LE PETIT FORTIFF’SERE Le petit journal annuel de Fortiff’Séré L’association Séré de Rivières

N°2 Février 2018

Le problème du tir de nuit

Par Jean Pierre ZEDET

Cuirassements en Cochinchine Par Jean-Jacques MOULINS

I beg you pardon, you said Fortifications ? Par Eric BARDOCHAN

L’électricité dans les fortifications Séré de Rivières Par Cédric VAUBOURG

Le Petit Fortiff’Séré n°1

Le mot du Président

Chères adhérentes, chers adhérents,

En ce début d’année, je tenais à vous souhaiter une bonne et heureuse année 2018. Je vous remercie pour le soutien que vous portez à l’association car vos adhésions et vos dons permettent de réaliser depuis 2014 de grands projets pour promouvoir ce patrimoine. Cette année, le Petit Fortiff'Séré a un bon mois de retard, car je souhaitais vous faire partager la finalisation de certains projets de l’association et la rédaction d’un article sur l’électrification des forts Séré de Rivières qui m’a pris plus de deuxmois de rédaction. Cette dernière partie me tenait personnellement à cœur, car elle a été très peu traitée auparavant par les passionnés de fortification. De plus, pour bien coller avec cette rubrique, l’un des principaux chantiers de l’association pour cette année est d’électrifier le fort de la Grande Haye afin d’accueillir plus facilement les différents visiteurs. Revenons en 2017, avec une année bien chargée pour l’association. Nous avons réalisé une nouvelle exposition pour le Conseil départemental des Alpes-Maritimes sur les fortifications Séré de Rivières et des panneaux explicatifs pour le fort du Mont-Bart. Nous avons aussi participé à des manifestations organisées en collaboration avec la Direction Générale de l’armement (DGA), la ville de Saclay et les associations du fort de la Crèche et du fort de Peigney. Au fort de la Grande Haye, comme vous pourrez le voir dans la suite du journal, l’ouvrage a bien changé. Il a été mis en valeur grâce à une petite équipe de bénévoles très motivée qui a travaillé en 2017 pas moins de 2600 heures. Nous avons ouvert le fort pour plus de 700 visiteurs et nous travaillons en collaboration avec d’autres associations afin de faire vivre ce patrimoine lors des journées du patrimoine Golbéen et de futures manifestations à venir. L’année 2018 sera une année riche en activité avec en projet la vente d’une exposition à la DGA ainsi que deux manifestations en juin à Corcieux dans les Vosges et en novembre à Meroux sur le territoire de . Au fort, le projet de souscription pour la restauration de la façade en maçonnerie de moellons auprès de la Fondationdu Patrimoine est sur le point d’être lancé et les travaux d’électrification et de sécurisation vont s’étaler sur toute l’année. Grâce aux professeurs et aux élèves du Lycée Professionnel de Somme Suippe, qui réalisent actuellement 17 cheminées en tôle et 4 volets blindés, les dessus du casernement bétonné et les embrasures des caponnières du fort devraient retrouver leurs éléments métalliques disparus il y a plus de 70 ans. Enfin, nous sommes en ce moment à l’étude d’une nouvelle manifestation avec la collaboration de la commune d’Uxegney pour réaliser un trail pour la fin du Centenaire de la Grande Guerre qui passerait à travers les forts de la Grande Haye, de Bois l’Abbé et d’Uxegney. Si vous avez du temps libre, nous avons toujours besoin d’aide pour les travaux et l’organisation des manifestations, n’hésitez pas à consulter l’agenda des manifestations. Enfin, je vous invite le 31 mars 2018 pour l’assemblée générale de l’association afin de partager un moment tous ensembles. En vous remerciant pour votre soutien, je vous souhaite une bonne année et une très bonne lecture du petit Fortiff'Séré. Je remercie toutes les personnes qui ont participés à la vie de l’association et à la réalisation de ce journal.

Un canon de 95 sur affût de campagne

Le Petit Fortiff’Séré n°2

Agenda prévisionnel de l’année 2018

31 mars - Assemblée générale de l’association au fort de la Grande Haye à 14h30. 31 mars, 1er et 2 avril - Visite des forts des Adelphes, de Razimont et de la Mouche. 31 mai - Visite du fort de la Grande Haye pour les élèves du Lycée de Somme Suippe. Samedi 9 juin - Journée d’entretien estivale au fort de la Grande Haye. Dimanche 10 juin - Première ouverture de l’année du fort de la Grande Haye. Vendredi 22 Juin - Conférence à Corcieux sur les fortifications Séré de Rivières et exposition. Samedi 23 juin - Animations pour les enfants au Fort de la Grande Haye en collaboration avec la ville de Golbey. 14, 15 et 29 juillet - Ouverture au public du fort de la Grande Haye. 15 et 18 août - Ouverture au public du fort de la Grande Haye. 15 et 16 Septembre - Journées du Patrimoine au fort de la Drête. 22 Septembre - Préparation du fort pour les journées du patrimoine Golbéen. 29 et 30 Septembre - Journées du Patrimoine Golbéen et repas au fort le 30 septembre. Octobre 2017 - Sortie avec les membres. 11 Novembre - Visites du fort dans le cadre du Centenaire de la Grande Guerre. 18 Novembre - Conférence sur les fortifications Séré de Rivières à Meroux.

Si vous avez des idées de manifestation pour les années à venir, n’hésitez pas à nous les communiquer. D’autres manifestions peuvent se rajouter dans l’année, nous ne manquerons pas de vous en informer.

Le fort de Peigney à Langres (VAUBOURG Julie)

Le Petit Fortiff’Séré n°3

Sommaire I. Actualités de l’association en 2017 et projets pour 2018 par Julie VAUBOURG page 5 II. Actualités 2017 et projets 2018 au fort de la Grande Haye par Julie VAUBOURG page 6 III. Réalisation des cheminées du casernement bétonné et des plaques de blindage des embrasures des caponnières pour le fort de la Grande Haye par Cédric VAUBOURG page 10

IV. Le problème du tir de nuit dans les fortifications Séré de Rivières

par Jean-Pierre ZEDET page 12 V. L’électricité dans les fortifications Séré de Rivières par Cédric VAUBOURG page 22 VI. Le fort de Querqueville et son armement par Jean-Jacques MOULINS page 41 VII. Les fortifications Séré de Rivières et la Généalogie par Daniel Louis

page 51 Unsoldat au fort d’Arches Coll. Lionel PRACHT VIII. Les fortifications du plateau de la Justice de la Place Forte d’Epinal par Cédric VAUBOURG page 56 IX. La disparition des canons en bronze dans les forts Séré de Rivières par Jean Pierre ZEDET page 60 X. I beg you pardon, you said Fortifications ? par Eric BARDOCHAN Fortiff’Séré - Association Séré de page 64 Rivières XI. Cuirassements en Cochinchine Siège social : 2 rue Pierre Mendès par Jean-Jacques MOULINS - Appartement 912 88190 GOLBEY page 70 Tél : 06-35-79-44-19 XII. Devenir membre de Fortiff’Séré– L’association Séré de Rivières E - mail : [email protected] page 81 Site internet : http:// XIII. Bulletin d’adhésion 2018 www.fortiffsere.fr/index_fichiers/ page 82 Page1044.htm XIV. Erratum sur le Petit Fortiff’Séré n°1 Toute reproduction, même partielle du journal est interdite sans Page 83 autorisation de l’association et de ses auteurs

Le Petit Fortiff’Séré n°4

Actualité de l’association en 2017 et projets pour 2018

Par Julie VAUBOURG

L’année 2017 pour Fortiff’Séré – l’association Séré de Rivières a encore été une année fructueuse. Vous êtes toujours aussi nombreux à soutenir les différents projets de l’association qui cette année encore a pu mettre en avant le patrimoine Séré de Rivières à travers toute la France.

Quelles sont les différentes manifestations que nous avons organisées en cette année 2017 ?

Les expositions et les conférences

L’association a débuté l’année en fanfare avec une commande par le Conseil Départemental des Alpes Maritimes pour une exposition sur les fortifications Séré de Rivières de Nice et de l’avancée de Nice. Cette dernière a été mise en place au fort de la Drette pour les journées du Patrimoine 2017. Mais, n’oublions pas l’exposition sur les fortifications Séré de Rivièresquia continué son périple à Langres au fort de Peigney de juin à septembre 2017.

Exposition et visite conférence au fort de Peigney à Langres le 18 juin 2017 (VAUBOURG Julie)

En 2016, nous avons pu récupérer un deuxième jeu de cette exposition cédée par le Groupe Casino qui en avait acheté un exemplaire pour animé une galerie marchande à Millau. Ce jeu de panneau a permis de laisser une exposition en permanence au fort de la Grande Haye et a entretemps aussi voyager au fort de la Crèche à Boulogne-Sur-Mer pour l’anniversaire des 15 ans de l’association des Amis du fort de la Crèche le 26 août 2017.

Exposition au fort de la Crêche à Boulogne-Sur-Mer le 26 août 2017 (VAUBOURG Julie)

Le Petit Fortiff’Séré n°5

Ensuite, nous nous sommes rendus dans la région parisienne au fort de Villeras, occupés par la DGA (Direction Générale de l’Armement), et exceptionnellement ouvert pendant les journées du patrimoine afin d’y réaliser des visites guidées et installer notre exposition lors d’une journée qui a accueilli pas moins de 100 visiteurs.

Visite conférence au fort de Villeras à Paris lors des journées du Patrimoine 2017 (BARDOCHAN Eric) En 2018, l’association n’a pas fini de faire parler d’elle ainsi nous sommes déjà dans le projet de réaliser les journéesdu patrimoine 2018 au fort de la Drette à Nice et d’installer l’exposition Séré de Rivières à l’ouvrage de Meroux de septembreà novembre 2018. Les sorties avec les membres

L’association a organisé trois sorties cette année pour ces membres. La première a eu lieu en avril où nous avons avec une vingtaine de membres arpentés les fortifications belfortaines. Ainsi, nous avons pu découvrir l’ouvrage des Fougerais, le fort du Vézélois, le et celui du Mont Vaudois.

Fort de Roppe le 15 avril 2017 (VAUBOURG Julie)

Ensuite, avec une petite équipe de bénévoles du fort de la Grande Haye, nous nous sommes rendus en juin à la citadelle de Verdun pour découvrir les parties fermées au public de cette immense fortification.

Pour finir l’année, nous avons organisé en octobre une sortie sur la place forte de Langres avec la découverte des forts de Peigney, du Cognelot et de la Bonnelle, trois fortifications imposantes de cette place de par leur magnifique architecture. D’autres sorties seront organisées courant de l’année 2018, programme à venir.

Dans une fortifications de Langres le 22 octobre 2017 (BARDOCHAN Eric)

Le Petit Fortiff’Séré n°6

Actualités 2017 et projets 2018 au fort de la Grande Haye

Par Julie VAUBOURG

En cette année 2017, le fort de la Grande Haye a encore fait parler de lui. Les travaux ont continué à avancer à vive allure. Les derniers arbres sont tombés en mars ce qui a permis de faire une inauguration du fort en avril pour fêter cet évènement avec les élus du secteur.

Chute du dernier arbre du fort le 4 mars 2017 Visite avec les élus le 9 avril 2017 (VAUBOURG Julie) (VAUBOURG Julie)

Maintenant que l’ouvrage est dégagé de sa végétation, les travaux de maçonnerie, sécurisation, zinguerie, menuiserie et électricité vont pouvoir avancer plus facilement. D’ailleurs, l’association, avec autorisation de l’armée et de la commune d’Uriménil, a pu récupérer dans différents ouvrages du secteur ainsi qu’aux casernes Haxo des éléments métalliques afin de commencer ces travaux. Nous avons pu récupérer des verrières provenant du fort de Razimont que nous avons mis en place sur les dessus de l’ouvrage afin de sécuriser des puits de lumière et de protéger le fort des intempéries. La façade du casernement a été rééquipée de descentes de pluie récupérées aux casernes Haxo afin d’empêcher l’eau de pluie de couler sur les façades et d’endommager la maçonnerie.

Récupération des verrières au fort de Razimont le 3 juin 2017 Installation des verrières au fort le 15 juillet 2017 (VAUBOURG Julie) (VAUBOURG Julie)

Les ouvertures du casernement de paix ont retrouvé leur système de blindage à lamelles provenant des batteries annexes des Friches. D’ailleurs, ce système de blindage est très rare et nous avons la chance au fort de la Grande Haye d’être le seul ouvrage visitable à posséder ce système.

Le Petit Fortiff’Séré n°7

Récupération des systèmes de blindage à lamelles à la Remise en place des systèmes de blindage à lamelles batterie annexe des Friches le 22 avril 2017 au fort le 13 mai 2017 (VAUBOURG Julie) (BARDOCHAN Eric)

Mais, les travaux ne s’arrêtent pas là. Nous avons continué à sécuriser le fort en mettant en place un garde-fou sur le pont d’entrée complètement dégagé de ses terres en septembre, en réparant différentes maçonneries de moellons qui commençaient à s’écrouler, en réparant des chapes de béton fissurées, en mettant en place différents regards d’égouts afin de sécuriser de façon correcte les différents puits découverts du fort, …

Remise en place d’une grille d’évacuation des eaux Sécurisation du pont avec des gardes fous le 25 mars 2017 le 25 mars 2017 (VAUBOURG Julie) (VAUBOURG Cédric)

Réparation d’une voute en maçonnerie de moellons Réparation d’une chape de béton le 27 mai 2017 (VAUBOURG Julie) le 2 septembre 2017 (VAUBOURG Cédric)

Le Petit Fortiff’Séré n°8

D’ailleurs, le dégagement des puits, nous a permis de confirmer la présence des américains au fort de la Grande Haye lors du Second Conflit Mondiale puisque nous avons découvert une Bomb Shell M49A2 dans une de nos fouilles. La bombe a été évacuée en toute sécurité par la Sécurité Civile.

Bomb Shell M49A2 retrouvé dans un des puits du fort (VAUBOURG Cédric)

Les projets de travaux sont multiples. Ainsi, nous espérons pour 2018 avoir réussi à installer l’électricité dans le fort et mis en place les différentes barrières de la maison des officiers que la ville a cédé à l’association afin de sécuriser l’ouvrage. Un autre grand projet devrait voir le jour en 2018 celui de la réfection de la façade du casernement. Grâce à la ville de Golbey et la fondation du patrimoine, une souscription va être lancée afin de récupérer des fonds pour entreprendre ces travaux. Cette souscription permettra à toute personne de faire un don afin de sauver ce patrimoine. Nous remercions vivement la commune de nous soutenir dans ce projet.

La façade aujourd’hui (VAUBOURG Cédric) Simulation avec la façade reconstruite (VAUBOURG Cédric)

En dehors des travaux, le fort a connu sa deuxième saison touristique avec une ouverture le deuxième dimanche de chaque mois d’avril à août et surtout les premières journées du patrimoine golbéen réalisées en collaboration avec la société des fêtes de Golbey et la mémoire collective. Lors de ces journées, nous avons accueilli pas moins de 230 visiteurs et 80 personnes au rata du poilu organisé le dimanche midi. En tout, cette année le fort a été foulé par environ 700 visiteurs venus de partout en France.

Visite du 14 mai 2017 (VAUBOURG Julie) Journées du patrimoine 2017 (HOUILLON Bruno)

Nous espérons continuer notre œuvre de mémoire et de restauration de cet ouvrage faisant partie intégrante du patrimoine militaire français.

Le Petit Fortiff’Séré n°9

Réalisation des cheminées du casernement bétonné et des plaques de blindage des embrasures des caponnières pour le fort de la Grande Haye

Par Cédric VAUBOURG

Pendant le Second Conflit Mondial, la grande majorité des éléments métalliques du fort seront ferraillés sous l’organisation Todt. C’est à cette période que vont disparaître la citerne métallique, les plaques de blindage des caponnières, les portes blindées de l’entrée et des casernements ainsi que les cheminées au-dessus du fort Le casernement bétonné du fort possédait 19 cheminées qui montaient à plus d’un mètre de haut. Nous avons remis provisoirement fin 2016 quelques belles cheminées d’époque que nous avons récupérées. Mais, il nous manque encore 17 cheminées pour boucher les trous dangereux sur les dessus du fort où l’eau pénètre à chaque averse.

Grâce à un membre de l’association, Maxence LASSERRE, professeur au Lycée Professionnel de Sommes Suippe, le fort va récupérer ces éléments métalliques. Ce projet pédagogique participe à la formation des élèves de 3ème technologie agricole afin de se former au travail de métallier bien utile dans une activité agricole, en utilisant différents outils et en participant ainsi à la restauration du fort. Ainsi, ils vont réaliser les cheminées et les plaques de blindage manquantes au fort.

Les premiers travaux ont commencés juste après les vacances de la Toussaint d’après des photographies des modèles que nous avons récupérés pour le fort. Les 19 cheminées ont été confectionnées en moins de 3 mois. Elles viennent d’être terminées le 9 février. Le prochain travail sera la confection des plaques de blindage pour fermer les embrasures du canon revolver et les restaurer comme elles étaient à l’origine. Ces plaques seront livrées directement par les élèves et leurs professeurs que nous aurons un grand plaisir d’accueillir au fort pour les remercier le 31 mai 2018.

Les deux premières cheminées réalisées par les élèves placées pour la photo au-dessus des latrines le 1er février 2018 VAUBOURG Cédric

Le Petit Fortiff’Séré n°10

Utilisation d’un gabarit Préparation de la mise en forme des chapeaux © Lycée Professionnel et Technique de Somme Suippe © Lycée Professionnel et Technique de Somme Suippe

Découpe des chapeaux au plasma Mise en forme des chapeaux © Lycée Professionnel et Technique de Somme Suippe © Lycée Professionnel et Technique de Somme Suippe

Mise en forme des chapeaux Les élevés devant les différents chapeaux déjà terminés © Lycée Professionnel et Technique de Somme Suippe © Lycée Professionnel et Technique de Somme Suippe

Finition à la disqueuse des Réalisation d’une bague de finition des Une première cheminée chapeaux des cheminées conduits de cheminées terminée. © Lycée Professionnel et © Lycée Professionnel et Technique de © Lycée Professionnel et Technique de Somme Suippe Somme Suippe Technique de Somme Suippe Le Petit Fortiff’Séré n°11

Le problème du tir de nuit dans les fortifications Séré de Rivières

Par Jean-Pierre ZEDET

Vers 1905 la possibilité d'attaques de nuit des forts est envisageable. Il faut donc pouvoir éclairer le fossé pour contrer toute tentative de franchissement du fossé. Le 8 mai 1907, le Ministre de la Guerre signale au Général de Division, Président du Comité technique du Génie, l'envoi de deux rapports des commissions chargées des expériences sur l'éclairage des fossés par des lanternes-phares à Verdun et Toul, suite à la dépêche du 7 septembre 1906. Il demande leur examen par une délégation des Services techniques de l'Artillerie et du Génie. Il précise que les études et expériences à poursuivre seront de la compétence du Génie. Une commission du Génie est chargée d'essais aux forts de Pont Saint-Vincent et de Villey le Sec. Elle envoie son rapport le 31 juillet. Le 21 aout 1907, le Ministre, sans préjuger de la décision définitive à venir, pense que l'on peut dès maintenant établir une note provisoire destinée à guider les services qui construisent des coffres de contrescarpe.. Le 13 septembre le Ministre confirme que les essais en cours donnent des résultats satisfaisants avec l'éclairage oxyacétylénique. Il informe le Général commandant le 6e Corps d'Armée, à Châlons sur Marne, qu'il faut donc prévoir dès maintenant l'installation des lanternes dans les coffres en construction. Si des modifications ultérieures interviennent, elles seront moins coûteuses à effectuer que si rien n'avait été prévu. On trouve une notice du 19 septembre 1907 qui confirme l'éclairage des fossés par lampes oxyacétyléniques. L'Instruction du 20 janvier 1909, complétée par la note du 23 septembre de la même année, annule cette notice et précise les modalités d'installation. Si les forts sont dotés d'une centrale électrique, la lampe oxyacétylénique sera remplacée par un projecteur électrique de même forme contenant une lampe Benard. Une deuxième annexe à l'instruction de 1909, du 25 juin 1913 définit le remplacement du bâton de chaux, sensible aux vibrations des tirs du canon de 12 Culasse, par une pastille de terres rares sur support en bronze. L'utilisation de l'acétylène était déjà réalisée en télégraphie optique pour remplacer les lampes à pétrole. La portée du faisceau est augmentée de 1,5 fois entre les deux sources lumineuses. L'électricité donne des résultats semblables à l'acétylène, mais son utilisation est plus souple et surtout moins dangereuse que le gaz qui impose de grandes précautions. Dans les héliographes de la télégraphie optique, l'utilisation de l'acétylène seul suffit pour avoirunfaisceau lumineux remplaçant avantageusement celui du pétrole. Mais pour l'éclairage des fossés sur 10 mètres de large et au moins 250 mètres de long, il faut plus d'énergie. La solution consiste à utiliser la flamme, très calorique, d'un chalumeau oxyacétylénique pour chauffer un crayon de chaux, lequel émet une lumière intense. Il est décidé que le Génie procédera à l'installation de projecteurs dans les coffres de contrescarpe et les caponnières, même non renforcées, des forts des places de première ligne. On en trouve donc dans les quatre places de l'Est et les forts de rideau, rien à Paris, Lyon, Dijon, etc.

Organisation de l'installation Le gaz acétylène est produit à partir de la réaction de l'eau sur le carbure de calcium dans un gazogène,

selon la réaction : CaC2 + 2 H2O → C2H2 + Ca(OH)2, puis

il est puis stocké dans un gazomètre. Il existait des appareils portables pour la télégraphie optique et des appareils de forteresse. On utilisera ces derniers pour l'éclairage des fossés. Le Génie utilise du matériel civil existant. Le gazogène est du type Minimus fourni par la Société Duroy, inventeur. Il ne subsiste plus grand chose dans les forts Séré de Rivières.

Voici un exemplaire récupéré au , Place de Belfort. (coll. particulière) Le Petit Fortiff’Séré n°12

Une publicité du constructeur, dans le Journal de débats politiques d'avril 1898 :

et l'illustration du gazogène présenté à l'exposition universelle de Paris 1900 (repris du Journal de Détail du gazogène Minimus de forteresse : l'acétylène) Les réservoirs sont en cuivre, les tuyaux en laiton, la cuve à carbure en fonte et les pieds en fer. C'est un appareil très peu encombrant.

Le gaz est produit en continu et son débit est réglé par le robinet d'eau. Un tube de sureté joue le rôle de joint hydraulique de sécurité en cas de surproduction, particularité du gazogène Minimus. Le gaz est ensuite envoyé au gazomètre à double cloche qui sert à le stocker et à réguler son débit.

vue rapprochée, où manque sous l'index du robinet, le disque gradué

L'oxygène est fourni en général en bouteilles (appelées tubes par le Génie) de 7000 litres sous la pression de 150 kg (unité d'époque), pesant 70 kg et mesurant 200 mm de diamètre sur 2 m de haut. Il n'y a pas de précaution particulière à adopter et la bouteille est placée verticalement dans un angle de la où se trouve la lampe. Un collier métallique la maintient pour empêcher une chute qui pourrait poser problème.

Le Petit Fortiff’Séré n°13

Quelques forts recevront des bouteilles d'oxygène de 3 m3, une pour le service courant et 9 pour celui de réserve selon l'annexe du 23 septembre 1909.

