¡ASuziey queLeBlanc sí! Les Voix Humaines Baroque ACD2 2244 ATMA Ay que sí, ay que no 1 Manuel Machado (v. 1590-1646) 10 Diego Fernandez de Huete Suzie LeBlanc soprano Dos estrellas le siguen 4:35 Guardame las vacas 2:40 (1, 2, 3, 5, 7, 9, 11, 12, 14, 16, 18)** 2 José Marín (? 1618/19-1699) 11 José Marín Mi señora Mariantaños 3:15 Aquella sierra nevada * 3:28 Les Voix Humaines Susie Napper 3 José Marín 12 José Marín viole de gambe / viola da gamba Ojos, pues me desdeñáis 3:26 No piense Menguilla ya 4:34 (1, 2, 4, 7, 8, 9, 11, 12, 14, 18) 4 Francisco Repilado (1907- ) 13 Francisco Guerau (1649-1722) Margaret Little Buena vista (Chan Chan) * 3:03 Marionas 4:04 viole de gambe / viola da gamba (1, 2, 4, 5, 8, 9, 11, 12, 14, 18) 5 Juan Hidalgo (1614-1685) 14 Juan Hidalgo En los floridos Paramos 2:34 Esperar 2:50 Maxine Eilander harpe espagnole / Spanish harp 6 Diego Fernandez de Huete (? 1633/43-1713) 15 Gaspar Sanz (v. 1640-v. 1710 ?) (1, 2, 4–14, 16–18) Españoleta 6:38 Pavana 2:53 7 José Marín 16 José Marín guitare baroque / Niña como en tus mudanças 4:12 Turvéme Çelinda hermosa 2:27 (1–10, 12–18) 8 Diego Ortiz (v. 1510 - v. 1570) 17 Francisco Guerau Rafik Samman Recercada segunda * 2:37 Españoleta 4:49 percussion (2, 4, 5, 7, 12, 18) 9 Juan Hidalgo 18 Anonyme Ay que sí, ay que no 3:15 Un sarao de la Chacona 3:58 * Arrangements : Susie Napper ** Les numéros renvoient aux plages / Numbers refer to tracks Ce genre, qui nous occupe sur cet enregistrement, est issu de la perméabilité entre le théâtre et la musique de chambre à la cour. En effet, les airs nés ici ou là n’y restaient généralement guère exclusivement; ils se retrouvent parmi les fragments musicaux qui nous sont parvenus des (sortes de divertissement théâtral où se mêlent texte parlé, musique et chant) ou des rares volumes manuscrits d’airs de cour. Résolument profane, s’apparentant en cela à la chanson française de la même époque, le tono humano se distingue par sa fonction sinon par sa forme du , ce dernier dési- ¡AyEspagne queau XVIIe siècle así! été un théâtre de bouleversements, et sa musique, gnant au XVIIe siècle un air sacré ou de caractère religieux, en langue vulgaire, qui en L’ sacrée ou profane, a su y accompagner les joies comme les tribulations. Ce disque est venu à remplacer le motet latin. Ces airs sont construits d’une alternance non stricte fera découvrir quelques pans de cette richesse musicale dans un choix de pièces d’un estribillo (refrain) et de coplas (couplets), avec parfois l’ajout d’un coplilla (petit vocales et instrumentales profanes réunissant les timbres les plus typiques du couplet). Le tono humano adopte le plus souvent un rythme ternaire enlevant, à grand baroque espagnol, dont, au premier plan, la voix de tiple (soprano). Deux composi- renfort d’hémioles — des mesures où se confondent rythme binaire et ternaire —, une teurs qui brillèrent à la cour d’Espagne sont ici particulièrement à l’honneur : Juan caractéristique marquante de la musique espagnole du temps. Hidalgo (1614-1685) et José Marín (? 1618/19-1699). Les textes dans l’ensemble ne présentent pas de forme métrique fixe. Lorsqu’ils Si le XVIe siècle avait été en Espagne le Siècle d’or, les règnes des deux derniers n’évoquent pas clairement un sentiment lié à un contexte dramatique (quand l’air représentants de la maison de Habsbourg, Philippe IV (1621-1665) et Charles II provient d’une production scénique, par exemple), ils cherchent à suggérer, par des (1665-1700), viennent sceller au XVIIe son déclin politique et économique. Confiée images parfois volontairement floues, l’émoi, le trouble, la confusion, la provocation à des favoris, les válidos, l’administration du royaume échappe de plus en plus aux ou le dépit amoureux. La «chanson titre» de ce disque, Ay que sí, ay que no de rois, qui préfèrent se perdre dans les divertissements et les intrigues. Philippe IV en Hidalgo, tirée de la El templo de Palas écrite par Francisco de Avellaneda et particulier est féru de chasse et de théâtre, musical ou pas. À la cour de Madrid, créée en 1675, illustre bien comment dans le tono humano peut se marier la forme Pedro Calderón de la Barca (1600-1681) assouvit ce besoin dans une œuvre théâtrale et le fond, où l’alternance estribillo / coplas épouse le tiraillement moral des paroles. magistrale, présentée principalement au colisée du palais Buen Retiro. Et c’est la En parlant de tiraillement moral, notre autre compositeur-étoile, José Marín, a dû collaboration de celui-ci avec Juan Hidalgo qui donne naissance au premier opéra en éprouver son lot dans sa vie mouvementée, digne d’une zarzuela. Ordonné prêtre espagnol, La púrpura de la rosa, dont la musique est perdue, et surtout, en 1660, à à Rome, il entre en la capacité de ténor au monastère Encarnación de Madrid en l’opéra espagnol le plus ancien dont subsiste la musique, Celos aun del aire matan. 1644. On rapporte alors qu’il est à plusieurs reprises arrêté, emprisonné, flagellé et Ayant vécu toute sa vie à Madrid, Hidalgo se taille une place prépondérante torturé pour des vols et des meurtres; suite à une tentative d’évasion, il est défro- à la cour d’abord comme harpiste et claveciniste dès 1631 environ, puis comme com- qué puis banni de Madrid pour dix ans. Malgré cela, il jouit d’une grande réputation positeur de musique vocale. Bien qu’il ait composé une quantité importante de à la cour et ailleurs comme chanteur et comme compositeur, et personne n’a laissé musique sacrée, comme il se doit, sa musique pour le théâtre et la cour occupe la au XVIIe siècle plus de tonos humanos. Sa nécrologie dans le Gaceta de Madrid du 17 part la plus significative de son œuvre. Alors qu’il introduit des éléments de l’opéra mars 1699 nous apprend : «Don José Marín est mort à l’âge de quatre-vingts ans, italien dans sa musique scénique, tels des récitatifs et des chœurs, il laisse surtout connu en Espagne et à l’étranger comme un compositeur d’une habileté rare ainsi sa marque dans un type d’air de cour plus spécifiquement espagnol, le tono humano. que pour ses qualités d’exécution musicale.»

