LE DOUTE Table des matières

Le doute

- Le fléau des accidents - La dégradation du paysage - La pollution automobile - L’automobile à l’épreuve de l’écologie

Accident de car dans la vallée du Var relaté par le petit journal, 1923 apporter d’amélioration. Pourtant on Le fléau des accidents espérait un effet dissuasif du décret du 29 Les accidents qui avait alimenté les août 1951 donnant au préfet la possibilité débats des débuts de l’automobile prirent de suspendre ou de retirer le permis de un tour inquiétant avec l’augmentation du conduire. trafic après la première guerre mondiale au Sur route la situation n’était pas point que la Chambre des députés fut meilleure qu’en ville. Le nombre des amenée à débattre en 1927 de accidents avait triplé de 1949 à 1953, « l’inquiétante recrudescence des accidents passant de 44 à 133 entre Théoule et Saint- d’automobiles entrainant une véritable Laurent-du-Var. La 7 hécatombe de vies humaines »(50) Les détenait de tristes records d’accidents avec statistiques reflétaient effectivement une une succession de « carrefours de la mort » situation désastreuse même si on tentait recensés par L’Auto-Journal. La courbe d’en minimiser la portée au regard du des accidents suivait inexorablement nombre d’automobiles en circulation : 1 l’accroissement du trafic en s’accélérant. 600 morts en 1924 pour 677 000 véhicules, Les statistiques le traduisaient de façon 2 160 en 1926 pour 901 000 véhicules soit, dramatique. En 1955, 4 443 accidents en proportion, 0,23 et 0,24 décès par cent firent 93 morts et 5 221 blessés dans les véhicules. Alpes-Maritimes. Le constat fait par Certains préconisaient une Gabriel Robin, chargé d’une étude par le limitation de vitesse, mais elle avait ses préfet en 1956, était accablant : détracteurs, une augmentation de la rigueur « Impressionnants par leur valeur absolue, des examens, une visite médicale annuelle les chiffres d’accidents ne le sont pas qui suscita la réprobation. On estimait moins par leur évolution. Les statistiques surtout nécessaire de mettre en place une de la gendarmerie montrent que le nombre meilleure signalisation et une police des accidents a augmenté de plus de 80 % capable de faire respecter le Code de la de 1952 à 1955. Le trafic lui-même n’a pas route. Aucune mesure d’envergure ne fut progressé aussi vite. Les efforts de prise en compte et régulièrement la presse prévention ou de répression des infractions continua de se faire l’écho de au Code de la route paraissent impuissants spectaculaires accidents comme la mort à enrayer un mouvement aussi irrésistible d’Isadora Duncan sur la Promenade des que celui du volume de la Anglais au mois de septembre 1927, la circulation »(52). terrible collision d’Eze entre deux autocars Les Alpes-Maritimes se en 1933. Les condamnations des tribunaux, distinguaient par une recrudescence des parfois à de la prison dans des cas accidents pendant l’été et par de très mauvais chiffres sur le plan national d’homicide par imprudence (51) n’étaient e aucunement dissuasifs. En 1936 les Alpes- puisque le département se plaçait au 3 Maritimes comptaient 48 accidents mortels rang derrière la région parisienne (Seine et dûs à la circulation automobile avec 56 Seine-et-Oise). Malgré l’émotion suscitée victimes, les accidents résultant en grande par les accidents les plus tragiques, rien majorité de la faute des conducteurs, par n’enrayait ce fléau : « la mort, toujours la excès de vitesse et inobservation des mort, elle plane sur la route, tous les jours, règlements, mais aussi, pour une part, de à chaque heure(53) », écrit Le Patriote en l’imprudence des piétons. A en 1958. Les accidents du travail et de la particulier la situation ne cessait de se route tuaient autant de Français de moins détériorer. En 1951, 2 347 accidents, en de 45 ans que les maladies infectieuses. Le augmentation de 55 % par rapport à taux d’accidents calculé en fonction du l’année précédente, avaient provoqué la kilométrage parcouru était en le mort de 15 personnes. Mesures et triple des Etats-Unis. En 1956 on comptait déclarations d’intentions pour réprimer les plus de 180 000 blessés et 8 238 tués sur le comportements se succédèrent sans coup ou dans les 3 jours, soit « une ville cinémomètres ce qui fit réagir vivement les comme Vallauris rayée de la carte ». automobiles-clubs. Ils dénoncèrent un état Face à une telle hécatombe, les d’esprit qui, selon eux, semblait pouvoirs publics et les responsables de la s’implanter dans le pays et une répression sécurité routière « s’inquiètent à juste titre faisant de chaque automobiliste «une sorte et cherchent des solutions propres à limiter de prévenu au sens pénal du terme ». Le le nombre d’accidents qui augmentent président de l’Automobile-Club de Nice régulièrement d’année en année »(54). On affirma même en 1976 à propos des était persuadé qu’il était essentiel radars : « on nous applique une action d’améliorer les conditions de la circulation coup-de-poing comme on le ferait pour des en agissant sur la qualité du réseau routier, malfaiteurs. Cela nous ne pouvons plus le par contre on restait très timoré en matière supporter »(56) Pour les automobiles-clubs de contraintes et de répression à l’égard il fallait plutôt se préoccuper de l’état des des automobilistes. En 1963 l’Automobile- véhicules en instaurant des contrôles, pour Club de Nice et la Prévention routière d’autres la ceinture de sécurité ne organisèrent une semaine du piéton changerait pas grand chose : « il faut montrant bien un état d’esprit qui tendait à chasser ailleurs les causes de ce gaspillage nier la responsabilité de l’automobiliste : de vies humaines ». « de charmantes hôtesses vont apprendre aux promeneurs niçois les dangers de la rue ». Les piétons payaient en effet un lourd tribut (25 % des tués en France) mais on évitait de remettre en cause l’automobiliste : « l’hôtesse, précise l’article, vous donnera avec le sentiment de votre imprudence, celui de vos responsabilités. Elle vous expliquera qu’une voiture qui roule à 80 km/h a besoin d’une bonne cinquantaine de mètres pour s’arrêter. Elle vous