La réserve générale du fort de Bessoncourt

NB. A l'heure actuelle une bouteille d'oxygène type L50, mesure 1,60 m de haut, 230 mm de diamètre, contient 10000 litres à 150 bars, pour un poids de 70 kg. L'acétylène dissous est livré dans une bouteille similaire, à la pression de 15 bars.

L’usine à acétylène

Compte tenu des dangers lors de l'utilisation de gaz, les services du Génie prennent des précautions. Si la bouteille d'oxygène comprimé peut être placée dans la casemate au plus prés de la lampe sans gêner ni cette dernière, ni le service des pièces, il en va autrement des 2 appareils à acétylène. Un local spécifique, d'au moins 0,85 m de large, doit en être éloigné autant que faire se peut, mais pas trop. On utilise dans les forts déjà construits une niche à munitions existante, l'extrémité d'une galerie de tête de caponnière, une sortie sur le parapet d'infanterie coupée en deux, etc. De simples cloisons en brique et une porte en bois constituent alors l'usine à acétylène. Un toit la protège des infiltrations. Sur le linteau de la porte est souvent inscrite l'affectation de ce local. Au fort du Mont Vaudois, placée dans la galerie de fusillade des caponnières Ce local doit être suffisamment aéré et l'on prévoit un conduit d'évacuation du gaz en cas de surpression, si nécessaire. Dans les forts en construction on préconise un tuyau de 10 cm de diamètre. L'inconvénient de ces aménagements est le risque de gel de l'eau dans les appareils. En prévention, on ajoutera 30% de glycérine et 15% de chlorure de calcium neutre dans l'eau. Les canalisations seront entourées de paille et chiffons si risque de gel. On prévoit, à l'écart, deux locaux secs pour y stocker les réserves de tubes d'oxygène et de carbure de calcium.

Ce dernier est livré en barils métalliques étanches de 25 kg. Chaque caponnière ou coffre est doté de 5 seaux étanches (ci-contre) pour sa consommation journalière, à remplir à l'extérieur à l'abri de l'humidi- té. Le baril sera transféré en une seule fois dans les cinq seaux. On peut humidifier le carbure avec du pétrole pour le protéger de l'humi- dité de l'air. Le gaz issu de l'usine est transporté vers la lampe par des canalisations fixes en plomb, de 10 mm de diamètre et 2 mm d'épaisseur type gaz d'éclairage, terminée à chaque extrémité par un robinet cuivre à téton. Les portions horizon- tales doivent présenter une certaine pente pour éviter la condensation. Avant d'arriver à la lampe on trouve le joint hydraulique anti-retour pour protéger l'installation. Les canalisations d'arrivée au chalumeau sont en tubes métalliques flexibles ou en caoutchouc pur para (issu de l'hévéa). Si l'on trouve des traces des usines dans certains forts, le matériel a évidemment disparu. Je ne connais que trois gazogènes, tous chez des collectionneurs particuliers. Quand aux gazomètres, issus de modèles civils, aucun exemplaire d'époque ne m'est connu. Le Petit Fortiff’Séré n°14

La lanterne

Que ce soit avec le gaz ou avec l'électricité, elle se présente identiquement. On trouve une cage de section carrée en tôle d'acier de 1,0 mm d'épaisseur et de 370 mm de coté. Sa profondeur est de 350 mm. Elle comporte une porte vers l'intérieur de la casemate et est ouverte coté l'embrasure. Les tôles sont fixées sur des cornières (rivées ?) La porte arrière supporte un dispositif qui sert à la fois à maintenir un miroir en maillechort poli (distance focale 185 mm) et à le déplacer pour amener le point lumineux au foyer du miroir. Ce foyer lumineux est obtenu par une lampe à arc si le fort a l'électricité et le plus souvent par un chalumeau oxyacétylénique. Les deux portes latérales peuvent s'ouvrir pour les réglages. Elles ont toutes deux un portillon support d'une vitre noircie pour surveiller le foyer. Sur la face supérieure on trouve une poignée et un fumivore ; sur la face inférieure une plaque pour y fixer le chalumeau et le support du bâton de chaux. L'extérieur est peint en noir et l'intérieur en blanc. Restitution 3D (© Jean-Pierre ZEDET)

Lampe à arc Bénard

La lampe Bénard utilisée par le Génie, est une lampe à arc automatique du commerce, mise au point par le constructeur et vendue par Bidault concessionnaire, 11 boulevard Montmartre à Paris. Elle est adoptée suite à des expériences positives au fort de Pont Saint-Vincent.

Le plateau P1, qui comporte les bornes d'arrivée du courant A et D supporte le plateau P par l'intermédiaire de 2 tiges T. sur ce dernier plateau est fixée une carcasse en fer sur laquelle est enroulé un fil de cuivre formant bobine B. a l'intérieur, une tige en acier doux N supporte l'anode C qui peut coulisser dessus. Les tiges T1 soutiennent le plateau P2 et les tiges T2, isolées électriquement du reste de la lampe soutiennent le plateau P4. La cathode C1 est fixée sur ce plateau. Le plateau P3 peut coulisser le long des tiges T2. La borne A est reliée, via la résistance U à la bobine puis par la masse métallique de la lampe et N à l'anode. Un fil V relie T2 et la cathode. A l'admission du courant l'électro-aimant B-N fait remonter la cathode, jusque là en contact avec l'anode. Son mouvement est amorti par le piston en porcelaine I fixé par le collier M et entrant dans G. L'arc se crée. Dans le même temps le levier KH, fixé sur le collier J, pivote en O et bloque le charbon positif grâce à l'échancrure pratiquée dans le noyau N. Les électrodes ainsi écartées, un arc se crée. Si cet arc s'allonge, l'intensité dans B diminue, le champ magnétique aussi, N redescend avec l'anode libérée complètement quand le couteau H cesse son action de frein. Pour régler la lampe, on monte ou descend la tige L et on la bloque par une vis. Lorsque le charbon négatif est usé, l'extinction de la lampe est automatique. Le charbon C est alors arrêté dans sa descente par deux cliquets mobiles Q portés par la tige T1. L'arc est créé en vase clos, dans une ampoule en cristal blanc maintenue entre P3 et P4. Cette lampe peut être utilisée avec une source de courant continu, entre 75 et 80 volts et même 100 volts en jouant sur la résistance U. Au-delà de 100 V, on intercale une résistance auxiliaire. Si l'on dispose de courant alternatif, on supprime U et au-delà de 85 volts on doit utiliser une bobine de self-induction. Le Petit Fortiff’Séré n°15

La lampe Bénard fonctionne normalement sous 85 V et consomme 5 Ampères. La cage est la même qu'avec l'acétylène. Sur le plan ci-contre, on voit l'encombrement important de la lanterne équipée de la lampe à arc. Nul doute que son installation souhaitée au plus haut de la casemate pose des problèmes, mais largement compensés en terme de sécurité, de simplicité d'installation par rapport à l'éclairage oxyacétylénique. Autre avantage, les charbons ont une durée de vie supérieure au bâton de chaux, d'où des interventions moins fréquentes.

Réglage de la distance focale du réflecteur

Remplacement du bâton de chaux.

Dans l'annexe n° 2 du 25 juin 1913, il est dit que la conservation des bâtons de chaux d'une part, et surtout leur résistance aux vibrations induites par les tirs du canon de 12 Culasse ont alerté les services du Génie. Une commission d'études de ce service a été sollicitée pour vérifier ces craintes et proposer le remplacement de la chaux par des terres rares.

En conséquence, un appareillage en bronze prendra la place du bâton de chaux. Il sera placé sur le support du bâton, débarrassé du clou qui le maintient. La décision ministérielle est signée le 8 mai 1913.

La pastille de terres rares de 20 mm de diamètre et autant d'épaisseur, est composée de sels de thorium et de cérium. Je me posais la question de la couleur de ces pastilles pour la restitution 3D jointe (à l'origine en couleur). Faute de détails complémentaires sur cette composition, un correspondant (Jan Hamier, de Montréal) pense que la pastille serait réalisable en moulant de l'acétate de magnésium dopé avec le mélange de sels de thorium et de cérium, qui va cuire en une céramique dure et réfractaire, moins cassante que la chaux. La couleur probable serait blanc cassé, car les oxydes de la plupart des terre rares (et des alcalino-terreux) sont blancs, voire légèrement jaunâtres.

Après essais, la Commission conclut à la nette supériorité des pastilles concernant, la résistance aux vibrations, la facilité de conservation, la commodité d'emploi et la durée de fonctionnement. L'intensité lumineuse est équivalente. Pour l'utilisation, après avoir pincé la pastille entre les deux pinces, on appuie sur l'inférieure pour l'écarter de la flamme lors de l'allumage du chalumeau. On laisse ensuite revenir les pinces doucement sous l'action du ressort. La flamme doit se situer au 1/3 inférieur de la pastille et à 3 mm de sa face. Si un cratère se produit on fait tourner la pastille sur elle-même pour présenter une zone intacte. Pour l'extinction on éloigne la pastille.

Le Petit Fortiff’Séré n°16

Des embrasures

Dans la notice du 20 janvier 1909 sont données les dimensions intérieures, soit 25 cm x 25 cm de coté. Les cotés extérieurs ne devront pas être de plus de 40 cm chacun. L'embrasure devra se placer le plus haut possible dans la casemate. Le faisceau lumineux ne doit pas éclairer le mur ou la grille d'escarpe, et s'en situer à 0,5 à 1,00 m. il ne doit pas éclairer la crête de la contrescarpe et le chemin couvert. Le linteau et la joue coté escarpe seront placés en conséquence. Le faisceau doit par contre illuminer le fond du fossé et la contrescarpe. Le seuil et l'autre joue seront tracés dans ce but. Un volet en acier dur de 10 mm d'épaisseur minimale fermera l'embrasure hors utilisation. Il coulissera, soit verticalement, soit horizontalement dans de solides cornières. Des exemples de plus en plus rares (Razimont et Rupt)

La première annexe du 25 septembre 1909, ajoute que l'emplacement des embrasures ne doit pas gêner le service des canons (en principe le canon-revolver) et qu'on peut admettre une dérogation aux principes énoncés plus haut, si l'on est amené à des percements trop considérables dans les forts existants. Il y aurait eu des hésitations (sic) dans certaines chefferies. Dans la deuxième annexe du 25 septembre 1913 on précise le désidérata suite aux expériences de la Commission technique du Génie visant au remplacement des bâtons de chaux par des pastilles de terres rares, sujet évoqué par ailleurs.

Bien réglés, les appareils actuels permettent d'éclairer un dossé de 10 m de large sur 200 m de long. On peut atteindre 250 m, en recouvrant le linteau et la joue coté escarpe des embrasures de carrelage vernissé blanc ou en les ripolinant de même teinte. Au moment du besoin, on peindra la contrescarpe à la chaux et l'on répandra du plâtre ou de la chaux sur le fond du fossé que l'on souhaite éclairer. Pour les ouvrages à construire les cotés intérieurs passeront à 30 cm et 40 cm à l'extérieur et si le mur est plus épais, les dimensions augmenteront en proportion. On devra modifier les ouvertures existantes en conséquence. Il est nécessaire d'établir, si possible, des créneaux de surveillance aussi éloignées que l'on peut des embrasures et de munir de jumelle l'organe de flanquement. On rajoute que si le fossé est plus large, le support de la lampe sera aménagé pour son déplacement horizontal.

État du matériel entrant dans la composition d'une caponnière ou d'un coffre de contrescarpe Outillage - Service de réserve Rechanges et approvisionnements d'objets de consommation Service courant Service de réserve 2 miroirs en maillechort 1 tube d'oxygène comprimé 5 tubes d'oxygène (de 2m de haut et de 7000 l) 1 cage de lampe 3 tuyaux en caoutchouc 3 tuyaux en caoutchouc 1 chalumeau 25 kg de carbure de calcium 75 kg de carbure de calcium Éclairage (en fûts de 25 kg) (en fûts de 25 kg) oxyacétylénique 1 joint hydraulique 5 bâtons de chaux 75 bâtons de chaux (en tubes scellés) (en tubes scellés) 1 support de bâton de chaux 1 verre noir pour cage de 2 verres noirs lampe 1 appareil d'éclairage à acétylène 2 miroirs en maillechort 1 ampoule en verre clair 1 ampoule en verre clair

1 cage de lampe 5 paires de crayons de charbon 25 paires de crayons de charbon pour lampes électriques Éclairage 1 coupe-circuit de 10 ampères 0.010 kg de plomb fusible 0.050 kg de plomb fusible électrique (pour 10 ampères) (pour 10 ampères) 1 interrupteur de 10 ampères 1 verre noir pour cage de 2 verres noirs lampe 1 lampe à arc de 5 ampères Le Petit Fortiff’Séré n°17

Nota : les miroirs doivent être conservés dans un endroit sec, enveloppés de papier. S'ils sont ternis les nettoyer avec une pate genre brillant belge ou similaire.

Un exemple de projet d'installation

Dans un dossier du SHD, en date des 24 et 25 mars 1910, on trouve les plans pour la mise en place de projecteurs oxyacétyléniques au fort de La Mouche (Place d'Épinal) ; et plus particulièrement au saillant 1-4. A partir de ces documents, aimablement fournis par Julie Vaubourg que je remercie vivement, j'ai tenté une restitution 3D. Les grands plans étant difficilement photographiables en salle de lecture, je les ai retravaillés au mieux.

Plan (vue de dessus) coupe transversale

Coupe longitudinale

L'usine à acétylène est placée dans un local au coin de la casemate d'infanterie. Deux cloisons en brique et une porte en bois isolent le gazogène et le gazomètre. Le mur de façade est percé en partie haute pour laisser passer le tuyau d'évacuation du gaz en surproduction. Il a fallu percer le piédroit vers la casemate du canon-revolver pour y placer un escalier desservant l'embrasure de la lampe. On a creusé l'emplacement de la bouteille d'oxygène, maintenue par un collier métallique. Le joint hydraulique anti-retour est fixé au mur. La lampe est placée sur un plateau en chêne contre la paroi, où est percée une embrasure de 25x25 cm. Cette embrasure qui s'évase vers l'extérieur est peinte en blanc au Ripolin. Lorsque la lampe n'a pas à être utilisée, un volet métallique de 8 mm d'épaisseur coulisse et occulte l'embrasure. Au dessus de la lampe un tuyau de diamètre 10 cm en évacue les fumées.

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Restitution de l'installation au fort de La Mouche :

Glissières métalliques

Embrasure peinte Volet obturateur

Plateau en bois

2 Tés support

Avec la lampe

On peut remarquer que les cornières de fixation de la lampe, telles que sur les plans, ne sont pas au niveau des glissières hautes et basses. Il en serait de même avec un volet à translation verticale. Pas d'autres explications

NOTA. Dans la Revue du Génie de 1904 on trouve des précisions sur la lampe Benard.

"Au point de vue du rendement lumineux, ce qui semble donner la supériorité à cette lampe sur les arcs ordinaires provient surtout de ce que la lumière est émise par l'arc lui-même, au lieu d'être due à l'éclat du cratère du charbon positif, cratère plus ou moins masqué par le crayon négatif. Sous 5 A, le pouvoir éclairant est de 900 bougies, la hauteur totale des charbons de 58 mm et leur durée de vie de 75 heures. Le prix pour la version 110 V est de 75 F." La bougie de l'époque est basée, soit sur la bougie de l'Étoile (Société parisienne, sise vers la barrière de l'étoile) dont l'équivalence en candela est d'environ 1,3 ou soit sur la bougie décimale (choisie à Paris le 21 mai 1889 par le Congrès Électrique International) valant 1,0085 candela. On peut calculer approximativement l'équivalence en lumen, unité plus moderne. 900x~12=10800 lm et compte tenu de la puissance fournie 25 lm/W, à comparer à une ampoule à incandescence moderne de 60 W qui émet 1000 lm et a un rendement de 13,3 lm/W. Tous ces chiffres sont approchés, voir un bon cours de physique pour tenter une meilleure approche. Quand au rendement de l'éclairage au gaz je n'ai rien trouvé.

Retour sur le joint hydraulique.

Une visite au fort de Razimont permet de voir dans les caponnières les restes des consoles sur lesquelles étaient installés les joints hydrauliques. Plus haut un simple dessin non coté que l'on trouve sur des documents d'époque représente le joint hydraulique. Partant de ce dessin et des dimensions de la planchette, j'ai tenté une restitution de cet organe aujourd'hui disparu. Grâce à un logiciel de CAO, on le voit en réalité virtuelle. Le Petit Fortiff’Séré n°19

Le contexte.

Dans l'aileron du saillant 5 restitution 3D

Remarquons en passant la forme curieuse de l'embrasure destinée à éclairer le fossé. Pour respecter les directives concernant la façon d'éclairer escarpes et contrescarpes, comme mentionné précédemment, le Génie a non seulement incliné la gaine selon un angle judicieux, mais a cassé l'angle supérieur. Une particularité sophistiquée des caponnières de Razimont, rarement vue ailleurs. Le carrelage est plus courant.

Le joint hydraulique

Pour l'installation du joint, seule subsiste la planchette au mur, avec le verrou qui fixe l'équerre supérieure du couvercle. Les dimensions sont de 120 mm de large sur 380 mm de haut et 16 mm d'épaisseur. A partir de là, j'ai entrepris une restitutionen 3D pour faire revivre cet accessoire méconnu. La fixation inférieure ayant disparu, j'en étais réduit à des suppositions, jusqu'à ce qu'un membre de l'ARFUPE me transmette ce second cliché où l'on voit la partie inférieure. Cet exemplaire provient d'un autre fort spinalien ; il est peint en gris. A Razimont, on ne trouve pas trace de peinture. Les dimensions du joint hydraulique sont donc déduites de l'emplacement où il est placé, d'une part la ceinture métallique inférieure, dont on a les traces mesurables, d'autre part le loquet existant qui verrouille l'équerre fixée sur le couvercle du réservoir. Le diamètre fait 50 mm avec une bonne certitude et la hauteur du récipient au sommet du couvercle est estimée à 150 mm environ, 234 mm en tenant compte du carter d'arrivée du gaz. Avec le tube de remplissage on arrive à 330 mm environ.

Pour le couvercle, j'ai extrapolé à partir du croquis, en supposant qu'il est vissé sur le réservoir et que pour ce faire quatre bossages percés d'un trou cylindrique servent à le manœuvrer. Le tube de remplissage est présumé en laiton, de même que les robinets gaz et eau.

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Dimensions approchées Coupe du réservoir en eau vue de face

Si vous en rencontrez un par hasard, ces clichés vous permettront de reconnaitre cet accessoire à priori disparu.

Sources et remerciements

L'essentiel des documents consultés proviennent du SHD Vincennes. Je remercie vivement Cédric et Julie Vaubourg de me les avoir transmis. Gallica ou le site CNUM m'ont permis de connaitre le contexte de l'époque. Mes remerciements aux personnes suivantes qui m'ont aidé au mieux, Noël Bardot, Régis Berger, Jan Hamier, Patrick Lacour, Luc Malchair, Jean-Christian Pereira, Lionel Pracht, Bruno Rolle.

Dans un coffre de contrescarpe du fort de Vézelois (Coll. L. Pracht)

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L’électricité dans les fortifications Séré de Rivières

Par Cédric VAUBOURG La découverte de l’énergie électrique permet une forte évolution industrielle et technologique au 19ème siècle. Dans les fortifications Séré de Rivières, les toutes premières installations électriques sont destinées au fonctionnement des appareils de télégraphie électrique et à la mise à feu de certaines pièces d’artillerie de côte ou de pièces sous cuirassements. Rapidement, l’électricité fera son apparition dans certains ouvrages pour éclairer dans un premier temps les abords des fortifications. Pendant près de 40 ans, cette nouvelle énergie va se développer pour devenir un élément important des fortifications les plus modernes à la veille de la Grande Guerre. 1880 Les postes photo-électriques mobiles Les postes photo-électriques ambulants sont utilisés, à partir de 1880, pour l’éclairage des abords des ouvrages terrestres. Ils servent la nuit à découvrir les positions et les travaux de l’ennemi pendant la période d’investissement des fortifications. Ils permettent aussi de surveiller les différentes voies de communication ou les positions stratégiques à proximité des ouvrages. Ces postes photo-électriques ambulants se composent d’une locomobile à vapeur possédant, en fonction du modèle, une chaudière et un moteur qui entraine une dynamo pour alimenter en électricité un projecteur électrique à lampe à arc. Ces postes photo-électriques sont répartis en deux catégories :

Les grands appareils (plusieurs marques existent tels que Hermann La Chapelle, De Dion-Bouton, Sautter-Lemonnier et Cie, …) se composent souvent d’un chariot équipé d’une chaudière timbrée de 6 à 10 kg, d’un moteur de 6 à 8 chevaux (HP) et d’une dynamo pouvant fournir une intensité lumineuse de 2500 becs Carcels. Cette dernière alimente un projecteur à longue portée de calibre 60, 75 ou 90 cm de diamètre pouvant éclairer jusqu’à une distance de 5000 mètres. Ce projecteur est transporté sur un deuxième chariot lors du déplacement de l’ensemble.