4 5 Presque tous les tonos humanos de Marín proviennent du volume manuscrit Madrid en 1702 et 1704 la première méthode dédiée principalement à la harpe, connu sous le nom de Chansonnier de Cambridge, qui a comme particularité le Compendio numeroso de cifras armónicas. De Huete comme de Francisco d’être un des rares recueils espagnols de l’époque dont la basse continue est Guerau (1649-1722) — musicien à la chapelle royale et à la chambre — on réalisée, ici dans une tablature pour guitare. D’un style alerte et inventif, les retrouve ici une Españoleta, type de danse à trois temps au dessin harmonique airs de Marín semblent spécialement attentifs aux textes. Aquella sierra nevada, fixe et dont l’incipit est à peu près toujours semblable. Bien qu’elle ait vu le jour que l’on retrouve dans ce chansonnier, est à cet égard singulièrement éloquent en Italie, cette danse porte en elle l’esprit espagnol. Comme l’Españoleta, la et d’une expression parfaitement madrigalesque; c’est l’un des plus beaux exem- Marionas de Guerau — une passacalle fort élaborée — est tirée de son recueil ples du genre. Son estribillo à la mesure changeante, tout en tombées chroma- pour la guitare Poema harmónico (Madrid, 1694), qui présente aussi des instruc- tiques qui se languissent, traduit bien le désespoir des paroles. tions sur le système de tablature et l’ornementation, ainsi que sur des questions Presque l’égal d’Hidalgo et de Marín par la qualité sinon par la quantité de techniques. L’Instrucción de música sobre la guitarra española de Gaspar Sanz son œuvre, Manuel Machado (v. 1590-1646) est un compositeur et instrumen- (v. 1640-v. 1710 ?), en trois volumes publiés à Saragosse en 1674, constitue tiste d’origine portugaise qui fit carrière en Espagne. Il semble avoir été très quant à elle la méthode de guitare la plus complète du temps. La Pavanas de ce apprécié à la cour comme musicien de chambre, maîtrisant plusieurs instru- natif d’Aragon illustre à la perfection le raffinement exquis qu’offre, par opposi- ments. Il subsiste de lui vingt œuvres seulement, toutes des chansons profanes tion au style rasgueado (gratté), le style de jeu punteado (pincé). en espagnol d’une qualité exceptionnelle. En témoigne la finesse de son Dos estrellas le siguen, bijou d’une strophe seulement. On reconnaîtra en guise Jacques-André Houle d’écrin de ce bel air qui ouvre le disque, des variations inventées par nos musi- ciens autour de La Folía, célèbre basse obstinée née en Espagne et largement dif- fusée partout en Europe. La musique purement instrumentale de cet enregistrement nous fait entendre en diverses combinaisons les sonorités parmi les plus prisées en Espagne à l’époque : la harpe, la guitare et la viole. Les compositeurs représentés ici ont d’ailleurs presque tous contribué non seulement au répertoire de ces instru- ments, mais au perfectionnement de leurs adeptes, à travers des traités ou des méthodes. Dès 1553, Diego Ortiz (v. 1510-v. 1570), maestro de capilla à Naples, avait fait publier à Rome son traité d’ornementation pour la viole, Trattado de glosas, le premier du genre à être imprimer. La Recercada (étude) enregistrée ici, qui s’y retrouve, montre comment sur une basse donnée on pouvait s’y prendre pour diviser le temps des mesures en notes de valeurs plus courtes, ce qui à l’époque constituaient les formules d’ornementation. Diego Fernández de Huete (? 1633/43-avant 21/07 1713), harpiste à la cathédrale de Tolède, a publié à

6 7 This genre, featured on the present disc, arose from an interchange between theatre and court chamber music. Indeed, songs originating in either setting generally did not remain there for long; they can be found in the few remain- ing musical fragments from zarzuelas (a type of theatrical entertainment con- taining spoken text, music and song) or in the rare manuscript volumes of court ¡Ayventeenth-century que Spain was sí!a theatre of upheavals, and its music was per- airs. Firmly secular—close in this respect to the French chanson of the same Sfectly suited to both its joys and its tribulations. This recording unveils var- period—the tono humano is distinct in function if not in form from the 17th- ious facets of this rich musical tradition through a choice of secular vocal and century villancico, which had then become a sacred or spiritually oriented air instrumental works combining the most typical timbres of the Spanish Baroque, in the vernacular that had come to replace the Latin motet. These songs are with, in the forefront, the tiple (soprano) voice. Two composers especially stand composed of a free alternation of an estribillo (refrain) and coplas (stanzas), out: Juan Hidalgo (1614-1685) and José Marín (?1618/19-1699), whose music sometimes with the addition of a coplilla (little stanza). The tono humano usu- figured prominently at the Spanish court. ally adopts a lively ternary rhythm, with many hemiolas (measures where bina- If Spain experienced its Golden Era during the 16th century, the reigns of ry and ternary rhythm merge), a preponderant characteristic of Spanish music the last two representatives of the Habsburg dynasty, Philip IV (1621-1665) and at the time. Charles II (1665-1700), witnessed its political and economic decline. The admin- The texts rarely present a fixed metrical form. When they do not clearly istration of the kingdom, entrusted to válidos (king’s favourites), progressively expose a sentiment related to a particular dramatic context (as for example slipped away from the control of these monarchs, who preferred losing them- when the song comes from a stage work), they strive to suggest such feelings selves in leisurely pursuits and intrigue. Philip IV in particular was fond of as the excitement, the commotion, the provocation and the throes of love using hunting and theatre, whether musical or not. At court in Madrid, Pedro images that are sometimes intentionally vague. The “title song” of this CD, Calderón de la Barca (1600-1681) saw to the fulfillment of these needs in a mas- Hidalgo’s Ay que sí, ay que no—from the zarzuela El templo de Palas written by terly theatrical body of work, staged primarily at the coliseum of the Buen Francisco de Avellaneda and first staged in 1675—clearly shows how form and Retiro Palace. It was the collaboration between Calderón and Juan Hidalgo that meaning can meld, as here in the alternation of estribillo and coplas which gave birth to the first , La púrpura de la rosa, the music of which espouses the moral turmoil of the words. is lost, and especially, in 1660, to the oldest Spanish opera whose music is On the subject of moral turmoil, the other importantly featured composer on extant, Celos aun del aire matan. this disc, José