le fort du Villes et Pays d’Art et d’Histoire Mont-Bart Pays de Montbéliard dossierdossier enseignants enseignants collèges - lycées SOMMAIRE

Fiche 1 • Le Mont-Bart en bref - Plan Fiche 2 • L’évolution de l’architecture militaire du Moyen Âge à Vauban Fiche 3 • Les fortifications bastionnées Fiche 4 • Le système Séré de Rivières Fiche 5 • La construction du Fort Fiche 6 • L’armement du fort - 1 Fiche 7 • L’armement du fort - 2 Fiche 8 • Les communications Fiche 9 • La vie dans le fort Fiche 10 • Le belvédère Fiche 11 • La légende de la Roche aux Corbeaux

e document a été conçu pour vous permettre d’aborder le fort par plusieurs entrées, indépendamment les unes des autres, et préparer ou prolonger votre visite. 11 fiches vous apportent des informations thématiques, complétées par 7 autres vous Cproposant des séquences d’activités pour présenter certains thèmes à vos élèves. Un plan vierge du site à compléter vous est également proposé. Un livret découverte adapté aux élèves du cycle 3 et du collège est disponible sur simple demande. Le Service animation du patrimoine est à votre disposition pour monter un projet autour de ce site.

• Renseignements pratiques

Ce qui se visite : - Intérieur du fort et belvédère à 360°, belvédères à l’extérieur.

Comment vous y rendre ? - Sur la commune de Bavans, au 1er feu en venant de Bart ou de Voujeaucourt, prendre à droite (site du Mont-Bart). Attention le fort n’est pas accessible en car.

Visite pour les scolaires : Ce que l’on peut vous proposer comme principaux thèmes de travail : - Le site du fort (lecture de paysage) - La construction du fort - La vie militaire dans le fort - La vie quotidienne - Les communications du fort - L’architecture militaire - L’armement du fort - La légende de la roche aux corbeaux Possbilité de salle hors sac sur réservation au 03 81 31 87 80. Sur rendez-vous, renseignements au Service animation du patrimoine de Pays de Montbéliard Agglomération 8 avenue des Alliés BP 98407, 25208 Montbéliard Tél : 03 81 31 87 57 fax : 03 81 31 84 89 - [email protected]

Visite pour tous public : Le fort est ouvert tous les jours (sauf le lundi) de 14h à 18h en juillet-août (fermeture des entrées à 17h). Ouverture les week-ends en mai, juin et septembre et le dimanche en octobre. Tél : 03 81 90 29 52 Le fort accueille également une programmation de spectacles et de loisirs en période estivale.

Illustrations : Pierre Richard, Maxime Peroz, Jean-Mathieu Domon et Hervé Le Graet, sauf mentions particulières. Textes : Gaëlle Cavalli dir., Christine Jeannin, Laurence Pluche, Régine Klem et Catherine Weymuller. Avec tous nos remerciements à MM. Pierre Richard, Patrick Baudier et Jérôme Marche. 2 le fort du Mont-Bart dossierdossier enseignants enseignants1 Le fort du Mont-Bart en bref

• Situation administrative • Situation géographique et géologie - Région de Franche-Comté Le Mont-Bart est situé sur la commune de - Département du Doubs (25) Bavans, à 9 km au sud ouest de Montbé- - Pays de Montbéliard Agglomération liard. - Commune de Bavans Son altitude est de 497 m (borne géodé- Affectataire : Pays de Montbéliard Agglo- sique). Il est entouré par l’Allan à l’Est et mération au Sud, et par le Rupt au Nord. Il domine Pas de protection au titre des Monu- d’une hauteur de 170 m la confluence ments historiques que l’Allan forme avec le Doubs. C’est un Restauration du fort depuis 1986 par l’as- véritable rempart naturel à l’ouest du sociation de Sauvegarde du fort du Mont- Pays de Montbéliard. Bart.

Avant la construction du fort, le sommet avait la forme d’un croissant de lune. Croquis du sommet du Mont-Bart avant la construction du fort. Extrait de Pierre Richard « Les bornes des Wurtemberg »

Fort du Mont-Bart

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La géologie du Mont-Bart se distingue Mont-Bart ne résulte pas des plissements mont (Pont-de-Roide), mais de l’érosion des schémas caractéristiques que l’on jurassiques qui se remarquent à peu de que le Doubs, l’Allan et ses confluents observe sur les reliefs environnants. Le distance de là avec la montagne du Lo- ont exercée sur son relief.

• Histoire du fort ultérieures pour la défense. Le Fort du essentiellement dans sa situation Ce fort construit en 1877 est situé sur la Mont-Bart n’a pas été le lieu de hauts faits géographique, car depuis son sommet à ligne de fortification Séré de Rivières militaires. En 1914 un détachement du 9° 497 mètres d’altitude, on peut voir très créée au lendemain de la guerre de 1870, régiment d’artillerie y est caserné. En fait, loin, à 360°. Encore actuellement, avec comme d’autres forts proches : fort pendant la première guerre mondiale, le ses belvédères, c’est un superbe point de Lachaux à Sochaux, , fort fort est surtout utilisé comme zone de vue sur le Pays de Montbéliard et ses du Mont Vaudois, batterie des Roches à repos. Ainsi, par exemple, en août 1914, il environs. Ainsi, les militaires en ont fait Pont de Roide, fort du Lomont, et autour sert d’étape pour une compagnie un terrain de manœuvres et un poste de : forts de Giromagny, Roppe, territoriale du 49° régiment d’infanterie d’observation. Après leur départ, il tombe Bessoncourt, Vézelois). qui y séjourna avant de rejoindre l’. à l’abandon jusqu’à ce que l’association Considéré comme militairement non Pendant la seconde guerre mondiale, les du Fort du Mont-Bart, avec le soutien de stratégique selon un classement des forts Allemands et en 1944 l’armée française y la commune de Bavans, le sauve en le en 1889, le Fort du Mont-Bart ne subira installent un poste de contrôle aérien. Les restaurant puis en l’ouvrant au public que très peu de modifications pour le militaires quittent définitivement le fort (visites, spectacles…). mettre aux nouvelles normes défensives dans les années 1950. Pourquoi alors être Aujourd’hui, Pays de Montbéliard (poudrière caverne, couvrement de « la restés aussi longtemps dans un fort Agglomération souhaite en faire un atout rue »). Ainsi, la particularité de ce fort est complètement dépassé par les progrès patrimonial et touristique majeur. d’être un « fort Séré de Rivières pur », avec techniques de l’armement et non peu d’ajouts et de modifications modernisé ? En fait, son attrait réside

Bibliographie :

• « Esquisse d’une description physique et géologique de l’arrondissement de Montbéliard » Ch.Contejean, J.Rothschild éd, , 1862 2 1 casemates cuirassées casemates à canons caves optiques casemates abri double sous-traverses et plates-formes abris sous-traverses et à cartouchesmagasins à poudre (souterrain) du magasin caverne entrée blindée casemate Mougin du commandant Ouvrages sud corps de garde, de garde, corps écuries, citernes, locaux disciplinaires du saillant et tunnel nord magasins aux vivres, pour la garnison, logements 28 salles d’aisance latrines et fosse chambres citernes, télégraphe, cuisines, pompes et filtres Caponnières Bâtiments 4 le fort du Mont-Bart dossierdossier enseignants enseignants2 L’évolution de l’architecture militaire du Moyen Âge à Vauban - 1 • On désigne par fortifications des ou- vrages militaires défensifs qui peuvent être temporaires (tranchées…) ou per- manents (forts…).

• Leur rôle est de protéger en constituant une barrière suffisamment solide pour empêcher l’ennemi de la franchir. Mais, dans ce court exposé, nous ne nous inté- resserons qu’aux fortifications perma- nentes.

