EXPOSITION Exhibition Peintres roumains en Bretagne (1880-1930) ROMANIAN PAINTERS IN BRITTANY

Il est particulièrement éclairant, pour la compréhension de l’histoire culturelle de la Bretagne, d’associer en un même lieu les créations de sa population et la manière dont elles ont été perçues par des personnalités extérieures à celle-ci. Eclairant et enthousiasmant, tout spécialement quand cela nous conduit, comme aujourd’hui, à révéler ce qu’à peu près tous nous ignorions encore : la renommée de la Bretagne dans les milieux artistiques roumains des deux derniers siècles, après que Grigorescu eût fait connaître à ses compatriotes la beauté de la région. Jusqu’à la coupure brutale de la Seconde Guerre mondiale, ils vinrent alors nombreux, les Nicolae Grant, Theodor Pallady, Gheorghe To understand the cultural history of Brittany it Petraşcu, Ştefan Popescu, Elena Popea, is particularly enlightening to bring together in Jean Al. Steriadi, Iosif Iser, Constantin one place not only creations by Breton people, Petrescu-Dragoe, Rodica Maniu, Max W. but also works showing how artists from outside Arnold, etc. Tant de noms totalement the region perceived Brittany. Enlightening and also heartening, especially when it gives us the inconnus du public français, malgré opportunity, as is the case today, to reveal something leur attachement pour notre pays. which hardly anyone has been aware of up to now: C’est là aussi l’objet des expositions the renown of Brittany within Romanian artistic européennes du Musée breton : renouer circles during the last two centuries. When the des liens culturels et artistiques que painter Grigorescu told his compatriots about the la Guerre puis l’oppression totalitaire beauty of the region, Romanian painters flocked ont brisés. Nous les retissons, ces to Brittany up until the onset of the Second World liens, grâce à l’amitié et au savoir War. They included Nicolae Grant, Theodor de nos collègues roumains du Musée Pallady, Gheorghe Petraşcu, Ştefan Popescu, Elena national de Bucarest, principale Popea, Jean Al. Steriadi, Iosif Iser, Constantin institution muséographique roumaine Petrescu-Dragoe, Rodica Maniu and Max W. avec laquelle c’est un honneur, pour Arnold, most of whom are totally unknown to French people, despite their strong attachment to le Musée breton, de collaborer. Nous our region. Another objective of the exhibitions A short guide to the Summer Exhibition 2009 A short guide to the Summer Exhibition exprimons notre gratitude et notre of European artists held at the Musée Breton is to amitié à nos chères collègues Roxana renew the cultural and artistic links which were Theodorescu, directeur général du broken by the war and subsequent totalitarian Musée, Dana Crişan, Monica Enache, oppression. We have rebuilt these links, thanks to conservatrices, pour nous avoir the friendship and knowledge of our colleagues at accompagnés et soutenus dans cette the National Museum of in , whom it is an honour to work with. We should PETIT JOURNAL entreprise. like to express our gratitude and friendship to our dear colleagues Roxana Theodorescu, Director- Philippe Le Stum General of the Museum, Dana Crişan and Monica Conservateur en chef Enache, the curators, for their help and support in Directeur du Musée départemental breton mounting this exhibition. PLOUGASTEL-DAOULAS Nicolae Grigorescu LES ÂGES DE LA VIE (Pitaru, 1838 – Câmpina, 1907)

Grigorescu commença sa carrière étant désormais portée seulement comme peintre d’icônes, de décors par les touches de couleur. d’églises et monastères. En 1862, Grigorescu était très attaché à ses il gagna , où il travailla dans toiles bretonnes, au point qu’il leur l’atelier de Charles Gleyre en même fixait des prix très élevés, afin de temps que Claude Monet, Auguste s’assurer qu’aucun acheteur ne Renoir et Alfred Sisley, avant d’être pourrait les acquérir ! Exposées en admis à l’École des beaux-arts. Mais Roumanie, elles eurent une influence dès 1863, il abandonna ses études déterminante sur l’évolution de la académiques pour rejoindre la peinture dans ce pays. colonie artistique de Barbizon, qu’il fréquenta jusqu’en 1869 pour peindre Grigorescu began his career by painting icons and en plein air, « sur le motif », selon decorating churches and monasteries. In 1862 he l’exemple de Corot, Courbet ou moved to Paris where he worked in the studio of Millet. Ainsi, l’École de Barbizon a-t- Charles Gleyre at the same time as Claude Monet, elle représenté un moment décisif Auguste Renoir and Alfred Sisley, before gaining 1 dans la carrière artistique du peintre admission to the École des Beaux-Arts. However, roumain et, par son intermédiaire, after barely a year he abandoned his academic influencé l’évolution de toute la studies and joined the Barbizon group of artists peinture roumaine. to paint from real life in the open air, following Grigorescu revint à Paris en 1876, the example of Corot, Courbet and Millet. He se familiarisant alors avec l’art des remained with the group until 1869. Thus the impressionnistes Renoir, Berthe Barbizon School marked a turning point in the Morisot et Camille Pissarro. Entre artistic career of Grigorescu and, through him, 1878 et 1880, il peignit à Vitré, Dinan, influenced the entire development of Romanian Granville, au Mont-Saint-Michel, à painting. Fougères, puis encore à Vitré, Dinan Grigorescu returned to Paris in 1876, and et Granville entre 1880 et 1887. Après soon became familiar with the work of the le clair-obscur et la touche lisse de la Impressionists Renoir, Berthe Morisot and période de Barbizon, ses œuvres des Camille Pissarro. Between 1878 and 1880, he années 1880 témoignent d’une plus painted at Vitré, Dinan, Granville, Mont-Saint- grande vivacité. Leur expressivité Michel and Fougères. He returned to Vitré, Dinan est soutenue par une palette plus and Granville between 1880 and 1887. After lumineuse et par l’élimination de la the chiaroscuro and smooth brush strokes of his 2 ligne, la construction des volumes Barbizon period, his works of the 1880s were far livelier, maintaining expressivity through the use of brighter colours, an absence of lines and intense patches of colour to give an idea of volume. Grigorescu was very fond of his Breton canvasses, so much so that he asked very high prices for them so that no-one would buy them! They remained on exhibition in Romania and were strongly influential on the development of painting in the country.