Marín, must have experienced his lot during his eventful life, Having spent his entire life in Madrid, Hidalgo carved out an enviable posi- which could itself have been the subject of a zarzuela. Ordained in Rome, he tion for himself at court, first as a harpist and harpsichordist starting around entered the Encarnacíon Monastery of Madrid in 1644 as a tenor. It is reported 1631, then as a composer of vocal music. Although he naturally composed many he was then several times arrested, imprisoned, whipped and tortured for rob- sacred works, his music for the theatre and court occupies the better part of his beries and murders; following an attempted escape, he was defrocked and ban- output. While he did introduce elements of Italian opera in his stage works, ished from Madrid for ten years. Despite all this, he was highly regarded at such as recitatives and choruses, he especially left his mark in a more typical- court and elsewhere as a singer and composer, and no one more than he in the ly Spanish kind of court air known as tono humano. 17th century left as many tonos humanos. His obituary in the Gaceta de Madrid

8 9 of March 17, 1699 reads: “Don José Marín has died at the age of eighty years, (?1633/43-before March 21, 1713), a harpist at Toledo Cathedral, published in known in and outside Spain for his rare ability in composition and in the per- Madrid in 1702 and 1704 the first manual essentially devoted to the harp, the formance of music.” Compendio numeroso de cifras armónicas. Both Huete and Francisco Guerau Almost all Marín’s tonos humanos are found in the manuscript volume known (1649-1722)—a musician at the royal chapel and chamber—here contribute an as the Cambridge Song Book, one of the few Spanish collections of the time Españoleta, a dance in triple time with a fixed harmonic scheme whose first whose basso continuo is realized, here in guitar tablature. Of a lively and inven- notes are usually similar. Although it originated in Italy, this dance radiates the tive nature, Marín’s songs seem particularly mindful of the words. Aquella sier- Spanish spirit. Like his Españoleta, Gerau’s Marionas—an elaborate passacalle— ra nevada, which is found in the aforementioned songbook, is in this respect is taken from his printed collection of guitar pieces entitled Poema harmónico remarkably eloquent and quite thoroughly madrigalian in its expression; it is (Madrid, 1694), which also boasts instruction on the tablature system and orna- indeed one of the finest examples of the genre. Its estribillo of varying metre, mentation, and touches upon questions of technique. As for the three-volume with its falling chromatic steps, tellingly conveys the despair of the words. Instrucción de música sobre la guitarra española by Gaspar Sanz (c. 1640-c. Nearly the equal of Hidalgo and Marín by the quality if not the quantity of 1710?), published in Saragossa in 1674, it is the most comprehensive guitar his output, Manuel Machado (c. 1590-1646) was a composer and instrumental- manual of the time. The Pavanas by this native of Aragon perfectly illustrates ist of Portuguese extraction who pursued his career in Spain. He seems to have the exquisite refinement afforded by the punteado (plucked) style of playing, been much appreciated at court as a chamber musician and he mastered a num- as opposed to the rasgueado (strummed) style. ber of instruments. Only twenty works of his are extant, all secular songs in Spanish, and all of exceeding beauty. A case in point is the finesse of his Dos Jacques-André Houle estrellas le siguen, comprising a single stanza. This gem of a song, which opens this recording, is encased in a series of variations elaborated by our musicians on the famous Folía, a ground bass that was popular throughout Europe. The purely instrumental music of this recording offers the occasion to hear in various combinations among the best-loved sonorities of 17th-century Spain: the harp, the guitar and the . Nearly all the composers featured here con- tributed not only to the repertoire of these instruments, but also to the per- fecting of their practitioners through the publication of treatises and instruc- tion books. As early as 1553, Diego Ortiz (c. 1510-c. 1570), maestro de capilla in Naples, had published in Rome his Trattado de glosas, a treatise on ornamentation for viol players—the first printed example of its kind. The Recercada (etude) recorded here, taken from this publication, shows how measures could be sub- divided into shorter note values over a given bass line. This is the likes of which constituted the ornamentation formulae of the time. Diego Fernández de Huete

10 11 Suzie LeBlanc uzie LeBlanc a débuté le chant dans epuis plus de quinze ans Susie Napper et Margaret Little séduisent le grand pub- S les chœurs de son Acadie natale. Dlic en lui offrant des interprétations superbes du répertoire exotique des XVIIe et Des études universitaires en clavecin XVIIIe siècles. Elles ont été invitées à jouer dans la plupart des festivals importants l’ont ensuite amené à s’intéresser à la en Amérique du Nord, au Mexique et en Europe, entre autres au Boston Early Music musique des XVIIe et XVIIIe siècles. Festival, au Festival Internacional Cervantino du Mexique, au Festival international Depuis, elle se distingue par une car- de Brighton en Angleterre et au rière dans les répertoires baroque et Festival Oude Musiek d’Utrecht. Les Voix Humaines sont réputées pour la classique, partageant son temps entre beauté et l’originalité de leurs arrange- le concert, la scène lyrique et la ments d’une grande variété de musique recherche. Elle a participé à plusieurs pour deux violes et leurs interpréta- productions acclamées par la critique, tions remarquables d’œuvres contem- dont l’Orfeo de Sartorio (Euridice, dont poraines composées pour le duo. l’enregistrement se mérita le prix Cini pour «meilleur disque d’opéra, 1999»), Leurs nombreux disques leur ont L’incoronazione di Poppea de Monteverdi (Poppée, Opéra de Montréal) et Thésée de valu l’éloge des critiques et compren- Lully au Festival de Musique Ancienne de Boston et à Tanglewood. Avec ses collègues nent entre autres l’intégrale du de longue date, tels ceux de l’ensemble Tragicomedia, Les Voix Humaines, Teatro Poeticall Musicke de Tobias Hume, Lirico et le , elle a exploré et enregistré beaucoup de répertoire l’intégrale de Le Nymphe di Rheno de inédit. Sa soif de découvrir toujours du nouveau la conduit maintenant à se produire Johannes Schenck, plusieurs disques dans quelques opéras de Mozart, ainsi que dans le répertoire du lied, tout en con- avec la soprano Suzie LeBlanc et l’alto tinuant ses explorations dans les répertoires plus anciens. Daniel Taylor, deux disques consacrés à Sa discographie, allant de la musique médiévale à la musique contemporaine, des pages superbes de Marais et Sainte- comprend Amour cruel avec Les Voix Humaines et Stephen Stubbs (ATMA — gagnant Colombe, ainsi que les 4 Saisons de du Prix Opus 2000 pour le meilleur enregistrement de musique ancienne), le Gloria Christopher Simpson. de Handel avec l’Académie Baroque de Montréal (ATMA) et des cantates de Buxtehude avec , Peter Harvey et le Purcell Quartet. Les Voix Humaines 12 13 Maxine Eilander harpe espagnole axine Eilander a complété en 1997 son Stephen Stubbs Mdiplôme de troisième cycle en harpes guitare baroque médiévale, Renaissance et baroque ainsi qu’en continuo avec Andrew Lawrence-King et é en 1951 à Seattle (É.