Ludo, Chauffeur Routier : « La N7 Sans Poids
Total Page:16
File Type:pdf, Size:1020Kb
www.lepaysroannais.fr - Vendredi 11 novembre 2011 - N° 3449 HEBDOMADAIRE REGIONAL DʼINFORMATION REGION >>> page 4 Transport Ludo, chauffeur routier : « La N7 sans poids lourds, ça n’arrivera jamais » La Route Nationale 7 est indissociable des poids lourds qui lʼempruntent à toute heure du jour et de la nuit. Et si automobilistes et chauffeurs routiers circulent sur la même route, leur cohabitation nʼest pas des plus aisées. Confirmation à lʼoccasion dʼun aller-retour jusquʼà Lyon avec Ludo, un chauffeur du Roannais. ES fois, je me dis que je suis un peu maso dʼaimer mon Dmétier, cʼest un métier mal Routier : un métier porteur mais difficile aimé. » Ludovic Joie, dit « Ludo », dresse un constat sans concession. « L y a du débouché, on peut évoluer dans le ça sʼharmonise. Mais est-ce quʼon va aller vers le Le jour se lève à peine, quelque part transport. On peut finir patron, dispatcheur, bas ou vers le haut ? » entre Roanne et Lyon, et il roule déjà Icʼest très diversifié… » Si Ludo souligne les avan- Les chauffeurs par vocation se mélangent donc à depuis plusieurs heures. Mais sa pro- tages du métier de chauffeur routier, il en connaît aussi ceux qui travaillent uniquement pour gagner leur vie. fession, il nʼen changerait pourtant les inconvénients. « Il est arrivé une catégorie de Et le tout joue sur lʼimage de la profession. Mais les pour rien au monde. « Jʼai souvent chauffeurs qui sont un peu là par obligation. Les passionnés ne renoncent pas. Pour preuve, le site fier- dit que jʼai du gasoil dans les vei- jeunes qui arrivent sur le métier, ils aiment les ca- detreroutier.com, sur lequel Ludo affiche fièrement son nes. Je suis fils de routier. A la mions, mais ils ne connaissent pas bien le métier. profil comme bon nombre de ses collègues. Un site qui base cʼest une passion, je crois Il faut avoir une grande force de caractère et il faut jongler avec les aléas. » Si la route en poids lourd a se veut le portail dʼinformation incontournable vers le que le premier mot que jʼai dit, métier de chauffeur routier. « Cʼest un site de pas- cʼest camion. » Et cette passion, le longtemps été le propre de passionnés, la conjoncture économique bousculerait donc désormais la donne. sionnés, ceux qui ont ça dans le sang. On cherche chauffeur routier la vit au quotidien à redorer lʼimage du routier. Celui qui cherche des sur la Route nationale 7. De son do- Tout comme le nombre croissant de chauffeurs venus de toute lʼEurope. « Les gens nʼont pas la même for- infos sur notre métier, il a tout sur ce site. Il mon- micile de Saint-Germain-Lespinasse, tre vraiment la réalité de notre travail. » il rallie chaque jour Lyon pour char- mation que nous. Il nʼy a pas dʼharmonisation eu- ger son camion-citerne de 32000 lit- ropéenne. Jʼai quand même une lueur dʼespoir que V. K. res de carburant quʼil va livrer dans des grandes surfaces de Rhône-Al- pes et dʼAuvergne. Au fil de la RN7 « Je commence à être nostalgique Tarare en camion, de la RN7 d’avant » « Ça fait 25 ans que je suis rou- « ça rappelle l’ex-Allemagne de l’Est » tier mais cinq ans que je suis à mon compte. Je descends charger à Lyon tous les matins. Il y a treize ans que je prends le Pin Bouchain tous les jours. » De quoi voir évo- luer la mythique RN7 au quotidien. « Par rapport à certaines routes dʼaujourdʼhui, elle est sinueuse, montagneuse. Mais cʼest une route où on a plaisir à conduire un ca- mion. » Même si elle nʼa plus le par- fum dʼantan. « Je commence à être Ludo rallie Lyon depuis Saint-Germain Lespinasse au quotidien. nostalgique de la RN7 dʼavant. Il livre ensuite les 32000 litres de carburant quʼil charge à des grandes surfaces de Rhône-Alpes Auvergne. Même si je suis pour lʼamélioration « de la route… Lʼévolution du Pin doubler sur toute la longueur du mais ça se passe bien en géné- tonnes, je suis imposant. Il faut Ludo, ces facteurs doivent être inté- Bouchain, je la ressens. » Et col. Là, je suis à 30 km/h ; le gars ral… Si je peux faciliter le dépas- une vigilance de chaque instant. » grés une bonne fois pour toutes par cette évolution a notamment modifié derrière moi qui est agacé, je le sement, je le fais. » Car les écarts ne pardonnent pas, sur tous, pour une simple et bonne rai- le rapport des poids lourds avec les comprends. Je ne gêne pas par Reste que le carburant que une Route nationale 7 où les limita- son : « La RN7 sans camion, ça véhicules légers. « Avec les « ba- plaisir. Après, on voit des gens transporte Ludo finira le plus souvent tions de vitesse changent très fré- nʼarrivera jamais… Le