• Comme toute architecture, celle s’ap- Maquette de motte castrale. Service archéologique départemental des Yvelines. pliquant aux fortifications présente des au XIXe siècle) sont construites en pierre, fortifications comme par exemple celles styles très différents, car elle évolue au fil lieu de résidence des seigneurs plus im- de Carcassonne. de l’histoire et dans la plupart des pays. portants, et symbole du pouvoir féodal. Ainsi par exemple, la pierre remplacera Ces résidences se complexifient au cours progressivement le bois. L’emplacement • Progressivement, les ouvrages défen- du temps pour devenir de véritables châ- est aussi très important et la préférence sifs se font de plus en plus nombreux et teaux forts : le donjon est entouré d’une ira de plus en plus à des sites naturels dif- imposants (ponts-levis, archères, échau- série d’enceintes formées de courtines ficiles d’accès donc parfaitement défen- guette…). Le but est d’impressionner l’en- flanquées de tours et de fossés. L’ensemble dables. nemi, et ainsi, de le dissuader d’attaquer. est couronné de chemins de ronde sur De même les assaillants s’adaptent aux hourds de bois, puis sur mâchicoulis en • Le principal facteur ayant influencé nouvelles techniques défensives. Ils pierre. Ces châteaux forts sont souvent cette évolution monumentale est le construisent des tours en bois mobiles, construits sur des positions élevées et sur constant perfectionnement des moyens qui leur permettent d’attaquer le haut de des sites naturels difficiles d’accès pour mis en œuvre par l’ennemi pour attaquer la fortification (avec des arcs, lances, arba- l’ennemi. les fortifications. lètes…) mais aussi le bas (avec des bé- liers, ou la méthode de la sape qui • Les villes cherchent également à se consiste à creuser des galeries d’effondre- Moyen Âge protéger en construisant d’im- ment). À ces différentes attaques peuvent pressionnantes • L’Europe occidentale au Xe siècle subit aussi s’ajouter des jets de projectiles : plusieurs vagues d’envahisseurs. Pour pierres, matières inflammables ou faire face à ces attaques, les seigneurs autres (à l’aide de catapultes ou tré- construisent des mottes castrales consti- buchets). tuées d’un tertre de terre le plus souvent artificiel et défendu par un fossé. Le L’artillerie sommet se termine par une plate-forme sur laquelle est construite une tour en • Son apparition est due, à partir de la bois, destinée à abriter la population en deuxième moitié du XIVe siècle, à l’utili- cas d’attaque. Cette dernière, « la tour du sation de la « poudre noire » qui va seigneur », domine une basse-cour entraîner des tirs plus puissants. Pro- constituée de plusieurs bâtiments en gressivement les canons s’allongent bois. L’ensemble est entouré d’une en- et augmentent leur portée de tir, ceinte (palissade en bois sur une levée ainsi que leur précision. De- de terre), et protégé par un fossé. vant cette nouvelle arme de guerre, les seigneurs • D’autres tours dites donjons adaptent l’architecture de (terme employé et généralisé leurs châteaux forts avec Reconstitution d’un trébuchet. Château des Baux de Provence. Cliché A. Tournier. 1 des constructions plus élevées et plus les boulets utilisés se brisaient contre les beaucoup plus destructeur, oblige les 2 résistantes, des tours renforcées dites à murailles car ils étaient en pierre. Aussi, militaires à modifier le système défensif. canon, des archères canonnières,… malgré l’apparition du canon, les ou- De plus, en cette période historique, le vrages défensifs restent de type médié- pouvoir royal se renforce au détriment de • Ces transformations se révèlent cepen- val. celui des seigneurs. C’est la fin des châ- dant insuffisantes à partir de la fin du teaux forts au profit des forteresses. XVe siècle. En effet, jusqu’à cette période, • Mais l’invention du boulet métallique,

Château de Belvoir (25). Construit aux XIIe-XIIIe siècles. Cliché A. Bouvard.

Château d’Oricourt (70). XIIe-XVe siècles, un des châteaux-forts les mieux conservés de Franche-Comté. Cliché Association « Les amis d’Oricourt ».

Bibliographie : A visiter dans la région : • « Histoire de l’architecture française. Du Moyen Âge à la Renaissance » • Château de Belvoir Alain Erlande-Brandenburg 03 81 86 30 34 ou 03 81 91 06 02 Anne-Bénédicte Mérel-Brandenburg • Château d’Oricourt Mengès, 1995 03 84 78 74 35 • Donjon d’Héricourt « À l’abri des châteaux forts et des forteresses » 03 84 46 03 30 Gilles Février, Guide Gallimard 1996 2 le fort du Mont-Bart dossierdossier enseignants enseignants3 L’évolution de l’architecture militaire du Moyen Âge à Vauban - 2 Les fortifications bastionnées • Ce système défensif apparaît d’abord en Italie au début du XVIe siècle puis en , environ cinquante ans plus tard. Son apogée se situe à la fin du XVIIe siècle avec les travaux de Vauban.

• Le pouvoir royal s’affirme de plus en plus pendant cette période, en détrui- sant les remparts des villes conquises (Montbéliard) ou rebelles (guerres de re- ligion) et en rasant les donjons des grands seigneurs révoltés (Fronde). C’est dans ce contexte historique, qui sonne le glas des fortifications privées, que se construisent les bastions royaux, annon- çant la fortification d’État.

• Les fortifications bastionnées sont, en général, composées d’une place forte en- La ville de Belfort avec ses fortifications. Collection Musée d’Histoire de Belfort. tourée d’une courtine, défendue aux angles par des bastions ou des tours bas- tion des bastions royaux (par exemple en tème des parallèles d’attaque lui permet tionnées (polygonales et non plus 1555 la forteresse de Brouage en Cha- de remporter le siège de Maastricht en rondes) et des ouvrages avancés. Ces rente maritime, qui devient place mili- 1673. Il s’agit de creuser une première derniers, détachés du corps de place, per- taire royale en 1578), la conquête du pou- tranchée parallèle à la fortification, à la li- mettent d’assurer une meilleure protec- voir royal dans ses terres est achevée. Il mite de portée de tir de l’artillerie enne- tion éloignée. La position des tours d’ar- ne reste plus qu’à sécuriser les frontières mie. Depuis cette tranchée, les militaires tillerie, dans les angles, leur permet de se avec la construction de forteresses : c’est en creusent d’autres en zigzag pour se protéger mutuellement en balayant de l’œuvre de Vauban. rapprocher des fortifications, mais tout tirs tout le terrain. Elle supprime donc les en évitant d’être pris en enfilade par les angles morts et assure une meilleure dé- Vauban canons. La progression se fait vers fense rapprochée. C’est ce qu’on appelle d’autres tranchées parallèles où se ras- le tir croisé. • Sébastien Le Preste de Vauban (1633 – semblent les soldats, jusqu’à la dernière 1707), Commissaire Général des Fortifica- qui se situe au plus près des remparts. Là, • Les ingénieurs du Roi abaissent égale- tions sous le règne de Louis XIV, est le une brèche est ouverte à la mine ou au ment la hauteur des fortifications, aug- maître incontesté des techniques de canon, permettant d’entrer dans la forte- mentent l’épaisseur des murs et utilisent siège et de fortification de son époque. resse. la terre pour renforcer les murailles (les • En effet, c’est en dirigeant des sièges • Vauban remporte une cinquantaine de boulets s’enfoncent dans la terre sans importants que le maréchal de France sièges et fortifie une centaine de places dégâts importants). De plus, un terrain met au point de nouvelles méthodes en traçant une ligne continue, « le pré découvert, légèrement en pente, pré- d’attaque des forteresses. Ainsi, son sys- carré », qui dessine encore les frontières cède les ouvrages de fortification. Ce gla- cis est le premier obstacle rencontré par l’ennemi. Il protège le chemin couvert garni d’infanterie qui se trouve sur la contrescarpe (bord extérieur du fossé).

• Le système bastionné obéit à des règles géométriques en favorisant le tra- cé en étoile (invention italienne) ou poly- gonal. Mais en fait, il s’agit d’adapter les fortifications au terrain. Avec la construc- Villefranche-de-Conflent. Cliché Javier Pais - Creative Commons Paternité. 1 la place, constitué d’une enceinte conti- nue avec des tours pentagonales ou 3 tours bastionnées. De plus, Vauban aug- mente la surface couverte par le système de défense afin de rendre le siège de la place forte difficile avec les effectifs mili- taires de l’époque.

Après Vauban

• Le système de fortification conçu par Vauban est complètement dépassé au milieu du XIXe siècle avec l’artillerie rayée (Voir fiche 6 - Armement du fort). Pour faire face à ce nouveau progrès en matière d’armement, les techniques défensives, comme toujours, évoluent aussi. Ainsi est mis en place, après la défaite de la guerre Citadelle de Besançon. Cliché Office de Tourisme de Besançon. de 1870, un système de fortification conçu pour défendre la frontière de l’Est (modifiée par la perte d’une partie de la Lorraine et de l’Alsace) : le système Séré de Rivières.

• Mais ce système deviendra lui aussi obsolète en raison de nouveaux progrès techniques de l’armement. Ainsi, dès 1885, l’apparition d’une nouvelle poudre beaucoup plus puissante que la poudre noire (la mélinite) rompt leur capacité à résister. La plupart des forts Séré de Ri- vières seront alors modernisés par de nouvelles mesures défensives (béton- nage intensif, ouvrage profondément enterré, tourelles cuirassées, remplace- ment des caponnières par des coffres de contrescarpes…). Tout ceci pour aboutir après la première guerre mondiale à des semis de casemates (blockhaus) et à d’immenses forts conçus comme de véri- tables villes souterraines (ligne Maginot).