1. Intérieur à Vitré. Huile/toile, 1876-1883. Interior at Vitré. Oil on canvas, 1876-1883.

2. Portrait de petite fille bretonne.Huile sur bois, [1880-1885]. Portrait of a little Breton girl. Oil on wood, [1880-1885]. 3. Côte en Bretagne. Huile sur toile, [1883-1884]. On the coast of Brittany. Oil on canvas, [1883-1884]. PAGE DE COUVERTURE ET DOS DE COUVERTURE : Iosif iser, Plage (détail). Aquarelle et encre de Chine, [1926]. Beach scene.Watercolour and Indian ink, [1926].

3 Nicolae Grant (Bucarest, 1868 – 1950)

Nicolae Grant naquit au manoir meura fidèle à une vision réaliste de Belvédère, propriété familiale au nord la nature, ne se fiant qu’à son sens de de Bucarest. Il fit ses études en France l’observation, à sa sensibilité devant avant de retourner en Roumanie le sujet et à sa science de coloriste. où il suivit, à l’École des beaux-arts de Bucarest, l’enseignement des artistes académiques Theodor Aman et Gheorghe Tattarescu. En 1885, il Nicolae Grant was born at the Manoir Belvédère, retourna à Paris, s’inscrivant d’abord the family home to the north of Bucharest. After à l’École des arts décoratifs, avant studying in France he returned to Romania where d’être admis à l’École des beaux-arts, he was a student at the École des Beaux-Arts in dans l’atelier de Jean-Léon Gérôme. Bucharest under the art teachers Theodor Aman and Gheorghe Tattarescu. In 1885, he went back Attiré par la peinture en plein air, to Paris where he first enrolled at the École des il peignit à Fontainebleau, en 1886, Arts Décoratifs, before entering the studio of ses premières compositions d’après Jean-Léon Gérôme at the École des Beaux-Arts. nature. En 1893, il organisa une Grant was drawn to open-air painting and painted exposition de ses œuvres à l’Athénée his first studies of nature at Fontainebleau in 1 roumain, célèbre édifice bucarestois 1886. In 1893 he organised an exhibition of his qui abritera la Pinacothèque nationale work at the Romanian Athenaeum, a famous entre 1906 et 1948. Il retourna en building in Bucharest which later became home France l’année suivante et en 1896 to the national Pinacothèque between 1906 and se rendit en Bretagne avec son ami 1948. He returned to France the following year Theodor Pallady, parcourant à vélo la and in 1896 he visited Brittany with his Theodor côte nord et le Finistère. Il rapporta Pallady, cycling along the north coast and through en Roumanie de nombreuses Finistère. He went back to Romania with numerous vues de Pléneuf-Val-André, de paintings of Pléneuf-Val-André, Bréhat and Bréhat et de Pont-Aven, marquées Pont-Aven, all of which featured the hallmarks par la leçon impressionniste et of and Post-Impressionism. postimpressionniste. Il continua He continued to divide his time between de partager son temps entre la Romania and France and spent the summers of Roumanie et la France, passant les 1900 and 1902 at Loctudy and in Normandy. étés de 1900 et 1902 à Loctudy et en He was one of the founder members of La Normandie. Jeunesse Artistique art society in his homeland as Dans son pays natal, il fut l’un des well as a well-known landscape artist. Despite the membres fondateurs de la société La avant-garde waves of the 20th century, he remained Jeunesse artistique, et un paysagiste faithful to a realistic vision of nature, trusting reconnu. Etranger aux courants only in his sense of observation, his sensitivity d’avant-garde du XXe siècle, il de- to subject matter and his knowledge of colour. 2

1. Femme travaillant (Arradon). Huile sur toile, [1903-1904]. Woman knitting in Arradon. Oil on canvas, [1903-1904]. 2. Paysanne bretonne (femme du Pays bigouden). Gouache, aquarelle et crayon sur papier ocre, [1894-1904]. A Breton countrywoman (from the Pays Bigouden). Gouache, waterco- lour and pencil on ochre-coloured paper, [1894-1904]. 3. Trois Bretons. Huile sur toile, [1894-1904]. Three Breton men. Oil on canvas, [1894-1904].

3 Theodor Pallady (Iassy, 1871 – Bucarest, 1956)

1925. Après 1926, il revint à Bréhat Descendant de Boyards, Pallady et voyagea à nouveau sur la côte incarne l’aristocrate-type de l’entre- bretonne, à Saint-Malo, Morlaix, deux-guerres, mais il est aussi le plus Dinard, le Croisic, Tréboul, « français » des peintres roumains. Douarnenez. Elevé dans la tradition de la culture En avril 1940, Pallady doit retourner française, il a pensé et écrit en français. à Bucarest. Le retour fut définitif, L’égocentrisme assumé du créateur même si le peintre, qui espérait une moderne était renforcé chez lui par clarification rapide de la situation l’orgueil hérité de ses grands-parents. internationale, n’avait pas renoncé à Ces traits de caractère ont très tôt son atelier de la place Dauphine. fait de lui un excentrique, dont la devise de jeunesse était Au-delà de Pallady was a descendant of the Boyars and the tout et qui refusa par trois fois la archetypal aristocrat from the period between the Légion d’honneur, en déclarant : "Je wars, but he was also the most ‘’French’’ of the n’admets pas que l’on se permette Romanian painters. Brought up in the tradition of de me décorer !". Ayant décidé French culture, he thought and wrote in French. de devenir peintre, il rejoignit The egocentric air of the modern artist was 1 Paris, fréquenta d’abord l’atelier accentuated by a natural arrogance inherited from d’Edmond Aman-Jean puis, à partir his grandparents. These features of his character de 1896, celui de Gustave Moreau à quickly gained him a reputation as an eccentric. l’École des beaux-arts de Paris. Parmi During his youth his motto was: "to reach ever ses collègues d’alors se trouvait Henri higher" and he refused the award of the Légion Matisse, auquel des liens d’amitié le d’honneur three times, saying: "I cannot possibly lièrent jusqu’à sa mort. let anyone take the liberty of bestowing a decoration Entre 1913 et 1940, avec une interruption upon me!". Having decided to become a painter, pendant la guerre, Pallady habita à Pallady went to Paris and regularly attended the Paris, tout en exposant régulièrement studio of Edmond Aman-Jean. Then in 1896 he en Roumanie. Son premier voyage joined that of Gustave Moreau at the École des en Bretagne pourrait dater de 1896, Beaux-Arts de Paris. Among his colleagues was lorsque, encore étudiant, il fit une who became a life-long friend. randonnée en vélo avec son ami Between 1913 and 1940, except during wartime, Nicolae Grant, dans le nord de la Pallady lived in Paris, while continuing to hold péninsule et dans le Finistère, en exhibitions in Romania. His first trip to Brittany passant par Pléneuf-Val-André, Bréhat was probably in 1896, when, while still a student, et Pont-Aven. Les premiers paysages he went on a cycling tour, with his friend Nicolae bretons firent leur apparition dans Grant, in the north of the peninsula and in 2 son exposition de Bucarest, en Finistère, visiting Pléneuf-Val-André, Bréhat and Pont-Aven. His first Breton landscapes appeared in his 1925 exhibition in Bucharest. After 1926, he returned to Bréhat and travelled around the coast of Brittany once more, visiting Saint-Malo, Morlaix, Dinard, Le Croisic, Tréboul and Douarnenez. (His watercolours are on show on the 4th floor of this museum in the Salle de la Tour de Rohan). In April 1940, Pallady was forced to return to Bucharest. He did not come back to France although he was obviously hoping for a rapid resolution of the international situation as he kept his studio on the Place Dauphine. 1. Clocher en Bretagne (Saint-Thégonnec). Crayon et gouache, [1930-1932]. Steeple in Brittany (Saint-Thégonnec). Pencil and gouache, [1930-1932]. 2. Maison à Morlaix - Rue de la Prison. Crayon et aquarelle, [1927- 1928]. House at Morlaix – Rue de la Prison. Pencil and watercolour; [1927-1928]. 3. Maisons au bord de la mer. Huile sur carton, [1920-1924]. Houses 3 by the sea. Oil on cardboard, [1920-1924]. Gheorghe PetraŞcu (Tecuci, 1872 – Bucarest, 1949)