exposera que 50 % des accidents dans lesquels sont Accident à , 1924 impliqués des piétons sont dus à l’inattention de ces derniers »(55) Les villes méridionales atteignaient Les années soixante-dix virent la des records d’accidents et l’affluence multiplication des mesures prises par le estivale n’expliquait pas tout : « en réalité, gouvernement qui se préoccupa au plus dit un policier, l’accident classique est le haut point des problèmes de sécurité résultat de la rencontre entre des routière mais peinait à inverser la tendance conducteurs imprudents et des villes très à l’augmentation catastrophique des mal adaptées à la situation actuelle »(57). accidents : limitation de la vitesse à 90 Un autre reconnaît une véritable km/h pendant un an pour les nouveaux impuissance : « plus le trafic augmente, conducteurs en 1969, port de la ceinture de moins on respecte le code. Chacun se sécurité pour les voitures mises en débrouille, se faufile. Cela tourne à circulation depuis le 1er avril 1970, port du l’anarchie. Regardez les feux rouges. Cela casque pour les motos, interdiction de n’arrête plus personne ! ». Le feu rouge circulation des poids-lourds le dimanche, grillé arrivait en troisième position après le dépistage systématique de l’imprégnation stationnement interdit et l’excès de vitesse alcoolique par alcootest en 1970. Le décret avec plus de 100 000 procès-verbaux en du 6 novembre 1974 généralisa la 1978. « Peut-être a-t-on trop planté de ces limitation de vitesse à 90 km/h sur route et fameux feux, insinue un automobiliste 130 sur autoroute. La répression des niçois pris sur le fait. Il y en a partout infractions devint beaucoup plus sévère, maintenant. Alors on passe quand même ». facilitée en ce qui concerne les excès de vitesse, par la généralisation des La conduite anarchique faisait de réel. Au terme de cette logique on parle Nice la troisième ville de France pour les des trains qui déraillent…parce que les accidents, totalisant 3 429 collisions, 4 326 trains ne déraillent presque jamais tandis victimes dont 49 personnes tuées. qu’on ne parle pas des voitures écrasées… Néanmoins à force de campagnes parce que les voitures s’écrasent souvent. efficaces, d’une prise de conscience et Réglant son comportement sur cette image d’un appui de l’opinion publique qui inversée, chacun de nous s’entretient dans adhéra majoritairement aux mesures de l’obsession des plus faibles risques et vit prévention et de répression, notamment la dans l’insouciance des plus grands loi du 12 juillet 1978 sur la conduite sous dangers. Cet irréalisme est légitime à l’emprise de l’alcool, la progression fut l’échelle individuelle. A chacun de enrayée. Après le record absolu en 1972 de négocier sa trouille existentielle, de 16 621 tués et 388 000 blessés en France craindre l’avion et de griller des cigarettes, par les accidents de la circulation, le de penser qu’il est « plus grave » d’être tué nombre de 12 543 en 1978 se situait au- dans un attentat que dans un accident. dessous du niveau de 1965 pour un trafic L’Etat, lui, se doit d’être rationnel, de multiplié par 2,5. compter une vie pour une vie et de Véritable problème de société, les considérer les menaces pour ce qu’elles accidents avaient un coût humain mais sont indépendamment de ce qu’elles aussi financier énorme pour la collectivité. paraissent. Mais il faut du courage pour Une enquête de la Prévention routière résister aux artifices du concert médiatique déterminait que l’ensemble des accidents et s’en tenir aux sévères leçons des de la route avait représenté une dépense de statistiques »(58). Il concluait : « Il est 80 milliards de francs en 1982. Le coût absurde de se mobiliser contre la mort pour les organismes d’assurance s’élevait à terroriste et de tolérer la mort 40 milliards dont 16,4 milliards pour les automobile ». dégâts matériels. D’ailleurs, après une Dans le département des Alpes- embellie, le nombre de morts repartit à la Maritimes la situation redevenait hausse en 1986 ce qui fit dire à François de alarmante, jusqu’à 157 tués en 1989. De Closets : « La France est l’un des pays les nouvelles dispositions réglementaires et plus dangereux de tout l’Occident. Pas à des améliorations sur le réseau à des coûts cause du terrorisme. Pas davantage en exorbitants, comme les carrefours raison du banditisme. Mais par la faute de giratoires apparus au début des années l’automobile ! Ce sont les chauffards et quatre-vingt et largement généralisés à la non pas les terroristes qui font de fin du siècle, avec priorité au véhicule l’Hexagone un quartier de haute insécurité. circulant sur l’anneau fixée par décret du 6 Seulement voilà : la violence criminelle septembre 1983, commencèrent à produire n’a que des procureurs, la violence au leurs fruits. Avec une baisse de 10 % du volant ne compte que des avocats. A nombre d’accidents en 1992, le l’inverse des statisticiens qui ne département des Alpes-Maritimes rejoignit considèrent que les victimes –toujours les la moyenne nationale mais on dénombrait mêmes dans leurs cercueils ou dans leurs encore 115 tués. Vitesse excessive, fauteuils-, nos sociétés de spectacle ne éthylisme restaient les causes principales retiennent que les événements ou, plus des accidents. exactement, que les images et les A la fin du siècle, une culture de la émotions. Dans une telle foire à sécurité émergea après de longues l’information, le malheur ne peut se vendre décennies de culte de la performance et de qu’à l’unité et non pas en produit de série. la vitesse. L’évolution des mentalités a Pour occuper le devant de la scène, il doit facilité la prise en compte de nouvelles être exceptionnel, inattendu, effrayant, mesures de sécurité routière : contrôle faute de quoi il bascule dans la fosse technique des véhicules en 1985, permis à commune du quotidien. Il doit surtout point instauré par la loi du 10 juillet 1989 correspondre à nos frayeurs naturelles et mis en application en 1992, vitesse lesquelles n’ont rien à voir avec le danger limitée à 50 km/h en ville en 1990. De plus la part croissante des femmes a changé la Cette préoccupation