A visiter dans la région :

• Citadelle de Besançon 08 25 89 56 69 Plan de la ville de Neuf Brisach, construite sur ordre de Louis XIV après la perte de Vieux Brisach sur • Ville, fort et citadelle de Belfort le Rhin. 03 84 54 25 51 Nord-Est de la France. En effet, en 1678, il Quand au troisième, le plus élaboré, il n’a est nommé Commissaire Général des qu’une seule application, celle de Neuf- Fortifications. Dès lors, il utilise ses Brisach en 1698. connaissances en matière de sièges pour Bibliographie • Vauban, fort du succès de sa stratégie construire ou rénover des places fortes. d’attaque pendant un siège, voit sa mé- • « Histoire de l’architecture française. Selon lui, elles sont toutes vulnérables, et thode utilisée par l’ennemi. Il doit donc De la Renaissance à la Révolution » leur objectif est de retarder au maximum chercher de nouvelles tactiques de dé- Jean-Marie Perouse de Montclos l’avancée ennemie. fense pour contrer ses propres tech- Mengès, 1995 • Les techniques de fortifications de Vau- niques offensives. Sa solution est de mul- • « Belfort ban ont évolué au fil du temps, et l’on tiplier les ouvrages conçus pour la dé- Forteresse royale peut parler de trois systèmes différents. fense éloignée. Ces « dehors » sont donc Citadelle républicaine » Le premier ne consiste qu’en l’applica- constitués d’un bastion détaché devant Ouvrage collectif. Yvette Baradel, tion, à sa façon, des précédents procédés chaque tour bastionnée et d’une tenaille Georges Bischoff, Antoine Brolli, de fortification bastionnées. Le deuxième (ouvrage en V) entre deux bastions avec Christophe Cousin, Christophe Grudler, système, avec des inventions propres à une demi-lune (ouvrage en triangle) de- André Larger, Yves Pagnot, Michel Rilliot Vauban, est testé à Besançon en 1687 et vant la tenaille. Quant à la défense rap- Édition Gérard Klopp 1997 appliqué de façon exemplaire à Belfort. prochée, elle est assurée par le corps de 2 3 Pour aller plus loin en classe...

Mettre les fortifications ci-dessous dans l’ordre chronologique et les nommer.

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Besançon. N°5 : Fort du Mont-Bart. du Fort : N°5 Besançon.

ale. N°3 : château médiéval de Belvoir. N°4 : citadelle de de citadelle : N°4 Belvoir. de médiéval château : N°3 ale. castr motte de maquette : N°2 Mans. du gallo-romain rempart : N°1

3 le fort du Mont-Bart dossierdossier enseignants enseignants4 Le système Séré de Rivières

• Construit de 1874 à 1877, le Fort du ciens et la réalisation d’environ 166 forts, camps retranchés de première ligne Mont-Bart fait partie du système Séré de 43 ouvrages secondaires et 250 batteries. (Verdun, Toul, Épinal et Belfort), reliés Rivières qui s’étend de Dunkerque à Men- • Ce système est basé sur le principe deux à deux par un rideau défensif (de ton. que, faute de pouvoir arrêter l’ennemi Verdun à Toul, d’Épinal à Belfort). Ainsi, partout, il faut le canaliser vers des es- deux espaces sont laissés libres de dé- • La défaite de 1870 avec la modification paces d’accès facile, où des armées de fenses : la trouée de Stenay au Nord de campagne attaqueraient ses flancs. Pour des frontières due à la perte d’une partie Verdun et la trouée de Charmes entre cela, il utilise deux types d’organisation : de l’Alsace-Lorraine entraîne une réorga- Toul et Épinal. C’est au débouché de ces le camp retranché et le rideau défensif. nisation du système défensif. En effet, la trouées que les armées de campagnes Le camp retranché est formé d’une cein- protégées par les rideaux défensifs nouvelle frontière avec l’Alsace - Lorraine ture de forts détachés qui s’appuient peuvent prendre l’ennemi en tenaille. À est sans défense. Donc, dans la crainte mutuellement, autour d’une ville. Entre l’arrière, une seconde ligne de défense d’une nouvelle guerre avec l’Allemagne, deux camps retranchés se situe un rideau est organisée avec des camps retranchés la France cherche à se protéger. L’armée défensif qui est formé d’une série de servant au regroupement et à l’approvi- allemande étant plus nombreuse et forts isolés, généralement positionnés en sionnement des armées (Reims, Langres, mieux organisée que l’armée française, la zone de relief. Ces forts se couvrent mu- Dijon…). Paris est également fortifiée. seule solution permettant de contenir tuellement par le feu et renforcent une l’éventuelle avancée allemande semble zone d’obstacles naturels pour interdire • Le Fort du Mont-Bart fait partie des être la mise en place d’un nouveau sys- le passage d’une armée ennemie com- ouvrages de liaison de Montbéliard (avec tème de fortification. C’est ainsi que le posée de grosses colonnes et lourds le Fort Lachaux et le château de Montbé- Général Séré de Rivières (1815 – 1895), convois. Les troupes sont regroupées à liard). Il permet la liaison par le feu entre directeur du Service du Génie au Minis- l’arrière des rideaux défensifs et peuvent la ceinture Sud du camp retranché de tère de la Guerre, met au point, de 1874 à attaquer l’ennemi débouchant des Belfort au Nord, et le môle défensif du 1884, un système de fortification conçu trouées. Lomont au Sud (par l’intermédiaire de la pour l’ensemble du territoire français. Le batterie des Roches à Pont-de-Roide). Le système Séré de Rivières entraîne la mo- • Le Général Séré de Rivières organise Fort du Mont-Bart, situé à 497 mètres dernisation de nombreux ouvrages an- son système en mettant en place quatre d’altitude, domine le Pays de Montbé- liard à l’exception du plateau d’Écot. Il surveille les débouchés formés par la Li- zaine et le groupe de ses sous affluents, ainsi que ceux formés par le Doubs. Il pro- tège aussi toutes les voies de communi- cation empruntant ces débouchés.

A visiter dans la région : • Fort du Mont Vaudois d’Héricourt 03 84 46 03 30 • Batterie des Roches à Pont-de-Roide Renseignements : Maison pour tous de Pont-de-Roide. 03 81 99 33 99 • Fort Lachaux 03 81 31 87 80 Visites guidées pour groupes scolaires possibles. Vue de l’extérieur du fort. Les arbres n’existaient pas durant son utilisation. 1 4 Pour aller plus loin en classe...

Organisation schématique des fortifications dans l’Est de la France entre 1874 et 1914.

Travail sur la notion de frontière.

Comparez cette carte avec une carte antérieure à 1870, pour montrer les conséquences de cette guerre pour les frontières de l’Est de la France.

De même, comparez cette carte avec une carte de 1918, pour montrer les conséquences de la première guerre mondiale au niveau de l’évolution des frontières de l’Est de la France.

Vous pouvez ensuite aborder la création de l’Europe et l’abolition des frontières économiques avant les barrières civiles mais aussi parler des frontières virtuelles entre régions, quartiers, familles, des frontières culturelles au cours du temps.

Organisation schématique des fortifications dans l’Est de la France entre 1874 et 1914. Montrez avec cette carte que le Fort du Mont-Bart n’est pas un fort isolé, mais fait partie de tout un système défensif : « Le système Séré de Rivières ».

2 le fort du Mont-Bart dossierdossier enseignants enseignants5 La construction du Fort

• Dès 1873, le Général Séré de Rivières pour s’adapter aux progrès techniques donné la quantité de matériaux achemi- propose la construction du fort du Mont- de l’armement (ex : construction en 1884 nés. On l’utilise donc essentiellement Bart qu’il estime à 1 500 000 francs (le de la poudrière caverne). pour la servitude (nourriture, eau…). coût réel sera de 2 034 970 francs). Il est • Les travaux sont sous la responsabilité • C’est finalement l’architecte du fort, persuadé de la nécessité de fortifier du génie militaire de Langres. Le chantier Adrien Hallier, qui trouve une solution en Montbéliard avec l’édification des Forts est placé sous la surveillance d’une bri- installant un système de plan incliné à Lachaux, du Mont-Bart, du Lomont et de gade de gendarmerie qui reste sur place. traction de machine à vapeur. Il utilise plusieurs batteries comme celle des L’effectif du personnel ayant participé à la une coulée naturelle située sur le flanc Roches à Pont de Roide. Après étude, son construction du Fort est estimé à environ Sud du Mont-Bart, pour mettre en place projet est approuvé par le Ministre de la 600 personnes. Ces ouvriers, d’origine lo- un plan incliné initialement à voie unique Guerre en 1874 et les travaux com- cale pour le terrassement, Italiens, Creu- de 0,80 mètre (puis double) permettant mencent rapidement. sois et Alsaciens pour les maçons et tail- la circulation de wagonnets. • Les terrains sont cédés par les com- leurs de pierre, ont pour la plupart égale- • Le fort, entouré de fossés, est construit munes de Bavans et de Bart pour environ ment participé à la construction d’autres dans sa majeure partie en pierre : seules 500 francs l’hectare. Par contre, le terrain forts de la région. quelques parties comme les plafonds des utilisé pour le chemin d’accès est donné • Le problème a été d’acheminer tout le coursives et des chambrées et les encadre- gracieusement par la ville de Bavans. Un matériel et les matériaux nécessaires à la ments de certaines fenêtres ont été réali- archéologue,­ M. Voulot, est chargé de faire construction du Fort jusqu’au sommet du sées en brique. En outre, la « rue » (voir des fouilles sur le site avant le début des Mont-Bart (pierres à bâtir, chaux, ciment, fiche 9) est surmontée d’une couverture travaux. briques, bois de construction, fers, sable, en béton soutenue par des rails métal- • La construction du Fort et de son che- jusqu’à l’eau nécessaire à la fabrication liques. Par ailleurs, une fois les maçonne- min d’accès sont réalisés par l’entreprise du mortier), mais également en sens in- ries terminées, le fort a été recouvert d’en- Hallier - Moussard. L’essentiel des travaux verse pour déblayer tous les gravats… viron 3 à 6 mètres de terre. Un pont-levis est terminé en 1877 – 1878, même si le Certes, il existe un chemin d’accès (route permettait d’y accéder. fort subira ensuite des modifications, actuelle) mais il n’est pas pratique étant

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La construction du fort à necessité la mise en place de wagonnets activés par une machine à vapeur pour l’acheminement des matériaux.

