Revue Française De Musique
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//7MC îtftjfctobre N" !£<> Ccpt. MfflN/ IQO3 ,» Année - I SOMMAIRE La Revue Musicale de Lyon (Léon Vallas) *'* Ernest Rey< (avec ww portrait) *'' Etudes sur l'Expression Musicale i l'Amour (Edmond Locard) *'* Berlioz à Lyon en 184^ Chronique Lyonnaise ; Grand-Théâtre, Concerts * Revi des Revues **" Nouvelles diverses * Nécrologie. RE^teBxMUSlCALE DE LYON / ^v \->.\ jrc Année 1903-1904 ,.,_ ,, Mardi Octobre ç>o3 i,c Année -y N° i 20 1 Nous traiterons musique Tftusieale de T^on de la sous flevue toutes ses formes : théâtre, concerts, musique religieuse, à l'église ou ait- temple. Nous ferons une large part à Notre Revue s'efforcera de réaliser l'histoire musicale de notre ville encore entièrement le programme contenu si peu connue malgré les recherches dans son titre, c'est-à-dire d'aborder d'excellents musicographes lyonnais. toutes les questions se rapportant à la Nous nous occuperons également musique. du mouvement musical non seulement Dans une première partie, nous dans la région (nous nous sommes publierons des articles d'histoire, assuré des correspondants dans toutes d'esthétique on de critique générale les villes importantes), mais aussidans dus pour la plupart à des écrivains toute la France et à l'Etranger. En lyonnais. —Dans une deuxièmepar- particulier nous publierons chaque tie, nous rendrons compte de toutes semaine le compte rendit des concerts les manifestations musicales vraiment et des théâtres lyriques de Paris. artistiques : théâtre, grands et petits A nos lecteurs nous ne donnerons concerts. Pour ces articles de critique ni enveloppes-cadeaux, niprimes plus locale, la plus grande liberté sera ou moins artistiques; nous ne publie- laissée à nos collaborateurs. Chacun rons pas de suppléments musicaux d'eux jugera les oeuvres en toute indé- réguliers et n'organiserons pas de pendance, selonsesgoûisparticuliers et concours avec prix pour la composi- son esthétique personnelle. Nous nous tion de valses ou de polkas ; nous efforcerons ainsi d'être éclectiques et estimerons avoir assez fa't S1' i>ous ne nous inféoderons à aucune école ou donnons à nos lecteurs une véritable coterie, cherchant simplement à glori- RevueMusicale les tenant au courant fier l'Art dans toutes ses manifesta- de tout ce qui se rattache à notre Art. tions même les plus humbles. LÉON VALLAS REVUE MUSICALE DE LYON ERNEST REYER pouvons qu'applaudir à son intention, en nous souvenant de l'enthousiasme que provoqua en 1885, chez les jeunes l'appa- Il y a quelques mois, M. Ernest Reyer rition de Sigurd: On n'avait pas alors la était triomphalement célébré à l'Opéra possibilité de le comparer à son grand- qui lui doit deux des frère oeuvres les meil- Siegfried, et l'oeuvre, telle qu'elle se leures les et plus fructueuses de son réper- présentait, brisait en certaines de ses par- toire. En reprenant, dans une semaine ties le moule suranné de l'opéra ancien. solennelle les trois succès du Maître, la Sa rudesse n'était point faite pour déplaire Statue, Sigurd et Salammbô, M. Gailhard et l'emploi, même fatigant, de certains voulut consacrer une de nos gloires et motifs trop souvent répétés, semblait alors procéder du vivant du compositeur à sa une nouveauté à nos oreilles lassées des canonisation artistique. Aujourd'hui le sucreries et des banalités des cavatines et nouveau directeur de notre Grand- des romances conventionnelles. A côté des Théâtre nous donnera la première repré- pages où se sentait le souvenir classique sentation de Salammbô et la semaine pro- de Gluck, à travers l'influence de Weber chaine une reprise de Sigitnt. Nous ne et de Berlioz, on y découvrait une sincé- REVUE MUSICALE DE LYON rite.d'inspiration dont on était fortement touché, et il y avait aussi, avec un senti- ment pittoresque qui manquait aux "oeuvres entendues à cette, époque, une Etudes sur l'Expression Musicale de l'Amour poésie tendre et rêveuse dont la mélan- colie fut un charme comme retrouvé après une absence. C'est là la plus grande qua- Le Duo de Tristan lité de Salammbô dont la célèbre canta- (Aclc 11. se. 11) trice Rosé Caron fut l'incarnation magni- et le Duo de Siegfried fique'. (Acte Ml. se. III) ' Certains critiques ont fait à M. Reyer le reproche d'avoir méconnu les enseigne- -, ments qu'il aurait pu puiser en la lecture Ces si profonds si.graves l'audition de la tétralogie wagnérienne <* yeux et et Que j'ai vus briller tant de lois » dont le'.Siegfriedetle Crépuscule, da Dieux Ce n'est pas sans quelque hésitation que sont un génial Sigurd, et de n'avoir pas j'ai mis, et par deux fois, en titre de cette ' modifié son sujet sa manière au , ou étude psychologique et musicale, le terme contact de ce souffle sublime. Félicitons- duo, qui semble détacher dans l'indivisible