des usagers vision de l’automobile et favorisé était en accord avec la politique menée par l’apparition de nouveaux types de les Ponts et Chaussées pour améliorer véhicules comme les monospaces moins l’esthétique de la route. Ainsi, l’ingénieur axés sur la vitesse et davantage sur la en charge de la Moyenne corniche présenta convivialité. La société a mis au centre des un rapport en 1936 pour aménager des préoccupations la prévention et la sécurité jardins et des belvédères : « conserver au (santé, installation à risques comme les tourisme cette vue presque continue sur la centrales nucléaires) dont ne pouvait être côte et la mer, éviter le resserrement de la absente l’automobile. Les progrès ont été route entre deux rangées de maisons, indiscutables à la fin du XXe siècle avec empêcher l’enlaidissement par la une forte baisse de la mortalité grâce aux pullulation déjà commencée des panneaux- grandes politiques publiques, aux efforts réclames, conserver enfin si possible la des constructeurs en matière de sécurité beauté du spectacle découvert, voilà le but des véhicules et des concepteurs de auquel il faut aboutir(60)». réseaux. Toutefois, avec 8000 morts par Des villas n’avaient pas tardé à être an, les ravages des accidents restaient un édifiées en bordure même des chaussées de des problèmes majeurs de la société cette route du côté de la mer, coupant la française au début du XXIe siècle. vue aux touristes. Aussi le préfet attira l’attention de l’ingénieur en chef des Ponts et Chaussées sur l’application du décret-loi du 30 octobre 1935 permettant la création La dégradation du paysage de servitudes « car il est à craindre que Si l’automobile a attiré l’affichage dans quelques années le touriste publicitaire sur les routes, les premiers n’aperçoive plus la rade de automobilistes recherchaient dans cette Villefranche »(61). pratique la découverte d’espaces naturels et de sites remarquables et rejetaient tout ce qui pouvait leur porter atteinte. Georges Maurevert, dans L’Eclaireur de Nice, fut un des premiers à mener une campagne vigoureuse contre les écriteaux « barre-la- route » relayé par La Vie au Grand Air qui titrait un article en 1912 « Les saboteurs de routes et de sites ». Nice, précisait Georges Prade, « est en effet la région la plus abîmée, tout simplement parce que c’est la plus fréquentée. Sur la route de Abords de la chapelle Sainte-lucie à Saint Agnès Nice à Monte-Carlo, les écriteaux, les enlaidis par l’autoroute, 1988 pancartes gigantesques se suivent aujourd’hui presque sans interruption »(59) Les routes étaient agrémentées de Le président du Touring-Club de France plantations mais les travaux publia aussi un appel « en faveur de la d’élargissement et les pressions pour nature outragée : sous le prétexte de gains, faciliter la circulation les menacèrent on n’a pas le droit d’obliger ses progressivement. Ainsi le garage Broch à contemporains à ne reposer leurs yeux que Saint-Laurent-du-Var demanda en 1935 sur les lettres gigantesques vantant le l’abattage d’un platane sur la route cacao, le quinquina, le cornichon, le nationale 7 pour rentrer ses cars. On le lui pneumatique ou le phare X… ». accorda tout en craignant un précédent L’automobile et le tourisme y avaient une « que s’empresseraient d’évoquer les part prépondérante : « sur dix écriteaux riverains de la route nationale 7 qui à des déshonorant un paysage, il y en quatre titres divers ont réclamé à maintes reprises d’hôtels, trois de l’industrie automobile ». l’abattage de platanes qui leur apportent une certaine gêne mais dont la présence est indispensable pour l’esthétique et prolifération anarchique avec un arsenal l’agrément de la route nationale »(62). réglementaire insuffisant. Seuls les Jugés dangereux pour la sécurité, panneaux susceptibles de porter atteinte à les arbres d’alignement furent souvent la sécurité par confusion avec des signaux sacrifiés à l’automobile tandis que administratifs ou gênant la visibilité fleurissaient sur les routes les panneaux pouvaient être interdits. C’est ainsi que la réglementaires conformément aux société Optima-publicité rejeta en 1938 dispositions de la Convention l’injonction de retirer 15 panneaux dans le internationale de Genève sur la secteur d’Antibes. Après la deuxième signalisation. L’ingénieur Chauve avait guerre mondiale l’administration beau insister en 1936 sur le caractère préfectorale avec l’appui de la commission homogène et soigné de celle implantée sur départementale des sites mena une guerre la Moyenne corniche « afin de conserver à sans relâche contre l’affichage débridé et cette route exceptionnelle le caractère de en 1978, lorsque le maire de Mouans- soin et de propreté qu’elle ne doit jamais Sartoux envisagea de prendre un arrêté perdre eu égard à son importance d’interdiction sur les routes de son touristique et à la beauté des sites », il agglomération le préfet s’en réjouit : « je s’agissait néanmoins de verrues qui ne ne peux qu’approuver la position du maire cessèrent de se multiplier, la sécurité et la alors que la publicité pourchassée en gestion de la circulation automobile ayant dehors des agglomérations par application imposé progressivement une signalisation du décret du 11 février 1976 tend à se verticale de plus en plus abondante et réfugier dans les limites d’agglomération voyante au détriment de l’esthétique de où, mis à part à Mouans-Sartoux, l’environnement routier. En montagne, aux n’apparaît aucune réaction de parapets en pierre qui se fondaient dans le défense »(63) Malgré la détermination du paysage furent substituées des glissières de maire, André Aschieri, qui revint à la sécurité métalliques apparues à partir de charge trois ans plus tard, la situation ne 1958 qui enlaidirent encore la route, tout s’était pas améliorée : « quelques comme les projections de ciment sur les publicistes ont obtempéré, d’autres ont parois ou les grillages pour retenir les prétendu ne pas être en infraction ». Et le chutes de pierres. Les paysages aux abords préfet reconnut qu’il n’était pas possible des routes ont ainsi gravement pâti de la « d’assurer