archéologie en franche-comté PENDANT la PRéHISTOire Belfort PENDANT la Préhistoire : une zone de contacts et d’échanges

l’échelle de l’Europe occidentale, la région de Belfort constitue le point médian entre à deux vastes entités géographiques et culturelles : à l’est, la plaine rhénane ouverte sur l’Europe moyenne ; à l’ouest, le Bassin rhodanien ouvert sur la Méditerranée occidentale. Durant la Préhistoire, cet axe de passage naturel entre la bordure méridionale des Vosges et les plateaux du Jura a favorisé les échanges est-ouest. Mais pour essayer de comprendre le peuplement de ce secteur, il faut aussi compter avec les effets des fluctuations économiques et sociales complexes qui font de la Porte de Bourgogne tantôt une zone d’échanges et de peuplement, tantôt de contacts culturels et de frontière.

Les données disponibles pour appréhender le passé préhistorique de Belfort sont iné- gales et de nombreuses lacunes subsistent. Les fluctuations du peuplement, l’histoire de la recherche archéologique locale, la fugacité des vestiges et leurs conditions de conservation ou de non-conservation devant l’expansion de l’urbanisation sont autant de paramètres qui viennent interférer et expliquer la situation actuelle. Qu’on ne s’étonne pas alors que cer- taines périodes aient laissé plus de témoins que d’autres et que souvent les recherches aient porté sur les vestiges les plus remarquables, comme les habitats fortifiés de hauteur ou les grottes. On ne saurait toutefois résumer le passé préhistorique de Belfort à ces deux types de sites et il faut souligner que toute nouvelle découverte, même minime, est susceptible de fournir des éléments de connaissance inédits que l’archéologie actuelle est à même de valoriser. À côté des premières recherches engagées dès le XIXe siècle, comme la fouille du tumulus de Grandvillars, il est symptomatique de remarquer que des découvertes majeures 1. Carte des principaux sites préhistoriques de Belfort et de sont dues dès cette époque au particularisme historique de la région. On doit ainsi à la ses environs. Leur implantation restauration du dispositif défensif la découverte d’un habitat de hauteur néolithique lors dans des secteurs épargnés par l’urbanisation n’exclut pas de la construction du ou celle des grottes de Cravanche dans les carrières l’occupation de la vallée de la Savoureuse et des coteaux ouvertes pour la construction de celui du Salbert. Ces données anciennes, déjà bien étu- colonisés par la ville moderne. diées, peuvent être examinées sous de nouveaux éclairages et ouvrir de nouvelles pistes de (DAO P. Viellet d’après J.-F. Piningre) recherche. Par exemple, l’identification récente des carrières d’extraction de pélite-quartz de Plancher-les-Mines, abondamment exploitées pour la confection de lames de haches Habitat de hauteur polies, permet de revisiter notre interprétation du peuplement de la Trouée de Belfort du Ve au IVe millénaire avant notre ère. Il s’agira donc, à travers cette publication, de faire Grotte Site du Paléolithique et le point sur l’état des recherches les plus actuelles sur le passé préhistorique de Belfort et du Mésolithique

d’essayer d’en relier les fils quelquefois distendus. Site du Néolithique

Site de l’âge du Bronze Supérieur à 400 m Jean-François PININGRE d’altitude

1 1 1 2

3

entre vosges et jura

C’est à proximité de cette faille que des ressources locales. Les grès du Trias s’est développé un réseau karstique auquel ont fourni des pierres de construction, appartient la grotte de Cravanche. d’ornement ainsi que des meules. Les nserrée entre les reliefs des Vosges déformations tectoniques se sont succédé À l’est de la Savoureuse [fig. 2, coupe 2], la carrières néolithiques de pélite-quartz de 1. Belfort aux confins de trois GLOSSAIRE* structure moins perturbée par les failles est Plancher-les-Mines (Haute-Saône), pour grandes régions naturelles : E.et du Jura, Belfort offre une voie de à diverses reprises au cours de cette longue Vosges, Jura, fossé rhénan. Würm passage privilégiée entre la Franche-Comté histoire générant notamment des failles plus continue. Les contrastes lithologiques la confection des haches polies, n’étaient (P. Rosenthal)

Nom donné à la quatrième et l’Alsace. Cette situation singulière, nord-est - sud-ouest parallèles aux struc- déterminent une succession de reliefs mar- situées qu’à quelques heures de marche 2. Coupes géologiques des glaciation du quaternaire dans aux confins de deux massifs montagneux tures jurassiennes. On relève également qués par des roches résistant à l’érosion, de Belfort. Les roches calcaires de la série environs de Belfort. les régions alpines, entre (P. Rosenthal) 80 000 et 10 000 avant que tout oppose, résulte d’une histoire une faille transverse qui, parcourant Belfort ils dominent des dépressions marneuses : jurassique ont donné de nombreuses notre ère. géologique vieille de plus de trois cent du nord au sud, sépare deux compartiments schistes Dévonien du Piton d’Éloie, grès carrières de pierre de construction et de 3. Le site de Belfort. Vue panoramique depuis la cinquante millions d’années (M.A.), depuis structuralement différents ; elle a servi de du Trias inférieur du mont Rudolphe et pierre à chaux. Argiles, marnes de tous Miotte. On distingue, de gauche les schistes et grès dévoniens du Salbert guide au tracé de la rivière La Savoureuse. barre calcaire du Jurassique moyen de la âges, limons et loess ont servi aux potiers et à droite, les reliefs du Haut-du- Mont, du Salbert et à l’arrière e [360 M.A.] au nord jusqu’aux marnes, grès À l’ouest de la Savoureuse [fig. 2, coupe 1], la Miotte-le Bramont. tuiliers jusqu’au XX siècle. Les communes plan le Ballon d’Alsace. et conglomérats oligocènes [30 M.A.] au continuité de la série est interrompue par une À l’amont de Belfort, l’empreinte de d’Auxelles, Lepuix-Gy et Giromagny sont (Cliché T. Bresson) sud, en passant par les schistes et roches faille majeure nord-est - sud-ouest mettant la dernière glaciation qui, au Würm*, a connues pour leurs filons de cuivre, plomb magmatiques du Carbonifère, les argiles en contact, à Cravanche, les calcaires du produit une langue glaciaire entre le Ballon et argent. Enfin, les gîtes de minerai de fer rouges du Permien, les grès du Trias infé- Jurassique moyen du Haut-du- Mont et les d’Alsace et Giromagny s’exprime par les éocène en grains sont nombreux au sud et à rieur, les marnes à gypse du Trias moyen schistes dévoniens de la colline du Salbert. dépôts proglaciaires qui comblent en partie l’est de Belfort. et supérieur et les marnes et calcaires du La composante verticale du jeu de cette la vallée élargie de la Savoureuse jusqu’à Jurassique. L’ensemble de ces couches faille correspond à la remontée des schistes Sermamagny. Patrick ROSENTHAL totalise 1500 m d’épaisseur et présente une du Salbert de près de 1000 m. La diversité des roches des environs de inclinaison moyenne vers le sud-est. Les Belfort a pu s’exprimer dans l’exploitation 2 3 1