Grand appareil ambulant type actuel à 2500 becs Carcels. Service historique de la défense

Les appareils secondaires sont de plus petite taille. Ils se composent souvent d’un appareil ambulant de marque Sautter Lemonnier qui possède tout le matériel nécessaire à l‘observation sur un chariot à quatre roues. Cet appareil se compose d’une chaudière Field timbrée à 6 kg et d’une machine dynamo-électrique système Gramme pouvant fournir une intensité lumineuse de 600 becs carcels. Cette dernière est commandée directement par un moteur Brotherhood à 3 cylindres de 3,5 chevaux qui tourne aussi vite que la dynamo à une vitesse de 900 tours par minute. Devant cet ensemble se trouve un projecteur, posé sur un chariot pour le transport, que l’on déplace à bras d’hommes à 50 ou 100 mètres de la locomobile. Ce projecteur de calibre 40 cm de diamètre à miroir Mangin permet d’éclairer en fonction des lentilles jusqu’à une Appareil secondaire ambulant MM distance de 3000 mètres. Le poids de l’ensemble est de 2 tonnes. Il peut être Sautter Lemonnier modèle 1884 à déplacé avec deux chevaux. 600 becs Carcels Ces appareils photo-électriques sont relativement compliqués à utiliser, car ils nécessitent d’être dans les mains de personnels qualifiés et formés à leur emploi. Jusqu’en 1900, ils étaient souvent gérés par les services du Génie, mais après cette date, ils passeront dans les mains du service de l’Artillerie qui possède un plus grand nombre de personnel qualifié disponible. Les générateurs mobiles sont relativement encombrants, lorsqu’ils sont affectés dans un ouvrage, ils peuvent être placés à l’intérieur du fort à l’abri des bombardements, dans une casemate aménagée en usine électrique. Depuis cette usine, les câbles sont attachés dans des galeries ou passent dans des canalisations souterraines vers plusieurs prises qui servent à placer le projecteur en fonction des besoins. Ce type d’aménagement sera réalisé dès 1885 aux forts de Pont-Saint-Vincent et de Manonviller dans la trouée de Charmes. Le Petit Fortiff’Séré n°22

En 1902, lors de la réorganisation du fort de Pont-Saint-Vincent, la salle des machines fut déplacée dans une casemate à l’épreuve, près de la caponnière simple du saillant 3. Depuis cette casemate partent des câbles électriques qui alimentent 8 prises dont la plus éloignée est à 1250 mètres du générateur. La dynamo de la machine produit 25 ampères à 60 volts à une vitesse de 1150 tours à la minute. Elle fournit 35 volts à la prise la plus éloignée, après une perte de charge de 25 volts. Sur les différentes prises, on connecte un projecteur à main d’un calibre 40 cm de diamètre pouvant être placé pour l’éclairage des abords du fort, mais aussi pour l’éclairage des fossés. Chacune des prises est munie d’un système de sonnerie. Elles peuvent être connectées à un téléphone qui permet de communiquer avec le chauffeur depuis le tableau de distribution du générateur, afin de lui indiquer quel circuit il doit alimenter en fonction de l’emplacement du projecteur. Le fort de Manonviller, près de Lunéville, sera aussi équipé d’une installation similaire, destinée uniquement à l’éclairage des abords du fort et à l’observation de la voie ferrée Paris-Avrincourt. La génératrice de ce fort sera aussi utilisée, après 1905, pour le fonctionnement de certains ventilateurs et pour l’éclairage des tourelles. Après 1900, les postes photo-électriques non affectés à un ouvrage seront souvent remplacés par des appareils ambulants équipés de moteurs à pétrole plus rapides et plus maniables à utiliser. Dans certains ouvrages, ces postes mobiles seront remplacés par des installations fixes, plus modernes et mieux adaptés aux bombardements. Un projecteur de calibre 60 sur son socle. Service historique de la défense Inventaire du matériel mobile photo-électrique dans les places de défense terrestre en 1900

ouvrages dotés Nature du mo- Mise Places d’appareils Nature et calibre Type de Rôle des teur et de la dy- en Observations fortes photo des projecteurs l’appareil projecteurs namo service électriques Paris Fort du 3 Machines Mobiles Machines à vapeur Instruction Appareils en Mont-Valérien comprenant chaudière Dion sur les très bon état chacune 1 Bouton - équipages de projecteur Mangin Trepardoux photo- fonctionne- de 75 ou de 60 cm Turbine Laval électriques de ment de Ø. Dynamo l’artillerie à Force 2500 becs Compound pied Constructeur système Sautter-Lemonnier Manchester de la et Cie Paris maison Bréquet Montmédy Citadelle de 1 Machine Mobile Appareil Eclairage des 02/1885 En très bon Montmédy comprenant 1 secondaire Sautter- glacis et des état de fonc- projecteur Mangin Lemonnier Force abords tionnement. de 40 cm de Ø. 600 becs Longwy Corps de place 1 Machine Mobile Appareil Eclairage des 1887 Le moteur a comprenant 1 secondaire Sautter- glacis et des besoin d’être projecteur Mangin Lemonnier abords réparé. de 40 cm de Ø. Force 600 becs Verdun 2 grands appareils Mobiles Machines à vapeur 1881 munis chacun de 2 Moteur et projecteurs Mangin Brotherhood 1883 l’un de 60 et l’autre Force 7 HP Chaudières et de 80 cm de Ø à Chaudières Dion moteurs en 2500 becs. Bouton - bon état Aucun ouvrage Constructeur Trepardoux conservé dans de la place n’est Sautter-Lemonnier de 10 kg et Sautter Aucun rôle les locaux du spécialement et Cie Paris -Lemonnier de 6kg n’est affecté à service de doté d’appareil Dynamos Gramme ces appareils l’artillerie photo-électrique Les 2 appareils Mobiles Appareils 1883 et projecteurs n° comprennent secondaires 1884 268 et 262 ont chacun 1 projecteur Sautter-Lemonnier le miroir cassé. Mangin de 40 cm de Force 600 becs Ø.

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ouvrages dotés Nature du Mise Places d’appareils Nature et calibre Type de Rôle des moteur et de la en Observations fortes photo des projecteurs l’appareil projecteurs dynamo service électriques Toul Fort Saint-Michel Projecteur Bréguet à Mobile Machine à vapeur Eclairage du 1900 Neuf fonctionne miroir parabolique secteur Nord- très bien Dynamo Gramme à de 90cm de Ø Est inducteur intensité 100 Manchester ampères à 48 volts. Turbine de Laval Atelier de Atelier de construction du construction du Puteaux modèle Puteaux 1897 Fort de Lucey Identique au fort Mobile Identique au fort Eclairage du 1900 Doit arriver en Saint Michel Saint Michel secteur Nord- fin d’année.

Est

Fort d’Ecrouves Machine Mobile Appareil secon- Eclairage des 1884 La Machine du comprenant 1 daire Sautter- glacis du fort fort d’Ecrouves projecteur Mangin Lemonnier est en de 40 cm de Ø. réparation chez Sautter-Harlé. Force 600 becs Fort de Villey-le- Machine Mobile Appareil secon- Eclairage des La machine de Sec comprenant 1 daire Sautter- glacis du fort Villey le Sec projecteur Mangin Lemonnier possède un de 40 cm de Ø. mauvais rendement et Force 600 becs doit être réparée Langres Aucun ouvrage Un appareil grand Mobile Machine à vapeur 1881 Les appareils de la place n’est modèle automobile système n’ont pas été spécialement muni de 2 Compound mis en marche doté d’appareil projecteurs Mangin depuis 2 ans Chaudière Sautter- photo-électrique de 80 cm et de 60 Lemonnier cm de Ø à 2500 becs. Dynamo Gramme Défense de la 1er et 6ème 2 appareils munis Mobiles Appareils 1889 En bon état de place secteur de la d’un projecteur secondaires fonctionnement place Mangin de 40 cm de Sautter-Lemonnier mais la Ø à 600 becs. équipés chacun puissance des d’un moteur à machines turbine de Laval semble trop faible pour le moteur Belfort Machine n°1 Demi - fixe Machine à vapeur comprend 2 Brotherhood Chau- projecteurs Mangin dière Field l’un de 75 et l’autre Dynamo Gramme de 80 cm de Ø. Force 4000 becs Constructeur Sautter Appareils -Lemonnier et Cie conservés dans Aucun ouvrage Paris le magasin de de la place n’est Machine n°2 Demi - fixe Machine à vapeur Aucun rôle l’artillerie du spécialement comprend 2 Brotherhood n’est affecté à corps de place. doté d’appareil projecteurs Mangin Chaudière Field ces appareils En mauvais état de 80 cm de Ø. photo-électrique Dynamo Gramme de fonctionne- Constructeur Sautter Force 2500 becs ment, à -Lemonnier remplacer. Machines n°3 et n°4 Mobiles Appareils secon- comprennent daires Sautter- chacune 1 projecteur Lemonnier Force Mangin de 600 becs 40 cm de Ø.

Le Petit Fortiff’Séré n°24

ouvrages dotés Nature du Mise Places d’appareils Nature et calibre Type de Rôle des moteur et de la en Observations fortes photo des projecteurs l’appareil projecteurs dynamo service électriques Besançon Un appareil com- prend 3 projecteurs Machines à vapeur Mangin l’un de 75 et Moteur Brother- 2 autres de 60 cm de hood Aucun ouvrage Demi-fixe Ø à 2500 becs. Chaudières Field et de la place n’est Eclairage des Appareils en Trepardoux spécialement Constructeur Sautter abords des très bon état de doté d’appareil -Lemonnier et Cie Dynamos Gramme ouvrages fonctionnement photo-électrique Paris Un appareil muni Appareil secon- d’un projecteur Mobile daire Sautter- Mangin de 40 cm de Lemonnier Ø à 600 becs.

Certaines places fortes comme Lyon, Maubeuge, Dijon, Nice, Briançon et Albertville ne possèdent plus d’appareil photo-électrique en 1900, mais elles en ont été équipées auparavant.

1887 Les chantiers de renforcement En 1886, la crise de l’obus torpille rendra indispensable l’utilisation de l’électricité pour éclairer la nuit les différents chantiers de bétonnage, car il fallait couler le béton en une seule fois pour éviter de former différentes couches qui pourraient se séparer lors du bombardement. Cette énergie était produite grâce à une locomobile sur roues couplée avec une dynamo pour alimenter plusieurs lampes à arc système Gramme capables d’éclairer sur un rayon de 50 mètres.

1888 Les premiers forts électrifiés À la fin des chantiers de renforcement des ouvrages, la locomobile de chantier appartenant à l’entrepreneur était retirée, sauf en 1888, au fort du Bourdiau à Maubeuge, où elle est conservée à l’intérieur du fort dans une salle aménagée en usine électrique qui assurait l’éclairage des locaux souterrains. En 1889, le fort d’Arches, près d’Épinal, est équipé d’une machine à vapeur demi-fixe fournie par MM Chaligny et Cie, Ingénieurs mécaniciens à Paris. Elle se compose d’une chaudière tubulaire timbrée à 7 kg ayant une surface de chauffe de 16,10 m² pouvant vaporiser 400 kg d’eau à l’heure. La chaudière est montée sur un support et un cendrier en fonte, surmontée d’un dôme de vapeur avec une cheminée de 3,5 m de hauteur. Elle est munie d’un injecteur de secours et d’une pompe Worthington. Cette chaudière actionne un moteur Pilon compound de 15 chevaux et une dynamo Gramme Lemonnier type Dupleix à 4 pôles, donnant une rotation de 350 tours à la minute, 150 ampères à 75 volts ou 100 ampères à 90 volts. La consommation de cette machine est de 10 à 12 m³ d’eau et de 400 kg de houille maigre par jour. Machine à vapeur demi-fixe compound de MM. Elle n’est donc utilisée qu’en temps de guerre et une vingtaine d’heures par mois en temps de paix. Cette machine est placée dans une usine électrique aménagée dans les locaux à l’entrée du fort. Elle est utilisée dans un premier temps pour l’éclairage du chantier de renforcement de l’ouvrage puis pour le fonctionnement des monte-charges du magasin sous-roc et l’éclairage de certains locaux souterrains. En 1902, l’usine électrique approvisionne :  1 monte-charge Sautter-Harlé de 1750 watts sous 70 volts pour le transport des munitions entre le fort et le magasin sous roc.  1 monte-charge Edoux de 1400 watts sous 70 volts pour le transport des munitions entre le fort et le magasin sous roc.  2 ventilateurs aspirants système Genests-Herscher de 0.3 m³ de 195 watts chacun sous 65 volts pour les latrines et cuisine de la caserne bétonnée de gorge.  2 ventilateurs soufflants système Genests-Herscher de 0.4 m³ de 520 watts chacun sous 65 volts pour les chambrées de la caserne bétonnée de gorge  47 lampes à incandescence de 20 bougies ( 9 dans l’usine électrique, 2 dans la galerie transverse, 7 dans la descente au coffre du saillant 2, 8 dans la descente au coffre du saillant 4, 1 dans le carré des officiers, 1 dans le dortoir des officiers, 2 dans l’abri de rempart et le poste otique, 1 dans la communication entre le corps de garde et la caserne bétonnée et 16 dans la caserne bétonnée).

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En 1907, cette machine est juste assez puissante pour alimenter en énergie une tourelle à éclipse pour projecteur à arc de 90 cm de diamètre destiné à l’observation de nuit. Lorsque le projecteur est utilisé, seuls les ventilateurs de la caserne bétonnée sont alimentés en électricité. Cette machine sera retirée en 1913 lors de l’électrification complète du fort. Vers 1891-1893, le fort Saint-Michel reçoit une machine à vapeur d’un modèle inconnu placée dans un abri sous-roc à côté du magasin central en contrebas dans la montée du fort. Elle permettait d’alimenter en électricité en temps de guerre le projecteur de l’observatoire à lunette et 174 lampes à 10 bougies réparties dans le réduit, le magasin central, le magasin de secteur, la tourelle et l’observatoire. Ce dernier destiné à l’observation de nuit est le premier projecteur cuirassé français. Il se composait d’une tourelle à éclipse système Buissière possédant un projecteur électrique fixe qui renvoyait la lumière dans la tourelle vers l’extérieur grâce à des lentilles réflecteurs. Ce projecteur cuirassé ne donnera pas de résultat concluant et ne sera pas produit à d’autres exemplaires, car l’embrasure du cuirassement laissant passer la lumière était trop petite. Après cette expérience, on mettra au point des phares cuirassés appelés aussi tourelles de projecteur qui seront plus performantes, car elles sont équipées d’un projecteur mobile de 90 cm de diamètre que l’on pouvait sortir pour éclairer une position ou rentrer dans une tourelle pour le mettre à l’abri des bombardements. En 1905, la machine à vapeur du Saint-Michel est remplacée par une usine électrique placée dans le fort et équipée de moteurs à pétrole. L’ancienne machine à vapeur est démontée lors de la modification de cette usine sous-roc en entrepôt frigorifique de siège pour le stockage de la viande de la place de Toul. Ces fortifications seront les premières fortifications terrestres françaises à bénéficier de l’électricité en apportant un confort dans ces ouvrages et en améliorant la défense des abords. L’électrification permet d’économiser de la main-d’œuvre pour le fonctionnement des pompes, des treuils et des ventilateurs. Elle améliore aussi la qualité de l’air des locaux souterrains qui pouvaient être viciés par l’éclairage à pétrole. En 1890, le moyen le plus fiable de produire du courant est la machine à vapeur. L’inconvénient de cette solution est la forte consommation d’eau, précieuse pour la garnison, et la production d’une fumée noire visible par l’ennemi qui pourrait localiser l’emplacement de l’usine électrique. C’est pourquoi ce type d’installation ne sera pas généralisé dans d’autres ouvrages terrestres. Les postes photo-électriques fixes A la fin du 19ème siècle, la mise au point de moteurs à pétrole plus fiables participe au développement de l’énergie électrique. Elle sera installée en premier dans un grand nombre d’ouvrages du littoral pour la défense des côtes, afin de surveiller les points ou les passages stratégiques et de diriger le tir des batteries côtières grâce à des postes photo-électriques fixes. En 1902, un inventaire décrit que ces postes se composent d’une usine électrique placée dans un bâtiment le plus souvent à l’épreuve, masqué à la vue de l’ennemi. L’usine alimente un ou plusieurs projecteurs à longue portée, éloignés d’une distance de 400m et placés sur des positions aménagées ou dans des de projecteur. Un projecteur de 90 Sautter-Harlé au poste photo-électrique des Dunes à Bizerte vers 1913. En bas à gauche, la prise de branchement du projecteur. © Lionel PRACHT La salle des machines est de préférence équipée de moteurs à vapeur si la consommation en eau douce ne présente pas de difficulté ou de moteurs à pétrole si la consommation en eau doit être limitée. Elle est toujours pourvue d’un réservoir d’eau ou d’une canalisation destinée au fonctionnement de la machine à vapeur ou au refroidissement des moteurs à pétrole. Les dynamos sont actionnées par les moteurs au moyen de courroies sauf pour le moteur à pétrole Sautter-Harlé qui actionne directement une dynamo qui lui fait corps. Cet appareil combiné prend le nom de dynamo-pétrole. Un groupe électrogène à vapeur dans l’usine d’un des postes photo-électriques à Bizerte vers 1913. ©Lionel PRACHT.

Les bornes des dynamos sont reliées à un tableau de distribution. Si le projecteur est commandé à distance, ces tableaux sont reliés au poste de combat puis au poste de commande par des câbles permanents ou amovibles. Dans le cas où le projecteur n’est pas pourvu d’une commande à distance, il est directement relié au poste de combat. Dans les postes photo-électriques à pétrole, le magasin à pétrole alimente directement les réservoirs des moteurs, grâce à une pompe à main rotative. Le moteur à pétrole horizontal du poste photo-électrique de la Chapelle des Grecs en Corse. ©Jean-Philippe GUICHARD

Le Petit Fortiff’Séré n°26

Matériel des postes photo-électriques des ouvrages du littoral en 1902.

Désignation des Nom des construc- Type des appa- Caractéristiques divers appareils teurs reils

Weyher-Richemond Mi-fixe Horizontal à échappement libre Moteurs à vapeur Chaligny Mi-fixe Horizontal Compound à condensation

Le Gnome Vertical Niel Horizontal Moteurs à pétrole Sautter-Harlé Vertical Deux cylindres accouplés avec dynamo Merlin Horizontal Charon Horizontal

Sautter-Harlé Type AB ou B Dynamos Bréguet Type D ou E Société d’éclairage Type LB

Projecteurs Sautter-Harlé Sphérique De 60 ; 90 ; 120; 150 cm de Ø Bréguet Parabolique De 60 et 90 cm de Ø

Sautter-Harlé Mixte Horizontale Lampes Bréguet Mixte Horizontale

1897-1908 Les premières fortifications terrestres électrifiées avec des moteurs à pétrole

L’évolution des moteurs à pétrole et leur utilisation dans les postes photo-électriques des ouvrages côtiers permettent de faciliter les projets d’installation de l’énergie électrique dans les fortifications terrestres. Dans ces ouvrages, le premier moteur à pétrole est installé au fort du Coudon à Toulon en 1897 afin d’alimenter en l’électricité la lampe de l’appareil de télégraphie optique, qui assure la communication avec le fort du Mont Chauve d’Aspremont à Nice à 120 km. Le moteur à pétrole actionnait une dynamo type Manchester. En 1900, le fort du Replaton, près de Modane, est équipé d’un poste photo- électrique possédant une dynamo-pétrole fournissant l’énergie nécessaire pour un projecteur de calibre 90 à miroir Mangin. Il assurait l’éclairage des sorties du tunnel de Fréjus. Cette installation avait la particularité d’avoir le projecteur, le tableau de distribution et l’usine photo-électrique dans le même local.

Le poste photo-électrique du fort du Replaton entièrement vidé de nos jours. © VAUBOURG Cédric

En 1905, l’usine électrique du Saint-Michel à Toul, équipée d’une machine à vapeur, est remplacée par une nouvelle usine construite dans la contrescarpe du réduit. Cette installation plus moderne se compose de deux moteurs Gnome de 16 HP, actionnant chacun une dynamo bipolaire excitée en dérivation, débitant 83 ampères à 120 volts. Cette dernière est blindée à cause de l’humidité des locaux souterrains. Les moteurs de l’usine sont construits par la maison Thevenin et Séguin à Paris. Ils ont été choisis en mai 1904 par les officiers des sections techniques de l’Artillerie et du Génie, comme ayant donné les meilleurs résultats dans les 16 postes photo-électriques côtiers où ils sont utilisés depuis 5 ans. L’emplacement d’un des moteurs Gnome dans l’usine électrique du fort Saint Michel à Toul. © VAUBOURG Cédric

Le Petit Fortiff’Séré n°27

L’usine électrique fournie grâce à un des groupes électrogènes, l’énergie nécessaire pour les besoins électriques du temps de guerre lorsque les 220 lampes à incandescence et le projecteur sont allumés. Le deuxième groupe sert de rechange.

En 1905, le poste optique du fort de Pont-Saint Vincent, près de Nancy, reçoit dans sa casemate un moteur à pétrole de 4 HP équipé d’une dynamo fournissant à une lampe électrique 55 volts sous 25 ampères. Cette lumière produite par la lampe à arc per- mettait de communiquer avec le fort de Manonviller à 42,5 km et le poste de la Mouche à Epinal à 56,5 km.

L’emplacement du moteur de 4 HP dans le poste optique du fort de Pont-Saint-Vincent près de Nancy. © VAUBOURG Cédric

Cette installation électrique sera complétée en 1907 par une usine photo-électrique du temps de guerre équipée de trois moteurs Gnome de deux fois 22 et une fois 30 HP qui remplacent la locomobile. Le moteur de 30 HP légèrement plus puissant que les deux premiers assure la même fonction qu’un moteur de 22 HP et en même temps remplace le moteur à pétrole du poste otique. Un des moteurs de 22 HP sert de rechange. L’usine permettait d’alimenter une tourelle à éclipse pour projecteur de calibre 90, deux projecteurs de calibre 90 sous casemates placés à l’extérieur du fort à 600 et 500 mètres du générateur, 1 projecteur ambulant de calibre 40 et 4 lampes à arc Bernard pour l’éclairage des fossés. Certaines parties du fort sont éclairées avec 60 lampes de 10 bougies, comme l’usine électrique, une petite partie des Un aérorefroidisseur système Fouché de 30000 casernements de guerre, les tourelles, le fossé de gorge et la galerie calories qui permettait de refroidir l’eau des près de la tourelle Mougin. moteurs Gnome du fort de Pont-Saint-Vincent. L’usine possède un magasin au pétrole qui assure au fort une © VAUBOURG Julie autonomie de 15 jours de fonctionnement des générateurs.

Plan en coupe ab et cd de l’usine électrique du fort de Pont-Saint Vincent en 1910. SHD Vincennes

Le Petit Fortiff’Séré n°28

1912 L’électrification et les équipements électriques des ouvrages terrestres

(D’après l’instruction de l’installation de l’énergie électrique dans les ouvrages de fortification du 13 mars 1912) En mars 1912, l’énergie électrique n’a été utilisée jusqu’ici qu’exceptionnellement dans certaines fortifications listées ci-dessus. Sauf l’instruction du 19 janvier 1901, concernant l’installation de l’éclairage des magasins à poudre souterrains et les notes de 1909 sur l’éclairage de certains fossés, aucun autre document n’est paru pour encadrer ce sujet. Pourtant, l’électricité va devenir à partir de cette date, un élément indispensable dans les fortifications modernisées et cuirassées. Afin de mieux combler cette lacune, l’instruction du 13 mars 1912 définit la manière dont seront équipés, après cette date, les différents ouvrages par les services locaux chargés de rédiger les projets d’installation électrique et d’en poursuivre leur installation. Ces installations concernent :  L’éclairage des locaux, des galeries de communication, des organes de flanquement, des fossés et des tourelles cuirassées.  La manœuvre électrique des monte-charges, des appareils de ventilation, des pompes à eau et des tourelles.

 Les projecteurs électriques de grande puissance, distinct des appareils d’éclairage des fossés. Dans ces fortifications électrifiées, en dehors des grands projecteurs, ces installations électriques sont toujours doublées par d’autres moyens susceptibles de les remplacer dans le cas où l’énergie électrique viendrait à faire défaut : éclairage à pétrole pour les locaux et casemates, appareils de manœuvres à bras pour les ventilateurs, monte-charges, etc. Dans le cas le plus général, c’est-à-dire lorsque l’ouvrage ne comprendra pas de projecteur, l’énergie sera produite à 110 volts environ et les appareils d’utilisation fonctionneront sous 105 volts, approximativement. Pour simplifier les approvisionnements et la mise en œuvre des lampes, leur puissance sera de 10 ou de 16 bougies. Ces dernières à filament métallique seront placées dans tous les locaux où elles ne seront pas soumises à des vibrations trop violentes ou à des chocs répétés. Les lampes de 10 bougies à filament de carbone seront employées dans les tourelles cuirassées ou dans les endroits où les lampes à filament métallique risqueraient d’être détruites rapidement. L’énergie produite par l’usine électrique sera amenée sous 85 volts, lorsqu’il existera des projecteurs dans les ouvrages et quand il résulterait une perte en ligne exagérée avec les dynamos de 110 volts.