tel que vous le souhaitez une nécessaire sécurisation des automobilistes. action répressive vigoureuse tendant à la Les saignées importantes causées disparition de toute publicité dans les par les autoroutes ont aussi suscité des principales artères de l’agglomération de critiques malgré les efforts d’insertion dans Mouans-Sartoux »(64). les sites et la végétalisation. Pourtant, alors que peu à peu s’était insinuée l’idée de balafre d’un paysage considéré comme immuable, blessure que le paysagiste se trouvait réduit à dissimuler, l’autoroute fut souvent l’occasion d’inventer et de révéler de nouveaux paysages. C’est cette idée qui avait prévalu à l’origine de l’automobile avec les campagnes du Touring-Club en faveur de la création de nouveaux itinéraires touristiques et que défendait encore André Malraux pour qui « s’il est bien de protéger des paysages, il est mieux Place envahie par les automobiles à Vence d’en créer ». e C’est aux abords des villes que les A la fin du XX siècle, les entrées affichages publicitaires causèrent les plus des villes témoignaient d’une mise sous grands dommages esthétiques. tutelle des tissus urbains périphériques par L’administration tenta de lutter contre leur l’automobile : c’était désormais le règne de la voiture avec les surfaces de parkings, 1971, microsignalisation commerciale qui ronds-points, franchissements qui créaient fleurit de façon illicite et crée la confusion, un univers chaotique, avec des vides et des viaducs métalliques démontables pour délaissés de voirie, où le désordre faciliter l’écoulement du trafic à certains prédominait. La morphologie urbaine qui carrefours. Le stationnement contribue avait obéi à des nécessités fonctionnelles notamment au mal patent de l’excès de totalement prescrites par les exigences du signalisation verticale en ville. déplacement en automobile, s’était inscrite L’envahissement des trottoirs par dans un courant de consommation de les automobiles a en outre conduit à la masse propice à la prolifération d’espaces pose de bornes, de barrières métalliques ou mercantiles standardisés, artificiels et sans de poteaux qui participent à qualité, où seules les enseignes l’enlaidissement de la rue. Avec surdimensionnées et les façades l’enterrement des réseaux aériens ostentatoires des surfaces commerciales d’électricité ou de téléphone, c’est constituaient des points de repère. La désormais l’automobile qui est la signalisation était conçue pour être vue de principale responsable des nuisances la voiture roulant à une certaine vitesse ce visuelles dans la ville. qui lui donnait une place démesurée. Les entrées de villes symbolisaient une des évolutions métropolitaines les plus négatives et les plus lourdes des trois dernières décennies du XXe siècle. Elles incarnaient une des faces les plus désastreuses et les plus laides de la métropolisation. En prenant un rôle hégémonique dans la ville, les trafics motorisés et les réseaux de voirie l’avaient dévastée et suscitèrent à la fin du siècle des réactions de plus en plus fortes pour la préservation du patrimoine et des sites comme le montrèrent déjà les oppositions Déchets automobiles abandonnés, 1976 au plan d’urbanisme de formulées en 1969, notamment contre l’élargissement Le milieu naturel a été très de voies nécessitant la démolition rapidement confronté à une autre difficulté. d’immeubles et « la destruction d’une La production considérable d’automobiles végétation importante et typique de notre a fini par poser le problème d’élimination région (oliviers plusieurs fois centenaires, des véhicules hors d’usage. Beaucoup ont pins, cyprès géants…) à une époque où été abandonnés dans la nature à l’état l’on commence à réagir contre ce genre de d’épave, générant outre la dégradation mutilation »(65). L’architecte André visuelle des sites, des situations graves en Fournier s’insurgea aussi contre ce plan matière de pollution. A partir de 1980 le « sans grandeur et sans poésie de la force conseil général et les municipalités ont mis d’obscurs manœuvres du crayon dont en œuvre de grands moyens, par l’ambition ne va pas au-delà de hélicoptère notamment, comme l’amélioration de la circulation à un l’opération « deux mille épaves » carrefour »(66). commencée à Gréolières en juin 1983, L’espace urbain lui-même a été pour débarrasser les vieilles carcasses progressivement envahi par des éléments abandonnées au bord de la route ou essentiellement liés à la circulation précipitées au fond des vallons : « un adieu automobile qui l’ont totalement dénaturé : pour solde de tout compte sans autre forme multiplication des panneaux qui polluent la d’épitaphe que celui d’une pollution vue alors que d’autres pays privilégient la révoltante pour nos belles contrées, scellé signalisation au sol plus sobre, grands par des automobilistes sans scrupule qui portiques directionnels officialisés en transforment notre arrière-pays en décharges sauvages et cimetières spéculation immobilière très forte ont tolés »(67) En 1992, 300 épaves ont ainsi amené des dérogations comme à été retirées de la Cagne. où le maire reçut un avis favorable des A la suite des directives Ponts et Chaussées en 1963 pour Super- européennes en 2002, des progrès Garavan à proximité de l’autoroute importants ont été accomplis dans la projetée(71). Pourtant on était parfaitement récupération et le recyclage des véhicules conscient des conséquences désastreuses après traitement des polluants liquides et d’une telle proximité. solides. En 2004, 45 entreprises s’y En janvier 1967, les habitants du consacraient dans les Alpes-Maritimes où quartier Tzarewitch-Grosso à Nice, le nombre de véhicules à la démolition excédés, remirent une pétition à la mairie : s’élevait à 26 000 chaque année. « la colère gronde, entendre passer mille camions par jour, cela représente un volume de bruit excessif et des risques La pollution automobile d’accidents sans cesse multipliés »(72). La De façon insidieuse l’automobile nuit à même année, la police se dota à Carros la santé par les effets du bruit et de la d’un centre itinérant de contrôle du niveau pollution. En 