-U.), Stephen Stubbs à l’Akademie für Alte N Stephen Stubbs s’adonne à la Musik/Hochschule für Künste à Brême en musique depuis sa tendre enfance. Allemagne. Depuis, elle se produit en tant que Un intérêt se partageant entre la continuiste et soliste avec des ensembles tels musique actuelle et la musique que The Toronto Consort, Teatro Lirico, Talens Lyriques, Tafelmusik, The Harp préromantique le pousse à pour- Consort, ARTEK et Ensemble Braccio. Company of Strings, l’ensemble de continuo suivre des études universitaires en dont elle a été la cofondatrice avec Daniel Swenberg et Andrew Maginley en 1998, composition, tout en étudiant le est engagé depuis 1999 pour les opéras de Monteverdi au Staatstheater de Stuttgart. luth et le clavecin. Il poursuit Comme harpiste médiévale, Maxine Eilander joue avec Mala Punica, Super Librum et davantage ses études en Hollande Fala Musica. Elle participe à de nombreux festivals de musique ancienne, dont ceux et en Angleterre avant de faire ses d’Utrecht, Boston, Vancouver, Ambronnay, Urbino, Saintes, Anvers et Spoleto USA. débuts professionnels au luth en 1976 au Wigmore Hall de Londres. Il habite depuis 1980 en Allemagne, où il enseigne le luth et l’interprétation historique au Hochschule der Künste à Brême. C’est avec La morte d’Orfeo de Stefano Landi, présenté au festival de Bruges en Rafik Samman 1987, que Stephen Stubbs inaugure sa carrière en tant que directeur d’opéra. À la percussion même époque, il fonde l’ensemble Tragicomedia, qui a depuis enregistré plus de afik Samman a fait ses études de maîtrise en musicologie à vingt disques compacts tout en réalisant des tournées en Europe, en Amérique du Rl’Université de Montréal. Il a étudié à Paris et à New York la direction Nord et au Japon. On l’a invité pour des productions d’opéras dans plusieurs pays chorale et les percussions ethniques. Il a participé en tant que percus- d’Europe, dont en Scandinavie où il dirigea L’Orfeo de Sartorio au festival de sionniste, chanteur et luthiste à l’enre-gistrement d’une vingtaine de musique ancienne d’Utrecht en 1998. Afin d’étendre son répertoire jusqu’au disques avec des ensembles de musique baroque, Renaissance, du Moyen baroque tardif, Stephen Stubbs fonda l’orchestre baroque Teatro Lirico. Âge ainsi qu’avec des groupes de musique populaire. Il a donné des con- certs aux États-Unis, en Amérique du Sud, en Europe et au Japon. Il enseigne les percussions, le chant grégorien et la musique du Moyen Âge.

14 15 Les Voix Humaines usie Napper and Margaret Little have been thrilling audiences with their per- Sformances of exotic masterpieces of the 17th and 18th centuries for the past fif- teen years. They have performed at many of the most important music festivals in North America, Mexico and Europe including the Boston Early Music Festival, the Festival Internacional Cervantino, Mexico, the Brighton International Music Festival and the Festival Oude Musiek, Utrecht. Les Voix Humaines are renowned for their Suzie LeBlanc spectacular arrangements of a wide variety of music for two and their brilliant uzie LeBlanc began singing in choirs of her native Acadia. University studies in performances of contemporary music commissioned by the duo. S then sparked her interest in 17th- and 18th-century music. She has Their numerous CDs have received critical acclaim and include the complete since distinguished herself in a career focusing on the Baroque and Classical reper- Poeticall Musicke of Tobias Hume, the complete Le Nymphe di Rheno of Johannes toire, dividing her time between concert performances, opera and research. She has Schenck, several discs with soprano Suzie LeBlanc and countertenor Daniel Taylor, been involved in a number of critically acclaimed productions including Sartorio’s two discs of French viol music (Marais and Sainte-Colombe), a Christmas disc, a col- Orfeo (Euridice, the recording of which was awarded the Cini prize for “Best Opera lection of beautiful works by Jenkins and Christopher Simpson’s 4 Seasons. CD of 1999”), Monteverdi’s L’incoronazione di Poppea (Poppea, Opéra de Montréal) and Lully’s Thésée at the Boston Early Music Festival and at Tanglewood. With her long-time colleagues, such as those from Tragicomedia, Les Voix Humaines, Teatro StephenBaroque Stubbs guitar Lirico and the Purcell Quartet, she has explored and recorded much unpublished repertoire. Her thirst for new vistas now leads her to perform in several Mozart tephen Stubbs, born in 1951 in Seattle (U.S.), has been engaged in music making operas as well as in recitals devoted to lieder, while continuing to delve into earlier Ssince early childhood. Parallel interests in new and pre-Romantic music led him to repertoire. take a degree in composition at university and to study the lute and the harpsichord. Her discography, ranging from medieval to contemporary music, includes Amour Further years of study in Holland and England preceded his professional debut as cruel with Les Voix Humaines and Stephen Stubbs (ATMA—winner of an Opus Prize lutenist in 1976 at the Wigmore Hall, London. Since 1980 he has lived in North in 2000 for best early music recording), Handel’s Gloria with the Académie Baroque Germany, where he is a professor of lute and performance practices at the Hochschule de Montréal (ATMA), and cantatas by Buxtehude with Emma Kirkby, Peter Harvey der Künste in Bremen. and the Purcell Quartet. With his direction of Stefano Landi’s La morte d’Orfeo at the 1987 Bruges Festival, Stephen Stubbs began his career as opera director and he simultaneously founded the ensemble Tragicomedia, which has since recorded over 20 CDs and completed tours of Europe, North America and Japan. He has been invited for opera productions in sev- eral European countries and Scandinavia, most recently directing Sartorio’s L’Orfeo at the Early Music Festival Utrecht 1998. To expand his repertoire into the late Baroque period, Stubbs has founded the Baroque orchestra Teatro Lirico.