Eclairage Les locaux et communications

Les chambres d’hommes de troupe sont pourvues de deux lampes fixes, placées en principe suivant l’axe longitudinal des casemates, à une distance des murs extrêmes égale au ¼ de la longueur des locaux et à 2,5 mètres au-dessus-du sol. Les chambres d’officiers et de sous-officiers possèdent deux lampes mobiles à suspension ou à applique, situées comme précédemment, si la disposition du local s’y prête ou au-dessus des tables de travail, si les casemates en sont munies. Les abris de rempart possèdent une lampe fixe, au centre de la figure et au plafond. La cuisine est équipée de deux lampes fixes à 2,5 mètres au-dessus du sol, de façon à éclairer le mieux possible les fourneaux et tables recevant les aliments ou les récipients qui les contiennent. Une lampe fixe sur réflecteur au fort d’Uxegney près Les magasins ordinaires et locaux aux accessoires possèdent une d’Épinal © VAUBOURG Julie lampe fixe par local, si celui-ci à moins de 6 mètres de long et deux si cette dimension est dépassée. Elle est placée au plafond, le plus généralement dans l’axe longitudinal des locaux. Les magasins à poudre et à munitions sont éclairés avec des lampes de 16 lignes en se conformant aux prescriptions de l’instruction du 19 janvier 1901. Les galeries de communications possèdent une lampe fixe à la voûte placée aux points de croisement des communications, au départ et à l’arrivée de chaque escalier, au débouché de chaque communication. Si les lampes ainsi déterminées sont espacées de plus de 15 mètres dans chaque couloir, une lampe intermédiaire est rajoutée. Les cours des casernements sont équipées de plusieurs lampes de 16 bougies.

Le Petit Fortiff’Séré n°29

Organes de flanquement Les casemates de Bourges sont éclairées par une lampe fixe par chambre de tir, indépendamment des lampes considérées comme servant à l’éclairage des communications. Les magasins à munitions sont équipés comme les magasins à munitions ordinaires. Les caponnières ou coffres de contrescarpe possèdent une lampe fixe par chambre, indépendamment des lampes desservant les communications. Les magasins à munitions seront équipés comme les magasins à munitions ordinaires. Les fossés L’emploi de projecteurs électriques ne sera qu’excep- tionnellement utilisé dans certains ouvrages à la place des pro- jecteurs oxyacétyléniques. Mais les abords immédiats des ca- ponnières ou des coffres, qui seront laissés dans l’ombre par les projecteurs à arc ou oxyacétyléniques, pourront être éclairés par quelques lampes fixes. Tourelles cuirassées Tourelle de 75R05 : 15 lampes. La casemate de Bourges en 1940 du fort des Adelphes près Tourelle Galopin de 155L : 15 lampes d’Épinal éclairée à droite avec l’électricité. A gauche, une Tourelle Galopin de 155R07 : 15 lampes cage à applique sert d’éclairage de secours Tourelle Mougin de 155L : 10 lampes ©VAUBOURG Cédric Tourelle de 155C08 : 10 lampes Tourelle de mitrailleuses GF4 : 4 lampes

La disposition de ces lampes et celle des conducteurs est indiquée dans une instruction spéciale du service des cuirassements qui étudia chaque cas avec les services locaux. Manœuvre électrique

Monte-charges Monte-charges du Service de l’artillerie ordinaire.  Monte-charges de 600kg. La puissance de l’électromoteur est de 1200 watts.  Monte-charges de 450kg. La puissance de l’électromoteur est de 900 watts. Monte-charges dans les tourelles cuirassées.  Tourelle de 75R05 : 2 monte-charges de 200 watts.  Tourelle Galopin de 155L : Les monte-charges inférieurs et supérieurs seront chacun de 300 watts.  Tourelle Galopin de 155R07 : Le monte-charge inférieur sera de 300 watts, les deux monte-charges supérieurs seront de la même puissance.  Tourelle Mougin de 155L : Un monte-charge de 450 watts. Ces monte-charges non pas eu le temps d’être installés avant la Grande Guerre.

Appareils de ventilation Les monte-charges de 600kg du fort d’Arches près d’Épinal étaient Ventilation des tourelles. électrifiés grâce à un électromoteur.  Tourelle de 75R05. Un électro moteur de 300 watts. © VAUBOURG Julie  Tourelle Galopin de 155R07. Un électro moteur de 300 watts.  Tourelle Galopin de 155L. Un électro moteur de 300 watts.  Tourelle Mougin de 155L. Un électro moteur de 300 watts.  Tourelle 155C08. Un électro moteur de 300 watts.  Tourelle de mitrailleuses GF4. Un électro moteur de 200 watts. À la veille de la Grande Guerre, seules certaines fortifications électrifiées auront eu le temps d’être équipées de ventilateurs électriques pour leurs tourelles.

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Ventilation des locaux  Locaux ordinaires ou chambre de troupe. La puissance nécessaire pour la ventilation de ces chambres est de 5 watts par occupant. L’énergie nécessaire s’obtient en multi- pliant par ce chiffre celui de la garnison complète. Le nombre de ventilateurs soufflants équipés d’un moteur de 300 watts s’induit en divisant le résultat obtenu par 600.  Les cuisines et latrines sont équipées chacune d’un ventilateur aspirant possédant un électro moteur de 500 watts.

Ventilation des organes de flanquement.  Certaines casemates de Bourges sont équipées d’un Un ventilateur Genests-Herscher soufflant qui était ventilateur possédant un électro moteur de 600 watts équipé d’un électromoteur de 300 watts au fort de  Quelques coffres de contrescarpe sont équipés Villey le Sec près de Toul. d’électromoteurs de 300 watts pour le fonctionnement des © VAUBOURG Julie ventilateurs. Tourelles

Contre-poids moteurs  Tourelle Galopin de 155R07. Le moteur de relevage du contre-poids est de 4000 watts.  Tourelle Galopin de 155L. Le moteur de relevage du contre-poids est de 7000 watts.  Tourelle Mougin de 155L. L’électro moteur pour assurer la rotation de la tourelle est de 2500 watts. À la veille de la Grande Guerre, aucune des tourelles n’est électrifiée.

Moteurs divers

 Les pompes à eau sont utilisées pour l’alimentation en eau de la garnison, de l’usine électrique et pour l’assèchement de certaines descentes aux coffres de contrescarpe de quelques ouvrages d’Epinal.  La pétrisseuse mécanique pour la production du pain est parfois équipée d’un électromoteur de 1000 watts dans de rares ouvrages.

Projecteurs électriques

Projecteurs sous casemate

Les projecteurs de calibre 90 sous casemate, manœuvrables à distance, consomment en moyenne 100 ampères pour la lampe automatique et 10 ampères pour les mouvements en hauteur ou de rotation, soit 12000 watts environ avec des dynamos de 110 Volts et 9350 watts avec celles de 85 volts.

Le projecteur de calibre 90 Sautter-Harlé en 1940 dans la casemate pour projecteur du fort de Frouard près de Nancy ©Lionel PRACHT Projecteurs sur roues

Les projecteurs de calibre 75 qui ne sont pas manœuvrables à distance consomment en moyenne 75 ampères, soit une puissance de 8250 watts sous 110 volts et 6375 watts sous 85 volts. Projecteurs à éclipse ou phares cuirassés

La puissance nécessaire pour le fonctionnement des projecteurs de 90, placés dans les tourelles cuirassées qui leurs sont exclusivement affectées, comprend 100 ampères pour la lampe automatique et 30 ampères environ pour les mouvements d’éclipse, de rotation et en hauteur, d’où 1430 watts avec des dynamos de 110 volts et 11050 avec celles de 85 La tourelle de projecteur volts. Tous ces mouvements qui peuvent se faire à la main, sont susceptibles d’être du fort de Frouard était équipée produits d’un poste de commande servant en même temps de poste d’observation. d’un projecteur de calibre 90.

©VAUBOURG Julie Le Petit Fortiff’Séré n°31

Conducteurs

Calcul et nature des conducteurs  Les circuits des lampes à incandescence sont distincts des autres et la section des conducteurs est calculée de façon qu’au maximum la perte de charge entre la dynamo et la lampe la plus éloignée soit de 5 volts, et qu’elle soit inférieure à 3 volts entre les lampes extrêmes d’un même circuit.  Pour les appareils de manœuvre électrique, la perte de charge peut atteindre 10 volts.  Pour les lampes à arc des fossés, elle sera de 5 volts avec des dynamos de 85 volts et de 10 à 20 volts avec des dynamos de 110 Volts.  Enfin, pour les projecteurs, elle pourra atteindre 20 ou 35 volts suivant qu’ils seront alimentés par une dynamo de 85 ou de 110 volts. Toutefois, ces installations tiennent compte de l’échauffement des conducteurs, de telle sorte que la densité de courant par millimètre carré ne dépasse pas 3 ampères pour les conducteurs de 1à 5 mm² 2 ampères pour les conducteurs de 5 à 50 mm² 1 ampère pour les conducteurs au-dessus de 50 mm² Tous ces conducteurs sont isolés à 600 mégohms, puis recouverts d’une enveloppe de plomb dans les locaux trop humides ou en contact avec des parties métalliques. Ces conducteurs sont armés et enterrés s’ils sont exposés aux éclats de projectiles. Les conducteurs aériens sont posés sur des poulies ou des taquets en porcelaine scellés dans les parties des voûtes les moins exposées au Des poulies en porcelaine servant à maintenir détachement de ménisques par la suite du bombardement. les conducteurs au fort de Frouard près de L’usine électrique Nancy. © VAUBOURG Julie

Puissance de l’usine. La puissance de l’usine s’évalue en tenant compte des indications précédentes et en admettant une consommation de :  1,2 watt par bougie avec des lampes à filament métallique (soit 19.2 watts pour une lampe de 16 bougies)  3.5 watts par bougie avec des lampes à filament de carbone (soit 35 watts pour une lampe de 10 bougies)  550 watts par lampe pour l’éclairage des fossés avec une dynamo de 110 volts, 425 avec une dynamo de 85 volts. L’énergie trouvée constitue certainement un maximum puisque tous les appareils ne fonctionnent presque jamais simultanément. Les ventilateurs en particulier ont un fonctionnement plus ou moins Vestige d’un groupe électrogène à pétrole de intermittent et les projecteurs ne seront mis en action que 12 heures marque Aster dans le corps de garde du fort de sur les 24 en moyenne. Ces projecteurs sollicitent le plus souvent Longchamp à Epinal. d’avoir un groupe électrogène spécial, sauf si l’énergie qui leur est © VAUBOURG Julie nécessaire ne soit qu’une partie relativement petite de l’ensemble. En fonction de la puissance nécessaire pour un ouvrage est calculé le nombre et la puissance des groupes électrogènes à employer, sachant que chacune des usines est équipée d’un groupe électrogène de rechange destiné à remplacer un des moteurs. L’emplacement de l’usine. Pour avoir sensiblement les mêmes pertes de charge sur les différents circuits, l’usine est souvent placée dans l’axe de symétrie de l’ouvrage. Toutefois cette disposition n’est pas obligatoire et d’autres considérations importantes interviennent :  L’usine est placée dans un abri sûr, de préférence à l’épreuve.  La salle des machines est correctement ventilée.  La réfrigération des moteurs est assurée par une citerne proche de grandes dimensions et complétée par un aérorefroidisseur.  Les moteurs doivent être approvisionnés facilement grâce à un magasin à pétrole placé à proximité. Ce magasin permet d’entreposer des barils de pétrole ou se compose d’une citerne pour son stockage. La capacité du magasin est calculée pour assurer le L’aéro-refroidisseur de 120000 frigories qui fonctionnement des moteurs pendant 90 jours. permettait de refroidir l’eau des moteurs du fort  Un calcul judicieux des conducteurs dans certains ouvrages de Frouard près de Nancy. permet de placer l’usine à une certaine distance de l’axe de symétrie. © VAUBOURG Julie Le Petit Fortiff’Séré n°32

Composition et utilisation de l’usine Les usines électriques aménagées à partir de 1912, possèdent un atelier pour électromécaniciens, des palans accrochés au plafond ou un pont roulant destiné à la maintenance des moteurs. Chaque groupe électrogène possède un moteur entrainant une dynamo et un réservoir à pétrole ayant une capacité d’une consommation journalière. Ce dernier est rempli quotidiennement grâce à une pompe à main rotative qui collecte le pétrole dans une citerne ou un magasin proche de l’usine. Lorsque l’usine possède deux groupes électrogènes, le premier groupe fournit l’énergie nécessaire à l’ouvrage, tandis que le deuxième est utilisé comme rechange. Cette configuration sera L’usine électrique du fort d’Uxegney restaurée avec réalisée dans les fortifications électrifiées de Belfort. Elle avait des moteurs Supdi de casemate Maginot. A l’origine, l’inconvénient pour le moteur utilisé, d’avoir un mauvais cette usine possédait 3 groupes électrogènes de rendement une partie de la journée lorsque toutes les parties de marque Aster de 12 kW l’ouvrage ne sont pas électrifiées. © VAUBOURG Julie

Afin d’éviter à des groupes de forte puissance de tourner à charge réduite à certaines périodes de la journée, les usines électriques sont souvent équipées de 3 groupes électrogènes d’une puissance moins importante. Dans ce cas, le premier groupe est utilisé pour assurer le fonctionnement de l’éclairage des locaux, de la ventilation et des petites manœuvres journalières (pompe, monte-charges, etc). Le deuxième est mis en marche pour les heures de tir des tourelles, le fonctionnement des projecteurs et l’éclairage de nuit. Le troisième sert de rechange pour remplacer un des deux groupes qui viendrait à tomber en panne. Un des moteurs monocylindres de marque Aktiebolaget Diesels Motoret Stockholm du Musoir Ouest de la digue de Cherbourg. © VAUBOURG Julie Enfin, on trouvait une dernière configuration, plus économique à réaliser dans les fortifications de la place de Toul (Forts de Lucey, de Villey-le-Sec et de Blénod) avec des usines équipées de 3 groupes électrogènes d’égale puissance qui devaient à eux trois assurer tous les besoins électriques simultanément et au maximum de la demande. Dans ce cas, deux des groupes fonctionnent cons- tamment dans les meilleurs rendements, le 3ème n’est mis en marche qu’à la demande, en cas d’insuffisance des deux premiers. En cas d’avarie à l’un des groupes en service, le dernier groupe est utilisé comme rechange et certains appareils sont désactivés depuis le tableau de distribution pour assurer le bon fonctionnement de l’ouvrage.

L’électricité produite par les groupes est renvoyée vers un tableau de distribution équipé de voltmètres pour surveiller la tension, d’ampèremètres pour l’intensité et de feeders pour distribuer l’énergie sur les différents secteurs de l’ouvrage, en séparant les différentes alimentations, pour l’éclairage, la ventilation, la force motrice et le fonctionnement des projecteurs.

Ces groupes électrogènes sont utilisés par le service de l’artillerie uniquement en temps de guerre et quelques heures par mois, en temps de paix pour leur entretien. Ils assurent l’éclairage des par- ties du temps de guerre et celles du temps de paix. Plan du tableau de distribution de l’usine électrique du

fort de Pont-St-Vincent Archives de Vincennes

Le Petit Fortiff’Séré n°33

Plan de l’installation électrique prévue au fort d’Uxegney près d’Epinal en 1913 (SHD)

En bleu le circuit d’éclairage du Feeder Est En orange le circuit d’éclairage du Feeder Sud En rouge le circuit d’éclairage du Feeder Ouest En noir le circuit du Feeder de la force motrice L’éclairage électrique du temps de paix

En temps de paix, la garnison qui occupe les fortifications loge généralement dans les anciens locaux en maçonnerie ou dans des baraquements extérieurs. Ces parties seulement sont prévues d’être éclairées la nuit, avec des lampes de 16 bougies à filament métallique afin de remplacer l’éclairage à pétrole. Mais, pour assurer cet éclairage, on ne peut pas utiliser en permanence les groupes électrogènes de l’usine, car le coût de production d’électricité serait excessif et les moteurs fonctionneraient sous un mauvais rendement. D’ailleurs, ces derniers doivent être gardés en bon état de fonctionnement et d’approvisionnement en cas de conflit.

L’éclairage du temps de paix prévu au fort d’Arches

Nb de Heures d’allumage en hiver des parties Total Désignation des locaux lampes du temps de paix des Couloirs, latrines, 12 Toute la nuit de 16h30 à 7h30 15 Poste de police, télégraphie 4 Toute la nuit de 16h30 à 7h30 15 Infirmerie 2 de 16h30 à 22 h et de 6h30 à 7h30 (+2 heures / nuit) 8h30 Cuisines 4 de 3h30 à 7h30 et de 16h30 à 19h 6h30 Boulangerie 3 de 3h30 à 7h30 4 Usine électrique 5 2 heures / nuit 2 Bureau (Gardien Batterie) 2 de 16h30 à 18h30 2 Bureaux (compagnie) 2 de 19h à 23 h 4 Sous-officiers 2 6h30 à 7h30 et de 16h30 à 21h30 6 Chambres de troupe 8 6h à 7h30 et de 16h30 à 22h 7 Réfectoire 3 de 17h à 21h30 4h30 Magasins 12 de 6h30 à 7h30 et de 16h30 à17h30 2

Le nombre d’heures d’allumage des lampes diminue à la saison estivale. Le Petit Fortiff’Séré n°34

Pour pallier ce problème, une première solution prévoit d’assurer l’éclairage du temps de paix, grâce à une batterie accumulatrice composée de plusieurs éléments de marque Tudor. Elle est rechargée avec un des groupes électrogènes du temps de guerre grâce à un survolteur qui augmente la tension de charge. Mais, cette solution possède un grand nombre d’inconvénients ; fragilité, difficulté d’utilisation, encombrement et prix pour ces batteries à faible rendement qui nécessitent un entretien difficile à réaliser par des hommes de troupe. Cette solution coûteuse ne sera pas retenue pour les forts des places fortes en retrait de la frontière, car elle nécessite d’avoir en permanence la présence d’électromécaniciens pour recharger la batterie. Elle sera choisie en 1912, pour équiper le fort de Manonviller, car cette présence est nécessaire pour ce fort d’alerte, qui doit mettre son usine en état de fonctionnement immédiatement après l’ordre de mobilisation. Ce fort a certainement été pourvu d’une batterie de 55 éléments d’une capacité de 520 ampères heure sous 100 volts rechargée 2h30 par jour, avec un des groupes électrogènes de l’usine. La batterie une fois chargée, alimentait l’énergie nécessaire à l’éclairage de certains locaux du fort et des baraquements extérieurs pendant plus de 24 heures. Elle permettait aussi, aux électromécaniciens de ce fort, de faire fonctionner ces moteurs 60 heures par mois pour leur entretien, qui était prévu par le service de l’artillerie. La deuxième solution, moins coûteuse que la première, prévoyait d’utiliser un petit groupe électrogène de 1 à 2 kilowatts pour assurer l’éclairage du temps de paix. Mais, cette solution présente un inconvénient, car certaines lampes nécessitent d’être allumées toute la nuit, ce qui oblige le groupe électrogène à fonctionner pendant toute cette période, contraignant d’avoir en permanence la présence de deux mécaniciens dans l’ouvrage. De plus, ce petit groupe électrogène devrait fonctionner une grande partie de la nuit à charge réduite, d’où un mauvais rendement. Enfin, la dernière solution est de relier les ouvrages aux compagnies locales civiles d’électricité, dont les réseaux se développent fortement à cette période dans les villes du Nord-Est. Cette solution est retenue en 1913, pour connecter la majorité des ouvrages des places fortes, mais elle reste plus coûteuse que la première solution pour des forts isolés comme Manonviller. Cette alternative permet d’éclairer les parties du temps de paix, comme une simple caserne, sans personnel qualifié. La tension de 5500 volts alternatifs fournie par la compagnie est abaissée à 110-90 volts continus grâce à un transformateur placé sur un poteau à l’entrée du fort. À la mobilisation, lors de la mise en défense de l’ouvrage, ces réseaux sont déconnectés une fois que l’équipe de mécaniciens est constituée pour le fonctionnement de l’usine électrique. L’éclairage de la fortification passe alors en fonctionnement du temps de guerre. Certains ouvrages équipés d’installation électrique ne posséderont pas d’éclairage du temps de paix. C’est le cas du fort de Vacherauville à Verdun, du Vieux-Canton à Toul et de l’ouvrage de Meroux à Belfort.

1912 - 1918 Les ouvrages électrifiés avant et pendant la Grande Guerre

Pendant plus de deux ans, jusqu’à la Grande Guerre, d’importants travaux seront réalisés dans certaines fortifications modernisées et cuirassées des quatre places du Nord-Est. Les premières fortifications qui recevront ces équipements seront les forts de Manonviller et de Frouard avant de s’étendre sur 14 ouvrages des 4 places de l’Est. Mais à la déclaration de guerre, en août 1914, aucune des installations ne sera terminée complètement même si certaines étaient presque terminées. La mo- bilisation et le début du conflit ralentira fortement les travaux en cours qui se poursuivront jusqu’au déclassement des places fortes en août 1915. La très grande majorité des ouvrages ne recevra pas tous les éléments électriques initialement prévus. Les différents projets de remise en valeur prévus après 1912, prévoyaient de généraliser l’installation de l’énergie électrique à une très grande partie des ouvrages modernisés des places de première catégorie. Après 1916, suite à la bataille de Verdun, les forts équipés de galeries de 17 sont électrifiés grâce à de petits groupes électrogènes, pour assurer l’éclairage et la ventilation de ces galeries, ainsi que l’éclairage de certains locaux du fort. Certains forts modernisés ou non sont reliés à cette période aux réseaux En haut à gauche, des isolateurs et électriques civils, pour assurer l’éclairage de parties utilisées comme l’emplacement d’une lampe pour le casernement. passage des conducteurs et l’éclairage Aujourd’hui, il reste peu de traces de ces installations électriques dans la des galeries de 17 majorité des ouvrages, car elles ont disparues pendant le second conflit Au fort de Génicourt près de Verdun mondial sous l’organisation Todt, puis par l’armée française après-guerre. © VAUBOURG Julie Seuls quelques ouvrages côtiers de Cherbourg ou en Corse ont conservés d’importants vestiges comme leur moteur à pétrole.

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1914 Inventaire des fortifications terrestres équipées d’installation électrique

Eclairage électrique du temps de Nom de l’ouvrage Equipements installés Equipements non installés paix Fort du Bois d’Oye - 2 moteurs à pétrole de la Maison Peugeot - Moteur de contrepoids - Les casernements de gorge et Belfort Tony Humbert de 25 HP chacun entrainant moteur de la tourelle de 155L. de troupe en maçonnerie, avec une dynamo fournissant 15 kW sous 110 V. - 2 monte-charges à la tourelle environ 75 lampes de 16 - Eclairage électrique des locaux avec près de 155L. bougies qui doivent être reliées de 149 lampes de 16 bougies. - 2 monte-charges à la tourelle au réseau de la Compagnie - Installation de près de 76 lampes de 10 de 75. locale d’électricité. bougies. - Le magasin à poudre modèle - Installation de 4 ventilateurs électriques 1874 n’est pas éclairé. soufflants et de 2 ventilateurs électriques aspirants pour les casernements à l’épreuve. - Eclairage des parties mobiles des tourelles. - 1 pétrisseuse mécanique équipée d’un électromoteur pour la boulangerie du temps de guerre. - Ventilation des tourelles et de la casemate de Bourges.

Fort de Vézélois - 2 moteurs à pétrole de la Maison Peugeot - 2 monte-charges à la tourelle - Les casernements de gorge et Belfort Tony Humbert de 21 HP chacun entrainant de 75. de troupe en maçonnerie, avec une dynamo fournissant 10 kW sous 110 V. - Ventilation des tourelles et environ 88 lampes de 16 - Eclairage électrique des locaux avec près de la casemate de Bourges. bougies qui doivent être reliées de 126 lampes de 16 bougies. au réseau de la Compagnie - Installation de près de 42 lampes de 10 locale d’électricité. bougies. - En temps de paix l’électricité - Installation de 4 ventilateurs électriques assure aussi le fonctionnement soufflants et de 2 ventilateurs électriques de la pétrisseuse de la aspirants pour les casernements à boulangerie. l’épreuve. - Les magasins à poudre modèle - Eclairage des parties mobiles des 1874 ne sont pas éclairés.

tourelles.

