LE PETIT FORTIFF’SERE Le petit journal annuel de Fortiff’Séré L’association Séré de Rivières N°1 Janvier 2017

La bataille du fort de Moulainville Par Julie VAUBOURG

Le fort du Mont Vaudois, un emplacement à problèmes Par Jean-Pierre ZEDET

Le fort de la Crèche

Par Yves LAURENGE

Le front de mer de Nouméa 1862-1945 Par Jean-Jacques MOULINS

Le petit Fortiff’Séré

Le mot du Président

Cher adhérent, chère adhérente,

En ce début d’année 2017, nous vous souhaitons à tous une bonne et heureuse année ainsi qu’une bonne santé pour vous et tous vos proches.

L’année 2016 a été très chargée pour l’association tant au fort de la Grande Haye, que par les différentes manifestations organisées au cours de l’année.

Nous avons donc décidé de créer ce petit journal pour vous tenir au courant des différents moments forts de l’année et partager différents articles sur la fortifications rédigés par certains des membres de l’association.

Ce petit journal permet de créer un lien entre les membres de l’association car il donne l’opportunité à certains d’écrire un article ou à des associations membre de se faire connaître.

Nous vous souhaitons à tous une bonne lecture.

Meilleurs vœux pour 2017.

Cédric VAUBOURG Président de l’Association

Le fort de l’Olive à Briançon (VAUBOURG Cédric)

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Sommaire

I. Actualités de l’association en 2016 et projets pour 2017 par Julie VAUBOURG page 4

II. Actualités 2016 et projets 2017 au fort de la Grande Haye par Julie VAUBOURG page 6

III. Le fort du Mont Vaudois, un emplacement à problèmes par Jean-Pierre ZEDET page 12

IV. Le front de mer de Nouméa, 1862-1945 par Jean-Jacques MOULINS page 42

V. Le fort de la Crèche par Yves LAURENGE, Président de l’association Fort de la Crèche page 63

VI. La bataille du fort de Moulainville par Julie VAUBOURG page 68

VII. Agenda prévisionnel 2017 des manifestations de l’association page 86

VIII. Devenir membre de Fortiff’Séré - L’association Séré de Rivières page 87

IX. Bulletin d’adhésion 2017 page 88

Fortiff’Séré - Association Séré de Rivières Siège social : 2 rue Pierre Mendès - Appartement 912 88190 GOLBEY Tél : 06-35-79-44-19 E-mail : [email protected] Site internet : http://www.fortiffsere.fr/index_fichiers/Page1044.htm Toute reproduction, même partielle du journal est interdite sans autorisation de l’association et de ses auteurs

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Actualité de l’association en 2016 et projets pour 2017

Par Julie VAUBOURG

Fortiff’Séré – l’association Séré de Rivières a, en cette année 2016, développé son impact en faveur de la promotion du patrimoine Séré de Rivières. L’association qui comptait 80 membres en 2015 est passée à 102 membres en 2016, sans compter toutes les manifestations organisées en faveur de la fortification Séré de Rivières en cette année du centenaire de la bataille de Verdun.

Quelles sont les différentes manifestations que nous avons organisées en cette année 2016 ? Les expositions et les conférences

Nous avons commencés l’année par une conférence et une exposition au sein de la commune de Girancourt les 16 et 17 janvier 2016, ensuite nous nous sommes éloignés des Vosges pour nous diriger vers la Meuse, à l’ouvrage de la Falouse, non loin des combats terribles qui ont touchés Verdun en 1916. L’exposition y est restée du 23 avril au 18 juin 2016.

L’exposition à l’ouvrage de la Falouse (VAUBOURG Cédric) Ensuite, elle a pris le chemin de Montbéliard, au fort du Montbart, du 25 juin au 24 septembre 2016. Nous avons donc présenté la fortification Séré de Rivières aux doubistes lors de deux conférences l’une au début des convivialités et l’autre à la clôture.

L’exposition au fort du Montbart (VAUBOURG Cédric)

Entre temps, nous avons continué notre route à Nice au fort de la Drette afin de l’ouvrir aux Journées du Patrimoine. Cette manifestation, organisée en collaboration avec le Conseil Départemental des Alpes Maritimes, a permis de présenter notre exposition aux niçois et de faire découvrir cette ouvrage magnifique à la population locale.

Journées du patrimoine au fort de la Drette (AMMANN Marc) D’autres projets pour 2017 sont à venir comme au fort de Peigney à Langres, au siège de l’Union des anciens combattants à Limours ou encore au fort de Villeras à . Pour en savoir plus, rendez-vous sur la page : http://www.fortiffsere.fr/index_fichiers/Page939.htm

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Les sorties avec les membres

L’association a organisé trois sorties cette année pour ces membres. La première a eu lieu le même weekend que l’assemblée générale, les 14 et 15 mai 2016. Nous avons ainsi fait découvrir des fortifications spinaliennes à nos membres, comme le fort de Girancourt, le réduit des Friches ou encore le tunnel du Thiéha en passant par le fort de la Grande Haye à Golbey, fortification gérée par l’association.

Au fort de Girancourt (VAUBOURG Julie ) Au réduit des Friches (VAUBOURG Julie )

La deuxième s’est déroulée lors des Journées du Patrimoine à Nice. Nous avons pu faire découvrir, aux membres guides venus bénévolement nous aider pour ces journées, la forteresse du Mont Agel, fort dont la simple entrée monumentale vaut le détour.

A la forteresse du Mont Agel (VAUBOURG Cédric )

La troisième et dernière sortie de l’année a été organisée lors de la clôture de l’exposition au fort du Montbart. Nos membres ont pu découvrir l’ouvrage de Meroux, le fort du Bois d’Oye et le fort du Mont Vaudois à ainsi que le fort du Montbart à Montbéliard.

Au fort du Bois d’Oye (VAUBOURG Cédric ) L’année 2017 devrait être tout aussi intéressante au niveau des sorties car nous prévoyons d’en organiser déjà plusieurs; une sur Belfort (weekend de pâques) et une sur Langres (2ème weekend d’octobre). Les dates seront confirmées lorsque l’organisation des sorties sera finalisée. Pour en savoir plus, rendez-vous sur la page : http://www.fortiffsere.fr/association-sere-de-rivieres/index_fichiers/Page7388.htm

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Actualité 2016 et projets pour 2017 au fort de la Grande Haye Par Julie VAUBOURG

Le fort de la Grande Haye en décembre 2016 (VAUBOURG Cédric)

Cette année a marqué un tournant pour cet ouvrage Séré de Rivières sorti de l’oubli. Des bénévoles, remplis de bonne volonté, ont travaillé d’arrache pieds pour le mettre en valeur et ainsi l’ouvrir au public. Il a fallu près de 3000 heures de travail pour redonner une vie à cet ouvrage et lui faire retrouver son aspect qu’il devait avoir à la mobilisation en 1914. En effet, depuis la Seconde Guerre Mondiale, le fort a toujours été plus ou moins embroussaillé. Il devrait être complètement dégagé pour le mois de mars 2017, si la météo le permet. Ce débroussaillage est effectué à l’intérieur du fort par les membres de l’association et autour par les agents municipaux.

La cour du fort le 24 octobre 2015 (VAUBOURG Cédric)

Elagage d’un chêne le 23 décembre 2015 La cour du fort le 30 décembre 2016 (VAUBOURG Cédric) (VAUBOURG Cédric) Le petit Fortiff’Séré 6

L’intérieur a aussi beaucoup changé. Différents travaux y ont été effectués. Nous avons sécurisé le fort. Tous les trous ont été protégés, quelques maçonneries ont été effectuées afin d’aplanir le sol aux endroits où il avait été abîmé par le temps. Des rambardes en bois ont été mises en place à différents endroits du fort pour sécuriser l’accès de certains escaliers et éviter les chutes. Enfin, des verrières provisoires ont été mises en place afin d’éviter tous dangers ou infiltrations dans le fort suite aux intempéries .

Mise en place d’une rambarde le 5 mars 2016 La verrière du magasin à poudre avant travaux en novembre (HENRY Marie) 2016 (VAUBOURG Cédric)

Travaux de maçonnerie en juillet 2016 La verrière du magasin à poudre en pleins travaux en (VAUBOURG Julie) novembre 2016 (VAUBOURG Julie)

Les travaux intérieurs ont ainsi permis de faire venir le public au fort et donc de commencer nos visites. D’ailleurs, le but étant de rendre ce lieu agréable aux touristes, des panneaux explicatifs, financés par le Conseil Départemental des Alpes Maritimes, illustrés avec de nombreuses photos, ont été placés à différents endroits du fort et une exposition sur les forts et sur la vie à Epinal en 1940 a commencé à prendre jour dans la salle d’accueil du public.

Exemple de panneau illustrant l’alimentation en eau Une partie de l’exposition dans la salle d’accueil du près de la citerne du fort (VAUBOURG Julie) public (VAUBOURG Julie)

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De plus, depuis le mois de juin, ces visites peuvent se faire sans groupe électrogène, la commune ayant financé les travaux pour amener l’électricité jusqu’à l’entrée du fort, nous avons pu installer un disjoncteur à l’intérieur de l’ouvrage qui nous permet d’éclairer une bonne partie du circuit de visite. Une grande partie du matériel électrique mis en place dans le forta été financé par l’entreprise Gilles THOCHKLER à Dounoux. Nous espérons par la suite pouvoir passer le réseau électrique du fort en souterrain à travers les différents égouts qui ont été dégagés depuis le mois de septembre. D’ailleurs, ces travaux d’égoutiers nous ont permis d’assécher le fort et de retrouver une partie du réseau fluviale. De gros travaux de dégagement des terres, réalisés par la commune, ont débouché certains égouts à l’entrée, dans le fossés et à l’extérieur de l’ouvrage.

Dégagement des égouts en septembre 2016 Dégagement des égouts en décembre 2016 par la commune au saillant 5 (VAUBOURG Cédric)

Mise en place du réseau électrique devant le fort par la Installation de l’électricité dans le fort en mai 2016 commune en mars 2016 (VAUBOURG Cédric) (VAUBOURG Cédric)

En dehors de tous ces travaux, il ne faut pas oublier la restauration. Quelques reconstitutions ont déjà été effectuées. Ainsi, nous avons pu remettre en place quelques pierres comme des marches d’escaliers ou encore des parties de créneau de pieds qui avait été enlevées. Beaucoup de travaux de maçonnerie sont encore à faire pour réparer certains endroits abîmés par le temps.

Une marche d’escalier sortie de la citerne et remis en place en Un pierre de créneau de pieds remise en place janvier 2016 (LABOUGLIE Jean François) (VAUBOURG Lucas)

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Néanmoins, un grand projet est à venir pour le fort de la Grande Haye. La fondation du Patrimoine, et en particulier Mr Frémont, nous ont contacté. Le but est d’ouvrir un mécénat pour pouvoir remettre en état la façade du casernement en maçonnerie de moellons démontée par l’armée dans les années 70 pour y faire rentrer des chars. Ce projet est en cours de réalisation, des architectes des bâtiments de France et de nombreuses entreprises sont déjà venus pour voir l’ampleur des travaux et quelques idées commencent à voir le jour. Ces travaux représentent un coût et nous essayons de trouver des solutions pour le réduire. Ainsi, nous tentons de récolter de la pierre de taille pour réduire le coût sur la matière première et une idée est venue de garder une partie de la façade en béton armé installée dans les années 70 comme mur de fond en soutien de la nouvelle façade ce qui pourrait réduire considérablement le coût de la matière première et de la main d'œuvre. Nous espérons que ce projet verra le jour dans les années à venir.

Plan de la façade de la caserne du flanc gauche

Derrière l’entrée, la façade du casernement Derrière l’entrée, la façade du casernement complète dans les années 60 ( TRUTTMANN Michel) en mai 2016( VAUBOURG Cédric)

Tous ces travaux sont importants mais il ne faut pas oublier parmi eux l’entretien. Ainsi, le fort a connu de mai à octobre 2016, une grosse période de fauchage car plus le fort est déboisé plus les zones de fauchage sont grandes et nous ne pouvons pas accueillir le public dans un fort embroussaillé ou sale. D’ailleurs, les heures de nettoyage à l’intérieur du fort ont permis de rendre ces lieux propres car le fort était rempli de déchets en tout genre. Beaucoup de tags recouvraient les murs de certaines parties de l’ouvrage. A ce jour, ils ont disparus, grâce à la commune de Golbey, qui nous a mis à disposition un agent de la commune équipé d’une sableuse.

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Fauchage des fossés en juin 2016 (VAUBOURG Cédric)

Retrait des terres dans la cour en août 2016 Nettoyage des aérations en janvier 2016 (VAUBOURG Lucas) (HENRY Marie)

L’intérieur du fort en octobre 2010 L’intérieur du fort en janvier 2016 (VAUBOURG Cédric) (VAUBOURG Cédric)

Les premiers travaux, nous ont permis d’ouvrir le fort pour la première fois au public le 13 mars 2016. Ainsi, le conseil municipal et quelques élus du secteur, ont pu venir découvrir le matin de ce même jour, tout le labeur de notre travail. L’après-midi même, nous avons accueillis pas moins de 170 visiteurs guidés à travers les couloirs de cet ouvrage par des guides de notre association.

Inauguration du fort le 13 mars 2016 (HENRY Marie)

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Cet été, le fort de la Grande Haye a connu sa première période d’ouverture estivale. Ainsi, les 4 juin, 10 juillet et 14 août, nous avons de nouveau accueillis environ 400 visiteurs au sein de cet ouvrage vieux de plus de 100 ans. Lors de la dernière visite, le fort a connu un renouveau. Des panneaux explicatifs et une exposition, comme expliqué précédemment, ont été mis en place à divers endroits du fort illustrant parfaitement ce à quoi pouvait ressembler le fort il y a une centaine d’années en arrière. Pour finir, le fort arbore le drapeau français, symbole de sa sortie de l’oubli. D’ailleurs, pendant cette dernière visite, nous avons proposé une dégustation avec des produits du Visite du fort le 4 juin 2016 terroir (chocolats de la chocolaterie Lamielle à Epinal et sirop (VAUBOURG Julie) de myrtilles de la Ferme de Briseverre à Hennezel) et le visiteur a pu s’exprimer dans un livre d’or que nous avons mis en place.

Nous avons pour but de continuer à mettre en valeur ce lieu et de le transformer en un carrefour culturel et historique mettant en valeur le travail du Général Séré de Rivières. Ainsi, les travaux vont continuer en 2017 et nous vous invitons dans la joie et la bonne humeur à nous rejoindre afin de redonner à cette fortification sa valeur d’antan.

Afin de découvrir ou redécouvrir ces lieux ou encore nous prêter mains fortes, des visites sont prévues pour 2017 toujours accompagnées par nos guides passionnés aux dates suivantes pour une visite à 15h : Dimanche 9 avril Dimanche 14 mai Dimanche 11 juin Dimanche 9 juillet Dimanche 13 août Dimanche 10 septembre

Chaque ouverture estivale sera précédée par une journée de travaux le samedi pour préparer au mieux chaque visite.

Pour en savoir plus, rendez vous sur la page : http://www.fortiffsere.fr/association-sere-de-rivieres/index_fichiers/Page7086.htm

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Le fort du Mont Vaudois, un emplacement à problèmes. Par Jean-Pierre ZEDET

Avant d'étudier les évolutions des projets à partir des plans et archives du Génie, reprenons ce qu'en disait le Général Séré de Rivières dans son Exposé sur le système défensif de la France de mai 1874.

L’intervalle, compris entre les Vosges et le Jura, connu sous le nom de trouée de Belfort, se décompose en deux parties bien distinctes ; la portion Nord, comprise entre Giromagny et le coude du Doubs à Audincourt ; la portion sud entre Audincourt et Pont de Roide, à l’entrée de la coupure du Lomont. La Position de Belfort est destinée à être défendue par un corps d’armée. L’organisation de ses défenses devra être étudiée à ce point de vue, et non à celui beaucoup plus restreint de la défense proprement dite de la place. D’un autre côté, comme il est de première nécessité de pouvoir maitriser, même après la retraite du corps d’armée, les communications qui donnent accès sur notre territoire, ces nouvelles défenses devront être organisées de manière à barrer toutes les routes pénétrant dans l’intérieur du pays ; en un mot elles devront satisfaire, dans une juste mesure, aux conditions de la défense active et passive. La ligne à organiser devra prendre appui, au Nord de la place, sur le massif du Ballon, et au Sud, sur le Doubs. La trouée de Belfort est bien loin de constituer un véritable défilé ; dans cette situation il faut suppléer par l’art à ce qui fait défaut naturellement. Dans cet ordre d’idées, la droite de la ligne, entre Belfort et le Doubs, devra être établie sur la rive droite de la Lisaine. Le mont Vaudois et la hauteur de la Chaux, en avant de Montbéliard, constituent les bastions naturels du centre de cette ligne, dont la Lisaine formerait la courtine.

Ce qui est avéré, c'est que le Général connaissait la position du Mont Vaudois, ayant combattu en 1871 face à lui, lors du siège de Belfort et qu'il avait vu le parti que les Prussiens en avait tiré en établissant une batterie d'artillerie sur ses pentes.

Durant les 15,16 et 17 janvier 1874 les Prussiens qui doivent empêcher l'Armée Bourbaki de venir lever le siège de Belfort, font usage de cette batterie de 7 canons de 12 c. Elle tirera 423 obus, contribuant à la défaite française lors de la bataille de la Lizaine.

L'emplacement de cette batterie sur la carte d'État Major d'époque est approchée, car issue de la carte des batteries prussiennes lors du siège de Belfort dans la Revue d'Artillerie, tome IX, octobre 1876, moins précise.

En 1873, dès l'évacuation du territoire français par l'Armée allemande, les projets établis secrètement sortent des cartons et les opérations d'acquisitions des terrains pour le chemin d'accès et le fort sont lancées. L'urgence est telle que les travaux commencent sans attendre la conclusion de certaines procédures d'expropriation.

Le Génie se lance dans la nouvelle fortification polygonale qui ne lui est pas familière et sans encore avoir d'enveloppe budgétaire définie. Ceci amènera à la révision des plans, au Mont Vaudois comme au Salbert ou ailleurs. On verra que l'enthousiasme et l'allant ne manquent pas dans les bureaux de Langres et Belfort.

Projet initial

La Sous Commission de Défense, en séance du 18 septembre 1873, entend le Général Séré de Rivières sur la défense de Belfort. Le Mont Vaudois est retenu. Lors de la séance du 21 janvier 1874, Séré de Rivières, suite à un voyage sur place, confirme l'implantation d'un fort sur ce site. L’ordre d'étudier l'ouvrage arrive le 10 février 1874, l'approbation du projet de chemin d'accès le 5 août 1874, alors qu'elle est commencée dès le 26 février. Les approbations des adjudications pour le fort sont du 7 octobre et pour la route du 11 septembre 1874.

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Rapport du 10 avril 1874

Les Inspecteurs Généraux de l'Artillerie et du Génie en mission, résument le résultat de la reconnaissance qu'ils ont faite des emplacements indiqués par la Commission de Défense pour les nouveaux ouvrages de fortification à établir, soit autour de la place de Belfort, soit dans la Trouée entre cette place et la frontière Suisse. Ces ouvrages sont au nombre de 6 : 1 ° Autour de la place de Belfort : , Fort du Salbert, Fort du Mont-Vaudois. 2 ° Dans la Trouée : Fort du Mont-Bart, Fort de Pont de Roide, Fort de Blamont (Lomont) Le Mont-Vaudois est le point culminant du pays qui s'étend entre Belfort et Montbéliard. En l'occupant par un fort permanent, on interdira à l'ennemi qui voudrait investir Belfort, après s'être rendu maitre à l'Ouest de la place de la route nationale N°19 de Bâle à Paris, de déboucher soit par cette grande route sur Chalonvillars, soit par la route de grande communication N°17 sur Chagey, soit enfin par la route de grande communication N°8 ou la route de moyenne communication N°21 sur Couthenans et Héricourt. On le contraindra ainsi à étendre sa ligne d'investissement à l'Ouest jusqu'au delà de la vallée de la Lizaine et au Sud jusque sous le feu des positions de Montbéliard. Le fort du Mont-Vaudois fermera à l'ennemi qui voudrait traverser la Trouée de Belfort, la route nationale N°83 de Strasbourg à Lyon et la route de grande communication N°8 d'Héricourt à Lure. Enfin ce fort sera un point d'appui de première importance pour l'armée occupant la position de la Trouée de Belfort, soit qu'on ait à résister à une invasion de ce côté, soit que l'on veuille menacer l'ennemi d'un retour offensif par l'Alsace sur le versant Est des Vosges. Sous la protection de ce fort les troupes chargées de la défense de la ligne de la Savoureuse, peuvent effectuer en cas d'invasion, leur mouvement de retraite et venir disputer à l'ennemi le passage de la Lizaine en prenant position sur la rive droite de cette rivière, dans les bois de Chagey, Coisevaux, Tavey et Mantrevillars (Montevillars). Le Mont-Vaudois est à 8 kilomètres du Salbert, à 9 kilomètres de Belfort, à 10 kilomètres de Montbéliard. Son élévation et la raideur de ses pentes en font une position facile à rendre très forte, mais dont les communications soit avec Belfort, soit avec Montbéliard seront toujours incertaines.(on verra plus loin les conséquences sur l'organisation finale). Il est nécessaire, à ce point de vue, de pourvoir cette position de toutes les ressources que comporte sa situation isolée et de ne rien négliger pour lui permettre de résister à un blocus d'au moins 6 mois. On pourra alors toujours compter sur un appui dans le cas où, comme en 1871, une armée française voudrait en présence de l'ennemi franchir la Lizaine pour faire lever le siège de Belfort ou déboucher en Alsace par la Trouée de Belfort. Le fort du Mont-Vaudois, placé au sommet de la montagne, s'appuiera du côté Nord aux escarpements naturels, des trois autres côtés il présentera une double enceinte et sur l'enceinte extérieure on établira immédiatement les pièces destinées à battre le terrain du côté de Belfort et Banvillars, de Montbéliard et de Tavey. En arrière de ces trois faces et sous leurs parados on établira le logement pour les hommes au piquet. La deuxième enceinte formant réduit s'appuiera au Nord à l'escarpement naturel et contiendra la batterie chargée de battre les bois de Chagey ; des deux autres côtés le réduit présentera un parapet pour l'infanterie battant l'intérieur du fort. Dans ce réduit et sous les parados de sa batterie on organisera des abris souterrains pour 300 hommes ainsi que les magasins nécessaires à la garnison, on y disposera aussi des batteries casematées pour sept pièces pouvant tirer au Sud, à l'Est et à l'Ouest. L'effectif de la garnison du temps de paix sera de deux compagnies soit 220 hommes pour lesquels on organisera un casernement casematé. L'effectif de la garnison de siège sera de 800 hommes dont 300 hommes seront au repos et logés dans les souterrains du réduit, 250 seront au piquet et placés sous les abris de l'enceinte extérieure et enfin 250 seront aux remparts. (on n'envisage donc pas une couchette par homme) Il sera inutile d'établir dans le fort des remises pour l'artillerie attelée, on se contentera d'y organiser des écuries pour les chevaux des officiers montés et pour 12 chevaux destinés au mouvement du matériel. Outre le logement des hommes il sera nécessaire d'avoir des magasins aux vivres pour 6 mois, des citernes et les mêmes accessoires qu'au fort de Roppe. L'armement de cet ouvrage a été arrêté comme il suit, par les Inspecteurs Généraux, sur les propositions concertées d'avance entre les Commandants de l'Artillerie et du Génie. Le nombre des coups par pièce a été fixé à 1000. L'approvisionnement du fort en poudre devra être de 170.000 kg. L'approvisionnement du fort en cartouches sera de 800.000.

Remarques. Un mois après ce document parait le 9 mai le Rapport sur l'organisation des Nouveaux Ouvrages de Défense, rédigé par une commission spéciale d'Officiers Généraux de l'Artillerie et du Génie. C'est le document de référence pour la construction de tous les forts de type Séré de Rivières. Or on peut trouver ici des divergences par rapport à ce rapport. Chaque homme devrait avoir son couchage affecté. Le petit Fortiff’Séré 13

De même la quantité de poudre est bien élevée (exemple de préconisation 200 tonnes pour 80 canons). Le fossé doit faire 12 mètres minimum de large. Il n'en sera rien au Mont Vaudois.