1926 déjà, on se plaignait des sonore pour mesurer les décibels des « véhicules et motocyclettes à véhicules et éviter les contestations, lutte échappement bruyant si indésirables le jour qui visait les excès mais ne réglait en rien et la nuit(68) ». En 1951 les plaintes l’accentuation constante du bruit liée à étaient les mêmes : « parmi les divers l’intensification du trafic. « Le bruit est bruits qui sévissent, le jour comme la nuit, une des grandes calamités. Notre siècle est les pétarades des motocyclettes et les celui du vacarme », conclut l’article de hurlements des avertisseurs sont les plus Nice-Matin du 12 août 1967. horripilants »(69). En 1955, l’usage de l’avertisseur sonore fut interdit dans la zone littorale des Alpes-Maritimes et un arrêté préfectoral de 1960 appela au strict respect des règles. Le bruit de l’échappement ne devait pas dominer ceux qui tenaient au fonctionnement mécanique et au roulement du véhicule. L’automobile n’était pas seule responsable du bruit mais y contribuait largement. En 1962 un membre du comité départemental de la Ligue française contre le bruit dénonça la lutte insuffisante à Nice : « il faudra prendre des mesures radicales pour que la santé publique n’en souffre pas. Un jour viendra où il faudra Article de Nice Matin sur l’exaspération des arrêter tout trafic des engins motorisés de 1 Niçois contre le bruit, 1978 h à 6 h du matin, comme c’est le cas En 1968 l’association de actuellement à Copenhague. Le bruit sauvegarde de la région de Valbonne-Opio devient hélas un fléau. Il est fonction du se mobilisa contre le bruit jugeant progrès. D’illustres savants se sont penchés indispensable « l’assainissement sonore de sur ce problème. A la suite de leurs ce beau département où les bruits d’origine recherches, il a été prouvé que de mécanique ont pris une nette avance sur nombreuses maladies nerveuses sont son l’éducation »(73). On assistait à une œuvre »(70). escalade du bruit dans les grandes villes et La nuisance des voies supportant Nice était réputée particulièrement un trafic intense a conduit à créer une bruyante. En 1968 la police y enregistra servitude non aedificandi de 50 m par 187 plaintes et pétitions au sujet du bruit décret de 1961 mais les pressions liées à la dont 115 relatives à la circulation. Un procédure leur permettent d’éviter. chirurgien-dentiste de l’avenue Beaucoup d’automobilistes ont atteint le Desambrois en était rendu à vivre pendant plan d’une résistance passive, parfois toute l’année fenêtres fermées « mais cela active à l’action de la police »(76). En est nettement insuffisant. Ma secrétaire, outre les tolérances étaient encore lorsqu’elle se trouve dans la pièce donnant facilement accordées à l’image de cette sur la rue n’entend plus la sonnerie du entreprise de transport qui voulait téléphone dans la pièce à côté ». Dans maintenir 37 autobus en service en 1972 l’immeuble Paladium, 2 bd Tzarewitch, pour assurer les dessertes dans le « une famille tire au sort chaque soir département alors qu’ils étaient en l’heureux élu qui aura le bonheur de infraction avec l’arrêté de 1963 visant à coucher dans la chambre de bonne, lutter contre les émissions polluantes des minuscule, mais située côté cour, loin de véhicules à moteur(77) l’enfer de la rue »(74). Sur le boulevard Gorbella une habitante dénonce « les gros poids-lourds qui le matin , avant leur départ, chauffent leur moteur diesel en les poussant à fond et à plusieurs reprises. C’est un bruit infernal qui empêche tous les gens de dormir… Un jour mes nerfs vont céder ». Conscient du tort causé à l’image de la Côte d’Azur, le préfet lança une campagne de lutte, d’information et de répression contre le bruit au cours de l’été 1971 et prescrivit de nouvelles restrictions à l’usage des avertisseurs sonores. Un deuxième thème de doléances a commencé à se faire jour dans les années soixante et à susciter de vives préoccupations, celui de la pollution atmosphérique. En 1968, Jean Magnet se fit l’écho de ceux qui voyaient de plus en plus dans l’automobile une menace : « la marée envahissante des véhicules semble bien de nature à submerger les villes, à accaparer à son profit les trottoirs après les chaussées, le sous-sol après les surfaces, à Affiche incitant à la protection de la nature, 1989 éliminer toute autre forme de déplacement, à chasser les derniers piétons, à chausser la Les témoignages étaient pourtant civilisation de pneumatiques et à charger accablants non seulement sur l’anarchie de définitivement son atmosphère d’oxyde de la circulation automobile à Nice mais sur carbone »(75). Mais les mesures de les infractions qui se multipliaient répression de toutes les infractions, « voitures en double file, motos à pots stationnement, bruit ou émission de fumées d’échappement trafiqués et cela de plus en opaques avaient peu d’effet dissuasif au plus malgré la campagne d’été contre que le commissaire central de Nice bruit qui n’a été qu’une vraie comédie… où 75 691 contraventions avaient été Et ces cars des Rapides Côte d’Azur qui relevées en 1970 s’avouait impuissant : dégagent une fumée noire et qui polluent la « la modicité du taux de l’amende fait que Promenade des Anglais, ces cars qui ne celle-ci est considérée par l’usager comme sont bons que pour la ferraille mais que la une simple taxe de stationnement dont le ville conserve comme des reliques »(78). paiement n’est le plus souvent qu’éventuel En 1974 le directeur de l’action et que les lenteurs et la complexité de la sanitaire et sociale des Alpes-Maritimes s’inquiéta à son tour de la pollution d’urbanisme pour imposer des mesures imputable aux véhicules à moteur : « la d’isolement acoustique afin d’améliorer la dégradation de l’environnement exigerait qualité de vie en milieu urbain. A partir de de la puissance publique le souci 1990 alors que l’élargissement de d’intervenir de façon constante et avec la l’autoroute était en voie d’achèvement, plus grande énergie pour y remédier ». En Escota lança des travaux importants 1977 une grande campagne fut menée par d’isolation phonique à la fois par la pose le ministère