16 17 Two stars follow you 1 Dos estrellas le siguen (M. Machado) Deux étoiles vous suivent Two stars follow you, Dos estrellas le siguen, Deux étoiles vous suivent lovely brunette, morena, morena, belle brune, Maxine Eilander and illuminate the sun; y dan luz al sol; en éclairant le soleil; Spanish harp it would be safe to bet, va de apuesta, il est fort à parier dear lady, lovely brunette, señora, morena, madame, belle brune, axine Eilander completed her postgraduate diploma in medieval, Renaissance that they are your eyes. que esos ojos son. que de vos yeux il s’agit. Mand Baroque harps and continuo practice with Andrew Lawrence-King and Lady Mariantaños 2 Mi señora Mariantaños (J. Marín) Madame Mariantaños Stephen Stubbs at the Akademie für Alte Musik/Hochschule für Künste, Bremen, Lady Mariantaños Mi señora Mariantaños, Madame Mariantaños in the eternity of a month en la eternidad de un mes, en l’éternité d’un mois Germany in 1997. Since then, she performs as a continuo player and soloist with asks how I love her; pregunta como la quise demande combien je l’aime, ensembles such as The Toronto Consort, Teatro Lirico, Talens Lyriques, Tafelmusik, I know not what to answer, i ignoro que responder; je ne sais que lui dire; for I do not know where is the love porque yo no sé donde anda el amor car j’ignore où se trouve l’amour The Harp Consort, ARTEK and Ensemble Braccio. The continuo band Company of devoid of object or reason. sin qué ni porqué. sans objet ni raison. Strings, which she co-founded with Daniel Swenberg and Andrew Maginley in 1998, You were deliberately ugly Usted era fea adrede Vous étiez laide à dessein has been engaged to perform Monteverdi operas at the Staatstheater Stuttgart since and it was easy, without love y fue fácil sin querer, et ce fut aisé, sans amour the occasion made it easy y vino a ser mi ocasión l’occasion me fut bonne 1999. As a medieval harpist, Maxine performs with Mala Punica, Super Librum and and more convincing than Lucifer; que pudo mas que luzbel; et plus forte que Lucifer; Fala Musica. Maxine appears in many early music festivals including Utrecht, Boston, and I am not sure which was the worse porque yo no sé quando en lo peor car je ne sais pour le pire I could chose. se halló que escojer. il fallut choisir. Vancouver, Ambronnay, Urbino, Saintes, Antwerp and Spoleto USA. Impatience perhaps Efectos de avorrecida L’impatience peut-être blinded her some, la deslumbravan tal vez, l’aveuglait parfois since I loved her badly pues quando la quise mal puisque je l’aimai mal when I loved her best; fué quando quise muy bien; quand j’aimai le mieux; for there is no love porque yo no sé que aya voluntad car il n’y a amour greater than that. a más no poder. plus grand que celui-là. Rafik Sammanpercussion I loved her neither more nor less, Ni más ni menos la quise, Je l’aimai ni plus ni moins, so she will plainly see con que podrá conozer, elle pourra donc voir that my love was honest; que si fué mi amor caval que mon amour fut honnête; what she sold I bought, lo que me vendió compré; ce qu’elle me vendit je l’achetai afik Samman completed a master’s degree in musicology at the Université de as I cannot but pay porque yo no sé dejar de pagar car je ne peux que payer RMontréal. He studied choir directing and ethnic percussion in Paris and New York. for that which was for sale. lo que fué bender. ce qui était à vendre. As a percussionist, singer and lute player he recorded 20 CDs with several ensembles Eyes that disdain me 3 Ojos, pues me desdeñáis (J. Marín) Yeux que me dédaignez specializing in Baroque, Renaissance and medieval music as well as popular music. Eyes that disdain me Ojos, pues me desdeñáis Yeux qui me dédaignez He has toured the United States, South-America, Europe and Japan. He teaches per- Do not look at me, No me miréis Ne me regardez point, for I do not want you pues no quiero que logréis, car je ne veux que vous puissiez cussion instruments, Gregorian chant and medieval music. to see how you kill me. el ver como me matáis. voir comment vous me tuez. Let the frowns and severity end; Çese el çeño y el rigor, Que cessent plissement et rigueur; see, eyes, what folly it is ojos, mirad que es locura voyez, ô yeux, que c’est folie to risk your beauty arriesgar buestra hermosura de risquer votre beauté to displease me, por hazerme un disfavor, pour me déplaire, if fear does not keep you si no os corrige el remor si la crainte ne vous empêche from losing your loveliness. de la gala que os quitais. de perdre cette grâce.