Canons de 19 c 16 c 24 12 Mle Mle185 de place de place 1870 8-60 de Points à battre, distances observations tubé de la Ma- la Ma- rine rine Bois de Tavey 5000 m. Bois de Chanois 4400 m. Croiser des feux avec le Mont Bart au bois de Mantrevillars 6000 m à 7000 m. 2 casemates à 2 2 2 2 Route et chemin de fer de Montbéliard à Héricourt ; vallée de la canon aux saillants Lizaine jusqu'aux abords de Montbéliard 9000 m. Bois du Mont

Bois de Chatenois 5000 m. Chemin de Chatenois à Brevilliers. 1 casemate à canon 1 3 Bois de la Racine 6000 m. Route n° 83 au chemin de fer. Pentes à l'extrémité Est du Mont-Vaudois. gauche Le Mont d'Uxegney 4000 m. Flanquer la Côte 5000 m. Sortie 1 1 Bois de l'Ordon brisée 4000 m. Echavanne 7000 m. Bois de la 1 1 2 La vallée de la Lizaine. Etobon 8000 m. Chagey 2500 1 casemate à canon 1 2 2 m .Débouché du chemin n° 17 venant de Frahier. Bois de la à l'extrémité Vacherie. Débouché du chemin n°8 venant de Luze 2500 m. gauche Champey 6000 m. Bois communaux 4000 m. Route n°83 jus- 1 4 qu'au-delà de Trémoins 6000 m. Non compris six canons à balles 5 4 10 9 Total 28 bouches à feu pour le flanque- ment des fossés

Examinons les directions de tir inventoriées par les militaires. On y voit que le fort a des missions très diverses, étant assez isolé de la Place. Certaines positions pouvant être occupées par l'ennemi ont même un certain commandement sur la colline où est le fort. De plus ni le fort du Salbert au Nord-est, ni le fort de La Chaux au Sud- est ne peuvent l'atteindre avec la portée des canons existants ou à l'étude.

Le fort ne sera donc jamais traité comme un fort de place. Ce n'est pas non plus un fort d'arrêt, mais un fort isolé ce qui explique certains détails architecturaux que nous allons découvrir.

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Premier projet daté du 14 août 1874

Le fort est de forme trapézoïdale, le front de gorge Nord de 500 mètres est accolé l'escarpement de la falaise, permettant l'économie d'un fossé. C'est sur ce coté qu'est établi le Réduit protégé par un fossé de 5 m de large, flanqué de petites caponnières pour tir au fusil. Enfin une crête d'infanterie en fait le tour. Quatre des sept pièces de ce front y sont logées avec casernements sous le parados. Les autres faces sont toutes pourvues d'un fossé qui n'a que 10 mètres de large (au lieu des 12 m minimum). La longueur de ces faces est de 245 m à l'Est, 270 m au Sud et 142 m à l'Ouest. Un aileron est établi au saillant 3 et une caponnière au saillant 4. Les casemates ont des embrasures à visière. Le projet prévoit des batteries basses avec 21 plateformes dont 4 dans le réduit comme on le voit sur le plan du 14 août 1874. Ces plateformes ont 7 mètres de long et 6 de large, pouvant être élargi en temps de guerre. Le casernement paradosse les batteries principales entre les saillants 3-4. (Une particularité de ce fort est de ne pas avoir la porte d'entrée sur le front de gorge, qui est pour les militaires le front Nord. Dans tous les projets successifs ce front ne possède pas de fossé continu, la falaise et l'à-pic du Mont Vaudois permettant de s'en dispenser) L'entraxe entre plateformes est fixé à 20 mètres et sur le front Sud principal une traverse sur deux est prolongée jusqu'au parados pour protéger des coups d'enfilade (traverses enracinées). Les abris sous traverse enracinés servent à stocker les munitions, ils permettent une communication à l'abri avec les magasins, les autres sont réservés au personnel. Quand aux 28 pièces d'artillerie elles sont récupérées dans l'existant : 12 et 24 rayés de place (9 + 10), pièces de côte de 16c et 19c (4 + 5) plus des pièces légères et des mortiers. Le flanquement est assuré par 6 canons à balles de Reffye. 21 sont à l'air libre, 4 sous casemates, visiblement à tir direct, sur les faces Nord et Ouest. Sur la face Sud sont disposées 2 casemates et sur la face Est une casemate pour pouvoir recevoir à un moment donné 3 pièces voisines. (Flèches violettes sur le plan) Sur le plan se trouvent les données suivantes : Entrée Corps de garde de l'entrée, corps de garde intérieur, prison, écurie pour 12 chevaux. Abris pour les munitions, pour les hommes, batterie casematée. Caserne de la face Sud Logement pour 2x184 hommes (avec entresols), pour 15 officiers, 16 Sous-officiers, magasin aux vivres, cantine et cuisine des Officiers, cuisine de la troupe, citerne, infirmerie pour 56 hommes, salles de police et prison, latrines. Magasin d'artillerie, forge et ateliers, magasin aux cartouches et aux artifices, magasin pour 60.000 kg de poudre. Face Est Logement pour 180 hommes, 6 Sous-officiers. Cuisine avec citerne en dessous, latrines. Magasin à poudre 27.500 kg Réduit Manutention et four, citernes, logement pour 100 hommes, 2 Officiers, 4 Sous-officiers, commandant du fort, magasins aux vivres et aux liquides, latrines, corps de garde avec citerne. Face Ouest Logement pour 120 hommes, 6 Sous-officiers, cuisine avec citerne, latrines. Magasin pour 82500 kg de poudre Effectifs 668 hommes, 17 Officiers, 26 Sous-officiers soit 712 personnes avec le Commandant. (au lieu de 800) La quantité de poudre dans 3 magasins est de 170 tonnes. Les Inspecteurs ont imposé un réduit, réminiscence du Moyen âge, où loge le Commandant du fort. Cette organisation, qui sera vite abandonnée dans les forts Séré de Rivières, impose une dispersion des effectifs etdes moyens, rendant la tâche du Commandant et des Officiers plus difficile. On peut remarquer qu'il n'y a là qu'un seul four pour presque 800 hommes. Mais surtout, cela entraine un long front Nord, et le Chef du Génie rappelle dans le rapport cité plus loin qu'on lui a imposé cette organisation qui augmente inutilement les dimensions des faces qui auraient pu être plus modestes pour placer 28 pièces d'artillerie. D'ailleurs le Rapport sur l'organisation des Nouveaux ouvrages de défense déconseille l'établissement de réduits. Ils compliqueraient l'organisation générale et augmenteraient la dépense sans utilité réelle. Mais en avril ce rapport n'était pas encore sorti ! Le projet du Chef du Génie Borius respecte au mieux les souhaits des Inspecteurs. Mais son coût, porté à l'état estimatif, s'élève à 2.450.000 F or, y compris les frais d'acquisition de terrain et la construction de la route d'accès. Le chef du Génie, dans son rapport du 14 août 1874, chiffre le projet à 2.370.000 F.

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Organisation des dessus

Organisation des dessous

Or la loi du 17 juillet, qui est parue entretemps, ne prévoit pour un ouvrage du type du Mont Vaudois qu'une somme de 1.500.000 F. Il va falloir tout reprendre. Le petit Fortiff’Séré 16

L'enveloppe va être conservée alors qu'elle est bien grande, ce qui s'explique par les Considérations générales du 14 août 1874 qui accompagnent ces plans. On y donne tous les justificatifs sur l'organisation. Retenons seulement quelques passages significatifs : "Conformément aux instructions de MM. les Inspecteurs Généraux de l'Artillerie et du Génie, nous avons admis que ce secteur (sud) serait battu par 8 pièces…Nous les avons établies sur une seule face dont la crête horizontale a 182 m de longueur. Elles sont disposées pour le tir à ciel ouvert, mais les deux traverses extrêmes de cette longue face sont casematées de façon à pouvoir recevoir deux de ces pièces si le tir de l'ennemi devenait trop violent. Cette longue face…voit directement le terrain sur lequel l'ennemi devra développer les travaux d'attaque s'il veut s'emparer du fort ; il était nécessaire de laisser à l'Infanterie et à l'Artillerie mobile de la défense une longueur de crête suffisante pour bien surveiller ce plateau et battre les approches du fort ; nous avons en conséquence prolongé cette crête à l'Ouest de 51 m, à l'Est de 35 m, ce qui porte sa longueur totale à 268 m. Cette dimension est d'ailleurs demandée par la nécessité où l'on est de donner à la face Nord une grande étendue pour l'organisation du réduit. Les 11 pièces qui couronnent la crête Nord du Mont Vaudois, ont du être disposées en trois batteries distinctes, par suite de la nécessité de suivre les contours de l'escarpement; mais surtout à cause de la condition obligée, d'après les instructions qui nous avaient été données d'isoler du reste du fort une partie de ces escarpements et d'y organiser le réduit. Enfin et conformément aux ordres laissés par MM. les Inspecteurs Généraux de l'Artillerie et du Génie, on a du ménager près de l'escarpement Nord de la montagne, au centre du fort l'espace nécessaire pour l'organisation d'un réduit. Cette condition et la nécessité de ménager entre les diverses parties du fort des communications accessibles aux voitures et aussi bien couvertes que possible, ont conduit à étendre les dimensions du fort un peu plus qu'on ne l'aurait désiré, et que ne le comporterait la simple installation sur un parapet continu des 28 pièces qui constituent son armement. " Le réduit va disparaitre, mais le tracé des faces ne bougera plus.

Tempêtes sous les crânes

Immédiatement les responsables se mettent à l'œuvre. Le 17 septembre 1874 l'Inspecteur Général du 6 e arrondissement du Génie Chareton, sans entrer dans l'examen des détails du projet initial présenté par le Chef du Génie, en raison des modifications importantes à y apporter, étudie immédiatement les propositions faites par le Directeur et par le Directeur supérieur en vue d'en réduire la dépense sans affecter la valeur défensive de fort. - Le Directeur propose d'établir un grand réduit avec fossés de 10 m de largeur, portant un armement de 18 à 20 pièces, et une grande enveloppe intérieure avec fossés de 6 m de largeur, destinée à recevoir le reste de l'armement . Ces propositions, au lieu de diminuer la dépense, semblent devoir au contraire l'accroitre considérablement, tant à cause du grand développement de fossés à tailler dans le roc qu'à cause du grand nombre de caponnières ou coffres flanquants qui y sont projetés. - Le Directeur supérieur propose de réduire l'importance de l'ouvrage au réduit, proposé par le Directeur et qui formerait cavalier, et de supprimer l'enveloppe extérieure en admettant le mode de flanquement du projet du Chef du Génie. (voir ci après) Le parapet d'artillerie serait précédé d'une enveloppe basse pour l'infanterie et l'escarpement de la gorge qui regarde vers le Nord Ouest la plaine de Chalonvillars, recevrait une batterie caverne de 6 pièces. Sous le terre plein du front Sud du cavalier serait établie la caserne pour la garnison normale en temps de paix ; et l'on construirait au milieu de la cour de l'ouvrage une grande caserne du temps de siège, recouverte de terres et servant de parados pour les batteries du fort, comme l'indiquent le croquis N° 1 suivant et la papillote ajoutée au croquis du Directeur daté du 10 septembre. Ce croquis est en fait un nouveau plan assez bien étudié. Toutefois on n'y voit pas encore trace des batteries cavernes souhaitées par le Directeur supérieur. On a donc très rapidement un second projet : Croquis rédigé d'après les indications de Monsieur le Général Inspecteur Général du Génie en 1874. Officiers ayant pris part à la rédaction du Projet M. M. Bovet, Lieutenant Colonel, Chef du Génie et Borius, Chef de Bataillon du Génie. (Ce dernier est le dessinateur) Note sur les croquis indiquant le projet du fort du Mont-Vaudois modifié d'après les instructions de Monsieur le Général Ins- pecteur du Génie en 1874. D'après les instructions données par Monsieur l'Inspecteur Général du Génie, la dépense nécessaire pour l'occupation du sommet du Mont Vaudois ne doit pas dépasser la somme de 1.500.000 F. L'armement du fort doit être réduit à 22 bouches à feu et l'effectif de la garnison à 600 hommes. Le petit Fortiff’Séré 17

On peut se dispenser d'organiser un réduit à l'intérieur du fort. Le nouveau projet a été établi d'après ces données. Le fort a été placé comme précédemment au sommet de la montagne, au point occupé déjà par un ancien retranchement romain (sic.En fait il y avait là un camp de hauteur néolithique). Les 22 pièces qui constituent son armement ont été réparties dans les conditions suivantes :

To- Canons de Points à battre taux Faces 1 1 2 12 9 6 4 Sud 2 2 2 6 Route deTavey à Arcey prés de Montevillars, vallée de la Lizaine Est 1 3 4 Bois de Chatenois et Bois de la Racine Le Mont Urecerey. La Cote, la route d'Essert, le pied du Salbert, Nord-est 1 1 2 Chalonvillars Nord 2 2 4 Nous proposons de remplacer les 19 canons de place par 19 canons de Nord-ouest 2 2 138 millimètres Placer à l'intérieur …(3 mots illisibles) Ouest 1 3 4 2 obusiers de 22 c rayés et frettés ̶̶ ̶ ̶ ̶ ̶ employés comme mortiers rayés Totaux 3 4 6 9 22 Conserver les 9 canons de marine On a supposé ces pièces approvisionnées à 1000 coups. L'armement doit être complété par 6 pièces de 4 pour le flanquement des fossés, dont l'approvisionnement ne sera que de 500 coups par pièce. L'approvisionnement du fort en poudre se trouve réduit à 116000 kilogrammes. Toutes les pièces ont été organisées à ciel ouvert, et placées entre deux traverses sous lesquelles sont construits des abris pour les servants et pour les munitions. Elles ont été établies sur un parapet dont le relief au dessus du sol naturel varie entre 4 et 5 mètres, pour les faces Sud, Ouest et Est, et qui sur la face Nord est très peu au dessus du niveau du sol. On a supprimé les communications directes établies dans le premier projet, le long de la crête des batteries, entre les plateformes et les abris des traverses, les abris ont intérieurement 11 mètres 50 de longueur sur 2,50 m de largeur. Le fort étant exposé à être battu de tous les cotés par l'Artillerie ennemie, on a organisé en arrière de toutes les pièces des parados assez élevés pour défiler les crêtes contre les coups de revers tombant au ¼. En arrière et sous le parados de la face Sud on a placé la caserne et les magasins du fort. De chaque coté d'une cour de 8 mètres de largeur se trouvent 15 casemates de 6 mètres de largeur, 17 mètres de longueur, 4,50 m de hauteur sous clef. Un corridor de 2,50 m de largeur isole les chambres du massif des terres. Des poternes de 3,00 m de largeur mettent les corridors en communication directe avec la cour. Ces poternes prolongées jusqu'aux différentes batteries mettent celles-ci en communication avec les magasins et les chambres des hommes. Les affectations suivantes seront données aux trente chambres: Logements d'Officiers 3 Logements des hommes et des Sous-officiers 13 (48 hommes par chambre, chaque homme occupant 0,70 m) Infirmerie 2 Cuisine 1 Cantine, cuisine des Officiers et de l'Infirmerie 1 Magasin aux vivres 5 Four et Manutention 2 Forge 1 Magasin d'Artillerie 1 Écurie 1 Total 30 Des citernes seront organisées sous l'emplacement correspondant à quatre chambres. Les latrines sont disposées en arrière de la face Sud près des corridors. Dans les voutes de culée du bâtiment Sud on établira les prisons et salles de police. Le bâtiment Nord appuyé à droite et à gauche au rocher n'a pas besoin de disposition spéciale pour assurer la solidité des culées. Deux magasins à poudre de 20 mètres de longueur intérieure, de 6,00 m de largeur, de 4,50 m de haut sous clef sont placés sous les parados de la face Nord et de la face Est, chacun d'eux contiendra 58.000 kilogrammes de poudre.

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Un magasin de même dimension sera construit sous le parados de la face Ouest, et renfermera l'approvisionnement en cartouches et tous les artifices confectionnés à l'avance, que comporte l'armement complet du fort. Les fossés du fort n'ont que 8 mètres de largeur, leur profondeur moyenne au dessous du sol naturel est de 10 mètres. L'escarpe n'a que 6,00 m de hauteur, la contrescarpe à 7,00 m. La nature du sol fait supposer que leurs parements n'auront pas besoin d'être revêtus même par un simple placage. Le flanquement des fossés est assuré comme dans le premier projet. Il y a deux caponnières établies à chacune des extrémités de la face Sud. Dans ces nouvelles conditions le fort ne coutera que (1500.000,00 F) un million cinq cent mille francs dont on peut établir ainsi le détail : Construction de la Caserne 500000 F de 26 traverses-abri 130000 des poternes et passages sous traverses 120000 des 3 magasins à poudre et à cartouches 126000 des caponnières 100000 de la poterne d'entrée et du corps de garde 60000 déblai des fossés 350000 maçonnerie d'escarpe pour placage partiels 30000 Terre franche apportée des environs du fort 40000 Frais imprévus 44000 Total 1500000 Belfort, le 10 septembre 1874, Le Lt Colonel Chef du Génie Signé Bovet Pour le flanquement 4 canons à balles 6 canons de 4 dont 3 de montagne Pour armer le parapet bas, battre les approches du fort et battre le haut de l'escarpement 14 canons rayés de 8 de campagne. (Le canon de 138 millimètres sur affût permet le tir et le pointage sous les grands angles) (4 pièces en cavernes, 18 sur le parapet haut)

(Les textes en bleu sont des ajouts manuscrits non datés. On voit que la mise au point du 138 est immédiatement prise en compte.)

Mais le Général Chareton trouve à y redire.

L'Inspecteur Général fait observer que la construction de la caserne de siège, projetée par le Directeur Supérieur, serait d'une exécution difficile et qu'elle occasionnerait une dépense considérable qui compenserait en grande partie l'économie réalisée par la réduction des dimensions de l'ouvrage. En outre, cette caserne, insuffisamment aérée et surtout très mal éclairée, donnerait des logements moins satisfaisants au point de vue de la commodité et de l'hygiène que le type ordinairement admis et proposé par le Chef du Génie. L'Inspecteur Général estime d'ailleurs qu'il convient de donner à l'ouvrage une enveloppe basse pour l'Infanterie et l'Artillerie légère, comme le propose le Directeur Supérieur ; il fait toutefois observer que la distance de 20 m entre les crêtes intérieures des parapets d'Infanterie et d'Artillerie, figurée au croquis N° 1 ne parait pas suffisant, (c'est pourtant celle préconisée dans le Rapport du 9 mai) et qu'elle doit être portée à environ 25 m, si l'on veut pouvoir circuler en arrière de l'enceinte basse et armer au besoin cette enceinte avec de l'Artillerie de campagne. L'Inspecteur Général propose en conséquence de donner à l'ouvrage des dimensions moins restreintes que celles proposées par le Directeur Supérieur, tout en conservant la rue de flanquement proposée par le Chef du Génie et par le Directeur Supérieur. La batterie caverne que le Directeur Supérieur propose de creuser dans l'escarpement de la gorge de l'ouvrage pour battre la plaine de Chalonvillars présenterait l'avantage de mieux protéger l'armement de cette gorge et d'éviter la construction d'un parados qui devrait être très élevé à cause du relèvement du terrain vers l'escarpement. La nature du rocher calcaire très résistant, permettra assurément l'installation de cet abri caverne. Les observations qui précédent ont engagé l'Inspecteur Général à modifier le projet présenté par le Chef du Génie, comme il est indiqué au croquis N ° 2 joint. L'importance de l'ouvrage a été réduite et le Réduit intérieur supprimé, afin de diminuer la dépense, tout en conservant la direction des faces de l'ouvrage projeté par le Chef du Génie, qui est satisfaisante.

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Projet du 10 septembre 1874 du Chef du Génie Borius

Le cavalier peut recevoir 21 pièces de gros calibre espacées de 20 en 20 m d'axe en axe ; chacune de ces pièces est comprise entre deux traverses recouvrant des abris pour les hommes et les munitions ; la crête du cavalier a un relief moyen d'environ 5 m au-dessus du sol naturel.

L'enceinte basse qui enveloppe le cavalier peut au besoin être armée sur toute son étendue, d'artillerie de campagne mobile derrière les crêtes ; ces crêtes ont un relief qui varie entre 1 et 2 m au dessus du terrain naturel et le talus extérieur du parapet, en partie taillé dans le rocher, se prolonge jusqu'à la magistrale de l'escarpe ; cette magistrale est tenue à une profondeur telle que l'escarpe toute entière soit taillée dans le roc solide, il ne parait pas nécessaire qu'elle soit revêtue en maçonnerie, non plus que la contrescarpe. Les fossés ont 8 m de largeur et 6 m de hauteur d'escarpe ; devant les deux caponnières de flanquement leur largeur est réduite à 6 m.

L'escarpement du rocher à la gorge de l'ouvrage sera recoupé sur une hauteur d'au moins 8 m et couronné par un simple mur à bahut, en arrière duquel un parapet de 6 m d'épaisseur prolonge le long de la gorge l'enceinte basse de l'ouvrage. Au dessous est creusée une batterie caverne pour 4 pièces battant la plaine de Chalonvillars, la hauteur de l'escarpement en contrebas du fond des embrasures sera d'au moins 6 m. Les terrepleins du cavalier, portant la grosse artillerie, sont paradossés au1/6 environ. Sous les extrémités du parados sont installés les magasins aux poudres et aux munitions confectionnées ; sous la partie centrale les logements et les magasins. Ces logements sont organisés de façon à laisser entre les deux rangées de casemates qui se font face, et se couvrent réciproquement, une cour de 10 m de largeur, sur laquelle prennent jour les logements et les magasins. C'est la disposition mise en pratique pour couvrir la caserne casematée du Château de Briançon.

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Sur chaque branche de l'ouvrage on a prolongé trois traverses du cavalier jusqu'au parados. Ces grandes traverses recouvrent des passages qui permettent de communiquer à l'abri des logements ou des magasins sous les terrepleins du cavalier. L'une de ces traverses sur la branche droite de l'ouvrage se prolonge jusqu'à l'escarpe et couvre la communication qui donne accès dans le fort. L'Inspecteur Général estime que les réductions apportées au projet du Chef du Génie permettent de ramener la dépense dans les limites prévues par la loi du 17 juillet, sans affaiblir l'ouvrage dont l'armement comporte encore 25 pièces de gros calibre, et peut être renforcé par un bon nombre de pièces de campagne, en outre celles qui seront au flanquement des fossés. Le chiffre de la garnison serait réduit de 800 à 600 hommes. L'Inspecteur Général fait en outre observer que la bonne qualité des moellons calcaires que fournira le creusement du rocher à l'emplacement des fossés et des casemates, permettra de trouver sur place la plus grande partie des matériaux de construction et contribuera à réduire la dépense dans de notables proportions. On devra d'ailleurs s'attacher à s'approfondir le moins possible à l'intérieur de l'ouvrage pour établir les fondations des casemates, afin de diminuer les déblais de roc. En conséquence l'Inspecteur Général a l'honneur de proposer au Ministre de vouloir bien : 1° approuver les indications d'ensemble figurées au croquis N°2 pour le projet du fort du Mont-Vaudois et prescrire au Chef du Génie l'étude de détails de l'ouvrage conformément à ces indications 2° allouer pour l'exercice 1874 une somme de100.000 F destinée à l'établissement de l'enceinte basse et à l'escarpement de la gorge, de façon à avoir dès la fin de l'exercice, le chemin d'accès étant terminé, une première enveloppe défensive qui puisse être armée d'artillerie au besoin et qui permettrait de tenir la position.

Et la mise au net du croquis pour transmission au Ministre de la Guerre :

Le Ministre de la Guerre, de Cissey, approuve le projet le 8 octobre 1874 suivant.