1. Armatures de flèches en silex du Mésolithique ancien provenant des fouilles du site de 2 4 la Grosse-Roche à Giromagny. Montées en séries sur une hampe, elles illustrent l’évolution des techniques de chasse et En marge des fluctuations Les premières fortifications l’utilisation de l’arc. (Cliché P. Haut, © Inrap) glaciaires, une Préhistoire 2. Au XIe millénaire avant notre ère, les hommes du Mésolithique avaient choisi cet emplacement ancienne mal connue pour établir leur campement à e l’abri du bloc morainique de la es vestiges de la Préhistoire ancienne d’une végétation forestière, que des témoins partir du milieu du VI millénaire, le différents paramètres est sans doute impu- 4. Proposition de restitution d’un habitat fortifié du Néolithique Grosse-Roche. isont peu abondants. Quelques outils plus nombreux se multiplient et fournissent adéveloppement progressif du Néoli- table à l’émergence d’une forte concentration (Cliché J.-F. Piningre) L à moyen. Le village était adossé à et des éclats de débitage de silex ou de exceptionnellement les emplacements de thique repose sur une économie agricole d’une vingtaine de villages fortifiés de hauteur une corniche calcaire et défendu par un rempart en pierres sèches 3. Racloir aménagé sur un éclat quartzite ont été recueillis à Bavilliers ou campements organisés, comme aux alentours céréalière et sur l’élevage sous l’influence dans la région de Belfort-Montbéliard. Le de quartzite. En l’absence sur les trois autres côtés. Les d’affleurements de silex proches, vers Banvillars. Ils témoignent, sans la de la Grosse-Roche à Giromagny. de deux flux de colonisation.L ’un, par la choix d’une hauteur naturellement défendue maisons de bois étaient implan- tées le long du rempart laissant les hommes du Paléolithique caractériser vraiment, de la présence de vallée du Danube, se ressent fortement par des versants abrupts ou des escarpe- moyen ont utilisé des roches libre un vaste espace intérieur sans doute réservé au stockage tenaces locales pour confection- populations de chasseurs-cueilleurs du Jean-François PININGRE dans le peuplement de la plaine d’Alsace ; ments rocheux est complété par l’édification ner leur outillage, comme ici les et à des activités communau- galets de quartzite vosgiens. Paléolithique, sans doute peu nombreuses, l’autre, depuis le littoral méditerranéen, d’un rempart de pierre et de terre qui protège taires. (Cliché J.-F. Piningre) qui fréquentent ce secteur encore proche essaimera le long du couloir rhodanien en les parties les plus accessibles. Le village du (Dessin Y. Baudouin, archives SRA de Franche-Comté) des langues glaciaires des hautes vallées de direction du Jura. Cette mutation se traduit Mont-Vaudois, au nord d’Héricourt, ou la Savoureuse et du Rahin entre 70 000 et par de profonds changements au niveau des celui du Haut-du-Mont, qui domine le GLOSSAIRE* 11 000 ans avant notre ère. Tout laisse à ustensiles – la céramique et la hache polie – , quartier des Barres à Belfort, étaient adossés Mésolithique penser aussi que les restes des campements de l’habitat et de l’organisation sociale ainsi à une corniche calcaire et défendus par un Période de la Préhistoire de plein air, superficiels et fugaces, ont subi que par l’émergence de groupes culturels rempart sur les trois autres côtés. Celui du postérieure au Paléolithique et antérieure au Néolithique, de profonds démantèlements liés à l’érosion locaux originaux inspirés par ces deux Grammont de Beaucourt est installé sur une entre 10 000 et 5500 ans et aux mouvements sédimentaires qui influences. crête barrée à chaque extrémité par un rem- avant notre ère, caractérisée par le début de l’économie accompagnent la déglaciation. Ce n’est qu’à L’étape du Néolithique ancien ne laisse part d’une centaine de mètres de longueur. productive. partir du Mésolithique*, alors qu’un climat localement que peu de traces. Mais, à partir Pour d’autres, comme le camp du Mont- plus tempéré favorise le développement 3 de 4500 ans avant J.-C., la conjugaison de Bart à Bavans, on avait choisi l’extrémité 4 5 5 6

d’un éperon rocheux barré par un rempart les-Mines « Marbranche » (Haute-Saône). Des sépultures réservées transversal. Certains de ces remparts, qui Ces « places centrales », spécialisées dans représentent les plus anciennes construc- la taille des ébauches de lames de haches, à une élite tions en pierre connues dans la région, sont ne sont pas toutes contemporaines ni de encore visibles aujourd’hui sous la forme la même importance. Elles représentent 5. Armatures de flèches et outils de bourrelets larges de plus de 10 m et de les premiers témoignages d’un habitat es vestiges funéraires sont moins représentent un autre aspect monumental 6. Sépulture du groupe de en silex du camp du Grammont iconnus et indiquent des pratiques des pratiques funéraires du Néolithique Bischheim, contemporaine de à Beaucourt. hauteurs variant de 1 à 3 m. permanent organisé, environné de hameaux L celle des grottes de Cravanche, (Cliché J.-F. Piningre) La création des sites fortifiés répond aux dont les emplacements sont identifiés par diversifiées suivant les périodes et les moyen réservées à des personnages impor- découverte sur le site des « Terrasses de la Zorn » à nouvelles exigences des sociétés néolithi- la découverte en prospection d’un nombre contextes culturels. Les inhumations en tants. Schwindratzheim (Bas-Rhin). Le ques. Doit-on en déduire les manifestations plus ou moins dense de déchets de taille cimetières des Néolithiques danubiens, mobilier funéraire comprend un petit gobelet décoré (à gauche d’une société belliqueuse toujours prête à en de pélite et d’ébauches, notamment à accompagnées d’offrandes de céramiques, Jean-François PININGRE du crâne), une défense de suiné découdre avec ses voisins ? Sans doute faut- Bavilliers, Danjoutin « Les Perches », Le de parures de coquillages et d’outil, (sur le ventre), un fragment de lame en silex (contre le fémur il voir dans la construction des remparts les Salbert, Offemont, Denney, Vétrigne, fréquentes dans la plaine d’Alsace, ne droit), quatre armatures de plus imposants une volonté défensive afin Pérouse. semblent pas franchir la Trouée de Belfort flèche en silex (réparties au niveau des pieds, des jambes et de protéger la population d’une commu- vers l’ouest. Seule la nécropole en grotte de sur le thorax) et un objet non nauté et ses biens en cas de conflit dans Cravanche, utilisée durant la seconde moitié identifié dont seuls les éléments en poix sont conservés (à droite e un contexte de pression démographique. du V millénaire, représente une adaptation du crâne). Le défunt portait également un collier de perles Par une réalisation collective de prestige, il originale, en milieu souterrain, des inhuma- en jais. s’agissait aussi d’affirmer la cohésion d’un tions fossoyées en tombes plates qui (Cliché A. Denaire) groupe humain contrôlé par une élite. La caractérisent alors les régions orientales. concentration particulière de sites fortifiés Des inhumations en coffres de dalles calcaires entre 4500 et 3600 avant J.-C., est à mettre recouvertes d’un tumulus de pierre, érigé à en relation avec la production et le contrôle proximité des villages fortifiés duM ont- 6 des carrières de pélite-quartz de Plancher- Vaudois ou du Grammont de Beaucourt, 6 7 7 8

à l’âge du bronze : Un peuplement clairsemé

7. Tasse en céramique à décor .endant l’âge du Bronze, à partir de la ment. La plus grande densité des sites de estampé du site du Bramont à e tous ordres se localise plus au sud, entre Belfort. Pfin duIII millénaire avant notre ère, (Clichés musée de Belfort) il semble en être différemment. Le camp les coudes du Rhin et du Doubs, le long

8. Le dépôt d’objets en bronze du Bramont est réoccupé, tout comme des vallées de la Birse, de l’Allaine et des découvert à Biederthal (Haut- le Mont-Terri à proximité de Porrentruy contreforts septentrionaux du Massif juras- Rhin), à une quarantaine de kilomètres à l’est de Belfort, (canton du Jura suisse), durant une courte sien qui semblent, pour l’instant, davantage illustre la place qu’occupe le période entre le XVe et le XIVe siècle avant cristalliser les occupations humaines durant Sundgau dans les échanges à longues distances à l’âge du J.-C. ; le Grammont de Beaucourt, beau- tout l’âge du Bronze. Faut-il penser que le Bronze. Ce lot de lingots de e e secteur de Belfort est alors moins attractif cuivre et d’objets, composé coup plus tard à l’âge du Fer, aux IX -VIII d’outils (haches, faucilles) et de siècles avant J.-C. Les contextes écono- ou que des découvertes futures viendront parures (appliques de ceintures, rééquilibrer ce vide apparent ? épingles), est contemporain miques et sociaux ont changé. Les échanges de l’occupation du Bramont. Il à longue distance et leur contrôle – notam- associait des objets fréquents Jean-François PININGRE dans le Jura et en Alsace à ment celui du métal – occupent désormais d’autres originaires de Souabe, une place déterminante dans l’approvision- de Franconie et de Bohème. (Cliché J.-F. Piningre) nement en matière première indispensable à la fabrication d’outils, de parures ou d’ar- mement. Mais excepté quelques rares jalons, il faut élargir notre domaine d’étude pour tenter de comprendre la réalité du peuple- 8 9 1 2 3