18 19 Do not look at me, No me miréis Ne me regardez point Maiden, how in your whims 7 Niña como en tus mudanças (J. Marín) Fillette comment dans tes caprices for I do not want you pues no quiero que logréis, car je ne veux que vous puissiez Maiden, how in your whims, Niña como en tus mudanças, Fillette comment dans tes caprices to see how you kill me. el ver como me matáis. voir comment vous me tuez. as fanciful and easy they be, tan fáciles como libres, aussi faciles que libres And if your harsh dissembling Y si el mostraros severos, Et si votre feinte sévère you are like a willow in the wind a qualquier viento te muebes tu te plies à tout vent, is just to kill me, es no más que por matarme ne vise qu’à me tuer, and heedless of what could burn you. de qualquier fuego te ríes. te ris de tout feu. you can spare yourself the trouble, podéis la pena escusarme, vous pouvez vous en épargner la peine, My love saw you as true, Creyóte mi amor constante, Mon amour te voyait constante, for I shall die of not seeing you; pues moriré de no veros car je mourrai de ne point vous voir; you, elusive or quiet, siendo esuiba o apacible, toi fuyante ou tranquille, but if I may not see you, pero si no e de veros mais si vous voir je ne peux, or resolute in your secrets, o ya firme en los desdenes, ou ferme dans les secrets, at least have pity on me. que de mí os compadezcáis. prenez au moins pitié de moi. or resolute in love. o ya en los favores firme. ou ferme dans les amours. Eyes that disdain me. Ojos, pues me desdeñáis. Yeux qui me dédaignez. Today it is your turn, maiden, Oy te toca niña, Aujourd’hui c’est ton tour, fillette, whims, love, mudanzas, amor, caprices, amour, be sure to dance to a different step mira como baylas vois à changer de pas In the flowery surroundings 5 En los floridos Paramos (J. Hidalgo) Dans les fleuris parages when changes the music. quando mude el son. quand change la musique. In the flowery surroundings En los floridos Paramos Dans les fleuris parages Little stanza: Coplilla : of this amiable paradise de este ameno pensil, de cet amène paradis Petit couplet : Love often Suele amor tener Souvent l’amour whose fertile domains cuyas estancias fertiles dont les fertiles demeures wants to dance gana de vaylar are the daisies’ abode, del mayo son pais. sont pays de pâquerette, a envie de danser and change y suele mudar et de changer You climbed a poplar tree Trepabas por un álamo Tu grimpais un peuplier the music of love; el son del querer, la musique de l’amour; like a charming vine una amorosa vid, telle une charmante vigne yesterday’s whims mudanças de ayer les caprices d’hier searching with its branches queriendo con sus pámpanos cherchant avec ses pampres are today’s realities; son firmezas oy; sont réalités aujourd’hui; to ascend while embracing it. abrazándo subir. à monter en l’embrassant. be sure to dance to a different step mira cómo baylas vois à changer de pas But poor you whose frail finesses Pero pobre de ti que tu finezas débiles Mais ô pauvre toi dont les faibles finesses when changes the music. quando mude el son. quand change la musique. cling to me but for the month of April, duran sólo un abril vinculándose en mi liées à moi ne durent qu’un avril But the wind stirs Mas no tan fácil el çierço Mais la bise secoue not to a fortunate end, but to an endless si no con fin tan prospero, un adorar sin non à une fin fortunée, mais à une adora- the humble rushes less easily sacude juncos humildes moins facilement les humbles joncs adulation. fin. tion sans fin. as your fickle whims como tu gusto mudable que ton changeant caprice Through the green lawns Corre entre verdes céspedes Entre les vertes pelouses bend under the first breeze. a qualquier viento se rinde. ne se plie à la première brise. runs a subtle brook un arroyo sutil court un ruisseau subtil But with such an open mind Mas con tan libre albedrío Mais avec telle liberté de pensée whose legitimate courtship que sus amores licitos dont les amours permises and such a free spirit, y tu condiçión tan libre et ton humeur si libre, it gaily celebrates. celebra con reir. il célèbre en souriant. when you will look for someone to cuando busques quien te quiera quand tu chercheras quelqu’un With quivering expectations, Mirábase en lo liquido Avec des espoirs frémissants, [love you, quizá hallarás quien te olbide. [pour t’aimer, the gentle boldness del cristal competir, la douce hardiesse perhaps you will find someone who will peut-être trouveras-tu celui qui te gazed, vying with itself, con esperanzas tremulas se regardait rivaliser [leave you. [laissera. in the fluid of the mirror. el amoroso ardido. dans le fluide du miroir. Today it is your turn, maiden… Oy te toca niña… Aujourd’hui c’est ton tour, fillette… But poor you whose frail finesses… Pero pobre de ti que tu finezas débiles… Mais ô pauvre toi dont les faibles finesses… Little stanza: Coplilla : Petit couplet : Only the arid coarseness Un risco solo árido Seule une aride rudesse Love often Suele amor tener Souvent l’amour of envy did I see, de envidioso le ví d’envieux y ai-je vu, wants to dance… gana de vaylar… a envie de danser… feeding the vipers que apacentaba víboras nourrissant des vipères under its stooped back. su arrugada cerviz. sous son échine courbée. Ah, life! what joys Ay! vida quántos júbilos Ah, vie ! que de joies I see you extol, té admiro presumir, je te vois vanter ! crowned with the candid, coronada del cándido, couronnée du candide primeval carmine. primitivo carmin. et primordial carmin. But poor you whose frail finesses… Pero pobre de ti que tu finezas débiles… Mais ô pauvre toi dont les faibles finesses…