Un projet conforme à ce croquis est transmis le 11 février 1875 avec batterie-caverne au front Nord.

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On a là en grande partie l'ossature finale du fort.

Le Chef de Bataillon, Chef du Génie, écrit en date du 10 avril 1875 : Par décision ministérielle du 27 Février 1875 le projet transmis le 11 Février précédent pour la construction du fort du Mont Vaudois a été approuvé sous la réserve de modifications à apporter : 1° A la direction de la poterne de sortie de la cour de la caserne, 2° A l’aération des couloirs de cette caserne, 3° A l’emplacement des latrines, 4° Aux dimensions des caponnières, 5° A la largeur du terre-plein bas. Le dessin joint au rapport indique les dispositions définitivement adoptées pour chacune des parties du fort. Les latrines seront placées au point indiqué par Mr le Général Directeur supérieur et seront exécutées conformément au croquis qui en a été donné. La direction de la poterne de sortie conduisant à l’esplanade Nord a été modifiée. Il résulte de la nouvelle disposition adoptée, la suppression d’une casemate de 6,00 m de largeur qui était destinée aux approvisionnements. Mais les petites casemates des culées destinées dans le projet primitif à servir de latrines, la remplaceront comme magasins aux liquides. La disposition nouvelle ne modifie point en conséquence la contenance des locaux et ne coute pas plus cher que l’organisation du premier projet. La largeur de chaque casemate à canon des caponnières a été réduite à 4,00 m ; les piédroits intermédiaires n’ont que 1,00 m d’épaisseur, la galerie enveloppe nécessaire pour le flanquement et la solidité du piédroit formant culée a été réduite à 1,50 m de largeur. On a reculé le parapet d’artillerie de manière à donner partout 5,00 m au moins de largeur au terre plein bas du parapet d’infanterie. Les modifications apportées au projet définitif du fort ne changent en rien l’évaluation totale des travaux à exécuter. La dépense reste estimée à 1.428.000 F La construction de la route d’accès a coûté 28.300 F Le prix des acquisitions de terrain est de 43.700 F Le prix total du fort sera donc de 1.500.000 F Sur le dessin joint au présent rapport, le Chef du Génie a représenté les dispositions déjà proposées et approuvées par la décision ministérielle du 27 février 1875 pour l’organisation d’une batterie caverne sur la face Nord du fort. Toutefois, il doit faire remarquer que l’examen attentif de la nature du sol dans lequel on devra creuser cette caverne, lui fait craindre que l’on soit obligé après avoir creusé le rocher, de le revêtir intérieurement d’un placage en maçonnerie. Dans ces conditions la dépense qu’entrainerait la construction serait notablement augmentée. En outre il convient de donner aux pièces de l’escarpement Nord destinées à battre la plaine de Chalonvillars au village de Luze, un champ de tir considérable qu’il est difficile d’obtenir de pièces placées dans une caverne.

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Le Chef du Génie étudie en conséquence, dans le moment, une nouvelle disposition à donner à cette batterie et il se propose de n’en commencer les travaux que lorsqu’il aura obtenu une décision spéciale à ce sujet. A partir de cette date les archives sont muettes, égarées ou mal classées. La batterie-caverne abandonnée, le Génie se tourne vers des casemates à tir indirect, comme préconisé dans le Rapport du 9 mai 1874, protégées par le massif du fort. Un plan propose une énorme batterie de 8 pièces tous azimuts :

Abandonné à son tour pour raison inconnue, le fort est finalement doté d'une cave à canons à 4 casemates, toutes orientées vers les fronts Sud, Sud-est et Sud-ouest principaux. Ses pièces ne doivent pas tirer par-dessus un rempart, sauf si les pièces de celui-ci ont été réduites au silence (rapport du 9 mai). Les casemates à tir indirect représentent donc l'ultime possibilité d'utiliser des pièces à longue portée sur ce front. La porte d'entrée n'est plus en retrait et le couloir d'accès est ouvert sur une petite cours, on a du juger que les coups plongeants n'étaient pas préoccupants et qu'il valait mieux privilégier la lumière. Par contre il est bien dommage qu'on ne sache pas pourquoi on a créé une porte à l'opposé de la principale, coté Est, dite de secours, de retraite, de Belfort ou d'Échenans selon les plans et les années. Le fort isolé pose un problème, celui de la retraite des pièces d'artillerie sur la Place en cas d'assaut menaçant la perte de l'ouvrage. C'est ce qu'on évoque dans certains documents. Il est possible aussi qu'on ait jugé plus facile un accès direct au fort par Urcerey pour l'approvisionner, plutôt que faire un détour par Héricourt. Un chemin stratégique sera d'ailleurs construit. Ce sera également le coté par où viendra ultérieurement la voie de 60. Cette porte, qui n'est plus visible dans son état antérieur à 1913, comportait un corps de garde, un passage à l'air libre précédé d'un pont-levis à bascule en dessous, comme celui de l'entrée principale, mais avec un contrepoids central unique.

Le plan à la livraison le 31 décembre 1877 est donc le suivant avec cet état d'armement daté 1878 : 16 canons de 138 mm de Reffye 4 canons de 155 L de Bange, 4 canons de 155 l (étudiés mais jamais réalisés) 16 canons de 7 de Reffye, 6 canons de 8 2 mortiers lisses de 22 c et 4 de 15 c 6 canons de 4 de campagne pour les caponnières (bizarrement remplacés au 2 mars de l'année suivante, date d'adoption du canon-revolver Hotchkiss, par 6 canons à balles du modèle amélioré à dispersion, dites mitrailleuses à tir dispersé) Soit 58 bouches à feu, chiffre important, qui ne cessera de diminuer au cours du temps avec l'arrivée de pièces plus modernes.

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Le fort est enfin terminé selon les souhaits des militaires. Oui, mais on a fait des économies un peu brutales. Les fossés n'ont plus que 8 m de large, escarpes et contrescarpes ne sont revêtues que là où on ne pouvait l'éviter. Il faudra les reprendre en 1893 pour boucher les failles. Plus ennuyeux, le magasin aux cartouches a été omis, et le front Nord est peu pourvu avec 4 plateformes. Le Génie va redemander des crédits pour améliorer la situation.

Magasin à cartouches

Dans les projets initiaux était prévu un magasin à cartouches. Dans le fort livré en 1877 il n'y en pas, une simple casemate de- vant en faire office. Cela s'avère insuffisant. Il est décidé d'en implanter un à droite de la Batterie Nord. Le 4 septembre 1883, M. M. Mahieu, Chef d'Escadron, sous-Directeur, commandant l'Artillerie de la place de Belfort et Lamiral, Chef de Bataillon, Chef du Génie par intérim dans la même place, à l'effet de procéder à la remise par le Service du Génie à celui de l'Artillerie du magasin à cartouches du fort du Mont-Vaudois écrivent : 1° Les fondations reposent sur le roc et sont en maçonnerie de forts moellons calcaires et mortier hydraulique. 2° Le magasin est entouré d'une gaine d'assainissement et précédé d'un vestibule dont l'entrée donne dans le passage qui, de la porte de retraite conduit au parapet d'artillerie du front Nord. 3° Toutes les maçonneries sont en moellons calcaires et mortier de chaux hydraulique, sauf les encadrements des ouvertures qui sont en pierre de taille de grès. La largeur dans œuvre est de 5,50 m, la longueur dans œuvre 6,50 m et la hauteur sous clef de 4,00 m. La contenance du magasin est de 812.000 cartouches en 560 caisses à engerber sur 10 de hauteur, en 2 rangées doubles séparées par une allée longitudinale de 1,10 m et isolées des murs par des ruelles de 0,85 m sur les longs côtés et de 1,00 m sur les petits. 4° La voûte à 1,00 m d'épaisseur et est recouverte d'une chape en asphalte, puis de terre sur une épaisseur minimum de 3,00 m. Les eaux qui pénètrent sur les chapes sont conduites contre les piédroits extérieurs et le mur du fond et rejetées en dehors par une barbacane débouchant sous le passage. 5° La chambre d'éclairage a 1,20 m sur 1,20 m et possède une seule baie munie de la fermeture réglementaire pour les magasins à poudre. Cette chambre est aérée par une seule cheminée de 1,20 m sur 0,80 m de section qui sert également à la ventilation du magasin au moyen de conduites noyées dans l'épaisseur du mur du fond.

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A la partie inférieure de la cheminée et à la partie supérieure du mur du fond est pratiquée une baie fermée par une glace qui est protégée par un treillis en fil de laiton. Cette baie donne de jour un peu de lumière dans le magasin et peut être masquée par un volet en chêne. 6° Le plancher est double ; le 1er à joints plats, le 2 e à rainures et languettes ; ils sont cloués sur les solives au moyen de clous en cuivre. Le premier repose sur des solives en chêne de 0,13/0,16 portant elles mêmes sur des gîtes également en chêne de 0,08/0,22 posés sur une couche de 0,20 m de béton de chaux hydraulique. Des évents ménagés dans les pignons assurent le renouvellement de l'air sous le plancher.

7° La porte d'entrée du magasin est en chêne de 0,05 m d'épaisseur. Les pentures, serrure et verrous de cette porte et des volets fermant les baies du pignon sont en cuivre. La porte de l'antichambre donnant sur le passage ainsi que les entrées des gaines d'assainissement sont fermées par des grilles en fer. 8° Il n'existe point de paratonnerre, par économie. (Il sera finalement demandé en 1884 et installé)

Plans réalisés

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Plancher

L'entrée du magasin et en dessous la gaine

Façade vestibule

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L'intérieur avec les baies d'éclairage, lumière naturelle en haut, lampe à huile en bas Les ouvertures en bas du mur permettent une circulation d'air sous le plancher disparu

Intérieur de la chambre à lampe schéma de stockage des caisses

Chapeau de la cheminée d'aération

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Les batteries Nord

Dans un mémoire du 1er avril 1884, concernant les projets sur budget extraordinaire pour 1884, on traite de l’absence de pièces battant la plaine entre l’Ordon brisée et la côte d’Essert, tout comme au Salbert.

Ceci fait suite à une prescription de l’Inspecteur Général. Le projet présenté, selon cet officier, devra permettre l’établissement d’emplacements complémentaires d’artillerie afin de battre la plaine en avant d’Essert. Il parait possible, selon lui, d’établir les pièces derrière un épaulement en crémaillère.

Les quatre pièces qui garnissent le front Nord 1-4 ont en effet leurs feux plutôt dirigés sur les hauteurs du bois de la Thure. Les traverses existantes ne permettent pas de changer ces directions à l’exception de celle sise vers la cartoucherie (sic). On rectifiera l’emplacement de cette dernière plate-forme de façon à diriger les feux vers Chalonvillars. Après examen des lieux, les membres du Génie constatent qu’aucun emplacement ne peut être dégagé, faute de place, entre le parados et le mur à bahut du front 1-4 pour établir les pièces en crémaillère. La meilleure solution consiste à appuyer les deux pièces complémentaires aux extrémités Ouest et Est du parapet d’artillerie tout en conservant en arrière de cette dernière le magasin aux matériaux d’artillerie. Cette pièce a un très beau champ de tir, on l’a pourvue d’un abri aux munitions communiquant à couvert avec le parapet.

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Emplacement de la pièce Est.

L’emplacement de la pièce Ouest est obtenu en reportant la rue du rempart plus prés de l’escarpement. Elle est aussi pourvue d’un abri à munitions qui communique par une gaine un peu plus longue avec la rue du rempart en raison de la proximité du magasin à poudres.

Emplacement de la pièce Ouest.

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Coupe de l’abri ouest Gaine de l’abri Ouest

Enfin, on propose de régulariser le terrassement à l’extrémité Ouest du mur à bahut. En effet, la cote actuelle dela banquette est actuellement de 586,50 mètres et le terrain est vu de flanc par l’ennemi occupant le glacis face au saillant 1 dont la crête est à la même altitude. On établirait une traverse dont la cote à 538,50 m permettrait de mieux battre le glacis et l’escarpement, à l’extrémité Nord-ouest du fossé. Cette traverse aurait également l’avantage de mieux couvrir le terre-plein Nord contre les feux venant du glacis.

La dépense pour ces diverses améliorations serait de 62.000 F.

Dans une apostille du 15 avril 1884, le Directeur du Génie confirme le montant de 62.000 Francs pour l’amélioration du fort du Mont Vaudois. Mais si le Chef de bataillon Capperon, Chef du Génie, prévoit deux emplacements de pièces sur la face Nord du fort, indispensables pour battre l’immense plaine située entre le Vaudois et le Salbert, le Colonel Bardonnant, Directeur du Génie fait une contre proposition : en utilisant les retombées aux saillants 1 et 4, il prévoit quatre emplacements au lieu de deux, chiffre pour lui insuffisant. Le surcroit de dépense serait en partie compensé par la réduction des remblais formant parados à l’arrière des pièces qu’il ne juge pas bien indispensables. Rien n’étant réalisé en 1884, le projet est repris le 6 mai 1885 sous la direction du Chef de bataillon Papuchon, Chef du Génie, pour une somme ramenée à 47.500 F. Les plans, toujours faits par le Capitaine du Génie Pelletier, montrent que les deux emplacements Ouest et Est sont retenus. Mais les coupes font état de simplifications en vue, vraisemblablement, de réduire les coûts.

Abri Est Abri Ouest

La réalisation effective a lieu en 1886, selon les plans conservés dans les registres d’attachement. Le petit Fortiff’Séré 30

Abri Est

Abri Est, état en 2010.

Vue de la salle supérieure de blindage

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Abri Ouest

Bras de traverse, abri et passage vers la rue du rempart

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Le fort peut être considéré achevé sur ce plan de 1886. On a juste rajouté une "source" Rouby.

Il va garder cette structure jusqu'en 1913, et pourtant… En 1885 surgit la crise dite de l'obus allongé ou de "l'obus-torpille". Il va falloir trouver des solutions. Nous allons examiner une partie des documents sur les renforcements envisagés. Mais voyons d'abord ce rapport : Rapport du Lt-Colonel PAPUCHON, Chef du Génie sur les travaux faits ou à faire pour la réorganisation défensive de la Place, en date du 8 novembre 1890

Les forts de Bessoncourt, de Vézelois et du Bois d'Oye qui constituent avec ceux de Roppe, du Salbert et du Mont-Vaudois exécutés de 1874 à 1877, la ligne principale de défense de la Place de Belfort venaient à peine d'être terminés en 1886, lorsque survint la Note Mlle du 4 Avril 1886 qui annonçait la découverte d'obus torpilles d'une puissance explosive considérable. La même note indiquait qu'il y aurait en conséquence des études à faire pour mettre les ouvrages permanents en état de résister à ces nouveaux engins, et précisait celles qu'il fallait entreprendre pour le cas de mobilisation Par dépêche du 9 Février 1887, le Ministre demandait aux Gouverneurs une étude d'ensemble pour l'amélioration des positions fortifiées de leur commandement. Le 6 Février du même mois, devançant la demande du Ministre, le Gouverneur de Belfort, Général Segreterin envoyait un rapport sur les travaux à faire en temps de paix pout préparer l'organisation défensive de la Place. Depuis cette époque jusqu'à l'émission de l'Instruction du 22 Juillet, le Ministre ajourna par différentes Dépêches les travaux proposés Enfin, le 22 Juillet 1887 arrive l'Instruction de base de l'organisation défensive, qui établit que, vu les progrès réalisés par l'Artillerie à la suite de l'invention récente de nouveaux explosifs contenus en grande quantité dans des obus très volumineux, il n'y a plus lieu de concentrer, comme par le passé, la défense dans des ouvrages de grandes dimensions qui seront atteints presque à chaque coup par l'Artillerie et qu'il est nécessaire : 1° que la défense présente en quelque sorte un ordre dispersé, mince, moins exposé aux projectiles de l'ennemi 2° que l'artillerie de gros calibre soit placée autant que possible en dehors des forts 3° que les magasins généraux soient éloignés des positions de combat et dissimulés aux vues de l'ennemi. La même Instruction trace un programme d'ensemble des ouvrages à organiser pour la défense en vertu des principes qui viennent d'être posés. Ce programme est précisé avec plus de détails dans l'Instruction du 7 Avril 1888, pour l'établissement des États sommaires, qui groupe les travaux à faire sur les rubriques suivantes : Renforcement des abris existants pour les hommes et le matériel. Création d'abris sous roc pour les hommes et le matériel. Amélioration des moyens de flanquement. Défenses accessoires. Ouvrages intermédiaires. Batteries extérieures. Le petit Fortiff’Séré 33

Moyens de communication par routes et voies ferrées. Déboisements. Alimentation en eau. Magasins à poudre : Renforcement des magasins existants, Construction de nouveaux magasins Construction de magasins- cavernes.

Projet du 31 janvier 1888

Première solution; blinder les locaux et doter le fort de cuirassements. Le procès-verbal fixe la garnison à 8 officiers, 302 hommes et l'armement à 2 pièces de 155 L sous coupole, 4 canons légers, 4 caponnières simples, 1 caponnière double. Le Mont-Vaudois peut être considéré comme un fort isolé ; toutes les Directions sont dangereuses, car l'attaque peut se développer sur les ¾ de la périphérie. On a donc recouvert les casemates se faisant face par un dispositif analogue à celui de Roppe, sauf qu'aucune des casemates ne prend jour à l'extérieur. Les locaux comprennent : 6 casemates de 52 h pour la garnison = 312 hommes, 1 pour les fours à construire, 1 pour le magasin aux vivres. 3 petites casemates sont consacrées au Service de santé. La cuisine est dans le local 16. Les officiers sont dans 2petites casemates. Le plan indique l'emplacement de la coupole sur le point le plus élevé du fort à l'emplacement du magasin à poudre. La forme de la table est celle d'une voûte en anse de panier, reposant sur 2 piédroits dont un intermédiaire, et sur le rocher, les anciens piédroits n'auraient pu résister à la surcharge de la voûte si elle eût reposé directement sur eux. L'état estimatif fait ressortir la dépense à 440.000 francs, non compris la coupole et les 4 caponnières blindées et la caponnière double qui n'y figurent que pour mémoire. (que l'on a du mal à situer)

Coupe Nord - Sud Sur le plan on voit le bouleversement total du fort. Le magasin à poudre Ouest est remplacé par une tourelle Galopin à 2 tubes. Le casernement se replie sur moins de sa moitié. Les citernes ne sont pas protégées.

Ce projet n'aura pas de suite.

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Abri-caverne 1891

On se décide alors à protéger la garnison par la construction d'un abri-caverne : travail terminé en 1891 selon projet du 25 janvier 1890, approuvé le 14 février suivant. On se conforma à la dépêche Mlle du 8 Mai 1888 qui prescrivait de ne faire des abris que pour le 1/3 de la garnison des forts et pour un mois de vivres. Après une étude préalable, le Chef du Génie propose de substituer pour les 4 forts établis sur le roc (Roppe, Bois d'Oye, Mont-Vaudois et Salbert) des abris cavernes creusés dans le roc, aux abris renforcés en béton. Le site de ces forts permettait la construction de cavernes qui, bien que moins coûteuses que les abris en béton, présentaient néanmoins une résistance assurée contre les effets des nouveaux explosifs. L'abri comprend un magasin aux vivres, accessible par un escalier hélicoïdal en béton, et une chambrée longue de 73 m. On y accède par un escalier droit et par un couloir rejoignant la descente de caponnière double. Cet escalier est tracé sur la capitale du fort. Sa mise en place condamne donc la partie de celle-ci qui descendait à la rue du rempart et au parapet d'infanterie. Taillé dans le roc, il offre à la garnison de 232 hommes une épaisseur protectrice qui varie entre 8 et 14 mètres selon que l'on est sous la rue du rempart, sous une plateforme ou sous une traverse. Une protection jugée suffisante à l'époque, complétée en 1914 par un rocaillage du parados. Les hommes couchent toujours dans les lits métalliques à quatre places. Sous une voûte maçonnée plein cintre, on a établi des cloisons et une couverture à 2 pans en brique sur structure métallique. L'ensemble laisse un vide sanitaire d'air de 0,50 m latéralement. L'éclairage se fera par lampes à huile et l'aération par une cheminée située sur le coté Ouest, destinée plus à créer un appel d'air, qu'à chauffer cet énorme volume. Des ventilateurs à main et des gaines plus efficaces ne seront installés qu'en 1914. L'électrification était prévue à partir de 1915. L'escalier droit actuel correspond aux renforcements en béton de 1913 (voir plus loin)

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Batteries extérieures dites d'évacuation

Batteries d'évacuation du Fort du Mont Vaudois (28 novembre 1887)

Armement Magasins par Magasins par Batteries à tir Batteries à tir indi- batterie groupes direct rect Batterie annexe A 9 c de 27 5500 1 1 Batterie annexe B 6 c de 155 L 11000 23500 4 c de 155 c 1 Batterie annexe C 7000 6 c de 7 1 Batterie annexe D 6 c de 7 4000 1 9000 Batterie annexe E 5 c de 120 5000 1

Totaux 36 bouches à feu 32500 5 1

Comme toujours par manque de crédits ce projet attendra et sera modifié.

Ces magasins cavernes sont opérationnels en 1892. On continue par l'établissement de batteries d'évacuation en 1894, avec un armement cohérent.

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Projet 1900

Le programme de la Haute Commission des Places fortes du 1er juin 1900 a admis que le renforcement du MV comporterait la construction d’une tourelle de 75, d’un coffre double, d’un coffre simple, de communications à l’épreuve et le remaniement des parapets.

Ce projet, non adopté, prévoit de ne conserver qu'une garnison réduite. On renforce une partie du casernement Sud. L'abri-caverne est conservé. Et l'on blinde avec rocaille ou/et béton les entrées et les magasins à poudre réaffectés. Pour les canons on modifie totalement les plateformes, on supprime les caves à canons (abandonnées depuis des années) et la casemate optique et l'on bâtit des abris en béton. De même pour les servants. Les descentes de caponnières sont blindées. On prévoyait de remplacer ces organes par des coffres doubles dans les rapports, ce n'est pas acté ici. Il y a surtout la présence d'une tourelle de 75 double au centre du dispositif; avec observatoires blindés. Faute d'archives trouvées, le nombre et le type de canons sont inconnus. Le programme de la Haute Commission des Places fortes du 1er juin 1900 avait admis que le renforcement du Mont-Vaudois comporterait la construction d'une tourelle de 75, d'un coffre double, d'un coffre simple, des communications à l'épreuve etle remaniement des parapets. Le programme complémentaire comporte en outre l’installation de deux tourelles de 155 R et de trois tourelles pour mitrailleuses étant entendu que la tourelle de 75 aurait surtout pour but d’agir sur les positions d’artillerie de l’ennemi (Mont Dannin, Bois communaux, Bois du Chesnois, Ordon brisé)

La réorganisation du fort du Mont Vaudois a fait l’objet d’un projet en date du 5 novembre 1906. Projet soumis à l’examen d’une Délégation des Comités techniques de l’Artillerie et du Génie dont l’avis en date du 6 mars 1907, a été approuvé par dépêche ministérielle du 22 août 1907. On s'achemine vers le plan suivant.

Projet 1907

Cette année là sort un projet très ambitieux et bien pensé, aux coffres de contrescarpes près. Tout ce qui se fait de mieux est bon pour le fort : - deux tourelles Galopin à 2 canons de 155R avec leurs observatoires ; - une tourelle de 75R et ses observatoires ; - deux tourelles de mitrailleuses ; - quatre abris de rempart et leurs guérites observatoires. Une débauche d'acier destiné à rendre au Mont Vaudois sa superbe.