Le village fortifié néolithique du Haut-du-Mont

1. Vue aérienne de l’emplace- e site du Haut-du-Mont est repéré par Le site du Haut-du-Mont se classe dans accès avait été aménagé de ce côté. 4 2. Plan du site fortifié du Haut- ment du village fortifié en :A. Bouchot en 1914, puis répertorié la catégorie des habitats fortifiés de bord de D’une manière générale, l’absence de du-Mont. bordure de l’escarpement L (DAO B. Turina d’après oriental du Haut-du-Mont par l’abbé A. Glory dans son catalogue des plateau adossés à un escarpement rocheux et fouilles laisse en suspens plusieurs interro- J.-F. Piningre) dominant la ville de Belfort. gations sur la fonction et la structure interne (Cliché J. Aubert) « stations » néolithiques (Glory 1942). Des barrés sur les autres côtés accessibles par un 3. Armatures de flèche, grattoirs pointes de flèches triangulaires, des grattoirs bourrelet de pierres, schéma fréquent auquel de ces aménagements. Bien que l’emplace- et outillage en silex. et des racloirs en silex ainsi que des haches appartient aussi, non loin de là, le camp du ment choisi occupe une position dominante (Dessins J.-F. Piningre) GLOSSAIRE* en « aphanite » signalent, selon lui, l’emplace- Mont-Vaudois à Héricourt (Haute-Saône). offrant une vue dégagée sur la dépression de 4. Fragment de meule en grés. (Clichés J.-F. Piningre) Aphanite/pélite-quartz ment d’une occupation de hauteur importante, Il se caractérise toutefois par ses dimensions Belfort à l’est, et les derniers contreforts du Roche sédimentaire conso- mais aucun aménagement défensif n’est alors modestes, tant par celles de son rempart, ou Jura à l’ouest et au sud, la faible élévation du lidée d’origine détritique à grain très fin (< 63 microns). mentionné. ce qu’il est convenu de considérer comme tel, rempart pose ici la question d’une fonction La plupart des pélites sont L’existence d’un rempart ne sera remarquée que par sa superficie réduite de 3200 2m . Le défensive difficilement compréhensible dans constituées majoritairement de quartz, minéraux argileux qu’au début des années soixante-dix et fera plan trapézoïdal inscrit un espace de 95 m sur son état actuel sans l’existence, par exemple, et micas en proportions l’objet de plusieurs plans. Conjointement, les 55 m. Les côtés nord, ouest et une partie de la d’une superstructure en bois. On pourrait variables. prospections de surface permettent alors la branche sud forment un bourrelet étalé, large aussi envisager un rôle de limite de l’habitat, collecte d’une quantité de déchets de taille de 5 à 6 m, d’une hauteur moyenne de 0,60 m. voire une représentation plus symbolique que et d’éclats de pélite-quartz* indiquant que la Avant de rejoindre l’escarpement, l’extrémité fonctionnelle ? mise en forme d’ébauches de lames de haches sud est discontinue, de telle sorte qu’il est constituait l’une des principales activités des difficile de dire si ces lacunes correspondent à Jean-François PININGRE occupants du site (Piningre 1974). une érosion naturelle ou anthropique ou si un 10 11 1. Le village fortifié du Bramont est implanté à l’extrémité orientale de l’éperon du bois de la Miotte 1 2 d’où l’on découvre en arrière plan la bordure du massif vosgien et la plaine d’Alsace. (Cliché J. Aubert) Le site fortifié 3 2. Les remparts sud-ouest et Le site du Bramont est implanté à l’ex- nord-est isolent la partie la plus pré- et protohistorique trémité orientale du bois de la Miotte qui se accessible de l’éperon et se prolongent le long de la bordure du Bramont termine à l’est par un éperon étroit et allongé des versants sud et nord. Dans aux versants escarpés au nord-ouest et au la partie occidentale, ces reliefs, ont été renforcés en 1870 par un ans son étude de La Civilisation du Néo- L’importance d’une occupation postérieure, sud-est. Deux remparts transversaux ferment fossé (en bleu) pour l’implantation lithique en Haute-Alsace, l’abbé A. Glory de l’âge du Bronze, alors décelée à partir de la les endroits les plus étroits de la crête sous d’un avant-poste des défenses de D la Miotte. signale en 1942 la découverte par le docteur récolte de quelques fragments de céramiques, la forme de bourrelets de terre et de pierres (DAO B. Turina d’après J.-F. Piningre) Pelot de quelques éclats d’aphanite* au « Bois avait été sous-estimée. Il faudra attendre 2003 d’une hauteur maximale de 1,80 m et isolent de la Miotte vers le Bramont ». En 1970, un pour qu’un lot important de céramique et un espace allongé grossièrement rectangulaire 3. Le rempart est, le plus élevé, se 2 prolonge au nord par un bourrelet petit site fortifié par des levées de terre et de quelques objets de bronze de l’âge du Bronze de 2000 m environ. Ces deux remparts, les pierreux de quelques dizaines de pierres est identifié à l’extrémité de l’éperon. moyen soient découverts sur les déblais d’une plus massifs, sont reliés du côté nord par un centimètres de hauteur. (Cliché J.-F. Piningre) Plusieurs plans sont alors dressés et des pros- ancienne tranchée par M. et A. Chauvin. Ces bourrelet pierreux de quelques dizaines de pections permettent la collecte d’une quantité dernières découvertes qui laissaient présager centimètres de hauteur, alors qu’un bourrelet d’éclats, ainsi que des ébauches* de lames de une occupation plus diversifiée que celle moins conséquent, interrompu dans sa partie GLOSSAIRE* haches en pélite-quartz* (Piningre 1973, Pas- initialement envisagée, sont à l’origine de la centrale, souligne une partie du bord sud. sard 1980). Le Bramont est alors interprété mise en place d’un programme de fouilles Dans la moitié occidentale, des tranchées Aphanite/pélite-quartz Cf. page 10 comme un petit village fortifié néolithique archéologiques depuis 2010 (Piningre 2011). partiellement comblées, initialement attri- Ébauche spécialisé dans la fabrication d’ébauches de Le choix de l’emplacement du chantier a buées à des ouvrages militaires modernes, Première étape de la fabri- lames de haches en pierre en relation avec porté sur la partie occidentale du site permet- recoupent une partie de ces aménagements et cation d’une lame de hache à partir d’un bloc de pierre l’exploitation des minières de pélite-quartz de tant l’étude des remparts nord, ouest et sud, délimitent un espace trapézoïdal. par enlèvements d’éclats Plancher-les-Mines (Haute-Saône) (Piningre ainsi que sur l’espace intérieur susceptible de et bouchardage avant le polissage. 1974, Pétrequin et Jeunesse 1995). révéler des vestiges d’habitations. Jean-François PININGRE

12 13 6

4 5

7 8 9 L’occupation du Bramont un site de l’âge du Bronze au Néolithique : Un habitat aux remparts complexes de hauteur fortifié ?