de la Qualité de la vie « garder d’écrans antibruit en béton ou en plastique la France propre » en faisant un diagnostic transparent, absorbants ou réfléchissants et de carburation pour remédier à la pollution par la réfection de chaussées en enrobés atmosphérique. drainants. Mais avec le raz-de-marée Pour la population le bruit restait le automobile à la fin des années quatre- principal sujet de mécontentement. Certes vingt-dix beaucoup de villes étaient au l’autoroute avait considérablement soulagé bord de l’asphyxie : pollution de l’air, les habitants sur les axes de circulation que bruit, cadre de vie détérioré, temps perdu les poids-lourds fréquentaient auparavant en déplacement. en ville. Mais l’autoroute traversait de nombreux secteurs urbanisés sur lesquels s’étaient reportés les trafics et les riverains excédés réclamaient en 1978 des écrans contre le bruit, jugeant la végétation plantée dérisoire : « nos santés, à l’époque où des personnalités nationales parlent d’écologie dans de nombreuses émissions radiodiffusées ou télévisées, méritent bien quelques dépenses ». A Nice la situation continuait d’empirer dans certaines voies par des Mur anti-bruit au bord de l’autoroute à Saint- reports de trafic. Nice-Matin relate dans Laurent-du-Var son édition du 22 septembre 1978 « l’enfer » des habitants de la rue Marceau Dans les cas extrêmes, des villes qui vivent un « calvaire » quotidien : comme Mexico et Athènes ont été obligées « Nous avons vu dans ces rues étroites des d’établir une alternance pour que toutes les trottoirs pratiquement déserts et des voitures ne roulent pas en même temps à voitures, encore et toujours des voitures, et cause des pics de pollution, sans grand puis des poids-lourds, le tout formant un résultat par le détournement des long fleuve s’écoulant avec peine au milieu dispositions. Sans atteindre des situations de la poussière, des fumées d’échappement aussi dramatiques, les villes françaises, qu’on respire à pleins poumons et des même moyennes, connaissent une situation bruits de klaxon, de freins, d’accélérateurs préoccupante due pour l’essentiel à la qui minute après minute, heure après circulation automobile avec d’importantes heure, mois après mois, fatiguent, usent, concentrations de monoxyde de carbone, éliminent les pauvres tympans et creusent d’oxyde d’azote et de particules diverses peu à peu le lit des dépressions aux conséquences toxiques voire nerveuses ». Une marchande de vêtements cancérigènes sur la santé : « Enfin, et c’est assurait : « impossible de vendre du blanc le risque majeur à long terme, ces polluants car après quelques jours de stockage il participent pour une part non négligeable à devient gris à cause des fumées. Quant au l’effet de serre qui préoccupe désormais bruit n’en parlons pas. Mon mari a déjà eu tous les scientifiques dans la mesure où un infarctus. Les vibrations sont si fortes l’on a la certitude que le réchauffement que les signaux d’alarme se déclenchent prévisible du globe aurait des parfois automatiquement ». conséquences dramatiques sur des Faute de pouvoir éradiquer le mal, nombreuses régions »(79). Certaines l’Etat prit des dispositions en matière mesures (pot catalytique, carburants moins polluants, réduction de la vitesse) se sont l’environnement reste entière. A la fin du imposées parfois difficilement sans XXe siècle, le mode de propulsion qui apporter de solution définitive. avait triomphé cent ans plus tôt de la vapeur et de l’électricité constituait en Le bruit en 1971 définitive une impasse et devait nécessairement à terme être remis en Ici à Roquebrune Cap Martin dans le quartier de Carnolès c’est infernal. Il y a non cause. seulement la route nationale avec un trafic L’automobile lui devait son image continuel de gros véhicules (citernes, bétonneuses, ternie par sa contribution désastreuse à la transports de bestiaux, gros camions avec pollution et, du fait de la demande toujours remorques…), le chemin de fer avec ses trois ponts plus forte en carburant et des aléas du métalliques, mais ces jeunes à cheveux longs sur vélomoteurs d’une vitesse folle dans un bruit marché depuis la crise pétrolière d’octobre d’enfer. Ils passent et repassent, c’est à devenir fou. 1973, la part de l’automobile dans le Impossible alors d’écouter la radio. Et les voitures budget des ménages s’en trouvait accrue c’est une véritable anarchie. Dans les tournants (14,6 % en 1996). La dépendance de plus dangereux, des grosses voitures occupent en plus grande envers cette source entièrement le trottoir et les piétons doivent descendre sur la chaussée à leurs risques et périls. d’énergie accentuait la fragilité des pays ne Les avertisseurs sonores sont interdits mais disposant pas de ressources en pétrole. De je les entends toute la journée. L’avertissement plus, l’amenuisement des réserves sert : imposera son remplacement à plus ou - à appeler le copain sur le trottoir moins long terme, la découverte de - à prévenir les amis dans leur demeure, on ne descend plus de la voiture pour sonner à la porte nouveaux gisements ne faisant au mieux - pour dire à son conjoint de se presser on que repousser l’échéance. corne - à l’épicier qui fait sa tournée pour appeler ses clients. J’en connais un qui corne presque sans arrêt pendant toute sa tournée avec un avertisseur à son aigu. - quand une noce traverse une ville, toutes les voitures cornent ensemble, on y ajoute même (je l’ai vu) une grosse cloche. A la radio un maire a déclaré avec vigueur qu’il allait faire cesser cette ridicule pratique, il est certain que cette mode est née peu après l’interdiction des avertisseurs sonores. - les jouets d’enfants (bicyclettes et autres) sont munis d’avertisseurs sonores. Pourquoi ? Puisque les avertisseurs sonores ne servent plus qu’à des abus, ne peut-on pas les interdire absolument et sévir ? Je me suis occupée de malades et je suis sûre qu’une bonne partie de ceux qui sont traités en hôpital psychiatrique le sont à cause du bruit. Récemment un homme excédé par le bruit a pris son fusil et a tiré. Il arrive un moment où les nerfs ne peuvent plus supporter.