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Pour en arriver là ce fut compliqué. Par les dépêches Mlles du 22 novembre 1911 et du 30 septembre 1911, le Ministre de la Guerre a soumis à l'examen de la Commission spéciale, un dossier concernant la réorganisation du fort du Mont-Vaudois à Belfort. Le Rapport fait au Ministre le 10 janvier 1912 résume les travaux. Le dossier comprend : 1° Le procès-verbal d'une conférence tenue le 21 juin 1911 entre les représentants des services locaux de l'Artillerie et du Génie avec 9 croquis annexés. 2° Le rapport du Chef du Génie transmettant ce procès-verbal avec un devis estimatif et un état comparatif. 3° les avis des Directeurs d'Artillerie et du Génie, des Généraux Commandant l'Artillerie et le Génie, du Général Gouverneur de Belfort et du Général Commandant le 7e Corps d'armée. De ce rapport de 27 pages, des informations importantes peuvent être extraites. Des discussions, on peut retenir des divergences concernant la tourelle de 75. Le Chef du Génie propose de mettre cette tourelle à l'emplacement admis par la Délégation, c'est-à-dire au saillant Sud-ouest. Dans cette position, elle pourra agir sur la ligne Héricourt-Lure dans le voisinage de la gare d'Héricourt, puis entre Couthenans et Champey. Elle aura aussi une action efficace sur les abords immédiats du fort en avant du front d'attaque Ouest et du front Sud. Enfin, elle aura de très bonnes vues en avant de l'intervalle Haut-Bois - Bois d'Oye qu'elle flanquera efficacement. Seul le terrain au Nord du fort échappera à son action.

Le Chef d'Escadron d'Artillerie propose d'implanter la tourelle dans le voisinage du saillant N.E., un seul observatoire placé près d'elle lui serait relié par un tube acoustique. Dans cette solution, la tourelle peut agir sur la gare d'Héricourt, sur les glacis Est et Sud, sur la ligne principale de la Cote d'Essert au Bois d'Oye, enfin sur la plaine vers Chalonvillars. La ligne de Lure reste sous le feu des tourelles de 155 et l'action sur les glacis dans les deux cas est faible (300 m environ comme champ de tir). Cette solution a l'avantage de mieux abriter la tourelle, de faciliter le service d'observation et de disperser les organes cuirassés. Finalement on sera amené à son abandon pour des raisons stratégiques et budgétaires dans la réalisation finale. Les interlocuteurs échangent leurs points de vue sur les différents aménagements. Pour la batterie cuirassée seuls le nombre, l'emplacement des observatoires et les circulations divergent. Plus intéressant sont les considérations sur le casernement du temps de guerre. Les seuls locaux à l'épreuve existant au fort sont : 1° un abri-caverne pourvu de lits à 4 places pour 232 hommes, 2° un magasin-caverne aux approvisionnements du Service de l'Intendance, d'une superficie de 22 m sur 6 m avec 5 m de hauteur sous clef. Le petit Fortiff’Séré 38

Ils communiquent avec les casemates (non à l'épreuve) 1° par un escalier bétonné en capitale, 2° par un escalier bétonné à l'angle S.O. des casemates, 3° par la descente de caponnière double bétonnée. L'effectif à loger comprend : une compagnie d'Infanterie (4 officiers, 12 sous-officiers et 238 hommes), artilleurs (3 officiers, 9 sous-officiers, 121 hommes), sapeurs et divers (4 officiers, 3 sous-officiers, 56 hommes) soit au total : 11 officiers, 24 sous-officiers, 415 hommes. Il faut donc prévoir, comme places couchées : 11 officiers, 24 sous-officiers, 275 hommes. Comme l'abri-caverne ne contient que 232 places, il faut en prévoir 43 nouvelles ; la nouvelle casemate pourra contenir 56 hommes. Il y a en outre lieu de doter le fort des locaux à l'épreuve ci-après : cuisine pour les hommes et les officiers avec magasins aux provisions, bureau du Commandant du fort et bureau télégraphique, latrines, boulangerie, paneterie, infirmerie, citernes. La contenance de ces dernières a été calculée à raison de 5 litres par homme et par jour pendant 6 mois. Les bacs en ciment armé placés au sous-sol des locaux bétonnés auront 4m de largeur et 2,10m de hauteur ; ils seront répartis dans 3 caves non contiguës de façon à conserver aux piédroits des casemates des fondations solides. Les canalisations d'amenée et d'évacuation seront établies de façon que l'eau provenant des filtres soit conduite aux citernes à l'épreuve dont le trop plein se déversera dans les citernes du temps de paix. Viennent alors les discussions sur la dépense. La dépense devait, d'après les programmes, s'élever à 1.325.000 F ; l'état estimatif montre qu'elle ressortira à: 2.300.000 f pour le projet du Chef du Génie, 2.275.000 f pour le contre-projet du Commandant de l'Artillerie de l'Arrondissement. Ces sommes élevées ne pourront convenir telles quelles. Sur les propositions ci-dessus, une Commission spéciale va se prononcer. Elle est sous les ordres des Généraux Delarue, Général de Direction du Génie et Silvestre Général de Direction d'Artillerie. Voyons quelques extraits. Le projet présenté par les services locaux a été établi en se conformant aux programmes du 1er juin 1900 et du 5 mai 1909 et en tenant compte des indications données dans l'avis de Délégation des Comités techniques de l'Artillerie et du Génie en date du 6 mai 1907. Il donne lieu à des observations de détail. Les Conférents sont dans l'ensemble d'accord avec les spécialistes locaux. Un passage est intéressant car on retrouvera les solutions préconisées dans le projet ayant abouti au fort actuel. Casernement du temps de guerre. Les propositions du Directeur du Génie en vue d'augmenter le casernement semblent devoir être acceptées sous réserve de l'observation suivante : le mur de façade en béton spécial se retourne à la partie supérieure en forme de voûte qui vient s'appuyer contre le mur de façade actuel, à hauteur des voûtes des casemates. Ce mur n'a pas une résistance suffisante; de plus, cette disposition ne protège pas suffisamment les têtes des voûtes. Des batteries ennemies installées sur l'Ordon brisé pourront envoyer des projectiles qui, rencontrant le talus incliné, iront éclater près des voûtes, n'ayant eu à traverser que 2,50 m à 3,00 m de remblai, et par suite les démoliront. Pour remédier à cet inconvénient divers procédés peuvent être employés; on pourrait, dans le cas particulier, adopter le suivant : le mur de façade en béton armé serait élevé jusqu'au niveau supérieur du mur d'attique de la façade actuelle et on construirait une dalle en béton armé qui reposerait d'une part sur ce mur en béton, d'autre part sur le mur d'attique, renforcé s'il y a lieu; le talus pourrait ainsi être avancé de 4,00 environ, de sorte qu'un projectile aurait toujours au moins 5,50 m de remblai à traverser avant de rencontrer les voûtes en maçonnerie. L'augmentation de dépense sur les prévisions du Directeur ne serait que d'environ 20.000 f (sans le renforcement du mur d'attique). Mais on pourrait également adopter une autre solution, un peu plus onéreuse, il est vrai, mais assurant plus de confortable aux occupants. Au lieu de protéger le mur de façade par un mur en béton, on renforcerait par l'intérieur, la partie de chaque casemate voisine de la cour. A cet effet, on accolerait intérieurement au mur de façade, un mur en béton spécial de 1,00 m d'épaisseur; à 2,00 m de distance, on élèverait un mur en maçonnerie ordinaire de 0,50 m d'épaisseur. Ces deux murs seraient prolongés de 0,50 m au dessus de la voûte, sans qu'il soit touché à celle-ci, et serviraient de piédroits à une dalle armée qui protégerait la voûte. Cette façon d'opérer mettrait ainsi à l'abri les têtes des casemates. Celles-ci ne permettraient plus que le logement de 40 hommes, mais on pourrait faire cette opération non-seulement pour les casemates de la partie Sud-est, mais aussi pour celles de la partie Sud-ouest, c'est-à-dire pour toutes les casemates de la partie au Sud de la cour centrale. On créerait ainsi environ 200 nouvelles places. Le mur proposé par le Directeur, d'ailleurs insuffisant, était prévu pour 30.000 f; le renforcement indiqué plus haut coûtera environ 50.000 ; enfin cette dernière solution semble devoir entraîner une dépense de 80.000 f environ.

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La Commission est d'avis qu'il y a lieu de l'adopter. Les cheminées d'aération pourront être conservées en temps de paix, mais il y aura lieu de les obstruer à la mobilisation et de prévoir un système de ventilation artificielle. Le rapport se termine ainsi, augurant d'une exécution possible. Dans ces conditions, on peut estimer que la dépense s'élèvera à environ 2.000.000 f, et si l'on supprime la tourelle de 75 à 1.750.000 f. En résumé, la Commission spéciale estime que la tourelle de 75 pourrait être supprimée si les disponibilités budgétaires l'exigent et que le projet du Directeur du Génie pourrait être approuvé sous réserve des observations qui précèdent.

Réalisations 1913-1915

Le projet est encore discuté jusqu'en 1913, où enfin démarre des travaux. Il ne subsiste alors du projet précédent que les 2 tourelles de 155L, la tourelle de mitrailleuse Est. Celle Ouest sera remplacée par deux locaux bétonnés pour mitrailleuse et canons légers et celle Sud par une guérite blindée. Un plan aux archives du Territoire de Belfort indique les abris et observatoires bétonnés abandonnés. (Voir ci-dessous)

Comme lors de sa construction, mais sur une période plus longue, projets et contre-projets se sont succédés. A la déclaration de guerre de 1914, le fort est en plein travaux de renforcement depuis un an. Et inutilisable militairement. Dans l'urgence encore, on ne termine pas les travaux, on bouche les plaies et on tente de lui donner au moins la possibilité de tenir un éventuel rôle dans la bataille. Les décisions du GQG font que tout s'arrête mi 1915. Le Mont Vaudois ne sera jamais terminé.

Voici l'état actuel du fort, les substructions de la batterie de 155 sont ébauchées, le puits de la tourelle de mitrailleuses qui a pris la place de 75 (proposition du Chef d'escadron d'Artillerie) est creusé, les locaux techniques en cours de réalisation. La liaison souterraine, la joignant au magasin à poudre O, a été ébauchée à partir de ce dernier et de la rue du rempart (accès rebouchés). Celle de l'aileron à l'observatoire de commandement est terminée (3 accès utilisés par l'Entreprise, un à chaque extrémité et un rue du rempart pour plus d'efficacité) Des 4 guérites blindées du front Nord, on n'en a retenues que 2, aux saillants 1 et 2 (ferraillées à demi). La tourelle de mitrailleuses en capitale est remplacée par une guérite blindée d'un modèle particulier. Les abris bétonnés non établis sur le parapet d'Infanterie, ont été remplacé par des casemates simplifiées (piédroits en maçonnerie de moellons, toit en béton armé par des rails). Destinés aux hommes et à des canons de 90 et des mitrailleuses, les bombardements de 1944 en ont détruit une grande partie. Une décision, de date encore inconnue, a remplacé le pont-levis par un pont à effacement latéral, pratiquement terminé en 1915 (dynamité par les Allemands en 44) Pour le casernement, on a respecté la proposition du Directeur du Génie.

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L'observatoire Sud des 155 n'a pas reçu son blindage métallique mais un bricolage béton-rails. Il en est de même pour celui de commandement avec un chapeau en béton. Quant à l'abri-caverne la descente en capitale est renforcée, l'aération améliorée par une gaine débouchant sur la pente Nord. Les 3 citernes citées aux projets précédents sont terminées, mais dans des casemates contiguës. Une quatrième est ébauchée mais le sarcophage n'a pas été coulé. Enfin l'électricité est installée partiellement.

Quarante années d'un destin mouvementé, seront encore suivies d'une mise à mort en 1944 sous les obus des alliés, pour éliminer une petite garnison allemande qui l'occupait… Atypique, ce fort reste un témoin incontournable du système Séré de Rivières et mérite l'attention.

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Le front de mer de Nouméa,1862-1945 Par Jean-Jacques MOULINS

Si la chance vous pousse un jour vers Nouméa, pensez à rendre visite aux vestiges de la défense des côtes, remontant à la fin du 19e siècle. Comme souvent dans les anciennes colonies, le retour vers la Métropole des canons déclassés n’a pas été jugé rentable. Comme ils n’ont pas été relevés par des matériels plus modernes, ils n’ont même pas été jetés à la mer, ni enterrés pour faire de la place, comme ce fut parfois le cas à Dakar, à Diego-Suarez, ou même en Corse. Ils sont donc restés sur place, quelquefois sur leur position de batterie. Plus que les ouvrages, dont l’architecture est le plus souvent sommaire, ce sont ces matériels d’artillerie, encore en position ou préservés dans des enceintes militaires ou civiles, qui enthousiasment le chercheur .

Vue satellitaire du port de Nouméa, avec l’emplacement des batteries (Google Earth)

Le 24 septembre 1853, le contre-amiral Fébvrier des Pointes, arrivé à Balade sur la corvette le Phoque, prend possession de la Nouvelle Calédonie, au nom de l’Empereur Napoléon III. On est alors en pleine guerre de Crimée, et l’Angleterre, notre alliée dans cette expédition, ne réagit pas. La seule protestation émane de Sydney, mais elle est plutôt à l’adresse de Londres, à qui elle reproche de ne pas avoir précédé l’initiative française.

Le phare Amédée nous ramène à l’origine de la présence française à Nouméa (auteur)

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Le 23 juin 1854, le capitaine de vaisseau Tardy de Montravel, arrivé en janvier sur la Constantine, et qui a succédé à Fébvrier des Pointes, signe avec le chef Kuindowa l’acte reconnaissant la souveraineté de la France sur la région de Nouméa, favorable à l’établissement d’un port, qu’il baptise Port de France, et qui deviendra Nouméa en 1866. Il entreprend aussitôt la construction d’un fort, qu’il baptise du nom de son navire, fort Constantine, suivant une pratique de l’époque. Cet ouvrage marque le commencement de la fortification de Nouméa. Celle-ci, à ses débuts, est essentiellement terrestre, dirigée contre les Mélanésiens que l’on a expulsés de leurs terres, et dont on redoute les réactions, puis, à partir de 1864, contre une révolte éventuelle des bagnards et des transportés qui commencent à arriver de métropole. Dès 1862, le premier gouverneur de la colonie, Guillain, charge les capitaines Lesdos, du Génie, et Viel, de l’Artillerie, d’élaborer un plan de défense du port contre une attaque maritime. Celui-ci est adopté, et prévoit la construction de cinq batteries.

La grande rade de Nouméa de nos jours. A droite, l’usine de Doniambo (auteur)

Orientée nord-sud, la presqu’île de Nouméa est prolongée vers l’ouest par deux mouvements de terrain remarquables, la presqu’île Ducos au nord, et l’île Nou, au sud. Entre les deux, la grande rade, d’une profondeur moyenne de dix mètres, s’étend sur une longueur de cinq kilomètres et une largeur de deux kilomètres. L’espace compris entre la pointe Desnouel et la pointe Picard, formant le côté est de l’île Nou, et la pointe de l’Artillerie, constitue la petite rade. Au sud de la pointe Desnouel, l’îlot Brun permet une protection avancée de l’entrée de celle-ci. De nos jours, la pointe Picard a disparue dans l’agrandissement du port autonome, et l’île Nou, reliée à la terre par le terre-plein du port, est devenue une presqu’île, séparant la grande rade de la petite. De même, l’îlot Brun a été relié à la pointe Chaleix, formant ainsi une baie, abritant de nos jours les installations de la Marine nationale. Les cinq ouvrages prévus dans le plan de 1862 sont : - les batteries de l’Ilot Brun, de la Pointe Desnouel, de la Pointe Lallemand et de Ouérendi, défendant l’accès à la petite rade - la batterie de Doniambo, défendant la grande rade.

En haut, à gauche : la traverse centrale de la batterie de l’Ilot Brun (AOM) En bas, à gauche : Le front de mer de Nouméa en 1876 (AOM) Le petit Fortiff’Séré 43

L’armement de ces différentes batteries, qui sont opérationnelles à partir de 1868, et auxquelles va s’ajouter la batteriede la Pointe Picard, défendant la grande rade, est principalement constitué de pièces de 30 livres, se chargeant par la bouche, et dont la portée pratique ne dépasse pas 2 400 mètres. Les travaux sont activement poussés à l’occasion de la guerre de 1870-71, bien que la marine prussienne ne constitue pas un réel danger. Après la guerre, la réception de canons de canons de 16 cm Mle 1858-60, se chargeant par la bouche, mais rayés, ainsi que d’affûts en fonte Mle 1847 va permettre la réalisation de plusieurs ouvrages, et la modernisation des autres. En 1886, la petite rade est défendue par les batteries de :

- la Pointe Desnouel, deux canons de 16 cm Mle 1858-60 sur affût Mle 1847 PA - l’Ilot Brun, deux canons de 16 cm Mle 1858-60 sur affût Mle 1847 PA - Ouérendi, deux canons de 16 cm Mle 1858-60 sur M affût Mle 1847 PA. La défense de la grande rade est assurée par les batteries de: - Téréka, quatre canons de 16 cm Mle 1858-60 sur affût Mle 1847 PA - Doniambo, deux canons de 16 cm Mle 1858-60 sur affût Mle 1847 PA - la Pointe Picard, deux canons de 16 cm Mle 1858-60 sur affût Mle 1847 PA. L’affût Mle 1847 PA, que l’on retrouve dans la majorité des batteries du front de mer de Nouméa (collection auteur)

En outre, une batterie de deux canons de 16 cm Mle 1858-60 sur affût Mle 1847 PA est installée à la pointe Ouémo, pour défendre les approches de Nouméa par l’Est.

Un des deux canons de 16 cm Mle 1858-60 sur affût Mle 1847 PA de la batterie de la Pointe Picard, exposés près du monument aux morts de Nouméa, place Bir-Hakeim (auteur)

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La défense comprend également la corvette cuirassée Thétis, de la classe Alma, dont l’armement principal comprend six canons de 19 cm Mle 1870 N° 1, dont deux en tourelles.

La frégate cuirassée Jeanne d’Arc, du même type que la Thétis. Elle porte ici, bien visible, quatre canons de 19 cm sur tourelle barbette. Les deux tourelles arrières seront supprimées par la suite (Musée de la Marine)

En 1893, la colonie reçoit des canons de 14 cm Mle 1870, mais sans affût. La direction de l’Artillerie est alors contrainte d’adapter ces matériels aux affûts Mle 1847 PA existants sur place, ce qui ne va pas manquer de causer de graves déboires, le choc de départ des 14 cm étant bien supérieur à celui des vieux 16 cm Mle 1858-60. Le décret du 4 octobre 1898 classe Nouméa dans les points d’appui de la Flotte. A cette époque, la situation est la suivante : - batterie d’Ouémo, deux canons de 19 cm Mle 1870 N° 1 sur affût PC de bord

La batterie d’Ouémo, vue de l’arrière (auteur)

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- batterie de Ouen-Toro, quatre canons de 19 cm Mle 1870 N° 1 sur affût à châssis bas de bord. Ces six matériels proviennent du désarmement de la corvette cuirassée Thétis. - batteries de Téréka, de Koumourou, de la Pointe Desnouel, armée de quatre canons de 14 cm Mle 1870 sur affût Mle 1847 PA - batterie de Oumboo, en construction, armée de quatre canons de 14 cm Mle 1870 sur affût Mle 1847PA - batterie de Ouérendi, armée de deux canons de 19 cm Mle 1864-66 sur affût Mle 1969.T.84 PA et d’un canon de 14 cm Mle 1870 sur affût Mle 1847 PA. Une ligne de défense terrestre est également réalisée, à l’emplacement le plus étroit de la presqu’île, comprenant plusieurs batteries armées de matériels de campagne et une batterie de quatre canons de 14 cm Mle 1870, au mont Té. Malheureusement, aucun canon de 14 cm Mle 1870 n’est en état de tirer car, suite à un accident survenu à la batterie de la Pointe Desnouel, ou un canon et son affût ont été projetés hors du châssis au départ d’un coup, ces matériels sont interdits de tir.

Le lest, composé de 900 kilos de gueuses de fonte, est bien Cette cassure du châssis, due à la surcharge de l’affût, est visible sur cette photo d’un des canons de la batterie de toujours visible sur une des pièces de la batterie de Téréka Téréka (auteur) (auteur)

Ce problème sera résolu l’année suivante, par surélévation de l’arrière du châssis et lestage de l’affût avec 900 kilos de gueuses de fonte. Cette surcharge provoquera malheureusement la rupture de plusieurs châssis, ce qui entrainera la condamnation définitive de ce matériel. A la veille de l’Entente cordiale, la situation des batteries est inchangée, sauf pour le Ouen-Toro, qui a été modernisée, et dont les matériels ont été remplacés par des canons M de 19 cm Mle 1870-93 sur affût M Mle 1886 PC.

Les canons de 19 cm Mle 1870-93 de la batterie de Ouen-Toro (Rolland)

Le front de mer de Nouméa en 1902 (auteur)

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Le décret du 20 juin 1906 désarme toutes les batteries, sauf celle du Ouen-Toro, et condamne leurs matériels. Celui du 17 juillet 1908 déclasse Nouméa des points d’appui de la Flotte. La batterie de Ouen-Toro est déclassée en 1913. La Première Guerre mondiale trouve donc Nouméa complètement désarmée. Après le bombardement de Papeete par les croiseurs cuirassés Scharnhorst et Gneisenau, de l’escadre de l’amiral Von Spee, le 22 septembre 1914, la batterie de Ouen Toro est hâtivement remise en état, servie par des marins de l’aviso Kersaint. Le commandant de celui-ci reçoit alors l’ordre de débarquer son artillerie, un canon de 14 cm et cinq de 10 cm, pour l’installer à terre. Mais, après la destruction de l’escadre allemande aux Falkland, le 11 décembre, le navire réembarque les deux pièces qui ont pu être débarquées, et péniblement mises en place à l’île Nou. La batterie de Ouen-Toro est à nouveau désarmée. Ses pièces seront renvoyées en métropole en octobre 1917. En septembre 1939, la défense du front de mer de Nouméa est quasi inexistante. Elle ne repose que sur la batterie d’Oumboo, armée de quatre canons de 95 Mle 1888 sur affût de côte, récupérés au parc d’artillerie de Dakar. Celle-ci dispose d’un projecteur pour le tir de nuit, et sa DCA est assurée par deux canons de 20 mm œrlikon.

Deux des canons de 95 Mle 1904 sur affût C Mle 1904 de la batterie d’Oumboo, exposés à l’intérieur de l’enceinte du quartier de l’Artillerie, à Nouméa (auteur)

La Nouvelle Calédonie rejoint la France libre dès septembre 1940. L’agression sur Pearl Harbour, et l’expansion japonaise qui s’ensuit, emplit la colonie d’inquiétude, car l’île est le passage obligé pour une invasion éventuelle de l’Australie. Aussi, c’est avec soulagement que ses habitants voient débarquer, en janvier 1942, un contingent d’artilleurs australiens, qui installe au Ouen-Toro une batterie de deux canons de 6 inch Mark IV (152 mm). Ces matériels anglais proviennent d’un navire néo-zélandais désarmé.

Un des canons de 6 in mark IV installés par les Australiens au Ouen-Toro (auteur)

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Les américains, débarqués à Nouméa le 12 mars 1942, vont transformer l’île en base arrière pour leur reconquête du Pacifique. Outre la mise en place de plusieurs batteries de DCA, ils renforcent la défense du port par l’installationdehuit canons de 155 mm M1 Long Tom (portée 23 000 mètres), du 244th Coast Artillerie Regiment, sur plateforme bétonnée dite Kelly-Mount, dont quatre sur un plateau situé sous le Ouen Toro, et quatre dans l’île Nou. Ces matériels, installés en août 1942, repartent cinq mois après pour Guadalcanal. Mais leur départ est largement compensé par la présence permanente, dans les eaux de Nouméa, de cuirassés et de croiseurs de l’US Navy.