M. Reyer qui fut des premiers à" en un tout qu'est une action wagnérienne un de reconnaître et à proclamer la beauté de ces fragments isolables dont la juxtaposition l'oeuvre du grand maître allemand, tout constituait l'opéra classique. l'y ai été amené en la redoutant pour la sienne. A subir, par une idée de. comparaison et pour montrer servilement comme tant d'autres, l'in- tout d'abord comment, avant voulu étudier- fluence tyrannique de Wagner, qn'aurait- l'expression thématique des mouvements passionnels, j'ai laissé de côté les t-il gagné, tandis que nous y.aurions pro- oeuvres du bablement perdu les plus mélodiesqui répertoire français et italien, pour m'en tenir pures à celle du maître allemand. dans la fraîche de murmurent et source Si l'on veut, effet, tenter quelque paral- Sigurd dans le rêve troublant de en et lèle entre deux duos pris dans les opéras de Salammbô. Les habiletés de facture ne Meyerbeer, ou ceux de Massenet, on est cachent longtemps le vide de certaines pas frappé de voir combien ces auteurs sont res- oeuvres, et celles qui sont filles de l'inspi- tés constamment semblables à eux-mêmes, et ration survivent aux opinions et aux goûts combien peu, quelque différentes que puis- momentanés des hommes. Elles ont en sent être les âmes des personnages en pré- elles une âme- qui les soutient et c'est sence, l'expression mélodique de leurs senti- cette âme qu'on sent palpiter sous l'écorce ments différera. Le parallélisme thématique du duo du des Huguenots celui rugueuse et même maladroite de la 4e acte avec musique de Reyer. On l'attaquer, de VAfricaine est aussi typique qu'indiscuté. peut Telle phrase langoureusement déclamée elle défendra elle-même les belles par se par le mélancolique Werther pourrait être, théâtre rappeler sans pages que notre va nous que cela heurtât, soudée à telle autre phrase soir. ce de l'inconscient et amoral Des Grieux ; et, chose plus gravé, le solitaire Athanaèl, le vaillant Rodrigue, et le très chaste St-]ean DE'LYON s'expriment en des termes, musicalement La REVUE MUSICALE «t parlant, d'une analogie regrettable. Qui ose- mise Vente dans les Kiosques â chej les Marchands en rait soutenir que le motif: « le puis donc de Musique, le Mardi soir avant 6 heures. respirer cette enivrante fleur » n'est pas une Nos abonncs'la recevront au Courrier de 5 heures. mélodie plus digne du chevalier de Manon que de la sainte victime d'Hérodiade. REVUE MUSICALE DE LYON 11 en va tout autrement de Wagner, chez positeur, et telle que Lobengrin et Parsifal en qui- le'-poème et la composition sont d'une , fourniraitun merveilleux exemple. unité, d'une fusion rigoureuses. Chez lui Le plan de cette étude consistera donc en l'expression d'un sentiment de même nature l'analyse successive dès personnages de se traduit avec une infinie variété de formes Siegfried et liriinnhilde.deTristan et d'Isolde. suivant le caractère des personnages et selon et spécialement des deux scènes célèbres qui l'influence du milieu. Il n'en est pas de plus représentent comme le point culminant de bel exemple l'amour de Tristan et lsolde que l'expression passionnelle : j'essaierai ensuite et celui de Siegfried et deBrïinnliilde. Je veux de montrer en quoi ces deux scènes différent, essayer de démontrer que la passion la plus et comment, dans l'une et l'autre, l'interpré- exaltée, la plus éperdue, portée au même tation thématique et harmonique correspond degré dans les deux cas, a pu être exprimée adéquatement aux états d'âme que Wagner à la même époque, par un même auteur, a voulu dépeindre. avec les mêmes procédés, la même méthode, le même faire, de deux façons diamétrale- j, J. .j. ment opposées, cet auteur qui était parce que Ce fils s'appellera Siegfried, celui qui est métaphysicien autant et plus composi- « que joyeux dans la victoire. Dans cette phrase teur, comprendre et exprimer qu'une » a su de la Walktire est résumée toute la psycho- même passion prend des aspects radicalement logie de Siegfried. La joie, telle est effet contraires suivant qu'elle éclôt tel tel en sur ou la caractéristique de cette âme inconsciem- terrain. Et c'est là que se trouve, à mon ment héroïque. On ne peut que répéter ici la plus indiscutable du génie . sens, preuve l'excellente et précise analyse d'Ernst. wagnérien. Siegfried, oit-il,a quatre qualitésmaitresses : Siegfried Tristan été composés à la et ont la Joie, la Jeunesse, l'Action, la Liberté. Sans même époque pourrait dire : on presque multiplier inutilement de trop nombreuses qu'ils été rêvés ensemble simultané- ont et citations, rappelons quelques épithètes typi- ment écrits. Le poème de Tristan fut achevé ques par quoi les divers acteurs du drame le en effet au printemps de 1857 al°ls que Ie désignent et le peignent : Lqcbeuâer Held, Ring était déjà partie édifié (1).