etraşcu passa son enfance à Tecuci, P Petraşcu spent his childhood at Tecuci, in the au sud de la Moldavie, et à Nicoreşti, south of Moldavia, and at Nicoreşti, in the au pied des Carpates, où son père foothills of the Carpathian Mountains, where possédait un vignoble. Puis, installé his father owned a vineyard. He settled in à Bucarest avec son frère Nicolae, Bucharest with his brother Nicolae, a writer écrivain et critique d’art, il s’inscrivit and art critic, and in 1892 he enrolled at the en 1892 à l’École des beaux-arts. La École des Beaux-Arts there. Like many of génération de Petra cu témoignait ş his generation Petraşcu admired Grigorescu d’une admiration sans bornes pour immensely, and became his disciple. In 1898 Grigorescu, dont il devint le disciple. he went to Paris and enrolled at the Académie En 1898, il gagna Paris et s’inscrivit Julian in the studio of William Bouguereau, a à l’Académie Julian dans l’atelier de famous academic painter. In 1900, he took his William Bouguereau, célèbre peintre first steps on the Romanian art scene with a one- académique. En 1900, il fit ses débuts man exhibition at the Bucharest Athenaeum. sur la scène artistique roumaine Petraşcu travelled widely throughout Europe and avec une exposition personnelle à 1 also visited Egypt. However, his globe-trotting l’Athénée de Bucarest. was counter-balanced by his attachment to the Petraşcu a parcouru l’Europe et landscapes of his native valleys of Siret and visité l’Egypte. Mais ce besoin fut Bârlad. He first discovered Brittany in 1899 and équilibré par son attachement aux returned in 1901 when he met Ştefan Popescu paysages natals des vallées de Siret at Ploumanac’h. In his paintings of Vitré, he et Bârlad. Il découvrit la Bretagne en gave full vent to his youthful style producing 1899, y revint en 1901, rencontrant town and street scenes, subjects which were Ştefan Popescu à Ploumanac’h. Dans also popular with his friend Grigorescu. At ses vues de Vitré, il donna la pleine the end of his studies, he visited Brittany once mesure de son style de jeunesse en again and painted Morlaix, Roscoff, Vitré, reprenant un motif cher à Grigorescu. Saint-Malo and Saint-Enogat in 1921. Il revint encore en Bretagne après ses Critics, collectors and art galleries have made études, et peignit en 1921 à Morlaix, Petraşcu, the most well-known Romanian Roscoff, Vitré, Saint-Malo et Saint- painter of the period between the wars, along Enogat. with Pallady. His contemporaries admired his La critique, les collectionneurs sense of colour, the sensuality of his brush et les musées ont fait de lui, avec strokes and his passion, qualities that he shared Pallady, le peintre roumain le plus with Nicolae Grigorescu. Petraşcu also did renommé de l’entre-deux-guerres. many drawings, water-colours and etchings Ses contemporains ont admiré son (examples of his graphic work are on show on 2 sens de la couleur, la sensualité the 4th floor of the Tour de Rohan). de sa touche, sa fougue, qualités qui le rapprochaient de Nicolae Grigorescu. Petraşcu fut aussi un dessinateur et un aquarelliste, ainsi qu’un graveur prolifique (voir ses œuvres graphiques au 4e étage, dans la Tour de Rohan).

1. Vue à Vitré. Huile sur toile, 1901. View of Vitré. Oil on canvas, 1901 2. Rue en Bretagne. Encre de Chine, lavis et craies de couleur, [1921-1923]. A street in Brittany. Indian ink, colour-wash and coloured chalk, [1921-1923]. 3. Paysage au moulin. Gouache, aquarelle et encre de Chine, [1924-1926]. Landscape with a windmill. Gouache, watercolour and Indian ink, [1924-1926] 3 Ştefan Popescu (FinŢeŞti, 1872 – Bucarest, 1948)