Un canon de 155 M1, identique à ceux installés par les Une des plateformes Kelly-Mount pour canon de 155 Américains à Nouméa (auteur) M1 du petit Ouen-Toro (auteur)

En 1943, deux batteries néo-zélandaises, à chacune deux pièces de 6 Inch viennent renforcer la défense. Description des batteries La batterie de Doniambo, située au fond de la grande rade, était armée de deux canons de 16 Mle 1858-60 sur affût Mle 1847 PA. Sa mission, était double, défense de la grande rade, et tir en direction des pénitenciers de l’île Nou, en cas de révolte des condamnés. Elle a disparue depuis longtemps, recouverte par l’usine de la société le Nickel. La batterie de l’Ilot Brun est établie au centre de l’îlot Brun, à la cote 44. Armée de deux canons de 16 cm Mle 1858-60 sur affût Mle 1847 PA, elle est une des trois défendant à l’origine l’entrée de la petite rade. Elle fait face à la batterie de la Pointe Desnouel. D’un calibre réel de 164,7 mm, rayé et se chargeant par la bouche, le matériel de 16 cm Mle 1858-60 peut expédier un obus à tenons, en fonte, pesant 31,5 kg, jusqu’à 6 500 mètres, à l’angle de 39° et à la vitesse initiale de 325 m/s. Mais la portée utile est de moins de 5 000 mètres.

Un des deux canons de 16 cm Mle 1858-60 sur affût Mle 1847 PA de la batterie de l’Ilot Brun, exposés au pied du mât de pavillon de la base navale de la Pointe Chaleix (auteur)

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La charge propulsive est constituée de 3,5 kg de poudre MC30. Le poids du tube est de 3 640 kg, celui de l’affût, de 3 815 kg avec son châssis. La batterie est déclassée en 1896, et il est un moment question de la réarmer avec quatre canons de 16 cm Mle 1881. Ce projet n’a pas de suite. De nos jours, l’îlot Brun a été réuni à la pointe Chaleix, et l’ensemble abrite la base navale de Nouméa. L’ouvrage de l’îlot Brun est inaccessible, car il abrite des installations sensibles de la Marine nationale. Mais les images satellitaires montrent un site complètement transformé, et complètement nivelé, ou il ne reste vraisemblablement plus grand-chose à voir. Les canons ont été récupérés, malheureusement sans leurs châssis, et montent la garde au pied du mât du pavillon de la base navale. A noter la présence insolite, à proximité des appontements, d’un canon allemand de 10,5 cm SKC/32, dans un état absolument impeccable, et muni de sa tape de bouche et ses dispositifs de pointage. Il provient vraisemblablement d’un patrouilleur désarmé à Nouméa.

Ce superbe canon de 105 SKC/32, exposé dans la base navale de la Pointe Chaleix, provient d’un

La batterie de Koumourou est située à l’extrémité ouest de la presqu’île Ducos, à la cote 136. Sa mission est l’interdiction de l’entrée de la Grande rade, de concert avec la batterie de Téréka, avec laquelle elle croise ses feux.

La batterie de Koumourou n’est qu’une plateforme, protégée par un muret, derrière lequel s’aligne les quatre canons de 14 cm Mle 1870 sur affût Mle 1847 PA (collection Lionel Pracht)

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Construite en 1896, c’est une installation très simple, qui regroupe, abrités derrière un simple mur maçonné, quatre canons de 14 cm Mle 1870 sur affût Mle 1847 PA. Ce matériel, dont le calibre réel est de 138,6 mm, pèse 2 600 kilos, et l’affût Mle 1847 PA, avec son châssis, 3 815 kg. Le tube peut expédier un obus allongé, pesant 21 kg, à 7 800 mètres à l’angle de 45°, avec une vitesse initiale de 455 m/s procurée par une charge de 4 kg de poudre. Mais la portée pratique ne dépasse pas5 000 mètres. Les pièces sont disposées en arc de cercle, avec un entraxe de 10 mètres. Elles couvrent ainsi un secteur d’environ 120°.

Dépose des canons de la batterie de Koumourou, en 1986 (collection auteur)

La batterie n’est véritablement opérationnelle qu’à partir de 1899, après modification des châssis. Elle est déclassée en 1906. Les pièces ont été déposées en décembre1986, et remontées au camp Broché, à Plum. De nos jours, le site est complètement embroussaillé, y compris la route d’accès. Seuls les pivots de châssis sont restés sur place. Nous n’avons pas trouvé trace de la moindre construction annexe.

Les pivots d’affut sont encore en place sur le site de la batterie de Koumourou (auteur)

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Une excavation dans le rocher laisse penser que les projectiles et la poudre étaient stockés dans un bâtiment léger, qui les protégeait des intempéries. Il est vrai que l’altitude de la batterie la rendait peu vulnérable aux tirs venant du large, compte tenu des faibles angles de tir des affûts de bord de l’époque.

Les quatre canons de 14 cm Mle 1870 sur affût Mle 1847 PA de la batterie de Koumourou, réinstallés au camp de Plum (auteur) Au départ de la route d’accès, on peut voir les vestiges de la base d’hydravion installée par les américains, pendant la Seconde Guerre mondiale. Des bâtiments légers et des pyramides de barils de carburant, avec les moyens de pompage, sont présents. Une tenace odeur d’essence flotte encore sur les lieux... La batterie d’Ouémo est située sur un petit cap, appendice de la pointe aux Longs cous, à l’est de Nouméa, à la cote 20.

Un des canons de 19 cm Mle 1870 N° 1 sur tourelle barbette de la batterie d’Ouémo. Il provient de la corvette cuirassé Thétis, désarmée à Nouméa (auteur) Le petit Fortiff’Séré 51

Sa mission est l’interdiction de l’approche de Nouméa par l’est et le sud-est. Primitivement armée de deux canons de 16 cm Mle 1858-60 sur affût Mle 1847 PA, elle est entièrement reconstruite en 1894 pour recevoir deux canons de 19 cm Mle 1870 N° 1 sur affût PC de tourelle, type Alma, en provenance de la corvette cuirassée Thétis. Les pièces sont installées sur des plateformes en béton, dans deux alvéoles maçonnées, séparées par une traverse intégrant le magasin à projectiles. Le magasin à poudre, situé sous le glacis, est accessible par un bras de traverse reliant les deux alvéoles. Les deux magasins sont réalisés en béton.

Plan de la batterie d’Ouémo (AOM)

Une fois achevé, l’ouvrage est l’objet de vives critiques, en particulier du directeur de l’Artillerie, qui lui reproche son altitude trop faible, qui le rend vulnérable aux tirs du large, ainsi que le coté secondaire de sa mission. Il est en effet très improbable qu’un ennemi menace Nouméa dans cette direction. Flanquant de loin le Ouen-Toro, les canons n’ont aucune action directe vers la passe.

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La batterie est déclassée en 1906. Elle n’est parvenue jusqu’à nous que grâce à la vigilance et à la volonté des associations d’anciens combattants et patriotiques locales.

Baptême d’un des canons de 19 cm Mle 1870 N° 1 de la batterie d’Ouémo (auteur)

En effet, en 1990, l’armée procède au démontage des deux matériels de la batterie, abandonnée et embroussaillée, afin de les remettre en état et de les exposer sur un site militaire. Cela provoque une vive émotion, et la mobilisation de plusieurs personnalités, emmenées par le maire de Nouméa, qui vont obtenir le retour des canons sur le site, en 1991. Ceux-ci, repeints et remis en place dans la batterie, dégagée de la végétation, ont alors fière allure. La réalisation d’un musée militaire,en arrière de l’ouvrage, est même prévue.

Le chronogramme aux armes de l’Artillerie de Marine de la batterie d’Ouémo (auteur)

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De nos jours, aménagée en jardin, dans un site magnifique, la batterie est accessible au public. Les canons sont toujours en place, mais les magasins sont envahis par les immondices. Et du musée projeté, on ne trouve nulle trace… La batterie de Ouen-Toro est située à la cote 128, à l’extrémité sud de la presqu’île de Nouméa.

Plan des magasins de la batterie de Ouen-Toro (Rolland)

Réalisée en 1897, elle est alors armée de quatre canons M de 19 cm N° 1 Mle 1870, provenant du désarmement de la corvette cuirassée Thétis. L’armement de ce navire de 3 569 tonnes, lancé en 1867, comprenait six canons de ce modèle, dont quatre sur affût à châssis bas de réduit, et deux en deux tourelles barbettes. Ces dernières armeront la batterie d’Ouémo. Ce matériel, d’un calibre réel de 194 mm, expédie à 9 000 mètres, à l’angle de 30°, un obus en fonte, chargé à la mélinite, d’un poids de 78 kg. La vitesse initiale de 448 m/s est obtenue par une charge de 5,180 kg de poudre BM 3. Mais, avec les affûts à châssis bas, la portée ne dépasse pas 5 000 mètres. Cet armement ne donne pas satisfaction, et un ordre du général inspecteur de l’artillerie recommande de ne l’employer qu’avec circonspection… C’est pourquoi il est remplacé en 1902 par quatre canons de 19 cm Mle 1870-93, sur affût M Mle 1886 PC. Ce matériel moderne expédie le même projectile à 10 000 mètres, à l’angle de 20°, avec une vitesse initiale de 675 m/s, obtenue avec une charge de 13,900 kg de poudre BM 7. Cette batterie est déclassée en 1913, puis réarmée avec du personnel de l’aviso Kersaint en septembre1914, après le bombardement de Papeete par les croiseurs cuirassés de l’escadre de l’amiral Von Spee. Elle est à nouveau désarmée Un canon de 19 après la destruction des navires allemands à cm Mle 1870-93 la bataille des Falkland, le 11 décembre sur affût Mle 1914. Son matériel est démonté et renvoyé 1886 PC (album en métropole en octobre 1917. de côte) Des « Bigors » hissent un canon de 19 cm Mle 1870-93 sur la batterie de Ouen-Toro (collection Lionel Pracht) Le petit Fortiff’Séré 54

La batterie de Ouen Toro est la seule de Nouméa à répondre aux normes en vigueur à cette époque en métropole. Elle possède un magasin caverne avec monte-charge, et un magasin à projectiles bétonné. Malheureusement, il ne reste pratiquement plus rien à voir en surface de ce bel ouvrage, tant la Marine nationale, propriétaire actuel des lieux, les a transformé pour y construire un centre de transmission, hérissé d’antenne et gardé comme une forteresse. Les magasins souterrains existent sans doute encore, mais il ne nous a pas été donné de les voir. Il resterait sur le site deux tubes de 19 cm N° 1 Mle 1870, survivants du premier armement de l’ouvrage, mais nous n’avons pu en voir qu’un, bizarrement placé sur un châssis d’affût Mle 1847 PA bricolé. De l’ouvrage proprement dit, on ne voit plus qu’un porche maçonné, dont la clé de voûte porte un chronogramme, daté 1897.

Ce tube de 19 cm Mle 1870 N° 1 de la batterie de Ouen-Toro, est exposé sur ce châssis d’affût Mle 1847, à l’intérieur de l’enceinte de la Marine nationale (auteur)

A leur arrivée, en juillet 1941, les Australiens installent, en contrebas de l’ouvrage, deux pièces de 6 Inch mark IV. Ces matériels, fabriqués en 1900 et 1901, proviennent d’un navire néo-zélandais désarmé. Ils sont placés sur des plateformes bétonnées, décorées de briques rouges, et partiellement protégées par un mur de béton, également recouvert de briques. Un PDT, placé en arrière des pièces et aujourd’hui disparu, assure la conduite du tir. Nous ignorons la portée de ces canons, mais, compte tenu de l’angle de tir autorisé par la faible hauteur des affûts, elle ne devait pas dépasser 15 000 mètres. Ces pièces sont encore en très bon état. En août 1942, une batterie du 244th Coast Artillerie Regiment de l’US Army installe ses quatre canons de 155 mm M1 Long Tom sur le Ouen-Toro. Le canon de 155 M1, est une amélioration du canon de 155 GPF français. Il peut expédier un obus de 43 kg à près de 24 000 mètres, avec une vitesse initiale de 853 m/s.

Ce porche et ce chronogramme sont les seuls vestiges visibles de la batterie de Ouen-Toro. Le reste du site est propriété de la Marine nationale (auteur)

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Deux pièces sont disposées, sur plateforme bétonnée, dite Kelly-Mount, qui permet le tir sur 360°, sur les superstructures de l’ancienne batterie française. Les deux autres sont placées, sur des plateformes identiques, sur le petit Ouen-Toro, replat situé à mi pente et à l’ouest du Ouen-Toro. Outre les deux emplacements de pièces, la position comprend une petite construction bétonnée, à usage de soute ou d’abri, et un bâtiment à usage de casernement dont il ne reste que les fondations. Sur une des deux plateformes, on peut lire, gravés dans le béton, les noms des servants, comme c’est souvent le cas dans les installations américaines réalisées au cours de la Second Guerre mondiale. Les matériels et leurs servants partent pour Guadalcanal en janvier 1943. La batterie de Ouérendi, du nom canaque de la pointe, est située à la pointe de l’Artillerie, ou pointe Prévoyante, du nom d’une corvette basée à Port de France en 1854-55, à la cote 49.

Le superbe canon de 19 cm Mle 1864-66 de la batterie de Ouérendi, exposé au camp de Plum. Il possède encore ses volants et manivelles de pointage (auteur)

La pointe de l’Artillerie forme avec la pointe Desnouel, l’entrée de la petite rade de Nouméa. Une batterie de deux canonsde 30 livres y est établie, suivant le plan de 1862. En 1888, le conseil d’amirauté, à l’instigation du général Borgnis-Desbordes, propose l’installation de 19 mortiers de 270 Mle 1889, pour l’interdiction du mouillage, dont quatre à Ouérendi. Ce programme ne sera pas réalisé.

Le chronogramme de la batterie de Ouérendi, scellé sur la plateforme supportant le canon de 19 cm Mle 1864-66 exposé au camp de Plum (auteur)

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La modernisation de la batterie est réalisée, en 1890, par l’installation de deux canons de 19 cm Mle 1864-66 sur affût M Mle 1869.T.84 PA, tirant vers la passe, et d’un canon de 14 cm Mle 1870 sur affût Mle 1847 PA, tirant vers la fausse passe, entre la pointe Chaleix et l’îlot Brun. La batterie est déclassée en 1906. Il ne reste rien de cet ouvrage, son emplacement étant actuellement occupé par un héliport. La pointe de l’Artillerie, ainsi nommée car elle était occupée par les diverses installation de l’Artillerie, est encore militaire pour la plus grande partie, et riche en vestiges de différentes époques. Dans l’ancien parc d’artillerie, on peut voir deux canons de 95 Mle 1888 sur affût C Mle 1904, de la batterie d’Oumboo, ainsi qu’un beau chronogramme aux armes de l’Artillerie de Marine, ornant la base de la grande cheminée de l’ancienne forge.

Le chronogramme aux armes de l’Artillerie de Marine, ornant la base de la cheminée de l’ancienne forge du quartier de l’Artillerie (auteur)

L’ancienne entrée est encadrée par deux tubes de 24, fabriqué en 1837 et 1858. Le cercle mixte de garnison est orné d’une ancre de rechange du cuirassé Missouri, sur lequel fut signée la capitulation du Japon, le 2 septembre 1945. Un canon de 14 Mle 1870 décore un carrefour de route du lotissement militaire, avec son affût, mais malheureusement sans son châssis. Il semble qu’il proviendrait de la batterie d’Oumboo.

L’ancre de rechange du cuirassé Missouri, exposé à l’entrée du cercle militaire (auteur)

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Mais le plus beau vestige de la batterie se trouve au camp Broché, à Plum, ou l’un des deux canons de 19 Mle 1864-66 sur affût Mle 1869.T.84.PA est exposé, après avoir échappé de justesse au ferraillage, en 1984. C’est un spécimen absolument unique, démuni de sa culasse, mais encore doté de ses volants et manivelles de pointage. La batterie d’Oumboo est située sur le mont du même nom, à la cote 107, au centre de l’île Nou.

Un emplacement pour canon de 95 Mle 1888 de la batterie d’Oumboo (auteur)

Après 1870, on pense y installer quatre canons de 16 cm Mle 1858-60 sur affût Mle 1847 PA. En 1888, un autre projet prévoit d’y regrouper des mortiers de 270 Mle 1889. Cette position, particulièrement bien située, permet en effet de battre la totalité des mouillages des petite et grande rades. En 1896, ce sont des canons de 19 cm Mle 1870-93 qui remplacent les mortiers, dans un nouveau projet. En 1899, la batterie est en cours de réalisation, mais cette fois armée de canons de 14 cm Mle 1870 sur affût Mle 1847 PA.

L’entrée des magasins de la batterie d’Oumboo (auteur)

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Les documents d’archives manquent pour cette position, mais il semble bien que l’on ait réalisé ici ce que l’on avait projeté pour la batterie de Téréka, c'est-à-dire la construction de deux demi batteries de trois pièces, se tournant le dos, et tirant l’une vers le nord, et l’autre vers le sud. Chaque ensemble étant ravitaillé par un monte-charge, à partir d’un magasin souterrain. Le site a été bouleversé par la construction d’un dépôt de munitions, aujourd’hui abandonné, mais un plan, les vues Google, et la visite sur le terrain nous confortent dans cette opinion.

Vue depuis la batterie d’Oumboo vers la petite passe (auteur)

La batterie est déclassée en 1906. En 1939, elle est réarmée avec quatre canons de 95 Mle 1888 sur affût C Mle 1904, provenant du parc d’artillerie de Dakar. Ces pièces hors d’âge, assistées par un projecteur, et appuyées par deux canons CA de 20 oerlikon, constituent alors la seule défense du front de mer de Nouméa. Deux de ces canons de 95 sont aujourd’hui visibles, dans l’enceinte de l’ancien quartier de l’artillerie, dans la pointe du même nom. Actuellement, une seule alvéole, de la batterie sud, est visible entièrement, les autres sont partiellement ou en totalité recouvertes par des constructions. Quant au magasin souterrain, il est tellement noirci par la fumée, certainement due à des exercices d’incendie, qu’il est difficile de se faire une idée précise de sa configuration, d’autant que certaines parties en sont murées. En arrière des alvéoles, un PDT bétonné à deux niveaux, orienté vers le sud, domine la position.

Le canon de 14 cm Mle 1870 de la batterie d’Oumboo, exposé en « pot de fleur » dans le lotissement militaire de la Pointe de l’Artillerie (auteur) Le petit Fortiff’Séré 59

Il s’agit certainement d’une réalisation alliée, dirigeant le tir d’une des batteries installées dans l’île Nou pendant la Seconde Guerre mondiale. La batterie de la Pointe Desnouel est une des premières réalisées pour la défense de la petite rade. Construite à la cote 47, elle est primitivement armée de deux canons de 30 livres, remplacée après 1870 par des pièces de 16 cm Mle 1858-60 sur affût Mle 1847 PA.

Les deux canons de 14 cm Mle 1870 de la batterie de la Pointe Desnouel, exposés à l’entrée du centre pénitencier de Nouméa (auteur) La batterie définitive est réalisée en 1896. Elle est armée de quatre canons de 14 cm Mle 1870 sur affût Mle 1847 PA. Lors d’un tir d’essai de la batterie, un tube et son affût sont violemment expulsés de leur châssis, ce qui va entraîner une interdiction de tir pour tous les ouvrages armés de ce type de pièce, jusqu’à la modification des affûts, en 1899. La batterie est déclassée en 1906. De nos jours, la batterie a complètement disparu du paysage, le site ayant été utilisé comme carrière pendant plusieurs années. Deux de ses canons sont exposés dans la cour du centre pénitentiaire, situé à proximité. Ils sont malheureusement dépourvus de leur châssis.

L’îlot Brun vu de l’emplacement de la batterie de la Pointe Desnouel (auteur)

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La batterie de la Pointe Picard, située au nord-est de l’Ile Nou, est réalisée après 1870, pour la défense de la Grande rade. Elle est armée de deux canons de 16 cm Mle 1858-60 sur affût Mle 1847 PA. Cette batterie est déclassée à la mise en service des ouvrages armés de canons de 14 cm Mle 1870. Elle garde ses canons jusqu’en 1980, ou elle disparaît dans les travaux d’agrandissement du port. Les pièces et leurs affûts sont alors récupérés. Ils montent la garde, encore de nos jours, de part et d’autre du monument aux morts, place Bir Hakeim, ou ils ont fière allure, malgré l’absence de leur pivot. La batterie de Téréka est située sur le mont du même nom, à l’extrémité ouest de l’île Nou, sur la courbe de niveau 115 du mamelon, qui culmine à 127 mètres. Elle est de ce fait par-adossée, ce qui n’est pas un inconvénient, à cette époque. Elle est d’abord armée, en 1878, de quatre canons de 16 cm Mle 1858-60 sur affût Mle 1847 PA.

Un des canons de 14 cm Mle 1870 de la batterie de Téréka (auteur)

Un projet de 1897 prévoit la construction d’une nouvelle batterie, construite au sommet du mamelon, et armée de six canons de 14 cm Mle 1870 sur affût PC, en deux groupes de trois. Cette solution permettrait un tir sur 360°. Il s’agit d’unprojet ambitieux, avec magasin caverne, monorail aérien, quatre monte-charge et voie de 40. Mais cette solution est sans doute jugée trop onéreuse, et les affûts PC n’existent pas à Nouméa. On se contente donc de remplacer les tubes de 16 cm Mle 1858-60 par des 14 cm Mle 1870, installés sur les affûts Mle 1847 PA en place. Ces canons connaîtront la même interdiction de tir que leurs semblables des autres batteries, jusqu’à la modification des affûts, en 1899. La mission de la batterie est l’interdiction de la grande rade, de concert avec la batterie de Koumourou avec laquelle elle croise ses feux. Comme pour cette dernière, les pièces sont disposées en arc de cercle, couvrant ainsi un champ d’environ 120°, mais la comparaison s’arrête là, car la batterie de Téréka est plus élaborée.

Baptême de l’un des canons de la batterie de Téréka (auteur)

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Les pièces sont installées dans des alvéoles maçonnées, séparées par des traverses. Chacune de celles-ci abrite une petite pièce maçonnée, à usage d’abri, ou de magasin, ou les deux à la fois, reliée aux alvéoles encadrantes par un escalier de quelques marches. La traverse entre les deux pièces de droite est enracinée, car elle donne passage au chemin qui permet d’accéder au sommet du mamelon. Un passage sous cette traverse permet la continuité de la rue du rempart. La clé de voûte porte un chronogramme daté 1894, ce qui ne correspond pas à date de construction de la batterie de 16 cm, ni à celle de sa transformation. Il se peut que cette date corresponde au creusement du souterrain débouchant à proximité. Celui-ci, brut de déroctage et d’une longueur d’environ 53 mètres, prend naissance sur la route d’accès à la batterie. Large de 2 mètres, il comporte une chicane, située 14 mètres après l’entrée, et débouche derrière l’alvéole droite, après un virage à 90°. Il donne accès à deux pièces maçonnées, situées à mi-distance des issues. La plus grande mesure un peu moins de 20 mètres carrés, l’autre 12 mètres carrés. Il s’agit sans aucun doute des magasins à poudre et à projectiles de l’ouvrage. Entre le débouché du souterrain et le passage sous traverse, on trouve un local maçonné, muni de supports d’étagère et fermé actuellement par une grille. Il s’agit certainement du magasin aux agrès .

L’entrée des magasins de la batterie de Téréka (auteur)

Sur le sommet, à la cote 127, une grande cuve maçonnée, occupée de nos jours par une table d’orientation recouverte d’un abri, recevait sans aucun doute les instruments de conduite de tir. Difficile de se faire une idée précise, car le site a été modifié, d’abord par les Américains, puis lors de l’aménagement de la table d’orientation. Mais cette construction figure sur les plans d’époque. La batterie est déclassée par le décret du 20 juin 1906. Pendant la Seconde guerre mondiale, le site est utilisé par l’US Navy, comme en témoigne une inscription dans le béton, au sommet du mamelon. L’ouvrage est parvenu jusqu’à nous, toujours armé de ses quatre canons.

Inauguré en 1865, le phare Amédée, est une remarquable réalisation de construction entièrement métallique. Il culmine à 56 mètres (auteur)

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Le fort de la Crèche Par Yves LAURENGE

Président de l’association Fort de la Crèche

Grand nombre d’amateurs de fortifications connaissent de mieux en mieux les ouvrages Séré de Rivières et nous nous en réjouissons. L’association Fortiff’Séré n’est pas étrangère à ce succès et nous sommes heureux de l’avoir rejointe. Cependant, les ouvrages côtiers sont encore assez méconnus. Le fort de la Crèche fait partie de ceux-ci.