Ouvrage de Chèvremont - 2 moteurs à pétrole de la Maison Peugeot - 2 monte-charges à la tourelle - Les baraquements extérieurs, Belfort Tony Humbert de 15 HP chacun entrainant de 75. 2 casemates de l’ouvrage et une dynamo fournissant 8 kW sous 110 V. l’usine avec environ 42 lampes - Eclairage électrique des locaux avec près de 16 bougies qui doivent être de 128 lampes de 16 bougies. reliées au réseau de la - Installation de près de 44 lampes de 10 Compagnie locale d’électricité. bougies. - Installation de 4 ventilateurs électriques soufflants et de 3 ventilateurs électriques aspirants pour les casernements à l’épreuve. - Eclairage des parties mobiles des tourelles. - Ventilation des tourelles. Ouvrage de Meroux - 2 moteurs à pétrole de la Maison Peugeot - 2 monte-charges à la tourelle - Aucun de prévu car le fort ne Belfort Tony Humbert de 15 HP chacun entrainant de 75. possède pas de partie du temps une dynamo fournissant 6,5 kW sous 110 de paix V. - Eclairage électrique des locaux avec près de 104 lampes de 16 bougies. - Installation de près de 33 lampes de 10 bougies. - Installation de 4 ventilateurs électriques soufflants et de 2 ventilateurs électriques aspirants pour les casernements à l’épreuve. - Eclairage des parties mobiles des tourelles. - Ventilation des tourelles.

Le Petit Fortiff’Séré n°36 Nom de l’ouvrage Equipements installés Equipements non installés Eclairage électrique du temps de paix Fort d’Arches - 3 groupes électrogènes à pétrole ou à - Installation d’un - Le casernement en Epinal l’huile de Schiste de marque ASTER de 34 aérorefroidisseur pour le maçonnerie, l’usine électrique, HP chacun fournissant du 90 V. refroidissement des moteurs. le magasin aux vivrse bétonné, - Eclairage électrique des locaux avec près - Moteur de contrepoids le corps de garde intérieur avec de 304 lampes de 16 bougies. moteur de la tourelle de 155L. environ 60 lampes de 16 bougies - Installation de près de 31 lampes de 10 - 2 monte-charges à la tourelle qui doivent être reliées au bougies et éclairage des parties mobiles de de 155L. réseau de la Compagnie Lorraine la tourelle. d’électricité - Installation de 5 ventilateurs électriques soufflants et de 7 ventilateurs électriques aspirants pour les casernements à l’épreuve - Installation de 4 ventilateurs électriques soufflants pour les coffres. - Ventilation des tourelles. - 2 pompes à eau rotatives pour le puits et les citernes. - 1 pompe à eau rotative pour assécher le passage sous fossé au saillant 2. - 2 monte-charges de 600 kg. - 1 tourelle de projecteur de 90. Fort des Adelphes - 3 groupes électrogènes à pétrole ou à - Installation d’un - Le casernement en maçonne- Epinal l’huile de Schiste de marque ASTER de 12 aérorefroidisseur pour le rie, l’usine électrique, les kW chacun fournissant du 110 V. refroidissement des moteurs. magasins et le corps de garde - Eclairage électrique des locaux avec près - 2 monte-charges à la tourelle avec environ 76 lampes de 16 de 184 lampes de 16 bougies. de 75. bougies qui doivent être reliées - Installation de près de 100 lampes de 10 au réseau de la Compagnie bougies et éclairage des parties mobiles Lorraine d’électricité. des tourelles. - Installation de 4 ventilateurs électriques soufflants et de 3 ventilateurs électriques aspirants pour les casernements à l’épreuve, les latrines et l’usine électrique. - 2 pompes à eau rotatives pour le puits et les citernes. - 3 pompes à eau rotatives pour assécher les passages sous fossé. - Ventilation des tourelles.

Fort de Longchamp - 3 groupes électrogènes à pétrole ou à - Moteur du contrepoids - Le casernement en Epinal l’huile de Schiste de marque ASTER de 16 moteur de la tourelle de 155R. maçonnerie, l’usine électrique, kW chacun fournissant du 110 V. - 8 monte-charges de tourelle les magasins et le corps de - Eclairage électrique des locaux avec près - 7 ventilateurs de tourelles. garde, avec environ 62 lampes de 320 lampes de 16 bougies. - Eclairage des parties mobiles de 16 bougies qui doivent être - Installation de près de 57 lampes de 10 des tourelles. reliées au réseau de la bougies et éclairage des parties mobiles de - 6 ventilateurs pour les Compagnie Lorraine d’électricité la tourelle. galeries de contre-mines. - Installation de 8 ventilateurs électriques - Moteur de rotation de la soufflants et de 5 ventilateurs électriques tourelle Mougin. aspirants pour les locaux à l’épreuve - Installation d’un - 1 pompe à eau rotative pour le puits et les aérorefroidisseur pour le citernes. refroidissement des moteurs. - 1 monte-charge de 450 kg.

Fort de Dogneville - 3 groupes électrogènes à pétrole ou à - Installation d’un - Le casernement en Epinal l’huile de Schiste de marque ASTER de 12 aérorefroidisseur pour le maçonnerie, l’usine électrique, kW chacun fournissant du 110 V. refroidissement des moteurs. les magasins et le corps de - Eclairage électrique des locaux avec près - Moteur du contrepoids garde, avec environ 59 lampes de 259 lampes de 16 bougies. moteur de la tourelle de 155R. de 16 bougies qui doivent être - Installation de près de 26 lampes de 25 - 2 monte-charges de tourelle reliées au réseau de la bougies. - 8 ventilateurs pour les Compagnie Lorraine d’électricité - Installation de 4 ventilateurs électriques galeries de contre-mines. soufflants et de 3 ventilateurs électriques aspirants pour les casernements à l’épreuve. -Eclairage des parties mobiles des tourelles. - 1 pompe à eau rotative pour le puits et les citernes. - 3 pompes à eau rotatives pour assécher les passages sous fossé. - Ventilateurs des tourelles. Le Petit Fortiff’Séré n°37 Nom de l’ouvrage Equipements installés Equipements non installés Eclairage électrique du temps de paix Fort d’Uxegney - 3 groupes électrogènes à pétrole ou à - Moteur du contrepoids - Le casernement en Epinal l’huile de Schiste de marque ASTER de 12 moteur de la tourelle de 155R. maçonnerie de gorge doit être kW chacun fournissant du 110 V. - 2 monte-charges à la tourelle relié au réseau de la Compagnie - Eclairage électrique des locaux avec près de 155R. Lorraine d’électricité de 164 lampes de 16 bougies. - 2 monte-charges à la tourelle - Installation de près de 26 lampes de 10 de 75. bougies. - Ventilation des tourelles. - Installation de 2 ventilateurs électriques -Eclairage des parties mobiles soufflants et de 3 ventilateurs électriques des tourelles. aspirants pour les casernements à l’épreuve. Fort de Manonviller - 3 groupes électrogènes Diesel d’une puis- - Moteur de contrepoids Le fort devait être équipé d’une Lunéville sance nominale de 35 kW chacun moteur des tourelles de 155L. batterie accumulatrice qui fournissant du 100 V. Ils peuvent - 4 monte-charges à la tourelle devait assurer l’éclairage de 300 fonctionner de 6 à 40 kW. de 155L. lampes placées dans le fort et - Un aérorefroidisseur pour le - Moteur de rotation des dans des baraquements refroidissement des moteurs. tourelles Mougin extérieurs. -Eclairage des parties mobiles des Nous ignorons si ces travaux ont tourelles. été réalisés avant la - Ventilation des tourelles. mobilisation. - Eclairage électrique des locaux avec près de 304 lampes de 16 bougies. - Installation de près de 31 lampes de 10 bougies et éclairage des parties mobiles de la tourelle. - Installation de 9 ventilateurs électriques pour les casernements à l’épreuve - 2 tourelles de projecteur de 90. - Eclairage électrique des fossés. - Ventilateurs des tourelles. Fort de Pont-Saint- - 2 groupes électrogènes à pétrole de 14 - Moteur de rotation de la Le fort est relié au réseau de la Vincent kW de marque Gnome et de 22 HP tourelle Mougin. Compagnie Lorraine pour Nancy fournissant du 85 volts. assurer l’éclairage de 104 - 1 groupe électrogène à pétrole de marque lampes de 10 bougie et de 160 Gnome de 30 HP. lampes de 16 bougies placées - 1 groupe électrogène de 4 HP pour le dans le fort et dans des fonctionnement de la lampe à Arc du poste baraquements extérieurs. optique. Nous ignorons si ces travaux ont - Eclairage électrique de certains locaux et été réalisés avant la des tourelles avec près de 60 lampes de 10 mobilisation. bougies. - 3 aérorefroidisseurs système Fouché de 2 x 30000 calories pour le refroidissement des moteurs. - Installation de 60 lampes de 10 bougies - 1 tourelle à éclipse pour projecteur de calibre 90 à arc. - 2 projecteurs de calibre 90 à arc sous casemates. - 1 projecteur ambulant de calibre 40 à arc. - 4 projecteurs à arc pour l’éclairage des fossés. - Installation de l’éclairage électrique des casernements Fort de Frouard - 3 groupes électrogènes à pétrole à com- - Moteur de rotation de la Le fort est relié au réseau de la Nancy mande directe de marque Gazes de 30 HP tourelle Mougin Compagnie Lorraine pour fournissant 40 kW. - 2 monte-charges à la tourelle assurer l’éclairage de 104 - Un aérorefroidisseur de 2 x 60000 de 75. lampes de 10 bougie et de 191 frigories. lampes de 16 bougies placée - Eclairage électrique de l’intérieur des dans le fort et dans les locaux et des tourelles avec près de 186 baraquements extérieurs de lampes de 10 bougies. Bellevue. - Installation de 6 ventilateurs électriques soufflants et de 2 ventilateurs électriques aspirants pour les casernements à l’epreuve - 1 tourelle à éclipse pour projecteur de calibre 90 à arc. - 1 projecteur de calibre 90 à arc sous casemate. - 4 projecteurs à arc pour l’éclairage des Le Petit Fortiff’Séré n°38 fossés.

Nom de l’ouvrage Equipements installés Equipements non installés Eclairage électrique du temps de paix Fort du Saint-Michel - 2 groupes électrogènes à pétrole de - Le casernement en Toul marque Gnome de 10 kW et de 16 HP maçonnerie, la boulangerie, les chacun fournissant du 120 V. magasins et certains - Eclairage électrique des locaux avec près baraquements extérieurs, avec de 174 lampes de 16 bougies. environ 125 lampes de 16 - Installation de 82 lampes de 10 bougies. bougies qui doivent être reliées - Eclairage électrique des fossés. au réseau de la Compagnie Lorraine d’électricité. Fort du Vieux Canton - 3 groupes électrogènes à pétrole ou à - Installation d’un - Aucun de prévu car le fort ne Toul l’huile de Schiste de marque ASTER de 15 aérorefroidisseur pour le possède pas de partie du temps kW et de 10 HP chacun fournissant du 110 refroidissement des moteurs. de paix V. - Eclairage électrique des locaux avec près Batterie cuirassée de 2x155C de 133 lampes de 16 bougies. en construction. - Installation de 44 lampes de 10 bougies et - Eclairage électrique des éclairage des parties mobiles des tourelles. locaux avec près de 25 lampes - Installation de 2 ventilateurs électriques de 16 bougies. aspirants pour le casernement à l’épreuve. - Installation de près de 15 - Ventilation des tourelles. lampes de 10 bougies - Eclairage électrique des fossés. - 3 ventilateurs. - 2 Monte-charges. - 2 moteurs pour la tourelle de 155R. Fort de Villey-le-Sec - 3 groupes électrogènes à pétrole ou à - Installation d’un - Le casernement en Toul l’huile de Schiste de marque ASTER de 7kW aérorefroidisseur pour le maçonnerie, l’usine électrique, et de 10 HP chacun fournissant du 120 V. refroidissement des moteurs. la boulangerie, les magasins et la - Eclairage électrique des locaux avec près - Eclairage électrique des galerie principale avec environ de 220 lampes de 16 bougies. fossés. 125 lampes de 16 bougies qui - Installation de près de 41 lampes de 10 - Ventilation de la tourelle doivent être reliées à la Station bougies. Mougin. d’électricité de Toul. - Installation de 4 ventilateurs électriques - Installation d’un moteur pour soufflants et de 2 ventilateurs électriques la rotation de la tourelle aspirants pour les casernements à Mougin. l’épreuve. - 4 ventilateurs dans les coffres

Batterie cuirassée de 2x155C en construction. - Eclairage électrique des locaux avec près de 30 lampes de 16 bougies. - Installation de près de 20 lampes de 10 bougies - 2 ventilateurs pour les tourelles et 1 ventilateur pour la batterie cuirassée. - 4 monte-charges pour la tourelle de 155C - 2 moteurs de rotation pour la tourelle de 155C. Fort de Lucey - 3 groupes électrogènes à pétrole de 10kW - Installation d’un - Le casernement en maçonnerie, Toul et de 15 HP chacun fournissant du 120 V. aérorefroidisseur pour le l’usine électrique, la boulangerie, - 2 groupes électrogènes d’un type refroidissement des moteurs. les magasins et la galerie inconnus placés dans une casemate du - Moteur du contrepoids principale avec environ 55 lampes casernement de guerre (après 1914 ?). moteur de la tourelle de 155R. de 16 bougies qui doivent être - Eclairage électrique des locaux avec près - 2 monte-charges à la tourelle reliées au réseau de la Compagnie de 213 lampes de 16 bougies. de 155R. Lorraine d’électricité - Installation de près de 76 lampes de 10 - 2 monte-charges à la tourelle bougies et éclairage des parties mobiles de 75. des tourelles. - Eclairage électrique des fos- - Installation de 4 ventilateurs électriques sés. soufflants et de 2 ventilateurs électriques - Installation d’un moteur pour aspirants pour les casernements à la rotation de la tourelle Mougin l’épreuve. - 4 ventilateurs dans les coffres - Ventilation des tourelles.

Le Petit Fortiff’Séré n°39 Nom de l’ouvrage Equipements installés Equipements non installés Eclairage électrique du temps de paix Fort de Blénod - 3 groupes électrogènes à pétrole ou à - Installation d’un - Les parties en maçonnerie et la Toul l’huile de Schiste de marque ASTER de 7kW aérorefroidisseur pour le galerie principale avec environ et de 15 HP chacun fournissant du 120 V. refroidissement des moteurs. 60 lampes de 16 bougies qui - Eclairage électrique des locaux avec près - Eclairage électrique des doivent être reliées au réseau de de 189 lampes de 16 bougies. fossés. la Compagnie Lorraine d’électri- - Installation de près de 32 lampes de 10 - 4 ventilateurs dans les coffres cité bougies. Batterie cuirassée prévue pour - Installation de 4 ventilateurs électriques 2x155R. soufflants et de 3 ventilateurs électriques - 2 monte-charges à la tourelle aspirants pour les casernements à de 155R. l’épreuve. - Eclairage électrique des - Ventilation des tourelles. locaux avec près de 37 lampes de 16 bougies. - Installation de près de 30 lampes de 10 bougies - 2 ventilateurs pour les tourelles et 1 ventilateur pour la batterie cuirassée. - 4 Monte-charges pour la tourelle de 155R Fort du Chanot - Construction du local de l’usine électrique - 2 groupes électrogènes à - Aucun de prévu car le fort ne Toul mais le fort ne sera pas électrifié. pétrole de marques Aster de possède pas de partie du temps 12 kW et de 20 HP fournissant de paix du 110 V. - Eclairage électrique des locaux avec près de 114 lampes de 16 bougies et des tourelles avec près de 26 lampes de 10 bougies. - Installation de 8 ventilateurs pour les casernements et de 5 ventilateurs pour les coffres. Fort de Vacherauville - 3 groupes électrogènes à pétrole de 12 - Moteur du contrepoids - Aucun de prévu car le fort ne Verdun kW chacun fournissant du 110 V. moteur des tourelles de 155R. possède pas de partie du temps - Eclairage électrique des locaux avec près - 2 monte-charges à la tourelle de paix de 134 lampes de 16 bougies. de 155R. - Installation de près de 30 lampes de 10 - 2 monte-charges à la tourelle bougies. de 75. - Installation de 2 ventilateurs électriques - Ventilation des tourelles. soufflants et de 1 ventilateur électriques - Eclairage des parties mobiles aspirant pour les casernements à l’épreuve. des tourelles.

Fort du Replaton - 1 groupe électrogène à pétrole du type - Aucun Modane dynamo pétrole. - 1 projecteur de calibre 90 à arc sous casemate. Fort du Bourdiau - Une locomobile à vapeur - Aucun Maubeuge - Eclairage électrique des locaux souterrain.

Batterie de Vulmix - Construction du local de l’usine électrique - 3 groupes électrogènes à - Aucun de prévu car le fort ne Bourg-Saint-Maurice mais le fort ne sera pas électrifié. pétrole de marque Aster de 15 possède pas de partie du temps - Construction de la casemate de kW chacun fournissant du 85 de paix projecteur V. - 1 projecteur sous casemate de calibre 120 à arc. - 1 ventilateur aspirant et un ventilateur soufflant pour le casernement. - 6 ventilateurs aspirants pour les caves à canon et 2 ventilateurs pour les tourelles de mitrailleuses. - 2 Monte-charges de 600 kg. - 150 lampes de 16 bougies pour l’éclairage de l’ouvrage et 8 lampes de 10 bougies pour les tourelles

À la veille de la guerre, les travaux devaient commencer pour l’installation de l’énergie électrique à la citadelle de Verdun et à l’ouvrage ouest à Dunkerque. Le Petit Fortiff’Séré n°40

Le fort de Querqueville et son armement

Par Jean-Jacques MOULINS

La construction de l’imposant fort semi-circulaire de Querqueville, à Cherbourg, inspiré des travaux du Marquis de Montalembert, est lancée en 1787. Il est alors prévu de l’armer de quarante-cinq pièces de 48 livres (185 mm), et de soixante- douze pièces de 36 (174 mm), réparties sur trois niveaux.

Plan relief du fort de Querqueville (musée des plans-reliefs photo auteur)

Cette artillerie, dont la portée pratique ne dépasse pas 2 000 mètres, doit interdire à un ennemi potentiel l’usage de la passe ouest de la rade de Cherbourg. La construction de la digue qui doit protéger celle-ci a commencé quatre ans plus tôt. Elle ne sera achevée qu’à la fin du 19e siècle. Malheureusement, alors que le fort est en cours d’achèvement, on découvre que la mission qui lui est impartie est caduque.

Le fort de Querqueville vu de l’ouvrage N° 2 (auteur)

Le Petit Fortiff’Séré n°41

En effet, le secteur couvert par son artillerie est, de toute façon, interdite à la navigation, à cause de la présence d’un haut- fond rocheux. La passe devra être reportée plus à l’est, hors de la portée utile des canons de Querqueville. C’est le fort Chavagnac, réalisé en 1854, qui reprendra plus tard la mission d’interdiction de cette passe. Parallèlement à la construction du fort, on réalise, à ses deux ailes, deux ouvrages destinées à recevoir des batteries de mortiers, chargés d’interdire le mouillage aux navires ennemis, à l’extérieur de la rade. En 1865, ces deux batteriessont armées de sept mortiers, au total. Le fort et ses deux ouvrages d’aile sont protégés par un fossé humide raccordé à la mer. Les progrès enregistrés par l’artillerie dans la seconde partie du 19e siècle vont rendre tout son intérêt à la position de Querqueville.

Plan de battage des batteries du front de mer de Cherbourg en 1903. Les batteries de la Marine sont en bleu, les batteries de la Guerre sont en rouge (atlas des batteries de côte SHD) Les deux ouvrages d’ailes vont recevoir une artillerie de gros calibre, dont la mission sera l’engagement, à grande distance, d’une escadre ennemi menaçant Cherbourg, son port, son arsenal et ses installations militaires.

En 1893, l’armement de l’ouvrage situé à droite du fort, appelé Ouvrage N° 2, comprend deux canons de 27 cm Mle 1870-81, et deux canons de 32 cm Mle 1870-81, tous sur affût PA (1).

L’ouvrage N° 2 en 1893 (atlas des batteries de côte SHD)

Le Petit Fortiff’Séré n°42

Les matériels sont installés sur plateformes, séparés par des traverses creuses, les 32 cm encadrant les 27 cm. Après la réorganisation de 1901, l’armement est uniformisé, et comprend quatre canons M (2) de 27 cm, toujours du modèle 1870-81, sur affût M Mle 1886 PA. Les pièces tirent à barbette depuis des plateformes bétonnées, et sont séparées par des abris de combat en béton armé, du type adopté par la CEPAC (3) en 1901. La portée des canons est de 11 800 mètres, avec l’obus M de rupture Mle 1898, pesant 216 kg. C’est cet armement qui est en place à la veille de la Première Guerre mondiale. Il est déposé au cours du conflit. Il n’en reste actuellement que les sous-sellettes des affûts. L’ouvrage N° 2, en 1903 (atlas des batteries de côte SHD)

Canon M de 27 cm Mle 1870-81 sur affût M Mle 1886 PA Un abri de combat de l’ouvrage N° 2. Dans ce modèle double, (album de côte collection auteur) qui comporte trois pièces, les projectiles sont approvisionnés par les guichets bas, à gauche et à droite, et distribués aux deux alvéoles encadrantes par les guichets hauts. Les gargousses, stockées dans la pièce centrale, sont admises et distribuées par la porte centrale à deux vantaux, munis, dans leur partie haute, d’un guichet de distribution. Une passerelle rabattable rétablis- sait la continuité du quai de distribution, au droit de la porte (auteur)

En 1929, la batterie est modifiée, pour recevoir quatre canons de 75 Mle 1897 sur affût CA Mle 1915 G (4), afin d’assurer la défense contre-avions de Cherbourg, avec les batteries du fort du Roule, de l’Ile Pelée et d’Octeville, dotées du même armement.

Canon de 75 Mle 1897 sur affût CA Mle 1915 G, du modèle Le fort de Querqueville et l’ouvrage N° 2 en 1940. On dis- armant les batteries de DCA de Cherbourg dans les années 30 tingue les canons de 75 CA. Au second plan, les hangars de la (SHD) base aéronavale, sur l’emplacement de laquelle est implantée de nos jours l’école des fourriers (DR) Le Petit Fortiff’Séré n°43

C’est de cette époque que datent les quatre constructions circulaires érigées sur les plateformes, en arrière des sous-sellettes. Les deux extrêmes sont caractéristiques de ce type de matériel, et sont dans leur état d’origine. Les deux du centre ont été modifiées, par comblement de la cuve et scellement dans le béton d’une couronne de goujons de fixation. Ces travaux ont été entrepris après 1947, car une photo aérienne de l’IGNF portant ce millésime montre clairement les quatre emplacements dans leur état initial. Nous ignorons la nature du dispositif qui a pu être installé à cet endroit. Deux vues aériennes de l’IGNF, de 1955 et 1958, montrent sur chaque emplacement une structure verticale, parallèle au front de la batterie. Sur la photo de 1958, la structure projette une ombre portée assez importante. Sur une vue de 1966, le dispositif a disparu.