L’automobile à l’épreuve de l’écologie Prospectus incitant à une journée sans voiture Quelles que soient les volontés à Nice, 1999 politiques et leurs chances de succès, l’automobile restera le moyen dominant de Aussi les effets conjugués du transport en ville. Les plans de renchérissement des carburants et des déplacement urbains les plus hardis ne préoccupations environnementales qui tablent que sur une réduction modeste de la s’affirmèrent dans les années soixante-dix, circulation automobile, si bien que la à la suite de la création du ministère de la question des effets négatifs sur l’homme et Protection de la nature et de l’environnement en 1971, conduisirent confirmer. Malgré d’énormes aides (15000 certains à une réflexion sur le francs) pour que le prix de vente soit développement de voitures électriques. raisonnable, les ventes de Peugeot et de « Non polluantes, silencieuses, elles ont en Renault sont lamentables »(81). Les théorie tous les avantages sauf un : elles constructeurs continuaient d’ailleurs de n’emportent pas assez de courant travailler sur la filière du pétrole en misant électrique dans leurs batteries et sont sur le potentiel de progrès écologique avec incapables de s’éloigner beaucoup de leurs des pots catalytiques performants, la bases »(80), constatait néanmoins Jean généralisation de l’essence sans plomb et Magnet dans un article consacré au la diminution de la consommation. Une développement d’un petit véhicule par le solution pour réduire la consommation Niçois Célerier qui avait conçu en 1975 un d’énergie fossile était la construction de système augmentant les performances. moteurs hybrides pouvant accepter une « Au mois d’octobre lors d’essais à part de carburant d’origine végétale, idée Montlhéry, 70 km furent couverts à 60 qui faisait son chemin depuis longtemps km/h phares allumés sans que les batteries puisqu’un ingénieur résidant à Beaulieu soient complètement vidées. Dans le trafic avait proposé à l’expérimentation en 1979 de Nice, en fin de matinée, la petite voiture un système de sa conception sur une partie se faufile comme un jouet. Avec deux des véhicules municipaux de Nice mais personnes à bord, les accélérations sont cette initiative était restée sans suite. Il est plus qu’énergiques, presque brutales ». Le vrai que, là encore, l’idée fut controversée journaliste voyait donc un avenir à cette car elle exigeait des reconversions de terres première tentative « intelligente pour agricoles à des fins industrielles alors que concevoir un outil réellement et des pénuries alimentaires se font jour dans valablement utilisable ». . Pourtant le développement des voitures électriques devait durablement marquer le pas malgré les recherches des grands constructeurs automobiles pour proposer à la clientèle des modèles plus performants. En avril 1995 le gouvernement et Electricité de France signèrent un accord-cadre visant à l’émergence de ce mode de déplacement silencieux, propre et sobre, avec un objectif de 5 % en ville à la fin de 1999. De son côté Jean-Claude Andruet, brillant pilote de rallye, s’était reconverti dans la Véhicule propre, BMV série 7 Hydrogen, recherche automobile et avait mis au point Prince Albert II de une gamme de véhicules électriques silencieux. Les prototypes présentés à D’autre voies ont été explorées Gilette en 1994 auraient pu satisfaire notamment à Carros où l’ingénieur l’attente des services communaux mais motoriste Guy Nègre a misé sur la quelques timides avancées par l’achat de propulsion à air comprimé. La mise au véhicules électriques dans des communes point d’un véhicule urbain pouvant ou des grandes entreprises ne suffirent pas atteindre 110 km/h avec une autonomie de à créer une dynamique. D’ailleurs, lors des 200 km n’a pas séduit les grands premières rencontres des véhicules constructeurs français mais, en 2000, après électriques à Nice en septembre 1996, leur avoir construit plusieurs prototypes, Guy faible capacité de parcours laissait Nègre s’est tourné vers les pays sceptique. «Tant que l’autonomie reste émergeants et, à force de persévérance, a limitée à 80 km il n’y a pas d’avenir grand fini par signer un accord avec Tata Motors, public pour le véhicule électrique. Du reste premier constructeur automobile indien, les chiffres de vente sont là pour le pour une production en série. A partir de 2003 les Etats-Unis et l’Union prometteuses mais aucun ne s’est encore européenne, préoccupés par le coût et imposé définitivement même si l’électricité l’incertitude sur l’approvisionnement dans paraît la mieux à même de satisfaire aux les pays pétroliers, ont commencé à exigences d’économie d’énergie et de fortement dans la recherche sur protection de l’environnement. Ne l’hydrogène qui apparaissait alors comme générant plus ni pollution ni bruit, avec une voie d’avenir pour remédier aux une sécurité optimisée par l’électronique, problèmes de pollution et de la ressource l’automobile retrouverait ses lettres de car seul le moteur électrique dont l’énergie noblesse. est stockée en batterie ou produite L’envahissement massif des villes directement à bord du véhicule grâce à la resterait néanmoins un problème mais le pile à combustible semblait en mesure de trafic s’est désormais stabilisé depuis 2000 relever le défi du développement durable. en raison du fort taux d’équipement de la Tous les grands constructeurs population ce qui a pour conséquence une particulièrement américains et japonais moindre croissance du parc. L’automobile avaient eux-mêmes réalisé des prototypes à ne ferait sans doute pas non plus taire tous partir de 1996 en expérimentant diverses les reproches par son coût économique et solutions mais le chemin restait long pour social, conséquence de la révolution régler toutes les difficultés. Lors du 3e qu’elle a imposée à la société au XXe salon consacré aux véhicules écologiques à siècle en se plaçant au cœur de la vie des Monaco au mois de mai 2008, le prince hommes, en métamorphosant les lieux, les Albert II a souhaité montrer l’exemple en échelles et