Etudiant à Bucarest, Popescu y d’ailleurs sa manière d’aborder les découvrit le mouvement intellectuel thématiques roumaines, en le rendant socialiste de Constantin Dobrogeanu- plus sensible à la vie des populations Gherea, qui fut son mentor spirituel. rurales. Par la suite, Popescu découvrit Entre 1893 et 1900, il étudia à l’Académie Balcic, petite localité située au sud du des beaux-arts de Munich, avant de littoral roumain, peuplée de Turcs et poursuivre sa formation à Paris. de Tatares, qui allait devenir pendant Il entreprit en 1901 son premier l’entre-deux-guerres le refuge d’été voyage en Bretagne, à Paimpol et à d’une active colonie d’artistes. Ploumanac’h, où il retrouva Petraşcu et d’où il écrivait : "je n’ai jamais vu dans ma vie un coin de terre aussi beau (…). Lorsqu’on aperçoit du haut de la While a student in Bucharest, Popescu discovered colline Ploumanac’h avec ses rochers the intellectual socialist movement led by et ses maisons, le lieu ressemble à Constantin Dobrogeanu-Gherea, who was his 1 une immense ville en ruines. C’est spiritual mentor. Between 1893 and 1900, he une sensation de grandeur que je n’ai studied at the Académie des Beaux-Arts in jamais connue auparavant…" Munich, before continuing his studies in Paris. Lorsque Popescu représente, en In 1901 he visited Brittany for the first time, in Bretagne, des personnages, il particular Paimpol and Ploumanac’h where he met leur attribue une signification up with Petraşcu and from where he wrote : "this is symbolique : le pêcheur breton de the most beautiful place I’ve ever seen (…).When 1913 est le portrait-type d’un très you come to the top of the hill and catch sight of ancien métier, en lutte permanente Ploumanac’h with its rocks and houses, it looks avec la nature. Se détachant sur la like an immense ruined town, giving a feeling of mer, sa silhouette a l’apparence du immensity that I’ve never come across before…" rocher. En 1904, Popescu s’entretint When Popescu portrayed figures from Brittany, à Penmarc’h avec le peintre Lucien he gave each one a symbolic meaning: the Breton Simon, pour lequel il éprouvait une fisherman from 1913 is the typical representation grande considération. Il voyagea et of an ancient profession permanently battling peignit en Bretagne jusqu’en 1928, à against the forces of nature, whose silhouette Loctudy, Saint-Guénolé, Pont-l’Abbé, stands out against the sea and resembles a rock. et fut sans doute l’artiste roumain In 1904 in Penmarc’h, Popescu met the painter qui parcourut le plus cette région. 2 Lucien Simon, whom he held in great respect. Son enthousiasme pour elle influença His painting trips to Brittany continued until 1928, visiting Loctudy, Saint Guénolé and Pont l’Abbé. He was without doubt the Romanian artist who visited Brittany the most and his enthusiasm for the region strongly influenced his approach to subjects back in Romania, by increasing his awareness of the rural way of life. This led Popescu to discover Balcic, a small place on the south coast of Romania, populated by Turks and Tartars, which became the summer refuge of an active artist colony during the period between the wars.

1. Chapelle Notre-Dame-de-la-Joie (Penmarc’h). Huile sur toile, [1904-1906]. Chapel of Notre-Dame-de-la-Joie (Penmarc’h). Oil on canvas, [1904-1906]. 2. Vieux pêcheur. Huile sur carton, 1913. Old fisherman. Oil on cardboard, 1913. 3. Paysage avec barques. Huile sur toile, 1928. Landscape with rowing boats. Oil on canvas, 1928. 3 Kimon Loghi (Serres, 1873 – Bucarest, 1952)

Décelées dès l’enfance – passée en priment en peinture : la couleur, la Grèce -, les aptitudes artistiques de couleur et encore la couleur". Kimon Loghi furent encouragées par sa famille, qui lui permit de faire ses études à l’École des The artistic ability of Kimon Loghi was beaux-arts de Bucarest, puis de les spotted at an early age during his childhood poursuivre à Munich, en 1894, en spent in Greece. His family encouraged his particulier dans l’atelier de Franz talent and sent him to study first at the École von Stuck, peintre symboliste et des Beaux-Arts in Bucharest, and then l’un des fondateurs de la Sécession to Munich in 1894 to the studio of Franz munichoise. Revenu à Bucarest en von Stuck, a symbolist painter and one 1 1899, sa peinture, à la thématique of the founders of the Munich Secession symboliste, connut ses premiers movement. He returned to Bucharest in succès auprès de la critique et il vit 1899 where his symbolist paintings soon trois de ses œuvres sélectionnées gained critical acclaim and three of his pour représenter la Roumanie à works were selected to represent Romania l’Exposition universelle de Paris, at the Paris Universal Exhibition in 1900. en 1900. Au début du nouveau At the start of the century, Loghi rented siècle, Loghi loua un atelier dans la a studio in Paris and joined a group of capitale française, où il fréquenta artists; together they founded a society un groupe d’artistes avec lesquels called La Jeunesse artistique, which drew il contribua à fonder la société the attention of art lovers and critics to the La Jeunesse artistique, qui attira youthful Romanian talent. l’attention des amateurs et des Between 1911 and 1916, he lived mainly in critiques sur les jeunes talents Vienna where he took part in international 2 roumains. exhibitions while holding one-man shows Entre 1911 et 1916, il habita in Bucharest. During the 20s he moved principalement Vienne, participant away from symbolist art to concentrate aux expositions internationales ou mainly on painting landscapes in the donnant à Bucarest des expositions open air both in Romania (Balcic, Bran, personnelles. Au cours des années Valea Oltului) and abroad (Concarneau, Vingt, il s’éloigna de l’esthétique Ploumanac’h, Vitré, Nice, Villefranche-sur- symboliste pour se consacrer Mer, Antibes, Biarritz, Barbizon, Baden). principalement à la peinture de It was during this period, at the height of paysage en plein air, en Roumanie his career that he painted in Brittany. His (Balcic, Bran, Valea Oltului) et à l’étranger vision of the region is one of light, warmth (Concarneau, Ploumanac’h, Vitré, and vivid colour, which contrasts strongly Nice, Villefranche-sur-Mer, Antibes, with the sombre works of his compatriot Biarritz, Barbizon, Baden). Son œuvre artists. "For me, he wrote, there are three 3 bretonne se situe dans cette important things in painting: colour, colour période, qui correspond à l’apogée and yet more colour". de sa création. Sa vision de la région, lumineuse, chaleureuse et pleine de couleurs, contraste avec les représentations sombres d’autres peintres, parmi ses compatriotes. "Selon moi, écrivait-il, trois choses