Le « fort » de la Crèche est en réalité une batterie côtière mais les habitants de la région ont pris l’habitude de la nommer « fort ». Ceci est peut-être lié à l’importance de cet ouvrage qui se confond aux yeux des Boulonnais avec le fort de la Crèche en mer aujourd’hui disparu, bâti sous Napoléon Ier et les bunkers du Mur de l’Atlantique qui cachent le fort de 1879.

Après la défaite de 1870, la modernisation des défenses de Boulogne-sur-Mer s’inscrit non seulement dans le contexte de la Revanche mais doit aussi s’adapter à la création d’un port en eau profonde, déclarée d’utilité publique par la loi du 17 juin 1878, dans le cadre du plan Freycinet de grands travaux. Ce port en eau profonde intéresse particulièrement la Marine nationale qui pourra y mouiller ses bâtiments car il y a un manque de ports accessibles à ces navires entre Dunkerque et Cherbourg.

La commission de défense des côtes s’intéresse alors aux hauteurs environnantes qui permettent d’avoir des vues dégagées sur le port car avec les progrès de l’artillerie en matière de puissance et de portée, il n’est plus nécessaire d’installer les canons au plus près des bassins, de la rade ou du chenal. De 1877 à 1884, quatre batteries côtières, en mesure de croiser leurs feux, sont édifiées le long d’une ligne de défense de 6 kilomètres allant de la pointe de la Crèche au Nord (à Wimereux) au cap d’Alprech au Sud (au Portel), en passant par la falaise de la Tour d’Odre (à Boulogne) et le mont de Couppes (au Portel). Ces quatre batteries, « de type Séré de Rivières », présentent des caractéristiques générales similaires même si elles ont dû s’adapter à la topographie des terrains. Édifiées sur un plan pentagonal dont la base est longue d’une centaine de mètres, elles sont entourées d’un mur d’enceinte percé de meurtrières, flanqué à certains de ses angles de saillants et précédé d’un fossé sec. À l’intérieur de cette enceinte, de part et d’autre d’une cour centrale, se trouvent un casernement sous casemate, prévu pour héberger 70 à 100 hommes, quelques locaux de servitude, un magasin à poudre et des abris sous traverse à proximité de la crête d’artillerie qui supporte les affûts. Ces ouvrages sont semi-enterrés et recouverts d’épaisses levées de terre. L’entrée se trouve à l’est, c’est-à-dire vers l’intérieur des terres, du côté où la menace semble la moins probable. Le tout est construit en maçonnerie avec des matériaux de la région, pierres des carrières de Marquise et de Wimille, voire des falaises. Quatre batteries Séré de Rivières pour la défense du port de Boulogne. Doc AFLC

Les magasins à poudre des batteries sont fortement protégés à l’instar de celui de la Crèche, construit entre 1878 et 1880, qui comporte une voûte d’un mètre d’épaisseur recouverte d’une chape en béton et d’une autre en asphalte, le tout surmonté d’une épaisseur de terre minimale de 3,50 m.

Mais l’ensemble n’est pas à l’épreuve des nouveaux obus à mélinite développés à partir du milieu des années 1880. C’est sans doute pourquoi les batteries de Boulogne sont classées en deuxième série par la loi du 27 mai 1889. Le petit Fortiff’Séré 63

Malgré leurs limites techniques, ces ouvrages subissent des modernisations ultérieures, notamment celui de la Crèche. En 1901, le génie y installe un poste photo-électrique devant servir et alimenter des projecteurs destinés au repérage et au tir de nuit.

En 1907, la Crèche est armée de quatre pièces de 194 mm (modèle 1878) et de quatre canons de campagne de 95 mm. Les deux batteries d’aile, Alprech et la Crèche, sont dotées de mitrailleuses et de canons de 80 mm.

Plan batterie de la Crèche. Document AFLC

Lors de la Première Guerre mondiale, des exercices de tir ont lieu mais le front est loin. Les canons de la Crèche sont démontés en 1917 et envoyés en renfort sur d’autres lieux. Ils sont remplacés par deux canons d’un modèle différent qui seront toujours en place au début de la Seconde Guerre mondiale. Les hôtels de Wimereux se transforment en hôpitaux et des camps sanitaires sont installés en bordure de falaise au nord de la batterie de la Crèche. Les cimetières de Boulogne et Wimereux ne suffisant plus, le cimetière de Terlincthun devient le dernier repos de centaines de soldats parmi lesquels un grand nombre de britanniques, australiens, canadiens. Quand on pénètre dans le cimetière de Terlincthun, on se trouve en terre britannique.

En 1920, le fort de la Crèche est concédé à la Marine Nationale qui l’obtient définitivement en 1933. A partir de 1935,la Marine entreprend une modernisation de l’ancienne batterie de 1879. Le mur d’enceinte Séré de Rivières est percé en trois points pour y construire quatre nouvelles plateformes permettant l’installation de canons plus modernes. Chacune de ces plateformes se voit dotée de deux soutes à munitions avec salle de repos pour les canonniers. Une construction bétonnée est adossée à l’abri sous traverse nord de 1878 pour l’installation d’un groupe électrogène. En 1936 une maison de gardien est bâtie à l’extérieur du mur d’enceinte côté est, et à côté, deux ans plus tard, un château d’eau. Il est à noter que lemur d’enceinte est préservé dans sa totalité lors de ces transformations en dehors des trois percées pour l’implantation des nouvelles plateformes.

En mai 1940, lors de la bataille de Boulogne, le fort de la Crèche doit prendre part aux combats pour stopper l’arrivée des blin- dés allemands. Il ouvre le feu grâce à ses canons qui peuvent pivoter pour tirer côté terre et ses hommes résistent. Face à la puissance de l’attaque, il reçoit le renfort de deux contretorpilleurs français, le Chacal qui vient de débarquer à Calais, du maté- riel de démolition afin de saborder le port au cas où il tomberait dans les mains de l’ennemi, et le Léopard. Les canons de ces deux bâtiments tirent également sur les blindés. Mais l’aviation ennemie intervient et touche sévèrement le Chacal qui devient inopérant, dérive et s’échoue. Après plusieurs heures de combat la ville de Boulogne et la batterie de la Crèche tombent.

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Les Allemands prennent possession de la batterie de la Crèche. Très vite, Ils la remettent en état et réutilisent les canons fran- çais qui n’ont pas été détruits. Ils ajoutent ensuite des bunkers : quatre casernements pour le logement de leurs soldats à proximité de chacune des plateformes françaises de 1935 et trois casemates englobant les anciennes soutes françaises, pour abriter leurs propres canons plus petits mais plus performants que les anciens canons français pour lesquels ils ne trouvent plus de munitions. Des photos attestent de la présence d’une infirmerie adossée à l’ancien casernement de 1879 et une cuisine en utilisant une de ses pièces prolongée par une extension sur la cour, et qu’ils ont abattu la maison du gardien et le château d’eau endommagés durant les combats.

En septembre 1944, les Canadiens arrivent dans le Boulonnais. Les Allemands, qui les attendaient côté mer, reçoivent l’ordre de démonter les canons abrités sous des casemates limitant leur rayon d’action pour les installer à l’Est. Mais ils ne parvien- nent pas à repousser l’assaut de nos Alliés. Le fort est libéré. Le terrain est constellé de trous de bombe, témoins de la violence des combats. Les entrées des deux abris sous traverse de 1879 sont détruites. La batterie de la Crèche tombe peu à peu dans l’oubli.

Son terrain est déminé en 1960 avec les moyens de l’époque et sert de lieu d’exercice dans le cadre de la préparation militaire. Elle permet aussi l’organisation de manœuvres par la Croix Rouge à l’occasion de son 125ème anniversaire. L’armée y autorise le pacage de vaches puis de chevaux, les constructions servant d’étable et d’écurie. Les fossés secs deviennent lieu de décharge et sont progressivement comblés. Démilitarisé en 1999, le fort devient en 2002 propriété du Conservatoire du littoral dont la mission est la préservation des espaces naturels.

Depuis 2003, la batterie de la Crèche reprend vie grâce à l’implication de bénévoles de l’Association Fort de la Crèche qui, liée par convention au Conservatoire du littoral, y organisent des chantiers et l’ouvrent aux visiteurs.

Une poignée de bénévoles a mené un travail remarquable. Ils ont commencé à la pelle et à la caisse à poisson avant de se pro- curer des brouettes ! Ils ont dégagé la cour du casernement envahi par les terres, les gravats et les ronces, démoli des ouvrages allemands dangereux adossés au bâtiment Séré de Rivières, dégagé les abris sous-traverses fortement endommagés en sep- tembre 1944, dégagé les anciennes plateformes et les flaks, dégagé une partie des pistes bétonnées…

Ils ont entièrement nettoyé et sécurisé le casernement de 1879 qui a été ouvert au public en septembre 2012 et un bunker ouvert en septembre 2014.

Cette année, ils ont dégagé et nettoyé le sous-sol d’une plateforme française de tir qu’ils espèrent ouvrir au public l’an pro- chain ainsi qu’un casernement allemand. Ils rêvent d’ouvrir un jour tous les bâtiments au public, car tous leurs efforts seraient vains s’ils n’avaient ce goût du partage avec le grand public.

Dès le début de leur mise en valeur du fort, les membres de l’association ont voulu l’ouvrir au public afin de lui faire découvrir ou redécouvrir ce patrimoine oublié. Les premières visites sur un site en chantier étaient strictement encadrées. Aujourd’hui encore, la visite demande quelques règles de sécurité : les visiteurs qui ne veulent pas suivre le guide doivent impérativement rester sur un chemin balisé bordé de bornes explicatives en 4 langues.

En dehors de notre programme de visite annuel nous recevons les groupes sur réservation parmi lesquels un nombre croissant de groupes scolaires, ce dont nous sommes ravis, car c’est un moyen très vivant de leur faire découvrir l’histoire et le « devoir » de mémoire.

Nous avons eu la chance d’inaugurer en 2009, une plaque commémorative en mémoire des régiments canadiens qui ont libéré le fort en présence de quatre vétérans du régiment de La Chaudière parmi lesquels le colonel Boivin qui a effectivement libéré le fort en septembre 1944. En 2012, nous avons inauguré une plaque commémorative à la mémoire des marins disparus lors de la bataille de Boulogne de mai 1940 en présence de la Marine nationale.

Pour les années qui viennent, les bénévoles restent motivés mais il faudra trouver les moyens de refaire entièrement l’étan- chéité du casernement de 1879 qui n’a pas souffert des combats de la Seconde Guerre mondiale mais se dégrade progressive- ment faute d’un entretien régulier… Nous travaillons sur un projet de chantier de réinsertion comme celui que nous avions mené en 2006.

Il faudra également continuer à faire vivre le fort aujourd’hui par l’accueil du public lors de visites ou d’autres activités excep- tionnelles au moment des temps forts des mois d’avril, mai-juin et septembre… Tout un programme que nous transmettrons à l’association Fortiff’Séré dont nous apprécions l’enthousiasme et le sérieux !

Pour en savoir plus : www.fortdelacreche.fr Le petit Fortiff’Séré 65

Abri sous-traverse Nord en 2005. Photo AFLC Abri sous-traverse Nord avec un ouvrage français de 1936 adossé. Avril 2015. Photo AFLC

Abri sous-traverse Sud en 2004. Photo AFLC Abri sous-traverse Sud avec un casernement allemand. Sept 2015. Photo AFLC

Batterie côtière de la Crèche. Photo AFLC

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Casernement de 1879 en 2002. Photo AFLC Casernement de 1879 en décembre 2003. Photo AFLC

Casernement de 1879 en mai 2004. Photo AFLC Casernement de 1879 en décembre 2006. Photo AFLC

Nettoyage du sous-sol d'une pièce française. Octobre Un site stratégique réinvesti par l'ennemi lors de la 2GM. 2016. Photo AFLC Bunker construit au-dessus d'une plateforme française de 1936. Photo AFLC

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La bataille du fort de Moulainville Par Julie VAUBOURG

D’après la monographie du Colonel Benoit (Adjoint au Général Ct le Génie de la 11ème armée) rédigée le 23 novembre 1917.

Etat du fort au début de la guerre

Le fort de Moulainville fut construit de 1883 à 1885 en maçonnerie de moellons ordinaires.

Pendant la période s’étendant de 1889 à 1891, on renforça les locaux du milieu du fort au moyen d’une carapace de 2m50 d’épaisseur en béton de ciment, séparée des maçonnerie par une couche de sable de 1m d’épaisseur et on construisit à la gorge du fort le casernement de guerre, en béton de ciment, recouvert d’une voute de 2m d’épaisseur à la clef. La partie médiane de l’escarpe du fossé de gorge est formée par la façade de ce casernement, laquelle à 2m d’épaisseur.

Pendant la période 1905-1909, on construisit la tourelle de 75 et son observatoire, la tourelle de 155 et son observatoire, les 2 tourelles de mitrailleuses, les 2 observatoires voisins, les coffres de contrescarpe, la casemate de bourges du flanc droit, ainsi que les communications bétonnées reliant les locaux d’habitation du fort aux différents organes.

L’ensemble de ces différents travaux coûta environ 3.750.000 francs, cuirassements et canons compris.

Le fort pouvait abriter, dans le casernement à l’épreuve, 170 hommes couchés et 210 hommes assis.

Il renfermait des citernes d’une contenance de 355m3 placée sous la partie renforcée du fort.

Il était entouré d’un réseau de fils de fer sur piquets métalliques embétonnés de 30m d’épaisseur.

On avait envisagé en 1913 la création d’une tourelle de 75 en dehors du fort, à 300m environ dans la direction de la batterie d’Eix. Ce travail devrait être mis en adjudication au mois d’août 1914 ; il n’a reçu aucun commencement d’exécution.

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Rôle du fort avant l’attaque de Verdun

Le fort de Moulainville faisait partie, à la mobilisation, du2ème secteur de la place de Verdun. Sa garnison comprenait une Compagnie d’infanterie et une batterie d’artillerie. Le 31 août 1914, sa tourelle de 155R tira 13 obus à mitraille sur la lisière sud du bois de Moranville, à l’est de l’étang, sur une masse compacte de travailleurs ennemis ; le 25 septembre, elle envoya 2 obus explosifs dans la direction de Fromezey, mais son rôle actif fut terminé dès que la Woëvre, jusqu’aux abords d’Etain,fut occupée par les troupes françaises. Le fort ne fut plus qu’un observatoire merveilleux, constamment utilisé et, en particulier, lors des attaques dans la Woëvre en avril 1915.

D’après le plan de défense de la place de Verdun, les tourelles du fort devaient être approvisionnées à 2000 coups par canon et la casemate de Bourges à 1000 coups. Mais à la suite de la note du 9 octobre 1914 du G.Q.G. appelant l’attention sur le peu de durée des ouvrages permanents soumis au bombardement lointain, mais précis, des grosses pièces de siège, et prescrivant de ne laisser dans les forts les munitions strictement indispensables, les approvisionnements furent nivelés à 1000 coups par organes (tourelles et casemates) et les munitions qui étaient en trop furent transportées le 22 octobre dans les magasins du secteur.

Ces approvisionnements furent encore réduits dans les derniers mois de 1915, la casemate de Bourges du fort fut en outre désarmée et ses munitions enlevées. On prit, vers cette même époque, les dispositions nécessaires pour la destruction des principaux organes du fort. En particulier, 14 puits furent creusés le long de l’escarpe et de la contrescarpe pour la destruction de ces murs sur 50 mètres de long.

La tourelle Galopin de 155R le 11 janvier 1916 La tourelle de 75 et son observatoire le 11 janvier 1916 © BDIC Fonds des albums Valois - Département de la Meuse © BDIC Fonds des albums Valois - Département de la Meuse

Les observateurs dans leur cahute aménagée sur un parapet Des officiers d’Etat Major donnant des explications et bétonné en janvier 1916 montrant une coupole aux membres de la presse anglaise. © BDIC Fonds des albums Valois - Département de la Meuse © BDIC Fonds des albums Valois - Département de la Meuse

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Rôle du fort au début de l’attaque de Verdun

L’attaque allemande commença sur le front nord de Verdun le 21 février 1916 ; les troupes françaises durent abandonner une partie du terrain qu’elles occupaient et se replier sur la côte du Talon, la côte du Poivre et Douaumont, front qu’elles tenaient le 24 février. Ce jour-là, le Général Herr, Commandant le R.F.V. (Région fortifiée de Verdun) donna l’ordre : 1° au Groupement Chrétien, qui défendait la région N.E. de Verdun, de s’établir sur les côtes de Meuse jusqu’à Eix inclus, les éléments de Woëvre devant être retirés dans la nuit du 24 au 25, en laissant simplement des avant-postes ; 2° au Groupement Duchêne, qui défendait la région Est, de maintenir des avant-postes sur ses emplacements en Woëvre et d’occuper le pied des côtes depuis Eix jusqu’à Eparges. Pour ces deux groupements ayant des éléments en Woëvre, tout le matériel qui ne pourrait être replié devait être détruit. On devait faire passer sur la Rive Gauche de la Meuse tous les éléments (parcs, convois, T.R., cavalerie,…) pouvant y passer dans la nuit. Le fort de Moulainville eut à protéger notre retraite dans la Woëvre. Dès le 25 février, sa tourelle de 155R entra en action et du 25 au 29 février, envoya 346 obus sur Haraigne, Hautecourt, les Cognons et Moranville. La tourelle de 75 entra en action le 26 ; et du 26 au 28 tira 576 projectiles sur le bois des Cognons, le bois de Moranville, la côte 255, ainsi que sur la route Moranville-Blanzée. Les allemands ripostèrent aussitôt ; ils envoyèrent sur le fort, le 26 février, 60 obus dont 10 de 210 et 30 de 150 ; le 27, 200 obus de petit calibre (77 et 105) ; 200 de gros calibre (150 et 210) et 30 de 420 ; les deux jours suivants, 150 projectiles, la plupart de gros calibre, peut-être même encore quelques 420 ; mais ces bombardements n’eurent aucune action sur les tourelles qui continuèrent à bien fonctionner. Pendant ces tirs et bombardements, l’équipe constituée avant l’attaque de Verdun pour la destruction éventuelle du fort effectuait la mise en place des explosifs dans les différents organes de l’ouvrage. Par ordre du 24 février, en effet, le Général Commandant la R.F.V. avait ordonné le chargement immédiat des dispositifs de mine des forts de la rive droite de la Meuse ( y compris les casemates et les tourelles) et avait délégué le Général CDT. Le 2ème C.A. (Général Duchêne) pour donner, lorsqu’il le jugerait indispensable, l’ordre de mise à feu concernant les ouvrage au sud de la route d’Etain, parmi lesquels se trouvait le fort de Moulainville. On chargea, les 25 et 26 février, les 14 fourneaux de mine ménagés derrière l’escarpe et la contrescarpe, à raison de 250kg de poudre par fourneau ; on s’occupa ensuite des dispositifs de destruction de la casemate de Bourges, et, dans les premiers jours de mars, on commença la mise en places des explosifs dans la tourelle de 75, celle de 155 continuant toujours à tirer. La II° Armée, qui avait remplacé le 26 février la R.F.V. avait, le 4 mars, donné l’ordre de laisser chargés mais non amorcés, les dispositifs de mines de forts de la rive droite. ; mais devant les inconvénients qui en résultaient pour les tourelles, elle décida le 7 mars que ces prescriptions ne s’appliqueraient pas à ces organes, qui ne devaient être chargés et amorcés que sur l’ordre du Général Commandant la Division. La tourelle de 75, fut à la suite de ce dernier ordre, remise en état de tirer ; elle reprit ses tirs le 9 mars, et envoya jusqu’au 31 mars 2192 projectiles sur Abaucourt, Moranville, Blanzée et sur la route reliantces villages. La tourelle de 155R, qui n’avait pas cessé de tirer, envoya en mars, 1897 obus sur Bezonvaux, La Plume, Dieppe, Haraigue, Broville, Hautecourt, Grimaucourt, Hormeville, ainsi que sur les batteries ennemies de Hautes Charrières, de Montricelle et des Cognons. La note du 11 mars prescrivant le réarmement des casemate de Bourges, entraîna le déchargement des dispositifs de ces organes. Le 1er canon de la casemate de Moulainville fut remis en place dans la nuit du 30 au 31 mars et le 2ème dans la nuit du 14 au 15 avril.

Au cours du bombardement subi par le fort le 27 février, 5 des fourneaux de mines de l’escarpe sautèrent sous l’action des projectiles ennemis et firent une brèche importante. Comme par la suite, des accidents analogues se produisirent dans d’autres forts, le Général Cdt l’Armée décida, le 26 avril, le déchargement et le recomblement des dispositifs de destruction préparés à la gorge des forts. Devaient seuls être prévus, les moyens de faire les sauter les organes délicats pouvant être utilisés par l’ennemi après la prise Vue aérienne du fort de Moulainville le 13 mars 1916. du fort. Les poudres devenues sans emploi au fort de Moulainville à © Lionel PRACHT la suite de cette décision, en furent retirées du 6 au 13 mai 1916. Le petit Fortiff’Séré 72

Des officiers d’Etat Major donnant des explications et montrant la tourelle Galopin de 155R et la tourelle de 75 aux membres de la presse anglaise en janvier 1916. © BDIC Fonds des albums Valois - Département de la Meuse

Garnison et mission du fort

Le Capitaine d’artillerie Schrameck, qui était au fort avant l’attaque allemande et qui commandait les éléments qui s’y trouvaient à cette époque, fut remplacé le 28 février par le Capitaine d’artillerie Harispe qui prit le titre de Commandant du fort de Moulainville. Lorsque la II° Armée réorganisa les forts de Verdun (10 mars 1916) le fort de Moulainville fut doté d’une garnison fixe et il y eut tout d’abord deux sections de mitrailleuses et 100 artilleurs ; en outre dans la nuit du 28 au 29 mars, une Compagnie du 234° R.I. fut envoyée. Par la suite, le fort reçut une Compagnie entière de mitrailleurs (17 avril) avec 2 mitrailleuses supplémentaires ; le 6 juin, 4 autres mitrailleuses lui furent envoyées. Vue sur le fort et les travailleurs qui en sortent le 11 janvier 1916. La mission de l’ouvrage (27 mars) était de tenir à tout © BDIC Fonds des albums Valois - Département de la Meuse prix.

La consigne du fort fut précisée par la suite en ces termes : (25 avril) « Le fort fait partie de la 2ème position et doit agir efficacement par ses feux d’artillerie (155 et 75) en cas d’attaque de la 1ère position. Si cette 1ère position tombe entre les mains de l’ennemi et que celui-ci prenne pied sur les Hautes-des-Côtes, le fort fait partie intégrante de la nouvelle ligne de résistance. Sa défense s’exerce alors en combinant l’action des feux d’artillerie, d’artillerie de tranchée et d’infanterie. »

Premiers bombardements du fort

A partie du 26 février, le fort fut presque quotidiennement soumis à des bombardements souvent intenses, surtout sur sa gorge. Il a été indiqué plus haut l’importance des bombardements de février. Dans la 1ère semaine de mars, le fort reçut 346 projectiles de 210 et 199 de 150. Le 2 mars, à la suite d’un violent bombardement par obus de gros calibres ( 305 et peut-être quelques 420), la descente du coffre gauche aux abords de la tourelle de mitrailleuses fut détruite vers le point I ; l’escarpe fut démolie vers le N.E. sur 10 à 12 mètres de longueur par le projectile tombé au point 2 ; le mur à bahut placé au-dessus de la caponnière de gorge fut détruit (projectile n°3). Le 8 mars, le fort subit un nouveau bombardement par obus de 420 ; 60 projectiles de ce calibre furent tirés sur le fort ; le 12 du même mois, nouveau L’observatoire de la tourelle de mitrailleuses sud atteint bombardement avec 40 autres obus de 420. Pendant le mois de par un obus en mai 1917. © BDIC Fonds des albums mars, le fort reçut 1360 projectiles de calibres divers. Valois - Département de la Meuse Le petit Fortiff’Séré 73

Les bombardements faits avec des obus de 420 occasionnèrent un certain nombre de dégâts importants. C’est ainsi que lors du bombardement du 8 mars, les obus 4 et 5 tombés en arrière du mur de contrescarpe et 6 tombé en arrière du mur d’escarpe, renversèrent ces deux murs, formant ainsi une brèche praticable de 30 mètres environ de longueur.

