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refusa formellement en sa qualité de pasteur de le reconnaître, ayant lui seul le droit d’établir les régents, que ceux d’Evilard durent lui présenter l’élu afin qu’il l’examinât, que l’ayant trouvé à son gré, il l’ordonna comme maître d’école à Evilard. Il demande à S. A. l’autorisation de publier en chaire, dans l’église d’Orvin, que désormais ceux d’Evilard aient à baptiser leurs enfants à Orvin comme du passé et qu’on adjoigne au Consistoire d’Orvin un assesseur pris à Evilard. Enfin, il propose de remettre les armoiries de la Communauté d’Evilard dans le temple ; le tableau existant encore, cela leur ferait plaisir et ce serait une marque qu’Evilard dépend d’Orvin. François Faigaux quitta la cure d’Orvin en 1732. Il fut ensuite pasteur à Breda, professeur à Marbourg en 1742, puis pasteur et professeur à Cassel où il mourut en 1752. En 1732, à la suite d’intrigues ourdies contre le ministre Faigaux, le bruit court que la cure d’Orvin deviendra vacante, et à ce sujet, deux concurrents, les ministres Cellier et Prêtre, font le marché suivant : « Comme ainsi soit que nous les soussignés, Jean Jacques Cellier, diacre de St-Imier, et Jean Henri Prêtre, suffragant de , ayant prévu qu’il pourrait arriver quelque difficulté et mésintelligence entre nous à raison de la concurrence dans laquelle nous pourrions nous rencontrer à la première vacation d’une église dans le pays..... En conséquence de quoi nous sommes respectivement convenus et avons promis : Premièrement qu’au cas d’une pareille vacature, moi, Jean Henri Prêtre, me dèsiste et me dèsisterai totalement en faveur du dit spectable Cellier, de toutes prétentions et concurrences sur cette église me contentant et rèservant uniquement à cet ègard mes prètentions pour le diaconnat au cas qu’il devint vacant. En considération duquel désistement et eu égard à la diminution que la pension du diaconnat souffrira par l’avancement de moi Jean Jacques Cellier, je promets de donner annuellement sur chaque de jour de St - Martin, la somme de quinze écus biennois aussi longtemps que le dit spectable Prêtre ne sera pas promu à une église pastorale, dans quel cas je lui céderai et laisserai prendre le pas et rang devant moi dans les assemblées pastorales de classe tout comme s’il avait été avancé avant moi en qualité de pasteur en chef. Et enfin que si le cas arrivait que moi, Jean Jacques Cellier, fusse promu à l’église d’Orvin et que le dit spectable Prêtre fusse avancé au diaconnat, et que pendant

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ce temps la portion de pension que spectable Jacques Frêne, ancien pasteur d’Orvin retient sur la dite église, vint à être réunie au pasteur d’Orvin et Vaufelin, moi, Jean Jacques Cellier, promet d’en laisser parvenir la moitié au dit spectable Prêtre. Laquelle convention ainsi faite et agréée, nous l’avons ratifiée en présence de la Seigneurie et de spectable Baruc Gibollet pasteur de l’église de Tavannes, le 17 Janvier 1732. » Ayant eu connaissance de la convention ci-dessus, Jaques Frêne revient à la charge et écrit au prince : « comme l’on apprend que des gens malintentionnés et sans charité travaillent non seulement à expulser le ministre Faigaux d’Orvin, mais prétendent me dépouiller moi-même de mon bénéfice et que déjà les sieurs diacre Cellier et ministre Prêtre marchandent entre eux d’une manière odieuse et simoniaque la cure d’Orvin, tellement qu’ils ont fait entre eux une espèce d’accord, portant que celui qui entrera à Orvin payera à l’autre une pension équivalente à la mienne et que moi vieux et fidèle sujet de Votre Altesse serai privé de tout, à ces causes je suis obligé de me venir jeter aux pieds de V. A. lui représentant que ce serait un renversement étrange et terrible s’il faut que des sujets irréprochables et fidèles comme le Sr. ministre Faigaux et moi soient disgraciés et dépouillés pour mettre des gens de mauvaise conduite à leur aise, comme le diacre Cellier, qui pendant les derniers troubles du pays a montré son peu de zèle pour le Souverain en se fauxfillant avec un Aubry, un lieutenant Clerc, un André Jaquet et autres de cette trempe, mangeant, buvant et se promenant avec eux au grand scandale de vos fidèles sujets... je supplie V. A. de me restituer et rétablir dans le bénéfice entier de la Cure d’Orvin dont je m’étais démis volontairement, etc. » La supplication du ministre Frêne n’a naturellement pas de suite et c’est J. J. Cellier qui est nommé par la suite à la cure d’Orvin. Jean-Jacques Cellier, originaire de , fonctionna de 1732 à 1748 ; il n’a malheureusement non plus pas laissé dans sa paroisse le meilleur souvenir. Le rôle qu’il joua, à peine installé à Orvin, dans les troubles de 1733, est relaté en détail dans un volumineux dossier des archives de l’ancien évêché. (N. CLXXXVII, Erguel, die Herrschaft.) Pour s’en rendre compte, il faut se rappeler qu’un grand mécontentement régnait en Erguel, comme dans toute la Principauté ; les Erguélistes se plaignaient de la manière dont était rendue la justice, ainsi que des empiètements du bailli Mestrezat sur leurs droits.