1. Plage à Beg-Meil. Huile sur toile, 1929. The beach at Beg- Meil. Oil on canvas, 1929. 2. À Concarneau. Huile sur toile, [1929-1934]. In Concarneau Oil on canvas, [1929-1934]. 3. Paysage marin. Huile sur toile, [1929-1934]. Seascape. Oil on canvas, [1929-1934]. 4. Arbres au bord de la mer. Huile sur toile, [1929-1934]. Trees beside the sea. Oil on canvas, [1929-1934]. 4 Constantin Petrescu-Dragoe (Gura SĂ rĂ Ţii, 1887 – Bucarest ?, 1937)

On sait peu de choses sur cet distingue les bâtiments symboles artiste, qui trouva en Bretagne sa de la ville, concentrés en un seul principale source d’inspiration. endroit : la Ville close, la Chapelle Durant la Première guerre mondiale, du marin, dont le son du clocher il réalisa sur le front des esquisses guidait les embarcations par temps qui lui servirent pour quelques de brouillard, les tours des usines à compositions. En 1920, il partit conserves. Destiné probablement étudier à l’Académie des beaux-arts à un hôtel, ce projet monumental de Rome. À partir de 1930, il voyagea inachevé représente la conclusion de beaucoup en France, notamment l’expérience bretonne de Petrescu- en Finistère, à Quimper et surtout Dragoe. à Concarneau. Au début de cette décennie, il exposa au Salon d’hiver du Grand Palais (1930), au Salon de la Société nationale des beaux-arts (1931), ainsi qu’à l’Union artistique des amis de Concarneau et au salon de la 1 Société lorientaise des beaux-arts (1931). Simultanément, il envoyait des 1. Rue de Brest. Aquarelle et fusain sur papier. œuvres aux expositions de Bucarest. A street in Brest. Watercolour and charcoal on Un grand nombre des dessins paper, 1931. exécutés en Finistère sont liés à 2. Vue d’une ville (Quimper). Gouache et fusain une importante commande de sur papier, 1931. Townscape (Quimper). Gouache peinture murale, à laquelle l’artiste and charcoal on paper, 1931. commence à travailler en 1931. Une 3. Histoire du port de Concarneau (Projet de esquisse très aboutie, conservée décoration murale). Fusain sur cinq panneaux au Musée national des Arts de de papier, [1931]. History of Concarneau Har- Bucarest, est exposée ici. Nous bour (Project for a mural decoration). Five n’avons pas retrouvé la destination charcoal drawings on paper panels, [1931]. finale de cette commande. Cinq 4. Vieille femme de Concarneau. Fusain et gouache scènes composent un moment de sur papier, 1931. Old woman from Concarneau. la vie de tous les jours de la ville de Charcoal and gouache on paper, 1931. Concarneau et de ses habitants : la 5. Vieux vendeur de poisson à Concarneau. fabrication des barques, le transport Fusain et gouache sur papier, 1931. Old fish des filets, le déchargement du thon, seller in Concarneau. Charcoal and gouache on paper, 1931. le poissonnier et le marché de poterie. À l’arrière-plan, on 6. Madame Kitty (Concarneau). Huile sur car- 2 ton, 1931. Madame Kitty (Concarneau). Oil on cardboard, 1931. 3 Very little is known about this artist who In the background we can make out found his main source of inspiration in buildings which symbolise the town, Brittany. During the First World War, he concentrated in one place : the Ville made sketches while serving at the front Close, the fishermen’s chapel whose which he later used in compositions. In bell guided vessels through fog and the 1920 he went to study at the Académie towers of the fish canneries. Destined des Beaux-Arts in Rome. From 1930 probably for a hotel, this monumental onwards, he travelled extensively in unfinished project marks the end of France, especially in Finistère, visiting the Brittany experience of Petrescu- Quimper and in particular Concarneau. Dragoe. At the beginning of this decade he exhibited at the Winter Show at the Grand Palais (1930) and at shows organised by the Société Nationale des Beaux-Arts (1931), the Union Artistique des Amis de Concarneau and 4 the Société Lorientaise des Beaux-Arts (1931). At the same time, he sent works to exhibitions in Bucharest. A large number of the drawings made in Finistère are connected with the commission of a major mural painting which he began in 1931. A detailed sketch of this is housed at the Musée National des Arts de Bucharest, and is currently on show here. We have not, however, been able to discover the final destination of the commission. It shows five scenes of everyday life in the town of Concarneau: boat-building, transporting nets, unloading tuna, at the fishmonger’s and the pottery market. 6 5 Jean Al. Steriadi (Bucarest, 1880 – 1956)

Steriadi suivit les cours de l’École de musée, professeur de des beaux-arts de Bucarest entre peinture et de lithographie à l’École des 1897 et 1901, poursuivit sa formation beaux-arts de Bucarest, jury de salons à Munich puis à Paris, où il s’installa de peintures et de dessins, membre en 1903, fréquentant, comme nombre de l’Académie roumaine, etc. de ses contemporains, l’Académie Julian, établissement privé d’enseignement des arts. La peinture en plein air y était encouragée et ce fut durant cette période que Steriadi découvrit Steriadi was a pupil at the École des Beaux- avec enthousiasme la peinture Arts in Bucharest between 1897 and 1901, impressionniste. En 1906, il effectua and then continued his studies in Munich and un voyage en Bretagne, au cours Paris, where he settled in 1903, attending, as duquel il rencontra le peintre Lucien did many of his contemporaries, the Académie Simon, qu’il visita dans son atelier Julian, a private art school. Painting in the de Combrit-Sainte-Marine. De open-air was encouraged at the Academie and cette époque date la vue de l’église Steriadi embraced impressionist painting with 1 Notre-Dame-de-l’Assomption, de enthusiasm. In 1906, he travelled to Brittany Quimperlé. Jusqu’à la fin des années and while there, visited Lucien Simon in his 1920, Steriadi revint souvent en studio at Combrit-Sainte-Marine. The view of Bretagne. En 1928, il peignit ainsi the church of Notre-Dame-de-l’Assomption, plusieurs vues du port de Roscoff. in Quimperlé dates from this period. Steriadi Graveur à l’eau-forte et lithographe, returned to Brittany regularly until the end of Steriadi fonda en 1916 la société the 1920s. In 1928 he painted several views of Graphica, pour soutenir en the port of Roscoff. Roumanie la production d’estampes. Steriadi also did etchings and lithographs Sa carrière propre se doubla en effet and in 1916 he founded Graphica, a society d’une inlassable activité d’animateur which promoted print production in Romania. de la vie artistique roumaine, His artistic career was coupled with a tireless qu’il marqua de sa personnalité activity in promoting Romanian art, which charismatique : organisateur de was marked by his charismatic personality. He 2 nombreuses expositions nationales organised numerous national and international et internationales, conservateur exhibitions, was a museum curator, taught painting and lithography at the Ecole des Beaux-Arts in Bucharest, judged art and drawing competitions, was a member of the Romanian Academy, etc.

