. Cette décomposition s’accompagne d’une perte de silice par lessivage et aboutit à une libération et individualisation d’une quantité élevée de sesquioxydes non seulement de fer mais aussi d’aluminium. Les minéraux argileux dans ces sols sont essentiellement constitués par la kaolinite.
- 17 - 122- La morpho-pédogenèse : une vaste pénéplaine entre deux chaînes montagneuses
Les potentialités en sols sont limitées, environ plus de la moitié de la superficie de la région est constituée de sols ferrallitiques lessivés. L’observation des paysages, la lecture de cartes topographiques, de photos aériennes et le parcours sur le terrain ont permis d’identifier les grands types de paysages à l’intérieur de la cuvette lacustre.
Un axe NNO- SSE présente les grandes unités suivantes :