20 21 Oh yes! Oh no! 9 Ay que sí, ay que no (J. Hidalgo) Aïe mais oui, aïe mais non That snowy mountain 11 Aquella sierra nevada (J. Marín) Ce mont enneigé Oh yes! Oh no! Ay que sí, ay que no Aïe mais oui, aïe mais non, That snowy mountain, Aquella sierra nevada, Ce mont enneigé What pains me pains me, que lo que me duele me duele ce qui me blesse me blesse, which looks like a thick cloud, que densa nube parece, qui semblable au nuage épais and since that is how I feel it, que lo siento yo, et c’est ainsi que je le sens under the summer heat con el rigor del estio sous la chaleur de l’été I will tell the tale of my own passion. que soy Perogrullo de mi pasión. car je suis le La Palice de ma passion. turns into a dark rock. en parado escollo se buelve. en sombre rocher se mue. And my sorrow is a burden Y pesadilla mi pena Et lourde est ma douleur That nightingale fallen Aquel ruiseñor que triste, Ce rossignol muet that does not distinguish, no, que no reconoce, no, qui ne distingue pas, non, into a long and sullen silence largo silençio enmudeze, d’un triste et long silence between the lead of the sentiment del plomo del sentimiento entre le plomb du sentiment revives in the springtime a la hermosa primavera aux beautés du printemps and the lightness of the voice. ligerezas de la voz. et le vol léger de la voix. in the joyous forests. revive en selbas alegres. renaît dans les joyeuses forêts. Well, let’s go, friends of my soul, Pues vaya, amigas del alma, Eh bien, allons, mes amies de l’âme, Only my woe knows no change, Sólo en mi mal no ay mudança, Seule à ma peine il n’est aucune mue let my grief sheer away, de en sanchas a mi dolor laissez ma douleur prendre le large no time to console it, ni tiempo que le consuele, ni de temps pour la consoler for a knotted heart que un corazón apretado car, vous le savez, un cœur lourd neither time for my life ni tiempo para mi vida, ni de temps pour ma vie deserves the same as a corset. merece lo que un jubón. ne mérite qu’un sort, celui d’un corset. nor life for my death. ni vida para mi muerte. ni de vie pour ma mort. Two mistresses God has given me, Dos amas que Dios me ha dado, Deux maîtresses Dieu m’a donné, Weary hope, Fatigada esperança Lasse espérance, if it is indeed God who grants them, si es que da las amas Dios si c’est bien Dieu qui les donne, mortal remedy, remedio mortal remède mortel, for it is not Heaven’s fault que no es por cuenta del çielo car ce n’est pas de la faute de ciel what would you of me? qué me quieres ya, que veux-tu de moi maintenant; that I seek my own misfortune. el mal que me busco yo. si je recherche mes propres maux. Let me die déjame morir laisse-moi mourir Oh yes! Oh no… Ay que sí, ay que no… Aïe mais oui, aïe mais non… without further ado sin esperar sans attendre Very slyly, thinking of their lovers Muy finas de sus amantes Très finement, pensant aux amants for there is no constancy pues en nada ay firmeça car il n’est de vrai with great veneration, con mucha veneración avec grande vénération, except in my woe. si no es en mi mal. que ma douleur. they say with their blank stare ausentes sus ojos diçen elles disent de leurs regards vides all that their voices conceal. cuanto recata su voz. tout ce que taisent leurs voix. Do not think, Menguilla 12 No piense Menguilla (J. Marín) Que Menguilla ne pense plus Of the secrets of the soul, De los secretos del alma Des secrets de l’âme, the soft breath la blanda respiraçión le doux souffle Do not think, Menguilla, No piense Menguilla ya, Que Menguilla ne pense plus tells what she does not say esplica cuanto no dice explique ce qu’elle ne dit that I die for your eyes; que me muero por sus ojos, que je meurs pour ses yeux, of her secret sorrow. lo escondido del dolor. de la peine secrète. I have been a fool until now que e sido vovo asta aquí j’étais fou jusqu’ici Oh yes! Oh no… Ay que sí, ay que no… Aïe mais oui, aïe mais non… and I shall be one no longer. y no quiero ser más vovo. et ne veux plus l’être. Answering the contempt of Elice, Porque Elice le desprecia, Répondant au mépris d’Élice, Why is such a nice girl Para qué es buena una niña Pourquoi une gentille fille est-elle Theocles, like a lion, Teocles, hecho un león, Étéocle, furieux comme un lion, so uneasy in a small group tan mal hallada entre pocos, si mal à l’aise en petit groupe imprisoned him in a castle en un castillo lo puso l’emmura dans un château, that she would be uncomfortable with que no está bien con el fénix qu’elle s’ennuie avec le phénix that is not a Spanish parlour. y no es el cuarto español. qui n’est pas un salon espagnol. [the phoenix porque le han dicho que es solo. parce qu’on lui a dit qu’il était unique ? because she was told he was unique? Antigone should accompany her, Que Antígona la acompañe Qu’Antigone l’accompagne, this is what his indignation brought, dispuso su indignación ainsi le décida-t-il indigné, Oh, what a nice way O qué lindo modo, Oh, quelle bonne façon the punishment of brotherhood castigo de la hermandad comme châtiment de la fraternité to go from one to another. para que la dejen unos por otros. de passer des uns aux autres. of love’s righter of wrongs. del cuadrillero de amor. du justicier de l’amour. Menguilla’s bad taste El mal gusto de Menguilla Le mauvais goût de Menguilla Oh yes! Oh no! Ay que sí, ay que no. Aïe mais oui, aïe mais non. is that of a madhouse; es una cassa de locos, est celui d’une maison de fous, obsession commands desire, el tema manda al deseo, la manie commande au désir reason goes to the dogs. vaya la raçón al vollo. sans entendre ni à hue ni à dia. Getting down to business, Mucho abandona lo vano Allant droit au but, and caring little for beauty, si poco estima lo hermoso et estimant peu la beauté, she who is quite familiar la que por ser familiar celle qui tout en étant familière is no less a demon. no repara en ser demonio. n’en est pas moins une démone. Oh, what a nice way O qué lindo modo, Oh quelle bonne façon to go from one to another. para que la dejen unos por otros. de passer des uns aux autres.