1. Quimperlé. Huile sur toile, [1906]. Townscape – Quimperlé. Oil on canvas, [1906]. 2. Port en France, Roscoff. Huile sur carton, 1928. A Harbour in France (Roscoff). Oil on cardboard, 1928. 3. Port en France, Roscoff. Huile sur toile, 1928. A Harbour in France (Roscoff). Oil on canvas, 1928.

3 Elena Popea (BraŞov, 1879 – Bucarest, 1941)

Étudiante en Allemagne, Elena 1938, Popea revint périodiquement Popea fréquenta la Damenakademie en Bretagne, région où elle parvenait de Munich. Des échos de ces à exprimer sa vision picturale. débuts se retrouvèrent tout au Elle adopta un nouveau style, long de sa carrière artistique, négligeant les proportions réalistes marquée par l’attention apportée et condensant l’image en éliminant à la construction graphique, mais les détails (Kermesse en Bretagne). aussi un rapprochement avec l’impressionnisme allemand As a student in Germany, Elena Popea attended modéré. Durant l’été, elle pratiquait the Damenakademie in Munich which left its la peinture en plein air au sein de mark on her overall artistic style in her attention la colonie de femmes-peintres de to graphic construction and also in her nearness 1 Starnberger See et Landsberg, près to moderate German impressionism. During d’Augsbourg. the summer, she painted in the open air at the Lors de son premier séjour français colony of women artists at Starnberger See and (1905-1910), elle devint l’élève de Landsberg, near Augsbourg. Lucien Simon, qui laissa une forte During her first stay in France (1905-1910), she empreinte sur son œuvre. Après became a pupil of Lucien Simon, who strongly la Première Guerre mondiale, influenced her work. After the First World War elle s’établit à Paris, travaillant she moved to Paris where she continued to toujours dans l’entourage de work for Simon and adopted part of the Breton Simon et s’appropriant une partie theme beloved by her master. de la thématique bretonne de son Then, between 1918 and 1919, Brittany maître. presented Popea with the opportunity to carry Puis, entre 1918 et 1919, la Bretagne out experiments which distanced her from 2 offrit à Popea l’occasion de Simon’s style. After the opening of the Académie mener des expérimentations qui de Montparnasse (1922), she met André Lhote l’éloignèrent de la manière de Simon. who introduced her to . She therefore Après l’ouverture de l’Académie de abandoned her impressionist-style chromatic Montparnasse (1922), elle rencontra investigations for more dynamic and dramatic André Lhote et se familiarisa compositions. Between 1925 and 1938, Popea auprès de lui avec le cubisme. Elle came back every so often to Brittany, the region abandonna alors les investigations where she was best able to express her pictorial chromatiques d e f a c t u r e vision. She adopted a new style, putting impressionniste. Ses compositions aside realistic proportions and condensing the se firent plus dynamiques et image by eliminating details as in Kermesse en même dramatiques. Entre 1925 et Bretagne. 3

1. Bretonnes. Huile sur carton, [1925-1926]. Breton women. Oil on cardboard, [1925-1926]. 2. Procession en Bretagne (Ile de Sein). Huile sur carton, [1925-1938].Procession in Brittany. Oil on cardboard, [1925- 1938]. 3. Moisssonneurs. Huile et crayon sur carton, [1925-1938]. Harvest time. Oil and pencil on cardboard, [1925-1938].

4. Kermesse en Bretagne. Huile sur toile, [1925-1929]. Fete in Brittany. Oil on canvas, [1925-1929]. 4 Iosif Iser (Bucarest, 1881 – 1958)

Iosif Iser fit ses études artistiques même année, il effectua un à Munich où ne le satisfirent ni la premier voyage en Bretagne, où rigidité de l’Académie des beaux- il revint à plusieurs reprises jusqu’en arts, ni l’art nouveau de la Sécession. 1944. Il y fut attiré par la simplicité et Son attention se concentrait déjà l’aridité du paysage qui lui permettait sur les arts graphiques et il parvint d’expérimenter différentes options à collaborer aux célèbres revues chromatiques sur le même motif satiriques Jugend et Simplicissimus. (cycle des Plages de Saint-Malo). Ce fut aussi dans le domaine du dessin de presse et de la caricature qu’il se fit d’abord connaître en Iosif Iser studied art in Munich where neither Roumanie, après son retour en the rigidity of the Académie des Beaux-Arts 1 1904. En 1908, il partit à Paris achever nor the new art of the Sécession were to his sa formation, et se lia à Picasso, taste. His attention had already turned to Derain, Marquet et Juan Gris, sans graphic art and he worked on the satirical pour autant adhérer à toutes leurs magazines Jugend and Simplicissimus. It expérimentations. Il étudia avec was also in the field of press illustration that soin les conceptions de Cézanne, he first became well-known in Romania, qui exerça sur lui une influence following his return there in 1904. In 1908, déterminante pour la suite de son he left for Paris to complete his training and œuvre. À son retour à Bucarest, joined up with Picasso, Derain, Marquet and dès 1909, il organisa à l’Athénée la Juan Gris, although he did not take part in première exposition roumaine d’art all their experiments. He carefully studied contemporain français. the ideas of Cézanne, who had a marked Comme peintre, les terres influence on his subsequent work. After his pittoresques et arides de Dobrogea, return to Bucharest, he organised the first peuplées de Turcs et de Tatares, exhibition of contemporary French art to be furent d’abord, en 1913, son cadre held in Romania at the Athenaeum in 1909. de prédilection. Après la Première As a painter, his initial preference in 1913 was Guerre mondiale, sa démobilisation for the picturesque, arid lands of Dobrogea, et une grande exposition à Bucarest, which were inhabited by Turks and Tartars. en 1920, il revint en France, étudia After demobilisation at the end of the First 2 auprès d’Othon-Friesz. Cette World War he held a major exhibition in Bucharest and returned to France in 1920 where he studied under Othon-Friesz. In the same year he made his first trip to Brittany and subsequently returned several times up until 1944. He was attracted by the simplicity and barrenness of the landscape which gave him the opportunity to experiment with different colour schemes on the same design, as in the series Plages de Saint-Malo (beaches of Saint Malo).