L’alvéole gauche de la batterie de l’ouvrage N° 2 nous L’alvéole centre-gauche, et sa cuve modifiée après-guerre montre sa cuve pour canon de 75 CA, et la sous-sellette de (auteur) l’affût Mle 1886 PA. La circulaire de la cuve a été descellée (auteur)

Vue aérienne de l’Ouvrage N° 2 en 1958. Remarquez les ombres portées sur les deux alvéoles centrales de la batterie de DCA (IGNF)

La batterie de 75 CA est déclassée à la fin des années 30, et va servir pour l’instruction. En 1940, les seuls matériels en service à Querqueville sont ceux des deux sections de DCA légère, comprenant chacune deux affûts de 37 mm CAD Mle 1933 (5). La première est installée dans l’ouvrage N° 2, à droite de la batterie de 75 CA. L’autre, est situé dans l’ouvrage N° 4. Le fort de Querqueville abritait alors le PC du capitaine de frégate Thomas, commandant l’artillerie du front de mer, ce qui explique la présence de cette défense, ainsi que celle du poste d’observation visible sur le toit de la caserne. Tous ces matériels sont déposés pendant la Seconde Guerre mondiale. Au cours de celle-ci, les Allemands installent plusieurs pièces de flak légère sur l’ouvrage N° 2, à droite de l’ancienne batterie française.

Un des affûts de 37 CAD Mle 33 de l’Ouvrage N° 2 en 1940. On aperçoit, à l’arrière-plan, le toit de l’ancien poste d’inflammation E des mines électriques (DR)

Le Petit Fortiff’Séré n°44

Dans les années 70, un petit ouvrage est réalisé, à proximité de l’ancien poste E d’inflammation de la ligne de mines électriques qui protégeait la passe ouest.

L’abri du projecteur Est, le toit blindé du poste E d’inflammation des mines électriques, et la digue de Querqueville. On aperçoit la batterie de 100 de la digue, et le fort Chavagnac (auteur)

Dans le cadre du CIN (centre d’instruction naval), inauguré en 1976, il reçoit un affût de 57 mm ACAD Mle 1947 (6), pour l’entraînement des canonniers embarqués sur les nombreux bâtiments de la Marine Nationale dotés de cet armement. Déposé, ce matériel est actuellement exposé derrière l’entrée de l’école des fourriers, l’ancien CIN.

Le puits de l’affût de 57 mm ACAD de l’ouvrage N° 2 (auteur) L’affût de 57 mm ACAD de l’ouvrage N° 2 de Querqueville, en 1993 (auteur)

L’ouvrage situé à gauche du fort, est appelé Ouvrage N° 4. En 1893, son armement comprend sept canons de 24 cm Mle 1870 et deux canons de 27 cm Mle 1870-81, tous sur affût PA, organisés en deux demi-batteries. Dans celle de droite, les 24 cm, groupés par deux, encadrent le 27 cm. Dans celle de gauche, les 24 cm, installés individuellement, sont placés à gauche du 27 cm.

L’ouvrage N° 4 en 1893 (atlas des batteries de côte SHD)

Le Petit Fortiff’Séré n°45

La réorganisation de 1901 va complètement modifier le site et, à son issue, on y compte deux batteries. La plus importante, située à gauche, compte quatre canons M de 32 cm Mle 1870-81 sur affût M Mle 1882 PA transformé G.

L’ouvrage N° 4 en 1913 (atlas des batteries de côte SHD) Canon M de 32 cm Mle 1870-81 sur affût M Mle 1882 PA transformé G (album de côte collection auteur)

Les alvéoles des pièces sont séparés par des abris de combat Mle 1901, différents de ceux de l’ouvrage N° 2.

Un abri de combat de la batterie de 32 cm de l’ouvrage N° 4. Il Guichet de distribution d’un abri de combat de l’ouvrage N° 4, est différent de ceux de l’ouvrage N° 2. Il ne comporte qu’une vu de l’intérieur (auteur) pièce, qui a été transformée pour son utilisation au profit de la batterie de 120 installée dans les années 1920. Des guichets de distribution latéraux ont été ajoutés, pour les projectiles. Les gargousses étaient distribuées par la porte d’accès (auteur)

Ils ne comportent qu’une seule pièce, où projectiles et gargousses cohabitent, ce dont se plaint le capitaine de vaisseau commandant le front de mer, en 1917. La portée des canons est de 8 500 mètres, avec l’obus de M de rupture, d’un poids de 345 kg. Il nous semble, mais ce n’est qu’une hypothèse, qu’un échange ait pu avoir lieu entre les ouvrages N° 2 et 4, les deux canons de 32 cm du premier passant à l’ouvrage N° 4, et les deux 27 cm du second passant à l’ouvrage N° 2. A noter qu’une galerie bétonnée, passant sous l’alvéole la plus à gauche, relie la batterie au chemin de ronde de l’escarpe du front ouest.

La batterie de 32 cm de l’ouvrage N° 4 (auteur) Le Petit Fortiff’Séré n°46

La seconde batterie comprend quatre canons M de 100 mm Mle 1897 TR (7) sur affût M Mle 1897 PC (8).

Canon M de 100 mm Mle 1897 TR sur affût M Mle 1897 PC (album de côte collection auteur)

La portée de ce matériel atteint 13 500 mètres, avec l’obus FAD (9), et sa cadence de tir est de six coups à la minute. Les pièces sont installées dans quatre alvéoles rectangulaires, surplombant les niches à munitions. Il convient de noter que le chronogramme ornant cette batterie est daté de 1889. Ce qui semble indiquer qu’elle a été réalisée avant la réorganisation.

La batterie de 100 mm Mle 1897 TR de l’ouvrage N° 4 (auteur)

Chronogramme de la batterie de 100 (auteur)

Les matériels des deux batteries sont déposés au cours de la Première Guerre mondiale, mais trois canons de 100 mm Mle 1889, qui ont remplacé les quatre Mle 1897, sont toujours en place au début des années 1920. A la même époque, la Marine entreprend la réalisation d’une batterie d’artillerie légère, armée de quatre canons de 120 mm Mle 1878, dit 120 G, installés dans des cuves placées : la première en avant et à gauche de l’ex-batterie de 100, les trois autres, en avant de l’ex-batterie de 32.

Le Petit Fortiff’Séré n°47

Plan de la batterie de 120 Mle 1878 (SHD)

La batterie de 120 Mle 1878 de l’ouvrage N° 4, en 1940 (DR)

Le PDT (10), partiellement protégé par une plaque de blindage, est construit sur la traverse enracinée située à la droite de l’ex-batterie de 100.

Le PDT de la batterie de 120, et sa plaque de blindage (auteur) Cette batterie est déclassée à la fin des années 30, et dès lors réservée à l’instruction. Ces installations sont toujours visibles, sauf la cuve N° 1, la plus à droite, dont il ne reste que les niches à munitions .

La cuve N° 2 de la batterie de 120 (auteur)

Le Petit Fortiff’Séré n°48

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, les Allemands installent une tourelle APX (11) de char Renault R 35, armée d’un canon de 37 mm, sur ringstand, à gauche de l’ex-batterie de 32. Déposée en 2011, la tourelle est à présent exposée au musée de Bayeux, mais son emplacement subsiste. Autre curiosité visible dans de cet ouvrage, une rare plateforme en tôlerie, pour canon de batterie semi-fixe, enterrée en avant de la batterie de 120.

La tourelle de char R 35, en 1993 (auteur) La plateforme en tôlerie, enterrée en avant de la batterie de 120 (auteur)

A l’extérieur de l’enceinte du fort, et à sa gauche, on trouvait également une batterie de cinq mortiers M de 30 cm Mle 1883-T-93, dite batterie de la Butte du polygone de Querqueville, dont il ne reste rien, ainsi qu’une batterie annexe, armée de huit canons M de 16 cm Mle 1870, que l’on peut encore apercevoir au-delà de l’enceinte de l’Ecole des fourriers.

La batterie annexe vue de l’ouvrage N° 4 (auteur) A la droite du fort, à l’enracinement de la digue de Querqueville, on trouve la batterie de 100 de la digue, armée de trois ca- nons de 100 Mle 1897 TR.

La batterie de 100 de la digue de Querqueville (auteur)

Le Petit Fortiff’Séré n°49

Ensemble des ouvrages et batteries de Querqueville. Notez que, sur ce plan de 1903, la batterie de 100 de l’Ouvrage N° 4 n’est pas renseignée (atlas des batteries de côte SHD)

Vendu récemment, le fort de Querqueville devrait être transformé en hôtel…

JJ Moulins Novembre 2017

Renvois

1) PA : Pivot Antérieur, ou Avant 2) A compter du 29 juin 1901, la désignation du calibre des matériels de côte, des affûts et des projectiles est précédée de la lettre M : Marine, ou G : Guerre. 3) L’abri de combat Mle 1901 de la CEPAC (Commission d’Etudes Pratiques d’Artillerie de Côte), dans lequel sont emmagasinés les projectiles et leurs charges propulsives, comprend plusieurs versions, adaptées au divers modèles de canons armant les batteries de côte 4) CA Mle 1915 G : Contre-Avions Mle 1915 de la Guerre. Appelé 75 CA Mle 1915, ou 75 Plateforme (PF) dans la DAT (Défense Aérienne du Territoire). Sa mise en batterie nécessite la réalisation d’une cuve, conique ou circulaire, qui porte en son centre la crapaudine du pivot, et permet le débattement de la partie inférieure de l’affût. Les galets de la partie supérieure de l’affût roulent sur une circulaire fixée sur le pourtour de la cuve, permettant le tir sur 400 grades 5) CAD : Contre-Avions Double 6) ACAD : Automatique Contre-Avions Double 7) TR : Tir Rapide 8) PC : Pivot Central 9) FAD : Fonte Aciérée profil D 10) PDT : Poste de Direction de Tir 11) APX : Ateliers de PuteauX

Le Petit Fortiff’Séré n°50

Les fortifications Séré de Rivières et la généalogie

Par Daniel LOUIS

Les fortifications Séré de Rivières ont été édifiées suite à la guerre Franco-Prussienne de 1870 qui a vu la France défaite.

Nombres d’articles parlent de celles-ci. Mais parle-t-on des soldats qui ont servis dans ces forts ?

Nos grands-pères ou arrières grands-pères ou leurs frères ont peut-être été en poste dans ceux-ci.

Lorsque l’on construit son arbre généalogique, nous trouvons facilement pour ces personnes, les noms, prénoms, métiers, dates et lieux de naissance, mariage, décès.

Mais pour leur période sous les drapeaux, c’est moins aisé.

Ont-ils étés mobilisés, ce sont-ils enrôlés volontairement ?

Etaient-ils déjà militaires ?

Dans quelle unité, compagnie, servaient-ils ?

Simples soldats ou gradés ?

Ont-ils étés blessés ou tués,

Dans quels lieux ou batailles ?

Ont-ils reçu des distinctions ?

Le Petit Fortiff’Séré n°51

Plusieurs sites peuvent vous renseigner sur vos aïeuls :

-Les Registres matricules aux archives départementales.

-Site mémoire des hommes.

-Mémorial Genweb.

-Salle des inventaires (Livres d’or).

-Arbres généalogiques postés en ligne par d’autres généalogistes.

- Et d’autres….

Voici des exemples :

Après recherches aux Archives Départementales des Vosges, fichier des matricules, voilà ce que ça donne:

Sa fiche matricule : N° 213 Bureau de recrutement de Neufchâteau (Vosges)

Le Petit Fortiff’Séré n°52

Sur mémoire des Hommes :

Le Petit Fortiff’Séré n°53

Sur le site Mémorial Genweb:

Le Petit Fortiff’Séré n°54

À la salle des inventaires (Livre d’or) :

Bonnes Recherches….

Pour toute aide, me contacter à l’adresse mail :[email protected]

Le Petit Fortiff’Séré n°55

Les fortifications du plateau de la justice de la place forte d’Epinal

Par Cédric VAUBOURG

Les ouvrages de la Justice sont aménagés après la crise de l’obus torpille pour compléter la défense du noyau central, car Epinal, contrairement à ses voisines, ne possède pas de citadelle ou de rempart pour protéger le centre de la place.

A partir de 1886, l’état-major cherche à renforcer la défense du système fortifié, en établissant des nouvelles positions proches du noyau central. Elles doivent soutenir par leur artillerie les fortifications de la place ainsi que les intervalles entre ces ouvrages. De plus, elles interdissent à l’ennemi, l’occupation des hauteurs qui dominent directement la ville en cas de rupture des premières lignes de défense.

En 1894, un projet prévoyait la construction d’une enceinte qui entoure complètement le noyau central, mais seule une par- tie de cette enceinte sera réalisée au niveau de la caserne Reffye en 1895. Ce projet ne sera pas finalisé par manque de crédit et seuls les aménagements moins couteux seront réalisés pour protéger le noyau central.

Le Petit Fortiff’Séré n°56

Ces aménagements sont établis dès 1888 dans les secteurs les plus exposés du noyau central comme sur le plateau de la Justice, sur le secteur de Laufraumont et sur le secteur de Chantraine. Ces trois positions vont recevoir pour la défense lointaine sept batteries d’artillerie en pierre de taille armées en 1914 de pièces de 90 ou 95 mm. Pour assurer la défense rapprochée, ces trois positions recevront huit redoutes d’infanterie et quelques retranchements d’infanterie. Le reste du noyau central, jugé moins exposé, est entouré de tranchées en terre destinées à l’infanterie. Ces tranchées, en grande partie disparues, sont encore bien visibles de nos jours dans certaines parties du secteur de Laufraumont.

Carte des ouvrages du plateau de la Justice en 1914

Le plateau de la Justice

L’un des secteurs les plus exposés de ce noyau central est la position de la Justice. Elle recevra une grande partie des aménagements établis après 1888. Cette position se situe en rive droite de la Moselle. Elle possède une organisation défensive qui constitue le réduit intérieur de la place forte d’Epinal et qui sert de pivot à la défense du secteur nord-est de cette place. Les premiers éléments de cette position sont quatre batteries d’artillerie de type 1885 enterrées, construites de 1889 à 1890. Elles sont appelées M65, M66, M67 et M68 de la Justice. Ces batteries se situent au nord-est du plateau. Elles sont placées Un canon de 120L d’une batterie d’artillerie du plateau de la Justice l’une à côté de l’autre, séparées par des merlons de avant 1910. terre de 30 mètres de long sur le chemin où passe la Collection de Lionel PRACHT voie de 60 qui permet de les approvisionner.

Chaque batterie comporte une vingtaine de niche à munitions, quatre plateformes de tir séparées par des traverses en terre de 13 mètres à la batterie M65 et de 8 mètres pour les trois autres batteries M66, M67 et M68. Ces batteries d’artillerie possèdent deux abris pour les servants en maçonnerie équipés d’une toiture en bois recouverte d’une fine couche de terre. Ces abris seront améliorés vers 1910 avec une dalle de toiture en béton armé qui protège les soldats des éclats d’obus ou de la mitraille.

Le Petit Fortiff’Séré n°57

En 1914, la première batterie d’artillerie (M65) défendait avec ses quatre canons de 95 la lisière du Bois de la Voivre et la vallée de la Moselle jusqu’à la batterie de la Voivre. Les trois autres batteries (M66, M67 et M68) surveillaient avec huit canons de 90 et quatre canons de 95, le ravin entre la batterie de la Voivre et la commune de Jeuxey où passe la route venant de Rambervillers. Elles contrôlaient aussi, la totalité du bois de la Riolante et la vallée supérieure du Saint-Oger jusqu’aux hauteurs d’Aydoilles. Ces batteries étaient approvisionnées grâce au dépôt intermédiaire de Beau Site qui se situe sur ce plateau de la justice en arrière des positions d’artillerie. Un canon de 90 d’une batterie d’artillerie du plateau de la Justice avant 1910. Collection de Lionel PRACHT

Ce dépôt est construit dans les mêmes périodes de 1890 à 1892. Il possède un bâtiment du temps de paix, une enceinte en maçonnerie qui l’entoure et une partie du temps de guerre, souterraine creusée dans la roche à l’épreuve des nouveaux obus. Cette dernière partie, en forme de fer à cheval, ressemble fortement à celle d’autres dépôts intermédiaires de la place forte comme celui de l’étang de Bult, de Chaumousey, de Dogneville et de Sainte-Limon. On pouvait y stocker théoriquement deux jours de munitions pour les quatre batteries d’artillerie soit près de 200 obus par pièce. La partie souterraine comporte une galerie principale qui Le magasin aux projectiles chargés du dépôt de Beau-Site. relie les deux entrées du dépôt. Cette galerie mesure environ Photo VAUBOURG Cédric soixante-dix mètres de long, elle traverse un magasin pour les projectiles chargés de douze mètres de long et elle permet l’accès à un atelier de chargement, un atelier d’amorçage et trois magasins aux gargousses.

Les 30 juin 1913, un projet prévoyait de modifier ce dépôt intermédiaire en magasin de secteur en agrandissant fortement la capacité de stockage. Les travaux de ce projet, qui devaient commencer courant 1914, n’auront pas le temps d’être réalisés à la déclaration de guerre.

Les derniers éléments du plateau sont cinq redoutes d’infanterie construites de 1889 à 1890 en avant des quatre batteries d’artillerie. Elles protègent la position du plateau de la justice, le corps de place et le centre-ville des assauts de l’infanterie. Ces redoutes sont appelées n°1, n°2, n°3, n°4 et n° 5 de la Justice. Elles possèdent chacune un parapet d’infanterie en terre et deux abris avec une dalle de toiture en bois avec une ou deux niches à munitions en maçonnerie.

Le Petit Fortiff’Séré n°58

Ces abris seront améliorés entre 1900 et 1910 par une toiture en béton armé résistant aux éclats d’obus. Les redoutes N°1,2 et 3, placées au nord du plateau, avaient pour mission de battre la vallée de la Moselle, les pentes au sud du Saut le Cerf, le chemin de Rambervillers et la lisière du bois de la Voivre. Les redoutes N°3 et 4, placées à l’est de la position, battaient l’avant du plateau jusqu’au fort des Adelphes et la route venant de Rambervillers.

La position de la Justice restera armée jusqu’au décret du 5 août 1915 qui prévoyait le désarmement des places fortes. Elle gardera, malgré tout, pendant le restant de la Grande Guerre quatre canons de 90 sur affût SP aménagés sur des socles en béton pour la défense anti-aérienne.

En 1916, suite à la bataille de Verdun et à la réorganisation des places fortes, des chicanes en maçonnerie seront aménagées à l’entrée du dépôt intermédiaire. La position ne recevra pas de nouvelle pièce d’artillerie. Seuls, les ouvrages et les intervalles se situant sur la rive droite de la Moselle seront réarmés.

A la fin de la Grande Guerre, la position de la justice tombe dans l’oubli. Le dépôt a certainement servi de stockage de munitions jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale.

Les différents ouvrages du plateau ont été ferraillés pendant le Second Conflit Mondiale sous l’organisation Todd, puis dans les années 60. Ils seront complètement démontés lors de l’extension de la ville. Seul, le dépôt intermédiaire sera complètement remblayé pour laisser place à un immeuble. Il restera oublié pendant près de cinquante années jusqu’en 2014 où il sera complétement détruit lors du chantier de construction du nouvel hôpital d’Epinal. La galerie principale près des magasins aux gargousses du dépôt de Beau-Site. Photo VAUBOURG Cédric

Sources SHD Vincennes

Le Petit Fortiff’Séré n°59

La disparition des canons en bronze dans les fortifications Séré de Rivières

Par Jean-Pierre ZEDET

Après la guerre de 1870 et la construction des nouveaux forts, l'Armée du attendre la réalisation de pièces d'artillerie modernes en acier. Le système le plus complet étant celui de Bange dès 1877. Pendant la transition, les forts seront dotés de pièces en bronze du système de Reffye. On trouve donc des canons des calibres de 5 et 7 destinés à la défense rapprochée des ouvrages ou au flanquement des fossés et des canons de 138 mm à longue portée.

Dès le 16 décembre 1908 le Ministre avait indiqué aux commissions locales d'avoir à remplacer, en principe, les canons de 5 et de 7 par des canons de 80 ou 90 de campagne, nombre pour nombre. Si toutefois la disposition des caponnières ou des coffres ne le permettait pas, on utiliserait des canons de 12 Culasse.

Par dépêches ministérielles des 27 et 30 janvier 1909, un dossier concernant le remplacement des derniers canons en bronze par des canons en acier est soumis une délégation des Comités techniques de l'Artillerie et du Génie. Ce remplacement sera fait dans certaines places au fur et à mesure des disponibilités. La révision d'armement nécessitée par ces remplacements aura lieu ultérieurement. La délégation est donc amenée à remplacer plus de 2000 pièces de Reffye par 900 pièces acier en grande partie de petit calibre, 90 ou 80 dont voici la répartition : 50 canons de 155 L, 80 canons de 155 C, modèle 1890, 40 canons de 120 L, 90 canons de 120 C, 75 canons de 95, 400 canons de 90, 165 canons de 80.

La délégation propose 2 canons acier pour 3 canons de 138 mm. Le Ministre indique que l'on pourra utiliser 50 pièces en plus, retirées récemment de quelques places. La liste des places concernées par le remplacement est la suivante : Dunkerque, Calais, Boulogne, Lille, Forts de la Haute Moselle , , Besançon, Joux, Langres, Dijon, Lyon, , Forts de l'arrondissement d'Albertville, Briançon, Mont Dauphin, Toulon, Marseille, , Belle-Île, Quiberon, Alger et Paris. On remarque que les forts de première ligne n'y sont pas, soit que ces canons aient déjà été retirés au profit des places secondaires, soit qu'ils n'aient eu que des pièces modernes dès leur construction.

Les 138 mm sont encore nombreux comme on peut le voir ici : Dunkerque (39), Calais (21), Lille (83), Forts de la Haute Moselle (2, ceux des casemates à tir indirect de Château-Lambert et du Parmont, remplacés effectivement par des 120 L) , Fort du Mont Bart (2-idem), Besançon (119), Joux (6), Langres (133), Dijon (70), Lyon (53), Grenoble (22), Forts de l'arrondissement d'Albertville (35), Briançon (10), Mont Dauphin (14), Toulon (22, plus 6 canons de 16 !), Belle-Île (8), Alger (6), Paris (459). En 1909 il subsiste donc encore 1104 exemplaires de ce calibre. Chaque commission locale va examiner les besoins actualisés et faire des propositions motivées. Au final la délégation se retrouve avec des impossibilités.