22 23 I must not love passionately Yo no e de querer en bulla Je ne dois pas aimer passionnément An evening of the Chaconne 18 Un sarão de la Chacona (Anonyme) Une soirée de la Chaconne because it is like a bullfight, que es una fiesta de toros car c’est une course de taureaux An evening of the Chaconne Un sarão de la Chacona Une soirée de la Chaconne where he is scornfully hissed donde a silbos se condena où l’on condamne au mépris it was the month of roses, he who thought himself the luckiest. quien piensa que es más dichoso. celui qui se croit le plus heureux. se hizo el mes de las rosas, eut lieu le mois des roses, there were thousands of things, huvo miliares de cosas il y eut des milliers de choses, It is unfair and capricious. Desigualdad y capricho Inégalité et caprice ! its fame proclaims it. y la fama lo pregona. sa célébrité le claironne. Neither the on-armed man nor the lame, no deja el manco ni cojo ni manchots ni boiteux so that beauty alone may reign, porque a cuenta de lo lindo ne sont admis à cette débauche Ah life, life is good! A la vida vidita bona, Ah, la vie, la vie est bonne ! are admitted to this debauchery. no admite lo liçençioso. pour que la jouissance soit complète. La, la, life is a Chaconne, vida vámonos a Chacona, Allons, la vie, à la Chaconne, la, la, life is a Chaconne. vida vámonos a Chacona. allons, la vie, à la Chaconne. Since Almadan got married, Porque se casó Almadán, Puisque Almadan s’est marié, To hope 14 Esperar (J. Hidalgo) Espérer we had a bold evening, se hizo un bravo sarão, on a fait une vaillante soirée, Why do you seek wrath more than my ¿Porque más iras buscas que mi tormento, Pourquoi cherches-tu l’ire plus que mon Anao’s girls danced danzaran hijas de Anao les filles d’Anao ont dansé [torment, si en su siempre callado dolor atento, [tourment with the grand-sons of Milan, con los nietos de Milan, avec les petits-fils de Milan, while in my grief, always silent and yo proprio me castigo lo que me quejo? alors que dans sa douleur toujours a father-in-law of Don Beltran un suegro de don Beltran un beau-père de don Beltran [attentive, [silencieuse et attentive and a sister-in-law of Orfeo y una cuñada de Orfeo et une belle-sœur d’Orfeo I chastise my own moaning? je châtie moi-même ma plainte ? began with a Guinean commenzaron un Guineo ont commencé un Guinéen and finished with an Amazon, y acabolo una Amazona fini par une Amazone, Live, then! Die only he who feels Vive tú, muera sólo quien tanto siente Vis, donc ! Que seul meure qui sent tant its fame proclaims it. that in his life grief forever increases, que sus eternos males la vida crecen que ses éternels malheurs poussent dans y la fama lo pregona. sa célébrité le claironne. and that he lives only through suffering. y solamente vive por que padece. [la vie, Ah life, life is good… A la vida vidita bona… Ah, la vie, la vie est bonne… et qui ne vit que par la souffrance. The plump young shepherdess went out Salió la zagala gorda La grosse jeune bergère est sortie To hope, to feel, to die, to adore, Esperar, sentir, morir, adorar, Espérer, sentir, mourir, adorer, with the wife of the puny man con la mujer del enclenque avec la femme du malingre for in the anguish of my eternal love porque en el pesar de mi eterno amor car dans la peine de mon éternel amour and of Zamora the pregnant one y de Zamora el palenque et de Zamora l’enceinte there is room enough in its pain caber puede en su dolor il y a place dans sa douleur with the shepherdess Lizzy, con la pastora Lisarda, avec la bergère Lisarde, to love, to die, to feel, to hope! adorar, morir, sentir, esperar! pour adorer, mourir, sentir, attendre ! the stingy Doña Abarda la mezquina doña Abarda la mesquine doña Abarda stumbles with the splendid Gonzalo trepa con pasta Gonzalo s’enfarge avec le faste Gonzalo and a blind man with a stick y un ciego con un et un aveugle avec bâton You have moved me, lovely Celinda 16 Turvéme Çelinda hermosa (J. Marín) Vous m’avez troublé, belle Celinda goes for the pretty knickers, tras de la braga lindona va après la culotte mignonne, You have moved me, lovely Celinda, Turvéme Çelinda hermosa Vous m’avez troublé, belle Celinda, its fame proclaims it. y la fama lo pregona. sa célébrité le claironne. I was moved to see you today; turvéme de veros oy j’ai été troublé de vous voir aujourd’hui; Ah life, life is good… A la vida vidita bona… Ah, la vie, la vie est bonne… it was truly respect que justo pues fue respeto ce fut pertinemment le respect and certainly love. que forçoso pues fue amor et forcément ce fut l’amour. Then came out Ganasa and Cisneros Salió Ganasa y Cisneros Sont sortis Ganasa et Cisneros with his singed beards con sus barbas chamuscadas avec ses barbes roussies Of the causes of my love, En la raçón de quereros Des causes de mon amour handing out smacks, or at least those that my desire found, o quantas mi amor halló ou toutes celles que mon désir trouva, y dandole bofetadas et en distribuant des claques Anajarte and Oliberos Anajarte y Oliberos Anajarte et Oliberos loving you was the foremost amaros fuera más grande vous aimer fut la plus grande with a lot of baskets. and existing was in vain the principal. ser embano es la mayor et être est en vain la principale. con un sartal de torteros, avec une brochette de paniers. Esculapio the doctor came out salió Esculapio el doctor. Est sorti Esculapio le docteur Sweet commotion, Dulce turbaçión Doux émoi, and the mother of Love y la madre del Amor et la mère de l’Amour may all be quiet except the soul, calle todo y el alma no que tout se taise sauf l’âme, put to the law of Bayonne, puesta a ley de Bayona mise à la loi de Bayonne, for silent as I am pues siendo callado car silencieux comme je suis its fame proclaims it. y la fama lo pregona. sa célébrité le claironne. I say what I want; digo lo que quiero je dis ce que j’aime; what more could I ask for? qué más quiero yo. que veux-je de plus ? Ah life, life is good… A la vida vidita bona… Ah, la vie, la vie est bonne…

24 25 Thirty Sundays came about Entraron treinta domingos Trente dimanches arrivèrent with twenty Mondays on their backs con veinte lunes a cuestas avec vingt lundis sur le dos and loaded these baskets, y cargo con estas sestas, et de ces paniers s’est chargé, a donkey snorting, un asno dando respingos un âne en s’ébrouant Jane and Tringle, brilliant, Juana con Tingo los mingos Jeanne et Tringle les brillants took out the dried knickers salió las bragas enjutas sortit les culottes asséchées and those of forty whores y las de quarenta putas et celles de quarante putains escaping from Barcelona, huyendo de Barcelona se sauvant de Barcelone, its fame proclaims it. y la fama lo pregona. sa célébrité le claironne. Ah life, life is good… A la vida vidita bona… Ah, la vie, la vie est bonne…

Enregistrement et réalisation / Recorded and produced by: Johanne Goyette Église Saint-Augustin, Saint-Augustin de Mirabel (Québec) 12, 13, 15, 17 mars 2001 / March 12, 13, 15, 17, 2001 Adjoints à la production / Production assistants: Valérie Leclair, Jacques-André Houle Graphisme / Graphic design: Diane Lagacé Photo Couverture / Cover photo: Julie D'Amour-Léger, Les productions Blimp

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