L’entrée du fort. On peut observer le pont-levis, aujourd’hui disparu.

Bibliographie

• « Fort du Mont-Bart 1877 : Position stratégique - Construction du Fort » Pierre Richard 1990

• Reportage de Marie-Pierre Pichon et de Mi- chel Py Les techniques de construction BT 1172 PEMF novembre 2005. 2 5 La construction en pierre

Extraction de la pierre. Le taillant sert à enlever une grosse quantité de matière. Le ciseau permet de concevoir une ciselure (découpe précise Sur le site du fort la pierre est trop friable. Les ouvriers ont donc autour d’une face de la pierre pour délimiter l’excédent de ma- extrait de la pierre dans les carrières de Bavans et Montenois tière à enlever). Il existe aussi des ciseaux de différentes formes où sont exploités des calcaires très durs, utilisés aussi pour pour réaliser des moulures ou des ornementations. Ce n’est pas l’empierrement. le cas au fort : les pierres sont taillées pour l’appareillage des Pour les géologues : nous sommes dans le jurassique moyen, murs mais sans ornementation. Bajocien supérieur dit grande oolithe. Par l’utilisation de ces outils, le tailleur de pierre obtenait la forme souhaitée et sur chaque pierre finie, il gravait sa signa- Depuis des siècles, les hommes utilisaient des coins de métal ture : il était payé « à la tache », c’est-à-dire en fonction de la (ou des coins de bois gonflés par l’eau) sur lesquels ils frap- quantité de travail effectuée. paient à la masse pour détacher le bloc de la roche. Pour la construction du fort en 1873, les ouvriers ont employé un pro- cédé tout nouveau, la dynamite, mise au point en 1866. Ils se sont également servis d’explosifs, de pics et de barres à mines pour le creusement des fossés.

La taille des blocs Chaque bloc est taillé avec différents outils. Ceux-ci n’ont guère évolué depuis des siècles et les tailleurs de pierre actuels y ont toujours recours.

La mise en place des pierres

Les murs au sont appareillés de blocs régu- liers taillés. Pour les voûtes, les ouvriers préparaient des cintres en bois qui soutenaient les pierres de la voûte en construction.

A l’époque de la construction du fort il existait des classifica- tions dans le métier touchant directement au travail de la pierre : petit manœuvre, manœuvre ordinaire, manœuvre choisi, terrassier, rocteur, taluteur, maçon tailleur de pierres, paveur, mineur, tailleur de pierre choisi, poseur…

Pendant de nombreuses années, à l’initiative de l’Association de sauvegarde du fort du Mont-bart, des apprentis tailleurs de pierre ont effectué leur stage de formation au for, relayés de- puis quelques temps par des artisans. Ce travail a permis de reconstruire notamment l’entrée de la caserne, de remonter des murs et de refaire des voûtes du chemin de ronde, afin de contribuer à redonner au fort son aspect originel.

Illustrations Bernard Nicolas. danselombre.com

Vue d’une partie du fort récemment restaurée.

3 le fort du Mont-Bart dossierdossier enseignants enseignants6 L’armement du Fort -1 • Les progrès de l’armement avec le déve- de terre engazonnée et légèrement boisée ainsi empêcher l’ennemi de passer ou de loppement de l’artillerie rayée sont à l’ori- (à l’époque), pour être dissimulé à la vue s’installer entre eux. gine de la disparition du tracé bastionné. et aux tirs ennemis. Ainsi : • Les forts Séré de Rivières sont conçus En effet, les forts Séré de Rivières adoptent selon le principe d’indépendance des - premièrement l’ennemi gaspille des un tracé polygonal plus simple à mettre crêtes de feu (ligne de position de même munitions en tirant au hasard, car il ne en place et qui s’adapte facilement au altitude) et des escarpes (murs délimitant sait pas où se trouve exactement le Fort ; site naturel. Le fort du Mont-Bart a un les fossés côté fort). Ainsi le fort du Mont- plan pentagonal avec une seule entrée - deuxièmement si les tirs réussissent à Bart possède deux systèmes défensifs qui (pont dormant avec un pont-levis). Il est atteindre le dessus du fort, ils entament suivent des tracés différents et totale- conçu comme une grosse batterie d’artil- la terre, mais ne détruisent pas la ma- ment indépendants : lerie, entouré d’un fossé de 7 mètres de çonnerie. a) Un système basé sur la défense loin- large sur 6 mètres de profondeur (sauf le • L’apparition de l’artillerie rayée, vers taine avec de l’artillerie lourde pour les côté ouest où le fossé est remplacé par 1850, permet des tirs de plus en plus pré- tirs de longue portée un escarpement) et flanqué de 4 capon- cis et lointains, avec des charges de puis- - Les canons sont placés à l’air libre sur les nières. Une batterie était située à la place sance accrue. Les projectiles sont oblongs 14 plates formes de tirs de la rue du rem- de l’actuel restaurant pour protéger l’en- et tirés par des pièces à âmes rayées part bordant le fossé. Ce chemin circu- trée du fort. Une autre se trouvait à la (rayures droites ou hélicoïdales, servant à laire, également appelé allée de ceinture, Roche aux Corbeaux pour empêcher l’en- maintenir la trajectoire). Ils se chargent par dessert les positions d’artillerie qui sont nemi de s’y installer, mais aussi pour proté- la culasse (et non plus par la bouche du constituées d’une alternance de plates ger le fort. Tout le tour d’horizon est sous canon). Ces obus sont chargés en poudre, formes de tirs et d’abris sous traverses. le feu du fort (vue exceptionnelle à 360°, à balles ou à charges mélangées. Ces pro- Ces derniers permettent d’abriter les ca- depuis son sommet). grès permettent une augmentation de la nonniers quand les tirs deviennent trop • Le Fort du Mont-Bart, comme tous les portée de tir à 4 000 mètres en 1870 puis à dangereux, mais servent aussi de maga- forts Séré de Rivières, a été construit de fa- 6 000 mètres. Ceci va rendre nécessaire la sins pour les munitions. Sur les plates çon à être parfaitement camouflé dans le construction de forts ou de batteries pou- formes de tir, le canon, placé au centre, paysage. Il est enterré sous plusieurs mètres vant croiser leurs feux à cette distance et est protégé de chaque côté par les tra-

Abri sous Parapet traverse terrassé Plate forme

Vue depuis le Mont-Bart, plates formes de tir et abris sous traverse enterrés. 1 6

Évocation d’une plate-forme de tir. verses et de face par un parapet terrassé. système de défense n’est mis en place que de 40 kg à 9 km, en direction de Montbé- Parmi les pièces d’artillerie qui étaient sur s’il est vraiment indispensable car il coûte liard (pour protéger ou détruire ses commu- les plates formes de tirs, il y avait : très cher. Ainsi, au fort du Mont-Bart, des nications). Si la casemate est alors éclairée - canon de 155 mm long de Bange canons de 138 mm étaient en batterie dans avec des bougies, la mise à feu se fait, par modèle 1877 les deux caves à canons et les deux case- contre, électriquement. L’affût du canon est - canon de 155 mm court de Bange mates blindées. placé sur un châssis qui se déplace sur deux modèle 1881 - En 1882, le Commandant Mougin (1841- rails pour permettre le pointage. Des freins - canon de 120 mm modèle 1878 1916), ancien aide de camp du Général Séré hydrauliques diminuent le recul de l’affût au - canon de 95 mm Lahitolle modèle de Rivières, et chef du service des cuirasse- moment du tir. Un couloir de 12 mètres de 1877 ments, met au point au fort du Mont-Bart long permet d’accéder à la casemate qui a - mortier de 220 mm son prototype de casemate, conçue pour une forme de trapèze. Son plafond est fait Le chiffre en mm indique le diamètre des projectiles. être indestructible. Douze canonniers y de quatre plaques de fonte dure reliées par - Certains canons sont placés sous case- servent un canon de type 155 mm long de un ancrage en plomb. Il est recouvert par un mates, pour être mieux protégés. Mais ce Bange modèle 1883, qui peut tirer un obus mètre de béton, puis 2,5 mètres de sable et enfin environ 40 cm de terre. Un verrou de 7 tonnes, en fonte, se relève à bras d’hommes Maçonnerie par un système de contrepoids depuis l’inté- rieur de la casemate pour obturer l’ouver- ture entre les tirs. Ainsi la casemate est pro- Verrou 20° tégée des tirs ennemis pendant le charge- horizontale 5° ment du canon. Après les premiers essais, deux gaines latérales sont installées pour permettre l’évacuation des gaz. Une deu- Béton xième casemate de ce type devait être construite au fort, mais ne l’a jamais été, faute de financement.

b) Un système basé sur la défense rappro- chée Il s’agit des caponnières qui sont en fait des casemates spécialisées dans la pro- tection des fossés.