4. Ébauche de hache quadran- occupation néolithique est surtout cette époque le site du Bramont serait un es aménagements ouest, nord et sud qu’il apparaissent répondre à des techniques plus 8. Le rempart ouest est composé gulaire en pélite-quartz. :connue par des amas de déchets de taille habitat de hauteur non défensif spécialisé :est possible de dater entre 1500 et 1350 élaborées avec une façade extérieure paremen- d’une accumulation de blocs L’ L de calcaire et de terre sur une 5. Ébauche de hache en pélite- et des ébauches* de pélite-quartz recueillis en dans la mise en forme d’ébauches de haches avant J.-C., soit de la fin de l’âge du Bronze tée dont l’aspect monumental était sans doute largeur d’une douzaine de quartz régularisée par bouchar- plusieurs endroits des décapages au contact du comme il en existe beaucoup d’autres dans la mètres. Un premier parement dage et partiellement polie. moyen et du tout début du Bronze final, appar- recherché. La masse interne, quant à elle, de grandes dalles appartient sol naturel. Les ébauches à section ovalaire, région de Belfort-Montbéliard. Mais il n’est tiennent à des types de constructions distincts. montre une accumulation de dalles et de blocs, au rempart initial (en vert). Il 6. Hache à section quadrangulaire sera ensuite recouvert lors de en pélite-quartz. régularisées par bouchardage, témoignent pas exclu non plus qu’un rempart ancien ait été ainsi que la présence d’inclusions de chaux in- l’élargissement du rempart vers d’une occupation dès la seconde moitié du Ve remanié partiellement ou totalement lors de la Le rempart occidental est composé d’une durée. La signification des « remparts à noyau l’ouest et de la construction 7. Éclats de débitage de pélite- d’une nouvelle façade paremen- quartz recueillis sur le site du millénaire avant notre ère. Conjointement, construction des remparts de l’âge du Bronze accumulation de blocs de calcaire et de terre de chaux », connus à différentes périodes de tée se poursuivant du côté sud Bramont. la présence de haches et d’ébauches à section auquel se rattachent tous les aménagements sur une largeur d’une douzaine de mètres. la Pré- et Protohistoire, est encore discutée. (en jaune). Le rempart sud, tout à fait différent, se présente sous (Clichés J.-F. Piningre) rectangulaire illustre une évolution technique actuellement datés. Deux étapes de construction ont été mises Certains auteurs y voient le résultat de la la forme d’un mur parementé qui se développera durant le premier quart du Ces résultats, qui pour l’instant ne confir- en évidence. Du côté intérieur, un parement calcination accidentelle ou volontairement sur les deux côtés, large de 2,50 m e (en rouge). IV millénaire, suggérant une fréquentation du ment que partiellement les hypothèses émises de grosses dalles, dont les affleurements sont destructive d’une armature de madriers de bois (DAO B. Turina d’après GLOSSAIRE* site sur la durée. à partir des prospections des années 70-80, visibles à la pointe de l’éperon, est encore destinés à consolider l’intérieur du rempart. J.-F. Piningre) Par contre, dans l’état actuel des fouilles, invitent d’une manière générale à la prudence Ébauche conservé sur une hauteur de 1,30 m. Ce D’autres hypothèses optent en faveur de 9.Céramique en cours de fouille Cf. page 12 aucune trace de rempart datable de cette quant à l’interprétation, à partir des seuls premier rempart est ensuite élargi vers l’ouest calcinations volontaires de blocs calcaires au pied du parement sud. (Cliché J.-F. Piningre) période n’a été clairement mise en évidence. vestiges au sol, des sites fortifiés n’ayant pas et doté d’une nouvelle façade parementée, réduits à l’état de chaux afin d’assurer la On se trouve alors confronté à deux hypo- bénéficié de recherches approfondies. conservée sur une hauteur de 0,60 m. Ainsi, ces stabilité du remplissage du rempart lors de sa thèses. Celle de l’absence de système défensif édifices ne se résument pas à une simple accu- construction. Au Bramont, la découverte de néolithique qui pourrait laisser penser qu’à Jean-François PININGRE mulation de matériaux formant un talus, mais ce qui semble être un four à chaux le long de 14 15 13 14 10 11

12 15 16

la bordure interne du rempart ouest pourrait exploré, mais il se distingue par ses dimensions de 1500 avant J.-C. Les cruches et les tasses en des femmes du Jura souabe, de Bavière et du 10. Le premier parement du GLOSSAIRE* rempart ouest est composé de confirmer cette seconde interprétation. modestes, par un aménagement de dalles em- céramique rouge ou marron foncé, aux surfaces Haut-Palatinat. La pendeloque tréflée à trois grandes dalles calcaires dont les pilées, ainsi que par des inclusions de chaux. affleurements sont visibles à la Civilisation des Tumulus soigneusement lissées et finement décorées anneaux ajourés du type de Gambolo est plus pointe de l’éperon. Au premier européens La conception du rempart sud est tout à de registres de triangles estampés incrustés de inattendue dans ce contexte. Elle représente un plan, une masse de chaux Durant l’âge du Bronze fait différente. Ce mur parementé sur les deux Bien que toutes datables de l’âge du Bronze, indurée, blanchâtre signale la moyen, entre 1500 et 1350 pâte blanche ou de motifs rayonnants, caracté- type d’ornement originaire du Piémont italien présence d’un four à chaux. av. J.-C., la généralisation côtés, à remplissage de pierres et de terre ces trois constructions peuvent avoir été réa- risent à cette époque les céramiques d’apparat dont les exemplaires les plus septentrionaux du dépôt d’inhumations ou 11. Le parement du rempart d’incinérations sous des tu- dépourvu de chaux, est large de 2,50 m et n’est lisées successivement. Elles montrent tout le du Jura souabe et d’Alsace, souvent déposées d’Estavayer-le-Lac sur le lac de Neuchâtel et intérieur a ensuite été masqué mulus de terre ou de pierre conservé que sur une hauteur de 0,50 m. Ses soin qu’ont apporté les habitants à isoler le dans les sépultures. Cette technique décorative, de Sembrancher dans le Valais jalonnent un par un apport d’argile, de blocs regroupés en nécropole et de chaux lors de l’élargisse- caractérise un vaste secteur dimensions, beaucoup plus réduites que celles sommet du plateau sur toute sa périphérie. La tout comme celle de l’excision où les motifs en axe de diffusion sud-nord. ment du rempart vers l’ouest. d’Europe centrale entre la des remparts ouest et est fermant l’accès au situation du site fortifié du Bramont sur l’un creux sont évidés avant cuisson, connaît un Hongrie et l’Allemagne du 12. Le rempart sud correspond Sud-Ouest. Au-delà de cette village, peuvent s’expliquer par une localisation des derniers promontoires dominant le débou- certain succès dans une bonne partie de la Jean-François PININGRE à un mur parementé sur les unité des pratiques funé- en rupture de pente naturellement défendue ché oriental de la Trouée de Belfort, n’est sans de l’Est et du Centre. Les parures deux côtés. Ici, vue du parement raires, les influences et les intérieur. échanges, décelables dans par un versant abrupt. Toutefois, ce mur, qui doute pas étrangère à ce choix. La céramique métalliques illustrent particulièrement les les productions métalliques ne semble pas avoir été très élevé, a pu jouer et quelques parures de bronze attestent d’une 13. Amphore. et céramiques, permettent relations que les habitants du Bramont d’isoler différents groupes un rôle de soubassement aux habitations si on forte influence de laC ivilisation des Tumulus entretenaient avec l’Allemagne du Sud. La 14. Écuelle décorée d’incisions. régionaux de la Civilisation en juge par les nombreux foyers revêtus de européens*, bien implantée jusque dans la pendeloque discoïde à cannelures concen- des Tumulus dans cette 15. Tasse à anse en X écrasée au vaste aire géographique. dalles de calcaire rubéfiées et les dépotoirs qui plaine d’Alsace et en Suisse orientale, et qui triques qui entrait dans la composition de pied du parement sud. jalonnent sa bordure intérieure. fait sentir son influence à l’ouest duR hin en colliers, ainsi que les bagues à extrémités 16. Armature de flèche en bronze. Quant au rempart nord, il n’a été que peu direction du Jura et de la Bourgogne à partir enroulées font partie des parures identitaires (Clichés J.-F. Piningre) 16 17 17