camion est nanes », une voiture ne peut plus doubler sur les bandes blanches, dans les réservoirs des véhicules lé- quemment. « Cʼest justifié, les li- indispensable à lʼéconomie de nos gers qui le doublent. « Quand les mitations sont bien faites dans les régions. » deux sens. Avec les bananes, gens râlent derrière ma citerne, il Textes et photos : faudrait quʼils se disent que je quand cʼest limité à 30, si on roule roule pour leur voiture », raisonne- à 35 ou 40, on se plante. » Et pour Vicken KARKOUKLI t-il. Même discours lorsquʼon lui parle de pollution. « Les limitations sont bien faites dans les deux sens » Lʼétat des routes, comme ici à Tarare, laisse parfois notre routier dubatatif « On peut être transporteur rou- tier et être conscient de lʼimpact L est 6 h 30 du matin et le camion sur lʼenvironnement. Aujourdʼhui, quitte déjà le port Edouard Herriot les camions polluent cinq fois Ide Lyon où il a été chargé en car- moins que dans les années 80. Ce burant. De 12 tonnes, son poids est qui me désole vraiment, cʼest que passé à 40 tonnes. Même en tant lʼimage du camion auprès du pu- que simple passager, le poids de la blic, cʼest le pollueur-gêneur. » citerne pleine est sensible, comme si Dʼautant que le tractionnaire se sent quelque chose nous tirait vers lʼar- investi dʼune responsabilité. « Jʼai- rière. Direction Saint-Pourçain-sur- Neaux, 4h15 du matin. Ludo est en route pour Lyon. merais que les gens voient le rou- Sioule, dans lʼAllier. Kilomètre après A 43 ans et en 25 ans de carrière, tier comme quelquʼun de sérieux. kilomètre, Ludo relève les plus et les il a plus de trois millions de kilomètres en poids lourd à son actif. Cʼest le cas à 98%. On se sent in- Vers 9 h du matin, pause obligatoire de retour à Neaux. moins de la N7. « Les radars, sur Il a sillonné lʼEurope des années durant. vulnérable, cʼest sûr mais il faut en De quoi rester debout et discuter un peu. une route comme ça, en camion, Aujourdʼhui, il est son propre patron. avoir conscience. Avec mon 40 Ludo le concède, le métier de routier est un métier de solitaire. ils ne nous gênent pas… Si on roule vite, on sait ce qui arrive. Du moment quʼon est conscient de la route et de sa charge, ça va ». Mais le routier concède lʼutilité de certains En attendant lʼA89 radars, notamment celui du carrefour de La Poste à Saint-Romain-de-Po- pey, tout récemment installé. Et si les « J’espère qu’on me laissera toujours prendre le Pin Bouchain » poids lourds peuvent gêner les voi- que jʼaimerais, cʼest quʼon me laisse nement. Mon ressenti, cʼest que les tures, lʼinverse est aussi vrai. No- REIZE ans de N7 au quotidien. De tamment lorsquʼun défaut de signa- quoi se lasser ? « Jʼaime cette prendre le col. Prendre lʼA89 plus bas gens ne veulent plus de camions, et Le col du Pin Bouchain, un obstacle pas si infranchissable à Tarare, pas de problème, ça mʼar- je les comprends. Mais on ne veut lisation dʼun véhicule léger contraint Troute, je mʼen lasse sans mʼen las- un camion à freiner à un rond-point rangerait même… Mais ça me gêne de plus de circulation, et on ne fait pas ser. Je passe par plusieurs paysages, sans raison. Point noir du genre : le Avant cela, il a fallu traverser Ta- Plus globalement, Ludo souhaite- relativise Ludo. Le Pin Bouchain au le- faire des kilomètres en plus en tant que de contournement. Des villages nouveau giratoire permettant de re- rare, un périple bien plus mouve- rait une cohabitation meilleure entre ver du jour cʼest magnifique, on a beau chef dʼentreprise. » comme Varennes-sur-Allier, en 2011, joindre Sarcey, où les conducteurs menté quʼen voiture au vu de lʼétat camions et véhicules légers. faire la même route, la vision du pay- Se pose également la question du par- ce nʼest pas normal de les traverser. du sens Tarare-Lyon oublient souvent de route. « Quand je suis là, je me « Quand les gens passent le per- Lapalisse est déviée en quatre voies sage est différente chaque jour. » Si cours une fois arrivé dans la couronne dʼindiquer leur destination. Enervant, remémore des traversées de villa- mis, ils devraient être sensibilisés une chose a toutefois changé, cʼest que lyonnaise, où les trajets des poids lourds maintenant, cʼest une bonne chose. même pour le passager. Consé- ges en ex-Allemagne de lʼEst », iro- Mais on traverse Périgny, Saint-Gé- aux camions, quʼils se mettent à la de Joux à Lyon, la future autoroute A89 a sont très réglementés. « Je mʼinforme, quence : devoir redémarrer un poids nise Ludo, qui nʼexagère pas vrai- place dʼun routier pour être in- mais on ne sait pas où elle va débou- rand-le-Puy, Varennes-sur-Allier, Bes- gagné du terrain.