Le Petit Fortiff’Séré n°60

Disponibilité Demandés Bilan 155 L 50 45 +5 155 C 80 55 +25 120 L 40 95 -55 120 C 90 70 +20 95 75 83 -8 90 400 535 -135 80 165 41 +124

Les demandes des services locaux doivent être modifiées. La délégation propose des ajustements. Dans la plupart des places les 138 arment des batteries à 4 pièces. Si l'on accepte 2 canons acier pour un 138, il y aura une forte diminution du nombre de batteries. Il est urgent que le Ministre donne l'ordre à une révision de l'armement des places. La délégation ne se croit pas compétente pour augmenter l'armement de certaines places. C'est effectivement un problème ardu à résoudre. Certains services locaux ont en vue une réorganisation des objectifs stratégiques par la même occasion. La délégation fait attention à ne pas attribuer certaines pièces à des places qui n'en avaient pas déjà et inversement, pourdes raisons évidentes d'équilibre des approvisionnements. Elle remarque que le remplacement des 138 par des 90, expose plus les servants à cause de la faible hauteur de genouillère de ces derniers. Il est donc urgent de hâter l'étude de la protection du personnel dans les batteries de petit calibre. A titre d'exemple examinons Besançon. La directive ministérielle donnerait 80 pièces pour remplacer les 138, la délégationen accorde 90, qui sont 6 canons de 155 L, 8 de 155 C, 4 de 120 L, 8 de 120 C, 4 de 95, 40 de 90, 20 de 80. On aura donc à gérer un parc avec plus de types de pièces et d'approvisionnements, sans compter la formation des artilleurs. Faute de connaitre les pièces déjà présentes et vu les précautions prises par la délégation, on peut penser que Besançon possédait déjà une dotation de tous ces types. Pourtant on remarque que les conférents au 2e degré de cette place ne souhaitaient pas de canons longs 155 L, 120L ou 95. Ils préféraient des 120 C, des 90 et des 80 qui, tirant à poudre blanche, peuvent rester invisibles même avec un faible défilement et sont plus mobiles.

Ces propositions sont suivies de la dépêche du 29 juin 1909.

A cette date la question de la conservation des pièces bronze est toujours posée. Le Ministre signale que les munitions de ces bouches à feu sont arrivées à la limite de conservation et qu'à brève échéance la confection de nouvelles gargousses s'imposera. Or la gargousse de Reffye n'est pas un simple sachet de toile et son coût est élevé. Lorsque la poudre a atteint sa limite de conversation, la changer est une opération longue. Où l'on voit que c'est bien le problème des gargousses de Reffye qui motive le Ministre et pas uniquement le bronze de ces bouches à feu, c'est que l'on remplace des 5 ou des 7 dans les organes bas de flanquement des fossés par des 12 Culasse. Pièces en bronze qui perdureront dans les forts jusqu'en 1940-42. Mais qui utilisent une gargousse classique en toile. De plus le maintien des pièces de 5 et 7 obligerait à donner l'instruction sur le service de ces bouches à feu dans les batteries à pied. Et à entretenir un certain nombre de rechanges dans les approvisionnements. D'où des dépenses à éviter. Car en réponse aux dépêches de janvier, certaine places souhaitaient conserver leurs canons de 5 et de 7. La délégation avait donc conservé à Dunkerque 60 canons de 5 et 7 et 16 à Calais.

En conséquence, il est demandé à la délégation des Comités techniques de l'Artillerie et du Génie de proposer en remplacement une répartition des 950 canons en acier disponibles qui sont :

Le Petit Fortiff’Séré n°61

- 95 canons de 155 L, - 52 canons de 155 C modèle 1890,

- 10 canons de 155 C modèle 1881, - 65 canons de 120 L,

- 76 canons de 120 C, - 87 canons de 95,

- 400 canons de 90, - 165 canons de 80.

Si l'on retire 114 canons de 80 ou 90 destinés à remplacer les canons de 5 ou de 7, il reste 836 bouches à feu pour remplacer les 1104 canons de 138 et les 6 canons de 16, soit environ 3 canons acier pour 4 canons de 138. Un tiers des canons substitués peut être du calibre de 120 ou 155. Partant dans une certaine mesure de ceci, la délégation propose au Ministre une répartition provisoire. Revenons à Besançon. La nouvelle répartition se compose maintenant de 12 canons de 155 L, 8 de 155 C, 4 de 120 L, 8 de 120 C, 8 de 95, 50 de 90. Une amélioration vers la puissance. Ces avis de la délégation seront suivis d'autres dépêches ministérielles. Les archives consultées par Cédric Vaubourg permettent de connaitre ce qui s'est passé dans la place de Langres. Le Petit Fortiff’Séré n°62

Suite à une dépêche ministérielle du 26 octobre et une note de service du 4 novembre, le Général gouverneur de Langres réunit une commission, laquelle rend le compte-rendu de la réunion au premier degré des responsables locaux de l'Artillerie et du Génie le 30 novembre. Les travaux ont pour but la répartition des canons acier destinés à tenir le rôle des 138 retirés. Les modifications assez sensibles apportées à la défense de la Place demanderaient une révision complète de son état d'armement. Le Ministre a fait savoir que les directives ne sont pas prêtes. Le rôle de la commission est donc réduit à substituer les canons en bronze par ceux en acier, seulement là où les premiers sont présents, en assurant le plus possible l'homogénéité qui doit exister dans les calibres des bouches à feu armant les faces des ouvrages et les batteries. Et en tenant compte des calibres des pièces acier existant déjà. La commission doit donc remplacer 130 canons de 138 par 90 pièces acier. Les batteries existantes ne seront plus armées que de 2 canons, là ou 4 et même 6 sont souhaitables. Sinon il faut diminuer le nombre des batteries, c'est-à-dire revoir l'état d'armement. Fort par fort elle propose une répartition provisoire. Nul doute que les réflexions furent délicates, car aucune des pièces proposées ne remplace exactement le 138. Toutefois la commission conclut en mettant en avant le 120 C, qui par sa mobilité, sa facilité de dissimulation et son tir courbe permet de contrer rapidement et efficacement l'attaque d'un secteur donné. Là où un 138 voisinait avec une pièce acier, elle en place deux identiques. A la place de batteries à 2 ou 4 canons de 138 elle substitue un nombre identique de 95 ou de 90. Finalement le Lieutenant-colonel de l'Artillerie y voit plus de logique et d'homogénéité, en attendant une révision complète des états d'armement. Cet avis est consigné favorablement par le Général gouverneur de Langres, le Général commandant l'Artillerie du 7e Corps à Besançon. Les canons de Reffye voient là leur arrêt de mort. Pour le 138 mm, tant décrié, c'est tout de même 37 années de présence dans les forts. Pour une pièce transitoire ce n'est pas si mal.

Des questions. A ce jour les archives ne permettent pas de dire si ces propositions furent suivies, en partie ou en totalité, d'effets. Car on trouve encore en 1910 dans un cours de Letourmy sur le Service de l'artillerie dans l'attaque et la défense des places, cette phrase : " dans les places de seconde zone, il (le 138) remplace en plus ou moins grande proportion les canons de 120 ou de 155 L." Et en 1913 dans un Manuel à l'usage des sous-officiers d'artillerie chargés des manipulations des munitions et artifices dans l'artillerie à pied, on dessine la gargousse de 138 mm pour le tir à blanc. En tous cas il n'est plus fait mention de 138 durant la Grande Guerre.

Salve d'Adieu au Mont Valérien ?

Le Petit Fortiff’Séré n°63

I beg you pardon, you said Fortifications ?*

(* Je vous demande pardon, vous disiez Fortifications ?)

Par Eric BARDOCHAN

Pour aussi cruelle qu'elle soit, la guerre est un laboratoire d'expériences qui permet de développer les techniques dans bien des domaines. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, les ingénieurs militaires ont tous cherché à améliorer leur dispositif pour s'adapter aux situations nouvelles, comme notamment les progrès de l'armement. Et bien entendu, le facteur temps ayant toujours eu une importance considérable pour décider d'une victoire ou d'une défaite, on n'a pas hésité à aller voir ce que les autres développaient dans leur coin pour s'en inspirer, pour copier et pourquoi pas améliorer encore plus la technique. Parfois, les ingénieurs sont aussi passés d'un pays à un autre pour vendre leur service au plus offrant, d'autrefois ils devaient collaborer sous la contrainte et la menace … dans tous les cas ils emmenaient avec eux leurs découvertes mais aussi le vocabulaire associé. Plus de 2000 ans de fortifications en France n'ont pas empêché les autres pays de se munir eux aussi de systèmes fortifiés. Nos voisins Anglo-Saxons en particuliers possèdent de remarquables châteaux forts, enceintes fortifiées, batteries pour pièces d'artillerie …, etc., et leur histoire est aussi vieille que la nôtre. Il ne s'agira pas de démontrer que telle technique de fortification a voyagé d'un pays vers un autre, ou d'identifier l'inventeur d'un système, mais simplement de montrer l'influence d'un savoir faire. Et dans le domaine de la fortification il faut bien reconnaître que la France a souvent montré l'exemple, même si elle a également récupéré bon nombre d'innovations étrangères. Ainsi, il est intéressant d'observer au travers du vocabulaire anglais l'empreinte souvent française plus que flagrante ! Il est vrai que les effets du Moyen-âge et des époques suivantes ont conduit à ce que la langue française devienne la langue officielle de la noblesse, et cela de la cour d'Angleterre jusqu'à celle de Russie, rien d'étonnant alors à retrouver chez nos voisins une ribambelle de termes qui nous sont familiers ! N'oublions pas cependant l'origine parfois latine, grecque, germanique, arabe ...etc., de certains mots français. Par exemple, l'implantation d'un "castle" ou d'un "château" relève d'un art déjà bien étudié depuis l'époque des camps romains fortifiés appelés "Castrum", que l'on retrouve dans le mot "castramétation". Les premiers châteaux en bois étaient parfois bâtis sur un promontoire artificiel, la motte castrale (Du vieux francique - la langue des Francs - attesté en latin médiéval [IXe siècle] sous la forme "motta") que les anglais désignent sous le nom de "motte-and-bailey", bailey étant la basse-cour, du vieux français/ normand "bail" ! L'adaptation phonétique est souvent à l'origine de la version anglaise.

Je vous propose d'en voir quelques-uns ici réunis par ordre alphabétique avec pour certains un commentaire. Bien sûr la liste n'est absolument pas exhaustive, je souhaite juste qu'elle vous fasse sourire à défaut d'éveiller chez vous l'envie d'en découvrir d'autres au gré de vos lectures. En guise de récréation, je l'accompagne de quelques photos prises sur le fameux rocher de Gibraltar. Je ne vous raconte pas l'histoire du Mont Calpé devenu le Mont Tariq (Djebel Tariq - Gibraltar), Wikipédia - par exemple - vous donnera déjà énormément d'informations à ce sujet ! Néanmoins, pour tout amateur de fortifications, la visite de ce lieu n'est pas sans intérêt car il a toujours été hautement stratégique, il a donc été parsemé de défenses côtières et de galeries souterraines impressionnantes.

DIEU ET MON DROIT

sur les armoiries de Gibraltar

Le Petit Fortiff’Séré n°64

Vous noterez au passage que le caillou étant encore sous domination anglaise, la langue de Shakespeare est toujours d'actualité. Pour autant les voitures roulent à droite comme en France ou en Espagne, et pour revenir à notre sujet, je vous laisse découvrir les inscriptions qui jalonnent les murs et les plaques de rues. Même les toilettes publiques (Toilet) portent les armoiries avec une devise bien de chez nous !

Voici donc un échantillon de termes anglais ... parfois à s'y méprendre !

Aisles : Les bas-côtés ou les ailes … d'une construction, pas d'un oiseau ! Ambuscade : Embuscade Ammunitions : les munitions. Les anglais disent "Provisions" pour les vivres qu'on appelait autrefois les "munitions de bouche" ! La ruelle du canon

Arbalestiers : Arbalétriers. Aujourd'hui les anglais disent plutôt Crossbowman (ou aussi "Arbalist"). Si l'arbalète se dit "Crossbow" en anglais (littéralement "croix arc"), ça n'a pas de rapport avec la forme de la meurtrière, mais simplement avec la forme de l'arme. On notera que le mécanisme de réarmement d'arbalète par cric, est appelé "cranequin" dans les deux langues, mot venant du néerlandais "cranekijn" (petite grue), la forme du cric rappelant celle de la patte de l'oiseau éponyme. Archery : Archerie existe bien en français, pourtant nous disons plus souvent "Tir à l'arc". Ça désigne aussi le groupe d'archers. Artillery Arrowslit (ou encore Arrowloop, Loophole, Balistraria) : La meurtrière. Une petite particularité ici puisque les anglais utilisent aussi le mot "meurtriere" mais dans le sens d'assommoir. La meurtrière aurait été mise au point par le célèbre Archimède au siège de Syracuse en 214-212 avant J.-C. , ça ne lui a pas porté chance, il y a trouvé la mort à cause d'un soldat romain désobéissant ! L'adaptation de la meurtrière au Scorpion, une sorte de petite baliste (du grec ballein, jeter) a donné son nom de Balistraria qui est resté en anglais. La meurtrière pattée ou à étrier (dont la base est évasée pour élargir le champ du tir fichant), se dit en anglais "Arrowslit with a fishtail" (Meurtrière avec une queue de poisson) ! Une déclinaison de cette Balistraria donnera l'arbalète. La modification de la meurtrière - ajout d'une fente horizontale donnant ainsi une ouverture cruciforme - pour s'adapter au tir de cette nouvelle arme, attribuera à l'ouverture le nom d'arbalétrière, que les anglais nomment "Arbalestina" ou "Arbalisteria". A noter que les italiens disent "Balestrieri" pour le tir à l'arbalète.

Banquette Barbican : Barbacane Bastide , Bastle : Bastille : Les anglais appellent aussi cela "Star Fort" (fort étoile) ou encore "Trace italienne" (un tracé à l'italienne) rappelant en langue française l'origine de cette technique outre-alpine. Batardeau Battalion : Bataillon (de bataille) Bastion Nord

Le Petit Fortiff’Séré n°65

Batteries Belfry : Beffroi, ici la tour en bois d'attaque, que les anglais nomment aussi "Siege Tower" (Tour de siège) ou encore "Breaching Tower" (voir Breach et Siege ci-dessous). Bivouac : Ce mot bien français est emprunté au suisse-alémanique "Biiwacht" (soit "en surveillant"). Boulevard : Le mot vient du néerlandais "Bolwerk" (que l'on traduit d'ailleurs par "Bastion" !) et qui est probablement issu de "bouw werk", le travail de construction, que l'on retrouve en anglais avec "Build" (construire) et "Work" le travail mais aussi l'ouvrage, comme dans "Hornwork", l'ouvrage à corne. Les larges voies ayant souvent remplacé les anciennes fortifications, elles ont alors repris l'appellation de boulevard comme à Paris, à tel point que même aux Pays Bas, on dit aussi aujourd'hui "Boulevard" ! Breach : Une brèche Bretèche : Les anglais disent aussi "Bartizan" qui est une déformation du vieux mot anglais "Bretasinge", lui-même venant de "Bretais parapet" ou "Brattice" … la "Bretesche" (probablement la fortification bretonne) comme on l'écrivait en vieux français. On peut aussi dire "Box-machicolation" (voir machicolation). Brigade Boyau : La tranchée étroite, le boyau ! Cannon Cantonment Caponier : La caponnière. Du latin "caput", la tête (qui donne, chapeau, capital, chapitre ...etc.) Casemate

Cavalier : Le cavalier (ouvrage surélevé) Le Bastion Sud - 1540 Cavalry Chamfering : Embrasure. On trouve indirectement le mot chanfrein, les anglais disent aussi "Embrasure" (voir Crenelle ci -dessous). Chemin de ronde Chemise: Aujourd'hui les anglais disent plutôt "Apron wall" (mur tablier) ou encore "Mantlet wall" ... "mantlet" vient là encore du français "mantelet", le manteau court. Chevaux-de-frise Citadel Company Corbelling : Encorbellement. Corbel : Corbeau (le support). Les anglais disent aussi "Console" Cordon Route du Glacis Counterfort : Contrefort

Counterpoise : Contrepoids Couvreface : Dans la fortification bastionnée, le "couvreface" est au bastion ce que la tenaille est à la courtine, une sorte de contre-garde creuse.

Covert-way : Chemin couvert Crenellation : Crénelage Crenelle (ou Crenel) embrasure : Créneau. Du latin "Crena", et de l'ancien français "Cren", aujourd'hui "Cran". Les anglais utilisent parfois le mot "niche" pour parler d'un créneau. Cunette (Cuvette) : La cunette. Mot français issu de l'italien "Lacuna" le fossé. Les anglais disent également "drainage" pour la fonction de cette cunette. Curfew : Couvre-Feu. Les anglais l'écrivaient "Curfeu". Une loi promulguée par Guillaume le conquérant obligeait d'éteindre les éclairages et les feus (en les couvrant), dès que la

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cloche sonnait 20h, pour limiter les risques de propagation d'incendie dans les constructions en bois. Curtains : Courtines. Là c'est troublant ! Séré de Rivières aurait-il pris un dictionnaire anglais pour imaginer son dispositif d'interdiction des nouvelles frontières de l'Est après 1870 ? Il a considéré des couples de places fortes encadrant un rideau défensif, c'est bien le schéma agrandi d'une courtine entre deux tours ou deux , et en anglais "rideau" se dit bien "curtain" ! Deadfall : Assommoir … à peu de chose près, "tombe mort", c'est assez explicite ! Les anglais disent aussi "Murder-Hole" (trou-meurtrier) ou encore "Meurtriere" (voir Arrowslit) Dehor : Les dehors, tous les ouvrages extérieurs à la fortification principale (demi-lune, ravelin, ouvrage à cornes ...etc) Demi-lune (halfmoon) DrawBridge : Pont-levis. Rien de français ici, mais j'aime l'origine du mot : Bridge le pont, et Draw qui veux dire "dessin" mais dans son acception ancienne, soit tirer des traits, comprenez le pont que l'on tire pour le relever ! A noter qu'il existe en anglais le "Bascule Bridge" Dungeon : Donjon. Aujourd'hui "Dungeon" a pris la signification de cachot (anciennement "cell", une cellule), tandis que donjon se dit "a Keep". Echaugette : Échauguette. Dans la fortification bastionnée, il est plus juste de parler de guérite, le terme échauguette faisant plutôt référence à l'époque du Moyen-âge. Ecoute : Galerie d'écoute pour la contremine Embrasure : Embrasure (l'ouverture), mais le mot est également employé pour désigner l'ébrasement (l'élargissement progressif de cette ouverture, vers l'intérieur et/ou l'extérieur). En bec : La forme en éperon donnée à une tour par exemple.

Encampment : Le campement Enceinte Enfilade Escutcheon : Écusson Esplanade Fascine Fausse braye, bray ou braie : Faussebraie. Le mot vient de l'italien "Falsa braga", et "braga [ou antemurale]" (du latin "braca" emprunté au gaulois) est le rempart, il s'agit donc du faux rempart, une ceinture basse maçonnée et ap- puyée en avant du rempart pour en protéger le pied. Les grecques et les byzantins appelaient cet avant mur "proteichisma" (προτειχισμα), la préconstruction. La braie ou braye désignent en vieux français un lange, la couche du bébé, donc une protection. La culotte, le caleçon était appelait autrefois la brague mais aussi les braies (comme chez les Gaulois). La brayette ou petite braie, était une poche fixée en haut des chausses, par déformation, elle est devenue la braguette … un curieux rempart!

Fer à cheval : ouvrage extérieur avec parapet qui a la forme du fer. Flank : Le flanc Fleche : Flèche, mais pas celle tirée par l'arc ni celle construite au sommet d'une tour. Ici ça désigne la construction à deux faces en pointe, "en bec" (voir ci-dessus) qui est en avant d'une courtine par exemple, mais détaché, comme une demi-lune ouverte à la gorge. Forecourt : Parvis, mais aussi l'avant-cour au sein de la barbacane. Le mot "forecourt" n'est pas français, cependant il est construit avec "court" la cour et plus étonnant, avec "fore" que l'on retrouve en vieux français dans le mot "for" signifiant "excepté, hormis" (fors l'honneur !) mais aussi "hors de", "en dehors", sens donné ici puisqu'il s'agit de la cour en dehors des murs du château. On peut rapprocher ce mot du mot français "Faubourg" qui est une altération de l'ancien mot Forsbourg, soit en dehors du bourg, bourg qui est issu de l'allemand "burg" le château. Les châteaux et cités fortifiées étant toujours construits sur des positions dominantes, les faubourgs sont donc généralement en contrebas des remparts. C'est pourquoi les anglais les appellent "suburbs", de "sub" en dessous et "urbs" d'urbis, la cité.

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Fort Fortification : Du latin fortis (fort, résistant ...) et facere (verbe Faire) Gabion : L'anglais emploie le mot français, mais l'origine est italienne, de "Gabbione" la grande cage. Gabbia vient lui -même du latin "cavea", la cage.

Garderobe : Latrines, mais oui !!!! Emprunté au français au Moyen-âge, le mot anglais a eu le même sens à l'origine, à savoir, la toute petite pièce pour y ranger ses objets de valeur et ses vêtements. Ce local attenant àla chambre a pris un caractère privé. Les besoins naturels ont conduit à créer des toilettes soit sur fosse sceptique, soit avec les fossés ou les douves du château comme destination. Les gens ont tôt fait d'assimiler cette dernière disposition à celle de la bretèche, qui est un organe défensif. Mais vu de l'intérieur, l'accès d'une bretèche ou des toilettes est sensiblement identique … en somme une petite pièce privée avec des trous par terre ! Voilà comment une belle garde-robe est devenue des chiottes chez nos voisins d'outre-Manche … c'est du propre ! Et maintenant ils disent "Wardrobe" pour garde-robe, allez comprendre.

Garrison : Garnison Glacis Gorge : Tandis qu'en anatomie, la gorge se dit "throat", ici il s'agit bien du côté (d'une tour, d'un bastion, d'une construction saillante) tourné vers l'inté- rieur de l'enceinte. Guerite Herisson : Pas l'animal qui se dit "Hedgehog" en anglais, mais l'obstacle pointu ! Herse : L'origine serait latine (hirpex), ou alors viendrait de l'arabe "Herth, le labour (de "Haratha", labou- rer), c'est vrai que la lourde grille fait bien penser Les portes des grandes casemates, sur le site de la à l'outil agricole pour casser les mottes de terre. porte de l'eau. Ne dit-on pas d'ailleurs une "Herse sarrasine" en héraldique ? Les anglais ont aussi un autre mot pour nommer cette herse : "Portcullis" … ne cherchez pas, c'est du français phonétique, la porte coulissante !