Reconstitution de la casemate-Mougin, avec affût modèle 1883 - pour canon de 155 L de Bange. 2 6

Mise à feu du canon de la casemate Mougin.

Maquette du canon de la casemate Mougin. Réalisation à l’échelle 1. Centre de Découverte des Métiers et du Patrimoine.

Verrou du canon de la casemate Mougin. 3 Bouche Volée Culasse 6

Affût : Bouton de culasse dit en col de cygne

Canon de 155 mm LONG DE BANGE (155L) modèle 1877 Canon de 155 mm COURT (155C) DE BANGE modèle 1881

Légende a. Coins de retour en batterie b. Plaque d’appui de crosse c. Gargoussier d. Casiers e. Piquets d’armement f. Levier de manœuvre g. Balai h. Tableau noir i. Panier j. Seau k. Refouloir l. Niches à projectiles m. Sac à terre

Canon de 155 mm long en batterie

Vues intérieures des structures de la caponnière du Saillant.

4 • Le Fort du Mont-Bart possède quatre = canon revolver Hotchkiss 6 caponnières : caponnière sud, capon- • Des croix sont matérialisées sur les nière tunnel, caponnière nord et capon- murs pour servir de repère de reposition- nière du saillant (ou caponnière est). nement des pièces d’artillerie quand la Cette caponnière du saillant est double, caponnière est enfumée par les tirs. c’est-à-dire qu’elle flanque deux fossés à la fois (donc on tirait dans deux directions • Les embrasures pour les tirs au canon différentes). sont rectangulaires (ouverture située la plus à droite), avec 3 marches d’escalier à • Les caponnières se situent dans le pro- la disposition du soldat qui observe le fos- longement des fossés. Elles ont des cré- sé (ouverture la plus à gauche) tout en neaux de tirs pour les fantassins (tirs hori- manipulant un projecteur à acétylène zontaux ou verticaux) et des créneaux de (ouverture en haut). pieds pour jeter des grenades contre l’ennemi. • Il reste très peu de caponnières, car elles ont été, en grande majorité, remplacées Bibliographie • Les pièces d’artillerie qui équipent les par des coffres de contrescarpe dans les caponnières après 1880 sont essentielle- forts modernisés (coffre en béton situé « Fort du Mont-Bart ment : dans le mur extérieur du fossé, auquel on 1877 : casemate - cuirassée du - Des canons de faible calibre, permet- accède par une galerie souterraine). Commandant Mougin » tant Pierre Richard 1992 de dégager les fossés des encombre- La moyenne totale de l’armement du fort ments dus à l’ennemi (ponts, échelles…) a été d’environ 50 pièces d’artillerie, tous « Fort du Mont-Bart mais sans détruire les murailles du fort types confondus (tirs lointains et tirs rap- 1877 : Armement de la place : = canon de 12 à culasse. prochés). canon – magasins à poudre » - Des canons à tir rapide, permettant de Pierre Richard 1990 tirer contre les fantassins ennemis

Canons utilisés dans les caponnières.

5 6 Pour aller plus loin en classe...

Croquis de tir : position des canons sur le rempart. Montrez que le plan du Fort du Mont-Bart et la disposition des canons permettaient d’avoir des tirs dans toutes les directions et donc de protéger tout le Pays de Montbéliard.

6 le fort du Mont-Bart dossierdossier enseignants enseignants7 L’armement du Fort -2 • L’ensemble des organes vitaux du fort (casemates blindées, caponnières, maga- sins à cartouches, poudrières,…) est ren- forcé par des voûtes épaisses surmontées de plusieurs mètres de terre. Des arcs en plein cintre ouvrent des passages cou- verts de voûtes en berceaux ou biaises. • Au total, les deux magasins à cartouches peuvent contenir jusqu’à 590 000 car- touches, et les deux poudrières 110 000 kg de poudre. Leur architecture et leur agen- cement sont sensiblement identiques. En effet, un magasinà cartouches, c’est une poudrière en plus petit. • Ces salles, de forme rectangulaire, sont conçues de la même façon pour lutter contre l’humidité. Ainsi, un plancher en bois est posé sur la dalle de béton, mais Vue d’une poudrière. Au fond, on observe les ouvertures donnant sur la chambre des lampes. avec un espace vide entre les deux pour permettre à l’air de circuler.

Soldats venant s’approvisionner en poudre. 1 De plus, la dalle est aussi sur un vide sani- proximativement au centre du Fort, ne tonnage intensif, la construction de tou- 7 taire. Des ouvertures permettent l’évacua- constituent pas de véritable danger. En relles ou de coupoles cuirassées pour tion de l’humidité. Les sols des couloirs, effet, ils sont suffisamment protégés avec protéger l’artillerie, le remplacement des des vestibules et des chambres des l’épaisse voûte et les 6 mètres de terre caponnières par des coffres de contres- lampes ne sont pas au contact de la terre. par-dessus. La poudre utilisée, faite de carpes… C’est ainsi qu’en 1889, un classe- Ceux-ci forment ainsi des gaines d’assè- soufre, salpêtre et charbon de bois, appe- ment des forts est organisé pour déter- chement. lée poudre noire, ne permet pas aux obus miner ces transformations selon les be- de traverser très profondément la terre. soins de la défense. Seulement classé en • Pour éviter tout risque d’étincelles et Ainsi, les tirs ne peuvent pas détruire la troisième catégorie, le Fort du Mont-Bart donc d’explosion, l’éclairage était indi- maçonnerie et atteindre ces organes vi- ne connaîtra que très peu de transforma- rect. Il s’agit du principe des chambres des taux. Ils ne font que des trous dans la tions (construction d’une poudrière ca- lampes. En effet, des ouvertures (1 pour terre. Par contre, en 1885, la mélinite rem- verne en 1889). les magasins à cartouches, 3 pour les pou- place la poudre noire comme charge ex- drières), situées sur le mur du fond, • Avec l’apparition de l’obus torpille, les plosive. De même, la poudre B sans fumée donnent dans un couloir appelé chambre magasins à cartouches et poudrières remplace la poudre noire comme charge des lampes. Ces ouvertures sont proté- construits en même temps que le Fort se propulsive pour tirer l’obus. De plus, l’uti- gées par des vitres de 20 mm d’épaisseur, révèlent trop dangereux. Si un obus à la lisation de l’acier dans la fabrication des elles-mêmes recouvertes par un grillage mélinite réussit à atteindre le dessus obus permet de faire des parois plus (côté poudrière ou magasin à car- d’une de ces salles, il peut non seulement minces et ainsi augmente leur conte- touches). Dans la chambre des lampes, percer la voûte, faisant exploser la poudre nance en explosifs. Ces projectiles, char- l’ouverture a un rebord sur lequel on peut et les munitions, mais aussi pratiquement gés de mélinite, munis d’une double fu- poser une lampe (à huile ou à pétrole) et tout le Fort. Ainsi, en 1889, elles sont dé- sée, disposent également de dispositifs le tout est protégé par un grillage. Ainsi, classées et remplacées par une poudrière réglant leur éclatement. C’est l’apparition on éclaire depuis la chambre des lampes, caverne. Celle-ci fait partie d’un complexe de l’obus torpille qui va obliger les forts à c’est-à-dire à l’extérieur, ce qui évite tout défensif, comportant la casemate cuiras- se moderniser pour se protéger contre risque d’étincelle à l’intérieur de la pou- sée, la double caponnière et deux plates les tirs devenus très dévastateurs. En ef- drière ou du magasin à cartouches. formes de tirs. Elle est située à 15 mètres fet, les obus chargés de mitraille ex- de profondeur, creusée directement dans • Toutes les pièces métalliques qui plosent au-dessus de la tête des soldats le rocher. Ainsi profondément enterrée, il peuvent être en frottement et donc pro- positionnés sur les plates formes de tirs : y a peu de risques qu’elle explose. Mais, au voquer des étincelles sont en bronze ces dernières ne sont plus défendables. cas où cela se produirait, elle est placée (gonds, serrures, grilles…). De plus, seuls les Les obus chargés de mélinite explosent devant le fossé du Fort côté nord-est soldats travaillant dans ces endroits y quant à eux une fois enfoncés dans la (entre l’entrée du Fort et l’actuel restau- avaient accès. Ils avaient un équipement terre qui protège le fort, c’est-à-dire au rant), c’est-à-dire suffisamment à l’écart spécial (sandales ou sabots non cloutés contact de la maçonnerie qu’ils dé- pour ne pas toucher le Fort. Les munitions pour éviter les étincelles). Les autres at- truisent. et la poudre étaient acheminées par un tendaient dans le vestibule qu’on leur • Pour faire face à cette nouvelle tech- wagonnet jusqu’à la casemate Mougin fournisse ce dont ils avaient besoin. nique d’armement véritablement révolu- (obus de 40 kg) ou la caponnière du • Jusqu’en 1885, ces poudrières et maga- tionnaire, les forts Séré de Rivières vont saillant. sins à cartouches, bien que situés ap- subir des transformations comme le bé- Bibliographie