1. Pêcheurs bretons. Gouache vernissée sur carton gris, 1933. Musée des collections d’Art, Bucarest, Collection Moise et Elisabeta Weinberg. Breton fishermen.Varnished gouache on grey cardboard, 1933. Museum of Art Collections, Bucharest, Moise & Elisabeta Weinberg Collection. 2. Plage à Saint-Malo. Aquarelle et encre brune, 1926. Musée des collections d’Art, Bucarest, Collection Moise et Elisabeta Weinberg. Beach at Saint-Malo. Water colour and brown ink, 1926. Museum of Art Collections, Bucharest, Moise & Elisa- beta Weinberg Collection. 3. Plage. Aquarelle et encre de Chine, [1926]. Beach scene. Watercolour and Indian ink [1926]. 3 EustaŢiu Stoenescu (Craiova, 1884 – New York, 1957)

Eustaşiu Stoenescu était issu d’une vieille famille d’Olténie mais sa mère, d’origine française, était née en Bretagne. Son premier contact avec la peinture remontait à 1889, lorsque le peintre français Léopold Durangel fit le portrait de sa mère. L’exposition de Grigorescu à l’Athénée roumain, en 1897, confirma sa vocation. En 1900, il se rendit à Paris et s’inscrivit d’abord à l’Académie Julian, dans les ateliers de William-Adolphe Bouguereau et de Jean-Paul Laurens, avant d’être admis à l’École des beaux-arts. En 1905, il fit ses débuts officiels en exposant à Paris en même temps qu’en Roumanie. Lié à des artistes 1 français tels que les peintres Albert Besnard, Charles Cottet, et les sculpteurs Rodin, Bourdelle ou Frémiet, il continua d’exposer, dans les années suivantes, à Paris en même temps que dans son pays d’origine. Il découvrit la Bretagne au cours de ses nombreux séjours en France, à partir de 1909-1911. Il y retourna en 1929 et entre 1930 et 1934, peignant notamment à Loctudy. Les galeries parisiennes Bernheim- Jeune et Charpentier lui consacrèrent dans les années 1920 des expositions personnelles et le gouvernement français lui acheta des œuvres. Il jouissait en Roumanie de la même reconnaissance, ce qui 2 lui valut d’être nommé recteur de l’Académie des beaux-arts. Eustaţiu Stoenescu came from an old Oltenian family but his mother was French and born Après la Seconde Guerre mondiale, in Brittany. His first contact with painting was in 1889 when the French artist, Léopold cependant, le pouvoir communiste Durangel, painted his mother’s portrait. His vocation was confirmed at the exhibition by le déchut de son poste, tandis qu’il Grigorescu at the Romanian Athenaeum in 1897. In 1900, he went to Paris and initially en- se voyait privé de commandes et de rolled at the Academie Julian, in the studios of William-Adolphe Bouguereau and Jean-Paul possibilité de voyager. En 1947, en Laurens, before being admitted to the Ecole des Beaux-Arts. In 1905, he made his official échange d’un visa pour la France, debut with simultaneous exhibitions in Paris and Romania. He joined up with French artists il exécuta un dernier portrait en such as the painters Albert Besnard, Charles Cottet, and the sculptors Rodin, Bourdelle and Roumanie. En France, en Suisse, Frémiet, and continued to hold exhibitions in Paris and his native land during the next few et enfin aux Etats-Unis, il reprit years. He discovered Brittany during one of his many visits to France between 1909 and l’activité de portraitiste qui avant la 1911 and returned in 1929 and between 1930 and 1934, painting especially in Loctudy. guerre avait assis sa réputation. The Bernheim-Jeune and Charpentier Galleries in Paris held one-man exhibitions of his work during the 1920s and the French government bought his works. He enjoyed the same 1. Procession en Bretagne. Huile sur contreplaqué, [1930- recognition in Romania, where he was appointed Rector of the Académie des Beaux-Arts. 1934]. Procession in Brittany. Oil on plywood, [1930- After the Second World War, however, the Communist authorities stripped him of his post 1934]. and prevented him from taking commissions and travel. In 1947, he painted a final portrait 2. Port de Loctudy. Huile sur carton, [1929]. Loctudy har- in Romania in exchange for a visa for France. In France and Switzerland and finally in the bour.Oil on cardboard, [1929]. United States he resumed the portrait painting which had secured his reputation before the war. Rodica Maniu (Bucarest, 1890 – 1958)

Rodica Maniu est issue d’une famille voyagea et travailla désormais avec d’intellectuels transylvains. En 1909, son mari à Balcic (Roumanie), où elle partit à Paris, où elle fréquenta elle revint à de multiples reprises, à deux ateliers privés de formation Caliacra, en Corse (1929) et dans le aux Beaux-Arts, l’Académie Julian et Proche-Orient (1930), réalisant des La Grande Chaumière. On la retrouve huiles et des aquarelles qui rendent alors parmi les élèves de Lucien Simon, parfaitement l’atmosphère de ces Charles Cottet et René Menard, figures lieux. éminentes du paysage artistique parisien de l’époque. Rodica Maniu affronta le public pour la première fois en 1910, lorsqu’elle exposa à la fois au Salondes Indépendants Rodica Maniu came from a Transylvanian de Paris et au Salon d’automne de family of intellectuals. In 1909 she went to la Jeunesse artistique de Bucarest. Paris where she attended two private art Maniu témoignait, dès ses débuts, schools, the Académie Julian and La Grande d’un intérêt pour la thématique Chaumière, as a pupil of Lucien Simon, rustique, pour la figure humaine Charles Cottet and René Menard who were intégrée dans le paysage et pour la prominent figures on the Parisian landscape artist scene at that time. Rodica Maniu held 1 construction de la composition par la couleur. Rodica Maniu découvrit la her first public exhibitions in 1910 at the Bretagne en 1920, probablement sur ‘Salon des Indépendants’ in Paris and at the les conseils de Cottet. Les créations de Autumn Show by the Jeunesse artistique in cette période incluent presque toujours Bucharest. From the outset, Maniu showed la figure humaine, les particularités et a strong interest in rural themes, working les coutumes bretonnes étant beaucoup human figures into the scenery and making plus recherchées par l’artiste que les constructive use of colour. She discovered spectaculaires paysages de la côte. Brittany in 1920, probably on the advice of En 1923, Rodica Maniu épouse le peintre Cottet. Her creations from this period are Samuel Mützner (1884-1959), apprécié almost exclusively of human figures, their pour ses paysages pointillistes réalisés particularities and customs, as she was for à Giverny, entre 1908 et 1910. Elle more attracted by these than by the spectacular coastal scenery. 2 In 1923, Rodica Maniu married the painter Samuel Mützner (1884-1959), who was appreciated for his pointillist landscapes painted at Giverny between 1908 and 1910. From then on she travelled and worked with her husband in Balcic, Romania (which she visited frequently), at Caliacra in Corsica (1929) and in the Middle East (1930), producing oil paintings and water-colours which give a perfect representation of the atmosphere in these places.