Un autre projectile (n°7) tombé en avant de la collerette en béton de ciment de la tourelle de 155R a fissuré le massif en béton à hauteur du plancher de l’étage, après avoir traversé le terrassement et la rocaille placés en avant. Le mécanisme de la tourelle a été légèrement faussé, et un des 5 voussoirs en acier moulé, dont l’épaisseur moyenne est de 0m25, a été brisé en deux parties. La réparation de la tourelle fut effectuée en 2 jours.

Le projectile indiqué en 8, tombé à l’ouest de la communication reliant les deux tourelles à canon, a chassé à l’intérieur le piédroit ouest, construit en béton de ciment de 1m50 d’épaisseur ; de gros blocs de béton ont obstrué le passage.

D’autres obus tombèrent sur les locaux non bétonnés situés au sud du fort en y causant de grands dommages ; le projectile n°9 traversa environ 6m de terre et de pierrailles et de 2m de maçonnerie. Son explosion intéressa les voûtes des deux casemates juxtaposées et renversa le mur de façade de la casemate 17.

Le projectile n°10, tombé au-dessus de la casemate 16, à de même traversé le matelas de terre et la voûte, puis une voûte de cave de 1m50 d’épaisseur ; il est venu ensuite heurter le piédroit qu’il a un peu entamé et a fini par se coucher sur le sol sans éclater. La fusée de cet obus fut dévissée le 9 avril et l’obus lui-même fut enlevé le 12 avril par les soins de l’Artillerie de l’Armée.

Le projectile n°11, tiré peut après le précèdent, a éclaté après avoir traversé le matelas de terre et la voute sans démolir le mur de façade.

Lors du bombardement du 12 mars, un projectile de 420 tomba à proximité de la gaine N.E. et en démolit le piédroit sur 4 à 5 mètres de longueur (N°12), cette gaine venait d’être remise en état à la suite du bombardement du 2 mars.

Un autre projectile (N°13), tombé près du piédroit sud de la gaine centrale, mit ce piédroit à découvert et renversa le mur de retour en béton de ciment.

Un autre (N°14) tombé près du piédroit Nord de la communication centrale, construit en béton de ciment de 2m d’épaisseur, semblerait avoir fait tourner ce piédroit autour de l’arête intérieure de sa fondation, en entraînant avec lui une partie de la voûte.

En outre, d’autres projectiles creusèrent, surtout dans le réseau du front de tête, des trous d’assez grandes dimensions, mais sans toutefois raser entièrement le réseau. D’autres tombèrent dans les fossés, en particulier dans la partie sud du fossé du front de tête, en y bouleversant le sol et faisant quelques brèches dans l’escarpe (notamment vers le point 15). Les superstructures furent aussi fortement détériorées.

Sous l’effet des vibrations dues au choc et à l’éclatement des projectiles de 420, les citernes du fort se fendillèrent et laissèrent échapper l’eau. On les répara par la suite.

La façade du coté gauche des casernement du temps de paix le L’entrée de guerre pendant la bataille. 13 juillet 1916. Collection Monsieur TUPIN © BDIC Fonds des albums Valois - Département de la Meuse

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Alimentation en eau du fort

Cet accident survenu aux citernes privait le fort de l’eau qui lui était nécessaire. Jusqu’à ce moment, le fort était alimenté par des sources captées dans le ravin de Moulainville, au sud du fort, et élevées au moyen d’une usine située dans le ravin. Quoique près de l’ennemi, l’usine ne fut elle-même jamais atteinte par les projectiles et put fonctionner la nuit.

Pour mener l’eau au fort, on songea à installer entre l’extrémité de la conduite réparée et les citernes une jonction mobile pouvant être posée, employée et déposée en une nuit. On adopta à cet effet une manche de pompiers de 500m de long avec raccord facile et solide pour jonctionner la manche en toile et l’extrémité de la conduite en fonte.

Le 18 avril, on put commencer par ce procédé le remplissage des citernes. La caponnière de gorge et le pont levis complètement détruit le 12 juillet 1916. Plusieurs fois depuis, les citernes se fissurèrent. Après réparation, on peut © BDIC Fonds des albums Valois - facilement les remplir avec la manche en toile. Département de la Meuse La manche servait une fois par semaine pour la consommation courante du fort.

Bombardements du mois d’avril

Le bombardement par projectiles de 420 recommença le 3 avril, vers 14 heures. Le fort reçut 18 coups ; 4 d’entre eux firent des dégâts assez importants dans les parties bétonnées ; c’est ainsi que le projectile n°16 tomba sur la dalle en béton de 1m50 d’épaisseur recouvrant le coffre de contrescarpe nord. Cette dalle fut percée à sa partie supérieure, comme à l’emporte-pièce, par le projectile qui éclata en traversant les couches inférieures de la dalle. Par l’effet de son souffle, le mur de façade, en béton armé de 1m d’épaisseur, fut nettement détaché de la dalle supérieure et des murs voisins et prit un surplomb accusé sur le fossé diamant. La porte en fer qui permettait la communication avec le fossé fut projetée contre l’escarpe du fossé nord à près de 80 mètres du coffre. Le canon revolver qui était dans le coffre fut détruit ; le canon de 12 culasse voisin fut violemment projeté contre les murs latéraux. Le coffre est néanmoins resté en partie utilisable.

Plusieurs projectiles de 420 tombèrent dans les réseaux au sud du fort et 2 au moins dans le fossé sud (N°17 et 17’).Ces projectiles creusèrent dans le roc calcaire assez compact formant au fond du fossé à cet endroit des entonnoirs de 6 à 8 m de diamètre et le désagrégèrent sur une profondeur de 3m.

Le projectile tombé au point 18 près de la communication bétonnée aboutissant au coffre sud-est, fit tomber les piédroits dont les débris obstruèrent le passage.

Un autre (N°19) tomba sur la partie sud de l’abri de combat de la tourelle de 75 ; la dalle de 1m50 en béton armé qui recouvrait l’étage supérieur de l’abri fut nettement perforée ; le projectile a dû éclater après avoir traversé la dalle. Son souffle fut tellement violent que le mur ouest du local fut déplacé parallèlement à lui-même de 0.20 et que la dalle de 0m30 en béton armé qui sert de plancher à l’étage fut complétement détruite ; le béton fut complétement réduit en poussière. On constata d’ailleurs, comme dans tous les autres forts, que sous l’action des projectiles, les fers de l’armature n’étaient plus reliés les uns aux autres et que leurs extrémités retournées pour former des crochets, étaient brisées ou ouvertes.

Outre ces dégâts matériels, ce projectile fit malheureusement des victimes. Des canonniers étaient réfugiés au rez-de-chaussée de l’abri : 5 furent tués, 3 furent blessés, dont un fort grièvement, mourut peu après. Tous avaient été plus ou moins brûlés par l’effet de la flamme ou des gaz à haute température provenant de l’explosion.

Un autre coup malheureux est celui tombé au point 20, sur la dalle en béton armé, de 1m25 d’épaisseur, recouvrant la communication sud du fort. Il l’a traversé de part en part et est venu éclater à l’intérieur de la communication. Par l’effet de cette explosion, 5 hommes qui s’y trouvaient vers l’extrémité ouest furent tués ; l’un deux fut projeté à la gorge du fort, à travers des masques en sacs de terre qui furent démolis, les 4 autres furent projetés dans l’escalier aboutissant à la chambre 37 du sous-sol, furent carbonisés par les flammes ou les gaz de l’explosion et retrouvés complétement nus ; le cadavre de l’un deux fut même relevé au pied de cet escalier dans la chambre 37.

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En même temps, le souffle avait arraché de ses gonds et plié en deux la porte en tôle de la gaine conduisant à la casemate de Bourges, avait, de même arraché de ses gonds et projeté à plus de 9m, la porte de la chambre 37, puis, bouleversant tout dans cette chambre, était remonté au rez-de-chaussée par la cage de l’escalier opposé. Malgré la longueur du trajet (70m environ), 7 coudes successifs dont 5 à angle droit, plusieurs communications ouvertes avec l’extérieur par des portes et fenêtres, ce souffle s’est fait sentir encore vigoureusement dans le couloir central et dans la pièce 20 où des portes ont été enfoncées et des hommes bousculés. Quatre ou cinq hommes avaient été blessés dans la chambre 37 et projetés contre la cloison du fond, et l’un deux qui n’avait pu se sauver à temps, fut asphyxié par les gaz de l’explosion.

Les gaz provenant de l’éclatement des divers projectiles pénétrèrent dans les locaux du casernement et causèrent au personnel qui s’y trouvait des troubles cérébraux et des phénomènes d’asphyxie.

Tout d’abord, la violence des explosions, les vibrations intenses qui se faisaient sentir dans tout le fort, accompagnées d’importants dégagement de gaz délétères, amenèrent chez certains des désordres cérébraux qui se traduisirent par des cas de folie passagère d’une durée variant entre 6 et 48 heures. Tel fut le cas du médecin du fort. Celui-ci qui se prodiguait auprès des blessés, partit tout à coup, les yeux vagues, s’asseoir au dehors et à une certaine distance du fort ; il déraisonnait, ne reconnaissait plus personne et dû être conduit le lendemain à l’ambulance voisine. Le Capitaine Commandant la Compagnie d’infanterie et plusieurs hommes éprouvèrent des troubles semblables.

A côté de ces troubles cérébraux, se placèrent des cas d’asphyxie nettement caractérisés. Les uns paraissaient dus surtout à l’influence de l’oxyde de carbone ; les hommes tombaient à terre en râlant, les uns sur les autres. D’autres étaient prostrés. Les yeux hagards, étrangers à tout ce qui se passait. Le Capitaine Harispe, Commandant l’ouvrage, dont l’énergie e le sang-froid empêchèrent la démoralisation de la garnison, fit porter ces intoxiqués à la gorge du fort, où deux d’entre eux moururent, malgré les tractions de la langue.

D’autres cas d’intoxications paraissaient dues surtout à l’acide carbonique et furent observés parmi les hommes ayant coopéré au sauvetage des victimes, ces soldats ressentaient des maux de tête accompagnés de faiblesses générales et étaient incapables de fournir le moindre effort.

Le lendemain, le médecin Chef de service de la 68° Division constatait que chez certains hommes subsistaient encore des phénomènes d’asphyxie et de commotion, caractérisés par de la céphalée, de la dyspnée, des vomissements, des vertiges, des sensations de courbature musculaire, etc…

A la suite de ce bombardement, le Général Commandant la Division proposa de ne laisser au fort qu’une garnison réduite (artilleurs nécessaires, ainsi que pendant le jour ½ section d’infanterie et pendant la nuit un peloton) le reste se tenant dans des abris en dehors du fort.

Les bombardements, avec des projectiles de calibres variant entre 105 et 210, continuèrent à peu près journellement. Le 20 avril, le fort reçut 280 projectiles de 210 et 280 qui bouleversèrent les terrassements et les réseaux, mais n’ajoutèrent aucun dégât à ceux déjà occasionnés aux galeries ; le 25, 55 obus de 420 tombèrent sur le fort, de 9 à 15h. Le réglage avait été au préalable exécuté avec des projectiles de 210 allongés produisant une grosse colonne de fumée noire.

Dès le premier obus, le fort fut évacué ; restèrent seuls au fort le Commandant, le médecin, quelques infirmiers et 3 ou 4 officiers ou sous-officiers observateurs.

Les principaux dégâts constatés le 25 avril sont les suivants :

Au point 21, un projectile de 420 tombe sur l’arête supérieure de l’abri de rempart accolé à la tourelle de mitrailleuses sud, en l’encornant fortement.

Au point 22, un autre projectile tombe sur le débouché sud dans la rue du rempart du casernement bétonné. Il déchausse le piédroit est, le repousse vers l’intérieur de la communication et incurve légèrement le dessous de la dalle.

Au point 23, un autre projectile traverse la dalle de la communication bétonnée allant au coffre double ; cette dalle en béton armé de 1m25 d’épaisseur, est percée suivant un trou formant un angle de 70° avec l’horizon. L’obus pénètre ensuite au rez-de -chaussée de l’abri de rempart où il semble avoir explosé. La dalle de 0.25 d’épaisseur qui sépare les 2 étages de l’abri a été soufflée par-dessous et il s’y est produit un trou de très grandes dimensions.

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D’autres obus sont tombés au point 24 et aux environs de l’entrée de la tourelle de 75 ; sous l’action du souffle de ces divers projectiles, les travaux commencés dans la galerie centrale pour rétablir le passage détruit le 12 mars sont bouleversés ; la tourelle de 75 s’est mise d’elle-même en batterie, elle parait en bon état et après une visite minutieuse, elle peut reprendre son tir la nuit suivant à 1h30.

Le projectile tombé au point 25 sur la communication bétonnée reliant les deux tourelles a crevé la dalle de 1m50 en béton armé et a détruit les piédroits. Des blocs de béton, dont quelques-uns mesurent plus d’un demi mètre cube, ont chassés vers la tourelle de 155 en obstruant le passage.

L’obus tombé au point 26 a suivi un trajet analogue à celui tombé le 8 mars au point 10, et, comme lui, n’a pas éclaté.

L’obus tombé au point 27 a suivi sensiblement le même trajet, mais a éclaté à l’intérieur de la chambre 8, en démolissant la voûte de cette chambre et celle de la chambre voisine.

Enfin le projectile 28, tombant sur l’avant cuirasse en béton de la tourelle de 155R, l’a dérasée suivant un entonnoir de 1m de profondeur.

Un voussoir de la tourelle fut cassé en 3 morceaux (un premier voussoir avait été cassé le 8 mars). Deux de ces morceaux restèrent scellés, mais le 3°, du poids de 5T, vint s’appuyer sur la tourelle en paralysant ses mouvements. On put la remettre en place et la maintenir au moyen d’un calage. Quelques jours après, la tourelle pouvait fonctionner à nouveau ; cependant sa protection contre les obus des très gros calibres avait bien diminué, par suite de la rupture de ces deux voussoirs.

Aussi le service des cuirassements de l’Armée attira-t-il à ce propos l’attention sur l’intérêt qu’il y aurait à ne faire tirer la tourelle qu’en d’absolue nécessité.

Jusqu’ici, elle n’avait guère été ménagée, du 5 au 24 avril, elle avait tiré 903 obus sur les mêmes objectifs qu’en mars. La tourelle de 75, avait, elle aussi, tiré pendant la période du 1° au 25 avril, 3973 obus.

Les désidératas relatifs aux tirs des tourelles furent pris en considération ; d’ailleurs la nouvelle consigne du fort, en date du 25 avril, ne prévoyait de tirs qu’en cas d’attaque de la 1° position.

Création de galeries souterraines

Il avait été constaté à nouveau, lors du bombardement par obus de 420 du 25 avril, que lorsqu’un de ces projectiles éclate dans une galerie ou à proximité de casemates, les gaz délétères se répandent partout et incommodent fortement la garnison. Au 29° Corps, le 25 avril, tous les locaux du fort étaient envahis par les gaz délétères.

Aussi le 26 avril, le Général Commandant le Corps d’Armée décida-t-il que « dans le cas de stabilisation, lorsque le fort de Moulainville sera bombardé par des pièces allemandes de gros calibres (380 ou 420) le Commandant du fort fera évacuer complétement l’ouvrage par la garnison de sureté (fixe et temporaire) qui sera maintenue dans des abris établis à proximité ».

Cette solution ne pouvait être que provisoire. Aussi songea-t-il à créer des logements souterrains, profondément enfoncés dans le sol, communiquant avec les logements bétonnés actuels et avec les principaux organes du fort. Le projet approuvé le 7 mai, comportait la construction de galeries de mine en grande galerie, dont le ciel était au moins à 9 mètres au-dessous du terrain vierge ou à 5 mètres au-dessous du sol des locaux bétonnés du temps de guerre, lesquels sont eux-mêmes en sous-sol. Il fut mis immédiatement à exécution, tout d’abord en employant des perforatrices à main, puis des perforatrices et des treuils électriques au commencement de juin, dès que deux groupes électrogènes eurent été amenés au fort. Le 14 juillet, le réseau des galeries était déjà fort avancé et était relié à la tourelle de 155R.

Bien que les galeries fussent enterrées profondément dans le sol il fut constaté, lors des bombardements exécutés au mois de juin par des projectiles de 420, que les gaz délétères provenant de l’explosion de ces obus, gagnaient par les fissures du sol les galeries souterraines ; il est en effet à remarquer que ces projectiles sont à fusée retardée et explosent sous terre à plusieurs mètres de profondeur. Pour remédier à l’action de ces gaz, on établit des courants d’air dans les galeries en faisant déboucher ces dernières à l’extérieur par deux ouvertures éloignées et à des niveaux différents. Cette disposition pourrait présenter des inconvénients en cas de bombardements de ces ouvertures par obus spéciaux ; aussi a-t-on été amené à envisager leur fermeture rapide et, comme ces obus éclatent sur le sol ou un très faible profondeur, il est à présumer que les gaz ne pourront pas pénétrer dans les galeries, il serait cependant désirable de créer, dans ces galeries, un abri complétement isolé dans lequel on pourrait entretenir une surpression et qui servirait de refuge en cas de bombardement par les gaz.

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La façade des casernements bouleversés le 13 juillet 1916. Une casemate du temps de paix après un bombardement © BDIC Fonds des albums Valois - Département de la Meuse avec des obus de 305 le 13 juillet 1916. © BDIC Fonds des albums Valois - Département de la Meuse Continuation des bombardements

Les canons sous cuirasse du fort devant, d’après les consignes, tirer en cas d’attaque de la 1° ligne, le Général Commandant le Groupement fit tirer la tourelle de 155R sur le ravin de la Fausse Côte et les lisières du bois de la Plume les 22,23 et 24 mai. 242 obus furent lancés sur ces objectifs.

A la suite de ces tirs, le fort fut soumis à un bombardement violent de gros obus torpilles et d’obus de 210 allongés et à fort charge ; un de ces projectiles tomba le 24 mai sur la tourelle de 155R ; des débris de béton furent projetés entre la partie cylindrique mobile et l’avant-cuirasse en coinçant la tourelle ; en outre, le morceau de voussoir qui avait été remis en place le 25 avril, vint à nouveau s’appuyer sur la tourelle et en empêcher le fonctionnement ; de plus, quelques pièces furent faussées et une tige fut cassée. On recala à nouveau le morceau de voussoir, on répara les autres dégradations et la tourelle put fonctionner convenablement le 29 mai, après 5 jours d’indisponibilité.

Bien qu’un télégramme de l’Armée en date du 31 mai prescrivit de ne faire tirer la tourelle que sur l’ordre du Général Cdt l’Armée, les événements qui se passaient autour du fort de Vaux nécessitèrent l’intervention des canons sous cuirasse du fort de Moulainville ; La tourelle de 155R tira 931 coups en 16 jours, pendant le mois de juin avec un maximum de 173 par jour, sur les ravins de Vaux, de la Fausse Côte, les pentes du fort de Vaux, puis sur le fort lui-même lorsqu’il fut pris par l’ennemi ; celle de 75, du 8 au 15 juin, tira 596 projectiles sur la station d’Eix et la route d’Abaucourt, Moranville, Blanzée.

Les bombardements du mois de mai augmentèrent le bouleversement des terrassements et les destructions de maçonneries. Le 29 mai, deux obus de 305 (point 29) tombèrent à l’entrée du couloir central, renversant les masques en chicane et détériorant le béton.

Le 2 juin, de 13h40 à 17h50, 26 obus de 420 furent encore lancés sur le fort, ainsi qu’une cinquantaine de projectiles de 210. La plupart des projectiles tombèrent dans les réseaux en dehors du fort. Cependant un obus de 420 tomba dans le fossé nord près du coffre de contrescarpe (point 30) et un éclat vint détériorer le canon révolver. L’entonnoir formé par ce projectile avait environ 6m de diamètre, sa profondeur était d’environ 2m50.

Le fort fut soumis le 19 juin à un tir très violent d’obus de 21cm allongés lancés par une batterie d’obusiers placée vers le bois de Montricelle ; on compta environ 60 de ces projectiles qui firent des dégâts assez considérables sur les terrassements et crevèrent quelques voûtes des locaux du temps de paix.

Le 21 juin, tous les abords du fort furent bombardés avec des obus lacrymogènes ; presque tous les hommes de la garnison éprouvèrent des picotements aux yeux.

Le 23 juin, au moment de la grande attaque allemande déclenchée du bois Nawé à la Laufée, l’artillerie ennemie essaya d’annihiler l’action du fort en y envoyant 54 obus de 420 et 24 de 210. Le bombardement dura de 5 heures à 16 heures. Les projectiles de 420, venant des environs des jumelles d’Ormes, se succédaient de 10 en 10 minutes environ.

L’un d’entre eux, vers 9 heures, traversa sous un angle voisin de 70° le talus est du terrassement situé à la partie centrale du fort, détruisit le mur du fond de la citerne 38 qui était en maçonnerie de moellons de 1m50 d’épaisseur et vint éclater vers le milieu de la citerne, détruisant sur toute sa moitié est le plancher la séparant du local 19 situé au-dessus (point n°31).

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Le médecin auxiliaire Bournade et un maréchal des Logis qui se trouvaient à proximité et qui voulaient se rendre compte de l’effet du projectile, ne virent pas le trou creusé dans le plancher du local 19 et tombèrent dans la citerne. La présence des gaz provenant de l’explosion rendit le sauvetage des plus périlleux ; un des sauveteurs fut asphyxié ; tous les autres furent fortement incommodés et l’on ne put retirer à temps le médecin auxiliaire qui mourut des suites de l’intoxication par l’oxyde de carbone.

Un autre projectile, tombant à proximité de la communication aboutissant àla tourelle de mitrailleuses nord (N°32) défonça le piédroit et obstrua la communication.

Un autre (N°33) tombé un peu à l’est de tourelle de 155R déchaussa complétement l’avant–cuirasse, en formant dans le béton un entonnoir de 6 à 8 m de diamètre et 1m environ de profondeur.

Les autres obus tombèrent dans les remblais ou explosèrent dans les locaux du temps de paix, dont la plupart des façades furent démolies.

Pendant le bombardement, la garnison se réfugia dans les galeries souterraines et n’y ressentit aucune vibration sérieuse. C’est sans doute pour cette raison qu’aucun cas de troubles cérébraux ne fut constaté ce jour-là. Cependant, vers 11 heures, les galeries est-ouest furent envahies par les gaz délétères provenant de l’explosion, et, comme beaucoup d’hommes étaient fortement incommodés ; le Commandant du fort envoya la garnison dans les boyaux et abris aux environs du fort. Il est à remarquer que 33 hommes qui se trouvaient dans une galerie perpendiculaire n’ont ressenti aucun malaise.

Ce fut à la suite de ce bombardement que l’on établit un courant d’air dans les galeries.

Après le 23 juin, le bombardement par obus de gros calibre (210,280) continua chaque jour, le 26, un projectile de 210 allongé tombant au point 25 exactement à l’endroit où un obus de 420 avait crevé le 25 avril la communication entre les tourelles à canon, détruisit les travaux exécutés pour remettre le passage en état ; un autre tomba dans le trou d’une voûte de casemate crevée entièrement dans la partie nord du fort, et, éclatant sur un tas de décombres, blessa un homme de la garnison.

Le 6 juillet, des obus lacrymogènes furent lancés sur le fort ; quelques-uns éclatant près de la porte d’entrée et incommodant fortement la garnison.

Lors de la préparation de l’attaque allemande qui se déclencha le 12 juillet dans la région de la Laufée, le fort de Moulainville fut violemment pris à partie par l’artillerie ennemie ; le 10 juillet, il reçut 35 obus de 210 allongés et 10 obus de 305. A partie de 23h15 et pendant presque toute la nuit, de très nombreux obus lacrymogènes de petit calibre (77 ou 105) furent lancés sur le fort ; la garnison fut assez fortement incommodée. Ce ne fut que le 11 vers 8 heures du matin que les gaz se dissipèrent.