« Fort du Mont-Bart 1877 : Armement de la place : canon – magasins à poudre » Pierre Richard 1990

Entrée de la poudrière caverne. Wagonnet permettant de remonter les munitions depuis la poudrière caverne. 2 le fort du Mont-Bart dossierdossier enseignants enseignants8 Les communications

• Le Fort du Mont-Bart possède deux ca- fonction d’un code convenu à l’avance et rayons du soleil. Dans la casemate op- semates optiques. La casemate optique la réception se faisait avec une lunette. tique Sud, la gaine assurant la communi- Nord permet de communiquer avec les cation avec le Fort de la Dame Blanche • Ces appareils de télégraphie optique Forts du Mont-Vaudois (Héricourt), du est plus importante que les autres gaines. existaient en deux catégories : Salbert (Belfort) et Lachaux (Grand-Char- En effet, elle doit permettre de communi- - appareil de campagne, portable et lé- mont). La casemate optique Sud permet quer à une grande distance (70 km) et ger ; de communiquer avec les forts du Lo- utilisait donc un appareil optique avec - appareil de fort, volumineux et fixe. mont, de la Dame Blanche (Besançon, fo- lampe à acétylène très puissant. rêt de Chailluz) et la Batterie des Roches Ces deux types d’appareils permettaient • L’inconvénient de ce système est l’im- (Pont-de-Roide). d’émettre de jour et de nuit. possibilité de communiquer par temps • Le système utilisé comprenait une • Au Fort du Mont-Bart, l’appareil était de brouillard. Pour y remédier, on pouvait source lumineuse (naturelle = soleil, ou placé dans l’axe de la gaine orientée en utiliser les pigeons voyageurs. À partir de artificielle = lampe à pétrole, à acétylène, direction du fort avec lequel on souhai- 1882, le Fort du Mont-Bart est équipé …) des lentilles et miroirs permettant de tait communiquer. La communication d’un poste de télégraphie électrique à concentrer les rayons lumineux en un par héliostat (lumière du soleil) se faisait côté des cuisines. faisceau, ainsi qu’un obturateur pour pro- par l’intermédiaire d’une cheminée dans duire les signaux. Ceux-ci étaient émis en la voûte permettant le passage des

Scène de réception d’un message optique. 1 Les deux câbles en cuivre étaient souter- Bibliographie 8 rains. Leur direction était le Fort Lachaux « Fort du Mont-Bart pour l’un et la Batterie des Roches et le 1877 : Communications Fort du Lomont pour l’autre. Le message Télégraphie optique était transmis en Morse. Progressive- Télégraphie électrique » ment, la télégraphie électrique remplace la télégraphie optique. En effet elle per- Pierre Richard 1992 met des communications plus rapides et secrètes, par câbles souterrains : l’ennemi ne voit pas les signaux. Elle sera elle- même rapidement remplacée par la TSF et le téléphone.

Pour aller plus loin en classe...

Croquis de la casemate optique sud en coupe. Expliquez que ce système de signaux optiques qui était très performant pour l’époque a été remplacé par la suite par d’autres moyens de communications plus modernes (télégraphe électrique, TSF, radio…)

Appareil de Forteresse (coupe) Croquis d’appareils télescopiques de forteresse. Lunette « chercheur » Expliquez le principe de signaux optiques (avec une lampe ou les rayons du soleil) : faire l’expérience avec un miroir en classe.

Appareil de Forteresse avec héliostat Miroir « psyché » (réception de la lumière transmise par un héliostat) Lunette de réception

2 8 Pour aller plus loin en classe...

Fort de Giromagny

Fort de Roppe Fort du Salbert Fort de Cravanche Bessoncourt

Citadelle de Belfort

Fort de Vézelois ~ 20 km Fort du Mont Vaudois ~ 15 km

Héricourt Ouvrage de Meroux

Fort de la Chaux

Château de ~ 10 km 10 ~ Montbéliard

~ 4,5 km Télégraphie optique Télégraphie électrique Fort du Mont-Bart

~ 12 km ~ 14 km Chailluz Bavans La Dame Blanche

Pont de Roide Batterie des Roches

Fort de Lomont

Réseau de communication en 1886, central du Mont-Bart. Expliquez l’importance de ce réseau de communication, en montrant la nécessité que tous ces forts puissent communiquer entre eux (pour prévenir de l’arrivée de l’ennemi).

3 le fort du Mont-Bart dossiers enseignants dossiers enseignants9 La vie dans le fort

• La construction du casernement a été réalisée avec une certaine attention. En ef- fet, c’est la première fois où l’on loge des soldats dans un lieu totalement enterré, et le bon moral des troupes est une priorité pour le commandant. • Le casernement, situé au centre du Fort, est composé de deux bâtiments de deux niveaux, séparés par une allée à l’origine à ciel ouvert. Celle-ci, également appelée « la rue » (on y voit encore les fe- nêtres avec les gonds pour les volets), a été recouverte avant la première guerre (vers 1910), afin de la protéger des obus torpilles et des tirs de l’aviation. Le casernement est composé de : - 28 pièces pour la troupe, les sous-offi- ciers et les officiers - Logement du gouverneur du Fort - Service médical - Armurerie et divers ateliers Lecture du courrier dans la chambrée. - Magasins à vivre Le mobilier est standard, avec des lits à • Afin d’augmenter la luminosité, les murs - Four à pain étages pour quatre hommes (2 x 2) ou sont blanchis à la chaux (comme les cou- • Dans chaque chambrée, on loge 28 sol- pour deux hommes (2 x 1). Par contre, les loirs, les gaines, les poudrières…). L’éclai- dats, alors que les sous officiers y sont à 2, officiers et le gouverneur ont un aména- rage est assuré grâce à des bougies ou des 3 ou 4. gement spécial avec plus d’espace. lampes à huile, puis par des lampes à pé- trole.

Vue du casernement organisé de part et d’autre d’une « rue » centrale. 1 9

L’infirmerie.

La corvée dépluchage des patates devant la cuisine. (En réalité des portes fermaient la pièce) 2 • Une niche est aménagée dans chaque Voici la situation de la répartition de la garnison de Montbéliard entre le Château et 9 chambrée pour un appareil de chauffage les ouvrages extérieurs. (poêle calorifère). L’aération étant insuffi- sante par les ouvertures normales, elle Montbéliard le 5 décembre 1876 est assurée par une ventilation artificielle basée sur la différence de température Officiers Troupe Chevaux entre l’air extérieur et l’air intérieur (tirage Fort du Mont Bart 12 707 7 forcé par dépression). Par contre, dans le Montbéliard + Lachaux 24 1335 58 reste du Fort, ce sont des cheminées d’aé- ration qui permettent encore actuelle- Lomont + Ba. Des Roches 30 1504 58 ment d’aérer et d’évacuer l’humidité. De Totaux 66 3546 123 plus, au bout des couloirs, ces cheminées d’aération sont dotées d’un système per- mettant de réfléchir la lumière du soleil grâce à des carreaux de faïence blanche. Répartition des effectifs au Fort du Mont-Bart • Le fort devait posséder des stocks lui Le 5 décembre 1876 permettant de subvenir à trois compa- gnies pendant trois à six mois, en cas de Officiers Troupe Chevaux conflit (combustibles, vivres, munition, 1 compagnie du 4° B. du 44° de ligne 4 250 eau …). L’eau n’est pas présente au Mont- Bart. La solution permettant actuelle- 1 compagnie du 1°B. du 53° territorial 4 250 ment d’avoir de l’eau au fort est donc le système de récupération des eaux de 3° sect ; de la 8°B. du 5° d’artillerie 2 139 pluie. Détachement du train d’artillerie 3 7 • Depuis le sommet du Fort, au niveau _ de la 3°C du 7°B du génie T 1 49 du casernement et des poudrières, l’eau D. 7° S.T Commis et ouvriers 10 est recueillie par des ouvertures proté- Infirmiers 5 gées par des pierres sèches. Cette eau est ensuite conduite, par l’intermédiaire de Docteur 1 canalisations en fonte, à des collecteurs Totaux 12 706 7 en pierre, puis à des filtres. Ces derniers sont situés dans la chambre des filtres près des cuisines.

