Archéologie En Franche-Comté BELFORT PENDANT La Préhistoire Belfort PENDANT La Préhistoire : Une Zone De Contacts Et D’Échanges
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archéologie en franche-comté BELFORT PENDANT la PRéHISTOire Belfort PenDant la Préhistoire : une zone De contacts et D’échanges l’échelle de l’europe occidentale, la région de Belfort constitue le point médian entre à deux vastes entités géographiques et culturelles : à l’est, la plaine rhénane ouverte sur l’europe moyenne ; à l’ouest, le Bassin rhodanien ouvert sur la méditerranée occidentale. Durant la Préhistoire, cet axe de passage naturel entre la bordure méridionale des Vosges et les plateaux du Jura a favorisé les échanges est-ouest. mais pour essayer de comprendre le peuplement de ce secteur, il faut aussi compter avec les effets des fluctuations économiques et sociales complexes qui font de la Porte de Bourgogne tantôt une zone d’échanges et de peuplement, tantôt de contacts culturels et de frontière. les données disponibles pour appréhender le passé préhistorique de Belfort sont iné- gales et de nombreuses lacunes subsistent. les fluctuations du peuplement, l’histoire de la recherche archéologique locale, la fugacité des vestiges et leurs conditions de conservation ou de non-conservation devant l’expansion de l’urbanisation sont autant de paramètres qui viennent interférer et expliquer la situation actuelle. Qu’on ne s’étonne pas alors que cer- taines périodes aient laissé plus de témoins que d’autres et que souvent les recherches aient porté sur les vestiges les plus remarquables, comme les habitats fortifiés de hauteur ou les grottes. on ne saurait toutefois résumer le passé préhistorique de Belfort à ces deux types de sites et il faut souligner que toute nouvelle découverte, même minime, est susceptible de fournir des éléments de connaissance inédits que l’archéologie actuelle est à même de valoriser. à côté des premières recherches engagées dès le XiXe siècle, comme la fouille du tumulus de grandvillars, il est symptomatique de remarquer que des découvertes majeures 1. Carte des principaux sites préhistoriques de Belfort et de sont dues dès cette époque au particularisme historique de la région. on doit ainsi à la ses environs. Leur implantation restauration du dispositif défensif la découverte d’un habitat de hauteur néolithique lors dans des secteurs épargnés par l’urbanisation n’exclut pas de la construction du fort de roppe ou celle des grottes de cravanche dans les carrières l’occupation de la vallée de la Savoureuse et des coteaux ouvertes pour la construction de celui du salbert. ces données anciennes, déjà bien étu- colonisés par la ville moderne. diées, peuvent être examinées sous de nouveaux éclairages et ouvrir de nouvelles pistes de (DAO P. Viellet d’après J.-F. Piningre) recherche. Par exemple, l’identification récente des carrières d’extraction de pélite-quartz de Plancher-les-mines, abondamment exploitées pour la confection de lames de haches Habitat de hauteur polies, permet de revisiter notre interprétation du peuplement de la trouée de Belfort du Ve au iVe millénaire avant notre ère. il s’agira donc, à travers cette publication, de faire Grotte Site du Paléolithique et le point sur l’état des recherches les plus actuelles sur le passé préhistorique de Belfort et du Mésolithique d’essayer d’en relier les fils quelquefois distendus. Site du Néolithique Site de l’âge du Bronze Supérieur à 400 m Jean-François PININGRE d’altitude 1 1 1 2 3 entre Vosges et Jura c’est à proximité de cette faille que des ressources locales. les grès du trias s’est développé un réseau karstique auquel ont fourni des pierres de construction, appartient la grotte de cravanche. d’ornement ainsi que des meules. les nserrée entre les reliefs des Vosges déformations tectoniques se sont succédé à l’est de la savoureuse [fig. 2, coupe 2], la carrières néolithiques de pélite-quartz de 1. Belfort aux confins de trois GLOSSAIRE* structure moins perturbée par les failles est Plancher-les-mines (haute-saône), pour grandes régions naturelles : e.et du Jura, Belfort offre une voie de à diverses reprises au cours de cette longue Vosges, Jura, fossé rhénan. Würm passage privilégiée entre la franche-comté histoire générant notamment des failles plus continue. les contrastes lithologiques la confection des haches polies, n’étaient (P. Rosenthal) Nom donné à la quatrième et l’alsace. cette situation singulière, nord-est - sud-ouest parallèles aux struc- déterminent une succession de reliefs mar- situées qu’à quelques heures de marche 2. Coupes géologiques des glaciation du quaternaire dans aux confins de deux massifs montagneux tures jurassiennes. on relève également qués par des roches résistant à l’érosion, de Belfort. les roches calcaires de la série environs de Belfort. les régions alpines, entre (P. Rosenthal) 80 000 et 10 000 avant que tout oppose, résulte d’une histoire une faille transverse qui, parcourant Belfort ils dominent des dépressions marneuses : jurassique ont donné de