18 19

La place du site du Bramont un avant-poste du fort de la miotte à l’âge du Bronze lors du siège de Belfort en 1870

17. Carte des principaux sites près un abandon de plus de deux mil- qu’auparavant mais souvent implantés dans e site fortifié du Bramont retrouvera une Bramont durant les préliminaires du siège de 19. Fort et tour de la Miotte. contemporains du Bramont à ::lénaires, on peut alors s’interroger sur des endroits stratégiques de contrôle de voies :dernière fois sa fonction de site défensif Belfort en novembre et décembre 1870. (Cliché O. Chican, musées de l’âge du Bronze moyen. A L Belfort) (DAO B. Turina) les raisons d’une réoccupation du site durant de passage ou de sources d’approvisionnement en novembre-décembre 1870. Les menus Ce secteur constituait alors un point avancé, à 20. Bouton de vareuse du 84e 18. Pendeloques en bronze l’âge du Bronze moyen et de la construction en métal ou en sel, comme par exemple dans objets recueillis à la base du comblement d’une 1,5 km à l’extérieur des fortifications de la régiment d’infanterie de ligne. provenant du site du Bramont. d’un dispositif défensif élaboré. Le contexte la région de Salins-les-Bains (Jura). Plusieurs portion de tranchée recoupant le rempart Miotte, au contact des lignes prussiennes éta- (Cliché J.-F. Piningre) La pendeloque discoïde fait partie des parures féminines économique et les fonctionnements sociaux sites contemporains sont occupés dans un ouest permettent de dater cet événement. blies quelques kilomètres plus à l’est au niveau traditionnelles de Souabe et de ont changé depuis le Néolithique et le contrôle rayon d’une cinquantaine de kilomètres, tels le Outre quelques ossements animaux et débris des villages de Denney et de Vétrigne. Bavière. La pendeloque ajourée trouve quant à elle des parallèles des exploitations des minières de Plancher-les- Hohlandsbourg sur un contrefort des Vosges de vaisselle, ce mobilier est composé de frag- dans le Piémont italien en dans Mines n’est plus qu’un très lointain souvenir. dominant la plaine de Colmar ou le Mont ments de tuyaux de pipes en terre blanche, de Jean-François PININGRE les Alpes sud-occidentales. (Clichés musées de Belfort) Les sources d’approvisionnement en cuivre, Terri près de Porrentruy au débouché de douilles de cartouches à culot de laiton et de qui devient la matière première indispensable plusieurs voies d’accès en direction du Plateau balles en plomb de fusil à tabatière, ainsi qu’un dans la confection des parures, des armes et suisse et du coude du Rhin par le col des bouton de vareuse militaire appartenant au des outils en bronze, sont éloignées de plusieurs Rangiers. 84e régiment d’infanterie de ligne. Pendant la centaines de kilomètres – en Bohème, en Autriche, guerre de 1870, ce régiment est engagé dans la dans le Valais suisse par exemple – et néces- Jean-François PININGRE défense de Belfort, notamment dans la partie sitent la mise en place de réseaux d’échanges orientale de la ville où il participe à la défense 20 sur de longues distances et d’autant de relais du fort de la Miotte au moment de l’attaque qu’il convient de sécuriser et de contrôler. prussienne. Ces vestiges permettent de situer Les villages fortifiés sont moins nombreux très vraisemblablement l’occupation du site du 18 19 1

2 3 4 5

haches Polies en Pélite-Quartz* et carrières De Plancher-les-mines

ès 4700 avant J.-c. et jusqu’à la fi n du lac de constance, de la vallée du rhin, de à Belfort, dans les derniers siècles du Ve va alors s’effondrer, pour n’avoir plus qu’un 4. Répartition des ébauches GLOSSAIRE* taillées et des lames polies tirées du néolithique, les agriculteurs de la l’Yonne et du lac léman. millénaire. rôle strictement local. le site du « haut de la D des carrières de Plancher-les- Aphanite/pélite-quartz trouée de Belfort se sont spécialisés dans la la taille au percuteur en bois de cerf exi- à partir de 4000 avant J.-c., avec l’intensifi - coupe » à frais (territoire de Belfort) permet Mines. Données : P. Pétrequin et Cf. page 10 production de grandes lames taillées et desti- geait des savoir-faire de haut niveau, réservés cation de la production contrôlée par le village de suggérer les dernières productions de F. Jeudy ; fond : Esri WBM. SRIM nées à être polies pour équiper les herminettes à ceux des hommes qui participaient aux fortifi é du mont-Vaudois à héricourt (haute- haches aux environs de 2300-2100 avant J.-c. CAO : J. Desmeulles et E. Gau- Ébauche thier - Université de Franche- Cf. page 12 d’abattage en forêt. ils ont tiré parti d’affl eu- expéditions vers les carrières, jusqu’à 50 km à saône), où une partie des ébauches était les célèbres carrières néolithiques de Plan- Comté UMR CNRS 6249 ; rements de pélite-quartz, une roche sédimen- vol d’oiseau. si l’extraction était à la portée de également polie, les spécialistes de la taille se cher-les-mines tombent alors dans l’oubli. août 2008 (© jade et CRAVA) taire résistante qui se taille bien, constituée tous, seuls les tailleurs expérimentés pouvaient sont regroupés dans des villages plus proches 5. Polissoir en grès et ébauche 1. Une ébauche en pélite et ses d’accumulations de cendres volcaniques en mettre en forme de longues ébauches*, celles des carrières, établissant leurs villages et leurs Pierre PÉTREQUIN éclats de mise en forme. Expéri- du Mont-Vaudois à Héricourt mentation J. Pelegrin. eau peu profonde ; il s’agit là d’une anomalie qui connaissaient un grand succès dans les ateliers en limite nord des plateaux calcaires. (Haute-Saône). géologique du Viséen, qui n’est attestée qu’à échanges. cette réussite technique allait de le camp du haut-du-mont à Belfort illustre 2. Grandes lames polies en pélite- (Clichés P. Pétrequin © CRAVA) quartz provenant de Lougres Plancher-les-mines « marbranche » (haute- pair avec une forte valorisation sociale de cette mutation, avec une aire spécialisée dans (en haut) et de Bavans (en bas) saône). la production, attirant dès 4500 avant J.-c. l’amincissement des ébauches, avant qu’elles ne (Doubs). la roche était tirée d’entonnoirs ou de les communautés néolithiques sur les terres circulent en direction des utilisateurs lointains. 3. Le ruisseau de Marbranche à grands fronts de carrière, précédés par des limoneuses fertiles du haut-rhin, à deux jours ainsi, la hache polie en pélite-quartz a été Plancher-les-Mines (Haute- Saône). talus de déchets de taille totalisant certaine- de marche des carrières de Plancher-les-mines. une spécifi cité de la trouée de Belfort, jusqu’à ment plus de 100 000 m3. c’est dire l’intensité c’est à ce premier épisode de l’exploitation ce que cet outil se trouve concurrencé par les (Clichés P. Pétrequin © CRAVA) des exploitations, lorsque ces haches circulaient qu’il faut attribuer la mise en forme d’ébauches premières haches en cuivre, attestées dès le 37e jusqu’à 300 km à vol d’oiseau en direction à section ovalaire dans le camp du Bramont siècle sur le lac de constance. la production 20 21 2

NOTES

1. Félix Voulot (Belfort, 07/04/1828 – Épinal, 06/02/1899). Dessinateur de talent et passionné de 1 3 patrimoine, il effectue, lors d’un passage à Belfort, des recherches archéolo- giques au Mont Bar, au LES GROTTES DE CRAVANCHE : LA POURSUITE DES MISES AU JOUR Mont-Vaudois puis dans la grotte de Cravanche. En 1878, il obtient le poste PREMIÈRES DÉCOUVERTES ET LES ÉTUDES SCIENTIFIQUES de conservateur du musée départemental des Vosges à Épinal.