La toilette des soldats. 3 9

La cuisson du pain.

Une fois filtrée, l’eau devenue potable est une cafetière Japy. stockée sous les cuisines dans deux ci- • Le four à pain, situé dans une pièce du ternes d’une contenance totale d’environ casernement, est un modèle Lespinasse 640m3. L’eau de ces deux citernes n’était mixte (bois ou charbon). Il est entière- utilisée qu’en temps de conflit. Leur trop ment restauré, ainsi que le conduit de la plein est recueilli dans une troisième ci- cheminée. On peut encore y faire du pain terne, utilisée en temps de paix, plus en utilisant le chauffage au bois. Une petite et située sous le corps de garde. fournée permet de préparer 300 rations, Une quatrième citerne, réservée aux be- soit 150 pains ronds (pain de munition), soins domestiques avec un système de enfournés à l’aide d’une pelle. Deux fours récupération des eaux de pluie indépen- de rechange en tôle étaient disponibles dant des trois autres, se trouve sous le la- en cas de problème. voir du fort.

• Le fort dispose de deux cuisines permet- tant de préparer 800 à 1 000 rations par re- pas. Une cuisine est réservée aux officiers et l’autre pour la troupe. Dans chacune d’elles se trouvait un fourneau Vaillant en fonte, avec quatre marmites de 75 litres. La soupe campagnarde à base de lé- gumes était le plat le plus apprécié, sur- Bibliographie tout avec un bon croûton de pain. Le « Fort du Mont-Bart Le four Lespinasse, encore en état de café, très important pour réchauffer et 1877 : La garnison fonctionnement. maintenir éveillés les soldats de garde, La vie dans le Fort » était préparé avec un moulin à café et Pierre Richard 1990

4 9 Pour aller plus loin en classe... Petits jeux mathématiques sur la vie quotidienne au fort du Mont-Bart

Au casernement : Les légumes :

1 / Le fort peut accueillir 700 hommes dont 12 officiers, 25 4 / La ration de légumes était de 800g par jour et par homme. sous officiers, et 663 hommes de troupes. Sachant que le plus souvent il s’agissait de pommes de terre et Il y a 28 casemates ou chambrées. qu’une pomme de terre pèse environ 50g, combien de Sachant que les officiers sont 4 par chambrée, combien pommes de terre les soldats de corvée devaient-ils éplucher d’hommes de troupe et de sous-officiers logent dans une par jour ? chambrée ?

Eclairage du fort : L’eau dans le fort : 5 / Il y avait au fort un stock de 20 600 bougies de 18 cm de 2 / En 1880 on gardait en cas de guerre 6 mois de réserve long et de 89100 allumettes qui devait durer 6 mois. 3 d’eau dans les citernes, soit 700 m . Combien de fois pouvait-on rallumer sa bougie ? Combien de litres d’eau chaque homme pouvait-il utiliser par jour ? 6 / Il y avait 49 bougeoirs en fer blanc pour la troupe et 26 chandeliers en cuivre pour les officiers. Le pain : Si on repartit les chandeliers par chambrée, combien y avait-il de chandeliers dans une chambrée d’officiers et combien de 3 / Le four Lespinasse actuellement dans le fort permettait de chandeliers dans les autres chambrées ? faire cuire 300 rations, soit 150 pains de 1,500 kg en une four- née. 7 / Si les bougies sont réparties de façon équitable par rapport Sachant que la ration journalière pour un homme est de 620g aux chandeliers, combien pouvait-on allumer de bougies par

de pain, combien de fournées devait-on faire par jour ? jour pour un chandelier ?

On a 274 bougies par chandelier pour 6 mois donc une bougie et demi par jour par chandelier. par jour par demi et bougie une donc mois 6 pour chandelier par bougies 274 a On / 7

25 chambrées et 49 chandeliers donc 24 chambrées avec 2 chandeliers et une chambrée avec un seul chandelier. seul un avec chambrée une et chandeliers 2 avec chambrées 24 donc chandeliers 49 et chambrées 25

3 chambrées d’officiers et 26 chandeliers donc 8 chandeliers dans chaque chambrée plus 2 reparties suivant les besoins. les suivant reparties 2 plus chambrée chaque dans chandeliers 8 donc chandeliers 26 et d’officiers chambrées 3 / 6

On pouvait rallumer sa bougie 4 fois. 4 bougie sa rallumer pouvait On / 5

800 : 50 = 16 pommes de terre par homme. 700 x 16 soit 11200 pommes de terre à éplucher par jour. par éplucher à terre de pommes 11200 soit 16 x 700 homme. par terre de pommes 16 = 50 : 800 / 4

Il fallait 362 rations pour nourrir les soldats, soit plus d’une fournée par jour. par fournée d’une plus soit soldats, les nourrir pour rations 362 fallait Il / 3

700 000 l pour 700 hommes donc 1000 litres par homme pour 6 mois donc 5,5 litres par jour et par homme. par et jour par litres 5,5 donc mois 6 pour homme par litres 1000 donc hommes 700 pour l 000 700 / 2

688 : 25 = 27.52 donc 28 hommes par chambrée. par hommes 28 donc 27.52 = 25 : 688

Il reste 25 chambrées pour 663 hommes + 25 sous officiers soit 688 hommes hommes 688 soit officiers sous 25 + hommes 663 pour chambrées 25 reste Il

12 officiers donc 3 chambrées. chambrées. 3 donc officiers 12 / 1

5 le fort du Mont-Bart dossierdossier10 enseignants enseignants Le belvédère du Mont-Bart

Le belvédère du Mont-bart, qui offre une Un lieu de promenade paysage se décompose en boisements, vue à 360° sur le Pays de Montbéliard, fait Des sentiers balisés et sécurisés per- terres cultivées, prairies et pâtures, ver- partie d’un réseau de points de vues mettent d’en faire le tour. gers, pelouses sèches, rivières et plans aménagés proches : le fort Lachaux, Van- d’eaux. S’y ajoutent les constructions hu- doncourt, Champvermol. Un outil de lecture de paysage maines qui ont varié au cours des siècles : Chacun de ces sites nous permet de re- Grâce à des panneaux répartis sur le par- fermes, maisons individuelles, grands tracer l’histoire du lieu, sa nature, la façon cours, plusieurs études peuvent être ensembles. dont les hommes l’ont investi. abordées : • les couloirs de circulations et infrastruc- • la situation géographique du lieu, véri- tures de transport Le parcours du belvédère du Mont-Bart, table couloir naturel entre les Vosges à La vue vers le sud nous permet une étude point culminant de l’agglomération (488 l’ouest et la forêt noire. des voies de circulations : chemin de fer m) propose plusieurs thématiques d’ap- • l’histoire géologique de ce couloir de la ligne Strasbourg - Montbéliard - proches. • l’évolution urbaine Lyon, véloroute Nantes - Budapest, auto- Du haut du fort on découvre les rapports route et routes, canal Saône - Rhin, entre la ville et les espaces naturels. Le Doubs.

Vue sur le Pays de Montbéliard depuis le Mont-Bart. 1 Un outil de découverte de l’histoire très élégante. Elle fleurit de juin à juillet et 10 du site et de son occupation se plait sur les pentes boisées et fraîches Les sentiers nous font découvrir la lé- et dans les pâturages à sols riches et cal- gende du site et les différents acteurs de caires. son développement. L’anémone fausse renoncule de couleur jaune d’or est une espèce plutôt rare en Un outil de découverte de l’histoire France, protégée dans quelques régions. militaire Elle fleurit de mars à juin, et forme de vé- Des panneaux didactiques invitent à la ritables tapis tout comme sa cousine découverte du Fort du Mont-Bart édifié à l’anémone Sylvie aux fleurs de couleur partir de 1875. Cet ouvrage de fortifica- blanche qui égayent les sous-bois au tions se visite. printemps. L’Anémone. L’hellébore fétide est parfois désigné Un outil de découverte botanique En outre, quelques-unes tendent à dispa- sous le nom de pied de griffon, d’herbe La forêt du Mont-Bart comprend toute raître, et leur conservation est un enjeu printanière, de patte d’ours ou de rose du une variété d’essences d’arbres : du hêtre important pour l’avenir de l’environne- serpent. Cette plante qui fleurit de janvier au chêne sessile, en passant par l’alisier ment. à mai s’observe dans les forêts sèches de blanc, l’érable champêtre, l’aulne gluti- Parmi celles-ci, certaines sont facilement feuillus. Comme l’indique son nom, la neux ou le charme… identifiables comme la jonquille plus plante dégage une odeur fétide lorsqu’on connue dans la région sous le nom de froisse ses feuilles et ses pétales. Cousine Le site du Mont-Bart présente également Campenotte d’or. La Campenotte est de- de la « Rose de Noël », c’est une des pre- une flore d’une grande richesse, qui a fait venue l’emblème du Pays de Montbéliard mières fleurs visitées par les abeilles à la l’objet d’une étude dans le cadre de l’in- au 19ème siècle. Elle a été mise en chanson sortie de l’hiver. ventaire national du patrimoine naturel par Paul Resener en 1891 et souvent re- où plus d’une soixantaine d’espèces ont présentée par les peintres et les photo- été répertoriées. graphes. Sa floraison qui a lieu en mars - Ces plantes y trouvent des conditions avril annonce l’installation du printemps. propices à leur développement sur des Le lys Martagon est une plante locale- expositions et des sols variés. Si leurs ment protégée car elle est assez rare dans couleurs et leurs formes éveillent la curio- la région. Sa longue tige, et ses fleurs en sité du promeneur, il est prudent de ne forme de turban de couleur rose violacé pas les toucher, certaines étant toxiques. ponctué de pourpre en font une espèce

Le Lys Martagon.