les paysages, en recomposant prenant possession d’une nouvelle BMW les rapports entre la ville et la campagne, Hydrogen 7. ou comme facteur de libération et Ainsi, au début du XXIe siècle, les d’émancipation en abolissant ou en recherches sur divers modes de propulsion reconstruisant des inégalités et des se sont multipliées avec des avancées ségrégations dans les sociétés modernes. - Accident de car dans la vallée du Var, dessin en - Lettre de Publicité-Luxor niant être en couleurs publié en première page du Petit infraction pour un affichage à Villefranche-sur- Journal illustré, 2 septembre 1923, Br 5139 Mer, 2 mai 1957, 141 W 12 - Motards sur l’autoroute Esterel-Côte d’Azur, - Constat d’affichage illicite, 9 juillet 1977, photo 18 février 1963, photo Laboratoire départemental Laboratoire départemental de l’Equipement, 22 Fi de l’Equipement, 598 W 61 77060912 - Article du Petit Niçois du 29 septembre 1933 - Avis favorable à un arrêté du maire de sur l’accident d’automobiles de la plaine d’Eze, Mouans-Sartoux destiné à interdire la publicité 33 J 539 dans les rues, 16 octobre 1978, 240 W 1053 - Procès-verbal d’audition de témoin d’un - Abattage d’arbres pour l’élargissement de la accident d’automobile sur la route d’Antibes, RN 202, 19 mars 1963, photo Laboratoire avec photographie, 14 mars 1924, 3 U 2/1080 départemental de l’Equipement, 598 W 62 - Statistiques des accidents d’automobiles dans - Lettre du ministre des Travaux publics en les Alpes-Maritimes en 1936, 2 S 877 réponse à la demande du conseil général des - Ex voto en reconnaissance à Notre Dame de la Alpes-Maritimes de créer une servitude de non Garoupe à la suite d’un accident d’automobile le abattage des arbres en bordure des routes, 30 6 septembre 1938, photo Michel Graniou juin 1936, 2 S 1079 - Article de Nice-Matin du 17 avril 1954, « le - Mur de soutènement d’une falaise en bordure nombre d’accidents a triplé depuis 1949 », 89 J de la route de Vence, 19 février 1971, photo 277 Laboratoire départemental de l’Equipement, 598 W - Reportage photographique sur un accident 124 mortel sur la RN7 au Pont du Var, 13 février - Chapelle Sainte-Lucie surplombant 1965, 228 W 557 l’autoroute, 1988, photo Erczi, 24 Fi 30 - Ex-voto en reconnaissance à Notre-Dame de - L’automobile devenue mobilier urbain à côté Laghet à la suite d’un accident d’automobile à la d’une vieille fontaine à Vence, 25 mars 1963, Pentecôte 1957, photo Michel Graniou photo Laboratoire départemental de l’Equipement, - Procès-verbal dressé pour excès de vitesse sur 598 W 62 la RN 202 avec photographie, 8 décembre 1973, - Lettre d’un touriste se plaignant de 289 W 15 l’envahissement de l’automobile à Nice, 18 - Article de Nice-Matin du 26 août 1976, « on octobre 1977, 312 W 182 roule trop vite à Nice », 89 J 82 - Carcasses d’automobiles abandonnées à - Demande d’autorisation pour un panneau Gairaut, 26 mai 1970, photo Laboratoire publicitaire du festival du livre à Menton avec départemental de l’Equipement, 598 W 121 photographie, 1er décembre 1975, 173 W 7 - Article du Provençal du 27 janvier 1966, « la - Projet de publicité sur une façade en bord de colère gronde, 1000 camions par jour », 89 J 281 mer, « A Vallauris il y a 100 potiers », 141 W 12 - Article de Nice-Matin du 22 septembre 1978, « l’enfer existe à Nice », 89 J 282 - Lettre de l’association de sauvegarde de - Circulaire ministérielle prescrivant une Valbonne-Opio réclamant l’interdiction des campagne anti-pollution des voitures à essence, avertisseurs d’automobiles, 2 mai 1968, 177 W 23 janvier 1976, 173 W 678 290 - Affiches incitant à la protection de la nature, - Article de Nice-Matin du 12 août 1967 sur la « halte à cette marée noir » et « récupération lutte contre le bruit, 89 J 270 des huiles usagées », 1989, 14 Fi 3368 - Plainte d’un habitant de Nice contre le bruit dû - Conteneur de récupération des huiles usagées, à la circulation, 27 mai 1970, 177 W 273 s.d., 15 Fi 71 - Etat des infractions en matière de bruit - Article de Nice-Matin du 5 janvier 1976 sur la relevées par la police de la route dans les Alpes- mise au point de voitures électriques Maritimes, janvier-février 1969, 177 W 290 - Rapport de Rothlisberger, de Beaulieu, sur la - Lettre du maire de Nice demandant la pose mise au point d’un carburant tiré des déchets d’écrans anti-bruit le long de l’autoroute, 15 végétaux, 1979, 312 W 243 février 1977, 660 W 115 - Prospectus « en ville sans ma voiture », édité - Mur antibruit sur l’autoroute A8 à Saint- par la mairie de Nice, 1999, 114 J 6 Laurent-du-Var, s.d., vers 1990, 14 Fi 1770 - Article de L’Usine Nouvelle du 2 octobre 1997 -Procès-verbal d’infraction pour émission de sur le recyclage des automobiles, « la longue fumées opaques à , 16 mai 1971, 173 W marche vers l’objectif zéro déchets » 678 - Article de Nice-Matin di 28 mars 2008 sur le salon des véhicules propres à Monaco présentant la BMW hydrogen 7 du prince Albert II Notes

50- L’Illustration, 26 novembre 1927 51-DAM 3 U 2/1053 23 mars 1916 52- Robin (Gabriel), ouvrage cité 53-le Patriote, 7 septembre 1958 54-Nice-Matin, 20 février 1960 55-Nice-Matin, 11 mars 1963 56-Nice-Matin, 12 décembre 1976 57-Le Point, 8 octobre 1979 58- L’Evénement du Jeudi, 13-19 novembre 1986 59- La Vie au Grand Air, n° 713, 18 mai 1912 60-ADAM 2 S 1100 4 décembre 1936 61ADAM 2 S 1100 12 mars 1937 62-ADAM 2 S 1079 24 mai 1935 63-ADAM 240 W 1053, lettres des 16 octobre 1978 et 10 mars 1981. 64-ADAM 240 W 1053, lettres des 16 octobre 1978 et 10 mars 1981. 65-ADAM 216 W 9 23 et 26 juillet 1969. 66-ADAM 216 W 9 23 et 26 juillet 1969. 67-Nice-Matin, 10 février 2004 68-L’Auto-Moto Sports de la Côte d’Azur, 1926 69-Nice-Matin, 8 août 1951 70-Journal du bâtiment, janvier 1962 71-ADAM 717 W 1247, 26 octobre 1963 72-Le Provençal, 27 janvier 1966 73-ADAM 177 W 290 74-Nice-Matin, 3 avril 1969 75-Nice-Matin, 4 avril 1968 76-ADAM 177 W 288, lettre du 30 novembre 1971 77-ADAM 173 W 672 78-ADAM 177 W 288 30 novembre 1973 79-Circuler, septembre-octobre 1991 80-Nice-Matin, 5 janvier 1976 81-Le Point, 5 octobre 1996