2. Abbé André Glory 1. Gravure de A. Slom d’après 1 a colline du Mont recèle un réseau Félix Voulot , qui fouillait alors au es fouilles de la grotte sépulcrale se détermination à l’académie de médecine de (Courbevoie, 14/05/1906 une aquarelle de Baumann, :souterrain dont les eaux rejoignent le Mont-Vaudois (site fortifié de hauteur :poursuivent sous la houlette de la Strasbourg. S’appuyant sur les témoignages – Auch, 30/07/1966). montrant l’intérieur de la grotte L L Vicaire à Orbey, il fouille de de Cravanche à la fin du XIX e système hydrologique de la Douce, formant néolithique à Héricourt, Haute-Saône), se Société belfortaine d’émulation. Mal- de F. Voulot (1894) et V. Jannesson (1893), nombreux sites néolithiques siècle. dans la région et effectue (Collection et cliché musées de un ensemble de cavités appelées grottes de rend sur les lieux et constate l’importance heureusement menées pour la plupart de il propose la première véritable analyse en 1938 des recherches à la Belfort) Cravanche, du fait de la proximité du vil- de la découverte : une nécropole néoli- façons anarchiques (Dubail-Roy 1893-94 ; scientifique du site (Glory 1942). grotte Cravanche. Replié à Toulouse durant la seconde 2. Observations de Félix Voulot lage. Les cavités s’ouvrent au sein des an- thique. Pour éviter les pillages, il fait fer- Courty 1900 ; Lesmann 1924-1931), sans Mais, c’est surtout à partir des années 1970, guerre mondiale, il explore lors des ses fouilles à la grotte de ciennes carrières du Haut-du-Mont, dont mer la grotte par la municipalité de Belfort, compter les interventions anonymes qui grâce à une nouvelle impulsion donnée à la et fouille plusieurs grottes Cravanche en 1876. du Sud-Ouest. En 1952, il (Voulot, 1894, planche 1) l’exploitation de moellons calcaires a servi puis entreprend une succession de fouilles n’ont laissé aucune mention, les investi- recherche par de nombreuses découvertes est chargé de faire le relevé notamment à l’édification des fortifications jusqu’en septembre 1876 dans les galeries gations archéologiques, qui se succèdent récentes, que la grotte suscite l’intérêt des des peintures de Lascaux. 3. Mobilier funéraire provenant En 1965, il est nommé des fouilles de Félix Voulot en du fort du Salbert non loin de là. Elles sont accessibles, sur une longueur d’est en ouest jusqu’à la seconde guerre mondiale, sont chercheurs professionnels. Ils lui accordent directeur de l’institut de 1876. situées le long de la route départementale de 83 m et parfois 3 m de profondeur. Mal- pourtant l’occasion de découvertes impor- alors une place privilégiée dans les études recherches préhistoriques. (Voulot, 1894, planche 5) qui relie Chalonvillars à Cravanche. gré les maladresses des méthodes de fouille tantes. menées sur le Néolithique moyen (entre 3. Alain Gallay, professeur La grotte la plus réputée est découverte et d’interprétations de l’époque, on lui doit L’abbé André Glory2, qui travaille à sa 4600 et 3200 avant J.-C.), restituant ce site émérite, université de Genève, département le 2 mars 1876, lorsque, suite à des tirs de d’avoir sauvegardé l’essentiel du mobilier thèse de doctorat sur le Néolithique en dans le contexte européen, grâce aux études d’Anthropologie ; Christian mines pour l’extraction de blocs rocheux, archéologique conservé actuellement au Haute-Alsace, s’intéresse aux vestiges de la approfondies du mobilier menées par Alain Jeunesse, professeur d’archéologie, univer- deux ouvriers ouvrent une brèche qui leur musée de Belfort et d’avoir rapporté ses grotte de Cravanche qu’il fouille en com- Gallay (1976, 1977), Christian Jeunesse et sité de Strasbourg ; Pierre permet de pénétrer dans une grande salle découvertes dans une monographie (Voulot pagnie de Philippe Lesmann en 1938. Ces Pierre Pétrequin (1976, 1997)3. Pétrequin, directeur de souterraine d’où ils rapportent des osse- 1894). recherches lui permettent d’exhumer encore recherches émérite, CNRS. ments humains. des ossements humains qu’il confie pour André LARGER et Annick RICHARD 22 23 1 2

LA GROTTE SÉPULCRALE DE CRAVANCHE DANS LE NÉOLITHIQUE EUROPÉEN GLOSSAIRE*

Chasséen (culture chasséenne) Le camp de Chassey (Saône-et-Loire) a permis de définir un style céramique, 1. Plan de la grotte de ès les années quarante, la place privi- de Cravanche des éléments représentatifs vestiges appartient à la phase moyenne de Malgré des conditions d’explorations caractérisé par une poterie Cravanche réalisée par A. Glory légiée de la grotte de Cravanche est d’un fond local nord franc-comtois et la culture de Roessen* (vers 4600 avant anarchiques, la grotte de Cravanche reste fine à profil segmenté et la (1942). D fréquence de décors gravés. soulignée par les archéologues français et jurassien (Gallay 1972). La question d’un J.-C.), une seconde phase représente l’hori- un jalon de référence sur la néolithisation Les prémices du Chasséen 2. Mobilier découvert dans les sont à chercher dans le midi sépultures néolithiques de la allemands. À partir de l’examen stylistique rattachement du mobilier à deux phases zon post-Roessen (4400-4200 avant J.-C.), de la Trouée de Belfort et sur les contacts de la France, avec une large grotte de Cravanche. Deuxième du mobilier dépourvu de toute information chronologiques du Néolithique moyen est la dernière phase plus tardive, est rattachée entre les cultures orientales et méridionales expansion géographique dès moitié du V e millénaire. e e le milieu du V millénaire sur (Collection et clichés musées de stratigraphique, plusieurs auteurs insistent brièvement évoquée. à la fin du Néolithique récent ou au Néoli- durant la seconde moitié du V millénaire le territoire français, sauf le Belfort) alors sur l’influence des cultures danu- Une dernière étude accorde enfin une thique final (3200-2300 avant J.-C.). Cette avant J.-C. La nécropole en grotte, quant nord-est. biennes* orientales dans le style des céra- large place à la révision du mobilier de dernière période correspondrait sans doute Danubien à elle, représente encore à l’heure actuelle Nom donné au plus ancien miques et de leurs décors impressionnés Cravanche à la lumière des découvertes à une fréquentation distincte de la fonction une adaptation originale en milieu sou- Néolithique de l’Europe tempérée. Par extension, il (Stroh 1940, Glory 1942, Kimmig 1950). récentes alsaciennes et franc-comtoises funéraire que la grotte semble avoir exclu- terrain des formes de sépultures fossoyées désigne maintenant le Ru- L’existence de quelques rares éléments (Jeunesse et Pétrequin 1997). La posi- sivement joué aux périodes antérieures. en pleine terre qui caractérisent alors les bané (5300 à 4900 av. J.-C.) et tous les stades culturels représentatifs du Néolithique occidental tion chronologique relative et absolue Cette proposition rejoint les hypothèses de régions orientales, en Alsace et dans la qui en découlent et méridional (Chasséen*) reflète aussi du mobilier y est précisée et élargie en A. Glory brièvement reprises par A. Gallay vallée du Rhin. Roessen (culture de) la position de contact culturel joué alors comparaison avec les acquis de la recherche sur l’existence de trois couches distinctes Entre 4600 et 4300 av. J.-C., culture du Néolithique par la Trouée de Belfort dans la diffusion et les moyens de datations récents, ce qui observées à l’extrémité ouest de la grande Jean-François PININGRE danubien, qui, à son maxi- mum d’expansion, vers des courants de néolithisation (Arnal, renouvelle l’approche dynamique de cette salle jusqu’à une profondeur de 3 m, sépa- 4500 av. J.-C., s’étend au Bailloud, Riquet 1960). A. Gallay nuance série jusque-là considérée comme relative- rées par des éboulements des parois et du Rhin inférieur, au nord de l’Allemagne, à la Bavière, au ces premières conclusions en sélectionnant ment homogène. L’occupation de la grotte plafond de la cavité. nord de la Suisse et à une parmi la céramique et l’outillage lithique est scindée en trois phases : l’essentiel des partie du Bassin parisien. 24 25 1 3