Le 11, dès 6h ½, un bombardement violent par projectiles de 305 fut dirigé sur le fort ; 43 obus furent lancés de 6h ½ à 8h ½ et de 9h25 à 14h17. Le local n°1 (bureau du gardien de batterie) qui n’était pas bétonné, fut complétement détruit par un de ces obus (point n°34). La violence du choc fut telle que la chambre 24 du casernement bétonné qui servait d’infirmerie et qui se trouva presque au-dessous fut fortement ébranlée. Sa voûte de 2m d’épaisseur en béton de ciment ordinaire, résista dans de très bonnes conditions.

Dans les derniers jours du mois de juillet, le fort reçut un certain nombre d’obus suffocants et asphyxiants.

Le 30 juillet, de 17 à 18 heures, une trentaine de ces obus tombèrent sur la partie nord du fort ; quelques hommes seulement furent très légèrement incommodés. Un seul homme, qui avait mal mis son masque, dut être évacué. A 19 heures, il ne restait plus aucune trace de gaz.

Le lendemain 31 juillet, d’autres obus asphyxiants furent lancés sur le fort vers 20 heures sans aucun résultat.

Le 1er août à partir de 5 heures, le tir recommença, toujours sans effet. Il fut suivi à 10h ½ d’un tir d’obus allongés de 210, puis de 14h à 15h ½ d’un tir de 15 obus de 305 et de 420. Toute la garnison se réfugia dans les galeries souterraines où elle ne subit aucune commotion et ne fut nullement incommodée.

Le bombardement continua chaque jour, mais il prit une grande ampleur le 21 août, où, de 12h à 16h ½ puis de 18h à 18h40 le fort reçut 46 obus que le Commandant du fort jugea être du 305, mais qui, en raison des dimensions des culots retrouvés, doivent être, au moins en partie, du calibre de 420.

Dès le premier coup, la garnison se réfugia à nouveau dans les galeries souterraines où elle se trouva en parfaite sécurité et ne ressentit aucune fatigue pendant les 4 heures ½ consécutives qu’elle y passa. Il n’y eut aucune perte de personnel.

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A la suite de ce bombardement, les voûtes des locaux non bétonnés du temps de paix qui étaient encore débout, s’effondrèrent (points 35,36), les communications allant aux tourelles de mitrailleuses furent obstruées par les débrisde piédroits démolis par les obus tombant vers les points 37 et 38, les projectiles tombés en 39 et 40 obstruèrent à nouveau les communications allant vers la tourelle de 75 et celle reliant les 2 tourelles ; enfin plusieurs obus tombèrent sur la tourelle de 155R et aux environs, et en particulier l’un deux tombé au point 41 sur la partie de béton que l’on refaisait autour de la tourelle, amena, encore une fois, le déplacement de la partie du voussoir brisé le 5 avril et entraîna l’immobilité de la tourelle.

La réparation fut entreprise aussitôt et le voussoir brisé remis en place. On constata que la tourelle avait été légèrement ovalisée par les chocs successifs de plusieurs obus et que, pour lui permettre de tourner, il y avait lieu de limer un peu certains segments en bronze du guidage. Il y eut aussi à revoir le manchon à rotule et l’anneau obturateur. Le 7 septembre au soir, la pièce de 155 était remontée et en état de tirer. On avait, entre temps, changé les tubes du canon de 155 et des 2 canons de 75 des tourelles qui commençaient à s’user : chacun d’eux avait tiré en effet plus de 5500 coups.

La tourelle de 155 avait d’ailleurs tiré en juillet 575 coups et en août 913 sur le fort de Vaux ou ses abords et celle de 75, en juillet, 798 coups et en août, 910 sur le même objectif.

Cette dernière tourelle ne tira plus que les 4,5 et 6 septembre sur le fort de Vaux et ses abords (752 coups) ; la tourelle de 155R ne tira que le 4 septembre 24 coups seulement sur la gorge du fort de Vaux.

La veille de ce dernier tir ( 3 septembre) le fort de Moulainville avait reçu de 6 à 7 heures 6 nouveaux obus de 420 qui n’occasionnèrent de dégâts qu’aux terrassements. Le 20 septembre, il fut encore soumis à un bombardement d’obus de très gros calibre lancés par un obusier et dont les effets paraissaient moins considérables que ceux du 420 ; cependant la comparaison des culots permit de connaître que l’on avait bien affaire à un projectile de 420. De 15h ½ à 19h ½, 30 de ces obus furent envoyés sur le fort.

L’un deux tomba en 42 tout contre l’observatoire de la tourelle de 75 ; la cloche en acier fut déchaussée mais resta intacte ; un autre tombé en 43 sur la gaine centrale éclata à l’intérieur de la voûte en béton de ciment de 2m d’épaisseur en la crevant. Enfin bien qu’aucun coup ne paraisse avoir éclaté à proximité des citernes, les vibrations les fissurèrent, l’eau disparut complétement en deux jours. On répara ces citernes avec du coulis de ciment et, de même qu’après les précédents bombardements, on répara aussitôt les divers dégâts occasionnés au fort.

Dès le premier obus, toute la garnison se rendit dans les galeries souterraines où aucun incident ne se produisit et où la ventilation se maintint constamment excellente.

Ce fut le dernier bombardement important de l’ouvrage.

Le fort de Moulainville reçut bien encore un nombre considérable d’obus, mais leur calibre et leur nombre diminuèrent de mois en mois ; c’est ainsi qu’en décembre 1916, en janvier et février 1917, il reçut mensuellement de 150 à 175 obus, en mars 1917 une soixantaine et à partir d’avril une quarantaine seulement par mois, dont la grande majorité n’était plus que du 105. Quelle différence avec mars, avril, juin juillet et août 1916, où, chaque mois, le fort recevait de 1000 à 1500 coups, la plupart, des calibres les plus gros. Obus tombés sur le fort et tirés par les tourelles

On peut évaluer le nombre d’obus tombés sur le fort de Moulainville jusqu’au 31 octobre 1917, à environ 9500, répartis comme suit : 330 obus de 420, reçut sur le fort en 10 ou 12 bombardements 770 obus de 305, 280 ou 210 allongés 4700 obus de 210, 150 et 130 2600 obus de 105 1100 obus de petits calibres, obus lacrymogènes ou suffocants, représentant une valeur de 5 millions. Les tourelles du fort ont, jusqu’au 6 septembre 1916 tiré : Celle de 155 R - environ 5800 coups Celle de 75 - environ 11800 coups Elles n’ont pas tiré depuis le 6 septembre 1916. Vue aérienne du fort de Moulainville fin 1916. © Lionel PRACHT Le petit Fortiff’Séré 81

Etat du fort après les bombardements

Les terrassements sont bouleversés. Les parapets d’infanterie n’existent plus, sauf cependant les parapets en béton installés vers le sud du fort, qui ont, en général résisté ; le béton des divers organes a été mis à nu en nombre d’endroits. D’assez nombreuses brèches existent dans les fossés. Ceux-ci cependant ne sont pas en général en trop mauvais état, sauf le fossé allant du coffre double au coffre simple de gauche ; les flanquements sont encore possibles et l’obstacle a encore une certaine valeur. Les réseaux ont été très abîmés au nord et à l’est du fort ; il en existe encore des parties utilisables au sud et au nord de la gorge. L’examen des points d’impact des obus de gros calibres montre que l’ennemi avait surtout pour but de détruire les tourelles et les observatoires du fort. C’est ainsi que la tourelle de 155R fut atteinte 5 fois dans son béton ; celui-ci a été fissuré ; il s’y est formé des trous dont les plus importants ont 1m environ de profondeur, mais il a bien tenu dans son ensemble. La calotte de la tourelle présente des traces d’assez nombreux chocs d’obus, qui se traduisent par des éraflures de 10 à 20 millimètres de profondeur ; elle a toujours parfaitement résisté. Deux voussoirs de l’avant cuirasse ont cassés, plusieurs pièces faussées, mais la tourelle a toujours pu recommencer sont ri au bout de très peu de temps. Elle est actuellement en très bon état et pourrait tirer régulièrement sur tout objectif qui lui serait indiqué. La tourelle de 75 n’a pas reçu de coups de 420 directs, mais il en est tombé un assez grand nombre autour d’elle ; sa calotte porte les traces de plusieurs chocs de projectiles, constituées aussi par des éraflures de faible profondeur. Plusieurs obus des très gros calibres ont crevé des galeries bétonnées dans son voisinage ; le souffle a à chaque fois tout bouleversé à l’intérieur ; une fois même il a mis la tourelle en position de tir. Les dégâts n’ont jamais été importants et la tourelle a toujours pu tirer sans interruption. Les tourelles de mitrailleuses n’ont pas été atteintes par des très gros projectiles ; elles ont été cependant soumises à leur souffle qui n’y a fait que des dégâts promptement réparables. Elles sont en parfait état de fonctionnement. Les 4 observatoires cuirassés du fort, portent sur leurs cloches les traces de plusieurs obus. Celui de la tourelle de 75 a eu son béton déchaussé par un projectile de très gros calibre ; de nombreux obus ont éclaté tout à côté des autres et en particulier de celui de la tourelle de 155R, placé dans le couloir bétonné central ; malgré cela, tous sont en excellent état. La guérite observatoire placée au N.O. du fort a été projetée à une certaine distance, elle n’est cependant pas encore hors d’usage. Il est d’ailleurs à remarquer que les guérites de ce modèle n’ont été construites que pour résister aux éclats. Les communications bétonnées importantes ont toutes été crevées plusieurs fois ; la communication centrale 3 fois, la communication entre les deux tourelles 4 fois, la communication allant à la tourelle de mitrailleuse de gauche et au coffre N.E. 4 fois, celle allant à la tourelle de mitrailleuses de droite et au coffre S.E. 2 fois. Toutes ce communications ont été rétablies aussitôt avec des châssis de galerie de mine ; le délai nécessaire pour ces réparations a varié d’une à 3 semaines. Mais ces réparations laissent les communications à la merci du moindre obus, même de calibre moyen, car, pour plusieurs d’entre elles, les explosions des projectiles ont enlevé la terre protégeant le ciel ou les parois. Aussi, en cas de bombardement peuvent elle être considérées comme inutilisables et même dangereuses, car elles peuvent canaliser vers les locaux habités les gaz nocifs provenant des obus explosant dans le voisinage de leurs parties détruites. Quoi qu’il en soit, le fort, à l’heure actuelle, est encore en état pour jouer le rôle pour lequel il a été construit ; ses fossés sont flanqués, ses tourelles et ses observatoires sont en état, et la défense rapprochée peut se faire non seulement au moyen des tourelles de mitrailleuses, mais encore avec l’infanterie qui, en attendant la réfection complète des parapets peut occuper les trous d’obus de la superstructure ou les restants de parapets encore debout.

La façade du casernement du côté droit le 13 juillet 1916. L’entrée du fort le 13 juillet 1916. © BDIC Fonds des albums Valois - Département de la Meuse © BDIC Fonds des albums Valois - Département de la Meuse Le petit Fortiff’Séré 82

Travaux exécutés dans le fort

Outre les travaux de remise en état du fort après chaque bombardement important, des galeries souterraines ont été créées dans les conditions indiquées ci-dessus. Ces galeries communiquent avec le casernement bétonné et avec tous les organes du fort. Dans les alvéoles ou galeries adjacentes sont installés le poste de Commandement, l’infirmerie, la chambre des moteurs, une cuisine, des magasins, des logements.

L’achèvement des galeries permet de se passer des communications bétonnées faites en temps de paix et qui, étant un peu près inutilisables, peuvent être bouchées là où elles ne servent pas. La caponnière de gorge et l’entrée du fort le 12 septembre 1917. Le système de galeries communiquera avec l’extérieur, aux abords du © BDIC Fonds des albums Valois - Département de 1er abri de combat bétonné situé entre les ouvrages de Moulainville et la Meuse de Déramé, au moyen d’un tunnel d’environ 590 m de long, fait en grande galerie de mine, ayant, au-dessus du ciel, une protection de 10 à 12 mètres de roc. Bien que ce tunnel d’accès ne soit pas encore terminé, un escalier placé dans un puits d’évacuation des terres, permet d’en sortir à 170 mètres du fort.

Enfin, le réseau de fils de fer entourant le fort a été remis en état, de façon à mettre à l’abri d’un coup de main l’ouvrage de Moulainville, qui se trouve qu’à 1500m des premières troupes françaises. Jusqu’à fin 1918, les issues et les entrées du fort se voient équipées de chicanes en maçonnerie ou en béton, armées de mitrailleuses et de goulottes lance grenades.

Le fort est en partie réparé et des blockhaus de défense rapprochée sont aménagés sur la gorge de l’ouvrage. Ils sont, comme toutes les parties de combat, reliés à un réseau de galeries de 17 d’une longueur de 2070 mètres qui sera creusé sous l’ouvrage et qui rejoint l’abri de combat MD1. Le fort est électrifié pour l’éclairage et la ventilation des locaux grâce àdes groupes électrogènes. Un projet, daté du 17 août 1916, prévoyait d’y installer 6 casemates Pamart autour du fort.

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En 1922, les massifs protecteurs des engins cuirassés sont en très mauvais état. La superstructure est complètement bouleversée, le béton du casernement est fissuré et les locaux sont très humides. L’accès aux organes de combat ne peut se faire que par les galeries de mine dont les bois sont en très mauvais état de conservation par manque de ventilation.

Etat des bétons des organes de combat en 1922:

Tourelle de 155R07

Extérieur : La calotte du massif protecteur est complètement décapée sur une hauteur moyenne de 0.50m. Les fers de cette calotte sont apparents sur 4 m² environ. Le béton du contour du massif est dénudé, les fers sont apparents sur presque toute la circonférence extérieure. Les terres ont disparues ou sont bouleversées Le béton de la collerette est décapé. Le blocage n’existe plus. Des fissures existent sur la partie ouest du massif. Intérieur : Le béton de cette tourelle présente de nombreuses fissures en tous sens dans la chambre intermédiaire, dans la chambre de tir, dans les fosses des contrepoids et dans le trou d’homme. La fosse des contrepoids est noyée. Cette tourelle fonctionne encore, mais la maçonnerie de béton est à refaire complètement.

Observatoire cuirassé de droite de la tourelle de 155R

Extérieur : Béton désagrégé sur presque tout le pourtour du massif protecteur, démoli sur 4 m environ. Fers apparents. Sur la calotte, béton décapé sur 0.50 m de hauteur et sur 1/2 de la surface, fers apparents dénudés sur 3 m². Le blocage subsiste seulement sur le côté nord. Il est complètement nu sur 1 m de hauteur Intérieur : de nombreuses fissures Cette observatoire doit avoir son massif protecteur remis complètement en état.

Tourelles de mitrailleuses de droite et observatoire cuirassé de droite

Extérieur : Complètement intact ou remis en état Intérieur : Idem Tourelles de mitrailleuses de gauche

Extérieur : La calotte du massif protecteur est décapée et fissurée fortement dans la partie sud. Les fers ne sont cependant pas apparents sur ces fissures. Le béton de la partie est du massif est démoli sur une longueur d’environ 7 m. Les fers sont apparents sur 4 m environ et 1 m de hauteur Intérieur : L’état du béton ne laisse pas deviner de fissure

Observatoire cuirassé de gauche

Extérieur : Le béton est en bon état, il semble avoir été réparé au cours des hostilités. Intérieur : En bon état. Les terres qui entouraient le massif de la tourelle de mitrailleuses de gauche et son observatoire ont été bouleversées et ont disparues. Il n’est pas possible de déterminer, même approximativement, l’importance des travaux à exécuter pour remettre en état cette tourelle et son observatoire, en raison de l’incertitude qui règne autour de l’étendue des fissures apparentesàla surface extérieure, mais non apparentes à l’intérieur. Casemate de Bourges

Pas d’info sur la casemate de Bourges en 1922.

Tourelle de 75 R05 et son observatoire cuirassé

Extérieur : Calotte complètement dénudée. Fers apparents sur le pourtour du massif protecteur de la tourelle ( 7m environ). Nombreuses fissures. Intérieur : Le béton paraît intact en apparence. Les bois du puits d’accès depuis le réseau de 17 sont pourris. Il y a danger d’accéder à cette tourelle. Il n’est pas possible de déterminer, même approximativement, l’importance des travaux à exécuter pour remettre en état cette tourelle et son observatoire, en raison de l’incertitude qui règne autour de l’étendue des fissures apparentesàla surface extérieure, mais non apparentes à l’intérieur. Le petit Fortiff’Séré 84

Photo allemande de la tourelle de 75 pendant la Seconde L’entrée du fort le 11 janvier 1916 Guerre Mondiale. © Collection Lionel PRACHT © BDIC Fonds des albums Valois - Département de la Meuse

Ce fort a prouvé avec certains autres ouvrages de la place que la fortification moderne est un excellent moyen de défense quand elle est utilisée dans les conditions auxquelles elle était prévue.

De 1930 à 1933, une grande partie du réseau de 17 sera bétonné pour ne pas fragiliser la superstructure de l’ouvrage en cas d’effondrement de ces galeries et pour permettre l’accès aux différents blocs de combat. Les collerettes des engins cuirassés seront réparées et remises en état.

En 1933, un mortier Batignolles de flanquement des fossés sera testé et installé dans le coffre simple du coté droit du fort.

Pendant la Seconde Guerre Mondiale, la casemate de Bourges sera incendiée par des munitions qui y étaient entreposées, le fort sera en partie ferraillé sous l’organisation Todd, mais les cuirassements ne seront pas démantelés.

Aujourd’hui, le fort est toujours propriété de l’armée, sa gestion est confiée au conservatoire d’espèces naturelles de Lorraine pour la protection des chauves souris qui a complètement fermé l’ouvrage. Son accès est interdit et très dangereux.

Pour en savoir plus, rendez-vous sur la page : http://fortiffsere.fr/verdun/index_fichiers/Page11430.htm

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Agenda prévisionnel 2017 des manifestations de l’association

Avril 2017 :

 Samedi 8 avril 2017 de 9h à 18h : Journée de travaux au fort de la Grande Haye

 Dimanche 9 avril 2017 : Inauguration du fort complètement déboisé et première visite guidée de l’année à 15h

 Weekend du 15 et 17 avril 2017 : Sortie sur Belfort

 Samedi 15 avril 2017 : Ouvrage des Fougerais et fort de Bessoncourt

 Dimanche 16 avril 2017 : Fort de Roppe et ses extérieurs

 Lundi 17 avril 2017 : Fort du Mont Vaudois et ses extérieurs

Mai 2017 :

 Samedi 13 mai 2017 de 10h à 12h : Assemblée Générale de l’association Fortiff’Séré

 Samedi 13 mai 2017 de 14h à 18h : Après midi travaux au fort de la Grande Haye

 Dimanche 14 mai 2017 : Visite guidée du fort de la Grande Haye à 15h

Juin 2017 :

 Samedi 10 juin 2017 de 9h à 18h : Journée de travaux au fort de la Grande Haye

 Dimanche 11 juin 2017 : Visite guidée du fort de la Grande Haye à 15h

 Dimanche 18 juin 2017 : Début de l’exposition Séré de Rivières réalisées par l’association Fortiff’Séré au fort de Peigney à Langres (fin de l’exposition début septembre 2017)

Juillet 2017 :

 Samedi 8 juillet 2017 de 9h à 18h : Journée de travaux au fort de la Grande Haye

 Dimanche 9 juillet 2017 : Visite guidée du fort de la Grande Haye à 15h

Août 2017 :

 Samedi 12 août 2017 de 9h à 18h : Journée de travaux au fort de la Grande Haye

 Dimanche 13 août 2017 : Visite guidée du fort de la Grande Haye à 15h

Septembre 2017 :

 Samedi 9 septembre 2017 de 9h à 18h : Journée de travaux au fort de la Grande Haye

 Dimanche 10 septembre 2017 : Visite guidée du fort de la Grande Haye à 15h

 Journées du patrimoine 16 et 17 septembre 2017 : Exposition et visites guidées au fort de Villeras à Paris organisées en collaboration avec la ville de Saclay et la DGA.

Octobre 2017 :

 Weekend du 14 et 15 octobre 2017 : Sortie sur Langres

Pour en savoir plus, rendez-vous sur la page : http://www.fortiffsere.fr/index_fichiers/Page1044.htm

Attention, les dates pour les sorties à Langres et Belfort seront confirmées lorsque l’organisation de ces dernières sera finalisée.

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Devenir membre de Fortiff’Séré L’association Séré de Rivières

Vous êtes un particulier, une association, une entreprise ou une collectivité intéressé par ce système de défense, n’hésitez pas à adhérer pour nous soutenir dans notre action et participez ainsi à la mise en valeur de ce patrimoine militaire.

Afin de répondre au besoin de chacun, nous vous proposons deux types d’adhésion :

Adhérer en tant que membre adhérent Vous souhaitez nous soutenir mais vous n’avez pas de temps libre, votre adhésion en tant que membre adhérent permet de faire évoluer financièrement l’association pour se développer dans ses différentes activités. Vous serez informés de l’évolution de l’association et invités à plusieurs reprises dans l’année à participer à des sorties de découvertes réservées uniquement aux membres. L’accès au fort de la Grande Haye sera gratuit pour vous et votre famille proche.

Devenir membre actif En plus de votre adhésion, vous souhaitez participer à la vie de l’association dans ses différentes activités au fort de la Grande Haye ou dans différents endroits en France. Nous nous adaptons à l’éloignement de nos membres qui veulent participer aux différentes manifestations en les prévenant à l’avance. Nous avons besoin de personnes manuelles (déboisement, entretien des espaces verts, menuiserie, électricité, maçonnerie et autres) pour les différents travaux au fort de la Grande Haye et de personnes qui peuvent accueillir du public lors des différentes manifestations (guides, serre-fils ou autres).

Pour nous rejoindre, deux possibilités s’offrent à vous, soit remplir le bulletin d’adhésion que vous trouverez à la fin du journal « le petit Fortiff'Séré », à renvoyer avec votre règlement par chèque au siège de l’association, soit remplir en ligne votre bulletin d’adhésion via la page devenir membre http://www.fortiffsere.fr/index_fichiers/Page10331.htm en cliquant sur le lien « Bulletin d’adhésion 2017 », puis régler par virement votre adhésion ou bien nous envoyer le règlement par chèque au siège de l’association.

Mode de paiement :

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Date d’effet et durée

La présente adhésion prend effet lors de l’encaissement de la cotisation pour l'année civile en cours. L’adhésion n’est pas re- conduite de manière tacite.

Droit d’accès aux informations personnelles

Toutes les informations communiquées à l'association par le biais de ce formulaire sont strictement confidentielles et serviront uniquement à des fins de gestion.

Elles ne seront jamais transmises à un tiers.

Chaque adhérent peut également demander la correction ou l’effacement des données le concernant dès qu’il souhaite ne pas renouveler son adhésion.

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Bulletin d’adhésion annuelle 2017 Fortiff’Séré – L’association Séré de Rivières

Nom* : ...... Prénom* : ...... Date de naissance : ...... Adresse* : ...... Code postal* : ...... Ville* : ...... Téléphone fixe : ...... Téléphone portable : ...... Courriel* : ......

(*Obligatoire)

Cotisations

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10€ pour une personne seule 18€ pour un couple Nom et prénom de la personne accompagnante* : ...... 20€ pour une personne morale (association, entreprise,…) Nom et prénom représentant la personne morale * : ...... Dons somme : ………………………………………………………………………………………………………………………….. Cocher la case correspondant à votre qualité en tant que membre

1er membre : membre adhérent (1) membre actif (1)

2ème membre : membre adhérent (1) membre actif (1)

(*Obligatoire)

(1) L’état de membre actif est reconnu et prononcé sur décision du conseil d’administration qui fait part de sa décision lors de l’envoi du reçu d’adhésion.

Signature et date :

Le petit Fortiff’Séré 88