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Une assemblée de délégués des communes eut lieu à Courtelary, le 29 Septembre 1733 ; elle fut des plus orageuses au point que le bailli Mestrezat et son secrétaire durent se sauver par les fenêtres ; l’assemblée déclara ne plus reconnaître le bailli pour officier suprême et qu’en conséquence les ministres ne devaient plus prier pour lui dans les églises. J. J. Cellier, hostile à ces mouvements révolutionnaires, se mit à dos la plus grande partie des Erguélistes du Bas - Vallon. Quelques jours après l’assemblée de Courtelary, le Dimanche 18 Octobre 1733, Jean Huguelet de , ayant été nommé maire de la dite paroisse par le prince - évêque, les communiers prétendirent que cette nomination était contraire aux règles et coutumes du pays. La conduite du pasteur Cellier lors de l’installation de ce maire donna lieu à de sérieux troubles au cours desquels il ne craignit pas de se servir d’un pistolet dont il s’était armé pour aller à la réunion. La paroisse de Vauffelin ayant eu connaissance d’un rapport adressé à S. A. par le ministre Cellier pour justifier sa conduite en cette occasion rédigea aussi sa «Relation fidèle et véritable pour répondre aux relations mensongères et diffamatoires du dit pasteur». Cet exposé, qui comprend neuf pages grand format d’une écriture serrée, est signée par le lieutenant, le Greffier, cinq justiciers et les deux ambourgs. La paroisse n’en resta d’ailleurs pas là ; elle fit rédiger un long mémoire sur la conduite privée du pasteur intitulé « Plainte de la Paroisse de Vauffelin contre Mr. Cellier, ministre » qui fut remis à la Vénérable Classe d’Erguel. Enfin le 24 Octobre 1738, sur ordre de S. A. et par l’intervention de M. de Chemyleret, Haut - Inspecteur de l’Erguel, la réconciliation eut lieu entre la paroisse de Vauffelin et le ministre Cellier. Pour remplacer ce dernier, en 1748, deux compétiteurs se présentent ; ce sont Jacques Himely, suffragant à et Ch. Henri Saunier, ministre à Renan. Ce dernier fut agréé par le prince et par décret du 15 Octobre 1748. Charles - Henri Saunier, originaire de Tavannes, fut pasteur à Orvin de 1749 à 1774, il y est mort en Février 1775, il fut enseveli dans le temple, sous la chaire. Charles Victor Gibolet lui succéda ; il était fils de Baruc Gibolet pasteur à la Neuveville ; né en 1741, il fut pasteur à Orvin de 1775 à 1784 et mourut à Bienne en 1824 ; il fut doyen de la Classe d’Erguel.

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marécasgeuse, à ne pas estre utile pour du pasturage, mais convenable à quoy on la destine. En vue de ces raisons et pour subvenir aux nécessiteux de la dite communauté, Nous leur permettons d’y f’aire des jardins, toutefois sous révocation de S. A. A Bienne 12 8bre 1736, François de Chemyleret. An 1737, 22 Février. – Abraham Aufranc, l’hôte de la Franche - Courtine, ayant retenu contre son serment, des garçons d’Orvin et de la Montagne de Diesse à boire et à jouer aux cartes dans son cabaret jusqu’après minuit, est condamné à l’amende de 15 livres bâloises. David Donzel n’ayant pas, en sa qualité de maire, rapporté le cas au bailli, invoquant comme excuse sa parenté avec Abraham Aufranc, il est suspendu de sa charge de maire et devra remettre le manteau entre les mains du sauthier jusqu’au bon vouloir de S. A.

------En séance de justice matrimoniale tenue le 2 Août 1737, sous la présidence de Mr. de Chemyleret, juges et assesseurs : M. Rémy Fresne, ministre, à Péry, J.-J. Cellier, ministre à Orvin, Bourquin, maire de Sonceboz, Huguelet, maire de Vaufelin, il est sentencé sur un cas d’adultère. L’homme est condamné à un bannissement de cinq années consécutives hors de la Principauté de Bâle ; la femme à un emprisonnement de 15 jours et autant de nuits, au pain et à l’eau. Le jugement fut confirmé par le conseil aulique à Porrentruy et le coupable conduit par le sauthier du Consistoire jusqu’à la borne sur la montagne.

------Le 28 Septembre 1737, le Maire de Bienne fait prêter le serment d’hôte à Jacob Taxelhofer, tenancier de la Crosse de Bâle, cabaret appartenant au Sr. Perrot, petit sauthier de la Ville de Bienne. An 1739, 11 Novembre. – Le maire Chemyleret suspend de ses fonctions le Lieutenant Jean-Louis Donzel parce qu’il s’est opposé à ce que son fils fut fouetté par le maître d’école, punition qu’il avait méritée pour avoir calomnié une fille. An 1740. – Le mois de Février a été terriblement froid, les fontaines manquaient d’eau, le lait gelait dans les caves.

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