1. Vieille Bretonne (Confort-Meilars). Huile sur carton, 1920. Old woman from Brittany (Confort-Meilars). Oil on cardboard, 1920. 2. Lavandières bretonnes (Plougastel-Daoulas). Huile sur carton, 1920. Breton washerwomen (Plougastel-Daoulas). Oil on cardboard, 1920. 3. Port breton (Douarnenez). Huile sur carton, 1920. 3 Beach scene. Oil on cardboard, 1920. Max W. Arnold (Iassy, 1897 - Bucarest, 1946)

Né à Iassy, capitale de la Moldavie, Max Arnold y a étudié la peinture à l’École des beaux-arts (1913- 1919), avant de continuer ses études à l’Institut Supérieur des beaux-arts de Rome. En 1923, il était à Munich et à Dresde, où il se familiarisa avec l’expressionnisme. Pourtant, Arnold n’a guère subi l’influence des courants artistiques contemporains et l’on peut dire que ses voyages surtout l’ont formé. Outre l’Europe, il a parcouru l’Egypte, la Palestine, la Syrie et l’Iran. Il a surtout pratiqué l’aquarelle, technique qui détermina sa vision plastique et assure sa place dans l’histoire de l’art roumain. Il travailla en France et se rendit souvent sur la côte bretonne, à Concarneau et à Douarnenez. Sa méthode de travail, influencée par la peinture 1 extrême-orientale, est largement fondée sur la spontanéité de l’impression. La même virtuosité du pinceau est évidente dans ses vues de port, peintes sur toile. Arnold peignit aussi des natures mortes : pendant les longues journées de mauvais temps sur les côtes bretonnes, il assemblait dans sa chambre des compositions de fruits de mer – crevettes, langoustines, homards. Quelques objets familiers, placés à côté, sur la même table noire, sont représentés de manière fougueuse, dans des couleurs vives qui exaltent leurs formes.

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Born in Iassy, the capital of Moldavia, Max Arnold studied painting there at the École des Beaux-Arts (1913-1919), before continuing his studies at the Institut Supérieur des Beaux-Arts in Rome. In 1923, he was in Munich and , where he became familiar with expressionism. However, Arnold was not much influenced by the contemporary artistic currents and it was travel which influenced him the most. Apart from Europe, he visited Egypt, Palestine, Syria and Iran. He painted mainly in water-colour, a technique for which he became well-known and which 3 ensured him a place in the history of Romanian art. (Water-colours by Arnold are on show on the 4th floor of the De Rohan Tower). 1. Marché en Bretagne (Douarnenez). Huile sur carton, [1939- Arnold often worked in France and frequently visited the coast of 1940]. A market in Brittany (Douarnenez). Oil on cardboard, Brittany at Concarneau and Douarnenez. His style was influenced by [1939-1940]. far-eastern painting techniques and largely based on the spontaneity of 2. Port de pêcheurs à Douarnenez. Huile sur toile, [1939-1940]. impression, as seen in his harbour scenes of oil on canvas. He also painted The fishing harbour at Douarnenez.Oil on canvas, [1939-1940]. still life: during prolonged periods of bad weather on the Brittany coast, 3. Nature morte aux langoustines. Huile sur toile, [1934-1938]. he assembled compositions on a black table in his room of seafood – Still life with langoustines. Oil on canvas, [1934-1938]. prawns, langoustines and lobsters – beside everyday objects whose vivid colours intensify their shape. INFOS PRATIQUES - Useful information

Exposition du 12 juin au 4 octobre 2009

Ouvert tous les jours de 9 à 18 h. Open every day june to september: 9am to 6pm

Tarifs : - Plein tarif : 4,00 € - Tarif réduit : 2,50 € - Gratuité pour les moins de 18 ans, etc. Entry: -Adult: 4,00 €/ Concession: 2,50 € / Free for under 18’s

Accueil des groupes adultes, des classes et des centres de loisirs sur réservation, à l’accueil du musée, pour une présentation de l’exposition. Tarif : 61 € pour les groupes adultes et 30,50 € pour les scolaires et les centres de loisirs. Visites guidées encadrées par les guides conférenciers du Service d’Animation du Patrimoine de la Ville de Quimper : tous les 2 jours à 15 h du 15 juillet au 16 août, (en alternance avec Visites « Arts et traditions populaires de Bretagne ») et Le dimanche 27 septembre. Tarif individuel en plus du prix d’entrée : 1,50 €

Textes écrits par Philippe Le Stum, Conservateur en chef, Directeur du Musée départemental breton, d’après les contributions des redacteurs du catalogue de l’exposition, Dana Crişan et Monica Enache, conservatrices du Musée national d’Art de Roumanie. Texts for the panels written by Philippe Le Stum, Chief Curator, Director of the Museum of Brittany following contributions from editors of the exhibition catalogue, Mrs Dana Crişan and Monica Enache. Traduction /Translation : Gillian Williams.

sauf mentions particulières, toutes œuvres : Collection Musée national d’Art de Roumanie, Bucarest - Galerie d’Art roumain moderne.

Musée départemental breton 1 rue du roi Gradlon 29000 QUIMPER Tél. 02 98 95 21 60 / fax 02 98 95 89 69 Courriel : [email protected] Mise en page : Catherine Troprès / Musée breton / Musée en page : Catherine Troprès Mise Preda. Marius Bucarest, 2009 ; clichés Costin Miroi, National d’Art de Roumanie, © Musée