2

2

1

LE DEVENIR DU SITE DE CRAVANCHE Cravanche : des anneaux et des haches en roches alpines

1. Entrée de la grotte de a grotte de Cravanche, classée « Site Depuis une vingtaine d’années, la ville es viatiques funéraires néolithiques .de Deux grands anneaux en serpentinite, 1. Anneau-disque irrégulier de type alsacien, fabriqué à partir Cravanche. :monumental naturel de caractère de Belfort s’est engagée à protéger ce patri- la grotte de Cravanche sont pour l’es- une roche alpine moirée vert foncé légè- (Cliché A. Richard) L L d’un galet rhénan de serpenti- artistique » en 1911, représente un site moine naturel et archéologique et à le valo- sentiel datés de la période 4500-4200 avant rement bleutée, dont la couleur change nite alpine. 2. Intérieur actuel de la grotte de Cravanche : la grande salle. d’intérêt national par la découverte des riser. Les dépôts sauvages ont été enlevés et J.-C. À côté d’outillages personnels en silex, avec la lumière (comme une peau de 2. Deux gobelets de style (Cliché J.-F. Piningre) sépultures néolithiques entre 1894 et 1925. la décharge à proximité a été fermée. Une os ou en bois de cerf, quelques artefacts très serpent, d’où le nom de cette roche), ont Roessen II. La richesse géologique de la cavité avec mise en valeur a été entreprise en réaména- particuliers sont des signes incontestables de été retrouvés passés aux avant-bras d’un (Clichés P. Pétrequin © CRAVA) ses concrétions calcaires en a fait égale- geant le parcours de visite de la grotte dans disparités affirmées où l’élite contrôlait mort, sans que l’on puisse préciser s’il ment le seul espace souterrain visitable du de bonnes conditions de sécurité. Cette la circulation de biens exotiques, qui parti- s’agissait d’un homme ou d’une femme. GLOSSAIRE* Territoire de Belfort. Mais, son ouverture réhabilitation en fait désormais un outil cipaient alors à l’affichage des inégalités Ces anneaux-disques de découpe ovalaire au public entre 1890 et 1933, le désintérêt culturel, éducatif et touristique. Découvrir sociales. sont bien connus en Alsace et dans le nord Roessen (culture de) et les pillages qui s’en sont suivis pendant et connaître la richesse patrimoniale de ce Il en va ainsi pour de magnifiques petits de la Franche-Comté. On suppose qu’ils Cf. page 25 plusieurs décennies, sa transformation lieu est aussi un gage de sauvegarde du site gobelets de type Roessen II*, qui, avec étaient produits dans la région de Bâle, en en dépotoir et enfin la déstabilisation et archéologique. leur paroi fine et sonore, leur surface brun perforant de grands galets plats récoltés l’effondrement des parois dus aux carrières lustré et leur décor poinçonné, offrent un dans les alluvions du Rhin. Les exportations voisines font que le contexte dans lequel Annick RICHARD contraste saisissant avec les productions étaient orientées vers l’ouest ; on trouve ces découvertes ont été réalisées a été céramiques locales, à pâte plus grossière et ainsi quelques-uns de ces anneaux en Bour- considérablement modifié. La préservation sans décor. De tels gobelets ont circulé plus gogne et un exemplaire au moins a gagné la de couches archéologiques encore en place loin encore vers l’ouest, jusqu’en Bourgogne moyenne vallée de la Loire, à plus de 400 n’en demeure pas moins possible. et dans la basse vallée de l’Yonne. km de son lieu de fabrication. 26 27 3 4

3. Petite lame d’herminette en Vers le milieu du Ve millénaire, les rement résistants à l’usage – bien davan- jadéitite alpine. À droite, échantillon naturel du communautés néolithiques de la trouée tage que les haches en pélite-quartz de Mont Viso (Italie). de Belfort participaient donc à des cir- Plancher-les-mines – mais aussi des signes (Dessin et cliché A.-M. et P. Pétrequin © CRAVA) culations d’objets rares sur de longues sociaux remarquables par leur ténacité, leur distances. ainsi en est-il d’une petite lame couleur et leur translucidité. entre 4600 4. À l’origine des jadéitites alpines : le vallon Bulè au pied de hache polie dont la matière première a et 3800 avant J.-c., la circulation des jades méridional du Mont Viso (Italie). été déterminée comme une jadéitite, une alpins a atteint les rivages de l’atlantique et (Cliché P. Pétrequin © CRAVA) roche très rare dont les seuls affl eurements de la mer du nord vers l’ouest et ceux de la importants sont situés vers le sud dans les mer noire vers l’est, constituant un réseau alpes italiennes, au pied du mont Viso de près de 3000 km de long. et à plus de 300 km de cravanche à vol d’oiseau. la jadéitite, tirée de blocs situés Pierre PÉTREQUIN entre 1700 et 2400 m d’altitude à l’occasion d’expéditions estivales, était considérée comme une matière première sacrée et son usage était réservé, à cette époque, aux élites et aux Puissances surnaturelles. De telles lames polies en jade représentaient alors non seulement des outils particuliè- 28 29 BIBLIOGRAPHIE

Arnal et al. 1960 : ARNAL (J.), BAILLOUD (G.) et RIQUET (R.). Les styles céramique du Piningre 1974 : PININGRE (J.-F.). Un aspect de l’économie néolithique : le problème de Néolithique français. Presses universitaires de France, Préhistoire, t. XIV, 1960. l’Aphanite en Franche-Comté et dans les régions limitrophes. , Les Belles lettres, 1974, 129 p., 116 fig. (Annales littéraires de l’Université de Franche- Bouchot 1914 : BOUCHOT (A.). Note sur les stations de pierre taillée dans les environs comté, n° 158). de Belfort. Bulletin de la Société Belfortaine d’Émulation, n° 33, 1914, p. ? Piningre 2011 : PININGRE (J.-F.). Le site du Bramont à Belfort (Territoire de Belfort) : Gallay 1972 : GALLAY (A.). Signification culturelle et chronologique du Néolithique de nouvelles recherches sur un habitat fortifié du Néolithique moyen et du Bronze cravanche (Territoire de Belfort, France). HOMO, 1972, heft 1/2, p. 36-49. moyen . Bulletin de la Société Belfortaine d’Émulation, n° 102, 2011, p. 13-34, 14 fig. Glory 1942 : GLORY (A.). La civilisation du Néolithique en Haute-Alsace. Strasbourg, Piningre et Chauvin 2007 : PININGRE (J.-F.) et CHAUVIN (M.). Le site fortifié éditeur 1942, 412 p., 10 pl. du Bramont à Belfort (Territoire de Belfort, France) et le Bronze moyen dans le Jannesson 1893 : JANNESSON (V.). La grotte de Cravanche. Bulletin de la Société Jura. In : Bélet-Gonda et al. (dir.), Mandeure, sa campagne et ses relations d’Avenches Belfortaine d’Émulation, 1893, p. 6-14. à Luxeuil et d’Augst à Besançon. Actes des journées archéologiques frontalières de l’Arc jurassien, octobre 2005. Besançon, Presses Universitaires de Franche-Comté et Jeunesse et Pétrequin 1997 : JEUNESSE (C.) et PÉTREQUIN (P.). La région de la Porrentruy, Office de la culture et Société jurassienne d’Émulation, 2007, trouée de Belfort au V e millénaire : évolution des styles céramiques et p. 165-173. (Annales littéraires, série « Environnement, société et archéologie », transformations techniques. In : La culture de Cerny : nouvelle économie, nouvelle 12 / Cahiers d’archéologie jurassienne, 20). société au Néolithique. Actes du colloque international de Nemours, 1994. Nemours, éd. aPRAIF, 1997, p. 593-616. (Mémoires du musée de Préhistoire d’Ile-de-France, n° 6). Stroh 1940 : STROH (A.). Die Rössener Kultur in Südwestdeutschland. Bericht der Römisch-Germanischen Kommission, 1940, 28, p. 8-179 et Taf. 1-30. Kimmig 1950 : KIMMIG (W.). Zur Frage der Rössener Kultur am Südlichen Oberrhein. Badische Fundberichte, 1950, p. 42-62. Voulot 1894 : VOULOT (F.). Monographie de la caverne funéraire néolithique de cravanche. Bulletin de la Société Belfortaine d’Émulation, n° 13, 1894, p. 174-188, Larger 2007 : LARGER (A.). Les grottes de Cavanche. Belfort, Dossier manuscrit, 2007, 8 pl. 37 p. Passard 1980 : PASSARD (F.). L’habitat au Néolithique et début de l’âge du Bronze en franche-Comté. Gallia-Préhistoire, 1980, 23, 1, p. 37-114.