nombreuses notre ère. géologique vieille de plus de trois cent du nord au sud, sépare deux compartiments schistes Dévonien du Piton d’éloie, grès carrières de pierre de construction et de 3. Le site de Belfort. Vue panoramique depuis la cinquante millions d’années (m.a.), depuis structuralement différents ; elle a servi de du trias inférieur du mont rudolphe et pierre à chaux. argiles, marnes de tous Miotte. On distingue, de gauche les schistes et grès dévoniens du salbert guide au tracé de la rivière la savoureuse. barre calcaire du Jurassique moyen de la âges, limons et loess ont servi aux potiers et à droite, les reliefs du Haut-du- Mont, du Salbert et à l’arrière e [360 m.a.] au nord jusqu’aux marnes, grès à l’ouest de la savoureuse [fig. 2, coupe 1], la miotte-le Bramont. tuiliers jusqu’au XX siècle. les communes plan le Ballon d’Alsace. et conglomérats oligocènes [30 m.a.] au continuité de la série est interrompue par une à l’amont de Belfort, l’empreinte de d’auxelles, lepuix-gy et giromagny sont (Cliché T. Bresson) sud, en passant par les schistes et roches faille majeure nord-est - sud-ouest mettant la dernière glaciation qui, au Würm*, a connues pour leurs filons de cuivre, plomb magmatiques du carbonifère, les argiles en contact, à cravanche, les calcaires du produit une langue glaciaire entre le Ballon et argent. enfin, les gîtes de minerai de fer rouges du Permien, les grès du trias infé- Jurassique moyen du haut-du- mont et les d’alsace et giromagny s’exprime par les éocène en grains sont nombreux au sud et à rieur, les marnes à gypse du trias moyen schistes dévoniens de la colline du salbert. dépôts proglaciaires qui comblent en partie l’est de Belfort. et supérieur et les marnes et calcaires du la composante verticale du jeu de cette la vallée élargie de la savoureuse jusqu’à Jurassique. l’ensemble de ces couches faille correspond à la remontée des schistes sermamagny. Patrick ROSENTHAL totalise 1500 m d’épaisseur et présente une du salbert de près de 1000 m. la diversité des roches des environs de inclinaison moyenne vers le sud-est. les Belfort a pu s’exprimer dans l’exploitation 2 3 1 1. Armatures de flèches en silex du Mésolithique ancien provenant des fouilles du site de 2 4 la Grosse-Roche à Giromagny. Montées en séries sur une hampe, elles illustrent l’évolution des techniques de chasse et en marge Des fluctuations les Premières fortifications l’utilisation de l’arc. (Cliché P. Haut, © Inrap) glaciaires, une Préhistoire 2. Au XIe millénaire avant notre ère, les hommes du Mésolithique avaient choisi cet emplacement ancienne mal connue pour établir leur campement à e l’abri du bloc morainique de la es vestiges de la Préhistoire ancienne d’une végétation forestière, que des témoins partir du milieu du Vi millénaire, le différents paramètres est sans doute impu- 4. Proposition de restitution d’un habitat fortifié du Néolithique Grosse-Roche. isont peu abondants. Quelques outils plus nombreux se multiplient et fournissent adéveloppement progressif du néoli- table à l’émergence d’une forte concentration (Cliché J.-F. Piningre) l à moyen. Le village était adossé à et des éclats de débitage de silex ou de exceptionnellement les emplacements de thique repose sur une économie agricole d’une vingtaine de villages fortifiés de hauteur une corniche calcaire et défendu par un rempart en pierres sèches 3. Racloir aménagé sur un éclat quartzite ont été recueillis à Bavilliers ou campements organisés, comme aux alentours céréalière et sur l’élevage sous l’influence dans la région de Belfort-montbéliard. le de quartzite. En l’absence sur les trois autres côtés. Les d’affleurements de silex proches, vers Banvillars. ils témoignent, sans la de la grosse-roche à giromagny. de deux flux de colonisation.l ’un, par la choix d’une hauteur naturellement défendue maisons de bois étaient implan- tées le long du rempart laissant les hommes du Paléolithique caractériser vraiment, de la présence de vallée du Danube, se ressent fortement par des versants abrupts ou des escarpe- moyen ont utilisé des roches libre un vaste espace intérieur sans doute réservé au stockage tenaces locales pour confection- populations de chasseurs-cueilleurs du Jean-François PININGRE dans le peuplement de la plaine d’alsace ; ments rocheux est complété par l’édification ner leur outillage, comme ici les et à des activités communau- galets de quartzite vosgiens. Paléolithique, sans doute peu nombreuses, l’autre, depuis le littoral méditerranéen, d’un rempart de pierre et de terre qui protège taires. (Cliché J.-F. Piningre) qui fréquentent ce secteur encore proche essaimera le long du couloir rhodanien en les parties les plus accessibles. le village du (Dessin Y. Baudouin, archives SRA de Franche-Comté) des langues glaciaires des hautes vallées de direction du Jura. cette mutation se traduit mont-Vaudois, au nord d’héricourt, ou la savoureuse et du rahin entre 70 000 et par de profonds changements au niveau des celui du haut-du-mont, qui domine le GLOSSAIRE* 11 000 ans avant notre ère.