Hoard : Un Hourd. Le mot vient du francique "Hurd", la claie, à l'origine un assemblage de branches chargées de terre pour protéger du feu ennemi. Lunette : Pas celle d'observation, mais l'ouvrage défensif avancé ! Machicolations : Machicoulis, viendrait de "Mascil, Maschil, Mâchier" (Mandibulum, mandibule) donc mâcher, broyer … et "coulis" de "coulisse", passage ou ouverture par où un objet quelconque est jeté ou lancé, ou encore de "col" (le cou), comprenez ainsi un "brise cou", un "brise nuque". A noter que les Espagnols disent "Matacán" et les Portugais "Matacães", de "matar canes" … littéralement "tuer le chien", en référence aux infidèles ! Masonry : Maçonnerie Merlons : Si le mot est bien emprunté au français, en revanche son origine hésite entre l'italien "Merlone" un raccourci de "Mergola" du latin "Mergae" la fourche, ou alors un diminutif "Moerulus", de "Murus/ Moerus" le mur. Une autre étymologie plus imagée et poétique donne le nom latin "merulus" diminutif de "merle", l'oiseau noir qui aime se poser sur les murs ! Meurtriere (Drop-Box): Assommoir Mines & Countermines : Mines et Contremines Mortise (mortice) & Tenon : Mortaise & Tenon Musket : Le fusil (Le mousquet). Aujourd'hui le terme est plus que désuet, et on dit en anglais "Rifle". Reste le film D'Artagnan & The Three Musketeers avec la plupart des combats ... à l'épée ! Orillon : La forme de la construction rappelant celle du pavillon de l'oreille, d'où son nom ! Palisades : Palissades

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Pan coupé Parapet : L'origine du mot est italienne, de "Parapetto", "Parare" défendre (on retrouve le verbe français parer) et "petto" au sens de "front". Pincers (ou Tenaille) : La tenaille … presque une pince ! Place-of-arms : Place d'armes. A noter qu'arme se dit normalement en anglais "weapon" Postern : Poterne Pulley : Poulie

Powder magazine : Magasin à poudre. Provisions : (voir Ammunitions) Quarrel : Le carreau (d'arbalète), de par la forme de la pointe du projectile, un embout ferré à quatre faces. Rampart : Rempart Ravelin Redan Redoubt : Redoute Reduit Salient : Saillant Place d'armes de l'Ouest Sappers & Miners : Sapeurs & Mineurs Scarp & Counterscarp : Escarpe & Contrescarpe

Siege : Siège … et ses dérivés : Besieged : les assiégés Besiegers : les assiégeants Sortie : Pas seulement la porte, ici le sens anglais est celui de la manœuvre militaire consistant à effectuer une brève incursion dans les lignes ennemies en sortant de la place forte. Squad : une escouade Talus : Le mot anglais actuel est plutôt "slope". Tenaille : voir "pincers"

Terreplein Trebuchet Trenches : Tranchées Trou de loup : Piège constitué d'une fosse camouflée au fond de laquelle un pieu pointu est disposé. Vanguard: Avant-garde La batterie Parson's Lodge - Gibraltar - juin 2016

Éric Bardochan 12/2017

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Cuirassements en Cochinchine

Par Jean-Jacques Moulins

Au début du 20e siècle, parallèlement à la modernisation de la ligne Séré de Rivières, en Métropole, la France réalise aux colonies des ensembles fortifiés assez remarquables, pour la défense des points d’appui de la flotte (1). Plusieurs ouvrages sont dotés de cuirassements. Pour les fronts terrestres des points d’appui, ces derniers sont identiques à ceux utilisés en France, Pour la défense des côtes, ils sont originaux. On trouve ainsi : - en Tunisie, à Bizerte, deux tourelles GF 4 pour deux mitrailleuses installées dans le fort du Djebel Kébir (tourelles N° 2 et 3) - au Sénégal, à Dakar, trois tourelles pour deux canons de 240 ; à Gorée, au Cap Manuel, et à Bel-Air

Tourelles de 240 « colonies » dans l’usine Schneider du Creusot (François) - en Cochinchine, une tourelle DF 1905 pour deux canons de 75 R dans l’ouvrage de la Route de Baria, au cap Saint-Jacques, et deux tourelles pour deux canons de 240, dans l’ouvrage du Rach-Cat. Ce sont ces deux derniers ouvrages que nous décrirons aujourd’hui.

L’ouvrage de la Route de Baria est le pilier de la défense terrestre du cap Saint- Jacques.

En 1914, le front de terre du cap Saint-Jacques compte, en plus de l’ouvrage de la Jacques Jacques - Route de Baria, deux blockhaus, dit du Point K et du Point 16 (3). Ce sont des fortins

en béton armé, semblables à ceux constituant la ceinture fortifiée de Saïgon (4). Ils

sont dotés de créneaux de fusillade, et armés : le premier de quatre mitrailleuses, le second de deux, placés dans des retranchements extérieurs. L’ensemble est appuyé par les batteries de Ben Dinh et des Carrières, armées chacune de quatre canons de

(auteur) 14 cm Mle 1881 A. La première est située sur le massif du Grand Eperon, la seconde sur celui du Phare. La batterie de côte des Lotus, armée de cinq canons de 14 cm Mle 1881-84 TR, peut également participer à l’appui des ouvrages du front de terre. La batterie de Ben Dinh est toujours visible, mais les sites des deux autres sont encore

occupés par l’armée (5). Les deux blockhaus ont disparu. Les fortifications Les du capSaint

Le blockhaus du Point K, au début des Un exemple de la fortification de Une plateforme de la batterie de Ben années 1950 (Lionel Pracht) Saigon : le blockhaus de Rach-Lao (DR) Dinh, envahie par la végétation (auteur)

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L’ouvrage de la Route de Baria est doté d’une tourelle à éclipse DF 1905, armée de deux canons de 75 R, la seule installée outremer, et d’un observatoire cuirassé. Son plan est comparable aux ouvrages intermédiaires de Verdun, mais très allégé, avec escarpe en terre coulante, et fossé sec franchi par un pont dormant. Il est protégé par une grille défensive.

Plan de l’ouvrage de la Route de Baria (AOM)

L’entrée est incluse dans une caponnière, flanquant la gorge, elle-même percée de créneaux de fusillade. La tourelle porte le numéro 57. L’ouvrage, construit à l’altitude de cinq mètres, est en outre armé de six mitrailleuses de 8 mm, placées dans des retranchements extérieurs. Il est toujours en service en 1939, et même jusque dans les années 50. De nos jours, surmonté d’un mirador, datant des guerres de la seconde partie du 20e siècle, il est enclos dans l’enceinte de la base aérienne militaire de Vungtau. La tourelle est toujours en place.

Vue aérienne de l’ouvrage de la route de Baria en 1955 (SHD)

La gorge de l’ouvrage de la route de Baria (DR) Le Petit Fortiff’Séré n°71

Pour éviter l’ « effet de four » dans la chambre de tir, son toit était protégé du soleil par une épaisse couche de liège, maintenue en place par un voile de béton armé fixé à une armature métallique. Ce dispositif est toujours en place. Le cuirassement et le bloc tourelle sont pratiquement vides. Presque tout ce qui pouvait être démonté l’a été, sauf le balancier et, bizarrement, une plaque « éclipse ».

La tourelle de 75 de l’ouvrage de la Route de Baria a perdu Le balancier de la tourelle, sa manivelle, et sa plaque sa couche isolante en liège, mais en a conservé le système « éclipse » (DR) de fixation (DR)

On peut voir que le système d’évacuation des gaz et fumée a été muni d’un moteur, certainement entre les deux guerres mondiales. La partie caserne de l’ouvrage est en très mauvais état. L’avenir de l’ouvrage est incertain, car la base aérienne dans laquelle il est enceint gêne désormais l’essor de la ville, et il est question de la déplacer pour faire place à de nouvelles constructions. Une démarche a été entreprise pour tenter de sauver au moins la tourelle, et son mécanisme.

Le ventilateur de la tourelle, et le support du moteur Il reste peu de chose du plancher de l’étage intermédiaire électrique (DR) (DR)

L’ouvrage du Rach-Cat est un fort de défense des rivières, réalisé entre 1905 et 1914. Pour parvenir à Saïgon depuis la mer de Chine, les navires de gros tonnage doivent emprunter la rivière de Saïgon, assez sinueuse, mais profonde. Pour parvenir à son embouchure, il faut longer les massifs du cap Saint-Jacques. C’est pourquoi ces derniers ont été fortifiés, pour constituer ce que nous avons appelé le « Gibraltar indochinois ». Il existe un autre itinéraire, plus direct, pour gagner Saïgon. Il s’agit du Soirap, qui se jette dans la mer de Chine à 17 kilomètres au sud-ouest de la rivière de Saïgon.

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Les différents accès à Saïgon depuis la mer de Chine (Google)

Il est large, peu profond, et parsemé de bancs de sable. Seuls les navires de faible ou moyen tonnage peuvent l’emprunter. Mais il permet de contourner les défenses du cap Saint-Jacques. Le Soirap donne également accès au grand Vaïco, un de ses affluents, dont les rives constituent une base de débarquement facile. C’est pourquoi la nécessité de construire un fort, doté d’une puissante artillerie, au confluent du Soirap et du grand Vaïco s’est imposée aux concepteurs de la défense, à la fin du 19e siècle. Cet important ouvrage, construit dans la rizière, a nécessité, pour sa réalisation, des innovations techniques qui en ont fait le nec plus ultra de la fortification du début du 20 siècle. Il a couté 7 000 000 de francs de l’époque. Construit en béton armé, il est fondé sur sol comprimé par apport de remblais de sable.

Plan de l’ouvrage du Rach-Cat (AOM)

Il comprend deux demi-ouvrages symétriques, reliés par une caserne de guerre. Celle-ci est protégée par un mur, dont la partie supérieure est percée de créneaux de fusillade. L’ouvrage est entouré par un fossé humide, franchi par un pont dormant, et alimenté par le fleuve au moyen d’un canal.

L’ouvrage du Rach-Cat, ses batteries et son fossé (AOM) Le Petit Fortiff’Séré n°73

Un réseau de voie de 60 parcourt l’ouvrage, et le relie à l’appontement situé à proximité. Tous les matériaux de construction, les cuirassements, les canons et leurs munitions, ont été acheminés par voie fluviale. Par suite de la nature du sol, il n’a pas été possible de réaliser des magasins souterrains. Les projectiles et la poudre sont donc entreposés dans des magasins de surface en béton armé. Contrairement aux batteries du cap Saint-Jacques (2), établies à des altitudes les mettant à l’abri des coups de l’artillerie navale de l’époque, l’artillerie principale de l’ouvrage, construit au niveau de la rizière, a été placé sous cuirassement, bien que le projet initial prévoyait de le doter de six canons de 240 sur affût PC, et de quatre canons de 100 TR.

Un des trois mortiers de 30 cm Mle 1893, toujours en place Le confluent du grand Vaïco et du Soirap, et dans la batterie de mortiers du Phare, au cap Saint-Jacques l’emplacement de l’ouvrage du Rach-Cat, avec l’armement (auteur) initialement prévu. Rapport Borgnis-Desbordes Delambre 1899 (AOM)

Les quatre canons de 240 Mle 93-96 M « colonies » sont donc placés sous deux tourelles cuirassées Schneider, une par demi- ouvrage, identiques à celles installées à Dakar à la même époque.

La tourelle de 240 « colonies » de Gorée au Sénégal. Contrairement à celles du Rach-Cat, elle a été modernisée avant la Seconde Guerre mondiale. Les tubes de 240 Mle 1893-96 M ont été remplacé par des Mle 1902-06, au détriment de la place disponible. Le toit n’a pu être remis en place (auteur) Le Petit Fortiff’Séré n°74

A Dakar, ce sont trois tourelles qui sont installées, mais dans trois ouvrages différents, alors qu’à Rach-Cat, les deux engins sont regroupés dans un seul fort. On ne trouve nulle part dans les batteries métropolitaines à cette époque, l’équivalent du canon de 240 Mle 1893-96 M. Ce canon de 40 calibres, d’origine Marine, a été attribué au ministère des colonies quand celui-ci s’est vu confié la défense des points d’appui (3). C’est pourquoi il est couramment appelé 240 « colonies ». Insuffisant pour lutter contre les cuirassés, il est parfaitement adapté au combat contre les croiseurs, que l’on estime être l’adversaire potentiel des batteries de côte coloniales. Il est installé : sur affût à châssis incliné à pivot central, avec un tube à tourillons, ou sur affût à berceau de tourelle, avec un tube sans tourillons. La tourelle tournante Schneider, pour deux canons de 240 Mle 1893-96 M, commandée en cinq exemplaires en 1907, est un engin en avance sur son époque.

Vue en coupe de la tourelle de 240 « colonies » (collection auteur)

Il est contemporain des tourelles à éclipse pour 155R et pour 75R, réalisées pour l’armement des fronts terrestres. Il illustre, avec celles-ci, l’avance prise par la France, dans le domaine des cuirassements. La tourelle, protégée par une avant-cuirasse constituée de huit voussoirs en acier moulé, est installée dans un massif en béton armé. La partie tournante comporte une muraille tronconique, en huit plaques d’acier cémenté, d’une épaisseur de 20 cm, renforcée intérieurement par deux plaques d’acier de 13 mm. La toiture est constituée de trois plaques d’acier superposées, de 17 mm chacune. Cette épaisseur était jugée suffisante, face à une artillerie navale qui pratiquait le tir de plein fouet, avec de faibles angles de chute. La toiture est surmontée d’un capot de pointage en acier moulé.

La tourelle de 240 « colonies » de l’aile nord de l’ouvrage du Rach-Cat, dans son état actuel (auteur) Le Petit Fortiff’Séré n°75

L’affût, type Démocratie, ne permet pas un angle de pointage supérieur à + 7°, ce qui donne une portée maxima de moins de 10 000 mètres. Mais ce faible débattement permet une cadence de tir élevée, de trois coups par minute. Chaque tourelle est installée dans un massif en béton armé, qui inclut les magasins à poudre et à projectiles, les systèmes de manutention des projectiles et des charges, l’usine électrique et la centrale réfrigérante, indispensable pour la conservation des poudreset explosifs sous le climat cochinchinois. Les ouvertures sont fermées par des portes et volets blindés.

Canon de 75 Mle 1897 sur affût de campagne Un des trois emplacements pour deux canons de 75 Mle 1897 sur approprié au tir de côte affût de campagne approprié au tir de côte de l’ouvrage du (album de côte collection auteur) Rach-Cat (DR)

L’armement secondaire du fort comprend trois batteries de deux canons de 75 Mle 1897 sur affût de campagne approprié au tir de côte, et deux batteries de deux canons G de 95 Mle 1888 sur affût C Mle 1904 G. L’ouvrage dispose d’un projecteur de 90 pour le tir de nuit. La défense rapprochée est assurée par dix mitrailleuses de 8 mm, et par les créneaux de fusillade.

Canon de 95 Mle 1888 sur affût C Mle 1904 G (album de côte collection auteur)

L’ouvrage est tout juste terminé en août 1914. Après la destruction de l’escadre de l’amiral Graf Spee, par les croiseurs de bataille de l’amiral Sturdee, le 12 octobre 1914, aux Falklands, aucune menace ne pèse plus sur les côtes indochinoises (4). L’armement du fort est déposé dans les premiers mois de la guerre, et renvoyé en métropole. Les tourelles et les affûts des canons de 240 restent en place. Les tubes, installés sur des affûts tous azimuts Saint-Chamond, serviront dans les rangs de l’ALVF (5), pendant les deux conflits mondiaux.

Canon de 240 « colonies » sur affût-truck TAZ Saint-Chamond (collection auteur)

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Le réarmement de l’ouvrage est envisagé dès les années 20, mais il faut attendre la Seconde Guerre mondiale pour qu’il devienne effectif. En 1940, on envisage d’y installer une batterie de quatre canons de 155 L Mle 1916. Mais ce sont, en définitif, deux pièces de 138 Mle 1924, récupérées sur des croiseurs auxiliaires, qui sont installées dans deux cuves surmontant des magasins en béton armé, construits aux deux extrémités du fort.

Le canon de 138 Mle 24 et la tourelle de l’aile sud (DR)

Le canon de 138 Mle 24 de l’aile nord de l’ouvrage du Rach-Cat (auteur)

La conduite de tir est assurée par un PDT équipé d’un conjugateur C Mle 1930. Le télémètre de cinq mètres SOM et le projecteur de 150 GP sont placés au sommet de deux pylônes, situés en arrière de l’ouvrage. Celui-ci comprend également une batterie de quatre pièces de 75 Mle 1897 sur affût Mle 1916, placées également dans des cuves en béton, dotées de niches attenantes. Après le « coup de force » de mars 1945, les Japonais, ou plus probablement le Vietminh, récupèrent les canons de 75 (6).

Emplacement pour canon de 75 Mle 1897 sur affût Mle Canon de 75 Mle 1897 sur affût Mle 1916 (auteur) 1916 (auteur) De nos jours, l’ouvrage est toujours en terrain militaire, et occupé par l’armée vietnamienne (7).

Pendant la guerre du Vietnam, les Le haut du mur d’enceinte, et ses créneaux de fusillade (auteur) Américains l’avaient baptisé « Fort Le porche d’entrée de l’ouvrage du Courage », nom tiré d’une série télévisée Rach-Cat (DR) américaine des années 1965-67 (DR) Le Petit Fortiff’Séré n°77

Les tourelles, démunies de leurs tubes et berceaux, sont toujours en place, ainsi que les canons de 138 Mle 24 (8), dans un état remarquable. Les toitures des tourelles ont été remises en place après le démontage des canons, sans être fixées.

La cloche d’observation en acier moulé de la tourelle de Vue générale du bloc tourelle nord (auteur) l’aile nord (auteur)

La caserne a perdu ses portes et volets blindés, seuls restent les encadrements. Tous les locaux sont vides. Un compte-rendu d’octobre 1945 les décrit comme complétement pillés, par les Japonais, ou par le Vietminh. Les deux pylônes de la direction de tir sont abattus, mais leurs fondations sont visibles. La plateforme du projecteur et la tourelle du télémètre gisent au sol.

Vue aérienne de l’ouvrage de Rach-Cat, en 1950. Remarquez les ombres portées des deux pylônes de la direction de tir, au-dessus des flèches (SHD)

L’embase du pylône supportant la tourelle L’embase du pylône supportant la plateforme du projecteur. télémétrique. On peut voir cette dernière, à Celle-ci git en arrière, sous le fourré (DR) l’arrière-plan (DR) Le Petit Fortiff’Séré n°78

Cette dernière provient sans aucun doute d’un navire de guerre, très certainement du croiseur de 8 000 tonnes Lamotte-Picquet, stationné à l’époque à Saïgon.

Le croiseur Lamotte-Picquet arrive à Haïphong, à la fin des années 1930 (Claude Berruyer)

Ce bâtiment, armé de huit canons de 155, de quatre canons de 75 CA, et de 12 tubes lance-torpilles de 550, possédait en effet quatre télémètres. Un de huit mètres, affecté au télépointeur installé en tête du mat tripode, un de quatre mètres, installé sur le blockhaus de commandement, et deux autres, de quatre mètres également, installés sur chaque bord, entre les canons de 75 CA.

Le Lamotte-Picquet vient d’accoster à Haïphong. Remarquez la tourelle télémétrique bâbord, sous la cheminée (Claude Berruyer)

Les deux autres bâtiments de ce type, Primauguet et Duguay-Trouin ont vu leurs télémètres latéraux déposés au cours de la guerre. On peut penser qu’il en a été de même sur le Lamotte-Picquet, et qu’une de ses tourelles télémétriques a été utilisée à Rach-Cat, après modification pour y intégrer un télémètre de cinq mètres (9).

La tourelle télémétrique de Rach-Cat. Comparez avec celle du Lamotte-Picquet (DR)

Pour conclure sur la genèse de cet ouvrage, on peut constater que la France du début du 20e siècle était riche, et ne lésinait pas sur les moyens pour affirmer sa puissance. L’établissement de Fontainebleau, qui formait alors les officiers de l’Artillerie coloniale, était à la fois une école d’application et une école d’ingénieurs. La juxtaposition et l’interpénétration desdeux armes, Génie et Artillerie, créaient une ambiance scientifique très bénéfique. C’est ainsi que se sont mis en valeur, pourla Cochinchine, le colonel Sornein, les capitaines Bernard, Charlier, Docteur, Huckandubler, Raynal et Julien, les lieutenants Milhan, Viant, Niollet et Schyry. Ces hommes, en participant à la réalisation de cet ouvrage unique, ont fait de leur mieux pour servir la France, mais se sont sans doute aussi fait plaisir, en concevant et en réalisant, sous un climat éprouvant, ce chef-d'œuvre de technologie militaire.

JJ Moulins Novembre 2017

Le Petit Fortiff’Séré n°79

Renvois

1) En 1914, la France compte cinq points d’appui de la flotte : Bizerte, Dakar, Saïgon, Diego-Suarez, et Fort-de-France. La défense du premier est du ressort de la Marine, celle des autres du ministère des colonies 2) Le front de mer du cap Saint-Jacques comprend, en 1914, quinze batteries. Ces dernières sont armées de cinquante-trois canons ou mortiers, de calibres 100 à 300 mm. Elles ont a été étudiées dans 39-45 Magazine N° 276, 277, et 278, ainsi que dans l’Index de la fortification française (IFF), dont la version en ligne n’est malheureusement plus disponible. L’auteur possède encore quelques exemplaires de la version papier. 3) Vingt-deux canons de 240 « colonies » ont été mis en place outre-mer. Treize l’ont été à Dakar, dont six sous tourelles, et sept sur affût PC en deux batteries. En Cochinchine, quatre ont été mis sous tourelles, et cinq sur affût PC. La portée des tubes installés sur affût PC, qui autorise un pointage jusqu’à + 12°, atteint 12 000 mètres. Tous ont été rapatriés, sauf ceux de la tourelle de Gorée, à Dakar, qui sont restés en place jusqu’à la fin des années 1930 4) Voir l’article : « Admiral Graf Spee, un nom, deux combats » dans 39-45 magazine N° 330 5) ALVF : Artillerie Lourde sur Voie Ferrée. La portée du tube de 240 « colonies », installé sur cet affût pouvant pointer jusqu’à un angle de + 35°, atteint 22 800 mètres. Mais la cadence de tir n’est plus, à cet angle, que de quatre coups en cinq minutes 6) Il existe de nombreux livres traitant de la présence de l’armée japonaise en Indochine, entre 1940 et 1945, et du « coup de force » du 9 mars 1945 : Le destin de l’Indochine (Sabatier), A la barre de l’Indochine (Decoux), Au service de la France en Indochine (Mordant) etc… Nous vous renvoyons à ces auteurs 7) La position a, semble t’il, conservé sa mission de défense de la rivière, car quatre emplacements de tir sont visiblesen arrière de l’ouvrage. Et quatre canons, apparemment des obusiers, genre 105 HM 2, sont entreposés dans un local de ce dernier 8) Baptême des canons de 138 : aile gauche : M 138 1924 R 1927 N° 4, aile droite : M 138 1924 R 1927 N° 3 9) Faute de mazout, le bâtiment cesse de naviguer en octobre 1941, après avoir remporté, commandé par le capitaine de vaisseau Béranger, la bataille de Koh Chang, livrée contre la flotte siamoise, le 17 janvier précédent. Il est mis en réserve, à effectif réduit (310 hommes) le 1er janvier 1944. Amarré et camouflé devant la pyrotechnie du Donnaï, à Thanh Tuy Ha, il reçoit alors une mission particulière. Celle d’ouvrir le feu sur un aérodrome situé à proximité, en cas d’agression par les Japonais. On ne sait s’il aurait pu remplir cette mission lors du « coup de force » du 9 mars 1945, car il est coulé par l’aviation américaine, le 12 janvier précédent. Ce jour là, entre 8 heures 20 et 11 heures 30, le bâtiment subit plusieurs attaques, à la bombe et aux armes de bord, de la part des avions embarqués du Task group 38 de l’amiral Halsey. Evacué, et touché par une dizaine de bombes, il chavire en fin d’après-midi. Il portait pourtant ses marques de nationalité bien visibles. Celles-ci étaient également peintes sur les toits des bâtiments de la pyrotechnie. Un officier a été tué, et soixante-six officiers-mariniers et matelots plus ou moins gravement blessés, dont soixante auxiliaires indochinois. Triste fin pour le vainqueur de Koh Chang…

Le Petit Fortiff’Séré n°80

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Le Petit Fortiff’Séré n°82

Erratum sur le Petit Fortiff’Séré n’1

Dans l’article sur "Le fort du Mont Vaudois, un emplacement à problèmes", une erreur se trouve page 37 sous la rubrique Projet 1907. Il est écrit :

- deux tourelles Galopin à 2 canons de 155R avec leurs observatoires ;

Il fallait bien entendu lire :

- deux tourelles Galopin à 1 canon de 155 R avec leurs observatoires ;

Mille excuses. Jean-Pierre ZEDET

Le Petit Fortiff’Séré n°83