Pétrequin et Jeunesse 1995 : PÉTREQUIN (P.) et JEUNESSE (C.). La hache de pierre. Carrières vosgiennes et échanges de lames polies pendant le Néolithique (5400-2100 av. J.-C.). Paris, éd. Errance, 1995, 127 p.

Pétrequin et al. 1996 : PÉTREQUIN (P.), JEUDY (F.) et JEUNESSE (C.). Minières néolithiques, échanges de haches et contrôle social du sud vosgien à la Bourgogne. In : Actes du 18 e colloque interrégional sur le Néolithique, Dijon octobre 1991. Dijon, Revue archéologique de l’Est, 1996, p. 448-476. (14e supplément à la RAE).

Piningre 1973 : PININGRE (J.-F.). Quelques éléments néolithiques dans le Territoire de Belfort. Bulletin de la Société Belfortaine d’Émulation, n° 69, 1972-1973, p. 101- 106, 3 fig. Piningre 1982 : PININGRE (J.-F.). Note sur quelques éléments de parure néolithique découverte dans les grottes de Cravanche. Bulletin de la Société Belfortaine d’Émulation, n° 74, 1982, p. 31-33. 30 31 B LEAU CHRONOL o GI Q UE TA

1

LES AUTEURS

André LARGER, historien, Société Belfortaine d’Émulation, Belfort. Pierre PÉTREQUIN, directeur de recherche émérite CNRS / Maison des Sciences de l’Homme et de l’Environnement C.-N. Ledoux, Besançon. Jean-François PININGRE, conservateur en chef honoraire du Patrimoine / UMR 6298 du CNRS ARTeHIS « Archéologie, terre, histoire, sociétés », Dijon. Annick RICHARD, ingénieure, direction régionale des Affaires culturelles de Franche-Comté – service régional de l’Archéologie / UMR 6249 CNRS- université-Culture – laboratoire Chrono-environnement, Besançon. Patrick ROSENTHAL, maître de conférences, université de Franche-Comté / UMR 6249 - laboratoire Chrono-environnement, Besançon.

1. Belfort, « Le Bramont ». Fouille du parement du rempart occidental et du four à chaux. (Cliché J.-F. Piningre)

Illustrations 4e de couverture : Mobilier funéraire provenant des fouilles de F. Voulot en 1876. (Voulot 1894, dessins extraits des planches 1, 3, 5, 7, 8)

Illustration 1ère de couverture : Belfort, « Le Bramont ». Fouille du rempart occidental, été 2013. (Cliché J.-F. Piningre) 32 L’ÉTAT ET Maître d’Ouvrage : LE PATRIMOINE ARCHÉOLOGIQUE Direction régionale des Affaires culturelles de Franche-Comté Le ministère de la Culture, en application 7 rue Charles Nodier du Livre V du code du Patrimoine, a pour 25043 Besançon Cedex mission d’inventorier, protéger et étudier le Tél. : 03 81 65 72 00 patrimoine archéologique. Il programme, contrôle et évalue la recherche scientifique dans les domaines de l’archéologie ARCHÉOLOGIE EN FRANCHE-COMTÉ Publication de la DRAC Franche-Comté préventive (liée à des travaux d’aménagement) et de la re- service régional de l’Archéologie cherche programmée (dont la seule raison est scientifique). Il concourt à la diffusion des résultats auprès de tous les publics. Direction de la collection : La mise en œuvre de ces missions est confiée aux directions Annick Richard SRA - DRAC régionales des affaires culturelles via leurs services régionaux Franche-Comté de l’Archéologie. Comité de lecture : Marie-Agnès Gaidon-Bunuel, Pierre LA VILLE DE BELFORT Pétrequin, Jean-François Piningre et Annick Richard, SRA - DRAC Franche- Soucieuse de son patrimoine archéologique, Comté historique, architectural et artistique, la ville Remerciements particuliers de Belfort soutient de nombreuses initiatives pour leur collaboration à d’études et de recherches dans ces domaines. l’élaboration de la brochure : Celles-ci contribuent à mieux faire connaître - Jacques Aubert, prospecteur aérien ; et comprendre son héritage auprès du public - Anthony Denaire, UMR du CNRS et des décideurs. Les travaux archéologiques 7044, université de Strasbourg / régulièrement opérés par les services de l’état participent ANTEA-Archéologie ; aussi à l’enrichissement des connaissances utiles pour cons- - André Larger, historien, Belfort ; truire l’avenir et accompagner davantage les villes dans leurs - Jérôme Marche, musées de Belfort. projets d’aménagement. Maquette : Laurent Jacquy L’ARCHÉOLOGIE PROGRAMMÉE Infographie : L’archéologie programmée regroupe les opérations de terrain (fouilles ou prospections), les projets collectifs de recherche Pierre Viellet et les publications scientifiques. Les fouilles programmées, Impression : terrestres ou subaquatiques, sont motivées par des objectifs Imprimerie Simongraphic, Ornans de recherche fondamentale indépendants de toute menace pesant sur un gisement archéologique. Ces opérations sont ISSN 2109-7585 soumises au contrôle de l’État via une autorisation préfecto- Besançon, 2014 rale délivrée après consultation des commissions scientifiques Diffusion gratuite dans la limite concernées. Elles sont réalisées par des chercheurs (institu- des stocks - Ne peut être vendu tionnels ou bénévoles). Elles sont conduites sous le contrôle du ministère de la Culture. L’archéologie programmée bénéficie du soutien financier de l’État et de crédits extérieurs, notamment ceux des collectivités territoriales.

Belfort « Camp du Bramont » Fouille programmée 2010-2014 Responsable scientifique : Jean-François PININGRE Soutien financier : Direction régionale des affaires culturelles de Franche-Comté

PROTECTION AU TITRE DES MONUMENTS HISTORIQUES - Grotte de Cravanche, Néolithique : site classé en 1911 ; 2014 - Bois de la Miotte, habitat fortifié du Bramont, Néolithique et âge du Bronze : inscription à ARCHÉOLOGIE EN FRANCHE-COMTÉ l’inventaire supplémentaire le 07/06/93 ; - Haut du Mont, habitat fortifié,N éolithique : inscription à l’inventaire supplémentaire le 07/06/93. N° 4