Les «Campenotes».

L’Hellebore fétide. le fort du Mont-Bart dossierdossier enseignants enseignants11 La légende de la Roche aux Corbeaux

Situation géographique Contexte historique de la légende mains. Ceux-ci repoussent les Helvètes qui finalement restent en Helvétie. En re- • La Roche aux Corbeaux se situe sur la • Dès le IIe siècle av. J.-C., le Sud de la pointe nord du plateau qui couronne la Gaule (province Narbonnaise) entretient vanche, les troupes de Jules César en pro- montagne sur laquelle est installée le des relations privilégiées avec l’Italie. En fitent pour s’y installer. C’est le début de la fort. C’est un aplomb rocheux qui domine revanche, la Gaule du Nord-Est, appelée guerre des Gaules de 58 à 51 av. J.-C. et de l’ensemble de la vallée du Rupt et la « Gaule Chevelue » est encore indépen- la mise sous tutelle de la Gaule par Rome. plaine d’Arcey. dante. La Séquanie, dont les limites géo- Pendant cette même période, les Sé- Lors de la construction du Fort du Mont- graphiques correspondent approximati- quanes doivent aussi faire face à d’autres Bart, les militaires installèrent, au som- vement à l’actuelle Franche-Comté, en envahisseurs. En effet, les hordes barbares met de la Roche aux Corbeaux, une bat- fait partie. d’Arioviste, venant du Nord-Est, qui pillent terie avec plusieurs canons de gros ca- Vers 58 av. J.-C., la tribu gauloise des Sé- et dévastent tout sur leur passage, arri- libre. Le rôle de cette batterie était de quanes doit faire face au passage de leurs vent dans la région. Contre la cruauté des protéger le fort, et d’empêcher toute at- voisins Helvètes. En effet, ces derniers sou- taque contre lui depuis la Roche aux Cor- haitant quitter leur territoire pour s’instal- Germains, les Séquanes se retrouvent beaux. ler sur des terres plus accueillantes, désarmés et incapables de se défendre. Ce lieu fait l’objet d’une légende qui veulent traverser la Séquanie. Les Sé- Mais finalement, les Romains, véritables prend sa source dans le contexte histo- quanes, préférant éviter ce flux migratoire stratèges militaires, réussissent à repous- rique de la fin de l’indépendance gauloise et tout ce que cela peut provoquer ser les redoutables guerriers barbares dans la région. (pillages…), demandent l’aide des Ro- vers le Nord, en direction du Rhin.

La Roche aux Corbeaux. 11 est presque terminé. Peu à peu, les vil- En entendant l’effondrement, tous La légende lages gaulois dévastés sont reconstruits les gens des environs, inquiets, mon- epuis le sommet du Mont- et la vie reprend le dessus. tent à la grotte pour y découvrir le triste Bart le vieux druide Vivrax a Un jour Erodus décide de demander sort du druide et de sa fille. C’est alors suivi toute la bataille de la main de Zaël à Vivrax. C’est ainsi que l’un d’eux aperçoit la faucille d’or DBavans, avec une certaine inquiétude qu’il monte jusqu’à la grotte où vivent de Vivrax qui était tombée sur le sol et quant à son issue. « Les Romains vont- le vieux druide et sa fille. Cette grotte la ramasse. Mais celle-ci, objet sacré, ne ils réussir à vaincre ces cruels barbares ? ». se situe au sommet de la colline qui fait peut pas être touchée par un simple Cependant, après trois longues journées face au Mont-Bart. Cependant, Vivrax mortel. Elle se transforme donc en de rudes combats, les troupes bien ordon­ refuse catégoriquement. « Selon la loi poudre qui se disperse au gré du vent ­nées de César ont finalement raison des druidique, ma fille ne peut t’épouser, Ero- tout autour de la grotte et des environs, Germains, qui se révèlent être de farou- dus ! ». Ce dernier, déçu, retourne à donnant ainsi naissance à la campe­ ches guerriers, mais indisciplinés et Châtaillon, sous les yeux attristés de notte d’or (jonquille) qui pousse cha- mauvais stratèges. Les troupes d’Arioviste que année dans notre région. s’enfuient en laissant derrière elles un Zaël. spectacle de désolation. Après le départ du jeune centurion, C’est aussi depuis ce jour que cette col- Vivrax, témoin de la victoire celle-ci essaie de faire changer son père line qui fait face au Mont-Bart est romaine, annonce la nouvelle aux d’avis. Mais celui-ci reste ferme dans sa appelée « la Roche aux Corbeaux ». Il Séquanes. Après réunion, le conseil décision et s’oppose à toute idée de parait que chaque automne, on peut y gaulois des anciens décide d’honorer les mariage entre les deux jeunes gens. apercevoir une forme blanche qui vainqueurs par un accueil triomphal. C’est ainsi qu’un jour, Zaël quitte la monte dans le ciel. Est-ce l’âme de Zaël Ainsi, le lendemain matin, Vivrax grotte pour rejoindre Erodus à Châ- pardonnée ou celle du vieux druide accompagné de sa fille Zaël, prend la taillon et se marier avec lui, selon la loi apaisée ? Nul ne peut l’affirmer. Par tête du cortège gaulois qui va au-devant romaine. Ceci, bien sûr, sans le consen- contre, il s’agit certainement d’une âme des soldats romains, chargés d’installer tement de Vivrax qui la renie. bienveillante qui, enfin en paix, monte au ciel. En effet, certains assurent que un camp retranché dans la vallée. Ces Environ un mois plus tard, Zaël derniers ont comme chef le jeune cen- les filles de Bart et de Bavans formulant passe en bas de la colline où se trouve la turion Erodus qui reçoit avec bien- un souhait au moment de l’apparition grotte de son père. C’est alors qu’elle veillance l’hommage gaulois des mains sont toujours exaucées. aperçoit une nuée de corbeaux qui de Zaël, qui lui offre le gui sacré, sym- bole de paix. plane juste au dessus. Inquiète, elle décide de voir ce qu’il se passe et monte Les deux jeunes gens tombent sous à la grotte. Le spectacle qui l’attend est le charme l’un de l’autre. C’est ainsi désolant. En effet, Vivrax est étendu qu’une fois l’entrevue terminée, ils par terre à côté de l’entrée de la grotte. n’ont d’autre souhait que de se revoir. « Est-il mort ? ». La jeune femme se rap- Plusieurs rencontres leur permettent de mieux se connaître et s’apprécier. Mais proche et voit avec horreur qu’il est Vivrax, inquiet, voit d’un mauvais œil trop tard, les corbeaux dépècent déjà le cette idylle naissante. En effet, pour lui, cadavre. Avec difficulté, elle réussit à Zaël doit accepter sa destinée, en tant mettre le corps de son père à l’abri dans que fille et assistante de druide, c’est-à- la grotte. Mais dans toute légende, les dire héritière des connaissances et rites dieux ne sont pas très loin. Ici, en l’oc- ancestraux. currence, s’agit-il de dieux gaulois ou Pendant ce temps, les troupes de de dieux romains ? Nul ne le sait. Tou- César continuent à repousser les barba- jours est-il qu’ils décident d’intervenir. res, de plus en plus au Nord. Dans la Ainsi, à peine à l’intérieur de la grotte, vallée, l’oppidum romain de Châtaillon1 le plafond s’effondre sur le père et sa fille. Ils se retrouvent ainsi réconciliés 1. Châtillon d’après Alfred Foct, et Châtaillon d’après Pierre Richard. dans la mort et réunis à jamais.

Bibliographie Le théâtre antique de Mandeure Texte de Pierre et Céline Mougin « Les bornes de Würtemberg » « Contes et légendes du Pays de (SIVAMM) Pierre Richard Montbéliard » Plaquette réalisée à l’initiative de la ville Alfred Foct, 1957 de Mandeure Édition du patrimoine, 2000